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Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique"

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NOT  TO  BE  TAKEN  FROM  THIS  ROOM 


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"The  search  for  truth  even  unto  its  innermost  parts' 
3n  43Uniimant 

The  Gift  of 
SADYE  RUBIN  MARANTZ  LEE 


The  National  Women's  Committee 
of  Brandeis  University 


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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES    MUSICIENS 


TOME   HUITIÈME 


lYl'OCKAl'HIt    DE    H.    FIHHIN    U1DOT.    —    MB&NIL    (EURE). 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES   MUSICIENS 


ET 


BIBLIOGRAPHIE  GÉNÉRALE  DE  LA  MUSIQUE 


I 


DEUXIEME  EDITION 

ENTIÈREMENT   REFONDUE    ET    V  (CM  ENTÉE    l>F.    PLUS    I>F    MOITIÉ 

PAR  F'.  J.  FETIS 

MAITRE    DE    CHAPELLE    DU    lfoi    I)KS    BKLGBS 

directeur   nu  conservatoire  royal  de  musique   re   druxem.es.  itc 


TOME   HUITIÈME 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  F1RMIN  D1DOT  FRÈRES,   FILS  ET  C 

IMPRIMEURS   DE   L'iNSTITUT,    RUE   JACOB,    5fi 


1867 

Tou=  droits  réservé?;. 


Musio 
Eeferenoe 


BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


s 


SEBASTIAN I  (Jean),  mailrede  chapelle 
de  l'électeur  de  Brandebourg,  né  à  Weimar, 
dans  la  première  moilié  du  dix-septième 
siècle,  a  publié  de  sa  composition  une  Passion 
à  cinq  voix  et  six  instruments,  avec  basse  con- 
tinue, Kœnigsberg,  1672,  in-fol.  On  connaît 
aussi  sous  son  nom  un  recueil  de  chansons 
spirituelles  et  mondaines  intitulé  :  Geist-und 
weltliche  Lieder  in  Melodien  gesetzt  ;  Ham- 
bourg, 1675,  in-fol. 

SEBASTIANI  (Ferdinand),  virtuose  sur 
la  clarinette,  est  né  à  Naples,  vers  1800.  An- 
cien élève  du  collège  royal  de  musique  de 
cette  ville,  il  y  devint  professeur  de  son 
instrument,  et  occupa  en  même  temps  la  place 
de  première  clarinette  solo  du  théâtre  de 
Saint-Charles.  En  1828,  il  a  fait  un  voyage  à 
Taris,  et  s'y  est  fait  entendre  avec  succès.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  première  et  deuxième 
fantaisies  pour  clarinette  et  piano,  sur  des 
motifs  d'opéra;  Paris,  Pacini  ;  Cavatine  de 
Norina,  variée  pour  clarinette  et  piano  ; 
Milan,  Ricordi. 

SÉBASTIEN  (Claude),  de  Metz,  ainsi 
désigné  parce  qu'il  était  né  dans  cette  ville, 
y  était  o.rganisle  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Il  n'est  connu  que  comme  auteur  d'un 
livre  rare  et  singulier,  intitulé  :  Bellum  musi- 
cale, inler  plani  et  mensui-abilis  cantus 
reges,  de  principalu  musicx  provincia  ob- 
tinettdo  contendentes;  Argenlorati,  exofllcina 
Machœropœi,  1553,  in-4°  de  vingt  et  une 
feuilles.  A  la  fin  du  frontispice, on  lit  :  Habes, 
candide  leclor,  in  fwc  bello  musical»,  non 
solum  omnes  controversias  musicorum  hinc 
inde  agitalos,  verum  eliam  quidquid  in 
arlificium  ipsius  musices  perlinet ,  opus  suis 

BIOGR.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.   MM. 

Mue"" 
Heference 

91462 


fiauris  et  notis  illustratum,  quale  anlehac 
neque  visum  neque  audilum.  Celte  préten- 
tion de  Sébastien  est  assez  mal  fondée,  car  on 
ne  trouve  rien  dans  son  ouvrage,  concernant 
la  musique  mesurée,  qui  ne  soit  dans  ceux  de 
plusieurs  auteurs  antérieurs,  notamment  dans 
les  livres  de  Gafori  et  d'Ornithoparcus  (voyez 
ces  noms).  Deux  autres  éditions,  datées  de 
1565  et  de  1568,  in-4°,  ont  été  publiées  égale- 
ment à  Strasbourg.  L'édition  de  1563  est  à  la 
Bibliothèque  impériale  de  Paris.  Quelques 
exemplairesdecelle-ci  portent  la  date  de  1564. 
Le  livre  de  Sébastien  est  une  plaisanterie  sé- 
rieuse sur  les  discussions  agitées  de  son  temps 
concernante prééminencedu  plain-chautetde 
la  musique  mesurée.  Ilsupposeque  la  musique 
est  un  pays  divisé  en  plusieurs  provinces,  dont 
il  décrit  la  situation,  ainsi  que  la  frugalité  et 
les  mœurs  des  habitants.  Deux  frères  régnent 
l'un  sur  la  province  du  plain-chant,  l'autr.- 
sur  celle  du  chant  figuré  :  généalogie  de  ces 
princes.  L'envie  et  l'ivrognerie  brouillent  les 
deux  frères.  Chacun  d'eux  publie  un  manifeste 
et  se  prépare  à  la  guerre.  Plusieurs  nations 
viennent  au  secours  du  roi  du  plain-chant  ;  le 
pape,  les  cardinaux,  évêques,  abbés,  cha- 
noines, et  même  les  ministres  luthériens  avec 
leurs  femmes,  fournissent  leur  contingent.  Les 
paysans  avec  des  fourches,  des  haches  et  des 
faux,  enfin  une  troupe  de  racleurs  et  de  gens 
qui chantentfaux  se  rangent  sous  les  drapeaux 
de  la  même  armée.  Celle  du  roi  du  chant  figuré 
est  composée  des  mesures,  des  modes,  des 
temps,  des  prolations.  Ces  princes  du  sang 
commandent  chacun  un  corps  de  troupes  com- 
posé de  notes  rangées  en  ordre  de  bataille 
suivant   leur    espèce.   Les    discanls   (dessus), 

1 


SEBASTIEN  —  SECHTER 


ténors  et  basses  sonl  les  troupes  auxiliaires. 
Lamentation  de  tout  le  peuple  musical  à  rap- 
proche de  la  guerre.   Dispositions  des  chefs 
pour  la   bataille  générale.   Le  combat  s'en- 
gage :  quelques  notes  y  reçoivent  tant  de  con- 
tusions, qu'elles  deviennent  toutes  noires.  Les 
succès  se  balancent  d'abord  des  deux  côtés  et 
semblent   un    instant    favoriser    l'armée   du 
plain-chant;  mais  la  victoire  se  décide  enfin 
pour  le  roi  de  la  musique  mesurée.  Les  deux 
frères   se  réconcilient;  des   plénipotentiaires 
sont  nommés  de  part  et  d'autre;  ils  fixent  les 
limites  de  chaque  royaume.  L'ouvrage  est  ter- 
miné (depuis  le  chapitre  29e jusqu'au  50e)  par 
des  définitions  et  explications  des  parties  prin- 
cipales de  chacun  des  deux  genres  de  musique, 
que  Sébastien  a  extraites  en  grande  partie  du 
trailéd'Ornilhoparcus.Le  livre  est  précédé  par 
une  bonne  et  savante  préface.  Sébastien  a  eu 
quelques  imitateurs  dans  le  genre  de  la  plai- 
santerie  de    son  ouvrage.  Voyez    Sartoiuus 
(Érasme)  et  B«iir  (Jean). 

SEBEIVICO(D.-Jean), professeur  de  chant, 
bon  ténor  et  compositeur,  naquit  à  Venise  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  fut  élève 
de  Legrenzi  (voyez  ce  nom).  Attaché  d'abord 
comme  chanteur  à  la  chapelle  de  Saint  Marc, 
il  fut  ensuite  maître  de  chapelle  à  Cividale, 
dans  le  Frioul.  En  1692.  il  fil  représenter  au 
théâtre  S.  Giovanni  e  Paolo,  de  Venise,  son 
opéra  intitulé  V Oppressa  sollevato.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  de  la  musique  d'église. 

SECANILLA  (D.- François),  compositeur 
et  écrivain  espagnol  sur  la  musique,  naquit  le 
4  juin  1775,  dans  la  petite  ville  de  Corollera, 
diocèse  de  Saragosse.  Il  fit  son  éducation  mu- 
sicale comme  enfant  de  chœur  à  l'église 
Notre-Dame  del  Pilar,  de  Saragosse,  y  eut 
pour  maître  de  chant  José  Gil  de  Palomas,  et 
apprit  la  composition  sous  la  direction  de 
Xavier  Garcia.  En  J797,  il  obtint  au  concours 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
d'Alfano,  qu'il  échangea,  en  1800,  pour  celle 
de  la  cathédrale  de  Calahorra,dans  la  province 
de  Logrono.  Il  yobtint  un  canonicat,  en  1823, 
et  y  mourut  le  26  décembre  1852.  Musicien 
instruit,  il  a  écrit  beaucoup  de  messes, 
hymnes,  motets,  Vilhancicos  (chants  de  Noël). 
M.  Eslava  (voyez  ce  nom)  a  publié  une  des 
messes  de  Secanilla,  dans  la  seconde  série  de 
la  Lira  SacroHispana  (dix-neuvième  siècle). 
Le  chanoine  Secanilla  a  laissé  en  manuscrit 
divers  traités  de  musique  en  langue  espagnole, 
à  savoir  :  1°  Théorie  générale  de  la  formation 
de  l'harmonie,  et,  en  particulier,  de  la  pré- 
paration et  de  la  résolution  des  dissonances. 


2°  Des  effets  de  la  musique.  5"  Tableau  des 
accords.  4°  Méthode  théorique  et  pratique 
pour  composer  la  musique  dans  le  style 
moderne.?)"  Caractère  de  la  musique  d'église. 
6°  Traité  des  propriétés  des  modes,  des  voix 
et  des  instruments.  7°  Traité  de  la  décadence 
de  la  musique.  8°  Opinion  sur  le  système  de 
Guido  (d'Arezzo).  9°  Observations  contre  la 
Génophonie  de  finies.  10"  Notes  curieuses 
comme  additions  à  la  Escuela  de.  Musica  du 
P.  Nassarc. 

SECHTER  (Simon),  organiste  de  la  cour 
de  Vienne,  est  né  le  11  octobre  1788,  à  Fried- 
berg,  en  Bohême.  Il  était  déjà  âgé  de  onze  ans 
lorsqu'il  reçut  les  premières  leçons  de  mu- 
sique,  et  lorsqu'il  fit  ses  premiers  essais  de 
composition,  il  ignorait  absolument  la  théorie 
de  l'harmonie.  En  1804,  il  se  rendit  à  Vienne, 
où  son  compatriote  Kozeluch,  et  Hartmann, 
élève   de  Streicher,    lui  donnèrent  quelques 
leçons  de  piano.  Après  sept  années  d'une  exis- 
tence précaire  et  pénible,   Sechter  obtint  la 
place  de  maître  de  musique  à  l'institut  des 
aveugles;  puis  l'abbé  Sladler,  qui  avait  ap- 
précié son  mérite,  le  fit  entrer  à  la  chapelle 
impériale,  en  qualité  de  surnuméraire.  Dans 
la  suite  il  y  obtint  la  place  d'organiste,  qu'il 
occupa    longtemps.     Parmi     les    œuvres    de 
Sechter,  on  remarque  :  1°  Quatuor  pour  deux 
\iolons,    alto   et  basse;   Vienne,   Pennauer. 
2°   Les   quatre  tempéraments,    plaisanterie 
musicale  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  6; 
Vienne,  Cappi.  5°  Trois  fugues  pour  piano  ou 
orgue,  op.  1;  ibid.  4"  Trois  idem,  op  2;  ibid. 
5°  Vingt-quatre  versets  pour  l'orgue,  op.  3, 
ibid.  6°  Trois  fugues  idem,  op.   4,  5,  ibid. 
7°  Six  préludes  idem,  op.  8;  ibid.  8°  Trois 
fugues  idem,  op  9;  ibid.  9°  Douze  versets  et 
une  fugue,  idem,  op.  12;  ibid.   10°  Prélude, 
fugue,  canon  et  rondo,  op.  15;   ibid.  11°  Six 
préludes,  idem,  livre  II,  op  \4\ibid.  12°  Ca- 
nons idem,  op.  15;  Vienne,  Mechelli.  13° Deux 
thèmes   de    Mozart,  traités    en   contrepoint, 
op.  17;  ibid.  14°  Trois  fugues,  op.  20;  Vienne, 
Cappi.   15°  Trois   préludes,  op.  21;   Vienne, 
Pennauer.  16°  Trente-deux  versets  faciles  pour 
l'orgue,   op.    22;   Vienne,    Cappi.    17°   Deux 
fugues  sur  la  mélodie  du  cantique  :  Grosser 
Gott,  wir  loben  dich,  op.  48;  Vienne,  Dia- 
belli.  18°  Vingt  fugues  sur  des  chants  d'église, 
op.  50;  ibid.  19°  Vingt-quatre  préludes  dans 
tous    les    tons,    op.    52;    Vienne,    Arlaria. 
20°  Fugue  funéraire  pour   les    obsèques   de 
l'abbé    Stadler,    op.    55;    Vienne,    Diahelli. 
21°  Deux  préludes,  dans  le  style  de  Palestrina, 
op.  56;  ibid.  22°  Deux  fugues,  op.  61;  Vienne, 


SECHTER  —  SEDOTI 


Mechelti.  2ô"  Plusieurs  cahiers  de  variations 
pour  le  piano.  24°  Messe  brève  à  quatre  voix, 
petit  orchestre  et  orgue,  op.  1S(en  fa);  Vienne, 
Cappi.  2!5°  Messe  avec  un  Tanlum  errjo,  gra- 
duel et  offertoire,  pour  soprano  et  alto  avec 
orgue,  op.  54;  Vienne,  Diahelli.  20°  Des 
chants  à  plusieurs  voix  avec  accompagnement. 
27n  Wichtiger  Beitrag  zur  Fingersetzung 
bei  dem  Piano forte-spielp  etc.  (Essai  impor- 
tant sur  le  doigter  et  le  jeu  du  piano,  etc.), 
op. 43]  Vienne,  Tresenlzky.  Outre  ses  ouvrages 
publiés,  Sechter  a  en  manuscrit  environ  vingt- 
cinq  messes  avec  les  graduels  et  offertoires, 
dont  deux  dans  le  mode  phrygien,  des  gra- 
duels, Te  Deum,  et  beaucoup  de  pièces  d'or- 
gue, un  concerto  pour  piano,  etc.  Sechter  a 
formé  beaucoup  d'élèves  pour  la  composition 
«t  a  publié  un  bon  ouvrage  intitulé  :  Die 
Grundsxtze  der  musihalischen  Komposilion 
(Les  principes  purs  de  la  composition  musi- 
cale); Leipsick,  Breilkopf  elllaîrlelj  1853-1854. 
trois  vol.gr.  in  8°. 

SECKEISDORF  (Chaules-Sigismond,  ba- 
ron DE),  ambassadeur  du  roi  de  Prusse  au 
cercle  de  Franconie,  naquit  à  Erlangen,  le 
26  novembre  1744,  et  mourut  à  Anspach,  le 
26  avril  1785,  peu  de  temps  après  sa  nomina- 
tion d'ambassadeur.  II  a  fait  imprimer  à  Wei- 
mar  trois  recueils  de  chansons  avec  accompa- 
gnement de  piano,  de  sa  composition,  en  1779, 
1780  et  1782.  On  connaît  aussi  sous  son  nom, 
en  manuscrit,  six  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse. 

J'ignore  si  madame  Caroline  de  Seckendorf, 
auteur  de  plusieurs  compositions  pour  le  piano 
et  le  chant,  est  fille  ou  femme  de  ce  seigneur. 
On  a  gravé  sous  ce  nom  :  1°  Variations  sur 
un  air  autrichien,  pour  piano  seul;  Berlin, 
Concha.  2°  Six  chansons  allemandes  avec 
accompagnement  de  piano;  Augsbourg,  Gom- 
barf.  3°  Douze  idem;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Hsertel. 

SEDLAZEK  (Jean),  virtuose  sur  la  flûte, 
est  né  le  6  décembre  1789,  à  Ober-Glogau, 
dans  la  Silésie.  Fils  d'un  tailleur,  il  apprit 
d'abord  la  profession  de  son  père,  et  se  livra  à 
l'étude  de  la  flûte  dans  ses  moments  de  loisir. 
A  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  il  se  mit  à  voyager 
comme  garçon  tailleur.  A  Troppau,  il  travailla 
chez  un  maître  qui  lui  procurait  quelquefois  le 
plaisir  d'aller  au  théâtre  entendre  les  opéras 
qu'on  y  représentait.  De  là  il  se  rendit  à  01- 
mtltz,  puis  à  Brunn,  et  enfin  à  Vienne,  où  il 
commença  à  substituer  la  carrière  de  la  mu- 
sique à  sa  profession  de  tailleur,  en  se  faisant 
employer  comme  flûtiste  dans  des  sérénades 


et  des  bals.  Son  talent  s'élanl  développé  par 
l'exercice,  il  put  entrer  dans  un  orchestre,  et 
dès  lors  il  renonça  à  toute  antre  occupation 
que  celles  de  sa  nouvelle  profession.  Bientôt 
son  nom  acquit  de  la  célébrité,  et  son  habileté 
surla  flûte  ne  fut  plus  contestée.  Il  commença, 
en  1818,  à  parcourir  l'Allemagne  pour  y 
donner  des  concerts,  puis  visita  l'Italie,  joua 
«levant  les  souverains  rassemblés  au  congrès 
de  Vérone,  et  se  rendit  à  Naples,  en  1820. 
Après  trois  années  de  séjour  en  celte  ville,  il 
s'embarqua  pour  la  Sicile,  en  1823.  Un  trem- 
blement de  terre  l'obligea  à  quitter  Païenne 
pour  se  rendre  à  Rome  pendant  la  semaine 
sainte.  De  retour  à  Naples,  il  s'y  fit  entendre 
avec  de  brillants  succès,  ainsi  qu'à  Florence, 
à  Modène,  à  Parme,  à  Gênes,  à  Turin,  à  Ve- 
nise, à  Trieste  et  à  Vienne,  d'où  il  alla  visiter 
ses  parents,  dans  sa  ville  natale.  Puis  il  se 
rendit  à  Paris,  où  il  fit  peu  de  sensation.  En 
1820,  il  s'est  fixé  à  Londres,  où  je  l'ai  entendu, 
en  1829.  Il  s'y  est  marié  peu  de  temps  après. 
Sedlazek  avait  une  grande  volubilité  dans  les 
traits  brillants,  mais  il  était  inférieur  aux  ha- 
biles flûtistes  français  pour  la  qualité  du  son  et 
pour  le  style.  On  n'a  publié  de  Sedlazek  que 
des  variations  sur  l'air  God  save  t lie King,  des 
contredanses  pour  deux  flûtes  ,  et  quelques 
autres  bagatelles. 

SEDLEZKI  (Jean-Balthazar),  luthiste, 
né  à  Augsbourg,  en  1727,  s'est  fait  connaître 
par  diverses  compositions  pour  son  instru- 
ment, qu'on  trouvait  autrefois  en  manuscrit 
chez  Lotter  à  Augsbourg  et  chez  Breilkopf. 
Cet  artiste  vivait  encore  sans  emploi  à  Augs- 
bourg, en  1771.   . 

SEDMICK  (....),  bon  fadeur  d'orgues  de 
la  Bohême,  vivait  à  Prague  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  1°  Le  grand  orgue  des  Domini- 
cains, à  Prague,  qui,  après  la  suppression  du 
couvent,  fut  transporté  à  Trautenau.  2°  Un 
bon  orgue  à  l'église  Saint-Laurent  de  Reichen- 
berg,  achevé  en  1769. 

SEDOTI  (Joseph),  habile  sopraniste,  né 
en  1710,  à  Arpino,  petite  ville  du  royaume  de 
Naples,  étudia  dans  l'école  de  D.  Gizzi,  et  fut 
compagnon  «lu  célèbre  Gizziello.  Après  avoir 
chanté  à  Rome,  et  sur  les  divers  théâtres 
d'Italie  et  en  Angleterre,  il  se  retira  dans  sa 
pairie,  où  il  mourut  en  1780. 

SEDOTI  (le  chevalier  Philippe),  proba- 
blement de  la  même  famille  que  îe  précédent, 
naquit  à  Arpino,  en  1716,  et  mourut  dans  la 
même  ville,  en  1784.  Après  avoir  étudié  le 
chant  sous  D.  Gizzi,  il  passa  au  service  de  Fré- 

1. 


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SEDOTI  -  SEEGR 


déric  le  Grand,  roi  de  Prusse,  et  resta  attaché 
à  cette  cour  pendant  vingt-neuf  ans. 

SEDULIUS  (Caïus-C>ïlius),  prêtre  et 
poète,  vécut  dans  le  cinquième  siècle  de  l'ère 
chrétienne.  Trithème  l'a  fait  naître  en  Irlande, 
d'autres  en  Ecosse,  et  même  en  Espagne;  mais 
on  ne  possède  aucun  renseignement  certain 
sur  son  origine.  On  lui  doit  un  poème  sur  les 
miracles  de  Jésus-Christ,  intitulé  :  Paschuh 
Carmen,  <|ui  a  été  imprimé  plusieurs  fois.  On 
lui  attribue  aussi  les  paroles  et  le  chant  de 
l'hymne  J  solis  orlus  cardine. 

SEEIÎ.VCH  (Jean-André),  né  àTiefenthal, 
près  d'Erfnrt,  le  14  janvier  1777,  montra 
«lès  son  enfance  d'heureuses  dispositions  pour 
la  musique,  et  en  apprit  avec  facilité  les  élé- 
ments, sous  la  direction  de  son  père.  A  l'àgede 
treize  ans,  il  reçut  des  leçons  d'orgue  de 
Killel  {voyez  ce  nom);  mais  il  ne  put  rester 
longtemps  sous  la  direction  de  cet  excellent 
maître,  car  au  mois  d'octobre  1791,  il  dut 
entrer  pour  cinq  ans  chez  le  musicien  de  ville 
Rose,  à  Ronnebourg.  Admis,  en  qualité  de  cor, 
à  l'orchestre  du  théâtre  de  M.igdebourg,  en 
I79G,  il  y  (il  la  connaissance  de  Pillerlin  et  de 
Zacharie,  qui  lui  enseignèrent  l'harmonie  et 
le  contrepoint.  I>i  1799,  Seebach  fut  nommé 
organiste  du  couvent  de  Birge,  et  vers  le  mi- 
lieu de  1815,  il  obtint  la  place  d'organiste  de 
l'église  Saint-Ulrich,  à  Magdehourg,  et  la  con- 
serva jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  28  juin  182-3. 
Seebach  était  bon  organiste,  pianistedislingué, 
et  jouait  bien  du  violon,  <le  l'alto  et  du  violon- 
celle; mais  il  brilla  surtout  comme  directeur 
d'orchestre  dans  les  concerts  de  la  loge  des 
francs-maçons.  On  ne  connaît  delà  composi- 
tion de  cet  artiste  que  quelques  chorals,  des 
compositions  maçonniques,  et  de  petites  pièces 
d'orgue. 

SEE3.ER  (Nicolas),  organiste  et  construc- 
teur d'orgues  à  Rcehmhild,  dans  le  duché  de 
Saxe-Meinungen,  naquit  à  Hayna,  près  de 
cette  ville,  en  1680.  Après  avoir  fréquenté 
l'école  de  son  pays  natal,  depuis  l'âge  de  cinq 
ans  jusqu'à  onze,  il  reçut  jusqu'à  sa  quinzième 
année  des  leçons  de  l'organiste  Jean-Gunlher 
Harrass,  pour  le  clavecin.  Il  se  livra  ensuite  à 
l'élude  de  la  construction  des  orgues,  et  y  de- 
vint fort  habile.  En  170.v>,  on  lui  offrit  une 
place  d'organiste  à  Amsterdam,  mais  le  duc 
Henri  de  Rœhmhild  lui  ayant  offerl  à  la  même 
époque  la  place  de  musicien  de  la  cour,  réunie 
à  celle  d'organiste  de  la  ville,  il  préféra  celle 
position,  qui  lui  permettait  de  rester  dans  sa 
patrie.  II  mourut  à  Rœhmhild,  au  mois  d'avril 
1739,  laissant  en  manuscrit  deux  années  com- 


plèles  de  musique  d'église.  Comme  facteur 
d'orgues,  il  a  construit  cinquante-six  instru- 
ments dans  le  duché  de  Saxe-Meinungen  ainsi 
que  dans  les  principautés  de  Wtlrzbourg,  de 
Bamberget  de  Hildburghausen. 

SEEGK  (Joseph),  dont  le  nom  a  été  défi- 
guré en  ceux  de  SEGEU,  S.EGEU  et  ZE- 
REHT,  fut  un  des  meilleurs  organistes  de 
l'Europe,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle. 
Il  naquit  en  1710,  à  Rzepin,  près  de  Melnik, 
en  Bohême.  Il  apprit  si  jeune  les  éléments  de 
la  musique,  qu'il  n'avait  lui-même  conservé 
aucun  souvenir  de  sa  première  éducation  mu- 
sicale. Il  trouva  dans  cet  art  les  ressources  né- 
cessaires pour  aller  faire  ses  éludes  littéraires 
à  Prague,  où  il  obtint  le  grade  de  bachelier  es 
lettres  au  collège  des  Jésuites.  Après  avoir 
achevé  ses  humanités,  il  prit  la  résolution  de 
se  livrer  exclusivement  à  l'élude  de  l'orgue  et 
de  la  composition  :  son  premier  mailre  fut 
un  franciscain,  très-habile  organiste,  nommé 
Bohuslaw  Czernohorsky,  qui  lui  communiqua 
pour  son  instruction  les  livres  de  Fux  et  de 
Berardi,  ainsi  que  les  compositions  de  Pales- 
trina,  Marcello  et  Caldara.  Les  partitions  de 
ces  grands  maîtres  furent  la  source  où  Seegr 
puisa  les  connaissances  les  plus  solides  dans 
l'art  d'écrire.  Jeune  encore,  il  était  déjà  l'or- 
ganiste le  plus  remarquable  de  la  Bohême.  Il 
avait  obtenu  une  pi  ace  de  second  violon  à  l'église 
Saint-Martin  ;  elle  lui  procura  de  fréquentes 
occasions  d'entendre  l'excellent  organiste 
Zacb,  qui  était  attaché  à  celle  église.  Lorsque 
Zach  s'éloigna  de  Prague,  il  déclara  haute- 
ment que  Seegr  était  le  seul  organiste  de  cet  le 
ville  qui  pût  le  remplacer.  Ce  fut  lui,  en  effet, 
qu'on  choisit  pour  cet  emploi,  et  pendant  cinq 
ans  il  fut  à  la  fois  organiste  de  Saint-Martin, 
et  premier  violon  de  l'église  dans  le  Thein. 
Pendant  quarante  et  un  ans  il  remplit  ensuite 
la  place  de  premier  organiste  de  celte  der- 
nière, à  laquelle  il  joignit,  pendant  trente-sept 
ans,  celle  d'organiste  de  l'église  îles  Frères  de 
la  Croix.  Lorsque  l'empereur  Joseph  II  visita 
Prague,  en  1781,  il  fut  si  charmé  du  talent  de 
Seeyr,  qu'il  voulut  l'attacher  à  sa  cour;  mais 
lorsque  la  nomination  de  l'artiste  parvint  à 
Prague,  Seegr  avait  cessé  de  vivre,  le  22  avril 
1782.  à  l'âge  de  soixanle-six  ans.  De  magni- 
fiques funérailles  lui  furent  faites;  lous  les 
artistes  de  la  Bohême  s'étaient  fait  un  devoir 
d'y  assister  :  à  leur  tête  se  trouvaient  ses  élèves 
Missliwezcck,  Jean  Rozeluch,  Koprziwa,  Ku- 
charz,  Skrydaneck,  elc.  Touie  la  colleclion  de 
musique  de  Seegr,  ainsi  que  ses  compositions, 
devinrent  l'héritage. de  son  gendre  Fièbigj 


SEEGR  —  SEGNI 


mais  le  directeur  «le  concert  Ernsl,  «le  Gotha, 
lit  rac(|iiisilion  de  toutes  ses  pièces  d'orgue, 
et  les  confia  à  Ttlrk  (voyez  ce  nom),  pour  les 
publier.  Elles  étaient  en  trop  grand  nombre 
pour  qu'on  put  les  l'aire  paraître  toutes  à  la 
fois;  Ttirk  fit  un  choix  de  huit  loccates  et  fu- 
gues, qu'il  publia,  en  1794,  chez  Breilkopf,  à 
Leipsick,  comme  un  spécimen  du  talent  de 
Seegr,  annonçant  <|ue  ce  cahier  serait  suivi  de 
plusieurs  autres. Les  circonstances  n'étaient  [tas 
favorables  au  moment  de  celle  publication;  elle 
eut  peu  de  succès,  en  sorte  que  les  autres  ca- 
hiers neparurenlpas.Le  mérilequi  brille  dans 
les  pièces  de  ce  recueil  fait  vivement  regretter 
que  les  autres  morceaux  du  même  artiste 
n'aient  pas  vu  le  .jour.  On  a  cependant  publié 
à  Prague,  chez  Berra,  et  à  Leipsick,  chez  Hof- 
nieister,  un  recueil  de  préludes  d'orgue  de  cet 
excellent  artiste. 

SEEE  (Jacques),  pasteur  à  Unterbrunn, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  composition  le 
quatrième  psaume  «le  David,  à  huit  voix  ;  Co- 
bourg,  1631,  in-4°. 

SEELEIV  (Jean-Heniu  DE),  savant  philo- 
logue, né  le  8  août  1C88,  à  Asel,  près  de 
Brème,  fit  de  brillantes  éludes  au  gymnase  de 
Stade,  puis  fui  professeur  de  grec  et  de  latin 
dans  le  même  collège.  En  1713,  la  place  de 
recteur  à  Flensbourg  lui  fut  confiée,  et  cinq 
ans  après  il  alla  occuper  le  même  posle  à  Lu- 
heck,  où  il  mourut,  le  21  octobre  1762.  Parmi 
les  nombreux  écrits  «le  ce  savant,  on  trouve 
une  dissertation  intitulée: Programma  Prin- 
cipem  Musicum,  ex  sacra  et  profana  histo- 
ria,  exliibens;  Flensbourg,  1715,  in-4°  de 
trois  feuilles.  Cet  écrit  a  été  réimprimé  par 
Olaiis  Moller  dans  ses  Orationes  de  erudilis 
musicis; Flensbourg,  17I5,in-4°.  On  le  trouve 
aussi  dans  les  Miscellanea  de  Seelen  (Luheek, 
1756,  in-8°,  p.  540-581).  On  a  aussi  de  ce  sa- 
vant une  dissertation  qui  a  pour  litre  :  Jf/usa- 
rum  ac  Musiez  felix  conjonctio  illuslri 
exemplo  Auguslini  antistitis  Hipponensis 
declarala;  Lubeck,  1756,  in-4°. 

SEELMANN  (Auguste),  né  à  Dessau  vers 
1812,  a  fait  ses  éludes  musicales  sous  la  direc- 
tion de  Frédéric  Schneider.  A  sa  sortie  de 
l'école  de  ce  maître,  il  a  obtenu  sa  nomination 
d'organiste  «le  l'église  de  la  ville  nouvelle  et 
de  professeur  de  musique  à  la  maison  des  or- 
phelins. On  connaît  de  sa  composition  : 
1°  Deux  petites  fugues  pour  l'orgue,  publiées 
par  Kœrner,  à  Erfurl.  2°  Quatre  Lieder  pour 
un  choeur  d'hommes,  op.  5;  Magdebourg, 
llciniiclisliol'en.    5°  Le  psaume    116",e  (Pas 


ist  mir  I.ieb,  dass  der  Herr)  pour  quatre  voix 
d'hommes,  op.  4;  ibid.  4°  Schutz  und  Trutz 
(Protection  et  Alliance),  chant  pour  quatre 
voix  d'hommes,  op.  8  ;  Leipsick,  Siegel. 

SEGER  (Jean-Ernest),  docteur  et  profes- 
seur de  théologie  à  Kœnigsberg,  naquit  dans 
cette  ville,  le  2  janvier  1675.  Il  mourut,  le 
3  septembre  1719,  avec  le  titre  de  pasteur  de 
la  vieille  ville,  à  Kœnigsberg.  On  a  de  lui  un 
livre  intitulé  :  Pe  ludis  scenicis  (Kœnigsberg, 
1702,  in-8°),  où  l'on  trouve  quelques  détails 
concernant  la  musique  de  théâtre  chez  les  an- 
ciens. 

SEGNI  (Jules),  appelé  communément 
GIULIO  DI  MODENA,  parce  qu'il  était 
né  à  Modène,  en  1498,  fut  organiste  et  clave- 
ciniste célèbre,  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle.  Vincent  Lusignani  (voyez  ce 
nom),  son  oncle,  fut  son  instituteur  dans 
toutes  les  parties  de  la  musique.  Le  10  no- 
vembre 1550,  il  fut  nommé  organiste  du  pre- 
mier orgue  à  l'église  ducale  de  Saint-Marc,  à 
Venise.  Son  nom  est  altéré,  dans  les  registres 
de  celte  église,  en  celui  de  Giulio  Segnal. 
Segni  ne  garda  cette  position  que  jusqu'au 
29  mars  1555,  ayant  été  appelé  alors  à  Rome 
par  le  cardinal  de  Santa-Fiora,  qui  l'aimait  et 
l'attacha  à  son  service.  Segni  cessa  de  vivre  à 
Rome  en  1561,  à  l'âge  de  soixante-trois  ans. 
Le  cardinal,  son  patron,  fit  placer  sur  sa 
tombe  une  épitaphe  honorable,  dans  l'église 
Saint-Biaise  de  la  Strada  Giulia.  François 
Doni  cile  «le  cet  artiste,  dans  sa  Libreria 
(p.  66)  :  Ricercati ,  intabolatura  di  organi 
et  di  liuto,  in  Fenetia.  Cosme  Barloli  parle 
du  talent  de  Segni  avec  les  plus  grands 
éloges  (1),  et  dit  qu'il  est  plus  remarquable 
encore  sur  les  clavecins,  épinettes,  etc.,  que 
sur  l'orgue  :  Raro  e  vayo,  dit-il,  è  il  suonare 
di  Julio,  ma  egli  vale  molto  più  in  su  gli 
instrumenli  da  penna  che  in  su  gli  organi. 
Il  ajoute  à  ces  éloges  diverses  anecdotes  qui 
prouvent  que  le  talent  de  cet  artiste  produisait 
des  effets  extraordinaires  sur  les  personnes 
qui  l'entendaient.  Parmi  ces  anecdotes,  celle- 
ci  surtout  mérite  d'être  rapportée  :  «  Le  mar- 
»  quis  del  Fasto,  arrivé  en  posle  à  Rome,  se 
»  rendit  chez  le  pape  Clément  VII,  et  sans 
»  prendre  le  temps  d'ôter  ses  éperons,  entra 
»  immédiatement  en  conversation  sérieuse 
»  avec  ce  ponlife,  le  cardinal  de  Medicis  et  un 
»  secrétaire  d'Élat,  sur  des  affaires  de  la  plus 
»  haute  importance.  Pendant  que  ces  person- 
»   nages  délibéraient,  on  entendit  tout  à  coup 

(1)  Discorsi  istorici  universali,  p.  271. 


SEGNI  -  SEIDEL 


»  Segni,  qui  jouait  du  clavecin  dans  une  autre 
»  chambre.  Le  charme  de  son  jeu  fit  une  si 
»  vive  impression  sur  le  pape  et  sur  ses  intër- 
»  locuteurs,  que  tous  se  levèrent,  oubliant  les 
»  affaires  dont  ils  étaient  occupés,  et  s'appro- 
»  chèrent  du  virtuose,  pour  avoir  le  plaisir  de 
»   l'entendre.  » 

SEGOÏND  (L.-A.),  docteur  en  médecine  et 
sous-bibliothécaire  de  la  Facullé  de  Paris,  se- 
crétaire de  la  Société  de  Biologie,  et  membre 
de  plusieurs  sociétés  médicales,  s'est  occupé 
spécialement  des  organes  de  la  voix.  Lui- 
même,  doué  d'une  belle  voix  de  ténor,  avait 
t'ait  des  études  de  chant  sous  la  direction  de 
Manuel  Garcia  fils,  pours'aider  de  la  connais- 
sance de  l'art  dans  ses  travaux  de  médecin  et 
d'analomiste.  Le  premier  fruit  de  ses  travaux 
fut  un  livre  intitulé  :  Hygiène  du  chanteur. 
Influence  du  chant  sur  l'économie  animale. 
Causes  principales  de  l'affaiblissement  de  la 
voix  et  du  développement  de  certaines  mala- 
dies chez  les  chanteurs;  moyens  de  prévenir 
ces  maladies;  Paris,  Labé,  184G,  un  volume 
in-12  de  deux  cent  quarante-six  pages.  Après 
la  publication  de  cet  ouvrage  bien  l'ail,  M.  Se- 
gond  a  lu  à  diverses  époques  à  l'Académie  des 
sciences  de  l'Institut  de  France  plusieurs 
Mémoires  relatifs  aux  phénomènes  de  la  pho- 
nation. Ces  Mémoires  ont  été  réunis  en  un  vo- 
lume, qui  a  pour  titre  général  :  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  analomique  et  phy- 
siologique de  la  phonation;  Paris,  Rignoux, 
1849,  un  volume  gr.  in-8°.  Les  mémoires 
contenus  dans  ce  volume  sont  :  1°  Mémoire 
sur  l'ossification  des  cartilages  du  larynx 
i  présenté  à  l'Académie  des  sciences,  le  28  juin 
1847),  seize  pages.  2°  Recherches  expérimen- 
tales sur  la  phonation,  trente-huit  pages. 
•>  Mémoire  sur  la  voix  inspiratoire  (pré- 
senté à  l'Académie  des  sciences,  le  21  février 
1S4S),  seize  pages.  4°  Mémoire  sur  les  modi- 
fications du  timbre  de  la  voix,  dix-huit 
pages.  '6°  Note  sur  les  mouvements  de  totalité 
du  larynx  (  présentée  à  l'Académie  des 
sciences,  le  17  juillet  1848),  huit  pages.6°y7/e- 
moire  sur  la  parole  (présenté  à  l'Académie  des 
sciences,  le  17  mai  1847))  vingt-quatre  pages. 
Beaucoup  d'observations  neuves  sont  répan- 
dues dans  ces  opuscules. 

SEGLRA  (Théodore),  violoniste,  guita- 
riste et  compositeur,  né  à  Lyon,  se  fixa  à  Pa- 
ris, vers  1816,  et  s'y  fit  connaître  par  les  com- 
positions suivantes  :  1°  Air  varié  pour  violon 
principal  et  quatuor,  op.  1  ;  Paris,  Schonen- 
berger.  2°  Idem,  op.  2;  Paris,  Ph.  Petit. 
3"  Réc  t  et  air  varié  pour  violon  principal  cl 


quatuor  ou  piano,  op.  7  ;  ibid.  4"  Thèmes  va- 
riés pour  violon  et  piano,  op.  G,  10,  11  ;  ibid. 
5°  Mélange  d'airs  russes  et  polonais,  idem, 
op.  12;  ibid.  6°  Six  divertissements  pour  gui- 
lare,  op.  5;  Paris,  Meissonnier.  7°  Fantaisie, 
idem,  op.  8;  ibid.  8°  Huit  petites  pièces  fa- 
ciles, op.  9  ;  ibid.  9"  Recueil  de  petites  pièces, 
idem,  op.  1-5;  ibid. 

SEHLLXG  (Joseph-Antoine),  compositeur 
distingué,  naquit  à  Tiesing,  en  Bohème,  vers 
1G80.  Après  avoir  l'ait  ses  études  littéraires  et 
musicales  à  Prague,  il  entra  dans  la  chapelle 
du  comte  de  Mozin,  en  qualité  de  chanteur  et 
de  compositeur;  plus  lard,  il  joignit  à  celle 
pi  ace  celle  de  directeur  du  chœur  de  l'église  des 
Barnabiles;  enfin,  il  y  réunit  aussi  les  fonc- 
tions de  maître  de  chapelle  de  l'église  métro- 
politaine de  Saint- Vilh.  Il  mourut  a  Prague,  le 
19  septembre  175G,  dans  un  âge  avancé.  On 
connaît  de  sa  composition  plusieurs  messes, 
offertoires,  des  messes  pastorales  et  de  Re- 
quiem.  Il  a  écrit  aussi  l'oratorio  Filius  pro- 
digus,  qui  fut  exécuté  dans  l'église  des  Barna- 
biles, en  1739,  et  dans  celle  des  Frères  de  la 
Charité,  en  1744,  ainsi  que  deux  opéras  en 
lingue  latine,  dont  le  dernier  fut  repré- 
senté au  collège  des  Jésuites  de  Prague,  en 
1751. 

SEICIIERT  (Laurent),  bon  chanteur  et 
violoniste  distingué,  né  en  Bohème,  était  déjà 
attaché  comme  enfant  de  chœur  à  l'église  des 
Jésuites  de  Prague,  en  1712.  Il  fut  ensuite  pre- 
mier violon  de  la  cathédrale  de  cette  ville,  et 
mourut  dans  celle  position,  le  28  juin  1765, 
laissant  en  manuscrit  plusieurs  concertos  pour 
son  instrument. 

SEIDEL  (Ferdinand),  violoniste  et  compo- 
siteur, naquit  à  Falkenberg,  en  1705, et  y  reçut 
les  premières  leçons  de  musique.  Plus  tard,  il 
devint  élève  de  Boselli,  à  Vienne.  De  retour  en 
Silésie,  il  entra  dans  la  chapelle  du  comle  Ze- 
rotin,  à  Falkenberg,  puis  passa  dans  celle  de 
l'archevêque  de  Salzbourg,  où  il  se  trouvait 
encore  en  1757.  Depuis  celte  époque,  on  n'a 
plus  de  renseignements  sur  sa  personne.  Il  a 
écrit,  pour  le  service  des  princes  auxquels  il' 
fut  attaché,  beaucoup  de  symphonies,  de  con- 
certos et  de  solos  pour  le  violon,  remarquables 
par  les  difficultés  d'exécution  qui  s'y  trouvent. 
Seidel  n'a  fait  imprimer  que  douze  menuets 
pour  violon,  à  Leipsick,  1753,  in  fol.;  mais 
douze  grands  solos  pour  cel  instrument,  de  sa 
composition,  'étaient  en  manuscrit  chez  Breil- 
kopf,  en  1790. 

SEIDEL  (Frédéric-Louis),  né  à  Treuen- 
briezen  (Prusse),  le  1er  juin  17G3,  était  fils  du- 


SEIDEL 


maître  d'école  de  ce  lieu.  Il  y  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  clavecin  et  d'orgue  d'un  or- 
ganiste nommé  Clans;  puis  il  se  rendit  à 
Berlin,  où  demeurait  son  frère  aine,  et  con- 
tinua ses  études  musicales  sous  la  direction  de 
lteichardt,  qu'il  accompagna  dans  plusieurs 
voyages.  En.  1792,  il  obtint  la  place  d'organiste 
à  l'église  Sainte-Marie,  de  Berlin.  Plus  lard, 
le  maitre  de  chapelle  Bernard-Anselme  Weber 
(voyez  ce  nom)  le  prit  comme  adjoint,  pour  la 
direction  de  l'orchestre  du  théâtre  royal. 
Après  la  mort  de  ce  maître,  Seidel  renonça  à  sa 
place  d'organiste  pour  celle  de  premier  chef 
d'orchestre  de  ce  théâtre,  qui  lui  fut  offerte 
par  Ifïland.  Il  est  mort  à  Chaiioltenbourg,  le 
5  mai  1831,  à  l'âge  de  soixante-six  ans.  Les 
compositions  principales  de  Seidel  sont  : 
I.  Oratorios,  motets,  etc.  1°  Hymne  à  Dieu 
(en  allemand),  oratorio  exécuté  à  Berlin,  le 
18  avril  1797.  2°  Der  Unsterflighkeit  (l'Im- 
'morlalilé),  oratorio,  exécuté  le  23  octobre 
1797.  3°  Plusieurs  motels  allemands  composés 
pour  l'Académie  de  chant  de  Berlin.  4°  JVissa 
pro  defunctis,  exécutée  à  cette  Académie,  en 
1819.  5°  Des  hymnes  et  des  psaumes  pour  voix 
solos,  chœur  et  orchestre.  II.  Opéras.  6"  Jery 
et  Bately,ùe  Gœlhe,  non  représenté.  7"  Héro 
etLéandre,  mélodramme.  8° Der  Dorfbarbier 
(le  Barbier  de  village),  représenté  le  14  dé- 
cembre 1817,  au  théâtre  national  de  Berlin. 
9°  Die  Abenteuer  der  Riller  D.  Quixotle  de 
la  Mancha,  etc.  (les  Aventures  du  chevalier 
Don  Quichotte  de  la  Manche,  etc.),  drame  bur- 
lesque en  cinq  actes,  avec  une  ouverture  et 
plusieurs  morceaux  de  musique,  représenté  le 
20  mai  1811,  au  même  théâtre.  10°  Lila, 
opéra  en  quatre  actes  de  Gœlhe,  représenté  au 
même  théâtre,  le  9  décembre  1818.  11°  Nabu- 
chodonosor }  grand  opéra,  non  représenté. 
12°  Honorina,  opéra  comique,  composé  en 
1817,  mais  non  représenté.  13°  Un  grand 
nombre  de  morceaux  intercalés  dans  des  tra- 
gédies, des  drames  et  des  comédies.  Outre  ces 
compositions ,  Seidel  a  publié  beaucoup  de 
Lieder  et  de  chants  avec  accompagnement  de 
piano.  On  connaît  aussi  de  lui  :  1°  Le  Retour 
de  Blucher,  grande  fantaisie  pour  le  piano: 
Berlin,  Scblesinger.  2"  Quelques  œuvres  de 
variations  pour  le  même*  instrument;  Berlin, 
Coucha  et  Scblesinger.  3°  Plusieurs  recueils 
dechanls  et  chansons  à  voix  seule,  avec  accom- 
pagnement de  piano;  Hambourg  et  Berlin. 

SEIDEL  (Charles),  docteur  en  philo- 
sophie, professeur  et  membre  de  plusieurs  so- 
ciétés savantes,  né  à  Berlin,  le  14  octobre 
1757,  est  auteur  d'un  livre  remarquable  inti- 


tulé :  Charinomos.  Beilr.rge  zur  Allr/e- 
meinen  Théorie  und  Geschichle  der  schœnen 
Kunste  (Lois  du  beau.  Essais  concernant  la 
théorie  générale  et  l'histoire  des  beaux-arts)  ; 
Magdebourg,  Rubach,  1825-1823,  deux  vol. 
in-8°.  Toute  la  seconde  partie  de  cet  ouvrage 
traitede  la  poétique  de  l'art  pur  de  la  musique, 
c'est-à-dire,  de  la  musique  instrumentale. 
Seidel  a  fait  insérer  des  articles  dans  la  Ga- 
zette musicale  de  Berlin  (182G,  n"s  48,  49), 
sur  l'opéra  et  la  poésie  de  ce  genre  d'ouvrage, 
sur  l'esthétique  de  la  musique,  sur  le  chant  de 
l'église  (1828),  sur  madame  Catalani,  sur  Pa- 
ganini,  etc.  Il  est  mort  à  Berlin,  le  15  août 
1844. 

SEIDEL(Jean  Jules),  organiste  à  Breslau, 
est  né  dans  cette  ville  le  14  juillet  1810.  Après 
avoir  reçu  l'instruction  élémentaire  dans  une 
école  primaire,  il  fréquenta  le  gymnase  do 
Sainte-Elisabeth  et  y  fit  ses  humanités.  A  l'âge 
de  onze  ans,  il  commença  l'étude  de  la  musi- 
que et  reçut  pendant  trois  ans  des  leçons  de 
piano  d'un  bon  professeur.  Ses  progrès  furent 
rapides;  néanmoins  son  père  ne  voulut  plus 
lui  fournir  les  moyens  de  perfectionner  son 
talent  après  qu'il  eut  atteint  l'âge  de  quatorze 
ans,  et  les  seules  ressources  qui  lui  furent 
données  par  quelques  amis  de  sa  famille  con- 
sistèrent en  un  vieux  piano  presque  hors  de 
service  et  dont  l'étendue  du  clavier  n'était  que 
de  quatre  octaves  et  demie,  de  plus  quelques  so- 
oatesde  bons  maîtres.  Seidel  avait  un  goût  pas- 
sionné pour  l'orgue,  et  ses  plus  vives  jouissan- 
ces étaient  d'entendre  jouer  les  organistes  des 
diverses  églises  de  Breslau.  Berner  et  Neuge- 
bauer  étaient  surtout  ses  artistes  de  prédilec- 
tion. Il  imitait  chez  lui,  sur  son  misérable 
piano,  le  style  de  leurs  préludes  et  de  leurs 
fugues.  Sans  autre  guide  que  ses  souvenirs  fu- 
gitifs, il  se  préparait  ainsi  à  devenir  lui-même 
un  organiste  distingué.  Timide  à  l'excès,  il 
résista  jusqu'à  l'âge  de  dix-sept  ans  à  son  ar- 
dent désir  de  s'adresser  à  un  organiste  de  sa 
ville  natale,  pour  obtenir  la  permission  de 
s'essayersurson  instrument,  car  il  craignait  ni: 
refus.  Il  se  hasarda  pourtant  d'en  parler  à 
Neugebauer,  qui,  louché  de  son  amour  pour 
l'art,  lui  permit  de  s'exercer  sur  l'orgue  de 
l'église  de  la  madeleine.  Plus  lard,  il  fit  la, 
connaissance  de  Alze,  organiste  de  Saint- 
Christophe,  et  cet  artiste,  ayant  apprécié  les 
heureuses  dispositions  de  Seidel,  et  compre- 
nant qu'il  pourrait  s'en  faire  aider  dans  sa 
vieillesse,  l'admit  à  jouer  une  partie  du  service 
de  l'église  pour  la  première  fois,  le  23  sep- 
tembre 1827,  lui  donna  des  leçons  et  lui  coin- 


SEIDEL  —  SE1DLER 


muniqua  (onle  sa  musique  d'orgue.  Dès  ce  mo- 
ment, les  éludes  du  jeune  organiste  devinrent 
sérieuses  et  régulières.  Vers  le  même  temps, 
Seidel  fit  la  connaissance  de  Millier,  fadeur 
d'orgues  distingué,  et  apprit,  par  la  fréquen- 
tation de  ses  ateliers,  la  théorie  et  la  pratique 
île  la  construction  de  ces  instruments. 

Atze  mourut  au  commencement  de  1837,  à 
Tàge  de  soixanle-dix-huit  ans ,  et  sa  place 
d'organiste  de  Saint-Christophe  fut  mise  au 
concours,  le  16  mars  de  la  même  année  : 
Seidel  se  mit  au  nombre  des  aspirants,  et  son 
talent  vainquit  ses  compétiteurs.  Mis  immé- 
diatement en  possession  de  son  emploi,  il 
entra  en  fonction  le  1er  avril  suivant.  Peu  de 
temps  après,  la  restauration  de  l'orgue  de  son 
église  fut  faite  sous  sa  direction;  il  y  fit 
preuve  de  la  solidité  de  ses  connaissances.  En 
1838,  il  se  livra  à  la  rédaction  d'un' traité  de 
la  construction  des  orgues,  qui  parut,  en  1845, 
chez  Leuckart,  à  Breslau,  sous  ce  titre  :  Die 
Orgelund  ihr  Bau  (l'Orgue  et  sa  construc- 
tion), un  volume  in-8°avec  planches.  Lesuccès 
de  cet  ouvrage  fut  si  grand  en  Allemagne, 
qu'on  en  fit  une  deuxième  édition  au  mois  de 
novembre  de  la  même  année.  Depuis  lors, 
Seidel  a  été  souvent  appelé  comme  arbitre 
pour  la  réception  des  orgues  nouvelles  dans  la 
Silésie,  et  même  en  Bohême.  Il  a  écrit  un 
grand  nombre  de  pièces  pour  l'orgue,  consis- 
tant en  préludes,  fugues,  trios  à  trois  claviers, 
et  variations  sur  des  chorals.  On  connaît  de 
lui  :  des  Lieder à  voix  seule,  avec  accompagne- 
ment de  piano;  des  chants  pour  des  voix 
d'hommes;  et  un  motel  funèbre  pour  un  chœur 
d'hommes,  avec  accompagnement  d'instru- 
ments à  vent. 

SEIDELMANN  (Eugène),  cherd'orchestre 
et  premier  directeur  de  musique  au  théâtre  de 
Breslau,  est  né  le  12  avril  1806,  à  Regensdorf, 
près  de  Glatz  (Silésie).  Son  père,  instituteur 
dans  ce  lieu,  lui  enseigna  les  éléments  de  la 
musique,  le  piano,  le  violon,  et  les  instruments 
à  vent  dont  l'usage  est  habituel.  Dans  le  même 
temps,  le  pasteur  du  village  lui  apprit  les  pre- 
miers principes  de  l'harmonie  et  du  contre- 
point. En  1818,  Sçidelmann  alla  fréquenter  le 
gymnase  de  Glatz.  Pendant  les  deux  premières 
années,  il  continua  l'élude  du  violon  et  com- 
mença celle  du  violoncelle,  cherchant  toutes 
les  occasions  favorables  pour  le  perfectionne- 
ment de  ses  connaissances  en  musique.  Ce  fui 
aussi  dans  celle  ville  qu'il  fit  ses  premiers 
essais  de  composition.  En  1826,  il  se  rendit  à 
Breslau  pour  suivre  à  l'université  le  cours  de 
théologie,  s'occupant  moins  toutefois  de  celte 


science  que  de  la  musique.  Les  concerts  d'hi- 
ver, dirigés  par  Schnabel  (voyez  ce  nom),  la 
musique  qu'on  exécutait  dans  les  églises  et 
l'opéra  absorbaient  loule  son  attention.  La  di- 
rection de  l'Union  académique  de  chant  étant 
devenue  vacante  en  1828,  par  la  retraite  de 
Kahl,  elle  fut  offerte  à  Seidelmann,  qui  l'ac- 
cepta et  y  donna  des  preuves  de  capacité,  par 
la  manière  dont  il  conduisit  l'exécution  de 
quelques  grands  ouvrages,  au  nombre  desquels 
étaient  le  Don  Juan  de  Mozart,  et  Vlphiijénie 
en  Tauridede  Gluck.  L'habilelé  dont  il  avait 
fait  preuve  dans  cette  exécution  le  fit  choi- 
sir, en  1830,  pour  diriger  la  musique  du 
théâtre;  il  prit  possession  de  ses  fonctions 
le  1er  mai  de  la  même  année.  Cet  artiste 
recommandable  a  écrit  pour  le  même  théâtre, 
en  1839,  Virginie ,  grand  opéra  en  trois 
actes,  et  la  Fête  de  Kenihcorth,  en  1843; 
ces  ouvrages  ont  obtenu  de  brillants  succès  à 
Breslau  et  ont  été  repris  plusieurs  fois.  Une 
ouverture  de  sa  composition  a  élé  exécutée 
dans  les  concerts  de  celle  ville.  Ses  ouvrages 
de  musique  d'église  sont:  deux  messes  à  quatre 
voix,  orchestre  et  orgue,  un  Requiem  idem,  un 
Stabat  Mater  [tour  4  voix,  deux  violons,  alto, 
basse ,  deux  bassons  et  orgue,  des  offertoires 
et  des  graduels.  Seidelmann  a  écrit  des  chœurs, 
des  chansons,  des  marches  et  de  la  musique 
(tour  plusieurs  drames  représentés  au  théâtre 
de  Breslau.  On  connaît  aussi  de  lui  des  Lieder 
avec  accompagnement  de  piano. 

SEIDELMANN  (madame),  femme  de  cet 
artiste,  connue  d'abord  sous  les  noms  de 
MARIE  DECKMANN,  est  née  à  Elbing,  le 
5  novembre  1818.  Douée  d'une  belle  voix  et 
d'heureuses  dispositions  pour  le  chant  drama- 
tique, elle  alla  étudier  à  Berlin  les  éléments  de 
cet  art  et  le  piano,  sous  la  direction  de  Charles 
Nicolaï,  puis  elle  reçut  des  leçons  de  chant  de 
Rellstah,  et  le  18  janvier  1857,  elle  débuta  au 
théâtre  Kœnigstadl,  dans  l'opéra  de  Bellini 
1  Capuleti  ed  i  Montecchi.  Accueillie  avec 
faveur  par  le  public,  elle  fut  bientôt  engagée 
pour  le  théâtre  royal;  puis  elle  passa  au 
théâtre  royal  de  Hanovre  où  elle  obtint  de 
brillants  succès,  et  le  1er  février  1840,  elle  fut 
engagée  [tour  les  premiers  rôles  au  théâtre  de 
la  ville  de  Breslau,  où  ses  succès  dans  tous  les 
grands  ouvrages  eurent  beaucoup  d'éclat.  Le 
27  septembre  1841,  elle  épousa  Seidelmann, 
et  le  50  mai  1845,  elle  parut  pour  la  dernière 
fois  au  théâtre  dans  le  rôle  de  Pamina  de  la 
Flûte  enchantée. 

SEIDLEIl  (Charles-Auguste),  ou,  selon 
Gerber,  CiiAïu.Es-FtnDiNAND,   né  à  Berlin   le 


SEIDEER  —  SEJAN 


0 


lô  septembre  1778,  reçut  les  premières  leçons 
de  violon  du  professeur  Bernard.  Encore  en- 
fairtj  il  fit  un  voyage  en  Allemagne  et  inspira 
l'intérêt  général  par  sa  précoce  habileté.  De 
retour  à  Berlin,  il  devint  élève  de  Ilaak  pour 
son  instrument,  et  ses  progrès  furent  si  ra- 
pides, que  le  roi  Frédéric-Guillaume  II  l'admit 
dans  la  chapelle  royale,  en  1793  :  jusqu'en 
1796,  il  fit  partie  des  quatuors  exécutés  à  la 
cour,  en  qualité  de  second  violon.  La  chapelle 
ayant  été  dissoute  après  les  événements  de  la 
guerre  de  180G,  Seidler  voyagea  et  se  rendit  à 
Vienne,  où  il  obtint  de  brillants  succès.  Après 
son  retour  à  Berlin,  il  fut  nommé  maître  de 
concert  et  premier  violon  de  la  chapelle 
royale.  Il  est  mort  dans  cette  ville  le  27  février 
1840.  Seidler  a  été  considéré,  en  Allemagne, 
comme  un  des  violonistes  les  plus  distingués 
de  son  temps.  Il  s'est  fait  aussi  connaître 
comme  compositeur  par  quelques  morceaux 
pour  son  instrument  et.  par  six  ariettes  pour 
la  guitare,  publiées  à  Leipsick,  en  1808. 

SETDLEK  (madame  Caroline),  femme  du 
précédent,  l'épousa  en  1812.  Elle  était  fille 
d'Antoine  Wranilzki  (voyez  ce  nom),  et  sœur 
de  madame  Kraus-Wranitzki.  Elle  fui  engagée 
au  théâtre  royal  de  Berlin,  en  1816,  et  fut  en- 
suite attachée  au  théâtre  de  la  cour  à  Polsdam. 
Elle  chaula  les  premiers  rôles  à  ces  deux 
théàlres.  Retirée  de  la  scène,  en  1838,  elle 
donna  la  représentation  à  son  bénéfice  où  elle 
parut  pour  la  dernière  fois,  le  26  mai  de  cette 
année.  Elle  vivait  encore  à  Berlin  en  1860. 

SEIFFERT  (CHARLEs-TiiÉoDonEÏ,  né  le 
16  novembre  1805,  à  Blumenrodc,  près  de 
Neumark  (Silésie),  reçut  les  premièresleçonsde 
musique  de  son  père,  qui  était  Cantor  dans  ce 
village.  En  1822,  il  se  rendit  à  Breslau  et  y 
continua  ses  éludes  musicales  sous  la  direction 
de  Berner;  puis  il  alla  à  Berlin,  où  il  reçut  les 
leçons  de  Bernard  Klein,  de  Zelter,  de  W.  Bach 
et  de  Grell,  pour  l'orgue  et  la  composition. 
Son  talent  remarquable  sur  l'orgue  l'a  fait 
appeler  à  Naumbourg,  où  le  bel  orgue  de  llil- 
debrand  a  été  réparé  sous  sa  direction,  en 
1837.  Depuis  1 8ô5,  M.  Seiflerl  a  établi  dans  cette 
ville  une  société  de  chant  qu'il  dirige  avec 
beaucoup  d'habileté.  En  1845,  il  reçut  sa 
nomination  de  professeur  de  musique  à  l'école 
royale  de  Pl'orle.  On  a  gravé  delà  composition 
de  cet  artiste  :  1"  Le  choral  Straf  mich  nicht, 
avec  variations  pour  l'orgue;  Breslau,  Leuc- 
kart.  2"Eine  Feste  Burg  ist  unserGolt,\av\é 
pour  l'orgue  ;  Schleusingen,  Glaser.  5"  PréIndes 
caractéristiques  pour  l'orgue;  llildburghan- 
sen,    Kesselring.   4°  Fantaisie    pour  l'orgue 


en  style  d'orchestre  ;  ibid.  5°  Pièces  de  con- 
clusion (Nachspiele)  en  ut  mineur  et  en  sol  ; 
Erfurt,  Kœrner.  6"  Chants  pour  quatre  voix 
d'hommes  ;  Breslau,  Lcuckart.  7°  Liederk  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano,  op.  2; 
Schleusingen,  Glaser,  idem  op  5;  Leipsick. 
Whislling;  op.  6;  Schleusingen  ;  Glaser;  idem 
op.  8;  Breslau,  Leuckart;  idem  op  9;  Berlin, 
Traulwein  ;  idem  op.  11;  ibid.  8°  Quelques 
pièces  pour  le  piano.  Seiffert  est  considéré  en 
Allemagne  comme  un  des  meilleurs  orga- 
nistes de  l'école  allemande  moderne.  Il  est  un 
des  rédacteurs  de  VUrania,  journal  à  l'usage 
des  organistes,  publié  par  Kœrner,  à  Erfurt. 

SEIPPELT  (J.),  chanteur  du  théâtre  sur 
la  tienne,  à  Vienne,  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  des  recueils  de  chants 
pour  quatre  voix  d'hommes  avec  accompagne- 
ment de  piano  ad  libitum,  op.  1,  2,  5,  4, 
gravés  à  Vienne,  chez  Diabelli. 

SEIIUTES,  joueur  de  flûte,  né  en  Nu- 
midie,  fut  l'inventeur  de  la  flûte  courbe  (pla- 
giaulos),  surnommée  flûte  libyenne,  à  cause 
de  la  patrie  de  l'inventeur  (vid.Athen.  lib.  14. 
C.  2.  etPollux,  lib.  4,  C.  10.  sect.  74). 

SEIXAS    (JoSEPH-AlNTOINF.-ClIAIU.ES),     CllO- 

valierde  l'ordredu  Christ, organistede  l'église 
Saint-Basile,  à  Lisbonne,  naquit  à  Coïmbre, 
en  1704,  et  mourut  à  Lisbonne,  en  1742,  à 
l'âge  de  trente-huit  ans.  Compositeur  distin- 
gué, il  a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Dix  messes 
à  quatre  et  à  huit  voix  avec  orchestre.  2"  Te 
Deum  à  quatre  chœurs.  5"  Seize  toccales  pour 
l'orgue.  4°  Plusieurs  motels  à  deux,  trois  et 
quatre  voix,  avec  ou  sans  instruments. 

SEJAN  (Nicolas),  organiste  qui  a  eu  de  la 
célébrité  en  France,  naquit  à  Paris,  le  19  mars 
1745.  Son  père,  qui  était  négociant,  le  mit  au 
collège  d'IIarcourt  pour  y  faire  ses  études,  bien 
qu'il  le  destinât  à  l'exercice  de  sa  profession  ; 
mais  les  occasions  fréquentes  (pie  le  jeune 
Séjan  avait  d'entendre  son  oncle  Forqueray 
sur  l'orgue,  développèrent  en  lui  un  goût  pas- 
sionné pour  cet  instrument  ;  son  parent  lui 
donna  des  leçons  qui  fructifièrent  si  bien, 
qu'en  peu  de  temps,  l'élève  égala  le  maître. 
A.  l'âge  de  treize  ans,  Séjan,  qui  avait  pris 
quelques  leçons  de  Bordier  pour  l'harmonie, 
improvisa,  dit-on,  un  Te  Deum  dont  l'audi- 
toire fut  émerveillé  :  il  ne  faut  toutefois  pas 
prendre  à  la  lettre  des  témoignages  d'admi- 
ration qui  émanent  d'un  temps  et  d'un  pays 
où  l'art  élait  peu  florissant, comme  le  prouvent 
le  peu  de  monuments  qui  nous  en  restent. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Séjan  obtint,  en  1700,  l'orgue 
de  Sainl-André-dcs  Arts,  bien  qu'il  ne  fût  alors 


10 


SEJAN  —  SELIGUAN'N 


âgé  que  «Je  quinze  ans.  Quatre  ans  après,  il 
débuta  au  Concert,  spirituel  par  un  concerto 
d'orgue  de  sa  composition  qui  obtint  le  suf- 
frage  des  artistes.  Ayant  été  nommé,  en  1772, 
un  des  quatre  organistes  île  la  cathédrale  de 
Paris,  il  se  trouva  ainsi,  à  l'âge  de  vingt-sept 
ans,  le  collègue  des  organistes  les  plus  célèbres 
et  les  plus  habiles  qu'il  y  eût  alors  en  France, 
c'est-à-dire  Daquin,  Couperin  et  Balbàtre. 
En  1781,  Séjan  fui  choisi  comme  arbitre,  avec 
Couperin  père,  Balbàtre  et  Charpentier,  pour 
la  réception  de  l'orgue  de  Sainl-Sulpice,  qui 
venait  d'être  construit  par  Clicquol  :  il  y  joua 
de  manière  à  exciter  l'enthousiasme  de  l'audi- 
toire, et  son  succès  fut  si  brillant,  que  la  place 
d'organiste  de  cette  église  étant  devenue  va- 
cante deux  ans  après,  elle  lui  fui  offerte  sans 
concours.  A  tant  de  témoignages  honorables 
de  l'estime  accordée  à  son  talent,  Séjan  vit 
ajouter,  en  1789,  la  place  d'organiste  de  la 
chapelle  du  roi,  et  dans  la  môme  année,  il 
reçut  sa  nomination  de  professeur  d'orgue  à 
l'école  royale  de  chant,  fondée  par  le  baron 
de  Breteuil.  Un  concours  avait  été  ouvert  pour 
celle  dernière  place;  mais  aucun  concurrent 
n'osa  entrer  en  lutte  avec  Séjan  :  il  subit  néan- 
moins un  examen  devant  un  jury,  et  traita 
avec  talent  le  sujet  de  fugue  qui  lui  avait  été 
donné  :  sa  nomination  fut  faite  à  l'unanimité 
des  suffrages.  Cependant  il  ne  donna  point  de 
leçons  d'orgue  dans  l'école,  parce  (pie  l'instru- 
ment qui  devait  y  être  placé  ne  fut  point  achevé, 
à  cause  des  troubles  de  la  révolution  ;  il  n'y  fut 
employé  que  comme  professeur  de  solTége. 
La  révolution  fit  perdre  à  Séjan  tous  ses  em- 
plois; mais  en  1807,  il  reçut  sa  nomination 
d'organiste  de  l'église  des  Invalides,  et  après 
la  restauration  de  1814,  il  rentra  dans  ses  an- 
ciennes fondions  d'organiste  de  la  chapelle 
royale.  Une  maladie  de  langueur  mil  fin  à 
i'honorable  carrière  de  cet  artiste  :  elle  le  con- 
duisit au  tombeau,  le  16  mars  1819.  Séjan 
avait  l'instinct  d'un  meilleur  style  de  musique 
d'orgue  que  celui  de  ses  contemporains  fran- 
çais, et  l'on  peut  dire  qu'il  fut  le  seid  orga- 
niste de  talent  qu'il  y  ait  eu  à  Paris  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Les 
ouvrages  de  sa  composition  qui  ont  été  publiés 
sont  :  1°  Six  sonates  pour  piano  et  violon  ; 
Paris,  Bailleux.  2"  Recueil  de  rondeaux  et  airs 
pour  piano  seul;  Paris,  Boyer.  ô"  Trois  trios  i 
pour  piano,  violon  et  basse;  ibid.  4°  Fugues  j 
et  Noels  pour  l'orgue  ou  le  piano;  Paris,  Le-  ! 
moine  aine. 

SEJAN  (Louis),  fils  du  précédent,  est  né  à    j 
Fans,  en  17SG.  Élève  de  son  père,  il  lui  a  suc-    | 


cCAé  dans  l&s  places  d'organiste  de  l'église 
Saint- Sulpice  et  des  Invalides.  En  1819, 
il  a  obtenu  celle  d'organiste  adjoint  de  la 
chapelle  du  roi.  On  a  gravé  les  composi- 
tions de  cet  artiste  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Deux  sonates  pour  piano  seid,  op.  5  et  G; 
Paris,  Lemoine  aine.  2°  Deux  sonates  pour 
harpe  et  piano  ;  ibid.  3°  Nocturnes  pour  piano 
et  coi-,  nos  1  et  2;  Paris,  Sieber.  4°  Nocturne 
pour  piano  et  finie,  op.  24  ;  Paris,  H.  Lemoine. 
o°  Fantaisie  pour  piano  sur  les  Folies  d'Es- 
pagne. 0°  Variations  faciles  pour  piano  seul. 
7°  Rondolelto  idem.  S0  Neuf  cahiers  de  ro- 
mances ;  Paris,  Naderman,  Leduc,  etc. 

SELICIIIUS  (Daniel),  compositeur  alle- 
mand, né  à  Wesenslein,  en  Saxe,  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle,  fut  d'abord 
Cantoren  ce  lieu,  puis  devint  maître  de  cha- 
pelle (\i\  duc  de  Brunswick,  en  1625.  On  a  im- 
primédesa  composition  :  \°  Prodromus  canli- 
lenarum  harmonicammexhibens  puduanas. 
intradas,  galliurdas  et  courantes;  Willen- 
berg,  1G14,  in-4".  2"  Prodromus  exercitatio- 
iium  musicarum  de  padnanes,  galliardes, 
entrades  et  courantes  4,  5  et  6  roc;  ibid., 
IG1S,  in-4°.  VYallhcr  pense  que  ces  deux  litres 
indiquent  le  même  ouvrage,  bien  que  la  date 
soil  différente.  S0  Chant  de  Noël,  souhait  de 
nouvel  an  à  quelques  conseillers  d'Erfurt; 
Jéna,  1619,  in-4°.  4"  Opus  novutn,  consistant 
en  vingt-quatre  concerts  el  psaumes  de  Da- 
vid, allemands  et  latins,  à  deux,  trois,  quatre 
et  douze  voix;  Hambourg,  1G2j,  in-4°. 

SELIGMAAN  (UiPFOL-ïTE-PRosrEn),  vir- 
tuose violoncelliste,  né  à  Paris,  le  28  juillet 
1817,  suivant  les  registres  du  Conservatoire  de 
Paris,  fut  admis  comme  élève  dans  celle  école 
le  2  décembre  1829,  et  y  suivit  le  cours  de  sol- 
fège de  M.  Alkan,  puis  celui  d'Amédée  Lan- 
neau.  Le  second  prix  de  cette  partie  élémen- 
taire de  la  musique  lui  fut  décerné  en  1830, 
et  il  obtint  le  premier  en  1831.  Devenu 
élève  de  Norblin  pour  le  violoncelle,  il  eut  le 
second  prix  de  cet  instrument  au  concours  de 
1834;  le  premier  lui  fut  décerné  en  183G.  Ce 
fut  dans  cette  même  année  qu'il  entra  dans  la 
classe  d'Halévy  pour  la  composition;  il  y  resta 
jusqu'au  mois  de  juin  1838,  et  se  relira  sans 
avoir  pris  part  aux  concours.  M.  Seligmann  a 
beaucoup  voyagé  :  dans  les  années  1841  et 
184j,  il  parcourut  la  France  méridionale  pour 
y  donner  des  concerts;  en  1843,  il  était  en 
Italie  et  se  fit  entendre  avec  succè-.  à  Milan,  à 
Venise,  à  Naples,  et  dans  plusieurs  autres 
villes;  en  1847,  il  visita  l'Espagne,  l'Algérie, 
et  postérieurement,  il  a  fait  plusieurs  voyages 


SELIGMANN  —  SELLNER 


11 


en  Belgique  et  en  Allemagne.  A  Madrid,  il  a 
joué  à  la  cour  avec  le  pianiste  Schulhoff;  à 
Turin,  le  roi  lui  témoigna  sa  satisfaction 
après  l'avoir  entendu  dans  plusieurs  morceaux 
de  sa  composition.  L'instrument  de  cet  artiste 
estime  basse  de  Nicolas  Amati,  grand  patron, 
de  la  plus  belle  qualité.  Les  compositions  de 
M.  Seligmann  sont,  en  général,  des  fantaisies, 
divertissements  et  caprices  sur  des  thèmes 
d'opéras  modernes;  parmi  ces  ouvrages,  on 
remarque  :  1°  Divertissement  sur  le  Domino 
noir,  pour  violoncelle  et  piano,  op.  5;  Paris, 
Brandus.  2°  Sérénade  sur  le  Lac  des  fées, 
idem,  op.  7;  ibid.  3"  Caprice  sur  les  Chape- 
rons blancs,  idem,  op.  9:  ibid.  4°  Troisième 
divertissement  sur  Zanelta,  idem,  op.  21  ; 
ibid.  11°  Nocturne  sentimental  sur  la  Favorite, 
idem,  op.  22;  ibid.  6°  Quatrième  divertisse- 
ment espagnol  sur  le  Guilarrero,  op.  24; 
ibid. 7° Cinquième  divertissement  sur  les  Dia- 
mants delà  couronne,  op.  23;  ibid.  8°  Scène 
élégiaque  sur  la  Reine  de  Chypre,  op.  29; 
ibid.  9°  Réminiscences  d'Halévy,  grande  fan- 
taisie, op.  4G;  ibib.  10"  Dlichelemma,  souvenir 
de  NapIes,op.  47  ;ibid.  11  "Fantaisie  pastorale 
sur  le  J'ai  d'Andorre,  op.  49;  ibid.  12"  Six 
études  caractéristiques  pour  violoncelle  et 
piano,  op.  40;  Paris,  Henri  Lemoine.  On  a 
aussi  de  M.  Seligmann  des  chants  à  voix  seule 
et  piano,  particulièrement  le  recueil  intitulé 
Album  algérien  et  l' Album  de  voyage,  sou- 
venirs d'Italie. 

SELLE  (Thomas),  Cantor  et  directeur  de 
musique  à  l'église  Sainle-Callierinc  de  Ham- 
bourg, naquit  à  Zœrbig,  en  Saxe,  le  23  mars 
1599.  Il  fut  d'abord  recteur  à  "Weselbourg, 
puis  fut  nommé  Cantor  à  Ilzeboe,  dans  le 
Holstein,  en  1GÔG.  De  là,  il  se  rendit  à  Ham- 
bourg, en  1641,  où  il  jouit  de  beaucoup  d'es- 
time jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  2  juillet  1GG3. 
II  légua  par  son  testament  sa  bibliothèque  à  la 
ville.  Les  ouvrages  imprimés  de  ce  savant  mu- 
sicien sont  :  1°  Concertaiio  Castalidum,das 
ist  :  lVusicalischer-Streit,  etc.,  in  3  vocibus 
componiret  (Combat  musical  à  trois  voix,  etc.); 
Hambourg,  1G24,  in-4°.  2°  Delicix  pastorum 
Arcadia-,  etc.  (Pastorales  à  trois  voix,  en  alle- 
mand); Hambourg  1G24,  in-4.  5°  Hugio-deca- 
melydria,  oder  zehn  geistliche  Concertlein 
mit  1,  2,  5  und  A  Stimmen  (Dix  petits  con- 
certs spirituels  pour  une,  deux,  trois  et  quatre 
voix)  ;  Hambourg,  1631,  in-4".  4°  fllonopho- 
nia  harmonica  lalina,  hoc  est  XVconcenlus 
ecclesiastici  de  festis  anniversariis,  2  aul  3 
vocum;  Hambourg,  1633,  in-4".  5"  Concen- 
tuum  binis  vocibus  ad  bassuin  continuum 


concinendorum, etc.;  Hambourg,  1634,  in-4". 
G"  Decas  prima  amorum  musicalium,  oder 
zehn  neue  amorœsische  weltlîche  Liedlein, 
mit  3  Stimmen  (Dix  nouvelleschansons  amou- 
reuses  et  mondaines  à  trois  voix);  ibid.,  1635, 
in-4».  7°  Concertuum  trivocalium  germa- 
nico-sacrorum  pentas  (Cinq  concerts  spiri- 
tuels à  trois  voix  avec  basse  continue,  etc.,  en 
allemand);  ibid.,  16315,  in-8".  8°  Concertuum 
latino-  sacrorum,  2,  4  e  5  vocibus, ad  bassum 
continuum  concinendorum  liber  primus; 
Roslochii ,  164G,  in-4°.  Le  second  livre  de 
cette  collection  a  paru  à  Hambourg,  en  1651, 
in-4".  Selle  a  composé  aussi  des  mélodies  poul- 
ies cantiques  de  Risl;  on  en  a  fait  plusieurs 
éditions  sous  ce  titre  :  Modi  musici,  adjecti 
Joh.  Ristii  Sabbalischer  Seelen-lust  ;  Lune- 
bourg,  1651,  in-8",  et  16158,  in-24.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  dans  la  Bibliothèque  publique  de 
Hambourg  :  Teutsche  geistliche  concerten , 
Madrinalien  und  Bloletten  ,  mit  3 ,  4,5, 
6,  7,  8,  9,  10,  11,  12,  14  und  16  Stimmen 
(Concerts  spirituels  allemands,  consistant  en 
madrigaux  et  motets  à  trois,  quatre  et  seize 
voix). 

SELLETTI  (Joseph),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Rome  vers  1720,  y  a  fait  repré- 
senter les  opéras  dont  les  litres  suivent:  1° Ni- 
locri,  en  1753.  2°  L'Argene,  1759.  5°  La 
Finla  Pazza,  1765. 

SELLI(Prosper),  compositeur  dramatique, 
né  à  Vilerbe,  vers  1810,  a  fait  exécuter,  dans 
sa  ville  natale,  en  1837,  une  grande  cantate 
religieuse.  En  1840,  il  donna,  à  Turin,  Elisa 
di  Franval ,  opéra  en  trois  actes,  qui  fut  joué 
aussi  à  Rome  dans  la  même  année.  En  1841, 
il  fit  aussi  représenter,  dans  cette  dernière-* 
ville,  l'opéra  intitulé  Medca.  Je  n'ai  pas 
de  renseignements  sur  Selli  ,  après  celle 
époque. 

SELM  (Géiurd  VAN),  prédicateur  à 
Nieuweveer,  en  Hollande,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  a  fait  impri- 
mer un  discours  sur  le  chant  de  l'office  évan-, 
gélique,  à  l'occasion  d'un  nouveau  livre  cho- 
ral, sous  ce  litre  :  /Jet  wel  en  Gode  behagend 
Zingen,  etc.  (Le  chant  agréable  à  Dieu,  ex- 
posé et  loué  dans  un  sermon,  etc.)  ;  Amster- 
dam, .1.  Wessing  "VVillemse,  1774. 

SELL1NEU  (Joseph),  hautboïste  distingué, 
est  né  le  13  mars  1787,  à  Landau,  dans  le  Pa- 
latinat.  Dès  sa  sixième  année,  il  suivit  son 
père  en  Autriche,  el  y  apprit  à  jouer  delà 
flûte,  sous  la  direction  d'un  maître  médiocre, 
ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  faire  de  si  rapides- 
progrès,  qu'il  put  se  faire  entendre  en  public 


12 


SELLNER  -  SEMMLER 


à  l'âge  «le  huit  ans.  Il  apprit  ensuite,  presque 
sans  mailie,  à  jouer  du  violon  et  de  la  trom- 
pette. A  l'âge  de  quinze  ans,  il  entra  comme 
trompette  dans  un  régiment  de  cavalerie,  fit 
comme  tel  la  campagne  de  1805,  et  pendant 
ce  temps  étudia  le  cor  et  la  clarinette.  En  1808, 
il  demanda  son  congé,  et  accepta,  après  un 
court  séjour  à  Prague,  un  engagement  comme 
chef  d'une  musique  d'harmonie  au  service  d'un 
seigneur  de  la  Hongrie.  C'est  alors  qu'il  se 
livra  à  l'étude  du  hautbois  et  qu'il  acquit  un 
talent  remarquable  sur  cet  instrument.  En 
1811,  il  en  joua  avec  beaucoup  île  succès  au 
théâtre  de  Pesth,  et  deux  ans  après  il  accepta 
la  proposition  qui  lui  fit  Charles-Marie  de 
Weber  de  se  fixer  à  Prague,  pour  y  jouer  le 
premier  hautbois  au  théâtre.  Pendant  un  sé- 
jour de  dois  ans  dans  celte  ville,  il  s'attacha  à 
perfectionner  son  talent  d'exécution  sur  le 
hautbois,  et  fit  des  éludes  sérieuses  de  compo- 
sition avec  Tomascheck  {voyez  ce  nom).  Il 
s'éloigna  de  Prague  en  1817,  avec  le  dessein 
de  voyager  en  Italie;  mais  arrivé  à  Vienne,  il 
y  reçut  l'offre  «le  la  place  de  premier  hautbois 
du  théâtre  de  la  cour,  à  laquelle  il  ajouta,  en 
1823,  le  même  emploi  dans  la  chapelle  impé- 
riale, et  plus  lard,  celui  de  professeur  de  haut- 
hois  au  Conservatoire.  Il  y  a  formé  de  bons 
élèves,  en  leur  offrant  lemodèled'un  beau  son, 
d'une  grande  justesse  et  d'un  style  à  la  fois 
élégant  et  expressif.  Depuis  1823,  il  s'est  aussi 
fait  remarquer  par  son  talent  dans  la  direc- 
tion de  l'orchestre  des  élèves  du  Conserva- 
toire. Sellner  a  composé  plusieurs  concerlos, 
rondeaux,  polonaises  et  variations  pour  le 
hautbois  ;  maison  n'a  publié  de  lui  que  les  ou- 
.vrages  suivants  :  1°  Introduction  et  polonaise 
brillante  pour  la  clarinette  avec  orchestre  ou 
quatuor;  Vienne,  Pennauer.  2"  Trois  polo- 
naises pour  deux  guitares";  ibitil.  5"  Sonate 
brillante  pour  tliile  et  guitare  ;  ib.  4°Deuxième 
idem:  Vienne,  Allai ia.  o1  Variations  pour 
deux  guitares;  Vienne,  Leidesdorf.  G" Sonate 
pour  guitare  seule;  Prague,  Berra.  7°  Plu- 
sieurs cahiers  de  variations  pour  le  même  in- 
strument. 8°  Oboeschulc  (Méthode  de  haut- 
bois, en  trois  parties);  Vienne,  Leidesdorf. 
Une  traduction  française  de  cet  ouvrage  a  été 
publiée  à  Paris,  chez  Richault. 

SELVAGGI  (Gaspard),  né  à  Naples,  le 
15  janvier  1703,  fil  ses  éludes  dans  celle  ville, 
\  et  entra  au  séminaire  pour  être  prêtre,  dans 
sa  douzième  année.  A  quatorze  ans,  le  goût 
de  la  musique  se  développa  en  lui;  il  com- 
mença l'élude  de  la  composition  sous  la  direc- 
tion de  Zingarelli  :  mais  après  le  départ  de  ce 


mailre  pour  Rome,  il  devint  élève  de  l'abbé 
Alexandre  Speranza,  qui  s'était  formé  dans 
l'école  de  Durante.  Arrivé  à  Paris,  en  1794,  il 
y  apporta  une  précieuse  collection  de  livres  et 
de  musique  ancienne,  où  se  trouvaient,  entre 
autres  choses  d'un  haut  intérêt,  le  manuscrit 
complet  de  tous  les  traités  de  musique  de  Tinc- 
loris,  et  un  exemplaire  du  Melopeo,ùe  Cérone, 
lesquels,  après  avoir  passé  dans  la  possession 
de  Fayolle,  puis  de  Perne,  sont  aujourd'hui 
dans  ma  bibliothèque.  Pendant  un  séjour  de 
dix-huit  années  dans  la  capitale  de  la  France, 
Selvaggi  y  vécut  en  donnant  des  leçons  de  chant 
et  d'harmonie  ;  il  y  publia  deux  recueils  de  six 
romances  chacun,  chez  Nadermann.  Vers  la  fin 
de  1811,  il  se  rendit  à  Londres,  y  passa  six 
mois,  puis  fut  rappelé  à  Naples,  en  qualité  de 
lecteur  de  la  reine  madame  Mural.  Depuis  lors 
il  reprit  ses  anciennes  fondions  ecclésias- 
tiques. Il  fut  membre  de  l'Académie  royale 
de  Naples,  dans  la  section  «l'archéologie.  Ses 
travaux  littéraires  consistent  en  une  gram- 
maire générale  cl  philosophique,  imprimée  à 
Naples,  et  en  une  traduction  complète  des  tra- 
gédies d'Euripide,  qui  est  encore  en  manuscrit. 
Son  ouvrage  le  plus  important,  relatif  à  la  mu- 
sique, est  un  traité  d'harmonie  intitulé;  Trut- 
lato  d'Armonia,  ordinato  con  nuovo  me- 
tado,  e  corredato  di  tavole  a  dichiarasione 
délie  cose  in  esso  esposte:  Napoli.  pressa  Ilaf- 
faele  Miranda,  1823,  in-8°  de  cent  soixante- 
neuf  pages.  Selvaggi  est  le  premier  auteur  ita- 
lien «|iii  porta  dans  cette  science  la  véritable 
méthode  d'exposition  et  d'analyse.  Il  a  entrevu 
le  rôle  important  de  la  tonalité  dans  la  mélodie 
et  l'harmonie,  et  a  compris  que  la  théorie  des 
accords  ne  peut  être  complète  que  parla  con- 
sidération de  leur  ordre  de  succession.il  avait 
en  manuscrit  beaucoup  «le  morceaux  «le  sa 
composition,  entre  autres  quatre  grandes  can- 
tales.  Selvaggi  est  mort  à  Naples.  en  1847. 

SEMILLI  (Richard  DE),  poète  et  musi- 
cien du  treizième  siècle,  nous  a  laissé  «jtiinze 
chansons  notées  «le  sa  composition.  Les  manu- 
scrits de  la  bibliothèque  impériale  «le  Paris  en 
contiennent  <|ualorze. 

SE9ID1LER  (Christophe),  né  à  Halle,  le 
2  octobre  1069,  passe  pour  avoir  inventé  un 
métronome  ou  chronomètre.  Il  est  connu  par 
un  livre  intitulé  :  JUdische  Anliquitaeten  der 
ffeiligen-Schrift  (Antiquités  judaïques  de 
l'Écriture  sainte);  Halle,  1708,  in-12.  Il  en 
parut  une  troisième  édition  en  1730,  in -8°. 
Dans  les  quinzième  et  seizième  chapitres  de  ce 
livre,  Semmler  traite  «le  la  musique  vocale  et 
instrumentale  des  lévites  dans  le  service  divin. 


SEMBLER  —  SENFEL 


1«i 


Ces  deux  chapitres  ont  été  insérés  par  Mizler 
dans  sa  Bibliothèque  musicale,  t.  II,  p. 71  -83. 
Semmler  eut  le  litre  de  diacre  dans  l'église 
principale  de  Halle.  Il  mourut  dans  cette  ville 
en  1740. 

SEPVAILLÉ  (Jean-Baptiste),  né  à  Paris, 
dans  la  paroisse  Saint-Germain -l'Auxerrois, 
le  23  novembre  1687,  était  fils  d'un  hautbois 
de  l'Opéra.  Il  reçut  les  premières  leçons  de 
violon  de  Queversin,  un  des  vingt-quatre  vio- 
lons de  la  grande  bande  de  Louis  XIV,  et  fut 
d'abord  prévôt  d'un  maître  à  danser  nommé 
Bonnefons;  puis  il  devint  élève  de  Baptiste 
Anel,et  lit  sous  ce  maître  de  si  grands  progrès, 
qu'il  l'ut  considéré  bientôt  comme  le  plus 
habile  violoniste  de  France.  Cependant  la  ré- 
putation de  supériorité  qu'avaient  alors  quel- 
fines  violonistes  italiens,  détermina  Scnaillé  à 
se  rendre  en  Italie  pour  étudier  leur  manière; 
mais  arrivé  à  Modène,  il  y  fit  une  impression 
si  vive  par  son  talent,  que  l'entrepreneur  du 
théâtre  lui  fit  la  proposition  de  jouer  dans  son 
orchestre  pendant  la  saison,  et  marqua  sa 
place  par  un  siège  plus  élevé  que  celui  des  au- 
tres musiciens.  De  retour  à  Paris,  en  171!), 
Scnaillé  fut  attaché  au  service  particulier  du 
duc  d'Orléans,  régent  du  royaume,  à  la  recom- 
mandation de  la  duchesse  de  Modène,  fille  de 
ce  prince.  Senaillé  mourut  à  Paris,  le  29  avril 
1730,  à  l'âge  de  quarante-deux  ans  et  quelques 
mois.  On  a  gravé  de  sa  composition,  à  Paris, 
cinq  livres  de  sonates  de  violon,  avec  accom- 
pagnement de  basse,  où  l'on  remarque  des 
imitations  de  l'œuvre  cinquième  de  Corelli. 

SEIN'ECÉ  ou  SENEÇAI  (Antoine  BAU- 
DEl\Or\  sieur  DE),  bel  esprit  de  la  cour  de 
Louis  XIV,  naquit  à  Màcon,  le  13  octobre 
1043.  Il  était  petit-fils  de  Brice  Baudron,  sa- 
vant médecin,  et  son  père,  lieutenant-général 
au  présidial  de  Màcon,  avait  le  litre  de  con- 
seiller d'Etat.  Destiné  au  barreau,  Senecé  pré- 
féra la  culture  des  lettres.  Un  duel,  qu'il  avait 
élé  forcé  d'accepter,  l'obligea  de  se  réfugier 
en  Savoie;  un  autre  duel  le  fit  s'éloigner  de  ce 
pays  pou  relie  relier  un  asile  en  Espagne.  Rentré 
ensuite  en  France,  il  acquit,  en  1673,1a  charge 
de  premier  valet  de  chambre  de  la  reine  Marie- 
Thérèse,  femme  de  Louis  XIV,  et  en  exerça 
les  fonctions  pendant  dix  ans.  Après  la  mort 
de  celle  princesse,  il  fut  attaché  à  la  personne 
de  la  duchesse d'Angoulême,  et  demeura  (rente 
ans  chez  elle.  La  mort  de  sa  protectrice  le 
laissa  sans  appui  dans  sa  vieillesse  ;  il  se  relira 
de  la  cour  dans  les  modestes  biens  qu'il  tenait 
de  sa  famille,  et  y  passa  paisiblement,  mais 
non   sans  ennui,   les  vingt-quatre  dernières 


années  de  sa  vie.  Il  mourut  le  1er  janvier  1737, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-quatorze  ans.  Auteur 
de  plusieurs  divertissements  et  morceaux  de 
circonstance  que  Lully  avait  mis  en  musique, 
il  eut  à  se  plaindre  de  ses  procédés,  mais  n'osa 
point  élever  la  voix  contre  lui,  à  cause  de  la  fa- 
veur dont  le  musicien  jouissait  à  la  cour.  Après 
la  mort  de  celui-ci,  il  se  vengea  par  une  pièce 
satirique  qu'il  fit  imprimer  sous  le  voile  de 
l'anonyme,  et  qui  est  intitulée  :  Lellre  de 
Clément  Marot  à  M.  de  *** ,  louchant  ce  qui 
s'est  passé  à  l'arrivée  de  Jean-Baptiste  de 
Lully  aux  Champs-Elysées.  A  Cologne,  chez 
Pierre  Marteau,  1688,  in-12  de  cent  dix-neuf 
pages.  Il  en  a  été  fait  une  réimpression  à 
Lyon,  en  1825,  in-8°  de  cinquante-neuf  pages. 
(Voyez  sur  cet  écrit  la  Biographie  de  Lully, 
lome  VI,  page  201.) 

SENESINO.  L'oyez  BERNAKDI  (Fran- 
çois). 

SEISFEL  ou  SETSFL  (Louis),  un  des  plus 
célèbres  compositeurs  allemands  du  seizième 
siècle,  vit  le  jour  non  pas  à  Zurich,  comme  le 
dit  Wallher,  maisàBâle,  suivant  le  témoignage 
de  son  contemporain  Simon  Minervius,  qui 
nous  donne  à  cet  égard  des  renseignements 
positifs, dans  une  lettre  à  BarlholoméSchrenk, 
de  Munich,  imprimée  en  léte  des  odes  d'Ho- 
race mises  en  musique  à  huit  parties  par  Sen- 
fel,  dont  le  recueil  fut  imprimé  à  Nuremberg, 
en  1^54.  Toutefois,  il  y  a  quelques  difficultés 
à  cet  égard,  car  Wallher  a  suivi  l'autorité  de 
Glaréan,  autre  contemporain  de  Senfel,  qui 
joint  à  son  nom  l'épithèle  de  Tigurinus  (De 
Zurich),  et  qui  l'appelle  son  concitoyen  (Do- 
decac,  p.  221),  quoique  lui-même  lut  né  dans 
le  canton  de  Glatis  [voyez  Glahéan).  Miner- 
vius paraît  cependant  avoir  élé  mieux  informé, 
parce  qu'il  tenait  ses  renseignements  de  Senfel 
lui-même.  Gerber  avait  copié  Wallher  quant 
au  lieu  de  naissance  de  Senfel,  dans  son  pre- 
mier Dictionnaire  des  musiciens  ;  mais  il  a 
reconnu  son  erreur  dans  le  second  Lexique. 
Choron  elFayolle  ont  copié  Wallher  et  Gerber, 
dans  leur  Dictionnaire  historique  des  mu- 
siciens (t.  II,  p.  313),  et  ils  y  ont  ajou;é  la 
faute  de  faire  naître  Senfel  en  1530,  ajoutant 
que  Sebald  Heyden  le  qualifie  in  musica  to- 
lius  Germants  princeps,  dans  la  préface  de 
son  livre  intitulé  :  Musical,  id  est  arlis  ca- 
nendi  libri  duo.  Leur  méprise  est  évidente, 
caria  première  édition  du  livre  de  Heyden  fut 
publiée  en  1537,  en  sorle  que  Senfel  aurait  élé 
le  premier  des  musiciens  de  l'Allemagne,  à 
l'âge  de  sept  ans!  Au  surplus,  Sebald  Heyden 
J  ne  dit  pas  un  mot  de  l'époque  de  la  naissance 


a 


SENFEL 


<lc  Senfel.  Lipowsky  qui  a  reclifié  le  fait  rela- 
tif au  lien  de  la  naissance  de  l'arlisle,  d'après 
!a    lettre  de   Minervius,  dans  son   Diction- 
naire des  musiciens  de  la  Bavière  (p.  528), 
a  aussi  adopté  celle  date  de  1530,  quoique 
la  lettre  même  citée  par   lui  eût  dû  lui   en 
démontrer  la  fausseté,  puisqu'il  y  est  dit  que 
Senfel  fut  sopranislc  de  la  chapelle  de  l'empe- 
reur Maximilien  I<r,  mort  le  12  janvier  1517. 
Minervius  dit  qu'après  avoir  appris  dès   son 
enfance  la  musique, dans  sa  ville  natale, Senfel 
entra  dans  la  chapelle  impériale  comme  enfant 
de  chœur,  cl  qu'il  y  recul  des  leçons  de  contre- 
point d'Henri  Isaak.   Il  ajoute  que  lui-même 
ayant  écrit  à  Isaak  pour  le  prier  de  mettre  en 
musique  les  odes  d'Horace,    celui-ci  lui   ré- 
pondit qu'il  s'y  était  exercé  dans  sa  jeunesse, 
mais  que,  rebuté  par  les  difficultés  de  ce  tra- 
vail,  il   l'avait  abandonné.    Il    terminait   sa 
lcllre   en    priant  Minervius   de  s'adresser    à 
quelque  autre  musicien  mieux  pénétré  de  l'es- 
prit du  poêle,  et  lui  indiquait  son  élève  Senfel 
comme  celui  qui  pouvait  le  mieux  le  satisfaire. 
Malheureusement  Minervius  ne  fait  pas  con- 
naître l'époque  de  celte  correspondance;  mais 
il  est  certain  qu'elle  est  antérieure  à  1517, 
car  Maximilien  régnait  encore  lorsqu'elle  eut 
lieu.  Ainsi  non-seulement  Senfel  a  élé  sopra- 
nislc delà  chapelle  impériale,  antérieurement 
à  1517,  mais  il  était  déjà  un  savant  musicien, 
cl  un  homme  instruit  dans  la  connaissance  des 
poêles  latins;    ce  qui  fait  supposer  qu'il  avait 
atteint  l'âge  d'environ  vingt-cinq  ans.  En  rap- 
prochant ces  circonstances,  on  voit  que  la  dale  . 
de  la  naissance  de  Senfel  ne  peut  élre  fixée 
plus  tard  qu'en  1492,  ou  149Ô. 

C'est  encore  Minervius  qui  nous  apprend 
qu'après  la  mort  de  Maximilien  Ier,  le  duc 
Guillaume  de  Bavière  ne  négligea  rien  pour 
attacher  Senfel  à  son  service,  et  qu'il  réussit 
dans  sa  négociation  à  ce  sujet.  L'arrivée  du 
compositeur  à  Munich  semble  donc  devoir  être 
placée  vers  1517  :  toutefois  il  serait  possible 
qu'il  fiil  entré  quelques  années  plus  lard  au 
service  du  duc  de  Bavière,  car  Conrad  Peû- 
linger,  parlant  de  lui  dans  la  préface  de  sa 
collection  de  motels  publiée  à  Augsbourg,  en 
1520,  ne  l'ait  mention  que  de  sa  position  dans 
la  chapelle  impériale  :  Voici  ses  paroles  :  Ab 
prxclaro  artis  ipsius  excultore  Ludovico 
Senfelio  Helvetico  illoqui  musicam  Cxsaris 
Maximiliani  capellam,  post  inclyli  prx- 
ceptoris  sui  Isaci,  elc.  Entré  au  service  de  la 
cour  de  Bavière,  il  y  passa  le  reste  de  ses 
jours.  Lipowsky,  qui  a  fait  des  recherches  à 
ce  sujet,  croit  qu'il  mourut  vers  1555.  Il  y  a 


lieu  de  croire  toutefois  que  le  décès  de  Senfel 
arriva  un  peu  plus  tard,  et  qu'il  précéda  d;^ 
peu  de  temps  les  propositions  qui  furent  laites 
àLassus,  en  1557,  pour  le  fixera  celle  cour 
(voyez  Lassus). 

Senfel  a  été  considéré  à  juste  titre  comme 
un  des  musiciens  les  plus  remarquables  de  son 
époque,-  et  ses  contemporains  lui  ont  accordé 
des  éloges  exprimés  en  termes  remplis  d'admi- 
ration. Luther  avait  la  plus  haute  estime  pour 
son  talent;  il  lui  écrivit  une  lcllre  remplie  de 
témoignages  de  celle  estime,  datée  de  Cohourg, 
le  4  octobre  1530. Plusieurs  auteurs  ont  assuré 
qu'à  la  prière  du  réformateur,  Senfel  écrivit  le 
chant  de  plusieurs  cantiques  pour  le  nouveau 
culte,  el  l'on  cite,  entre  autres,  celui  qui  com- 
mence par  ces  mois  :  Non  moriar,scd  vivant; 
mais  il  y  a  peu  d'apparence  que  le  maître  de 
chapelle  de  Guillaume  de  Bavière,  de  ce  prince 
catholique  qui  mit  tous  ses  soins  à  empêcher 
le  culte  réformé  de  pénétrer  dans  ses  Étals,  se 
soit  exposé  à  perdre  la  faveur  du  prince  et  sa 
position  en  prêtant  à  ce  même  cnlle  le  secours 
de  son  talent.  On  voit  seulement,  par  la  lettre 
citée  précédemment,  que  Luther  le  priait  de 
lui  envoyer  une  copie  de  son  cantique  Tn  part' 
in  idipsum.  Voici  ses  paroles  :  «  Ad  te  redeo 
»  et  oro,  si  quid  hanes  exemplar  istius  canlici 
»  (In  pace  in  idipsutti)  mihi  transcribi  et 
»  mitti  cures.  Ténor  enim  isle  a  juventule  me 
»  deleelavil,  el  nunc  mullo  magis,  poslquam 
»  elverba  intelligo.  Non  enim  vidi  eam  anti- 
»  phonam  vocibus  pluribus  compositam.  Nolo 
»  aulem  lé  gravare  componendi  labore,  sed 
»  pitCsumolehabere  aliunde  compositam (1).» 
Au  surplus,  le  nom  de  Senfel  ne  se  trouve  à 
aucun  des  chants  chorals  des  anciens  livres  à 
l'usage  du  culle  réformé. 

Les  collections  spéciales  des  compositions 
de  Senfel  sont  rares  et  peu  connues.  La  biblio- 
thèque royale  de  Munich  en  contient  un 
grand  nombre  dans  de  beaux  manuscrits  dont 
voici  l'indication  :  1°  Codex  /^,  in-fol.  :  Quin- 
que  Missse  quatuor,  quinque  et  sex  vocum 
partim  Petro  De  la  Rue  et  Ludovico  Sennfl 
(sic),  partim  vero  incerto  autore.  2°  Cod.  X, 
in-fol.  Ce  manuscrit  renferme  de  Senfel  les 
cinq  salutations  de  Jésus-Christ  à  quatre  voix, 
qui  ont  élé  imprimées,  comme  on  le  verra  plus 
loin,  un  Miserere  à  cinq,  un  De  profundisà 
cinq,  et  sept  motels  à  quatre  et  cinq  voix. 

(1)  Voyez  la  lettre  de  Luther  clans  la  colleelion  pu- 
bliée par  Buclëe,  pige  213,  dans  l'Almanach  musical  de 
Forkcl,  pour  Tannée  1784,  pages  IG7  et  suiv.,  et  dans 
le  livre  de  Fr.  Ad.  lîcck,  iutilulé  :  Dr  M.  Lulher's  Ge- 
daiikcu  Hier  die  Musik.  pages  08  et  !i9. 


SENFEL 


5°  Cod.  XII ,  in-fol.  On  y  trouve  huit  motels 
à  quatre,  cinq  et  six  voix.  4°  Cod.  XIX. 
in-fol.  Six  motels  à  quatre,  cinq  et  six  voix,  et 
l'antienne  Salve  Iiegîna  à  quatre  voix. 
5°  Cod.  XXXVI.  Ce  manuscrit  renferme  de 
beaux  ouvrages  de  Senfel  et  de  son  maître 
Isaak;  on  y  trouve  les  offices  complets  de  la 
Pentecôte  et  de  l'octave  de  celle  fêle  à  quatre 
voix,  de  la  Trinité,  à  cinq  voix,  delà  Féle- 
Dieu,  à  quatre  voix,  de  la  Toussaint,  à  quatre 
voix,  e!  celui  «le  la  Dédicace,  à  quatre  voix. 
G0  Cod.  XXXVII.  Manuscrit  d'un  grand  in- 
térêt, qui  renferme  beaucoup  d'inlroïts,  de 
graduels  et  de  séquences  à  quatre  voix,  par 
Senfel  et  Isaak,  trois  messes  de  Senfel  à  quatre 
voix,  suivies  des  Répons  de  la  messe. 
7°  Cod.  XXXVIII,  in-fol.,  contenant  les 
offices  de  l'hiver  à  quatre,  cinq  et  six  voix, 
par  Senfel' et  Isaak.  Les  pièces  qui  appartien- 
nent à  Senfel  dans  ce  recueil  sont  des  Nocls 
[Galli canins  in  Nativitate  Domini),  à  cinq 
et  six  voix,  pour  la  première  messe;  idem 
pour  la  troisième  messe,  à  quatre  et  cinq  voix; 
les  offices  de  saint  Etienne,  saint  Jean  l'évan- 
i^éliste,  des  Innocents,  de  l'octave  de  Noël,  de 
l'Epiphanie,  de  la  Purification,  de  Pâques,  à 
cinq  et  six  voix,  et  de  l'Ascension,  à  quatre 
voix.  8°  Cod.  XL  VII,  in-fol.,  renfermant 
une  messe  dominicale  à  quatre  voix  de  Senfr 
(sic),  et  une  messe  fériale,  également  à  quatre 
voix.  Les  œuvres  imprimés  de  Senfel  sont  les 
suivants  :  1°  Quinque  salutationes  Domini 
nostri  Hiesu  Christi,  ex  illustrissimi  Prin- 
cipe et  Domini  Wilkelmi  Comitis  Palatini 
Rheni,  utriusque  Bavarix  Ducis,  etc.,  com- 
missione  a  Ludovico  Senflio  ejusdem  illust. 
D.  musico  intonatore  hnmillimo  excussx 
dic.atxque  summis  et  studio  ac  obedientia 
Xoribergx,  1526,  in-fol.  Les  quatre  parties  de 
ces  motets  sont  imprimées  en  regard  :  je  les  ai 
mis  en  partition.  Le  style  en  est  simple  :  les 
imitations  sont  larges,  et  la  tonalité  naturelle. 
2U  Magnificat  octo  tonorum  quatuor  vocum, 
auctore  Ludovico  Senflio;  Noribergx,  1537, 
in-4".  3° Melodix  inodas  Horatii  et  quxdam 
alia  carminum  gênera  octo  vocum;  Nori- 
bergx,  1 557,  in-4°.  3°  (bis)  Harmonix  poeticx 
Pauli  Hofheimeri  et  Ludovici  Senflii,  mu- 
sicorum  prxstantiss.  unâ  cum  selectis  ad 
hanc  rem  locis,  è  poetis  accomodatioribus , 
seorsim  tum  decantandis,  tumprxlcgendis, 
quatuor  vocum;  Norimbergx  apud  Johan. 
Petreium,ann.  1539.  Beaucoup  de  collections 
de  motels  et  de  chansons  publiées  dans  le  sei- 
zième siècle  renferment  des  pièces  de  ce 
maître  ;    de  ce   nombre    sont  les  suivants  : 


4°  Liber  seleclarum  cantiohum  quas  vulgo 
muletas  appellant  sex.  quinque  et  quatuor 
vocum;  Augshourg,  1520,  in-fol.  max,  sans 
nom  d'imprimeur.  "On  y  trouve  de  Senfel  le 
molet  à  six  voix  Sancte  Pater  diousque  decus . 
le  motet  à  cinq  voix  Gaude  Marin  Virgo,  cl 
enfin,  les  motels  à  quatre  voix:  Discubuit  Jésus 
cum  discipulis;  usque  qui).  Domine;  Beuli 
omnes  qui  tintent  Dominant.  Ces  motels  oui 
élé  inconnus  à  tous  les  historiens  de  la  musi- 
que. 4°  (bis)  Finkens  (Henrici)  Schœne  aus- 
serlesene  Lieder  sttmiiit  àndern  neuen  Lie- 
dern,  von  den  furnehntsten  dieser  Kunst 
gesetzt,  lustig  zu  singen,  etc.  Nurnberg 
durch  ffeironymum  Fovmschneider,  1 530, 
i n-8"  obi.  Les  .numéros  4fl,  48,49,50,51,52, 
53,  54  et  55  de  celle  collection  appartiennent 
à  Senfel.  5°  Concenlus  quatuor,  quinque, 
sex  et  octo  vocum;  Augshourg,  1545,  in-4", 
publié  par  Salblinger  (voyez  ce  nom).  G"  Gla- 
veani  Dodecachordon,  etc.,  Basilex  per 
ffenr.  Pétri,  1547,  in-fol.  On  trouve,  dans  cet 
excellent  ouvrage,  un  motet  à  quatre  voix,  de 
Senfel,  morceau  curieux  établi  sur  le  thème 
du  solfège  des  divers  intervalles,  un  Deus  in 
adjutorium  meum  intende  à  quatre  voix,  et 
un  canon  énigmalique  à  trois  voix  avec  l'in- 
scription :  Omne  trinum  perfectum.  7°  Hun- 
derl  und  fiinfftzehen  guler  newer  Liedlein, 
mit  vier,  fiinff,  sechs  Stimmen,  vor  nie  in 
Truck  aussgangen,  etc.  (Cent  quinze  bonnes 
et  nouvelles  chansons  à  quatre,  cinq  et  six 
voix,  non  encore  publiées,  etc.),  dont  Jean 
Oit  a  été  l'éditeur,  à  Nuremberg,  en  1554.  Les 
autres  anciens  compositeurs  allemands  dont  il 
y  a  des  pièces  dans  ce  curieux  recueil  sont 
Henri  Isaak,  Oswald  Reyler,  Thomas  Stœlzer, 
Jean  Millier,  Matthias  Eckel,  Élienne  Mahu, 
Guillaume  Braytengasser,  Arnold  de  Bruck, 
Lupus  Hellinck,  Paminger,  Sixte  Dielrich  cl 
Jean  Mannenmacher.  7°  Psalmorum  seleclo- 
rum  a  prxstantissimis  hujus  nostri  temporis 
in  arte  musica  artifteibus  in  harmon.  qua- 
tuor, quinque  et  sex  vocum  reductorum; 
Nuremberg,  1542,  in-4".  Une  deuxième  édition 
de  ce  recueil  a  élé  publiée  en  1553,  dans  la 
même  ville.  On  y  trouve  les  psaumes  Miserere, 
et  In  exitu  Israël,  de  Senfel.  8°  Teutsche 
Lieder  mit  vier  und  fiinff  Stimmen  (Chan- 
sons allemandes  à  quatre  el  cinq  voix);  Nu- 
remberg, 1534,  in-4°.  Ce  recueil  renferme  des 
chansons  de  Senfel,  d'Arnold  de  Bruck  et  de 
Braytengasser.  9°  Contât.  2  vocum;  Nurem- 
berg, 1549'.  10°  Forster  (Georgii)  Ausbund 
scltœnen  deutscher  Liedlein  zu  singen,  und 
auf  allerley  Instrumentai  zu  gebrauchen, 


10 


SENFEL  —  SESNERT 


sonder lich  auserlesen.  Von  einem  uberschen 

und  gebessert.  1,  2,  5,  4,  5  Theile  (Recueil  de 
belles  petites  chansons  allemandes  à  chanter, 
et  pour  l'usage  de  toutes  sortes  d'instru- 
ments, etc.);  Nuremberg,  Ulrich  Nenber,  1550- 
15G5,  in-4".  Dans  la  première  partie  de  ce  re- 
cueil, on  trouve  quatre  chants  de  Senfel;  dans 
la  seconde,  quatre;  dans  la  troisième,  sept; 
dans  la  quatrième,  neuf,  et  dans  la  cinquième, 
onze.  1 1°  Teutsche  Lieder  mit  4  und  5  Stim- 
men  (Chansons  allemandes  à  quatre  et  cinq 
voix);  Strasbourg,  1545.  12°  Officia  Paschalia 
de  Resurrectione  et  Jscensione  Dotnini; 
U'ilebergx  apud  Georgium  Rhaiv,  1539, 
in-4°obl.  Le  psaume  In  Exitu  Israël, à  quatre 
voix,  se  trouve  dans  ce  volume.  13°  Novum 
opus  musicum  sex,  qisinque  et  quatuor 
vocum.  Norimbergx,  Hiergraphei,  1558, 
in-4"  obi.  Dans  ce  recueil,  publié  par  Jean  Otl, 
on  trouve  cinq  cantiques  à  cinq  et  six  voix  par 
Senfel.  14°  Dipbona  amena  et  floridu;  No- 
ribergx,  in  officina  Joan.  Montant  et  Ulrici 
Neuberi,  1549,  in-4°.  Celte  cofleclion  de  mu- 
sique d'église,  publiée  par  le  Bavarois  Erasme 
llotenbocher,  renferme  trois  Fragments  de 
Senfel.  15°  Concentus  octo,  sex,  quinque  et 
quatuor  vocum  .  ominum  jucundissimi , 
nuspiam  antea  sic  xditi;  Juguslx  f  inde- 
licorum,  per  Philippum  Uhlardum,  1545, 
in-4"obl.  Celte  rarissime  collection,  dont  Salh- 
linger  fut  l'éditeur,  renferme  unmoletàcinq 
voix  par  Senfel.  10°  Stephani  {démentis) 
Triginta  selectissimas  cantiones,  quinque, 
sex.  septem,  oclo.  duodecim  et  plurimum 
vocum,  sub  quatuor  tanlum  arlificiose , 
musicis  numeris  a  prxslantissimis  Itujus 
artis  artifictbus  ornatx  ac  compositx  ;  No- 
rimbergx, in  o/Jicini  Ulrici  Neuberi,  1568, 
in-4".  On  trouve  dans  celle  collection  trois 
motels  de  Senfel,  à  cinq  et  six  voix.  17°  Selec- 
tissimx  nccnon  familiarissimx  cantiones 
ultra  centum,  varia  idiomate  vocum,  tam 
multiplicium  quant  eliam  paucarum.  Fugx 
qunquc  ut  vocanlur,  a  sex  usque  ad  duas 
voces ;  Augustx  Vindelicorum f  Melchiori 
Kn'esstein  excudebat,  1540,  petit  in-4°  obi. 
18°  Psalmorum  selcctorum  a  prxstanlis- 
simis  musicis  in  harmonias  quatuor  aut 
quinque  vocum  redactarum.  Tomi  quatuor: 
Norimbertjx  apud  Joli.  Petreium,  15-38- 
1542,  in-4°  obi.  19"  Bicinia  gallica,  latina 
cl  germanica  et  quxdam  fugx.  Tomi  duo; 
J'ilebcrgx.  apud  Georg.  Rhau,  1545,  petit 
in-4"  obi.  20°  figuli  {Wolfgangi)  Prima 
pars  Jmorum  filii  Dei  domini  noslri  Jesu 
Christi  quatuor  vocum;  Vitebergx,  1574, 


in-4"  obi.  Ce  recueil  contient  vingt  motets  de 
Figulus,  et  quelques  autres  écrits  par  des  ar- 
tistes plus  anciens.  Parmi  ceux-ci  on  trouve 
deux  chants  de  Noël  à  quatre  voix,  par  Senfel. 

SEÏ>FF  (Chaules-Samuel),  prédicateur  à 
Slolpen,  en  Misnie,  vers  la  fin  du  dix-seplième 
siècle,  est  auteur  d'une  dissertation  rare  et 
curieuse,  intitulée  :  De  Cantionibus  fuuebri- 
bus  veterum;  Leipsick,  '089,  in-4°. 

SE^iFF  (Charles-Frédéric),  pasteur  de 
Saint-Maurice,  à  Halle,  mort  dans  cette  ville, 
le  19. janvier  1814,  a  publié  un  sermon  pro- 
noncé à  l'occasion  de  l'inauguration  du  nou- 
vel orgue  de  son  église,  où  il  donne  une  notice 
historique  de  sa  construction.  Cet  écrit  a  pour 
litre  :  Predigt  bei  der  Einweihung  der 
neuerbaulen  Orgel  in  der  St.Morit'z  Kirche 
zu  Halle,  etc.;  Halle,  Gebauer,  1784,  in-8°. 
Il  y  a  beaucoup  d'autres  écrils  de  ce  savant 
qui  ne  sont  pas  relatifs  à  la  musique. 

SEINGUERD  (Walafrid),  professeur  de 
philosophie  et  bibliothécaire  à  Leyde,  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle 
et  au  commencement  du  dix-huitième.  On  a 
de  lui  une  dissertation  intitulée  :  Tractatus 
de  taranlula;  Lugduni  Batavorum,  1007, 
in-4".  Il  en  a  été  publié  une  deuxième  édition 
sous  ce  titre:  Tractatus  phgsicus  de  Tarait- 
tula;  Lugduni  Batavorum,  1008,  in-12°.  Un 
savant  Danois,  nommé  Ager,  a  donné  dans  sa 
langue  une  traduction  de  cet  ouvrage  intitulée  : 
Skrivt  om  de  Jpuliske  Edderlcoppe  ;  Copen- 
hague, 1702,  in-8°  de  quarante-huit  pages, 
avec  une  préface  d'une  feuille  et  demie.  Sen- 
gnerd  traite  dans  cet  opuscule  des  effets  de  la 
musique  pour  la  guérison  de  la  morsure  de  la 
tarentule. 

SEISINEHT  (Aivdré),  savant  orientaliste, 
né  à  Willenberg,  en  1000,  s'appliqua,  dés 
l'âge  de  dix  ans,  à  l'élude  de  l'hébreu  et  de  ses 
dérivés,  sous  la  direction  de  'Martin  Trostius. 
Après  avoir  fréquenté  les  principales  univer- 
sités de  l'Allemagne  et  de  la  Hollande,  il  re- 
tourna à  Willenberg,  et  y  fut  nommé  profes- 
seur de  langues  orientales,  en  1038.  Il  mou- 
lut dans  celte  ville,  le  22  décembre  1089,  à 
l'àgede  quatre-vingt-trois  ans.  Parmises  nom- 
breux et  savants  ouvrages,  on  remarque  deux 
dissertations  relatives  à  la  musique  des  Hé- 
breux; la  première  a  pour  litre:  Dissertatio 
de  Musica  quondam  Hebrxorum.  Elle  se 
trouve  dans  le  cinquième  volume  des  Thèses 
soutenues  à  l'université  de  Willenberg  pen- 
dant le  dix-seplième  siècle.  La  deuxième  dis- 
sertation deSennert  est  intitulé  :  Dissertatio  de 
accenlis  Hebrxorum;  Willenberg,  1 070,  in-4". 


SÉPRÊS  —  SERASSI 


17 


SEPRÈS  (Pierre-Yfres  LA  RAMEE 
DE),  né  à  Valenciennes,  en  1797,  s'esl  l'ait  le 
disciple  de  Jacotot  pour  la  méthode  d'enseigne- 
ment universel,  en  a  fondé  une  école  à  An- 
vers, en  1822,  puis  s'esl  fixé  à  Paris,  en  1828, 
où  il  a  établi  un  Lycée  national  pour  la  propa- 
gation de  la  même  mélhode.  Il  a  publié  un 
grand  nombre  d'ouvrages  concernant  les  arts 
et  les  sciences,  parmi  lesquels  on  remarque 
celui-ci  :  Instruction  normale  pour  l'étude 
de  la  musique,  d'après  l'enseignement  uni- 
versel, destinée  aux  personnes  qui  veulent 
apprendre  seules,  et  particulièrement  aux 
mères  de  famille;  Paris,  in-8°de  vingt-quatre 
pages. 

SERAO  (François),  professeur  de  méde- 
cine, à  Naples,  né  à  Anvers,  en  1702,  d'une 
famille  espagnole,  mourut  à  Naples,  en  1793. 
On  a  de  lui  une  brochure  intitulée  :  Délia  Ta- 
rantola,  o  sia  Falangio  di  Puglia;  Naples, 
1742,  in-4°.  Il  y  traite  des  effets  de  la  musi- 
que sur  les  personnes  qui  ont  été  piquées  par 
la  tarentule.' 

SERASSI  (JosErn),  célèbre  fadeur  d'or- 
gues, issu  d'une  famille  qui  s'était  distinguée 
dans  la  construction  de  ces  instruments,  na- 
quit à  Bergame,  au  mois  de  novembre  1750. 
Dès  son  enfance,  il  étudia  les  principes  et  le 
mécanisme  de  son  art  dans  les  ateliers  de  son 
père,  et  y  fit  de  rapides  progrès.  Après  avoir 
terminé  ses  éludes  scientifiques,  littéraires  et 
musicales,  il  commença  à  se  livrer  à  la  facture 
des  instruments  :  son  premier  grand  ouvrage 
fut  l'orgue  double  de  Saint-Alexandre  de  Co- 
lonne, à  Bergame.  Ces  deux  orgues  sont  pla- 
cées en  face  l'un  de  l'autre,  onl  chacun  deux 
claviers  et  pédale,  et  forment  ensemble  quatre- 
vingt-quatre  registres,  dont  trente  registres 
de  fond  el  de  récit,  et  cinquante-quatre  jeux 
d'anches  et  de  plein  jeu.  Elles  peuvent  être  réu- 
nies sous  la  main  d'un  seul  organiste  par  un 
mécanisme  souterrain  si  parfait  et  si  prompt 
dans  ses  manœuvres,  que  les  passages  les  plus 
rapides  sont  exécutés  avec  l'ensemble  le  plus 
exact  par  les  deux  instruments,  quoiqu'ils 
soient  éloignés  l'un  de  l'autre  d'environ  cin- 
quante mètres.  En  1792,  Serassi  construisit 
dans  l'église  ducale  deColorno  un  grand  orgue 
de  quatre-vingt-deux  registres,  et  y  employa 
pour  la  première  fois  de  grands  réservoirs  de 
venlqui  empêchent  lesondulalionsdel'airdans 
les  tuyaux.  Huit  ans  après,  fut  achevé  par  Se- 
rassi le  bel  orgue  de  l'église  de  V^nnunziata 
de  Como,  un  dés  plus  beaux  ouvrages  de  cet 
artiste.  Il  est  composé  de  trois  claviers,  et  de 
quatre-vingt-six  registres,  avec  beaucoup  d'in- 

EIOGK.  UNIV.   DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


ventions  ingénieuses  pour  les  accouplements. 
Serassi  donne  lui-même  la  description  de  cet 
instrument  dans  un  petit  écrit  intitulé  :  Des- 
crizione  ed  osservazioni  pcl  nuovo  organo 
posto  nella  chiesa  dell'  Annunziata  diC'omo 
(Description  du  nouvel  orgue  placé  dans 
l'église  de  l'Annonciation  à  Como)  ;  Como, 
1808,  in-8".Dans  la  même  année,  Serassi  ter- 
mina, avec  son  fils  Charles,  un  orgue  dans 
l'église  du  Crucifix,  à  Milan.  Un  amateur  de 
cette  ville  en  donna  la  description,  intitulée  : 
Del  nuovo  organo,  opéra  de'  Signori  Serassi, 
nel  sanluario  del  Crocifisso;  Milan,  1808, 
in-8°.  Dans  sa  description  de  l'orgue  de  Como, 
Serassi  dit  que  son  aïeul  perfectionna  la  qua- 
lité de  son  des  jeux  de  flûte,  de  hautbois  el  de 
basson,  et  que  ce  fut  lui  qui  inventa  le  (ira 
lutta,  registre  par  lequel  on  réunit  d'un  seul 
coup  lous  les  jeux  de  l'orgue.  On  cite  comme 
deux  des  meilleurs  ouvrages  de  Serassi  l'orgue 
qu'il  a  construit,  en  1812,  dans  l'église  de 
Saint-Eustorgue  de  Milan,  el  qui  fut  achevé  le 
G  janvier  1812,  bel  instrument  de  trente-deux 
pieds,  et  celui  qu'il  termina  en  1815,  dans 
l'église  Saint-Thomas,  de  la  même  ville.  Sa 
dernière  production  fut  le  plan  d'un  grand 
orgue  pour  la  cathédrale  de  Plaisance,  qui  au- 
rait surpassé  par  sa  dimension ,  cl  par  le 
nombre  de  registres  et  d'inventions  nouvelles, 
tout  ce  qui  avait  été  fait  jusqu'alors.  Il  n'eut 
pas  le  temps  d'en  entreprendre  la  construc- 
tion, ayant  cessé  de  vivre  en  1817.  Peu  de 
temps  avant  sa  mort,  il  publia  quatre  lettres 
sur  les  orgues  en  général  el  sur  ses  travaux  en 
particulier,  sous  ce  litre  :  Sugli  organi.  Bcr- 
gamo,  nella  sl-ampcria  ISalali,  181  G,  in-4J 
de  soixante- treize  pages. 

SER-VSSI  (Charles),  aîné  de  trois  fils  de 
Joseph,  qui  se  sonl  associés  pour  la  construc- 
tion des  orgues,  a  acquis  une  célébrité  égale 
à  celle  de  son  père.  Il  est  né  à  Bergame,  vers 
1786,  et  a  étudié  dès  son  enfance  la  construc- 
tion des  orgues  sous  la  direction  de  son  père, 
qu'il  a  aidé  depuis  1807  dans  ses  travaux,  no- 
tamment dans  les  orgues  de  Como  et  de  Saint- 
Thomas,  à  Milan.  Les  frères  Serassi  sont  les 
facteurs  les  plus  renommés  de  l'Italie;  leurs 
ateliers  sont  établis  sur  la  plus  grande  échelle; 
on  y  construit  à  la  fois  douze  ou  quinze  oi- 
gnes, dont  plusieurs  de  trente-deux  pieds. 
Leurs  plus  célèbres  ouvrages  sonl  les  orgues  de 
Saint-Philippe,  à  Turin,  de  Sainte-Marie  del 
Carminé,  à  Venise,  de  l'église  des  Jésuites  à 
Plaisance,  de  Sainte-Catherine  martyre,  a  Bo- 
logne, de  VégVïsedelGesù  à  Rome,  enfin  l'orgue 
double  de  Sainte- Marie  Majeure,  à  Trente. 


18 


SERICUS  —  SEIOllSY 


SERICES,  organarius  ou  fabricant  d'or- 
gues hydrauliques,  vivait  à  Rome,  vers  l'an 
368  de  l'ère  chrétienne.  Dans  cette  même 
année,  il  fut  impliqué  dans  une  affaire  d'em- 
poisonnement, condamné  et  exécuté  (voyez 
Ammien  Marcellin,  liv.  XXVIII,  au  com- 
mencement). Ce  nom  est  le  seul  qui  soit  par- 
venu .jusqu'à  nous  d'un  artisan  dont  la  profes- 
sion consistait  à  construire  des  hydraules  ; 
d'autre  part,  nous  voyons,  par  ce  qui  concerne 
Sericus,  que  ce  genre  d'instruments  était  en- 
core en  usage  à  Rome,  dans  la  seconde  moitié 
du  quatrième  siècle. 

SERII\G  (Frédéric-Guillaume),  organiste 
et  professeur  de  musique  au  séminaire  évan- 
géliqne  des  instituteurs,  à  Franzbourg  (Pomé- 
ranie),  fit  ses  études  musicales  à  Berlin,  sous 
la  direction  du  professeur  Marx.  En  1851,  il 
fut  nommé  professeur  de  musique  à  Kœpenik, 
près  de  Berlin  ;  deux  ans  après,  il  obtint  ses 
places  à  Franzbourg.  On  a  de  cet  artiste  : 
1°  Le  psaume  72 pour  un  chœur  de  voix  mêlées 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  5;  Berlin, 
E-slinger.  2°  Le  psaume  95  idem,  op.  12  ; 
ibid.  3°  Le  motet  Uerr  leite  mich,  idem, 
op.  20;  ibid.  4°  L'entrée  de  Jésus-Christ  à 
Jérusalem,  oratorio  de  VAvent  pour  voix 
seules,  chœur  et  orchestre;  Magdebourg, 
IL  inrichshofen,  1800.  5°  Un  grand  nombre 
de  Lieder  à  voix  seule  avec  piano,  en  recueils 
ou  détachées;  Berlin,  Gaillard,  Esslinger, 
Bock,  Schlesinger  ,  etc.  G"  Des  chants  pour 
quatre  voix  d'hommes;  Erfurt,  Kœrner. 
7°  Prélude  et  fugue  à  trois  sujets  pour  orgue; 
Berlin,  Gaillard.  8°  Deux  Lieder  sans  paroles 
pour  piano;  ibid.  9°  Toccale  (en  mi  bémol) 
pour  orgue,  op.  15;  Berlin,  Bock.  10°  Con- 
certo (en  ut  mineur)  pour  orgue  ;  Erfurt,  Kœr- 
ner. 11°  Introduction  et  fugue  (en  ut  majeur) 
idem,  op.  21;  ibid.  12°  Méthode  de  chant  pour 
les  écoles  populaires;  GUlersIob,  Bertelsmann. 
15°  Méthode  élémentaire  de  violon  ;  Magde- 
bourg. Heinrichshofen. 

SERIAI  (Joseph),  compositeur,  né  à  Cré- 
mone vers  1645,  n'est  connu  que  par  le  livret 
d'un  oratorio  intitulé  :  //  Getiio  deluso ,  qui 
fut  exécuté  dans  la  chapelle  de  l'impératrice 
Éléonore,  en  1680.  Ce  livret  a  été  imprimé  à 
Venise,  chez  Pierre-Paul  Viviano,  dans  la 
même  année. 

SERVIES  (François  DE),  pseudonyme  du 
P.  MERSEKiI>E  (voyez  ce  nom). 

SERMISY  (Claude  DE),  compositeur 
français  du  seizième  siècle,  est  désigné  simple- 
ment par  le  nom  de  CLAUDIIV  dans  les  an- 
ciens recueils  où  l'on  trouve  ses  compositions. 


;  Ce  musicien,  homme  de  mérite,  est  un  des 
'  moins  connus  de  son  époque,  quoiqu'il  ait  été 
un  des  plus  considérables  par  son  talent  et  par 
sa  position.  J'ai  trouvé  les  premiers  rensei- 
gnements positifs  sur  sa  personne  dans  les 
comptes  de  dépenses  de  la  cour  de  France  re- 
latives à  la  musique,  dont  j'ai  fait  connaître 
les  curiosités  dans  une  suite  d'articles  de  la 
Revue  musicale  (lom.  XII,  18-52).  Un  de  ces 
comptes,  dressé  par  maître  Bénigne  Sevré, 
conseiller  du  roi  et  receveur  général  des 
finances  de  la  généralité  de  Languedoc,  pour 
l'année  1552,  nous  fait  connaître  que  maître 
Claude  deSermisy  était  alors  sous-maître  de 
la  chapelle  du  roi  et  premier  chantre  ou  direc- 
teur de  musique  de  ladite  chapelle,  aux  ap- 
pointements de  quatre  cents  livres  tournois; 
que  de  plus  il  lui  avait  été  payé  mille  quatre- 
vingts  livres  pour  la  nourriture  et  l'entretien  de 
six  enfants  de  chœur,  et  qu'enfin  il  avait  reçu 
deux  cent  cinquante  livres  tant  pour  l'entre- 
tenement  de  la  chapelle  que  pour  envoyer 
quérir  des  chantres  (1).  Après  la  mort  de 
François  I<r,  roi  de  France,  en  1547,  Claude 
de  Sermisy  eut  le  litre  de  premier  chantre  de 
Henri  II,  titre  qui  équivalait  alors  à  celui  de 
maître  de  chapelle.  Ce  renseignement  nous 
est  fourni  par  un  compte  des  officiers  domes- 
tiques du  roi  Henri  11 ',  depuis  1545  jusqu'en 
1559  (époque  où  ce  prince  fut  blessé  mortelle- 
ment dans  un  tournoi).  Après  cette  dernière 
époque,  on  ne  trouve  plus  de  renseignements 
sur  Claude  de  Sermisy,  et  son  nom  disparait 
des  comptes.  Il  y  a  donc  lieu  de  croire  qu'il 
ne  vécut  pas  longtemps  après  1560,  car  ses 
compositions  étaient  déjà  imprimées  dans  les 
recueils  avec  celles  des  musiciens  les  plus  cé- 
lèbres, en  1528,  c'est-à-dire  (rente-deux  ans 
auparavant.  Cependant  on  pourrait  croire 
qu'il  occupait  encore  sa  place  de  maître  de 
chapelle  du  roi  en  1508,  car  on  lui  donne  ce 
titre,  conjointement  à  celui  de  chanoine  de  la 
sainte  chapelle  du  Palais  (Reqio  symphonia- 
corum  ordini  piwfeclo,  et  in  reyali  pari- 
siensis  palalis  sucello  canonico),  dans  i\n 
recueil  de  messes  de  sa  composition  publié  par 
Nicolas  Duchemin. 

Ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  Claude  «le  Ser- 
misy est  désigné  par  le  simple  nom  de  Claudia 
dans  la  plupart  des  recueils  où  l'on  trouve 
quelques  pièces  de  sa  composition  ;  il  n'est 
appelé  du  nom  de  Claudin  de  Sermisy  que 
dans  le  recueil  de  messes  que  je  viens  île 
citer,  et  dans  un  autre  recueil  de  trois  messes 

(I)  Voyez   la  licruc  musicale,  tome  XII,  pnges  242 
et  '243. 


SERMISY  —  SERRA 


•10 


publié  en  1583.  Le  plus  ancien  recueil  où  j'ai 
Irouvé  îles  pièces  de  ce  musicien  a  yoiw  litre  : 
1"  Vingt-neuf  chansons  musicales  à  quatre 
parties,  imprimées  à  Paris  par  Pierre  At~ 
taingnantf  libraire,  demourant  en  la  rue  de 
la    Harpe,    près   de  l'église   Saint-Cosme, 

1528,  in-8°  obi.  Une  deuxième  édition  de  ce 
recueil  a  élé  publiée  par  le  même  libraire  en 
1550.  On  y  trouve  quatorze  chansons  de  Gan- 
din, avec  quelques  autres  pièces  du  mémo 
genre  par  Jannequin,  Jacotin,  Passereau, 
Consilium,  Beaumont,  etc.  2°  Le  troisième 
livre  de  la  même  collection  a  pour  titre  : 
Trente  et  une  chansons  musicales,  etc.; 
Paris,  P.  Attaingnant,  1829,  in-8°  obi.  On  y 
trouve  treize  pièces  de  Gandin,  3°  II  y  a  aussi 
quatre  chansons  à  quatre  parties,  de  Sermisy, 
dans  le  septième  livre  de  la  même  collection 
publié  par  le  même  imprimeur,  en  1530,  in-8" 
obi.  Cette  précieuse  collection,  divisée  en  onze 
livres,  renferme  trois  cent  quarante-quatre 
chansons  françaises  à  quatre  parties,  com- 
posées par  les  musiciens  français  les  plus  cé- 
lèbres qui  vécurent  dans  la  première  moitié 
du  seizième  siècle  :  on  la  trouve  complète  à  la 
bibliothèque  impériale  (.e  Paris,  sous  le  n"  V, 
2G89,  in-8°  obi.,  quatre  volumes.  Claude  de 
Sermisy  a  beaucoup  écrit  pour  l'église;  on 
trouve  des  motets  de  sa  composition  dans  les 
recueils  suivants  :  4°  XII  Motelz  à  quatre  et 
cinq  voix  composés  par  les  autheurs  cy  des- 
soubz  escripts.  Nagueres  imprimés  à  Paris 
par   Pierre   Attaignant  demourant,  etc., 

1529,  in  8°  obi.  On  y  trouve  les  motets  :  Do- 
mine quis  habitabit,  Michaele  archangele, 
Nativitas  est  hodie,  et  Preparate  corda 
veslra,  de  Gandin;  les  autres  sont  de  Gom- 
beit,  Jean  Mouton,  Dorle  et  Deslouges. 
5"  Liber  seplimus  XXIITI  trium,  quatuor, 
quinque,  sex  vocum  jllodulos  Dominici  ad- 
venlus,  nativitalisque  cjus,  ac  sanclorum 
co  tempore  occurrentium  habet.  Parisiis  in 
vico  Citharea  apud  Petrum  Attaingnant 
musicx  calcographum,  1533,  in-4°  obi., 
gothique.  On  trouve  dans  ce  recueil  le  motet 
Da  pacem  de  Gandin.  G0  Liber  decimus  ; 
Passiones  Dominice  in  Ramis  palmarum, 
Veneris  sancte  (sic) ,  nec  non  lectiones 
feriarum  quinte,  sexte,  ac  sabbati  hebdo- 
viade  sancte  .•  multaque  alla  quadragesime 
congruentia,  ut  palam  videre  licet.  Parisiis 
apud  Petrum  Attaingnant,  1554,  in-4°  obi. 
;  othique.  Ce  livre  contient  les  Lamentations 
de  Jérémie  pour  le  samedi  saint  par  Gandin, 
les  Passions  d'après  saint  Mathieu  et  saint 
J.-an,  et  un  Resurrexi  par  le  même  maître. 


Les  Lamentations  de  Jérémie  ont  élé  réim- 
primées dans  un  recueil  publié  à  Nuremberg, 
en  1549.  7"  Liber  undecimus  XXVI  musi- 
cales habet  modulos  et  quinque  vocibus 
editos.  Parisiis,  apud  Petrum  Attaingnant, 
15-34,  in-4°  obi.  gothique.  On  trouve  dans  ce 
recueil  dix  motels  à  quatre  et  cinq  voix,  de 
Gandin.  8°  Miàsarum  musicalium,  cerla 
vocum  varietate  secundum  varios  quos  re- 
ferunt  modules  distinctarum.  Liber  primus, 
ex  diversis  iisdeinqueperitissimis  auctoribus 
collectas.  Parisiis,  ex  (gpographia  Nicolai 
Du  Chemin  sub  insignis  Gryphonis  ar- 
gentei ,  15G8,  in-fol.  Les  diverses  voix  des 
messes  sont  imprimées  en  regard.  Les  messes 
de  Gandin  sont  ici  indiquées  sous  le  nom  de 
Gandin  de  Sermisy;  elles  sont  au  nombre  de 
six,  savoir  :  1°  Quare  fremuerunt,  à  cinq 
voix  ;  2°  Ab  inilio,  à  quatre  voix  ;  5°  Voulant 
honneur,  idem;  4°  Tota  pulchra  es,  idem. 
5°  Philomena  jtrxvia,  idem  ;  G0  Surgens 
Jésus,  idem.  7°  JWssx  très  quatuor  vocum 
auctore  Cl.  de  Sermisy.  Parisiis,  ex  offre. 
Ballardi,  1583,  in-fol.  max.  On  trouve  des 
morceaux  de  Claude  de  Sermisy  dans  les  re- 
cueils intitulés  :  1°  Selectissimx  nec  non  fa- 
miliarissimx  cantiones  ultra  cenlum,  etc.; 
Augustx  Vindelicorum  ,  Melchior  Kries 
slein,  1540.  2°  Cantiones  septem,  sex  et 
quinque  vocum.  Longe  gravissimx,  juxta 
ac  amœnissimx,  etc.,  ibid.,  1545.  3°  Modu- 
lationes  aliquot  quatuor  vocum,  quas  vulgo 
Modetas  (sic)  vocant  a  prxstantissimis  mu- 
sicis  compositas,  etc.  Noribergx  per  Joh. 
Petreium,  1538.  4°  Tomus  secundus  Psal- 
morum  seleclorum  quatuor  et  quinque  vo- 
cum; ibid.,  1539.  5°  Tomus  tertius  Psal- 
morum,elc,  ibid.,  1542. G"  Bicinia  gallica, 
latina  et  germanica,  et  quxdam  fugx.  Tomi 
duo.  Vitebergx,  apud  Georg.  Rhav,  1545. 
Une  belle  collection  de  chansons  et  de  motets 
à  quatre  voix,  en  manuscrit  du  seizième 
siècle,  qui  a  appartenu  à  madame  la  duchesse 
d'Orléans,  mère  du  roi  Louis-Philippe,  l'en- 
ferme un  grand  nombre  de  pièces  de  Goudimel, 
Jannequin,  Arcadet,  Jacotin,  Mouton,  Gom- 
bert,  Passereau,  Mornable,  Gandin,  et  d'au- 
tres musiciens  français  de  ce  temps. 

SERRA  (Michel-Ange),  prêtre  et  maître 
de  chapelle  de  l'église  de  Sainte-Marie  del 
Vado  à  Ferrare,  naquit  à  Manloue,  en  1571. 
Les  ouvrages  connus  de  sa  composition  sont  : 
1°  Complelorium  Romanum  4  vocum;  Ve- 
nise, 1G03.  2°  Missarum  quatuor  vocum 
liber  primus;  Veneliis,  apud  Jac.  Vincen- 
tiuum,  1G0G,  in-4".  Dans  l'année  suivante, 

2. 


20 


SERRA  —  SERRE 


une  réimpression  de  ce  livre  de  messes  parut 
sous  ce  tilre  :  Missx  quatuor  vocum;  Anvers. 
1607,  in-4°.  On  trouve  à  la  fin  de  celte  édition 
une  messe  de  morts  de  Clément  surnommé 
non  papa. 3°  M issarum  quatuor  vocum  liber 
secundus.  Veneliis,  apudJac.  T'incentinum, 
1615.  4°  Motettx  4  vocum.  Ce  dernier  ouvrage 
est  indiqué  dans  lecalaloguede  la  bibliothèque 
du  roi  de  Portugal,  Jean  IV,  mais  sans  nom 
de  ville  et  sans  date. 

SEUI«A  (Paul),  chapelain  chantre  de  la 
chapelle  pontificale,  à  Rome,  naquit  à  Novi,  et 
fut  agrégé  au  collège  des  chapelains  chantres, 
en  1753.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Intro- 
duzione  armonica  sopra  la  nuova  série  de' 
suoni  modulati  in  oggidi,  e  modo  di  retta- 
inente  e  più  facilmenle  inluonarla;  Rome, 
Giunchi,  1708,  in-4°.  C'est  un  nouveau  sys- 
tème de  solfège  au  moyen  de  syllabes  diffé- 
rentes pour  chaque  ton  et  chaque  mode. 

SERIîA  (Jean),  compositeur,  est  né  à 
Gènes,  en  1787.  Élève  de  Gaétan  Isola  pour  le 
contrepoint,  il  s'est  particulièrement  formé 
dans  la  connaissance  des  styles  par  l'élude  des 
partitions  des  grands  maîtres.  On  connaît  de 
lui  deux  messes  solennelles  avec  orchestre, 
une  messe  de  Requiem,  une  cajilale  sur  la 
naissance  du  roi  de  Rome,  exécutée  au  théâtre 
de  Gènes,  des  symphonies,  quatuors,  trios  et 
duos  pour  divers  instruments. 

SERRE  (Jean- Ad  ah),  peintre,  chimiste  et 
musicien,  naquit  à  Genève,  en  1704.  Antago- 
niste des  systèmes  d'harmonie  imaginés  par 
Rameau  et  par  Tarlini  (voyez  ces  noms),  il  les 
attaqua  dans  ses  écrits  en  homme  initié  dans 
l'art  d'écrire  en  musique,  et  avec  un  esprit 
d'analyse  fort  remarquable.  Arrivé  à  Paris  en 
1751,  il  y  débuta  par  des  observations  très- 
justes  sur  le  prétendu  troisième  mode  que 
Dlainville  (voyez  ce  nom)  croyait  avoir  décou- 
vert. Elles  parurent  dans  le  Mercure  de 
France  du  mois  de  janvier  1742  (p.  160  et 
suivantes),  sous  ce  titre  :  Réflexions  sur  la 
supposition  d'un  troisième  mode  en  mu- 
sique.  L'année  suivante,  il  publia  ses  Essais 
sur  les  principes  de  l'harmonie,  où  l'oti 
traite  de  la  théorie  de  l'harmonie  en  général, 
des  droits  respectifs  de  l'harmonie  et  de  la 
mélodie,  delà  basse  fondamentale,  et  de  l'ori- 
gine du  mode  mineur  ;  Paris,  Piault,  1753, 
in-8"  de  cent  cinquante-neuf  pages.  A  la  fin 
du  livre,  les  réflexions  sur  le  troisième  mode 
sont  reproduites.  Quelques  exemplaires  de 
l'édition  de  Paris  ont  un  frontispice  qui  porte 
la  même  date,  avec  l'indication  de  Genève. 
Ecrivant  à  Taris,  où  régnait  alors  une  admira- 


tion sans  bornes  pour  le  système  de  la  basse 
fondamentale,  Serre  était  obligé  d'user  de 
beaucoup  de  précautions  pour  faire  la  critique 
de  celte  théorie  ;  d'ailleurs,  il  croyait  à  la  né- 
cessité du  phénomène  de  la  résonnance  mul- 
tiple des  corps  sonores  graves  comme  une  des 
bases  d'une  théorie  véritable  et  complète  de  la 
science  (voyez  les  Essais,  etc.,  p.  7,  note  VI); 
mais  il  ne  pensait  pas  que  ce  principe  fut  le 
seul,  et  c'est  sur  ce  point  que  porte  en  général 
sa  critique,  faisant  voir  que  les  conséquences 
rigoureuses  que  Rameau  en  lire  le  conduisent 
à  des  résullals  opposés  aux  faits  établis  dans 
la  pratique  de  l'an.  Il  démontre  très- bien  en- 
suite qu'il  peut  y  avoir  une  basse  fondamentale 
beaucoup  meilleure  que  celle  de  Rameau.  Dans 
le  troisième  essai  qui  termine  le  livre,  Serre 
fait  une  critique  fort  juste  des  formules  par 
lesquelles  Euler  a  exprimé  les  séries  de  sons 
des  gammes  majeure  et  mineure  (p.  133-155). 
De  retour  à  Genève,  Serre  se  livra  à  l'exa- 
men du  système  de  Tarlini  et  en  démontra  la 
faiblesse,  ou  plutôt  la  fausseté.  Blessé  du  peu 
de  cas  que  d'Alembert  semblait  avoir  fait  de 
ses  Essais,  etc.,  dans  l'article  Basse  fonda- 
mentale, il  se  livra  à  un  examen  sévère  des 
erreurs  du  célèbre  géomètre  en  matière  de 
musique,  et  rétracta  les  éloges  qu'il  lui  avait 
accordés  dans  son  premier  ouvrage  ;  enfin,  il 
fil  un  troisième  travail  non  moins  juste  que 
sévère  sur  le  mauvais  livre  de  Geminiani 
(voyez  ce  nom),  intitulé:  Guide  harmonique. 
Ces  trois  dissertations  furent  réunies  par  lui 
dans  un  volume  qui  a  pour  tilre  :  Observa- 
lions  sur  les  principes  de  l'harmonie,  occa- 
sionnées par  quelques  écrits  modernes  sur  ce 
sujet,  et  particulièrement  par  l'article  fon- 
damental de  M.  d'Alembert  dans  V Encyclo- 
pédie, le  Traité  de  théorie  musicale  de 
M .  Tarlini , et  le  Guide  harmonique  de Jlf. Ge- 
miniani; Genève,  Gosse,  1763,  in-8".  Senne- 
bier  a  confondu  cet  ouvrage  avec  le  premier, 
en  lui  donnant  ce  tilre  :  Essai  sur  les  prin- 
cipes de  l'harmonie  occasionné  par  quelques 
écrits  modernes,  etc.  (voyez  Histoire  litté- 
raire de  Genève,  t.  III,  p.  326);  puis,  sous  le 
litre  simple  d'Observations  sur  les  principes 
de  l'harmonie,  il  a  supposé  une  édition  faite  à 
Paris,  en  1765,  qui  n'exisle  pas;  enfin,  il  a 
aussi  supposé  un  troisième  ouvrage  de  Serre, 
intitulé  :  Théorie  de  l'harmonie  en  général, 
ou  des  observations  sur  la  basse  fondamen- 
tale, l'origine  du  mode  mineur,  la  basse  fon- 
damentale et  les  droits  respectifs  de  la  mélo- 
die et  del' harmonie,  in-8°,  1753.  Or,  ce  litre, 
qui  n'a  point  de  sens,  n'est  qu'un  mélange  in- 


SERRE 


SERVAIS 


21 


cohérent  de  l'inlilulé  «le  quelques  chapitres 
des  Essais  sur  les  principes  de  l'harmo- 
nie, elc.,  publiés  à  Paris,  en  1753.  Il  est  dif- 
ficile d'accumuler  plus  d'erreurs  à  la  fois: 
celles-ci  ont  trompé  M.  Quérard,  qui  avait  cru 
pouvoir  prendre  Sennebier  pour  guide  dans  le 
neuvième  volume  de  la  France  littéraire 
(p.  77). 

SERRÉ  (Jean  DE),  né  à  Rienx,  petite 
ville  de  la  Haute-Garonne,  vers  la  fin  du  dix- 
septièrrre  siècle,  a  écrit  un  poème  en  quatre 
chanls  intitulé  :  la  Musique,  qui  fut  publié  à 
Amsterdam,  chez  Roger,  1714,  in- 12,  puis  à 
Lyon,  chez  André  Laurens,  1717,  in-4",  et 
enfin,  à  La  Haye,  1737,  in-12.  Ce  poëme  fut 
réimprimé  dans  un  recueil  qui  a  pour  titre  : 
Les  Dons  des  enfants  de  Latone,la  musique 
et  la  chasse  au  cerf,  poëmes,  sans  nom  d'au- 
teur; Paris,  1734,  in-8°.  Une  nouvelle  édition 
du  poème  de  Sérié  sur  !a  musique  a  été  don- 
née par  Cubières-Palmézeaux  ;  mais,  par  une 
«le  ces  fraudes  littéraires  assez  communes  au- 
trefois, l'ouvrage  était  attribué  à  Gresset,  et 
présenté  comme  inédit.  Le  recueil  où  se  trouve 
ce  morceau  est  intitulé  :  Epître  à  Gresset,  au 
sujet  de  la  reprise  du  Méchant,  en  1804,  sui- 
vie de  deux  ouvrages  de  ce  poète  célèbre  (le 
Chien  pécheur  et  lu  Musique,  poëmes),  qui  ne 
sont  dans  aucune  édition  de  ses  œuvres,  et 
d'une  épllre  à  un  jeune  provincial,  intitulée  : 
l'Art  de  travailler  aux  journaux.  Par  l'ex- 
révérend  P.  Ignace  de  Castelvedra,  petit- 
neveu  du  R.  P.  Brumoy  (Cubières-Palmé- 
zeaux); Paris,  Moronval ,  1812,  in-8°  de 
quatre-vingt-treize  pages.  Tout  est  rempli  de 
faussetés  dans  celle  publication,  car  le  Chien 
pécheur  ,  ou  le  Barbet  des  cordeliers 
d'Etampes,  avait  été  publié,  vers  1730,  par 
Hémard  d'Anjouan. 

SERVAIS  (Adrien-François),  célèbre  vio- 
loncelliste et  professeur  au  Conservatoire 
royal  de  Bruxelles,  est  né  à  Hal,  petite  ville 
du  Biabant,  à  trois  lieues  de  Bruxelles,  le 
7  juin  1807.  Fils  d'un  musicien  attaché  à 
l'église  de  cette  ville,  il  reçut  de  lui  les  pre- 
mières leçons  de  musique  et  de  violon.  M.  le 
marquis  de  Sayve,  amateur  distingué  qui  pos- 
sède une  terre  près  de  Hal,  charmé  des  heu- 
reuses dispositions  du  jeune  Servais,  leur 
donna  plus  tard  une  meilleure  direction,  et  le 
confia  aux  soins  de  Van  derPlancken,  pre- 
mier violon  du  théâtre  de  Bruxelles,  et  bon 
professeur.  Cependant  Servais  n'avait  point 
encore  découvert  quelle  était  sa  véritable  des- 
tination, lorsque  le  hasard  lui  ayant  procuré 
l'occasion  d'entendre  exécuter  un  solo  de  vio- 


loncelle par  Platel  (voyez  ce  nom),  le  plaisir 
qu'il  en  ressentit  fut  si  vif,  que  dès  ce  moment 
il  prit  la  résolution  d'abandonner  tout  autre 
instrument  pour  se  livrer  à  l'étude  de  celui -là. 
Admis  au  nombre  des  élèves  du  Conservatoire 
de  Bruxelles,  il  y  reçut  des  leçons  de  ce  même 
Platel  dont  le  talent  l'avait  charmé,  et  sous  la 
direction  de  ce  mailre  habile,  le  talent  qu'il 
avait  reçu  de  la  nature  se  développa  avec  ra- 
pidité. En  moins  d'une  année,  il  surpassa  tous 
ses  condisciples,  et  obtint  le  premier  prix  au 
concours.  Devenu  répétiteur  du  cours  de 
Plalel  ,  il  entra  à  l'orchestre  du  théâtre  de 
Bruxelles  et  y  resta  trois  années,  augmentant 
chaque  jour  son  talent  par  ses  éludes,  mais 
ne  parvenant  pas  à  fixer  sur  lui  l'attention 
publique  ,  parce  qu'à  cette  époque  le  goul 
de  la  musique  était  peu  vif  à  Bruxelles.  Ser- 
vais consulta  l'auteur  de  cette  Biographie  sur 
la  direction  qu'il  devait  donner  à  sa  carrière, 
et  celui-ci  lui  conseilla  d'aller  à  Paris,  et  lui 
donna  des  lettres  de  recommandation  qui  lui 
procurèrent  le  moyen  de  se  faire  connaître 
immédiatement.  Ses  succès  dans  les  concerts 
où  il  se  fit  entendre  furent  complets,  et  le  pla- 
cèrent au  premier  rang  des  violoncellistes, 
quoiqu'il  n'eut  pas  encore  atteint  la  perfection 
de  mécanisme  où  ses  éludes  postérieures  l'ont 
conduit. 

En  1834,  Servais  se  rendit  à  Londres  et  y 
joua  dans  les  concerts  de  la  société  Philhar- 
monique. De  retour  en  Belgique,  il  s'y  livra 
pendant  deux  ans  à  de  nouvelles  études  et  s'ou- 
vrit de  nouvelles  routes  dans  les  difficultés  de 
mécanisme.  C'est  à  cette  époque  surtout  que 
son  talent  atteignit  un  brillant,  une  hardiesse 
dans  les  traits,  qui  n'ont  été  égalés  par  aucun 
violoncelliste.  Ses  premières  compositions 
datent  de  ce  même  temps  :  elles  se  firent  re- 
marquer surtout  par  la  nature  des  difficultés 
nouvelles  dont  Servais  s'était  proposé  le  pro- 
blème, et  qu'il  avait  résolu.  Au  commencement 
de  1836,  il  retourna  à  Paris  et  y  joua  dans  plu- 
sieurs concerts,  puis  revint  en  Belgique  et 
parcourut  la  Hollande,  en  1837.  Ce  voyage  fut 
pour  lui  une  suite  de  triomphes.  Les  journaux 
de  l'Allemagne  commencèrent  alors  à  faire 
connaître  son  nom  dans  le  Nord.  Revenu  dans 
sa  patrie,  l'artiste  se  prépara,  par  de  nouvelles 
éludes,  au  voyage  qu'il  se  proposait  de  faire  en 
Russie.  Au  commencement  de  183'J,  il  partit 
pour  Pélersbourg,  visitant  Lubeck,  Riga,  et 
partout  faisant  naître  l'admiration  pour  son 
incomparable  habileté.  L'enthousiasme  fut  à 
son  comble  aux  concerts  qu'il  donna  dans  la 
capitale  de  la  Russie.  Après  une  année  d'ab- 


ir,q 


SERVAIS  —  SESSI 


sence,  Servais  revint  à  liai  an  mois  d'avril 
1840.  Il  se  fit  alors  entendre  à  Bruxelles,  à 
Anvers,  à  Spa,  et  ne  trouva  pas  moins  de  sym- 
pathie parmi  ses  compatriotes  que  dans  les 
pays  étrangers.  Au  mois  de  février  1841,  il 
entreprit  un  second  voyage  dans  le  Nord,  et 
visita -pour  la  deuxième  fois  Pélersbourg  et 
Moscou.  Après  la  saison  des  concerts,  il  prit  sa 
roule  par  la  Pologne,  fit  naître  des  transports 
d'admiration  à  Varsovie,  puis  visita  Prague  et 
Vienne.  Les  journaux  de  ces  villes  ont  fait  con- 
naître la  vive  impression  que  son  talent  y  a 
produite.  Plusieurs  concerts  purent  à  peine 
satisfaire  la  curiosité  des  artistes  et  des  ama- 
teurs ;  les  avis  n'y  furent  point  partagés  sur  le 
mérite  de  l'artiste  :  tout  le  monde  s'accorda  à 
le  saluer  comme  le  premier  violoncelliste  de 
son  époque.  Servais  a  fait  un  deuxième  voyage 
en  Hollande,  en  184ô.  Dans  l'année  suivante, 
il  partit  pour  l'Allemagne,  visita  Berlin,  Leip- 
sick  et  Hambourg,  excitant  partout  l'admira- 
tion par  son  incomparable  talent;  puis  il  en- 
treprit un  troisième  voyage  en  Russie,  qu'il 
parcourut  jusqu'en  Sibérie.  Un  des  plus  beaux 
triomphes  de  Servais  fut  celui  qu'il  obtint  à 
Paris  dans  l'hiver  de  1847.  Depuis  lors  il  a 
visité  le  Danemark,  la  Suède,  la  Norwége,  les 
villes  rhénanes, où  il  a  é(é  rappelé  plusieurs  fois, 
ainsi  que  les  villes  principales  de  la  France. 
En  1848,  il  a  été  nommé  professeur  de  violon- 
celle au  Conservatoire  royal  de  Bruxelles, 
où  il  a  formé  un  grand  nombre  d'élèves  dis- 
tingués. Servais  s'est  marié  à  Pétersbourg, 
en  1842.  Nommé  violoncelliste  solo  du  roi  des 
Belges,  il  est  officier  de  l'ordre  de  Léopold.  Il 
a  publié  trois  concertos  pour  violoncelle; 
seize  fantaisies  pour  violoncelle  et  orchestre; 
six  études  caprices  pour  cet  instrument  avec 
piano.  De  plus,  il  a  fait,  en  collaboration  avec 
J.  Grégoire,  quatorze  duos  pour  piano  et  vio- 
loncelle sur  des  motifs  d'opéras;  trois  idem 
pour  violon  et  violoncelle  avec  Léonard,  et  un 
idem  avec  H.  Vieuxtemps.  Tous  ces  ouvrages 
ont  été  gravés  à  Mayence,  chez  Scholt. 

SEUVEV  (Jean),  né  à  Orléans,  vers  1  530, 
s'établit  à  Lyon,  en  1572,  et  y  passa  le  reste 
de  sa  vie.  Il  a  composé  :  1°  Psalmes de •David, 
à  trois  parties;  Orléans,  1565,  in-4°  oblong. 
2°  Chansons  à  quatre,  cinq,  six  et  huit  par- 
ties;  livres  I  et  II,  Lyon,  Charles  Posnot,  1578, 
in-4°  obi.  ô"  Psalmi  Davidis  à  G.  Bucha- 
nano  versibus  expressi,  nutic  primum  mo- 
dulis  4,  5,  G,  7  et  8  vocum  decanlandi ;  Lug- 
duni,  apud  Carolum  Posnot,  1579,  in-4° 
oblong. 

SESE  (Don  Jla>),  organiste  de  la  chapelle 


du  roi  d'Espagne,  vécut  à  Madrid  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  1°  Fcrsos  de  organo 
para  cl  cantico  del  Magnificat  y  démos 
Psalmos  de  la  Iglesia,en  sept  livraisons  ;  Ma- 
drid, Miguel  Copin,  1774.  2°  Six  fugues  pour 
l'orgue  ou  le  piano:  ibid.,  1774. 

SESÉ  Y  BELTRAN  (D.  Basilio),  né  à 
Saragosse,  en  1656,  y  étudia  la  musique  dès 
l'âge  de  sept  ans.  Il  fut  organiste  de  l'église 
des  Carmes-Déchaussés  royaux  à  Madrid.  On 
connaît  de  lui  en  Espagne  quelques  composi- 
tions de  mérite  pour  l'orgue,  restées  en  ma- 
nuscrit. 

SESSI  (Marianne),  cantatrice,  née  à  Rome, 
en  1776, s'est  particulièrement  distinguée  par 
l'exécution  la  plus  brillante  des  airs  de  bra- 
voure, et  la  beauté  de  sa  voix.  Conduite  par 
son  père  en  Allemagne,  en  1792.  elle  débuta 
l'année  suivante  à  l'Opéra  séria  de  Vienne. 
En  1795,  elle  épousa  un  riche  négociant 
nommé  Natorp,  que  quelques  biographes  ont 
confondu  avec  le  baron  de  Natorp.  Depuis  ce 
temps  elle  a  été  connue  sous  le  nom  de  Sessi- 
Natorp,  quoiqu'elle  ait  été  plus  lard  séparée 
de  son  mari.  Après  neuf  années  d'interruption 
dans  sa  carrière  théâtrale,  elle  se  rendit  en 
Italie,  chanta  avec  le  plus  grand  succès  à  Ve- 
nise, en  1805,  et  de  là  passa  au  théâtre  de  la 
Scala  ii  Milan,  où  elle  brilla  en  1806.  Entrée 
au  service  de  la  reine  d'Élrurie,  vers  la  fin  de 
la  même  année,  elle  reçut  une  médaille  d'or 
d'honneur  de  l'Académie  des  beaux-arls  de 
Florence,  en  1807.  Une  autre  médaille  lui  fut 
décernée  à  Livourne,  où  elle  chanla  dans  le 
même  lemps;  celle-ci  portait  pour  inscription  : 
A  MariannaSessi  insigne  contante. Livorno, 
1807.  Après  avoir  chanté,  pendant  le  carnaval 
de  1808,  au  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  elle 
se  rendit  à  Naples,  où  elle  brilla  pendant  deux 
ans  sur  le  théâtre  Saint-Charles;  puis  elle  se 
rendit  en  Portugal  et  excita  des  transports 
d'admiration  à  Lisbonne.  Appelée  à  l'Opéra 
italien  de  Londres,  elle  y  causa  aussi  autant 
de  plaisir  que  d'élonnemciit.  En  1816,  elle 
retourna  en  Allemagne,  et  se  fit  entendre  à 
Leipsick,  à  Dresde,  à  Berlin  et  à  Hambourg, 
pendant  les  années  1817  et  1818.  De  celle  der- 
nière ville,  elle  se  rendit  à  Copenhague,  où 
elle  demeura  plusieurs  années.  Oubliée  après 
ce  lemps,  elle  reparut  tout  à  coup  pour  la  troi- 
sième fois  en  Allemagne,  vers  la  fin  de  1835, 
et  bien  qu'âgée  de  soixante  ans,  elle  chanla 
dans  l'année  suivante  à  Hambourg  le  rôle  de 
Pggmalion,  dans  l'opéra  de  ce  nom.  Ce  fut  sa 
dernière  apparition  sur  la  scène  ;  peu  de  lemps 


SERRE  —  SEUFEERÏ 


23 


après  elle  se  relira  à  Tienne,  où  elle  est  morte, 
le  10  mars  1847.  On  a  publié  de  la  composition 
de  celte  cantatrice  :  1°  Nocturne  (Già  la  nolle 
s'acvicina),  à  deux  voix,  avec  accompagne- 
ment de  piano;  Leipsick,  Brcitkopf  et  HJerlel. 
2»  Tre  ariette  italiane;  Paris,  Pacini.  5"  Tre 
canzonette;  Hambourg,  Bœhme.  4°  Dieci 
canzonette  ilaliane;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Hœrtel. 

SFSSI  (Impératrice),  sœur  de  la  précé- 
dente, naquit  à  Rome,  en  1784.  Conduite  par 
sa  famille  à  Vienne  dans  son  enfance,  elle  dé- 
buta sur  le  théâtre  italien  de  celte  ville,  et  y 
excita  la  plus  vive  admiration.  Dans  l'année 
suivante,  elle  épousa  le  ma.jor  de  Natorp, 
beau-frère  de  sa  sœur,  et  elle  se  rendit  ensuite 
à  Venise,  où  elle  chanta  avec  le  plus  brillant 
succès  pendant  le  carnaval.  Dans  les  années 
180G  et  1807,  elle  se  fil  admirer  au  théâtre  de 
la  Scala.  à  Milan.  De  si  brillants  débuts  sem- 
blaient lui  promettre  une  heureuse  carrière: 
mais  elle  mourut  d'une  maladie  de  poitrine,  à 
Florence,  le  25  octobre  1808,  à  l'âge  de  viugt- 
qualre  ans  et  quelques  mois. 

Deux  autres  sœurs  de  celte  famille  d'artistes 
ont  brillé  comme  cantatrices  en  Allemagne. 
La  première  (Anne-Marie  Sessi)  naquit  à 
Rome,  en  1790,  et  commença  sa  carrière  à 
Vienne,  en  1811,  puis  chanta  au  théâtre  de 
Peslh,en  Hongrie,  pendant  l'année  1814,  sous 
le  nom  de  Neumann- Sessi.  Depuis  ce  temps, 
elle  a  paru  avec  succès  sur  les  théâtres  de  Mu- 
nich, de  Carlsruhe,  de  Francfort,  de  Hanovre, 
de  Hambourg,  puis  elle  retourna  à  Vienne. 
A  la  suite  d'une  longue  et  douloureuse  maladie, 
elle  perdit  la  voix  en  1823.  Elle  est  morte 
à  Vienne,  le  9  juin  18G4.  La  dernière  des 
sœurs  de  ce  nom  (Caroline  Sessi)  a  chanté 
pendant  quelque  temps  au  théâtre  du  Fonde-, 
à  Naples. 

SESSI  (Marie-Thérèse),  cantatrice,  n'est 
pas  de  la  même  famille  que  les  précédentes. 
Elle  commença  sa  earrière  en  1805,  au  théâtre 
<lc  Parme;  chanta,  dans  l'année  suivante,  au 
théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  y  reparut  deux 
ans  après,  puis  se  rendit  à  Vienne,  et  en  der- 
nier lieu  en  Pologne  et  en  Russie.  Dans  les 
années  1835  à  1837,  elle  a  repara  sur  quelques 
théâtres  en  Italie,  mais  n'y  a  point  excité  l'at- 
tention du  public. 

SEUFFEIIT  (Jean-Philippe),  facteurd'or- 
gues  du  prince  de  WUrzbourg,  naquit  en  1G73, 
.à  Gessenhcim,  près  de  Carlsladt,  en  Bavière. 
Dès  son  enfance  il  montra  de  si  heureuses  dis 
positions  pour  la  facture  des  orgues,  que  l'ha- 
bile facteur  Hol'inann  lui  o!TYit  de  le  prendre 


en  apprentissage,  ce  qui  fut  accepté  avec  joie. 
Seuffert  suivit  donc  Hofmann  à  WUrzbourg,  et 
telle  fut  son  assiduité  au  travail,  qu'après  les 
sept  années  de  son  apprentissage,  il  fut  con- 
sidéré comme  un  excellent  ouvrier.  Il  entrt- 
pril alors  de  longs  voyages,  visita  Vienne  et  les 
principales  villes  de  la  Hongrie  et  de  la  Bo- 
hême. Il  était  en  Pologne  lorsqu'il  reçut  une 
lettre  de  son  ancien  maître  Hoffmann  qui  le 
rappelait  à  WUrzbourg,  où  il  épousa  la  veuve 
du  facteur  Hellenbrand.  Son  premier  ouvrage 
fut  l'orgue  de  l'église  de  Hœchberg,  dont  les 
qualités  remarquables  fixèrent  sur  lui  l'atten- 
tion publique.  Bientôt  il  reçut  de  nombreuses 
commandes  qui  l'obligèrent  à  donner  de  l'ex- 
tension à  sa  fabrique.  Le  nombre  des  instru- 
ments qu'il  a  construits  s'élève  à  plus  de  deux 
cents.  Parmi  les  plus  importants,  on  remar- 
que :  1°  Celui  d'un  couvent  de  Bénédictins  en 
Weslphalie,  composé  de  trente-six  jeux,  avec 
pédale  de  trente-deux  pieds  et  quatre  claviers 
à  la  main.  2°  Le  grand  orgue  d'Eberach. 
3°  Celui  du  couvent  de  Bauz,  en  Bavière. 
4°  L'orgue  de  la  chapelle  de  la  cour  à  WUrz- 
bourg. Seuffert  mourut  dans  celle  ville,  en 
1700,  à  l'âge  de  quatre-vingt-sept  ans. 

SEUFFERT  (Jean-Ignace),  fils  aine  du 
précédent,  né  à  WUrzbourg,  en  1727,  apprit 
l'art  de  la  construction  des  orgues  sous  la  di- 
rection de  son  père.  Dans  sa  jeunesse,  il  alla 
se  fixer  en  Alsace,  travailla  quelque  temps  chez 
le  facteur  d'orgues  Dicpony,  et  l'aida  dans  la 
construction  de  l'orgue  du  couvent  de  Kron- 
weisenbourg.  L'orgue  de  Reinigen,  qu'il  exé- 
cuta seul  ensuite,  lui  fit  beaucoup  d'honneur 
et  lui  procura  en  peu  de  temps  les  demandes 
de  plus  de  trente  orgues.  Fixé  plus  tard  à 
Kirchweiler,  il  y  établit  des  ateliers  où  plus  de 
cent  instruments  furent  construits.  Il  y  vivait 
encore  en  1807,  âgé  de  quatre-vingts  ans. 

SEUFFEIIT  (François-Ignace),  second 
fils  de  Jean-Philippe,  naquit  à  WUrzbourg,  en 
1731.  Élève  de  son  père,  il  acheva  de  s'instruire 
dans  la  facture  des  orgues  par  les  voyages 
qu'il  fit  dans  les  Pays-Bas,  en  France,  dans  la 
Suisse  et  dans  une  partie  de  l'Allemagne.  De 
retour  à  WUrzbourg,  en  1760,  il  n'y  arriva 
que  pour  recevoir  les  derniers  embrassements 
de  son  père,  à  qui  il  succéda  dans  la  direc- 
tion de  la  fabrique  d'orgues.  Il  en  construi- 
sit environ  quarante  dans  le  territoire  de 
WUrzbourg,  et  plusieurs  autres  pour  les 
pays  étrangers.  Les  plus  remarquables  de  ses 
ouvrages  sont  l'orgue  de  Saint-Pierre,  à 
Bruchsal  ;  celui  de  Kœnigsheim;  celui  de 
Gracl'enrheinfcUl,  cl  enfin  celui  de  l'église  des 


24 


SEUFFERT  —  SEVERI 


Franciscains  de  Wutzbourg,  que  l'abbé  Vogler 
cboisil  à  son  passage  dans  celle  ville  pour  le 
concert  d'orgue  qu'il  y  donna.  Seuffert  était 
aussi  bon  facteur  de  pianos.  Il  vivait  encore  à 
Wurzbourg,  en  1807,  âgé  de  soixante-seize 
ans.  Ses  deux  fils  se  sont  distingués  dans  la 
même  carrière.  L'aîné  (Jean-Philippe)  était, 
en  1807,  facteur  d'orgues  à  Wurzbourg  et 
contrebassiste  de  la  cour.  Parmi  ses  meilleurs 
ouvrages,  on  remarque  l'orgue  de  l'hôpital 
Saint-Jules.  Le  second  (François-Martin) 
construisit  aussi  plusieurs  instruments  dans 
son  pays  natal,  puis  il  se  fixa  à  Vienne,  où  il 
établit  en  société  une  manufacture  de  pianos. 
Ei\  1845,  il  a  obtenu  la  médaille  d'or  pour  le 
mérite  de  ses  instruments,  à  l'exposition  de 
l'industrie  de  Vienne. 

SEURIGT  (Auguste),  violoniste,  entra 
comme  élève  au  Conservatoire  de  Paris,  en 
1808,  et  y  reçut  des  leçons  de  Kreutzer  aîné. 
Il  fut  ensuite  admis  à  l'orchestre  de  l'Opéra- 
Comique,  mais  y  resta  peu  de  temps.  Je  crois 
qu'il  s'est  fixé  ensuite  dans  une  ville  de  pro- 
vince. On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Trois 
duos  concertants  pour  deux  violons,  op.  1  ; 
Paris,  Zelter.  2°  Six  duos  faciles  et  progressifs, 
sur  des  thèmes  connus,  pour  deux  violons; 
Paris,  Chanel. 

SÉVELENGES  (  Charles -Lotis  DE), 
chevalier  de  Saint-Louis,  naquit  à  Amiens,  en 
1768,  d'une  famille  originaire  du  Beaujolais. 
Il  fit  ses  études  au  collège  de  Juilly,  d'où  il 
sortit  en  1782,  pour  entrer  à  l'école  d'artil- 
lerie de  Metz.  Admis  dans  la  gendarmerie  du 
roi,  il  suivit  les  princes  français  dans  l'émigra- 
tion, et  ne  rentra  en  France  qu'en  1802.  De- 
puis lors  il  se  livra  à  la  culture  des  lettres,  et 
fournitbeaucoup  d'articles  aux  journaux  roya- 
listes, tels  que  la  Gazette  de  France,  la  Quo- 
tidienne, le  Pour  et  Contre,  le  Publiciste, 
l'Oriflamme,  etc.  Il  y  écrivait  particulière- 
ment les  atiicles  concernant  l'Opéra,  l'Opéra- 
Comique  et  le  Théâtre  Italien.  Sévelinges  est 
mort  à  Paris,  en  18Ô2.  Au  nombre  de  ses  ou- 
vrages, on  remarque  une  critique  vive  et  mor- 
dante des  auteurs  dramatiques,  des  composi- 
teurs, et  des  acteurs  des  théâtres  de  Paris, 
intitulée  :  Le  Rideau  levé,  ou  Petite  Revite 
de  nos  grands  théâtres;  Paris,  Maradan, 
1818,  in-8°.  Il  y  attaquait  en  particulier  l'ad- 
ministration de  l'Opéra  italien  dont  madame 
Catalani  s'était  chargée,  conjointement  avec 
son  mari,  Yalabrègue.  Celui-ci  répondit  à 
l'écrit  anonyme  de  Sévelinges  par  un  exposé 
de  la  situation  du  théâtre;  mais  Sévelinges  fit 
paraître  une  seconde  édition  de  sa  critique 


augmentée  de  deux  pièces  intitulées  :  Réponse 
au  factum  de  M .  F'alabrègue,  et  Réplique 
d'un  des  chefs  d'orchestre  du  Théàlre-Ilalien; 
Paris,  Delaunay,  1818,  in-8".  Deux  critiques 
de  l'ouvrage  de  Sévelinges  parurent,  la  pre- 
mière sous  le  titre  :  Le  Revers  du  rideau,  par 
G.  N*¥*  (Paris,  Denlu,  1818,  in-8°  de  quatre- 
vingt-seize  pages);  l'antre,  intitulée  :  La  Co- 
médiade ,  ou  le  Rideau  levé,  etc.,  par 
M.  Contre-Férule  (pseudonyme);  Paris,  1818, 
in-8°  de  cinquante-quatre  pages.  Sévelinges 
est  aussi  l'auteur  d'une  Notice  biographique 
sur  Mozart,  qu'on  a  placée  en  tête  de  l'édition 
du  Requiem  de  ce  célèbre  compositeur,  publiée 
au  magasin  «le  musique  du  Conservaloire,  en 
1803.  Enfin,  il  a  donné  aussi  quelques  biogra- 
phies de  musiciens,  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  frères  Michaud. 

SEVERI  (François),  chapelain  chantre  de 
la  chapelle  pontificale,  à  Rome,  naquit  à  Pé- 
rouse,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  et  fut  agrégé  à  la  chapelle,  en  qualité 
de  sopraniste,le  51  décembre  1G13.  Il  mourut 
à  Rome,  le  25  décembre  1630,  et  fut  enterré  à 
l'église  Santa-fllaria  d' Itria.  Il  était  chan- 
teur distingué,  et  bon  compositeur.  On  voil, 
dans  la  préface  de  l'ouvrage  dont  il  sera  parlé 
tout  à  l'heure,  que  le  maître  de  chant  et  de 
composition  de  Severi  fut  Oltavio  Catalani, 
qui,  après  avoir  occupé  pendant  quatorze  ans 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  Saint-Apol- 
linaire, à  Rome,  fut  directeur  de  la  musique 
du  prince  de  Salmona,  neveu  du  pape  Paul  V. 
Le  plus  connu  des  ouvrages  de  Severi  est  un 
curieux  recueil  de  psaumes  ornés  de  traits  de 
vocalisation  de  tout  genre,  lequel  a  pour  litre: 
Salmi  passegiati  per  tutte  le  voci  nella  ma- 
niera che  si  cantano  in  Roma,  sopra  i  falsi 
bordoni  di  tutt'  i  tuoni  ecclesiastici  du  can- 
tarsi  nei  vesperi  delta  domenica,  e  delli 
giorni  feslivi  di  tutto  l'anno,  con  alcuni 
versi  del  Miserere  sopra  il  falso  bordone  del 
Dentice.  In  Roma ,  da  Nicolo  Borboni , 
rrtnnolG15;petil  in-4uobL  gravé.  Une  multi- 
tude de  broderies  de  tout  genre  et  de  traits  ra- 
pides orne  dans  ce  recueil  lechantdes  psaumes. 
Le  goût  de  ces  ornements,  qui  étaient  exécutés 
par  une  voix  seule,  avec  accompagnement  des 
autres  voix  en  faux-bourdon  et  d'orgue,  avait 
passé  de  la  musique  instrumentale  dans  celle 
des  voix.  Pendant  environ  trente  ans,  au  dix- 
septième  siècle,  cette  manière  de  chanter  les 
psaumes  eut  une  vogue  extraordinaire  à  Rome, 
dit  l'abbé  Baini  (dans  ses  Mémoires  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  Palcslrina,  t.  I, 
note 556,  p.  200);  mais,  ainsi  qu'il  arrive  du 


SEVERI  —  SEYDELMANN 


toute  caricature,  la  mode  en  passa,  et  les 
psaumes  ornés  tombèrent  dans  un  profond 
oubli. 

SEVERG  (Antoine),  compositeur,  né  à 
Lucques,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle,  a  fait  exécuter  à  Rome,  en 
1700,  son  oratorio  intitulé  :  77  Martirio  di 
S.  Erasmo,  dans  l'église  de  la  confrérie  de  la 
Pietà. 

SEVERUS  (Cassius),  ou  plutôt  CAS- 
SIUS-SEVERUS (Caïbs),  poète  latin  du 
siècle  d'Auguste,  surnommé  PARMENSIS, 
parce  qu'il  était  né  à  Parme,  n'était  pas, 
comme  on  voit,  un  savant  inconnu  du  dix- 
septième  siècle,  ainsi  que  le  disent  Gerber  et 
ses  copistes.  Républicain  fougueux,  il  fut  un 
des  meurtriers  de  César,  et  s'attacha  au  jeune 
Pompée,  puis  à  Marc-Antoine,  qu'il  seconda 
en  qualité  de  lieutenant.  Après  la  bataille 
d'Actium,  il  se  relira  à  Athènes  ;  mais  au  lieu 
d'y  cacher  son  existence  dans  l'obscurité,  il 
attaqua  Auguste  avec  tant  de  violence  dans  ses 
écrits,  que  celui-ci  donna  l'ordre  de  le  tuer. 
On i  11  tt I i ns  Varus,  chargé  de  celte  mission,  le 
trouva  dans  son  cabinet  occupé  de  la  compo- 
sition d'un  poème,  et  lui  donna  la  mort.  Les 
écrits  de  ce  poète  étaient  si  nombreux,  qu'on 
en  forma  son  bûcher  funéraire.  On  ne  connais- 
sait de  lui  que  quelques  épigrammes  impri- 
mées dans  l'Anthologie,  lorsque  Pierre  Vet- 
lori  découvrit  un  petit  poème  de  dix-neuf  vers 
concernant  l'élude  delà  musique,  traduits  en 
latin  par  Cassius-Severus,  d'après  Orphée,  et 
le  publia  sous  le  litre  :  Orpheus  ad  infor- 
mandos  mores.  Nalhaniel  Chylrée  en  donna 
une  nouvelle  édition  avec  un  commentaire  et 
des  recherches  littéraires  sur  la  vie  de  Cassius- 
Severus  :  elle  a  pour  titre  :  Cassii  Severi  Par- 
inensiS;  poetx  inter  epicos  veteres  eximii, 
Orpheus, cum  comment.  N.  Chytrxi;  Franc- 
fort, 1585,  in-8".  Une  autre  édition  avec  le 
commentaire  de  Chylrée,  non  moins  rare  que 
celle-ci,  esl  intitulée  :  De  indus  tria  Orphxi 
circa  sludium  musices,  carmen;  Francfort, 
IG08,  in-8°.  Vossius  et  quelques  autres  criti- 
ques pensent  que  les  vers  de  Cassius  sont  sup- 
posés, et  qu'ils  sont  l'ouvrage  d'Achille  Slace, 
écrivain  portugais,  qui  les  aurait  imprimés 
comme  essai,  sous  un  nom  emprunté,  dans  ses 
noies  sur  Suétone.  Ce  point  d'histoire  litté- 
raire n'a  point  été  éclairci  jusqu'à  ce  jour. 

SEVIIV  (Julien),  professeur  de  musique, 
né  au  Mans,  en  1812,  est  auteur  d'un  petit  ou- 
trage intitulé  :  Théorie  musicale  appliquée  à 
l'enseignement  simultané;  Paris,  Duvcrgcr, 
1841,  in-8°  de  soixante-quatre  pages. 


SEYROTHIUS  (Jean),  poêle 'couronné  et 
recteur  du  gymnase  de  Rolenbourg-sur-la- 
Tauber,  mourut  en  1061.  On  a  de  lui  un  livre 
intitulé  :  Manuale  philosophie  theorico-prac- 
ticum;  Francfort-sur-le-Mein,  1658,  in-8°. 
Il  y  traite,  en  neuf  chapitres,  dans  le  premier 
livre,  de  la  musique  théorique  et  pratique 
d'après  la  méthode  scientifique.  Dans  le 
deuxième  livre,  on  trouve  deux  pages  sur  le 
chanl  choral  et  figuré. 

SEYDELUIAINIV  (François),  maître  de 
chapelle  de  la  cour  de  Dresde  ,  naquit  dans 
cette  ville,  le  8  octobre  1748.  Weber,  maître 
de  chapelle  du  roi  de  Pologne,  dirigea  ses 
premières  études  musicales;  puis  il  reçut  de 
Naumanndes  leçons  de  contrepoint.  En  1765, 
il  fit  avec  ce  maître,  et  en  compagnie  de  Schns- 
ler  (voyez  ce  nom)  un  voyage  en  Italie,  où  se 
forma  son  goût  dans  l'ail  du  chant  el  dans  la 
composition.  Après  un  séjour  de  sept  ans  dans 
cette  belle  contrée,  il  retourna  à  Dresde,  en 
1772,  et  y  fut  nommé  compositeur  de  la  cour, 
pour  l'église  et  pour  la  chambre,  conjointe- 
ment avec  Schuster,  qui  partagea  avec  lui  la 
direction  de  la  musique  de  l'Opéra,  alternati- 
vement avec  Naumann.  En  1787,  Seydelmann 
eut  le  litre  de  maître  de  chapelle;  il  en  rem- 
plit les  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
24  octobre  180G.  La  plus  grande  partie  des 
compositions  de  cet  artiste  esl  restée  en  ma- 
nuscrit. La  liste  «le  ses  ouvrages  connus  se 
compose  de  ceux  dont  les  titres  suivent  :  1°  La 
Beluliq  liberala,  oratorio.  2°  Gioas,  Re  di 
Giuda,  idem.  3°  Vingt-cinq  messes  avec  or- 
chestre. 4"  Huit  vêpres  complètes.  5°  Neuf 
litanies.  6°  Quatre  Miserere.  7°  Un  Stabat 
mater.  8°  Un  Requiem  et  plusieurs  autres 
compositions  religieuses  terminées  en  1796. 
Depuis  lors,  Seydelmann  a  écrit  :  91  La  Morte 
d'Jbele,  oratorio,  en  1801.  10°  Trois  Salve 
Regina.  11°  Quatre  Magnificat.  Il  adonné 
au  théâtre  de  Dresde  :  12°  Der  lahme  Husar 
(le  Hussard  estropié).  15°  Die  schœne  Arsène 
(la  belle  Arsène),  publiée  en  partition  réduite 
pour  le  piano,  à  Leipsick,  chez  Breilkopf. 
14°  Jl  Capricioso  corretto,  dont  on  a  publié, 
à  Dresde,  un  rondeau  et  une  cavatine  avec 
accompagnement  de  piano.  15ttZa  Fillanella 
di  Misnia,en  1784,  dont  on  a  publié  à  Dresde 
un  rondeau,  un  chœur,  un  duo  el  une  cavatine 
avec  piano.  10"  Jl  Mostro,  en  1787.  17»  Il 
Tnrco  in  Italia,  en  1788.  18°  Amor  per  oro, 
en  1790.  19°  La  Serva  scaltra.  20°  Circé, 
cantate  française.  Dans  la  musiqueinstrumen- 
lale  de  Seydelmann,  on  remarque  :  21°  Six  so- 
listes  à  quatre  mains  pour  piano,  op.  1  ;  Leip- 


SEYDELMANN  —  SEYFRIED 


sick,  Breilkopf,  1780.  22"  Trois  sonates  pour 
piano  et  flûte,  op.  2;  Dresde,  Ililscher. 
25"  Trois  sonates  pour  clavecin  seul:  Leip- 
sick, Breilkopf.  24"  Trois  sonates  pour  clave- 
cin et  violon  ;  ibid.,  1787.  25°Six  sonates  pour 
clavecin  seul,  en  manuscrit. 

SEYDEOIANN  (Ecgèue),  né  à  Rengcrs- 
dorf,  en  Silésie,  en  1806,  est  fils  d'un  maître 
d'école  qui  lui  a  enseigné  les  éléments  de  la 
musique,  du  piano  et  de  l'orgue.  Plus  tard,  le 
pasteur  Wigang,  élève  d'Otio,  organiste  dis- 
tingué, lui  donna  des  leçons  d'harmonie  et  de 
contrepoint.  A  l'âge  de  treize  ans,  Seydel- 
mann  fréquenta  le  gymnase  de  Glalz,  puis  il 
se  rendit  à  Breslau,  vers  182G,  et  s'y  livra  avec 
ardeur  à  la  composition.  Il  y  obtint  la  place 
de  directeur  tic  musique  du  théâtre,  et  lit 
preuve  de  talent  dans  l'exercice  de  ces  fonc- 
tions, qu'il  remplissait  encore  en  18G0.  Un  de 
ses  meilleurs  ouvrages,  qu'il  fit  paraître  peu 
de  temps  après,  est  une  grande  cantate  intitu- 
lée :  Dievier  Menschenaller  (les  quatre  Ages 
de  l'homme),  pour  huit  voix  en  chœur  et  quatre 
voix  de  solos,  sans  accompagnement.  Au  nom- 
bre de  ses  compositions  pour  l'église,  on 
remarque  une  messe  solennelle  et  un  Re- 
quiem. On  connaît  de  cet  artiste  un  opéra  sé- 
rieux dont  le  sujet  est  f'irginie,  et  qui  a  été 
joué  avec  succès. 

SEYFAÏITII  (Jean-Gabriel)  naquit  en 
171 1,  à  Reisdorf,  dans  les  environs  «le  Wei- 
mar.  Wallber,  organiste  de  celle  ville,  lui 
donna  les  premières  leçons  de  clavecin.  Plus 
lard,  il  se  rendit  à  Zerbst,  et  y  devint  élève  de 
ILeok  pour  le  violon,  et  de  Fascli  pour  la  com- 
position. Après  avoir  achevé  ses  éludes,  il  en- 
tra au  service  du  prince  Henri  de  Prusse,  avec 
le  tilre  de  musicien  de  la  chambre  ;  et  lorsque 
le  roi  Frédéric  II  organisa  sa  musique,  en 
1740,  Sey failli  y  obtint  une  place  de  violoniste, 
et  fut  chargé  de  la  composition  des  ballets  poul- 
ie théâtre  de  l'Opéra  de  Berlin.  Il  en  écrivit  un 
très-grand  nombre,  et  composa  beaucoup  de 
symphonies,  de  concertos,  de  symphonies  con- 
certantes, quatuors  et  trios  pour  violon.  Quel- 
ques-unes de  ses  symphonies  ont  été  publiées 
à  Berlin  et  à  Leipsick  ;  la  plupart  sont  précé- 
dées de  préfaces  dans  lesquelles  Seyfarlh  ana- 
lyse les  sujets  qu'il  a  voulu  exprimer.  On  con- 
naît aussi  de  lui  des  trios  pour  instruments  à 
archet,  quelques  solos  de  violon,  et  une  sym- 
phonie concertante  pour  cet  instrument.  Il 
•est  mort  à  Berlin,  le  9  avril  179G,  dans  la 
quatre-vingt-cinquième  année  de  son  âge. 

SEYFEUT  (Jean-Gaspard),  né  à  Augs- 
ihourg,  en  1G97,  reçut  les  premières  leçons  de 


musique  chez  Krœuler,  Canlor  de  l'église 
luthérienne  de  cette  ville.  Il  obtint  ensuite  des 
secours  des  inspecteurs  des  écoles  pour  voya- 
ger, et  se  rendit  à  Dresde,  où  il  reçut  des  le- 
çons de  violon  de  Pisendel.  S'élant  livré  à 
l'étude  du  luth,  il  y  acquit  une  grande  habi- 
leté. De  retour  dans  sa  ville  natale,  il  succéda 
à  son  maître  Kraeuter,  dans  la  place  de  canlor, 
en  1741,  et  composa  beaucoup  d'oratorios,  de 
morceaux  de  musique  d'église,  et  de  sympho- 
nies, qui  sont  restés  en  manuscrit.  Il  mourut 
à  Augsbourg,  le  2G  mai  17G7,  à  l'âge  de  plus 
de  soixante-dix  ans. 

SEYFERT  (Jeah-Godefroi),  fils  du  pré- 
cédent, naquit  à  Augsbourg,  en  1751.  Élève  de 
son  père,  il  n'était  âgé  que  de  seize  ans  lors- 
qu'il composa  un  oratorio  de  la  Passion  qui 
fut  fort  bien  accueilli.  Il  prit  ensuite  des  le- 
çons d'harmonie  et  de  contrepoint  chez  Leil- 
dorfer,  à  Bayreulh  ;  mais  le  séjour  qu'il  fit  à 
Berlin  forma  surtout  son  goût,  par  les  occa- 
sions qu'il  eut  d'entendre  les  ouvrages  de 
Gratin,  et  par  sa  liaison  avec Charles-Philippc- 
Emmanue)  Bach.  Après  la  mort  de  son  père, 
il  fut  rappelé  à  Augsbourg  pour  le  remplacer; 
mais  il  ne  lui  survécut  que  peu  d'années,  étant 
mort  le  12  décembre  1772.  On  n'a  publié  de  la 
composition  de  cet  artiste  distingué  que  six 
trios  pour  deux  violons  et  basse  (Leipsick, 
17G2),  et  six  sonates  pour  clavecin,  violon  et 
violoncelle  (ibid.,  1704).  Les  magasins  de  mu- 
sique et  les  bibliothèques  d'Allemagne  ren- 
ferment beaucoup  de  ses  ouvrages,  tels  que 
vingt  et  une  symphonies,  des  concertos  de  vio- 
lon, l'oratorio  intitulé:  la  Mort  de  Jésus,  et 
la  grande  cantate  Der  von  Golt  Deutschland 
fjeschenhe  Freide  (la  Paix  donnée  par  Dieu  à 
l'Allemagne),  composée  en  17Gô. 

SEYFRIED  (Jean-Christophe),  organiste 
de  la  cour  de  Sehwarzboiirg-Rudolstadt,  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  a  pu- 
blié deux  suites  de  ballets,  d'allemandes,  de 
courantes,  de  sarabandes  et  d'ariettes  pour  le 
clavecin,  dont  la  première  parut  à  Francfort, 
en  1056,  et  la  seconde  en  1G59. 

SEYFRIED  (Ignace-Xavier  ,  chevalier 
DE),  naquit  à  Vienne,  le  15  août  177G.  Son 
père,  Joseph,  chevalier  deSeyfried,  était  con- 
seiller de  la  cour  du  prince  de  Hohenlohe- 
SclieHingsflirst.  Dès  son  enfance,  on  remarqua 
ses  rares  dispositions  pour  la  musique.  Mozart 
et  Kozeluch  firent  de  lui  un  pianiste  distingué, 
et  l'organiste  Hayda  lui  enseigna  les  règles  de 
l'harmonie.  Destiné  au  barreau  par  ses  pa- 
rents, il  se  prépara  à  l'étude  du  droit,  en  sui- 
vant à  Prague  des  cours  de  littérature  cl  de 


SEYFR1ED 


6)7 


philosophie;  il  y  fil  la  connaissance  de  Dionys 
Weber,  (ie  Tomaschek  et  de  Willasek  (voyez 
ces  noms),  qui  encouragèrent  son  penchant 
pour  la  musique.  De  retour  à  Vienne,  il  y  sui- 
vit des  cours  de  droit  qui  ne  l'empêchèrent 
pas  d'étudier  avec  zèle  le  contrepoint  sous  la 
direction  d'AIbrcchtsberger.  Le  séjour  de 
Win  ter  à  Vienne,  où  il  était  allé  écrire 
les  Ruines  de  Babylone,  fournit  au  jeune 
Seyfried  l'occasion  de  s'instruire  de  tout  ce 
qui  concerne  la  composition  dramatique.  Ce 
fut  par  les  avis  de  ce  musicien  célèbre  que  son 
père  consentit  enfin  à  lui  laisser  suivie  la  car- 
rière de  l'art  pour  lequel  il  se  sentait  un  pen- 
chant irrésistible.  Les  recommandations  de  ce 
maître  lui  firent  aussi  obtenir,  à  l'âge  de 
vingt  et  un  ans,  les  litres  de  compositeur  et  de 
directeur  de  musique  du  théâtre  dirigé  par 
Schikaneder.  Son  premier  opéra  (Der  Lcewen- 
brunn)  y  fut  représenté  en  171)7.  Dans  lesan  • 
nées  suivantes,  il  écrivit  beaucoup  de  mor- 
ceaux détachés  pour  divers  opéras,  un  grand 
nombre  de  mélodrames,  parmi  lesquels  on  re- 
marque Montesuma,  San!,  Frédéric  de 
Minsky,  la  Citerne,  Der  Teufelssleg  am  Ri- 
fffberg  (le  Chemin  du  diable  au  Higi),  la 
Forêt  de  Bondi.  Faust,  Die  JVaise  und  der 
Jtlccrdcr  (l'Orpheline  et  le  Meurtrier),  les  Ma- 
chabées ,  l'Orpheline  de  Genève }  Siu- 
trame,  elc.  On  a  publié  les  ouvertures  et  les 
partitions  pour  piano  de  quelques-uns  de  ces 
ouvrages,  qui  sont  les  meilleurs  de  Seyfried. 
Moins  heureusement  inspiré  dans  les  opéras, 
il  en  a  cependant  écrit  un  trop  grand  nombre 
pour  que  tous  les  li tics  en  soient  cités  ici.  Les 
principaux  sont  :  1°  Der  TFundermann  uni 
Jlheinfali  (l'Homme  miraculeux  à  la  chule  du 
Rhin),  grand  opéra,  en  1799.  2°  Les  Druides, 
idem,  en  1801.  3°  Cyrus,  idem,  eu  1803. 
4"  Les  Samaritaines,  idem,  en  1806.  5°  Ri- 
chard Cœur  de  Lion,  en  1810.  G"  La  Rose 
rouge  et  la  Rose  blanche,  en  1810.  7"  Zémire 
et  Azor,  en  1818.  Outre  cela,  il  a  composé- 
la  musique  d'environ  soixante-dix  opéras- 
comiques,  pantomimes,  pièces  féeriques,  bal- 
lets, parodies  et  farces,  des  ouvertures  et 
cntr'acles  pour  plusieurs  tragédies,  telles  que 
Jules  César,  la  Pucclle  d'Orléans,  At- 
tila, etc.  Tous  ces  ouvrages  furent  écrits  dans 
l'espace  de  trente  ans.  En  1828,  Seyfried 
donna  sa  démission  de  la  place  de  directeur  de 
musique  du  théâtre,  et  depuis  ce  temps,  il  vé- 
cut dans  la  retraite,  sans  interrompre  toute- 
fois ses  travaux.  Il  a  publié  pour  l'église  : 
1"  Graduel  (Cantate  Domino),  pour  ténor 
avec  chœur  et  orchestre,  n°  1  ;  Vienne,  Has- 


linger.  2"  Idem  (Qui  seminant  in  lacrymis) 
à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue,  n"2;  ibid. 
3"  Idem  (Domine,  Dominus  noster)  à  quatre 
voix,  deux  violons,  alto  et  basse,  n"  3;  ibid. 
4°  Libéra  pour  quatre  voix  d'hommes,  com- 
posé pour  les  obsèques  de  Beethoven;  ibid. 
5°  Messe  à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue, 
n"  1  (en  ut);  ibid.  G0  Idem,  à  quatre  voix,  or- 
chestre et  orgue  (en  si  bémol),  n°  2;  ibid. 
7°  Idem  (en  mi  bémol),  n°  3;  ibid.  8°  Idem 
(en  sol  mineur),  n»  4;  Leipsick,  Hofmeisler. 
9"  Idem  (en  ut),  n°  I>;  Vienne,  Haslinger. 
10°  Grand /feçutem  poui  quatre  voix  d'hommes 
et  chœur,  trois  violoncelles,  oontrebasse,  deux 
trompettes,  timbales  et  orgue;  ibid.  11  "Trois 
motels  pour  chœur  et  orchestre, premier  recueil; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Ilœrtel.  12"  Offertoire 
(Te  decet  hymnus),  pour  voix  de  basse,  chœur 
et  orchestre,  n°  1  ;  Vienne,  Haslinger.  13°  Idem 
(Ave,  maris  Stella),  à  quatre  voix,  orchestre 
et  orgue,  n°  2;  ibid.  14"  Idem  (O  mi  Deus, 
amor  meus),  à  quatre  voix,  deux  violons,  alto 
et  basse,  n°  3  ;  ibid.  15°  Idem  (Stringor  vin- 
culis),  pour  voix  de  solo,  chœur  et  orchestre, 
n"  4;  ibid.  16°  Hymne  (Domine  judicium 
tint  m) ,  pour  quatre  voix  et  orchestre,  n"  1; 
ibid.  17"  Idem  (Salvum  fae),  idem,  n"  2; 
ibid.  18°  Graduel,  n"  4  (II ara,  dies),  pour 
voix  de  solo,  chœur  et  orchestre;  ibid. 
19°  Idem,  n°  5  (Mudus  eram),  pour  voix  de 
basse,  chœur  et  orchestre;  ibid.  20°  Offer- 
toire, n"  5  (Cum  sumpsisset),  à  quatre  voix, 
chœur  et  orchestre;  ibid.  21"  Deux  Tanlum 
ergo,  à  quatre  voix  et  orgue;  ibid.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  :  huit  messes  solennelles,  deux 
Requiem,  l'oratorio  intitulé:  les  Israélites 
dans  le  désert,  un  Regina  Cœli,  deux  F'eni 
Sancte  Spiritus,  Ecce  punis,  Dlisererc,  sept 
Tanlum  ergo,  deux  Te  Deum,  neuf  graduels, 
dix  offertoires,  plusieurs  hymnes  en  langue 
hébraïque,  enfin,  des  psaumes  et  hymnes  en 
latin  et  en  allemand.  La  musique  d'église  de 
Seyfried  est  fort  estimée  en  Autriche.  Il  a 
écrit  aussi  des  sonates,  rondeaux  et  variations 
pour  piano,  des  quatuors  pour  violon,  deux 
symphonies,  et  des  pièces  pour  divers  instru- 
ments. 

Dépourvu  d'originalité  dans  les  idées  et 
dans  la  forme,  mais  infatigable  dans  ses  tra- 
vaux, Seyfried  fut  pendant  plusieurs  années 
le  rédacteur  principal  de  la  Gazette  spéciale 
de  musique  des  Etats  autrichiens;  il  a  fourni 
de  bons  articles  à  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick,  au  recueil  intitulé  Çxcilia,  et  dans 
d'autres  journaux.  Enfin,  il  a  été  l'éditeur  des 
œuvres  théoriques  d'AIbrcchtsberger  (t'oye;  ce 


£S 


SEYFRIED  —  SHIELD 


nom),  des  études  de  composition  «le  Beethoven, 
et  des  essais  de  Preindl  (voyez  ce  nom)  sur 
l'harmonie  et  le  contrepoint,  recueillis  et  mis 
en  ordre  sous  le  litre  de  Wiener  Tonschule 
(École  de  la  musique  viennoise).  Cet  artiste 
cstimahlc  était  memhre  des  académies  et  so- 
ciétés de  musique  des  États  autrichiens,  de 
Stockholm,  de  Paris,  Giœlz,  Leyhach,  Nurem- 
berg, Preshourg  et  Prague.  Il  est  mort  à 
Vienne,  le  27  août  1841,  à  l'âge  de  soixanle- 
cinq  ans. 

SEYLER  (Joseph-Antoine),  né  en  1778, 
à  Lauleibach,  en  Bohême,  reçut  de  la  nature 
d'heureuses  dispositions,  et  l'ut  instruit  liai- 
son père,  Joseph  Seyler,  recteur  à  Schœn- 
feld,  qui  lui  enseigna  le  chant,  le  violon,  le 
clavecin,  l'harmonie  et  la  composition.  Après 
ri  ne  son  éducation  musicale  eut  été  terminée, 
il  occupa,  pendant  quelques  années,  la  place 
de  chef  de  musique  d'un  régiment  de  l'empire 
d'Autriche.  En  1808,  il  fut  nommé  professeur 
de  musique  et  directeur  du  chœur  de  l'église 
paroissiale  à  Ol'en.  Il  en  remplit  les  fonctions 
jusqu'en  1820;  puis  il  fut  appelé  à  Gran  en 
qualité  de  directeur  du  chœur  de  l'église  mé- 
tropolitaine; il  occupa  cette  position  pendant 
vingt  et  un  ans.  Beliré,  en  1841,  il  vivait 
encore  dans  le  repos  au  commencement  de 
1800.  On  connaît  de  la  composition  de  cet 
artiste  une  messe  et  un  Requiem. 

SEYLER  (Charles),  fils  du  précédent,  né 
à  Ofen,  en  1815,  commença  l'étude  de  la  mu- 
sique sous  la  direction  de  son  père.  En  1834, 
il  se  rendit  à  Vienne  et  fut  élève  du  chevalier 
de  Seyfried  pour  la  composition.  Pendant 
quelques  années,  il  fut  attaché  à  l'orchestre  du 
théâtre  de  la  Porte  de  Carinthie;  il  quitta  cette 
position,  en  1841,  pour  succéder  à  son  père 
dans  la  place  de  directeur  du  chœur  de  l'église 
de  Gran.  Au  nombre  de  ses  compositions,  on 
remarque  plusieurs  messes,  des  pièces  de  dif- 
férents genres  pour  piano,  et  un  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle. 

SEYTKE  (Charles-Félix),  mécanicien  de 
Lyon,  a  obtenu,  le  24  janvier  1842,  un  brevet 
d'invention  de  cinq  ans  pour  des  orgues  à 
cylindre  qui  jouent  des  airs  au  moyen  de 
cartons  percés.  C'est  le  système  deJacquart 
substitué  aux  cylindres  notés.  Voici  la  des- 
criplion  qu'en  donne  M.  Hamel  (Nouveau 
Manuel  complet  du  facteur  d'orgue,  t.  III, 
p.  484)  :  «  Un  carton  sans  fin,  d'une  seule 
»  pièce,  sans  joints  ni  coulure,  comme  un 
»  manchon,  est  percé  de  trous  carrés  ou  longs, 
»  d'autant  plus  allongés  que  la  note  qu'ils  re- 
»  présentent  a  plus  de  durée.  Ce  carton  passe 


»  entre  quatre  cylindres.  Sur  les  deux  bords, 
»  il  y  a,  à  des  intervalles  égaux,  des  trous 
«  ronds  qui  engrènent  dans  des  chevilles  pla- 
»  cées  sur  les  deux  cylindres  inférieurs.  La 
»  partie  horizontale  du  carton  glisse  comme 
»  un  registre  d'orgue  entre  deux  pièces  de 
»  bois  percées  de  trous  correspondants  aux 
»  gravures  du  sommier  et  sous  lesquelles  la 
>•>  soufflerie  est  comprimée.  Lorsque  la  partie 
»  pleine  du  carton  bouche  les  trous  de  ces 
»  pièces  de  bois,  l'air  ne  peut  s'échapper; 
>'  mais  aussitôt  que  les  trous  des  carions  se 
»  trouvent  vis-à-vis  d'eux,  l'air  entre  dans  le 
»  sommier  et  fait  parler  les  tuyaux.  Ainsi  lors- 
■v  qu'on  a  mis  les  cylindres  en  mouvement  par 
»  une  manivelle,  les  chevilles  font  avancer  le 
»  carton,  qui  présente  successivement  ses 
»  trous  sous  ceux  des  gravureset  l'ont  entendre 
»    l'air  qui  y  est  noté.  » 

S1IAHP  (Richard),  contrebassiste  et  pro- 
fesseur de  piano,  vécut  à  Londres  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle.  On  con- 
naît sous  son  nom  un  œuvre  de  sonates  de  cla- 
vecin (Londres,  1784),  et  un  traité  élémentaire 
de  musique  et  de  piano  intitulé  :  New  Guide 
di  Musica,  being  a  complète  book  of  instruc- 
tions for  beginners  of  the  piano  forte,  etc.  ; 
Londres,  1794,  in-4°. 

SHEPHAUD  (Jean),  contrepoinlisle  an- 
glais, vécut  vers  le  milieu  du  seizième  siècle. 
Il  avait  fait  ses  études  à  l'université  d'Oxford, 
et  y  avait  obtenu  le  grade  de  bachelier  en  mu- 
sique, en  1554.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position des  prières  du  malin  et  du  soir,  à 
quatre  voix,  sous  ce  titre  :  Morning  and 
evening  prayers  and  communion's  for  the 
voice,  in  four  parts,  elc.  ;  imprinted  at  Lon- . 
don,  by  John  Day,  1565.  Burney  a  tiré  de  ce 
recueil  un  motetqu'il  adonné  dans  ledeuxième 
volume  de  son  Histoire  générale  de  la  mu- 
sique (p.  587  et  588). 

SIIEIIARD  (Jacques),  pharmacien  à  Lon- 
dres, dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  fut  amateur  de  musique  et  violoniste 
distingué.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
l°Douze  sonates  pour  deux  violons,  violoncelle 
et  basse  continue  pour  le  clavecin,  op.  1  ; 
Amsterdam,  Roger.  2°  Douze  idem,  op.  2; 
ibid. 

SHIELD  (William),  fils  d'un  maître  de 
musique,  naquit  en  1754,  à  Smalwell,  dans  le 
comté  de  Durham,en  Angleterre.  Dès  l'âge  de 
six  ans,  il  reçut  de  son  père  des  leçons  de  sol- 
fège, de  violon  et  de  clavecin.  Trois  ans  après, 
il  perdit  son  père,  qui  laissa  sa  femme  veuve 
avec  quatre  enfants.  Celle-ci,  voulant  lui  don- 


SIIIELD  —  SIIUTTLEWORTH 


29 


ner  une  profession  qui  put  assurer  son  exis- 
tence, lui  laissa  le  choix  entre  celles  de  mate- 
lot, de  barbier  ou  de  constructeur  de  bateaux. 
Il  se  décida  pour  celte  dernière,  et  fut  mis  en 
apprentissage  dans  un  atelier  de  Norih- 
Shields;  mais  son  maître  lui  permit  de  conti- 
nuer ses  études  de  musique.  Lorsque  son  ap- 
prentissage fut  achevé,  il  se  détermina  à 
suivre  la  carrière  de  musicien,  et  pria  Avison 
de  lui  donner  des  leçons  d'harmonie  et  de 
composition  ;  peu  de  temps  après,  il  obtint  un 
engagement  pour  diriger  l'orchestre  du  théâtre 
de  Scarborough  et  des  concerts  de  celte  ville. 
L'intelligence  donl  il  fit  preuve  dans  ces  fonc- 
tions lui  procura  ensuile  des  positions  sem- 
blables au  théâtre  de  Durham  et  aux  concerts 
de  Newcaslle.  De  retour  à  Scarborough,  il  se 
lia  d'amitié  avecBorgéet  Fischer,  qui  l'enga- 
gèrent à  se  fixer  à  Londres,  el  lui  procurèrent 
une  place  dans  l'orchestre  de  l'Opéra.  Bientôt 
après,  il  fut  chargé  de  la  direction  de  la  mu- 
sique au  théâtre  de  Haymarket.  Il  y  donna  son 
premier  ouvrage  dramatique,  donl  le  succès 
lui  procura  le  litre  de  compositeur  du  théâtre 
de  Covent-Garden,  pour  lequel  il  écrivit  plu- 
sieurs opéras  depuis  1782  jusqu'en  1791.  Des 
discussions  d'inlérêtqu'il  eut  avec  l'entrepre- 
neur du  théâtre  lui  firent  alors  donner  sa  dé- 
mission, et  il  prit  la  résolution  de  voyager  en 
Italie.  Parti  de  Londres,  au  mois  d'août  de 
celte  année,  il  traversa  la  France,  visita  Bo- 
logne et  Florence,  puis  s'arrêta  à  Borne,  où  il 
étudia  l'art  du  chant  sous  la  direction  de  quel- 
ques bons  mailres. 

Le  retour  de  Shield  à  Londres,  vers  la  fin  de 
1792,  marqua  une  seconde  époque  dans  sa 
carrière.  On  remarqua  dans  les  opéras  qu'il 
écrivit  depuis  lors  un  goùl  meilleur  el  un  style 
plus  élégant.  Il  contracta  un  nouvel  engage- 
ment, en  qualité  de  directeur  de  musique  du 
théâtre  de  Covent-Garden,  et  en  remplit  les 
fonctions  pendant  quinze  ans;  mais  de  nou- 
velles discussions  lui  firent  prendre  sa  retraite 
en  1807,  et  depuis  lors  il  vécut  à  Londres  sans 
emploi.  Il  est  mort  dans  celle  ville  au  mois  de 
février  1829. Sa  bibliothèque  de  musique,  riche 
en  compositions  anciennes  el  en  livres  histori- 
ques et  théoriques  concernant  cet  art,  a  été 
vendue  aux  enchères  publiques,  au  mois  de 
juillet  de  la  même  année. 

La  liste  de  ses  opéras  et  pantomimes  ren- 
ferme les  litres  suivants:  1°  Flitch  of bacon, 
1778.  2°  Lord  mayor's  day ,  pantomime, 
1782.0°  The  poor  Soldier,  opéra -.comique, 
1783.  4°  Rosine,  idem,  1783.  5"  arlequin 
moine,  pantomime,   1783.  G0  Robin  Hood, 


opéra-comique,  1784.  7°  Noble  pensant,  id., 
1784.  8»  Fontainebleau,  idem,  1784.  9"  La 
Caverne  magique,  1784.  10"  Nunnery  (le 
Couvenl),  opéra-comique,  1785.  11°  Lave  in 
a  camp  (l'Amour  dans  un  camp),  1785. 
12"  Ornai,  farce  musicale,  1785.  13°  Enchan* 
ted  Castle  (le  Château  enchanté),  pantomime, 
178C.  14° Marianne,  intermède,  1788.  15"  Zc 
Prophète,  opéra-comique,  1788.  16°  La  ('roi- 
sude,  fait  historique,  en  1790.  17°  Picture  of 
Paris  (le  Tableau  de  Paris),  pantomime,  1790. 
18°  The  ÏFoodman  (l'IIommedes  bois),  opéra- 
comique,  1791 .  19°  Hartford  Bridge  (le  Poul 
d'Hartrord),  farce,  1792.  20°  H arlequin' s  mu- 
séum (le  Musée  d'Arlequin),  parlomime,  1792. 
21°  Midnight  Wanderers  (les  Vagabonds  noc- 
turnes), opéra-comique,  1793.  22"  Travellers 
in  Switzerland  (les  Voyageurs  en  Suisse), 
opéra-comique,  1794.  23"  Arrivai  at  Ports- 
mouth  (l'Arrivée  à  Porlsmoulh),  intermède, 
1794.24°  Mysteries  of  the  Castle  (les  Mys- 
tères du  château),  opéra  dramatique,  1795. 
25°  Lock  and  Key  (la  Serrure  et  la  Clef),  inter- 
mède, 1796.  26"  Abroad  and  at  home  (En  ville 
et  à  la  maison),  opéra-comique,  1796.27»/ta- 
lian  Villagers  (les  Villageois  italiens),  idem, 

1797.  28"  The   Fariner  (le   Fermier),  farce, 

1798.  29"  Two  faces  nnder  a  hood  (Deux 
télés  sous  un  bonnet),  opéra-comique,  1807. 
Plusieurs  morceaux  détachés  de  ces  ouvrages 
onl  été  gravés  avec  accompagnement  de  p;ano 
On  a  publié  aussi,  sous  le  nom  de  Shield  : 
1°  Six  trios  pour  deux  violons  et  basse;  Lon- 
dres, Longman,  1796.  2°  Six  duos  pour  deux 
violons,  op.  2;  ibid.  3° Des  chansons  anglaises 
avec  accompagnement  de  piano.  Ce  musicien 
n'est  connu  aujourd'hui  qne  par  un  livre  élé- 
mentaire concernant  les  règles  de  l'harmonie, 
intitulé  :  Introduction  to  harmony;  Lon- 
dres, 1794,  in-4°.  La  deuxième  édition  de  cet 
ouvrage  a  paru  à  Londres,  chez  Bobinson,  en 
1800,  un  volume  grand  in-4°.  On  a  aussi  de 
Shield  une  méthode  d'accompagnement  qui  a 
pour  litre  :  Rudiments  of  Thorough-Dass; 
Londres  (sans  date),  in-4°. 

SIIUTTLEWORTH  (Obadiaii),  fils  d'un 
professeur  de  musique,  naquit  à  Spitalfields, 
vers  la  fin  du  dix-seplièine,  siècle.  Élève  de 
son  père,  il  devint  habile  violoniste  et  or- 
ganiste distingué.  Fixé  à  Londres,  il  y  di- 
rigea longtemps  les  concerts  de  Swan-Tavern, 
et  mourut  en  1735  ,  laissant  en  manuscrit 
douze  concertos  et  quelques  sonates  de  sa 
composition.  On  n'a  gravé  de  lui  que  deux 
concertos  de  violon,  extraits  des  sonates  de 
Corelli. 


so 


S1BELLI  —  SICK 


SIHEÏXI  (Jean-Antoine),  compositeur  Po- 
lonais, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
septième  siècle.  En  1681,  il  fil  représenter  au 
théâtre  public  de  Bologne  /  Diporti  d' A  more 
in  Pilla;  et  en  108-1,  il  donna,  au  théâtre  For- 
magliari  de  la  même  ville,  Elenaura  fuyyi- 

tiva. 

Sfl5EI\(Ui!D,MX-GoDEFROiD),néàSclioi!dan, 

enMisnie,  le  15  décembre  1069,  fil  ses  éludes 
aux  universités  de  Riel  et  de  Wiltenberg. 
Après  avoir  obtenu  le  grade  de  docteur  en 
théologie,  il  l'ut  nommé,  en  1698,  recteur  à 
Schneeberg.  En  1708,  on  l'appela  à  Leipsick, 
en  qualité  de  prédicateur.  11  mourut  en  cette 
ville,  le  15. juin  1741.  Ce  savant  possédait  bien 
les  langues  latine,  grecque  et  hébraïque,  et 
parlait  le  français,  l'italien  et  l'espagnol.  On  a 
de  lui  deux  petits  écrits  intitulés  :  Historia 
Melodorum  yrœcortim  et  latinorum;  Lip- 
six,  1715,  in-4°;  et  Hisloria  Melodorum 
ecclesiw  grœcx  eorumque  theoloyia  poetica 
emenxis  librisque  îiturgicis ; Lipsiœ,  1714, 
in-4°de  vingt-six  pages. 

SIBIiM  (Grégoire),  moine  au  couvent 
d'Amerbacb,  près  de  Mittemberg,  vécut  dans 
la  seconde  moitié  du  dix- huitième  siècle.  En 
1784,  il  a  fait  graver  à  Francfort  trois  sonates 
pour  la  harpe  ou  le  clavecin,  avec  violon  et 
alto,  op.  1,  et  La  Chasse,  pour  clavecin  et 
violoncelle,  op.  2. 

•  SI1ÎIIV  (André),  frère  puîné  du  précédent, 
a  publié  à  Francfort,  en  1784,  trois  quatuors 
pour  clavecin,  violon,  flûte  et  violoncelle. 

SÏBIRE  (l'abbé  Antoine),  né  à  Paris,  en 
1757,  fit  ses  études  au  séminaire  de  Saint-Sul- 
pice,  puis  entra  dans  la  maison  des  missions 
étrangères  de  la  rue  du  Bac,  et  fut  envoyé 
comme  missionnaire  à  Loango,  dans  la  Gui- 
née. De  retour  à  Paris,  vers  1787,  il  y  obtint 
la  cure  de  Saint-François  d'Assise,  dont  il  fut 
ensuite  privé  par  la  clôture  des  églises,  pen- 
dant les  troubles  de  la  révolution.  Après  le 
rétablissement  du  culte,  il  fut  attaché,  en 
qualité  de  simple  ecclésiastique,-  à  la  paroisse 
Saint-Louis  du  Marais.  Il  vivait  encore  à  Paris 
en  1826,  mais  je  crois  qu'il  est  mort  peu  de 
temps  après.  On  a  de  lui  quelques  écrits  poli- 
tiques assez  médiocres,  et  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  La  Chélonomie,  ou  le  parfait  luthier, 
Paris,  1806,  in-12  de  deux  cent  quatre- 
vingt-huit  pages.  Amateur  passionné  du  vio- 
lon, dont  il  jouait  fort  mal,  il  fréquentait 
assidûment  l'atelier  de  Lupot  [voyez  ce  nom), 
luthier  distingué  de  Paris,  et  s'y  était  épris 
d'une  admiration  fanatique  pour  les  instru- 
ments des  anciens  luthiers  de  Crémone.  Lupot 


lui  confia  les  noies  et  les  observations  manu- 
scrites qu'il  avait  faites  sur  la  facture  de  ces 
artistes  et  sur  les  qualités  de  leurs  instruments. 
C'est  sur  ce. fond  que  l'abbé  Sibire  écrivit  son 
livre,  qui  n'eut  point  de  succès,  et  dont  les 
exemplaires  sont  devenus  très-rares.  Le  style 
ampoulé  dont  il  se  sert  pour  les  choses  les 
plus  simples  n'est  pas  exempt  de  ridicule, 
mais  les  observations  de  Lupot  renferment 
d'excellentes  choses  qui  ne  sont  pas  assez 
connues  des  facteurs  d'instruments,  et  de  ceux 
qui  sont  chargés  de  la  réparation  des  produits 
delà  lutherie  ancienne. 

SIBONI  (Joseph),  ténor  distingué,  naquit 
à  Bologne,  en  1782,  et  y  fit  ses  études  musi- 
cales. En  1802,  il  débuta  au  théâtre  Commu- 
nale de  celle  ville.  En  1806,  il  chanta  au 
théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  puis  il  alla  à 
Venise,  à  Florence,  et  reparut  à  Milan,  en 
1810.  Après  avoir  chanté  à  Londres  pendant 
deux  saisons,  il  se  rendit  à  Copenhague,  où 
le  roi  l'engagea  à  son  service  pour  le  reste  de 
ses  jours.  Une  belle  voix,  une  bonne  méthode 
distinguaient  cet  artiste,  qui  fut  chargé  delà 
direction  d'une  école  de  chant  attachée  au 
théâtre  de  Copenhague.  Il  est  mort  dans  cette 
ville,  le  29  mars  1839. 

SICARD  (Laurent),  musicien  français,  fut 
attaché  à  la  Sainte-Chapelle  de  Paris,  comme 
ténor,  sous  le  règne  de  Louis  XIII.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  :  Huit  livres  d'airs 
sérieux  et  à  boire,  à  trois  parties  avec  la  basse 
continue;  Paris,  Robert  Ballard,  1662-1668, 
in-8"  obi. 

SICCI  (Anaceet),  en  latin  SICCLS,  sa- 
vant ecclésiastique,  né  à  Crémone  vers  1590, 
fut  clerc  régulier  de  Saint-Paul  au  couvent  de 
Bologne.  On  a  de  lui  un  bon  ouvrage  intitulé  : 
De  ecclesiastica  hymnodia  libri  très  inqui- 
bus  de  pr.vstantia ,  effeclibus  et  modo  rili 
psallendi  in  choro  copiose  agitur;  Bononix, 
apud  Clementem  Ferrarium,  1629,  in-4°. 
L'épîlre  dédicaloire  au  cardinal  Jérôme  Vi- 
demi  est  datée  de  Bologne,  le  9  mars  1629. 
Cette  édition  est  la  première;  la  seconde,  im- 
primée à  Anvers,  par  Balthasar  Morelus,  en 
1634,  est  in-8°. 

SICHART  (Laurent);  organiste  de  l'église 
Sainte-Marie,  à  Nuremberg,  vers  1720,  y  a 
publié  :  Sonata  e  fuya  per  il  cembalo. 

SICK  (madame  Anne-Ladre),  pianiste  dis- 
tinguée, connue  d'abord  sous  son  nom  de  fa- 
mille MAÎIIR,  est  née  à  Munich,  le  10  juillet 
1803.  Son  goiït  passionné  pour  la  musique  lui 
lit  faire  de  rapides  progrès  dans  cet  art.  La 
sœur  de  Mozart  lui  donna  les  premières  leçons 


SICK  -  SIEBER 


31 


de  pinno,  et  lui  fit  jouer  de  préférence  les 
œuvres  de  son  frère;  de  là  vint  que  madame 
Sick  exécutait  la  musique  de  ce  grand  homme 
avec  une  rare  perfection,  et  en  faisait  presque 
son  unique  occupation.  L'arrivée  dé  Moschelès 
à  Munich,  en  1825,  confirma  cette  jeune  femme 
dans  la  résolution  de  se  vouer  à  la  profession 
d'artiste.  Cédant  à  ses  désirs,  son  père  la  con- 
duisit à  Vienne,  où  les  leçons  de  Charles 
Czcrny  achevèrent  de  perfectionner  son  talent. 
Elle  y  reçut  aussi  des  leçons  d'harmonie  de 
Fœrsler.  En  1825,  elle  produisit  une  vive  sen- 
sation dans  les  concerts  de  cette  ville  ;  puis  elle 
visita  Pesth  et  Prague,  où  elle  n'eut  pas  moins 
de  succès.  De  retour  à  Munich  en  182G,  elle 
s'y  fit  applaudir  avec  enthousiasme,-  elle  passa 
ensuite  quelques  mois  à  Augsbourg.  Résolue  de 
se  fixera  Francfort  et  de  s'y  livrer  à  l'ensei- 
gnement, elle  s'y  rendit  en  1827  ;  mais  bientôt 
elle  reçut  l'invitation  d'aller  à  Stuttgard,  en 
qualité  de  pianiste  de  la  cour  et  de  maîtresse 
de  piano  des  princesses  de  la  famille  royale. 
En  18ô4,  elle  a  épousé  M.  Sick,  assesseur  de  la 
cour  royale  do  cette  ville,  et  depuis  lors  elle 
ne  s'est  plus  fait  entendre  en  public.  On  a 
publié  de  sa  composition  trois  œuvres  de  va- 
riations et  un  rondeau  pastoral  pour  le  piano. 

SICRERMANN  (Adrien),  facteur  d'or- 
gues, à  Camin,  en  Poméranie,  vécut  dans  le 
seizième  siècle.  Il  était  vraisemblablement  fort 
âgé  lorsqu'il  construisit,  en  1600,  l'orgue  de 
Webau. 

SICRERMANN  (Michel),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Camin,  vers  le  milieu  du  sei- 
zième siècle.  Élève  de  son  père,  il  commença, 
en  1574,  à  construire  des  instruments  qui 
furent  considérés  comme  les  meilleurs  de  celte 
époque.  On  cite  particulièrement  l'orgue  de 
l'ancienne  église  de  Kneiphof,  à  Cologne,  qui 
surpassait,  pour  la  puissance  du  son  et  la  va- 
riété des  jeux,  l'orgue  de  l'église  paroissiale 
doDantzick,  alors  fort  renommé.  Sickermann 
mourut  en  1580,  à. l'âge  de  trente  ans. 

SICKERMANN  (Joacium),  de  la  même 
famille  que  les  précédents,  a  construit  l'orgue 
de  Friedland,  en  1597. 

SIDEL  (Jean),  collaborateur  au  collège  de 
Colloda,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  l'ait  imprimer  un  motet  à  huit  voix  de 
sa  composition,  à  Erfurt,  en  1G14. 

SIERECK     (  GusTAVE-IIeNRI-GoTTIRIED)  , 

né  à  Eisleben,  dans  la  Thuringe,  le  4  juil- 
let 1815,  eut  pour  maîtres  de  musique, 
d'orgue  et  de  composition,  Gtlnlersberg , 
A.-W.  Bach  et  le  professeur  Marx,  à  Berlin. 
Il  fut  d'abord  professeur  au  séminaire  d'Eis- 


leben,  puis  il  obtint,  en  1S4G.  la  place  de  direc- 
teur de  musique  à  Géra.  Dans  l'année  suivante, 
il  a  l'ait  exécuter  une  grande  cantate  à-la  fêle 
musicale  de  Weissenfeld.  Les  ouvrages  pu- 
bliés de  cet  artiste  sont  :  Der Kirchliche  San- 
gerchor  auf  dem  Lande  und  in  Kleinen 
Slazdten  (Le  chœur  chantant  de  l'église  à 
l'usage  de  la  campagne  et  des  petites  villes  ; 
collection  des  chants  pour  les  fêles  des  églises 
évangéliques,  à  Irois  voix,  soprano,  contralto  et 
basse,  en  quatre  suites);  Eisleben,  Reicbardl. 
2° Cantiques  spirituels  pour  un  chœur  à  quatre 
voix  (soprano,  contralto,  ténor  et  basse),  avec 
orgue  ou  piano;  en  deux  suites;  op.  3;  ibid. 
3°  Six  chants  pour  un  chœur  de  voix 
d'hommes,  op.  4;  ibid.  4"  Prélude  et  fugue- 
(en  sol)  pour  orgue;  Erfurt,  Rœrner.  5°  Bei- 
trag  fur  den  Orgelfreund  (Essai  pour  l'ami 
de  l'orgue);  ibid. 

SIEBECK  (Augoste-David-IIenri),  orga- 
niste à  Leipsick,  vivait  dans  cette  ville  en 
1834.  Il  fut  ensuite  organiste  à  Tuhingue. 
C'est  le  seul  renseignement  que  j'ai  trouvé 
sur  cet  artiste,  de  qui  l'on  a  un  ouvrage  inti- 
tulé :  Forschlwge  sur  verbesseriutg  des  Ele- 
mentarunterrichts  im  Klavierspiel  (Exercices 
préliminaires  pour  l'amélioration  de  l'ensei- 
gnement élémentaire  de  l'art  de  jouer  du 
piano);  Tubingue,  Laupp. 

SIEBER  (Antoine),  fadeur  d'orgues  à 
Brtlnn,  en  Moravie,  construisit,  en  1722,  un 
orgue  de  trente  et  un  jeux  pour  l'église  du  cou- 
vent du  Mont-Sacré  à  Olmiilz.  Il  répara  l'or- 
gue de  l'église  Saint-Michel,  à  Vienne,  com- 
posé de  quarante  jeux. 

SIERER  (Grégoire),  vraisemblablement 
parent  du  précédent,  fut  aussi  facteur  d'orgues 
à  Brttnn,  et  vécut  vers  le  même  temps.  Ses 
travaux  ont  été  considérables,  et  l'on  cite  de 
lui  les  orgues  suivantes,  qui  sont  de  grande  di- 
mension :  1°  Un  orgue  de  trente-huit  jeux, 
trois  claviers  à  la  main  et  pédale,  dans  l'église 
Saint-Thomas,  à  Brtlnn.  2°  L'orgue  de  qua- 
rante-cinq jeux,  à  Schweidnilz,  en  Silésie. 

SIERER  (Jean -Georges),  professeur  et 
éditeur  de  musique  à  Paris,  naquit  en  1734, 
dans  un  village  de  la  Franconie,  et  se  livra 
dans  sa  jeunesse  à  l'étude  du  cor.  Arrivé  à 
Paris,  en  1758,  après  avoir  fait  un  voyage  à 
Londres,  il  entra  dans  la  musique  des  gardes 
françaises,  en  1758;  mais  quelques  années 
après,  il  obtint  son  congé  et  fut  admis  dans 
l'orchestre  de  l'Opéra,  en  qualité  de  premier 
cor,  en  1765.  Il  fut  le  premier  artiste  qui  eut 
de  la  réputation  en  France  pour  cet  instru- 
ment. Siebcr  jouait  aussi  de  la  harpe,  et  ce  fut 


32 


SIEBER  —  S1EBIGK 


lui  qui  fit  entendre  cet  instrument  pour  la 
première  fois  à  l'Opéra,  dans  V Orphée  de 
Gluck.  D'après  les  conseils  de  Chrétien  Bach, 
son  ami,  il  se  fit  éditeur  de  musique,  et  l'activité 
qu'il  déploya  dans  ce  commerce  fui  une  des 
causes  des  progrès  du  goût  musical  en  France. 
Ses  relations  en  Allemagne  lui  procuraient  les 
manuscrits  des  artistes  les  plus  célèbres.  Ce 
fui  lui  qui  fil  exécuter  au  concert  des  amateurs 
la  première  symphonie  de  Haydn,  en  1770,  el 
qui  publia  les  premières  éditions  françaises  de 
toutes  les  œuvres  de  ce  grand  homme,  ainsi 
que  les  premières  sonates  de  Mozart,  les  con- 
certos de  Viotli  pour  le  violon,  ceux  de  Punlo 
pour  le  cor,  les  œuvres  de  Fiorillo,  de  dé- 
menti, de  Cramer,  etc.  Sieber  a  fait  aussi 
graver  plusieurs  concertos  de  cor  etdes  sonates 
de  piano  de  sa  composition.  Il  est  mort  à 
Paris,  en  1815,  à  l'âge  de  quatre-vingt-un 
ans. 

SIEBER  (Georges -Julien),  fils  du  précé- 
dent, né  à  Paris,  en  1775,  commença  l'étude 
de  la  musique  à  l'âge  de  six  ans.  II  reçut  des 
leçons  de  piano  de  Nicodami,  el  apprit  l'har- 
monie au  Conservatoire,  sous  la  direction  de 
Berlon.  Il  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Des 
nocturnes  pour  piano  et  coi',  nos  1,  2  et  5; 
Paris,  Sieber.  2°  Six  sonates  faciles  pour  piano 
seul,  ibid.  3°  Pots-pourris  pour  piano,  nos  1, 
2,  3.  4<>  Thèmes  variés  idem,  nl,s  1,  2,  3,  4,  5, 
0,  7,  ibid.  5°  Contredanses  idem,  ibid.  6°  La 
Rose  et  la  Croix,  chant  maçonnique,  ibid. 
Sieber  a  succédé  à  son  père  comme  éditeur  de 
musique.  Il  est  mort  à  Paris  en  1 8-54. 

SI l'ilirji  (Ferdinand),  chanteur  el  compo- 
siteur, né  à  Vienne,  le  5  décembre  1822,  est 
lils  de  Gaspard  Sieber,  chanteur  dramatique 
en  voix  de  basse,  né  à  Zurich,  le  17  septembre 
1796,  lequel  fui  attaché  aux  théâtres  de.  Vienne, 
de  Berlin,  de  Cassel,  el  mourut  dans  cette  der- 
nière ville,  le  3  mars  1827.  Ferdinand  Sieber, 
après  avoir  fait  dans  son  enfance  un  voyage  en 
Italie,  puis  habile  Berlin  el  Cassel,  fut  con- 
duit à  Dresde,  en  1831,  et  y  reçut  de  Miksch 
des  leçons  de  chant.  Ayant  terminé  ses  éludes, 
en  1842,  il  chanta  pendant  l'hiver  suivant  dans 
les  concerts  de  Dresde.  En  1843,  il  fut  engagé 
comme  basse  chantante  au  théàlre  de  la  cour 
de  Delmold.  Après  être  resté  dans  celle  posi- 
tion pendant  trois  ans,  il  chanta  aux  théâtres 
de  Schwerin  et  de  Hanovre,  puis  il  se  rendit 
en  Italie,  et  y  fit  de  nouvelles  éludes  de  chant 
sous  la  direction  de  Girolamo  Farini  et  de 
Felice  'Ri.-Mopi.  De  retour  en  Allemagne,  il 
s'est  fixé  a  Berlin,  en  1854,  en  qualité  de  pro- 
fesseur de  chant  dans  l'Académie  de  musique 


fondée  par  Th.  Rullack.  Il  s'est  fait  connaître 
aussi  comme  critique  par  les  articles  qu'il  a 
fournis  au  journal  de  musique  publié  à  Berlin 
sous  le  titre  VEcho,  au  Neue  Zeitschrift  fur 
Musik,  de  Leipsick,  à  la  Blxtler  fur  Musik, 
de  Vienne,  et  à  quelques  autres  journaux. 
Comme  compositeur,  il  a  publié  un  grand 
nombre  de  Lieder  avec  accompagnement  de 
piano.  On  a  aussi  de  cet  artiste  :  1°  Kurze  An- 
Icitung  zum  griindlichen  Studium  des  Ge- 
sanges  (Brève  introduction  à  l'élude  nrrmale 
de  l'art  du  chant);  Leipsick, Hinze,  1832,  in -8" 
de  cinq  feuilles.  2°  Vollslxndiges  Lehrbuch 
der  Gesang  skuns  t  (Méthode  complète  de  Pari 
du  chant)  ;  Magdebourg,  Heinriehshofen,  1858, 
in-4°. 

SIEBIGR  (Louis-Antoine-Léopoed),  né 
à  Dessau,  le  26  mars  1775,  fut  nommé,  en 
1797,  inspecteur  et  professeur  au  Lycée  Fré- 
déric deBreslau;  six  ans  après,  il  fut  chargé 
des  fonctions  de  prédicateur  adjoint  de  l'église 
réformée  de  la  même  ville.  En  1805,  il  reçut 
sa  nomination  de  troisième  prédicateur  à  la 
cathédrale  de  Halle.  Il  mourut  à  Dessau,  le 
12  avril  1807.  Siebigk  fut  un  amateur  distin- 
gué de  musique  :  on  a  publié  de  sa  composition 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Douze  variations 
pour  le  piano  sur  un  thème  connu,  op.  1; 
Breslau,  1797. 2°  Douze  idem,  dédiées  au  prince 
héréditaire  d'Anhall-Dessau  ;  ibid.  3°  Vingt- 
cinq  variations,  idem;  ibid.  4"  Douze  varia- 
tions pour  piano  ou  harpe;  ibid.  5°  Marche 
pour  piano  ou  harpe  ;  ibid.  6"  Douze  varia- 
tions pour  piano,  op.  5;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hœrlel.  7°  Douze  idem,  op.  6;  ibid.  Il  avait 
fait,  à  Breslau,  en  1798,  des  lectures  sur  la 
théorie  de  la  musique,  dont  les  résumés  ontiélé 
publiés  dans  les  journaux  de  la  Silésie,  à  celte 
époque,  particulièrement  dans  la  feuille  pr.o 
vinciale  (Provinzial-£lxtter),  t.  XXVI,  p.  4 
et  42:  t.  XXVIII,  p.  1;  t.  XXIX,  p.  420: 
t.  yXXXI,  p.  295  et  441  ;  t.  XXXVI,  p.  352. 

Il  y  a  de  l'incertitude  à  .l'égard  du  nom  de 
Siebigk,  car  la  nolice  qu'on  vient  de  lire  e  I 
tirée  du  livre  de  Hoffmann  sur  les  musiciens 
de  la  Silésie,  el  cel  écrivain  parait  avoir  él 
bien  informé  des  circonstances  de  la  vie  et 
des  travaux  du  professeur  dont  il  s'agit;  ce 
pendant,  il  a  été  publié  un  livre  intitulé:  /Un 
seum  deutscher  Gelehrten  und  Kiinstler  (Mu- 
sée  des    savants  et  des  artistes  allemands) 
dont  le  deuxième  volume  a  pour  tilre  :  Mu- 
séum  beriihmlen  Tonkunstler  in  Kupfern, 
und  Schrifllichen  Abrissen  von  Professa 
C.-A.    Siebigke    (Musée   des  célèbres  musi- 
ciens, etc.)  ;  Breslau,  Aug.  Schall,  1801,  in-8° 


SIEBIGK  —  SIEGMEYER 


33 


Ici  le  nom  est  écrit  Siebigke,  et  les  initiales 
des  prénoms  sont  C.  A.  M.  ;  Ch.  Feni.  Becker, 
d'après  Gerber,  substitue  à  ces  initiales  les 
noms  de  Chrétien- Albrecht-Léopold  (Syst. 
Chr.  Darstellung  der  Musik-  Literatur , 
p.  109),  et  adopte  les  dates  données  pat- 
Hoffmann  pour  Louis-Anloine-Léopold  Sie- 
bigk.  D'autre  part,  il  y  a  évidemment  iden- 
tité pour  la  qualité  de  professeur  à  Breslau 
des  deux  personnages,  à  la  même  époque, 
et  Kayser,  qui  cile  Siebigke  (sans  les  pré- 
noms) comme  auteur  du  Musée  des  musiciens 
célèbres,  indique  le  11  avril  1807  comme  la 
date  de  sa  mort  (Folstand.  Bûcher- Lexikon, 
cinquième  partie,  p.  244).  Tout  cela  est  fort 
obscur.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  notices  conte- 
nues dans  le  volume  du  Musée  des  musiciens 
célèbres  renferment  les  portraits  et  les  notices 
de  J.-S.  Bach,  de  J.  Tlaydn,  de  Mozart,  de 
Zumsteg,  de  Clemenli  et  de  Bust.  On  a  du 
même  Siebigk  une  lettre  sur  l'état  de  la  mu- 
sique à  Breslau,  dans  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick,  p.  ô47,  t.  III. 

SIEBOLD  (Charles-G.  DE),doc(euren  mé- 
decine et  professeur  d'analomie,  naquit  à  Bam- 
berg,  le4  novembre  1730,  exerça  la  chirurgie  à 
Nuremberg,  puis  à  Wllrzbourg,  et  enfin  se 
fixa  à  Francfort-snr-le-Mein,  vers  1798,  et  y 
mourut,  leô  mai  1807.  Parmi  les  dissertations 
qu'il  a  publiées,  concernant  diverses  opéra- 
lions  chirtirgircales,  on  remarque  celle  qui  a 
pour  titre  :  Praktische  Bemerkungen  iiber 
die  Kastration  (Observations  sur  la  castra- 
lion)  ;  Francforl-sur-le-Mein,  1802,  gr.  in-8°. 

SIEBOLD  (Jean-Barthel  DE),  peut-être 
fils  du  précédent,  docteur  en  médecine  et  pro- 
fesseur de  chirurgie  à  Wllrzbourg,  né  dans 
celte  ville,  le  5  février  1774,  mort  le  28  jan- 
vier 1814,  est  auteur  de  plusieurs  ouvrages, 
parmi  lesquels  on  remarque  sa  TFiirzbourg 
savante  et  artistique,  insérée  dans  les  nos  28 
et  suivants  de  la  Chronique  de  Franconie. 
On  y  trouve  des  notices  sur  trente  musiciens 
et  compositeurs  de  celle  ville.  Siebold  a  fourni 
aussi  des  notices  sur  beaucoup  de  musiciens 
de  la  Franconie,  dans  l'écrit  périodique  inti- 
tulé :  Neue  arlistisch-literarische  Blxtler 
von  und  fiir  Franken;  Wllrzbourg,  1808, 
in-4°. 

SIEBURG  (Juste),  facteur  d'orgues  à 
Mulhausen,  dans  la  Thuringe,  vécut  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  construisit, 
en  1669,  l'orgue  de  Pulssnilz,  composé  de 
vingt  et  un  jeux. 

SIEGEL  (Daniei-Siegmever),  organiste 
à  Annaberg,  est  né  le  17  septembre  1774,  à 

BIOCR.  UJilV.  OES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


Satzung,  en  Saxe.  Il  obtint  sa  place  d'orga- 
niste en  1798,  et  en  remplil  les  fonctions  jus- 
qu'en 1848.  Il  fêla,  dans  cette  dernière  année, 
son  jubilé  de  cinquante  ans  d'activité  dans 
celle  position.  On  a  publié  de  sa  composition 
un  grand  nombre  d'airs  variés  pour  le  piano 
à  Leipsick,  Vienne,  Offenbach,  Breslau  et 
Meissen,  œuvres  1  à  46  ;  et  quatre  recueils  de 
chansons  allemandes  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  20,  51 ,  32  et  47  ;  Leipsick,  Hof- 
meister,  et  Breslau,  Forsler. 

SIEGERT  (Gottlob),  cantor  à  l'église 
Saint-Bernard  de  Breslau,  est  né  le  6  mai  1789, 
à  Ernsdorf,  près  de  Reichenbach.  Admis,  en 
1802,  au  chœur  de  l'église  Saint-Bernard  de 
Breslau,  en  qualité  de  sopraniste,  il  obtint  la 
permission  de  suivre  les  cours  du  collège  de. 
la  jVIadelaine,  et  y  termina  ses  études  en  1808. 
L'année  suivante,  il  entra  comme  professeur  à 
l'Institut  de  Reich  et  Hichert,  et  en  1812,  il 
obtint  la  place  de  cantor  à  l'église  Saint-Ber- 
nard, quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  vingt-trois 
ans.  Siegert  vivait  encore  en  1848,  car  il  diri- 
gea dans  cette  même  année  une  fête  musicale 
à  Raulh  (Silésie).  Depuis  1816,  il  a  écril  : 
1°  Un  recueil  de  chants  à  trois  voix,  intitulé  : 
66  Driestimmige  Choralmelodien;  Breslau, 
Gros,  1820.  La  deuxième  édition  de  ce  recueil 
contient  cent  morceaux.  2"  Plusieurs  suites  de 
morceaux  à  plusieurs  voix  pour  les  écoles. 
5°  Des  cantates,  un  Te  Deum,  une  messe  et  plu- 
sieurs autres  compositions  pour  l'église;  mais 
il  ne  parait  avoir  rien  publié  jusqu'à  ce  jour. 
Siegert  a  fait  insérer  dans  le  dix-neuvièmè  nu- 
méro de  l'écrit  périodique  Erziehungs  und 
Schulrath,  une  dissertation  intitulée:  JFas 
hat  man  von  der  musikalischen  Bildùng 
des  weiblichen  Geschlechts  zu  erwarten  (Que 
peut-on  espérer  de  l'organisation  musicale  des 
femmes?). 

SIEGMEYER,  ou  plutôt  SIEGMEIER 
(Jean-Gottlieb  ou  Théophile),  secrétaire  de 
la  direction  générale  des  postes,  à  Berlin,  est- 
né  le  12  novembre  1778,  à  Perilzsch,  près 
d'Eilenbourg,  en  Saxe.  Amateur  de  musique, 
il  s'est  fait  connaître  par  un  traité  d'harmonie 
et  de  composition  intitulé  :  Théorie  der  Ton- 
setzkunst  (Théorie  de  la  musique)  ;  Berlin,  Lo- 
gier,  1822,  in-4°  de  deux  cenl  cinquante-deux 
pages.  La  théorie  de  l'harmonie,  qui  forme  la 
première  parliedecet  ouvrage,  est  fausse  dans 
son  principe,  obscure  et  en  désordre  dans  ses 
développements.  La  partie  qui  concerne  la  mé- 
lodie est  superficielle,  etdansl'espèce  de  trailé 
de  contrepoint  qui  termine  l'ouvrage,  le  sujel 
est  à  peine  ébauché.   M.  Sicgmeier  a    aussi 

o 


34 


S1EGMEYER  —  SIEVERS 


donné  une  traduction  allemande  du  volume  in- 
titulé :  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de 
la  révolution  opérée  dans  la  musique  par 
M.  le  chevalier  Gluck.  Cette  traduction  a  pour 
titre  :  Ueber  den  Rilter  Gluck  und  seine 
Werke.  Briefe  von  ihm  und  andern  beriihm- 
ten  Mannern  seiner  Zeit  ;  Berlin,  Voss,  1822, 
in-8°  de  trois  cent  quatre-vingt-quatre  pages. 
En  1837,  ce  volume  a  été  reproduit  comme  une 
deuxième  édition,  quoique,  en  réalité,  on  n'ait 
changé  dans  les  exemplaires  de  la  'première 
que  le  frontispice,  et  ajouté  une  préface  nou- 
velle à  celte  nouvelle  édition  supposée.  Le  nom 
de  M.  Siegmeier  est  aussi  connu  en  Allemagne 
par  des  romans  et  par  des  livres  sur  l'adminis- 
tration des  postes. 

SIESTO  (Joseph),  ténor  et  professeur  de 
chant,  né  à  Naples,dans  les  premières  années 
du  dix-neuvième  siècle,  fit  ses  éludes  mu- 
sicales au  collège  royal  de  musique  de  San 
Pielro  a  Majella,  et  y  reçut  des  leçons  de 
chant  deBusti.  Sorti  de  celte  école,  il  chanla 
pendant  quelques  années  au  théâtre  Nuovo  et 
dans  les  églises,  se  livrant  aussi  à  l'enseigne- 
ment de  son  art.  Engagé,  en  1837,  au  service  du 
roi  de  Saxe  en  qualité^  de  chanteur  de  la 
chapelle  et  comme  professeur  de  chant  attaché 
à  la  direction  du  Théâtre  royal,  il  resta 
dans  celte  position  jusqu'à  la  fin  de  juillet 
1841  ;  il  retourna  ensuite  à  Naples  et  y  fut  at- 
taché à  quelques  institutions  particulières 
pour  l'enseignement  du  chant.  Il  a  publié 
dans  celte  ville  un  ouvrage  intitulé  :  Studio 
elementare  di  cunto  poggiato  sugl  intervalli 
stmplici  e  loro  dimenzioni  (sans  date). 

SIEVERS  (Hesri-Jacqces).  Voyez  SI- 
VERS. 

SIEVERS (Jean-Frédérfc-Louis), né  dans 
le  Hanovre,  vers  1740,  fut  d'abord  organiste  à 
l'église  Saint-André,  de  Brunswick,  puis  obtint 
une  position  semblableàla  cathédrale  de  Mag- 
debourg, en  1774.  Il  mourut  dans  celle  ville, 
en  1806.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Trois  sonales  pour  le  clavecin,  op.  I  ;  Ber- 
lin, Hummel.  2"  Symphonie  pour  le  clavecin, 
avec  deux  violons,  deux  flûtes,  deux  cors  et 
basse;  Francfort.  3°  Chansons  tirées  du  roman 
de  Stewarl;  Magdebourg,  1779. 

SIEVERS  (Georges-Locis-Pierre)  ,  fils 
du  précédent,  est  né  à  Magdebourg  en  1775. 
Il  reçut  de  son  père  des  leçons  de  musique, 
dès  son  enfance,  quoiqu'il  ne  fût  pas  destiné  à 
la  culture  de  cet  art.  Après  avoir  achevé  ses 
éludes  littéraires  et  scientiquesà  Magdebourg 
et  à  Brunswick,  il  se  fit  connaître  par  quel- 
ques essais  de  poésie,  et  écrivit  pour  la  Ga- 


zelle musicale  de  Leipsick  ses  premiers  essais 
sur  les  caractères  de  la  musique  italienne  et 
allemande  (t.  IX,  p.  503,  677  et  693).  Sievers 
n'avait  point  alors  de  connaissances  positives 
assez  étendues  pour  traiter  ces  sujets  avec  la 
profondeur  nécessaire;  aussi  fut -il  attaqué 
dans  le  même  volume  de  la  Gazette  musicale 
concernant  les  erreurs  où  il  était  lombé.  Au 
commencement  de  1808,  il  se  rendit  à  Cassel 
où  il  prit  part  à  la  rédaction  de  plusieurs  jour- 
naux et  publia  des  romans.  II  travailla  ensuite 
à  Altenbourg  à  quelques  grands  ouvrages  pu- 
bliés par  la  librairie  Brockhaus,  et  il  lui  four- 
nit, entre  autres  choses,  quelques  biographies 
de  musiciens  pour  les  premières  éditions  du 
Conversation' s  Lexikon  ;  puis  il  alla  à 
Vienne,  el  enfin  il  se  rendit  à  Paris  vers  1810. 
Il  y  fut  le  correspondant  de  plusieurs  jour- 
naux allemands,  particulièrement  de  la  Ga- 
zette musicale  de  Leipsick,  à  laquelle  il  four- 
nit beaucoup  d'articles  concernant  l'état  de  la 
musique  en  France.  Depuis,  en  1824,  il  s'est 
fixé  à  Borne,  et  y  a  continué  sa  correspondance 
musicale  avec  divers  journaux  el  recueils  pé- 
riodiques de  l'Allemagne,  entre  autres  avec 
les  rédacteurs  de  l'écrit  sur  la  musique  inti- 
tulé C'xcilia,  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick, le  Morgenblatt,  les  Zeitgenossen,  les 
archives  littéraires  et  théâtrales  de  Ham- 
bourg, et  la  Gazette  de  littérature  et  d'art, 
de  Vienne. 

On  a  de  Sievers  quelques  brochures  rela- 
tives à  la  musique;  elles  ont  pour  titres  : 
1°  Ueber  Madame  Catalani,  als  Sxngerin, 
Schauspielerin ,  etc.  (Sur  madame  Catalani 
comme  cantatrice,  comme  actrice,  etc.);  Leip- 
sick, 1816,  in-8°.  Cet  écrit  avait  paru  précé- 
demment dans  les  Zeitgenossen.  2°  Mozart 
und  Sùssmayer,  ein  neues  Plagiat,  etc. 
(Mozart  et  Sltssmayer,  nouveau  plagiat,  elc); 
Mayence,  Scholt,  1829,  grand  in-8°.  Sievers 
écrivit  ce  morceau  à  l'occasion  de  la  question 
soulevée  par  Godefroid  Weber  relativement  à 
la  part  que  Mozart  avait  prise  à  la  composition 
de  la  messe  de  Requiem  connue  sous  son  nom. 
Parmi  les  meilleurs  articles  fournis  par  Sie- 
vers aux  journaux  de  musique,  on  remarque 
les  suivants  :  1°  Sur  l'état  de  la  musique  en 
Italie,  particulièrement  à  Borne  (dans  la  Cz- 
cilia,  t.  I,  p.  201-260).  2°  Sur  l'exécution 
du  Miserere  d'Allegri  dans  la  chapelle  Sixtine 
(ibid.,  t.  II,  p.  66  84).  3°  Sur  la  musique  à 
Borne  {ibid.,  t.  VIII,  p.  213-224).  4°  Sur  les 
compositeurs  de  Borne  (ibid.,  t.  IX,  p.  1-7). 
5°  Sur  Pélat  actuel  de  la  musique  en  France, 
particulièrement  à  Paris  [Gazette  musicale  de 


SIEVERS  —  SIGHICELLI 


35 


Leipsick,  t.  XIX,  p.  77,  117,  141,  265,  281  et 
297).  G0  Sur  la  musique  à  Paris  (Cxcilia,  t.  I, 
p.  295-316).  7"  Sur  les  deux  séjours  de  Mozart 
à  Paris  (ibid.,  t.  IX,  p.  208-216).  8°  Sur 
l'Opéra  de  Paris  (ibid.,  t.  X,  p.  17-26).  9° Sut- 
la  nature  de  la  musique  d'église  (ibid.,  t.  X, 
p.  8-17).  10°  Sur  les  nouvelles  améliorations 
des  instruments  à  archet  de  M.  Chanot,  à 
Paris  (Gazette  musicale  de  Leipsick,  t.  XXII, 
p.  85). 

SIEWERT  (Benjamin-Gottiiold),  né  à 
Danlzick,  vers  1740,  fut  d'abord  négociant 
dans  cette  ville  ;  mais  des  pertes  considérables 
<jui  furent  pour  lui  la  suite  du  partage  de  la 
Pologne,  en  1772,  l'obligèrent  à  renoncer  au 
commerce,  et  à  chercher  des  ressources  dans 
la  musique  qu'il  avait  d'abord  cultivée  en 
amateur.  Ayant  obtenu  une  place  d'organiste 
et  de  maître  d'école  à  Gtiltland,  il  demeura 
dans  ce  lieu  jusqu'au  mois  de  décembre  1781, 
et  succéda  alors  à  Loehlein  dans  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  la  première  église  pa- 
roissiale de  Dantzick.  En  1783,  il  publia  dans 
cette  ville  un  recueil  de  chansons  allemandes 
avec  accompagnement  de  clavecin.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  quelques  compositions  pour 
l'église. 

SIEWERT  (Henri),  professeur  de  musi- 
que et  compositeur  à  Berlin,  né  le  10  avril 
1818,  à  Braunsberg  (Prusse  orientale),  fit 
ses  premières  études  de  musique  à  Dantzick, 
chez  l'organiste  Markull  (voyez  ce  nom).  En 
1840,  il  se  rendit  à  Berlin  et  fut  admis  comme 
élève  à  l'Académie  royale  de  musique,  où  il 
reçut  des  leçons  de  composition  et  d'orgue  de 
Rungenhagen  et  de  A.-W.  Bach.  Après  avoir 
terminé  ses  études,  il  s'est  livré  dans  cette 
ville  à  l'enseignement  de  son  art.  Parmi  les 
ouvrages  de  sa  composition,  on  remarque  : 
1°  Sept  poésies  à  voix  seule  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  1;  Berlin,  Gultenlag. 
2°  Quatre  idem,  op.  2;  Berlin,  Challier. 
3°  Cinq  idem,  op.  6;  ibid.  4°  Motet  à  quatre 
voix  (Meine  Seele  harret  aufden  fferrn),  pour 
chœur  et  voix  seule,  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  5;  Berlin,  Gaillard.  5°  Quatre 
poèmes  à  voix  seule  avec  piano,  op.  7;  ibid. 
6°  Chants  bohémiens  variés  pour  piano,  op.  8; 
Berlin,  Challier. 

SIFACE  (Jean-François),  dont  le  nom  vé- 
ritable était  GROSSI,  fut  un  des  plus  grands 
chanteurs  du  dix-septième  siècle.  Il  naquit  en 
Toscane,  vers  1666,  et  fut  élève  de  Redi.  Doué 
de  la  voix  la  plus  belle  et  la  plus  pénétrante,  il 
acquit  par  ses  études  un  style  large  et  plein 
d'expression  qui  excita  l'admiration  de  ses 


contemporains.  Le  nom  de  SIFACE  lui  fut 

donné  à  cause  de  la  perfection  qu'il  mit  dans 
le  rôle  du  personnage  de  ce  nom  qui  se  trouve 
dans  le  Mitridate  d'Alexandre  Scarlatti.  Ce 
chanteur  célèbre  fut  assassiné  par  le  postil- 
lon qui  conduisait  sa  voilure  sur  la  route  de 
Gênes  à  Turin,  et  qui  voulait  s'emparer  de  ses 
bijoux  et  de  son  argent. 

SIGER  (Paul),  musicien  flamand,  né  à 
Herenlhals,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
vécut  à  Cologne.  Il  a  fait  imprimer  un  recueil 
de  psaumes  à  cinq  voix,  de  sa  composition, 
sous  ce  litre  :  Psalmodia  Davidica,  Davids 
teusche  Psalmen  mit  5  und  weniger  Stimmen 
zugericht;  Cologne,  1590,  in-4° 

SIGFRIED(Othon),  musicien  inconnu  aux 
bibliographes  de  la  musique,  est  cité  par  Paul 
Balduanus  (Biblioth.  philosoph.,  p.  180,  éd. 
Jenx,  1616),  comme  auteur  d'un  livre  qui 
a  pour  titre  :  Arlis  musicx  delineatio,  doc- 
trinam  modorum  in  ipso  concentu  practico 
demoustrans,  cum  introductione  pro  inci- 
pientibus  accomodata  ;  Franco furti}  1608, 
in-4°. 

SIGHICELLI,  famille  de  violonistes  ita- 
liens. Le  chef  de  cette  famille,  PhilippeSighi- 
celli,  naquit  à  San  Cesario,  dans  le  Modenais, 
en  1686,  et  mourut  à  Modène,  le  14  avril  1773, 
à  l'âge  de  quatre-vingt-sept  ans.  On  voit,  dans 
les  comptes  de  la  cour  de  Modène,  que  Philippe 
Sighicelli  était,  en  1760,  premier  violon  au 
serviced'Hercule  d'Esté,  prince  héréditaire  de 
Modène,  qui  succéda  au  duc  François  III,  son 
père,  en  1780. 

Joseph  Sighicelli,  fils  de  Philippe,  né  à 
Modène,  en  1737,  était  premier  violon  et  chef 
d'orchestre  au  service  d'Hercule  d'Esté,  ainsi 
que  le  prouve  l'alraanach  de  la  cour  deModène 
pour  l'année  1777.  Il  remplit  cet  emploi  jus- 
qu'au moment  où  le  duc  de  Modène  fut  obligé 
d'abandonner  ses  États,  dont  il  fut  dépouillé 
par  Napoléon  1er.  Il  résulte  d'un  Mémoire  du 
comte  François  Ferrari  Moreni ,  imprimé  à 
Modène,  en  1852,  que  Joseph  Sighicelli  voya- 
gea en  Allemagne  avec  un  riche  seigneur,  et 
qu'il  eut  l'honneur  d'accompagner  à  Berlin, 
avec  son  violon,  le  roi  de  Prusse  Frédéric  II, 
dans  un  duo  pour  la  flûte.  Distingué  comme 
chef  d'orchestre  et  comme  virtuose,  cet  artiste 
mourut  à  Modène,  le  8  novembre  1826,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-neuf  ans. 

Charles  Sighicelli,  fils  du  précédent  et  son 
élève  pour  le  violon,  naquit  à  Modène  en  1772, 
et  mourut  dans  cette  ville,  le  7  avril  1806.  Un 
almanach  de  la  cour  de  Modène,  pour  l'année 
1796,  fait  voir  que  cet  artiste  était  violoniste  au 


36 


SIGHICELLÏ  -  SIGISMONDI 


servi  ce  de.  son  prince,  el  qu'il  avait  la  survivance 
de  son  père  pour  la  place  de  chef  d'orchestre. 

Antoine  Sighicelli,  fils  de  Charles,  est  né  à 
Modène,  le  1er  juillet  1802.  Ses  professeurs  de 
violon  furent  son  aïeul  Joseph  Sighicelli  et 
Jean  Mari,  de  Modène,  artiste  de  talent,  mort 
premier  violon  et  chef  d'orchestre  de  la  cour 
de  Modène,  le  26  juillet  1854.  En  1821,  An- 
toine Sighicelli  fut  nommé  premier  violon  et 
chef  d'orchestre  de  la  ville  de  Cenlo  (Élats  de 
l'Église).  Le  8  juillet  1825,  l'Académie  des 
Philharmoniques  de  Bologne  l'admit  au 
nombre  de  ses  membres.  En  1834,  il  fut  nommé 
premier  violon  chef  d'orcheslre  du  théâtre  de 
Ferrare:  enfin,  il  fut  appelé  à  remplir  les 
mêmes  fonctions  à  la  cour  de  Modène,  le  6  no- 
vembre 1835.  Après  que  les  événements  poli- 
tiques de  1859  eurent  obligé  le  duc  Fran- 
çois V  de  s'éloigner  de  ses  Élats,  la  position  de 
Sighicelli  ne  changea  pas,  parce  que,  par  un 
décret  spécial ,  le  roi  d'Italie  a  maintenu  dans 
leurs  emplois  les  artistes  de  la  chapelle  ducale. 
Renommé  comme  un  des  meilleurs  chefs  d'or- 
cheslre d'Italie,  Antoine  Sighicelli  dirige  au- 
jourd'hui celui  du  théâtre  de  Modène.  Il  est 
aussi  premier  violon  directeur  de  la  Société 
de  quatuors  fondée  dans  cette  ville,  en  1861. 
Ses  compositions  sont  restées  inédiles  jusqu'à 
ce  jour. 

Pincent  Sighicelli,  (ils  d'Antoine,  est  né  à 
Cenlo,  le  50  juillet  1830.  D'abord  élève  de  son 
père  pour  le  violon,  il  se  rendit  à  Vienne,  en 
1847,  pour  étudier  le  contrepoint  sous  la  di- 
rection de  Sechter,  et  reçut,  dans  la  même 
ville,  des  conseils  des  violonistes  Ilellmesber- 
ger  et  Mayseder.  Dès  le  mois  de  janvier  1846, 
Vincent  Sighicelli  avait  été  admis  dans  la  cha- 
pelle du  duc  de  Modène,  et  le  29  janvier  1849, 
un  décret  du  duc  l'appela  au  poste  de  direc- 
teur adjoint  et  de  violon  solo  de  l'orchestre  du- 
cal. En  1855,  cet  artiste  s'est  rendu  «à  Paris,  où 
il  s'est  fixé.  Il  s'est  fait  entendre  avec  succès 
dans  ses  voyages  en  Angleterre,  en  Alle- 
magne, en  Belgique,  en  Hollande  et  en  Es- 
pagne. Ses  œuvres  pour  son  instrument,  au 
nombre  de  vingt-quatre,  ont  été  publiées  à 
Jlilan,  chez  Ricordi,  à  Paris,  chez  Richanlt, 
et  à  Bruxelles,  chez  Schott.  M.  Sighicelli  est 
membre  de  l'Académie  des  Philharmoniques 
de  Bologne,  de  l'Académie  de  Sainte-Cécile,  à 
Rome,  et  de  l'Académie  philharmonique  de 
Florence.  Il  est  décoré  de  l'ordre  royal  de 
Charles  III  d'Espagne,  et  a  reçu  une  médaille 
de  mérite  du  roi  d'Italie. 

SIGISMONDI  ou  SIGISMONDO  (Jo- 
skpii),   né  à  Naples,  le  13  novembre  1739j  fit 


ses  éludes  ati  collège  des  jésuites.  Il  fut 
d'abord  avocat  et  cultiva  la  musique  comme 
amateur.  Ses  maîlres  de  chant  avaient  été  Jo- 
seph Geremia  de  Calane,  ancien  élève  du  Con- 
servatoire de  Lorelo,  et  Gennaro  Capone,  dis- 
ciple deColumacci. 

Ses  liaisons  avec  les  plus  célèbres  musi- 
ciens de  son  temps  lui  firent  ensuite  aban- 
donner le  barreau  pour  .se  livrer  en  liberté  à  la 
culture  de  l'art.  Sigismondi  ne  fit  jamais 
d'études  sérieuses  de  composition  ;  sa  manière 
de  s'instruire  dans  cet  art  fut  toute  pratique; 
car  ce  fui  surtout  par  la  lecture  des  partitions 
des  maîtres  célèbres  qu'il  apprit  à  écrire  ses 
propres  idées.  Son  premier  essai  fut  la  musique 
de  YEndimione  de  Mélaslase,  puis  il  écrivit 
les  oralorios  YAssunzione  délia  Vergine, 
Santa  Anna,  San  Giuseppe  eiSan  Giovanni 
di  Dio.  Son  occupation  principale  fut  l'ensei- 
gnement de  l'art  du  chant;  parmi  ses  élèves, 
le  marquis  de  Villarosa  cite  (1)  la  reine  Marie- 
Caroline  d'Autriche,  Madeleine  Pignalver,  et 
le  professeur  de  chant  Emmanuel  Imhimbo 
(voyez  ce  nom),  qui,  plus  tard,  se  fixa  «à  Paris. 
Après  la  réorganisation  du  Conservatoire  de 
Naples  sous  le  règne  de  Mural,  il  fut  nommé 
bibliothécaire  de  cette  école,  et  conserva  sa 
place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  10  mai  1826, 
après  qu'il  eut  atteint  l'âge  de  quatre-vingt- 
sept  ans.  La  Bibliothèque  du  Conservatoire  de 
Naples  contient  beaucoup  de  cantates  qu'il  a 
composées  depuis  1766  jusqu'en  1799.  Ses 
autres  ouvrages  sont  ceux  dont  les  litres 
suivent  :  1°  Cantata  per  la  Nascila  di 
N.  S.  G.  C,  composée  en  1788.  2"  Principii 
di  musica.  3°  Sol feggi  per  soprano.  4°  So- 
nate per  organo.  5"  Toccale  per  Cembalo. 
6°  Esercizio  di  canto.  Toutes  ces  productions 
sont  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque  du  Conser- 
vatoire royal  de  Naples.  Sigismondo  cultivait 
aussi  les  lettres.  Son  goût  passionné  pour  la 
comédie,  qu'il  jouait  dans  sa  maison  avec 
quelques  amis,  le  conduisit  à  écrire  beaucoup 
de  pièces,  la  plupart  en  dialecte  napolitain,  et 
de  canevas  de  proverbes  à  improviser.  Il  a  pu- 
blié une  partie  de  ses  productions  de  ce  genre; 
toutefois,  il  tirait  peu  de  profil  de  tout  cela  ;  il 
fut  même  obligé  d'accepter,  pour  vivre,  une 
place  d'écrivain  du  tribunal  civil,  qu'il  aban- 
donna plus  tard  pour  celle  de  greffier  du  juge 
de  paix  ;  mais  dans  ses  dernières  années,  il  se 
borna  à  ses  fondions  de  bibliothécaire.  Sou- 
vent retenu  chez  lui  par  la  goutte,  il  visitait  peu 
le  dépôt  qui  lui  était  confié  et  le  laissait  dans 

(1)  Memoric  (Ici  compositori   di  musica  dcl  rejno  di 
Napoli,  p.  209. 


S1GISM0NDI  -  SIKORSKI 


37 


tin  grand  désordre.  Par  les  soins  de  M.  Flo- 
limo,  son  successeur,  cette  belle  bibliothèque 
est  aujourd'hui  dans  le  meilleur  état  et  s'est 
considérablement  enrichie. 

SIGISMUNDO  D'IINDIA,  chevalier  de 
Saint-Marcel  gentilhomme  du  prince  Maurice, 
cardinal  de  Savoie,  naquit  à  Palerme,  en  Si- 
cile, dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
et  vécut  d'abord  à  Florence,  puis  à  Rome,  et 
enfin  à  Venise,  où  il  se  trouvait  encore  en  1030. 
Amateur  de  musique  distingué,  compositeur  et 
poCle,  il  a  fait  imprimer  :  1°  Le  Musiche  da 
cantate  solo  net  clavicordo ,  chitarrone, 
arpa  doppia  et  allri  istromenti  simili.  In 
Milano,  appresso  l'herede  di  Simon  Tini  e 
Filippo  Lomazzo,  1609,  in-fol.  Recueil  in- 
téressant pour  l'histoire  des  premiers  temps 
du  chant  à  voix  seule  accompagné  d'instru- 
ments sur  la  basse  chiffrée.  2"  Il  primo  libro 
délie  villanelle  alla  napolilana  ;  in  Vene- 
tia,  appresso  A 'ngelo  Gardano,  1610,  in-4°. 
3°  Il  primo  libro  di  Ifladrigali  a  cinque 
voci;  in  Roma,  app.  Robletli,  1624.  Cette 
édition  est  la  seconde  de  ce  livre;  j'ignore  la 
date  de  la  première.  4°  Madrigali  a  cinque 
voci,  lib.  2;  Venise,  1611,  in-4°.  5°  Idem, 
lib.  5;  ibid.,  101 1,  in-4u.  6°  Le  Musiche  del 
Cavalier  Sigismundo  d'India,  libri  cinque; 
Venise,  1625,  in-fol.  Cet  ouvrage  est  composé 
de  cantates  en  style  de  récitatif,  alors  en 
vogue:  On  y  remarque  le  Lamenta  di  Didone, 
le  Lamenlo  di  Jasone,  et  le  Lamento  di 
Olimpia.  7°  Motetti  a  più  voci;  Venise, 
1627,  in-4".  8»  L'Ottavo  libro  de' Madrigali 
a  cinque  voci.  con  il  basso  continuo;  in 
Roma ,  app.  Gio.-Baltisla  Robletli,  1624, 
in-4°.  C'est  une  réimpression.  Dans  l'épitre 
dédicaloire  de  ce  livre  à  la  princesse  Isabelle 
de  Modène,  Sigismondo  dit  que  ces  madrigaux 
ont  été  composés  lorsqu'il  était  au  service  de 
la  maison  d'Esté. 

SIGL  -  VESPERMAISIV  (  Catherine  )  . 
foyez  VESPERMAINN. 

SIGNOltELLI  (Pierre-Napoli),  littéra- 
teur, né  à  Naples,  le  28  septembre  1751,  fit 
ses  études  chez  les  jésuites,  et  fut  d'abord  avo- 
cat; mais  plus  tard,  il  renonça  au  barreau 
pour  suivre  la  carrière  des  lettres.  Une  pas- 
sion malheureuse  et  des  chagrins  domestiques 
lui  firent  abandonner  sa  patrie  pour  se  rendre 
en  Espagne.  Arrivé  à  Madrid,  il  y  obtint  la 
place  de  garde  du  sceau  de  la  lolerie;  mais  le 
désirde  revoir  son  pays  l'y  ramena  au  bout  de 
trois  ans.  Après  un  second  voyage  en  Espagne, 
il  retourna  à  Naples,  y  eut  la  place  de  secré- 
taire de  l'Académie  cl  y  publia  son  Histoire 


littéraire  du  royaume  des  Deux-Siciles  et 
V Histoire  des  théâtres.  En  1798,  il  prit  part 
à  la  révolution  qui  suivit  l'envahissement  du 
royaume  de  Naples  par  l'armée  française,  et 
fut  obligé  de  se  soustraire  par  la  fuite  aux  con- 
séquences de  ce  fait,  lorsque  le  cardinal  Ruffo 
rentra  dans  la  capitale  en  vainqueur.  Retiré  à 
Milan,  il  y  fut  nommé  professeur  au  Lycée  de 
Rrera,  puis  il  obtint  la  chaire  de  droit  naturel 
et  de  philosophie  à  Pa  vie,  et  enfin,  celle  de  pro- 
fesseur d'histoire  et  de  diplomatique  à  Bologne. 
Rentré  à  Naples, en  1800.il  y  vécutdans  le  repos, 
et  y  mourut  le  1er  avril  1815,  des  suites  d'une 
attaque  d'apoplexie.  Dans  son  livre  intitulé  : 
Vicende  délia  collura  délie  Due  Sicilie,  o  sia 
Storia  ragionata  délie  lettere,  délie  arti,  etc. 
{Naples,  1784,  cinq  volumes  in-8";  1810,  huit 
volumes  in-8°),  il  donne  beaucoup  de  rensei- 
gnements concernant  l'histoire  de  la  musique 
ancienne  et  moderne  dans  le  royaume  de  Na- 
ples. On  a  du  même  auteur  une  histoire  cri- 
tique des  théâtres  anciens  et  modernes  (Storia 
Critica  de'  teatri  antichi  e  moderni,  etc.j 
Naples,  1787,  six  volumes  in-8°  ;  ibid.,  1815, 
dix  volumes  in-8°)  ;  ouvrage  médiocre,  dans 
lequel  on  trouve  des  anecdotes  sur  l'Opéra  ita- 
lien et  sur  quelques  chanteurs.  Signorelli  a 
aussi  publié  Lettera  sullo  spetlacolo  musicale 
de/1803;  Naples,  1804,  in-8°. 

SIGIMOllETTI  (Aurélien),  né  à  Reggio, 
fut  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
celle  ville.  Il  mourut  dans  celte  position  en 
1655.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
1°  Canttis  vespertinum  omnium  solemnita- 
tum.  Psalmodia  quinis  seu  novenis  vocibus 
concinenda,  una  cum  busso  ad  organum; 
Veneliis,  per  Alessandrum  l'icentinum, 
1629,  in-4°.  2°  Il  primo  libro  de'  Motetti  a 
2,  5,  4,  5,  6  e  8  voci;  ibid.,  1615,  in-4°.  On 
conserve  en  manuscrit  dans  les  archives  de  la 
cathédrale  de  Reggio  des  Magnificat  à  huit 
voix,  et  des  messes  à  seize  voix  en  quatre 
chœurs  de  la  composition  de  cet  artiste.  Les 
messes  sont  datées  de  1 626. 

SIGIVORETTI  (Joseph),  violoniste  ita- 
lien, fut  élève  de  Tartini.  Vers  1770,  il  se  fixa 
à  Paris,  et  y  publia  deux  œuvres  de  six  qua- 
tuors chacun,  pour  deux  violons,  alto  et  basse. 
Il  y  vivait  encore  en  1786. 

SIKORSKI  (Joseph),  littérateur-musi- 
cien, critique  et  compositeur,  né  à  Varsovie, 
en  1815,  fit  ses  premières  études  au  lycée  de 
celle  ville,  dès  l'âge  de  neuf  ans.  Il  y  apprit 
les  éléments  de  la  musique  sous  la  direction 
du  professeur  Joseph  Siefani  (voyez  ce  nom). 
Plus  tard,  Joseph  Jawurck,  professeur  du  Con- 


S1K0RSKI  -  SILBERMANN 


servatoirc,  lui  donna  quelques  leçons  de  piano; 
mais  la  révolution  polonaise  de  18f30  interrom- 
pit ses  études.  Quand  la  tranquillité  eût  été  ré-  ! 
taMie,  Sjkorski  travailla  seul  sur  son  instru- 
ment, et  les  leçons  qu'il  en  donna  contribué-  j 
rent  à  ses  propres.  Son  instruction  dans  l'har- 
monie et  dans  la  composition  fut  le  résultai  de  j 
la  lecture  assidue  du  volumineux  ouvrage  de 
Marx  {voyez  ce  nom);  en  sorte  queSikorski  ne 
dut  qu'à  lui-même  ce  qu'il  savait  de  l'art  dans 
lequel  il  s'est  distingué.  Ce  fut  aussi  par  ses 
propres  efforts  qu'il  apprit  plusieurs  langues, 
particulièrement  l'allemand,  le  français,  et 
qu'il  acquit  une  élégance  de  style  fort  estimée 
de  ses  compatriotes.  Ii  a  fourni  un  grand 
nombre  d'articles  de  critique  musicale  aux  di- 
vers journaux  de  sa  patrie,  particulièrement  à 
la  revue  intitulée  Bibliothèque  de  Farsovie  et 
à  la  Gazeta  Codzienna.  Lui-même  a  fondé 
un  journal  spécial  de  musique,  sous  le  titre  : 
Ruch  Musyczny  (Mouvement  musical),  dont 
les  premiers  numéros  ont  paru  en  1856.  On  a 
de  Sikorski  une  méthode  de  piano  intitulée  : 
Nowa  szkola  na  Fortepian;  Varsovie,  Rlu- 
kowski.  M.  Sowinski,  à  qui  j'emprunte  ces  dé- 
tails, cite  aussi  une  traduction  de  l'ouvrage  al- 
lemand de  Busse,  auquel  il  donne  pour  titre  le 
Maître  de  chant,  mais  dont  la  traduction 
exacte  est  :  Livre  choral  en  chiffres  pour  les 
écoles,  ainsi  qu'un  Manuel  de  chant,  publié  à 
Varsovie.  Les  compositions  publiées  du  même 
artiste  sont  :  Nocturne  et  Tableau  de  village, 
pour  piano  seul,  dans  V  Album  des  composi- 
teurs polonais,  et  deux  airs  à  voix  seule  avec 
piano.  Il  a  en  manuscrit:  1°  Plusieurs  messes, 
sur  le  texte  polonais,  avec  accompagnement 
d'orgue.  2°  La  Cloche,  de  Schiller,  traduite 
par  Minasowicz,  en  forme  de  mélodrame. 
5°  Alpcnhorn  (le  Cor  des  Alpes),  pour  voix 
seules,  choeur  et  orchestre.  4°  Pièces  fugitives 
pour  le  piano.  5°  Chants  divers. 

SILBER  (maître  Eicharius),  imprimeur 
à  Rome,  dans  la  dernière  moitié  du  quinzième 
siècle,  parait  être  un  des  premiers  typogra- 
phes qui  ont  imprimé  de  la  musique  en  carac- 
tères mobiles,  et  avoir  précédé  de  quelques 
années  les  travaux  de  Petrucci  de  Fossom- 
brone.  Il  existe  dans  la  belle  bibliothèque  de 
Christ-Church, à  Oxford,  un  exemplaire,  peut- 
être  unique,  découvert  par  M.  le  docteur  Rim- 
banlt  (voyez  The  Musical  World,  t.  XIX, 
p.  285)  d'un  drame  intitulé  :  Hisloria  Bœ- 
tica,  sans  nom  d'auteur.  A  la  fin  du  volume, 
on  lit  :  Per  magistrum  Eucharium  Silber. 
1493,  in-fol.  Ce  volume,  dit  M.  Rimbault,  est 
terminé  par  deux  airs  et  deux  chœurs,  qui 


sont  les  plus  anciens  spécimens  de  musique 
imprimée.  S'il  entend  par  ces  paroles  des  ca- 
ractères mobiles,  son  assertion  parait  exacte, 
car  les  exemples  de  musique  du  livre  de  Bur- 
tius,  imprimé  en  1487,  sont  gravés  sur  bois 
d'une  manière  assez  grossière.  Quant  aux 
Flores  musicx  de  Hugon  de  Reullingen,  im- 
primés à  Strasbourg  en  1488.  les  exemples  de 
musique  paraissent  avoir  été  fondus  en  une 
seule  pièce  pour  chaque  portée,  et  les  carac- 
tères de  notation  gothique  y  sont  bien  faits. 

SILBERMANN,  nom  d'une  famille  célèbre 
dans  la  facture  des  instruments,  qui  a  eu  pour 
chef  André  SILBERMANN.  né  à  Frauen- 
stein,  en  Saxe,  le  19  mai  1078.  Il  était  fils  de 
Michel  Silbermann,  charpentier. S'étant  livré, 
dès  sa  jeunesse,  à  l'élude  de  la  construction 
des  orgues,  il  commença  à  voyager  en  1700, 
pour  augmenter  ses  connaissances  dans  cet 
art.  Arrivé  à  Hanau  en  1701,  il  s'y  arrêta  et  y 
travailla  quelque  temps;  puis  il  se  rendit  à 
Strasbourg,  où  il  épousa,  le  15  juin  1708, 
Anne -Marie  Schmid,  qui  le  rendit  père  de 
douze  enfants,  savoir  :  neuf  garçons  et  trois 
filles.  Huit  de  ces  enfants  moururent  en  bas 
âge.  And  ré  Silbermann  cessa  de  vivre  le  10  mars 
17ô4.  Dans  l'espace  de  vingt-sept  ans,  il  avait 
construit  trente  orgues,  depuis  son  arrivée  à 
Strasbourg.  En  voici  le  catalogue  :  1°  L'orgue 
de  l'église  Saint-Nicolas,  à  Strasbourg,  en 
1707.  2°  Celui  du  couvent  de  Sainte-Margue- 
rite, en  1700.  3°  Celui  du  temple  prosteslant 
de  Saint  Pierre,  1707.  4"  Celui  de  Marmou- 
tier  (Bas-Rhin),  1710.  5°  Celui  de  la  cathé- 
drale de  Baie,  en  1711.  0°  Un  positif  au  cou- 
vent des  Guillelmines  de  Strasbourg,  1712. 
7"  L'orgue  d'Oberenheim,  1713.  8°  Celui  de 
Giedertheim,  1715.  9°  Celui  de  la  cathédrale 
de  Strasbourg,  1716.  10°  Celui  de  l'église 
Saint-Étienne,  dans  la  même  ville,  1716. 
1 1»  Un  positif  à  Andlau  (Bas-Rhin),  en  1717. 
12u  L'orgue  du  couvent  de  la  Madelaine,  à 
Strasbourg,  1718.  13°  Un  positif  à  Ebersheim- 
mtinster  (Bas-Rhin),  1718.  14°  L'orgue  de 
l'église  Saint-Léonard,  à  Bàle,  1718.  15°  Un 
positif  à  Haguenau,  1719.  10"  Un  idem,  à 
Grendelbach,  petit  village  du  département  du 
Bas-Rhin,  1719.  17°  Un  idem,  à  Laulenbach 
(Haut-Rhin),  1719.  18°  Un  orgue  à  l'église 
Saint-Jean  de  Wissebourg,  1720.  19°  Celui  de 
Saint-Léonard,  près  d'Oberenheim,  1721. 
20°  Celui  d'Allenheim,  près  d'Offenbourg, 
1722.  21"  Un  positif  à  Rolbshcim,  1722. 
22"  L'orgue  de  l'église  des  Dominicains,  à  Col- 
mar,  1720.  23"  Celui  de  l'église  de  Saint-Guil- 
laume, à  Strasbourg,  1728.  24°  Celui  de  Bisch- 


SILBERMANN 


39 


weiler,  1729.  25°  Celui  d'Alto rf  (Bas-Rhin), 
1750.  26°  Celui  d'Ebersheimmttiister  (Bas- 
Rhin),  1731.  27°  Celui  de  l'abbaye  d<:  Kœnigs- 
briik,  près  de  Leutenheim  (Bas-Rhin),  1752. 
28"  Celui  de  l'église  de  l'hôpital,  à  Col  ma  r, 
1752.  29°  Celui  du  temple  protestant,  dans  la 
même  ville,  1732.  30°  Celui  de  Rosheim,  1733, 
dernier  ouvrage  de  cet  hahile  facteur. 

SILBERMANN  (Godefroid),  frère  puîné 
du  précédent,  né  à  Frauenslein,  le  14  janvier 
1683,  apprit  les  éléments  «le  la  facture  des  or- 
gues chez  son  frère  à  Strasbourg,  et  donna, 
dès  1714,  une  preuve  de  son  habileté  par  la 
construction  de  l'orgue  de  la  cathédrale  de 
Freyherg,  composé  de  quarante-cinq  jeux.  De 
retour  en  Saxe,  il  s'était  fixé  dans  cette  ville, 
et  y  avait  établi  des  ateliers  pour  la  construction 
des  instruments  à  clavier. Soit  qu'il  eùteucon- 
naissancedes  essais  de  Schrœter  (voyez  ce  non.) 
pour  la  construction  des  pianos,  soit  que  les 
travaux  contemporains  du  facteur  fiançais 
Marins  et  de  l'Italien  Cristofali  ou  Crislofori, 
lui  eussent  été  signalés;  soit  enfin  qu'il  eût 
trouvé  lui-même  le  principe  de  cet  instrument 
dans  letympanon,  il  est  certain  qu'il  fut  un 
des  premiers  facteurs  qui  en  fabriquèrent,  et 
que  l'invention  du  piano  lui  fut  généralement 
attribuée  en  Allemagne.  Schrœter  n'en  ré- 
clama l'honneur  qu'après  la  mort  de  Silher- 
mann.  Celui-ci,  ayant  construit  deux  de  ces 
instruments,  les  soumit  à  l'examen  de  Jean- 
Sébastien  Bach  qui,  donnant  de  justes  éloges 
à  la  nouveauté  du  mécanisme,  trouva  cepen- 
dant le  son  faible  dans  les  octaves  supérieures. 
Frappé  de  la  justesse  des  observations  de  ce 
grand  artiste,  Silbermann  se  livra  en  silence 
à  de  nouvelles  recherches,  et  cessa  de  mettre 
de  nouveaux  instruments  en  vente  jusqu'à  ce 
qu'il  eût  enfin  trouvé  le  moyen  de  leur  donner 
un  volume  de  son  plus  intense.  Après  beau- 
coup d'essais  et  de  dépenses,  il  put  enfin  faire 
essayer  un  nouveau  piano  par  J.-S.  Bach,  qui 
le  déclara  sans  défaut.  Dès  ce  moment,  les 
pianos  de  Silbermann  acquirent  de  la  célé- 
brité. Cet  habile  facteur  fut  aussi  l'inventeur, 
en  1740,  du  clavecin  d'amour,  instrument  dont 
les  cordes  avaient  une  longueur  double,  et  re- 
posaient vers  les  deux  extrémités  sur  des  che- 
valets placés  à  égale  distance,  en  sorte  qu'étant 
frappées  par  le  milieu,  elles  rendaient  un  son 
double  à  l'unisson.  Hœhnel,de  Meissen,  a  per- 
fectionné cet  instrument,  dont  les  sons  étaient 
à  la  fois  puissants  et  moelleux.  Les  orgues  prin- 
cipales construites  parSilbermann  sont  lessui- 
vantes  :  1°  L'orgue  du  château  de  Dresde,  de 
quarante-cinq  jeux.  2°  Celui  de  l'église  Notre- 


Dame,  composé  de  quarante-trois  jeux,  dans  la 
même  ville. 3°Celui  de  Sainte-Sophie;  de  trente 
et  un  jeux,  en  1722.  4"  Celui  de  Saint-Pierre,  à 
Freiberg  ,  de  trente  deux  jeux.  5"  Celui  de 
Pœnitz,  près  d'Altenbourg,  composé  de  vingt- 
sept  jeux,  en  1737.  Dans  l'espace  de  quarante- 
cinq  ans,  c'est-à-dire  depuis  1708  jusqu'en 
1753,  Silbermann  avait  construit  quarante- 
deux  orgues.  Cet  artiste  mourut  à  Dresde,  le 
4  août  1753. 

SILBERMANN  (Jean-André),  fils  aîné 
d'André,  naquit  à  Strasbourg,  le  26  juin  1712. 
Élève  de  son  père,  il  jouit  d'une  grande  célé- 
brité comme  facteur  d'orgues,  et  de  l'estime 
de  ses  concitoyens  pour  ses  qualités  sociales. 
Il  mourut  à  Strasbourg,  le  11  février  1783, 
avec  le  litre  de  membre  du  conseil  de  celle 
ville.  Jean-André  eut,  d'un  premier  mariage 
neuf  enfants,  dont  sept  moururent  en  bas 
âge.  Des  deux  fils  qui  lui  restèrent,  l'aîné 
(Jean-Josias)  fut  aussi  facteur  d'orgues,  et 
mourut  leôjuin  1786;  le  second  (Jean-André), 
qui  était  le  neuvième  de  ses  enfants,  fut  négo- 
ciant. Celui-ci  eut  deux  fils  (Jean-André  et 
Frédéric-Théodore),  dont  le  dernier  fil  ses 
études  musicales  au  conservatoire  de  Paris, 
devint  habile  violoncelliste,  et  mourut  le5juin 
1816.  Depuis  1736  jusqu'en  1782,  Jean-André 
Silbermann,  fils  d'André,  construisit  cin- 
quante-quatre orgues,  dont  les  principales  sont 
celles  de  l'église  Saint-Thomas,  de  Strasbourg, 
du  temple  neuf  de  la  même  ville,  de  la  collé- 
giale de  Colmar,  des  églises  Saint-Élienne  et 
Saint-Théodore,  à  Bâle,  etde  l'abbaye  de  Saint- 
Biaise,  dans  la  Forêt-Noire.  Ce  dernier  instru- 
ment, le  plus  considérable  de  ceux  qu'a  con- 
struits Silbermann, est  aujourd'hui  dans  l'église 
catholique  de  Carlsruhe.  Jean-André  Silber- 
mann estaussi  très-estimé  à  Strasbourg  comme 
auteur  d'une  bonne  histoire  de  celte  ville,  la- 
quelle a  pour  titre  :  Lokal-Geschichle  der 
Sladt  Strasbourg  ;  Strasbourg,  1775. 

SILBERMANN  (Jean-Daniel),  deuxième 
fils  d'André,  né  à  Strasbourg,  le  31  mars  1717, 
fut  aussi  facteur  d'orgues  distingué.  En  1751, 
il  se  rendit  à  Freyherg  auprès  de  son  oncle 
Godelïoid ,  qui  l'avait  demandé  pour  qu'il 
l'aidât  à  terminer  l'orgue  de  la  chapelle  de  la 
cour,  à  Dresde.  Après  la  mort  de  son  oncle,  il 
se  fixa  dans  cette  ville,  et  s'y  livra  avec  succès 
à  la  fabrication  des  clavecins  et  des  pianos. 
Il  mourut  à  Leipsick,  le  6  mai  1766,  avec  les 
titres  de  fadeur  d'orgues  etde  commissaire  de 
la  cour  de  Saxe.  Compositeur  de  quelque  mé- 
rite, il  a  laissé  plusieurs  ouvrages  en  manu- 
scrit. 


40 


S1LBI£RMANN  —  SI1-VA 


SILBERMANN  (Jeah-Hemu),  le  plus 
.jeune  des  fils  d'André,  naquit  à  Strasbourg,  le 
24  septembre  1727.  La  facture  des  pianos 
l'occupa  spécialement,  et  ses  instruments 
furent  les  premiers  de  ce  genre  qui  se  répan- 
dirent en  France,  où  ils  eurent  beaucoup  de 
réputation.  Il  mourut  le  15  janvier  179!),  lais- 
sant deux  fils,  dont  Painé  (Jean-Frédéric),  né 
le21  juin  17C2,etmort  le  8  mars  1817,  fut  à  la 
fois  facteur  de  pianos,  organiste  de  l'église 
Saint-Thomas,  à  Strasbourg,  et  compositeur. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  un  Hymne  à  la  paix, 
des  chansons  allemandes,  et  plusieurs  autres 
ouvrages. 

S1LBERSCHLAG  (Jean-Tsaie),  con- 
seiller du  consistoire  et  membre  de  l'académie 
des  sciences  de  Berlin,  naquit  à  Aschersleben, 
en  Prusse,  et  mourut  le  11  juillet  1790.  Au 
nombre  de  ses  écrits,  on  remarque  son  sermon 
à  l'occasion  du  nouvel  orgue  de  son  église,  in- 
titulé :  Einweihungspredigt  einer  neuen 
Orgel  in  der  Dreifultigkeitskirche;  Berlin, 
1775,  in  8". 

SILCIIER  (Frédéric),  directeur  de  mu- 
sique à  Tubingue,  est  né  le  27  janvier  1789,  à 
Schnailb,  près  de  Scborndorf,  dans  le  royaume 
de  Wurtemberg.  Dès  son  enfance,  il  montra 
d'heureuses  dispositions  pour  la  musique  et 
pour  le  dessin,  et  cultiva  ces  deux  arts  avec 
une  ardeur  égale.  Il  avait  atteint  sa  quator- 
zième année,  lorsqu'il  rencontra  enfin  un  bon 
maître  de  musique  dans  l'organiste  Auberlen, 
à  Fellbach,  près  de  Stuttgart.  Les  leçons  qu'il 
en  reçut,  et  les  progrès  qu'il  fit  pendant  ses 
séjours  à  Scborndorf  et  à  Louisbourg,  le  mi- 
rent en  état  de  s'établir  à  Stuttgart,  où  il  se 
livra  à  l'enseignement  du  chant.  En  1817,  il 
écrivit,  par  ordre  du  sénat  académique  de  Tu- 
binge,  une  cantate  pour  le  troisième  jubilé  sécu- 
laire de  la  réformation,  et  l'exécution  de  cet 
ouvrage  lui  procura  sa  nomination  de  direc- 
teur de  musique  dans  celte  ville.  Il  en  remplit 
encore  les  fonctions  (1864),  et  jouit  de  la  répu- 
tation de  musicien  instruit  et  plein  de  zèle.  La 
société  de  chant  lui  doit  sa  bonne  organisation 
et  ses  progrès.  Il  est  chargé  de  l'enseignement 
du  chant  et  de  la  musique  au  séminaire  évan- 
gélique,  et  dirige  les  concerts.  En  1825,  il  a  été 
désigné  par  le  gouvernement  pour  prendre 
part  à  la  formation  du  nouveau  livre  choral  à 
quatre  voix  pour  le  royaume  de  Wurtemberg, 
et  il  y  a  introduit  de  belles  mélodies.  Depuis 
lors  il  a  publié  le  livre  de  chant  à  trois  voix, 
dont  le  succès  a  été  considérable.  Les  princi- 
paux ouvrages  de  M.  Silcher  sont  :  1°  Six 
hymnes  à  quatre  voix;  Tubingue,  Laup.  2°  Mé- 


lodies du  livre  choral  du  Wurtemberg  à  trois 
voix,  première  et  deuxième  parties;  ibid. 
3°  Douze  canons  pour  trois  voix  de  dessus  ou 
trois  voix  d'hommes,  à  l'usage  des  écoles,  ibid. 
4°  Six  chansons  allemandes  à  quatre  voix 
d'hommes;  ibid.  5°  Douze  idem;  ibid.  6°  Deux 
suites  d'hymnes  à  quatre  voix,  à  l'usage  des 
fêtes  et  dimanches  ;  ibid.  7°  Chansons  popu- 
laires de  la  Souabe,  de  la  Thuringe  et  de  la 
Franconie  à  quatre  voix.  Plusieurs  cahiers, 
ibid.  8°  Beaucoup  de  chants  à  voix  seule  ou  à 
deux  voix,  avec  accompagnement  de  piano; 
Tubingue,  Fues.  M.  Silcher  a  en  manuscrit  des 
ouvertures  et  des  divertissements  pour  l'or- 
chestre, ainsi  que  des  cantates  d'église. 

SILPH1N  VOM  WALDE  (....),  compo- 
siteur à  Budolsladt,  y  vivait  en  1847.  Les  bio- 
graphes allemands  gardent  le  silence  sur  cet 
ar'iste;  on  sait  seulement  qu'il  a  obtenu  un 
prix  à  Manheim,  dans  cette  année,  pour  une 
ouverture  de  concert  à  grand  orchestre.  Son  ou- 
verture dramatique  intitulée  les  Gnomes  et  les 
Elfes  a  été  publiée  à  Budolstadt,  chez  Millier. 
On  connaît  aussi  de  lui  des  trios  de  salon  pour 
piano,  violon  et  violoncelle;  Manheim,  Heekel. 

SILVA  ou  SYLVA  (André  DE),  maître, 
né  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle, 
est  sans  doute  le  même  musicien  que  celui  dont 
Glaréan  a  rapporté  un  Kyrie  et  un  Hosanna  à 
trois  voix  (Dodecach.,  fol.  432  433),  sous  le 
nom  d'Andréas  Sylvanus,  et  qui  est  un  des 
interlocuteurs  du  dialogue  de  Sébastien  Vir- 
dung(l)etdes  deux  premiers  livres  de  la  .Vu- 
surgia  d'Ollmar  Nachlgall  ou  Luscinius  (2). 
Aucun  renseignement  n'a  été  découvert  jus- 
qu'à ce  joui-  sur  la  patrie  de  Silva,  ni  sur  la 
position  qu'il  occupa.  Il  n'était  pas  Français 
et  ne  s'appelait  pas  Dubois  (de  Silva),  car 
l'éditeur  Atlaingnant  de  Paris,  son  contem- 
porain, conserva  les  noms  des  compositeurs 
de  sa  nation  dans  tous  les  recueils  qu'il  pu- 
blia, et  parmi  ceux  dont  il  a  imprimé  les  ou- 
vrages figure  De  Silva  et  non  Dubois.  S'il 
était  Allemand,  on  pourraitcroire  que  son  nom 
de  famille  était  Von  Wald,  ou  que  peut-être 

(1)  Ulusica  getutscht  und  auszgezogen  durcit  Sebas- 
tianum  Virdung  l'riesteis  von  Antberg,  und  ailes  gesang 
autz  drnnoten  in  die tabulaturen  diser  [sic)  benanleud  ruer 
Instrumente*  der  Orgeln  :  der  Laulen  :  und  der  Fleetvn 
transferrieren  zu  lemen  karlzlich  gemacht,etc.  In-i"  obi. 
cinquante-six  feuillets,  sans  date  et  sans  nom  de  lieu 
(Dâle,  tbll). 

(2)  Musurgia  den  praxis  M  usine.  Illins  primo  quœ 
instrumentis  agilur  cerla  rutiu,  ab  Oltomaru  Luscinio 
Argenlino  duabus  libris  absuluta.  Ejustdem  Oltomari 
Luseinii,  de  concernas  polgphoni,  id  est  cj:  plurij'uriis 
vocibus  cotnpositi,  càtwnilus,  Libri  to'idcni,  Argentoiati 
apud  Johanneni  Scltuttum,  I  > ''11,  in-'f  obi. 


SILVA 


41 


il  élnit  né  dans  la  Forêt-Noire,  d'où  on  Pâmait 
appelé  De  Sylva,  ou  Sylvanus  (dans  la  liasse 
latinité).  Virdung  semble  en  effet  nous  con- 
duire à  cette  conjecture  dans  l'épitre  dédica- 
toire  de  son  livre,  datée  de  Bâle,  1511,  où  l'on 
voit  que  Sylvanus  était  son  ami  et  habitait  le 
même  pays  que  lui.  Il  avait  composé  un  grand 
traité  de  musique,  dont  celui  qu'il  a  publié 
n'était  qu'un  abrégé  :  «  Pour  éviter  des  frais 
»  considérables,  dit-il,  j'ai  préféré  ne  pas  pu- 
»  blier  mon  grand  livre,  et  faire  cet  extrait 
»  pour  satisfaire  au  désir  de  mon  ami  Andréas 
«  Sylvanus.  »  Oltmar  Luscinius,  qui  a  traduit 
une  partie  de  l'ouvrage  de  Virdung,  dans  sa 
Musurgia,  ne  fournit  aucun  éclaircissement 
concernant  la  personne  de  Sylva  ou  Sylvanus. 
Outre  les  deux  morceaux  conservés  par  Gla- 
réan,  on  trouve  des  compositions  d'André  de 
Sylva  dans  les  recueils  dont  voici  les  titres  : 
1"  Motetti  de  la  Corona,  libro  primo;  im- 
pression Forosempronii  per  Octavianum 
Petrulium,  1514,  petit  in-4°  obi.  2°  Motetti 
del  Frutlo  aseivoci,  liber  primus  (sic)  3  in 
Fenetia  nella  stampa  d'Antonio  Gardane, 
1539,  in-4°.  3"  Selectissimx  neenon  familia- 
rissimx  cantioties  ultra  centum  etc.;  a  sex 
iisque  adduas  voees  ;  Auguslœ  Findelicorum, 
Melchior  Kriesstein  excudebat,  1540,  petit 
in-4°  obi.  4°  Tomus  secundus  Psalmornm  se- 
lectorum  quatuor  et  quinque  vocibus;  No- 
rimbergx ,  apud  Jo.  Pelreium,  1539,  petit 
in-4°  obi.  5"  Liber  terlius  :  Viqlnti  musi- 
cales quinque,  sex,  vel  octo  vocum  motetos 
habet,  etc;Parisiis  in  vico  Cithare  apud  Pe- 
trum  Attuingnant,  1534,  petit  in-4°  obi. 
G°  Liber  quartus  idem;  ibid.,  1534.  G0  Liber 
duodecimus  idem;  ibid.,  1535.  7°  Motetti  del 
Fiore.  Liber  primus  cum  quatuor  vocibus; 
Lugduni  per  Jacobum  Modernum,  1532, 
petit  in-4"  obi.  8°  Selectissimarum  Sacrarum 
cantionum  quas  vulgo  Moteta  vocant  Flores, 
trium  vocum.  Lovanii,  ex  Typographia 
Pétri  Phalesii,  15G9,  in-4°.  Jean-Georges 
Schielen  (in  Bibliolh.  enucleata,  p.  328)  et 
Gesner  (in  Pandect,  I.  VII,  tit.  VI,  fol.  83), 
attribuent  à  Sylvanus  un  Compendium  mu- 
sicale, mais  n'indiquent  pas  si  l'ouvrage  est 
imprimé. 

SILVA  ou  SYLVA  (le  Père  Manuel-Nunes 
DA),  jésuite,  né  à  Lisbonne,  en  1678,  fut 
d'abord  maître  de  chapelle  de  l'église  Sainte- 
Catherine,  île  cette  ville,  puis  directeur  du 
chœur  de  l'église  paroissiale  de  Sainle-Marie- 
Madeleine,  eten  dernier  lieu  maître  de  chapelle 
de  la  collégiale  royale  de  Notre-Dame  de  la 
Conception.  Il  occupait  celle  dernière  position 


en  1725.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Arte 
Minima,  que  coin  semi-brève  prolacia m  trata 
em  tempo  brève,  os  modos  de  Muxima,  et 
longa  sciencia  da  Musica;  Lisbonne,  Ant.  81a- 
ncscal,  1725,  un  volume  in-4°.  Ce  titre  est  un 
jeu  de  mots  sur  les  noms  des  signes  «le  l'an- 
cienne notation  mesurée,  à  savoir:  la  minime, 
la  semi-brève,  la  brève,  la  longue,  la  maxime, 
les  prolations,  les  temps  et  les  modes.  La  si- 
gnification de  ce  rébus  est  que  l'ouvrage  ensei- 
gnera en  peu  de  temps  l'art  de  la  musique,  qui, 
par  lui-même,  est  difficile  et  exige  de  longues 
études.  Ce  livre,  dédié  à  la  Vierge  Marie,  est  di- 
visé en  trois  parties  qui  ont  une  pagination  par- 
ticulière chacune.  La  première  est  relative  à  la 
solmisation,  à  la  notation  proportionnelle  et 
aux  éléments  du  contrepoint;  la  seconde  ren- 
ferme un  traité  de  plain-chant  (canto  cliao); 
dans  la  troisième  se  trouve  l'analyse  de  toutes 
les  parties  de  la  musique.  Les  exemplaires  de 
cet  ouvrage  se  trouvent  difficilement,  même 
en  Portugal. 

SILVA  (Jean  DE),  écrivain  napolitain, 
n'est  connu  que  par  un  éloge  du  compositeur 
Caffaro,  intitulé  :  Elogio  di  Pasquale  Caf- 
faro,  detto  Caffarelli;  Naples,  1788. 

SILVA  (Poll  DE),  compositeur,  est  né  le 
28  mars  1834,  à  Saint-Esprit,  près  de  Bayonne 
(Basses-Pyrénées).  Fils  d'un  négociant,  il  fit 
ses  premières  éludes  musicales  sous  la  direc- 
tion de  sa  mère  et  de  sa  grand'mèrc,  qui 
avaient  été  élèves  des  maîtres  les  plus  distin- 
gués de  Paris.  Dès  l'âge  de  sept  ou  huit  ans, 
il  était  déjà  initié  à  la  connaissance  des  œuvres 
classiques  des  meilleurs  compositeurs  et  s'es- 
sayait à  écrire  de  petites  choses  sans  aucune 
notion  des  lois  de  l'harmonie.  Sa  famille 
s'étant  établie  à  Bordeaux,  il  reçut  alors  des 
leçons  de  composition  d'un  Allemand,  ancien 
chef  d'orchestre,  nommé  Funck,  et  lut  avec 
avidité  quelques  bons  traités  d'harmonie  et  de 
contrepoint.  Arrivé  à  Paris  en  1854,  il  y  prit 
quelques  leçons  de  Turhri  (voyez  ce  nom)  pour 
la  composition  :  Halévy,  à  qui  il  soumit  plu- 
sieurs de  ses  ouvrages,  les  approuva  et  voulut 
faire  entrer  M.  de  Silva  dans  sa  classe,  au 
Conservatoire;  mais  ce  jeune  artiste  ne  put 
jouir  de  cet  avantage,  parce  que  sa  mauvaise 
vue,  qui  va  presque  jusqu'à  la  cécité,  ne  lui 
permet  pas  une  application  suivie.  Les  ou- 
vrages publiés  par  M.  de  Silva  sont  :  1°  Deux 
romances  sans  paroles  pour  violon  ou  violon- 
celle; Paris,  Benacci.  2°  La  Ronde  des  lutins, 
caprice  pour  piano;  Paris,  Girod.  3"  Polo- 
naise pour  piano;  ibid.  4"  Invocation  pour 
piano,    harmonium,    violon    cl    violoncelle; 


42 


SILVA  —  SIMON 


Paris,  Alexandre.  5°  La  Chasse  aérienne, 
rondo  scherzo  pour  piano;  Paris,  Flaxland. 
6°  Quarante  mélodies  et  nocturnes  pour  chant; 
Paris,  Richault.  7°  Prière  à  la  Vierge,  à  trois 
voix  de  femmes;  ibid.  8°  Douze  pensées  mu- 
sicales pour  piano,  divisées  en  quatre  cahiers; 
ibid.  M.  de  Silva  a  en  manuscrit  trois  opéras, 
dont  un  est  reçu  à  l'Opéra-Comique;  plusieurs 
quintettes,  quatuors,  trios  et  duos  pour  piano 
et  instruments  à  archet;  deux  symphonies 
pour  l'orchestre;  une  ouverture  idem;  une 
barcarolle  idem;  plusieurs  chœurs  avec  or- 
chestre; musique  religieuse,  etc. 

SILVANI  (Joseph -Antoine),  compositeur 
de  l'école  de  Bologne  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  était,  en  1720,  maître  de 
chapelle  à  l'église  Saint-Étienne  de  Bologne. 
Il  y  publia  alors  un  recueil  de  quatre  messes  à 
quatre  .voix,  avec  deux  violons  et  orgue.  Cet 
ouvrage  est  indiqué  comme  l'œuvre  onzième 
de  cet  auteur;  les  autres  productions  de  cet 
artiste  sont:  1°  Litanie  concertatea  4  vnci  con 
violini  e  senza,  op.  1  ;  Bologne,  Ma  ri  no  Si  1- 
v  ani  .2"  Lnni  sacri  per  tutto  V anno  7a voce  soin , 
con  violini,  op.  2;  ibid.,  1702.  5°  Sacri  Bcs- 
ponsori  délia  seltimana  santa  a  4  voci,  op.  5; 
ibid.,  1704.  4°  lnni  sacri  per  tutto  Vanrio  a 
4  voci,  op.  4;  ibid.,  17015.  5°  Tre  Misse  so- 
lenne  a  4  voci  con  organo,  op.  5  ;  ibid.,  ]70'k 
G"  Stabat  Mater,  Benedictus ,  Miserere,  Le 
tre  Alleluya  con  il  tratto  del  Sabbato  sanlo  a 
otto  voci.  op.  0;  Bologne,  1708.  7"  Messe  a 
quattro  voci  con  organo,  op.  7;  ibid.,  1709. 
8"  Motetti  a  otto  voci  pieni,  con  il  Respon- 
sorio  di  Santo  Antonio,  op.  8;  Bologne,  par 
les  héritiers  de  Silvani,  1711.  9"  Motetti  con 
le  quattro  Antifone  délia  B.  F.  a  voce  sola, 
op.  9.  10"  Motetti  a  2  e  3  voci  con  violini  e 
senza,  op.  10  ;  ibid.,  1716.11° Sacri  Lamen 
tasioni  délia  settimana  santa  a  voce  sola, 
op.  13;  Bologne,  chez  l'auteur,  1720.  12°  Se- 
condo  libro  délie  litanie  délia  Beata  Firgine 
a  4  voci  concertait' ,  con  violini  e  ripieni, 
op.  14;  ibib.,  17215.  13u  Cantate  morali  e 
spirituali  a  1,  2  e  3  voci;  ibid.,  1727.  Silvani 
a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Quatre  messes  à 
quatre  voix  avec  orgue.  2°  Trois  messes  solen- 
nelles à  quatre  voix,  avec  orchestre. 

SILVESTARI  (Flobimond),  compositeur, 
né  à  Crémone,  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  ou- 
vrage intitulé  :  Cantiones  sacrx  2,  3  et  4  vo- 
cum:  Fenetiis, apud Ficentinum,1649,\n-4°. 
SIMON  ou  SYMON  (Maîtke),  d'Ypres, 
était,  en  1303,  chef  des  ménétriers  de  celle 
ville,  et  tenait  une  école  de  musique,  suivant 


le  registre  des  maîtrises  existant  aux  archives 
d'Ypres. 

SIMON  (Simon),  claveciniste  et  composi- 
teur, naquit  aux  Vaux-de-Cernay,  près  de 
Rambouillet,  vers  1720.  A  l'âge  de  sept  ans, 
il  fut  envoyé  près  de  Butel,  son  oncle,  orga- 
niste d'une  abbaye  près  de  Caen,  qui  lui  donna 
les  premières  leçons;  mais  il  dut  surtout  à  la 
protection  de  la  marquise  delà  Mésangère  et 
de  M.  de  Saint-Saire,  et  aux  leçons  de  clavecin 
et  de  musique  qu'ils  lui  donnèrent, ses  progrès 
el  sa  fortune.  Arrivé  à  Paris,  il  y  prit  des  le- 
çons de  composition  de  Dauvergne.  Trois  livres 
de  pièces  de  clavecin  qu'il  publia  le  firent  con- 
naître avantageusement,  et  lui  firent  obtenir 
la  survivance  de  la  charge  de  maître  de  cla- 
vecin descnfantsdeFrancc,dontil  fut  titulaire 
après  la  retraite  de  Le  Tourneur.  Louis  XV 
lui  accorda  plus  tard  le  brevet  de  maître  de 
clavecin  de  la  reine  et  de  la  comtesse  d'Artois. 
Simon  vivait  encore  à  Versailles  en  1780. 

SIMON  (Jean-Gaspard),  très-bon  orga- 
niste, fut  directeur  de  musique  et  cantor  à 
Nordlingue,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Il  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Leichte 
Pra'ludia  und  Fugen  auf  die  Orgcl  oder  das 
Clavier  durch  die  sieben  Durtœne.  Erster 
Theil  (Préludes  et  fugues  faciles  pour  l'orgue 
ou  le  clavecin,  dans  les  sept  tons  majeurs. 
Première  partie);  Augsbourg,  1750.  La 
deuxième  partie  de  cet  œuvre  contient  les  pré- 
ludes et  fugues  dans  les  tons  mineurs.  2°  Ge- 
iniithsvergnugende  musikalische  l\rebenstun- 
den  ,  in  Galanteriestiicken  auf  Klavier 
(Délassement  musical  de  l'esprit,  consistant 
en  pièces  galantes  pour  le  clavecin).  Première 
et  deuxième  parties;  ibid.  3°  Musikalisches 
ABC  in  kleinen  Fugetten  fur  die  Or  gel, 
nebst  einigen  Fersetten  (\  B  C  musical,  qui 
consiste  en  petites  fugues  pour  l'orgue,  avec 
quelques  versets)  :  ibid.,  1754,  in-4°.  4° Erster 
Fersnch  einiger  variirlen  und  fugirten 
Chorale  (Premier  essai  de  quelques  chorals 
variés  el  fugues);  ibid.  Je  possède  en  manu- 
scrit des  pièces  d'orgue  d'un  très-bon  style, 
composées  par  Simon. 

SIMON  (Jean  Godefroid),  musicien  alle- 
mand, fut  attaché  à  la  musique  de  l'électeur 
de  Saxe,  vers  1764.  Précédemment,  il  était 
hautboïste  dans  la  musique  de  la  garde  du  roi 
de  Pologne.  Également  habile  sur  le  hautbois, 
la  viole  et  le  violon,  il  a  laissé  en  manuscrit 
quelques  compositions  pour  ces  instruments; 
entre  autres,  dix-huit  duos  pour  deux  violons 
cjui  se  trouvaient,  en  1780,  chez  Breilkopf,  à 
Leipsick. 


SIMON  —  SIMONOFF 


43 


SIMON  (Louis-Victor),  né  à  Melz,  vers  le 
milieu  du  dix-liuilième  siècle,  vécut  à  Paris, 
et  s'y  fit  connaître,  en  1790,  par  la  chanson, 
H  pleut,  il  pleut,  bergère,  dont  les  paroles 
étaient  «le  Fabre  d'Eglanline,  et  qui  obtint  un 
succès  populaire  longtemps  prolongé.  Devenu 
premier  violon,  puis  administrateur  du  théâtre 
Montansier,  en  1796,  Simon  garda  ces  posi- 
tions jusqu'à  la  clôture  forcée  de  ce  théâtre, 
en  1807.  Il  fit  représenter  au  théâtre  Montan- 
sier,  en  1797,  un  opéra-comique  intitulé  :  La 
double  Récompense,  dont  il  avait  fait  le  livret 
et  la  musique.  On  connaît  aussi  sous  son  nom  : 
1°  Recueil  d'airs  et  chansons,  avec  accompa- 
gnement de  clavecin  ;  Paris,  1789.  2"  Six  duos 
pour  deux  violons,  op.  2  ;  Paris,  1796. 

SIMON  (C.-A.),  professeur  et  éditeur  de 
musique  à  Posen,  en  Pologne,  y  est  établi  de- 
puis 1806. Les  biographies  allemandes  ne  four- 
nissent pas  de  renseignements  sur  sa  personne. 
On  connaît  de  lui  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Anweisung  zum  Generalbass  (Inlvoduclion 
à  la  basse  continue);  Posen, Simon.  Il  y  a  deux 
éditions  de  cet  ouvrage,  qui  est  écrit  en  alle- 
mand et  en  polonais.  2°  Nanka  grania  na 
Organach  (Éléments  de  l'art  de  jouer  de  l'or- 
gue); ibid.,  in-4°,  en  polonais. 

SIMON  (Jean-Henri),  compositeur  et  né- 
gociant, né  à  Anvers,  en  179ô,  fit  ses  éludes 
musicales  dans  cette  ville,  puis  se  rendit  à 
Paris  et  y  reçut  des  leçons  d'harmonie  et  de 
composition  de  Catel  et  de  Lesueur.  De  retour 
à  Anvers,  il  partagea  son  temps  entre  les  af- 
faires et  la  musique,  qu'il  cultiva  toujours  avec 
amour.  Il  jouait  bien  du  violon  et  composait 
avec  facilité.  Des  revers  de  fortune  altérèrent 
sa  santé  et  le  mirent  dans  une  situation  gênée 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours.  Il  est  mort  à  An- 
vers, le  10  février  1861,  laissant  en  manuscrit 
trois  messes  avec  orchestre,  des  symphonies, 
des  chœurs  et  des  cantates  qui  ont  été  exé- 
cutés dans  les  églises  et  dans  les  concerts  de 
sa  ville  natale. 

SIMONELLI (Mathieu),  chapelain  chantre 
de  la  chapelle  pontificale,  naquit  à  Rome,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  et  fut  agrégé 
à  celle  chapellele  15  décembre  1662.  Grégoire 
Allegri  fut  son  premier  maître  de  composition, 
puis  il  passa  dans  l'école  d'Horace  Benevoli. 
L'étude  que  Simonclli  avait  faite  des  ouvrages 
de  Paleslrina  lui  fut  si  profitable,  qu'on  le  sur- 
nomma le  Palestrina  du  dix-septième  siècle, 
à  cause  de  l'élégante  et  suave  simplicité  de  son 
style  dans  la  musique  d'église.  Il  fut  maître  de 
chapelle  de  plusieurs  églises  à  Rome.  Ce  compo- 
siteur  a   laissé  en    manuscrit   beaucoup   de 


psaumes,  de  motels  et  de  messes,  qui  se  trou- 
vent en  manuscrit  dans  les  archives  de  la  cha- 
pelle pontificale,  où  l'on  exécute  encore  plu- 
sieurs de  ses  ouvrages,  entre  autres  le  motet  : 
Cantemus  Domino  gloriose  enim  magnifica- 
tus  est,  à  six  voix,  pour  le  quatrième  dimanche 
du  carême.  L'abbé  Santini,  de  P.ome,  possède 
de  Simonelli  plusieurs  motels  à  quatre  et  à 
cinq  voix,  les  motets  à  six  voix  Cantemus 
Domino,  et  Ecce  sacerdos,  un  Victimx  pas- 
chali  à  quatre,  et  un  Stabat  mater  à  cinq 
voix,  avec  deux  violons  et  orgue.  Le  portrait 
de  Simonelli,  gravé  à  l'eau-forle,  se  trouve 
dans  le  livre  d'Adami  de  Bolsena,  intitulé  : 
Osservazioni  per  ben  regolare  il  coro  délia 
cappella  pontificia  (p.  208).  L'élève  le  plus 
distingué  de  ce  savanl  musicien  fut  Corelli. 

SIMONET  (François),  fils  d'un  choriste 
de  la  chapelle  du  roi,  fut  d'abord  musicien  au 
régiment  des  gardes  françaises,  puis  premier 
cor  du  Théâtre-Français,  en  1793.  Il  a  fait 
graver  de  sa  composition  :  1°  Six  duos  pour 
deux  bassons,  op.  1  ;  Paris,  1791.  2°  Six  duos 
pour  cor  en  fa  et  clarinette  en  ut;  ibid. 
3"  Trois  trios  pour  clarinette,  cor  et  basson; 
ibid.  4°  Suite  de  morceaux  du  Jockey,  pour 
ileux  flûtes,  deux  clarinettes,  deux  cors  et  deux 
bassons;  ibid.  5"  Six  trios  pour  trois  cors, 
op.  10;  Paris,  Imbaull.  Simonet  vivait  encore 
à  Paris  en  1803. 

SIMO^ETTO  (Léonard),  chanteur  de  la 
chapelle  de  Saint-Marc,  à  Venise,  vécut  au 
commencement  du  dix-seplième  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  un  recueil  de  motels  de  sa  com- 
position sous  ce  titre  :  Ghirlanda  sacra  di 
motetti  ;  Venise,  1613,  in-4".  On  trouve  aussi 
quelques-unes  de  ses  compositions  pour  l'église 
à  la  fin  du  recueil  d'Alexandre  Grandi,  inti- 
tulé :  Celesti  fiori,  etc.  ;  Venise,  1619,  in-4°. 

SIMONIN,  roijez  POLLEÏ  (Marie-Ni- 
cole SIMONIN). 

SIMONIS  (Ferdinand),  compositeur,  né  à 
Parme,  en  1773,  eut  pour  maître  de  violon 
Rolla,  et  Lanfranchi  lui  enseigna  à  jouer  du 
piano;  puis  il  étudia  le  contrepoint  sous  la 
direction  de  Ghiretti,  et  le  chant  dans  l'école 
deFortunati.  Ses  études  terminées,  il  obtint 
la  place  d'accompagnateur  au  piano  et  de  di- 
recteur de  musique  au  théâtre  de  sa  ville  na- 
tale. Il  a  écrit  la  musique  de  plusieurs  ballets, 
quelques  messes,  et  des  morceaux  de  musique 
vocale  et  instrumentale,  dont  plusieurs  ontété 
publiés  à  Parme.  Simonis  est  mort  dans  cette 
ville,  en  1837. 

SIMONOFF  (...),  professeur  à  l'université 
de  Kazan,    et   membre    de    l'Académie    des 


44 


SIMONOFF  —  SIMONS-CANDEII.LE 


sciences  de  Pétersbourg,  esl  auteur  d'un  opus- 
cule relatif  à  la  théorie  mathématique  (le  la 
musique,  intitulé  :  Mémoire  sur  les  séries 
des  nombres  aux  puissances  harmoniques; 
Kazan,  1832,  in-4°  de  trente-deux  pages. 

SUIONS  CANDETLLE  (Amélie-Julir), 
on  dernier  lieu  madame  PEI11E,  naquit  à  Pa- 
ris, le  31  juillet  1767.  Elle  élait  fille  de  Pierre- 
Joseph  Candeille  (voyez  ce  nom).  Élève  de  son 
père,  elle  débuta  au  Concert  spirituel  à  l'âge 
«le  treize  ans,  et  se  fit  applaudir  comme  can- 
tatrice, harpiste,  pianiste  et  compositeur,  dans 
une  cantate  et  dans  un  concerto  qui  lui  étaient 
attribués,  mais  où  son  père  avait  eu  la  plus 
grande  part.  Éblouis  parce  succès,  les  parents 
de  mademoiselle  Candeille  la  destinèrent  au 
théâtre:  elle  parut  pour  la  première  Ibis  sur 
celui  de  l'Opéra,  an  mois  d'avril  1782,  dans  le 
rôle  (VJphigénie  en  Aulide,  de  Gluck,  et  fut 
immédiatement  reçue.  L'année  suivante,  elle 
joua  Sangaride  dans  Atgs,  opéra  de  Piccinni. 
On  rapporte  diversement  la  cause  qui  lui  fit 
quitter  l'Opéra  au  milieu  de  ses  succès;  quelle 
qu'elle  soit,  il  est  certain  qu'elle  se  relira  en 
1783.  La  situation  de  sa  famille, après  queson 
père  eut  perdu  son  emploi  au  même  théâtre, 
l'obligea  à  remonter  sur  la  scène,  mais  elle 
choisit  le  Théâtre-Français,  où  les  conseils  de 
Mole  guidèrent  ses  premiers  pas.  En  1785,  elle 
débuta  dans  Hermione  d' A ' ndromaque ,  puis 
joua  Roxane  dans  Bajazet,  et  Aménaïde  dans 
Tancrède. Bien  qu'elle  eut  l'ait  peu  de  sensa- 
tion d3ns  ces  rôles,  la  protection  du  baron  de 
Brcleuil  la  fit  recevoir  an  nombre  des  socié- 
taires à  quart  de  part.  Il  n'appartient  point  à 
ce  dictionnaire  d'entrer  dans  les  détails  de  sa 
carrière  dramatique  ;  je  dirai  seulement  qu'elle 
fit  représenter,  le  27  décembre  1792,  sa  comé- 
die intitulée  la  Belle  Fermière,  où  elle  jouait 
le  rôle  principal,  et  chantait  deux  airs  et  un 
vaudeville  de  sa  composition,  s'accompagnant 
tour  à  tour  sur  le  piano  et  sur  la  harpe.  Ba- 
Ihilde,  autre  comédie  qu'elle  fit  jouer  le  1 G  sep- 
tembre 1793,  lui  fournit  l'occasion  de  se  faire 
entendre  dans  un  duo  de  piano  et  violon  avec 
Baptiste  aîné.  Retirée  du  Théâtre-Français  en 
1790,  mademoiselle  Candeille  visita  la  Hol- 
lande et  la  Belgique,  et  y  donna  des  représen- 
tations et  des  concerts.  Arrivée  à  Bruxelles, 
elle  y  fit  la  connaissance  de  Simons,  carrossier 
en  renom  dont  les  ouvrages  étaient  recherchés 
dans  toute  l'Europe  :  il  devint  éperdument 
amoureux  d'elle,  et  l'ayant  revue  àParis,  l'an- 
née suivante,  il  l'épousa  en  1798.  La  fortune, 
qu'elle  crut  avoir  fixée  alors,  n'était  pourtant 
pas  aussi  solide  qu'elle  l'avait  imaginé,  car  le 


départ  de  la  cour  de  Bruxelles,  et  l'émigration 
de  toute  la  noblesse  du  pays,  à  l'époque  de  l'in- 
vasion de  la  Belgique  par  l'armée  française, 
avaient  jeté  du  désordre  dans  les  affaires  de 
Simons,  et  quand  madame  Simons-Candeille 
vint  prendre  possession  de  sa  nouvelle  maison, 
ce  fut  pour  en  voir  préparer  la  faillite,  qui 
s'accomplit  en  1802.  Les  événements  ne  se 
passèrent  pas  tout  à  fait  comme  ils  sont  rap- 
portés dans  h\  Biographie  des  contemporains 
et  dans  le  supplément  de  la  Biographie  uni- 
verselle; mais  il  esl  certain  que  madame  Si- 
mons ne  montra  pas,  dans  celle  catastrophe, 
l'avidité  dont  elle  a  été  accusée  par  les  fils  de 
son  mari. 

De  retour  à  Paris,  et  séparée  de  son  époux 
par  un  consentement  mutuel,  madame  Simons 
se  réunit  à  son  père,  et  se  fit  institutrice  pour 
lui  donner  du  pain.  Pendant  dix  ans,  elle 
donna  des  leçons  de  musique  et  de  littérature. 
Le  souvenir  de  son  ancien  succès  de  la  Belle 
Fermière  lui  lit  espérer  aussi  qu'elle  pourrait 
trouver  des  ressources  au  théâtre;  mais  l'essai 
qu'elle  en  fil,  en  1807,  dans  l'opéra-comique 
en  deux  actes  intitulé  Ida  ou  l'Orpheline  de 
Berlin,  dont  elle  avait  fait  la  musique  et  le 
livret,  lui  ôla  ses  illusions.  L'ouvrage  fut  sifflé 
et  n'eut  que  cinq  ou  six  représentations.  Une 
dernière  tentative  faite  dans  un  drame  repré- 
senté au  Théâtre-Français,  eu  1808,  ne  fut  pas 
plus  heureuse,  et  dès  ce  moment,  madame  Si- 
mons cessa  de  travailler  pour  le  théâtre  et 
composa  des  romans,  qui  furent  mieux  accueil- 
lis du  public.  Napoléon,  qui  n'aimait  pas  les 
femmes  auteurs,  lui  avait  refusé  des  secours; 
elle  trouva  plus  de  bienveillance  dans  la  fa- 
mille royale  des  Bourbons.  Pendant  les  cent 
jours,  elle  se  réfugia  à  Londres  et  y  donna  des 
concerts  où  Violli,  Cramer  et  Lal'ont  se  firent 
entendre;  ils  lui  procurèrent  d'abondantes 
receltes.  De  retour  à  Paris,  elle  recul  le  brevet 
d'une  pension  pour  elle  el  pour  son  père,  et 
peu  de  temps  après,  le  roi  Louis  XVIII  lui  en 
accorda  une  antre  de  deux  mille  francs  sur  les 
fonds  de  la  liste  civile.  Veuve  de  Simons,  au 
mois  d'avril  1821 ,  elle  épousa  l'année  suivante 
Périé,  peintre  médiocre,  qui,  par  les  démarches 
actives  de  sa  femme,  obtint  la  place  de  direc- 
teur du  musée  et  de  l'école  de  dessin  de  Nimes. 
Madame  Périé-Candeille  suivit  son  mari  dans 
celle  ville,  en  1827.  Frappée  d'une  attaque 
d'apoplexie  en  1831,  au  moment  ou  elle  allait 
faire  la  lecture  d'un  ouvrage  achevédepuis  peu 
de  jours,  elle  ne  se  rétablit  qu'avec  peine; 
mais  la  mort  imprévue  de  son  mari,  en  1833, 
lui  causa  une  rechute  qui  ne  laissa  plus  d'es- 


SIMONS-CANDEILLE  —  SIMPSON 


43 


poip.  Transportée  à  Paris,  où  elle  arriva  an 
mois  de  décembre,  elle  languit  quelque  temps 
et  mourut  le  4  février  1854,  dans  la  maison  de 
santé  de  M.  Marjolin.  Ainsi  finit  la  carrière 
agitée  d'une  femme  qui,  par  ses  talents,  aurait 
pu  en  espérer  une  plus  heureuse. 

Comme  musicienne,  elle  mérite  moins  d'être 
mentionnée  pour  son  Ida,  malencontreux 
opéra -comique  où  il  y  avait  peu  de  mérite,  que 
pour  quelques  œuvres  de  sonates  de  piano  et 
les  romances  qu'elle  a  publiées.  En  1788,  elle 
fit  paraître  trois  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, op.  1,  à  Paris,  chez  Leduc.  Cet  ou- 
vrage Tut  suivi  de  ceux-ci  :  Sonale  pour  piano 
à  quatre  mains,  op.  2;  Paris,  Naderman.  So- 
nale pour  deux  pianos,  op.  5;  Paris,  Cousi- 
neau.  Deux  sonates  pour  piano  seul,  op.  4; 
Paris,  madame  Joly.  V Enfant  fidèle,  petite 
fantaisie  pour  les  élèves;  Paris,  Pacini. 
Grande  sonate  pour  piano  seul,  op.  6;  Paris, 
Momigny.  Variations  sur  un  thème  portu- 
gais ;  Paris,  Pacini.  Grande  fantaisie  suivie  de 
variations  sur  l'air  :  Trempe  ton  pain,  ibid. 
Beaucoup  de  romances  détachées,  dont  quel- 
ques-unes ont  eu  du  succès.  Les  airs  de  la  Belle 
Fermière,  avec  accompagnement  de  piano  ou 
harpe  ;  Paris,  Leduc. 

SIMPSON  (Thomas),  musicien  anglais,  et 
violiste  de  la  chapelle  du  prince  de  Holslein- 
Schaumbourg,  vers  1615,  a  publié,  en  Alle- 
magne, les  ouvrages  suivants  :  1°  Opusculum 
neuer  Pavanen,  Galliarden,  Courantenund 
Folten,  etc.  ;  Francfort,  1610,  in-4°.  2"  Ta- 
fel-Cunsort  (conzerl),  allerhand  lustige  Lie- 
der  von  4  Inslrumenten  und  General-bass; 
Hambourg,  1621,  in  4".  Outre  les  composi- 
tions de  Simpson,  cet  œuvre  conlientdes  pièces 
de  Jean  Grabbe,  P.  Philippi,  Jean  Dowland, 
Christ.  Tœpffer,  Nie.  Bleyer,  Maurice  Web- 
ster, Jean  Kroschpn,  Alex.  Chezam,  Ro- 
bert Johnson, Ed.  Johnson  et  Joseph  Sherley. 
ô"  Pavanen,  Folten  und  Gaillarden;  Franc- 
fort, 1611,  in-4°. 

SIMPSON  (Christophe),  violiste  habile  et 
bon  musicien  anglais  du  dix-septième  siècle, 
naquit  vraisemblablement  vers  1610,  dans  la 
religion  catholique,  et  parait  avoir  été  attaché 
dans  sa  jeunesse  à  quelque  chapelle,  peut-être 
même  à  celle  du  roi  Charles  Ier,  car  il  prit 
parti  pour  ce  prince,  et  servit  comme  soldat 
dans  l'armée  royale  commandée  parle  duc  de 
Newcastle  contre  le  parlement.  Sa  préface  de 
la  deuxième  édition  de  son  traité  de  la  viole, 
publiée  longtemps  après,  exprime  des  plaintes 
amères  contre  la  malheureuse  situation  où 
l'usurpation  de  Cromwell  l'avait  réduit,  ainsi 


que  beaucoup  d'autres  musiciens  anglais. 
Après  la  défaite  des  royalistes,  sir  Robert 
Bolles,  personnage  distingué  de  ce  parti,  donna 
un  asile  au  pauvre  Simpson  dans  son  hôtel 
pendant  tout  l'interrègne,  et  le  chargea  de 
l'éducation  musicale  de  son  fils  (John  Bolles), 
qui  devint  l'amateur  le  plus  habile  de  son 
temps  sur  la  basse  de  viole,  et  mourut  en  1676, 
à  Rome,  où  il  fut  inhumé  au  Panthéon.  Après 
la  restauration,  Simpson  ayant  recouvré  quel- 
ques avantages  à  la  cour,  se  retira  dans  une 
petite  maison  du  quartier  de  Holborn,  à  Lon- 
dres, et  y  mourut  entre  les  années  1667  et 
1670,  époques  où  parurenlles  deux  premières 
éditions  de  son  Compendium  de  musique;  il 
publia  la  première,  mais  il  ne  vivait  plus  quand 
la  deuxième  fut  mise  au  jour. 

Simpson  avait  écrit,  pour  l'instruction  de 
son  élève  John  Bolles,  un  traité  de  la  basse  de 
viole,  concernant  particulièrement  les  traits 
lapides  et  ornements  alors  en  usage,  appelés 
divisions  en  anglais;  plus  tard,  it  publia  cet 
ouvrage  sous  ce  litre  :  The  Division-  Fiolist , 
or  an  Introduction  to  the  plaging  upon  a 
ground.  Divided  in  tico  parts,  thefirst,  di- 
recting  the  hand,  with  other  preparative 
instructions;  the  second  iaying  open  the 
manner  and  melhqd  ofplaying,  or  compo- 
sing  division  lo  aground  (Le  violiste-impro- 
visateur, ou  introduction  à  l'art  de  jouer  sur 
un  thème,  etc.);  Londres,  John  Play  lord,  1659, 
in-fol.  de  soixante-sept  pages.  Une  deuxième 
édition,  avec  une  traduction  latine  faite  par 
un  certain  William  Murth,  fut  ensuite  pu- 
bliée sous  le  litre  de  :  Chelys  minuritionum 
artificio  exornata,  sive  minnritinnes  ad  Ba- 
sin,  etiam  extempore  modulandi  ratio.  In 
très  parles  distributa,  or  the  Division-Viol  ; 
Londres,  1667,  un  volume  in-folio.  Elle  est 
imprimée  sur  deux  colonnes,  dont  l'une  con- 
tient le  texte  anglais,  et  l'autre  la  traduction 
latine.  Simpson  était  lié  d'amitié  avec  les  plus 
célèbres  musiciens  anglais  de  son  temps,  par- 
ticulièrement avec  John  Jenkins,  Charles  Col- 
man  et  Mathieu  Locke,  qui  qualifient  son  livre 
^excellent  dans  des  pièces  de  vers  placées  en 
tête  de  cet  ouvrage.  On  peut,  en  effet,  le  con- 
sidérer comme  le  meilleur  qui  ait  été  fait  sur 
le  même  sujet. 

En  1665,  Simpson  fit  paraître  aussi  un  livre 
élémentaire  sur  la  musique,  intitulé  :  A  Com- 
pendium, or  Introduction  to  practical  mu- 
sic  (Abrégé,  ou  introduction  à  la  musique  pra- 
tique); Londres,  John  Playford,  1665,  petit 
in-8".  L'ouvrage  est  divisé  en  cinq  parties, 
dont  la   première  traite  des   principes  de  la 


46 


SIMPSON  —  SINGER 


musique  et  du  solfège;  la  seconde,  du  contre- 
point ;  la  troisième,  de  l'usagedes  dissonances  ; 
la  quatrième,  des  formes  de  la  composition, 
et  la  dernière,  des  canons.  La  deuxième  édition 
fut  publiée  en  1670,  la  troisième  en  1678,  la 
quatrième  en  1706,  la  cinquième  en  1715,  la 
sixième  en  1721  ;  toutes  imprimées  à  Londres, 
in-8°.  Je  possède  un  exemplaire  de  la  huitième 
édition  du  même  ouvrage,  publiée  à  Londres, 
chez  W.Pearson,en  1752,  in  8".  Lesanciennes 
clefs  d'u<  sont  remplacées  dans  cette  édition 
par  les  clefs  de  sol  et  de  fa,  et  les  anciennes 
valeurs  de  temps  par  les  ligures  de  notes  mo- 
dernes. On  connaît  aussi  de  Christophe  Simp- 
son des  notes  sur  le  traité  de  composition  de 
Campion.  Ces  remarques  se  trouvent  dans 
l'édition  intitulé  :  Art  of  discant,  or  Compo- 
sing  music  in  paris  by  Dr.  Thom.  Campion, 
ivith  annotations  thereon  by  Mr.  Christo- 
pher  Simpson;  Londres,  1655,  in-8°.  Play- 
ford  a  inséré  le  traité  de  Campion  avec  les 
notes  de  Simpson  dans  la  huitième  édition  de 
son  Introduction  aux  principes  de  la  musique 
(voyez  Playfokd).  Le  portrait  de  Simpson  se 
trouve  à  la  deuxième  édition  de  son  Traité  de 
la  viole,  et  dans  les  premières  éditions  de  son 
Compendium. 

SIMROCK  (Nicolas)-,  éditeur  de  musique 
à  Bonn,  né  dans  celte  ville  en  1755,  apprit  à 
jouer  du  cor  dans  sa  jeunesse,  et  entra  comme 
corniste  dans  la  musique  de  l'électeur  de  Co- 
logne, en  1790.  Après  la  dissolution  delà  mu- 
sique du  prince,  qui  suivit  l'envahissement 
des  provinces  rhénanes,  Simrock  établit  à 
Bonn  une  maison  de  commerce  de  musique 
qui,  par  ses  soins  et  son  activité,  est  devenue 
une  des  premières  de  l'Allemagne.  Il  a  publié 
de  sa  composition  :  1°  Dix-huit  duos  pour 
deux  cors,  op.,  liv.  I  et  II;  Bonn,  Simrock. 
2°  Plusieurs  œuvres  de  duos  pour  deux  flageo- 
lets.5°  Des  recueils  de  contredanses  pourdivers 
instruments. 

SIMROCK  (Henri),  frère  du  précédent, 
naquit  à  Bonn,  vers  1760.  Après  avoir  été 
attaché  comme  violoniste  à  la  chapelle  du 
prince  électeur  de  Cologne,  il  se  rendit  à  Pa- 
ris, où  il  fut  quelque  temps  attaché  comme  vio- 
loniste au  théâtre  Montansier,  et  tint  un  dépôt 
de  la  musique  publiée  à  Bonn  par  son  frère.  Je 
l'ai  connu  à  Paris,  en  1807;  mais  j'ignore  s'il 
y  est  mort,  ou  s'il  est  retourné  à  Bonn.  Je 
crois  qu'il  est  auteur  de  deux  livres  de  duos 
pour  violon  et  alto,  publiés  à  Paris. 

SURGELÉE  (Jean-Baptiste),  violoniste  et 
compositeur,  né  à  Bruxelles,  le  25  septembre 
1812,  montra  dès  ses  premières  années  d'heu- 


reuses dispositions  pour  la  musique.  Son  frère 
aine  lui  donna  les  premières  leçons  de  violon. 
En  1828,  il  fut  admis  à  l'école  royale  de  mu- 
sique   de  Bruxelles,   et    y    devint   élève    de 
M.  Wéry  {voyez  ce  nom).  Ses  progrès  furent  si 
rapides  que  le  premier  prix  de  son  instrument 
lui  fut  décerné  au   concours  de  l'année   sui- 
vante. Il  se  rendit  alors  à  Paris  et  entra  dans 
l'orchestre  d'un  des  théâtres  secondaires.  Peu 
de  temps  après,   le  spectacle  auquel  on  avait 
donné  le  nom  de  Théâtre  Nautique  fut  établi 
dans  la  salle  Ventadour;  M.  Ch.-L.  Hanssens 
en  fut  nommé  chef  d'orchestre,  et  choisit  son 
compatriote  Singelée  pour  y  tenir  l'emploi  de 
premier  violon  solo.  Ce  théâtre  n'était  pas  né 
viable;  l'entrepreneur  ne  tarda  pas  à  être  mis 
en  faillite,  et  Singelée,  resté  sans  place,  fut 
obligé  d'entrer  à  l'orchestre  de  l'Opéra-Comi- 
que.  De  retour  à  Bruxelles  quelques   années 
après,  il  fut  un  des  premiers  violons  du  Théâtre 
Royal,  et  le  14  octobre  1839,   il  succéda   à 
Meerts  (voyez  ce  nom),  comme  premier  violon 
solo.  Pendant  les  seize  années  qu'il  occupa  cet 
emploi,  il  composa  un  grand  nombre  de  pas 
qui  furent  intercalés  dans  les  ballets  repré- 
sentés au  théâtre  de  la  Monnaie.  Lui-même  a 
écrit  la  musique  de  deux  ballets  qui  ont  été 
joués  avec  succès  au  même  théâtre.  Une  jeune 
fille  qu'il  avait  adoptée  et  dont  il   avait  fait 
l'éducation  de  violoniste,  ayant  obtenu  quel- 
ques succès    à   Bruxelles,   Singelée    voyagea 
avec  elle,  visita    la   France    méridionale,   et 
s'arrêta    à   Marseille,   où    il   remplit  pendant 
quelque  temps  les  fonctions  de  chef  d'orchestre 
du  théâtre.  Après  son  retour  en  Belgique,  il 
a  été  nommé  chef  d'orchestre  du  théâtre  et  du 
casino  de  Gand,  en  1852.  Singelée  a  composé 
deux  concertos  de  violon    qu'il    a    exécutés 
dans  plusieurs  concerts,  et  beaucoup  de  fan- 
taisies avec  accompagnement  de  piano,  parmi 
lesquelles  on  remarque:  1"  Fantaisie  élégante 
sur  le  Pirate,  op.  13;  Mayence  et  Bruxelles, 
Schott.  2°  Idem  sur  Lucie  de  Lammermoor, 
op.  14  ;  ibid.  3°  Idem  sur  la  Part  du  Diable, 
op.  16;  ibid.  4°  Idem  sue  la  Sirène,  op.  18; 
ibid.  5°  Idem  sur  les  Mousquetaires  de  la 
reine,  op,  21  ;  ibid.  6»  Idem  sur  le  Pré-aux- 
Clercs,  op.  24;  ibid.  7°  Idem  sur  le    Val 
d'Andorre,  op.  25;  ibid.  On  a  aussi  du  même 
artiste  quelques  morceaux  pour  divers  instru- 
ments, des  ouvertures  et  de  la  musique   de 
danse. 

SINGER  (Jean),  magisler  à  Nuremberg, 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle,  est 
connu  par  un  petit  ouvrage  intitulé:  Ein 
Kurzer  Ausszug  der  Jflusik,  denjungen  die 


SINGER  —  S1RI 


47 


singen  und  auff  den  Instrumentent  lernen 
wôltengantz  nutzlich  (Précis  de  la  musique, 
utile  pour  enseigner  à  la  jeunesse  le  chant  et 
les  instruments);  Nuremberg,  Frédéric  Prys- 
sens,  1531,  in-8°. 

SINGEP.  (Maurice),  violoniste,  né  le  6  dé- 
cembre 1808,  à  Colmar  (Haut-Rhin),  com- 
mença l'élude  «le  la  musique  et  du  violon  dans 
cette  ville.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  se  rendit 
à  Paris  et  fut  admis  au  Conservatoire,  le 
12  juillet  1826.  Il  y  fut  élève  d'Auguste 
Kreulzer,  pour  le  violon,  et  de  Reicha,  pour  la 
composition.  Sorti  de  cette  école,  en  1829,  il 
entra  à  l'orchestre  du  théâtre  italien,  où  il  ob- 
tint la  place  de  violon  solo.  Il  brilla  pendant 
plusieurs  années  dans  les  concerts  et  publia 
des  compositions  d'un  style  facile  et  agréable, 
qui  rappelaient  la  manière  de  Mayseder. 
Atteint  d'une  maladie  de  poitrine,  il  nfourut  à 
Paris,  au  mois  de  mai  1859,  à  l'âge  de  trente 
ans  et  quelques  mois. 

SINGER  (le  P.  Pierre),  moine  franciscain 
du  couvent  de  Salzbourg,  inventa,  en  1839,  un 
orgue  mécanique  auquel  il  donna  le  nom  de 
Pansymphonicon.  Un  instrument  de  ce  genre 
se  trouvait  à  l'exposition  internationale  de 
Londres,  en  1862.  Le  P.  Singer  mérite  surtout 
d'être  ici  mentionné  pour  un  livre  intéressant 
publié  à  Munich,  en  1847,  par  les  soins  de 
M.  Georges  Philipps,  et  qui  a  pour  titre  :  Me- 
taphysische  Blicke  in  die  Tomvelt.  nebst 
einem  dadurch  veranlassen  nenen  System 
der  Tonwissenschaft  (Coup  d'œil  métaphysi- 
que dans  le  monde  des  sons,  suivi  d'un  nou- 
veau système  de  la  science  musicale  qui  en  est 
déduit). 

SINGER  (Edmond),  maître  de  concert  à 
Weimar,  est  né  le  14  octobre  1*850,  à  Tottier 
ou  Totis,  en  Hongrie.  Doué  d'une  organisation 
toute  musicale,  il  fut  conduit  à  Pesth  par  ses 
parents,  à  l'âge  de  sept  ans,  et  confié  aux  soins 
d'un  violoniste  nommé  Ellinger,  sons  lequel  il 
fit  de  rapides  progrès.  Parvenu  à  sa  neuvième 
année,  il  entra  au  Conservatoire  de  Pesth,  où 
il  devint  élève  de  Ridley  Rohne.  Il  fit  ensuite 
avec  ce  professeur  un  voyage  d'artiste  en  Hon- 
grie, puis  il  se  rendit  à  Vienne,  où  le  profes- 
seur distingué  Bœhm  perfectionna  son  talent. 
A  l'âge  de  quatorze  ans,  il  se  rendit  à  Paris  et 
y  passa  trois  années,  incessamment  occupé 
d'études  d'exécution  el  de  composition.  De 
i  848  à  1 853,  il  voyagea  en  Allemagne  et  s'y  fit 
connaître  avantageusement,  particulièrement 
à  Leipsick  où  il  joua  aux  concerts  du  Gewand- 
haus  avec  un  brillant  succès.  En  1853,  Singer 
eut  le  litre  de  virtuose  de  la  chambre  de  la  cour 


de  Weimar,  et  trois  ans  après,  il  obtint  la 
place  de  maître  de  concert  de  la  même  rési- 
dence. Il  a  fait  depuis  lors  plusieurs  voyages 
pour  donner  des  concerts,  particulièrement  en 
Hollande.  Les  compositions  de  cet  artiste  con- 
sistent en  fantaisies,  caprices,  pièces  caracté- 
ristiques et  de  salon  pour  son  instrument. 

SIINICO (Joseph),  chanteuret  compositeur, 
né  à  Trieste,  vers  1812,  a  fondé  dans  cette 
ville  une  école  dechantdonl  il  était  directeur. 
Il  y  a  eu  un  ténor  de  ce  nom  qui  a  chanté  à 
Madrid,  en  1841 ,  à  Oporto,  vers  la  même  épo- 
que, puis  à  Florence  et  à  Milan  :  j'ignore  s'il 
y  a  identité.  Sinico  a  fait  représenter  à  Venise, 
en  1842,  l'opéra  intitulé  /  Virtuosi  a  Bar- 
cellona.  On  connaît  aussi  de  lui  des  exercices 
de  chant,  et  des  romances  italiennes  publiées 
à  Milan,  chez  Ricordi. 

SIIVN  (Christophe-Albert)  ,  géomètre  du 
duc  de  Brunswick,  fut  employé  dans  la  prin- 
pauté  de  Blankenbourg,  et  dans  le  comté  de 
Stolberg,  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle.  Il  est  auteur  d'un  trailé  du  tempéra- 
ment des  instruments  à  clavier,  et  particuliè- 
rement de  l'orgue,  en  douze  demi-tons  égaux. 
Cet  ouvrage  a  été  publié  avec  une  préface  de 
Gaspard  Calvoer,  sous  ce  titre  :  Die  aus  ma- 
thematischen  Grùnden  richtig  gestelle  mu- 
sikalische  Temperatura  practica,  das  ist  : 
Grundrichtige  Vergleichung  der  12  Semito- 
niorum  in  der  Octave,  etc.;  Wernigerode, 
1717,  in-4°  de  dix-sept  feuilles,  avec  une  pré- 
face de  six  feuilles. 

SIINZ1G  (Georges-Louis),  né  en  Bavière, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle, 
fut  moine  de  l'ordre  de  Citeaux  et  maître  de 
chapelle  au  monastère  de  Kaisersheim,  dans 
le  duché  de  Neuhourg,  sur  le  Danube.  Il  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  un  recueil 
d'hymnes  des  vêpres  des  dimanches  et  fêtes 
de  toute  l'année,  sons  ce  titre  :  Melpomene 
hymnisona,  producens  hymnos  de  Domi- 
nicis,  et  tempore,  de  proprio  et  communi 
sanctorum,  aliisque  diversorum  religioso- 
rum  ordinum  principalioribus ,  per  totius 
anni  decursum,  in  ofjicio  vespertino  decan- 
tari  solitos,  à  1,  2,  3  et  4  voc,  2  violinis, 
2  violis,  fagottis  et  B.  C.  opus  1;  Augsbourg, 
1702,  in-fol. 

SIRI  (Jacoues),  né  à  Gênes,  vers  1770,  fit 
ses  études  musicales  à  Turin,  puis  écrivit  la 
musique  de  quelques  ballets  pour  le  théâtre  de 
Milan.  En  1791,  il  donna  au  théâtre  Saint- 
Charles  de  Naples  Recimero,  opéra  sérieux  en 
deux  actes.  L'année  suivante,  il  écrivit  pour 
le  théâtre  Del  Fonde- ,  l'opéra  bouffe  intitulé  : 


48 


SIRI  —  SIVERS 


La  Caccia  inlerrotta,  en  un  acte.  On  connaît 
aussi  de  sa  composition  II  Trionfo  d'Alcione, 
grande  cantate  avec  orchestre.  J'ignore  si 
l'auteur  de  ces  ouvrages  est  le  père  d'un  jeune 
compositeur  du  même  nom,  élève  du  collège 
royal  de  musique  de  San  Pietro  a  Majella, 
de  Naples,  qui  a  Tait  représenter  au  théâtre 
du  Fondo,  en  1839,  l'opéra  bouffe  intitulé 
Cento  bugie,  una  verità;  au  mois  de  février 
1841,  Una  in  tre,  au  même  théâtre,  et  dans 
l'année  suivante,  La  Fidanzata  di  Crossey, 
au  théâtre  Nuovo.  Ce  dernier  ouvrage  eut  une 
chute  complète. 

SIRMEN  (Louis  DE),  violoniste  et  maître 
de  chapelle  de  Sainte-Marie-Madeleine,  à  Ber- 
game,  est  connu  par  trois  tries  pour  deux  vio- 
lons et  basse,  gravés  à  Paris,  en  1709. 

SIRMEN  (Madeleine  LOURARDINI 
DE),  femme  du  précédent,  née  à  Venise,  vers 
le  milieu  de  1735,  fut  admise  au  conservatoire 
des  Mendicanti  de  cette  ville,  et  y  fit  son  édu- 
cation musicale.  Devenue  cantatrice  habile  et 
violoniste  distinguée,  elle  ne  sortit  du  conser- 
vatoire que  pour  aller  à  Padoue  perfectionner 
son  talent  de  violoniste,  sons  la  direction  de 
Tartini.  Elle  brilla  en  Italie  comme  rivale  de 
Nardini,  et  se  fil  admirer  aux  concerts  spiri- 
tuels de  Paris  dans  des  concerlosde  sa  compo- 
sition. En  1768,  elle  y  .joua,  avec  son  mari, 
une  symphonie  concertante  pour  deux  violons. 
Arrivée  à  Londres,  dans  la  même  année,  elle 
y  excita  la  plus  vive  sensation  par  l'énergie  et 
le  brillant  de  son  exécution;  toutefois,  il  parait 
que  ses  succès  finirent  par  être  moins  pro- 
ductifs dans  celte  ville,  car  elle  consentit,  en 
1774,  à  chanter  les  rôles  de  seconde  femme 
dans  quelques  opéras  sérieux.  Huit  ans  après, 
elle  élait  attachée  comme  cantatrice  à  la  mu- 
sique delà  cour  de  Dresde.  On  n'a  pas  de  ren- 
seignements sur  la  fin  de  sa  vie.  On  a  gravé  de 
la  composition  de  celte  femme  distinguée  : 
1°  Six  trios  pour  deux  violons  et  violoncelle, 
op.  1  ;  Amsterdam.  2°  Trois  concertos  pour 
violon,  op.  2;  ibid.  3°  Trois  idem,  op.  3; 
ibid. 

SIROTTI  (François),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Reggio,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  a  fait  représenter  au  théâtre 
Carcano,  de  Milan,  en  1 793,  77  Pimmaglione, 
en  un  acte.  Rappelé  dans  sa  ville  natale  pour 
y  occuper  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale,  Sirolli  composa  plusieurs  messes, 
vêpres  et  motels  pour  le  service  de  celle  église. 
Il  a  écrit  aussi  la  musique  de  VAristodemo, 
cantate  exécutée  dans  la  salle  de  la  société 
philharmonique  de  Reggio,  le  8  mars  1811. 


La  poésie  de  celle  cantate,  par  Domenico  Ber- 
lolini,  de  Reggio,  a  été  publiée  chez  Davolio, 
en  1811,  in-8°.  J'ignore  la  date  de  la  mort  de 
Sirolli. 

SISTIISI  (Théodore),  musicien  italien,  né 
à  Monza  (Lomhardie),  fut  organiste  de  l'église 
Sainte-Marie,  à  Copenhague,  au  commence- 
ment du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  : 
Cantiones  Irium  vocum;  Hambourg,  1000, 
in-4°. 

SITTER  (André-Paul),  professeur  de  mu- 
sique, né  en  Allemagne,  vers  1750,  suivit  à 
Paris  le  baron  de  Bagge,  dont  il  était  secré- 
taire. En  1792,  il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra 
comme  alto  et  y  resta  jusqu'en  1817,  où  il  eut 
sa  retraite,  après  vingt-cinq  ans  de  service  II 
est  mort  à  Passy,  peu  de  temps  après.  On  a 
gravé  de  sa  composition,  vingt-quatre  duos 
pour  deux  violons,  divisés  en  quatre  œuvres; 
Paris,  Sieber;  Offenbach,  André. 

SITTOGER  (Conrad),  moine  de  Saint- 
Biaise,  dans  la  Forêt-Noire,  au  quinzième 
siècle,  fut  habile  facteur  d'orgues,  et  con- 
struisit, en  1474,  l'orgue  du  couvent  de  Trud- 
bert,  et  en  1488,  celui  de  l'abbaye  de  Saint- 
Biaise. 

SIVERS  (Henri  Jacques),  professeur  de 
philosophie  et  second  pasteur  de  l'église  alle- 
mande de  Norkœping,  en  Suède,  naquit  à 
Lùbeck,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  fut  membre  de  l'Académie  des 
sciences  de  Berlin.  Appelé  à  Rostock,  en  qua- 
lité de  canlor ,  il  y  publia,  en  1729,  une 
biographie  de  vingt  musiciens,  la  plupart  cé- 
lèbres, et  qui  avaient  rempli  les  fonctions  de 
cantor  dans  quelques  villes  de  l'Allemagne. 
Ce  petit  écrit  a  pour  titre  :  Dissertatio  can- 
torum  eruditorum  décades  ditas  exhibens, 
in-4°  de  trois  feuilles.  Matlheson  en  donna  une 
traduction  allemande  accompagnée  de  notes, 
intitulée  :  M.  H.  J .  Sivers  geleltrler  Cantor, 
bey  Gelegenheit  einer  zu  Rostock  gehaltenen 
ffohs-Uebung  ,  im  zwanzig ,  ans  den  ge- 
scln'chten  der  Gelelirsamkeit  ansgesucliten 
Exempeln,  zur  Probe,  f'ertheidigung  und 
Naclifolge  vorgesteltet ,  etc.;  Hambourg, 
1730,  in-4°  de  trente-trois  pages.  Les  cantors 
donl  Sivers  a  donné  les  biographies  abrégées 
sont  Martin  Arnold,  Calvvilz,  Michel  Colet, 
Cruger,  Malhias  Eluo,  Daniel  Friderici,  Jean 
kiilinau,  Malhias  Apelles  de  Lowenslein, 
Fr.  Oppermann,  Jacques  Pagcndarm,  Printz, 
Ouiersfeld,  Georges  Rhau,  Jacques  Roll,  Sa- 
muel Riiling,  Érasme  Sarlorius ,  Georges 
Schicbel,  Joachim  et  Wcslphal.  L'éloge  de  Si- 
vers,  par  Jean-IIcnri  de  Siclem,  a  été  publié 


SIVERS  —  S1V0RI 


49 


sous  ce  titre  :  EhrengeiLrchtniss  H.  Sivers 
cantoris;  Lubeck,  1736,  in-fol. 

SIVORI  (Ernest-Camille),  virtuose  violo- 
niste, est  né  à  Gênes,  le  6  juin  1817.  Sa  mère 
était  enceinte  de  lui  lorsqu'elle  entendit  Paga- 
nini  au  théâtre  Sant'  Jgostino  ;  l'émotion 
profonde  qu'elle  en  éprouva  hâta  la  naissance 
de  son  fils  :  le  lendemain  de  ce  concert,  elle 
donna  le  jour  à  Camille.  Il  n'était  âgé  que  de 
cinq  ans  lorsqu'un  musicien,  nommé  Restano, 
qui  donnait  des  leçons  de  guitare  à  ses  sœurs, 
lui  apprit  à  faire  la  gamme  sur  un  petit  violon 
qu'on  lui  avait  donné.  Frappé  de  la  juslessede 
ses  intonations,  cet  homme  disait  souvent  au 
père  de  son  élève  :  On  entendra  parler  de  cet 
enfant.  A  six  ans,  Sivori  commença  l'élude 
régulière  du  violon  sous  la  direction  de  Costa, 
artiste  de  l'ancienne  écoleclassique  de  l'Italie, 
qui  lui  fit  faire  de  rapides  progrès.  Revenu  à 
Gênes,  vers  le  même  temps,  Paganini  eut  oc- 
casion d'entendre  le  jeune  violoniste,  et  recon- 
naissant en  lui  des  dispositions  extraordinaires, 
lui  donna  des  leçons  etcomposa  pour  lui  six  so- 
nates avec  accompagnement  de  guitare,  d'alto 
et  de  violoncelle,  ainsi  qu'un  concertino,  dont 
Sivori  a  conservé  les  manuscrits  originaux. 
Paganini  lui  faisait  jouer  ces  sonates  dans 
diverses  réunions  musicales,  l'accompagnant 
lui-même  sur  la  guitare.  Après  le  départ  de 
son  illustre  maître,  Sivori,  resté  sans  guide,  se 
proposa*  pour  modèle  la  manière  du  grand  vio- 
loniste génois,  dont  il  est  aujourd'hui  le  plus 
habile  imitateur.  Arrivé  à  Paris,  en  1827,  le 
virtuose  enfant,  alors  âgé  de  dix  ans,  joua  dans 
plusieurs  concerts  et  y  fit  admirer  sa  précoce 
dextérité  de  la  main  gauche.  Je  l'entendis  alors 
et  prédis,  dans  la  Revue  musicale,  ses  succès 
futurs,  bien  que  j'exprimasse  le  regret  de  l'ex- 
ploitation prématurée  d'un  talent  qui  n'était 
qu'à  son  aurore.  De  Paris,  Sivori  se  rendit  en 
Angleterre,  qu'il  parcourut  en  donnant  des 
concerts.  De  retour  à  Gênes,  il  y  reprit  l'étude 
sérieuscdeson  instrument  et  de  la  composition. 
Jean  Serra,  bon  musicien  (voyez  ce  nom),  qui 
cultivait  avec  succès  les  différents  genres  de  mu- 
sique, lui  enseigna  l'harmonie  et  le  contrepoint. 
Quelques  années  après,  il  recommença  ses 
voyages  et  visita  les  diverses  parties  de  l'Italie. 
Florence  fut  la  première  ville  vers  laquelle  il  se 
dirigea  :  il  y  donna  deux  concerts  en  18-59,  le 
premier  au  théâtre  Standish,  l'autre  au  théâtre 
Cocomero.  Après  avoir  parcouru  la  Toscane,  il 
fit  le  tour  de  l'Allemagne  au  bruit  des  applaudis- 
sements, puis  il  se  rendit  à  Moscou  etàPéters- 
bourg,  où  l'éclat  deses  succès  ne  s'est  pas  affaibli 
dans  le  souvenir  des  artistes  et  des  amateurs. 

BIOGIÏ.  «XIV.   DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


Arrivé  à  Bruxelles,  dans  l'hiver  de  1841, 
Sivori  y  donna  plusieurs  concerts  où  il  obtint 
de  brillants  succès,  et  dans  lesquels  je  recon- 
nus que  je  ne  m'étais  pas  trompé  lorsque,  dans 
son  enfance,  j'avais  prévu  qu'il  serait  un  jour 
un  artiste  d'élite.  Après  avoir  parcouru  la 
Belgique,  il  se  rendit  en  Hollande  et  y  excita 
partout  une  vive  admiration.  Depuis  1827,  Si- 
vori n'avait  pas  revu  Paris;  cependant,  il  com- 
prenait la  nécessité  de  s'y  faire  entendre; 
parce  que  c'est  de  cette  grande  ville  que 
rayonne  la  renommée  des  artistes  dans  toute 
l'Europe.  Il  y  arriva  au  mois  de  décembre 
1842,  et,  le  29  janvier  1843,  il  exécuta,  dans 
un  concert  de  la  Société  du  Conservatoire,  la 
première  partie  d'un  concerto  de  sa  composi- 
tion. Son  triomphe  y  fut  complet,  et  l'impres- 
sion qu'il  y  produisit  se  manifesta  parles  té- 
moignages d'admiration  de  tout  l'auditoire. 
A[)rès  ce  succès  d'éclat,  la  Société  des  con- 
certs décerna  à  l'artiste  une  médaille  d'hon- 
neur. Ce  fut  aussi  dans  cette  saison  qu'il  se  fit 
connaître  par  son  rare  talent  dans  l'exécution 
de  la  musique  de  chambre  de  Haydn,  de 
Mozart  et  de  Beethoven.  Après  cette  expé- 
rience si  remarquable  de  son  talent  dans 
la  capitale  de  la  France,  Sivori  partit  pour 
Londres,  où  ses  succès  n'eurent  pas  moins 
d'éclat,  particulièrement  à  cause  des  rapports 
de  sa  manière  avec  celle  de  Paganini.  Pendant 
plus  de  deux  années  de  séjour  en  Angleterre, 
il  en  visita  tontes  les  villes  principales  ainsi 
que  l'Irlande  et  l'Ecosse.  En  1846,  il  se  rendit 
en  Amérique,  dont  les  Étals  du  Nord  l'arrêtè- 
rent longtemps.  Il  excita  des  transports  d'en- 
thousiasme qui  surpassèrent  tout  ce  qu'avait 
produit  jusqu'alors  le  talent  des  plus  habiles 
instrumentistes  dans  cette  partie  du  nouveau 
monde.  Dans  certaines  villes,  l'admiration  des 
habitants  alla  jusqu'à  joncher  de  fleurs  le 
passage  de  l'artiste  au  retour  de  ses  concerts. 
Des  États  du  Nord,  Sivori  se  rendit  au  Mexique, 
où  le  même  accueil  l'attendait.  Toutefois,  son 
talent  lui  fil  courir  un  danger  assez  sérieux 
dans  l'Amérique  du  Sud,  car,  traversant 
l'isthme  de  Panama,  il  eut  à  franchir  un 
fleuve  dans  une  barque  conduite  par  quatre 
nègres.  Or,  l'idée  d'essayer  l'effet  de  la  mu- 
sique sur  ses  rameurs  lui  étant  venue,  il  tira 
son  violon  de  l'étui  et  se  mit  à  improviser. 
A  l'instant  même  l'émotion  de  ces  hommes  fut 
si  vive,  qu'ils  poussèrent  des  cris  féroces.  Pre- 
nant l'artiste  pour  un  sorcier,  ils  se  dispo- 
saient à  le  jeter  dans  la  rivière  :  ce  ne  fut  pas 
sans  peine  que,  par  une  distribution  de  cigares 
et  d'eau-de-vic,  il  parvint  à  les  calmer.  Après 

4 


50 


SIVORI 


celte  aventure,  Sivori  parcourut  le  Pérou  et  le 
Chili,  traversant  les   déserts  à  cheval,   armé 
d'un  fusil,  et  toujours  accompagné  de  son  in- 
strument. A  Valparaiso,  il  trouva  passage  sur 
une  frégate  anglaise  qui  le  conduisit  à  Rio  de 
Janeiro.  Il  venait  d'y  donner  plusieurs  con- 
certs avec  le  succès  accoutumé,  lorsqu'il  fut 
saisi  par  la  fièvre  jaune,  qui  faillit  l'enlever 
(1849).  Lorsqu'il   fut   rétabli,   il   se  rendit  à 
Buenos-Ayres,    où    il   retrouva    son    premier 
maître,  Restano.  De  là.  il  alla  à  Montevideo,  où 
l'attendait  un    accueil    enthousiaste.    Enfin, 
après  huit  années  d'absence,    l'ardent    désir 
qu'il  éprouvait  de  revoir  sa  famille  et  sa  patrie 
le  ramena  à  Gènes,  dans  l'été  de  1850.  Les  ri- 
chesses qu'il  avait  amassées  dans  ses  lointaines 
pérégrinations  lui  composaient  une  véritable 
fortune;  malheureusement,   il  se  laissa  per- 
suader de  placer  tout  ce  qu'il  possédait  dans 
une  affaire  industrielle;  l'entreprise  ne  réus- 
sit pas,  et  de  tout  son  capital,  il  sauva  à  peine 
la  huitième  partie.  Après  cet  échec,  ses  projels 
de  repos  durent  être  abandonnés,  et  l'artiste 
fut  obligé  de  recommencer  sa  carrière  de  vir- 
tuose. 

Ce  fut  vers  l'Angleterre  qu'il  se  dirigea.  Il 
y  fil  un  long  séjour,  la  parcourut  fout  entière 
à  plusieurs  reprises,  ainsi  que  l'Irlande  et 
l'Ecosse.  En  1853,  Sivori  quitta  Londres  pour 
aller  en  Suisse,  qu'il  n'avait  point  encore  visi- 
tée. Il  prit  sa  route  par  la  France;  mais  au 
moment  où  il  croyait  atteindre  le  but  de  son 
voyage,  un  malheur  vint  le  frapper:  la  voiture 
qui  le  transportait  versa  sur  la  route  de  Ge- 
nève, et  l'artiste  eut  le  poignet  fracturé.  Le 
traitement  ordinaire  pour  les  accidents  de  celle 
espèce  lui  fut  administré  par  un  médecin  ha- 
bile ;  toutefois,  Sivori  attribue  la  rapidité  de  sa 
guérison  à  l'emploi  du  magnétisme.  Quoiqu'il 
en  soit,  un  mois  suffit  pour  lui  faire  retrouver 
l'usage  de  son  bras,  et  par  une  sorte  de  mi- 
racle, la  souplesse  de  son  archet  ne  s'est  jamais 
ressentie  des  suites  de  sa  chute.  Deux  mois 
après,  le  violon  de  Sivori  charmait  les  habi- 
tants des  treize  cantons.  Après  cette  tournée, 
il  se  rendit  en  Italie,  où  des  ovations  de  tout 
genre  lui  furent  décernées.  Après  avoir  joué, 
le  15  décembre  1853,  au  théâtre  de  la  Pergola 
de  Florence,  il  retourna  à  Gènes  pour  l'inau- 
guration du  théâtre  d'Jpollon,  puis  il  alla 
charmer  la  France  méridionale,  qu'il  parcou- 
rut dans  les  deux  directions,  vers  les  Alpes  et 
vers  les  Pyrénées.  Il  serait  impossible  d'énu- 
mérer  dans  celle  notice  l'immense  qnanlité  de 
concerts  qu'il  y  donna  dans  les  années  1854 
et   1855.    Il    serait    également  difficile    de 


suivre  l'artiste  dans  ses  voyages  multipliés  en 
France,  en  Espagne,  en  Portugal,   en  Bel- 
gique, en  Hollande,  dans  les  provinces  rhé- 
nanes et  en  Allemagne;  mais  je  ne  terminerai 
pas  ce  récit  abrégé  sans  mentionner  une  des 
épreuves  les  plus  dangereuses  et  les  plus  hono- 
rables pour  le  talent  du  célèbre  violoniste.  Il 
se  trouvait  à  Paris,  en  1802;  on  lui  fit  la  pro- 
position de  jouer  dans  un  grand  concert  orga- 
nisé au  profil  des  pauvres,  sous  le  patronage  du 
comte  Walewski ,  et  dans  lequel  devait  jouer 
l'excellent  violoniste  Alard.  C'était  une  idée 
bizarre,  déraisonable,  car  on  ne  doit  jamais 
mettre  en  comparaison  immédiate  deux  talents 
de  même  espèce,  dont  l'un  ou  l'autre  peut  se 
trouver  dans  des  conditions  défavorableset  être 
mal  jugé.  Sivori  fit  des  objections  contre  la  de- 
mande qui  lui  était  faite,  mais  il  dut  céder  à 
l'insistance  qu'on  y  mit.  Alard  joua  le  premier; 
le  morceau  qu'il  avait  choisi  était  le  concerto  de 
Mendelssohn;  il  y  déploya  le  lalent  qu'on  lui 
connaît  et  fut  chaleureusement  applaudi  dans 
tous  les  morceaux.  Le  concert  était  long,  si  long 
même  que  lorsque  ce  fut  le  tour  de  Sivori  de 
se  faire  entendre  dans  le  grand  concerto  de 
Paganini  en  si  mineur,  il  était  plus  de  onze 
heures  du  soir,  et  le  public  était  aussi  fatigué 
que   l'orchestre.  Néanmoins,    le    majestueux 
tutti  du  concei  loeul  bientôt  réveillé  l'attention 
de  l'assemblée,  et  Sivori  se  montra  si  grand 
artiste  dès  le  premier  solo,  que  tout»  la  salle 
éclata  en   applaudissements   frénétiques.    Ce 
succès  se  soutint  jusqu'à  la  fin  du  concerto  de- 
vant   l'auditoire    de  quatre    mille   personnes 
qui  encombrait  la  salle  du  cirque  Napoléon. 

Sivori  n'est  pas  seulement  un  des  plus  re- 
marquables violonistes  de  l'époque  actuelle 
dans  la  musique  de  chambre,  comme  il  est  un 
des  plus  étonnants  virtuoses  de  concert  ;  il  est 
aussi  grand  lecteurà  première  vue:  j'en  ai  eu  la 
preuve  dans  un  de  ses  séjours  à  Bruxelles,  lors- 
que je  lui  présentai  deux  compositions  nou 
encore  publiées  et  fort  difficiles  qu'il  déchiffra 
sans  hésitation  ,  entrant  immédiatement  dans 
le  caractère  de  la  musique,  avec  la  même  sû- 
reté que  s'il  l'eût  étudiée.  Parmi  ses  propres 
compositions,  on  remarque:  1°  Premier  con- 
certo (en  mi  bémol)  pour  violon  et  orchestre. 
2°  Deuxième  concerto  (en  la)  idem.  3"  Fantai- 
sie caprice  (en  mi  majeur)  pour  violon  et  or- 
chestre ou  piano.  4°  Deux  duos  concertants 
pour  piano  et  violon.  5°  Tarentelle  napoli- 
taine pour  violon  et  orchestre  ou  piano. 
6°  Fleurs  de  Naples,  grande  fantaisie,  idem. 
7°  Variations  sur  le  thème  :  Nel  cor  piu  non 
mi  senlo,  idem.  8°  Variations  sur  le  Pirate, 


SIVORI  —  SLAMA 


51 


de  Bellini,  idem.  9°  Variations  sur  un  thème 
de  la  Sonnanbula,  pour  la  quatrième  corde. 
10°Fantaisie  sur  la  Sonnanbula  eu'  Pur itani. 
1 1°  Fantaisie  sur  le  Zapateado,  air  populaire 
de  Cadix.  12°  Les  Folies  espagnoles,  morceau 
de  genre  imitatif.  15°  Carnaval  de  Cuba. 
14°  Carnaval  du  Chili.  15°  Carnaval  amé- 
ricain. 16°  Trois  romances  sans  paroles  avec 
piano.  17°  Souvenir  de  Norma,  avec  quatuor 
ou  piano.  18°  Fantaisie  sur  le  Ballo  in  mas- 
chera.  19°  Fantaisie  sur  le  Trouvère. 

Sivori  a  été  fait  chevalier  de  l'ordre  des 
SS.  Maurice  et  Lazare  par  le  roi  d'Italie,  en 
1855;  chevalier  de  l'ordre  de  Charles  III,  par 
la  reine  d'Espagne,  en  1856,  et  chevalier  de 
Tordre  du  Christ,  par  le  roi  de  Portugal,  dans 
la  même  année. 

SIXT  (Jean),  dont  le  nom  de  famille  était 
DE  LERCHENFELS  ,  naquit  à  Prague, 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  fut  d'ahord 
attaché  à  la  musique  de  Rodolphe  II  en  qualité 
de  chanteur,  puis  il  eut  le  titre  de  directeur  de 
musique  de  l'église  des  Jésuites,  à  Olmtllz,  où 
il  fut  honoré,  en  1597,  de  la  dignité  de  bache- 
lier en  philosophie.  L'empereur  lui  accorda 
successivement  des  canonicats  à  Bautzen,  à 
Bunzlau,  et  à  Saint-With,  au  château  de 
Prague.  Enfin,  il  eut  la  préfecture  à  Leitme- 
ritz,  où  il  mourut  en  1G29,  dans  un  âge  très- 
avancé.  Il  a  publié  à  Prague,  en  1626,  un  re- 
cueil intitulé:  Triomphus  etvictoria  Joannis 
comitis  Tilli,  ligas  calholicas  ducis,  in-folio. 
On  y  trouve  :  1»  Un  Te  Deum  à  quatre  voix, 
dédié  à  l'empereur  Ferdinand.  2°  Un  Magni- 
ficat à  quatre  voix.  5°Sonetti  italiani  aAvoci 
per  sonare  e  cantare.  4°Sonetto  a  4  voci  délia 
Battaglia  di  Praga. 

SIXT  (Jean  Auguste),  né  à  Geislingen, 
dans  le  Wurtemberg,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  fut  d'abord  organiste  à  Heil- 
bronn,  puis  fut  attaché  en  la  même  qualité  à 
une  des  églises  de  Strasbourg  ;  mais  il  ne  resta 
pas  longtemps  dans  cette  position,  car  on  le 
retrouve  à  Lyon,  comme  professeur  de  piano, 
vers  1780.  Plus  tard,  il  retourna  en  Allemagne, 
et  publia  ses  dernières  compositions  à  Augs- 
bourg,  en  1800.  On  connaît  de  cet  artiste  : 
1°  Trois  sonates,  dont  deux  pour  clavecin  et 
violon,  et  la  troisième  pour  deux  clavecins; 
Lyon,  1780.  2°  Douze  Lieder,  ou  chansons 
allemandes  avec  accompagnementdeclavecin  ; 
Bâle,  1791.  3°  Sonate  pour  piano  seul;  Offen- 
bach,  André.  4°  Six  cantiques  spirituels  à 
quatre  voix  ;  Augsbourg,  Gombart.  5°  Trois 
sonates  pour  clavecin,  violon  et  basse,  op.  8  ; 
ibid. 


SRIVA  (Joseph),  pianiste  et  composileur, 
né  en  Hongrie  vers  1812,  a  fait  ses  études 
musicales  au  Conservatoire  de  Vienne,  et  s'est 
fixé  dans  cette  ville,  après  avoir  fait  un  voyage 
en  Italie.  Au  nombre  de  ses  productions  pu- 
bliées, on  remarque  :  1°  Introduction  et  varia- 
tions pour  piano  sur  le  Lied  :  Heil  dir,  mein 
Vaterland;  Vienne,  Diabelli.  2°  Fantaisie 
sur  des  thèmes  de  Maria  di  Rohan,  op.  12; 
ibid.  3°  Romance  de  Guido  et  Ginevra,  variée 
pour  piano,  op.  13;  ibid.  4°  Fantaisie  sur  l'air 
favori  :  An  meine  Rosen,  op.  16;  ibid. 
5"  Poëme  d'Amitié,  andante,  pour  piano, 
op.  17;  ibid.  6°  Impression  de  l'Italie,  im- 
promptu lyrique,  pour  piano,  op.  18;  ibid. 

SKUAUP  (Jean),  compositeur,  né  en  Bo- 
hême, dans  les  premières  années  du  dix-neu- 
vième siècle,  était  second  chef  d'orchestre  du 
Théâtre-National  de  Prague,  en  1830,  et  fut 
premier  chef  au  même  théâtre  quelques  an- 
nées après.  Il  a  écrit  pour  cette  scène  plusieurs 
opéras-comiques  en  langue  bohème  et  en  alle- 
mand, au  nombre  desquels  on  cite  :  La  Fian- 
cée du  gnome,  représentée  en  1836,  et  Udal- 
richet  Fozena,  en  1833.  On  connaît  aussi  de 
cet  artiste  des  ouvertures  de  concert  et  des 
symphonies  exécutées  à  Prague,  depuis  1838 
jusqu'en  1845,  des  quatuors  pour  des  instru- 
ments à  archet,  et  une  messe  (en  ré  mineur)  à 
quatre  voix ,  orchestre  et  orgue,  publiée  à 
Prague,  chez  Hoffmann. 

SKRAUP  (François),  frère  du  précédent, 
est  pianiste  et  compositeur  à  Prague.  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  1°  Trio  pour  piano, 
clarinette  et  violoncelle,  op:  27;  Prague, 
Hoffmann.  2°  Trio  pour  piano,  violon  ou 
flûte  et  violoncelle,  op.  28;  ibid.  3°  Beaucoup 
de  petites  pièces  et  de  sonates  pour  piano 
seul. 

SK.RYDANECK  (Joseph),  organiste  dis- 
tingué, né  à  Melnick,  en  Bohême,  vers  1760, 
fit  ses  études  au  collège  des  Jésuites  de  Ma- 
riœnschein,  puis  il  alla  suivre  les  coursde philo- 
sophie à  Prague,  où  il  prit  des  leçons  de  Seegr 
pour  l'orgue  et  le  clavecin.  De  retourà  Melnick, 
il  y  fut  fait  directeur  de  chœur;  mais  après 
quelques  années  passées  dans  les  fonctions  de 
cette  place,  il  accepta  celle  d'organiste  à  Lann, 
où  il  mourut  à  la  fleur  de  l'âge.  Cet  artiste  dis- 
tingué, qui  fut  considéré  comme  un  des  meil- 
leurs organistes  de  la  Bohême,  a  laissé  en 
manuscrit  six  belles  sonates  pour  le  piano, 
une  sérénade,  et  plusieurs  autres  composi- 
tions. 

SLAMA  (Antoine),  excellent  contre- 
bassiste, est  né  à  Prague,  le   4    mai   1804. 

4. 


52 


SLAMA  —  SLOPER 


Admis  au  Conservatoire  de  celle  ville  dans 
sa  douzième  année,  il  y  apprit  à  jouer  du 
trombone  sous  la  direction  de  François 
AVeiss,  puis  devint  élève  du  célèbre  Wenzel- 
Ilause  pour  la  contrebasse,  et  fit  honneur 
à  son  maître  par  la  rapidité  de  ses  progrès. 
Après  six  années  d'études,  Slama  sortit  du 
Conservatoire  de  Prague,  et  fut  employé  au 
théâtre  de  cette  ville,  d'abord  comme  trom- 
pette, puis  comme  trombone.  En  1824,  il  fut 
engagé  comme  première  contrebasse  au 
théâtre  de  Ikide,  en  Hongrie;  cinq  ans  après, 
on  l'appela  pour  le  même  emploi  à  l'Opéra  de 
la  cour  de  Vienne,  puis  il  reçut  sa  nomination 
de  première  contrebasse  de  la  cathédrale  de 
celte  capitale,  et  enfin  celle  de  professeur  au 
Conservatoire.  Il  a  écrit  pour  ses  élèves  une 
bonne  méthode  de  cet  instrument,  intitulée  : 
Contrebass  Schule;  Vienne,  Haslinger,  1830. 
SLAWJK  (Joseph),  violoniste,  né  le 
lor  mars  1806,  à  Ginelz,  en  Bohême,  était 
fils  d'un  maître  d'école  qui  lui  enseigna,  dès 
sa  septième  année,  les  éléments  de  la  musique, 
du  violon,  du  piano  et  de  l'orgue.  A  l'âge  de 
dix  ans,  il  entra  au  Conservatoire  de  Prague, 
et  y  devint  élève  de  Pixis,  professeur  de  violon 
d'un  mérite  reconnu.  Pendant  son  séjour  dans 
celte  école,  il  composa  un  concerto  de  violon, 
un  quatuor  pour  cet  instrument,  et  des  varia- 
tions. Au  mois  de  février  1825,  Slawjk  se  ren- 
dit à  Vienne,  et  y  produisit  une  assez  vive 
sensation  dans  son  premier  concert.  Son  séjour 
dans  la  capilale  de  l'Aulriche  fut  d'environ 
quatre  ans;  ce  fut  dans  la  dernière  année 
qu'il  entendit  Paganini,  dont  le  talent  fantas- 
tique fit  sur  lui  une  profonde  impression.  Dès 
ce  moment,  il  se  le  proposa  pour  modèle. 
L'illustre  violoniste  s'intéressa  au  jeune  ar- 
lisle  et  lui  donna  des  conseils.  Après  le  départ 
de  Paganini,  Slawjk  se  rendit  à  Paris,  dans  le 
dessein  d'y  étudier  la  manière  de Baillot;  mais  à 
peine  y  était-il  arrivé,  qu'il  y  reçut  sa  nomi- 
nation démembre  titulaire  de  la  chapelle  im- 
périale, ce  qui  l'obligea  de  retournera  Vienne. 
Après  plusieurs  années  d'études,  il  reparut  en 
public,  et  y  fit  admirer  son  adresse  dans  ses 
imitations  de  la  manière  de  Paganini.  Le 
28  avril  1853,  il  donna  son  dernier  concert  à 
Vienne,  et  partit  pour  un  long  voyage;  mais 
une  fièvre  nerveuse  dont  il  fut  saisi  à  Peslh,  le 
mit  au  tombeau  le  50  mai  suivant,  à  l'âge  de 
vingt-sept  ans.  Ce  jeune  artiste,  enlevé  pres- 
que au  début  de  sa  carrière,  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Grand  pot-pourri  pour  violon 
avec  quatuor,  op.  1  ;  Vienne,  Diabelli. 2°  Fan- 
taisie idem,  ibid.  II  a  laissé   en  manuscrit 


trois  concertos,  quatre  airs  variés,  un  qua- 
tuor, un  rondeau. 

SLEGEL  (Valentin),  musicien  allemand, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle. 
Il  a  publié  de  sa  composition  :  12  Lieder  aus 
der  Heil.  Sckrift  komponirt (Douze  cantiques 
composés  sur  dus  textes  de  l'Écriture  sainte); 
Mulhausen,  1578,  in-4°.  On  trouve  des  exem- 
plaires de  cet  ouvrage  avec  le  titre  latin  :  Duo- 
decim  cantilenx  ex  sacrosancta  Scriplura 
desumptx  ac  musicis  numeris  quant  jucun- 
dissime  redditœ;  Jî/ulhusii}  per  Georyium 
Hantzsch,  1578,  in-4°  obi. 

SLEVOGT  (Théophile),  docteur  en  droit 
de  l'université  de  Jéna,  et  avocat  à  Altenbourg, 
au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  est 
connu  par  un  livre  qui  a  pour  litre  :  Grund- 
liche  Untersuchung  von  den  Rechten  der  Al- 
txre,  Taufsteine  ,  Beichlstiïlrfc ,  Predigt- 
sliihle,  Kirchstxnde ,  Gotteskaslcn,*Orgeln, 
Kirchenmusik,  Glocken,  etc.  (Examen  appro- 
fondi de  ce  qui  concerne  l'a u le),  les  fonts  bap- 
tismaux, le  confessionnal,  la  chaire,  les  bancs 
d'église,  le  tabernacle,  les  orgues,  la  musique 
d'église,  les  cloches,  etc.);  Jéna,  1732,  in-8°. 
La  septième  division  contient  les  questions  de 
droit  relatives  à  la  musique  d'église,  aux  or- 
gues, aux  cloches,  etc. 

SLOCZYINSKI  (Adalbert),  maître  de 
chapelle  de  l'église  métropolitaine  de  Saint- 
Jean,  à  Varsovie,  et  compositeur  de  musique 
religieuse,  est  né  en  1808,  à  Leznisk  (en  Gal- 
licie).  Il  fut  d'abord  exécutant  sur  le  violon,  la 
clarinette,  le  piano,  et  commença  sa  carrière  à 
Pulavvy,  sous  la  direction  de  Raszek.  Après 
avoir  écrit  trois  messes  à  Pulavvy,  il  alla 
d'abord  à  Lublin,  puis  il  s'établit  à  Varsovie. 
Appelé  à  la  direction  de  la  musique  de  la  cathé- 
drale de  cette  ville,  il  écrivit  à  quatre  voix  les 
hymnes  et  les  psaumes  du  dimanche  de  Pavent 
qu'on  chante  à  l'église  Saint-Jean,  ainsi  qu'un 
offertoire,  sa  messe  n°  1,  avec  accompagne- 
ment d'orgue,  exécutée  pour  la  première  fois 
en  1848,  un  Te  Deum  et  une  messe  pastorale, 
pour  la  fête  de  Noël,  en  1850. 

SLOPER  (E.-H.  LIIXDSAY),  professeur 
de  piano  et  compositeur,  est  né  à  Londres,  le 
14  juin  1826.  Aimant  la  musique,  ses  parents 
le  laissèrent  suivre  son  penchant  pour  cet  art. 
Après  avoir  fait  des  éludes  élémentaires  de 
piano  sous  un  maître  dont  le  nom  n'est  pas 
connu,  il  reçut  les  leçons  de  Moschelès  pen- 
dant plusieurs  années.  D'après  le  conseil  de 
cet  artiste  célèbre,  il  se  rendit  sur  le  continent 
en  1840,  et  s'établit  d'abord  à  Francfort,  où  il 
continua  l'élude  du  piano  sous  la  direction 


SLOPER  —  SMITH 


53 


d'Aloys  Schmitl;  puis  il  alla  à  Heidelberg  et  y 
fit  un  coins  d'harmonie  et  de  contrepoint  chez 
Charles  Vollweiler  (voyez  ce  nom).  Arrivé  à 
Paris,  en  1841,  il  y  continua  l'étude  de  la 
composition  sous  la  direction  de  Boisselot. 
Pendant  un  séjour  de  plusieurs  années  dans 
celte  ville,  M.  Lindsay-Sloper  se  fit  entendre 
dans  plusieurs  concerts.  De  retour  à  Londres, 
en  1840,  il  joua  avec  beaucoup  de  succès  dans 
une"des  matinées  musicales  de  la  Musical 
union.  Depuis  cette  époque,  il  s'est  adonné  à 
l'enseignement  du  piano.  Ses  compositions  les 
plus  connues  sont  :  1°  Czarlorinska,  trois 
mazurkes,  op.  1.  2°  Henriette,  grande  valse, 
pour  le  piano,  op.  2.  3°  Vingt-quatre  études 
dédiées  à  Slephen  Heller,  op.  5.  4°  Sérénade  et 
canzonette,  op.  12.  5"  Douze  études  de  salon, 
op.  13.  G"  Sonate  pour  piano  et  violon.  7°  Six 
chansons  anglaises  à  voix  seule  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  8.  8°  Scène  pour  voix 
de  contralto  avec  orchestre. 

SMETIIEUGELL  (J.)  ,  professeur  de 
piano  à  Londres,  vécut  dans  cette  ville,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle.  Il  s'est  fait  con- 
naître par  un  traité  de  l'harmonie  pratique  in- 
titulé :  A  Treatise  on  thorouglibass  ;  Lon- 
dres, 1794,  in-4°.  On  a  aussi  de  sa  composition  : 
1°  Trois  sonates  pour  le  clavecin  ou  piano  ; 
Londres,  Longman  et  Broderip.  2°  Six  ouver- 
tures exécutées  au  jardin  du  "Waux-Hall,  Lon- 
dres, Preston.  3°  Leçons  pour  le  piano;  Lon- 
dres, Clementi.  4°Sonates  idem,  ihid.  5°  Solos 
faciles  pour  le  violon  ;  ibid. 

SMITH  (Robert),  professeur  de  physique, 
de  philosophie  expérimentale  et  d'astronomie, 
à  l'université  de  Cambridge,  naquit  dans  celle 
ville,  en  1689.  Il  était  fort  jeune  lorsqu'il  se 
livra  à  l'élude  des  mathématiques  et  de  la  phy- 
sique; ses  progrès  furent  rapides,  et  bientôt 
il  fut  en  étatd'entendre  les  ouvrages  de  Newton 
et  d'en  comprendre  la  valeur.  Après  la  mort 
de  Coles,  son  parent  et  son  ami,  il  lui  succéda 
dans  la  chaire  de  physique  à  l'université  de 
Cambridge.  Il  mourut  dans  cette  ville,  en  17C8, 
à  l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans.  Son  grand 
Traité  d'optique,  dont  il  y  a  plusieurs  traduc- 
tions françaises,  a  eu  beaucoup  de  célébrité. 
Smith  n'est  placé  dans  ce  dictionnaire  que 
pour  un  fort  bon  livre  qu'il  a  publié  sous  ce 
litre  :  Harmonies,  or  the  philosophy  of  mu- 
sical sounds  (Les  harmoniques,  ou  philoso- 
phiedessonsmusicaux); Cambridge,  Benlham, 
1749,  un  volume  in-8°  de  deux  cent  quatre- 
vingt-douze  pages  avec  vingt-cinq  planches. 
La  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  avec  des 
changements  et  des  additions  (much  impro- 


ved  and  augmented),  a  paru  sous  le  même 
titre,  à  Londres,  chez  Merrill,  en  1759,  un  vo- 
lume in-8°  de  deux  cent  quarante  pages  avec 
vingt-huit  planches.  Il  y  a  des  exemplaires 
de  celle  édition  avec  une  addition  concernant 
un  clavecin  à  intervalles  variables  de  l'inven- 
tion de  l'auteur  (Postscript  upon  the  chan- 
geable  harpsichord):  ils  portent  la  date  de 
Londres,  1762.  Smith  avait  déjà  donné  la  des- 
cription de  cet  instrument  dans  l'appendix  de 
la  première  édition  (p.  244-280),  avec  des  corol- 
laires à  diverses  propositions  de  l'ouvrage.  La 
théorie  des  intervalles  et  des  divers  systèmes 
de  tempérament  n'a  été  traitée  dans  aucun  livre 
avec  plus  de  profondeur  que  dans  celui  de 
Smith. 

SMITH  (Jean-Christophe),  et  non  Jean- 
Chrétien,  comme  l'ont  appelé  Gerber  et  ses 
copisles,  naquit  à  Anspach,  en  1712.  Son  nom 
véritable  était  SCHMID,  mais  il  en  changea 
l'orthographe  pendant  son  séjour  en  Angle- 
terre. Son  père,  lié  d'une  intime  amilié  avec 
Ilsendel,  le  suivit  à  Londres,  et  y  fit  venir  sa 
famille  quelques  années  après.  A  l'âge  de 
treize  ans,  le  jeune  Smilh,  animé  d'un  goût 
passionné  pour  la  musique,  fut  placé  sous  la 
direction  de  Hsendel,  pourses  éludesdecompo- 
sition  ;  c'est  le  seul  élève  que  ce  grand  maître 
ait  formé.  Pendant  que  Smith  se  livraitavecar- 
deur  au  travail,  une  maladie  sérieuse  se  déclara 
et  laissa  peu  d'espoir  de  guérison  ;  mais  ce 
fut  une  heureuse  circonstance  pour  lui,  car  le 
docteur  Arbulhnot,  dont  l'habileté  le  sauva, 
l'attira  ensuite  dans  sa  maison,  et  lui  fit  faire 
la  connaissance  de  Swift,  Pope,  Gray  et  Con- 
greve,  alors  les  plus  célèbres  littérateurs  de 
l'Angleterre.  A  l'âge  de  vingt  ans,  Smilh  com- 
posa son  premier  opéra  (Teraminta),  qui  fut 
représenté  à  la  fin  de  1732.  En  1740,  il  ac- 
cepta la  proposition  qui  lui  était  faite  par  un 
gentilhomme  pour  qu'il  l'accompagnât  dans 
le  midi  de  la  France;  il  finit  à  Aix,  en  Pro- 
vence, le  dernier  acte  de  son  Dario,  et  com- 
posa quelques  scènes  de  VArtaserse,  de  Mêla- 
stase,  en  1748;  puis  ildemeura  quelque  temps 
à  Genève.  De  retour  en  Angleterre,  Smilh  y 
trouva  Haendel  devenu  aveugle,  el  fut  obligé 
d'écrire  ses  compositions  sous  sa  dictée  et  de  le 
remplacera  l'orgue  pour  l'exécution  des  ora- 
torios. L'attachement  filial  qu'il  eut  pour  son 
illustre  maître  fut  récompensé  par  le  don  que 
celui-ci  lui  fit  en  mourant  de  tous  ses  manu- 
scrits originaux.  Après  le  décès  de  Heendel, 
son  élève  continua  l'entreprise  de  l'exéculion 
annuelle  des  oratorios,  et  en  écrivit  plusieurs, 
dans  lesquels  il  a  montré  moins  de  génie  que 


54 


SMITH 


d'habileté  à  imiter  le  style  de  son  maître.  L'en- 
treprise des  oratorios  cessa  d'être  productive 
quelques  années  après  la  mort  de  Haendel,  et 
Smith,  après  avoir  perdu  ce  qu'il  avait  gagné 
d'abord,  fut  obligé  d'abandonner  cette  spécu- 
lation, et  de  se  retirer  dans  une  maison  qu'il 
possédait  à  Bath.  Il  y  mourut  en  1795. 

Les  meilleures  compositions  de  Smith  sont 
ses  opéras  inlitutés  :  The  Fairies,  the  Tem- 
pest,  ses  leçons  pour  le  clavecin,  publiées  à 
Londres,  et  son  oratorio  le  Paradis  perdu. 
Quelques  airs  de  ses  ouvrages  inédits  ont  été 
gravés  à  la  suite  du  livre  intitulé  :  Anecdotes 
of George  Frederick Handel  andJohn-Chris- 
topher  Smith  (Londres,  1799,  grand  in-fol.), 
où  l'on  trouve  un  beau  portrait  de  Smith.  Voici 
la  liste  complète  des  compositions  de  cet  ar- 
tiste :  I.  Opéras  anglais  :  1°  Teraminta,  en 
trois  actes,  1752.  2P  Ulysses,  1755.  2"(bis)Ro- 
salinda,  en  trois  actes,  1759.  5°  The  Fairies, 
en  trois  actes,  1756.  La  partition  de  cet  ou- 
vrage a  été  publiée.  4°  The  Tempest  (la  Tem- 
pête), en  trois  actes,  1756,  partition  gravée  à 
Londres.  5°  Médée  (non  achevé).  II.  Opéras 
italiens  :  6°  Dario,  en  trois  actes,  1740. 
7°  Issipile,  174G.  8"  Il  Ciro  riconosciuto,  en 
trois  actes.  III.  Oratorios  :  9°  Paradise  lost 
(le  Paradis  perdu),  en  trois  parties,  1758. 
10°  David' s  lamentation  over  Sauland  Jo- 
nathan (Complainte  de  David  sur  la  mort  de 
Saul  et  de  Jonathan),  1758.  11"  Nabal,  1764. 
12°  Gédéon,  1769.  Une  partie  de  cet  ouvrage  a 
été  prise  dans  les  œuvres  de  Haendel.  15°  Ju- 
dith, en  trois  parties.  14Q  Josaphat,  en  deux 
parties.  Cet  ouvrage  n'a  point  été  exécuté. 
15°  La  Rédemption ,  en  trois  parties  (inédit). 
IV.  Mélanges  :  16°  Service  funèbre. 
\1°  Daphné,  pastorale  de  Pope,  1746.  18°  Les 
Saisons,  cantate  en  deux  parties.  19°  Fugues 
pour  l'orgue,  composées  en  1754  et  1756  (iné- 
diles). 20°  Leçons  (sonates1,  pour  le  clavecin, 
publiées  plusieurs  fois  à  Londres.  21°  Thame- 
sis,  Jsis  et  Protée,  cantates  composées  pour  le 
prince  de  Galles.  22°  Quelques  scènes  d'Arta- 
serse,  de  Métastase. 

SMITH  (Amand  ou  Amédée- Guillaume), 
docteur  en  médecine,  vécut  à  Berlin,  vers  1780, 
puis  à  Vienne,  et  en  dernier  lieu  en  Hongrie. 
On  a  de  lui  quelques  ouvrages  de  médecine,  et 
un  livre  intitulé  :  Philosophische  Fragmente 
iiber  die  prahtische  Musik  (Fragments  philo- 
sophiques sur  la  musique  pratique);  Vienne, 
1787,  in-8°  de  cent  soixante-quatre  pages. 

SMITH  (T.),  claveciniste  et  compositeur, 
né  vraisemblablement  dans  le  Hanovre,  vivait 
à  Berlin,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 


tième siècle.  Il  a  fait  imprimer  dans  celle 
ville  :  1°  Trois  sonates  pour  le  piano  à  quatre 
mains,  op.  1.  2°  Trois  sonates  pour  piano  seul, 
op.  2.  3°  Trois  idem,  op.  5.  4°  Trois  idem, 
op.  4.  5°  Trois  concertos  pour  le  clavecin. 

SMITH  (Jean  STAFFORD),  né  à  Glouces- 
ter,  vers  1750,  était  fils  d'un  organiste  qui  lui 
enseigna  les  premiers  principesde  la'musique. 
Smith  fut  ensuite  envoyé  à  Londres  pour  y  con- 
tinuer ses  études,  sous  la  direction  de  Boyce. 
La  beaulé  de  sa  voix  lui  fil  obtenir  une  place 
de  chanteur  à  la  chapelle  royale,  et,  quelques 
années  après,  il  fut  nommé  organiste  de  cette 
chapelle.  Cet  artiste  est  mort  en  1826.  Il  a  fait 
graver  à  Londres  beaucoup  de  glees  à  quatre 
et  cinq  voix,  et  A  collection  of  songs  of  va- 
rious  kinds  for  différent  voices;  Londres, 
1785,  in-fol.  On  lui  doit  une  très-intéressante 
collection  d'ancienne  musique  d'église  par  des 
compositeurs  anglais,  depuis  le  douzième 
siècle  jusqu'au  dix-huitième,  intitulée  :  Mu- 
sica  antiqua,  a  sélection  of  Music  from  the 
tivelfth  to  the  eighteenth  century  ;  Londres, 
1812,  deux  volumes  in-fol. 

SMITH  (John  SPEACER),  docteur  en 
droit  civil  de  l'université  d'Oxford,  membre  de 
la  Société  royale  de  Londres,  et  de  plusieurs 
autres  sociétés  savantes  de  l'Angleterre  et  de 
la  France,  naquit  à  Londres,  d'une  famille  ca- 
tholique, le  11  septembre  1769,  et  mourut  à 
Caen  (Normandie),  où  il  s'était  fixé,  le  5  juin 
1 845.  Au  nombre  de  ses  écrits  sur  divers  sujets, 
on  remarque  :  Mémoire  sur  la  culture  de  la 
musique  dans  la  ville  de  Caen  et  dans  Van- 
tienne  Basse- Normandie,  lu  à  l'Académie  de 
Caen,  le  10  novembre  1826,  et  imprimé  dans 
le  recueil  de  cette  société  (années  1825-1828). 
Il  y  a  des  tirés  à  part  de  ce  mémoire;  Caen, 
T.  Chalopin,  1828,  in-8°  de  trente-six  pages. 

SMITH  (Charles),  né  à  Londres,  en  1786, 
montra  dès  son  enfance  d'heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique,  qui  furent  cultivées 
d'abord  par  son  père;  puis  il  devint  élève  du 
docteur  Ayrlon.  En  1809,  il  commença  à  écrire 
pour  le  théâtre.  Son  premier  ouvrage  fut  une 
farce  intitulée  :  Ves  or  no  (Oui  ou  non).  Cette 
pièce  fut  suivie  du  mélodrame  The  Tourist 
friends  (les  Voyageurs  amis),  de  Any  thing 
new?  (Rien  de  nouveau?),  et  de  quelques  au- 
tres ouvrages  dont  plusieurs  eurent  de  bril- 
lants succès.  En  1815,  Smith  épousa  mademoi- 
selle Booth,  de  Norwich,  habile  pianiste  :  dans 
l'année  suivante,  tous  deux  se  fixèrent  àLiver- 
pool,  où  ils  habitaient  encore  en  1830.  Depuis 
cette  époque,  Smith  a  publié  plusieurs  morceaux 
pour  le  piano  et  pour  le  chant. 


SNEEDORF  —  SNEL 


55 


SNEEDORF  (Frédéric),  savant  danois, 
mort  à  Copenhague,  en  1792,  est  auteur  d'une 
bonne  dissertation  intitulée  :  De  hymnis  ve- 
teram  Grxcorum.  Accedunt  très  hymni 
Dionysio  adscripti.  Hafnix,  1786,  in-8°  de 
soixante-douze  pages. 

SNEGASS  (Cyriac).  l'oyez  SCIINE- 
GASS. 

SNEL  (Joseph-François),  né  à  Bruxelles, 
le  50  juillet  1795,  fit  voir,  dès  ses  premières 
années,  que  la  nature  l'avait  organisé  pour  la 
musique.  Parvenu  à  l'âge  de  huit  ans,  au  mo- 
ment où  le  concordat  entre  la  France  et  la 
cour  de  Rome  venait  de  faire  rouvrir  les  tem- 
ples au  culte  catholique,  il  devint  enfant  de 
chœur  à  l'église  Saint-Nicolas,  où  il  reçut  sa 
première  instruction  musicale.  Son  intelligence 
et  sa  jolie  voix  lui  firent  bientôt  confier  les 
solos  de  soprano  par  le  maître  de  chapelle,  et 
la  foule  se  pressait  dans  l'église  aux  fêtes  so- 
lennelles pour  entendre  lepetit  choral,  comme 
on  l'appelait  alors.  Après  ces  premiers  succès 
de  l'enfance,  Snel,  parvenu  à  saonzièmeannée, 
montra  d'heureuses  dispositions  pourleviolon, 
et  fut  confié,  pour  l'étude  de  cet  instrument, 
aux  soins  de  Corneille  VanderPlanken,  artiste 
distingué  et  premier  violon  solo  du  Grand- 
Théâtre  de  Bruxelles,  dont  il  reçut  les  leçons 
pendant  cinq  ans. 

Snel  était  parvenu  à  l'âge  de  dix-huit  ans, 
et  déjà  il  était  compté  parmi  les  meilleurs  vio- 
lonistes de  sa  ville  natale,  lorsqu'un  amateur, 
auquel  il  avait  inspiré  de  l'intérêt,  décida  son 
père  à  l'envoyer  au  Conservatoire  de  Paris, 
pour  y  perfectionner  son  talent.  Admis  dans 
cette  école,  au  mois  d'avril  1811,  il  y  devint 
élève  du  célèbre  professeur  Baillot,  pour  le 
violon,  et,  dans  le  même  temps,  il  étudia  l'har- 
monie sous  la  direction  de  Dourlen,  qui,  alors, 
était  suppléant  au  cours  de  Calel.  Pendant 
cette  période  des  études  de  Snel,  une  place  de 
premier  violon  devint  vacante  au  théâtre  du 
Vaudeville;  elle  fut  mise  au  concours,  et  le 
jeune  violoniste  belge  l'emporta  sur  ses  com- 
pétiteurs par  la  manière  brillante  dont  il  lutet 
exécuta,  à  première  vue,  le  morceau  qui  lui  fut 
présenté. 

Les  désastres  de  la  campagne  de  Russie, 
suivis  de  ceux  de  1813,  avaient  compromis  le 
sort  de  l'empire;  déjà  les  armées  alliées  enva- 
hissaient le  territoire  français,  et  tout  annon- 
çait que  la  Belgique  en  serait  bientôt  séparée  ; 
dans  cette  situation,  la  famille  de  Snel  le  rap- 
pela à  Bruxelles,  où  il  arriva  au  mois  de  dé- 
cembre 1813.  Après  la  paix  de  Pannée  suivante 
et  la  fondation  du  royaume  des   Pays-Bas, 


il  obtint,  dans  la  nouvelle  organisation  du 
Grand-Théâtre,  une  des  places  de  premiers 
violons  de  l'orchestre,  et  commença  sa  répu- 
tation de  virtuose  violoniste  dans  les  concerts 
de  cette  époque.  Après  la  mort  de  Gensse,  ar- 
tiste de  grand  mérite,  Snel  lui  succéda  dans  la 
place  de  premier  violon  solo  du  Théâtre-Royal, 
qu'il  occupa  avec  distinction  pendant  dix 
ans. 

En  1818,  le  système  d'enseignement  de  la 
musique  par  la  méthode  du  méloplaste,  ima- 
ginée par  Galin,  eut  un  grand  retentissement 
par  les  cours  que  faisait  ce  professeur  à  Paris. 
Cette  nouveauté  fixa  l'attention  de  Snel,  qui, 
de  concert  avec  Mees,  musicien  instruit,  établit 
une  école  sous  le  titre  d'Académie,  où  les 
éléments  de  la  musique  et  du  chant  étaient 
enseignés  d'après  cette  méthode.  Snel  la  pro- 
pagea également  dans  des  cours  qu'il  ouvrit  à 
Y  Athénée,  où  il  était  professeur  de  violon. 
A  la  même  époque,  il  faisait,  à  l'école  de  la  rue 
des  Minimes,  un  cours  de  musique  par  la  mé- 
thode de  l'enseignement  mutuel  et  simultané 
deWilhem;  ce  cours  ne  comptait  pas  moins 
de  quatre  cents  élèves.  Sa  prodigieuse  activité 
suffisait  alors  à  une  multitude  d'occupations 
de  tout  genre;  car,  non-seulement,  il  devait 
assister  à  toutes  les  répétitions  et  représenta- 
tions du  théâtre,  mais  il  faisait  des  cours  à  son 
académie  de  musique,  à  l'Athénée,  donnait 
une  immense  quantité  de  leçons  particulières, 
dirigeait  les  concerts,  était  premier  violon  et 
chef  de  la  musique  particulière  du  roi  Guil- 
laume Ier,  et,  enfin,  il  écrivait  un  grand  nombre 
de  compositions  pour  toutes  les  sociétés  d'har- 
monie de  la  Belgique;  ce  qui  ne  l'empêchait 
pas  de  c<  iposer  pour  le  Théâtre-Royal  la  mu- 
sique de  plusieurs  ballets,  parmi  lesquels  on 
remarque  :  Frisac,  ou  la  double  Noce,  en 
deux  actes,  représenté  le  13  février  1825,  dont 
l'ouverture,  arrangée  pour  piano  à  quatre 
mains,  a  été  gravée  à  Bruxelles  ;  le  Page  in- 
constant, en  trois  actes,  joué  le  27  juin  de  la 
même  année  ;  le  Cinq  Juillet,  en  un  acte, 
éerit  en  collaboration  avec  M.  Charles-Louis 
Hanssens  jeune,  et  joué  le  9  juillet  1825; 
Pourceaugnac,  en  trois  actes,  représenté  le 
3  février  1826;  les  Enchantements  de  Poli- 
chinelle, le  8  mars  1829;  les  Barricades,  en 
un  acte,  3  février  1830  ;  et  dans  l'espace  d'en- 
viron dix  ans,  la  musique  de  plusieurs  mélo- 
drames. En  1828,  Snel  fut  nommé  directeur  de 
l'école  normale  des  chefs  de  musique  de  l'ar- 
mée des  Pays-Bas,  en  récompense  d'une  mé- 
thode élémentaire  de  musique  qu'il  avait  rédi- 
gée pour  les  soldats  ;  en  1829,  il  reçut  le  titre 


56 


SNEL 


d'inspecteur  générai  des  écoles  de  musique 
fondées  près  des  différents  corps  de  l'armée. 

Devenu  chef  d'orchestre  du  Grand-Théâtre 
de  Bruxelles,  après  la  révolution  de  1850,  Snel 
fit  preuve,  dans  celte  nouvelle  position,  d'une 
rare  intelligence  musicale  et  scénique,  amé- 
liora le  personnel  de  l'orchestre  par  le  choix 
heureux  de  plusieurs  artistes  de  talent,  et  ren- 
dit l'exécution  plus  ferme  et  plus  colorée  dans 
ses  nuances.  Deux  fois,  il  a  occupé  le  même 
emploi,  et  deux  fois  il  s'en  est  retiré  lorsque 
de  nouveaux  entrepreneurs  voulaient  faire  des 
économies  aux  dépens  de  la  bonne  composi- 
tion de  l'orchestre.  Chargé  de  la  direction  de 
celui  de  la  Société  de  la  Grande-Harmonie 
depuis  1831,  il  mit  également  tout  ses  soins 
à  en  améliorer  l'organisation  et  le  personnel. 
Grâce  à  la  bonne  impulsion  qu'il  lui  donna,  cet 
orchestre  d'harmonie  lit,  en  peu  de  temps,  de 
grands  progrès,  et  ce  fut  à  ses  soins  vigilants, 
ainsi  qu'à  sa  grande  intelligence  musicale,  que 
cette  société  fut  redevable  des  brillants  succès 
qu'elle  obtint  dans  tous  les  concours  où  elle  se 
présenta.  Snel  écrivit  aussi  pour  elle  beaucoup 
de  morceaux,  dans  lesquels  il  agrandit  le  style 
de  ce  genre  de  musique  et  abandonna  les 
formes  un  peu  surannées  de  la  musique  de  ses 
prédécesseurs. 

Après  avoir  abandonné  pour  la  seconde  fois 
la  direction  de  l'orchestre  du  Théâtre  Royal, 
Snel  accepta,  le  15  juillet  18ôo,  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  des  SS.  Michel  et 
Gudnle,  et,  le  50  novembre  18-57,  il  y  ajouta 
le  titre  de  chef  de  musique  delà  garde  civique. 
Infatigable,  il  écrivit  alors  des  motels  et  des 
antiennes  pour  la  chapelle  confiée  à  sa  direc- 
tion, et  des  marches  et  pas  redoublés  pour  la 
musique  militaire.  Parvenu,  par  la  multipli- 
cité de  ses  travaux,  à  la  possession  d'une 
aisance  suffisante,  à  laquelle  des  événements 
imprévus  ont  malheureusement  porté  atteinte 
plus  tard,  il  abandonna  successivement  ses  di- 
verses positions  de  chef  d'orchestre  de  la 
Grande-Harmonie,  de  maître  de  chapelle  et  de 
chef  de  musique  de  la  garde  civique,  ne  con- 
servant que  le  litre  de  membre  de  la  musique 
particulière  du  Roi.  Décoré  pour  son  mérite  et 
ses  utiles  services  des  ordres  de  Léopold  et  de 
la  Couronne  de  chêne,  il  devint  membre  de  la 
classe  des  beaux-arts  de  l'Académie  royale  de 
Belgique,  en  1847,  et,  en  celle  qualité,  fut  un 
des  membres  de  la  section  permanente  du  jury 
des  grands  concours  de  composition  musicale 
institués  par  le  gouvernement.  Assidu  aux 
séances  de  la  classe  à  laquelle  il  appartenait, 
et  plein    de   zèle  dans  les  missions  qui  lui 


étaient  confiées,  il  a  pris  une  part  active  aux 
travaux  des  commissions  dont  il  faisait  partie, 
et  a  rédigé  un  grand  nombre  de  rapports  sur 
les  questions  soumises  à  la  classe. 

Comme  artiste  exécutant,  Snel  a  eu  dans  sa 
jeunesse  une  brillante  réputation,  justifiée  par 
son  talent.  Comme  professeur  de  violon,  il  a 
formé  de  bons  élèves,  à  la  tête  desquels  se  pla- 
cent Joseph  Artot  et  Théodore  Hauman, 
comptés  tous  deux  parmi  les  virtuoses  de  leur 
instrument.  Libérale  envers  lui,  la  nature 
l'avait  doué  de  qualités  précieuses  pour  la  com- 
position, qui  auraient  pu  l'élever  au  rang  des 
illustrations  de  son  temps,  si,  placé  dans  une 
autresphère,  et  moins  prodiguedu  temps  à  des 
choses  accessoires  et  de  simple  pratique,  il  y 
eût  eu  dans  sa  vie  plus  de  calme  et  de  médita- 
tion; car  on  remarque  un  riche  instinct  mu- 
sical et  un  sentiment  distingué  dans  ses 
productions  publiées  et  manuscrites,  parmi 
lesquelles  on  peut  citer  :  1°  Symphonie  concer- 
tante pour  orchestre  sur  des  motifs  de  Guido 
et  Ginevra.  2°  Concertino  pour  clarinette  et 
orchestre.  5°  Fantaisie  concertantesur  des  mo- 
tifs de  Gustave  ou  le  Bal  masqué,  pour  mu- 
sique militaire, à  vingt-sept  parties  :  Mayence, 
Schott.  4°  Grandes  marches  funèbres  à  vingt- 
neuf  parties;  ibid.  5°  Pot-pourri  sur  des  mo- 
tifs de  Robert  le  Diable,  pour  harmonie  mili- 
taire; ibid.  6"  Rebecca,  sérénade  pour  voix 
d'hommes  et  trois  trombones  ;  ibid.  7°  Séré- 
nade espagnole,  en  quatuor,  pour  des  instru- 
ments à  cordes  ;  Bruxelles,  Terry.  8°  Duos 
pour  piano  et  violon,  n°  1  et  2;  Paris,  Bran- 
dus  ;  Mayence,  Schott.  9°  Caprice  et  variations 
brillantes  pour  musique  militaire  ;  Mayence, 
Schott.  10°  Rondeau  pour  piano  à  quatre 
mains;  ibid.  1 1°  Deux  chants  de  fêle  à  quatre 
voix,  avec  accompagnement  de  cors  et  de 
trombones;  Bruxelles,  Terry.  12° Messe  de  re- 
quiem surleplain-chant  romain  à  quatre  voix, 
avec  orgue  et  contrebasse;  Bruxelles,  Bie- 
laerts.  la"  Tantum  ergo  et  Genitori  à  quatre 
voix,  avec  accompagnement  de  violoncelles, 
contrebasse,  trois  trombones  et  orgue;  ibid, 
14°  Deux  fantaisies  pour  grande  harmonie  sur 
les  motifs  des  Huguenots.  15°  Une  fantaisie 
idem  sur  des  motifs  du  Domino  noir.  10°  Ca- 
price concertant  sur  les  mélodies  de  la  Fille 
du  régiment.  17°  Grande  fantaisie  idem  sur 
des  mélodies  anciennes  etmodernes.  18° Idem 
sur  des  thèmes  des  Martyrs.  19°  Idem  sur 
des  mélodies  de  Mercadante.  20°  Concertino 
pour  cor  à  clefs  avec  orchestre  d'harmonie. 
21°  Symphonie  concertante  pour  cor  à  clefs  et 
trompette;  idem.  22°  Symphonie  concertante 


SNEL  —  SODY 


57 


pour  trompette  et  trombone;  idem.  25°  Sym- 
phonie concertante  pour  deux  cors  à  clefs; 
idem.  24°  Idem  pour  deux  cornets  à  pistons. 
25°Fantaisie  pour  clarinette  avec  orchestre  sur 
des  motifs  de  Norma.  26°  Premier  et  deuxième 
concertos  pour  clarinette  et  orchestre.  27°  Con- 
certo de  violon,  composé  pour  Joseph  Artot. 
28°  Plusieurs  antiennes,  Ave  verum,  Ave  Re- 
gina  cœloram  et  Tantum  ergo  pour  deux, 
trois  et  quatre  voix,  avec  orgue,  composés  pour 
l'église  Sainte-Gudule.  29°  Grande  cantate  pour 
voix  seules,  chœur  et  orchestre,  composée  pour 
l'installation  de  la  Société  de  la  Grande-Harmo- 
nie dans  son  nouveau  local,  exécutée  le  26  fé- 
vrier 1842. 

Pendant  les  dix  dernières  années  qui  suivi- 
rent la  retraite  de  Snel  de  tous  ses  emplois,  il 
écrivit  une  grande  quantité  de  morceaux  pour 
des  maisons  religieuses,  parmi  lesquels  on 
compte  environ  quinze  Tantum  ergo,  cinq 
O  salutaris,  quatre  Salve  Regina,  AeiwAve 
verum,  des  psaumes  et  litanies,  qui  sont  tous 
restés  en  manuscrit,  et  dont  il  ne  gardait  pas 
même  de  copies,  les  écrivant  avec  facilité  et 
n'y  attachant  pas  d'importance. 

Les  dernières  années  de  la  vie  deSnel  furent 
troublées  par  des  chagrins  domestiques  et  par 
des  revers  de  fortune;  sa  santé  s'en  altéra, 
et  ses  confrères  de  l'Académie  remarquèrent 
avec  peine  la  diminution  progressive  de  ses 
forces.  Une  maladie  sérieuse  se  déclara,  et  le 
10  mars  1801,  il  expira  à  Koekelberg,  à  l'âge 
de  près  de  soixante-huit  ans,  vivement  re- 
gretté par  sa  famille,  dont  il  faisait  le  bon- 
heur, par  ses  amis  et  par  la  classe  des  beaux- 
arts  de  l'Académie. 

SNEP  (Jéah)3  organiste  à  Zierikzée,  dans 
la  Zélande,  vers  1725,  s'est  fait  connaître  par 
les  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  1°  Neder- 
duytse  Liederen  met  een  en  tivee  stemmen  en 
B.  C.  (Chansons  hollandaises  à  une  et  deux 
voix  avec  basse  continue)  ;  Amsterdam.  2° So- 
nates, allemandes,  courantes,  sarabandes, 
gigues,  gavotes,  etc.,  pour  basse  de  viole,  avec 
basse  continue;  ibid. 

SOAVES  (Manuel),  moine  portugais,  né  à 
Lisbonne,  mourut  dans  la  même  ville,  en 
1756.  Il  a  laissé  en  manuscrit  un  recueil  de 
psaumes  à  quatre  voix,  de  sa  composition. 

SOBOLEWSKI  ou  SOBOLEWSKY 
(Edouard),  violoniste,  compositeur  et  écrivain 
sur  la  musique,  naquit  à  Kœnigsberg,  en  1804, 
suivant  les  renseignements  fournis  par 
M.  Charles  Gollmick  (ffandlexicon  der  Ton- 
kunst,  p.  135).  En  1850,  il  succéda  à  Dorn 
dans  la  place  de  directeur  de   musique  du 


théâtre  de  Kœnigsberg;  mais  il  se  retira  de 
cette  position,  en  1830,  pour  se  livrer  en  li- 
berté à  ladireclion  d'une  société  de  chantdont 
i!  avait  été  le  fondateur  dans  cette  ville.  Trois 
opéras  de  sa  composition  ont  été  représentés  à 
Kœnigsberg,  à  savoir:  Imogène,  en  1833, 
Velleda,  en  1830,  et  Salvator  Rosa,  en  1848. 
Sobolewski  a  fait  aussi  exécuter,  dans  cette 
ville,  en  1840,  son  oratorio  Johannes  der 
Taufer  (Saint  Jean-Baptiste),  qui  fut  aussi  en- 
tendu à  Berlin,  en  1845,  sous  le  titre:  Die 
Enthauptung  Johannis  (la  Décollation  de 
Jean),  et  dont  la  partition  réduite  pour  le 
piano  a  été  publiée  à  Kœnigsberg,  chez 
l'auteur,  et  à  Leipsick,  chez  Hofmeister.  Le 
second  oratorio  du  même  artiste,  intitulé  : 
Der  Erlœser  (le  Sauveur),  a  été  publié  en  par- 
tition pour  le  piano;  ibid.  Sobolewski  a  écrit 
aussi  des  symphonies,  dont  la  première  a  été 
exécutée  à  Kœnigsberg,  en  1 829, 1 830  et  1 836, 
et  dont  la  seconde,  dans  le  style  pittoresque,  a 
pour  titre  :  Le  Sud  et  le  Nord.  Celle-ci  a 
obtenu  du  succès  au  concert  du  Gewandhaus 
de  Leipsick,  et  1845.  Enfin,  on  connaît  du 
même  compositeur  :  des  cantates  avec  or- 
chestre, des  hymnes,  le  mystère  Ciel  et  Terre, 
exécuté  à  Leipsick,  en  1845,  et  des  chants  à 
trois  et  à  quatre  voix  pour  des  chœurs 
d'hommes.  Sobolewski  a  publié  des  articles  de 
critique  dans  plusieurs  journaux  de  musique 
de  l'Allemagne. 

SODY,  ou  plutôt  SODI.  Il  y  eut  deux 
frères  de  ce  nom  qui  exercèrent,  à  Paris,  la 
profession  de  musicien.  Us  étaient  nés  à 
Rome,  vers  1715.  L'aîné,  Charles,  fameux 
joueur  de  mandoline,  vint  à  Paris,  en  1749  ;  il 
entra  à  l'orchestre  de  la  Comédie  Italienne 
comme  violoniste,  et  fut  admis  à  la  pension  en 
1765.  Le  talent  de  cet  artiste  sur  la  mandoline 
était  très-remarquable.  lia  paru  dans  plusieurs 
pièces  de  la  Comédie  Italienne,  où  il  jouait  de 
cet  instrument,  et  son  frère  avait  composé  pour 
lui  un  divertissement  intitulé  :  les  Blando- 
/mes,dans  lequel  il  se  faisait  toujours  applau- 
dir. Après  sa  retraite,  il  vécut  pauvre  et  devint 
aveugle.  Il  est  mort  au  mois  de  septembre 
1788.  Charles  Sodi  fut  le  maître  de  musique  de 
madame  Favart.  Il  avait  composé  la  musique 
d'une  parodie  intitulée  :  Baiocco  e  Serpilla, 
qui  fut  jouée  sans  succès  à  la  Comédie  Ita- 
lienne, en  1753.  On  a  aussi  de  lui  :  le  Charla- 
tan, opéra  comique  en  un  acte,  les  Troqueurs 
dupés,  comédie  à  ariettes,  et  un  divertisse- 
ment intitulé  :  Cocagne,  en  17G0.  Ce  fut  Sodi 
qui  parodia  la  Donna  superba,  sous  le  litre 
de  la  Femme  orgueilleuse.  Il  y  ajouta  quel- 


58 


SODY  —  SOGNER 


ques  airs  dont  la  mélodie  ne  manquait  pas  de 
grâce.  Un  air  italien,  Quanlo  mai  felice  siete, 
qui  eut  dans  le  temps  un  succès  de  vogue, 
était  de  Sodi.  Son  frère  cadet,  Pierre  Sodi,  qui 
était  harpiste  et  compositeur,  vint  en  France, 
en  1743.  Il  entra  à  l'Opéra, et  mourut  en  1764. 
On  a  gravé  à  Paris,  en  1760, six  chansons  pour 
la  harpe,  de  sa  composition.  Il  excellait,  dit- 
on,  dans  la  composition  des  pantomimes. 

SOEREINSEN  (Jean), docteur  en  médecine 
et  amateur  de  musique  à  Ebersdorf,  dans  la 
principauté  de  Reuss,  naquit,  le  18  mai  1767, 
à  Gluckstadt,  en  Danemark.  Dans  sa  jeunesse, 
il  reçut  des  leçons  de  musique  de  deux  musi- 
ciens anglais,  nommés  Gambold  et  La  Trohe  ; 
plus  tard,  il  alla  suivre  les  cours  de  l'univer- 
sité de  Copenhague,  et  y  devint  élève  de  Schttlz 
pour  la  composition.  Fixé  à  Ebersdorf,  en 
qualité  de  médecin,  depuis  1802,  il  s'y  livra, 
dans  ses  moments  de  loisir,  à  la  composition  de 
chants  en  langues  allemande  et  danoise.  Déjà 
il  s'était  essayé  dans  ce  genre  pendant  son  sé- 
jour à  Copenhague,  et  y  avait  publié  plusieurs 
recueils  de  chants  où  l'on  remarquait  une  ex- 
pression juste  du  sens  des  paroles.  Les  autres 
recueils  qu'il  a  donnés  par  la  suite,  au  nombre 
de  huit,  ont  paru  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et 
Hœrlel.  Sœrensen  a  écrit  aussi  beaucoup  de 
musique  d'église  à  plusieurs  voix,  où  il  y  a 
de  bonnes  fugues  ;  mais  il  n'en  a  rien  été  pu- 
blié. Cet  amateur  distingué  est  mort  à  Ebers- 
dorf, en  1824. 

SOLRGEL  (Frédéric-Guillaume),  direc- 
teur de  musique  à  Nordhausen,  fut  d'abord 
attaché  à  l'orchestre  du  théâtre  et  donna  des 
leçons  de  piano.  Ses  premières  compositions 
furent  publiées  en  1819;  depuis  lors  il  a  fait 
paraître  quelque  ouvrage  chaque  année.  Parmi 
ses  meilleures  productions,  on  remarque  : 
1°  Symphonie  à  grand  orchestre,  op.  27;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Haertel.  2°  Ouverture  idem, 
op.  9;  ibid.  5°  Quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse,  op.  11,  15,21;  ibid.  4°  Duos 
pour  deux  violons,  op.  7,  15,  26  -xibid.  5°  Qua- 
tuor pour  piano,  violon,  alto  et  basse,  op.  20; 
ibid.  6°  Duos  pour  piano  et  violoncelle,  ou 
piano  et  violon,  op.  14,  18  et  23;  ibid.  7"  Six 
éludes  pour  piano,  en  forme  de  sonates, 
op.  19;  ibid.  8°  Thèmes  variés  pour  piano, 
op.  1,  3,  30;  Leipsick  et  Bonn. 

SOGKA  (Matiiias),  organiste  et  violoniste 
distingué,  naquit  en  Bohême,  vers  1755.  En 
1788,  il  était  au  service  du  comte  Millesimo,  à 
Willimow,  en  Moravie.  L'église  de  Raudniiz 
possédait,  en  1786,  deux  belles  messes  de  sa 
composition.  11  a  laissé  aussi  en  manuscrit  plu- 


sieurs symphonies,  des  quatuors,  des  concer- 
tos et  des  sonates  pour  le  violon  et  pour  le 
piano. 

SOGINER  (THOMAs\compositeur  et  profes- 
seur de  musique,  naquit  à  Naples,  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huilième  siècle,  et  fit  ses  éludes 
au  Conservatoire  de  la  Pietà, sous  la  direction 
de  Sala,  de  Guglielmi  et  de  Tritto.  Son  pre- 
mier essai  de  musique  dramatique  fut  la  can- 
tate Aci  e  Galatea,  qui  fut  exécutée  deux  fois 
devant  la  cour  de  Naples.  Quelques  années 
après,  il  écrivit  à  Rome  un  opéra  bouffe,  qui 
ne  réussit  pas.  Il  s'établit  ensuite  à  Livourne, 
où  il  était  encore  en  1812,  maître  de  chapelle 
d'une  église,  et  professeur  de  chant  et  d'har- 
monie. A  l'époque  de  la  formation  de  l'Insti- 
tut des  sciences  et  ans  du  royaume  d'Italie,  il 
fut  nommé  membre  de  la  section  de  musique 
de  cette  société  savante.  Parmi  les  composi- 
tions de  cet  artiste,  pour  l'église,  on  remarque 
une  messe  et  des  vêpres  à  huit  voix  qu'il  a 
écrites  à  Rome,  et  un  oratorio  de  la  Passion, 
sur  le  texte  de  Métastase.  Sogner  est  aussi 
connu  par  des  quatuors  pour  violon,  et  trois 
sonales  pour  le  piano,  gravées  à  Rome. 

SOGNER  (Pasouale),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Naples,  en  1793,  et  fut  élève  de  son 
père.  A  peine  âgé  de  dix-neuf  ans,  il  était  déjà 
maître  au  clavecin  du  théâtre  impérial  de  Li- 
vourne; mais  vers  la  fin  de  1813,  il  retourna  à 
Naples,  où  il  écrivit  pour  divers  théâtres  des 
opéras  et  des  ballets,  parmi  lesquels  on  remar- 
que :  1°  Amore  per  finzione,  opéra  bouffe  en 
deux  actes.  2°  Due  consigli  di  guerra  in  un 
giorno,  mélodrame  semi-serio  en  un  acte. 
3°  Quattro  prigionieri  ed  un  ciarlatano, 
opéra  bouffeen  un  acte,  1833.  4°Guerrinoagli 
alberi  del  sole,  en  trois  actes.  5"  Margherila 
di  Fiandra,  en  deux  actes.  6°  Generosilà 
e  t'endetta,  représenté  au  théâtre  du  Fondo, 
à  Naples,  le  9  mars  1824.  7°  La  Cena  aile 
Montagne  russe,  ibid.,  en  1832.  Cet  artiste, 
né  avec  du  talent  et  de  l'originalité  dans  les 
idées,  semblait  destiné  à  se  faire  une  bril- 
lante réputation  ;  mais  la  débauche  et  l'ivro- 
gnerie anéantirent  les  avantages  de  sa  belle 
organisation.  Le  peu  de  succès  de  quelques- 
uns  de  ses  ouvrages  le  fit  se  livrer  à  l'enseigne- 
ment du  chant  et  de  la  composition.  Vers  la 
fin  de  sa  vie,  il  était  tombé  dans  une  sorte 
d'abrutissement,  et  avait  perdu  jusqu'au  sen- 
timent de  son  talent.  Obligé  de  se  retirer  à 
Nola,  il  y  languit  dans  une  profonde  misère, 
et  mourut  en  1839.  Sogner  était  habile  pia- 
niste ci  s'était  fait  connaître  dans  sa  jeu- 
nesse par  trois  duos  pour  piano  et  violoncelle, 


SOGNER  —  SOLANO 


59 


des  sonates  pour  piano  seul   et  un  concerto 
avec  orchestre. 

SOHIER  (Matthias),  musicien  français, 
né  dans  les  dernières  années  du  quinzième 
siècle,  ou  dans  les  premières  du  seizième,  fut 
maître  des  enfants  de  chœur  de  la  cathédrale 
de  Paris,  sous  le  règne  de  François  Ier.  En 
1540,  il  passa  de  cette  position  à  celle  de 
maître  de  chapelle  de  la  même  église;  il  occu- 
paitencore  celle-ci  en  1556.  On  connaît  de  ce 
maître  :  1°  Deux  Ave  Regina  Cœlorum,  à 
quatre  voix,  huit  Regina  Cœli,  à  quatre  voix, 
et  sept  Salve  Regina,  également  à  quatre 
voix,  dans  le  recueil  qui  a  pour  litre  :  Liber 
duodecimX "F 1 1 musicales  aàTirgines  Chris- 
tiparam  selectiones  habet  ;  Parhisiis,  apud 
Petrum  Attaingnant  musiez  typographum, 
mense  aprili,  1554,  in-4°  obi.  2°  Chansons 
françaises  dans  le  XIe  livre  conte- 
nant XXVIII  chansons  à  quatre  parties 
en  un  volume  et  en  deux  ;  imprimées  par 
Pierre  Attaingnant  et  Pierre  lallet,  à  Paris, 
1542,  pet.  in-4°obl.  5°  Idemdans le X I I'elivre 
contenant  vingt  -  neuf  chansons  à  quatre 
parties;  ibid.,  1543,  in-4°  obi.  4°  Missa  cum 
quinque  vocibus  ad  imitationem  moduli  vidi 
speciosam  condita  D.  Matth.  Sohier,  prx- 
fecto  quondam  symphoniacis  ecclesix  Pa- 
risiensis,  dans  le  recueil  intitulé  :  Missarum 
musicalium  certa  vocumvarietate  secundum 
varios  quos  referunt  modulos  et  cantiones 
distinctorum  liber  secundus,  ex  diversis  iis- 
demque  peritissimis  auctoribus  collectus; 
Parisiis,ex  typographia  Nicolai  Duchemin, 
1556,  in-fol.  max. 

SOJOWSRY(Wenceslas),  né  en  Bohême, 
était  attaché,  en  1756,  à  l'église  cathédrale  de 
Leitmeritz,  en  qualité  de  compositeur  et  de  di- 
recteur du  chœur.  Plus  tard,  il  eut  le  titre 
d'économe  du  chapitre  de  Worasyez ,  et 
mourut  dans  cette  position.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscritsixbelles  messes  à  quatre  voix  et  orgue, 
pour  le  carême,  et  un  Te  Deum  composé  pour 
l'église  de  Raudnilz. 

SOLA  (Charles-Michel-Alexis)  ,  flûtiste 
et  guitariste,  né  à  Turin,  le  6  juin  1786,  ap- 
prit d'abord  à  jouer  du  violon,  sous  la  direc- 
tion dePugnani.  Après  la  mort  de  ce  maître, 
Sola  prit  la  résolution  d'abandonner  le  violon 
pour  la  flûte,  et  choisit  pour  ses  maîtres  Pi- 
pino  et  Vondano,  flûtistes  distingués.  Ses  ra- 
pides progrès  lui  procurèrent  la  place  de  se- 
conde flûte  au  théâtre  royal  de  Turin;  mais 
deux  ans  après,  il  abandonna  cette  position, 
et  s'engagea  dans  le  73e  régiment  d'infanterie 
française.  Fatigué,  au  bout  de  quatre  ans,  de 


la  vie  nomade  d'un  musicien  militaire,  il  de- 
manda son  congé,  l'obtint,  et  s'établit  à  Ge- 
nève, en  1809,  après  avoir  passé  quelque 
temps  au  château  de  Coppet,  pour  y  enseigner 
la  musique  et  la  flûte  au  fils  de  madame  de 
Staël.  Il  y  donna  des  leçons  de  chant,  de  flûle 
et  de  guitare.  Bideau,  ancien  violoncelliste  de 
la  Comédie  Italienne  et  bon  harmoniste,  qui 
s'était  fixé  à  Genève,  lui  donna  quelques  leçons 
décomposition.  Vers  la  fin  de  1810,  Sola  fit 
un  voyage  à  Paris,  et  y  publia  quelques-unes 
de  ses  productions,  puis  il  retourna  à  Genève 
et  y  fit  représenter,  en  1816,  un  opéra  fran- 
çais intitulé  le  Tribunal.  L'année  suivante,  il 
se  rendit  en  Angleterre  et  se  fixa  à  Londres, 
où  je  l'ai  connu,  en  1829,  dans  une  situation 
aisée  et  honorable.  Il  y  avait  publié  beaucoup 
de  musique  pour  la  flûte,  la  guitare  et  le  piano, 
ainsi  que  des  chansons  anglaises  qui  avaient 
eu  du  succès,  des  arrangements  pour  divers 
instruments  de  thèmes  de  Mozart,  de  Rossini 
et  de  plusieurs  autres  compositeurs.  Parmi  ses 
pricipaux  ouvrages,  on  remarque  :  1°  Quatuor 
pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  18  ;  Paris, 
Leduc.  2°  Quatuor  pour  flûte,  clarinette,  cor  et 
basson,  op,  21  ;  ibid.  3°  Premier  et  deuxième 
concertos  pour  flûte  et  orchestre;  Genève. 
4°  Trios  pour  flûte,  violon  et  basse,  op.  15; 
Paris,  Leduc.  5°  Plusieurs  thèmes  variés  pour 
flûte  ;  Milan,  Ricordi,  et  Londres,  Chappell. 
6°  Quatuor  pour  piano,  flûte,  clarinette  et  vio- 
loncelle ou  basson,  op.  19;  Paris,  Leduc. 
7°  Grand  trio  pour  piano,  harpe  et  alto  ;  Milan, 
Ricordi.  8°Diverlissement  pour  harpe  et  flûle; 
Paris,  Vaillant.  9°  Deux  recueils  de  romances 
françaises;  Paris,  Leduc.  10"  Des  chansons  an- 
glaises et  italiennes;  Londres,  Chappell. 
11°  Beaucoup  de  morceaux  détachés  pour  gui- 
tare et  flûle,  ou  guitare  seule  ;  Genève  ,  et 
Londres. 

SOLANO  (  François-Icnace  ),  musicien 
portugais,  né  à  Lisbonne,  en  1727,  est  connu 
principalement  par  le  livre  dont  il  sera  parlé 
tout  à  l'heure.  Les  circonstances  de  sa  vie  sont 
ignorées  ;  on  sait  seulement,  par  une  lettre 
du  célèbre  compositeur  David  Perez  (voyez  ce 
nom),  qu'il  vivait  encore  au   mois  de  juillet 

1763,  et  l'on  voit,  par  le  titre  même  de  son  ou- 
vrage, qu'il  était  descendu  dans  la  tombe  en 

1764,  lorsque  le  livre  parut.  Ce  livre  a  pour 
titre  :  Nova  instruçao  musical,  o  theorica 
pratica  de  musica  rhythmica  com  a  quai  se 
forma,  e  ordena  sobre  ses  mas  solidos  fun- 
damentos  hum  novo  methodo,  e  verdadiero 
systema  para  constituir  hum  intelligente  sol- 
fisla}  et  deslrissimo  cantor,  etc.  (Nouvelle 


60 


SOLANO  —  SOLIÉ 


instruction  musicale,  ou  théorie  pratique  de 
musique  rhylhmique,  par  laquelle  sont  formés 
et  établis  sur  les  plus  solides  bases  une  mé- 
thode nouvelle,  et  un  véritable  système  pour 
l'instruction  d'un  musicien  habile  à  solfier  et 
d'un  chanteur  très-expert,  etc.);  Lisbonne, 
17G4,  un  volume  in-4°  de  trois  cent  quarante 
pages,  avec  un  supplément  de  quarante-sept 
pages  concernant  la  valeur  des  signes  de  la 
notation  ancienne  de  la  musique.  Cet  ouvrage 
est  le  seul  traité  complet  qui  existe  de  la 
solmisation  par  les  muances  appliquée  à  tous 
les  tons  et  à  tous  les  signes  accidentels  de  la 
modulation  de  la  musique  moderne.  La  mé- 
thode de  l'auteur  consiste  à  trouver  par  des 
règles  certaines  quelles  sont  les  noies  mi  et 
fa,  c'est-à-dire  les  notes  du  demi-ton  ascen- 
dant; mais  ces  règles  sont  en  si  grand  nombre, 
qu'elles  démontrent  invinciblement  l'absurdité 
de  la  solmisation  par  les  muances  dans  la  tona- 
lité moderne. 

SOLER  (Antonio  FARGAS  Y),  amateur 
distingué  de  musique  à  Barcelone.  J'ai  dit  par 
erreur  dans  le  troisième  volume  de  cette  édi- 
tion de  la  Biographie  universelle  des  musi- 
ciens (p.  257,  deuxième  colonne), que  l'auteur 
de  la  traduction  de  mon  livre  intitulé  :  la  Mu- 
sique mise  à  la  portée  de  tout  le  monde  est 
M.  Soriano  Fuertes;  c'est  M.  Fargas  y  Soler 
qui  m'a  fait  l'honneur  de  traduire  cet  ouvrage 
dans  la  langue  espagnole. 

SOLERA  (Thémistocle),  poète  et  composi- 
teur milanais,  a  fait  représenter  au  théâtre  de 
la  Scala,  de  Milan,  pendant  le  carnaval  de 
1840,  Ildegonda,  opéra  dont  il  avait  écrit  le 
livret  et  la  musique.  Cet  ouvrage,  chanté  par 
la  Frezzolini  et  Moriani,  fut  vivement  applaudi. 
Le  même  artiste  donna,  au  même  théâtre,  en 
1842,  Il  Contadino  d'Agliale,  qui  fut  joué 
dans  l'année  suivante,  à  Brescia,  sons  le  litre  : 
la  Fanciulla  di  Castel  Gandoifo.  En  1843, 
M.  Solera  donna,  au  théâtre  de  Padoue,  Genio 
e  Svenlura. 

SOLÈRE(Étienne),  clarinettiste  et  compo- 
siteur, né  au  Mont-Louis,  le  4  avril  1753,  s'en- 
gagea, à  l'âge  de  quatorzeans, comme  clarinei- 
liste,  dans  la  musique  du  régiment  de  Cham- 
pagne (infanterie).  Après  douze  ans  de  service 
dans  ce  corps,  il  obtint  son  congé  pour  entrer 
au  service  du  duc  d'Orléans,  en  qualité  de  pre- 
mière clarinette  de  sa  musique  d'harmonie. 
Devenu  à  cette  époque  élève  de  Michel  Yost,  il 
fit  sous  sa  direction  de  rapides  progrès,  eljoua 
avec  un  brillant  succès  au  Concert  spirituel, 
en  1784.  Après  la  mort  du  duc  d'Orléans,  So- 
lère  fut  admis  dans  la  chapelle  du  roi  en  qua- 


lité de  première  clarinette,  puis  fut  professeur 
de  son  inslrumenlauConservatoiredemusique, 
à  l'époque  de  sa  fondation.  Ayant  été  compris 
dans  la  réforme  de  1802,  il  trouva  dans  Le- 
sueurun  protecteur  qui  le  fit  entrer  deux  ans 
après  dans  la  musique  de  l'empereur  Napoléon. 
Après  la  mort  de  Chelard  père,  Solèrc  lui  suc- 
céda comme  seconde  clarinette  à  l'orchestre  de 
l'Opéra.  Il  mourut  dans  cette  position,  en 
1817.  On  a  publié  de  la  composition  de  cet  ar- 
tiste :  1°  Symphonies  concertantes  pour  deux 
clarinettes,  nos  1  et  2;  Paris,  Imbault.  2°  Con- 
certos pour  clarinette,  nos  1,  2,  3,  4,  5,  G,  7  ■ 
Paris,  Sieber  et  Imbault.  3n  Duos  pour  deux 
clarinettes,  œuvres  1  et  2  ;  Paris,  Michel  Ozy 
et  Janet.  4°Fantaisies  pour  clarinelle  et  piano, 
nos  1,  2,  3;  Paris,  Hentz- Jouve.  5°  Airs  variés 
pour  la  clarinette,  liv.  I,  II,  III,  IV,  V;  Pa- 
ris, Sieber.  6°  Soixante-quinze  suites  d'harmo- 
nie militaire,  marches,  pas  redoublés,  etc.; 
Paris,  Boyer,  Imbault,  Leduc. 

SOL1E  (Jean -Pierre),  dont  le  nom  véri- 
table était  SOULIER,  naquit  à  Nimcs,  en 
1755.  Fils  d'un  violoncelliste  du  théâtre  de 
cette  ville,  il  apprit  la  musique  dès  ses  pre- 
mières années,  et  entra  comme  enfant  de 
chœur  à  la  cathédrale  de  cette  ville.  Devenu 
bon  musicien,  et  possédant  une  assez  bonne 
voix  de  ténor,  il  donna  des  leçons  de  chant 
pour  vivre,  et  fut  attaché,  comme  violoncel- 
liste, aux  orchestres  de  plusieurs  villes  du  midi 
de  la  France.  En  1778,  il  était  à  Avignon;  on 
devait  y  jouer  la  Rosière  de  Salenci,  opéra- 
comique  de  Grétry,  alors  dans  sa  nouveauté  ; 
mais  l'acteur  qui  devait  remplir  le  rôle  du 
meunier  étant  tombé  malade,  Solié  consentit  à 
le  remplacer,  et  chanta  ce  rôle  avec  tant  de 
succès  qu'il  fut  immédiatement  après  engagé 
comme  ténor.  Dès  lors,  il  se  voua  entièrement 
à  la  carrieredramatique.il  chantait  au  théâtre 
de  Nancy,  en  1782,  lorsqu'il  fut  appelé  à 
l'Opéra-Comique  de  Paris,  connu  alors  sous  le 
nom  de  Comédie  Italienne  ;  mais  ses  débuts  n'y 
furent  point  heureux.  Il  retourna  à  Nancy, 
puis  se  rendit  à  Lyon  où  il  joua  pendant  trois 
ans.  Bon  musicien,  chanteur  intelligent  plutôt 
qu'habile,  acteur  plus  convenable  que  chaleu- 
reux, il  n'avait  pointa  la  scène  de  ces  brillants 
succès  d'entraînement  qui  n'appartiennent 
qu'aux  artistes  prédestinés;  mais  il  était  estimé 
pour  la  solidité  de  son  mérite.  Bappelé  à  Paris, 
en  1787,  il  languit  dans  les  emplois  secon- 
daires de  l'Opéra-Comique  pendant  deux  ans, 
et  peut-être  allait-il  dire  adieu  pour  toujours 
aux  théâtres  de  la  capitale  de  la  France,  lors- 
que le  hasard  lui  procura  l'occasion  de  rem- 


SOLIÉ  —  SOLIVA 


61 


placer  à  l'improvisle  Clairval  dans  la  Fausse 
Paysanne,  le  26  mars  1789.  L'incontestable 
supériorité  de  son  chant  sur  celui  du  chef 
d'emploi  qu'il  doublait,  lui  procura  d'una- 
nimes applaudissements,  et  dès  ce  moment  sa 
situation  devint  meilleure  au  théâtre.  L'arri- 
vée des  célèbres  chanteurs  italiens  dont  on 
forma  la  compagnie  chantante  du  théâtre  de 
Monsieur  lui  fournil  dans  le  même  temps  les 
moyens  d'étudier  l'art  du  chant;  il  alla  les 
entendre  souvent,  et  sut  mettre  à  profit  les 
leçons  pratiques  qu'il  en  recevait.  Ses  éludes 
ne  purent  lui  faire  acquérir  la  légèreté  de 
vocalisation;  mais  il  apprit  à  bien  poser  le 
son ,  et  à  phraser  avec  largeur.  Son  organe 
vocal  passa  insensiblement  du  ténor  au  ba- 
ryton, genre  de  voix  inconnu  jusqu'à  lui  à 
l'Opéra-Comique  :  il  en  résulta  que  les  com- 
positeurs écrivirent  spécialement  pour  lui,  et 
lui  formèrent  un  emploi  qui  a  pris  son  nom. 
C'est  ainsi  qu'il  créa  les  rôles  d'Alibour,  dans 
Euphrosine,  du  médecin,  dans  Stratonice, 
d'Albert,  dans  Une  Folie,  de  Jacob,  dans  Jo- 
seph, et  beaucoup  d'autres  de  cet  emploi. 

En  1790,  une  nouvelle  carrière  s'ouvrit  pour 
Solié  :  ce  fut  celle  de  compositeur  dramatique. 
Son  premier  essai  consista  en  quelques  airs 
qu'il  ajouta  à  l'opéra  intitulé  les  Fous  de  Mé- 
dine,  particulièrement  celui  de  la  Clochette, 
qui  fit  sensation.  Malgré  ce  succès,  l'auteur  eut 
quelque  peine  à   obtenir   un  livret  d'opéra; 
mais  enfin  il  fit  représenter,  en  1792,  Jean  et 
Geneviève,  pièce  naïve  qui  fut  fort  applaudie, 
et  qu'on  a  reprise  avec  succès,  vingt-huit  ans 
après.  Une  musique  facile  et  d'une   mélodie 
quelque  peu  trivale,  convenable  pour  les  spec- 
tateurs français  de  celte  époque,  caractérisait 
celte  première  production  de  Solié;  il  ne  s'est 
jamais  élevé  beaucoup  plus  haut  dans  ses  au- 
tres ouvrages,  dont  voici  la  liste  chronologi- 
que :  1°  Le  Jockey,  1795.2°  L'Entreprise  folle, 
1795.  5°  Le  Secret,  en  un  acte,  1796.  4°  La 
Soubrette,  en  un  acte,  1796.  5°  Azeline,  en 
trois  actes,  1796.  6°  La  Femme  de  quarante- 
cinq  ans,  1797.  7°  La  Rivale  d'elle-même, 
1798. 8° Le  Chapitre  second,  en  un  acte,  1799. 
8°  (bis)  L'Incertitude  maternelle,  en  un  acte, 
1799.  9°  La  Pluie  et  le  beau  temps,  en  un 
acte,  1800.  10°  Une  Matinée  de  Foliaire,  ou 
la  Famille  Calas  à  Paris,  en  un  acte,  1800. 
11°  Oui,  ou  le  Double  rendez -vous,  en  un 
acle,  1800.  12°  Lisez  Plutarque,  en  un  acte, 
1801.  Henriette  et  Verseuil,  en  un  acte, 1803. 
14°   L'Epoux   généreux,  en  un  acle,  1803. 
15°  Les  Deux  Oncles,  en  un  acte,  1804. 16°  Le 
Malade  par  amour,  en  un  acte,  1804. 17°67(a- 


cunson  tour,  en  un  acte,  1805.  18°  Le  Diable 
à  quatre,  en  deux  actes,  1806.  19°  L'Opéra 
de  village,  en  un  acle,  1807.  20°  L'Amante 
sans  le  savoir,  en  un  acte,  1807.  21°  Anna. 
en  un  acte,  1808.  22°  Le  Hussard  noir,  en 
un  acte,  1808.  23°  Mademoiselle  de  Guise,  en 
trois  actes,  1808.  24°  La  Victime  des  arts, 
1811.  25°  Les  Ménestrels,  en  trois  actes,  1811. 
La  chute  de  ce  dernier  ouvrage,  bientôt  suivie 
de  la  mort  de  l'ainé  des  fils  de  Solié,  lui  causa 
un  vif  chagrin  dont  il  chercha  à  se  consoler 
par  des  excès  de  table  qui  ruinèrent  sa  santé 
et  lui  donnèrent  la  mort,  le  6  août  1812,  à 
l'âge  de  cinquante-sept  ans.  On  a  gravé,  à  Pa- 
ris, les  parlititons  du  Jockey,  du  Secret,  du 
Chapitre  second,  du  Diable  à  quatre,  et  de 
Mademoiselle  de  Guise. 

SOLIE  (Emile),  second  fils  du  précédent,  né 
à  Paris,  le  9  avril  1801,  s'est  fixé  à  Ancenis,où 
il  vivait  encore  en  1853.  On  a  de  lui  quelques 
petits  écrits  intitulés  :  1°  Histoire  du  théâtre 
de  l'Opéra-Comique;  Paris,  1847,  in-12  de 
52  pages.  2°  Notice  sur  l'Opéra  national; 
Paris,  1847,  in-8°de  16  pages.  3°  Études  bio- 
graphiques, anecdotiques  et  esthétiques  sur 
les  compositeurs  qui  ont  illustré  la  scène  fran- 
çaise. Rameau;  Ancenis,  1853,  in-8°.  J'ignore 
si  la  notice  de  Rameau  a  été  suivie  d'autres 
monographies  de  compositeurs  français. 

SOLIVA  (Charles),  compositeur  italien, 
né  à  Casal-Monferrato,  vers  1792,  a  fait  ses 
études  musicales  au  conservatoire  de  Milan,  et 
a  débuté  brillamment,  en  1816,  dans  la  car- 
rière delà  composition  dramatique,  par  l'opéra 
intitulé  La  Testa  di  bronzo,  représenté  au 
théâtre  de  la  Scala.  A  l'automne  de  l'année 
suivante,  il  donna  au  même  théâtre  le  Zin- 
gare  dell'  Asluria,  et  pendant  le  carême  de 
1818,  il  fit  représenter  avec  succès  l'opéra  sé- 
rieux Giulia  e  Sesto  Pompeo.  Les  ouvertures 
de  ces  opéras  ont  été  gravées  à  Milan,  chez 
Ricordi.  Vers  1825,  M.  Soliva  a  fait  un  voyage 
à  Paris  et  y  a  fait  publier  plusieurs  morceaux 
de  musique  instrumentale  et  vocale,  puis  il  est 
retourné  en  Italie.  J'ignore  s'il  a  travaillé 
pour  la  scène  depuis  cette  époque.  Il  parait 
aussi  avoir  fait  un  séjour  à  Vienne,  où  l'on  a 
gravé  quelques-unes  de  ses  compositions,  puis 
il  s'est  établi  à  Pétersbourg,  comme  professeur 
de  chant  :  il  y  était  encore  en  1843.  Parmi  les 
principaux  ouvrages  de  cet  artiste,  on  remar- 
que :  1°  Sonate  et  variations  pour  le  piano  à 
quatre  mains;  Vienne,  Arlaria.  2°  Plusieurs 
suites  de  variations  sur  des  thèmes  de  Mozart 
etdeRossini;  Milan,  Ricordi.  5°  Grand  trio 
pour  piano,  harpe  et  alto;  ibid. 


62 


SOLNITZ  —  SONNENFELS 


SOLNITZ  (Antoine-Guillaume),  musicien 
allemand,  passa  la  plus  grande  partie  de  sa.vie 
à  Amsterdam,  où  il  mourut,  en  1758,  à  l'âge 
de  trente-six  ans.  Compositeur  distingué,  il 
aurait  pu  acquérir  de  la  gloire,  mais  sa  passion 
pour  les  liqueurs  fortes  ruina  sa  santé  et  son 
talent.  Il  a  publié  à  Amsterdam  :  l°Six  trios 
pour  deux  flûtes  ou  violons  et  liasse,  op.  1. 
2°  Douze  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  2.  3»  Douze  morceaux  pour  deux 
clarinettes  et  deux  cors. 

SOLVAY  (Théodore-Auguste),  professeur 
de  piano  à  Bruxelles,  est  né  en  1821,  à  Rebecq 
(Brabanl  méridional).  Admis  au  Conservatoire 
de  Bruxelles,  en  1834,  il  y  obtint  le  second 
prix  de  solfège  et  le  second  prix  de  piano  aux 
concours  de  1837,  et  le  premier  prix  de  piano 
lui  fut  décerné  dans  l'année  suivante.  Au  con- 
cours de  1840,  il  obtint  également  le  premier 
prix  d'harmonie.  Depuis  cette  époque,  H.  Sol- 
vay  s'est  livré  à  l'enseignement  de  son  instru- 
ment. Plusieurs  de  ses  compositions  pour  le 
piano  et  des  romances  ont  été  publiées  à 
Bruxelles,  chez  Schott,  Meynne  et  Kalto. 

SOMA,  musicien  et  poëte  hindou,  est  au- 
teur d'un  traité  fort  ample  sur  la  musique,  en 
langue  sanscrite,  intitulé  Rafjavibodha  (Doc- 
trines des  modes  musicaux).  Cet  ouvrage  est 
excessivement  rare,  même  dans  l'Inde;  le  co- 
lonel Polier  en  a  découvert  par  hasard  une 
copie  qui  l'a  peut-être  préservé  d'une  entière 
destruction.  W.  Jones,  président  de  la  société 
Asiatique  de  Calcutta,  le  considérait  comme 
un  trésor  pour  l'histoire  de  l'art.  Le  Ragavi- 
bodha  est  divisé  en  quatre  chapitres  :  le  pre- 
mier, le  troisième  et  le  quatrième  traitent  de 
la  doctrinedes  sons, de  leurs  divisions,  de  leur 
succession,  de  la  diversité  des  gammes  ou 
échelles,  et  contiennent  l'énuméralion  des 
modes;  le  deuxième  chapitre  renferme  une 
description  des  espèces  diverses  de  l'instru- 
ment de  l'Inde  appelé  Vina,  et  de  la  manière 
d'en  jouer.  (Voyez  Asiatic  Researches,  t.  III, 
pag.  326  et  suiv.  de  l'édition  de  Londres.) 

SOMIS  (Laurent),  célèbre  violoniste,  né 
dans  le  Piémont,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  visita  dans  sa  jeunesse  Rome  et  Venise, 
pour  entendre  les  virtuoses  de  celte  époque, 
notamment  Vivaldi,  qu'il  parait  avoir  pris 
pour  modèle;  puis  il  se  fixa  à  Turin,  où  il  eut 
le  litre  de  maître  de  chapelle  du  roi  de  Sar- 
daigne.  Bien  qu'il  appartienne  à  l'école  de  Co- 
relli,  dont  il  a  imité  le  style  en  le  moderni- 
sant, il  se  fit  cependant  une  manière  propre 
dont  Giardini  et  Chabran  ont  eu  la  meilleure 
tradition.  Ce  dernier  était  neveu  de  Somis.  On 


ne  connaît  de  ce  virtuose  qu'un  œuvre  de  so- 
nates intitulé  :  Opéra  prima  di  sonate  a 
violino  e  violoncello  o  cembalo;  Rome,  1722, 
in-fol.  Somis  vivait  encore  à  Turin  en  1735. 
SOMMA  (Louis),  compositeur  dramatique, 
né  à  Catane  (Sicile),  vers  1810,  commença  ses 
études  musicales  dans  celte  ville,  et  les  acheva 
au  Conservatoire  de  Païenne.  En  1832,  il  fit 
exécuter  une  cantate  de  sa  composition  dans 
sa  ville  natale;  deux  ans  après,  on  représenta 
à  Palerme  son  opéra  intitulé  Adismano  in 
Scozia,  et  en  1835,  il  donna  au  théâtre  de  la 
Scalajde  Milan,  Ildegonda  e  Rizzardo,  qui 
ne  réussit  pas.  Depuis  lors,  le  nom  de  ce  com- 
positeur a  disparu  du  monde  musical. 

SOMMER  (Jean),  né  dans  le  Holstein,  vers 
la  fin  du  seizième  siècle,  était  directeur  de  la 
chapelle  du  duc  son  souverain,  vers  1623.  Il  a 
fait  imprimer  de  sa  composition  un  ouvrage 
qui  a  pour  titre  :  Der  frœhlichen  Sommerzeit , 
erster  Theil,  ans  neuen  Concerten  zu  singen 
und  zu  spielen  bestehend  (Le  Joyeux  temps 
d'été,  première  partie,  consistant  en  nouveaux 
concerts  à  chanter  et  à  jouer);  Oldenbourg, 
1623,  in-4°. 

SOMMER (Michel-Conrad),  né  à  Dozheim, 
fut  d'abord  pasteur  à  Bierstadt,  près  deWïes- 
baden,  puis  il  obtint,  en  1777,  le  titre  d'inspec- 
teur d'Idstein.  Il  a  fait  imprimer  un  discours 
qu'il  avait  prononcé  à  l'occasion  de  l'érection 
•  d'un  nouvel  orgue  dans  l'église  de  la  ville  à 
Idstein,    sous    ce    titre    :    Die   Freude    der 
Christen  bey  ihren  œffentlichen  Gottesdienst 
:  am  XXI  Sonntage  nach  Trinit.  da  die  nene 
■   Orgel  in  der  Stadtkirche  zu  Idstein  zum 
j  erstenmal     beyin     Gottesdienste     gespielet 
lourde:  Wiesbaden,  1783,  in-8°. 

SOMMER  (....),  maître  de  concert  à 
Weimar,  a  inventé,  en  1843,  l'instrument  à 
frottement  appelé  Euphonion,  avec  lequel  il 
a  voyagé  et  donné  des  séances  musicales  à 
Francfort-sur-le-Mein,  à  Breslau  et  à  Prague, 
pendant  les  années  1844  et  1845. 

SONNE  (Jean-Michel),  savant  danois,  est 
auteur  d'un  petit  écrit  intitulé  :  Disserlatio 
de  musica  Judœorum  in  sacris  stante  templo 
adhibita;  Hafnise,  1724,  in-4°  de  seize 
pages. 

SONNENFELS  (lechevalier  Joseph),  con- 
seiller de  régence  de  la  Basse-Autriche),  secré- 
taire de  l'Académie  de  peinture,  à  Vienne, 
naquit  en  1733,  à  Nickelsbourg,  en  Moravie, 
et  mourut  à  Vienne,  le  26  avril  1817.  Auteur 
d'un  grand  nombre  d'ouvrages  concernant  les 
arts,  la  littérature  et  la  politique,  il  a  écrit  des 
lettres  sur  le  théâtre  de  Vienne  (Briefe  ùber 


SONNENFELS  —  SONNTAG 


63 


die  JFienerische  Schaubiihne,  \ienne,  1768, 
quatre  volumes  in-8g),  où  l'on  trouve  une  dis- 
sertation sur  VAlceste  de  Gluck,  que  Hiller  a 
insérée  dans  ses  Notices  musicales  (JFœchent- 
liche  Nachrichten,  etc.). 

SONINEIVRALK  (  Jean-Frédéric-Guil- 
lauihe),  né  dans  le  Hanovre,  en  1729,  l'ut 
d'abord  organiste  à  Herzherg,  puis  cantor  et 
directeur  de  musique  à  Dahm,  où  il  mourut  au 
mois  de  janvier  1821 .  On  a  de  lui  un  pelitécrit 
intitulé  :  Kurze  Entscheidung  der  Fraye  : 
Jf'ie  sollen  die  Prxludia  eines  Organisten 
bei  dem  Gottesdienste  beschafjen  sein  ? 
(Courte  solution  de  la  question  :  Comment 
doivent  être  les  préludes  d'un  organiste  dans 
le  service  divin  ?  etc.)  ;  Torgau,  1756,  in-4°  de 
vingt-huit  pages. 

SOIVINETTI  (Jean-Jacqces),  pseudonyme. 
Voyez  GOUDAR. 

SONNLEITHNER  (Christophe),  doc- 
teur en  droit,  avocat  de  la  cour,  et  doyen  de  la 
faculté  de  jurisprudence  de  Vienne,  naquit  le 
28  mai  1754,  à  Szegedin,  en  Hongrie.  Ayant 
perdu  ses  parents  avant  l'âge  de  deux  ans,  il 
fut  confié  aux  soins  d'un  contrôleur  du  bureau 
des  contributions,  à  Vienne,  et  directeur  du 
chœur  de  l'église  paroissiale  de  Leopoldsladt. 
Celui-ci  fit  de  son  neveu  un  enfant  de  chœur, 
et  lui  enseigna  le  chant  et  le  violon.  Après 
avoir  fait  de  bonnes  éludes  au  collège  des  Jé- 
suites, Sonnleithner  suivit  les  cours  de  l'uni- 
versité, et  parvint  au  grade  de  docteur  en 
droit.  Ses  fonctions  ne  lui  permirent  de  culti- 
ver la  musiqueque  comme  amateur;  toutefois, 
il  composa  plusieurs  messes  solennelles  et  de 
Requiem,  des  graduels,  offertoires,  sympho- 
nies, concertos,  quatuors,  trios  pour  violon,  et 
plusieurs  autres  ouvrages.  Au  nombre  de  ses 
productions,  on  cite  trente-six  quatuors  com- 
posés pour  l'empereur  Joseph  II,  qui  aimait 
sa  musique  instrumentale.  De  toutes  ses  pro- 
ductions, on  n'a  publié  que  trois  quatuors 
pour  deux  violons,  allô  et  basse,  à  Vienne,  en 
1803.  Sonnleithner  mourut  dans  cette  ville,  le 
25  décembre  1786,  à  l'âge  de  cinquante-deux 
ans. 

SOTSmEITHNER  (Joseph),  fils  aîné  du 
précédent,  né  à  Vienne,  en  1765,  fut  d'abord 
commissaire  de  district  et  secrétaire  du  théâtre 
de  la  cour,  puis  conseiller  de  régence  et  che- 
valier de  l'ordre  de  Danebrog;  il  est  mort  à 
Vienne,  dans  la  nuit  de  Noël,  en  1855,  le  jour 
même  où  son  père  était  décédé  quarante-neuf 
ans  auparavant.  Pendant  qu'il  remplissait  les 
fonctions  de  secrétaire  du  théâtre  de  la  cour, 
il  publia  un  Almanach  du  théâtre  de  Vienne 


[Wiener  Theater  Almanach)  pour  les  an- 
nées 1794,  1795  et  1796,  trois  volumes  in-12. 
On  y  trouve  de  bons  renseignements  concer- 
nant la  musique  dramatique  à  Vienne,  et  des 
notices  biographiques  intéressantes  sur  Mo- 
zart, Gassmann  et  Salieri.  Sonnleithner  avait 
conçu  le  projet  d'une  collection  choisie  d'œu- 
vresdes  plus  illustres  compositeurs  de  tous  les 
pays,  accompagnées  de  biographies  et  de  no- 
tices en  langues  allemande,  française,  ita- 
lienne et  anglaise.  Cette  collection  devait  for- 
mer soixante  volumes  in-folio.  Forkel  devait 
être  son  principal  collaborateur  pour  cette  en- 
treprise gigantesque  (voyez  Forkel,  t.  III  de 
cette  Biographie  universelle  des  musiciens, 
p.  295).  Sonnleithner  voyagea  pendant  plu- 
sieurs années  pour  en  rassembler  les  maté- 
riaux; mais  il  ne  put  réunir  des  souscriptions 
suffisantes  pour  en  couvrir  la  dépense,  et  l'en- 
treprise n'eut  pas  de  suite.  De  retour  à  Vienne, 
il  conçut  les  projets  de  la  Société  des  amis  de 
la  musique  et  du  Conservatoire  de  la  capitale 
de  l'Autriche;  sa  persévérance  parvint  à  les 
réaliser  :  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie,  il  fut  secré- 
taire de  ces  deux  établissements.  En  mourant, 
il  laissa  au  premier  sa  collection  d'instru- 
ments, de  portraits  de  musiciens  et  de  ma- 
nuscrits, parmi  lesquels  on  remarque  un  re- 
cueil de  matériaux  pour  l'histoire  de  la  musique, 
en  quarante-deux  volumes,  entièrement  écrits 
de  sa  main. 

SONNOYS  (André),  né  vers  1540,  à 
Mussy-l'Évêque,  en  Champagne,  obtint  au 
concours  du  Puy  de  musique  d'Évreux,  en 
1577,  le  prix  de  la  flûte  d'argent,  pour  la  com- 
position de  la  chanson  française  à  plusieurs 
voix,  commençant  par  ces  mots  :  J'ai  un  joli 
cour  tant  (verger). 

SONNTAG  (Christophe),  docteur  et  pro- 
fesseur primaire  de  théologie  à  Altorf,  naquit 
à  Weida,  dans  le  Voigtland,  le  28  janvier 
1654,  et  mourut  le  6  mars  1717.  On  a  de  lui 
un  livre  intitulé  :  De  titulis  psalmorum  ; 
Silusix,  1687,  in-4°  de  six  cents  pages.  Il  y 
traite  des  instruments  de  musique  des  peuples 
de  l'antiquité,  particulièrement  des  Hébreux. 

SONNTAG  ou  SOINÏAG  (Henriette), 
plus  tard  comtesse  de  ROSSI ,  cantatrice 
célèbre,  naquit  à  Coblence,  le  13  mai  1805. 
Fille  d'acteurs  attachés  aux  théâtres  de  l'Al- 
lemagne rhénane,  elle  fut  destinée  dès  ses 
premières  années  à  la  carrière  dramatique;  à 
l'âge  de  six  ans,  elle  parut  pour  la  première 
fois  sur  la  scène,  au  théâtre  de  la  cour  de 
Darmsladt,  dans  l'opéra  intitulé  :  Donau 
IVeibchen  (la  Petite  Femme  du  Danube),  où 


(A 


SONNTAG 


elle  remplissait  le  rôle  de  Salomé.  On  y  admira 
sa  gentillesse,  sa  naïveté  et  la  justesse  par- 
faite de  sa  voix.  A  l'âge  de  neuf  ans,  made- 
moiselle Sontag  perdit  son  père,  et  sa  mère 
la  conduisit  à  Prague,  où  elle  joua  de  petits 
rôles  d'enfant  avec  un  succès  qui  acquérait  de 
l'intérêt  à  mesure  qu'elle  avançait  en  âge.  De- 
puis près  de  deux  ans,  elle  se  trouvait  dans  la 
capitale  de  la  Bohême,  sans  avoir  pu  entrer  au 
Conservatoire  de  musique,  parce  que  les  règle- 
ments ne  permettent  pas  d'y  admettre  d'élève 
âgé  de  moins  douze  ans;  par  une  exception 
spéciale,  et  en  faveur  de  sa  belle  organisation 
musicale,  il  lui  fut  permis  d'y  fréquenter  les 
cours  lorsqu'elleeut  atteint  sa  onzième  année. 
Pendantquatre  ans,  sesétudes  furent  sérieuses, 
elle  devint  habile  dans  la  lecture  de  la  musique 
et  dans  le  chant,  quoique  ses  progrès  sous  ce 
dernier  rapport  fussent  plutôt  dus  à  son  heu- 
reux instinct  qu'à  l'éducation  vocale  qu'on  lui 
avait  donnée.  Ayant  à  peine  atteint  sa  quin- 
zième année,  elle  fut  obligée  de  chanter  à 
l'improviste  le  rôle  de  la  princesse  de  Navarre 
dans  l'opéra  intitulé  :  Jean  de  Paris,  pendant 
une  maladie  de  la  première  actrice.  L'émotion 
qui  l'agitait  dans  cette  occasion  ne  nuisit  point 
à  son  succès,  dont  l'éclat  décida  de  sa  carrière. 
Ce  fut  alors  qu'elle  sortit  du  Conservatoire,  où 
le  maître  de  chapelle  Tribensée  lui  avait  en- 
seigné les  éléments  de  la  musique,  Pixis,  le 
piano,  Bayer  et  madame  Czezka,  la  vocalisa- 
tion et  le  chant.  Elle  se  rendit  à  Vienne,  où  les 
fréquentes  occasions  qu'elle  eut  d'entendre 
madame  Mainvielle-Fodor  lui  furent  plus  pro- 
fitables que  les  leçons  qu'elle  avait  reçues  pré- 
cédemment. Pendant  un  séjour  de  quatre  ans 
dans  cette  ville,  elle  chanta  alternativement 
au  Théâtre  italien  et  à  l'Opéra  allemand,  dé- 
veloppant chaque  jour  son  talent,  sans  pro- 
duire toutefois  de  sensation  bien  vive  sur  le 
public  viennois. 

En  1824,  un  engagement  fut  offerte  made- 
moiselle Sontag  pour  l'Opéra  de  Leipsick  :  elle 
l'accepta,  et  se  rendit  dans  cette  ville  avec  sa 
mère.  Ici  commence  l'époque  glorieuse  de  sa 
vie  d'artiste.  Ses  succès  dans  le  Freyschiitz 
et  dans  l'Eurianthe,  de  "Weber,  eurent  tant 
d'éclat,  qu'elle  ne  tarda  point  à  être  appelée  à 
Berlin,  pour  chanter  au  théâtre  de  Kœnig- 
stœdt.  Ses  études  à  Vienne  l'avaient  surtout 
préparée  à  chanter  le  répertoire  des  opéras  de 
Rossini;  mais  la  musique  de  l'illustre  maître, 
qui  jouissait  de  toute  la  faveur  publique  dans 
la  capitale  de  l'Autriche,  n'était  pas  estimée  à 
Berlin  à  sa  juste  valeur.  Quelques  opéras  alle- 
mands, et  des  ouvrages  traduits  du  français 


étaient  donc  ceux  où  le  talent  de  mademoiselle 
Sontag  devait  s'exercer  :  elle  y  porta  tant  de 
grâce  et  d'élégance,  sa  voix  y  parut  si  remar- 
quable, par  la  justesse  et  l'égalité  ;  sa  vocali- 
sation, si  facile  et  si  pure,  que  bientôt  sa  répu- 
tation s'étendit  dans  toute  l'Allemagne,  et 
qu'elle  fit  la  fortune  du  théâtre  qui  la  possé- 
dait. On  dit  que  ses  premières  relations  avec  le 
comte  de  Rossi,  alors  secrétaire  de  la  légation 
de  Sardaigne  à  Berlin,  devenu  ensuite  son 
époux,  remontent  à  cette  époque,  et  que  dès 
lors  le  mariage  fut  projeté. 

A  la  fin  de  mai  1826,  mademoiselle  Sontag 
profita  d'un  congé  qui  lui  était  accordé  pour 
se  rendre  à  Paris:  elle  y  débuta  le  15  juin  sui- 
vant dans  le  rôle  de  Rosine  du  Barbier  de  S é- 
ville,  et  y  produisit  la  plus  vive  sensation  par 
le  fini  de  son  chant,  et  le  charme  répandu 
dans  toute  sa  personne.  Dans  la  leçon  de  chant 
«lu  second  acte,  elle  exécuta  les  variations  de 
Rode,  laissant  bien  loin  d'elle  madame  Cata- 
lani,  qui  avait  abordé  la  première  ce  genre  de 
difficultés.  L'enthousiasme  du  public  fut  à  son 
comble,  et  toutes  les  représentations  qui  sui- 
virent ce  premier  essai  eurent  le  même  succès. 
Après  le  Barbier  de  Séville,  mademoiselle  Son- 
tag chanta  dans  la  Donna  del  Lago  et  dans 
Vltaliana  in  Alqieri,  dont  les  principaux 
morceaux  avaient  été  transposés  pour  la  voix 
de  soprano.  Le  29  juillet ,  elle  joua  la  dernière 
des  représentations  pour  lesquelles  elle  s'était 
engagée,  et  retourna  à  Berlin  pour  achever 
d'y  remplir  les  engagements  qu'elle  avait  con- 
tractés. Les  applaudissements  qui  lui  avaient 
été  prodigués  à  Paris  ne  furent  pas  sans  in- 
fluence sur  l'accueil  qui  lui  fut  fait  au  Théâtre 
de  Kœnigstaedt  lorsqu'elle  y  reparut.  Peut-être 
même  est-il  permis  de  dire  que  son  mérite  ne 
fut  bien  compris  qu'alors  par  les  habitants  de 
Berlin.  Chacune  de  ses  représentations  devint 
un  triomphe,  et  ce  fut  avec  de  vifs  regrets 
qu'on  vit  s'éloigner  de  nouveau  la  charmante 
cantatrice  à  la  fin  de  1827,  pour  aller  remplir 
un  engagement  de  longue  durée  au  Théâtre- 
Italien  de  Paris.  Le  2  janvier  1828,  elle  repa- 
rut sur  cette  scène,  par  le  rôle  de  Desdemona, 
dans  Oti'llo.  Les  qualités  qu'on  avait  admirées 
en  elle  deux  ans  auparavant  s'étaient  encore 
perfectionnées  ;  mais  elles  étaient  insuffisantes 
pour  un  rôle  tel  que  celui  de  Desdemona.  Le 
sentiment  dramatique,  l'accent  expressif  se 
trouva  faible  en  mademoiselle  Sontag  pour  ce 
beau  rôle  de  Desdemona  :  elle  le  comprit,  et 
dès  lors  ses  études  se  tournèrent  vers  la  re- 
cherche et  le  développement  de  ce  sentiment, 
condition  première  dans  le  chant  de  l'opéra 


SONTAG 


sérieux.  Ses  progrès  surpassèrent  à  cet  égard 
tout  ce  qu'on  pouvait  attendre,  et  la  manière 
dont  elle  joua,  dans  les  derniers  temps  de  son 
séjour  à  Paris,  le  rôle  de  donna  Anna,  dans 
le  Don  Juan  de  Mozart,  celui  de  Semiramidc, 
et  plusieurs  autres,  prouva  qu'il  y  avait  en 
elle  non  moins  de  chaleureuse  inspiration  que 
de  goût  et  de  grâce. 

Au  mois  d'avril  de  la  même  année,  cetle 
charmante  cantatrice  se  rendit  à  Londres,  où 
elle  excita  le  plus  vif  enthousiasme  par  son  ta- 
lent, et  l'intérêt  de  la  haute  société  par  l'agré- 
ment de  sa  personne  et  la  décence  de  ses  ma- 
nières. La  représentation  qu'elle  y  donna  à  son 
bénéfice,  à  la  fin  de  la  saison,  produisit  la 
somme  énorme  de  deux  mille  livres  sterling 
(environ  cinquante  mille  francs).  De  retour  à 
Paris,  où  le  Théâlre  Italien  n'était  point  alors 
fermé  pendant  l'été,  elle  y  vit  commencer 
entre  elle  et  madame  Malibran  une  rivalité 
qui,  dans  l'esprit  ardent  de  celle-ci,  prit  un 
caractère  d'irritation  et  même  de  haine. 
Comme  il  arrive  toujours,  les  partisans  des 
deux  cantatrices  contribuèrent  à  donner  à  celle 
rivalité  un  caractère  d'aigreur  plus  prononcé 
chaque  jour.  Il  en  résulta  même  des  scènes 
fâcheuses  lorsqu'elles  furent  engagées  toutes 
deux  au  Théâtre  Italien  de  Londres,  pendant  la 
saison  de  1829.  Ce  ne  fut  pas  sans  peine  que 
l'auteur  de  cette  notice,  qui  se  trouvait  alors 
dansla  même  ville,  parvint  à  opérer  entre  elles 
un  rapprochement.  Une  circonstance  imprévue 
lui  vint  en  aide  dans  celte  entreprise  :  elles 
avaient  promis  toutes  deux  de  chanter  dans  un 
concert  qui  devrait  être  donné  dans  l'hôtel  de 
Lord  Saulton  au  bénéfice  d'un  musicien  d'or- 
chestre nommé  Ella  (devenu  plus  lard  le  fon- 
dateur de  la  Musical  union,  et  le  rédacteur 
des  Miscellaneous  records  de  celte  société). 
L'auteur  de  cette  biographie,  qui  s'élait  en- 
gagé à  y  accompagner  au  piano  mademoiselle 
Sontag  et  madame  Malibran,  leur  proposa  d'y 
chauler  ensemble  le  beau  duo  de  Semiramidc 
et  tfArsace,  et  parvint  à  les  y  déterminer. 
C'était  la  première  fois  que  leurs  voix  se  trou- 
vaient réunies  :  l'effet  de  ce  morceau  ne  peut 
se  décrire,  car  ces  deux  grandes  cantatrices, 
cherchant  à  se  surpasser  mutuellement,  par- 
vinrent loules  deux  à  un  degré  de  perfection  où 
elles  ne  s'étaient  pas  encore  élevées.  Ce  fut  par 
suite  du  succès  de  ce  rapprochement  que  l'en- 
trepreneur du  Théâtre  Italien  de  Paris  conçut  le 
projet  de  faire  jouer  dans  Semiramide  et  dans 
Tancredi  madame  Malibran  et  mademoiselle 
Sontag,  dont  la  réunion  offrit  le  modèle  d'un 
perfection  qu'on  n'entendra  peut-être  plus. 

EIOGr..  t.Vir.   DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


Depuis  plus  d'un  an  un  hymen  secret  unis- 
sait mademoiselle  Sontag  et  le  comte  de  Rossi  : 
des  obstacles  suscités  par  la  famille  de  celui-ci 
avaient  empêché  de  déclarer  ce  mariage.  Il 
fut  résolu,  au  commencement  de  18Ô0,  que  la 
célèbre  cantatrice  quitterait  la  scène.  Elle  ne 
consentit  point  en  effet  au  renouvellement  de 
son  engagement  à  Paris,  et  le  18  janvier, 
elle  chanta  pour  la  dernière  fois  dans  Tan- 
credi. Celte  représentation  fut  pour  elle  un 
de  ces  triomphes  dont  un  artiste  ne  peut 
perdre  le  souvenir,  quelle  que  soit  la  position 
où  il  se  trouve  ensuite.  Avant  de  dire  adieu 
pour  jamais  à  sa  gloire  et  au  public,  made- 
moiselle Sontag  avait  pris  la  résolution  de  faire 
un  grand  voyage,  où  elle  se  proposait  de  ne 
donner  que  des  concerts;  mais  arrivée  à  Ber- 
lin, elle  céda  au  désir  de  ses  amis,  et  reparut 
sur  la  scène  pour  quelques  représentations.  Le 
19  mai  1830,  elle  y  joua  pour  la  dernière  fois, 
el  là  se  termina  alors  sa  carrière  dramatique. 
Elle  parlil  ensuite  pour  la  Russie,  chanta  à 
Pétersbourg  et  à  Moscou,  puis  revint  par  Ham- 
bourg et  par  la  Belgique,  donnant  partout  des 
concerts  avec  des  succès  d'enthousiasme.  Arri- 
vée à  Bruxelles,  elle  cessa  de  paraître  en  pu- 
blic, et  son  mariage  ayant  été  déclaré,  elle  se 
rendit  à  la  résidence  de  son  mari,  à  La  Haye,  y 
vécut  quelques  années,  puis  alla  à  Francfort, 
où  le  comte  de  Rossi  avait  été  envoyé  comme  mi- 
nistre plénipotentiaire.  En  18ô7,  M.  de  Rossi 
fut  envoyé  à  Pétersbourg,  où  le  beau  lalenl  de 
la  célèbre  cantatrice  obtint  encore  des  succès 
d'enthousiasme  chez  elle  el  dans  les  salons  de 
la  haute  aristocratie  où  l'appelait  sa  nouvelle 
position.  Elle  habita  la  Russie  jusqu'en  1848  ; 
mais  alors,  des  dérangements  de  fortune  lui 
firent  prendre  la  résolution  de  rentrer  dans  sa 
carrière  d'artiste.  Arrivée  à  Bruxelles  dans 
l'hiver  suivant,  elle  y  donna  des  concerts  où 
l'on  put  remarquer  un  certain  affaiblissement 
de  sa  voix,  mais  non  de  son  talent,  dont  la  per- 
fection ne  laissait  rien  à  désirer.  De  cetle  ville, 
elle  se  rendit  à  Paris,  puis  à  Londres,  où  elle 
retrouva  l'enthousiasme  qu'elle  y  avait  excité 
dans  sa  jeunesse.  En  1852,  elle  partit  pour 
l'Amérique,  qu'elle  parcourut  touL  entière  en 
triomphatrice.  Arrivée  à  Mexico,  en  1854,  elle 
y  fut  attachée  au  Théâtre  Italien  avec  des  ap- 
pointements énormes.  Le  11  juin  de  la  même 
année,  elle  y  chanta  le  rôle  de  Lucrezia  Bor- 
gia.  Le  soir  même,  elle  fut  saisie  par  le  choléra, 
contre  lequel  les  secours  de  la  médecine  furent 
impuissants,  et  le  17  du  même  mois,  elle  ex- 
pira. Ainsi  finit  un  des  plus  beaux  talents  de 
cantatrice  du  dix-neuvième  siècle. 

5 


€6 


SOR  —  SORGE 


SOR  (Ferdinand),  excellent  guilarisle    et 
'compositeur,  naquit  à  Barcelone,  le  17  février 
1780.  Dès  l'âge  de  cinq  ans,  il  essaya  quelques 
accords  sur  la  guitare  et  sur  le  violon  de  son 
père,  et,  sans  aucune  connaissance  de  la  mu- 
sique, se  mit  à  composer  de  petits  airs.  Ses 
rares  dispositions  engagèrent  ses  parents  à  lui 
donner  un  maître,  puis  il  entra  dans  un  cou- 
vent, où  un  moine  prit  soin  de  son  éducation 
musicale  et  lui  donna  quelques  leçons  de  com- 
position. Sorti  de  ce  monastère,  il  assista  aux 
représentations  d'une  troupe  d'opéra  italien 
qui  se  trouvait  à  Barcelone,  et  y  puisa  ses  pre- 
mières connaissances  dans  l'art  du  chant  et 
dans  l'instrumentation.  Ayant  trouvé  dans  la 
'bibliothèque  du  théâtre  un  opéra  intitulé  Te- 
lemacco,  composé  par  un  certain  Cipalla,  il  y 
adapta  une  musique  nouvelle,  qui  fut  exécutée 
avec  succès,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  dix- 
sept  ans.  Dans   la    musique    instrumentale, 
Haydn  et  Pleyel  étaient  devenus  ses  modèles. 
Quelque  temps  après,  il  se  rendit  à  Madrid,  et 
y  trouva  une  puissante  prolectrice  dans  la  du- 
chesse d'Albe,  qui   l'engagea  à  écrire  la  mu- 
sique d'un  opéra  bouffe  ;  mais  la  mort  de  celte 
«lame  le  fil  renoncer  à  ce  travail.  Le  duc  de 
Tïïedina-Céli,  qui  prenait  aussi  intérêt  au  jeune 
artiste,   lui  donna  le  conseil  d'instrumenter 
quelques  oratorios  ;  puis  Sor  écrivit  des  sym- 
phonies, trois  quatuors  pour  des  instruments 
à  cordes,  un  Salve,  et  beaucoup  de  chansons 
espagnoles.  Après  la  guerre  d'Espagne,  où  il 
servit  avec  le  grade  de  capitaine,  il  fut  obligé 
de  se  réfugier  en  France  avec  les  partisans  du 
roi  Joseph.  Charmé  de  ses  talents,   Méhul, 
Chérubini  et  Berlon  l'encouragèrent  à  rentrer 
dans  la  carrière  de  l'art.  Après  un  court  séjour 
à  Paris,  Sor  se  rendit  en  Angleterre,  et  ce  fut 
alors  qu'il  se  fit  connaître  par  son  habileté 
extraordinaire    sur   la    guitare.    Il  composa 
aussi  pour  divers  théâtres  de  Londres  la  Foire 
de  Smyrne,  opéra-comique,  et  la  musique  de 
trois  ballets,  le  Seigneur  généreux,  l'Amant 
peintre  et  Cendrillon.  Il  parait  que  ces  ou- 
vrages ne  lui  procurèrent  pas  de  moyens  suf- 
fisants d'existence,  car  il  partit  pour  la  Bussie 
et  fit  représenter  à  Moscou  son  ballet  de  Cen- 
drillon. Il  écrivitune  marche  funèbre  pour  les 
obsèques  de  l'empereur  Alexandre,  et  composa 
la  musique  du  ballet  Hercule  et  Ompkale,  à 
l'occasion  de  l'avènement  au  trône  de  l'empe- 
reur Nicolas.  De  retour  à  Paris,  il  essaya  vai- 
nement de  faire  représenter  un  de  ses  ouvrages 
dramatiques  sur  un  des  théâtres  de  cette  ville. 
Pressé  par  le  besoin,  il  retourna  à  Londres,  et 
y  composa  la  musique  du  ballet  le  Dormeur 


éveillé,  et  plus  tard  l'opéra  féerique  la  Belle 
Arsène.  Outre  ces  ouvrages,  il  avait  écrit 
aussi  beaucoup  de  musique  pour  la  guitare; 
mais  elle  avait  peu  de  succès,  parce  que  son 
habitude  de  composer  presque  toujours  à 
quatre  parties,  la  rendait  trop  difficile  pour 
les  amateurs.  Bevenu  à  Paris,  en  1828,  pour 
la  dernière  fois,  il  y  fit  paraître  de  nouvelles 
productions,  et  après  avoir  langui  pendant 
onze  ans  dans  une  situation  voisine  de  la  mi- 
sère, malgré  l'estime  qu'on  avait  pour  son  ta- 
lent, il  mourut  le  8  juillet  1839,  à  la  suite 
d'une  maladie  aussi  longue  que  douloureuse. 
Parmi  ses  œuvres  pour  la  guitare,  on  remar- 
que :  1°  Divertissements  pour  guitare  seule, 
op.  1,  2,  8,  15;  Paris,  Meissonnier.  2°  Fan- 
taisies, idem,  op.  4,  7,  10,  12,  16;  ibid.  3°  Va- 
riations, op.  5,  9,  11,  20;  ibid.  4"  Douze 
études,  op.  6;  ibid.  5°  Sonate,  op.  15;  ibid. 
Le  même  éditeur  a  publié  la  collection  des 
œuvres  complètes  de  Sor.  Sa  grande  méthode 
pour  la  guitare  a  été  publiée  à  Londres,  et  à 
Paris,  chez  l'auteur. 

SORGE  (Georges-André),  organiste  à Lo- 
henstein,  naquit  à  Mellenbach,  dans  la  prin- 
cipauté de  Schwarzbourg,  le  29  mars  1703. 
Nicolas  Walther  et  Gaspard  Tischer,  organistes 
de  ce  lieu,  furent  ses  premiers  maîtres  de  mu- 
sique. Lorsque  ce  dernier  fut  nommé  orga- 
niste à  Schney,  en  Franconie,  Sorge  l'y  suivit, 
et  se  livra  pendant  deux  ans  avec  beaucoup  de 
zèle  à  l'étude  du  clavecin.  De  retour  dans  son 
pays,  il  y  étudia  les  lettres  et  les  sciences  sous 
la  direction  du  second  pasteur  de  Mellenbach. 
La  lecture  des  traités  de  composition  partagea 
aussi  son  temps,  et  ses  progrès  dans  cet  art 
furent  rapides.  A  dix  ans,  il  avait  déjà  écrit 
plusieurs  morceaux  de  musique  d'église;  à 
dix-neuf,  il  obtint  la  place  d'organiste  à  Lo- 
beùslein,  et  satisfait  de  cette  humble  position, 
il  y  passa  le  reste  de  sa  vie,  uniquement  oc- 
cupé de  son  art  et  des  sciences  qui  y  sont  rela- 
tives. Il  mourut  à  Lobenstein,  le  4  avril  1778, 
à  l'âge  de  soixante-quinze  ans,  dont  cinquante- 
six  s'écoulèrent  dans  le  calme  de  cette  petite 
ville.  Bien  qu'on  puisse  regretter  qu'un  homme 
de  son  mérite  n'ait  pu  développer  ses  idées  sur 
un  plus  vaste  théâtre,  et  dans  les  communica- 
tions du  monde,  où  la  roideur  de  ses  opinions 
se  serait  assouplie,  peut-être  la  vie  monotone 
et  paisible  qu'il  connut  seule  fut-elle  favorable 
à  ses  travaux,  qui  furent  considérables. 
Comme  artiste,  il  méritait  d'être  plus  connu; 
car  il  fut  bon  organiste,  ainsi  que  le  prouvent 
les  ouvrages  suivants,  publiés  à  Nuremberg  : 
1°  Six  sonates  pour  le  clavecin,  imprimées  en 


SORGE 


67 


1738.  2°  Vingt-quatre  préludes  pour  l'orgue, 
suivis  de  fugues  à  deux  sujets,  dans  les  vingt- 
quatre  tons,  deux  parties  in-fol.  5°  Klavier 
Uebung  in  6  nach  italixnischen  gusto  ge- 
setzen  Sonatinen  (Exercices  de  clavecin  con- 
sistant en  six  petites  sonates  dans  le  goût  ita- 
lien), en  trois  parties.  4°  TFohlgewurtzte 
Klangspeizen  in  VI  Parlhien  (Nourriture 
sonore  bien  assaisonnée,  consistant  en  six 
pièces,  pour  le  clavecin).  5°  Petites  sonates 
pour  l'orgue.  6°  Vingt-quatre  préludes  courts 
pour  l'orgue.  7°  Nouvelles  sonates  pour  l'or- 
gue. 8°  Six  symphonies  pour  le  clavecin. 
9"  Toccata  per  omnem  circulum  24  modorum, 
pour  le  clavecin  avec  un  violon.  10°  Douze  me- 
nuets pour  clavecin.  11°  Duos  pour  deux  flûtes. 
Sorge  a  laissé  en  manuscrit  :  12°  Musique 
d'église  pour  une  année  entière,  à  quatre  voix 
et  six  instruments.  13"  Beaucoup  de  cantates 
pour  diverses  circonstances.  14"  Pièces  d'orgue 
dans  tous  les  tons.  15°  Trois  fugues  sur  les 
quatre  lettres  du  nom  de  Bach.  16"  Soixante- 
douze  préludes  pour  l'orgue  ou  le  clavecin. 
17°  Douze  petites  fugues  faciles.  18°  Douze 
grandes  fugues  difficiles.  19"  Douze  trios  pour 
l'orgue,  à  deux  claviers  et  pédale.  20°  Qua- 
rante-quatre préludes  pour  des  cantiques,  avec 
pédale  obligée. 

Sorge  est  connu  surtout  comme  théoricien 
et  écrivain  didactique  sur  la  musique.  Beau- 
coup d'instruction,  particulièrement  dans  le 
calcul,  et  l'originalité  des  idées,  distinguent 
ses  ouvrages  de  la  multitude  de  ceux  qui  paru- 
rent de  son  temps  en  Allemagne.  En  voici  la 
liste  :  1°  Geneàlogia  allegorica  intervallorum 
octav&  diatonico-chromaticx ,  das  ist  :  Ge- 
schlechtregister  der  Intervallennach  Anlei- 
tung derKlxngedes grossen  Waldhom;  Hof, 
1741,  in-8°.  Ce  petit  écrit,  où  Sorge  examine 
la  nature  de  l'échelle  chromatique  formée  par 
les  sons  du  cor,  est  le  plus  rare  deses  ouvrages. 
2°  Anweisung  zur  Stimmung und  Tempera- 
tur,  in  einen  Gesprxche  (Instruction  pour 
l'accord  et  le  tempérament,  en  dialogues); 
Hambourg,  1744,  in-8°.  5°  Gesprxch  von 
der  Prxtorianischen,  Prinzischen,  Werk- 
meisterischen,Neidhardtischen,Niedtschen, 
und  Silbermannischen  Temperatur  ,wieauch 
vom  neuen  System  Teleman's  (Dialogue  sur 
les  tempéraments  de  Prselorius,  de  Prinz,  de 
Werkmeister,  de  Neidhaerdt,  de  Niedt  et  de 
Silbermann,  ainsi  que  sur  le  nouveau  système 
de  Telemann);  Lobenstein ,  1748,  in-8°. 
4°  Ausfiihrliche  und  deutliche  Anweisung 
zur  rational  Rechnung,  und  der  damit 
verknupflïti  Aussmessung  und  Abtheilung 


desMonochords,  etc.  (Principes  du  calcul  ra- 
tionnel, de  la  mesure  et  de  la  division  du  mo- 
nochorde);  Lobenstein,  1749,  in-8°  de  trois 
cent  huit  pages.  Savant  ouvrage,  un  des  meil- 
leurs sur  cette  matière,  et  peut-être  le  meil- 
leur de  tous.  5°  Griindliche  Untersuchung, 
ob  die  Schrœterischen  Aïaviertemperaturen 
Forgleischschwobend  passiren  kœnnen  oder 
nicht  (Examen  du  tempérament  du  clavecin 
de  Schrœter,  etc.);  Lobenstein,  1754,  in-8°  de 
trente-huit  pages.  6°  Verbesserter  musikalis- 
cher  Cirkel  (Cercle  musical  (des  tons)  perfec- 
tionné), tableau  in-fol'.  7°  Vorgemach  der 
musikalischen  Composition,  oder  ausfuhr- 
liche, ordenlliche  und  vorheutige  Praxin 
hinlxngliche  Anweisung  zum  Generalbass, 
durcit,  icelche  ein  Studiosus  Musices  zu  einer 
grilndlichen  Erkenntniss  aller  in  der  Com- 
position und  Clavier  vorkommenden  con- 
und  dissonirenden  Grund  Sxtze  und  wie 
mit  denenselben  Natur,  Gehœrung,  Kunst- 
mœssig  umzugehen,  kommen,  folglich  nicht 
nur  ein  gutes  Clavier  als  ein  Compositor 
extemporaneus  spielen  lernen,  etc.  (Anti- 
chambre de  la  composition  musicale,  ou  in- 
struction détaillée  ,  régulière  et  suffisante 
pour  la  pratique  actuelle  de  la  basse  con- 
tinue, etc.);  Lobenstein,  1745-1747,  trois 
parties  in-4°,  formant  ensemble  quatre  cent 
trente-deux  pages  de  texte  et  quarante  pages 
d'exemples.  C'est  dans  cet  ouvrage  que  Sorge 
a  établi  un  des  principes  fondamentaux  de 
l'harmonie;  principe  méconnu  avant  lui,  sa- 
voir, qu'un  accord  dissonant  existe  par  lui- 
môme  dans  la  tonalité  moderne,  abstraction 
faite  d'aucune  modification  d'accord  conson- 
nant  (1).8°  Compendium  Harmonicum,oder 
kurzer  Begrifj  der  Lehre  von  der  Harmonie 
von  diejenigen,  welche  den  Generalbass  und 
die  Composition  studieren,in  der  Ordnung, 
welche  die  Natur  des  Klangs  an  die  Hand 
giebt  (Idée  abrégée  de  la  science  de  l'har- 
monie, etc.);  Lobenstein,  1760.  in-4°  de  cent 
vingt  et  une  pages  et  vingt-quatre  planches  de 
musique.  Une  critique  que  Sorge  fit  dans  cet 
ouvrage  de  quelques  principes  de  Marpurg,  lui 
suscita,  de  la  part  de  celui-ci,  de  violentes  atta- 
ques {voyez  Marpurg).  9°  Anweisung  Claviers 
und  Orgeln  gehœrig  zu  lempcriren  und  zu 
stimmen  (Instruction  pour  accorder  les  orgues 
et  les  clavecins);  Lobenstein,  1758,  in-4°. 
Gerber  cite  une  édition  de  cet  ouvrage  publiée 
à  Leipsick,en  1771;  je  doute  de  son  existence. 
10° Kurze Erklxrung  des  Canonis  harmonici 

(I)  Vojez,  sur  ce  sujet,  mon  Esquisse  rie  l'histoire  de 
|  l  harmonie  (Paris,  1841,  in-S°;,  p.  122-124. 


68 


SORGE  —  SORIANO 


(Courl  éclaircissement  du  canon  harmonique); 
l.obenstein,  1763,  in-fol.  de  quatre  pages. 
M0  Die  Natur  des  Orgelhlangs  (Sur  la  nature 
.les  sons  de  l'orgue);  Ilof,  1711,  in-8°.  12" Der 
in  der  Rechen-und  Messhunst  loohlerfahrne 
Orgelbaiimeister  ,welcher  die  behœrige  JFeite 
nnd  Lenge  aller  Orgelpfeiffen  ihren  erfor- 
derlichen  Raum,  die  nœthige  Melalldicke, 
die  Grœsse  der  Cancellen  und  Canxle,  etc. 
(Le  facteur  d'orgue  bien  instruit  dansles  prin- 
cipes du  calcul  et  de  la  géométrie,  etc.);  Lo- 
benstein,  1775,  in-4°  de  soixante-huit  pages, 
avec  cinq  planches  in-fol.  13»  Anmerkiingen 
iiber  Quansens  Dis  und  Eb  Klappe  (Remar- 
ques sur  les  clefs  de  ré  dièse  et  de  si  bémol 
ajoutées  par  Quantz  à  la  flûte).  Ce  morceau  se 
trouve  dans  le  quatrième  volume  des  Essais  de 
Marpurg.  14°  Remarques  sur  le  système  d'in- 
tervalles du  professeur  Euler,  dans  le  qua- 
trième volume  des  notices  de  Hitler.  15°  An- 
leitung  zur  Fantasie,  oder  in  der  schœnen 
Kimst,  das  Clavier,  wie  auch  andern  In- 
strumente ans  dem  Kopfe  zu  spielen;  7iacli 
theorclischen  und  prahlischen  Grund- 
sxtzen  (Introduction  à  la  fantaisie,  ou  dans  le 
bel  art  de  jouer  (improviser)  sur  le  clavecin, 
ainsi  que  sur  d'autres  instruments,  d'après 
des  principes  théoriques  et  pratiques)  ;  Loben- 
stein  (sans  date),  in-4°de  quatre-vingts  pages, 
avec  dix-sept  planches  de  musique.  Serge  a 
laissé  en  manuscrit  un  ouvrage  concernant 
l'union  de  la  mélodie  avec  l'harmonie. 

SOftIAINO  (François),  savant  compositeur 
<le  l'école  romaine,  naquit  à  Rome,  en  1549. 
A  l'âge  de  quinze  ans,  il  fut  admis  comme  en- 
fant de  chœur  à  l'église  de  Saint-Jean-de- 
Lalran,  et  y  reçut  sa  première  instruction  dans 
la  musique  d'Annihal  Zoilo,  puis  de  Bartho- 
lomé  Roy,  maîtres  de  cette  chapelle.  Après 
avoir  perdu  sa  voix  juvénile,  il  devint  pendant 
quelque  temps  élève  de  Jean-Baptiste  Monla- 
nari,  maître  peu  connu,  puis  il  entra  dans 
l'école  de  Jean-Marie  Nanini,  et  eut  en  dernier 
lien  pour  maître  l'illustre  Pierluigi  de  Paies- 
trina.  Legéniede  l'art  développé  par  des  études 
si  sérieuses  et  si  bien  dirigées  fit  de  François 
Soriano  un  des  plus  remarquables  musiciens 
d'une  école  où  l'on  en  comptait  un  grand  nom- 
bre d'un  mérite  très-élevé.  En  1587,  il  obtint 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  Sainle-Marie- 
Majeure;  mais  il  y  renonça  au  mois  d'août 
1589,  pour  prendre  une  position  semblable  à 
l'église  Sainl-Louis-des-Français,  par  des 
motifs  qui  sont  inconnus.  Soriano  parait  avoir 
occupé,  à  deux  époques  différentes,  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  Sainl-Louis-dcs-Fran- 


çais,  la  première  fois  avant  d'entrer  à  Sainle- 
Marie-Majeure,  c'est-à-dire  avant  1581,  ou, 
du  moins,  au  commencement  de  celte  année, 
car  il  y  a  de  lui  un  ouvrage  intitulé  :  Di  Fran- 
cesco  Soriano  Romano,  maestro  di  cappella 
di  Santo  Luigi,  il  primo  libro  di  Madrigali 
a  einque  voci,  novamente  da  lui  composti, 
et  dati  in  luce.  In  J'enetia  appresso  Angelo 
Gardano,  1581,  in-4".  L'épitre  dédicaloire,  à 
Guillaume  de  Gonzague,  duc  de  Manloue  et  de 
Monlferrat,  est  datéede  Rome,  le 20  avril  1581. 
Ce  fut  donc  pour  la  seconde  fois  qu'il  fut  ap- 
pelé à  l'église  Sainl-Louis-des-Français,  en 
1588.  Pendant  dix  ans,  il  remplit  ses  fondions 
à  celle-ci  :  puis  il  fut  appelé  en  la  même  qua- 
lité à  Saint-Jean-de-Latran,  en  1599:  mais 
l'année  suivante,  il  rentra  à  la  basilique  de 
Sainte-Marie-Majeure,  avec  le  litre  de  béné- 
ficier et  y  resta  jusqu'en  1G05,  où  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  Saint-Pierre  du  Vatican 
lui  fut  donnée.  Ce  savant  compositeur  mourut 
au  moisde  janvier  1620,  et  fut  inhuméà  Sainte- 
Marie-Majeure.  Les  œuvres  connues  de  Soriano 
sondes  suivantes  :  1° Il  libro  primo  di  Madri- 
gali  a  5  voci;  Venise,  Gardane,  1581,  in-4°; 
c'est  l'ouvrage  qui  vient  d'être  cité.  La  pre- 
mière édition  avait  été  publiée  à  Rome,  dans 
la  même  année.  2°  Il  libro  secondo  di  Madri- 
gali a  5  voci  ;  Rotna,  Coattino,  1792.  5°  Mo- 
telti  a8  voci;  Rotna,  Mutio,  1597.  4°  77  libro 
primo  di  Madrigali  a  quatlro  voci;  Roma, 
pergli  eredi  del  Mutin,  1601.  5°  Il  secondo 
libro  di  Madrigali  a  4  voci;  ibid.,  1602. 
6°  Missaruni  liber  primus;  Roma,  apud 
Jo.  Baptistam  Roblcttum,  anno  1609,  in-fol. 
On  trouve  dans  ce  recueil  plusieurs  messes  à 
quatre  voix,  deux  à  cinq  voix,  trois  à  six  voix, 
et  la  fameuse  messe  du  pape  Marcel,  com- 
posée à  6  voix,  par  Palcslrina,  et  arrangée 
à  huit  voix  par  Soriano.  7"  Canoni  et  obligln 
di  ccnlo  et  dieci  sorte  sopra  l'Ave  maris 
Stella  à  3,  4,  5,  6,  7,  8  voci  ;  Roma,  Robletti, 
1710,  in-fol.,  chef-d'œuvre  de  science  et  de 
facture  élégante  qui  doit  être  considéré  comme 
le  plus  bel  ouvrage  de  l'auteur.  Zacconi  (voyez 
ce  nom)  a  fait,  en  1625,  la  résolution  en  par- 
tition de  tous  les  morceaux  de  cet  œuvre  :  on 
en  trouve  le  manuscrit  dans  la  bibliothèque  du 
lycée  musical  de  Bologne.  8°  //  libro  primo  di 
salmie  molelti  a  8,  12,  16  voci;  Venise,  Vin- 
cenli,  1614.  9°  Il  secondo  libro,  idem;  ibid., 
1616,  in-4".  10°  l'illanelle  a  trevoci;  Venise, 
Vincenti,16l7,  in-4°.  1  ["Magnificat  cl  Passion 
à  quatre  voix;  Rome,  Robletti,  1619,  in-fol. 
On  trouve  en  tête  de  l'ouvrage  le  portrait  de 
Soriano,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans. 


SORIANO-FUERTES  —  SORTI 


69 


SOIUANG-FIÏEUTES  (D.  Maiuano), 
compositeur,  littérateur  et  historien  de  la  mu- 
sique, est  né  en  18)7,  à  Mincie,  chef-lieu  fie 
la  province  de  ce  nom  (Espagne).  Son  père, 
D.  Indalecio  Soriano-Fuerles,  était  composi- 
teur et  directeur  de  la  musique  de  la  chambre 
du  roi.  Dirigé  par  lui  dans  ses  éludes  musi- 
cales, le  jeune  Mariano  fit  en  même  temps 
ses  études  littéraires  et  scientifiques.  Lorsqu'il 
eut  atteint  l'âge  de  quinze  ans,  il  entra  à  la 
direction  de  la  loterie,  comme  employé.  Après 
qu'il  eut  passé  quelque  temps  dans  cette  situa- 
tion, son  père  ayant  remarqué  qu'il  avait  peu 
de  goût  pour  le  travail  des  bureaux,  prit  la 
résolution  de  le  faire  entrer  dans  l'étal  mili- 
taire et  le  fit  admettre,  en  effet,  comme  cadet 
dans  le  régiment  de  cavalerie  dit  de  Reyna 
Governadore.  Telle  n'était  pas  toutefois  la 
carrière  qu'aurait  choisie  le  jeune  homme; 
épris  d'un  goût  passionné  pour  la  musique,  il 
aurait  voulu  cultiver  cet  art  et  en  faire  sa  pro- 
fession. En  vain  son  père  lui  répétait  souvent 
qu'en  Espagne  il  n'y  a  ni  honneur  ni  profit 
pour  un  musicien  :  M.  Soriano-Fuerles  y 
voyait  la  jouissance  que  donne  l'art,  et  c'était 
assez  pour  lui.  Etre  compositeur  de  musique 
lui  paraissait  le  sort  le  plus  digne  d'envie.  De- 
venu libre  de  donner  à  son  existence  une  di- 
rection qui  répondit  à  ses  goûts,  il  rentra  dans 
la  vie  civile  el  reprit  ses  études  musicales.  En 
1841,  il  commença,  avec  un  de  ses  amis,  la  pu- 
blication du  premier  journal  de  musique  qui 
ail  paru  en  Espagne;  son  litre  était  Iberiamu- 
sicaly  literaria.  Le  temps  n'était  pas  venu  où 
une  entreprise  de  ce  genre  pouvait  prospérer 
dans  la  patrie  de  l'auteur;  après  y  avoir  dé- 
pensé de  l'argent  qui  ne  rentra  pas,  M.  So- 
riano-Fuerles dût  cesser  sa  publication  hebdo- 
madaire. A  la  même  époque,  il  était  préoccupé 
du  désir  de  voir  l'Espagne  eh  possession  d'un 
théâtre  national  de  musique,  qui  n'avait  jamais 
eu  jusqu'alors  d'existence  permanente.  Vou- 
lant prêcher  d'exemple,  il  chercha  ses  sujets 
de  pièces  dans  les  chants  populaires,  et  écrivit 
quelques-uns  de  ces  petits  opéras-comiques  ap- 
pelés Zarzuelas  en  Espagne,  tels  que  Geroma 
la  Castanexa  (Géroma  la  joueuse  de  cas- 
tagnettes),en  un  acte,  qui  obtint  un  accueil 
favprable  à  Madrid  el  dans  les  provinces, 
El  Ventozzillo  de  Alfarache,  el  la  Fexia  di 
Santi-  Ponce.  Ayant  été  nommé  professeur 
de  l'Institut  espagnol,  en  1843,  il  publia,  dans 
la  même  année,  une  méthode  de  solmisalion 
pour  ses  élèves;  cet  ouvrage  fut  approuvé  par 
les  artistes  et  par  la  presse  périodique.  En 
1844,  M.  Soriano-Fuerles  obtint  sa  nomination 


de  directeur  du  Lycée  de  Cordoue.  Il  y  écrivit 
un  Stabat  Mater,  une  messe  de  Requiem,  et 
la  zarzuela  intitulée  :  A  Belan  van  los  za- 
gales.  De  Cordoue,  il  passa  à  Séville  et  de  là  à 
Cadix,  où  il  composa  l'opéra-comique  El  Tio 
canigitao.  De  retour  à  Séville,  il  y  fui  nommé 
directeur  de  musique  du  grand  théâtre  de San- 
Fernando,  et  écrivit  l'opéra-comique  la  Fa~ 
brica  de  Tabacos  de  Séville,  suivi  d'un  diver- 
tissement. En  quittant  Séville  une  seconde  fois, 
il  retourna  à  Cadix  et  y  prit  la  direction  du 
théâlre  principal,  à  laquelle  il  ajouta,  en  1850, 
la  direction  du  théâlre  de  la  Comédie.  Il  écri- 
vit pour  ces  scènes  plusieurs  ouvrages,  dont  le 
plus  important  est  Lola  la  Gaditana  (Lola  la 
bohémienne).  En  1852,  M.  Soriano-Fuerles  fut 
nommé  directeur  de  musique  du  grand  théâtre 
de  Barcelone;  depuis  cette  époque,  il  n'a  plus 
quitté  celte  ville.  Il  a  publié  diverses  œuvres 
littéraires  dont  l'objet  n'appartient  pas  à 
celle  Biographie  des  musiciens;  mais  il  est 
auteur  de  deux  ouvrages  relatifs  à  la  mu- 
sique qui  doivent  être  menlionnés  ici.  Le 
premier  a  pour  titre  :  Musica  Araba-Espa- 
nola,  y  conexion  de  la  musica  con  la  astro- 
nomia,medicina  y  arquitectura  ; Barcelona, 
1853,  in-8°de  cent  trenle-trois  pages.  L'autre 
ouvrage,  beaucoup  plus  important,  est  intitulé  : 
Historia  de  la  Musica  espanola  desde  la 
Venda  de  los  Fenicios  hasla  de  anno  de 
1850  (Histoire  de  la  musique  espagnole  depuis 
l'arrivée  des  Phéniciens  jusqu'à  l'année  1850)  ; 
Madrid  et  Barcelone,  1855-1 859,  quatre  volumes 
grand  in  8°,  avec  un  grand  nombre  de  planches 
de  musique  el  le  portrait  de  l'auteur.  Bien 
qu'un  certain  nombre  de  faits  établis  par 
M.  Soriano-Fuerles  dans  cet  ouvrage  soient 
contestables,  son  livre  n'en  est  pas  moins  très- 
digne  d'intérêt,  car  c'est  la  seule  histoire  qui 
existe  de  la  musique  en  Espagne  ;  histoire 
d'ailleurs  peu  connue,  même  des  Espagnols, 
et  qui  a  exigé  beaucoup  de  recherches.  Eu 
1860,  M.  Soriano-Fuerles  a  fondé  La  Gaceta 
musical  Barcelonesa,  parvenue  aujourd'hui 
(1864)  à  sa  quatrième  année.  Cet  artiste  litté- 
rateur est  chevalier  de  l'ordre  royal  de 
Charles  III,  de  l'ordre  militaire  de  première 
classe  de  Saint-Ferdinand,  honoré  de  la  grande 
médaille  d'or  de  l'Institut  espagnol  ,  et 
membre  de  plusieurs  sociétés  savantes  et  lit- 
téraires, t 

SORTI  (Bartholomé),  né  à  Padoue,  vers 
1540,  est  connu  par  un  ouvrage  intitulé  :  Il 
primo  libro  de  Madrigali  a  quattru  et  cinque 
voci  con  due  dialoqhia  selle  voci  ;  in  Vene- 
littjper  i  figlidiAnt.  Gardano.  1573,  in-4". 


70 


SOTO  —  SOUBRE 


SOTO  (François),  né  en  1534,  à  Langa,au 
diocèse  d'Osma,  en  Espagne,  se  rendit  à  Rome 
dans  sa  jeunesse,  et  fui  admis,  en  qualité  de 
chapelain-chantre,  à  la  chapelle  pontificale, 
le  8  juin  1562.  Ami  de  saint  Philippe  Neri,  il 
entra,  le  17  décembre  1575,  dans  la  congré- 
gation de  l'Oratoire  fondée  par  ce  saint,  et  y 
eut  la  direction  de  la  musique.  Sincèrement 
pieux,  il  fonda  à  Rome  un  couvent  de  carmé- 
lites, le  premier  de  cet  ordre  qui  ait  été  établi 
dans  la  ville  sainte.  Soto  mourut  le  25  sep- 
tembre 1619,  à  l'âge  de  qualre-vingt-cinq  ans. 
II  avait  fait  imprimer  le  troisième  livre  des 
Laudi  spirituali  composés  pour  l'Oratoire  par 
Palestrina  et  autres  maîtres,  dont  Animuccia 
avait  publié  les  deux  premiers.  Ce  livre  a  pour 
titre  :  Il  terzo  libro  délie  laudi  spirituali  a 
îre  e  a  quattro  voci;  Rome,  Alexandre  Gar- 
dane,  1588.  Plus  tard,  il  réunit  les  trois  livres 
et  les  publia  sous  ce  titre  :  Libro  délie  laudi 
spirituali  dove  in  uno  sono  compresi  i  tre 
libri  <jia  stampati,  e  ristretta  la  musica  a 
piii  brevitd  e  facilita,  e  con  V  agginnta  di 
moite  laudi  nuove ;  Rome,  Gardane,  1589. 
Enfin,  Soto  fit  paraître,  en  1591,  chez  le  même 
imprimeur  :  Il  quarto  libro  delk  laudi  spiri- 
tuali a  tre  e  quattro  voci.  Il  n'a  indiqué  les 
noms  d'aucun  des  compositeurs  de  ces  pièces; 
mais  on  croit  qu'il  a  usé  de  cette  précaution 
par  humilité  et  pour  ne  pas  se  nommer  lui- 
même  comme  auteur  des  morceaux  qui  lui  ap- 
partenaient dans  le  recueil.  Le  portrait  de 
Soto  se  trouve  dans  le  livre  d'Adami  de  Bol- 
sena  (voyez  ce  nom). 

SOTO  (José),  prêtre  et  organiste  de  la  ca- 
thédrale de  Barcelone,  né  dans  cette  ville,  vers 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  est  au- 
teur d'un  livre  fort  rare  intitulé,:  Tractadode 
Canto  llano  (Traité  du  plain-chant);  Barce- 
lone, 1512,  in-4°. 

SOTOS  (André  DE),  professeur  de  gui- 
tare à  Madrid,  né  dans  l'Estramadure,  vers 
1750,  s'est  fait  connaître  par  un  livre  intitulé: 
Arte  para  aprender  com  facilidad  y  sin 
maestro  a  templar  y  taner  rasgado  la  gui- 
tarra  de  cinco  ordenes,  o  chordas,  y  tambien 
la  de  quatro,  o  seis  ordines,  llamadas  gui- 
tarra  Espanola,  banduria,  y  vandola;  y 
tambien  el  tiple ,  etc.  (Méthode  pour  ap- 
prendre avec  facilité  et  sans  maître  à  accorder 
et  jouer  par  accords  arpégés  avec  le  pouce,  la 
guitare  à  cinq  cordes  ainsi  que  celles  à  quatre 
ou  à  six  cordes,  appelées  guitare  espagnole, 
pandore  et  guitare  à  bandoulière  (\),  comme 

(I)  La  bandoulière  de  la  guitare  était  autrefois  un 
ruban  ou  cordon  attaché  d'un  bout  i  la  tète  de  l'instru- 


aussi  à  y  jouer  le  chant,  etc.)  ;  Madrid,  1764, 
in-12  de  soixante-trois  pages. 

SOTTONA  (Jean),  musicien  espagnol,  et 
professeur  de  musique  à  Valence,  est  auteur 
d'un  livre  intitulé:  Le  Maître  de  musique, 
ou  Cours  complet  et  raisonné  de  musique 
élémentaire;  Valence,  madame  Rippeurt, 
1841,  in-4". 

SOUBIES  (Pierre-François),  né  à  Ba- 
gnères  de  Bigorre,  le  21  mai  1805,  commença 
l'élude  de  le  musique  en  même  temps  que  ses 
humanités.  Plus  tard,  ses  parents  l'envoyèrent 
à  Toulouse  pour  y  suivre  les  cours  de  l'école 
de  droit  ;  il  profita  de  son  séjour  dans  cette 
ville  pour  augmenter  ses  connaissances  musi- 
cales. En  1826,  il  y  fit  exécuter  une  scène  ly- 
rique, dans  une  représentation  au  bénéfice  des 
Grecs.  Arrivé  à  Paris,  pour  y  faire  son  stage 
d'avocat,  il  sentit  la  nécessité  de  régulariser 
son  instruction  dans  l'harmonie  et  reçut  pen- 
dant un  an  les  leçons  de  M.  Vergnes,  un  des 
meilleurs  élèves  de  Reicha.  Fixé  ensuite  dans 
le  ressort  de  la  cour  royale  de  Pau,  il  y  exerça 
sa  profession  avec  distinction,  sans  négliger 
l'art  auquel  il  était  redevable  de  ses  plus 
douces  jouissances.  En  1840,  il  obtint  une  mé- 
daille au  concours  de  composition  de  Tou- 
louse, et,  en  1845,  il  fil  représenter,  au  théâtre 
de  cette  ville,  la  Bohémienne,  opéra  en  trois 
actes,  de  sa  composition,  dont  la  musique  ob- 
tint un  accueil  favorable  et  qui  eut  plusieurs 
représentations.  Il  a  publié  plusieurs  œuvres 
vocales,  empreintes  du  caractère  montagnard, 
entre  lesquelles  on  distingue  le  Chant  des  pâ- 
tres pyrénéens,  dédié  à  Rossini.  Depuis  1848 
jusqu'en  1852,  M.  Soubies  fut  détourné  de  ses 
occupations  favorites  par  les  événements  po- 
litiques, comme  préfet  et  comme  représentant 
du  département  des  Hautes-Pyrénées.  Bentré 
dans  sa  ville  natale,  en  1852,  il  y  a  fondé  des 
écoles  gratuites  de  musique,  et  une  société 
philharmonique  qui  contribue  aux  plaisirs  des 
baigneurs  deceltelocalité  thermale. 

SOUBRE  (Etienne-Joseph),  directeur  dit 
Conservatoire  de  Liège,  né  dans  celte  ville,  le 
50  décembre  1815,  a  fait  ses  études  musicales 
au  Conservatoire.  Son  premier  instrument  fut 
le  basson  ;  puis  il  reçut  des  leçons  de  piano  de 
Jalhaut,  et  M.  Daussoigne-Méhul,  alors  direc- 
teur du  Conservatoire  de  Liège,  fui  son  pro- 
fesseur d'harmonie  et  de  contrepoint.   Après 

ment,  et  de  l'autre  à  l'extrémité  opposée.  Cette  bandou- 
lière passait  sur  l'épaule  droite  el  sous  le  bras  gauche 
de  l'exécutant;  elle  soutenait  l'instrument  lorsque  la 
main  gauche  abandonnait  le  manche  pour  faire,  avec  le- 
poucc.  l'office  de  cajio-duslro,  ou  siliet  mobile. 


SOUBRE  —  SOUHAITTY 


71 


avoir  obtenu  les  premiers  prix  de  ces  dernières 
parties  de   l'ait  dans  les  concours    de  cette 
école,  il   se  présenta  au  grand  concours    de 
composition    institué    par  le   gouvernement 
belge,  et  le  premier  prix  lui  fut  décerné,  en 
1841,  pour  la  cantate  intitulée  Sardanapale, 
qui  fut  exécutée  solennellement  dans  un  con- 
cert du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles.  De- 
venu pensionnaire  de  l'État  en  sa  qualité  de 
lauréat,  il  voyagea  alors  en  Italie,   en  Alle- 
magne et  passa  environ  six  mois  à  Paris.  De 
retour  dans   sa  pairie,  M.  Souhre  se  livra  à 
l'enseignement  et  à  la  composition,  d'abord  à 
Liège,  puis  à  Bruxelles.  Ses  premiers  ouvrages 
furent,  des   chants  en  chœur   pour  des  voix 
d'hommes  entre  lesquels   on    distingue    son 
Hymne  à   Godefroid  de  Bouillon,   qui   fut 
exécuté  par  quinze  cenls  chanteurs  et  instru- 
mentistes, au  festival  d'Anvers,  en  1850.  En 
1853,  il  prit  part  au  concours  ouvert  par  l'Aca- 
démie royale  de  Belgique,  pour  la  composi- 
tion d'une  symphonie    triomphale  :    son  ou- 
vrage   fut    exécuté,    en    1854,   dans  un    des 
concerls  du  Conservatoire   de  Bruxelles.  Son 
grand  opéra  en  trois  actes,  Isoline,  ou  les 
Chaperons  blancs,  fut  représenté  au  Théâtre- 
Royal  de  Bruxelles,  en  1855,  et  obtint  un  suc- 
cès honorable.  En  1856,  M.  Soubre  écrivit  la 
musique  de  la  cantate  composée  par  M.  André 
Van  Hasselt  pour  le  vingt-cinquième  anniver- 
saire du  règne  du  roi  Léopold  Ier.  A  cette  oc- 
casion, il  fut  fait  chevalier  de  l'ordre  de  Léo- 
pold. Chargé  par  le  gouvernement  de  composer 
une  messe  de  Requiem  à  grand  orchestre  pour 
la  première  journée  des  fêles  nationales,  en 
1860,  M.  Soubre  produisit  un  bon  ouvrage  qui 
fut  exécuté  le  25  septembre  de  la  même  année, 
et  que  la  Société   Concordia,  d'Aix  la-Cha- 
pelle, fit  entendre  de  nouveau  en  1861.  Parmi 
les  autres  productions  de  cet  artiste,  on  compte 
un  Slabat  Mater  avec  orchestre  ;  Ave  verum 
à  cinq  voix,  idem;  Ecce  panis,  avec  orgue; 
douze    morceaux     religieux     pour    voix    de 
femmes,  sur  des  textes  latins  ;  un  recueil  de 
six  hymnes  à  deux  voix  de  soprano;  des  can- 
tates ;  ouvertures  ;  symphonies  ;  airs  détachés  ; 
environ  cinquante  mélodies   et  petits    duos; 
enfin,  un  grand  nombre  de  chœurs  pour  des 
voix  d'hommes  qui  ont  été  chantés  par  toutes 
les  sociétés  chorales  de  la  Belgique.  M.  Soubre 
a    dirigé    la     première     société    de    chœurs 
d'hommes  instituée  à  Liège,  depuis  1838  jus- 
qu'en 1844  ;  puis  il  fut  chargé  de  la  direction 
de  l'ancienne  Réunion  Lyrique, de  Bruxelles. 
Pendant  plusieurs  années,  il  fut    chef  d'or- 
clicstrc   de  la  Société  Philharmonique ,  de 


cette  ville.  En  1861,  il  fut  chargé  par  le  gou- 
vernement de  l'inspection  des  cours  de  mu- 
sique dans  les  établissements  de  l'enseigne- 
ment moyen;  enfin,  en  1862,  il  a  succédé  à 
M.  Daiissoigne-Méhul,  dans  la  direction  du 
Conservatoire  de  Liège. 

SOUHAITTY  (le  P.  Jean-  Jacques),  reli- 
gieux de  l'observance  de  Saint-François,  du 
couvent  de  Paris,  vécut  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle.  Ayant  imaginé  de  substituer 
des  chiffres  aux  notes  pour  écrire  la  musique, 
et  particulièrement  le  plain-chant,  ce  moine 
publia   son   système  sous  ce  titre  :  Nouveaux 
éléments  du  chant  ou  l'essai  d'une  nouvelle 
découverte  qu'on  a  faite  dans  l'art  de  chan- 
ter, laquelle  débarrasse  entièrement  le  plain- 
chant  et  la  musique  de  clefs,  de  notes,  de 
muances,  de  guidons  ou  renvois,  de  lignes 
et    d'espaces,    des     bémol,    bécarre,    na- 
ture, etc.,  en  rend  la  pratique  très-simple, 
très-naturelle  et  très-facile  à  retenir,  sans 
y  altérer  rien  dans  la  substance;  et  fournit 
de  plus  une  tablature  générale,  aisée  et  inva- 
riable, pour  tous   les  instruments  de  mu- 
sique, etc.  ;  Paris,  Pierre  le  Petit,  1677,  in-4° 
de  cinquanle-six  pages.  La  première  édition, 
publiée  à  Paris,  en  1665,  in-4°,  avait  simple- 
ment pour  titre  :  Nouvelle  Méthode  pour  ap- 
prendre le  plain-chant  et  la  musique.  Il  pa- 
raît que  la  méthode  du  P.  Souhailly  fut  l'objet 
de  quelques  critiques,  car  il  la  reproduisildeux 
ans  après  avec  des  réponses  à  ces  critiques; 
ce   second  ouvrage  a   pour  titre  :  Essai  du 
chant  de  l'église  par  la  nouvelle  méthode  des 
nombres,  contenant,  outre  la  clef,  les  prin- 
cipes et  les  tables  de  celte  méthode.  1°  Une 
introduction  à  l'art  de  chanter  parnombres. 
2°  Les  réponses  à  toutes  les  objections  qu'on 
a  faites.   5°  Quelques  avis  pour  bien  prati- 
quer le  chant  de  l'église;  Paris,  Thomas  Jolly, 
1679,    in-8°  de  vingt  pages  non  numérotées, 
et  de  quarante  pages  chiffrées.  Le  système  du 
P.    Souhailly  consiste  à  représenter  les  sons 
ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la,  si,  par  1,  2,  3,  4,  5, 
6,  7.  Il  suppose  l'étendue  générale  des  voix  et 
des  instruments   renfermée  dans   quatre  oc- 
taves. La  première  octave  est  exprimée  par 
chiffres  suivis  d'une  virgule  ;  la  seconde,  par 
les  chiffres  simples,  1 -2 -3- 4,  etc.;  la  troi- 
sième,   par  les  mêmes  chiffres    suivis    d'un 
point;  et  la  quatrième,  parles  chiffres  suivis 
d'un  point  et  virgule.  L'objet  principal  du  sys- 
tème était  le  plain-chant,  car,  l'auteur  avoue 
(p.  21),  qu'il   était  médiocrement  musicien; 
aussi  n'a-t-il  pensé  qu'à  représenter  les  demi- 
tons  du  troisième  au  quatrième  degré,  et  du 


SOUHAITTY  —  SOUSSMANN 


septième  à  la  ionique,  par  un  3  et  par  un 
7  barrés;  quant  aux  dièses  et  aux  bémols  ac- 
cidentels, il  ne  s'en  est  pas  occupé.  Pour  ex- 
primer la  valeur  des  notes,  le  P.  Sonhailly  n'a 
rien  trouvé  de  mieux  que  de  placer  au-dessous 
des  chiffres  les  lettres  a,  b,  c,  d,  e,  f,  g,  h, 
qui  représentent  de  valeurs  de  temps  décrois- 
santes par  2,  4,  8,  etc.  A  l'égard  des  décompo- 
sitions de  mesures,  il  n'en  parle  pas.  Comme  on 
vient  de  le  dire,  celle  méthode  n'était  réelle- 
ment applicable  qu'au  plain-chant.  L'auteur 
en  a  reconnu  lui-même  l'insuffisance  pour  la 
musique,  car  il  dit  (p.  20)  :  Voilà  succincte- 
ment ce  que  l'on  peut  dire,  et  toutes  les  in- 
structions qu'on  peut  donner  dans  un  essai 
informe,  tel  qu'est  celui-ci.  En  1742, 
J.-J.  Rousseau  (voyez  ce  nom)  proposa  aussi 
un  projet  «le  notation  par  les  chiffres  qu'il  pré- 
sentait comme  préférable  à  ce  qui  est  en  usage. 
Il  développa  depuis  lors  ce  projet  dans  sa  Dis- 
sertation sur  la  musique  moderne.  Laborde 
(Essai sur  la  musique,  t.  III,  p.  688)  assure 
que  la  méthode  de  Rousseau  n'est  autre  que  celle 
du  Père  Souhaitty,  et  qu'il  s'en  est  emparé  sans 
indiquer  la  source  où  il  l'avait  prise.  Il  suffit 
de  jeter  les  yeux  sur  le  système  des  signes  du 
philosophe  de  Genève  pour  voir  qu'il  diffère 
essentiellement  de  celui  du  franciscain,  quant 
à  l'ensemble  de  la  conception,  et  qu'il  n'y  a 
d'analogie  entre  eux  que  par  la  nature  des 
signes.  Il  est  probable  que  Lahorde  n'avait  pas 
vu  le  livre  de  Rousseau,  et  qu'il  n'en  a  parlé 
que  d'après  des  notes  inexactes.  Au  reste,  le 
P.  Souhailly  n'est,  pas  plus  que  Rousseau, 
l'inventeur  des  chiffres  employés  pour  la 
notation  de  la  musique;  plusieurs  anciennes 
tablatures  ont  été  faites  au  moyen  de  ces  signes. 
SOULLIER  DE  ROBLAIN  (Ciiarles- 
Si.uon-Pascal),  né  à  Avignon  (Vaucluse),  le 
16  avril  1797,  fil  ses  éludes  classiques  jusqu'à 
la  rhétorique  au  Lycée  de  cette  ville,  et  plus 
tard  se  livra  à  l'élude  de  la  musique,  sous  la 
direction  de  Dubreuil,  élève  de  Méhul.  Destiné 
au  commerce,  il  s'en  occupa  dès  l'âge  de 
dix-huit  ans,  sous  la  direction  de  son  père, 
négociant,  puis  agent  de  change;  mais  ses  goûts 
pour  la  littérature  et  les  arts  lui  firent  ensuite 
abandonner  les  affaires.  La  plus  grande  partie 
de  la  carrière  de  M.  Soullier  appartient  aux 
travaux  littéraires  étrangers  à  l'objet  de  cette 
Biographie,  oii  il  n'est  mentionné  que  pour 
ses  productions  musicales.  Arrivé  à  Paris,  il  y 
publia  quelques  romances  avec  accompagne- 
ment de  piano  chez  Pacini  et  chez  Romagnesi, 
parmi  lesquelles  on  a  remarqué  :  les  Châteaux 
en  Espagne,  l'Effet  du  regard,  la  f 'aise  du 


hameau,  etc.  Vers  1834,  il  fonda  le  journal  de 
chant  intitulé  :/e  Troubadour  normand,  puis 
la  Gazette  des  Salons,  journal  de  musique  et 
des  modes.  Après  s'être  marié  à  Paris,  en  1835, 
M.  Soullier  retourna  à  Avignon  et  s'y  occupa 
principalement  de  littérature.  Parmi  ses  pro- 
ductions en  ce  genre,  on  remarque  particuliè- 
ment  sa  Traduction  en  vers  français  des  sa- 
tires de  Perse  avec  le  texte  en  regard,  etc.  ; 
Paris,  Delaunay,  1837.  De  retour  à  Paris,  en 
1848,  M.  Soullier  y  a  fondé  plusieurs  journaux 
et  publié  divers  ouvrages,  au  nombre  desquels 
est  celui  qui  a  pour  litre  :  Nouveau  Diction- 
naire de  musique  illustré,  élémentaire,  théo- 
rique ,  professionnel  et  complet;  'Paris, 
F.  Bagault,  un  volume  gr.  in-8°.  En  1862,  ce 
littérateur  musicien  a  fondé  un  journal  de  mu- 
sique qui  parait  deux  fois  chaque  mois  sous  le 
titre  :  l'Union  chorale  de  Paris,  Revue  mu- 
sicale de  la  quinzaine,  destinée  aux  sociétés 
chorales  ou  philharmoniques  de  la  France  et 
de  l'étranger.  Celte  publication  est  parvenue 
à  sa  seconde  année  (1864). 

SOUSA-VILL  ALOBOS  (Mathias  DE), 
bachelier  en  droilde  l'université  de  Coimbre, 
et  maître  de  chapelle  à  Elvas,  en  Portugal,  na- 
quit dans  cette  dernière  ville,  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  un 
traité  du  plain-chant  intitulé  :  Arle  deCanto 
chaô;  Coimbre,  1688,  in-4°. 

SOUSSMANN  (Henri),  né  à  Berlin,  le 
23  janvier  1796,  était  fils  d'un  musicien  de 
cette  ville,  dont  il  reçut  les  premières  leçons, 
à  l'âge  de  six  ans,  particulièrement  pour  le 
violon  ;  puis  il  devint  élève  de  Schrœck,  bon 
professeur  de  flûte,  qui  le  dirigea  jusqu'à  l'âge 
de  seize  ans.  Par  ses  éludes  et  sa  belle  organi- 
sation, il  est  devenu  un  des  virtuoses  les  plus 
remarquables  de  son  temps.  A  l'âge  de  seize 
ans,  il  entra  dans  la  musique  d'un  régiment 
d'infanterie,  et  pendant  les  années  1813  et 
1814,  il  fit,  en  cette  qualité,  les  campagnes 
contre  la  France.  Après  avoir  reçu  son  congé, 
il  voyagea  pour  donner  des  concerts,  et  se 
rendit  en  Russie.  Après  avoir  été  longtemps 
première  flûte  du  Grand-Opéra  de  Péters- 
bourg,  il  eut,  en  1836,  le  titre  de  directeur  de 
musique  du  Théâtre-Impérial.  Il  est  mort  à 
Pélersbourg,  au  mois  de  mai  1848.  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  1°Qualuorpourquatre 
flùles,  op.  5;  Berlin,  Lischke.  2°  Thème  varié 
pour  flùle  avec  quatuor,  op.  3;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hsertel.  5°  Pot-pourri  pour  flûte  et 
violon,  avec  violon,  alto  et  basse,  op.  7;  Ber- 
lin, Lischke.  4°  Duos  concertants  pour  deux 
flûtes,  op.  2,  4  et  24;  Berlin,  Lischke;  Lcip- 


SOUSSMANN  —  SOWINSKI 


sick,  Breilkopf  cl  Haertel.  5°  Sérénade  pour 
flûle  et  guitare,  op.  6;  ibid.  6°Concerlino  pour 
flûte  et  orchestre;  Mayence,  Schott.  7°  Deux 
quatuors  pour  quatre  flûtes,  Hambo.urg,  Schu- 
bert et  Niemeyer.  8°  Trio  concertant  pour 
deux  flûtes  et  piano,  op.  30;  L?ipsick,  Hof- 
meisler.  9°  Grande  fantaisie  pour  flûle  et 
piano,  op.  28;  Leipsick,Hofmeister.  10°  Vingt- 
quatre  études  pour  flûte,  dans  tous  les  tons, 
op.  55;  Hambourg,  Schubert.  11°  Trente 
grands  exercices  ou  études  dans  tous  les 
tons,  en  deux  parties;  Mayence,  Schott. 
12°  Méthode  pratique  de  flûte  en  quatre  ca- 
hiers, op.  54;  Hambourg,  Schubert. 

SOUTH  (Robert)',  chanoine  de  l'église  du 
Christ,  à  Oxford,  naquit  en  1633,  à  Hackney, 
dans  le  Middlesex,  et  mourut  le  8  juin  1716. 
Tour  à  tour  vendu  à  tous  les  partis  qui,  de  son 
temps,  agitaient  l'Angleterre,  et  les  trahissant 
après  les  avoir  flattés,  il  a  laissé  une  mémoire 
peu  honorée.  Il  était  encore  à  l'université 
d'Oxford,  lorsqu'il  publia  un  petit  poème  latin 
intitulé  :  Musica  incantans ,  sive  poema 
exprimons  musicx  vires;  Oxonii,  1655, 
in-4°. 

SOWINSKI  (Albert)  ,  d'une  noble  et 
ancienne  famille  polonaise,  est  né  vers  1803, 
à  Ladyzyn,  dans  la  partie  méridionale  de 
l'Ukraine.  Après  avoir  passé  paisiblement  les 
premières  années  de  sa  jeunesse,  occupé  de 
l'étude  du  piano,  il  se  rendit  à  Vienne,  et  de- 
vint élève  de  Charles  Czerny  et  de  Leides- 
dorf  pour  cet  instrument.  Le  chevalier  de  Sey- 
fried  lui  donna  des  leçons  de  composition,  et  il 
étudia  l'instrumentation  sous  la  direction  de 
Gyrowetz.  L'amitié  de  Hummel,  de  Moscheles, 
de  Schubert  et  de  l'abbé  Stadler  ne  fut  pas 
étrangère  à  ses  progrès,  car  il  reçut  de  ces  ar- 
tistes distingués  d'utiles  conseils.  Après  deux 
années  de  séjour  dans  la  capitalede  l'Autriche, 
Sowinski  partit  pour  l'Italie,  visita  Rome  et 
Naples,  puis  se  rendit  à  Paris,  où  il  arriva  en 
1830,  et  où  il  s'est  fixé.  Il  s'y  est  fait  entendre 
dans  plusieurs  concerts,  et  y  a  publié  beaucoup 
de  compositions  pour  son  instrument.  Pendant 
plus  de  trente  ans,  il  s'est  livré  à  l'enseigne- 
ment du  piano  dans  cette  grande  ville,  et  y  a 
été  compté  parmi  les  meilleurs  maîtres  pour 
cet  instrument.  En  1841,  il  a  fait  exécuter  à 
Paris  une  ouverture  de  sa  composition,  et  dans 
l'année  suivante,  une  symphonie  qui  a  pour 
litre  :  la  Fatalité.  Dans  l'été  de  1842,  il  a  fait 
un  voyage  à  Londres,  et  y  a  joué  dans  plusieurs 
concerts.  De  retour  à  Paris,  il  s'y  est  livré  de 
nouveau  à  l'enseignement.  M.  Sowinski  a  pu- 
blié beaucoup  de  compositions  de  différents 


genre,  dont  les  principales  sont  :  1°  Six  mor- 
ceaux religieux  à  deux,  trois  et  quatre  voix 
avec  orgue,  op.  57;  Paris,  Chaillot.  2°  Messe 
solennelle  à  trois  parties  et  deux  chœurs,  avec 
orgue,  op.  61  ;  ibid.  3°  Feni  Creator  à  trois 
voix  et  orgue;  Mayence,  Schott.  4°  Messe 
brève  à  quatre  voix  avec  orgue,  op.  71  ;  Paris, 
Canaux.  5°  Saint  Adalbert,  oratorio  en  trois 
parties,  à  quatre  voix,  solos,  chœurs  et  or- 
chestre, op.  66.  Partition  de  piano  et  de  chant; 
Paris,  Rrandus.  6°  Six  motets  à  deux,  trois  et 
quatre  voix  avec  orgue,  op.  80;  Londres, 
A.  Novello.  7°  Ouverture  de  la  Reine  Hed- 
wige  à  grand  orchestre;  Paris,  chez  l'auteur. 
8"  Symphonie  en  me  mineur  à  grand  orchestre, 
op.  62;  en  partition,  chez  l'auteur.  9°  Ma- 
zeppa,  ouverture  à  grand  orchestre,  op.  75,  à 
Paris,  chez  l'auteur.  10°  Grand  rondo  sur  le 
Maçon,  pour  piano  et  quatuor,  op.  9;  Paris, 
Schœnenberger.  11"  Variations  de  concert  sur 
un  thème  de  Mayseder,  avec  orchestre,  op.  14; 
Paris,  Pacini.  12"  Grande  polonaise  pour 
piano  et  quatuor,  op.  16;  Paris,  Launer. 
13"  Air  des  Légions  polonaises,  piano,  chant 
et  orchestre,  op.  31;  ibid.  14°  Variations  de 
concert  pour  piano  et  orchestre  sur  le  duo  des 
Puritains,  op.  48.  15"  Trio  (en  ré  majeur) 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  76. 
16"  Rondeau  brillant  sur  un  duo  du  Maçon, 
d'Auber,  op.  2;  Vienne,  Cappi.  17°  Variations 
sur  un  air  favori  de  la  Dame  blanche;  Vienne, 
Leidesdorf.  18°  Rondo  pastoral  sur  une  strophe 
de  Masaniello,  op.  8  ;  Milan,  Ricordi.  19°  Va- 
riations brillantes  sur  un  air  polonais;  ibid. 
20°  Vingt-quatre  préludes  et  exercices  dans 
tous  les  tons  majeurs  et  mineurs;  Paris,  Pa- 
cini. 21°  La  Parisienne,  marche  nationale 
variée, op.  25;  Leipsick,Hofmeister.  22" Mor- 
ceau de  salon,  variations  et  rondo  sur  un 
thème  original,  op.  26;  ibid.  23"  Grand  con- 
certo pour  piano  et  orchestre,  op.  36;  Paris, 
Schlesinger.  24°  Fantaisie  sur  une  cavatine 
chantée  par  Rubini,  op.  34;  Pacini.  25"  Idem 
sur  un  trio  de  la  Juive,  par  Halévy,  op.  40; 
Paris,  Schlesinger.  26°  La  Mer,  fantaisie  sur 
la  Prière  du  marin,  dans  l'Eclair,  op.  45  ; 
ibid.  M.  Sowinski  a  publié  aussi  beaucoup 
d'autres  morceaux  détachés  pour  piano  seul, 
sur  des  thèmes  d'opéras  ,  douze  grandes 
éludes,  op.  60;  Paris,  Chaillot,  et  de  petits 
morceaux  de  salon  dans  les  formes  de  l'époque 
actuelle.  Il  a  beaucoup  de  compositions  iné- 
diles, parmi  lesquelles  on  remarque:  Lenore, 
drame  lyrique  en  deux  actes,  d'après  la  bal- 
lade de  Burger,  et  Le  Modèle,  opéra  comique 
en  un  acle,  de  M.  de  Saint-Georges,  non  re- 


i-i 


SOWINSKI  —  SPALLETTl 


présenté.  On  a  île  cet  artiste  laborieux  un  ou- 
vrage intitulé  :  les  Musiciens  polonais  et 
slaves  anciens  et  modernes;  Dictionnaire 
biographique  des  compositeurs,  chanteurs, 
instrumentistes  ,  luthiers  ,  constructeurs 
d'orgues,  etc.  ;  précédé  d'un  résumé  de  l'his- 
toire de  la  musique,  etc.;  Paris,  Adrien  Le- 
clereel  Ce.  1 857 ,  un  volume  gr.  in-8°  de  cinq 
cent  quatre-vingt-dix-neuf  pages.  J'ai  tiré  de 
ce  volume  des  renseignements  utiles  pour  la 
biographie  de  plusieurs  artistes  polonais.  On 
doit  aussi  à  M.  Sowinski  la  publication  d'un 
recueil  de  chants  nationaux  et  populaires  de  la 
Pologne;  Paris,  18-30,  des  articles  historiques 
sur  la  musique  dans  le  même  pays,  publiés 
dans]a  Revue  musicale  de  l'auteur  de  cette  no- 
tice, et  des  recherches  sur  la  musique  popu- 
laire et  le  théâtre  en  Pologne,  insérées  dans 
la  Pologne  illustrée,  de  M.  Chodzko. 

SOZZI  (François),  violoniste,  né  à  Flo- 
rence, vers  1765,  fut  élève  de  Nardini.  Après 
avoir  été  attaché  quelque  temps  à  la  chapelle  du 
grand-duc  de  Toscane,  l'invasion  de  l'Italie 
par  les  armées  françaises  l'obligea  à  s'en  éloi- 
gner pour  aller  chercher  une  position  en  Alle- 
magne.En  1 80 1 ,  il  était  premier  violon  à  Augs- 
bourg.  Il  se  rendit  ensuite  à  Vienne,  visita  la 
Hongrie,  la  Pologne  et  la  Russie,  puis  retourna 
en  Allemagne,  en  1811.  Depuis  celte  époque, 
on  n'a  plus  eu  de  renseignements  sur  sa  per- 
sonne. On  connaît  de  Sozzi  les  productions 
suivantes  :  1°  Dix-huit  variations  sur  trois  airs 
italiens,  pour  violon  avec  basse,  op.  3;  Augs- 
bourg,  Gombart.  2° Quatuor  pour  flûte,  violon, 
alto  et  basse,  op.  4;  ibid.  5U  Trois  duos  pour 
deux  violons,  op.  6;  ibid. 

SPADA  (Jacques-Philippe),  prêtre  véni- 
tien, élève  du  maître  Vol pe  {voyez  ce  nom), 
fut  admis  dans  la  chapelle  ducale  de  Saint- 
Marc,  à  Venise,  en  qualité  de  chanteur,  le 
fi  septembre  1673.  Le  16  janvier  1678,  il  suc- 
céda à  son  maître,  comme  organiste  du  second 
orgue,  dans  la  même  chapelle,  et  le  6  août  1690, 
il  passa  au  premier  orgue.  Il  mourut  à  Venise, 
en  1704.  Aucune  composition  de  cet  artiste 
n'est  connue  jusqu'à  ce  jour. 

SP,ŒTH  (Jean-Adam),  facteur  d'orgues, 
de  clavecins  et  de  pianos,  qui  a  eu  de  la  celé 
brité  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  vécut  à  Ratisbonne.  Il  a  construit  le  bel 
orgue  de  la  cathédrale  «le  cette  ville.  Ses  pianos 
étaient  exportés  dans  toute  l'Europe, et  luttaient 
de  réputation  avec  ceux  de  Stein.  Spselh  est  mort 
en  1816,  dans  un  âge  très-avancé. 

SP/ETH  (André),  né  le  9  octobre  1792,  à 
Kossach,  près  de  Cobourg,  apprit  les  éléments 


de  la  musique  dans  l'école  de  ce  lieu,  et  montra 
de  si  heureuses  dispositions  pour  cet  art  dans 
son  enfance,  qu'il  composait  des  cantates,  des 
motets  et  des  chœurs,  sans  avoir  reçu  de  leçons 
d'harmonie  d'aucun  maître.  En  1810,  il  entra 
dans  la  chapelle  du  prince  de  Cobourg,  et  y 
apprit  la  basse  continue  sous  la  direction  de 
Grumlich,  musicien  de  la  chambre  du  prince. 
Pendant  les  années  1814  et  1815,  Spœth  s'oc- 
cupa exclusivement  de  la  composition  de  mar- 
ches et  de  morceaux  d'harmonie  pour  les  corps 
de  musique  militaire.  En  1816,  il  suivit  son 
prince  à  Vienne,  et  y  prit  des  leçons  de  com- 
position de  Riotte.  De  retour  à  Cobourg.  il 
publia  des  compositions  de  différents  genres 
chez  André,  d'Offenhach ,  et  Scholt,  de 
Mayence.  En  1822,  il  accepta  la  place  d'orga- 
niste à  Morges,  petite  ville  du  canton  de  Vaud, 
en  Suisse,  et  l'occupa  pendant  onze  ans;  puis 
il  se  rendit  à  Neuchâtel,  en  1833,  et  depuis  ce 
temps  il  y  a  occupé  les  places  de  directeur  de 
musique,  de  professeur  de  chant  au  collège,  et 
d'organiste  de  la  ville.  Il  est  aujourd'hui  maître 
de  chapelle  de  la  cour  de  Saxe-Cobourg.  Spseth 
a  écrit  pour  le  théâtre  de  Cobourg  :  Ida  de 
Hosenau,  représenté  en  1821;  Elise, en  1833; 
l'Astrologue,  à  l'automne  de  1837,  et  Omar 
et  Sullana,  en  1842.  Il  a  aussi  composé  la 
musique  de  plusieurs  ballets,  les  oratorios  Die 
Auferstehung  (la  Résurrection)  Saint  Pierre, 
et  Judas  Iscariote, des  psaumes,  des  cantates, 
un  Te  Deum,  et  des  chants  pour  des  voix 
d'hommes.  Ses  compositions  instrumentales  et 
vocales  sont  au  nombre  de  plus  de  cent  ;  dans 
ce  nombre,  on  remarque  :  l°Ses  pièces  d'har- 
monie, œuvres 52, 54  et  93;  Offenbach,  André. 
Le  dernier  de  ces  ouvrages  est  une  scène  pas- 
torale suisse  pour  harmonie  complète,  dont  le 
mérite  est  remarquable.  2°  Quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  95  et  107; 
Mayence,  Schott.  3°  Symphonie  concertante 
pour  deux  clarinettes  et  orchestre.  4"  Des 
airs  variés  pour  violon  et  clarinette,  avec  or- 
chestre ou  quatuor.  5°  Nonetto  pour  in- 
struments à  cordes  et  à  vent.  6°  Beaucoup  de 
fantaisies  et  de  variations  pour  le  piano.  Son 
dernier  ouvrage  est  une  messe  pour  quatre 
voix  avec  les  instruments  à  vent,  dédiée  au 
Conservatoire  de  Bruxelles. 

SPALLETTl  (Raphaël),  compositeur  na- 
politain, élève  de  Sala,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  dix  huitième  siècle.  On  trouve  de  sa 
composition  dans  la  bibliothèque  du  conserva- 
toire de  Naples  :  1°  Caino  ed  Abele,  oratorio. 
2°  Lamentazioni  del  giovedï  santo  per  so- 
prano, viole,  violoncello  e  basso. 


SPANGENBERG  -  SPARRE 


SPANGENBERG  (Jean),  magister,  puis 
surintendant  à  Eisleben,  naquit  en   1484,  à 
Hardeysen,    près    de    Gœtlingue,    et    devint 
d'abord  pasteur  à  Slollberg,  puis  prédicateur 
de  Saint-Biaise  à   Nordhausen.    Il   est   mort 
dans   cette  situation    le   15  juin   1550.    Il   a 
écrit  un  petit  traité  élémentaire  de  musique 
pour  l'usage  de  l'école  de  ce  lieu ,  sous  ce 
titre  :   Quxstiones  musicx  in  usum  scholx 
Northusianx    collectai:    Nuremberg,    1536, 
in-12.  Il  y  a  une  édition  de  ce  livre  publiée  à 
Wittenberg,  chez  G.  Rhaw,  sans  date,  petit 
in-8°  de  cinq  feuilles  :  c'est  vraisemblablement 
la  première.  Il  y  a  aussi  une  édition  imprimée 
chez  Georges  Hentzch,   à  Leipsick,  en  1555, 
petit  in  8°  de  cinq  feuilles-  Ce  livre  a  été  réim- 
primé à  "Wittenberg,  en   1542,  quatre-vingts 
pages  in-8»;  à  Leipsick,  en  1544,  1547,  1561, 
in-8°;  à   Cologne,   1579,    in-8°,    et  dans    la 
même  ville,    1592,    in-12.    Spangenberg    est 
le  même    que  Gerber  et    Choron  et  Fayolle 
ont    nommé    Spang ,    d'après    le    catalogue 
des  livres    de  musique  de  Breitkopf  (p.  55). 
Outre    l'ouvrage    cité    ci-dessus ,    on    a     de 
Spangenberg  :  1°  Kirchengesxnge  auf  aile 
Sonntage    und    furnehmsten   F  este ,    nebst 
Evangelien,  Episteln  und  Collectai,  etc., 
mit  musikalischen    Noten,    lateinisch  und 
deutsch  (Chants  d'église  pour  tous  les  diman- 
ches et  jours  de  fête,  etc.);  Wittenberg,  1545. 
2°  Gedanken  von  allerhand  geistlichen  Kir- 
chengesxngen;     Wittenberg,     1545,     in-8°. 
5°  Zwolff  christliche  Lobgesxnge  und  Leis- 
sen  {?),  so  man  das  Jar  (sic)  uber,  inn  der 
Gemeine  Goltes  singt,auffskurtzteausgelegt. 
Le  même  ouvrage  a  été  réimprimé  avec  des 
textes  latins,  sous  ce  titre  :  Hymni  ecclesias - 
tici    duodecim,    summis    festivitatibus    ab 
ecclesia  solemniter  cantari  soliti,  annotatio- 
nibus  explanati .  Auclore  M.  JohanneSpan- 
genbergio.     Recens    è    germanico    sermone 
latine  redditi,  per  Reinardum  Lorichium 
Hadamarium  ;  Francofurli  apud  Chr.  Ey- 
molphum,  1550,  petit  in-8°. 

SPANGENBEKG  (Cyriac),  fils  du  précé- 
dent, théologien  et  historien,  né  à  Nordhausen, 
le  17  janvier  1528,  mourut  à  Strasbourg,  le 
10  février  1604.  Il  a  laissé  en  manuscrit  un 
ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Von  der  edlen  unnd 
hochberiihmten  Kunst  der  Musica,  unnd  de- 
ren  Annkunfft,  Lob,  Nutz  unnd  Wirckung , 
auch  wie  die  Meistersinger  auffkhommenn 
volckhommener  Bericht  :  zu  dienst  unnd 
ehren  der  lœblichen  unnd  ehrsamen  GeseU- 
schaft  der  Meistersinger,  in  der  lœblichen 
freyenReichsstatt Slraszburg .geste! let  durch 


M.  Cyriacum  Spangenberg.  im  Jalir  Christi 
M.  D.  XCVIII.  (Du  noble  et  .célèbre  art  de 
la  musique,  son  origine,  son  éloge,  son  utilité, 
ses  effets,  etc.).  Ce  manuscrit  est  dans  la  bi- 
bliothèque de  la  ville  de  Strasbourg.  Joechep 
attribue  cet  ouvrage  à  Wohlfarth  Spangenberg, 
fils  de  Cyriac;  mais  le  titre  même  du  manu- 
scrit prouve  son  erreur.  Cet  intéressant  ou- 
vrage, plein  de  recherches  et  d'érudition,  a  été' 
publié  en  1861,  par  les  soins  de  M.  Adalbert 
de  Relier,  professeur  ordinaire  de  l'université 
de  Tubinge,  dans  la  bibliothèque  de  la  société 
littéraire  de  Stuttgart  (Bibliothek  von  littera- 
rischen  Vereins  in  Stuttgart)  n°  lxii  ;  Stutt- 
gart, Colla),  sous  ce  titre  :  Cyriacus  Span- 
genberg von  der  Musica  und  den  Meister- 
sxngern,  herausgegeben  durch,  etc.  ;  gr. 
in-8°  de  cent  soixante-douze  pages.  Il  existe 
aussi  de  Spangenberg  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  Mag.  Cyr.  Spangenberg  Cithara  Lu- 
theri.  Erfurt,  1569,  in-4°. 

SPANHEIM  (Ézéchiel),  célèbre  philo- 
logue, né  à  Genève,  le  7  décembre  1629,  fit 
ses  éludes  à  Leyde,  fut  d'abord  gouverneur  du 
fils  de  l'électeur  Palatin,  à  Heidelberg,  puis 
il  remplit  des  fonctions  diplomatiques  pour  le 
même  prince,  en  Hollande  et  en  Angleterre, 
et  pour  l'électeur  de  Brandebourg,  en  France. 
II  mourut  à  Londres,  avec  le  litre  d'ambassa- 
deur du  roi  de  Prusse,  le  7  novembre  1710. 
Au  nombre  de  ses  savants  ouvrages,  on  trouve 
des  notes  sur  Callimaque,  insérées  dans  l'édi- 
tion des  œuvres  de  ce  poëte,  publiée  par  Grœ- 
vius,  à  Utrecht,  en  1697,  en  2  volumes  in-8°. 
Elles  renferment  des  recherches  intéressantes 
sur  les  instruments  de  musique  des  an- 
ciens. 

SPARACCIOIVI  (Jean-Georges),  né  à 
Monte-Cosaco,  dans  les  dernières  années  du 
seizième  siècle, fut  organiste  de  l'église Sainte- 
Euphémie  de  Vérone.  On  connaît  de  sa  com- 
position :  1°  Salmi  per  i  Vespri  a  quattro 
voci;  in  Venetia,  app.  Aless.  Vincenti, 
1625.  2°  Brève  corsi  di  Concerti  o  Mottetti  a 
una,  due,  tre  et  quattro  voci,  op.  Z\ibid., 
1650,  in -4°. 

SPARONO  (François),  compositeur  sici- 
lien, vécut  à  Naples,  vers  1780,  et  y  fit  repré- 
senter, au  théâtre  du  Fondo:\° D Ammalata 
per  apprensione,  farce  en  un  acte.  2°  La 
Nolte  di  carnavale,  opéra  bouffe  en  un  acte. 
5°  Lo  Stipo  maggico,  opéra  bouffe  en  deux 

3CtCS. 

SPARRE  (Nicolas),  surnommé  HIER- 
SINGIUS,  parce  qu'il  était  né  dans  le  vil- 
lage de  Hiersing,  en  Danemark,  au  commen- 


SPARRE  —  SPATARO 


cernent  du  <lix-huilième  siècle,  a  pnlilié  une 
dissertation  intitulée  :  De  Musica  ac  Cilhara 
Davidica  e  jusque  effectu;  Ha  faix,  1753, 
in-4°  de  dix  pages. 

SPAIlllY  (FttANCOis),  chanoine  régulier, 
né  à  Grœiz  (Slyrie),  le  28  avril  1715,  apprit  la 
musique  comme  enfant  de  chœur  chez  les  Bé- 
nédictins d'Aimonl,  où  il  fit  aussi  ses  études 
littéraires.  En  1736,  il  entra  au  monastère  de 
Kremsmunster,  et  après  un  noviciat  de  sept 
années,  il  y  fut  ordonné  prêtre.  Il  obtint  bien- 
tôt après  de  ses  supérieurs  de  se  rendre  en 
Italie  pour  y  perfectionner  son  talent  de  musi- 
cien, et  visita  Milan,  Venise,  Naples  et  Rome, 
qui  l'intéressa  surtout  et  où  il  fit  un  long  sé- 
jour. Il  s'y  livra  à  de  sérieuses  étudesde  contre- 
point et  devint  un  savant  composi leur. De  retour 
dans  sa  patrie,  il  écrivit  un  grand  nombre  de 
morceaux  d'église,  dans  les  formes  du  contre- 
point douhle,  pour  lesquelles  il  avait  un  pen- 
chant décidé,  un  Pange  Linqua  d'un  mérite 
remarquable,  une  collection  de  cantiques,  et 
quelques  airs  pour  le  théâtre.  Le  P.  Sparry 
mourut  dans  son  monastère,  le  5  avril  1767. 

SPATAIIO  ou  SPADARO,  en  latin 
SPADAIUUS(jEA!*),né  à  Bologne,  vers  1460, 
eut  pour  premier  métier  celui  de  fabricant  de 
fourreaux  d'épée,  s'il  faut  en  croire  Gafori, 
qui  eut  avec  lui  de  vives  discussions.  Si  l'on 
considère  toutefois  l'instruction  solide  qui 
brille  dans  les  ouvrages  de  Spataro,  non-seu- 
lement en  ce  qui  concerne  la  musique,  mais 
dans  les  mathématiques,  la  philosophie  et  la 
langue  latine,  il  est  permis  de  révoquer  en 
doute  ce  fait,  peut-être  inventé  par  la  haine. 
Quoi  qu'il  en  soit,  Spalaro  devint  élève  de 
Ramis  de  Pareja  (coyez  ce  nom),  lorsque  ce 
théoricien  espagnol  alla  ouvrir  des  cours  de 
musique  à  Bologne,  en  1482,  et  fut  par  la  suite 
le  plus  ferme  soutien  de  sa  doctrine.  Spalaro 
ne  fut  sans  doute  pas  moins  hahile  dans  la 
pratique  de  l'art  que  savant  dans  sa  théorie, 
car  nous  voyons  (dans  un  catalogue  chronolo- 
gique des  mailres  de  chapelle  deSaint-Pélrone 
de  Bologne,  tiré  par  l'abbé  Baini  des  notices 
manuscrites  de  Pitoni  concernant  les  an- 
ciens contrepointistes)  qu'il  occupa  cette 
position  depuis  1512  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1541. 

La  publication  du  livre  de  Ramis  intitulé  : 
De  Musica  Traclalus,  sive  Musica  practica 
(Bologne,  1482,  in-4°),  avait  donné  naissance 
au  virulent  pamphlet  dirigé  contre  l'auteur 
par  Burci  (voyez  ce  nom).  Spataro  crut  devoir 
prendre  la  défense  de  son  maître;  il  le  fit  avec 
autant!  de  force  logique  que  de  modération, 


dans  l'écrit  intitulé  :  Ad  reverendissimum  in 
Christo  Patrem,  et  D.  D.  D.    Antonium 
Galeuz.  de  Bentivolis,  sedis  Apostolicx  Pro- 
tonolarium,  M.  Joannis  Spatari  in  Musica 
humillimi  professons  ejusdem  prxceptoris 
honesta  defensio  ;  in  Nicolai  Burtii  Par- 
mensis  opusculum.  A  la  fin  on  lit  :  Impresso 
de  l'aima  ed  inclita  città  di  Bologna  per  me 
Plato  de  Benedicti,  régnante  lo  inclito  ed 
illustre  Signore  S.  Johanne  de  Bentivogli  de 
l'anno   MCCCCLXXXXI,    a   di  XVI  de 
Marzo,  in-4°.  Spataro  démontre  jusqu'à  l'évi- 
dence que  Burci  n'a  rien  compris  à  la  question 
des  gammes,  sur  laquelle  il  avait  attaqué  parti- 
culièrement Ramis,  et  il  y  traite  avec  pro- 
fondeur de  la  théorie  du  tempérament,  sou- 
levée par  son  maître,  et  de  la  nécessité  de  la 
modération  des  tierces  lorsque  les  quintes  et 
les  quartes  sont  justes.  Gafori  critiqua  celte 
théorie  dans  le  trente-quatrième  chapitre  du 
deuxième  livre  de  son  traité  De  harmonica 
musicorum  inslrumentorum ;  mais  Spataro 
lui  adressa,  au  mois  de  février  1518,  une  lettre 
où  il  relevait  ses  erreurs  à  ce  sujet.  Une  ré- 
ponse   «le    Gafori,    remplie    d'amertume    et 
d'ironie,  amena  une  seconde  lettre  plus  sévère 
de  Spataro,  au  mois  de  marsdela  même  année. 
J'ai  dit,  en  parlant  de  Gafori  (voyez  ce  nom), 
commenlcetlequerelles'envenima  etamena  la 
publication  du  pamphlet  du  vieux  maître  de 
Milan,  intitulé  :  Apologia  Franchini Gafurii 
advenus  Joannem  Spalarium  et  complices 
musicos  Bononienses.  (Impressum  Taurini 
per  magistrum   Augustinum  de   Vicomer- 
cato,  anno  Domini  M.  D.  XX.,  in-fol.  de 
dix  feuillets).  Quelques  mois  après  parut  une 
réponse  de   Spataro    sous    ce    litre  :  Errori 
di  Franchino  Gafurio  da  Lodi,  da  maestro 
Joanne  Spatario,  musico  bologncse,  in  sua 
defensione,  e  del  suo  precettore  Mro.  Barto- 
lomeo   Ramis  Hispano   subtilmente  dimos- 
trati.On  lit  au  dernier  feuillet  :  Impressum 
Bonotiix  per  Benedictum   Hectoris,   anno 
Domini  M.  D.  XXI,  die  XII  januarii,  petit 
in-4°  de  cinquante-deux  feuillets.  Quoique  le 
litre  soit  en   italien,   l'ouvrage  est  écrit  en 
latin.   Spalaro   prétend  démontrer,   dans   ce 
pamphlet  (divisé  en  cinq  parties),  cent  onze 
erreurs  répandues  dans  les  écrits  de  Gafori. 
Tout  le  monde  eut  tort  et  raison  dans  cette 
affaire,  car  Gafori  prouvait  très-bien  la  réalité 
du  comma  80-81,  mais  il  avait  tort  de  ne  pas 
admettre  le  tempérament  égal  pour  l'accord 
des  instruments,  !e  seul  dont  l'usage  soit  ap- 
plicable à  tous  les  cas  de  la  pratique.  Le  der- 
nier ouvrage  de  Spalaro  csl  un  traité  de  mu- 


SPATERO  -  SPECH 


17 


siquc  intitulé  :  Traclalo  di  musica,  nelquale 
si  tracta  de  la  perfectione  de  la  sesquialtera 
producta  inla  musica  mensurata,  in-fol.  de 
cinquante-huit  feuillets  non  chiffrés.  An  der- 
nier feuillet,  on  lit  :  Impressa  in  Vinegia 
per  maestro  Bernardino  de  Vitali  el  di 
octavo  del  mese  di  Oltobre  M.  D.  XXXI. 
Ce  livre  est  de  grande  importance  pour  la  so- 
lution d'un  certain  nombre  de  cas  difficiles  de 
la  notation  proportionnelle  en  usage  dans  les 
quinzième  et  seizième  siècles.  La  plus  grande 
partie  de  l'ouvrage  est  dirigée  contre  Ga- 
fori. 

SPAVEINTA(Scipion),  chanoine  de  Velle- 
tri,  né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  à  Sermoneta,  bourg  des  Etats  de  l'Eglise, 
s'est  fait  connaître  par  un  œuvre  qui  a  pour 
litre:  I  Sogni  pastorali  a  quatlro  voci  ;  in 
P'enetiti,  appresso  Giacomo  Finçenli,  1608, 
in-4°. 

SPAZIAI\0  (Fhançois),  éditeur  de  la  plus 
ancienne  colleclion  de  chansons  et  de  madri- 
gaux qui  se  chantaient  dans  les  rues  de  Flo- 
rence, pendant  le  carnaval,  au  commencement 
du  seizième  siècle.  Celle  colleclion  a  pour 
litre-.  Canti carnascialeschi;  Florence,  1529, 
in-4°. 

SPAZIER  (Jean-Ciiarles-Gottuebï,  né  à 
Berlin,  le  20  avril  17G1 ,  lit  ses  éludes  aux  uni- 
versités de  Halle  et  de  Gœltingue,  puis  reçut 
sa  nomination  de  professeur  de  philosophie  à 
Giessen,  mais  n'accepta  pas  cetle  position,  et 
préféra  s'attacher  à  un  noble  personnage  de 
la  Weslphalie,  qu'il  accompagna  dans  des 
voyages  en  Allemagne,  en  Hollande,  en  Dane- 
mark, en  Suisse  et  dans  une  partie  de  l'Italie. 
De  retour  dans  sa  patrie,  il  accepta  les  places 
de  professeur  et  de  conseiller  à  Neuwied  ;  mais 
après  la  mort  du  souverain  de  cette  petite 
principauté,  il  retourna  à  Berlin.  En  1796,  il 
obtint  le  diplôme  de  docteur  en  philosophie  à 
l'université  de  Halle;  puis  il  fut  pendant  quel- 
que temps  professeur  el  inspecteur  de  l'In- 
stitut d'éducation  à  Dessau,  vécut  ensuite  à 
Berlin,  el,  enfin,  mourut  à  Leipsick,  le  19  jan- 
vier 1805.  Spazier  s'est  fait  connaître  comme 
compositeur  par  des  chansons  à  voix  seule 
a\ec  accompagnement  de  piano,  publiées  à 
Leipsick,  en  1781,  et  dont  il  a  donné  une  nou- 
velle édition  à  Dessau  trois  ans  après;  par  des 
chœurs  à  quatre  voix  (Leipsick,  1785),  et  par 
«les  chansons  joyeuses  avec  piano  (Vienne, 
1786).  On  a  aussi  de  lui  des  mélodies  pour  le 
recueil  de  chansons  de  Hartr.ng  (Berlin,  1793). 
Il  est  connu  surtout  par  quelques  écrits  rela- 
tifs à  la  musique,  dor.l  voici  la  liste  :  1°  Frei- 


muthige  Gedanken  liber  die  Galles  verehrun- 
gen  der  Protestanten  (Idées  libres  sur  la 
vénération  religieuse  des  protestants);  Gotha, 
1788,  in-8°.  Il  y  traite  du  chant  du  culte  évan- 
gélique  et  de  la  musique  d'église.  2°  Einige 
Gedanken,  JViinsche  und  F'orschlxge  zur 
Einfiihrung  eines  neuen  Gesangbuch  (Quel- 
ques idées,  souhaits  et  propositions  concernant 
l'introduction  d'un  nouveau  livre  de  chant); 
Neuwied,  1790,  in-8°.  3°  Etwas  iiber  Gluc- 
kische  Musik  und  die  Oper  Iphigenia  in 
Tauris  auf  dem  Berlinischen  Nalional- 
thealer  (Sur  la  musique  de  Gluck  et  l'opéra 
•Vlphigénie  en  Tauride  au  Théâtre-National 
de  Bei  lin);  Berlin,  1795",  in-8°.  4°  Cari  Pilgers 
Roman  seines  Lebens,  von  ihm  selbst  ge- 
schreiben,  elc.  (Roman  de  la  vie  de  Charles 
Pilger,  écrit  par  lui-même);  Berlin,  1792-1796, 
trois  volumes  in-8°.  Ce  roman  a  pour  base  les 
événements  de  la  vie  de  Spazier  lui-même; 
il  est  rempli  de  considérations  sur  la  mu- 
sique. 5°  Berlinische  musikalische  Zeitung, 
historischen  und  kritischen  lnhalts  (Ga- 
zette musicale  de  Berlin,  etc.);  Berlin,  1794, 
in-4"  de  deux  cent  dix  pages.  Ce  journal  n'a 
pas  élé  continué.  6°  Rechtfertigung  Mar- 
purg's  und Erinnerung an  seine  Ferdienste. 
Auf  Feranlassung  eines  Aufsatzes  des 
Herm  Schultz  (Justification  de  Marpurg  et 
souvenir  de  son  mérite,  à  l'occasion  d'un  écrit 
de  M.  Schultz),  dans  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick,  t.  II,  p.  553,  569  et  59ô.  7°  Ueber 
den  Folksgesang  (Sur  le  chant  populaire), 
même  journal,  t.  III,  p.  78,  89  et  105.  Spa- 
zier a  aussi  traduit  en  allemand  le  premier  vo 
lume  des  Mémoires  de  Grélry  sur  la  musique, 
sous  ce  titre  :  Gretrg's  f'ersuche  iiber  die 
Musik;  Leipsick,  1800,  in-8°.  Il  a  élé  l'édi- 
teur de  la  vie  de  Dilters  de  Diltersdorf  (voyez 
ce  nom). 

SPECH  (Jean),  pianiste  et  compositeur, 
naquit  à  Presbourg  le  6  juillet  1768.  Après 
avoir  étudié  les  éléments  de  la  musique  à  Ofen, 
il  se  rendit  à  Vienne,  où  il  recul  des  leçons  de 
bons  maîtres  pour  le  piano  et  la  composition, 
puis  il  se  fixa  à  Festh,  en  1804,  en  qualité  dé- 
maille de  chapelle.  Plus  lard,  il  e-nlra  au  ser- 
vice du  baron  de  Pudmaniezky,  dans  la  même 
\ille.  En  1816,  il  fit  un  voyage  à  Paris,  y  pu- 
blia quelques-unes  de  ses  compositions,  puis 
retourna  dans  sa  pairie  et  se  fixa  à  Vienne. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Quatuors 
pour  deux  violons,  allô  et  violoncelle,  op.  2, 
1.9  el  22,  Vienne,  Haslinger  et  Mollo.  2°  So- 
nates pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  1  ; 
Vienne,  Arlaria.  3°  Trois  fugues  pour  trois 


SPECH  -  SPEER 


violons,  allô  et  violoncelle,  op.  3;  ibid.  4°  So- 
nates pour  piano  et  violon,  op.  lOel  12;  Vienne, 
Haslinger.  5"  Sonates  pour  piano  seul,  op.  4; 
Vienne,(Artaria.6n  Fantaisie  etcaprice,  idem, 
op.  15;  Vienne,  Haslinger.  7°  Thème  avec  va- 
riations, op.  5;  ibid.  8°  Fugues  à  quatre  mains; 
ibid.  9"  Chansons  allemandes  à  deux  et  trois 
voix,  avec  accompagnement  de  piano, -op.  7; 
ibid.  1 0° Chants  à  quatre  voix  d'hommes,  op.  37; 
Vienne,  Czerny.  On  connaît  aussi  de  Spech 
deux  opéras  allemands,  quelques  ouvertures, 
un  oratorio,  des  cantates  d'église,  une  messe, 
un  Veni  Scinde  Spirilus,  et  quelques  autres 
compositions  en  manuscrit.  J'ignore  la  date 
de  la  mort  de  cet  artiste  ;  il  vivait  encore  à 
Vienne,  en  1834. 

SPECK  (Jean  Guillaume  Gu.nther),  ama- 
teur distingué,  naquit  à  Sondershausen,  le 
16  juillet  1751.  Attaché  à  la  cour  du  prince  de 
Schwarzbourg  par  plusieurs  emplois,  il  cultiva 
la  musique  avec  succès,  et  posséda  une  belle 
collection  d'œuvres  pratiques  des  grands 
maîtres,  d'ouvrages  d'histoire  de  l'art  et  de 
critique,  ainsi  que  plus  de  mille  portraits  de 
musiciens.  Il  mourut  à  Sondershausen,  le 
8  décembre  1797,  laissant  en  manuscrit  un 
livre  en  deux  volumes  in-4",  intitulé:  Archiv 
der  Tonuissenschafl  (Archives  de  la  science 
musicale),  qui  n'a  pas  été  publié. 

SPECKHUIVS  (Chrétien),  musicien  alle- 
mand, vivait  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle. 
Il  n'est  connu  que  par  les  deux  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Jnstructio  generalis  oder  griind- 
liclier  Unterricht  von  dem  Generalbass ,  in 
2  Theils  verfasset  (Instruction  fondamentale 
sur  la  basse  continue,  etc.);  Francfort,  1682. 
2°  J/armonischer  Scelen-f rende,  Erster  Theil 
bestehend  in  12  geistliche  Concerten,  mit  1, 
2,  3,  A,  5  vocal  Stimmen  nebenst  etlichen 
Instrumentai  (Joieharmoniquede  l'âme,  pre- 
mière partie, consistant  en  douze  concerts  spi- 
rituels à  une,  deux,  trois,  quatre  et  cinq 
voix,  etc.)  ;  ibid.,  1682. 

SPEE  (Frédéric),  cantor  de  l'église  pro- 
testante de  Cologne,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  est  connu  par  un  recueil  de 
mélodies  pour  les  cantiques  à  l'usage  de  cette 
église,  qu'il  a  fait  imprimer  sous  ce  titre  :  Der 
Trutz  Nachtigall's  (la  Volière  du  rossignol); 
Cologne,  1660,  in -12.  Ce  recueil  est  devenu 
fort  rare. 

SPEEll  (Daniel),  savant  musicien,  né  à 
Breslau,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
fut  d'abord  fifre  de  la  ville,  puis  fut  appelé, 
vers  1680,  à  Gœppingen,  dans  le  duché  de 
Wurtemberg,  en  qualité  de  professeur   sup- 


pléant de  l'école  latine,  et  de  cantor.  Douze 
ans  après,  il  alla  remplir  les  fonctions  de  can- 
tor à  Waiblingen.  On  ignore  l'époque  de  sa 
mort.  Ce  musicien  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position un  recueil  de  cantiques  à  cinq  voix, 
deux  violons  et  basse  continue,  pour  être  chan- 
lés  depuis  l'Avenl  jusqu'à  la  Trinité,  sous  ce 
titre  :  Evangelischen  Seelen-Gedanken  (Pen- 
sées de  l'âme  évangélique);  Stuttgart,  1681, 
in-4°.  On  connaît  aussi  sous  son  nom  : 
1°  Recens  fabricatus  labor,  oder  die  luslige 
Tafel-musik,  mil  3  vocal,  und  4  instrumen- 
tal Stimmen  (Musique  joyeuse  de  table,  à  trois 
voix  et  quatre  instruments);  Francfort,  1686, 
in-fol.  2°  Livre  choral  avec  clavecin  ou  orgue; 
Stuttgart,  1692,  in-4°.  3°  Jubilum  Cœleste,ou 
airs  religieux,  à  deux  voix  de  dessus  et  cinq 
instruments;  Stuttgart,  1692,  in-4°.  A0  Philo- 
mela-Angelica,  motels  à  deux  voix  et  cinq  in- 
struments; ibid.,  1693,  in-4".  Speer  est  connu 
particulièrement  par  un  traité  général  de  mu- 
sique dont  la  première  édition  a  pour  litre  : 
Grundrichtiger,  kurz,  leicht  und  nœthiger 
Unterricht  der  musikalischen Kunst  (Instruc- 
tion exacte,  concise,  facile  et  nécessaire  de 
l'art  musical);  Ulm,  1687,  in-8°  de  cent  qua- 
rante-quatre pages.  Plus  tard,  il  refondit  en 
entier  cet  ouvrage,  et  en  publia  une  deuxième 
édition  intitulée  :  Grundrichtiger,  kurz, 
leicht  und  nœthiger,  setz  Wohl-vermehrter 
Unterricht  der  musikalischen  Kunst,  oder 
vierfaches  musikalisches  Kleeblatt  ,tcorinnen 
zu  erschen,  wie  man  fjiglich  und  in  kurlzer 
Zeit  :  \"Choral-  und  Figurai -Singen;%oDas 
Clavier  und  Generalbass  tractirèn;  3"  Aller- 
hand  Instrumenta  grei/fen  und  blasen 
lernenkan;  4°  Focaliter  und  Inslrumenta- 
liter  componiren  soll  lernen  (Instruction 
exacte,  concise,  facile,  nécessaire  et  considé- 
rablementaugmenléede  Part  musical,  outrèfle 
musical  à  quatre  feuilles,  par  lequel  on  peut 
apprendre  en  peu  de  temps  :  1°  Lechanl  cho- 
ral et  figuré;  2°  le  clavecin  et  la  basse  conti- 
nue; 3°  toute  espèce  d'instruments  à  clavier,  à 
cordes  et  à  vent;  4°  à  composer  pour  les  voix  et 
pour  les  instruments);  Ulm,  169",  in -4°  obi. 
de  deux  cent  quatre-vingt-neuf  pages.  La  pre- 
mière partie  seule,  concernant  les  éléments  de 
la  musique,  est  à  peu  près  semblable  dans  les 
deux  éditions;  la  seconde  et  la  quatrième,  re- 
latives au  clavecin,  à  la  basse  continue  et  à  la 
composition,  sont  absolument  différentes,  et  la 
troisième,  où  il  est  Irailé  des  instruments,  est 
enrichie,  dans  la  seconde  édition,  d'un  grand 
nombre  d'exemples  qui  manquent  dans  la  pre- 
mière. Le  livré  de  Speer  est  une  des  meilleures 


SPEER  —  SPERANZA 


79 


sources  pour  l'hisloire  de  la  musique  instru- 
mentale au  dix-septième  siècle.  Dans  la 
deuxième  édition,  il  a  donné  ]les  titres  de  six 
recueils  de  compositions  pour  l'église  qu'il  se 
proposait  de  publier,  mais  qui  ne  semblent  pas 
avoir  été  mis  au  jour. 

SPEIDEL  (Jean-Christophe),  pasteur  el 
surintendant  à  Waiblingen,  dans  le  "Wurtem- 
berg, vécut  au  milieu  du  dix-huitième  siècle. 
Il  est  railleur  d'un  petit  écrit  intitulé  :  Un- 
terwerfliche  Spuren  von  der  alten  Davidi- 
sclien  Singhunst  ?iacli  ihren  deutlich  unter- 
scheidenen  Stimmen,  Tœnen,  Noten,  Taht 
und  Rcpetilionem,  mil  eincn  Exempel  za 
einer  Probe,  etc.  (Recherches  concernant 
l'ancien  art  du  chant  de  David,  etc.);  Stuttgart, 
1740,  in-4°  de  quarante-huit  pages.  L'auteur 
y  traite  de  la  musique  des  Hébreux  en  sept 
chapitres,  et  soutient  l'opinion  que  léchant  des 
psaumes  était  à  l'unisson  et  à  l'octave.  Il  donne 
en  preuve  de  ses  assertions  sur  la  forme  de  la 
mélodie,  le  rhylhme  et  la  disposition  des  voix, 
un  exemple  tiré  du  46e  psaume  à  quatre  par- 
ties, qui  a  été  rapporté  par  Forkel,  dans  le 
premier  volume  de  son  Histoire  de  la  musique 
(liage  157).  Tout  cela  n'a  de  fondement  que 
dans  la  tête  de  Speidel,  assez  ignorant  d'ail- 
leurs en  ce  qui  concerne  l'histoire  de  la  mu- 
sique. 

SPEIER  (Wilhelm),  violoniste  et  compo- 
siteur, fils  d'un  négociant  de  Francfort,  naquit 
dans  cette  ville  en  1790.  Ses  maîtres  de  violon 
furent  Nenninger,  à  Mayence,  puis  Fraenzl, 
et  enfin  Paul  Thierrot,  de  Leipsick.  Il  apprit 
la  composition  à  Offenbach,  chez  André.  Ayant 
fait  un  voyage  à  Paris,  il  y  reçut  quelques  le- 
çons de  Baillol,  puis  il  devint  élève  de  Spohr. 
On  a  deSpeierenviron  soixante-quinze  œuvres, 
dont  le  plus  grand  nombre  se  compose  de 
Lieder  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano,  ou  de  chants  pour  des  choeurs  d'hommes. 
Dans  sa  musique  instrumentale,  on  remarque 
des  duos  pour  piano  et  violon,  fantaisies,  ca- 
prices, variations,  quelques  petites  pièces  pour 
piano  seul,  el  des  duos  pour  flûte  et  violon. 
Speier  vivait  encore  à  Francfort  en  1856,  et  y 
jouissait  d'une  certaine  autorité  musicale. 

SPEIER    f'oyez  SPEYER. 

SPENCER  (Jean),  ecclésiastique  anglais, 
né  à  Boclon,  dans  le  comté  de  Kent,  en  1630, 
fit  ses  études  à  l'université  de  Cambridge,  et 
fut  successivement  recteur  à  Lundbeach , 
archidiacre  à  Sudbury  et  diacre  de  l'église 
d'Ely.  Il  mourut  à  Cambridge,  le27  mai  1695. 
La  première  édition  de  son  livre  intitulé  :  De 
Legibus  Hebrœorum  ritualibus  cl  earum  ra- 


lionibus  libri  très,  parut  à  Cambridge,  1685. 
On  en  a  fait  d'autres  bonnes  éditions  à  La 
Haye,  1686, deux  volumes  in-4°,  et  à  Leipsick, 
1705,  deux  volumes  in-4°.  Spencer  y  a  traité 
de  l'usage  de  la  musique  dans  la  célébration 
de  l'office  divin  chez  les  Hébreux  (chapitre  IIIe 
du  quatrième  livre).  Ce  chapitre  a  été  inséré 
par  Ugolini  dans  son  Trésor  des  antiquités 
sacrées  (tome  XXXII,  pages  556-570). 

SPENCER  (Sarah).  Sous  ce  nom  d'une 
dame  inconnue,  on  a  publié  un  livre  élémen- 
taire intitulé  :  An  Introduction  to  Harmony 
(Introduction  à  l'harmonie);  Londres,  1810. 

SPENCER  (Charles),  professeur  de  piano 
et  de  chant  à  Londres,  naquit  dans  cette  ville, 
en  1797,  et  y  vivait  en  1855.  On  a  de  lui  un 
livre  intitulé  :  Eléments  of  pructical  Music  ; 
Londres,  1829,  in-8°. 

SPENGLER  (Lazare),  né  le  13  mars 
1479,  à  Nuremberg,  mourut  dans  la  même 
ville, le  7  septembre  1534. Il  est  compté  parmi 
les  premiers  compositeurs  de  mélodies  des 
livres  chorals  de  l'Église  réformée. 

SPERANZA  (Alexandre),  abbé  napoli- 
tain, né  à  Palma,  dans  le  diocèse  de  Nola,  en 
1728,  fil  ses  études  musicales  au  Conservatoire 
de  San-Onofrio,  sous  la  direction  de  Durante, 
puis  il  entra  dans  les  ordres,  et  fut  maîlre  de 
chapelle  de  plusieurs  maisons  religieuses  de 
Naples.  Aussi  bon  maître  de  chant  que  de 
contrepoint,  il  a  formé  des  élèves  distingués 
au  nombre  desquels  sont  Zingarelli  etSelvaggi. 
L'abbé  Speranza  mourut  à  Naples,  le  17  no- 
vembre 1797.  On  trouve  de  sa  composition 
dans  la  bibliothèque  du  Conservatoire  de 
Naples  :  1°  Christus  et  Miserere,  à  quatre 
voix  avec  basse  continue.  2°LaPassion  d'après 
saintMathieu,à  quatre  voix  et  basse  continue. 
5°  La  Passion  d'après  saint  Jean,  idem.  4"  Le- 
çons pour  le  samedi  saint,  idem.  5°  Solfèges 
pour  soprano  el  basse. 

SPERANZA  (Antoine),  compositeur  dra- 
matique, né  dans  le  Piémont,  vers  1816,  fit 
ses  éludes  musicales  au  collège  San  Pietro  à 
Majella,  de  Naples.  Son  début  dans  la  carrière 
de  compositeur  eut  lieu  au  mois  de  décembre 
1836,  au  théâtre  Nuovo,  par  l'opéra  Gianni 
di  Parigi,  dont  le  succès  eut  peu  d'éclat,  et 
qui  ne  réussit  pas  mieux  à  Gênes,  dans  l'année 
suivante.  /  due  Figaro,  opéra  joué  à  Naples, 
en  1838,  obtint  ensuite  les  honneurs  de  la  re- 
présentation sur  la  plupart  des  théâtres  de 
l'Italie,  et  même  en  Espagne  et  en  Russie, 
mais  avec  des  chances  diverses  de  succès  et  de 
chutes.  En  1840,  Speranza  écrivit  à  Turin 
l'Aretino,  qui  ne  réussit  pas.  En   1842,  il 


80 


SPERANZA  —  SPETHEN 


donna  dans  la  même  ville  77  Postiylione  di 
Lon jumeau,  qui  fut  joué  à  Lucques  quelques 
mois  après.  Appelé  à  Florence,  en  1844,  il  y 
composa  Saiïl,  qui  n'eut  pas  de  succès  ;  puis 
il  alla  écrire  à  Naples,  en  1845,  Amorasuon 
di  lamburo.  Le  dernier  ouvrage  de  cet  ar- 
tiste dont  j'aie  connaissance  est  l'opéra  II 
Mantello,  joué  à  Turin,  en  1846. 

SPER ATLS  (Paul),  doiïl  le  nom  allemand 
était  SPRETTEN,  fut  un  des  plus  anciens 
compositeurs  de  mélodiesde  cantiques  du  culte 
réformé.  Il  naquit  le  15  décembre  1484,  de 
l'ancienne  famille  des  barons  deSpretten,dans 
la  Souabe.  Après  avoir  fait  ses  éludes  en 
France  et  en  Italie,  où  il  fut  gradué  docteur, 
il  retourna  dans  sa  patrie.  Son  attachement  à 
la  doctrine  de  Luther  lui  causa  beaucoup  de 
persécutions;  mais  à  la  recommandation  du 
célèbre  réformateur,  le  margrave  Albert  de 
Prusse  le  nomma  prédicateur  de  la  cour  à 
Kœniçsberc;,  et  lui  accorda  plus  tard  d'autres 
dignités  ecclésiastiques.  Speratus  mourut  à 
Kœnigsberg,  le  17  septembre  1554.  Les  an- 
ciennes éditions  des  livres  chorals  renferment 
beaucoup  de  cantiques  composés  par  lui. 

SPERDUTT  (A:\gelina),  surnommée  LA 
CELESTINA,  naquit  à  Arpino,  dans  le 
royaume  de  Naples,  en  1728.  Douée  d'une 
voix  admirable,  elle  fut  mise  très-jeune  sous 
la  direction  de  D.  Gizzi,  qui  lui  communiqua 
son  excellente  méthode.  A  l'âge  de  dix-neuf 
ans,  elle  passa  en  Angleterre,  où  son  talent, 
ses  succès,  sa  beauté  et  la  pureté  de  ses 
mœurs  charmèrent  lord  Oxford,  qui  l'épousa. 
Quelques  années  après  son  mariage,  elle  fit 
un  voyage  en  Italie,  et  lors  de  son  retour,  elle 
mourut  à  Calais,  vers  17G0,  à  l'âge  de  trente- 
deux  ans. 

SPERGER  (Jean),  contrebassiste  de  la 
musique  de  la  chambre  et  de  la  chapelle  du 
duc  de  Mecklembourg,  vécut  à  Ludwigslust, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix  huitième  siècle, 
et  s'y  trouvait  encore  en  1800.  Il  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Trois  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  1  ;  Berlin,  Hummel, 
1792.  2°  Duos  pour  deux  flûtes;  Vienne,  1792. 
3°  Trios  pour  deux  flûtes  et  violoncelle;  ibid. 
Le  catalogue  de  'Weslphal,  de  Hambourg,  in- 
dique plusieurs  symphonies  à  grand  orchestre 
et  des  pièces  d'harmonie  en  manuscrit,  de  cet 
artiste  ;  le  catalogue  de  Traeg,  de  Vienne,  cite 
aussi  de  lui  un  concerto  pour  violoncelle,  et 
six  trios  pour  deux  flûtes  et  violoncelle. 

SPERLIN  (Gaspard),  facteur  d'orgues  à 
Hambourg,  vers  1720,  a  réparé  l'orgue  de 
l'église  de  Saint  Pierre  de  cette   ville,   el   a 


construit  de  nouveaux  instruments  à  Quedlim- 
bourg,  Rostock  el  Stralsund. 

SPERUNG(Otiion), antiquaire  et  numis- 
mate, né  à  Bergen  (Norwége),  en  1634,  fit  ses 
études  aux  universités  deRiel  et  dellelmstadt. 
Il  exerça  pendant  quelque  temps  la  profession 
d'avocat  à  Hambourg,  puis   il  fut  professeur 
d'éloquence  et  d'histoire  à  Copenhague,  où  il 
mourut  le  18  mars  1715,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-un  ans.    Au   nombre  des  ouvrages  de 
ce  savant,  on   trouve   une  dissertation   inti- 
tulée :  De  numo  Furix  Sabinx  Tranquillinx 
Aug.  Imp.  Gordiani  III  uxoris;  Amster- 
dam, 1688,  in-8°.  Sperling  y  a  rassemblé  des 
détails  qui  ne  manquent  pas  d'intérêt  concer- 
nant la  lyre  des  anciens,  ainsi  que  sur  les  ri- 
valités des  cilharèdes  et  des  joueurs  de  flûte. 
SPERLING     (Jean-Pierre-Gabriel  ) , 
d'abord  maître  de  philosophie  et   régent  du 
chœur  à  Baulzen,  puis  secrétaire  du  magistrat, 
et  directeur  de  musique,  vécut  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle.   Les   ouvrages 
qu'il  a  publiés  ont  pour  titre  :  1°  Concentus 
vespertinus  seu  Psalmi  minores  per  annum 
A  voc.  2  violinis,  5  violis  seu  trombonis  et 
basso    gênerait;    Budissin ,    1700,    in-folio. 
2°  Principia  musiez,  das  ist  :  Grundliche 
Anweisung  zur  Musik,voie  ein  Musikscholar 
vom  anfang  instruirel  und  nach  der  Ord- 
nung  der  Kunst  oder  TFissensehaft  der  Fi- 
guralmusik    soll    gefiïhret    und    gewiesen 
werden  (Principes  de  musique,  ou  instruction 
élémentaire,  etc.);  ibid.,  1705,  in-4°  obi.  de 
cent  quarante-huit  pages.  5°  Porta  musica, 
das,  ist  :  Eingang  zur  Musik,  oder  noth- 
wendigste  Griinde  ivelche  einem  musiklie- 
benden  Discipelvor  aller  andern  zur  Musik 
erforderlen  lehre  beigebraclit  und  an  die 
Hand  gegeben  werden  miissen,  durch  Frag 
undAntwort  (Introduction  à  la  musique,  etc.); 
Gœrlilz   et  Leipsick,    1708,    in-8°  de   deux 
feuilles. 

SPETH  (Balthazar),  écrivain  distingué  de 
la  Bavière,  fixé  à  Munich,  est  auteur  d'un  livre 
intitulé  :  Die  Kunst  in  Italien  (L'art  en 
Italie);  Munich,  1819-1823,  trois  volumes 
in-8°.  Il  y  traite  (troisième  volume,  pag.  519- 
451)  de  la  musique  en  Italie. 

SPETHEN  (Jean),  organiste  de  la  cathé- 
drale d'Augsbourg,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  naquit  à  Sprinshardt,  dans  le  Haut-Pa- 
lalinat.  Il  a  élé  l'éditeur  d'une  collection  de 
pièces  d'orgue  où  l'on  trouve  quelques  mor- 
ceaux île  sa  composition.  Ce  recueil  a  pour 
litre  :  Organiscli-Instrumentalischer  Kunst- 
Zier-  und  Lust-Garlen,   in  10    Toccalen, 


SPETHEN  —  SPINDLER 


Si 


8  Magnificat  sammt  darzu  gehœrigen 
Prxambulis,  Versen  und  Clausulis,  nebst 
5  variirten  Arien  filr  die  Orgcl;  Augsbourg, 
1695,  in-fol. 

SPEUY  (Henri),  organiste  de  Dordrecht, 
né  en  Hollande  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  un 
ouvrage  qui  a  pour  litre  :  Psaumes  de  David 
mis  en  Tabletnre  sur  l'instrument  des  Orgues 
et  de  VEspinetle ,  à  2  parties ,  composés 
par,  etc.;  Dordrecht,  1610,  in-fol. 

SPIESS(Jean-Martin),  né  en  Bavière  vers 
1715,  fut  d'abord  professeur  de  musique  au 
Gymnase  de  Heidelherg,  directeur  de  musique 
et  organiste  de  l'église  Saint-Pierre,  de  la 
même  ville,  puis  se  fixa  à  Berne,  où  il  était 
encore  en  1766.  On  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  David'*  Harfenspiel  in  150  Psal- 
men  auf  342  Liedermelodien  (Le  jeu  de  la 
harpe  de  David,  contenant  cent  cinquante 
psaumes  avec  trois  cent  quarante-deux  mélo- 
dies chorales)  ;  Stuttgart,  1745,in-4°.  ^"Geist- 
liche  Liebesposaune  in  342  Liedermelodien 
(Le  trombone  d'amour  spirituel,  contenant 
trois  cent  quarante-deux  mélodies  de  canti- 
ques), deux  parties  ibid.  3°  XXVI  geistliche 
Arien  (Vingt-six  airs  spirituels),  première 
partie;  Berne,  1761,  in-4°. 

SPIESS  (Meinrad),  prieur  du  couvent 
d'Yrsée,  dans  la  Souabe,  né  vers  la  fin  du  dix- 
seplièmesiècle,  vraisemblablement  à  Kempten, 
en  Bavière,  paraît  avoir  fait  ses  vœux  au  cou- 
ventdes  Bénédictinsdecelte  ville,  puis  il  entra 
à  celui  de  Constance,  et,  enfin,  il  fut  envoyé  à 
celui  d'Yrsée,  où  il  fut  d'abord  capitulaire  et 
sous-prieur.  Il  y  vivait  encore  en  1774,  dans 
un  âge  très-avancé.  Joseph-Antoine  Bernabei 
avait  été  son  maître  de  contrepoint.  Laborieux 
compositeur  et  savant  musicien,  le  P.  Spiess 
s'est  fait  connaître  avantageusement  par  les 
ouvrages  suivants  :  1°  Antiphonarium  Ma- 
rianum,  conlinens  26  Antiphonis,  Aima 
Redemptoris,  Ave  Regina,  Regina  Cœli, 
Salve  Regina,  a  canto  vel  alto  solo,  cum 
2  violinis  et  organo,  op.  1  ;  Kempten,  1713. 
2°  Cithara  Davidis  noviter  animata,  hoc 
est  Psalmi  vespertini  4  voçum,  2  violinis, 
2  violis,  violone  et  organo,  op.  2;  Constance, 
1717,  in-fol.  5°  Philomela  ecclesiaslica,  hoc 
est  cantiones  sacra?,  a  voce  sola  cantante  et 
2  viol,  cum  org.,op.  3;  Augsbourg,  1718. 
4°  Cultus  latrieutico-musicus ,  hoc  est  sex 
Missx  fest.  una  cum  2  Missis  de  Requiem, 
4  voc.  ord.  2  viol.,  2  v.  violone  et  organo, 
op.  4;  Constance,  1719.  5°  Laus  Dei  in 
Sanclis  ejus,  hoc  est  Offertoria  XX  de  Coin- 

BIOGR.  UNIV.   DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


muni  Sanctorum,  a  4  voc.  ord.  2  viol.,  2  v. 
violone  et  organo,  op.  5  ;  Mindelheim,  1723. 
6°  Hgperdulia  musica,  hoc  est  Litanix  Lau- 
rentanx  de  B.  M.  V.  a  4  voc.  2  viol.,  2  v.  et 
org.,  op.  6;  Augsbourg,  1726.  7°  Sonate  XII 
a  2  viol,  violone  et  organo,  op.  7  ;  Augsbourg, 
1734,  in-fol.  8°  Tractatus  musicus  composi- 
torio  practicus,  dus  ist  :  Musicalischer 
Tractât,  in  welchen  aile  gute  und  sichere 
Fondamenta  zur  Musicalischen  Composition 
aus  denen  ait-  und  neuesten  besten  Aulori- 
bus  herausgezogen,  etc.  (Traité  pratique  de 
composition  musicale,  dans  lequel  toutes  les 
règles  bonnes  et  sûres  de  la  composition  de  la 
musique,  extraites  des  meilleurs  auteurs  an- 
ciens et  modernes,  Sont  rassemblées,  etc.): 
Augsbourg,  1745,  in-fol.  de  deux  cent  vingt 
pages,  et  onze  pages  de  supplément.  Cet  ou- 
vrage contient  de  bonnes  choses,  particulière- 
ment dans  les  exemples  de  contrepoint  et  de 
fugues;  malheureusement,  il  est  si  mal  écrit, 
que  Hiller  dit  dans  l'analyse  qu'il  en  a  faite, 
qu'il  faudrait  le  traduire  de  l'allemand  en 
allemand. 

SPIÎVA  (André),  guitariste  italien,  fixé  à 
Vienne,  y  a  publié  quelques  pièces  pour  son 
instrument,  au  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle,  et  une  méthode  intitulée:  Primi 
elementi  per  la  chilarra,  con  testo  ilaliano  e 
tedesco;  Vienne,  Arlaria. 

SPIJXACCINO  (François),  le  plus  ancien 
luthiste  italien  dont  le  nom  soit  parvenu  jus- 
qu'à nous.  On  lui  doit  les  deux  premiers  livres 
de  tablature  de  luth  publiés,  en  1507,  parOc- 
tavien  Petrucci  [voyez  ce  nom).  On  trouve 
l'éloge  du  luthiste  au  troisième  feuillet  du  pre- 
mier livre  de  tablature,  sous  ce  litre  :  Chris- 
tophorus  Pierius  Gigas  Forosemproniensis 
in  laudem  Franeisci  Spinaccini.  Il  parait, 
d'après  cette  pièce,  que  Spinaccino  était  né  à 
Fossombrone,  vers  le  milieu  du  quinzième 
siècle.  Ses  recueils  de  pièces  pour  le  luth  ont 
pour  titre  :  Intabulalura  de  Lauto  libro 
primo.  On  litaucinquant-sixième  feuillet  :/nj- 
pressum  Veneliis,  per  Octavianum  Petru- 
tium  Forosemproniensem,  1507.  On  trouve  au 
deuxième  feuillet  :  Régula  pro  illis  qui  canere 
,nesciunt.  Ces  préceptes  sont  en  latin  et  en  ita- 
lien. Ledeuxième  livre  des  pièces  deSpinaccino 
est  intitulé  :  Intabulatura  de  Lauto  libro  se- 
condo.Ce  livre  est  aussi  composé  de  cinquante- 
six  feuillets;  on  lit  au  dernier  :  Impressum 
Veneliis,  etc. 

SPIIVDLER  (François-Stanislas),  acteur 
et  compositeur,  naquit  à  Augsbourg,  en  1759. 
Il  débuta  à  la  scène  en  1782;  en  1787,  il  était 

G 


82 


SP1NDLER  -  SP1TZEDER-VI0 


attaché  au  théâtre  d'Inspruck,  puis  il  chanta 
sur  ceux  de  Breslau,  en  1795,  et  de  Vienne,  en 
1797.  Décrivit  pour  ces  diverses  villes  plu- 
sieurs opéras  et  mélodrames,  parmi  lesquels 
on  cite:  1°  Caïn  et  Abel,  mélodrame.  2°  Lu 
Mort  de  Balder,  opéra.  3°  V Amour  dans 
l'Ukraine,  opéra-comique.  4°  Pijrame  et 
Thisbé,  mélodrame.  5°  L'Homme  merveil- 
leux, opéra,  paroles  et  musique.  6°  Le  Repen- 
tir avant  le  crime,  opéra.  7°  Les  Voyages  de 
Vendredi.  Il  mourut  à  Strasbourg,  en  1820. 

SPIINDLER  (Fritz  ou  Frédéric),  compo- 
siteur et  pianiste,  est  né  le  24  novembre  1816, 
à  Wurzbach,  dans  la  principauté  de  Reuss- 
Lobenstein.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  se  ren- 
dit à  Dessau  et  y  fit  ses  études  musicales  sous 
la  direction  de  Frédéric  Schneider.  Après  six 
années  passées  dans  l'école  de  ce  maitre,  il  se 
fixa  à  Dresde,  à  l'âge  de  vingt-quatre  ans.  Une 
symphonie  de  sa  composition  a  été  exécutée 
dans  les  concerts  de  Leipsick.  On  a  publié  de 
lui  un  certain  nombre  d'oeuvres  pour  le  piano, 
parmi  lesquels  on  remarque  :  l°Rondeau  pour 
le  piano,  op.  1  ;  Leipsick,  Whistling.  2°  Diver- 
tissement pour  piano,  op.  3;  ibid.  3°  Daheim .' 
pièce  pour  piano,  op.  4  ;  ibid.  4"  Pensées  mé- 
lancoliques pour  piano;  Dresde,  Paul.  5°  Éludes 
pour  le  doigter  du  piano,  op.  9,  en  deux  par- 
ties ;  Leipsick,  Whistling, et  un  grand  nombre 
de  morceaux  de  genre  sous  des  litres  allemands 
plus  ou  moins  prétentieux  et  dépourvus  de  sens. 

SPIRIDIONE  (Berthold),  carme  au  mo- 
nastère de  Saint-Théodore,  à  Bamberg,  et  or- 
ganiste célèbre,  vécut  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle.  Il  a  été  connu  en 
France  sous  le  nom  du  Grand-Carme,  par  sa 
collection  des  œuvres  des  compositeurs  de 
l'école  romaine.  On  a  de  lui  les  ouvrages  sui- 
vants qui  sont  Tort  importants  :  1°  Neue  und 
bisdato  umbekante  Unterweisung ,  wie  man 
in  kurzer  Zeit  nicht  alleitt  zu  wolkommenen 
Orgel  und  Instrumentschlagen,  sonder  auch 
zu  der  Kunst  der  Composition  gonzlich  ge- 
langenmaeht  (Nouvelle  instruction  pour  ap- 
prendre en  peu  de  temps  non-seulement  à 
toucher  de  l'orgue  et  autres  instruments,  mais 
aussi  l'art  de  la  composition)  ;  Bamberg,  1670, 
in-fol.  2°  Seconde  partie  du  même  ouvrage 
sous  le  titre  de  Nova  instructio  pro  pulsandis 
organis  ,  spinettis ,  manuchordiis,  etc.; 
Bamberg,  1071,  in-fol.  de  douze  feuilles.  Cette 
seconde  partie  contient  deux  cent  quarante 
variations  sur  sept  thèmes ,  cinq  petites 
loccates,  deux  gaillardes  et  quatre  courantes. 
3"  Troisième  et  quatrième  partie  du  même  ou- 
vrage ;  ibid.,   1079,  in-fol.  4°  La  cinquième 


partie  est  intitulée:  Musicalisclie  Erlzgrubeit 
bestehendin  10  neu  erfundenen  Tabellen  mit 
5  Stimmen  (La  mine  de  musique,  etc.)  ;  ibid., 
1683,  in-fol.  Un  choix  de  pièces  tirées  de  ce 
grand  recueil  a  été  publié  à  Venise,  en  1691, 
sous  ce  titre:  Toccate,  Ricercari  e  Canzoni 
francesi  intavolati  da  Eertoldo  Spiridione. 
5"  jVusica  Romana  D.  D.  Foggix .Carissimi ' , 
Gratiani ,  aliorumque  excellentissimorum 
authorum,  hactenus  tribus  duntaxat  vocibus 
decantata  et  2  viol;  ibid.,  1665,  grand  in-fol. 
6°  Musica  Theoliturgica  5  vocurn  et  2  viol,  z 
ibid. ,  1668,  in-fol.  Le  style  de  Spiridione  pa- 
raîtrait vieux  aujourd'hui;  mais  sa  manière 
large  et  élevée  peut  être  encore  étudiée  avec 
finit  par  les  organistes  qui  veulent  donner  à 
leur  musique  la  dignité  convenable. 

SPITZEDER  (Joseph),  une  des  meilleures 
basses  comiques  de  la  scène  allemande,  na- 
quit à  Bonn,  en  1795.  Il  était  fils  d'un  acteur 
du  théâtre  de  cette  ville.  Ses  premiers  essais 
sur  la  scène  se  firent  à  Weimar.  Après  un 
court  séjour  à  Vienne,  il  se  rendit  à  Berlin,  et 
y  fut  engagé  au  théâtre  de  Rœnigsladt.  Sa 
verve  comique,  plus  encore  que  le  mérite  de 
son  chant,  lui  lit  obtenir  de  brillants  succès. 
Après  la  mort  de  sa  première  femme,  chan- 
teuse médiocre,  il  épousa  la  cantatrice  Schil- 
ler, et  se  rendit  avec  elle  à  Munich  ;  mais  peiv 
de  temps  après  son  arrivée  en  cette  ville,  il 
mourut,  en  1832,  à  la  suite  d'une  maladie  dou- 
loureuse. 

SPITZEDER  (Henriette),  première 
femme  du  précédent,  naquit  le  18  mars  1800, 
à  Dessau.  Son  nom  de  famille  était  Schiller. 
Elle  chanta  d'abord  au  théâtre  sur  la  f  ienne, 
dans  la  capitale  de  l'Autriche,  puis  fut  engagée 
au  théâtre  de  Rœnigsladt,  avec  son  mari.  Elle 
est  morte  à  Berlin,  le  30  novembre  1828. 

SPITZEDER -VIO  (Betty),  seconde 
femme  de  Joseph,  est  une  des  cantatrices  les 
plus  agréables  de  l'Allemagne.  Lubeck  est  in- 
diqué comme  le  lieu  de  sa  naissance  dans  le 
Lexique  ztniversel  de  musique,  publié  par 
Schilling.  Après  avoir  étudié  l'art  du  chant 
en  Italie,  elle  fut  attachée  à  l'Opéra  allemand 
:1c  Vienne,  et  s'y  fit  une  brillante  réputation 
par  la  légèreté  de  sa  vocalisation  et  la  grâce 
de  son  jeu.  En  1828,  elle  donna  des  représen- 
tations au  théâtre  Rœnigstadt  de  Berlin,  et  y 
eut  tant  de  succès,  qu'elle  y  fut  engagée  im- 
médiatement après.  Dans  l'année  suivante, 
elle  épousa  Spitzeder  et  le  suivit  à  Munich.  En 
1837,  elle  se  relira  de  la  scène,  épousa  un  cer- 
tain M.  Maurer,  et  s'établit,  à  Vienne,  comme 
aubergiste. 


SPOHN  —  SPOHR 


83 


SPOHN  (Charles-Louis),  né  en  1812,  à 
An,  près  de  Carlsruhe,  fit  ses  éludes  musicales 
dans  celte  ville  chez  Girshach,  puis  se  rendit  à 
Munich, .en  1852.  De  retour  à  Carlsruhe,  en 
1838,  il  fut  nommé  professeur  de  musique  des 
écoles  de  la  ville,  et  directeur  de  la  société 
Cascilia  et  de  la  Liederkrunz.  Tl  est  mort 
dans  celle  position,  au  mois  de  mai  1857.  On  a 
publié  de  sa  composition  des  Lieder  avec  ac- 
compagnement de  piano;  des  quatuors  à  quatre 
voix,  des  chœurs,  et  une  méthode  de  chant  à 
l'usage  des  écoles,  sous  le  litre  de  Sing- 
schule. 

SPOHPi  (Louis),  premier  maître  de  cha- 
pelle de  l'électeur  de  Hesse-Cassel,  compositeur 
et  violoniste  célèbre.  Plusieurs  erreurs  se  sont 
répandues  dans  les  recueils  biographiques 
concernant  la  date  et  le  lieu  de  la  naissance  de 
Spohr;  moi-même  je  les  ai  répétées  dans  la 
première  édition  de  la  Biographie  universelle 
des  musiciens.  Gerber  nous  a  tous  égarés  par 
la  notice  qu'il  a  donnée  de  ce  célèbre  maître, 
dans  son  Nouveau  Lexique  des  musiciens  (1), 
dont  le  dernier  volume  parut  en  1814.  Il  y  est 
dit  que  Spohr  naquit  à  Seesen,  dans  le  duché 
de  Brunswick,  vers  1783.  Schilling  est  plus 
précis  dans  son  Encyclopédie  des  sciences 
musicales  (2),  car  il  dit  que  l'artiste  vit  le  jour 
à  Seesen,  en  1783;  il  a  été  copié  par  Gassner, 
dans  son  Lexique  universel  de  musique  (S). 
Cependant,  dès  1811.  Fayolle  avait  donné  une 
noticeexacle  sur  Louis  Spohr  (4),  parvenu  alors 
à  sa  vingt-septième  année,  etavaitditqu'ilétait 
né  à  Brunswick,  le  5  avril  1784.  Cet  écrivain 
m'inspirait  si  peu  de  confiance,  à  cause  de  la 
multitude  d'erreurs  répandues  dans  son  livre, 
que  je  n'hésitai  pas  à  suivre  la  tradition  des 
biographes  allemands,  et  dans  ma  notice  sur 
le  célèbre  violoniste  et  compositeur,  je  le  fis 
naître  à  Seesen,  près  de  Brunswick,  le  5  avril 
1783.  J'eus  tort,  car  cette  fois  Fayolle  était 
bien  informé,  ainsi  que  le  démontre  Spohr  lui- 
même,  dans  son  autobiographie  (5).  Il  nous 
y  apprend  que  son  père,  Charles  Henri  Spohr, 
docteur  en  médecine,  épousa  ErnestineHenke, 
fille  d'un  prédicateur  de  Brunswick,  le  26  no- 
vembre 1782.  Je  suis,  dil-il,  le  premier  fruit 
de  cette  union,  et  je  naquis  le  5  avril  1784  .• 

(1)  Nettes  historisch-biographisches  Lexikon  der  Ton- 
kiinslUr,  t.  IV,  p.  2S7. 

(2)  Encyclopédie  der  gesammlen  musikaiischer  Wis- 
senschaften,  oderUniversat  Lexikon  der  Tonkunst,  t.  IV, 
p.  446. 

(3)  Univcrsal-Lexicon  der  Tonkunst,  p.  793. 

(4)  Dictionnaire  historique  des  musiciens ,  tome  II, 
page  331. 

(3)  Louis  Spohr' s  Selbslbiographie,  t.  I,  p.  î. 


deux  ans  après,  mon  père  se  rendit  à  Seesen, 
en  qualité  de  médecin  (1). 

Les  premières  années  de  l'enfance  de  Spohr  se 
passèrent  dans  celte  petite  ville. Son  père,  grand 
amateur  de  musique,  jouait  fort  bien  de  la 
flûte;  sa  mère  avait  aussi  du  talent  sur  le  cla- 
vecin. Les  concerts  de  société  qui  se  donnaient 
chez  ses  parents  éveillèrent  bientôt  en  Spohr 
le  sentiment  de  l'art  :  ses  heureuses  disposi- 
tions firent  prendre  à  son  père  la  résolution 
de  le  livrer  à  la  culture  de  la  musique.  Il  fut 
envoyé  à.Brunswick  pour  y  recevoir  des  leçons 
de  Maucourt,  bon  violoniste  de  la  chapelle  du 
prince,  de  qui  l'on  a  des  quatuors  et  des  con- 
certos qui  ne  sont  pas  sans  valeur.  Sous  la  di- 
rection de  ce  mailre,  les  progrès  de  Spohr 
furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  douze  ans,  il  se 
fit  entendre  à  la  cour  dans  un  concerto  de 
violon  de  sa  composition.  Le  duc  de  Brunswick, 
qui  avait  été  violoniste  habiledans  sa  jeunesse, 
s'intéressa  au  sort  du  jeune  artiste,  et  l'attacha 
à  la  musique  de  sa  chapelle,  en  1798  :  Spohr 
était  alors  âgé  de  quatorze  ans.  Trois  ans  après, 
il  devint  élève  de  François  Eck,  à  cette  épo- 
que le  violoniste  le  plus  renommé  de  l'Alle- 
magne. Lorsqu'il  eut  atteint  sa  dix-huitième 
année,  Spohr  obtint  du  duc  de  Brunswick  une 
pension  pour  accompagner  son  maître  en 
Russie. 

Après  dix-huit  mois  de  séjour  à  Pélers- 
bourg  et  à  Moscou,  il  retourna  à  Brunswick  et 
s'y  prépara,  par  de  nouvelles  études,  au  voyage 
qu'il  entreprit,  en  1804,  pour  poser  les  bases 
de  sa  réputation.  Il  parcourut  la  Saxe,  la 
Prusse,  et  se  fit  partout  applaudir,  non-seule- 
ment comme  virtuose  violoniste,  mais  comme 
compositeur,  bien  qu'il  ne  fût  âgé  que  de  vingt 
ans.  Le  brillant  succès  qu'il  obtint  à  Gotha,  en 
1805,  lui  procura  l'offre  de  la  place  de  maître 
de  concert  à  cette  cour  :  il  l'accepta,  après 
avoir  obtenu  l'autorisation  de  son  prolecteur, 
le  duc  de  Brunswick. 

Bientôt  après,  Spohr  épousa  mademoiselle 
Dorothée  Scheidler,  fille  d'un  musicien  et  d'une 
cantatrice  du  théâtre  de  Gotha,  et  qui  était 
alors  considérée  comme  l'artiste  la  plus  remar- 
quable de  l'Allemagne  sur  la  harpe.  En  1807,  il 
entreprit  avec  elle  une  nouvelle  excursion  dans 
l'Allemagne  méridionale.  Arrivé  à  Vienne,  il 
y  produisit  une  vive  impression  par  le  carac- 
tère brillant  et  solide  de  son  exécution,  ainsi 
que  par  le  mérite  de  ses  ouvrages.  Dès  ce  mo- 
ment, sa  réputation  grandit  chaque  année  et 

(I)  «  Ich  wardas  selteste  kind  dieser  Elic  und  wurde 
»  am  3  April  geborcn;  zwei  Jahre  naclilier  ward  mein 
»  Valer  als  Pliysicus  nacli  Seesen  versclzt.  » 

G. 


84 


spohr 


s'élendil    non-seulement   dans   loule   l'Alle- 
magne, mais  aussi  à  l'étranger.  En  1813,  on 
lui  offrit,  dans  la  capitalede  l'Autriche,  la  place 
de  chef  d'orchestre,  ou,  comme  on  dit  au  delà 
du  Rhin,  de  maître  de  chapelle  da  théâtre  sur  la 
Vienne  {an  der  JFien)  :  il  l'accepta  et  en 
remplit  les  fonctions  pendant  quatre  ans.  Ce 
fut    pour  ce   théâtre   qu'il   écrivit  l'opéra  de 
Faust,  sa  première  grande  composition  drama- 
tique. Cependant,  par  des  causes  peu  connues, 
l'ouvrage    ne   fut   pas    représenté   à   Vienne 
pendant  le  séjour  qu'y  fit  Spohr  :  l'ouverture 
seule  y  fut  exécutée  dans  un  concert,  en  1815. 
Il   parait   que    les    difficultés    opposées    par 
l'administration   du   théâtre    sur  la    Vienne, 
pour  la  mise  en  scène  de  cet  opéra  romantique, 
furent  causes  de  la  résolution  que  prit  Spohr 
de  quitter  la  direction  de  l'orchestre  à  la  fin  de 
1816.  Ce  fut  seulement  en  1818  que  l'ouvrage 
fut. joué  au   théâtre  de  Francfort  :  le  succès 
qu'il  y  obtint  décida  de  son  sort  à  Vienne,  où 
il  fut  donné  quelques  mois  après,  aux  applau- 
dissements du  public,  nonobstant  le  penchant 
décidé  de  l'aristocratie  viennoise,  à  cette  épo- 
que, pour  la  musique  italienne. 

Après  avoir  quitté  la  direction  de  la  musi- 
que du  théâtre  de  Vienne,  Spohr  fit  avec  sa 
femme  un  voyage  en  Italie.  Arrivé  à  Milan,  il 
y  donna  plusieurs  concerts  et  s'y  fit  applaudir,  i 
A  Venise,  il  joua,  au  mois  de  février  1817,  une 
symphonie  concertante  de  sa  composition  avec 
Paganini.  De  là  il  alla  à  Florence,  puis  à 
Rome,  et  enfin  à  Naples,  où  il  joua  dans  une 
représentation  gala,  en  présence  de  la  cour, 
au  théâtre  Saint-Charles.  De  retour  en  Alle- 
magne par  la  Suisse,  il  donna  des  concerts  à 
Bâle,  puis  à  Carlsruhe,  où  il  reçut  îles  propo- 
sitions pour  prendre  la  direction  du  théâtre  de 
Francfort  et  les  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle. Il  prit  possession  de  ces  emplois  dans 
les  premiers  jours  de  1818.  Ce  moment  est 
celui  où  l'activité  de  Spohr  dans  la  composi- 
tion prit  son  plus  grand  essor. 

Au  commencement  de  1819,  cet  artiste  dis- 
tingué fit  un  voyage  à  Paris,  où  il  ne  produisit 
pas  autant  de  sensation,  comme  violoniste,  que 
sa  grande  réputation  le  lui  promettait.  Ce  fut 
alors  que  je  le  connus,  et  que  je  pus  apprécier 
son  mérite,  en  lui  entendant  exécuter  ses  qua- 
tuors chez  Rodolphe  Kreutzer.  Nos  premiers 
entretiens  datent  de  cette  époque  :  nous  y 
soutenions  des  thèses  très-opposées.  Lui, 
calme,  dogmatique  et  sententieux,  émettait 
l'opinion  que  la  forme  est  le  mérite  le  plus 
considérable  dans  l'art;  moi,  ardent  et  pas- 
sionné, je  mettais  l'inspiration  au-dessus  de 


toutes  clioses,  bien  que  l'art  d'écrire  ait  été  de 
tout  temps  l'objet  sérieux  de  mes  études.  C'est 
dans  ce  séjour  à  Paris  que  Spohr  entendit 
pour  la  première  fois  les  œuvres  de  Bocche- 
rini,  lesquelles  lui  inspirèrent  un  mépris  qu'il 
ne  dissimulait  pas,  tandis  que  j'en  admirais 
les  pensées  naïves  et  spontanées.  A  diverses 
époques,  Spohr  et  moi  nous  nous  sommes 
rencontrés,  et  toujours  nous  nous  sommes  re- 
trouvés dans  les  mêmes  dissentiments  sur  la 
valeur  des  œuvres  musicales. 

En  quittant  Paris,   au  mois  d'avril    1819, 
Spohr  se  rendit  à  Londres.  Plus  heureux  dans 
celle  ville  que  dans  la  capitale  de  la  France,  il 
y  joua  deux  fois  aux  concerts  de  la  Société  phil- 
harmonique et  y  excita  la  plus  vive  admira- 
lion  par  son  talent  sur  le  violon,  ainsi  que  par 
ses  compositions.   Les  journaux  anglais  lui 
accordèrent  les  plus  grands  éloges  et  le  repré- 
sentèrent,  avec  une   exagération  manifeste, 
comme  le  premier  des  violonistes  de  son  épo- 
que. Ce  premier  voyage  de  Spohr  en  Angle- 
terre fut  une  des  circonstances  les  plus  heu- 
reuses de  sa  vie.  Le  bruit  du  succès  qu'il  y 
avait  obtenu  se  répandit  en   Allemagne  et  y 
augmenta  sa  renommée.  En  1822,  il  entra  au 
service  du  duc  de  Hesse-Cassel  en  qualité  de 
maître  de  chapelle;    litre  qui,   plus  tard,   fut 
changé  en  celui  de  directeur  général  de  la 
chapelle  électorale.  Pendant  une  longue  suite 
d'années,  Spohr  exerça  une  sorte  de  domina- 
tion en  Allemagne.  Il  y  avait  peu  de  grandes 
fêtes  musicales  qu'il  ne  fut  chargé  de  diriger. 
On  le  trouve  remplissant  celle  mission  à  Hal- 
berstadt  en  1828  et  1835,  à  Nordhausen   en 
1829,  à  Aix-la-Chapelle  en   1840,  à  Lucerne 
en  1841,  à  Brunswick  en  1844,  à  Bonn,  pour 
les   fêles  de   l'inauguration  de   la    slalue  de 
Beethoven,  en  1845,   et  en   plusieurs  autres 
lieux,  à  des  dates  antérieures  ou  postérieures; 
par  exemple,  à  Norwich  (Angleterre),  en  1839, 
à  Manchester  en  1845.  En  1852,  il  fut  appelé 
à  Londres  une  quatrième  fois  pour  y  diriger 
la  mise  en  scène  de  son  Faust.  Il  y  fut  chargé 
aussi  de  la  direction  des  concerts  de  la  Société 
philharmonique.  On   reconnaissait  en  lui  le 
grand  musicien  lorsqu'il  tenait  le  bâton  de 
mesure.  Il  imprimait  à  l'exécution  beaucoup 
de  correction  et  d'ensemble,  mais  il  y  avait 
dans  son  impulsion  plus  d'intelligence  que  de 
sentiment,  plus  de  puissance  rhylhmique  que 
de  délicatesse  et  de  coloris. 

Comme  fondateur  d'une  école  de  violon, 
Spohr  mérite  de  grands  éloges;  car  on  peut 
dire  qu'avant  lui  l'Allemagne  ne  possédait  que 
celle  de  Benda,  bien  inférieure  à  la  sienne  sous 


SPOHR 


8c 


les  rapports  de  la  sonorité  et  du  mécanisme  de 
l'archet.  Spohr  fut,  à  certains  égards,  le  con- 
tinuateur de  son  professeur  Eck  ;  mais  il  alla 
beaucoup  plus  loin  que  lui.  Il  a  formé  un  grand 
nombre  d'élèves,  qui  tous  ont  été  ou  sont  en- 
core des  artistes  distingués.  Sa  manière  était 
large  et  vigoureuse;  il  avait  une  justesse  satis- 
faisante, même  dans  les  plus  grandes  diffi- 
cultés; mais  il  laissait  désirer  plus  île  charme 
et  de  grâce.  Spohr  a  exposé  les  principes  de 
son  école  dans  un  bon  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  École  de  violon  en  trois  parties  {Vio- 
linschule,  in  drei  Ablheilùngen);  Vienne, 
Haslinger,  1851,  un  volume  gr.  in-4°  de  deux 
cent  cinquante  pages,  avec  le  portrait  de  l'au- 
teur. Cet  ouvrage  a  été  accueilli  avec  beaucoup 
de  faveur  par  tous  les  violonistes  de  l'Europe. 
Les  compositions  de  Spohr,  la  plupart  de 
grandes  dimensions,  sont  au  nombre  de  près 
de  cent  soixante.  Parmi  les  plus  importâmes, 
on  remarque  neuf  opéras,  à  savoir  :  J\°Alruna) 
qui  fut  écrit  en  1816,  mais  dont  l'ouverture 
seulement  est  connue;  elle  fut  exécutée  en 
différentes  circonstances  à  Frankenhausen, 
Cassel  et  Berlin.  2°  Le  Duel  des  Amants  (Der 
Zweikampf  mit  der  Geleibten),  représenté  à 
Francfort,  en  1819.  5°  Faust,  opéra  roman- 
tique en  trois  actes,  écrit  à  Vienne,  en  1814, 
représenté  pour  la  première  fois  à  Francfort, 
en  1818,  puis  dans  toutes  les  villes  de  l'Alle- 
magne et  à  Londres.  4°  Zémire  et  Azor,  re- 
présenté pour  la  première  fois  à  Francfort,  en 
1819,  avec  peu  de  succès,  mais  qui  fut  joué 
ensuite  à  Leipsick,  à  Vienne,  à  Munich,  à  Cas- 
sel,  à  Amsterdam  et  dans  plusieurs  autres 
villes.  5°  Jessonda,  joué  à  Cassel,  en  1823,  et 
qui  est  considéré  comme  le  meilleur  ouvrage 
dramatique  de  son  auteur;  son  succès  a  été 
populaire  dans  toute  l'Allemagne,  et  partout 
il  a  été  repris  plusieurs  fois,  6°  Der  Berg- 
geist  (l'Esprit  de  la  montagne),  représenté 
pour  la  première  fois  à  Cassel,  en  1825. 
7"  L'Alchimiste,  à  Cassel,  en  1832.  %"Pielro 
d'Albano,  dans  la  même  ville,  en  1854,  mais 
qui  ne  réussit  pas.  L'ouverture  seule  a  été 
exécutée  à  Leipsick,  à  Berlin  et  à  Vienne. 
9°  Les  Croisés  (Die  Krenzfahrer),  grand  opéra 
en  trois  actes,  de  Kotzebue,  écrit  en  1858, 
pour  le  théâtre  de  Cassel,  mais  représenté  seu- 
lement en  1845, et  à  Berlin,  en  1848. 10°  L'Al- 
lemagne délivrée  (I)as  befreile  DeiUschlaïul), 
oratorio  scénique.  Quatre  oratorios  de  Spohr 
sont  connus  :  les  trois  premiers  ont  été  parti- 
culièrement estimés  en  Allemagne.  Le  pre- 
mier a  pour  titre  :  Dis  letzlen  Dinge  (îa  Fin 
de  toute  Chose),  composé  pour  Vienne  et  exé- 


cuté dans  cette  ville  en  1820,  puis  dans  un 
grand  nombre  de  villes  en  Allemagne  et  dans 
les  fêtes  musicales  en  Hollande,  en  Angle- 
terre, à  Danlzick  et  à  Copenhague.  Le  deuxième 
oratorio,  intitulé  :  Des  Ileilands  letzte 
Stunden  (les  Derniers  moments  du  Sauveur), 
a  été  exécuté  pour  la  première  fois  à  Cassel, 
en  18ô5.  La  Chute  de  Babylone  (Der  Fall 
Babylons),  troisième  oratorio,  fut  écrit  pour 
la  même  ville  et  exécuté  en  1840.  Je  n'ai  pas 
la  certitude  que  le  Jugement  dernier,  indiqué 
par  des  journaux  allemands  comme  un  autre 
oratorio  de  Spohr,  ne  soit  pas  le  premier,  sous 
un  autre  titre. 

Des  messes  solennelles,  des  hymnes,  des 
psaumes,  des  cantates,  et  des  chants  à  quatre 
voix  d'hommes  sans  accompagnement,  ou  à 
voix  seule  avec  piano,  font  aussi  partie  de 
l'œuvre  de  Spohr.  Les  diverses  séries  de  sa 
musique  instrumentale  sont  plus  considéra- 
bles encore:  on  y  compte  dix  grandes  sym- 
phonies :  n°  1  (en  mi  bémol);  n°  2  (en  ré  mi- 
neur); n°  ô  (en  ut  mineur);  n°  4  connu  sous  le 
litre:  Die  Weiheder  Tœne (la Consécration  de 
la  musique);  n°  5  (en  ul  mineur),  écrite  pour 
les  concerts  spirituels  de  Vienne  et  exécutée 
dans  celte  ville,  en  1 838  ;  n°  G  (en  sol),  connue 
sous  le  titre  de  Symphonie  en  style  histori- 
que; n°7,  à  deux  orchestres  (en  uf)>  qui  a  pour 
litre  :  L'Elément  terrestre  et  l'élément  divin 
dans  la.vie  humaine  (Irdisches  und  Gœllli- 
ches  im  IVIenschenleben)  ;  n°  8,  intitulée  :  Les 
Quatre  Saisons;  nos  9  et  10  (inédiles).  Indé- 
pendamment des  ouvertures  de  ses  opéras, 
Spohr  en  a  écrit  quatre,  dont  trois  pour  les 
concerts  et  une  pour  le  drame  de  Macbeth. 
De  plus,  on  compte  dans  ses  œuvres  instru- 
mentales :  trente-trois  quatuors  pour  des  in- 
struments à  archet  ;  quatre  doubles  quatuors 
pour  quatre  violons,  deux  altos  et  deux  vio- 
loncelles ;  un  sextuor  pour  deux  violons,  t\oi\x 
altos  et  deux  violoncelles;  sept  quintettes  pour 
des  instruments  à  cordes;  un  nonetlo  pour 
violon,  alto,  violoncelle,  flûte,  hautbois,  cla- 
rinette, cor,  basson  et  contrebasse;  un  ottelio 
pour  violon,  deux  altos,  violoncelle,  clari- 
nette, deux  cors  el  contrebasse;  quinze  con- 
certos de  violon  avec  orchestre  ;  deux  concer- 
tos pour  clarinette  et  orchestre;  un  quintette 
pour  piano,  flûte,  clarinette,  cor  et  basson; 
un  autre  quintette  pour  piano,  deux  violons, 
alto  et  violoncelle;  un  septuor  pour  piano, 
violon,  violoncelle,  flûte,  clarinette,  cor  et 
basson;  cinq  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle; trois  duos  pour  piano  cl  violon; 
quatre  pots-pourris  pour  violon  et  orchestre; 


S6 


SPOHR 


des  sonalcs  pou i-  harpe  cl  violon;  des  ron- 
deaux idem;  «les  fantaisies  pour  la  harpe 
seule;  trois  cahiers  de  morceaux  de  salon 
pour  piano,  et  quelques  bagatelles  de  diffé- 
rents genres.  Telle  est  l'immense  production 
<lu  talent  de  Spohr  !  La  France,  Paris  surtout, 
en  ignore  presque  l'existence.  On  rapporte 
que  ce  savant  artiste,  ayant  fait,  en  1843,  un 
second  séjour  à  Paris,  lorsqu'il  serendailà  Lon- 
dres, y  vit  quelques  artistes  au  nombre  desquels 
étaient  Auber,  Halévy  et  Habeneck,  et  laissa 
percer  dans  sa  conversation  le  regret  de  n'être 
pas  connu  du  public  français.  Chacun  voulut 
lui  persuader  qu'il  se  trompait  à  cet  égard,  et 
l'idée  vint  aussitôt  à  Habeneck  de  lui  prouver 
que  ses  grandes  compositions  étaient  non- 
seulement  connues,  mais  estimées  à  Paris,  en 
faisant  exécuter  devant  lui,  par  l'orchestre  du 
Conservatoire,  sa  quatrième  symphonie  (la 
Consécration  de  la  musique).  L'orchestre  se 
réunit  et  joua  cet  ouvrage  pour  l'auteur,  seul 
auditeur  de  l'exécution.  A  son  cnlréedans  la 
salle,  Spohr  fut  accueilli  par  les  acclamations 
de  tous  les  artistes,  el  tous  rivalisèrent  de  zèle 
et  de  talent  pour  rendre  avec  toute  la  perfec- 
tion possible  les  intentions  du  compositeur.  Ce 
fut  pour  lui  une  grande  jouissance;  un  hom- 
mage si  flatteur  rendu  par  l'élite  des  artistes 
parisiens  lui  causa  une  vive  émotion.  Toute- 
fois, il  ne  faut  pas  s'y  tromper,  cet  hommage 
était  simplement  un  Irait d'exquisse  politesse 
française.  Le  fait  est  que  la  symphonie  avait 
été  plusieurs  fois  mise  en  répétition,  et  que, 
connaissant  le  goût  des  habitués  des  concerts 
du  Conservatoire,  Habeneck  n'avait  pas  osé  la 
le-ir  faire  entendre. 

A  quelle  cause  faut-il  attribuer  ces  préven- 
tions ou  celte  indifférence  pour  l'oeuvre  d'un 
grand  musicien?  Certes, on  ne  peut  en  accuser 
la  légèreté  de  goût  si  souvent  reprochée  à  la 
nation  française  ;  car  si  l'éducation  musicale 
des  masses  a  été  longtemps  négligée  en 
France,  il  s'y  trouve  assez  d'intelligence  de 
l'art  dans  une  partie  de  la  société  pour  com- 
prendre le  mérite  des  productions  sérieuses: 
rien  ne  le  prouve  mieux  que  l'enthousiasme 
qui  se  manifesta  partout  où  les  œuvres  gécia- 
les  d'Haydn,  de  Mozart  et  de  Beethoven  sont 
rendues  avec  le  fini  nécessaire.  Mais  là  préci- 
sément se  trouve  l'explication  de  la  froideur 
des  artistes  et  des  amateurs  français  pour  la 
musique  de  Spohr:  comparée  à  celle  des  trois 
grands  hommes  qui  viennent  d'être  nommés, 
elle  ne  peut  occuper  que  le  second  rang  ;  or,  il 
est  dans  la  nature  de  l'esprit  français  de  ne  point 
admettre  de  second  ordre  dans  les  choses  qui 


aspirent  aux  honneurs  classiques.  Celle  nation 
accepte  fort  bien  l'usage  de  choses  d'un  mérite 
inférieur  lorsqu'elles  sont  simplement  destinées 
à  l'amuser,  pourvu  qu'elles  atteignent  leur 
but  ;  mais  ce  qui  prétend  à  une  plus  haute  des- 
tinée doit  avoir,  pour  lui  plaire,  le  charme  des 
idées,  le  cachet  de  l'originalité  ou  le  caractère 
de  la  grandeur.  Le  pédanlisme  des  formes 
scientifiques,  lorsqu'il  ne  se  dissimule  pas  sous 
le  patronage  de  ces  précieuses  qualités,  lui  est 
antipathique.  En  Allemagne,  en  Angleterre, 
il  n'en  est  pas  de  même,  ou  du  moins  il  en  a 
été  longtemps  autrement  :  une  certaine  allure 
scolastique  y  avait  autrefois  bon  air,  el  la 
forme  y  a  toujours  eu  de  nombreux  partisans. 
D'ailleurs,  l'usage  qu'on  a  constamment  fait 
sur  le  Rhin  el  au  delà  de  la  musique  sérieuse, 
depuis  la  chapelle  princière  jusqu'au  plus  mo- 
I  desle  salon,  y  fait  attacher  du  prix  à  la  mulli- 
j  plicité  ainsi  qu'à  la  variété  des  œuvres.  On  y 
j  aime  à  tout  connaître,  et  l'autorité  des  noms 
basés  sur  les  ouvrages  de  grande  dimension 
y  est  considérable. 

Ce  serait  à  toi  l  qu'on  se  persuaderait  en 
France  que  le  talent  de  Spohr  ne  se  recom- 
mande pas  parmi  grand  mérite;  sans  parler 
de  la  forme  qui,  dans  tous  ses  ouvrages,  ac- 
cuse une  rare  intelligence  et  une  grande  ex- 
périence, on  y  trouve  les  qualités  individuelles 
du  style.  Cet  artiste  a  sa  manière  person- 
nelle; il  n'est  pas  copiste  el  ne  manque  pas  de 
mélodie;  ce  qui  lui  fait  défaut,  c'est  le  trait 
inattendu,  aussi  bien  que  la  conception  d'un 
seui  jet.  On  sent  trop  le  travail  dans  sa  mu- 
sii|iie,  et  souvent  le  charme  en  est  absent. 
Toutefois,  bien  qu'il  n'ait  pas  possédé  un  de 
ces  génies  de  premier  ordre  qui  caractérisent 
une  époque  de  l'art,  c'est  un  grand  musicien, 
qui  a  des  instants  heureux,  el  qui  manie  les  voix 
et  les  instruments  avec  une  rare  dextérité. 

Spohr  fut  marié  deux  fois.  Sa  première 
femme,  Dorothée  Scheidler,  née  à  Gotha,  le 
2  décembre  1787,  fut,  comme  on  l'a  vu  pré- 
cédemment, une  artiste  fort  distinguée  sur  la 
harpe,  et  brilla  dans  les  concerts  donnés  par 
elle  et  son  mari  à  Berlin,  à  Dresde,  à  Vienne, 
à  Munich,  à  Francfort  et  dans  d'autres  villes. 
Elle  jouait  aussi  du  piano  avec  beaucoup  de 
talent;  elle  se  fit  souvent  entendre  en  public 
sur  cet  instrument,  après  que  sa  mauvaise 
santé  l'eut  obligée  à  cesser  de  jouer  de  la 
harpe.  C'est  pour  elle  que  Spohr  a  écrit  son 
quintette  pour  piano  et  instruments  à  vent, 
œuvre  52e.  Elle  mourut  à  Cassel,  le  20  no- 
vembre 1834. 

La  seconde  femme  de  Spchr,  née  à  Rudol- 


SPOHR  —  SPONTINI 


87 


stadl,  était  aussi  pianiste  et  s'est  fait  entendre 
à  Berlin,  en  1845,  et  à  Francfort,  en  1847, 
dans  des  compositions  de  son  mari. 

Honoré  de  toute  l'Allemagne  pour  son  ca- 
ractère respectable,  Spohr  fut  décoré  de 
l'ordre  spécial  du  Mérite  de  Prusse,  de  celui 
de  la  Branche  Ernestine  de  Saxe  et  de  l'Aigle 
ronge.  Il  était  membre  correspondant  de  la 
classe  des  beaux-arts  de  l'Académie  royale  de 
Bruxelles,  de  l'Académie  impériale  de  musique 
de  Vienne,  des  Sociétés  de  Sainte-Cécile,  de 
Rome,  d'Euterpe,  de  Leipsick,  et  Néerlan- 
daise, de  Rotterdam,  pour  l'encouragement  de 
la  musique.  Spohr  est  décédé  à  Cassel,  le  _2 
novembre  18159,  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans. 

SPON  (Jacques),  médecin  et  antiquaire, 
naquit  à  Lyon,  en  1G47,  vécut  à  Montpellier, 
et  lit  un  voyage  intéressant  en  Orient  et  dans 
la  Grèce,  dont  il  a  publié  la  relation.  Il  mourut 
à  l'hôpital  de  Vevey,  le  25  décembre  1085,  à 
l'âge  de  trente-huit  ans.  On  a  de  lui  un  ou- 
vrage intitulé  :  Recherches  curieuses  d'anti- 
quités; Lyon,  1683,  in -4°;  Spon  y  a  inséré 
une  Dissertation  des  cymbales,  crotales  et 
auti-es  instruments  des  anciens  (pages  140- 
158). 

SPOMIOLZ  (Adolphe  Henri),  organiste 
de  l'église  Sainte-Marie,  à  lloslock,  est  né  dans 
celte  ville,  le  12  mars  1803.  Dès  son  enfance, 
il  montra  de  rares  dispositions  pour  la  mu- 
sique dans  les  concerts  publics  où  il  se  fit  en- 
tendre; cependant  la  volonté  de  ses  parents  le 
contraignit  à  négliger  cet  ait  pour  se  livrer  à 
l'étude  de  la  théologie.  Après  avoir  passé  les 
examens,  il  prêcha  fréquemment,  et  déjà  il 
était  désigné  comme  pasteur,  lorsqu'un  dégoût 
invincible  pour  les  fonctions  ecclésiastiques 
lui  fit  abandonner  tout  à  coup  son  état  pour 
ses  instruments  et  ses  livres  de  musique.  Sa 
première  production,  intitulée  :  Etudes  carac- 
téristiques pour  le  piano,  indique  du  talent; 
elle  l'a  fait  connaître  avantageusement,  et  les 
ouvrages  qu'il  a  publiés  par  la  suite  ont  pro- 
curé à  Sponhclz  la  place  d'organiste  qu'il  a 
occupée  jusqu'en  1851,  époque  de  sa  mort,  et 
lui  ont  acquis  la  sympathie  de  ses  concitoyens. 
Il  s'occupait  spécialement  de  composition  pour 
l'orchestre  :  on  cite  particulièrement  une 
symphonie  en  mi  majeur  qu'il  a  écrite  dans 
ses  dernières  années. 

SPOASEL  (Jean-Ulric),  surintendant  et 
pasteur  à  Burgbernheim,  dans  l'électorat  de 
Brandebourg,  naquit  le  13  décembre  1721,  à 
Muggendorf,  dans  la  principauté  de  Bayieuth, 
et  mourut'à  Burgbernheim,  le  5  janvier  1788. 
Outre  un  très-grand  nombre  de  sermons,  et  de 


traités  de  théologie  ou  de  commentaires  sur 
l'Écriture  sainte,  il  a  publie  une  histoire  de 
l'orgue  (Orgelhistorie ,  Nuremberg,  1771, 
in-8°  de  cent  soixante-sept  pages).  C'est  un 
ouvrage  médiocre. 

SPO]\TI3îI (Louis  Gaspard-Pacifique)  (1), 
comte  de  SAIVT'ANDREA  ,  naquit  le 
14  novembre  1774,  à  Majolati,  village  situé 
près  de  Jesi,  petite  ville  des  États  romains, 
dans  la  Marche  d'Ancône.  Il  fut  le  second  fils 
de  cultivateurs  qui  eurent  cinq  enfants  :  trois 
de  ses  frères  furent  prêtres,  et  l'aîné  occupa 
pendant  vingt-sept  ans  la  position  de  curé  à 
Majolati.  Destiné  aussi  au  sacerdoce  par  ses 
parents,  Gaspard,  dont  la  constitution  était 
délicate,  fut  confié  à  son  oncle  paternel,  Jo- 
seph Spontini,  curé  de  la  succursale  de  Jesi, 
qui,  dès  l'âge  de  huit  ans,  lui  fit  commencer 
lesétudes  littéraires  indispensables  pour  l'état 
ecclésiastique;  mais  une  circonstance  impré- 
vue fil  connaître  que  telle  n'était  pas  sa  destina- 
tion naturelle.  Un  facteur  d'orgues  de  Reca- 
nali,  nommé  Crudeli,  avait  été  appelé  à  Jesi 
pour  la  construction  d'un  instrument  de  celte 
espèce  dans  l'église  où  l'oncle  de  Spontini 
élait  desservant.  Pendant  la  durée  de  son  tra- 
vail, cet  homme,  logé  chez  le  curé,  jouait  quel- 
quefois d'un  clavecin  qu'il  y  avait  fait  trans- 
porter. Ce  fut  une  révélation  pour  Gaspard, 
qui,  toujours  près  de  l'artiste  lorsqu'il  jouait 
de  cet  instrument,  l'écoutait  avec  une  atten- 
tion soutenue,  et,  pendant  les  absences  de 
Crudeli,  essayait  d'imiter  ce  qu'il  avait  en- 
tendu. L'artiste  eut  bientôt  compris  qu'il  y 
avait,  dans  l'organisation  de  cet  enfant,  le 
germe  d'un  talent  qui  ne  tarderait  pas  à  se 
développer;  il  en  parla  au  curé,  qui  ne  par- 
tagea pas  son  enthousiasme,  et  menaça  son 
neveu  de  le  punir  s'il  ne  consentait  à  prendre 
l'habit  ecclésiastique.  Pour  se  soustraire  au 
châtiment  qui  lui  était  réservé,  Spontini  s'en- 
fuit à  Monte  San  Vito,  château  placé  dans  le 
district  d'Ancône,  et  où  demeurait  un  frère  de 
sa  mère,  qui  consentit  à  le  recueillir,  et  qui, 
plein  de  bonté  pour  lui,  le  mit  sous  la  direction 
de  Q'iintiliani,  maître  de  chapelle  de  ce  lieu, 
afin  qu'il  le  guidât  dans  ses  premières  études 
musicales. 

Après  une  année  passée  dans  cette  situa- 
tion, Spontini  retourna  chez  son  oncle  Jo- 
seph, qu'il  affectionnait.  Instruit  par  l'expé- 
rience,  son  parent  n'insista  plus  pour  faire 

(1)  Celle   notice  est   refaite  d'après   des   documents 
authentiques,  d'après  les  journaux  contemporains,   et 
d'après  des  notices  et  brochures  relatives  à  Spontini  . 
comparées  cl  étudiées. 


88 


SPONTINI 


de  lui  un  prêtre  et,  voulant  au  contraire  qu'il 
s'occupât  sérieusement  de  l'étude  de  la  mu- 
sique, il  le  confia  aux  soins  du  chanteur  Ciaffo- 
latli  et  de  l'org3niste  Menghini,  pour  qu'ils 
l'instruisissent  dans  leur  art.  Plus  tard,  il  le  fit 
entrer  dans  l'école  de  Bartoli,  maître  de  la 
chapelle  de  Jesi,  d'où  Spontini  passa  dans 
celle  du  maître  Bonanni,  de  la  chapelle  de  Ma- 
saccio.  Préparé  par  ces  maîtres,  il  fut  admis 
au  conservatoire  de  la  Pielà  dei  Turchini, 
de  Naples,  lorsque  ses  parents  l'envoyèrent 
dans  cette  ville,  en  1791.  Sala  et  Tritla  y  fu- 
rent ses  maîtres  de  contrepoint  (I)  :  ses  pro- 
grès furent  rapides  et  hienlôt  il  eut  le  titre 
de  maeslrino  qui  répond  à  celui  de  répé- 
titeur des  conservatoires  de  France  et  de  Bel- 
gique. Ses  premiers  ouvrages  fuient  des  can- 
tates et  des  morceaux  de  musique  d'église 
qu'il  allait  faire  exécuter  dans  les  couvents  de 
Naples  et  des  environs. 

En  1796,  un  certain  Sismondi,  qui  était  un 
des  directeurs  du  théâtre  Argentina,  de 
Rome,  ayant  entendu  à  Naples  de  la  musique 
de  Spontini  qui  lui  plut,  l'engagea  à  écrire 
une  partition  pour  son  théâtre,  et  lui  proposa 
de  partir  en  secret  du  conservatoire  et  de  l'ac- 
compagner jusqu'à  Rome,  ce  qui  fut  accepté, 
parce  que,  à  vingt  deux  ans,  le  désir  le  plus 
vif  d'un  jeune  compositeur  est  d'écrire  un 
opéra,  et  qu'on  ne  réfléchit  guère  à  cet  âge  sur 
lesconséquencesd'unedémarche  inconsidérée. 
L'ouvrage  écrit  avec  rapidité  par  Spontini 
avait  pour  titre  I  Puntigli  délie  donne  :  il  eut 
un  brillant  succès  qui  fil  taire  les  rumeurs  oc- 
casionnées par  sa  fuite  du  conservatoire,  et 
Piccinni,  qui  se  montra  plein  de  bienveillance 
en  cette  circonstance,  fit  rentrer  le  jeune  ar- 
tiste dans  l'école,  à  son  retour  de  Rome.  Spon- 
tini écrivit  sons  la  direction  de  ce  maître  son 
second  opéra,  intitulé  l'Eroismo  ridicolo,  qui 
fut  représenté  à  Rome,  en  1797.  Il  fut  suivi 
de  II  fin li)  Pittore,  dans  la  même  ville,  en 
1798;  Il  Teseo  riconosciuio,  à  Florence 
(1798);  l'Isola  disabitata,  ibid.  (1798)  ;  Chi 
pi  h  guarda  men  vede,  ibid.  (1798);  VAmore 
segreto,h  Naples  (1799);  la  Fuga  in  mas- 
cftera,  ibid.  (1798);  la  Finla  Filosofa,  ibid. 
(1799).  Lorsque  le  royaume  de  Naples  fut  en- 
vahi par  l'armée  française,  après  la  déroute 
de  l'armée  napolitaine,  Spontini  répondit  à 
l'appel  de  la  cour  et  se  rendit  à  Palerme,  sur 

(t)  Plusieurs  biographes  ont   suivi    le   Dictionnaire 

historique  des  musiciens  de  Clioron  cl  l'ayolle,  où  il  est 

«lit  qu'un  des  maures  de  Spontini  au  Conservatoire  de 

'  Naples  fut  Traella,  mort  deux  ans  avant  qu'il  y  arrivai  ; 

ces  biographes  ont  confondu  Tract'a  avec  Tritla. 


le  refus  de  Cimarosa,  malade  alors.  Il  y  com- 
posa les  opéras  I Quadri parlanli,Sofronia  e 
Olindo,  Gli  Elisi  delusi,  en  1800,  et  donna 
des  leçons  de  chant.  Le  dérangement  de  sa  santé 
l'obligea  de  quitter  la  Sicile,  vers  la  fin  delà 
même  année.  En  1801,  il  écrivit  à  Rome  Gli 
Amanti  in  cimento,  ossia  il  Geloso  audace, 
puis  il  fut  appelé  à  Venise, .où  il  composa,  pour 
la  célèbre  cantatrice  Morichelli,  la  Princi- 
pessa  d'Amalfi,  dont  le  titre  fut  changé  en 
celui  d'Adelina  Senese,  parce  que,  dans  les 
opinions  de  celte  époque,  il  ne  fallait  plus 
parler  de  princesses.  Après  ces  ouvrages,  il 
donna  dans  la  même  ville  le  Metamorfosi  di 
Pasquali.  De  Venise,  Spontini  ramena  son 
père  à  Jesi,  puis  il  retourna  à  Naples  d'où  il 
s'embarqua  pour  Marseille  avec  une  famille 
dont  il  était  devenu  l'ami  intime  à  Palerme. 
Il  séjourna  quelque  temps  à  Marseille,  fré- 
quentant les  maisons  de  quelques  banquiers  et 
négociants,  qui  lui  donnèrent  des  lettres  de 
recommandation  pour  Barillon,  Michel,  Ré- 
camier,  et  autres  notabilités  financières  de 
celte  époque.  Spontini  arriva  à  Paris,  en  1803  : 
il  y  donna  d'abord  des  leçons  de  chant.  Je  le 
connus  alors  chez  un  facteur  île  pianos  de  se- 
cond ordre  qui  demeurait  rue  Sainte-Avoye, 
où  il  venait  quelquefois.  Il  était  plein  de  con- 
fiance dans  son  avenir  :  la  suite  de  sa  carrière 
prouva  qu'il  ne  s'était  pas  trompé. 

Un  de  ses  premiers  soins  fut  de  faire  repré- 
senter au  Théâtre  Italien  un  de  ses  opéras 
écrits  en  Italie  :  il  fit  choix  de  la  Finta  Filo- 
sofa, qui  avait  été  joué  à  Naples,  en  1799.  La 
première  représentation  fut  donnée  au  mois  de 
février  1804.  Bien  accueilli,  cet  opéra  obtint 
quelques  représentations  où  brillèrent  les  ta- 
lents de  Nozzari  et  de  madame  Belloc.  Spon- 
tini fut  moins  heureux  à  l'Opéra-Comique,  où 
il  fil  représenter,  vers  la  fin  de  mars  de  la 
même  année,  l'opéra  en  un  acte  intitulé  Julie. 
Un  faiseur  de  livrets,  nommé  Jars,  était  l'au- 
teur de  cette  pièce  dénuée  d'intérêt  et  mal 
faite.  L'ouvrage  tomba  et  disparut  du  réper- 
loire;  mais  Spontini  y  fil  faire  des  change- 
ments, corrigea  lui-même  sa  musique,  el  fit 
reparaître  la  pièce,  le  12  mars  1805,  avec  le 
nouveau  titre  de  Julie,  ou  le  Pot  de  (leurs.  Ce 
l'ut  alors  qu'on  en  grava  la  partition,  quoique 
sa  reprise  n'eut  pas  été  beaucoup  plus  heu- 
reuse que  sa  première  apparition.  Quelque 
peu  importante  que  paraisse  celte  production 
dans  la  carrière  de  l'auteur  de  la  Vestale,  elle 
est  néanmoins  d'un  grand  intérêt,  parce  qu'en 
l'absence  de  toutes  les  partitions  d'opéras  com- 
posées par  Spontini  en  Italie,  qu'il  serait  dif- 


SPONTINI 


89 


ficile  de  trouver  aujourd'hui,  elle  permet  de 
connaître  son  point  de  départ,  et  d'apprécier 
la  prodigieuse  transformation  qui  s'est  opérée 
tout  à  coup  dans  les  facultés  de  cet  homme 
extraordinaire.  A  l'examen  de  la  partition  de 
Julie,  il  est  évident  pour  tout  connaisseur  que 
le  style  est  celui  des  opéras  italiens  écrits  dans 
les  vingt-cinqdernièresannéesdu  dix-huitième 
siècle,  et  qu'on  y  trouve  en  abondance  les 
formes  de  la  musique  de  Guglielmi,  de  Cima- 
rosa  et  de  Paisiello.  Le  sort  peu  fortuné  de 
Julie  avait  décidé  Spontini  à  prendre  une 
prompte  revanche  dans  un  ouvrage  plus  im- 
portant; il  crut  en  avoir  trouvé  l'occasion  dans 
la  Petite  Maison,  opéra-comique  de  Dieula- 
foy  et  de  Gersaint,  dont  le  livret  lui  avait  été 
donné  pour  qu'il  en  fît  la  musique.  La  rapidité 
qui  s'était  fait  remarquer  précédemment  dans 
ses  travaux  ne  lui  fit  pas  défaut  dans  cette  cir- 
constance, car  les  mois  d'avril  et  de  mai  1804 
lui  suffirent  pour  écrire  la  partition  de  cet  ou- 
vrage en  trois  actes,  qui  fut  joué  le  23  juin 
de  cette  année.  Malheureusement  le  sujet  de 
cette  pièce  était  mal  choisi  pour  celte  époque, 
car  il  présentait  un  tableau  de  mœurs  licen- 
cieuses en  désaccord  avec  les  idées  de  moralité 
qui  caractérisaient  le  temps  du  consulat.  Dès 
le  premier  acte,  une  opposition  formidable  se 
manifesta  contre  la  pièce  (1).  Elleviou,  chargé 
du  rôle  principal,  ayant  eu  l'imprudence  de 
narguer  le  public,  dans  le  jugement  qu'il  por- 
tait de  l'ouvrage,  fit  monter  l'irritation  du  par- 
terre jusqu'à  la  frénésie,  et  provoqua  une  des 
scènes  les  plus  tumultueuses  qu'il  y  ait  eu  au 
théâtre.  L'ouvrage  ne  fut  pas  achevé. 

L'époque  où  Spontini  arriva  à  Paris  était  la 
moins  favorable  pour  ses  débuts,  car  il  y  avait 
alors  parmi  les  musiciens  français,  et  surtout 
parmi  les  professeurs  et  élèves  du  conserva- 
toire, une  ligue  sérieuse  et  forte  contre  les 
compositeurs  italiens  et  contre  la  musique  de 
leur  école.  Diverses  circonstances  avaient 
amené  cet  état  de  choses.  El  d'abord,  l'opéra- 
comique  avait  été  envahi  depuis  plusieurs  an- 
nées par  Bruni,  Tarchi,  Délia  Maria  et  Nicolo 
lsouard,  lesquels,  n'ayant  eu  que  de  médiocres 
succès  dans  leur  patrie,  étaient  venus  chercher 
une  meilleure  Corinne  à  Paris,  et  qui,  avec  la 

(1)  Une  noie  manuscrite,  que  j'ai  sous  les  yejx, 
attribue  cette  opposition  à  une  cabale  du  Conservatoire; 
c'est  une  erreur,  .l'étais  ù  la  représentation,  et  quoique 
je  fusse  sorti  du  Conservatoire  depuis  un  an  ,  après 
avoir  termine  mes  éludes  de  composition,  je  connaissais 
tous  les  professeurs  el  la  pluparl  des  élèves,  et  je  ne  les 
aperçus  pas  dans  celle  soirée.  L'opposition  du  Conser- 
vatoire de  Paris  contre  Spontini  ne  fut  que  trop  réelle  ; 
mais  elle  se  constitua  un  peu  plus  tard. 


facilité  traditionnelle  des  compositeurs  de  leur 
école,  improvisaient  les  partitions  d'opéras,  el 
remplissaient  une  grande  partie  du  répertoire. 
D'autre  pari,  depuis  1801,  un  théâtre  d'opéra 
italien  s'élait  établi,  faisant  concurrence  à 
l'Opéra-Comiqueel  même  à  l'Opéra.  Ce  théâtre 
avait  ses  habitués  qui  exaltaient  le  mérite  de 
la  musique  italienne  el  dépréciaient  les  œuvres 
des  compositeurs  français.  Les  anciennes  que- 
relles de  la  musique  nationale  et  des  Bouffons 
de  1752  semblaient  près  de  se  renouveler. 
Déjà  Méhul  avait  donné  le  signal  de  l'opposi- 
tion dans  son  opéra-comique  de  l'Trato,  con- 
sidéré alors  comme  une  critique  de  la  musique 
italienne,  à  laquelle  pourtant  il  ne  ressemble 
guère.  Ce  fut  dans  ces  circonstances  qu'arriva 
Spontini  :  le  parti  des  compositeurs  nationaux 
ne  vit  en  lui  qu'un  de  ces  artistes  ullramon- 
tains  dont  la  présence  à  Paris  élait  incommode 
et  nuisible.  Geoffroi,  dont  le  talent  d'écrivain 
et  de  critique  brillait  dans  le  Journal  des  Dé- 
bats, et  qui  connaissait  là  musique  par  l'an- 
cien opéra  français,  se  montrait,  dans  ses 
feuilletons,  fort  hostile  à  la  musique  des  Ita- 
liens. Son  compte  rendu  de  la  représentation 
de  la  Petite  Maison  ne  fut  pas  moins  désa- 
gréable pour  l'auteur  de  la  musique  que  pour 
ceux  des  paroles. 

Peu  de  jours  après  cet  échec,  Spontini  trouva 
une  large  compensation  dans  le  poème  de  la 
Vestale,  que  lui  remit  Jouy.  Ce  poème,  dont 
Chérubini  n'avait  pas  compris  le  mérite,  et  qu'il 
avail  rendu,  après  avoir  longtemps  hésité  à  le 
mettre  en  musique,  ce  poème,  dis-je,  était  pour 
le  jeune  musicien  la  plus  haute  faveurqu'il  pût 
recevoir,  car  il  allait  lui  fournir  l'occasion  de 
mettre  en  évidence  une  puissance  degénieque 
lui-même  ne  croyait  peut-être  pas  posséder. 
Dès  ce  moment,  une  liaison  intime  s'établit 
en  Ire  les  deux  au  leurs.  Elle  eut  pour  premier  ré- 
sultat de  les  faire  préluder  à  la  mise  en  scène 
du  grand  opéra  par  un  ouvrage  moins  impor- 
tant composé  pour  l'Opéra-Comique,  et  qui 
fut  représenté  à  la  fin  de  décembre  1804.  Cette 
fois,  Spontini  fut  plus  heureux  el  sortit  enfin  de 
la  série  de  mésaventures  qu'il  avail  éprouvées 
au  théâtre  depuis  son  arrivée  à  Paris  :  Millon, 
en  un  acte,  obtint  un  brillant  succès  au  théâtre 
Feydeatt.  En  homme  né  pour  être  grand  ar- 
lisle,  le  compositeur  avait  tiré  profil  des  atta- 
ques de  ses  ennemis;  son  style  avait  pris  plus 
d'ampleur;  sa  manière  avait  acquis  de  la  va- 
riété, et  son  harmonie  était  devenue  plus 
nourrie  et  plus  correcte.  L'ouvrage,  repris 
plusieurs  fois,  a  toujours  élé  entendu  avec 
plaisir,  cl  la  traduction  allemande  que  Spon- 


co 


SPONT1N1 


tini  en  fit  faire  plus  lard  a  élé  jouée  dans  plu- 
sieurs villes,  notamment  à  Vienne,  Dresde  et 
YVeimar. 

Occupé  sérieusement  de  sa  carrière  de  com- 
positeur dramatique,  S  pon  tini  avait  abandon  né 
les  leçons  de  chant.  D'heureuses  liaisons  de  so- 
ciété lui  avaient  d'ailleurs  procuré  la  place  de 
directeur  de  la  musique  de  l'impérlarice  Jo- 
séphine, position  incompatible  avec  celle 
d'accompagnateur  du  théâtre.  Ce  fut  cette  po- 
sition qui  le  fit  triompher  d'une  multitude 
d'obstacles  dans  l'entreprise  la  plus  importante 
de  sa  vie,  à  savoir  la  mise  en  scène  de  son 
grand  opéra  la  f-'estale;  car  il  trouva  dans 
la  bonté  naturelle  et  active  de  l'impératrice 
une  protection  sans  laquelle  son  talent  ne  se- 
rait peut-être  pas  parvenu  à  se  faire  connaître. 
Il  ne  négligeait  aucune  occasion  qui  pouvait 
fixer  sur  lui  les  regards  de  celle  princesse  déjà 
disposée  en  sa  faveur  par  une  bienveillance 
naturelle  :  il  s'en  présenta  bientôt  une  qui  lui 
fut  favorable.  Tous  les  théâtres  de  Paris 
s'étaient  empressés  de  célébrer  la  gloire  de 
Napoléon  après  la  victoire  d'Austerlitz  :  à  la 
demande  de  Sponlini,  Balocchi  écrivit  pour 
lui  la  poésie  d'une  cantate  intitulée  l'Eccelsa 
Gara,  qui  fut  exécutée  au  théâtre  Louvois,  le 
8  février  1806.  Le  sujet  de  celte  cantate  était 
assez  fade.  Apollon  et  Minerve,  descendus  aux 
champs  Elysées,  invitaient  les  plus  célèbres 
poètes  de  la  Grèce,  de  Rome  et  de  l'Italie,  à 
célébrer  la  gloire  de  la  France  ;  Homère,  Vir- 
gile et  le  Tasse  se  disputaient  cet  honneur  ; 
mais  Apollon  les  mettait  d'accord  en  disant 
que  ce  n'était  pas  trop  de  tout  le  Parnasse  pour 
chanter  dignement  le  plus  grand  homme  des 
temps  anciens  et  modernes;  alors  les  muses 
s'unissaient  en  choeur  aux  poètes  pour  chanter 
des  hymnes  où  toutes  les  hyperboles  de  la 
louange  étaient  accumulées. 

L'impératrice  fut  touchée  de  cet  hommage 
et  des  applaudissements  que  le  public  y 
donna:  Sponlini  en  fut  récompensé  par  une 
protection  qui  le  fit  triompher  de  la  formi- 
dable opposition  organisée  contre  lui;  oppo- 
sition qu'il  trouva  à  son  poste  lorsqu'il  (il 
exécuter  un  oratorio  de  sa  composition  dans 
un  des  concerts  spirituels  donnés  au  théâtre 
Louvois  pendant  la  semaine  sainte  de  l'année 
1807.  Les  jeunes  musiciens  rassemblés  au 
parterre  pendant  l'exécution  de  cet  ouvrage 
mirent  d'autant  plus  d'obstination  à  la  trou- 
bler, que  les  répétitions  de  la  Vestale. étaient 
commencées,  et  que  tout  annonçait  la  pro- 
chaine mise  en  scène  de  ce  grand  opéra.  Les 
éclats  de  rire  et  les  buées  scandaleuses  de  ces 


jeunes  gens  couvrirent  la  voix  des  chanteurs 
et  même  la  sonorité  de  l'orchestre,  de  telle 
sorte,  qu'il  fut  impossible  d'apprécier  le  mé- 
rite de  la  composition,  et  que  l'exécution  ne 
fut  pas  même  achevée. 

Jusque-là,  les  ennemis  de  Sponlini  sem- 
blaient triompher  parce  qu'ils  avaient  formé 
contre  lui  une  coierie  qu'ils  se  persuadaient 
représenter  l'opinion  publique;  erreur  qu'on 
voit  souvent  se  reproduire  dans  les  prédictions 
de  chutes  ou  de  succès.  Mais  le  jour  qui  de- 
vait faire  finir  toutes  ces  intrigues,  et  mettre 
en  évidence  la  transforma  lion  du  talent  du 
compositeur,  approchait.  Bien  des  difficultés 
s'étaient  élevées  dans  le  sein  même  de  l'admi- 
nistration de  l'Opéra.  La  priorité  de  représen- 
tation avait  été  demandée  pour  la  Mort 
d' Adam,  opéra  de  Lesueur,  reçu  depuis  long- 
temps, et  l'empereur,  à  qui  l'on  avait  appelé 
d'un  tour  de  faveur  accordé  à  la  Vestale  sur 
la  demande  de  l'impératrice  Joséphine,  avail 
décidé  en  faveur  de  l'auteur  des  Dardes.  Ce- 
pendant la  partition  de  la  Mort  d'Adam  ne  se 
trouva  pas  prête  quand  il  fallut  la  donner  au 
copiste,  et  Sponlini  sut  profiler  de  cet  incident 
plus  reconquérir  son  tour  de  représentation. 
Les  répétitions  de  l'ouvrage  avaient  com- 
mencé ;  mais  là  de  nouvelles  préventions 
s'élevèrent,  à  cause  de  l'obscurité  qui  envi- 
ronnait les  premières  pensées  de  l'auteur; 
car  cet  homme,  entièrement  livré  aux  tradi- 
tions de  la  musique  italienne  de  son  temps, 
lorsqu'il  était  arrivé  à  Paris,  cet  homme,  dis- 
je,  s'était  tout  à  coup  révélé  à  lui-même  dans 
ce  qu'il  y  avait  en  lui  d'original  et  de  créa- 
teur, et  avait  en  quelque  sorte  changé  de  na- 
ture le  jour  où  il  avait  élé  appelé  à  composer 
une  tragédie  lyrique  pour  le  grand  opéra.  Au 
lieu  de  l'ancienne  facilité  qui  lui  avait  fait  im- 
proviser ses  opéras  italiens  et  ses  premiers 
ouvrages  français,  il  en  était  venu  à  une  con- 
ception profonde,  mais  laborieuse.  Devenue 
l'objet  de  ses  méditations,  l'expression  forte  et 
vraie  des  sentiments  dramatiques  domina 
toutes  ses  idées;  mais  l'inhabilude  des  formes 
qui  pouvaient  réaliser  cette  expression  était 
cause  que  ce  qui  était  senti  avec  énergie  par 
le  compositeur  ne  se  traduisait  que  d'une  ma- 
nière obscure  dans  le  premier  jet  de  sa  pen- 
sée. De  là  venait  que  sa  vigoureuse  inspira- 
lion  ne  se  présentait  quelquefois  que  sous 
l'aspect  d'un  travail  péniblement  élaboré. 
C'est  en  cet  état  qu'il  livrait  aux  copistes  la 
plupart  des  morceaux  de  sa  Vestale.  Mis  à 
l'étude,  ces  morceaux  présentaient  aux  chan- 
teurs   et  aux  musiciens    de    l'orchestre    de 


SP0NT1NI 


91 


grandes  difficultés;  de  là  les  sarcasmes  des 
exécutants  mal  disposés  pour  lui,  et  les  bruits 
défavorables  à  l'ouvrage  qui  se  répandaient 
de  procbe  en  proche.  Bien  que  Sponlini  en  re- 
çût des  impressions  pénibles,  il  ne  se  laissait 
point  ébranler  dans  son  sentiment  intime. 
Dès  qu'il  avait  acquis  la  conviction  des  défauts 
d'un  morceau,  il  se  remettait  A  l'œuvre,  re- 
voyait sa  pensée  primitive,  l'éclaircissait,  la 
dégageait  de  son  entourage  hétérogène,  res- 
serrait les  phrases  ou  leur  donnait  plus  de  dé- 
veloppement, en  améliorait  le  ihylbme  et  la 
modulation,  et  par  degrés  il  arrivait  à  la  réa- 
lisation du  sentiment  dramatique  dont  il  était 
animé.  C'est  ainsi  que  tour  à  tour  les  diverses 
parties  de  la  partition  de  la  Vestale  parvin- 
rent à  leur  maturité.  Celui  qui  écrit  ces  lignes 
a  été  témoin  oculaire  de  ce  travail  dont  il  sui- 
vait les  progrès  dans  l'intérieur  même  du 
théâtre  de  l'Opéra;  ce  fut  pour  lui  une  étude 
intéressante. 

Les  hommes  du  métier  qui  se  livrèrent  à 
l'examen  de  la  parlilion'de  cet  opéra,  lors- 
qu'elle fut  publiée,  n'en  comprirent  pas 
d'abord  le  succès,  parce  qu'au  lieu  d'en  saisir 
le  côté  de  l'originalité,  de  l'inspiration  et  de 
l'expression  sentimentale,  ils  s'attachèrent  de 
préférence  au  matériel  de  l'art  d'écrire.  Or,  il 
faut  bien  le  dire,  il  y  règne  un  certain  em- 
barras que  tous  les  efforts  de  Sponlini  n'ont 
pu  faire  disparaître,  parce  que  les  procédés 
ordinaires  de  l'art  ne  lui  fournissaient  pas  de 
moyens  suffisants  pour  certains  accents  in- 
times donl  il  avait  conscience,  sans  en  avoir 
la  conception  parfaitement  claire.  Dans  l'al- 
lure des  voix  et  des  instruments,  on  trouve  A 
chaque  instant  des  emprunts  faits  par  une 
partie  à  une  autre,  d'où  résultent  des  pauvre- 
tés d'unissons  et  d'octaves  en  séries  d'autant 
plus  remarquables,  que  la  partition  est  écrite 
en  général  avec  une  certaine  affectation  de 
combinaisons  dans  les  dessins  de  voix  et  des 
instruments.  En  divers  endroits,  les  disso- 
nances n'ont  pas  leur  résolution  normale;  en- 
fin, les  modulations  ne  sont  pas  toujours  as- 
sises sur  le  point  d'appui  qui  devrait  faire 
sentir  la  relation  des  tons  qui  se  succèdent; 
mais  la  concession  faite  de  ces  imperfections 
de  métier,  que  de  beautés  dans  les  accents  mé- 
lodiques, dramatiques,  expressifs,  et  même 
dans  les  effets  de  cette  instrumentation  dont 
le  premier  aspect  offre  si  peu  de  clarté!  Que 
de  sentiments  vrais  et  de  véritable  inspiration 
dans  l'hymne  Fille  du  ciel,  où  la  catastro- 
phe d'un  amour  fatal  se  fait  déjà  pressentir; 
dans    ces    complaintes    si     tendres,    Helas, 


l'Amour,  et  Licinius,  je  vais  donc;  dans 
celte  grande  et  magnifique  scène,  Impi- 
toyables dieux!  dans  ce  duo,  Quel  trouble, 
quel  transport!  dans  ce  finale  si  énergique  et 
si  riche  d'émotions  qui  termine  le  second  acte  ; 
dans  celte  prière ,  O  des  infortunés  déesse 
tutélaire;  enfin,  dans  ce  dernier  chant, 
Adieu,  mes  tendres  sœurs!  Voilà  les  qualités 
essentielles  qui  émurent  le  public  entassé 
dans  la  vaste  salle  de  l'Opéra,  el  portèrent  son 
enthousiasme  jusqu'à  l'exaltation,  pendant  la 
première  el  solennelle  représentation  du  liS  dé- 
cembre 1807  ;  voilà  ce  qui  a  fait  que  ce  même 
ouvrage  a  rencontré  la  même  sympathie  chez 
toutes  les  nations  :  voilà  ce  qui  en  a  prolongé 
le  succès  jusqu'à  ce  que  les  grands  acteurs  lui 
eussent  fait  défaut,  et  que  les  traditions  né- 
cessaires à  son  exécution  se  fussent  perdues. 
Avec  une  Julia  telle  que  madame  Branchu, 
une  grande-prêtresse  comme  madame  Mail- 
lard, un  Licinius  doué  de  la  chaleur  entraî- 
nante de  Lainez;  avec  la  belle  el  limpide  voix 
de  Lays  dans  le  rôle  de  Cinna  ;  enfin,  avec 
l'imposante  figure,  la  diction  admirable,  les 
gestes  si  nobles  et  les  poses  dramatiques  de 
Dérivis  dans  le  grand-prêtre,  l'effet  de  la 
Vestale  était  irrésistible.  Tel  avait  été  cet 
effet,  que  l'allention  publique  fut  distraite  par 
le  succès  de  la  Vestale  des  grands  événements 
qui  venaient  de  s'accomplir  par  la  paix  de  Til- 
sit,  de  l'invasion  du  Portugal  par  l'armée 
française,  et  des  préparatifs  de  la  guerre  d'Es- 
pagne. 

Le  démenti  donné  par  le  succès  universel  de 
l'œuvre  de  Sponlini  à  l'opinion  de  la  plupart 
des  musiciens,  ne  ramena  pas  immédiatement 
ceux-ci  à  des  idées  plus  modérées  sur  le  ta- 
lent de  l'auteur  de  la  Vestale;  ils  se  mirent  au 
contraire  à  faire  de  l'opposition  systématique 
au  jugement  du  public,  s'allachanl  à  démon- 
trer les  imperfections  matérielles  de  l'ouvrage, 
et  fermant  les  yeux  sur  les  beautés  incontes- 
tables qui  font  oublier  ces  taches  pendant 
l'exécution.  Cependant  l'époque  fixée  par  Na- 
poléon pour  que  l'Institut  de  France  fil  un 
rapport  sur  les  ouvrages  jugés  dignes  des  prix 
décennaux,  institués  par  son  décret,  était  ar- 
rivée, el  les  chefs  de  l'opposition  se  trouvaient 
précisément  parmi  les  juges  du  concours.  La 
situation  étail  embarrassante  pour  eux,  car  les 
deux  ouvrages  qui,  par  l'éclat  de  leur  succès, 
pouvaient  seuls  prétendre  à  la  distinction  ac- 
cordée par  le  gouvernement,  étaient  les 
Bardes,  de  Lesueur  ,  joués  en  1804,  et  la 
Vestale.  Toutefois,  les  Bardes,  nonobstant  le 
mérite  d'originalité  qui  se  faisait  remarquer 


9"2 


SP0NT1NI 


dans  la  partition,  ne  pouvaient  balancer   le 
succès  universel  de  l'œuvre  de  Spontini,  ni  sa 
valeur  réelle,  au  point  de  vue  de  l'effet  drama- 
tique. Lesueur  s'était  évidemment  éloigné  des 
formes  habituelles  dans  son  ouvrage;  mais  sa 
mélodie,  son  harmonie,  ses  modulations,  cau- 
saient plus  d'étonnement,  par  leur  élrangeté, 
que  de  plaisir  et  d'entraînement.   A  vrai  dire, 
le  succès  des  représentations  de  son  opéra  ne 
s'était  pas   étendu    au   delà  de  l'enceinte   «les 
salles  de  spectacle;  on  n'en  avait  chanté  les 
airs  ou  les  morceaux  d'ensemble  ni  dans  les 
salons,  ni  dans  les  concerts.  Enfin,  après  quel- 
ques années,  l'oubli  et  l'abandon   avaient  suc- 
cédé à  l'éclat  des  représentai  ions  des  Bardes. 
La  musique  de  la  Festale,  au  contraire,  indé- 
pendamment  des    effets    entraînants    de   la 
scène,  conservait  tons  ses  avantages  au  piano 
et  faisait  briller  les  chanteurs  dans  les  con- 
certs. Comme  celle  des  Bardes,  elle  avait  un 
caractère  saisissant  d'originalité;  mais  celle 
originalité  avait  du  charme  et  ne  reposait  pas 
uniquement  sur  des  formes  insolites.  Quelles 
que  fussent  les  préventions,  il  était  impossible 
que   la  section  de  musique  de   l'Institut  de 
France,  chargée  de  prononcer  entre  les  deux 
ouvrages,  ne  donnât  pas  la  préférence  à  celui 
de  Spontini.   Bien   qu'assez  mal  disposée  pour 
lui,  elle  n'avait  cependant  pas  à  son  égard  les 
vieilles  rancunes  qui  existaient  entre  elle  et 
Lesueur.  Mébul,  Gossec  et  Grétry,  qui  compo- 
saient alors  celle  section  de  musique, désignè- 
rent donc  la   Vestale  pour  le  prix  décennal 
qui  devait  être  accordé  au  grand  opéra  le  plus 
remarquable  de  cette  époque,  et  la  rédaction 
du    rapport,   dont  Mébul    oui  la  tâche,  s'ex- 
prima en  ces  termes,  consignés  au  Moniteur: 
«  Cet  opéra  (la  Vestale)  a  obtenu  un  succès 
»  brillant  et   soutenu.   Le  compositeur  a   en 
»   l'avantage  d'appliquer  son  talent  à  unecom- 
»   position  intéressante  cl  vraiment  tragique. 
»  Sa  musique  a  de  la  verve, de  l'éclat,  souvent 
»  de  la   grâce.  On  y  a  constamment  et  avec 
»  raison  applaudi  deux  grands  airs  d'un  beau 
»  style  et  d'unehelle  expression,  deux  chœurs 
»   d'un  caractère  religieux  et   louchant,  et  le 
«   finale  du  second  acte,  dont  l'effet  est  à  la 
«  fois  tragique  et  agréable.  Le  mérite  incon- 
»  tcslable   et  la  supériorité  du    succès  de  la 
»    Vestale  ne  permettent  pas  au  jury  d'hésiter 
»  de  proposer    cet  opéra  comme    digne    du 
»   prix.  »  Après   cette  déclaration  solennelle, 
le  pédanlismc  d'école  dut  se  taire,  et  l'opposi- 
tion alla  toujours  s'affaiblissant. 

Désormais  Spontini  tenait  un  rang  distin- 
gué parmi  les  compositeurs  dramatiques  qui 


brillaient  sur  les  théâtres  de  France.  Son  asso- 
ciation avec  Jouy  ne  fui  pas  moins  heureuse 
dans  Fernand  Corlez  que  dans  la  Vestale, 
car  cet  opéra,  joué  pour  la  première  fois  le 
28  novembre  1800,  obtint  aussi  le  pi  lis  bril- 
lant succès.  Le  sujet  de  l'ouvrage  a  de  l'inté- 
rêt comme  tout  ce  qui  se  rapporte  à  la  décou- 
verte et  à  la  conquêlc  de  celte  Amérique  qui, 
plus  tard,  a  exercé  une  si  grande  influence  sur 
le  sort  dos  populations  européennes. Toutefois, 
on  a  remarqué  avec  raison  que  l'enchaînement 
des  situations  a  été  si  faiblement  établi  par  les 
ailleurs   du    poème,    que  Jouy  imagina,    en 
1810,  d'intervertir  l'ordre  de  succession  des 
actes,  et  que  l'ouvrage  en  fut  amélioré,  parce 
que,  dans  la  première  conception,  le  premier 
acle,  trop  puissant  d'intérêt  et  d'effet,  affai- 
blissait les  autres.  La  musique,  la  beauté  du 
spectacle  et  le  talent  des  acteurs,  ont   eu  la 
plus  grande  part  dans  le  succès  de  l'ouvrage. 
Sans  atteindre  à  la  hauteur  de  l'ensemble  de 
la  f  eslale,  la  partition  de  Fernand  Corlez 
renferme  des   beautés  de   premier  ordre,  au 
point  de  vue  de  la  mélodie,  de  l'expression  et 
de  l'effet  dramatique.  Quelles  (pie  soient  les 
révolutions  de  goût  réservées  par  l'avenir  à  la 
musique  de  théâtre,  quiconque  aura  le  senti- 
ment vrai  de  l'art  ne  pourra  méconnaître  le 
charme    répandu    dans  divers    morceaux  de 
cette  partition,    l'originale  conception  de  la 
plupart  et  leur  force  dramatique.  Le  duo,  Cher 
Telasco,  daigna  m' entendre,  l'hymne  à  trois 
voix,  Créateurs  de  ce  nouveau  monde,  l'air, 
/fêlas!  elle  n'est  plus,  l'autre  air  si   plein 
d'amour,  arbitre  de  ma  destinée,  le  dernier 
duo,   Un  espoir  nie  reste,  et  enfin,  l'admi- 
rable scène  de  la  révolte,  qui  commence  parle 
chœur  :  Quittons  ces  bords,  se  feront  remar- 
quer dans  tous  les    temps   par   leurs  beautés 
beaucoup  plus  grandes  que  leurs  défauts.  On 
peut  citer  encore,  comme  des  morceaux    de 
grand  mérite,  l'ouverture,  le  finale  du  premier 
acle,  les  airs  de  danse  et  des  récitatifs  d'une 
grande  vérité  de   déclamation.   Le  succès  de 
Fernand  Corlez  mit  le  sceau  à  la  réputation 
île  Spontini,  et  lui  donna  dès  lors  une  sorte 
d'autorité  sur  les  destinées  de  l'Opéra,  laquelle 
se  maintint  pendant  plusieurs  années. 

La  forlune  semblait  le  conduire  par  la  main. 
Admis  depuis  plusieurs  années  dans  la  famille 
des  célèbres  facteurs  d'instruments  Erard,  où 
les  artistes  de  talent  trouvaient  toujours  v.n 
accueil  bienveillant,  il  devint  l'époux  de  la 
fille  de  Jean-Baptiste  Erard,  nièce  de  Sélias- 
lien.  Celle  union  fut,  pour  Spontini,  la  source 
la  plus  pure  de  son  bonheur,  car  il  trouva  dans 


SP0NT1NI 


93 


la  compagne  de  sa  vie  une  réunion  de  qua- 
lités précieuses  qui  en  firent  le  charme, 
un  esprit  distingué,  enfin,  une  bonté  par- 
faite qui  consola  l'artiste  dans  les  chagrins 
occasionnés  par  sa  trop  grande  susceptibilité. 
Par  ses  vertus,  par  son  admirable  dévoue- 
ment, par  l'agrément  et  la  solidité  de  son 
esprit,  madame  Spontini  a  toujours  été  l'objet 
du  respect  et  de  l'affection  de  ceux  qui  l'ont 
connue. 

L'éclat  des  succès  de  Spontini  lui  fit  obtenir, 
en  1810,  la  direction  de  l'Opéra  italien,  qui 
venait  d'être  placé  au  théâtre  de  l'Odéon,  et 
qui,  réuni  à  la  Comédie,  sous  la  direction  de 
Duval,  avait  pris  le  nom  de  Théâtre  de  l'Im- 
pératrice. Le  début  du  nouveau  directeur, 
dans  l'organisation  du  personnel  chantant, 
fut  de  bon  augure,  car  il  y  réunit  les  deux  ex- 
cellents ténors  Crivelli  et  Tacchinardi,  mes- 
dames Barilli  et  Festa,  enfin,  les  basses  Porto 
et  Angrisani,  ainsi  que  Barilli,  pour  les  rôles 
de  bouffe  non  chantant.  Ce  fut  avec  celte  com- 
pagnie remarquable  qu'il  fit  entendre  pour  la 
première  fois  à  Paris,  le  Don  Juan,  de  Mo- 
zart, tel  que  l'a  écrit  l'illustre  compositeur. 
L'année  1811  fit  honneur  à  l'intelligente  di- 
rection de  Spontini  ;  il  mit  beaucoup  d'activité 
à  varier  le  répertoire,  donna  une  série  de  con- 
certs qui  furent  bien  accueillis,  à  cause  des 
artistes  distingués  qui  s'y  firent  entendre,  et 
refit  la  plus  grande  partie  de  la  Semiramide. 
Plusieurs  airs  et  morceaux  d'ensemble,  qu'il 
écrivit  pour  cet  ouvrage,  eurent  beaucoup  de 
succès.  Malheureusement  le  sort  de  l'Opéra 
italien  était  lié  à  celui  du  second  théâtre  fran- 
çais, que  l'administration  d'Alexandre  Duval 
ne  faisait  pas  prospérer.  Les  recettes  faites 
par  les  chanteurs  servaient  à  combler  les  vides 
de  la  caisse  de  la  comédie  ;  de  là  des  récrimi- 
nations incessantes  de  part  et  d'autre.  Spon  - 
lini  ne  dissimulait  pas  sa  mauvaise  humeur; 
il  en  résulta  des  scènes  désagréables  entre  les 
administrateurs  du  Théâtre  de  l'Impératrice; 
elles  se  terminèrent,  en  1812,  par  une  déci- 
sion aussi  injuste  qu'inintelligente  de  M.  de 
Rémusat,  surintendant  des  théâtres  impé- 
riaux qui,  an  lieu  de  donner  un  successeur  à 
Alexandre  Duval,  ôta  la  direction  du  Théâtre 
italien  à  Spontini.  En  1814,  le  ministre  de  la 
maison  du  roi  lui  accorda  le  privilège  du 
Théâtre  italien,  en  dédommagement  de  l'acte 
arbitraire  dont  il  avait  été  victime  en  1812; 
mais  madame  Catalani  ayant  sollicité  ce  pri- 
vilège, et  Paér  s'élant  uni  à  elle  pour  en  faire 
l'exploitation,  Spontini,  par  des  motifs  qui  ne 
sont  pas  connus,  prit  le  parti  de  se  retirer, 


moyennant  une  indemnité  qui  lui  fut  payée 
par  madame  Catalani. 

La  chute  de  l'empire,  en  1814,  avait  changé 
la  position  de  la  plupart  des  artistes  français; 
quelques  uns  n'obtinrent  pas  immédiatement 
les  faveurs  de  la  nouvelle  cour:  Spontini  fut 
de  ce  nombre,  car  il  n'eut  d'emploi  ni  comme 
surintendant  de  la  chapelle  du  roi,  ni  comme 
directeur  de  la  musique  particulière.  Lesueur 
passa  de  la  chapelle  de  l'empereur  dans  celle 
du  roi  et  en  partagea  la  direction  avec  Mar- 
tini, et  Paër,  après  avoir  dirigé  les  spectacles 
et  les  concerts  de  la  cour  impériale,  porta  son 
dévouement  dans  ceux  de  la  royauté  légitime. 
De  celte  manière,  toutes  les  places  se  trouvè- 
rent remplies,  et  Spontini  n'eut  plus  rien  à 
espérer  que  de  son  talent  et  de  ses  (ravaux 
pour  la  scène.  Néanmoins,  il  ne  montra  pas 
de  rancune,  car  il  écrivit,  dans  l'esprit  ci n  nou- 
vel ordre  de  choses,  la  musique  de  Pelage,  ou 
le  Roi  et  la  Paix,  opéra  en  deux  actes,  qui  fut 
joué  le  23  août  1814,  et  n'obtint  que  peu  de 
succès.  Ainsi  qu'il  arrive  presque  toujours  à 
l'occasion  de  ces  ouvrages  de  circonstance,  ni 
Jouy,  ni  Spontini,  n'eurent  d'inspiration  pour 
celui-là.  Pour  exciter  la  verve  de  ce  composi- 
teur, il  fallait  des  sentiments  énergiques  ou 
passionnés,  dramatiques  etscéniques;  mais  il 
était  l'homme  le  moins  propre  à  chanter  de 
fades  louanges.  Sa  part  de  travail  dans  les 
Dieux  rivaux  n'eut  pas  plus  d'importance. 
Cet  opéra-ballet,  qu'il  écrivit  avec  Persuis, 
Berlon  et  Kreutzer,  à  l'occasion  du  mariage  du 
duc  de  Berry,  fut  représenté  le  21  juin  1816, 
et  presque  aussi  vite  oublié  que  Pelage.  Mais 
l'année  suivante  fut  marquée  par  un  véri- 
table liiomple  pour  Spontini.  Persuis  venait 
de  remplacer  Choron  dans  la  direction  de 
l'Opéra;  il  avait  à  réparer  les  mauvais  choix 
d'ouvrages  mis  en  scène  par  son  prédécesseur, 
et  à  faire  oublier  les  chutes  successives  de  la 
triste  Natalie,  de  Reicha,  de  la  reprise  de  la 
Pommier  et  le  Moulin,  de  Lemoine,  du  ballet 
des  Sauvages,  et  de  Roger,  roi  de  Sicile,  de 
Berton.  Convaincu  de  la  nécessité  d'employer 
le  talent  de  Sponlini  comme  la  seule  ressource 
de  l'Opéra,  à  cette  époque,  Persuis  com- 
mença par  faire  une  reprise  de  Fernand  Cor- 
tez,  à  laquelle  il  donna  beaucoup  d'éclat  et  de 
luxe.  L'effet  de  l'ouvrage  à  la  première  repré- 
sentation, donnée  le  8  mai  1817,  surpassa  ce- 
lui qu'il  avait  obtenu  huit  ans  auparavant;  ce 
fut  une  véritable  ovation  pour  le  compositeur. 
Le  nouveau  directeur  de  l'Opéra  ne  s'en  tint 
pas  là  ;  car  ayant  résolu  de  remettre  à  la  scène 
les  Danaïdes,  de  Saliéri,  il  chargea  Sponlini 


94 


SPONTINI 


d'en  rajeunir  la  parlilion  par  quelques  mor- 
ceaux nouveaux,  et  l'engagea  à  écrire,  sans 
délai,  la  Colère  d'Achille,  dont  le  poëme 
avait  été  reçu  quelques  mois  auparavant,  et 
Olympie,  dont  le  livret  était  l'ouvrage  de 
Briffant  et  de  Dieulafoy.  Les  airs  ajoutés  par 
Sponlini  à  la  partition  des  Danaides,  et  sur- 
tout une  superbe  bacchanale  au  troisième  acte, 
firent  retrouver  dans  cet  ouvrage  le  génie  qui 
avait  produit  la  J'estale  et  Fernand  Cortez; 
on  y  remarqua  même  une  main  plus  ferme, 
une  connaissance  plus  étendue  des  ressources 
de  l'instrumentation.  Cet  opéra  fut  joué  au 
mois  d'octobre  1817;  la  beauté  de  la  musique, 
le  talent  admirablede  madame  Branchu,  le  jeu 
intelligent  et  dramatique  de  Dérivis,  la  belle 
voix  de  Nourrit  père  ;  des  ballets  et  divertisse- 
ments pleins  de  mouvement,  une  mise  en 
scène  très-bien  entendue,  et  la  belle  décora- 
tion de  l'enfer,  au  dernier  acte,  procurèrent  à 
cet  ouvrage  un  succès  d'enthousiasme  long- 
temps soutenu. 

Olympie,  impatiemment  attendue  et  jouée, 
enfin,  le  15  décembre  1819,  ne  réalisa  pas  les 
espérances  qu'avait  données  le  nom  du  com- 
positeur à  ses  nombreux  admirateurs,  et  fut 
pour  lui-même  une  source  de  déceptions  et  de 
chagrins.  De  tous  les  opéras  qu'il  avait  fait  re- 
présenter jusqu'à  celte  époque;  Olympie  était 
celui  dont  la  conception  avait  été  la  plus  labo- 
rieuse. La  pièce  avait  été  mal  faite  par  les  au- 
teurs; la  marche  en  était  languissante;  les 
situations  dramatiques  étaient  péniblement 
amenées  ;  les  scènes,  mal  coupées  pour  îa  mu- 
sique, étaient  en  grande  partie  remplies  par  un 
interminable  récitatif;  enfin,  le  compositeur 
lui-même  n'avait  plus  retrouvé,  en  écrivant 
sa  partition,  la  verve  jeune  et  dramatique  qui 
brille  dans  la  J'estale  et  dans  Fernand  Cor- 
tez. Sombre  et  triste  dans  presque  toute  son 
étendue,  Olympie  manquait  de  variété  dans 
le  coloris.  Les  poètes  avaient  conservé  beau- 
coup de  vers  empruntés  à  la  tragédie  de  Vol- 
taire sur  le  même  sujet,  ce  qui  plaçait  le  mu- 
sicien dans  la  nécessité  de  lulter  à  chaque 
instant  contre  la  mesure  défavorable  du  vers 
alexandrin.  C'est  ainsi  qu'au  lieu  de  l'air 
final  énergique  et  mouvementé  qu'aurait  dû 
chanter  Olympie,  accompagnée  par  le  chœur, 
les  poètes  avaient  terminé  le  rôle  par  un  réci- 
tatif  sur  ces  vers  : 

Toi,  l'époux  d'Oljmpie,  et  qui  ne  dut  pas  l'être; 
Toi,  qui  me  conservas  par  un  cruel  secours; 
Toi,  par  qui  j'ai  perdu  les  auteurs  de  mes  jours; 
Toi,  qui  m'a  tant  chérie,  et  pour  qui  ma  faiblesse 
Du  plus  fatal  amour  a  senti  la  tendresse  ; 


Tu  crois  mes  lâches  feux  de  mon  àme  bannis  : 
Aprends...  que  je  t'adore...  et  que  je  m'en  punis.. 
Cendres  deSlatira,  recevez  Olympie! 

Ce  langage  peut  être  bon  dans  une  tragédie; 
mais  cela  est  affreux  à  meltre  en  musique  : 
une  scène  d'opéra  qui  finit  ainsi  est  nécessai- 
rement sans  effet.  Olympie  était  un  ouvrage 
manqué,  rempli  de  choses  de  ce  genre.  Spon- 
tini  avait  trouvé  île  belles  inspirations  au  pre- 
mier acte  ;  mais  l'opéra  se  refroidissait  ensuite 
jusqu'à  la  fin,  et  le  talent  de  madame  Branchu 
ne  parvint  pas  à  ranimer  l'intérêt. 

Dès  1814,  Sponlini  avait  été  honoré  de  la 
bienveillance  du  roi  de  Prusse  :  il  composa 
alors  plusieurs  morceaux  pour  la  musique  mi- 
litaire de  la  garde  prussienne.  Lorsque  Fré- 
déric-Guillaume III  entendit,  en  1818,  Fer- 
nand (yortez,  avec  les  changements  faits  dans 
les  dispositions  de  l'ouvrage,  il  en  fut  charmé 
et  prit  la  résolution  d'attacher  Sponlini  à  son 
service.  Le  général  de  Wilzleben,  premier 
adjudant  du  roi,  fut  chargé  de  faire  des  pro- 
positions au  compositeur  pour  la  réalisation  de 
ce  projet;  elles  furent  acceptées,  et  le  contrat 
fut  signé  au  mois  d'août  1819.  D'après  ce  con- 
trai, Sponlini  devait  partir  immédiatement 
après  la  représentation  iVOlympie,  qu'il  es- 
pérait donner  à  la  fin  du  mois  d'octobre;  mais 
les  lenteurs  ordinaires  du  service  de  l'Opéra 
relardèrent  la  représentation  jusqu'au  15  dé- 
cembre. La  saison  d'hiver  parut  alors  trop 
avancée  pour  entreprendre  le  voyage  de  Paris 
à  Berlin  qui,  à  cette  époque,  était  long  et  pé- 
nible :  Sponlini  obtint  du  roi  de  Prusse  l'aulo- 
risation  de  retarder  son  départ  jusqu'au  prin- 
temps. Le  compositeur  employa  ce  délai  à  faire 
des  changements  à  son  Olympie,  et  concur- 
remment à  jeter  sur  le  papier  les  premières 
idées  pour  un  Louis  IX,  opéra  qui  avait  été 
demandé  par  le  ministre  de  la  maison  du  roi, 
et  auquel  le  roi  Louis  XVIII  s'intéressait.  Le 
sujet  plaisait  à  Sponlini,  à  cause  du  caractère 
de  saint  Louis,  et  de  l'opposition  de  coloris 
qu'il  entrevoyait  entre  le  caractère  des  croisés 
et  celui  des  musulmans;  mais  quand  vinl  le 
moment  du  départ  pour  Berlin ,  le  poëme 
n'était  pas  achevé,  et  le  travail  de  celte  pièce, 
étant  interrompu,  ne  fut  plus  repris. 

Lorsque  des  propositions  avaient  été  faites  à 
Sponlini  pour  l'attacher  à  la  cour  de  Berlin, 
l'auteur  de  la  Festale  n'accepta  pas  le  titre 
seul  de  maître  de  la  chapelle  royale,  et  de- 
manda celui  de  directeur  général  de  la  mu- 
sique, en  tout  ce  qui  tenait  au  service  de  la 
cour;  nonobstant  l'opposition  et  le  crédit  du 
comle  de  Briilil,  intendant  du  théâtre  royal  c 


SP0NTIN1 


9è 


«le  la  chapelle,  ces  conditions  furent  acceptées: 
Le  traitement  attaché  à  la  direction  générale 
de  la  musique  fut,  dit-on,  fixé  à  dix  mille  écus 
de  Prusse  (trente-sept  mille  cinq  cents  francs), 
outre  d'autres  avantages  assurés  à  Spontini.Sa 
nouvelle  position  se  composait  de  deux  attri- 
butions, à  savoir,  la  charge  de  compositeur  de 
la  cour,  et  la  direction  générale  de  la  musique. 
Celle-ci  comprenait  l'opéra  et  le  ballet,   la 
musique  de  la  chambre  et  les  concerts,  la  mu- 
sique militaire  et  la  musique  religieuse  de  la 
chapelle.   Jamais  tant  d'autorité   n'avait  été 
donnée  à  un  seul  homme.  Il  est  facile  de  com- 
prendre que  ce  ne  fut  pas  sans  déplaisir  que 
les  artistes  allemands  virent  de  si  grandes  fa- 
veurs accordées  à  un  étranger;  cependant  tout 
ce  qui  dépendait  immédiatement  du  roi,  soit 
dans  la  chapelle,  soit  à  l'opéra,  soit  enfin  dans 
la  musique  militaire,  se  soumit  au  nouveau 
pouvoir  sans  murmurer;  mais  une  opposition 
sérieuse   lui    fut    faite    par   l'intendant    des 
théâtres,  seul  tout-puissant  avant  l'arrivée  de 
Spontini,  et  qui  ne  put  voir  sans  un  vif  chagrin 
une  grande  partie  de  son  autorité  passer  en 
d'autres  mains.  Déjà,  avant  que  le  maitre  fût 
arrivé  à  Berlin, l'intendantavait  fait  retentir  la 
pressesaxonnede  sesdoléancesetde  ses  récla- 
mations, sous  des  noms  supposés.  L'opposition 
de  ce  personnage  était  d'autant  plus  redoutable 
qu'il  disposait  des  faveurs  de  la  subvention. 

Dès  son  entrée  en  fonctions,  Spontini  écrivit 
une  marche  et  un  chant  pour  l'anniversaire  de 
la  naissance  du  roi,  exécutés  leôaoûl  1820,  par 
un  grand  nombre  de  voix  à  l'unisson  avec  ac- 
compagnement d'un  corps  complet  de  musique 
militaire  et  des  instruments  à  archet.  L'exé- 
cution de  cet  ouvrage  fut  dirigée  par  Spontini 
lui-même,  et  son  effet  fut  accueilli  par  des 
transports  d'enthousiasme  :  le  roi,  vivement 
ému,  témoigna  au  compositeur  sa  satisfaction 
en  termes  affectueux  (1).  Déjà  Spontini  avait 
donné  aux  artistes  de  Berlin  une  haute  idée  de 
sa  capacité  comme  directeur  de  musique,  par 
la  manière  dont  il  avait  fait  exécuter  son  opéra 
t\e  Fernand  Cortez,  le  28  juin  précédent.  La 
délicatesse  des  nuances  et  la  précision  qu'il 
donna  à  l'orchestre,  ainsi  qu'aux  chanteurs  et 
aux  choristes  furent  remarquées  par  tous  les 
spectateurs.  Jamais  l'Opéra  de  Berlin  n'offrit 
un  ensemble  aussi  satisfaisant,  une  exécution 
aussi  parfaite,  que  sous  la  direction  de  l'auteur 
de  la  Vestale  :  ses  ennemis  mêmes  n'ont  ja- 
mais nié  sa  supériorité  à  cet  égard. 

(I)  Ce  chan!,  devenir  populaire,  a  élé  publié  sous  ce 
titre:  Preussisclter  Volksgesang  mit  Vollsland.  tiirkisclier 
Musik  und  d.  Slreicltinstr.  Berlin,  Sclilesinger. 


Spontini  avait  trouvé  la  Vestale  montée  et 
au  courant  du  répertoire  du  théâtre  royal,  à 
son  arrivée  à  Berlin  :  il  lui  tardait  d'y  faire 
entendre  son  Olympie,  et  de  prendre  sa  re- 
vanche du  peu  de  succès  de  cet  ouvrage  à 
Paris.  Il  s'occupa  immédiatement  de  le  faire 
traduire  en  allemand,  et  pour  ce  travail  ingrat, 
il  jeta  les  yeux  sur  le  célèbre  écrivain  humo- 
riste Hoffmann  qui,  bon  musicien,  était  en  état 
de  bien  appliquer  les  paroles  à  la  musique. 
Spontini  avait  reconnu  la  justesse  de  quelques 
critiques  faites  à  Paris  de  certains  défauts  de 
son  opéra,  particulièrement  dans  le  dernier 
acte.  Il  fit  refaire  cet  acte  par  Hoffmann  sur 
un  plan  nouveau  :  les  flots  de  Champagne  dont 
il  abreuvait  son  poëte  triomphèrent  de  la  pa- 
resse de  celui-ci.  Spontini  refit  lui-même  une 
grande  partie  de  la  musique  et  en  prépara  le 
succès  par  de  nombreuses  répétitions  faites 
avec  soin.  Le  14  mai  1821,  l'ouvrage  fut  re- 
présenté et  bien  chanté  parBader,  Blum,  Hil- 
lebrand,  mesdames  Milder  et  SchUtz.  Un  luxe 
inaccoutumé  de  mise  en  scène,  de  costumes 
et  de  décorations,  ajouta  au  charme  de  l'exé- 
cution, et  des  applaudissements  unanimes  fu- 
rent prodigués  à  l'œuvre  du  compositeur. 
Spontini  triomphait  de  ce  retour  de  la  faveur 
publique  pour  une  partition  qu'il  affectionnait 
peut  être  plus  que  la  Vestale  et  que  Fernand 
Cortez,  par  cela  même  qu'elle  lui  avait  coûté 
plus  de  travail,  et  qu'elle  avait  été  moins  heu- 
reuse à  Paris. 

Dans  l'hiver  de  1821 ,  il  écrivit,  pour  les  fêles 
de  la  cour,  à  l'occasion  de  la  présence  dugrand- 
duc  Nicolas  et  de  la  grande-duchesse,  son 
épouse,  à  Berlin,  l'opéra-ballelde  LallaRookh, 
dont  le  sujet  avait  été  pris  dans  le  poëme  de 
Thomas  Moore.  Plus  lard,  il  se  servit  d'une  ro- 
mance, d'un  petit  chœur,  d'une  marche  et  de 
deux  airs  de  ballet  de  cet  ouvrage  dans  son 
opéra  intitulé  Nurmahal,  ou  la  fête  de  la  rose 
de  Cachemire,  ouvrage  en  deux  actes  dont  le 
livret  avait  élé  fait  par  M.  Herklotz,  d'après  la 
traduction  allemande,  très-estimée,  que  le  bi- 
bliothécaireSpicker  avait  faite  de  LallaRookh, 
roman  poétique  de  Moore.  Cet  opéra-ballet, 
écrit  en  huit  semaines,  paroles  et  musique,  eut 
du  succès  et  fut  repris  plus  tard. 

En  1822,  Spontini  usa  du  congé  annuel  sti- 
pulé dans  son  contrat  avec  la  cour  de  Prusse 
pour  visiter  l'Italie  et  revoir  le  lieu  de  sa  nais- 
sance, où  il  n'avait  pas  été  depuis  vingt  ans; 
puis  il  se  rendit  à  Paris.  Le  temps  et  ses  succès 
en  Allemagne  lui  avaient  fait  oublier  les  an- 
ciennes cabales  de  ses  adversaires,  et  ce  fut 
avec  un  vif  plaisir  qu'il  se  retrouva  dans  celte 


96 


SPOiNTINI 


grande  ville,  au  sein  de  la  famille  à  laquelle  il 
s'était  allié  et  de  quelques  amis  dévoués.  Jouy 
voulut  profiter  de  son  séjour  à  Paris  et  l'en- 
gagea  à   s'occuper  de  son  opéra  les  athé- 
niennes, dont  il  avait  écrit  autrefois  quelques 
morceaux;  mais  nonobstant  les  changements 
faits  par  M.  Philarète  Cliasles  au  poème  de  cet 
ouvrage,  en  collaboration  avec  Jouy,  jamais 
la  coutexlure  du  livret  ne  satisfit  Spontini  :  le 
dénoûment,  en  particulier,  lui  parut  toujours 
impossible  et  le  découragea.   Après  sa  mort, 
on  n'a  retrouvé  que  quelques  fragments  de  sa 
musiquesur  ce  sujet.  Au  mois  de  janvier  1823, 
il  quitta  Paris  pour  retourner  à  Berlin.  Dans 
le  courant  de  1824,  le  roi  demanda  à  Spontini 
un  grand  opéra  pour  fêter  le  mariage  du  prince 
royal  (depuis  lors  Frédéric  Guillaume  IV,  roi 
de  Prusse).  La  difficulté  consistait  à  trouver 
un  poème  :  plusieurs  ouvrages  allemands  fu- 
rent présentés  au  compositeur,  mais  aucun  ne 
l'ayant  satisfait,  il  demanda  au  roi  l'autorisa- 
tion de  faire  venir  un  littérateur  de  Paris,  ce 
qui   lui  fil  accordé.  Celui  qu'il  avait  en  vue 
n'ayant    pu   venir    à    Berlin,    on   lui  envoya 
Théaulon,  qui,  pointant,  n'avait  rien  de  prêt, 
et  qui  même  était  à  la  recherche  d'un  sujet. 
Spontini  et  lui    finirent   par  découvrir  celui 
(VAlcidor  dans  un  ancien  livret  d'opéra-féerie 
français   écrit    par    Rochon    de    Chabannes. 
Théaulon  se  mil  à  l'ouvrage;  mais  Spontini 
était  rarement  satisfait  de  ce  qu'il  lui  appor- 
tait. Il  fallut  souvent  recommencer;  l'ouvrage 
n'avançait  pas,  et  le  temps  s'écoulait.   Enfin, 
il  devint  évident  qu'il  serait  impossible  d'être 
prêt  pour  le  5  octobre,  date  fixée  pour  la  re- 
présentation. On  dut  se  borner  à  une  cantate 
suivie  d'un  ballet.  Théaulon  retourna  à  Paris, 
laissant  l'ouvrage  seulement  ébauché.   Dans 
son  embarras,  Spontini  prit  le  parti  de  faire 
lui-même  le  scénario  rie  la  pièce  ;  un  Français, 
homme  d'esprit  appartenant  à  la  société  dis- 
tinguée, lui  vint  en  aide  en  faisant  les  vers,  le 
poète  allemand  Herklotz  fit  la  traduction,  et 
l'opéra   tVAlcidor  fut   représenté   le  25   mai 
1825,  pour  le  mariage  de  la  princesse  Louise, 
troisième  fille  du  roi,  avec  le  prince  Frédéric 
des  Pays-Bas.  Comme  tous  les  sujets  féeriques, 
Alcidor  péchait  par  le  défaut  d'intérêt  dra- 
matique, élément  nécessaire  pour  le  génie  de 
Spontini;    sa    musique    était   brillante;   il  s'y 
trouvait  de  bons  chœurs  et  un  trio  en  canon 
qui  fut    fort  applaudi  ;    néanmoins  c'était  un 
ouvrage  faible  comparé  à  ceux  qui  ont  fait  sa 
gloire.  Après    huit  représentations,  il  y  eut 
une  interruption  par  le  départ  de   madame 
Ittilder,  qui  avait  un  congé.  Alcidor  fui  repris 


en  1829,  en  1833  et  en  1836,  mats  il  n'eut 
chaque  fois  qu'un  petil  nombre  de  représenta- 
tions. 

A  l'occasion  du  couronnement  de  l'empereur 
et  de  l'impératrice  de  Russie,  la  cour  de  Prusse 
demanda  au  directeur  général  de  musique  un 
hymne  de  fêle,  dont  il  fit  une  composition 
grandiose,    exécutée    le    18    janvier    1827, 
et    répétée    le    9    mai    de  la    même    année 
dans  un  concert.  Ce  fut  aussi  dans  la  même 
année  que  Spontini  fit  exécuter,  pour  la  fête 
du  roi,  le  premier  acte  de  son  opéra  Agnès  de 
Hohenstaufen,  dont   Raupach    avait   fail   le 
livret.  Il  n'acheva  cet  ouvrage  que  deux  ans 
après  et  en  refit  de  nouveau  une  grande  partie 
en  1837.  La  critique  passionnée  que  fit  Rell- 
slab  (voyez  ce  nom)  du  premier  acte  de  cet  ou- 
vrageexcita  l'indignation  du  composileurqui, 
malheureusement,  ne  sut  pas  se  contenir,  et 
qui  se  compromit  par  excès   de  sensibilité. 
Rellstab,  homme  d'esprit  plus  que  musicien 
instruit,  venait  d'être  chargé  de  la  rédaction 
de  la  Gazette  de  Voss,  à  laquelle  il  donna  de 
la  popularité  par  le  piquant  de  son  style.  Une 
haine  contre  Spontini,  dont  les  motifs  ne  sont 
pas  connus,  la  poussa  à  écrire  de  violents  ar- 
ticles contre  ce    maitre.    Déjà  il  avait  voulu 
publier  une  brochure   intitulée    :    Ueber  die 
Thealervertvaltung  Sponlini's   (Sur  l'admi- 
nistration théâtrale  de  Spontini),  dans  laquelle 
il  affirmait  que  le  directeur  général  de  la  mu- 
sique de  la  cour  écartait  de  la  scène  tous  les 
ouvrages  des  compositeurs  dont  le  talent  lui 
donnait  de  l'ombrage,  et  que  lorsqu'il   était 
obligé  d'en  faire  représenter  un,  il  en  négli- 
geait la  mise  en  scène,  pour  qu'il  ne  produisit 
pas  d'effet,  réservant  tous  ses  soins  pour  ses 
propres  opéras.  La  censure  supprima  cet  écrit. 
Le  ressentiment  qu'en  eut  Rellstab  se  traduisit 
((ans  une  satire  accueillie  parles  frères  Scholt, 
de  Mayence,  et  qui   parut  dans  le  quatrième 
volume  de  l'écrit  périodique  Cxcilia  (p.  1  et 
suiv.),  sous  le  titre  :  Ans  dent  Nachlas  eines 
junger  Kunstler  (Extrait  des   papiers  d'un 
jeune  artiste).  Un  peu  plus  lard  parut, dans  le 
même  recueil  (tome  VI,  p.   1   et  suiv.),  une 
nouvelle  intitulée  Julius,  également  dirigée 
contre  Spontini.  Le  nom  du  maitre  ne  parais- 
sait jias  dans  ces  libelles;   mais  lui-même  y 
était  si  bien  peint  par  ses  habitudes  et  par  son 
langage,  que  personne  ne  s'y  trompa.  Tout  ce 
qui  pouvait  blesser  le  cœur  de  l'artiste  s'y 
trouvait  réuni  et  disposé  avec  habileté.  Agnès 
de  Hohenstaufen  fut  une  nouvelle  occasion  de 
dénigrement  pour  les  sentiments  haineux  «le 
Rellstab  :  il  la  saisit  pour  attaquer  le  maitre 


SPONTINI 


97 


avec  violence  dans  la  Gazelle  de  Foss.  Dans 
son  amère  critique,  il  osa  mettre  en  doute  que 
l'auteur  de  Lalla  Rookh,  de  Nurmahal,  d'Al- 
cidor  et  du  dernier  ouvrage  fut  celui  de  la 
Festale  et  de  Cortez.  Blessé  dans  son  honneur 
comme  dans  ses  sentiments  d'artiste,  Spontini 
demanda  à  la  justice  réparation  des  outrages 
du  journaliste  el  de  la  diffamation  de  son  ca- 
ractère. Rellstab  fut  en  effet  condamné  à 
quelques  mois  de  détention.  Il  faut  le  dire, 
Spontini  fui  imprudent  en  celle  circonstance; 
car  le  procès  qu'il  fit  à  Rellstab  donna  de  l'im- 
portance aux  attaques  du  journaliste.  Autant 
la  critique  savante,  polie  et  consciencieuse  est 
respectable  et  a  de  portée,  autant  celle  qui  se 
puise  dans  de  mauvaises  passions  et  emploie 
les  armes  de  la  mauvaise  foi  est  méprisée.  Le 
silence,  le  dédain  sont  les  seules  ressources  de 
l'artiste  de  mérite  en  bulle  aux  traits  de  celle- 
ci.  D'ailleurs  Spontini  aurait  dû  comprendre 
queRellstab  n'était  pas  isolé  dans  ses  attaques, 
et  qu'il  y  avait  derrière  lui  tout  un  parti  d'en- 
vieux dont  le  journaliste  n'était  que  l'organe 
responsable. Loin  d'être  abattu  parla  condam- 
nation, ce  parti  ne  devint  que  plus  ardent  à 
poursuivre  sa  tâche  de  dénigrement  et  de  ca- 
lomnie. L'auteur  de  la  Festale  en  vit  bientôt 
les  effets  dans  une  brochure  piquante  que 
Rellstab  fit  paraître  à  Leipsick  sous  ce  titre  : 
Ueber  mein  Ferhxltniss  als  Kritiker  zu 
Ilerrn  Spontini  als  Componisten  und  Ge- 
neral-Musik-Director  in  Berlin  (Sur  mes 
rapports,  comme  critique,  avec  M.  Spontini, 
en  sa  qualité  de  compositeur  et  de  directeur 
général  de  musique  à  Berlin).  En  France,  tout 
le  bruit  d'une  affaire  de  ce  genre  est  fini  en 
huit  jours;  il  n'en  est  pas  ainsi  en  Allemagne  : 
les  années  se  succèdent  avant  qu'on  en  ait 
épuisé  les  commentaires. Les  journaux  s'occu- 
pèrent de  la  brochure  de  Rellstab  et  l'analy- 
sèrent rn  raison  des  dispositions  des  rédac- 
teurs. Les  luttes  de  part  et  d'autre  furent  sans 
doute  bien  ardentes,  car  l'affaire,  commencée 
en  1826,  agitait  encore  Berlin  en  1850,  et 
même  longtemps  après.  On  en  a  la  preuve  dans 
la  défense  de  Spontini  que  Dorn,  alors  direc- 
teur de  musique  à  Riga,  et  plus  tard  maître  de 
chapelle  chargé  de  la  direction  du  théâtre 
royal  de  Berlin,  publia  en  18-30,  sous  le  voile 
de  l'anonyme.  Sa  brochure  avail  pour  litre  : 
Spontini  in Deutschland  oder  unpartheiisclie 
TFiirdigung  seiner  Leistungen  wxrend 
seines  Jufenthalts  dasselbst  in  der  Letztcn 
zehn  Jahren  (Spontini  en  Allemagne,  ou  ju- 
gement impartial  de  ses  travaux  pendant  les 
dix  années  de  son  séjour  dans  ce  pays).  Le  ton 

BIOGR.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


sage  et  modéré  de  cet  écrit  et  les  connaissances 
dont  l'auteur  y  l'ail  preuve  produisirent  une 
impression  favorable  sur  les  esprits  droits  qui 
ne  se  mêlent  pas  aux  intérêts  de  partis,  mais 
n'imposèrent  pas  silence  aux  ennemis  du 
compositeur.  Le  vieux  levain  fermentait  encore 
en  183-3,  lorsque  Charles-Frédéric  MUller  de 
Berlin  publia  un  petit  écrit  sous  le  titre  : 
Spontini  et  Rellstab  (Berlin,  Bechlold,  in-16). 
L'auteur  de  cette  brochure  annonçait  l'inten- 
tion d'une  grande  impartialité  :  Je  ne  suis  pas 
plus  l'ennemi  de  31.  Spontini  que  l'ami  de 
M.  Rellstab,  dit-il,  et  je  veux, sans  m'occuper 
de  ce  qui  est  étranger  à  la  cause,  ne  parler 
que  des  faits.  Malheureusement,  la  suite  de 
l'écrit  ne  justifie  pas  le  début.  M.  Millier  com- 
mence par  établir  que  Spontini  est  arlisle,  et 
que,  comme  tel,  il  ne  peut  se  soustraire  à  la 
critique;  mais  il  oublie  qu'autre  chose  est  la 
critique  ou  la  diffamation.  Il  croit  que  la 
vie  privée  seule  doit  être  à  l'abri  des  attaques 
de  la  presse  :  mais  la  vie  publique  de  l'artiste 
ne  doit  pas  être  plus  exposée  aux  fausses  inter- 
prétations. Ses  ouvrages  seuls  sont  justiciables 
de  la  critique,  si  celle-ci  a  la  capacité  néces- 
saire pour  leur  appréciation  ;  ce  qui  est  fort 
rare. 

L'irritation  éprouvée  par  Spontini  de  tant 
de  tracasseries  s'augmenta  malheureusement 
chaque  année;  cette  irritation  fut  plus  tard 
très-nuisible  à  ses  intérêts.  Cependant,  il 
étail  bon,  serviable,  et  plus  généreux  que  ne 
le  sont  la  plupart  des  artistes  de  notre  temps. 
Au  nombre  de  ses  détracteurs  et  ennemis  se- 
crets se  trouvaient  beaucoup  d'ingrats  qu'il 
avait  protégés.  C'était  à  lui  qu'était  due  l'in- 
stitution de  la  caisse  de  secours  pour  les  ar- 
tistes du  Théâtre-Royal  ;  il  en  avait  fourni  les 
premiers  fonds,  et  donnait  chaque  année,  pour 
en  accroître  les  ressources,  le  produit  du  con- 
cert annuel  qui  était  un  des  avantages  dont  il 
jouissait  comme  en  avaient  joui  tous  les 
maîtres  de  chapelle  ses  prédécesseurs.  Il  y 
réunissait  tout  ce  qui  pouvait  le  rendre  pro- 
ductif. Beaucoup  déjeunes  gens  qui  se  desti- 
naient à  l'art,  ou  qui  commençaient  à  s'y  dis- 
tinguer, avaient  reçu  de  lui  des  secours  ou  des 
encouragements. 

Les  artistes  du  Théâtre-Royal  de  Berlin  lui 
furent  aussi  redevables  de  bons  conseils  pour 
le  développement  et  le  perfectionnement  de 
leur  talent.  On  sait  que  Pari  du  chant  est  peu 
connu  en  Allemagne,  et  que  les  acteurs  se  font 
plus  remarquer  parleur  sentiment  dramatique 
que  par  la  correction  de  leur  vocalisation. 
Spontini, dont  l'éducation  musicale  avait  com- 

7 


98 


SPONTINI 


mencé  précisément  par  le  chant,  suivant  l'an- 
cienne méthode  des  écoles  d'Italie,  apprit  à 
madame  Milder,  à  mademoiselle  Schœtzel,  à 
Bader,  à  Blume,àtous  les  chanteurs  qui  furent 
placés  sous  sa  direction  pendant  vingt  ans,  à 
poser  le  son,  à  respirer,  à  bien  articuler  le 
chant,  enfin  à  donner  à  leurs  rôles  le  carac- 
tère qui  seul  pouvait  réaliser  la  pensée  des 
■compositeurs.  Son  orchestre,   dans  lequel  il 
avait  réuni  les  meilleurs  artistes,  entre  autres 
Mœser,  comme  chef  des   premiers  violons  et 
directeur    de     musique,    les     violoncellistes 
Hannsmann  et  Ganz,  Baermann  pour  le  bas- 
son, Hambuch  pour  le  hautbois,  Lenz  pour  le 
cor,  et  beaucoup  d'autres  ;  cet  orchestre,  dis- 
je,  avait  appris  de  Sponlini  l'art  des  nuances 
délicates  et  d'une  précision  parfaite.  A  la  tête 
d'un  grand  orchestre  et  d'un  chœur    nom- 
breux, l'auteur  de   la  T'estale  et  de  Cortez 
était  un  héros.  Son  talent  en  ce  genre  était  si 
bien  connu  dans  toute  l'Allemagne,  qu'il  fut 
souvent  sollicité  de  prendre  la  direction  des 
fêtes  musicales  qui  se  donnaient  dans  diffé- 
rentes villes.  Au  festival  organisé  à  Halle  par 
Naue,  directeur  de  musique  à  l'université,  il 
excita  le  plus  vif  enthousiasme  par  la  chaleur 
cl  l'intelligence  de  sa  direction.  L'université 
lui  témoigna  sa  reconnaissance  par  le  diplôme 
de  docteur  en  philosophie  et  beaux-arts.  De- 
puis que  Sponlini  s'est  retiré  de  la  direction 
générale  de  la  musique  à  Berlin,  la  décadence 
dans  la  valeur  des  chanteurs  et  dans  le  fini  de 
l'exécution  a  fait  voir  qu'il  était  plus  facile  de 
l'obliger  à  s'éloigner  d'une  position  enviée  que 
de  le  remplacer. 

Le  premier  engagement  de  Sponlini  avec  le 
roi  de  Prusse,  Frédéric-Guillaume  III,  avait 
été  contracté  pour  dix  ans  ;  il  était  arrivé  à  son 
terme  le  28  mai  1830,  mais  il  fut  renouvelé 
pour  dix  autres  années.  A  cette  occasion,  le 
roi  lui  accorda  un  congé  pour  visiter  Paris 
et  sa  famille.  Il  en  obtint  un  autre,  en  18-38, 
lorsqu'il  se  présenta  comme  candidat  pour  la 
place  vacante  à  l'Académie  des  beaux-arts  de 
l'Institut,  après  la  mort  de  Paër.  L'engagement 
qu'il  prit  alors  de  revenir  à  Paris  lui  fit  obtenir 
sans  peine  l'élection  qu'il  désirait.  Il  partit 
d'abord  pour  l'Italie,  se  rendit  à  Jesi,  et  y  fit 
don  à  la  ville  d'une  somme  de  trente  mille 
francs  pour  le  rétablissement  du  monl-de- 
piété,  qui  avait  été  pillé  et  détruit  à  l'époque 
des  conquêtes  de  l'armée  française.  Arrivé  à 
Rome  vers  le  milieu  de  novembre,  il  y  fut  pré- 
senté au  pape  par  le  cardinal  Ostini,évêque  de 
Jesi,  et  s'entretint  longtemps  avec  le  Saint- 
Père  de  la  restauration  de  la  musique  d'église. 


11  conçut  aussi,  ;i  la  môme  époque,  un  plan 
pour  la  publication  d'une  grande  collection  de 
musique  religieuse  composée  par  les  maîtres 
anciens  les  plus  célèbres.  Le  programme  en 
fut  publié  et  les  conditions  de  la  souscription 
répandues  par  les  journaux;  mais  déjà  à  celle 
époque,  à  l'exception  de  Baini,  devenu  vieux 
et  uniquement  occupé  de  Palestrina,  il  n'exis- 
tait personne  qui  pût  diriger  une  semblable 
entreprise,  et  celle-ci  resta  à  l'état  de  projet. 
Après  avoir  ensuite  passé  quelque  temps  à  Na- 
ples,  Sponlini  retourna  à  Paris.  A  l'expiration 
de  son  congé,  il  partit  pour  Berlin.  La  mort 
du  roi  Frédéric-Guillaume  III,  au  mois  de 
juin  1840,  fut  pour  lui  la  cause  d'un  profond 
chagrin.  Le  24  du  même  mois,  les  choeurs 
réunis  de  l'Opéra,  de  la  chapelle  et  des  autres 
institutions  musicales  exécutèrent,  sous  la  di- 
rection de  Sponlini,  dans  le  palais  neuf,  à  Pols- 
dam,  le  De  Profundis,  de  Gluck,  le  Requiem, 
de  Mozart,  et  quelques  morceaux  choisis  dans 
les  œuvres  de  Hœndel  ;  cette  musique,  par  sa 
beauté  ainsi  que  par  la  perfection  de  l'exécu- 
tion, produisit  une  profonde  impression  sur 
le  roi  et  sur  la  cour. 

Le  deuxième  engagement  de  dix  ans,  con- 
tracté par  Spontini  avec  le  feu  roi  était  arrivé 
à  sa  fin  depuis  le  mois  de  mai  1840.  Son  in- 
tention était  de  se  retirer  pour  retourner  à 
Paris,  suivant  la  promesse  qu'il  avait  faite  à 
l'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut  de 
France.  Le  nouveau  roi  Frédéric  -  Guil- 
laume IV  avait  l'intention  de  renouveler  le 
contrat;  mais  les  dégoûts  que  faisait  éprouver 
à  Spontini  depuis  quelque  temps  l'intendance 
générale  des  théâtres  royaux,  pour  ressaisir 
ses  anciennes  attributions,  lui  fit  prendre  la 
résolution  de  demander  l'autorisation  de  re- 
tourner en  France.  Le  roi  souscrivit  à  son  dé- 
sir ;  mais  il  voulut  que  le  directeur  général  de 
sa  musique  conservât  tous  ses  titres  :  il  fixa 
généreusementsa  pension  à  lasomme  annuelle 
de  seize  mille  francs.  Spontini  s'éloigna  de 
Berlin,  dans  le  mois  de  juillet  1842,  et  se  rendit 
en  Italie 

De  retour  à  Paris,  au  mois  de  mai  1845,  il 
fit  des  démarches  auprès  de  l'administration 
de  l'Opéra  pour  faire  reprendre  ses  anciens 
ouvrages  avec  les  soins  et  les  études  néces- 
saires; mais  il  n'y  trouva  pas  de  bon  vouloir. 
Déjà,  en  1841,  il  avait  pu  juger  des  mau- 
vaises dispositions  de  cette  administration 
lorsque  le  directeur  (M.  Duponchel),  pour  sa- 
tisfaire au  cahier  des  charges  qui  l'obligeait  à 
remettre  au  répertoire  d'anciens  ouvrages,  fit 
choix  de  Fernand  Cortez.  Spontini  lui  fit  of- 


SPONTINI 


99 


frir  de  venir  lui-même  diriger  les  répétitions 
à  Paris,  lui  proposant  en  outre  de  substituer 
au  pitoyable  dénoùment  adopté  à  l'Opéra,  ce- 
lui qui  avait  été  fait  à  Berlin,  et  demandant 
rjue  la  représentation  fût  retardée  jusqu'au 
mois  d'octobre,  au  lieu  du  mois  d'août.  Toutes 
ces  propositions  furent  repoussées  par  le  di- 
recteur de  l'Opéra;  alors  Spontini  lui  fit  faire 
défense  par  huissier  de  jouer  son  ouvrage,  ne 
voulant  pas  qu'il  fût  mal  jugé  sur  une  reprise 
sans  étude  et  sans  soins;  l'affaire  fut  portée  au 
tribunal  de    commerce,   qui   donna  gain  «le 
cause  au  compositeur.   Sur  l'appel  interjeté 
par  le  directeur,   on   représenta    à  la    cour 
royale  que  le  droit  accordé  à  un  auteur  de  re- 
tirer un  ouvrage  resté  longtemps  au  réper- 
toire serait  un  précédent  fâcheux  qui  causerait 
de  grands  embarras  aux  administrations  de 
théâtre;  Spontini  perdit  son  procès,  et  Fer- 
nand  Cortez  fut  représenté  de  la  manière  la 
plus  misérable.  On   comprend  que,  quelque 
justes  que  fussent  ses  réclamations,  il  n'avait 
rien  à  attendre  d'une  administration  si  mal 
disposée.  Elle  lui  opposait  l'empire  de  lamode. 
La  mode!  ce  mot  seul  allumait  la  bile  de  l'au- 
teur de  la  Vestale;  il  n'en  voulait  pas  recon- 
naître la  puissance  en  ce  qui  concerne  la  va- 
leur des  ouvrages  d'art.  Certes,  il  avait  raison 
en  ce  sens,  que  le  beau,  caractérisé  par  ses 
attributs  incontestables,  est  de  tous  les  temps; 
«ar  s'il  pouvait  cesser  un  jour  d'être  réelle- 
ment le  beau,  il  ne  l'aurait  jamais  été.  Mais 
au  théâtre,  indépendamment  des  qualités  es- 
sentielles de    l'ouvrage  représenté,  à  savoir 
l'inspiration  et  le  sentiment,  il  y  a  des  habi- 
tudes, des  conventions,  des  formes  qui,  tour 
à  tour,  sont  ou  cessent  d'être  en  usage,  qu'on 
finit  par  ne  plus  comprendre  et  qu'on  ne  sait 
plus  interpréter.  N'avons  nous  pas  vu  naguère 
YAlccste,  de  Gluck,  travestie  d'une  manière 
ridicule,  faisant  naître  l'ennui  dans  la  vaste 
salle  de  l'Opéra,  et  appréciée  à  rebours  du 
bon  sens  par  la  presse?  L'état  moral  des  po- 
pulations exerce  sur  les  dispositions  des  spec- 
tateurs des  influences  qui  ne  s'expliquent  pas, 
mais  qui  ne  sont  pas  moins  réelles.  Aux  géné- 
rations fiévreuses,  il  faut  des  commotions;  les 
idylles,  si  belles,  si  parfaites  qu'elles  fussent, 
ne  leur  donneraient  que  de  l'ennui;  or,  on 
sait  comment  se  traduit  l'ennui   au  théâtre. 
Au  piano,  dans  des  concerts,  dans  des  circon- 
stances spéciales,  on    pourra  exciter  la  plus 
vive  admiration   pour   des  œuvres  anciennes 
qui  ne  seront  pas  dans  les  tendances  du  jour. 
Spontini  a  vu  lui-même  un  de  ces  élans  spon- 
tanés de  toute   une    assemblée    lorsque,   le 


15  avril  1845,  des  fragments  de  sa  Vestale 
furent  exécutés  dans  un  des  concerts  du  Con- 
servatoire de  Paris;  jamais  l'expression  du 
plaisir  et  de  l'admiration  n'alla  plus  loin.  Ré- 
cemment encore  le  même  effet  s'est  produit 
dans  le  même  lieu  ;  mais  le  public  des  con- 
certs du  Conservatoire  est  composé  d'artistes 
et  d'amateurs  instruits  qui  aiment  l'art  sé- 
rieux; ce  n'est  pas  lui  qu'on  rencontre  au 
théâtre.  L'illustre  maître,  me  parlant  de  la 
musique  qu'il  entendait  à  l'Opéra  depuis  son 
retour,  la  qualifia  de  féroce;  sans  discuter  la 
justesse  de  l'expression,  on  comprend  que 
cette  musique  lui  était  antipathique.  Il  aimait 
l'art  noble  et  ne  pouvait  se  dissimuler  qu'il 
rapportait  ce  goût  en  France  au  milieu  des 
penchants  démocratiques  dont  il  avait  hor- 
reur. 

Spontini  retrouvait  de  temps  en  temps  des 
éclairs  de  son  ancienne  gloire;  c'est  ainsi  que 
des  fragments  de  la  Vestale,  exécutés  dans  un 
festival,  à  Cologne,  en  1847,  n'y  ont  pas  fait 
naître  moins  d'enthousiasme  que  des  représen- 
tations du  même  opéra,  dirigées  par  l'auteur, 
n'en  avaient  excité  à  Dresde,  en  1844.  A  Co- 
penhague, cet  ouvrage  avait  fait  éclater  des 
transports  d'admiration,  et  le  roi  de  Danemark 
avait  envoyé  à  Spontini,  en  témoignage  de  sa 
satisfaction,  la  décoration  de  l'ordre  de  Dane- 
brog.  Enfin,  lorsque  l'illustre  compositeur  vi- 
sita Berlin,  quelques  années  après  sa  retraite, 
le  roi  lui  fit  le  meilleur  accueil,  lui  exprima  la 
satisfaction  qu'il  éprouvait  de  le  revoir,  et  lui 
parla  du  plaisir  qu'il  se  promettait  d'entendre 
ses  ouvrages  bien  exécutés. 

Dans  les  dernières  années  de  Spontini,  des 
atteintes  de  surdité  se  firent  sentir  et  sa  mé- 
moire s'affaiblit.  L'espoir  de  retrouver  ses 
facultés  intactes  et  la  santé  sous  le  beau  ciel 
qu'il  l'avait  vu  naître  lui  fit  prendre  la  résolu- 
tion de  se  rendre  dans  les  États  romains.  Jesi 
le  reçut  avec  des  honneurs  qu'on  n'accorde 
qu'aux  têtes  couronnées.  Il  y  passa  quelque 
temps,  puis  il  voulut  revoir  le  village  de  Ma- 
jolati,  berceau  de  son  enfance.  Il  s'y  trouvait 
depuis  plusieurs  mois  lorsque,  nonobstant  un 
rhume  dont  il  souffrait,  et  malgré  les  instances 
de  sa  femme,  il  voulut  aller  à  l'église:  le  froid 
l'y  saisit,  la  fièvre  survint,  et  le  24  janvier 
1851,  il  expira  dans  les  bras  de  son  angélique 
compagne. 

Jamais  artiste  ne  fut  comblé  de  plus  d'hon- 
neurs et  de  distinctions.  Il  était  directeur  gé- 
néral de  musique  de  la  cour  de  Prusse;  docteur 
en  philosophie  et  arts  par  diplôme  de  l'univer- 
sité de  Halle;   membre  de    l'Académie    des 


100 


SPONTINI  -  SPR1NG 


beaux-arts  de  l'Institut  de  France  ;  membre 
associé  de  la  classe  des  beaux-aris  de  l'Acadé- 
mie royale  de  Belgique,  de  la  Société  autri- 
chienne des  amis  de  la  musique,  de  l'Académie 
de  Stockholm,  de  l'Académie  de  Sainte-Cécile, 
de  Rome,  de  la  Société  de  Hollande  pour  les 
progrès  de  la  musique,  et  de  plusieurs  sociétés 
savantes; -crée  comte  de  Sant'  Andréa  par  le 
pape,  décoré  de  l'ordre  de  Saint-Grégoire-le- 
Grand,  officier  de  la  Légion  d'honneur  et  de 
l'ordre  de  Léopold  de  Belgique,  chevalier  de 
l'ordre  du  Mérite  de  Prusse  et  de  la  troisième 
classe  de  l'Aigle-Rouge,  chevalier  de  l'ordre 
de  Danebrog  de  Danemark,  de  l'ordre  de 
François Ier  de  Naples,  commandeur  de  l'ordre 
de  Hesse-Darmstadt,  etc.,  etc. 

Les  notices  biographiques  de  Spontini  qui 
ont  été  publiées  sont:  1°  M.  Spontini,  par 
un  homme  de  rien  (M.  Louis  de  Loménie); 
Paris,  1841,  in-12.  2°  Spontini  (par Edouard- 
Marie  OEttinger);  Leipsick,  1843,  in-16. 
Elogio  del  cavalière  Gaspare  Spontini,  conte 
di  S.  Andréa,  letto  nel  26  febbrajo  1851, 
neila  chiesa  plebale  di  iïlajolati  da  G.  Igna- 
zio  Monlanari  (avec  de  nombreuses  notes 
biographiques  et  des  pièces  authentiques); 
Ancona,  dalla  tipographia  Aureli,  1851,  de 
cinquante-six  pages.  4"  Notice  historique  sur 
la  vie  et  les  ouvrages  de  M.  Spontini,  par 
Raoul-Rochette,  secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  de  l'Institut;  Paris,  Fir- 
min  Didot,  1852,  in-4°. 

SPOINTOI\I  (Bartiiolomé)  ,  compositeur 
vénitien,  vécut  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  On  connaît  de  sa  composition  :  1°  Ma- 
drigali a  cinque  voci;  Venise,  1504,  in-4°. 
Une  deuxième  édition  du  même  recueil  a  été 
publiée  dans  la  même  ville,  en  158-3,  in-4°. 
2°  Il  secondo  libro  di  Madrigali,  a  cinque 
voci; 'MA.  y  1507,  in-4°.  5°  Madrigali  a  cin- 
que voci.  Libro  terzo;  J'cnelia,  app.  Angelo 
Gardano,  1583,  in -4°.  On  trouve  quelques 
morceaux  de  ce  musicien  dans  les  recueils  sui- 
vants :  4°  De'  floridi  virluosi  d'Italia  il  terzo 
libro  de'  madrigali  a  cinque  voci  nuovu- 
mente  composti  e  dati  in  luce;  in  Venezia, 
pressa  Giacomo  Fincenti,  1586.  5°  Sym- 
phonia  Angelica.  Di  diversi  eccellentissimi 
musici  Madrigali  a  A,  5  et  6  voci,  nuova- 
mente  raccolta  per  Huberlo  Waelrant;  in 
Anversa,  appresso  Pietro  Phalesio  et  Giov. 
Bellero,  1594,  in-4°.  6°  Madrigali  pastorali 
a  set  voci  descritti  da  diversi,  e  posti  in  mu- 
sica  da  altrettanli  musici;  ibid.,  1604,  in-4°. 

SPOINTOINI  (Alexandre),  compositeur,  né 
à  Bologne,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 


fut  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Forli.  Il  est  cité  avec  éloge  par  Cerreto,  dans 
sa  Prattica  musica.  On  connaît  de  ce  musi- 
cien :  II  primo  libro  de  Madrigali  a  cinque  e 
sei voci;  Venise,  Angelo  Gardano,  1585,  in-4°. 

Un  autre  compositeur  du  nom  de  Spontoni 
(D.  Luigi)  n'est  connu  que  par  un  ouvrage 
intitulé  :  Il  primo  libro  de  Madrigali  a  cin- 
que voci;  Fenetia,  app.  Antonio  Gardanor 
1569, in-4° obi. 

8POURNI,  ou  plutôt  SPURNI  (Chré- 
tien), musicien  allemand,  né  à  Manheim,  entra 
comme  contrebassiste  à  la  Comédie  italienne 
de  Paris,  en  1763,  et  y  resta  jusqu'en  1770.  Il 
accepta  dans  cette  année  une  place  de  contre- 
basse au  théâtre  du  roi,  à  Londres.  Il  passa  le 
reste  de  ses  jours  dans  cette  ville,  où  il  pu- 
blia, en  1783,  six  trios  pour  flûte,  violon  et 
basse. 

SPREI\GEL  (Pierre-Natiumel),  pasteur 
à  Grossmangelsdorff,  près  de  Magdebourg, 
naquit  à  Brandebourg,  le  7  avril  1737,  et  mou- 
rut le  1er  avril  1814.  On  a  de  lui  une  descrip- 
tion des  arts  et  métiers  avec  beaucoup  de 
planches,  intitulée  :  Handvcerhe  und  Kilnste 
in  Tabellen;  Berlin,  1767-1797.  Dix-huit 
livraisons  in-8°.  La  onzième  partie,  publiée  en 
1773,  contient  :  1°  la  description  des  clavecins 
et  pianos  (pages  240  à  270);  2° celle  de  la  con- 
struction des  violons,  altos,  violoncelles,  luths 
et  harpes  (pages  271  à  290)  ;  3°  l'art  de  la  fac- 
ture des  orgues  (p.  291  et  suivantes). 

SPRENGEL  (Mathieu -Chrétien),  né  à 
Rostock,  le  24  août  1746,  fit  ses  études  à  l'uni- 
versité de  Gœltingue,  fut  nommé,  en  1778, 
professeur  extraordinaire  à  la  faculté  de  phi- 
losophie de  cette  ville,  et  obtint,  l'année  sui- 
vante, la  chaire  d'histoire  à  l'université  de 
Halle.  Il  mourut  le  7  janvier  1803.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages,  on  remarque  le  quarante- 
septième  volume  de  l'Histoire  universelle 
allemande,  contenant  l'histoire  d'Angleterre 
et  d'Irlande,  jusqu'au  temps  de  la  grande 
charte,  sous  ce  titre  :  Geschichte  von  Gross- 
britannien;  Halle,  1783,  un  volume  in-4°. 
Sprengel  y  traite  de  la  musique  des  habitants 
du  pays  de  Galles,  dans  les  chapitres  IVe  et  Ve 
(page  235,  et  pages  585-395). 

SPRII\G  (....),  violoniste  allemand,  vivait 
à  Bonn,  vers  1830.  Il  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Fantaisie  pour  violon,  avec  quatuor; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrlel.  2»  Deux  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  2; 
Leipsick,  Hofmeisler.  5°  Quatuor  idem; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel.  4°  Ouverture  à 
grand  orchestre;  Bonn,  Simrock. 


SPRINGER  —  SSAFFI-EDD1N-ABD0LMUMIN 


iûl 


SPRINGER  (Vincent),  virtuose  sur  le  cor 
de  bassette  (sorte  de  clarinette  alto  courbée), 
naquit  à  Jung-Bunzlau,  près  de  Prague,  vers 
1700,  Fils  d'un  directeur  de  musique,  il  apprit 
dans  sa  jeunesse  à  jouer  de  la  clarinette  :  mais 
ayant  fait  un  voyage  en  Hongrie,  il  y  entendit 
le  cor  de  bassette,  inventé  peu  de  temps  au- 
paravant, et  séduit  par  la  qualité  du  son  de  cet 
instrument,  il  se  livra  à  son  étude,  et  y  acquit 
une  rare  habileté.  Vers  1782,  il  s'associa  avec 
David,  autre  virtuose  sur  le  cor  de  bassette,  et 
voyagea  avec  lui  pour  donner  des  concerts.  En 
1787,  il  vivaitàBerlin,sans  emploi, mais  trois 
ans  après  il  fut  engagé  avec  David  pour  la 
chapelle  du  comte  de  Bentheim-Steinfurlh.  Il 
y  a  lieu  de  croire  qu'il  alla  plus  tard  à  Vienne, 
où  il  a  fait  imprimer, chezSteiner,  des  marches 
en  harmonie  militaire. 

SPUNTONI  (Charles),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Rome,  vers  1760,  a  écrit  à  Flo- 
rence, en  1784,  le  deuxième  acte  de  l'opéra 
bouffe  intitulé  :  V  Apparenza  inganna.  En 
1790,  il  donna  à  Reggio  La  Liberazione  di 
Lilla,  ballet;  et  l'année  suivante,  il  fit  repré- 
senlre  à  Lugo  Il  Matrimonio ,  opéra  bouffe. 

SQUARCIALUPI  (Antoink),  ou 
SCHUARCIALUPI,  suivant  d'anciens  ma- 
nuscrits cités  par  M.  Casamorata  (1),  sur- 
nommé ANTONIO  DEGLI  ORGANT,  à 
cause  de  son  talent  sur  l'orgue,  naquit  à  Flo- 
rence, dans  les  dernières  années  du  quator- 
zième siècle,  ou  dans  les  premières  du  quin- 
zième, d'une  ancienne  famille  noble.  Laurent 
le  Magnifique  le  prit  à  son  service  comme  l'un 
des  plus  fameux  organistes,  et  peut  être  le  plus 
habile  de  son  temps.  Squarcialupi  fut  aussi  or- 
ganiste de  l'église  Santa  Maria  del  Fiore,  qui 
est  la  cathédrale  de  Florence.  Migliore,  cité  par 
M.  Casamorata  (2),  dit,  dans  sa  Firenze  illus- 
trât a,  que  les  étrangers  venaient  de  toutes 
parts  à  Florence  pour  avoir  le  plaisir  d'enten- 
dre cet  artiste.  J'ai  dit,  dans  la  première  édi- 
tion de  cette  Biographie,  d'après  Gérard  Jean 
Vossius  (ô),  que  Squarcialupi  mourut  en  1430; 
j'aurais  dû  reconnaître  que  cette  date  n'était 
pas  exacte,  puisque  Laurent  le  Magnifique  ne 
naquit  qu'en  1448,  et  que  l'église  Santa  Maria 
del  Fiore,  dont  Squarcialupi  fut  organiste,  ne 
fut  consacrée,  comme  le  dit  M.  Casamorata, 
qu'en  1435.  La  date  de  la  mort  de  l'artiste  doit 
être  fixée  au  plus  tôt  en  1475.  Le  sénat  de  Flo- 
rence honora  la  mémoire  de  l'artiste  célèbre 

(I)  Gazeita  musicale  di  Milano,  18i7,  p.  378. 
(■2)  Loco  cil. 

(3)  De  unie.  Math,  natura  et  const.  Cap.  GO,  S  14> 
pag.33I. 


en  plaçant  son  buste  avec  une  inscription  ho- 
norable, rapportée  par  Poccianti  (1),  et  que 
voici  : 

Mullum  profeclo  débet  musiea  Antonio  Squarcialupo, 
organistœ  :  is  enim  ita  gratiam  conjunxit,  ut  quartam 
sibi  viderentur  Charités  musicam  adscivisse  sororem. 
Florenlia  eivilas  grati  animi  olh'cium  rata  ejus  memo- 
riam  propagare,  cujus  manu  saipe  mortales  in  dulcem 
admirationem  adduxerat,  civi  suo  monumenlum  donavit. 

Burney,  qui  visita  Florence,  en  1770,  pré- 
tend que  le  buste  avait  alors  disparu,  et  qu'il 
ne  retrouva  que  l'inscription;  mais  M.  Casa- 
morata nous  apprend  que  ce  buste  est  encore 
à  sa  place,  à  gauche,  du  côté  septentrional  de 
l'église,  à  côté  du  portrait  d'Arnolfo  di  Lapo, 
premier  architecte  de  celte  église,  en  face  de 
celui  de  Brunellesco,  architecte  de  la  Coupole, 
et  de  Giolto,  qui  construisit  la  tour.  Le  buste, 
suivant  Richa  (IVotizie  istoriche  délie  Chiese 
di  Firenze),  cité  par  le  même  écrivain,  serait 
l'ouvrage  de  Benedetto  da  Majano,  il  aurait 
été  fait  par  ordre  de  Laurent  de  Médicis,  qui 
serait  l'auteur  de  l'inscription.  On  n'a  rien  re- 
trouvé, jusqu'à  ce  jour,  des  compositions  de 
cet  artiste  célèbre.  Negri ,  dans  son  Istoria 
de'  Fiorentini  scrittori  (p.  G9),  dit  qu'on  con- 
servait deson  temps,  dans  la  Bibliothèque  Pa- 
latine, à  Florence,  un  manuscrit  contenant  de 
la  musique  composée  par  Squarcialupi,  ainsi 
qu'un  autre  livre  de  compositions  diverses  à 
sa  louange;  mais  M.  Casamorata,  qui  a  re- 
trouvé ce  manuscrit  dans  la  Bibliothèque  Me- 
dicéo-Laurentienne,  sous  le  n°  LXXXVII,  a 
constaté  qu'il  ne  contient  pas  une  note  de 
Squarcialupi,  et  que  c'est  un  recueil  de  chan- 
sons mises  en  musique  par  douze  compositeurs 
du  quatorzième  siècle,  dont  il  donne  les  noms; 
et  par  la  description  qu'il  en  fait,  j'ai  la 
certitude  que  ce  manuscrit  est  un  double  de 
celui  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris, 
dont  j'ai  donné  une  ample  description  dans  le 
premier  volume  de  la  Revue  musicale  (Paris, 
1827,  p.  106-113),  avec  la  traduction  en  nota- 
tion moderne  d'une  chanson  italienne  à  trois 
voix,  de  Francesco  Landino.  Le  manuscrit  de 
Florence  a  appartenu  à  Squarcialupi  et  porte 
sur  le  premier  feuillet,  en  grande  écriture 
gothique  :  Ouesto  libro  èdi  Antonio  Squar- 
cialupi horganista  in  Sancta  Maria  del 
Fiore;  c'est  ce  qui  a  trompé  Negri. 

SSAFFI-EDDIN  -  ABDOLMUMIN 
BEN  FACHIR  AL  ORMEWI,  surnommé 
AL  RAGDADI,  parce  qu'il  était  de  Bagdad, 
écrivain  arabe  sur  la  musique,  vécut  dans  la 
seconde  moitié  du  treizième  siècle.  Son  livre 

(1)  Calulog.  Script.  Florenliœ,  p.  13. 


102 


SSAFFI-EDDIN-ABDOLMUMIN  —  STAD 


est  appelé  le  Traité  Scherefidge  parles  auteurs 
arabes  et  persans  postérieurs,  parce  qu'il  fut 
écrit  pour  Scheref-Eddin,  fils  du  vizir  mongol 
Scbemseddin.  La  doctrine  de  Ssaffi-Eddin  est 
basée  sur  la  division  de  l'octave  en  dix-sept 
intervalles,  c'est-à-dire  quinze  tiers  de  ton 
et  deux  demi-tons  :  elle  est  particulièrement 
arithmétique.  Cette  doctrine  a  fait  autorité 
pour  tons  les  théoriciens  arabes  depuis  le  qua- 
torzième siècle.  L'ouvrage  de  Ssaffi-Eddin- 
Abdolmumin  se  trouve  à  la  bibliothèque  inr- 
périale  de  Vienne,  parmi  les  manuscrits  orien- 
taux de  la  collection  Rzewusk,  sous  le  n°  1 G4 . 
STAAB  (le  P.  Odon),  moine  bénédictin, 
professeur  de  musique  à  l'université  deFulde, 
naquit  à  Fraustein,  dans  le  Rbeingau,  le 
2o  juillet  1745.  Il  est  auteur  d'un  traité  du 
plain -chant  intitulé  :  Aniveisung  zum  ein- 
stimmigen  Chorulgesang ,  aus  der  Lehre  der 
besten  Meisler  zusammengelragen  (Instruc- 
tion sur  le  chant  cboral  à  voix  seule,  d'après 
la  doctrine  des  meilleurs  maîtres);  Fulde, 
J.-Jac.  Stacheb,  1799,  in-8°. 

STABILE  (Annibal),  bon  compositeur  de 
l'école  romaine,  né  dans  la  première  moitié 
du  seizième  siècle,  fit  ses  études  musicales  sous 
la  direction  de  l'illustre  Palcslrina.  Il  fut  choisi 
comme  maître  de  chapelle  de  Saint-Jean  de 
Latran,  au  mois  de  septembre  1575; 'mais  il 
quitta  cette  place  au  mois  de  mai  157G,  pour 
prendre  la  même  position  à  l'église  du  collège 
allemand.  Au  mois  de  juillet  1576,  il  accepta 
la  place  de  maître  de  chapelle  de  Saint-Apol- 
linaire, et  le  6  février  1592,  il  fut  appelé  aux 
mêmes  fonctions  à  Sainte-Marie-Majeure.  On 
voit,  parles  registres  de  celle  église,  qu'il  cessa 
de  les  remplir  en  1595  :  il  y  a  lieu  de  croire 
que  ce  fut  par  son  décès,  car  on  ne  voit  plus 
paraître  son  nom  après  cette  époque.  Stahile 
a  publié  de  sa  composition  :  1°  Motetti  a  5,  6 
et  8  voci}  libro  primo;  Venise,  Gardane,  1584, 
in-4°.  2°  II  secondo  libro,  idem  ;  ibid,,  1585, 
in-4°.  5°  Il  terzo  libro,  idem;  ibid.,  1589, 
jn-4° .  4° Madrigali  a5  voci;  ïhhi .,1572,  in-4°. 
Ladeuxième  édition  est  de  1581,  in-4°oblong. 
La  troisième  édition  a  paru  dans  la  même  ville, 
chez  Angelo  Gardano,  en  1587,  in-4°.  5°  Il 
secondo  libro  de'  Madrigali  a  5  voci;  ibid., 
1584,  in-4°.  6°  Il  terzo  libro  de'  Madrigali 
a  5  voci,  novamente  composti;  in  Fenelia, 
appresso  l'herede  di  Girolamo  Scotlo,  1585, 
in-4°.  7°  Sacrarum  modulationum,  qux 
qninis,  senis  et  octonis  vocibus  concinuntitr, 
liber  secundus;  Fenetiis,  apud  Angelum 
Gardanum,  1586,  in-4°.  On  trouve  dans  ce 
recueil  quelques  madrigaux   de   Jean-3Iarie 


Nanini.  8°  Z^Yam'e  a  4  voci;  ibid.,  1592,  in-4°. 
On  trouve  aussi  des  morceaux  de  sa  compo- 
sition dans  les  recueils  dont  les  titres  sui- 
vent :  1°  Dolci  a/fetti]  Madrigali  a  5  voci  di 
diversi  eccellentissimi  musici  di  Borna;  Ve- 
nise, Alex.  Gardane,  1568,  in-4°.  2° Harmonia 
céleste,  di  diversi  eccellentissimi  musici,  a  4, 
5,  6,  7  e  8  voci,  etc.;  Anvers,?.  Phalèse,  1595, 
in-4°  obi.  -5°  Il  Lauro  verde,  Madrigali  a  set 
voci  composti  da  diversi  eccellentissimi 
musici,  etc.;  Anvers,  P.  Phalèse,  1591,  in-4° 
oblong.  4°  Il  Trionfo  di  Dori  descritto  da 
diversi  e  posti  in  musica  da  altreltanli  au- 
toria  sei  voci;  Venise,  Gardane,  1596,  et  An- 
vers, Phalèse,  1601  et  1614,  in-4°obl.  5°  Pa- 
radiso  musicale  di  Madrigali  e  canzoni a 
5  voci  di  diversi  eccellentissimi  autori;  An- 
vers, Phalèse,  1596,  in-4°  obi.  Gerber  a  con- 
fondu Annibal  Stahile  avec  Ahnibal  dePadoue. 
STAHILE  (François),  compositeur  napo- 
litain du  dix-neuvième  siècle,  a  donné  au 
théâtre  Saint-Charles  :  1°  Palmira,  en  deux 
actes,  le  ô  décembre  18Ô6.  2°  Lo  Sposo  al 
letto,  opéra  semi-seria,  en  deux  actes. 

STABINGERou  STABIIXGHEB  (Mat- 
thias), musicien  allemand,  né  vers  1750,  vécut 
à  Paris  en  1775,  et  se    fit  connaître  d'abord 
comme  flûtiste.  Il  a  publié  dans  celle  ville,  en 
1776  :   1°  Six  duos  pour  deux  flûtes,  op.  1. 
2°  Six  sonates  pour  deux  flûtes  et  basse,  op.  2. 
Deux  ans  après,  il  se  rendit  à  Milan,  et  y  écrivit, 
pour  le  théâtre  de  la  Scala,  la  musique  du 
ballet  intitulé  :  Calipso  abbandonata,  et  en 
1779,  il  donna  au  théâtre  de  la  Canobbiana 
les  ballets  la  Sconfitla  délie  Amazoni,  et  te 
Avventure  d'Ircana.  Appelé  à  Florence,  en 
1784,   il  y  composa  l'Astuzzia  di  Bettina, 
opéra  bouffe  qui  obtint  du  succès,  et  qui  fut 
joué  ensuite  à  Gênes  et  â  Dresde.  On  connaît 
aussi  de  lui  la  Morte  d'Arrigo,  ballet  repré- 
senté à  Bologne,  1784.  Après  avoir  publié  à 
Naples  un  journal  de  musique  pratique,  Sta- 
binger  s'est  fixé  à  Venise,  où  il  paraît  être  dé- 
cédé en  1815.  On  a  gravé  de  sa  composition  en 
Italie:  5°  Six  quatuors  concertants  pour  flûte, 
deux  violons  et  basse,  op.  4;  Venise,  1792. 
4°  Sextuors  concertants  pour  flûte,  deux  vio- 
lons, basse  et  deux  cors,  op.  5;  ibid.,  1792. 
5°  Six  duos  pour  deux  flûtes,  op.  7;  ibid. 

STAD  (....),  violoniste  allemand,  vécut  à 
Paris,  vers  1765,  et  y  fit  imprimer  six  sonates 
pour  violon  et  basse,  op.  1  ;  Paris,  Sieber.  Cet 
artiste  fut  ensuite  premier  violon  du  théâtre 
de  Strasbourg,  puis  il  fit  un  voyage  à  Vienne, 
en  1782,  ety  publia  trente-sept  variations  pour 
violon,  avec  accompagnement  de  basse. 


STADE  -  STADELMAYER 


io: 


STADE  (II.-B-),  canlor  et  organiste  à 
Arnsladt,  n'est  mentionné  par  aucun  biographe 
allemand.  Il  paraît  être  né  dans  la  Thuringe, 
vers  1810.  Il  résulte  des  renseignements  que 
j'ai  recueillis  que  cet  artiste,  homme  de  talent, 
était,  en  184",  l'âme  de  la  musique  dans  la 
petite  ville  d'Arnsladt  (principauté  de  Schwarz- 
bourg-Sondershausen),  et  que  son  impulsion  y 
produisit  de  remarquables  résultats.  Le 25 juin 
1840,  il  donna  un  concert  d'orgue  à  Weissen- 
fels  et  y  fit  admirer  son  habileté,  particulière- 
ment sur  le  clavier  de  pédale,  ainsi  que  le  style 
d'une  grande  sonate  d'orgue  de  sa  composi- 
tion. On  a  de  cet  organiste  distingué  un 
ouvrage  intitulé  :  Der  Wohlvorbereitete 
Organist,  ein  Prxludien- ,  choral-  und 
Postludienbuch,  etc.  (L'organiste  bien  in- 
struit, livre  de  préludes,  de  chorals  et  de  con- 
clusions, etc.);  deux  volumes  in-4°;  Sonders- 
hausen,  Enpel.  Cet  ouvrage  est  l'œuvre  5e  de 
l'auteur. 

STADE  (Frédéric-Guillaume),  né  à  Halle, 
en  1817,  fut  destiné  par  ses  parents  à  l'élude 
de  la  théologie  et  suivit  les  cours  du  collège; 
mais  douéd'heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique, il  se  livra  plus  tard  exclusivement  à  la 
culture  de  cet  art,  et  se  rendit  à  Dessau,  où  il 
étudia  l'harmonie  et  le  contrepoint,  sous  la 
direction  de  Frédéric  Schneider.  Sorti  de  chez 
ce  maître  après  trois  ans  d'études,  il  accepta 
la  place  de  directeur  de  musique  de  la  troupe 
d'opéra-comique  de  Belhmann,  qui  donnait 
alternativement  des  représentations  à  Dessau 
et  à  Halle.  Stade  remplit  ces  fonctions  pendant 
deux  ans,  puis  il  fut  appelé  à  Jéna,  en  qualité 
de  directeur  de  musique  de  l'université.  Dans 
cette  positionnes  travaux  prirent  un  caractère 
plus  sérieux  :  il  dirigea  plusieurs  sociétés  de 
chant,  s'occupa  spécialement  du  chant  choral, 
écrivit  des  cantates  de  fête  avec  orchestre,  des 
symphonies,  qui  furent  exécutées  à  Jéna,  en 
1846  et  1847,  l'ouverture  de  la  Fiancée  de 
Messine,  des  Liederh  voix  seule,  avec  accom- 
pagnement de  piano  et  des  recueils  de  chants 
pour  des  voix  d'hommes.  Stade  se  fit  aussi 
connaître  comme  pianiste  à  Jéna  et  publia 
quelques  petites  pièces  pour  cet  instrument. 
En  1842,  il  dirigea  la  fêle  musicale  d'Arnsladt. 
L'université  de  Jéna  lui  a  conféré  le  doctorat 
en  philosophie  et  beaux-arts.  En  1860,  Stade 
a  été  nommé  organiste  de  la  cour  et  maître  de 
concert  à  Altenbourg. 

STADELMAYER  ou  STADLMAYEIl 
(Jean),  né  à  Freising,  en  Bavière,  vers  1560, 
entra  d'abord  au  service  de  l'archiducMaximi- 
lien  d'Autriche,  à  Grselz,  puis  devint  maître  de 


chapelle  de  l'empereur  Rodolphe,  à  Prague.  Il 
occupait  encore  cette  position  en  1612.  Plus 
lard,  il  devint  maître  de  chapelle  de  l'archidu- 
chesse Claudia,  grande  duchesse  de  Toscane,, 
comtesse  du  Tyrol,  et  vécut  à  Inspruck,  d'où 
l'épitre  dédicaloire  de  ses  Missx  brèves 
est  datée  le  24  janvier  1641.  Les  ouvrages 
connus  de  ce  musicien  sonl  :  1°  Missx  oclo 
vocum  cum  dupl.  B.  gêner.;  Pragx,  1593, 
in -fol.  2°  Missx  oclo  vocum;  Augsbourg, 
Krttger,  1596,  in-4°.  3°  Sacrum  Beatissimx 
T'irginis  Marias  canticum,  5,  6,  7  et  8  vo- 
cum; Monachii,  Jdamus  Berg,  1603,  in-4°. 
Je  possède  celle  édition.  Il  y  a  une  deuxième 
édition  de  cet  ouvrage,  intitulée  :  Super  Ma- 
gnificat symphonix  varixS,  G,  7  et  S  vocum; 
Œniponli ,  excudebat  Daniel  Agricola , 
1614,  in-4°.  3°  (bis)  Missx  octo  vocum  cum 
duplici'basso  ad  organum;  Auguslx  Vinde- 
licorum  apud  Johannem  Prxtorium,  1610r 
in-4°.  4U  Musica  super  cantum  gregorianum 
seu  missx  6  voc.  cum  basso  gêner.;  Augs- 
bourg, 1612,  in-4°.  5»  Missx  concertatx  10  et 
12  vocum  in  2  c/ior.  distribulx  ;  Augsbourg, 
1616.  Wallher  cite  une  autre  édition  de  ces 
messes,  publiées  à  Augsbourg,  en  1610. 
6°  Hymni  vesperlini  cum  5  voc.  et  inslru- 
mentis; Augsbourg,  1617,  in-fol.  Il  y  a  une 
deuxième  édition  de  ces  hymnes.  7°  Appa- 
ratus  musieus  sacrarum  cantionum  a  6,  7, 
8,  9,  10  et  24  voc,  et  inslrumentis  ;  Augs- 
bourg, 1619,  in-fol.  8°  Miserere  mei  Deus  a 
4,  5,  6,  7  et  8  t-oc.  cum  inslrumentis  ad  libi- 
tum; Augsbourg,  1621,  in-fol.  Je  crois  qu'il 
y  a  une  deuxième  édition  de  ce  recueil. 
8°  (bis)  Odx  sacrx  Jesu  Christo  servatori 
hominum  nalo  et  resurgenli  cantatx  ,  a  5 
vocibus  et  tolidem  inslrumentis  si  placet] 
Œniponli,  1638,  in-4°.  Je  possède  cet  ou- 
vrage. 9°  Salmi  a  due  e  tre  voci  con  due  vio* 
Uni  o  cornetti;  in  Inspruch  appresso  Michael 
Wagner,  1640,  in-4n.Je  possède  cet  ouvrage. 
10°  Psalmus  L.  Davidis  modis  musicis  com- 
posilus  4,  5,  6,  7,  8  vocibus,  cum  seconda 
choro  et  6  instrumentissi  placet  ;  Œniponti, 
1646,  in-4°.  '\\0  Missx  brèves  a  4  cum  una 
pro  defunctis  et  alia  5  vue.  concertatx; 
Œniponli;  typographo  Michaele  IF'agnero, 
1641,  in-4°.  Je  possède  cette  édilion.  Il  y  en  a 
une  autre  publiée  dans  la  même  ville,  en  1660, 
in-4°.  11°  Psalmi  vesperlini  omnes  cum  Ma- 
gnificat,et  offîcio  divino  de Sancto  Norberto. 
J'ignore  la  date  de  la  publication  de  cet  ou- 
vrage. 13°  Psalmi  integri  a  quatuor  vocibus 
concertanlibus  quatuor  aliis  accessoriis  ad 
libitum  cum  2  cometis  sive  violinis;  Œni- 


104 


STADELMAYER  -  STADEN 


ponti,  lypis  Michaelis  Wagner i,  1041 ,  in-4°. 
Je  possède  cet  ouvrage. 

STADEN  (Jean),  organiste  et  composi- 
teur, naquit  à  Nuremberg,  en  1581.  On  voit 
par  le  titre  d'un  de  ses  ouvrages  imprimés 
qu'il  était  organiste  de  la  cour  de  l'électeur  de 
Brandebourg,  en  1609.  De  là  il  passa  à  l'église 
de  Saint-Laurent,  dans  sa  ville  natale,  en  la 
même  qualité;  enfin,  en  1018,  il  devint  orga- 
niste de  Saint-Sébald,  dans  la  même  ville,  et 
conserva  celte  place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1030.  Le  magistrat  de  Nuremberg,  pour 
honorer  sa  mémoire,  fit  frapper  une  médaille 
avec  son  portrait  et  celte  inscription  :  Hans 
Stadcn  xt.  s.  55.  Le  portrait  de  Sladen  a  été 
gravé  in-folio  et  in-4°.  Wallher  nous  apprend, 
dans  son  Lexique  de  musique,  que  Sladen  a 
laissé  en  manuscrit  un  traité  abrégé  de  la  com- 
position, formant  deux  feuilles  et' demie. 
Gruber  (Beytrxye  zur  Lilteratur  der  Musik, 
page  70),  copié  par  Forkel,  Gerber,  et  ceux-ci 
par  Lichtenlhal  et  F.  Becker,  indique  cet 
ouvrage  comme  ayant  élé  imprimé  en  165G, 
sans  nom  de  lieu,  sous  ce  titre  :  Manuductio 
fur  die,  so  im  Gencralbass  unerfahren.  Je 
doute  de  la  réalité  de  cette  publication,  qui 
aurait  élé  faite  vingt  ans  après  la  mort  de 
Staden.Les  compositions  de  ce  musicien  sont  : 
1°  Teutsclie  Lieder  nach  Art  der  Villanellen 
mit  3,  4  und  5  Slimmen  (Chansons  alle- 
mandes dans  la  forme  des  villanelles,  à  trois, 
quatre  et  cinq  voix);  Nuremberg,  1006,  in-4n. 
2°  Neive  teutsche  Lieder  sumpt  ellichen  Gal- 
liarden  mit  4  Slimmen  (Nouvelles  chansons 
allemandes,  etc.,  à  quatre  voix);  ibid.,  1009, 
in-4°.  3°  Geistliche  Gcsxng  mit  3-7  Stitnmen 
(Chants  spirituels  depuis  trois  jusqu'à  sept 
voix);  ibid.,  1009,  in-4°.  4-  L'enusKrxntzlein 
ticiccr  musikaltscher  Gesxng,  sowoltl  auch 
ctliche  Galliarden,  etc.,  mit  4  und  5  Slim- 
men ;ib.,  1611.  5°  Harmonix  sacrxpro  festis 
prxcipuis  totiusanni  4, 5,  7  et  8  vocum,  qui- 
bus  sub  finem  adjectx  sunt  aliquol  novx  in- 
ventionis  italicx  cantionis  1 ,  2, 5,  4  et  5  voc. 
cum  partilura  ad  organum .  typis  et  sump- 
tibns  Pauli  Kauffmanni,  1616,  neuf  parties 
in-4°.  0°  Jubila  sancta  Deo,  per  hymnum  et 
écho  in  ccclesia  Noribergensium  festum 
Evangelico-Jubilxum  1 1  novemb.  célébrante; 
ibid.,  1018.  7°  Neue  Paduanem,  Galliarden , 
Curranlcn,  Balletlen,  Jntraden  und  Can- 
zonen.etc,  mit  4  und  5  Slimmen,  fiirnehm- 
lich  von  den  instrumental  Musicis  fiiglich 
zu  gebrauchen  (Nouvelles  pavanes,  gail- 
lardes, courantes,  ballets,  entrées  et  chansons, 
à  quatre  voix,  etc.);  ibid.,  1018.  8°  Conti-  l 


nuatio  Harmoniarum  sacrarum  1,  2,  4-12 
vocum;  ibid.,  1021.  9°  Harmonicx  Medita- 
tiones  animx  de  amore  Jesu  reciproco  4  vo- 
cum; ibid.,  1622,  in  4".  10°  Hauss-Music 
geistlicher  Gesang,  mit  4  Slimmen,  ibid., 
1623.  Il  y  a  eu  une  deuxième  édiliondece  re- 
cueil datée  de  1646,  et  publiée  par  Michel 
Rusmers,  in-4°.  C'est  au  litre  de  ce  recueil 
qu'on  voit  que  Jean  Staden  élait  organiste  de 
l'église  Saint-Sébald,  de  Nuremberg,  en  1625. 
11°  Erster  Theil  der  Kirchen-Musik,  enthxlt 
15  geistliche  Gesxnge  und  Psalmen  auf  die 
furnehmsten  Feste  imjahrvonlbis  14 Slim- 
men (Première  partie  de  musique  d'église, 
contenant  quinze  cantiques  et  psaumes  poul- 
ies principales  fêles  de  l'année,  depuis  deux 
jusqu'à  quatorze  voix);  ibid.,  1625,  in-4\ 
12°  DerselbenSter  Theil  (Deuxième  partie  du 
même  ouvrage);  ibid-,  1020,  in-4°.  1û"Opus- 
culum  novum  von  Pavanen}  Galliarden, 
Jllcmanden,  Couranten,  Jntraden,  l'ollen 
und  Canzonen  samt  einer  Fantasia  auf  un- 
terschiedenen  Instrumentai  zu  gebrauchen 
(Nouveau  recueil  de  pavanes,  gaillardes,  alle- 
mandes, etc.);  ibid.,  1025,  in-4".  14°  Her- 
zentrosts-Musica  geistlicher  Meditationen 
mit  einer  Stimme  (Consolations  de  l'âme,  ou 
méditations  spirituelles  à  une  voix);  ibid., 
1GÔ0,  in-fol.  15°  Harmonix  variatx  sacra- 
rum cantionumvon  1,  2,  3-12  vocum;  ibid., 
1632.  Le  style  de  Staden  a  de  l'analogie  avec 
celui  de  Samuel  Scheidt  et  de  Schlllz;  l'har- 
monie en  est  vigoureuse  et  riche,  mais  le  sys- 
tème de  sa  modulation  a  quelquefois  de  la 
dureté. 

STADEN  (Adam),  fils  de  Jean  Sladen,  na- 
quit à  Nuremberg.  Après  avoir  fait  ses  éludes 
à  Altorf,  il  revint  dans  sa  ville  natale,  où  il 
enseigna  la  jurisprudence,  et  devint  recteur. 
Il  était  bon  musicien  et  composait  à  plusieurs 
parties.  Le  25  janvier  1652,  il  prononça,  à 
l'université  d'Allorf,  un  éloge  de  la  musique, 
qui  a  élé  imprimé  sous  ce  litre  :  'Evxwiju'ov 
fiouaîxrïç,  hoc  est  Dissertaliuncula  de  digni- 
tate,  utilitate,  et  jucundilalc  artis  musicx; 
Altorf,  1032. 

STADEN  (Sigismond-Théoiuiile),  second 
fils  et  élève  de  Jean  Sladen,  naquit  à  Nurem- 
berg, en  1007.  Après  avoir  terminé  ses  éludes, 
il  obtint,  en  1035,  à  l'âge  de  vingt-huit  ans, 
la  place  d'organisle  à  l'église  Saint-Laurent  de 
sa  ville  natale.  Il  l'occupa  le  reste  de  ses  jours 
et  mourut  à  Nuremberg,  en  1055.  On  a  de  cet 
artiste  un  traité  élémentaire  de  musique  in- 
titulé :  Rudimentum  musicum,  dus  ist  : 
kurze   Unterwcisung  des  Singens,  fur  die 


STADEN  —  STADLER 


10c 


liebe  Jugend,  etc.  (Rudiment  de  musique,  ou 
courte  instruction  sur  le  chant,  à  l'usage  de  la 
jeunesse,  etc.);  Nuremberg,  1636,  in-8°.  Une 
deuxième  édition  a  été  publiée  dans  la  même 
ville,  en  1648,  deux  feuilles  in -12,  et  une  troi- 
sième en  1663.  Suivant  le  catalogue  manuscrit 
des  livres  de  musique  delà  Bibliothèque  royale 
de  Berlin,  l'édition  de  1648  serait  la  troisième. 
Les  compositions  publiées  par  Sladen  sont  : 
1°  Unterschiedlicher  Poeten  musikalische 
Friedens-Gesxnge  fur  3  Stimmen  wid  3  Tn- 
strumenten  mit  Generalbuss  (Chants  de  paix 
des  meilleurs  poètes,  mis  en  musique  à  trois 
voix  et  trois  instruments  avec  basse  continue); 
Nuremberg,  1651,  in- folio.  2°  Grab-Lied 
Frauen  Sophia  Margrxfin  von  Branden- 
burg,etc.  componirl  (Chant  funèbre,  composé 
sur  la  mort  de  madame  Sophie,  margrave -de 
Brandebourg);  Nuremberg,  1659,  in-4".  Sladen 
a  été  aussi  l'éditeur  des  psaumes  et  cantiques 
à  quatre  voix  de  Léon  Hassler  {voyez  ce  nom), 
publiés  sous  ce  titre  :  Kirchengesxng ,  Psal- 
men  und  geistliche  Lieder,  voji  J .  -L.  Hassler 
auf  die  gemeinen  Melodien  mit  4  Stimmen 
simpliciter  gesetzt,  etc.;  Nuremberg,  1637, 
in-4".  lia  laisséen  manuscritun  livre  sur  l'ori- 
gine, les  progrès  et  l'état  actuel  (au  milieu  du 
dix-septièmesiècle)de  la  musique.  Gerber  cite 
aussi  une  histoire  de  la  musique  du  même  au- 
teur, qui  parait  avoir  été  le  même  ouvrage. 

STADLER.  (l'abbé  Maximilikn),  né  le 
7  août  1748,  à  Mœlk,  petite  ville  de  la  Basse- 
Autriche,  sur  le  Danube,  était  fils  d'un  bou- 
langer qui  aimait  beaucoup  la  musique  et  qui 
enseigna  à  son  fils  les  éléments  de  cet  art.  A  l'âge 
de  dix  ans,  il  avait  une  bonne  voix  de  soprano, 
et  chantait  comme  enfant  de  choeur  à  l'abbaye 
<le  Lilienfeld;  déjà  il  jouait  avec  habileté  de 
l'orgue  et  du  piano.  Quelque  temps  après,  il 
fut  envoyé  à  Vienne,  pour  faire  ses  éludes  au 
collège  des  Jésuites,  et  y  remplit  avec  distinc- 
tion les  fonctions  d'organiste  du  séminaire. 
Après  avoir  passé  ses  examens  de  philosophie 
et  de  théologie,  il  entra  au  couvent  de  béné- 
dictins de  Mœlk,  où  son  mérite  le  fit  nommer 
ensuite  professeur  de  théologie  pour  les  no- 
vices. Il  en  sortit  dans  sa  vingt-quatrième  an- 
née, fut  pendant  dix  ans  curé  d'une  commune 
voisine  de  Mœlk;  puis  l'empereur  Joseph  II, 
qui  avait  eu  occasion  de  l'entendre  et  avait 
admiré  son  talent  sur  l'orgue  et  le  piano,  le 
nomma,  en  1786,  abbé  de  Lilienfeld,  et  trois 
ans  après,  abbé  de  Kremsmunsler.  Nicolaï,  dont 
les  voyages  ont  fourni  tant  de  renseignements 
intéressants  sur  beaucoup  de  musiciens  dislin- 
gués  de  l'Allemagne,  connut  Sladler,  en  1786, 


dans  son  abbaye  de  Lilienfeld,  et  le  signala 
comme  un  des  organistes  les  plus  remarqua- 
bles de  cette  époque.  Sladler  avait  perfec- 
tionné son  talent  par  les  leçons  de  Conrad- 
Michel  Schneider.  Il  possédait  surtout  l'art 
d'improviser  dans  le  style  fugué  sur  un  thème 
donné,  et  il  avait,  à  cet  égard,  l'avantage  de 
mettre  dans  ses  improvisations  plus  de  feu  et 
de  piquant  qu'Albrechtsberger,  son  compa- 
triote et  son  ami.  Après  s'être  démis  de  son 
litre  d'abbé  de  Kremsmunsler,  Sladler  vécut 
pendant  douze  ans  dans  l'indépendance  à 
Vienne,  où  il  ne  tarda  pas  à  se  faire  remar- 
quer par  son  double  talent  d'organiste  et  de 
compositeur.  La  plupart  des  grands  artistes 
qui  se  trouvaient  dans  cette  villedevinrenl  ses 
amis;  parmi  ceux-ci  on  remarque  Haydn  et 
Mozart,  qui  eurent  pour  lui  des  senlimenls  de 
la  plus  tendre  amitié,  et  pour  qui  il  conserva 
toujours  de  la  vénération. 

Ce  fut  l'attachement  que  l'abbé  Sladler  avait 
pour  la  mémoire  de  ces  grands  hommes  qui  le 
porta  à  sortir  du  silence  modeste  qu'il  avait 
gardé  toule  sa  vie,  pour  prendre  la  défense  de 
Mozart  dans  la  discussion  élevée  parGodefroid 
Webersurla  part  que  ce  célèbre  musicien  a  eue 
dansleiief/utemqui  porte  son  nom.  Onsaitque 
celle  question  fut  soulevée  dans  une  suite  d'ar- 
ticles qui  parurent  d'abord  dans  l'écrit  pério- 
dique Cxcilia,  et  qui  furent  réunis  ensuite  dans 
une  brochure  ayant  pour  titre:  Ergebnisseder 
bisherigen  Forschungeniiber  die  Echtheitdes 
Mozartschen  Requiem  (Résultats  des  recher- 
ches faites  jusqu'ici  sur  l'authenticité  (1)  du 
Requiem  de  Mozart);  Mayence,  1826,  in-8°. 
Weber  avait  entrepris  de  démontrer,  dans  son 
premier  article,  que  l'ouvrage  de  Mozart,  loin 
d'êlre  le  chef-d'œuvre  de  l'auteur,  comme  ou 
l'a  souvent  prétendu,  était  au-dessous  de  son 
talent  el  de  sa  réputation,  et  il  expliquait  celte 
infériorité  en  disant  que  Mozart  n'avait  laissé 
qu'une  esquisse  plus  ou  moins  imparfaite  de 
quelques  morceaux,  et  qu'il  était  entièrement 
étranger  aux  autres.  Stadler,  bien  qu'il  voulût 
prendre  pour  devise  dans  celle  discussion  Ami- 
cuspersonx  ,inimicus  causas ,  mil  plus  de  viva- 
cité dans  sa  réfutation  de  la  critique  de  Weber 
qu'on  ne  pouvait  en  attendre  de  son  âge.  Celle 
réfutation  parut  sous  le  tilrede  Verlheidigung 
des  Echtheit  des  Mozartschen  Requiem  (Dé- 
fense de  1'aulhenlicité  du  Requiem  de  Mozarl); 
Vienne,  1826,  in-8°. 

(1)  Eehlhtil  est  un  de  ces  mois  allemands  dont  on  ne 
saurait  donner  une  traduction  exacte.  Ce  n'est  pas  seu- 
lement ['authenticité  de  l'œuvre  tjui  était  en  question, 
mais  aussi  son  mérite. 


406 


STADLER 


On  ne  peut  nier  qu'il  n'y  eût  quelque  fonde- 
mcntà  la  thèse  soutenue  par  Godefroid  Weber, 
et  qu'il  n'y  eut,  dans  la  réponse  de  Sladler, 
plus  d'amitié  et  de  respect  pour  un  grand 
talent  que  de  solide  raison;  mais  c'était  une 
triste  victoire  que  devait  remporter  son  anta- 
goniste :  les  paroles  dévouées  du  vieillard 
inspiraient  à  toute  l'Allemagne  bien  plus  d'in- 
térêt que  la  froide  et  dure  analyse  du  critique. 
Les  amis  de  Godefroid  Weber  désiraient  que 
celui-ci  ne  fît  point  de  réplique;  mais' son 
amour-propre  était  engagé  et  lui  dicta  la  rude 
réponse  qui  parut  contre  l'écrit  de  Stadler 
sous  le  litre  de  Weitere  Nachrichten  iiber  die 
Echtheit  der  Mozartschen  Requiem  (Plus  am- 
ples notices  sur  l'authenticité  du  Requiem  de 
Mozart).  Le  vieil  ami  du  grand  artiste  ne  se 
tint  pas  pour  ballu,  car  on  vit  paraître  peu  de 
mois  après  tin  nouvel  écrit  intitulé :Nachtraz 
zur  Fertheidigung  des  Echtheit  des  Mozart- 
schen Requiem  (Supplément  à  la  défense  de 
l'authenticité  du  Requiem  Ae  Mozart)  ;  Vienne, 
1827,  in-8°.  Ce  fut  son  dernier  effort  dans 
celte  lulte,  et  les  publications  subséquentes  de 
Weber  restèrent  sans  réponse. 

J'ai  dit  que  l'abbé  Stadler  se  faisait  égale- 
ment remarquer  et  comme  compositeur  et 
comme  organiste.  Un  grand  nombre  de  ses 
productions  pour  l'église  furent  successive- 
ment publiées  et  lui  firent  une  réputation 
méritée  de  musicien  savant  et  d'homme  de 
goût.  Ses  messes,  ses  molets,  ses  fugues  pour 
l'orgue  étaient  mis  en  parallèle  avec  ce  que 
Haydn,  Mozart  et  les  musiciens  les  plus  ha- 
biles de  l'Allemagne  avaient  écrit  de  meilleur. 
Depuis  longtemps  il  travaillait  à  un  oratorio 
de  la  Jérusalem  délivrée;  mais  il  avait  près 
de  soixante  ans  quand  il  fit  entendre  à  Vienne 
pour  la  première  fois  ce  grand  ouvrage,  dont  le 
succès  fut  tel  qu'il  pouvait  le  désirer.  Tous  les 
.journaux  de  l'Allemagne  donnèrent  des  éloges 
à  celle  grande  composition,  où  régnent  un 
sentiment  élevé  et  un  savoir  profond.  Plu- 
sieurs fois,  l'oratorio  de  Stadler  fut  choisi 
pour  être  exécuté  dans  les  grandes  fêtes  musi- 
cales de  l'Allemagne,  et  toujours  il  fut  applaudi 
comme  un  des  meilleurs  ouvrages  de  ce  genre. 

Sladler  eut  un  autre  genre  de  mérite  fort 
rare,  et  dont  il  tirait  plus  d'avantages  pour 
ses  plaisirs  que  pour  sa  réputation  :  je  veux 
parler  de  ses  connaissances  étendues  dans 
l'histoire  et  la  littérature  de  la  musique.  Ni- 
colaï  dit  qu'il  était  peu  de  livres  relatifs  à  cet 
art  ou  de  composition  de  quelque  mérile  qu'il 
n'eût  lus  on  consultés.  Il  s'était  entouré  d'une 
belle  collection  de  ces  monuments  de  l'art  et 


de  la  science,  et  c'était  au  milieu  de  ces  ri- 
chesses intellectuelles  qu'il  passait  la  plus 
grande  partie  de  son  temps. 

En  1800,  l'abbé  Stadler  fut  nommé  curé  du 
faubourgdeVienne^//£-£erc/«en/e/d;elqualre 
ans  après,  il  alla  occuper  une  position  sembla- 
ble à  Bœhmisch-Krant.  En  1815,  son  grand 
âge  l'obligea  à  demander  sa  retraite  et  à 
retourner  à  Vienne.  Sa  vie  avait  élé  douce  et 
calme  comme  son  âme  ;  on  ne  lui  connut  point 
d'ennemis,  et  il  ne  fut  celui  de  personne.  De- 
venu vieux,  il  se  retira  insensiblement  du 
monde,  et  finit  par  vivre  dans  un  isolement 
absolu.  Il  était  âgé  de  plus  de  quatre-vingt- 
cinq  ans  lorsqu'il  mourut,  le  8  novembre 
1835,  dans  une  petite  maison  d'un  faubourg 
de  Vienne,  où  il  s'était  relire. 

Bien  qu'on  n'ait  publié  que  la  moindre  par- 
tie des  ouvrages  composés  par  lui,  le  nombre 
de  ses  productions  qui  ont  vu  le  jour  est  assez 
considérable.  En  voici  une  liste  que  je  crois  à 
peu  près  complète.  Musique  d'église  :  1°  Messe 
à  quatre  voix,  deux  violons,  deux  cors,  con- 
trebasse e(  orgue  (en  sol)]  Vienne,  Haslinger. 
2°  Idem,  n°  2  (en  si  bémol)  ;  ibid.  5°  Messe  à 
quatre  parties  avec  orgue  ;  ibid.  4°  Messe  de 
Requiem  à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue. 
5°  Aima  Redemptoris  pour  quatre  voix  et 
orgue;  ibid.  6°  Asperges  me,  à  quatre  voix 
et  orgue;  ibid.  7°  Ave  Regina,  idem,  ibid. 
S"  Die  Befrehtng  Jerusalems  (la  Délivrance 
de  Jérusalem),  oratorio  à  quatre  voix  avec 
orchestre  ;  ibid.  9°  Ecce  sacerdos  magmis, 
pour  quatre  voix  et  orgue;  ibid.  10'  Libéra 
me,  Domine,  idem  ;  ibid.  1  \°  Miserere,  idem  ; 
ibid.  12°  Psaumes,  graduels  et  offertoires, 
pour  quatre  voix  et  orgue,  savoir  :  Dixit  Do- 
minus,  Confitebor ,  Beatus  vir,  Laudate 
pueri,  Laudate  Dominum,  Magnificat,  Lœ- 
talus  sum,  IYisi  Dominus,  Lauda  Jérusa- 
lem, Credidi  ;  ibid.  15"  Regina  cœli,  à  quatre 
voix  et  orgue;  ibid.  14"  Salve,  Regina,  idem; 
ibid.  15°  Tanlum  ergo,  idem  ;  ibid.  16°  Vidi 
aquam,  idem  ;  ibid.  Chants  a  plusieurs  voix  : 
17°  An  die  Versxhnnng,  pour  quatre  voix; 
Vienne,  Haslinger.  18°  Beantwortung  der 
musilcalischen  Abschiedskartevon  J.  Haydn, 
pour  deux  voix  et  piano;  Augsbourg;  Gom- 
bart.  19°  Glaube,  Liebe,  Hoffnung,  pour 
quatre  voix;  Vienne,  Haslinger.  20°  Douze 
psaumes  traduitsen  allemand  parMendelssohn, 
pour  une  et  plusieurs  voix  ;  deux  parties  divi- 
sées chacune  en  quatre  livraisons.  21°  Douze 
chansons  de  Gellert,  avec  mélodies  et  accom- 
pagnement de  piano;  Vienne,  1785.  22°  Dix 
chansons    avec    accompagnement    de    clave- 


STADLER  —  STADTFELD 


107 


cin;  Vienne,  Mollo,  1799.  Musique  instru- 
mentale :  25°  Trois  fugues  pour  l'orgue  ; 
Vienne,  Leidesdorf.  24°  Fugue  avec  un  pré- 
lude pour  le  piano  (n°  5  du  Muséum  pour  la 
musique  de  piano)  ;  Vienne,  Haslinger.  25°  Six 
sonatines  pour  le  clavecin;  Vienne,  Arlaria, 
1796.  20°  Une  sonate  pour  le  clavecin; 
Vienne,  1799.  27°  Deux  sonates  et  une  fugue 
pour  le  piano,  huitième  cahier  du  répertoire 
des  clavecinistes;  Zurich,  Nœgeli. 

Parmi  les  compositions  de  l'abbé  Sladler 
qui  sont  restées  en  manuscrit,  on  remarque  : 
28°  Quatre  messes  brèves.  29°  Douze  psaumes 
de  Mendelssohn.  50°  Beaucoup  d'hymnes,  an- 
tiennes, offertoires  et  graduels.  51°  Des  lita- 
nies. 52°  Des  répons  pour  la  semaine  sainte. 
-53° Des  cantates.  54"  Les  chœurs  de  Polixène, 
tragédie  de  Collins.  55°  Des  odes  de  Klopstock 
et  autres  poètes.  36°  Des  quatuors  pour  2  vio- 
lons, alto  et  basse.  57°  Des  trios  idem.  38°  Un 
concerto  de  violoncelle.  39°  Des  sonates  de 
piano.  40"  Des  pièces  d'orgue. 

STADLER  (Joseph),  violoniste  et  compo- 
siteur, né  à  Vienne,  le  15  octobre  1796,  a  eu 
pour  maître  de  piano  et  de  violon  un  de  ses 
parents,  musicien  à  Vienne.  A  l'âge  de  seize 
ans,  il  obtint  une  place  de  premier  violon  au 
théâtre  de  Leopoldstadt,  et  quelque  temps 
après,  il  eut  le  même  emploi  à  l'église  métro- 
politaine. La  place  de  chef  d'orchestre  du 
même  théâtre  lui  fut  donnée  en  1819;  et  il 
l'occupa  jusqu'en  1831,  époque  où  il  se  relira 
pour  toujours  des  orchestres.  Il  vécut  ensuite 
sans  autre  emploi  que  celui  de  premier  violon 
de  l'église  Saint-Élienne.  Cet  artiste  a  écrit  la 
musique  de  trois  pantomimes,  savoir  :  1°  Die 
sonderbar  Flaschen  (la  Bouteille  miracu- 
leuse). 2°  Coreman  der  Bcese  (Coreman  le 
malin).  3"  Die  Fermwhlung  in  Blumen- 
reiche  (le  Mariage  au  royaume  des  fleurs).  Il  a 
publié  aussi  à  Vienne  beaucoup  de  variations 
pour  divers  instruments;  trente  études  pour 
le  violon,  des  rondos,  polonaises,  des  pièces 
d'harmonie  pour  les  instruments  à  vent,  et 
beaucoup  de  danses  et  de  valses. 

STADTFELD  (  Chrétien- Josepii-Fran- 
çois-Alexandre),  compositeur,  né  à  Wies- 
baden  (duché  de  Nassau),  le  27  avril  1826, 
était  fils  du  chef  de  musique  d'un  régiment 
d'infanterie,  qui  le  destinait  à  sa  profession  et 
qui  lui  enseigna  les  éléments  de  l'art  musical. 
Dans  son  enfance,  Sladtfeld,  après  avoir  joué 
avec  quelques  jeunes  garçons  dans  une  prairie, 
se  coucha  sur  le  gazon  et  s'endormit.  Quand  il 
s'éveilla,  la  nuit  était  venue;  il  voulut  se  lever 
pour  retourner  chez  lui,  mais  l'une  de  ses 


jambes  était  paralysée  ;  il  fallut  le  transporter 
dans  son  lit,  où  il  passa  trois  ans  sans  pouvoir 
retrouver  l'usage  du  membre  qui  s'était  atro- 
phié, et  il  demeura  boiteux  le  reste  de  sa  vie. 
Ses  progrès  dans  la  musique  avaient  été  si  ra- 
pides que,  à  l'âge  de  neuf  ans,  il  put  se  faire 
entendre  sur  le  piano  dans  des  concerts  pu- 
blics. En  1839,  le  roi  des  Belges,  Léopold  Ier, 
passa  la  saison  d'été  à  Wiesbaden  :  Sladtfeld 
lui  fut  présenté  et  eut  l'honneur  de  jouer  de- 
vant Sa  Majesté  qui,  touchée  de  sa  situation 
ainsi  que  de  son  talent  naissant,  prit  cet  en- 
fant sous  sa  royale  protection,  lui  accorda  une 
pension  suffisante  qui  fut  payée  pendant  plus 
île  dix  ans,  et  le  fit  recommander  à  l'auteur  de 
celte  notice,  pour  qu'il  fût  admis  au  Conser- 
vatoire de  Bruxelles.  Doué  d'une  très-rare  in- 
telligence musicale,  Sladtfeld  s'avança  à  pas 
de  géant  dans  l'étude  de  toutes  les  parties  de 
l'art.  Dès  la  première  année,  il  eut  au  concours 
le  second  prix  de  piano;  le  premier  lui  fut  dé- 
cerné l'année  suivante(1841).  Le  premier  prix 
d'harmonie  fut  conquis  par  lui  dans  un  con- 
cours où  s'étaient  présentés  des  élèves  distin- 
gués, puis  il  fit  pendant  quatre  ans  un  cours 
sévère  de  contrepoint  sous  la  direction  de  l'au- 
teur de  cette  notice,  et  obtint  le  premier  prix 
de  composition.  Enfin,  Sladtfeld  n'était  âgé 
que  de  vingt-trois  ans  lorsqu'il  obtint,  en 
1849,  le  grand  prix  de  composition  au  con- 
cours institué  par  le  gouvernement  de  la  Bel- 
gique, et  à  ce  titre,  devint  pensionnaire  de 
l'État  pendant  quatre  ans,  pour  aller  à  l'étran- 
ger étendre  le  cercle  de  ses  connaissances. 
Tout  présageait  une  belle  carrière  à  ce  jeune 
artiste.  Doué  d'un  sentiment  distingué  dans 
ses  mélodies,  ayant  celle  même  distinction 
dans  son  harmonie  et  possédant  un  instinct  de 
nouveauté  dans  l'instrumentation,  il  écrivait 
avec  une  rare  facilité.  Dès  1845,  ilavaitfait 
entendre  sa  première  symphonie  (en  ut  mi- 
neur) aux  concerts  du  Conservatoire  de 
Bruxelles.  L'année  suivante,  une  ouverture  de 
sa  composition  fut  exécutée  dans  la  séance  pu- 
blique annuelle  de  la  classe  des  beaux-arts  de 
l'Académie  royale  de  Belgique.  Après  avoir  été 
proclamé  lauréat  du  grand  concours  en  1849, 
il  se  rendit  àParis,  où  il  trouva  un  accueil  sym- 
pathique chez  plusieurs  artistes  d'élite.  Il  tra- 
vaillait avec  facilité  et  semblait  improviser,  car 
une  seconde  symphonie(ens«  bémol),  une  troi- 
sième (en  sol),  une  quatrième  (en  la  mineur), 
et  beaucoup  d'autres  ouvrages  furent  produits 
avec  rapidité  par  sa  plume.  Une  désir,  com- 
mun à  tous  les  jeunes  compositeurs,  le  désir  de 
produire  un  opéra,  un  grand  opéra,  l'agitait. 


1C3 


STADTFELD  —  STAES 


A  sa  demande,  un  de  ses  amis  (M.  Jules  Guil- 
laume) avait  transformé  en  livret  lyrique 
Vftamht  de  Shakespeare,  et  déjà,  avant  son 
dépari  pour  Paris,  une  partie  de  la  partition 
était  écrite.  Après  son  arrivée  à  Paris,  diverses 
modifications  assez  considérables  furent  faites 
au  livret  de  son  opéra,  et  lui-même  refit  une 
partie  de  la  musique  de  cet  ouvrage,  dont 
l'ouverture  fut  exécutée  plusieurs  fois  avec  un 
brillant  succès  aux  concerts  de  la  société  de 
Sainte-Cécile,  sous  la  direction  de  M.  Seghers. 
M.  Roqueplan,  alors  directeur  de  l'Opéra,  pa- 
rut s'intéresser  à  Stadlfeld;  il  fit  copier  les 
rôles  pour  une  audition  d'Hamlet,  les  distri- 
bua et  fixa  le  jour  de  l'audition  ;  ce  jour  tant 
désiré,  et  longtemps  sollicité!  Mais  depuis 
plusieurs  années,  S:adtfeld  luttait  à  son  insu 
contre  une  maladie  qui  défie  les  secours  de  la 
médecine  :  il  était  alleint  de  plilliisie.  Au  mo- 
ment même  où  il  semblait  qu'il  allait  recueil- 
lir les  fruits  de  son  talent,  le  mal  faisait  d'eT- 
frayanls  progrès.  Les  médecins  jugèrent  le 
changement  d'air  indispensable;  désespéré, 
le  jeune  artiste  s'éloigna  de  Paris,  revint  à 
Bruxelles,  et  expira  le  4  novembre  1853,  à 
l'âge  de  vingt-sept  ans  et  quelques  mois. 

Outre  les  ouvrages  cités  précédemment,  il  a 
laissé  en  manuscrit  :  1°  La  Découverte  de 
l'Amérique,  ouverture  à  grand  orchestre. 
2°  Ouverture  de  concert  (en  mi).  3°  Trio  pour 
piano,  hautbois  cl  basson.  4°  Premier  concer- 
tino  pour  piano  et  orchestre.  5°  Deuxième 
idem.  C°  Hymne  pour  chœur  et  orchestre. 
7°  Messe  (en  ré)  à  quatre  voix  et  orcheslre. 
8°  TeDeum  pour  voix  seules,  chœur,  orcheslre 
et  orgue,  exéculé  dans  des  circonstances  solen- 
nelles, à  l'église  SS.  Michel  et  Gudule,  à 
Bruxelles.  9»  Ave  Maria,  pour  ténor  et  orgue. 
10°  Tantum  ergo  à  quatre  voix.  11°  O  glo- 
riosa  f'irginum,  pour  basse  seule  et  orgue. 
\^°  L'Illusion,  opéra-comique  en  un  acte. 
13°  La  Pedrina,  opéra-comique  en  trois 
actes.  14°  Le  Dernier  Jour  dv  Marina  Fa- 
licro,  scène  lyrique.  15°  La  T'endetta,  can- 
tale  avec  orchestre.  16°  Le  Songe  du  jeune 
Scipion,  cantate  couronnée.  17°  Abou-Has- 
san,  opéra-comique  en  un  acle.  On  a  publié 
de  Stadlfeld  :  18°  Vingt  chœurs  pour  des  voix 
d'hommes,  la  plupart  sur  des  paroles  alle- 
mandes. 19°  Recueil  de  mélodies  à  voix  seule 
avec  piano  ;  Bruxelles,  Katlo.  20°  Premier 
quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle; 
ibid.  A  l'exception  de  quelques  manuscrits 
originaux  de  Stadlfeld  qui  se  trouvent  dans  la 
Bibliothèque  du  Conservatoire  de  Bruxelles, 
tous  ses  ouvrages  ont  été  remis  à  sa  famille. 


STAEIILE  (Hugo),  né  à  Cassel  (Hesse- 
Eleclorale),  mort  dans  celle  ville,  le  29  mars 
1848,  à  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  fut  un  com- 
positeur de  beaucoup  d'espérances.  Il  était  alto 
dans  la  chapelle  du  prince  et  avait  fait  ses 
éludes  sous  la  direction  de'Spohr.  Une  ouver- 
ture pour  l'orchestre,  qu'il  écrivit  à  l'âge  de 
seize  ans,  fut  exécutée  à  Cassel  avec  succès  en 
1844.  Dans  l'année  suivante,  sa  première  sym- 
phonie reçut  le  même  accueil,  et,  en  1847, 
il  fit  représenter  son  opéra  intitulé  Arria, 
dans  lequel  on  remarqua  de  l'originalité  ainsi 
qu'un  bon  sentiment  dramatique.  Son  dernier 
ouvrage  fut  un  hymne  à  la  louange  de  Spohr, 
qui  ne  fut  exéculé  que  quelques  jours  après  la 
mort  de  l'auteur.  On  n'a  publié  de  Staehle  que 
six  Lieder  pour  soprano  ou  ténor  avec  accom- 
pagnement de  piano,  op.  2;  Hambourg,  Schu- 
berth;  six  Lieder  pour  baryton,  op.  5;  Cassel, 
Luckhardl  ;  trois  Scherzi  pour  le  piano,  op.  4  ; 
ibid.  ;  et  des  valses  pour  cet  instrument. 
M.  Bernsdorf  n'a  pas  mentionné  cet  artiste 
dans  son  Neues  Universal-Lexikon  der  Ton- 
kunst. 

SX  EHLIN-STOI\KSIîOUÏ\G  (Jacques 
DE),  conseiller  d'État  de  l'empereur  de  Rus- 
sie, membre  et  secrétaire  de  l'Académie  des 
sciences  de  Pétersbourg,  directeur  du  musée 
de  la  même  ville,  naquit  à  Memmingen,  en 
Souabe,  cl  mourut  à  Pétersbourg,  le  6  juillet 
1785.  Il  est  auteur  de  notices  sur  le  théâtre  en 
Russie,  et  d'une  histoire  abrégée  de  la  danse 
et  de  la  musique  des  Russes,  qui  ont  été  insé- 
rées par  Haigold  dans  son  livre  sur  les  modi- 
fications progressives  de  la  Russie  {Neu  Ver- 
œnderten  Russland;  Riga,  17C7-17C8,  deux 
volumes  in-8°).  Hiller  en  a  donné  une  ana- 
lyse très-étendue  dans  ses  notices  hebdoma- 
daires sur  la  musique (TFœchentlichcn  Nach- 
richten,  1770). 

STAES  (FEnDiNAND-PiiiLippr.-JosEPii),  fils 
d'un  musicien  de  la  chapelle  de  l'archiduc 
Charles  de  Lorraine,  gouverneur  des  Pays-Bas, 
naquit  à  Bruxelles,  le  16  décembre  1748.  En 
1780,  il  obtint  la  place  d'organiste  de  la  cour; 
précédemment  il  était  accompagnateur  au 
théâtre.  Il  mourut  à  Bruxelles,  le  23  mats 
1809,  à  l'âge  de  soixante  ans.  Staes  fut  un  ar- 
tiste de  mérite  qui  aurait  eu  vraisemblable- 
ment de  la  réputation,  s'il  se  fut  trouvé  dans 
un  pays  et  dans  des  circonstances  plus  favo- 
rables au  développement  de  son  (aient.  Il  a 
publié  à  Bruxelles  :  1°  Sonates  pour  piano, 
violon  et  basse,  op.  1,  2,  5,  4,  chacun  de  trois 
sonates.  2°  Trois  concertos  pour  le  clavecin, 
op.  5.  3°  Quatrième  concerto  pour  piano,  op.  0. 


STAES  -  STAI1LKNECI1T 


10.) 


STAES  (Guillaume),  connu  sous  le  nom 
de  STAES  le  jeune,  frère  du  précédent,  naquit 
à  Bruxelles,  en  1751 .  Il  se  fixa àParis, vers  178G, 
s'y  livra  à  l'enseignement  du  piano,  et  y  pu- 
blia :  1°  Grande  sonate  pour  piano,  flûte  ou 
violon,  et  basson  ou  violoncelle,  op.  1  ;  Paris, 
Sieber.  2°  Deux  grandes  valses  pour  piano; 
Paris,  Naderman.  5°  Contredanses  idem; 
Bruxelles,  Plouvier.  4°  Marche  et  quatre 
grandes  valses  pour  le  piano. 

STAFFA  (Joseph),  noble  napolitain,  né 
en  1809,  s'est  livré  à  la  composition  comme 
amateur,  eta  fait  représenter  au  théâtre  Saint- 
Charles  :  1°  Prîamo  alla  tenda  d'Achille,  le 
19  novembre  1828.  2°  Francesca  di  Rimini, 
le  12  mars  1831.  3°  77  Matrimonio  per  ra- 
gione,  en  deux  actes,  au  théâtre  NuovoA"  La 
Battaglia  di  Navarino,  à  Saint-Charles,  le 
25  février  18-57.  Le  mauvais  succès  de  ses 
derniers  ouvrages  semble  lui  avoir  fait  prendre 
la  résolution  de  cesser  d'écrire. 

STAFFORD  (William  COOKE),  écri- 
vain anglais,  est  né  à  York,,  où  il  habitait  en 
1830.  Il  est  auteur  d'une  Histoire  abrégée  de  la 
musique  intitulée  :  A  Hislory  of  Music, 
Edimbourg,  Constable,  1830,  un  volume  in-12 
de  trois  cent  quatre-vingt-sept  pages.  Madame 
Fétis  a  publié  une  traduction  de  cet  ouvrage, 
sous  le  titre  :  Histoire  de  la  musique,  par 
M.  Stafford,  traduite  de  l'anglais  par  ma- 
dame Adèle  Fétis,  avec  des  notes,  des  cor- 
rections et  des  additions  par  M.  Fétis; 
Paris,  Paulin,  1832,  un  volume  grand  in-12 
de  (rois  cent  soixante-cinq  pages.  Les  notes  de 
la  traduction  française  sont  de  peu  d'impor- 
tance, et  n'ont  pour  objet  que  de  rectifier 
quelques  erreurs  de  l'auteur  anglais.  On  ne 
comprend  donc  pas  ce  qui  a  pu  décider  les 
imitateurs  allemands  de  la  traduction  française 
à  donner  pour  titre  à  leur  travail  ;  Geschichte 
der  Blusik  aller  Nalionen,  nach  Fétis  und 
Stafford  (Histoire  de  la  musique  de  toutes  les 
nations,  d'après  Fétis  et  Stafford);  Weimar, 
1835,un  volume  in-8°dequatre  cent  quarante- 
huit  pages,  avec  des  planches.  Ce  volume,  où 
les  fautes  d'impression  abondent,  et  dans 
lequel  la  plupart  des  noms  sont  défigurés,  n'a 
aucun  rapport  avec  les  travaux  de  l'auteur  de 
celle  notice  sur  l'histoire  de  la  musique  :  il 
désavoue  de  la  manière  la  plus  formelle  la 
part  que  les  auteurs  allemands  lui  ont  attri- 
buée. 

STAIILRTSECHT  (A. -II.),  directeur  de 
musique  à  Dessau,  y  vivait  en  1851,  puis  il  fut 
professeur  de  musique  à  Chemnilz  (1834),  et 
enfin  directeur  de  la  société  de  chant  de  celte 


ville  (1840).  Je  n'ai  pas  d'aulres  renseigne- 
ments surce  musicien,  qui  n'est  pas  mentionné 
par  les  biographes  allemands.  On  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Six  chants  pour  liasse  avec 
piano,  op.  1  ;  Leipsick,  Pœnicke.  2"Six  idem, 
op.  9;  ibid.  3°  Six  chants  pour  soprano  ou 
ténor,  op.  2;  ibid.  4°  Six  idem,  deuxième  re- 
cueil ;  ibid.  5°  Six  chants  pour  bariton  avec 
piano,  op.  11  ;  Leipsick,  Rlemm.C0  La  t'lian~ 
son  du  Rhin,  de  Becker,  à  voix  seule  avec 
piano;  Chemnilz,  Hœcker.  7°  Chant  de  fête 
pour  la  naissance  du  roi  de  Prusse  Frédéric- 
Guillaume  III,  à  quatre  voix  d'hommes,  op.  3; 
Leipsick,  Pœnicke.  8°  Six  pas  redoublés  pour 
un  chœur  de  soldats,  op.  4;  ibid.  9"  Six  chants 
pour  un  chœur  d'hommes,  op.  C;  Leipsick, 
Schuberlh. 

STAIILRIVECHT  (Adolphe),  musicien 
de  chambre  de  la  cour  de  Prusse  et  violonisle 
du  théâtre  royal  de  Berlin,  né  à  Varsovie,  le 
18  juin  1813,  est  fils  d'un  musicien  allemand 
qui  lui  donna  les  premières  leçons  de  violon. 
Plus  lard  il  se  rendit  à  Breslau  et  y  devint 
élève  du  directeur  de  musique  Luge;  puis  il 
reçut  des  leçons  des  maîtres  de  concert  JYIiih- 
lenbruck  et  Léon  de  Saint-Lubin,  à  Berlin. 
Il  étudia  la  composition  à  l'Institut  de  l'aca- 
démie royale  des  beaux-arts  de  cette  ville, 
et  le  13  juin  1837,  il  obtint  en  prix  la 
grande  médaille  d'or.  Dès  1831,  il  avait  été 
admis  comme  violoniste  dans  l'orchestre  du 
théâtre  Kœnigstadt;  en  1840,  il  eutletilrede 
musicien  de  la  chambre  royale.  Cet  artiste  a 
fait  beaucoup  de  voyages  à  Dresde,  Prague, 
Vienne,  Pélersbourg,etc.,  avec  son  frère  Jules 
(voyez  la  notice  suivante).  En  1844,  les  deux 
frères,  réunis  d'abord  avec  le  pianiste  Sleiffen- 
sand,  puis  avec  Lœschhorn,  ont  donné  des 
soirées  de  trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle. Stahlknechtest  considéré  à  Berlin  comme 
un  bon  compositeur  :  il  a  écrit  deux  opéras, 
dont  un  a  pour  titre  Casimir,  roide  Pologne  : 
l'ouverture  de  cet  ouvrage  a  été  exéculée  à 
Berlin  dans  un  concert,  en  1849.  Ses  autres  com- 
positions consistent  en  deux  messes  avec  or- 
chestre, deux  psaumes, huit  chanls  liturgiques 
pour  le  Domchor  de  Berlin,  plusieurs  fugues, 
sept  symphonies  pour  l'orchestre,  vingt-cinq 
quatuors  ponr  des  instruments  à  cordes,  cinq 
trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  trente- 
six  enlr'aclcs  pour  des  drames,  des  sonales  de 
piano  et  un  quintette  pour  des  instruments 
à  archet;  beaucoup  de  Lieder  avec  accom- 
pagnement de  piano.  Plusieurs  de  ses  com- 
positions ont  élé  publiées  à  Leipsick,  à  Berlin 
cl  à  Gollia. 


•110 


STAHLKNECHT  -  STAMATY 


STAHLKNECHT  (Jules),  frère  du  pré- 
cédent, musicien  de  la  chambre  et  violoncel- 
liste du  théâtre  royal  de  Berlin,  est  né  le 
17  mars  1817,  à  Posen.  Les  violoncellistes 
Drews  et  Wranitzki  de  Berlin  furent  ses 
maîtres.  En  1838,  il  obtint  sa  nomination 
de  membre  de  la  chapelle  royale.  On  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Divertissement 
pour  violoncelle  et  piano  sur  les  motifs  de 
la  Fille  du  régiment,  op.  5;  Magdebourg, 
Heinrichshofer.  2°  Pièces  faciles  pour  deux 
violoncelles,  op.  4;  ibîd.  3°  Trois  Lieder 
pour  violoncelle  et  piano,  op.  5;  ibid. 
A"  Fantaisie  pour  piano  et  violoncelle,  sur 
Linda  de  Chamouny,  op.  6  ;  ibid.  5°  Trois 
morceaux  pour  violoncelle  et  piano,  op.  8; 
Berlin,  Bock,  1862.  G0  La  Sérénade  es- 
pagnole, pour  violoncelle  et  piano,  op.  11- 
Berlin,  Trautwein. 

STAMATY    (Camilie-Marie),  pianiste  et 
compositeur  pour  son   instrument,   est  né  à 
Borne,  le  23  mars  1811.  Son  père  était  consul 
de  France  à  Civila-Vecchia.  Dès  ses  premières 
années,  M.  Stamaty  prit  le  goût  de  la  musique 
en  écoutant  sa  mère,  cantatrice  amateur  dis- 
tinguée, dans  l'exécution  des  œuvres  de  Mo- 
zart, de  Haydn  et  des  psaumes  de  Marcello  ; 
cependant  ses  parents  ne  le  destinaient  pas  à 
la  carrière  d'artiste.  En  1818,  il  perdit  son  père; 
ce  malheur  ramena  sa  mère  en  France.  Elle 
s'établit  d'abord  à  Dijon  et  ce  fut  dans  cette  ville 
que  l'éducation  de  M.  Stamaty  fut  commencée; 
puis  il  fut  conduit  à  Paris,  où  les  éludes  litté- 
raires l'occupèrent  à  l'exclusion  de  la  musique. 
A  dix-sept  ans,  il  fut  reçu  bachelier  es  lettres. 
Jusqu'à  l'âge  de  quatorze  ans,  il  n'avait  pas 
eu  de  piano  chez  lui.  Il  était  destiné  à  la  car- 
rière des.consulatsqu'avaitparcourueson  père, 
quoique  son  penchant  pour  les  mathématiques 
lui  fit  désirer  d'entrer  à  l'école  polytechnique; 
des  motifs  de  famille  le  firent  renoncer  à  ces 
deux  projets,  et  au  mois  de  janvier  1828,  il 
entra  comme  employé  au  cabinet  du  préfet 
de  la  Seine.  Ses  occupations  administratives 
lui  laissant  du  loisir,  il  en  profita  pour  s'oc- 
cuper de  la  musique,  qu'il  avait  toujours  aimée. 
Déjà,  à  l'âge  de  quinze  ans,  il  avait  publié  un 
air  varié  difficile  et  brillant  pour  le  piano,  et 
quelques     quadrilles    de    contredanses    qu'il 
jouait  dans  le  monde.  Fessy  {voyez  ce  nom), 
de  qui  il  avait  reçu  des  leçons  de  piano,  l'en- 
couragea à  cultiver  l'art  d'une  manière  plus 
sérieuse  qu'il  n'avait  fait  jusqu'alors;  il   lui 
procura  l'entrée  de  tous  les  concerts  dans  les- 
quels il  remplissait  les  fonctions  d'accompa- 
gnateur, et  lui  fournit  ainsi  de  fréquentes  oc- 


casions d'entendre  les  artistes  de  celte  époque. 
Au  commencement  de  1830,    il  fut  entendu 
lui-même  de  Baillot  et  de  Kalkbrenner  :  ces 
deux  artistes  éminents  lui  donnèrent  des  en- 
couragements, et  le  second  exprima  le  désir  de 
faire  de  lui  son  élève  ;  cette  circonstance  décida 
de  sa  vocation.  Dans  les  premiers  temps  où  il 
reçut  les  leçons    de  Kalkbrenner,    il   ne  put 
donner  que   peu  de  temps  à  ses   études  du 
piano,  parce  qu'il  avait  conservé  sa  position  à 
la  préfecture  de  la  Seine;  mais  sur  l'assurance 
que  lui  donna  Kalkbrenner  de  ses  succès  fu- 
turs, il  quitta  définitivement  l'administration 
et  se  livra  sans  réserve  à  sa  nouvelle  carrière, 
vers  le  milieu  de  1831.  Cependant  une  diffi- 
culté sérieuse   vint    l'arrêter,  peu  de  temps 
après  l'abandon  de  sa  place.  L'excès  d'un  tra- 
vail dont   il  n'avait  pas  l'habitude  détermina 
dans  ses  mains  une  affection  articulaire    et 
nerveuse    qui   le   mit   dans   la    nécessité   de 
suspendre  ses  leçons  à  plusieurs  reprises,  une 
fois  pendant  dix  mois,  une  autre  fois  pendant 
huit,  et  souvent  pendant  plusieurs  semaines. 
Le  chagrin  qu'il   en  ressentit  lui  occasionna 
une  grande  maladie.  En  dépit  de  ces  obstacles, 
toutefois,  M.  Stamaty  atteignit  son  but  comme 
exécutant  formé   à   une  belle  école  de  méca- 
nisme; il  fit  publiquement  son  début  dans  un 
concert  qu'il  donna  au  mois  de  mars  1835,  et 
dans  lequel  il  fit  entendre  un  concerto  de  sa 
composition  (op.  2).  Cette  époque  est  celle  où 
il  svadonna  entièrement  à  l'enseignement  du 
piano.  Le  besoin  de  repos,  pour  se  livrer  à  ses 
propres  études,    lui  fit  prendre,  en  1836,  la 
résolution  de  se  rendre  en  Allemagne,  où  il 
espérait  trouver  une  liberté  dont  ne  jouissent 
pas  les  artistes  à  Paris.  Il  partit  au  mois  de 
septembre  de  cette  année  et  s'établit  à  Leip- 
sick,  où  il  se  lia  avec  Mendelssohn  et  Schu- 
mann.  Le  premier  de  ees  artistes  lui  fit  faire 
des  études  de  composition  qu'il  ne  continua 
pas  longtemps;  car  après  trois   mois   passés 
dans  la  ville  saxonne,  le  mal  du  pays  et  les  in- 
stances de  ses  élèves  le  ramenèrent  à  Paris,  au 
mois  de  janvier  1837.  Cette  époque  est  celle 
où  M.  Stamaty  se  livra  à  l'étude  des  œuvres 
classiques  de  Bach,  de  Mozart,  de  Beethoven, 
qu'il  a  fait  entendre  ensuite  chez  lui,  dans  des 
séances  périodiques  et  dans  des  concerts  in- 
times donnés  avec  Delsarte,  au  profit  de  la  So- 
ciété Saint-Vincent  de  Paul,  dont  ils  étaient 
membres  tous  deux. 

Au  nombre  des  meilleurs  élèves  de  M.  Sta- 
maty, MM.  Gottschalk  et  Saint-Saëns  tiennent 
le  premier  rang  (voyez  ces  noms).  Un  très- 
grand  nombre  d'autres  pianistes  ont  été  for- 


STAMATY  —  STAM1TZ 


111 


mes  à  son  école.  La  mort  de  sa  mère  vint,  en 
1846,  faire  fermer  ses  cours.  La  douleur  qu'il 
ressentit  de  cette  perte  le  conduisit  à  Rome,  où, 
pendant  une  année  entière,  il  vécut  dans  la 
solitude.  De  retour,  enfin,  à  Paris,  il  s'y  maria 
en  1848  et  reprit  son  enseignement.  Les 
<jeuvresprincipalesde  cetartistesonl  :  Concerto 
pour  piano  et  orchestre,  op.  2  ;  Paris,  Prilipp  ; 
sonate  pour  piano  seul  (en  fa  mineur),  op.  8; 
Paris,  Rrandus  ;  vingt-cinq  grandes  éludes 
idem,  op.  11  ;  Paris,  Gérard  ;  grand  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  12;  ibid.; 
grande  sonate  pour  piano  seul  (en  ut  mineur)  ; 
rondo  caprice,  idem,  op.  14;  Paris,  Prilipp; 
études  caractéristiques  sur  Obéran,  de  We- 
ber,  op.  53;  Paris,  Heugel  ;  études  progres- 
sives en  trois  livres,  op.  37,  38  et  39;  ibid.; 
Les  Concertantes,  études  spéciales  et  pro- 
gressives en  deux  livres,  op.  46  et  47  ;  des 
thèmes  variés,  op.  5  et  19;  des  fantaisies  sur 
des  thèmes  d'opéras,  op.  6,  7,  9,  10,  13;  des 
morceaux  de  genre  dans  la  manière  des  pia- 
nistes modernes; des  transcriptions, etc. 

STAMEGNA  (Nicolas),  prêtre  et  compo- 
siteur, né  à  Spello,  dans  les  États  de  l'Église, 
vers  1620,  fut  d'abord  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale  de  Spolète,  puis  fut  appelé  à 
Home  et  nommé  maître  de  chapelle  de  Sainte- 
Marie-Majeure,  le  31  janvier  1659.  Il  occupa 
cette  place  jusqu'en  1667  et  obtint  alors  un 
canonicat  dans  sa  ville  natale,  où  il  se  retira. 
Un  œuvre  de  sa  composition  a  été  publié  sous 
ce  titre  :  Sacrarum  modulationum  seu  Jlot- 
tettorum  2,  5  et  4  vocibus  liber  primus; 
Rome,  PaulMasolli,  1637.  On  trouve  à  la  Ri- 
hlioihèque  royale  de  Paris  trois  motets  de  ce 
musicien,  en  manuscrit,  entre  autres,  un 
Jngredimini,  pour  la  fête  de  Saint-Jac- 
ques. 

STAMITZ  (Jean-Charles),  célèbre  violo- 
niste et  compositeur,  naquit  en  1719,  à 
Deutschhrod,  et  Rohème,  où  son  père  était 
maître  d'école.  Ses  éludes  ne  furent  dirigées 
par  aucun  maître  distingué  :  il  ne  dut  qu'à 
lui-même  son  talent  sur  le  violon  et  dans  la 
composition.  Doué  d'un  génie  original,  il  mit 
dans  sa  musique  plus  de  légèreté  et  de  brillant 
qu'on  n'en  trouvait  dans  les  œuvres  des  com- 
positeurs allemands  de  son  temps.  Ses  sympho- 
nies précédèrent  celles  de  Haydn,  et  peut-être 
ne  furent-elles  point  inutiles  au  développe- 
ment du  génie  de  ce  grand  homme.  Stamilz  a 
^crit  aussi  beaucoup  de  sonates  de  clavecin 
qui  sont  d'un  très-bon  goût.  Dans  sa  musique 
de  violon,  et  particulièrement  dans  ses  con- 
certos, on  l'a  comparé  à  Tarlinij  mais  s'il  a 


moins  de  clarté  dans  les  idées  mélodiques  que 
le  célèbre  violoniste  italien,  il  lui  est  supé- 
rieur pour  la  force  et  la  variété  de  l'harmo- 
nie. Son  élude,  formant  un  duo  pour  un  seul 
violon,  prouve  qu'il  devait  être  d'une  grande 
habileté  dans  l'exécution.  Stamilz  entra  au 
service  de  l'électeur  Palatin,  à  Manheim,  vers 
1745;  il  mourut  dans  celte  ville  en  1761,  à 
l'âge  de  quarante-deux  ans.  On  a  fait  plusieurs 
éditions  des  ouvrages  suivants  de  cet  artiste  : 
l°Six  sonates  choisies  pour  le  clavecin  avec 
un  violon,  op.  1  ;  Paris,  Yenier.  2°  Six  sonates 
pour  violon  et  basse,  op.  2;  Manheim,  1760; 
Paris,  Lachevardière.  3°  Six  symphonies  à  huit 
parties,  op.  3;  Paris,  Lachevardière.  4°  Con- 
certos pour  violon  el  orchestre,  nos  1,  2,  3,  4, 
5,  6  ;  ibid.  5°  Six  Irios  pour  deux  violons  et 
basse,  op.  5;  Paris,  Venier.  6°  Six  sonates 
pour  violon  et  basse,  op.  6;  Paris,  Lachevar- 
dière. 7"  Six  symphonies  à  huit  parties,  op.  8; 
Paris,  Lachevardière.  8°  Exercices  imitant  un 
duo  de  deux  violons  ;  Paris,  Sieber.  On  connaît 
aussi  de  Slamitz,  en  manuscrit,  vingt  et  un 
concertos  pour  violon,  onze  symphonies,  neuf 
solos  de  violon,  deux  concertos  pour  le  clave- 
cin, et  beaucoup  de  sonates  pour  le  même  in- 
strument. 

Le  frèrede Stamilz  (Thaddée),  né àDeulsch- 
brod,  en  1721,  fut  un  violoncelliste  très-dis- 
tingué. 11  entra  aussi  au  service  de  l'électeur 
Palatin,  à  Manheim,  mais  ensuite  il  retourna 
à  Prague,  se  fit  prêtre,  el  devint,  vers  la  lin 
de  sa  vie,  grand  vicaire  de  l'archevêque  de 
Prague,  et  chanoine  à  Runzlau.  Il  mourut  le 
23  août  1768. 

STAM1TZ  (Charles),  fils  aîné  de  Jean- 
Charles,  né  à  Manheim,  le  7  mai  1746,  fit  ses  . 
premières  éludes  musicales  sous  la  direction 
de  son  père,  puis  devint  élève  de  Cannabich. 
En  1767,  il  fut  admis  dans  la  chapelle  du 
prince  en  qualité  de  vio'onisle,  et  trois  ans 
après  il  fit  un  voyage  à  Paris,  où  il  fit  admirer 
son  habileté  sur  la  viole  d'amour  et  sur  l'alto. 
Le  duc  de  Noailles  l'attacha  à  sa  musique,  et 
Slamitz  resta  au  service  de  ce  prince  jusqu'en 
1785.  Il  retourna  alors  en  Allemagne  et  se  fit 
entendre  avec  succès  à  Francfort,  à  Rerlin  et 
à  Dresde.  En  1787,  il  entra  dans  la  chapelle 
du  prince  de  Hohenlohe-Schilling,  et  dans  la 
même  année,  il  visita  Prague,  une  partie  de 
l'Autriche,  puis  alla  à  Nuremberg,  où  il  vécut 
quelque  temps  sans  emploi.  Dans  l'hiver  de 
1789  à  1790,  il  dirigea  le  concert  des  ama- 
teurs à  Cassel,  puis  il  partit  pour  la  Russie,  et 
vécut  àPétersbourg  pendant  plusieurs  années. 
De  retour  en  Allemagne,  il  dirigea,  en  1800, 


1J-2 


STAM1TZ  —  STANLEY 


le  concert  desétudiants  à  Jéna.el  mourut  dans 
celte    ville,    en    1801.  Également    distingué 
comme  virtuose  et  comme  compositeur,   cet 
artiste  a  publié  :    1°  Trois  symphonies  à  huit 
parties,   op.  3;   Paris,  Lachevardière.  2°  Six 
symphonies  à  dix  parties,  op.  16;  Paris,  Sie- 
ber.  5°  La  Chasse,  symphonie  pour  deux  vio- 
lons,  alto,  basse,    flûte,  deux  hautbois,  deux 
bassons,  deux  cors,  et  deux  trompettes;  ibid. 
4°  Symphonie  concertante  pour  deux  violons, 
op.    14;    Paris,    Heyna,    177G.  5°  Deuxième 
idem;    Paris,    Sieber.    6°    Troisième    idem, 
op.  17;  ibid.  7°  Quatrième  idem;  Paris,  Na- 
derman.  8°  Concertos  pour  le  violon,  nos  1,  2, 
3,  4,5,6,7;  Paris,  Bailleux.  9°  Quatuors  pour 
ileux  violons,  alto  et  basse,  op.  4,  7,  10,  13, 
15;  Paris,  Bailleux,  Boyer.  10°  Six  trios  pour 
deux  violons  et  basse,  op.   1  ;  Offenbach,  An- 
dré. ll°Duos  pour  violon  et  violoncelle, op. 2  ; 
Paris,  Louis.  12°  Duos    pour  deux    violons, 
op.  8;  Paris,  Boyer;  op.  11,  18;  Paris,  Sieber. 
13"  Duos  pour  violon   et  alto,  op.  19;  Paris, 
Louis.  14"  Concerto  pour  allô  (en  sol)]  Paris, 
Bailleux.  15°  Concerto  pour  le  piano;  Paris, 
Naderman.     Il    existe    aussi    en   Allemagne 
beaucoup   de  morceaux   pour  divers    instru- 
ments composés  par  Stamitz.  Il  a  écrit  et  fait 
représenter  à  Francfort  un  petit  opéra-comi- 
que, intitulé  :  le  Tuteur  amoureux,  dont  la 
musique  est  fort  jolie.  A  Pétersbourg,  il  a  com- 
posé, pour  l'impératrice,  le  grand  opéra  Dar- 
danus. 

STAMITZ  (Antoine),  second  fils  de  Jean- 
Charles,  naquit  à  Manheim,  en  1753.  Excel- 
lent violoniste  comme  son  père  et  son  frère  ,  il 
accompagna  celui-ci  dans  son  voyage  à  Paris. 
On  lit  dans  le  Dictionnaire  historique  des 
musiciens,  par  Choron  et  Fayolle,  qu'il  joua 
longtemps  à  la  chapelle  du  roi,  à  Versailles; 
mais  c'est  une  erreur,  car  son  nom  ne  figure 
sur  aucun  état  de  cette  chapelle.  Les  événe- 
ments de  la  vie  de  cet  artiste  sont  complète- 
ment inconnus,  après  son  arrivée  à  Paris  vers 
1770;  il  parait  seulement  certain  qu'il  était 
encore  dans  cette  ville,  en  1781,  car  YAlma- 
nach  musical  de  1782  nous  apprend  qu'il  y 
publia  alors  six  duos  pour  violon  et  violon- 
celle. Ses  œuvres  connues  sont  :  1°  Six  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  14; 
Paris,  Sieber.  2°  Six  idem, op.  22;  ibid.  3°  Six 
trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  2;  Paris, 
Boyer.  4°  Concerto  pour  violon,  op.  27  ;  ibid. 
5° Six  duos  pour  violon  et  violoncelle,  op.  5; 
ibid.  6°  Six  trios  pour  flûte,  violon  et  basse, 
op.  17;  Paris,  Sieber.  7°  Nocturnes  ou  airs 
variés  pour  violon  et  violoncelle;  ibid.  8°  Six 


duos  pour  violon  et  flûte,  op.  7;  Paris,  Boyer. 
9°  Concertos  pour  clavecin,  nos  1 ,  2,  3. 10°  Des 
concertos  pour  violoncelle,  basson,  etc. 

STAMM  (Pierre),  vraisemblement  pro- 
fesseur ou  recteur  au  gymnase  Carolin  de  Stel- 
tin,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  un  discours  qu'il  a  pro- 
noncé aux  obsèques  de  Jean-Georges  Eheling 
(voyez  ce  nom),  sous  ce  titre  :  Programma 
funèbre  in  obitum  J.-G.  Ebelingii,  Gym- 
nasii  Carol.  Prof.  Mus.;  Stettin,  1676, 
in-4°. 

STANCARI  (Victor-François),  mathé- 
maticien, né  à  Bologne,  en  1678,  fut  l'ami  et 
l'élève  de  Manfredi.  Reçu  docteur  en  philoso- 
phie dans  l'année  1704,  il  obtint  dans  la  même 
année  la  direction  de  l'observatoire  de  Bo- 
logne, et  fut  élu  secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie des  Inquieti,  présidée  alors  par  Mor- 
gagn.i.  Les  jésuites  lui  confièrent,  à  la  même 
époque,  l'enseignement  delà  géographie  et  de 
l'art  militaire  au  collège  des  nobles.  Ce  savant 
mourut,  à  l'âge  de  trente  et  un  ans,  d'une  ma- 
ladie de  poitrine,  le  18  mars  1709.  Parmi  ses 
nombreux  écrits,  dont  on  trouve  la  liste  dans 
les  Scrittori  Bolognesi,  de  Fantuzzi  (t.  VIII, 
p.  46),  on  remarque  une  dissertation  De  Sono 
fixa inveniendo  (Bologne,  1707,  in-4');  sujet 
sur  lequel  Sauveur  avait  récemment  fixé  l'at- 
tention des  mathématiciens. 

STANHOPE  (Charles,  comte  DE),  pair 
d'Angleterre  et  savant  distingué,  naquit  le 
5  août  1755,  commença  ses  études  au  collège 
d'Eton,  et  accompagna  sa  famille  à  Genève,  à 
l'âge  de  dix  ans.  Sous  la  direction  d'un  savant 
genevois  (G.-J.  Lesage),  il  se  livra  avec  ar- 
deur à  l'étude  des  sciences  physiques  et  ma- 
thématiques, dans  lesquelles  il  fit  de  grands 
progrès.  Après  la  mort  de  son  père,  en  1786, 
il  entra  dans  la  Chambre  haute  du  parlement, 
et  plus  tard,  il  s'y  montra  favorable  aux  idées 
nées  de  la  révolution  française.  Le  peu  de  suc- 
cès qu'il  obtint  à  la  tribune  le  ramena  aux 
sciences,  qui  lui  doivent  plusieurs  découvertes. 
Lord  Stanhope  mourut  à  Londres,  le  13  sep- 
tembre 1816,  à  l'âge  de  soixante-trois  ans.  La 
plupart  des  travaux  et  des  découvertes  de  lord 
Stanhope  n'appartiennent  point  à  la  musique, 
mais  il  a  proposé  un  nouveau  système  de  tem- 
pérament des  instruments  à  clavier,  sous  ce 
titre  :  Principles  of  tuning  instruments 
tvith  fixed  tones  (Principes  de  l'accord  des  in- 
struments à  sons  fixes);  Londres,  Wilson, 
1806,  in-8°  de  vingt-quatre  pages. 

STANLEY  (Jean),  bachelier  en  musique, 
naquit  à  Londres,  au  mois  de  janvier   1715. 


STANLEY  —  STARKE 


113 


A  l'âge  de  trots  ans,  un  accident  lui  fit  perdre 
la  vue.  A  sept,  il  commença  l'étude  de  la  mu- 
sique, dans  laquelle  il  fit  de  rapides  progrès. 
Son  premier  matlre  fut  un  organiste  nommé 
Reading,  élève  de  Blow;  mais  plus  lard  il  de- 
vint élève  du  docteur  Greenc.  A  l'âge  de  onze 
ans,  il  obtint  la  place  d'organiste  d'une  petite 
église  de  Londres;  en  1726,  on  lui  confia  celle 
d'organiste  de  la  paroisse  de  Saint-André,  et 
huit  ans  après,  il  y  joignit  les  fonctions  d'or- 
ganiste du  temple.  Hsendel,  qui  estimait  les 
talents  de  Stanley,  lui  laissa,  en  mourant,  une 
partie  de  sa  musique.  Il  s'associa  à  cette 
époque  avec  Smith  (voyez  ce  nom)  pour  la  di- 
rection des  oratorios,  et  la  conserva  jusqu'en 
1784.  Deux  ans  auparavant,  il  avait  remplacé 
Weidemann  comme  chef  d'orchestre  de  la  cha- 
pelle royale.  Stanley  mourut  à  Londres,  le 
19  mai  1786,  laissant  en  manuscrit  les  orato- 
rios de  Jephté  (exécuté  en  1757),  et  de  Zimri 
(en  1760,  à  Covent-Garden),  dont  il  avait  com- 
posé la  musique.  On  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Six  concertos  pour  deux  violons,  deux 
violes,  violoncelle  et  basse  continue.  2°  Six 
idem  pour  sept  instruments,  op.  2.  3°  Huit 
sonates  pour  flûte  et  basse,  op.  1.  4°Sixsolos 
pour  flûte,  op.  4. 

STAISZEIV  (Jean- Louis) ,  organiste  de 
Saint-Paul,  à  Hildesheim,  occupa  celte  posi- 
tion pendant  les  vingt  dernières  années  du 
dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Trois  sonates  pour  clavecin  et  violon, 
op.  1;  Offenbach,  1793.  2°  Sonates  à  quatre 
mains,  op.  2;  ibid.  5°  Sonates  pour  clavecin, 
violon  et  basse,  op.  4  ;  ibid.  4°  Grande  sonale 
pour  clavecin,  violon  et  basse,  op.  5;  ibid., 
1797.  5"  Quatre  marches  caractéristiques  poul- 
ie clavecin,  et  un  rondo  à  trois  mains,  op.  6; 
Brunswick,  1797.  6°  Chansons  allemandes  avec 
accompagnement  de  clavecin,  premier  et  se- 
cond recueils;  Cassel,  1782  et  1783. 

STAPPEN  (Corneille  VAN),  composi- 
teur hollandais  qui  vécut  vers  la  fin  du  quin- 
zième siècle,  n'est  connu  jusqu'à  ce  jour  que 
par  trois  morceaux  écrits  par  lui  et  qui  se  trou- 
vent dans  le  troisième  livre  du  rarissime  re- 
cueil intitulé  :  Harmonice  musices  Odlicca- 
lon,  et  dont  le  titre  particulier  est  :  CantiC. 
n"  Cenlo  cinquanta  (Impressum  Veneliis 
per  Octavianum  Petrutium  forosempro- 
niensem,  l!î03).  Le  premier  de  ces  morceaux 
est  la  chanson  française  à  quatre  voix  :  De 
tous  biens  plaine,  dont  le  superius  chante 
l'antienne  avec  les  paroles  Beati  pacifici.  Le 
second  morceau  est  la  chanson  à  quatre  voix  : 
Gentil  galans  de  guerra;  et  le  troisième  est 

BIOGR.  UNIV.  DUS  MUSICIENS.  T.  VIII. 


le  motet  à  quatre  voix  :  Virlutum  expulsus 
terris  chorus  omnis  abibit. 

STARCK  (Philippe-Guillaume),  recteur 
et  organiste  de  l'école  de  la  ville,  à  Wrilzen- 
sur-1'Oder,  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle,  est  auteur  d'un  opuscule  intitulé  : 
Orguni  Wrigensis  viadrani  veteris  de- 
structi,  et  novi  in  lemplo  majori  extructi 
descriptio,  dus  ist  :  Beschreibung  der  alten 
abgerissenen  und  in  der  grossen  R'irche  zu 
IFrilzen  an  der  Oder  neu-erbauten  Or  gel; 
Berlin,  1727,  in-4°  de  soixante  pages. 

STAR1CIUS  (Jean),  organiste  de  Saint- 
Laurent,  à  Francfort -sur-le-Mein,  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  :  1°  Teutsche  lustige  Lie- 
der  und  Tantz  mit  4  Stimmen  (Chansons 
allemandes  choisies  et  danses  à  quatre  voix); 
Francfort,  1609.  2°  Newc  teutsche  weltliche 
Lieder  nach  Art  der  ivelschen  Madriga- 
lien,  etc.  (Nouvelles  chansons  mondaines 
allemandes  dans  le  style  des  chansons  fran- 
çaises). 

STARK  (Frédéric-Théophile),  cantor, 
à  Waldenbourg,  en  Silésie,  né  le  29  août 
1742,  s'estdistingué  par  son  talent  sur  l'orgue 
et  par  ses  compositions.  Il  mourut  à  Walden- 
bourg, le  20  mai  1807.  On  a  publié  de  sacom- 
position  :  1°  Die  Gedanken  und  Fmpfin- 
dungen  beim  Kreuze  Jesu  auf  Golgotha 
(Pensées  et  douleurs  de  Jésus  sur  la  croix), 
oratorio;  Breslau,  Gross  etBarth,  en  partition. 
2°  Le  Pharisien,  oratorio,  en  1794.  3°  La 
Passion, oratorio,  en  partition  pour  le  piano; 
ibid.  On  croit  aussi  qu'une  collection  de  cent 
soixante  fugues  (?)  et  préludes  pour  l'orgue, 
publiée  à  Mayence,  vers  1792,  sous  le  nom  de 
Stark,  appartient  à  cet  artiste. 

STARKE  (Frédéric),  né  en  1774,  à  Elster- 
werda,  en  Saxe,  reçut  les  premières  leçons  de 
piano  de  Ahner,  organiste  de  ce  lieu;  puis  il 
alla  continuer  ses  études  à  Grossenhayn,  et 
apprit  à  jouer  de  tous  les  instruments  à  cordes 
et  à  vent  chez  le  musicien  de  ville  Gœrner, 
particulièrement  du  cor,  sur  lequel  il  acquit 
une  certaine  habileté.  Après  avoir  achevé  son 
apprentissage,  il  visita  Meissen,  Wittenberg 
etLeipsick,  où  il  fit  la  connaissance  de  Hillcr 
et  de  Millier.  Ce  fut  à  cette  époque  qu'il  étudia 
la  composition  dans  les  livres  de  Marpurg,  de 
Kirnberger  et  de  Tlirk.  Le  désir  de  voyager  lui 
fit  accepter  un  engagement  de  musicien  dans 
une  troupe  équestre  qui  parcourait  l'Alle- 
magne. Deux  ans  après,  il  entra  à  l'orchestre 
de  Salzbourg,  puis  il  fut  maître  de  piano  de  la- 
comtesse  Pilali,  à  Wels,  passa  deux  années  chez 

8 


114 


SÏARKE  —  STECHER 


celle  dame,  et,  enfin,  entra  dans  la  musique 
d'un  régiment,  avec  lequel  il  fit  toutes  les  cam- 
pagnes en  Suisse,  sur  le  Rhin  et  en  Autriche. 
Arrivé  à  Vienne,  il  étudia  la  composition  sous 
la  direction  d'Albrechlsberger,  et  entra  à  l'or- 
chestre du  théâtre  de  la  cour  pour  y  jouer  du 
cor,  après  avoir  obtenu  un  congé  temporaire. 
Plus  lard,  il  fut  obligé  de  rentrer  dans  son  ré- 
giment; mais  ayant  enfin  obtenu  son  congé 
définitif,  il  se  retira  àDœbling,  près  de  Vienne, 
et  publia  un  journal  mensuel  de  musique  mi- 
litaire, et  un  autre  journal  de  fanfares  pour 
trompettes.  Cet  artiste  laborieux  est  mort 
après  une  courte  maladie,  le  18  décembre 
1833.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  on  re- 
marque:  1°  Journal  de  musique  militaire; 
Vienne,  chez  l'auteur  :  on  y  trouve  plus  de 
trois  cents  morceaux  de  sa  composition. 
2°  Journal  de  fanfares  pour  des  trompettes 
et  trombones:  environ  cinquante  numéros; 
ibid.  3°  Marches  militaires  à  dix  parties, 
op.  14;  Vienne,  Arlaria.  4°  Six  marches  pour 
la  musique  turque,  op.  48;  Vienne,  llaslinger. 
5°  Marche  favorite  d'Alexandre  pour  musique 
militaire,  op.  78;  ibid.  6°  Pièces  d'évolutions 
pour  dix  trompettes,  deux  cors  et  trombones; 
Vienne,  chez  l'auteur.  7°  Un  grand  nombre  de 
danses  pour  l'orchestre.  8°  Variations  et  pots 
pourris  pour  divers  instruments.  9°  Quatuor 
pour  piano,  flûte,  violon  et  violoncelle,  op.  1 19; 
Vienne,  chez  l'auteur.  10"  Quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  op.  120;  ibid.  11"  Grande 
sonate  pour  piano,  cor  et  \ioloneelle  obligés, 
op.  7  ;  Vienne,  Weigl.  12"  Beaucoup  de  pièces 
détachées  pour  piano  seul.  13"  Trois  messes 
faciles  à  quatre  voix  et  grand  ou  petit  or- 
chestre; Vienne,  chez  l'auteur.  14"  Offertoire 
pour  soprano  et  ténor,  chœur  et  orchestre  ; 
ibid.  15°  Tantum  ergo  pourconlrallo  et  basse, 
chœur  et  orchestre;  ibid.  16"  L'Ecole  du 
piano  de  Fienne,  méthode  en  trois  parties; 
ibid.,  1819  et  1820,  deux  volumes  in-fol. 

STAllSWOLSIil  (Si.tion),  historien  et 
biographe,  polonais,  vécut  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  futprimicier 
de  la  collégiale  de  Tarnow(Gallicie).  Les  nom- 
breux ouvrages  de  ce  savant  n'appartiennent 
lias  à  l'objet  de  ce  dictionnaire  biographique; 
il  n'y  est  mentionné  que  pour  un  traité  élé- 
mentaire de  musique  dont  il  est  auteur,  et  qui 
a  pour  titre  :  Nusiccs  praclicx  Erotemata, 
in  usum  sludiosx  juventutis  breviter  et  ac- 
curate  collecta  a  Simone  Starsvolsio  ecclesix 
collegistx  Tarnociensis  primicerio  ;  Craco- 
■vix,  ex  ofjicina  Francisai  Cxsarei  S.  R.  M. 
typ.,  anno  1CI50,  in-8°. 


]  STARZER  (...),  habile  violoniste,  a  eu 
longtemps  de  la  célébrité  comme  compositeur 

!  de  ballets,  à  Vienne.  On  ignore  ses  prénoms, 
le  lieu  et  la  date  de  sa  naissance,  ainsi  que  les 
premières  circonstances  de  sa  vie.  Après  avoir 
occupé  quelque  temps  la  place  de  compositeur 

!  des  ballets  du  Théâtre-Impérial  à  Vienne,  il 
fut  appelé  à  Pétersbourg,  en  1702,  avec  le  titre 

,  de  maître  de  concerts;  mais  dès  1770,  il  était 
de  retour  à  Vienne,  où  il  reprit  sa  place  an 
théâtre  dirigé  par  Noverre.  Dans  les  dernières 
années,  son  excessif  embonpoint  l'empêcha  de 
jouer  du  violon  et  de  diriger  lui-même  ses  ou- 

|   v rages.  Il  mourut  à  Vienne,  en  1793.  La  mn- 

i  sique  de  Starzer  était  brillante,  mélodieuse,  et 
bien  adaptée  à  l'aclion  dramatique.  Les  bal- 
lets dont  il  a  composé  la  musique  sont  :  1°  Les 
Trois  Fermiers.  2"  Les  Braconniers.  3°  Adé- 
laide  de  Ponthieu.  4°  Les  Lforaces.  5°  Les 
Cinq  Sultanes.  G"  Il  Giudizio  di  Paride. 
7"  Diana  ed  Endimione.  8°  Roger  et  Brada- 
mante.  9"  /  /.'astori  di  Tempe.  10"  La  Pa- 
rodie de  Médée.  1 1°  Agamemnon.  12"  Le  Cid. 
15°  JLontezuma.  14"  Teseo  in  Creta.  15°  Les 
j}joissonneurs.  10"  Les  Muses.  On  connaît 
aussi  en  manuscrit,  de  la  composition  de 
Starzer ,  quelques  symphonies  pour  l'or- 
chestre, et  l'oratorio  la  Passione  di  Gesù 
Cristo. 

STATiniIOIY  (Cihiistoi-he)  est  cité  par 
Gessncr  {Bibl.  in  Epit.  rcd.  append.,  p.  835) 
comme  auteur  d'un  petit  poème  intitulé  : 
De  Laudibus  musicx  ad  Joannem  Fri- 
siwn. 

STECHAIML'S  (Asork),  magister  et  rec- 
teur de  l'école  d'Arnstadt,  dans  la  principauté 
de  Schwarzbourg,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  a  public  un  recueil  de  pièces 
intitulé  :  Ouestioncs  .Visccllx  philosophico- 
philologicx  (Erfurt,  1(534,  in-4"),  où  l'on 
trouve  deux  thèses  sur  cette  question  :  An  mu- 
tât io  sit  de  nota  prxoccupante ,  an  vero  mu- 
tante  ?  Il  s'agit,  dans  ces  écrits,  de  la  ques- 
tion, alors  fort  controversée  en  Allemagne,  de 
la  substitution  des  sept  noms  de  noies  de  la 
gamme  à  l'ancienne  méthode  des  muances, 
dans  la  solmisalion. 

STECHER  (Marias),  pianiste  et  orga- 
niste distingué, naquit  à  Manheim,  vers  1700, 
et  y  vivait  encore  en  1811.  On  a  imprimé  de 
s,i  composition  :  1°  Neuf  pièces  pour  le  clave- 
cin; Manheim,  1793.  2°  Grande  sonate  à 
quatre  mains;  Leipsick,  Breitkopf  et  llœrtcl. 
5"  Six  fugues  pour  l'orgue;  ibid.,  1798. 
4°  Treize  variations  pour  le  clavecin,  op.  5; 
ibid.,  1790.  15°  Douze  variations  cl  un  rondo 


STECHER  —  STEFANI 


lu 


pour  le  clavecin,  op.  6  ;  Munich,  1799.  6°  Huit 
fugues  pour  l'orgue  ou  le  clavecin,  1802. 
7°  Trois  sonates  pour  piano  et  flûte  obligée, 
op.  8, 1803. 

STECIIERT  (Charles),  organiste  de 
l'église  Sainte-Marie,  à  Wismar,  né  à  Pots- 
dam,  en  1820,  commença  l'étude  de  la  musi- 
que sous  la  direction  d'un  maître  nommé 
Wiedemann,  puisdevint  élève  de  A. -W.  Bach, 
à  l'Institut  de  l'Académie  royale  des  beaux- 
arts  de  Berlin.  En  1843,  il  obtint  la  place  d'or- 
ganiste de  l'église  Saint-Nicolas,  àSpandau,  et 
celle  d'organiste  de  Sainte-Marie,  à  Wismar, 
lui  fut  donnée  en  18G2.  Stechert  est  habile 
pianiste  et  compositeur.  Je  n'ai  trouvé,  dans 
les  catalogues  de  musique  del'Allemagne  d'au- 
tre indication  de  compositions  de  cet  artiste 
que  celle  de  cet  ouvrage  :  Le  Retour  pendant 
l'orage,  grande  fantaisie  pour  piano,  op.  8; 
Berlin,  Challier. 

STEELE  (JosuÉ),  membre  de  la  Société 
royale  de  Londres,  vécut  dans  celle  ville  pen- 
dant la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
La  lecture  de  V Essai  sur  l'origine  des  lan- 
gues, de  J.-J.  Rousseau,  le  conduisit  à  la  re- 
cherche de  signes  d'intonations  qui  pussent 
noter  plus  exactement  les  divers  accents  de  la 
déclamation  qu'on  ne  peut  le  faire  par  les  si- 
gnes ordinaires  delà  musique,  et  il  en  inventa 
un  système  complet  qu'il  a  exposé  dans  l'ou- 
vrage intitulé  :  An  Essuy  towards  establish- 
ing  the  melody  and  measure  of  speech  to  be 
expressed  and  perpetualed  by  pcculiar  sym- 
bols  (Essai  concernant  les  moyens  d'exprimer 
et  de  perpétuer  la  mélodie  et  la  mesure  de  la 
parole  par  des  signes  particuliers)  ;  Londres, 
J.  Almon,  1775,  grand  in-4°  de  cent  quatre- 
vingt-treize  pages.  Les  signes  imaginés  par 
Sleele  consistent,  à  l'égard  de  la  notation,  en 
une  large  portée  de  cinq  lignes,  dont  les 
espaces  sont  subdivisés  en  quatre  ou  cinq  de- 
grés d'intonations  moins  déterminés  que  ceux 
du  chant,  afin  de  donner  aux  accents  de  la  dé- 
clamation un  caractère  plus  analogue  à  celui 
de  la  parole.  Des  courbes  etdes  lignes  obliques 
dirigées  à  droite  ou  à  gauche  déterminent  les 
intonations  par  les  points  de  la  portée  où  elles 
aboutissent; et  des  signes  de  durée,  empruntés 
à  la  notation  de  la  musique,  touchant  par  un 
trait  vertical  à  l'un  des  points  de  la  courbe  ou 
de  la  ligne  oblique,  marquent  l'accent  au  de- 
gré d'intonation  qui  lui  est  propre,  et  en  dé- 
terminent la  durée.  Ce  système  est  ingénieux  : 
on  aurait  pu  l'employer  utilement  pour  l'en- 
seignement du  débit  oratoire;  mais  les  exem- 
plaires de  l'ouvrage  de  Sleele  sont  si  rares,  que 


celui  qu'il  avait  envoyé  à  J.-J.  Rousseau,  main- 
tenant en  ma  possession,  et  celui  de  la  Biblio- 
thèque impériale,  à  Paris,  sont  les  seuls  que 
je  connaisse.  Le  sujet  de  l'ouvrage  de  Steele  a 
été  repris  environ  cinquante  ans  plus  tard, 
par  le  docteur  J.  Rush  (voyez  ce  nom),  et 
traité  d'une  manière  plus  scientifique  et  plus 
simple. 

Sleele  a  aussi  donné,  dans  les  Transactions 
philosophiques  (t.  LXV,  année  1775),  deux 
morceaux  relatifs  à  la  musique.  Le  premier  a 
pour  litre  :  Account  ofa  musical  instrument, 
ivhich  was  brought  by  Captain  Furneaux 
from  the  Isle  of  Amsterdam  in  the  South 
Sea  to  London  in  the  year  1774  (Notice  d'un 
instrument  de  musique  qui  a  été  rapporté  par 
le  capitaine  Furneaux  de  l'île  d'Amsterdam, 
dans  la  mer  du  Sud,  en  1774);  le  second  mor- 
ceau est  instilulé  :  Remarks  on  alarge System 
of  reed  piper  from  the  Isle  of  Amsterdam, 
with  some  observations  on  the  nose  flûte  of 
Otaheilee  (Remarques  sur  la  grande  étendue 
de  la  flûte  à  anches  de  l'île  d'Amsterdam,  avec 
quelques  observations  sur  la  flûte  nasale 
d'Otahiti). 

STEETZ  (Guillaume),  musicien  allemand, 
né  à  Hambourg,  vers  1770,  se  fixa  en  Angle- 
terre au  commencement  de  ce  siècle,  et  s'éta- 
blit à  Tiverton.  On  a  de  lui  :  Treatise  on  the 
éléments  of  Music  in  a  séries  of  letters  to  a 
Lady  (Traité  sur  les  éléments  de  la  musique 
dans  une  série  de  lettres  à  une  dame);  Tiver- 
ton, 1812,  un  volume  in-4°. 

STEEAINI  (Giovanni),  organiste  de  l'église 
de  la  Grazia,  à  Vienne,  dans  la  première  moi- 
tié du  dix-septième  siècle,  est  connu  par  les 
ouvrages  dont  voici  les  litres  :  1°  Concerti 
amorosi;  terza  parte  délie  Canzonette  in 
musica  raccolte  del  dello  Stefani;  Venezia, 
app.Aless.  Vincenti,  1023,  in-4°.  2°  Affetli 
amorosi  :  Canzonette  adunavoce  sola;  ibid., 
1624.  3°  Ariettte  amorose  a  voce  sola  ;  ibid., 
1G26. 

STEFANI  (Jean),  violoniste  et  composi- 
teur, naquit  à  Prague,  en  1746.  Au  commen- 
cement du  règne  de  Stanislas- Auguste,  il  se 
rendit  en  Pologne,  et  fut  admis  comme  pre- 
mier violon  de  l'orchestre  de  la  cour  et  de  ce- 
lui du  théâtre  de  Varsovie;  plus  tard,  il  diri- 
gea celui  de  la  cathédrale.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  en  1819,  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois 
ans.  En  1794,  il  écrivit,  pour  la  troupe  drama- 
tique de  Boguslawski,  l'opéra  intitulé  le  Mi- 
racle ou  les  Krakoviens  et  les  Gorales,  dans 
lequel  il  avait  introduit  des  mélodies  popu- 
laires de  la  Pologne.  Cet  ouvrage  fut  accueilli 


116 


STEFANI  —  STEFFANI 


avec  enthousiasme  par  la  nation  tout  entière 
et  obtint  plus  de  deux  cents  représentations. 
Les  autres  opéras  de  cet  artiste  sont  :  les  Sujets 
reconnaissants  envers  leur  souverain,  re- 
présenté à  Varsovie,  en  1796;  l'arbre  en- 
chanté, 1797;  Frosine,  1806;  le  Reitmeister 
Gorecki,  1807;  la  Polonaise,  en  trois  actes, 
1807;  le  Vieux  Chasseur,  1808;  Papirius, 
1808.  Stefani  a  écrit  aussi  un  grand  nombre 
de  polonaises  et  beaucoup  de  messes  avec  or- 
chestre. Il  eut  deux  fils  et  une  fille.  L'aîné, 
Casimir  Stefani,  violon  solo  du  théâtre  de  Var- 
sovie, mourut  en  1811,  à  l'âge  de  vingt  ans; 
son  frère,  Joseph  Stefani,  également  violon 
solo,  n'était  âgé  que  de  dix-huit  ans  lorsque  la 
mort  le  frappa  ;  et  Léonore  Stefani ,  canlalrice 
du  même  théâtre,  fort  aimée  du  public,  fut 
enlevée  à  la  fleur  de  l'âge, en  1831.  Tous 
trois  sont  inhumés  près  de  leur  père,  à  Po- 
wonzki. 

STEFANI  (Joseph),  compositeur  et  pro- 
fesseur de  chant,  né  à  Varsovie,  en  1802,  a 
fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire  de 
celte  ville,  et  a  reçu  des  leçons  de  composition 
d'Elsner  (voyez  ce  nom).  Sa  première  produc- 
sion  de  quelque  importance  fut  la  musique  du 
ballet  Apollon  et  Midas.  Encouragé  par  le 
succès  de  cet  ouvrage,  il  composa  la  musique 
de  l'opéra  la  Leçon  de  botanique,  d'après  un 
vaudeville  français.  Le  bon  vieux  Temps, 
autre  opéra-comique  de  sa  composition,  fut 
représenté,  avec  succès,  en  1829.  Les  ma- 
sonrkes,  les  polonaises  et  les  chansonnettes 
qu'il  a  publiées,  ont  rendu  son  nom  populaire 
en  Pologne.  Parmi  ses  œuvres  de  musique 
religieuse,  on  remarque  plusieurs  messes  à 
quatre  voix  avec  orgue;  la  messe  n°  ô (en  mi 
bémol),  avec  accompagnement  d'instruments  à 
vent  ;  la  messe  n°  5,  exécutée  dans  l'église  des 
Piarisles,  sous  la  direction  de  l'auteur;  la  messe 
pour  la  fête  de  saint  Stanislas,  dans  la  même 
église;  la  messe  n°7,  exéculéedans  l'église  des 
Visitandines,  par  les  élèves  du  gymnase,  sous 
la  direction  de  leur  professeur  Stefani;  une 
messe  de  Requiem,  à  trois  voix  d'hommes, 
avec  orgue  ;  la  messe  à  quatre  voix  d'hommes, 
avec  accompagnement  d'instruments  à  vent, 
chantée  dans  l'église  des  Capucins;  la  messe 
n°  13,  exécutée  chez  les  Bernardins  ;  Te  Deum 
avec  orchestre,  Offertoire;  Ave  Maria  pour  so- 
prano avec  violon  solo  ;  O  Salutaris  et  Pange 
Lingua,  avec  orchestre;  Benedictus  à  quatre 
voix  seules,  avec  choeur,  exécuté  dans  l'église 
des  Piarisles,  pour  la  fête  de  saint  Stanislas, 
le  8  mai  1841  ;  Spiewy  religijne  (chants  reli- 
gieux); Varvosie,  Zaleski,  1841. 


STEFANINI  (Jean-Baptiste),  né  à  Mo- 
dène,  vers  Î660,  fut  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Turin  ;  il  occupait  cette  position 
dans  les  dernières  années  du  dix-seplième 
siècle.  On  connaît  de  lui  des  motets  à  six  et  à 
huit  voix,  qui  ont  élé  publiés  sous  ce  litre  : 
Mottheta  D.  Joh.-Bapt.  Slephanini  Mutin, 
in  ecclesia  metropolitana  Taurinensi  Mag. 
ntusicx  sex  et  octo  vocibus.  Liber  primus; 
Venetiis,  1694.  Ldem,  liber  secundus  ;  ibid., 
1698. 

STEFFAN  (Joseph-Antoine),  et  non 
STEPHAN,  comme  l'écrit  Gerber,  pianiste 
eteompositeur,  naquit  à  Kopidlno,  en  Bohême, 
le  14  mars  1726.  Après  avoir  appris  les  élé- 
ments de  la  musique  comme  enfant  de  chœur, 
il  se  rendit  à  Vienne  et  y  devint  élève  de  Wa- 
genseil  (voyez  ce  nom).  Fixé  depuis  lors  dans 
la  capitale  de  l'Autriche,  il  obtint  le  litre  de 
maître  de  clavecin  de  la  cour  impériale,  et  fut 
chargé,  en  celle  qualité,  de  donner  des  leçons 
à  la  reine  de  France  Marie-Antoinette,  et  à 
l'archiduchesse  Caroline,  qui  devint  reine  de 
Naples.  On  n'a  pas  de  renseignements  concer- 
nant l'époque  de  sa  mort,  mais  on  sait  qu'il 
vivait  encore  en  1781 .  Les  ouvrages  imprimés 
de  cet  artiste  sont  ceux-ci  :  1°  Sei  Diverti- 
menti  per  il  cembalo,  op.  1  ;  Vienne.  2°  So- 
nate per  il  cembalo,  op.  2;  Vienne,  1756. 
3°  Idem,  op.  3,  la  parle;  Vienne,  1763. 
4°  Idem,  op.  5,  2a  parte;  ibid.,  1764.  5°  Pre- 
ludi  per  diversi  tuoni  ;  Vienne,  1762. 
6°  Chansons  allemandes  pour  le  clavecin, 
quatre  suites;  Vienne,  1778  à  1781.  7°  Vingt- 
cinq  variations  sur  la  chanson  bohémienne  : 
Mug  mily  Janku;  Prague,  Haas,  1802.  Il  y  a 
une  édition  de  ces  variations  publiée  à  Vienne, 
chez  Traeg,  en  1797.  Steffan  a  écrit  aussi  un 
oratorio  intitulé  :  Le  Sauveur  du  monde  in- 
nocemment accusé,  et  condamné  à  la  mort. 

STEFFAN  (Gaspard-Melchioiv  et  Michel). 
l'oyez  STEPHAN. 

STEFFANI  (Augustin),  compositeur  cé- 
lèbre, naquit  en  1655,  à  Castelfranco,  dans 
l'État  de  Venise.  On  ignore  le  nom  des  maîtres 
qui  dirigèrent  sa  première  éducation  musicale, 
mais  on  sait  que  la  beauté  de  sa  voix  l'avait 
fait  appeler  à  Venise  pour  le  service  de  quel- 
ques églises.  Un  noble  allemand  qui  l'entendit 
en  éprouva  tant  de  plaisir,  qu'il  fit  au  jeune 
chanteur  la  proposilionde  le  suivre,  lui  promet- 
tant de  pourvoira  ses  besoins  et  d'assurer  son 
avenir.  Celte  offre  ayant  élé  acceptée,  l'étran- 
ger conduisit  Sletrani  à  Munich,  et  le  confia 
aux  soins  d'Hercule  Bernabei  (voyez  ce  nom). 
Sous  un  tel  maître,  les  progrès  du  jeune  artiste 


STEFFANI 


117 


furent  rapides  (]).  Sleffani  était  entré  au  sé- 
minaire :  après  y  avoir  l'ait  ses  études,  il  reçut 
la  tonsure  et  prit  le  litre  d'abbé,  qu'il  a  tou- 
jours porté  depuis  lors.  Devenu  compositeur 
distingué,  il  écrivit  d'abord  pour  l'église,  par- 
ticulièrement plusieursmesses  pour  la  chapelle 
de  l'électeur  de  Bavière.  Il  n'était  âgé  que  de 
dix-neuf  ans  lorsqu'il  publia  un  recueil  de 
psaumes  à  huit  voix  où  l'on  remarque  déjà 
beaucoup  d'habileté  dans  l'art  d'écrire.  Cet 
œuvre  fut  suivi  de  sonates  pour  quatre  instru- 
ments, et  de  duos  à  deux  voix  avec  basse  con- 
tinue, ouvrage  du  plus  grand  mérite,  et  qu'on 
a  mis  souvent  en  parallèle  avec  les  duos  de 
Clari  :  celui-ci  semble  les  avoir  pris  pour  mo- 
dèle. Tous  ces  ouvrages,  composés  pour 
l'usage  de  la  cour  de  Munich,  fuient  récom- 
pensés plus  lard  par  le  don  de  l'abbaye  de 
Lipsing,  dont  il  prit  le  titre. En  1681,  Sleffani 
écrivit  son  premier  opéra  intitulé  Marco- 
Awelio  .-le  succès  de  cet  ouvragelui  fit  obtenir 
la  place  de  directeur  de  la  musique  de  la 
chambre  de  l'électeur.  Quatre  ans  après,  il  fut 
chargé  de  la  composition  de  Servio  Tiillio, 
opéra  sérieux  en  Irois  acles,  pour  le  mariage 
de  l'électeur  Maximilien- Emmanuel  avec 
l'archiduchesse  Marie-Antoinette  d'Autriche. 
La  beauté  de  cet  ouvrage  mit  le  sceau  à  sa  ré- 
putation, et  lui  fit  faire  des  propositions  par 
plusieurs  princes  d'Allemagne  qui  désiraient 
l'avoir  pour  maître  de  chapelle  :  Sleffani  ac- 
cepta celles  de  l'électeur  de  Brunswick,  père 
de  Georges  Ier,  roi  d'Angleterre.  Peu  de 
temps  après  la  représentation  du  Servio 
Tullio,  et  dans  la  même  année,  il  donna  à 
Brunswick  II  Solone,  opéra  sérieux  en  trois 
acles.  Cet  ouvrage  Tut  suivi  de  Jlarico  in 
Ballha,  en  1687;  de  Enrico  delto  il  Leone, 
en  1689;  VAlcide,  en  1602;  d'Alexandre 
l'Orgueilleux,  en  1695;  de  Roland,  en  1696; 
d'Alcibiade,  en  1697;  d'Atalante,  en  1698, 
et  de  //  Trionfo  del  Falo,  en  1699.  Les  cinq 
derniers  ouvrages  furent  traduits  en  allemand, 
et  représentés  à  Hambourg.  Le  duc  de  Bruns- 
wick avait  confié  la  direction  de  son  théâtre  à 
Sleffani;  mais  les  désagréments  que  lui  cau- 
saient les  prétentions  et  les  querelles  des 
chanteurs  lui  firent  donner  sa  démission  de 
cet  emploi;  il  ne  conserva  que  la  charge  de 
compositeur  :  mais  il  ne  mit  plus  son  nom  à 

(I)  II  y  n  une  difficulté  relativement  aux  études  de 
Sleffani  sous  la  direction  de  Bcrnabei  ;  celui-ci  n'arriva 
à  Munich  qu'en  1073;  cependant,  Sleffani  publia, 
en  1074,  des  psaumes  à  huit  voix  de  sa  composition  ;  il 
est  donc  vraisemblable  qu'il  avait  eu  un  mailrc  de 
contrepoint  avant  que  Bcrnabei  le  prit  pour  élève. 


ses  dernières  productions,  parce  que  le  duc  de 
Brunswick  l'employa  dans  des  missions  diplo- 
matiques. Ses  ouvrages  portèrent  souvent  le 
nom  de  Piva,  son  copiste. 

Dès  1689,  l'empereur  Léopold  Ier,  à  la  con- 
vention des  électeurs,  à  Augsbourg,  avait  fait 
connaître  son  intention  de  créer  un  neuvième 
électoral  en  faveur  du  duc  de  Brunswick  et  de 
ses  descendants  ;  celte  déclaration  n'avait  pas 
été  reçue  avec  beaucoup  de  faveur  par  les 
autres  électeurs,  et  l'on  craignait  des  diffi- 
cultés. Sleffani,  qui  avait  étudié  le  droit  public 
à  Hanovre,  et  qui  jouissait  de  toute  la  faveur 
du  prince,  obtint  qu'on  le  chargeât  d'une 
partie  des  négociations  à  ce  sujet.  Il  y  mit  tant 
d'adresse  à  écarter  les  obstacles,  que  l'empe- 
reur accorda,  en  1692,  l'investiture  de  l'élec- 
toral de  Hanovre,  et  la  dignité  d'architrésorier 
de  l'empire  au  duc  de  Brunswick,  avec  la 
Iransmission  de  ses  droits  et  dignités  à  ses  des- 
cendants. Le  prince  donna  des  témoignages 
éclatants  de  sa  satisfaction  à  l'abbé  Sleffani, 
en  obtenant  pourlui  la  dignité  de  protonotaire 
apostolique,  puis  celle  d'évêque  deSpiga,dans 
les  possessions  espagnoles  de  l'Amérique,  qui 
lui  fut  conférée  par  le  pape  Innocent  XII,  et 
enfin  en  lui  accordant  une  pension  de  quinze 
cenls  éens.  Comme  certains  artistes,  Slef- 
fani avait  une  autre  ambition  que  celle  de  la 
gloire  qu'il  pouvait  trouver  dans  son  art  : 
ayant  pris  un  rang  parmi  les  hommes  politi- 
ques, il  se  crut  grandi,  et  après  avoir  com- 
mencé par  désavouer  ses  ouvrages,  il  quitta, 
en  1710,  ses  places  de  maître  de  chapelle  et  de 
directeur  de  musique,  désignant  Hsendel  pour 
son  successeur;  puis  il  vécut  en  homme  de 
cour,  dans  la  société  des  grands.  Après  une 
longue  absence  de  sa  patrie,  Sleffani  fit,  en 
1729,  un  voyage  en  Italie,  passa  l'hiver  à 
Rome,  et  y  eut  l'honneur  d'être  incessamment 
dans  la  société  du  cardinal  Ottoboni,  qui 
aimait  à  faire  exécuter  ses  ouvrages  dans  son 
palais.  Peu  de  temps  après  son  retour  à  Ha- 
novre, Sleffani  fut  obligé  de  faire  un  voyage  à 
Francfort;  mais  à  peine  arrivé  en  cette  ville, 
il  tomba  malade,  et  mourut  au  bout  de  quel- 
ques jours,  en  1750,  à  l'âge  de  soixante-quinze 
ans. 

On  ne  connaît  pas  aujourd'hui  tous  les  ou- 
vrages de  Sleffani,  parce  que  le  plus  grand 
nombre  ayant  été  composés  pour  le  service 
spécial  de  la  cour  de  Brunswick  et  de  Ha- 
novre, les  copies  ne  s'en  sont  pas  répandues, 
et  parce  que  plusieurs  ne  portent  pas  son  nom. 
On  sait  qu'il  avait  écrit  plusieurs  oratorios  : 
mais  leurs  titres  sont  ignorés.  Outre  les  opéras 


118 


STEFFANI  —  STEGMANN 


cités  plus  haut,  les  ouvrages  de  cet  artiste, 
parvenus  jusqu'à  nous,  sont  :  1°  Psalmodia 
vespertina  octo  plenis  vocibus  concinenda, 
ab  Auguslino  Sleffano  in  lucem  édita,  glatis 
sux  anno  XIX,Monachii,  1674,  in-fol. C'est 
par  le  titre  de  cet  ouvrage  qu'on  a  pu  déter- 
miner avec  précision  l'année  de  la  naissance 
de  Steffani.  2°  Janus  Quadrifons  tribus  vo- 
cibus vel  duabus  quolibet  prxtermissa  modu- 
landus  (motets  à  trois  voix  et  b^sse  continue); 
Monachii,  1085,  in-fol.  5°  Sonate  da  caméra 
a  due  violini,  allô  e  continuo;  Munich,  1679, 
in-fol.  4°  Duettida  caméra  a  soprano  e  con- 
tralto con  il  basso  continuo;  Munich,  1685. 
5°  Quanta  certezza  habbia  da  suoi  principi 
la  musica  (Quelle  certitude  il  y  a  dans  les 
principes  de  la  musique);  Amsterdam,  1095, 
in-8°  de  huit  feuilles.  Dans  ce  petit  écrit,  Stef- 
fani soulève  la  question  la  plus  importante  de 
la  science  de  la  musique;  mais  malgré  le  succès 
qu'obtint  son  ouvrage,  il  est  permis  de  dire 
que  ses  vues  ne  sont  pas  assez  élevées  ni  ses 
connaissances  assez  profondes  pour  la  solu- 
tion d'un  tel  problème.  Werckmeister  a  fait 
une  traduction  allemandede  l'écrit  de  Steffani, 
sous  ce  titre  :  Sendschreiben ,  darinnen  ent- 
halten,  ivie  grosse  Gewisslieit  die  Musih 
habe,  aus  ihren  Principiis  und  Gruttd- 
sœlzer,  etc.;  Quedlinbourg,  1G99,  in-8°  de 
sept  feuilles.  Jean-Laurent  Albrecht  a  donné 
une  deuxième  édition  de  cette  traduction  avec 
une  préface  et  des  notes,  à  Mulhausen,  en 
1760,  in-4°  de  quatre-vingt-deux  pages,  non 
compris  la  préface. 

STEFFANI    (Christian).    Voyez    STE 
PHANNO. 

STEFFENS  (Frédéric),  directeur  de 
l'école  de  musique  de  l'hospice  des  orphelins 
de  militaires,  à  Potsdam,  est  né  dans  cette 
ville,  le  28  juillet  1797.  A  l'âge  de  dix  ans,  il 
reçut  les  premières  leçons  de  clarinette  et  de 
violon  chez  son  oncle,  David  Bensch,  première 
clarinette  du  corps  de  musique  d'un  régiment 
de  la  garde  ;  puis  il  eut  pour  maître  de  violon 
L.  Maurer.En  1813,  il  entra  comme  trompette 
dans  un  régiment  de  hussards  :  un  an  après, 
il  fut  placé  dans  le  premier  régiment  d'infan- 
terie de  la  garde  royale,  pour  y  jouer  de  la 
clarinette  et  du  cor  de  bassette.  En  1822,  il 
passa  de  ceiie  position  dans  celle  de  hautboïste 
du  21e  régiment  en  garnison  àSlargard.  De- 
venu professeur  de  musique  de  la  maison  des 
orphelins  militaires  de  Potsdam,  en  1841,  il 
en  fut  nommé  directeur  en  1848.  En  1857,  il 
a  été  mis  à  la  retraite  avec  une  pension  en 
conservant  son  litre,  et  le  roi  de  Prusse  lui  ac- 


corda la  décoration  de  l'ordre  de  l'Aigle  rouge 
de  quatrième  classe.  Cet  artiste  laborieux  a 
composé  une  grande  quantité  de  musique  poul- 
ies corps  de  musique  militaire,  pour  les  instru- 
ments à  vent  et  pour  l'instruction  des  élèves 
d'écoles  de  régiments  :  il  ne  parait  pas  qu'il 
en  ait  été  rien  publié. 

STEGEWY(A.C.),organisleet  violoniste 
àZwoll,dans  l'Overyssel,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  a  publié  à  Amsterdam,  en 
1760  :  1°  Six  sonates  pour  le  violon.  2°  Trois 
sonates  pour  deux  flûtes  et  basse.  5°  Trois 
idem  pour  flûte,  violon  et  basse. 

STEGMANN  (Ch akles -David),  né  à 
Dresde,  en  1751,  était  fils  d'une  pauvre  fa- 
mille qui,  à  l'époque  du  siège  de  cette  ville,  se 
réfugia  dans  le  village  de  Staucha,  près  de 
Meissen.  Stegmann  y  commença  l'élude  de  la 
musique  à  l'âge  de  huit  ans.  De  retour  à 
Dresde,  en  1760,  il  devint  élève  de  l'organiste 
Zillich  ;  puis  il  entra  à  l'école  de  la  Croix,  lors- 
qu'il eut  atteint  sa  quinzième  année,  et  y  reçut 
des  leçons  de  composition  d'IIomilius  (voyez  ce 
nom).  L'étude  du  violon,  sous  la  direction  de 
Weisse,  acheva  son  éducation  musicale.  Quel- 
ques œuvres  de  musique  vocale  et  instrumen- 
tale le  firent  connaître  avantageusement.  Un 
penchant  irrésistible  le  fit  débuter,  en  1772, 
au  théâtre  de  Breslan,  dans  les  rôles  de  ténor, 
où  il  réussit  plus  par  l'expression  de  son  chant 
que  par  la  beauté  de  sa  voix.  L'année  suivante 
il  fut  engagé  dans  la  troupe  d'opéra  deKœnigs- 
berg,  et  obtint  le  titre  de  maître  de  concert  du 
prince-archevêque  d'Ermeland.  En  1774,  il  se 
rendit  à  Dantzick,  puis  retourua  à  Rœnigs- 
berg,  et  arriva  à  Gotha,  vers  la  fin  de  l'année 
1776.  Deux  ans  après,  il  accepta  un  engage- 
ment à  Hambourg,  s'y  fixa  avec  sa  famille,  et 
y  dirigea  l'orchestre  du  théâtre  pendant  vingt 
ans.  En  1798,  il  prit  un  intérêt  dans  la  direc- 
tion de  ce  théâtre  et  conserva  la  position  de 
co-directeur  jusqu'en  1811.  A  cette  époque,  il 
se  retira  à  Bonn,  chez  son  ami  Simrock,  où  il 
mourut  au  commencement  de  l'année  1826. 

Stegmann  a  beaucoup  écrit  pour  la  scène; 
au  nombre  de  ses  ouvrages  on  cite  ceux-ci  : 
1°  Der  Kaufmann  von  Smyrna{Le  marchand 
de  Smyrne);  à  Kcenigsberg,  en  1773.  2°  Das 
redende  Gemulde  (Le  portrait  parlant).  3° Die 
Recruten  au  f  de  m  Lande  (Les  recrues  en  cam- 
pagne), à  Mittau,  en  1775.  4°  Apollon  unter 
den  Birten  (Apollon  parmi  les  bergers). 
5°  Erwin  et  Elmire.  6°  Clarisse.  7°  Die  her- 
schaftliche  K'ùche  (La  cuisine  du  seigneur). 
8°  Phi le mon  et  Baucis.  9°  Macbeth.  10°  Ou- 
verture,   chœurs    et    cntr'acles    du    Sultan 


STEGMANN  —  STEIBELT 


119 


TFampum.  10°  (bis)  Henri  le  Lion  (pour  le 
'Couronnement  de  l'empereur,  à  Francfort,  en 
1792).  11°  Montgolfier  (ballet  avec  chants  et 
chœurs).  12°  Le  Triomphe  de  l'amour. 
15°  Chants  et  chœurs  pour  le  prologue 
d'inauguration  du  théâtre  de  Hambourg  . 
14"  Monologue  de  la  Pucelle  d'Orléans,  de 
Schiller.  15°  Die  Roseninsel  (L'île  des  roses). 
15°  (bis)  Chœurs,  chanls  et  marches  pour  la 
tragédie  Achmet  et  Zenide.  16°  Ldem  pour  la 
mort  de  Rolla.  16°  (bis)  Ouverture,  chœur  et 
marches  pour  Moïse,  drame,  gravé  à  Bonn, 
chez  Simrock.  On  connaît  aussi  de  Slegmann  : 
17°  Trois  ouvertures  caractéristiques  pour 
l'orchestre;  Bonn,  Simrock.  18°  Polonaise  et 
marche  pour  le  piano  à  quatre  mains;  Leip- 
sick, llofmeister.  19°  Polonaise  et  valses  pour 
piano  seul  ;  Erl'urt  et  Mayence.  20°  Chant  de 
guerre  des  Allemands,  pour  ténor,  solo  et 
chœur;  Bonn,  Simrock.  21°  Chansons  de 
francs-maçons  pour  plusieurs  voix  d'hommes, 
avec  accompagnement  de  piano;  ibid. 22''  Des 
deulsclten  l'alerland,  chant  populaire  pour 
voix  solo  et  chœur,  avec  piano;  ibid.  23°  Chants 
populaires  à  plusieurs  voix  d'hommes  pour  les 
habitants  de  la  campagne;  ibid.  24"  Vingt- 
quatre  chants  de  francs-maçons  à  plusieurs 
voix,  deuxième  recueil  ;  ibid.  25°  Chansons 
allemandes  pour  voix  seule  et  piano;  ibid.  Ce 
compositeur  a  laissé  en  manuscrit  :  26°  Douze- 
symphonies  pour  l'orchestre.  27°  Deux  con- 
certos pour  clavecin.  2S°  Un  idem  pour  violon. 
29°  Un  idem  pour  clarinette.  50°  Un  idem 
pour  trompette-.  31  "Six  trios  pour  piano,  violon 
et  basse.  32°  Deux  symphonies  concertantes. 
ô3°  Un  quatuor  pour  deux  violons,  alto  et 
basse.  54°  Un  trio  pour  violon,  alto  et  basse. 
35°  Une  symphonie  concertante  pour  deux 
pianos,  violon  et  orchestre.  56°  Six  sonates 
pour  piano.  57°  Six  canons  pour  deux  violons. 
38°  Deux  rondos  pour  piano.  39°  Un  Te  Deum 
avec  orchestre.  40"  Plusieurs  morceaux  de 
chant  détachés.  Slegmann  a  arrangé  beaucoup 
de  morceaux  de  Haydn,  Mozart  et  Beelhoven, 
pour  divers  instruments. 

STEGMAYER  (Ferdinand),  né  à  Vienne, 
en  1804,  y  apprit  la  musique  dès  son  en- 
fance. Devenu  bon  violoniste  et  pianiste  habile, 
il  eut  pour  maître  de  composition  d'abord  Al- 
brechlsbergcr,  puis  le  chevalier  de  Seyfried.  Il 
occupa  primitivement  la  place  de  second  chef 
des  chœurs  au  Théâtre-Impérial  de  Vienne. 
En  1825,  il  se  rendit  à  Berlin  et  y  obtint  la 
position  de  directeur  de  musique  du  théâtre 
Kœnîgslœdl.  Lorsque  Rœckel  forma  la  troupe 
■d'Opéra  allemand  qui  obtint  de  grands  succès 


à  Paris,  en  1829  cl  1830,  ce  fut  Slegmayer  qu'il 
choisit  comme  chef  d'orchestre;  celui-ci  fit 
preuve  de  beaucoup  d'intelligence  et  d'aplomb 
dans  celte  position.  Lorsque  Henri  Dorn  eut 
quitté  Leipsick,  Slegmayer  fut  appelé  dans 
cette  ville  pour  le  remplacer  en  qualité  de  di- 
recteur de  musique  du  théâtre.  En  1838,  il 
dirigeait  l'orchestre  de  celui  de  Brème.  Dans 
l'année  suivante,  il  était  à  Prague;  puis  il  re- 
tourna à  Leipsick.  On  le  retrouve,  en  1847, 
dans  la  position  de  professeur  de  chant  à 
Berlin.  Il  obtint  sa  nomination  de  professeur 
au  Conservatoire  de  Vienne,  en  1852;  enfin, 
il  était  chef  d'orchestre  de  Caris -Theater,  en 
1800.  Comme  compositeur,  Slegmann  s'est  l'ait 
connaître  par  deux  graduels  pour  des  voix 
d'homme;  Vienne,  Gloggl  ;  un  offertoire  idem, 
ibid.,  1853;  un  grand  nombre  de  Lieder  pu- 
bliés à  Berlin  et  à  Leipsick;  une  ouverture  de 
fête,  exécutée  au  théâtre  Kœnigsteedl,  à  Ber- 
lin, en  1825,  pour  l'anniversaire  de  la  nais- 
sance du  roi  Frédéric-Guillaume  III.  Il  a 
publié  des  thèmes  variés  pour  le  piano,  op.  1 
et  2;  Vienne,  Haslinger;  quelques  cahiers  de 
menuets,  polonaises  et  valses  pour  le  même 
instrument,  ibid.;  caprice  et  rondeau,  idem, 
op.  7;  Vienne,  Leidesdorf;  des  marches  à 
quatre  mains;  Berlin,  Trautwein.  Slegmayer 
est  mort  à  Vienne,  le  G  mai  1863. 

STEHLIN  (Sébastien),  né  dans  la  Ligurie, 
était,  en  1840,  chef  du  chœur  dans  l'église 
ligurienne,  à  Vienne.  On  remarque  une  in- 
slruclion  très-solide  de  tout  ce  qui  concerne  la 
tonalité  dans  l'ouvrage  qu'il  a  publié  sous  ce 
titre:  Tonarten  des  Choralgesanges ,  nach 
alten  Urkunden,  etc.  (Les  modes  du  chant 
choral,  d'après  les  anciens  documents,  etc.); 
Vienne,  Rohrmann,  in-fol.  de  quinze  pages, 
et  quatre- vingt-quatre  pages  de  musique. 

STEIBELT  (Daniel),  fils  d'un  facteur  de 
pianos  de  Berlin,  naquit  dans  cette  ville,  non 
en  1755,  comme  le  disent  la  plupart  des  bio- 
graphes, car  je  l'ai  connu  à  Paris,  en  1801,  à 
peine  âgé  de  trente-six  ans.  Je  crois  que  cet 
artiste  célèbre  n'a  pas  dû  naître  avant  1764  ou 
1765.  Quoi  qu'il  en  soit,  dès  ses  premières 
années,  il  montra  tant  d'aptitude  pour  la  mu- 
sique, que  le  roi  de  Prusse  Frédéric-Guil- 
laume II,  alors  prince  royal,  s'intéressa  à  son 
sort,  et  lui  donna  Kirnberger  pour  maître  de 
clavecin  et  de  composition;  mais  Steibelt 
n'élait  pas  né  pour  régler  son  talent  d'après 
les  conseils  d'un  maître;  il  ne  fut  élève  que  de 
lui-même,  comme  exécutant  et  comme  com- 
positeur. Tous  les  journaux  de  musique  et  les 
écrits  du  temps  gardent  le  silence  sur  sa  jeu- 


120 


STEIBELT 


nesse  el  sur  ses  premiers  succès  :  les  événe- 
ments de  sa  vie  sont  même  moins  connus  en 
Allemagne  qu'en  France.  L'avertissement  d'un 
catalogue  de  l'éditeur  Gnetz  de  Munich  (1)  m'a 
fait  découvrir  que  Steibelt  était  dans  celte 
ville,  en  1788,  et  qu'il  y  publia  les  quatre  pre- 
miers œuvres  de  ses  sonates  pour  piano  et  vio- 
lon. Les  numéros  de  ces  œuvres  prouvent 
qu'il  était  alors  à  l'aurore  de  sa  carrière. 
Quelque  temps  après,  André  d'OfTenbach  fit 
paraître  de  nouvelles  éditions  de  quelques- 
unes  de  ces  sonates  détachées.  Dans  l'année 
suivante,  Steibelt  donna  des  concerts  dans  plu- 
sieurs villes  de  la  Saxe  et  du  Hanovre,  ainsi 
que  le  prouve  une  lettre  de  l'organiste  West- 
phal,  qui  est  en  ma  possession;  puis  il  alla  à 
Manheim,  et  arriva  à  Paris  au  commence- 
ment de  1790.  Les  frères  Naderman  (voyez 
ces  noms)  ont  trouvé  la  preuve,  dans  les  pa- 
piers de  Eoyer,  leur  prédécesseur,  que  cet  édi- 
teur avait  accueilli  le  jeune  virtuose,  l'avait 
logé  dans  sa  maison,  et  lui  avait  procuré  de 
puissants  protecteurs  à  la  cour.  Steibelt  recon- 
nut assez  mal  ses  services,  car  il  lui  vendit 
comme  des  ouvrages  nouveaux  ses  œuvres  de 
sonates  1  et  2,  dont  il  avait  fait  des  trios,  en  y 
ajoutant  une  partie  de  violoncelle  non  obligée. 
La  supercherie  fut  découverte  peu  de  temps 
après,  et  Steibelt  ne  put  assoupir  cette  mé- 
chante affaire  qu'en  donnant  à  Boyer  ses  deux 
premiers  concertos  pour  indemnité.  Des  faits 
semblables  se  sont  reproduits  plusieurs  fois 
dans  sa  carrière. 

L'arrivée  de  Steibelt  à  Paris  fit  sensation, 
malgré  les  graves  événements  qui  préoccu- 
paient les  esprits.  A  cette  époque,  Hermann 
(voyez  ce  nom)  y  était  considéré  comme  le 
pianiste  le  plus  habile  :  une  lutte  s'établit 
entre  les  deux  virtuoses;  mais  les  qualités  du 
génie,  qui  brillaient  dans  la  musique  de  Stei- 
belt, lui  donnèrent  bientôt  l'avantage  sur  son 
rival,  malgré  la  protection  que  la  reine  accor- 
dait à  celui-ci,  et  l'éloignement  que  ce  même 
Steibelt  inspirait  pour  sa  personne,  par  son  ar- 
rogance habituelle  et  par  les  vices  de  son  édu- 
cation. Sa  musique  eut  beaucoup  de  vogue, 
bien  qu'on  la  trouvât  alors  difficile:  son  suc- 
cès balança,  près  des  amateurs  d'une  certaine 
force,  le  succès  populaire  de  la  musique  de 
Pleyel.  Au  nombre  des  protecteurs  de  Steibelt 
se  trouvait  le  vicomte  de  Ségur  qui,  fort  aimé 

(I)  Calaloyus  der  musicalisehen  Werhe,  welche  in  der 
Pfahbairisclien  privilegirlen  Nolenfabrique  und  I/and- 
lung  bei  J.  M.  Gœtz  ztt  Miinchen,  Afannheim  und 
Dùssehtorf  fur  beiycsetze  Preese  n»  haben  sind.  1788, 
in- 12. 


des  femmes,  sut  les  intéresser  aux  succès  de 
son  protégé.  M.  de  Ségur  avait  écrit  pour 
l'Opéra  le  livret  de  Bornéo  et  Juliette,  et  lui 
avait  confié  cet  ouvrage  pour  en  composer  la 
musique;  mais  la  partition  de  Steibelt  fut  re- 
fusée à  l'Académie  royale  de  musique,  en  1792. 
Piqués  de  ce  refus,  les  auteurs  supprimèrent 
le  récitatif,  le  remplacèrent  par  un  dialogue 
en  prose,  et  firent  représenter  leur  pièce  au 
théâtre  Feydeau,  qui  jouissait  alors  de  la 
vogue.  Secondés  par  le  talent  admirable  de 
madame  Scio,  ils  obtinrent  par  cet  opéra  de 
Roméo  et  Juliette,  en  1793,  un  des  plus  beaux 
et  des  plus  légitimes  succès  qu'il  y  ait  eu  à  la 
scène  française.  Bien  que  la  musique  de  Stei- 
belt fût  mal  écrite  pour  les  voix,  et  qu'on  y 
trouvât  des  longueurs  qui  refroidissent  l'ac- 
tion, l'originalité  des  formes,  le  charme  de 
la  mélodie,  et  même  la  vigueur  du  sentiment 
dramatique  en  quelques  situations,  ont  l'ait  à 
juste  titre  considérer  sa  partition  comme  une 
des  meilleures  productions  de  son  époque,  et 
ont  placé  son  auteur  à  un  rang  élevé  parmi  les 
musiciens.  Le  succès  de  cet  ouvrage  mit  Stei- 
belt à  la  mode  sous  le  gouvernement  du  direc- 
toire; etbientôt  il  compta  parmi  ses  élèves  les 
femmes  les  plus  distinguées  de  ce  temps,  entre 
autres  mademoiselle  de  Beauharnais,  devenue 
plus  tard  reine  de  Hollande,  Eugénie  de  Beau- 
marchais, madame  Zoé  de  la  Rue,  madame 
Lioltier  (plus  tard  madame  Gay),  et  mademoi- 
selle Schérer,  fille  du  ministre  de  la  guerre. 
Recherché,  malgré  ses  fantasques  boutades  et 
le  peu  d'aménité  de  son  caractère,  il  aurait  pu 
dès  lors  prendre  une  position  honorableet  tra- 
vailler aussi  utilement  à  sa  fortune  qu'à  sa  ré- 
putation: mais  de  graves  erreurs  l'obligèrent 
à  s'éloigner  de  Paris,  en  1798.  Il  se  rendit 
d'abord  à  Londres  par  la  Hollande,  y  donna 
des  concerls,  et  s'y  maria  avec  une  jeune  An- 
glaise fort  jolie  ;  puis  il  alla  à  Hambourg,  et 
y  donna  de  brillants  concerls;  enfin,  il  visita 
Dresde,  Prague,  Berlin,  sa  ville  natale,  et 
Vienne,  où  il  entra  en  lutte  avec  Beethoven. 
D'abord,  il  parut  avoir  l'avantage  dans  l'opi- 
nion d'un  certain  monde  d'amateurs;  mais  il 
fut  vaincu  par  le  génie  du  grand  homme.  Par- 
tout les  opinions  se  partagèrent  sur  son  ta- 
lent :  s'il  eut  d'ardents  admirateurs,  il  eut  aussi 
beaucoup  de  détracteurs.  Ceux-ci  lui  repro- 
chaient l'usage  immodéré  qu'il  faisait  du  tré- 
molo ;  l'inégalité  de  son  jeu,  et  la  faiblesse  de 
sa  main  gauche  étaient  aussi  les  sujets  de 
beaucoup  de  critiques.  C'est  dans  ces  voyages 
qu'il  fil  entendre  pour  la  première  fois  des 
fantaisies  avec  variations,  genre  de  musique 


STEIBELT 


121 


dont  il  avait  inventé  la  forme,  et  dont  on  a 
tant  abusé  depuis  lors.  Il  joua  aussi,  dans  ses 
concerts  à  Prague,  à  Berlin  et  à  Vienne,  des 
rondos  brillants  et  des  bacchanales,  avec  ac- 
compagnement de  tambourin,  exécuté  par  sa 
femme,  formes  musicales  imaginées  par  lui, 
et  dont  la  première  lui  a  survécu. 

Dans  l'automne  de  l'année  1800,  Seibelt  re- 
tourna à  Paris.  Il  y  rapportait  de  Vienne  la 
partition  de  la  Création  du  monde  de  Haydn, 
qui  venait  de  paraître,  et  dont  il  avait  entendu 
de  belles  exécutions  dans  la  capitale  de  l'Au- 
triche. L'idée  d'exploiter  cet  ouvrage  à  son 
profit  le  préoccupait:  il  en  fit  une  traduction 
en  prose  qui  fut  mise  en  vers  par  M.  de  Ségur, 
puis  il  l'ajusta  sur  la  partition  de  Haydn,  et 
traita  avec  l'administration  de  l'Opéra  pour 
l'exécution  solennelle  de  l'ouvrage  sous  sa  di- 
rection. J'ai  sous  les  yeux  l'original  des  con- 
ventions faites  à  ce  sujet  :  les  administrateurs 
de  l'Opéra  s'y  engagent  à  payer  à  Steibell  trois 
mille  six  cents  francs  pour  son  travail,  et  deux 
mille  quatre  cents  à  M.  de  Ségur,  et  leur  lais- 
sent la  propriété  de  leur  partition  traduite, 
qui  fut  vendue  quatre  mille  francs  à  Érard. 
L'exécution  de  l'ouvrage  ainsi  arrangé  eut 
lieu  à  l'Opéra,  le  5  nivôse  an  ix;  ce  fut  en  y 
allant  que  Napoléon  faillit  périr  par  l'explo- 
sion de  la  machine  infernale.  La  paix 
d'Amiens,  qui  fut  signée  peu  de  temps  après, 
permit  à  Sleibelt  de  retourner  à  Londres  avec 
sa  femme;  il  saisit  avec  d'autant  plus  d'em- 
pressement cette  occasion  de  s'éloigner  de 
Paris,  que  les  motifs  qui  lui  avaient  fait 
quitter  celte  ville,  en  1798,  n'y  étaient  pas 
oubliés,  et  lui  avaient  fait  fermer  toutes  les 
portes.  Peu  de  temps  avant  son  départ,  il  avait 
écrit  la  musique  du  ballet  intitulé  :  le  Retour 
de  Zéphire,  qui  fut  représenté  l'Opéra,  en 
1802. 

Arrivé  à  Londres,  Sleibelt  y  donna  deux 
concerts  brillants;  mais  son  caractère  peu 
sociable  ne  plut  pas  à  la  haute  société  anglaise, 
qui  ne  lui  prêta  pas  d'appui;  de  là  vient  qu'il 
ne  put  se  plaire  en  Angleterre,  ni  y  faire  de 
longs  séjours.  Pendant  celui-ci,  il  composa  la 
musique  des  ballets  de  la  Belle  Laitière  et  du 
Jugement  de  Paris,  qui  furent  représentés 
avec  grand  succès  au  théâtre  du  roi.  Il  publia 
aussi  dans  le  même  temps ,  à  Londres,  un  très- 
grand  nombre  de  bagatelles  pour  le  piano, 
que  le  besoin  d'argent  l'obligeait  d'écrire  à  la 
hâte  et  qui  nuisirent  beaucoup  à  sa  réputation. 
Au  commencement  de  1805,  Sleibelt  revint  à 
Paris,  el  y  publia  plusieurs  fantaisies,  des  ca- 
prices, des  rondeaux,  des  éludes,  et  sa  méthode 


avec  six  sonates  et  de  grands  exercices  :  ce 
dernier  ouvrage,  mal  rédigé,  n'eut  pas  de 
succès.  Au  commencement  de  1806,  il  donna 
à  l'Opéra  la  Fête  de  Mars,  intermède  pour  le 
retour  de  Napoléon,  après  la  campagne  d'Au- 
sterlilz.  Il  se  remit  aussi  à  la  composition  de 
la  Princesse  de  Babylone,  grand  opéra  en 
trois  actes,  reçu  depuis  plusieurs  années  à 
l'Académie  royale  de  musique.  Cet  ouvrage 
allait  y  être  représenté,  lorsque  Steibelt  partit 
subitement  pour  la  Russie,  au  mois  d'octobre 
1808.  Dans  sa  route,  il  donna  des  concerts  à 
Francfort,  à  Leipsick,  à  Breslau  et  à  Varsovie. 
Arrivé  à  Saint-Pétersbourg,  il  y  obtint  de 
l'empereur  la  place  de  directeur  de  musique  de 
l'Opéra  français, en  remplacement  de  Boieldieu. 
C'est  pour  ce  théâtre  qu'il  écrivit  Cendrillon, 
opéra  en  trois  actes,  Sargines,  en  trois  actes,  et 
qu'il  refit  son  ancienne  partition  de  Roméo  et 
Juliette.  Il  y  fit  aussi  représenter  sa  Prin- 
cesse de  Babylone.  On  n'a  gravé  de  ces  ou- 
vrages que  quelques  airs  avec  piano:  les  par- 
titions paraissent  en  être  perdues.  Steibelt 
travaillait  à  son  dernier  ouvrage  (le  Jugement 
de  Midas),  lorsqu'il  mourut  à  Pétersbourg,  Je 
20  septembre  1825,  avant  d'avoir  achevé  celte 
partition.  Sa  mort  laissait  sa  famille  sans  res- 
source; mais  son  protecteur  le  comte  Milaro- 
dowilsch  la  tira  de  celte  fâcheuse  position  en 
donnant  à  son  bénéfice  un  concert  par  sous- 
cription, qui  produisit  quarante  mille  roubles. 
A  voir  le  dédain  qu'on  affecte  maintenant 
pour  la  musique  de  Sleibelt,  on  ne  se  douterait 
guère  du  succès  prodigieux  qu'elle  eut  pen- 
dant vingt  ans  ;  succès  mérité  par  le  génie  qui 
brille  à  chaque  page.  A  la  vérité,  de  grands 
défauts  s'y  font  remarquer.  Le  style  en  est 
diffus;  on  y  trouve  des  répétitions  continuelles 
el  fastidieuses;  les  traits  ont  en  général  la 
même  physionomie,  et  le  doigter  en  est  très- 
défectueux;  mais  la  passion,  la  fantaisie,  l'in- 
dividualité s'y  montrent  à  chaque  instant.  Les 
débuts  de  pièces  ont  tous  de  la  fougue,  du 
charme  ou  de  la  majesté;  ses  chants  ont  tou- 
jours quelque  chose  de  tendre  et  d'élégant;  si 
la  liaison  manque  dans  les  idées,  du  moins 
celles-ci  sont  abondantes.  Au  résumé,  la  mu- 
sique de  Sleibelt  pèche  presque  toujours  par  le 
plan  et  ressemble  trop  à  l'improvisation  ;  mais 
on  y  sent  partout  l'homme  inspiré.  Dans  les 
éloges  que  je  lui  accorde,  j'excepte  ses  der- 
niers ouvrages,  indignes  de  sa  plume  et  de  sa 
réputation.  L'état  de  gêne  el  de  discrédit  où 
sa  mauvaise  conduite  l'avait  fait  tomber,  ne 
lui  laissait  plus  le  temps  de  soigner  ce  qu'il 
écrivait  pour  les  éditeurs  de  musique  :  alors  il 


1-2* 


SÏE1BELT 


abandonna  les  genres  de  la  sonale  et  du  con- 
certo, qui  avaient  t'ait  sa  gloire,  pour  des  ba- 
gatelles qui  ne  lui  coûtaient  aucun  travail,  et 
qu'il  se  donnait  à  peine  le  temps  d'écrire. 
A  l'égard  de  sa  musique  de  théâtre,  elle  n'est 
connue  (|ue  par  sa  partition  t\u  Roméo  et  Ju- 
liette ;  mais  celle-ci  suffit  pour  démontrer  que 
la  nature  lui  avait  donné  le  génie  dramatique 
autant  que  l'originalité  «les  idées. 

Comme  exécutant,  Steibelt  méritait  une 
part  égale  de  reproches  et  d'éloges.  Dépourvu 
«le  toute  instruction  méthodique  concernant 
le  mécanisme  du  piano,  et  n'ayant  eu  d'autre 
maitre  que  lui-même,  il  s'était  l'ait  un  doigter 
fort  incorrect.  L'art  d'attaquer  la  touche  par 
divers  procédés  pour  modifier  le  son  lui  était 
peu  connu,  parce  que  les  instruments  de  son 
temps,  légers  et  brillants,  mais  maigres  et 
secs,  se  prêtaient  peu  à  ces  transformations  de 
la  sonorité;  néanmoins,  il  possédait  à  un  haut 
degré  l'art  d'émouvoir  et  d'entraîner  un  audi- 
toire. Sa  manière  ne  ressemblait  à  aucune 
autre,  parce  qu'il  ne  s'était  jamais  donné  la 
peine  d'en  étudier  une.  Tout  était  chez  lui 
d'instinct,  d'inspiration  ;  aussi  n'élait-il  pas 
supportable  lorsqu'il  était  mal  disposé;  mais 
dès  qu'il  se  sentait  en  verve,  nul  n'avait  plus 
que  lui  le  talent  d'intéresser  pendant  des 
heures  entières.  Au  beau  temps  de  sa  car- 
rière, il  passait  pour  exécuter  des  difficul- 
tés excessives  ;  aujourd'hui  ses  tours  de 
force  paraîtraient  des  enfantillages  à  nos 
virtuoses  ;  mais  tout  artiste  serait  heureux 
de  posséder  les  qualités  dont  la  nature  l'avait 
doué. 

La  liste  exacte  des  productions  de  cet  homme 
bizarre  serait  fort  difficile  à  faire,  parce  que 
les  mêmes  œuvres  ont  été  gravés  sous  des  nu- 
méros différents  en  France,  en  Allemagne,  en 
Angleterre.  Voici  ce  que  j'ai  pu  recueillir  de 
plus  complet  à  cet  égard.  Je  cite  les  éditions 
originales  :  1°  Ouverture  en  symphonie;  Pa- 
lis, Naderman.  2°  Idem  de  la  Laitière;  Pa- 
ris, Érard.  5°  Valses  pour  orchestre:  Paris, 
Schonenberger.  4°  Trois  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  17;  Paris,  Boyer 
(Naderman).  5°  Trois  idem,  op.  49;  ibid. 
6°  Concertos  pour  piano,  n°  1  (en  ut);  ibid.  ; 
n°  2  (en  mi  mineur)  ;  ibid.  ;  n°  3  (l'Orage,  en 
mi  majeur),  op.  35;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel;  n°  4  (en  mi  bémol);  Paris,  Érard; 
n°  5  (en  mi  bémol)  ;  ibid.  ;  n°  6  (Foyage  au 
mont  Saint-Bernard,  ensoZmineur);  Leipsick, 
Pelers  ;  n°  7  (grand  concerto  militaire,  avec 
deux  orchestres,  en  mi  mineur);  ibid.; 
7°  Quintettes  pour  piano,  deux  violons,  alto  et 


basse,  op.  28;  n°  1  (en  sol),  nn  2  (en  ré); 
Paris,  Imb.uill(Janct).8°Quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  op.  51  ;  Paris,  A.  Leduc. 
9"  Trio  pour  piano,  flûte  et  violoncelle,  op.  51; 
•Paris,  Pleyel.  10°  Sonates  en  trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  57;  Paris, Momigny; 
op.  48;  ibid.;  op.  G5  ;  ibid.  11°  Sonates  pour 
piano  et  violon,  op.  1  ;  Munich,  Gœlz;  op.  2, 
ibid.;  op.  4,  Paris,  Sieber;  op.  11;  Paris, 
îîoyer  ;  op.  20,  Paris,  Imbaull;  op.  27,  ibid.  ; 
op.  50,  Paris,  Leduc;  op.  35,  Bonn,  Simrock; 
oïl  57,  ibid.;  op.  59,  Londres,  Goulding; 
op.  40,  Paris,  Leduc;  op.  41,  Londres,  Goul- 
ding; op.  42  (faciles),  Paris,  Pleyel;  op.  50 
(grandes),  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel; 
op.  68;  Paris,  madame  Duhan  (Schonenber- 
ger); op.  69,  Paris,  Frey;  op.  70,  ibid.; 
op.  71,  Offenbach,  André;  op.  75,  Paris, 
Pleyel;  op.  74,  Paris,  Sieber;  op.  79,  Paris, 
Duhan;  op.  80,  ibid.;  op.  81,  Paris,  Im- 
bault;  op.  85,  ibid.;  op.  84,  Paris,  Duhan; 
ces  œuvres  forment  ensemble  soixante -cinq 
sonates.  12°  Duos  pour  piano  et  harpe,  n°  1, 
Paris,  Leduc  ;  nos  2  et  5,  Paris,  Érard;  15°  So- 
nates pour  piano  seul,  op.  C,  Paris,  Nader- 
man ;  op.  7,  ibid.;  op.  9,  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel  ;  op.  15,  10,  Paris,  Sieber;  op.  25, 
24,  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel  ;  op.  25 
(l'amante  disperala),  Paris,  Imbaull;  op.  57, 
Offenbach,  André:  op.  41,  Leipsick,  Breit- 
l.opf  et  Haertel;  op.  49,  Paris,  Érard;  op.  59 
(grande),  ibid.;  op.  61,  Paris,  Pleyel;  op.  62, 
Paris,  Érard;  op.  65,  Paris,  Imbault;  op.  64, 
Paris,  Érard;  op.  66,  Paris,  Leduc;  op.  75, 
Paris,  Érard;  op.  76  (grandes),  Paris,  Duhan  ; 
op.  77  (faciles),  ibid.;  op.  82  (sonate  mar- 
tiale), Paris,  Pleyel;  op.  85,  ibid.;  ces  sonates 
sont  au  nombre  de  quarante-six.  14°  Pré- 
ludes pour  le  piano,  op.  5,  Paris,  Leduc;  op.  25, 
Paris,  Imbault.  15°  Divertissements,  op.  9, 
28,  56,  Paris,  Imbault.  16"  Rondeaux,  op.  29, 
50,  55,  45,  57,  63,  05,  Paris,  Naderman, 
Érard  ;  Offenbach,  André.  17°  Études  et  exer- 
cices; liv.  I,  II,  III,  IV,  V,  Paris,  Leduc,  Du- 
han; idem,  tirés  de  la  méthode,  Paris,  Im- 
bault. 18°  Pots-pourris,  nos  1  à  20,  chez  tous 
les  éditeurs.  19°  Environ  quarante  fantaisies 
sur  des  thèmes  d'opéras  et  autres,  ibid.  20° Un 
très-grand  nombre  d'airs  variés,  îTn'd.  21  "Cinq 
cahiers  de  valses,  ibid.  22°  Six  cahiers  de  bac- 
chanales avec  tambourin,  ibid.  25°  Plusieurs 
cahiers  de  marches,  ibid.  24°  Romances  d'Es- 
telle, avec  piano,  Paris,  Naderman.  Dix  ou 
douze  éditions  de  la  plupart  de  ces  ouvrages 
ont  été  publiées  en  France,  en  Allemagne  et 
en  Angleterre.. 


STEIFFENSANT  —  STEIN 


123 


STEIFFENSAND  (Wilïielm  ou  Guil- 
laume), pianiste  et  compositeur,  né,  je  crois, 
dans  la  Poméranie,  vécut  longtemps  à  Berlin, 
où  il  fut  élève  de  Delin  pour  l'harmonie  et  la 
composition.  En  1846,  il  a  donné  des  séances 
de  musique  de  chambré  avec  les  frères  Slœhl- 
knecht.  En  1856,  il  s'est  éloigné  de  Berlin, 
mais  on  n'a  pas  de  renseignements  sur  le  lieu 
où  il  a  fixé  sa  résidence.  Steiffensand  est  un 
musicien  sévère  et  d'une  instruction  solide  : 
ses  compositions  sonthien  écrites  et  ne  man- 
quent pas  d'originalité.  Les  ouvrages  qu'il  a 
publiés  sont  en  petit  nombre.  On  y  remarque  : 
1°  Sonate  pour  piano  (en  ré  mineur),  op.  2; 
Berlin,  Slern.  2°  Quatre  pièces  caractéristiques 
pour  piano;  Berlin,  Schlesinger.  5°  Sonate 
pour  piano,  op.  13;  Leipsick,  Breitkopf  et 
Hcerlel.  4"  Sonate  pour  piano  et  violoncelle, 
op.  15;  Leipsick,  Kislner.  5°  Scherzo  gracioso 
pour  piano  ;  Berlin,  Stern.  6°  Plusieurs  re- 
cueils de  Lieder;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haer- 
tel;  Berlin,  Bock;  Berlin,  Slern,  etc. 

STEL>f  (Jean-André),  organiste  de  l'église 
réformée  d'Augsbourg  et  facteur  de  clavecins 
et  de  pianos,  naquit  en  1728,  à  Heidelsheim, 
dans  le  Palatinat.  Élève  de  Silbermann  pour 
la  construction  des  instruments,  il  n'était  âgé 
que  de  vingt-sept  ans  lorsqu'il  commença,  en 
1755,  le  grand  orgue  des  Cordeliers  d'Augs- 
bourg, ouvrage  excellent  qui  l'ut  achevé  deux 
ans  après.  Cet  instrument  est  composé  de 
quarante-trois  jeux,  deux  claviers  à  la  main  et 
pédale.  En  1758,  Stein  fit  un  voyage  à  Paris, 
et  y  perfectionna  son  habileté  dans  la  con- 
struction des  clavecins.  Ce  fut  dans  cette  ville 
qu'il  conçut  et  exécuta  son  premier  clavecin 
organisé.  De  retour  à  Augsbourg,  il  y  con- 
struisit l'orgue  de  la  cathédrale.  Marchant  sur 
les  traces  de  son  maître  pour  la  fabrication  des 
pianos,  il  en  fit  un  grand  nombre  qui  se  ré- 
pandirent en  Allemagne,  en  France,  dans  les 
Pays-Bas,  et  qui  eurent  de  la  réputation  à 
cette  époque.  Mozart  les  loue  sans  restriction 
dans  une  lettre  à  son  père,  du  17  octobre  1777; 
il  les  considérait  comme  supérieurs  à  ceux  des 
autres  facteurs  de  son  temps.  Son  mécanisme, 
à  pilote  simple  et  à  marteau  léger  suspendu 
par  une  charnière  en  peau,  fut  adopté  par  les 
facteurs  anglais  de  cette  époque,  et  par  Érard, 
dans  ses  premiers  pianos.  En  1770,  Stein  con- 
struisit un  instrument  d'expression  à  clavier 
auquel  il  donna  le  nom  de  Melodica.  On  en 
donna  une  description  dans  la  Bibliothèque 
des  Beaux- arts  (Bibliothek  der  schœnen  Wis- 
senscliaflen,  ann.  1772,  tome  XIII,  pages  106- 
116),  et    Stein   fit   paraître   lui-même    une 


aulre  notice  intitulée  :  Beschrcibung  meiner 
Melodica  (Description  de  ma  Melodica);  Augs- 
bourg, 1775,  in-8"  de  vingt-deux  pages.  Sui- 
vant Forkel  (Jllgem.  Litteratur  der  Musik, 
page  263),  celle  notice  est  de  Jean-Chrétien 
Ileckel,  diacre  à  Augsbourg;  mais  Gerbe r  as- 
sure qu'elle  a  été  écrite  par  Stein  lui-même. 
On  cite  aussi  comme  des  inventions  de  ce  fac- 
teur, un  clavicorde  d'une  espèce  particulière 
appelée  Polgtoni-Clavicordium ,  dont  la 
description  se  trouve  dans  la  feuille  d'annonces 
d'Augsbourg,  du  5  octobre  1769;  le  grand 
piano  organisé  qu'il  construisit  [tour  le  roi  de 
Suède,  et  un  grand  piano  double  appelé  ris- 
à-vis,  pour  le  même  prince;  enfin,  VHarmo- 
nicon,  instrument  à  clavier  qui  paraît  être  la 
même  chose,  et  dont  un  certain  professeur 
Clirislmann  a  donné  une  notice  dans  le  n"  45 
de  la  Gazette  musicale  de  Spire,  de  1789.  An- 
dré Stein  mourut  à  Augsbourg,  le  22  février 
1792,  des  suites  d'une  hydropisie,  à  l'âge  dé 
soixante-quatre  ans.  Dans  les  dernières  années 
desa  vie,  sa  fabrique  d'instruments  fut  dirigée 
par  son  fils,  André  Stein,  et  par  sa  fille  Nanelle 
Siein,  connue  plus  lard  sous  le  nom  de  ma- 
dame Streicher. 

STEIN(Nanette).F.STREICUER(M'»c). 

STEIN  (Jean-Georges),  bon  facteur  d'or- 
gues, né  à  Berlslaedl,  près  d'Erfurt,  vécut  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  En  175Ô,  il 
construisit  à  l'église  Sainte-Marié  de  Uelzen, 
un  inslrument.de  trente-deux  jeux,  deux  cla- 
viers et  pédale. 

STEIN  (Frédéric),  le  plus  jeune  des  en- 
fants de  Jean-André  Stein,  habile  pianiste  et 
compositeur,  naquit  à  Augsbourg,  en  1784,  et 
mourut  à  Vienne,  le  5  mai  1809,  à  l'âge  de 
vingt-cinq  ans.  Il  fut  élève  d'Albreclilsberger 
pour  l'harmonie  et  le  contrepoint.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  pour  le  piano  : 
1°  Bagatelles,  op.  I  ;  Vienne,  Steiner.  2°  Ron- 
deau facile,  op.  2;  ibid.  3°  Sonate  pour  piano 
seul,  op.  ô  ;  Vienne,  Mechetti.  Il  a  écrit  aussi 
pour  le  théâtre  de  Léopold,  à  Vienne  :  1°  Der 
KampfumMitternaclU  (Le  combat  vers  mi- 
nuit). 2°  La  Fée  Radiante. 

Un  aulre  pianiste  nommé  Stein  (Fr.),  posté- 
rieur au  précédent,  et  qui  paraît  être  fixé  à 
Vienne,  a  publié  environ  soixante-dix  œuvres 
de  variations  pour  le  piano,  particulièrement 
sur  des  thèmes  des  opéras  de  Rossini,  des 
contredanses  et  des  chansons  allemandes.  Cet 
artiste  appartient  vraisemblablement  à  la 
famille  d'André  Slein  :  il  n'en  est  pas  parlé 
dans  le  Lexique  universel  de  musique,  publié 
par  le  docteur  Schilling. 


121 


STE1N  —  STEINBART 


STEEV  (K.),  pseudonyme  sous  lequel  s'est 
quelquefois  caché  KEFERSTEIN  {voyez  ce 
nom). 

STEIIV  (Charles),  directeur  de  musique  et 
organiste  de  la  Sladlkirche,  à  Willenberg,  est 
né  le2o  octobre  1824, à  Niemeck  (Prusse).  Dès 
son  enfance  il  montra  d'heureuses  dispositions 
pour  la  musique.  L'organiste  Brandt,  de  ce 
lieu,  fut  son  premier  guide  dans  cet  art  et  lui 
enseigna  à  jouer  de  l'orgue.  Plus  tard  il  entra 
au  séminaire  des  instituteurs,  à  Berlin,  où  il 
devint  élève  de  A.-W.  Bach,  de  Grell  et  de 
Killitschgy,  puis  il  suivit  les  cours  de  l'Aca- 
démie royale  des  beaux-arts  et  eut  pour  profes- 
seur Rungenhagen  et  M.  Marx.  Après  avoir 
vécu  quelque  temps  à  Berlin,  où  il  se  livrait  à 
l'enseignement  particulier,  il  ohtinlles  places 
d'organiste  de  l'église  de  la  ville  et  de  profes- 
seur de  musique  au  gymnase  de  Willenberg, 
en  1850.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on 
compte  l'oratorio  la  Naissance  du  Christ,  le 
Psaume  71  qui  fut  exécuté  à  la  fêle  musicale 
de  Wittenberg,  en  1846,  la  cantate  intitulée 
Ein  Abend  in  Neapel  (Une  soirée  à  Naples), 
en  1848,  et  une  symphonie  (en  mi  mineur), 
exécutée  à  Berlin.  On  a  gravé  de  sa  composition 
des  Lieder ,  le  livre  choral  de  "Willenberg, 
Polsdam,  Riegel,  et  quelques  petites  pièces 
pour  le  piano. 

STEIN  (Frédéric),  professeur  de  musique 
à  Crefeld,  s'est  fait  connaître  par  un  petit  ou- 
vrage intitulé  :  Der  erste  Unterricht  in  dcr 
Harmonielehre  (  L'Enseignement  primaire 
dans  la  science  de  l'harmonie);  Crefeld,  1845, 
in-8°. 

STEIIV  (P.),  professeur  de  musique  aux 
écoles  populaires  de  Coblence,  en  1840,  a  pu- 
blié pour  l'usage  de  ces  écoles  catholiques  : 
1°  Der  Gesangfreund  (L'Ami  du  chant),  re- 
cueil de  chants  à  deux,  trois  et  quatre  voix  pour 
les  écoles  populaires,  première,  deuxième  et 
troisième  suites;  Coblence,  Blum.  2°  Lieder 
und  Messgesxnge  ans  dem  Gesangbuche  fiir 
der  Diœzese  Trier  (Cantiques  et  chants  me- 
surés du  livre  choral  du  diocèse  de  Trêves, 
pour  les  écoles  d'adultes,  arrangés  à  trois 
voix);  Coblence,  Hoelscher.  3"  Marienlieder 
(Canliques  île  Marie),  à  trois  voix;  ibid. 
4°  Recueil  de  canliques  à  deux  et  trois  voix 
pour  les  classes  des  écoles  populaires  catholi- 
ques; Coblence,  Blum. 

STEIIN  (Albert-Gérion),  curé  de  l'église 
Sainte-Ursule,  à  Cologne,  et  professeur  de 
chant  au  séminaire  clérical  de  l'archevêché, 
né  vers  1815,  est  auteur  de  divers  ouvrages  in- 
titulés :  1°  Kyricde  sive  Ordinarium  fljissx 


continens  cantum  gregorianum  ad  Kyrie, 
Gloria,  Credo,  Sanctus  et  Agnus  Dei  pro 
diversitate  temporis  ac  festorum  per  annum 
juxla  usum  Metropolitanx  Ecclesix  Colo- 
niensis ,  cui  accedunt  cantiones  aliquot 
sacrx  in  Mi$sa  post  elevationem  cantandx 
nec  non  modus  respondendi  ad  versiculos 
in  Missa  et  cantandi  Jte  Missa  est,  etc.; 
Colonix,  ap.  J.-P.  Bachem,  1860,  in-8°de 
quatre-vingt-huit  pages,  quatrième  édition. 
2°  Kœlnisches  Gesang  und  Andachtsbuch 
(Livre  de  prières  dévotes  et  de  chanls  à  l'usage 
des  congrégations  catholiques,  suivi  d'un  re- 
cueil de  canliques  avec  mélodies);  Cologne, 
J.-P.  Bachem,  1860,  huitième  édition.  Plus  de 
cent  quinze  mille  exemplairesde  ce  recueil  ont 
été  vendus  jusqu'au  moment  où  cette  notice 
est  écrite.  5°  Orgelbegleitung  zu  den  Melo- 
dieen  des  Kœlnischen  Gesangbuches  (Accom- 
pagnement d'orgue  pour  les  mélodies  du  livre 
de  chant  de  Cologne);  ibid.,  petit  in-4"  de  cent 
cinquante-six  pages.  4°  Die  Katolische  Kir- 
chenmusifc  nach  ihrer  Bestimmung  und 
ihrer  dermaligen  Beschuffenheit  dargestelll 
(La  musique  d'église  catholique ,  exposée 
d'après  sa  nature  et  sa  destination  spéciale); 
ibid.,  1864,  petit  in-8°  de  cent  vingt-six 
pages. 

STEINACKER  (Charles),  pianiste  et 
compositeur,  né  en  1789,  était  fds  d'un  libraire 
deLeipsick.  Il  était  employé  dans  la  librairie 
de  Gœschen  de  cette  ville,  lorsqu'il  abandonna 
celle  position  pour  aller  achever  ses  études  à 
Vienne.  Ses  heureuses  facultés  musicales  se 
révélèrent  dans  quelques  petits  opéras,  entre 
autres  Hass  und  Liebe  (La  haine  et  l'amour), 
La  Vedette,  elc,  ainsi  que  dans  quelques 
œuvres  pour  le  piano,  où  l'on  trouve  un  talent 
réel.  Malheureusement,  la  guerre  de  l'indépen- 
dance de  l'Allemagne  l'obligea  de  servir 
comme  soldat.  Il  prit  part  aux  campagnes  de 
1815  et  1814;  lorsqu'il  retourna  en  Allemagne, 
il  était  atteint  de  la  maladie  dont  il  mourut  le 
18  janvier  1815.  Parmi  ses  œuvres  de  piano, 
on  remarque  une  grande  sonate,  op.  10; 
Vienne,  Diahelli;  des  fantaisies,  dont  une  sui- 
des motifs  de  Don  Juan;  une  ouverture  mili- 
taire à  quatre  mains,  et  plusieurs  suites  de 
polonaises  et  de  valses.  On  connaît  aussi  de 
lui  des  chants  pour  plusieurs  voix  d'hommes. 

STEIISBART  (Gotthilf-Samuel),  con- 
seiller du  consistoire,  professeur  de  philosophie 
à  Francfort-sur  l'Oder  et  directeur  des  écoles 
publiques  à  Zullichau,  naquit  dans  cette  der- 
nière ville,  le  24  septembre  1758,  et  mourut  à 
Francfort,  le  5  février  1809.  Au  nombre  de  ses 


STE1NBART  —  STEINER 


125 


ouvrages,  on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  : 
Grundbegriffe  zur  Philosophie  iïber  den 
Geschmach  (Idées  pour  la  philosophie  du  goût), 
première  partie;  Zullichau,  1785,  in-8°  de 
douze  feuilles.  Cette  première  partie,  la  seule 
qui  ail  paru,  renferme  la  théorie  générale  des 
beaux-arts,  et  en  particulier  de  la  musique, 
d'après  les  principes  de  Kirnberger. 

STEINBEER  (Frédéric-Albert),  docteur 
en  médecine  et  en  philosophie,  né  à  Brande- 
bourg, sur  la  Havel,  en  1804,  a  fait  ses  études 
à  l'université  de  Berlin,  et  y  a  fait  imprimer 
une  thèse  intitulée  :  De  Musices  atque  Poesos 
vi  salutari  operis  prodromus.  Dissert, 
inauguralis  psychologico-medica ;  Berolini, 
1826,  in-8°  de  quatre-vingt-seize  pages. 

STEINBERG  (Chrétien  -  Gottlieb  ou 
Théophile),  docteur  en  philosophie  et  pré- 
dicateur à  Breslau,  né  le  24  février  1758, 
est  mort  dans  cette  ville,  le  23  mai  1781. 
Parmi  ses  nombreux  écrits,  on  en  remarque 
"n,  publié  sous  le  voile  de  l'anonyme,  qui 
a  pour  titre  :  Ueber  die  Kirchen-Musik 
(Sur  la  musique  d'église);  Breslau,  1766, 
in-8°. 

STEINBRECHER  (Jacques),  cantor  à 
Belgrana,.dans  la  Thuringe,  vers  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  est  auteur  d'un 
traité  élémentaire  de  musique,  intitulé  :  De 
arte  canendi  puerilia  quxdam  pedestri  ora- 
tione ,  tyronibus  scholx  Belgranx  propo- 
sita  ;  Mulhusii  Duringorum  excudebat  Geor- 
gius  Hantzsch,  1571,  petit  in-8°de  sept  feuil- 
lets non  chiffrés. 

STEINDOIIF  (Jean-Martin),  cantor  à 
Zwickau,  naquit  le  18  mars  1665,  à  Deutleben, 
dans  le  duché  de  Weimar.  Ses  heureuses  dis- 
positions lui  firent  obtenir,  à  l'âge  de  treize 
ans,  une  bourse  dans  le  couvent  de  Rosleben, 
où  il  acheva  ses  études  préparatoires,  en  1684. 
Puis  il  se  rendit  à  l'université  de  Jéna.  En 
1687,  il  obtint  une  place  à  Schœnenfels,etdeux 
ans  après,  une  autre  à  Grœtz.  En  1691,  il  fut 
appelé  à  Zwickau  en  qualité  de  cantor, y  passa 
le  reste  de  ses  jours,  et  y  mourut  en  1759.  Il 
avait  étudié  le  contrepoint  sous  la  direction  de 
David  Fttnck.  Un  très-grand  nombre  de  can- 
tates pour  des  fêtes,  deyi/aym/îca^detixannées 
entières  de  musique  d'église,  l'oratorio  inti- 
tulé :  Historia  Resurrectionis  Christi,  qu'il 
mit  quatre  fois  en  musique,  quatre  cantates,  à 
l'occasion  du  jubilé  de  1735,  et  une  musique 
pour  la'prestation  du  serment,  dans  la  même 
année,  sont  les  principaux  ouvrages  de  sa 
composition  :  tous  sont  restés  en  manu- 
scrit. 


STEINER,  ou  plutôt  STAINER  (1) 
(Jacques),  naquit  vers  1620,  à  Absom,  village 
du  Tyrol,  près  d'Inspruck  (2).  Ses  parents,  qui 
le  destinaient  à  l'état  ecclésiastique,  lui  firent 
commencer  ses  études  ;  mais  il  y  montra  peu 
d'aptitude,  n'ayant  de  dispositions  naturelles 
que  pour  la  facture  des  instruments  de  mu- 
sique. Encore  enfant,  il  fabriquait  de  gros- 
siers violons.  Une  vocation  si  évidente  décida 
les  parents  de  Steiner  à  envoyer  leur  fils  à 
Crémone  travailler  chez  Nicolas  Amati.  Après 
quelques  années  de  travail  dans  les  ateliers  de 
cet  habile  facteur  d'instruments,  il  acquit  lui- 
même  une  habileté  égale  à  celle  de  son  maître. 
Ce  fut  alors  qu'il  fabriqua  des  violons  qu'on 
dislingue  comme  ceux  de  sa  première  époque, 
et  qui  sont  de  la  plus  grande  perfection,  mais, 
malheureusement,  de  la  plus  grande  rareté. 
Les  instruments  de  cette  époque  sont  datés  de 
Crémone,  et  ont  une  étiquette  écrite  et  signée 
de  la  main  de  Steiner.  On  les  reconnaît  aux 
signes  suivants  :  les  voûtes  sont  plus  élevées 
que  celles  des  Amati;  les  §  sont  petites  et 
étroites;  les  volutes  moinsallongées  que  celles 
des  violons  des  Amati,  et  plus  larges  dans  la 
partie  antérieure.  Le  bois  est  à  larges  veines, 
et  le  vernis  estcelui  des  Amati.  Le  plus  bel  in- 
strument connu  de  cette  première  époque  de 
Steiner  avait  passé  de  la  succession  de  M.  De- 
sentelles,  ancien  intendant  des  menus-plaisirs 
du  roi,  dans  les  mains  de  Gardel,  premier 
maître  de  ballets  de  l'Opéra,  et  amateur  de 
violon  distingué.  Il  porte  la  date  de  1644. 

Steiner,  ayant  épousé  une  fille  de  son  maître 
Amati,  alla  s'établir  avec  elle  à  Absom.  Il 
règne  une  grande  obscurité  sur  cette  seconde 
époque  des  travaux  de  Steiner  ;  les  événements 
sont  rapportés  de  manières  si  contradictoires, 
qu'en  l'absence  de  documents  authentiques, 
on  ne  peut  que  s'abstenir.  Suivant  une  de  ces 
traditions,  forcé  de  beaucoup  travailler  pour 
nourrir  sa  famille  ,  il  fabriqua  des  violons, 
violes  et  basses  de  qualité  très-inférieure  à  ses 
premiers  instruments.  Obligé  de  colporter  lui- 
même  les  produits  de  sa  fabrique,  et  obtenant 
rarement  de  ses  violons  plus  de  six  florins,  il 
devait  suppléer  par  la  rapidité  de  leur  con- 

(1)  Cette  orthographe  n'est  point  allemande  ;  mais  c'est 
celle  que  Steiner  avait  adoptée  par  ignorance. 

(2)  Les  renseignements  que  je  fournis  dans  cette  no- 
tice sur  le  célèbre  luthier  Steiner  ont  été  ignorés  de 
tous  les  biographes  et  historiens  de  la  musique;  je  les 
dois  en  parties  aux  recherches  de  Cartier  (voyez  ce  nom) 
pour  son  histoire  du  violon;  aux  notes  manuscrites  de 
Boisgelou,  et  à  un  mémoire  de  Woldcmar  (voyez  ces 
noms),  ainsi  qu'aux  informations  que  j'ai  prises  près 
des  luthiers  les  plus  instruits. 


126 


STEINER 


struction  au  peu  d'argent  qu'il  en  tirait.  Le 
vernis  des  instruments  de  cette  époque  est 
îougeàtre  et  opaque.  Steiner  demeura,  dit-on, 
quelque  temps  dans  cette  position  ;  mais  dans 
la  suite,  les  artistes  reconnurent  le  mérite  de 
ses  instruments,  et  la  réputation  de  ceux- 
ci  commença  à  s'étendre  en  Allemagne. 
Plusieurs  princes  et  seigneurs  lui  de- 
mandèrent des  violons,  des  violes  et  «les 
basses:  il  les  fabriqua  avec  beaucoup  plus  de 
soin,  prit  des  élèves  et  monta  son  atelier.  Les 
instruments  qu'il  fabriqua  pour  quelques-uns 
des  princes  et  seigneurs  dont  il  vient  d'être 
parlé  se  reconnaissent  aux  têtes  de  lions,  de 
tigres  on  d'autres  animaux  dont  il  ornait  les 
volutes,  et  qu'il  lirait  des  blasons  de  ces  per- 
sonnages. Dans  la  confection  du  grand  nombre 
d'instruments  à  archet  qui  sortirent  alors  de 
ses  ateliers,  Steiner  fut  aidé  par  son  frère  Marc 
Steiner,  frère  ermite,  par  les  trois  frères  Klots 
(Mathias,  Georges  et  Sébastien),  et  par  Al- 
bani,  tons  ses  élèves.  Plus  tard,  on  a  quelque- 
fois confondu  les  instruments  que  fabriquèrent 
les  Klots  seuls  avec  ceux  de  Steiner  de  cette 
époque;  mais  le  vernis  des  Klots  est  d'un  fond 
noir  avec  des  reflets  jaunes,  tandis  que  celui 
de  Steiner  est  d'un  rouge  d'acajou  bruni  par 
le  temps.  Les  instruments  de  la  seconde 
Époque  de  ce  facteur  sont  datés  d'Absom,  de- 
puis 1G50  jusqu'en  16G7.  Le  sapin  des  tables 
d'harmonie  est  ordinairement  à  veines  serrées; 
le  bois  du  tond,  des  éclisses  et  du  manche  est 
à  très-petites  côtes  serrées  et  unies.  Les  éti- 
quettes de  ces  instruments  sont  imprimées.  Le 
violoniste  Ropiquet,  de  Paris,  qui  fut  un 
grand  connaisseur  en  instruments  à  archet,  a 
possédé,  dit-on,  un  quintette  composé  de  deux 
violons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse  de  la 
plus  grande  beauté,  avec  des  têtes  de  lions, 
appartenant  à  cette  époque:  par  une  exception 
fort  rare,  les  violons  étaient  d'un  très-grand 
patron.  A  cette  époque  appartiennent  aussi  : 
1°  Un  violon  qu'a  possédé  le  marquis  de  la 
Rosa,  grand  d'Espagne,  et  qu'on  a  vu  à  Paris 
entre  les  mains  de  Lupot  (voyez  ce  nom). 
2°  Celui  du  comte  de  Marp,  amateur  de  violon 
à  Paris.  3°  Celui  de  Frey,  ancien  artiste  de 
l'orchestre  de  l'Opéra,  et  éditeur  de  musique. 
4°  Enfin,  l'alto  admirable  qui  a  appartenu  à 
M.  Matrôt  de  Préville,  ancien  gouverneur  du 
port  de  Lorient.  Aujourd'hui,  le  célèbre  vio- 
loniste Alard  en  possède  un  de  la  plus  grande 
beauté.  Beaucoup  d'instruments  attribués  à 
Steiner  n'ont  pas  été  faits  dans  son  atelier. 

Suivant  la   tradition,  après  la  mort  de  sa 
femme,  Steiner  se  relira  dans  un  couvent  de 


bénédictins,  où  il  passa  le  reste  de  ses  jours  ; 
mais,  par  une  pensée  digne  d'un  véritable  ar- 
tiste, il  voulut  terminer  sa  carrière  mondaine 
par  une  production  qui  mît  le  comble  à  sa 
gloire.  Par  le  crédit  du  supérieur  de  son  cou- 
vent, il  parvint  à  se  procurer  des  bois  d'une 
rare  qualité,  à  ondes  régulières  et  serrées, 
dont  il  fit  seize  violons,  modèles  de  toutes  les 
perfections  réunies.  Il  en  envoya  un  à  chacun 
des  douze  électeurs  de  l'empire,  et  donna  les 
quatre  autres  à  l'empereur.  Depuis  lors,  ces 
instruments  ont  été  connus  sous  le  nom  de 
Stefner-électcur.  Sons  purs,  métalliques,  aé- 
riens, semblables  à  ceux  d'une  belle  voix  de 
femme;  grâce,  élégance  dans  la  forme;  fini 
précieux  dans  les  détails;  vernis  diaphane 
d'une  couleur  dorée;  telles  sont  les  qualités 
qui  distinguent  ces  produits  de  la  troisième  et 
dernière  époque  du  talent  de  Steiner.  Les  éti- 
quettes de  ces  instruments  sont  écrites  et  si- 
gnées de  la  main  de  ce  luthier  célèbre.  Trois 
de  ces  instruments  d'élite  sont  connus  aujour- 
d'hui ;  le  sort  des  autres  est  ignoré.  Le  premier 
fut  donné  par  l'impératrice  Marie-Thérèse  à 
Kennis,  violoniste  de  Liège  (voyez  la  biogra- 
phiede  cet  artiste). L'antre  fut  acheté,enl"7l, 
pour  la  sommede  troismillecinq  cents  florins, 
en  Allemagne,  par  le  duc  d'Orléans,  aïeul  du 
roi  de  France,  Louis-Philippe.  Plus  tard,  ce 
prince,  ayant  cessé  de  jouer  du  violon,  donna 
cet  instrument  à  Navoigille  jeune,  un  soir 
qu'il  avait  eu  beaucoup  de  plaisir  à  l'entendre 
accompagner  madame  de  Monlesson  avec  ce 
même  violon.  Ce  précieux  instrument  a  passé 
entre  les  mains  de  Cartier,  en  1817.  C'est  chez 
cet  artiste  que  je  l'ai  vu  et  entendu.  Le  troi- 
sième violon-électeur  connu  était  dans  le  ca- 
binet du  roi  de  Prusse. Frédéric-Guillaume  II. 
La  date  de  la  mort  de  Steiner  n'est  pas 
connue.  Les  instruments  vrais  de  la  première 
et  de  la  dernière  époque  de  Steiner  étaient 
autrefois  recherchés  et  avaient  un  haut  prix; 
la  mode  en  est  maintenant  passée,  et  leur  va- 
leur commerciale  est  beaucoup  diminuée.  Le 
célèbre  luthier  Yuilliaume  en  a  possédé  un  de 
très-belle  qualité  dont  il  avait  fixé  le  prix  à 
400  Trancs. 

STEINER  (Jean-Louis),  compositeur  alle- 
mand, vécut  à  Nuremberg,  puis  à  Zurich,  dans 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Les 
ouvrages  connus  de  sa  composition  sont:  \°Sei 
sonate  da  caméra  de'  quali  si  espone  presen- 
tamente  due  a  violoncello  solo,  col  basso  con- 
tinuo;  Nuremberg,  1731.  2°  Des  psaumes  à 
plusieurs  voix  avec  basse  continue  ;ibid.,  1734. 
3°  Un  recueil  de  motets  à  deux  voix  de  dessus 


STE1NER  —  STEINMULLER 


\çn 


avec  hasse  continue;  Zurich,  1759.  4°  Kurz- 
leicht-und  griindlicher  Noten-  Buchlein, 
oder  Anleitnng  zur  edlen  Sing-  und  kling- 
hunst;  etc.  (Petit  livre  de  principes  faciles,  ou 
introduction  au  noble  art  du  chant,  etc.);  Zu- 
rich, 1728. 

STEOER  (...),  chanoine  de  la  cathédrale 
de  Breslau,  fut  grand  amateur  et  connaisseur 
en  musique.  En  1790,  il  fut  nommé  régent  du 
consistoire.  Il  mourut  à  Breslau,  en  1817.  On 
a  de  lui  un  écrit  intitulé  :  Uebe.r  den  deutschen 
Kirchengesang  (Sur  le  chant  d'église  alle- 
mand), inséré  dans  la  feuille  du  diocèse  de 
Breslau,  première  année,  pages  507  et  sui- 
vantes. 

STEÏNFELD  (A. -Jacques),  organiste  à 
Bergedorff,  près  de  Hambourg,  né  en  1757, 
est  mort  à  Hambourg,  en  1824.  Il  s'est  fait 
connaître  par  divers  ouvrages  de  sa  composi- 
tion, dontGerber  ne  cite  que  ceux-ci  :  1°  Six 
solos  pour  la  flûte,  op.  10;  Berlin,  1784. 
2°  Trois  sonates  pour  le  clavecin;  Lubeck, 
1788.  5°  Trois  sonatines,  idem;  ibid.,  1788. 
4°  Six  rondos  faciles  pour  le  piano;  Hambourg, 
1797.  5°  Douze  chansons  allemandes  avec  un 
andante  à  quatre  mains,  varié  pour  le  piano; 
ibid.,  1797.  6°  Six  quatuors  pour  deux  clari- 
nettes et  deux  cors,  avec  timbales  ad  libitum, 
op.  20  ;  Offenbach,  André,  1802.  7°  Odes  poul- 
ie chant  avec  piano;  Hambourg,  1780.  Le  fils 
de  cet  artiste  (Jacques  Steinfeld),  né  à  Berge- 
dorff, le  14  janvier  1788,  a  eu  pour  maître  de 
piano  et  de  contrepoint  le  directeur  de  musique 
Schwencke.  Il  est  professeur  de  piano  et  de 
chant  à  Hambourg. 

STEINGUDETV  (Constantin),  frère  mi- 
neur, maître  de  chapelle  à  Constance,  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle,  est  cité  par 
Prinlz,  dans  son  histoire  de  la  musique, 
comme  un  des  meilleurs  compositeurs  de  son 
temps.  Son  œuvre  quatrième  a  pour  titre  : 
Flores  hyemales  a  5,  4  vocibus  cum  instru- 
mentis;  Constance,  1666. 

STEINRÙIILEU  (Emile),  pianiste,  vio- 
loniste et  compositeur,  né  à  Dusseldorf,  le 
1 2  mai  1824,  commença,  à  l'âge  de  quatre  ans, 
l'étude  de  la  musique  et  du  piano  sous  la  di- 
rection de  son  père,  et  prit  des  leçons  de  violon 
dès  sa  cinquième  année.  A  dix  ans,  il  donna 
son  premier  concert  au  théâtre  de  Dusseldorf 
et  y  exécuta  deux  morceaux  de  piano  et  deux 
<le  violon.  Il  fit  ensuite  avec  son  père  un  voyage 
dans  les  provinces  rhénanes.  L'arrivée  de 
Mendelssohn  à  Dusseldorf  fut  un  événement 
heureux  pour  le  jeune  Steinkiihler,  qui  le  prit 
pour  modèle  dans  ses  études.  A  l'âge  de  seize 


ans,  il  écrivit  un  premier  opéra  intitulé  Die 
Jlpenhutte  (La  chaumière  des  Alpes),  ainsi 
que  ses  premières  compositions  pour  le  piano 
et  pour  l'orchestre.  A  dix-sept  ans,  il  se  rendit 
à  Francfort  et  y  prit  des  leçons  d'AloysSchmitt 
pour  perfectionner  son  talent  de  pianiste.  Son 
séjour  dans  celte  ville  se  prolongea  pendant 
cinq  ans,  et  dans  cet  intervalle  il  écrivit  trois 
symphonies,  dont  la  première  fut  exécutée  en 
1845,  des  ouvertures,  des  chants  pour  quatre 
voix  d'hommes,  et  un  opéra  en  trois  actes 
{Cesario) ,  qui  fut  représenté  avec  peu  de 
succès  à  Dusseldorf  en  1848.  Après  avoir  visité 
Paris,  M.  Steinkiihler  s'est  fixé  à  Lille  (Nord), 
où  il  vit  en  ce  moment  (1864),  en  qualité  de 
professeur  de  son  art  et  de  directeur  de  musi- 
que de  la  société  chorale  de  Sainte-Cécile. 
Parmi  les  ouvrages  qu'il  a  publiés,  on  remar- 
que un  grand  trio  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  55;  Paris,  Richault;  des  morceaux 
pour  piano  et  violoncelle,  op.  12et50;Maycnce, 
Schott  et  Paris,  Richault;  des  marches  pour 
piano,  op.  4  et  51  ;  Francfort,  Hedler,  Paris, 
Richault;  une  ouverture  de  concert  (en  ré), 
arrangée  pour  piano  à  quatre  mains;  ibid.; 
des  pièces  de  salon  pour  piano;  ibid.;  des 
chants  pour  quatre  voix  d'hommes,  op.  6; 
Francfort,  Hedler;  des  Lieder  à  voix  seule 
avec  piano,  et  des  romances. 

STEII\MAJM\  (Christophe),  organiste  à 
Voilsberg,  près  d'Erfurt,  puis  à  Grossen-Nord- 
hausen,  village  près  de  Weimar,  vécut  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  :  1°  Motetten  fur  8  Stim- 
men  (Motels  à  8  voix);  Jéna,  1659.  2°  Rosen- 
Kranzlein  (Petite  couronne  de  roses,  collec- 
tion de  chansons  à  plusieurs  voix);  Erfurt, 
1660,  in -4". 

STEIISMULLER.  Trois  frères  de  ce  nom 
(Jean,  Joseph  et  Guillaume),  excellents  cor- 
nistes, furent  attachés  à  la  chapelle  du  prince 
Esterhazy,  à  l'époque  où  Haydn  la  dirigeait. 
Ils  voyagèrent  en  Allemagne  pour  y  donner 
des  concerts,  et  se  firent  entendre  à  Hambourg, 
en  1784.  L'un  d'eux  vivait  encore  en  1798,  et 
fit  alors  imprimer  à  Brunswick  son  œuvre 
douzième,  consistant  en  un  concerto  pour  cor 
avec  orchestre.  Le  catalogue  de  Westphal,  de 
Hambourg,  indique,  en  manuscrit,  quinze 
solos  pour  cor,  quatorze  trios  pour  trois  cors, 
douze  duos  pour  deux  cors,  et  plusieurs  autres 
ouvrages  de  la  composition  de  ces  artistes. 
Guillaume  Steinmliller  est  auteur  d'un  petit 
traité  de  musique  intitulé  :  Der  Musikschuler. 
Ein  handbuch  fur  Sanger  und  Instrumen- 
lalisten  (L'Écolier  musicien.  Manuel  pour  les 


128 


STE1NMULLER  —  STEPHAN 


chanteurs  etles  instrumentistes);  Cumersbacli, 
1856,  in-8°. 

STEINICKE  (Albert),  cantor  et  orga- 
niste à  Slellin  (1830-1845),  n'est  mentionné 
par  aucun  biographe  allemand,  quoique  deux 
ouvrages  que  je  connais  de  lui  indiquent  un 
artiste  de  talent.  Parmi  ses  compositions,  on 
remarque  :  1°  Motet  pour  quatre  voix 
d'hommes  (TFie  lieblich  sind  deine  Woh- 
nungen),  en  partition,  op.  25  A;  Stetlin, 
Friese.  2"  Motet  à  quatre  voix  (soprano,  con- 
tralto, ténor  et  basse),  en  partition,  op.  25  B  ; 
ibid.  3°  Psaume  pour  la  fête  du  15  octobre 
(Singet  frœlich  vnserm  Gutle),  pour  quatre 
voix  d'hommes,  en  partition,  op.  26;  ibid. 
4°  Cinquante  préludes  courts  et  faciles  de 
chorals  pour  orgue;  Berlin,  Traulwein. 

STELLA  (Joseph-Marie),  moine  de  l'élroile 
observance  à  Rome,  né  à  Mirandola,  dans  le 
duché  dç  Modène,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  fut  lecteur  de  théologie  de  son 
ordre,  prédicateur  général  et  vicaire  du  chœur 
d'Araccli,  paroisse  de  Rome.  Il  a  fait  impri- 
mer un  petit  traité  du  plain-  chant  intitulé  : 
Brève  islruttione  alli  giovaniper  imparare 
cun  ogni  facilita  il  canto  fermo,  divisa  in 
dueparti ;  in  Roma,  1665,  un  volume  in-4° 
de  cent  quarante-neuf  pages  à  la  première 
partie,  et  de  cent  onze  à  la  seconde.  Cet  ou- 
vrage est  particulièrement  relatif  au  chant 
des  moines  de  l'ordre  de  Saint-François.  La 
deuxième  édition  a  pour  titre  :  Brève  islrut- 
tione agli  giovani  per  imparare  il  canto 
fermo  ;  in  Roma,  1675,  in-4°. 

Un  compositeur  napolitain,  nommé  Scipion 
Stella,  cité  par  Cerreto  (Délia  pratlica  mu- 
sica,  lib.  3,  p.  156),  vivait  à  Naples,  en  1601. 
J.-B.  Doni  dit  de  ce  musicien  qu'il  fut  très- 
savant  compositeur,  et  qu'il  entra  dans  l'ordre 
des  Théalins,  où  il  mourut  avant  l'année  1635 
(voyez  Compend.  del  Trattato  de'  generi  e 
de'  modi,  p.  5). 

STENDHAL.  T'oyez  BEYLE. 

STENEKEN  (Conrad),  littérateur  et  ama- 
teur de  musique,  né  à  Brème,  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  un  recueil  d'allemandes, 
courantes  et  chansons  pour  deux  violons,  viole 
et  basse  continue,  sous  le  litre  de  Hortxdus 
musicus,  Brème,  1662. 

STENGEL  (Chrétien-Louis),  né  à  Nauen, 
le  17  août  1765,  fut  d'abord  conseiller  référen- 
daire dans  celte  ville,  puis  obtint,  en  1793,  les 
places  de  fiscal  de  la  cour  de  Prusse,  et  de 
commissaire  de  justice,  à  Berlin.  Amateur  de 
musique,  il  s'est  fait  connaître  comme  écri- 


vain sur  cet  ail,  par  une  disserlation  insérée 
dans  le  Musikalisch  Monatschrift  de  Berlin, 
sous  ce  litre  :  Gedanken  iiber  den  Vrsprung 
und  iiber  den  Gebrauch  des  Septimen  Quart- 
Secundenaccords  (Idées  sur  l'origine  et 
l'usage  de  l'accord  de  septième  et  quarte), 
ann.  1792,  p.  126-129,  et  145-150.  On  a  aussi 
de  sa  composition  :  1°  Cinq  chanis  religieux  à 
cinq  voix  ;  Berlin,  1795.  2°  Romance  du  Doc- 
teur et  V Apothicaire,  variée  pour  le  piano; 
Berlin,  Rellstab,  1795. 

STENGEL  (F.  DE),  bon  flûtiste  au  service 
de  la  cathédrale  de  Freysing,  dans  le  Pala- 
linal,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  à  Manheim, 
vers  1780,  un  concerto  de  flùle  de  sa  composi- 
tion. 

STENGEL  (G.),  bon  chanteur  allemand, 
était  attaché  à  l'Opéra  de  Vienne  en  1800,  et 
y  publia  deux  recueils  d'arietles  et  de  chants  à 
voix  seule,  avec  accompagnement  de  piano, 
œuvres  5me  et  6me,  chez  Weigl.  En  1805,  il  l'ut 
engagé  au  Ihéàlre  de  Cassel.  Il  avait  fait  re- 
présenter au  théâtre  de  Hambourg,  en  1798, 
Amadis  des  Gaules,  opéra  de  sa  composi- 
tion. 

STENGER  (Nicolas),  docteur  en  philo- 
sophie, professeur  de  théologie  et  de  langues 
orientales,  et  inspecteur  du  gymnase  réformé, 
à  Erfui  t,  naquit  dans  celle  ville,  le  31  août 
1609.  Après  avoir  été  organiste  de  l'église 
Saint-Thomas,  il  fut  deux  fois  recleur  de  l'uni- 
versité, et  mourut  le  5  avril  1680.  On  a  de  lui 
un  traité  de  musique  à  l'usage  des  écoles,  in- 
titulé :  Manuductio  ad  musicam  theoreti- 
cum,  dast  ist  :  Kurze  Anleilung  zur  Singe- 
Ininst,  etc.;  Erfurl,  1635,  in-8°  de  six  feuilles. 
D'autres  éditions  de  cet  ouvrage  ont  été  pu- 
bliées dans  la  même  ville,  en  1653,  1660  et 
1666.  Il  y  en  a  aussi  une  imprimée  à  Hildes- 
heim,  en  1695,  in-8°. 

STENZEL  (Georges-Frédéric),  facteur 
d'orgues  à  Giersdorf,  en  Silésie,  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  a  construit,  en  1750, 
à  Wuslgiersdorf  un  orgue  de  vingt  et  un  jeux. 

STEPHAN,  ou  plutôt  STEFFEN,  père 
et  fils  (Gaspard-Melchior,  et  Michel),  bons 
facteurs  d'orgues  à  Breslau,  dans  la  seconde 
partie  du  quinzième  siècle,  ont  construit,  en 
1483,  le  grand  orgue  de  la  cathédrale  d'Er- 
furt. 

STEPHAN  (Clément),  né  à  Bucbau,  dans 
le  Wurtemberg,  vers  1520,  fut  cantor  à  Nu- 
remberg; puis  il  se  démit  de  ses  fonctions,  et 
vécut  sans  emploi  dans  la  même  ville.  Il  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :1° Passio  secun- 


STEPHAN  —  STEPHENS 


lï>9 


dum  Mallhxum ,  das  ist  das  Lieden  und 
Sterben  Jesu  C'hrisli,  etc.  (La  Passion  de 
Jésus-Christ,  d'après  saint  Mathieu,  à  quatre 
et  cinq  voix);  Nuremberg,  1550,  in-Tol. 
2°  Canliones  sacrx  A,  5  et  6  vocum,  ibid., 
1560,  in-4°.  3°  XXXV  cantiones  6,  7-12  et 
plurimum  vocum  ;  ibid.,  1568.  4°  Cantiones 
quinque  vocum;  ibid.,  1568.  5°  Psalmus  128, 
6,  5  et  4  vocum;  ibid.,  1569,  in-4".  Slephan  a 
été  l'éditeur  d'une  collection  intéressante  de 
morceaux  d'anciens  compositeurs,  intitulée  : 
Harmonise  suavissimœ  8,  5  et  4  vocum,  a 
prsslantissimis  hujus  artificibus  compo- 
site, etc.,  première  partie,  Nuremberg,  1567, 
in-4°;  deuxième  partie,  ibid.,  1568,in-4°.  La 
première  partie  contient  des  ouvrages  de 
Senfel,  Jean  Heugel,  Martin  Agricola,  Pierre 
de  Larue,  Henri  Fink,  Hulderic  Braetel,  Chris- 
tophe Cervius,  Rogier,  Benoît  Ducis  et  Adrien 
Willaert.  Dans  la  deuxième  partie,  on  trouve 
des  morceaux  de  Jean  Walther,  de  Pierre 
Massaini,  d'André  Schwarz,  de  Thomas  Cré- 
quillon  et  de  Jacques  de  Wert. 

STEPHAIVUS  (Jean),  savant  danois,  na- 
quit vers  1550,  dans  l'île  de  Laaland,en  Dane- 
mark. En  1588,  il  fut  nommé  recteur  de  l'école 
de  Sorau  ;  neuf  ans  après,  on  lui  confia  la 
chaire  de  logique  à  l'université  de  Copen- 
hague, et  dans  l'année  1608,  il  obtint  la  pré- 
sidence de  l'école  de  Sorau,  avec  le  litre  d'his- 
toriographe du  roi  de  Danemark.  Amateur  de 
musique  distingué,  il  a  laissé  en  manuscrit  un 
livre  qui  avait  pour  titre  :  Opéra  plurima 
anecdota  de  Arte  musica.  Cet  ouvrage  parait 
être  perdu.  Gerber  attribue  à  ce  savant  des 
chants  et  des  madrigaux  allemands  à  quatre, 
cinq,  six  et  huit  voix,  publiés  à  Nuremberg, 
en  1599,  et  réimprimés  à  Hambourg,  en 
1618;  mais  je  crois  que  ce  biographe  a  con- 
fondu le  savant  danois  avec  Jean  Stephan 
(voyez  ce  nom),  organiste  de  Lunebourg,  son 
contemporain. 

STEPHANUS  ou  STEPHAN  (Jean), 
organiste  à  Lunebourg,  dans  les  dernières 
annéesdu  seizièmesiècle,  fut  considéré  comme 
un  des  hommes  les  plus  distingués  de  son 
temps  dans  l'art  de  jouer  de  l'orgue,  car  il  fut 
un  des  organistes  appelés  à  Groningue,  en 
1596,  pour  la  réception  du  grand  orgue  de 
cette  ville,  suivant  le  témoignage  de  Werk- 
meister  (Organ.  Grunin.  rediv.,  %  II).  Il 
mourut  peu  de  temps  après  la  publication  de 
son  dernier  ouvrage,  qui  parut  à  Hambourg, 
en  1619.  On  connaît  sous  son  nom  :  1°  Newe 
teusche  Gesang  nach  Art  der  Madrigalicn, 
mit  4  Stimmen  componirt,  pars  I  (Nouveaux 

BIOGU.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.   Mil. 


chants  allemands,  dans  le  style  des  madri- 
gaux, à  quatre  voix)  :  Nuremberg,  1599,  in-4». 
2°  Idem,  pars  II,  5,  6  und  8  Stimmen 
(Deuxième  partie  du  même  ouvrage,  à  cinq, 
six  et  huit  voix);  ibid.,  1599,  in-4°.  Les  deux 
parties  de  cet  ouvrage  ont  été  réimprimées  à 
Hambourg,  en  1618,  in-4".  ô°  Neue  teusche 
weltliche  Madrigalien  und  Ballelen  soivokl 
mit  lebendigten  Stimmen  als  auf  allerhand 
musikalischen  Instrumenten  zu  gebrauchen, 
mit  5  Stimmen  componirt  (Nouveaux  madri- 
gaux mondains  allemands  et  ballets,  propres 
à  être  chantés  ou  joués  avec  les  instruments, 
à  cinq  voix);  Hambourg,  1619,  in-4°. 

STÉPHEN  DE  LA  MADELAINE,  ou 
plutôt  LA  MADELAINE  (Stéphen),  né 
dans  les  premières  années  du  dix-neuvième 
siècle,  professeur  de  chant  et  littérateur,  à 
Paris,  ancien  chanteur  récitant  delà  cha- 
pelle et  de  la  musique  particulière  du  roi  de 
France,  Charles  X,  est  devenu  par  la  suite 
chef  de  bureau  dans  la  direction  des  beaux- 
arts  du  ministère  de  l'intérieur.  Il  est  auteur 
des  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  1°  Physio- 
logie du  chant  ;  Paris,  Desloges,  1840,  un  vo- 
lume in-I2  de  deux  cent  soixante-neuf  pages. 
2°  Théories  complètes  du  chant;  Paris, 
Amyot  (sans  date),  un  volume  in-8°  de  quatre 
cent  douze  pages.  M.  Stéphen  de  la  Madelaine 
a  coopéré  à  la  rédaction  de  plusieursjournaux 
de  musique,  particulièrement  à  la  Revue  mu- 
sicale, à  la  France  musicale?-  et  a  été  chargé 
pendant  quelque  temps  du  feuilleton  musical 
du  Courrier  français.  Comme  littérateur,  il 
a  publié  beaucoup  de  romans  et  de  Nouvelles, 
dont  on  trouve  la  liste  dans  la  Littérature 
française  contemporaine ,  de  MM.  Félix 
Bourquelotet  Alfred  Maury(t.  IV,  p.  462). 

STEPHENS  (Edouard),  compositeur, 
pianiste  et  organiste  de  l'église  paroissiale  de 
Hampslead,  est  né  à  Londres,  le  18  mars 
1821.  Il  est  neveu  de  la  célèbre  cantatrice 
Miss  Stephens,  devenue  comtesse  douairière 
d'Essex.  Doué  d'heureuses  dispositions  pour 
la  musique,  il  commença  fort  jeune  l'étude  de 
cet  art.  Cypriani  Potier  fut  son  maître  de 
piano,  Blagrove  lui  enseigna  le  violon,  et  il 
étudia  la  composition  sous  la  direction  de  Ha- 
milton.  On  connaît  de  cet  artiste  trois  ouver- 
tures de  concert,  intitulées  :  1°  The  Dreamof 
happiness  (Rêve  de  bonheur);  2°  Vila  d'in- 
quietudine;  5°  Recollection  of  the  past 
(Souvenir  du  passé).  Sa  symphonie  en  sol  mi- 
neur a  été  exécutée  avec  succès,  sous  la  direc- 
tion de  Benedict,  à  Exeler-Hall,  le  14  février 
1854,  dans   un   concert  de  la  société  connue 

9 


■130 


STEPHENS  —  STERKEL 


sous  le  litre  :  The  Harmonie  Union.  M.  Ste- 
phens  a  écrit  aussi  des  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  deux  services  complets 
pour  le  culte  protestant,  beaucoup  de  musique 
vocale  de  toute  espèce,  de  la  musique  de  piano 
el  des  pièces  pour  l'orgue. 

STERKEL     (l'abbé     Jeak-Fiunçois-Xa- 
vier),  compositeur  agréable,  naquit  à  Wttrz- 
bourg,   en  Bavière,  le  3  décembre  1750.  Les 
organistes  Kelte  et  Weismantel,  de  celle  ville, 
commencèrent   son    éducation   musicale.    Ses 
progrès  furent  rapides,  quoique  ses  études  lit- 
téraires et  scientifiques  le   détournassent  de 
son  penchant  pour  la  musique.  Sorti  du  col- 
lège, il  se  voua  à  l'état   ecclésiastique  et  ob- 
tint une  place  de  vicaire  à  la  paroisse  de  Neu- 
mtlnsler,  à  laquelle  on  réunit,  en  sa  faveur, 
celle  d'organiste.  Dès  son  enfanoe,  il  s'était 
essayé  dans  la  composition  :  il  cultiva  plus  tard 
son  talent  naturel  pour  cet  art,  et  commença 
à  écrire  des  symphonies  d'un  style  facile  el 
agréable,  qui  a   de  l'analogie   avec  celui  de 
Pleyel  (voyez  ce  nom).  Il  les  faisait  exécuter 
à  son  égliseeldans  des  concerts,  où  elles  obte- 
naient de  brillants  succès.  Son  double  talent 
de  pianiste  et  de  compositeur  le  fit  appeler,  en 
1778,  à  la  cour  du  prince  électoral,  a  Aschaf- 
fenbourg,  pour  y  remplir  les  fonctions  de  pro- 
fesseur de  piano  et  de  chapelain.  Dans  l'année 
suivante,  le  prince  l'envoya  en  Italie,  pour  y 
perfectionner  son  goût  et  son  talent.  Il  visita 
Plorence,  Rome,  Naples,  Venise  et   plusieurs 
autres  grandes  villes;  partout  il  se  fit  entendre 
avec  succès  sur  le  piano.   A  Naples,  la  reine 
l'engagea  à  écrire  un  opéra,  et  il  composa  le 
Fa  m  ace  y  que  les   Napolitains    accueillirent 
avec  faveur  en  1780.  Rappelé  à  Mayence,  en 
1781,  parle  prince  électoral,  il  y  obtint  un  ca- 
nonical;  mais  quels  que  fussent  les  avantages 
qu'il  trouvait  dans  sa  carrière  ecclésiastique, 
ils  ne  le  détournaient  pas  de  son  penchant  pour 
la  musique.    Ce  fut  alors  qu'il  commença  à 
écrire  des  chansons  allemandes  qui  obtinrent 
un  succès  d'enthousiasme.  Ses  œuvres  instru- 
mentales,   particulièrement    ses    sonates    de 
piano,  se  multipliaient  avec  une  prodigieuse 
activité.  Sa  position  de  chanoine  de  la  cathé- 
drale ne  l'empêchait  pas  de  se  livrer  à  l'ensei- 
gnement du  piano  et  du  chant.  Il  forma  plu- 
sieurs élèves  distingués,    parmi   lesquels    on 
remarque  les  compositeurs  Hofmann    et  Zu- 
lchner,   et  les  ténors   Grunbaum  et  Ktrsch- 
baum. 

En  1793,  l'électeur  de  Mayence  nomma 
l'abbé  Slerkel  son  maître  de  chapelle,  après  le 
■départ  deRighini  pour  Berlin.  Dès  ce  moment, 


il  se  livra  exclusivement  à  la  composition  et 
écrivit  des  messes  et  d'autres  grands  ouvrages 
pour  l'église.  Ses  travaux  ne  furent  interrom- 
pus que  par  les  événements  de  la  guerre  qui 
obligea  l'électeur  à  s'éloigner  de  Mayence. 
Slerkel  se  relira  à  Wllrzbourg,  avec  son  titre 
de  maître  de  chapelle,  mais  sans  conserver 
d'activité  dans  ses  fonctions.  Toutefois,  il  y 
composa  quatre  messes  solennelles.  C'est  à 
cette  époque  qu'il  publia  un  très-grand 
nombre  de  petits  morceaux  de  piano  pour  les 
amateurs,  qui  eurent  un  succès  populaire  et 
dont  on  fit  plusieurs  éditions.  En  1803,  la 
place  de  maître  de  chapelle  du  prince  polonais 
Choloniewski  lui  fut  offerte,  mais  il  la  refusa, 
el  préféra  la  position  de  maître  de  chapelle  du 
prince  primat,  à  Ratisbonne,  dont  il  alla 
prendre  possession  en  1805.  Là,  son  activité 
se  réveilla.  Voulant  avoir  de  bons  chanteurs 
pour  l'exécution  de  sa  musique,  il  établit  une 
école  chorale,  et  composa  pour  les  élèves  qu'i! 
y  avait  rassemblés  des  chants  à  plusieurs  voix, 
dont  quelques-uns  ont  été  considérés  comme 
des  modèles  de  grâce  et  de  bonne  harmonie. 
Les  événements  de  1813  vinrent  troubler  la 
fin  de  la  carrière  de  cet  artiste  estimable. 
Obligé  de  s'éloigner  alors  de  Ratisbonne,  il  re- 
vint pour  la  dernière  fois  dans  sa  ville  natale, 
y  languit  quelque  temps,  et  y  mourut  le  21  oc- 
tobre 1817,  à  l'âge  de  soixante-sept  ans. 

Slerkel  ne  peut  être  considéré  comme  un  de 
ces  hommes   de  génie    dont   les  productions 
marquent  une  époque  de  l'histoire  de  l'art  ; 
mais  sa  musique  abonde  en  mélodies  agréa- 
bles, accompagnées  d'une  harmonie  pure  et 
correcte;  enfin,    le  plan  de  ses  ouvrages  est 
toujours  sage  et  convenablement  développé. 
Sa  fécondité  fut  singulière,  car  indépendam- 
ment de   beaucoup  de   grandes    productions 
pour  l'église  qui  sont   restées  en   manuscrit, 
plus  de  cent  œuvres  de  sa  composition  ont  été 
mis  au  jour.  Parmi  ses  ouvrages,  on  remarque  : 
I.  Musique  instrumentale  :  1°   Quatre  sym- 
phonies pour  l'orchestre,  œuvre  7;  Paris,  Sie- 
ber.  2°  Quatre  idem,  op.   11  ;  ibid.  3°  Deux 
idem,  op.  35;  Paris,  Imbault.  4°  Ouverture 
idem  (en  fa)-  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 
5°  Idem,  n°  2 (en  sol)  ;  ibid.  6°  Quintette  pour 
deux  violons,  deux  altos  et  violoncelle  ;  Vienne, 
1794.  7°  Six  trios  pour  deux  violons  et  violon- 
celle, op.  6;  Paris,  Sieber.  8°  Six  duos  pour 
violon  et  alto,  op.  8;  ibid.  9°  Concertos  pour 
le  piano,  n°  1  (en  ut)-,  n°  2  (en  ré);  n°  3  (en 
fa);  n°  4  (en  ut),  Paris,  Naderman;  n°5  (en 
si  bémol),    Vienne,   Arlaria;   n°   6  (en  «0  ; 
op.  40,  Offenbach,  André.   10°  Sonates  pour 


STERKEL  —  STERN 


131 


piano,  violon  et  basse,  op.  17,  Mayence, 
Scholt;  op.  34,  OfTenhach,  André;  op.  45, 
Mayence,  Scholt;  op.  47,  Leipsick,  Breilkopf 
et  Haertel;  op.  48,  Berlin,  Schlesinger;  œuvres 
posthumes  nos  1  et  2;  Bonn,  Simrock.  11°  So- 
nates pour  piano  et  violon,  op.  15,  16,  18,  19, 
25;  Mayence,  Scholt;  op.  27,  33,  41  ,  OfTen- 
hach, André  ;  op.  44,  Mayence,  Scholt.  12°  So- 
nates pour  piano  à  quatre  mains;  op.  14  et 
15,  Paris,  Naderman  ;  op.  21,  Berlin,  Concha; 
op.  23,  Mayence,  Scholt;  op.  28,  OfTenhach, 
André.  13»  Sonates  pour  piano  seul,  op.  5, 
36,30,  Mayence,  Scholt;  OfTenhach,  André. 
14°  Beaucoup  de  petites  pièces,  divertisse- 
ments, rondos  et  fantaisies.  15°  Quelques 
œuvres  de  variations.  II.  Musique  vocale: 
16°  Dix  recueils  de  chansons  allemandes  avec 
accompagnement  de  piano,  publiées  à  Vienne 
cl  à  Mayence.  17°Trois  recueils  de  canzonetles 
italiennes;  ibid.  18°  Deux  recueils  de  duos 
italiens  pour  deux  voix  de  soprano  ;  ibid. 
19°  Quelques  scènes  et  airs  détachés;  ibid. 

STER]\      (GeORGES-FrÉDÉRIC-ThÉOPHILE)  , 

organiste  et  compositeur,  né  à  Strasbourg,  le 
24  juillet  1803,  est  fils  d'un  habile  ébéniste, 
fort  estimé  dans  cette  ville.  A  l'âge  de  trois 
ans,  il  perdit  son  père  :  sa  mère,  restée  veuve 
avec  quatre  enfants,  fonda  un  pensionnat  qui 
prospéra  pendant  trente  ans,  et  dans  lequel 
elle  trouva  des  ressources  pour  élever  sa  fa- 
mille. Elle  fit  faire  à  son  fils  de  solides  études. 
Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  onze  ans, 
M.  Cramer,  directeur  de  la  Société  des  frères 
moraves,  lui  donna  des  leçons  de  piano  pen- 
dant une  année  ;  puis  M.  Stern  devint  élève  de 
Schmutz,  ancien  professeur  de  musique  et  au- 
teur de  quelques  compositions  pour  le  piano, 
qui  lui  donna  aussi  les  premières  leçons  d'har- 
monie. Lorsqu'il  eut  atteint  sa  seizième  année, 
M.  Stern  fut  nomméorganisle  de  l'église  Saint- 
Pierre  le  vieux,  et  commença  à  se  livrer  à 
l'enseignement  du  piano.  Pendant  quelque 
temps,  il  exerça  aussi  la  profession  d'accor- 
deur :  mais  son  penchant  invincible  pour  la 
culture  de  l'art  lui  fit  abandonner  cet  état,  au 
bout  de  quelques  années.  Ce  fut  alors  qu'il  re- 
çut des  leçons  de  piano  deConrad  Berg,  et  qu'il 
fit  une  étude  sérieuse  de  l'harmonie  et  du  con- 
trepoint parla  lecture  des  meilleurs  ouvrages 
de  Ihéorie  français  et  allemands.  Une  dame  de 
distinction,  de  Carlsruhe,  qui  se  trouvait  à 
Strasbourg,  ayant  entendu  M.  Stern  dans  un 
des  concerls  périodiques  des  élèves  de  Berg, 
l'engagea  à  s'établir  dans  la  capitale  du  duché 
de  Bade,  pour  y  donner  des  leçons.  Il  suivit 
son  conseil.  Son  séjour  dans  celle  ville  lui  fut 


utile,  parce  qu'il  lui  procura  de  fréquentes  oc- 
casions d'entendre  de  bonne  musique  bien  exé- 
cutée. Après  un  certain  temps  passé  dans  cette 
situation,  il  retourna  à  Strasbourg,  en  1830. 
Il  y  reprit  possession  de  la  place  d'organiste 
de  l'église  Saint-Nicolas,  qu'il  avait  occupée 
plusieurs  années  auparavant.  C'est  alors  que 
le  talent  d'organiste  de  M.  Stern  commença  à 
se  modifier  d'après  l'expérience  qu'il  avait  ac- 
quise en  Allemagne  et  la  connaissance  qu'il  y 
avait  faile  du  véritable  style  de  l'orgue.  Il 
abandonna  dès  ce  moment  les  traditions  de 
lieux  communs  dans  l'improvisation  ;  tradi- 
tions répandues  dans  toute  la  France  à  cette 
époque.  Rink,  Fischer  et  les  autres  organistes 
allemands  devinrent  ses  modèles  pour  tout  ce 
qu'il  écrivit.  Son  influence  se  fit  bientôt  sentir 
dans  toute  l'Alsace,  tant  par  les  élèves  qu'il 
formait  que  par  sa  musique.  Lui-même  s'éleva 
progressivement  par  l'étude  des  œuvres  de 
Bach.  Nommé,  en  1841,  organiste  du  Temple 
Neuf  de  Strasbourg  (culte  protestant),  il  fit 
paraître  bientôt  après  un  premier  recueil  de 
pièces  d'orgue  de  divers  auteurs  et  de  lui- 
même  :  ces  pièces  sont  faciles  et  le  clavier  de 
pédales  n'y  esl  pasemployé;  carl'artdejouerde 
la  pédale,  sans  lequel  il  n'y  a  pas  d'organiste 
véritable,  était  alors  complètement  inconnu 
en  Alsace,  comme  chez  tous  les  organistes 
français.  Le  bon  accueil  fait  à  ce  premier  re- 
cueil détermina  son  auteur  à  en  publier  un 
second,  en  1848,  sous  ce  litre  :  Compositions 
pour  l'orgue  à  l'usage  des  deux  cultes 
(Strasbourg,  Schmidt  etGrticker);  puis  il  en 
parut  un  troisième  recueil  en  1853,  et  un  qua- 
trième en  1861.  Un  des  premiers  recueils  de 
ces  pièces  d'orgue  a  été  l'objet  d'un  bel  éloge 
fait  par  M.  Seifferl,  organiste  à  Naumbourg, 
dans  le  journal  des  organistes  intitulé  Urania 
(Erfurt,  Kœrner).  Le  dernier  recueil  publié 
par  M.  Stern  a  pour  titre  :  Trente  morceaux 
d'orgue  pour  le  service  divin,  composés  et 
arrangés  dans  tous  les  tons  les  plus  usités; 
Strasbourg,  Levrault  et  fils.  La  mission  que  cet 
artiste  s'est  donnée,  dans  le  milieu  où  il  vit, 
consiste  à  opposer  au  mauvais  goût  qui  régnait 
autour  de  lui  dans  la  musique  d'orgue,  des 
pièces  d'un  caractère  grave,  religieux,  mélo- 
dique, et  d'une  harmonie  pure,  bien  écrite, 
régulière  et  convenable  pour  l'objet  auquel 
elle  est  destinée.  M.  Stern  a  composé  plusieurs 
morceaux  de  piano,  qu'il  exécutait  lui-même 
dans  les  concerts;  mais  cette  musique  est 
restée  en  manuscrit.  Il  a  écrit  aussi  des  Lieder 
et  une  série  décantâtes  spirituelles  pour  des 
voix  récitantes  et  des  chœurs  avec  accompa- 

0. 


132 


STERN  -  STÉSICHORE 


qnement  d'orgue.  Pour  l'exécution  de  ces 
morceaux  il  a  formé  une  société  de  chant  qui 
s'est  constituée  régulièrement  et  qui,  dans 
plusieurs  circonstances,  a  fait  entendre  les 
grandes  œuvres  de  Mozart,  Spolir,  Mendels- 
sohn,  N'enkomm  et  autres  maîtres  modernes. 
STERN  (Sigismond),  professeur  de  musique 
à  Pétersbourg,  né  dans  cette  ville,  en  1815,  de 
parents  allemands,  est  auteur  d'un  livre  qui  a 
pour  titre  :  Manuel  général  de  musique  à 
l'usage  de  renseignement  élémentaire  du 
chant,  des  instruments  et  de  la  composition; 
Paris,  Brandus,  1850,  un  volume  in-4°,  avec 
vingt  et  une  planches  lithographiées  représen- 
tant les  portraits  d'autantd'élèves  lauréalsdes 
concours  du  conservatoire  de  Paris,  en  1849, 
et  de  cinquante  et  une  planches  de  musique 
gravée.  L'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut 
de  France,  nui  a  approuvé  cet  ouvrage,  sur  le 
rapport  d'IIalévy,  et  le  comité  des  études  du 
Conservatoire  de  Paris,  qui  l'a  adopté  pour 
l'enseignement  dans  les  classes  de  cette  insli  - 
tution,  ont  montré  plus  que  de  l'indulgence, 
car  la  valeur  de  ce  livre  est  fort  médiocre,  pour 
ne  rien  dire  de  plus. 

STERN  (Jules),  violoniste,  fondateur  et 
directeur  d'une  école  de  musique  à  Berlin,  à 
laquelle  il  a  donné  le  nom  de  conservatoire, 
est  né  à  Breslau,  le  8  aoiU  1820.  Dès  ses  pre- 
mières années  on  le  mil  à  l'étude  du  violon,  et 
à  l'âge  de  neuf  ans  il  put  se  faireentendre  dans 
un  concert.  A  douze  ans,  il  accompagna  son 
père  à  Berlin,  où  il  reçut  des  leçons  de  violon 
de  E.  Maurer,  de  L.  Ganz  et  de  Léon  de  Saint- 
Luhin.   Admis,    en    1834,    dans    l'Académie 
royale  de  chant  comme  contralto  du  chœur,  il 
entra,  vers  le  même  temps,  comme  élève  à 
l'école  de  l'Académie  royale  des  beaux-arts  et 
y  fit  des  études  de  théorie  de  la  musique  sons 
la  direction  de  Bungenhagen.  En  184ô,  le  roi 
de  Prusse   lui    accorda    une    pension    pour 
voyager  dans  le  but  de  perfectionner  ses  con- 
naissances musicales.   Arrivé  à  Dresde,  il  y 
étudia  l'art  du  chant  sous  la  direction  du  pro- 
fesseur Miksch,  puis  il  se  rendit  à  Paris,  où  il 
eut  la  direction  du  chœur  allemand  qui  fit  en- 
tendre, au  théâtre  de  l'Odéon,  la  musique  que 
Mendelssohn  a  composée  pour  VJntigone  de 
Sophocle.  De  retour  à  Berlin,  en  1846, M.  Stern 
organisa,  dans  l'année  suivante,  une  société 
de  chant  qui,  dix  ans  plus  tard,  était  composée 
de  trois  cent  cinquante  membres  chantants. 
En  1S50,  il  s'associa  avec  Th.  Kullack  pour 
fonder  une  institution  musicale  qui  eut  d'abord 
le    simple    titre    de    Berliner   Musikschule 
(École  de  musique  de  Berlin),  et  qui  prit  en- 


suite celui  de  Conservatoire.  Plusieurs  artistes 
de  mérite  y  ont  été  attachés  comme  profes- 
seurs. En  1855,  M.  Stern  a  organisé  un  or- 
chestre destiné  à  donner  des  concerta  pour  y 
faire  entendre  les  œuvres  de  Wagner,  Liszt, 
Schiimann  et  Berlioz  :  cette  entreprise  n'a  pas 
réussi.  Comme  compositeur,  M.  Stern  a  publié 
un  grand  nombre  de  Lieder  à  voix  seule  avec 
accompagnement  de  piano  et  de  chants  à 
quatre  voix.  On  connaît  aussi  de  lui  :  Caprice- 
étude  pour  violon  avec  piano;  Vienne,  Has- 
linger,  et  Ouverture  spirituelle,  pour  or- 
chestre, op.  9;  Berlin,  Schlesinger. 

STERNBERG  (Guillaume),  amateur  de 
musique  et  littérateur  à  Schnepfenlhal,  dans 
le  duché  de  Saxe-Gotha,  y  vivait  encore  en 
1822.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on  remarque  un 
recueil  d'anecdotes  concernant  beaucoup  de 
musiciensdislingués;  cet  ouvrage  a  pour  litre  : 
Sammlung  interessanter  Anecdoten  und 
Erzxhlungen  grœsstentheils  aus  dem  Leben 
beriihmter  Tonkiinstler  und  ihrer  Kunstver- 
veand,  etc.;  Schnepfenlhal,  1810,  in-8°  de 
deux  cent  vingt-six  pages.  Le  même  ouvrage  a 
été  reproduit  deux  ans  après  comme  une 
deuxième  édition,  avec  un  nouveau  fronti- 
spice. 

STERZING.  Deux  facteurs  d'orgues  de  ce 
nom  ont  vécu  en  Allemagne,  au  commence- 
ment du  dix-huilième  siècle.  Le  premier  est 
connu  par  l'orgue  de  Saint-Pierre,  à  Erfurl, 
composé  de  vingt-sept  jeux,  qui  fut  achevé  en 
1702,  et  surtout  par  le  bel  orgue  de  Saint- 
Georges,  àEisenach,  achevé  en  1707,  et  com- 
posé de  cinquante-huit  jeux,  quatre  claviers  et 
pédale.  Le  second,  qui  paraît  avoir  vécu  à 
Cassel,  a  construit  dans  cette  ville  l'orgue  de 
l'église  des  Augustins,  composé  de  trenle-neuf 
jeux.  Il  a  fait  aussi,  en  1706,  sous  la  direction 
de  Jean-Nicolas  Bach,  l'orgue  de  l'église  de  la 
ville,  à  Jéna,  composé  de  quarante-quatre 
jeux,  trois  claviers  et  pédale. 

STÉSICHORE,  poète  et  musicien  célèbre 
de  l'antiquité,  naquit  à  Himère,  ville  de  Sicile, 
dans  la  37me  olympiade.  Selon  le  calcul  de 
Dodwell  {De  xtat.  Phalarid.,  page  59),  il 
pouvait  avoir  douze  ans  lorsque  ïlomère  mou- 
rut. Son  véritable  nom  était  Tiscas;  mais  le 
changement  qu'il  introduisit  dans  les  chœurs 
de  musique  et  de  danse  pour  les  sacrifices  lui 
valut  celui  de  Stésichore.  Avant  lui,  ces 
chœurs  chantaient  et  dansaient  autour  de 
l'autel,  prenant  leur  marche  par  la  droite  (ce 
qui  s'appelait  strophe),  et,  revenant  ensuite 
par  la  gauche  à  l'endroit  d'où  ils  étaient  partis 
(ce  qu'on  nommait  antistrophe),  recommen- 


STËSICI-IORE  —  STEUP 


133 


raient  sur-le-champ  un  nouveau  tour  sans 
s'arrêter.  Slésichore  termina  chacune  de  ces 
évolutions  par  une  pause  assez  longue,  pendant 
laquelle  le  chœur,  tourné  vers  la  statue  du 
dieu,  chantait  un  troisième  couplet  du  canti- 
que ou  de  l'ode,  appelé  Epode;  et  c'est  préci- 
sément cette  pause,  ou  station  du  chœur,  que 
désigne  le  mot  de  Slésichore.  Ce  poète-musi- 
cien mourut  à  Calane,  dans  la  56me  olympiade, 
selon  Suidas,  et  même  plus  tard,  s'il  est  vrai, 
comme  l'assure  Lucien,  qu'il  ait  atteint  l'âge 
de  quatre-vingt-cinq  ans. 

STETTEN  (Paul  DE),  né  à  Augsbourg, 
le  24  août  1751,  étudia  dans  cette  ville  les 
lettres,  les  arts  et  particulièrement  la  mu- 
sique 5  puis  il  suivit  des  cours  scientifiques  à 
Genève  et  à  Altdorf,  et  voyagea  dans  les  villes 
principales  de  l'Allemagne.  De  retour  à  Augs- 
bourg, il  fut  chargé  de  la  conservation  des 
archives  évangéliques,  et  après  avoir  rempli 
divers  emplois,  il  obtint  le  titre  de  conseiller 
du  roi  de  Bavière.  Il  mourut  à  Augsbourg,  le 
12  février  1808.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  : 
Kunst-,  Geiverb-und  Handwerksgeschichte 
der  Stadt  j4ugsburg  (Histoire  des  arts  et  mé- 
tiers de  la  ville  d'Augsbourg);  Augsbourg, 
1778-1780,  deux  volumes  in-4°.  Il  y  est  traité 
de  la  typographie  de  la  musique  dans  cette 
ville  (t.  I,  p.  42);  de  la  construction  des  or- 
gues (p.  158);  du  chant  de  l'église  évangélique 
(page  526);  et  des  maîtres -chanteurs  (p.  531). 
Des  extraits  de  cet  ouvrage  se  trouvent  dans  la 
correspondance  musicale  de  Bossler,  de  1791, 
nos  5  et  suiv.  M.  C.-Ferd.  Becker  a  confondu 
cet  écrivain  avec  son  père  qui  s'appelait 
comme  lui,  Paul  de  Stetten,  et  qui  est  auteur 
d'une  histoire  delà  ville  d'Augsbourg  (Franc- 
fort, 174-3-1758,  deux  volumes  in-4°),  où  l'on 
trouve  aussi  des  renseignements  sur  la  musi- 
que. Dans  la  Biographie  universelle  de 
MM.  Michaud,  on  a  fait  deux  frères  de  ces  per- 
sonnages. 

STEUCCIUS  (Henri)  était  étudiant  à 
Weissenfels,  lorsqu'il  publia  de  sa  composi- 
tion un  recueil  de  chansons  mondaines  à  cinq 
voix,  intitulé  :  Luslige  weltliche  Liedcr  mit 
5  Stimmen,  pars  1  ;  Wittenberg,  1602,  in-4°. 
La  seconde  partie  parut  dans  la  même  ville, 
en  1605,  et  la  troisième  en  1604. 

STEUERLEEX  (Jean),  né  à  Schmalkalden 
(liesse  électorale), leS  juillet  1546,  futd'abord 
secrétaire  de  la  ville  à  Wasungen,  puis  obtint, 
en  1580,  la  placedesecrétaire  de  la  chancellerie 
à  Meinungen,  et  enfin  fut  fait  prévôt  de  celte 
ville,  en  1004.  Ilmourutle  5  mai  1613,  avec  les 
titres  de  notaire  public  et  de  poète  impérial 


couronné.  Amateur  passionné  de  musique,  il 
cultiva  la  composition,  et  fit  imprimer  les  ou- 
vrages suivants  :  1°  Cantiones  lalcinisch  und 
deutsch  fitr  4  und  5  Stimmen  (Motels  latins 
et  allemands  à  4  et 5  voix);  Nuremberg,  1571. 
2°  Christlicher  Morgen  und  Abendsegen  auss 
dem  Catechismus  Lutheri  gezogen ,  etc. 
(Prières  chrétiennes  du  matin  et  du  soir  ex- 
traites du  catéchisme  de  Luther,  et  mises  en 
musique  à  quatre  voix);  Nuremberg,  1573, 
in-8°.  Ces  prières  ont  été  réimprimées  avec 
vingt  et  un  chants  spirituels  de  Steuerlein,  en  ' 
1574,  à  Erfurt,  in-4°.  3°  XXIV  Weltliche  Ge- 
sœng  mit  4  auch  5  Stimmen  (Vingt  quatre 
chansons  mondaines  à  quatre  et  cinq  voix); 
Erfurt,  1574,  in-4° .  4°  Teulsche  Passion, 
mit  4  Stimmen  componirt  (la  Passion,  en 
allemand,  composée  à  quatre  voix)  ;  Erfurt, 
1576,in-4°.  5°  Cantiones  quatuor  et  quinque 
vocum;  Nuremberg,  1578,  in-4°.  6°  Epitha- 
lamia.  Teutsche  und  lateinische  geistliche 
Hochzeitgesxng,  zum  Gebrauch  in  Kirchen 
und  Schulen,  etc.  (Épithalames.  Chants  spiri- 
tuels de  noces,  latins  et  allemands,  pour 
l'usage  des  églises  et  des  écoles,  à  quatre  et  un 
plus  grand  nombre  de  voix);  ibid.,  1857,  in-4°. 
7°  XXVII  newe  geistlicher  Gesœng  mit 
4  Stimmen  (Vingt-sept  nouveaux  chanls  spi- 
rituels à  quatre  voix);  Erfurt,  1588,  in-4°. 
8°  Der  150  Psalm  :  Laudate  Dominumin 
Sanctis  ejus,  von  4  Stimmen  (le  150mc  psaume 
à  quatre  voix);  ibid.,  1588,  in-4°.  9°  Le 
117mc  psaume  à  quatre  voix;  ibid.,  1599. 
10°  Christliche  Gesanglein  an  S.  Gregorxj  der 
Schider  Festtag  und  sonsten  zu  gebrauchen, 
mit  4  Stimmen  (Petits  chanls  chrétiens  à 
l'usage  du  jour  de  Saint- Grégoire,  fêle  des 
écoliers),  à  quatre  voix  ;  Jéna,  1604,  in-8°. 

STEUP  (H. -C),  pianiste,  compositeur  et 
marchand  de  musique  à  Amsterdam,  est  né 
dans  celte  ville,  vers  1775.  On  connaît  sous 
son  nom  beaucoup  de  compositions  pour  le 
piano,  le  violon  et  la  flûte,  dont  il  a  élé  l'édi- 
teur ;  parmi  ces  ouvrages  on  remarque  : 
1°  Quatuor  pour  piano,  violon  ou  flûte,  alto 
et  violoncelle,  op.  1  ;  Amsterdam,  Steup. 
23  Grand  quintette  pour  deux  violons,  deux  i 
altos  et  violoncelle;  Mayence,  Schott.  3°  Des  1 
thèmes  variés  pour  violon  et  pour  flûte,  avec 
orchestre;  Amsterdam,  Stcup.  4°  Sonatines 
pour  piano  et  violon,  op.  G,  9,  10;  ibid.  5°  So- 
nate pour  piano  et  cor  obligé,  op.  11  ;  ibid. 
6°  Sonate  pour  piano  à  quatre  mains;  Bonn, 
Simrock.  7°  Sonatine  pour  piano  seul;  Am- 
sterdam, Steup.  8°  Thèmes  variés  pour  piano, 
op.   8  et  12;  ibid.  9°  Plusieurs   cahiers  de 


134 


STEUP  —  STEVENS 


valses  el écossaises;  ibid.  10"  Romances  fran- 
çaises avec  accompagnement  de  piano;  ibid. 
Sleup  est  aussi  l'auteur  d'un  petit  ouvrage  in- 
titulé :  Méthode  pour  accorder  le  piano- 
forte;  ibid. 

STEVENIERS  (Jacques),  professeur  de 
musique  classique  de  piano  accompagnée  au 
Conservatoire   royal  de    Bruxelles,  est    né  à 
Liège,  en  1817.  Admis  comme  élève  dans  cette 
institution,  en  1835,  il  y  fut  placé  sous  l'en- 
seignement de  M.  Wéry  pour  le  violon.  Dans 
l'année  suivante,   il  obtint  le  second  prix  de 
cet  instrument  au  concours.  Devenu  ensuite 
élève  du  professeur  Meerts,  il  obtint  le  premier 
prix  en  1838.  Au  concert  de  la  distribution 
des  prix,  11  juin  1840,  il  exécuta  une  fantaisie 
de  violon  de   son   maître.  Après   avoir  par- 
couru la  Hollande,  où  il.jotia  dans  les  concerts, 
en  1842,  il  se  rendit  en  Allemagne,  où  il  se  fit 
entendre  dans  plusieurs    villes  importantes, 
notamment  à  Berlin,  en  1843,  puis  il  visita  le 
Danemark,  la  Suède  et  la  Russie.  En  1845,  il 
était  à  Paris,  où  il  donna  un  concert  dans  la 
salle  Herz,   puis  il  alla  à  Londres  pendant  la 
saison.  En  1847,  M.  Steveniers  parcourut  les 
provinces  rhénanes:  à  Ems,  il  donna  un  con- 
cert avec   Sowinski.  Rentré  à    Bruxelles    en 
1848,  il  y  inaugura,  dans  l'hiver  suivant,  des 
séances  de  musique  de  chambre  qu'il  continua 
pendant  plusieurs  années.  En  1854,  M.  Steve- 
niers a  été  nommé  professeur  de  musique  clas- 
sique  de    piano   au   Conservatoire  de   musi- 
que   de   cette    ville.    Parmi   les   œuvres    pu- 
bliées de  cet  artiste,  on   remarque  :    1°  La 
Prière,  mélodie  religieuse  pour  violon  et  qua- 
tuor ou  piano,  op.   fi:  Mayence  et  Bruxelles, 
Seholl  frères.  2"  La  Sirène,  concertino  pour 
violon  et  orchestre  ou   piano,    op.  9;   ibid. 
3°  Souvenirs  de  Don  Sébastien,  morceau  d~ 
salon  pour  violon  et  quatuor  on  piano,  op.  10  ; 
ibid.  4°  Le  Souvenir,  mélodie  pour  violon  et 
piano,  op.  4;  ibid.  5°  Le  Rêve,  fantaisie  pour 
violon  et  piano,  op.  5;  ibid.  0°  Les  Regrets, 
solo  dramatique  pour  violon  et  piano,  op.  11  ; 
ibid.  7"  Erund  Sie,  récitatif  et  romance  pour 
voix  seule  et  violon  obligé  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  7;  ibid.  8"  Bergeronettc, 
mélodie  à  voix  seule  avec  piano  ;  ibid.  M.  Ste- 
veniers a  écrit  la  musique  de  plusieurs  opéras - 
comiques,  particulièrement  le  Maréchal  fer- 
rant, en  un  acte,  et  les  Satires  de  Boileau, 
en   un  acte,  représentés  au  théâtre  du  Parc 
et    à    celui    des    Galeries  Saint-Hubert,   à 
Bruxelles.  Plusieurs  ouvertures  de  sa  compo- 
sition ont  été  aussi  exécutées  dans  ces  salles 
et  dans  plusieurs  concerts. 


STEVEÏVS  (William  S.),  né  dans  le  quar- 
tier de  Westminster,  à  Londres,  en  1778,  fit 
ses  études  littéraires  à  Wallingford,  dans  le 
Berkshire,  puis  il  alla,  à  l'âge  de  treize  ans,  à 
Luytonstone,  dans  le  comté  d'Essex,  où  il  sui- 
vit pendant  deux  ans  des  cours  de  mathémati- 
ques. Son  premier  maître  de  musique  fut  Tho- 
mas Smart,  élève  de  Pepusch  et  de  Boyce  ;  plus 
tard,  il  continua  l'étude  de  cet  art  sous  la  di- 
rection du  docteur  Cook,  à  l'abbaye  de  West- 
minster. Pendant  plusieurs  années,  Stevens  a 
été  accompagnateur  au  piano  el  chef  des  cho- 
ristes du  théâtre  de  llaymarket.  Tl  vivait  en- 
core à  Londres  en  1830.  On  a  publié  de  cet 
artiste  des  chansons  anglaises,  des  glees,  plu- 
sieurs sonates  de  piano,  ainsi  que  des  caprices 
pour  cet  instrument.  Son  traitésur  l'expression 
du  piano  (Treatise  on  piano- forte  expresion) 
a  paru  en  1812,  à  Londres,  chez  Jones,  in-fol. 
Stevens  avait  entrepris  un  journal  concernant 
la  musique,  intitulé  :  The  grand  musical 
Magazine,  qui  a  été  abandonné  après  le  hui- 
tième numéro. 

STEVEIN'S     (  Nicolas  -  Josr.pn  )  ,     né    à 
Bruxelles.  le    8  juillet  1795,    manifesta     fort 
jeune  un  goût  très-vif  pour  les  éludes   lillé- 
raires  et  musicales.  Le  maître  de  chapelle  Du- 
quesnoy  lui  enseigna  le  solfège,  el  Corneille 
Vander  Plancken,   artiste  de  mérite,  fut  son 
maître  de  violon.  Les  séances  de  quatuors,  fré- 
quentes alors  à  Bruxelles,  comme  partout,  lui 
inspirèrent  dès  sa  jeunesse  un  penchant  décidé 
pour  la  musique  sérieuse  et  classique.  Appelé. 
en  1818,  à  La  Haye  pour  y  remplir  un  emploi 
dans  l'administration,  il  y  fut  bientôt  en  rela- 
tion avec  les  artistes  et  les  amateurs  de  mu- 
sique les   plus  distingués,  et  fonda  avec   eux 
une  société  de  musique  religieuse  qui,  pen- 
dant plusieurs  années,  fit  entendre  les  œuvres 
les  plus  remarquables  en  ce  genre,   dans  une 
des  principales  églises  catholiques.  Lors  de  la 
création   de  la    Société  néerlandaise  pour  la 
propagation  de  la  musique,  M.  Stevens  en  fut 
un  des  premiers  membres  et  en  devint   plus 
tard  un  desadministrateurs.il  prit  part  aussi 
à  la  rédaction  du  journal  de  musique  hollan- 
dais intitulé  Ca'cilia,  el  donna  beaucoup  d'ar- 
ticles concernant  la  musique  et  la  littérature 
au  journal  français  de  La  Haye.  De  retour  en 
Belgique,  ses  intérêts    le    retinrent    d'aljprd 
quelque  temps  à  Ilérenfhals,  où  il  créa  une  so- 
ciété de  chant  d'ensemble  et  fut  président  de 
la  Sociélé  de  l'Harmonie.  Il  y  traduisit  en  fla- 
mand et  fil  exécuter  sous  sa  direction  l'orato- 
rio  de  Spohr,  Die  ktzten  Dinge.  Fixé  en- 
suite à  Bruxelles,  il  y  fut  un  des  fondateurs  de 


STÉVENS  —  STEWECCHIUS 


loi 


Ja  Société  Union  et  Progrès,  dont  le  but  était 
<ie  ranimer  en  Belgique  le  goût  de  la  musique 
classique  de  chambre;  il  en  fut  nommé  le  di- 
recteur et  composa  les  programmes  des  con- 
certs historiques  qui  y  furent  donnés  avec  suc- 
cès. A  diverses  reprises,  M.  Stévens  a  siégé 
comme  membre  du  jury  dans  les  concours  de 
violon  du  Conservatoire.  On  a  publié  de  cet  ama- 
teur laborieux  :  1"  Esquisse  iVun  système  rai- 
sonné d'enseignement  musical  appliqué  ait 
piano; Bruxelles.  C.-J.Deriîat,  1838,  in-8°de 
GO  pages.  2°  Souvenirs  d'un  musicien;  Bru- 
xelles, Parent,  1840,  un  volume  in-12  île  deux 
cents  pages.  Sous  la  forme  d'un  roman,  cet  ou- 
vrage est  la  peinture  d'une  éducation  d'artiste. 
STÉVENS  (Jean-Baptiste),  né  à  En-bien 
(Belgique),  en  1796,  commença,  dès  ses  pre- 
mières années,  l'étude  du  solfège  et  du  violon, 
sous  la  direction  de  J.  Duval,  alors  chef  de  mu- 
sique de  cette  ville.  En  1810,  il  s'établit  à 
Mons  d'où  il  ne  s'éloigna,  en  1822,  que  pour 
se  rendre  à  Paris,  où  il  étudia  l'harmonie  et 
la  composition  près  de  l'auteurde  cette  notice. 
De  retour  à  Mons,  il  s'y  livra  à  l'enseigne- 
ment. En  1837,  il  y  fut  nommé  premier  violon 
solo  du  théâtre,  et  dans  l'année  suivante,  la 
Société  des  concerts  le  choisit  pour  diriger 
l'orchestre.  Il  remplit  ces  fonctions  .jusqu'en 
1845.  Professeur  de  violon  et  de  chant  à 
l'école  de  musique  de  la  ville  depuis  1837, 
M.  Stévens  a  ajouté  à  ces  titres  ceux  de  profes- 
seur à  l'école  primaire  supérieure,  en  1 84-3, 
aux  écoles  communales,  en  1844,  à  l'athénée 
royal,  en  1851,  et  à  l'école  moyenne,  en  1853. 
Les  rares  loisirs  que  laissait  à  l'artiste  la  mul- 
tiplicité de  ses  occupations  furent  employés 
par  lui  à  la  composition  ;  il  a  publié  un  grand 
nombre  de  nocturnes,  chansons  et  romances, 
avec  accompagnement  de  piano,  dont  plu- 
sieurs ont  paru  dans  les  journaux  de  musique 
intitulés  le  Répertoire  musical  et  la  Mo- 
saïque. En  1828,  M.  Stévens  a  écrit  une  can- 
tate à  l'occasion  de  l'arrivée,  à  IVIons,  du  roi 
des  Pays-Bas  Guillaume  Ier,  et  il  en  a  composé 
une  autre,  en  1850,  lorsque  le  roi  des  Belges 
Léopold  Ier  a  visité  cette  ville.  Ces  ouvrages, 
dont  l'exécution  a  élé  satisfaisante,  ont  été  re- 
marqués et  applaudis.  En  1841,  M.  Stévens  a 
obtenu  la  médaille  d'or  au  concours  ouvert 
par  la  Société  des  sciences,  des  arts  et  des  let- 
tres du  Hainaut,  pour  la  cantate  intitulée 
Roland  de  Lattre;  cet  ouvrage  a  élé  exécuté 
avec  succès  dans  la  même  année.  M.  Stévens  a 
en  manuscrit  un  grand  nombre  de  chœurs 
pourdes  voix  d'hommes,  de  motets,  sérénades, 
airs  variés  pour  guitare,  etc. 


STEVENSON  (Sir  John),  né  en  Irlande, 
en  1772,  fit  ses  études  musicales  sous  la  direc- 
tion du  docteur  Murphy,  à  l'église  Saint-Pa- 
trick de  Dublin.  Fort  jeune  encore,  il  fut 
chargé  de  la  composition  d'une  nouvelle  mu- 
sique des  anciens  opéras  The  Son  in  law,  et 
The  Agreahle  Surprise,  pour  le  théâtre  de 
celte  ville.  Ces  ouvrages  oblinrenl  du  succès  et 
furent  souvent  représentés.  Stevenson  a  écrit 
aussi,  pour  la  scène  irlandaise,  The  C'onlract, 
et  Love  in  a  blaze.  Arrivé  à  Londres,  il  se  fit 
connaître  avantageusement  par  la  composition 
d'un  grand  nombre  de  chansons,  de  duos  de 
chant,  et  de  morceaux  de  musique  d'église, 
publiés  àT,ondres,  chez  J.  Power.  Le  club  de 
VIlibernian  Catch  lui  décerna  une  belle 
coupe  d'argent,  en  témoignage  d'estime  pour 
son  talent  ;  et,  vers  le  même  temps,  il  obtint  le 
litre  de  docteur  en  musique.  On  a  réuni  les 
morceaux  de  musique  d'église  composés  par 
cet  artiste,  sous  le  litre  de  Séries  of  sacred 
songs,  duets  and  trios  ;  Londres,  J.  Power. 
Stevenson  a  arrangé  une  colleclion  de  mélo- 
dies irlandaises  avec  accompagnement  de 
piano  et  des  refrains  à  plusieurs  voix  sur  les 
traductions  en  vers  de  Thomas  Moore.  Cette 
collection  a  pour  titre  :  A  sélection  of  irish 
mélodies,  with  symphonies  and  accompani- 
ments,  and  caracteristic  trords  by  Thomas 
Moore;  Londres,  J.  Power,  six  suiles  in-fol. 
formant  ensemble  cent  treize  pages,  avec  de- 
belles  gravures.  Le  défaut  de  celle  colleclion, 
comme  de  toutes  celles  du  même  genre,  est 
que  la  tonalité  originale  des  mélodies  est  dé- 
naturée par  l'harmonie  moderne  de  l'accom- 
pagnement. Stevenson  est  mort  à  Londres,  en 
1842.  ( 

STÉVIN  (Simon),  savant  mathématicien, 
né  à  Bruges,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle, 
s'établit  en  Hollande,  y  eut  le  titre  de  mathé- 
maticien du  prince  Maurice  de  Nassau,  et  fut 
créé  ingénieur  des  digues.  On  ignore  l'époque 
de  sa  mort.  Ses  œuvres  ont  élé  réunies  et  pu- 
bliées en  latin  par  Willebrod  Snellius,  qui  n'a 
point  achevé  son  travail,  et  en  français  par 
Albert-Girard;  Leyde,  Elzevier,  1634,  in-fol. 
Gérard-Jean  Vossius  nous  apprend  que  Slëvin 
a  écrit  un  traité  de  la  théorie  de  la  musique, 
qui  n'a  point  été  imprimé  dans  ses  œuvres, 
quoiqu'il  eût  été  traduit  en  latin  {De  Scient. 
Mathemat.jC.  LX,  p.  353). 

STEWECCHIUS  (Godesciialc),  profes- 
seur au  collège  de  Pont-à-Mousson,  naquit  vers 
1540,  àlleusden,en  Hollande.il  a  fait  impri- 
mer, en  1580,  un  commentaire  sur  le  traité  de 
l'art  militaire  de  Végèce  où  il  traite  (deuxième 


136 


STEWECCHIUS  -  ST1CH 


livre,  cliap.  XXII,  et  troisième  livre,  cliap.  V) 
des  trompettes  des  anciens  appelées  tuba  et 
buccina,  ainsi  que  des  musiciens  qui  jouaient 
de  ces  instruments. 

STIASNY,  ou  STIASTNY  (Bernard- 
Wenzei.),  violoncelliste,  fils  de  Jean  Stiasny } 
très-lion  hautboïste  du  théâtre  de  Prague  mort 
en  1788,  naquit  dans  celte  ville,  en  1770.  Après 
avoirétudié  lathéoriedela  musique  et  del'har- 
monie  sous  la  direction  du  célèbre  organiste 
Seegr,  et  le  violoncelle,  sous  un  maître  in- 
connu, il  fut  admis  comme  premier  violoncel- 
liste à  l'orchestre  du  théâtre  de  Prague.  Depuis 
lors  il  s'est  fait  connaître  par  quelques  compo- 
sitions pour  son  instrument,  entre  autres 
celles-ci  :  1"  Six  sonates  progressives  et  in- 
structives pour  deux  violoncelles;  Prague, 
Berra.  2°  Il  Maestro  e  lo  scolaro,  8  imita- 
zioni  e  G  pezzicon  fughe  per  due  violoncelli; 
Bonn,  Simrock.  3"  Méthode  de  violoncelle  (en 
allemand  et  en  français),  divisée  en  deux  par- 
ties; Mayence,  Scholt. 

STIASNY  (Jean),  frère  du  précédent,  na- 
quit à  Prague,  en  1774.  Comme  son  frère,  il 
se  livra  à  l'étude  du  violoncelle  :  il  le  surpassa 
en  habileté.  On  croit  qu'il  entra  à  l'orchestre 
de  Prague  vers  1800;  mais  on  n'a  pas  de  ren- 
seignements sur  la  suite  de  sa  carrière,  Dla- 
Iiacz  ayant  gardé  le  silence  sur  celte  famille 
de  musiciens  distingués,  dans  sou  Diction- 
naire des  artistes  de  la  Bohême.  Il  parait 
certain  toutefois  que  Jean  Stiasny  ou  Sliaslny 
vivait  encore  en  1820,  mais  non  plus  à  Prague, 
car  il  avait  alors  le  titre  de  directeur  de  mu- 
sique à  Nuremberg,  et  dans  la  même  année  il 
se  rendit  de  celle  ville  à  Manheim,  où  on  le 
perd  de  vue.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Concertino  pour  le  violoncelle,  op.  6;  Bonn, 
Simrock.  2°  Divertissement  pour  violoncelle, 
avec  alto  et  basse,  op.  5;  Mayence,  Scholt. 
3°  Andante  et  variations  pour  violoncelle  avec 
deux  violons,  flùle,alto  et  basse,  op.  10;  Bonn, 
Simrock.  4°  Rondo  et  variations  pour  violon- 
celle avec  quatuor,  op.  12;  Leipsick,  Pelers. 
5°Deux  sonales  pour  violoncelle  et  basse,  op.  2; 
Bonn,  Simrock.  6°  Douze  pièces  faciles  pour 
deux  violoncelles,  op.  4;  ibid.  7°  Six  pièces 
faciles,  idem,  op.  5;  ibid.  8°  Duos  pour  deux 
violoncelles,  op.  G  et  8;  ibid.  9°  Six  pièces 
faciles  pour  violoncelle  solo,  op.  9;  Leipsick, 
Pelers.  10°  Six  solos  pour  violoncelle  avec 
basse,  op.  11  ;  Mayence,  Scholt. 

STIAVA  (François-Marie),  premier  orga- 
niste de  la  chapelle  du  roi  de  Sicile  à  Messine, 
naquit  à  Lucques,  vers  le  milieu  du  dix- sep- 
tième siècle.  Il  a  publié  :  Salmi  concertati  a 


cinque  voci  con  violini  obligati  e  ripieni  a 
beneplacito,  op.  la;  Bologne,  1694,  in-4°. 

STICIÏ,  connu  sous  le  nom  de  PUNTO  (1  ) 
(Jean-Wenzel),  le  plus  célèbre  des  cornistes, 
naquit,  en  1748,  à  Zchuzicz  (près  deCzasIau), 
en  Bohême,  seigneurie  appartenant  au  comte 
de  Thun.  Après  qu'il  eut  appris  les  principes 
de  la  musique  et  du  chant,  le  comte  le  prit  à 
son  service,  et  lui  donna  pour  premier  maître 
de  son  instrument  Joseph  Maliegka,  corniste 
renommé  à  Prague;  puis  il  l'envoya  à  Munich, 
étudier  sous  la  direction  de  Ssindel'arz,  autre 
virtuose  sur  le  cor,  né  en  Bohême.  Enfin  Stich 
acheva  de  perfectionner  son  talentà  Dresde,  par 
les  leçons  de  Hampel  {voyez  ce  nom),  et  de  son 
compatriote  Haudek,  dont  il  habita  la  maison 
pendant  plusieurs  années.  Ses  éludes  terminées, 
Stich  relourna  chez  son  prolecteur  le  comle  de 
Thun,  et  fut  attaché  à  son  service  pendant  trois 
ans;  mais  le  pressentimentde  la  renommée  qu'il 
devait  acquérir  lui  rendantcette  position  insup- 
portable, il  s'éloigna  de  Prague  en  secret,  et 
parcourut  l'Allemagne  et  la  Hongrie,  puis  l'Ita- 
lie (où  il  prit  le  nom  de  Punto),  l'Espagne, 
l'Angleterre,  lesPays-Baset  la  France.  Il  était  à 
Paris  en  1778.  Partout  son  talent  excita  autant 
d'étonnement  que  de  plaisir,  et  toutes  les  na- 
tions le  déclarèrent  sans  rival.  Mon  père,  qui 
l'entendit  en  1780,  m'a  dit  qu'on  ne  peut  ima- 
giner de  plus  beau  son  que  le  sien,  une  sûreté 
plus  grande  dans  l'attaque,  une  manière  de 
chanter  plus  touchante,  ni  plus  de  précision 
dans  les  traits.  Il  se  servait  d'un  cor  d'argent, 
parce  qu'il  en  trouvait  le  timbre  plus  pur  et 
plus  pénétrant,  préjugé  partagé  même  par  les 
acousticiens,  qui  n'ont  pas  su,  jusqu'à  ce  mo- 
ment, que  le  timbre  est  donné,  d'une  part,  en 
raison  des  proportions  de  la  colonne  d'air  con- 
tenue dans  le  tube  de  l'instrument  ;  de  l'autre, 
par  le  mode  d'ébranlement  de  cette  colonne  au 
moyen  du  souffle  vertical  ou  latéral,  des  em- 
bouchures de  diverses  forces,  des  anches,  etc. 
De  retour  en  Allemagne,  vers  1781,  Punto 
reçut  des  propositions  du  prince  évêque  de 
Wilrzbourg,  et  accepta  une  place  dans  sa 
musique;  mais  bientôt  des  offres  plus  avan- 
tageuses lui  furent  faites  au  nom  du  comte 
d'Artois  (depuis  lors  Charles  X),  qui,  de 
tous  les  instruments  et  de  toule  musique, 
n'aimait  que  le  cor.  Une  pension  viagère  était 
garantie  à  l'artiste  pour  une  sorte  de  sinécure, 
dont  il  prit  possession  en  1782.  En  1787,  il 
obtint   un  congé,   et  visita    l'Allemagne  du 

(1)  Stich  est  un  mot  allemand  qui  signifle  piqûre, 
point;  de  là  le  nom  de  Punto  (point)  qu'on  donna  à 
l'artiste  en  Italie,  et  qui  lui  est  reste 


STICH  -  STIELER 


137 


Rhin,  en  passant  par  Nancy,  Metz,  Trêves  et 
Coblence.  Il  s'arrêta  quelque  temps  dans  ces 
deux  dernières  villes.  Après  une  absence  d'en- 
viron deux  ans,  il  arrivait  à  Paris,  vers  le  mois 
d'août  1789,  lorsqu'il  apprit  à  la  fois  les  pre- 
miers événements  de  la  révolution,  et  le  dé- 
part du  comte  d'Artois.  Cependant  il  resta 
dans  cette  ville,  y  publia  plusieurs  ouvrages, 
et  grâce  au  talent  assez  distingué  qu'il  pos- 
sédait sur  le  violon,  il  trouva  des  ressources 
dans  la  direction  de  l'orchestre  du  Théâtre 
des  Variétés  amusantes ,  pendant  le  régime 
de  la  terreur.  En  1799,  il  quitta  Paris  pour 
retourner  en  Allemagne,  visita  Munich  dans 
l'année  suivante,  et  fit  une  vive  impression 
dans  les  concerts  qu'il  donna  à  Vienne.  Beet- 
hoven,enthousiasmé  par  la  beauté  de  son  ta- 
lent, écrivit  pour  lui  sa  sonate  de  piano  et 
cor,  œuvre  17. 

Après  trente- trois  années  d'absence,  Punlo 
arriva  à  Prague,  et  y  donna,  en  1801 ,  un  con- 
cert au  Théâtre  national,  où  sa  prodigieuse 
habileté  fut  admirée  de  tout  l'auditoire.  En 
1802,  Dussek  arriva  à  Prague  pour  s'y  faire 
entendre;  les  deux  artistes  célèbres  furent 
bientôt  liés  d'amitié.  Ils  allèrent  ensemble 
donner  un  concert  à  Czaslau,  le  16  septembre 
de  la  même  année  :  parmi  les  morceaux  qu'ils 
y  firent  entendre  se  trouvait  la  sonate  de  Beet- 
hoven exécutée  par  Dussek  et  Punlo.  De  retour 
à  Prague,  celui-ci  se  disposait  à  retourner  à 
Paris;  mais  une  maladie  se  déclara  et  le  mit 
au  tombeau  le  16  février  1805,  après  cinq 
mois  de  souffrances.  Des  obsèques  magnifiques 
lui  furent  faites  par  ses  compatriotes  :  on  y 
exécuta  le  Requiem  de  Mozart,  et  l'on  mit  sur 
sa  tombe  ce  distique  latin  : 

Omnp  tulit  punctum  Punto,  cui  Musa  Dohema 
Ut  plausit  vivo,  sic  morientc  gémit. 

Punlo  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Con- 
certos pour  cor  et  orchestre;  nos  1  (en  mi), 
2  (en  mi),  5  (en  fa),  4  (en  fa),  Paris,  Sieber; 
n°  5  (en  fa),  Paris,  Pleyel  ;  n°s  6  (en  ré),  7  (en 
fa),  Paris,  Naderman;  nos  8  (en  mi  b.),  9  (en 
mi),  Paris,  Cochet;  nos  10  (en  fa),  11  (en  mi), 
Paris,  Imbault;  nns  12  (en  sol),  pour  second 
cor,  13  (en  mi  b.),  Paris,  Leduc;  n°  14,  Paris, 
Pleyel.  2°  Quintette  pour  cor,  flûte,  violon, 
alto  et  basse;  Paris,  Sieber.  5°  Six  quatuors 
pour  cor,  violon,  alto  et  basse,  op.  1  ;  ibid. 
4°  Six  idem,  op.  2;  ibid.  5°  Six  idem,  op.  5; 
ibid.  6°  Six  idem,  op.  18;  Paris,  Pleyel. 
7°  Vingt  trios  pour  trois  cors  ;  Paris,  Imbault. 
8°  Duos  pour  deux  cors,  liv.  1  et  2;  Paris, 
Sieber.  9°  Huit  idem;  Paris,  Imbault.  10°  Vingt 


idem;  Paris,  Leduc.  11°  Vingt-quatre  idem; 
ibid.  12°  Trois  duos  pour  cor  et  basson  ;  ibid. 
13° Éludes  et  exercices;  ibid.  14"  Sextuor  pour 
cor,  clarinette,  basson,  violon,  alto  et  contre- 
basse, op.  54;  ibid.  15°  Méthode  pour  ap- 
prendre facilement  les  éléments  des  premier 
et  second  cors  aux  jeunes  élèves,  dans  laquelle 
sont  indiqués  les  coups  de  langue  et  les  liai- 
sons les  plus  nécessaires  pour  tirer  de  beaux 
sons  de  cet  instrument ,  composée  par  Ham- 
pel  et  perfectionnée  par  Punto,  son  élève; 
Paris,  Leduc,  1798,  in-4°.  16°  Hymne  à  la  li- 
berté, avec  orchestre;  Paris,  Naderman. 
17°  Trios  pour  violon,  allô  et  basse,  op.  7; 
Paris,  Louis.  18°  Duos  pour  deux  violons, 
op.  5;  Paris,  Sieber. 

STICRL  (François),  né  à  Dicssen,  sur  le 
lac  d'Ammer,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  apprit  dans  le  monastère  de  ce  lieu  les 
éléments  des  sciences  et  de  la  musique,  puis 
alla  terminer  ses  études  dans  les  universités  de 
Salzbourg  et  d'Ingolstadt.  Il  s'établit  dans  cette 
dernière  ville,  en  1720,  comme  organiste.  Plus 
tard  il  ajouta  à  sa  position  le  litre  de  procureur 
du  collège  ducal.  Il  mourut  en  1742.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  :  1°  Psalmi  vesper- 
tini  pro  toto  anno,  a  4  voc.  violino  unisono 
et  continuo;  Augsbourg,  1721,  in-fol.  2°  An- 
glipolitana  veneratio  erga  sunctissimam 
crucis  particulam,  in  academico  B.  V.  spa- 
ciosx  templo  cultui  publico  expositam,  con- 
stata VI  Missis  cantatis,  à  4  vocibus  con- 
certantibus,  nec  non  instrumentis  variis  ad 
libitum  adhibendis  et  concinato  ac  inclyto 
magistratui  A '  nglipolitano  demississime 
dedicata;  Auguste  Vindelicorum,  1727, 
in-fol.  5°  Psalmi  vespertini  pro  toto  anno 
a  4  vocibus,  violino  unisono  et  continuo; 
Auguste  Vindelicorum,  1728.  Peut  être  ce 
dernier  ouvrage  n'est-il  qu'une  deuxième  édi- 
tion du  premier. 

STICKL  (JosErH),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Ingolsladt,  en  1724.  Il  y  fit  ses  études, 
et  son  père  lui  enseigna  la  musique  et  la  com- 
position. La  place  d'organiste  à  Weichering 
étant  devenue  vacante,  il  l'obtint  et  en  remplit 
les  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1778. 
On  connaît  de  sa  composition,  en  manuscrit, 
des  préludes  et  des  pièces  d'oçgue. 

STIELER  (Charles-Auguste),  professeur 
de  musique  au  gymnase  de  Stockholm,  dans  la 
première  moilié  du  dix-neuvième  siècle,  est 
auteur  d'un  manuel  des  principes  de  la  mu- 
sique el  du  chant,  en  langue  danoise,  publié 
sous  ce  titre  :  Lxrebok  i  de  fœrste  grunderne 
for  Musih  och  Sang  ving  ungdomens  under- 


138 


STIELER  -  STOB/EUS 


wisning  Scolar  och  gymnasier;  Stockholm, 
1820,  gr.  in-4°. 

STIEKLEIN  (Jean-Christophe),  musi- 
cien allemand  de  la  fin  du  dix-seplième  siècle, 
fut  d'abord  attaché  à  la  musique  de  la  cour  de 
Stuttgart;  puis  il  eut  le  titre  de  second  maître 
de  chapelle  du  duc  de  Wurtemberg.  Il  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Musihalische  geistliche  Zeitund 
Ewigkeit  Betrachtung,  in  25  Arien  von 
einer  Singstimmen  und  Generalbass  (Le 
temps  et  l'éternité,  méditation  musicale  et  spi- 
rituelle en  vingt-cinq  airs  à  voix  seule  et  basse 
continue);  Stuttgart,  1688,  petit  in-8°  oblong. 
2°  Trifolium  musicale  consistens  in  musica 
theorica,  praclica  et  poetica,  etc.;  Stutt- 
gart, 1691,  ih-4°  oblong  de  quarante-huit 
pages,  avec  vingt-deux  planches.  C'est  un 
traité  abrégé  des  éléments  de  la  musique  et 
de  la  basse  continue,  par  demandes  et  ré- 
ponses. 

STILES  (Sir  François  HASKINS 
EYLES),  baronnet,  fut  mejnbre  rie  la  Société 
royale  de  Londres,  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle.  lia  publié  dans  les  Transactions 
philosophiques  (vol.  LI,  part.  II,  p.  695-773) 
une  très-bonne  dissertation  intitulée  .•  An 
Explanation  of  the  modes  or  tones  in  tlie 
ancient  Grecian  music  (Explication  des 
modes  ou  tons  de  l'ancienne  musique  grec- 
que). Celte  dissertation  se  trouve  aussi  dans 
l'abrégé  des  Transactions  philosophiques 
(année  1760,  I.  XI,  p.  485). 

ST1LLE  (Jean),  savant  lianovrien,  vécut 
vers  letjrnilieù  du  dix-septième  siècle.  Il  ;i  [ait 
imprimer  un  recueil  dedissei'lations  sur  divers 
sujets,  intitulé  :  Bisputàtio  philosophica 
continens  Ouxstioncs  miscellaneas ;  Helm- 
sladt,  1646,  in-4°  de  quatre  feuilles.  Il  exa- 
mine, dans  la  seconde  question,  les  opinions 
diverses  des  harmonistes  concernant  la  na- 
ture consonnanle  ou  dissonante  delà  quarte; 
et  dans  le  troisième,  les  méthodes  de  solmisa- 
tion  en  usage  dans  les  écoles.  Ces  deux  mor- 
ceaux remplissent  onze  pages  de  son  opus- 
cule. 

STILLINGFLEET  (Benjamin),  petit-ne- 
veu de  l'évêque  de  Worcesler,  Edouard  Stil- 
lingfleet,  naquit  en  1702,  commença  ses  éludes 
à  l'école  de  Norwicb,  et  les  acheva  avec  succès 
à  l'université  de  Cambridge.  Après  avoir  em- 
ployé quatorze  années  à  faire  l'éducation  d'un 
gentilhomme  anglais,  et  avoir  voyagé  avec  lui 
sur  le  continent,  il  retourna  en  Angleterre,  en 
174ô,  et  vécut  d'une  pension  viagère  que  lui 
faisait  le  père  de  son  élève.  Il  s'occupa  pen- 


dant le  reste  de  sa  vie  de  botanique,  d'agricul- 
ture, de  poésie  et  de  musique.  Il  mourut  à 
Londres,  le  15  décembre  1771.  Stillingfleet 
n'est  cité  dans  celle  biographie  que  pour  une 
sorte  d'analyse  ou  d'abrégé  du  traité  de  mu- 
sique de  Tarlini  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  : 
Principles  and  power  of  harmony  (Traité 
sur  les  principes  et  le  pouvoir  de  l'harmonie); 
Londres,  1771,  in-4°.  Les  exemplaires  de  cel 
ouvrage  ne  sont  pas  communs. 

STIPIIELIUS  (Laurent),  cantor  à 
Naumbourg,  au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle,  a  publié  :  Libelhis  scholasticus 
pro  Senatoria?  Numburgcnsium  Scholx  pue- 
ris,  continens  Odus  spiriluules,  Responso- 
ria.  item  christliche  Beicht,  Kirchen-und 
Schul-gesxng }  IJarmonias  ad  odas,  et  ip- 
sius  cantoris  manuale;  Jéna,  1607,  in-4°. 
On  ignore  si  cet  ouvrage,  connu  seulement 
par  une  indication  de  la  Bibliothèque  clas- 
sique de  Dràudius  ,  est  le  même  que  ce- 
lui qui  est  cité  par  Forkel  {AUgem.  Litter. 
der  Mus.,  p.  271),  sons  le  titre  de  Com- 
pendium  musicum  ;  Naumbourg,  1609,  in-8°, 
et  dont  il  indique  nue  autre  édition  de  Jéna, 
1614.  On  ne  peut  présumer  que  Forkel  n'ait 
donné  qu'un  litre  défiguré,  car  aux  détails 
qu'il  fournil  sur  le  livre  et  sur  ce  qu'il  con- 
tient, il  est  évident  qu'il  l'avait  vu.  Je  pense 
qu'il  s'agit  de  deux  ouvrages  différents. 

STIPPER  (Jean-Daniel),  savant  allemand, 
vécut  à  Leipsick,  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  une 
thèse  qui  a  pour  titre  ;  Programma  de  mu- 
sica instrumentait  tempore  luclus  publici 
prohibita,  quo  lecliones  hibernales  incipien- 
das  publiée  intimai >etc.  ;  Lipsix,  1727,  in-4° 
de  quatre  pages. 

STIYORI  (François),  organiste  à  Monta- 
gnana  (États  de  Venise),  dans  la  seconde  moi- 
tié du  dix-seplième  siècle,  est  connu  par  les 
compositions  dont  les  litres  suivent:  1°  Ma- 
drigali  a  quattro  voci,  con  un  dialogo  a 
otlo,  lib.  I  ;  Venise,  1583,  in-41'.  2"  Mottelti 
a  cinque  voci;  ibid.,  1587,  in-4°.  5°  Quattro 
libri  Ai  moletti  a  6,  7  e  8  voci;  ibid.,  1596, 
in-4". 

STOByEUS  (Jean),  maître  de  chapelle  à 
Rœnigsberg,  naquit  à  Graudenz,  en  Prusse, 
dans  les  dernières  années  du  seizième  siècle, 
et  mourut  en  1646.  On  connaît  sous  son  nom 
un  recueil  de  motets  intitulé  :  Cantiones  sa- 
crx4,5et  10  vocum;  Francfort,  1624.  Il  a 
aussi  publié  à  Danlzick,  en  1634,  un  autre  re- 
cueil de  motels  à  cinq  voix  sur  le  plain -chant  . 
de  l'église.  Valcntin  Thilo  (voyez  ce  nom)  a 


STOB^US  —  STOCKIIAUSEN 


!3i> 


fait  imprimer  un  éloge  funèbre  de  ce  musi- 
cien, sous  ce  titre  :  Laudati'o  funebris  in 
memoriam  Joun.  Stobxi,  Graudentini-Bo- 
russi,  serenissimi  electoris  Brandenburgen- 
sis  in  Borussia  capellx  magistri  celeber- 
rimi,  musici  excellentissimi.  Regiomontani, 
1646,  in-4°. 

STOCKFLET  (Henri-Arnold),  né  à  Ha- 
novre,dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  fut  professeur  de  droit  à  Alldorf.  Il  est 
auteur  d'un  traité  de  l'usage  des  cloches  et  des 
carillons  intitulé  :  Exercitium  academicum 
deCampanarum  usu,in  iUustri  Noricorum 
Altdorphina ,  concinnatum  cwn  indice 
rerum  et  verborum  aceuratissimo  ;  Alt- 
dorffi ,  typis  et  sumptibus  Joh.  Henrici 
Schœnnersstœdt ,  1665,  in-12  de  XIII  feuil- 
lets et  trois  cent  trente-quatre  pages. 

STOCKIIAUSEN  (  Jean -Christophe)  , 
surintendant  et  conseiller  du  consistoire,  à 
Hanau,  naquit  à  Gladenbach,  le  20  octobre 
1725,  et  mourut  à  Hanau,  le  4  septembre  1784. 
11  est  auteur  d'un  livre  estimé  qui  a  pour 
titre  :  KritischerEntwurfeinerauserlesenen 
Bibliothek,  fiir  den  Licbhaber  der  Philo- 
sophie und  schœnen  TF'issensthaften  (Es- 
quisse critique  d'une  bibliothèque  choisie,  à 
l'usage  des  amateurs  de  la  philosophie  et  des 
belles-lettres);  Berlin,  1758,  in-4°,  deuxième 
édition.  La  troisième  édition  a  paru  en  1764, 
et  la  quatrième  en  1771,  toutes  in-4".  On 
trouve  dans  cet  ouvrage  l'esquisse  d'une  bi- 
bliothèque de  musique. 

STOCKIIAUSEN  (François),  harpiste  et 
compositeur,  né  à  Cologne,  vers  1798,  voyagea 
vers   1825  en  Suisse  avec  sa  femme,  jeune 
cantatrice  douée  d'une  voix   légère,  juste,  et 
qui  se  faisait  remarquer  par  un  goût  élégant 
et    une   bonne  méthode.   Stockhausen   vécut 
quelque  temps  à  Genève,  où  il  se  livrait  à  l'en- 
seignement de  la  harpe.  Vers  1826,  il  se  rendit 
à  Paris,  et  s'y  fit  entendre  avec  sa  femme 
dans  quelques  concerts,  mais  sans  y  obtenir 
de  succès,  car  son  talent  d'exécution  ne  pou- 
vait briller  dans  une  ville  où  il  y  avait  alors 
quelques  harpistes  de    beaucoup  de   mérite. 
Deux  ans  après  il  alla  en  Angleterre,  et  grâce 
au  talent  de  madame  Stockhausen,  il  y  donna 
des  concerts  productifs.  Parcourant  les  pro- 
vinces  du   Royaume-Uni,    puis    l'Irlande   et 
l'Ecosse,  il  y  recueillit  les  éléments  de  l'indé- 
pendance dont  il  put  jouir  dans  une  retraite,  à 
Colmar.  En  1849, M.  Stockhausen  s'est  encore 
fait  entendre  dans  cette  ville,  dans  un  concert 
que  son  fils  (voyez  la  notice  suivante)  y  donnait. 
L'organe  vocal  de  madame  Stockhausen,  fati- 


gué par  un  trop  fréquent  exercice,  s'est  usé 
avant  le  temps. 

Stockhausen  a  publié  à  Paris  environ  trente 
œuvres  de  sonates,  duos,  fantaisies,  airs  variés, 
divertissements,  nocturnes,  exercices,  contre- 
danses et  valses  pour  la  harpe.  Parmi  ses  ou- 
vrages, on  remarque  une  messe  à  quatre  voix 
avec  deux  harpes,  quatre  cors  et  basse,  op.  6  ; 
Paris,  Pacini. 

STOCKHAUSEN  (Jules),  fils  du  précé- 
dent, est  né  à  Paris,  en  1826.  Doué  d'une  belle 
voix  de  baryton  et  d'une  heureuse  organisa- 
tion musicale,  il  cultiva  ces  dons  précieux 
dans  les  classes  de  chant  et  de  déclamation  du 
Conservatoire  de  Paris,  puis  se  rendit  à  Lon- 
dres, en  1845,  et  y  reçut  des  leçons  de  Manuel 
Garcia.  En  1848,  il  débuta  au  théâtre  italien 
de  cette  ville  et  y  obtint  un  brillant  succès, 
puis  il  voyagea  en  Suisse  et  produisit  une  vive 
sensation  à  Genève.  Pendant  les  années  sui- 
vantes il  vécut  au  sein  de  sa  famille  à  Colmar, 
faisant  seulement  de  temps  en  temps  des  ex- 
cursions dans  l'Allemagne  rhénane,  pour  les 
festivals,  particulièrement  à  Strasbourg,  où  il 
chanta  les  parties  principales  dans  les  exécu- 
tions de  YElie,  de  Mendelsohn,  en  1852,  et  du 
Paulus,  en  1853.  Arrivé  à  Paris,  dans  l'hiver 
de  1854-1855,  il  y  brilla  dans  les  concerts  par 
sa  belle  voix,  son  excellente  école  et  la  variété 
de  son  style.  Dans  l'été  de  1855,  il  fil  un 
voyage  en  Italie,  d'où  il  retourna  par  la  Suisse 
à  Colmar.  Au  mois  de  mars  1856,  il  était  à 
Francfort  et  y  donnait  des  concerts;  puis  il 
visita  "YVeimar,  Berlin,  et  chanta  au  festival  de 
Dusseldorf.  Engagé  ensuite  à  Londres  pour 
chanter  au  concert  de  la  Société  philharmoni- 
que, il  retourna  en  Allemagne  après  cet  en- 
gagement, chanta  le  Maître  de  chapelle,  de 
Paer,  au  théâtre  de  Manheim,  puis  au  festival 
de  Darmstadt.  Le  7  novembre,  il  débuta  au 
théâtre  de  l'Opéra-Comique  de  Paris,  dans  le 
rôle  du  Sénéchal  de  Jean  de  Paris.  Ce  fut  une 
faute  que  cet  engagement  d'un  artiste  de  ta- 
lent aussi  sérieux,  aussi  pur  que  Stockhausen, 
pour  chanter  l'ancien  répertoire  de  Martin. 
Bien  plus  grand  chanteur  que  cet  ancien  acteur 
de  l'Opéra  Comique,  ne  possédant  pas  comme 
lui  certaines  qualités  d'entrain  qui  sont  à  la 
portée  du  public  de  ce  théâtre,  il  n'obtint  que 
des  demi-succès, et  la  presse  se  montra  tout  à 
fait  incapable  de  l'apprécier.  Après  avoir  joué 
Jean  de  Paris,  la  Fête  du  village  voisin, 
Jeannot  et  Colin,  et  le  Valet  de  chambre, 
Stockhausen  rompit  son  engagement  avec 
l'Opéra-Comique  et  retrouva  sa  véritable  des- 
tination dans  les  festivals  et  les  concerts  de 


140 


STOCKHAUSEN  -  STOELZEL 


l'Allemagne.  Au  moment  où  cette  notice  est 
écrite  (1864),  il  est  directeur  et  chef  d'orchestre 
du  théâtre  de  Hambourg. 

STOEBER  (Charles),  pianiste  et  compo- 
siteur, naquit  à  Presbourg,  en  1806.  Son  père, 
bon  maître  de  piano,  le  guida  dans  ses  études. 
Arrivé  fort  jeune  à  Vienne,  Slœber  y  eut  de 
brillants  débuts  par  son  talent  d'exécution,  et 
se  fit  connaître  avantageusement  par  ses  ou- 
vrages: mais  une  fièvre  cérébrale  le  mit  au 
tombeau  à  Page  de  vingt-neuf  ans,  le  21  no- 
vembre 1835.  Les  œuvres  de  cet  artiste,  au 
nombre  d'environ  quarante,  consistent  en 
fantaisies,  variations  et  rondeaux  pour  piano 
seul  ou  piano  à  quatre  mains.  Son  œuvre 
sixième  est  un  quatuor  pour  piano,  harpe, 
clarinette  et  violoncelle,  où  il  y  a  du  mérite. 

STOECKEL  (le  P.  Boniface),  bénédictin 
de  Mallersdorf,  en  Bavière,  naquit  le  27  no- 
vembre 1747,  à  Piling,  dans  ce  royaume,  et 
fit  ses  études  à  Salzbourg,  où  Léopold  Mozart 
lui  enseigna  la  composition.  Il  entra  dans  son 
ordre  le  27  octobre  1771,  et  fut  ordonné 
prêtre  le  18  juillet  1773.  Son  mérite  comme 
compositeur  le  fit  choisir  pour  diriger  la  mu- 
sique de  son  couvent,  et  dans  l'exercice  de  ses 
fonctions,  il  écrivit  plusieurs  messes,  vêpres 
complètes,  litanies,  etc.,  où  l'on  remarque  un 
bon  style.  Tous  ses  ouvrages  sont  restés  en 
manuscrit,  à  l'exception  «le  chants  à  quatre 
voix  sur  les  prières  du  malin  et  du  soir,  qui 
ontété  publiés  àSalzbach,  chezSiedel.  Pendant 
les  années  1782  et  1783,  le  P.  Stœckel  en- 
seigna la  grammaire  au  gymnase  d'Amberg; 
il  retourna  à  son  couvent  de  Mallersdorf,  au 
commencement  de  1784,  et  y  mourut  le  7  sep- 
tembre de  la  même  année. 

STOECKEL  (J.-G.-E.),  cantor  à  Burg, 
près  de Magdebourg,  vivait  vers  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  inventa  un  chronomètre 
musical  dont  il  a  donné  la  description,  en 
1796,  dans  le  journal  de  l'Allemagne  (Journal 
fur  Deutschland),  puis  dans  le  deuxième  vo- 
lume de  la  Gazette  musicale  de  Leipsick 
(pages  67  et  673). 

STOECKL  ou  STOEREL  (Clara).  Voyez 
IIEU\EFETTER  (Clara). 

STOEGER  (le  P.  Antoine),  religieux 
franciscain  du  couvent  de  Pfaffenhofen ,  en 
Bavière,  naquit  en  1727,  à  Grossmehring,  près 
d'Ingolstadt,  et  entra  dans  son  ordre,  en  1746. 
Il  fut  bon  organiste  et  se  fit  connaître  avan- 
tageusement par  des  pièces  d'orgue  et  par 
deux  Requiem  de  sa  composition.  Il  mourut  à 
rraffenhofen,  en  1798. 

STOELZEL  (GoDr.rnoiD-IlENni),   compo- 


siteur, naquit  le  13  janvier  1690,  à  Grlln- 
stadt,  dans  les  montagnes  de  la  Saxe  électo- 
rale. Son  père,  organiste  du  lieu,  lui  donna 
les  premières  leçons  de  musique  et  de  cla- 
vecin. A  l'âge  de  treize  ans,  Stœlzel  fut  en- 
voyé au  lycée  de  Schneeberg,  et  mis  en  pen- 
sion chez  le  cantor  Umlauf,  élève  de  Kulmau, 
qui  ne  négligea  rien  pour  en  faire  un  musicien 
instruit.  En  1707,  Stœlzel  se  rendit  à  l'uni- 
versité de  Leipsick  :  l'Opéra  de  cette  ville  lui 
fournit  l'occasion  d'acquérir  de  nouvelles  con- 
naissances et  de  former  son  goût.  Hoffmann, 
alors  directeur  de  musique  de  la  nouvelle 
église,  lui  fit  bon  accueil,  et  eut  même  la  com- 
plaisance de  faire  exécuter,  sous  son  nom,  les 
premiers  essais  de  Stœlzel,  afin  que  les  ar- 
tistes leur  accordassent  l'attention  qu'ils  n'au- 
raient pas  prêtée  aux  tentatives  d'un  jeune 
homme  inconnu. 

Après  un  séjour  de  trois  ans  à  Leipsick, 
Stœlzel  se  rendit  à  Breslau  et  y  passa  deux 
années,  se  livrant  à  l'enseignement  du  chant 
et  du  clavecin.  Au  nombre  des  ouvertures, 
concertos  et  autres  compositions  de  tout  genre 
qu'il  y  produisit,  on  remarque  une  sérénade  à 
l'occasion  du  couronnement  de  l'empereur 
Charles  VI,  ainsi  qu'une  pièce  dramatique  in- 
titulée Narcisse,  dont  il  a  composé  le  texte  et 
la  musique  pour  la  comtesse  de  Neidhardt. 
La  peinture  séduisante  qu'un  de  ses  amis  lui 
fit  alors  de  l'Italie  lui  fit  prendre  la  résolution 
d'y  faire  un  voyage.  Avant  de  s'y  rendre,  il 
voulut  revoir  encore  sa  famille  ;  mais  à  son 
passage  en  Saxe,  il  fut  chargé  par  le  maître  de 
chapelle  Theile  de  composer  un  opéra  pour  la 
foire  de  Naumbourg.  Cet  ouvrage,  intitulé  Va- 
lérie, eut  beaucoup  de  succès,  et  procura  à 
Stœlzel  la  demande  de  deux  autres  opéras 
(Jrtémise  et  Orion)  pour  la  foire  suivante. 
Le  texte  de  ces  dernières  pièces  lui  apparte- 
nait. De  Naumbourg,  il  se  rendit  à  Géra,  où 
il  écrivit  la  partition  de  les  Hoses  et  les  épines 
de  l'amour,  pastorale.  Des  places  de  maître 
de  chapelle  lui  furent  offertes  dans  cette  ville 
et  à  Zeitz;  mais  il  les  refusa  pour  faire  son 
voyage,  qu'il  entreprit  enfin,  en  1713,  en 
passant  par  Hof,  Bayreuth,  Nuremberg  et 
Augsbourg,  où  la  diète  de  l'Empire  était 
assemblée.  Arrivé  à  Venise,  il  s'y  lia  d'amitié 
avec  Heinichen,  son  compatriote  (voyez  ce 
nom),  dont  la  conversation  fut  très-instruc- 
tive pour  lui.  Ce  fut  avec  lui  qu'il  visita  les 
quatre  conservatoires  qu'on  trouvait  alors 
dans  cette  ville;  il  y  connut  Gasparini, 
Vivaldi,  Antoine  Polarolo,  Antoine  Biffi,  et 
Vinaccesi  (voyez  ces  noms),  musiciens   ce- 


STOELZEL 


141 


lèbres,  qui  en  étaient  alors  les  inspecteurs  et 
professeurs.  Ses  liaisons  avec  ces  hommes  de 
mérite  et  avec  l'illustre  Marcello  lui  ren- 
dirent le  séjour  de  Venise  aussi  agréable 
qu'utile.  De  là  il  se  rendit  à  Florence,  où  il 
connut  Ludwig,  musicien  de  Berlin,  et  sa 
femme,  Vénitienne  dont  le  talent  sur  le  luth 
était  fort  remarquable.  Le  duc  Salviati,  qui 
logeait  ces  artistes  dans  son  palais,  présenta 
Stœlzel  à  la  princesse  Eléonore  de  Guastalla, 
qui  était  aussi  fort  habile  sur  le  même  instru- 
ment. Au  mois  de  septembre,  Stœlzel  partit 
de  Florence  pour  aller  à  Rome,  où  il  connut 
particulièrement  Bononcini.  Il  ne  paraît  pas 
qu'il  ait  compris  ce  qu'il  y  avait  d'intéressant 
pour  lui  dans  cette  capitale  du  monde  chré- 
tien, car  il  n'y  resta  qu'un  mois.  De  retour  à 
Florence,  il  y  entendit  quelques  opéras  d'Or- 
landini  et  de  Gasparini  qui  lui  plurent  beau- 
coup ;  puis  il  reprit  le  chemin  de  l'Allemagne, 
en  passant  par  Bologne,  Venise,  Trente  et 
Inspruck.  La  cour  du  prince  Palatin  était 
alors  retirée  dans  cette  ville  du  Tyrol. 
Stœlzel  y  admira  l'excellent  ensemble  des  ar- 
tistes de  sa  chapelle.  D'Inspruck,  il  alla  à 
Prague,  où  le  comte  Logi  et  les  barons  de 
Hartig  et  d'Adlersfeld  le  retinrent  pendant 
trois  ans.  II  y  composa  les  opéras  Vénus  et 
Adonis,  Acis  et  Galatée,  la  Fortune  vaincue 
par  l'Amour,  quelques  oratorios  latins,  ita- 
liens et  allemands,  parmi  lesquels  on  cite  Jé- 
sus paliens,  Caïno,  ovvero  II  primo  figlio 
malvaggio,  et  Marie  Madeleine;  enfin,  plu- 
sieurs messes  et  des  morceaux  pour  divers 
instruments.  D'après  le  conseil  de  ses  amis,  il 
commença  dès  lors  à  donner  des  concerts  où 
il  faisait  exécuter  ses  compositions.  Appelé  à 
Dresde  au  commencement  de  1717,  il  ne  s'y 
rendit  point,  et  préféra  aller  à  Bayreuth,  où  il 
écrivit  plusieurs  morceaux  de  musique  solen- 
nelle pour  le  second  jubilé  de  la  réformation 
luthérienne.  Il  composa  aussi  dans  cette  ville 
des  sérénades  pour  la  fête  du  Margrave,  et 
Diomedes,  grand  opéra  allemand. 

En  1719,  Stœlzel  entra  au  service  du 
comte  de  Géra  ;  quoiqu'il  n'y  soit  demeuré  que 
six  mois,  il  écrivit  dans  ce  court  espace 
beaucoup  de  compositions  instrumentales  et 
vocales.  La  place  de  maître  de  chapelle  de  la 
courdeGolha,  qu'il  avait  sollicitée,  lui  ayant 
été  accordée  dans  cette  même  année,  il  en  prit 
possession  et  l'occupa  pendant  trente  ans,  in- 
cessamment occupé  de  compositions  nouvelles. 
Dans  le  nombre  immense  de  ses  ouvrages 
écrits  depuis  cette  époque,  on  compte  huit  an- 
nées entières  de  musique  d'église,  où  chaque 


dimanche  et  chaque  fêle  ont  deux  compositions 
différentes;  quatorze  Passions  complètes; 
autant  de  musiques  complètes  pour  la  fête  de 
Noël  ;  quatorze  opéras,  seize  sérénades,  plus 
(le  quatre-vingts  morceaux  de  musique  de 
table,  une  quantité  prodigieuse  de  morceaux 
pour  diverses  circonstances,  de  messes,  d'ou- 
vertures, de  symphonies,  et  de  concertos  pour 
divers  instruments.  Toule  cette  musique, 
restée  en  manuscrit,  est  maintenant  peu 
connue.  Stœlzel  mourut  à  Gotha,  le  27  no- 
vembre 1741),  à  l'âge  de  près  de  soixante  ans. 
Il  ne  nous  reste  qu'un  spécimen  de  l'habileté 
de  ce  savant  musicien,  dans  un  petit  traité  des 
canons  multiformes  et  perpétuels  sur  un  seul 
thème.  Il  fit  imprimer  cet  écrit  au  nombre 
d'environ  cent  exemplaires  pour  ses  amis,  et 
ne  le  mit  pas  dans  le  commerce,  en  sorte  qu'il 
est  devenu  d'une  rareté  excessive.  J'en  possède 
un  exemplaire  qui  a  beaucoup  souffert  par  le 
feu,  où  il  paraît  être  tombé  par  accident  : 
toutefois  le  texte  ni  la  musique  n'en  ont  pas 
été  détruits.  Ce  petit  ouvrage  a  pour  litre  : 
Praktischer  Beiveis ,  wie  aus  einem  noch 
dem  wahren  Fundamente  solcher  Noten- 
Kiinsteleyeîi  gesetzten  Canone  perpétua  in 
hypodiapente  quatuor  vocum,  viel  und 
mancherley,  Theils  an  Mélodie,  Theils  auch 
an  Harmonie  unterschiedene  Canones  per- 
peluiàA  zumachen  seyn, etc.  (Démonstration 
pratique  pour  faire,  d'après  les  vrais  prin- 
cipes, et  d'après  un  exemple,  un  canon  per- 
pétuel à  la  quinte  inférieure,  etc.),  1725,  petit 
in-4°  de  trois  feuilles  ,  sans  nom  de  lieu. 
L'exemple  choisi  par  Stœlzel  est  fort  ingénieux 
et  bien  écrit. 

Stœlzel  a  laissé  en  manuscrit  quelques 
traités  relatifs  à  la  musique  qui  se  trouvaient 
encore  en  1760,  entre  les  mains  de  son  fils, 
surintendant  à  Gotha.  Ils  consistaient  : 
1°  En  un  traité  de  la  musique  des  Grecs; 
2°  Un  traité  du  récitatif,  écrit  pour  la  Société 
musicale  de  Mizler,  dont  l'auteur  était  mem- 
bre. Albrecht,  de  Mulhausen,  avait  promis, 
en  17C2,  de  publier  cet  ouvrage;  mais  il  n'a 
pas  tenu  sa  parole;  5°  Une  introduction  à  la 
composition;  4"  Une  instruction  snr  le  contre- 
point. 

STOELZEL  (Henri),  né  vers  1780,  à 
Pleiss,  dans  la  Haute-Silésie,  étudia  la  mu- 
sique et  le  cor  dans  sa  jeunesse,  puis  entra 
dans  la  chapelle  du  prince  de  Pleiss,  et  vécut 
à  Breslau  pendant  plusieurs  années,  en  qua- 
lité de  musicien  de  chambre.  En  1814,  il  se 
signala  par  une  invention  qui  a  modifié  toute 
la  famille  des  instruments  de  cuivre,  en  leur 


142 


STOELZEL  -  STOEPEL 


fournissant  des  noies  ouvertes  sur  tous  les  de- 
grés de  Téchelle  chromatique.  Cette  invention 
l'ut  celle  de  deux  pistons  placés  par  Slœlzel  sur 
la  pompe  du  cor,  pour  mettre  en  communica- 
tion l'air  avec  des  tubes  ou\erls  pour  chaque 
note,  au  lieu  de  ne  produire  ces  notes  en  sons 
bouchés  que  par  la  main  dans  le  pavillon, 
d'après  le  procédé  inventé  longtemps  aupara- 
vant par  Hampel  (voyez  ce  nom).  Celle  inven- 
tion de  Stœlzel  fut  signalée  par  Bierey,  direc- 
teur de  musique  à  Breslau,  dans  une  noie 
insérée  au  n"  18  de  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  (ann.  1815),  et  le  savant  mailre  de 
chapelle  Frédéric  Schneider  analysa  dans  le 
même  journal  (26  novembre  1817)  les  avan- 
tages de  celle  invention,  et  fit  très-bien  re- 
marquer qu'ils  consistent  surtout  à  donner  de 
bonnes  noies  sonores  dans  l'octave  basse  du 
cor,  au  lieu  des  notes  sourdes  cl  sans  effet  que 
produit  le  cor  ordinaire.  Au  mois  de  décembre 
1817,  Slœlzel  fit  entendre  son  nouvel  instru- 
ment dans  un  concert  à  Leipsick.  Dans  l'an- 
née suivante,  il  joua  aussi  à  Berlin  avec  suc- 
cès, et  obtint  du  roi  de  Prusse  un  brevet  pour 
dix  ans.  A  la  même  époque,  il  l'ut  admis  dans 
la  chapelle  royale  et  dans  la  musique  de  la 
chambre.  Schlott,  fabricant  d'instruments  de 
cuivre  à  Berlin,  entreprit  de  perfectionner 
l'invention  encore  bien  grossière  de  Stœlzel, 
et  plus  tard,  Schuster,  autre  facteur  d'instru- 
ments à  Carlsruhe,  modifia  celle  invention, 
d'après  l'invitation  de  Christophe  Schuncke,  en 
«tant  les  pistons  de  la  coulisse  pour  les  placer 
sur  les  branches  de  l'instrument.  M.  Meyfred, 
professeur  de  cor  à  pistons  au  Conservatoire 
de  Paris,  fit  aussi  des  travaux  pour  améliorer 
cet  instrument;  mais  il  était  réservé  à  M.  Sax 
(voyez  ce  nom)  de  le  porter  à  sa  perfection. 
L'invention  de  Stœlzel  a  conduit  au  cornet  à 
pislons,  aux  familles  des  Sax  horns  et  Saxo- 
tromba,  à  la  trompette  à  cylindre,  au  trom- 
bone à  trois,  quatre,  cinq  et  six  pistons,  et  aux 
basses  d'harmonie.  Slœlzel  a  obtenu,  en  1829, 
sa  pension  de  retraite;  il  est  mort  à  Berlin, 
en  1844. 

STOEPEL  (François-David- Christophe), 
né  le  14  novembre  1794,  à  Oberhelderungen, 
en  Prusse,  était  fils  du  cantor  et  maître  d'école 
de  ce  lieu.  Destiné  à  l'état  de  son  père,  il  fut 
envoyé  fort  jeune  au  séminaire  de  Weissen- 
fels.  Dès  sa  dix-huitième  année,  il  obtint  une 
place  de  mailre  d'école  à  Frankenherg,  en 
Saxe;  malheureusement  son  caractère  incon- 
stant, inquiet,  commença  dès  lors  à  se  mani- 
fester, en  lui  faisant  quitter  cette  position  peu 
de  temps  après  l'avoir  prise.  Dévoré  d'ambi- 


tion, et  ne  possédant,  pour  la  satisfaire,  ni  une 
spécialité  de  laleuls,  ni  une  instruction  suffi- 
sante, il  vit  commencer,  dès  le  début  de  sa  car- 
rière, une  lutte  pénible  entre  ses  désirs  de  re- 
nommée et  de  bien-être,  et  la  fortune  qui  le 
trahissait.  A  son  départ  de  la  Saxe,  Stœpel  fit 
un  petit  voyage  dans  le  Holslein;  puis  il  sévit 
contraint  d'accepter  une  place  de  précepteur 
chez  un  baron  Dunkclmann;  mais  il  ne  la 
garda  pas  plus  longtemps  que  celle  de  Fran- 
kenberg. Après  l'abandon  de  sa  dernière  place, 
il  y  a  une  lacune  de  quelques  années  dans  les 
renseignements  qu'on  possède  sur  sa  vie.  On 
ne  retrouve  Stœpel  qu'à  Berlin,  en  1819  :  il 
était  alors  âgé  de  vingt-cinq  ans.  Alors,  seule- 
ment, il  essaya  d'appuyer  son  existence  sur  la 
musique  qu'il  avait  apprise  dans  sa  jeunesse. 
Il  jouait  un  peu  de  piano  et  de  violon,  avait 
quelque  teinture  de  théorie,  d'histoire  et  de 
littérature  musicale;  mais  tout  cela  était  su- 
perficiel. Toutefois,  il  ne  s'effraya  point  à 
l'idée  de  se  mettre  au  grand  jour  dans  une 
ville  aussi  importante  que  Berlin,  et  il  osa  y 
entreprendre  un  cours  d'histoire  de  l'art,  dans 
le  local  de  l'Académie  royale  des  sciences  :  il 
en  a  publié  plus  tard  la  première  leçon  dans 
la  Gazette  musicale  de  Vienne  (ann.  1822). 
Ce  fut  aussi  à  celle  occasion  qu'il  fit  paraître 
une  sorte  d'abrégé  de  l'histoire  de  la  musique 
moderne  (Grundziige  der  Geschichle  der  mo- 
dernenJlusik;  Berlin,  1821,  in-4°  de  quatre- 
vingt-cinq  pages),  en  forme  de  table  chrono- 
logique des  principaux  faits.  Le  cours  et  le 
livre  eurent  peu  de  succès. 

A  cette  époque,  quelques  musiciens  français 
et  allemands  se  préoccupaient  de  la  nouvelle 
méthode  d'enseignement  du  piano  et  de  l'har- 
monie imaginée  par  Logier  (voyez  ce  nom),  et 
mise  en  pratique'  par  lui  dans  plusieurs  villes 
d'Angleterre  avec  beaucoup  de  succès  :  Stœpel 
crut  y  entrevoir  une  source  de  fortune,  et  il 
eut  assez  de  protection  pour  obtenir  du  gou- 
vernement la  mission  d'aller  étudier  cette  mé- 
thode à  Londres,  auprès  de  l'inventeur.  De 
retour  à  Berlin,  il  établit  son  école  sous  le  pa- 
tronage du  roi ^ mais  après  un  certain  temps 
d'essai,  le  résultat  ne  répondant  point  à  ses 
pompeuses  promesses,  le  gouvernement  fit 
inviter  Logier  à  se  rendre  à  Berlin,  pour  diri- 
ger lui-même  l'organisation  de  l'école.  A  son 
arrivée,  de  vives  discussions  éclatèrent  entre 
lui  et  Stœpel,  et  celui-ci  s'éloigna,  en  182ô, 
pour  aller  fonder  des  écoles  du  même  genre  à 
Potsdam,  puis  à  Erfurt,  Gotha  el  Meintingen. 
Dans  cette  dernière  ville,  il  obtint  un  secours 
considérable  du  duc  régnant.  Il  aurait  pu  s'y 


STOEPEL  —  STOER 


143 


créer  une  honorable  position  ;  mais  l'instabilité 
de  ses  goûts  et  de  ses  projets  lui  fit  encore  quitter 
cette  résidence  pour  aller  à  Hildburghausen, 
d'où  des  motifs  graves  le  firent  partir.  Il  se 
rendit  alors  à  Francfort  sur-le-Mein  (en  1825), 
y  établit  une  école  d'après  son  système,  el  y 
entreprit  un  journal  de  musique  (l).On  ignore 
les  motifs  qui  lui  firent  quitter  précipitam- 
ment celte  ville  pour  aller  à  Darmstadl,  où  le 
grand  duc  de  Hesse  l'employa  à  donner  des  le- 
çons de  théorie  aux  musiciens  de  sa  chapelle. 
Schilling  dit,  dans  son  Lexique  universel  de 
musique,  que  des  motifs  impérieux  firent  ces- 
ser les  leçons,  et  que  Stœpel  disparut.  Peu  de 
temps  auparavant,  il  avait  obtenu  de  la  fa- 
culté de  philosophie  de  l'université  d'Erlang,  le 
diplôme  de  docteur  es  arts. 

Au  commencement  de  1827,  Stœpel  arriva 
à  Munich,  y  établit  une  école  et  entreprit  la 
publication  d'un  nouveau  journal  de  mu- 
sique (2).  Après  deux  années  de  séjour  dan.; 
cette  ville,  il  en  partit,  el  la  difficulté  de  trou- 
ver dès  lors  une  position  en  Allemagne  lui  fit 
prendre  la  résolution  de  se  rendre  à  Paris.  Il 
y  arriva  au  mois  de  mars  1829,  sans  recom- 
mandation, et  sans  autre  appui  que  celui  de 
l'auleur  de  celle  biographie,  avec  qui  il  avait 
eu  des  relations  épislolaires  pendant  son  séjour 
à  Munich.  Celui-ci  le  recommanda  au  vicomte 
de  la  Rochefoucauld, eloblint  qu'il  lui  fùtdonné 
des  secours  pour  établir  une  école  de  musique 
d'après  le  système  de  Logier.  Malheureuse- 
ment, la  mode  de  cet  enseignement,  autrefois 
florissant  sous  la  direction  de  Zimmerman, 
était  passée.  Les  frais  de  loyer  du  local  et  des 
pianos  absorbèrent  les  produits  de  l'établisse- 
ment de  Stœpel  :  après  quelques  années  d'une 
existence  languissante,  celte  école  fut  fermée, 
et  la  position  du  professeur  devint  très-mal- 
heureuse, quoiqu'il  fût  employé  dans  la  rédac- 
tion de  la  Gazette  musicale  de  Paris,  et  qu'il 
•eût  ouvert  des  cours  dans  quelques  pension- 
nats. Le  chagrin  altéra  sa  santé,  et  le  19  dé- 
cembre 1856,  il  mourut  d'une  maladie  de 
langueur. 

Outre  les  ouvrages  cités  précédemment, 
Stœpel  a  publié  :  1°  Ueber  J.-B.  Logier's 
System  der  Musih-  JFissenschaft  (Sur  le  sys- 

(1)  Altgemeiner  musikalischer  Anzeiger  (Le  Moniteur 
général  de  la  musique).  Francfort,  Fischer,  1826,  in-4». 
Ce  journal  n'eut  qu'une  année  d'existence.  Stœpel  en 
commença  une  suite  sous  ce  titré  :  Minerva,  ein  Ueiblall 
zum  Allyemeiner  musikalisclter  An-eiger  (Minerve,  con- 
tinuation du  Moniteur  général  de  la  musique).  Franc- 
fort, 1826-1827.  II  n'en  parut  que  quatre  numéros. 

(2)  Munchner  Musikzeitung  (Gazette  musicale  de  Mu- 
nich). Munich,  Sidler,  1827  et  1828,  in-4". 


lème  de  la  science  musicale,  par  J.-B.  Lo- 
gier); Munich,  1827,  in-8°.  2°  Bcylrxge  zur 
// iirdigung  der  neuen  Méthode  der  gleich- 
zeitigen  Unterricht  einer  Mehrzahl  von 
Schuleren  im  Piano- forte-Spiel  und  der  Har- 
monie, etc.  (Essais  d'appréciation  de  la  nou- 
velle méthode  d'enseignement  simultané  à 
l'égard  de  la  plupart  des  élèves  pour  le  piano 
et  l'harmonie);  Gotha,  1823,  in  8°.  On  a  aussi 
de  sa  composition  :  1°  Trois  recueils  de  chants 
allemands  à  voix  seule  avec  piano,  sous  le 
titre  de  Melodora  :  le  premier  a  paru  à  Leip- 
sick,  chez  llofmeister  ;  le  second,  à  Ham- 
bourg, chez  Crisliani,  et.  le  troisième,  à  Franc- 
fort, chez  Fischer.  2°  Chants  spirituels  de 
Gœlhe,  Herder  et  Novalis  à  quatre  voix,  op.  11; 
Francfort,  Andréa.  5°  Thèmes  variés  pour 
piano,  Hildburghausen,  Kessel  ring.  4°  Neues 
System  dur  Harmonielehre  und  des  Unter- 
richts  in  Piano- forte-Spiel;  Francfort,  An- 
dréa, trois  parties  in-4°.  5°  Méthode  de  chant: 
Paris,  Stœpel.  6°  Méthode  de  piano;  idem., 
ibid.  7°  Collection  de  morceaux  de  piano  pour 
le  cours;  ibid.  Stœpel  a  fourni  beaucoup  d'ar- 
ticles à  la  Gazette  musicale  de  Paris,  et  quel- 
ques-uns à  celle  de  Leipsick  (t.  XXIII  et 
XXVII). 

STOEPPLER.  (CnAULEs)  ,  musicien  de 
la  chambre  du  duc  de  Brunswick,  né  vers 
1810,  a  l'ail  représenter,  au  mois  de  décembre 
1847,  sur  le  théâtre  de  Brunswick,  l'opéra  en 
trois  actes  intitulé  Karl  der  Fiinfte  vor  Tu- 
nis  (Charles-Quint  devant  Tunis).  Cet  ouvrage 
obtint  un  brillant  succès,  et  le  compositeur  fut 
appelé  sur  la  scène  à  la  fin  de  la  représenta- 
lion;  honneur  plus  rare  en  Allemagne  qu'en 
Italie  et  en  France.  Le  même  artiste  a  publié 
ipielques  Lieder  à  voix  seule  avec  piano,  et  le 
chant  à  quatre  voix  d'hommes  qui  a  pour  litre: 
Teulsches  f'olkslied ,  gedichtet  von  Karl 
Schiller,  in  D/usilc  geselzt  fiir  A  Mxnner- 
stimmen;  Brunswick,  C.  Weinholtz,  1841. 

STOEII  (I)  (Charles),  musicien  au  service 
du  grand-duc  de  Saxe-Weimar,  est  néle29juin 
1814,  à  Stolberg,  dans  le  Harz.  Son  père,  mu- 
sicien de  la  ville,  lui  donna  les  premières  le- 
çons de  musique;  ses  progrès  furent  si  ra- 
pides, qu'à  l'âge  de  sept  ans,  il  put  débuter 
sur  le  violon  dans  les  concerts.  Lorsqu'il  eut 
atteint  sa  huitième  année,  il  alla  étudier  sous 
la  direction  de  Taubert,  à  Halle.  Après  deux  ans 
de  séjour  dans  cette  ville,  il  retourna  chez  ses 
parents  et  y  resta  jusqu'à  sa  douzième  année. 
Ayant  fait  un  voyage  à  Weimar,  il  y  eut  tant 

(1)  Par  une  faute  typographique,  ce  nom  est  écrit 
Stoerl  dans  la  première  édition  de  celte  biographie. 


144 


STOER  —  STOKEM 


de  succès,  que  le  grand-duc  l'engagea  pour  sa 
chapelle.  Depuis  lors,  il  n'a  plus  quille  celte 
ville.  Parmi  ses  compositions,  on  cite  les  bal- 
lets qu'il  a  écrits  pour  le  théâtre  de  Weimar, 
remarquables  par  des  idées  brillantes  de  fraî- 
cheur et  d'originalité.  Cn  lui  doit  aussi  plu- 
sieurs morceaux  pour  l'orchestre  et  pour  le 
violon.  En  1843,  il  a  fait  représenter,  sur  le 
théâtre  de  la  cour  à  Weimar,  l'opéra  intitulé 
Die  Flucht  (la  Fuile).  Une  ouverture  de  sa 
composition  y  a  été  exécutée  en  1842.  Slœr  a 
été  souvent  appelé  à  Jéna  pour  y  jouer  dans 
les  concerts.  En  1840,  il  a  visité  Leipsick  et 
Berlin,  et  s'y  est  fait  entendre  avec  succès. 

STQERL  (Jean-Georges  Chrétien),  maître 
de  chapelle  du  duc  de  Wurtemberg,  naquit  en 
1676,  à  Kirchberg,  dans  la  principauté  de  Ho- 
henlohe.  A  l'âge  de  douze  ans,  il  entra  comme 
enfant  de  chœur  à  la  chapelle  de  Stuttgart; 
puis  le  prince  l'envoya  à  Nuremberg  étudier  le 
clavecin  et  le  contrepoint  chez  le  célèbre  or- 
ganiste Pachelbel.  De  retour  à  Stuttgart,  il 
reçut  sa  nomination  de  maître  de  chapelle.  En 
1701,Slœrl  fit  un  voyage  à  Vienne,  et  pendant 
un  séjour  d'une  année  dans  cette  ville,  il 
acheva  de  s'instruire  dans  la  composition, 
sous  la  direction  de  Ferdinand-Tobie  Richter; 
puis  il  fil  un  voyage  à  Venise,  s'y  lia  d'amitié 
avecPolarolo,  et  en  fin  il  alla  à  Rome,  où  il  passa 
une  année  dans  l'intimité  de  Pasquini  et  de 
Corelli.Le  duc  de  Wurtemberg  l'ayant  rappelé 
à  Stuttgart,  il  retourna  dans  sa  patrie,  et  y 
occupa  la  place  de  maître  de  la  chapelle  ducale 
jusqu'en  1743,  époque  de  sa  mort.  On  a  publié 
de  cet  artiste  un  recueil  de  mélodies  pour  des 
cantiques  allemands,  intitulé  :  Choral-Schlag- 
buch  vor  alten  und  neuen,  etc.,  à  voix  seule 
et  basse  continue;  Stuttgart,  1711,  in-4°.  Il  y 
en  a  eu  deux  autres  éditions  dans  la  même 
ville,  en  1721  et  1744.  Stœrl  a  laissé  en  manu- 
scrit une  année  entière  de  musique  d'église, 
et  des  cantates  à  voix  seule  et  basse  continue. 

STOESSEL  (Nicolas),  chef  de  musique  de 
la  garnison  de  Louisbourg,  dans  le  Wurtem- 
berg, est  né  le  17  mai  1793,  à  Hassfurt,  en 
Bavière.  Fils  d'un  pauvre  tisserand,  qui  était 
en  même  temps  musicien  de  guinguette,  il 
apprit  la  musique  dès  l'âge  de  cinq  ans,  chez 
le  cantor  du  lieu.  Après  avoir  reçu  des  leçons 
de  piano,  de  chant  et  d'orgue,  il  commença  à 
seconder  son  maître  à  l'église,  dès  la  deuxième 
année.  La  nécessité  d'aider  aussi  son  père  dans 
les  bals  de  villages,  lui  fît  apprendre  à  jouer 
de  la  flûte  et  du  violon.  Dans  l'automne  de 
1806,  il  s'engagea  dans  le  13me  régiment  de 
chasseurs,  qui  se  trouvait  à  Hassfurt,  et  fit 


avec  ce  corps  les  campagnes  de  Prusse  et  d'Au- 
triche. De  retour  dans  sa  ville  natale,  il  prit 
la  résolution  de  se  faire  maître  d'école,  et  entra 
au  séminaire  de  WUrzbourg.  Frœhlich  {voyez 
ce  nom),  maître  de  musique  de  cet  établisse- 
ment, ayant  remarqué  ses  heureuses  disposi- 
tions, lui  donna  des  leçons  de  composition,  et 
Slœssel  écrivit  sous  les  yeux  de  ce  maître  des 
messes  et  des  symphonies.  Ses  éludes  termi- 
nées, il  obtint  une  place  de  sous-maître  à  l'école 
de  Neustadt  sur  la  Saale;  mais  son  goût  pas- 
sionné pour  la  musique  lui  fit  quitter  cet  em- 
ploi,pour  celui  de  chef  de  musique  du  4me  ré- 
giment de  chevau-légers,  en  garnison  à 
Augsbourg.  En  peu  de  temps  il  fit  de  son  corps 
de  musique  un  des  meilleurs  de  l'armée  bava- 
roise, et  composa  beaucoup  de  morceaux  de 
musique  militaire.  En  1826,  il  reçut  sa  nomi- 
nation de  maître  de  musique  au  service  du  rot 
de  Wurtemberg,  à  Louisbourg;  il  en  remplis- 
sait encore  les  fonctions  en  1844.  La  direction 
supérieure  de  la  musique  de  tous  les  régiments 
qui  composent  cette  garnison  lui  était  confiée. 
Stœssel  a  écrit  pour  le  théâtre  les  opéras  inti- 
tulés Rodenstein  (représenté  à  Stuttgart,  en 
1835),  et  Lichtenstein.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position :  1°  Fanfares  pour  six  trompettes, 
quatre  cors  et  deux  trombones,  op.  4;  Augs- 
bourg, Gombart.  2°  Musique  militaire  pour 
l'église,  à  treize  trompettes,  quatre  cors  et 
deux  trombones,  op.  6;  ibid.  3°  Sérénade  pour 
guitare,  violon  et  alto,  op.  5;  ibid.  4°  Diver- 
tissement pour  piano,  guitare  et  flûte,  op.  13; 
Mayence,Scholt..  5°  Pièces  pour  piano  et  flûte, 
op.  8;  ibid.  6°  Grande  sonate  pour  piano  et 
flûte,  op.  9;  Mayence,  Schott.  7°  Beaucoup  de 
danses  pour  divers  instruments.  8°  Des  chan- 
sons allemandes  à  voix  seule,  avec  accompa- 
gnement de  piano;  Augsbourg,  Gombart. 

STOHRIUS  (Jean-Macrice),  savant  alle- 
mand, naquit  à  Grimma,  dans  la  Poméranie, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On  a  im- 
primé sous  son  nom  une  dissertation  intitulée  : 
Organum  musicum  historiée  exstructum; 
Leipsick,  1693,  in-4°. 

STORES!  (Jean),  musicien  flamand,  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle. 
On  n'a  jusqu'à  ce  jour  aucun  renseignement 
sur  le  lieu  et  la  date  de  sa  naissance;  la  position 
qu'il  occupa  est  également  ignorée;  son  nom 
même  n'était  pas  connu  dans  l'histoire  de  la 
musique,  lorsque  le  hasard  a  fait  découvrir  des 
morceaux  de  sa  composition  dans  deux  livres 
d'un  recueil  dont  l'exemplaire  est  unique.  Ce 
recueil,  monument  le  plus  ancien  de  la  typo- 
graphie musicale  inventée  par  Octavien  Pe- 


STOKEM  —  STOLZ 


145 


trucci deFossombrone (voyez Petrucci),  a  pour 
titre  Harmonice  musices  Odhecaton  :  il  est 
divisé  en  trois  livres.  Le  premier,  marqué  A, 
qui  fut  publié  à  Venise,  en  1501,  contient  sept 
chansons  françaises  de  Jean  Stokem,  dont  six  à 
quatre  parties  et  une  à  trois.  Les  premiers  mots 
des  chansons  à  quatre  voix  sont  :  1°  Brunette; 
2°  J'ay  pris  amours;  3°  Por  quoy  ie  ne  puis 
dire  (Je  ne  puis  dire  pourquoi);  4°  Mon  mi- 
gnault  (Mon  mignon);  5°  Dit  le  Bourguy- 
gnon;  6°  Halas  ce  n'est  pas.  La  chanson  à  trois 
voix  commence  ainsi  :  Ha  traytre  amours. 
Le  troisième  livre  du  même  recueil,  marqué 
Canti  C.}  n°  cento  cinquanta,  et  publié  à 
Venise,  en  1503,  renferme  trois  chansons  à 
quatre  voix  de  Slokem  ;  elles  commencent  par 
ces  mots  :  1°  Jaypris  mon  bourdon;  2°  Ser- 
viteur soye;  3°  Je  sut  Dalemagne  (Je  suis 
d'Allemagne).  On  trouve  aussi  un  Et  in  terra 
pax,  tiré  de  la  messe  à  quatre  voix  De  Beata 
Virgine,  par  Jean  Stockem,  dans  le  recueil 
de  fragments  de  messes  (Fragmenta  missa- 
rum)  publié  par  Petrucci,  en  1509,  petit  in-4° 
oblong. 

STOLI  (Antoine),  chanoine  romain,  n'est 
connu  que  par  un  écrit  intitulé  :  Metodo  gra- 
fico  di  riduzzione  délie  note  di  musica  in 
cifre  numeriche  aduso  dell'  armonog raphia , 
dal  canonico  Stoli;  in  Roma,  tipografia 
Salviucci,  1841,  in-8°  avec  planches  litho- 
graphiées. 

STOLL  (François  de  Paule),  guitariste 
distingué,  est  né  le  26  avril  1807,  au  château 
de  Schœnbrunn,  près  de  Vienne.  Par  inclina- 
tion, il  apprit  dans  sa  jeunesse  à  jouer  de  la 
guitare,  et  quoiqu'il  ne  fût  alors  qu'amateur, 
il  acquit  sur  cet  instrument  une  habileté  re- 
marquable. Plus  tard,  il  perfectionna  son  ta- 
lent sous  la  direction  de  Giuliani,  et  Fœrster 
lui  donna  des  leçons  de  composition.  Après 
avoir  parcouru  avec  succès  l'Allemagne,  la 
Russie,  la  France  et  la  Hollande,  il  s'est  fixé  à 
Amsterdam,  où  il  se  trouvait  en  1843.  Sloll  a 
publié,  dans  celte  ville  et  à  Vienne,  quelques 
pièces  pour  son  instrument,  entre  autres  des 
variations,  op.  2,  7,  8,  9;  Vienne,  Pennauer; 
des  danses  et  des  valses. 

STOLLE  (Philippe),  téorbiste  et  composi- 
teur allemand,  né  en  Bohême,  vécut  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle.  Après  avoir  été 
attaché  quelque  temps  au  prince  électoral  de 
Saxe,  il  obtint  la  place  d'administrateur  des 
mines  à  Magdebourg.il  occupait  celle  position 
lorsqu'il  publia  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  : 
David  Schirmers  singende  Rosen,  oder  SU- 
ten  und  Tugenlieder,  in  die  Musik  gebracht, 

BIOGR.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


durch  Ph.  Stollen  (les  Roses  chantantes  de 
David  Schirmer,  ou  chansons  morales  et  de 
mœurs  mises  en  musique  par  Ph.  Stolle); 
Dresde,  1654,  in-fol. 

STOLLE  (Gotthard-Antoine),  virtuose 
sur  le  trombone,  était  moine  du  couvent  de 
Kœnigsal,  en  Bohême.  Il  naquit  à  Kunersdorf, 
le  27  janvier  1739.  Un  franciscain,  nommé 
le  père  ffermolaiis,  fut  le  maître  qui  lui  en-  _ 
seigna  à  jouer  de  son  instrument.  Après  la 
suppression  de  son  monastère,  il  se  retira  à 
Prague,  et  forma  quelques  bons  élèves  trom- 
bonistes. Déjà  âgé  de  cinquante-huit  ans,  le 
P.  Stolle  se#fit  entendre  à  la  cour  de  Dresde,  en 
1797,  et  fut  admiré  comme  un  prodige.  L'élec- 
leurdeSaxe  lui  fit  présent  d'une  tabatière  d'or, 
en  lémoignagede  sa  satisfaction.  Stolle  mourut 
à  Prague,  le  29  mai  1814,  laissant  en  manu- 
scrit douze  concertos  pour  trombone  et  quel- 
ques thèmes  variés. 

STOLLEWERK  (Mademoiselle  Nina), 
compositeur,  née  à  Vienne  vers  1825,  est  élève 
de  Simon  Sechter.  Elle  s'est  particulièrement 
distinguée,  dès  l'âge  de  seize  ans,  parle  goût 
et  le  charme  de  ses  Lieder;  mais  elle  a  écrit 
aussi  de  grandes  et  sérieuses  compositions,  an 
nombre  desquelles  on  remarque  une  messe  (en 
/"a),  qui  a  été  exécutée  à  Vienne,  dans  l'été  de 
1846,  à  l'église  des  Franciscains.  Les  œuvres 
publiées  par  mademoiselle  Stollewerk  sont  : 
1°  Eliza's  erstes  Begegnen  (les  Premières 
rencontres  d'Elisa),  poëme  à  voix  seule  avec 
piano;  Vienne,  Glœggl.  2°  Grubenfahrt  (la 
Descende  dans  les  mines),  idemy  op.  2;  ibid. 
4°  Wo  bist  du?  (Où  es-tu?)  idem,  op.  3; 
Vienne,  Diabelli.  4°  Trois  Lieder  idem,  op.  4; 
Leipsick,  Ristner.  5°  Deux  poèmes  idem, 
op.  5  ;  Vienne ,  Wilzendorf.  6°  Jfunsch 
und  Gruss  (Souhait  et  compliment),  chan- 
son de  nourrice  idem,  op.  6;  Vienne,  Dia- 
belli. 

STOLLIUS  (Jean),  dont  le  nom  allemand 
était  vraisemblablement  STOLLE,  naquit 
vers  1560,  àCalemberg,  en  Saxe.  Après  avoir 
été  quelque  temps  cantor  à  Reichenbach,  il 
alla  remplir  des  fonctions  semblables  à  Zwic- 
kau,enl591;  puis  il  fut  appelé  à  Weimar,  avec 
le  titre  de  maître  de  chapelle.  On  a  de  cet  ar- 
tiste :  1°  Epicedia,  oder  Grab-Lieder  beym 
Tode  Herzogs  Johann,  mit  4  und  8  Stitnmen 
(Chant  funèbre  sur  la  mort  du  duc  Jean  de 
Saxe,  à  quatre  et  à  huit  voix).  2°  Motet  de 
noces  sur  le  texte  :  ÏFer  die  Braut  hat, 
der  ist  den  Brautigam,  à  six  \o\x;  ibid., 
1614. 

STOLZ   (Rosine),  dont  les  noms  véri- 

10 


146 


STOLZ 


tables,  suivant  M.  Scudo  (1),  sont  ROSE 
NIVA,  mais  dont  l'acte  de  naissance  porte 
ceux  de  VICTOROE  IVOEB,  est  née  à 

Paris,   le  15  février   1815.  Jusqu'à  l'âge  de 
onze  ans,  son  éducation  fut  complètement  né- 
gligée, çt  la  misère  dans  laquelle  languissait  sa 
mère,  seul  soutien  de  quatre  enfants,  fut  cause 
du  peu  de  soins  donnés  à  sa  personne  dans  son 
-enfance.  Douée  d'une  voix  de  mezzo  soprano 
naturellement  accentuée  et  d'une  rare  intelli- 
gence, elle  fut  admise,  en  1826,  dans  l'école 
de  musique  dirigée   par    Choron,  et,   dirigée 
dans  ses  éludes  par  un  maître  de  celle  insti- 
tution, nommé  Ramier ,  elle  y  développa  ses 
qualités  instinctives  pour  le  chant  d'expression 
auxquelles  il  manqua   malheureusement  tou- 
jours un  bon  mécanisme  de  vocalisation.  La 
révolution  de  juillet  1830  ayant  amené  la  sup- 
pression de  l'institution  de  musique  religieuse 
de  Choron,  Rose  Niva,  ou  plutôt  Fictorine 
Noeb  en  sortit,  après  quatre    ans    et   demi 
d'études,  et   n'eut  d'abord  d'autre  ressource 
que  de  se  faire  choriste  de  théâtre.  Arrivée  à 
Bruxelles,  en   1832,  sous  le  nom  de  madame 
Ternaux,    elle    entra    dans    les  chœurs   du 
Théâtre-Royal.  Snel,  alors  chef  d'orchestre  et 
directeur  de  musique  de  ce  théâtre,  frappé  de 
l'intelligence  dramatique  de  cette  jeune  fille, 
lui  fit  chanter  quelques  petits  rôles.  Dans  la 
même  année,  elle  quitta  cette  position    pour 
aller  à  Spa,  où  elle  fut  engagée  comme  seconde 
chanteuse  pour  la  saison.  Elle  y  débuta   sous 
le  nom  de  mademoiselle  Héloïse.   Après  la 
clôture  du    théâtre  de  Spa,  elle  fut  attachée 
pendant  quelques  mois  au  théâtre  d'Anvers, 
où  elle  ne  fut  pas  remarquée  ;  puis  elle  eut,  en 
1833,  un  engagement  au  théâtre  de  Lille,  où 
elle  prit  le  nom  de  Slolz,  qu'elle  a  conservé 
depuis  lors.  Elle  eut  peu  de  succès  dans  cette 
ville,  où  elle  débuta  par  le  rôle  de  Nicelte 
dans  le  Pré  aux  CVercsd'Hérold.En  1834,  elle 
chant3  à  Amsterdam,  dans  l'opéra  fiançais;  puis 
elle  retourna  à  Anvers,  et  quelques  mois  après, 
elle  rentra   au   théâtre  de  Bruxelles,  comme 
premier  rôledu  grand  opéra.  Ce  fut  alors  que, 
blessée  par  l'accueil  peu  bienveillant  que  lui 
faisait  le  public,  elle  vint  me  demander  mon 
opinion  sur  sa  voix  et  sur  son  talent.  Je  la  fis 
chanter  et  je  fus  immédiatement  intéressé  par 
son  accentuation  dramatique  et  parla  largeur 
desonstlyejmaisje  ne  lui  cachai  pas  les  défauts 
deson  éducation  vocale  ainsi  que  l'inégalité  de 
quelques  noies  du  médium  de  sa  voix.  Cassel, 
élève  de  Garât  et  bon  professeur  de  chant, 

(I)  Critique  littéraire  et  musicale,  p.  411. 


était  alors   à  Bruxelles;  je  conseillai  à  ma- 
dame Slolz  de  prendre  de  lui  quelques  leçons 
pour  améliorer  sa  mise  de  voix,  ce  qu'elle 
fit.   Dans   l'année   suivante,    Nourrit   vint    à 
Bruxelles  et  choisit  la  Juive,  d'Halévy,  pour 
un  des  ouvrages  qu'il  voulait  chauler;  je  lui 
recommandai  la  jeune  femme  qui  devait  chan- 
ter le  rôle  de  Rachel,  et  lui  en  parlai  comme 
d'une  artiste  douée  de   précieuses    qualités. 
Elle  s'y  révéla  en  effet  et  me  donna  la  cer- 
titude de  ses  succès  futurs,  lorsqu'on  écrirait 
pour  elle  des  rôles  où  ses  qualités  personnelles 
seràientmisesenévidence.  Le2mars  1837,  elle 
épousa,  à  Bruxelles,  M.  Lescuyer,  de  Rouen, 
régisseur    du  Théâtre-Royal   de  cette  ville  ; 
bientôt  après,  elle  partit  pour  Paris,  avec  une 
lettre  de  recommandation  que  je  lui  donnai 
pour  M.  Duponchel,  directeur  de  l'Opéra,  et,  le 
25  août  de  la  même  année,  elle  débuta  dans 
la  Juive,  pendant  une  absence  de  mademoi- 
selle Falcon.  Elle  y  réussit  par  ses  qualités,  en 
dépit  de  ses  défauts,  qui  furent  constatés  par 
la  critique.  Suivant  le  conseil  que  je  lui  avais- 
donné,  elle  prit  un  maître  de  vocalisation  et 
ses  progrès  furent  remarqués  dans  le  rôle  du 
page,  du  Comte  Ory.  Le  premier  ouvrage  qu'on 
écrivit  pour  elle  fut  la  Xacarilla,  de  Mar- 
liani,  en  1830;  elle  y  eut  un  brillant  succès 
dans  le  rôle  du  matelot.  Ce  fut  surtout  dans  la 
Favorite,  de  Donizelti,  représentée  le  29  no- 
vembre   1840,  que  madame  Slolz  conquit  une 
position  assurée  dans  l'opinion  publique;  son 
chant  y  fut  pur  et  large;  son  action  drama- 
tique, pleine  de  chaleur  et  de  sensibilité.   La 
Reine  de  Chypre  (décembre  1841),  et  le  rôle 
(VOdette,  dans  Charles  FJ  (mars  1843),  ache- 
vèrent de  consolider  la  réputation  de  celle  can- 
tatrice, et  démontrèrent  que  je  ne  m'étais  pas 
trompé  lorsque  j'avais  jugé  qu'elle  ne  pouvait 
réussir  que  dans  des  ouvrages  écrits  pour  elle; 
car  elle  ne  fut  que  médiocre  dans  les  rôles  de 
l'ancien  répertoire.  Le  Lazzarone,  d'Halévy, 
et  Marie  Stuart,  de  Niedermeyer  (1844),  lui 
fournirent  aussi  des  occasions  de   mettre  en 
relief  ses  qualités  personnelles.  Dans  les  an- 
nées 1845  et  1846,  sa  voix  subit  de  notables 
altérations;  elle  ne  réussit  pas  dans  VEtoile 
de  Séville,  écrite  pour  elle  par  Balle;  et  le 
changement  d'administration  de  l'Opéra  l'obli- 
gea de  prendre  sa  retraite  en  1847;  car  elle 
avait  abusé  de  son  influence  sur  le  directeur 
auquel   on   venait  de  donner  un   successeur, 
pour  faire   écarter  de  ce  théâtre  les  artistes 
dont  le  talent  lui  donnait  de  l'ombrage,  tels 
que  Baroilhct  et  madame  Dorus,  voulant  quê- 
tons les  éléments  de  succès  fussent  concentrés 


STOLZ  —  STOLZER 


14T 


en  elle  seule.  Après  sa  retraite,  elle  voyagea 
pour  donner  des  représentations  dans  les  dé- 
partements de  la  France  et  à  l'étranger,  jusqu'à 
ce  que  la  perte  totale  de  son  organe  vocal  l'eût 
fait  enfin  disparaître  de  la  scène.  J'ignore  quel 
est  le  lieu  de  sa  retraite.  On  a  publié  :  1°  Ma- 
dame Rosine  Stolz  ;  souvenirs  biographiques 
et  anecdotiques,  par  M.  Julien  Lamer;  Paris, 
1847,  in-lG.  2°  Les  A dieux  de  madame  Stolz; 
sa  retraite  de  l'Opéra,  sa  vie  théâtrale,  ses 
concurrentes, son  intérieur ,etc.}  par  M.Can- 
tinjou;  Paris,  1847,  in-18. 

STOLZE  (Georges-Christophe),  né  le 
17  mars  1762,  à  Erfurt,  commença  son  éduca- 
tion à  l'école  Saint-Michel  de  cette  ville,  et  ap- 
prit fort,  jeune  à  jouer  de  l'orgue,  sous  la 
direction  de  Georges-Henri  Reichardt,  orga- 
niste de  l'église  des  Négociants.  Depuis  1770 
jusqu'en  178G,  il  fréquenta  le  gymnase  d'Er- 
furt,  et  dans  le  même  temps  il  remplit  les  fonc- 
tions d'organiste  à  Saint-Thomas.  Le  17  sep- 
tembre 1786,  il  fut  nommé  cantor  de  l'église 
Saint-Michel.  Il  employa  le  temps  que  lui  lais- 
saient les  fonctions  de  cette  place  à  écrire  des 
pièces  d'orgue  dans  le  style  de  son  maître  Rei- 
chardt. En  1794,  la  place  de  cantor  de  l'église 
des  Prédicateurs  lui  fut  donnée  et  dans  l'an- 
née suivante,  il  succéda  à  Georges-Pierre  Wei- 
mar  comme  directeur  de  musique  de  la  même 
église.  Il  conserva  cette  place  jusqu'en  1828, 
époque  où  il  obtint  sa  pension  de  retraite, 
après  trente-quatre  ans  de  service.  Il  mourut 
à  Erfurt,  le  "23  août  1830,  à  l'âge  de  soixante- 
huit  ans,  laissant  en  manuscrit  des  mélodies 
de  cantiques  et  des  pièces  d'orgue  qui  ont  été 
publiées  en  partie,  après  sa  mort,  par  son  se- 
cond fils. 

STOLZE  (Henri-Guillaume),  deuxième 
fils  du  précédent,  est  né  le  1er  janvier  1801,  à 
Erfurt.  L'excellent  organiste  Kiltel.  fut  son 
premier  maître  de  musique  et  de  piano,  mais 
le  jeune  Stolze  n'élaitâgé  que  de  huit  anslors- 
que  cet  homme  distingué  mourut.  Il  resta  dès 
lors  livré  à  ses  propres  efïbrts  pour  la  direc- 
tion de  ses  éludes.  Plus  tard,  il  reçut  des  le- 
çons du  directeur  de  musique  Gebhardi  pour 
l'orgue  et  la  composition,  puis  il  devint  élève 
de  Fischer,  successeur  de  Kiltel,  el  apprit  aussi 
à  jouer  du  violon.  Pendant  les  années  1814  à 
1821,  où  Stolze  fréquenta  le  collège  d'Erfurt, 
il  remplaça  souvent  son  maître  à  l'orgue  dans 
le  service  divin.  Le  19  juin  1824,  il  obtint  la 
place  d'organiste  à  Clauslhal,  dans  le  Harz,  et 
peu  de  temps  après  il  devint  organiste  de  la 
ville  et  du  château  de  Zelle,  professeur  du  col- 
lège et  de  l'école  des  jeunes  filles.  Il  y  orga- 


nisa une  société  de  chant  et  de  concerts  où  il 
lit  exécuter  les  symphonies  de  Mozart,  de 
Beethoven,  et  ses  propres  compositions  :  lui- 
même  s'y  fit  remarquer  par  son  talent  sur  le 
piano.  On  a  publié  de  cet  artiste  :  1°  Des  pe- 
tites pièces  de  piano,  à  deux  el  à  quatre  mains, 
avec  ou  sans  accompagnement,  à  Erfurl,  chez 
Andréa.  2°  Des  danses  pour  l'orchestre,  Wol- 
fenbultel,  chez  Hartmann.  3°  Des  fugues  pour 
l'orgue,  op.  3,  7  et  21 .4°  Trente  petites  pièces  fa- 
ciles pour  orgue,  op.  22. 5°  Le  livre  complet  des 
mélodies  chorales  pour  la  Thuringe  (Allgem. 
Choral  melodieenbuch,elc.).G°  Chants  à  quatre 
voix  d'hommes,  op.  11,  26  et  47.7°  Quatre 
Lieder  à  voix  seule  avec  piano,  op.  11.8°  In- 
troduction, variations  et  finale  pour  piano  à 
quatre  mains,  op.  27  et  28.  9°  Variations  pour 
violoncelle  et  piano,  op.  6.  10°  L'oratorio  Die 
Eroberung  Jerusalems  (la  Prise  de  Jérusa- 
lem), op.  40.  11°  Cent  Lieder  à  une,  deux, 
trois  et  quatre  voix  avec  piano,  op.  9,  divisé  en 
trois  parties  ;  ibid.  12°  Un  hymne  à  quatre  voix 
et  orchestre,  op.  3;  ibid.  13°  Des  cantates  et 
motels  avec  et  sans  accompagnement.  14°  Un 
livre  de  mélodies  chorales  pour  les  églises  du 
Hanovre,  en  trois  parties;  Hanovre,  Kruch- 
wifz.  Slolze  a  écrit  aussi  la  musique  de  l'opéra 
en  trois  actes  Claudine  de  Fillabella,  de 
Gœlhe. 

STOLZENBERG  (Christophe),  né  à 
Wertheim,  en  Saxe,  le  21  février  1690,  était 
âgé  de  près  de  vingt  ans  lorsqu'il  commença  à 
cultiver  la  musique  pour  en  faire  sa  profes- 
sion. En  1711,  il  fut  nommé  cantor  à  Sulz- 
bach,  et  deux  ans  après,  il  entra  au  collège  de 
Ratisbonne,  en  qualité  de  professeur  de  chant. 
En  1720,  il  avait  déjà  composé  trois  années 
complètes  de  musique  d'église,  des  canlates,  et 
des  concertos  pour  divers  instruments.  Il  vi- 
vait encore  à  Ratisbonne,  en  1741. 

STOLZER  (Thomas),  fut  un  des  musiciens 
allemands  les  plus  distingués  qui  vécurent  au 
commencement  du  seizième  siècle.  Il  naquit  à 
Schweidnilz,  en  Silésie,  vers  1490,  et  fut 
maître  de  chapelle  de  Louis  de  Hongrie,  qui 
monta  sur  le  trône  en  1516.  Slolzer  mourut  le 
29  août  1526.  Un  poète  de  la  Silésie  a  dit  de 
lui  : 

Stolcerus  vngulis  cerlans  Syrenibus  undas 
Occupât;  o  vestrum  turba  canora  decus: 

HermannFink  place  Stolzer  au  nombre  des 
musiciens  allemands  les  plus  remarquables  de 
son  temps.  On  trouve  des  morceaux  de  sa  com- 
position dans  les  recueils  qui  ont  pour  titres  : 
1°  Hundert  und  fiinfflzehen    guter   newer 

10. 


143 


STOLZER  —  STORCH 


Liedlein,  mitvier,  filnff,  sechs  Stimmen,  vor 
nie  im  truck  aussgangen,  deutsch,  frantzœ- 
sisch ,  tvelsch  und  lateinisch,  etc.  (Cent  quinze 
nouvelles  chansons  à  quatre,  cinq,  six  voix,  en 
allemand,  français,  flamand  et  latin,  non  pré- 
cédemment imprimées,  etc.);  Nuremberg, 
Jean  Otl,  1544,  in-4°.  2°  Novum  et  insigne 
opus  musiciim,  sex,  quinque  et  quatuor  vo- 
cum,  cujus  in  Ger mania  hactenus  nihil  si- 
miléusquamcst  editum,  etc.;  Noribergx  ,arte 
Hieronymi  Graphxi  etc.,  1557,  petit  in-4° 
oblong.  3°  Tomus  primas  Psalmorum  selec- 
torum  a  prxstantissimis  musicis  in  Har- 
monias  quatuor  aut  quinque  vocum  redac- 
torum;  Norimbergx,  apud  Joh.  Petreium, 
1538,  petit  in-4°obl.  4°  Tomus  secundustelc; 
ibid.,  1559.  5°  Symphonix  jucundx  atque 
adeo  brèves  quatuor  vocum;  Fitebergx,  1558, 
par  Georg.  Rhau.  6°  Fesperarum  precum 
officia,  psalmi  feriarum,  et  dominicalium 
dierum  totius  anni,  etc.;  Fitebergx,  1540, 
apud  G.  Rav  (sic).  7°  Sacrorum  hymnorum 
liber  primus.  Centum  et  tringinta  quatuor 
hymnos  continens,ex  optimisquibusqueau- 
thoribus  musicis  collectus  inter  quos  primi 
artifices  in  hac  xditione  sunt  Thomas  Stol- 
zer,  Henricus  Finch.  Arnoldus  de  Bruck,  et 
alii  quidam;  Fitebergx,  apud  Giorgium 
Rhav,  1542,  petit  in-4°  obi.  8°  Bicinia  gal- 
lica,  latina  et  germanica,  et  quxdam  fugx. 
Tomi  duo  ;  Fitebergx,  apud  G.  Rhav,  1543, 
petit  in -4°  obi. 

STOllACE  (Anne-Céline),  cantatrice  dis- 
tinguée, était  fille  d'un  contrebassiste  italien 
qui  s'était  fixé  en  Angleterre.  Elle  naquit  à 
Londres,  en  1761.  Son  père  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  musique,  puis  l'envoya  au 
Conservatoire  de  VOspedaletto,  à  Venise,  où 
elle  devint  élève  de  Sacchini  pour  le  chant. 
En  1780,  elle  débuta  au  théâtre  de  la  Pergola, 
à  Florence,  avec  un  brillant  succès.  L'année 
suivante,  elle  chanta  à  Parme,  et  dans  l'au- 
tomne de  1782,  elle  brilla  au  théâtre  de  la 
Scala,  à  Milan.  En  1784,  l'empereur  Jo- 
seph II  la  fit  engager  pour  le  théâtre  impérial 
de  Viennent  lui  assura  un  traitementde  mille 
ducats,  somme  considérable  pour  cette  époque. 
Après  le  carnaval  de  1787,  elle  quitta  Vienne, 
pour  aller  à  Venise,  et  de  là  à  Londres,  où 
elle  arriva  en  1788.  Elle  y  fut  bientôt  mise  au 
rang  des  premières  cantatrices  de  l'époque. 
Elle  chanta  avec  un  prodigieux  succès  au  fes- 
tival de  la  commémoration  de  Hsendel,  en 
1790,  puis  elle  s'engagea  au  théâtre  de  Drury- 
Lane.  Elle  ne  quitta  ce  théâtre  qu'après  la 
niort  de  son  frère,  en  1796.  Alors  clic  retourna 


en  Italie,  chanta  aux  théâtres  du  Turin  et  de 
Milan  dans  les  années  1798  et  1799,  et,  enfin, 
elle  se  retira,  en  1801,  dans  une  maison  de 
campagne  près  de  Londres,  où  elle  mourut 
en  1814. 

STOUACE  (Etienne),  frère  de  la  canta- 
trice de  ce  nom,  naquit  à  Londres,  en  1765. 
Son  père  lui  donna  les  premières  leçons  de  mu- 
sique et  lui  fit  faire  de  si  rapides  progrès,  qu'à 
l'âge  deonze  ans,  Storaceexécutait  avec  beau- 
coup de  correction  les  ouvrages  les  plus  diffi- 
ciles de  Tartini.  Vers  cette  époque,  son  père 
l'envoya  en  Italie,  où  il  étudia  le  clavecin,  le 
violon  et  le  contrepoint.  Il  s'y  lia  d'amitié 
avec  le  chanteur  Kelly,  qui,  plus  lard,  lui  fut 
utile  en  Angleterre.  De  retour  dans  ce  pays, 
Slorace  alla  d'abord  s'établir  à  Bath  ;  mais  n'y 
ayant  pas  trouvé  plus  d'occasions  qu'à  Lon- 
dres d'y  faire  usage  de  ses  talents  en  musique, 
il  fut  obligé  d'avoir  recours  à  la  peinture  de 
portraits,  où  il  avait  quelque  habileté.  Enfin, 
Kelly  lui  procura  un  engagement  au  théâtre 
de  Drury-Lane,  comme  compositeur.  Son  pre- 
mier ouvrage  fut  un  brillant  début  qui  lui  fit 
obtenir  des  éditeurs  de  musique  un  prix  beau- 
coup plus  élevé  pour  les  morceaux  de  ses  opé- 
ras que  celui  qu'on  avait  accordé  précédem- 
ment. Ses  ouvrages  se  succédaient  avec  rapidité, 
et  sa  réputation  commençait  à  s'étendre,  lors- 
qu'une goutte  remontée  lui  donna  la  mort  à 
l'âge  de  trente-trois  ans,  dans  le  mois  de  mars 
1796.  Il  avait  épousé  la  fille  du  célèbre  gra- 
veur Hull,  et  en  avait  eu  plusieurs  enfants. 
Storace  était  un  compositeur  fécond  en  idées 
originales,  et  traitait  particulièrement  avec 
un  rare  talent  les  morceaux  d'ensemble  et  les 
finales  de  ses  opéras.  Voici  la  liste  de  ceux 
qu'il  a  fait  repréienter  au  théâtre  de  Drury- 
Lane,  à  Londres  :  1°  Le  Docteur  et  l'Apothi- 
caire, en  1788.  2°  Haunted  toicer  (la  Tour 
enchantée),  opéra-comique,  en  1789.  3°  No 
song,  no  supper  (Point  de  chanson,  point  de 
souper),  1790.  4°  Le  Siège  de  Belgrade, 
opéra-comiqne,  1791.  5°  L'Antre  de  Tro- 
phonius,  farce,  1791.6°  Les  Pirates,  opéra 
semi-seria,  1792.  7°  Didon,  opéra  sérieux  en 
trois  actes,  1792.  8"  The  Prize  (le  Prix), 
intermède,  1795.  9°  Le  premier  de  juin, 
idem,  1794.  10"  Cherokee,  opéra-comique, 
1794.  11°  Lodoïska,  opéra-romantique,  1794. 
12°  My  Grand-Mother  (Ma  Grand'Mère), 
farce,  1795.  15"  Mahmoud,  opéra,  1796. 
14"  The  iron  Chesl  (le  Coffre  de  Fer),  1796. 

STORCH  (Antoine-M.),  compositeur  et 
corniste,  fut  d'abord  membre  de  l'orchestre  à 
Posen  (1830-1856),  puisse  rendit  à  Vienne,  où 


STORCH  —  STRADELLA 


149 


il  devint  directeur  de  musique  d'une  société 
de  chant  d'hommes.  En  1845,  il  fut  nommé 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  la  Porte  de  Ca- 
rinlhie.  Cet  artiste  s'est  distingué  par  l'origi- 
nalitédeses  chants  pour  des  chœurs  d'hommes; 
ses  principaux  ouvrages  pour  le  chant  sont: 
1°  Bas  Vœgelein  (le  Petit  Oiseau),  poème  à 
voix  seule  avec  piano,  cor  ou  violoncelle; 
Vienne,  Witzendorf.  2°  La  Nonne,  ballade  à 
voix  seule  avec  piano,  op.  11  ;  ibid.  3°  Chants 
populaires  de  la  Basse-Autriche,  idem,  op. 12; 
ibid .4°  Die Karthause  (la  Chartreuse),  poème 
à  4  voix  d'hommes  (solo  et  chœur),  avec  quatre 
cors  ad  libitum,  op.  15;  Vienne,  Mechetti. 
5°  Kriegers  ffeimkehr  (Retour  du  Guerrier), 
poème  pour  deux  ténors  et  trois  basses  (quin- 
tette et  chœur),  op.  18;  Vienne,  Haslinger. 
6°  Griln  (la  Verdure),  chant  à  quatre  voix 
d'hommes  avec  quatre  cors,  op.  19;  ibid. 
7°  Morgengriisse  (Salut  du  matin),  chant  pour 
quatre  voix  d'hommes  seules,  op.  20;  ibid. 
8°  Leben  und  Lied  (Vie  et  Chant),  double 
chœur  à  huit  voix,  op.  21  ;  Vienne,  Glœggl. 
9°  For  der  Schlaclit  (\\anl  la  Bataille),  chant 
pour  des  voix  d'hommes,  op.  22;  ibid.  10°  Chan- 
son à  boire  pour  quatre  voix  d'hommes, 
op.  27;  Vienne,  Muller.  11°  Après  la  Bataille, 
poème  pour  des  voix  d'hommes  ;  Vienne,  Wit- 
zendorf. 12°  Chant  de  Bohémiens  pour  quatre 
basses  et  quatre  cors  ;  Vienne,  Millier.  1o°  Of- 
fertoire {Ave  Regina),  pour  quatre  voix 
d'hommes;  Vienne,  Mechetti.  14°  Miserere 
mei  Beus,  idem;  ibid.  15°  Tantum  ergo, 
idem;  Vienne,  Mliller.  Les  biographes  alle- 
mands ne  fournissent  aucun  renseignement 
sur  cet  artiste,  et  ne  le  mentionnent  même 
pas. 

STORIONI  (Laurent)  fut  le  dernier 
luthier  de  quelque  mérite  qui  travailla  à  Cré- 
mone, et  succéda  aux  Guarneri.  Il  naquit  dans 
cette  ville,  en  1751,  et  commença  à  travailler 
sous  son  nom,  en  1776,  car  on  connaît  des 
violons  de  lui  qui  portent  celte  date.  Il  est  vrai- 
semblable qu'il  mourut  dans  un  âge  peu 
avancé,  car  ses  derniers  produits  ne  dépassent 
pas  1795.  Les  violons  et  les  basses  de  Slorioni 
sont  des  imitations  des  instruments  de  Stra- 
divari;  mais  les  proportions  ne  sont  pas  tou- 
jours exactement  observées.  Cependant,  on 
connaît  de  lui  desviolons  qui  ne  manquent  pas 
de  qualité.  Leur  prix  est  celui  des  instruments 
italiens  de  troisième  ordre.  Ses  violoncelles 
surtout  se  font  remarquer  par  le  volume  du 
son. 

STRADELLA  (Alexandre),  célèbre  com- 
positeur et  chanteur,  naquit  à  Naples,  vers 


1645.  Aucun  renseignement  n'est  parvenu  jus- 
qu'à nous  surla  direction  de  ses  études,  le  nom 
de  ses  maîtres,  et  vraisemblablement  la  lou- 
chante histoire  de  ses  malheurs  serait  main- 
tenant ignorée,  malgré  la  réputation  qu'il  se 
fit  par  ses  talents,  si  le  médecin  Bourdelot,  son 
contemporain,  ne  nous  l'avait  transmise  dans 
les  mémoires  manuscrits  qui  ont  servi  de  base 
à  l'informe  histoire  de  la  musique  écrite  par 
son  neveu  Bonnet.  Burney  pense  que  Bourde- 
lot s'est  trompé  en  disant,  au  commencement 
de  cette  histoire,  que  la  république  de  Venise 
avait  invité  Slradella  à  écrire  pour  les  théâtres, 
de  celle  ville,  parce  qu'aucune  pièce  de  sa 
composition  ne  parait  dans  le  Catalogue  des 
opéras  représentés  à  Venise  dans  le  dix-sep- 
tième siècle;  toutefois,  il  serait  possible  qu'il 
eût  élé  engagé  pour  quelque  ouvrage  de  ce 
genre,  et  que  l'aventure  qui  le  fit  s'éloigner 
précipitamment  de  Venise  ne  lui  eût  pas  per- 
mis de  l'achever  et  de  le  faire  représenler. 
Quoi  qu'il  en  soil,  voici  comment  Bourdelot 
rapporte  celle  aventure,  et  la  fin  malheureuse 
de  Stradella(l)  : 

«  Un  nommé  Stradel  (2),  fameux  musicien 
»  qui  était  à  Venise  gagé  par  la  république, 
»  pour  composer  la  musique  des  opéras,  qui  y 
»  sont  si  considérables  pendant  le  cours  du 
»  carnaval,  ne  charmait  pas  moins  par  sa  voix 
»  que  par  sa  composition.  Un  noble  vénitien, 
»  nommé  Pig...  (5),  avait  une  maîtresse  qui 
y>  chantait  assez  proprement;  il  voulut  que  ce 
»  musicien  lui  donnât  la  perfection  du  chant 
«  et  allât  lui  montrer  chez  elle,  ce  qui  est  assez 
»  contraire  aux  mœurs  des  Vénitiens  dont  la 
»  jalousie  est'à  l'excès;  après  quelques  mois 
»  de  leçons,  l'écolière  et  le  maître  se  trouvè- 
»  rent  avoir  tant  de  sympathie  l'un  pour 
»  l'autre,  qu'ils  résolurent  de  s'en  aller  en- 
»  semble  à  Rome,  quand  ils  en  trouveraient 
.»  l'occasion,  qui  n'arriva  que  trop  tôt  pour 
»  leur  malheur  ;  ils  s'embarquèrent  une  belle 
»  nuit  pour  Rome.  Cette  évasion  mitaudéses- 
»  poir  le  noble  vénitien,  qui  résolut,  à  quel- 
»  que  prix  que  ce  fût,  de  s'en  venger  par  la 
«  mort  de  l'un  et  de  l'autre;  il  envoya  aussi- 
»  tôt  chercher  deux  des  plus  célèbres  assassins 
»  qui  fussent  alors  dans  Venise,  avec  lesquels 
«>  il  convint  d'une  somme  de  trois  cents  pis- 
»  tôles  pour  aller  assassiner  Stradel  et  sa  maî- 
n  tresse,  et  promit  encore  de  les  rembourser 
«  des  frais  du  voyage,  et  leur  donna  la  moitié 

(1)  Histoire  de  la  musique  et  de  ses  effets  (Paris,  1715, 
p.  59  et  suiv. 

(2)  C'est  ainsi  que  Bourdelot  appelle  Slrudella. 

(3)  Pignaver? 


150 


STRÀDELLA 


»  «l'avance,  avec  un  mémoire  instructif  pour 
»  l'exécution  du  meurtre.  Ils  prirent  le  chemin 
»  de  Naples,  où  étant  arrivés,  ils  apprirent 
»  que  Stradel  était  à  Rome  avec  sa  maîtresse, 
»  qui  passait  poursa  femme;  ils  en  donnèrent 
»  avis  au  noble  vénitien,  et  lui  mandèrent 
»  qu'ils  ne  manqueraient  pas  leur  coup,  s'ils 
»  le  trouvaient  encore  à  Rome,  et  le  prièrent 
»  de  leur  envoyer  des  lettres  de  recommanda- 
»  lion  pour  l'ambassadeur  de  Venise  à  Rome, 
»  afin  d'être  surs  d'un  asile.  Étant  arrivés, 
»  ils  prirent  langue,  et  surent  que  le  lende- 
»  main  Stradel  devait  donner  un  opéra  spiri- 
»  tuel  dans  Saint-Jean  de  Latran,  à  cinq 
«  heures  du  soir,  que  les  Italiens  appellent 
»  oratorio,  où  les  assassins  ne  manquèrent 
»  pas  de  se  rendre,  dans  l'espérance  défaire 
»  leur  coup,  quand  Stradel  s'en  retournerait 
>)  le  soir  chez  lui  avec  sa  maltresse;  mais  l'ap- 
«  probalion  que  tout  le  peuple  fit  du  concert 
•»  de  ce  grand  musicien,  jointe  à  l'impression 
■»  que  la  beauté  de  sa  musique  fit  dans  le 
«  coeur  de  ces  assassins,  changea  comme  par 
«  miracle  leur  fureur  en  pitié,  et  tous  deux 
»  convinrent  que  c'était  dommage  d'ôter  la 
«  vie  à  un  homme  dont  le  beau  génie  pour  la 
»  musique  faisait  l'admiration  de  toute  l'Italie; 
»  de  sorte  que  frappés  d'un  même  esprit,  ils 
»  résolurent  de  lui  sauver  la  vie  plutôt  que  de 
»  la  lui  ôter;  ils  l'attendirent  en  sortant  de 
»  l'église,  et  lui  firent  dans  la  rue  un  compli- 
»  ment  sur  son  oratorio,  et  lui  avouèrent  le 
»  dessein  qu'ils  avaient  eu  de  le  poignarder 
»  avec  sa  maîtresse  pour  venger  Pig...,  noble 
»  vénitien,  du  rapt  qu'il  lui  avait  fait;  mais 
»  que  touchés  des  charmes  de  sa  musique,  ils 
»  avaient  changé  de  résolution,  et  lui  conseil- 
»  lèrent  de  partir  dès  le  lendemain  pour  trou- 
»  ver  un  lieu  de  sûreté;  et  qu'ils  allaient  man- 
ii  der  à  Pig...  qu'il  était  parti  de  Rome  la 
■n  veille  qu'ils  étaient  arrivés,  afin  de  n'être 
»  pas  soupçonnés  de  négligence.  Stradel  ne  se 
«  le  fit  pas  dire  deux  fois,  il  partit  pour  Turin 
«  avec  sa  maîtresse.  Madame  Royale  d'aujour- 
»  d'hui  était  pour  lors  régente;  ces  assassins 
«  retournèrent  à  Venise  et  persuadèrent  au 
»  noble  vénitien  que  Stradel  était  parti  de 
»  Rome,  comme  ils  l'avaient  mandé,  pour  s'en 
»  aller  à  Turin,  où  il  est  bien  plus  difficile  de 
»  faire  un  meurtre  d'importance  que  dans  les 
«  autres  villes  d'Italie,  à  cause  de  la  garnison 
»  et  de  la  sévérité  de  la  justice,  qui  n'a  pas 
»  tant  d'égard  aux  asiles  qui  servent  de  refuge 
•i  aux  assassins,  si  ce  n'est  chez  les  ambassa- 
■■>  (leurs  ;  mais  Stradel  n'en  fut  pas  quille,  car 
*  le  noble  vénitien  songea  aux  moyens  d'exé- 


«  enter  sa  vengeance  à  Turin,  et  pour  en  être 
>>  plus  sur,  il  y  engagea  le  père  de  sa  mai- 
»  tresse,  lequel  partit  de  Venise  avec  deux 
»  autres  assassins  pour  aller  poignarder  sa 
»  fille  et  Stradel  à  Turin,  ayant  des  lettres  de 
»  recommandation  de  M.  l'abbé  d'Estrade, 
»  pour  lors  ambassadeur  de  France  à  Venise, 
»  adressées  à  M.  le  marquis  de  Villars  aussi 
»  ambassadeur  de  France  à  Turin.  M.  l'abbé 
»  d'Estrade  lui  demandait  sa  protection  pour 
»  trois  négociants  qui  devaient  faire  quelque 
a  séjour  à  Turin,  qui  étaient  ces  assassins, 
»  lesquels  faisaient  régulièrement  leur  cour  à 
»  M.  l'ambasseur,  en  attendant  l'occasion  de 
»  pouvoir  exécuter  leur  dessein  avec  sûreté  ; 
»  mais  madame  la  duchesse  Royale,  ayant  ap- 
»  pris  le  sujet  de  l'évasion  de  Slradel ,  (it 
»  mettre  sa  maîtresse  dans  un  couvent,  con- 
»  naissant  bien  l'humeur  des  Vénitiens  qui  ne 
»  pardonnent  jamais  une  pareille  injure,  et  se 
»  servit  du  musicien  pour  sa  musique,  lequel 
»  s'allant  promener  un  jour  à  six  heures  du 
»  soir  sur  les  remparts  de  la  ville  de  Turin,  il 
»  y  fut  attaqué  par  ces  trois  assassins,  qui  lui 
»  donnèrent  chacun  un  coup  de  stylet  dans  la 
»  poitrine,  else  sauvèrent  chez  l'ambassadeur 
»  de  France,  comme  un  asile  certain  pour 
>j  eux;  l'action,  vue  de  bien  des  gens  qui  se 
»  promenaient  aussi  sur  les  remparts,  causa 
»  d'abord  un  si  grand  bruit  que  les  portes  de 
»  la  ville  furent  fermées  aussitôt;  la  nouvelle 
»  en  étant  venue  à  Madame  Royale,  elle  or- 
»  donna  la  perquisition  des  assassins;  on  sut 
»  qu'ils  étaient  chez  M.  l'ambassadeur  de 
»  France,  auquel  elle  envoya  les  demander; 
»  mais  il  s'excusa  de  les  rendre  sans  ordre  de 
»  la  cour,  attendu  les  privilèges  des  hôtels  des 
»  ambassadeurs  pour  les  asiles.  Cette  affaire 
»  fit  grand  bruit  par  toute  l'Italie.  M.  de  Vil- 
»  lars  voulut  savoir  la  cause  de  l'assassinat, 
»  par  ces  meurtriers,  qui  lui  déclarèrent  le 
»  fait;  il  en  écrivit  à  M.  l'abbé  d'Estrade,  qui 
»  lui  manda  qu'il  avait  été  surpris  par  Pig..., 
»  l'un  des  plus  puissants  nobles  de  Venise; 
»  mais  comme  Slradel  ne  mourut  pas  de  ses 
»  blessures,  M.  de  Villars  fit  évader  les  assas- 
»  sins,  dont  le  père  de  la  maîtresse  du  noble 
»  vénitien  était  le  chef,  laquelle  il  aurait  poi- 
»  gnardée,  s'il  en  avait  trouvé  l'occasion. 

»  Mais  comme  les  Vénitiens  sont  irréconci- 
»  liables  pour  une  trahison  amoureuse,  Stra- 
»  del  n'échappa  pas  à  la  vengeance  de  son 
»  ennemi,  qui  laissa  toujours  des  espions  à 
»  Turin,  pour  suivre  sa  marche;  de  sorte 
»  qu'un  an  après  sa  guérison,  il  voulut  par 
»  curiosité  aller  voir  Gênes  avec  sa  maîtresse, 


STRADELLA 


ir>i 


»  qu'il  appelait  Orlensia,  que  Madame  Royale 
»  lui  avait  fait  épouser  dans  sa  convales- 
»  cence  ;  mais  dès  le  lendemain  qu'ils  y 
»  furent  arrivés,  ils  furent  assassinés  dans 
«  leur  chambre,  et  les  assassins  se  sauvèrent 
»  sur  une  barque  qui  les  attendait  dans  le 
»  port  de  Gènes,  de  sorte  qu'il  n'en  fut  plus 
»  parlé  depuis.  Ainsi  périt  le  plus  excellent 
»  musicien  de  toute  l'Italie,  environ  l'an 
»  1670.  » 

Les  circonstances  de  cette  aventure  sont 
trop  bien  détaillées,  et  appuyées  par  des  noms 
qui  étaient  trop  connus  lorsque  Bourdelot 
'écrivait,  pour  qu'on  n'accorde  pas  une  en- 
tière confiance  à  son  récit.  Mort  en  1685,  ce 
médecin  a  été  en  quelque  sorte  le  témoin  du 
fait  qu'il  rapporte.  D'ailleurs,  à  cette  époque, 
si  ce  fait  n'avait  été  notoire,  l'écrivain  n'au- 
rait osé  compromedre  le  nom  d'une  princesse 
qui  vivait  encore  à  la  cour  de  France,  et  ceux 
<le  deux  ambassadeurs.  Bourdelot  ne  s'est 
trompé  que  sur  la  date  de  la  mortde  Stradella, 
en  la  plaçant  vers  1G70;  mais  la  pre,uvemême 
de  son  erreur  à  cet  égard  garantit  son  exacti- 
tude dans  le  reste. Celte  preuve  se  trouve  dans 
le  livret  d'un  opéra  intitulé  :  La  Forza  deW 
amor  paterno,  imprimé  à  Gênes,  en  1678. 
A  la  fin  de  l'avertissement  de  l'éditeur  de  celte 
pièce,  on  lit  ces  mots  :  Bastando  il  dirti, 
cite  il  concerto  di  si  perfctla  melodia  sia  va- 
lore  d'un  Alessandro,  cioè  del  Signor  Stra- 
della, riconosciuto  senza  contrasto  per  il 
primo  Apollo  délia  musica  (Il  suffit  de  te 
dire  que  le  concert  d'une  mélodie  si  parfaite 
est  l'œuvre  d'un  Alexandre,  c'est-à-dire  de 
M.  Stradella,  reconnu sanscontestalion  comme 
le  premier  Apollon  de  la  musique).  Celle  cir- 
constance explique  le  séjour  de  Stradella  à 
Gênes  :  il  était  allé  y  écrire  un  opéra  ;  et  c'est 
après  la  représentation  de  cet  ouvrage  qu'il 
fut  assassiné,  mais  il  est  à  peu  près  impossible 
dédire  avec  précision  en  quelle  année;  on  sait 
seulement,  par  la  date  d'un  de  ses  ouvrages, 
que  Stradella  vivait  en  1681 .  Cette  production 
est  l'oratorio  de  Susanna,  en  deux  parties, 
pour  cinq  voix,  chœur,  violons  et  basse,  dédié 
à  François  II,  duc  de  Modène,  le  16  avril  1681. 
L'oratorio  que  ce  grand  artiste  avait  écrit  pré- 
cédemment à  Rome  coïncide  aussi  avec  le  ré- 
cit de  Bourdelot,  car  il  ne  précéda  que  de  deux 
ans  l'opéra  de  Gênes.  Cet  oratorio  est  intitulé  : 
Oratorio  di  S.  Giov.  Battista  a  5  voci  con 
slromenti  deW  Alessandro  Stradella.  Bur- 
ney,qui  en  possédait  la  partition  manuscrite, 
adjugée*  à  la  venle  de  sa  Bibliothèque  pour 
trois  guinées,  dit  que  cet  ouvrage  est  daté  de 


Borne,  en  1676.  L'aventure  de  Borne  se  passa 
dans  cette  année.  Un  charmant  duo  de  cet 
oratorio  a  été  publié  par  le  P.  Martini  dans  le 
deuxième  volume  de  son  Esemplare  di  con- 
trappunto  fugato  (p.  17  et  suiv.).  Ce  mor- 
ceau se  trouve  aussi  dans  le  quatrième  volume 
de  VJ/isloire  générale  de  la  musique,  par 
Burney  (p.  118). 

Les  copies  des  compositions  de  Stradella 
sont  rares,  parce  qu'on  n'imprimait  plus  de 
musique  en  Italie  à  l'époque  où  il  écrivit;  la 
bibliothèque  ducale  de  Modène  en  possède  tou- 
tefois un  grand  nombre  qui,  la  plupart,  ont  été 
composés  pour  la  cour  de  Ferrare,  et  parmi 
lesquels  on  remarque  les  opéras  intitulés  : 
Corispero;  Orazio  Code  sul ponte;  Trespolo 
tutore;  Diante,  drame  dont  une  partie  était 
déclamée  en  prose,  et  dont  le  reste  était  en 
musique.  Ces  renseignements  sont  donnés  par 
Giambatisla  Dali'  Olio,  dans  les  notes  de  son 
poëme  de  la  Musica  (page  65). 

La  Bibliothèque  du  Conservatoire  de  Naples 
renferme  un  recueil  des  cantates  de  Stradella. 
L'abbé  Santini  a  quelques-uns  de  ses  ma- 
drigaux à  cinq  voix;  j'en  possède  d'autres, 
ainsi  qu'un  air  d'église  admirable  pour  voix 
de  ténor,  avec  deux  viole  da  braccio,  viola 
di  gamba,  et  violone,  que  j'ai  fait  exécu- 
ter dans  mes  concerts  historiques.  La  Bi- 
bliothèque de  Saint-Marc,  de  Venise,  ren- 
ferme un  recueil  de  vingt  et  une  cantates 
du  même  compositeur,  dont  six  ont  été  exécu- 
tées et  publiées  à  Paris,  sous  ce  titre  :  Canti  a 
voce  sola  deW  insigne  A.  Stradella  legati 
alla  bibliotbeca  {sic)  San  Marco  di  f  enezia 
dalla  nobile  famiglia  Contarini.  Accompa- 
gnamenlo  di  piano  da  F.  Halevy.  Paris,  Léon 
|  Escudier.  On  trouveà  la  Bibliothèque  impériale 
de  Paris,  dans  un  recueil  in-4°obl.  (VmU20), 
deux  duetti  pour  soprano  et  basse,  et  un  autre 
duo  dans  le  recueil  in  4°  (Vm  1 175).  La  Biblio- 
thèque du  Conservatoire  de  Paris  possède  aussi 
quelques  morceaux  de  ce  musicien ,  sous  les 
nos  4356  et  4337,  et  l'on  en  trouve  d'autres  au 
Musée  britannique  de  Londres,  cod.  1265, 
1272,  1273,  et  dans  la  Bibliothèque  d'Oxford. 
M.  Angelo  Catelani  de  Modène  (voyez  ce  nom), 
prépare  une  monographie  de  Stradella  qui  ne 
[teut  manquer  d'offrir  un  grand  intérêt,  car  on 
connaît  l'exactitude  et  les  soins  intelligents  de 
ce  savant.  M.  Bichard,  employé  de  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paris,  en  a  écrilune  autre, 
d'après  une  correspondance  authentique  de 
l'ambassadeur  de  France,  à  Turin,  concernant 
l'assassinat  du  célèbre  musicien,  dont  il  a  fait 
la  découverte. 


152 


STRADIVARI 


STRADIVARI    (Antoine),    en    latin 
STRADIVARIUS  (1),  le  plus  célèbre  des 
anciens  luthiers  italiens,  naquit  à  Crémone. 
L'excelleDt  luthier  M.  Vuilliaume,  qui  a  fait 
plusieurs  voyages  en  Italie  pour  réunir  des 
documents  authentiques  concernant  cet  habile 
artiste,  et  n'a  épargné  ni  dépense  ni  soins 
pour  atteindre  son  but,  n'a  pu  découvrir  la 
date  de  sa  naissance,  parce  qu'après  la  sup- 
pression  de   plusieurs  églises   de   Crémone, 
leurs  archives  paraissent  avoir  été  soustraites, 
cachées,  et  peut-être  anéanties.  Heureusement, 
un  monument  est  resté,  qui  dissipe  les  doutes 
sur  l'année  où  est  né  le  luthier  célèbre.  Dans 
les  notes  de  Carlo  Carli,  banquier  à  Milan, 
s'est  trouvé  un  inventaire  des  instruments  qui 
appartenaient  au  comte  de  Salabue,  et  dont  il 
était  dépositaire.  On  y  voit  figurer  un  violon  de 
Stradivarius  qui  porte  intérieurement  une  éti- 
quette écrite  de  la  main  de  l'auteur  lui-même, 
et   dans   laquelle  on  lit  son   nom,   son   âge 
(quatre-vingt-douze  ans),  et  la  date  1756.  Stra- 
divarius était  donc  néen  1644.Élèvede  Nicolas 
Amati,  il  fabriqua  dès  1667,  c'est-à  dire  à  l'âge 
de  vingt-trois  ans,  quelques  violons  qui  n'é- 
taient que  la  reproduction  exacte  des  formes  de 
son  maître,  et  dans  lesquels  il  plaçait  l'étiquette 
de  Nicolas.  Ce  ne  fut  qu'en  1670  qu'il  com- 
mença à  signer  ses  instruments  de  son  propre 
nom.  Dans  les  vingt  années  qui  s'écoulèrent 
jusqu'en   1690,  il   produisit  peu.   On   serait 
tenté  de  croire  que  l'artiste  était  alors  plus 
occupé  d'essais  et  de  méditations  sur  son  art 
que  de  travaux  au  point  de  vue  du  commerce. 
1690  est  une  époque  de  transition  dans  le  tra- 
vail d'Antoine  Stradivari.    C'est   alors   qu'il 
commença  à  donner  plus  d'ampleur  à  son  mo- 
dèle, à  perfectionner  les  voûtes,  et  qu'il  déter- 
mina les  épaisseurs  d'une  manière  plus  rigou- 
reuse. Son  vernis  est  plus  coloré;  en  un  mot, 
ses  produits  ont  pris  un  autre  aspect  ;  cepen- 
dant on  y  retrouve  encore  des  traditions  de 
l'école  de  Nicolas  Amati.  Les  luthiers  de  l'épo- 
que actuelle   les  désignent  sous  le  nom  de 
Stradivarius  amatisé.  En  1700,  l'artiste  est 
parvenu  à  sa  cinquante-sixième  année.  Son 
talent  est  alors  dans  toute  sa  force,  et  depuis 
cette  époque  jusqu'en  1725,  les  instruments 
qui  sortent  de  ses  mains  sont  autant  d'oeuvres 
parfaites.  II  ne  tâtonne  plus  :  certain  de  ce 

(I)  Cette  notice  est  extraite  de  mon  livre  intitulé: 
Antoine  Stradivari,  luthier  célèbre,  connu  sous  le  nom  de 
Stradivarius,  précédé  de  recherches  historiques  et  critiques 
sur  l'origine  et  les  transformations  des  instruments  à  ar- 
chet, etc.;  Paris,  Vuilliaume,  luthier,  rue  de  Nemours, 
n°3,aux  Tlicrnes,  1836, 1  vol.  grand  in-8". 


qu'il  fait,  il  porte  dans  les  moindres  détails  le 
fini  le  plus    précieux.  Son  modèle  a  toute 
l'ampleur  désirable  ;  il  en  dessine  les  contours 
avec  un  goût,  une  pureté  qui,  depuis  un  siècle 
et  demi, excitent  l'admiration  des  connaisseurs. 
Le  bois,  choisi  avec  le  discernement  le  plus 
fin,  réunit  à  la  richesse  des  nuances  toutes  les 
conditions  de  sonorité.  Pour  le  fond,  comme 
pour  les  éclisses,  il  change  alors  les  disposi- 
tions, le  place  sur  maille,  et  non  plus  sur 
couche.  Les  voûtes  de  ses  instruments,  sans 
être    trop    élevées,    s'abaissent    en    courbes 
adoucies  et  régulières  qui  leur  laissent  toute  la 
flexibilité  nécessaire.  Les  ouïes,  coupées  de 
main  de  maitre,  deviennent  des  modèles  pour 
tousses  successeurs.  La  volute,  qui  a  pris  un 
caractère  plus  sévère,  est  sculptée  dans  une 
grande  perfection.  Les  beaux  tons  chouds  du 
vernis  de  Stradivarius  datent  de  cette  époque  : 
la  pâte  en  est  fine  et  d'une  grande  souplesse. 
A  l'intérieur  de  l'instrument,  le  travail  de 
l'artiste  n'offre  pas  moins  de  perfection  :  tout 
y  est  fait  avec  le  plus  grand  soin.  Les  épais- 
seurs sont  fixées  d'une  manière  rationnelle  et 
se  font  remarquer  par  une  précision  qui  n'a 
pu  être  atteinte  que  par  de  longues  études.  Le 
fond,  la  table  et  toutes  les  parties  qui  compo- 
sent l'instrument  sont  dans  un  rapport  par- 
fait d'harmonie.  Ce  furent  sans  doute  aussi  des 
essais    réitérés  et  des  observations  persévé- 
rantes qui  le  conduisirent  à  faire,  dans  toute 
cette  période  de  sa  carrière  productive,  les  tas- 
seaux et  les  éclisses  de  ses  violons  en  bois  de 
saule,  dont  la  légèreté  spécifiquesurpasse  celle 
de  tous  les  autres  bois.  Au  résumé,  tout  a  été 
prévu,  calculé,  déterminé  d'une  manière  cer- 
taine  dans  ces   instruments  admirables.  La 
barre  seule  est  trop  faible,  par  suite  de  l'élé- 
vation progressive  du  diapason,  depuis  le  com- 
mencement du  dix-huitième  siècle,  laquelle  a 
eu  pour  résultat  inévitable  une  augmentation 
considérable  de  tension, et  une  pression  beau- 
coup plus  grande  exercée  sur  la  table.  De  là 
est  venue  la  nécessité  de  rebarrer  tous  les  an- 
ciens violons  et  violoncelles. 

A  la  même  époque  où  Stradivari  était  par- 
venu à  la  perfection  dont  il  vient  d'être  parlé, 
et  lorsqu'il  travaillait  avec  la  certitude  des  ré- 
sultats, il  s'est  quelquefois  écarté  de  son  type 
définitif  pour  satisfaire  des  fantaisies  d'artistes 
ou  d'amateurs.  C'est  ainsi  qu'il  a  fait  des  vio- 
lons d'un  patron  plus  allongé  :  leur  aspect  a 
moins  de  grâce,  mais  les  mêmes  soins  ont  pré- 
sidé à  leur  confection  :  tout  y  est  proportionné 
à  cette  modification  de  la  forme  polir  main- 
tenir l'équilibre  dans  les  vibrations.  Dansées 


STRADIVARI 


153 


instruments,  comme  dans  d'autres,  sortis  des 
mains  de  l'artiste  à  cette  période  de  sa  vie,  la 
sonorité  a  celte  puissance  noble,  ce  brillant, 
cette  distinction  qui  ont  assuré  partout  la 
grande  renommée  de  Stradivarius.  Les  instru- 
ments produits  par  lui  de  1725  à  1750  ont  en- 
core de  la  qualité;  toutefois,  le  travail  n'a  pas 
la  même  perfeotion.  Les  voûtes  sont  un  peu 
plus  arrondies,  d'où  résulte  un  peu  moins  de 
clarté  dans  le  son;  la  délicatesse  et  le  fini  du 
travail  s'altèrent  progressivement;  le  vernis 
est  plus  brun.  La  fabrication  paraît  aussi  se 
ralentir;  car  on  rencontre  moinsd'instruments 
de  cette  époque  que  de  la  précédente,  propor- 
tion gardée.  En  1730,  et  même  un  peu  avant, 
le  cachet  du  maître  disparaît  presque  complè- 
tement. Un  œil  exercé  reconnaît  que  les  in- 
struments ont  été  faits  par  des  mains  moins 
habiles.  Lui-même  en  désigne  plusieurs 
comme  ayant  été  faits  simplement  sous  sa  di- 
rection :  sub  disciplina  Stradivarii.  Dans 
d'autres,  on  reconnaît  la  main  de  Charles  Ber- 
gonzi  et  des  fils  de  Slradivari,  Omobono  et 
Francesco.  Après  la  mort  de  cet  homme  cé- 
lèbre, beaucoup  d'instruments  non  terminés 
existaient  dans  son  atelier;  ils  furent  achevés 
par  ses  fils.  La  plupart  portent  son  nom  dans 
l'étiquette  imprimée  :  de  là  résultent  l'incer- 
titude et  la  confusion  à  l'égard  des  produits 
des  derniers  temps. 

Slradivari  n'a  fait  qu'un  petit  nombre 
d'altos  :  tous  sont  de  grand  format.  Leur  qua- 
lité de  son,  pénétrante,  noble,  sympathique, 
est  de  la  plus  grande  beauté.  Les  violoncelles 
sortis  de  ses  mains  sont  en  plus  grande  quan- 
tité :  on  y  remarque  la  même  progression  as- 
cendante que  dans  les  violons  pour  la  perfec- 
tion du  travail  et  le  fini  précieux.  Ces  instru- 
ments sont  de  deux  dimensions,  l'une  grande, 
à  laquelle  on  donnait  autrefois  le  nom  de 
basse;  l'autre  plus  petite,  qui  est  le  violoncelle 
proprement  dit.  A  la  première  de  ces  catégo- 
ries appartient  la  basse  de  M.  Servais,  profes- 
seur au  Conservatoire  royal  de  Bruxelles,  et 
virtuose  dont  la  renommée  est  universelle.  La 
sonorité  de  ce  bel  instrument  a  une  puissance 
extraordinaire,  réunie  au  moelleux  argentin. 
Le  violoncelle  de  l'artiste  distingué  M.  Fran- 
chomme  est  de  l'autre  patron;  il  appartint 
autrefois  à  Duport  :  c'est  un  instrument  du 
plus  grand  prix.  On  préfère  aujourd'hui  ce 
patron,  dont  les  dimensions  sont  commodes 
pour  l'exécution  des  difficultés.  Il  faut  la  main 
de  Servais  pour  une  basse  aussi  grande  que  la 
sienne.  Les  violoncelles  de  Slradivari  ont  une 
immense  supériorité  sur  tous  les  instruments 


du  même  genre  :  leur  voix  puissante  a  une 
ampleur,  une  distinction  de  timbre  et  un  bril- 
lant que  rien  n'égale.  Ces  précieuses  qual.ités 
résultent,  d'une  part,  du  choix  des  bois,  de 
l'aulre,  de  la  force  des  épaisseurs,  qui  sont 
traitées  d'une  manière  large,  et  enfin  du  rap- 
port exact  de  toutes  les  parties  du  l'instru- 
ment, lesquelles  sont  équilibrées  pour  que  les 
vibrations  soient  libres,  énergiques  et  pro- 
longées; ce  qui  assure  la  supériorité  de  ces  in- 
struments est,  comme  dans  les  violons,  l'ap- 
plication constante  des  lois  de  l'acoustique. 

A  l'époque  où  Stradivari  travaillait,  les 
violes  de  toute  espèce  étaient  encore  en  usage 
dans  les  orchestres;  lui-même  en  fabriqua 
beaucoup  de  diverses  formes  et  dimensions,  à 
six  et  à  sept  cordes,  ainsi  que  des  quinlons  à 
dos  plat,  avec  des  éclisses  élevées  et  des  tables 
voûtées;  enfin,  des  guitares,  des  luths  et  des 
mandores.  Un  de  ces  derniers  instruments, 
construit  par  ce  grand  artiste,  est  la  propriété 
de  M.  Vuilliaume,  célèbre  luthier  de  Paris.  La 
finesse  du  travail  et  la  beauté  du  vernis  sont 
très-remarquables  ;  les  sculptures  de  la  tête 
sont  d'une  rare  délicatesse,  et,  dans  son 
ensemble  comme  dans  ses  détails,  ce  joli  in- 
strument réunit  tous  les  genres  de  perfec- 
tions. 

Deux  choses  sont  également  dignes  d'atlen- 
lion  dans  les  travaux  d'Antoine  Slradivari,  à 
savoir,  l'excellence  de  ses  instruments  elleur 
nombre  presque  infini.  Il  est  vrai  que  la  mul- 
tiplicité de  ses  produits  s'explique  par  le  grand 
âge  où  il  parvint  et  par  sa  persévérance  au  tra- 
vail, qui  se  soutint  jusqu'à  ses  derniers  jours. 
Slradivari  fut  du  petit  nombre  de  ces  hommes 
d'élite  qui,  se  posant  pour  but  la  perfection, 
autant  qu'il  est  donné  à  l'humanité  de  l'at- 
teindre, ne  s'écartent  pas  de  la  roule  qui  peut 
les  y  conduire,  que  rien  ne  distrait,  que  rien 
ne  détourne  de  leur  objet;  que  les  déceptions 
ne  découragent  pas,  et  qui,  pleins  de  foi  dans 
la  valeur  de  cet  objet,  comme  dans  leurs  facul- 
tés pour  le  réaliser,  recommencent  incessam- 
ment ce  qu'ils  ont  bien  fait,  pour  arriver  au 
mieux  possible.  Pour  Slradivari,  la  lutherie 
fut  le  monde  tout  entier;  il  y  concentra  toute 
sa  personnalité.  C'est  comme  cela  qu'on 
s'élève,  quand  l'aptitude  répond  à  la  volonté. 
La  longue  existence  de  quatre-vingt-treize 
ans,  qui  fut  celle  de  l'artiste  objet  de  cette 
notice,  s'écoula  tout  entière  dans  un  atelier, 
en  face  d'un  établi,  le  compas  ou  l'outil  à  la 
main. 

On  a  vu  précédemment  qu'Antoine  Slradi- 
vari termina  un  violon  à  l'âge  de  quatre-vingt- 


loi 


STRADIVARI 


douze  ans,  en  1730.  Déjà  il  s'élait  préparé  à 
la  mort  depuis  plusieurs  années,  car  il  avait 
fait  préparer  son  lom!>eaii  dès  1729.  On  en  a 
la  preuve  dans  l'extrait  suivant  du  livre  des 
inscriptions  de  Crémone  (Inscriptiones  cre- 
monenses  universœ).  Cet  extrait  est  fait  en 
ces  ternies  : 

«  Finalement,  dans  le  même  volume,  à  la 
»  page  CXXXII,  n°  923,  on  lit  l'épitaphe  du 
»  tombeau  du  célèbre  fabricant  de  violons, 
»  Antoine  Stradivari,  qui  était  autrefois  dans 
»  le  pavement,  entièrement  refait,  de  l'église 
»  de  Saint-Dominique  des  PP.  Dominicains, 
»  laquelle  est  la  suivante  : 

»  Sepulcuo.  DI 

»  Antonio.  Stiudivaiu 

><  E.  Stoi.EREDt.  An.  1729. 

»  En  foi  de  ce  qui  est  ci-dessus; 

»  Crémone,  le  18  septembre  1855. 

»  Le  prélat  primicier  Antoine  Dragoni,  ex- 
»  vicaire  général  capilulaire  de  la  ville  et  du 
»  diocèse  de  Crémone  (1).  » 

La  date  de  1729,  placée  sur  le  tombeau  de 
Stradivari,  avait  fait  croire  qu'il  était  décédé  à 
cette  époque;  mais  la  découverte  du  violon  de 
1756,  dans  lequel  l'artiste  lui-même  avait 
consigné  son  âge  de  quatre-vingt-douze  ans, 
était  venue  renverser  cette  tradition.  De  nou- 
velles recherches  faites  avec  une  persévérance 
infatigable  ont  été,  enfin,  couronnées  de  suc- 
cès, et  ont  fait  connaître  la  date  précise  de  la 
mort  de  l'artiste  célèbre.  Dans  un  extrait  au- 
thentique des  registres  de  la  cathédrale  de  Cré- 
mone, délivré  à  M.  Vuilliaume  et  signé  par 
M.  Jules  Fuselli,  vicaire  de  celte  église,  on  a 
la  preuve  qu'Antoine  Stradivari  fut  inhumé 
le  19  décembre  1737,  et  conséquemment  qu'il 
était  décédé  le  17ou  le  18du  même  mois,  à  l'âge 
de  quatre  vingt-treizeansaccomplis.  Mais,  par 
une  singularité  inexplicable,  ni  ses  restes,  ni 
ceux  de  ses  enfants,  ne  furent  déposés  dans  le 
tombeau  qu'il  avait  fait  préparer  ;  car  l'extrait 
de  l'acte  mortuaire  est  ainsi  conçu  : 

«  Dans  le  livre  intitulé  Libro  de'  mord  de. 
»   l'église  Saint- Dominique,  existant  dans  les 

(1)  Finalmente,  nello  stesso  volume  a  pag.  CXXXII, 
n»  923,  leggcsi  la  Epigrafe  del  Scpolcro  del  célèbre  fa- 
bricatore  di  violini  Antonio  Stradivari,  clic  erà  già  nel 
parimento,  interamente  rifatto  délia  Chiesa  di  San  Do- 
nienico  de  Padri  Domenicani  ed  é  la  seguente  ; 
Scpolcro  di 
Antonio.  Stradivari 
E.  Suoi.  Eredi.  An.  1729. 
In  fcde  di  quanto  sopra 
Creinona,  il  18  Scttembre  185a. 
11  Piclalo  Primiccrio  Antonio  Dragoni,  etc. 


»  archives  de  celle  paroisse,  on  trouve  ce  qui 
»  suit  : 

»  Du  19  décembre  1737.  Donné  la  sépulture 
»  à  feu  M.  Antoine  Stradivari,  inhumédans  le 
»  caveau  de  M.  François  Vitani,  dans  la  cha- 
»  pelle  du  Rosaire,  paroisse  de  Saint-Mat- 
»  thieu. 

»  De  la  cathédrale  de  Crémone,  le  19  sep- 
»  lembre  1855.  Certifié  et  signé  :  Fuselli 
»   (Jules),  vicaire  (1).  » 

Antoine  Stradivari  avait  été  marié,  et  avait 
eu  trois  (ils  et  une  fille.  Les  fils  se  nommaient 
Francesco,  Omobono  et  Paolo.  Les  deux  pre- 
miers travaillèrent  dans  l'atelier  de  leur  père; 
Paolo  se  livra  au  commerce.  La  vie  d'Antoine 
Stradivari  fut  calme  autant  que  sa  profession 
était  paisible.   L'année  1702,   seule,  dut  lui 
causer  d'assez  rudes  émotions  lorsque    pen- 
dant la  guerre  de  la  succession,  la  ville  de 
Crémone  fut  prise  par  le  maréchal  de  Villeroy 
sur  les  Impériaux,  reprise  par  le  prince  Eu- 
gène, et,  enfin,  prise  une  troisième  fois  par 
les  Français;  mais  après  celle  époque,  l'Italie 
jouit  d'uoe  longue  tranquillité,  dans  laquelle 
s'écoula  la  vieillesse  de  l'artiste.  On  sait  peu  de 
chose  concernant  celle  existence  dénuée  d'évé- 
nements. Polledro,  ancien  premier  violon  et 
maître  de  la  chapelle  royale  de  Turin,  mort 
vers  1822,  dans  un  âge  avancé,  rapportait  que 
son  maître   avait  connu  Stradivari   dans  ses 
dernières  années,  et  qu'il  aimait  à  parler  de 
lui.  Il    était,   disait-il,   de  haute    stature    et 
maigre.  Habituellement  coiffé  d'un  bonnet  de 
laine  blanche  en  hiver,  et  de  colon  en  élé,  il 
portait  sur  ses  vêtements  un  tablier  de  peau 
blanche  lorsqu'il  travaillait,  et  comme  il  tra- 
vaillait toujours,  son  costume  ne  variait  guère. 
Il  avait  acquis  plus  que  de  l'aisance   par  le 
travail   et   l'économie,   car  les  habitants  de 
Crémone  avaient    pour    habitude    de    dire  : 
Riche  comme  Stradivari.  Le  vieux  La  Hous- 
saie,  que  j'ai  connu  dans  ma  jeunesse,  et  qui 
avait  visité  Crémone  peu  de  temps  après  la 
mort  de  Stradivari,  m'a  dil  que  le  prix  qu'il 
avait  fixé  pour  ses  violons  était  quatre  louis 
d'or.  Dans  ces  conditions,  el  à  l'époque  où  il 
vécut,   il  dut,  en  effet,  acquérir  quelques  ri- 
chesses.  Bergonzi,    petit-fils    de  Charles   (le 
meilleur  élève  de  Stradivari,  après  Guarneri) 

(i)  Nel  libro  col  titolo  :  Libro  de'  Mord  nella  Chiesa 
di  S.  Domenico,  esistante  ncll'  arcliivio  di  questa  paroc- 
chia  trovasi  quanto  segue  : 

«  Adi  19  décembre  1737.  —  Dato  sepoltura  al  fù  sig. 
»  Antonio  Stradivari,  sepolto  nella  sepoltura  del  sig. 
»  Francesco  Vitani,  nella  Capella  del  Hosario,  paroccbia 
»  di  S.  Matco.  Dalla  Cattedrale  di  Crcmona,  le  19set- 
tembre  1855.  In  fede  :  Signé  :  Fusetti  Giulio,  vie.  » 


STRADIVARI  —  STRAUSS 


155 


mort  à  Page  de  quatre-vingts  ans,  indiquait 
l'endroit  où  travaillait  le  luthier  célèbre,  dans 
la  maison  qui  porte  le  n°  1239,  sur  la  place 
Saint-Dominique,  en  face  de  la  porte  Majeure. 

STRADIVARI  (Francesco  et  Omobono), 
fils  du  précédent,  ont  travaillé  longtemps  dans 
l'atelier  de  leur  père.  François  a  fait  quelques 
bons  violons  qui,  depuis  1725  jusqu'en  1740, 
portent  son  nom;  maison  en  connaît  d'autres 
faits  en  collaboration  avec  Omobono,  et  qui 
portent  celle  inscription  :  Solto  la  disciplina 
d'A.  Stradivarius,  Cremona.  Omobono  Slra- 
divari  s'occupa  plus  particulièrement  de  la  ré- 
paration et  de  la  monture  des  instruments  que 
de  leur  fabrication.  Il  mourut  dans  les  pre- 
miers jours  de  juin  1742,  et  fut  inhumé  le  9 
du  même  mois,  ainsi  que  le  prouve  un  extrait 
authentique  des  registres  de  l'église  Saint- 
Dominique  de  Crémone  (1).  Son  frère  Fran- 
cesco  ne  lui  survécut  que  onze  mois,  car  il  fut 
enterré  le  13  mai  1743,  ainsi  que  le  démontre 
un  extrait  des  mêmes  registres  (2).  Tous  deux 
furent  réunis  dans  le  même  tombeau  avec  leur 
père. 

STRAKOSCH  (M.),  pianiste  et  composi- 
teur, né  d'une  famille  hongroise  en  1825,  fit 
son  éducation  musicale  à  Pesth  et  à  Vienne.  En 
1846,  il  arriva  à  Naples,  et  y  fit  son  débul, 
comme  virtuose  pianiste,  avec  un  brillant 
succès;  puis  il  parcourut  l'Italie  et  s'arrêta 
quelque  temps  à  Milan,  où  il  publia  plusieurs 
œuvres  pour  le  piano,  chez  Ricordi.  Vers 
1851,  il  se  rendit  en  Amérique  et  s'établit  à 
New-York,  comme  professeur  de  piano  et  de 
chant.  Il  s'y  est  allié  à  la  famille  des  canta- 
trices Palli.  De  retour  en  Europe  avec  sa 
belle-sœur  (Adelina  Patti),  il  a  visité  avec  elle 
toutes  les  capitales  où  elle  a  chanté.  Ses  com- 
positions pour  le  piano  consistent  en  fantaisies 
sur  des  thèmes  d'opéras,  en  caprices,  en 
transcriptions,  suivant  l'expression  à  la 
mode,  et  en  éludes.  Dans  le  nombre  de  ces 
morceaux,  on  remarque  :  La  Willis,  étude 
fantastique  pour  piano,  op.  33;  Milan,  Ricordi; 
Il  Fesuvio;  Rimembranza  di  Napoli,  pour 
piano,  op.  34;  ibid.;  Addio  a  l'Italia, 
Album  pour  piano,  composé  d'une  ballade, 
d'une  éludé,  d'un  hymne,  d'une  prière,  d'un 

(1)  Adi9giugno  1742.  —  Dato  sepoltura  al  fù  sig. 
Omobono  Stradivari,  sepolto  nella  Capella  del  Hosario, 
nella  sepollura  del  sig.  Francesco  Vilani,  parocchia  di 
S.  Matco.  —  In  fcde,  Fuselti  Giulio  vie». 

(2)  A  di  13  Msggio  1743.  —  Dato  sepollura  al  fù  sig. 
Francesco  Stradivari,  sepolto  nella  Capella  del  Rosario 
nella  sepoltura  del  sig.  Francesco  Vitani,  paroccliia  de 
S.  Maleo.  —  In  fcde,  Fusctti  Giulio  vie». 


nocturne  et  d'un  galop,  op.  36;  ibid.,  etc. 

SXILEHLE  (Daniel  P.),  savant  auédois, 
membre  de  l'Académie  des  sciences  de  Stock- 
holm, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huilième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  dans  le 
cinquième  volume  des  Mémoires  de  celte  Aca- 
démie un  Essai  sur  le  tempérament  de  l'accord 
des  instruments  de  musique, intitulé  :  Versuch 
einer  gleichwebende  Temperatur  mecanisch 
zu  entwurfen. 

STRAMROLI  (Bartholomé),  prêtre  et 
chantre  de  l'église  de  Saint-Marc,  à  Venise,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle,  a  fait 
imprimer  un  ouvrage  de  sa  composition,  inti- 
tulé :  Salmi  vespertini  a  quattro  voci,  con 
basso  continua  per  l'organo;  Venise,  1619, 
in-4°.  M.  Caffi  ne  parle  pas  de  ce  musicien 
dans  son  Histoire  de  la  musique  de  la  cha- 
pelle Saint-Marc. 

STRASSER  (Jean-Georges),  mécanicien 
habile,  né  à  Baden,  près  de  Vienne,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  se  fixa 
à  Pétersbourg,  en  1795,  et  y  termina,  en  1802, 
une  horloge  à  carillon  avec  deux  orgues  mé- 
caniques à  crescendo  et  decrescendo,  qui  exé- 
cutaient les  pièces  les  plus  compliquées  à  grand 
orchestre.  Cet  ouvrage  fut  mis  en  loterie  à 
celte  époque,  et  gagné  par  la  veuve  d'un  pré- 
dicateur allemand,  qui  l'a  vendu  à  l'empereur 
de  Bussie  pour  la  somme  de  vingt-cinq  mille 
roubles,  et  une  pension  de  mille  roubles. 

STRATTNER  (Georges-Christophe),  né 
en  Hongrie,  vers  1650,  fut  d'abord  attaché  à 
la  chapelle  du  prince  de  Dourlach,  puis  obtint 
une  place  de  maître  de  chapelle  à  Francfort- 
sur-le-Main.  Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie, 
il  remplit  les  fonctions  de  second  maître  de 
chapelle  à  Weimar,  où  il  mourut  en  1705.  Il 
composa  les  mélodies  avec  basse  continue  pour 
la  cinquième  des  Blindes-  und  Himmels- 
Liedern  de  Neander.  On  connaît  aussi  sous 
son  nom  :  Fier  Aria  novisstma,  mit  einer 
Sing- undzwei  Instrumental  Stimmen,nebst 
einen  Generalbass;  Francfort,  1685,  in-fol. 

STRAUBE  (Rodolphe),  virtuose  sur  le 
clavecin  et  sur  la  guitare,  naquit  dans  la  Saxe, 
vers  1720,  et  étudia  le  clavecin  et  la  composi- 
tion à  l'école  Saint-Thomas  de  Leipsick,  sous 
la  direction  de  Jean  Sébastien  Bach.  Il  s'éta- 
blit à  Londres,  vers  1754,  et  y  publia  un  œuvre 
de  duos  pour  clavecin  et  guitare,  et  un  autre 
pour  guitare  et  violon. 

STRAUSS  (Christophe),  organiste  de  la 
musique  de  l'empereur  Malthias,  vécut  à 
Vienne,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  On  a  publié  de  sa  composition  :  Can- 


456 


STRAUSS 


tioties  sacra;  seu  molctli  15-1 0  vocum;  Vienne, 
1613- 

STRAUSS  (Josr.rn),  mailre  de  chapelle 
du  grand-duc  de  Bade,  est  né  en  1795,  à 
Brlinn,  en  Moravie.  Son  père,  autrefois  maître 
de  concerts  d'une  petite  cour  italienne,  ne  le 
destinait  pas  à  la  profession  de  musicien,  mais 
il  lui  fit  enseigner  à  jouer  du  violon  et  du 
piano.  Devenu  orphelin,  Strauss  fut  conduit  à 
Vienne  pour  y  faire  ses  études  musicales. 
A  l'âge  de  douze  ans,  il  joua  un  solo  de  violon 
au  théâtre  sur  la  Vienne,  dans  un  entr'acte. 
L'empereur,  qui  assistait  à  cette  représenta- 
tion, accorda  des  éloges  au  jeu  du  jeune  ar- 
tiste, et  celte  circonstance  fit  engager  celui-ci 
pour  l'orchestre  du  théâtre.  Depuis  celte 
époque,  il  eut  tour  à  tour  pour  maîtres  de 
violon  Casimir  Blumenthal  (plus  tard  direc- 
teur de  musique  à  Zurich),  DeUrbani  (qui  fut 
postérieurement  mailre  de  chapelle  à  Pesth), 
et  Schnppanzigh.  Dans  le  même  temps,  le 
maître  de  chapelle  Joseph  Teyber  lui  enseigna 
l'harmonie,  et  Albrechtsherger  lui  donna  quel- 
ques leçons  de  contrepoint.  Après  avoir  ob- 
tenu du  suceès  dans  plusieurs  concerts  à 
Vienne,  Strauss  reçut  des  propositions  pour 
être  directeur  de  musique  à  Lucerne,  et  violon 
solo  au  théâtre  de  Pesth  ;  il  accepta  cette  der- 
nière position.  Ce  fut  dans  celte  ville  qu'il 
écrivit  ses  premières  grandes  compositions, 
entre  autres  l'ouverture  et  les  enlr'actes  d'une 
pièce  intitulée  :  Die  Belegerung  JFiens  (le 
Siège  de  Vienne),  un  petit  opéra,  un  sextuor 
pour  harpe  et  instruments  à  vent,  une  cantate 
en  langue  hébraïque,  et  des  chœurs  pour  des 
tragédies.  En  1815,  il  fut  engagé  comme  di- 
recteur de  musique  à  Temeswar,  en  Hongrie  ; 
mais  il  ne  resta  qu'un  an  dans  cette  ville, 
ayant  accepté,  en  1814,  la  direction  delà  mu- 
sique de  l'opéra  allemand  dans  la  province  de 
Transylvanie,  pour  lequel  il  écrivit  les  opéras 
Faust's  Leben  und  Thattn  (la  Vie  et  les  ac- 
tions de  Faust),  et  Die  Sœhne  des  Waldes  (les 
Fils  de  la  forêt).  A  celte  époque  de  la  vie  de 
l'artiste  appartiennent  aussi  une  messe,  deux 
cantates  et  plusieurs  morceaux  pour  le 
violon. 

En  1817,  Strauss  se  rendit  à  Brtlnn,  et  y 
composa  une  messe  pour  l'inauguration  de 
l'évêque,  plusieurs  graduels  et  offertoires  pour 
l'église  de  Saint-Jacques,  un  concerto  et  quel- 
ques autres  morceaux  pour  le  violon. Pendant 
un  court  séjour  à  Prague,  il  se  lia  d'amitié 
avec  le  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale 
Wittasek,  et  avec  le  directeur  du  Conservatoire 
D.  Weber;  puis  il  se  fit  entendre  avec  succès 


comme  violoniste  à  Leipsick,  Dresde,' Halle, 
Altenbourg,  Magdebourg,  Breslau,  Cassel  et 
Francfort-sur-le-Mein.  Arrivé  à  Manheim,  il 
s'y  arrêta  et  s'y  occupa  de  plusieurs  compo- 
sitions importantes  ;  puis  il  fit  un  petit  voyage 
en  Suisse,  et  donna  des  concerts  à  Bàle,  Berne 
et  Zurich.  A  cette  époque  (1822),  il  reçut  l'in- 
vitation d'organiser  l'Opéra  allemand  de 
Strasbourg,  et  y  fit  exécuter  Don  Juan,  Fi- 
delio,  Freischiitz  et  Médée.  De  retour  à  Man- 
heim, il  y  fut  chargé  (au  mois  d'octobre  1823) 
des  fonctions  de  directeur  de  musique  du 
théâtre  de  la  cour,  et  mit  en  scène  \eFernand 
Cortezde  Sponlini.  Satisfait  de  la  parfaite  exé- 
cution de  cet  opéra,  le  grand-duc  de  Bade 
nomma  immédiatement  Strauss  directeur  des 
concerts  de  la  cour,  et  après  la  mort  de  Danzi 
lui  donna  le  titre  et  les  fonctions  de  son  maître 
de  chapelle.  M.  Strauss  occupait  encore  cette 
place  en  1860.  Je  l'ai  visité  à  Carlsruhe,  en 
1838,  et  j'ai  trouvé  en  lui  un  homme  aussi 
aimable  que  modeste.  La  manière  dont  il  a 
organisé  l'orchestre  de  celle  cour,  et  son  ta- 
lent dans  sa  direction  méritent  beaucoup 
d'éloges.  Peude  temps  auparavant,  unegrande 
symphonie  de  sa  composition  avait  été  exécu- 
tée au  concours  de  Vienne  pour  ce  genre  de 
composition,  et  avait  obtenu  le  deuxième  prix. 
En  1840,  M.  Strauss  a  dirigé  l'Opéra  allemand 
à  Londres,  et  y  a  fait  exécuter  sa  symphonie 
couronnée.  Une  deuxième  symphonie  lui  a  été 
demandée  à  cette  époque  pour  la  Société  phil- 
harmonique de  celte  ville.  M.  Strauss  a  écrit 
aussi  pour  le  théâtre  de  Carlsruhe  les  opéras 
Armiodan,  Zélide,  Berlhold  le  pleureur,  et 
Der  JFœhrwolf  (le  Loup-Garbu),qui  a  été  re- 
présenté plus  de  cinquante  fois  à  Vienne. 

On  a  publié  de  la  composition  de  cet  artiste 
estimable  :  1°  Variations  brillantes  pour  vio- 
lon et  orchestre,  op.  9;  Manheim,  Hcckel. 
2°  Quatuor  brillant  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  5;  Leipsick,  Hofmeister.  3°  Pots- 
pourris  pour  violon,  avec  un  second  violon, 
alto  et  basse,  op.  5  et  6;  ibid.  4°  Douze 
variations  pour  violon,  avec  un  second  violon 
et  basse,  op.  4;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrlel. 
5°  Variations  sur  un  menuet  milanais  pour 
violon  et  piano,  op.  3;  ibid.  6°  Plusieurs  suites 
de  chansons  allemandes  avec  piano;  Prague, 
Enders;  Leipsick,  Hofmeister. 

STRAUSS  (Jean),  célèbre  compositeur  de 
danses  allemandes  et  de  valses,  est  né  à 
Vienne,  le  14  mars  1804.  Ses  parents  le  desti- 
naient à  être  relieur  de  livres,  et  il  apprit,  en 
effet,  cet  état;  mais  entraîné  par  un  goût  pas- 
sionné pour  la  musique,  il  apprit  à  jouer  du 


STRAUSS  —  STREICHER 


157 


violon,  et,  par  des  études  persévérantes,  ac- 
quit assez  d'habileté  sur  cet  instrument  pour 
être  employé,  à  l'âge  de  dix-neuf  ans,  dans 
l'excellent  orchestre  de  Lanner  (voyez  ce 
nom).  La  nature  l'avait  doué  du  génie  de 
la  musique  de  danse;  ses  premières  valses 
eurent  un  succès  de  vogue.  Pour  les  exécuter, 
il  forma  un  orchestre  qu'il  dirigea  lui-même, 
à  l'imitation  de  Lanner,  et  hientôt  il  devint 
un  rival  redoutable  pour  ce  rénovateur  de  la 
danse  allemande.  Secondé  par  son  éditeur Has- 
linger,  qui  sut  exploiter  ses  productions  avec 
intelligence,  il  acquit  en  peu  de  temps  une  re- 
nommée universelle,  que  son  inépuisable  fé- 
condité a  soutenue  jusqu'à  sa  mort.  Des  criti- 
ques allemands  le  placent  au-dessous  de 
Lanner  commecomposileur,  comme  violoniste, 
et  comme  directeur  d'orchestre;  toutefois,  il 
est  certain  que  la  popularité  de  son  nom  l'em- 
porte sur  celle  de  son  rival.  Le  nombre  des  ca- 
hiers de  valses  et  de  galops  qu'il  a  publiés 
s'élève  à  plus  de  cent  cinquante,  et  l'on  a  fait 
de  la  plupart  de  nombreuses  éditions.  Strauss 
a  voyagé  avec  son  orchestre  en  Allemagne,  en 
Belgique,  en  France  et  en  Angleterre:  partout 
il  a  excité  le  plus  vif  intérêt.  Cet  artiste  remar- 
quable est  mort  à  Vienne,  le  21  septembre 
1849,  après  une  courte  maladie.  On  a  publié 
sur  lui  :  Slrauss's  Ankunft  im  Elysiam  (Ar- 
rivée de  Strauss  dans  l'Elysée),  en  vers,  par 
Charles  Meisl;  Vienne,  1849,  in-8°,  et  Jo- 
hann Strauss's  musikalische  JVanderung 
durch  das  Lcben  (Voyage  musical  de  Strauss 
dans  la  vie);  Vienne,  1850,  in-8°.  Un  chef 
d'orchestre  de  danse  a  exploité  à  Paris  le  nom 
de  Strauss;  mais  il  n'y  aucun  rapport  entre 
lui  et  son  célèbre  homonyme. 

STREBEXGER  (  Matthias  )  est  né,  le 
17  janvier  1807,  à  la  seigneurie  de  Weikers- 
dorf,  dans  la  Basse-Autriche.  Fils  d'un  vigne- 
ron, il  apprit  la  musique  et  le  piano  chez  le 
maître  d'école  de  Baden,  près  de  Vienne.  Le 
chef  d'orchestre  du  théâtre  de  ce  lieu  lui  en- 
seigna le  violon,  et  Strebinger  l'accompagna 
à  Presbourg,  où  il  se  fit  entendre  en  public  à 
l'âge  de  douze  ans.  Helmesberger,  professeur 
au  Conservatoire  de  Vienne,  le  prit  comme 
élève  en  1820,  et  lui  fit  obtenir,  deux  ans 
après,  une  place  de  violoniste  au  théâtre  de  la 
cour.  Il  y  remplaça  quelquefois  Mayseder  dans 
les  solos;  dès  lors  sa  réputation  s'étendit,  et  il 
joua  avec  succès  dans  les  concerts.  Depuis 
1834,  il  est  un  des  membres  titulaires  de  la 
chapelle  impériale.  Le  maître  de  chapelle 
Dreschler  lui  a  enseigné  la  composition.  Stre- 
binger a  composé  pour  son  instrument  deux 


concertos,  plusieurs  concertinos,  et  a  publié  à 
Vienne  plusieurs  thèmes  variés  avecorclieslre, 
d'autres  thèmes  variés  avec  quatuor,  un  qua- 
tuor brillant,  op.  1,  des  duos  de  violon,  des 
rondos,  divertissements  et  pots-pourris.  Il  a 
écrit  aussi  plusieurs  solos  avec  orchestre  pour 
des  ballets. 

STREICHER  (Jean-André),  naquit  à 
Stuttgart,  le  13  décembre  1761 .  La  mort  de  son 
père  l'obligea  à  entrer  fort  jeune  dans  la  Mai- 
son des  orphelins.  Ce  ne  fut  que  dans  sa  dix- 
septième  année  qu'il  lui  fut  permis  de  se  livrer 
à  son  goût  pour  le  piano  :  un  vieux  maître 
d'école  lui  enseigna  à  jouer  de  cet  instrument, 
sur  lequel  il  fit  de  rapides  progrès.  Streicher 
avait  ensuite  formé  le  projet  d'aller  à  Ham- 
bourgétudier  la  composition,  sous  la  direction 
d'Emmanuel  Bach;  mais  entraîné  par  son 
amitié  pour  le  célèbre  poëte  Schiller,  il  l'ac- 
compagna à  Manheim  et  à  Francfort,  et  dé- 
pensa l'argent  destiné  à  son  voyage.  Il  prit 
alors  la  résolution  d'aller  à  Munich,  où  il  se 
livra  à  l'enseignement  du  piano.  Il  y  publia 
aussi  ses  premières  compositions,  et  devint 
l'associé  d'un  marchand  de  musique.  Quelques 
voyages  qu'il  fit  à  Augsbourg  le  lièrent 
d'amitié  avec  le  célèbre  facteur  d'instruments 
Stein,  dont  il  épousa  la  fille.  Après  son  ma- 
riage, il  alla  se  fixer  à  Vienne,  où  sa  femme 
établit  une  fabrique  de  pianos,  tandis  qu'il 
continuait  à  cultiver  l'art  comme  pianiste  et 
comme  compositeur.  Mais  bientôt  sa  fabrique 
de  pianos  acquit  trop  d'importance  pour  qu'il 
en  laissât  la  direction  à  sa  femme  seule;  il 
commença  à  s'occuper  de  la  construction  de 
ces  instruments,  y  introduisit  quelques  modi- 
fications, et  finit  par  en  changer  le  système 
ordinaire,  en  plaçant  le  mécanisme  des  mar- 
teaux au-dessus  des  cordes.  M.  Pape  (voyez  ce 
nom),  qui  adopta  ensuite  ce  système  à  Paris, 
l'a  beaucoup  perfectionné.  La  mort  de  la 
femme  de  Streicher  le  plongea  dans  la  dou- 
leur; il  céda  sa  maison  et  ses  affaires  à  son 
fils,  et  mourut  quatre  mois  après  à  Vienne,  le 
25  mai  1833,  à  l'âge  de  soixante  et  onze  ans. 
Streicher  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Ron- 
deau ou  caprice  avec  huit  variations  pour 
piano  sur  l'air  anglais  :  The  Lass  of  Rich- 
mond's  Hill;  Munich,  Falter.  2°  Douze  varia- 
tions pour  piano;  Manheim,  Heckel. 

STREICHER  (Marie-Anne  ou  Nanette), 
femme  du  précédent,  et  fille  du  facteur  d'in- 
struments Jean-André  Stein,  naquit  à  Augs- 
bourg,  le  2  janvier  17G0.  Élève  de  son  père, 
elle  devint  habile  pianiste,  et  joua  avec  succès 
dans  un  concert,  en  1787,  un  concerto  de 


1S8 


STREICHER  —  STRIGGIO 


piano.  En  179",  elle  devint  la  femme  de  Slrei- 
cher,  et  dans  l'année  suivante, elle  alla  établir 
à  Vienne  une  fabrique  de  pianos,  dont  son 
frère  dirigea  les  travaux.  Les  instruments 
sortis  de  ses  ateliers  eurentde  la  réputation  en 
Allemagne.  Madame  Streicher  est  morte  à 
Vienne,  le  16. janvier  1833. 

STREIT  (Guillelmine),  dont  le  nom  de 
famille  est  SCIILTZ,  cantatrice  distinguée 
du  théâtre  allemand,  est  née  à  Berlin,  en  1806. 
Dans  son  enfance,  elle  fut  conduite  par  ses 
parents  à  Carlsruhe,  et  y  joua  de  petits  rôles. 
Le  compositeur  Fesca s'intéressa  àcelte  enfant 
et  lui  donna  des  leçons  de  chant  qui  furent 
continuées  par  la  cantatrice  Gervais.  Ayant 
débuté  avec  succès  dans  quelques  opéras  de 
Mozart  et  de  Paër,  elle  donna  des  représenta- 
tions à  Darmstadt,  Cassel,  Brunswick  et  Ham- 
bourg, et  puis  accepta  des  engagements  à  Ha- 
novre, à  Francfort  et  à  Leipsick.  C'est  dans 
celte  dernière  ville  qu'elle  s'est  mariée  et  que 
sa  réputation  s'est  établie.  En  1829,  le  grand- 
duc  de  Saxe-Weimar  l'a   fait  engager  à  vie 
pour  le  théâtre  de  la  cour.  Elle  était  le  plus 
bel  ornement  de  ce  théâtre,  en  1836,  et  y  jouait 
avec  succès  les  premiers  rôles  de  son  emploi. 
Madame  Streit  s'est  retirée  de  la  scène,  vers 
1848,  avec  une  pension  du  grand-duc. 

STREITWOLFF  (Jean-Henri-Gottlieb 
ou  Théophile),  habile  facteur  d'instruments,  à 
Gœllingue,  naquit  dans  cette  ville,  le  17  no- 
vembre 1779.  Ayant  appris  la  musique  dans 
sa  jeunesse,  il  fut  d'abord  guitariste,  puis  vio- 
loncelliste. En  1809,  il  se  livra  à  la  facture  des 
instruments  à  vent,  bien  qu'il  n'eût  fait  au- 
cune étude  préliminaire  des  principes  de  leur 
construction;  mais  son  intelligence  suppléa 
au  défaut  des  connaissances,  et  ses  essais  fu- 
rent couronnés  de  succès.  Sa  réputation  com- 
mença par  ses  flûtes,  qui  passaient  en  Alle- 
magne pour  excellentes.  Il  fut  un  des  premiers 
qui  adoptèrent  les  principes  de  Muller  pour  la 
construction  de  la  clarinette.  Son  cor  basse 
chromatique,  exécuté  en  1820,  d'après  l'idée 
première  de  Stœlzel  qu'il  avait  perfectionnée, 
lui  fit  beaucoup  d'honneur.  En  1828,  il  fit 
aussi  une  clarinette  basse  dont  les  journaux 
de  musique  ont  parlé  avec  éloge,  mais  que 
l'instrument  du  même  genre  fait  par  Adolphe 
Sax  a  fait  oublier.  Slreitwolff  mourut  d'une 
maladie  de  poitrine,  à  Gœttingue,  le  14  février 
1837.  Il  a  publié  quelques  compositions  pour 
la  flûte,  la  guitare  et  le  violoncelle,  à  Bruns- 
wick et  à  Hambourg. 

STREPPONI  (Félix),  compositeur,  né  à 
Milan,  fut   maître  de  chapelle  à  Monza.   Il 


mourut  à  Trieste,  au  printemps  de  1832.  Son 
opéra  Gli  Illinesi  fut  représenté  à  Trieste,  au 
mois  d'octobre  1829.  En  1830,  il  donna,  à  Tu- 
rin, Amoree  mistero,  et  dans  l'année  suivante 
il  écrivit  Ullà  di  Bassora. 

STREPPOI\I  (Joséphine),  fille  du  précé- 
dent et  cantatrice  distinguée,  naquit  à  Monza. 
Ayant  été  admise  au  conservatoire  de  Milan, 
elle  y  fit  ses  études  de  chant.  En  1835,  elle  dé- 
buta avec  succès  au  théâtre  de  Trieste,  et  dans 
la  même  année,  elle  fut  engagée  à  l'opéra 
italien  de  Vienne.  En  1836,  elle  chanta  à  Ve- 
nise,  à  Brescia  et  à    Mantoue.   Rappelée   à 
Trieste  en  1837,  elle  y  excita  l'enthousiasme, 
et  dans  la  même  année,  elle  brilla  à  Bologne. 
En  1838,  elle  chanta  à  Rome,  à  Livourne  et  à 
Florence.  Chaque  année,  sa  réputation  acqué- 
rait plus  d'éclat.  Je  l'entendis,  en  1841,  à 
Bergame,  où  elle  chanta  pendant  la  saison  de 
la  foire  avec  Salvi  et  Colelti  :  je  lui  trouvai  la 
voix  bien  posée,  le  style  large  et  expressif  dans 
le  Marino  Faliero  de  Donizetti.  Celte  époque 
fut  celle  où  Verdi  obtint  ses  premiers  succès  : 
la  musique  de  ce  maître  mit  en  vogue  le  chant 
déclamé    et  la   funeste    tradition    des    sons 
poussés  avec  effort;  la   Strepponi  s'y  aban- 
donna sans  réserve  :  elle  en  éprouva  bientôt 
les  effets;  car,  en  1846,  elle  n'était  déjà  plus 
que  l'ombre  d'elle-même.  Dans  un  voyage  que 
je  fis  en  Italie,  en  1850,  elle  avait  déjà  disparu 
de  la  scène. 

STUÏCKER  (Augustin-Reinijakdt),  mu- 
sicien de  la  chambre,  compositeur  et  ténor  au 
service  de  Frédéric  Ier,  roi  de  Prusse,  fut  en- 
gagé à  cette  cour  en  1702.  Suivant  VHisloire 
de  l'Opéra,  de  L.  Schneider, Stricker  était  en- 
core au  service  de  cette  cour  en   1712  ;  mais 
M.  de  Ledebur  prouve  que  le  fait  n'est  pas 
exact,  le  nom  de  cet  artiste  ne  se  trouvant  pas 
dans  le  Calendrier  des  adresses  de  Berlin,  de 
celle  année.   De  Berlin,  Stricker  se  rendit  à 
Cœlhen,  où  il  entra  au  service  du  prince  d'An- 
halt.  Il  s'est  fait  connaître  comme  composi- 
teur par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Der  Sieg 
der  Schœnheit  iiber  die  Helden  (le  Triomphe 
de  la  beauté  sur  les  héros),  opéra,  en  collabo- 
ration avec  Finger  et  Volumier,  représenté  à 
Berlin,   en   1706,  pour  le  mariage  du  prince 
royal  Frédéric-Guillaume  Ier.  2°  Le  Mariage 
d'Alexandre  et  de  Roxane,  opéra,  représenté, 
en  1708,  pour  le  mariage  en  secondes  noces  de 
Frédéric  Ier.  3°  Six  cantales  italiennes  à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  violon  ou  haut- 
bois solo,  op.  1  ;  Cœlhen,   Antoine  Lœfflern, 
1715. 
STRIGGIO  (Alexandre),  gentilhomme  do 


STRIGGIO  —  STRINASACCHI 


1K9 


Manloue,  né  vers  1535,  fui  d'abord  attaché  an 
service  de  Cosme  de  Médicis,  et  devint  ensuite 
maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Manloue.  Il 
vivait  encore  dans  cette  ville  en  1584.  Outre 
son   talent  de  composileur,  il  possédait  aussi 
celui  de  jouer  supérieurement  du  luth  et  jouis- 
sait de  la  réputation  d'un  des  meilleurs  or- 
ganistes de    son   temps.   Striggio  fut  un  des 
premiers  musiciens  qui  essayèrent  de  compo- 
ser des  intermèdes  pour  le  théâtre,  et  l'on  cite 
de  lui  un  ouvrage  de  ce  genre  intitulé  l'Amico 
fido,  composé  vers  15G5,  ainsi  que  les  deux 
premiers  actes  de  Psyché,  qui  fut  représenté  à 
Florence  pour  les  noces  de  François  de  Médi- 
cis et  de  l'archiduchesse  Jeanne  d'Autriche. 
Il  a  mis  aussi  en  musique  les  vers  qui  se  trou- 
vent dans  l'opuscule  intitulé  :   Descrittione 
deW  intermezzi  fatti  nel  felicissimo  Palazzo 
del  gran  duca  Cosimo  (7°),  et  del  suo  illus- 
triss.  figliuolo  Principe    de    Firenze  et  di 
Siena,  perhonorarla  illustriss.  presenza  Al- 
tezza  dello  Eccellentissimo Archiducad' Aus- 
tria,   il  primo   giorno  di  maggio  l'nnno 
MDLXIX.  In  Fiorenza,  appresso  Barthol. 
Sermartelli.  On  lit  dans  les  préliminaires  :  Il 
vertuoso  (sic)  M.  Alessandro  Strigio,  fiobi- 
liss.  gentilhuomo  Mantova  nefece  lemusiche 
sopra  le  canzoni.    Enfin,  Striggio  composa, 
avec  Pierre  Strozzi,  Jules  Caccini  et  Claude  de 
Correggio,  la  musique  pour  les  fêtes  qui  eurent 
lieu   à  Florence,   en   1579,   à    l'occasion    du 
mariage  de  François  Ier  de  Médicis  avec  la 
fameuse  Bianca  Cappello.  Ses  œuvres  impri- 
més sont  :    1°  Madrigali  a  6  voci,  lib.  1; 
.Venise,  15C6.  2°  Il  seconda  libro  de'  madri- 
gali a  6  voci;  Venetia,  Antonio  Gardano, 
in-4°  obi.,  1566.  Une  deuxième  édition  de  ces 
deux  recueils,  dont  je  possède  un  exemplaire,  a 
été  publiée  dans  la  même  ville,  en  1569.  3°  Il 
primo  libro  de'  madrigali  a  5  voci  nuova- 
mente  con  nuova  giunta  ristampato  e  cor- 
relto;  ibid.,  1560.  Je  possède  cette   édition, 
qui  est  fort  rare.  Il  y  en  a  d'autres  imprimées 
par  le  même  et  par  Geronimo  Scotto,  en  1566, 
1569,  1571, 1585  et  1592,  toutes  in-4°oblong. 
Je  ne  connais  du  second  livre  de  madrigaux 
à  cinq  voix  de  Striggio  que  les  éditions  don- 
nées, en  1583  et  1585,  par  les  héritiers  de  Jé- 
rôme Scotto,  mais  il  y  en  a  certainement  d'an- 
térieures. Le  catalogue  de  la  Bibliothèque  mu- 
sicale du  roi  de  Portugal,  Jean  IV,   contient 
l'indication  des  livres  II,  III  et  IV  de  madri- 
gaux à  cinq  voix,  mais  sans  nom  de  ville  ni 
date.  4°  Madrigali  a  sei  voci,  lib.  III;  Ve- 
nise, 1582.  5°  Il  Cicalamento  délie  donne  al 
buccalo,  e  la  caccia  a  4,  5  e  7  voci,  con  il 


giuoco  di  primeria  a  5  voci;  Venise,  1584, 
in-4°.  Je  possèdeune  édition  plus  ancienne  de 
cet  ouvrage,  laquelle  a  pour  titre  :  Il  Cicala- 
mento délie  donne  al  buccato,  e  la  caccia  di 
Alessandro  Striggio,  con  un  lamento  di  Di- 
done  ad  Enea,  per  la  sua  partenza,  di  Ci- 
priano  Rore,a  quattro,  cinque,  et  selte  voci. 
Di  nouo  poste  in  luce  per  Giulio  Bonagionta 
da  San  Genesi,  musico  délia  illust.  Signoria 
di  Fenezia  in  S.  Marco  et  con  ogni  diligen- 
tia  corrette;  in  f'inegia,  1567,  appresso  Gi- 
rolamo  Scotto,  iri-4°.  On  voit  que  celte  édi- 
lion  n'est  pas  la  première.  6°  Di  Hettore 
Fidue  e  d' Alessandro  Striggio  e  d'  altri 
eccellentissimi  musici MadrignliaS  eG  voci; 
Venise,  1566.  Les  autres  auteurs  dont  on 
trouve  des  madrigaux  dans  ce  recueil  sont 
Franc.  Russello,  Gio.  Contino,  Jos.  Ferretti, 
Leandro  Mira,  Jos.  Zarlino,  Silao  de  Luc- 
ques,  et  Franc.  Londariti.  On  trouve  aussi  un 
madrigal  à  huit  voix  de  Striggio  dans  la  col- 
lection de  madrigaux  de  divers  auteurs  inti- 
tulée :  Il  lauro  verde,  Anvers,  1591,  in-4°. 
Enfin,  des  compositions  de  Striggio  ont  été  in- 
sérées dans  les  recueils  intitulés  :  1°  Musica 
divina  di  XIX  aulori  illustri  a  4,  5,  6  et  7 
voci;  Anvers,  P. Phalèse,  1595,  in-4°.  2°//a?- 
monia  céleste,  di  diversi  eccellentissimi  mu- 
sici a  4,  5,  6,  7  et  8  voci,  etc.  ;  ibid.,  1593, 
in-4°  obi.  3°  Melodia  Olympica  di  diversi 
eccellentissimi  musici  a  4,5,6  et  8  voci,  ibid., 
1594,  in-4°.  4°  Il  Trionfo  di  Dori ,  etc., 
6  voci,  etc.  ;  Venise,  Gardane,  1596,  in-4°. 
Jacques  Paix  a  arrangé  un  madrigal  du  même 
musicien  dans  son  livre  de  Tablature  d'orgue 
(Orgel-Tabulatur  Buch);  Lauingen,  1583, 
iu-l'ol.  Le  talent  de  Striggio  consistait  princi- 
palement dans  l'art  d'exprimer  la  parole  par 
le  chant:  lui,  Péri,  Caccini  et  Monleverde 
peuvent  être  considérés  comme  les  premiers 
qui  ont  essayé  ce  moyen  d'effet  si  puissant  : 
leurs  prédécesseurs,  et  même  leurs  contempo- 
rains n'avaient  eu  pour  but  que  l'élégance  des 
procédés  mécaniques  de  l'art. 

STRINASACCHI  (Thérèse),  cantatrice 
distinguée,  naquit  à  Rome,  en  1768,  et  apprit 
l'art  du  chant  d'un  abbé  de  la  chapelle  de 
Sainte-Marie-Majeure.  Au  printemps  de  1787, 
elle  débuta  comme  seconda  donna  dans  le  due 
Contesse  de  Paisiello,  au  théâtre  de  Manloue. 
Dans  les  années  suivantes,  elle  chanta  à  Plai- 
sance, à  Trieste,  à  Florence,  en  1796,  à 
Vienne,  à  Venise,  en  1797,  dans  Vlntrigo 
délia  lettera,  de  Mayr,  et  dans  la  même  ville, 
en  1798;  à  Rome,  au  carnaval  de  l'année  sui- 
vante, puis,  de  nouveau  à  Venise,  en  1799,  où 


160 


STRINASACCHI  —  STROBEL 


elle  chanta,  au  théâtre  San  Benedetto ,  les 
opéras  bouffes  de  Mayr,  l'jévaro  et  Labino  c 
Carlot ta;  enfin,  à  Paris,  en  1801,  dans  la  pre- 
mière troupe  d'opéra  italien  qu'on  y  organisa 
sous  le  Consulat  et  qui  fit  son  début  au  petit 
théâtre  de  la  rue  de  la  Victoire,  le  51  mai  de 
cette  année.  Madame  Strinasacchi  y  chanta 
d'abord  dans  Furberia  e  Puntiglio,  de  Mar- 
cello de  Capua,  et  dans  Non  irritar  le  donne, 
de  Portogallo.  Elle  y  obtint  un  succès  d'en- 
thousiasme dans  le  Matrimonio  segreto  de 
Cimarosa,  quoiqu'elle  fût  inégale  et  qu'elle  ne 
chantât  pas  toujours  avec  justesse;  lorsqu'elle 
était  bien  disposée,  elle  était  quelquefois  admi- 
rable d'inspiration. 

Les   affaires  de  l'entrepreneur  de  l'opéra 
bouffe  du   théâtre  de   la   rue  de  la   Victoire 
n'ayant  pas  prospéré,  ce  théâtre  fut  fermé  au 
commencement  de  1805;  la  dernière  repré- 
sentation qui  y  fut  donnée,  ou  du  moins  dont 
on  trouve  l'indication,  eut  lieu  le  15  janvier 
de  cette  année  :  on  y  joua  II  Matrimonio 
segreto,  et  Thérèse  Strinasacchi  y  chanta  le 
rôle  de  Carolina.  Une  nouvelle  administra- 
tion s'élant  formée  pour  l'organisation  d'un 
opéra  italien,  qui  fit  son  début  au  théâtre  Fa- 
vart,  le  14  mai  1803,  madame  Strinasacchi  n'y 
fut  pas  engagée  et  fut  remplacée  par  madame 
Georgi-Belloc,  comme  prima  donna.  Elle  y 
rentra,  toutefois,  le  10  septembre  de  la  même 
année,  par  son  rôle  favori  de  Carolina,  du 
Matrimonio  segreto.  Elle    y  resta  jusqu'au 
17juin  1805,  et  chanta  ce  jour-là,  pour  la  clô- 
ture du  théâtre  de  l'opéra  bouffe,  //  Mercato 
di  Malmantile,  dePaisiello;   après  quoi  elle 
s'éloigna    de    Paris   et    retourna    en    Italie. 
En   1806,  elle  était  à  Milan  et  chantait  au 
théâtre  Carcano.  Engagée  ensuite  à  Venise, 
elle  chanta,  pendant  la  saison  d'automne,  au 
théâtre  San-Mosè,  La  Sorpresa,  de  Pavesi. 
J'ai  dit,  dans  la  première  édition  de  cette  bio- 
graphie, que  je  ne  trouvais  plus  de  renseigne- 
ments sur  la  Strinasacchi  après  cette  époque; 
M.  Farrenc,  à  qui  je  suis  redevable  des  détails 
qu'on  vient  de  lire,  m'a  appris  aussi  que  cette 
cantatrice  reparut  au  Théâtre  Italien  de  Paris 
le  8  mai  1816,  et  qu'elle  y  fit  sa  rentrée  dans 
le  Matrimonio  segreto.  Elle  avait  alors  qua- 
rante-hyit  ans  et  paraissait  être  plus   âgée. 
Sa  petite  taille,  son  embonpoint  excessif,   le 
peu  d'agrément  de  sa  figure  et  sa  voix  fatiguée 
ne  pouvaient  réussir  près  des  dilettanli  pari- 
siens :  elle  dut  bientôt  se  retirer.  Le  célèbre 
hautboïste  Vogt  (voyez  ce  nom)  la  retrouva  à 
Londres,  en  1825;  trois  ans  après,  il  retourna 
dans  celte  ville  et  apprit  que  madame  Strina- 


sacchi y  vivait  encore  dans  une  profonde  mi- 
sère. On  sait  qu'elle  y  est  morte,  maison  ignore 
la  date  de  son  décès. 

Thérèse  Strinasacchi  eut  une  sœur  aînée, 
nommée  Anna,  cantatrice  comme  elle,  qui 
chanta  à  Mantoue  comme  prima  donna,  en 
1787,  mais  qui  mourut  jeune. 

STRJXAJD(l)  (Gaspard),  facteur  d'instru- 
ments, naquit  en  Bohême,  vers  1750,  et  se 
fixa  à  Prague,  où  il  fabriqua  beaucoup  de  bons 
violons  et  violoncelles  depuis  1781  jusqu'en 
1793.  Ses  guitares  sont  aussi  fort  estimées. 

STROBACH  (Jean),  luthiste  et  composi- 
teur, né  en  Bohême,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  fut  attaché  au  service  de  l'empe- 
reur Léopold  Ier.  Il  a  publié  des  concerts 
très-curieux  pour  clavecin,  luth,  mandoline, 
viole  d'amour  et  basse  de  viole,  à  Prague,  en 
1698,  in -fol.  J'ai  fait  entendre  un  de  ces  mor- 
ceaux dans  un  de  mes  concerts  historiques,  au 
mois  de  mars  1833.  Le  célèbre  guitariste  Sor 
avait  eu  la  patience  de  faire  une  étude  spéciale 
du  luth  pour  exécuter  la  partie  obligée  de  cet 
instrument,  dont  je  lui  avais  traduit  la  tabla- 
ture; Carcassi  jouait  la  mandoline,  Urhan  la 
viole  d'amour,  Franchomme  la  basse  de  viole, 
et  moi  le  clavecin. 

STROBACH  (Joseph),  directeur  de  l'or- 
chestre de  l'Opéra  de  Prague,  et  violoniste  de 
talent,  naquit  le  2  décembre  1731,  à  Zwillau, 
dans  la  seigneurie  de  Birkstein,  en  Bohême. 
Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  il  fit  ses  études 
à  Liegnilz  et  à  l'université  de  Breslau,  puis  il 
suivit  à  Prague  les  cours  de  philosophie  et  de 
théologie.  Un  goût  passionné  pour  la  musique 
le  fit  ensuite  renoncera  la  carrière  qu'il  s'était 
préparée,  pourse  livrer  exclusivemenlà  la  cul- 
ture de  cet  art.  Après  avoir  été  attaché  pen- 
dant treize  ans  comme  violoniste  à  l'église  des 
chanoines  réguliers  de  la  croix,  il  occupa  la 
position  dedirecteur  de  musique  aux  églises  de 
Saint-Paul,  de  Saint-Gall,  de  Saint-Wenceslas 
et  de  Saint-Nicolas,  et  dirigea  en  même  temps 
l'orchestre  du  théâtre  avec  beaucoup  de  talent. 
Il  mourut  le  10  septembre  1794,  laissant  en 
manuscrit  des  concertos,  des  sonates  et  des 
caprices  pour  le  violon. 

STROBEL  (Valentin),  luthiste  célèbre  et 
compositeur,  vécut  à  Strasbourg,  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Mélodies  pour  des  chansons  alle- 
mandes, avec  accompagnement  de  deux  vio- 
lons et  basse;  Strasbourg,  1652. 2° Symphonie 
pour  Irois  luths  et  une  mandoline,  et  pour 

(I)  Ce  nom  bolicraien  se  prononce  Stygnad. 


STROBEL  —  STRUNGK 


161 


quatre  lutlis,  par-dessus  de  viole  et  basse  de 
violon  ;  ibid.,  1654. 

STROMEYER  (Charles),  basse  chan- 
(anle,  célèbre  en  Allemagne,  est  né  à  Slol- 
Iierg,  en  1780.  Moins  remarquable  par  l'habi- 
leté de  la  vocalisation  que  par  le  volume  et 
l'étendue  extraordinaire  de  sa  voix,  il  descen- 
dait avec  facilité  jusqu'au  contre-wt  grave,  et 
montaitau  so/du  ténor.  Après  avoir  été  quelque 
temps  attaché  à  la  musique  du  duc  de  Saxe- 
Gollia,  il  fut  engagé  pour  le  théâtre  de 
Wèimar,où  il  resta  pendant  toute  la  durée  de  sa 
carrière  théâtrale.  Lorsque  sa  voix  fut  sur  son 
déclin,  il  fut  fait  régisseur  général  du  théâtre; 
mais  il  montra  peu  d'habileté  dans  celle 
place.  Après  la  mort  du  grand-duc  Charles- 
Auguste,  en  1828,  Stromeyer  fut  mis  à  la  re- 
traite avec  une  pension  de  mille  écus.  Il  est 
mort  àWeimar,  le  11  novembre  1845. 

STROZZI  (Pierre),  de  l'illustre  famille 
florentine  de  ce  nom,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle  et  cultiva  la  mu- 
sique comme  amateur.  En  1595,  il  mit  en 
musique  la  Mascarade  des  aveuglés  (Mas- 
curada  dcgli  accecali),  dont  la  poésie  élait 
d'Oclave  Rinuccini  ,  auteur  des  célèbres 
drames  de  la  Dafné  et  de  VEuridice.  Celte 
mascarade  se  fil  avec  un  grand  nombre  de 
masques  à  cheval,  le  25  février  :  les  musi- 
ciens étaient  sur  un  char.  Adrien  De  la  Fage 
a  tiré  ces  renseignements  d'un  manuscrit  du 
commencement  du  dix-septième  siècle  qui  se 
trouve  à  la  bibliothèque  Magliabecchiana  de 
Florence  (voyez  Gazelta  musicale  di  Milano, 
anno  VI,  a»  22). 

STROZZI  (le  P.  Berardo),  prédicateur 
général  de  l'ordre  des  franciscains,  à  Rome, 
au  commencement  du  dix-septième  siècle, 
cultiva  la  musique  avec  succès,  et  fit  im- 
primer de  sa  composition  :  1°  Motetti  a 
cinque  voci;  Venise,  1618,  in-4°.  2»  // 
sccondo  libro  de'  Motetti  a  cinque  voci; 
ibid.,  1022.  Il  y  a  une  deuxième  édition  de 
ces  deux  livres,  à  Venise,  en  1629.  5°  Sacri 
concentus,  messe,  salmi,  sinfonie,  motetti, 
compiete  et  antifone  a  1,  2,  5,  4,  5,  6,  7  et  8 
voci,  con  basso  continuo;  ibid.  4°  Salmi, 
magnificat ,  et  concerté  a  2  et  3  voci,  con 
B.  C.;ibid.  5°  Concerti,  motetti  et  salmi  a  2,5 
ci  4  voci,  con  B.  C.  ;  ibid.  6°  Concerti,  ibid. 
messe,  salmi,  magnificat  a  1 ,  2,  3  et  4  voci; 

STROZZI  (Barbara),  noble  vénitienne, 
vécut  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  et 
publia  des  compositions  vocales,  sous  ce  titre  : 
1°  Il  primo  libro  de'  Madrigali  a  2,  ô,  4  e  5 
voci;  Venezia,  app.  Jlessandro  Vincenti, 

BIOCR.  USIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


1644,  in-4n.  2°  Cantate,  ariette  e  duetti ; 
Venise,  1G53,  in-4°.  ô°  ariette  a  voce  sola; 
Fenezia,  app.  Bart.  Magni,  1658,  in-4". 
4°  Cantate  a  voce  sola,  op.  7  ;  ibid.,  in-4°. 

STROZZI  (D.  Grégoire),  abbé,  docteur 
en  droit  canon  et  protonotaire  apostolique, 
naquit  à  Naples  et  vécut  dans  cette  ville  vers 
la  seconde  moitié  du  dix-seplième  siècle.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  1°  Elementarum 
musicx  praxis,  utilis  non  tantum  incipien- 
tibus,  sed  proficientibus  et  pcrfectis;  Nea- 
poli,  1683,  in-4°.  Cet  ouvrage  renferme  des 
canons  à  deux  voix  (soprano  et  ténor)  destinés 
à  servir  d'exercices  de  solfège.  2°  Capricci  da 
sonare  sopra  cembali  ed  organi,  op.  quarto; 
in  Napoli,  1687,  per  Novello  de  Bonis, 
in-fol.  Ces  caprices,  d'un  bon  style,  sont  à 
quatre  parties,  en  partition. 

STRUCR  (Jean-Baptiste).  Voyez  BA- 
TISTE*. 

STRUCK  (Paul),  compositeur  viennois,  a 
passé  pour  élève  de  Haydn,  sans  doute  à  cause 
de  l'imitation  du  style  de  ce  maître  qu'on  re- 
marque dans  ses  ouvrages.  Les  premières  pro- 
ductions de  Struck  parurent  vers  1797  :  on  n'a 
pas  d'autres  renseignements  sur  sa  personne. 
Cet  artiste  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Trois  sonates  pour  clavecin,  violon  et 
basse,  op.  1;  Offenbach,  André.  2°  Quatuor 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  2;  ibid. 
5°  Grand  trio  pour  clavecin,  violon  et  basse, 
op.  3;  ibid.  4°  Trois  sonates  pour  clavecin, 
flûte  ou  violon  et  basse,  op.  4;  ibid.  5°  Me- 
nuet et  trio  pour  piano  à  quatre  mains; 
Vienne,  Kozeluch.  6°  Quatuor  pour  piano, 
flûte  et  deux  cors,  ou  deux  altos,  op.  5; 
Vienne ,  Mollo.  7°  Symphonie  à  grand 
orchestre,  op.  10  ;  Offenbach,  André. 
8°  Quatuor  pour  clarinette,  violon,  alto  et 
violoncelle,  op.  12;  Vienne,  Artaria.  9°  So- 
nate pour  piano,  clarinette  et  deux  cors, 
op.  17;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hserlel. 
10°  Des  marches  et  autres  petites  pièces 
pour  piano.  11°  Cantate  funèbre  avec  or- 
chestre, op.  16;  Vienne,  Weigl.  12°  Chants 
allemands  à  trois  voix,  op.  6;  ibid.  13°  Chan- 
sons allemandes  pour  voix  seule  avec  piano, 
op. 11  et  15;  ibid. 

STRUIVGR  (Delpiiin),  né  à  Brunswick.en 
1601,  fut  organiste  à  Wolfenbultel  pendant  les 
années  1630-1632,  puis  à  Zelle  (Hanovre),  en 
1639-1645,  et,  enfin,  à  Brunswick,  sa  patrie, 
où  il  remplit  les  places  d'organiste  dans  cinq 
églises  différentes.  Il  mourut  en  1694,  à  l'âge  de 
qualre-vingt-treize  ans,  laissant  en  manuscrit 
des  pièces  d'orgue  en  tablature. 

11 


162 


STRUNZ 


STRUNGK  (Nicoi.as-Adam),  fils  aîné  du 
précédent,  né  en  1640,  à  Zelle,  où  son  père 
était  alors  organiste,  fut  un  des  plus  célèbres 
violonistes  de  l'Allemagne.  A  l'âge  de  douze 
ans,  il  obtint  la  place  d'organiste  à  l'église 
Saint-Magnus  de  Brunswick.  Il  continua  en 
même  temps  ses  études,  qu'il  alla  terminer  à 
l'université  de  Helmstadt.   Ce  fut  dans  celte 
ville    que  se   développèrent   ses   dispositions 
pour  le  violon.  Son  premier  maître  pour  cet 
instrument  fut  un  habile  artiste  de  Lubeck, 
nommé  Schnittelbach.  Ses  progrès  furent  ra- 
pides, car  à  l'âge  de  vingt  ans,  il  obtint  la 
place  de  premier  violon  de  la  chapelle  du  duc 
de  Wolfenbutlel.  Il   la  quitta  peu  de  temps 
après  pour  accepter  une  position  plus  avanta- 
geuse chez   le  duc  de  Zelle.   Ayant  fait  un 
voyage  à  Vienne,  avec  l'autorisation  de  ce 
prince,  il  joua  devant  l'empereur,  qui  lui  té- 
moigna sa  satisfaction  en  lui  faisant  présent 
«l'une  chaîne  avec  une  médaille  à  son  effigie. 
Après  la  mort  du  duc  de  Zelle,  Strungk  entra 
au  service  de  l'électeur  de  Hanovre,  d'où  il  fut 
appelé  peu  de  temps  après  à  Hambourg,  pour 
diriger  la  musique  du  théâtre.  Il  y  composa, 
jusqu'en  1685,  les  opéras  intitulés:  1°  La  For- 
tune et  la  chute  de  Séjan,  en  1 G78.  2»  Eslher; 
3°  Do  ris;  4°  Les  Filles  de  Cécrops,  5"  Al- 
ceste;  6°  Thésée;  7°  Sémiramis ;  8°  Floretto. 
Frédéric  -Guillaume ,    électeur    de    Brande- 
bourg, qui  visita  Hambourg  à  cette  époque, 
ayant  été  témoin  des  succès  de  Strungk,  désira 
l'avoir  à  son  service,  le  demanda  au  magistral, 
et  le  nomma  son  maître  de  chapelle;  mais  le 
duc  de  Hanovre  ayant  appris  le  prochain  dé- 
part de  Slrungk    pour    Berlin,    le   réclama 
comme  son  vassal.  Pour  le  dédommager  des 
avantages  dont  il  le  privait,  il  lui  accorda  la 
place  d'organiste  de  sa  musique  particulière, 
et  l'emmena  eo^  Italie,  où  Strungk  demeura 
plusieurs  années.  De  retour  en  Allemagne,  et 
passant  à  Vienne,  il  s'y  fit  entendre  une  se- 
conde fois  de  l'empereur,  qui  lui  donna  de 
nouvelles   marques    de   sa   munificence.    De 
Vienne,  Slrungk  se  rendit  à  Dresde,  et  y  fut 
nommé  second  mailre  de  chapelle  de  la  cour. 
En  1692,  il  succéda  à  Bernhardl  en  qualité  de 
premier  maître,  et  remplit  les  fonctions  de 
cette  place  jusqu'en  1696.  Plus  tard,  il  se  fixa 
à  Leipsick,  où  il  mourut  le  20  septembre  1700, 
à  l'âge  de  soixante  ans.  Parmi  les  morceaux 
de  sa  composition  pour  le  clavecin  on  remar- 
que :  1°  Ricercare,  sur  la  mort  de  sa  mère, 
écrit  à  Venise,  le  20  décembre  1685.  2°  Exer- 
cices pour  le  violon  ou  la  basse  de  viole,  con- 
sistant en  sonates,  cliaconnes,  clc,  avec  ac- 


compagnement de  deux  violons  et  basse  con- 
tinue; Dresde,  1691,  in-fol, 

STRUNZ  (Jacques),  compositeur,  né  en 
1783.  à  Pappenheim,  en  Bavière,  a  reçu  les 
premières  leçons  de  musique  du  maître  de  cha- 
pelle Metzger,  à  Munich,  et  plus  tard  est  devenu 
élève  de  Winter.  Dès  l'âge  de  quatorze  ans,  il 
était  attaché  à  la  chapelle  royale;  mais  une 
imprudence  de  jeunesse  l'ayant  exposé  au  res- 
sentiment  d'une    famille    puissante,    il    dut 
s'éloigner  de  la  capitale  de    la   Bavière.    Il 
parcourut  alors  l'Allemagne,  la  Hollande  et 
l'Angleterre,  en  donnant  des  concerts   pour 
vivre.  Arrivé  en  France,  en  1800,  il  accepta  la 
place  de  chef  de  musique  d'un  régiment,  qui 
lui  fut  offerte,  et  fil  en  celte   qualité,  à  l'âge 
de  dix-sept  ans,  la  campagne  d'Italie  qui  se 
termina  par  la  bataille  de  Marengo.  Après  la 
paix,  son  régiment  alla  tenir  garnison  à  An- 
vers. Il  y  commit  un  acte  de  grave  insubordi- 
nation envers  son  colonel,  et  n'échappa  à  une 
condamnation  capitale  que  par  l'intervention 
de  puissants  amis.  Ayant  obtenu  sa  démission, 
Strunz  s'établit  à  Anvers,  comme  professeur  de 
musique,  et  y  écrivit  plusieurs  concertos  pour 
la  flûte,  le  cor  et  le  violoncelle,  une  messe  so- 
lennelle pour  la  cathédrale,  et  Bouffarelli,  ou 
le  Prévôt  de  Milan,  opéra-comique,  qui  fut 
représenté  au  théâtre  de  Bruxelles,  avec  quel- 
que succès.  Napoléon  ayant  visité  la  Belgique 
et  particulièrement  Anvers,  en  1807,  Strunz 
fut  chargé  par  l'administration  municipale  de 
composer  une  cantate  héroïque  pour  une  fête 
que  la  ville  donnait  à  l'empereur.  Napoléon 
fut  si  satisfait  de  cet  ouvrage,  qu'il  fil  remettre 
une  somme  de  six  mille  francs  au  compositeur. 
Quelque  temps  après,  Strunz  se  rendit  àParis, 
pouf  s'y  livrer  à  l'enseignement  et  à  la  com- 
position. Il  y  publia  beaucoup  de  musique  in- 
strumentale dans  l'espace  de  dix  ans.  En  1818, 
il  fit  jouer  au  théâtre  Feydeau  Les  Courses  de 
New-Market,  opéra-comique  en  un  acte  qui 
ne  réussit  pas,  ce  qui  n'empêcha  pas  Strunz 
d'écrire  un  autre  ouvrage  en  trois  actes,  dont  il 
ne  put  obtenir  la  représentation.  Découragé, 
après  cinq  ans  d'attente  vaine,  il  abandonna 
la  culture  de  la  musique  pour  une  place  d'in- 
specteur des  subsistances  militaires  dans  la 
guerre  d'Espagne,  en  1823.  Après  la  paix,  il 
resta  longtemps  à  Barcelone,  puis  parcourut 
l'Espagne,   la  Grèce,  une   partie   de   l'Asie, 
l'Egypte,  les  îles  Baléares,  et  né  revint  à  Paris 
qu'en  1851.  Vers  cette  époque,  le  fruit  de  ses 
économies  lui  fut  enlevé  par  une  banqueroute, 
et  cet  événement  l'obligea  à  chercher  de  nou- 
veau des  ressources  dans  la  musique.  Il  ar- 


STRUNZ  —  STUMPF 


163 


Tangea  beaucoup  de  morceaux  d'opéras  pour 
divers  instruments  à  vent,  et  composa  pour  le 
théâtre  Nautique,  en  1834,  la  musique  des 
ballets  les  Nymphes  des  eaux,  et  Guillaume 
Tell,  en  cinq  actes;  mais  le  succès  de  ces  ou- 
vrages ne  put  retarder  la  ruine  de  ce  théâtre. 
L'entrepreneur    espérait    relever  ses  affaires 
au  moyen  d'une  troupe  d'opéra  allemand  : 
Strunz  fut  chargé  d'aller  en  Allemagne  engager 
«les  acteurs;  mais  pendant  son  voyage,  il  ap- 
prit la  clôture  du  théâtre  et  retourna  à  Paris. 
Sa  situation  précaire  dans  cette  ville  l'obligea 
ensuite  à  accepter  la  place  de  chef  du  bureau 
de  copie  de  l'Opéra-Comique;  puis  il  quitta 
cette  position  pour  la  direction  de  la  musique 
du  théâtre  de  la  Renaissance,  et  écrivit  pour  le 
drame  de  Victor  Hugo,  Ruy  Blas,  une  ouver- 
ture et  des  entr'actes.  Malheureusement  l'exis- 
tence de  ce  nouveau  théâtre  ne  fut  pas  plus 
longue  que  celle  du  théâtre  Nautique.  Strunz 
reprit,   dans    les  derniers  temps,  sa  position 
de  chef  du  bureau  de  copie  à  l'Opéra-Comique. 
Homme  de  talent,  bien  élevé,  modeste,  et  plein 
d'aménité  dans  ses  relations  du  monde,  il  mé- 
ritait un  meilleur  sort.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position :  1°  Trois  quatuors   chantants  pour 
deux    violons,   alto  et   basse;  Paris,   Pacini. 
2°   Concerto   pour  la  flûte  (en   sol);    Paris, 
Sieher.  o"  Quintettes  pour  instruments  à  vent. 
4°  Quelques  œuvres  de  duos  pour  deux  flûtes; 
Paris,  Sieber,  Pleyel.  5°  Concerto  pour  le  cor; 
Paris,   Pleyel.    6°   Beaucoup   d'arrangements 
pour  divers   instruments.   7°    Des    romances 
françaises,  avec  accompagnement  de  piano; 
Paris,    Schlesinger.   En  1849,    j'ai    retrouvé 
Strunz  à  Munich,  où  il  s'était  retiré  :  un  héri- 
tage qu'il  avait  fait  quelques  années  aupara- 
vant l'avait  placé  dans  une  position  aisée. 

STRZOSKY  (Manswet),  violoniste,  pia- 
niste et  compositeur,  naquit  le  11  décembre 
1753,  à  Geyersberg,  en  Bohême.  Admis  chez 
les  serviles  de  Krulich,  comme  enfant  de 
chœur,  il  y  fit  ses  premières  études,  puis  alla 
les  achever  à  Prague.  La  musique  devint  ensuite 
sa  principale  occupation.  En  1799,  il  était  em- 
ployé comme  violoniste  à  l'église  de  Strahow  ; 
plus  tard  il  eut  un  emploi  semblable  à  la  cathé- 
drale de  Prague,  et  entra  à  l'orchestre  de 
l'Opéra.  ïl  mourut  en  cette  ville  le  8  mai  1807, 
laissant  en  manuscrit  des  quintettes,  quatuors 
et  trios  pour  instruments  à  cordes,  et  un  O  sa- 
lutaris,  composé,  en  1800,  pour  l'église  de 
Strahow,  et  qui  fut  considéré  comme  un  bon 
morceau  de  musique  religieuse. 

STUCK  (Jean-Guillaume),  né  à  Zurich,  le 
21  mai  1542,  fut  professeur  de  théologie  dans 


cette  ville,  et  y  mourut  le  3  septembre  1607. 
On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Antiquitatum 
convivalium  libri  III,  imprimé  à  Zurich,  en 
1597,  in-fol.  Il  y  traite,  au  20e  chapitre  du 
septième  livre,  De  musicx  divisione,  vi,  uti- 
litate  ac  suavitate,  etc. 

STUDZI1XSKI  (Vincent),  compositeur, 
violoniste  et  professeur  de  piano,  naquit  à 
Cracovie,  en  1815.  Professeur  de  violon  à  l'in- 
stitut technique  de  cette  ville,  il  dirigea  pen- 
dant quelques  années  l'orchestre  du  théâtre. 
Il  est  mort  d'une  maladie  de  poitrine,  en  1854. 
La  plupart  des  ouvrages  de  cet  artiste  sont 
restés  en  manuscrit  ;  on  y  remarque  quatre 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse;  va- 
riations pour  violon  principal  avec  accompa- 
gnement de  quatuor;  caprice  pour  violon  sur 
une  krakowiak  avec  accompagnement  de 
piano;  trois  fantaisies  idem  sur  des  krakowiaks 
et  desmazourkes;  le  Marinier,  ballade  pour 
violon,  avec  accompagnement  de  piano;  Elégie 
idem;  trois  nocturnes  idem;  variations  idem 
sur  des  thèmes  de  Bianca  e  Fernando,  de 
Bellini  ;  Mes  Rêveries,  six  fantaisies  pour  vio- 
lon et  piano;  le  Rêve,  idem;  Moment  de 
gaieté,  rondeau  pour  violon  avec  accompagne- 
ment de  piano;  Mazourkes  de  concert  idem; 
la  Danse  des  fantômes,  idem  ;  scènes  fantas- 
tiques pour  deux  chœurs  et  orchestre;  polo- 
naises, etc.  On  n'a  publié  de  Studzinski  que  deux 
livraisons  de  Mazourkes,  en  1853  et  1854.  Une 
notice  biographique  surcetarliste,  en  langue  po- 
lonaise^ été  publiée  en  1853,  par  M.Radwanski. 

Trois  frères  de  Studzinski,  Charles,  Pierre 
et  Gaétan,  cultivent  la  musique  et  en  font  leur 
profession  :  Pierre  est  auteur  de  la  musique  de 
Lobzowianie,  opéra-comique  représenté  avec 
succès  à  Varsovie. 

STUMM  (Henri),  fut  un  bon  facteur  d'or- 
gues allemand,  vers  la  fin  du  dix- huitième 
siècle.  Il  vivait,  en  1780,  à  Rauhen-Sulz- 
bach,  près  de  Rien,  dans  les  montagnes  du 
Hundsrlick.  Aidé  par  ses  fils,  il  construisit 
l'orgue  de  trente-six  jeux  dans  l'église  du  culte 
réformée  Bockenheim,  en  1768,  et  le  grand 
orgue  de  l'église  Sainte-Catherine  de  Francfort, 
composé  de  quarante  et  un  jeux,  trois  claviers 
et  pédale,  en  1779. 

STUMPF  (Jean-Chrétien),  bassoniste  alle- 
mand, vécut  à  Paris,  vers  1785,  et  y  publia 
plusieurs  compositions;  puis  il  fut  attaché  à 
l'orchestre  d'Altona  jusqu'en  1798;  enfin,  il 
eut  le  titre  de  second  répétiteur  au  théâtre  de 
Francfort-surle-Mein.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  en  1801.  On  a  imprimé  de  la  composition 
de  cet  artiste  :  1°  Entr'actes  pour  des  pièces  de 

11. 


164 


STUMPF  —  SUARI) 


théâlre,  à  grand  orchestre,  livres  1  à  4;  OfTen- 
bach,  André.  2°  Pièces  d'harmonie  pour  deux 
clarinettes,  deux  cors  et  deux  bassons,  livres 
1  à  4;  ibid.  5°  Concerto  pour  flûte,  op.  15; 
Augsbourg,  Gombart.  4°  Duos  pour  deux  cla- 
rinettes, op.  18;  Paris,  Naderman.  5°  Con- 
certos pour  le  basson,  nos  1,  2,  5,4;  Bonn, 
Simrock.  6°  Quatuor  pour  basson,  violon,  alto 
et  basse;  ibid.  7°  Duos  pour  deux  bassons, 
liv.  1  et  2;  Paris,  Leduc.  8°  Sonates  en  duos 
pour  violon  et  violoncelle,  op.  1  et  2;  ibid. 
9°  Duos  pour  deux  violoncelles,  op.  16  et  17; 
Paris,  Sieber.  10°  Quelques  œuvres  de  duos  et 
de  trios  pour  le  violon;  ib/d.Slumpf  a  arrangé 
pour  divers  instruments  à  vent  plusieurs  opéras 
de  Mozart,  Salieri,  Paer  et  Wranilzky. 

STUÏNZ  (Joseph-Hartmann),  maître  de  la 
chapelle  royale  à  Munich,  né  à  Arlesheim,  en 
Suisse  (canton  de  Bâle),  le  23  juillet  1793,  fit 
ses  études  décomposition  dans  la  capitale  de 
la  Bavière,  sous  la  direction  de  Winler.  En 

1819,  il  se  rendit  en  Italie  et  fut  engagé  pour 
écrire  l'opéra  laRappresaglia,  pour  le  théâtre 
de  la  Scala,  à  Milan.  Cet  ouvrage,  représenté 
avec  succès  le  2  septembre  de  la  même  année, 
l'ut  joué  ensuite  sur  plusieurs  théâtres,  et  fit  ob- 
tenir au  compositeur  un  nouvel  engagement 
pour  celui  de  la  Fenice,  à  Venise.  Costantino 
était  le  titre  de  ce  second  opéra,  qui,  accueilli 
avec  beaucoup  de  faveur,  au  mois  de  février 

1820,  malgré  les  préventions  des  Italiens  de 
cette  époque  contre  les  compositeurs  étrangers, 
fut  joué  aussi  avec  succès  à  Padoue  et  au 
théâtre  italien  de  Munich.  Rappelé  à  Milan,  en 

1821,  Stunz  y  donna,  au  mois  de  juin,  sur  le 
théâlre  de  la  Scala,  son  opéra  Elvira  c  Lu- 
cindo}  et  alla,  dans  l'année  suivante,  écrire  à 
Turin  Argent  ed  Almira,  qui  réussit  égale- 
ment. Après  quatre  essais  heureux  sur  des 
scènes  qui  tiennent  le  premier  rang  en  Italie, 
la  carrière  du  compositeur  semblait  tracée; 
mais  rappelé  à  Munich  pour  y  prendre  la  di- 
rection du  chant  et  des  chœurs  du  théâtre  alle- 
mand, Stunz  se  laissa  séduire  par  l'appât  d'une 
position  stable,  à  l'abri  des  éventualités  capri- 
cieuses du  théâtre,  et  accepta  les  propositions 
qui  lui  étaient  faites.  Déjà  il  avait  donné  à  Mu- 
nich l'opéra  allemand  Henri  IF  à  Givry.  En 
1824,  il  écrivit  Caribald,  dont  l'introduction 
et  le  finale  furent  remarqués,  et  deux  ans  après 
il  donna  à  Vienne  Schloss  Lowinshj  (Le  châ- 
teau deLowinsky).  Ses  derniers  ouvrages  pour 
le  théâtre  sont  la  musique  du  ballet  Alasmun 
el  Balsora,  représentée  Munich,  en  1831,  et 
Rosa,  opéra  composé  pour  la  même  ville,  en 
18-515.  Il  avait  succédé  à  Frsenzel,  en  1824, 


dans  la  direction  de  l'Opéra  allemand.  Après 
la  mort  de  Winter,  en  1826,  il  obtint  la 
place  de  maître  de  la  chapelle  royale.  Le  trai- 
tement attaché  à  cette  place  n'était  que  de 
mille  deux  cents  florins  (moins  de  trois  mille 
francs);  c'était  bien  peu.  J'ai  trouvé  à  Munich, 
en  1849,  le  pauvre  Stunz  fort  découragé  :  il  se 
sentait  éteindre  dans  un  pays  dont  la  popula- 
tion ne  prend  quelque  intérêt  qu'à  la  musique 
de  théâtre.  L'objet  principal  de  ses  travaux, 
depuis  sa  nomination  à  la  place  de  maître  île 
chapelle,  fut  la  musique  d'église.  11  a  écrit 
plusieurs  messes  solennelles  avec  orchestre  ; 
d'autres  pour  les  voix  avec  orgue,  des  motels, 
des  offertoires,  un  très-beau  Stabat  Mater, 
composé  pour  Vienne,  en  1822,  des  chants  en 
chœur,  des  symphonies,  une  cantate  pour 
l'entrée  de  l'empereur  d'Autriche  à  Munich,  et 
une  autre  pour  l'inauguration  du  JTalhalla. 
Stunz  est  mort  à  Munich,  le  18  juin  1859.  Outre 
les  ouvrages  cités  ci-dessus,  ses  autres  produc- 
tions consistent  en  deux  ouvertures,  op.  7  et  9; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrlel  ;  un  quatuor 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  8;  Augs- 
bourg, Gombart;  des  nocturnes  à  deux  voix; 
le  chœur  Der  wilde  Jager  (Le  chasseur  sau- 
vage), qui  a  obtenu  un  succès  d'enthousiasme, 
en  1837,  et  le  Chant  des  héros  à  Walhalla, 
pour  quatre  voix  d'hommes  avec  des  instru- 
ments de  cuivre,  publié  à  Munich,  chez  Falter. 

STYLES  (François-!!  atkins-Eyles).  f  'oyez 
STILES. 

SUARD  (Jean-Baptiste  Antoine),  membre 
de  l'Académie  française,  né  à  Besançon,  le 
15  janvier  1734,  mourut  à  Paris,  '.e  20  juillet 
1817,  à  l'âge  de  quatre-vingt-six  ans.  L'his- 
toire de  sa  vie  et  de  ses  travaux  littéraires  n'ap- 
partient pas  à  ce  dictionnaire  biographique; 
il  n'y  est  cité  que  pour  la  part  qu'il  prit,  avec 
l'abbé  Arnaud,  aux  querelles  des  gluckistes 
et  des  piccinnistes.  Partisan  déclaré  de  la  mu- 
sique de  Gluck,  il  écrivit  dans  le  Journal  de 
Paris  et  dans  le  Mercure  de  France,  sous  le 
nom  de  V Anonyme  de  Vaugirard,  quelques 
articles  piquants  contre  ses  antagonistes.  Ces 
morceaux  ont  été  réunis  dans  les  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  de  la  révolution 
opérée  dans  la  musique  par  M.  le  chevalier 
Gluck  (Paris,  1781,  un  volume  in-8r),  et  dans 
les  Mélanges  de  littérature  île  Suard,  Paris, 
Dentu,  1804-1805,  cinq  volumes  in-8°,  avec 
quelques  autres  écrits  relatifs  à  la  musique. 
Suard  a  fait  insérer  dans  le  premier  volume 
des  Variétés  littéraires  (Paris,  Lacomoe, 
1770.  quatre  volumes  in-12),  une  Lettre  sur 
un  ouvrage  italien,  intitulé  II  Tcalio  alla 


SUARD  —  SUDRE 


165 


moda  (de  Marcello),  p.  192-220.  Il  est  aussi 
fauteur  du  supplément  de  VEssai  sur  la  mu- 
sique, de  Lahorde  (tome  IV,  pages  457-474). 
Enfin,  il  a  fourni  quelques  articles  au  Diction- 
naire de  musique  de  V Encyclopédie  métho- 
dique. 

SUDRE  (JEAN-FaàNçois),  né  à  Alby  (Tarn), 
le  15  août  1787,  apprit  la  musique  dès  son  en- 
fance, et  fut  envoyé  comme  élève  au  Conser- 
vatoire de  Paris,  où  il  fut  admis  le  12  mai 
180G.  Il  y  reçut  des  leçons  de  violon  d'Habe- 
neck,  et  Catel  lui  enseigna  l'harmonie.  De 
retour  dans  le  Midi  de  la  France,  il  enseigna 
d'abord  le  chant,  la  guitare  et  le  violon  à  So- 
rèze;  mais,  en  1818,  il  s'établit  à  Toulouse,  et 
y  fonda  une  école  d'enseignement  mutuel  pour 
Ta  musique.  Vers  le  même  temps,  il  publia 
quelques  romances  avec  accompagnement  de 
piano  et  de  guitare,  des  nocturnes,  des  trios  et 
des  quatuors  de  chant,  avec  ou  sans  accompa- 
gnement. En  1822,  Sudre  se  rendit  à  Paris,  où 
il  ouvrit  un  magasin  de  musique,  qu'il  aban- 
donna quelques  années  après.  Depuis  1817, 
il  s'était  préoccupé  de  la  possibilité  de  for- 
mer un  système  de  signes  par  les  sons  des 
instruments  de  musique,  et  de  le  faire  servir  à 
établir  avec  rapidité  des  communications  loin- 
laines.  Celle  idée  première  mûrit  lentement 
dans  l'esprit  de  l'inventeur.  Au  mois  de  jan- 
vier 1828,  il  crut  que  sa  langue  musicale  était 
assez  bien  combinée  pour  être  soumise  à  l'exa- 
men de  l'Institut  de  France.  Une  commission, 
composée  de  Prony,  Arago,  Fourier,  Baoul- 
Rochetle,  Cherubini,  Lesueur,  Berlon,  Catel 
et  Boieldieu,  donna  des  éloges  à  cette  décou- 
verte, et  termina  son  rapport  par  ces  mots  : 
La  commission  croit  que  ce  nouveau  moyen 
de  communication  de  la  pensée  peut  o/frir 
de  grands  avantages,  et  que  le  système  de 
M.  Sudre  renferme  en  lui  tous  les  germes 
d'une  découverte  ingénieuse  et  utile.  Des  ex- 
périences faites  ensuite  au  Champ-de-Mars, 
par  ordre  du  ministre  de  la  guerre,  en  présence 
de  plusieurs  officiers  généraux,  démontrèrent 
*pie  l'application  de  cette  langue  musicale  dans 
les  opérations  militaires,  au  moyen  de  signaux 
donnés  par  un  clairon,  pouvait  faire  parvenir 
des  ordres  à  de  grandes  distances,  et  donner 
le  retour  du  message  dans  l'espace  de  quinze 
secondes.  Le  rapport  des  généraux  au  ministre 
de  la  guerre  donna  des  éloges  sans  restriction 
au  nouveau  moyen  de  communication,  que 
Sudre  appela  depuis  lors  Téléphonie.  Il  en 
fut  de  même  du  rapport  d'un  comité  de  la 
marine.  En  1833,  l'inventeur  de  la  téléphonie 
commença  à  donner  des   séances   publiques 


dans  lesquelles  il  excita  vivement  la  curiosité 
par  la  traduction  instantanée  de  phrases 
dictées,  au  moyen  de  trois  notes  d'un  cornet 
ou  d'un  clairon,  diversement  combinées  dans 
les  intonations  ou  dans  la  mesure  et  le 
rhylhme.  Tous  les  journaux  signalèrent  l'in- 
térêt de  ces  séances  dans  des  analyses  élo- 
gieuses.  Un  nouveau  rapport  de  toutes  les  aca- 
démies de  l'Institut  de  France  approuva,  le 
14  septembre  1833,  les  perfectionnements  pro- 
gressifs introduits  par  Sudre  dans  sa  langue 
musicale.  Dans  ses  voyages  en  France,  en  Bel- 
gique, en  Angleterre,  partout,  enfin,  il  a  été 
accueilli  avec  intérêt  et  comblé  d'éloges.  Lui- 
même  a  recueilli  dans  une  brochure  de 
soixante-deux  pages  in-8°  les  rapports  officiels 
dont  son  invention  a  élé  l'objet,  ainsi  que  les 
opinions  des  journaux  ;  cette  brochure  a  pour 
litre  :  Rapports  sur  la  langue  musicale  in- 
ventée par  M.  F.  Sudre,  approuvée  par  Vin- 
stitut  royal  de  France ,  et  opinion  de  la 
presse  française,  belge  et  anglaise,  stir  les 
différentes  applications  de  cette  science; 
Paris,  1838,  in-8°.  Les  derniers  perfectionne- 
ments de  la  langue  musicale  imaginés  par 
Sudre  onl  consisté  à  faire  disparaître  la  néces- 
sité de  l'intonation  et  du  son,  en  la  formant 
simplement  d'éléments  rhylhmiques,  en  faveur 
d'une  classe  d'infortunés,  heureusement  peu 
nombreuse,  qui  sont  à  la  fois  aveugles,  sourds 
et  muets.  Par  des  attouchements  rhylhmiques 
des  mains,  toutes  les  idées  et  les  faits  peuvent 
être  communiqués  immédiatement.  La  section 
de  musique  du  jury  de  l'exposition  internatio- 
nale de  Londres,  en  1862,  fut  appelée  à  juger 
la  valeur  de  ces  perfectionnements,  et  dans  la 
séance  consacrée  à  cet  objet,  nous  dictâmes 
par  écrit  plusieurs  phrases  qui,  lues  par  Sudre, 
furent  transmises  par  lui  à  la  personne  qui 
devait  les  traduire,  sans  aucune  autre  commu- 
nication que  le  contact  des  mains.  Toutes  les 
traductions  furent  instantanées  et  d'une  exac- 
titude parfaite,  entre  autres  celle  phrase,  qui 
fut  rendue  mot  pour  mot  :  Nous  allons  nous 
séparer  ;  qu'on  fasse  approcher  des  voitures 
pour  chacun  de  nous.  Déjà  le  jury  de  l'expo- 
sition universelle  de  Paris,  en  1855,  avait  voté 
une  récompense  de  dix  mille  francs  pour  l'in- 
venteur de  lalanguemusicale  :  celle  somme  fut 
payée  à  Sudre  par  le  gouvernement  français.  Le 
jury  de  l'exposition  internationale  de  Londres, 
à  qui  Sudre  communiqua  la  grammaire  et  le 
vocabulaire  de  la  Téléphonie,  qui  n'ont  point 
encore  élé  publiés,  a  demandé  au  même  gou- 
vernement qu'une  pension  viagère  fut  accordée 
à  son  inventeur.  Celle  demande  fut  accueillie; 


166 


SUDRE  —  SULZER 


mais  Sudre  ne  jouit  pas  longtemps  de  cette 
amélioration  de  sa  position,  car  il  mourut  à 
Paris,  le  3  octobre  1862.  Il  a  composé  et  pu- 
blié quelques  solos  de  violon  avec  orchestre  ou 
piano,  des  romances,  des  nocturnes  à  deux  et 
trois  voix,  et  les  chants  patriotiques  la  Co- 
lonne et  le  Champ  d'Asile,  dont  il  a  été  fait 
plusieurs  éditions. 

SUEVUS  (Gaspard),  recteur  du  collège  de 
Lowenberg,  en  Silésie,  naquit  dans  cette  ville, 
en  1577,  et  mourut  le  21  octobre  1625.  Il  fit 
imprimer  en  1612,  un  programme  académique 
in  Fest.  Gregor.  Schola?  Leoburgensis,  qui 
contient  l'éloge  de  la  musique. 

SUEVUS  (Félicien),  gardien  du  couvent 
des  capucins  de  Strasbourg,  vers  1650,  .passa 
ensuite  au  couvent  d'Inspruck,  où  il  était  en- 
core en  1661.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
\"Cithara  patientis  Jobi  versa  in  luctum, 
motets  à  trois  voix,  deux  violons  et  basse  con- 
tinue; Strasbourg,  1647.  2°  Magnificat  seu 
Faticinium  Dei  Parentis,  semper  Virginia, 
cum  hymno  Ambrosiano  et  falsi  bordoni 
Avocibus,  adjuncto  choro  secundo  cum  vio- 
lonis  et  symphoniis  non  necessariis ;  In- 
spruck,  1651,  in-4°.  3°  Psalmi  vespertini 
5  voc;  ibid.,  1651,  in-4°.  4°  Fasciculus  mu- 
sicits  sacrorum  concentuum,  trium  vocum 
tam  instrumentorum  quam  vocalium,  etc.  ; 
ibid.,  1656,  in-4°.  5°  Lilania  B.  M.  f'irginis 
Laurelanx  von  2  oder  3,  oder  5  Stimmen, 
ibid.,  1661,  in-4°.  6°  Sacra  Ercmus  piarum 
cantionum  2  et  3  foc.  cum  2  violinis.  7°  Mo- 
tettia  2,  o,  4  et  5  voci  cum  violini.  8°  Tuba 
sacra, seu  converti  a  1,2,  3  voci.  99  Magni- 
ficat a  3  voci. 

SUIRE  (Robert-Martin  LE),  ou  LE- 
SUIRE,  littérateur,  né  à  Rouen,  en  1737,  se 
rendit  à  Paris  après  avoir  achevé  ses  éludes,  et 
y  obtint  la  place  de  lecteur  du  duc  de  Parme. 
Il  suivit  son  élève  en  Italie,  puis  fit  plusieurs 
voyages  en  Angleterre.  De  retour  à  Paris,  il 
s'y  mit  aux  gages  de  libraires  et  publia  des 
poésies  et  des  compilations  médiocres,  de  mau- 
vais romans  et  quelques  morceaux  de  polémi- 
que. Échappé  aux  orages  de  la  révolution,  il 
fut  nommé  professeur  de  législation  à  l'école 
centrale  de  Moulins,  perdit  celte  place  à  l'épo- 
que de  l'organisation  des  lycées,  et  revint  à 
Paris,  où  il  mourut  le  27  avril  1815.  Ce  liltéra- 
leur  n'est  cité  dans  la  Biographie  'universelle 
des  musiciens  que  pour  un  pamphlet  pseudo- 
nyme concernant  la  musique  des  opéras  de 
Gluck,  intitulé  :  Lettre  de  M.  Camille  Trillo, 
fausset  de  la  cathédrale  d'Auch,  sur  la  mu- 
sique dramatique;  Paris,  1777,  in-12. 


SLLTZRERGER  (Jean-Ulrich),  direc- 
teur de  musique  et  virtuose  sur  le  zink  (1),  à 
Berne,  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  a  mis  en  musique  à  quatre  parties,  en 
contrepoint  simple  de  note  contre  note,  les 
Psaumes  de  David  traduits  en  vers  allemands 
par  Ambroise  Lobwasser.  Cet  ouvrage  a  été 
publié  sous  ce  litre  :  Fierstimmiger  Psalmen- 
buch;  das  ist,  Psalmen  David' s,  durch 
D.  Ambr.  Lobwasser  in  teutsche  Reymen 
gebracht,  worinn  die  hochclevierten  Psal- 
men transponierty  etc.;  Berne,  Daniel  Tschif- 
felt,  1727,  petit  in-8°  de  six  cent  quarante  et 
une  pages.  On  trouve  en  tète  du  volume  des 
principes  abrégés  de  musique. 

SULZER  (Jean-Georges),  littérateur  et 
membre  de  l'Académie  royale  des  sciences  de 
Berlin,  naquit  à  "VYinterthur,  en  1719.  Après 
avoir  fait  ses  études  dans  sa  ville  natale  et  à 
Zurich,  il  remplit  pendant  quelque  temps  des 
fonctions  pastorales  dans  un  village,  puis  fut 
instituteur  à  Magdebourg,  et,  enfin,  profes- 
seur de  mathématiques  à  Berlin.  Il  fut  admis 
à  l'Académie  des  sciences  de  cette  ville,  en 
1750,  et  plus  tard  y  eut  le  titre  de  directeur  de 
la  section  de  philosophie.  Il  mourut  à  Berlin, 
le  27 février  1779.  Au  nombrede  ses  ouvrages, 
on  trouve  celui  qu'il  publia  en  français  sous  ce 
litre  :  Pensées  sur  l'origine  et  les  différents 
emplois  des  sciences  et  des  beaux-arts,  dis- 
cours prononcé  dans  rassemblée  royale  des 
sciences  et  des  belles-lettres,  le  27  de  janvier 
1757,  Berlin,  in-8°  de  quarante-huit  pages~ 
C'est  le  fond  de  cet  écrit  qui  est  devenu  la 
base  de  celui  que  Sulzer  a  publié  plus  tard  en 
allemand,  et  qui  est  intitulé  :  Die  Schœnen 
Kiinste  in  ihrem  Ursprunge,  ihrer  wahren 
Natur  und  besten  Amcendung  betrachtet; 
Leipsick,  1772,  in-8°  de  huit  feuilles.  Mais 
l'ouvrage  qui  a  rendu  célèbre  le  nom  de  Sul- 
zer est  son  encyclopédie  des  arts  intitulée  : 
Allgemeine  Théorie  der  schœnen  Kiinste  in 
einzeln,  nach  alphabetischer  Ordnung  der 
Kunstivœrter  auf  einander  folgenden  Arti- 
keln  abgehandelt  (Théorie  générale  desbeaux- 
arls  dans  leur  spécialité,  en  forme  de  diction- 
naire par  ordre  alphabétique,  etc.),  dont  la 
première  édition  parut  à  Leipsick,  en  1772, 
deux  volumes  in-4°,  et  dont  la  dernière,  aug- 
mentée de  beaucoup  d'articles,  a  été  publiée 
dans  la  même  Tille,  en  1792-1794,  quatre  vo- 
lumes in-8°.  Agricola,  Kirnberger  et  Jean- 
Ci)  Sorte  de  cornet  en  bois,  courbé  et  percé  de  trous, 
le  plus  ancien  des  instruments  à  vent  du  moyen  âge, 
resté  en  usage  dans  quelques  parties  de  la  Suisse  et  de 
l'Allemagne. 


SULZER  —  SUPPÉ 


167 


Abraham-Pierre  Scbltlz  ont  fourni  les  arlicles 
de  musique  pour  ce  livre;  les  meilleurs  sont 
ceux  de  Schtilz.  Blankenburg,  qui  a  publié  la 
dernière  édition  du  livre  de  Sulzer,  en  a  donné 
un  supplément  très-utile  intitulé  :  Littera- 
rische  Zusxtze  zu  Johann  George  Sulzers 
allgemeiner  Théorie  der  schœnen  Riinste  7etc; 
Leipsick,  1796-1798,  trois  volumes  in-8°.  Le 
Dictionnaire  des  Beaux-Arts,  de  Millin,  ren- 
ferme la  traduction  des  principaux  arlicles  de 
l'ouvrage  de  Sulzer.  Parmi  les  morceaux  que 
ce  savant  a  fait  insérer  dans  les  Mémoires  de 
l'Académie  de  Berlin  ,  on  trouve  celui-ci  : 
Description  d'un  instrument  fait  pour  noter 
les  pièces  de  musique,  à  mesure  qu'on  les 
exécute  sur  le  clavecin  (ann.  1771). 

SULZER  (François-Joseph),  auditeur  mi- 
litaire à  Vienne,  naquit  à  Laufenbourg,  dans 
le  Brisgau,  et  mourut  à  Vienne,  en  1790.  On 
a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Geschichte  des 
transalpin.  Daciens,  etc.  (Histoire  de  la  Da- 
cie-transalpine,  c'est-à-dire  de  la  Valachie,  de 
la  Moldavie  et  de  la  Bessarabie);  Vienne, 
1781  et  1782,  trois  volumes  in-8".  Il  y  donne 
une  notice  très-détaillée  de  la  musique  des 
Turcs  et  des  Grecs  modernes. 

SULZER  (Jean-Antoine),  docteur  en  droit, 
et  bailli  de  l'abbaye  de  Kreuzlingen,  s'est  fait 
connaître,  dès  1782,  comme  compositeur  et 
comme  auteur  d'écrits  sur  la  philosophie  et  la 
morale.  Il  vivait  encore  à  Sulzbach  en  1827. 
Ses  œuvres  musicales  sont  :  1°  Quatre  sonates 
pour  clavecin  avec  un  violon,  op.  1  ;  Man- 
heim.  2°  Quatre  idem,  op.  2;  Spire.  5°  Quatre 
solos  pour  violon,  op.  o;  Spire.  4°  Chansons 
de  Lavater,  premieret  deuxième  recueils;  Zu- 
rich. 

SULZER  (Salomon),  né  en  1804àHohen- 
ems,  en  Autriche,  de  parents  israéliles,  a  fait 
de  bonnes  études  dans  sa  jeunesse,  et  a  cultivé 
particulièrement  la  littérature  hébraïque.  Un 
goût  passionné  pour  la  musique  le  fit  se  livrer 
avec  ardeur  à  l'étude  du  chant,  et  ses  progrès 
dans  cet  art  furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de 
dix-sept  ans,  il  était  déjà  premier  chantre  de 
la  synagogue  de  sa  ville  natale.  Quelques  an- 
nées après,  il  fut  appelé  en  qualité  de  chantre 
supérieur  de  la  nouvelle  et  belle  synagogue  de 
Vienne.  Il  y  forma  un  excellent  chœur  qui, 
sous  sa  direction,  exécute  avec  perfection  les 
choses  les  plus  difficiles.  Sulzer,  élève  de  Sey- 
fried  pour  la  composition,  a  écrit  pour  le  ser- 
vice de  sa  synagogue  des  hymnes  remarquables 
par  l'originalité  et  la  fantaisie. 

SU!>DELII\  (Augustin),  clarinettiste  et 
compositeur  de  danses  allemandes  à  Berlin, 


membre  de  la  musique  de  la  chambre  du  roi 
de  Prusse,  fut  pensionné  de  la  cour,  après 
vingt-cinq  ans  de  service,  et  mourut  le  6  sep- 
tembre 1842,  à  Berlin.  Il  s'est  fait  connaître 
par  la  publication  de  quelques  cahiers  de 
danses  et  de  valses  ainsi  que  par  des  Lieder, 
et  surtout  par  deux  ouvrages  didactiques  in- 
titulés :  1°  Die  Instrumentirung  fur  das 
Orchestre,  oder  Nachweisungen  iiber  aile  bei 
demselben  gebrauchliche  Instrumente ,  etc. 
(L'instrumentation  pour  l'orchestre,  ou  ren- 
seignements sur  tous  les  instruments  qui  y 
sonten  usage, etc.);  Berlin,  1828,  Wagenfuhr, 
in-4°.  2°  Die  Instrumentirung  fur  sœmmt- 
liche  Militar-Musik-Chaere,  etc.  (L'instru- 
mentation pour  tous  les  corps  de  musique 
militaire,  etc.);  ibid.,  1828,  in-4°. 

SUI\DELII\  (Charles),  docteur  en  méde- 
cine et  professeur  à  Berlin,  vraisemblablement 
frère  du  précédent,  est  auteur  de  beaucoup 
d'ouvrages  relatifs  à  la  médecine  et  à  la  chi- 
mie, parmi  lesquels  on  remarque  un  opuscule 
intitulé  :  Aerzttîchen  Rathgeber  fiir  Musik- 
treibende.  Nach  den  Angaber  des  kœnigl. 
Preussischen  pensionnirten  Kammermusi- 
kus  Auguste  Sundelin  zusammengetragen 
(Conseils  médicaux  pour  les  musiciens  de  pro- 
fession,d'après  les  vues  du  musicien  de  chambre 
pensionné  du  roi  de  Prusse,  Augustin  Sunde- 
lin) ;  Berlin,  1852,  Grœbenschulz,  in-8°  de 
cinquante-huit  pages. 

SUPPÉ  (FrantzDE),  né  le  18  avril  1820, 
à  Spalalro,  en  Dalmalie,  était  encore  enfant 
lorsqu'il  fit  des  premiers  essais  de  composi- 
tion, sans  aucune  connaissance  des  règles  de 
l'art  d'écrire.  En  1859,  il  se  rendit  à  Vienne 
avec  le  projet  de  fréquenter  les  cours  de  l'uni- 
versité; mais  bientôt  il  abandonna  l'élude  des 
sciences  pour  se  livrer  exclusivement  à  la  cul- 
ture de  la  musique.  Il  apprit  à  jouer  de  plu- 
sieurs instruments  à  vent,  particulièrement  de 
la  flûte  ;  et  le  chevalier  de  Sey  fried  lui  enseigna 
la  composition.  Après  avoir  occupé  pendant 
quelque  temps  la  place  de  chef  d'orchestre  du 
théâtre  Josephstadt,  il  passa,  en  la  même  qua- 
lité, au  théâtre  An  der  Wien  (Sur  la  Vienne), 
où  ilremplitencoresesfonctions(1864).  Cetar- 
tisle  a  composé  la  musique  de  plusieurs  opéras, 
au  nombre  desquels  on  remarque  :  Das  Mxd- 
chen  vom  Lande, joué  à  Vienne, en  1847;  des 
vaudevilles,  donlDie  Mùllerin  von  Burgos  (la 
Meunière  de  Burgos)  ;  des  ouvertures,  des  en- 
ir'actespourdes  drames,  et  quelques  morceaux 
de  musique  d'église.  On  connaît  aussi  sous  son 
nom  plusieurs  symphonies,  des  quatuors  pour 
des   instruments  à  cordes,   et  beaucoup  de 


168 


SUPPÉ  —  SUSATO 


Lieder.  Il  y  a  de  la  fantaisie  el  du  talent  dans 
plusieurs  de  ces  œuvres. 
SUREMAIN  DE  MISSERY  (Awtoise), 

ancien  officier  d'artillerie,  membre  de  la  So- 
ciété des  sciences  de  Paris,  et  de  l'Académie 
de  Dijon,  naquit  dans  celle  ville,  le  25  janvier 
17C7.  Depuis  1797,  il  était  fixé  à  Beaune.  Au- 
teur de  plusieurs  ouvragesde  philosophie  et  de 
mathématiques,  il  a  publié  un  livre  intitulé  : 
Théorie  acoustico-musicale,  ou  De  la  doc- 
trine des  sons  rapportée  aux  principes  de 
leurs  combinaisons  ;  Paris,  Didot,  1793,  un 
volume  in-8° de  quatre  cent  quatre  pages.  Bien 
que  celte  théorie  n'aboutisse  point  à  la  forma- 
tion rationnel  le  d'un  système  de  tonalité, comme 
le  croyaient  l'auteur  et  l'Académie  royale 
des  sciences  qui  approuva  son  ouvrage,  elle 
n'en  est  pas  moins  digne  d'estime  par  l'ana- 
lyse rigoureuse  d'une  multitude  de  faits  inté- 
ressants, et  par  la  réfutation  victorieuse  de 
beaucoup  d'erreurs  auparavant  émises.  Vingt- 
trois  ans  après  la  publication  de  son  livre, 
Suremain  de  Missery  revint  à  l'examen  de 
la  théorie  des  intervalles  des  sons  par  un 
écrit  intitulé  :  Méprises  d'un  géomètre  de 
l'Institut,  manifestées  par  un  provincial; 
ou  Observations  critiques  sur  le  traité  de 
physique  expérimentale  et  mathématique  de 
M.  Biot,  en  ce  qui  concerne  certains  points 
d'acoustique  et  de  musique;  Paris,  Denlu, 
1810,  in-8n  de  soixanle-qualorze  pages  de 
texte,  et  de  XXIV  pages  de  préface.  Celle  pré- 
face nous  apprend  que  Suremain  de  Missery  a 
composé  un  traité  de  la  Géométrie  des  sons, 
ou  Principes  d'acoustique  pure  et  de  musique 
scient ifique,  donl  son  premier  ouvrage  n'élait, 
dil-il,  que  le  prélude  et  une  ébauche  informe. 
Venu  à  Paris,  en  1816,  pour  obtenir  un  rap- 
port de  l'Académie  des  sciences  sur  cet  impor- 
tant travail,  on  lui  donna  pour  commissaires 
chargés  de  l'examiner,  Prony,  HaUy  el  Biot. 
Celui-ci  venait  de  publier  son  nouveau  Traité 
de  physique  expérimentale  et  mathématique, 
dans  lequel  il  a  reproduit  toutes  les  anciennes 
erreurs  concernant  la  formation  de  la  gamme 
par  les  proportions  arithmétiques  des  inter- 
valles des  sons.  Éclairé  trop  tard  sur  sa  fausse 
théorie  par  le  travail  manuscrit  de  Suremain 
de  Missery,  il  aurait,  suivant  la  préface  de  ce 
savant,  élevé  des  difficultés  contre  l'ouvrage, 
feint  de  prendre  le  change  sur  le  sens  de  la 
théorie  qui  y  était  contenue,  et  refusé  de  s'ex- 
pliquer avec  clarté  contre  elle,  parce  qu'il  ne 
pouvait  1'allaquer  par  de  bons  arguments.  Le 
résultat  fut  qu'il  n'y  eut  pas  de  rapport,  et  que 
Suremain  de  Missery  ne  crut  pas  devoir  publier 


son  travail;  mais  il  attaqua,  dans  la  brochure 
dont  il  vient  d'être  parié,  les  erreurs  de  calcul 
et  de  doclrine  émises  par  Biot  dans  son  Traité 
de  physique  expérimentale,  et  l'on  est  obligé 
d'avouer  que  ses  arguments  analytiques  sont 
accablants  pour  l'académicien.  M.  Brossard, 
juge  au  tribunal  de  Chalon-sur-Saône  (voyez 
ce  nom),etami  de  Suremain  de  Missery,  ayant 
eu  communication  de  l'ouvrage  inédit  de  ce 
savant,  fut  autorisé  à  publier  un  exposé  de  la 
nouvelle  doctrine  mathématique  qui  y  est  con- 
tenue, en  ce  qui  concerne  les  proportions  des 
intervalles  des  sons.  On  y  voit  que  les  rapports 
numériques  adoptés  par  les  géomètres  ne  con- 
stituent pas  la  gamme  de  la  tonalité  moderne; 
que  ces  rapports  sont  variables  dans  les  ten- 
dances attractives  des  accords,  et  que  le  nombre 
des  intonations  résultantes  des  variétés  d'al- 
traclions,  dans  les  modulations,  s'élève  à 
quarante-huit  dans  l'étenduede  l'octave.  Dans 
le  cours  de  philosophie  et  d'histoire  de  la  mu- 
sique, que  j'ai  professé  à  Paris,  en  1832,  j'ai 
présenté  l'exposé  d'une  théorie  analogue,  ba- 
sée sur  des  considérations  psychologiques.  Su- 
remain de  Missery  a  fourni  la  plupart  des 
articles  d'acoustique  contenus  dans  le  Dic- 
tionnaire de  musique  de  l'Encyclopédie  mé- 
thodique. Il  est  mort  à  Beaune, le  13  avril  1852. 

SUSATO  (Tylman  ou  Tyleman).  l'oijnz 
TYLMAKÏ  SUSATO. 

SUSATO  (Jean  DE),  ainsi  nommé  vrai- 
semblablement du  lieu  de  sa  naissance,  ^o?*^ 
ville  fortifiée  de  la  AVeslphalie,  dont  le  nom 
latin  est  Susatum.  Il  fut  docteur  en  médecine, 
savant  dans  la  musique,  el  vécut  vers  le  mi- 
lieu du  quinzième  siècle  ;  enfin,  il  avaiteessé 
de  vivre  avant  1511,  car  Sébastien  Virdung, 
qui  nous  fournit  ces  renseignements,  dans  son 
livre  intitulé  :  Musica  getutsch  vnd  ausge- 
zogen,  lequel  fut  imprimé  à  Bàle  dans  celte 
année,  en  parle  en  ces  termes  :  «  J'ai  vu  cet 
»  instrument  dans  un  grand  livre  en  parche- 
»  min  où  se  trouvaient  les  dessins  et  les  des- 
»  criptions  de  plusieurs  instruments  par  feu 
a  mon  maître  Jean  de  Zusato,  docteur  en 
»  médecine.  Ce  livre  est  composé  et  écrit  par 
»  lui-même  (1).  »  L'ouvrage  et  son  auteur  ont 
été  inconnus  à  tous  les  biographes  el  biblio- 
graphes. 

(1)  Icli  habderselhen  instrument  such  etlieh  g'malel 
vnd  beschreiben  gesetzen,  durch  meynen  nteister  seligen 
iohannen  de  zusato,  doctor  drsartzney,  in  einen  grossen 
beigamenen  bueb,  das  er  selb  componiert  vnd  geschrei- 
ben  liât.  (Celte  orthographe  est  eel  le  du  livre  de  Virdung, 
el  les  substantifs  n'y  sont  pas  distingués  par  des  capi- 
tales.) 


SUSSMAYER  -  SYVELINCK 


1C9 


SUSSMAYER  (François-Xavier),  com- 
positeur de  mérite,  naquit  en  17CG,  à  Steyer, 
petite  ville  de  la  Haute-Autriche.  Ayant  été 
admis  comme  enfant  de  chœur  dans  la  célèbre 
ahhayedes  Bénédictins  de  Kremsmunster,  il  y 
fit  ses  éludes  littéraires,  et  y  apprit  la  théorie 
de  la  musique  sous  la  direction  de  Paslerwilz. 
Fort  jeune  encore,  il  s'essaya  avec  succès  dans 
tous  les  genres  de  composition,  et  écrivit  des 
chants  à  plusieurs  voix,  des  symphonies,  des 
messes,  des  psaumes,  motets,  cantates,  qui  lui 
donnèrent  de  bonne  heure  beaucoup  d'expé- 
rience dans  l'art  d'écrire.  Arrivé  à  Vienne,  il 
acheva  de  s'instruire  dans  le  chant  et  dans  la 
composition  par  les  leçons  de  Salieri,  et  se  lia 
d'une  intime  amitié  avec  Mozart,  qui  lui  donna 
aussi  des  conseils.  A  son  lit  de  mort,  ce  grand 
compositeur  lui  confia  la  tâche  d'achever  sa 
messe  de  Reqttiem,  et  lui  donna  des  instructions 
pour  ce  travail  presque  jusqu'au  moment  où  il 
expira.  On  sait  que  la  veuve  de  ce  grand  homme, 
pleine  de  confiance  dans  le  talent  de  Sllss- 
mayer,  lui  remit  en  effet  la  partition  du  fameux 
Requiem  de  son  mari  pour  la  terminer.  En 
1792,  ce  jeune  compositeur  obtint  la  place  de 
chef  d'orchestre  au  théâtre  national  de  Vienne, 
et  deuxans  après  il  joignit  à  celle  position  celle 
de  second  chef  de  l'orchestre  du  théâtre  de  la 
cour.  Les  premiers  ouvrages  de  SUssmayer 
pour  la  scène  furent  :  1°  Moïse,  petit  opéra 
composé  pour  le  théâtre  de  Schikaneder,  en 
1792.  2°  Die  schœne  Schuslerin  (La  belle  cor- 
donnière), petit  opéra;  ibid.  5°  L'Incanto 
superato,  opéra  bouffe,  au  théâtre  de  la  cour, 
à  Vienne,  en  1793.  4"  Dcr  Spiegel  ans  Arka- 
dien  (Le  tableau  d'Aicadie),  en  deux  actes,  à 
Vienne,  en  1794.  Cet  ouvrage  a  élé  publié  à 
Vienne  sous  le  litre  :  Die  neuen  Arcadier 
{Les  modernes  Arcadicns).  Dans  celte  même 
année,  il  fit  un  voyage  à  Prague,  et  y  fit  re- 
présenter, pour  l'anniversaire  de  la  naissance 
de  l'empereur,  son  opéra  le  Turc  à  Naples, 
qui  eut  un  brillant  succès.  Il  écrivit  aussi,  pour 
celle  circonstance,  une  cantate  qui  fut  exé- 
cutée à  l'université,  et  qu'on  a  publiée  à 
Prague. 

De  retour  à  Vienne,  SUssmayer  y  donna,  en 
1795,  Die  edle  Rache  (La  noble  vengeance), 
■opéra-comique.  Cet  ouvrage  fut  suivi  de  /  due 
Gobbi,  opéra  bouffe,  composé  pour  le  théâtre 
de  la  cour,  en  1790;  Die  Freywilligen  (Les 
volontaires),  drame  avec  chant  pour  lequel 
SUssmayer  reçut  de  l'empereur  une  tabatière 
d'or(179G);  Der  JFildfang  (La  chasse),  opéra- 
comique,  en  1798;  Der  Marktschrcyer  (Le  sal- 
timbanque), opéra-comique,  en  1799;  Soliman 


der  Zweyte,  oder  die  beyden  Sullanninnen 

(Soliman  II,  ou  les  deux  Sultanes),  opéra- 
comique,  1800;  Gulnare,  opéra  bouffe  pour  le 
théâtre  de  la  cour,  en  1800;  Liebe  macht 
kurzen  Prozess  (l'Amour  termine  vile  un  pro- 
cès), opéra-comique,  en  1801;  Phasma, 
opéra-comique,  en  1801.  On  a  gravé  les  parti- 
tions pour  piano  des  Nouveaux  Arcadiens 
(Vienne,  Artaria),  de  la  Chasse,  ibid.,  de  So- 
liman II,  de  Phasina,  et  de  la  canlale  pour 
l'archiduc  Charles.  Divers  morceaux  des  autres 
opéras  de  SUssmayer  et  quelques-unes  de  ses 
cantates  ont  élé  publiés.  Ce  compositeur  dis- 
tingué mourut  à  Vienne,  le  17  septemhre  1805, 
à  l'âge  de  trente-sept  ans. 

On  sait  que  Godefroid  Weber  a  attribué  à 
SUssmayer  la  plus  grande  partie  de  la  partition 
de  la  messe  de  Requiem  publiée  sous  le  nom  de 
Mozart,  et  que  celle  allégation  a  soulevé  une 
vive  polémique  en  Allemagne;  mais  SUssmayer 
lui-même  a  expliqué,  dans  une  lettre  datée  d'il 
8  septembre  1800,  et  insérée  dans  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick  (octobre  1801),  la  pari 
qu'il  a  [irise  à  cet  ouvrage  ;  les  quatre  derniers 
morceaux  du  Dies  ira:,  le  Sanctus,  le  Bene- 
dictus  ei  VAgnus  Dei  lui  appartiennent,  et  il 
a  instrumenté  tout  le  reste  d'après  la  basse 
chiffrée  el  quelques  indications  manuscrites  de 
Mozart.  (Voyez  Mozart.) 

SUTOR  (Guillaume),  né  à  Munich,  vers 
1780,  reçut  des  leçons  de  chant  de  Valesi, 
chanteur  de  la  cour,  el  apprit  aussi  à  jouer  du 
piano,  du  violon,  ainsi  que  les  règles  de  l'har- 
monie et  du  contrepoint.  Après  avoir  élé  at- 
taché pendant  quelques  années  au  service  du 
prince-évêque  d'Eichstadt,  en  qualité  de  chan- 
teur, il  fut  appelé  à  Stuttgart  avec  le  titre  de 
mailie  de  chapelle,  et  chargé  de  la  direction 
de  l'Opéra.  En  1816,  il  accepta  la  place  de 
maître  de  chapelle  à  Hanovre,  et  la  conserva 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1828.  Sutor  a  écrit 
à  Stuttgart  deux  symphonies  à  grand  or- 
chestre, qui  sont  restées  en  manuscrit,  ainsi 
que  la  musique  pour  le  drame  de  Macbeth.  Il 
a  publié  quelques  compositions  pour  la  flûte, 
des  ouvertures  pour  piano  à  quatre  mains, 
quelques  autres  morceaux  pour  le  même  in- 
strument, plusieurs  cahiers  de  chants  pour 
quatre  voix  d'hommes,  et  des  chansons  alle- 
mandes à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano.  La  plupart  de  ces  ouvrages  ont  paru  à 
Hanovre,  chez  Bachmann. 

SWELINCK  (Jean-Piehhe),  ou  SWE- 
LIHG,  ou,  enfin,  SWEELINCR  (1),  orga- 

(I)  La  première  orthographe  de  ce  nom  est  celle  qui  se 
trouve  sur  les  éditions  desouvrages  de  l'artiste,  publiées 


170 


SWELINCK  -  SYFERT 


niste  à  l'église  principale  «l'Amsterdam,  naquit 
à  Deventer,  vers  1540.  Doué  d'un  génie  heu- 
reux pour  la  musique,  il  s'y  adonna  «le  bonne 
heure,  et  par  un  travail  assidu,  acquit  dès  sa 
jeunesse  une  grande  habileté  sur  l'orgue  et 
sur  les  instruments  à  clavier  alors  en  usage. 
Désirant  étudier  les  principes  de  la  composi- 
tion, il  se  rendit  à  Venise,  en  1557,  et  se  mit 
sous  la  direction  de  Zarlino.  De  retour  dans  sa 
pairie,  il  ne  larda  point  à  s'y  faire  une  grande 
réputation  :  on  le  considéra  comme  le  plus 
grand  organiste  du  monde  :  il  était,  en  effet, 
l'un  des  plus  habiles.  On  lui  conféra  la  place 
d'organiste  de  l'église   principale  d'Amster- 
dam :  lorsqu'il  jouait,  les  habitants  accouraient 
en  foule  pour  l'entendre.  On  doit  considérer 
Swelinck  comme  le  fondateur  et  le  père  de  la 
grande  école  des  organistes  allemands,  car  il 
eut  pour  élèves  Melchior  Schild,  de  Hanovre, 
Paul  Syffert,  «le  Dantzick,  Samuel  Scheidt,  de 
Halle,  Jacques  Schultz  ou  Piœlorius  et  Henri 
Scheidmann,  maître  de  Jean-Adam  Reinke  et 
«le  toute  l'école  de  Hambourg.  Lorsqu'on  songe 
que  de  tous  les  noms  que  je  viens  de  citer,  il 
n'en  est  aucun  qui  n'ait  acquis  le  plus  haut 
«legré  de  célébrité,  on  doit  en   conclure  que 
Swelinck  avait  à  la  fois  une  méthode  «l'exécu- 
tion supérieure  et  l'art  de  la  communiquer. 
Quelques   négociants  d'Amsterdam,    admira- 
teurs de  son  talent,  désirant  assurer  son  exis- 
tence dans  sa  vieillesse,  lui  empruntèrent  deux 
cents  florins,  pour  les  faire  valoir  dans  leurs 
entreprises,  à  condition  «|u'ils  supporteraient 
seuls  les  pertes,  et  que  Swelinck  profiterait  des 
bénéfices.   Ce  capital  modique  produisit,   au 
bout  «le  «iiiebiues  années,  la  somme  considé- 
rable de  quarante  mille  florins,  «iiit  mit  le  vieil 
artiste  dans  l'aisance.  Il  mourut  en  1622.  Ses 
compositions  connues  sont  :   1°  Psaumes  en 
hollandais,    traduits   par    Lobivasser ,    à 
quatre  et  huit  voix.  2°  Chansons  françaises 
à  quatre  et  cinq  voix;  Anvers,  1592,  in-4°. 
5° Chansons  à  cinq  parties;  ibid.,  1593,  in-4°. 
A"  Niew  Chyterboeck  (Nouveau  livre  de  Gui- 
tare);   Amsterdam,    1602,    in-4°.   5°  Rimes 
françaises  et  italiennes,  mises  en  musique  à 
deux  et  trois  parties  avec  une  chanson  à 
quatre;  Leyde,  1612,  in-4°.  6°  Psaumes  mis 
en  musique  à  quatre,  cinq,  six,  sept  et  huit 
parties,  liv.  2;  ibid.,  1613,  in-4°.  7°  Idem, 
liv.  5;  ibid.,  1614,in-4°.  $° Des  iveitberiihmter 

à  Amsterdam,  à  Leyde  et  à  Anvers,  chez  Pierre  Phalésc; 
la  seconde  se  lit  dans  les  recueils  de  Tjlman  Susato, 
publiés  à  Anvers;  la  troisième  est  au  titre  des  Psaumes 
à  4  voix,  <le  Swelinck,  imprimes  à  Berlin,  par  Georges 
Kungcr,  en  1610, iu-i». 


MusiciundOrganisten  zu  Amsterdam  vier- 
stimmige  Psalmen,  auss  dem  ls,en ,  2tcn  und 
3tcn  Theil. ,elc;  (Psaumes  à  4  voix  des  anciens 
musiciens  et  organistes  d'Amsterdam,  pre- 
mière, deuxième  et  troisième  parties).  Berlin 
et  Francfort-sur-l'Oder,  1616.  9°  Livre 
deuxième  et  troisième  des  Psaumes^  nouvelle- 
ment mis  en  musique  à  quatre  et  à  huit  par- 
ties; Amsterdam,  1618. 10°  Livre  quatrième  et 
dernier  des  Psaumes,  etc.;  Amsterdam,  1622. 
11°  Cantiones  sacrx  cum  basso  continua, 
5  vocum;  Anvers,  1623.  12°  Quelques  pièces 
d'orgue  de  Swelinck  se  trouvent  dans  un  re- 
cueil manuscrit  de  tablature  pour  cet  instru- 
ment in-fol.,  daté  de  1673,  contenant  aussi  des 
compositions  de  Frescobaldi,  de  Galli,  de 
Froberger,  de  Hammerschmidt,  de  Strunck 
et  de  Melchior  Schild.  Ce  recueil  est  à  la  bi- 
bliothèque royale  de  Strasbourg.  On  attribue  à 
Swelinck  une  traduction  hollandaise  des  Insti- 
tutions harmoniques  de  Zarlino. 

SWIETEIY  (Godefuoid,  baron  VAN). 
l 'oyez  VAN  SWIETEN. 

SWOBODA  (Thomas),  bon  organiste  et 
«iirecteur  «le  musique  à  l'église  de  Pelgrim,  en 
Bohême,  mourut  dans  cette  ville,  le  17  mai 
1727.  Il  a  laissé  en  manuscrit  quelques  messes, 
des  motets  et  offertoires. 

SWOBODA  (Auguste),  professeur  de  mu- 
sique à  Vienne,  né  en  Bohême,  en  1787,  fut 
d'abord  attaché  à  l'orchestre  du  comte  Pachta, 
à  Prague,  en  qualité  de  clarinettiste,  puis  fut 
chef  de  musique  d'un  régiment  d'infanterie, 
et,  enfin,  s'établit  à  Vienne,  en  qualité  de 
professeur  de  musique.  Dans  sa  vieillesse,  il 
se  retira  à  Prague,  où  il  est  décédé,  le  17  mai 
1856.  II  s'est  fait  connaître  avantageusement 
par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Allgemeine 
Théorie  des  Tonkunst  (Théorie  générale  de  la 
musique);  Vienne,  Ant.  Strauss,  1826,  in-8". 
2°  Hurmonielehre  (Science  de  l'harmonie); 
Vienne,  1828-1829.  Deux  parties  in-8°.  La 
première  partie  renferme  les  éléments  de 
l'harmonie.  La  deuxième  ceux  du  contrepoint. 
Cette  seconde  partie  a  pour  litre  :  Anleilung 
zum  einfachen  und  doppelten  Contrapuncte 
(Introduction  au  contrepoint  simple  et  double); 
Vienne,  1829,  in-4"  de  X  et  cent  douze  pages. 
Ces  ouvrages  ont  été  publiés  pour  les  cours 
faits  par  l'auteur,  à  Vienne.  3°  Instrumenti- 
rungslehre(An  de  l'instrumentation);  Vienne, 
1832,  in-folio  obi.  de  trente  pages,  avec  cinq 
morceaux  de  musique  en  partition. 

SYEEB.T  (Paul),  organiste  de  l'église 
Sainte-Marie,  à  Dantzick,  naquità  Dresde,  dans 
les  dernières  années  du  seizième  siècle,  et  alla 


SYFERT  —  SZYMANOWSKA 


171 


faire  ses  éludes  musicales  à  Amsterdam,  sous  la 
direction  deSwelinckfuo^es  ce  nom).  De  retour 
à  Dresde,  il  y  publia  une  collection  des  anciens 
motetsde  divers  auteurs,  à  trois,  quatre  et  cinq 
voix,  dont  le  titre  et  la  date  sont  sortis  de  ma 
mémoire.  Syfert  entra  dans  sa  jeunesse  à  la 
chapelle  du  roi  de  Pologne  Sigismond  III. 
En  1620,  il  fut  nommé  organiste  à  Dantzick; 
il  occupait  encore  cette  place  en  1645.  Ayant 
publié  un  recueil  de  psaumes  de  sa  composi- 
tion, sous  le  titre  de  Trilicum  Syfertinum, 
il  fut  vivement  critiqué  dans  un  pamphlet  de 
Scacchi  {voyez  ce  nom),  auquel  celui-ci  avait 
donné  le  titre,  de  Cribrum  musicum  ad  tri- 
ticum  Syfertinum,  etc.  Syfert  répondit  à  son 
antagoniste  par  V Anticribralio  musica,  ad 
avenant  Scacchianam,  hoc  est  ocularis  de- 
monstratio  crassissimorum  errorum  quos 
Marcus  Scacchius  auctor  Ubri,  ann.  1643 
Veneliis  edili,  quem  Cribrum  musicum  ad 
trilicum  Syfertinum  baptizavit  ,passim  in  eo 
commisit,  cum  annexa  Syferti  juxta  defen- 
sione  honoris  acbonx  famx ,  adversus  ampul- 
las  et  falsilates  Scacchianas,in  usum  studio- 
sorum  musices,  et  defensionum  innocentix 
autoris,  public.v  luci  commissa;  Dantzick, 
1645,  in-folio  de  neuf  feuilles.  Voyez,  poul- 
ies suites  de  cette  affaire,  la  biographie  de 
Scacchi. 

SYLVA  (Manuel-Ncnez  DE),  prédicateur 
à  Lisbonne,  dans  les  dernières  années  du  dix- 
septième  siècle,  fut  d'abord  professeur  du  col- 
légedel'égliseSainte-Catherine  de  cette  villeel 
directeur  du  chœur  de  l'église  Sainte-Marie-Ma- 
deleinejendernierlieu  il  fut  maitredechapelle 
de  la  collégiale  Notre-Dame  de  la  Conception 
du  Christ.  Il  a  publié  un  traité  des  proportions 
de  l'ancienne  notation  delà  musique, intitulé  : 
Arte  minima  que  cum  semi-brève  recopilaçao 
trata  em  tempo  brève  os  modos  da  maxima, 
e  longa  sciencia  da  musica;  Lisbonne,  Jean 
Galrao,  1685,  in-4°.  Une  deuxième  édition  de 
cet  ouvrage  a  été  publiée  dans  la  même  ville, 
en  1704,  in-4°,  et  une  troisième  a  paru  en 
1725,  un  volume  in-4"  de  cent  trente-six  pages. 

SZARVADY  (madame  Wilhelmine 
CLAUSS),  pianiste  distinguée,  née  à  Prague, 
en  1834,  est  fille  d'un  commerçant  de  cette 
ville.  Son  heureuse  organisation  musicale  se 
manifesta  dès  ses  premières  années.  Joseph 
Procksch,  artiste  de  mérite,  fut  le  professeur 
à  qui  elle  fut  confiée.  Il  découvrit  bientôt  les 
rares  dispositions  de  son  élève,  la  prit  en  af- 
fection et  lui  donna  tous  ses  soins.  Les  progrès 
de  mademoiselleClauss  furent  si  rapides, qu'en 
1849,  son  éducation  musicale  fut  terminée,  et 


que,  dès  l'âge  de  quinze  ans,  elle  put  entre- 
prendre un  voyage  d'artiste  avec  sa  mère  et 
frapper  d'étonnement  le  public  et  les  connais- 
seurs. A  Dresde,  elle  joua  à  la  cour  avec  un 
brillant  succès.  A  Leipsick,  Liszt,  Spohr  et 
Schumann  lui  prédirent  une  belle  carrière. 
Brunswick,  Cassel,  Francfort  et  Hambourg  lui 
prodiguèrent  aussi  leurs  applaudissements. 
Elle  arriva  à  Paris  dans  les  derniers  jours  de 
1852  :  son  début  s'y  fit  dans  un  concert  de- 
Berlioz,  où  elle  exécuta  le  premier  concerto  de 
Beethoven.  Toute  la  presse  musicale  n'eut 
qu'une  voix  pour  louer  ce  jeune  talent,  aussi 
remarquable  parle  brillant  que  par  la  délica- 
tesse. Un  grand  malheur  vint  frapper  made- 
moiselle Clauss  au  milieu  de  ses  triomphes, 
car  elle  perdit  sa  mère,  morte  presque  subi- 
tement, en  confiant  son  enfant  à  la  protection 
de  madame  Ungher-Sabatier  et  de  M.  Szarvady, 
qui  devint  son  mari  quelques  années  après. 
A  la  suite  de  ce  triste  événement,  la  jeune  ar- 
tiste passa  près  d'une  année  entière  dans  la 
retraite;  puis  elle  continua  ses  voyages,  visita 
Londres,  l'Allemagne  méridionale  et  la  Hon- 
grie pendant  quatre  ans.  De  retour  à  Paris,  en 
1857,  madame  Szarvady  s'y  est  fixée  définiti- 
vement.Son  talent,  perfectionné  pardes  éludes 
constantes  et  par  la  méditation,  a  pris  une  part 
active  à  la  réaction  qui  s'est  opérée  dans  le 
goût  des  amateurs,  en  les  ramenant  au  culle 
des  œuvres  classiques  des  grands  maîtres, 
dont  elfe  a  même  fait  publier  quelques  mor- 
ceaux inconnus  ou  tombés  dans  l'oubli  :  au 
nombre  de  ces  précieuses  reliques  du  grand 
art  d'autrefois  se  trouve  un  admirable  concerta 
inédit  (en  fa  mineur)  de  Charles-Philippe- 
Emmanuel  Bach  pour  clavecin,  deux  violons, 
alto  et  basse,  arrangé  par  madame  Szarvady 
pour  piano  seul;  Leipsick,  Baiih.Senff;  Paris, 
J.  Maho. 

SZYMANOWSKA  (Marie),  née  WO- 
LOWSRI,  pianiste  distinguée,  naquit  en 
Pologne,  vers  1790,  et  fut  élève  de  Field,  à 
Moscou.  Elle  brilla  à  Varsovie  de  1815  à  1830, 
puis  elle  fit  plusieurs  voyages  à  Leipsick,  à 
Vienne,  à  Berlin,  à  Hambourg  et  à  Péters- 
bourg,  où  elle  se  fit  entendre  avec  succès.  Elle 
mourut  jeune  encore  dans  cette  dernière  ville, 
en  1831.  On  a  gravé  de  sa  composition  :v 
1°  Cotillon  en  forme  de  rondeau  pour  le  piano; 
Hambourg,  Christiani.  2°  Douze  exercices 
pour  le  piano;  Leipsick,  Breilkopf  et  Ilsertel. 
3°  Variations  sur  une  romance; Posen,  Simon. 
4°  Mazurkes,  danses  nationales  de  Pologne; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  5°  Chants  histo- 
riques et  autres  sur  les  poésies  de  Micklcwicz. 


T 


TABOROWSRI  (Stanislas),  né  en  1830, 
près  de  Krzemieniça,  en  Wolhynie,  descend 
d'une  ancienne  famille  de  celle  province. 
Obligé  de  se  retirer  à  Odessa,  son  père  ne  né- 
gligea rien  pour  lui  donner  une  éducation  dis- 
tinguée. Fenz  et  Bille,  artistes  de  celte  ville, 
lui  enseignèrent  le  violon.  En  1847,  M.  Tabo- 
rowski  obtint  de  ses  parents  Paulorisalion  de 
se  rendre  à  Pétersbourg,  pour  y  suivre  les 
cours  de  l'université.  Il  y  continua  ses  études 
musicales;  puis,  encouragé  et  protégé  par  le 
général  Adam  Rzewuski  et  par  le  comte  Ma- 
thieu 'Wielhorski,  généreux  mécène  des  ar- 
tistes, il  donna  un  conce  il,  en  1853,  et  y  obtint 
du  succès.  Cet  heureux  début  lui  fil  prendre 
la  résolution  de  voyager  pour  se  faire  con- 
naître. Il  parcourut  la  Pologne,  la  Wolhynie, 
la  Podolie  et  l'Ukraine,  donnant  partout  des 
concerts.  De  retour  à  Pétersbourg,  il  obtint  un 
passe-poil  pour  se  rendre  à  Bruxelles,  afin  d'y 
perfectionner  son  talent  sous  la  direction  de 
Léonard,  qui  me  le  présenta.  Je  l'admis  au 
Conservatoire,  où  il  continua  ses  études  pen- 
dant trois  ans.  En  1858,  il  obtint  le  second 
prix  île  violon  au  concours,  el  dans  l'année 
suivante,  il  partagea  le  premier  prix  avec  le 
remarquable  violoniste  florentin  Frédéric 
Consolo.  Rentré  à  Pétersbourg  à  la  fin  de  1859, 
M.  Taborowski  y  a  obtenu  de  brillants  succès. 
Pendant  son  séjour  à  Bruxelles,  il  reçut  des 
leçons  de  composition  de  M.  Damke.  Si  je  suis 
bien  informé, il  est  maintenant  fixé  à  Moscou. 
Il  a  publié  à  Pétersbourg  plusieurs  morceaux 
pour  son  instrument. 

TABOUIXOT  (Jean),  chanoine  de Langres, 
naquit  à  Dijon,  en  1519,  et  mourut  à  Langres, 
en  1595.  Sous  le  pseudonyme  de  Thoinot-Ar- 
beau,  cet  ecclésiastique  a  publié  un  livre  très- 
curieux  sur  la  danse,  intitulé  Orchesograpliie. 
Cet  ouvrage  contient  beaucoup  d'airs  de  danse 
du  seizième  siècle.  La  première  édition  fui  im- 
primée à  Langres,  en  1589,  par  J.  Despreys, 
in-4°  de  cent  quatre  feuillets.  Une  deuxième 
édition  parut  dans  la  même  ville,  en  1596, 
in-4°. 

TACCIIINAUDI  (Nicolas), chanteur  dis- 
tingué, est  né  à  Florence,  le  10  septembre 
177C.  Destiné'  à  l'état  ecclésiastique,  il  fit 
d'abord    quelques    études    littéraires,    qu'il 


abandonna  pour  le  dessin  et  la  peinture.  Dès 
sa  onzième  année,  il  apprit  aussi  la  musique, 
le  chanl  et  le  violon.  A  l'âge  de  dix-sept  ans, 
il  entra  à  l'orchestre  du  théâtre  de  Florence, 
en  qualité  de  violoniste,  et  pendant  cinq  ans, 
il  occupa  celle  place  ;  mais  sa  voix  s'étant  dé- 
veloppée et  ayant  acquis  le  timbre  d'un  beau 
ténor,  il  commença  à  chanter  dans  les  églises 
el  dans  les  concerts  avec  beaucoup  de  succès. 
Plus  tard  il  s'essaya  sur  des  théàtree  d'ama- 
teurs, et  prit  pour  modèle  le  célèbre  ténor  Ba- 
bini.  Enfin,  en  1804,  Tacchinardi  débuta  sur 
les  théâtres  de  Livourne  et  de  Pisc,  puis 
chanta  à  Florence,  à  Venise,  el  y  fit  admirer  la 
pureté  de  son  goût  et  l'excellent  mécanisme  de 
son  chant.  Appelé  à  Milan  l'année  suivante, 
à  l'occasion  du  couronnement  de  Napoléon, 
comme  roi  d'Italie,  il  brilla  sur  le  théâtre  de 
la  Sculn  à  côté  de  madame  Festa,  et  en  1800, 
sur  le  théâtre  Carcano,  avec  la  Slriti3sacchi. 
Il  chanta,  dans  la  même  année,  à  la  foire  de 
Bergame,  puis  se  rendit  à  Rome,  où  il  excita 
l'enthousiasme  du  public  pendant  cinq  ans, 
succès  sans  exemple  dans  celle  ville.  Lié 
d'amilié  avec  Canova,  il  fréquenta  son  ate- 
lier, y  reprit  le  goût  des  arts  du  dessin,  et  cul- 
tiva la  sculpture  avec  quelque  succès.  Il  est  du 
petit  nombre  d'artistes  dont  Canova  a  fait  le 
buste. 

Appelé  à  Paris  en  1811,  Tacchinardi  parut 
pour  la  première  fois  au  théâtre  de  l'Odéon,  le 
4  mai,  dans  la  Dislruzionc  di  Gerusalemme, 
de  Zingarelli.  Son  entrée  en  scène  causa  une 
sorte  de  rumeur  dans  la  salle,  parce  qu'il  avait 
la  tête  enfoncée  dans  les  épaules,  el  que 
celles-ci  étaient  assez  proéminentes  pour 
justifier  cette  exclamation  qui  passait  de 
bouche  en  bouche  :  II  est  bossu!  mais  bientôt 
le  talent  de  l'artiste  effaça  cette  impression. 
On  admira  la  pureté  de  son  style,  sa  facilité  à 
passer  de  la  voix  de  poitrine  à  la  voix  de  tête 
sans  que  la  différence  des  timbres  fût  sensible; 
enfin,  son  goût  dans  le  choix  des  fioritures  et 
des  traits  dont  il  était  prodigue,  et  qu'il  exé- 
cutait avec  une  merveilleuse  facilité.  Sous  ce 
dernier  aspect,  son  talent  était  absolument  dif- 
férent de  celui  de  Crivelli,  qui  partageait  alors 
avec  lui  l'emploi  de  premier  ténor  à  l'Opéra 
italien,  et  dont  le  chant  expressif  el  large  était, 


TACCHINARDI  -   TADOLINI 


173 


à  celle  époque,  rarement  orné  de  fioritures. 
Dans  Adolfo  e  Chiara,  mauvais  opéra  de  Pu- 
cilla,  le  succès  que  Tacchinardi  avait  obtenu  à 
son  début  fut  compromis,  parce  que  les  défauts 
de  son  extérieur,  et  sa  nullité  comme  acteur, 
lui   donnaient  trop  de    désavantage  dans   la 
comparaison    établie    entre   lui    et   Elleviou, 
charmant  dans  l'opéra   français  sur  le  même 
sujet.  Il  prit  sa  revanche  dans  la  Molinara, 
de  Paisiello,  et  dès  ce  moment  il  devint  l'idole 
des  habitués  du  théâtre  de  l'Odéon.  Après  les 
événements  de  1814,  il  retourna  en  Italie,  et 
chanta  avec  succès  sur  les  principaux  théâtres 
de  sa  patrie.   Le  grand-duc    de   Toscane  le 
nomma  premier  chanleur  de  sa  musique,  en 
1822,  mais  en  lui  laissant  la  liberté  de  con- 
tinuer sa  carrière  dramatique.   Tacchinardi 
chanta  à  Vienne   l'année   suivante,  puis   se 
rendit  en  Espagne  et  se  fit  encore  admirer  sur 
le  théàlre  de  Barcelone,  bien  qu'il  fut  âgé  de 
près  de  cinquante  ans.  Après  1831,  il  renonça 
à  paraître  sur  la  scène,  et  ne  conserva  que  son 
emploi  de  chanteur  du  grand  duc  de- Toscane. 
Il  s'est  aussi  livré  à  l'enseignement  du  chant, 
et  a  formé  plusieurs  élèves  distingués,  au  pre- 
mier rang  desquels  brillèrent  sa  fille  (madame 
Persiani)  et  la  Frezzolini.  Pour  habituer  ses 
élèves  à  l'action  dramatique,  Tacchinardi  fit 
faire  un  petit  théâtre  dans  une  maison  de  cam- 
pagne qu'il  possédait  près  de  Florence.  Il  a 
composé  beaucoup  d'exercices  de  chant  et  de 
vocalises,  et  a  publié  un  opuscule  intitulé  : 
Dell'  Opéra  in  musi'ca  sul  leatro  italiano,  e 
de'  suoi  difetti.  Ce  petit  ouvrage,  imprimé  à 
Florence,  a  eu  deux  éditions.  Une  deuxième 
fille  deTacchinardi(Élisa),  pianiste  distinguée, 
a  publié  à  Florence,  chez  Cipriani,  des  varia- 
tions pour  le  piano  sur  un  thème  de  Merca- 
danle.  Tacchinardi   est  mort  à  Florence,  au 
mois  dejanvier  1860. 

TADOLINI (Jean),  né  à  Bologne,  en  1 79Ô, 
montra  dès  son  enfance  d'heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique.  Après  avoir  appris  les 
éléments  de  cet  art  sous  la  direction  d'un 
maître  obscur,  il  devint  élève  de  Matlei  pour  la 
composition,  et  du  célèbre  ténor  Babini  pour 
le  chant.  Ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'à 
l'âge  de  seize  ans  il  fut  engagé  au  théâtre  ita- 
lien de  Paris  pour  succéder  à  Mosca  en  qualité 
d'accompagnateur  au  piano,  et  pour  diriger 
les  choristes.  Spontini  était  alors  directeur  de 
la  musique  de  ce  théâtre.  Tadolini  y  remplit 
ses  fonctions  pendant  les  années  1811,  1812  et 
.  1813,  et  retourna  en  Italie,  après  l'invasion  de 
Paris  par  les  armées  alliées,  en  1814.  Agé 
alors  de  vingt  ans,  il  écrivit  à  Venise  l'opéra 


intitulé  :  La  Fata  Ahina,  qui  fut  chanté  par 
Rubini,  Zamboni,  la  Marcolini,  et  obtint  un 
brillant  succès.  Plus  tard,  et  toujours  avec 
bonheur,  il  écrivit  La  Principcssa  di  Na- 
varra,  à  Bologne;  Ll  Credulo  deluso,  à  Rome, 
dont  le  succès  lui  fit  obtenir  le  litre  de  maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Bologne;  11 
Tamerlano,  dans  cette  ville;  Moctar,  à  Mi- 
lan ;  11  Mitridate,  au  théâtre  de  la  Fcnice.  à 
Venise,  elAlmanzor,  àTrieste.  Il  était  dans 
celle  ville  avec  sa  femme,  jeune  cantatrice  «le 
talent,  lorsqu'ils  furent  appelés  tous  deux  à 
Paris,  en  1830,  pour  le  théâtre  italien.  Tado- 
lini y  repril  ses  anciennes  fonctions  d'accom- 
pagnateur et  de  directeur  de  ïa  musique.  Il  oc- 
cupa celle  position  pendant  neuf  ans.  Dans 
l'été  de  1839,  il  retourna  à  Bologne.  Artiste 
modeste,  aussi  estimé  pour  ses  qualités  sociales 
que  pour  son  talent,  Tadolini  n'est  pas  seule- 
ment connu  par  ses  travaux  pour  le  théâtre, 
car  il  a  aussi  publié  des  cantates,  des  romances, 
des  canzonette,  entre  autres  la  mélodie  l'Eco 
di  Scozia,  avec  cor  obligé,  qui  a  été  chantée 
dans  plusieurs  concerts  par  Rubini.  On  a  aussi 
de  cet  artiste  :  1°  Trio  pour  piano,  hautbois 
et  basson;  Florence,  Cipriani.  2°  Rondo  pour 
piano  et  flûte;  ibid. 

TADOLINI  (Eugénie),  femme  du  précé- 
dent, dont  le  nom  de  famille  était  SAVO- 
RINI,  naquit  en  1809,  à  Forli,  dans  la  Ro- 
magne-Supérieure.  Ses  premiers  maîtres  dans 
l'art  du  chant  furent  Fani  et  Grilli  ;  celui-ci 
était  mailre  de  chapelle  dans  celle  ville.  Tado- 
lini perfectionnaensuite  son  talent  et  l'épousa. 
Elle  débuta  à  Parme,  en  1829,  puis  fut  enga- 
gée au  Théâtre-Ilalien  de  Paris,  où  elle  fut 
peu  remarquée,  parce  qu'à  cette  époque  ma- 
dame Malibran  et  mademoiselle  Sonlag  bril- 
laient de  lout  l'éclat  de  leur  talent  et  obte- 
naient des  succès  d'enthousiasme.  De  retour 
en  Italie,  madame  Tadolini  chanta  à  Venise 
dans  l'hiver  de  1833-1834,  où  sa  voix  pure  et 
son  talent  correct,  mais  un  peu  froid,  reçu- 
rent un  accueil  sympathique.  Appelée  ensuite 
à  Milan,  puis  à  Padoue,  elle  y  eut  aussi  du 
succès.  En  1835,  elle  chanta  à  Trieste,  à 
Vienne,  à  la  foire  de  Sinigaglia  et  à  Turin. 
En  1836,  elle  était  à  Florence,  d'où  elle  re- 
tourna à  Vienne,  puis  à  Milan.  En  1837,  elle 
brilla  à  Venise,  où  les  progrès  de  son  talent 
furent  remarqués  par  les  connaisseurs.  Dans 
l'année  suivante,  on  l'entendit  de  nouveau  à 
Sinigaglia,  puis  elle  chanla  à  Lucques,  à 
Vienne,  pour  la  troisième  fois,  à  Milan  et  à 
Brescia.  En  1839,  elle  se  fit  entendre  à  Gènes, 
à  Florence,  à  Sienne  et  à  Rome.  Dans  l'année 


m 


TAD0L1NI  —  TAEGLICHSBECK 


suivante,  à  Faenza,  à  Reggïo,  à  Bergame  et  à 
Trieste.  Vienne  est  la  ville  où  elle  fut  rappelée 
le  plus  souvent,  car  on  l'y  retrouve  en  1841, 
en  1843,  en  1846  et  1847.  Celte  année  fut  la 
dernière  de  sa  carrière  théâtrale.  Parmi  ses 
plus  beaux  succès,  on  doit  citer  ceux  qu'elle 
obtint  à  Naples,  lorsque  Mercadante  et  Doni- 
zelli  eurent  écrit  pour  elle.  En  1842,  elle  y 
excitait  l'enthousiasme,  et  était  considérée 
comme  la  meilleure  cantatrice  de  l'Italie  à 
cette  époque.  Depuis  1854,  elle  était  séparée 
de  son  mari. 

TAEGLICHSBECK  (Thomas),  maître 
de  chapelle  du  prince  de  Hohenzollern- 
Hechingen,  est  né  le  31  décembre  1799,  à 
Ansbach,en  Bavière.  Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge 
de  quatre  ans,  son  père  lui  enseigna  la  musi- 
que; plus  tard,  il  choisit  le  violon  pour  son 
instrument,  et  les  leçons  de  Rovelli  qu'il  reçut 
à  Munich,  en  1816,  achevèrent  de  développer 
son  talent.  Il  devint  aussi,  dans  celle  ville, 
élève  de  Grœlz,  pour  la  composition.  En  1817, 
il  écrivit  une  messe  qui  fut  exécutée  et  lui 
procura  une  place  de  violoniste  au  théâtre  de 
Munich.  Lindpaintner,  alors  directeur  de  mu- 
sique de  ce  théâtre,  distingua  bientôt  le  mérile 
de  ce  jeune  homme,  et  se  fil  remplacer  par  lui 
lorsqu'il  demanda  un  congé  d'une  année  pour 
voyager;  mais  ce  maître  ne  retourna  plus  à 
Munich,  et  les  preuves  de  talent  que  Taeglichs- 
beck  avait  données  pendant  sa  direction  de 
l'orchestre,  le  firent  choisir  pour  son  succes- 
seur. Les  changements  que  subit  le  théâtre, 
en  1822,  décidèrent  le  jeunearlisle  à  accepter 
«ne  place  de  violoniste  à  la  chapelle  royale  de 
Bavière.  L'année  suivante,  il  fit  représenter, 
au  théâtre  de  Munich,  un  petit  opéra  intitulé  : 
Tf'eber's  Bild  (L'image  de  Weher),  qui  eut 
quelque  succès.  Après  un  court  voyage  en  Ba- 
vière, il  se  rendit  en  Suisse  et  visita  Stuttgart, 
Francfort,  Manheim  et  Carlsruhe.  Partout  il 
fut  bien  accueilli  comme  violoniste.  Ses  pre- 
mières compositions  pour  le  violon  furent  pu- 
bliées en  1825.  Deux  ans  après,  il  fut  nommé 
maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Hechingen. 
Depuis  celte  époque,  il  a  fait  plusieurs  voyages 
à  Vienne,  à  Berlin,  à  Munich,  à  Leipsick,  en 
Hollande,  en  Danemark  et  en  Suède,  el  y  a 
fait  applaudir  son  talent  sur  le  violon.  Jusque- 
là,  il  n'avait  écrit  que  pour  son  instrument; 
mais,  en  1833,  il  s'est  fail  connaître  comme 
compositeur  par  quatre  symphonies  et  d'autres 
grands  ouvrages  qui  lui  font  honneur.  La  pre- 
mière de  ces  symphonies  fut  exécutée  aux  con- 
certs du  Conservatoire  de  Paris,  pendant  un 
séjour  que  Taeglichsbeck  fit  dans  cetleville,en 


1835.  L'accueil  favorable  qu'elle  reçut  en  fit 
demander  une  deuxième  à  l'auteur,  qui  fit  un 
second  voyage  à  Paris,  en  1837,  pour  la  faire 
entendre.  Au  retour  de  son  voyage  en  Hol- 
lande, il  passa  par  Bruxelles,  où  il  s'arrêta 
quelque  temps  sans  y  donner  de  concert.  Par 
suite  de  la  révolution  badoise,  en  1848,  la  cha- 
pelle du  prince  de  Hohenzollern-Hechingen 
ayant  été  dispersée,  Taeglichsbeckfut  appelé  à 
Strasbourg  pour  dirigerl'orchestre  du  théâtre; 
mais  le  prince,  qui  continuait  à  lui  faire  payer 
son  traitement,  ayant  manifesté  son  mécon- 
tentement du  séjour  de  l'artiste  en  France,  ce- 
lui-ci se  démit  de  ses  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre, et  retourna  à  Hechingen.  En  1852,  il 
vécut  quelque  temps  à  Lœwenberg,  en  Silésie, 
puis  il  se  rendit  à  Dresde,  où  il  se  trouvait 
encore,  sans  emploi,  en  1857.  Les  productions 
de  cet  artiste  sont  celles-ci  :  1°  Variations  sur 
un  thème  de  la  Gazza  Ladra.  pour  violon  et 
orchestre  ou  piano,  op.  1  ;  Offenbach,  André. 
2°  Variations  sur  un  thème  de  Léocadie,  pour 
piano  et  violon,  op.  2;  Augsbourg,  Gombart. 
3°  Polonaise  pour  le  violon  et  orchestre  ou 
piano,  op.  3  ;  Offenbach,  André.  4°  Variations 
sur  un  thème  original,  pour  violon  et  quatuor 
ou  piano,  op.  4;  Munich,  Aibl.  5°  /dem  pour 
piano  et  violon  {Ahnalied),  op.  5;  Leipsick, 
Breilkopf  et  Hserlel.  6"  Six  chansons  alle- 
mandes avec  piano,  op.  6:  Munich,  Falter. 
7°  Valses  pour  piano,  op.  6;  ibid.  8°  Concerto 
militaire  pour  violon  et  orchestre  ou  piano, 
op.  8  ;  Leipsick,  Hofmeister.  9°  Divertissement 
pour  piano  et  violon  sur  des  motifs  du  Bal 
masqué,  op.  9;  Munich,  Falter.  10°  Première 
symphonie  pour  orchestre,  op.  10;  Paris, 
Richault.  11°  Trois  duos  pour  deux  violons, 
op.  M  \  ibid.  12°  Variations  pour  violon  sur 
un  air  slyrien,  op.  12;  Leipsick,  Wander. 
13°  Fantaisie  idem  sur  des  airs  polonais, 
op.  13;  Stuttgart.  14°  Concertino  pour  violon 
et  orchestre,  op.  14;  Leipsick,  Hofmeister. 
15°  Fantaisie  pour  violon  et  orchestre  sur  des 
airs  souabes,  op.  15;  Carlsruhe,  Cranzbaucr. 
16°  Sonate  pour  piano  et  violon;  Paris,  Ri- 
chault. 17°  Variations  pour  violon  et  orchestre, 
op.  17;  Leipsick,  Hofmeister.  18°  Lieder 
pour  quatre  voix  d'hommes,  op.  18;  Hof, 
Grau.  19°  Divertissements  pour  violon  et  or- 
chestre, sur  des  motifs  de  la  Sonnanbula, 
op.  19;  Leipsick,  Hofmeister.  20°  Idem  pour 
piano  et  violon,  sur  des  motifs  de  la  Chaste 
Suzanne,  op.  20;  Paris,  Richault.  21°  Rondo 
pour  cor  chromatique  et.  piano,  op.  21  ;  ibid. 
22°  Six  Liedtr  pour  quatre  voix  d'hommes; 
Stuttgart,  Gœpel.  23°  Six  Lieder  à  voix  seule 


TAEGLTCHSBECK  —  TAG 


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et  piano,  op.  22;  ibid.  24"  Quatre  Lieder 
iwiir  soprano,  conlralto,  ténor  et  basse,  op.  2-î; 
ibid.  25°  Messe  solennelle  avec  orchestre, 
op.  25;  Munich,  Faller.  26°  Trio  pour  piano, 
violon,  et  violoncelle,  op.  2G;  Hambourg, 
Schuhcrth.  27°  Lieder  à  voix  seule  avec  piano, 
op.  27  et  28;  Stuttgart,  Gœpel.  28°  Cinq  Lie- 
der pour  soprano,  contralto,  ténor  et  basse 
avec  piano  ou  huit  instruments  de  cuivre, 
op.  29  ;  Munich,  Faller.  29°  Trois  sonates  pro- 
gressives pour  piano  et  violon,  op.  50;  Ham- 
bourg, Schubertli.  30°  Le  67e  psaume  à  quatre 
voix  sans  accompagnement;  Vienne,  Gloegg. 
51°  Lieder  pour  quatre  voix  d'hommes, 
op.  52  et  33;  Stuttgart,  Gœpel.  Taeglichsbeck 
a  en  manuscrit  des  symphonies  et  des  qua- 
tuors d'instruments  à  cordes. 

TAFALLA  (le  P.  Pedro),  musicien  espa- 
gnol, né  dans  la  ville  d'où  il  a  pris  son  nom, 
à  la  fin  du  seizième  siècle,  fit  ses  vœux,  en 
1623,  au  monastère  de  l'Escurial.  Il  était  si 
estimé  des  autres  moines,  que,  ne  voulant  pas 
se  séparer  de  sa  mère,  il  obtint  qu'on  la  reçût 
dans  une  habitation  contigue'  au  couvent,  où 
elle  finit  ses, jours.  Les  œuvres  musicales  de  ce 
religieux  sont  nombreuses  ;  elles  se  trouvent 
toutes  à  l'Escurial;  on  y  remarque  un  carac- 
tère religieux  et  la  forme  scientifique.  Le 
P.  Tafalla  mourut  à  l'Escurial,  dans  un  âge 
avancé.  M.  Eslava  a  publié,  dans  la  Lira  sa- 
cro-hispana,  un  répons  à  huit  voix  {Libéra 
me  Domine)  de  ce  moine. 

TAFFIN  (M.-J.-D.),  prêtre,  né  dans  le 
département  du  Nord,  au  commencement  du 
dix-neuvième  siècle,  fit  ses  études  au  sémi- 
naire de  Cambrai.  Après  avoir  été  ordonné 
prêtre,  il  fut  vicaire  d'une  des  églises  de  Lille 
jusqu'en  1839,  puis  ilfutnommécuréàLandre- 
cies.  Il  est  auteur  des  ouvrages  dont  les  litres 
suivent  :  1°  Méthode  complète  et  raisonnée 
de  chant  ecclésiastique,  offerte  aux  jeunes 
séminaristes  ;  Lille,  Lefort,  1835,  un  volume 
in-8°  de  cent  soixante-huit  pages.  Le  système 
exposé  par  l'abbé  Taffin  dans  cet  ouvrage  est 
celui  du  plain-chant  musical,  c'est  -à-dire  du 
chant  ecclésiastique  mesuré,  rhythmé  elorné; 
monstrueuse  conception  qui  a  eu  de  la  vogue 
dans  quelques  parties  de  la  France,  de  1830  à 
1845,  mais  qui,  depuis  lors,  a  été  générale- 
ment repoussée.  2°  Fade-mecum  du  bon 
chantre,  ou  recueil  de  plus  de  cent  pièces  de 
chant  ecclésiastique,  telles  que  messes,  faux- 
bourdons  très-nombreux  et  très-variés,  qua- 
tuors, trios,  duos,  motets  à  voix  seule,  Li- 
tanies avec  chœur,  Stabat,  etc.;  Lille, Lefort, 
un  volume  in-8°  de  trois  cent  vingt-six  pages. 


TAG  (CiritÉTiEX-GoTTiiiLF),  organiste  et 
claveciniste  célèbre,  naquit  en  1735,  à  Bayer- 
feld,  en  Saxe,  où  son  père  était  maître  d'école 
et  organiste.  Celui-ci  dirigea  les  premières 
études  de  son  fils,  et  lui  fit  faire  de  rapides  pro- 
grès dans  les  lettres  et  dans  la  musique.  Tag 
ayant  atteint  sa  treizième  année,  le  juge  de 
Ginnhaym  voulut  en  faire  son  commis;  mais 
cette  position  ne  convenait  pas  à  la  vivaciléde 
son  esprit;  il  se  rendit  secrètement  à  Dresde, 
et  s'y  présenta  chez  le  recteur  Schoelgen  et 
chez  le  cantor  Homilius,  demandant  à  être 
admis  comme  élève  dans  l'école  de  la  Croix. 
L'examen  qu'on  lui  fit  subir  lui  ayant  été  fa- 
vorable, il  y  entra  et  fit  ses  éludes  complètes 
depuis  1749  jusqu'en  1755.  L'excellente  mu- 
sique qu'il  entendait  à  l'église  et  au  théâtre 
forma  son  goût  et  lui  servit  de  modèle  pour 
les  chants  et  les  pièces  d'orgue  qu'il  écrivit 
pendant  ses  cours.  Ses  éludes  persévérantes 
l'avaient  rendu  fort  habile  sur  cet  instrument, 
sur  le  clavecin  et  sur  la  harpe.  Les  livres  de 
Marpurg,  de  Kirnberger  et  de  Schllllz  le  gui- 
daient dans  l'art  d'écrire.  Décidé  à  se  rendre  à 
l'université  de  Leipsick,  il  se  mit  en  route  à 
pied,  suivant  l'usage  des  étudiants  de  l'Alle- 
magne; mais  arrivé  à  Hohenslein,  et  s'élant 
arrêté  dans  une  auberge,  il  y  fit  la  connais- 
sance d'un  bourgeois  de  cette  petite  ville,  qui, 
charmé  de  son  instruction  et  de  ses  manières 
douces  et  polies,  lui  fit  obtenir  sur-le-champ  les 
places  vacantes  de  cantor  et  de  collègue  dans 
l'école  du  lieu.  Un  an  après,  il  se  maria,  et, 
complètement  heureux  dans  sa  nouvelle  posi- 
tion, il  y  vécut  cinquante-frois  ans,  refusant 
toutes  les  offres  brillantes  qui  lui  furent  faites 
pour  se  fixer  à  Hirschberg,  en  Silésie,  et  plus 
tard  à  Dresde,  à  Leipsick  et  à  Hambourg.  Tag 
conserva  toute  l'activité  de  son  esprit  jusqu'en 
1807;  mais  la  mort  de  sa  femme,  au  mois  de 
juillet  de  cette  année,  lui  causa  tant  d'affliction, 
que  ses  facultés  s'en  affaiblirent  :  il  perdit  la 
mémoire  et  fut  obligé  de  donner  sa  démission. 
Alors  il  se  retira  chez  sa  fille,  devenue  la 
femme  du  pasteur  de  Niederzwœnilz,  et  y 
mourut  le  19  juillet  1811,  à  l'âge  de  soixante- 
dix-sept  ans. 

Bien  que  cet  homme  distingué  ait  été  occupé, 
pendant  plus  de  cinquante  ans,  à  donner  cha- 
que jour  douze  heures  de  leçons  publiques  et 
particulières,  il  a  écrit  une  très-grande  quan- 
tité de  compositions  de  différents  genres,  dont 
on  a  imprimé  :  1°  Six  préludes  pour  l'orgue, 
avec  un  trio  alla  brève,  Leipsick,  Breilkopf, 
1783.  2°  Douze  préludes  faciles  pour  l'orgue  ; 
ibid.,  1795.  3°  Soix*nte-dix  variations  pour  le 


17G 


TAG  —  TAGLIETTI 


clavecin  sur  le  thème  d'un  andantino;  ibid., 
1785.  4"  Chansons  avec  accompagnement  de 
clavecin,  premier  recueil;  ibid.,  1783.  5°  Se- 
cond recueil,  idem,  avec  une  cantate  mélo- 
dramatique; ibid.,  1785.  6°  Der  Glaube  (La 
foi),  mélodie  avec  orgue;  ibid.,  1795. 
7°  Chansons  de  Mallhisson  et  de  Burde,  ibid., 
1793.  8»  Vingt-quatre  chansons  suivies  d'un 
hymne  à  quatre  voix  avec  accompagnement  de 
clavecin;  ibid.,  1798.  9°  Naumann,  cantate 
funèbre  pour  le  chant  et  le  clavecin;  ibid., 
1802.  10°  TFœrlitz,  ode  pour  le  chant  et  le 
clavecin;  Berlin,  1803.  11°  Mélodie  pour  le 
Pater  noster  et  pour  les  commandements  de 
Dieu,  avec  orgue;  Penig,  1805.  Quelques 
pièces  de  clavecin  composées  par  Tag  ont  été 
insérées  dans  les  Notices  hebdomadaires  de 
Ililier.  Parmi  ses  œuvres  restées  en  manuscrit, 
on  remarque  :  1°  Une  année  entière  de  musi- 
que d'église  pour  les  dimanches  et  fêles,  ren- 
fermant soixante-dix  cantates  de  différents 
genres,  dont  quelques-unes  sont  à  deux  ou 
trois  chœurs  avec  grand  orchestre.  2°  Onze 
messes  et  hymnes.  3°  Vingt-deux  motets  faciles 
à  quatre  voix.  4°  Trente  sept  airs  d'église  fa- 
ciles à  quatre  voix.  5°  Six  dialogues  faciles. 
G0  Cinq  motets  de  Noël.  7°  Vingt  airs  de  Noël. 
S»  Dix  motets  de  Pâques.  9°  Six  motets  pour  la 
Passion.  10°  Six  airs  pour  la  Passion. 
11°  Trois  motels  de  louanges  et  de  remerct- 
ments,  et  un  Éloge  de  la  musique,  à  quatre 
voix  et  neuf  instruments.  12°  Vingt  chants  de 
noces  avec  clarinettes,  hautbois,  cors  et  bas- 
sons. 15°  Soixante-huit  chants  catholiques  à 
troix  voix.  14°  Vingt-deux  préludes  pour  l'or- 
gue à  deux  claviers  et  pédale.  15°  Seize  idem 
pour  un  seul  clavier.  16°  Trois  rondeaux  pour 
l'orgue.  17°  Quatre  symphonies  pour  l'orgue. 
18°  Huit  préludes  libres  idem.  19°  Quatre  pré- 
ludes de  chorals  à  deux  chœurs  pour  orgue, 
deux  clarinettes,  deux  cors  et  deux  bassons. 
20°  Une  symphonie  pour  l'orchestre.  21°  Un 
quatuor  pour  des  instruments  à  cordes.  22°Six 
divertissements  pour  le  clavecin.  23°  Six  idem 
plus  petits. 

TAGLIA  (Pierre),  compositeur  milanais, 
qui  vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  a 
publié  :  Madrigali  a  quattro  voci.  Lib.  1  ; 
Milan,  1555. 

TAGLIA  (Charles),  docteur  et  professeur 
de  philosophie  à  l'université  de  Pise,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  est  connu  par 
un  livre  qui  a  pour  titre  :  Lettere  scientifiche 
sopra  vari  dilettevoli  argomenli  di  Fisica; 
Florence,  1747,  in-4°,  avec  le  portrait  de  l'au- 
teur. La  première  de  ces  lettres,  adressée  au 


marquis  Gabriel  Riccardi  di  Seorra,  a  pour 
objet  d'examiner  comment  un  violon  peut 
produire  en  si  grande  quantité  des  sons 
agréables  :  elle  occupe  trente-six  pages  du 
volume.  La  troisième  est  relative  au  chant  mé- 
lodieux du  pinson  marin  :  elle  remplit  les 
pages  95  à  124. 

TAGLIAPIETRA  (Joannino),  musicien 
vénitien  du  quatorzième  siècle,  fut  nommé 
organiste  de  Ja  chapelle  ducale  de  Saint-Marc, 
le  12  mars  1379,  et  eut  pour  successeurs  deux 
moines  servîtes,  le  10  juillet  1589.  On  ne  con- 
naît pas  jusqu'à  ce  jour  (1864)  de  compositions 
de  cet  artiste,  qui  fut  le  quatrième  organiste 
de  la  même  église. 

TAGLIETTI  (Jules),  compositeur,  né  à 
Brescia,  vers  1660,  fut  maître  du  collège  noble 
de  Saint-Antoine,  dans  sa  ville  natale.  Il  se 
distingua  dans  la  musique  instrumentale  et  ne 
fut  pas  élranger  à  l'agrandissement  de  ses 
formes,  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle.  Ses 
œuvres  connues  sont:  1°  Sonate  dacamera 
a  tre,  due  violini  e  violoncello,  op.  1»  ,  Bo- 
logne, 1697,  in-folio.  C'est  une  réimpression. 
2°  Sei  concerti  a  quattro  e  sinfonie  a  tre, 
2  violini,  violone  e  cembalo,  op.  2a  ;  Venise, 
1696,  in-4n.  Il  y  a  une  édition  de  cet  ouvrage 
publiée  à  Amsterdam.  5°  Arie  da  suonare 
col  violoncello  e  spinetta  o  violone  ad  uso  di 
arie  cantabili  le  quali  finite,  si  torna  da 
capo,  op.  5a  .  4°  Concerti  o  capricci  a  quat- 
tro, due  violini  e  viola  e  basso  continuo, 
op.  4;  Venise,  1699,  in-4°.  5°  Sonate  da  ca- 
méra a  3,  2  violini  e  basso  continuo,  op.  5. 
6°  Pensieri  musicali  ad  uso  d'arie  cantabili 
a  violino  e  violone  in  partitura  col  basso 
continuo,  op.  6;  in  Venezia,  Bartoli,  1709. 
7°  Concerti  a  4  violini,  viola  col  violoncello, 
violone  e  basso  continuo,  op.  7.  8°  Sonate  a 
violino  e  basso,  op.  8.  9°  Sonate  da  caméra  a 
2  violini,  violoncello,  violone  eclavicembalo, 
op.  9.  10°  Arie  ad  uso  délie  cantabili  da  suo- 
nare col  violino,  violoncello  e  violone  o  cla- 
vicembalo,  op.  10.  11°  Concerti  a  4,  con  suoi 
rinforzi,  op.  11.  12°  Pensieri  da  caméra  a 
2  violini  e  basso,  op.  12. 

TAGLIETTI  (Louis),  compositeur  italien, 
vécut  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle.  Il 
était  vraisemblablement  parent  du  précédent, 
et,  comme  lui,  il  naquit  à  Brescia.  On  ne  con- 
naît de  lui  que  les  compositions  instrumen- 
tales suivantes  :  1°  Sonate  per  violino  e  vio- 
loncello, con  basso  continuo,  op.  4  ;  Venise. 
2°  Concerlini  epreludi  con  diversi  pensieri  e 
divertimenti  a  cinque.op.  5;  ibidem.  5°  Con- 
certi a  A  e  sinfonie  a  Z}  op.  6;  ibid.  Une 


TAGLIETTI  —  TALABARDON 


177 


deuxième  édition  de  ce  dernier  ouvrage  a  élé 
faite  à  Amsterdam,  chez  Roger.  4°  Sonate  a 
violino  e  basso,  op.  7;  ibid.  5°  Sonate  da 
caméra  a  tre,  due  violini,  viohmcello,  vio- 
ione  o  cîavecino  (sic),  op.  9;  ibid.  6°  Arie  ad 
uso  délie  cantabili  da  sonarc  col  violino, 
violoncello  e  violone  o  cîavecino,  op.  10; 
ibid.  7°  Pensieri  da  caméra  a  tre,  due  vio- 
lini ebasso,  op.  12;  ibid. 

TAILLARD  (  Constant  )  ,  surnommé 
l'aîné,  flûtiste  français,  attaché  au  Concert 
spirituel  dès  1752,  était  fils  d'un  cromorne 
delà  grand  écurie  du  roi.  Il  vivait  encore  en 
1780  ;  mais  il  était  mort  avant  1788.  Il  a  pu- 
blié treize  recueils  de  Pièces  françaises  et 
italiennes,  petits  airs,  menuets,  etc.,  avec 
•des  variations  accommodées  pour  deux 
/7«J/es.  Le  treizième  de  ces  recueils  a  paru  en 
1782.  Dans  la  même  année,  il  fit  paraître 
aussi  :  Méthode  pour  apprendre  à  jouer  de 
ta  flilte  traversière  et  à  lire  la  musique,  à 
Paris,  chez  l'auteur. 

TAILLASSON  (  Gaillard  )  ,  dit  M  A- 
THAL1TY  ou  MATHELIN,  naquit  à  Tou- 
louse, en  1580.  Dès  son  enfance,  il  se  livra  à 
l'étude  delà  musique,  et  devint  habile  sur  le 
violon.  Le  bruit  de  son  talent  étant  parvenu 
jusqu'à  Paris  ,  Claude-Guillaume  Nyon  ,  dit 
la  Foundy,  roi  des  violons  et  ménétriers  de 
France,  consentit  à  lui  concéder  une  partie  de 
son  autorité  sur  les  musiciens  des  provinces, 
et  par  acte  passé  devant  Descolermaux  et  Mar- 
cheville,  notaires  à  Paris,  le  21  août  1008,  le 
déclara  son  lieutenant  à  Toulouse,  lui  don- 
riant  le  droit  de  recevoir  tous  maîtres, 
joueurs  d'instruments,  tant  audit  Toulouse 
que  dans  les  villes  du  ressort  de  cette  cité; 
comme  aussi  de  faire  toutes  corrections  ou 
punitions  qu'il  appartiendra  contre  toute 
personne  qui  entreprendra  sur  ledit  art  sans 
son  congé  et  licence.  Il  paraît  que  les  préro- 
gatives du  roi  des  violons  n'avaient  point  été 
exercées  jusque-là  à  Toulouse;  les  ménétriers 
«t  les  musiciens  de  cette  ville  refusèrent  de  s'y 
soumettre,  nonobstant  les  lettres  royaux  dont 
Taillasson  était  pourvu  ;  ils  protestèrent, 
nommèrent  pour  leur  syndic  le  musicien 
Pierre  Villète,  et  l'affaire  fut  portée  au  parle- 
ment. La  cause  des  musiciens  fut  confiée  aux 
avocats  Disponia  et  Laforgue,  et  le  syndic  fut 
en  outre  représenté  par  Vaisse;  Marmicsse  et 
Madrat  défendirent  Mathelin.  L'affaire  fut 
plaidée  en  audience  solennelle,  et  l'avocat  gé- 
néral de  Belloy  porta  la  parole.  L'arrêt  qui 
intervint  le  26  mars  1609donna  gain  de  cause 
à  Maihelln,  et  celui-ci  exerça  désormais  son 

BIOGR.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


autorité  sans  obstacle.  Il  avait  à  ses  ordres 
une  bande  de  violons  avec  laquelle  il  jouait 
aux  fêtes  et  aux  processions.  Les  Étals  de  la 
province  de  Languedoc  s'étant  assemblés  en 
1639,  une  gratification  de  trente  livres  fut  ac- 
cordée à  Mathelin  et  à  sa  bande  pour  avoir 
joué  à  la  procession  desdits  États.  Mathelin 
avait  à  Toulouse  un  rival  qui  balançait  sa  ré- 
putation; il  se  nommait  Poncet.  Tous  deux 
allaient  en  concurrence  aux  cérémonies  d'ap- 
parat et  aux  processions,  et  là,  chacun  avec  sa 
bande,  luttait  d'habileté  et  cherchait  à  surpas- 
ser son  compétiteur.  Les  poêles  en  langue 
moundine  (toulousaine)  ont  chanté  ces  deux 
artistes  :  Auger  Gaillard,  de  Rabaslens,  en 
Albigeois,  nomme  Mathelin  et  Poncet  dans  ses 
vers  patois,  et  semble  les  mettre  sur  la  même 
ligne,  notamment  dans  l'épitre  dédicatoire  de 
ses  œuvres  qu'il  adressa  au  sieur  de  Séré.  Il  a 
aussi  composé  un  Dialogue  sur  l'abus  que  se 
coumet  à  las  dansas,  dans  lequel  il  se  donne 
Mathelin  pour  interlocuteur  et  lui  fait  dé- 
fendre le  plaisir  de  la  danse  que  lui  Auger 
attaque  par  des  raisons  tirées  de  l'Écriture  et 
de  l'histoire.  Mathelin  parait  se  convertir,  à  la 
fin.  Après  la  mort  de  Nyon,  ce  musicien  exerça 
la  dignité  burlesque  de  roi  des  violons  de 
France ,  par  lettres  patentes  signées  de 
Louis  XIII;  il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à 
sa  mort  qui  arriva  en  1647.  Mathelin  avait  été 
lié  d'amitié  avec  le  célèbre  poêle  languedocien 
Godolin  ou  Goudelin  ;  il  composait  les  airs  des 
chansons  de  celui-ci  ;  plusieurs  de  ces  airs  sont 
encore  chantés  par  le  peuple  de  Toulouse  et 
dans  le  Languedoc. 

TAILLERUS  (Simon),  moine  de  l'ordre 
deSainl-Dominique,  naquit  en  Ecosse,  vers  les 
premières  années  du  treizième  siècle,  et  écri- 
vit divers  ouvrages  concernant  la  musique, 
vers  1240.  Tanner,  qui  le  cite  dans  sa  Biblio- 
thèque britannique,  l'appelle  Tailler;  mais 
les  PP.  Quétif  et  Échard  pensent  (1)  que  son 
nom  véritable  a  pu  être  Taylor.  Quoi  qu'il  en 
seit,  ces  écrivains  et  Fabricius  (dans  sa  Biblio- 
thèque latine  du  moyen  âge)  attribuent  à  ce 
moine  un  livre  De  canlu  ecclesiastico  refor- 
mando,  un  autre  De  tenore  musicali,  un 
troisième  intitulé  Telrachordum,  et  un  der- 
nier qui  a  pour  titre  Penlachardum.  Je  n'ai 
trouvé  l'indication  de  ces  ouvrages  dans  au- 
cun catalogue  de  manuscrits. 

TALABARDON  (Pascal),  professeur  de 
musique,  n'est  connu  que  par  les  ouvrages 
intitulés  :  1°  Traité  théorico  pratique  de  l'ar- 

(l)Scriptores  ordinis  praedicatorum,  tome  I,  fol.  111. 

1"2 


178 


TALABARDON  —  TAMBURIM 


ticulation  musicale,  avec  des  observations 
stir  les  sons  de  la  langue  française  et  sur  la 
théorie  des  intervalles; Paris,  Sclionenberger, 
1841,  in-4°.  2°  Cours  de  musique  vocale.  In- 
troduction à  toutes  les  méthodes  de  chant , 
deuxième  édition;  ibid.,  1843,  un  volume 
in-12,  avec  trente -quatre  pages  de  musique. 

TALA1NDERIUS  (Petrus).  Voyez.  TAL- 
HANDIER. 

TALESIO  (Pierre),  musicien  portugais, 
vécut  à  Coïmbre,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  Il  est  auteur  d'un  traité  du 
plain-chant  intitulé  :  Artede  canto  chaô  com 
huma  brève  inslruçao  para  os  Sacerdotos, 
J)iaconos,  e  Subdiaconos,  e  moços  do  coro, 
conforme  o  uso  romano;  Coïmbre,  1617, 
in-4°.  Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a 
été  publiée  dans  la  même  ville,  en  1628,  in-4°. 
La  deuxième  partie  traite  de  la  musique  me- 
surée. 

TALHANDIER  (Pierre),  en  latin  TA- 
LAÏVDERIUS,  auteur  fiançais  d'un  traité 
compilé  de  divers  ouvrages  sur  le  plain-chant 
et  sur  la  musique  mesurée,  dont  le  manuscrit 
est  à  la  Bibliothèque  du  Vatican,  sous  le 
n°5129.  Ce  traité  a  pour  titre  :  Leclura  tam 
super  canin  menstirabili,  quam  super  im- 
mensurabili.  On  y  trouve  à  la  fin  trois  cha- 
pitres intéressants  intitulés  :  1°  Qualiler  dé- 
bet cantari  a  duobus  planus  cantus.  2°  Pro 
faciendo  planum  cantum.ô"  Adnolanduni 
planum  cantum.  Dans  ce  dernier  chapitre, 
l'auteur  dit  que,  suivant  les  bonnes  traditions, 
la  note  à  queue  ne  signifie  pas  une  durée  plus 
longue  dans  le  plain-chant,  mais  seulement  la 
note  accentuée.  Le  manuscrit  est  du  quinzième 
siècle. 

TALLIS  (Thomas),  célèbre  musicien  an- 
glais du  seizième  siècle,  fut  attaché  à  la  cha- 
pelle des  rois  d'Angleterre  Henri  VIII , 
Edouard  VI,  des  reines  Marie  et  Elisabeth: 
il  y  remplit  les  fonctions  d'organiste,  conjoin- 
tement avec  son  élève  Bird  (voyez  ce  nom). 
Tailis  mourut  le  23  novembre  1585,  et  fut  in- 
humé dans  le  chœur  de  l'église  paroissiale  de 
Greenwich.  En  1575,  il  avait  obtenu,  ainsi 
que  Bird,  des  le'.lres  patentes  qui  leur  accor- 
daient le  droit  exclusif  d'imprimer  leur  propre 
musique  pendant  l'espace  de  vingt  et  un  ans, 
et  qui  faisaient  défense  à  toute  autre  personne 
d'imprimer  aucune  espèce  de  musique,  soit  an- 
glaise, soit  étrangère,  ou  même  du  papier  ré- 
glé, sous  peine  d'une  amende  de  quarante 
shellings  pour  chaque  objet  vendu.  Tailis  et 
Bird  profitèrent  de  ieur  privilège  en  publiant 
une  collection  intitulée  :  Canliones  qux  ab 


argumenta  sacrx  vocantur,  quinque  et  sex 
partium,  autoribus  Thomx  Tallisio  et  Gu- 
lielmo  Dirdo,  Anylis,  etc.  ;  Londres,  Vau- 
trollier,  1575,  in-4°.  Précédemment  on  avait 
publié  quelques  morceaux  de  Tailis  dans  une 
collection  devenue  très- rare,  et  qui  a  pour 
titre  :  Morning  and  evening  prayer  and 
communion,  set  forthe  in  4  parts,  to  be  song 
in  churches,  both  for  men  and  children, 
with  dyvers  olher  godly  prayers  and  an- 
thems,  of  sundry  men' s  doyngs.  Imprinled 
at  London  by  John  Day,  1565,  in-4°.  La 
composition  la  plus  remarquable  de  Tailis  est 
le  chant  à  quarante  voix,  savoir  :  huit  so- 
prani,huit  mezzo-soprani,  huit  contra-ténors, 
huit  ténors  et  huit  basses.  Ce  morceau  se 
trouve  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque  de 
l'église  du  Christ,  à  Oxford  ;  Burney  en  possé- 
dait deux  copies  qui  ont  été  vendues  après  sa 
mort.  Boyce  a  inséré  quelques  morceaux  de 
ce  compositeur  dans  sa  collection  de  musique 
d'église,  publiée  en  1760;  il  y  en  a  aussi  plu- 
sieurs dans  le  First  Book  of  selected  church- 
music  de  John  Bainard  (Londres,  1648).  Haw- 
kins  a  donné  en  partition  des  motets  elcanons 
de  Tailis  dans  son  Histoire  de  la  musique  (t.  III, 
p.  267-278,  et  t.  V,  p.  450-452),  et  Burney  en 
a  aussi  publié  deux  morceaux  (a  General 
History  of  music,  tome  III,  pages  27-28  et 
77-79). 

TALOINI  (Geronimo),  compositeur  de 
l'école  romaine,  et  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  d'Albano,  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position :  Mottetti,  Salnvj.  di  Vespri  e  com- 
pléta, con  le  Antifone  a  tre  e  quattro  voci, 
op.  2;  Borne,  Masotti,  1629,  iu-4°. 

TAMBOLINI  (Raphaël),  célèbre  chan- 
teur en  voix  de  soprano,  naquit  à  Fermo,dans 
les  Étals  de  l'Église,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle.  En  1776,  il  débuta  àNapIes 
avec  un  brillant  succès.  Engagé,  en  1782,  au 
service  de  la  cour  de  Prusse,  il  chanta  au 
Théâtre  italien  de  Berlin  jusqu'en  1809.  Re- 
tiré alors  de  la  scène,  il  resta  attaché  à  la 
même  cour,  en  qualité  de  chanteur  de  concert. 
Il  obtint  la  pension  en  1817,  et  se  fixa  à  Char- 
loltenbourg,oùil  mourut  fortàgé,le27 octobre 
1839. 

TAMBURIÎM  (Antoine),  basse  chantante 
très-distinguée,  est  né  le  28  mars  1800,  à 
Faenza.  Son  père,  Pasquale  Tamburini,  était 
professeur  de  musique  dans  cette  ville,  et  jouait 
de  la  clarinette,  du  cor  et  de  la  trompette. 
Appelé  à  Fossombrone,  dans  la  marche  d'Au- 
cune, pour  diriger  le  corps  de  musique  mili- 


TAMBURINI  —  TAMITIUS 


179 


faire  entretenu  par  l'autorité  municipale,  il 
s'y  rendit  accompagné  de  son  fils,  et  apprit  à 
celui-ci  à. jouer  du  cor,  dès  qu'il  eut  atteint 
l'âge  de  neuf  ans;  mais  une  maladie  dont  le 
jeune  Tamburini  fut  frappé,  par  la  fatigue  que 
lui  causait  cet  instrument,  décida  son  père  à 
lui  donner  une  autre  direction  pour  ses  éludes 
musicales.  Confié  aux  soins  d'Aldobrando 
Bossi ,  maître  de  chapelle  à  Fossombrone,  il 
apprit  sous  sa  direction  le  solfège  et  le  chant. 
A  l'âge  de  douze  ans,  Tamburini  retourna  à 
Faenza,  et  fut  engagé  pour  chanter  dans  les 
choeurs  de  l'opéra  pendant  la  saison  de  la 
foire;  il  eut  occasion  d'y  entendre  Mombelli 
père,  Davide,  Donzelli,  mesdames  Pisaroni 
et  Mombelli;  son  instinct  sut  mettre  à  profit 
les  leçons  pratiques  de  chant  qu'il  en  rece- 
vait. Chantant  tour  à  tour  dans  toutes  les 
églises  du  pays,  il  atteignit  ainsi  l'âge  où  sa 
voix  de  contralto  se  changea  en  voix  de  basse. 
Parvenu  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  quitta  fur- 
tivement la  maison  paternelle  et  se  rendit  à 
Bologne,  où  un  directeur  de  spectacles  l'en- 
gagea pour  la  petite  ville  de  Cento.  Malgré  sa 
jeunesse  et  son  inexpérience,  la  beauté,  la 
flexibilité  naturelle  de  son  organe  lui  procura 
des  applaudissements  dans  laContessa  diCol- 
Erboso,  de  Generali.  Ces  témoignages  de  la 
faveur  publique  furent  confirmés  à  IMirandola, 
puis  à  Correggio,  où  la  troupe  ambulante 
s'était  rendue.  Bologne  ne  fut  pas  plus  sévère 
pour  le  jeune  débutant,  et  le  succès  qu'il  y 
obtint  lui  procura  un  engagement  avantageux 
à  Plaisance,  pour  le  carnaval  de  1819.  Il  y 
parut  avec  tant  d'avantages  dans  la  Ceneren- 
tola,  l'Italiana  in  JUjeri,  et  Gli  Jssassini, 
de  Trento,  qu'il  fut  immédiatement  engagé 
iwnr  le  théâtre  Niiovo  de  Naples.  Accueilli 
d'abord  avec  quelque  froideur  dans  cette  ville, 
il  sut  ensuite  conquérir  la  faveur  publique,  et 
y  renouvela  son  engagement  pour  l'année 
suivante;  mais  les  troubles  de  1820  firent 
fermer  les  théâtres  de  Naples,  et  Tamburini 
se  rendit  à  Florence,  où  il  eut  peu  de  succès, 
à  cause  d'une  grave  indisposition  qui  le  faisait 
chanter  au-dessous  du  ton.  Appelé  à  Livourne 
pour  le  carnaval,  il  y  retrouva  tous  ses  avan- 
tages, et  y  prit  une  revanche  complète  de  sa 
chute  à  Florence.  De  là  il  alla  à  Turin  pour  le 
printemps,  et  à  l'automne  de  1822,  il  parut 
avec  éclat  sur  la  scène  de  la  Scala,  à  Milan. 
Engagé  à  Trieste  pour  le  carnaval,  il  entra  à 
Venise  pour  visiter  cette  ville  singulière,  se 
proposant  de  partir  le  lendemain  pour  sa  des- 
tination; mais  un  ordre  des  souverains  qui  y 
étaient  alors  réunis  le  retint  pour  quelques  re- 


présentations. Il  y  brilla  au  théâtre  de  fa  Fe- 
nice,  et  surtout  dans  un  concert  donné  à  la 
cour,  où  Rossini  était  au  piano.  Après  avoir 
achevé  la  saison  à  Trieste,  Tamburini  alla  à 
Rome,  où  il  fut  retenu  pendant  deux  ans;  puis 
il  alla  chanter  leMosè  au  théâtre  dclaFenice, 
à  Venise,  avec  Davide  et  madame  Méric- 
Lalande.  Il  ne  quitta  cette  ville  que  pour  3ller 
à  Palerme,  où  la  direction  du  théâtre  le  retint 
pendant  deux  ans.  Ce  fut  là  qu'il  reçut  un  en- 
gagement de  Barbaja  ,  entrepreneur  des 
théâtres  de  Naples,  de  Milan  et  de  Vienne, 
pour  quatre  années.  Tour  à  tour  il  chanta  dans 
ces  villes,  et  toujours  avec  le  même  succès.  Au 
printemps  de  1828,  il  alla  à  Gênes  pour  l'ou- 
verture du  théâtre  Carlo  Felice;  mais  à  peine 
arrivé  dans  celte  ville,  il  y  reçut  un  nouvel 
engagement  de  Barbaja  pour  deux  années, 
pendant  lesquelles  il  parut  sur  les  théâtres  de 
Naples  et  de  Milan.  Enfin,  il  arriva  à  Paris  au 
mois  d'octobre  1832,  et  débuta  au  IhéâVfe  ita- 
lien, le  7  du  même  mois,  dans  le  rôle  de  Dan- 
dini  de  la  Cenerentola.  La  beauté  de  sa  voix, 
sa  facile  vocalisation,  et  l'expression  de  ses 
accents  dans  les  mouvements  lents,  lui  procu- 
rèrent un  brillant  succès.  Ces  qualités  se  trou- 
vaient à  la  vérité  balancées  par  quelques  dé- 
fauts; mais  ces  défauts  sont  ceu,\  de  l'époque 
actuelle,  et  appartiennent  à  tous  les  chanteurs. 
Pendant  plus  de  dix  ans,  Tamburini  a  joui  à 
Paris  de  la  faveur  d'un  public  éclairé,  et  a 
tenu  un  rang  distingué  dans  le  bel  ensemble 
formé  par  Rubini,  Lablache,  mesdames  Per- 
siani,  Grisi,  Viardot  et  lui.  Dans  les  derniers 
temps,  sa  voix  avait  perdu  de  son  timbre;  De 
retour  en  Italie,  il  chanta  à  Milan,  en  1841,  à 
Lucques  et  Sinigaglia  en  1842,  et  se  rendit  en 
Russie  dans  l'année  suivante.  Il  chanta  à  Pé- 
tersbourg  et  à  Moscou  jusqu'en  1852,  en  dépit 
de  l'altération  de  sa  voix,  puis  il  alla  à  Lon- 
dres, où  il  ne  retrouva  plus  ses  anciens  succès. 
En  1855,  il  donna  des  représentations  en 
Hollande  avec  madame  Persiani  et  le  ténor 
Gardoni;  puis  il  se  rendit  à  Paris,  où  il  reparut 
au  théâtre  italien  pendant  la  saison  de  1854. 
On  le  retrouve  à  Londres  en  1855  :  ce  fut  la 
fin  de  sa  carrière  théâtrale  trop  prolongée. 

TAMITIUS  (André),  facteur  d'orgues  de 
la  cour  de  Saxe,  vécut  à  Dresde,  vers  la  fin  du 
dix-septième  siècle.  Un  de  ses  plus  beaux  ou- 
vrages, l'orgue  de  l'église  de  Saint-Pierre  et 
Saint-Paul  de  Gœrlilz,  construit  en  1G83,  et 
composé  de  quaranle-sspt  jeux,  avec  trois  cla- 
viers et  pédale,  fut  la  proie  des  flammes  en 
169!. 

TAMITIUS    (Jean-Théophile),    fils    du 

12. 


-ISO 


TAMIT1US  -  TAPIA 


précédent,  s'établit  à  Zillau,  où  il  vivait  en 
1754.  Il  s'est  distingué  par  quelques  bons  ou- 
vrages. 

Son  fils,  facteur  d'orgues  et  d'instruments  à 
claviers  comme  lui,  vivait  encore  à  Ziltau  dans 
les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle. 
Il  a  construit  quelques  orgues  dans  la  Lusace 
et  dans  la  Silésie. 

TAMPLINI  (Giuseppe),  virtuose  basso- 
niste au  théâtre  de  la  Scula  de  Milan,  vers 
1840,  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Capriccio 
sopra  l'Elisire  d'amore,  per  Fagntto  con 
piano  forte;  Milan,  Ricordi.  2° Reminiscenza 
delV  Opéra  Roberto  il  Diavolo  di  Meyerbeer. 
Fantasia  per  Fagotto  con  accompagna- 
mento  di  piano  forte;  ibid.  5°  Souvenir  de 
JSellini.  Fantasia  per  Fagotto  con  accompa- 
gnamentodi  piano  forte;  ibid.  4°  Melodia 
dell'  Opéra  i  Lombardi  alla  prima  Crociata 
di  Verdi,  trascritte  e  variale  per  Fagotto 
con  accompagnamento  di  piano  forte  ;  ibid. 
TAACIOIM  (Eugenio),  compositeur,  né  à 
Pérouse,  vers  1812,  a  fait  jouera  Corfou,  en 
1859,  l'opéra  intitulé  :  La  Soflitta  dcgli  ar- 
tisti.  On  connaît  aussi  de  lui  des  mélodies  à 
voix  seule,  avec  piano,  publiées  chez  Ricordi, 
à  Milan. 

TATVSUR  (Guillaume),  musicien  anglais, 
naquit  en  1699,  non  à  Leicesler,  comme  il  est 
dit  dans  la  première  édition  de  cette  Biogra- 
phie, mais  à  Barns,  dans  le  comté  de  Surrey,  où 
il  était  organiste  en  1757,  ainsi  qu'on  le  voit 
par  la  collection  des  Proverbes  de  Salomon 
et  du  Cantique  des  Cantiques,  à  deux,  trois  et 
quatre  voix,  publiée  sous  le  titre  de  Heaven 
on  eurth.  En  1739,  il  fut  appelé  à  Leicester  et 
y  passa  le  reste  sa  vie,  à  l'exception  de  quel- 
ques voyages  qu'il  fit  à  Londres.  Il  y  vivait  en- 
core en  1 770,  à  l'âge  de  soixante  dix  ans,  ainsi 
que  le  prouve  son  portrait  gravé  dans  cette 
année  par  E.  Newton.  Il  eut  un  fils,  qui  fut 
choriste  à  Cambridge,  et  qui  vivait  encore  en 
1811.  Ce  musicien  est  connu  par  les  ouvrages 
suivants  :  \°  A  complète  melody,  or  the  Har- 
viony  of  Sion,  in  three  volumes;  the  first 
containing  an  Introduction   to  vocal  and 
instrumental  Music  ;  the  second  comprising 
the  psalms,   tvith  new  mélodies;  and    the 
third  being  composed  of  part  song  (Mélodie 
complète,  ou  l'harmonie  de  Sion,  en  trois  vo- 
lumes; le  premier  contenant  une  introduction 
à  la  musique  vocale  et  instrumentale;   le  se- 
cond renfermant  les  psaumes  avec  de  nouvelles 
mélodies,  et  le  troisième,  composé  de  chan- 
sons); Londres,  1735.  2'  The  universal  Har- 
mony  containing  the  whole  book  of  psalms  i 


newly  set  in  four  parts  (L'harmonie  univer- 
selle, contenant  tout  le  livre  des  psaumes  nou- 
vellement  mis    à   quatre    parties);    Londres, 
1743.  3°  A  New  musical  Grammar  :  or  the 
Harmonical  Spectator,  containing  ail  the 
usefv.l  theoretical,  poetical,   and  technical 
parts  of  Musick  (Nouvelle  Grammaire  musi- 
cale, ou  le  Spectateur  harmonique;  contenant 
toutes  les  parties  théoriques,  pratiques  et  tech- 
niques delà  musique,  etc.);  Londres,  1746, 
in-4°.  La  seconde  édition  a  paru  dans  la  même 
ville,  en  1753,  in-4°  de  cent  cinquante  pages; 
la  troisième,  en  1756;  laquatrième,  qui  a  pour 
titre  A  New  musical  Grammar  and  Dictio- 
nary,  est  datée  de  1767,  in-8".  Ce  traité  élé- 
mentaire de  musique  n'est  pas  dépourvu  de 
mérite.  J'ignore  si  l'on  doit  considérer  comme 
une  cinquième  édition  de  la  Grammaire  mu- 
sicale de  Tansurl'ouvrage  dont  le  titre  suit, 
ou  s'il  indique  un  livre  différent  :  Eléments 
of  Musick  displayd,  or  its  Grammar,   or 
ground-TFork    made    easy  ;     rudimental , 
praclical,    philosophical ,    historical    and 
technical;  Londres,   1772,  in-8°.  La  septième 
édition  de  la  Grammaire  est  intitulée  :  Musi- 
cal grammar  and  Dictionary,  or  a  gênerai 
Introduction   of  the  whole  art  of  Music; 
Londres,  1829,  in-8°.  A  la  fin  de  la  deuxième 
édition  de  sa  grammaire  musicale,  Tansur  an- 
nonçait son  intention  de  publier  un  livre  inti- 
tulé :  The  excellency  of  divine  Musick;  con- 
taining the  original  use  of  every  portion 
included  in  the  book  of  psalms,  etc.;  il  ne  pa- 
rait pas  que  cet  ouvrage  ait  été  imprimé.  Dans 
une  liste  de  traités  de  musique  imprimés  en 
Angleterée   pendant  le    dix-huitième    siècle, 
donnée  par  Burney,  dans  le  quatrième  volume 
de  son    Histoire  générale   de    la    musique 
(p.  687),  on  voit,  avec  le  nom  de  Tansur  un 
livre  intitulé  Sound  anatomised  :  cet  ouvrage 
n'appartient  pas  à   Tansur,  mais  à  Turner 
(voyez  ce  nom). 

TAPIA  (Martin  DE),  musicien  espagnol, 
né  à  Soria,  dans  la  Haute-Castille,  vers  1540, 
fut  bachelier  de  l'église  de  Burgos.  Il  a  écrit 
un  traité  de  musique  sous  ce  titre  :  Vergel  de 
musica  espiritual,  especulativa  y  activa, 
donde  se  tractan  los  artes  del  canto  llano,  y 
contrapunto,  en  summa  y  en  theorica  ; 
Ossuna,  1570,  in-4°.  Ce  livre  est  fort  rare, 
même  en  Espagne.  M.  Brunet  cite,  dans  la 
quatrième  édition  de  son  Manuel  du  libraire 
(t.  IV,  p.  394)  un  exemplaire  de  cet  ouvrage, 
vendu  à  Paris  en  1831,  avec  ces  noms  de  lieu 
et  de  libraire  :  En  Burgos  de  Osmas,  D.  Fer- 
nando deCordoba;  1570,  in-4°.  I!  faudrait 


TAPIA  —  TARCHI 


181 


pouvoir  comparer  des  exemplaires  de  ces  deux 
villes  pour  décider  s'il  y  a  eu  deux  éditions 
dans  la  même  année,  ou  si  le  frontispice  de 
celle  d'Ossuna  a  seulement  été  changé. 

TAPIA  (Jean  DE),  prêtre  espagnol  et  pro- 
tonolaire  apostolique,  fixé  à  Naples,  vers  le 
commencement  du  seizième  siècle,  a  fondé  dans 
cette  ville,  en  1537,  le  premier  conservatoire  de 
musique  connu,  sous  le  titre  de  Conservatorio 
délia  madonadi  Loreto,  au  moyen  d'aumônes 
et  de  souscriptions  qu'il  recueillait  lui-même 
en  allant  de  porte  en  porte.  Cette  école  a  été  le 
modèle  de  toutes  celles  du  même  genre  qui  se 
sont  établies  dans  la  même  ville,  à  Venise,  et 
ailleurs. Tapia  mourut, à  Naples, au  moisdedé- 
cembre  1543,  suivant  son  épilaphe  rapportée 
par  le  marquis  de  Villarosa  (1),  d'après  la  Na- 
pali sacra  de  César  d'Engcnio  (Naples,  1624). 

TAPItAY  (Jean-Fkahçois),  fils,  de  Jean 
Tapray,  organiste  de  la  collégiale  de  Gray, 
naquit  dans  cette  ville,  en  1758.  Dès  l'âge  de 
quatorze  ans,  il  était  organiste  et  maître  de 
musique  àDôle;  à  vingt-cinq  ans,  il  devint 
organiste  de  la  cathédrale  de  Besançon.  En 
1768,  il  quitta  ce  poste  pour  aller  à  Paris  y 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  l'école  mili- 
taire, et  pour  s'y  livrer  à  l'enseignement  du 
clavecin.  Depuis  celte  époque  jusqu'en  1801, 
il  a  composé  et  publié  vingt-huit  oeuvres  de 
sonates  pour  le  piano  et  de  chansons  avec  ac- 
compagnement ;  toutes  ces  compositions  sont 
faibles  de  style  et  d'invention.  En  1802,  Ta- 
pray s'est  retiré  à  Fontainebleau,  où  il  a  vécu 
jusqu'en  1819.  On  a  aussi  sous  son  nom  une 
Méthode  de  piano,  Paris,  Pleyel,  1800.  Les 
biographes  qui  le  font  naître  à  Naples  et  lui 
donnent  pour  maître  Dominique  Scarlatli  ont 
été  induits  en  erreur. 

TAIlADE  (....),  bon  violoniste,  né  dans  un 
village  près  de  Château -Thierry,  entra  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra  en  1749,  et  y  resta  jus- 
qu'en 1776.  A  cette  époque,  il  prit  sa  retraite 
et  alla  vivre  en  province.  On  ignore  l'époque 
de  sa  mort;  mais  on  sait  qu'il  vivait  encore  en 
1788.  Il  a  composé  un  opéra-comique  intitulé: 
la  Réconciliation  villageoise  qui  fut  repré- 
senté, le  15  juillet  1765,  à  la  Comédie  ita- 
lienne. Sa  musique  fut  goûtée  et  l'on  demanda 
l'auteur;  mais  quand  on  le  vit  paraître  avec  sa 
partition  sous  le  bras,  chacun  sj  mit  à  rire,  et 
Taradese  relira  déconcerté. 

TARCHI  (Ascelo),  compositeur  drama- 
tique, et  professeur  de  chant,  naquit  à  Na- 
ples, en  1760,  et  fil  ses  éludes  musicales  au 

(I)  Memorie  dei  Compositori  di  Musica  del  regno  di 
Napoli  (pref.  p.  xi.) 


Conservatoire  de  la  Pietù,  sous  la  direction 
de  Taranlino  pour  le  chant,  et  de  Sala  pour  la 
composition.  Il  demeura  treize  ans  dans  cette 
école  etyétaitencore  lorsqu'il  écrivit,  en  1781, 
son  premier  opéra,  intitulé  l'Architetlo,  qui 
fut  chanté  par  les  élèves  du  Conservatoire,  et 
que  le  roi  de  Naples  fit  ensuite  représenter  sur 
le  théâlrede  la  cour,àCaserle.I)eux  ans  après, 
il  composa,  pour  le  théâtre  Nnovo,  (a  Caccia 
di  Enrico  IV,  opéra-bouffe;  qui  fut  bien  ac- 
cueilli par  les  Napolitains.  Peu  de  temps  après, 
il  sortit  du  Conservatoire.  Après  avoir  donné 
au  théâtre  du  Fondo  quelques  opéras  dont  les 
litres  sont  maintenant  oubliés,  il  partit  pour 
Rome  et  y  écrivit,  pour  le  théâtre  Capranica , 
l'opéra  bouffe  intitulé  I  duc  Fratelli  Pappa- 
mosca,  qui  fut  suivi  de  Don  Fallopio,  au 
théâtre  Valle,  en  1784.  De  Home,  il  alla  à 
Milan  et  y  écrivit  Y Ademira  pour  le  théâtre 
de  la  Canobbiana.  Appelé  à  Turin,  en  1785, 
il  y  composa  Arianna  e  Bacco,  et  dans  l'au- 
tomne de  la  même  année,  il  donna,  à  Venise, 
Jfigenia  in  Tauride.  Pendant  l'année  1786, 
Tarchi  fournit  un  de  ces  exemples  de  fécondité 
qu'on  ne  connaît  qu'en  Italie,  car  il  écrivit 
dans  l'espace  de  neuf  mois,  et  dans  quatre 
villes  différentes,  quatre  opéras  sérieux  en 
trois  actes  chacun,  savoir  :  V  Ariarate,  pour 
le  carnaval,  à  Milan;  Pitblio,  pour  le  prin- 
temps, à  Florence;  Arminio,  dans  l'été,  à 
Manloue,  et  enfin,  Demofoonte,  pour  la  foire 
de  Crema.  Puis  il  alla  composer  à  Turin,  pour 
le  carnaval  de  1787,  77  Trionfo  di  Clelia, 
opéra  sérieux,  et  donna  au  printemps  de  la 
même  année,  à  Milan,  Il  Conte  di  Salda- 
gna(i),  qui  fut  joué  avec  succès  à  Paris,  en 
1790,  par  les  fameux  bouffonsde  la  foire  Saint- 
Germain.  Dans  l'été,  Tarchi  alla  écrire  à  Man- 
loue VArtaserse,  et  à  l'automne,  il  donna,  à 
Venise,  Paolo  e  Virginia.  A  peine  ce  dernier 
ouvrage  eut-il  été  représenté,  qu'il  courut  à 
Rome  pour  y  écrire  le  Due  llivali,  opéra 
bouffe,  pour  le  carnaval.  Au  printemps  de 
1788,  il  donna,  dans  la  même  ville,  le  Mitri- 
dale,  une  de  ses  meilleures  partitions,  puis  il 
se  rendit,  à  Miian,  et  y  composa  VAntioco. 

Au  commencement  de  1789,  Tarchi,  dont 
les  succès  avaient  étendu  ia  réputation  en  peu 
de  temps,  fut  appelé  à  Londres  pour  y  écrire 
Il  Disertore,  qui  fut  suivi  de  VAlessandro 
nelV  Indie.  De  retour  à  Milan,  il  écrivit,  pour 
.  !e  pelil  théâtre  de  Monza,  près  de  celle  ville, 
un  opéra  bouffe,  inUlu'ô  Lo  Spazza-camino. 

(1)  V Indice tealrale  de  17SS  prouve  que  les  biographes 
se  sont  trompés  en  plaçant  cet  ouvrage  une  année  pins 
tard. 


182 


TARCHI  —  TARDITI 


En    1790,    il   donna,  à    Venise,    l'Apoteose 
d'Ercole  ;  à  Vicence,  VEzio  ;  à  Rome,  VOlim- 
piade.TLn  1791,  à  Turin,  Giulio  Sabino;  à 
Paris,  où  le  succès  du  Conte  di  Salda<jna 
l'avait  fait  appeler,  il  écrivit  Don  Chisciotto; 
puis    il    retourna    à    Milan   pour    y    donner 
VAdrasto,  opéra   sérieux,    au    carnaval    de 
1792.  Dans  la  même  année,  il  écrivit,  à  Man- 
toue,    Isacco,  oratorio;   à   Florence,  Ester; 
à  Venise,  la  Morte  di  Nerone.  En   1793,  à 
Turin,  VAlessandro  nell'  Jndie,  avec    une 
nouvelle  musique;   à  Bergame,  pour  la  foire, 
Lo  Stravagante,  opéra-bouffe.  Pendant  un 
voyage  qu'il  fit  à  Naples,  après  la  représenta- 
tion de  cet  opéra,  il  fut  atteint  d'une  maladie 
grave  qui  lui  fit  suspendre  ses  travaux  pendant 
la   plus   grande  partie   de  l'année  1794.  Au 
mois  de  septembre,   il  se  rendit  à  Milan,  et  y 
écrivit  le  Danaidi.  qui  furent  représentées  le 
20  décembre.  A  l'automne  de  1795,  il  donna 
dans  la  même  ville  l'Impostura  dura  poco. 
En  1796,  il  écrivit  pour  Plaisance,  Il  Ciro  ri- 
conosciuto.  Son  dernier  ouvrage  composé  en 
Italie  fut  la  Congiura  Pisoniana,  jouée    à 
Milan  pendant  le  carême  de  1797.  La  guerre, 
qui  désolait  alors  ce  pays,  ayant  ruiné  toutes 
les  entreprises  de  théâtre,  Tarchi  prit  la  réso- 
lution  d'aller   chercher  à  Paris  d'autres  res- 
sources pour  son  talent.  Il  y  arriva  dans  l'été 
de  1797,  cl  composa,   pour  l'Opéra-Ccmiquc 
et  pour  le  théâtre  Feydeau,  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Le  Cabriolet  jaune,  en  un  acte, 
joué   en    1798,   et  qui    ne    réussit  pas.  2°  Le 
Trente  et  Quarante,  en   1799,  jolie  pièce  de 
Duval  dont  la  musique  était  très -faible  et  qui 
dutsurtout  son  succès  au  jeu  d'Elleviou  et  de 
Martin  (voyez  ces  noms).  5°  Aurore  de  Gus- 
man,  en  1799,  tombée  à  la  première  repré- 
sentation  4°  D'auberge  en  auberge,  en  trois 
actes,  jouée  au  théâtre  Feydeau,  en  1800,  le 
meilleur  ouvrage  fiançais  de  Tarchi.  5°  Une 
Aventure  de  Saint-Foix,  en  un  acte,  1802, 
tombée  à  la  première  représentation.  0°  As- 
tolphe  et  Alba,  en  deux  actes,  1802,  qui  ne 
réussit  pas.  Bientôt  dégoûté  de  travailler  dans 
une  langue  dont  il  ne  saisissait  pas  le  carac- 
tère lyrique,  Tarchi  borna  le  reste  de  sa  car- 
rière à  l'enseignement  du  chant  et  de  la  com- 
position. Il  mourut  à  Paris,  le  19  août  1814, 
complètement     oublié    de     ses    compatriotes 
comme  du  public  français.  On  trouve  en  ma- 
nuscrit, dans  la  Bibliothèque  du  Conservatoire 
de  Naples,  une  messe  à  quatre  voix  et  orchestre 
pour  le  dimanche  de  Lœtare,  et  un  Credo  à 
quatre  voix  avec  instruments,  de  la  composi- 
tion de  Tarchi.  L'abbé  Sanlini,  de  Rome,  pos- 


sède un  Stabat  mater  en  italien,  pour  deux 
sopranos  ôt  instruments,  composé  par  Tarchi. 
Les  partitions  de  Trente  et  Quarante  et  D'au- 
berge en  auberge  ont  été  publiées  à  Paris.  Ce 
dernier  ouvrage  a  été  traduit  en  allemand,  et 
publié  en  partition  pour  le  piano,  sous  le  litre: 
Von  Gaslhof  zu  Gasthof;  Hambourg,  Cranz, 
et  à  Vienne,  avec  le  litre  les  Deux  Postes 
{Die  zwei  Foslen). 

TAHDITI  (Paijl)  ,  compositeur,  né  à 
Rome,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  Saint-Jac- 
ques-des-Espagnols,  dans  cette  ville,  et  occu- 
pait encore  cette  place  en  1020.  Le  20  janvier 
1010,  il  avait  été  nommé  maître  de  chapelle 
de  Sainte-Marie  Majeure,  mais  il  n'avait  point 
accepté  cet  emploi.  M.  l'abbé  Santini,  de 
Rome,  possède  beaucoup  de  compositions  de 
ce  maître  pour  l'église,  à  huit  voix.  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  P'illotc  alla  padovana 
a  quattro  voci;  Venelia,  appresso  Angelo 
Gardano,  1597,  in-4°.  Tarditi  fut  un  des  pre- 
miers maîtres  romains  qui  adoptèrent  le  style 
recilalivo  mis  en  vogue  à  Florence  et  à  Man- 
touc  par  Péri,  Caccini  et  Monleverde.  Il  n'eut 
de  prédécesseur  en  ce  genre  à  Rome  que  Paul 
Quagliali  (voyez  le  discours  de  P.  Délia  Valle, 
intitulé  :  Délia  musica  dell'  elù  nostra,  dans 
le  deuxième  volume  des  œuvres  de  J.-B.  Doni, 
p.  251). 

TARDITI  (Horace),  compositeur  de  l'école 
romaine,  fut  d'abord  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Forli,  dans  les  États  romains; 
il  occupait  celte  place  en  1039  ;  puis  il  eut  une 
position  semblable  à  la  cathédrale  de  Faenza. 
Il  vivait  encore  dans  cette  ville  en  1070.  La 
biblioihèquedel'écolecoinmunale  de  musique 
de  Bologne,  provenant  du  P.  Martini,  possède 
les  ouvrages  de  la  composition  de  cet  artiste 
dont  voici  la  liste  :  1°  Messe  a  quattro  e 
cinque  voci  in  concerto,  con  una  Laudate 
in  fine  concertata  a  tre  voci,  due  violini  e  un' 
chitarone;  in  Venelia,  app.  Aless.  Vin- 
centi,  1039,  in-4".  2°  Messa  e  Salmi  concer- 
tât i  a  quattro  voci,  op.  1G;  ibid.,  1040. 
5°  Messe  a  cinque  voci  concertate,  parle  con 
stromenti,  parla  senza,  con  alcuni  Salmi  a 
3,  4  e  5  voci  concertati,  op.  27  ;  ibid.,  1048, 
in-4°.  4°  Messe  a  tre  e  quattro  voci  in  con- 
certo; libro  terzo,  op.  32  ;  ibid.,  1050,  in -4°. 
5°  Messa  e  Salmi  a  2  voci,  op.  39  ;  Eologna, 
Jac.  Monti,  1GG8,  in-4".  0°  Il  secondo  libro 
di  Mottctli  concertati  a  1,2,  3,  4  e  5  voci 
co'l  basso  per  i'organo,  con  una  Messa  e 
Salmi  a  5  voci  in  concerto;  Vcnelia,  Aless. 
Vincenli,  1025.  7°  Il  terzo  libro  de'  Moitetti 


TARDITI  —  TARTIM 


4S5 


«2eô  voci  in  concerto,  op.  7;  ibid.,  1638 
{c'est  une  réimpression).  8°  Il  quarto  libro 
de'Mottetti  a  2,  5  e  4  voci  m  concerto,  con  le 
Litanie  délia  B.  F .  a  4  voce  concertati. 
op.  15;  <&id.,  1637.  9°  Motetti  a  2  e  5  voc* 
concertati,  libro  sesto,  op.  51  ;  ibid.,  I Go  1 
(c'est  une  réimpression).  10"  Mottetti  e  Salmi 
a  2  e  3  voci  concertati  co'l  basso  per  l'organo, 
op.  22;  «oe'd.,  1645.  11°  Mottetti,  Salmi  e 
Jnni  a  una  voce  e  a  2  o  3  voa  concertati. 
parte  con  violini  e  tiorba,  e  parte  sema, 
op.  30;  Fenetia,  Gardante,  1650.  12u  jVof- 
<•«"[*«  a  2  e  3  voci,  libro  10",  op.  51  ;  Fenetia, 
app.  Mess.  Vincenli,  1G51.  13°  Mottetti  e 
Salmi  a  3  e  4  voci  concertati,  parte  con  vio- 
lini e  parte  senza,  con  una  Messa  a  4  voci 
ed  tin  Laudate  pueri  a  voce  sola  con  due  vio- 
lini, op.  33;  ibid.,  1652.  14° 77  decimo  terzo 
libro  de'Mottetti  a  3  voci  concertati,  op.  34  ; 
ibid.,  1654.  15°  Il  decimo  quinto  libro  de' 
Mottetti  a  2  e  5  voci  con  violini,  eduna 
Messa  concertata  aô  voci  co'l  basso  per  Vor- 
■gano  ,  op.  36;  ibid.,  1663.  16°  Mottetti  a 
voce  sola  con  violini,  op.  41  ;  Bologna,  Gia- 
como  Monti,  1670.  17°  77  secondo  libro  de' 
Mottetti  a  voce  sola  con  violini,  op.  43; 
ibid.,  1670.  J'ai  vu  citer  clans  des  catalogues 
le  troisième  et  le  quatrième  livre  de  motets  à 
voix  seule,  mais  sans  indication  de  lieu  et  de 
<late.  18°  Concerto  a  musiche  da  chiesa, 
Mottetti  a  2,  3,  4  c  5  voci,  Salmi  a  5  voci,  Li- 
tanie délia  B.  V.  a  5  voci;  Fenetia,  Fin- 
■centi,  1641.  19°  Salmi  a  8  voci  co'l  organo, 
op.  28;  ibid',  1649.  20°  Salmi  di  compietà  e 
Litanie  délia  B.  F.  ah  voci,  con  le  quattro 
Antifone  a  3  voci,  op.  24;  ibid.,  1647. 
21°  Litanie  délia  B.  F.  a  3,  4  e  5  voci  con- 
certati, con  le  quattro  Antifone  a  tre  voci  e 
2  violini,  alcuni  Mottetti  a  3  voci,  eTeDeum 
concertato  a  4  voci;  ibid.,  1644.  22°  Madri- 
<jali  a  5  voci  con  alcuni  a  5  in  fine,  op.  14  ; 
ibid.,  1639.  23°  Canzonette  amorose  a  2  e  3 
voci  ;  ibid.,  1647. 

TARE3i]\E  (Georges),  littérateur  français, 
vécut  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle  et  au 
commencement  du  dix-neuvième.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages,  on  en  trouve  un  <(ui  a  pour 
titre  :  Recherches  sur  le  Ranz  des  vaches, 
avec  musique;  Paris,  Louis,  1813,  in-8°  de 
soixante-douze  pages. 

TARNOWSKI  (Alexandre),  violoniste 
^?t  compositeur,  né  à  Wilna  (Lilhuanie),  en 
1812,  eut  pour  maître  de  violon  un  professeur 
<le  cette  ville,  nommé  Reutt.  En  1852,  il  se 
rendit  à  Paris  et  y  reçut  quelques  leçons 
d'IIabcncck.  Fixé  ensuite  à  Clermont  Ferrand, 


il  y  vit  encore  (1864),  et  y  a  formé  de  bons 
élèves.  Lié  d'amitié  avec  le  compositeur  Ons- 
low,  M.  Tarnowski  était  chargé  par  lui  de  la 
partie  de  premier  violon  dans  l'exécution  de 
ses  nouveaux  ouvrages.  On  a  publié  de  cet  ar- 
tiste :  1°  Fantaisie  pour  violon  sur  une  ro- 
mance de  Guido  et  Ginevra.  2°  Fantaisie  sur 
les  motifs  d'77  Trovatore.  5°  Fantaisie  sur  les 
motifs  de  VEtoile  du  Nord.  4°  Polka  pour 
piano.  5°  Grande  valse  idem.  M.  Tarnowski 
dirige  l'orchestre  de  la  Société  philharmonique 
deClermont-Ferrand. 

TAROIVI  (Antoine),  chanoine  de  l'église 
Sainte-Barbe,  à  Jlantoue,  et  compositeur,  vers 
le  milieu  du  dix-septième  sièele,  est  connu 
par  les  ouvrages  dont  voici  les  litres  :  1°  Ma- 
drigalia  5  voci;  Venise,  1612.  2°  Messe  a 
capella  a  5  voci;  ibid.,  1646.  Entre  deux  pro- 
ductions publiées  à  des  dates  si  éloignées,  il 
en  a  paru  sans  doute  d'autres  qui  me  sont  in- 
connues. 

TARTAGLOI  (Hippolite),  né  à  Modène, 
en  1539,  fut  organiste  de  Saint-Pierre  et  de 
plusieurs  autres  églises  de  Rome.  Il  fut  élu 
maître  de  chapelle  de  Sainte-Marie-Majeure, 
le  10  octobre  1575.  La  protection  du  cardinal 
Farnèse  lui  fit  obtenir  la  qualité  de  citoyen 
romain.  Ce  fut  aussi  à  ce  prélat  qu'il  dut  l'hon- 
neur d'être  décoré  du  titre  de  chevalier  de 
l'Éperon  d'or.  Appelé  à  Naples  vers  la  fin  de 
1577,  il  y  fut  mis  en  possession  de  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale.  Il  y  mou- 
rut en  1580,  à  l'âge  de  quarante  et  un  ans. 
"Cet  artiste  fut  considéré  comme  un  des  musi- 
ciens les  plus  distingués  de  son  temps.  Il  passe 
pour  avoir  été  un  des  premiers  auteurs  de 
messes  et  de  motets  à  trois  et  à  quatre  chœurs. 
On  trouve  un  madrigal  à  cinq  voix  de  la  com- 
position de  Tarlaglini  dans  le  recueil  inti- 
tulé :  Dolci  A/fetti,  Madrigali  a  5  voci  di 
diversi  eccellenti  musici  di  Roma;  Rome, 
Alexandre  Gardane,  1585.  Tarlaglini  publia 
un  livre  de  Madrigaux  à  Rome,  chez  le  même 
imprimeur,  en  1576.  I!  y  en  a  eu  une  seconde 
édition  en  1588.  . 

TARTINI  (Joseph),  né  à  Pirano,  en 
Islrie,  le  12  avril  1692,  commença  ses  études 
chez  les  oratoriens  de  sa  ville  natale,  et  fort 
jeune  encore  fut  envoyé  à  Capo-d'Islria,  pour 
les  achever  au  collège  appelé  Dei  Padri  délie 
scuole.  Il  y  reçut  les  premières  leçons  de  mu- 
sique et  de  violon,  et  acquit  dans  l'art  de  l'es- 
crime une  habileté  remarquable.  Ses  parenls 
le  destinaient  à  entrer  dans  un  couvent  de 
franciscains;  mais  rien  ne  put  vaincre  la  ré- 
pugnance de  Tarlini  pour  cet  étal.  Déjà  il 


184 


TARTINI 


avait  atteint  sa  dix-huitième  année  lorsqu'on 
prit  le  parti  de  l'envoyer  à  l'université  de  Pa- 
doue  pour  y  étudier  la  jurisprudence.  Sa  rare 
intelligence  lui  rendit  cette  étude  si  facile, 
qu'il  lui  restait  beaucoup  de  temps  pour  se 
livrer  à  son  goût  passionné  pour  l'escrime.  Mal- 
heureusement sa  fréquentation  habituelle  des 
salles  d'armes,  et  sa  confiance  dans  son  habi- 
leté, lui  donnèrent  l'humeur  querelleuse,  et 
lui  attirèrent  quelques  duels  qui  eurent  du  re- 
tentissement. Dégoûté  d'études  sérieuses,  il 
avait  pris  la  résolution  d'aller  s'établir  à  Paris 
ou  à  Naples,  et  d'y  faire  sa  profession  de  l'art 
des  armes;  l'amour  que  lui  inspira  une  jeune 
demoiselle  de  Padoue,  parente  du  cardinal 
Georges  Cornaro,  évêque  de  cette  ville,  le  fil 
ensuite  renoncera  ce  projet.  Il  l'avait  épousée 
en  secret;  mais  bientôt  cette  union  fut  connue; 
les  parents  de  Tartini,  irrités  de  sa  conduite, 
lui  retirèrent  les  secours  qu'ils  lui  accordaient 
précédemment;  et  pour  comble  de  maux,  le 
cardinal  mit  la  justice  à  sa  poursuite,  sous  l'ac- 
cusation de  séduction  et  de  rapt.  Prévenu  à 
temps  du  danger  qui  le  menaçait,  Tartini  s'en- 
fuit vers  Rome,  laissant  sa  femme  à  Padoue, 
sans  l'informer  du  lieu  de  sa  retraite.  Arrivé  à 
Assise,  il  y  rencontra  un  moine  de  Pirano,  son 
proche  parent,  qui  était  sacristain  du  couvent 
des  minorités  de  cette  ville,  et  qui,  touché  de 
ses  malheurs,  consentit  à  lui  donner  un  asile 
dans  le  monastère.  Tartini  resta  caché  pendant 
deuv  ans,  mettant  à  profit  sa  retraite  forcée 
par  une  étude  incessante  du  violon.  Le  Père 
Boemo,  excellent  organiste  du  couvent,  lui 
donna  des  leçons  d'accompagnement  et  de 
composition  qui  complétèrent  son  éducation 
musicale.  Ces  douces  occupations,  le  calme  qui 
régnait  autour  de  lui,  enfin  les  pratiques  reli- 
gieuses auxquelles  il  prenait  part,  opérèrent 
alors  une  heureuse  révolution  dans  le  carac- 
tère de  Tartini,  et  de  violent  qu'il  était,  le 
rendirent  doux  et  modeste. 

Un  événement  imprévu  vint  tout  à  coup 
mettre  un  terme  à  sa  retraite  forcée,  et  le 
rendre  à  sa  famille.  Un  jour  de  fêle,  il  exécu- 
tait un  solo  de  violon, dans  le  choeur  de  l'église, 
lorsqu'un  coup  de  vent  dérangea  le  rideau  qui 
le  dérobait  aux  regards  du  public.  Un  habitant 
de  Padoue,  qui  se  trouvait  dans  l'église,  le  re- 
connut et  divulgua  le  secret  du  lieu  où  il  s'était 
retiré.  Mais  dans  l'espace  de  deux  années,  les 
dispositions  de  l'évêque  de  Padoue  avaient 
changea  l'égard  de  Tartini;  il  fut  permis  à 
l'artiste  de  retourner  dans  celle  ville  et  de  se 
réunir  à  sa  femme.  Peu  de  temps  après,  il 
partit  avec  elle  pour  Venise,  où  il   entendit  le 


célèbre  violoniste  Veracini,  de  Florence.  Le  jeu 
hardi  et  rempli  de  nouveautés  de  ce  virtuose 
l'élonna  et  lui  fit  apercevoir  de  nouvelles  res- 
sources pour  son  instrument.  Ne  voulant  pas 
entrer  en  lutte  avec  cet  artiste,  dont  il  ne  pou- 
vait se  dissimuler  la  supériorité,  il  s'éloigna 
de  Venise  le  lendemain,  envoya  sa  femme  cher 
son  frère,  à  Pirano,  et  se  retira  à  Ancône,  où 
il  se  livra  avec  ardeur  à  de  nouvelles  études. 
Depuis  cette  époque  (1714),  il  se  fit  une  ma- 
nière nouvelle,  et  par  de  constantes  observa- 
tions établit  les  principes  fondamentaux  du 
maniement  de  l'archet  qui,  depuis  lors,  ont 
servi  de  base  à  toutes  les  écoles  de  violonistes 
d'Italie  et  de  France.  Ce  fut  alors  qu'il  fit  la 
découverte  du  phénomène  du  troisième  son, 
ainsi  appelé  parce  que  des  tierces  parfaitement 
justes  exécutées  sur  le  violon  font  entendre  un 
son  grave  à  la  tierce  inférieure  de  la  note  la 
plus  basse  des  deux,  qui  forme  avec  elles  un  ac- 
cord parfait.  C'est  ce  phénomène  qu'il  prit 
plus  tard  pour  base  d'un  nouveau  système 
d'harmonie. 

En  1721,  Tartini  fut  nommé  violon  solo  et 
chef  d'orchestre  de  la  chapelle  de  Saint-Antoine 
de  Padoue.  Cette  chapelle  était  alors  composée 
de  seize  chanteurs  et  vingt-quatre  instrumen- 
tistes :  elle  passait  pour  une  des  meilleures  de 
l'Italie.  Deux  ans  après,  le  virtuose  fut  appelé 
à  Prague  pour  les  fêtes  du  couronnement  de 
l'empereur  Charles  VI;  il  s'y  rendit  avec  le 
violoncelliste  Antoine  Vandini,  son  ami, et  tous 
deux  acceptèrent  les  offres  avantageuses  qui 
leur  furent  faites  par  le  comte  de  Kinsky,  pour 
qu'ils  entrassent  à  son  service.  Ils  y  restèrent 
pendant  trois  ans,  puis  ils  retournèrent  à  Pa- 
doue. Depuis  ce  temps,  rien  n'a  pu  décider 
Tartini  à  s'éloigner  de  cette  ville  :  il  refusa 
toujours  les  propositions  avantageuses  qui  lui 
furent  faites  pour  qu'il  entrât  au  service  de- 
princes  étrangers.  Le  reste  de  sa  longue  car- 
rière s'écoula  paisiblement  dans  l'étude,  la 
composition  et  renseignement.  En  1728,  il 
avait  établi  à  Padoue  une  école  de  violon  qui 
devint  célèbre  dans  toute  l'Europe,  et  d'où  sor- 
tirent une  multitude  de  violonistes  distingués, 
parmi  lesquels  on  cite  Nardini,  Pasqualino- 
Bini,  Alberghi,  Dominique  Ferrari,  Carminali, 
Capuzzi,  madame  deSirmen,  et  les  violonistes 
français  Pagin  et  Lahoussaye.  Le  caractère 
acariâtre  de  sa  femme  ne  le  rendait  pas  heu- 
reux ;  mais  il  eut  toujours  avec  elle  une  pa- 
tience, une  douceur  inaltérables.  Depuis  1722 
jusqu'à  sa  mort,  c'est-à-dire  dans  l'espace  de 
quarante-huit  ans,  il  conserva  sa  place  «le  pre- 
mier violon  à  l'église  Saint-Antoine  de  Pa- 


TARTINI 


185 


doue;  mais  dans  les  dernières  années,  il  n'en 
remplissait  plus  les  fonctions.  Cette  place  ne 
lui  rapportait  que  quatre  cents  ducats  (environ 
seize  cents  francs)  ;  mais  il  n'était  obligé  de 
jouerqu'àquelquesgrandes  fêtes, chaqueannée. 
Celle  place,  le  produit  de  ses  leçons,  et  quelques 
biens  qu'il  tenait  de  sa  famille,  lui  compo- 
saient un  revenu  suffisant  pour  vivre  dans  l'ai- 
sance. A  l'âge  de  soixante-dix-huit  ans,  il  fut 
atteint  du  scorbut  :  à  la  première  nouvelle  de 
cet  accident;  Nardini,  son  élève  favori,  partit 
de  Livourne  pour  se  rendre  auprès  de  lui;  il 
îui  prodigua  ses  soins  pendant  sa  maladie; 
mais  le  mal  était  incurable,  etTartini  mourut 
le  16  février  1770.  Il  fut  inhumé  dans  l'église 
Sainte-Catherine.  Jules  Meneghini,  son  suc- 
cesseur comme  chef  d'orchestre,  lui  fit  faire 
un  service  funèbre  dans  l'église  des  Serviles, 
où  l'abbé  Fanzago  prononça  son  éloge,  et  la 
chapelle  de  Saint-Antoine  exécuta  en  son  hon- 
neur un  Bequiem  composée  par  le  P.  Valotti. 
Tartini  n'a  pas  moins  contribué  au  perfec- 
tionnement de  l'art  déjouer  du  violon  par  ses 
compositions  pour  cet  instrument,  que  par 
les  élèves  qu'il  a  formés.  Son  style  est  en  gé- 
néral élevé,  et  ses  idées  ont  de  la  variété.  Son 
harmonie  a  de  la  pureté  sans  sécheresse.  Au- 
cun instrumentiste  célèbre  n'a  montré  autant 
de  fécondité  que  lui.  Son  premier  ouvrage  pa- 
rut, en  17-54,  à  Amsterdam,  chez  Roger;  il 
consiste  en  douze  concertos  pour  violon,  avec 
accompagnement  de  deux  violons,  viole,  vio- 
loncelle et  basse  continue  pour  le  clavecin,  di- 
visés en  deux  livres,  et  a  pour  titre  :  Sei  con- 
certi  composii  e  mandait  da  G.  Tartini  a 
Gaapari  Visconti.  Opéra  la.  Lib.  1  e2.  Trois 
concertos  extraits  de  cet  œuvre  ont  été  publiés 
quelques  années  après  à  Paris,  sous  ce  titre  : 
Tre  concerti  a  cinque  voci  da  Gins.  Tartini. 
Lifo.  ln.  Illainville  (voyez  ce  nom)  a  tiré  aussi 
de  ce  même  œuvre  trois  autres  concertos,  en 
y  ajoutant  deux  parties  de  viole,  d'après  la 
basse  continue  chiffrée,  et  les  a  publiés  à  Pa- 
ris sous  le  titre  de  :  Concerti  grossi,  composli 
dell'  Opéra  prima  di  Gins.  Tartini.  Il  existe 
un  autre  ouvrage  de  Tartini  qui  porte  le  nu- 
méro d'œuvre  premier;  il  a  pour  litre  Sonate 
(XII)  a  violino,  e  violoncello  o  cembalo  de- 
dicate  a  sua  Eccellenza  il  signor  Girolamo 
Ascanio  Giustiniani  di  Giuseppe  Tartini. 
Opéra  prima;  Paris,  Leclere,  chez  madame 
Boivin  (gravé  par  Hue).  En  général,  il  ne  faut 
pas  attacher  trop  d'importance  aux  numéros 
d'œuvres  des  anciens  auteurs,  parce  qu'ils 
étaient  souvent  classés  arbitrairement  par  les 
éditeurs   ou  contrefacteurs.  Ce  désordre  est 


surtout  remarquable  dans  la  multitude  d'édi- 
tions des  œuvres  de  Haydn.  En  ce  qui  concerne 
Tartini,  on  voit  que  la  série  des  œuvres  publiés 
à  Paris,  chez  Leclere,  se  rapporte  particulière- 
ment aux  sonates.  Les  douze  sonates  citées  ci- 
dessus  sont  aussi  publiées  à  Amsterdam,  chez 
Le  Cène,  comme  œuvre  premier.  Le  second 
œuvre  de  Tartini, formé  de  six  sonates  pour 
violon,  avec  violoncelle  ou  basse  continue  pour 
le  clavecin,  a  été  gravé  à  Rome,  en  1745.  Ces 
sonates  ont  été  gravées  à  Paris  et  à  Amster- 
dam sous  le  même  numéro.  Or,  ces  mêmes 
sonaies,dédiéesparTartinià£î<r7Zie/mo/e<7m', 
sont  réunies  à  six  autres,  avec  la  même  dédi- 
cace, et  publiées  comme  œuvre  troisième,  sous 
ce  titre  :•  XI T  Sonate  a  violino  e  basso  (la  basse 
n'est  pas  chiffrée),  dedicate  al  Signor  Gugliel- 
mo  Fegerida  Giuseppe  Tartini.  Opéra  terza; 
Paris,  Leclere,  etc.  L'œuvre  quatrième  a  été 
publié  à  Paris,  chez  Venier,  sous  ce  titre  : 
Sei  concerti  a  violino  solo,  due  violini,  viola 
e  violoncello  o  cembalo  di  concerto,  op.  4a. 
Ce  même  numéro  d'œuvre  quatrième  est  donné 
à  PI  sonates  à  violon  seul  avec  la  basse  con- 
tinue, composées  par  M.  Giuseppe  Tartini  di 
Padoa, dédiées  àM.Pagin.  OEuvre  IV;  Paris, 
Leclere,  etc.  L'œuvre  cinquième,  composé  de 
six  sonates  à  violon  seul  et  basse  continue,  dé- 
diées aussi  à  Pagin,  a  paru  à  Paris,  chez  Le- 
clere, en  1747.  L'œuvre  sixième,  formé  de  six 
sonates  semblables,  a  été  publié  à  Paris,  aux 
mêmes  adress.es  et  au  bureau  du  Journal  de 
musique, en  1770.  Six  autres  sonates, formant 
l'œuvre  septième,  et,  enfin,  six  autres  du  même 
genre,  œuvre  neuvième,  ont  été  gravées  à  Paris, 
par  mademoiselle  Berlin.  L'œuvre  huitième  a 
pour  litre:  Sei  Sonate  a  tre,  due  violini  col  basso 
del  sig.  Giuseppe  Tartini  di  Padoa;  op.  VIII. 
Gravé  par  mademoiselle  Berlin;  Paris,  chez 
M.  Meaupelil,  l'éditeur,  etc.,  madame  Boivin, 
M.  Leclere,  mademoiselle  Castagneri.  Ces  so- 
nates sontlrès-petiles.  On  connaît  aussi  de  Tar- 
tini un  recueil  pour  le  violon  publié  à  Amster- 
dam, sous  le  titre  de  VArte  delV  arco,  dont 
Cartier  a  publié,  à  Paris,  une  nouvelle  édition 
intitulée  :  V Art  de  l'archet.  A  l'égard  des  édi- 
tions publiéesdes  concerlosdeTarlini,  M.  Far- 
renc  a  bien  voulu  me  fournir  les  indications 
suivantes  :  1°  Concert" (III)  a  cinque  con  vio- 
lino obligatodel  Sig.  Giuseppe  Tartini.  Li- 
6rol°;  Paris,  chez  madame  Boivin,  M.  Leclere, 
M.  Castagneri,  M.  Laine.  Au  bas  du  frontispice, 
on  lit  :  In  Urbino  nella  slamperia  di  Carlo 
Gio  Francesco  Tessarini.  2"  VI  concerti  a 
olto  slromcnti,  a  violino  principale,  violino 
primo,  violino  secondo,  violino  primo  di  ri- 


1SG 


ÏARTINI 


pieno,  violino  secondo  di  ripieno,  alto-viola, 
organo  e  violoncello  obligalo,  del  S.  Giuseppe 
Tartini  di  Padoa.  Opéra  seconda;  Stam- 
pato  a  spese  di  Gerhardo Frederico  Witvogél 
a  Amsterdam.  3°  Sei  concerli  a  cinque  stro- 
menti,  a  violino  principale,  violino  primo  e 
secondo,  alto-viola,   organo  e   violoncello, 
composli  e  mandati  per  il  Signor  Giuseppe 
Tartini  di  Padoa.   Opéra  prima,  libro  se- 
condo; Amsterdam  a  spese  di  Michèle  Carlo 
Le  Cène.  4°  Sei  concerli  a  cinque  stromenti, 
a  violino  principale,  violino  primo  e  se- 
condo, alto-viola,  organo  e  violoncello  del 
Sig.  Giuseppe  Tartini  e  Gasparo  Fisconti. 
Opéra  prima,  libro   terzo;   Amsterdam  a 
spese  di  Michèle  Carlo  Le  Cène. 

Indépendamment    de    ces    compositions  , 
Tartini  laissa  en  manuscrit,  à  sa  mort,  qua- 
rante-huit sonates   pour   violon    et    basse, 
un  trio  pour  deux  violons  et  basse,  et  cent 
vingt-sept  concertos  pour  violon  solo,  deux 
violons,  viole  et  basse  continue  d'accompagne- 
ment. La  Bibliothèque  du  Conservatoire   de 
Paris  possède  des  copies  manuscrites    d'une 
grande  partie  de  ces  ouvrages.  Parmi  ces  com- 
positions se   trouve    la    fameuse    Sonate  du 
Diable,  dont  on  a  publié  plusieurs  éditions 
depuis  environ   1805.    L'astronome   Lalande 
•tenait  de  Tartini  lui-même  l'anecdote  de  l'ori- 
gine de  celte  sonate,  et  l'a  rapportée  en  ces 
termes  dans  la  relation  de  son  voyage  en  Ita- 
lie (t.  IX,  p.  55)  :  «  Une  nuit,  en  1715,  medit- 
>>   il,  je  révais  que  j'avais  fait  un  pacte,  et  que 
»   le  diable  était  à  mon  service  ;  tout  me  réus- 
»  sissait  à  souhait,  mes  volontés  étaient  lou- 
»  jours  prévenues,  et  mes  désirs  toujours  sur- 
»  passés  par  les  services  de    mon    nouveau 
»  domestique.  J'imaginai  de  lui  donner  mon 
«  violon  pourvoir  s'il  parviendrait  à  me  jouer 
»  de  beaux  airs  :  mais  quel  fut  mon  élonne- 
»   ment,  lorsque  j'entendis  une  sonate  si  sin- 
»  gulière  et  si  belle,  exécutée  avec  tant  de  su- 
3>   périorité  et  d'intelligence,  que  je   n'avais 
»  même  rien  conçu  qui  pût  entrer  en  paral- 
»   lèle!  J'éprouvais  tant  de  surprise,  de  ravis- 
»  sèment,  de  plaisir,  que  j'en  perdais  la  respi- 
»»   ration  :  je  fus   réveillé  par   cette  violente 
»  sensation;  je  pris  à  l'instant  mon  violon, 
»  espérant  de  retrouver  une  partie  de  ce  que 
»  je  venais  d'entendre;  mais  ce  fut  en  vain  : 
»    la  pièce  que  je  composai  alors  est  à  la  vérité 
»   la  meilleure  que  j'aie  jamais  faite,  et  je  l'ap- 
»   pelle  encore  la  Sonate  du  Diable;  mais  elle 
»  est  si   fort  au-dessous    de  ce  qui    m'avait 
»   frappé,    que  j'eusse   brisé  mon   violon    et 
j>  abandonné  pour  toujours    la  musique,  si 


»  j'eusse  été  en  état  de  m'en  passer.  »  Celte 
anecdote  a  fourni  à  Panseron  (  voyez  ce 
nom)  le  sujet  d'une  pièce  de  chant  avec  violon 
obligé,  intitulée  :  le  Songe  de  Tartini,  qui  a 
eu  beaucoup  de  succès.  Tartini  composa  un 
Miserere  concerté  à  quatre  et  à  cinq  voix, 
avec  le  dernier  verset  à  huit  voix,  qui  fut  exé- 
cuté à  la  chapelle  pontificale  de  Rome,  le 
mercredi  saint  de  l'année  17C8,  devant  le  pape 
Clément  XIII  ;  mais  loin  de  mériter  les 
louanges  que  le  baron  Augustin  Forno  de  Pa- 
lerme  lui  a  données  dans  l'éloge  de  Tartini,  ce 
morceau  fut  trouvé  si  faible,  qu'on  résolut 
unanimement  de  ne  plus  l'exécuter,  et  qu'il 
n'a  plus  été  entendu  depuis  lors. 

Tartini  s'est  beaucoup  occupé  de  la  théorie 
delà  musique  et  particulièrement  de  l'harmo- 
nie.   Le    phénomène  du  troisième  son,    qui 
l'avait  frappé  en  1714,  et  qui  a  été  remarqué 
plus  tard  par  Romieu  et  par  Sorge  (voyez  ces 
noms),  était  devenu  l'objet  de  ses  méditations, 
et  le  conduisit  à  la  création  d'un  système  d'har- 
monie qu'il  exposa   dans  un  livre   intitulé  : 
Trattato  di  musica  secondo  la  vera  scienza 
dell'  armonia  (Padoue,   1754,  in-4°  de  cent 
soixante-quinze  pages).   Ce  livre  est  divisé  en 
six  chapitres  dont  le  contenu  est  :  1°  Des  phé- 
nomènes harmoniques,  de  leur  nature  et  de 
leur  usage;  2°  du  cercle,  de  sa  nature  et  de 
son  usage  ;  5°  du  système  musical,  des  conson- 
nances,  des  dissonances,  leur  nature,  leur  dé- 
finition; 4"  de  l'échelle  diatonique,  du  genre 
musical  pratique,  de  son  origine,  de  son  usage 
et  de  ses  conséquences;  5°  des  modes  et  des 
tons  anciens  et  modernes  ;  6°  des  intervalles 
et  des  modulations  de  la  musique  moderne. 
Un   des  phénomènes  les   plus   remarquables 
des    inconséquences    de   l'esprit    humain  se 
manifeste  dans  ce  livre;   car  on  y    voit  un 
homme,  initié  à  tous  les  secrets  de  son  art, 
chercher  en  dehors  de  la  constitution  de  cet 
art  les  principes  qui  lui  servent  de  base,  et 
s'épuiser  en  efforts  infructueux  pour  les  abs- 
traire d'une   physique  incertaine  et  de  cal- 
culs dont  i!  ignorait  le  mécanisme.    Rebutés 
par  l'obscurité  qui  règne  dans  tout  l'ouvrage, 
les  critiques  ont  reproché  à  Tarlini  de  n'avoir 
pas  présenté  ses  idées  d'une  manière  assez  In- 
cident ontattribué  le  défaut  de  clarlé  qu'ils  y 
remarquaient  aux  formes  de  son  style.  Avec 
plus  d'attention,  ils  auraient  vu  que  l'obscu- 
rité est  dans  les  idées  mêmes,  et  que  si  les 
aperçus  ingénieux  ne  manquent  pas  dans  le 
système  que  l'auteur  s'est  efforcé  de  coordon- 
ner, la  liaison  rigoureuse  n'existe  pas  entre 
eux,  enfin,  que  les  conséquences  qu'il  en  tire 


TARTINI 


187 


n'ont  point  de  solidité  (1).  Le  système  de 
Tarlini  est  précisément  l'opposé  de  celui  de 
Rameau,  car  il  part  des  harmoniques  pour  re- 
monter au  son  grave,  au  moyen  du  phénomène 
du  troisième  son.  tandis  que  l'harmoniste  fran- 
çais suit  une  marche  inverse.  II  suit  delà  que 
le  système  de  Tartini  manque  de  base  pour  la 
génération  des  accords,  et  qu'il  ne  peut  par- 
venir à  la  belle  théorie  du  renversement,  dé- 
couverte par  Rameau.  Cette  seule  considéra- 
tion démontre  la  supériorité  des  travaux  de 
celui-ci,  sous  le  rapport  de  la  didactique  pra- 
tique :  elle  n'a  point  été  aperçue  par 
J.-J.  Rousseau,  dans  l'analyse  erronée  qu'il  a 
faite  de  la  théorie  de  Tartini,  à  l'article  Sys- 
tème de  son  Dictionnaire  de  musique,  ni  par 
d'Alembert,  dans  son  article  Fondamental, 
de  l'Encyclopédie  (2). 

Prony  a  donné  l'explication  suivante  du 
phénomène  du  troisième  son  découvert  par 
Tartini,  et  de  l'erreur  où  il  est  tombé  à  ce  su- 
jet :  «  Tarlini  a  remarqué  qu'en  faisant  en- 
«  tendre  ensemble  deux  sons  voisins  quelcon- 
«  ques  pris  parmi  ceux  que  rendaient  les  sous- 
»  divisions  1/2,  1/5,  1/4,  1/5,  etc.,  d'une 
»  corde,  sous  une  tension  constante,  on  enlen- 
»  dail  en  même  temps  un  troisième  son,  en- 
»  gendre  par  les  deux  autres,  et  qu'il  a  jugé 
»  être  le  son  1/2.  Tartini  a  été  trompé  par 
«  l'identité  des  octaves,  et  a  pris  pour  le  son  1 
«  de  la  corde  entière,  le  son  1/2  de  sa  moitié, 
«  qui  est  l'octave  du  précédent.  La  production 
»  tle  ce  troisième  son  a  pour  cause  infiniment 
»  probable  les  coïncidences  des  vibrations  des 
»  deux  sons  générateurs;  coïncidences  qui, 
«  pendant  un  temps  donné,  sont  en  nombre 
»  égal  à  celui  des  vibrations  de  la  corde  1,  pen- 
»  dant  le  même  temps.  »  (Mécanique  analyti- 
que, deuxième  partie,  §1257.) Cette  explication 
est  conforme  à  celle  queLagrange  a  donnée  du 
même  phénomène  dans  les  Mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Turin  (ann.  1759,  t.  I,  p.  105).  Cet 
illustre  géomètre  a  démontré  dans  le  même 
mémoire  que  le  phénomène  de  la  production 
des  sons  harmoniques,  par  la  résonnance  d'un 
corps  sonore  grave,  et  celui  de  la  production 

(1)  Voyez  l'analyse  du  système  de  Tartini  dans  mon 
Esquisse  de  l'histoire  de  l'harmonie  (Paris,  1841,  p. 93- 
102,  et  dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris, 
année  1840,  pages  53S-S38). 

Ci)  Le  prince  de  la  Tour  et  Taxis  a  fait  voir  que  Rous- 
seau n'a  rien  entendu  au  système  de  Tartini,  dans  un 
•écrit  intitule  :  Risposta  di  un  anonimo  al  célèbre  Signor 
Rousseau  circa  il  suo  sentimento  in  proposito  d'aleune 
proposizioni  del  Sig.  G.  Tartini.  In  Venezia,  17G9, 
uppresso  Antonio  di  Castro,  alla  libreria  délia  Costanza, 
in-8°  de  quinze  pages. 


d'un  son  grave  par  la  résonnance  de  deux  sons 
aigus,  sont  identiques  par  leur  principe,  qui 
n'est  autre  que  la  coïncidence  des  nombres 
harmoniques  des  vibrations. 

Serre,  de  Genève,  a  fait  une  très-bonne  cri- 
tique du  livredeTartini  dans  les  Observations 
sur  le  principe  de  l'harmonie  (peges  109- 
1G9),  et  a  démontré  à  la  fois  la  fausseté 
des  principes  du  système,  et  l'impossibilité 
de  leur  application  dans  la  pratique.  Soit 
que  Tarlini  eût  eu  dès  lors  connaissance  de 
cette  critique,  soit  qu'il  l'ignorât  encore,  il 
essaya  d'expliquer  les  points  de  son  sys- 
tème dont  l'obscurité  ou  l'incohérence 
avaient  été  signalées,  et  fit  paraître  dans  ce 
dessein  un  écrit  qui  a  pour  titre  :  De' princi- 
pii  dell'  armonia  musicale  contenuta  nel 
diatonico  génère  (Padova,  1767,  in-4°  décent 
vingt  pages).  Toutefois,  ses  efforts  n'aboutis- 
sent pas  dans  cet  ouvrage  à  l'objet  qu'il  s'était 
proposé,  car  l'obscurité  n'y  est  pas  moins 
grande  que  dans  le  premier  traité,  et  les  con- 
tradictions n'y  sont  pas  moins  fréquentes. 
C'est  dans  cette  dissertation  qu'il  réclame 
(p.  56)  la  priorité  de  la  découverte  du  troisième 
son,  contre  les  prétentions  de  Romieu  (voyez 
ce  nom).  Au  reste,  dès  1700,  Sauveur  (voyez 
ce  nom)  en  avait  trouvé  le  principe,  comme 
celui  de  tous  les  phénomènes  harmoniques  du 
même  genre.  Dans  la  même  année,  Tartini  fit 
paraître  une  faible  réfutation  de  la  critique  de 
Serre,  dans  un  écrit  intitulé  :  Risposta  di 
Giuseppe  Tarlini  alla  critica  del  di  lui  Trat- 
lato  di  musica  di  Mons.  Le  Serre  di  Gine- 
vra,  in  Venezia,  1767,  in-8°  de  soixante- 
quatorze  pages.  L'ensemble  du  système  de 
Tartini  a  été  l'objet  d'une  réfutation  algé- 
brique dans  le  discours  préliminaire  du  nou- 
veau système  de  Mercadier  de  Belestat  (voyez 
ce  nom).  Une  analyse  de  ce  même  système  se 
trouve  dans  les  Notices  heldomadaires  de  Hil- 
ler  (ann.  1767,  p.  68,  75  et  81),  et  Scheibe  en 
a  donné  une  autre  dans  son  Traité  de  la  com- 
position musicale  (p.  565-579).  Ce  dernier 
assure  que,  dans  l'impossibilité  de  rédiger  ses 
idées  et  de  les  mettre  en  ordre,  Tarlini  s'est 
servi  de  la  plume  de  P.  Colombo,  professeur 
de  physique  à  l'université  de  Padoue;mais  il  a 
confondu  le  traité  de  musique  avec  un  livre 
sur  les  raisons  des  nombres  et  les  proportions 
numériques  des  intervalles  dont  il  sera  parlé 
plus  loin.  Tartini,  à  la  demande  de  son  élève, 
mademoiselle  Lombardini,  connue  plus  lard 
sous  le  nom  de  madame  de  Sirmen  (voyez  ce 
nom),  lui  écrivit  une  lettre  concernant  les 
principes  de  l'art  de  jouer  du  violon,  qui  a  été 


188 


TARTINI  —  TASKIN 


publiée  quelques  mois  après  sa  mort  dans 
l'Europa  lelteraria  (année  1770  ,  tome  V, 
part.  II,  p.  74  et  suiv.),  sous  ce  litre  :  Let- 
tera  alla  signora  Maddalena  Lombardini , 
inserviente  ad  una  importante  lezione  péri 
suonatori  di  violino.  Ce  petit  écrit  fut  publié 
séparément  dans  la  même  année,  à  Venise, 
une  demi-feuille  in-8°.  Burney  en  a  donné 
une  nouvelle  édition  à  Londres,  en  1771,  avec 
une  traduction  anglaise,  sous  ce  litre  :  Tar- 
tini's  Letter  to  signora  Lombardini  (afler- 
wards  Signora  Syrmen)  ;  published  as  an 
important  Lesson  to  performers  on  the  vio- 
lin;  Londres,  in-8°.  Il  a  paru  une  deuxième 
édition  de  cette  traduction,  avec  le  lexle  ita- 
lien, à  Londres,  chez  R.  Bremner,  1779,  deux 
feuilles  in-4°.  Fayolle  l'a  fait  réimprimer  à  la 
suite  de  sa  notice  sur  Tartini,  avec  une  tra- 
duction française,  dans  ses  Notices  sur  Corelli, 
Tartini,  Gaviniès,  Pugnani  et  Fiolti  (Pa- 
ris, 1810,  in-8°).  Henri-Léopold  Rohrmann, 
d'abord  organiste  au  monastère  d'Isenhageu, 
près  de  Celle,  puis  organiste  à  Hanovre,  en  a 
publié  une  traduction  allemande  intitulée  : 
Brief  an  Magdelein  Lombardini  enlhaltend 
eine  ivichlige  Lection  fur  die  Fiolinspieler; 
Hanovre,  1786,  in-4"  de  douze  pages);  mais, 
par  une  singularité  qui  n'a  point  élé  expli- 
quée, cette  traduction  est  la  même  qui  se 
trouve  dans  la  notice  de  Tartini  que  Hiller 
avait  donnée,  en  1784,  dans  ses  Lebens- 
beschreibungen  beriilimter  Musikgelehrten 
und  Tonkiinstler,  etc.  (p.  278-285). 

Tartini  avait  composé  pour  ses  élèves  une 
sorte  de  Irai  té  praliquedesornemenls  employés 
de  son  temps  dans  la  musique  de  violon;  c'est 
cet  ouvrage  que  l'abbé  Fanzago  a  cité  dans  la 
note  24  (page  54)  de  la  première  édition  de 
son  éloge  de  Tartini,  sous  ce  litre  :  Lezioni 
pratiche  pel  violino;  mais  le  litre  véritable  de 
cet  ouvrage  est  celui  qu'on  trouve  dans  le  ca- 
talogue de  Joseph  Benzon  (Venise,  1818, 
page  4)  :  Tratlato  délie  appoggialure  si  as- 
cendenti  che  discendenti  per  il  violino,  corne 
pure  il  trillo,  trémolo,  mor dente,  ed  allro, 
con  dichiarazione  délie  cadenze  naturali  e 
composte.  La  Houssaye,  élève  de  Tartini, 
avait  apporté  à  Paris  une  copie  de  cet  ouvrage, 
d'après  laquelle  Pielro  Denis  {voyez  ce  nom) 
en  a  donné  une  traduction  française  intitulée  : 
Traité  des  agréments  de  la  musique,  conte- 
nant l'origine  de  la  petite  note,  sa  valeur, 
la  manière  de  la  placer,  toutes  les  différentes 
espèces  de  cadences,  etc.;  Paris,  de  la  Che- 
vardière,  1782,  in-8°  de  quatre-vingt-quatorze 
pages.  Tartini  avait  en  manuscrit  un  ouvrage 


intitulé  :  Délie  ragioni  e  délie  proporzioni 
libri  sei,  qu'il  avait  légué  au  P.  Colombo,  son 
ami,  pour  le  revoir  et  le  publier  ;  mais  ce  pro- 
fesseur mourut  avant  d'avoir  accompli  sa 
tâche.  On  ignore  où  se  trouve  en  ce  moment  le 
manuscrit  original. 

On  a  publié  les  éloges  et  notices  de  Tartini 
dont  voici  l'indication  :  1°  Orazione  délie  lodi 
di  Giuseppe  Tartini,  recilata  nella  chiesa 
de'  RR.  PP.  Servili  in  Padova  li  ôl  di 
marzo  l'anno  1770,  par  l'abbé  Fanzago 
(voyez  ce  nom),  in  Padova,  1770,  in-4°  de 
quarante-huit  pages.  Cet  éloge  a  été  réim- 
primé avec  celui  du  P.  Vallolli  sous  ce  titre  : 
Elogi  di  Giuseppe  Tartini  primo  violonista 
nella  cappella  del  Santo,  etc.;  in  Padova. 
C.  Conzatti,  1792,  in-8°  de  quatre-vingt-dix- 
neuf  pages.  2°  Notice  sur  Joseph  Tartini  par 
J.-A.  Hiller,  dans  ses  Lebensbesclireibungen 
beriihmter  Musikgelehrten  und  Tonkiinstler 
neuerer  Zeit  (leipsick,  1784,  un  volume 
in-8°,  pages  267-285).  ô°  Elogio  di  Tartini, 
par  Augustin  Forno,  de  Palerme.  Cel  éloge  se 
trouve  dans  les  œuvres  complètes  de  l'auteur 
(Naples,  1792,  deux  volumes  in-12).  A"  Giu- 
seppe Tartini,  sua  vita,  notice  insérée  dans 
le  livre  de  Camille  Ugoni  intitulé  :  Délia  lette- 
teratura  italiana  nella  seconda  meta  del  se- 
colo  XVLLL  (Brescia,  per  Nie.  Bettoni, 
1802  (tome  I,  pages  1-28).  5°  Notice  sur  la  vie 
elles  ouvrages  de  Joseph  Tartini,  par  Fayolle 
(dans  l'ouvrage  cité  plus  haut).  Charles  Cal- 
cinoto,  de  Padoue,  a  gravé  le  portrait  de  Tar- 
tini, in-4*,  pour  l'éloge  de  cet  artiste  par 
l'abbé  Fanzago;  un  autre  portrait  a  élé  gravé 
à  Londres,  par  Scheener,  en  1787.  et  Fayolle 
en  a  fait  graverun  troisième,  en  1810,  d'après 
un  dessin  de  Guérin. 

TASKIN  (Pascal),  très-habile  facteur  de 
clavecins,  né  à  Liège,  vers  1730,  se  rendit 
jeune  à  Paris,  et  devint  élève  de  François- 
Élienne  Blanchet  (voyez  ce  nom),  dont  il  fut  le 
successeur.  En  1768,  il  substitua  à  la  plume 
des  sautereaux  du  clavecin  etdel'épinette,dont 
l'usage  était  encore  général  en  France,  la  peau 
de  buffle,  qui  produisait  un  son  moins  sec.  On 
trouve  dans  VEssai  sur  la  musique  de  La- 
borde  (t.  I,  pages  546  et  suivantes)  un  éloge 
emphatique  de  celle  amélioration.  Pascal  Tas- 
kin  eut  le  titre  de  garde  des  instruments  du 
roi,  depuis  1781  jusqu'à  la  chute  delà  royauté. 
En  1776,  il  construisit,  à  l'imitation  des  petits 
pianos  anglais,  un  piano  en  forme  de  clavecin, 
sur  lequel  Vandermonde,  Hatiy  et  le  baron  de 
Dietrich  firent  un  rapport  à  l'Académie  des 
sciences.  Taskin  mourut  à  Paris,  en  1793. 


TASKIN  -  TAUBERT 


189 


TASKIN  (Henri-Joseph),  fils  de  Joseph 
Taskin,  neveu  du  précédent,  et  accordeur  de 
clavecins  de  la  cour,  naqnil  à  Versailles,  en 
1779.  Dès  l'âge  le  plus  tendre,  il  se  livra  à 
l'élude  du  piano  et  de  la  composition.  Plus 
tard,  il  fut  connu  comme  un  bon  maître  de 
piano  à  Paris,  où  il  mourut  en  1837.  On  con- 
naît de  sa  composition  seize  œuvres  parmi  les- 
quels on  remarque  :  1°  Concerto  pour  piano  et 
orchestre,  op,  2;  Paris,  chez  l'auteur.  2°  Trois 
trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  5  ; 
ibid.  3°  Caprice  pour  piano  et  violon;  ibid. 
4°  Fantaisies  pour  piano  seul,  op.  5,  6;  ibid. 
5°  Des  thèmes  variés  idem. 

TAUBER  ou  TAUBERT  (J.-F.),  flûtiste 
et  compositeur,  naquit  en  1750,  à  Naumbourg, 
en  Saxe,  et  fit  ses  études  musicales  sous  la  di- 
rection de  Gœlze,  à  Dresde.  Après  avoir  été 
quelque  temps  à  l'Académie  de  Gœttingue,  il 
entra  au  service  du  prince  de  Bernbourg.  Une 
maladie  de  poitrine  l'obligea,  en  1801 ,  à  cesser 
de  jouer  de  son  instrument  ;  il  se  relira  à  Bal- 
lensladt,  où  il  mourut  au  mois  de  mai  1803. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Concertos 
pour  la  flûte,  nos  1  et  2;  Leipsick,  Peters. 
2°  Thèmes  variés  avec  orchestre,  op.  2,  3,  4; 
Manheim,  Heckel. 

TAUBER  (Jean-Henri),  savant  danois, 
professeur,  puis  directeur  de  l'Académie  de 
Sorau,  vécut  vers  la  fin  du  dix-huilième 
siècle.  II  a  écrit  en  langue  danoise  une  disser- 
tation sur  les  arts  du  chant  et  du  dessin,  con- 
sidérés comme  des  moyens  de  civilisation  pour 
la  jeunesse,  en  général,  et  en  particulier  pour 
les  étudiants.  Ce  petit  ouvrage  a  été  imprimé 
séparément,  et  dans  le  même  temps  a  élé  in- 
séré dans  l'Iris y  journal  littéraire  publié  par 
Paulsen  (2me  année,  1792,  t.  IV). 

TAUBER  DE  TAUBERFURT  (Char- 
les, baron  DE),  conseiller  de  l'empereur 
d'Autriche  au  gouvernement  de  Graelz,  mort 
le  6  janvier  1814,  est  auteur  d'un  livre  inti- 
tulé :  Ueber  meine  Fioline  (Sur  mon  violon); 
Vienne,  Rurzbœck,  1780,  un  volume  in-8°  de 
cent  quatre-vingt-huit  pages.  Cet  ouvrage  est 
une  fantaisie  sur  divers  sujets  de  musique,  de 
politique,  de  philosophie,  d'esthétique,  etc.  On 
y  trouve  trois  cent  cinquante-deux  réflexions 
d'unmailredechapelledans  lestyledidaclique. 

TAUBEUT(Charles-Gottfried-Wiliielm, 
ou  Godefroid-Guillaume),  chef  d'orchestre  de 
l'Opéra  de  Berlin,  membre  de  l'Académie 
royale  des  beaux-arts  de  cette  ville,  membre 
honoraire  de  la  Société  des  Pays-Bas  pour  les 
progrès  de  la  musique,  chevalier  de  plusieurs 
ordres,   né  à  Berlin,  le  23  mars  1811,  est  fils 


d'un  ancien  musicien  de  régiment,  qui  fut  en- 
suite employé  dans  les  bureaux  du  ministère 
de  la  guerre.  Dès  ses  premières  années,  il 
s'exerça  à  jouer  des  airs  populaires  sur  une 
petite  flûle  que  possédait  son  père  et  fit  con- 
naître ainsi  ses  dispositions  pour  la  musique. 
A  l'âge  de  huit  ans,  il  reçut  de  Neithardt 
(voyez  ce  nom)  les  premières  leçons  de  piano, 
sans  cesser  loulefois  de  cultiver  la  flûte  et  le 
violon.  A  l'âge  de  douze  ans,  il  devint  élève  de 
Louis  Berger  pour  le  piano,  et  pendant  plu- 
sieurs années  il  reçut  les  leçons  de  cet  artiste 
distingué.  Vers  le  même  temps,  il  entra  au 
gymnase  Frédéric-Guillaume  pour  y  faire  ses 
études  littéraires.  A  l'âge  de  quatorze  ans,  il 
joua  pour  la  première  fois  en  public  un  con- 
certo de  Dussek  eldes  variations  de  son  maître 
sur  l'air  allemand Schœne  Minka  :  ce  premier 
essai  de  son  talent  fut  heureux.  Après  avoir 
atteint  sa  seizième  année,  il  quitta  le  gymnase 
et  suivit  les  cours  de  l'université  pendant  cinq 
ans,  bien  qu'il  fût  résolu  à  ne  point  avoir 
d'autre  carrière  que  celle  d'artiste  musicien. 
Ce  fut  aussi  à  la  même  époque  qu'il  étudia  la 
théorie  de  l'harmonie  et  de  la  composition, 
sous  la  direction  de  Bernard  Klein.  Il  se  faisait 
entendre  souvent  en  public,  particulièrement 
dans  les  soirées  musicales  de  Mœser,  où  il  exé- 
culait  les  concertos  de  Mozart  et  de  Beethoven 
avec  une  délicatesse  remarquable,  qui  est  le  ca- 
ractère dislinctif  de  son  talent.  Il  donnait 
aussi  beaucoup  de  leçons  et  son  enseignement 
forma  de  bons  élèves,  parmi  lesquels  on  remar- 
que Th.  Kullak,  Alexandre  Fesca,  G.  Schu- 
mann  et  L.  Schlottermann.  Plus  tard,  ses  pro- 
pres travaux  de  compositeur  et  la  multiplicité 
de  ses  occupations  dans  les  positions  qu'il 
occupa  l'obligèrent  à  cesser  de  se  livrer  à  l'en- 
seignement. Après  quelques  petites  excursions 
en  Poméranie  et  à  Cassel,  il  visita  Francforl- 
sur-1'Oder,  en  1828,  et  y  donna  un  concert, 
dans  lequel  il  reçut  un  accueil  sympathique 
du  public.  Vers  1830,  Taubert  publia  ses  pre- 
mières compositions  (œuvres  1  à  6),  chez 
Biilggemann,à  Halberstadt.Ses  Lieder  eurent 
particulièrement  du  succès  à  cause  de  la 
fraîcheur  mélodique  des  idées.  Sa  première 
symphonie  (en  ut  majeur),  fut  exécutée  le 
30  mars  1851,  dans  un  concert  périodique  de 
Mœser.  Le  bon  accueil  fait  à  cet  ouvrage  dé- 
termina Devrient  à  écrire,  pour  le  jeune  com- 
positeur, le  livret  de  l'opéra  intitulé  la  Ker- 
messe, qui,  représenté  le  25  janvier  1832,  fut 
bien  reçu  du  public  et  s'est  maintenu  sur  la 
scène  allemande.  Au  mois  de  janvier  1833, 
Taubert  fit  un  voyage  à  Leipsick  et  à  Dresde. 


190 


TAUBERT 


Son  concerto  de  piano  (oeuvre  18,  en  mi  ma- 
jeur) obtint  un  brillant  succès  dans  la  première 
de  ces  villes  :  il  y  fit  entendre  aussi  plusieurs 
ouvertures.  A  Dresde,  il  fit  entendre  la  musi- 
que qu'il  avait  composée  pour  le  drame  Das 
graue  Mannlein  (le  Petit  homme  gris).  En 
1854,  l'Académie  des  beaux-arts  de  Berlin 
nomma  Tauberl  l'un  de  ses  membres  effectifs. 
Le  19  septembre  de  la  même  année,  il  fit  re- 
présenter au  théâtre  royal  son  opéra  roman- 
tique intitulé  Der  Zigeuner  (le  Bohémien).  Le 
compositeur  dirigea  lui-même  son  ouvrage  et 
ce  fut  son  premier  essai  de  la  direction  d'un 
orchestre  :  il  y  montra  de  l'habileté  et  reçut 
les  félicitations  de  Mendelssohn.  Le  30  novem- 
bre suivant,  il  épousa  la  sœur  de  la  célèbre 
cantatrice  Nanelte  Schechner.  En  1836,  Tau- 
bert  fit  un  voyage  en  Angleterre,  en  Ecosse,  en 
Hollande  et  sur  le  Rhin  :  sous  l'impression 
que  lui  avait  laissée  ce  voyage,  il  écrivit  son 
premier  trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle 
(op.  32),  ainsi  que  ses  Souvenirs  d'Ecosse. 
En  1859,  il  fit  un  second  voyage  en  Bavière  et 
obtint  à  Munich  un  succès  d'enthousiasme, 
en  exécutant,  dans  un  concert,  le  cinquième 
concerto  de  Beethoven  (en  mi  bémol),  et  la 
Campanella,  l'une  de  ses  propres  composi- 
tions les  plus  réussies. 

Au  mois  de  juin  1841,  Taubert  fut  nommé 
chef-d'orchestrje  du  Théâtre  royal  de  Berlin. 
Il  y  fitreprésenter,  au  mois  de  février  suivant, 
son  opéra  Marquis  und  Dieb  (Marquis  et  vo- 
leur), et  le  succès  de  cet  ouvrage  lui  fit  obtenir 
la  position  de  directeur  de  musique  du  même 
théâtre  et  de  la  chapelle  royale;  il  entra  en  pos- 
session de  ces  nouvelles  et  honorables  fonctions, 
le31  mai  1841 .  Dans  la  même  année,  il  composa 
des  cantates  pour  la  fête  duroidePrusseetpour 
le  centième  anniversaire  de  l'Opéra  de  Berlin, 
et  dans  l'hiver  suivant,  il  organisa  les  concerts 
de  symphoniede  la  chapelle  royale  qui, depuis, 
ont  acquis  de  la  célébrité.  Pendant  les  trois 
premières  années,  il  en  partagea  la  direction 
avec  Mendelssohn  et  C.-W.  Heuning;  mais 
ensuite  il  les  dirigea  seul.  Les  bénéfices  de  ces 
concerts,  pour  la  caisse  des  veuves  des  musi- 
ciens de  la  chapelle,  s'élevaient  déjà,  en  1861, 
à  la  somme  considérable  de  cent  mille  thalers. 
En  1845,  Taubert  fut  chargé  par  le  roi  de 
composer  des  chœurs  pour  la  Médée,  d'Eu- 
ripide, Mendelssohn  n'ayant  pas  accepté  cette 
lâche.  Plusieurs  morceaux  de  celte  composi- 
tion ont  été  exécutés  avec  succès  à  Berlin, 
dans  d'autres  villes  de  l'Allemagne,  et  à  Co- 
penhague, en  1852.  En  1844,  Taubert  fit 
exécuter  son  arrangement  musical  et  humo- 


ristique du  Chat  botté  de  Tieck.  Au  mois  de 
janvier  1845,  il  fut  nommé  maître  de  chapelle 
du  roi.  Sa  symphonie  en  la,  exécutée  à  Ber- 
lin, en  1840,  n'y  avait  pas  été  goûtée;  il  n'en 
fut  pas  de  même  de  sa  symphonie  en  fa  majeur, 
qu'il  fit  entendre  le  9  février  1846,  car  celle- 
ci  fut  très-favorablement  accueillie.  Elle 
réussit  également  aux  concerts  du  Gewand- 
haus  de  Leipsick,  sous  la  direction  de  l'au- 
teur. Au  mois  de  mai  de  la  même  année,  Tau- 
bert se  rendit  à  Vienne,  où  il  se  fit  entendre 
comme  pianiste.  Il  y  dirigea  aussi  trois  repré- 
sentations iluFreyschiitz,  dans  lesquelles  chan- 
tait Jenny  Lind,  alors  à  l'aurore  de  sa  grande 
renommée.  Diverses  compositions  du  même 
artiste  remplirent  les  années  suivantes,  parti- 
culièrement sa  symphonie  en  si  mineur,  qui 
fut  exécutée  le  6  mars  1850; son  Paternoster, 
de  Klopslock,  qu'il  dirigea  à  l'Académie  de 
chant,  au  mois  de  janvier  1852,  et  son  opéra 
intitulé  Joggeli,  joué  sans  succès  le  9  octobre 
1853,  et  qu'il  fallut  retirer  après  cinq  repré- 
sentations. Le  17  mars  1855,  il  fit  entendre 
pour  la  première  fois,  dans  le  centième  con- 
cert de  la  chapelle  royale,  sa  symphonie  en  ut 
mineur,  et  dans  la  même  année,  il  donna  à 
Munich  sa  musique  composée  pour  la  Tempête 
de  Shakespeare.  A  cette  occasion,  le  roi  de 
Bavière  le  félicita  et  lui  envoya  la  croix  de 
première  classe  de  l'ordre  de  Saint-Michel.  Le 
dernier  opéra  de  Taubert  (jusqu'en  1861)  est 
Macbeth,  représenté  à  Berlin,  le  16  novembre 
1857. 

Les  ouvrages  principaux  de  cet  artiste  dis- 
tingué sont  :  I.  Musique  d'église.  1°  Les 
psaumes23et  143,  pour  voix  de mezzo soprano 
avec  orgue  ou  piano,  op.  65;  Berlin,  Traut- 
wein.  2°  Le  psaume  123  pour  un  chœur  de 
voix  diverses,  op.  86,  en  partition;  ibid. 
5»  Vater  unser  (Pater  noster),  pour  chœur, 
voix  seule  et  orchestre,  publié  en  partition 
pour  le  piano;  ibid.  II.  Opéras.  4°  La  Ker- 
messe, op.  7,  partition  réduite  pour  piano; 
Berlin,  Trautwein.  5°  Der  Ziegeuner  (le  Bo- 
hémien), en  quatre  actes.  6°  Marquis  und 
Dieb  (Marquis  et  voleur),  en  un  acte;  partition 
pour  piano;  ibid.  7°  Féie  théâtrale  pour  le 
centième  anniversaire  du  théâtre  royal  de 
l'opéra  (7  décembre  1842);  ibid.  8°  Joggeli, 
opéra  en  trois  actes,  op.  100,  partition  ;  Berlin, 
Bock.  9°  Fête  théâtrale  pour  le  mariage  du 
prince  de  Prusse  (12  juin  1854).  10°  Macbeth, 
opéra  en  cinq  actes,  en  partition  pour  le  piano; 
Berlin,  Bock.  III.  Musique  pour  des  drames. 
11°  Ouverture  pour  l'Otello  de  Shakespeare, 
exécutée  dans    des    concerts.    12°  Le  petit 


TAUBERT  —  TAUSCII 


191 


Homme  gris, drame  en  cinq  actes  deDevrient. 
13°  Ouverture,  chants  el  chœurs  pourlayVetJee, 
d'Euripide,  en  partition  pour  le  piano;  Berlin. 
Trautwein.  14°  Musique  pour  le  Chat  botté, 
deTieck.  15°  Idem  pour  la  Barbe  bleue,  drame 
en  cinq  actes  du  même  poêle,  en  partition  pour 
le  piano;  Berlin,  Bock.  16°  Ouverture  pour 
Macbeth,  tragédie  de  Shakespeare.  17°  La 
Tempête,  drame  de  Shakespeare.  18°  Quelques 
chœurs   et   chants    pour    différentes    pièces. 

IV.  Cantates.  19°  Cantate  pour  la  tète  de  la 
naissance  du  roi  Frédéric-Guillaume  IV. 
19°  Cantate  pour  une  fêle  de  Thorwaldsen, 
avec  accompagnement  d'instruments  à  vent  et 
harpe,  exécutée  à  l'Académie  de  chant  de 
Berlin,  le  1er  juin  1844.  20°  Cantate  à  la 
louange  du  célèbre  sculpteur  Rauch,  pour 
chœur  el  orchestre,  exécutée  à  l'Académie  de 
chant,  le  21  mars  1838.  21°  Ode  de  fêle  pour 
le  cinquantième  anniversaire  de  l'Université 
de  Berlin,  pour  un  chœur  d'hommes  avec  ac- 
compagnement d'instruments,  exécutée  dans 
l'église    Saint-Nicolas,    le   16    octobre   1860. 

V.  Lieder.22°  Un  très-grand  nombre  de  pièces 
de  ce  genre,  en  recueils  et  détachés.  VI.  Mu- 
sique instrumentale.  23"  Cinq  symphonies 
pour  l'orchestre,  dont  on  a  gravé  la  première 
(en  ut  majeur),  op.  51;  Berlin,  Schiesinger; 
la  troisième  (en  /a),  op.  69;  Berlin,  Trautwein; 
la  quatrième  (en  si  mineur),  op.  80;  Berlin, 
Bock,  et  la  cinquième  (en  ut  mineur),  op.  113: 
Leipsick,  Kistner.  24°  Concerto  pour  piano  et 
orchestre  (en  mi  majeur),  op.  18;  Berlin, 
Schiesinger.  25°  Quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle,  op.  19  ;  ibid.  26°  Trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  52,  38;  Berlin, 
Bock.  27°  Sonate  pour  piano  et  violon,  op.  1  ; 
Leipsick,  Hofmeister;  op.  15,  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Itserlel;  op.  104,  Leipsick,  Hofmeister. 
28°  Duo  à  quatre  mains  pour  piano,  op.  11; 
ibid.  29°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  4,  ibid.; 
op.  20,  ibid.;  op.  21,  ibid.,  op.  35,  Berlin, 
Bock;  op.  44,  Breslau,  Leuckart;  op.  114, 
Leipsick,  Hofmeister.  50°  Un  très- grand 
nombre  de  pièces  de  tout  genre  pour  le  piano, 
rondos,  variations,  éludes,  caprices,  chants 
sans  paroles,  marches,  pièces  de  fantaisie,  etc. 
51°  Premier  quatuor  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle,  op.  75;  Leipsick,  Peters. 
32°  Deuxième  idem,  op.  93;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Haertel.  33°  Trois  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  violoncelle,  op.  130;  Leipsick, 
Kistner. 

TAUBFJER  (Antoine-Maur:n),  bon  orga- 
niste de  la  Bohême,  fut  attaché  comme  violo- 
niste à  la  chapelle  du  prince  de  Lobkowitz.  Il 


dirigeait  aussi  la  musique  des  églises  des 
Ursulines  et  de  Saint-Jean  Népomucène,  à 
Prague.  Cet  artiste  vécut  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle.  On  connaît  de  lui  en  manu- 
scrit, à  Prague,  des  messes,  offertoires,  motels 
et  les  oratorios  dont  les  titres  suivent  :  1°  Ra- 
phidion  humecté,  ou  le  rocher  Horeb  frappé 
par  la  verge  de  Moïse,  etc.,  oratorio,  1741. 
2°  La  maison  de  Jacob  souillée  sept  fois,  etc., 
idem,  1746.  3"  Le  Fiancé  délaissé  dans  la 
vigne  d'Engaddi,  etc.,  idem,  1747.  4°  La 
Justification  inadmissible  des  frères  de  Jo- 
seph, fils  de  Jacob,  idem,  1748.  5°  Les  Noces 
de  V Agneau,  etc.,  idem,  1754.  6"  Le  Tombeau 
du  Sauveur,  etc.,  idem,  1758. 

TAUBNER  (  Jean  -  Charles-  Frédéric)  , 
magister  et  pasteur  à  AVolkenslein,  étudiait  à 
l'université  de  Leipsick,  en  1809.  On  a  de  lui 
une  description  du  nouvel  orgue  placé  dans 
l'église  principale  de  Wolkenstein,  en  1818; 
ce  petit  ouvrage  a  pour  titre  .•  Nachricht  von 
der  neuen  Orgel  und  der  damit  verbundenen 
/"erschœnerung  der  Hauptki relie  zu  Wolken- 
stein im  Jahre  1818;  Annaberg,  Hasper, 
1818,  vingt-deux  pages  in-8°. 

TAUSCII  (François),  clarinettiste  distin- 
gué, naquit  à  Heidelberg,  le  26  décembre 
1762.  Son  père,  Jacques  Tausch,  alors  simple 
musicien  à  l'église  de  Heidelberg,  entra  deux 
ans  après  dans  la  chapelle  électorale,  à  Man- 
heim.  Il  fut  le  seul  maître  de  son  fils  pour  la 
musique  et  pour  les  instruments.  Dès  l'âge  de 
quatre  ans,  le  jeune  Tausch  apprit  à  jouer  du 
violon;  à  huit,  il  se  lit  entendre  en  présence 
de  l'électeur,  dans  un  solo  de  clarinette,  et  dès 
ce  moment  il  fut  admis  dans  la  chapelle.  En 
1777,  il  suivit  la  cour  à  Munich.  Trois  ans  plus 
lard  il  accompagna  Winter  à  Vienne,  et  pen- 
dant un  séjour  de  six  mois  dans  cette  capitale, 
il  perfectionna  son  talent;  puis  il  retourna  à 
Munich.  Il  y  resta  jusqu'en  1789,  et  ne  quitta 
le  service  de  l'électeur  de  Bavière  que  pour 
accepter  les  propositions  du  roi  de  Prusse,  qui 
voulait  le  fixer  à  Berlin.  En  1796,  il  fit  un 
voyage  à  Hambourg,  et  y  obtint  un  succès 
d'enthousiasme. De  retour  à  Berlin,  il  y  établit 
une  société  de  musique  qu'il  dirigea  pendant 
plusieurs  années.  Cet  artiste  estimable  vivait 
encore  en  1826,  mais  je  n'ai  pas  de  renseigne- 
ments sur  sa  personne  depuis  celte  époque. 
Dans  les  derniers  temps,  son  embonpointéiait 
devenu  excessif.  Tausch  fut  par  son  talent 
d'exécution  le  rival  de  Béer  et  de  Stadlcr, 
ses  contemporains;  il  y  avait  même  plus  dé 
charme,  de  moelleux  dans  son  jeu  que  dans 
celui  de  ces  deux  artistes.  On  a  de  sa  composi- 


192 


TAUSCH  —  TAVARES 


lion  :  1°  Concerto  pour  clarinette  principale, 
if  1  ;  Berlin,  Hummel.  2°  Idem,  n"  2  (en  mi 
bémol);  Cffenbach,  André.  5°  Amiante  et  po- 
lonaise, idem;  Leipsick,  Pelers.  -i0 Symphonies 
concertantes  pour  deux  clarinettes,  op.  2G 
et  27;  Berlin,  Schlesinger.  5°  Duos  pour  deux 
clarinettes  ;  ibid.  G°  Trois  idem  pour  clari- 
nette et  basson,  op.  21  ;  ibid.  7°  Six  quatuors 
pour  deux  cors  de  bassetle  et  deux  bassons, 
avec  deux  cors  ad  libitum,  op.  5;  Berlin, 
Dunker.  8°  Six  marches  pour  la  garde  prus- 
sienne, à  10  parties;  Berlin,  Schlesinger. 
9°  Cinq  idem  et  un  choral  pour  la  garde  russe; 
ibid. 

TAUSCH  (Jules),  né  à  Dessau,  le  15  avril 
1827,  y  eut  pour  maître  de  piano  un  artiste 
nommé  Louis  Fritech.  En  1842,  il  entra  dans 
l'école  de  Frédéric  Schneider  et  y  resta  jus- 
qu'en 1844.  Il  se  rendit  alors  à  Leipsick,  où  il 
devint  élève  du  Conservatoire.  Ses  éludes  étant 
terminées  en  184G,  il  alla  s'établir  à  Dussel- 
dorf,  où  il  se  livra  à  l'enseignement  du  piano. 
En  1856,  il  fut  nommé  directeur  de  musique 
d'une  société  chorale  de  cette  ville.  Une  ou- 
verture de  sa  composition  y  a  été  exécutée.  Il 
a  publié  des  Lieder  et  plusieurs  morceaux  de 
piano. 

TAUSCHER  (Jean-Gottlif.b),  fut  d'abord 
directeur  de  la  justice  à  Walden bourg,  puis 
bailli  à  Lœssnilz,  et  mourut  dans  celle  der- 
nière place,  en  1787.  On  lui  attribue  un  petit 
ouvrage  anonyme,  intitulé  :  f'ersuch  einer 
Anleilung  zu  Disposition  der  Orgelstimmen 
nacli  riclitigenGrundsaUzenund  zu  f'erbes- 
serung  der  Orgeln  iiberhaupt  (Eassi  d'une  in- 
struction sur  la  disposition  îles  jeux  de  l'orgue 
d'après  les  meilleurs  principes,  et  sur  le  per- 
fectionnement de  l'orgue  en  général);  Wal- 
denbourg,  1778,  in-8°  de  soixante-dix-huil 
pages. On  y  trouve  ladescription  d'un  nouveau 
soufflet  inventé  par  les  frères  Wagner,  facteurs 
d'orgues  à  Schmiedefeld,  près  de  Suhîa. 

TAUSIG  (Aloys),  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Prague,  en  1820,  n'était  âgé  que  de  neuf 
ans  lorsqu'il  fixa  sur  lui  l'attention  par  son 
habileté  précoce  sur  scn  instrument.  Ayantélé 
conduit  à  Vienne,  en  1831,  il  y  reçut  des  le- 
çons de  Thalberg  et  fil  de  rapides  progrès  sous 
la  direction  de  ce  virtuose.  En  1857,  il  fit  un 
voyage  en  Allemagne  et  laissa,  dans  plusieurs 
villes  de  celte  contrée,  une  impression  très- 
favorable  par  l'élégance  de  son  talent,  par- 
ticulièrement à  Berlin,  à  Dessau  et  à  Breslau. 
En  1838,  il  visita  aussi  Pétersbourg.  De  retour 
à  Prague,  il  s'y  livra  à  l'enseignement.  Fixé  à 
Varsovie,  en  1840,  il  s'y  maria  dans  la  même 


année,  et  y  devint  un  des  professeurs  de  piano 
les  plus  recherchés.  Plusieurs  ouvrages  de  sa 
composition  ont  été  publiés  à  Leipsick  et  à 
Varsovie. Parmi  ces  productions, on  remarque: 
lo  Deux  morceaux  de  salon  pour  le  piano, 
op.  1;  Leipsick,  Breitkopf  et  Ilœrlel.  2°  La 
Sirène,  grande  étude  pour  le  piano,  op.  G; 
ibid.  5°  Grande  fantaisie  idem,  op.  7;  ibid. 
4°  La  Berceuse,  idem,  op.  8;  Varsovie,  Fricd- 
lein. 

Charles  Tausig,  fils  de  cet  artiste,  né 
à  Varsovie,  en  1841,  et  élève  de  son  père, 
était  déjà  considéré,  en  1858,  comme  un  pia- 
niste d'une  rare  habileté.  Il  a  publié  une 
grande  fantaisie  pour  le  piano,  sous  le  litre 
allemand  Bas  Geislerschiff. 

TAUWITZ  (Edouard),  né  à  Glatz(Silésic), 
en  1814,  filsesétudcs  littéraires  augymnase  de 
celte  ville,  puis  il  alla  suivre  les  cours  de  droit 
à  Breslau.  Dès  ses  premières  années,  il  avait 
montré  un  goût  décidé  pour  la  musique,  et 
s'était  livré  à  son  étude  au  gymnase  ainsi  qu'à 
l'université.  Il  était  encore  éludiantà Breslau, 
lorsqu'il  devint  direcleurd'uncsociétédechant. 
Son  amour  pour  l'art  finit  par  lui  faire  aban- 
donner la  jurisprudence  et  lui  fit  accepter  une 
place  de  professeur  de  musique  à  Wilna.  En 
1850,  il  fut  appelé  à  Prague  en  qualité  de  chef 
d'orchestre  du  théâtre,  et  depuis  lors,  il  s'est 
fixé  dans  celle  ville.  En  1844,  il  avait  fait 
représenter,  à  Riga,  Bradamante,  opéra  en 
trois  actes,  cl  deux  ans  après,  il  donna,  dans 
la  même  ville,  un  opéra  -comique  intitulé 
Schmolke  und  Bakel,  dont  la  partition  pour  le 
piano  a  été  publiée  à  Breslau,  chez  Leuckart. 
On  a  de  lui  des  Lieder  pour  qnalre  voix 
d'hommes,  op.  G;  ibid.;  six  idem,  deuxième 
recueil,  ibid.;  trois  idem,  op.  9,  ibid.;  (rois 
idem,  op.  1 1 ,  ibid.;  chanson  de  dragons  idem, 
op.  13;  ibid.  ;  douze  chansons  de  soldats  pour 
un  chœur  d'hommes  à  quatre  et  cinq  parties, 
op.  22;  ibid.;  des  Lieder  à  voix  seule  avec 
piano,  op.  8,  10,  15,  17  et  18,  ibid. 

TAVARES  (Manuel),  compositeur,  né  à 
Porlalègre,  en  Portugal,  y  vivait  vers  1G25.  Il 
fut  d'abord  chanteur  dans  la  chapelle  du  roi 
Jean  III.  puis  maître  de  chapelle  à  Mincie,  en 
Espagne,  et  en  dernier  lieu  à  Cuença,  où  il 
mourut.  Au  temps  où  Machado  écrivit  sa  Bi- 
bliotheca  Lusitana,  on  conservait  encore  des 
messes,  psaumes  et  motels  en  manuscrit,  de  la 
composition  de  Tavares,  dans  la  Bibliothèque 
du  roi  de  Portugal. 

TAVARES  (Nicolas),  autre  musicien 
portugais,  né  comme  le  précédent  à  Porla- 
lègre,   vécut    dans    le  même  temps.  Il    fut 


TAVARES  -  TAYBER 


193 


d'abord  maître  de  chapelle  à  Cadix,  puis  à 
Cuença,où  il  mourut.  Ses  compositions  étaient 
conservées  dans  la  Bibliothèque  du  roi  de  Por- 
tugal, avant  le  tremblement  de  terre  de  Lis- 
bonne. 

TAVELLI  (Louis),  compositeur  vénitien, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  On  ne  connaît  de  lui  qu'un  opéra  inti- 
tulé :  Amor  et  Sdegno,  représenté,  en  1726, 
au  théâtre  Cassiano,  de  Venise.  Cet  ouvrage 
fut  joué  d'abord  sous  le  titre  Ottone  Amante. 

Deux  autres  musiciens  du  nom  de  Tavelli, 
et  probablement  de  la  même  famille,  ont  été 
attachés  à  la  musique  de  la  chapelle  de  Saint- 
Marc,  à  Venise;  le  premier,  Alvise  Tavelli, 
jirêtre,  fut  organiste  du  second  orgue,  depuis 
1707  jusqu'à  1720;  l'autre,  François  Tavelli, 
fut  ténor  du  chœur,  à  la  même  époque. 

TAVERNER  (Jean),  organiste  à  Boston, 
dans  le  comlé  de  Lincoln,  en  Angleterre,  était 
en  même  temps  choriste  à  l'église  du  Cardi- 
nal (maintenant  l'église  du  Christ),  à  Oxford. 
Il  vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  Son  attachement  pour  la  religion  pro- 
testante, alors  nouvelle,  le  fit  emprisonner, 
avec  John  Frith  et  quelques  autres  adhérents 
à  la  réforme,  dans  un  souterrain  qui  servait  à 
conserver  du  poisson  salé.  L'air  qu'on  respi- 
rait dans  ce  souterrain  était  si  pernicieux, 
qu'un  des  prisonniers  en  fut  asphyxié.  Frith 
fut  condamné  au  feu  et  brûlé  à  Smithfield,  en 
1533;  mais  Taverner,  moins  exalté  que  ses 
compagnons,  et  seulement  accusé  d'avoir  ca- 
ché quelques  livres  hérétiques  sur  les  tablettes 
de  l'école  où  il  enseignait,  protégé  d'ailleurs 
par  sa  réputation  de  musicien  très-habile,  fut 
rendu  à  la  liberté.  On  n'a  point  d'autres  ren- 
seignements sur  la  vie  de  cet  organiste,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  un  autre  Jean  Ta- 
verner, professeur  au  collège  de  Gresham,  qui 
vécut  dans  le  même  temps  et  prit  à  Oxford  ses 
degrés  en  musique,  mais  qui  n'a  rien  produit 
de  relatif  à  cet  art.  L'organiste  de  Boston  a 
laissé  de  sa  composition  plusieurs  messes  et 
motets  qui  se  trouvent  en  manuscrit  dans 
l'école  de  musique  d'Oxford,  parmi  d'autres 
compositions  de  musiciens  antérieurs  au  temps 
de  la  réformation,  et  qui  vécurent  sous  le  règne 
de  Henri  VII.  Burney  en  a  extrait  le  motet 
Dum  transisset  à  cinq  voix  sur  le  plain-chant, 
qu'il  a  publié  dans  son  Histoire  générale  de 
la  musique  (tome  II,  pages  557-559),  ainsi 
qu'un  canon  à  trois  voix,  pris  dans  la  messe  de 
Taverner  :  O  Michael  (ibid.,  pages  560-562). 
Hawkins  a  aussi  publié  l'antienne  à  trois  voix  : 
O  splendor  gloriœ,  du  même  musicien    (Ge- 

BIOGR.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


neral  Historu  ofthe  science  and  practice  of 
music,  tome  II,  page  513). On  trouvedes  mo- 
tels de  Taverner  dans  des  recueils  manuscrits 
du  Muséum  britannique,  à  Londres,  cotés 
179,  226  et  227. 

TAYBER  (Antoine),  né  à  Vienne,  le 
8  septembre  1754,  passa  sa  jeunesse  dans  la 
chapelle  électorale  de  Dresde.  Après  son  retour 
dans  la  capitale  de  l'Autriche,  il  obtint,  en 
1792,  la  place  de  claveciniste  et  d'adjoint  de 
Salieri  au  théâtre  de  la  cour.  L'année  suivante, 
il  fut  nommé  compositeur  de  la  chambre  im- 
périale, et  eut  le  titre  de  maître  de  musique 
des  archiducs  et  archiduchesses.  Le  cardinal- 
archiduc  Bodolphe,  et  les  impératrices  de 
France  et  d.i  Brésil  sont  au  nombre  de  ses 
élèves.  Cet  artiste  estimable  est  mort  à 
Vienne,  le  18  novembre  1822.  Au  nombre  de 
ses  compositions,  on  cite  le  mélodrame  Serbes 
et  Mirabelle,  l'oratorio  la  Passion  de  Jésus- 
Christ,  la  Conquête  de  Belgrade,  tableau 
musical,  trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  six  marches,  des  menuets  et  danses 
allemandes,  et  quelques  chansons. 

TAYBER  (François),  organiste  et  compo- 
siteur, né  à  Vienne,  le  15  novembre  1756, 
parcourut  dans  sa  jeunesse  la  Suisse,  la  Ba- 
vière et  la  Souabe,  donnant  partout  des  con- 
certs ;  puis  il  s'attacha,  en  qualité  de  maître 
de  musique,  à  la  troupe  ambulante  d'Opéra 
dirigée  par  Schikaneder.  Fatigué  de  cette  vie 
nomade,  il  retourna  à  Vienne  et  y  prit  la  direc- 
tion de  la  musique  du  théâtre  sur  la  Vienne, 
que  le  même  Schikaneder  venait  d'y  fonder. 
Compositeur  actif  et  doué  d'une  grande  faci- 
lité, il  écrivit  pour  ce  théâtre  et  pour  celui 
de  Léopolstadt  un  très-grand  nombre  d'airs, 
duos,  chœurs,  finales,  ouvertures,  airs  de 
danse,  et  les  opéras  :  Alexandre ,  Der  Schlaf- 
trunck  (Le  Narcotique),  Scherodin  und  Al- 
manzor ,  le  Télégraphe,  Pfxndung  und 
personnal-Arrest  (La  Saisie  et  l'Arrestation), 
Der  Zerstreute  (Le  Distrait),  Das  Spinner- 
Jcreuz  am  Wienerberg  (La  croix  du  fileur  à  la 
montagne  de  Vienne),  Arragio  de  Bene- 
vent,  etc.  Antérieurement  à  son  retour  à 
Vienne,  il  avait  donné  aux  théâtres  de  Batis- 
bonne,  de  Freysing  et  d'Augsbourg,  plusieurs 
petits  opéras  parmi  lesquels  on  remarque  : 
Charles  d'Eichenhorst,  et  Laura  Rosetti. 
L'oratorio  de  Jésus  mourant  a  été  un  de  ses 
derniers  ouvrages.  Tayber  était  considéré 
comme  l'émule  d'Albrechlsberger  par  son  ta- 
lent sur  l'orgue;  son  mérite  en  ce  genre  fut 
récompensé  par  sa  nomination  d'organiste  de 
la  cour  impériale,  le  13  août  1810;  mais  il  ne 

13 


194 


TAYBER  —  TAYLOR 


jouit  pas  longtemps  des  avantages  de  cette  po- 
sition, car  il  mourut  le  22  octobre  de  la  même 
année. 

TAYLOR  (Brook),  célèbre  mathématicien 
anglais,  naquit  le  18  août  1685,  à  Edmonlon, 
dans  le  comté  de  Middlesex,  près  de  Londres, 
et  mourut  le  29  décembre  1731,  à  l'âge  de 
quarante-six  ans.  L'histoire  de  la  vie  et  des 
travaux  de  ce  savant  n'appartient  pas  à  ce  dic- 
tionnaire. Je  dirai  seulement  que  la  musique 
occupa  une  partie  de  sa  jeunesse,  qu'il  s'y  dis- 
tingua et  qu'il  y  trouva  des  consolations  dans 
ses  dernières  années.  Le  plus  connu  de  ses 
ouvrages  est  le  livre  qui  a  pour  titre  :  Mctho- 
dus  incrementorum  directa  et  inversa  (Lon- 
dres, 1715  et  1717,  in-4°).  On  y  trouve  le 
célèbre  théorème  connu  sous  le  nom  de  son 
auteur,  et  que  Lagrange  a  appelé  le  principal 
fondement  du  calcul  différentiel,  dégagé 
de  toute  considération  d'infiniment  petits 
ou  de  limites  {Journal  de  l'Ecole  polytechni- 
que, neuvième  cahier,  p.  5).  C'est  aussi  dans 
ce  même  ouvrage  que  Taylor  a  donné  (Propos. 
XXII,  probl.  XVII,  page  86)  une  solution  du 
problème  de  la  corde  vibrante,  plus  complète 
et  plus  satisfaisante  que  les  solutions  proposées 
avant  la  sienne.  Mais  les  recherches  de  La- 
grange (voyez  ce  nom),  consignées  dans  les 
Mémoires  de  V Académie  de  Turin  (ann.  1759 
et  17C2),  et  surtout  dans  sa  Mécanique  ana- 
lytique, ont  rendu  inutile  la  solution  de  Tay- 
lor, trop  arbitraire  dans  sa  seconde  partie. 
Taylor  a  aussi  fourni  un  Mémoire  sur  le  pro- 
blème de  la  corde  vibrante  dans  le  28e  volume 
des  Transactions  philosophiques  (pag.  26  et 
suiv.). 

TAYLOR  (Jean),  né  près  de  Lancastre,  en 
1694,  fit  ses  études  à  l'université  de  Cambridge, 
et  y  obtint  le  doctorat  en  théologie.  Il  fut  en- 
suite pasteur  à  Norwich,  puis  recteur  d'une 
école  à  Warrington,  où  il  mourut  en  1761.  Le 
G  juillet  1730,  il  prononça,  à  Cambridge,  un 
discours  sur  le  langage  musical,  qui  a  été  pu- 
blié sous  ce  titre  :  The  Music  speech,  Londres, 
1730,  in-8°.  On  a  aussi  de  lui  un  livre  d'an- 
tiennes en  musique  avec  des  observations  con- 
cernant l'exécution  delà  psalmodie,  intitulé  : 
A  Collection  of  tunes  in  various  airs;  with  a 
scheme  for  supporting  the  spirit  and  practice 
of  psalmody  in  congrégations;  Londres, 
1750,  in-8». 

TAYLOR  (Richard),  né  à  Chester,  en 
1758,  fut  attaché  à  la  chapelle  calviniste  de 
Londres.  Il  mourut  dans  cette  ville  au  mois  de 
février  1813.  On  a  de  ce  musicien  un  recueil 
d'hymnes  de  Noël  intitulé  :  The  Christmas 


Ilymn,  Londres,  Longmann  et  Broderip,  et 
une  collection  d'antiennes  qui  a  pour  titre  : 
C'hurch  Music  for  3  voices,  ibid.  Le  catalogue 
de  Preslon  (Londres,  1795)  indique  sous  le  nom 
de  ce  musicien  :  Beaulies  of  sacred  verse, 
selected  principally  from  the  works  of  the 
Rev.  Dr.  Watts,  Wesley,  Dodridge  and 
others  eminent  divine  authors,  with  entire 
new  Music,  suited  for  the  voice,  organ, 
piano  forte,  etc.,  livres  1  et  2.  Taylor  a  publié 
aussi  un  traité  élémentaire  de  musique  inti- 
tulé :  The  principles  of  Music  at  one  view ; 
Londres,  1791,  in-8°.  Il  a  été  fait  plusieurs 
éditions  de  ce  petit  ouvrage. 

TAYLOR  (Jacques),  professeur  de  musi- 
que à  Norwich,  né  dans  cette  ville,  vers  1770, 
s'est  fait  connaître  avantageusement  par 
quelques  morceaux  relatifs  à  la  musique,  qui 
ont  paru  dans  le  Quarterly  musical  Review. 
Le  premier,  intitulé  :  Remarks  on  the  minor 
key  (Remarques  sur  le  mode  mineur),  est  in- 
séré dans  le  premier  volume  de  cet  écrit  pério- 
dique (tome  I,  page  141);  le  second  :  On  Mo- 
dulation (Sur  la  modulation,  ibid.,  page  304); 
et  le  troisième  sur  les  suites  d'octaves  et  de 
quintes  (t.  II,  p.  271).  Taylor  vivaitencore  en 
1824;  après  cette  époque,  je  n'ai  point  de 
renseignements  sur  sa  personne. 

TAYLOR  (Edouard),  arrière-petit-fils  du 
docteur  Jean  Taylor,   célèbre  philologue   et 
théologien  anglais,  est  né  à  Norwich,  le  22  jan- 
vier 1784.  Dès  sa  première  jeunesse,  il  fit  des 
études  grecques  et  latines;  mais  son  goût  do- 
minant fut  toujours  celui  delà  musique.  Les 
éléments  de  cet  art  lui  furent  enseignés  par 
Charles  Smyth,  musicien  plus  renommé  par 
ses  excentricités  que  par  ses  talents;  mais  ce 
fut  surtoutcomme  enfantde  chœur  de  la  cathé- 
drale  qu'il    fit  sa  première  éducation  musi- 
cale, sous  la  direction  du  docteur  de  musique 
Beckwith.  Quant  aux  connaissances  qu'il  acquit 
dans   la  théorie  et  l'histoire  de  la  musique, 
ainsi   que   dans  les   langues    et  littératures 
allemande  et  italienne,  il  ne  les  dut  qu'à  ses 
études  persévérantes  et  solitaires.  La  profes- 
sion de  Taylor  fut  d'abord  celle  de  marchand 
de  fer,  mais  elle  ne  l'empêchait  pas  de  cultiver 
le  chant,  pour  lequel  il  avait  une  véritable 
passion.  Doué  d'une  très-bonne  voix  de  basse, 
il  prenait  part,  comme  amateur,  aux  concerts, 
à  la  musique  religieuse  de  TheoctogonChapel, 
et  était  un  des  membres  les  plus  actifs  du  Glee 
Club  de  Norwich.  Son  instrument  principal 
était  le  basson,  mais  il  jouait  aussi  de  l'orgue 
et  pouvait  faire  sa  partie,  dans  les  concert^, 
sur  le  hautbois  et  sur  la  flûte.  Un  chœur  de  sa 


TAYLOR  —  TEDESCO 


19: 


composilion,  inlilulé  Sound  the  Tymbal,  fut 
exécuté  à  Hall-Concerts.  Il  fut  un  des  princi- 
paux organisateurs  du  grand  festival  de  Nor- 
wich,  en  1824,  et  traduisit  en  anglais,  pour 
cette  circonstance,  de  grandes  compositions  de 
Spohr,  Fr.  Schneider,  Mozart  et  Graun.  Arrivé 
à  Londres,  en  1825,  il  s'y  fit  d'abord  connaître 
comme  basse  chantante;  mais  ses  connais- 
sances étendues  dans  la  théorie  et  dans  l'his- 
toire de  la  musique  le  firent  choisir,  après  la 
mort  de  Stevens,pour  remplir  les  fonctions  de 
professeur  de  musique  au  collège  deGresham. 
Son  élection  eut  lieu  en  1857.  Dans  l'année 
suivante,  il  publia  ses  trois  premières  lectures 
«l'installation  dans  cette  place,  sous  le  litre  de 
Three  inaugural  Lectures,  in-8°,  où  l'on 
trouve  beaucoup  de  recherches  et  d'aperçus 
concernant  la  musique  et  dont  la  forme  d'ex- 
position est  d'une  remarquable  élégance.  En 
1845,  il  publia,  dans  le  recueil  British  and 
Foreign  Review,  un  long  article  intitulé  The 
English  Cathedral  Service,  ils  glory,  Us 
décline,  and  its  designed  extinction  (Le  ser- 
vice anglais  de  musique  d'église;  sa  gloire,  son 
déclin  et  son  anéantissement  probable).  Publi 
ensuite  séparément  en  un  volume  in-8°,  cei 
écrit  fit  une  vive  sensation  en  Angleterre. 
Ta  y  loi"  fut  le  fondateur  et  le  président  du  Purcell 
€kib,  et  fonda  avec  MM.  le  docteur  Rimbault 
et  Chappell  la  Musical  antiquarian  Society. 
11  fut  aussi  membre  des  sociétés  de  Glees,  de 
Madrigaux  et  d'autres  réunions  musicales.  En 
1840,  pendant  les  mois  d'avril,  de  mai  et  de 
juin,  il  a  fait  au  collège  de  Gresham  et  à 
l'Institution  royale  de  la  Grande-Bretagne  (Al- 
I)emarle  streel)  un  cours  de  lectures  fort  inté- 
ressant, concernant  l'histoire  de  la  mnsique 
dramatique  en  Angleterre.  C'est  aussi  lui  qui 
a  fait  établir  au  collège  de  Gresham  une  bi- 
bliothèque publique  de  musique.  Il  a  publié  à 
•ce  sujet  :  An  address  from  the  Gresham  pro- 
fesser ofmusic  to  the  patrons  and  lovers  of 
the  art,  etc.,  une  feuille  imprimée  à  Londres, 
le  28  juillet  1858.  Ses  compositions  consistent 
principalement  en  glees  et  chansons  anglaises. 
Taylor  a  traduit  en  anglais  les  Quatre  sai- 
sons de  Haydn  ;  laMort  de  Jésus,  de  Graun, 
les  oratorios  de  Spohr;  le  Dernier  jugement, 
la  Passion,  la  Chute  de  Babxjlone,  le  Dé- 
ZujedeSchneider  et  d'autres  ouvrages  du  même 
genre.  On  lui  doit  aussi  une  collection  d'airs 
populaires  des  provinces  rhénanes,  dont  il  a 
traduit  les  paroles  en  anglais,  sous  le  litre 
Airs  of  the  Rhine,  avec  une  préface  contenant 
une  esquisse  de  la  musique  allemande;  mor- 
ceau d'un  style  agréable.  En  1826,  il  avait  fait 


un  voyage  en  Italie;  deux  ans  après,  il  visita 
l'Allemagne.  Cet  homme  estimable  et  zélé 
pour  l'art  est  mort  le  12  mars  1803,  à  Brent- 
wood,  près  de  Londres,  laissant  une  intéres- 
sante bibliothèque  musicale,  qui  a  été  vendue 
à  l'encan  à  Londres,  en  18G4. 

TAYSNER.  (Zacharie),  fadeur  d'orgues, 
naquit  à  Lobezin,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle,  et  s'établit  à  Mersebourg, 
où  il  vivait  encore  en  1702.  Ses  ouvrages 
principaux  sont  l'orgue  de  la  cathédrale  de 
Mersebourg,  celui  de  la  collégiale  de  Jéna, 
qu'il  dut  réparer  quatre  ans  après  l'avoir  con- 
struit, et  celui  de  Naumbourg.  Les  imperfec- 
tions de  celui-ci  lui  en  firent  substituer  un 
autre,  quarante-trois  ans  après  qu'il  eut  été 
achevé. 

TEDESCHI  (Jean),  surnommé  AMA- 
DORI,  fut  un  des  meilleurs  chanteurs  for- 
més dans  l'école  de  Bernacchi,  à  Bologne^ 
vers  1740  (1).  Pendant  plusieurs  années,  il  fut 
attaché  au  service  du  roi  de  Naples,  et  eut  en 
même  temps  l'entreprise  du  théâtre  Saint- 
Charles.  Pendant  les  années  1754  et  1755,  il 
chanta  à  Berlin  dans  les  opéras  de  Graun.  De 
retour  en  Italie  vers  la  fin  de  celte  dernière 
année,  il  se  fixa  à  Rome,  et  y  fonda  une  école 
de  chant.  Il  y  vivait  encore  en  1775. 

TEDESCO  (L.-C.-A.),  né  de  parents  ita- 
liens, à  Luxembourg,  vers  1807,  étudia  la  mé- 
decine à  l'université  de  Louvain,  pendant  les 
années  1827-1829,  et  y  soutint,  dans  la  der- 
nière année,  une  thèse  sur  l'emploi  de  la  mu- 
sique dans  la  médecine,  qui  a  été  imprimée 
sous  ce  titre  :  De  musica  iatrica;  Lovanii, 
1829,  in-8°  de  vingt-sept  pages. 

TEDESCO  (Ignace-Amédée),  pianiste  et 
compositeur,  né  à  Prague,  en  1817,  commença 
dans  ses  premières  années  l'étude  du  piano 
sons  la  direction  de  son  père.  Ses  progrès  sur 
cet  instrument  furent  rapides,  et  les  leçons 
qu'il  reçut  ensuite  du  maître  de  chapelle  Trie- 
bensée  le  mirent  en  étal  de  se  faire  entendre 
en  public  dès  l'âge  de  douze  ans.  A  treize  ans, 
il  joua  à  Vienne  avec  succès  ;  puis  il  retourna 
à  Prague,  où  il  devint  élève  de  Tomaschek 
pour  le  piano  et  la  composition.  En  1855,  il 
visitaVienne  pour  la  secondefois,  y  donna  des 
concerts,  et  dans  l'aimée  suivante,  il  entreprit 
un  voyage  en  Allemagne.  Arrivé  à  Leipsick, 
il  se  fit  entendre  au  concert  du  Geivandhaus, 
et  fit  admirer  la  délicatesse  de  son  jeu.  De  re- 

(I)  C'est  parerreurqu',4wM</or((Joseph), compositeur 
qui  vivait  au  commencement  du  dix-huiliéme  siècle,  a 
été  confondu  avec  Ce  chanteur,  comme  élève  de  Ber- 
nacchi. L'école  de  celui-ci  n'existait  pas  alors 

13. 


19G 


TEDESCO  —  TELEMANN 


tour  à  Prague,  en  1840,  il  ne  s'y  arrêta  que 
peu  de  temps,  ayant  pris  la  résolution  de 
voyager  dans  le  sud  de  la  Russie.  A  Lemberg, 
à  Czernowilz  et  à  Jassy,  il  donna  de  brillants 
concerts;  puis  il  s'arrêta  à  Odessa,  où  il  se  li- 
vra à  l'enseignement  du  piano  jusqu'en  1847. 
Dans  le  cours  de'  cette  année,  il  retourna  à 
Prague,  puis  voyagea  en  Hongrieetdonna  «les 
concerts  à  Presbourg.  Arrivé  à  Hambourg,  en 
1848,  il  y  séjourna  quelque  temps;  puis  il  re- 
tourna à  Odessa.  Suivant  le  Handlexikon  der 
Tonkunst  de  Charles  Gollmick,  Tedesco  était 
à  Londres  en  1856.  Cet  artiste  a  publié  un  con- 
certo pour  le  piano  avec  orchestre  qu'il  a  fait 
entendre  dans  ses  voyages,  des  caprices  de 
concert,  un  grand  nombre  de  pièces  de  salon, 
tellesque  mazurkes,  nocturnes, grandes  valses, 
rhapsodies,  transcriptions,  chansons  bohé- 
miennes variées,  etc. 

TEGHI  (Pierre  DE),  célèbre  luthiste  de 
Padoue,  vécut  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle.  Il  est  connu  par  les  ouvrages 
inslilulés  :  1°  Carminum  ad  testudinis  vsum 
compositorum  liber  tertius  ab  excellenlis- 
simo  artifice  Petro  Teghio  Patauino  ele- 
gantissime  concinnatus;  Lovanii,  apud 
Petrum  Phalesium  bibliopolam  juratum, 
anno  Domini  1547.  2°  Des  chansons  et  Mo- 
telz  reduicts  en  tabvlatvre  de  Luc  (sic)  a 
quatre,  cinqueetsixparties,  livre  troisiesme. 
Composées  par  lexcellent  maistre  Pierre  di 
Teghi  Paduan;  A  Lovvain ,  par  Pierre 
•  Phaleys  libraire  iure,  nel  an  de  grâce  1547. 
Avec  grâce  et  priuilege  a  trois  ans. 

TEICHM CILLER  (K.-W.),  violoniste, 
flûtiste,  guitariste  et  professeur  de  musique  à 
Brunswick,  vers  1850,  s'est  fait  particulière- 
ment remarquer  par  son  talent  sur  la  guim- 
barde (Mundharmonicà).  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  1°  Andanie  varié  pour  violon, 
avec  un  second  violon  ad  libitum;  Ham- 
bourg, Cranz.  2°  Variations  pour  guitare, 
violon  et  flûte,  op.  3;  Leipsick,  Breitkopf  et 
llpertel.  3°  Polonaise  pour  violon  ou  flûte  et 
guitare,  op.  4;  ibid.  4°  Variations  pour  vio- 
lon, flûte  et  guitare,  op.  6;  Brunswick,  Spehr. 
5°  Pot-pourri  pour  flûte  et  guitare,  op.  7; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel.  6°  Premier  noc- 
turne pour  guitare,  violon  et  flûte. 

TEIXIDOR  (Don  José),  organiste  de  la 
chapelle  royale  de  Madrid,  né  à  Ceros,  en  Ca- 
talogne, fut  nommé  organiste  et  vice-maitre  de 
celte  chapelle,  le  4  août  1778,  en  remplacement 
de  Nebra.  Il  mourut  à  la  fin  de  1814ou  au  com- 
mencement de  1815.  On  a  conservé  dans  les 
archives  de  cette  chapelle  une  messe  à  huit  voix 


intitulée  Eripe  me  Domine  ab  homine  malo, 
datée  de  1779;  une  autre,  également  à  huit 
voix,  sous  le  litre  :  Soli  Deo  honor  et  glovia, 
écrite  en  1780,  et  des  vêpres  à  huit  voix  com- 
posée en  1781,  toutes  de  la  composition  de  ce 
mailre,  de  qui  l'on  a  aussi  le  premier  volume 
de  l'ouvrage  intitulé  :  Discursos  sobre  la  his- 
toria  universal  de  la  musica  ;  Madrid , 
1804,  un  vol.  in-4°. 

TEIXEIUA  (Antoine),  compositeur  por- 
tugais, naquit  à  Lisbonne,  en  1707,  et  fut  en- 
voyé à  Rome,  dans  sa  neuvième  année,  pour  y 
étudier  le  chant  et  le  contrepoint.  De  retour 
à  Lisbonne,  en  1728,  il  y  obtint  les  titres  de 
premier  chantre  et  d'examinateur  «les  chan- 
teurs à  l'église  patriarcale.  Parmi  ses  compo- 
sitions, restées  en  manuscrit,  on  remarque  : 
1°  Te  Deum  laudamus  à  vingt  voix  avec  in- 
struments, qui  fut  exécuté  en  1734.  2°  Te 
Deum  à  neuf  voix.  3°  Psaumes,  offertoires,, 
lamentations  et  motets  à  quatre  et  huit  voix, 
avec  et  sans  instruments.  4°  Miserere  à  huit 
voix,  avec  accompagnement.  5°  Plusieurs  opé- 
ras. 6°  Messe  à  huit  voix.  7°  Messe  à  quatre 
voix.  8"  Psaumes  des  vêpres  à  quatre  voix 
pour  l'église  portugaise  de  Saint-Antoine,  à 
Rome. 

TELEÎWAIVIV  (Georges-Philippe),  compo- 
siteur   célèbre,    naquit   à    Magdebourg ,    le 
14  mars  1681,  et  fit  ses  éludes,  jusqu'en  1700, 
aux  écoles  de  celle  ville,  et  à  celles  de  Zeller- 
feldt  et  de  Hildeshcim.  Il  avait  appris,  dans  la 
première,  les  éléments  de  la  musique;    mais- 
loulcson  éducation  musicale  fut  bornée  à  ces 
connaissances  préliminaires;  il   ne  dut  qu'à 
lui-même  et  à  la  lecture  des  ouvrages  des  meil- 
leurs compositeurs  l'habileté  qu'il  acquit  par 
la  suile.  Dès  l'âge  de  douze  ans,  il  avait  écrit 
un  opéra,  dont  une  partition  de  Lully  avail  été 
le   modèle;  car,  à  celle  époque,  la  musique 
dramatique  était  peu  avancée  en  Allemagne  r 
son  ouvrage  fut  représenté  sur  les  théâtres  de 
Magdebourg  et  de  Hildeshcim.  En  1700,  Tele- 
mann  se  rendit  à  Leipsick  pour  y  suivre  les 
cours  de  l'université,  et  y  apprit  les  langues 
française,  italienne  et  anglaise,  qu'il   parlait 
encore  fort  bien  quarante  ans  après.  En  1701, 
on  lui  avait  confié  les  places  de  directeur  de 
musique  et  d'organiste  de  la  nouvelle  église; 
toutefois,  lesoccupalionsqu'elles  lui  donnaient, 
ne  le  détournèrent  point  de  ses    éludes.  La 
place  de  maître  de  chapelle  du  comte  de  Proni- 
nitz,  à  Sorau,  lui  ayant  été  offerte  en  1704,  if 
l'accepta.  Arrivé  dans  cette  ville,  il  s'y  lia 
d'une  intime   amitié  avec   Printz  (voyez  ce 
nom),  qui  y  remplissait  alors  les  fondions  de. 


TELEMANN 


197 


cantor.  Ce  fut  parles  conseils  de  ce  savant  mu- 
sicien que  Telemann  se  livra  avec  ardeur  à 
l'élude  du  style  de  Lully  et  des  autres  compo- 
siteurs de  l'école  française.  Un  voyage  qu'il  fit 
à  Paris,  en  1707,  et  son  séjour  dans  cette  ville 
pendant  huit  mois,  achevèrent  de  donner  à 
son  goût  la  direction  de  cette  école.  Toutefois, 
il  le  modifia  par  une  tendance  vers  une  harmo- 
nie plus  forte,  et  par  des  modulations  plus  pi- 
quantes dont  il  reçut  l'impulsion  à  Berlin,  où 
il  demeura  quelque  temps.  Appelé  à  Eisenach, 
en  1708,  en  qualité  de  maître  de  concert,  il  y 
succéda  plus  tard  à  Hebenslreit  (voyez  ce  nom) 
dans  la  place  de  maître  de  chapelle.  Trois  ans 
après,  il  reçut  sa  double  nomination  de  maître 
de  chapelle  de  l'église  des  Récollets  et  de  celle 
.  de  Sainte-Catherine, àFiancfort-sur-le-Mein. 
Il  se  rendit  dans  cette  ville,  conservant  toute- 
fois  le   titre  et  les  émoluments  de  maître  de 
chapelle  de  la  cour  d'Eisenach,  à  la  condition 
d'y  envoyer  chaque  année  un  certain  nombre 
de  compositions  nouvelles.  Après  quatre  an- 
nées de  séjour  à  Francfort,  Telemann  céda  aux 
instances  du  margrave  de  Bayreuth,  et  prit  la 
direction  de  sa  chapelle,  sans  perdre  son  titre 
à  Eisenach.  Enfin,  en  1721,  une  place  dedirec- 
teur  de  musique  lui  fut  offerte  à  Hambourg; 
il  l'accepta  et  en  remplit  les  fonctions  pendant 
quarante-six  ans,  conservant  toujours  celles 
de  maître  de  chapelle  des  cours  d'Eisenach  et 
de   Bayreuth.   Dans  cette  longue  carrière,  il 
déploya  une  prodigieuse  activité,  et  produisit 
une  si  grande  quantité   d'ouvrages,  qu'il  est 
peu  de  compositeurs  allemands  qu'on  puisse 
lui  comparer  pour  la  fécondité.  Il  grava  lui- 
même  à  l'eau-forte  et  au  burin  une  partie  de 
•ses  productions  sur  les  planches  de  cuivre  ou 
■d'élain,  et  fit  imprimer' les  autres  avec  les  an- 
ciens types  de  Hambourg.  Il  mourut  danscelte 
■ville,  le  25  juin  1707,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
six  ans. 

Le  nombre  des  compositions  de  Telemann 
était  si  considérable,  que  lui-même  n'en  pou- 
vait indiquer  tous  les  titres.  Dans  celles  qu'on 
connaît,  on  remarque:  1°  Plus  de  douze  années 
entières  de  musique  d'église  pour  tous  les  di- 
manches et  fêtes,  formant  environ  trois  mille 
morceaux  avec  orchestre  ou  orgue.  2°  Qua- 
rante-quatre musiques  pour  la  Passion,  de- 
puis 1722  jusqu'en  1707.  5°  Trente-deux  mu- 
siques inaugurales  pour  des  installations  de 
prédicateurs,  depuis  1728  jusqu'en  1706. 
4"  Trente-trois  solennités  musicales,  appelées 
à  Hambourg  musique  de  capitaine,  composées 
d'une  sonate  pour  instruments  et  d'une  can- 
tate avec  accompagnement,  depuis  1724  jus- 


qu'en 1765.  5°  Vingt  musiques  complètes  de 
jubilé,  de  couronnement    et    d'inauguration 
pour  plusieurs    voix  et   instruments,    depuis 
1723  jusqu'en  1704.6°  Douze  services  funèbres 
complets  pour  des  empereurs,  des  rois  et  pour 
des    personnages   distingués    de    Hambourg. 
7°  Quatorze  musiques  de  mariage.  8°  Beaucoup 
d'oratorios,  parmi  lesquels  se  trouvent  la  Mort 
de  Jésus,  de  Ramier,  la  Résurrection,  par  le 
même,  la  Résurrection  de  Zacharie,  les  Ber- 
gers à  Bethléem,  Israël  délivré,  une  partie  du 
Messie,  le  Jour  du  jugement,  et  le  psaume  71 
en  latin.  9°  Plusieurs  sérénades,  telles  que  le 
Mai,    par    Ramier,    Bon    Quichotte,    etc. 
10°  Quarante  quatre  opéras  pour  les  théâtres 
de   Hambourg,    d'Eisenach    et  de    Bayreuth. 
11°  Plus  de  six  cents  ouvertures  et  symphonies. 
Toutes  ces  compositions  sont  restées  en  manu- 
scrit. De  plus,  Telemann  a  écrit  un  nombre 
immense  de  morceaux  de  chant  et  d'instru- 
ments, dont  il  a  publié  les  suivants  :  12°  Six 
sonates  pour  violon  seul  avec  accompagnement 
de  basse  continue  pour  le  clavecin  ;  Francfort, 
1715,    in-fol.  13°  Bie   Kleine  Kammermu- 
sik,  etc.  (Petite  musique  de  chambre),  consis- 
tant en  six  suites  pour  violon,  flûte  traversière, 
hautbois  et  clavecin  ;  ibid.,  1710.  14°  Six  so- 
natines pour  violon  et  clavecin;  Leipsick,  1718. 
15"  Six  trios  pour  divers  instruments,  ibid., 
1718.  10°  Harmonischer  Gottesdienst,  oder 
yeistliche  Cantaten,elc.(Le  service  divin  har- 
monique,   ou    cantates    spirituelles    sur    les 
épîlres  des  dimanches  et  fêtes,  à  voix  seule  et 
violon,  flûte  ou  hautbois  et  basse  continue); 
Hambourg,  1725,  un  volume  in-fol.  de  près  de 
cinq  cents  pages.  Bel  ouvrage  rempli  d'idées 
neuves  pour  le  temps,  et  intéressant  par  les 
modulations.  Ce  volume  renferme  soixante- 
quatorze  cantates.    17°    Auszug  derjenigen 
musikalischen  und  auf  die  gewœhnlichen 
Evangelia  gerichtete   Arien,    etc.   (Extraits 
d'airs  musicaux  sur  les  évangiles,  etc.,  à  voix 
seule  et  basse  continue);    Hambourg,  1727, 
in-fol.  18°  Ber  Getreue  Musilc-Meister,  etc. 
(Le  maître  de  musique  fidèle,  etc.);  Hambourg, 
1728,  in  fol.  Sous  ce  litre,  Telemann  a  recueilli 
des  airs,   duos,    trios,   etc.,   pour  différentes 
voix,  des  sonates,  ouvertures,  contrepoints, 
fugues  et  canons,  pour  divers  instruments,  di- 
visés en  quatorze  leçons  ou  journées.  19°  So- 
nates pour  deux  flûtes  traversières  ou  deux 
violons  sans  basse;  Amsterdam.  20°  Das  All- 
gemeine  evangelische  musikalische  Lieder- 
buch  (Le  livre  complet  du  chant  évangélique, 
contenant  cinq  cents   mélodies,   parmi   les- 
quelles se  trouvent  beaucoup  d'anciens  cho- 


498 


TELEMANN 


rais,  elc,  suivi  d'une  instruction  sur  la  com- 
position à  quatre  voix,  avec  basse  continue); 
Hambourg,  1750,  in-4°.  21°  Trois  trios  mélo- 
diques et  trois  scherzi  pour  deux  violons  ou 
flûtes  et  basse  continue;   Hambourg,   1731. 
22°  Cantates  sur  des  poésies  joyeuses  pour  so- 
prano, deux  violons,  alto  et  basse  continue. 
23°  Six  sonatines  nouvelles  qu'on  peut  jouer 
sur  le  clavecin  seul,  ou  avec  un  violon  ou  flûte 
et  basse  continue.  24°  Scherzi  melodichi,  per 
divertimento  dicoloro  che  prendono  V  acque 
minerali  in  Pirmonte,  con  ariette  semplici  e 
facili,  a  violino,  viola  e  fondamento  ;  Ham- 
bourg, 1754.  25°  Siebenmal  Sieben  und  eine 
Menuet,  etc.  (Cinquante  menuets  pour  le  cla- 
vecin, et   autres  instruments).  26°  Helden- 
Musik,  oder  12  Marches,  elc.  (Musique  héroï- 
que, ou  douze  marches  pour  deux  hautbois  ou 
violons  et  basse,  dont  six  peuvent  être  accom- 
pagnées par  la  trompette,  et  trois  par  deux 
cors).  27°  Deuxième  suite  de  cinquante  me- 
nuets qui  peuvent  être  joués  aussi  sur  la  flûte 
à  bec.  28°  Ouverture  avec  sa  suite  pour  deu  < 
violons  ou  hautbois,  deux  violes  et  basse  con- 
tinue.29°Six  quatuors  pour  violon,  flûte,  basse 
de  viole  et  basse  continue.  50°  Piombine,  ou 
le  Mariage  mal  assorti,  intermède  à  deux 
voix,  deux  violons  et  basse  continue.  ôl°Singe- 
Spiel-und  Generalbass-Uebungen  (Exercices 
pour  le  chant  et  les  instruments  avec  basse 
continue);  Hambourg  et  Leipsick,  1740,  in-40 
de  quarante-huit  pages.  52°  Jubel-Musik,  etc. 
(Musique  de  jubilé,   consistant  en  deui  can- 
tates dont  la  première  est  pour  une  voix,  et  la 
seconde  pour  deux,  avec  accompagnement  de 
deux  violons,  viole  et  violoncelle);  Hambourg, 
1755.55°À7eùie  Fugen  fiir  die  Orgel  (Petites 
fugues  pour  l'orgue  ou  le  clavecin).  54°  Sonates 
méthodiques  pour  violon  ou  flûte,  avec  basse 
continue.  55°  Deuxième  suite  de  sonates  mé- 
thodiques. 5G°  Trois  suites  de  fantaisies  pour 
le  clavecin,  composées  chacune  de  douze  mor- 
ceaux.  57°    Tafel-Musik,  etc.   (Musique   de 
table,  renfermant  trois  ouvertures,  trois  con- 
certos, trois  symphonies,  trois  quatuors,  trois 
trios  çt  trois  solos).  Les  neuf  premiers  mor- 
ceaux   sont    écrits    pour    sept    instruments. 
58°  Quatuors  ou  trios,  pour  deux  flûtes  ou 
violons  et    deux  violoncelles,  dont   on  peut 
supprimer   un.    Tous    ces  ouvrages    avaient 
para    avant    1735.    Telemann    en  possédait 
alors  beaucoup  d'autres  qu'il  se  proposait  de 
publier.  Par  une  circonstance  heureuse,  je 
suis  devenu   possesseur  d'un  grand  nombre 
de   compositions    manuscrites   de  Telemann 
pour  l'église,   que   l'incendie   de  Hambourg 


a  peut-être  rendues  très-difficiles  à  trouver. 

Au  talent  de  compositeur,  Telemann  unis- 
sait celui  de  poète,  car  il  avait  fait  les  poèmes 
de  plusieurs  opéras  et  cantates  qu'il  mit  en 
musique.  En  1759,  il  se  fit  admettre  au  nombre 
des  membres  de  la  société  musicale  fondée  par 
Mizler.  Il  fournit  à  l'écrit  périodique  de  celui- 
ci,  intitulé  Musikàlische  Bibliothek,  un  nou- 
veau système  des  intervalles  et  du  tempéra- 
ment, qui  a  paru  dans  le  troisième  volume  de 
cet  ouvrage  (en  1752,  page  713).  Ce  morceau  a 
été  publié  de  nouveau  dans  ]es amusements  de 
Hambourg  {Hamburger  Unterhaltungen y 
1707,  t.  3,  avril,  n°  4),  sous  le  titre  de  Der- 
nières occupations  de  G.-Ph.  Telemann.  Le 
système  d'intervalles  et  de  tempérament  de  ce 
maître  a  été  analysé  par  Sorge  dans  l'écrit 
intitulé  :  Gesprxch  zivischen  einem  Musico 
Theoretico  utid  einem  Studioso  musices,  etc. 
(pages  54-G4).  Le  portrait  de  Telemann  a  été 
gravé  par  Preisler,  en  1750,  in-fol.,  et  par 
Lichtenberger,  dans  le  même  format.  On  le 
trouve  aussi  dans  la  bibliothèque  musicale  de 
Mizler,  et  dans  la  bibliothèque  des  beaux-arts, 
tous  deux  in-8°.  On  a  publié  une  notice  bio- 
graphique de  ce  maître  sous  le  litre  : 
G.- P.  Telemann's  Portrait  und  Lebens- 
beschreibung ;  Nuremberg  (sans  date),  in-fol. 

TELEMANN  (Geoi\ges-Michel),  petit-fils 
du  précédent,  naquit  en  1748,  à  Ploen,  dans  le 
Holstein.  Ayant  obtenu  les  titres  de  cantor, 
de  directeur  de  musique  et  de  maître  de  l'école 
de  la  cathédrale  de  Riga,  il  remplit  ces  fonc- 
tions jusqu'à  la  fin  de  ses  jours,  et  mourut  à 
l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans,  le  4  mars  1851. 
Le  premier  ouvrage  qui  le  fit  connaître  a  pour 
titre:  UnterrichtimGeneralbass-Spielen,auf 
der  Orgel  oder  sonst  einem  Clavier -Instru- 
mente (Instruction  concernant  l'accompagne- 
ment de  la  basse  continue  sur  l'orgue  ou  tout 
autre  instrument  à  clavier);  Hambourg,  1775, 
in-4°  de  cent  douze  pages.  Ainsi  que  l'indique 
le  litre,  il  ne  faut  pas  chercher  dans  cet  écrit 
un  système  de  classification  d'accords,  mais 
une  méthode  d'accompagnement  :  c'est  sous  ce 
rapport  un  livre  estimable.  Les   autres  pro- 
ductions de  Telemann  sont  :  1°  Beitrxge  zur 
Kirchen    Musik,    etc.    (Essai    de    musique 
d'église  en  chœurs  spirituels,  chorals  et  fugues 
pour  l'orgue);  Rœnigsberg,  1785,  in-folio,  et 
Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrlel.  2U  Sammlung 
alter  und  neuer  Kirchenmelodien  fiir  das 
seit  dem  J.  1810,  elc.  (Recueil  de  mélodies 
chorales  anciennes  et  nouvelles  pour  le  temps 
de  l'année  1810,  elc.)-;  Riga,  1812,  gr;  in-48. 
5°  Ueber  die  Wahl  der  Mélodie  eines  Kirchen- 


TELEMANN  —  TELLER 


199 


liedes  (Sur  le  choix  d'une  mélodie  pour  un 
cantique);  Riga,  1821,in-8°  de  quatorze  pages. 
Telemann  est  aussi  auteur  d'une  réponse  à 
une  critique  qui  avait  été  faite  de  son  Traité 
de  l'accompagnement,  dans  le  23mc  volume 
de  la  Bibliothèque  générale  allemande,  sous  ce 
litre  :  Beurtheilung  der  in  23  Band  der 
Allgemeinen  deutschen  Bibliothek  befind- 
lichen  Recension  meines  Unterricht  in  Gene- 
ral-bass  spielen;  Riga,  1775,  in-8°.  On  a 
publié  un  éloge  de  ce  musicien,  dans  le  n°  11 
de  la  Rigaischen  Stadtblatter,  18  mars  1831. 
Suivant  le  titre,  cet  éloge  a  été  écrit  par  Tele- 
mann lui-même  (Kurzgefasster  Lebenslauf 
Georg-Michael  Telemann's  Cantoris  in 
Riga,  von  ihm  selbst  entivurfen).  Il  est  ac- 
compagné de  remarques  signées  Theil. 

TÉLÉPHAJVE,  fameux  joueur  de  flûte, 
contemporain  de  Philippe  de  Macédoine  et 
d'Alexandre  le  Grand,  naquit  à  Samos.  Pau- 
sanias  dit  que  l'on  voyait  encore  de  son  temps 
le  tombeau  de  ce  musicien  sur  le  chemin  qui 
conduit  de  Mégare  à  Corinthe.  On  trouve  dans 
YAnthologie  grecque  (lib.  III,  Cap.  VIII, 
épigr.  I)  une  épitaphe  fort  honorable  pour  lui, 
car  elle  le  met  en  comparaison  avec  Orphée, 
Nestor  et  Homère.  La  voici  :  Orphée,  par  sa 
lyre,  a  remporté  le  prixsur  tous  les  mortels; 
le  sage  Nestor  en  a  fait  autant  par  la  dou- 
ceur de  son  éloquence;  le  savant  Homère  a 
eu  ce  même  avantage  par  le  merveilleux  ar- 
tifice de  ses  vers  divins;  et  Téléphone,  dont 
voici  le  tombeau,  s'est  acquis  la  même  gloire 
par  sa  flûte. 

TELIIV  (Guillaume),  seigneur  de  Gulmont 
et  de  Morillonvillers,  naquit  à  Cusset,  en  Au- 
vergne, à  la  fin  du  quinzième  siècle.  On  a  de 
lui  un  livre  intitulé  :  Sommaire  des  sept  ver- 
tus, sept  arts  libéraux,  sept  arts  de  poésie, 
sept  arts  méchaniques  des  philosophies,des 
quinze  arts  magiques,  la  louange  de  la  mu- 
sique, etc.]  Paris,  Galiot  du  Pré,  1533,  in-4°. 
TELLE  (Guillaume),  pianiste  et  composi- 
teur, né  en  Prusse,  vers  1799,  fut  d'abord  atta- 
ché au  théâtre  de  Magdebourg,  en  qualité  de 
chef  d'orchestre,  puis  remplit  les  mêmes  fonc- 
tions à  Dusseldorf  et  à  Aix-la-Chapelle,  où  il 
se  trouvait  en  1829.  On  a  publié  de  sa  compo- 
sition :  1°  Variations  sur  un  thème  allemand 
pour  le  piano,  op.  1  ;  Berlin.  2»  Die  Abende 
der  Terpsichore  (les  Soirées  de  Terpsichore), 
collection  de  danses  pour  le  piano,  op.  2; 
ibid.  3°  Chansons  allemandes  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  5;  ibid.  4°  Sonate 
pour  piano  seul,  op.  4;  ibid.  5°  Polonaises 
pour  piano,  op.  5  ;  ibid. 


TELLE  (Wilhelm),  fils  d'un  maître  de 
ballets  du  théâtre  royal  de  Berlin,  naquit  dans 
cette  ville,  vers  le  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle.  En  1835,  il  était  chef  d'orchestre 
du  théâtre  impérial,  à  Vienne.  En  1844,  on  le 
retrouve  à  Riel,  dans  la  position  de  directeur 
de  musique  du  théâtre.  Il  a  donné,  à  Vienne, 
en  1835,  l'opéra-comique  Bas  Blaue  Barett 
(le  Bonnet  bleu),  et  Raphaël,  opéra  roman- 
tique. Son  opéra  intitulé  Sara  a  été  représenté 
avec  succès  à  Riel,  au  mois  de  juillet  1844,  et, 
dans  l'année  suivante,  à  Cologne  et  à  Leip- 
sick.  Je  n'ai  pas  d'autre  renseignement  sur 
cet  artiste,  qui  n'est  pas  mentionné  par  les  bio- 
graphes allemands. 

TELLEFSEN  (  Tiiomas-Dyke-Acland  ), 
pianiste,  compositeur  et  professeur  de  son  in- 
strument, est  né  à  Dronlheim,  en  Norwége,  le 
26  novembre  1823.  Jusqu'à  l'âge  de  dix-neuf 
ans,  il  a  étudié  pour  être  prêtre,  mais  parvenu 
à  cet  âge,  son  goût  pour  la  musique,  qui  avait 
été  comprimé  par  ses  parents,  l'emporta,  et  il 
abandonna  son  pays  natal  pour  aller  à  Paris 
étudier  le  piano  sous  la  direction  de  Chopin. 
L'amitié  qui  l'unit  alors  à  ce  grand  artiste  ne 
ss  démentit  pas  jusqu'à  la  mort  de  celui-ci 
(1849).  Depuis  lors,  M.  Tellcfsen  a  continué  à 
habiter  Paris  où  il  s'est  livré  à  l'enseigne- 
ment. Il  a  publié  jusqu'en  1863  :  1"  Deux 
concertos  pour  piano  e.1  orchestre;  Paris,  Ri- 
chault.  2°  Sonate  pour  piano  et  violon  ;  ibid. 
5°  Sonate  pour  piano  et  violoncelle;  ibid. 
4°  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle;  ibid. 
5°  Pièces  pour  piano  et  violon  ;  ibid.  6°  Un 
grand  nombrede  pièces  pour  piano  seul,  telles 
que  valses,  mazourkes,  nocturnes,  etc.  ;  ibid. 
Dans  plusieurs  de  ses  compositions,  particu- 
lièrement dans  son  premier  concerto,  dans  le 
scherzo  du  triode  piano  et  dans  ses  mazourkes, 
M.  Tellefsen  s'est  proposé  pour  but  de  repro- 
duire le  caractère  du  chant  populaire  de  son 
pays,  sous  les  formes  de  l'art  régulier. 

TLLLEIl  (Marc),  prêtre  et.  musicien  atta- 
ché à  l'église  Saint-Servais,  de  Maestricht,  vé- 
cut au  commencement  du  dix-huitième  siècle. 
Son  premier  ouvrage,  consistant  en  motels  et 
messes  à  quatre  voix,  a  pour  litre  :  Musica 
sacra,  stylo  plane  italico  et  cromatico  pro 
compositions  amatoribus  ,  eomplectens 
9  motetta  brevia  de  tempore,  et  2  missas 
solemiies;  Augsbourg,  1726,  in-fol.  L'œuvre 
deuxième  de  ce  musicien  ne  fut  publié  qu'après 
sa  mort,  dans  la  même  ville;  il  consiste  en 
quatre  messes  et  quatre  motels  à  quatre  voix 
avec  accompagnement  de  deux  violons,  viole, 
basson  et  basse  continue. 


200 


TELL1ER  —  TENGL1X 


TELLIER  (PiEnnF.  LE),  maître  de  mu- 
sique de  la  cathédrale  de  Châlons,  vers  le  mi- 
lieu du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer 
une  messe  à  quatre  voix,  de  sa  composition, 
sur  le  chant  Domine  qui  habitavit  ;  Paris, 
Robert  Ballard,  1642,  in-folio. 

TEMPELHOF  (Georges-Frédéric  DE), 
lieutenant  général  d'artillerie  au  service  du 
roi  de  Prusse,  naquit  le  17  mars  1737,  dans  le 
Brandebourg.  Après  avoir  fait  ses  études  aux 
universités  de  Francfort  et  de  Halle,  où  il  fit 
de  rapides  progrès  dans  les  mathématiques,  il 
entra  comme  soldat  dans  un  régiment  d'in- 
fanterie, passa  ensuite  dans   l'artillerie,    s'y 
distingua  et  obtint  le  grade  de  lieutenant.  La 
paix  de  1703   lui    permit  de   reprendre    ses 
études  de  mathématiques  à  Berlin,  et  de  se 
lier  avec  les    plus  illustres  savants  dans  ces 
sciences,  tels  qu'Euler  et  Lagrange.  Il  publia 
plusieurs  ouvrages  importants  sur  les  mathé- 
matiques pures  et  appliquées,  et  mérita  l'es- 
time de  Frédéric  le  Grand  et  de  ses  succes- 
seurs,  qui    relevèrent    de  grade    en    grade 
jusqu'à  celui  de  lieutenant  général,  et  lui  ac- 
cordèrent des  lettres  de  noblesse.  Cet  homme 
de  mérite  mourut  à  Berlin,  le  15  juillet  1807. 
Auteur  de  traités   importants  d'analyse,    de 
géométrie,  de  tactique  et  d'artillerie,  il  atta- 
chait sans  doute  peu  d'importance  à  un  opus- 
cule qu'il  publia  sous  le  voile  de  l'anonyme  et 
qui  a  pour  titre  :  Gedanken  iiber  die  Tempe- 
ralur  des  Herrn  Kirnberger,  nebst    einer 
Anweisung  ,    Orgeln  ,    Claviere  ,    Flugel, 
u.  s.  w.  auf  eine    leichte  Art  zu  Stimmen 
(Idées  sur  le  tempérament  de  M.  Rirnberger, 
avec  une  instruction  pour  accorder,  d'une  ma- 
nière facile,  les    orgues,  clavecins,    pianos); 
Berlin  et  Leipsick,  Decker,  1775,  petit  in-8° 
de  trente-sept  pages.  Ce  petit  ouvrage  est  un 
de  ceux  où  la  matière  a  été  traitée  avec  le  plus 
de  profondeur  et  d'idées  originales. 

TEIVAGLIA  (Antoine-Frasçois),  compo- 
siteur de  musique  d'église ,  naquit  à  Flo- 
rence ,  dans  les  premières  années  du  dix- 
septième  siècle,  et  passa  une  grande  partie 
de  sa  vie  à  Rome,  où  il  était  vraisemblable- 
ment attaché  à  quelque  église.  En  16G1,  il 
écrivit,  à  Rome,  la  musique  d'un  opéra  intitulé 
Cleano  (1)  qui  fut  représenté  dans  le  palais 
d'un  grand  personnage  dont  le  nom  n'est  pas 
connu;  car,  à  celte  époque,  il  n'existait  point 

(I)  Le  titre  de  cet  opéra,  indique  Clearco  dans  1j  pre- 
mière édition  de  cette  Biographie, et  la  date  de  lG42,sont 
erronés,  car  Allacci  le  cite,  dans  sa  Dramaturgia, d'après 
le  livret  imprimé  a  Rome  par  Giacomo  Uragoncelli,  en 
1001, iu-12. 


encore   de  théâtre  public   d'opéra   à   Rome. 
TErVDUCCKJusTE-FERDiNASD),  chanteur 
distingué,  né  à  Sienne,  vers  1750,  commença 
à  briller  sur  les  théâtres  d'Italie,  vers  1756,  et 
fut  engagé  pour  l'opéra  italien  à  Londres,  en 
1758;  puis  il  voyagea  en  Ecosse  et  en  Irlande, 
oùil  chanta  dans  l'^rfaserse  de  Ame. En  1765, 
il  retourna  à  Londres.  La  haute  société  de  cette 
ville  s'enthousiasma  pour  le  talent  de  cet  ar- 
tiste qui,  par  vanité,  se  jeta  dans  des  dépenses 
si  excessives,  que  nonobstant  les  sommes  con- 
sidérables qu'il  avait  gagnées,  il  fut  obligé  de 
se  soustraire  par  la  fuite  aux  poursuites  de  ses 
créanciers,  en  1776,  laissant  en  Angleterre  des 
dettes  qui  s'élevaient  à  deux  cent  cinquante 
mille  francs.  Ses  affaires  s'élant  arrangées,  il 
retourna  à  Londres  l'année  suivante,  et  prit  un 
engagement  au    théâtre  anglais   de  Drury- 
Lane,  où  il  chantait  encore  en  1790.  On  a  im- 
primé à  Londres  un  traité  du  chant  (Treatise 
on  Singing),  indiqué  dans  les  catalogues  de 
Longman  et  de  Clementi,  sous  le  nom  de  Ten- 
ducci.  Il  a  publié  aussi  chez  Preston  une  ou- 
verture à  grand  orchestre,  de  sa  composition, 
et  des  airs  qu'il  chantait  aux  concerts  du  Ra- 
nelagh.  Vers  la  fin  de  sa  vie,  il  retourna  en 
Italie,  où  il  mourut  dans  les  premières  années 
de  ce  siècle. 

TEIXGLIN  (Hass),   un  des  plus  anciens 
compositeurs  allemands,  vécut  vers  la  fin  du 
quinzième  siècle  et  au  commencement  du  sei- 
zième. On  trouve  des  pièces  écrites  par  lui  dans 
les  deux  parties  d'un  rarissime  recueil  publié 
par  Georges  Fœrster  (voyez  ce  nom),  avec  une 
préface.  Ce  recueil  a  pour  titre  :  Erster  Theil. 
EinAusszug  guter  alter  und  newer  teutschen 
Liedlein  einer  rechien  teutschen  Art,  au/jf 
allerley  Jnstrumenten  zu  brauchen,  ausser- 
lesen  (Première  partie.  Choix  d'anciennes  et 
nouvelles  bonnes  petites  chansons  allemandes, 
d'un  art  allemand  régulier,  recueillie?   pour 
jouer  sur  toute  espèce  d'instruments);  Nurem- 
berg, J.  Petrejus,  1539.  Der  ander  Theil. 
Aurtzweiliger  gicler  frischer  teutschen  Lied- 
lein zu  singen  vast  lustig  (Deuxième  par- 
tie. Bonnes   petites   nouvelles  chansons  alle- 
mandes, amusantes  à  chanter);  ibid.,  1540. 
Les  autres  anciens  maîtres  allemands  dont  on 
trouve  des  pièces,  à  trois  et  à  quatre  voix,  dans 
celte  collection,  sont  Erasme  Lapicida,  Laurent 
Lemblin,    Etienne  Mahu,  Stœllzer,    Fœrster, 
Senfl,  Sixte  Dietrich,  Isaac,  Benoit  Ducis,  Ar- 
nold de  Bruck,  Sampson,  Georges  Schœnfelder, 
Jean  Wenk  et  Quingz  (?).  Un  exemplaire  de  ce 
précieux  recueil  est  dans  la  Bibliothèque  de 
l'université  de  Jéna. 


TENZEL  -   TERPiADEGLIAS 


20 1 


TEHiZEE  (Guillaume-Eiisest),  philologue 
et  numismate,  naquit  à  Arnstadl,  le  1 1  juillet 
ICi'J.  Après  avoir  achevé  ses  éijiides  à  l'uni- 
versité île  Willcnherg,  il  accepta  la  place  de 
recteur  du  collège  de  Gotha.  Ses  grandes  con- 
naissances dans  l'histoire  de  l'Allemagne  lui 
firent  obtenir,  en  1702,  le  titre  d'historio- 
graphe de  la  maison  de  Saxe.  Il  se  rendit  à 
Dresde,  pour  en  remplir  les  fonctions;  mais 
devenu  l'ohjet  des  railleries  des  courtisans,  à 
cause  de  son  ignorance  des  usages  du  monde, 
il  se  retira  et  vécut  dans  la  pauvreté,  qu'il 
supporta  sans  se  plaindre,  au  milieu  de  ses 
livres.  Cet  estimable  savant  mourut  à  l'âge  de 
quarante-neuf  ans,  le  24  novembre  1707.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages,  on  trouve  une  disser- 
tation intitulée  :  De  veteris  recentisqne  eccle- 
siae  hymno  :  Te  Deum  laudamus  ;  "W'itten- 
berg,  168G.Cetledissertation  a  été  réimprimée 
dans  ses  Exercitationes  selectx  in  duas  partes 
distributx;  Leipsick,  1692,  in-4°.  Tenzel  y 
établit  que  saint  Ambroise  n'est  pas  l'auteur 
du  Te  Deum,  quoiqu'il  reconnaisse  la  haute 
antiquité  de  celte  hymne. 

TERPANDRE,  musicien  et  poëte  grec, 
naquit  à  Anlisse,  ville  de  Lesbos,  suivant  l'au- 
torité d'Etienne  de  Byzance  et  de  Plularque; 
mais  Suidas  assure  qu'il  était  d'Arne  ou  de 
Cume,  villes  de  Béotie.  La  première  opinion 
est  conforme  à  la  chronique  de  Paros,  qui  dit 
que  Terpandre  était  Lesbien,  et  fils  de  Der- 
demé.  On  n'est  pas  d'accord  sur  le  temps  où  il 
vécut;  mais  l'opinion  la  plus  vraisemblable 
est  celle  d'Eusèhe  (Chron.  fol.  122,  edit. 
Amstel.)  et  de  la  chronique  de  Paros,  qui  pla- 
cent ses  triomphes  poétiques  et  musicaux  vers 
la  35e  olympiade,  quoique  Jérôme  de  Bhodes 
le  fasse  fleurir  au  temps  de  Lycurgue  et  de 
Thaïes  (dans  son  livre  Des  Joueurs  de  flûte, 
cité  par  Athénée).  A  l'égard  de  la  grande  ha- 
bileté de  Terpandre  dans  la  musique,  elle  n'est 
contestée  par  aucun  des  écrivains  de  l'anti- 
quité. Il  fut  le  premier  qui  remporta  le  prix  de 
poésie  musicale  aux  jeux  Carniens.  Plutarque 
dit  aussi  qu'il  obtint  quatre  fois  de  suite  le  prix 
de  poésie  et  de  chant  aux  jeux  pylhiques. 
Tout  le  monde  sait  qu'il  calma  une  sédition  à 
Lacédémone  par  des  chanls  mélodieux  accom- 
pagnés de  la  cithare.  Fabricius  donne  une 
longue  liste  des  auteurs  qui  ont  parlé  de  cet 
événement  (Bibl.  grxc,  T.  J,  fol.  235,  edit. 
Hamb.,  1718).  Terpandre  composa  des  airs 
<le  cithare  ou  nomes  auxquels  il  donna  les 
noms  «le  béotien,  éolien,  trochaïque.  aigu, 
cépionien.lerpand rien,tsVaédien et  orlhien. 
Ces  nomes   devinrent  célèbres  dans    louie  la 


Grèce,  et  servirent  longtemps  pour  l'ouverture 
des  jeux  publics.  Il  fit  aussi  des  airs  pour  la 
flûte,  et  les  joua  sur  cet  instrument  en  con- 
cert, avec  d'autres  joueurs  de  flûte,  ainsi  que 
l'atteste  la  chronique  de  Paros  (Marin.  Oxon. 
Epoch.  35,  fol.   1G6).  Plusieurs  auteurs  grecs  , 
disent  que  Terpandre  fut  le  premier  musicien 
qui  monta  la  lyre  de  sept  cordes,  au  lieu  de 
quatre   qu'elle   avait  auparavant.  Lui-même 
semble  l'affirmer  dans  deux  vers  que  Strabon 
et  Euclide  lui  attrihuent,  et  dont  le  sens  est  : 
Pour  nous,  prenant  désormais  en  aversion 
un  chant  qui  n'est  composé  que  de  quatre 
sons,  nous  chanterons  de  nouveaux  hymnes 
sur  la  lyre  à  sept  cordes.  Cependant  Plutarque 
dit,  dans  son  livre  Des  lois  de  Lacédémone, 
que  Terpandre  fut  condamné  à  l'amende  par 
les  éphores  pour  avoir  ajouté  une  seule  corde 
à  celles  dont  la  lyre  était  montée  ;  ce  qui  sem- 
blerait indiquer  que  cet  instrument  en  avait 
déjà  six.    Au  reste,   il  faut  remarquer  que  la 
lyre  des  anciens  musiciens  de  la  Grèce  septen- 
trionale n'était  montée  que  de  quatre  cordes, 
tandis  que  la  cithare  de  l'Asie  Mineure,  de  la 
Troade  et  de   la  Grèce  méridionale  en  avait 
sept  dès  la  plus  haute  antiquité.  Pindare  attri- 
bue à    Terpandre   l'invention   des  scolies  ou 
chansons  bachiques.  Enfind'aulresécrivains  de 
l'antiquité  prétendentqu'il  avait  noté  les  into- 
nations lyriques  de  tous  les  poèmes  d'Homère. 
TERRADEGL1AS    (Dominique-Michel- 
Baunabé),   TERRADELLAS  en   espagnol, 
naquit  à  Barcelone.  Le  jour  de  sa  naissance  est 
ignoré,  mais  on  voit  dans  \esEfemeridesdelos 
musicos  espanoles  de   M.  Ballhasar   Saldoni 
(p.  33),  qu'il  fut  baptisé,  le  15  février  1711,  à 
la  calhedraledecelleville.il  y  fit  ses  premières 
éludes  de  musique  dans  un  couvent.  Son  goût 
passionné  pour  cet  art  lui  faisait  désirer  d'aller 
en  Italie,  afin  d'y  recevoir  les  leçons  d'un  grand 
maître;  un  négociant,  ami  de  son  père,  vint  à 
son  secours  pour  la  réalisation  de  ce  projet,  et 
l'ayant  pris  à  bord  de  son  vaisseau,  le  conduisit 
à  Naples.  Les  recommandations  de  cet  honnête 
marchand  procurèrent  à  Terradeglias  la  pro- 
tection de  l'ambassadeur  d'Espagne,  qui  oblint 
pour  lui  une  place  d'externe  au  Conservatoire 
de  Santo-Onofrio,   dirigé  alors  par  Durante. 
Après  avoir  passé  quelque  temps  sous  la  direc- 
.ion  de  ce  savant  musicien,  il  commença  à  se 
livrer  à  la  composition  dramatique.  Ses  ou- 
vrages eurent  de  brillants  succès  et  le  mirent 
bientôt  en  réputation.  Son  premier  opéra,  joué 
en  1759,  sur  le  grand  théâtre  de  Naples,  fut 
l'y/siorfe  ••  il  y  révéla  un  génie  heureux,  un 
rare    talent  d'expression,  et  un  goût  d'har- 


202 


TERRADEGLIAS  —  TERRY 


monie  plus  vigoureux  que  celui  de  liasse,  dont 
il  semblait  avoir  adopté  I»  manière  pour  les 
mélodies.   Pour   l'énergie  et   le  grandiose,  il 
se  rapprochait  davantage  de  Majo  et  de  Jo- 
melli.  En  1740,  il  écrivit  à  Rome  une  partie 
du  Romolo  de  Latilla,    puis  donna  dans  la 
même  ville  l'Artemisia,  opéra  en  trois  actes, 
ouvrage  remarquable  par  l'invention.  L'Issi- 
file,  joué  en  1742,  à  Florence,  ne  réussit  pas; 
mais  Terradeglias  prit  une  éclatante  revanche 
l'année  suivante  dans  la  Merope,  belle  com- 
position où  le  talent  du  musicien  avait  pris 
tout  son  développement.  Tous  les  titres  des  ou- 
vrages de  Terradeglias  ne  sont  pas  connus;  il 
est  même  vraisemblable  que  nous  n'en  possé- 
dons que  la  plus  petite  partie.  Appelé  à  Lon- 
dres, en  1746,  il  y  donna  le  Mitridate,  dont 
les  airs   furent    gravés    séparément   dans   la 
même  ville;   puis  le  Bellerophon,  opéra  en 
trois  actes,  qui  reçut  le  même  honneur.  L'an- 
née suivante,  il  publia  à  Londres  un  recueil  de 
douze  airs  et  duos  italiens,  en  partition  d'or- 
chestre. Ces  morceaux  sont  extraits  des  opéras 
de  l'auteur  représentés  jusqu'à  cette  époque. 
De  retour  en  Italie,  dans  le  cours  de  l'an- 
née  1747,   Terradeglias   obtint  la    place    de 
maître  de  chapelle  de  l'église  Saint-Jacques- 
des-Espagnols,    à   Rome,  et  depuis  lors  son 
séjour  parait  avoir  été  fixé  dans  cette   ville. 
On  dit  qu'il  y  mourut  de  chagrin  de  la  mau- 
vaise fortune  de  son  Sesostri,  opéra  sérieux, 
joué  à  Rome,  en  1751.  Je  ne  sais  où  l'ancienne 
rédaction  de  la  Gazette  musicale  de  Leipsick 
a  trouvé  une  anecdote  aussi  injurieuse  pour  le 
caractère  que  pour  le  talent  de  Jomelli,  rela- 
tive à  la  mort  de  Terradeglias  (t.  II,  p.  431), 
et  dont  la  fausseté  est  évidente.  Suivant  celle 
version,  l'opéra  du  compositeur  espagnol  au- 
rait eu  un  grand  succès,  tandis  que  celui  de 
Jomelli,  son  rival,  aurait  éprouvé  une  chule 
complète;  mais  le  triomphe  aurait  été  chère- 
ment payé,  car  le  corps  de  Terradeglias  au- 
rait été  trouvé  dans  le  Tibre,  percé  de  coups 
de  poignard.  Le  peuple  romain  aurait  attribué 
sa  mort  à  Jomelli,  et  aurait  fait  graver  une 
médaille  en  l'honneur  de  Terradeglias,  où  il 
était   représenté  dans  un    char  tiré  par  Jo- 
melli, comme  esclave,  et  pour  ne  pas  laisser 
de  doute  sur  la  part  que  celui-ci  aurait  eue  au 
meurtre  de  son  rival,  on  aurait  gravé  au  re- 
vers de  la  médaille  ces  mots  d'un  récitatif  du 
dernier  opéra  de  Jomelli  :  lo  son  capace  ! 
Toute  cette  histoire  est  aussi  fausseqti'odieuse, 
car  Jomelli  continua  d'habiter  paisiblement 
à  Rome  jusqu'en   1754,  c'est-à-dire  pendant 
trois  ans;  ce  qui  aurait  élé  certainement  im- 


possible après  un  tel  éclat.  Terradeglias  a 
laissé  en  manuscrit  une  messe  à  quatre  voix 
avec  orchestre,  et  l'oratorio  Giuseppe  rico- 
nosciutq. 

TERRASSON  (Ahtoire),  né  à  Paris,  le 
1er  novembre  1705,  y  fit  ses  études  et  fut  reçu 
avocat  le  13  mars  1727.  Plus  tard,  il  aban- 
donna le  barreau  pour  se  livrer  aux  travaux 
littéraires.  Tour  à  tour  censeur  royal,  con- 
seiller, puis  chancelier  de  la  principauté  de 
Dombes,  avocat  du  clergé,  en  1753,  et  l'année 
suivante  professeur  au  Collège  de  France,  il 
mourut  à  Paris,  le  30  octobre  1782.  On  a  de 
ce  savant  une  Dissertation  historique  sur  la 
n'elle:  Paris,  1741,  in-12  ;  réimprimée  dans 
ses  Mélanges  d'histoire,  de  littérature,  de 
jurisprudence,  etc.;  Paris,  1708,  in-12.  La 
vielle  était,  à  Paris,  un  des  instruments  à  la 
mode  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle  :  le 
goût  de  Terrasson  pour  cet  instrument  lui  in- 
spirale projet  de  sa  dissertation.  Il  jouait  aussi 
de.  la  flûte  et  de  la  musette. 

TERRY  (Léonard),  né  à  Liège,  en  1817, 
a  fait  ses  études  musicales  au  Conservatoire 
de  celte  ville,  et  y  a  appris  l'harmonie  et  le 
contrepoint  sous  la  direction  de  M.  Daussoigne- 
Méhul,  directeur  de   cet    établissement.    En 
1845,  il  prit  part  au  grand  concours  de  com- 
position  institué  par  le  gouvernement;  il   y 
obtint  le  second  prix  pour  sa  cantate  intitulée 
la  Vendetta.  Cet  ouvrage  a  élé  exécuté  plu- 
sieurs fois  au  théâtre  de  Liège,  avec  des  cos- 
tumes et  des  décors.  M.  Terry  r.  été  aussi  cou- 
ronné à  Rruges,  en  1846,  pour  la  composition 
d'un  chant  de  Victoire,  avec  orchestre.  L'As- 
sociation musicale  de  Liège,  formée  pour  l'exé- 
cution des  grandes  œuvres  de  Haydn,  de  Mo- 
zart et  de  Beethoven,  choisit  M.  Terry,   en 
1849,  pour  en  diriger  l'orchestre  :  il  remplit 
ces  fonctions  jusqu'en  1852,  époque  de  la  dis- 
solution  de   cette    société.  Élève   de  Géraldy 
pour  le  chant,  il  lui  a  succédé  comme  profes- 
seur de  cet  art  au  Conservatoire  de  Liège.  En 
1861,  il  a  élé  appelé  à  la  direction  de  l'orchestre 
du  théâlre  de  cette   ville.  Cet  artiste  a   écrit 
trois  opéras  dont  les  titres  sont  :  1°  Fridolin, 
drame  lyrique  en  un  acte.  2°  Maître  £iochT 
ou  le  Chercheur  de  trésors,  opéra-comique  en 
deux  actes.  3°  La  Zingarella,  opéra-comique 
en  trois  actes.  Il  a  aussi  une  grande  scène  iné- 
dile, intitulée  les  Jeunes  Filles  et  l'Ondine, 
pour  voix  de  soprano  et  orchestre.  Les  autres 
productions  deM. Terry  sont:  dix-huit  choeurs 
pour  des  voix  de  femmes,  dont  six  ont  élé  pu- 
bliées à  Liège,  chez  Goût  ;  douze  mélodies  sui- 
des   textes    français    et    italiens;  Bruxelles, 


TERRY  —  TESI-TRAMONTINI 


203 


Meynne;  environ  quarante  romances  à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  piano,  publiées 
à  Paris,  chez  la  veuve  Lemoine  ;  à  Bruxelles, 
chez  Schott  et  Meynne;  à  Liège,  chez  Goût  et 
chez  Muraille.  M.  Terry  a  beaucoup  de  choses 
de  ce  genre  encore  inédites.  Musicien  instruit, 
il  s'occupe  avec  ardeur  de  la  littérature  musi- 
cale et  a  préparé  la  publication  d'un  livre  qui 
a  pour  titre:  Recherches  historiques  sur  la 
musique  et  le  théâtre  au  pays  de  Liège,  de- 
puis le  onzième  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Au 
moment  où  cette  notice  est  écrite  (1864),  l'ou- 
vrage est  annoncé  comme  sous  presse. 
M.  Terry  a  pris  part  à  la  rédaction  de  la  Tri- 
bune, de  Liège,  et  du  Messager  des  théâtres 
et  des  arts,  de  Paris  ;  il  a  publié,  en  1855,  la 
biographie  du  violoniste  Prume. 

TERZA  (Joseph),  avocat  et  savant  physi- 
cien, né  à  Naples,  en  1751,  est,  auteur  d'un 
opuscule  intitulé  :  Nuovo  systema  del  suono 
(Naples,  in-8°  de  soixante-quatre  pages).  Ce 
petit  ouvrage  est  en  quelque  sorte  le  résumé 
d'un  livre  plus  étendu  que  l'auteur  se  propo- 
sait de  publier,  mais  qui  n'a  point  paru. 
Terza  y  examine  préalablement  les  théories 
diverses  concernant  l'origine  du  son,  et  y  dé- 
veloppe des  connaissances  étendues.  Ses 
propres  idées  concernant  la  formation  du  son 
ont  de  l'analogie  avec  celles  qu'Azaïs  a  ex- 
posées depuis  lors  dans  ses  Lettres  sur  l'acous- 
tique fondamentale  (dans  la  Revue  musi- 
cale, année  1852).  Suivant  l'assertion  du 
marquis  de  Villarosa  (Memorie  dei  composi- 
tori  di  Musica,  p.  215),  Terza  aurait  publié 
son  Nuovo  sistema  del  suono,  à  Paris,  en 
1805,  en  un  volume  in-8°;  je  n'ai  trouvé  au- 
cune trace  de  celte  publication,  également 
inconnue  à  M.  Quérard,  érudit  auteur  de  la 
France  littéraire. 

TERZI  (Jean-Antoine),  luthiste  distingué, 
né  vraisemblablement  à  Bergame,  vers  1580, 
vécut  dans  cette  ville,  et  a  fait  imprimer  un 
recueil  de  pièces  pour  le  luth  sous  ce  titre  : 
Lntavolatura  di  liuto  accomodata  con  di- 
versi  passaggi  per  suonar  in  concerti  a  due 
liuti  e  solo,  libro  primo,  il  quai  contiene  mo- 
tetti,  contrappunti,  canzoni,  etc.  ;  Venise, 
Rie.  Amadino,  1613,  in-4°. 

TERZIANI  (Pierre),  maître  de  chapelle 
de  Saint-Jean  de  Latran,  né  dans  l'État  ro- 
main, vers  1768,  a  fait  ses  études  musicales  à 
Rome  et  à  Naples.  En  1788,  il  a  commencé  à 
écrire  pour  le  théâtre,  et  a  fait  représenter,  à 
Venise,  Ll  Creso,  opéra  sérieux,  qui  fut  suivi 
de  plusieurs  autres  doDt  les  titres  sont  main- 
tenant oubliés.   Après  avoir  voyagé  quelque 


temps  en  Italie,  en  Allemagne  et  en  Espagne, 
il  retourna  à  Borne,  où  il  obtint  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  Saint-Jean  de  Latran, 
au  mois  de  décembre  1816,  après  la  retraite 
deSantucci.  Il  occupait  encore  cette  place  en 

1836.  Terziani  a  écrit  un  nombre  immense  de 
compositions  pour  l'église,  parmi  lesquelles 
on  remarque  :  1°  Onze  messes  à  quatre  voix. 
2°  Trois  messes  à  huit  voix.  3°  Le  psaume 
Confitebor  à  quatre  voix.  5°  Le  même  à  huit 
voix.  6°  Le  psaume  Laudate,  à  quatre  voix. 
7°  Ave  Maria  avec  Alléluia  à  huit  voix. 
8°  Beaucoup  de  graduels.  9°  Des  molets  et  an- 
tiennes :  toutes  ces  compositions  sont  avec 
accompagnement  d'orgue.  10°  Dixit  à  quatre 
voix  et  orchestre.  11°  Autre  idem  à  huit  voix 
et  orchestré.  12°  Lxtatus  sum,  à  quatre  voix 
et  orchestre.  13°  Beatusvir,  à  quatre  voix  et 
orchestre.  14°  Deux  messes  à  quatre  voix  et 
orchestre.  15°  Messe  à  huit  voix  et  orchestre. 
16°  Vêpres  complètes  à  deux  chœurs,  orgue 
et  orchestre.  17°  Litanies  avec  écho  et  orches- 
tre. 18°  Deux  Te  Deum ,  à  quatre  voix  et 
orchestre.  Terziani  a  composé  une  multitude 
de  morceaux  pour  la  plupart  des  églises  de 
Rome. 

Ce  maître  eut  un  fils,  Gustave  Terziani, 
né  à  Vienne,  dans  les  premières  années  du 
dix-neuvième  siècle.  Sa  mère,  Allemande  de 
naissance,  se  nommait  Steinhardt.  Le  jeune 
Terziani  suivit  sa  famille  à  Borne  et  com- 
mença l'étude  de  la  musique  sous  la  direction 
de  son  père,  puis  l'abbé  Baini  devint  son 
maître  de  composition.  Son  début  fut  un 
psaume  à  huit  voix  en  deux  chœurs  composé 
pour  l'église  del  Gesù.  Il  écrivit  ensuite  une 
messe  à  quatre  voix  et  orchestre  pour  l'église 
Saint-Louis  des  Français,  et  l'oratorio  de  Da- 
niel pour  la  Chiesa  nuova.  Cet  artiste  mou- 
rut, à  Rome,  du  choléra,  à  la  fleur  de  l'âge, 
le  51  août  1837.  L'abbé  Gigli,  de  cette  ville,  a 
donné,  dans  le  Giornale  arcadico  d'octobre 

1837,  une  notice  intitulée  :  Memoria  délia 
vita  e  délie  opère  del  giovane  maestro  di  mu- 
sica Gustavo  Terziani. 

TESCHNER  (Gustave- Wilhelm),  pro- 
fesseur de  chant  à  Berlin,  s'établit  dans  cette 
ville,  en  1839,  après  un  long  séjour  en  Italie, 
pendant  lequel  il  étudia  la  méthode  italienne 
de  l'art  du  chant.  On  ne  possède  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste.  Il  a  publié  un 
grand  nombre  de  canzonette  et  de  Lieder,  en 
recueils  et  détachés. 

TESI-TRAMONTINI  (Victoire),  cé- 
lèbre cantatrice,  naquit  à  Florence,  dans  les 
dernières  années  du  dix-septième  siècle.  Rcdi 


20i 


TESI-TRAMONTINI  —  TESSARINI 


(voyez  ce   nom)  fut   son    premier  maître  de 
chant;  puis  elle  se  rendit  à  Bologne,  et  y  con- 
tinua ses  études  vocales  sous  la  direction  de 
Campeggi;  mais  le  désir  de  briller  sur  la  scène 
lui   fit  quitter  l'école  de  ce  professeur  avant 
que  ses  études  fussent  complètement  achevées. 
Elle  débuta  à  Bologne  avec  un  succès  qui  .jus- 
tifia ses  espérances;  puis  elle  parut  sur  divers 
théâtres  où  l'étendue  singulière  et  la  beauté  de 
sa  voix  excitèrent  la  plus  vive  admiration.  En 
1719,  elle  était  à  Venise,  où  elle  chanta  au 
théâtre  S.  Angelo,  pendant  le  carnaval,  dans 
le  Perttimentc  generose  de  Stefano  Andréa 
Fiore,  et  dans  la  même  année,  elle  chanta  à 
Dresde,   à  l'occasion  du  mariage  du  prince 
électoral.  De  retour  en  Italie,  elle  se  fit  en- 
tendre avec   autant   de  succès  qu'avant  son 
voyage  à  Venise, où  elle  chanta,  en  1723,  dans 
la  saison  d'hiver,  au  théâtre  S.  Angelo,  dans  le 
Timocrate  de  Léo.  On  la  trouve  ensuite  à  Flo- 
rence et  à  Naples,  où  elle  était  en  1725.    Ap- 
pelée à  Milan  en  1727,  elle  y  chanta,  pendant 
le  carnaval,  la  Girita  de  Joseph  Vignati;  puis 
elle  alla  à  Parme,  au  printemps  de  1728,  et 
chanta  au  nouveau  théâtre  ducal  dans  \eMedo 
de  Léonard  Vinci.  Au  printemps  de  1731,  elle 
se  faisait  entendre,  au  théâtre  de  Matuezzi 
de  Bologne,  dans  le  Farnace  de  Jean  Porta. 
Adrien  de  Lafage  (voyez  ce  nom)a  trouvé  dans 
les  registres  des  théâtres  de  Naples,  conservés 
aux  archives  de  celle  ville,  que  la  Tesi  fut  en- 
gagée au  théâtre  de  Saint-Charles  de  Naples, 
pour  chanter,  depuis  le  4  novembre  1737  jus- 
qu'à la  fin  du  carnaval,  VOlimpiade  de  Léo. 
Elle  reçut  pour  cet  engagementdeux  mille  huit 
cent  soixante-sept  ducats  napolitains  (environ 
douze  mille  cent  quatre-vingt-quatre  francs). 
Après  1758,  il  y  a  une  lacune  de  dix  ans  dans 
les  renseignements  sur  la  carrière  de  celle  can- 
tatrice ;    c'est   en    1748  qu'on   la   trouve  à 
Vienne. Elleychanla,  Ie4  novembre  1749,dans 
la  Didone  de  Métastase,  mise  en  musique  par 
Jomelli.  A  celte  occasion,  le  célèbre  poêle  écri- 
vait à  la  princesse  Belmonle  :  La  Tesi  è  rin- 
giovinatadi  venV  anni  (La  Tesi  est  rajeunie 
de  vingt  ans)  (1).  Elle  devait  avoir  alors  près  de 
cinquante-cinq    ans.    Burney,     qui   la    vit   à 
Vienne  en  1772,  dit  qu'elle  avait  alors  plus  de 
quatre-vingts  ans  (2);  je  crois  qu'il  la  vieillit  de 
quelques  années,  car  elle  avait  seulement  envi- 
ron cet  âge  lorsqu'elle  mourut,  en  1775,  sui- 
vant les   Notices    hebdomadaires  de  Hiller. 
Victoire  Tesi  a  formé  quelques  élèves,  parmi 

(1)  Metastasio,  Opère  postume,  t.  I,  p.  334. 

(2)  Durney,  Voyages,  t.  II,  p.  27C. 


lesquels  on  remarque  De  Amicis  et  La  Tey- 
ber  (3). 

TESSAHIÎVI   (Charles),  premier  violon 
de  l'église  métropolitaine  d'Urhino,  naquit  en 
1G90,  à  Rimini,  dans  les  États  romains.  Il  y  a 
lieu  de  croire  qu'il  fit  ses  études  à  Rome,  et 
qu'il  reçut  des  conseils  de  Corelli,  car  ses  pre- 
miers ouvrages  sont  une  imitation  fidèle  du 
style  de  ce  grand  violoniste.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  se  fit  bientôt  connaître  par  son  double  talent 
d'exécutant  ei  de  compositeur  :  dès  1724,   il 
était  déjà  célèbre  en  Italie.  Suivant  Burney, 
copié  par  Gerber  et  d'autres,  cet  artiste  serait 
venu  à  Amsterdam,  en  1702  (il  aurait  été  âgé 
alors  de  soixante-douze  ans),  et  y  aurait   fart 
entendre  des    compositions  d'un  genre  tout 
moderne,  très-différent  du  style  de  ses   pre- 
mières productions.   Je  ne   crois  pas  à  cette 
anecdote,  et  je  pense  qu'elle  n'a  d'autre  fonde- 
ment que  la  publication  dans  celte  même  an- 
née, à  Amsterdam,  de  deux  œuvres  de  con- 
certos,   et  d'une    traduction  française  d'une 
méthode  de  violon,  d'après  un  manuscrit  de 
Tessarini,  en  langue  italienne.  On  connaît  de 
cet  artiste  :  1°  Sonate  per  due  violini  e  basso, 
con  un  canone  in  fine;  Amsterdam,  Roger, 
Paris,  Leclere.  2°  Sonate  a  due  violini,  Ub.  I 
et  II;  ibid.  5"  Dodici  concertini  a  violino 
principale,  due  violini  di  ripieno,  violelta, 
violoncello,  et  basso  continuo  per  organoo 
cembalo  ;  ibid.  4°  Dodici  sonate  a  violino 
solo,e  basso  per  organo  ;  Paris,  Venier.5°«Se» 
divertimenti  a  due  violini,  lib.  II. 6"  L'Arle 
di  nuova  modulazione,  ossia  concerti  grossi 
a  violino  principale,  due  violini  di  concerto, 
due  violini  di  ripieno,  violetta,  violoncello  e 
basso  continuo  per  organo;  Amsterdam  et 
Paris,  1762.  Le  premier  titre  de  cet  œuvre  lui 
a  élé  donné  par  l'éditeur,  à  l'imilalion  d'un 
ouvrage  de  Localelli  (voyez  ce  nom).  7°  Con- 
trasto  armonico,  ossia  concerti  grossi  a  vio- 
lino principale,  elc;  ibid.  8°  Nouvelle  mé- 
thode pour   apprendre  par  théorie,  dans   un 
mois  de  temps,  à  jouer  du  violon,  divisée  en 
trois  classes,  avec  des  leçons  à  deux  violons 
par  gradation;   Amsterdam,    1762.    Cet  ou- 
vrage est  la  traduction  de  celui  dont  l'auteur 
a  répandu  des  copies  sous  ce  titre  :  Gramma- 
lica  dimusica,  divisa  in  due  parti  per  im- 
parare   in  poco  tempo  a    suonar    il   vio- 
lino, elc.  Il  y  en  a  une  traduction  anglaise  inti- 
tulée :  An  accurate  method  to  attain  thc  art 

(3)  M.  Farrenc  a  bien  voulu  me  fournir  une  parue 
des  renseignements  pour  celle  notice;  ils  sont  tirés 
particulièrement  de  livrets  d*opcras  e(  conséquenimcnt 
authentiques. 


TESSARINI  -  TESTORI 


i:o3 


of  playing  theviolin.  La  méthode  de  Tessa- 
rini  est  toule  pratique  :  elle  est  composée 
d'exercices,  d'études,  de  sonatines,  et  l'on  n'y 
trouve  que  peu  de  préceptes. 

TESSIER  (Charles),  né  à  Pézénas,  vers 
le  milieu  du  seizième  siècle,  fut  attaché  à  la 
chapelle  de  Henri  IV,  roi  de  France.  Il  fit  un 
voyage  en  Angleterre  et  y  publia  quelques  airs 
de  sa  composition,  sous  ce  titre  :  Le  premier 
livre  des  chansons  et  airs  de  cour,  tant  en 
français  qu'en  italien  et  gascon,  à  quatre  et 
cinqparties;Londres,  Thomas  Este,  1597,in-4u' 

TESTA  (Dominique),  abbé,  né  en  1746,  à 
San-Vilo,  près  de  Palestrina,  fut  d'abord  pro- 
fesseur de  philosophie  dans  celte  ville,  puis  à 
Rome,  depuis  1774  jusqu'en  1786.  Dans  cette 
dernière  année,  il  se  rendit  à  Milan  pour  y 
enseigner  la  physique  et  les  mathématiques, 
puis  la  philosophie.  Devenu  ensuite  secré- 
taire du  nonce  à  Paris,  il  courut  risque  de 
perdre  la  vie  dans  les  troubles  de  la  révolu- 
tion. De  retour  à  Milan,  il  y  reprit  sa  chaire. 
En  1804,  il  accompagna  le  pape  Pie  VII  à 
Paris.  Exilé  en  Corse,  dans  l'année  1810,  il  ne 
retourna  à  Rome  qu'en  1814.  Il  y  devint  alors 
secrétaire  des  brefs  et  protonotaire  aposto- 
lique. Ce  prélat  est  mort  en  1852,  à  l'âge  de 
quatre- vingt-six  ans.  Au  nombre  de  ses  ou- 
vrages, on  trouve  une  dissertation  intitulée  : 
Délia  contemporanea  propagazione  e  perce- 
zione  di  diversi  suoni,  etc.  (De  la  propaga- 
tion et  de  la  perception  simultanée  de  sons 
différents);  Milan,  1787,  in-4°.  Mairan 
(voyez  ce  nom)  avait  déjà  tenté  de  résoudre 
une  partie  du  problème  difficile  contenu  dans 
ce  sujet;  mais  il  l'avait  traité  en  physicien; 
l'abbé  Testa  établit  dans  son  mémoire  qu'il  en 
faut  chercher  l'explication  non  dans  la  phy- 
sique, mais  dans  la  psychologie,  et  il  déve- 
loppe celle  opinion  avec  beaucoup  de  talent. 
Ce  morceau  a  élé  traduit  en  français  dans  le 
Recueil  de  pièces  intéressantes,  concernant 
les  antiquités,  les  beaux-arts,  les  belles-let- 
tres et  la  philosophie,  traduites  de  différentes 
langues;Taris,  1788(1.  III, p.  167etsilivantes). 

Un  ecclésiastique  napolitain,  nommé  Pros- 
peroTesta,  futun  compositeur  de  la  fin  du  sei- 
zième siècle.  Il  vivait  à  Naples,  en  1601  (voyez 
Délia  prattica  musica,  de  Cerrelo,  p.  156). 

TESTART  (Etienne),  maître  des  enfants 
de  chœur  de  la  Sainte-Chapelle  du  palais,  à 
Paris,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  obtint  au  concours  ouPuy  de  musique 
d'Évreux,  en  1578,  le  premier  prix  de  l'orgue 
d'argent,  pour  la  composition  du  motet  Cœ- 
ciliaui  intra  cubiculum. 


TESTE  (J. -Alphonse),  professeur  de  mu- 
sique à  Paris,  n'est  connu  que  parles  ouvrages 
suivants  :  1°  Nouveau  cours  d'études  musi- 
cales et  de  chant  élémentaire  ;  Paris  (chez 
l'auteur),  1844,  in-8°  de  quatre-vingt-seize 
pages,  avec  soixante-quatre  planches  de  musi- 
que. 2°  Solfège  géant  à  l'usage  des  cours  de 
musique;  Taris,  Frank,  184'J,  in-8°de  quatre 
pages,  avec  un  grand  appareil  mécanique, 
pour  la  formation  des  gammes  et  l'emploi 
de  tous  les  signes.  Cet  appareil  était  d'un  prix 
élevé,  qui  a  empêché  le  succès  de  la  mé- 
thode. 

TESTORE  (Guillaume),  compositeur  ita- 
lien, du  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  des 
Madrigali  a  cinque  voci.  Libro  primo  ; 
Fenetia ,  appresso  Claudio  da  Correggio 
et  Fausto  Bethamo  compagni,  1566,  in -4° 
obi. 

TESTORI  (Charles-Jean),  né  à  Verceil, 
dans  le  Piémont,  en  1714,  fut  d'abord  profes- 
seur de  violon,  puis  obtint  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  l'église  Saint-Eusèbe,  dans  sa 
ville  natale,  en  1764.  Il  mourut  en  1782,  à 
l'âgedesoixanle-huit  ans. La  musique  d'église 
de  sa  composition,  qu'il  a  laissée  en  manu- 
scrit, est  peu  estimée.  Ce  musicien  n'est 
connu  que  par  un  livre  dont  les  différentes 
parties  ont  élé  publiées  dans  cet  ordre:  1°  La 
musica  ragionata  espressa  famigliarmenle 
in  dodicipassegiate  a  dialogo  ;  opéra  per  cui 
si  giungera  più  presto,  e  con  soddisfazione 
dagli  sludiosi  giovani  all'acquislo  delvero 
contrappunto;  Fercelli,,  presso  G.  Pania- 
lis,  1767,  in-4°  de  cent  cinquante  et  une 
pages  et  vingt-deux  planches.  2°  Primi  ru- 
dimenti  délia  musica  e  supplemento  alla  mu- 
sica ragionata  in  sette  passegiate,  libro  se~ 
condo;  ibid.,  1771,  in-4°  de  soixanle-dix 
pages  et  six  planches.  5°  Supplemento  alla 
musica  ragionata,  passegiate  sei,  libro 
terzo  ;  ibid.,  1773,  in-4°  de  quarante-deux 
pages,  avec  huit  planches.  4°  L'arte  di  scri- 
vere  a  otto  reali,  e  supplemento  alla  musica 
ragionata,  libro  quarto;  ibid.,  1782,  in-4°de 
cinquante-six  pages  et  vingt-neuf  planches. 
Testori  est  le  seul  auteur  italien  qui  ait  adopté 
la  doctrine  de  Rameau. 

TESTORI  (Charles-Joseph),  luthier  pié- 
montais,  né  à  Novare,  fut  élève  d'Acevo.  Il 
s'établit  à  Milan,  vers  1687,  et  commença  à 
travailler  dans  celte  même  année;  mais  il 
mourut  jeune  encore,  car  ses  derniers  violons 
sont  datés  de  1702.  Ses  instruments  ne  sont 
pas  communs.  On  les  range  dans  le  troisième 
ordre. 


206 


TESTORI  —  TEWKESBURY 


TESTORÏ  (Charles-Antoine),  fils  du  pré- 
cédent, né  vers  1675,  fut  élève  de  son  père  et 
lui  succéda.  On  connaît  de  lui  des  violons, 
violes  et  basses  fabriqués  dapuis  1700  jus- 
qu'en 1730. 

TESTORI  (Paul-Antoine),  second  fils  de 
Charles-Joseph,  se  fit  aussi  connaître  dans  la 
lutherie.  Il  travailla  d'abord  avec  son  frère; 
mais  il  s'en  sépara  vers  1710,  et  produisit  un 
nombre  assez  considérable  d'instruments  fa- 
briqués jusqu'en  1754.  Il  avait  de  la  réputa- 
tion pour  les  luths,  lliéorbes  et  guitares.  On  a 
aussi  des  violons  sortis  de  son  atelier. 

TETAMATfZI  (le  P.  François-Farrice), 
religieux  cordelier,  né  à  Milan,  vers  1650,  fit 
ses  vœux  au  couvent  de  celte  ville  et  y  passa 
toute  sa  vie.  Il  est  auteur  d'un  traité  du  plain- 
chant,  qui  a  pour  litre  :  Brève  tnetodo  per 
apprendere  fondatamente  e  ton  facilita  il 
canto  fermo,  diviso  in  tre  libri,  etc.,  in  Mi- 
lano,  1686,  in-4°  de  cent  quarante-neuf  pages. 
Une  deuxième  édition  de  ce  livre  a  été  impri- 
mée dans  la  même  ville,  par  Fr.  Agnelli,  en 
1726,  in-4°de  cent  cinquante-cinq  pages,  et 
une  troisième  a  paru  en  1756,  chez  Galeazzi, 
in-4°  de  cezt  cinquanle-six  pages.  L'édition 
de  1636,  citée  par  Forkel  dans  la  Littérature 
générale  de  la  musique,  n'existe  pas  ;  celle 
dale  est  une  faute  d'impression .  M.  C.-F.  Becker 
s'est  trompé  (Syttem.  Chronol.  Darstellung 
der  musikal.  Literatur,  page  308),  en  consi- 
dérant cette  édition  comme  véritable;  et  de 
plus  il  a  supDOjé  une  édition  de  Rome,  1685, 
qui  n'existe  pas,  trompé  par  l'indication  de 
l'approbation  donnée  à  l'ouvrage  par  le  géné- 
ral de  l'ordre  des  cordeliers,  et  datée  de  Rome, 
le  10  août  de  cette  année.  Lichtenthal  lui  avait 
fourni  celte  date  dans  sa  Bibliografia  délia 
musica  (tome  IV,  page  129).  Les  termes  de 
l'approbation  même  prouvent  que  l'édition  de 
Milan,  1686,  est  la  première. 

TEULE  (Jules-Charles),  médecin  et  doc- 
teur es  sciences,  de  Paris,  s'est  fait  le  défen- 
seur du  système  d'enseignement  de  la  musique 
de  Galin  et  de  ses  successeurs  dans  un 
opuscule  intitulé  :  Exposition  du  système  de 
l'écriture  musicale  chiffrée,  suivie  d'une  note 
sur  la  comparaison  des  tons;  Paris,  Arlhus- 
Bertrand,  1842,  in  8°  de  trente-six  pages,  avec 
deux  planches. 

TEVO  (le  P.  Zacharie),  moine  franciscain, 
n'est  pas  né  (comme  il  est  dit  dans  la  première 
édition  de  celte  Biographie, d'après  le  portrait 
de  ce  religieux,  placé  en  léte  de  son  livre),  à 
Sacco,  village  près  de  Roveredo,  en  1656  ou 
1657,  car  M.  Jean -Baptiste  Candotli,  mailre 


de  chapelle  à  Cividale  (Frioul),  a  fait  des  re- 
cherches sur  ce  même  moine,  àPiove  di  Sacco, 
chef-lieu  de  district  dans  la  province  de  Pa- 
doue,  et  y  a  découvert  l'acte  de  naissance  de 
Tevo,  duquel  il  résulte  qu'il  naquit  dans  ce 
lieu,  le  16  mars  1651,  et  qu'il  fut  baptisé,  le 
25  du  même  mois,  à  la  paroisse  S.  Nicolo  (1). 
La  légende  de  son  portrait  et  les  pièces  limi- 
naires du  livre  qu'on  a  de  ce  religieux  font 
voir  qu'il  était  bachelier  en  théologie,  profes- 
seur de  musique,  et  qu'il  vivait  au  couvent  des 
cordeliers  de  Venise,  dans  les  premières  an- 
nées du  dix-huitième  siècle.  Il  est  auteur  d'un 
traité  général  de  musique  intitulé  :  Il  Musico 
Testore;  Fenezia,  1706,  appresso  Ant.  Bor- 
toloni,  un  volume  in-4°  de  trois  cent  trente- 
six  pages.  Ce  titre  signifie  littéralement  le  Tis- 
serand musicien.  L'auteur  l'explique  dans  le 
premier  chapitre  de  la  première  partie  de  son 
livre,  disant  qu'ayant  extrait  tout  ce  qu'il  en- 
seigne concernant  l'art  et  la  science  de  la  mu- 
sique, des  livres  des  meilleurs  auteurs,  il  en  a 
formé  un  tissu  d'érudition  musicale.  Il  fait 
preuve,  en  effet,  dans  cet  ouvrage  d'une  lec- 
ture immense;  de  plus,  il  y  montre  un  esprit 
lucide  et  méthodique.  Le  Musico  Testore  est 
divisé  en  quatre  parties.  Dans  la  première, 
Tevo  traite  longuement,  suivant  la  mode  de 
son  temps,  de  la  nature  de  la  musique,  de  son 
invention,  de  sa  division,  etc.  La  seconde 
partie  est  relative  aux  organes  de  la  voix  et  de 
l'ouïe,  à  la  notation,  à  la  gamme,  aux  inter- 
valles, à  la  solmisation  et  à  la  mesure.  Bans 
la  troisième,  il  traite  avec  profondeur  de 
l'harmonie,  considérée  sous  le  rapport  de  l'art 
d'écrire. Enfin,  la  quatrième  partie  est  relative 
aux  diverses  formes  de  contrepoints. 

TEWKESBURY  (Jean  DE),  vraisembla- 
blement ainsi  nommé  parce  qu'il  était  né  à 
Tewkesbury,  ville  du  comté  de  Glocesler,  fut 
récollet,  et  vécut  à  Oxford,  vers  la  fin  du  qua- 
torzième siècle.  Il  est  indiqué  comme  auteur 
d'un  traité  de  musique,  en  cent  vingt-quatre 
pages  in-folio,  dans  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque Bodléienne.  Cel  ouvrage  est  intitulé  : 
Quatuor  principalia  arlis  musiez.  Un  aver- 
tissement, placé  après  la  table  des  matières,  fait 
voir  que  ce  livre  a  été  présenté  par  Jean  de  Tew- 
kesbury aux  moines  de  son  ordre,  du  couvent 
d'Oxford,  en  1388. Toutefois  plusieurs  écrivains 
anglais  onlattrihué  l'ouvrage  dont  il  s'agit  à 

(1)  Voici  les  expressions  mêmes  du  registre  de  cette 
église  :  Zaccaria  figlio  diZuamie  Tevo  e  diZuanna  sua 
consorle  delta  contraria  diS.  tVicolo  è  nato  il  16  e  Imiii- 
salo  il  23  marzo  1651.  (Voyez  la  Gazella  musicale  di 
Milano  de  1834,  C  août,  p.  233.) 


TEWKESBURY  —  THALBERG 


207 


Jean  llamboys,  à  Jean  Torksey  et  à  Simon 
Tunstede  (voyez  ces  noms),  auteurs  d'autres 
traités  de  musique.  Burney  penche  pour  ce 
dernier {b General  Ifistory  of  Music,  tome  II, 
page  595);  toutefois  il  ne  résout  pas  la  ques- 
tion. 

TEYBER  (Antoine).   Voyez  TAYBER. 

TEYBER  (François).  Voyez  TAYBER. 

TEYBER  (Elisabeth),  cantatrice,  appelée 
TEURERIIV,  par  Gerber  (Lexik.  der  Ton- 
Iciinstler),  et  TjEUBERIN,  par  Forkel 
(Almanach  mus.  de  1785,  page 74),  naquit  à 
Vienne,  vraisemblablement  vers  1748.  Elle 
était  fille  d'un  violonisîe  de  talent,  attaché  à 
la  chapelle  impériale.  Son  éducation  vocale 
•  fut  dirigée  par  la  célèbre  cantatrice  Tesi  et  pai- 
llasse (voyez  ces  noms).  D'abord  engagée  à  la 
chapelle  du  prince  Esterhazy,  elle  y  reçut 
aussi  des  conseils  de  Haydn.  En  1769, Elisabeth 
Teyber  était  à  Naples  et  y  obtenait  de  brillants 
succès.  Gerber,  qui  fournit  les  éléments  de 
celte  notice,  dit  que  cette  cantatrice  se  rendit 
ensuite  à  Pétershourg,  et  que  le  climat  de  la 
Bussie  exerça  une  influence  si  lâcheuse  sur 
son  organe  vocal,  que,  quand  elle  revint  en 
Allemagne,  les  médecins  lui  interdirent  pour 
toujours  l'exercice  du  chant.  Le  biographe  al- 
lemand n'indique  pas  les  dates  de  cette  période 
de  la  vie  de  l'artiste.  Un  second  voyage  en 
Italie  et  le  séjour  prolongé  qu'elle  y  fit,  lui 
rendirent  la  santé  et  l'ancien  éclat  de  sa  voix. 
De  retour  à  Vienne,  elle  fut  attachée  à  l'Opéra 
allemand  de  la  porte  d'Italie.  On  voit,  par  les 
annuaires  de  théâtres,  qu'elle  y  chantait  pen- 
dant les  années  1787  et  1788.  On  n'a  pas  de 
renseignements  sur  les  époques  de  sa  retraite 
et  de  sa  mort. 

THABET  ou  TIIABIT  ben  Corrah,  ben 
Haroun,  célèbre  philosophe,  mathématicien  et 
médecin  arabe,  naquit  à  Harran,  dans  la  Mé- 
sopotamie, l'an  221  de  l'hégire  (855  de  l'ère 
chrétienne),  et  mourut  en  288  (900).  Il  fut 
élève  de  K.indi  (voyez  ce  nom),  et  appartint  à 
la  secle  des  saducéens.  Savant  dans  les  langues 
grecque,  syriaque  et  arabe,  il  a  composé  un 
nombre  immense  d'ouvrages  dont  on  peut  voir 
la  liste  dans  la  Bibliothèque  de  Cassiri  (t.  I, 
p.  556  et  suiv.).  Parmi  ces  ouvrages,  il  en  est 
trois  qui  traitent  spécialement  de  la  musique. 
Le  premier  a  pour  litre  :  Le  grand  livre  de 
la  musique  en  deux  discours  ;  le  second  est 
intitulé  :  Le  petit  livre  de  la  musique  en 
quinze  articles;  enfin,  le  dernier  est  une  Ln- 
troduction  dans  la  science  de  la  musique. 
Celui-ci  fut  écrit  originairement  en  syriaque, 
par  Thabct,  qui  le  traduisit  ensuite  en  arabe. 


Les  manuscrits  de  ces  divers  traités  sont  à  la 
Bibliothèque  de  l'Escurial  (Espagne). 

THALBERG    (Sigishond),    pianiste    cé- 
lèbre, fils  naturel  du  prince  M..  D et  de  la 

baronne  de  W ,  est  né  à  Genève,  le  7. jan- 
vier 1812.  Après  avoir  passé  ses  premières 
années  sous  les  yeux  de  sa  mère,  femme  spi- 
rituelle et  distinguée,  il  fut  conduit,  fort  jeune 
encore,  à  Vienne,  où  commença  son  éducation 
musicale.  Son  biographe  allemand  dit  qu'il 
reçut  des  leçons  de  Sechter  et  de  Ilummel; 
mais  lui-même,  dans  nos  conversations,  n'a 
avoué  pour  son  maître  de  piano  que  le  pre- 
mier basson  du  théâtre  impérial.  Le  même 
biographe  assure  qu'un  travail  infatigable  a 
conduit  Thalberg  au  talent  admirablequi  a  fait 
sa  réputation  ;  mais  en  ceci  encore  il  est  con- 
tredit par  l'artiste,  qui  prétend  avoir  acquis 
son  talent  sans  effort.  Quoi  qu'il  en  soi',  ce 
talent  se  manifesta  de  bonne  heure,  car  Thal- 
berg n'élait  âgé  que  de  quinze  ans  lorsqu'il 
commença  à  fixer  sur  lui  l'attention,  dans  les 
salons  et  dans  les  concerts.  A  seize  ans,  il 
publia  ses  premières  productions,  considérées 
plus  tard  par  lui  comme  des  bagatelles,  mais 
où  l'on  voyait  l'indication  fugitive  de  !a  pensée 
qu'il  a  développée  depuis  lors,  et  qui  caracté- 
rise son  style.  Pour  quiconque  connaît  Thal- 
berg comme  pianiste  et  comme  compositeur, 
il  n'est  pas  sans  intérêt  d'examiner  son  Mé- 
lange sur  les  thèmes  d' Euryanthe  (œuvre  1er), 
sa  fantaisie  sur  un  air  écossais  (op.  2),  et  l'im- 
promptu sur  des  motifs  du  Siège  de  Corintlte 
(op.  5).  Ces  morceaux  parurent  à  Vienne,  en 
1828.  Deux  ans  après,  il  fil  un  premier  voyage 
en  Allemagne  pour  y  donner  des  concerts.  Les 
journaux  de  cette  époque  commencèrent  à  faire 
retentir  son  nom.  Il  avait  écrit  pour  ce  voyage 
son  concerto  de  piano  (œuvre  5);  mais  la  na- 
ture n'a  pas  paru  avoir  destiné  le  célèbre  ar- 
tiste à  une  autre  spécialité  que  celle  qui  lui  a 
fait  une  immense  renommée.  En  examinant 
avec  attention  ce  concerto,  on  voit  que  ce  genre 
de  musique  n'est  pas  le  sien;  que  les  formes 
classiques  le  contraignent,  et  que  l'orchestre 
le  gêne.  Ses  vues  se  tournaient  dès  lors  vers 
le  développement  de  la  puissance  sonore  du 
piano,  vers  les  combinaisons  d'effets  divers,  et 
surlout  vers  une  nouveauté  dont  le  mérite 
d'invention  lui  appartient,  bien  qu'on  ait  es- 
sayé de  le  lui  contester.  L'ancienne  école  des 
pianistes  se  divisait  en  deux  catégories  princi- 
pales, savoir  :  celle  des  pianistes  brillants,  tels 
queClementi  et  sesélèves,et  celle  des  pianistes 
harmonistes,  comme  Mozart  et  Beethoven. 
Chacune  de  ces  écoles  se  subdivisait  en  plu- 


SOS 


THALBERG 


sieurs  nuances    qui    tendaient  à    rapprocher 
l'une  de  l'autre  les  deux  souches  principales  ; 
ainsi,  Dussek, guidé  par  son  instinct  national, 
tendait  vers  l'école  harmonique,   bien    qu'il 
écrivît  incorrectement,   et  quoiqu'on   dut   le 
considérer  comme  appartenant  à  l'école  des 
pianistes  brillants.  Plus  lard,  Kalkbrenner,  un 
des  chefs  de  cette  école,  suivit  la  même  direc- 
tion. D'autre  part,  Hummel,  puis  Moschelès, 
pianistes  de  l'école  harmonique,  donnèrent  à 
leurs  compositions  plus  de  brillant  que  Mozart 
et  Beethoven.  Mais  dans  l'une  et  dans  l'autre 
école,  on  remarque  que  le  chant  et  l'harmonie 
d'une  part,  et  les  traits  brillants,  de  l'autre, 
sont  toujours  séparés,  et  que  ces  deux  parties, 
qui  constituent  la  musique  de  piano,  n'appa- 
raissent que  chacune  à  leur  tour,  et  dans  un 
ordre  à  peu  près  symétrique.  Dans  les  traits 
brillants  des  deux  écoles,  ce  sont  les  gammes 
qui  dominent  :  les  arpèges  n'y  apparaissent 
que  de  loin  en  loin,  et  dans  des  formes  à  peu 
près  toujours  semblables.  Dans  l'une  et  dans 
l'autre  école,  le  virtuose  ne  se  sépare  pas  du 
musicien;  la  pensée  et  la  forme  restent  tou- 
jours les  conditions  suprêmes.  Vers  1830,  il  y 
eut  une  sorte  de  révolte  des  virtuoses  contre  la 
domination  de  la  musique  :  aux  conditions  de 
celle-ci  succéda  la  nécessité  de  briller  par  la 
dextérité,  et  de  faire  bon  marché  de  la  forme 
et  de  la  pensée,  pourvu  que  l'artiste  exécutant 
eût  de  quoi  faire  naître  l'élonnement  et  l'ad- 
miration par  son  habileté.  Mais  pour  que  ce 
programme  pût  être  réalisé,  il  fallait  entrer 
dans  un  ordre  nouveau  de  difficultés  vaincues, 
et  sortir  du  domaine  des  gammes,  épuisé  par 
un     long    usage.    C'est    dans    ces     circon- 
stances que  s'ouvrit  la  carrière  de  Thalberg, 
et  qu'il  conçut  la  pensée  de  réunir  dans  un 
même  cadre  la  mélodie  et  les  traits  brillants 
qui  devaient  lui  servir  d'accompagnement.  Les 
formes  nouvelles  qu'il  imagina  pour  varier  les 
arpèges  destinés  à  cet  effet,  l'ampleur  du  son 
qu'il  lirait  du  piano,  et  l'adroit  usage  des  pé- 
dales, donnèrent  une  apparence    magique  à 
celte  innovation,  etlorsqu'on  entendit  l'artiste, 
dans  ses  premières  exhibitions,  jouer  quelques- 
uns  des  morceaux  qu'il  avait  combinés  pour  le 
plus  grand  développement  possible  des  res- 
sources de  cette  musique  d'effet,  par  exemple 
la  fantaisie  sur  les  thèmes  de  Moïse,  les  pia- 
nistes virtuoses  eux-mêmes  se  persuadèrent, 
au  premier  aspect,  que  d'immenses  difficultés 
s'y  trouvaient  réunies;  mais  quand  Thalberg 
eut  divulgué  son  secret  en  publiant  sa  musique, 
les  procédés  de  combinaison  qui  avaient  causé 
tant  d'éblouissemenls  parurent  fort  simples, 


et  Ton  fut  étonné  d'entendre  des  élèves  assez 
peu  avancés  jouer  cette  musique  dont  les  diffi- 
cultés apparentes  avaient  produit  de  si  puis- 
santes émotions.  Alors  tous  les  pianistes  s'em- 
parèrent de  ces  moyens  faciles  d'effet,  et  de  ce 
qui  avait  été  chez  l'inventeur  une  œuvre  d'in- 
lelligence  et  de  sentiment,  les  imitateurs  firent 
un  lieu  commun  dont  la  monotonie  incessante 
finit  par  amener  le  dégoût.  On  ne  se  contenta 
pas  de  s'emparer  de  la  création  de  Thalberg, 
car  on  lui  en  contesta   la   propriété.  Suivant 
l'opinion  de  quelques  critiques,  il  l'aurait  em- 
pruntée à  Beethoven.  Quelque  soin  que  j'aie 
mis  dans  mes  recherches  pour  vérifier  celle  as- 
sertion, je  n'ai  rien  découvert  qui  la  justifie, 
à  moins  qu'on  n'ait  voulu  parler  de  l'adagio  de 
la  deuxième  sonate  de  l'œuvre  31   :   mais  ce 
n'est  qn'un  effet  de  croisement  de  mains.  La 
critique  a  usé  de  ses  droits  à  l'égard  de  l'in- 
venteur de  ce  style,  et  a  tempéré  l'éclat  de  ses 
Iriomphes.  Elle  lui  a  aussi  reproché  de  re- 
produire à  peu  près  les  mêmes  formes,  sinon 
les  mêmes  moyens,  dans  tous  ses  ouvrages,  et 
d'avoir  fait  du  piano  quelque  chose  d'excep- 
tionnel, en  quelque  sorte  en  dehors  de  la  mu- 
sique. La  satiélé  des  retours  permanents  des 
mêmes  formes  et  des  mêmes  procédés  a  fati- 
gué le  goût  du  public.  On  ne  peut  nier  qu'il  y 
ait  de  la  monotonie  dans  ce  retour  fréquent 
des  mêmes  dispositions  d'idées,  dans  ce  cadre 
où  la  progression  de  l'effet  suit  toujours  la 
même  voie,  et  arrive  à  des  résultats  à  peu  près 
identiques,  ou  du  moins  analogues.  Ce  que 
Thalberg  a  ajouté  aux  ressources  du  piano  est 
sans  doute  quelque  chose  de  réel  et  de  très- 
considérable  :  l'auteur  de  cette  notice  a  élé  des 
premiers  à  signaler  cette  innovation  et  à  y  ap- 
plaudir; mais  il  n'a  pas  cru  qu'il  y  eût  là  de 
quoi  remplir  toute  une  existence  d'artiste,  et 
la  jeunesse  du  virtuose  lui  laissa  l'espoir  qu'il 
aurait  le   temps  de  se  transformer,  et  qu'il 
considérerait  ce  qu'il  a  inventé,  non  comme 
le  but  de  l'art,  mais  comme  un  moyen  dont  il 
fallait  user  avec  réserve.  Si  cet  espoir  ne  s'est 
pas  réalisé,  l'explication  s'en  trouve  dans  la 
destination  que  le  virtuose  s'était  donnée.  Il 
n'existe  peut-être  pas  un  pianiste  qui  se  soit 
moins  occupé  de  musique  que  Thalberg  et  qui 
ait  moins  joué  les  œuvres  des  maîtres.  Pen- 
dant toute  sa  vie,  il  n'a  eu  en  face  de  lui  que 
sa  propre  personnalité.  La  musique  qu'il  s'est 
faite  est  la  seule  qu'il  ait  jouée  :  cette  musique, 
il  l'a  faite  ce  qu'elle  devait  être  pour  leui'r- 
tuose,  car  c'est  uniquement  dans  les  voies  du 
virtuose  que  son  existence  s'est  écoulée. 
Après  avoir  produit  une^grande  sensation  à 


THALBERG  —  THALÈS 


209 


Paris,  en  1835,  Tliall)erg  obtint  également 
des  succès  d'enthousiasme  en  Belgique,  en 
Hollande,  en  Angleterre  et  en  Russie,  où  il 
était  en  18-59.  Les  amis  de  cet  artiste  lui 
avaient  persuadé  qu'il  y  a  dans  sa  musique 
des  qualités  qui  le  destinaient  à  être  composi- 
teur dramatique  :  il  crut  à  leurs  prédictions  et 
écrivit,  sur  un  poème  de  Scribe  traduit  en  ita- 
lien, un  opéra  intitulé  Florinda,  qui  fut  chanté 
au  théâtre  italien  de  Londres,  en  1851,  par 
Sophie  Cruvelli,  Calzolari,  Lablache,  Sims 
Reeveset  Coletti.  Celte  faible  production,  dont 
rien  n'est  resté,  a  disparu  presque  immédia- 
tement de  la  scène.  En  1855,  Thalberg  partit 
pour  le  Brésil,  où  il  resta  environ  une  année. 
Dans  l'été  de  1856,  il  passa  quelques  mois  à  Pa- 
ris, puis  il  se  rendit  dans  lesÉtats-Unis  d'Amé- 
que,  où  il  resta  plusieurs  années  et  donna  une 
grande  quantité  de  concerts,  dont  le  produit 
fut  très-considérable.  De  retour  en  Europe 
dans  l'été  de  1858,  il  alla  vivre  à  Naples  dans 
unepropriétéqu'il  y  avaitacquise.  Après  quatre 
ans  de  silence,  Thalberg  a  reparu,  en  1862,  à 
Paris  et  à  Londres  :  il  y  a  retrouvé  ses  anciens 
succès  avec  ses  anciennes  fantaisies,  particu- 
lièrement sur  les  thèmes  de  Don  Juan  et  de 
Moïse.  En  1865,  il  a  fait  un  nouveau  voyage 
an  Brésil.  Cet  artiste  célèbre  a  épousé  une  des 
filles  de  Lablache  (voyez  ce  nom). 

Après  Florinda,  Thalberg  a  écrit  un  second 
opéra  qui  a  été  joué  en  Italie  sous  le  litre  de 
Cristïna  di Suezia  et  a  eu  une  chute  complète. 
La  liste  de  ses  œuvres  pour  le  piano  est  com- 
posée comme  il  suit  :  1°  Fantaisie  et  varia- 
lions  sur  des  thèmes  (VEurianthe,  de  Weber, 
op.  1.  2°  Fantaisie  et  variations  sur  un  thème 
écossais,  op.  2.  5°  Impromptu  sur  des  thèmes 
du  Siège  de  Corinthe,  op.  ô.  4°  Souvenirs  de 
Vienne,  douze  caprices  en  forme  de  valses, 
op.  4.  5°  Concerto  pour  piano  et  orchestre, 
op.  5  (en  mi  bémol).  6° Fantaisie  sur  les  motifs 
de  Robert  le  Diable,  op.  6.  7°  Grand  divertis- 
sement (en  fa  mineur),  op.  7.  8°  Fantaisie  sur 
la  Slraniera,  op.  9.  9°  Grande  fantaisie  et  va- 
riations sur  1  Montecchi  ed  iCapuleti,o\\.  10. 
10°  Grande  fantaisie  et  variations  sur  les  mo- 
tifs de  Norma,  op.  12.  11°  Grande  fantaisie  et 
variations  sur  deux  motifs  de  Don  Juan, 
op.  14.  12°  Caprice  (en  mi  bémol),  op.  15. 
13°  Deux  nocturnes,  op.  16.  14"  Deux  airs 
russes  variés,  op.  17.  15°  Divertissement  sur 
les  Soirées  musicales  de  Rossini,  op.  18. 
16°  Deuxième  caprice,  op.  19.  17°  Fantaisie  sur 
les  motifs  de  l'opéra  les  Huguenots,  op.  20. 
18° -Trois  nocturnes,  op.  21.  19°  Grande  fan- 
taisie,  op.    22.    20°  Douze    éludes,   op.    26. 

BlOCIi.  IIMV.   DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


20°  (bis)  Grande  fantaisie  sur  God  save  the 
Queen  elRule  Britannia,  op. 27. 21°Noclurne 
(en  mi  majeur),  op.  28.  22°  Scherzo,  op.  31. 
23°  Andante  (en  ré  bémol),  op.  52.  24"  Fan  - 
taisie  sur  des  thèmes  de  Moïse,  op.  5". 
25°  Divertissement  sur  les  thèmes  de  laGipsy, 
de  Benedict,  op.  34.  26°  Grand  nocturne  (eu 
fa  dièse),  op.  55.  27°  La  Cadence,  impromptu 
en  forme  d'étude,  et  autres  morceaux,  op.  56. 
28"  Fantaisie  sur  des  motifs  iVObéron,  op.  57 
29°  Romance  et  étude,  op.  38.  50°  Souvenir  de 
Beethoven,  op.  39.  51°  Fantaisie  sur  la 
Donna  del  Lago ,  op.  40.  52°  Deux  romances 
sans  paroles,  op.  A\ .  55°  Grande  fantaisie  sur 
la  Sérénade  et  le  Menuet  de  Don  Juan,  op.  42. 
54°  Deuxième  grande  fantaisie  sur  les  Hugue- 
nots, op.  45.  35°  Andante  final  de  Lucia  di 
Lammermoor  varié,  op.  44. 36°  Thème  original 
et  élude,  op.  45.  57°  Caprice  sur  la  Sonnam- 
bula,  op.  46.  58°  Grandes  valses  brillantes, 
op.  47.  59°  Grand  caprice  sur  des  motifs  de 
Charles  VI,  op.  48. 40°  Fantaisie  sur  Béatrice 
di  Tenda,  op.  49.  41"  Fantaisie  sur  Lucrèce 
Borgia,o\t.  50.  42° Fantaisie  suvSemiramide, 
op.  51.  43°  Lieder  sans  paroles  (au  nombre  de 
neuf,  sans  numéros  d'œuvres).  44°  Grande 
fantaisie  sur  la  Tarentelle  de  la  Muette  de 
Portici,  op.  52.  45°  Grande  sonate  en  quatre 
parties,  op.  56.  46°  Décaméron  musical,  dix 
morceaux  servant  d'étude  préparatoire  etc., 
op.  57.  47°  Apothéose,  grande  fanlaisie  sur 
là  marche  triomphale  de  Berlioz,  op.  58. 
48°  Marche  funèbre  variée,  op.  59.  49°  Grande 
fantaisie  sur  le  Barbier  de  Séville,  op.  65. 
50°  Souvenir  de  Pesth,  air  hongrois,  op.  65. 
La  plupart  de  ces  œuvres  ont  été  publiés  à 
Paris,  chez  Brandus  et  Dufour,  à  Vienne  et  à 
Leipsick. 

THALÈS  ou  THALÉTAS,  poète-musi- 
cien, qu'on  a  confondu  quelquefois  mal  à  pro- 
pos avec  le  philosophe  Thaïes,  de  Milet,  était 
né  dans  l'île  de  Crète.  Il  fut  contemporain  de 
Lycurgue  et  vécut  conséquemment  environ 
trois  cents  ans  après  la  guerre  de  Troie.  C'est 
à  Thaïes  qu'on  attribue  le  second  établisse- 
ment de  la  musique  à  Sparte.  La  plupart  de 
ses  chansons  avaient  pour  objet  la  nécessité 
d'obéir  aux  lois.  Slrabon  lui  accorde  l'inven- 
tion de  la  lyre  de  Crèle  ;  Porphyre  assure  que 
Pylhagore  aimait  à  chanter  les  vieux  Péans 
de  Thalétas,  et  le  scoliaste  de  Pindare  (in 
Pyth.  Od.  2,  vers.  127,  ed.  Bœckhii,  vol.  II, 
part.  I,  fol.  322), dit  que  ce  musicien  fui  le 
premier  qui  composa  des  airs  appelés  Hypor- 
chèmes,  pour  les  danses  armées  cl  guerrières. 
Les  Grecs,  qui  aimaient   le  merveilleux,  di- 

14 


210 


ÏIÏALÈS  —  THEILE 


saient  que  la  musique  de  Thalétas  avait  la 
vertu  singulière  de  guérir  les  maladies,  et  que, 
pour  obéir  à  l'oracle  de  Delphes,  il  vint  à 
Sparte,  affligée  de  la  peste,  et  l'en  délivra  par 
ses  chants. 

TIIALMAN  (Mathieu),  musicien  au  ser- 
vice de  la  cathédrale  d'Anvers,  est  inscrit  sur 
les  rôles  des  comptes  de  cette  chapelle  à  la 
da(e  du  11  octobre  1589.  Il  a  publié  de  sa 
composition:  Missx  IF  sex  vocum ;  An- 
vers, P.  Phalèse,  1593,  in-4°  oblong. 

THAMYRIS,  Thrace  de  nation,  fut  re- 
nommé pour  la  beauté  de  sa  voix.  Il  était  fils 
de  Philammon(t;oye3  ce  nom),  et  de  la  nymphe 
Arsie.  Homère  dit  qu'il  défia  les  Muses  pour 
le  chant  et  l'art  déjouer  de  la  lyre  (Iliad., 
lib.  II,  vers.  101,  et  Schol.  anon.  Homer., 
ibid.,  vers.  102),  et  qu'ayant  été  vaincu,  les 
déesses  irritées  lui  firent  perdre  la  vue,  la 
voix,  l'esprit,  et  même  le  talent  de  jouer  de  la 
lyre.  Désespéré,  il  jeta  la  sienne  dans  un 
fleuve  de  Messénie,  qui  de  là  prit  le  nom  de 
Balyre,  formé  des  deux  mots  grecs  pot^Xïjv 
(jeter),  et  Xùpa  (lyre).  Thamyris  avait  appris 
la  musique  et  la  poésie  dans  l'école  de  Linus; 
Platon  dit  qu'il  excella  dans  la  composition 
des  hymnes  {Des  lois,  liv.  VIII);  il  le  com- 
pare à  Orphée.  On  sait  qu'il  hit  le  troisième 
poêle  lyrique  qui  remporta  les  prix  de  musique 
et  de  poésie  aux  jeux  pythiques,  en  chantant  un 
hymne  en  l'honneur  du  dieu  qui  y  présidait. 
Clément  d'Alexandrie  lui  attribue  l'invention 
de  l'harmonie  dorienne,  c'est-à-dire  du  mode 
dorien  (Fid.  Clem.  Alex.  Strom.,  lib.  I, 
p.  307,  D.  éd.  Par.). 

THÉBAULT  (Hippolyte),  maître  de  cha- 
pelle à  Bourges,  est  auteur  d'une  Méthode  de 
plain-chant  ;  Bourges,  Mouceron,  1849,  in-8° 
de  cent  vingt-quatre  pages. 

THÉDORIC  (Georges),  Voyez  DIE- 
TRICII  (Georges). 

THEILE  (Jean),  né  à  Naumbourg,  en 
1608,  fit  ses  études  à  l'université  de  Jéna, 
puis  fut  magister  dans  les  écoles  de  Franken- 
hausen,  d'Altenbourg,  de  Windesheim  et 
d'Arnstadt.  En  1635,  il  obtint  la  place  de  co- 
recteur  dans  sa  ville  nalale.  Nommé  recteur 
du  même  collège,  en  1639,  il  quitta  cette  po- 
sition deux  ans  après  pour  celle  de  recteur  à 
Budissin,  où  il  mourut  le  16  août  1679,  dans 
Sa  soixante  et  onzième  année.  On  a  de  lui 
Programma  de  musica;  Budissin,  1661, 
in-4°. 

THEILE  (Jean),  compositeur  allemand, 
était  fils  d'un  tailleur;  il  naquit  à  Naumbourg, 
le  29  juillet  1646.  Après  avoir  l'ait  ses  pre- 


mières éludes  à  l'école  de  sa  ville  nalale,  et 
avoir  appris  la  musique  chez  le  cantor  de  la 
ville,  nommé  Scheffler,  il  se  rendit  à  l'univer- 
sité de  Halle;  mais  n'ayant  pu  se  procurer  des 
moyens  d'existence  dans  celle  ville,  il  alla  à 
Leipsick,  où  il  fut  employé  comme  chanteur 
et  comme  instrumentiste,   pour  la  basse  de 
viole.  La  grande  réputation  de  Schttlz,  maître 
de  chapelle    à  Weissenfels,    le   décida    à  se 
rendre  auprès  de  lui  pour  étudier  le  contre- 
point :  ce  maître  l'accueillit  comme  son  élève, 
et  lui  fil  faire  des  éludes  complètes  dans  l'art 
d'écrire. Devenu  musicien  instruit,  Theilealla 
s'établir  à  Stettin,  et  y  vécut  en  donnant  ries 
leçons  de  musique.  Au  nombre  de  ses  élèves, 
on  remarque  les   organistes  célèbres  Buxle- 
hude  et  Zachau.  En  1673,  il  oblint  le  titre  de 
maître  de  chapelle  de  la  cour  de  Holstein  ; 
mais  la  guerre  vint,  au  bout  de  quelques  an- 
nées, lui   enlever  celte  heureuse  position,  et 
l'obliger  à  se  réfugier  à  Hambourg.  Il  y  trouva 
l'opéra  florissant, et  écrivit  plusieurs  ouvrages 
pour  le  théâtre  de  cetle  ville.  Pendant  le  séjour 
qu'il  y  fit,  il  s'y  livra  aussi  à  l'enseignement 
avec  succès.  Après  la  mort  de  Rosemnllller, 
maître  de  chapelle  à  Wolfenbuttel,  Theilefut 
choisi  pour  le  remplacer,  en  1685,  puis  il  en- 
tra au  service  du  duc  de  Mersebourg.  La  mort 
de  ce  prince  l'ayant  laissé  sans  emploi  quel- 
ques années  après,  il  se  relira  chez  son  fils,  à 
Naumbourg  et  y  mourut  en  1724,  à  l'âge  de 
soixante-dix-neuf  ans.  Les  compositions   de 
cet  artiste  furent  estimées  de  son  temps,  par- 
ticulièrement dans  les  cours  de  Vienne  et  de 
Berlin.  On  ne  connaît  aujourd'hui  sous  son 
nom  que  les  ouvrages  suivants  :  1°  Passion 
allemande,  avec  et  sans  instruments;  Lubeck, 
1675,  in-fol.  2"   La    Naissance    de   Jésus- 
Christ,   oratorio,  exécuté  à    Hambourg,    en 
1681,  mais  non  imprimé.  3°  Noviter  inven- 
tum  opus  musicalis  compositiotiis  4  et  5  vo- 
cum. propleno  choro,  rarx  nec  auditx  prhts 
artis  ac  suavitatis  primum,  super  canticis 
ecclesix,  scilicet  Kyrie ,  Patrem,  Sanctus, 
Ilosanna,  Benedictus,  Agnus  Dei,secnndum 
harmoniam  voci  Prxnesliniani  slyli  majes- 
taticam    simulque  régulas    fundamenlales 
artis  musicx.  Ce  recueil  contient  vingt  messes 
à  quatre  et  cinq  voix.   4°   Opus  secundum, 
novx  sonatx  rarissimx  artis  et  suavitatis 
musicx,  partim  2  vocum,  cum  simplis  et 
duplo  inversis  fugis;  partim  3  vocum,  cum 
simplis,  duplo  et  triplo  inversis  fugis  ;  par- 
tim 4  vocum,  cum  simplis,  duplo  et  triplo  et 
quadruplo  inversis  fugis  ;  partim  5  vocum, 
cum  simplis,  duplo,  triplo,  quadruplo  aliis- 


THEILE  —  THERACIIE 


211 


que  varietalis  invent ionibus  et  artiftciosis 
syncopationibus,  etc.  Ce  recueil  contient  des 
sonates,  préludes,  courantes,  airs  et  sara- 
bandes à  deux,  trois,  quatre  et  cinq  parties 
instrumentales.  5°  Adam  et  Eve,  opéra  re- 
présenté à  Hambourg,  en  1678.  Theile  est 
aussi  auteur  de  deux  traités  sur  diverses  es- 
pèces de  contrepoints  doubles,  écrits  à  Naum- 
bourg,  en  1691.  Ces  ouvrages  se  trouvaient, 
en  manuscrit,  dans  la  Bibliothèque  de 
Forkel. 

THEILE  (Adam-Gottlieb  ou  Théophile), 
naquit  le  20  mars  1787,  à  Rleineichstadt,  près 
de  Querfurt  (Saxe).  A  l'âge  de  seize  ans,  il  se 
rendit  dans  cette  ville  et  y  fréquenta  l'école  de 
chant.  Fuhrmann,  qui  en  était  \ecantor,  lui 
donna  des  leçons  de  piano,  et  lui  communiqua 
les  compositions  de  Haydn,  de  Mozart  et  de 
Beethoven.  En  1808,  il  trouva  une  première 
position  d'instituteur  et  de  cantor  au  village 
de  Nausilz;  mais  il  y  resta  peu  de  temps,  ayant 
pris  la  résolution  de  suivre  les  cours  de  l'uni- 
versité de  Leipsick.  Après  y  avoir  achevé  ses 
études,  il  obtint,  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans,  la 
place  d'organiste  et  de  professeur  de  musique 
à  l'institut  des  jeunes  filles  à  Weissensée.  Il  est 
mort  dans  cette  ville,  le  22  juillet  1822.  Les 
premières  productions  de  Theile  sont  :  Neuf 
variations  pour  le  piano;  Meissen,  Gœdsche; 
douze  variations  faciles  idem;  Weimar,  Voigt; 
Der  lustige  Leiermann  (Le  joyeux  joueur  de 
vielle),  collection  de  morceaux  pour  le  piano 
en  huit  suites  divisées  en  deux  années;  Meis- 
sen,  Gœdsche;  des  pièces  d'orgue  répandues 
dans  les  huit  années  du  journal  publié  par 
Geissler,  sous  le  titre  de  Nouveau  musée 
complet  des  organistes.  Après  son  décès, 
Kœrner  a  publié  :  Orgel-Compositions  von 
A. -G.  Theile  (Compositions  pour  l'orgue 
d'Adam-Gottlieb  Theile),  trois  parties,  petit 
in-4°oblong;  Erfurt,  Roerner. 

TIIEORED  ou  THINRED  (David), 
moine  bénédictin  anglais,  et  chantre  au  cou- 
vent de  son  ordre,  à  Douvres,  a  écrit,  vers 
1571,  un  Traité  de  musique  qui  se  trouve  à  la 
bibliothèque  bodléienne  (Catal.  Bibl.  Bodl., 
832,  1),  et  qui  a  pour  litre  :  De  legitimis  or- 
dinibus  Pentachordorum  et  Tetrachor- 
dorum,  Pr.  Quoniam  musicorum  de  his 
cantibus  frequens  est  distinctio,  etc.  Cet  ou- 
vrage, divisé  en  trois  livres,  contient  quarante- 
six  feuillets  in-fol.  Le  premier  livre  traite  De 
proportionibus  musicorum  sonorum ,  de 
comalis;  le  deuxième,  De  consonantiis  mu- 
sicorum sonorum,  et  le  troisième  contient 
une  foule  de  diagrammes  et  de  gammes  de 


divers  tons.  Moreri,  qui  appelle  ce  moine 
Thinred,  a  accumulé  les  bévues  sur  ce  qui  le 
concerne. 

TI1ÉORALDE.  Foyez  GATTI  (Tuéo- 
balde). 

TIIÉOGER,  évêque  de  Metz,  fut  d'abord 
moine  bénédictin  du  monastère  de  Hirschau, 
vers  1090,  puis  abbé  de  celui  de  Saint-Georges 
dans  la  Forêt-Noire.  Il  est  auteur  d'un  petit 
traité  de  musique  que  l'abbé  Gerbert  (voyez  ce 
nom)  a  publié  dans  ses Scriplores  ecclesiastici 
de  musica  (tome  II,  pages  182-196),  d'après 
trois  manuscrits  qui  se  trouvaient  de  son 
temps  dans  les  abbayes  de  Tegernsée,  de 
Saint-Biaise  et  de  Saint-Pierre,  dans  la  Forêt- 
Noire.  C'est  un  ouvrage  de  peu  de  valeur. 

THEOÏV  de  Smyrne,  philosophe  platoni- 
cien et  célèbre  mathématicien,  vécut  sous  le 
règne  des  empereurs  Trajan  et  Adrien,  et  fut 
conséquemment  contemporain  de  Plularque. 
Il  a  écrit  un  Abrégé  des  quatre  sciences  ma- 
thématiques, à  savoir  :  la  géométrie,  l'arithmé- 
tique, la  musique  et  l'astronomie.  On  le  trouve 
en  manuscrit  dans  plusieurs  bibliothèques. 
Ismaël  Bouillaud  a  publia  l'Arithmétique  et  la 
Musique  d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothè- 
que de  De  Thon,  et  y  a  joint  une  bonne  tra- 
duction latine  et  des  notes.  Cet  ouvrage  a 
paru  sous  ce  titre  :  Theonis  Smyrnœi  Plato- 
nici  eorum  qux  in  mathematicis  adPlalonis 
lectionem  iitilia  sunt  expositio,  e  bibliotheca 
Thuana.  Opus  hune  primum  editum,  latina 
versione  ac  notis  illustratum.  Lutelix  Pa- 
risiorum,  1644,  in-4°.  Conrad  Gesnerditque 
Gogava  ou  Gogavin  en  avait  fait  précédem- 
ment une  autre  version  latine  (Biblioth., 
page  786),  d'après  un  manuscrit  de  la  biblio- 
thèque des  chanoines  de  Saint-Sauveur  de  Bo- 
logne; Fabricius  assure  que  cette  traduction 
ne  méritait  pas  d'être  imprimée,  et  qu'elle  ne 
le  fut  pas.  M.  de  Gelder  a  reproduit  la  pre- 
mière partie  du  texte  de  Théon  avec  la  traduc- 
tion de  Bouillaud,  et  des  notes,  sous  ce  litre  : 
Theonis  Smyrnxi Plalonici  expositio  eorum 
qux  in  arithmeticis  ad  Platonis  lectionum 
utilia  sunt,  gr.  Bullialdi  interpretationem 
lat.,  lectionis  diversitatem  suamque  anno- 
tationem  addidit  etc.;  Lugd.  Batavorum, 
Lulchmans,  1827,  in-8°.  Il  ya  dans  ce  livre 
quelques  passages  relatifs  à  la  musique. 

THERACHE  (Pierre  DE),  musicien 
français  de  la  chapelle  de  Louis  XII,  roi  de 
France,  suivant  les  comptes  de  cette  chapelle 
(Manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris,  F,  540,  c,du  supplément),  est  connu  par 
les  motets  à  quatre  voix  Senalus  apostolo- 

14. 


212 


THERACHE  —  THIARD 


rum,  et  Verbum  bonum  et  suave,  qui  se 
trouvent  dans  les  premier  et  second  livres  des 
Motetti  de  la  Corona,  imprimés  par  Octavien 
Petrucci,  à  Possombrone,  en  1513  et  1519, 
petit  in-4°  obi. 

THESSEL1US  (Jean),  compositeur  alle- 
mand, vécut  à  Nuremberg,  puis  à  Vienne,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  1°  Newe  liebliche 
Paduanen,  Intraden  und  Galliarden,  mit 
5  Stimmen  compontrt  (Nouvelles  pavanes, 
entrées  et  gaillardes  favorites  à  cinq  voix); 
Nuremberg,  1G09,  in-4".  2°  Tricinia  sacra 
(Collection  de  motels  à  trois  voix);  Vienne, 
1615,  in-4°. 

TIIEUSS  (Charles-Théodore),  directeur 
de  la  musique  militaire  du  grand-duc  de  Saxe- 
Weimar,  est  né  en  1785,  à  Weimar,  où  son 
père  était  négociant.  Dirigé  par  un  heureux 
instinct   pour  la   musique,    il   fit  de  lapides 
progrès  dans  cet  art,  sous  la  direction  de  Des- 
touches, maître  de  chapelle  du  grand-duc,  et 
de  Keich,  musicien  de  la  chambre  et  homme 
instruit  dans  l'harmonie.  La  mort  de  son  père 
l'obligea  à  s'occupeg  du  commerce,  ne  réser- 
vantque  quelques  instants  de  loisir  pour  la  lec- 
ture de  partitions.  Des  événements  inconnus 
l'ayant  obligé  d'entrer  au  service  militaire,  il 
fit  partie  du  contingent  de  Weimar  qui  accom- 
pagna   Napoléon    dans    son    expédition    en 
Russie.    Theuss    fut   fait   prisonnier    par   les 
Russes,  près  de  Wilna,  en  1812.  Rentré  chez 
lui  après  la  paix,  en  1814,  il  ne  s'y  occupa  plus 
que  de   musique.    Après  avoir  fait  quelques 
voyages  à  Prague,  Vienne,  Leipsick,  Francfort 
et  Paris,  il  obtint,  en  1818,  la  place  de  direc- 
teur de  la  musique  militaire  de  Weimar.  Il 
occupa  depuis  lors  cette  position  et  fut  pen- 
sionné en  1841.  Parmi  ses  compositions,  on 
remarque  :  1°  Sérénade  pour  flûte,  clarinette, 
deux  cors  et  basson,  op.  21  ;  Augsbourg,  Gom- 
bart.  2°  Pot-pourri  militaire  sur  des  chansons 
et  danses  russes,  op.  41;  Leipsick,  Hofmeister. 
3°  Douze  pièces  pour  corde  signal,  trois  cors, 
deux  trompettes  et  trombone,  op.  43;  ibid. 
4°  Six  marches  caractéristiques  à  grand  or- 
cheslre;  ibid.  5°  Quelques  petites  pièces  et 
danses  pour  le  piano.  6°  Beaucoup  de  chan- 
sons et  ballade*  à  voix  seule  avec  piano,  ou  à 
plusieurs  voix.  Theuss  a  aussi  publié  plusieurs 
recueils  d'airs  nationaux,  et  particulièrement 
(\esJodlers  duTyrol  et  de  la  Suisse.  Son  opéra 
intitulé  Die  bluende  Aloe  a  été  représenté  à 
Weimar,  en  1836. 

THÉVENARD  (Gabriel-Vincent),  né  à 
Orléans,  le  10  août  10G9,  était  fils  d'un  pâtis- 


sier-traiteur, et  fut  d'abord  employé  dans  la 
maison  de  son  père,  en  qualité  de  marmiton. 
Des  amateurs  de  musique,  charmés  de  la 
beaulé  de  sa  voix,  lui  donnèrent  le  conseil 
d'apprendre  la  musique  et  le  chant.  A  l'âge  de 
vingt  et  un  ans,  il  se  rendit  à  Paris  et  eut  de 
la  célébrité  comme  basse  chantante  au  théâlre 
de  l'Opéra  de  cette  ville.  Il  débuta  à  ce  spec- 
tacle, en  1690,  et  fut  fort  admiré  de  ses  com- 
patriotes dans  le  récitatif.  C'était  à  cette  partie 
de  la  musique  que  les  chanteurs  de  son  temps 
attachaient  le  plus  d'importance,  car  la  mise 
de  voix  et  la  vocalisation  légère  étaient  alors 
inconnues  en  France.  Thévenard,  dont  la  voix 
était  belle,  et  qui  avait  de  la  noblesse  à  la 
scène,  joua  pendant  dix  ans  avec  la  fameuse 
Rochois,  et  sut  briller  à  côté  d'elle.  Il  se  re- 
tira, en  1730,  après  quarante  ans  de  service, 
et  obtint  une  pension  de  quinze  cents  livres, 
dont  il  jouit  pendant  dix  ans.  Il  mourut  à 
Paris,  le  24  août  1741,  à  l'âge  de  soixante- 
douze  ans.  Il  était  à  la  fois  grand  buveur  et 
homme  à  bonnes  fortunes. 

THÉVEINOT  (N.),  fils  du  limonadier  de 
la  Comédie  italienne,  naquit  à  Paris,  en  1695. 
En  1717,  il  débuta  avec  succès  comme  chan- 
teur dans  les  divertissements  du  Théâtre  Ita- 
lien, et  le  28  décembre  1730,  il  fut  reçu  comme 
acteur  au  même  théâtre.  Sa  voix  avait  peu 
d'étendue,  mais  le  timbre  en  était  agréable,  et 
l'on  trouvait  alors  qu'il  chantait  avec  beaucoup 
d'expression.  Il  mourut  à  Fontainebleau,  le 
10  novembre  1732,  d'un  abcès  au  foie,  pour 
lequel  il  supporta  l'opération  de  l'em- 
pyème. 

THIARD  ou  THYARD  (Pontus  DE), 
ou,  comme  il  écrivait  son  nom,  DE  ÏYARD, 
d'une  famille  noble  et  ancienne,  naquit  vers 
1521,  au  château  de  Bissy,  diocèse  de  Màcon. 
Forkel  l'appelle  (Allgem.  Litter.  der  Musilc, 
p.  80)  PONCE  DE  THYARD.  Il  fit  dans 
sa  jeunesse  des  études  assez  fortes  pour  son 
temps,  et  apprit  le  latin,  le  grec  et  l'hébreu. 
Après  avoir  achevé  un  cours  de  théologie,  il 
embrassa  l'état  ecclésiastique,  devint  archi- 
diacre de  l'église  de  Chalon-sur-Saône,  et 
enfin,  évéque  de  celte  ville,  en  1578.  Attaché 
par  principes  au  parti  de  la  cour  contre  les  hu- 
guenots, il  quitta  son  diocèse  parce  que  les 
habitants  du  pays  ne  partageaient  pas  ses  opi- 
nions, et  se  retira  dans  son  château  de  Bissy, 
où  il  passa  le  reste  de  ses  jours.  Il  y  mourut, 
le  23  septembre  1605,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
quatre  ans.  Pontus  de  Thiard  s'était  adonné 
d'abord  à  la  poésie,  et  avait  été  placé  comme 
bel  esprit  dans  la  pléiade  poétique  imaginée 


THIARD  —  THIBAUT 


213 


sous  le  règne  de  Charles  IX,  et  dont  Ronsard 
était  le  chef;  mais  plus  tard,  il  se  livra  de 
préférence  à  des  travaux  historiques  et  philo- 
logiques. Ce  n'est  point  ici  le  lieu  de  parler 
des  divers  ouvrages  sortis  de  sa  plume;  on  se 
hornera  à  considérer  Pontus  deThiard  comme 
écrivain  sur  la  musique.  On  lui  doit  en  effet 
un  livre  intitulé  :  Solitaire  second  ou  prose 
de  la  musique,  à  Lion,  par  Jan  de  Tournes 
(sic),  1555,  un  volume  in-4°  de  cent  soixante 
feuillets  et  dix  feuillets  non  chiffrés.  Cet  ou- 
vrage, dont  le  litre  singulier  appartient  au 
temps  où  l'auteur  a  vécu,  et  n'a  point  de  rap- 
port à  l'objet  du  livre,  a  paru  sans  nom  d'au- 
teur; mais  plusieurs  indications  ne  permettent 
pas  de  douterqu'il  nesoitde  Pontus  de  Thiard. 
Au  verso  du  titre,  on  trouve  son  portrait  gravé 
sur  hois  avec  ces  mots  autour  du  médaillon  : 
Solitudo  mihi  provincia  est,  et  au-dessous 
est  cette  inscription  :  P.  D.  T.  (Pontus  de 
Thiard)  en  son  an  31  (ce  qui  pourrait  faire 
penser  que  l'année  précise  de  sa  naissance  fut 
1524).  A  la  page  161,  avant  la  table  des  ma- 
tières qui  a  pour  titre  :  Indice  d'aucuns  no- 
tables points,  selon  Vordre  alphabétique, 
on  trouve  dix  vers  latins  de  G.  Desautelz  à  la 
louange  de  Pontus  de  Thiard,  avec  cette  in- 
scription :  G.  Altarii  Curolatis,  ad  Pon- 
tum  Tyardteum  Endecasyllabi.  Barbier  n'a 
pas  connu  ce  livre  anonyme,  et  le  savant 
Weiss  n'en  a  point  parlé  dans  sa  notice 
sur  Pontus  de  Thiard,  insérée  dans  la  Bio- 
graphie universelle.  L'ouvrage  est,  en  effet, 
si  rare,  que  son  existence  a  été  ignorée  de  la 
plupart  des  biographes.  Un  exemplaire  qui  se 
trouvait  à  la  vente  de  la  belle  bibliothèque,  de 
M.  Cailhava,  à  Paris,  en  1846,  fut  porté  au 
prix  de  cent  soixante-quinze  francs.  Au 
reste,  le  Solitaire  second  est  un  livre  de  peu 
de  valeur  :  on  n'y  trouve  qu'un  long  com- 
mentaire sur  la  musique  des  Grecs,  et  surtout 
sur  les  proportions  numériques  des  inter- 
valles. L'auteur  ne  connaissait  néanmoins 
cette  musique  que  par  ce  qu'en  ont  dit  les  écri- 
vains latins,  et  particulièrement  Boèce.  Les 
ouvrages  des  auteurs  grecs,  tels  que  ceux 
d'Aristoxène,  Aristide  Quintilien  ,  Aly- 
pius,elc,  etc.,  n'avaient  pas  encore  été  pu- 
bliés, et  leurs  manuscrits  étaient  cachés 
sous  la  poussière  des  bibliothèques.  François- 
Louis-Claude  Marin  a  publié  une  Notice  sur 
la  vie  et  les  ouvrages  de  Pontus  de  Thyard 
de  JBissy,  suivie  de  la  généalogie  de  cette 
maison;  Neufchâtel,  1784,  in-8°. 

THIBAULT  (François),  chanlre  et  orga- 
niste de  l'église  cathédrale  de  Metz,  vers  le 


milieu  du  dix-septième  siècle,  a  publié  une 
messe  à  cinq  voix  sur  le  chant  O BeataCxci- 
lia;  Paris,  Robert  Ballard,  1640,  in-fol. 

THIBAUT  IV,  comte  de  Champagne  et 
roi  de  Navarre,  naquit  à  Troyes,  au  commen- 
cement de  1201.  Sa  mère,  fille  et  héritière  de 
Satie he  le  Fort,  lui  transmit  la  souveraineté 
de  la  Navarre.  Il  n'avait  que  quelques  mois 
lorsqu'il  perdit  son  père  et  hérita  de  tous  ses 
biens.  Sa  taille  haute  et  bien  proportionnée, 
sa  vaillance,  son  adresse  dans  l'exercice  des 
armes,  sa  magnificence  et  sa  libéralité,  son 
goût  pour  les  lettres  et  ses  talents  pour  la 
poésie  et  la  musique,  le  rendaient  un  cheva- 
lier accompli.  Il  passe  pour  avoir  aimé  la 
reine  Blanche,  mère  du  saint  Louis,  et  avoir 
composé  pour  elle  la  plupart  des  chansons  qui 
nous  restent  de  lui.  Lévêque  de  la  Ravailière, 
qui  a  donné  une  édition  de  ces  chansons,  a 
essayé  de  réfuter  cette  tradition;  mais  il  faut 
avouerqueses  conjectures  ne  sont  pas  toujours 
heureuses.  La  vie  politique  de  ce  prince  n'étant 
pas  de  notre  compétence,  nous  renverrons  à 
VEssaide  La  Borde  (t.  II,  p.  222-227).  Les 
Navarrois  assurent  qu'il  mourut  à  Pampelune, 
le  8  juillet  1253;  mais  les  Français  le  font 
mourir  à  Troyes,  le  13  juillet  1254.  Les  ma- 
nuscrits de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris 
contiennent  soixante-trois  chansons  notées  de 
sa  composition.  Lévêque  de  la  Ravailière  en  a 
publié  la  collection  sous  ce  litre  :  Poésies  du 
roi  de  Navarre,  avec  des  notes  et  un  glos- 
saire français;  Paris,  1742,  deux  volumes 
petit  in-8°.  Il  n'entendait  rien  à  la  musique, 
et  son  travail  concernant  la  mélodie  de  ces 
chansons  est  sans  valeur.  Une  nouvelle  édi- 
tion des  poésies  de  Thibaut  a  été  donnée  par 
M.  Francisque  Michel;  mais  un  travail  spé- 
cial est  encore  à  faire  sur  le  chant  de  ces  poé- 
sies. 

THIBAUT  (Antoine-Chahles-Just),  cé- 
lèbre jurisconsulte,  conseiller  du  grand-duc 
de  Bade,  et  premier  professeur  de  droit  à  l'uni- 
versitédelleidelberg,  naquit  le  4  janvier  1772, 
à  Hameln,  dans  le  Hanovre,  et  fit  ses  études 
aux  universités  de  Gœllingue,  de  Kœnigsberg 
etdeRiel.  Admis  au  doctorat  dans  cette  der- 
nière, en  1796,  il  y  fut  adjoint  à  la  faculté  de 
droit  deux  ans  après,  et  nommé  professeur  or- 
dinaire en  1799.  L'université  de  Jéna  le 
compta  au  nombre  de  ses  professeurs  en  1802, 
et  en  1805,  époque  de  la  réorganisation  de 
l'universitédeHeidelberg,  il  y  accepta  la  place 
qu'il  a  conservée  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le 
28  mars  1840.  Ce  savant  homme,  aussi  re- 
marquable par  les  qualités  du  cœur  que  par 


211 


THIBAUT  —  TH1ÉMÉ 


celles  d'un  esprit  fin  et  délicat,  a  publié,  sur  la 
science  du  droit,  des  livres  qui  jouissent  d'une 
renommée  universelle.  II  n'est   cité   dans  ce 
dictionnaire  biographique  que  pour  un  ouvrage 
relatif  à  la  musique  dont  il  est  auteur,  et  qui 
a  pour  litre  :  Ueber  Reinheit  der  Tonkunst 
(Sur   la  pureté  de  la   musique)  ;  Heidelberg, 
Mohr,  1825,  in-8°  de  cent  vingt-cinq  pages, 
avec  un  portrait  de  Palestrina.  Une  deuxième 
édition  de  cet  opuscule,  augmentée  de  trois 
chapitres,  a  été  publiée  à  Heidelberg,  chez  le 
même,  en  1826,  in-8°  de  deux  cent  vingt  et 
«ne  pages.  Il  en  a  paru  une  troisième,  impri- 
mée à  Heidelberg,  en  1853,  un  volume  petit 
in-8°.  Thibaut  n'a  pas  mis  son  nom  à  cet  ou- 
vrage, où  l'on  trouve  les  aperçus  les  plus  fins 
et  les  plus  justes  concernant  un  art  qui  a  été 
pour  l'auteur,   pendant    toute    sa    vie,    une 
source  des  jouissances  les  plgs  vives  et  les  plus 
douces.  Il  avait  réuni  autour  de  lui  quelques 
amateurs  qui  exécutaient,  sous  sa  direction, 
les  plus  beaux  ouvrages  des  maîtres  anciens 
et  modernes.  Une  précieuse  collection  de  mu- 
sique qu'il  avait  rassemblée  et   pour  laquelle 
il  avait  fait  de  grandes  dépenses,  lui  fournis- 
sait les  éléments  variés   de  ces  intéressants 
concerts  privés.  Elle  a  été  achetée  parle  roi 
de  Bavière,  pour  la  Bibliothèque  royale  de  Mu- 
nich. Le  catalogue  de  cette  collection  a  é(é 
publié  sous  ce  titre  :  Ferzcichniss  der  von 
dem  verstorbenen    Gross-Badischen    Prof, 
der  Redite  und  Geheimenrathe  Dr.  A.  F.  J. 
Thibaut  zu  Heidelberg  hinterlassenen  Mu- 
sikalien    Sammlung  ,     etc.  ;     Heidelberg , 
Karl  Gross,  1842,  in-8°  de  quarante-six  pages. 
ÏHIÉBAULT  (le  baron  Patjl-Charles- 
rBANçois-ADiuEX-HESRi-DiEi;no?iNÉ) ,    lieute- 
nant général  du  corps  d'état-major,  docteur  de 
l'université  de  Salamanque,  est  né  à   Berlin, 
le  14  décembre  1769,  d'une  famille  française. 
Entré  au  service   militaire  en  1792,  comme 
simple  grenadier,  il  fit  les  campagnes  «le  Bel- 
gique, de  Hollande,  d'Italie,  d'Allemagne,  de 
Portugal   et  d'Espagne,   et  parvint  de  grade 
en  grade  jusqu'à  celui  de  lieutenant  général. 
Plus  tard,  il  fut  chargé  du  commandement  mi- 
litaire de  plusieurs  départements.  Au  nombre 
des  ouvrages  qu'il  a  publiés,  on  remarque  ce- 
lui qui  a  pour  litre  :  Bu  chant,  et  particuliè- 
rement de  la  romance;  Paris,   Arlhus-Ber- 
trand,  1813,   in-8°  de  cent  trente  pages.  Ce 
livre  a  de  l'intérêt  :  on  y  trouve  une  hisloiredu 
genre  des  petites   pièces   de  chant  appelées 
romances ,  et  des  renseignements  qu'on  cher- 
cherait vainementailleurs  sur  quelques  poètes 
el  musiciens  qui  ont  cultive  ce  genre  agréable. 


TÎIIELE  (Charles-Louis),  excellent  orga- 
niste et  carillonneur  de  l'église  paroissiale  à 
Berlin,  naquit  à  Quedlinbourg,  le  18  novembre 
1816.  Les  premières  leçons  de  musique  lui 
furent  données  par  son  père  qui,  plus  tard, 
fut  cantor  à  Berlin.  Devenu  élève  de  W.  Bach, 
à  l'Institut  royal  de  musique  d'église  de  Ber- 
lin, Charles-Louis  Thiele  s'attacha  particu- 
lièrement à  l'étude  de  l'orgue,  sur  lequel  il 
acquit  un  talent  du  premier  ordre.  II  obtint 
sa  place  d'organiste  en  1839.  Cet  artiste  re- 
marquable mourut  du  choléra  avant  d'avoir 
accompli  sa  trente-sdeuxième  année  ,  le 
17  août  1848.  Il  a  laissé  de  sa  composition  des 
pièces  de  concert  pour  orgue  (en  ut  mineur  et 
en  mi  bémol),  ainsi  que  des  variations  (en  ut 
et  en  la  bémol).  Son  concerto  d'orgue  (en  ut 
mineur)  a  été  arrangé  pour  le  piano  par 
C.  Plalo,  et  publié  à  Leipsick,  chez  Peters. 

THIELE    (Edouard),    né    à    Dessau,    le 
21  novembre  1812,  est  fils  d'un  hautboïste  de 
celle  ville.  A  l'âge  de  sept  ans,  il  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  piano  d'un  musicien  nommé 
Kopprasch.  Lorsqu'il   eut  atteint  sa  quator- 
zième année,  il  entra  dans  l'institution  de  Fré- 
déric Schneider,  et  y  étudia  le  violon,  le  piano, 
l'orgue  et  la  composition.  A  l'âge  de  dix-huit 
ans,  il  fit  un  voyage  en  Allemagne  aux  irais  du 
duc  Léopold  de  Dessau  et   visita   Dresde  et 
Vienne.  Après  deux  années  employées  à  celle 
excursion,  il  retourna  à  Dessau,  où  il  fut  em- 
ployé comme  second  directeur  de  musique  du 
Ihéâtre;   il  en  remplit  les  fonctions  pendant 
deux  ans,  puis  il  fut  attachée  la  troupe  d'opéra 
de  Jules  Miller,  et  en  dirigea  l'orchestre  à 
Halle,  Altenbourg  et  Magdebourg;  il  fut  ensuite 
engagé  au  service  de  la  cour  de  Cœlhen,  en 
qualité  de  directeur  de  musique,  organiste  de 
l'église  principale  et  professeur  de  musique 
du  séminaire.  En  1855,  il  fut  rappelé  à  Dessau 
comme  successeur  deFrédéricSchneider,  et  en 
1860,  il  obtint  le  litre  de  maître  de  chapelle  du 
prince.  Thiele  s'est  distingué  comme  compo- 
siteur en  différents  genres.  Une  messe  de  sa 
composition  a  été  exécutée  à  Leipsick,  en  1 840; 
il  a  écrit  et  publié  plusieurs  sonates  pour  piano 
seul,  un  duo  pour  piano  et  violon,  trois  re- 
cueils de  Lieder  pour  voix  seule  avec  piano, 
un  recueil  de  chants  à  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano  et  violoncelle,  un  recueil 
de  Lieder  à  deux  voix  avec  piano,  des  chants 
en  chœur  pour  différentes  voix,  d'autres  pour 
des  voix  d'hommes,  et  d'autres  encore  pour 
quatre  voix  de  femmes. 

TIIIEME  (Frédéric),  professeur  de  musi- 
que, né  en  Allemagne,  se  fixa  à  Paris,  vers 


TH1ÉMÉ  —  TI11JM 


215 


1780,  et  y  enseigna  le  chant,  le  violon  et  le 
piano.  Les  événements  de  la  révolution  l'ayant 
privé  de  la  plupart  de  ses  élèves,  il  se  retira  à 
Rouen,  en  1792,  et  y  passa  le  reste  de  ses 
jours.  La  société  d'émulation  de  cette  ville 
l'avait  admis  au  nombre  de  ses  membres.  Il 
mourut  au  mois  de  juin  1802,  à  l'âge  d'en- 
viron cinquante  ans.  On  connaît  sous  le  nom 
ds  ce  musicien  les  ouvrages  suivants  :  1°  Elé- 
ments de  musique  pratique,  et  solfèges  nou- 
veaux pour  apprendre  la  musique  et  le  goût 
du  chant;  Paris,  1784,  in-4°.  Une  deuxième 
édition  de  ce  livre  a  été  publiée  sous  ce  litre  : 
Eléments  de  musique  pratique  et  solfèges 
•nouveaux  italiens,    destinés    particulière- 
ment pour  apprendre  les  principes  détaillés 
de  cet  art,  mis  à  la  portée  des  jeunes  élèves, 
avec  une  basse  chiffrée  suivant  les  principes 
deVabbé  Roussier;  Paris  (sans  date),  Nader- 
man,  grand  in -8".  2°  Principes  abrégés  de 
musique,  à  l'usage  de  ceux  qui  veulent  ap- 
prendre à  jouer  du  violon;  Paris,  Louis  (sans 
date).  3°  Principes  abrégés  de  musique  pra- 
tique pour  le  forte-piano,  suivis  de  six  pe- 
tites sonates  formées  d'airs   connus;  ibid. 
4°  Nouvelle  théorie  sur  les  différents  mouve- 
ments des  airs,  fondée  sur  la  pratique  de  la 
musique  moderne,  avec  le  projet  d'un  nou- 
veau chronomètre  destiné  à  perpétuer  à  ja- 
mais, pour  tous  les  temps  comme  pour  tous 
les  lieux,  le  mouvement  et  la  mesure  des  airs 
de    toutes    les    compositions    de    musique; 
Rouen,  chez  l'auteur,  an  ix  (1801),  in-4°  de 
VIII  et  soixante-dix  pages,  avec  un  tableau  et 
dix  planches.  5°  Duos  pour  deux  violons,  op.  2; 
Paris,   Louis.  6°    Six  idem,   op.    11;    ibid. 
7"  Trois  sonates  en  duos  dialogues  pour  deux 
violons,  d'une  exécution  facile,  op.  12  ;  Paris, 
Naderman. 

ÏHIEIIS  (Jean-Baptiste),  théologien,  né  à 
Chartres,  le  11  novembre  1G36,  fut  d'abord 
curé  de  Champrond,  au  diocèse  de  Chartres, 
puis  de  Vibraye,  près  du  Mans,  où  il  mourut, 
le  28  février  1703.  On  a  de  cet  ecclésiastique 
beaucoup  de  savantes  dissertations  et  d'écrits 
singuliers,  particulièrement  sur  des  sujets  de 
liturgie,  au  nombre  desquels  on  remarque  le 
Traité  des  cloches  et  de  la  sainteté  de  Vof- 
frande  du  pain  et  du  vin  aux  messes  des 
morts;  Paris,  J.  de  Neuiily,  1721,  in-12.  On 
trouve  quelques  détails  intéressants  concer- 
nant la  musique  du  chœur  des  églises  en 
France,  dans  l'écrit  de  Thiers  intitulé  :  Dis- 
sertations ecclésiastiques  sur  les  principaux 
■autels,  la  clôture  du  chœur  et  les  jubés  des 
églises;  ibid.,  1G88,  in-12. 


THIJM  (Lambert  Jean  ALBERDOGK), 

compositeur  dechants  religieux  et  écrivain  sur 
la  musique,  naquit  à  Amsterdam,  de  parents 
catholiques,  le  30  septembre  1823.  Le  nom  de 
sa  famille  paternelle  était  Alberdingk;  mais 
son  père,  Jean- François ,  négociant  hollan- 
dais, ayant  épousé  Catherine  Thijm,  fut  au- 
torisé,   en    1835,    par   acte    authentique,    à 
prendre,  pour  lui  et  ses  descendants,  le  nom 
de  Thijm.  Amateur  zélé  et  instruit  de  musi- 
que,   élève    de    Berthelman,    Jean-François 
Thijm,  membre  de  plusieurs  sociétés  philhar- 
moniques, compositeur,  et  le  plus  ferme  sou- 
tien de  la  corporation  pour  l'exécution  des 
messes  en  musique  à  l'église  Saint-Pierre  et 
Saint-Paul  (1),  dirigea  lui-même  l'éducation 
musicale  de  son  fils  Lambert-Jean.  Après  que 
ses  études  littéraires  eurent  été  terminées,  ce 
jeune  homme  s'appliqua  particulièrement  à  la 
théorie  comme  à  la  pratique  de  l'art,  à  la  com- 
position, à  l'esthétique  et  à  lacritique  sérieuse. 
Ces  études,  réunies  à  celles  de  la  langue  et  de 
la  littéraire  française,  remplirent  ses  années 
de  vingt  à  trente.  La  musique  d'église  et  le 
chant  populaire  étaient  particulièrement  les 
objets  de  ses  méditations  et  de  ses  travaux.  Il 
exposa  ses  idées  sur  ces  objets  dans  plusieurs 
journaux    hollandais ,     particulièrement     le 
Spektator,    V  Album    der  Schoone    Konster 
(l'Album    des    beaux -arts),    les    Katholicke 
Stemmen  (Les  voix  catholiques),  le  Kalholick, 
et  le  Konst  en  Letterbode  (le  Messager  de  l'art 
et  de  la  littérature).  On  a  aussi  de  L.-J.  Alber- 
dingk Thijm,  sur  ces  mêmes  sujets,  les  ou- 
vrages suivants  :   1°  De  Musiek  in  de  Kerk. 
Gedachten  over  Kerkmuziek,  naar  aanlei- 
ding  der  geschied.  en  oordeelkundige  Be- 
schouwingen   over   de  wereldsche  en   ker- 
kelijke  Musijk,   bijeengebragt  en    bearbeid 
door  N.-A.  Janseen,  Pr.  (La   musique    à 
l'église.  Considérations  sur  la  musique  reli- 
gieuse, comme  introduction  aux  observations 
historiques  et  critiques  sur  l'union  de  la  mu- 
sique mondaine  et  de  la  musique  religieuse, 
par  N.-A.  Janssen,  prêtre,  etc.);  Amsterdam, 
C.-L.    Van   Langenhuysen,    1850,    in-8°   de 
trente-sept  pages.  2°  Nog  eenige  Gedachten 
over  Kerkmusijk  (Encore  quelques  considéra- 
tions sur  la  musique  d'église);  ibid.,  1854, 
in-8°de  seize  pages.  Thijm  avait  essentielle- 
ment le  sentiment  mélodique  ;  mais,  pour  la 
réalisation  de  ses  idées  sur  la  possibilité  de 

(1)  Il  avait  composé  une  messe  à  quatre  voix  et  or- 
chestre et  une  autre  avec  orgue  et  quelques  bagatelles 
pour  le  chant  et  le  piano,  publiées  à  Paris,  chez  Zetler 
et  O. 


216 


THIJM   -  THILO 


réunir  les  qualités  de  la  musique  moderne  à  la 
gravité  du  chant  de  l'église,   il   lui   manqua 
l'habileté  pratique  de  l'art  d'écrire  en  musi- 
que, parce  qu'il  ne  s'en  occupa  qu'à  un  âge  où 
cet  art  ne  devient  plus  familier.  Il  aurait  pu 
s'appliquer  ces  paroles  du  philosophe  Hem- 
sterhuis  :  «  Je  pleure  de  ce  que  j'ai  abandonné 
»   trop  inconsidérément  la  musique  dans  ma 
»  jeunesse.  Je  sens  que  je  l'ai  dans  l'âme  et 
»   que  j'étais  fait  pour  elle.  Je  sens  que  j'en 
»   aurais  tiré  parti;  enfin,  je  sens  que  plu- 
»  sieurs  vérités  sublimes  de  la  psychologie  ne 
»   sauraient  être  exprimées  que   par  elle.  » 
Toutefois,  Thijm,  sérieusement  occupé  de  la 
composition,    serait  vraisemblablement  par- 
venu à  la  facilité  de  production  que  donne 
l'habitude  d'écrire,  si  la  mort  ne  fût  venue  le 
frapper  à  l'âge  de  trente  et  un  ans,  le  1"  dé- 
cembre 1834.  Il  avait  arrangé  divers  ouvrages 
en  quintettes  pour  des  instruments  à  cordes,  un 
thème  des  Huguenots  pour  piano  à  quatre 
mains,  avait  écrit  plusieurs  quatuors  pour  des 
voix  d'hommes,  un  trio  pour  des  voix  de  femmes 
sur  le  texte  de  Goethe   Friïhzeitiger  Friïh- 
ling,et  enfin  une  messe  à  (rois  voix  en  choeur 
et  des  voix  seules  avec  orgue.  Mais  son  travail 
le  plus  important  est  le  volume  qu'il  a  publié 
avec  son  frère,   M.  Joseph-Albert  Alberdingk 
Thijm,   littérateur  et  archéologue  distingué, 
sous  ce  titre  :  Oude  en  nieuwere Kerstliedern, 
benevens  Gezangen  en  Liederen  van  andere 
Hoogtijden  en  Heiligedagen,   als  ook  van 
den  Advent  en   de   Vaslen,    gerangschikt 
naar  de  orde  van  het  Kerhelijk  jaar;  etc. 
(Cantiques  anciens  et  nouveaux,  avec  d'autres 
chants  et  cantiques  pour  les  jours  de  fêtes  et 
sanctifiés,  ainsi  que  pour  le  temps  de  l'Avent 
jusqu'au  carême,  etc.);  Amsterdam,  C.-L.  Van 
Lanqenhuysen,    1852,  un   volume   in-12   de 
XXIV  et  trois  cent  dix-huit  pages.  Toutes  les 
mélodies  de  ce  recueil  sont  accompagnées  de 
la  basse  chiffrée.  Les  n°s  II,  IV,  XXV,  LUI, 
LXX,  LXXXVII,  LXXXIX,  CXXVI  et  CXXXV 
ont  été  composés  par  L.-J.  Alberdingk  Thijm; 
il  a  retouché  les  numéros  anciens  III,  IX,  XI, 
L,  LU,  LXXXI,   LXXXIV,  XCV,   C,  CVIII, 
CXXXVI.  Lié  d'amitié  avec  le  célèbre  archéo- 
logue Hoffmann  de  Fallersleben,et  partageant 
ses  vues  concernant  les  chants  populaires  et 
religieux,  il  avait  composé  des  mélodies  pour 
quelques-unes  des  poésies  rhythmiques  de  ce 
littérateur  distingué  ;  M.  Joseph-Albert  Alber- 
dingk Thijm,  à  qui  l'on  doit  une  intéressante 
notice  sur  son  frère,  in-8°  de  trente  pages  (sans 
nom  de  lieu  et  sans  date),  y  a  ajouté  quatre  de 
ces  mélodies. 


THILO  (Valentin),  professeur  de  droit  à 
Kœnigsberg,  naquit  dans  cette  ville,  le  19  avril 
1607,  y  fit  ses  études,  et  y  mourut  le  27  juillet 
1662.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on  remarque 
un  éloge  funèbre  de  Jean  Slobanis  (voyez  ce 
nom),  intitulé  :  Laudalio  funebris  in  memor. 
Joh.  Stobxi,  Graudentini-Borussi,  sereniss. 
Elect.  Brandenb.  in  Borussia  capellx  ma- 
gistri  celeberrimi,  musici  excellentissimi ; 
Regiomontani,  1646,  in-4°. 

THILO  (Georges-Abraham),  candidat  pré- 
dicateur à  Grosbourg,  près  de  Breslau,  a  écrit, 
en  1750,  un  ouvrage  qui  est  resté  en  manuscrit, 
et  qui  a  pour  litre  :  Spécimen  palhologix 
musicx,das  ist  ein  Fersuch,wie  man  durch 
Klang  Affecten  erregen  hcenne.  Quelques  an- 
nées après,  Marquet  (voyez  ce  nom)  a  traité  le 
même  sujet  dans  son  livre  intitulé  :  Méthode 
pour  apprendre, par  les  notes  de  la  musique, 
à  connaître  le  pouls  de  l'homme,  etc.,  vrai- 
semblablement sans  avoir  eu  connaissance  du. 
travail  du  savant  allemand. 

THILO  ou  THIELO  (Charles-Auguste),, 
musicien  danois,  né  dans  les  premières  années 
du  dix-huitième  siècle,  vécut  à  Copenhague, 
et  établit  dans  cette  ville  le  premier  théâtre 
d'opéra,  pour  lequel  il  avait  obtenu  un  privi- 
lège du  roi  :  mais  il  en  fut  privé,  en  1748,  et 
mis  à  la  pension,  après  que  ce  spectacle  eut  <>u 
les  suffrages  de  la  ville  et  de  la  cour.  Le  roi  en 
confia  la  direction  à  quelquesgrands  seigneurs, 
plus  occupés  de  galanteries  avec  les  actrices 
que  des  progrès  de  la  musique.  Dans  sa  re- 
traite, Thilo  ne  cessa  de  consacrer  son  temps 
à  cet  art  et  produisit  plusieurs  ouvrages,  dont 
on  cite  ceux-ci  :  1°  Odes  avec  mélodies;  Co- 
penhague, 1755.2°  Air  italien  (d'un  genio  che 
m'accende),  pour  soprano,  avec   violons   et 
basse;   ibid.   ô"  Douze  menuets  de   redoute. 
4°  Symphonie  pour  le  clavecin.  Mais  la  pro- 
duction la  plus  importante  de  cet  artiste  est 
celle  qui  a  pour  titre  :  Tanker  og  Régler  fra 
Grunden  af  om  iVusiken,  for  dem  som  vil 
laere  Musiken,  til  Sindcls  Fornoyelse  saa  og 
for  dem  som  vil  giorc  Fait  ofClaveer,  Gene- 
ral-Bassen  og   Synge-Kunsten  (Règles    ou 
principes  par  lesquels  on   peut  parvenir  faci- 
lement soi-même  à  la  connaissance  des  élé- 
ments de  la  musique,  de  la  basse  continue  et 
de  l'art  du  chant)  ;  Copenhague,  1746,  in-fol. 
de     quatre-vingt-six    pages.    Thilo    donna, 
quelques  années  après,  une  traduction  alle- 
mande abrégée  du  même  ouvrage,  intitulée: 
Grundregeln,  wie  man  bei  weniger  Infor- 
mation,   sich  selbst    die  Fundamenta  der 
Musik  und  der  Claviers  lerncn  kann,  etc.; 


THILO  —  THOMAS 


217 


Copenhague,  1753,  in-4°  de  qualre-vingt-une 
pages. 

THILO  (Wilhelm),  né  dans  la  Thuringe, 
vers  1810,  élait,  en  1841),  directeur  du  sémi- 
naire royal  à  Erfurt.  On  a  de  lui  un  écrit  inti- 
tulé :  Dus  geistliche  Lied  in  der  evangelis- 
chen  volkschule  Deulschlands  (  Le  chant 
spirituel  dans  les  écoles  populaires  et  évangé- 
liques  de  l'Allemagne)  ;  Erfurt,  1842,  petit 
in-8°  de  soixante-seize  pages. 

THItONIUS  (Jean),  prédicateur  à 
l'église  Saint-Nicolas  de  Leipsick,  vécut  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a 
prononcé  dans  son  église  et  fait  imprimer  un 
éloge  de  Werner  Fahricius,  directeur  de  mu- 
sique à  Leipsick,  avec  sa  vie;  cet  ouvrage  a 
pour  litre  :  Musica  Davidica,  oder  David's 
Musik  :  eine  leichen-Rede  uuf  Wern.  Fabri- 
cio,  chori  musici  Director.  Lipsiensi  nebst 
dessen  Lebenslauf;  Leipsick,  1679,  in-4°. 

THOLLÉ  (Thomas),  né  à  Liège,  vers 
1760,  apprit  la  musique  à  l'église  de  Saint- 
Paul,  et  eut  pour  maître  Moreau,  qui  avait  été 
celui  de  Grélry.  Plus  tard,  il  entra  comme  en- 
fant de  chœur  à  l'église  Notre-Dame  d'An- 
vers. Ayant  obtenu  une  pension,  à  l'âge  de 
quatorze  ans,  pour  aller  continuer  ses  études 
en  Italie,  il  se  rendit  à  Naples,  et  suivit,  en 
qualité  d'externe,  les  leçons  deFenaroli  et  de 
Sala  au  Conservatoire  de  la  Pielà  de'  Tur- 
chini  (1).  Sorti  de  cette  école,  il  chanta  dans 
quelques  villes  de  l'Italie,  en  qualité  de  ténor 
d'opéra  bouffe,  puis  se  rendit  en  France,  où 
il  obtint  l'emploi  de  maître  de  chapelle  de 
l'église  de  Sainle-Radegonde,  à  Poitiers.  La 
clôture  des  églises  pendant  la  révolution 
l'amena  à  Paris;  il  s'y  livra  à  l'enseigne- 
ment du  chant  et  de  la  composition,  publia 
cinq  recueils  de  romances  ainsi  que  beau- 
coup de  morceaux  détachés  du  même  genre, 
et  lit  représenter  au  théâtre  des  Jeunes  Ar- 
tistes, en  1802,  Jtala,  opéra  en  deux  actes. 
Thollé  est  mort  à  Paris,  en  1823. 

THOMA  (Rodolphe),  né  à  Leschwilz  ou 
Leschnilz  (Silésie),  vers  1832,  a  complété  son 
éducation  musicale  à  l'Institut  royal  de  mu- 
sique d'église  de  Berlin,  pendant  les  années 
1855  et  1856.  Dans  ces  deux  années,  il  a 
écrit  quelques  compositions  pour  l'église,  au 
nombre  desquelles  sont  les  psaumes  34  et  95, 
qui  furent  exécutés  à  l'Académie  royale  de 
chant,  et  pour  lesquels  il  obtint  un  prix.  En 

(1)  Il  est  dit  dans  le  Dictionnaire  historique  des  musi- 
ciens, de  Choron  et  Fayollc,  que  Thollé  prit  des  leçons 
de  ces  maîtres  au  Conservatoire  de  Lorette  ;  mais  Fcna- 
roli  n'y  clait  plus  en  1771-,  et  Sala  n'y  a  jamais  été. 


1858,  il  s'est  établi  à  Hirschberg  (Silésie), 
comme  professeur  de  musique.  Il  y  dirige  une 
société  de  chant.  On  a  publié  de  sa  composi- 
tion, à  Berlin  et  à  Breslau,  de  légères  produc- 
tions pour  le  piano,  au  nombre  d'environ 
quinze  œuvres. 

THOMAS  D'AQUIN  (Saint),  ainsi 
nommé  parce  qu'il  naquit, en  1227,  à  Aquino, 
dans  le  royaume  de  Naples,  fut  un  illustre 
théologien,  et  mérita,  par  son  profond  savoir 
et  la  pureté  de  sa  doctrine,  d'être  mis  au 
nombre  des  docteurs  de  l'Église  par  le  pape 
Pie  V.  Dès  l'âge  de  cinq  ans,  il  commença  ses 
études  à  l'abbaye  de  Mont-Cassin.  Ses  progrès 
furent  si  rapides,  que  ses  parents  l'envoyèrent, 
à  treize  ans,  à  l'université  de  Naples;  puis  il 
alla  étudier  la  théologie  et  la  philosophie  à 
Cologne,  auprès  d'Albert  le  Grand.  Précédem- 
ment, il  était  entré  (en  1243)  dans  l'ordre  de 
Saint-Dominique,  au  couvent  de  Naples.  Les 
événements  de  la  vie  de  cet  homme  célèbre 
sont  trop  mêlés  aux  discussions  tbéologiques 
de  son  temps  pour  être  rapportés  ici.  Il  mou- 
rut dans  une  abbaye  de  l'ordre  de  Cileaux, 
près  de  Terracine,  sur  les  frontières  du 
royaume  de  Naples,  le  7  mars  1274,  et  fut  ca- 
nonisé par  le  pape  Jean  XXII,  le  18  juillet 
1325.  Les  œuvres  philosophiques,  théologi- 
ques et  autres  de  saint  Thomas  ont  été  réu- 
nies à  Rome  (1570),  en  dix-sept  volumes 
in-folio.  On  y  trouve  l'office  du  saint  sacre- 
ment qu'il  composa,  en  1263,  à  la  demande 
du  pape  Urbain  IV,  et  qui  fut  célébré  la  pre- 
mière fois  le  jeudi  après  l'octave  de  la  Pente- 
côte, en  1264.  Les  beaux  chants  de  l'hymne 
Pange  lingua,  et  de  la  prose  Lauda  Sion, 
qui  font  partie  de  cet  office,  sont  aussi  de  la 
composition  de  ce  saint  personnage.  A  ces 
chants,  l'auteur  de  la  Notice  sur  saint  Tho- 
mas, qui  se  trouve  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  frètes  iUichaud,  ajoute  celui  de 
l'hymne  Adoro  te  ;  mais  c'est  une  erreur,  car 
celte  hymne  n'a  été  introduite  dans  les  vêpres 
du  saint  sacrement  que  longtemps  après  la 
mort  de  saint  Thomas.  Je  possède  un  manu- 
scrit du  quatorzième  siècle  qui  contient  cet  of- 
fice dans  sa  forme  primitive,  et  V Adoro  te  ne 
s'y  trouve  pas  (1). 

THOMAS  DE  CELANO.  Voyez  Cli- 
LAIVO. 

THOMAS  A  SANTA  MARIA,  domi- 
nicain, né  à  Madrid,  au  commencement  du 
seizième  siècle,  mourut  au  couvent  de  Valla- 
dolid,  en  1570.  Il  a  publié  un  livre  intitulé  : 

(1)  Ce  manuscrit  a  passé  de  la  bibliothèque  de  l'alibé 
de  Tcrsan  dans  celle  de  Terne,  puis  dans  la  mienne. 


S18 


THOMAS 


Libro  llamado  Arte  de  Taner  fantasia,  assi 
para  Tecla  como  para  vihuela,  y  todo  in- 
strumenta, en  que  se  pudiere  taner  a  très  y 
a  quatro  vozes,  y  a  mas, par  cl  quai  en  brève 
iiempo,  y  con  poco  trabaio,  facilmenle  se 
podria  taner  fantasia  (Livre  appelé  Art  de 
jouer  de  fantaisie,  soit  sur  le  clavecin,  soit 
sur  la  viole  et  (ou t  autre  instrument,  par  le- 
quel on  peut  apprendre  en  peu  de  temps  et 
sans  beaucoup  d'étude  à  improviser  à  trois, 
quatre  et  un  plus  grand  nombre  de  parties)  ; 
Valladolid,  15G2,  in-fol.  min.  Cet  ouvrage  est 
divisé  en  deux  parties  :  dans  la  première,  l'au- 
teur traite  des  signes  de  la  musique,  de  la  me- 
sure, du  clavier  de  l'orgue  et  du  clavecin,  du 
manche  de  la  viole  à  six  cordes,  du  doigter, 
des  tons,  des  cadences  (clausulas),  des 
finales,  etc.;  dans  la  seconde,  il  enseigue  les 
règles  des  fantaisies  régulières,  ou  de  la  com- 
position. 

THOMAS  DE  SAINTE -AGATHE, 
cordelier,  procureur  et  vicaire  général  de  son 
ordre  dans  le  duché  d'Urbin,  au  commence- 
ment du  dix-septième  siècle,  remplit  ensuite 
les  mêmes  fonctions  dans  la  curie  romaine  des 
réformés  du  même  ordre  et  vécut  à  Rome  vers 
1G30-1G40.  Il  a  écrit  dans  sa  jeunesse  un  traité 
du  plain-chant,  publié  sous  ce  titre  :  Regulx 
brèves  et  faciles  candis  ecclesiaslici ;  i'rbini, 
apud  Bartholonueum  et  Simonem  Ragusios, 
ICI",  in-4°.  On  connaît  aussi  de  la  composi- 
tion de  ce  religieux  :  Mottelli  a  2,  5  e  4  voci, 
con  una  Missa  a  ô  voci,  libro  1°  ;  Rome,  Mu- 
solti,  1CÔ6,  in-4°. 

THOMAS  (Chrétien-Godefroid)  ,  né  le 
2  février  1748,  à  Wehrsdorf/près  de  Bautzen, 
fit  ses  éludes  à  l'université  de  Leipsick,  puis 
établit  une  maison  de  commerce  de  musique 
dans  celle  ville.  Celte  entreprise  n'ayant  pas 
réussi,  il  se  relira  des  affaires,  habita  quelque 
temps  à  Hambourg  et  y  concourut  avec  Forkel, 
Hiller  et  Schwencke,  pour  la  place  de  direc- 
teur de  musique,  devenue  vacante  par  la 
mort  de  Charles-Philippe- Emmanuel  Bach. 
Il  fit  exécuter  dans  les  concerts  de  celle  ville, 
en  1789,  plusieurs  morceaux  de  sa  composi- 
tion. De  retour  à  Leipsick,  il  y  vécut  sans  em- 
ploi,cultivant  la  musique  en  amateur.  Il  mourut 
dans  celle  ville,  le  12  septembre  180G,  à  i'àge 
de  cinquante-huit  ans.  Thomas  s'est  l'ail  con- 
naître comme  compositeur  et  comme  écrivain 
sur  la  musique.  On  connaît  sous  son  nom  un 
Gloria, à  trois  chœurs  avec  une  ouverture,  une 
cantate  à  la  louange  de  Joseph  II,  intitulée  : 
Le  Bonheur  de  l'Empire,  des  quatuors  et 
quelques  autres  morceaux  de  musique  instru- 


mentale. Ses  productions  de  littérature  musi- 
cale sont  celles-ci:  1° Praktische  Bcitr&gezur 
Geschichte der  Musik,musikalischen  Litera- 
tur  und  gemeinen  Besten,  elc.  (Essai  pra- 
tique concernant  l'histoire  de  la  musique,  la 
littérature  musicale,  etc.);  Leipsick,  1778, 
in-4°  de  soixante-quatre  pages,  premier  re- 
cueil. Cet  écrit  est  particulièrement  relatif  au 
commerce  de  musique  dans  ses  rapports  avec 
les  compositeurs ,  éditeurs,  copistes,  etc. 
2°  Unparteiische  Kritik  der  vorziichlichsten 
Seit  ô  Jahren  in  Leipzig  aufgefiihrten  und 
fornerhin  auf  zufùhrenden  grosscnKirchen- 
musiken,  Concerte,  und  Opéra, elc.  (Crilique 
impartiale  des  grandes  musiques  d'église,  des 
concerts,  des  opéras  exécutés  dans  les  trois 
années  précédentes  à  Leipsick);  Leipsick, 
1798,  in-4°  de  onze  feuilles.  Ce  journal,  inter- 
rompu en  1799,  fut  continué  en  1802,  puis 
cessa  de  paraître  après  un  seul  numéro.  5° Mu- 
kulische  kritische  Zeitschrift  (Écrit  périodi- 
que de  crilique  musicale)  ;  Leipsick,  1805,  deux 
volumes  grand  in-4°.  L'indication  de  cet  écrit 
m'est  fournie  par  Chr.-Goltl.  Kayser,  d„ns  son 
Bûcher- Lexikon  (cinquième  partie,  p.  457). 
Tous  les  auteurs  de  biographies  et  bibliogra- 
phies musicales  gardent  le  silence  sur  cet  ou- 
vrage. 

THOMAS  (Erkest-Dienegott),  docteur  en 
philosophie,  canlor  et  lecteur  à  l'église  réfor- 
mée de  Leipsick,  naquit,  en  1792,  à  Pausa,  en 
Saxe,  et  mourut  le  5  février  1824,  à  l'âge  de 
trente-deux  ans.  Il  a  publié  environ  vingt 
oeuvres  de  sonates  pour  le  piano,  des  pièces 
pour  la  guitare,  et  des  ouvrages  élémentaires 
pour  ces  deux  instruments  et  pour  le  chant, 
sous  les  litres  de  Musikalische  Jugendfreund 
(L'ami  musical  de  la  jeunesse);  Leipsick,  Pe- 
ters  (sans  date);  et  de  Musikalische  Gessell- 
schafter  fiir  Tœchter  (Compagnon  musical 
pour  les  jeunes  filles)  ;  ibid. 

THOMAS  (  Chaules-  Louis -Aubroise  ) , 
compositeur  dramatique,  professeur  de  com- 
position au  Conservatoire  impérial  de  mu- 
sique de  Paris,  et  membre  de  l'Académie  des 
beaux-arts  de  l'Institut  de  France,  est  né  à 
Metz,  le  5  août  1811.  Son  père,  professeur  de 
musique  dans  celte  ville,  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  dès  qu'il  eut  atteint  l'âge  de 
quatre  ans,  et  lui  fit  continuer  l'étude  du  sol- 
fège pendant  sept  ou  huit  années.  A  l'âge  de 
sept  ans,  il  commença  l'étude  du  violon  et  du 
piano  sous  la  direction  de  bons  maîtres;  et 
déjà  il  était  habile  exécutant  sur  ce  dernier 
instrument,  lorsqu'il  fut  admis,  en  1828,  au 
Conservatoire  de  Paris.  Élève  de  Zimmermaa 


THOMAS  —  THON 


219 


pour  le  piano,  de  Dourlen  pour  l'harmonie 
et  l'accompagnement,  et  de  Lestieur  pour  la 
composition,  il  reçut  aussi  des  conseils  de 
Ralkbrenner  pour  le  piano,  et  de  Barbereau 
pour  le  contrepoint.  En  1829,  il  obtint  le 
premier  prix  de  piano  au  concours.  Le  pre- 
mier prix  d'harmonie  lui  fut  décerné  en  1830, 
et  deux  ans  après,  l'Académie  des  beaux-arts 
de  l'Institut  de  France  lui  accorda  le  premier 
grand  prix  de  composition  musicale.  Devenu 
pensionnaire  du  gouvernement  à  ce  titre,  il 
résida  pendant  environ  trois  ans  en  Italie,  et 
passa  la  plus  grande  partie  de  ce  temps  à 
Rome  et  à  Naples,  puis  visita  Florence,  Bo- 
logne, Venise,  Triesle,  et  alla  de  cette  dernière 
ville  à  Vienne.  De  retour  à  Paris,  au  commen- 
cement de  1836,  il  y  a  composé  et  fait  repré- 
senter les  ouvrages  dramatiques  dont  les  titres 
suivent:  1°  La  Double  Echelle,  opéra-comique 
en  un  acte,  le  27  août  1857.20  Le  Perruquier 
de  la  Régence,  opéra -comique  en  trois  actes, 
le  30  mars  1838.  5°  La  Gipsy,  ballet  en  deux 
actes,  à  l'Académie  royale  de  musique,  1839. 
Cet  ouvrage  a  été  fait  en  collaboration  avec 
M.  Benoist.  4°  Le  Panier  fleuri,  opéra-comi- 
que en  un  acte,  le  6  mai  1839.  5°  Carline,  en 
trois  actes,  le  24  février  1840.  6°  Le  Comte 
âe  Carmagnola,  grand  opéra  en  deux  actes, 
le  19  avril  1841.  7°  Le  Guérillero,  idem  en 
deux  actes,  le  24  juin  1842.  8°  Angélique  et 
Médor,  opéra-comique  en  un  acte,  le  10  mai 
1843.  Découragé  rarle  peu  de  succès  de  ces 
derniers  ouvrages  ,  M.  Ambroise  Thomas 
n'aborda  plus  la  scène  lyrique  pendant  cinq 
ans  ;  mais  son  retour  au  théâtre  se  fit  d'une 
manière  brillante  par  le  Caïd,  opéra-comique 
en  trois  actes,  représenté  le  3  janvier  1849.  Le 
Songe  d'une  nuit  d'été,  en  trois  actes,  joué  le 
20  avril  1850,  ne  fut  pas  moins  heureux,  et 
acheva  de  placer  M.  Thomas  à  la  tête  des 
jeunes  compositeurs  français.  A  cet  ouvrage 
succédèrent  Raymond,  en  trois  actes,  joué  au 
même  théâtre,  le  5  juin  1851  ;  la  Tonelli,  en 
deux  actes,  le  30  mars  1853  ;  la  Cour  de  Cé- 
limène,  en  deux  actes,  le  II  avril  1855; 
Psyché,  en  trois  actes,  le  26  janvier  1857,  et 
le  Carnaval  de  Venise,  en  trois  actes,  le  9  dé- 
cembre de  la  même  année.  Depuis  ce  dernier 
ouvrage  jusqu'au  moment  où  cette  notice  est 
complétée  (1864),  c'est-à-dire,  pendant  près 
de  sept  ans,  aucun  ouvrage  nouveau  de  M.  Tho- 
mas n'a  paru  sur  la  scène.  Talent  fin,  gra- 
cieux, élégant,  toujours  distingué,  ayant  l'in- 
stinct delà  scène,  souvent  mélodiste,  écrivant 
en  maître  et  instrumentant  de  même,  cet  artiste 
n'a  malheureusement  pas  la  santé,  nécessaire  à 


l'énergie  de  la  pensée.  Il  a  le  charme  délicat  et 
l'esprit,  quelquefois  il  lui  manque  la  force.  Quoi 
qu'il  en  soit,  M.  Ambroise  Thomas  n'en  est  pas 
moins  un  des  compositeurs  les  plus  remar- 
quables qu'ait  produits  la  France.  Homme  d'es- 
prit, ayant  de  l'instruction  et  de  la  littérature,, 
il  a  plusieurs  fois  porté  la  parole  à  l'Institut, 
comme  directeur  de  l'Académie  des  beaux-arts, 
ou  comme  rapporteur,  et  ses  travaux  en  ce 
genre  se  sont  fait  remarquer  par  un  style  pur, 
élégant  et  facile.  Cet  artiste  s'est  fait  connaître 
aussi  par  la  publication  d'une  messe  de  Re- 
quiem, écrite  à  Rome  (Paris,  Richault),  quel- 
ques autres  morceaux  de  musique  religieuse  à 
plusieurs  voix,  et  beaucoup  de  mélodies  et  de 
romances.  Ses  œuvres  de  musique  instrumen- 
tale sont  celles-ci  :  1°  Grand  quintette  pourdeux 
violons,  deux  ailes  et  basse;  Paris,  Richault. 
2°  Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
op.  1jiLeipsick,Hol'meister.  5°  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle;  Paris,  Richault.  4°  Fan- 
taisie pour  piano  et  orchestre,  op.  G.  5°  Fan- 
taisie sur  un  air  écossais,  pour  piano  seul, 
op.  5;  ibid.  6°  Six  caprices  pour  piano  seul  en 
forme  de  valses  caractéristiques,  op.  4  ;  Leip- 
sick,  Hofmeister.  7°  Deux  nocturnes;  idem. 
8°  Rondeaux  pour  piano  à  quatre  mains. 
9°  Chœurs  pour  voix  d'hommes,  d'un  effet  re- 
marquable. 

THOMAS  (Georges-Sébastien),  maître  de 
chapelle  et  chef  des  musiques  militaires  du 
grand-duché  de  Hesse-Darmstadt,  chevalier 
de  l'ordre  de  Mérite  de  Philippe  leMagnanime, 
est  né  à  Darmsladt,  d'une  famille  d'artistes 
au  service  de  la  cour.  Il  est  auteur  d'une  his- 
toire de  la  musique  de  la  cour  du  grand- 
duché  de  Hesse-Darmstadt,  intitulée  :  Die 
Grossherzogliche  Hofkapelle ,  deren  perso- 
nalbestand  und  TFirhen  unler  Ludwig  I. 
Grossherzog  von  Hessen  und  bei  Rhein: 
als  ein  Beitrag  zu  seiner  Lebensgeschichte 
und  zur  Geschichle  der  Kunslentwichelung 
Darmstadls;  Darmsladt,  1859,  in-8°  de  cent 
quarante  pages,  deuxième  édition;  j'ignore  la 
date  de  la  première. 

THOIV  (  Chrétien -Frédéric-Théophile) , 
polygraphe  allemand,  né  dans  la  Saxe,  vers 
1780,  a  publié  des  livres  sur  plusieurs  arts  et 
métiers,  parmi  lesquels  on  remarque  celui  qui 
a  pour  litre  :  Ueber  Alavier  Instrumente, 
deren  Ankauf,  Behandlung  und  Stimmung 
(Sur  les  instruments  à  clavier,  leur  acquisi- 
tion, leur  entretien  et  leur  accord);  Sonders- 
hausen,  1817,  in-8°.  Il  en  a  été  fait  une 
deuxième  édition  à  Ilmenau,  chez  Voigl,  en 
1826,  in-8". 


'220 


THORETTE  —  THURNER 


THORETTE  (Pierre),  bénéficier  et  mu- 
sicien de  la  cathédrale  de  Liège,  mort   dans 
.celte  ville,  en  1684,  est  auteur  d'une  sorte  de 
symphonie  connue  sous  le  titre  de  Chasse  de 
saint  Hubert,  et   qu'on    exécutait    autrefois 
chaque  année  à  l'église  Saint-Pierre.  On  la 
joue  encore  à  grand  orchestre  à  l'église  de 
Sainte-Croix.  Ce  morceau,  qui  n'est  pas  sans 
mérite  pour  le  temps   oit   il   fut  écrit,  a  eu 
beaucoup  de    célébrité  dans    le    diocèse    de 
Liège. 
THIMA.  Voyez  TUMA. 
THURING  (Joaciiim),    en    latin   TH.U- 
RIINGUS,  candidat  en  théologie  et  poêle  cou- 
ronné, naquit  à  FUrstemberg,  dans  le  Meck- 
lenbourg,  et  vécut  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  On  a  île  lui  un  très-bon  livre 
dont  il  publia  le  sommaire,  sous  ce  litre  :  7Vr«- 
cleus  musicus  de  modis  seu  tonis  ex  optimis 
tiimveterum  quant  recentiorum  musieorum 
abstrusioribus   scriptis   enucleatus;    Bero- 
lini,  typis  Georgii  Rungii,  impensis  John. 
Kallii,  1622,  in-8°  de  deux  feuilles.    L'ou- 
vrage annoncé  par  ce  programme  parut  en- 
suite sous  ce   titre  :  Opusculum  bipartilum 
de  primordiis  musicis,  quippe  \°  De  tonis 
sive   modis  ;    2°  De    componendi    regulis. 
Ulrumque  ex  optimis  tam  veterum  quam 
recentiorum  musieorum  ubstrusioribits scrip- 
tis erutum,  et  facili  jucunditate,  jucunda- 
que  facilitate  juventuti  prxparatum  ;  Bero- 
lini,    typis   Georgii    Rungii.    impensis    et 
s'imptibus  Johannis  Kallii,  1624,  in -4°.  La 
première  partie  forme  huit  feuilles  et  demie; 
la   deuxième,  dix-sept  feuilles.    Le  livre  est 
précédé   d'éloges   en   vers  de  l'auteur  et  de 
l'ouvrage,  par  les  canlors  Burmeisler,  Mylius, 
Dedekind  et  autres.  Ces  éloges  sont  mérités, 
car  le    livre    de    ThUring   est  un    des  meil- 
leurs qu'on  ait  écrits  sur  l'ancienne   tonalité. 
Cet  écrivain,  qui  était  jeune  lorsqu'il  fit  pa- 
raître son    ouvrage,  y  démontre   fort    bien, 
contre  l'opinion  de  Glaréan    et  de  quelques 
autres  théoriciens,  que  les  modes  de  celte  to- 
nalité ne  sont  pas  au  nombre  de  douze,  mais 
de  quatorze.  On  trouve  aussi  de  fort  bonnes 
choses  dans  la  seconde  partie,  qui  traite  en 
dix  chapitres  de   l'harmonie,  telle   qu'on  la 
considérait    alors,    et    du    contrepoint.    Les 
exemples  nombreux  de  contrepoints  et  de  ca- 
nons que  renferme  cette    partie   sont    bien 
écrits. 

THURING  (Jean),  né  à  Trebin,  dans  le 
Brandebourg,  fut  maître  d'école  à  Willersladt, 
dans  la  première  partie  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Can- 


tiones  sacrx;  Erfurt,  1617.  2°  Chrislliche 
Gesxnge  (Recueil  de  chants  chrétiens)  ;  Jéna, 

1620,  in-4°.  5°  XV  geistliche  Motetten,  etc. 
(Quinze  molets  spirituels,  suivis  de  litanies  et 
du  Te  Deum,  à  quatre  et  huit  voix);  Erfurt, 

1621,  in-4°.  4°  Sertum  spirituale  musicale, 
ou  Chansons  spirituelles  à  trois  voix;  Erfurt, 
1637,  in-4°. 

THUUIX  (Charles),  organiste  et  composi- 
teur, né  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle,  fut  élève  de  Rink  pour  l'orgue 
et  pour  la  composition.  Il  entra  au  service  du 
grand-duc  de  Hesse-Darmstadl,  en  1829,  avec 
le  titre  de  maître  de  musique,  ou  vice-maître 
de  chapelle.  Il  resta  dans  celte  position  jus- 
qu'en 1859  ;  alors,  il  accepta  la  place  de  pro- 
fesseur et  directeur  du  chant  au  séminaire  de 
Friedberg.  Il  occupait  encore  celle  place  en 
1847.  On  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Sept 
pièces  d'orgue  pour  l'usage  du  service  divin; 
Francfort,  Hedler.  2°  Recueil  de  pièces  faciles 
île  conclusion  pour  l'orgue  ;  Friedberg,  Bin- 
dernagel.  3»  Huit  chants  pour  un  chœur 
d'hommes;  Spire,  Lang.4"  Praldische  Schule 
fiir  den  Volksgesang  (Méthode  pratique  pour 
le  chant  du  peuple),  en  deux  suites;  Fried- 
berg, Bindernagel. 

THURNER    (Frédéric-Eugène),    haut- 
boïste distingué,  naquit,  le  9  décembre  1785, 
à  Mnenpelgard,  dans  le  Wurtemberg.  Ayant 
été  conduit  fort  jeune  à  Cassel,  il  y  apprit  la 
musique  et  le  piano,  sous  la  direction  de  Her- 
stell,  organiste  de  la  cour.  Avant  l'âge  de  huit 
ans,  il  exécutait  déjà  sur  cet  instrument  les 
concertos  de  Mozart.  Il  apprit  ensuite  à  jouer 
de  plusieurs  instruments  à  vent,  particulière- 
ment de  la  tlûle  et  du  hautbois.  L'impératrice 
de  Russie,  Marie  Fœdorowna,  fille  du  duc  de 
Wurtemberg,  lui  ayant  accordé  une  pension 
pour  continuer  ses  éludes,  il  se  rendit  à  Mu- 
nich, en  1801,  pour  y  perfectionnerson  talent, 
sous  la  direction  du  célèbre  hautboïste  Ramm. 
Ce  fut  dans   celle    ville  qu'il  publia  ses  pre- 
miers essais  de  composition.  Ses  éludes  lermi- 
nées,  il  vécut  d'abord  quelque  temps  à  Offen- 
bach,  dans  la  maison  d'un  riche  négociant, 
grand  amateur  de  musique,    puis    entra    au 
service  du  duc  de  Brunswick.  En  1807,  il  aban- 
donna cette  position  pour  entrer  dans  la  cha- 
pelle du  roi  de  Weslphalie,  à  Cassel  ;  et  lors- 
que les  événements  politiques  eurent  mis  fin  à 
l'existence  de  ce  royaume,  en  1813,  il  voyagea 
en  Allemagne,  vécut  quelque  temps  à  Vienne, 
puis  visita  Prague,  Leipsick  el  Francfort.  Ar- 
rivé dans  celte  dernière  ville,  il  y  trouva  son 
ancien  ami  Spohr,  qui  venait  de  prendre  la 


TOURNER  —  TICALDI 


221 


direction  de  la  musique  du  théâtre  de  cette 
ville,  et  qui  engagea  Thurner  pour  son  or- 
chestre; mais  celui-ci  ne  resta  pas  longtemps 
dans  celle  position.  Il  se  rendit  en  Hollande, 
se  fixa  à  Amsterdam,  vers  la  fin  de  1818,  et  y 
mourut  le  21  mars  1827,  dans  l'hôpital  des 
aliénés.  Thurner  a  écrit  pour  l'orchestre  trois 
symphonies,  une  ouverture,  op.  51,  gravée  à 
Leipsick,  chez  Hofmeister;  quatre  concertos 
pourhaulhois  (œuv.12,59,41  el44),Mayence, 
Scholt;  Leipsick,  Hofmeister,  et  Amsterdam; 
quatre  quatuors,  dont  un  brillant,  pour  haut- 
bois, violon,  alto  et  basse,  Bonn,  Simrock,  et 
Leipsick,  Hofmeister;  un  trio  pour  hautbois 
et  deux  cors,  op.  56,  Leipsick,  Probst  ;  des 
rondeaux  brillants  et  divertissements  pour 
hautbois  et  quatuor,  op.  52,  58,  Leipsick,  Hof- 
meister; sonate  pour  piano  et  cor,  op.  29, 
Leipsick,  Pelers;  duos  pour  piano  et  hautbois, 
op.  45,  46,  ibid.;  sonale  brillante  pour  piano 
seul  ,  op.  55,  Leipsick,  Probst;  quelques 
pièces  détachées  pour  piano,  etc. 

THUS  (David),  en  latin  THUSIUS,  né 
dans  le  pays  de  Mansfeld,  en  Saxe,  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :  Epithalamium 
Qvocum;  Erfurt,  1609. 

TIIYS  (Alphonse),  compositeur  et  profes- 
seur de  musique,  né  à  Paris,  le  8  mars  1807, 
se  livra  dès  son  enfance  à  l'étude  du  piano,  et 
fut  admis  comme  élève  au  conservatoire  de 
Paris,  le  6  octobre  1825.  M.  Bienaimé  lui  en- 
seigna l'harmonie  pratique,  et  Berton  fut  son 
professeur  de  composition.  En  1855,  il  con- 
courut à  l'Institut  pour  le  grand  prix  de  com- 
position musicale.  Le  sujet  du  concours  était 
la  cantate  intitulée  le  Contrebandier  espa- 
gnol :  le  premier  prix  lui  fut  décerné.  Quoique 
ce  succès  lui  donnât  le  titre  et  les  droits  de  pen- 
sionnaire du  gouvernement,  M.  Thys  ne  profita 
pas  de  ces  avantages,  ne  voyagea  ni  en  Italie, 
ni  en  Allemagne,  et  continua  de  cultiver  l'art 
à  Paris.  Les  premières  productions  qui  le  firent 
connaître  furent  des  romances,  des  chanson- 
nettes et  des  morceaux  faciles  pour  le  piano. 
Au  mois  de  juillet  1855,  il  débuta  dans  la  car- 
rière de  compositeur  dramatique  par  Aida, 
opéra  en  un  acte,  représenté  au  théâtre  de 
l'Opéra-Comique,  et  qui,  mal  joué,  mal  chan-té, 
et  mal  accompagné  par  l'orchestre,  produisit 
peu  d'effet,  et  ne  resta  pas  à  la  scène.  Le  roi 
Margot,  sorte  de  comédie  à  ariettes,  joué  au 
théâtre  de  la  Renaissance,  au  mois  de  janvier 
1859,  n'eut  pas  un  meilleur  sort;  mais 
M.  Thys  fut  plus  heureux  avec  Oreste  et  Py- 
lade,  en  un  acte,  joué  à  l'Opéra-Comique,  au 


mois  de  février  1844,  et  surtout  avec  l'Ama- 
zone, opéra-comique  en  un  acte,  représenté  au 
même  théâtre,  au  mois  de  novembre  1845.  Son 
dernier  ouvrage  dramatique  est  la  Sournoise, 
opéra-comique  en  un  acte,  représenté  au  mois 
de  septembre  1848.  M.  Thys  a  écrit  aussi  des 
chœurs  pour  des  voix  mêlées  et  pour  des  voix 
d'hommes. 

THYS  (Auguste),  amateur  de  musique,  né 
àGand,  en  1821,  a  été  attaché  à  la  rédaction 
d'un  journal  flamand  après  avoir  terminé  ses 
études  ;  puis  il  est  entré  dans  une  administra- 
tion publique  de  sa  ville  natale.  Peu  de  Belges 
ont  fait  autant  que  lui  pour  le  développement 
du  goût  du  chant  d'ensemble  dans  son  pays.  Il 
n'était  âgé  que  de  dix -huit  ans  lorsque,  en 
1859,  il  prit  part  aux  travaux  des  sociétés  cho- 
rales. Secrétaire  de  la  Société  d'Orphée  depuis 
1840  jusqu'en  1860,  il  déploya  dans  ses  fonc- 
tions une  prodigieuse  activité.  En  1855,  il  a 
été  nommé  secrétaire  de  la  Société  royale  des 
chœurs  de  Gand  :  il  en  exerce  encore  les  fonc- 
tions (1864).  On  doit  à  M.  Thys  un  volume  dont 
la  première  édition  a  pour  titre  :  Historique 
des  sociétés  chorales  de  Belgique;  Gand,  de 
Busscher  frères,  1855,  gr.  in-8"  de  deux  cent 
seize  pages  à  deux  colonnes.  On  y  trouve  l'in- 
dication de  toutes  les  sociétés  de  chœurs  qui 
existent  dans  les  provinces  du  royaume  de  Bel- 
gique, leur  organisation  et  leurs  mutations  : 
l'histoire  des  cours  ouverts  dans  le  pays,  en 
France,  en  Allemagne,  en  Hollande  et  en 
Suisse  pour  la  meilleure  exécution  du  chant 
d'ensemble;  les  festivals  internationaux;  le  ré- 
pertoire des  sociétés  chorales,  et  des  notices 
sur  les  compositeurs  belges,  particulièrement 
sur  ceux  qui  ont  écrit  des  chœurs  pour  des  voix 
d'hommes.  Une  deuxième  édition  très-amé- 
liorée  et  augmentée  de  cet  ouvrage  a  été  pu- 
bliée sous  le  titre  :  Les  Sociétés  chorales  en 
Belgique  ;  Gand,  de  Busscher  frères,  1861,  un 
volume  gr.  in-8°  à  deux  colonnes  de  deux  cent 
soixante-deux  pages.  Cette  nouvelle  édition 
s'est  écoulée  si  rapidement,  que  l'auteur  en 
prépare  une  troisième  au  moment  où  cette  no- 
lice  est  écrite. 

ÏHYSSETIUS  (  Benoit  ) ,  compositeur 
allemand,  est  auleur  d'un  recueil  de  chants 
spirituels  à  quatre  voix,  intitulé  :  Christliche, 
liebliche,  anmuthige  Gesxngen  mit  4  Stim- 
men;  Witlenberg,  1614. 

T1BALDI  (Charles),  lénor  distingué,  na- 
quit à  Bologne,  en  1776.  A  peine  âgé  de  vingt  et 
un  ans,  il  débuta  avec  succès  sur  les  théâtres 
de  sa  patrie.  Appelé  à  Vienne,  en  1804,  il  y 
fut  accueilli  avec  faveur,  puis  il  brilla  sur  le 


222 


TIBALDI  —  TICHATSCHECK 


Ihéàlre  de  Dresde.  Un  congé  lui  ayant  élé  ac- 
cordé par  le  roi  de  Saxe,  il  voyagea  en  Alle- 
magne, en  Italie,  et  chanta  sur  le  théâtre  du 
Roi  à  Londres,  en  1818.  De  retour  à  Dresde, 
en  1820,  il  y  reprit  son  service  à  la  cour,  et 
fut  pensionné  en  1830,  avec  l'autorisation  de 
se  retirer  à  Bologne.  Il  est  mort  dans  cette 
ville,  au  mois  de  novembre  1835. 

TIBALDI  (Jean-Baptiste),  violoniste  et 
compositeur  à  Modène,  vécut  dans  cette  ville, 
et  fut  au  service  de  la  cour  dans  les  premières 
années  du  dix-huitième  siècle.  On  a  imprimé 
de  sa  composition  deux  livres  de  trios  pour 
deux  violons  et  basse,  op.  1  et  2,  à  Amsterdam, 
chez  Roger. 

TIBALDI  (Joseph-Loiis),  né  à  Bologne, 
en  1719,  fut  agrégé,  comme  compositeur,  à 
l'Académie  des  Philharmoniques  de  celte  ville, 
en  1747,  et  obtint  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle à  San-Giovann'  in  Monte.  Quelques 
années  après,  il  quitta  celte  position  pour  de- 
venir chanteur  dramatique.  Son  talent  se  fit 
admirer  sur  les  principales  scènes  de  l'Italie, 
en  Espagne  et  à  Vienne.  Du  retour  à  Bologne, 
il  y  fut  nommé  prince  de  l'Académie  des  Phil- 
harmoniques, en  1759.  Cet  artiste  est  vrai- 
semblablement le  ténor  qui  est  indiqué  dans 
les  livrets  de  quelques  opéras  sous  le  nom  de 
Giuseppe  Tibaldi,  et  dont  parle  Mancini  (I), 
sans  indiquer  son  prénom. 

Ce  Giuseppe  Tibaldi  chantait  au  carnaval 
de  1760,  au  théâtre  S.  Benedetto,  de  Venise, 
dans  le  Gianguir  de  Ciampi.  A  l'automne  de 
176G,  il  chantait  au  théâtre  S.  Cassiano  de  la 
même  ville,  dans  le Solimano  de  Sciroli.  Enfin, 
on  le  retrouve  à  Bologne,  au  carnaval  de  1772, 
où  il  chanlait  dans  It  Didone  de  Piccinni.  Il 
était  alors  âgé  de  53  ans;  ce  fut  sans  doute  la 
fin  de  sa  carrière.  Ce  Giuseppe  Tibaldi  avait 
épousé  Rosa  Taiiag]ini,  cantatrice  distinguée, 
qui  mourut  le  17  novembre  1775.  On  ne  con- 
naît pas  la  date  du  décès  de  Tibaldi. 

TIBALDI  (Pietro),  qui  fut  ténor  contem- 
porain de  Giuseppe  ou  Joseph-Louis,  et  qui 
était  peut-être  de  la  même  famille  bolonaise, 
n'est  connu  que  par  deux  indications  précises, 
dontla  première  se  trouve  dans  le  livreldel'o- 
péra  Adriano  in  Siria,  de  Monza,  où  l'on  voit 
qu'il  chanla  dans  cet  ouvrage  au  théâtre  San- 
Carlo  de  Naples,  le  4  novembre  1769;  l'autre 
est  fournie  par  Y  Indice  teatrale  di  Milano, 
du  carnaval  de  1772,  qui  mentionne  ce  chan- 
teur comme  engagé  à  Livourne,  pour  la  même 
saison. 

(1)  Re/Jessioni  sut  canto  figuralo,  éd.  de  1777,  p.  42. 


TIBALDI-BIAGI  (Constance),   fille  du 
précédent,  est  née  à  Dresde,  en  1806.  Formée 
dans  l'art  du  chant  par  Benelli,  elle  débuta 
avec  succès  au  théâtre  de  Dresde  :  on  y  admira 
la  puissance  de  sa  voix  de  contralto.  Plus  tard, 
elle  fut  appelée  à  Berlin  pour  remplacer  ma- 
demoiselle Sontag  au  Ihéàlre  de  Rœnigstadt, 
et  y  reçut  beaucoup  d'applaudissements.  Son 
début  au  théâtre  italien  de  Londres  fut  aussi 
fort  heureux,  mais  elle  eut  une  chule  complète 
à  Paris  dans  le  rôle  de  Tancrède  de  l'opéra 
de  Rossini.  Cet  événement  lui  causa  tant  de 
chagrin,  qu'elle  prit  la  résolution  de  se  retirer 
du   théâtre,  et  de  retourner  à   Bologne,  près 
de  son  père.  Elle  épousa  dans  cette  ville  un 
riche  négociant  nommé  Biagi,  et  depuis  lors 
elle  a  cultivé  la  musique  comme  amateur,  se 
faisant  entendre  avec  succès  dans  les  salons. 
TIBURCE  (le  P.  François),  capucin  du 
couvent  de  Bruxelles,  né  dans  celte  ville,  vers 
1580,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  un 
recueil  de  litanies  sous  ce  titre  :  Litanix  se- 
rapkicx  B.  Maris  Virginis,  5,  4,  5,  6  et  8 
vocibus  cum  basso  continuo  ad  organum; 
Antverpias  apud  hxredes  P.  Phalesii  (sans 
dalel,  in-4".  On  trouve  à  la  fin  du  recueil  un 
Tantum  ergoà  huit  voix. 

TICHATSCHECK  (Joseph-Aloys),  cé- 
lèbre ténor  allemand,  né  à  Weckelsdorf,  en 
Bohême,   le   11   juillet  1807,   fut  envoyé  au 
gymnase   de   Braunau   dès   son    enfance,   et 
chanla  au  chœur  de  l'église  des  bénédictins  de 
cette  ville,  jusqu'à  l'âge  de  dix-sept  ans.  En 
1827,  il  se  rendit  à  Vienne,  pour  y  étudier  la 
médecine,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  chanter 
quelquefois  au  chœur  de  l'église  Saint-Michel, 
dont  le  premier  chantre,  nommé  Weinkopf, 
était  aussi  directeur  du  chœur  au  théâtre  de  la 
porte  de  Carinthie.  Ayant  remarqué  la  beauté 
tout  exceptionnelle  de  la  voixdeTichatscheck, 
il  lui  donna  le  conseil  de  suivre  la  carrière 
dramatique  et  de  renoncer  à  la  médecine.  Sé- 
duit par  l'appât  des  succès  du  théâtre,  Ti- 
chatscheck  n'hésita  pas  à  suivre  l'avis  qui  lui 
était  donné,   et  prit  des  leçons  de  chant  du 
professeur  italien   Ciccimara.  Entré  comme 
choriste  à  l'Opéra  de  la  cour,  il  y  joua  d'abord 
quelques  petits  rôles;  puis  il  reçut  un  engage- 
ment pour  le  théâtre  de  Grœlz,  en  qualité  de 
premier  ténor,  et  y  débuta  en  1834  :  la  beauté 
extraordinaire  de  sa  voix  décida  son  succès  dès 
la   première  soirée.  Rappelé   à  Vienne  dans 
l'année  suivante,  il  y  produisit  une  proronde 
impression  et  resta  attaché  au  théâtre  impérial 
de   l'Opéra  pendant  trois  ans.   En  1838,    il 
reçut  un  engagement  pour  le  théâtre  royal  de 


TICHATSCI1ECK  —  TIEIISEN 


Dresde,  et  le  roi  le  nomma  chanteur  de  la 
chambre.  Un  véritable  enthousiasme  éclatait 
dans  toute  la  salle  chaque  fois  qu'il  chantait. 
En  1839,  il  fut  appelé  à  Londres  pour  chanter 
l'opéra  allemand  pendant  la  saison  :  il  retourna 
dans  cette  ville  pendant  trois  années  consécu- 
tives et  y  excita  toujours  l'admiration  générale. 
Tour  à  tour  Berlin,  Leipsick,  Hambourg,  Mu- 
nich et  Vienne  l'applaudirent  avec  transport  ; 
mais  il  resta  toujours  attaché  au  théâtre  royal 
de  Dresde,  où  je  l'entendis  en  1850.  Après 
cette  époque,  je  ne  trouve  plus  de  renseigne- 
ments sur  la  suite  de  sa  carrière. 

TIDO  (Henri),  né  en  Lilhuanie,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  fit  ses 
éludes  à  Francforl-sur-1'Oder,  et  y  fit  im- 
primer une  thèse  intitulée  :  Programma  de 
Studioso  musicx,  1692,  in-4°. 

TIECR  (Louis),  docteur  en  philosophie  et 
poète  romantique,  né  à  Berlin,  le  51  mai  1773, 
a  fait  ses  études  aux  universités  de  sa  ville  na- 
tale et  de  Halle.  Après  avoir  publié  ses  premiers 
ouvrages  à  Berlin,  il  habita  quelque  temps  à 
Hambourg  et  s'y  maria.  Plus  tard,  il  fit  im- 
primer à  Jéna  (en  1800)  un  journal  poétique 
qui  fut  interrompu  après  la  publication  du  se- 
cond numéro.  Il  fil  aussi  paraître  une  Feuille 
dramaturgique,  ou  Considérations  sur  les 
théâtres  allemand  et  anglais  pendant  les  an- 
nées 1817ei  181 8,  réimprimée  à  Breslau  en  1825 
et  1826,  grand  in-16.  Enfin,  il  prit  part  à  la 
rédaction  delà  Gazette  des  Théâtres  (Theater- 
zeitung)  publiée  à  Dresde.  Fixé  dans  celte  ville, 
en  1821,Tieck  y  eut  les  litres  de  conseiller  de 
couretde  membre  de  l'intendancedes  théâtres. 
Dans  les  dernières  années,  il  est  retourné  à 
Berlin,  où  la  direction  de  la  scène  du  théâlre 
royal  lui  a  été  confiée  par  le  roi.  Parmi  les 
premières  productions  de  celhomme  distingué, 
on  remarque  celle  qu'il  publia  sous  ce  titre  : 
J/crzensergieszungen  eines  Kunslliebenden 
Kloslerbruders  (Épanchemenls  du  cœur  d'un 
jeune  moine  amateur  de  l'ail);  Berlin,  1797, 
in-8n.  Ayant  ensuite  retouché  cette  première 
ébauche,  il  en  fit  le  livre  intitulé  :  Phantasie 
iiber  die  Kunst  (Fantaisie  sur  l'art);  Ham- 
bourg, Perthès,  1799,  in-8°  de  deux  cent 
quatre-vingt-trois  pages.  Tieck  y  traite  de 
l'esthétique,  mais  non  d'une  manière  théorique 
ou  systématique.  Une  deuxième  édition  de 
ce  livre  a  paru  à  Berlin,  en  1814,  un  volume 
in-8°,  et  il  a  été  réimprimé  dans  les  œuvres  de 
l'auteur,  en  quinze  volumes,  à  Berlin  (1828- 
1829).  Tieck  nous  apprend  dans  l'avertissement 
de  l'édition  de  Hambourg  qu'une  partie  de  cet 
ouvrage,  c'est-à-dire  celle  qui  concerne  la  mu- 


sique, lui  fut  donnée  par  son  ami  mourant, 
W.-II.  Wackenrader,  grand  amateur  de  cet 
art,  pour  former  la  suite  des  Épanchemenls 
du  cœur  d'un  jeune  moine.  Celle  partie,  qui 
forme  la  deuxième  de  l'ouvrage,  occupe  les 
pages  132  à  269,  et  dans  l'édition  de  Berlin 
(1814),  les  pages  160  à  244.  L'écrit  de  Tieck 
jouit  en  Allemagne  d'une  grande  renommée  : 
Hegel  seul  a  attaqué  le  livre  et  l'auteur  avec 
beaucoup  de  sévérité.  Il  range  celui-ci  (For- 
lesungen  iiber  die  Aeslhetik,  t.  I,  p.  90) 
dans  la  catégorie  de  ces  braves  gens  qui  en 
usent  très-familièrement  avec  les  termes  phi- 
losophiques sans  en  comprendre  le  sens  et  la 
portée  (1).  On  a  aussi  de  Tieck  une  nouvelle 
dont  la  musique  est  l'objet  ;  elle  est  intitulée  : 
Musikalische  Freuden  und  Leiden  (Joies  et 
peines  musicales),  qui  a  paru  dans  le  Rhein- 
6/i<f/ie«7aImanach  pour  l'année  1824,  publié  à 
Carlsruhe,  chez  G.  Braun .  On  a  donné  un  extrait 
de  ce  morceau  dans  la  Cxcilia,  1. 1,  p.  17-36. 
Tieck  est  mort  à  Berlin,  le  28  avril  1853. 

TIEDEMAIVI*  (Dietrich),  professeur  de 
philosophie  et  de  littérature  grecque  à  l'uni- 
versité deMarbourg,  naquit  le  3  avril  1745,  à 
Bremer-Vœrde,  près  de  Brème,  et  fit  ses 
études  à  l'université  de  Gœtlingue.  Nommé 
professeur  au  collège  Carolin  de  Cassel,  en 
1776,  et  dix  ans  après  à  l'université  de  Mar- 
bourg,  il  passa  le  reste  de  sa  vie  dans  celle 
dernière  ville,  et  y  mourut  le  23  mai  1803. 
Tiedemann  s'est  rendu  célèbre  par  ses  écrits 
concernant  la  philosophie,  particulièrement 
sur  l'histoire  de  celte  science.  Dans  son  livre 
sur  les  philosophes  de  l'antiquité  (Orphée, 
Phérécide,  Thaïes  et  Pylhagore);  Leipsick, 
1780,  il  a  placé  Quelques  observations  suc  la 
musique  selon  le  système  de  Pythagore,  que 
Forkel  avait  déjà  publiées  l'année  précédente 
dans  le  troisième  volume  de  sa  Bibliothèque 
musicale  (p.  107-116). 

ÏIEFFEIVBUUCKEIV  (Léonard,  Ma- 
gnus  et  Wendeun),  famille  de  fabricants  de 
luths,  originaire  d'Allemagne,  vécut  à  Venise, 
dans  le  cours  du  seizième  siècle.  Les  instru- 
ments sortis  des  ateliers  de  ces  artistes  eurent 
alors  de  la  célébrité. 

TIEHSEN  (Otto),  professeur  de  musique 
et  compositeur,  né  à  Danlzick,  le  15  octobre 
1817,  fit  ses  études  musicales  à  l'Académie 
royale  des  beaux-arts  de  Berlin,  où  il  obtint 
plusieurs  prix,  puis  s'établit  dans  cette  ville, 
où  ses  Lieder  eurent  un  succès  de  vogue.  La 

(1)  Tieck  und  anderevon  diesen  vornelimen  Leullien 
than  min  zwar  ganz  familixr  mit  sole  lien  Ausdruckcn, 
ohnc  jcdoch  zu  sagen  was  sic  bedculcn. 


224 


TIEHSEN  —  Ï1L 


rupture  d'un  anévrisme  l'enleva  à  l'art  et  à 
ses  amis  dans  la  fleur  de  l'âge,  le  15  mai  1849. 
L'Académie  royale  de  chant  lui  fit  des  obsè- 
ques solennelles.  On  a  de  cet  artiste  1°  Kyrie 
el  Gloria,  à  six  voix  seules  et  chœurs,  ouvrage 
couronné  par  l'Académie  royale  des  beaux- 
arts  en  1839.  2°  Cantate  pour  la  fête  de  Noël, 
pour  voix  de  soprano  et  choeur  à  six  voix,  avec 
accompagnement  de  piano,  exécutée  à  Berlin, 
en  1841,  op.   8;   Berlin,    Trautwein  (Bahn). 
3°  Crucifixus,  à  six  voix,  a  capella,op.  11, 
exécuté  à  Dantziek,  en   1840;  Berlin,   Bote 
et  Bock.  4°  Annelte,  opéra-comique  en  un 
acte,  représenté  au  théâtre  royal  de  Berlin, 
le  2G  décembre  1847.  5°  Cinq  chants  à  voix 
seule  avec  piano,  op.  1  ;  Berlin,  Liscke  (Pœz). 
G0  Cinq  idem,  op.  2;  Berlin,  Cranz  (Leip- 
sick,  Klemm).  7°  Six  idem,  op.  3;  ibid.,  1840. 
8°   Trois  ballades  à   voix   seule  avec   piano, 
op.   4  ;   ibid.,  1840.  9°  Das  Meer  hat  seine 
Perlen,  poésie  de  Heim,  à  voix  seule  avec  piano 
et  violoncelle   ou   cor,   op.  5;   Berlin,  Bock. 
10°  Sept  poèmes  à  voix  seule  avec  piano,  op.  G; 
Berlin,  Trautwein    (Bahn).   11°    Six  idem, 
op.  9;  Magdebourg,  Ileinrichshofen.  12°  Huit 
idem,  op.  10;  Berlin,    Bock,    1841.  13°  Six 
idem  pour  soprano  ou  ténor,  op.  12;  Berlin, 
Trautwein  (Bahn).  14"  Quatre  duos  pour  deux 
sopranos  avec  piano,   op.   16;  Berlin,  Bock. 
15°  Six  poèmes  à  voix  seule  el  piano,  op.  18; 
ibid.,  1842.  16°  Six   idem,    op.  22;    ibid., 
1843.  17°  Trois  idem,  op.  23;  ibid.  18»  Sept 
idem,  op.  24;  ibid.  19°  Cinq  idem  pour  deux 
voix  et  piano,  op.  25;  ibid.,  1845.  20°  Six 
idem  à  voix   seule   et   piano,    op.  26  ;  ibid. 
21°  Sept  idem,  op.  27;  ibid.  22°  Six  idem, 
op.  28;  ibid.  23°  Quatorze  Lieder  à  voix  seule 
el  piano,  divisés  en  trois  suites,  op.  29;  Ber- 
lin, Trautwein  (Bahn).  24°  Quatre  Lieder  à 
deux  voix,  op.  30;  ibid,  25°  Cinq   Lieder  à 
voix  seule  el  piano,  op.  31  (posthume);  ibid. 
26°  Six  Lieder  à  quatre  voix,  op.  33,  en  parti- 
lion  (œuvre  posthume)  ;  ibid.  27°  Plusieurs 
Lieder  séparés. 

TIELRE  (Joachim),  célèbre  facteur  d'in- 
struments, vécut  à  Hambourg,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle  el  au  commen- 
cement du  dix-huitième.  Ses  luths  étaient  re- 
cherchés, el  ses  violons  ont  conservé  de  la  va- 
leur en  Allemagne.  André,  d'Oflenhach, 
possédait  un  violon  de  cet  artiste  qui  portail 
la  date  de  1670. 

TIETZ  ou  TITZ  (Aucuste-Ferdinand), 
violoniste  distingué  et  compositeur,  né  dans 
la  Basse-Autriche,  en  1762,  reçut  sa  première 
éducation  musicale  dans  un  monastère,  puis  se 


rendit  à  Vienne,  où  il  fut  attaché  pendant 
quelques  années  à  l'orchestre  de  la  chapelle 
impériale.  En  1789,  il  y  publia  six  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  et  deux  so-J 
nates  pour  le  clavecin  avecviolon  obligé, op.  1 . 
Le  catalogue  de  Traeg,  de  Vienne,  indique 
aussi,  sous  le  nom  de  cet  artiste,  et  en  manu- 
scrit, un  concerto  pour  le  violon,  quatre  quin- 
tettes pour  deux  violons,  deux  altos  et  violon- 
celle ;  trois  duos  deux  pour  violons,  et  cinq  so- 
nates pour  violon  et  basse.  En  1796,  Tielz  était  à 
Pétersbourg  et  y  donnait  des  concerts  avec 
succès.  Fixé  à  Dresde,  vers  1799,  il  entra  dans 
la  chapelle  royale  et  fit  applaudir  son  talent 
dans  les  concerts  jusqu'en  1816.  En  1803,  il 
se  fit  entendre  à  Leipsick  et  à  Berlin  ;  en  1809, 
il  fit  un  voyage  à  Prague  et  y  fit  admirer  son 
habileté.  Les  dernières  compositions  gravées 
sous  le  nom  de  Tietz  sont  :  1°  Trois  quatuors 
(en  sol,  en  fa  el  en  la  mineur)  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  violoncelle:  Bonn,  Simrock. 
2°  Rondeau  brillant  en  quatuor;  ibid.  5°  So- 
nates pour  violon  el  basse;  Leipsick,  Breit- 
kopf  el  Hserlel.  Il  a  laissé  en  manuscrit  deux 
concertos  pour  violon  et  orchestre,  le  premier, 
en  si  bémol,  l'autre  en  ré  majeur. 

Deux  artistes  de  la  chapelle  royale  de 
Dresde,  nommés  Tielz,  l'un  hautboïste,  l'autre 
conlrebassiste,  vivaient  dans  cette  ville  de 
1830  à  1840;  si  je  suis  bien  informé,  ils  étaient 
fils  du  violoniste. 

TIGHIIM  (Horace),  chanoine  d'Arezzo, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
et  dédia  à  Zarlino  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Compendio  délia  musica,  nel  quale  breve- 
menle  si  traita  dell'  arte  di  contrapunlo. 
Diviso  in  qualtro  libri;  in  Fenezia,  1588, 
apresso  Ricciardo  Amadino,  in-4°  de  cent 
trente-six  pages.  Le  premier  livre  traite  des 
intervalles;  le  second,  du  contrepoint  simple 
à  deux  voix;  le  troisième,  des  tons  et  des  ca- 
dences; le  dernier,  des  imitations  et  canons, 
des  contrepoints  doubles  à  l'octave  et  à  la 
dixième,  et  des  proportions  dans  la  notation 
ancienne.  Cet  ouvrage  esl  extrait  des  écrits  de 
quelques  théoriciens,  et  particulièrement  des 
Institutions  harmoniques  de  Zarlino.  La  ré- 
daction en  esl  claire  et  d'une  intelligence  fa- 
cile. Une  deuxième  édition  de  ce  livre  a  été 
faite  à  Venise,  en  1602,  in-4°.  Tigrini  est  aussi 
connu  comme  compositeur  par  l'ouvrage  in- 
titulé :  Il  primo  libro  de'Madrigali  advoci; 
Venezia,  app.  Jngelo  Gardano,  1582,  in-4° 
oblong. 

TIL  (Salomon  VAN),   théologien  hollan- 
dais, naquit  à  Wesop,  près  d'Amsterdam,  le 


TIL  -  TIMOTHÉE 


22Î 


20  décembre  1G44,  fit  ses  études  à  Ulrcchl  cl  à 
Leyde,  puis  occupa  diverses  places  de  pasteur, 
ri  fut  eu  dernier  lieu  professeur  de  théologie  à 
l'université  de  Leyde.  Il  mourut  dans  celte 
ville,  le  31  octobre  1713,  à  l'âge  de  soixante- 
neufans.  Au  nombre  des  ouvrages  de  ce  sa- 
vant, on  en  trouve  un  intitulé  :  Digt-,Sang  en 
Spcel-Konsl,  sooderouden,  als  by sonder  der 
Ilcbrecn,  etc.  (l'Aride  la  poésie,  du  chant  et 
de  la  musique  instrumentale  des  anciens,  par- 
ticulièrement des  Hébreux,  éclairci  par  des 
recherches  curieuses  sur  l'antiquité);  Dor- 
d reçut,  1092,  in-4°  de  soixanle-douze  feuilles. 
Il  exisle  plusieurs  éditions  hollandaises  de  cet 
ouvrage,  qui  a  été  traduit  en  allemand  sous  ce 
litre  :  Dicht-,Sing-und  Spiel-Kunst,  sowohl 
der  Allen,  als  besonders  der  Ebrxer,  etc.  ; 
Francfort  et  Leipsick,  1706,  in-4°  de  quatre 
cent  soixante-dix-huit  pages,  avec  des  plan- 
ches. Il  y  a  une  deuxième  édition  de  cette  tra- 
duclion  ,  imprimée  à  Francfort,  en  1719, 
in-4°.  Jean-Albert  Fabricitis  a  donné  une 
traduction  latine  du  livre  de  VanTil  dans  son 
Thésaurus  auliquitalum  hebraicarum  , 
t.  VI,  n°  50;  et  Ugolini  a  inséré  un  extrait 
de  celle  traduction  dans  son  Thésaurus  auli- 
quitalum sacrarum,  t.  XXXII,  pag.  231- 
350. 

T1LI,  (JE.\n  IIei\bian;*)  fut  d'abord  orga- 
niste à  Poîsdam,  vers  1719,  puis  à  Spandau, 
vers  1730.  Il  est  auteur  d'un  petit  ouvrage 
dont  le  litre,  long  à  l'excès,  commence  ainsi  : 
Jufiichlig  und  Fernunft-grundlieh  beant- 
worlele  Frage  :  Of  ein  Musikus  Practikus, 
$o  sich  annechst  der  Composition  und  teut- 
schen  Poésie  œuserl,  etc.  (Réponse  sincère 
et  raisonnable  à  la  question  :  Si  un  musicien 
praticien  doit  s'attacher  à  la  composition  et  à 
la  poésie  allemande,  etc.);  Juierhock  ,  1719, 
in -8"  de  quatre  feuilles.  Till  a  laissé  en  manu- 
scrit un  traité  des  éléments  de  la  musique  in- 
lilulé  :  Catechismus  musicus  oder  kurzer 
sfuszug  der  heil.  Schrifl  von  dem  edlen  Stu- 
dio musieo  in  sich  Italien  41  Flaupt-Fragen 
util  ihrer  Bcaitlicorlung ,  etc.  f>t  ouvrage  est 
rilé  par  Ma'tlhcson  dans  son  Musikalischer 
Vatriat.  p.  373. 

TITXIÈIUÏ  (Josr.rii-RoNWEMunE),  habile 
violoncelliste,  élève  de  Bcrlaut,  fut  attaché  à 
la  musique  du  prince  de  Conli,  vers  1700.  Cet 
ai  liste  fut  un  des  premiers  auteurs  de  méthodes 
publiées  en  France  pour  son  instrument.  La 
sienne  a  pour  titre  :  Méthode  pour  le  violon- 
celle, contenant  tous  les  principes  nécessaires 
pour  bien  jouer  de  cet  inslritment;  Paris, 
1704,  in-4°  oblong.  D'autres  éditions  de  cet 

BIDGIl     ll.MV.    DES  51USICIIOS.   T     Mil. 


ouvrage  ont  été  publiées  longtemps  après  dans 
la  même  ville,  chez  Sieber,  chez  Imbault  et 
chez  Frère.  On  connaît  aussi,  sous  le  nom 
de  Tillière,  six  sonates  pour  violoncelle  et 
basse;  six  duos  pour  deux  violoncelles,  Paris, 
1 777  ;  trois  duos  idem.,  op.  8  ;  Paris,  Sieber. 

TIIIATE  (Teralbo),  pseudonyme  sous  le- 
quel a  été  imprimé  un  livre  intitulé  :  Gli  élé- 
ment i  generali  delta  musica;  Rome,  1792, 
in-8°. 

TIMOTHÉE,  poète  et  musicien  célèbre, 
naquitàMilel,  ville  ionienne  de  Carie,  l'an  182 
de  la  chronique  de  Paros,  qui  correspond  à 
l'année  44G  avant  l'ère  vulgaire  :  il  fut  consé- 
quemmenl  contemporain  d'Euripide  et  dePhi- 
lippe  de  Macédoine.  Timolhée  excellait  dans 
la  poésie  lyrique  et  dithyrambique,  et  passait 
pour  le  plus  habile  joueur  de  cithare  de  son 
temps.  Il  perfectionna  cet  instrument  en  ajou- 
tant quatre  cordes  aux  sept  dont  il  était  monté 
précédemment.  Les  Lacédémonicns,  craignant 
que  cette  innovation  ne  corrompit  les  mœurs, 
la  condamnèrent  par  un  décret  que  Koëce  nous 
a  conservé  (De  JUusica,  lib.  I,  c.  I,  p.  1372, 
edit.  Glar.).  Ce  décret  contient  en  substance  : 
que  Timothée  de  Milet,  étant  venu  dans  leur 
ville,  avait  montré  qu'il  faisait  peu  de  cas  de 
l'ancienne  musique  et  de  la  lyre  antique, 
puisqu'il  avait  multiplié  les  sons  de  l'une  et 
les  cordes  de  l'autre; qu'à  l'ancienne  manière 
de  chanter,  il  en  avait  substitué  une  plus  com- 
pliquée, où  il  avait  introduit  le  genre  chro- 
matique, etc.  ;  que  pour  prévenir  de  pareilles 
innovalions,  qui  ne  pouvaient  qu'être  préju- 
diciables aux  bonnes  mœurs,  les  rois  et  les 
é|. bores  avaient  réprimandé  publiquement  Ti- 
molhée, et  avaient  ordonné  que  sa  lyre  serait 
réduite  aux  sept  cordes  anciennes,  etc.  L'au- 
thenticité de  ce  décret  a  été  mise  en  doute  par 
quelques  savants.  Athénée,  qui  rapporte  aussi 
celle  anecdote,dit qu'au  moment  où  l'exécuteur 
se  mettait  en  devoir  de  couper  les  cordes  nou- 
velles, conformément  au  décret, Timothée  aper- 
çut une  slalued'Apollon,  dont  la  lyre  avait  au- 
tantdecordcs  quela  sienne,  qu'il  la  montra  aux 
juges,  et  qu'il  l'ut  renvoyé  absous.  Les  innova- 
tions de  ce  musicien  l'exposèrent  non-seule- 
ment à  la  censure  des  Lacédémonicns,  mais 
aussi  aux  railleries  d'un  poète  comique  athé- 
nien, nommé  Pltérécrate,({iù,  dans  sa  comédie 
def,7uron,dont  Plularque  a  rapporté  un  frag- 
ment (dans  son  Dialogue  de  musique),  intro- 
duit sur  la  scène  la  Musique,  dont  le  corps  est 
déchiré  de  coups,  et  qui  s'adresse  .î  la  Justice 
en  ces  mots  :  «  Mais  il  fallait  un  Timothée, 
n  ma  chère,  pour  me  mettre  au  tombeau, 

15 


2fîG 


T1M0THËE  -  TINCTOR 


»  après  m1 'avoir  honteusement  dJchirée.  La 
»  Justice.   (?!«eZ  esf  donc  ce   Timothée?  La 
»  Musique.  C'est  ce  roux,  ce  Milésien,  qui, 
»  par  mille  outrages  nouveaux,  et  surtout 
»  par  les  ornements  extravagants  de  son 
»  chant,  a  surpassé  tous  ceux  dont  je  me 
>>  plains,  etc.  »   Toutefois,   Timothée  jouis- 
sait d'une  si  grande  réputation,  que  les  Éplié- 
siens   lui  donnèrent   mille   pièces   d'or  pour 
composer  un  poème  en  faveur  de  Diane,  lors- 
qu'ils  firent  la  dédicace  du  temple  de  cette 
déesse.  Outre  un  nombre  d'ouvrages  fort  con- 
sidérable qu'on  lui  attribue,  Etienne  de  By- 
,     zancedit  qu'il  avaiteomposé  dix-huit  livresdc 
Nomes  pour  la  cithare,  et  mille  préludes  poul- 
ies Nomes  de  la  flûte.   Suidas  dit  que,  Timo- 
thée mourut  à  l'âge  de  quatre-vingt-dix-sept 
ans;  mais  suivant  la  chronique  de  Paros,  il 
n'en  avait  que  quatre-vingt-dix.  Etienne  de 
Byzance  dit  que  ce  fut  en  Macédoine,  la  qua- 
trième année    de  la   cent    cinquième   olym- 
piade, deux  ans  avant  la  naissance  d'Alexandre 
le  Grand.  C'est  donc  par  une  erreur  manifeste 
qu'on  a  confondu  ce  Timothée  avec  un  fameux 
joueur  de  flûte  du  même  nom,  qui  était  Thé- 
bain,  et  qui,  dit-on,  avait  l'art  d'exciter  le 
héros    macédonien  à   courir  aux   armes,    ou 
qui   le  calmait  à  volonté  par  les  sons  de  sa 
flùle. 

TmCTOR  (Jean),  ou  plutôt  TIÏfCTO- 

ItlS  (1),  musicien  célèbre  tli\  quinzième  siècle, 
naquit  à  Nivelles,  d'après  son  contemporain 
Trithème  (2),  et  Swerlius  (5)  ainsi  que  Gni- 
chardin  (4),  lesquels  ont  été  copiés  par 
Foppens  (5),  J.-G.  Walther  (6),  Gerber  (7), 
Kiesewelter  (8)  et  d'autres.  Le  nom  de  Tinc- 
toris a  été  traduit  en  celui  de  Teinturier 
par  plusieurs  auteurs,  notamment  parPerne(fJ) 
et  La  Page  (10);  toutefois  il  n'est  pas  certain 
que  cette  forme    ait    été    celle  de  son   nom 

(1)  Ainsi  qu'on  le  voit  on  plusieurs  endroits  de  ce 
dictionnaire,  l'usage,  dans  les  Pays-Bas,  faisait  mettre 
au  génitif  les  noms  propres  latinises,  pour  exprimer  les 
particules  Van  ou  De. 

(2)  Hlusir.  Yiror.  Germon.,  fol.  181;  édition  de 
Maycnce,  1497. 

(3)  Athenœ  lîehjicœ,  fol.  477. 

(4)  Descrittionedi  tutti  i  Paesi  Bassi,  Anversa?  Ib67, 
page  128. 

(;i)  Bibliolhcca  BeUjica,  pars  II,  p.  741. 

(6)  Musical.  I.exicon,  p.  GO!). 

(7)  Neucs  hlslarisnh-biograpltisches  Lexikondcr  Ton- 
kUnstler,i"  Tli   p.  3j9. 

(8)  Die  Verdicnste  der  Xieittrtœnder  umdic  Tonkûlisl, 
page  II. 

(9)  Dans  l'article  Tinctnr  Au  Dictionnaire  historique 
des  musiciens,  de  'Choron  et  Fayolle,  t.  Il,  p.  374,  noti-. 

(10)  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris,  année  18 'M, 
no  31. 


français;  car  M.Léon  de  But-hure  a  trouvé  un 
acte,  |»assé  le  3  novembre  1454,  dans  lequel 
Magister  Johannes  Le  Tiniillier  in  arlibus 
mag ister ,  Dlorinicnsis  diocesis,  parait  comme 
témoin;  or  Tintillier  avait,  aux  quatorzième 
et  quinzième  siècles, la  même  signification  que 
Tinctor.  Au  lieu  de  faire  des  conjectures  à  cet 
égard,  il  est  plus  sage  de  s'en  tenir  an  nom 
sous  lequel  l'artiste  s'est  fait  connaître,  c'est- 
à-dire  Tinctoris.  D'ailleurs,  rien  ne  prouve 
que  le  nom  de  sa  famille  n'ait  pas  été  flamand. 
Les  biographes  généraux,  et  Foppens  lui-même, 
fournissent  peu  de  renseignements  sur  la  per- 
sonne de  ce  savant  musicien;  après  avoir  in- 
diqué la  ville  où  il  vil  le  jour,  ils  se  bornent  à 
dire  qu'il  était  docteur  en  droit  et  qu'il  a  écrit 
sur  la  musique.  Trithème  et  les  ouvrages  de 
Tinctoris  nous  fournissent  quelques  renseigne- 
ments de  plus.  Suivant  le  premier,  Tinctoris 
vivait  encore  en  1495,  au  moment  où  il  écrivait 
sa  chronique  (1);  il  était  alors  âgé  d'environ 
soixante  ans  :  d'où  il  suit  qu'il  était  né  vers 
14-34  ou  1455;  enfin,  il  était  chanoine  de  la 
collégiale  de  Nivelles.  Remarquons,  à  l'occasion 
de  la  date  probable  de  sa  naissance,  que  ce  ne 
peut  être  Tinctoris,  musicien  dont  il  s'agit 
ici,  qui  ligure  dans  l'acte  trouvé  par  M.  de 
Burbure;  car,  outre  qu'il  n'avait  pas  l'âge  de 
vingt-cinq  ans,  requis  alors  pour  être  témoin, 
il  est  à  peu  près  certain  qu'il  ne  pouvait  être 
ni  ecclésiastique  ni  maître  es  arts  à  celte  épo- 
que. Le  passage  rapporté  par  mon  savant  ami 
s'appliquerait  plutôt  à  Jean  Tinctor,  profes- 
seur de  théologie  à  l'Académie  de  Cologne,  sous 
le  règne  de  l'empereur  Frédéric  III,  chanoine 
tie  la  cathédrale  de  Tournai,  et  qui  fut  fait 
doyen  de  la  faculté  des  arts,   à  Cologne,  en 
14ôô  (2),  puis  vécut  à  Louvain  et  à  Tournai. 
A  l'égard  de  la  date  de   1450,  donnée  par 
Gerber,  et  copiée  par  les  autres  biographes  al- 
lemands, pour  celle  de  la  naissance  de  Tinctoris, 
elle  est  évidemment  erronée. 

Tinctoris  nous  apprend,  à  la  fin  de  son  livre 
De  naturâ  et  proprietate  tonorum,  qu'il 
écrivit  cet  ouvrage  à  Naples,  et  qu'il  le  termina 
dans  cette  ville,  le  6  novembre  147b*  :  «  Ici 
»  finit,  dit-il,  le  livre  De  la  nature  et  de  la 
»  propriété  des  tons,  composé,  comme  il  a 
»  été  dit  déjà,  par  maître  Jean  Tinctoris,  Ie- 
»  quel  traité  a  été  commencé  et  achevé  étant 

(1)  Loc.  cit. 

(2)  Joannf.s  Tinctor  sacrx  Tlicologix  in  Academia 
Coloniensi  professor  sub  l'riderico  III  Imperjtore,  et 
canonicus  Tornacensis,  cleclus  Decanus  facullalis  ar~ 
tium  Colonicnsis  H33.  (Vide  flartzheimi  Blbliolheca 
Colonicnsis,  fol.  20j.)  Voyez  aussi  '•'oppens,  Btbliol/i. 
Btlijica,  t.  Il,  p.  741. 


TINCTOR 


«27 


»  chapelain  du  roi  à  Naples,  l'an  147G,  le 
»  6  novembre,  même  année  où  la  divine  Bea- 
»  Irix  d'Aragon  fut  couronnée  reine  de  Hon- 
»  grie,  le  15  du  même  mois  (1).  »  Tincloris 
était  alors  âgé  de  quarante  et  un  ou  quarante- 
deux  ans, suivant  l'indication  deTrilhème  citée 
précédemment.  Rien  ne  fait  connaître  les  évé- 
nements qui  avaient  rempli  sa  vie  jusqu'à  cette 
époque,  ni  l'année  où  il  avait  quitté  son  pays 
pour  se  rendre  en  Italie.  Il  prend  dans  ses  ou- 
vrages les  titres,  non  de  docteur,  mais  de  li- 
cencié en  droit  (in  leyibus  licentiatum)  (2)  et 
de  chapelain,  c'est-à-dire,  maître  de  chapelle, 
du  roi  de  Sicile  et  de  Naples,  qui  était  alors 
Ferdinand  d'Aragon.  On  voit  par  le  prologue 
de  son  traité  de  contrepoint,  terminé  en  1477, 
qu'il  jouissait  d'une  grande  faveur  près  de  ce 
prince,  car  il  lui  dit  :  «  Connaissant,  ô  grand 
»  roi,  la  source  inépuisable  de  l'amitié  et  delà 
»  bienveillance  dont  vous  daignez  être  animé 
»  pour  moi,  je  me  suis  décidé  à  consacrer  sous 
»  votre  auguste  nom  cet  opuscule,  espérant 
n  qu'il  sera  commeun  tison  ardent,  qui  servira 
»  à  alimenter  la  force  de  cette  affection  dont 
»  Votre  sublime  Majesté  m'a  donné  tant  de 
»  marques  (3).  » 

Swerlius  est  le  premier  qui  ait  dit  que  Tinc- 
toris  revint  dans  sa  patrie,  qu'il  y  obtint  le 
doctorat  et  devint  chanoine  de  la  collégiale  de 
Nivelles  (4),-  mais  il  ne  détermine  pas  les  épo- 
ques de  ces  changements  de  position  du  savant 
musicien.  Une  découverte  intéressante  faite 
à  Naples,  en  1850,  par  Adrien  de  La  Fage, 
lève  les  doutes  à  cet  égard  :  cette  découverte 
est  celle  d'une  lettre  écrite  par  le  célèbre  Jean 
Pontanus,au  nom  du  roi  de  Naples,  Ferdinand 
d'Aragon,  le  15  octobre  1487,  à  son  maître  de 
chapelle  Jean  Tincloris;  elle  se  trouve  en  la 
possession  de  M.  Scipion  Volpicella,  de  Naples, 
homme  très-versé  dans  les  antiquités  et  dans 
l'histoire  de  son  pays.  La  lettre,  dit  La  Fage, 
est  écrite  en  italien  demi-latin.  Il  en  a  publié 

(1)  Explicit  liber  de  naturû  et  proprietate  lonorum  a 
maijistro  Joanne  Tinctoris  ut  prœdictum  est  composites, 
quem  quoque  capellanus  régis  esset,  Neapolis  incipit  et 
complevit  anno  1476,  die  6  novembris,  etc. 

(2)  Suivait  Hawkins  (a  General Hislory  of  the  science 
and  praclice  of  Music,  t.  II,  p.  300),  Tinctoris  étailsim- 
plcment  docteur  en  droit  civil  ;  mais  Swerlius,  Foppens 
ctWalther  le  qualifunt  Doctor  utriusque  juris. 

(3)  Porro  non  ignarus,  optime  regum,  quam  uliero 
fonte  amicitiœ  hoc  est  bencvolentice,  me  pro  luo  insigni 
humanilate  prosequeris  lioc  ipsum  opusculum  tuo  no- 
mini  prjestantissimo  dicare  institui.  Sperans  id  lignum 
fore  ardentissimum  quo  cliarilatis  illius  quam  liactcnus 
erga  me  tua  sptendidissima  majestas  affecta  est  indefi- 
ciens  longe  fbgrmlius  ardebit,  etc. 

(4)  Alhenœ  Bcljicie,  fol.  4/7. 


la  traduction  dans  la  Revue  et  Gazette  musi- 
cale de  Paris  (1850,  n°  51)  ;  malheureusement 
il  n'y  a  pas  joint  le  texte  original.  Toutefois, 
telle  que  nous  la  possédons,  la  pièce  n'en  est 
pas  moins  pleine  d'intérêt;  je  crois  devoir  la 
reproduire  ici  : 

«  A  Jean  Tinctoris. 

»  Ayant  besoin,  pour  le  service  divin  dans 

»  notre  chapelle,  de  quelques  chanteurs,  aux 

»  conditions  que  nous  vous  avons  dites  de  vive 

»  voix,  et  ne  les  trouvant  pas  de  ce  côté,  nous 

»  voulons  que  vous  alliez  au  delà  des  monts, 

«  en  France  et  en  toute  autre  région,  pays  et 

»  lieu   où  vous  croirez   pouvoir  en  trouver. 

»  Portez  avec  vous  les  lettres  de  recommanda- 

»  lion  que  nous  écrivons  pour  vous  au  sérénis- 

»  sime  et  illustrissime  roi   de  France  et   au 

«  roi  des  Romains  (l'empereur  d'Allemagne); 

»  donnez-vous  du  mal,  et  travaillez  à  trouver 

»  quelques  bons  chanteurs  qui  remplissent  les 

»  conditions  et  conventions    dont  nous  vous 

»  avons  parlé,  et  quand  vous  les  aurez  trouvés, 

»  traitez  avec  eux  pour  notre  service  et  celui 

»  de  notre  dite  chapelle.  Tout  ce  que  vous  pro- 

»  mettrez  auxdits  chanteurs  tant  par  voie  de 

»  provision  que  par  toute  autre,  nous  le  regar- 

»  derons  comme  approuvé  et  conclu  et  le  fe- 

»  rons  observer.  Prenez  bien  garde,  tout  en 

»  faisant  la  dépense  nécessaire,  que  nous  ayons 

»  à  rester  contents  et  satisfaits,  ce  qui  vous 

»  sera  facile  en  raison  de  la  connaissance  que 

»  vous  avez  de  l'art  du  chant  et  du  désir  que 

»  nous  vous  manifestons;  ainsi   agirez-vous 

»  selon  notre  espérance. 

«  Donné  au    château  Neuf  de   notre   ville 

»  de    Naples,    le    quinzième   jour   d'octobre 

»  MCCCCLXXXVII. 

»  Le  Roi  :  FERDINAND. 

»    JO.  PONTANUS. 

»  A  Jean  Tinctoris.  « 

Celle  lettre  ne  laisse  pas  de  doute  sur  l'épo- 
que où  Tincloris  s'éloigna  de  Naples  :  ce  fut 
dans  les  derniers  mois  de  1 487.  On  ne  sait  rien 
jusqu'à  ce  jour  sur  les  résultats  de  sa  mission 
en  France,  d'où,  sans  aucun  doute,  il  se  rendit 
en  Belgique,  sa  patrie.  Il  y  dut  arriver  dans 
les  premiers  mois  de  1488  :  c'est  donc  à 
celle  époque  que  se  rapporte  ce  que  disent 
Trilhème  et  Swertius  de  la  dernière  période  de 
sa  vie,  où  il  fut  chanoine  de  la  collégiale  de 
Nivelles.  J'ai  fait  en  vain  des  recherches  dans 
les  papiers  et  registres  du  chapitre  de  Nivelles, 
qui  sont  au  archives  du  royaume  de  Belgique,  à 
Bruxelles,  pour  trouver  quelques  renseigne- 
ments relatifs  à  celle  dernière  époque  de  la 


22$ 


TINCTOR 


carrière  du  plus  savant  musicien  belge  du  quin- 
zième siècle;  on  n'y  trouve  aucune  liste  chro- 
nologique des  chanoines,  et  les  comptes,  que 
j'ai  parcourus  jusqu'en  1507,  ne  m'ont  fourni 
aucun  éclaircissement.  L'année  du  décès  de 
Tincloris  est  également  inconnue  ;  l'auteur  de 
la  notice  qui  le  concerne,  dans  le  Lexique  uni- 
verset  de  musique  de  Schilling,  fixe  celle  date 
à  1520;  mais  les  assertions  de  cette  espèce  sont 
sans  valeur,  n'étant  appuyées  par  aucun  do- 
cument authentique. 

Tincloris  fut  le  fondateur,  on  du  moins  un 
des  premiers  professeurs  de  l'école  publique  de 
musique  de  Naples;  tout  porte  à  croire  que 
cette  école  fut  la  première  régulièrement  con- 
signée  qu'il   y   ait  eu    en    Italie,    quoique  le 
moine  allemand  Godendacli,  ou  plulol  Gnllen- 
lag,  en  latin  Bonadies ,  eût  formé  précédem- 
ment quelques  savants  élèves,  parmi  lesquels 
s'est  distingué  Gafori  (voyez  ce  nom).  Tincloris 
parait  a  voir  eu  pour  amis  et  pour  collègues  dans 
celte  école  Guillaume  Garnier  ou  Guamerius, 
et  Bernard  Ycart  ou  II  y  cari,  musiciens  belges 
qui  eurent  de  la  célébrité  à  cette  époque.  Des 
écrivains  modernes  ont  cru  que  celte  école  fut 
instituée  plus  lard  par  Gafori  et  Guarnerius,  et 
disent  que  les  auteurs  qui  ont  parlé  des  discus- 
sions publiques  de  musique  de  Gafori  et  de  Tinc- 
lor,  gardent  le  silence  sur  l'école  de  musique  où 
ce  dernier  enseignait  ;  mais  j'ai  déjà  démontré 
que  ces  prétendues  discussions  de  Tinctor  et  de 
Gafori  sont  une  erreur;  celui-ci,  comme  le  prouve 
l'auteur  anonyme  de  sa  vie  (1),  n'a  eu  de  con- 
troverse de  ce  genre,  à  Naples,  qu'avec  Philippe 
Bononio,  connu  sous   le  nom  de  Philippe  de 
Caserte  (voyez  ce  nom). 

Tincloris,  dont  les  ouvrages  étaient  à  peu 
près  inconnus  dans  les  seizième  et  dix  septième 
siècles,  a  acquis  beaucoup  de  célébrité  dans  ces 
derniers  temps,  comme  écrivain  sur  la  musique, 
d'après  le  témoignage  de  quelques  musiciens 
érudils.  On  peut  voir  à  l'article  Gafori  (Bio- 
graphie universelle  des  musiciens,  loin.  III, 
p.  575)  combien  il  l'emporte  sur  celui-ci  par  sa 
méthode  d'exposilion  de  la  pratique  de  l'ail. 
L'avantage  qu'a  eu  Gafori  sur  Tincloris  est 
«l'avoir  fait  imprimer  Ions  ses  ouvrages,  tandis 
que  la  plupart  de  ceux  du  dernier  de  ces  ar- 
tistes sonl  restés  en  manuscrit.  Un  seul  a  vu 
le  jour;  mais  lus  exemplaires  en  sont  si  rares, 
qu'il  éiailà  peu  près  inconnu  lorsque  Burncy 
en  signala  l'existence.  Cet  opuscule  est  le  plus 
ancien  dictionnaire  de  musique  connu;  il  a 
pour  litre  :   Terminorum  musical  Diffinito- 

(I)  Mss.  de  la  liililiolliicjuc  impériale  de  Paris. 


riuln,  in-4°  de  quinze  feuillcls,  sans  date  et 
sans  nom  de  lieu.  Au  recto  du  deuxième  feuillet 
on  lit  :  Jonnnis  Tinctorisad  illustriss.  Vir- 
giriem  et  Dominant  D.  Deatricem  de  Jrago- 
nia  Diffînitorium  music'ae  féliciter  incipit, 
puis  vient  l'épîlredédicaloire.  La  bibliothèque 
impériale  de  Paris   possède  un  exemplaire  de 
celle    rareté  bibliographique.    M.  Brunet  as- 
sure (Nouvelles  recherches  bibliographiques, 
t.   III,  page  344)  que  l'ouvrage  a  été  imprimé 
avec    les    caractères    romains  de    Gérard    de 
Flandre,  à  Trévisc.  Panzer  présume  (annales 
Typographici,  t.  IV,page  425)  qu'il  a  paru  en 
1479;  Burncy,  qui  avait  (rouvé  un  exemplaire 
du  Terminorum  musicsvDiffinitoriumdans  la 
bibliothèque  du  roi  d'Angleterre,  se  borne  à 
dire  (A  gênerai  Hislory  of  music,  tome  II, 
page  458,  note  h)  que  Tincloris  l'écrivît  vers 
1474  (about  the  year  1474),  et  non  qu'il  fut 
imprimé  dans  celte  année,  à  Naples,  comme  l'a 
dit  Forkel  (Allgemeine  Lillerutur  der  illusik, 
page  204),  et,  d'après  lui,  Peine,   dans  une 
noie   fournie   aux   auteurs   du   Dictionnaire 
historique  des  musiciens  (tome  II,  page  573). 
Il  n'est  pas  impossible  que  l'ouvrage  ait  été 
publié  en   1474,  puisque  Gérard  de  Flandre 
commença  à  imprimer  à  Trévise  en  1471  :  il 
se  peut  aussi  que  ses   caractères    aient  servi 
pour  les  premiers  essais  de  typographie  fails  à 
Naples;  car  on  sait  que  l'imprimerie  ne  fut 
introduite  dans  cette  ville,   par  le  roi  Ferdi- 
nand IlT,  qu'à  la  fin  de  1473.  Au  surplus,  je 
crois  que  l'opuscule  dont  il  s'agit  a  dû  paraître 
au  plus  tard  dans  l'année  1470,  car  on  voit  que 
Tinclor  n'y  donne  à  la  fille  de  Ferdinand  que 
le  nom  de  Béatrix  d'Aragon, en  la  qualifiant 
de  vierge;  or  elle  épousa,  le  15  novembre  de 
la  même  année,  Matthias  Corvin,  roi  de  Hon- 
grie, et  fui  couronnée  en  celle  qualité  le  même 
jour.  Il  est  donc  certain  que  si  celle  princesse 
eût  été  déjà  sur  le  trône,  Tincloris  lui  aurait 
donné  son  litre  dans  le  Terminorum  musicx 
Diffînitorium,  comme  il  l'a  fait  à  la  fin  deson 
Traité  de  la  nature  cl  de  la  propriété  des 
tons,  cl  ne  l'aurait  pas  appelée  vierge. 

Quoi  qu'il  en  soil,  la  date  de  l'impression 
de  ce  dictionnaire  de  musique  cslde  peu'  d'im- 
porlance;  mais  l'ouvrage  en  lui-même  esl  digne 
d'attention  par  les  définitions  claires  et  pré- 
cises de  tous  les  mois  dont  était  composé  le 
vocabulaire  de  la  musique  au  quinzième 
siècle.  Ces  définitions  sonl  d'un  grand  secours 
pour  l'intelligence  des  anciens  ailleurs.  Le  sa- 
vant Forkel,  qui  a  trouvé  un  exemplaire  de 
l'ouvrage  de  Tincloris  dans  la  bibliothèque  de 
Golha,  a  eu  l'heureuse  idée  de  le  faire  réim- 


TINCTOR 


229 


primer  dans  sa   Littérature  générale  de  la 
musique  (1),  où  cel  opuscule  remplit  les  pages 
204  à  216.  Lichlcnlhal  a  reproduit  l'ouvrage 
d'après  Forkcl,  dans  le  troisième  volume  de 
son  Dizionario  e  Bibliografin  délia  musica 
(pages  208-313).  Enfin  le  Terminorum  mu- 
s/ea*Z?^m7or''u?j-,  accompagné  d'une  traduc- 
lion  allemande  et  de  notes,  par  M.Bellermann, 
est  insérédans  \cJahrbuchcrdermusihalischc 
Wissenschaft,  publié  par  M.  Frédéric  Chry- 
sandcr,    1fr  volume  (Leipsick,    Breilkopf  et 
Hserlel,  1863),  pp.  55-114.   Un  exemplaire  de 
ce  rarissime  opuscule  a  passé  inaperçu  dans 
une  des  ventes  de  la  riche  bibliothèque  de  Ri- 
chard Hcber,  faile  à  Londres, en  1834,  et  a  été 
adjugé  pou r  un  shilling  (I  franc  25  centimes). 
Les  titres  île  gloire  de  Tincloris  ne  se  bor- 
nent pas  à  la  composition  de  ce  livre.  Toutes 
les  parties  de  la  musique  ont  été  soumises  à 
ses  investigations,  ctsurtoulcs  il  a  écrit  des 
traités  spéciaux  qui  sont  au  nombre  des  mo- 
numents les  plus  précieux  d'une  époque  où  la 
(héorie  et  l'art  de  la  musique  ont  reçu  des  amé- 
liorations  considérables.    Ainsi   qu'on  l'a  vu 
précédemment,   ils  sont  restés  en  manuscrit 
jusqu'à  ce  jour.  Les  copies  anciennes  en  sont 
fort  rares.  Il  en  existait  une  à  la  bibliothèque 
San-Salvador    de  Bologne,  qui  s'est  égarée* 
j'en  possède  une  du  quinzième  siècle  qui  ren- 
ferme tous  les  ouvrages  de  l'auteur,  au  nombre 
de  dix,  et  qui  est  la  seule  complète  connue  jus- 
qu'à ce  jour.  Ce  manuscrit,  achelé  en  Italie 
par  Selvaggi  {voyez  ce  nom),  et  apporté  par 
lui  en  France,  était  devenu  la    propriété  de 
Fayolle  {voyez  ce  nom),  puis  avait  passé  dans 
la  bibliothèque  de  Perne.  Après  la  mort  de  ce 
savant,    j'ai    acquis    ses   livres    ainsi   que   le 
manuscrit  de   Tincloris.   La  bibliothèque  de 
l'université  de  Gand  renferme  un  beau  ma- 
nuscrit sur  vélin  qui  contient  sept  ouvrages  de 
Tincloris,  savoir  :  le  Traité  des  elTels  de  la 
musique,  ceux  de  la  nature  et  de  là  propriété 
des  tons,  des  notes  cl  des  pauses,  de  l'imper- 
fection des  notes,  des  points  musicaux,  des  al- 
térations, et  le  proportionale.  Les  Traités  de 
la  main  musicale,  de  la  valeur  régulière  des 
notes,  du  contrepoint,  et  le  Diffinitorium  y 
manquent,  .le  possède  aussi  une  copie  faile  au 
seizième  siècle  de  ce  dernier  ouvrage  el  (\\\ 
proportionale.  Enfin,  Peine  a  fait,  d'après  le 
manuscrit  qui  est  aujourd'hui  en  ma  posses- 
sion, une  copie  des  Traités  de  Tincloris  qui, 

(I)  AUgemeine  Lilleratitr  (1er  Musik  o:lcr  Anleilung 
zur  Kenntnlssmusikalischcr Oiicher,elc  Leipsick,  171)2, 
un  vol.  grand  in-8°. 


après  avoir  appartenu  à  Choron,  est  passée 
dans  la  bibliothèque  du  Conservatoire  de 
Paris.  Celte  copie  est  malheureusement  remplie 
de  barbarismes  latins  et  de  non-sens,  à  cause 
de  la  difficulté  que  Perne  a  éprouvée  à  lire  le 
manuscrit  ancien.  Choron  a  corrigé  quelques- 
unes  de  ces  failles,  mais  il  en  reste  encore. 

J'ai  donné,  dans  mon  Mémoire  sur  le  mé- 
rite des  musiciens  belges  (1),  l'indication  de 
la  nature  de  ions  les  traités  de  musique  com- 
posés par  Tincloris;  je  crois  devoir  la  rap- 
porter ici,  à  cause  de  la  rareté  de  ce  volume. 
Le  premier  de  ces  ouvrages,  qui  est  un  traité 
du  solfège,  selon  la  mélhode de  Guido  d'Arezzo, 
a  pour  litre  :  Exposilio  manus  secundum 
magistrum  Johannem  Tincloris,  el  contient 
neuf  chapitres.  On  y  trouve  un  grand  nombre 
d'exemples  notés,  et  un  Kyrie  à  trois  voix  de 
la  composition  de  Tincloris.  Le  livre  de  la  na- 
lure  et  de  la  propriété  des  Ions  {Liber  de  na- 
lurd  et  proprielate  tonorum),  qui  suit  celui 
de  l'exposition  de  la  main,   esl  dédié  à  Jean 
Okeghem  et  à  Busnois,   chantres  du   roi  de 
France   et  de  Charles  le  Téméraire,  duc  do 
Bourgogne.  Les  cinquante  et  un  chapitres  qui 
composent  ce  livre  renferment  environ  cent 
exemplaires  nolés  fort  curieux.  C'est  à  la  fin 
de  l'ouvrage  qu'on  trouve  la  date  précise  où  il 
l'acheva  (6  novembre  1476).  LeTrailé  des  noies 
el  des  pauses  {De  notis  ac  pausis),  divisé  en 
deux  livres,  est  dédié  à  un  excellent  musicien 
nommé  Martin  Hanard,  chanoine  de  Cam- 
brai; celui  de  la  valeur  régulière  des  noies  {De 
regulari  valore  notarum) ,  qui  contient  trente- 
trois  chapitres;   celui  de   l'imperfection  des 
noies  {Liber  imper feclionum  notarum),  dédié 
à  Jean  Fronlin,  cl  divisé  en  deux  livres;  le 
Traité  des  altérations  {Tractatus  alleratio- 
nnm),  dédié  à  Guillaume  Guinand,  maîlre  de 
chapelle  de  Louis  Sforce,  duc  de  Milan,  et  di- 
visé en  trois  chapitres;  celui  des  points  musi- 
caux {Super  punclis  musicalibus),  divisé  en 
vingt  chapitres;   ouvrage  instructif  sur   une 
matière   obscure;    le    Traité  du    conlrepoint 
{Liber de  arle  contrapuncti),  dédié  au  roi  de 
Naples  et  de  Sicile  Ferdinand  Itr.Cet  ouvrage, 
le  plus  important  de  tous  ceux  de  Tincloris,  est 
divisé  en  trois  livres.   1,'auleur  nous  apprend 
qu'il   l'acheva   à   Naples,   au   mois  d'octobre 
1477.  On  y  trouve  environ  quarante  exemples 
de  contrepoints  à  Irois,  quatre  et  cinq  parties, 

(l)  Dans  le  volume  publie  par  la  417"  classe  de  l'Insti- 
tut des  Pays-lias,  intitulé  :  Vcrhandelhigen  ovev  de 
V rang  :  Welke  verdienslcn  liebben  zicli  de  Nedcrlundcrs 
vooral  in  de  li>',  IS«  en  IGC  eeuw in  hel  ittk  der  Toon- 
kuntfe  verironen  ?  Amsterdam,  J.  Muller,  1829,  in-4", 


230 


T1NCTOR  —  T1NNAZOLI 


la  plupart  extraits  de  molcts  on  <lc  chansons 
des  compositeurs  contemporains  ou  de  l'époque 
antérieure.  Les  derniers  ouvrages  de  Tinctoris 
qui  se  trouvent  dans  mon  manuscrit  sont  le 
proportional  (Proport tonale  musices),  divisé 
en  trois  livres,  et  qui  traite  des  proportions 
des  notes  dans  la  notation  de  son  temps;  le 
Difjinilorium musices ,  qui  contient  quelques 
articles  d'un  haut  intérêt,  non  imprimés  dans 
l'édition  de  Naples,  ni  dans  les  copies  publiées 
parForkel  elLichtenthal  ;  enfin  \eComplexus 
effectuum  musices,  ou  Traité  des  effets  de  la 
musique,  divisé  en  vingt  et  un  chapitres.  Les 
treize  derniers  manquaient  dans  le  manuscrit; 
j'y  ai  suppléé  par  une  copie  de  ces  chapitres 
d'après  le  manuscrit  de  Gand. 

Contemporain  de  Jean  Okeghem,  de  Régis, 
de  Bnsnois,  deFirmin  Caron  et  «le  Guillaume 
Fatigues,  Tinctoris  n'est  inférieur  à  aucun  d'eux 
dans  l'art  d'écrire  l'harmonie  avec  pureté  et 
une  certaine  élégance  relative,  comme  on  peut 
voir  par  douze  motets  à  trois  voix  répandus 
dans  son  Traité  du  contrepoint,  et  surtout  par 
un  Deo  grattas  à  cinq  voix  sur  le  plain-chant 
qui  se  trouve  au  vingt  et  unième  chapitre  du 
second  livre  de  cet  ouvrage,  et  qui,  pour  le 
temps  où  il  a  été  écrit,  est  un  chef-d'œuvre. 
Comme  professeur  et  savant  dans  la  solmisa- 
tion,  dans  la  tonalité  ainsi  que  dans  les  im- 
menses difficultés  de  la  notation  proportion- 
nelle, il  me  parait  être  l'esprit  le  plus  lucide 
du  quinzième  siècle  et  le  plus  grand  musicien 
de  celte  époque. 

Convaincu  comme  je  le  suis  de  la  valeur  des 
ouvrages  de  Tinctoris,  sous  le  rapport  histo- 
rique, j'ai  pris  soin  d'enétablir  le  texte  aussi 
correctement  que  je  l'ai  pu  au  moyen  des  di- 
verses copies  citées  précédemment;  je  les  ai 
traduits  en  français,  et  j'en  ai  conféré  les  pas- 
sages et  les  points  de  doctrine  qui  offraient  de 
l'obscurité  avec  les  auteurs  anciens  les  plus 
estimés,  éclaircissant  le  tout  par  des  notes. 
Enfin  j'ai  traduit  en  notation  moderne  tous  les 
exemples.  J'ai  soumis  mon  manuscrit  à  l'exa- 
men de  la  classe  des  beaux-arts  de  l'Académie 
royale  de  Belgique,  qui  l'a  approuvé  dans  sa 
séance  du  9  décembre  1860,  sur  le  rapport  de 
mon  honorable  confrère  M.  André  Van  Hasselt. 
Ce  rapport  a  été  inséré  dans  les  Bulletins  de 
l'académie ,1. 10  (2csérie),  p.  074,  et  reproduit 
dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris, 
ann.  1861.  Le  texte  et  la  traduction  des  œuvres 
de  Tinctoris  seront  publiés  après  le  huitième  et 
dernier  volume  de  la  Biographie  universelle 
des  musiciens. 

Outre  les  morceaux  cités  ci-dessus, Tinctoris 


a  laissé  en  manuscrit  quelques  compositions 
pour  l'église  qui  se  trouvent  dans  les  archives 
de  la  chapelle  pontificale;  entre  autres  une 
messe  de  l'Homme  armé,  a  cinq  voix   (vo- 
lume 55),  dont  l'abbé  Bai  ni  a  fait  connaître 
quelques  singularités  dans  ses  Mémoires  sur 
la  vie  et  les  ouvrages  de  J.-P.  de  Palestrina 
(tome  Ier,  page  96).  M.  l'abbé  Stephen  Morelot 
a  signalé  l'existence  de  la  chanson  française  de 
Tinctoris,   Voslre  regard  si  très  fort  m'a 
ferri,  dans  sa  Notice  sur  un  manuscrit  de 
la  Bibliothèque  de  Dijon  (Paris,  1856,  in-4°), 
et  M.  Catelani,savantbibliothécairedeModène, 
fournit  l'indication  de  la  chanson  à  trois  voix 
du  même  musicien  (Hélas)  dans    son  intéres- 
sant opuscule  intitulé  :  Di  due  stampeignote 
diOttaviano  Petrucci  da  Fossombrone.  Celte 
chanson  est  imprimée  dans  le   premier  livre 
du  recueil  publié  par  Petrucci  (en  1501)  sous 
le  litre  Harmonice  musices  Odhecaton.  Enfin, 
on  trouve  une  Lamentation   à  quatre  voix  de 
Tinctoris  dans    le    Lamentât ionum  Jeremie 
prophète  (sic)  liber  primus,  imprimé  à  Venise, 
par  Petrucci,  en  1506,  in-4°  obi. 

TIINGRY  (  Jean-Nicolas-Célestin),  vio- 
loniste, né  à  Verviers  (Belgique),  le  7  sep- 
tembre 1819,  fut  admis  comme  élève  au  Con- 
servatoire de  Paris,  le  6  novembre  1832,  et  y 
reçut  des  leçons  de  Baillot.  Ses  études  musi- 
cales étant  terminées,  il  sortit  de  cette  insti- 
tution au  mois  de  décembre  1837.  Pendant  plu- 
sieurs années,  il  se  fit  entendre  dans  les  con- 
certs de  Paris  et  y  brilla  parle  caractère  large, 
brillant  et  vigoureux  de  son  talent.  En  1844, 
il  voyagea  dans  le  midi  de  la  France  et  y  obtint 
du  succèsdansses  concerts.  Arrivé  à  Bruxelles, 
au  mois  de  février  1845,  après  avoir  parcouru 
l'Allemagne,  il  y  donna  un  concert  où  il  excita 
l'enthousiasme  du  public  dans  un  concerto  de 
sa  composition,  le  Trémolo  de  Bériot  et  Une 
Scène  de  départ,  par  Singer.  De  retour  à  Pa- 
ris, vers  le  fin  de  la  même  année,  il  y  donna  des 
matinées  musicales,  dans  lesquelles  il  fit  enten- 
dre des  quatuorsetdesquinleltes  de  sa  compo- 
sition, dont  le  mérile  fui  signalé  dans  les  jour- 
naux de  musique.  Après  une  longue  absence, 
M.  Tingry  a  reparu  à  Paris,  en  1857,  dans 
les  concerts  et  y  a  fait  applaudir  des  trios  de 
piano,  violon  et  violoncelle  de  sa  composi- 
tion. Il  est  fixé  à  Cambrai,  comme  professeur. 

TIIMVAZOLI  (Acostixo),  organiste  à  Fer- 
rare,  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  a  fait 
graver  de  sa  composition  :  Sonate  e  Capricci 
per  Vorgano;  Borne,  1690,  in-fol.  oblong.  On 
connaît  aussi  en  manuscrit,  de  cet  artiste  : 
Kyrie,  sanclus,  Jgnus  e  l'assoluzionc  délia 


TINNAZOLI  —  TISSOT 


231 


Messa  de'.Vorti  a quallro,  et  Canlala  a  canLo 
c  Basso  per  l'organo. 

TIINTI  (Salvator),  violoniste  distingué, 
né  à  Florence,  vers  1740,  mourut  à  Venise,  en 
1800.  On  a  gravé,  à  Florence,  six  quatuors 
pour  deux  violons,  allô  et  basse,  de  sa  compo- 
sition. Le  catalogue  de  Traeg  indique  aussi 
sous  son  nom  six  quintettes  pour  deux  violons. 
deux  altos  et  violoncelle. 

TIKABOSCIII  (Jérôme),  jésuite  et  savant 
littérateur  italien,  naquit  à  Bergame,  le  28  dé- 
cembre 1751.  Après  avoir  été  quelque  temps 
conservateur  de  la  bibliothèque  de  Brera,  à 
Milan,  il  fut  appelé  à  Modène,  et  eut  la  direc- 
tion de  la  bibliothèque  ducale.  II  mourut  dans 
cette  ville,  le  5  juin  1794,  avec  les  titres  de 
chevalier  et  de  conseiller  du  duc  de  Modène. 
Son  histoire  de  la  littérature  italienne  (Slo- 
ria  deila  îelleratura  italianà; Modène,  1772- 
1782,  treize  volumes  in-4°,  et  Florence,  1 803- 
1812,  vingt  volumes  in-8°)est  un  livre  estimé. 
Il  y  traite  succinctement  de  l'histoire  de  la 
musique  en  Italie.  Le  sixième  volume  de  sa 
Diblioleca  Modenese  est  intitulé  :  Notizie 
de'  pittori,  scultori,  incisori  ed  arckitelli 
modencsi,  con  un  appendice  de' prufessori 
di  musica  :  Modène,  1780,  in-4". 

TIRAQUEAU  (André),  né  vers  1480,  à 
Fontenay-le-Comte,  y  occupa  longtemps  la 
charge  de  sénéchal,  puis  l'ut  conseiller  au  par- 
lement de  Paris.  Il  mourut  dans  cette  ville 
en  1558.  On  assure  qu'il  eut  trente  enfants, 
et  qu'il  publia  un  nombre  égal  de  volumes. 
Ses  ouvrages  ont  été  réunis  par  son  fils  en 
cinq  volumes  in-fol.;  Paris,  1574.  On  trouve 
dans  celte  collection  celui  qui  a  pour  litre  : 
De  nobilitate  et  jure  primogenitorum  ;  il 
y  examine  dans  le  trente-quatrième  chapitre 
si  la  musique  est  un  art  utile  et  si  la  profession 
de  musicien  est  honorable. 

TISCHEll  (Jean-Nicolas),  maître  de  con- 
cert du  prince  de  Saxe-Cobourg  et  organiste 
à Scbmalkalde,  naquit  en  1707,  àBcehIen,  dans 
la  principauté  de  Schwartzbourg.  A  l'âge  de 
douze  ans,  il  commença  l'étude  de  la  musique 
chez  l'organiste  du  lieu  de  sa  naissance;  après 
trois  années  passées  chez  ce  maître,  il  alla 
étudier  à  Halberstadt,  chez  l'organiste  Graf, 
puis  à  Arnsladt,  où  il  apprit  les  éléments  de 
la  composition,  du  violon  et  de  la  viole 
d'amour,  et  en  dernier  lieu  à  Rudolsladt,  oii 
il  retrouva  Graf  dans  la  position  de  maître  de 
concert.  De  retour  à  Arnstadt,  il  s'y  livra  à 
l'enseignement  du  clavecin;  mais  n'ayant  pu 
obtenir  la  place  d'organiste  à  Erfurt,  il  s'en- 
gagea comme  hautboïste  dans  un  régiment  à 


BrUnswick,  en  1728.  Ayant  pris  son  congé  en 
1751,  il  accepta  les  places  d'organiste  de  la 
cour  et  de  la  ville  à  Scbmalkalde.  Quelques 
années  après,  Tischer  obtint  du  prince  deSaxe- 
Cobourg  le  litre  de  maître  de  concert.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort,  mais  on  sait  qu'il 
vivait  encore  en  17(5G.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Six  galanteries  pour  leclavecin,  à 
l'usage  des  dames,  premier,  deuxième  et  troi- 
sième recueils  ;  Nuremberg,  1748.  2°  Diver- 
tissement musical  consistant  en  dois  suites 
pour  le  clavecin;  ibid.  5°  Six  petites  suites 
pour  le  clavecin,  à  l'usage  des  commençants, 
premier  et  deuxième  recueils;  ibid.  4"  Treize 
concertos  pour  le  clavecin,  en  sept  recueils; 
ibid.  5°  Six  pièces  (Parlhien)  faciles  et  agréa- 
bles pour  le  clavecin,  à  l'usage  des  commen- 
çants; Munich,  17GG.  Tischer  a  laissé  en  ma- 
nuscrit :  1°  Cinquante  morceaux  d'église 
achevés  en  1752.  2°  Six  concertos  pour  haut- 
bois et  viole.  3°  Six  symphonies  pour  deux 
flûtes,  deux  violons,  viole  et  basse.  4°  Six 
tdemavec  deux  cors.  5°  Six  concertos  pour  le 
violon.  0°  Ouvertures  pour  les  instruments  à 
cordes.  7°  Deux  œuvres  de  sonates  pour  le  vio- 
lon. 8"  Six  fugues  pour  le  clavecin.  9°  Les 
quatre  Saisons,  divertissements  pour  le  cla- 
vecin. 10°  Six  concertos  pour  leclavecin. 

TISCIILIftGEU  (Burkard),  musicien  et 
facteur  d'orgues  au  service  de  l'empereur  Maxi- 
milien  Ier,  a  construit,  en  1507,  l'orgue  de 
l'église  Saint-Élienne,  à  Vienne,  près  de  la 
grande  sacristie. 

TISSOT  (Simon-André),  médecin  célèbre, 
né  à  Groney,  dans  le  pays  de  Vaud,  le  20  mars 
1728,  fit  ses  études  à  Genève  et  à  Montpellier, 
puis  se  fixa  à  Lausanne,  en  1749.  Une  inflam- 
mation de  poitrine  le  mit  au  tombeau  le 
15  juin  1797,  à  l'âge  de  soixante-neuf  ans.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages,  on  remarque  celui 
qui  a  pour  titre  :  L'inoculation  justifiée,  ou 
Dissertation  pratique  et  apologétique  sur 
cette  méthode,  avec  un  Essai  sur  la  mue  de 
la  voix;  Lausanne,  1754,  in-12;  Paris,  Didol, 
1774,  in-12.  Cet  écrit  se  trouve  aussi  dans 
les  œuvres  complètes  de  l'auteur;  Paris,  A  Util, 
1809-1815,  onze  volumes  in-8°. 

TISSOT  (Pierre-François),  lilléraleur 
distingué,  professeur  de  poésie  latine  au  col- 
lège royal  de  Fiance,  membre  de  l'Académie 
française,  né  à  Versailles,  le  10  mai  1708,  est 
mort  à  Paris,  le  7  avril  1854.  Ce  fécond  écri- 
vain, dont  le  travaux  littéraires  n'ont  pas  de 
rapport  avec  l'objet  de  la  Biographie  univer- 
selle des  musiciens,  a  fourni  à  1' 'Encyclopédie 
moderne,  publiée  par  M.  Çourlin  (Paris,  1823 


232 


TISSOT  -  TITON  DU  TILLET 


et  années  suivantes),  un  très-bon  travail  sur  le 
Chœur,  dans  ses  diverses  acceptions. 

TISSOT  (Amkdkk),  poêle  et  littérateur 
médiocre,  né  vers  1794,  est  mort  dans  une 
maison  de  santé,  près  de  Paris,  en  1859.  Au 
nombre  de  ses  productions, on  trouve  une  bro- 
chure intitulée  :  Deux  mots  sur  les  théâtres 
de  Paris;  Paris,  Pihan-Dclaforest,  1827, 
in  8°  de  quarante-quatre  paires.  Cette  bro- 
chure est  particulièrement  relative  a  l'Opéra. 
Il  en  a  été  fait  une  critique  dans  la  Revue  mu- 
sicale (t.  If,  |>.  148-153). 

T1TELOÏJZE  (Jean),   prêtre  du   diocèse 
de   Saint -Orner,    chanoine    et    organiste    de 
l'église  cathédrale  de  Rouen,  obtint  cette  po- 
sition an  concours  en  1588,  et  l'occupa  pen- 
dant quarante-cinq   ans.   Il  mourut  en  1033 
(voyez  le  Discours  (Je  réception  de  M.  l'abbé 
Tanglois,   à  l'Académie    royale    de    Rouen, 
contenant  la  Revue  des  maîtres  de  chapelle 
et  musiciens  de  la  métropole  de  Rouen  (1), 
p.  10),  et  non  en  1CÔ0,  suivant  la  préface  du 
premier  livre  d'orgue  de  Giganlt   {voyez  ce 
nom).  Tileloiize  a  fait  imprimer  de  sa  compo- 
sition :  1°  Missa  quatuor  vocum  ad  imita- 
tionem  moduli  fn  ecclesia  ;  F'arisiis.    Rai- 
lard,   1020,   in-fol.  2"  Hymnes  de  l'église, 
avec  des  fugues  et  recherches  sur  le  plain- 
chant; Paris  (sans  date),  un  volume  in-4°  ohl. 
3°  Magnificat  de  tous  les  tons  avec  les  versets 
pour  l'orgue:  ibid.,  un  volume  in-4°  ohl.  Il 
y  a  beaucoup  de  mérite  dans  ces  pièces  d'or- 
gue, et  leur  style  a  de  l'analogie  avec  celui  de 
Froherger.    Titelouze    a   été   le    maître    des 
organistes  André  Raison  {voyez  ce  nom)  et 
Giganlt. 

TITL  (ANTOiNE-Émnr.),  compositeur  à  qui 
les  critiques  allemands  accordent  beaucoup  de 
talent,  est  né  en  1809  à  Pernstein,  en  Mora- 
vie. Après  avoir  suivi,  à  Rrunn,  un  cours  nor- 
mal de  musique  et  étudié  la  composition,  sous 
la  direction  de  Rieger.  il  s'est  établi  à  Prague. 
Ses  premiers  essais  ont  été  les  ouvertures  à 
grand  orchestre  pour  les  drames  Torqnato 
7'asso  et  der  Lichenrauber  (le  Voleur  de 
morts)  :  leur  effet  surpassa  ce  qu'on  pouvait 
attendre  d'un  jeune  homme.  M.  Titl  a  écrit  en- 
suite l'opéra  Die  Rurg-Frau  (la  Dame  du 
château),  que  le  public  de  Prague  a  vivement 
applaudi.  En  1832,  il  a  composé  une  messe  so- 
lennelle avec  chœur  à  huit  voix,  pour  l'instal- 
lation du  prince  archevêque  d'Olmtltz.  Celte 
production  a  été  trouvéesi  belle,  que  les  Con- 
servatoires de  Vienne  et  de  Prague  en  ont  dé- 
fi) Oanj  les  Mémoires  deceiLe  Académie,  ami.  1851. 


mandé  des  copies  pour  la  faire  exécuter.  On  a 
publié  dans  celte  dernière  ville,  chez  Endcrs, 
trois  suites  dédiants  allemands  composés  par 
Titl.  Fixé  en  dernier  lieu  à  Vienne,  il  y  a  été 
nommé  chef  d'orchestre  du  Bungthcaler,  en 
1850,  et  y  a  fait  représenter  les  drames  fée- 
riques Der  Todtentanz  (la  Danse  des  morts), 
Der  Antheil  des  Teufels  (la  Part  du  Diable), 
et  Der  Zaubcrschleier  (le  Voile  enchanté). 
M.  Titl  habitait  encore  à  Vienne  en  18G0. 

TITON  DU  TILLET    (Éviunn),   né    à 
Paris,  le  10  janvier  1G77,   avait  achevé   ses 
études  avec  succès,  lorsqu'il  obtint, à  l'âge  de 
quinze  ans,  le  grade  de  capitaine  d'infanterie, 
qu'il  échangea  plus  lard  contre  celui  de  capi- 
taine de  dragons.  Après  la  paix  de  Ryswyck, 
il  rentra  dans  la  vie  civile,  et  acheta  la  charge 
de  maître  d'hôtel  de  la  duchesse  de  Bourgogne. 
La  mort  de  celle  princesse  l'ayant  laissé  sans 
emploi  en   1712,  il  se  livra  en  liberté  à  son 
goiit  pour  les  arts,  visita  l'Italie,  puis  revint  a 
Paris,  où  il  s'occupa   presque  sans    relâche 
d'un  monument  à   la  gloire  de*  Louis  XIV  et 
des  grands  poètes,  littérateurs,  savants  et  ar- 
tistes de  son  règne.  Il  en  fit  faire  le  modèle  en 
petit,  représentant  le  Parnasse,  avec  tous  les 
hommes  célèbres  de  la  France.  Apollon  y  est 
représenté  sous  les  traits  de  Louis  XIV.  Ce 
monument,  d'assez  mauvais  goût,  connu  sous 
le  nom  de  Parnasse  français,   a  été  placé- 
dans  une  des  galeries  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Paris.  Titon  du  Tillet  en  a  donné  la  des- 
cription en  un  volume  in-folio  orné  de  beau- 
coup de  gravures.  Ce   volume  a   pour  titre: 
Description  du  Parnasse  français  exécuté 
en  bronze,  suivie  d'une  liste  alphabétique 
des  poètes  et  des  musiciens  rassemblés  sur  ce 
monument;    Paris,   Coignard  ,    1732,    in- 
folio, avec    beaucoup  de   portraits  de  litté- 
rateurs   et    de    musiciens.    Trois     supplé- 
ments de    cet  ouvrage   ont    paru  en   1743, 
1755  et  17G0  :  ils  forment  un  deuxième  vo- 
lume  in-folio.  Les  pièces  de  ce  recueil  rela- 
tives à  la  musique  sont  :  1°  Remarques  sur  la 
poésie  et  sur  la  musique,  et  sur  l'excellence  de 
ces  deux  arts,  avec  des  observations  particu- 
lières sur  la  poésie  et  la  musique  françaises, 
et  sur  nos  spectacles.  2°  Beaucoup  de  notices 
biographiques    de  musiciens    français,    avec 
leurs  portraits.  3°  Remarques  sur  la  musique 
et  notices   nécrologiques  sur    les    musiciens 
français  (dans  le  premier  supplément).  4"  Re- 
marques sur  la  musique  et  notices  nécrologi- 
ques (dans  le  dernier  supplément).  Titon  du 
Tillel  est  mort  à  Paris,  le  20  novem!  rc  1702, 
âgé  de  près  de  quatre-vingt-six  ans. 


TOBANELLO  -  TODI 


233 


TOliANELLO  (Félicien),  mallre  de 
chapelle  à  Pavie,  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle,  est  connu  par  un  œuvre 
intitulé  ••  Salmi  spezzati  a  quatlro  voci;  Ve- 
nezia,  app.  Burlol.  Magni,  1G19,  in-4". 

TOBI  (Florent-Joseph),  musicien  alle- 
mand, vécut  à  Paris,  vers  1780,  puis  se  fixa  a 
Amsterdam,  où  il  donnait  des  leçons  de  gui- 
tare. On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Trois 
trios  pour  clarinette,  violon  et  basse,  op.  1  ; 
Paris,  1780.  2"  Méthode  de  guilare;  Amster- 
dam. 

TOCKLER(Coniud),  appelé  NORICUS, 
parce  qu'il  était  né  à  Nuremberg,  fit  ses  études 
à  I.eipsick,  en  1495,  y  obtint  le  doctorat  en 
médecine  en  1511,  et  y  eut  la  place  de  pro- 
fesseur en  1512.  Il  mourut  en  1530.  En  1503, 
il  avait  enseigné  dans  un  cours  public  la  Jflu- 
sica  speculaliva,  de  Jean  de  Mûris.  La  copie 
de  cet  ouvrage  corrigée  par  Tockler,  a  servi  a 
l'abbé  Gerbert  pour  la  publication  qu'il  en  a 
faite,  dans  le  troisième  volume  de  ses  Scrip- 
lores  ecclesiastici  de  vuisica. 

TGDERIM  (Jean-Baptiste),  littérateur, 
né  à  Venise,  en  1728,  enlra  chez  les  jésuites 
qui  avaient  dirigé  ses  éludes,  et  enseigna  la 
philosophie  à  Vérone  et  à  Foi  li.  Après  la  sup- 
pression de  son  ordre,  il  suivit,  en  1781,  Gar- 
zoni  dans  son  ambassade  à  Conslanlinople; 
et  quoiqu'il  n'eût  que  des  notions  très  impar- 
faites de  la  langue  des  Turcs,  il  entreprit  un 
livre  concernant  leur  littérature,  qu'il  publia 
à  Venise,  en  1787,  sous  le  titre  :  La  Leltcra- 
(ura  turchese,  trois  volumes  in-8°.  Bien  que 
de  peu  de  valeur  en  ce  qui  concerne  les  di- 
verses sciences  et  la  littérature  des  Turcs  pro- 
prement dite,  cet  ouvrage  renferme  quelques 
bons  renseignements  relatifs  à  la  musique  de 
ce  peuple,  à  l'époque  du  séjour  de  l'auteur  à 
Conslanlinople.  Ce  que  Toderini  rapporte 
concernant  cet  art  remplit  le  seizième  cha- 
pitre du  premier  volume  (p.  222-252).  La 
J.elteralura  turchese  a  élé  traduite  en  fran- 
çais par  Cournand  (Paris,  1789,  trois  volumes 
in-8") ,  et  en  allemand,  par  Hauslentncr 
(Rœnigsberg,  1790,  deux  volumes  in-8°). 

TODI  (SIabie-Fhahçoise),  suivant  Gerber, 
mais  dans  un  livret  d'opéra  joué  à  Berlin,  elle 
a  le  prénom  de  Louise  (Luigia).  Célèbre  canta- 
trice de  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  elle  naquit  en  Portugal,  vers  1748,  et 
apprit  l'art  du  chant  sous  la  direction  de  Da- 
vid Percz.  Sa  voix  était  un  mezzo  soprano 
d'un  timbre  un  peu  couvert,  mais  douée  de 
l'accent  expressif.  Les  succès  qu'elle  avait  eus 
dès  son  début  au  tbéàlrc  de  Lisbonne  la  firent 


appeler  à  Londres,  en  1777,  pour  y  chanler 
dans  l'opéra  bouffe.  Elle  s'y  fit  entendre  dans 
le  DueContesse,  de  Paisiello,  et  n'y  réussit 
pas.  Le  caractère  de  sa  voix  et  le  genre  de  son 
talent  n'élaient  pas  de  nature  à  briller  dans  le 
style  comique.  Elle  le  sentit,  et  depuis  lors, 
elle  ne  chanta  plus  que  l'opéra  sérieux.  Dans 
l'été  de  la  même  année,  elle  se  rendit  à  Ma- 
drid et  s'y  fit  admirer  dans  VOlimpiade,  de 
Paisiello,  et  dans  quelques  autres  ouvrages. 
Arrivée  à  Paris,  dans  le  mois  d'octobre  1778, 
elle  excila  la  plus  vive  sensation  au  Concert 
spirituel  et  dans  les  concerts  de  la  reine  à 
Versailles.  Rappelée  à  Lisbonne  dans  l'été  de 
1780,  elle  y  chanta  pendant  une  année,  et  ne 
revint  à  Paris  qu'au  mois  d'octobre  1781,  pour 
y  remplir  un  engagement  qu'elle  avait  con- 
tracié  avec  les  directeurs  du  Concert  spirituel. 
Là,  de  nouveaux  succès  l'attendaient.  En  1782, 
madame  '1  odi  se  rendit  à  Berlin,  où  elle  fut 
engagée  pour  plusieurs  années  aux  faibles  ap- 
pointements de  deux  mille  llialcrs  (sept  mille 
cinq  cents  francs)  (1),  mais  elle  n'y  resta 
qu'un  an.  Au  printemps  de  l'année  1785, 
elle  chaula  au  Concert  spirituel,  ainsi  que  la 
célèbre  cantatrice  madame  Mara.  Une  ardente 
rivalité  s'établit  aussitôt  entre  elles.  Les  ama- 
teurs se  partagèrent  en  deux  partis  qu'on  ap- 
pela les  Natalistes  et  les  Todistes  (voyez 
Mara).  Toutes  deux  brillaient  par  des  qualités 
différentes  ;  la  palme  du  chant  expressif  resta 
à  madame  Todi,  et  madame  Mara  l'emporta 
sur  elle  dans  les  airs  de  bravoure.  Au  mois  de 
novembre  1783,  madame  Todi  retourna  à 
Berlin  et  chanta,  dans  le  mois  suivant,  le  rôle 
de  Cleofi.de,  de  Lucio  Papirio  (2)  ;  mais  elle 
n'accepta  pas  les  offres  du  roi  de  Prusse  pour 
l'année  1784,  parce  qu'elle  avait  souscrit  un 
engagement  pour  le  théâtre  impérial  de  Pé- 
lershourg.  Arrivée  à  la  cour  de  Catherine,  elle 
y  obtint  un  succès  d'enthousiasme,  cl  y  pro- 
duisit une  si  vive  impression  dans  VArmide 
de  Sarli,  que  l'impératrice  lui  fit  présent  d'un 
collier  de  diamants  d'une  valeur  considérable. 
Une  intimité  singulière  s'établit  alors  entre  la 
souveraine  et  la  cantatrice  :  celle-ci,  hautaine 
et  vindicative,  abusa  quelquefois  de  son  crédit 
pour  nuire  à  ceux  dont  elle  croyait  avoir  à  se 
plaindre  (voyez  Sahti).  Malgré  les  avantages 
dont  elle  jouissait  à  Pélersbourg,  la  fâcheuse 
influence  du  climat  de  la  Russie  sur  sa  voix  la 
détermina  à  accepter  les  offres  que  lui  faisait 
le  roi  de  Prusse,  Frédéric-Guillaume  II,  pour 

(I)  Voyez  le   Tonkùnsilcr-Lexikcn  BerLn's,  île, M.  de 
Ledcbur,  page  b'J9, 
00  Ibld. 


23* 


TODI  —  TODINI 


l'atlacherdenouveau  au  théâtre  royal  de  Berlin. 
Un  traitement  de  trois  mille  thalers  lui  était 
assuré,  outre  un  logement  au  palais,  une  voi- 
ture de  la  cour,  la   table  servie  aux  frais  du 
roi,    et  quatre  mille   thalers  de  gratification 
qu'elle  reçut  en  trois  ans  (1).  Ses  plus  grands 
triomphes  sur    celle   scène  furent  VAndro- 
mcda,  de  Reichardt,   et    la  Medca,  de  Nau- 
mann.  Son   début   eut  lieu  le    lô    décembre 
1786,   puis  elle  retourna    à  Pélersbourg,   où 
elle  chanta  pendant  six  mois,  pour  y  achever 
son  engagement.  De  retour  a  Berlin,  au  mois 
de   septembre   1787,  elle  y  chanta   jusqu'au 
mois  de  mars  1789.  Les  auteurs  du  Diction- 
naire historique  des  musiciens,  copiés   par 
celui  de  la  notice  sur  madame  Todi,  insérée 
dans  la  Biographie  portative  des  contempo- 
rains (Supplément,  p.  82ô),  disent  que  celte 
cantatrice   partit  de   Berlin   au  mois  de  mars 
1780,  pour  se  rendre  à  Paris,  et  qu'en  passant 
à  Mayence  elle  chanta  devant  l'électeur;  mais 
que  les  troubles  qui    éclatèrent    en    France 
l'empêchèrent  de   s'y  rendre.  Ces  assertions 
sont  inexactes  ;car  suivantdes  renseignements 
certains  qui  m'ont  été  fournis  par  M.Farrenc, 
madame  Todi  chanta   aux  concerts  spirituels 
à  Paris,  les  25  et  29  mars,  tout  le  mois  d'avril 
et  le  21  mai  1789,  pour  la  dernière  fois.  Elle 
était  aussi  engagée  au  Concert  de  la  Loge  olym- 
pique et  y  chanta  plusieurs  airs  de  Paisiello, 
de  Cimarosa,   de   Sarli,  et  une   grande  scène 
(Sarete  al  fin  content  i)  composée  pour  elle  par 
Cherubini.  En  quittant  Paris,  à  la  fin  de  mai 

1789,  elle  se  rendit  à  Hanovre,  où  elle  était 
engagée  et  y  chanta  jusqu'au  mois  d'octobre 

1790.  Elle  partit  alors  pour  l'Jtalie,  et  brilla  à 
Parme  pendant  le  carnaval  suivant.  Dans  l'été 
de  1792,  elle  retourna  à  Lisbonne  et  y  mourut 
au  mois  de  juin  de  l'année  suivante,  laissant 
à  huit  enfants  qu'elle  avait  eus  de  deux  maris, 
environ  quatre  cent  mille  francs,  et  de  plus 
une  quantité  considérable  de  pierreries  et  de 
bijoux  d'une  grande  valeur.  L'auteur  de  la 
notice  de  la  Biographie  portative  des  Con- 
temporains a  été  mal  informé  en  disant  que 
madame  Todi  mourut  en  Italie  dans  l'année 
1810(2). 

TODINI  (Michel),  né  à  Saluzzo,  dans  le 
Piémont,  vers  1625,  était,  suivant  La  Borde 
(Essai  sur  la  musique,  tome  III,  page  5-58), 
un  très-habile  joueur  de  musette  qui,  après 
avoir  vécu  longtemps  à  Rome,  s'était  fixé  en 

(1)  Voyez  le  Tonkiinsiler-Lexikon  Berlin  s,  p.  500. 

(•2)  Suivant  L. Schneider  (Gesc/ticltie  (1er  Oper.,  p.  108), 
Mme  joili  serait  morle  en  Italie,  en  1812  :  autre 
erreur. 


France  et  y  est  mort.  J'ignore  sur  quels  do- 
cuments   il   s'est  appuyé  pour  ces   dernières 
circonstances  qui  ne    sont  mentionnées    par 
aucun  autre  auteur.  Quoiqu'il  en  soit,  ce  To- 
dini  employa  dix-huit  années,  pendant    son 
séjour    à  Borne,  à  construire   divers  instru- 
ments et  machines  contenues  dans  plusieurs 
chambres  de  sa  maison,  et  dont  le  P.  Ri  relier 
a  donné  la  description  dans  sa  Phonurgia 
nova  (pages  167  et  suivantes),  dès  1675.  Plus 
tard,  Todini  donna  lui-même  une  description 
plus  détaillée  de  ses  inventions  dans  un  petit 
livre  qui  a  pour  titre  :  Dichiaratione  délia  gal- 
leria  armonica  eretta  in  Roma  da  Michèle 
Todini,   Piemontese    di  Saluzzo  nella  sua 
habitatione  (sic)  posta  air  arcu  délia  Ciam- 
bella;   in  Roma  ,  per  Francesco  Tizzoni, 
1670,   quatre-vingt-douze  pages  in-12.  For- 
kel,  Lichlenlhal  et  Ferd.  Becker  n'ont  cité  cet 
ouvrage  que  sous  le  litre  abrégé  la  Galleria 
armonica.  Ils  n'en  ont  pas  connu  le  véritable 
contenu,  car  ils  disent  qu'il  est  relatif  à  un 
oigne  ingénieux  qui  avait  coûté  dix-huit  an- 
nées de  travail  à  Todini;  mais    ce  n'est   pas 
seulement  à  cet  orgue  que  se  borne  la  descrip- 
tion, car  la  galerie  harmonique  formée  par  cet 
habile  artiste  contenait  plusieurs  instruments 
et  machines  qui  étaient  renfermés  dans  trois 
chambres   de  sa    maison,  et   tous  ces  objets 
sont  détaillés  dans   le  petit  ouvrage   dont  il 
s'agit. 

Dans    la  première  chambre  se   trouvaient 
deux  horloges  fort  curieuses  et  très-compli- 
quées qui   n'avaient  point  de  rapport   direct 
avec  la  musique.  Dans  la  deuxième  était  une 
machine   immense  appelée  par  Todini  Poly- 
phème  et  Galatce.  On  y  voyait  beaucoup  de 
mouvements  différents  exécutés  par  des  tri- 
tons  et  des  dieux  marins  qui    portaient  un 
clavecin  mécanique.  Polyphème  jouait  d'une 
petite  épinelle  appelée  sordellina  o  muselta, 
dont  les  sons  étaient  produits  au  moyen  d'un 
clavier  placé  au-dessous  de  celui  du  clavecin. 
Les  inventions  musicales  les  plus  remarqua- 
bles de  Todini  se  trouvaient  dans  la  troisième 
chambre.   Elles   excitent    l'élonnement  lors- 
qu'on songe  au  temps  où  elles  ont  été  faites. 
En  voici  la  description  abrégée.  Todini  avait 
construit  deux  violons   singuliers  dont   l'un 
portait  sous  ses  cordes  celles  d'un  autre  vio- 
linetlo  ou  pochette,  qui  sonnaient  à  l'octave  de 
celles  du  violon.  Au  moyen  d'un  ressort  placé 
près  du  sillet,  on  pouvait  jouer  à  volonté  le 
violon  ou  la  pochette   isolément,  ou  les  deux 
instruments  ensemble  à  l'octave.  L'autre  vio- 
lon, au  moyen  d'une  machine  ingénieuse,  pou- 


TODINI  —  TOEPFER 


23;; 


vail  élrc  monté  (oui  à  coup  d'un  intervalle  de 
seconde,  de  tierce,  ou  môme  de  quinte  :  ces 
deux  instruments  sont  décrits  dans  le  chapitre 
vingt-deuxième  du  livre.  Dans  le  vingt- troi- 
sième chapitre,  on  trouve  la  description  d'une 
viole  tétr aphone  dont  le  mécanisme  permettait 
d'y  jouer  à  volonté,  et  sans  démancher,  les 
quatre  espèces  de  violes,  c'est-à-dire,  le  so- 
prano on  par-dessus  de  viole,  le  contralto  ou 
viola  bastarda,  le  ténor  et  la  basse  de  viole. 
Todini  avait  donné  à  la  partie  grave  de  cet 
instrument  une  étendue  beaucoup  plus  grande, 
mais  il  y  renonça  par  la  suite,  parce  qu'il  in- 
venta la  contrebasse  à  quatre  cordes  qu'il  joua 
lui-même  dans  les  oratorios,  dans  les  concerts 
et  dans  les  sérénades.  Jusqu'en  1670,  la  partie 
de  contrebasse  était  jouée  par  Varchiviole , 
montée  de  sept  cordes  à  l'octave  grave  de  la 
basse  de  viole,  avec  des  cases  pour  poser  les 
doigts,  ou  parla  grande  viole  appelée  lyra  ou 
accordo.  Les  contrebasses  de  Gaspard  de  Salo 
et  autres  anciens  maîtres  qu'on  possède  sont 
ces  mêmes  instruments  dont  on  a  changé  le 
manche  et  le  système  de  monture. 

Todini  avait  inventé  deux  clavecins  qu'il 
avait  construits  lui-même.  L'un  d'eux,  conçu 
de  la  manière  la  plus  ingénieuse,  offrait  les 
moyens  de  jouer  dans  les  trois  genres  diato- 
nique, chromatique  et  enharmonique,  sans 
avoir  recours  à  des  divisions  multipliées  et  in- 
commodes du  clavier.  Cet  instrument  est  dé- 
crit dans  le  vingt-cinquième  chapitre  de  la 
Dichiaratione.  Enfin  ,  dans  la  troisième 
chambre  se  trouvait  aussi  un  grand  orgue  qui 
renfermait  beaucoup  de  combinaisons  et  d'ef- 
fets reproduits  plus  tard  comme  des  inven- 
tions nouvelles.  Cet  orgue,  dont  la  construc- 
tion avait  exigé  plusieurs  années  de  travail, 
faisait  entendre  ensemble  ou  séparément  sept 
instruments  d'espèce  d.ifférente,  dont  un  était 
le  grand  orgue,  composé  de  beaucoup  de  jeux 
qui  pouvaient  se  réunir  ou  se  séparer  à  volonté, 
sans  que  l'organiste  fût  obligé  de  lever  les 
mains  du  clavier;  invention  qui  a  été  repro- 
duite de  nos  jours.  Quatre  instruments  da 
penna,  c'est-à-dire,  appartenant  à  l'espèce  du 
luth,  du  clavecin  ou  des  cordes  pincées, 
étaient  renfermés  dans  cet  orgue.  Le  premier 
était  un  clavecin  ordinaire;  le  second,  une 
épinelte  à  l'octave  aiguë;  le  troisième,  un 
tiorbino  ou  petit  téorbe,  et  le  quatrième,  un 
luth.  Les  deux  autres  instruments  d'arco,  ou 
à  archet,  étaient  un  violon  et  l'espèce  de 
grande  viole  appelée  lyra  ou  accordo.  Todini 
avait  trouvé  un  mécanisme  qui  imitait  parfai- 
tement le  jeu  de  l'archet  sur  ces  instruments. 


On  sait  les  recherches  et  essais  nombreux  qui 
ont  été  faits  depuis  la  fin  du  dix-huitième 
siècle  pour  reproduire  le  même  effet.  Mais  ce 
qui  rend  les  inventions  de  Todini  vraiment 
merveilleuses,  c'est  que  le  même  clavier  ser- 
vait pour  l'orgue  avec  tous  les  jeux,  pour  les 
clavecins,  épineltes,  luth  et  téorbe,  ainsi  que 
pour  les  instruments  à  archet,  qui  pouvaient 
être  joués  seuls  ou  réunis  à  l'orgue  et  aux  in- 
struments da  penna,  sans  qu'il  fût  nécessaire 
de  lever  les  mains  du  clavier. 

On  ignore  l'époque  où  cette  galerie  harmo- 
nique a  été  acquise  par  la  famille  Verospi  et 
placée  dans  son  palais.  Tous  les  objets  n'y  ont 
pas  été  transportés,  mais  seulement  le  grand 
orgue  avec  les  clavecins  et  autres  instruments 
qui  en  dépendent  :  on  les  a  disposés  dans  un 
autre  ordre,  et  ornés  de  belles  peintures  et  de 
sculptures  dorées.  Bonanni  en  a  donné  la 
figure  dans  la  planche  XXXIII  de  son  Gabi- 
nelto  armonico,  publié  à  Rome,  en  1722.  De 
la  Lande,  qui  vit  ces  instruments  aii  palais 
Verospi,  en  1765,  prétend  (1)  que  les  peintures 
de  l'orgue  et  du  clavier  sont  du  Poussin.  Si  le 
fait  est  exact,  il  faut  que  l'instrument  de  To- 
dini ait  été  fini  avant  1664,  qui  est  l'année  de 
la  mort  de  ce  grand  peintre;  mais  cela  est 
peu  vraisemblable.  De  la  Lande  n'a  point  en- 
tendu l'instrument,  mais  ce  qu'il  dit  de  son 
extérieur  correspond  à  la  description  de  Todini, 
et  à  la  figure  qu'en  a  donnée  Bonanni.  Bur- 
ney,  qui  visita  aussi  le  palais  Verospi  cinq  ans 
après  l'astronome  De  la  Lande,  et  qui  vit  la 
galerie  où  l'orgue  est  placé,  ne  fut  pas  plus 
heureux  et  ne  put  l'entendre.  Il  essaya  le  cla- 
vier du  clavecin  qui  communique  avec  l'or- 
gue; mais  pas  une  note  ne  résonna,  sans 
doute  parce  qu'il  y  a  un  secret  qui  lui  était 
inconnu.  Au  reste,  sa  description  est  conforme 
aux  autres  (2). 

TOEPFER  (Jean-Chrétien-Chaiues),  né  à 
Apolda,  dans  le  grand-duché  de  Saxe-Weimar, 
vers  1740,  fut  professeur  au  gymnase  d'Eisc- 
nacli.  On  a  de  lui  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Jnfangsyriinde  zur  Erlemuny  der  Musik, 
und  insonderheit  des  Claviers,  etc.  (Principes 
pour  apprendre  la  musique,  et  principalement 
le  clavecin,  etc.);  Breslau,  1775,  in-4°  de  huit 
feuilles. 

TOEPFER  (Charles),  né  à  Berlin,  le 
26  décembre  1791,  peut-être  fils  du  précédent, 
fit  ses  éludes  à  l'université  de  celte  ville,  et 
obtint  le  doctorat  en  philosophie;  mais  en- 

(I)   Voyage  en  Italie,  (.  I V,  page  499.  2f  cdilion. 
(ï)  The  présent  state  of  untsic  in  France  and  Italy, 
pages  392  el  suivantes. 


TOEPFER 


I  rainé  par  son  goût  pour  là  musique  et  pour  le 
théâtre,  il  se  fil  acteur  cl  chanta  à  l'opéra  île 
Breslau,  en  1810,  puis  à  Vienne.  En  1S22,  il 
chantait  à  Hambourg*.  On  a  publié  de  sa  com- 
position :  1°  Fiïnf  Lieder  von  verschiedenen 
Dichtern,  etc.  (Cinq  chansons  de  différents 
poêles,  avec  accompagnement  de  guitare); 
Brcslau,  Fœrsler,  1814.  2"  Trois  T.ieder  idem, 
op.  3;  ibicl.  Charles  Tœpfer  s'est  aussi  faiteon- 
nallre  comme  guitariste  et  a  publié  quelques 
pièces  pour  son  instrument. 

TOEPFER  (Jean-Gottlob),  professeur  «le 
musique  au  séminaire  et  organiste  à  l'église  de 
Weimar,  est  né  le  4  décembre  1791,  à  Nie- 
derrossla,  près  de  celle  ville.  Son  père,  homme 
pou  fortuné,  lui  fit  enseigner  dès  son  enfance 
le  piano  et  l'orgue  par  le  canlor  rlu  lien.  Une 
dame,  dont  la  maison  de  campagne  était  dans 
le  lien  de  naissance  de Tœpfer ,  ayant  remarqué 
ses  heureuses  dispositions  pour  la  musique,  se 
chargea  des  frais  de  son  éducation,  et  l'envoya 
à  Weimar  pour  continuer  ses  études  de  piano 
auprès  de  Deslonches,  et  de  violon  sous  le  di- 
recteur de  musique  Riemann.  Partageant  son 
temps  entre  les  leçons  de  ces  artistes  et  les 
cours  du  gymnase  et  du  séminaire,  il  fit  de 
rapides  progrès  dans  les  diverses  parties  de  la 
musique  et  dans  les  sciences.  Lorsque  Eher- 
bardt  Millier  [voyez  ce  nom)  fut  appelé  à  Wei- 
mar, en  qualité  de  maître  de  chapelle,  la 
grande -duchesse  (  Marie-Paulowna)  ronfia 
Tœpfer  à  la  direction  de  cet  artiste  dislingué, 
qui  fil  de  son  élève  un  organiste  habile  el  un 
musicien  instruit.  Ses  éludes  terminées,  il  se 
livra  à  l'enseignement  du  piano,  et  ohtint,  en 
1817,  la  place  de  professeur  de  musique  au  sé- 
minaire. 

Vers  cette  époque,  la  construction  d'un 
nouvel  orgue  à  l'église  principale  de  Weimar 
fixa  1'altenlion  de  M.  Tœpfer  sur  les  bases  na- 
turelles et  positives  des  proportions  de  cet  in- 
strument. Employant  toutes  ses  heures  île 
loisir  à  fréquenter  l'atelier  du  facteur  qu'on 
avait  choisi  pour  le  nouvel  orgue,  il  en  étudia 
les  détails  avec  attention,  lut  les  meilleurs 
livres  qu'on  possède  sur  cet  objet,  et  plus  lard 
perfectionna  ses  connaissances  par  des  voyages 
en  Saxe,  en  Bavière,  en  Autriche  et  en  Bohême. 
Choqué  de  ne  trouver  chez  la  plupart  des  fac- 
teurs que  des  habitudes  pratiques  dans  les  pro- 
portions qu'ils  donnent  aux  diverses  parties 
des  orgues,  il  se  livra  a  la  recherche  d'une 
lliéorie  pins  rationnelle  et  plus  positive  de  la 
construction  de  ces  instruments,  cl  publia  le 
résultat  de  ses  méditations  dans  nn  livre  qui  a 
pour  titre  :  Die  Orgelbau-Kunst  nach  einer 


neuen  Théorie  dargeslellt  und  aufmathema- 
tische  und  plnjsikulische  Grundsxtze  ge- 
sliitzt ,«tc. (L'aride  la  construction  de  l'orgue, 
exposé  dans  une  théorie  nouvelle,  el  fondé  sur 
des  bases  mathématiques  et  physiques  pour  la 
mesuredes  tuyaux,  la  distribution  de  l'air, etc.); 
Weimar,  W.  Hol'mann,  183",  in  8°  de  quatre 
cent  huit  pages,  avec  une  préface  el  des  plan- 
ches lilhographiées.  Celle  première  partie  du 
travail  de  M.  Tœpfer  n'étant  relative  qu'aux 
sommiers,  à  la  soufflerie  et  aux  tuyaux  à 
bouche,  il  compléta  son  travail  dans  un  sup- 
plément intitulé  :  Ersler  Nachlrag  zur  Or- 
gelbau-Kunst, welcher  die  Fervollslxndi- 
gung  der  ïïlensurcn  zii  de.n  Labialstimmen 
und  die  Théorie  der  Zungenstimmen,  etc. 
(Premier  supplément  à  l'art  de  la  construction 
de  l'orgue,  contenant  le  complément  des  me- 
sures pour  les  jeux  à  bouche,  el  la  théorie  des 
jeux  d'anches,  avec  des  tableaux,  etc.);  Wei- 
mar, W.  Ilofntann,  1834,  in  8°  de  quatre- 
vingt-seize  pages,  avec  une  planche  lithogra- 
phiéc.  Je  crois  qu'il  a  paru  postérieurement 
un  second  supplément,  mais  je  ne  le  connais 
pas.  Une  deuxième  édition  de  ce  livre  a  paru 
sous  ce  titre  :  Die  Orgel,  Zweck  und  Beschaf- 
fenheit  ihrer  Theile,  etc.  (L'orgue,  le  but  et 
la  nature  de  se-;  parties, etc.);  Erfurt,  Kœrncr, 
1843,  Ln-8".  Dans  la  préface  de  son  excellent 
livre,  M.  Tœpfer  expose  les  motifs  qui  lui  ont 
fail  chercher  dans  le  calcul  une  base  certaine 
pour  une  bonne  construction  des  orgues  de 
grande  et  de  petite  dimension;  j'ai  traduit  les 
passages  les  plus  importants  de  celte  préface 
pour  l'analyse  que  j'ai  faite  de  l'ouvrage,  dans 
la  Gazette  musicale  de  Paris  (ami.  1831), 
p.  18;'),  194  et  278)  :  on  peut  consulter  ce  tra- 
vail pour  connaître  en  quoi  consiste  le  nou- 
veau système  de  l'organiste  distingué  de  Wei- 
mar. Avant  la  publication  de  son  livre, 
M.  Tœpfer  avait  déjà  fait  insérer  dans  la  Ga- 
zette musicale  de  Leipsick  un  article  concer- 
nant l'amélioration  du  plein  jeu  de  l'orgue 
appelé  fourniture  (mixture),  t.  XXXIII, 
p.  8!'i7.  On  a  aussi  de  M.  Tœpfer  une  explica- 
tion du  système  d'accord  de  Scheiblcr  pour  les 
instruments  à  clavier,  sous  ce  titre  :  Die 
Scheiblerische  Stimmen  Méthode  Leicht- 
fasslich ,  etc.  (La  mélhode  d'accord  de 
Scheibler  rendue  facile,  etc.);  Erfurt,  Kœrncr, 
1842,  in-8";  et  un  traité  de  l'art  de  jouer  de 
l'orgue,  intitulé  .•  Tlicorctisch-praktische  Or^ 
ganistcn-Schule,  cnthallend  die  vollslandige 
Harmoniclehre  nebst  ihren  Anvoendung  auf 
die  Composition  der  gebrauchlichsten  Or- 
gclstiicke  (École  de  l'organiste,  théorique  et 


TOEPFER  —  TOGNETTI 


ïm 


pratique,  contenant  la  science  complète  de 
l'harmonie,  suivie  de  son  application  à  la 
composition  des  pièces  d'orgue  usuelles,  etc.); 
Erfurl  et  Langensalza,  1845,  in -4".  M.  Tœpfer 
a  publié  un  livre  choral  à  l'usage  des  orga- 
nistes, lequel  a  pour  litre  :  Allgemeines  und 
vollstxndigcs  Choralbuch,  Zunxchal  zum 
Dresdner  ,  IFcimar' schen  und  Erfurler 
Gesaugbuche.  Die  Melodieen  nach  J.-A.  ffil- 
ler,  Rcmpt  und  M.  G.  Fischer  gesetze  und 
mit  vierslimmigcr  Harmonie,  nebst  knrzen 
doppellen  Zwischenspielen  vnn,  etc.  (Livre 
choral  général  et  complet,  suivant  les  livres  de 
chant  de  Dresde,  de  Weimar  et  d'Erfurt,  et 
d'après  les  mélodies  de  J.-A.  Hillcr,  llempt  et 
J.-F.  Fischer,  en  harmonie  <à  quatre  parties, 
avec  de  courtes  conclusions  doubles,  par  etc.); 
Erfurl,  Kœrner,  in-4°  de  deux  cent  seize 
pages. 

Comme  compositeur  et  organiste,  M.  Tœpfer 
mérite  aussi  des  éloges.  Les  ouvrages  qu'il  a 
publiés  en  ce  genre  sont  :  1°  Orgelslucke 
(Pièces  d'orgue,  op.  1);  Leipsick,  Peters. 
2°  Sonate  concertante  pour  piano  et  flûle, 
ibid.  5°  Sonate  pour  piano  seul,  op.  5,  ibid. 
4°  Variations  pour  piano  et  flûte  sur  le  thème 
Là  ci  daremla  ma.no,  ibid.  5°  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  6,  Leipsick,  Brcilkopf 
et  llatrlel .  G0  Trente-cinq  cadences  et  petits  pré- 
ludes dans  tous  les  tons  majeurs  pour  l'orgue; 
Erfurl,  Krerner.  7°  Trenle-six  cadences  et 
petits  préludes  dans  tous  les  tons  mineurs  pour 
l'orgue;  ibid.  8°  Fantaisie  en  ut  mineur  pour 
l'orgue;  ibid.  9" Divers  préludes  détachés  pour 
des  chorals  ;  ibid. 

TOESCIII  (Chaiiles-Joseph),  violoniste  et 
compositeur  italien,  dont  le  nom  véritable 
était  TOESCA  DELLA  CASTELLA- 
MOINTE,  naquit  en  1724,  dans  une  petite 
ville  de  la  Romagne.  En  1750,  il  entra  au  ser- 
vice de  l'électeur  Palatin,  à  Manhein,  en  qua- 
lité de  premier  violon  de  sa  chapelle;  douze 
ans  après,  il  eut  le  titre  de  maître  de  concert. 
En  1778,  il  suivit  la  cour  à  Munich  et  y  con- 
tinua son  service  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva 
le  12  avril  1788.  Il  fui  compositeur  fécond, 
mais  négligé  dans  son  style.  Parmi  ses  pro- 
ductions, on  cite  les  ballets  Don  Quichotte, 
ou  les  noces  de  Garrwche,  le  Chapelier  an- 
glais, Arlequin  protégé  par  la  magie;  trois 
sextuors  pour  flûte,  hautbois,  violon,  alto, 
basson  et  basse;  Paris,  Hugard,  1705.  Trois 
quintettes  pour  flûte,  violon,  deux  altos  et 
basse,  op.  5;  Paris,  Vcnier.  Six  symphonies 
pour  deux  violons,  deux  hautbois,  deux  cors, 
alto  cl  basse;  Paris,  lluberli.  Vingt  et  un  qua- 


tuors pour  flûte,  violon,  allô  et  basse;  Paris, 
La  Chevnrdière,  Baillcux  et  Venier.  Plusieurs 
concertos  pour  flûte. 

TOESCHI  (Jeas-Baptiste),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Manhcim,  suivant  le  Diction- 
naire des  musiciens  de  la  Bavière  par  Li- 
powsky;  mais  il  est  plus  vraisemblable  qu'il 
était  né  en  Italie,  et  qu'il  était  âgé  d'environ 
onze  ans  lorsque  son  père  entra  au  service  de 
l'électeur  palatin.  Après  avoir  étudié  le  vioton 
sous  la  direction  de  Jean  Charles  Stamilz,  il 
reçut  des  leçons  de  composition  de  Cannabich. 
Admis  dans  la  musique  de  l'électeur  palatin, 
vers  1700,  il  se  distingua  comme  violoniste 
solo  après  la  mort  de  Stamilz.  Quelquefois 
aus-i,  il  remplaçait  Cannabich  dans  les  fonc- 
tions de  cher  d'orchestre,  et  le  talent  dont  il  y 
fi(  preuve  lui  fit  obtenir  la  survivance  de  son 
père.  En  1778,  il  suivit  la  cour  à  Munich,  et 
la  place  de  directeur  de  musique  lui  fui  donnée 
après  la  mort  de  son  père.  Il  mourut  a  Munich 
le  1er  mai  1800.  Toeschi  fut  un  compositeur 
distingué  dans  la  musique  instrumentale,  par- 
ticulièrement dans  la  symphonie.  Ses  mélodies 
sont  gracieuses,  et  ses  modulations  ne  sont  pas 
communes.  Ses  symphonies  avaient  beaucoup 
de  succès  à  Paris  avant  qu'on  y  connût  les 
beaux  ouvrages  de  Haydn.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  1°  Six  quatuors  dialogues  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  Ier  livre;  Paris, 
La  Chevardière.  2°  Quatre  quatuors  idem  et 
deux  trios,  livre  II,  op.  5;  ibid.  5°  Six  trios 
pour  deux  violons  et  basse,  op.  4;  Paris,  Ve- 
nier. 4°  Trois  symphonies  pour  deux  violons, 
deux  hautbois,  deux  cors,  alto  et  basse,  op.  G  ; 
Paris,  lluberli.  5°  Trois  idem,  avec  deux  bas- 
sons, op.  7;  ibid.  6°  Trois  grandes  sympho- 
nies, op.  8;  Paris,  Baillcux.  7°  Trois  idem, 
op.  10  ;  Paris,  Venier.  8°  Six  symphonies  avec 
deux  hautbois,  deux  cors  et  deux  bassons, 
op.  12;  Paris,  Bailleux,  1779. 

TOESCHI  (CiiAlUES-THÉODonE),  fils  et 
élève  de  Jean-Baptiste,  a  repris  le  nom  primitif 
de  sa  famille,  et  s'est  fait  connaître  sous  celui 
de  TOESCA  DELLA  CASTELLA- 
MONTE.  Il  est  né  à  Manheim,  en  1770.  Ha- 
bile violoniste,  il  a  été  placé  dans  l'orchestre 
du  théâtre  royal  à  Munich.  Il  a  composé  pour 
ce  théâtre  la  musique  du  ballet  les  Amazones, 
et  a  publié  des  duos  de  violon,  et  quelques  ca- 
hiers de  danses  pour  cet  instrument. 

TOGNETTI  (François),  né  à  Bologne,  en 
1705,  fut  professeur  de  littérature  au  lycée 
philharmonique  de  celte  ville.  En  1818,  à  l'oc- 
casion de  la  distribution  des  prix  de  celle  in- 
stitution, il  prononça  un  discours  qui  a  été 


23S 


TOGNETTI  —  TOLLIUS 


publié  sous  ce  titre  :  Discorso  su'i  progressa 
délia  musica  in  Bologna;  Bologne,  1818,  de 
J'imprimeried'Annesio  Nobili,  in-4°.  Une  cri- 
tique anonyme  de  cet  écrit,  dont  l'auteur  était 
un  membre  de  la  famille  Antonio  degli  An- 
tonii,  parut  dans  le  Diario  di  Bologna 
(juillet  1818,  p.  75  et  suiv.).  On  y  reprochait  à 
Tognelti  d'avoir  fait  plutôt  l'histoire  delà  dé- 
cadence de  la  musique  à  Bologne,  que  celle  de 
ses  progrès,  car  il  s'étend  particulièrement  sur 
le  mérite  des  œuvres  de  Ramos,  Espagnol,  qui 
fonda  une  école  de  musique  à  Bologne,  dans 
le  quinzième  siècle,  sur  son  élève  Spataro,  sur 
le  musicien-littérateur  Hercule  Botlrigari,  sur 
Artusi,  enfin,  sur  les  anciens  théoriciens  qui 
s'étaient  plus  occupés  de  l'art  en  savants  qu'en 
artistes.  Tognelti  répondit  à  cette  critique  par 
une  brochure  intitulée  :  Lettere  di  Francesco 
Tognetti  bolognese  che  servoho  di  appendice 
al  suo  discorso  su  iprogressi  délia  musica  in 
Bologna;  Bologne,  1819,  in-4°  de  seize  pages. 
Ce  digne  professeur  n'entendait  guère  les 
choses  dont  il  parle  dans  ces  écrits.  II  vivait 
encore  à  Bologne,  plus  qu'octogénaire,  en 
1846. 

TOLBECQUE  (Jean-Baptiste  Josepji),  né 
à  Hanzinne  (Belgique),  le  17  avril  1797,  fut 
admis  au  conservatoire  de  Paris  le  12  avril 
1816,  et  y  devint  élève  de  Rodolphe  Kreutzer 
pour  le  violon.  Reicha  lui  enseigna  la  science 
du  contrepoint  et  de  la  fugue.  En  1820,  il  entra 
à  l'orchestre  de  l'Opéra  italien;  mais  bientôt 
après,  s'élant  livré  à  la  composition  et  à  l'ar- 
rangement de  la  musique  de  danse,  il  s'y  dis- 
tingua, et  y  ajouta  le  mérite  de  bien  diriger 
les  orchestres  où  l'on  exécutait  ce  genre  de 
musique.  En  1825,  il  quitta  le  théâtre  où  il  était 
attaché,  et  fut  chargé  de  la  direction  de  la  danse 
à  Tivoli  et  dans  quelques  antres  jardins  publics. 
Jusqu'au  moment  où  Musard  acquit  la  vogue  en 
ce  genre,  Tolbecque  fut  le  chef  d'orchestre  et 
le  compositeur  le  plus  recherché  à  Paris  pour 
la  musique  de  danse.  Il  fut  aussi  chargé  de 
la  direction  des  bals  de  la  cour.  Le  nombre  de 
cahiers  de  quadrilles  de  contredanses  et  de 
valses  à  grand  orchestre  de  Tolbecque,  arran- 
gées en  quatuor,  pour  le  piano,  ou  pour  divers 
instruments,  est  très-considérable;  la  plupart 
des  éditeurs  de  Paris  en  ont  publié.  Ayant  fait 
partie  de  l'orchestre  de  la  société  des  concerts 
du  conservatoire,  comme  alto,  dès  sa  création, 
en  1828,  il  y  était  encore,  dans  la  même  posi- 
tion, en  1859. 

TOLBLCQUE  (Auguste- Joseph),  frère 
puîné  du  précédent,  né  à  Hanzinne  (Belgique),  le 
28  février  1801 ,  entra  aussi  au  conservatoire  de 


Paris,  en  1816, et  fulélève  de  Kreutzer, comme 
son  frère.  Il  obtint  le  second  prix  de  violon  au 
concours  de  1818,  et  le  premier  lui  fut  décerné 
en  1821.  Artiste  distingué,  Auguste  Tolbecque 
se  fit  entendre  avec  succès  dans  les  concerts. 
En  1824,  il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra 
comme  un  des  premiers  violons,  et  il  occupa 
la  même  position  dans  l'orchestre  de  la  Société 
des  concerts  du  conservatoire,  dès  sa  création, 
en  1828.  Il  y  a  joué  des  concertos  avec  un 
brillant  succès. 

TOLBECQUE  (Charles-Josepii),  second 
frère  de  Jean-Baptisle-Josepb,  naquit  à  Paris, 
le  27  mai  1806.  Entré  au  conservatoire,  le 
28  avril  1818,  il  fut,  comme  ses  frères,  élève 
de  Rodolphe  Kreutzer  pour  le  violon,  obtint  le 
second  prix  de  cet  instrument,  en  1822,  et  le 
premier,  en  1824.  Il  fut  aussi  un  des  membres 
de  l'orchestre  primitif  de  la  Société  des  con- 
certs du  conservatoire.  Devenu  chef  d'orchestre 
du  Théâtre  des  Variétés,  en  1850,  il  écrivit 
pour  quelques  pièces  représentées  à  ce  théâtre 
de  charmantes  mélodies  qui  ont  eu  des  succès 
de  vogue.  Charles-Joseph  Tolbecque  n'était  âgé 
que  de  vingt-neuf  ans  lorsqu'il  mourut  dans 
cette  position,  le  29  décembre  1835. 

TOLBECQUE  (Auguste),  violoncelliste, 
fils  d'Auguste-Joseph,  né  à  Paris,  le  30  mars 
1830,  fut  admis  au  conservatoire  comme  élève 
de  M.  Vaslin,  le  8  octobre  1840,  et  reçut  des 
leçons  d'harmonie  de  M.  Reber.  Il  obtint  au 
concours  le  deuxième  prix  de  violoncelle,  en 
1848,  et  le  premier  lui  fut  décerné,  en  1849. 
En  1858,  il  s'est  fixé  à  Niort  (département  des 
Deux-Sèvres). 

TOLLIUS  (Jean),  né  à  Amersfoorl,  en 
Hollande,  vers  1560,  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Jfladrigali  a  6  voci  ;  Heidelberg, 
1594  ,  in-4°.  2»  Moduli  trium  vocum  e 
sacris  biblis  assumpti;  Heidelberg,  1597, 
in-4°. 

TOLLIUS  (Jacques),  philologue  hollan- 
dais, né  à  Utrecht,  vers  1630,  fit  ses  études  à 
Devenler  et  dans  sa  ville  natale,  puis  fut  tour 
à  tour  commis  dans  une  maison  de  librairie, 
secrétaire  du  savant  Heinsius,  recteur  du 
gymnase  de  Gouda  et  professeur  au  collège  de 
Duisbourg.  Il  voyagea  en  Italie,  en  Allemagne, 
et  mourut  dans  la  misère  à  Utrecht,  le  22  juin 
1696.  Chauffepié  a  induit  en  erreur  Forkel  (1) 
et  le  savant  M.  Weiss  (2),  en  disant  (3)  que 

(t)  Allg.  Lilter.  der  Musik,  page  86. 

(2)  ft>ografieu>iiverselle,ancienneelmodcrne,  t.  XLIV, 
p;ige  112. 

(3)  Nouveau  dictionnaire  historique  et  critique,  l.  IV, 
page  405,  note  L. 


TOLLIUS  —  TOMASCHECK 


239 


Tollius  a  donné  une  version  latine  de  l'ou- 
vrage deBacchini  De  Sistris,  etc.  J'ai  fait 
voir,  à  l'article  qui  concerne  Bacchini  (voyez 
ce  nom),  que  cet  ouvrage  a  été  publié  en  latin 
par  l'auteur;  Tollius  en  donna  seulement  une 
deuxième  édition  intitulée  :  De  Sistris  eorum- 
que  figuris  ac  différentiel  (Trajecti  ad  Rlie- 
num,  1096,  in-4°  de  trente-six  pages  avec  une 
planche),  et  y  ajouta  une  petite  dissertation  de 
sept  pages  sur  le  même  sujet,  sous  le  litre  : 
De  sistrorum  varia  figura.  Ces  deux  mor- 
ceaux ont  été  insérés  par  Graevius  dans  son 
Thésaurus  antiquitatum  romanarum,  t.  VI, 
p.  407  et  suivantes-,  et  par  Ugolini  dans  le 
Thésaurus  antiquitatum  sacrarum,\.XXXU, 
Tollius  nous  apprend,  dans  sonépître  dédica- 
loire,  qu'il  n'a  été  que  l'éditeur  de  l'ouvrage 
de  Bacchini,  et  qu'il  l'a  fait  réimprimer  à 
cause  de  sa  rareté  excessive,  et  parce  qu'elle 
était  inconnue  dans  son  pays  :  Bacchini  dis- 
sertatio  est  de  sistris  :  quam  in  Ttalia  mihi 
dono  datam,  et  his  in  locis  nunquam  visam, 
ibidem  etiam  perraram,  typis  hic  iterum 
me  mandaturum  suscepi. 

TOLOMAS  (le  P.  Charles-Pierre-Xa- 
vier), jésuite,  naquit  à  Avignon  en  1705,  et 
mourut  à  Lyon,  en  17G5.  Il  s'était  consacré 
fort  jeune  à  la  carrière  de  l'enseignement,  et 
avait  été  envoyé  à  la  maison  de  Lyon  pour 
professer  les  belles-lettres  au  collège  de  la  Tri- 
nité. Admis  à  l'Académie  des  sciences  et  arts 
de  celle  ville,  il  en  fut  un  des  membres  les 
plus  actifs;  mais  une  discussion  qu'il  eut,  en 
1755,  avec  les  amis  de  d'Alembertel  les  ency- 
clopédistes l'obligea  à  donner  sa  démission. 
Le  P.  Tolomas  a  fait  imprimer  des  ouvrages 
sur  divers  sujets,  et  a  laissé  en  manuscrit  plu- 
sieurs dissertations  composées  pour  les  Mé- 
moires de  l'Académie  dont  il  était  membre  : 
au  nombre  de  celles-ci  on  remarque  deux  mé- 
moires sur  la  Mélographie  ou  déclamation 
notée  des  anciens.  Ces  mémoires  se  trouvent 
parmi  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de 
Lyon  sous  le  n°  965,  in-fol.  De  Landine  a  in- 
diqué le  contenu  de  ces  dissertations  dans  son 
Catalogue  raisonné  des  manuscrits  de  celle 
bibliothèque. 

TOMASCHECK  (Jean-Wenceslas),  com- 
positeur et  organiste  distingué,  est  né  à 
Skalsch,  en  Bohême,  le  17  avril  1774.  Dès  son 
enfance,  il  étudia  les  principes  de  musique  et 
le  violon  à  Chrudim,sous  la  direction deWolf, 
directeur  du  chœur  de  l'église  de  celte  ville, 
puis  il  se  livra  à  l'élude  de  l'orgue  et  de  la 
basse  continue.  En  1787,  il  fut  admis  dans  un 
couvent  de  dominicains  à  Iglau,  en  qualité  de 


contralto,  et  pendant  trois  ans,  il  y  suivit  des 
cours  d'humanités  et  y  reçut  des  leçons  de  cla- 
vecin. Trois  ans  après,  il  se  rendit  à  Prague, 
pour  y  suivre  les  cours  de  l'université  et  per- 
fectionner ses  connaissances  musicales.  La 
lecture  des  ouvrages  théoriques  de  Marpurg, 
Kirnberger,  Maltheson,  Tilrk,  Vogler  et  au- 
tres savants  musiciens  de  l'Allemagne,  com- 
pléta son  instruction;  mais  les  voyages  de  Mo- 
zart dans  la  capitale  de  la  Bohême  et  les 
chefs-d'œuvre  qu'il  y  écrivit  décidèrent  plus 
encore  de  la  vocation  de  Tomascheck  pour  la 
composition.  Cependant,  il  se  destinait  à  la 
profession  d'avocat,  et  ne  se  proposait  de  cul- 
tiver la  musique  que  comme  amateur;  cepen- 
dant après  avoir  entendu  sa  Leonora,  cantate 
de  Bilrger,  qui  obtint  un  très-grand  succès,  le 
comte  <le  Bucquoy,  noble  protecteur  des  arts  à 
Prague,  l'engagea  à  renoncer  au  barreau,  et 
lui  créa  une  position  indépendante  en  lui  con- 
fiant la  direction  de  sa  musique.  Dès  lois,  To- 
mascheck se  livra  avec  ardeur  aux  travaux  de 
la  composition,  et  produisit  un  grand  nombre 
d'ouvrages  qui  jouissent  en  Allemagne  et  par- 
ticulièrement en  Bohême  d'une  grande  répu- 
tation, mais  qui  sont  peu  connus  en  France. 
Les  critiques  allemands  s'accordent  dans  les 
éloges  qu'ils  donnent  aux  productions  de  cet 
,  artiste  :  «  Elles  ont  (dit  l'auteur  de  la  mono- 
»  graphie  de  Tomascheck)  un  caractère  parli- 
»  culier  dans  les  idées  et  dans  la  facture;  elles 
»  sont  riches  d'harmonie,  savantes  sans  pé- 
»  danlisme,  originales,  pleines  de  feu,  d'éner- 
»  gie  et  de  mélodie  ;  enfin,  elles  portent  le  ca- 
»  chet  de  la  grâce  et  de  la  fantaisie  (1).  »  Il 
serait  difficile  de  faire  un  éloge  plus  complet. 
Nœgeli  donne  aussi  la  qualification  (V inven- 
teur au  compositeur  bohème,  dans  un  dis- 
cours prononcé  à  la  Société  musicale  de  Zu- 
rich, en  1812  (2).  Tomascheck  ne  fut  pas 
seulement  un  compositeur  de  grand  mérite, 
car  il  ne  se  distingua  pas  moins  comme  profes- 
seur de  son  art.  Au  nombre  des  bons  élèves 
qu'il  a  formés,  on  remarque  Wurfel,  Drey- 
schock,  Schulhoff,  Kuhe,  Tedesco  et  Boklet.  Il 
est  mort  à  Prague,  le  5  avril  1850,  à  l'âge  de 
soixante-seize  ans. 

Les  principales  compositions  de  Tomascheck 
sont  celles-ci  :  1°  Missa  cum  graduait  et  of- 

(1)  Sicsind  ingesanicnt  cigenlliiimlicli  in  den  Iileen, 
«rie  in  der  Ausarljeiiunj,  reich  an  Harmonie,  gelelirt 
oline  trockencnPedantismus,  ungesuclit  originel l.slreng 
conséquent  neu  an  Thematen,  energisch,  fuurig,  kraflig 
und  rein  melodiscli,  voll  Phanlasie,  Anmulli  und  Gra- 
zic,  etc. 

(2)  Vaye:  la  Gazelle  musicale  de  Lcipsick,  Xiv>ann., 
pige  730. 


240 


TUMASCHECK  -  TOMEÛNI 


fertorio,à  quatre  voix  el  orchestre,  op.  40; 
Prague,  Entiers.  Il  y  a  eu  deux  éditions  de  cet 
ouvrage.  2°  Hymni  in  sacro  pro  defunctis 
canlari  solili ,  etc.,  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, op.  70  j  Prague,  Bcrra  ;  Mayence, 
Schott.  3°  Séraphine,  opéra  représenté  au 
théâtre  national  de  Prague,  en  18.1.1.  4°  Léo- 
nore,  ballade  de  Btlrger, arrangée  pour  piano, 
op.  12;  Prague,  1808.  5°  Cantate  pour  le  troi- 
sième mariage  de  l'empereur  François  1er, 
avec  orchestre.  0°  Hector  el  slndromaque 
(poème  de  Schiller).  7°  Poèmes  lyriques  de 
Schiller  à  voix  seule  avec  piano,  op.  29  ;  Leip- 
sick,  Hofmeisler.  8°  Poésies  de  GdHhe,  à  voix 
seule  avec  piano,  neuf  recueils;  Prague,  En- 
ders.  9"  Poésies  d'Éherl  idem,  op.  G9  ;  Prague, 
Kron berger.  10°  V Adieu  de  Marie  Stuart  à 
la  France,  en  bohème,  allemand,  fiançais  et 
anglais,  à  voix  seule  cl  piano,  op.  49;  Prague, 
Enders.  11*  Béatrice,  cantate  à  grand  or- 
chestre. 12"  La  Fondation  de  l'abbaye  de 
Hohenfurlh,  ballade  à  voix  seule  et  piano; 
Prague,  Enders.  13"  Six  chants  de  l'épopée 
nationale  de  Hlasla;  ibid.  14°  Plusieurs  re- 
cueils de  chants  en  langues  bohème  el  alle- 
mande, op.  2,  G,  53,  34,  48,  KO,  07;  Prague  et 
Leipsick.  15°  Symphonie  «à  grand  orchestre, 
op.  19  ;  Leipsick,  Brcilkopr  el  Haerlcl.  1G° Con- 
certo pour  piano  cl  orchestre,  op.  18;  Vienne, 
Haslingcr.  17°  Quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  el  basse,  op.  22;  Leipsick,  Brcilkopr  et 
llacrlel.  18°  Grand  trio  pour  piano,  violon  et 
alto,  op.  7;  ibid.  19°  Grande  sonate  (en  ut) 
pour  piano,  op.  14;  Zurich,  Hug.  20°  Idem, 
op.  15  (en  sol);  Leipsick,  Petcrs.  21°  Jdejn, 
op.  21  (en  fa),  Vienne,  Haslingcr.  22"  Idem, 
op.  40  (en  la);  Leipsick,  Hofmeisler.  23°  Idem 
(en  si  hémol)  ;  Zurich,  Hug.  24°  Rondeaux  et 
pièces  diverses  pour  piano,  op.  11,35,39,  40, 
41,  47,  51,  62,  G3,  G5,  GG;  Prague,  Vienne, 
Leipsick.  Tomascheck  avait  en  manuscrit  plu- 
sieurs concertos  de  violon  avec  orchestre,  un 
graud/feguiem  (en  ut  mineur)  avec  orchestre, 
un  autre  llequiem  à  voix  seule  avec  orgue, 
violoncelle  cl  contrebasse3  un  Te  Deum  (eu 
ré  majeur)  avec  orchestre,  un  f'eni  sancle 
spiritus  (en  sol),  le  Pater  noster  de  Zimmer- 
mann,  et  les  poésies  de  Heine,  Scliotl,  etc., 
avec  mélodies  et  accompagnement  de  piano; 
la  plupart  de  ces  ouvrages  ont  été  publiés 
comme  oeuvres  posthumes. 

TOMASI  (Buise),  organiste  à  Comacchio, 
dans  le  duché  de  Ferrare,  au  commencement 
du  dix-seplième  siècle,  s'esl  fait  connaître  par 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Madrigali  a  cinque 
voci,  op.  1  ;  Venise,  1G11.  2J  //  secondo  libro 


de  Jfladriguli  a  cinque  et  a  sei  voci,  con  il 
basso  continua;  de  quali  parte  si  potrdean- 
lare  con  l'istrumento  e  senza  ;  et  parte  nc- 
cesseriamenle  lo  ricerca,  havendo  posto  nel 
fine  la  tavola  che  insegnera  il  modo  per  con- 
certarli;  in  Fenelia,app.  Bartolomeo  Ma- 
gni,  1G13,  in-4°.  Cet  ouvrage  esl  un  «les  pre- 
miers recueils  de  madrigaux  écrits  avec  basse 
continue.  On  voit,  par  Pépitre  dédteatoire  à 
l'évoque  de  Comacchio,  que  le  premier  recueil 
de  madrigaux  de  Tomasi  est  dédié  à  la  com- 
munauté dont  il  était  organiste.  3°  Moletli  a 
2,  5  e  4  voci,  con  litanie  a  4  voci  ;  ibid.,  1G15. 
4"  XL  conccrli  a  1-8  voci;  ibid. 

TO.MASIIM  (Louis),  violoniste  et  compo- 
siteur, né  en  Italie,  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle,  fut  directeur  d'orchestre  de  la 
chapelle  du  prince  Esterhasy,  lorsque  Haydn 
en  était  le  compositeur.  Il  était  encore  au  ser- 
vice de  ce  prince  en  1790:  mais  on  ignore  ce 
qu'il  est  devenu  après  celle  époque.  On  a  gravé 
sous  son  nom  :  1"  Trois  duos  pour  deux  vio- 
lons ;  Vienne,  Mollo.  2"  Douze  variations  pour 
violon  seul.  Cet  artiste  a  laissé  en  manuscrit 
deux  concertos  pour  violon  el  orchestre,  douze 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  el  basse,  et 
des  sonates  pour  violon  seul. 

Un  violoniste,  nommé  Tomasini,  élail,  en 
1834,  maître  de  concert  à  Neustrelilz;  il  joua 
à  La  Haye,  en  1840,  et  à  Dusseldorf,  en  1845; 
il  n'est  nullement  vraisemblable  qu'il  y  ail 
identité  entre  lui  el  le  chef  d'orchestre  de  la 
chapelle  du  prince  Eslerhazy. 

TOML\OI\I  (Floiudo),  né  à  Lucques,  en 
1757,  fil  ses  éludes  au  Conservatoire  de  Na- 
ples,  puis  alla  se  fixer  a  Paris,  en  1783,  et  s'y 
livra  «à  l'enseignement  du  chant  el  de  l'accom  - 
pagnement.  Il  y  établit  un  magasin  de  mu- 
sique, qu'il  céda  ensuite  à  madame  Duhan, 
dont  le  fonds  de  commerce  a  passé  entre 
les  mains  de  Dufaul  et  Dubois,  el  en  der- 
nier lieu  dans  celles  de  Schonenberger.  To- 
meoni  est  mort  à  Paris,  au  mois  d'août  1820, 
laissant  une  fille  (Erminie  Tomeoni),  élève  du 
Conservatoire,  qui  après  avoir  été  professeur 
de  piano, a  chanté  l'opéra-comique  à  Bruxelles 
et  dans  plusieurs  autres  villes,  puis  s'esl  ren- 
due en  Italie  et  a  chanté  au  théâtre  de  la  Per- 
gola de  Florence,  en  1844.  Dans  l'année  sui- 
vante, elle  reçut  un  engagement  pour  le  théâtre 
«le  Mexico,  s'embarqua  à  Gênes  pour  celte 
distillation  sur  un  navire  qui  fit  naufrage,  et 
recueillie  dans  la  chaloupe  avec  quelques-uns 
de  ses  compagnons  d'infortune,  ne  parvint  à 
un  des  poils  de  l'Amérique  qu'après  avoir 
souffert  pendant  dix-sept  jours  les  horreurs 


TOMEONI  —  TOMMASI 


241 


<le  la  faim  et  delà  soif.  Après  celle  époque,  on 
ne  retrouve  plus  ses  traces.  Tomeoni  s'est  fait 
connaître  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Mé- 
thode qui  apprend  la  connaissance  de  l'har- 
monie et  la  pratique  de  l'accompagnement, 
selon  les  principes  de  V école  de  Naples;  Pa- 
ris, 1798,  in-4°.  2°  Théorie  de  la  musique  vo- 
cale, ou  des  dix  règles  qu'il  faut  connaître 
et  observer  pour  bien  chanter  ou  pour  ap- 
prendre à  juger  soi-même  du  degré  de  per- 
fection de  ceux  que  l'on  entend  ;  Paris,  Pou- 
gens,  an  VII  (1799),  in-8°  de  cent  (renie-huit 
pages.  Il  y  a  de  bonnes  choses  dans  cet  ou- 
vrage, dont  Pougens  a  corrigé  le  style.  5"  So- 
nale  pour  le  piano;  Paris,  chez  l'auteur. 
4°  Le  Rossignol  et  la  Fauvette,  cantate  avec 
orchestre  ou  piano;  ibid.,  1798.  5°  Rondo  pour 
soprano  et  orchestre  ou  piano;  ibid.  G"  Paul 
au  tombeau  de  Virginie,  pour  voix  seule, 
avec  clavecin  ou  orchestre;  ibid.  7°  Romance 
et  trois  petits  airs  avec  accompagnement  de 
piano  ;  ibid. 

TOMEONI  (Pellegiuno),  frère  du  précé- 
dent, né  à  Lucques,  en  1759,  fit  ses  éludes  mu- 
sicales à  Florence,  sous  la  direction  de  Louis 
Braecini,  élève  du  P.  Martini,  et  se  fixa  dans 
celle  ville,  où  il  se  livra  à  l'enseignement  du 
chant  et  de  l'accompagnement.  Il  y  vivait  dans 
les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle. 
On  a  de  lui  un  ouvrage  élémentaire  intitulé  : 
Regole  pratiche  per  accompagnare  il  basso 
conlinuo.esposte  in  dialoghi per  facilitante 
il  possesso  alla  principiante  gioventù  ; 
Florence,  1795,  in-4°.  L'abbé  Sanlini  {voyez 
ce  nom)  possède  en  partition  Le  Salmi  del 
vespro  a  4  voci,  sous  le  nom  de  cet  artiste. 

TOMTSCII  (Ftoscitus),  né  à  Eippel,  en 
Bohème,  en  1750,  fit  ses  humanités  au  gym- 
nase académique  de  Prague,  et  entra  dans 
l'ordre  des  frères  de  la  charité.  Quelques  an- 
nées après  son  entrée  dans  le  couvent  de  Pra- 
gue, il  fut  envoyé  à  celui  de  Vienne,  et  obtint 
dans  celle  ville  le  doctorat  en  chirurgie  et 
pharmacie.  De  retour  à  Prague,  il  y  vivait  en- 
core en  179G,  et  s'y  faisait  remarquer  par  ses 
talents  sur  le  piano,  le  violon,  le  violoncelle 
'■I  la  viole  d'amour.  On  a  publié  de  ce  religieux 
a  Vienne,  Offenbach  et  Londres  :  1°  Trois  so- 
nates pour  piano  cl  violon,  op.  1 .  2°  Trois  so- 
nates pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  2. 
5°  Trois  trios  conccrlanls  pour  piano,  violon 
ri  violoncelle,  o-  ô.  4"  Trois  idem,  op.  4. 
H0  Ouverture  pour  piano,  violon  cl  violoncelle. 
f°  Trois  sonates  pour  piano  et  violon,  op.  13; 
Paris-,  Pleyel.  Les  autres  ouvrages  de  ce  com- 
positeur me  sont  inconnus. 

mou;,  imv.  or.s  musiciens,  t.  vin. 


TOMKINS  (Thomas),  fils  d'un  chantre  de 
l'église  cathédrale  de  Glocesler,  naquit  en 
celle  ville  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  Après  avoir  fait  ses  éludes  musicales 
sous  la  direction  dellyid  {voyez  ce  nom),  il  en- 
tra comme  chanteur  dans  la  chapelle  royale, 
où  il  se  trouvait  déjà  en  1580;  puis  il  en  fut 
nommé  organiste.  Il  occupait  encore  celte 
position  en  1030.  En  1G07,  il  obtint  le  grade 
de  bachelier  en  musique  de  l'université  d'Ox- 
ford ;  quelques  années  après,  il  eut  la  place 
d'organiste  de  la  cathédrale  de  Worcesler.  On 
ignore  la  date  de  sa  mort,  mais  on  sait  qu'il 
vivait  encore  au  temps  du  protectorat  de 
Cromwell.  M.  Farrenc  possède  un  manuscrit 
original  de  pièces  de  clavecin  et  d'orgue  de 
Thomas  Tomkins,  dont  la  dernière  porle  la 
date  de  1054.  On  a,  sous  le  nom  de  ce  musi- 
cien :  1°  Cathedralmusic,  or  Music  dedica- 
ted  to  the  honour  and  service  of  God,  and 
to  the  use  of  calhedrals  and  churches  of 
England,  especially  the  chapel  royal  of  king 
Charles  the  first.  Celle  collection  est  à  cinq 
voix;  Londres,  1023,  in-4°.  Une  deuxième 
édition  a  été  publiée  à  Londres,  en  1008,  in-40. 
2°  XXII' Songsof  3,  4,  5  and  0 parts  ;  Lon- 
dres (sans  date),  in-4".  Quelques-uns  des  ma- 
drigaux de  Tomkins  ont  été  insérés  dans  la 
collection  intitulée  :T/ie  Triumphs  ofOriana. 
Les  pièces  d'orgue  et  de  clavecin  contenues 
dans  le  manuscrit  de  M.  Farrenc  sont  exacte- 
ment une  imilalion  du  style  de  la  Tabulatura 
nova  de  Samuel  Scheidt,  publiée  en  1024 
{voyez  Scheidt). 

TOMMASI  (le  P.  Joseph-Marie),  en  latin 
THOMASIUS,  prêtre  de  la  congrégation 
des  clercs  réguliers,  était  fils  aîné  du  prince 
de  Parme,  et  naquit  au  château  d'Alicate,  en 
Sicile,  le  14  septembre  1049.  A  l'âge  de  dix- 
sept  ans,  il  entra  dans  l'ordre  des  Théatins. 
Les  langues  grecque,  hébraïque  et  chaldaïque, 
la  philosophie  et. les  sciences  furent  les  objets 
de  ses  constantes  études,  et  son  érudition  dans 
les  matières  ecclésiastiques  fut  immense.  Le 
pape  Clément  XI  voulut  récompenser  ses 
grands  travaux  en  le  faisant  cardinal,  en 
1712.  Il  jouit  peu  de  cet  honneur,  car  il 
mourut  à  Rome,  le  1er  janvier  1713.  Il  a  été 
béatifié  par  le  pape  Pie  VII.  L'ouvrage  le  plus 
important  du  P.  Tommasi  a  pour  litre  :  Co- 
dices  sacramenlorum  nongentis  annis  ve- 
tustiores,  nimirùm  Libri  IIL  sacramenlo- 
rum ecclesix.  Missale  Gothicum,  sive  galli- 
canum  velus.  Missale  Francorum.  Missale 
Gallicanum  Velus;  Rome,  1080,  in-4°.  Ce 
livre,  comme  ceux  du  même  auteur  dont  les 

16 


242 


TOMMASI  —  TORELLI 


litres  suivent,  doivent  être  consultés  parles 
historiens  de  la  musique,  pour  les  rapports  du 
chant  de  l'église  avec  les  anciennes  liturgies. 
Les  autres  ouvrages  du  P.  Tommasi  sont  : 
1"  Psalterium  juxta  editionem  Romanam 
et  Gallicam,  cum  canticis,  hymnarioet  ora- 
tionali;  Rome,  1G83,  in-4°.  2°  Responsoria- 
lia  et  Anliphonaria  Romans  ecrtesix  a 
S.  Gregorio  mdgrio,  disposita  cum  appen- 
dice monumentorxtm  veterum  et  scholiis; 
Rome,  1G8C,  in-4°.  3°  Antiqui  libri  Missa- 
rum  Romans  ecclesix,idest  Anliphonarium 
S.  Gregorii;  Rome,  1694,  in-4°.  4°  Oflïcium 
Dominica:  Passionis  ferix  II  Parasceve, 
Majoris  Hebdomadx  ,  secundum  ritum 
Grxcorum;  Rome,  1093,  in-4°.  S0  Psalte- 
rium cum  canticis  et  versibus  primo  more 
distinctum,  ar griment i s  et  oralionibus  ve- 
tuslis,  etc.;  Rome,  1097,  in-4".  Tous  ces  ou- 
vrages ont  été  réunis,  avec  divers  opuscules 
du  P.  Tommasi,  dans  l'édition  complète  de 
ses  flPiivres  donnée  par  le  P.  Vezzozi,  Théa- 
tin  ,  a  Rome,  1748-1754,  sept  volumes 
in -4°. 

TOiniASI  (Jean-Baptiste),  compositeur, 
né  à  Manloue,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  n'est  connu  que  par  le  litre  d'un 
opéra  sérieux  qui  fut  représenté  à  Venise,  en 
1078.  Cet  ouvrage  était  intitulé  Sesto  Tar- 
quinio. 

TONASSI  (Pietro),  contrebassiste  et  pro- 
fesseur d'harmonie  et  de  contrepoint,  né  à 
Venise  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle,  a  fait  ses  éludes  théoriques  de 
la  musique  sous  la  direction  du  P.  Marsand 
(voyez  ce  nom).  En  1839,  il  a  écrit,  en  colla- 
boration avec  un  nuire  Vénitien,  nommé  Col- 
laro,  un  opéra  intitulé  II  Castellodi  TT'ood- 
stock.  L'ouvrage  fut  représenté  dans  la  même 
année  au  théâtre  San  Benedetlo,  et  ne  réussit 
pas.  Tonassi  s'esl  aussi  fait  connaître  par  une 
traduction  abrégée  du  traité  d'harmonie  de 
Reicha,  qui  a  été  publiée  sous  ce  litre  :  Trat- 
tato  d'Armonia  di  Antonio  Reicha,  com- 
pendiato  s  recato  dall'  idioma  francese  nell' 
italiano,  da  Pietro  Tonassi,  con  qualclie 
Nota  del  Tradnttore.  Diviso  in  due  libri  • 
Milano, Ricordi,\844,  in  fol. Le  même  musi- 
cien a  publié  une  Irès-nombreuse  collection  de 
pots-pourris  pour  violon  et  pourguilare  sur  des 
motifs  des  opéras  de  Donizetli  et  de  Verdi, 
ainsi  que  des  fantaisies  pour  les  mûmes  instru- 
ments: Milan,  Ricordi. 

TOIMIMI  (Bernard),  compositeur  de  mu- 
sique instrumentale,  né  à  Vérone, vers  16G8,a 
fait  imprimer  les  ouvrages  suivants  :  1°  So- 


nate a  violini  c  B.  C,  op.  la  ;  Venise,  1G93. 
2°  Sonate  da  chiesa  a  tre,  due  violini,  et  or- 
gano  con  violoncello  ad  libitum;  Venise, 
1G95,  in-4",  op.  2.  La  deuxième  édition  a  paru 
à  Amsterdam,  chez  Roger,  sans  dale.  5°  Bal- 
letti  da  caméra  a  violino,  spinetta  o  violone, 
op.  3,  parlitura  in-4°  obi.  ;  Venise,  1G97, 
deuxième  édition,  Amsterdam.  4°  Sonate  a 
2  violini,  violoncello  et  continuo,  op.  4a. 

ÏOAT]\AI>TI(AtEXANDRn), musicien  romain, 
fut  chantre  de  Sainte-Marie-Majeure,  dans  la 
première  moitié  du  dix-septième  siècle.  J'ai 
vu  dans  la  collection  de  l'abbé  Sanlini,  à  Rome, 
des  compositions  manuscrites  de  Tonnani  qui 
étaient  dalées  de  1620;  parmi  ces  ouvrages  se 
trouvaient  :  1°  Le  qualtro  Antifone  dell' 
anno  délia  Madona  a  tre.  2"  Messa  a  Ire  voci 
pari  (à  trois  voix  égales).  3"  Litanie  délia 
beata  Virgine  a  tre.  4°  Ave  Regina  pour  so- 
prano et  basse  continue  pour  l'orgue.  5°  Plu- 
sieurs motels  à  trois  voix. 

TONOLINI  (Jean-Baptiste),  organiste  à 
Salo,  près  de  Brescia,  naquit  dans  cet  endroit 
et  vécut  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composition  :  Salmi 
a  otto  voci  ;  Venise,  1G1G,  in-4°. 

TOIVSOIl  (Michel),  organiste  à  Diinkels- 
btihl,  près  d'Ingolstadt  (Bavière),  naquit  dans 
celte  ville,  ainsi  qu'il  le  déclare  au  litre  d'un 
de  ses  ouvrages.  Son  nom  allemand  était 
Bartscherer,  qui  signifie  Barbier,  et  qu'on  a 
latinisé  en  celui  de  Tonsor.  Il  vécut  dans  la 
seconde  moitié  du  seizième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-septième.  Tl  est  connu  par 
les  compositions  suivantes  :  1° Selecta  quxdam 
cantiones  sacra;,  modismusicis  quinque vo- 
cum  recens  composilx ;  Noribergx,  in  offi- 
cina  Theod.  Gerlacchii,  1570,  in-4°  obi. 
2°  Sacrx  cantiones  planx  novx,  quatuor, 
quinque  et  plurium  vocum  ita  compositx,  ut 
ad  omnis  gêner is  instrumenta  accomodari 
possint;  ibid.,  1573,  in-4°obl.  5°  Cantiones 
ecclesiasticx,  quatuor  et  quinque  vocum,  ex 
sacris  litteris  desumptx,  quibus  additi  sunt 
Psalmi  Davidis,  qui  in  Fesperis  catholico- 
rum  decantari  soient  ;  Monachii,  excudebat 
Adamus  Berg,  1590,  in-4"  obi.  Cet  œuvre 
contient  quatorze  motels  à  quatre  voix  et  qua- 
torze molels  à  cinq  voix.  4°  Fasciculus  can- 
tionum  ecclesiàsticarum  quinis  et  senis  vo- 
cibus,  adomnia  gênera  instrumentorum  ac- 
comodatus ;  Pillingen,  1G05,  in-4°. 

TORELLI  (Joseph),  fameux  violoniste, 
né  à  Vérone,  fut  d'abord  attaché  à  l'église  de 
Saint-Pétrone  à  Bologne,  en  1685,  et  devint 
académicien    philharmonique  de  celte   ville. 


TORELLI  -  TÛR.RIAN 


243 


Dans  la  suite  (en  1705),  il  fut  nommé  maître 
des  concerts  du  margrave  de  Brandebourg- 
Anspach.  Il  est  mort  en  1708.  Ce  virtuose  est 
l'inventeur  du  concerto,  porté  dans  le  siècle 
suivant  au  plus  liant  point  de  perfection  par 
Viotti;  il  est  au  moins  certain  que  les  Concerti 
grossi  de  Corelli  ne  parurent  que  trois  ans 
après  ceux  de  Torelli,  et  quatre  ans  après  la 
mort  de  ce   dernier.  Ses  ouvrages  imprimés 
sont  :  Balletti  da  caméra  a  tre,  3  violini  e 
B.  C,  op.  la.  2°  Concerto  da  caméra  a  due 
violini  e  basso,o\).  2a;  Bologne,  1G86,  in-fol. 
3°  Sinfonie  a  2,  3,  4  istromenti;  ibid.,  1G87, 
in. 4°.  40  Concertino  per  caméra  aviolino  et 
violoncello,  op.  4a.  5°  Sei  sinfonie  a  tre  c  sei 
concerti  a  quattro,  op.  5a  ;  Bologne,  1C92, 
in-fol.  6°  Concerti  mnsicali  a  quattro,  op.  6; 
Amsterdam.  7°  Capricci  musicali  per  caméra 
a  violino  e  viola,  ovvero  arciliulo,  op.  7; 
Amsterdam,  in-fol.  8"   Concerti  grossi  con 
una  pastorale  per  ilSanlissimo  natale,  op.  8; 
Bologne,  1709,  in-fol.  Cet  œuvre,  le  plus  beau 
titre  de  gloire  de  Torelli,  a  été  publié  par  son 
frèreaprès  sa  mort  :  il  contient  douze  concertos 
à  deux  violons  concertants,  deux  violons  d'ac- 
compagnement, vioie,  et  clavecin  pour  la  basse 
continue. 

TORELLI  (Gaspard),  compositeur  de 
l'école  romaine,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle,  fut  maître  de  chapelle 
à  Imola,  où  il  fit  exécuter,  en  1685,  l'oratorio 
Betsabea. 

TORELLI  (Louis).  Sous  ce  nom  d'un  mu- 
sicien inconnu,  on  a  représenté  à  Tienne,  en 
1793,  un  petit  opéra  intitulé  :  Die  musika- 
lische  Jkademie  (l'Académie  de  musique). 

TORI  ou  TORRI  (Pierre),  compositeur 
italien,  vécut  en  Allemagne,  à  la  fin  du  dix- 
septième  siècle  et  au  commencement  du  dix- 
huitième.  En  1G90,  il  était  maître  de  chapelle 
du  margrave  de  Bayreulh  ;  mais  dans  l'année 
suivante,  il  entra  au  service  de  l'électeur  de 
Bavière,  en  qualité  d'inspecteur  de  la  musique 
de  sa  chambre.  II  fit  représenter  à  Munich,  en 
1091,  l'Ambizione  fulminata,  opéra  bouffe, 
puis,  I  Pregi  délia  primavcra.  Vers  1702,  il 
devint  maître  de  chapelle  de  SS.  Michel  et  Gu- 
dule,  à  Bruxelles.  Hawkins  rapporte  que  ce 
maître  avait  étéélève  del'abbéSteffani,etqu'iI 
imita  le  style  de  ce  musicien  célèbre,  dans  des 
duos  de  chant  qui  étaient  ses  meilleures  com- 
positions, et  parmi  lesquels  on  remarquait 
particulièrement  celui  qui  avait  pour  litre  He- 
raclite et  Dcmocrite.  Il  ajoute  que  pendant  la 
guerre  de  la  succession,  sa  maison  ayant  été 
menacée  de  quelque  dommage,  le  duc  de  Mari- 


borough  donna  l'ordre  de  le  protéger,  et  que, 
parreconnaissance,  il  offrit  à  ce  célèbre  géné- 
ral un  manuscrit  qui  contenait  un  choix  de 
ses  ouvrages.  Plus  tard,  il  obtint  le  litre  de 
maîlre  de  chapelle  du  prince  électeur  de  Co- 
logne. Il  mourut  dans  cette  ville,  vers  1722. 

TORLEZ  (....),  maître  de  musique  aux 
académies  de  Grenoble  et  de  Moulins,  vécut 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  En  1707, 
il  a  publié  à  Paris  cinq  motets  à  voix  seule 
avec  symphonie.  , 

Un  autre  musicien,  nommé  Torlez,  violo- 
niste de  la  Comédie  Italienne,  a  publié,  en 
1783,  six  duos  pour  flûte  et  violon,  op.  1. 

TORNABOCCA  (Pascal),  moine  céleslin, 
né  vers  1500,  à  Aquila,  ville  de  l'Abruzze,  au 
royaume  de  Naples,  cultiva  la  musique  avec 
•succès  et  fit  imprimer  de  sa  composition 
Misse  a  cinque  voci  ;  in  Fenetia,  appresso 
Giacomo  Vincenli,  1590,  in-4°.  Cet  ouvrage 
est  dédié  au  cardinal  d'Aragona. 

TORIMOLI  (Marc-Antoine),  musicien  de 
la  cathédrale  de  Sienne,  né  dans  cette  ville, 
vers  1580,  est  auteur  de  plusieurs  ouvrages  de 
musique  d'église,  dont  je  ne  connais  que  ce- 
lui qui  a  pour  titre  :  Sacrarum  cantionum, 
2,  3  et  A  vocunif  liber  secundus;  Venetiis, 
apud  Jac.  Vincentium,  1017,  in-4°. 

TORRÈRE  ou  TORRHEBE,  musicien 
grec,  était  fils  d'Alys,  et  donna  son  nom  aune 
ville  de  Lydie.  On  lui  a  attribué  l'invention 
du  mode  lydien,  que  d'autres  ont  donnée  à 
Mélanippide,  et  quelques-uns  à  Anlhippe 
(voyez  ces  noms). 

TORRES  (Melciiior  DE),  musicien  espa- 
gnol, né  à  Alcala  de  Henarès,  dans  la  Nou- 
velle-CastilIe,  au  commencement  du  seizième 
siècle,  est  auteur  d'un  traité  sur  la  musique 
intitulé  :  Arle  de  la  musica;  Alcala,  1554, 
in-fol. 

TORRES  MARTII\EZ  BRAVO  (don 
Joseph  DE),  premier  organiste  de  la  chapelle 
royale  de  Madrid,  né  dans  celle  ville,  en  1005, 
est  auteur  d'un  traité  d'accompagnement  in- 
titulé :  Reglas  générales  de  accompanar  en 
organo,  clavicordo  y  harpa;  en  Madrid,  en 
la  imprenta  di  musica,  1702,  in-4°  de  cent 
soixante-trois  pages. 

TORRIAN  (Jehan),  facteur  d'orgues,  né 
à  Venise,  se  fixa  à  Montpellier,  vers  la  fin  du 
quinzième  siècle.  Il  construisit,  en  1504,  l'or- 
gue de  Notre-Dame-des-Tables ,  dans  cette 
ville,  ainsi  que  cela  résulte  d'un  devis  curieux 
rapporté  textuellement  par  Hamel  (Nouveau 
Manuel  complet  du  facteur  d'orgues,  t.  III, 
p.  490   et  suivantes).  L'orgue  dont   il  s'agit 

16. 


244 


TORRIAN  -  TOSI 


était  un  positif  de  huit  pieds,  composé  de  huit 
registres. 

TORRIAINT  (Jean-Antoine),  composi- 
teur, né  à  Crémone,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  a  fait  exécuter  à  Fabriano, 
on  1087,  un  oratorio  de  sa  composition  in- 
titulé :  La  Conversione  di San  Llomualdo. 

TORRTGIANT  (Pieube),  compositeur 
dramatique,  naquit  à  Parme,  d'une  Camille 
honorable,  vers  1812.  Après  avoir  fait  de 
bonnes  éludes  littéraires  et  scientifiques,  il 
s'est  livré  par  goût  à  la  composition  qu'il  cul- 
tivait en  amateur.  Son  premier  opéra,  intitulé 
Ulrico  d'Oxford,  a  été  représenté  au  théâtre 
du  Fonda,  à  Naples,  le  11  août  1841.  Une  ex- 
pression dramatique  juste  et  bien  sentie  se  fai- 
sait remarquer  dans  cet  ouvrage,  qui  parais- 
sait donner  des  espérances  pour  l'avenir; 
mais  elles  ne  se  sont  pas  réalisées.  La  Sibilla, 
jouée  à  Bologne,  en  184-5,  et  la  Sirena  di 
Normandia,  représentée  à  Naples,  en  1846, 
étaient  de  faibles  productions  qui  n'ont  pu  se 
soutenir  à  la  scène.  En  1844,  M.  Torrigiani  a 
épousé  la  cantatrice  française  ffallez,  qui,  à 
celte  époque,  avait  de  brillants  succès  à  Na- 
ples. 

TORTI  ou  TORTO  (Loris),  compositeur, 
né  à  Pavie,  en  1547,  fut  maître  de  chapelle  de 
l'église  des  Théatins,  à  Turin.  Il  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Il  primo  libro  délie  Can- 
zoni  a  tre  voci  ;  in  Venetia,  1581,  in-4". 
2°  Ll primo  libro  di  Madrigalia  cinque  voci; 
ibid.,  1585,  in-4".  S"  Jl  secondo  libro  délie 
Canzoni  a  tre  voci;  ibid.,  158",  in-4".  4°  // 
primo  libro  di  Motetli  a  quatlro  voci  ;  in 
Lenetia,  app.  Giacomo  Vincent! ,  1589,in-4°. 
5°  Messa  e  L'cspri  a  tre  voci,  op.  G;  ibid.. 
1G07,  in-4". 

TOSCAN  (G.-L.  GEoncus),  né  à  Grenoble, 
en  1750,  fut  bibliothécaire  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  à  Paris,  et  membre  de  la  so- 
ciété des  sciences  et  de  l'Académie  de  sa  ville 
nalale.  Au  nombre  des  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés, on  trouve  une  brochure  intitulée  :  De  ta 
musique  et  de  Nephlé  (opéra  de  Lemoyne), 
aux  mânes  de  l'abbé  Arnaud,  Paris,  de  l'im- 
primerie de  Monsieur,  1790,  in-8"  de  vingt- 
huit  pages.  Cet  opuscule  a  été  réimprimé  dans 
VEsprit  des  Journaux  (mai  1790.  p.  230  et 
suivantes).  On  en  a  donné  une  traduction  alle- 
mande dans  la  Correspondance  musicale  de 
Spire  (ann.  1792,  p.  250,  257  et  205). 

TOSCAÏNO  (Nicolas),  dominicain,  né  à 
Monte  di  Trapani,  en  Sicile,  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle,  fit  ses  vœux  au  monastère 
d'Eryx.  Il  visita  l'Italie  pendant  quelques  an- 


nées, puis  se  relira  dans  son  couvent,  où  il 
mourut  en  1G05.  Il  a  laissé  en  manuscrit  quel- 
ques traités  de  musique  qui  sont  dans  la  Biblio- 
thèque de  Palerme. 

TOSI  (Joseph-Félix),  compositeur,  né  à 
Bologne,  vers  1030,  Tut  d'abord  organiste  de 
San  Pelronio,  puis  mailre  de  chapelle  de 
l'église  .San  Giovan'  in  Monte  des  chanoines 
réguliers  de  Lalran.  Il  l'ut  agrégé  de  l'Acadé- 
mie des  Philharmoniques  de  sa  ville  nalale 
dans  l'année  même  de  la  fondation  de  celle  so- 
ciété, c'esl-à-dire,  en  1G6G;ce  qui  prouve  que, 
dans  la  première  édition  de  cette  Biographie, 
j'ai  indiqué  une  époque  trop  tardive  pour  la 
naissance  de  Tosi,  en  la  plaçant  vers  1650. 
Suivant  le  catalogue  manuscrit  de  la  Biblio- 
tbèque  du  Lycée  communal  de  musique  de  Bo- 
logne, Tosi  élait  mailre  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Ferrare,  en  1083.  Ce  musicien 
est  connu  principalement  comme  compositeur 
dramatique;  les  opéras  écrits  par  lui  et  dont  on 
a  les  litres  sont  :  1°  Alidc,  dont  il  composa 
le  premier  acte,  et  qui  fut  représenté,  en  1G79, 
au  théâtre  Formagliari de  Bologne.  2°  Eris- 
inonda,  en  1081,  au  même  théâtre.  5°  Tra- 
jano,  en  1084,  au  théâtre  Saint-Jean  el  Saint- 
Paul,  de  Venise.  4°Giunio 2?rufo,  en  1686,  au 
théâtre  Formagliari,  de  Bologne.  5°  Orazio, 
en  1G88,  au  théâtre  Sainl-Jean-Chrysostome, 
de  Venise.  G°  Amulio  e  Numitore,  en  1089, 
au  même  théâtre.  7°  Pirro  e  Demelrio,  en 
1090,  au  même  théâtre.  8"  La  Jncoronazione 
di  Serse,  en  1091,  au  même  théâtre.  9°  Al~ 
boino  in  Italia,  en  1091,  au  théâtre  Saint- 
Jean  et  Saint-Paul,  de  Venise.  10°  Età  del 
oro  (l'Age d'or),  ballet, à  l'occasion  du  mariage 
du  duc  de  Parme  avec  la  princesse  Dorolhée- 
Sophie  de  Neuhourg,  en  1090,  au  petit  théâtre 
du  palais  ducal  de  Parme.  Tosi  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Salmi  concertait  a  tre  e 
quatlro  voci  con  violini  e  ripieni,  op.  1  ;  Bo- 
logne, Jacques  Monli,  1083,  in-41.  2° Cantate 
da  Caméra  a  voce  sola,  co'l  basso  continuo, 
op.  2;  ibid.,  108G,  in-4". 

TOSI  (PiEKiiE-FnA\çois) ,  sopranisle  et 
compositeur,  était  fils  du  précédent.  Il  naquit 
à  Bologne,  vers  1650,  s'il  est  vrai,  comme  le 
prétend  Galliard,  traducteur  anglais  de  son 
livre  sur  fart  du  chant,  qu'il  mourut  peu  de 
temps  après  l'avènement  du  roi  Georges  II  au 
trône  d'Angleterre,  à  l'âge  de  quatre-vingts 
ans.  Ce  grand  âge  prouve  que  Gerber  a  été  in- 
duit en  erreur  lorsqu'il  a  dit,  dans  son  premier 
Lexique  des  musiciens,  que  Tosi  chantait  au 
théâtre  de  Dresde,  en  1719,  car  il  aurait  eu 
alors  soixante-neuf  ans.  Quanz  dit  aussi  qu'il 


TOSI  —  TOUCHEMOUL1N 


94. 


4i> 


le  connut  à  Londres,   en  1724,  dans  un  âge 
très-avancé.  Tosi  avait  chanté  dans  les  princi- 
pales villes  de  l'Europe,  lorsqu'il  se  rendit  en 
Angleterre,  en  1692.  Hawkins  rapporte  (1)  des 
extraits  de  la  Gazelle  de  Londres,  du  3  avril 
et  du  26  octobre  1693,  qui  l'enferment  des  an- 
nonces de  concerts  donnés  à  ces  époques  par 
Tosi.  Depuis  lors,  U  séjourna  presque  toujours 
dans  celle   ville,   à   l'exception  d'un    voyage 
qu'il  fit  à  Bologne,  en  1723,  pour  y  faire  im- 
primer son  livre  sur  l'art  du  chant.  Au  com- 
mencement de  l'année  suivante,  il  était  déjà 
de  retour  à  Londres.    La  noblesse    anglaise 
avait   pour    lui   beaucoup    de    considération. 
Lorsque  lord  Peterborough  revint  de  son  am- 
bassade d'Espagne,  il  donna    un   logement  à 
Tosi    dans  sa   maison,  et  celui-ci  y  finit  ses 
jours.  Galliard  nous  apprend  que  cet  habile 
maître  de  chant  se  livra  à  la  composition  après 
la  perte  de  sa  voix,  et  qu'il  écrivit  des  cantates 
excellentes,  dont  les  copies  se  trouvent  en  An- 
gleterre. L'ouvrage  par  lequel  Tosi  a  établi  sa 
réputation  sur  une  base  solide  a  pour  litre  : 
Opinioni  de'  cantori  antichi  e  moderni  o 
sieno  osservazioni  sopra  il  canto  fignrato; 
in  Bologna  per  Lelio  délia  Volpe,  1723,  in-8° 
de  cent  dix-huit  pages.  Je  possède  un  exem- 
plaire de  cet  ouvrage  qui  a  appartenu  à  Hors- 
ley  {voyez  ce  nom),  et  pour  lequel  on  a  im- 
primé un  nouveau  titre,  suivi  d'une  épitredé- 
dicatoire  à  lord  Pelerborongh.  Le  tilre  porte  : 
Opinioni  de'  Canlori  antichi  e  moderni  o 
sieno  osservazioni  sopra  il  canto  figurato 
Di  Pierfrancesco  Tosi,  academico  Filarmo- 
nico,  Dedicate  a  sua  ecccllenza  Mylord  Pe- 
terborough   générale    di    sbarco   dell'armi 
Reali  délia  yran  Brctlayna,   sans    nom   de 
lieu  ni  date;  niais  à  la  fin  se  trouvent  l'appro- 
bation et  Vimprimatur  qui  sont  au  commen- 
cement du  volume  dans  les  autres  exemplaires, 
et  au  bas  de  la  page,  on  lit  :  in  Bologna  per 
Lelio  délia  Volpe,  1723.  Il  est  vraisemblable 
que  l'exemplaire  a  été  ainsi  arrangé  pour  être 
présenté  à  lord  Peterborough.  Les  principes  de 
l'ancienne  et  belle  école  du  chant  ilalien  sont 
exposés  dans  cet  ouvrage  avec  clarté,  et  sont 
accompagnés  d'observations  qui   démontrent 
que  Tosi  fut   un   grand  maître  dans  cet  art. 
Jean-Ernest  Galliard  a  donné  une  traduction 
anglaise  de  ce  livre  accompagnée  de  noies,  à 
laquelle  Burney  accorde  des   éloges,   et  que 
Hawkins  critique  amèrement.  Celle  traduction 
a  pour  tilre:  Observations  on  the  florid  son  y 
or  sentiments  of  the  ancient  and  modem 

(I)  llistory  of  the  science  and  practiic  of  Music,  t.  V, 
page  î>. 


sinyers  ;  Londres,  1742,  in-8°.  Agrieola  en  a 
aussi  publié  une  traduction  allemande  intitu- 
lée :  Ânleilung  zur  Sinykunst /Berlin,  1757, 
in-4°. 

TOSOUIE  (Maratto),  compositeur*génois, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siè- 
cle. Il  est  connu  par  les  ouvrages  intitules  : 
1°  Il  primo  libro  di  Madrigali  a  quattro 
voci ;  Genova,  app.  Girolamo  Bartoli,  1590, 
in-4°.  2°  Il  primo  libro  de  Mottelli  a  cinque 
voci;  ibid.,  1593,  in-4°. 

TOSSARELLI(Piemie),  chanoine  d'Aqui, 
né  à  Bénévenl,  fut  amaleur  distingué  dans  le 
seizième  siècle.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
Madrigali  aseivoci,  Milan.  1570,  in-4°. 

TOST  (Jean),  négociant  à  Vienne,  violo- 
niste et  amaleur  de  musique  distingué,  a  fait 
représenter  à  Presbourg,  en  1795,  les  petits 
opéras  suivants  de  sa  composition  :  Mann  und 
Frau  (Homme  et  femme),  Wiltmer  und  willwe 
(Veuf  et  veuve),  der  Sonderliny  (l'Homme  bi- 
zarre), der  Lugner  (le  Menteur),  Figaro. 
M.  Tost  a  dirigé,  dans  les  premières  grandes 
exécutions  musicales  de  la  Société  des  Amis  de 
la  musique  des  Étals  autrichiens,  la  Fête 
d'Alexandre,  de  Hœndel,  et  la  Jérusalem 
délivrée,  de  Sladler. 

TOECHARO-LAl  OSSE  (G.),  historien 
et  romancier,  né  à  La  Châtre  (Sarlhc),  le 
8  août  1780,  a  publié  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages qui  n'ont  pas  de  rapport  avec  l'objet  de 
celle  Biographie  ;  il  n'est  cité  ici  que  pour  le 
livre  intitulé  Chroniques  secrètes  et  galantes 
de  l'Opéra,  depuis  1667  jusqu'en  1844;  Paris 
et  Blois,  1844,  deux  volumes  in-8°,  ou  quatre 
volumes  in-12.  On  trouve,  dans  cet  ouvrage, 
quelques  bons  renseignements  historiques 
concernant  l'administration  de  l'Opéra  et  les 
ouvrages  représentés  à  ce  théâtre  depuis  le 
commencement  du  dix-neuvième  siècle. 

TOUCHEMOULIN  (Joseph),  né  à  Châ- 
lons,  en  1727,  se  livra  de  bonne  heure  à  l'étude 
du  violon,  et  se  fit  entendre  avec  succès  au 
concert  spirituel  de  Paris,  en  1754.  Ayant  été 
admis  ensuite  dans  la  chapelle  du  prince  élec- 
teur de  Cologne,  il  obtint  de  ce  prince  la  per- 
mission de  faire  un  voyage  en  Italie,  pour  per- 
fectionner son  talent  par  les  leçons  de  Tarlini. 
De  retour  à  Bonn,  il  obtint  le  titre  de  maître 
de  chapelle,  et  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à 
la  mort  du  prince;  puis  il  entra  au  service  du 
prince  de  la  Tour  et  Taxis,  à  Batisbonne,  en  la 
même  qualité.  Il  est  mort  dans  cette  ville,  en 
1801.  Cet  artiste  a  laissé  en  manuscrit  des 
messes,  vêpres,  litanies,  psaumes,  motets, 
opéras,  symphonies  et  concertos. 


24(5 


TOULMON  -  TOURTE 


TOUL1ION  (Auguste  BOTTÉE  DE). 
Voyez  BOTTÉE  DE  TOULMOIY. 

TOULOUSE  (Pierre),  professeur  de  mu- 
sique e(,guitarisle  français,  vivait  à  Jéna,  en 
1800,  et  y  publia  un  journal  de  chant  avec  ac- 
compagnement de  guitare.  On  connaît  sous 
son  nom  une  Étude  pour  guitare,  ou  trois 
grandes  sonates  et  variations  pour  cet  in- 
strument,  avec  accompagnement  d'alto; 
Brunswick,  Speer. 

TOUR  (Jeuan,  ou  Jehannet,  ou  Jeiiannot 
DE  LA)  était  maître  des  enfants  de  chœur  de 
la  chapelle  de  Philippe  le  Bon,  duc  de  Bour- 
gogne, dès  1427;  il  était  conséquemmenl  mu- 
sicien distingué,  car  il  devait  faire  l'éducation 
musicale  de  ces  enfants  et  les  rendre  capables 
de  chanter  d'après  la  notation  si  hérissée  de 
difficultés,  en  usage  à  cette  époque  (1).  Jehan 
de  La  Tour  se  retrouve  en  quatrième,  comme 
chapelain  ou  chantre  de  musique  dans  l'état 
du  même  prince  dressé  en  14a2  (2).  Enfin,  il 
figure  encore  dans  un  état  de  la  chapelle  fait 
en  14G5  (ô);  mais  il  disparait  de  la  chapelle  de 
Charles  ie  Téméraire  en  1467(4):  il  était  mort 
alors  ou  mis  à  la  retraite  à  cause  de  son  grand 
3ge.  Jehan  de  La  Tour  a  sans  doute  écrit  des 
motets  et  des  chansons  à  trois  voix,  comme  le 
faisaient  de  son  temps  les  chantres  assez  ha- 
biles pour  obtenir  des  fonctions  de  maîtres; 
mais  on  n'en  a  rien  retrouvé  jusqu'à  ce  jour. 
TOUR  (Jean  LA).  Voyez  LATOUR. 
TOUR  et  TAXIS  (le  prince  Alexandre- 
Ferdinand  DE  LA),  en  allemand  THURN 
end  TAXIS,  issu  de  la  noble  famille  de  ce 
nom,  dont  un  des  ancêtres  s'est  immortalisé, 
dans  le  quinzième  siècle,  par  l'invention  des 
postes,  naquit  à  Ratishonnc,  vers  1735.  Après 
avoir   fait,  sous  la  direction   de  Riepel,  des 
éludes  d'harmonie  et  de  composition,  il  alla 
passer  quelques  années  à  Venise  et  à  Padoue, 
devintl'élève  et  l'amide  Tarlini,  qui  lui  laissa, 
en  mourant,  les  manuscrits  de  ses  corn  positions, 
et  composa  lui-même  beaucoup  de  symphonies, 
de  messes,  de  cantates,    et  d'autre  musique 
d'église  et  de  chambre  dont  Bunicy  entendit 
quelques  morceaux  à  Venise,  en  1770,  et  qu'il 

(1)  «  Jeiiannot  de  la  Tour,  maistre  des  quatre  enfants 
»  de  la  chapelle  de  Monseigneur,  les  auleuns  desquels 
«  ont  continuellement  csléau  service  et  es  lacompagnie 
»  de  Mondit  seigneur,  et  les  autres  Os  la  ville  de  Lille 
»  pourapprendreauxeseoles.»  (Voyez  le  livre  du  comte 
Léon  De  Laborde  ,  Les  Ducs  de  Bourgogne,  t.  Il, 
preuves,  p.  383.) 

(2)  Registre  n"  1021  fol.  vij-wij  de  la  chnmnrr  dcs 
comptes,  aux  Archives  du  royaume  de  Belgique. 

13)  Registre  no  l'J22,  fol.  cxxx  recto,  idem, 
(b)  Registre  n°  10-23,  idem. 


cite  avec  éloge.  Le  prince  de  la  Tour  et  Taxis 
était  habile  violoniste,  jouait  bien  du  clavecin 
et  de  l'orgue,  et  chantait  avec  goût.  Mécontent 
de  l'analyse  faite  par  J.-J.  Rousseau  du  sys- 
tème deTartini,  il  en  fit  une  critique  qui  parut 
sous  ce  titre  :  Risposta  di  un  anonimo  al 
célèbre  Signor  Rousseau  circa  al  suo  senti- 
mento  in  proposito  d'alcune  proposizionî 
delSig.  G.  Tarlini;  in  Venezia,  1769,  in-8°. 

TOURNATORIS   ( ),    et  non  pas 

TOURNATOIRE,  comme  écrivent  Lich- 
tenthal  et  Ferd.  Becker,  était  facteur  d'instru- 
ments et  accordeur  de  pianos  à  Paris  ;  il  mou- 
rut au  mois  d'avril  1815.  C'était  un  original, 
plus  près  de  la  folie  que  du  bon  sens,  enthou- 
siaste de  son  métier,  et  qui  en  parlait  avec 
emphase.  Il  a  fait  imprimer  sur  ce  sujet  un 
écrit  intitulé  :  L'Art  musical  relatif  à  l'ac- 
cord de  piano,  suivi  de  deux  sonnets.detrois 
stances,  et  de  l'art  de  faire  la  conquête  des 
belles;  Paris,  l'auteur,  sans  date  (1810),  in-8° 
de  seize  pages. 

TOURTE    (François),    célèbre   fabricant 
d'archets,  naquit  à  Paris,  en  1747,  et  mourut 
dans  cette  ville,  au  mois  d'avril  1835,  dans  sa 
quatre-vingt-huitième  année.   Son  père,  qui 
exerçait  la  même  profession,  fut  le  premier 
qui  supprima  la  petite  crémaillère  des  archets, 
laquelle  servait  à  tendre  les  crins  en  reculant 
la  hausse  d'un  ou  de  plusieurs  crans,  et  qui  la 
remplaça  par  la  vis  et  l'écrou,  moyen  simple  et 
facile  pour  augmenter  insensiblement  la  ten- 
sion ou  la  diminuer.  Le  frère  aîné  de  François 
Tourte  succéda  à  son  père  dans  la  fabrication 
des  archets;  quant  à  lui,  il  se  livra  à  l'étude 
de  Phorlogerie,  à  laquelle  il  dut  l'habileté  et  la 
délicatesse  de  main  qui,  plus  tard,  lui  furent 
très-utiles  dans  la  confection  des  archets.  Dé- 
goûté de  sa  profession,   après    huit  années 
passées  dans  les  ateliers   des    horlogers    de 
Paris,  parce  qu'il  n'y  trouvait  pas  un  revenu 
suffisant  pour  ses  besoins,  il  résolut  d'em- 
brasser l'état  de  son  père  et  de  son  frère.  Ses 
premiers  essais  dans  la  fabrication  des  archets 
furent  faits  avec  des  douves  de  tonneaux,  parce 
que  les  bois  précieux  des  îles  l'auraient  obligé 
à  faire  des  dépenses  trop  considérables.  Dès 
qu'il  eut  acquis  de  l'habileté  dans  son  art,  il 
substitua  aux  bois  alors  eu  usage  le  fernam- 
botic,  qui  réunit  la  légèreté  et  la  flexibilité  à  la 
fermeté.  Vers  cette  époque,  Viotli  arriva  à 
Paris.  Bientôt  convaincu  de  la  supériorité  de 
Tourte  sur  les  autres  fabricants  d'archets,  il 
lui  demanda  de  chercher  le  moyen  d'empêcher 
le  crin  de  se  rouler  en  le  maintenant  égale- 
ment ôlendu  sur  la  hausse,  Tourte  résolut  le 


TOURTE  -  TRABAGCI 


247 


problème  par  le  moyen  de  la  virole  qui  ter- 
mine la  partie  supérieure  de  la  hausse  et 
maintient  le  crin  en  mèche  plate.  Il  les  fit 
d'abord  en  étain,  puis  en  argent.  Enfin,  il 
compléta  son  perfectionnement  par  la  lame  de 
nacre  dont  il  couvrit  la  partie  du  crin  qui  re- 
pose sur  la  hausse,  et  qu'il  maintint  par  la 
virole.  Les  archets  ainsi  construits  furent  ap- 
pelés archets  à  recouvrement.  Ces  innovations 
ont  été  imitées  depuis  lors  par  tous  les  fabri- 
cants d'archets  ;  mais  il  est  une  partie  impor- 
tante de  l'art  dans  laquelle  Tourte  n'a  point  été 
égalé,  à  savoir  la  coupe  de  la  baguette  qui,  par 
une  heureuse  courbe,  maintient  la  fermeté  des 
fibres  du  bois  et  les  empêche  de  dévier.  Telle 
était  l'habileté  de  Tourte  dans  le  tracé  de  cette 
courbe,  en  raison  du  bois  dont  il  faisait  usage, 
que  ses  archets  sont  aujourd'hui  recherchés 
comme  le  sont  les  instruments  de  Stradivari 
et  de  Guarneri.  Il  les  vendait  soixante-douze 
francs,  lorsqu'ils  étaient  à  recouvrement  :  au- 
jourd'hui leur  prix  s'élève  jusqu'à  cent  cin- 
quante ou  deux  cents  francs.  Les  archets  de 
violoncelle,  plus  rares  que  ceux  de  violon,  se 
vendent  même  quelquefois  trois  cents  francs. 
Tourte  ne  cessa  ses  travaux  qu'à  l'âgede  quatre- 
vingt-cinq  ans  :  l'affaiblissement  de  sa  vue 
l'obligea  alors  à  prendre  du  repos.  Il  ne  con- 
nut que  deux  passions,  qui  furent  son  art  et  le 
plaisir  de  la  pêche.  Pour  se  livrer  à  cet  inno- 
cent délassement,  il  avait  un  petit  bateau  sur 
la  Seine.  Dans  la  belle  saison,  il  cessait  son 
travail  à  quatre  heures  de  l'après-midi,  se 
rendait  à  son  bateau,  et  y  restait  jusqu'à  la 
nuit.  De  retour  chez  lui,  il  soupait  souvent  du 
fruit  de  sa  pêche,  se  couchait  de  bonne  heure 
et  se  levait  de  grand  malin.  Celte  existence 
régulière  et  monotone  fut  la  seule  qu'il  con- 
nut :  néanmoins  le  mal  sérieux  de  l'ennui  lui 
fut  toujours  étranger.  Dans  un  art  modeste, 
dont  l'existence  est  à  peine  connue  des  gens 
du  monde,  Tourte  s'est  fait  une  grande  re- 
nommée, sans  la  désirer  et  sans  avoir  con- 
science des  droits  qu'il  y  avait.  Par  son  habi- 
leté, par  la  justesse  de  son  coup-d'œil,  il  a  eu 
une  grande  part  à  la  formation  de  l'école  mo- 
derne du  violon,  car  c'est  lui  qui  a  créé  l'in- 
strument indispensable  aux  délicatesses  du  jeu 
des  virtuoses. 

TOUZÉ  (l'abbé),  chanoine  honoraire  de 
Reims,  vicaire  de  Saint-Gervais,  à  Paris,  et 
membre  de  la  commission  instituée  par  les 
archevêques  de  Reims  et  de  Cambrai  pour  la 
révision  du  Graduel  et  de  l'Anliphonaire,  a 
publié  une  Méthode  élémentaire  de  plain- 
chant  appliquée  à  l'édition  de  la  commission 


de  Reims  et  de  Cambrai,  deuxième  édition; 
Paris,  Jacques  Lecoffre  et  Ce,  1854,  in-12. 

TOURTERELLE.  Voy.  HERDLISKA. 

TOVAR  (François),  musicien  espagnol, 
né  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle,  a  fait  imprimer  un  livre  intitulé  :  Libro 
de  musica  practica,  dont  il  a  été  fait  trois 
éditions  à  Barcelone,  la  première  en  1510,  la 
seconde  en  1519,  et  la  dernière  en  1550,  toules 
in-4",  et  de  la  plus  grande  rareté. 

TOWSEIXD  (Jean),  flûtiste  anglais,  né 
dans  le  comté  d'York,  n'était  âgé  que  d'un  an 
lorsque  sa  famille  alla  s'établir  à  Liverpool. 
A  l'âge  de  dix  ans,  il  apprit  à  jouer  de  la  flûle 
et  reçut  des  leçons  de  Georges  Ware  pour  cet 
instrument.  Parvenu  à  l'âge  de  quinze  ans,  il 
joua  des  solos  dans  les  concerts,  et  se  fit 
admirer  par  sa  hardiesse  dans  les  traits  diffi- 
ciles. En  1824,  il  brillait  encore  à  Liverpool. 
On  a  gravé  de  sa  composition  une  méthode 
complète  de  flûte  {New  and  complète  flûte 
preceptor).  sept  airs  variés  pour  cet  instru- 
ment, plusieurs  œuvres  de  duos  pour  deux 
flûtes,  des  chansons  anglaises,  et  des  rondos 
brillants  pour  le  piano. 

TOZZI  (Antoine),  compositeur,  né  à  Bo- 
logne, en  17-56,  fut  élève  du  P.  Martini.  Après 
avoir  achevé  ses  éludes,  il  composa  beaucoup 
de  musique  d'église,  de  chambre  et  de  théâtre, 
qui  lui  fit  en  peu  de  temps  une  brillante  répu- 
tation. En  1765,  il  entra  au  service  du  duc  de 
Brunswick,  en  qualité  de  maître  de  chapelle. 
Parmi  les  ouvrages  qu'il  y  écrivit,  on  cite  YAn- 
dromacca,  en  1765,  et  le  Rinaldo,  en  1775.11 
avait  donné  précédemment  en  Italie  le  Ti- 
grane,  en  1762,  et  Vlnnocenza  vendicata, 
l'année  suivante.  Après  la  mort  du  duc  de 
Brunswick,  il  alla  écrire,  à  Munich,  la  Serva 
astuta,en\785,  puis  il  se  rendit  en  Espagne,  et 
donna  au  théâtre  de  Barcelone  la  Cacciad'En- 
rico  IV,  en  1788;  Orfeo,  en  1789;  l'oratorio 
Sauta  Elena  al  Calvario,  en  1790,  à  Madrid, 
où  il  avait  accepté  la  place  d'accompagnateur 
au  clavecin,  et,  en  dernier  lieu,  Zemire  et 
Azor,  à  Barcelone,  en  1792.  II  retourna  en- 
suite à  Bologne,  où  il  vivait  encore  en  1812. 
Tozzi  avait  été  élu  membre  de  l'Académie  des 
Philharmoniques  de  Bologne,  en  1761  ;  il  fut 
prince  de  cette  société,  en  1769. 

TRABACCI(Jean-Maiwi:),  organiste  de  la 
chapelle  royale  de  Naples,  né  dans  la  dernière 
moitié  du  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  de 
sa  composition  :  1°  Ricercari  per  l'organo, 
libro  primo;  Naples,  1603,  in-fol.  2°  Jllibro 
primo  Je'  madrigali  a  cinque  voci;  Venise, 
Gardane,  1608,  ô11  Ilsecondo  libro  de'  madri- 


£43 


TRABACCI  -    TRAEÏTA 


gali  a  cinque  voci;  ibid.  4°  Ricercari  per 
l'organo;  Naples,  101G,  in-fol. 

TRABATTONE  (Égide),  organiste  de 
l'église  Saint- Victor,  à  Yarèse,  dans  le  Mila- 
nais,au  commencement  du  dix-septième  siècle, 
a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  1°  Messe, 
moletli,  magnificat,  fahi  bordoni  et  litanie 
délia  B.V.a  qtiallro  e  seivoci,  Milan,  Georges 
Roi  la  ,1625.  2°  Messa,  Salmi  con  Litanie  délia 
Beata  Virgine  a  5  voci,  op.  6;  ibid.,  1G38. 
Les  autres  ouvrages  de  cet  artiste  me  sont  in- 
connus. 

Un  autre  musicien,  nommé  Barlholomê 
Trabattone ,  vraisemblablement  de  la  même 
famille,  a  publié  deux  oeuvres  de  sa  composi- 
tion dont  je  n'ai  pas  trouvé  les  litres  dans  les 
catalogues  des  grandes  collections.  Ce  musicien 
ne  m'est  connu  que  par  un  ouvrage  posthume 
intitulé  :  Teatro  musicale,  opéra  postuma 
data  in  luec  da  Carlo  Jmbrogio  Rotondi . 
musico  delta  Metropola  di  Milano,  op.  3, 
dove  sono  Mottetti,  Messe,  Salmi,  Litanie 
délia  Beata  Virginie  a  quatlro  voci  ;  Milano, 
per  Francesco  Figone,  1083,  in-4". 

TRADIÏT  (Paul),  compositeur  de  l'école 
romaine,  maître  de  chapelle  de  l'église  Saint- 
.Tacques  et  Saint-Alphonse  des  Espagnols,  à 
Rome,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  est  connu  par  l'ouvrage  intitulé  : 
Salmi,  Magnificat,  con  le  quatlro  antifone 
per  i  vespri  a  otto  voci;  Rome,  1020, 
in-fol. 

TRAEG  (André),  compositeur  à  Vienne, 
dans  les  dernières  années  du  dix-huitième 
siècle,  a  publié  six  fantaisies  pdur  flûte, 
op.  1  ;  Vienne,  1798,  et  a  laissé  en  manuscrit 
six  symphonies  à  grand  orchestre,  îles  chan- 
sons allemandes  et  des  danses. 

TRAEG  (Jean),  parent  du  précédent  et 
marchand  de  musique  à  Vienne,  a  publié,  en 

1799,  un  bon  catalogue  de  son  assorlissement, 
en  trois  cents  pages  in-8°,  où  l'on  trouve  l'in- 
dication de  beaucoup  d'oeuvres  de  musique 
d'église  et  autres  en  manuscrit. 

TRAEG  (Antoine),  violoncelliste,  fils 
d'André,  né  à  Vienne,  en  1818,  commença 
l'étude  de  la  musique  dès  l'âge  de  six  ans,  et 
suivit  pendant  plusieurs  années  les  cours  du 
Conservatoire  de  celle  ville,  où  il  reçut  des 
leçons  du  professeur  Merk  (voyez  ce  nom).  Le 
28  février  1845,  il  fut  nommé  professeur  de 
violoncelle  au  Conservatoire  de  Prague;  mais, 
par  des  motifs  inconnus,  il  quitta  celle  posi- 
tion à  la  fin  du  mois  d'avril  1852,  pour  re- 
tourner à  Vienne,  où  il  est  mort,  le  17  juillet 

1800,  à  l'âge  de  quarante-deux  ans.  Cet  artiste 


a  publié,  à  Vienne  et  à  Prague,  quelques  com- 
positions pour  son  instrument. 

TRAEGER  (....),  professeur  de  dessin  do 
l'école  de  Bernebourg,  en  1792,  a  inventé  lia 
instrument  à  clavier  et  à  frottement  auquel  il 
donnait  le  nom  de  Stahlclavier  (clavecin 
d'acier),  dont  on  trouve  la  description  dans  le 
journal  de  musique  de  Berlin  intitulé (Berliner 
musihalische  Monatschrift  (p.  24).  Cet  in- 
strument était  composé  de  tiges  métalliques 
mises  en  vibration  par  le  frottement  d'un 
ruban  enduit  de  colophane,  mil  par  une  pédale 
à  manivelle,  au  moyen  de  la  pression  opérée 
par  les  louches  d'un  clavier. 

TRAETTA  (Thomas)  célèbre  compositeur 
de  l'école  napolitaine,  naquit  le  19  mai  1727, 
à  Bilonlo,  dans  le  royaume  de  Naples  (I). 
Admis  au  Conservatoire  de  Lorelo,  à  l'âge  de 
onze  ans,  il  y  devint  élève  de  Durante  (2). 
Après  dix  années  d'étude,  l'instruction  de 
Traella,  dans  toutes  les  parties  de  la  musique, 
se  trouva  complète  :  il  sortit  du  Conservatoire, 
en  1748,  se  livra  à  l'enseignement  du  chant,  et 
composa  pour  les  églises  et  les  couvents  de 
Naples  des  messes,  vêpres,  motels  el  litanies, 
qu'on  y  trouve  encore  en  manuscrit.  En  1750, 
son  opéra  sérieux  Ll  Farnace  fut  représenté 
au  théâtre  Saint-Charles,  et  obtint  un  succès 
si  brillant,  qu'on  lui  demanda  pour  la  même 
scène  six  opéras  qui  se  succédèrent  sans  in- 
terruption. Appelé  à  Rome,  en  1754,  il  y 
donna  au  théâtre  Aliberti  l'Ezio,  considéré  à 
juste  titre  comme  un  de  ses  plus  beaux  ou- 
vrages. Dès  lors  sa  réputation  s'étendit  dans 
toute  l'Italie;  Florence,  Venise,  Milan,  Turin 
se  le  disputèrent  el  applaudirent  à  ses  succès; 
mats  des  propositions  avantageuses  qui  lui  fu- 
rent faites  par  le  duc  de  Parme  en  arrêtèrent 

fl)  Corber  ayant  dit,  dans  son  premier  Lexique  dos 
musiciens,  que  Tractla  naquit  à  Naples  vers  1738  («m 
■las  Jalir  1738),  Choron  et  Ta  vol  le,  en  le  copiant  dans 
leur  Dictionnaire  historique  des  musiciens,  ont  fixé  la 
ilalc  de  la  naissance  de  ce  enmposileur  à  la  même  année, 
et  ont  été  suivis  par  tous  les  biographes.  I.e  lieu  et  la 
date  que  j'indique  se  trouvent  au  lias  d'un  portrait 
gravé  à  Lon  Ires  par  Ghinocchi,  en  1770,  pendant  le 
séjour  de  Traelta  en  celle  ville. 

(2)  Dans  la  première  édition  de  celle  biographie,  j'ai 
suivi  les  renseignements  recueillis  à  Naples,  par  Rur- 
ney,  sur  les  conservatoires  el  sur  les  mailres  qui  y  ont 
enseigné,  ainsi  que  sur  les  plus  célèbres  artistes  qui  s'y 
sont  formés.  Dumey  tenait  ces  renseignements  de  Har- 
bella,  cléic  de  Léo  (Voyez  The  présent  slate  nf  Music  in 
France  and  liait/,  p.  366)  i  mais  le  marquis  de  Villarosa 
parait  avoir  puisé  à  des  sources  plus  authentiques,  pour 
l'histoire  de  ces  écoles  et  des  maitres  qui  les  dirigeaient  : 
je  lai  pris  pour  guide  dans  celle  nouvelle  édition,  tou- 
tefois avec  la  réserve  nécessaire. 


TRAETTÂ 


249 


le  coins,  car  il  accepta  le  litre  de  maître  de 
chapelle  de  ce  prince,  et  fut  chargé  d'enseigner 
l'art  du  chant  aux  princesses  de  la  famille  du- 
cale. Lahorde  (\\i(Essai  sur  la  musique,  t.  III, 
page  239,  que  Traelta  changea  dès  lors  son 
slj le,  et  <|n'il  imita,  dans  ses  opéras,  le  goût 
français,  qui  était  celui  de  la  cour  de  Parme. 
Je  n'ai  pu  vérifier  l'exactitude  de  ce  fait  sur 
les  opéras  composés  dans  celte  ville;  mais 
je  n'ai  trouvé  aucune  trace  de  ce  style  dans 
VArmida,  ni  dans  l'Jfigénia,  qu'il  écrivit  à 
Vienne  à  la  même  époque  (1760),  et  dont  j'ai 
examiné  avec  attention  les  partitions  à  la 
bibliothèque  du  Conservatoire  de  Naples. 

Le  premier  ouvrage  composé  à  Parme  par 
Traelta  fut  fppolito  ed  Aricia,  représenté  en 
1759,  et  repris  en  1765,  pour  le  mariage  de 
l'infante  de  Parme  avec  le  prince  des  Asluries. 
Son  succès  fut  si  brillant,  que  le  roi  d'Espagne 
accorda  une  pension  au  compositeur,  en  té- 
moignage de  sa   satisfaction.  Dans  la  même 
année  (1759),  Traelta  fut  appelé  à  Vienne  pour 
y  écrire  VJfiyenia,  un  de  ses  plus  beaux  ou- 
vrages. De  retour  à  Parme,  il  y  donna  la  Sofo- 
nisba.   Une  anecdote  relative  à  cet  ouvrage 
parait  être  l'origine  de  ce  que  rapporte  La- 
borde  concernant  la  transformation  du  style 
«le    ce    compositeur    pendant    son    séjour    à 
Parme.    Dans   une    situation    dramatique   où 
l'accenld'un  personnage  devait  être  déchirant, 
Traelta    crut    ne    pouvoir    mieux    Faire   que 
d'écrire  au-dessus  de  la  noie  ces  mots  :  un 
urlo  francesc  (x\n  cri  français).  Après  la  So- 
fonisba,  il  retourna  à  Vienne  pour  y  com- 
poser  VArmida,   qui    est    aussi    considérée 
comme  une  de  ses  plus  belles  partitions.  Cet 
opéra  et  VJfiyenia  furent  joués  ensuite  dans 
presque  toute  l'Italie,  e't  accueillis  avec  enthou- 
siasme. Après  la  mort  de  l'infant  don  Philippe, 
duc  de  Parme,  au   mois  de  décembre  1765, 
Traelta  fut  appelé  à  Venise,  pour  y  prendre  la 
direction  du  Conservatoire  appelé  VOspeda- 
letlo;  mais  il   ne  garda  celle  place  que  deux 
ans,    ayant    consenti   ;ï   succéder    à   Galuppi 
comme  compositeur  à  la  cour  de  Catherine, 
impératrice  de  Russie.  Il  partit  au  commence- 
ment de  1768  pour  Pélersbourg,  et  Sacchini 
{voyez  ce  nom)  lui  succéda  à  l'Ospedalelto. 
La  plupart  des  biographes  disent  que  le  len- 
demain de  la  première  représentation  de  la 
Didone  abbandonata,  l'impératrice  de  Russie 
envoya  à  Traelta  une  tabatière  en  or  ornée  de 
son  portrait,  avec  nri  billet  de  sa  main  où  elle 
disait  que  Didon  lui  faisait  ce  cadeau  :  on  a 
confondu  dans  cette  anecdote  Traelta  et   Ga- 
luppi qui  avait  écrit,  quelques  années  aupara-    | 


vant,  un  opéra  sur  le  même  sujet  à  Pélers- 
bourg, et  çui  reçut  en  effet  ce  message  de 
l'impératrice.  La  Didone  de  Traelta  avait  été 
composée  à  Parme,  en  1764. 

Après  sept  années  de  séjour  à  la  cour  de 
Catherine  II,  cet  artiste  célèbre,  sentant  sa 
santé  affaiblie  par  la  rigueur  du  climat,  de- 
manda son  congé,  qu'il  n'obtint  qu'avec  peine, 
et  s'éloigna  de  la  Russie,  vers  la  fin  de  1775, 
pour  allerà  Londres,  où  l'avait  précédé  le  bruit 
de  ses  succès.  Mais  soit  que  le  sujet  de  l'opéra 
qu'on  lui  avait  confié  dans  cette  ville  ne  l'eut 
pas  inspiré,  soit  que  le  mauvais  étal  de  sa 
santé  n'eût  pas  laissé  à  son  talent  toute  sa  vi- 
gueur, son  drame  de  Germondo,  représenté 
au  théâtre  du  roi,  au  printemps  de  1780,  ne 
parut  pas  digne  de  sa  haute  réputation.  Le 
froid  accueil  fait  à  cet  ouvrage  et  à  un  recueil 
de  duos  italiens  qu'il  fit  graver  à  Londres  vers 
le  même  temps,  le  décida  à  quitter  celte  ville, 
dans  la  même  année,  el  à  retourner  en  Italie, 
où  il  espérait  retrouver  des  forces.  Mais  dès  ce 
moment,  sa  santé  fut  languissante.  Il  écrivit 
encore  quelques  opéras  à  Naples  et  à  Venise, 
mais  on  n'y  trouvait  plus  le  même  l'eu  que 
dans  ses  anciennes  productions.  Le  6  avril 
1779,  il  mourut  à  Venise  (I),  avant  d'avoir 
atteint  l'âge  de  cinquante-deux  ans. 

Doué  au  plus  haut  degré  du  génie  drama- 
tique; plein  de  vigueur  dans  l'expression  des 
sentiments  passionnés;  hardi  dans  les  modu- 
lations, et  plus  enclin  que  les  musiciens  ita- 
liens de  son  lempsà  faire  usage  de  l'harmonie 
chromatique  de  l'école  allemande,  Traetla  pa- 
rait avoir  conçu  la  musique  de  théâtre  au  point 
de  vue  où  Gluck  s'est  placé  quelques  années 
plus  tard,  sauf  la  différence  des  tendances 
mélodiques,  qui  sont  plus  marquées  dans  les 
œuvres  du  compositeur  italien  que  dans  les 
productions  de  l'auteur  allemand.  Dans  le 
pathétique,  Traelta  atteint  quelquefois  le  su- 
blime, comme  on  peut  le  voir  dans  l'air  de 
Semiramidc  qui  a  été  inséré  dans  la  Méthode 
de  chant  du  conservatoire  de  Paris  (p.  274 
et  suiv.).  Quelquefois  il  oubliait  que  le  goùl  de 
ses  compatriotes  répugnait  alors  à  ces  accents 
énergiques,  et  qu'ils  préféraient  la  mélodie 
pure  au  partage  de  leur  attention  entre  la  mé- 
lodie et  l'harmonie;  mais  lorsqu'il  apercevait 
dans  son  auditoire  la  fatigue  de  celte  atten- 
tion, pendant  les  premières  représentations  de 
ses  ouvrages,  où  il  était  assis  au  clavecin,  con- 
vaincu qu'il  était  du  mérite  et  de  l'importance 
de  certains  morceaux,  il  avait  l'habitude  de 

(I)  Voyez  Moscluni,   Délia  telteratura  veneziana  dcl 
secolo  XVIII,  p:irl.  lit,  p.  208. 


250 


TRAETTA  -  TRASUNTINO 


s'adresser  aux  spectateurs  en  leur  disant:  57- 
gnori,badate  a  questo  pezzo (Messieurs,  failes 
attention  à  ce  morceau),  et  le  public  applau- 
dissait presque  toujours  à  celte  expression 
naïve  du  juste  orgueil  d'un  grand  artiste. 

Les  litres  de  tous  les  opéras  de  Traetla  ne 
sont  pas  connus  :  voici  ceux  que  j'ai  pu  re- 
trouver :  1°  Farnace,  à  Naples,  en  1750. 
2°  /  Pastori  felici,  ibid.,  1753.  3°  Ezio,  à 
Rome,  1754.  ô°  (bis)  Le  Nozze  contraslale, 
en  1754.  4°  Ll  Buovo  d'Anlona,  à  Florence, 
1756.  5°  Ippolitoed  Aricia,  à  Parme,  1759. 
C°  Ifigenia  in  Aulide,  à  Vienne,  1759. 
7°  Stordilano ,  principe  di  Granata,  à  Parme, 
1760.  8°  Armida,  Vienne,  1760.  9°  Sofo- 
nisba,  à  Parme,  1761.  10°  La  Francese  à 
Jflalag  fiera,  à  Parme,  1762.  11°  Didone  ab- 
bandonala,  ibid.,  1764.  \19  Semiramide  ri- 
conosciuta,  1765.  13°  La  Serva  rivale,  Ve- 
nise, 1767.  14°  Amore  in  trappola,  ibid., 

1768.  15°  L'Isola  disabitata,  à  Pélersbourg, 

1769.  16°  L'Olimpiade,  ibid.,  1770.  17°^»- 
tigone,  ibid.,  1772. 1S°Germondo,î\  Londres, 

1776.  19°  Il  Cavalier  errante,   à   Naples, 

1777.  20"  La  Disfalta  di  Dario,  ibid.,  1778. 
21"  Ar tentée,  à  Venise,  1778.  On  trouve  du 
même  compositeur ,  au  Conservatoire  de 
Naples,  un  Stabat  mater  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, ainsi  que  des  leçons  pour  les  matines 
de  Noël,  et  une  partie  de  la  Passion,  d'après 
saint  Jean.  Je  possède  le  manuscrit  original 
d'un  oratorio  de  Salomon,  en  langue  latine, 
écrit  à  Venise,  en  1766,  par  Traella,  pour  les 
élèves  du  conservatoire  de  VOspedaletto.  On 
sait  qu'il  n'y  avait  que  des  jeunes  filles  dans 
ce  conservatoire  :  l'oratorio  est  en  deux 
parties,  à  cinq  voix  de  soprano  et  de  contralto, 
et  l'on  trouve  écrits  de  la  main  de  Traetla  les 
noms  des  élèves  qui  chantèrent  l'ouvrage. 
Quelques-uns  de  ces  noms  sont  devenus  cé- 
lèbres; ce  sont  -.Salomon,  la  signora  Vertra- 
min  ;  Abialar,  la  sig.  Mcssana;  Jadoeh,  la. 
sig.  Pasquate;  Adon,  Francesca  Gabrieli;  la 
reine  de  Saba,  Laura  Conti. 

TRAMEZZATU  (Uiomiuo),  né  à  Milan, 
vers  1776,  avait  reçu  de  la  nature  une  bonne 
voix  de  ténor,  que  l'étude  et  les  leçons  de  Mar- 
chesi  perfectionnerent.il  débuta  sur  la  scène, 
en  1800,  et  après  avoir  chanté  avec  succès  sur 
plusieurs  théâtres  d'Italie,  particulièrement  à 
celui  de  la  Scala,  à  Milan,  au  printemps  et  à 
l'automne  de  1806,  il  partit,  au  mois  de  mars 
de  l'année  suivante,  pour  le  Portugal, et  brilla 
à  Lisbonne  pendant  deux  ans.  Appelé  à  Lon- 
dres, en  1809,  il  y  fut  attaché  au  théâtre  du 
Roi  jusqu'en  1814,  puis  retourna  en  Italie,  et 


se  fil  entendre  à  Turin,  puis  à  Milan,  en  1815, 
1816  et  1817.  J'fgnore  quelle  a  été  la  suite  de 
la  carrière  de  cet  artiste. 

TRAMPELI  (Jean-Paul,  Chuétien-Guil- 
lau-tie  et  Jeas-Gottlob),  célèbres  constructeurs 
d'orgues,  étaient  frères,  et  vécurent  vers  la  fin 
du  dix-huitième  siècle,  à  Adorff,  petite  ville 
de  la  Saxe  électorale.  En  1794,  il  avaient  ter- 
miné leur  cinquantième  orgue.  Leurs  ou- 
vrages principaux  sont  :  1°  L'orgue  de  Markt- 
Selb,  en  1763;  2°  Celui  de  l'église  de  Saint- 
Nicolas,  de  Leipsick,  1790-1793;  3°  Celui  de 
la  nouvelle  église  de  Zutzschen,  1794. 

TRATVCOAIHT  (Camille),  professeur  de 
piano  à  Paris,  n'a  pas  fait  ses  études  musi- 
cales au  Conservatoire  de  celte  ville.  Je  ne  le 
connais  que  par  un  petit  écrit  intitulé  :  De 
l'Enseignement  de  la  musique  en  général,  et 
du  piano  en  particulier;  Paris,  Chabal, 
1846,  in-8"  de  seize  pages. 

TRAIXSCUEL  (Christophe),  compositeur 
et  claveciniste,  naquit  à  Brunsdorf,  près  de 
Rosbach,  en  1721.  Après  avoir  fait  ses  éludes 
au  collège  deMersebourg, oùil  reçut  des  leçons 
de  musique  de  Fœrster,  maître  de  concerts,  il 
alla  suivre  les  cours  de  philosophie  et  de  théo- 
logie à  l'université  de  Leipsick.  Pendant  son 
séjour  dans  celte  ville,  il  fut  reçu  dans  l'inti- 
mité de  J.-S.  Bach,  qui  le  guida  par  ses  con- 
seils. Il  ne  s'éloigna  de  Leipsick  qu'en  1755, 
pour  aller  se  fixer  à  Dresde,  où  il  se  livra  à 
l'enseignement  du  clavecin  d'après  les  prin- 
cipes de  l'école  de  Bach.  Il  écrivit  aussi  des 
sonates  et  des  polonaises  pour  le  clavecin,  qui 
n'ont  point  été  gravées,  mais  dont  les  copies 
ont  été  répandues  en  Allemagne.  Cet  artiste 
estimable  est  mort  en  1800,  à  l'âge  de 
soixante-dix-neuf  ans.  Il  avait  rassemblé 
une  belle  collection  de  livres  relatifs  à  la 
musique,  d'oeuvres  classiques  et  de  portraits 
de  musiciens  qui  ont  été  dispersés  après  sa 
mort. 

TRASCTÎTEYO  (Vido  ou  Guido),  ou 
TRASU^TEX,  suivant  l'orthographe  véni- 
tienne, facteur  d'instruments  à  Venise,  né 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  a  construit 
en  1606,  pour  Camille  Gonzague,  comte  de 
Novellara,  un  clavecin  très-ingénieux,  qui 
s'est  conservé  jusqu'à  ce  jour,  et  qui  a  passé 
dans  le  cabinet  de  l'abbé  Baini,  maitre  de  la 
chapelle  pontificale.  Cet  instrument,  dont 
l'étendue  est  de  quatre  octaves,  est  destiné  à 
jouer  dans  les  trois  genres  diatonique,  chro- 
matique et  enharmonique.  Chaque  octave  est 
divisée  en  31  touches,  et  la  totalité  du  clavier 
en  renferme  125.  Son  mécanisme  est  exécuté 


TRASUNTINO  -  TRAVENOL 


251 


avec  beaucoup  de  soin,  et  l'on  y  trouve  cette 
inscription  : 

SOLVS 

CAMILIVS    GONZAGA    H0YEUAB1AE    COMES 

CIAVEMYSICVM      OMNITONVtl 

J10DVUS     DIATONIUS,     CIIBOM  ATICIS  ,    ET     EKBARMONICIS 

A    DOCTO   MANV   TACTVM 

INSIGNE 

WTO   DE   TBASCNTINIS   VEHETO   AVCTORE 

JIDCVI. 

te  comte  Giordano  Riccati  cite  un  clavecin 
qui  porte  le  nom  de  Trasuntini,  et  qui  est 
daté  de  1559  (Délie  corde  ovvero  fibre  élas- 
ticité, préface,  p.  xm)  :  il  est  vraisemblable 
que  cet  instrument  a  été  construit  par  un  autre 
facteur  du  même  nom,  plus  ancien,  et  peut-être 
père  de  Vito;  car  Thomas  Garzoni  parle  (dans 
sa  Piazza  universelle  di  tulte  le  professioni 
del  mondo,  Discorso  156)  d'un  3fesser  Giulio 
Trasuntino,  qui  fut  d'une  rare  habileté  dans 
la  construction  des  harpicordes,  manocordes, 
clavecins,  etc.  (Degli  instrumenti  da  penna 
c'hanno  le  corde  di  ferro,  d'acciaro,  et  d'ot- 
tone  corne  sono  arpicordi,  manocordi ,  cla- 
vicembali  et  cithare  nella  compositions  de 
quali  è  stato  eccellente  Messer  Giulio  Tra- 
suntino.) 

Fioravanli  ne  donne  pas  moins  d'éloges  à 
Guido  Trasuntino;  il  est  même  plus  explicite 
dans  son  Miroir  de  science  universelle  : 
«  Dans  l'art  de  la  fabrication  des  harpicordes, 
»  dit-il,  des  clavecins,  orgues  et  régales,  Guido 
»  Trasunlin  est  homme  de  tant  de  connais- 
»  sances  et  d'expérience,  que  le  monde  s'émer- 
»  veille  à  l'audition  de  ses  instruments,  parce 
»  que  leur  mélodie  et  harmonie  dépassent 
«  celles  de  tous  les  autres,  et  il  rend  divins  et 
»  rares  ceux  qui,  faits  par  d'autres,  sont  dé- 
«  pourvus  de  ces  qualités,  ainsi  que  cela  se 
»   voit  en  plusieurs  lieux  dans  Venise  (1).  » 

TRAUTMANN  (Hemu),  cantorh  Lindau, 
au  commencement  du  dix-septième  siècle,  na- 
quit à  Ulm.  Il  s'est  fait  connaître  par  un  traité 
élémentaire  de  musique  intitulé  ïCàimpendium 
musicx  latino-germanicum  in  usum  schoLv 
lindaviensis  maxime  accomodalum,  Remp- 
loi), 1618,  in-4°. 

TRAUTMAIXN  (Edouard),  né  le  2  octobre 
1799,  à  Parchwitz,  dans  la  Silésie,  apprit  de 
son  père,  cantor  à  OEls,  les  premiers  éléments 

(1)  Guido  Trasunlin  nell'  arlc  d'arpicordi,  claviccm- 
bali  ,  iorgani,  et  rrgaii,  é  huomo  di  tanta  et  dutlrina 
esperientia,  clic  il  mondo  si  maraviglia  in  udire  de 
suoi  instrumenti  :  percioche  di  melodia  et  armonia 
passano  tutti  gli  altri  :  et  quelli  clic  da  altri  sono 
fatli  senza  armonia  egli  si  acconcia,  et  gli  falti  divini  et 
rai  i,  corne  benc  in  Vcnetia  si  vede  in  divers!  luoghi 
[Spccckio  di  Scienlia  universale,  fol.  273). 


de  la  musique,  du  piano  et  de  la  littérature. 
En  1817,  il  fut  admis  au  séminaire  des  insti- 
tuteurs catholiques  à  Breslau.  Il  devint  élève 
de  Schnabel  et  de  Lukas,  et  acquit,  sous  leur 
direction,  une  instruction  solide  dans  l'har- 
monie et  dans  l'art  de  jouer  de  l'orgue.  Lors- 
que ses  études  furent  terminées,  plusieurs 
places  d'organiste  et  d'instituteur  lui  furent 
offertes  à  Warlha,  à  Eruhl  et  dans  d'autres 
lieux;  mais  il  les  refusa,  et  se  fixa  à  Culm,  en 
Prusse,  où  il  se  livra  à  l'enseignement  du 
chant.  Il  y  occupa  aussi  la  place  d'organiste 
de  l'école  militaire,  et  y  dirigea  une  société  de 
chant.  Il  a  écrit  beaucoup  de  messes,  offer- 
toires, graduels  et  antiennes  ou  hymnes  à  qua- 
tre voix,  des  thèmes  variés  pour  violon,  avec 
piano  ou  quatuor,  quelques  solos  pour  le  même 
instrument  avec  orchestre  ou  quatuor,  des 
mélodies  chorales  à  quatre  voix,  quelques  pe- 
tites compositions  pour  le  piano,  et  plusieurs 
recueils  de  chansons  allemandes  à  voix  seule. 

TRAUTNER  (Jean-Albert),  organiste  à 
Hofmarktvorra  (village  de  la  Bavière  où  se 
trouvait  une  abbaye  de  bénédictins),  à  la  fin 
du  dix-huitième  siècle,  a  publié  de  sa  compo- 
sition :  1°  Trio  pour  clavecin,  violon  et  violon- 
celle, Nuremberg,  1796.  2°  Recueil  de  pièces 
diverses  pour  le  piano,  ibid.  5°  Recueil  d'airs 
et  chorals. 

TRAUTSCH  (le  P.  Léonard),  compositeur 
de  musique  d'église,  naquit  en  Bavière,  dans 
l'année  1693,  fit  ses  vœux  ait  couvent  de  béné- 
dictins de  Tegernsée,  et  y  mourut  en  1762.  Il 
a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  messes, 
graduels,  offertoires,  etc.,  et  a  publié  :  Ves- 
perse  de  Dominica  ac  B.  V.  Maria,  cum 
residuis  psalmis  per  annam  passim  occar- 
rentibus,  Augsbourg,  1737,  in-fol.  Toutes  ces 
productions  sont  médiocres. 

TRAVENOL  (Louis),  violon  de  l'Opéra 
de  Paris,  né  dans  cette  ville  vers  1698,  entra  à 
l'orchestre  de  ce  théâtre  au  mois  d'avril  1739, 
avec  des  appointements  de  quatre  cent  cin- 
quante livres ,  fut  augmenté  de  cinquante 
francs  en  1750,  et  eut  une  gratification  an- 
nuelle de  cent  francs  qui  fut  convertie  plus 
lard  en  appointements,  et  qui  porta  son  trai- 
tement à  six  cents  francs  dans  les  dernières 
années.  Retiré  en  1759  avec  la  pension,  il 
mourut  à  Paris,  en  1783,  âgé  de  quatre-vingt- 
cinq  ans.  II  a  fait  graver  à  Paris  un  oeuvre  de 
douze  sonates  pour  le  violon,  où  l'on  remarque 
du  mérite. 

Esprit  bizarre  et  tracassier,  Travenol  n'était 
point  aimé  des  autres  artistes  de  l'Opéra;  il 
fut  mêlé  dans  quelques   mauvaises  affaires. 


2o2 


TRAVENOL  —  TRAXDORFF 


Lorsque  Voltaire  fut  admis  à  l'Académie  fran- 
çaise,   beaucoup    de   libelles   fuient   publiés 
contre  lui  :  Travenol,  accusé  de  les  avoir  col- 
portés, fut  arrêté,  et  par  une  injustice  fla- 
grante, son  père,  âgé  de  quatre-vingts  ans,  fut 
aussi  conduit  au   For-1'Évêque;   mais  on  fut 
obligé  de  le  relâcher  après  cinq  jours  de  dé- 
tention. Ce  vieillard  ayant  demandé  en  justice 
réparation  du  mal  qui  lui  avait  été  fait,  la 
cause  fut  portée  au  parlement  de  Paris,   et 
Voltaire   fut  condamné  à   payer  cinq   cents 
francs  de  dommages  et  intérêts.  Celle  circon- 
stance, favorable  à  Travenol  lui-même,  le  fit 
mettre  en  liberté  (I).  Cette  leçon  ne  le  rendit 
pas  plus  sage,  car  il  eut  des  querelles  très- 
vives  avec  ses  camarades,  et  publia  contre  eux 
un  pamphlet  intitulé  :  Les  Entrepreneurs  en- 
trepris, ou  Complainte  d'un  musicien  op- 
primé par  ses  camarades,  en  vers  et  en  prose, 
suivie  d'un  mémoire  pour  le  sieur  Trave- 
nol, etc.,  Paris,   1758,  in-4°.  Une  satire  qu'il 
avait  publiée  sous  le  voile  de  l'anonyme,  fut 
l'origine  de  ces  discussions;  elle  avait   pour 
litre  :  Requête  en  vers  d'un  acteur  de  l'Opéra 
au  prévôt  des  marchands  (sans  nom  de  lieu), 
17:58,  in- 12.  C'est  à  la  suite  de  ces  discussions 
que  Travenol  fut  mis  a  la  pension.  Deux  ans 
après  sa  sortie  de  l'Opéra,  il  fit  paraître  une 
autre  brochure,  sous  ce  titre  :  Observations 
du  sieur  Travenol,  pensionnaire  de  l'aca- 
démie royale  de  musique,  sur  les  frivoles  mo- 
tifs du  refus  que  fuit  le  sieur  Joliveau,  cais- 
sier de  ladite  académie,  de  lui  payer  sa 
pension,  adressées  à  M.  le  comte  de  Saint- 
Florentin,   ministre  et  secrétaire  d'Etat. 
Sans  nom  de  lieu  («le  l'imprimerie  de  Didot,  à 
Paris,   1701,    in-8").   Ses  créanciers   avaient 
saisi  sa  pension  de  quatre- vingt-sept  livres 
dix  sous  par  trimestre;  il  invoque  en  sa  faveur, 
dans  ce  mémoire,  un  arrêt  du   conseil,  du 
G  août  1745,  qui  déclarait  insaisissables  les 
pensions  des  acteurs,  musiciens  et  employés 
de  l'Opéra.  Il  dit  aussi  qu'il  était  alors  âgé  de 
soixante-trois  ans,  et  que  sa  pension  était  la 
seule  ressource  qu'il  eût  pour  son  entretien  cl 
celui  de  sa  sœur,  plus  âyée  que  lui. 

Travenol  se  montra  un  des  plus  ardents 
défenseurs  de  la  musique  française  lorsqu'elle 
fui  attaquée  par  la  célèbre  lettre  de  J.-J.  Rous- 
seau (voyez  ce  nom).  Il  publia  sur  ce  sujet  deux 
pamphlets  dont  le  premier  a  pour  titre  :  Arrêt 
duconscil  d'Etal  d'Apollon,  rendu  en  faveur 
de  l'orchestre  de  l'Opéra,  contre  le  nommé 
J.-J.   Rousseau,  copiste  de  musique,  etc., 

(I)    Voyez  Paillet  de  Warcy.  flianUe  Je  !a  i  ic  cl  Jet 
cuiragn  de  Voltaire,  I.  I,  p.  78-73. 


Paris,  1754,  in-12.  L'autre  est  intitulé  :  La 
Galerie  de  l'Académie  royale  de  musique, 
contenant  les  portraits  en  vers  des  princi- 
paux sujets  qui  la  composent  en  la  présente 
année  1754,,  dédiée  à  J.-J.  Rousseau,  Paris, 
1754,  in  8°.  La  plupart  des  petits  écrils  cités 
précédemment  ont  été  réunis  par  Travenol 
dans  le  recueil  qui  a  paru  sous  ce  litre  :  Œu- 
vres mêlées  du  sieur  ***,  ouvrage  en  vers  et 
en  prose,  etc.,  Amsterdam  (Paris),  1775,  in  8". 
Ce  musicien  fut  chargé  par  le  président  Durey 
de  Noinville  (voyez  ce  nom)  de  faire  la  compi- 
lation des  matériaux  de  son  Histoire  du  théâtre 
de  l'Opéra;  il  les  lira  en  grande  partie  d'une 
L/istoire  de  l'Académie  royale  de  musique, 
et  de  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de 
cette  Académie,  ouvrages  d'un  employé  de 
l'Opéra,  qui  sont  restés  en  manuscrit,  el  se 
trouvent  dans  ma  bibliothèque.  Enfin  Travenol 
est  auteur  de  plusieurs  écrits  relatifs  à  la  franc- 
maçonnerie  et  de  pamphlets  contre  Voltaire, 
dont  on  trouve  les  titres  dans  la  France  litté- 
raire de  M.  Quérard  (tome  IX,  page  554). 

TRAVERS  (Jean),  musicien  anglais,  fit 
ses  premières  éludes  musicales  dans  la  chapelle 
de  Saint  Georges,  à  Windsor,  et  acheva  de  s'in- 
struire sous  la  direction  de  Greene.  Vers  1725 
il  obtint  la  place  d'organiste  à  l'église  de  Saint- 
Paul,  puis  il  remplit  les  mêmes  fondions  à 
Fulham,  pendant  quelques  années.  En  17Ô7, 
il  fut  nommé  organiste  de  la  chapelle  royale. 
Il  mourut  en  1758,  et  eut  lloyce  pour  succes- 
seur. Les  livres  de  la  chapelle  royale  d'Angle- 
terre contiennent  plusieurs  antiennes  com- 
posées par  Travers.  Il  a  mis  en  musique  tons 
les  psaumes,  el  les  a  publiés  sous  ce  lilre  :  The 
ichole  bool;  of  Psalms  for  1,  2,  5,-  4  and 
5  voices,  ivilh  a  thorouylt-bass  for  the  harp- 
sichord.  Londres,  174G,  2  parties,  in-4". 

TRAVERSA  (Joaciii.u),  violoniste  pié- 
monlais,  fut  élève  de  Pugnani,  et  obtint  le 
litre  de  premier  violon  du  prince  de  Carignan, 
Il  brilla  au  concert  spirituel  de  Paris,  en 
1770.  On  admirait  la  belle  qualité  de  son  qu'il 
(irait  de  l'instrument,  l'expression  de  son  jeu, 
cl  sa  facilité  dans  les  traits.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  1°  Six  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, allô  et  basse,  op.  1,  Paris,  Huel,  1770. 
2°  Six  sonales  pour  violon  seul  el  basse,  op.  2, 
ibid.  3°  Six  quatuors  d'airs  connus  variés  pour 
violon,  op.  4,  ibid.  4°  Concerto  pour  violon  et 
orchestre,  op.  5,  Paris,  Bailleux. 

TRAXDORFF  (Humii),  un  des  plus  an- 
ciens fadeurs  d'orgues  connus ,  vivait  à 
Mayence,  vers  le  milieu  du  quinzième  siècle. 
En   1443,  il  construisit  à  Nuremberg  trois 


TRAXDOÎIFF  -  TRENTO 


2SÎ 


instruments  dont  on  n'a  pas  conservé  l'indica- 
tion. En  14C9,  il  fit  l'ancien  orgue  de  l'église 
de  Sainl-Sebald,  de  la  même  ville,  dont  le  cla- 
vier manuel  n'était  composé  que  de  deux  oc- 
taves et  trois  demi-tons,  mais  qui  avait  un 
clavier  de  pédale  d'une  octave.  Vers  le  même 
temps,  il  fit  aussi  dans  celle  ville  l'orgue  de 
l'église  de  Notre-Dame,  dont  le  clavier  manuel 
avait  la  même  étendue,  mais  qui  n'avait  pas 
de  pédale.  On  cite  du  même  artiste  l'ancien 
orgue  de  l'église  Sainte-Marie,  à  Lubeck,  con- 
struit en  1492;  mais  il  est  plus  douteux  qu'il 
en  ait  élé  l'auteur. 

TllERLIN  (Daniel-Frédéric),  conseiller 
dédouane  à  Ralihor,  en  Silésie,  et  amateur  de 
musique,  naquit  en  1751,  et  mourut  le  12  dé- 
cembre 1805.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Divertissements  de  danse  pour  piano,  Rali- 
bor,  chez  l'auteur,  1799.  2°  Chansons  écos- 
saises avec  accompagnement  de  piano,  ibid., 
1800.  5"  Danses  pour  le  carnaval  de  1804,  pour 
piano  et  flûte,  ibid.,  1804. 

TRETBER  (Jean-Frédéric),  lecteur  de 
l'école  d'Arnsladt,  né  en  164 1,  mourut  en 
1719.  Il  a  publié,  pour  l'usage  de  l'école  qu'il 
dirigeait,  un  recueil  d'hymnes  avec  mélodies  et 
basse  continue,  sons  ce  litre  :  Pièces  et  hymni 
hjcei  Schwartsburgi  Arnsladiensis ,  cum 
melodiis  et  numeris  musicis,  elc.  Typis  Arn- 
stadiee,  Nic.Rachmann,  1 004,  in-8"  de  soixante- 
dix-huit  pages.  On  a  aussi  de  Treiber  un 
programme  intitulé  :  De  Musica  Davi- 
dica,  itemque  discursibus  per  urbem  mu- 
sica noclurnis,  Arnsladt,  1701,  huit  pages 
in-4°. 

THEIBEK  (Jean-Philippe),  fils  du  précé- 
dent, né  à  Arnsladt,  le  2  lévrier  1675,. fut  sa- 
vant jurisconsulte,  avocat  et  bourgmestre  à 
Erfurl.  Il  avait  étudié  la  composition  à  Arn- 
sladt, chez  le  maître  de  chapelle  Adam  Dresen. 
Il  mourut  à  Erfurt,  le  9  août  1727,  à  l'âge  de 
cinquante  deux  ans.  Les  ouvrages  de  ce  savant 
relatifs  à  la  musique  sonl  les  suivants  :  1°  Son- 
derbare  Invention,  eine  einzige  Arie  ans 
allen  Tonen  und  Accordai,  etc.  (Invention 
remarquable  pour  composer  un  air  dans  lous 
les  tons  et  avec  les  accords,  dans  toutes  les 
mesures,  elc);  Jéna,  1702,  in  fol.  Celle  in- 
vention est  vraisemblablement  de  même  es- 
pèce que  celles  qui  ont  été  reproduites  plus 
lard  par  Kirnherger,  Calegari  el  autres.  2"/?er 
accurate  Organist  in  Generalbass,  dus  ist, 
eine  neue,  deulliche  und  vollstxndige  An- 
weistmg  zum  Gencralbass,  etc.  (L'organiste 
exact  dans  la  basse  continue,  contenant  une 
introduction  nouvelle,  claire  el  complète  à  la 


science  de  l'harmonie,  etc.);  Arnsladt,  1704, 
in-fol.  de  sept  feuilles. 

TREMBLE  Y  (Jean),  né  a  Genève,  en  1749, 
fut  avocat  dans  sa  ville  natale.  Élève  de 
Ch.  Ronnet,  il  cultiva  les  sciences  avec  succès 
et  fu  t  correspondant  de  l'Académie  des  sciences 
de  Berlin,  à  laquelle  il  a  fourni  un  grand 
nombre  de  mémoires  sur  divers  sujets  de  phi- 
losophie et  de  mathématiques,  entre  autres 
celui-ci  :  Observations  sur  la  théorie  du  son, 
et  sur  les  principes  du  mouvement  des 
fluides  (Mémoires  de  l'Académie  de  Merlin, 
1801,  p.  33). 

TRENTXN  (l'abbé  Grégoire),  né  à  Venise, 
a  inventé,  en  1820,  un  piano  à  sons  soutenus, 
auquel  il  donnait  les  noms  de  violicembalo  oa 
de  pianoforte  organistico,  et  qu'il  mit  à  l'ex- 
position des  produits  de  l'industrie  à  Milan,  en 
1821.  Une  médaille  lui  fut  décernée  pour  celle 
invention  qui  n'était  pas  nouvelle,  et  qui, 
d'ailleurs,  ne  donnait  pas  de  résultais  satisfai- 
sants; car,  ainsi  que  le  grand  piano  double 
mis  à  l'exposition  de  Paris,  en  180G,  par 
Tobie  Schmid  (voyez  ce  nom),  ainsi  que  le 
Polyplectron  de  Dielz.le  Pianoviole  de  Licli- 
lenlhal,  et  d'autres,  l'instrument  de  l'abbé 
Trenlin  n'avait  pas  d'analogie  avec  le  son  des 
instruments  à  cordes,  mais  avec  la  vielle  dans 
les  octaves  supérieures,  et  avec  les  sons  d'un 
violoncelle  avec  sourdine  dans  la  basse.  Les 
essais  qui  furent  fails  à  Milan  de  l'instrument 
dont  il  s'agit  n'eurent  aucun  succès. 

TRENTO  (Vittorio),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Venise,  en  1701,  lit  ses  premières 
éludes  musicales  dans  une  église  de  celle  ville, 
puis  devint  élève  de  Rerloni.  D'abord  attaché 
au  théâtre  Saint -Samuel  en  qualité  d'accom- 
pagnateur, il  passa  ensuite  à  celui  de  la  Fe- 
nice,  pour  y  remplir  les  mêmes  fonctions. 
A  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  commença  à  écrire 
quelques  ballets,  tant  à  Venise  que  dans  les 
autres  villes  de  l'État  vénitien  et  de  la  Lom- 
bardie.  Son  premier  ouvrage  en  ce  genre  fut 
Mastino  délia  Scala,  représenté  à  Venise,  en 
1783.11  en  composa  ensuite  beaucoup  d'autres 
au  nombre  desquels  on  cite  :  La  f'irlù  rico- 
nosciula,  à  Vérone,  en  1785  ;  Enrichetla  e  La 
Valeur  j  à  Venise,  en  1788;  Il  Seraglio  ossia 
d'equivoco  in  equivoco,  ibid.,  1788  ;  La 
Fofza  delV  amore,  ibid.,  1789, qui  fut  joué  à 
Londres,  en  1797,  sous  le  titre  77ic  triumph  of 
love;  Demofoonte,  à  Padoue,  1791  ;  Il Fiam- 
mingo,  ibid.,  1791  ;  La  Scoperla  délia  Flo- 
rida,  à  Venise,  1792.  Teresa  vedova  fut  le 
premier  opéra  de  Trento  représenté  à  Venise 
avec  succès  ;  cel  ouvrage  fut  suivi  de  le  CognatQ 


254 


TRENTO  —  TREU 


in  conlesa,  joué  à  Padoue,  à  l'automne  de  1 70 1 . 
Trenlo  alla  ensuite  écrire  à  Rome  Andro- 
meda,  en  deux  actes,  qui  fut  suivi  de  l'Asino 
di  Trento,  opéra  bouffe.  Florence,  Parme, 
Turin,  Naples  furent  ensuite  visitées  par 
Trento  qui  écrivit,  pourlesthéâtresdecesvilles 
et  pour  celui  de  Venise,  les  ouvrages  suivants  : 
Le  Astuzie  di  Fichetto  ;  I  Vecchi  delusi;  Il 
cucù  scopre  tutto;  la  Fedellà  nelle  selve;  Ro- 
bînsone  secondo  ;  Lucrezia  romana  ;  Ifigenia 
in  Aulide,  jouée  au  théâtre  Saint-Charles,  le 
4  novembre  1804,  et  attribué  par  Gerber  à  un 
Pietro  Trento  qu'on  ne  connaît  pas;  Andro- 
meda,  opéra  sérieux  joué  au  théâtre  Saint- 
Charles,  de  Naples,  le  50  mai  1803;  la  Foresta 
di IVicolor,en  un  acte. Un  Opéra  italien  ayant 
été  établi  à  Amsterdam,  en  180G,  Trento  en 
fut  nommé  directeur  de  musique,  et  y  écrivit 
la  Donna  giudice,  opéra  bouffe,  et  le  Déluge, 
oratorio  qui  fut  exécuté  avec  pompe,  en  1808. 
Après  quelques  années  de  séjour  en  celte  ville, 
il  partit  pour  Lisbonne,  où  il  prit  aussi  la  di- 
rection de  la  musique  à  l'Opéra.  Il  y  donna, 
en  1815,  Tutto  per  inganno, opéra  bouffe  qui 
eut  du  succès.  De  retour  en  Italie,  il  écrivit  à 
Rome,  pendant  le  carnaval  de  1818,  l'Equi- 
voco  di  due  anelli,  et  /  Fratelli  Maccabei, 
joué  à  Rome  au  printemps  de  la  même  année. 
Au  carnaval  de  1819,  il  donna  à  la  Fenice  de 
Venise  l'opéra  bouffe  Quanti  casi  in  un  sol 
giorno,  ossia  gli  Assasini,  considéré  à  juste 
titre  comme  la  meilleure  production  de  cet 
artiste,  et  suivi,  dans  la  même  année,  au  même 
théâtre,  d'/i  principe  délia  nuova  China. 
Après  Le  nuove  Amazone,  opéra  joué  à  Rome, 
au  mois  de  février  1821,  Trento  fut  rappelé 
à  Lisbonne,  où  il  resta  pendant  trois  ans, 
chargé  de  la  direction  de  la  musique  de  l'O- 
péra. De  retour  en  Italie,  dans  l'été  de  1824, 
ri  écrivit  à  Bologne,  dans  la  même  année, 
Giulio  Sabino  in  Langres.  Après  cette  épo- 
que, il  disparait  du  monde  musical  :  il  était 
alors  âgé  de  fiô  ans. 

TI\ESTI  (Flaminio),  compositeur  de  musi- 
que sacrée,  né  à  Lodi,  en  1565,  a  publié  : 
Concentus  vespertini  G  vocum;  Milan,  1590, 
in-4".  2°  Motectx  4  vocum;  Francfort,  1610, 
in-4°.  Le  catalogue  de  la  Bibliothèque  musicale 
du  roi  de  Portugal,. Jean  IV, indique  aussi  sous 
son  nom  Missx  8  vocum,  lih.  I,  mais  sans 
date  ni  nom  de  ville. 

TREU  (Abadias),  professeur  de  mathéma- 
tiques à  Allorf,  naquit  à  Anspach,  le  22  juillet 
1597.  Après  avoir  fini  ses  études,  il  remplit 
les  fondions  de  prédicateur  en  plu  Si  en  rs  lieux, 
et  en  1C25,  il  obtint  la  place  de  recteur  de 


l'école  d'Anspacb;  mais  n'ayant  pu  rien 
loucher  de  son  traitement  pendant  trois  ans,  à 
cause  des  malheurs  de  la  guerre,  il  alla 
prendre  possession  de  la  place  de  professeur 
au  collège  d'Altorf,  en  1636,  et  occupa  cette 
position  jusqu'en  1G69,  époque  de  sa  mort.  Ce 
savant  a  laissé  parmi  ses  ouvrages  quelques 
dissertations  relatives  à  la  musique,  dont  voici 
les  litres  :  1°  Janitor  Lycei  musici,  inti- 
matio  et  epilome;  Rotenbourg,  1635.  Il  y  a 
une  deuxième  édition  de  cet  écrit  en  latin  et 
en  allemand,  intitulée  :  Lycei  musici  inti- 
malio  et  epitome,  oder  Kurzes  musikalisches 
Buchlein.  2°  Disputatio  de  natura  musicx, 
1645.  3°  Disputatio  de  causis  consonantiw } 
1643.  4°  Disputatio  de  natura  sont  et  au~ 
dilus,  1645.  Ces  ouvrages  sont  vraisemblable- 
ment imprimés  à  Altorf.  5°  Dissertatio  de 
divisione  monochordi  deducendisque  in  so- 
norum  concinnorum  speciebus  et  a/fectibus 
et  tandem  tota  praxi  compositionis  mu- 
siez, etc.;  Altorfi,  1662,  in-4°.  6°  Directo- 
rium  mathematicum ,  ad  cujus  duclum  et 
informationem  tota  Malhesis  et  omnes 
ejusdem  partes,  nominatif»  arithmelica, 
geometria,  astronomia,  geographia,  optica, 
harmonica,  mechanicu  methodice  doceri  et 
facile  disci  possunt  ;  Allorf,  1657,  in-4".  Le 
troisième  livre  contient  un  Compendium 
Harmonica;  sive  canonica?. 

TREU  (Danikl-Théopiule),  compositeur 
distingué,  naquit  en  1695,  à  Stuttgart,  où  son 
père  était  imprimeur  de  la  chancellerie.  Un 
ouvrier  de  l'imprimerie  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  musique;  plus  tard  il  étudia 
l'harmonie  et  le  contrepoint  sous  la  direction 
de  Cousser,  musicien  irlandais  qui  avait  le 
litre  de  mailre  de  chapelle  du  duc  de  Wurtem- 
berg. Dès  l'âge  de  douze  ans,  Treu  se  mit  à 
composer  une  immense  quantité  de  musique 
instrumentale  et  plusieurs  opéras.  Cependant 
il  atteignit  l'âge  de  vingt  et  un  ans  sans  avoir 
pu  donner  une  direction  déterminée  à  son  ta- 
lent; mais  la  fête  du  prince  lui  ayant  fourni 
l'occasion  de  se  faire  entendre  à  la  cour  dans 
un  solo  de  violon,  et  d'y  faire  exécuter  un 
morceau  de  sa  composition,  le  duc  de  Wur- 
temberg lui  fit  don  d'une  somme  d'argent 
assez  considérable  pour  qu'il  pût  se  rendre  à 
Venise  et  y  prendre  des  leçons  de  Vivaldi.  Il  y 
étudia  aussi  la  langue  italienne,  et,  protégé 
par  le  comte  de  la  Tour  et  Taxis,  il  écrivit, 
dit-on,  pour  les  théâtres  de  Venise  douze  opéras 
dont  on  n'a  pas  retenu  les  titres,  et  qui  ne 
figurent  pas  dans  le  tableau  que  nous  possé- 
dons des  ouvrages  représentés  dans  celte  ville. 


TREU  -  TRIAL 


Q?iK 


Matlheson  assure  aussi  que  la  place  de  direc- 
teur du  lliéâlre  de  Sant'  Angelo  lui  fut  offerte 
à  Venise,  mais  qu'il  préféra  suivre,  avec  le  même 
titre,  une  société  de  chanteurs  italiens  qui 
allait  s'établir  à  Breslau,  et,  pendant  les  années 
1725,  1726  et  1727,  il  fit  représenter  sur  le 
théâtre  de  cette  ville  quatre  opéras  de  sa  com- 
position, savoir  :  Astarte,  Coriolano,  Ulisse 
e  Telemacco,  et  Don  Chisciotte.  En  1740,  on 
considérait  encore  ces  ouvrages  comme  les 
meilleurs  qu'on  eût  entendus  au  théâtre  de 
Breslau.  Appelé  à  Prague,  en  1727,  Treu  y 
dirigea  les  chapelles  de  plusieurs  grands  sei- 
gneurs. En  1740,  il  était  au  service  du  comte 
de  Schaffgolsch,  à  Hirschberg.  Ce  renseigne- 
ment est  le  dernier  qu'on  a  sur  la  vie  de  cet 
artiste  et  sur  ses  travaux.  Outre  les  ouvrages 
cités  précédemment,  Treu  a  laissé  en  manu- 
scrit deux  traités  de  musique  en  languelatine. 
Le  premier  est  une  sorte  de  traité  mystique  de 
la  musique  intitulé  :  Palatium  harmonicum, 
constans  tribus  portis  vel  divisionibus,  etc. 
Ce  palais  harmonique  renferme  trois  cham- 
bres, qui  sont  autant  dedivisions  de  l'ouvrage. 
L'autre  livre  est  un  Traité  de  musique  spécu- 
lative intitulé  :  Tractatus  in  musica  univer- 
sali.  Il  est  divisé  en  deux  parties,  et  chacune 
de  celles-ci  en  deux  tomes.  Matlheson,  qui 
cite  ces  ouvrages  (musik.  Ehrenpf.,  pp.  579 
et  580),  n'indique  pas  où  ils  se  trouvaient  de 
son  temps. 

TREUBLUTH  (Jean-Frédéric),  facteur 
d'orgues  et  de  pianos  de  la  cour  de  Saxe,  na- 
quit le  29  mai  1739,  à  Weiksdorf,  dans  la  Lu- 
sace  supérieure.  Fils  d'un  notaire  de  cette 
ville,  il  montra  peu  de  goût  pour  les  études 
littéraires,  et  fit  voir  de  si  heureuses  disposi- 
tions pour  la  mécanique  et  la  facture  des  in- 
struments, que  son  père  le  plaça,  en  1754,  chez 
Tamitius,  habile  facteur  d'orgues  à  Zittau.  Les 
progrès  de  Treubluth  furent  si  rapides,  que 
lorsque  Ilildebrand  fut  appelé  à  Hambourg,  en 
1760,  pour  y  construire  l'orgue  de  Saint-Michel, 
considéré  comme  son  chef-d'œuvre,  il  se  fit 
aider  par  lui.  Ce  fut  aussi  Treubluth  qui  ter- 
mina les  travaux  de  ce  grand  facteur  à  Dresde 
et  qui  lui  succéda  après  sa  mort.  Treubluth  se 
distingua  par  la  construction  des  harmonicas  à 
clavier,  et  par  une  invention  mécanique  pour 
le  maintien  de  l'accord  du  piano. 

TRIAL  (Jean-Claude),  compositeur,  né  à 
Avignon,  le  13  décembre  1732,  apprit  les  élé- 
ments de  la  musique  dans  la  maîtrise  de  la 
cathédrale  de  cette  ville,  et  prit  ensuite  des 
leçons  de  violon.  Admis  à  l'orchestre  du  concert 
d'Avignon,  il    quitta    ensuite   cette   position 


pour  aller  à  Montpellier,  où  il  devint  élève  de 
Garnier  pour  son  instrument.  Il  écrivit  alors 
des  motets  et  des  morceaux  de  violon  où  l'on 
apercevait  d'heureuses  dispositions.  Le  désir 
de  connaître  Rameau  l'ayant  amené  à  Paris,  il 
y  trouva  des  moyens  d'existence  dans  la  place 
de  premier  violon  de  l'Opéra-Comique  et  s'y  fit 
connaître  par  quelques  ouvertures  qui  eurent 
du  succès.  Dans  le  même  temps,  il  entra  chez 
le  prince  deConti,  en  qualité  de  second  vio- 
lon ;  mais  bientôt  ce  prince  lui  confia  la  place 
de  chef  de  son  orchestre.  La  protection  dont 
ce  prince,  ami  des  arts  et  des  artistes,  hono- 
rait Trial,  valut  à  celui-ci  sa  nomination  de 
directeur  de  l'Opéra  ,  conjointement  avec 
Berlon,  en  1767.  Il  mourut  subitement,  le 
23  juin  1771,  à  l'âge  de  trente-neuf  ans.  Les 
premières  productions  de  Trial  furent  des  ou- 
vertures pour  l'Opéra-Comique,  des  morceaux 
de  musique  instrumentale,  et  des  cantates 
pour  les  concerts  du  prince  deConti.  Il  a  donné 
à  l'Opéra  :  1°  Sylvie,  en  trois  actes  (1765);  la 
musique  du  troisième  acte  est  de  Berlon. 
2°  Théonis,  avec  Berlon  et  Garnier,  en  1767. 
5°  La  Fête  de  Flore,  en  1771.  A  la  Comédie 
italienne,  il  a  faitreprésenler.EsopeàCi/fAère, 
en  1766. 

TRIAL  (Antoine),  frère  du  précédent  et 
acteur  du  théâtre  d'opéra-comique  appelé  la 
Comédie  italienne,  naquit  à  Avignon,  en 
1736,  et  fut  d'abord  enfant  de  chœur  à  l'église 
cathédrale  de  sa  ville  natale.  Après  avoir 
chanté  sur  plusieurs  théâtres  de  province,  il 
se  rendit  à  Paris,  en  1764,  etdébuta  au  lliéâlre 
italien,  le  4  juillet  de  la  même  année,  par  le 
rôle  de  Bastien,  dans  le  Sorcier,  de  Philidor. 
Bon  musicien,  acteur  intelligent  et  plein  de 
finesse,  il  sut  faire  oublier  les  défauts  de  sa 
voix  grêle  et  nasillarde,  et  créa  en  France,  aux 
applaudissements  du  public,  l'emploi  de 
chanteurs  sans  voix  auquel  il  a  donné  son  nom, 
dans  l'opéra-comique.  Cet  emploi,  qui  appar- 
tient au  ténor,  a  été  conservé  dans  presque 
toutes  les  pièces  de  ce  genre  de  spectacle,  pen- 
dant plus  de  soixante  ans.  Dans  sa  carrière 
dramatique,  dont  la  durée  fut  de  trente  ans, 
Trial  joua  avec  succès  le  Grand-Cousin,  dans 
le  Déserteur;  Ali,  dans  Zémire  et  Azor; 
Crispin,  dans  la  Mélomanie;  André,  dans 
l'Épreuve  villageoise;  Thomas,  dans  Alexis 
et  Justine,  etc.  On  prétend  que  le  désir  de 
conserver  la  faveur  populaire  le  jeta  dans  les 
opinions  exagérées  des  révolutionnaires,  en 
1793,  et  l'entraîna  à  partager  les  excès  de 
celte  déplorable  époque.  A  la  réaction  qui  sui- 
vit le  9  thermidor,  on  l'obligea  à  se  mettre  à 


256 


TRIAL  -  TRIEBENSÉE 


genoux  sur  la  scène  cl  à  chanter  le  Réveil  du 
peuple,  au  bruit  des  sifflets  et  des  insultes  du 
parterre.  Le  lendemain  de  celte  scène  scanda- 
leuse, Trial,  qui  avait  le  litre  d'officier  muni- 
cipal, chargé  des  actes  de  l'état  civil  de  son 
arrondissement,  se  présenta  pour  remplir  ses 
fonctions;  mais  repoussé  comme  indigne  de 
prononcer  l'union  conjugale,  il  rentra  chez  lui 
désespéré,  n'en  sortit  plus,  et  finit  par  prendre 
«lu  poison  qui  lui  donna  la  mort,  le  5  février 
1795,  à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans. 

TRIAL  (Marie-Jeanne  MILOIV,  femme 
«I'Antoine),  naquit  à  Paris,  le  1er  août  1740, 
et  déhula  au  théâtre  italien,  le  15  janvier  17C0, 
sous  le  nom  «le  mademoiselle  Mandeville,  par 
les  rôles  ùc.Perrette,  dans  les  Deux  Chasseurs, 
et  de  Lauretle ,  dans  le  Peintre  amoureux. 
Douée  d'une  voix  légère,  étendue,  et  d'une  vo- 
calisation naturelle  et  facile,  elle  inspira  aux 
compositeurs  de  son  temps  ridée  des  grands  a  trs 
appelés  à  roulades,  et  brilla  par  ce  talent  dans 
les  rôles  de  la  Rosière  de  Salenci,  de  la  Belle 
Arsène,  de  Lucetle  dans  la  Fausse  magie,  et 
de  Léonore  dans  l'amant  jaloux.  Sa  mauvaise 
santé  l'obligea  à  prendre  sa  retraite  en  1786; 
cependant  elle  ne  cessa  de  vivre  que  trente- 
deux  ans  après,  le  13  février  1818. 

TIUAL  (Armand-Emmanuel),  fils  des  pré- 
cédents, naquit  à  Paris,  le  1lT  mars  1771. 
Doué  d'heureusesdisposilions  pour  la  musique, 
il  se  livra  fort  jeune  à  la  composition,  et  fit 
représentera  l'âge  de  dix-sept  ans,  au  théâtre 
Favart,  l'opéra-comiquc  intitulé  :  Julien  et 
Colette,  ou  la  Milice,  en  1788.  En  1791,  il 
donna  Adélaïde  et  Mirval,  et  en  1792,  les 
Deux  petits  aveugles.  En  1793,  il  fit  jouer  au 
même  théâtre  Cécile  et  Julien,  ou  te  Siège  de 
Lille,  et  l'année  suivante,  les  Causes  et  les 
Effets,  pièce  de  circonstance  qui  ne  réussit  pas. 
Il  avait  obtenu  en  1797  la  place  d'accompa- 
gnateur et  de  répétiteur  au  piano  du  théâtre 
Lyrique.  Sage  et  rangé  dans  sa  jeunesse,  Trial 
changea  de  conduite  en  avançant  en  âge,  et 
finit  par  se  livrer  à  des  débauches  qui  causèrent 
sa  mort,  le  9  septembre  180-3.  Il  avait  épousé 
Jeanne  Rigoney  Méon,  actrice  du  théâtre  Fa- 
vart qui,  fatiguée  des  mauvais  traitements  de 
son  mari,  s'engagea  dans  une  troupe  de  comé- 
diens pour  les  colonies,  et  mourut  à  la  Guade- 
loupe. 

THÏCARTCO  (Josr.ru),  compositeur  ita- 
lien, né  à  Manlouc,  dans  la  première  moitié  du 
dix-septième  siècle,  a  fait  représenter,  en 
1002,  la  Generosità  d'Alessandro,  à  Vienne, 
et  en  1005,  à  Ferrare,  l'Endimione. 

TRICKLIR  (Juan),  violoncelliste  distin- 


gué, naquit  à  Dijon,  en  1750.  Destiné  à  l'étal 
ecclésiastique,  il  entra  fort  jeune  au  séminaire 
de  cette  ville;  mais  ayant  acquis  de  l'habileté 
sur  le  violoncelle,  il  prit  un  goût  passionné 
pour  la  musique,  et  dès  l'âge  de  quinze  ans, 
il  renonça  à  cet  état  et  se  voua  uniquement  à 
l'élude  de  l'art.  Le  désir  de  perfectionner  son 
talent  l'ayant  conduit  à  Manheim,  où  vivaient 
alors  quelques  artistes  de  mérite,  il  y  passa 
dois  années,  occupé  d'études  sérieuses,  puis 
voyagea  en  Italie.  De  retour  en  Allemagne,  au 
mois  de  mars  1783,  il  entra  au  service  de 
l'électeur  de  Saxe,  et  vécut  à  Dresde.  Il  y  mou- 
rut le  29  novembre  1813.  Tricklir  a  eu,  vers  la 
lin  du  dix-huitième  siècle,  la  réputation  d'un 
des  premiers  violoncellistes  de  son  temps.  Il  a 
l'ait  graver  de  sa  composition  :  1°  Concertos 
pour violoncellect  orchestre,  n°s  1,2,3,  4,5,0, 
7,  Paris,  Sieber.  2°  Six  sonates  pour  violoncelle 
et  basse,  ibid.  On  attribue  à  cet  artiste  l'in- 
vention d'un  Itlicrocosme  musical,  destiné  à 
conserver  l'accord  des  instruments  à  cordes 
pendant,  les  changements  de  température  ; 
mais  ce  procédé,  qui  n'atteignait  pas  vrai- 
semblablement son  but,  n'a  poinl  eu  de 
succès. 

TR1EBEL  (J.-N.),  professeur  de  musique 
à  Schnepfenthal,  vers  la  fin  du  dix  huitième 
siècle,  a  laissé  île  sa  composition,  en  manus- 
crit :  1°  Une  année  entière  de  musique  d'église 
pour  les  dimanches  et  fêtes.  2°  En  drame  de  la 
Passion.  3"  Vingt-quatre  chœurs  pour  les 
leçons  de  la  Passion.  4°  Soixante  et  onze  mor- 
ceaux «l'église  pour  les  principales  fêtes  de 
l'année.  5°  Concerto  pour  la  viole  avec  or- 
chestre. 

TRIEBE:\SÉE  (Joseph),  virtuose  sur  le 
hautbois,  naquit  à  Vienne  vers  1700.  Fils  d'un 
hautboïste  du  théâtre  national,  il  recul  de  son 
père  «les  leçons  pour  son  instrument,  el  apprit 
d'Albrechtsberger  les  principes  de  l'harmonie 
et  du  contrepoint.  En  1790,  le  prince  de 
Licbtenstein  lui  confia  la  direction  «lésa  mu- 
sique, el  s'en  fit  accompagner  dans  ses  voyages. 
Triebensée  vécut  longtemps  chez  ce  prince,  à 
Felsberg.  On  ignore  quelle  a  été  la  fin  de  sa 
carrière.  Les  compositions  de  cet  artiste  sont  : 
1°  Der  rothe  Geist  in  Donnergebirge  (l'Es- 
prit ronge  dans  la  montagne  du  Tonnerre), 
opéra  représenté  en  1799,  au  théâtre  Schika- 
neder ,  composé  en  société  avec  Seyfried. 
2°  Concerto  pour  hautbois,  exécuté  par  l'au- 
teur dans  un  concert  an  théâtre  national  de 
Vienne,  en  1795.  3°  Trois  quatuors  pour  haut- 
bois, violon,  alto  et  basse.  4°  Grand  quintette 
pour  piano,  clarinette,  cor  anglais,  cor  de  bas- 


TRIEBKNSÉE  —  TRIPPENBACH 


$57 


selle  et  basson,  Vienne,  Haslinger.  5°  Deux 
qnintetti  pour  piano,  hautbois,  violon,  alto  et 
basse. G°Six  variations  sur  un  air  tyrolien  pour 
piano,  hautbois  et  guitare;  Vienne,  Diabelli. 
7°  Grande  sonate  pour  piano  et  hautbois  ou 
violon,  Vienne,  Haslinger.  8°  Douze  variations 
pour  piano,  ibid.  J'ignore  si  le  chef  d'orchestre 
Triebensée,  qui  remplissait  encore  ses  fonc- 
tions au  théâtre  de  Prague  en  1830,  et  qui 
avait  fait  représenter,  en  1832,  un  opéra  inti- 
tulé Die  Wilde  Jagd  (la  Chasse),  est  le  même 
artiste  :  il  aurait  été  âgé  de  soixante-douze  à 
soixante-seize  ans;  mais  il  est  plus  vraisem- 
blable qu'il  était  fils  de  Joseph,  car  sa  femme 
était,  dans  le  même  temps,  cantatrice  au 
théâtre  de  Prague. 

TR.IERERT  (Chaiu.es -Louis),  hautboïste 
et  fadeur  d'instruments  à  Vent,  né  â  Paris  le 
51  octobre  1810,  fut  admis  au  Conservatoire  de 
celte  ville,  le  6  novembre  182G,  et  y  fut  élève 
de  Vogl  pour  le  hautbois.  Le  premier  prix  de 
cet  instrument  lui  fut  décerné  au  concours  de 
1829.  Il  quitta  celte  école  au  mois  d'août  de 
l'année  suivante.  Cultivant  d'abord  son  instru- 
ment comme  artiste, M.  Triebertse  fil  entendre 
dans  les  concerts,  et  publia  une  Fantaisie  avec 
variations  pour  hautbois  et  piano  sur  un 
thème  de  Norma,  Paris,  Richaull;  mais,  fils 
d'un  facteur  d'instruments  à  vent,  et  ayant 
travaillé  lui-même  dans  l'atelier  de  son  père, 
il  s'occupa  spécialement  du  perfectionnement 
du  hautbois,  et  finit  par  abandonner  l'exercice 
de  son  talent  pour  se  livrer  sans  réserve  à  la 
fabrication  et  à  l'amélioration  de  tous  les  in- 
struments qui  composent  la  famille  du  haut- 
bois, tels  que  le  cor  anglais,  le  baryton  et  le 
basson,  en  y  appliquant  le  système  de  propor- 
tions et  de  mécanisme  de  doigté  et  de  clefs 
imaginé  par  liœhm.  Son  intelligence  et  ses 
soins  minutieux  dans  la  fabrication  de  ces  in- 
strument sont  arrivés  aux  plus  heureux  résul- 
tats, ainsi  que  je  l'ai  démontré  dans  mon 
Rapport  sur  les  instruments  de  musique  mis 
à  l'exposition  universelle  de  Paris,  en  1855(1). 
Entre  ses  mains,  la  construction  des  hauibois 
de  différentes  espèces,  du  cor  anglais,  du  ba- 
ryton et  du  basson,  a  été  complètement  modi- 
fiée et  ramenée  à  une  théorie  normale.  Ses 
instruments  sont  recherchés  à  l'étranger 
comme  en  France.  Une  médaille  d'honneur  a 
été  décernée  à  M.  Triebert  par  le  jury  de  l'ex- 
position universelle  de  1855. 

(I)  Voyez  mon  rapport  sur  les  instruments  de  M.  Trie- 
bert, t.  Il  ,p.  COO-003,  de  l'édition  officielle  des  rapports 
sur  l'Exposition  universelle  de  18'Jj,  et  pages  0-9du  tiré 
à  part. 

BIOGR.   UNIV.   DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


TRIE.WER  (Jean-Sebalde),  violoncelliste 
et  compositeur,  naquit  à  Weimar,  dans  les 
premières  années  du  dix-huitième  siècle. 
Eylenstein,  valet  de  chambre  et  musicien  du 
due  de  Weimar,  fut  son  maître  de  musique  et 
«le  violoncelle,  et  le  vieux  Erbach  lui  donna 
quelques  leçons  décomposition.  Parvenu  à  un 
certain  degré  d'habileté,  il  voyagea  en  Alle- 
magne, s'arrêta  quelque  temps  à  Hambourg, 
où  il  eut  une  place  à  l'orchestre  du  théâtre,  en 
1725.  Deux  ans  après,  il  se  rendit  à  Paris  pour 
y  étudier  la  composition  sous  Boismortier.  Ses 
éludes  terminées,  il  quitta  la  France  en  1729, 
parcourut  la  Hollande  et  s'établit  à  Alkmaar; 
mais  quelques  années  après  il  abandonna  celle 
ville  pour  aller  se  fixer  à  Amslerdam.  Il  y  mou- 
rut en  17G2.  On  a  gravé  de  sa  composition  six 
sonates  pour  violoncelle  avec  basse  continue, 
à  Amsterdam,  en  1741. 

TRIER  (Jean),  organiste  excellent,  né  à 
Themar,  dans  le  duché  de  Saxe-Golha,  vécut 
à  Ziltau  vers  17G0.  Il  mourut  dans  celte  ville 
en  1789,  laissant  en  manuscrit  deux  années 
entières  de  musique  d'église,  des  cantates,  des 
polonaises  pou  rie  clavecin  et  des  pièces  d'orgue. 

TllIEST  ( ),  prédicateur  à  Stettin,  dans 

les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle, 
a  publié,  dans  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick,  quelques  articles  où  l'on  remarque  du 
mérite.  Ces  morceaux  ont  pour  titres  :  1°  Idées 
d'une  explication  métaphysique  de  la  mesure 
musicale  (t.  III,  p.  5).  2°  Remarques  sur  la 
culture  de  musique  en  Allemagne  pendant  le 
dix-huitième  siècle  (t.  III,  p.  225,  241,  257, 
273,  297,  321,  569,  389,  405,  421  et  437)'. 
3°  Sur  les  virtuoses  voyageurs  (4e  année, 
p.  73G,  753  et  769). 

TRILLE-LABARRE.  V .  LABARRE. 

TRILLO  (Camille),  pseudonyme.  Voyez 
SUIRE  (Robert-Martin  LE). 

TRINCIAVELLI  (Jacopo),  compositeur, 
né  vers  la  fin  du  seizième  siècle  à  Buggiano 
di  Valdimievola,  en  Toscane,  se  rendit  jeune 
à  Rome,  où  il  fit  ses  études  musicales.  Il  fut 
chantre  de  Saint-Jean-de-Lalran  vers  1620. 
On  a  publié  de  sa  composition  :  Musiche  spi- 
rituali  a  5  voci\  in  Roma,  per  Luca  Antonio 
Soldi,  1620,  in-4°. 

TRIPPENBACH  (Martin),  récollet  du 
couvent  de  Coblence  et  organiste,  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huitième  siècle,  a  fait  imprimer  à 
Nuremberg,  en  1740,  un  recueil  de  pièces  desa 
composition  pour  le  clavecin,  sous  ce  titre  : 
Musikalisches  Vergnûgen  nach  dem  Gesch- 
mack  jetziger  Zeiten,  bestehend  in  III  hla- 
vier-Parthien. 

17 


258 


TRIT0N1US  —  TRITTO 


TRITOIMUS  (Piemie),  musicien,  dont  le 
nom  allemand  était  peut-être  Olivenbaum, 
vécut  à  Augsbourg  dans  les  premières  années 
du  seizième  siècle.  Il  n'est  connu  que  par  un 
ouvrage  sorti  des  presses  d'Erhard  Oglin 
(voyez  Oglin)  et  dont  les  exemplaires  sont 
aujourd'hui  d'une  rareté  excessive.  Ce  vo- 
lume a  pour  titre  :  flfelopoiâ?  sen  har  maniai 
fetracenticcB  super  XXII  gênera  carminum 
heroicor.  elegiacor.  lyricor.  et  ecclesiaslicor. 
hymnor.  per  Pet.  Tritanium  et  altos  doctos 
sodalilatis  literarLr  nostrae  Musicos  secun- 
ilum  naturas  et  tempora  syllabarum  et  pe- 
fhim  compositi  et  regulati,  ductu  Chunradi 
Celtis  fœficiter  impressa.  Impressum  Au- 
giista  findelicorum,  ingcnio  et  industriel 
Erhardi  Oglin,  1;î07,  in-lol.  Bien  que  le  titre 
indique  que  Trilonius  eut  des  collaborateurs 
musiciens  pour  cet  ouvrage,  rien  ne  fait  voir, 
dans  le  volume,  quelle  a  été  leur  part  de  tra- 
vail. La  musique  de  chacune  des  vingt-deux 
pièces  de  vers  est  à  quatre  voix  imprimées 
ni  regard-.  Une  partie  île  ces  vers,  donnés 
comme  exemples,  sont  tirés  des  poésies  d'Ho- 
race. Trilonius  n'emploie  dans  cette  musique 
•que  deux  valeurs  de  notes,  répondant  aux 
longues  et  aux  brèves  de  la  quantité  lyrique, 
cl  toutes  ses  mesuras,  sauf  un  senl  exemple, 
■sontà  temps  binaires.  Use  conforme  aux  règles 
de  la  prosodie,  et,  par  une  conséquence  inévi- 
table, il  sacrifie  le  rhythme  musical. 

TRITTO  (Jacques)  ou  TRITTA,  com- 
positeur distingué,  naquit  en  1732,  à  Alta- 
mura,  dans  la  province  de  Bari,  au  royaume 
de  Naples.  A  l'âge  de  onze  ans,  il  fut  conduit  à 
Naples  par  son  parent. Tean  Tritto,  prêtre,  qui 
le  fit  entrer  au  Conservatoire  de  la  Pietà  de' 
Turcliini.  Un  goûl  prononcé  pour  le  violon- 
celle lui  fit  commencer  sa  carrière  musicale 
par  l'étude  de  cet  instrument;  puis  il  reçut  des 
leçons  d'harmonie  et  de  contrepoint  de  Cafaro, 
alors  professeur  au  Conservatoire.  Bientôt 
■élevé  au  poste  de  répétiteur  ou  de  primo 
maèstrino,  il  remplaça  son  maître  Cafaro 
comme  instituteur  au  Conservatoire  et  comme 
directeur  de  musique  au  théâtre  royal  de 
Saint -Charles.  Après  la  mort  de  Cafaro, 
Tritto  semblait  destiné  à  remplir  ces  emplois 
en  litre,  mais  Paisiello.  récemment  revenu  de 
Russie,  les  obtint.  Tritto  se  livra  alors  à  la 
composition  pour  les  églises  de  Naples  et  pour 
les  principaux  théâtres  de  l'Italie.  En  1779,  i!  : 
reçut  sa  nomination  de  maître  d'harmonie  et 
d'accompagnement  au  Conservatoire  de  la 
Pietà,  et  l'emploi  de  professeur  de  contrepoint 
et  de  composition  lui  fut  donné  après  la  mort- 


de  Sala  (voy.  ce  nom).  Parmi  ses  élèves,  on  re- 
marque son  fils,  Farinelli,  Paganini  (compo- 
siteur dramatique),  Sponlini,  Raimondi,  Or- 
landi,  Manfroce ,  Conti  et  quelques  autres 
artistes  connus.  Le  roi  Ferdinand  nomma 
Tritto  maître  de  la  musique  de  sa  chambre  et 
de  la  chapelle  royale,  et  le  vieux  maître  con- 
serva cet  emploi  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Il 
mourut  à  Naples,  le  17  septembre  1824,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-douze  ans.  Ses  meilleures  com- 
positions sont  : 

Opkius  :  1°  Il  Principe  riconosciulo,  farce, 
au  théâtre  Nuovoàe  Naples,  178C.  2"  La  Ma- 
rinella,  idem,   1780.  5°  La  Belinda,  idem, 
1781.   A"  La  f'iaggiatrice  di  spirilo,  opéra, 
idem,  1781.  5"  Don  Procopio,  idem,   1782. 
C>"'LaScuoladegli  amanli,  idem,  1782.7?// 
Cortesiano  fanatico,  idem,  1783.  8°  Li  due 
Gemelli,  au  théâtre  desFiorentini,  1783.  9°  Il 
Convitato  di  pietra,  idem,  1783.  1 0°  La  Scuf- 
fiara.  idem,   1784.  11°  La  Sposa  stramba, 
au  théâtre  du  Fondo,  1784.  12"  La  Sposa  bi- 
zarra,  au  théâtre  / 'aile,  à  Rome,  1784.  13"Zo 
Scaltro  Avvenluriere,  au  théâtre  des  Fioren- 
tinif  à  Xaples,  178o.  14°  Arlenice,  opéra  sé- 
rieux, au  théâtre  Saint-Charles,  1785.  15"  Le 
Astuzie  in  amore,  au  théâtre  iVuoi'O.  17815. 
10°  L' Imposture  smascheralo,   idem,  178G. 
17"  Arminio,  au  théâtre  Argcntina,  à  Rome, 
1780. 18° La  Scaltra  Avventuriera,  au  théâtre 
i\es  Fiorenlini,  à  Naples,  1786.  19°  Le  Gelosie, 
au  théâtre  l'aile,  à  Rome,  1786.  20°  /  liaggiri 
scoperli,  idem,  1786.    21°  La  Prova  reci- 
proea,  aux  Fiorentini,  à  Naples,  1787.  22"  Le 
Trame  spiritose,  au  théâtre  Nuovo,  1787. 
23°  Il    Barone  in  anguslie ,   idem,    1788. 
24"  Il  Giocalore  forlunato,   idem,    1788. 
25°  La  Bella  Selvaggia,  au  théâtre  Faite,  à 
Rome,  1788.  26°  Li  Finti  Padroni ,  idem, 
1789.   27°   La  Molinarella  ,  au   théâtre  du 
Fondo,  à  Naples,  1789.  28°  La  l'irgine  del 
Sole,  idem,  1790.  29°  Le  Nuzze  in  Garbuglia, 
au  théâtre  IVuovo,  1790.  30°  La  Canterina, 
au    théâtre    l'aile,   à    Rome,    1790.   "1°  Gli 
Amanti  in  puntiglio,  au  théâtre  Nuovo,  à 
Naples,  1791.   52°    L'Inganno  forlunato, 
idem,  1791.  33"  L'Fquivoco,  au  Fondo,  1792. 
34"  La  Donna  sensibile,  idem,  1792.  35°  77 
Dising/inno,  canlalc  à  deux  voix  et  chœurs, 
1792.  36°  //  Tempio  deW  Eternità,  cantate 
avec  chœurs,  1793.  37° La  Fidellà  tra  le  selve, 
à  Venise,  en  1795.  38°  Apelle  e  Campaspe,  à 
Milan,  1796.  39°  Nicaboro,  au  théâtre  Saint- 
Charles,  à  Naples,  1798.  40°  Ginevra  di  Sco- 
zia,  idem,  1800.  41°  Li  Malrimonii  contras- 
tait, au  théâtre  L'aile,  à  Rome,  1800.  42"// 


TRITTO  -  TROJANO 


259 


Trionfo  délia  Gloria,  canlate  dramatique,  au 
théâtre  Saint-Charles,  13  août  1801.  43"  Gli 
Americani .  idem,  4  novembre  1802.  44"  I/O- 
maggio  pastorale,  idem.  1805.  45°  Albino  in 
Siria,  idem,  1810. 

Musique  d'église  :   1°  Messe  à   huit  voix 
réelles,  avec  deux  orchestres.  2°  Trois  messes 
solennelles  à  quatre  voix  et  orchestre.  5°  Trois 
messes  brèves,  idem.  4°  Messe  pastorale,  idem. 
5°  Messe  de  Requiem  à  quatre  voix  et  orchestre. 
6° Dixitl\  cinq  voix  sur  le  plain-chant.  7°  Cinq 
autres  Dixit,  grands  et  petits.  8"  Credo  solen- 
nel à  cinq  voix.  9°  Deux  autres  Credo  brefs  à 
quatre  voix.  10°  Douze  motels  à  quatre  et  cinq 
voix.  11°   Deux   Magnificat   à   quatre   voix. 
12°  Confilebor  à  cinq  voix.  13°  Beatus  vir  à 
quatre  voix  et  orchestre.  14.  Beatus  vir  à  cinq 
voix.  15°  Laudale  à  cinq  voix.  16°  Te  Deum 
solennel  à  cinq  voix  et  orchestre.  17°  Te  Deum 
bref  à  quatre  voix.  18°  Cinq  Salve  Regina  à 
trois,  quatre  et  cinq  voix.  19°  Zauda  Sion  à 
quatre  voix.    20°  Passion,  d'après  saint  Mat- 
thieu, avec  orchestre. 21°Passion,  d'après  saint 
Jean,  idem.  22°  Deux  graduels  avec  chœurs. 
23° Pange  lingua  à  deux  et  à  quatre  voix,  avec 
plusieurs  Tantum  ergo  pour  solo  et  chœur. 
24"    Miserere  à    quatre    voix   et   orchestre. 
25°  Benediclus ,  idem.  Une   partie  de  cette 
musique  se  trouve  dans   la  bibliothèque  du 
Conservatoire,  à  Naples. 

Tritto  a  écrit  pour  l'enseignement  au  Con- 
servatoire de  Naples  un  recueil  de  basses  chif- 
frées qui  a  été  publié  sous  ce  titre  :  Parlimenli 
e  regole  gênerait  per  conoscere  quai  numerica 
dar  si  deve  ai  vari  movimenti  del  basso , 
Milano,  per  Ferdinahdo  Arlaria,  1821,  in-fol. 
de  soixante-quatre  pages.  On  a  aussi  de  lui 
des  principes  de  contrepoint  intitulés  :  Scuola 
di  contrappunto ,  ossia  Teoria  musicale, 
ibid.,  1823,  in-fol.  de  cinquante-deux  pages. 
TRITTO  (Dominique),  fils  du  précédent, 
naquit  àNaples,en  1781, et  fit  ses  études  musi- 
cales sous  la  direction  de  son  père  II  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur  dramatique  par 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Zelinda  e  Rodrigo, 
op.  semi-seria,  en  deux  actes.  2°  La  Parola 
d'onore,  en  un  acte,  au  théâtre  du  Fondo,  le 
27  septembre  1815.  3°  Il  Trionfo  di  Tra- 
jano,  op.  séria,  en  trois  actes,  au  théâtre 
Saint-Charles,  le  30  mai  1818.  Je  n'ai  pu  re- 
cueillir d'autres  renseignements  surcet  artiste. 
TRlMiA  (1)  (Wenceslas-Jean),  composi- 
teur, né  en  Bohême,  fut  secrétaire  du  comte  de 
Hayos,  à  Vienne,  vers  1825.  Il  a  publié  pour 

(1)  Ce  nom  se  prononce  Trenka,  en  langue  bohème, 
tuais  en  faisant  sentir  \'e  aussi  peu  que  possible. 


le  piano  :  1°  Marche  funèbre  d'Alexandre  Ier,  à 
quatre  mains;  Vienne,  Weigl.  2°  Marche 
triomphale  à  l'occasion  du  rétablissement  de 
la  santé  de  l'empereur  François  Ier  d'Autriche 
(182G)  idem,  op.  14;  ibid.  3°  Trois  grandes 
marches  idem,  op.  16;  Vienne,  Leidesdorf. 
4°  Grande  marche  de  parade  du  régiment  de 
Giulay  idem,  op.  21;  ibid.  5"  Deux  grandes 
polonaises  pour  le  piano;  ibid.  G0  Plusieurs 
cahiers  de  danses  et  de  valses. 

TROESSLER  (Bernard),  musicien  alle- 
mand, fixé  à  Paris,  vers  1806,  est  mort  dans 
celte  ville,  en  1828.  Professeur  d'harmonie  et 
de  composition,  il  a  publié  pour  renseigne- 
ment les  ouvrages  suivants  :  1°  Traité  général 
et  raisonné  de  musique,  dédié  à  la  mémoire 
de  Gluck,  Haydn  et  Dussek;  Paris,  chez 
l'auteur,  1825,  in-4°  de  cent  trente  pages. 
2°  Traité  d'harmonie  et  de  modulation  selon 
les  six  mouvements  de  la  basse;  Paris,  Pleyel 
(sans  date),  in-fol.  gravé. 

TROFEO  (Roger),  mailre  de  chapelle  de 
l'église  de  la  Scala,  à  Milan,  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  a  publié  de  sa  composition  : 
1°Canzonette  a  sei  voci,  lib.  I;  in  Venelia, 
1589,  in-8°.  2°  Canzonelte a  Irecon  alcune 
di  Giovan  Domenico  Rognone;  in  Milano, 
1600. 

TROJANO  (Massimo),  musicien  napoli- 
tain, élail  au  service  de  l'électeur  de  Bavière, 
dans  la  chapelle  dirigée  parOrland  de  Lassus, 
en  1568,  lorsqu'il  publia  chez  Adam  Berg,  à 
Munich,  in-4",  un  recueil  intitulé  :  Discorsi 
di  triomfi,  giostre,  apparaît,  e  délie  cose  più 
notabile  faite  nelle  Nozze  dell'  illustr.  et 
eccellent.  Signor  Duca  Guglielmo ,  etc.  Il 
promet  dans  la  préface  de  cet  ouvrage,  pour 
l'année  suivante,  le  quatrième  livre  de  ses  vil- 
lanelles  à  la  napolitaine,  ainsi  que  des  madri- 
gaux à  cinq  voix  réunis  à  quelques-uns  de 
Roland  de  Lassus  et  d'autres  musiciens.  Tro- 
jano  ne  figure  plus  dans  le  tableau  des  musi- 
ciens de  la  chapelle  de  Munich, en  1593,  publié 
par  Delmolte  dans  sa  Notice  biographique  sur 
Roland  Delaltre  (p.  29).  Je  ne  connais  de 
Massino  Trojano  que  11  terzo  libro  délie  sue 
Rime  e  Canzoni  alla  Napolitana  a  tre  voci 
colla  Battaglia  délia  Gatta,  e  la  Cornachia, 
et  una  Amascherata  alla  Turchesca  a  cinque 
voci,  et  una  Moresca  novamente  fatla;  Vi- 
negia,  Girolamo  Scotto,  1568,  petit  in-4° 
obi. 

TROJANO  (Jean),  maître  de  chapelle  de 
Sainle-Marie-Majeure,  à  Rome,  naquit  à  Todi, 
dans  les  Étals  de  l'Église.  Il  succéda  à  Annibal 
Slahile,  en  1596,  dans  la  direction  du  chœur 

17. 


260 


TROJANO  -  TROML1TZ 


«le  la  basilique  Libérienne  (Sainte-Marie- 
Majeurc),  cl  conserva  celle  place  jusqu'en  1 600, 
où  il  eul  pour  successeur  François  Soriano,  qui 
y  rentrait  pour  la  troisième  fois.  On  ignore  si 
ce  fut  par  son  décès  ou  par  un  changement 
de  position  que  Trojano  cessa  d'occuper  celle 
place.  Les  catalogues  des  grandes  bibliothèques 
n'indiquent  aucun  ouvrage  de  ce  maître,  et 
son  nom  ne  se  trouve  dans  aucun  des  grands 
recueils  de  motels  ou  de  madrigaux  de  divers 
ailleurs;  ce  qui  est  d'autant  moins  explicable, 
que  deux  fragments  de  ses  molels  conservés 
par  Kircher  dans  le  premier  volume  de  sa 
■Musurgia  universalis  (p.  601  et613),  comme 
des  modèles  d'expression  douloureuse  et 
plaintive,  sont  très-remarquables  pour  le 
temps  où  cet  artiste  a  vécu  :  ils  sonl  tous  deux 
à  six  voix. 

TROJANO  (Antoine),  en  latin  TRO- 
JATVUS,  n'est  mentionné  par  aucun  historien 
de  la  musique  ou  biographe;  il  n'est  connu 
que  par  le  molet  Jubilate  Deo  omnis  terra,  à 
quatre  voix,  qui  se  trouve  dans  le  troisième 
livre  de  la  collection  publiée  par  Tylman 
Susalo,  à  Anvers,  en  1547,  sous  le  litre  :  Sa- 
crarum  cantionum  quatuor  vocum,  vulgo 
Moteta  vacant,  ex  optimis  quibusque  hujus 
œtatis  musicis  selectarum  Liber  etc. 

TROïWRETA  (Antoine).  Le  catalogue  de 
la  bibliothèque  barberine  indique  sous  ce  nom 
(p.  479)  un  ouvrage  intitulé  :  Rerum  musica- 
lium  opusculum ;  Strasbourg,  1555,  in-fol.; 
mais  c'est  une  erreur  de  celui  qui  a  rédigé  ce 
catalogue,  car  le  livre  intitulé  Rerum  musi- 
carum  opusculum,  qui  a  été  imprimé  à  Stras- 
bourg, en  1535,  in-fol.,  est  de  JeanFroscb.  Il 
est  vraisemblable  que  ce  livre  s'est  trouvé  relié 
à  la  suite  de  quelque  autre  de  Tromhela,  au- 
teur de  plusieurs  traités  de  philosophie,  et  cela 
aura  induit  en  erreur  le  bibliothécaire.  Aucun 
bibliographe,  que  je  sache,  n'a  remarqué  cette 
bévue  littéraire. 

TROMBETTI  (Ascagne),  compositeur,  né 
à  Bologne,  vécut  à  Naples,  dans  la  seconde 
moitiédu  seizième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  trois 
livres  deÇanzuni  alla  napoletana  a  Ire  voci, 
Venise,  1572,  1577  et  1581.  On  connaît  aussi 
sous  son  nom  :  Musica  a  più  voci;  Bologne, 
Rossi,  1585,  in-4°. 

TROMBETTI  (Augustin),  célèbre  guita- 
riste bolonais,  né  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  a  fait  imprimer  :  Intavola- 
tura  di  sonate  novamenle  inventate  sopru  la 
chilarra  spagnuola,  libri  due;  Bologne, 
1059,  in-4". 

TROMBONCINO  (Uautiioloué),  compo- 


siteur de  Frottole  (sorte  de  chants  vénitiens 
autrefois  en  usage),  naquit  à  Vérone,  vers  le 
milieu  du  quinzième  siècle,  ou  un  peu  plus 
lard.  Conrad  Gesner  cite,  dans  ses  Pandcctes 
(fol.  84),  un  œuvre  sous  ce  titre  :  Frottole  di 
1)1  isscr  Barlholomeo  Tromboncino  con  lenori 
et  bassi  tabulait',  et  con  soprani  in  canto 
figurato ,   per  cantar  et  sonar  col  canto; 
f'eneliis   impresse  per   il  Petrucci.    Il    est 
vraisemblable  que  Gesner  a  commis  quelque 
erreur  dans  ce  litre  et  qu'il  a  confondu  cet 
ouvrage  supposé  avec  un   recueil  de  Frottole 
en   tablature  de  luth,  publié  par  le  luthiste 
Francesco,    surnommé    Bossinensis ,    parce 
qu'il  était  né  probablement  dans  la  partie  de 
la  Bosnie  (ou  Bossinie.  comme  on  disait  au- 
trefois), qui  avoisine  l'Adriatique.  Ce  recueil 
est  intitulé  :  Tenori  et  contrabussi  (1)  inta- 
bulati    col   sopran    in  canto   figurato   per 
çantare   et  sonare  col  lauto,   libro  primo. 
Francisci   Bossinensis    Opus  ;    impressutn 
f'eneliis  :  per  Octavianum  Pelrulium  Foro- 
semproniensem.  Die  27  Marti j  1509.   On  y 
trouve  vingt-neuf  frottole  de  Tromboncino, 
avec  d'autres  de  Philippe  deLuprano,de  Marco 
Cara  de  Vérone, d'Antoine  Gaspnro  deBrescia, 
et  d'autres  artistes  inconnus.   Les  neuf  livres 
de  Frottole    publiés  par  Petrucci   (voyez  ce 
nom),   depuis     1504    jusqu'en    1508,    con- 
tiennent toutes  des  pièces  de  ce  genre  com- 
posées  par  Tromboncino,  ainsi  que  le  qua- 
trième livre,  dont  le   titre   particulier   est  : 
Slrambotti,  Ode,  Frottole,  Sonctli,  et  modo 
de  cantar   versi   latini    e  capituli.    Libro 
quarto.  Le  second  livre  des  Lamentations  de 
Jérémie   (Lamenlationum   liber  secondus), 
publié  par  le  même   Octavien   Petrucci,    en 
1506,  contient  neuf  Lamentations  à  trois  jvoix 
et  un   Benedictus  de   Barlh.   Tromboncino, 
quatre  de  Gaspard  (van  Verbeeke),  aussi  à  Irois 
voix,  el  une  lamentation  avec  un  Benedictus 
d'Erasme  Lapicida. 

TROMLITZ  (Jean-Georces),  flûtiste, 
compositeur  pour  son  instrument,  et  fabricant 
de  flûtes,  naquit  à  Géra,  en  1720.  Il  vécut  à 
Leipsick,  s'y  livrant  particulièrement  à  l'en- 
seignement de  la  flûte  pour  les  élèves  de  l'uni- 
versité, ainsi  qu'à  la  fabrication  de  cet  instru- 
ment. Parvenu  à   l'âge  de  cinquante  ans,  il 

(I)  Le  mot  coiilraljasso,  par  lequel  on  désignait  une 
des  voix,  aux  quinzième  et  seizième  siècle,  n'a  pas  de 
rapport  avec  l'instrument  appelé  contrebasse  dans  I* 
musique  moderne:  il  indiquait  alors  un  ténor  grave, 
dont  la  portée  avoisinait  la  basse,  ou  qui  était  contre  la 
basse.  Voyez  a  ce  sujet  l'exemple  a  six  voix  du  XI.V  cha- 
pitre du  Rerum  musicarum  opusculum,  de  Jean  I'roscli 
ou  l'roscliius. 


TROMLITZ  —  TROST 


261 


cessa  de  se  faire  entendre  en  public,  à  cause 
de  la  faiblesse  de  sa  santé.  Tromlitz  mourut  à 
Leipsick,  au  mois  de  février  1805,  à  l'âge  de 
soixante-dix-neuf  ans.  Ciamer  cite,  dans  son 
Magasin  de  musique,  les  ouvrages  suivants 
composés  par  cet  artiste  :  1°  Six  pièces  pour  la 
flûte.  2°  Trois  concertos  pour  flûte,  deux  vio- 
lons, alto  et  basse.  3°  Deux  œuvres  de  sonates 
pour  clavecin  et  flûte.  Il  a  publié  une  collec- 
tion de  chansons  allemandes  avec  accompa- 
gnement de  clavecin;  Leipsick,  in-8°.  Tromlitz 
a  écrit  aussi  sur  son  instrument  :  Kurze  ab- 
handlung  von  Flœtenspielen  (Courte  disser- 
tation sur  la  manière  de  jouer  de  la  flûte); 
Leipsick,    Breitkopf,    1780,   in-4°   de    trente 
pages.  Celle  dissertation  prit  ensuite  de  grands 
développements   entre  ses   mains,    et   devint 
l'origine  de  l'ouvrage  qui  a  pour  titre:  Ans- 
fiihrlicher  nnd  griindlicher  Unterrichl  die 
Flœte  zn  spielcn  (Instruction  fondamentale  et 
détaillée  pour  apprendre  à  jouer  de  la  flûte); 
Leipsick,  Bœhme,  1791 ,    in-4°  de  trois    cent 
soixante-seize  pages  et  xxu  pages  de  préface. 
2°  Ueber  die  Flœlen  mit  mehrern  Klappen, 
deren  Anicendung  und  Nul  zen  (Sur  les  flûtes 
à  plusieurs  clefs,  leur  usage  et  leur  supériorité; 
publié  comme  deuxième  partie  de  ('instruction 
fondamentale,  etc  );  Leipsick,  Iiœbme,  1800, 
jn-4°de  cent  quarante  pages.  Tromlitz  a  publié 
aussi  des  articles  concernant  la  meilleure  qua- 
lité du  son  de  la  flûte  dans  la  deuxième  année 
de  la  Gazette  musicale  de  Leipsick  (p.  501  et 
510). 

TROMPEO  (BrNOrr),  docteur  en  méde- 
cine, né  en  Sardaigne,  et  vivant  à  Turin,  a 
publié  \\n  mémoire  sur  la  voix  humaine,  inti- 
tulé :  Memoria  sidla  voce  considerata  nel 
triplice  rapporta  psiologico-pratico  ;  Turin, 
Tomba,  1822,  in-8°  de  quarante-deux  pages. 

TROÏNCI  (Philippe  et  Antoine),  célèbres 
constructeurs  d'orgues  à  Pisloie,  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle,  ont  en 
pour  successeurs  Louis  et  Benoit,  fils  de  Phi- 
lippe. Benoit  vivait  et  travaillait  encore  en 
1812.  On  cite  avec  éloge  l'orgue  qu'il  a  fait 
pour  l'église  du  Sacrement,  à  Pisloie,  et  dans 
lequel  il  a  introduit  de  nouvelles  inventions, 
notamment,  dit-on,  les  effets  du  piano  et  du 
forte.  J'ignore  si  le  procédé  dont  il  s'agit  a 
quelque  rapport  avec  celui  de  G  renié  (voyez 
ce  nom).  Les  fils  de  Benoit,  Pielro,  Agali  et 
Giosué,  ont  embrassé  la  même  profession,  et 
sont  maintenant  au  nombre  des  meilleurs  fac- 
teurs d'orgues  de  l'Italie. 

TROPEA  (GiACOMo),  musicien  napolitain, 
né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  a 


publié  de  sa  composition  :  1°  Madrigali  a 
quattro  voci,  cou  due  madrigali  a  cinqus 
voci  nel  fine;  libro  primo;  in  Napoli,  per 
Constantino  Vitali,  1592,  in-4°.  2°  Madri- 
gali acinque  voci;  ibid.,  1621,  in-4°.  5°  Ma- 
drigali a  quattro  voci,  libro  secondo;  ibid., 
1622,  in-4". 

TROST  (Gaspard),  organiste  à  Jéna,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :  1°  Chant  funèbre 
sur  le  texte  Ich  tveiss  dass  me  in  fferr  Jesus- 
CliristiiSjà  quatre  voix;  Jéna,  1621.  2°  Motet 
de  noces  à  huit  voix  ;  ibid.,  1623. 

TROST (Jean-Gaspard),  surnommé  L'AN- 
CIEN, fut  avocat  de  la  régence  et  organiste  à 
Halberstadt,  vers  1660.  Il  a  laissé  en  manu- 
scrit les  ouvrages  suivants  :  1°  Adversaria 
musica,  ad  theoriam  et  praxim,  in  duas 
partes  divisa.  2°  Prxcepla  musical  llicore- 
ticx  et  praclicœ,  tabulis  sgnopticis  inclusse. 
5°  Organographia  rediviva  Micfuielis  Prx- 
toriae.  4°  Examen  organi pneumatici  contra 
sycophantas.  5°  Monochordum.  6°  Une  des- 
cription de  quelques  orgues  de  l'Allemagne  et 
de  la  Hollande.  7°  Tractatus  de  modis  mu- 
sicis  vindicatus  (1).  8°  Treize  préfaces  des 
ouvrages  de  Frescobaldi,  de  Donali,  de  Bo- 
vella,  de  Malgarini  et  antres,  traduites  en  al- 
lemand. Trost  a  laissé  aussi  en  manuscrit  des 
traductions  du  traité  du  contrepoint  d'Arlusi, 
du  Transilvano  de  Diruta,  des  Institutions 
harmoniques  de  Zarlino,  de  la  Regola  facile  e 
brève  de  Galeaz  Sahbalini,  de  l'Introduction  à 
la  musique  pratique  de  Morley,  et  de  l'Institu- 
tion harmonique  de  Salomon  de  Caus. 

TROST  (Jean-Gaspard)  ,  le  jeune ,  fils 
du  précédent,  organiste  de  la  cour  de  Weis- 
senfels,  a  publié  la  description  de  l'orgue 
construit  de  son  temps  dans  cette  ville,  avec 
des  considérations  générales  sur  la  facture  des 
instruments  de  cette  espèce,  leur  accord,  la 
qualité  des  jeux,  et  les  devoirs  de  l'organiste 
dans  leur  réception.  Cet  ouvrage  a  pour  litre; 
Ausfuhrliche  Beschreibung  des  neuen  Or- 
gelwerks  auf  der  Augustenburg  zu  Weissen- 
fels,  etc.;  Nuremberg,  Wolfgang  Maurice 
Endter,  1677,  in-12  dVsoixanle-douze  pages. 
Trost  dit  dans  cet  opuscule  (p.  5),  qu'il  avait 
écrit  précédemment  un  autre  ouvrage  inti- 
tulé :  Tractatus  de  juribus  et  privilegiis  mu- 
sicorum;  mais  il  ne  parait  pas  qu'il  l'ail  fait 
imprimer. 

(I)  Ce  litre  indique  sans  doute  une  défense  du  Traité 
des  modes  musicaux  de  Matlhœi,  publié  à  la  même 
époque,  et  qui  a  peul-èlrc  été  l'objet  de  quelque  critique 
maintenant  inconnue. 


26  SJ 


TROST  —  TRUHN 


TUOST  (GoDErRoiD-llEM\i),  hon  facteur 
d'orgues  à  Allenbourg,  dans  la  première 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  était  fils  de 
Tobie-Godefroid  Trost,  qui  exerçait  la  même 
profession,  et  avait  construit  l'orgue  de  Lan- 
gensalza,  composé  de  trente-sept  jeux.  Les 
principaux  ouvrages  de  Godefroid-Henri  sont: 
1"  L'orgue  de  Dollenstadt,  dans  le  duché  de 
Gotha,  composé  de  vingt  .jeux,  en  1709.  2°  Ce- 
lui de  Watershausen,  près  de  Golha,  de  cin- 
quante-huit jeux,  en  1750.5°  Celui  de  l'église 
du  chàleau  à  Allenbourg,  de  quarante  jeux, 
commencé  en  175l3  et  fini  en  1759.  Trost  a  eu 
pour  élèves  Friderici,  de  Géra,  Gasparini,  de 
Kœnigsberg,  Graich  et  Nï lier,  de  Bayreulh. 

TROUPENAS  (Eugène),  né  à  Paris,  en 
1799,  fit  ses  études  dans  un  pensionnat  de 
celle  ville,  et  s'y  livra  particulièrement  à  la 
science  des  mathématiques,  sous  la  direclion 
de  Hoéné  Wronski,  qui  y  était  professeur.  Les 
parents  de  Tronpenas  désiraient  qu'il  entrât  à 
l'école  polytechnique;  mais  Wronski  parvint 
à  le  faire  renoncer  à  ce  projet  en  lui  disant  que 
les  professeurs  de  cette  institution  étaient  des 
ignorants  incapables  d'apprécier  la  réforme 
«les  mathématiques  entreprise  par  lui,  Wronski. 
Troupenas  avait  aussi  entrepris  l'étude  de  la 
musique,  pour  laquelle  il  eut  loujours  un  goût 
passionné.  Il  s'était  persuadé  que  la  théorie  de 
cet  art  ne  peut  trouver  de  base  que  dans  la 
science  du  calcul;  il  avait,  à  mainles  reprises, 
invité  Wronski  à  s'en  occuper,  et  lui-même  y 
pensait  sans  cesse.  Devenu  possesseur  d'une 
fortune  modeste,  après  la  mort  de  ses  parents, 
il  se  fit  éditeur  de  musique,  devint  l'ami 
d'Auhcr,  de  Rossini,  de  Bériot,  et  publia  leurs 
ouvrages,  dont  la  vente  produisit  des  bénéfices 
considérables.  Sa  constitution  n'élait  pas  ro- 
buste,et,  pendant  près  de  dix  ans,  il  fut  atteint 
d'une  affection  de  poitrine  qui  l'obligeait 
d'aller  passer  tous  les  hivers  à  Ilyères.Le  mal 
finit  par  faire  des  progrès,  et  Troupenas 
s'éteignit  à  Paris,  le  11  avril  1850.  Toujours 
préoccupé  d'une  théorie  mathématique  de  la 
musique,  il  m'en  parlait  souvent  et  nous  eûmes 
de  longues  discussions  à  ce  sujet;  je  finis  par 
ébranler  ses  convictions  et  lui  démonlrerqu'un 
art  éminemment  idéal  ne  peut  avoir  qu'une 
origine  psychologique,  et  que  cet  art  ne  peut 
naître  que  de  l'action  réciproque  du  sentiment 
sur  l'intelligence  et  de  celle-ci  sur  le  senti- 
ment. A  la  suite  de  ces  discussions,  il  m'écri- 
vit ileux  lettres  qui  furent  publiées  dans  la 
Revue  musicale  (année  1852),  sous  ces  titres  : 
ï"  Essai  sur  la  théorie  de  la  musique,  déduite 
du  principe  métaphysique  sur  lequel  se  fonde 


la  réalité  de  cette  science.  Première  lettre  à 
M.  le  rédacteurde  la  Revue  musicale;  publiée 
ensuite  à  part,  sans  lieu  d'impression  et  sans 
date  (1852),  in-12  de  huit  pages.  2°  Seconde 
lettre  à  M.  le  rédacteur  de  Va  Revue  musicale; 
tirée  à  part, sans  nom  de  lieuetsansdate(1852), 
in-1 2  de  douze  pages.  Entré  dans  ce  nouvel  ordre 
d'idées,  sans  renoncer  toutefois  à  une  synthèse 
de  deux  principes  psychologique  et  mathéma- 
tique, Troupenas  s'occupa  jusqu'à  ses  derniers 
jours  de  la  formation  d'un  corps  de  doctrine 
de  la  science  de  l'art  basée  sur  cette  synthèse  ; 
mais  il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  achevé  le  livre 
auquel  il  travaillait  d'après  ce  plan. 

TROUSSEAU  (Abmand),  professeur  de 
matière  médicale  et  de  thérapeutique  à  la  fa- 
culté de  médecine  de  Paris,  membre  de  l'Aca- 
démie de  médecine,  né  à  Tours,  en  1801,  a 
publié  beaucoup  d'ouvrages  relatifs  à  sa  pro- 
fession, parmi  lesquels  on  remarque  celui-ci, 
qui  a  des  rapports  avec  l'art  du  chant  :  Traité 
pratique  de  laphthisie  laryngée,  de  la  laryn- 
gite chronique,  et  des  maladies  de  la  voix; 
Paris,  Baillère,  1857,  un  volume  in-8°. 

TRUHIV  (FnÉDÉiuc-JÉnÔME),  directeur  de 
musique  à  Berlin,  né  le  17  octobre  1811,  à  El- 
bing,  se  fit  remarquer  dès  son  enfance,  dans 
l'école  où  il  était  placé,  par  la  justesse  de  sa 
voix  et  son  organisation  musicale.  A  l'âge  de 
dix  ans,  il  commença  l'étudede  la  flûte  :ses  pro- 
grès furent  si  rapides,  qu'après  deux  années 
d'exercices  sur  cet  instrument,  il  put  être 
admis  dans  l'orchestre  des  concerts  d'abonne- 
ment et  y  exécuter  des  solos.  Après  avoir  at- 
teint l'âge  de  douze  ans,  il  ajouta  l'étude  du 
violon  à  celle  de  la  flûte  et  parvint  en  peu  de 
temps  à  jouer  sur  cet  instrument,  d'une  ma- 
nière satisfaisante,  des  compositions  de  Rode 
et  de  Mayseder.  Ces  premiers  succès  éclairè- 
rent sa  famille  sur  sa  destination  naturelle,  et 
il  lui  fut  permis,  dans  l'été  de  1851,  de  se 
rendre  à  Berlin  pour  y  faire  des  études  sé- 
rieuses de  musique.  Arrivé  dans  celle  ville,  il 
y  reçut  des  leçons  de  Bernard  Klein,  puis  il  de- 
vint élève  de  Dehn,  et  Mendelssohn  lui  ensei- 
gna pendant  quelques  mois  le  mécanisme  delà 
composition.  Ses  premières  productions  furent 
des  Lieder  et  des  chants  à  plusieurs  voix  exé- 
cutés pour  les  sociétés  chorales.  En  1855, 
Truhn  fit  son  premier  essai  de  composition 
dramatique  dans  le  petit  opéra  Den  vier- 
jxhrige  Poslen  (Le  Poste  de  quatre  années), 
qui  fut  représenté  au  théâtre  royal  ;  mais  peu 
satisfait  de  son  ouvrage,  il  le  relira  et  le 
remplaça  par  l'opéra -comique  Trilby,  qui  fut 
joué  avec  succès,  le  22  mai  1855.  S'étant  marié 


TRl'IiN   -  TRUTSCHEl 


203 


dans  l'automne  de  la  même  année,  il  alla 
s'établir  à  Danlzick,  où  il  se  livra  à  l'enseigne- 
ment du  chant  et  de  l'harmonie.  Il  y  fut  aussi 
chargé  de  la  direction  de  l'orchestre  du 
théâtre;  mais  la  faillite  du  directeur  le  ra- 
mena à  Berlin,  en  1837.  Ce  fut  vers  cette  épo- 
que qu'il  se  lia  d'amitié  avec  Schumann  à 
Leipsick,  et  qu'il  devint  un  des  rédacteurs  de 
la  Nouvelle  gazette  musicale  fondée  par  ce 
compositeur.  Après  que  Schumann  se  fut  re- 
tiré de  la  direction  de  cette  feuille,  Truhn 
cessa  d'y  travailler  et  fournit  quelques  articles 
à  la  Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick  ; 
mais  celle-ci  ayant  cessé  de  paraître  à  la  fin 
de  1848,  il  fut  chargé  de  la  rédaction  du  feuil- 
leton de  la  Nouvelle  gazette  musicale  de 
Berlin,  publiée  par  Bock,  et  n'a  pas  cessé  jus- 
qu'à ce.jour  (180.4)  d'y  donner  sa  collaboration, 
ainsi  qu'à  la  chronique  berlinoise  dans  le 
Correspondant  de  Hambourg .  A  l'époque  de 
la  prestation  du  serment  de  Frédéric-Guil- 
laume IV,  Truhn  se  rendit  à  Kœnigsberg  et  y 
organisa  une  fête  musicale,  dans  laquelle  il 
fit  exécuter  une  cantate  dont  il  avait  écrit  les 
paroles  et  la -musique;  puis  il  voyagea  en 
Russie  et  en  Pologne  pour  y  donner  des  con- 
certs. Ses  compositions  furent  applaudies  à 
Varsovie  et  à  Cracovie.  En  1843,  il  parcourut 
le  Danemark  et  la  Suède  avec  le  pianiste 
Th.  Dœhler.  Sa  grande  composition  pour  voix 
seule,  chœur  à  huit  voix  et  orchestre,  intitulée 
tVnliadah.  obtint  de  brillants  succès,  en  1840, 
à  Berlin,  Breslau,  Dresde,  Kœnigsberg  et  El- 
bing.  A  l'automne  de  1848,  Truhn  retourna 
dans  sa  ville  natale  et  y  vécut  quelque  temps 
en  donnant  des  leçons  de  chant  dans  l'école 
supérieure  des  filles  et  dirigeant  une  société 
chorale  d'hommes.  Dans  l'année  suivante,  ses 
travaux  et  son  zèle  furent  récompensés  par  le 
diplôme  de  directeur  royal  de  musique.  En 
1850,  il  dirigea,  à  Kœnigsberg,  la  seconde  fête 
des  chanteurs  prussiens,  et  y  fit  exécuter  avec 
succès  sa  composition  intitulée  Adieu,  poésie 
de  Uhland,  pour  des  voix  seules,  chœurs 
d'hommes  et  orchestre.  De  retour  à  Berlin,  en 
1852,  il  y  a  fondé  la  nouvelle  Liederlafel 
berlinoise,  placée  sous  sa  direction.  Au  mois 
«le  janvier  1853, il  donna  au  théâtre  royal  son 
monodrame  de  Clcopâtre,  composé  pour  la 
cantatrice  Jeanne  Wagner.  Dans  l'hiver  de 
1854,  il  fit,  avec  le  pianiste  distingué  Dans  de 
Bnlow,  une  tournée  dans  laquelle  il  visitèrent 
Breslau,Posen,  Danlzick  etBiga.  Arrivé  dans 
cette  dernière  ville,  Truhn  s'y  arrêta  pendant 
quatre  ans  et  vécut  en  donnant  des  leçons  de 
chant  et  d'harmonie.  En  1858,  il  est  retourné 


de  nouveau  à  Berlin,  d'où  il  ne  s'est  plus 
éloigné  depuis  lors.  Outre  les  opéras  et  les 
grandes  compositions  dont  il  a  été  parlé  pré- 
cédemment, cet  artiste  a  écrit  et  publié  une 
quantité  dcLieder  et  quelques  bagatelles  poul- 
ie piano. 

TUL'SKA.  (Smox-  Joseph),  virtuose  sur  le 
violon  et  la  basse  de  viole,  compositeur  et  fac- 
teur d'instruments,  naquit  à  Raudnitz,  en 
Bohème,  le  5  avril  1734.  Fils  d'un  ébéniste,  il 
apprit  d'abord  la  profession  de  son  père,  et 
travailla  à  Prague  jusqu'en  1757.  Le  siège  de 
cette  ville  par  l'armée  prussienne  l'obligea  à 
s'en  éloigner  pour  aller  à  Vienne  ;  mais  il  re- 
tourna, vers  la  fin  de  la  même  année,  dans  la 
capitale  de  la  Bohême,  et  entra,  le  8  décembre 
1758,  au  couvent  de  Slrahow,  en  qualité  de 
frère  lai.  Il  fit  sa  profession,  le  1er  janvier 
1761.  Dès  son  entrée  an  monastère,  il  se  livra 
à  la  culture  de  la  musique,  qu'il  avait  apprise 
dans  sa  jeunesse,  devint  habile  sur  le  violon, 
la  basse  de  viole  et  le  violoncelle,  et  composa 
beaucoup  de  quintettes,  quatuors,  trios  et  so- 
nates pour  basse  de  viole,  violon,  allô  et  vio- 
loncelle, qui  ont  eu  de  la  réputation  un 
Bohême,  ainsi  que  des  danses  qui  ont  été  exé- 
cutées dans  les  bals  et  redoutes  de  Prague,  avec 
beaucoup  de  succès,  pendant  les  années  1774, 
1775  et  1770.  La  restauration  de  l'orgue  de 
Slrahow  fournit  à  Truska  l'occasion  d'étudier 
les  principes  de  la  construction  de  cet  instru- 
ment :  il  en  profila  pour  fabriquer  d'abord  un 
petit-orgue  portatif,  puis  un  grand  positif  avec 
pédale  qui  fut  admiré  comme  un  ouvrage  par- 
fait. Encouragé  par  ce  succès,  il  se  livra  avec 
ardeur  à  la  facture  des  pianos,  violons,  altos, 
violes  d'amour  et  basses  de  viole.  Ces  instru- 
ments ont  été  recherchés  à  l'étranger  aussi 
bien  qu'en  Bohême.  Parvenu  à  l'âge  de 
soixante-quinze  ans,  ce  moine  laborieux 
mourut  dans  son  couvent,  le  14  janvier  1809. 

TIUJTSCHEL  (A.-L.-E.),  organiste  de 
l'église  Saint-Jacques,  à  Roslock,  n'est  connu 
que  par  ses  ouvrages,  dont  les  premiers  ont 
été  publiés  en  1834.  Son  œuvre  quatorzième 
a  paru  en  1848.  Cet  artiste  s'est  jeté  dans 
une  direction  très-différente  du  style  de  Bach 
et  de  son  école.  Son  modèle  paraît  être  Fischer; 
mais  il  se  hasarde  dans  des  associations  har- 
moniques inconnues  à  cet  excellent  organiste, 
et  ses  idées  n'ont  pas  le  charme  qu'on  remar- 
que dans  les  œuvres  de  celui-ci.  On  voit  que 
Trutschel  s'efforce  de  donner  à  la  musique 
d'orgue  un  caractère  dramatique,  lâcheuse 
tendance  qui  a  conduit  à  la  décadence  actuelle 
de  la  musique  instrumentale  et  religieuse.  Ça 


264 


TRUTSCHEL  -  TSCHIRCH 


et  là  M.  Trnlscliel  essaie  des  entrées  de  fugues; 
mais  il  y  montre  peu  d'habileté.  Ses  ouvrages 
principaux  sont  ceux  dont  voici  les  titres  : 
1°  f'orspiele  zum  Gebrauch  beim  a>ffent- 
lichen  Gottesdienste  (Préludes  pour  l'usage 
des  fêtes  solennelles),  œuvres  9e  et  10e; 
Gtistrow,  Fr.  Opitz.  2°  Forspiele  iiber  die  ye- 
brauchlichslen  Melodieen  der  evanyelischen 
Kirche  fiir  die  Orge!,  etc.  (Préludes  pour 
l'orgue  sur  les  mélodies  usitées  dans  l'église 
évangélique),  op.  14;  cinquième  recueil  de 
pièces  d'orgue;  Rostock,C.Heumann  et  C.  Topp. 
3°  Fantaisies  pour  des  introductions  et  des 
finales,  op.  17;  ibid.  Kœrner  a  extrait  de  ce 
dernier  ouvrage  une  grande  fantaisie  qu'il  a 
insérée  dans  la  troisième  partie  de  son  Post- 
ludien-Buch;  Erfurt,  (s.  d.),  in-4°obl. 

THYDELL  (Jean),  musicien  irlandais, 
professeur  à  Dublin  vers  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  publié  un  traité  élémentaire  de 
musique  :  Two  Essays  on  the  theory  and 
pructice  of  Music,  Dublin,  1760,  in-8°.  Le 
premier  de  ces  essais  contient  les  éléments  de 
la  musique;  le  second  est  un  traité  abrégé 
d'harmonie  et  de  composition. 

TSAI-YU,  prince  de  la  famille  impériale 
des  Miny,  en  Chine,  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle  de  l'ère  chrétienne. 
Aidé  de  quelques  lettrés,  il  se  livra,  ainsi  que 
Ly-h'oany-ly  (voyez  ce  nom),  à  des  recherches 
sur  la  théorie  de  la  musique  chinoise,  dans  les 
anciens  traités  de  cet  art  ;  mais  il  borna  l'ob- 
jet de  ses  travaux  aux  principes  de  la  forma- 
tion de  l'échelle  musicale,  et  aux  proportions 
des  douze  demi-tons  chromatiques,  appelés  lu 
en  chinois.  Le  livre  qu'il  écrivit  sur  ce  sujet  a 
pour  titre  :  Lu-lu-Tsinyy  (Explication  claire 
delà  théorie  des  /u);  il  le  termina  en  15%, 
le  présenta  à  l'empereur  Onan-Ty,  et  le  fit 
imprimer  dans  la  même  année. 

TSCHIRCHE  (Wiliielm),  maître  de  cha- 
pelle à  Géra,  est  né  à  Lichtenau,  près  de  Lau- 
ban,  le  8  juin  1818.  Son  père,  qui  y  était  can- 
tnr,  lui  lit  commencer,  en  même  temps  que 
ses  frères,  l'étude  du  cbanl,  de  l'orgue  et  de  la 
composition.  A  l'âge  de  seize  ans,  il  entra  au 
séminaire  des  instituteurs  à  Btinzlau,  el  y  reçut 
des  leçons  de  Karow  pour  l'orgue  et  la  théorie 
de  la  musique  ;  puis  il  alla  continuer  ses  éludes 
à  l'institution  de  la  musique  d'église  à  Berlin, 
où  A. -W.Bach  acheva  de  développer  son  talent 
d'organiste,  tandis  que  Grell  achevait  de  l'in- 
struire dans  la  théorie.  Rungenhâgefl  lui  donna 
aussi  des  leçons  de  composition  à  l'Académie 
des  beaux-arts,  et,  enfin,  il  compléta  son  in- 
struction en  suivant  le  cours  du  docteur  Marx, 


à  l'université.  En  1843,  Wilhelm  Tschirche 
obtint  la  place  de  cantor  de  l'église  Saint- 
Pierre  et  Saint-Paul  à  Liegnilz,  à  laquelle  il 
iéui?it  bientôt  celle  de  directeur  de  musique 
de  la  société  de  chant.  Doué  d'une  belle  orga- 
nisation musicale,  il  imprima  un  mouvement 
d'activité  el  de  progrès  dans  l'art  au  sein  de 
la  ville  et  de  la  province  où  il  avait  fixé  son 
séjour.  Ce  fut  lui  qui  organisa  et  dirigea  les 
fêles  musicales  à  Liegnilz,  au  Graeditzberg  et  à 
Kaulh,  dans  les  années  1845, 1846  et  1847. La 
place  de  maître  de  chapelle  étant  devenue  va- 
cante à  Géra,  en  1854,  Tschirche  fut  appelé 
dans  cette  ville  pour  la  remplir.  En  1847,  il 
avait  fait  un  voyage  à  Lcipsick  et  à  Berlin,  et 
y  avait  donné  des  concerts  d'orgue  où  il  fit  en- 
tendre une  grande  fantaisie  avec  fugue,  publiée 
ensuite  par  Kœrner,  à  Erfurt.  Parmi  les  ouvra- 
ges de  cet  artiste, on  remarque:  1° Motet  pour 
quatre  voix  d'hommes,  Gross  sind  die  JVerhe 
des   fferrn    (Les    œuvres   du  Seigneur   sont 
grandes).  2°  Ben  Herr  ist  Gott  (Le  Seigneur 
est  Dieu),  cantate  pour  des  voix  mêlées  avec 
orchestre,  op.  17;  Schweidnilz,  Weigmann. 
3°  Von  allen  Himmeln  font  Dir  Herr  (Les 
cieux  vous  glorifient,  Seigneur),    molct  en 
chœur  avec  orchestre,  op.  17;  ibid.  4°  Gelobt 
sri  Gott  (Dieu  soit  loué),  chœur  avec  des  in- 
struments à  vent  ou  orgue,  op.  20  ;  ibid.  5°  Le 
psaume  24   pour   un  chœur  d'hommes  avec 
solo,   op.  27;    Magdebourg,    lleinrichshofen. 
G"  Die  Harmonie  (L'Harmonie),  hymne  pour 
quatre  voix  d'homme  avec  instruments  à  vent, 
exécuté  à  l'Académie  de  chant,  à  Berlin  ;  Bres- 
lau,  Leuckart.  7°  Plusieurs  chants  détachés, 
idem.  8°  Der  f'olksxnger  (Le  Chanteur  popu- 
laire),  recueil  de  chants  faciles  pour  quatre 
voix    d'homme;     Schweidnilz,    Weigmann. 
!)"  Beaucoup  de  Lieder  en   recueils  ou  déta- 
chés, pour  voix  seule  avec  piano,  ou  pour  des 
chœurs.  10°  Six  préludes  pour  orgue  à  trois 
claviers;  Breslau,  Schumann.  11"  Cinq  pièces 
d'orgue,  dont  trois   préludes  et  deux  fugues, 
op.   1;    Berlin,  Challtcr.    12°  Sonatine   pour 
piano  (en  fa),  ibid. 

TSCHIHCII  (Ernest),  frère  du  précédent 
el  professenr  de  musique  à  Berlin,  est  né  à 
Lichtenau  le  3  juillet  1811).  Après  avoir  com- 
mencé l'élude  de  la  musique  avec  son  père,  il 
alla  fréquenter  le  gymnase  à  Lauban,  puis  il 
se  rendit  à  Berlin  et  y  continua  ses  études  mu- 
sicales à  l'institution  pour  la  musique  d'église 
et  à  IVcole  de  l'Académie  des  beaux-arts.  En 
1845,  il  a  fait  un  voyage  à  Hambourg  et  à  Pa- 
ris. De  retour  à  Berlin,  il  s'y  livra  à  renseigne- 
ment jusqu'en  1852,  où  il  fut  appelé  à  Steltin 


TSCHIRCH  -  TUCH 


265 


Tour  y  remplir  les  fondions  de  directeur  du 
chœur  et  de  chef  d'orchestre  du  théâtre.  Il  est 
mort  dans  celte  ville,  le  20  décembre  1851,  à 
peine  âgé  de  35  ans.  Il  avait,  dit-on,  du  talent 
comme  compositeur  :  Ses  ouvrages  consistent 
en  deux  opéras,  le  Hollandais  volant  et  Frit- 
jof,  plusieurs  cantates,  des  ouvertures  pour 
l'orchestre  et  des  Lieder. 

TSCHIRCII  (Rodolphe),  compositeur  à 
Berlin,  et  frère  des  précédents,  est  né  à  Lich- 
tenau,  vers  1821.  Il  fut  chef  du  chœur  au 
théâtre  Kroll  de  Berlin  jusqu'en  1854.  En 
1855,  la  grande  médaille  d'argent  lui  a  été  dé- 
cernée pour  sa  composition  intitulée  Die  Hu- 
bertus  Jagd  (La  Chasse  de  Saint-Hubert).  On 
connaît  aussi  de  cet  artiste  la  musique  d'une 
pièce  de  circonstance  intitulée  Eine  Braut- 
sclian  (La  Recherche  d'une  femme),  en  trois 
actes,  qui  fut  représentée  au  théâtre  Kœnigs- 
sladt  de  Berlin  ,  le  7  février  1858,  ainsi  qu'une 
cantate  composée  pour  un  chapitre  de  l'ordre 
de  l'Aigle-Noir,  laquelle  fut  exécutée  au  palais 
de  Sans-Souci,  en  1855;  enfin,  un  grand  nom- 
bre de  compositions  de  chasse.  M.  Rodolphe 
Tschirch  a  publié  :  1°  Hymne  et  marche  de 
jubilé  pour  piano,  op.  5;  Berlin,  Traulwein. 
2°  La  Chasse  de  Saint-Hubert,  pour  des  in- 
struments de  cuivre,  op.  0;  Berlin,  Bock. 
3°  Narcisse,  fantaisie  caractéristique  pour 
piano,  Breslau,  1856.  4°  Galops-études,  idem; 
ihid.  5°  Différentes  pièces  du  même  genre, 
op.  23  et  24;  Breslau,  Leuckart.  6°  Chants  à 
voix  seule  avec  piano;  Berlin,  Bock.  Traul- 
wein et  Challier. 

TSCHOIITSCH  (Jevn-Geokges),  prêtre 
bénéficier  et  compositeur,  à  Schwelz,  dans  le 
Tyrol,  vécut  dans  la  première  moitié  du  dix  - 
huitième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position :  \"  Sacerdos  mnsicus  concertons  seu 
conc.  Litanias  10 Laurelano-iyarianus, elc.t 
Auguslœ  Vindelicoruni,  1725,  in  fol.  2°  In- 
censum  myslicum  ad  arum  magnx  cœlorum 
Reginx  adolendum  XI  f  Ojferloria  a  4  voc, 
2  viol,  alto  viola,  2  liluis  et  G.  B.,  Au^s- 
hourg,  1730,  in-fol.  3°  f'II  jVissen,  nebst 
eincn  Requiem  fur  4  Stimmen,  2  v.f  va.  und 
Ceueralbass  (Sept  messes  suivies  d'un  requiem 
à  4  voix,  2  violons,  violoncelle  et  basse  con- 
tinue), ibid.,  1731,  in-fol. 

TLIRAL  (A.),  musicien  belge,  vécut  au  mi- 
lieu du  seizième  siècle.  Il  ne  peut  y  avoir  de 
doute  sur  le  pays  qui  l'a  vu  nailre,  car  ses 
compositions  se  trouvent  dans  deux  grandes 
collections  imprimées  à  Anvers  et  à  Louvain, 
lesquelles  ne  contiennent  que  des  ouvrages  des 
plus  célèbres  maîtres  nés  en  Belgique  cl  formés 


dans  les  écoles  de  ce  pays.  La  première  de  ces 
collections  est  intitulée  :  Sacrarum  Cantio- 
num  (vulgo  hodie  Moteta  vocant)  quinque  et 
sex  vocam  ad  veram  harmoniam  concertum- 
que  ab  oplimis  quibusque  IHusicis  in  philo- 
musorum  graliam  compositarum  Libri  très. 
Anliverpix  per  Joannem  Latium  et  Attber- 
lum  (sic)  TFalrandum,  1554-1555,  in-4°obl. 
Au  commencemenldu  troisième  livre  se  trouve 
une  épllre  dédicaloire  à  Marc  Wesler,  noble 
habitant  d'Augsbourg  (ad  Marcum  JFeslerum 
AugustxFindelicorum  Patricium  Epistola), 
dans  laquelle  Waelranl  dit  qu'il  n'est  pas  seu- 
lement le  typographe,  mais  l'éditeur  de  ce  re- 
cueil d'œuvres  de  ses  compatriotes.  Quatre 
motets  à  cinq  voix  de  Tuhal  sont  dans  celle 
collection,  à  savoir  livre  Ier,  page  15,  livre  II, 
pages  14  et  19,  et  livre  III,  p.  18  de  la  partie 
du  ténor.  Les  autres  compositeurs  dont  on  y 
trouve  des  motets  à  cinq  et  à  six  voix  sont 
Créquillon,  Nicolas  Gozin,  Gombert,  llollan- 
der,  De  Latre  (Petit  Jean),  De  Lalre  (Olivier), 
Maillait,  Clément  (non  papa)  et  Zachseus.  Un 
exemplaire  de  ce  recueil  est  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Munich,  sous  le  n°  126.  L'autre  col- 
lection a  pour  titre  :  Cantionum  Sacrarum 
(vulgo  Moteta  vocant)  quinque  et  sex  vocum 
ex  oplimis  quibusque  Musicis  selectarum. 
Lovanii,  apud  Pelrum  Phalesium,  1555-1558, 
in-4°obl.  Elle  est  composée  de  huit  livres,  dont 
le  cinquième  ne  contient  que  des  motels  de 
Manchicourt.  Au  troisième  livre  se  trouve  le 
motet  de  Tubal  à  cinq  voix,  Spirilus  sanclus, 
sous  le  n°  16.  Un  exemplaire  des  huit  livres 
de  celte  collection  est  dans  ma  bibliothèque. 
Les  huit  livres  ne  contiennent  que  des  compo- 
sitions de  musiciens  belges. 

TUBEL  (Ciirétiex-Tiilophile),  musicien 
allemand,  vécut  quelque  temps  à  Amsterdam, 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  et  s'y 
livra  à  l'enseignement  du  piano  et  de  la  com- 
position, puis  il  relourna  en  Allemagne.  Il  a 
publié  une  instruction  élémentaire  pour  l.i 
musique,  le  clavecin  et  la  composition,  en 
hollandais  et  en  allemand,  sous  ce  litre  :  Korte 
Onderrigtingeder  Musijk,  met  de  daar  by- 
gevoegde  77  Handsluchjes  voor  het  Clavier, 
benevens  cen  korte  behandeling  van  het  con- 
trapunct,  etc.,  Amsterdam,  1707.  On  connaît 
aussi  sous  le  nom  de  cet  artiste  :  Ino,  cantate 
de  Ramier,  publiée  à  Brunswick,  en  1768." 

TUCil  (IIemu-Agatiion-Gottlob),  compo- 
siteur,  éditeur  de  musique  et  libraire  à  Dcssau, 
naquit  en  1708,  à  Géra,  en  Saxe.  Après  avoir 
commencé  l'étude  de  la  musique  au  gymnase 
de  cette  ville,  il  suivit  ses  parents  à  Sangcr- 


266 


TUCH  -  TUCZER 


hausen,  et  y  devint  élève  de  Rolle;  puis  il  alla 
à  l'université  de  Leipsick,  et  étudia  l'harmonie 
et  la  composition  sous  la  direction  de  Doles. 
Doué  d'une  belle  voix  de  basse,  il  se  livra  aussi 
à  l'élude  du  chant,  et  bientôt  il  abandonna  la 
théologie  pour  le  théâtre.  Engagé  dans  des 
troupes  ambulantes  d'opéra,  il  chanta  sur  les 
théâtres  de  plusieurs  villes,  et  en  dernier  lieu 
à  Dessau,  depuis  1790  jusqu'en  1800.  Alors  il 
abandonna  celte  carrière  pour  établir  une  li- 
brairie et  un  magasin  de  musique  à  Dessau. 
Compositeur  agréable,  il  a  écrit  la  musique  du 
petit    opéra    intitulé  :    Der   Gluckliche    Tag 
(L'Heureux  jour),  des  chœurs  pour  le  drame  de 
Lanassa,  des  ballets,  des  airs  de  danse  et  plu- 
sieurs autres  morceaux  pour  le  théâtre  et  pour 
les   concerts.  Il  a  fait  imprimer  les  ouvrages 
suivants  de  sa  composition  :  1°  Des  menuets, 
polonaises    et    valses  tyroliennes   pour  l'or- 
chestre. Leipsick,  Kollmann.  2°  Pièces  d'har- 
monie de  différents  genres,  œuvres  22,  55, 
42,  etc.,  ibid.  5°  Petites  pièces  pour  divers 
instruments,  tels  que  la  flûte,  le  cor,  la  gui- 
tare, etc.  4°  Symphonie  pastorale  pour  piano, 
flûte,  violon  et  violoncelle,  op.  25,  ibid.  5°  So- 
nates pour  piano  à  quatre  mains,  op.  50,  ibid. 
0°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  5,  10,  51,  ibid. 
7"  Ouvrages   pour  l'enseignement  du   piano, 
op.  20  et  47,  ibid.  8°  Des  petites  pièces  et  des 
danses  pour  le  piano.  9"  Plusieurs  recueils  de 
chansons  allemandes,  etc. 

TUCHEB  (Le  baron  G.  DE),  conseiller  au 
tribunal  militaire  de  Schweinfurt  (Bavière), 
né  à  Nuremberg  vers  le  commencement  du 
dix-neuvième  siècle,  fut,  dès  sa  jeunesse,  ama- 
teur passionné  de  musique,  particulièrement 
de  musique  religieuse.il  a  recueilli  une  grande 
quantité  d'œuvres  de  ce  genre,  produits  par 
les  anciens  mailres  italiens,  et  a  formé  à  Nu- 
remberg une  société  de  chant  pour  l'exécution 
de  celte  musique  éminemment  classique.  On 
doit  à  cet  amateur  distingué  un  recueil  inté- 
ressant de  mélodies  chorales,  dont  la  première 
édition  fut  publiée  sous  ce  litre  :  Schatz  des 
evangelischen  Kirchengesanges,  der  Mélodie 
und  harmonie,  nach  aus  den  Ouellen  des 
XVI  xind  XVJI  Jahrhunderls  ungerichtet 
(Trésor  du  chant  de  l'église  évangélique,  mé- 
lodie et  harmonie,  tiré  des  sources  des  seizième 
et  dix-septième  siècles);  Stuttgart,  1840, 
un  volume  in-4°.  La  deuxième  édition  de  ce 
recueil  est  intitulée  -.Schatz  des  evangelischen 
Kirchengesanges  im  ersten  Jahrhundert  des 
Reformation  (Trésor  de  chant  de  l'église  évan- 
gélique dans  les  premiers  siècles  de  la  ré  for- 
mation); Leipsick,  Tîrcilkopf  cl  literie),  1848, 


deux  parties  in-4°  de  plus  de  neuf  cents  pages, 
non  compris  les  préfaces.  L'exécution  typo- 
graphique de  celte  deuxième  édition  est  d'une 
grande  beauté. 

TUCKER  (Gcillaume),  prêtre  et  chanoine 
de  Saint-Pierre,  dans  Westminster,  à  Londres, 
fut  attaché  à  la  chapelle  du  roi  Charles  II,  et 
mourut  le  28  février  1678.  Il  est  auteur  de 
quelques  antiennes  qui  se  trouvent  dans  YHar- 
monia  sacra  de  Page. 

TUCZEK  (Fjiançois),  directeur  du  chœur 
de  l'église  paroissiale  de  Saint  Pierre,  à  Prague, 
en  1771,  fut  pendant  quelques  années  aupara- 
vant chef  de  musique  de  la  garde  civique  de  la 
nouvelle  ville.  II  mourut  à  Prague,  vers  1780, 
laissant  en  manuscrit  des  sonates  de  clavecin 
et  de  petites  symphonies  appelées  Parthien. 
Tuczek  avait  écrit  aussi  dans  sa  jeunesse  de 
petits  opéras  de  carnaval,  en  langue  bohème. 

TUCZEK  (François)  (1),  compositeur  dra- 
matique, fils  du  précédent,  naquit  à  Prague, 
vers  1755.  Élève  de  son  père  pour  le  chant  et 
pour  la  composition,  il  entra  d'abord  en  qua- 
lité de  ténor  au  théâtre  du  comte  de  Schwerls, 
à  Prague;  puis  il  y  remplit  l'emploi  d'accompa- 
gnateur au  clavecin,  jusqu'en  1797,  époque  où 
il  entra  au  service  du  duc  de  Courlande,  en 
qualité  de  maître  de  concerts,  et  alla  demeurer 
à  Sagan.  Il  y  resta  jusqu'en  1800,  puis  alla  di- 
riger la  musique  du  théâtre  de  Breslau.  Vers 
la  t\.i  de  1801,  il  abandonna  cette  position  pour 
aller  à  Vienne  comme  chef  d'orchestre  du  théâ- 
tre de  Leopoldstadt.  En  dernier  lieu  il  se  fixa 
à  Peslh  et  y  mourut  en  1820.  Cet  artiste  a  écrit 
pour  les  théâtres  de  Prague,  de  Breslau,  de 
Vienne  et  de  Peslh  quelques  opéras  dont  voici 
les  titres  :   1°  Hans  Klachel ,  à  Prague,  en 
1797.  2°Rubesahl,  à  Breslau,  en  1801.  5°  Les 
Deux  Dachels.  4°  Dxmona  la  fripière,  opéra 
féerique,  en  trois  actes,  à  Vienne.  5°  Moïse  en 
Egypte.  6°  Samson.  7°  Le  Sultan  Conradin. 
fi"  Le  Chaperon  enchanté,  pantomime.  9°  Idas 
et  Marpissa,  opéra  avec  des  changements  de 
costumes  et  de  décorations  à  vue,  à  Prague,  en 
1808.   10°  Lanassa,  grand  opéra,  considéré 
comme  le  meilleur  ouvrage  de  l'auteur,  parti- 
culièrement à  cause  de  la  beauté  des  chœurs. 
Tuczek  a  écrit  aussi  quelques  oratorios,  parmi 
lesquels  on  cite  le  Jugement  dernier,  et  des 
cantates,  dont  une  pour  célébrer  la  convales- 
cence du  roi  de  Prusse,  exécutée  à  Sagan.  Ce 
compositeur    excellait   dans    la   musique   de 
danse. 

(I)  Gerber  a  été  mal  informé  en  donnant  a  cet  artiste 
le  prénom  de  Vincent'}  il  a  éle  copié  par  les  autres  bio- 
graphes musiciens. 


TUDWAY  -  TULOU 


267 


TUDWAY  (Thomas),  musicien  anglais, 
élève  de  BIow,  dans  la  maîtrise  de  la  chapelle 
royale,  fut  condisciple  de  Turner  et  de  Pur- 
cell.  Au  mois  d'avril  1664,  il  tut  admis  comme 
ténor  dans  la  cliapelle  de  Windsor.  Sept  ans 
après,  la  place  d'organiste  du  collège  du  Roi  à 
Cambridge  lui  fut  offerte,  et  il  l'accepta.  En 
1681,  l'université  l'admit  au  grade  de  bache- 
lier en  musique;  plus  tard  il  succéda  au  doc- 
teur Staggins  dans  la  place  de  professeur  de 
musique  de  celte  université.  Tudway  passa  les 
dernières  années  de  sa  vie  à  Londres,  occupé 
par  le  comte  d'Oxford  à  rassembler  une  col- 
lection de  musique  d'église  des  plus  célèbres 
compositeurs  anglais.  Cette  collection,  mise 
en  partition  par  Tudway,  et  écrite  de  sa  main, 
forme  six  gros  volumes  in-4°;  elle  est  déposée 
au  Muséum  Britannique.  Tudway  a  composé 
plusieurs  grandes  antiennes  qui  ont  été  exé- 
cutées pour  des  occasions  solennelles,  telles 
que  le  voyage  de  la  reine  Anne  à  Cambridge. 

TUEI\LilSCKS(COR?iEII.LE-jE*N-JOSEPn), 

fils  d'un  luthier  estimé,  naquit  à  Malines  (Bel- 
gique), le  31  mai  1783.  Son  instruction  dans 
la  musique  lui  fut  donnée  par  le  chanoine 
C.-E.  André,  organiste  de  la  métropole  de 
Malines.  Heureusement  organisé  pour  l'art, 
Tuerlincks  apprit  avec  facilité  à  jouer  de  la 
plupart  des  instruments,  particulièrement  du 
basson,  du  hautbois  et  de  la  flûte.  Comme  or- 
ganiste, il  remplaça  souvent  son  ancien  maître 
de  composition  aux  églises  de  Saint-Rombaut 
et  de  Notre-Dame  au  delà  de  la  Dyle,  à  Ma- 
lines. Il  a  écrit  beaucoup  de  morceaux  tels  que 
marches,  ouvertures,  airs  variés,  fantaisies  et 
pas  redoublés  pour  des  instruments  à  vent, 
dont  quelques-uns  ont  paru  dans  un  journal 
d'harmonie  militaire  qu'il  publia  pendant 
quelque  temps,  mais  pour  lequel  il  trouva  peu 
d'encouragement  dans  son  pays.  Au  nombre 
de  ses  ouvrages  se  trouve  aussi  une  Messe  de 
Requiem.  Numismate  et  botaniste  distingué, 
Tuerlincks  a  publié,  en  collaboration  avec 
M.  le  professeur  Van  Beneden,  membre  de 
l'Académie  royale  de  Belgique,  une  liste  des 
mollusques  des  environs  de  Malines.  Il  est 
mort  dans  cette  ville,  le  29  décembre  1850. 
En  1828,  une  médaille  d'or  lui  avait  été  dé- 
cernée au  concours  de  composition  ouvert  par 
la  société  d'harmonie  d'Anvers.  Ses  ouvrages 
manuscrits  ont  été  déposés  aux  archives  de  la 
(     ville  de  Malines. 

TULOU  (Jean-Pierue),  fils  d'un  choriste 
de  l'Opéra,  issu  d'une  famille  attachée  à  ce 
spectacle  depuis  le  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  naquit  à  Paris,  en  1740,  et  fut 


élève  de  Cugnier  pour  le  basson.  Entré  à 
l'Opéra  pour  y  jouer  cet  instrument,  en  1786, 
il  fut  ensuite  professeur  au  Conservatoire,  à 
l'époque  de  sa  création,  et  mourut  à  Paris,  au 
mois  de  décembre  1709.  Cet  artiste  a  publié 
six  duos  pour  deux  bassons,  à  Paris,  chez 
Sieber,  et  douze  airs  variés  pour  deux  bassons, 
ibid. 

TULOU  (Jean-Louis),  fils  du  précédent, 
est  né  à  Paris,  le  12  septembre  1786.  Admis 
au  Conservatoire  comme  élève,  le  8  novembre 
1796,  il  fut  placé  l'année  suivante  sous  la  di- 
rection de  Wunderlich  pour  la  flûte,  instru- 
ment pour  lequel  la  nature  l'avait  doué  des 
dispositions  les  plus  heureuses.  Au  concours 
de  1799,1e  second  prix  lui  fut  décerné,  et  dans 
celui  de  l'année  suivante  il  mérita  le  premier; 
mais  il  était  si  jeune,  que  le  jury,  voulant 
l'obliger  à  travailler  encore  sous  son  maître, 
ne  le  lui  accorda  pas,  et,  contre  l'usage  établi, 
lui  en  décerna  un  second  d'honneur,  pour  ré- 
compenser les  progrès  qu'il  avait  faits  depuis 
l'année  précédente.  Enfin  la  supériorité  de 
Tulou  sur  ses  rivaux  se  manifesta  avec  tant 
d'éclat  dans  le  concours  de  1801,  qu'il  fallut 
bien  lui  décerner  le  premier  prix,  quoiqu'il  ne 
fût  pas  encore  âgé  de  quinze  ans.  Dès  lors,  il 
était  déjà  incontestablement  le  plus  habile' 
flûtiste  de  France,  et  vraisemblablement  de 
toute  l'Europe.  L'imperfection  des  flûtes  de 
celle  époque  n'empêchait  pas  qu'il  jouât  avec 
une  justesse  parfaite,  et  avec  un  beau  son  qu'il 
modifiait  dans  tous  les  degrés  d'intensité.  Son 
exécution  se  faisait  remarquer  par  un  brillant 
et  par  une  verve  auparavant  inconnus;  nul  ne 
chantait  avec  plus  d'expression,  de  grâce  et 
de  délicatesse;  en  un  mot,  son  talent  offrait, 
dans  la  réunion  de  ses  qualités,  le  modèle  de  la 
perfection.  En  1804,  il  était  entré  à  l'orchestre 
de  l'Opéra  italien,  en  qualité  de  première 
flûte;  il  y  resta  jusqu'en  1813,  et  remplaça 
alors  son  maître  Wunderlich  comme  première 
flûte  à  l'orchestre  de  l'Opéra.  Dans  l'intervalle 
des  douze  années  écoulées  depuis  qu'il  avait 
obtenu  le  premier  prix  du  Conservatoire,  il 
n'avait  pas  cultivé  son  talent  avec  le  soin  qui 
semblait  nécessaire  pour  le  conserver.  Homme 
de  plaisir,  il  avait  été  compagnon  assidu  de 
quelques  oisifs  qui  le  recherchaient  à  cause 
de  sa  gaieté  intarissable. D'ailleurs,  son  goût 
passionné  pour  la  chasse,  et  la  bizarre  fan- 
taisie qui  lui  fit  négliger  sa  vocation  de 
musicien  pour  la  peinture,  dans  laquelle  il  ne 
réussit  jamais,  semblaient  devoir  lui  faire 
perdre  en  peu  de  temps  sa  supériorité  sur  ses 
émules.  S'il  devait  se  faire  entendre  en  public, 


268 


TULOU  -  TUMA 


il  était  quelquefois  obligé  d'emprunter  une 
flûte,  la  sienne  étant  égarée.  Cependant  telle 
était  son  heureuse  organisation,  qu'on  le  vit,  à 
un  concert  de  madame  Calalani,  se  préparer  à 
jouer  un  morceau  difficile  sur  un  instrument 
dont  une  des  pièces  était  fendue  dans  toute  sa 
longueur.  Il  ne  s'en  aperçut  qu'au  moment  de 
commencer,  et  rajusta  sa  flûte  comme  il  put 
avec  quelques  bouts  île  fil  et  de  la  cire,  devant 
le  nombreux  auditoire  qui  encombrait  la 
vaste  salle  de  l'Opéra.  Tous  ses  amis  frémis- 
saient d'inquiétude;  mais  lui,  plein  d'assu- 
rance, comme  si  tout  eût  été  dans  le  meilleur 
ordre,  joua  avec  tant  de  verve,  de  grâce  et 
de  perfection,  que  des  transports  d'enthou- 
siasme éclatèrent  de  toute  part.  Seul  entre 
tous  les  artistes  qui  s'étaient  fait  entendre 
rlans  les  concerts  de  la  prodigieuse  canta- 
trice, il  balança  ses  succès. 

Cependant  un  talent  nouveau,  bien  remar- 
quable aussi  dans  son  genre,  se  produisit  en 
1814.  Ce  talent  était  celui  de  Drouet  qui,  plus 
jeune,  ayant  pour  lui  le  mérite  de  la  nou- 
veauté, et  possédant  une  grande  puissance 
d'exécution  dans  la  difficulté  vaincue,  avait 
beaucoup  de  chances  de  succès.  Les  deux  ar- 
tistes eurent  bientôt  chacun  leurs  admirateurs 
.  enthousiastes  et  leurs  détracteurs.  Depuis  près 
de  deux  ans,  la  victoire  demeurait  incertaine, 
quand  Lebrun  composa  son  opéra  intitulé  le 
Rossignol,  oit  le  chant  du  roi  des  oiseaux  était 
confié  à  la  flûte  de  Tulou.  Celte  lutte  devait  être 
décisive  :  l'artiste  le  comprit  et  sut  élever  son 
talent  à  la  hauteur  de  la  difficulté.  Dans  toute 
la  durée  de  l'opéra  il  fit  entendre  des  accents 
si  nouveaux,  si  purs,  si  tendres  et  si  brillants 
à  la  fois,  qu'une  admiration  frénétique  se  ma- 
nifesta dans  toute  l'assemblée. Les  nombreuses 
représentations  qui  se  succédèrent  sans  re- 
lâche ajoutèrent  chaque  fois  au  triomphe  île 
Tulou  :  dès  lors  il  n'y  eut  plus  de  lutte  pos- 
sible :  Drouet  s'éloigna  de  Paris  et  se  rendit  en 
Angleterre. 

Dès  les  premiers  jouis  de  la  restauration, 
Tulou  s'était  rangé  parmi  l'ardente  jeunesse 
dont  les  sarcasmes  poursuivaient  le  retour  de 
l'ancienne  dynastie  et  de  ses  partisans.  Cette 
faute  le  fil  tomber  en  disgrâce.  Il  ne  fut  pas 
compris  au  nombre  des  altistes  appelés  à  com- 
poser la  nouvelle  chapelle  du  roi  ;  et,  quelques 
années  plus  tard,  lorsque  son  vieux  maître 
Wumlerlicli  laissa  vacante  la  place  de  profes- 
seur au  Conservatoire,  ce  ne  fut  pas  Tulou,  mais 
un  artiste  d'un  talent  très-inférieur  au  sien, 
qu'on  choisit  pour  le  remplir.  Irrité  de  ce 
qu'il  considérait  à  bon  droit  comme  une  in- 


justice, il  donna,  dans  un  moment  d'humeur, 
sa  démission  de  première  flûte  de  l'Opéra 
(1822),  et  ce  fut  encore  le  même  flûtiste  qu'il 
vit  appeler  à  lui  succéder.  Cinq  années  se  pas- 
sèrent, pendant  lesquelles  Tulou  ne  se  rappela 
au  souvenir  des  artistes  et  du  public  que  par  ses 
compositions.  Enfin  une  administration  mieux 
inspirée  le  rappela  à  l'Opéra,  en  lui  donnant 
le  titre  de  première  flûte  solo  (en  1826),  et  peu 
detempsaprès,la  placede  professeur  an  Conser- 
vatoire lui  fut  accordée.  Depuis  lors  jusqu'à  sa 
retraite,  en  1856,  Tulou  a  rempli  ces  emplois 
conjointement  avec  celui  de  première  flûte  de 
la  Société  des  concerts.  Une  fabrique  de  flûtes 
qu'il  avait  établie  et  dirigée  a  eu  longtemps  la 
vogue  et  a  produit  de  bons  instruments  de 
l'ancien  système.  Jusqu'à  la  fin  île  sa  carrière 
d'artiste  et  de  professeur,  Tulou  a  voulu  con- 
server l'ancienne  flûte  et  s'est  opposé  à  l'intro- 
duction de  la  flûte  de  Bœhm  dans  l'enseigne- 
ment du  Conservatoire  de  Paris.  En  1857,  il 
s'est  fixé  à  Nantes,  où  il  vit  encore  (1864). 

Les  compositions  de  Tulou  sont  en  grand 
nombre;  dans  leur  classement  on  remarque  : 
1°  Symphonie  concertante  pour  flûte,  hautbois 
et  basson;  Taris,  II.  Lcmoine.  2°  Idem  pour 
flûte,  hautbois,  cor  et  basson,   n°  2;  Paris, 
Pleyel.  3°  Concertos  pour  flûte  et  orchestre; 
n°  1  (en  la);  Paris,  II.  Lcmoine;  n°  2  (en  mi 
mineur);  Paris,  Henlz  ;  n°  3  (en  ré)  ;  Paris, 
Schœnenbergcr;  n°  4  (en  wt"  mineur);  Paris, 
Pleyel;   n°  5  (en  ré),  rp.  37;   Paris,  Pleyel. 
4°  Grands  solos  pour  flûte  et  orchestre;  n,,s  1 
et  2;  Paris,  chez  l'auteiit.    5°  Fantaisies  pour 
llûte    et  oicheslre,    op.    16;     Paris,    Pacini; 
op.  54  (sur  un  motif  de  la  Muette  de  Portici)\ 
Paris,  Troupenas;  op.  66  (le  Bouquet  de  bal); 
ibid.  6°  Airs  variés  pour  flûte  et  orchestre, 
op.  22;  Paris,  Pleyel;  op.  35,  ibid.;  op.  39; 
ibid.;  op.  56;  op.  62.  7°  Airs  variés  avec  qua- 
tuor, op.  17;  Paris,  Pacini;  op.  28,  30,  56,  55, 
60;   Paris,  Bonn,  Maycnce  et  Berlin.  8°  Plu- 
sieurs airs  variés  avec  deux  violons  et  basse. 
9°  Grand  trio  pour  trois  flûtes,  op.  24;  Paris, 
Pleyel.  10°  Polonaise  de  Tancredi  pour  deux 
flûtes  et  piano,  op.  32;   Paris,   Schlesinger. 
11°  Plusieurs   fantaisies   et   airs   variés   avec 
piano.   12°  Plusieurs  morceaux   de  concours 
pour  le  Conservatoire.  13°  Duos    pour  deux 
flûtes,   livres   1,   2,   5;   Paris,  II.   Lemoine; 
op.    8;   Paris,   Schœncnberger;  op.   14,    15; 
Paris,  Pacini;  op.   18,  19;  Paris,  Gambaro, 
op.  31,  33,  34;  Paris,  Pleyel.   14"  Beaucoup 
d'airs  variés  et  de  fantaisies  pour  deux  flûtes. 
TUMA  (Fiu>cois),  compositeur,  né  à  Kos- 
tclccz,  en  Bohême,  le  2  octobre  1704,  (il  ses 


TUMA  -  TURBRY 


269 


éludes  à  Prague,  cl  fut  ensuite  employé  comme 
ténor  à  l'église  Saint-Jacques  de  cette  ville, 
ilans  le  même  temps  où  Segerl  y  était  altiste. 
Tous  deux  étaient  élèves  du  P.  Bohuslasz  Czer- 
nohorsky  (voyez ce  nom),  qui  était  alors  maide 
de  chapelle  de  celle  église.  Après  avoir  achevé 
son  cours  de  philosophie,  Tuma  se  rendit  à 
Vienne,  où  le  prince  de  Kinsky  devint  son  pro- 
tecteur, et  le  confia  à  Fux  pour  le  diriger  dans 
ses  études  de  contrepoint.  Devenu  maître  île 
chapelle  de  l'impératrice  Elisabeth,  en  1741, 
il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à  la  mort  de 
celle  princesse,  puis  se  retira  dans  un  cloîlre, 
où  il  mourut  en  1774.  Ses  principales  compo- 
sions consistent  en  molels,  messes  et  quel- 
ques   morceaux  de   musique    instrumentale, 
parmi   lesquels   on   cile   particulièrement  un 
Miserere  et  des  Matines  des  morts,  des  par- 
thien  pour  divers  instruments.  Tous  les  ou- 
vrages de  cet  artiste  sont  restés  en  manuscrit. 
TUNSTEDE   (Simon)  ou    TUINSTED, 
moine  franciscain  anglais  et  docteur  en  théo- 
logie, naquit  à  Norwich,  au  commencement  du 
quatorzième  siècle.  Son  savoir  et  sa  piété  le 
firent  élever  à  la  dignité  de  provincial  de  l'or- 
dre en  Anglelerre.  Il  mourut  à  Bruzard,  dans 
le  comté  de  Stifïblk,  en  1369.  Un  manuscrit  de 
la    bibliothèque   Bodléienne,  à  Oxford,   coté 
il"  515,  renferme  deux  traités  de  musique  dont 
il  est  auteur  :  le  premier  a  pour  litre  :  De  Mu- 
sica  continua  cl  discreta  cum  diagramma- 
tibus,  per  Simonem    Tunstede  ann.  Dom 
\ 351. Le  second  traité  est  intitulé  :  De  quatuor 
principalibus  in  quibus  lotius  musicx  radi- 
ées consistant. 

TURRHY  (François  Lurent-Héreut),  né 
à  Paris,  le  27  seplembre  1795  (1),  fut  admis 
en  1812  au  Conservatoire  de  celle  ville,  comme 
élève  de  violon,  dans  la  classe  de  Grasset.  Après 
y  êlre  resté  environ  deux  ans,  il  disparut,  sans 
qu'on  en  connùl  la  cause.  On  voit  dans  l'aima,- 
nachdes  théâtres,  intitulé  :  annuaire  drama- 
tique pour  1817,  qu'il  était  entré  quelques 
mois  auparavant  dans  l'orcheslre  du  Théâtre- 
Ilalien,  comme  un  des  seconds  violons.  Il  ren- 
tra au  Conservatoire  le  7  décembre  de  celle 
même  année  1817,  pour  y  étudier  l'harmonie, 
sons  la  direction  de  I)ourlen,dont  il  devint  cn- 
suilo  le  répétiteur;  mais  il  disparut  encore 
tout  à  coup  de  celle  école  et  de  l'orcheslre  où 

(I)  Dans  la  première  édition  de  celte  biographie  il  est 
dit  que  Turbry  naquit  à  Toulouse;  cette  erreur  est  ici 
rectifiée  d'après  les  registres  (|u  Conservatoire  de  Paris. 
Au  reste  il  est  trés-difficilc  de  déterminer  le  lieu  et  la 
date  de  la  naissance  de  cet  arlislc,  car  le  registre  des 
grands  concours  de  l'Institut  porte  :  Turbry  (François- 
Lnttien-'.'èbcvl),  né  «  Met:,  le  13  mars  1797. 


il  élail  attaché;  personne  ne  savait  ce  qu'il 
élait  devenu,  lorsqu'on  apprit  qu'il  était  à 
Toulouse,  où  il  publia  un  Abrégé  du  diction- 
naire de  musique  de  J .  J .  Rousseau,  Tou- 
louse, imprimerie  de  Bellegarde,  1821,  in-12 
de  cent  quarante  pages.  De  retour  à  Paris  en 
1822,  il  enlra  à  l'orchestre  du  théâtre  du  Gym- 
nase dramatique  et  n'y  resta  qu'une  année. 
En  1830,  il  obtint  d'entrer  à  l'Opéra,  comme 
allô  ;  mais  ses  absences  fréquentes  de  l'orches- 
lre lui  firent  donner  son  congé  dans  l'année 
suivante.  Depuis  lors  il  n'a   plus  été  attaché 
aux  orchestres,  et  n'a  élé  connu  que  comme 
professeur   de  violon    et   d'harmonie.  Esprit 
bizarre,  inconstant,  sans  ordre  dans  les  idées 
comme  dans  sa  conduite,  il  ne  sut  pas  mettre 
à  profit  son  heureuse  organisation  d'artiste,  et 
finit  par  tomber  dans  la  misère  et  dans  la  dé- 
gradation qui  en  esl  souvent  la  compagne.  Il 
avait  écrit  un  Cours  d'harmonie  transcen- 
dante (!),  qui  fut  approuvé  par  la  classe  des 
beaux-arts  de  l'Institut  de  France;  mais  il  ne 
le  publia  pas.  Il  avait  composé  une  .Sj/mp/tonfe 
fantastique  qui  fut  exéculée  aux  concerts  de 
Valenlino;  puis  il  écrivit,  dans  le  Courrier 
des  théâtres,  un  long  article  contre  les  compo- 
siteurs qui  ne  savent  pas  trouver  d'idées  dans 
les   conditions   des  œuvres   classiques.   Pour 
faire  connaître  la   nature  de  cet  esprit  ma- 
lade, je  crois  devoir  copier  ici  une  annonce 
que  Turbry  avait  fait  lilhographier,  et  qu'il 
distribuait    lui-même    sur    les    boulevards   : 
«  F.  L.  II.  Turbiiy,  etc.,  donne  des  leçons  de 
»  solfège,   de  violon,   d'harmonie  usuelle  et 
«  d'harmonie  transcendante,  de  mélodie,  de 
»   prélude,  d'improvisation  et  de  composition 
»  dramatique;  des  leçons  de  déclamation  mu- 
n  sicale  particulièrement  appliquées  à  l'inler- 
»  prétalion  des  sonates  de  Beethoven  pour  le 
»  piano,  dont  il  fait  travailler  le  mécanisme 
»  dans  le  système  de  Liszt.  —  Se  charge  de 
»  corriger,  rectifier,  écrire,  instrumenter  et 
>'   orchestrer  toute  espèce  de  musique. — Prix 
»  des  leçons  :  5  francs;  27,  rue  des  Martyrs, 
»  à  Paris.  »   Cet  arlislc   infortuné  est  mort 
dans  celle  ville,  le  25  décembre  1859.  On  a 
publié  de  sa  composilion  :  1°  Ouverture  pour 
les  concerts,  Paris,  Frey.   2°  Grand  quatuor 
pour  deux  violons,  allô  et  basse,  op.  7,  Paris, 
Pacini.  3° Grand  trio  pourviolon,  alto  et  basse, 
op.  14,  ibid.  4°  Air  tyrolien  varié  pour  violon, 
avec  quatuor,  ibid.  5°  Duos  pour  deux  violons, 
livres  Ier  cl  2e,  ibid.  6°  Grand  duo  pour  piano 
et  violon;  Paris,  Pacini.  Il  avait  composé  un 
grand  opéra  intitulé  Jérusalem  délivrée,  qui 
n'a  pas  élé  représenté. 


.270 


TURCAS  -  TURINI 


TURCAS(JosrPH-FRANCOis-CiinYsosTOJiE), 
né  à  Marseille,  le  27  novembre  1788,  morl  à 
Paris  le  20  décembre  1841.  Entré  fort  jeune  au 
service  militaire,  il  suivit  le  mouvement  des 
armées  en  Allemagne.  Son  intelligence  et  son 
aptitude  aux  affaires  le  firenlbienlôt  remarquer 
de  ses  supérieurs.  En  1800,  à  peine  âgé  de  dix- 
huit  ans,  il  remplissait  déjà  les  fonctions  dese- 
cré  taire  du  commandantde  la  place,  àMinden. 
Après  l'organisation  du  royaume  deWeslplialie, 
il  eut  successivement  les  emplois  de  chef  des 
-bureaux  «le  la  cavalerie  et  des  pensions  mili- 
taires au  ministère  de  la  guerre  dece  royaume. 
De  retour  en  France  en  1810,  il  servit  pendant 
deux  ans  dans  le  52e  régiment  d'infanterie  de 
ligne,  puis  fut  attaché,  comme  secrétaire,  au 
général  Hullin,  commandant  de  la  ville  de 
Paris.  En  1815  il  obtint  le  grade  de  commis- 
saire des  guerres  adjoint  ;  plus  tard  il  eut  celui 
de  sous-intendant  militaire  de  première  classe 
et  fut  décoré  de  la  croix  d'officier  de  la  Légion 
d'honneur.  Il  occupait  celte  position  au  mo- 
ment de  son  décès.  Un  goût  passionné  pour  la 
musique,  qu'il  avait  toujours  cultivée,  le  lia 
avec  quelques  compositeurs  célèbres,  particu- 
lièrement avec  Cherubini,  dont  il  devint  le 
gendre.  Bien  que  ses  éludes  musicales  eussent 
élé  incomplètes,  il  écrivait  avec  facilité  des 
œuvres  instrumentales.  On  a  de  lui  quelques 
quatuors  et  quintettes  pour  instruments  à 
cordes  qui  ont  été  exécutés  par  llaillot  et  par 
Habeneck  ;  deux  symphonies  à  grand  orchestre, 
dont  l'une  a  été  entendue  dans  les  concerts  de 
Valenlino,  et  dont  la  troisième  partie  a  été 
exécutée  par  l'orchestre  de  la  Société  des  con- 
certs du  Conservatoire  de  Paris,  le  22  avril 
18Ô8;  enfin,  quelques  airs  de  ballets,  parmi 
lesquels  on  remarque  un  pas  de  trois  dans  le 
ballet  de  la  Sylphide,  qui  fut  dansé  par  ma- 
demoiselle Taglioni,  Perrol,  etc.  Peu  de  jours 
avant  sa  mort,  Turcas  travaillait  encore  à  la 
musique  du  ballet  La  Jolie  fille  de  Gand,  que 
M.  de  Saint-Georges  lui  avait  confié  en  colla- 
boration avec  Adolphe  Adam. 

TURCO  (Giovasm  DEL),  gentilhomme 
florentin,  chevalier  de  Saint-Etienne,  naquit 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  Il 
cultiva  la  musique  avec  succès  et  fit  imprimer 
deux  livres  de  madrigaux  à  cinq  voix  de  sa 
composition.  Le  deuxième  livre  a  pour  litre  : 
77  secondo  libro  de'  Madrigali  a  cinque  voci 
di  Giov.  del  Turco,  cavalière  di  S.Stefano. 
InFirenze,  per  Zanohi  Pitjnoni  e  Compa- 
gnie 1014,  in-4°. 

TURIM  (Grégoire),  habile  chanteur  et 
virtuose  sur  le  cornet,  naquit  à  Brescia,  vers 


1500.  Ses  talents  le  firent  rechercher  par  plu- 
sieurs princes  d'Italie,  au  service  desquels  il 
passa  successivement.  Sa  réputation  s'élant 
étendue  jusqu'en  Allemagne,  l'empereur  Ro- 
dolphe II  l'appela  à  Prague,  où  était  alors  sa 
cour  :  il  s'y  rendit  et  excita  l'admiration  géné- 
rale, comme  chanteur  et  comme  instrumen- 
tiste. Le  monarque  l'attacha  à  sa  musique  par- 
ticulière et  le  récompensa  magnifiquement; 
mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  de  sa  faveur, 
car  il  mourut  à  Prague,  jeune  encore,  vers 
1000.  On  a  de  sa  composition  :  1°  Canliones 
admodum  devotx  cum  aîiquot  Psaîmis  Da- 
vidicis,  in  Ecclesia  Dei  decantandis ,  ad 
quatuor  xquales  voces .  f  enetiis ,  apud \A nge- 
lumGardanum,  1589,  in-4°  obi.  2°  Il  primo 
libro dicanzonette  ai  voci, Nuremberg,  1597, 
in-40.ô°  Teutsche  Lieder  nach  Art  der  wel- 
schen  Villanellen  mit  4  Stimmen  (Chansons 
allemandes,  dans  le  style  des  villanelles  fla- 
mandes et  françaises,  à  quatre  voix). 

TURINI  (François),  fils  du  précédent,  né 
à  Brescia,  en  1590  (1),  fut  élève  de  son  père. 
Il  jouait  fort  bien  de  plusieurs  instruments, 
particulièrement  de  l'orgue.  La  bienveillance 
de  l'empereur  Rodolphe  II  s'étendit  sur  lui 
comme  sur  son  père.  Turini  était  encore  en- 
fant lorsque  ce  prince  le  nomma  organiste  de 
sa  chapelle.  Plus  lard,  il  obtint  la  permission 
d'aller  à  Venise  et  à  Rome  perfectionner  ses 
talents  de  chanteur,  d'organiste  et  de  compo- 
siteur. De  retour  à  Prague,  il  y  reprit  son  ser- 
vice et  jouit  en  paix  du  fruit  de  ses  travaux. 
Cependant,  ayant  élé  appelé  à  plusieurs  reprises 
par  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Brescia 
pour  remplir  les  fonctions  d'organiste  de  cette 
église,  il  finit  par  se  rendre  à  leurs  vœux,  et 
retourna  dans  sa  ville  natale.  Il  mourut  à 
Brescia,  en  1G5G,  à  l'âge  de  soixanle-six  ans, 
et  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Clément, 
où  l'on  voit  encore  son  tombeau  avec  une  épi- 
laphe  honorable.  Les  ouvrages  connus  de  sa 
composition  sont  les  suivants  :  1°  Misse  a 
quattro  e  cinque  voci,  Venise,  Gardane,  in-4". 
C'est  le  premier  œuvre  de  l'artiste  :  il  le  dédia 
aux  chanoines  de  Brescia.  2°  Motetti  a  voce 
sola,  da  potersi  cantare  in  soprano,  in  con- 
tralto, in  tenore  et  in  basso,  Brescia,  per  Gio. 
Battista  Buzzola,  réimprimés  à  Venise  par 
Alexandre  Vincenli,  en  1029.  5°  Madrigali  a 
cinque,  cioe  ô  voci,  2  violini  e  chilarone,  li- 
bro terzo.  Fenezia,  Aless.  Vincenli,  1029, 
in-4".  4°  Madrigali  a  una.  due,  tre  voci,  con 

(I)  Tiraliosclii  s'est  trompe  en  le  faisant  naître  à  Mo- 
dene  (Biblioth.  Modcnese,  t.  VI,  p.  GOi). 


TURINI  —  TURK 


971 


alcune  sonate  a  2  e  5,  Libro  primo  c  libro 
seconda,  Venise,  Barlolomeo  Magni,  1G24. 
5°  Misse  a  capella  a  4  voci,  Venise,  1043. 
6°Motetticomodi  in  ogni  parte,  Venise,  Bart. 
iMagni.  On  trouve  quelques  motels  de  Turini 
dans  le  Bergam.  Parnassus  musicus.  Le 
P.  Paolucci  a  donné  en  partition  un  canon  in- 
génieux à  quatre  voix,  tiré  du  premier  livre  de 
messes  de  ce  compositeur,  dans  le  deuxième 
volume  de  son  Avle  pratica  di  contrappunto 
(liages  119  et  suiv.),  avec  ùcs  observations  cri- 
tiques. 

TURINI  (Feudinaind),  organiste  et  compo- 
siteur, naquit  en  1749,  à  Salo,  au. territoire  de 
Brescia.  II  reçut  dès  son  enfance  des  leçons  de 
musique  de  plusieurs  maîtres  à  Brescia,  Padoue 
et  Venise.  Neveu  de  Ferdinand  Berloni  {voyez 
ce  nom),  il  fit,  sous  sa  direction,  des  études 
d'harmonie  et  d'orgues  Son  oncle  lui  ayant  fait 
obtenir  la  place  d'accompagnateur  dans  un 
des  théâtres  de  Venise,  il  y  écrivit  plusieurs 
opéras  bouffes,  et  composa  aussi  des  morceaux 
de  musique  religieuse  pour  des  couvents.  En 
1772,  Turini  eut  le  malheur  de  perdre  la  vue, 
à  l'âge  de  vingt-trois  ans.  Ce  funeste  événe- 
ment le  mit  dans  la  nécessité  de  renoncer  à  la 
composition  dramatique,  et  d'accepter  une 
place  d'organiste  à  l'église  deSanta-Giustina, 
î\  Padoue.  Pendant  plus  de  vingt-cinq  ans  il 
occupa  cette  place  avec  honneur.  Les  événe- 
ments de  la  guerre  l'obligèrent  à  l'abandonner 
en  1800,  et  à  se  réfugiera  Brescia,  où  il  vivait 
encore  en  1812  du  faible  produit  de  quelques 
'  leçons.  Tl  fil  exécuter  en  1808  un  Miserere  de 
sa  composition  dont  on  a  fait  l'éloge. 

TU1»K  (Daniel-Théophile),  savant  musi- 
cien, naquit  le  10  août  1750,  à  Claussnilz,  près 
de  Chemnilz,  en  Saxe.  Son  père,  musicien  au 
service  du  comte  de  Schoenbourg,  lui  enseigna 
les  principes  de  la  musique  et  du  violon  lors- 
qu'il était  encore  enfanl,  et  d'autres  maîtres 
lui  apprirent  à  jouer  de  plusieurs  instruments 
il  vent.  Doué  d'heureuses  dispositions,  il  fit  de 
rapides  progrès  et  fixa  l'attention  d'Homilius 
lorsqu'il  fut  admis  comme  élève  à  l'école  de  la 
Croix,  de  Dresde.  Ce  maître  distingué  lui  fit 
faire  de  bonnes  études  d'harmonie  et  de  con- 
trepoint. En  1772,  Turk  fréquenta  l'université 
de  Leipsick,  el  y  trouva,  sur  la  recommanda- 
tion d'Homilius,  un  zélé  protecteur  dans 
Hiller,  qui  le  fit  entrer  comme  violoniste  à 
l'orchestre  des  concerts  et  de  l'Opéra,  et  qui 
l'aida  de  ses  lumières  dans  ses  travaux.  Les 
•premières  compositions  de  Tiirk  datent  de 
cette  époque  :  il  fit  exécuter  dans  les  concerts 
de  Leipsick  deux  symphonies  et  une  cantate  ' 


qui  obtinrent  un  brillant  succès.  La  protection 
de  Hiller  lui  fit  avoir,  en  177G,  les  places  de 
cantor  à  l'église  Saint-Ulrich  de  Halle  et  d'in- 
stituteur au  gymnase  luthérien  de  celle  ville. 
Il  écrivit  encore  à  celle  époque  quatre  sym- 
phonies, un  grand  chœur,  quatre  cantates,  et 
des  sonates  de  piano  qui  furent  considérées 
comme  excellentes.  Le  mérite  de  ces  ouvrages 
le  fil  nommer  directeur  de  musique  à  l'univer- 
sité de  Halle,  en  1779.  La  place  d'organiste  de 
l'église  Notre-Dame  étant  devenue  vacante  en 
1787,  Tiirk  l'obtint  et  donna  sa  démission  de 
l'emploi  d'instituteur  du  gymnase  luthérien, 
afin  de  se  livrer  avec  plus  de  liberté  à  ses  tra- 
vaux sur  la  musique.  Considéré  comme  un  sa- 
vant musicien,  il  publia  depuis  lors  plusieurs 
ouvrages  qui  étendirent  sa  réputation  dans 
toute  l'Allemagne.  En  1808,  l'université  de 
Halle  lui  accorda  le  grade  de  docteur  en  phi- 
losophie, elle  nomma  professeur  de  Ihéoriede 
la  musique  et  d'acoustique  en  celle  faculté. 
Vers  la  fin  de  sa  laborieuse  carrière,  Turk 
éprouva  de  vifs  chagrins  qui  abrégèrent  sa  vie 
et  triomphèrent  de  sa  robuste  constitution. 
Les  malheurs  de  l'Allemagpe,  depuis  180G, 
l'affligèrent  d'autant  plus  que  l'université  de 
Halle  était  devenue  presque  déserte.  La  mort 
de  sa  femme,  en  1808,  acheva  d'abattre  son 
courage.  Sa  santé  s'altéra  par  degrés,  el,  le 
26  août  1813,  il  mourut  à  l'âge  de  cinquante- 
sept  ans. 

Les  compositions  de  Turk  qui  ont  été  pu- 
bliées sont  celles  dontles  litres  suivent  :  1° Die 
Hirten  bei  der  Krippe  in  Bethléem  (Les  Ber- 
gers à  la  crèche  de  Bethléem),  oratorio, 
deuxième  édition  ;  Halle  ,  Hemmerde  et 
Schwelschke,  in-fol.  2°  Six  sonates  pour  le 
piano,  premier  recueil  dont  la  troisième  et 
dernière  édition  a  paru  en  1798;  ibid.  3°  Six 
idem,  deuxième  el  dernière  édition;  ibid., 
1789.  4°  Six  idem,  troisième  recueil;  ibid., 
1789.  5°  Six  sonates  faciles  pour  le  piano, 
premier  et  deuxième  recueils,  ibid.,  1783, 
deuxième  édition,  179G.  G0  Six  petites  so- 
nates pour  le  piano,  premier  recueil,  troi- 
sième édition;  ibid.,  1793.  7°  Six  idem, 
deuxième  recueil,  deuxième  édition;  ibid.t 
1793.  8°  Six  idem,  troisième  recueil,  ibid., 
1793.  9°  Soixante  morceaux  de  piano  pour  les 
commençants,  premier  recueil,  troisième  édi- 
tion; ibid.,  180G;  deuxième  recueil,  deuxième 
édition,  1798.  10n  Trente  morceaux  de  piano 
à  quatre  mains,  première  el  deuxième  parties; 
ibid.,  1807;  troisième  et  quatrième  recueils; 
ibid.,  1808.  11°  Chansons  de  Sicgwart,  mises 
en  musique  avec  accompagnement  de  piano; 


272 


TURK  -  ÎURLEY 


i6i7/.,1780Tiirka  laissé  aussi  en  manuscrit  six 
motels  avec  orchestre,  vingt  cantates,  quel- 
ques morceaux  d'église,  sept  symphonies,  un 
livre  de  chorals,   des  chœurs  et  des  sonates 
d'orgue  et  île  piano.  Mais  c'est  surtout  comme 
écrivain  didactique  que  ce  savant  musicien  est 
aujourd'hui  connu,  bien  qu'il  y  ait  un  mérite 
incontestable  dans  ses  compositions.  Le  pre- 
mier ouvrage  qui  le  fit  connaître  comme  litté- 
rateur musicien  a  pour  titre  :  Von  den  wich- 
tigslcn  Pflichlen  eines  Organislen.Ein  Bei- 
trag  zur  Verbesserung  der  musikalischen 
Liturgie  (Des  principaux  devoirs  «l'un  orga- 
niste. Essai  pour  l'amélioration  de  la  liturgie 
musicale);  Leipsick  et  Halle,   1787,  in-8"  de 
t\c\\\  cent  quarante  pages.  Tuïk  traite  dans  ce 
livre  du  choral  et  de  son  accompagnement,  de 
la  forme  des  préludes  d'orgue,  de  la  tonalité 
et  de  la  connaissance  de  la  construction  de 
l'orgue.  Il  ne  laisse  rien  à  désirer  sur  ces» 
objets.  Après  cet  ouvrage,  il  publia  sa  grande 
école  de  piano,  avec  des  réflexions  critiques 
pour  les  maîtres  et  pour  les  élèves,  sous  ce 
titre  :  Clavier schule,  oder  Aniveisung  zum 
Clavierspielen  fiir   Lehrer  und  Lernende, 
mil  kritischen  Anmerkungen;  Halle  et  Leip- 
sick, 1780,  in-4"  de  quatre  cent  huit  pages. 
Une  deuxième  édition  augmentée  a  paru,  non 
en  1800,  comme  le  disent  la  plupart  des  bio- 
graphes, mais  en  1802,  à  Leipsick  et  à  Halle, 
un  volume    in-4°   de    quatre    cent  soixante 
pages.  Tllrk  a  donné  un  abrégé  de  cet  ouvrage, 
intitulé  :  Kleines  Lehrbuch  fiir  Anfangerim 
Clavierspielen;   Halle,  1792,   in-8".   H  en  a 
publié  une  deuxième  édition  ,   à  Leipsick  et 
Halle,  en  1805,   in  8".   Après  la  méthode  de 
piano,  Tllrk  publia  son  introduction   abrégée 
à   l'accompagnement    de    la    basse  continue 
(K'.irze  Aniveisung  zum  Generalbass  spielen); 
Halle  et  Leipsick,   1791,  un  volume  in-8°  de 
(rois  cent  sept  pages.  Aucun  autre  ouvrage  sur 
le  même  sujet  n'a  eu  autant  de  succès,  car  les 
éditions  en  ont  été  multipliées.  La  deuxième 
parut,  avec  de  grandes  augmentations,  à  Halle 
et  à  Leipsick,  en  1800,  un  volume  in-8n  de 
trois  cent  quatre-vingt-dix   pages.   Après   la 
mort  de  l'auteur,  Naue,  son  élève  et  succes- 
seur, en  publia  une  troisième  (Halle,   1816, 
in-8°)  qui  est  la  reproduction  exacte  de  la  se- 
conde, et  en  donna  une  quatrième   dans   la 
même  ville,  en  1824.  Il  en  a  paru  une  cin- 
quième à  Vienne,  chez  Haslinger  (sans  date, 
un  volume   in-8°   de   trois  cent    trente -cinq 
pages),    et    récemment     MM.     Breilkopf    et 
Iloei tel,  de  Leipsick,  en  ont  mis  une  sixième 
au  jour.  Le  livre  de  TUrk  ne  se  fait  remarquer 


par  aucune  vue  originale  concernant  le  sys- 
tème de  l'harmonie;  Kirn berger  est  presque 
constamment  le  guide   de  l'auteur.  Mais  les 
applications  pratiques  qu'on  y  trouve  en  grand 
nombre,  et  qui  rendent  l'élude  facile  pour  la 
pratique,  ont  assuré  la   vogue  de  l'ouvrage. 
Tllrk  a  publié   lui-même    sur  son  livre  une 
petite  brochure  de  deux  feuilles,  sans  date  ni 
nom  de  lieu,  intitulée  :  Beleuchtung  einerRe- 
cension  des  Bûches  :  Kurze  Jnweisung  zum 
Generalbass-spielen    (Éclaircissement    pour 
une  analyse  du  livre  intitulé  :  Introduction 
abrégée   à  l'accompagnement   de  la  basse 
continue).  Le  dernier  ouvrage  de  TUrk  est  son 
Instruction  pour  les  calculs  du  tempérament 
(Anleitung    zu   Temperalur  berechnungen, 
furdiejenigen.  welclie  in  dem  arithmetischen 
Theile  der  Musik  keinen  mundlichen  Vnter- 
richt  haben  kœnnen,  etc.);  Halle,  1808,  un 
volume   in-8°  de   cinq    cent    soixante-douze 
pages,  non  compris  une  table  de  logarithmes 
et  un  index  des  matières.  Quelquesexemplaires 
parurent  en  1806;   mais  la  guerre  de  Prusse 
ayant   empêché  que   l'ouvrage   se  répandit, 
TUrk  le  reproduisit  deux  ans  après,  avec  un 
nouveau  frontispice.  Il  s'était  proposé  d'épuiser 
la  matière  dans  ce  gros  volume;  mais  il  l'a 
rempli  d'inutilités,  et  n'a  pas  atteint  le  but  de 
la  science,  qui  doit  être  la  simplicité  et  la  gé- 
néralisation  des   principes.   Il  s'y  prononce 
contre  le  tempérament  égal,  le  seul  cependant 
«lui  puisse  satisfaire  à  toutes  les  conditions,  et 
adopte  celui  de  Kirnberger,  dont  le  général 
TempelholT  (voyez  ce  nom)  avait  précédent-' 
ment  démontré  les  imperfections. 

TURIIXOIWARUS  (Jean).  Gesner  indique 
sous  ce  nom  (Bibl.  in  Epitom.  red.,  p.  505) 
un  livre  intitulé  :  Rudimenta  musicx,  mais 
sans  aucun  détail,  sans  indication  de  ville,  et 
sans  date. 

TURLEY  (Jean-Tobik),  excellent  facteur 
d'orgues,  naquit  le  4  août  1773,  à  TYeuen- 
hrilzen,  prèsdePolsdam.  Fils  «l'un  paysan,  il 
fut  obligé  d'entrer  en  apprentissage  chez  un 
boulanger  et  d'embrasser  plus  tard  cet  état, 
quoique  ses  dispositions  naturelles  le  portas- 
sent vers  la  musique  et  vers  la  mécanique. 
Dans  ses  heures  de  loisir,  il  fabriquait  des  fla- 
geolets et  des  horloges  à  carillon.  Ayant  fait 
l'acquisition  d'un  ancien  orgue  hors  de  ser- 
vice, il  en  étudia  le  système  et  toutes  les 
pièces  séparément,  puis  il  construisit  un  in- 
strument composé  de  huit  jeux  qui  se  trouve 
encore  dans  l'église  de  Brackwilz,  près  de 
Treucnbritzcn.  Encouragé  par  le  succès  de 
cet  ouvrage,  il  entreprit  la  réparation  de  plu- 


TURLEY  —  TURNIIOUT 


273 


sieurs  orgues,  et  quitta,  en  1814,  sa  profes- 
sion pour  se  livrer  à  la  culture  d'un  art  qu'il 
avait  appris  sans  autre  maître  que  son  in- 
stinct. La  régence  de  Potsdam  le  chargea,  en 
181  G,  de  la  construction  d'un  nouvel  orgue  a 
Holienhruch,  et  cet  ouvrage  obtint  l'approba- 
tion complète  du  directeur  de  musique,  Wilke, 
de  Neu-Ruppin,  chargé  de  le  recevoir.  Vingt 
autres  instruments  furent  confiés  ensuite  à 
Tiirlcy  et  furent  tous  réussis  par  ses  soins  et 
son  intelligence.  L'un  de  ses  orgues  les  plus 
remarquables  se  trouve  à  Joachimsthal.  Deux 
antres  instruments  de  ce  genre  lui  avaient  été 
demandés  pour  les  églises  de  Perlcberg  et  de 
Pritzwalk;  mais  il  ne  put  les  achever,  la  mort 
l'ayant  Happé  subitement,  leOavril  1829. 

TURNBULL  (Jean),  musicien  écossais, 
directeur  du  chœur  à  l'église  Saint-Georges  de 
Glascow,  de  1825  à  1842,  est  auteur  d'un  re- 
cueil de  chants  d'église  à  quatre  parties,  à 
l'usage  des  congrégations  presbytériennes  de 
toute  l'Angleterre,  publié  sous  ce  titre  :  A  Sé- 
lection of  original  sacred  Music  in  four 
parts,  adapted  to  the  varions  mètres  used  in 
Presbyterian  Chnrches  and  Chapels  etc., 
throughout  the  A'ingdom;  Glascow,  1833, 
in-8°obl.  gravé.  C'est  une  deuxième  édition. 
L'auteur  destinait  son  ouvrage  à  former  le 
sixième  volume  de  la  collection  de  musique 
sacrée  publiée  par  R.-J.-S.  Sleven,  ou  Sle- 
vens,  laquelle  est  aussi  destinée  au  culte  de  la 
secte  presbytérienne.  Ce  qui  distingue  parti- 
culièrement le  chant  en  usage  dans  les  églises 
du  rit  presbytérien  pour  les  psaumes  chantés 
en  chœur,  c'est  que  le  ténor,  ou  quelque  autre 
voix,  chante  alternativement  certaines  phrases 
seul,  puis  en  chœur  avec  les  autres  voix. 

TURÏNER  (Guillaume),  musicien  anglais, 
élève  du  docteur  Blow,  naquit  à  Londres,  en 
1651.  Sa  belle  voix  de  ténor  lui  fit  obtenir,  en 
1669,  une  place  dans  la  chapelle  royale.  Plus 
tard,  il  fut  vicaire  de  Saint-Paul  et  de  l'abbaye 
de  Westminster.  En  1696,  il  obtint  le  grade 
de  docteur  en  musique  à  l'université  de  Cam- 
bridge. Il  mourut  à  Londres,  le  13  janvier 
1740,  à  l'âge  de  quatre-vingt-huit  ans.  En 
1716,  il  fit  représenter  au  théâtre  anglais  un 
intermède  de  sa  composition  intitulé  :  Pre- 
somptuous  love  (L'amour  présomptueux).  Ce 
musicien  n'est  aujourd'hui  connu  que  parmi 
livre  qui  a  pour  litre  :  Sound  anatomized  in 
a  philosophical  essay  on  Music;  wherein  is 
cxplained  the  nature  of  sound,  both  in  ils 
essence  and  régulation,  etc.  (Le  son  analysé- 
dans  un  essai  philosophique  sur  la  musi- 
que,   etc.)  ;     London,  printed  by  TFilliam 

BI0C1Ï.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.   Mil. 


Pearson,  1724,  in -4°  de  soixante-dix-huit 
pages,  avec  une  planche  gravée.  On  trouve  à 
la  fin  de  l'ouvrage  une  satire  en  prose  de  sept 
pages  chiffrées  séparément,  On  the  abuse  of 
Music  (Sur  les  abus  de  la  musique).  Une  pre- 
mière édition  de  ce  livre  a  paru  sans  nom 
d'auteur,  sous  le  titre  suivant  :  A  philoso- 
phical Essay  ofMusick,  directed  to  a  friend 
(Essai  philosophique  sur  la  musique,  adressé  à 
un  ami);  Londres,  1G77,  in-4°.  L'éditeurde 
musique  J.  Walsh  a  publié  une  troisième  édi- 
tion, sans  date,  sous  le  même  litre,  dans 
l'année  delà  mort  de  Turner.  Nonobstant  son 
litre  pompeux,  le  livre  de  Turner  n'offre  rien 
de  nouveau  ni  de  remarquable,  si  ce  n'est  un 
aperçu  du  rapport  des  douze  constellations  du 
zodiaque  avec  les  douze  demi-tons  de  l'oc- 
tave, et  de  la  semaine  planétaire  avec  les  sept 
degrés  de  la  gamme  (page  13);  idée  dont  l'abbé 
Roussier  {voyez  ce  nom)  s'est  emparé  plus  tard. 
Gerber  cite  (Neues  hist.  biog.  Lexikon  der 
Tonkiinstler,  t.  IV,  p.  407)  une  deuxième 
édition  du  livre  de  Turner,  sans  date. 

TURNHOUT  (Gérard  DE),  célèbre  com- 
positeur du  seizième  siècle,  ainsi  nommé  de  la 
ville  où  il  vit  le  jour,  naquit  au  plus  lard  en 
1520  ou  1521,  car,  suivant  les  recherches  de 
M.  de  Burbure  dans  les  archives  de  l'église 
Notre-Dame  d'Anvers,  Gérard,  déjà  prélre, 
devint  maître  de  musique  à  la  confrérie  de  la 
Vierge,  dans  celle  cathédrale,  en  15G2.  On 
verra  d'ailleurs  plus  loin  que  des  ouvrages  de 
sa  composition  étaient  déjà  imprimés  en 
1544.  Dans  l'année  suivante,  il  obtint  une  cha- 
pellenie  devenue  vacante  et  prit  place  dans  le 
groupe  de  chanteurs  du  côté  droit  du  grand 
chœur  Enfin,  ce  fut  dans  cette  année  1563, 
que  Gérard  de  Turnhoul  fui  appelé,  à  cause  de 
son  mérite  éminent,  à  la  position  de  maître 
de  musique  (maître  de  chapelle)  de  la  cathé- 
drale, dans  laquelle  il  succéda  à  Antoine  Barbé 
(voyez  ce  nom).  Les  soins  qu'il  donnait  à 
l'exercice  de  ses  fonctions  furent  troublés,  en 
15G6,  par  les  dévastations  des  iconoclastes; les 
grandes  orgues  de  l'église  furent  détruites,  et 
toute  la  collection  de  musique  pour  le  service 
du  chœur  et  des  chapelles  fut  livrée  au  pillage 
ou  brûlée.  On  voit,  par  les  registres  de  la  ca- 
thédrale, que  Gérard  de  Turnhoul  employa  les 
années  1567  et  1568  à  réparer  ces  désastres; 
qu'il  fit  transcrire  un  grand  nombre  de  messes, 
de  motels,  de  Magnificat  et  d'autres  morceaux; 
enfin,  qu'il  présida  la  commission  de  l'essai 
qui  fut  fait  des  nouvelles  orgues  avec  pédales 
construites  par  mallre  Gilles  Brebor,  facteur 
de   Malines ,    lesquelles    furent   jouées   par 

48 


274 


TURNHOUT 


mailre  Louis  Broomans,  organiste  aveugle  de 
Bruxelles,  par  l'organiste  du  roi  d'Espagne, 
par  Servais  Vandermeulen,  organiste  de  la 
cathédrale,  et  par  Gérard  de  Turnhout  lui- 
même.  Engagé  au  service  du  roi  d'Espagne 
Philippe  II,  en  1572,  pour  succéder  à  Jean 
Bonmarché  comme  maître  de  chapelle,  il  cessa 
ses  fonctions    à   la    cathédrale    d'Anvers    le 
15  mars  de  la  même  année,  et  le  20  juin  sui- 
vant, il  résigna  sa  chapellenie  de  l'Autel  de  la 
Vierge.  Dans  l'acte  de  renonciation  à  ce  béné- 
fice, Gérard  est  qualifié  de    lionorabilis  vir 
Dominus  et  magister  Gerardus  Turnhout, 
et  non  de  Turnhout.  On  voit  par  les  comptes 
delà  chapelle  royaledeMadridquece  musicien 
célèbre  est  qualifié  de  maître  de  cette  chapelle 
au  mois  de  novembre  de  la  même  année  1572. 
On  voit  aussi,  par  des  pièces  authentiques  des 
archives  du  royaume  de  Belgique ,  qu'il  eut 
ensuite  le  titre  de  maître  des  enfants  de  chœur. 
Il  en  remplit  les  fondions  jusqu'à  son  décès, 
qui  eut  lieu  le  15  septembre  1580  (1).  Gérard 
de  Turnhout  jouissait,  au  moment  de  sa  mort, 
de  deux  prébendes,  à  Bélhune  et  à  Tournai. 
Les   ouvrages    connus  de   ce    mailre  sont   : 
1°  Liber  primus  Sacrarum  cantionum  qua- 
tuor et  quinque  vocum  rtunC  primum  in  lu- 
ccmxdit.  Lovanii,  apud  Petrum  Phalesium 
typogr.  juratum,  15G8,  in-4°.  2°  Sacrarum 
et  aliarum  cantionum  trium  vocum,  tam 
viva  voce  quam  instrumenta  cantatu  com- 
modissimarum  atque  jam  primum  in  lucem 
xditarum  Liber  unus.  Authore  M .  Gerardo 
a  Turnhout  Jnsifjnis  Ecclesix  Bealx  Maria1 
Anlverpiensis  Phonasco  :  Lovanii  excude- 
bat  Petrus  Phalesius  Typographus  juratus. 
Anno1569,  in-4°obl.  5" Prxstantissimarum 
divinx  musices  auctorum  missx  decem,  qua- 
tuor,quinque  et  sex  vocum,  anle  hac  nun- 
quam  excusas.  Lovanii,  excudebant  P.  Pha- 
lesius et  Joh.  Latius;  anno  1570,  in-fol.  La 
sixième  messe  de  ce  recueil  (Maria  Fernans 
rosa),  à  cinq  voix,  est  de  Gérard  de  Turnhout. 
On  trouve  des  compositions  de  ce  mailre  dans 
les  recueils  intitulés  :  4»   Recueil  des  fleurs 
produictes  de  la  divine  musicque  à  trois  par- 
ties, par  Clément  non  Papa,  Thomas  Cric- 
quillon    et    aultres    excellents    musiciens. 
A  Lovain  (sic),  de  l'imprimerie  de  Pierre 
Phalèse,  libraire  juré.   Le  tiers   livre.  L'an 
15G8,  in-4°  obi.  5°  Le  quatriesme  livre  des 
chansons  à  quatre  parties,  auquel  sont  con- 
tenus AXA  If-'  chansons  nouvelles.  Imprimé 

(1)  Celle  date  certaine  m'est  fournie  par  M.  Pinchart, 
d'aptes  les  registres  des  comptes  de  la  maison  du  roi 
Philippe  II. 


en  Anvers,  par  Tylman  Susato.  1544,  in-4". 
Les  auteurs  dont  il  y  a  des  pièces  dans  ce  livre 
sont  Nicolas  Gombert.  Pierre  Lescornet,  Cor- 
neille Canis,  Philippe  de  Vuildre,  Goddarl, 
Joannes  Gallus   (Lecocq),   Antoine   Barbé, 
Pierre  Certon,  Jean  Bassiron,  Tylman  Susato, 
Adrien  Willart  (sic),  Petrus  de  Manchicourt, 
Gérard,  Th.  Cricquillon,  Claudin  etBenedictus 
(Benoît  d'Appenzel).  6°  Le  XIIe  livre  conte- 
nant XXX  chansons  amoureuses  à  cinq  par- 
ties par  divers  autheurs.  Ibid.,  1558,  in-4". 
Gérard  de  Turnhout  est  au  nombre  des  douze 
auteurs  dont  il  y  a  des  chansons  dans  ce  re- 
cueil. 7°  Een  duytsch  Musijchboeck,  daerinne 
begrepen  sijn  vêle  schoone  Liedekens  met  4, 
met  5   ende  G  partijen  (Livre  de   musique 
flamande  oit  sont  contenues  beaucoup  de  belles 
chansons  à  quatre,  cinq  et  six  parties).  Tôt 
Loven  by  Peeter  Phalesius  ende  by  Jan  Bel- 
lerus   V  Antwerpen,    1573,  in-4°  obi.    On 
trouve  dans  ce  recueil  quatre  chansons   fla- 
mandes à  quatre  et  cinq  voix  de  Gérard  de  Turn- 
hout, pages  4,  18,  20  et  218  in-8°.  Le  recueil 
intitulé  La  Fleur  des  chansons  à  trois  par- 
ties, contenant  un  recueil  produit  de  la  di- 
vine musique  de  Jean  Castro,  Severin  Cor- 
net ,    Noé    Faignent    et   autres    excellents 
aucteurs,  mis  en  ordre  convenable  suivant 
leurs  tons.  A  Louvain,  chez  Pierre  Phalèse, 
en  Anvers,  chez  Jean  Bellere,  1574,  in-4° 
obi.  On  trouve  dans  ce  recueil  neuf  chansons 
à  trois  voix  de  Gérard  de  Turnhout.  9°  Livre 
de  musique  contenant  plusieurs  excellentes 
chansons  et  motets  à  deux  parties.  Louvain, 
par  Pierre  Phalèse,  et  à  Anvers,  chez  Jean 
Bellere,  1571,  in-4°  obi.  Sept  motets  à  deux 
voix  de  Gérard  sont  dans  ce  recueil. 

TURIVHOUT  (Jean),  ou  plutôt  DE 
TURNHOUT,  ainsi  nommé  parce  qu'il  était 
né  dans  celle  ville  de  la  province  d'Anvers, 
vers  1525.  On  ignore  s'il  était  de  la  même  fa- 
mille que  le  précédent.  Valère  André  (Biblio- 
theca  Belgica),  copié  par  Foppens  (1),  qui  m'a 
induit  en  erreur  dans  la  première  édition  de 
celle  biographie,  a  confondu  ce  musicien  avec 
Jean  Fienus  ou  Fyen,  médecin  du  seizième 
siècle,  appelé  Turnhaulanus ,  parce  qu'il 
était  né  aussi  à  Turnhout  :  il  a  cru  que  le  mé- 
decin et  l'artiste  dont  il  s'agit  n'étaient  qu'une 
seule  et  même  personne.  Un  passage  de  VAlhe- 
nx  Belgicas  de  François  Sweert,  ou  Swertius, 
que  je  n'avais  pas  sous  la  main,  rectifie  celte 
erreur  (2),  et  fait  voir  qu'il  n'y  a  pas  d'identité 

(1)  Bibliotheca  Belgica,  t.  Il,  p.  C38. 

(2)  M.  le  chevalier  Léon  de  Burbure,  à  qui  j'en  dois 
la  connaissance, m'aceri(,Ic23oclobre  1802,  unesavante 


TURNHOUT  -  TWINING 


27Î 


entre  le  médecin  et  le  musicien  de  Turnhotit. 
Il  suffît,  en  effet,  pour  le  démontrer,  de  remar- 
quer que  Jean  Fienus  fut  enterré  à  Dordrecht 
le  2  août  1585,  ainsi  que  le  prouve  son  épi— 
taphe  rapportée  par  Swertius,  et  que  Jean  de 
Turnhout  publiait  à  Anvers  des  ouvrages  de  sa 
composition  en  1588  et  1589;  enfin,  que  des 
pièces  authentiques  prouvent  qu'il  vivait  en 
1595(1).  Quoique  aucun  document  connu  jus- 
qu'à ce  jour  ne  prouve  que  Jean  de  Turnhout 
a  fait  ses  éludes  musicales  à  Anvers,  la  proxi- 
mité des  deux  villes,  et  la  grande  renommée 
dont  jouissaient  les  artistes  formés  sous  les 
savants  mailres  attachés  au  chœur  de  l'église 
Notre-Dame,  ne  laissent  pas  de  doute  à  cet 
égard.  Devenu  maître  de  chapelle  d'Alexandre 
Farnèse,    duc  de  Parme   et   gouverneur  des 
Pays-Bas,  il  vécut  à  Bruxelles,  où  était  la  cour. 
En   1594,  il  accompagna   l'archiduc  Ernest, 
nouveau  gouverneur  général  des  Pays-Bas,  à 
sa  joyeuse  entrée  à  Anvers,  et  sous  le  titre  de 
Maître  de  chapelle  de  Son  Altesse,  il  dédia 
au  magistrat  de  celle  ville  une  messe  com- 
posée  par   lui  en  souvenir  de  celle   circon- 
stance solennelle.  La  ville  l'en  récompeusa  par 
le  don  de  cinquante  livres,  monnaie  d'Artois. 
Des  litres  authentiques  lui  donnent,  à  la  date 
de  1595,  le  double  litre  de  maître  de  chapelle 
de  la  cour  et  de  maître  des  chantres  de  cette 
chapelle  (2),  ce  qui  semble  indiquer  deux  em- 
plois distincts.  On  ignore  la  dale  de  la  mort 
de  cet  artiste;  mais  on  sait  qu'il  vivait  encore 
en  1600,  où  il  fit  imprimer  un  de  ses  ouvrages. 
Gerber  indique  un  œuvre  de  Madrigaux  (Ma- 
drigali a  cinque  voci),   imprimée   à  Douai 
en  1559;  c'esl  une  faute  d'impression,  où  les 
chiffres  5  et  9  ont  été  transposés;  il  faut  lire 
1595.  A  l'égard  des  Madrigali  a  sei  voci, 
qu'il  dit  avoir  été  imprimés  à  Anvers  en  1580, 
et  qu'on  trouve,  dit-il,  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Munich,  c'est  une  erreur  matérielle;  l'ou- 
vrage qui  est  à  celle  bibliothèque  a  pour  litre  : 
Primo  libro  de  Madrigali  a  sei  voci  di 
Giovan  Turnhout,  maestro  de  capella  del 
sereniss.  Duca  di  Parma  et  di  Piacenza, 
Anversa,  oppressa  Pietro  Phalesio  et  Gio- 
vanni Bellero,  1589,  in-4°.  Cet  ouvrage  fut 
suivi  des  Madrigali  a  cinque  voci;  Douai, 

et  longue  lettre  dans  laquelle  il  discute  cette  question 
avec  une  logique  pressante  qui  démontre  l'erreur  de 
Vàlére  André. 

(1)  Dans  les  Registres  de  la  Cour  des  comptes  F  278  et 
F  279,  aux  archives  de  Lille  (département  du  Nord), 
sous  la  date  de  1595,  Jean  Turhliout  est  qualifié  de 
maître  «le  chapelle  de  la  Cour,  et  de  maure  des  chantres 
(le  ladite  chapelle. 

(2)  Voyez  ci-dessus,  note  2. 


1595,  et  de  la  collection  des  motets  du  même 
auteur,  intitulé  :  Sacrarum  cantionum  quin' 
que,  sex  et  octo  vocum  Johannis  Turnhout 
regii  in  Belgia  phonasci  liber  primus.  Vuaci 
ex  officina  Joannis  Bogardi,  Typ.jurati, 
1600-.  J'ai  vu  aussi  cet  ouvrage  cité  sous  la 
date  de  1594. 

TURRSCHMTDT  (Ciiaiiies),  virtuose  sur 
le  cor,  naquit  àWallerslein,  le  24  février  1753. 
Lié  d'amitié  avec  Palsa  (voyez  ce  nom),  autre 
corniste  distingué,  il  devint  son  second,  et 
tous  deux  voyagèrent  dans  leur  dix-huitième 
année  pour  se  faire  entendre  dans  les  pays 
étrangers.  On  peut  voir  à  la  notice  de  Palsa 
quels  furent  les  principaux  événements  de  la 
vie  de  ces  deux  artistes.  Ttlrrschmidt,  entré  en 
1785,  dans  la  chapelle  du  roi  de  Prusse,  sur- 
vécut environ  cinq  ans  à  son  ami,  car  il  ne 
mourut,  à  Berlin,  que  le  1er  novembre  1797. 
Jusqu'à  ces  derniers  jours  il  resla  au  service 
du  roi  de  Prusse,  et  fut  le  second  cor  de  Le- 
brun, qui  avait  succédé  à  Palsa.  Ttlrrschmidt 
a  publié  avec  Palsa,  à  Paris,  chezSieber,  deux 
recueils  de  duos  pour  deux  cors.  On  a  aussi  sous 
son  nom  seul  :  Cinquante  duos  pour  deux  cors, 
op.  5,  à  Berlin,  en  1795.  Cet  artiste  eut  un  fils, 
né  à  Paris  le  20  octobre  1776,  qui  fut  élève  de 
son  père,  et  qui,  après  la  mort  de  celui-ci, 
reçut  des  leçons  du  virtuose  Lebrun  (voyez  ce 
nom).  Ce  fils  de  Charles  Turrschmidt,  nommé 
Charles-Nicolas,  fut  professeur  de  musique  à 
Berlin,  mais  ne  paraît  pas  avoir  été  attaché  à 
la  cour  de  Prusse.  Il  avait  épousé  Augusta 
Braun,  fille  d'un  musicien  de  la  chambre,  née 
le  20  novembre  1800,  et  qui  fut  une  cantatrice 
remarquable  de  l'Académie  de  chant  de  Berlin. 
De  ce  mariage  est  issu  Albrecht  Turrschmidt, 
né  à  Berlin  le  16  mai  1821,  élève  de  son  père 
et  de  Neugebauer,  et  qui  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  plusieurs  recueils  de 
Lieder. 

TWINIIVG  (Thomas),  écrivain  anglais,  né 
en  1754,  étudia  à  l'Université  de  Cambridge, 
où  il  dirigeait  les  concerts  des  séances  acadé- 
miques. Il  était  également  versé  dans  la  théo- 
rie et  dans  la  pratique  de  la  musique,  et  joi- 
gnait la  connaissance  des  langues  modernes  à 
celle  du  latin  et  du  grec.  Sa  première  position 
fut  celle  du  recteur  à  White-Notley,  dans  le 
comlé  d'Essex;  puis  il  obtint  en  1770  le  pas- 
lorat  de  Sainlc-Marie  à  Colchester,  où  il  mou- 
rut le  6  août  1304.  On  a  de  ce  savant  une  tra- 
duction anglaise  de  la  poétique  d'Aristole, 
accompagnée  de  notes  et  de  deux  dissertations, 
la  première  sur  l'imitation  poétique,  l'autre 
sur  l'imitation    musicale.   Celte  traduction, 

1S. 


£70 


TW1NING  -   TYLMAN 


estimée  on  Angleterre,  a  pour  litre  :  Arislo- 
teles  poelics,  with  noies  on  the  translations 
and  on  tlie  original,  and  two  dissertations 
on  poelical  and  musical  imitations.  Oxford, 
1787,  in-4\ 

TYE  (Christophe),  né  à  Westminster  au 
commencement  du  seizième  siècle,  fut  d'abord 
enfant  du  chœur  dans  la  chapelle  royale,  puis 
eut  le  titre  de  maître  de  musique  du  prince 
Edouard  el  des  autres  enfants  d'Henri   VIII. 
En  1545  il  obtint  le  grade  de  docteur  en  mu- 
sique à  l'Université  de  Cambridge,  el  trois  ans 
après  il  fut  nommé  professeur  à  celle  d'Oxford. 
La  veine  Elisabeth  lui  avait  accordé  le  titre 
d'organiste  de  sa  chapelle  :  il  le  conserva  jus- 
qu'à sa  mort,  qui  parait  être  arrivée  vers  1570. 
D'après  une   anecdote    rapportée   par  Wood, 
Tye  parait  avoir  été  dans  sa   vieillesse  d'un 
caractère  bourru  el  de  mauvaise  humeur  qui  ne 
respectait  guère  les  convenances;  car  Elisa- 
beth, assistant  un  jour  à  l'office  divin  dans  sa 
chapelle,  pendant  qu'il  jouait  de  l'orgue,  lui 
fit  dire  qu'il  ne  jouait  pas  dans  le  ton  des 
chanlres  :  Dites  à  Sa  Majesté,  répondit-il, 
que  ce  sont  ses  oreilles  qui  ne  sont  pas  dans 
le  ton.  Tye  est  considéré  en  Angleterre  comme 
un  grand  musicien,  et  comme  le  maître  de 
tous  les  compositeurs  anglais  qui  se  distin- 
guèrent après  lui.  L'antienne  From  the  depth 
called  on  thee,  o  Lord,  qu'on  trouve  dans 
V Harmonica  sacra  de  Page,  et  celle  qui  com- 
mence par  ces  mots  I  ïïill  exall  thee,  que 
Boyce  a  insérée  da,ns  sa  Cathedralmusic,  jus- 
tifient celle  opinion.  Le  plus  grand  ouvrage  de 
Tye  est  la  collection  des  Actes  des  apôtres  qu'il 
commença  à  mettre  en  musique,  mais  dont  il 
n'a   publié  que   les  quatorze    premiers  cha- 
pitres, sous  ce  litre,  en  vieux   anglais  :  The 
actes of  the apostles,  translaled  inlo  Lnglgshe 
mètre,  and  dedicated  lo  the  Kyngc's  most 
excellannte   Maieshje,   wytk   notes    to  eche 
chapter,  lo  synge,  and  also  to  plage  upon 
the  Iule,  etc.,  London,  1553,  in-4". 

TYLMAN  SUSATO  ,  et  quelquefois 
TIKLMAIV,  imprimeur  de  musique,  instru- 
mentiste et  compositeur,  naquit  dans  les  der- 
nières années  tin  quinzième  siècle.  Son  nom 
de  famille  n'était  pas  Susato,  car  un  acte  dé- 
couvert par  M.  de  Burbure,  l'appelle  Tylman 
Susalo,  fils  de  Tylman.  Dès  l'année  1529,  il 
élail  établi  à  Anvers,  car  il  figure  alors  dans 
les  comptes  de  la  chapelle  de  la  Vierge  à  la 
cathédrale  de  celte  ville.  Calligraphe  et  copiste 
habile,  il  avait  écrit  pour  cette  chapelle  un 
grand  recueil  de  musique.;  il  en  écrivit  un 
autre  dans  l'année   suivante.    Cependant   il 


n'était  pas  né   à   Anvers,   car  il  est  appelé 
Thielman  de  Cologne  (Tielman   vans,Cœlen) 
dans  les  comptes  de  la  ville.  Celte  désignation 
prouve   seulement  qu'il  avait  demeuré  dans 
l'ancienne  ville  rhénane  avant  de  s'établir  à 
Anvers,  mais  elle  ne  fournit  pas  d'explication 
du  nom  de  Susato.  Dans  une  longue  lettre  que 
m'écrivait  Dehn,  de   Berlin,  le  1er  septembre 
1854,  il  disait  :  «  Mes  recherches  sur  ce  cé- 
»   lèhre  musicien  et  imprimeur  ne  m'ont  pas 
»  donné  de  résultat  satisfaisant;  je  crois  ce- 
»   pendant  qu'il  était  né  à  Soest,  petite  ville 
»  de  la  WeslpMie,  dont  le  nom  latin  est  Su- 
»  satum,   d'où    il    s'était  donné  le  nom  de 
»  Susato    ou    Susatus.    »    Cette    conjecture 
est  d'autant  plus  vraisemblable,    que  Soest, 
ou  Sost,  est  peu  éloigné  de  Cologne,  où  Tyl- 
man a  pu   faire  son  éducation  musicale.  Quoi 
qu'il  en  soit,  les  recherches  de  !>1.  Léon  de 
Burbure  ont  élé  plus  fructueuses  que  celles  de 
Dehn,  comme  on  peut  le  voir  par  ce  qui  suit. 
En  1561,  Tylman  paraît  comme  instrumen- 
tiste dans  les  comptes  de  la  chapelle  de   la 
Vierge  dont  il  a  élé  parlé  précédemment:  il 
est  payé  pour  avoir  joué  dix-neuf  fois  de  la 
trompette  aux  messes  et  aux  saints  solennels 
de  l'année.  A  la  même  date,  il  est  mentionné, 
dans  les  comptes  de  la  ville,  au  nombre  des 
cinq  musiciens  instrumentistes  entretenus  par 
le  magistrat  d'Anvers.  Un  catalogue  des  instru- 
ments à  vent  qui  appartiennent  à  la  ville,  en 
1532,  porte  que  Tylman  avait,  devers  lui,  neuf 
flûtes  renfermées  dans  un  étui,  deux   trom- 
pettes,   une    trompette    de   campagne   (Vell 
trompet),  et  un  ténor  de  flûte  (Teneurpipe). 
En  1541,  on  voit,  dans  les  comptes  de  la  ville, 
que  Tylman  recevait,  outre  ses  gages,  un  sub- 
side annuel  pour  avoir  fixé  sa  demeure  à  An- 
vers, à  l'effet  d'y  exercer  sa  profession  de 
musicien.  Dans  la  même  année,  il  vend  au 
magistrat  une  trompette  ténor  et  une  trom- 
pette basse  destinées  à  accompagner  les  voix  à 
l'église  et  dans  les  processions.  En   1543,   il 
établit  une  imprimerie  de  musique,  et  le  pre- 
mier ouvrage  qui  sort  de  ses  presses  a  pour 
titre   :    Chansons  à  quatre  parties ,  aux- 
quelles sont  contenues  XXXI  nouvelles  chan- 
sons, convenables  tant  à  la  voix  comme  aux 
instruments.  Livre  I.  Imprimées  en  Anvers, 
par  Tylman  Susato,  correcteur  de  musique; 
1543,  in-4".  En  1547,  il  acheta  un  terrain  sur 
lequel    il    bâtit  une   maison  dans  laquelle   il 
transporta  son  imprimerie  :  il  donna  à  celte 
maison  l'enseigne  du  Cromorne  (1).  En  1549, 

(I)  Instrument  à  vent  du  moyen  ;ige,  en  bois,  d"un 
seul  morceau,  courbé  à  sa  partie  inférieure,  qui  s'eva- 


TYLMAN 


277 


quatre  jours  après  l'entrée  solennelle  dePhi- 
lippe  II  à  Anvers,  Tylman  Susalo  fut  démis- 
sionné de  ses  fonctions  de  musicien  du  magis- 
trat, ainsi  que  ses  compagnons,  à  l'exception 
d'un  seul.  Le  motif  de  cet  acte  de  sévérité  n'est 
pas  expliqué;  on  voit  seulement  que  ces  mu- 
siciens rentrèrent  plus  tard  en  grâce,  mais 
Tylman  cessa  définitivement  d'être  aux  gages 
delà  ville. 

Tylman  Susalo  continua  d'imprimer  de  la 
musique  jusqu'en  1560,  car  il  publia  dans 
cette  même  année  Le  XJFC  livre  à  quatre 
parties,  contenant  Xï'lII  chansons  ita- 
liennes, fil  chansons  françaises  et  VI mo- 
tetz  par  Orlando  de  Lassus.  En  Anvers,  par 
Thieleman  (sic)  Susato.  C'est  le  dernier  pro- 
duit connu  de  ses  presses.  On  n'a  pas  la  date 
de  sa  mort;  mais  il  est  vraisemblable  qu'elle  a 
précédé  l'année  1564,  car  le  premier  livre  des 
ebansons  d'Orlando  de  Lassus  fut  publié  dans 
celle  même  année,  par  Jacques  Susato,  qui 
parait  avoir  été  fils  de  Tylman,  et  qui  mourut 
lui-même  le  19  ou  20  novembre  1564.  Le  pre- 
mier livre  de  ebansons  à  quatre  voix,  dont  il 
est  parlé  ci-dessus,  ne  paraît  pas  avoir  été  le 
premier  essai  sorti  de  l'imprimerie  de  Tylman, 
car  il  existe  à  la  Bibliothèque  de  l'université 
d'Upsal  (Suède)  un  recueil,  sans  date,  dont 
voici  le  litre  :  Vingt  et  six  chansons  musi- 
cale (sic)  et  nouvelles  à  cincq  parties,  con- 
venable{sic)  tant  à  la  voix  comme  aussi  pro- 
pice à  jouer  de  divers  instrument:,  nouvel- 
lement imprimées  en  envers  par  Tielman 
Susato,  correcteur  et  imprimeur  de  musique, 
petit  in-4°obl.  Dans  une  épilre  dédicatoire  en 
vers  adressée  à  Marie,  reine  de  Hongrie  et 
gouvcrnanle  des  Pays-Bas,  Tylman  semble 
dire  qu'il  s'est  mis  à  la  recherche  de  procédés 
nouveaux  pour  l'impression  de  la  musique  ; 
en  voici  le  commencement  : 

A     LA     THÉS-ILLUSTRE     DAME     MARIE,      ROTNE     ET 
DOLAIGIÈRE    D'ilONCKIE  : 

«  Longtems  y  a,  très-illustre  Princesse, 

»  Que  mon  vouloir  à  jamais  n'a  prins  cesse 

»  De  s'employer  a  trouver  la  practique 

»  Et  le  moyen  d'imprimer  la  musique. 

»  Or  c'est  ainsi,  qu'après  grant  diligence, 

»  Non  sans  travail,  non  sans  cost  (coût)  etdcspence, 

»  Parvenu  suis  aucliicf  de  mon  entente, 

»  Dont  touleffois  encor  ne  me  contente.  » 

La   prétention  exprimée   ici   par  Tylman, 
d'avoir  failquelquechosede  nouveau  pour  la  ly- 

sail  un  peu  en  pavillon.  Il  formait  une  famille  composée 
du  superius,  de  l'allo,  du  ténorctdc  la  basse;  chacun 
d'eux  était  perce  de  six  trous,  sans  clef,  et  se  jouait  avec 
une  anclic.  Le  son  de  cet  instrument  était  rauque. 


pographie  musicale,  n'est  pas  fondée,  car,  ainsi 
que  l'a  fort  bien  remarqué  Antoine  Schmid  (1), 
il  s'es-t  servi  des  caractères  gravés  et  fondus 
par  Pierre  Hautin  ou  Haultinfvoj/ez  ce  nom). 
On  reconnaît  en  effet  qu'ils  sont  exactement 
semblables  à  ceux  dont  s'était  servi  avant  lui 
l'imprimeur  François-Pierre  Allaingnant.  Le 
dernier  morceau  du  recueil  dont  il  vient  d'être 
parlé  est  un  canon  énigmalique  à  cinq  voix, 
dont  l'explication,  en  mauvais  vers  français, 
est  elle-même  une  énigme.  La  résolution  de 
ce  canon  n'a  pu  être  trouvée  jusqu'à  ce  jour, 
parce  que  la  cinquième  voix  (quinta  pars) 
manque  à  l'exemplaire  d'Upsal,  le  seul  connu 
aujourd'hui.  Indépendamment  de  ce  recueil, 
et  des  quatorze  livres  de  chansons  françaises 
publiés  depuis  1543  jusqu'en  1500, on  connaît, 
comme  produits  des  presses  de  Tylman  Susalo, 
les  collections  suivantes  :  Liber  primus  Sa- 
crarum  cantionum,  quinque  vocum,  vulgo 
Jl/otelavocunt,  ex  optimis  quibusque  hujus 
xlatis  musicis  seleclarum.  Antverpix  apud 
Tilemannum  Susato,  anno  1546,  gr.  in-4°. 
Z/6cr  secondus  Sacrarum  cantionum  quin- 
que vocum,  etc.;  ibid.,  1546.  Liber  ter- 
tius,  clc;  ibid.,  1547.  Liber  quartus,  elc.j 
ibid.,  1547.  Je  possède  un  magnifique  exem- 
plaire complet  des  quatre  livres  de  cette  col- 
lection qui  renferme  soixante-douze  motets  de 
Castelati,  Crequillon,  Pierre  de  Manchicourt, 
Clément  non  papa,  Jean  Lecocq  ou  Gallus^ 
Cadeac,  Benoît  d'Appenzel,  Jean  Lupi ,  Lupus 
Hellinck,  Corneille  Canis,  Nicolas  Payen,  Mo- 
rales, Tylman  Susato,  Antoine  Trojani,  Bou- 
courl,  Adrien  Willaerl,  Petit  Jan  (l)elatlre), 
Hesdin,  Jean  Courtois,  Jean  Mouton,  Consi- 
lium,  Jean  Larchier  et  Nicolas  Gel'zin.  Une 
autre  collection  de  motets  à  quatre,  cinq  et  six 
voix  a  été  imprimée  en  quinze  livres  par  Tyl- 
man Susalo  sous  ce  titre  :  Ecclesiasticx  can- 
tioncs  quatuor  et  quinque  vocum,  vulgo  mo- 
tela  vacant,  tant  ex  veteri,  quam  ex  novo 
Testamento,  ab  optimis  quibusque  hujus 
xlatis  musicis  composite.  Antea  iiunquam 
excusx.  Antverpix,  etc.,  1555-1557,  petit 
in-4"  obi.  Les  sept  premiers  livres  seulement 
de  celle  collection  sont  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Munich;  les  bibliothèques  de  Vienne 
et  de  Berlin  n'en  ont  rien.  Il  n'en  existe  vrai- 
semblablement pas  d'exemplaire  complet.  Le 
quinzième  livre  seul  contient  des  motets  à  six 
voix.  On  a  aussi  un  recueil  intitulé  Madrigali 
e  canzoni  francesi  à  5  voci,  imprimés  par 
Tylman  Susato,  en  1558,  petit  in-4°obl. 

(I)  Oltaviano  dei  Pctntcci  da  Fossombrone,  p.  273. 


278 


TYLMAN  -  TZWEJOEL 


Comme  compositeur,  ce  typographe  musi- 
cien n'était  pas  sans  mérile;  il  écrivait  d'une 
manière  correcte  dans  le  slyle  de  son  époque. 
On  trouve  des  chansons  françaises  à  quatre 
voix,  de  sa  composition,  dans  les  premiers, 
deuxième,  quatrième,  sixième,  onzième  et 
treizième  livres  de  sa  collection  publiée  depuis 
1543  jusqu'en  1560.  Ses  Sacras  cantiones 
quinque  vocum  etc.  (1540-1547)  contiennent 
trois  de  ses  motets,  et  il  a  publié  un  livre  en- 
tier de  ses  ouvrages,  sous  ce  titre  :  Le  premier 
livre  des  chansons  à  deux  et  à  trois  parties 
contenant  trente  et  une  nouvelles  chansons, 
convenables  tant  à  la  voix  comme  aux  in- 
struments, composées  en  envers  par  Thil- 
man  (sic)  Susalo,  correcteur  de  musique  de- 
mourant  en  ladicte  ville  auprès  de  la  nouvelle 
bource  en  la  rue  des  Douze  mois;  1544,  in-4° 
obi.  Dans  la  préface  de  cet  ouvrage  (Aux 
amateurs  de  la  noble  science  de  musicq), 
Tylman  dit  qu'il  a  composé  ces  chansons  pour 
qu'on  put  les  chanter  de  deux  manières,  à  sa- 
voir à  deux  parties,  qui  sont  le  superius  et  le 
ténor,  en  laissant  le  bassus,  ou  à  trois,  avec 
cette  dernière  voix.  A  toutes  les  pages  du  su- 
perius et  du  ténor,  on  lit  en  deux  vers  : 

Chantez  à  deux  si  bon  vous  semble, 
Puis  chanterez  tous  trois  ensemble. 

A  chaque  page  du  bassus,  on  lit  ceux-ci  : 

Veulx-tu  chanter  par  bon  advis  ? 
Attends  que  tu  en  soys  requis. 

Divers  recueils  de  motets  et  de  chansons  pu- 
bliés en  France  et  en  Allemagne  renferment 
des  morceaux  de  Tylman  Susato. 

TYTLER  (William),  et  non  TYLTEN, 
comme  écrivent  Lichlenthal  (1)  et  C.-F.  Bec- 
ker  (2),  est  un  littérateur  anglais,  qui  naquit 
à  Edimbourg,  en  1711.  Fils  d'un  procureur,  il 
fut  obligé  d'embrasser  la  profession  de  son 
père,  après  avoir  achevé  ses  éludes,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  cultiver  la  philosophie,  la 
poésie,  la  musique  et  la  peinture.  La  société 
des  antiquaires  d'Ecosse  l'admit  au  nombre 
de  ses  membres,  et  le  nomma  son  président. 
Il  mourut  à  Edimbourg,  le  12  septembre  1792. 
Tyller  a  fait  insérer  dans  le  premier  volume 
des  Mémoires  de  cette  société  (p.  469  et  suiv.) 
une  dissertation  sur  la  musique  écossaise,  qui 
a    été    ensuite    réimprimée    dans    l'histoire 

(1)  Dizzionario  e  Bibliografîa  délia  Musiea,  t.  III, 
p.  162. 

(2)  Systemaliseh  cltronologische  Darstellung  der  musi- 
kal.  Litcratm;  p.  82. 


d'Edimbourg  par  Arnot  (Edimbourg,  1788, 
in-4°).  Dans  le  même  volume  des  Transactions 
de  la  société  des  antiquaires  d'Ecosse 
(p.  499),  il  a  donné  une  autre  dissertation  sur 
les  amusements  et  les  plaisirs  à  la  mode  à 
Edimbourg  pendant  le  dix-septième  siècle, 
avec  le  plan  d'un  grand  concert  de  musique  le 
jour  de  Sainte-Cécile,  en  1695.  Enfin  Tytlera 
examiné  la  part  que  Jacques  Ier,  roi  d'Ecosse, 
a  eue  à  la  musique  des  anciennes  chansons 
écossaises,  dans  une  dissertation  qui  fait 
partie  de  son  curieux  recueil  intitulé  :  Poe- 
tical  remains  of  James  the  First,  King  of 
Scotland;  Edimbourg,  1783,  in-8°. 

TZAMEN  (Thomas),  musicien  de  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle,  naquit  à  Aix- 
la-Chapelle.  Il  n'est  connu  que  par  un  motet 
à  trois  (Domine  Jesu-Christe) ,  rapporté 
parGlaréan  dans  son  Dodecachordon  (p.  298). 

TZWEJOEL  (Théodoiuc),  moine  alle- 
mand, dilDEÏHONTEGAUDIO  (probable- 
ment Vergniigenberg ,  dans  le  Tyrol)  vécut 
dans  un  monastère  de  l'Aulricheou  de  la  Ba- 
vière, vers  la  fin  du  quinzième  siècle  et  au  com- 
mencement du  seizième.  Deux  opuscules  d'une 
rareté  excessive  et  à  peu  près  inconnus  des  bi- 
bliographes ont  été  publiés  parce  religieux  :  le 
premier  a  pour  titre  :  Arithmeticx  Opuscula 
duo  Theodorici  Tzivejoel  numerorum  praxi 
(Quod  algorithmi  dicuntur)  unum  de  integris 
per  figuramm  (more  allemano)  delectionem; 
Alterum  de  proportionibus  cujus  usus  fre- 
quens  in  musicam  harmonicam  Severini 
Boelij.  Monasterii (sans  date),  une  feuille  petit 
in-4°.  On  voit  que  ce  petit  ouvrage  a  été  imprimé 
dans  le  couvent  où  vivait  son  auteur;  cepen- 
dant  il  en  existe  un  exemplaire  à  la  bibliothè- 
que impériale  de  Vienne,  à  la  fin  duquel  on 
lit  :  Quint elliterato  disseminari procuravil. 
Anno  MDVII,  une  feuille  petit  in-4°.  Henri 
Ouintel  était  un  imprimeur  de  Cologne,  dont 
les  presses  ont  mis  au  jour,  en  1501,  L'Opus 
aureum  musice  castigatissimnm  de  Wollick. 
Le  second  opuscule  de  Tzwejoel  est  intitulé  : 
Introductorium  musicx  practicx  ex  pro- 
batis  scriploribus  per  Theodoricum  Tzivejoel 
de  Montegaudio  excerptum,  colleclum  in  or- 
dinemque  redactum.  Prima  hujus  opusculi 
edilio.  Impressa  Colonio  in  Officina  lite- 
raria  ingcnuorumlibrorum  Quintell.  Anno 
Domini  1513.  Une  feuille  petit  in-4".  Un 
exemplaire  de  ce  petit  ouvrage,  le  seul  connu 
jusqu'à  ce  jour,  est  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Berlin,  dans  l'ancien  fonds. 


u 


URALDI(CirAitLEs),  né  à  Milan,  vers  1780, 
a  élé  professeur  rie  solfège  au  Conservatoire  de 
musique  de  celle  ville.  Élève  de  ses  compa- 
triotes Poliani  et  de  Baillou,  il  a  écrit  l'opéra 
Siroe  re  di  Persia,  qui  a  élé  joué  à  Turin 
avec  succès,  cl  les  cantates  Ero  c  Leandro  et 
Eloisa  ed  Abelardo,  que  Gervasoni  dit  être 
fort  belles.  Ubaldi  a  écrit  aussi  de  la  musique 
instrumentale  estimée,  entre  autres  deux  pas- 
torales pour  l'orgue,  publiées  à  Milan,  chez 
Ricordi. 

UBEIt  (Ciirétien-Benjamin),  avocat  et  com- 
missaire de  justice  à  Breslau,  naquit  dans 
celte  ville  le  20  septembre  1746.  Après  avoir 
fait  ses  études  littéraires  au  collège  d'Elisa- 
beth, il  alla  suivre  les  cours  de  droit  à  l'Uni- 
versité de  Halle,  en  1769.  De  retour  à  Breslau, 
il  y  fut  nommé  référendaire  en  1772,  et  avocat 
deux  ans  après.  Amateur  de  musique  distin- 
gué, il  se  délassait  de  ses  travaux  du  barreau 
par  les  jouissances  que  lui  procurait  cet  art. 
Chaque  semaine  il  y  avait  chez  lui  deux  con- 
certs ;  dans  le  premier,  on  exécutait  des  sym- 
phonies ;  le  second  était  consacré  aux  quatuors 
et  quintettes.  Uber  mourut  à  Breslau  en  1812. 
On  connaît  de  sa  composition  :  1°  Clarisse, 
ou  la  Servante  inconnue,  opéra-comique, 
gravé  en  partition  pour  le  piano,  à  Breslau, 
en  1772.  2°  Quintettes  pour  cinq  instruments 
à  cordes,  ibid.,  1772.  3°  Sérénade  pour  piano, 
ibid.,  1773.4°  Trois  sonates  pour  piano  avec 
violon  et  violoncelle  obligés  et  deux  cors  ad 
libitum,  Leipsick,  Wienbrack.  5°  Neuf  diver- 
tissements pour  piano,  flûte,  violon,  deux  cors, 
alto  et  basse,  ibid.,  1777.  6°  Sonates  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  Breslau,  1776. 
7°  Six  sonates  faciles  pour  piano  seul,  Leip- 
sick, Wienbrack.  8°  Deucalion  et  Pyrrha, 
cantate.  9°  Onze  concertinos  pour  piano,  flûte, 
alto,  deux  cors  et  basse.  Breslau,  17ôo.  Tous 
les  instruments  sont  concertants  dans  ces 
morceaux. 

UBEU  (Frf.déric-Ciirktien-Hermainn),  fils 
du  précédent,  naquità  Breslau, le  22  avril  1781. 
Les  occasions  fréquentes  qu'il  eut  d'entendre 
de  la  musique  dans  la  maison  de  son  père 
développèrent  en  lui,  dès  son  enfance,  un 
goût  passionné  pour  cet  art.  Cependant,  pour 


obéir  à  son  père,  il  alla  suivre  des  courside 
droit  à  l'Université  de  Halle;  mais  les  conseils 
de  Ttlrk  (voyez  ce  nom)  achevèrent  le  déve- 
loppement de  ses  facultés  pour  la  composition, 
et  décidèrent  de  son  avenir.  Tllrk  lui  avait 
abandonné  la  direction  des  concerts  d'hiver,  à 
Halle;  il  y  fit  exécuter  ses  premiers  ouvrages, 
qui  consistaient  en  un  concerto  pour  le  violon 
et  une  cantate.  L'accueil  favorable  qui  fut  fait 
à  ces  productions  décida  Uber  à  entreprendre 
la  composition  d'un  opéra  intitulé:  Les  Ruines 
de  Portici;  mais  il  ne  l'acheva  pas.  L'ouver- 
ture et  quelques  airs  de  cet  opéra  furent  seuls 
connus  vers  1803.  De  retour  à  Breslau  dans  la 
môme  année,  il  devait  s'y  préparer  à  la  car- 
rière d'avocat;  mais  ses  instances  auprès  de 
son  père  et  le  succès  d'une  seconde  cantate  {le 
Triomphe  de  Vamour)  décidèrent  celui-ci  à 
lui  laisser  suivre  son  penchant.  A  la  fin  de 
l'année  1804,  il  accompagna  le  prince  Radzi- 
will  à  Berlin,  et  entra  en  qualité  de  violoniste 
solo  au  service  du  prince  Louis-Frédéric  de 
Prusse,  sur  la  recommandation  de  Bernard 
Romberg  ;  mais  les  événements  de  1806  le  pri- 
vèrent de  cette  position.  Il  avait  donné,  au 
commencement  de  celte  année,  un  grand  con- 
cert à  Berlin,  et  y  avait  fait  admirer  son  talent 
sur  le  violon.  La  chapelle  de  Brunswick  lui 
offrit  en  1807  l'équivalent  de  ce  qu'il  avait 
perdu  à  Berlin  ;  mais  il  quitta  celte  position  au 
mois  de  décembre  1808,  pour  enlrer  au  ser- 
vice du  roi  de  Westphalie  comme  premier  vio- 
lon et  directeur  de  l'Opéra  allemand.  Il  écrivit 
à  Cassel  plusieurs  concertos,  l'intermède  alle- 
mand Der  falsche  TFerber  (Le  faux  enrôleur), 
la  musique  de  Moïse,  drame  de  Klingemann; 
le  Plongeur,  de  Schiller,  ainsi  que  plusieurs 
opéras-comiques  français,  dont  on  ne  connaît 
aujourd'hui  que  les  Marins.  La  dissolution  du 
royaume  de  Westphalie  ayant  laissé  Uber  sans 
emploi,  en  1814,  il  accepta  dans  le  cours  de 
l'année  suivante  la  place  de  directeur  de  mu- 
sique du  théâtre  de  Mayence,et  fit  représenter 
dans  cette  ville  le  petit  opéra  Der  frohe  Tag  (le 
Jour  heureux).  Devenu  directeur  de  musique 
delà  troupe  de  Seconda,  à  Dresde,  en  1816,  il 
y  écrivit  la  musique  de  Saxonia,  pièce  allégo- 
rique. On  ignore  ce  qui  lui  fit  quiller  celle 


280 


UBER  -  UDALSCHALK 


position  pour  aller  à  Leipsick  vivre  pendant 
quelque  temps  du  produit  de  leçons  particu- 
lières; mais  il  n'y  resta  pas  longtemps,  la 
place  de  cantor  et  de  directeur  de  musique  de 
l'église  de  li  Croix  lui  ayant  été  offerte  à 
Dresde  en  1817.  Ses  principales  compositions 
écrites  dans  celte  ville  furent  une  cantate  pour 
le  jubilé  du  roi  de  Saxe,  en  1818,  une  autre 
inlulée:  La  fête  de  la  Résurrection,  la  mu- 
sique du  drame  Der  ewige  Jude  (le  Juif  errant), 
et  l'oratorio  Die  letzten  TForle  des  Frlœsers 
(les  dernières  paroles  du  Sauveur).  L'altération 
de  sa  santé,  dont  les  progrès  se  faisaient  re- 
marquer chaque  année,  le  conduisit  au  tom- 
beau, le  2  mars  1822,  au  moment  même  où 
l'on  exécutait  pour  la  première  fois  son  oratorio 
à  l'église  de  la  Croix.  Uber  était  un  violoniste 
distingué  ;  il  fit  preuve  de  talent  dans  ses  com- 
positions. On  n'a  gravé  qu'un  petit  nombre  de 
ses  ouvrages,  savoir  :  1°  Ouverture  du  Juif 
errant  h  grand  orchestre,  Leipsick,  Breilkopf 
et  Hœrlel.  2°  idem  des  Marins,  Offenbach, 
André.  5°  Premier  concerto  pour  violon  (en 
mi  mineur)  op.  3,  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœr- 
lel.  4°  Romances  et  Chansons  françaises,  Leip- 
sick, Pelers. 

UBEI\  (Alexandre),  deuxième  fils  de  Chré- 
tien-Benjamin, né  à  Breslau,  en  1783,  fit  ses 
études  au  collège  d'Elisabeth,  puis  fut  élève  de 
Janitzck  pour  le  violon,  de  Schnabcl  pour  la 
composition,  et  enfin  de  Jaeger  pour  le  violon- 
celle, qui  devint  son  instrument  de  prédilec- 
tion. Ses  relations  avec  Charles-Marie  de 
Weber,  Berner  et  Klingohr  contribuèrent  à 
développer  son  talent.  Sa  première  composition 
fut  une  ouverture  que  Berner  fit  exécuter  dans 
un  concert.  En  1804,  il  entreprit  un  grand 
voyage  eu  Allemagne,  et  se  fil  entendre  avec 
succès  dans  plusieurs  villes.  Après  avoir  rem- 
pli les  fonctions  de  directeur  de  musique  dans 
plusieurs  chapelles,  il  s'élablil  à  Baie  et  s'y 
maria  en  1820;  mais  dans  l'année  suivante  il 
retourna  à  Breslau.  En  1823,  il  devint  maître 
de  chapelle  du  comte  de  Schœnaich  et  du 
prince  de  Karolath.  Une  moi  l  prématurée  l'en- 
leva à  l'art  et  à  ses  amis,  en  1824.  On  a  publié 
de  la  composition  de  cet  artiste  :  1°  Premier 
concerto  pour  violoncelle,  op.  12,  Offenbach, 
André.  2°  Variations  pour  le  même  instru- 
ment avec  quatuor  ou  orchestre,  op.  14,  ibid. 
3"  Six  caprices  pour  violoncelle,  op.  10, 
Mayence,  Scholl.  4"  Seizes  variations  sur  un 
air  allemand,  Berlin,  Schlesinger.  5°  Septuor 
pour  clarinette,  cor,  violon,  deux  altos  et  deux 
violoncelles,  op.  17,  André,  Offenbach.  6°  Des 
thèmes  variés  pour  différents  instruments  à 


vent.  7°  Plusieurs  recueils  de  chants  à  plu- 
sieurs voix  avec  piano,  Offenbach,  André; 
IMayence,  Scholl.  8°  Chants  à  voix  seule  avec 
piano,  liv.  1,  2,  Augsbourg,  Gombart,  op.  18, 
Mayence,  Schott. 

UBEUTI  (Giuzioso), professeur  de  droit  à 
Césènedans  le  dix-septième  siècle,  est  cité  par 
Allacci  comme  auteur  d'un  livre  intitulé  : 
Contrasto  musico  in  sette  parti  divise- ,  Borna, 
Louis  Grignano,  1630,  in-8°. 

UCCELLI  (Madame  Caroline),  née  PAZ- 
ZH>I,  d'une  famille  honorable  de  Florence, 
dans  les  premières  années  du  dix-neuvième 
siècle,  cultiva  d'abord  la  musique  comme  ama- 
teur, et  en  fit  sa  profession  après  la  mort  de  son 
mari,professeurde  littérature  àPisc.Le21  juin 
1830,  elle  fit  représenter  au  théâtre  de  la  Per- 
gola,  à  Florence,  un  opéra  intitulé  Saiil,  qui 
fut  favorablement  accueilli  par  le  public  :  elle 
en  avait  aussi  composé  le  libretto.  En  1831, 
elle  écrivit  Eufemio  di  Messina,  qui  ne  fut 
pas  représenté,  et  Emma  di  Resburgo,  sur  le 
poème  mis  précédemment  en  musique  par 
Meyerbeer  :  l'ouvrage  de  madame  Uccelli  fut 
joué  à  Naples,  avec  quelque  succès,  en  1832. 
L'ouverture  tV Eufemio  di  Messina  futexécu- 
tée  dans  un  concert  à  Milan,  en  1833.  En  1843, 
madame  Uccelli  se  rendit  à  Paris  avec  sa  fille, 
jeune  cantatrice  qui  reçut  des  leçons  de  Bor- 
ilogni,  puis  elles  voyagèrent  toutes  deux  pour 
donner  des  concerts,  et  visitèrent  la  Belgique, 
la  Hollande,  les  villes  rhénanes  et  la  Suisse. 
On  n'a  pas  de  renseignements  sur  la  suite  de 
la  carrière  de  ces  artistes. 

LCCELLINI  (Dom  Marc),  maître  de  cha- 
pelle à  Parme,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  y  a  fait  représenter  les  opéras  :  1"  Le 
Nave  d'Enea,  1073.  2n  Eventi  di  Filandro 
ed  Edesta.  1G75.  3"  Giove  di  Elide  fulmi- 
nato,  1077.  Il  a  aussi  publié  plusieurs  œuvres 
de  musique  instrumentale  sous  les  titres  sui- 
vants :  1°  Sonate,  sinfonie  e  correnti  a  2,  3 
e  4  slromenli,  lib.  1  et  2.  2°  Sonate  a  2'e 
3  violini,  o  altri  stromenti,  lib.  3.  3°  Sonate, 
correnti  ed  arie  «  1,  2  e  3  stromenti,  lib.  4. 
Tous  ces  ouvrages  ont  paru  depuis  1G50  jus- 
qu'en 1000  environ. 

UDALSCIIALK-DE  MAISSAC,  abbé 
de  Saint-Ulrich,  à  Augsbourg,  fut  élevé  à  celle 
dignité  en  1120.  Il  mourut  en  1151.  Les 
hymnes  en  l'honneur  de  saint  Ulrich  et  de 
saint  Afre,  dont  il  a  composé  les  paroles  et  la 
musique,  se  chantent  encore  dans  les  églises 
de  cette  ville.  On  cite  aussi  sous  le  nom  de  cet 
abbé  un  traité  De  musica;  qu'il  a  laissé  eu 
manuscrit. 


UDL  -  UHLMANN 


281 


UDL  (Jean-Antoine),  pianiste  et  composi- 
teur, né  vers  1812,  à  Warasdiu,  en  Hongrie, 
fut  |iroressenr  de  son  instrument  dans  celle 
ville  :  il  y  vivait  en  1840.  Il  s'est  fait  con- 
naître par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Varia- 
tions pour  piano  sur  un  thème  hongrois  (en 
ré);  Warasdin,  Werner.  2°  Variations  idem 
(en  ré),  op.  2;  ibid.  3"  Variations  idem  (en 
sol  mineur),  op.  5;  ibid.  4"  Variations  idem 
(en  ré),  op.  4;  ibid. 

UGIIERI  (Poupée),  virtuose  sur  la  harpe 
douhle  (à  deux  rangs  de  cordes),  et  maître  de 
danse  à  Milan,  vécut  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  Il  a  publié  un  ouvrage  de 
sa  composition  intitulé  :  Balletti,  gagliarde  e 
correnti  a  5,  cioè  2  canti,  e  il  basso  con  par- 
titura;  Milano,  1627. 

UGOLIIXI  (Vincent),  compositeur  de 
l'école  romaine,  naquit  à  Pérouse,  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle.  Conduit  à 
Rome  dans  sa  jeunesse,  il  y  devint  élève  de 
Bernardin  Nanini,et  fut  une  des  gloires  de  son 
école.  Le  premier  emploi  qu'il  remplit  fut  celui 
de  maître  de  chapelle  de  Sainte-Marie-Majeure, 
à  Rome;  il  y  fut  appelé  en  1603;  mais  une 
longue  maladie,  dont  il  fut  atteint  en  1604, 
lui  fil  interrompre  son  service,  et  le  laissa  va- 
létudinaire pour  le  reste  de  ses  jours.  Toute- 
fois, son  rare  mérite  lui  fit  conserver  sa 
position  jusqu'en  1609,  où  des  propositions 
avantageuses  lui  furent  faites  pour  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Béné- 
venl;  il  les  accepta  et  se  rendit  dans  celle 
ville,  où  il  demeura  jusqu'en  1615.  De  retour 
à  Rome,  il  y  fut  élu  maître  de Sainl-Louis-des- 
Français,  puis  appelé,  en  1620,  à  la  place  de 
mailre  de  chapelle  de  Saint- Pierre  du  Va- 
tican. Le  mauvais  élat  de  sa  santé  l'obligea  à 
donner  sa  démission  de  cet  emploi,  au  mois 
«le  février  1626  ;  il  mourut  dans  la  même 
année.  Ugolini  fut  incontestablement  un  des 
plus  savants  musiciens  de  la  grande  école  ro- 
maine. Parmi  ses  meilleurs  élèves,  on  remar- 
que le  célèbre  Horace  Benevoli.  On  a  publié  de 
sa  composilion  :  1°  Deux  livres  de  motels  à 
huit  voix;  Rome,  Zannelli,  1614.  2°  Deux 
livres  de  madrigaux  à  cinq  voix;  Venise,  Vin- 
centi,  1615,  in-40.  3°  Quatre  livres  de  motels 
pour  une,  deux,  trois  et  quatre  voix  avec 
basse  continue  pour  l'orgue;  ibid.,  1616, 
1617,  1618  et  1619,  in-4".  4°  Deux  livres  de 
psaumes  à  huit  voix;  ibid.,  1620.  5"  Deux 
livres  de  messes  et  de  motets  à  huit  voix 
et  à  douze;  Rome,  Soldi,  1622.  6°  Salmi 
elmolclti  a  \1voci;  Venise,  Vincenti,  1624, 


UGOLINI  ou  UGOLINO,  surnommé 
D'ORVIETO,  parce  qu'il  était  né  dans  cette 
ville,  vécut  dans  le  quatorzième  siècle,  et 
écrivit  un  traité  De  Musica  mensurata,  qui 
se  trouvait  en  manuscrit  dans  la  bibliothèque 
de  l'abbé  Baini,  maître  de  la  chapelle  pontifi- 
cale à  Rome,  et  qui  est  aujourd'hui  dans  la 
bibliothèque  Casanatense  de  la  même  ville. 

UGOLIINI(Blaise),  prêtre  vénitien,  vécut 
au  milieu  du  dix-huitième  siècle.  On  lui  doit 
la  plus  ample  collection  d'écrits  relatifs  aux 
antiquités  hébraïques  qui  ait  été  publiée;  elle 
a  pour  litre  :  Thésaurus  antiquitatum  sa- 
crarum,  complectens  seleclissima  clarissi- 
morum  opuscula ,  in  quibus  veterum  I/e- 
brxorum  mores,  leges,  instituta,  rilus  sacri 
et  civiles  illustrantur;  Fenetiis,  1744-1769, 
trente-quatre  volumes  in- fol.  Le  trente- 
deuxième  volume  est  entièrement  relatif  à  la 
musique  des  Hébreux,  et  l'on  y  trouve  qua- 
rante dissertations  ou  extraits  sur  celle  ma- 
tière. Ces  morceaux  sont  précédés  de  dix  cha- 
pitres du  Schilte  Haggiborim,  concernant 
toutes  les  parties  de  la  musique  «les  Hébreux, 
traduits  de  l'hébreu  en  latin  par  Ugolini.  J'ai 
fait  connaître  dans  celle  Biographie  univer- 
selle des  musiciens  tous  les  auteurs  dont  les 
dissertations  sont  renfermées  dans  la  collection 
d'Ugolini. 

UHDE  (Jean-Otiion),  conseiller  du  tri- 
bunal criminel  et  juge  à  la  cour  de  Berlin,  na- 
quit le  12  mai  1725,  à  Insterhonrg,  dans  la 
Lilhuanie.  Dès  son  enfance  il  se  voua  à  la  cul- 
ture des  sciences  et  des  arts,  particulièrement 
de  la  musique.  Le  violon  était  l'instrument 
qu'il  avait  choisi.  Ayant  suivi  son  père  à 
Berlin,  à  l'âge  de  quatorze  ans,  il  reçut  des 
leçons  du  violoniste  Simonelli,  et  apprit  le 
clavecin  cl  la  composition  sous  la  direction  de 
Schafralh.  Pendant  son  séjour  à  l'université  de 
Francfort  sur-l'Oder,  il  occupa  ses  loisirs  par 
la  continuation  de  ses  éludes  musicales.  De 
retour  à  Berlin,  en  1746,  il  écrivit  des  con- 
certos pour  le  violon,  des  symphonies,  des 
cantates,  et  l'opéra  Thémislocle,  dont  la  par- 
tition autographe  est  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Berlin,  et  dont  quelques  airs  ont  été  pu- 
bliés. Cet  amateur  distingué  mourut  subite- 
ment, le  20  décembre  1766. 

UIILMAÏN1N  (Jean-Adam),  directeur  de 
musique  de  la  cour,  à  Bamberg,  naquit  en 
1732,  à  Kronach,  en  Bavière.  Pendant  un  assez 
long  séjour  qu'il  fit  à  Munich,  il  écrivit  ses 
premières  compositions,  dont  le  succès  lui 
procura  son  emploi  à  la  cour  de  Bamberg.  Il 
n'a  rien  publié  de  ses  ouvrages.  Cet  artiste  mo- 


282 


UHLMANN  -  ULRICH 


desle  mourut  à  Bamberg,  le  21  octobre  1802. 
ULBRICH  (Maximilien),  amateur  de  mu- 
sique, naquit  à  Vienne,  en  1752.  Son  père, 
tromboniste  de  la  chapelle  impériale,  et  chan- 
teur au  service  de  l'impératrice  Marie-Thé- 
rèse, Je  fit  élever  au  séminaire  des  Jésuites. 
Wagenseil  lui  donna  des  leçons  de  clavecin  et 
de  basse  continue,  et  Reuter  acheva  son  édu- 
cation pour  la  composition.  Placé  à  la  cour, 
Ulbrich  fut  admis  aux  concerts  particuliers  de 
l'empereur  Joseph  II,  dans  lesquels  le  mo- 
narque lui-même  jouait  souvent  la  partie  de 
violoncelle.  Il  écrivit  des  messes,  motets,  Te 
Deum,  litanies,  etc.;  des  symphonies,  con- 
certos, sonates;  un  oratorio  intitulé  :  Les  Israé- 
lites dans  le  désert,  et  les  opéras  suivants, 
qui  furent  représentés  au  théâtre  de  la  cour  : 
1°  Friihling  und  Liebe  (Le  printemps  et 
l'amour).  2°  Der  blaue  Schmetterling  (Le 
papillon  bleu).  3°  Die  Schnitterfreude  (Les 
plaisirs  de  la  moisson).  Le  catalogue  de  Traeg 
indique  six  symphonies  à  grand  orchestre  com- 
posées par  cet  amateur,  qui  mourut  à  Vienne  le 
14  septembre  1814. 

ULICH  (Jean),  cantor,  directeur  de  mu- 
sique, organiste  et  compositeur  à  Wittenberg, 
vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  naquit  à 
Leipsick.  On  connaît  sous  son  nom  un  petit 
traité  du  chant  rédigé  en  tableaux,  sous  ce 
titre  :  Kurze  Anleitung  zur  Singekunst,  in 
einer  Tabelle  abgefasst,  Wittenberg,  1G78, 
trois  feuilles  in-fol.  La  deuxième  édition  de 
cet  ouvrage  a  paru  dans  la  même  ville,  en 
1682,  in-4°.  Dans  la  préface  de  cet  opuscule, 
Ulich  dit  qu'il  a  composé  :  1°  Des  concerts 
pour  un  petit  nombre  de  voix  et  d'instruments. 
2°  Des  concerts  pour  des  voix  et  des  instru- 
ments en  plus  grand  nombre.  5°  Un  recueil  de 
Sanclus.  4°  Quelques  motets.  5°  Quelques 
solos. 

ULKE  (A.),  organiste  et  premier  profes- 
seur de  l'école  évangélique  de  Gross-Strelitz 
(Silésie)  actuellement  vivant  (1864),  s'est  fait 
connaître  par  une  méthode  élémentaire  de 
piano  intitulée  :  Lehrgang  im  Klavier-Vn- 
terricht  oder  Jnordnung  und  Vertheilung 
der  Unlerrichssto/fes  fiirden  Klavier-Unler- 
richt;  Wolfenbttttel,  1857,  in-8fc. 

ULLIIXGER  (Augustin),  musicien  de  la 
Bavière,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  vécut  quelque  temps  à  Munich, 
et  étudia  le  contrepoint  sous  la  direction  du 
maître  de  chapelle  Camerloher.  Après  la  mort 
de  ce  maître,  il  lui  succéda  dans  la  place  de 
maître  «le  chapelle  à  Freysing.  Il  mourut  dans 
cette  ville  en  1780.  Ullinger  a  composé  à  Mu- 


nich des  Méditations  pour  l'église,  auxquelles 
on  reprochait  un  style  trop  dramatique.  Il 
écrivit  aussi  à  Freysing  un  opéra  intitulé  : 
Thémistocle,  qui  fut  représenté  en  1777. 

ULLOA  (Pierre),  jésuite  espagnol,  vécut 
aucommencementdudix-huitième  siècle, à  Ma- 
drid. Il  a  publié  un  traité  de  musique  intitulé  : 
Musica  universal,  o  principios  universales 
de  lamusica;  Madrid,  1717,  in-fol. 

ULRICH  (Jean-Rodolphe),  hautboïstedis- 
lingué,  fut  attaché  au  duc  de  Wurtemberg, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle, 
puis  alla  se  fixer  en  Suisse,  vers  1780.  Il  laissa 
en  manuscrit  quelques  concertos  pour  le  haut- 
bois, et  mourut  à  Zurich,  le  8  février  1795. 

ULRICH  (Edouard),  né  à  Weimar,  en 
1795,  a  reçu,  dans  sa  jeunesse,  des  leçons  du 
violoncelliste  Haase.  Plus  tard,  il  se  rendit  à 
Berlin  et  y  fit  quelques  études  de  contrepoint. 
De  retour  à  Weimar,  il  entra,  en  1811,  dans  la 
chapelle  de  la  cour  en  qualité  de  violoncel- 
liste, a  l'âge  de  seize  ans.  Il  s'y  trouvait  encore 
en  1843,  Parmi  les  productions  de  cet  artiste, 
on  remarque  l'opéra  qui  a  pour  titre  :  Der 
treue  Echard  (Le  fidèle  Eckard),  et  YErmite, 
représenté  à  Weimar,  en  1841 .  On  a  gravé  de 
sa  composition  :  1°  Premier  et  deuxième  con- 
cerlinos  pour  cor  et  orchestre;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hœrlel.  2°  Quelques  solos  pour  le  vio- 
loncelle et  le  basson. 

ULRICH  (Charles -Ernest-Hermann),  pas- 
teur à  Sprotlau  en  Silésie,  né  le  21  février 
1795,  à  Boltenhain  (Basse-Silésie),  reçut  sa 
première  instruction  musicale  de  Kadelbach, 
cantor  de  ce  lieu.  Ce  maître  lui  enseigna  Je 
piano,  l'orgue  et  le  violon,  et  le  musicien  de 
ville  Hoffmann  lui  apprit  à  jouer  de  plusieurs 
instruments  à  vent.  Pendant  qu'Ulrich  fré- 
quentait le  gymnase  de  Hirschberg,  il  reçut 
aussi  des  leçons  de  l'organiste  Kahl.  Se  desti- 
nant au  ministère  évangélique,  il  alla  suivre 
les  cours  de  théologie  et  de  philosophie  à  l'Uni- 
versité de  Breslau,  et,  pendant  quatre  ans,  il 
fut  élève  de  Berner  et  de  Schnabel  {voyez  ces 
noms)  pour  le  piano,  l'orgue  et  la  composition. 
Comme  tous  les  étudiants  des  universités  d'Al- 
lemagne, il  fit  contre  la  France  les  campagnes 
de  1813  et  1814.  De  retour  dans  la  Silésie,  il 
reprit  ses  paisibles  études.  En  1820,  il  fut 
nommé  pasteur  à  Sprottau.  Il  est  auteur  de 
quelques  dissertations  relatives  au  chant  re- 
ligieux et  populaire,  qu'il  a  fait  insérer  dans 
YEutonia,  écrit  périodique  publié  à  Breslau. 
Ces  morceaux  ont  pour  titres  :  1°  Einige 
IVorle  iiber  die  nothwendige  Verbesserung 
des  Begrxbniss-Gesanges (Quelques  molscon- 


ULRICH  -  UMBREIT 


283 


cernant  l'amélioration  nécessaire  du  cliant 
funéraire),  année  1829,  t.  II,  p.  62-76.  2°  Ue- 
ber  Gesangund  Musik  bei  Trauungen  (Sur  le 
chant  et  la  musique  de  noce),  t.  V,  p.  140151. 
5»  Ueber  Gesang  und  Orgel-Spiel,  by  der 
Communion  und  Confirmation  (Sur  le  chant 
et  le  jeu  de  l'orgue  dans  la  communion  et  la 
confirmation),  t.  VI,  p.  12-22.  On  connaît 
aussi  sous  le  même  nom  :  1°  Kleine  Lieder- 
sammlung  zur angenehmenund  gesellschaft- 
lichen  Unterhaltung  (Petit  recueil  de  Lie- 
der, etc.),  Breslau,  Gruss.  2°  Fersuche  einiger 
Klavier  und  Gesangstiicke  (Essai  de  quelques 
pièces  pour  le  piano  et  le  chanl),  trois  suites; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  5°  TFand  Lie- 
dertafelen,  collection  de  Lieder  à  deux,  trois 
et  quatre  voix,  et  de  chants  chorals  à  trois 
voix,  à  l'usage  des  écoles  ;  Cassel,  Leuckhart. 
UlTich  vivait  encore  à  Sprottau  en  1847. 

ULRICH  (Hcgo),  compositeur,  né  le  26  no- 
vembre 1827,  à  Oppeln  (Silésie),  où  son  père 
était  professeur  du  gymnase,  apprit  les  élé- 
ments delà  musique  dans  sa  ville  natale.  Après 
la  mort  de  ses  parents,  il  alla  continuer  ses 
études  au  gymnase  de  Breslau.  Brosig,  orga- 
niste de  la  cathédrale,  lui  donna  des  leçons 
d'orgue,  et  lui  enseigna  les  principes  de  l'har- 
monie. En  1846,  il  alla  achever  ses  études  lit- 
téraires au  gymnase  de  Glogau,  puis  il  se 
rendit  à  Berlin  pour  suivre  les  cours  de  l'uni- 
versité. Sur  la  recommandation  de  Meyerbeer, 
Dehn  l'accepta  pour  son  élève  et  lui  enseigna 
le  contrepoint.  Après  deux  années  d'études 
sous  la  direction  de  ce  maître,  Ulrich  se  livra 
à  la  composition.  L'Académie  royale  de  Bel- 
gique ayant  ouvert  un  concours  pour  la  com- 
position d'une  symphonie  triomphale  en  1853, 
à  l'occasion  de  la  majorité  du  duc  de  Brahant, 
l'ouvrage  envoyé  par  Ulrich  fut  couronné,  et 
sa  symphonie  exécutée  par  l'orchestre  du  Con- 
servatoire de  Bruxelles,  dans  la  séance  pu- 
blique de  l'Académie,  le  27  septembre  de  la 
même  année,  et  le  même  honneur  lui  fut  fait 
par  l'orchestre  de  ia  chapelle  royale  de  Berlin, 
en  1854.  Au  mois  de  septembre  1855,  Ulrich 
entreprit  un  voyage  en  Italie  et  visita  Venise, 
Turin,  Gênes,  Borne  et  Milan  où  il  fit  un  long- 
séjour.  De  retour  à  Berlin,  il  s'est  livré  à  l'en- 
seignement ainsi  qu'à  la  composition.  Pendant 
son  séjour  en  Italie,  il  écrivit  un  opéra  en  trois 
actes,  intitulé  :  Bertrand  de  Born,  qui  n'a 
pas  été  représenté  jusqu'à  ce  jour  (1864);  une 
deuxième  et  une  troisième  symphonie.  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  des  Lieder;  un  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle  (en  ut),  op.  1  ; 
Berlin,  Traulwein;  chansonnette  pour  piano, 


op.  2;  Leipsick,  Hofmeister;  Scherzo  pour 
piano,  op.  5;  Berlin,  Trautwein;  sérénade 
pour  piano,  op.  4;  ibid.:  sonate  pour  piano 
et  violoncelle,  op.  5;  ibid.;  symphonie  pour 
l'orchestre  (en  si  mineur), op.  6;  Berlin, Bock; 
quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle 
(en  mi  bémol),  op.  7;  Berlin,  Trautwein; 
symphonie  triomphale  (en  ut),  couronnée, 
op.  9;  Mayence,  Schott;  prière  et  nocturne 
pour  piano,  op.  13;  Breslau,  Leuckhart;  trois 
pièces  pour  piano,  op.  14;  ibid.;  ouverture  de 
fête  pour  orchestre,  op.  15;  ibid.;  Scherzo 
pour  piano,  op.  16;  ibid.;  trois  pièces  pour 
piano,  op.  17;  ibid.;  Trauerhlànges,  ouver- 
ture de  concert,  op.  18;  ibid. 

UMBREIT  (CnARLES-THÉorniLE),  orga- 
niste distingué,  naquit  le  9  juin  1763,  à 
Kehstedt,  près  de  Gotha.  Après  avoir  appris 
les  éléments  de  la  musique  dans  l'école  de  ce 
village,  il  se  rendit  à  Erfurt,  y  reçut  des  leçons 
du  célèbre  organiste  Kittel,  et  fit  sous  sa  direc- 
tion de  rapides  progrès.  En  1785,  la  place 
d'organiste  dans  le  riche  village  deSonneborn, 
près  de  Gotha,  lui  fut  offerte  :  il  l'accepta  et 
se  livra  dès  ce  moment  à  de  profondes  études 
sur  toutes  les  parties  de  son  art.  Il  forma  aussi 
plusieurs  bons  élèves  parmi  lesquels  on  re- 
marque quelques  organistes  distingués.  Après 
trente-cinq  années  de  séjour  paisible  à  Sonne- 
born,  et  d'une  existence  tout  entière  consacrée 
à  l'art,  une  discussion  avec  le  cantor  de  ce 
lieu  obligea  Umbreit  à  donner  sa  démission  de 
sa  place  d'organiste,  et  à  se  retirer  dans  le  lieu 
de  sa  naissance,  où  il  mourut  le  27  avril  1829, 
à  l'âge  de  soixante-six  ans.  Umbreit  avait  déjà 
mérité  l'estime  des  artistes  par  la  publica- 
tion de  quelques  recueils  de  pièces  d'orgue, 
lorsqu'il  fit  paraître  un  livre  de  mélodies  cho- 
rales à  l'usage  des  églises  protestantes  de  la 
Saxe,  contenant  trois  cent  trente-deux  mélo- 
dies à  quatre  voix,  sous  ce  titre  :  Allgemeines 
Choral-Buch  fiir  die  protestantische  Kirche, 
vierstimmige  ausgesetzt  mit  einer  Einlei- 
tung  iiber  den  Kirchengesang  und  dessen 
Begleitung  durch  die  Orgel;  Gotha,  B.  Z.  Bec- 
ker,  1811,  in-4°  de  cent  quatre-vingt-six 
pages.  Le  roi  de  Prusse  Frédéric-Guillaume  III 
récompensa  le  mérite  de  cet  ouvrage  par  l'en- 
voi d'une  médaille  d'orcommémoralive  à  l'au- 
teur. Choron  a  publié  une  deuxième  édition  du 
recueil  d'Umbreil,  sous  ce  litre  :  Chants  cho- 
rals à  quatre  parties  avec  basse  continue  ad 
libitum,  en  usage  dans  les  églises  d' Alle- 
magne, misdans  unnouvel  ordre;  Paris  (sans 
date),  in -4°.  On  a  aussi  d'Umbreit  un  autre 
recueil  de  mélodies  chorales  simples,  avec  une 


284 


UMBREIT  -  UNGER 


bonne  préface  concernant  le  perfectionnement 
■lu  chant,  intitulé  :  Die  evangel.  Kirchcn-Me- 
lodien  zur  Ferbesserung  des  kirchl.  und 
liarusl.  Gesanyes  ;  mit  eine  Vorworte  iiber  die 
zuverbessem  den  Mxngel  des  J'ortrxgs  reli- 
giaser  Gesange  von  Brelseheider ;  Gotha  , 
Decker,  1817,  gr.  in-8°.  Les  pièces  d'orgue 
que  cet  artiste  a  publiées  sont  les  suivantes  : 
1°  Préludes  faciles  pour  des  chorals,  première, 
deuxième  et  troisième  suites;  Gotha,  Bccker. 
2°  Cinquante  mélodies  chorales  à  quatre  par- 
ties arrangées  pour  l'orgue,  ibid.,  1808.  3°  Six 
recueils  de  douze  pièces  d'orgue  de  diffé- 
rentes formes  ;  ibid.,  1798  à  1806.  4°  Vingt- 
quatre  pièces  d'orgue;  Bonn,  Si  m  rock.  S0  Douze 
mélodies  chorales  pour  l'orgue  avecdifféi  entes 
liasses;  Gotha,  Becker,  1817.  G0  Deuxième 
suite  idem,  ibid.;  1818.  7°  Quatre  mélodies 
chorales  avec  variations;  ibid.,  1821. 

UMLAUFF  (Ignace),  compositeur  à 
Vienne,  naquit  dans  celle  ville,  en  1732. 
A  l'âge  de  vingt  ans,  il  fut  admis  comme  se- 
cond violon  à  l'orchestre  de  la  cour.  Plus  tard 
(1778),  l'empereur  Joseph  II  le  nomma  di- 
recteur de  musique  île  l'Opéra  allemand  qu'il 
venait  d'instituer,  et  dans  les  occasions  où  Sa- 
lieri  ne  pouvait  remplir  ses  fonctions  de 
maitrede  chapelle  de  la  cour,  ce  fut  Umlauff 
qui  le  remplaça.  Enfin,  il  eut  le  litre  de  maître 
de  piano  des  jeunes  archiducs  d'Autriche.  Il 
mourut  à  Vienne,  dans  un  âge  peu  avancé, 
vers  1799.  Compositeur  élégant  et  gracieux,  il 
a  écrit  plusieurs  opéras  dont  quelques-uns 
ont  obtenu  des  succès  par  leurs  mélodies  fa- 
ciles et  naturelles.  Parmi  ces  ouvrages,  on 
dislingue  ceux-ci  :  1°  Die  Dergknappen  (Les 
mineurs).  2°  Die  Apolheke  (La  pharmacie). 
5°  Dos  /rr/i'c/if  (Le  feu  follel).  4n  Die  gliick- 
lichen  Jxger  (Les  heureux  chasseurs),  en 
1786.  5°  Der  Ring  der  Liebe  (La  bagne  de 
l'amour),  suite  de  Zémire  et  Jzor,  1795. 
6"  Die  piicefurbenen  Schuhe  odrr  die  scheene 
Scliusterin  (Les  souliers  mordorés,  ou  la  belle 
cordonnière),  1795.  Umlauff  est  aussi  l'auteur 
de  la  romance  charmante  qui  eut  un  succès 
populaire  en  Allemagne  :  Zu  Steffen  sprech 
im  Traume  (A  Steffen  parle  en  rêve).  Il  a 
laissé  en  manuscrit  plusieurs  concertos  de 
piano  et  des  quintettes  pour  les  instruments  à 
archet. 

UMLAUFF  (Michel),  fils  du  précédent, 
est  né  à  Vienne,  le  9  août  1781.  Après  avoir 
rempli  pendant  quelques  années  une  place  de 
violon  à  l'orchestre  de  l'Opéra  allemand,  il  fut 
choisi  par  Weigl  comme  son  adjoint  pour  la 
direction  de  l'Opéra.  Après  la  retraite  de  ce 


maître,  il  lui  succéda,  et  donna  des  preuves  de 
son  rare  mérile  dans  cette  nouvelle  position. 
Lorsque  l'Opéra  allemand  cessa  d'être  soutenu 
par  la  cour  et  devint  une  entreprise  parti- 
culière, Umlauff  se  retira  avec  la  pension  ac- 
quise par  ses  services.  Il  est  mort  à  Vienne,  le 
20  juin  1842.  On  connaît  de  sa  composition  : 
1°  Der  Grenadier  (Le  grenadier),  petit  opéra. 
2°  Ènée  à  Carlhage,  ballet.  3°  Les  Tributs 
des  ennemis,  idem.  4°  Lodoïska,  idem.  5°  Le 
Tonnelier,  idem.  6"  La  Vendange,  idem. 
7"  Paul  et  Rosette,  idem.  8-  L'Hôtellerie  de 
Grenade,  pelit  opéra,  dont  la  partition  pour 
piano  a  été  publiée  à  Vienne,  chez  Uaslinger. 
9°  La  l'engeance  de  V Amour,  ballet,  arrangé 
pour  le  piano;  Vienne,  Weigl.  10°  Le  Char- 
latan, idem  ;  ibid.  11°  La  Paysanne  capri- 
cieuse, idem;  ibid.  Umlauff  a  écrit  aussi  plu- 
sieurs morceaux  de  musique  d'église  et  a  fait 
graver  :  1°  Grande  sonate  pour  piano  et  vio- 
lon, op.  4;  Vienne,  Weigl.  2°  Grande  sonate 
(en  ut  mineur),  pour  piano  à  quatre  mains; 
ibid.  5°  Quelques  petites  pièces  pour  le  même 
instrument;  des  graduels  et  des  offertoires. 

UMSTADT  (Joseph),  maître  de  chapelle 
du  comte  de  Brlllil,  à  Dresde,  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  a  publié  dans  celle  ville 
six  petites  symphonies  (Parthien)  pour  le 
clavecin.  Il  a  laissé  en  manuscrit  six  sonates 
pour  le  même  instrument,  et  des  symphonies 
pour  deux  violons,  alto,  basse,  deux  hautbois 
cl  deux  cors. 

UIXGEK  (jEAN-FnÉDÉnic),  né  à  Brunswick, 
en  1716,  fut  d'abord  bourgmestre  à  Einbeck, 
dans  le  Hanovre,  puis  secrétaire  intime  du  duc 
deBruns\vick,e(  conseiller  de  justice.  Il  mourut 
à  Brunswick,  le  9  février  1781.  L'Académie  des 
sciences  de  Berlin  l'avait  nommé  un  de  ses  mem- 
bres. Pendant  son  séjour  à  Einbeck,  il  inventa, 
en  1749,  une  machine  destinée  à  être  appliquée 
au  clavecin  pour  noter  les  improvisations  des 
compositeurs.  En  1732,  Ilolilfeld,  habile  mé- 
canicien de  Berlin  ,  exécuta,  à  la  demande 
d'Enter,  une  machine  semblable,  dont  quelques 
parties  lurent  approuvées  par  l'Académie  de 
Berlin,  bien  qu'elle  ne  résolût  pas  complète- 
ment le  problème,  et  dont  les  journaux  du 
temps  rendirent  compte  (voyez  Hohlfeld). 
Sur  l'indication  de  ces  journaux,  Unger  ré- 
clama la  priorité  d'inven lion  dans  une  corres- 
pondance avecEuIer,  alors  directeur  de  l'Aca- 
démie de  Berlin,  affirmant  que  la  première 
idée  de  celle  invention  lui  était  venue  en  1745, 
et  démontrant  qu'il  en  avait  été  fait  mention 
dans  les  journaux  de  Harlem,  de  Hambourg, 
d'AKoua  et  de  Francfort.  Longtemps  après,  il 


UNGER  —  UNZER 


2S5 


publia  la  description  de  l'instrument  qu'il 
avait  inventé,  sous  ce  litre  :  Entwurf  einer 
jllaschine  wodurch  ailes  was  auf  dem  Cla- 
vier gespielet  ivird,  sich  von  selben  in  Noten 
setzt  (Projet  d'une  machine  au  moyen  de  la- 
quelle tout  ce  qui  est  joué  sur  le  clavecin  est 
noté  par  lui-même);  Brunswick,  1774,  in-4'' 
de  cinquante-deux  pages,  avec  huit  planches, 
dont  les  trois  premières  représentent  les  dispo- 
sitions de  la,  machine,  et  les  autres  les  signes 
produits  par  elle  dans  l'exécution  de  certaines 
phrases  de  musique  de  clavecin,  avec  la  tra- 
duction en  notation  ordinaire.  La  description 
du  système  de  la  machine  remplit  les  vingt  et 
une  premières  pages;  viennent  ensuite  la  cor- 
respondance avec  Euler,  les  extraits  de  jour- 
naux et  autres  pièces  justificatives.  Le  méca- 
nisme inventé  par  Unger  consiste  en  tringles 
attachées  aux  touches  du  clavier,  et  obliquant 
vers  le  centre  de  l'instrument;  à  leur  extré- 
mité sont  fixées  des  liges  droites  qui  portent 
chacune  un  crayon  destiné  à  tracer  des  points 
où  des  lignes  plus  ou  moins  allongées  sur  un 
panier  préparé  qui  se  déroule  d'un  cylindre 
sur  un  autre.  Ce  papier  est  divisé  en  lignes  qui 
correspondent  aux  louches  ut,  mi,  sol,  si,  ré, 
fa,  la,  elc.  Les  points  ou  les  trails  allongés 
«lue  les  crayons  marquent  sur  ces  lignes  ou 
dans  les  intervalles  correspondent  à  toutes  les 
notes  de  l'échelle  chromatique,  et  la  longueur 
des  traits  est  proportionnelle  à  la  durée  des 
sons.  Mais  le  plus  léger  déplacement  du  pa- 
pier sur  les  cylindres,  et  la  difficulté  de  régler 
la  rotation  de  ceux-ci,  peuvent  causer  beau- 
coup de  désordre  dans  le  placement  des  signes 
cl  dans  leurs  dimensions,  ce  qui  rend  à  peu 
près  illusoires  les  résultats  de  l'opération. 

UINGER  (CAnoLiNE),  appelée  UNGHEU 
en  Italie,  est  née  à  Vienne,  en  1800,  et  y  com- 
mença ses  éludes  de  chant;  mais  son  talent  se 
développa  surtout  dans  l'école  de  Dominique 
Ronconi,  à  Milan.  Le  début  de  sa  carrière 
théâtrale  se  fil  à  Vienne,  en  1819,  par  le  rôle 
de  Chérubin  dans  les  Nozze  di  Figaro,  de 
Mozart.  Barbaja,  entrepreneur  des  théâtres  de 
Naples,  de  Milan  et  de  Turin,  l'ayant  en- 
tendue, en  1825,  fut  satisfait  de  ses  disposi- 
tions, et  l'emmena  en  Italie.  Elle  se  fit  en- 
tendre avec  succès  à  Naples,  puis  à  Milan,  à 
Turin,  et  enfin  à  Rome.  Grande  et  belle,  douée 
d'un  sentiment  dramatique  vrai,  d'accents 
pathétiques  et  de  beaucoup  d'intelligence,  il 
ne  lui  manqua  que  de  l'égalité  dans  la  voix, 
pour  être  comptée  parmi  les  grandes  canta- 
trices de  l'Opéra  italien.  Le  médium  et  le 
grave  d.c  son  organe  avaient  de  l'ampleur  cl 


de  la  puissance;  mais  il  y  avait  quelque  chose 
de  strident  dans  les  sons  aigus,  qui  faisaient 
éprouver  une  impression  pénible,  particuliè- 
rement dans  les  traits  qui  exigent  de  l'énergie. 
Ce  défaut  a  borné  la  carrière  théâtrale  de 
mademoiselle  Ungher  à  un  petit  nombre 
d'années.  Au  mois  d'octobre  1833,  elle  parut 
pour  la  première  fois  au  Théâtre  Italien  de 
Paris  et  y  fut  applaudie;  toutefois  elle  n'y  fit 
pas,  d'une  manière  décidée,  la  conquête  du  pu- 
blic, et  l'administration  ne  jugea  point  à 
propos  de  renouveler  son  engagement  pour  la 
saison  suivante.  De  Paris,  elle  alla  chanter  à 
Florence,  où  elle  eut  un  triomphe  complet; 
puis  à  Venise,  Rome,  Triesle,  Vienne,  Dresde 
(en  1839),  et  enfin  de  nouveau  à  Triesle  et  à 
Florence.  En  1840,  celle  cantatrice  distinguée 
s'est  retirée  du  théâtre,  après  un  mariage 
avantageux  avec  M.  Sabalier,  et  a  fixé  son  sé- 
jour à  Florence.  On  a  publié  sur  cette  canta- 
Iriceun  petit  écrit  intitulé;  Trionfi  melodram- 
malici  di  C.  Ungher  in  Fienna;  Vienne, 
1839,  in-8». 

UNGIUS  (Pierre-Jean),  auteur  inconnu 
d'un  éloge  de  la  musique  {Encomiummusicx)' 
imprimé  à  Upsal,  en  1G37,  in-4*. 

Ur\ZELMATSTV  (  Frédérique  -  Auguste - 
Conradine),  cantatrice  distinguée  du  théâtre 
allemand,  naquit  à  Gotha,  en  1769. Le  nom  de 
sa  famille  élait  Flittner,  mais  elle  prit  celui 
de  son  père  adoptif  Grossmann,  directeur  de 
théâtre,  lorsqu'elle  se  voua  à  la  carrière  dra- 
matique. En  1788,  elle  parut  pour  la  première 
fois  au  théâtre  National  de  Berlin;  elle  y  eut 
un  brillant  succès  et  devint  bientôt  l'idole  du 
public.  Ce  fut  dans  celle  ville  qu'elle  épousa 
le  comédien  Unzelmann.  Elle  chaulait  avec 
une  égale  habileté  l'opéra-comiqué  et  l'opéra 
sérieux,  portant  dans  le  premier  autant  de 
finesse  que  de  noble  simplicité  dans  l'autre. 
En  1800,  elle  chanta  au  théâtre  de  Vienne  et  y 
fut  vivement  applaudie.  Séparée  de  son  mari 
par  un  divorce,  en  1803,  elle  se  remaria  avec 
l'auleur  Belhmona,  et  dès  lors  cessa  de  chanter 
dans  l'opéra  pour  jouer  dans  la  comédie,  ou 
elle  brilla  près  d'Iffland.  Elle  mourut  à  Berlin, 
en  1817,  considérée  comme  la  meilleure  ac- 
trice qu'il  y  ail  eu  au  théâtre  allemand. 

UNZEll  (Jean-Auguste),  docteur  en  méde- 
cine àAllona,  naquilà  Halle,  le  29  avril  1727, 
et  mourut  à  Altona,  le  2  avril  1799.  Dans  le 
sixième  volume  du  journal  hebdomadaire 
qu'il  publia  sous  le  litre  :  Ver  Arlz  (Le  mé- 
decin), il  a  inséré  une  dissertation  sur  la  mu- 
sique, considérée  dans  ses  rapports  avec  la 
médecine.  II 1 1 1er  l'a  donnée  en  extraits  dans 


286 


UNZER  —  URENA 


ses  Notices  hebdomadaires  sur  la  musique 
(année  1770,  pages  307-311,  315-319,  et  525- 
525). 

UPMARK(N.),  savant  suédois,  professeur 
à  l'université  d'Upsal,  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  a  publié  une  dissertation 
académique  intitulée  :  Musica  priscarum 
gentium;  Upsal,  1708,  in-4.". 

URBAN  (Chrétien)  a  été  d'abord  conseiller 
et  musicien  de  ville  à  Elbing,  où  il  naquit,  le 
16  octobre  1778,  puis  a  été  appelé  à  Berlin, 
en  1824,  etenfin  à  Dantzick,  comme  directeur 
de  musique.  Il  est  auteur  d'un  bon  livre  inti- 
tulé :  Théorie  der  Musik  nach  rein  nalurge- 
mxssen  Grundsxtzen  (Théorie  de  la  musique 
puisée  dans  des  principes  purs  conformes  aux 
lois  de  la  nature);  Kœnigsberg,  Hartung, 
1824,  un  volume  in-8°  de  xxiv  et  deux  cent 
soixante-quatorze  pages.  Cet  ouvrage  a  été 
reproduit  avec  un  nouveau  frontispice,  à  Dant- 
zick, chez  Ewert,  en  182G.  Précédemment 
Urban  avait  publié  une  introduction  à  ce 
livre,  sous  ce  titre  :  Ueber  die  Musik,  deren 
Théorie  und  den  Musik-Unterricht,  etc. 
(Sur  la  musique,  sa  théorie  et  son  enseigne- 
ment, etc.)  ;  Elbing,  1823,  in-8°  de  cent.douze 
pages.  On  trouve  l'analyse  de  ces  deux  ou- 
vrages dans  le  premier  volume  de  l'écrit  pé- 
riodique intitulé  :  Eutonia.  On  connaît  aussi 
sous  le  nom  d'Urban  un  opéra  intitulé  :  Der 
Goldene  Widder  (La  toison  d'or),  et  la  mu- 
sique qu'il  a  écrite  pour  la  Fiancée  de  Mes- 
sine, de  Schiller.  Le  système  développé  par 
Urban,  dans  sa  Théorie  de  la  musique,  se  re- 
commande par  l'ordre  logique.  Après  avoir 
établi  que  toutes  les  parties  de  cet  art  sont 
intimement  liées  aux  lois  delà  tonalité,  il  s'at- 
tache à  démontrer  celle  thèse  dans  l'harmonie, 
dans  la  mélodie,  qui  se  caractérise  aussi  par 
le  rhythme.  Il  passe  à  la  composition  qui  n'est, 
à  l'égard  de_  l'art  d'écrire,  que  la  mise 
en  œuvre  et  la  combinaison  de  ces  diverses 
parties,  toujours  dominées  par  le  sentiment 
tonal.  Puis  il  traite  des  impressions  produites 
par  l'art,  à  l'aide  du  coloris  des  nuances,  et 
termine  par  des  considérations  sur  les  effets 
de  la  diversité  des  timbres,  et  sur  l'instrumen- 
tation en  général.  Celle  méthode  est  essen- 
tiellement philosophique.  Blessé  de  l'indiffé- 
rence que  les  professeurs  et  les  artistes  avaient 
montrée  pour  sa  doctrine,  Urban  voulut  essayer 
d'éclairer  l'opinion  publique  sur  sa  valeur  et, 
dans  ce  dessein,  il  publia  un  résumé  de  ses 
ouvrages,  sous  ce  titre  :  Ankundigung 
meines  allgemeinen  Musik  Unterrichts- 
System,  und  der  von  mir  beabsichtigen  nor- 


malen  Musikschule  (Avertissement  sur  mon 
système  d'enseignement  général  de  la  mu- 
sique, et  sur  le  point  de  vue  normal  de  ma 
méthode  musicale);  Berlin,  Krause,  1825, 
seize  pages  in-8°. 

URBA^I  (••••))  compositeur  italien,  alla 
s'établir  à  Edimbourg,  en  1776,  et  y  publia 
plusieurs  recueils  de  mélodies  écossaises,  avec 
accompagnement  de  piano,  entre  autres  celui 
qui  a  pour  litre-'  Focal  a/i</io£o</y*Édimbourg, 
1782,  et  \es  Scotch  songsand  duels,  premier, 
deuxième  et  troisième  volumes;  Londres, 
Clementi.  Il  en  imitait  lui-même  le  style  avec 
beaucoup  d'adresse,  ainsi  que  le  prouve  la  bal- 
lade qui  a  pour  titre  :  The  red  Rose.  En  1784, 
Urbani  se  fixa  à  Dublin,  et  y  écrivit  les  opéras 
sérieux  italiens  Jl  Farnace,  et  II  trionfo  di 
Clelia.  Il  mourut  dans  celle  ville,  en  1816. 

URBAIMO,  frère  minorité  et  facteur  d'or- 
gues, connu  sous  le  nom  d'URBANO  DA 
VENETIA,  travailla  dans  les  dernières 
années  du  quatorzième  siècle  et  au  commen- 
cement du  quinzième.  L'orgue  de  la  cathédrale 
de  Trévise,  qui  fut  considéré  longtemps 
comme  un  ouvrage  parfait,  fut  construit  par 
ce  moine,  en  1420  (voyez  Biccati,  délie  corde 
ovvero  fibre  élasticité,  dans  la  préface, 
p.  xiv).  Urbano  construisit  aussi,  au  quin- 
zième siècle,  un  orgue  dans  la  cathédrale  de 
Saint-Marc,  à  Venise,  lequel  existailencore  en 
1G04,etsur  lequel  on  lisait  alors  celte  inscrip- 
tion rapportée  par  l'annaliste  Stringa  :  Opcs 
hoc  lunissmiui  Uhdanus  Venetus.  Cet  instru- 
ment fut  remplacé,  en  1671,  par  un  autre  qui 
avait  été  fait  par  Jacques  et  Charles  De  Béni, 
facteurs  d'orgues  de  Vérone,  et  malheureuse- 
menton  n'a  rien  conservé  de  l'ancien.  L'orgue 
d'Urbano  avait  étéornéde  peintures  par  Fran- 
çois Tachoni,  de  Vérone,  et  portait  la  dale  du 
24  mai  1490;  mais  cette  date  élait  celle  du 
travail  du  peintre,  et  non  celle  de  la  facture 
de  l'inslrumenl,  beaucoup  plus  ancienne  (1). 

URENA  (Pierre  D'),  moine  espagnol,  né 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
élait  aveugle  de  naissance,  et  fit  ses  vœux  dans 
un  couvent  d'Espina.  Il  composa  un  traité  de 
musique,  en  1620,  qui  parait  être  resté  en 
manuscrit,  et  dans  lequel  il  proposa  d'aban- 
donner le  système  de  solmisalion  par  les 
muances,  attribué  à  Guido  d'Arezzo,  en  ajou- 
tant aux  noms  des  six  premières  notes  de  la 
gamme,  la  septième  syllabe  ni.  Nous  ne  con- 
naissons l'ouvrage  de  Pierre  d'Urcna  que  par 

(I)  Voyez  F.  Caffi,  Storia  delta  Musica  sacra  nella 
già  Cappella  ducale  di  S.  Marco  in  Vcneiia,  t.  H,  p.  121. 


URENA  -  URSILLO 


287 


l'abrégé  qu'en  a  publié  Caramuel  de  Lobko- 
witz  (voyez  ce  nom).  Tous  les  auteurs  de  bio- 
graphies de  musiciens  ont  confondu  Pierre 
d'Urena  avec  ce  dernier,  en  disant  qu'il  fut 
évéquc  de  Vigevano,  en  Lombardie. 

URFEY  (Thomas  D'),  célèbre  chanteur  de 
table  sous  le  règne  de  Charles  II,  roi  d'Angle- 
terre, passa  la  plus  grande  partie  de  sa  vie 
dans  les  tavernes  de  Londres,  où  il  chantait 
ses  propres  compositions  avec  beaucoup  d'ani- 
mation et  de  gaieté.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  le  20  février  1725,  à  un  âge  fort  avancé. 
Il  a  publié  le  recueil  de  ses  chansons  et  de 
plusieurs  autres  sous  le  litre  singulier  :  JFit 
and  Mirth,  or  Pills  to  purge  melancholy , 
being  a  collection  ofthe  best  merry  Ballads 
and  songs,  old  and  new,  fitted  lo  ail  hu- 
mours, having  each  their  proper  tune  for 
either  voice  or  instrument  (Esprit  et  gaieté, 
ou  pilules  pour  guérir  la  mélancolie,  consis- 
tant en  une  collection  des  meilleures  ballades 
et  chansons  joyeuses ,  anciennes  et  mo- 
dernes, etc.);  Londres,  1719.  Le  portrait  de 
l'auteur  est  en  tète  de  ce  recueil. 

URHAIV  (Chrétien),  né  à  Montjoie,  près 
d'Aix-la-Chapelle,  le  16  février  1790,  montra 
dès  ses  premières  années  d'heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique.  Son  père  lui  donna  des 
leçons  de  violon;  mais  il  apprit  seul  à  jouer 
du  piano  et  de  plusieurs  autres  instruments. 
Sans  autre  guide  que  son  instinct,  il  composa 
des  variations  de  violon,  des  valses  et  d'autres 
petites  pièces  avant  d'avoir  atteint  sa  dou- 
zième année.  Dans  un  voyage  que  lit  à  Aix-la- 
Chapelle  l'impératrice  Joséphine,  en  1805,  on 
lui  présenta  le  jeune  Urhan  qu'elle  entendit 
avec  beaucoup  de  plaisir  :  elle  le  prit  sous  sa 
protection,  le  fit  conduire  à  Paris,  et  le  confia 
aux  soins  de  Lesueur,  qui  dirigea  ses  études 
de  composition.  Perfectionnant  lui-même  son 
talent  de  violoniste  par  les  occasions  fré- 
quentes qu'il  eut  d'entendre  les  artistes  les 
plus  habiles,  Urhan  se  fit  bientôt  remarquer 
dans  les  concerts,  par  sa  manière  élégante  et 
gracieuse  d'exécuter  les  compositions  de  May- 
seder,  qu'il  mit  en  vogue  à  Paris.  Il  entreprit 
aussi  de  tirer  de  l'oubli  la  viole  d'amour  qui, 
après  avoir  été  de  mode  depuis  la  fin  du  dix- 
seplième  siècle  jusque  vers  1780,  avait  été 
abandonnée.  C'est  pour  lui  que  Meyerbeer  a 
écrit  le  solo  de  cet  instrument  dans  le  premier 
acte  des  Huguenots.  Urhan  a  exécuté  aussi 
des  parties  de  viole  d'amour  dans  plusieurs 
morceaux  des  Concerts  historiques  donnés 
par  l'auteur  de  cette  notice.  A  l'imitation  de 
Woldemar  (voyez    ce  nom),   il  fit  entendre 


aussi  dans  les  concerts  du  Conservatoire  de 
Paris  des  solos  de  violon-alto,  monté  de  cinq 
cordes  (ut,  sol,  ré,  la,  mi),  dont  il  tirait  des 
effets  charmants.  Musicien  parfait,  grand  lec- 
teur et  homme  de  goût,  il  a  été  longtemps 
reconnu  comme  l'artiste  le  plus  habile  pour 
jouer  la  partie  d'alto  dans  les  quatuors  et 
quintettes;  Baillot  ne  manquait  jamais  de  le 
choisir  pour  son  accompagnateur  dans  ses 
délicieuses  séances  musicales.  Urhan,  entré 
comme  alto  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  en  1816; 
devint,  en  1823,  un  des  premiers  violons, 
puis  enfin  violon  solo  du  même  orchestre. 
Longtemps  aussi  il  remplit,  à  l'église  Saint- 
Vincent-de-Paul,  les  fonctions  d'organiste. 
Comme  compositeur,  il  s'est  fait  remarquer 
par  des  idées  originales,  et  même  par  les 
formes  excentriques  de  ses  ouvrages.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1°  Premier  et 
deuxième  quintettes  romantiques  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  violoncelle;  Paris,  Ri- 
chault.  2°  Quintettes  pour  trois  altos,  violon- 
celle, contrebasse  et  timbales  ad  libitum; 
ibid.  5°  Elle  et  moi,  duo  romantique  à  quatre 
mains  pour  le  piano,  op.  1  ;  ibid.  4° Deuxième 
duo  romantique  à  quatre  mains;  ibid.  5°  La 
salutation  angélique,  idem;  ibid.  6°  Les  Re- 
grets, pièce  pour  piano  seul;  ibid.  7°  Les 
Lettres,  idem  ;  ibid.  8°  Plusieurs  romances  à 
voix  seule  ou  à  deux  voix.  Urhan  est  mort  à 
Belleville,  près  de  Paris,  le  2  novembre  1845. 

URIO  (François-Antoine),  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  des  Frères  de  la  doctrine  chré- 
tienne, à  Venise,  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  de  sa  composition  : 
Salmi  concertait  a  5  voci  con  violini,  op.  2; 
Bologne,  1697,  in-4°. 

URSEIVRECK-E-MASSIMI  (Le  comte 
D'),  chambellan  et  inspecteur  de  la  chapelle  du 
grand-duc  de  Darmstadt,  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  a  fait  graver  de  sa  compo- 
sition, à  Liège,  en  1768  :  1°  Six  trios  pour 
deux  violons  et  basse,  op.  1,  et  2°  six  sonates 
pour  violon  et  violoncelle. 

URSILLO  (Fabio),  célèbre  joueur  d'archi- 
lulh,  naquit  à  Rome,  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle.  Ses  talents  ne  se  bornaient 
pas  à  jouer  avec  un  rare  habileté  de  l'instru- 
ment difficile  appelé  archiluth;  il  était  aussi 
bon  violoniste,  jouait  de  la  flûte,  de  la  guitare 
et  composait  de  bonne  musique  pour  ces  in- 
struments. On  a  gravé  à  Amsterdam,  en  1748, 
trois  œuvres  de  trios  pour  deux  violons  et  vio- 
loncelle, de  sa  composition,  et  deux  œuvres  de 
sonates  pour  la  flûte.  Il  a  écrit  aussi  trois  con- 
certa grossi  pour  l'archiluth,  des  fantaisies 


288 


URSILLO  -  UTTINI 


pour  cet  instrument,  et  un  concerto  pour  la 
guitare.  Ces  ouvrages  sont  restés  en  manuscrit. 
Ursillo  était  plus  connu  de  son  temps  sous  son 
prénom  de  Fabio  que  sous  son  nom  de  famille. 

URSOI  (Joacihm),  compositeur  italien, 
né  à  Pontrcmoli,  dans  la  Toscane,  vécut  vers 
le  milieu  du  seizième  siècle.  On  connaît  sous 
son  nom  deux  livres  de  madrigaux  à  quatre 
voix,  imprimés  à  Venise,  en  1550. 

USPEïl  (François),  prêtre  vénitien  et  or- 
ganiste distingué,  vécut  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle.  Pendant  la  ma- 
ladie de  Jean-Baptiste  Grillo,  organiste  du 
premier  orgue  de  la  chapelle  ducale  de  Saint- 
Marc,  à  Venise,  Usper  le  remplaça,  en  1621  ; 
mais,  après  la  mort  de  Grillo,  il  ne  fut  pas  ap- 
pelé à  occuper  sa  place  :  ce  fut  Charles  Fillago 
qui  obtint  cet  emploi,  le  1er  mai  1625.  On  ne  cite 
de  la  composition  d'Usper  qu'un  graduel  et  un 
7Yac<MSchantésdansla  solennité  funéraire  qui 
eut  lieu  dans  l'église  Saint-Jean  et  Saint-Paul, 
de  Venise,  le  25  mai  1G2I,  à  l'occasion  de  la  mort 
du  grand-duc  de  Toscane,  Cosmell  deMédicis. 

UTTEUDAL,  ou  UTTENDALER,  ou 
enfin  UTTEINTIIAL  (Alexandre),  musicien 
allemand,  était  chanteur  dans  la  chapelle  im- 
périale de  Ferdinand  Ier,  antérieurement  à 
1566,  et  continua  d'être  attaché  à  celle  cha- 
pelle sous  le  règne  de  Maximilien  II.  II  vivait 
encore  dans  celte  position,  en  1585.  Les  trois 
orthographes  de  son  nom,  qu'on  vient  de  voir, 
se  trouvent  sur  les  diverses  éditions  de  ses  ou- 
vrages. Ses  ouvrages  imprimés  sont  ceux  dont 
les  titres  suivent  :  1°  Seplem  Psalmi  pœniten- 
tiales  ex  prophetarum  scriptis  orationibus 
rjusdem  argument!,  quinque  ad  dodeca- 
chordi  modos  duodecim  ,  tam  vivx  voci, 
quam  dicersis  musicorum  instrumentorum 
generibus  hartnonia  accomodali ;  Nori- 
bergx  in  officina  Theod.  Gcrlalzcni.  1570, 
in-4°  obi.  2"  Sacrarum  cantionum,  quas 
vulgo  Motetas  vocant,  antea  in  luccm  un- 
quam  editarum  sed  nunc  recens  admodum 
taminstrumentis  musicis,  quam  vivx  me- 
lodix  quinque,  sex  et  plurium  vocum  attem- 


peratarum  liber  primus;  idem,  lib.  2  et  3  ; 
ibid.,  1571-1577,  in-4»  obi.  5°  Très  Missx 
quinque  et  sex  vocum.  Item  Magnificat  per 
octo  tonos,  quatuor  vocibus;  ibid.,  1573,  in-4° 
obi.  4"  Frœliche  neue  teutsche  und  franzœ- 
sische  Lieder,  lieblich  zu  singen  und  auf 
allerley  Instrumenten  zu  gebrauchen,  nach 
sonderer  Art  der  Musik  componiert,  mit  4,  5 
und  mehr  Stimmen  (Nouvelles  chansons 
joyeuses  allemandes  et  françaises,  agréables  à 
chanter  ou  jouer  sur  toute  espèce  d'instru- 
ments, etc.,  à  quatre,  cinq  et  un  plus  grand 
nombre  de  parties)  ;  Nuremberg,  Dietricht 
Gerlach,  1574,  in-4°  obi.  Une  deuxième  édi- 
tion de  ce  recueil  a  élé  publiée  dans  cette  ville, 
par  Catherine  Gerlach,  en  1585,  in-4"  obi.  Il 
y  en  a  une  autre  publiée  à  Francfort,  chez 
Stein  (sans  date),  in-4".  On  trouve  huit  molels 
à  quatre,  cinq,  six  et  huit  voix  d'Ullendal  dans 
le  Novus  Thésaurus  musicus  de  Pierre  Joan- 
nelli,  Venise,  Antoine  Gardane,  1568,  in-4°. 
Jacques  Paix  a  traité  pour  l'orgue  quelques 
morceaux  de  ce  maître  dans  son  Orgel  Tabu- 
latur-Duch. 

UTTIIM  (François),  compositeur  italien, 
né  à  Bologne,  vers  1720,  fut  élève  de  Sandoni 
et  de  Perti.  En  1743,  l'Académie  des  Philhar- 
moniques de  Bologne  l'admit  au  nombre  de  ses 
membres;  il  en  fut  prince  en  1751.  Il  vécut 
quelque  temps  à  Londres,  et  y  publia,  en  1770, 
six  trios  pour  deux  violons  et  basse,  y\n 
œuvre  de  sonates  pour  le  violoncelle,  et  deux 
œuvres  de  sonates  pour  le  clavecin.  Arrivé  à 
Stockholm,  en  1774,  il  entra  au  service  du  roi 
de  Suède,  et  obtint,  après  avoir  rempli  pen- 
dant vingt  ans  les  fonctions  de  maître  de  cha- 
pelle, une  pension  de  cinq  cents  écus,  en  1795. 
Il  composa,  pendant  son  séjour  à  Stockholm, 
les  opéras  suédois  suivants  :  1°  Aline,  reine 
de  Golconde,  en  1755.  2°  Enée  à  Carthage. 
3°  Thétis  et  Pelée,  en  1790.  4°  Chœurs  pour 
la  tragédie  d'Athalie,  traduite  en  suédois. 
Dans  sa  jeunesse,  Uttini  avait  écrit  en  Italie 
quelques  opéras  italiens,  entre  autres  //  Re 
pastore.  L'époque  de  sa  mort  est  ignorée. 


ïh»= 


V 


VACCA(Jeaî)  François),  musicien  italien, 
vécut  dans  les  dernières  années  du  seizième 
siècle.  Il  est  cité  par  Gaizoni  (l),qui  en  parle 
en  ces  termes  :  Avant  peu  de  mois,  on  pourra 
voiries  œuvres  musicales  de  Jean- François 
f'acca,  musicien  universel  dans  la  théorie 
et  dans  la  pratique,  lesquelles  ne  seront 
désagréables  ni  aux  savants,  ni  aux  ar- 
tistes (2).  J'ignore  si  ces  ouvrages  ont  été  pu- 
bliés en  effet,  aucun  des  nombreux  catalogues 
que  j'ai  consultés  ne  m'en  ayant  fourni  l'indi- 
cation. 

YACCAJ  (Nicolas),  compositeur  drama- 
tique, est  né  en  1791,  à  Tolenlino,  dans  les 
Etals  romains.  A  l'âge  de  trois  ou  quatre  ans, 
il  suivit  à  Pesaro  son  père,  qui  venait  d'y  être 
appelé  pour  remplir  un  emploi  public.  Le 
jeune  Vaccaj  y  commença  ses  études.  A  l'âge 
de  douze  ans,  il  lui  fut  permis  d'apprendre  à 
jouer  du  clavecin,  pour  se  délasser  de  ses  tra- 
vaux. Quelques  années  après,  il  alla  à  Rome 
pour  suivre  un  cours  de  droit;  mais  le  dégoût 
que  lui  inspirait  celte  science,  et  son  penchant 
irrésistible  pour  la  musique  lui  firent  aban- 
donner la  première  pour  se  dévouer  entière- 
ment à  cet  ait.  Il  prit  des  leçons  de  chant,  et 
devint  élève  de  Janacconi  pour  le  contrepoint. 
Vers  la  fin  de  1811,  il  se  rendit  à  Naples  et  y 
recul  des  leçons  de  Paisiello  pour  la  composi- 
tion, dans  le  style  dramatique.  Il  écrivit  sous 
les  yeux  de  ce  maître  sa  première  cantate  in- 
titulée :  L'Omaggio  délia  graliludine,  An~ 
dromeda,  autre  cantate,  et  quelques  composi- 
tions pour  l'église.  En  1814, il  fit  représenter 
au  théâtre  Nuovo  I  Solilari  di  Scozia,  opéra 
semi-seria  ;  puis  il  se  rendit  à  Venise  pour  y 
écrire  Malvina,o\)é\-a  en  un  acte  qui  fut  joué 
au  théâtre  San-I5cncdelto,  en  1815.  Cet  ou- 
vrage fut  suivi  du  ballet  de  Gamma,  regina 
di  Gallizia,  représenté  au  théâtre  de  la  Fe- 
nicc,  en  1817,  de  l'opéra  II  Lupo  d'Ostendu, 
au  théâtre  San-Ilencdello,  en  1818,  de  77- 

(1)  La  Piazza  universale  di  tutti  le  profezzione  del 
mondo,  Veneiia,  liiSri,  Discorso  42. 

(2)  Fra  poclii  mesé  potranno  vcdcrli  l'opre  (sic)  mu- 
sicali  di  Gio.  Francesco  Vacca,  musico  universale  theo- 
rico  cl  prallico,  le  quali  spero  non  dovere  essere  ingrate 
al  consortio  de  dollori  et  vi rluosi. 

BIOCH.  UKIV.   DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


murkan,  ballet,  pour  la  Fenice,  en  1819,  et 
des  deux  ballets  Alessandro  in  Babilonia  et 
Ifigenia  in  Aulide,  au  même  théâtre,  en 
1820.  Dégoûté  de  la  carrière  de  compositeur 
dramatique,  par  le  peu  de  succès  de  quelques- 
uns  de  ces  ouvrages,  Vaccaj  résolut  de  se  livrer 
à  l'enseignement  du  chant,  d'abord  à  Venise, 
puis  à  Triesle,  en  J  821,  el  à  Vienne,  en  1823. 
Arrivé  à  Milan,  en  1824,  il  y  reçut  un  engage- 
ment pour  écrire  à  Parme  l'opéra  bouffe 
Pietro  il  Grande ,  ossia  il  Geloso  alla  tor- 
tura. Dans  la  même  année,  il  lit  représentera 
Turin  la  Paslorclla  feudataria.  Appelé  à 
Naples,  en  1825,  il  composa,  pour  le  théâtre 
Saint-Charles,  Zadig  ed  Astartea;  puis  il  re- 
tourna à  Milan  et  y  fit  représenter  Giulietta  e 
Romeo,  son  meilleur  ouvrage,  puis  le  Fuccine 
di  Norvegia.  Ce  dernier  ouvrage  fut  suivi  de 
Giovanna  d'Arco,  à  Venise,  de  Bianca  di 
Messina,  à  Turin,  de  Saladino,  à  Florence, 
et  de  Saulle,  à  Milan.  Le  désir  de  connaître 
Paris  le  conduisit  dans  celle  ville,  en  1829.  Il 
s'y  livra  à  l'enseignemenl  de  l'art  du  chant, 
et  fut  considéré  comme  un  des  maîtres  italiens 
les  plus  habiles  dans  cette  partie  de  Part. 
Après  deux  années  de  séjour  dans  cette 
ville,  il  alla  à  Londres,  où  il  forma  aussi 
quelques  élèves  pour  le  chant.  De  retour  en 
Italie,  après  que  l'agitation  produite  par  la 
révolution  de  1830  eut  été  calmée,  Vaccaj  re- 
prit ses  travaux  pour  le  théâtre,  et  composa 
les  opéras  77  Marco  Fisconti,  la  Giovanna 
Gray,  pour  la  célèbre  cantatrice  Malibran,  la 
Sposa  di  Messina,  et  en  dernier  lieu  Vir- 
ginia. Après  le  départ  de  lîasilj  pour  Rome, 
Vaccaj  lui  a  succédé,  en  1838,  dans  la  place 
de  censeur  du  Conservatoire  de  Milan,  el  de 
premier  maître  de  composition  dans  celle 
école  :  il  occupa  celte  position  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  en  1849.  11  avait  renoncé  à 
écrire  pour  le  théâtre,  et  ne  composait  plus 
que  pour  l'église.  On  connaît  aussi  quelques 
recueils  de  canzoneltes  italiennes  de  Vaccaj, 
publiés  à  Milan,  chez  Ricordi. 

\ACCA1\I  (François),  violoniste  dis- 
tingué, csl  né  à  Wodènc,  en  1773.  Dès  l'âge  de 
cinq  ans,  il  apprit  à  jouer  du  violon,  et  ses 
progrès  furent  si  rapides,  que  deux  ans  après 

19 


290 


VACCARÎ  —  VACHON 


il  exécutait  déjà  toute  es|ièce  de  musique  à 
première  vue.  Pugnani,  qui   l'entendit  dans 
son   enfance,  fut  frappé  de  sa  hardiesse  d'exé- 
cution. Vers  sa  dixième  année,  il  alla  à  Flo- 
rence pour   prendre  des  leçons   de   Nardini. 
A  treize  ans,  il  se  rendit  à  Manloue  pour  y 
donner  des  concerts;   le  violoniste  Pichl,  qui 
l'y  rencontra,  lui  présenta  un  concerto  qu'il 
exécuta    devant    le    public    à   première  vue. 
Parme,   Plaisance,   Vérone,  Padouc,  Venise, 
furent  ensuite  visitées  par  Vaccari  :  partout  il 
se  fil  entendre  avec  succès.  Après  avoir  vécu 
plusieurs  années  à  Milan,  il  fut  appelé  en  Es- 
pagne, cl  y  entra  au  service  du  roi,  en   1804. 
Celte  position  était  aussi  agréable  qu'avanta- 
geuse; mais  les  événements  qui  troublèrent 
la  Péninsule,  en  1808,  la  firent  perdre  à  Vac- 
cari. Obligé  de  voyager  pour  donner  des  con- 
certs, il   arriva  à  Paris,  en   1809,  mais  n'y 
resta  que  peu  de  temps,  et  parcourut  ensuite 
l'Allemagne.  En  1815,  il  se  rendit  a  Lisbonne, 
puis  retourna  à  Madrid,  où  il  entra  au  service 
du  roi  Ferdinand.  Les  événements  de  1823  lui 
firent  encore  perdre  celte  place,  et  le  ramenè- 
rent à  Paris;  puis  il  retourna  en  Portugal.  On 
a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Duos  pour  deux 
violons,  op    1  et  2;  Paris,  Louis.  2"  God  suve 
Ihe  King, varié  pour  violon  avec  piano;  Paris, 
Janel  et  Cotelle    3°  Pot-pourri  varié  sur  le 
Fandango  et  Robin  Adair,  avec  accompa- 
gnement de  piano;  Paris,  Leduc.  4"  L'Ecos- 
saise, nocturne  dialogue  pour  piano  et  violon 
(avec  Karr);  Paris,  Schœnenberger. 

VACCIIETTI  (le  P.  Jeah-Baptiste),  mi- 
neur conventuel  et  organiste  de  son  couvent, 
né  à  Ruinera,  dans  le  duché  de  Modène,  vivait 
à  Modène,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  Il  était  membre  de  l'Académie  de  la 
Morte,  sous  le  nom  <Vil  Naufragante.  On 
a  publié  de  sa  composition  :  1°  Moltelti  a  due, 
tre  e  quallro  voci  con  organo;  in  Fenelia, 
Bart.  Magni,  1G46,  in-4°.  2»  Mottctti  a  voce 
sola  lib.  1,  op.  2;  in  Fenelia,  Franc.  Magni, 
1604,  in-4°.  3°  Molletli  concertait  a  una, 
due,  tre  e  quattro  con  violini  e  senza,  lib.  2, 
op.  5;  Bologna,  1GG7,  in-4°. 

VACHER  (Pilrre-Jean),  ou  LEVA- 
CHEîl,  violoniste,  né  à  Paris,  le  2  août  1772, 
eut  pour  premier  maître  André  Monin,  et  reçut 
ensuite  quelques  leçons  de  Viotli.  A  l'âge  de 
dix-neuf  ans,  il  s'éloigna  de  Paris  pendant  les 
orages  de  la  révolution  pour  aller  à  Bordeaux, 
où  il  fut  admis  à  l'orchestre,  en  qualité  de  pre- 
mier violon;  mais  il  n'y  resta  que  peu  de 
temps,  et  revint  à  Paris  vers  le  milieu  de  1794. 
Il  entra  alors  à  l'orchestre  du  théâtre  du  Van-  | 


deville,  et  commença  à  se  faire  connaître  par 
la  composition  de  petits  airs  et  de  romances 
intercalés  dans  les  pièces  de  ce  théâtre.  Quel- 
ques-uns de  ces  morceaux  devinrent  popu- 
laires. Vacher  entra  ensuite  à  l'orchestre  du 
théâtre  Feydeau,  puis  à  celui  de  l'Opéra.  II 
mourut  à  Paris,  en  1819.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  1°  Trios  pour  deux  violons  et 
basse,  op.  3;  Paris,  Naderman.  2°  Airs  variés 
pour  violon  et  violoncelle;  ibid.  3°  Duos  pour 
deux  violons,  liv.  1  et  2  ;  Paris,  Gaveaux. 
4"  Beaucoup  d'airs  variés  pour  violon  seul  ; 
Paris,  Janet,  Frey,  Omont.  5°  Quelques  pois- 
pourris  idem;  ibid.  G"  Plusieurs  romances  fort 
jolies,  qui  ont  eu  beaucoup  de  succès. 

VACHOIV  (Pierhe),  né  à  Arles,  en  1731, 
apprit  la  musique  et  le  violon  dans  celte  ville, 
puis  se  rendit  à  Paris,  à  l'âge  de  vingt  ans,  et 
y  devint  élève  deChabran  pourcet  instrument. 
En  1758,  il  se  fit  entendre  au  concert  spiri- 
tuel dans  un  concerto  de  sa  composition,  et  y 
obtint  un  brillant  succès  don!  le  Mercure  de 
France  de  celte  époque  a  rendu  compte.  La 
Borde  dit  (Essai  sur  la  musique,  tome  II [, 
p.  488)  que  le  talent  île  Vachon  était  particu- 
lièrement remarquable  dans  les  trios  el  qua- 
tuors de  violon.  En  1761,  il  entra  au  service 
du  prince  de  Conli,  en  qualité  de  premier  vio- 
lon de  sa  musique.  Peu  de  temps  après,  il  fit 
paraître  ses  premières   compositions  instru- 
mentales el  commença  à  écrire  pour  le  théâtre. 
En  1784,  il  fit  un    voyage  en  Allemagne    et 
s'arrêta  à  Berlin,  où  il  eut  l'honneur  déjouer 
devant  le  roi  qui,  charmé  de  son  jeu,  le  nomma 
maître  de  concerts  de  sa  cour.  Vachon,  devenu 
vieux,  fut  mis  à  la  pension, en  1798.  Il  mourut 
à  Berlin,  eu  1802,  à  l'âge  de  soixante  et  onze 
ans.  Il  avait  fait  représenter  dans  sa  jeunesse 
les    opéras    suivants    de    sa    composition    : 
A  l'Opéra.  1°  Hippomène  et  étalante,  en  un 
acte,    17G9.  A  l'Opéra-Comique.  2°  Renaud 
d'Ast,  en  un  acte,  1765.  3°  Le  Meunier, 
1705.  4°  Esope  à  Cylhère  (en  société   avec 
Trial)    17G6.  5°    Les  Femmes  et  le  Secret, 
1767.  6°  Sara,  1783.  Les  compositions  instru- 
mentales de  cet  artiste  sont:  1°  Trois  concertos 
pour  violon  et  orchestre,  op.  1  ;  Paris,  Venier. 
2°  Six  Irios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  2; 
ibid.  5°  Six  sonates  pour  violon  el  basse,  op.  3; 
ibid.   4°  Deux  concertos   pour  violon   et  or- 
chestre, op.  4;  Paris,  La  Chevardière.  5°  Six 
sonates  pour  violon  el  basse;  Londres,  1770. 
6°  Six  quatuors  pour  deux  violons,  allô  et 
basse,  op.  7  ;  Paris,  La  Chevardière.  7°  Six 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  cl  basse,  op.  9; 
Berlin,  1797. 


VAELRANT  —  VA ET 


291 


VAELRATST  (Hubert).  Voyez  WAEL- 
RANT. 

VAET   (Jacques),  musicien   l)elge,   vécut 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle,  et 
fut  chanteur  de  la  chapelle  impériale  a  Vienne, 
sous  les  règnes  de Charles-Quinl,  Ferdinand  I'r 
et  Maximilien  II.  Il  était  ecclésiastique.  Cet 
artiste  a  été  souvent  confondu  avec  Giacche 
ou  Jacques  de  Wert,  son  compatriote  et  con- 
temporain (voyez  Wert)  :  moi  même. j'ai  par- 
tagé cette  erreur  dans  la  première  édition  de 
cette  Biographie  des  musiciens,  et  le  savant 
Antoine  Schmïd  n'a   pas  mis  en  doute  l'iden- 
tité, dans  son  livre  sur  Petrucci  de  Fossom- 
brone,  quoique  sa  position  à  la  Bildiothèque 
impériale    de    Vienne   eut  pu  lui  fournir  le 
moyen    d'éclaircii-  le   fait  dans    les   archives 
«le  la  chapelle.  Les  renseignements  authenti- 
ques ont  manqué  sur  ces  artistes  jusqu'au  mo- 
ment où  celte  notice  est  écrite  (18(14),  et  l'on 
n'a   trouvé  aucun   document  concernant   les 
lieux  et  dates  de  leur  naissance,  les  chapelles 
où  ils  ont  fait  leurs  études  musicales,   et  les 
positions  qu'ils  ont  d'abord  occupées.  Le  No- 
ms thésaurus  musicus  de  Pierre  Joànnelli  de 
Gandino,  publié  à  Venise,  chez  Antoine  Gar- 
dnne,en  1508,  est  la  seule  source  où  j'ai  puisé 
les  renseignements  qui    permettent  «l'établir 
quelques  faits  certains.  On  sait  que  cette  col-    i 
Inction  est  formée  de  compositions  qui   toutes 
appartiennent  à  des  chanteurs  de  la  chapelle 
impériale  au  seizième  siècle;  or,  on  y  trouve 
(p.  425)  un  motel  à  six  voix  à  la  louange  de 
l'archiduc  Ferdinand  d'Autriche  (In  laudem 
Sereniss.    Principes    Ferdinandi    Orchid. 
Auslrie),  qui  devint  roi  de  Bohême  et  de  Hon- 
grie, en  1527,  et  ne  fut  empereur,  sous  le  nom 
de  Ferdinand  Ier,  qu'au  mois  de  septembre 
1556.  après  la  renonciation  de  Charles  Quint, 
•ou  lïère.  Antérieurement  à  1527,  Vaet  était 
donc  chanteur  et  compositeur  à  la  chapelle 
impériale,   sous    le    règne  de    Charles  Quint, 
couronné  empereur  le  23  octobre  1520,  puis- 
que   Ferdinand    n'était    encore   qii'archidnc. 
On  trouve,  dans  la  même  collertion  (pp.  413, 
415  et  417),  trois  motets  de  Vaei,  le  premier  à 
quatre  voix  et  les  deux  autres  à  six  voix,  à  la 
louange  de  Maximilien  II  (Tu  laudem  Invic- 
tiss.  Rom.  Imp.  Max.  II),  qui  ne  succéda  à 
l'empire  qu'au  mois  de  juillet  1504,  après  la 
mort  de  Ferdinand.  Un  autre  motet  à  six  voix 
de    Vaet,   à    la  louange  des    archiducs    Bo- 
dolphe  et  Ernest,  fils  «le  Maximilicn,  se  trouve 
à  la  page  435.  Il  estdonc  évident  que  Vaet  était 
encore  attaché  à   la  chapelle  impériale  après 
le  mois  de  juillet  1504,  et  vraisemblablement 


plus  tard;  mais  il  ne  vivait  plus  en  1568,  lors- 
que Joànnelli  publia  son  Novus  Thésaurus 
musicus,  car  on  y  trouve  (p.  455)  un  motet  à 
sept  voix,  composé  par  Jacques  Begnart,  pour 
ses  obsèques  (In  Obitum  Jacobi  Vaet).  Or, 
Jacques  de  Wert  n'a  pas  vécu  en  Autriche  et  a 
été  au  service  des  Cours  de  Ferrare  et  de  Man- 
toue.  Il  ne  peut  donc  y  avoir  confusion  entre 
ces  deux    artistes.    On   a    publié    de   Vaet  : 
Modulationes  quinque  vocum   (vulyo   mo- 
tecta)nuncupatx  ;  Venetiis,  apudJnlonium 
Gardanum,    1562,    in-4°.    Un    exemplaire 
complet  de  cet  ouvrage  est  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin.  Le   Novus  Thésaurus  mu- 
sicus, cité  précédemment,    contient  six  mo- 
tels «le  Vaet    à   quatre  voix,    sept   motels  à 
cinq,  huit  motets  à  six,  un  motet  à  sept,   et 
trois  molets  à  huit,   en  tout  vingt-cinq  com- 
positions, entre  lesquelles  on   remarque  sept 
Salve  lîegina  à  quatre,  cinq,  six  et  huit  voix, 
et  un  Te  Deuma  huit.  La  collection  intitulée  : 
Ecclesiasticx  Canliones  quatuor  et  quinque 
vocum,  vulgo  moteta  vocant,  tam  ex  veteri 
quam  ex  novo  Testamenlo,  ab  optimis  qui- 
busque  hujus  xtalis  musicis  composite,  etc. 
(Anlwerpix  per  Telemannum  Snsato,  1553, 
lih.  1-7),  renferme  cinq  motels  à  quatre  voix 
de  Vaot  (Mb.  II,  p.  17,  lib.  III,  p.  11,  17,  19, 
et  lib.  IV,  p.  18).  La  rare  et  précieuse  collec- 
tion qui  a  pour  titre  :  Evangelia  Domini- 
corum  et  feslorum  Dierum ,  musicis  numeris 
pulcherrime  comprehensa  et  correcta  qua- 
tuor, quinque,  sex  et  plurium  vocum.   Tomi 
sex,  etc.   (NoribergX)  in    ofpcina  Joannis 
Montant  et  Ulrici  Neuberi,  1554-1556,  in  4° 
obi.),  contient  des  Sententix  pias  à   quatre 
voix,  tome  II,  n«  18,   19;  III,  22;  IV,  15, 
V,  14.  Une  chanson  française  à  quatre  voix, 
«lu  même  musicien  (Amour  léal  etc.),  se  trouve 
dans  le  Jardin  musical,  contenant  plusieurs 
belles  fleurs  de  chansons  à  quatre  parties 
(lib.  I,  p.  24);  Anvers,  chez  Hubert  Waelranl 
et  Jean  Lad  (sans  date),  in-4u  obi.  La  grande 
collection  intitulée   Thésaurus  musicus   (1), 
continents  seleclissimas  octn,   seplem.  sex, 
quinque  et  quatuor  vocum  I/armouias  tam 
a  vêler ibus quant  recentiorihus  symphonistis 
compositas,  et  ad  omnis  yencris  instrumenta 
musiev  accotrodalas.  Tomi  V  {Noribery.v, 
per  Joanaem  Montanum  et   Ulricum  Neu- 
berum,  1564, in-4"  obi.),  contient  des  motels 
«le  Jacques  Vaet  à  quatre,  cinq,  six  et  huit 
voix  «jui  se  trouvent  tome  I,  nos  6,  7,  8,  9; 
lome  III,  n°s  16,17,   18,   11),  20;  tome  IV, 

(t)  Il  ne  faut  pris  confondre  celle  collection  avec  le 
Nocus  Thésaurus  musicus  de  Joànnelli. 

19. 


292 


VAET  -  VALENTE 


nns9,  10,  11,  12,  13,  14,  15,  16,  17  18;  et 
(orne  V,  n03  2G,  27,  28,  29.  Vaet  fut,  sans  au- 
cun doute,  un  des  musiciens  les  plus  distingués 
de  son  temps;  quelques  piècesde  sa  composition, 
que  j'ai  mises  en  partition,  m'ont  démontré 
qu'il  écrivait  bien,  que  sa  musique  est  em- 
preinte d'un  caractère  religieux,  enfin,  que  sa 
notation  est  simple,  et  qu'il  n'y  met  pas, 
comme  la  plupart  de  ses  contemporains,  une 
affectation  pédanlesqne  de  recherches  inutiles. 

VAGUE  ( ),  professeur  de  musique,  né 

à  Marseille,  dans  les  dernières  années  du  dix- 
septième  siècle,  se  fixa  à  Paris,  et  y  publia 
une  méthode  élémentaire  de  musique  qui  a 
pour  titre  :  L'Art  d'apprendre  la  musique, 
exposé  d'une  manière  nouvelle  et  intelligible, 
par  une  suite  de  leçons  qui  se  servent  suc- 
cessivement de  préparation;  Paris,  1733, 
in-fol.  de  trente-deux  pages  gravées,  non  com- 
pris la  préface.  Une  deuxième  édilition  de 
cette  méthode  a  paru  en  1750,  à  Paris. 

VAILLANT  (Pierre-Marie -Gabriel),  né 
à  Paris,  le  19  juin  1778,  apprit  dans  son 
enfance  à  jouer  de  plusieurs  instruments.  Le 
violon  fut  celui  auquel  il  s'attacha  de  préfé- 
rence. Après  avoir  été  employé  comme  cho- 
riste au  Théâtre  Italien,  il  entra  à  l'Opéra, 
en  1817,  et  fut  également  admis  à  la  chapelle 
du  roi,  comme  ténor.  La  révolution  de  1830 
lui  fit  perdre  cette  place,  et  il  se  retira  de 
l'Opéra,  avec  la  pension,  en  1837.  Cet  ar- 
tiste a  arrangé  beaucoup  de  musique  pour 
divers  instruments,  particulièrement  pour  har- 
monie, pour  violon,  flûte,  clarinette,  flageo- 
let, et  a  publié  des  méthodes  pour  ces  instru- 
ments, à  Paris,  chez  P.  Petit,  et  chez  Janet. 
Toutes  ces  productions  sont  de  peu  de  valeur. 
Vaillant  avait  en  manuscrit  un  traité  d'har- 
monie, et  un  recueil  de  solfèges. 

VAISSELIUS  (Matthieu).  Voyez 
WAISSELIUS. 

VALA1ÎRÈGUE  (Ferdinand-André),  fils 
d'un  interprète  pour  la  langue  hébraïque  de  la 
Bibliothèque  royale,  est  né  à  Paris,  en  1777. 
Entré  au  service  militaire  fort  jeune,  il  fit 
quelques  campagnes  en  Italie,  et  parvint  au 
grade  de  capitaine  de  hussards.  Devenu  aide  de 
camp  du  général  Junot,  il  le  suivit  à  l'ambas- 
sade de  Lisbonne.  Ce  fut  dans  celte  ville  qu'il 
connut  madame  Catalani  et  devint  son  époux. 
En  1807,  il  donna  sa  démission  et  se  rendit 
en  Angleterre  avec  la  célèbre  cantatrice,  dont 
il  dirigea  depuis  lors  les  affaires  et  les  succès 
(voyez  Catalani).  Après  l'anéantissement  du 
Théâtre  Italien  dont  elle  avait  eu  le  privilège 
avec  de  grands  avantages,  de  vives  réclama- 


tions s'élevèrent  contre  elle,  et  Valabrègue 
publia  pour  sa  défense  un  opuscule  intitulé  : 
Etat  du  Théâtre  royal  Italien  sous  la  direc- 
tion de  madame  Catalani,  Paris,  1818,  in-8° 
de  seize  pages.  Il  est  mort  dans  une  maison  de 
campagne  près  de  Florence,  en  1835. 

VALDEURAVANO  (  D.  Enrique,  ou 
Henri),  musicien  espagnol,  naquit  à  Pena- 
cerrada,dansle  royaume  de  Léon,  au  commen- 
cement du  seizième  siècle.  Il  a  fait  imprimer 
un  traité  de  la  viole  avec  une  collection  de 
pièces  pour  cet  instrument,  sous  le  titre  de 
Musis  dicatum.  Libro  llamado  Silua  de  Si- 
renas.  Compueslo  por  el  excellente  musico 
Anriquez  de  Ualderauano.  Dirigido  al  illus- 
trissimo  sennor  don  Francisco  de  Cunniga 
coude  de  Miranda,  etc.  A  la  fin  du  volume, 
on  lit:  Fueimprcsso  en  la  muy  insigne  y  noble 
villa  de  J  alladolid  Pincia  in  olro  tiempo  lla- 
mada.  Por  Francisco  Fernandez  de  Cordova 
impresor,  1 547,  in-fol.  Co  volume  contient 
une  collection  de  motels,  vilhancicos ,  ro- 
mances, chansons,  fantaisies  et  sonates,  mis 
en  tablature  pour  la  viole,  et  précédés  d'une 
instruction  sur  la  signification  des  signes  de  la 
tablature  et  sur  la  manière  de  les  rendre  dans 
l'exécution.  On  a  aussi  du  même  auteur  un 
traité  général  de  musique  qui  concerne  la  ta- 
blature de  l'épinelte  ((cela),  de  la  harpe,  de 
la  viole,  le  plain-chant,  le  chant  figuré  et  le 
contrepoint.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Tra~ 
tado  de  cifra  nueva  para  tecla,  arpa  y 
vihuela,  canto-llano,  de  organo  y  contra- 
punlo;  Alcala  de  Ilenares,  1557,  in-fol. 

VALEINTE  (Antoine),  surnommé  Cieco, 
parce  qu'il  était  aveugle,  fut  un  organiste  na- 
politain, dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle.  Il  a  publié  une  collection  de  pièces 
d'orgue  intitulée  :  Fersi  spirituali  sopra 
tulle  le  note,  con  diversi  capricci  per  suonar 
negli  organi,  Napoli,  1580. 

VALENTE  (Saverio),  compositeur  napo- 
litain, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  fit  ses  éludes  musicales  au 
Conservatoire  de  la  Pielà,  et  fut  maître  de 
chapelle  de  l'église  S.  Francesco  Saverio,  de 
cette  ville,  et  professeur  au  même  Conserva- 
toire, puis  au  collège  musical  de  San  Pielroa 
Majella.  La  bibliothèque  du  Conservatoire  de 
Naples  possède  en  manuscrit  de  ce  maître  : 
1°  Jmpropcri  a  4  voci  pel  venerdi  sanlo. 
2°  Jflessa  a  4  voci  epiù  stromcnli.  3"  JJessa 
a  5  voci  e  più  stromenti.  4°  Tratti  délie  Ire 
profezie  del  sabato  santo.  5°  Vespere  del  sa- 
batosantoaivocicolbassoconlinuo.G"  Credo 
a  4  voci  con  organo.  7°  Oratorio  per  il  S.  Na- 


VA LENTE  -  VALENTINI 


29Î 


taie  a  più  voci  e  più  stromenti.  8°  Exercices 
de  solfège  à  rj  un  tic  voix.  On  connaît  aussi  de 
cet  artiste  un  recueil  de  Partimcnli  et  une 
méthode  de  contrepoint. 

VALETTE  (Giovanni),  compositeur  napo- 
litain, né  vers  1825,  fit  ses  éludes  au  collège 
royal  de  musique  de  San  Piclro  a  Majella,  et 
reçut  des  leçons  de  composition  de  Merca- 
dante.  Dans  l'été  de  1 84 î,  il  fil  représenterai! 
théâtre  Nuovo  un  opéra  intitulé  Vlnvitalo 
ad  una  [esta  di  maschera;  quelques  mor- 
ceaux de  cet  ouvrage  furent  applaudis.  Le 
12  juillet  1840,  il  donna  au  même  théâtre  // 
Sarlo  (Ja  donna,  qui  n'eut  que  cette  seule  re- 
présentation. Depuis  lors,  le  nom  de  M.  Va- 
lente  a  disparu  du  inonde  musical. 

VALE3ITIIM  (Jean),  musicien  romain, 
né  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
entra  au  service  de  la  cour  impériale,  à  Vienne, 
en  qualité  d'organiste,  vers  1 G 15.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  :  1°  Moletli  a  sei 
voci,  Venise,  1611,  in-4°.  2°  Musiche  concer- 
taie  a  G,  7,  8,  9  e  10  voci  ossia  istromenli, 
Venise,  1619,  in-fol.  3°  Musiche  a  2  voci  col 
basso  per  organo,  Venise  1022.  4°  Sacricon- 
cerli  a  2,  3,  4  e  5  voci,  Venise,  1025,  in -4°. 
5"  Musiche  da  caméra  a  2,  5,  4,  5  et  6  voci, 
parle  concertala  con  voci  sali  et  parle  con 
voci  ed  istromenli,  nelle  quale  si  contenrjono 
Madrigali  ed  allri  varie  composizioni.  Li- 
bro  quarto.  Fenelia,  app.  Jkss.  f  incenti, 
1621,  in-4".  0"  Libro  quinto.  Le  Musiche  da 
caméra  a  una  e  due  voci  co'l  basso  continua; 
ihid.,  1622,  in-4°.  Valenlini  a  laissé  aussi  en 
manuscrit  «les  messes,  magnificat  et  psaumes 
à  vingt-quatre  voix  en  six  chœurs.  L'ahhé 
Sanlini  possède  de  ce  maître  un  Slabat  mater 
à  quatre1  voix,  et  un  Magnificat  à  vingt-quatre 
voix,  daté  <le  1020.  Ses  compositions  se  trou- 
vent au  château  de  Prague,  dans  la  biblio- 
thèque  des  manuscrits.  Suivant  Gerher,  les 
messes  et  Magnificat  ont  été  imprimés  à  Ve- 
nise, eu  1021.  On  trouve  aussi  quelques  mor- 
ceaux de  ce  musicien  dans  le  Parnassus  mu- 
sicus  Ferdinandxus  de  lkrgameno  (Venise, 
1015). 

VALETVriM  (PiEnnE-FnANÇois),  né  à 
Rome  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siè- 
cle, descendait  «l'une  noble  famille  de  celte 
ville.  Il  fit  ses  études  musicales  dans  l'école  de 
Jean-Marie  Nanini,  et  devint  un  des  plus  sa- 
vants musiciens  de  l'excellente  école  romaine. 
Il  mourût  à  Home,  en  1054.  Les  productions 
de  cet  homme  distingué  sont  toutes  dignes 
«l'intérêt;  en  voici  la  liste:  1"  Canone  di  Pier 
Franccsco  Falentini  Roinauo  sopra  le  pa- 


role del  Salve  Regina  :  illos  tuos  miséricordes 
oculos  ad  nos  convcrle,  con  le  sue  risolutioni 
a  2,  3,  4  e  5  voci,  etc.,  Roma,  Masolli,  1629. 
Ce  canon  est  susceptible  de  plus  de  deux  mille 
résolutions.  On  en  trouve  le  thème  dans  la 
Musurgia  du  P.  Rircher  (t.  I.  p.  402),  avec 
les  quatre  résolutions  principales,  par  mouve- 
ments contraire,  rétrograde,  et  rétrograde 
contraire.  2°  Canone  nel  nodo  di  Salomone 
a  96  roc/,  Roma,  1631,  in-fol.  Kircher  a 
indiqué  les  principales  résolutions  «les  qua- 
tre-vingt-seize voix  (Musurgia,  t.  I,  p.  404  et 
suiv.),  et  l'a  étendue  par  des  entrées  à  temps 
divers  et  par  différents  mouvements,  préten- 
dant qu'il  lient  être  chanté  par  cent  quarante- 
quatre  mille  voix  différentes,  par  analogie  aux 
cent  quarante-quatre  mille  chantres  de  l'Apo- 
calypse. 3"  Canone  a  6,  10,  20  voci,  Roma, 
1645.  4"  La  Mitra.  Favala  greca  versificata 
con  due  intermedii,  il  primo  rappresentanle 
la  Uccisione  diOrfeo;  e  ilsecondo  Pittagora, 
clic  ritrova  la  musica.  Poesia  di  Pier  Fran- 
ccsco Falentini  Romano,  musica  deU'istesso, 
Roma,  Mascai'di,  1654.  5°  La  Trasforma- 
zione  di  Dafne.  Favala  morale  con  due 
intermedii,  ilprimo  contiene  il  Ralto  diPro- 
serpina,  ed  il  secondo  la  Callività  di  Fenere 
c  di  Marte  nelle  rele  di  P'ulcano,  Roma, 
Mascardi,  1654.  Par  son  testament,  Valenlini 
imposa  à  ses  héritiers  l'obligation  de  faire  im- 
primer les  ouvrages  de  sa  composition  qu'il 
laissait  en  manuscrit;  ils  parurent  sous  les 
litres  suivants  :  6°  Madrigali  a  5  voci,  mu- 
sica e  poesia  del  Falentini.  Deux  livres, 
Home,  Mascardi,  1654.  7°  Motetti  ad  una 
voce  con  istromenti.  Deux  livres,  ibid.  8°  Mo- 
tetti a  2,  3,  4  voci.  Deux  livres,  ibid.,  1655. 
9"  Canzonette  spirituali  a  voce  sola.  Deux 
livres,  Rome,  1655.  10°  Canoni  musicali,  in 
Roma,  appresso  Mauritio  Belmonti,  1655,  in- 
fol.  de  155  pages.  1 1°  Canzonette  spirituali a  2 
e  ôtaci.  Deux  livres, ibid.,  1656.  12"  Canzo- 
nette spirituali  a  2,  3,  4  voci.  Deux  livres, 
ibid.,  1656.  13°  Musiche  spirituali  per  la 
nativité  di  N.  S.  Gesù-Crislo  «1,2  voci. 
Deux  livres,  Rome,  Belmonli,  1657.  14°  Can- 
zoni,  sonetti  ed  arie  a  voce  sola.  Deux  livres, 
ibid.,  1657.  15°  Canzonette  ed  arie  a  1, 
2  voci.  Quatre  livres,  ibid.,  1657.  16°  Lita- 
nie, et  molclti  a  2,  3,  4  voci.  Deux  livres, 
ibid.,  1657. 

Valeritini  a  été  non-seulement  compositeur 
habile,  mais  encore  écrivain  sur  la  théoriedela 
musique.  Par  une  disposition  de  son  testament, 
il  a  laissé  en  manuscrit  trois  traités  didactiques 
suc  ÇÇ*  att  à  la  bibliothèque  de  l'illustre  l'a- 


294 


VALENTINI  -  VALESI 


mille  Barberini,  où  ils  se  trouvent  encore, 
sons  les  numéros  5587  et  3288.  En  voici  les 
titres  :  Duplitonio  Musica.  Dimostrazionedi 
Pier  Franccsco  Falentini  Romano,  per  la 
quale  appare  11  toni.  e  modi  musieali  ascen- 
dere  al  numéro  di  ventiqnatlro,  dove  dodici 
soli  comunemente  sono  stimati.  Ed  anco 
alcune  figure  dimoslrative  di  alcxtni  generi 
musieali  anlichi  ed  altre  teoriche  curiosité. 
2°  Tratlato  del  tempo,  del  modo,  c  délia  pro- 
lazione  di  Pier  France&co  Falentini  Ro- 
mano, nel  quale  ampiamenle  si  dimostra 
cosa  sia  tempo,  modo,  prolazione,  c  copio- 
samente  si  discorre  délie  figure  e  propor- 
zioni  musieali.  de'  segni  délie  perfezioni, 
délie  allerazioni,  délie  division!,  délie  im- 
perfezioni,  dei  ptinti,  délie  leqature,  e  di 
ciascun  altro  accidente,  a  eut  dette  fiqure 
sono  sottoposte.  3"  Tratlato  délia  baltuta 
musicale.  In  queslo  si  vedono  descritli  gli 
esempi  per  i  quali  s'insegna  il  modo  o  la 
maniera  di  giustamente  proferire  e  canture 
le  note,  ed  aapettare  le  pause  tanto  sotto  il 
tempo  dcll'  eguale,  quanto  dell'  inegualebal- 
tuta. 

VALENTINT  (Joseph),  violoniste  et  com- 
positeur, naquit  à  Florence,  vers  1090.  On 
voit  par  le  lilre  de  ses  concertos  qu'il  était 
attaché  au  service  du  grand  duc  de  Toscane, 
en  1735.  Les  productions  connues  de  cet  ar- 
tiste sont  :  1° XII Sinfoniea  2  violini  evio- 
loncella,op.  1,  Amsterdam,  Roger. 2°  ni  Riz- 
zarrie  per  caméra  a  2  viol,  e  violone,  op.  3, 
ibid.  3"  XII  Fantasie  a  2  viol,  et  violone, 
op.  ô.  4°  FUI  Idée  da  caméra  a  violino  solo 
e  violoncello,  o|>  4,  ibid.  5°  XII  sonate  a 
2 viol,  et  violone,  op.  5.  0°  Concerti  a  4viol. 
alto  viola,  violone.  e  basso  conlinno,  op.  7, 
lib.  1  e  27  ibid.  7°  Sonate  a  violino  solo  e 
basso  continua1,  op.  8,  ibid.  8°  X  concerti, 
op.  9,  ibid.  On  ignore  l'époque  de  la  mort  de 
cet  artiste. 

VALENTINT  (Juan),  compositeur  napo- 
litain, vécut  dans  la  seconde  partie  du  dix  hui- 
tième siècle.  On  connaît  de  lui  les  ouvrages 
suivants  :  1°  Le  Nozzein  contrasta,  opéra 
bouffe,  à  Milan,  en  1780.  3°  1  Castellani  bur- 
lati,  opéra  bouffe,  à  Parme,  en  1780.  5°  La 
Statua  matematica,  à  Pesaro,  en  1786. 
4°  L'Imprésario  in  ravina,  à  Crémone,  en 
1788. 

"VALENTINI  (CnARtBs),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Lucques,  vers  1790,  a  donné 
sur  divers  théâtres  d'Italie  :  1°  77  Capriccio 
drammatico.  3"  Amina,  opéra  semi-seria,  en 
deux  actes.  5°  Il  Figlio  del  signor  padre, 


opéra  bouffe,  en  deux  actes.  4°  Lo  Spettro 
parlante,  opéra  semi-seria,  en  deux  actes. 
5°L'Orfanella  di  Ginevra,  le  2  octobre  1825, 
au  théâtre  Nuovo,  à  Naples.  En  1827,  Valen- 
tini  fut  engagé  comme  directeur  de  musique 
au  théâtre  de  Messine  :  il  occupait  encore 
celle  posilion  en  1835.  En  1858,  il  a  fait 
représenter  à  Naples  Amina,  en  trois  actes, 
qui  ne  réussit  pas.  Il  fut  plus  heureux  à  Rome, 
où  il  lit  représenter  avec  succès,  à  la  fin  delà 
même  année,  Gli  Aragonesi  in  Napoli.  En 
1831,  il  donna  au  théâtre  Nuovo  de  Naples  II 
Figlio  del  signor  padre,  opéra  bouffe  qui  fut 
bien  accueilli,  et  Lo  Spettro  parlante.  De  re-  • 
tour  à  Lucques, où  il  s'est  fixé  vers  la  fin  de  sa 
carrière,  Valcnlini  a  donné  dans  cette  ville  II 
Sonnanbulo,  en  1834,  et  Gli  Avventurieri, 
en  1837.  On  ne  connaît  qu'un  seul  ouvrage, 
lldegnnda,  joué  pendant  son  séjour  en  Sicile, 
au  théâtre  de  Palerme,  en  1829. 

VALERNODO'ahbéMAïuE-ELÉAunDE), 
chanoine  du  chapitre  noble  de  Saint-Martin 
d'Ainay,  né  à  Lyon,  en  1704,  fut  membre  de 
l'Académie  de  celle  ville  et  mourut  en  1778. 
Il  lut  à  l'Académie  une  Nouvelle  méthode 
pour  noter  le  plain-chant,  sans  barres  et 
sans  clefs.  Cet  ouvrage  se  douve  parmi  les 
manuscrits  de  la  Bibliothèque  de  Lyon,  sous 
le  n°  905,  in- fol. 

VALESI  (Jean-Évancéliste),  chanteur  ha- 
bile dont  le  nom  allemand  était  WALLES- 
IIALSEH,  naquit  le  28  avril  1735,  à  Unter- 
haltenhofcn,  en  Bavière.  Fils  d'un  paysan,  il 
fut  adopté  par  le  pasleur  de  Ginzelhofen,  qui 
lui  fit  faire  ses  éludes  au  collège  de  Munich. 
Les  dégoûts  que  lui  fit  éprouver  un  profes- 
seur l'engagèrent  à  s'enfuir  de  ce  collège, 
cl  à  se  faire  garçon  de  ferme  chez  un  cultiva- 
teur qui  demeurait  près  deLandsberg;  mais 
reconnu  parsonfrère,  pendant  qu'il  travaillait 
aux  champs,  il  fut  reconduit  chez  son  protec- 
teur. Décidé  à  ne  plus  retourner  au  collège,  il 
demanda  la  permission  de  se  livrer  à  l'élude 
de  la  musique,  et  fut  confié  aux  soins  du 
mailre  de  chapelle  Camerloher(uoj/e2  ce  nom), 
à  Freysing.  Ses  heureuses  dispositions  pour  cet 
art,  particulièrement  pour  le  chant,  furent 
cultivées  avec  mélhode  par  ce  savant  musi- 
cien, et  les  progrès  de  l'élève  furent  si  rapides, 
qu'il  fut,  à  l'âge  de  dix-neuf  ans,  nommé  chan- 
teur de  la  cour  du  prince-cardinal  et  archevêque 
de  Freysing.  Appelé  à  Amsterdam,  en  1755, 
pour  y  chanter  dans  des  concerts,  il  y  com- 
mença sa  réputation,  puis  se  rendit  à  Liège, 
dont  son  prince  était  évêque.  De  là  il  alla  se 
faire  entendre  à  Nancy,  à  Francfort,  où  il  re- 


VALESI  -  VALLADE 


29; 


trouva  son  maître  Camerloher,  puis  retourna 
à  Freysing.  En  1756,  il  quitta  celte  cour  pour 
entrer  au  service  de  l'électeur  de  Bavière,  et 
dans  l'année  suivante,  il  débuta  sur  le  théâtre 
de   la  cour,   dans  Bellërophon.  Le  désir  de 
perfectionner  son   talent  lui    fit  ensuite  de- 
mander l'aulorisalion  d'aller  en  Italie  :  elle 
lui  fut  accordée.  Après  avoir  entendu  quelques 
bons  chanteurs,  il  chanta  à  Padoue  avec  succès 
dans  plusieurs  opéras,  puis  retourna  à  Munich. 
En  1770,  le  nouveau  duc  de  Bavière  lui  ac- 
corda le  titre  de  chanteur  de  sa  musique  par- 
ticulière. Appelé  peu  de  temps  après  à  Flo- 
rence, Valesi  y  brilla,  puis  fit  admirer  son 
talent  à  Sienne,  Milan,  Parme,  Gènes,  Turin, 
Rome  et  Venise.   De  retour  à  Munich  après 
plusieurs  années  d'absence,  en  1778,  il  chanta 
avec  succès  dans  les  opéras  de  la  cour.   Il  y 
forma  aussi  plusieurs  bons  élèves,  dont  le  plus 
célèbre  fut  Adamberger  («oyez  ce  nom).  Après 
quarante  deux  années  de  service,  Valesi  obtint 
sa  retraite  avec  la  pension,  en  1798.  Il  mourut 
a  Munich,  en  1811. 

VALGULIO  (Charles),  savant  helléniste, 
d'une  ancienne  famille  de  Brcscia,  naquit  dans 
cette  ville,  vers  1440.  Il  fut  secrétaire  du  car- 
dinal César  Borgia,  et  mourut  à  Brescia,  en 
1498,  de  la  frayeur  que  lui  causa  une  vision. 
Sa  version  latine  du  Traité  de  musique  de  Plu- 
tarque  est  écrite  avec  élégance  :  elle  a  été  im- 
primée pour  la  première  fois  longtemps  après 
sa  mort,  dans  la  collection  des  opuscules  de 
Plutarque,  intitulée  :  Plutarchi  Chxronei 
philosophi  historicique  clarissimi  opuscitla 
{qitcT  quidem  extanl)  omnia,  undequaque 
collecta,  et  diligenlissime  jam  pridem  reco- 
gnita.  Yenetiis  per  Jo.  Ant.  et  Fratres  de 
Sabio,  sumptuet  réquisitions  D.  Melchioris 
Sessa.  Anno  Domini  MDXXXTI ,  in-8°. 
Jean  Cornariusa  reproduit  cette  version  dans 
son  édition. des  oeuvres  morales  de  Plutarque 
(Baie,  1553,  in-fol.  p.  19-25  v).  La  version 
latine  plus  moderne  de  Xilander  (voyez  ce 
nom),  bien  qu'elle  ait  été  reproduite  plusieurs 
fois,  est  inférieure  à  celle  de  Valgulio. 

VALIIADOLID  (François  DE),  maître 
de  chapelle  du  séminaire  archiépiscopal  de 
Lisbonne,  naquit  à  Funchal,  dans  l'île  de  Ma- 
dère, vers  1640,  et  mourut  à  Lisbonne,  le 
16  juillet  1700.  Son  premier  maître  de  musi- 
que avait  été  Manuel  Fernande* ;  il  apprit  en- 
suite le  contrepoint  à  Lisbonne,  sous  la  direc- 
tion de  Jean  Alvares  Frovo.  Ses  compositions, 
restées  en  manuscrit,  consistent  en  messes, 
psaumes,  lamentations,  répons,  motets,  Mi- 
serere, etc. 


"VALLA  (Georges),  médecin,  né  à  Plai- 
sance, vers  le  milieu  du  quinzième  siècle,  fit 
ses  études  à  Pavie;  il  fut  appelé,  vers  la  fin  de 
sa  vie,  à  Venise  pour  y  professer  les  humanités, 
et  mourut  dans  la   même  ville  quelques  mois 
avant  l'an  1500.  On  a  de  lui  une  collection  de 
traités  sur  toutes  les  sciences,  intitulée  :   De 
expetendis  et  fui/tendis  rébus  ;  Venise,  1497- 
1501,  deux  volumes  in-fol.  max.  Cet  ouvrage 
dont  l'exécution  typographique  est  fort  belle, 
contient  un  traité  De  Musica,  lib.  F.  S'ed 
primo  de  invenlione  et  comnwditule  ejus. 
Outre  cet  ouvrage,  Georges  Valla  a  publié  aussi 
une  version  latine  de  V Introduction  harmo- 
nique d'Euclide,  sous  le  nom  de  Cleonides  : 
elle  a  pour  litre  :  Cleonidx  harmonicum  in- 
troductorium  interprète  Georgio  Fallu  Pla- 
centino.  Ce  petit  ouvrage  est  réuni  au  traité 
de  l'architecture  de  Vitruve,  à  celui  des  aque- 
ducs de  Fronlin  et  à  deux  opuscules  d'Ange 
Politien,  dans  un  volume  qui  a  pour  titre  :  Hoc 
in  volumine  hase  opéra  continentur  :  Cleo- 
nidx  harmonicum  inlroductorium  interprète 
Georgio  Falla  Placentino. — L.  Filruvii  Pol- 
lionis  de  Architeclura  libri  decem.  —  Sexti 
Julii  Frontini  de  aquxductibus  liber  unus. 
—  Angeli  Policiani  opusculum  quod  Pan- 
epistemon  inscribitur —  Angeli  Policiani  in 
priora  analytica  prxleclio,  cui  titulus  est 
Lamia.  Le  lieu,  la  date  de  l'impression  et  le 
nom  de  l'imprimeur  ne  sont  pas  à  la  fin  du 
volume,  mais  on  les  trouve  à  la  dernière  page 
de  l'Architecture  de  Vitruve,  de    cette  ma- 
nière :  Jmpressum  Fenetiis  per  Simonem 
Papiensem  dictum  Biniloquam.   Anno  ab 
incarnatione  MCCCC.  LXXXX.  FIL  Die 
tertio  Augusli,  in-fol.    Une  deuxième  édition 
de  la  version  de  l'opuscule  d'Euclide  fut  publiée 
Tannée    suivante,    à   Venise,    avec   quelques 
opuscules  de  Valla  sur  divers  sujets.  La  biblio- 
thèque   impériale,   à  Paris,    en   possède   un 
exemplaire  in-fol.  qui  porte  la  date  de  Venise, 
1504. 

VALLADE (Jean-Baptiste-Antoine),  mu- 
sicien dont  l'origine  est  vraisemblablement 
française,  fut  organiste  à  Mendorf,  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  de  sa 
composition  les  ouvrages  dont  les  titres  sui- 
vent :  1°  Drey fâches  musikalisches  Exerci- 
tiura  auf  der  Orgel,  oder  FI  Prxambula 
und  Fugen,  etc.  (Trois  suites  d'exercices  mu- 
sicaux pour  l'orgue,  contenant  six  préludes  et 
fugues),  Augsbourg,  1751,  in-fol.  2°  Musika- 
lische  Gemiiths-Ergœtzung  in  6  Klavier 
Partien.  lrr  Theil  (Divertissement  musical 
consistant  en  G  partien  (symphonies)  pour  le 

19. 


296 


VALLADE  -  VALLE 


clavecin.  Première  partie);  Nuremberg,  in-fol. 
5°  Deuxième  partie  du  même  ouvrage  renfer- 
mant seize  fugues  pour  l'orgue;  ibid.  4°  Prœ- 
ludirender  Organist,  oder  neue  Prwludien 
und  Cadenzen,  etc.  (L'organiste  préludant, 
ou  nouveaux  préludes  et  cadences  pour  l'or- 
gue, etc.);  Augsbourg,  1757,  in  fol.  5°  Li- 
turgie abbrcvialx  Urbi  et  Orbi  accommo- 
datœ,  id  est  G  missx  a  4  voc.  et  instrum., 
op.  2;  ibid. 

VALLAPEUTA  (Joseph),  compositeur 
de  musique  d'église,  naquit  à  Mclzo,  près  de 
Milan,  le  18  mars  17515.  Ses  heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique  lui  firent  faire  de  ra- 
pides progrès  dans  cet.  ait,  quoiqu'il  n'ait  été 
instruit  que  par  des  maîtres  médiocres.  D'abord 
maître  de  clavecin  à  Venise,  il  y  publia  trois 
sonates  pour  cet  instrument.  En  1789,  il  alla 
s'établir  à  Dresde  et  y  fit  paraître,  chez  Hils-- 
cher,  un  concerto  pour  le  clavecin  avec  or- 
chestre; mais  il  ne  resta  pas  longtemps  en 
Allemagne,  ayant  été  appelé  à  Parme,  en 
1790,  pour  écrire  une  cantate,  à  l'occasion 
d'une  ascension  aérostatique  faite  par  un  cer- 
tain capitaine  Leonardi.  En  1795,  Vallaperla 
fut  nommé  maître  de  chapelle  d'une  église 
d'Aquila,  dans  les  Abruzzcs.  Il  y  composa 
beaucoup  de  musique  d'église  et  trois  orato- 
rios, savoir  :  Ezechia;  II  Trionfo  di  Da- 
vide,elll  volo  di  Jefte, ([ni  lurent  considérés 
comme  de  bons  ouvrages.  De  retour  à  Milan, 
en  1803,  Vallaperta  composa  pour  les  églises 
de  celte  ville  des  morceaux  de  musique  reli- 
gieuse qui  jouissaient  de  beaucoup  d'estime; 
entre  autres,  trois  messes  de  Requiem,  des 
leçons  des  morts,  et  six  Miserere.  Cet  artiste 
est  mort  à  Milan,  à  l'âge  de  soixante-quatorze 
ans,  en  1829. 

VALLARA(LeP.  Fiusçois-Marie),  carme 
du  couvent  de  Mantoue,  naquit  à  Parme,  vers 
1070.  Il  vivait  encore  dans  son  monastère  en 
1724.  Ce  moine  est  auteur  de  bons  livres  con- 
cernant le  plain-chant,  intitulés  :  lu  Scuola 
corale  nella  quale  s'insegnano  i  fondamenli 
più  necessarii  alla  vera  cognizione  del 
canto  gregoriano.  In  Modena,per  Jnt.  Cap- 
poni,  1707;  in-4°  de  cent  quatre-vingt-dix- 
huit  pages.  2°  Primizie  di  canto  fermo,  in 
Modena,  Capponi,  1713,  in-4".  La  deuxième 
édition  de  ce  livre  a  pour  litre  :  Primizie  di 
canto  fermo,  ristampale,  correcte,  e  ridolte 
in  miglior  forma  con  altre  addizioni  di  né- 
cessita à  chi  professa,  e  desidera  la  vera 
cognizione  di  tutti  i principii  e  fondamenli 
di  questo  angelico  canlo ,  in  Parma,  per 
Giuseppe  Rosali,  1724, in-4" de  cent  six  pages. 


5°  Tratlato  teorico-pratico  del  canto  grego- 
riano, in  Parma,  per  Giuseppe  Rosali,  1721, 
in-4"de  cent  trente-trois  pages.  Le  premier  de 
ces  ouvrages  seulement  a  élé  connu  des  biblio- 
graphes et  historiens  de  la  musique. 

VALLE  (Pierre  DELL  A),  chevalier,  issu 
d'une  noble  famille,  naquit  à  Rome,  le  2  avril 
1580,  et  cultiva  avec  succès  les  lettres  elles 
arts.  Son  premier  maître  de  clavecin,  de  téorbe, 
d'accompagnement  et  de  contrepoint  fui  Onin- 
tio  Sol  in  i,  organiste  de  laMadona  del  popolo  ; 
puis  il  devint  élève  de  Paul  Qualiali  (voyez  ce 
nom).  Entré  au  service  militaire,  il  combattit 
abord  d'un  vaisseau  espagnol,  en  1G11,  dans 
une  expédition  contre  les  puissances  barba - 
resques.  De  retour  en  Italie,  il  prit  bientôt 
après  la  résolution  de  visiter  en  pèlerin  Jéru- 
salem et  l'Orient;  s'embarqua  à  Venise,  en 
1014,  et  après  avoir  vu  Constantinople,  l'Egypte 
et  la  Syrie,  gagna  la  Perse,  et  servit  dans  la 
guerre  des  Persans  contre  les  Turcs.  Après 
mille  aventures  périlleuses,  il  revit  Rome,  le 
28  mars  162G,  et  présenta  au  pape  Urbain  VIII 
une  notice  sur  ses  voyages  et  sur  la  .situation 
des  populations  chrétiennes  dans  l'Orient.  En 
1640,  Délia  Valle  écrivit  une  dissertation  in- 
titulée :  Délia  musica  dell'  età  noslra,  clie 
non  ù  punlo  inferiore,  anzi  è  migliore  di 
qucUu  dell'  età  passata,  al  Signor  Lelio  Gui- 
diccioni.  Les  éditeurs  des  œuvres  de  Jean- 
Baptiste  Doni  ont  inséré  cette  dissertation  dans 
le  deuxième  volume  de  leur  collection  (p.  249 
elsuiv.).  Cet  opuscule,  où  l'auteur  se  montre 
homme  de  goût  et  d'instruction,  renferme  des 
détails  intéressants  concernant  l'histoire  de  la 
musique  dans  les  seizième  et  dix-septième  siè- 
cles. On  connaît  aussi  de  Délia  Valle  un  Tan- 
lum  ergo  à  douze  voix,  qui  se  trouvait  en 
manuscrit  dans  le  magasin  de  musique  de 
Rellstab.  Il  mourut  à  Rome,  le  20  avril  1652. 

VALLE  (Le  P.  GdillabmeDELLA)  grand 
cordelier,  et  secrétaire  général  de  son  ordre, 
naquit  à  Sienne,  vers  1740.  Il  fit  ses  vœux  au 
couvent  de  cette  ville,  puis  fut  envoyé  à  celui 
de  Bologne,  où  il  devint  l'ami  du  P.  Martini. 
Après  la  mort  de  ce  savant  musicien,  il  pro- 
nonça son  éloge  qui  fut  imprimé  sous  ce  litre  : 
Elogio  del  Padre  Giambattista  Martini, 
minore  conventuale.  Letto  il  24  novembre 
1784,  Bologna,  1784,  in-4".  Cet  éloge  a  été 
réimprimé  dans  VJntologia  romana  (t.  XL, 
p.  190,  201,209,  217,  225,  2Ô3,  241),  et  dans 
le  Giornale  de'  letterali  di  Pisa  (1783, 
t.  LVII,  p.  279-505).  Il  a  élé  traduit  en  alle- 
mand dans  la  correspondance  musicale  de 
Spire  (1791,  p.  217  elsuiv.).  Envoyé  à  Naples, 


VALLi:  —  VALLOTTI 


297 


en  J7S3,  pour  y  visiter  le  couvent  de  son  ordre, 
le  P.  Délia  Valle  publia  dans  celte  ville  <les 
niénioircs  historiques  sur  le  même  P.  Martini, 
sous  ce  titre  :  Memoric  storiche  ciel  P.  M. 
Giambatlista  Martini,  minor  comentuale 
di  Bolngna,  célèbre  maestro  cli  capetla.  IVa- 
poli,  1785,  nella  stamperia  Simoniana,  in-8° 
de  cent  cinquante-deux  pages.  Le  P.  Délia 
Valle  est  avantageusement  connu  par  les  Let- 
tere  Sanesi  sopra  le  belle  arti  (Venise  et  Rome, 
1 782-1780,  trois  volumes  in-4"),  et  par  une 
édition  de  la  vie  des  peintres  de  Vasari,  pu- 
bliée à  Sienne  en  1791 . 

VAÎXEMUS  (Georges).  Voyez  WAL- 
LEMUS. 

VALLESI  (Le  P.  Folgence),  moine  de 
l'ordre  de  Cileaux,  vécut  au  commencement  du 
dix-septième  siècle  et  eut  la  réputation  d'un 
très-habile  maitre  dans  l'art  du  contrepoint. 
Le  P.  Banchieri  cite  (Carlella  musicale,  troi- 
sième édition,  p.  234)  un  livre  de  contrepoints 
en  canons  sur  le  plain-cbanl,  comme  une  pro- 
duction du  plus  grand  mérite,  dont  le  P.  Val- 
lcsi  était  auteur. 

VALLET  (Nicolas),  luthiste  français,  vé- 
cut à  Paris  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  un  livre  qui 
a  pour  lilre  :  Le  secret  des  muses,  auquel  est 
naïvement  montrée  la  vraie  manière  de  bien 
et  facilement  apprendre  à  jouer  du  luth, 
Amsterdam,  1018,  1019,  deux  parties  in-4°, 
avec  le  portrait  de  l'auteur.  Une  édition  anté- 
rieure avait  élé  publiée  à  Paris. 

'VALLIÈÏ'.E  (Louis-César  La  Baume  Lr. 
Blanc,  duc  de  LA)   T 'oyez  LAVALLIÈUE. 

VALLÏSISIERI  (Antoine),  célèbre  natu- 
raliste et  médecin,  né  le  5  mai  1GGI,  au  cliâ- 
(cau  de  Tresilico,  dans  le  duché  de  Modène, 
lit  ses  éludes  à  Bologne  cl  à  Reggio,  et  l'ut 
appelé  à  professer  la  médecine  pratique  à 
l'Université  de Padoue  au  mois  d'août  1700.  Il 
mourut  dans  celle  ville,  le  18  janvier  1730.  On 
trouve,  dans  ses  Opère  fîsico-mediclie  (Venise, 
17ôô,  trois  volumes  in-fol.),  des  lettres  qui 
avaient  déjà  paru  en  latin  quelques  années 
avant  la  publication  de  celle  collection,  et  qui 
ont  été  traduites  en  français  dans  la  Biblio- 
thèque italique,  de  Genève,  en  1730,  sous  le 
litre  de  :  Lettres  sur  la  voix  des  eunuques. 
Ces  lettres  sont  adressées  à  Jacques  Vernet,  de 
Genève,  qui  lui  avait  posé  celte  question  : 
Quelles  sont  les  raisons  que  les  castrats  con- 
servent la  voix  claire;  qu'ils  restent  faibles 
de  nerfs  et  de  muscles,  et  qu'ils  sont  plus 
portes  que  les  autres  hommes  à  la  cruauté  et 
a  la  mélancolie?  Les  réponses  de  Vallisnicri 


sont  peu  satisfaisantes,  car  elles  ne  concluent 
que  par  le  fait  et  non  par  la  cause. 

VALLO  (Dominioue),  Napolitain,  étudia 
d'abord  la  jurisprudence  pour  embrasser  la 
carrière  du  barreau,  mais  fut  ensuite  obligé 
de  s'expatrier,  et  d'enseigner  pour  vivre  la 
musique  qu'il  n'avait  apprise  que  comme  art 
d'agrément.  De  retour  à  Naples,  vers  1803,  il 
y  publia  un  traité  élémentaire  intitulé  :  Com- 
pendio  elementare  di  musica  speculativo- 
pratica;  Naples,  1804,  un  volume  in-8°. 
Vallo  dit,  dans  la  préface  de  ce  livre,  que  son 
dessein  n'est  pas  de  s'occuper  de  rapports 
chimériques  entre  la  musique  et  les  autres 
sciences,  de  rechercher  le  principe  physique 
de  la  résonnancedes  corps  sonores,  ni  l'origine 
métaphysique  du  sentiment  de  l'harmonie, 
mais  bien  de  fournir  aux  commençants  une 
connaissance  suffisante  de  la  théorie  de  l'art 
pour  les  guider  dans  la  pratique.  Cet  abrégé, 
écrit  avec  clarté, est  un  des  meilleurs  ouvrages 
de  ce  genre. 

VALLOTTI  (François-Antoine),  savant 
musicien,  naquit  à  Verceil,  dans  le  Piémont, 
le  1 1  juin  1097.  Trop  pauvres  pour  fournir  aux 
frais  de  son  éducation,  ses  parents  durent  à  la 
bienfaisance  de  quelques-uns  de  leurs  compa- 
triotes l'avantage  de  le  faire  entrer  au  sémi- 
naire, où  il  se  distingua  particulièrement  dans 
la  musique,  sous  la  direction  d'un  maître 
nommé  Brissone.  Après  la  sortie  du  sémi- 
naire, Vallolti  se  rendit  à  Chambéry  et  entra 
au  couvent  des  Cordeliers  pour  y  embrasser  la 
règle  de  saint  François.  De  retour  à  Verceil, 
après  trois  ans  d'absence,  il  fut  envoyé  au 
couventde  Cuneo,  et  y  continua  ses  éludes  ; 
puis  il  alla  à  Milan  pour  achever  son  cours  de 
théologie.  Sa  vocation  pour  la  musique  se  ma- 
nifestant de  plus  en  plus,  ses  supérieurs  l'en- 
voyèrent à  Padoue,  et  le  confièrent  aux  soins 
de  P.  Calegari  (voyez  ce  nom),  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  celle  ville.  Vallolti 
avait  alors  atteint  l'âge  de  vingt-cinq  ans.  Il 
étudia  la  nouvelle  théorie  d'harmonie  de  son 
maître  et  en  adopta  les  principes.  Un  voyage 
qu'il  fit  à  Rome,  en  1728,  ne  changea  pas  ses 
opinions  à  l'égard  de  celle  théorie,  et  ne  le  ra- 
mena point  à  la  doctrine  de  l'ancienne  école 
romaine.  De  retour  à  Padoue,  il  fut  nommé 
organiste  de  l'église  de  Saint-Antoine,  et  y  lit 
preuve  d'un  rare  talent  d'exécution  et  de  corn  • 
position.  Tartini  le  considérait  comme  le  plus 
grand  organiste  italien  de  son  temps.  Après  la 
retraite  de  Calegari,  Vallotli  lui  succéda  dans 
la  place  de  maître  de  chapelle,  et  en  remplit 
les  fondions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  JOjan- 


298 


VALLOTTI  —  VALLS 


vier  1780,  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans. 
Burney,  qui  le  connut  à  Padoue,  en  1770,  dit 
qu'il  était  d'une  bonté  si  parfaite,  qu'il  était 
impossible  de  le  connaître  sans  l'aimer.  Sa  fé- 
condité, dans  la  composition  de  la  musique 
religieuse,  tint  du  prodige,  quoiqu'il  mit  beau- 
coup de  soin  à  écrire  ses  ouvrages,  et  qu'ils 
fussent  remplis  de  fugues  et  d'artifices  de 
contrepoint.  Il  était  considéré,  dès  1750, 
comme  un  des  plus  habiles  compositeurs  de 
l'Italie  en  ce  genre  de  musique.  Il  fit  voir  à 
Burney  deux  grandes  armoires  remplies  de  ses 
messes,  psaumes,  motels  et  vêpres.  Presque 
toule  celte  musique  est  restée  en  manuscrit  : 
on  la  conserve,  dit-on,  dans  les  archives  de 
la  cathédrale,  à  Padoue.  L'abbé  Sanlini,  à 
Rome,  possède,  de  ce  maître,  plusieurs  messes 
à  qualre  voix  et  orchestre,  un  Salve  Regina  à 
deux  chœurs,  une  messe  également  à  deux 
chœurs  et  orchestre,  un  Dies  irx'a  quatre,  un 
Domine,  ad  adjuvandum  à  qualre,  le  psaume 
Beatvs  vir  à  quatre,' fugué,  et  un  De  pro- 
fanais à  quatre.  On  a  gravé  de  la  composition 
de  Vallotti  :  1°  Rcsponsoria  in  Parasceve 
4  vocibus  cantanda  comitante  clavicem- 
balo;  Mayence  ,  Schott.  2°  Responsoria  in 
sabbato  sancto  idem  ;  ibicl.  o"  Respon- 
soria in  Cœna  Domini  4  vocibus,  avec 
deuxanlhnnes  à  quatre  voix, d'Orlando  Lasso; 
ibid. 

Une  grande  partie  de  la  vie  de  Vallotti  fut 
remplie  par  des  recherches  et  des  travaux  con- 
cernant la  théorie  de  l'harmonie  et  du  contre- 
point. Embrassant  la  science  dans  son  en- 
semble, suivant  la  doctrine  qu'il  avait  puisée 
dans  les  leçons  de  Calegari  et  qu'il  avait  com- 
plétée, il  en  avait  formé  qualre  divisions  dont 
chacune  était  l'objet  d'un  traité  particulier.  Mal- 
heureusement son  âge  était  trop  avancé  quand 
il  entreprit  la  publication  de  ces  ouvrages  : 
il  mourut  peu  de  mois  après  que  l'impression 
du  premier  volume  eut  été  achevée.  Ce  livre  a 
pour  titre  :  Delta  scienza  teorica  e  pratica 
délia  moderna  inusica,  libro  primo  ;  in  Pa- 
dova,  apprcsso  Giovanni  Manfré,  1779,  un 
volume  in- 4°  de  cent  soixante-sept  pages  avec 
sept  planches.  Un  fragment  d'une  lettre  écrite 
par  le  P.  Martini,  le  15  avril  178ô,  rapporté 
par  le  P.  Délia  Valle  (Memorie  storiche  del 
P.  Giamb.  Martini,  p.  113),  nous  apprend 
quel  était  le  contenu  des  manuscrits  des  autres 
ouvrages.  Le  premier  qui  devait  suivre  le  vo- 
lume imprimé  était  un  traité  des  tons  ou  modes, 
auquel  Martini  accorde  beaucoup  d'éloges.  Le 
second,  dit-il,  est  un  traité  rempli  de  doctrine 
et  d'érudition,  mais  sur  lequel  il  se  proposait 


de  conférer  avec  un  ami  de  l'auteur  (1). 
Nul  doute  qu'il  ne  soit  question  d'un  traité 
de  l'harmonie  où  Vallotti  développait  la  doc- 
trine singulière  qui  lui  faisait  nier  que  les  dis- 
sonances de  seconde  et  de  septième  fussent  le 
renversement  l'une  de  l'autre,  parce  que  l'une 
ajoutée  à  l'autre  n'est  que  le  complément  de 
l'octave;  tandis  que,  suivant  sa  théorie,  il  n'y 
a  de  renversement  que  d'une  octave  dans  une 
autre,  en  sorte  que  la  dissonance  de  la  sep- 
tième est  le  renversement  de  la  neuvième,  et 
que  celle-ci  peut  devenir  la  note  grave  des  ac- 
cords dont  elle  est  un  des  intervalles,  lorsque 
ces  accords  sont  renversés.  Doctrine  mons- 
trueuse, repoussée  par  le  sentiment  musical, 
et  que  le  puriste  Martini  ne  pouvait  pas  plus 
admettre  que  les  autres  maîtres;  doctrine  enfin 
qui  a  soulevé  contre  elle  tous  les  musiciens  de 
l'Italie,  lorsque  le  P.  Sahbalini,  élève  de  Val- 
lotti, et  son  successeur  dans  l'emploi  de 
maître  de  chapelle  de  Saint-Antoine,  à  Padoue, 
en  fit  un  exposé  pratique  dans  son  livre  inti- 
tulé :  La  vera  idea  dette musicali  numeriche 
segnature  (voyez  Sabdatim).  Des  autres  pa- 
piers de  Vallotti,  dont  parle  Martini  dans  sa 
lettre,  Sahbalini  a  tiré  un  grand  nombre 
d'exemples  pour  le  traité  des  fugues  construites 
suivant  la  doctrine  de  ce  maître,  et  les  a  pu- 
bliés dans  le  Trattato  sopra  le  fnghe  musicali 
di  Fia  Luigi  Ant.  Sahbalini  M.  C.  Corre- 
dalo  di  copiosi  saggi  del  suo  antecessore 
Padre  Francesco  Antonio  Fallolli  (voyez 
Sabsatini).  J'ai  analysé  le  système  du  P.  Val- 
lotti dans  mop  Esquisscde  l'histoire  de  l'har- 
Mion*'e(2),  et  surtout  dans  mon  Traité  complet 
de  l'harmonie  (ô);  je  ne  crois  pas  devoir  ré- 
péter ici  cette  analyse  qu'on  peut  lire  dans 
ces  ouvrages,  et  qui  est  beaucoup  plus  étendue 
qu'elle  ne  pourrait  l'être  ici.  On  a  deux  opus- 
cules du  P.  Fanzago,  lesquels  ont  pour  litres  : 
Orazione  ne'  funerali  diR.  P.  Franc.  Ant. 
Vallotti;  Padoue,  1780,  in-4°,  et  Elogi  di 
Tarlini, Fallotti e Gozzi; Padoue,  1 780,  in-4°. 
VALLS  (François),  prêtre  et  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale   de  Barcelone,   au 

(1)  Fresenlementc  ho  radunatii  scritti  elle  l'aulore 
ha  compost i  con  grande  macsiria,  esingolarc  cruel izione 
sopra  i  luoni,  o  modi  musicali.  Libro  che  merila  di  esser 
pubblicato,  c  che  farà  grand'  onore  ail'  autore.  Vi  è  un 
altro  trattato  pieno  di  domina  c  di  erudiiione,  ma  so- 
pra di  queslo  ne  parlero  col  P.  Maestro  J'rento.  Rivedro 
t>li  al  tri  scrilti,  e  tutti  quelli  che  saranno  compicti,e  in 
isinto  di  pubblicarsi  colla  stampa,  ne  projmrro  il  mio 
debole  sentimento. 

(2)  Paris,  1810,  in-8»  (pag.  138-142),  et  Gazeltemusi- 
calecle  Paris  (l.  VII.  p.  631-663}. 

(3)  Paris,  Brandus,  ISi-t ,  1  volume  grand  in-8° 
J4mc  partie) 


VALLS  —  VAN  BUGGENIIOUT 


299 


commencement  du  dix-huitième  siècle,   na- 
quit vers  1665.  Il  s'est  fait  connaître  par  un 
écrit  polémique  intitulé  :  Respuesta  a  la  cen- 
sura de  D.  Joachim  Martinez ,  organista  de 
Palencia  (Réponse  à  la  critique  de  D.  Joachim 
Martinez,  etc.);  Barcelone,  1717.  Le  P.  Mar- 
tini,   qui   possédait    un    exemplaire    de    cet 
écrit,  et  qui  l'a  cité  dans  la  tahle  des  auteurs 
du  premier  volume  de  son  histoire  de  la  mu- 
sique, ne  fait  pas  connaître  l'objet  de  la  polé- 
mique. M.  Eslava  (voyez  ce  nom)  dit  qu'au 
nombre  des  écrits  de  ce  musicien  se  trouve  la 
Defensa  del  Misererenobis  de  la  Misa  escuela 
aretina  (Défense  du  Miserere  de  la  messe  ut, 
ré,  mi,  fa,  sol,  la)  ;  mais  M.  Eslava  ne  donne 
ni  le  titre  entier  de  l'ouvrage,  ni  la  date  de 
l'impression  (1);  toutefois,  il  n'est  pas  dou- 
teux que  cet  écrit  soit  le  même  dont  Martini 
n'a  donné  aussi  que  le  titre  tronqué.  La  messe 
dont  il  s'agit  avaitétésansdoute  composée  par 
Valls.    M.   Eslava  cite   aussi  un  ouvrage  de 
Valls  intitulé:  Mapa  armonica  (Carte  harmo- 
nique), «œuvre  didactique,  dit-il, qui  a  couru 
»  de  main   en  main  parmi  les  compositeurs 
»  studieux  (2).  »  On  peut  conclure  de  ces  pa- 
roles, que  l'ouvrage  n'a  pas  été  imprimé.  Le 
même   auteur  ajoute  que  Valls   a    écrit    un 
grand  nombre  de  compositions  religieuses  de 
toute  espèce,  lesquelles  sont  répandues  dans 
les  églises  de  l'Espagne.  Valls  mourut  à  Bar- 
celone, en  1743,  dans  un  âge  avancé. 

VALSALVA  (Antoine-Marie),  médecin 
célèbre,  né  le  17  janvier  1666,  fut  le  disciple 
de  Malpighi.  Professeur  d'anatomie  à  l'Uni- 
versité de  Bologne  et  chirurgien  de  l'hôpital 
des  Incurables  de  cette  ville,  il  remplit  avec 
zèle  et  habileté  ses  fonctions  pendant  vingt- 
cinq  ans,  et  mourut  d'apoplexie,  le  2  février 
1723.  L'anatomie  de  l'organe  de  l'ouïe  a  fait 
entre  ses  mains  de  grands  progrès,  et  le  livre 
qu'il  a  laissé  sur  cette  matière  est  devenu 
classique;  il  a  pour  titre  :  De  aure  humana 
tractatus,  inquo  intégra  ejusdem  auris  fa- 
brica,  mnltis  novis  inventis  et  iconibus  suis 
ilhistrata,  describitur  omniumque  ejus  par- 
tium  usus  indagatur,  etc.;  Bologne,  1704, 
in-4".  Il  y  a  plusieurs  autres  éditions  de  ce 
livre  ;  mais  la  meilleure  est  celle  qui  a  été  don- 
née par  Morgagni,  élève  de  Valsalva,  sous  ce 
litre  :  Firi  celeberrimi  Antonii  Marix  Fat- 
salvœ  opéra,  hoc  est  tractatus  de  aure  hu- 

(1)  Voyez  les  Apuntes  biograpeos,  au  commencement 
du  tome  des  compositeurs  du  dix-huitième  siècle  (2c  sé- 
rie), de  La  Lira  sacro-hispana. 

(2)  ldem,he-  eu. 


mana;  Venetiis,  1740,  deux  volumes  in-4« 
avec  beaucoup  de  figures. 

VAN BOOM  (J ean-E. -G.),  virtuose  flûtiste,  ♦ 
né  à  Ulrecht,  le  17  avril  1783,  fit  ses  éludes 
musicales  dans  cette  ville  et  à  Amsterdam.  La 
distinction  de  son  talent  le  fit  nommer,  à  l'âge 
de  vingt-deux  ans,  flûte  solo  de  la  musique  du 
roi  de  Hollande,  Louis  Napoléon.  M.  Van  Doom 
fut  ensuite  un  des  membres  de  la  société  Félix 
meritis,  d'Amsterdam.  Il  a  publié  beaucoup 
de  musique  pour  son  instrument.  Au  nombre 
de  ses  œuvres,  on  remarque  :  1°  Sonate  pour 
fhïle  et  piano,  op.  1  ;  Amsterdam,  Stcup. 
2"  Andante  varié  pour  flûte  et  piano,  op.  3. 
5°  Polonaise  pour  flûte  et  orchestre,  op.  4. 
4°  Thème  original  varié  pour  la  flûte  avec  qua- 
tuor, op.  5.  5°  Plusieurs  airs  variés  pour  flûte 
et  piano.  6°  Environs  dix  œuvres  de  duos  con- 
certants pour  deux  flûtes.  7°  Trois  trios  pour 
deux  flûtes  et  guitare.  M.  Van  Boom  a  formé 
plusieurs  bons  élèves  pour  son  instrument. 

VAIV  BOOM  (Jean),  de  la  même  famille 
que  le  précédent,  est  né  à  Utrecht  le  13  octobre 
1807.    Pianiste  et  compositeur  distingué,    il 
jouissait  dans  sa  patrie  d'une  réputation  hono- 
rable lorsqu'il  fit  un  voyage  d'artiste  en  Suède, 
à  la  suite  duquel  il  s'est  fixé  à  Stockholm  vers 
1840.  En  1844,  il  fit  représenter  dans  celle 
ville  un  opéra  en  trois  actes  intitulé:  Necken 
op  hetelven  speel,  écrit  d'abord  en  hollandais, 
puis  traduit  en  suédois.  La  célèbre  canlalrice 
Jenny  Lind  y  chanta  le  premier  rôle.  Après  la 
représentation  de  cet  ouvrage,  M.  Van  Boom 
fut  nommé  membre  de  l'Académie  royale  de 
Suède.  Depuis  1859,  il  est  professeur  de  l'Aca- 
démie royale  de  musique  deSlockholm.  Nommé 
chevalier  de  Tordre  de  Wasa  par  le  roi  de 
Suède  en  1850,  il  a  été  décoré  de  l'ordre  de 
Danebrog  par  le  roi  de  Dannemark,   le  29  oc- 
tobre 1853,  et  le  roi  des  Pays-Bas  l'a  fait  offi- 
cier de  la  Couronne  de  Chêne,  le  1er  août  1860. 
Parmi  les  compositions  publiées  de  cet  artiste 
on  remarque  :  Grand  concerto  pour  piano  et 
orchestre,  op.  24;  grand  quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  el  violoncelle,  op.   6;  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  14;  Introduc- 
tion et  variations  sur  un  thème  original,  op.  7; 
Beautés  musicales  de  la  Scandinavie,  neuf 
fantaisies  sur  des  airs  suédois  ;  le  Salon,  étude 
pour  le  piano,  op.  45. 

VAIV  BREE;  voyez  BBEE  (Jean-Ber. 
nard  VAN). 

VAN  BUGGENHOUT  (Emile),  clarinet- 
tiste el  compositeur,  né  à  Bruxelles  en  1825, 
a  fait  ses  éludes  musicales  au  Conseivaloire de 
celte  ville,  cl  y  a  obtenu  le  premier  prix  de 


300 


VAN  BUGGENIIOUT  -  VAN  DEN  GHEYN 


clarinette  an  concours  de  1841  ;  puis  il  devint 
élève  de  l'aulenr  de  celle  biographie,  pour  la 
composition.  Après  avoir  été  pendant  plu- 
sieurs années  première  clarinelle  solo  de  la 
musique  de  la  maison  militaire  du  roi,  M.  Van 
Buggenhont est  devenu  directeur  de  musique 
de  la  Société  philharmonique  à  Arlon  (province 
de  Luxembourg),  et  inspecteur  des  sociétés 
musicales  de  celle  province.  Parmi  ses  produc- 
tions, on  remarque  :  1°  Marguerite,  opéra  en 
trois  actes. 2° Cantate  intitulée  :  Levingt-cin- 
quième  anniversaire,  exécutée  en  185G,  et  pour 
laquelle  le  roi  lui  a  accordé  la  grande  médaille 
d'or.  S"  Environ  cent  morceaux  «le  concert  à 
grand  orchestre  et  pour  instruments  à  vent, 
entre  autres  ceux  qui  ont  pour  litres  Inker- 
tnann  el  le  Rmvard,  qui  ont  été  joués  dans 
toule  la  Belgique. 4° Des  chœurs  pour  des  voix 
d'hommes.  Depuis  1852,  M.  Van  Buggenhout 
publie  un  journal  de  musique  d'harmonie  cl  de 
fanfares,  intitulé  le  Métronome. 

VAN  DEN  ACKER  (Jbah),  violoniste  à 
Anvers,  né  dans  celle  ville  vers  1838,  y  a  t'ait 
représenter  au  Natiunacl  Tonneel,  en  1850, 
l'opéra  flamand  intitulé  Een  avonluer  van. 
Keiser  Karel  (Une  aventure  de  l'empereur 
Charles-Quint),  sur  le  livret  «le  H.  N.  Destan- 
herg.En  18">7,  il  a  donné  sur  la  même  scène 
cl  avec  le  même  collaborateur  :  De  zinnelooze 
Van  Ostade  (Van  Ostadc  l'insensé),  el  dans 
la  même  année  :  Jacob  Bellamy.  Ces  ouvrages 
oui  reçu  un  accueil  favorable  des  concitoyens 
de  M.  Vanden  Acker. 

VANDENBItOECK  (Otiton- Joseph)  , 
d'origine  hollandaise,  naquit  en  1759,  à  Ypres, 
en  Flandre.  Dès  son  enfance,  il  apprit  la  mu- 
sique el  monlra  d'heureuses  dispositions  poul- 
ie cor.  F.  Banneux,  premier  cor  de  la  musique 
du  prince  Charles  de  Lorraine,  fut  son  pre- 
mier maille  pour  cet  instrument;  puis  il  alla 
perfectionner  son  talent  à  La  Haye,  sous  la  di- 
rection de  Spandeau,  premier  cor  de  la  mu- 
sique du  prince  d'Orange,  et  très-habile 
artiste.  Fttclis,  directeur  de  la  musique  de  ce 
prince,  lui  enseigna  les  éléments  de  l'harmo- 
nie :  plus  lard  il  reçut  quelques  leçons  de  con- 
trepoint de  Schmidt,  musicien  allemand,  à 
Amsterdam.  Arrivé  à  Paris,  en  1788,  il  se  fit 
entendre  avec  succès  aux  concerts  de  la  loge 
Olympique,  alors  florissants,  el  fil  représen- 
ter au  théâtre  de  Beaujolais  les  petits  opéras 
intitulés:  La  Ressemblance  supposée,  Colinet 
Colette,  et  le  Codicille.  En  1789,  il  entra  à 
l'orchestre  du  théâtre  de  l'Opéra  bouffe  italien 
appelé  Théâtre  de  Monsieur;  il  y  resta  jus- 
qu'en 170'.'),  puis  entra  à  celui  de  l'Opéra,  où 


il  resta  jusqu'en  1810.  Relire  dans  celle  année 
avec  la  pension,  il  esl  mort  à  Passy,  en  18ô2. 
Appelé  comme  professeur  au  Conservatoire,  à 
l'époque  de  la  formation  de  celle  école,  il  fut 
compris  dans  la  réforme,  lorsqu'on  eut  pris  la 
résolution  d'en  réduire  le  corps  enseignant.  En 
1770,  il  donna,  au  théâtre  Louvois,  la  Fille 
ermite,  petit  opéra  en  un  acte;  en  1797,  au 
théâtre  de  la  Cité,  les  Tncas  utiles  Espagnols 
dans  la  Floride,  mélodrame;  et  l'année  sui- 
vante, le  Génie  Asouf,  au  même  théâtre. 
Il  a  écrit  aussi  pour  l'Ambigu -Comique  la 
musique  des  mélodrames  le  Diable,  ou  la  Bo- 
hémienne, et  la  Fontaine  merveilleuse.  Les 
œuvres  instrumentales  de  Vandenbroeck  sont 
les  suivantes  :  1°  Symphonie  concertante  pour 
deux  cors,  Paris,  Naderman.2°Deuxième  idem, 
poiirclarinclte,  cor  el  basson,  ibid.  ô°Premier 
concerto  pour  clarinelle,  ibid.  4"  Concertos 
pour  cor,  noS  1  et  2,  ibid.  5°  Trois  duos  con- 
cerlanls  pour  clarinelle  el  cor;  Paris,  Henlz. 
0°  Trois  quatuors  pour  cor,  violon,  allô  et 
basse;  Paris,  Leduc.  7°  Duos  pour  deux  cors, 
op.  1  et  2;  Paris,  Naderman.  8°  Six  quatuors 
pour  fli'ile,  violon,  allô  et  basse;  Paris,  Ga- 
veaux.  9"  Méthode  de  cor  avec  laquelle  on 
peut  apprendre  et  connaître  parfaitement 
retendue  de  cet  instrument:  Paris,  Naderman. 
10°  Traité  général  de  tous  les  instruments  à 
vent,  à  l'usage  des  compositeurs,  ibid. 

VANDeSdIUESSCIIE  (A. -F.),  insti- 
tuteur el  secrétaire  communal  à  Jelle-Gansho- 
i  eu  (lîrabant),  s'est  l'ail  connaître  par  un  écrit 
intitulé  :  V Instruction  musicale  dans  les 
campagnes  considérée  au  point  de  vue  moral 
et  religieux:  Bruxelles,  1841,  in-8°. 

VAN  DEN  GHEYN  (Matthias),  orga- 
niste, carillonneur  et  compositeur  distingué, 
né  le  7  avril  1721,  à  Tirlemont  (Ilrabanl  méri- 
dional), était  fils  d'André  Van  den  Gheyn,  fon- 
deur de  cloches,  né  à  Saint-Trond  (1).  Ses 
parents  ayant  transporté  leur  industrie  à  Lou- 
vain,  en  172a,  ce  fut  dans  celte  ville  que  Xan 
den  Gheyn  fil  son  éducation  musicale.  On 
ignore  quels  furent  les  maîtres  qui  le  dirigè- 
rent dans  ses  éludes;  son  biographe,  M.  Xavier 
Van  Elcwyck  (vogez  ce  nom),  présume  que 
l'abbé  Raick,  alors  organiste  à  l'église  Saint- 
Pierre  de  Louvain  (vogez  Raick),  et  Penne- 

(1)  On  Irouio  ilrs  renseignements  sur  les  ancêtres  de 
cet  arilslc  dans  la  très-exacte  notice  publiée  par  M.  Xa- 
vicr  Vin  Elcwyck,  sous  ce  titre:  Matthias  Van  den 
tiheyn,  le  ]>lus  grand  organiste  el  carillonneur  belije  du 
xviiic  siècle,  et  les  célèbres  fondeurs  de  cloches  de  ce  nom 
depuis  \'i'M  jusqu'à  nos  jours.  (Louvain,  Cil.  Pectcrs, 
ISl'J,  in-S0  de  7'.)  pages  )  J'ai  extrait  de  cet  ouvrage  les 
laits  de  la  présente  notice. 


VAN  DEN  GHEYN  -  VANDER  BIST 


80  i 


man,  mailre  de  chapelle  de  la  même  église, 
durent  être  ses  guides,  tant  pour  l'orgue  que 
pour  la  composition  :  il  n'est  pas  invraisem- 
blable, en  effet,  que  Raick,  artiste  de  talent, 
ait  eu  quelque  part  dans  l'instruction  de  l'or- 
ganiste qui  fut  son  successeur;  à  l'égard  de 
Penneman,  homme  obscur,  dont  on  ne  connaît 
rien,  .je  ne  sais  ce  qu'il  a  pu  lui  enseigner. 
Quoi  qu'il  en  soit,  l'abbé  Raick,  ayant  aban- 
donné, en  1741,  sa  place  d'organiste  de  Saint- 
Pierre  pour  une  position  semblable  à  la  cathé- 
drale <le  Gand,  Van  den  Glieyn,  alors  âgé  de 
vingt  ans,  fut  appelé  à  lui  succéder  dans  la 
même  année.  Bientôt  après,  le  bruit  de  son  ha- 
bileté se  répandit  dans  le  pays.  Le  24  février 
1745,  il  épousa  Marie-Catherine  Lints,  qui  le 
rendit  père  de  dix-sept  enfants.  Dans  l'année 
de  son  mariage,  au  mois  de  juin,  la  place  de 
carillonnent-  de  la  ville  devint  vacante  par  la 
mort  de  Charles  Peelers,  et  Van  den  Glieyn  la 
demanda  ;  mais  le  magistrat  de  Louvain  décida 
qu'elle  serait  mise  au  concours  (2).  La  victoire 
de  l'organiste  de  Saint-Pierre  sur  ses  compé- 
titeurs ne  fut  pas  un  instant  douteuse,  car  le 
rapport  du  jury  du  concours  constate  sa  supé- 
riorité en  termes  précis  {Dut  hy  verre  exce- 
leerde  boven  d'andere).  Il  parait  en  effet  que 
le  talent  de  Vanden  Gheyn  sur  le  carillon  ne 
fut   pas  moins  remarquable  que  son  habileté 
sur  l'orgue,  car  il  existe  à  Louvain  des  copies 
de  préludes  de  sa  composition  pour  le  carillon, 
lesquels   contiennent  des  difficultés  considé- 
rables et  sont  d'un  très-bon  style.  Tous  les  di- 
manches, il   improvisait  pendant  une  demi- 
heure  sur  son  carillon,  et  le  charme  de  son  jeu 
était  tel   sur  ses  concitoyens,   qu'une   heure 
avant  qu'il  commençât,  la  place  Saint-Pierre 
et  les  rues  adjacentes  étaient  encombrées  par 
la  population.  Pendant  quarante  ans  il  rem- 
plit ses  fonctions  d'organiste  et  de  carillon- 
neur  :  il  mourut  à  Louvain,  le  22  juin  1785. 
M.  Van  Elewyck  s'est  livré  avec  ardeur  à  la 
recherche  des  œuvres  de  cet  artiste  distingué  et 
en  a  réuni  un  grand  nombre,  parmi  lesquelles 
il  y  a  des  choses  d'un  grand  mérite  ;  mais  tout 
n'est  pas  égal.  Quelques-unes  de  ces  compo- 
sitions ont  été  publiées  pendant  la  vie  de  leur 
auteur;  mais  le  plus  grand  nombre  est  resté 
en  manuscrit.  Les  ouvrages  gravés  ont  pour 
litres  1°  Fondements  de  la  basse  continue, 
avec  les  explications  en  français  et  en  fla- 
mand, detx  leçons  et  douze  petites  sonates, 
fort  utiles  aux  disciples  pour  «prendre  (sic) 
à  accompagner  la  basse  continue,  composes 

(I)  I.n    police  île  M.  V.in  ElrwycL  fournit  d'amples 
renseignements  d'intciét  local  sur  ce  concours. 


par  Matthias  Vanden  Gheyn,  organiste  de 
l'église  collégiale  deSainl-Pierre,à  Louvain. 
Gravé  à  Louvain  par  M.  Wyberechls. TIL.  Van 
Elewyck  remarque  que  le  graveur  Michel 
Wyberechls  étant  mort  le  9  juillet  1704,  la 
publication  est  antérieure  à  celte  date.  Le  litre 
particulier  des  sonates  est  celui-ci  :  XII  pe- 
tites sonates  pour  l'orgue  ou  le  clavecin  et 
violon,  fort  utile  pour  en  suitle  des  préditte 
règles  venire  à  la  pratique  ou  usance  de  l'ac- 
compaignement  de  la  basse  continue  par  etc. 
Les  fautes  d'orthographe  de  ce  titre  sont  celles 
de  l'original.  2°  Six  divertissements  pour  cla- 
vecin ,  composés  par  Matthias  Vanden 
Gheyn,  organiste  de  l'église  collégiale  de 
Saint-Pierre,  à  Louvain;  Londres,  Welcker, 
Gerrard  Street  St.  Anus  (Soho).  5"  Il  existe 
vraisemblablement  des  pièces  gravées  pour 
carillon,  composées  par  Vanden  Gheyn,  car 
l'annonce  du  décès  de  cet  artiste  dans  le  jour- 
nal publié  par  Slaes,  sous  le  litre  Lovensch 
Niewes  (Nouvelles  de  Louvain),  est  fait  en  ces 
termes  :  «  M.  Matthias  Vanden  Gheyn,  caril- 
»  lonneur  très-renommé  de  celle  ville  et  orga- 
»  nisie  de  l'église  et  du  chapitre  de  Sainl- 
»  Pierre,  très-connu  par  ses  publications 
«  pour  orgue  et  pour  carillon,  est  décédé  à 
»  Louvain,  mercredi  dernier,  22 de  ce  mois(l).» 
Un  recueil  de  préludes,  fugues,  rondos,  etc., 
composés  par  cet  artiste  et  restés  inédits,  a  été 
donné  par  M.  Van  Elewyck  à  la  Bibliothèque 
du  Conservatoire  de  Bruxelles  et  y  existe  ac- 
tuellement. Vanden  Gheyn  a  laissé  en  manus- 
crit un  Traité  d'harmonie  et  de  composition, 
écrit  en  flamand  cl  daté  de  178ô  ;  il  est  beau- 
coup plus  développé  que  l'abrégé  gravé  par 
Michel  Wyberechls. 

VArS'DKïl  BIST  (Martin),  né  à  Anvers 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  se 
fixa  à  la  Rochelle,  où  il  exerçait  la  profession 
de  marchand,  en  1022.  Il  paraît  s'être  réfugié 
dans  celle  ville,  à  cause  de  la  religion  protes- 
tante qu'il  professait.  Il  avait  fait  sans  doute 
de  bonnes  éludes  musicales  dans  sa  ville  na- 
tale, car  il  est  auteur  d'un  très-bon  ouvrage 
resté  en  manuscrit,  et  qui  a  pour  litre  :  Traiclé 
de  musique  divisé  en  trois  parties,  la  pre- 
mière contenant  les  principes,  fondements  et 
reigles  de  la  practique  musicale;  la  seconde 
contient  l'art  du  contrepoinct,  principal  fon- 
dement en  la  théorique  musicale;  la  troi- 

(I)  nlincr  Mal  lliias  Van  tien  Glieyn,  seer  licacliten 
lieyaerder  (léser  slailt  en  orgelisl  van  St-l'ecters-Kerk 
en  Kapillel  alliicr,  seer  bekcut  om  syne  uylgegeve  mu- 
sieck  weiken,  soo  toor  orgel  als  beyaerd,  is  overlcden 
op  wocnsd.ig  *li tlcscr  (Juin  178j). 


302 


VANDER  BIST  -  VANDERHAGEN 


sièsme  contient  les  formations,  bornes  et 
limites  des  modes  ou  tons  musicaux.  Où 
sont  adioutez  douze  psaumes  composez  par 
divers  aulheurs,  en  tablature  de  l'espinette, 
sur  les  douze  modes  musicaux.  Faict  par 
Martin  Fander  Bist  d'Anvers,  marchand, 
demeurant  à  la  Rochelle.  Anno  M.DC.XXII. 
Manuscrit  in-4"  de  cent  dix  pages,  apparte- 
nant à  M.  De  Glimes  (voyez  ce  nom). 

VANDERB01\GHT(Natalis-Chrétien), 
organiste  et  carillonneurde  l'abhayedeSainle- 
Gerlrude,  à  Louvain, naquit  dans  celle  ville,  le 
15  septembre  1729,  et  y  mourut  le  14  novem- 
bre 1785.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Six  suites  pour  le  clavecin,  op.  1  ;  Lou- 
vain, Wyberechts.  2°  Six  suites,  idem,  op.  2; 
Louvain,  J.-F.  Maswiens.  Le  mérile  de  ces 
ouvrages  démontre  que  Yanderborght  fut  un 
artiste  de  talent. 

VANDER  DOES  (Charles),  pianiste  et 
compositeur,  né  à  Amsterdam  le  G  mars  1821, 
commença  l'étude  de  la  musique  et  du  piano 
dans  sa  ville  natale;  puis  il  alla  les  continuer 
à  Bieberich  ,  sous  la  direction  de  Rummel, 
maître  de  chapelle  du  duc  de  Nassau.  De  retour 
en  Hollande,  M.  Valider  Does  a  été  nommé 
pianiste  du  roi  des  Pays-Bas  et  de  la  reine 
mère.  Cet  artiste  s'est  particulièrement  attaché 
à  la  composition  dramatique  eta  fait  représen- 
ter au  théâtre  de  La  Haye  :  \°V  Esclavage  du 
Camoëns,  opéra-comique  en  un  acte.  2°  Lam- 
bert Simnel,  opéra-comique  en  trois  actes. 
5°  Le  Trompette  de  monsieur  le  Prince,  idem, 
en  .un  acte.  4°  La  L'endetta,  en  deux  actes. 
5"  Le  roi  de  Bohême,  opéra-comique  en  trois 
actes.  6°  Le  vieux  Château,  idem  en  un  acte. 
7°  L'Amant  et  le  Frère,  idem  en  un  acte,  re- 
présenté le  îer  mais  1855.  M.  Vander  Does  est 
chevalier  des  ordres  du  Lion  Néerlandais,  de 
laCouronne  de  chêne  et  île  Léopold. 

VANDERDOODT  (Jean-Baptiste),  orga- 
niste et  professeur  d'harmonie,  né  en  1830,  à 
Anderlechl,  près  de  Bruxelles,  étudia  l'har- 
monie sous  la  direction  de  M.  Bosselut,  au 
Conservatoire  de  celle  ville,  el  devint  élève  de 
l'auteur  de  celle  biographie  pour  le  contre- 
point. En  1850,  le  premier  prix  d'harmonie 
lui  fut  décerné  au  concours,  el  il  obtint  le  pre- 
mier prix  de  composition  en  1851 .  On  a  de  lui 
unlrailé  d'harmonie  à  l'usage  des  organistes, 
en  langue  flamande,  sous  ce  litre  :  Harmonie- 
leer,  ten  gebruihe  der  organisten,  en  die  zich 
op  de  compositie  toeleggen  zamengesleld; 
Brussel,  1852,  un  volume  grand  in-8°,  litho- 
graphie, chez  l'auteur. 

VAISDLUIIAGLïH    (AaiAND-JtAN-rr.AM- 


çois-Josepu),  clarinettiste  el  compositeur,  na- 
quil  à  Anvers,  en  1753.  Dès  l'âge  de  dix  ans, 
il  fut  placé  comme  enfant  de  chœur  à  la  ca- 
thédrale de  celle  ville,  puis  il  devint  élève  de 
son  oncle,  A.  Vanderhagen,  premier  hautbois 
de  la  musique  du  prince  Charles  de  Lorraine, 
à  Bruxelles,  et  reçut  des  leçons  de  composition 
de  Pierre  Van  Malder  (voyez  ce  nom).  Arrivé 
à  Paris,  en  1785,  il  entra  comme  première 
clarinette  dans  la  musique  des  gardes  fran- 
çaises, et  se  fit  connaître   avantageusement 
par  quelques  marches  qu'il  composa  pour  ce 
corps.  Trois  ans  après,  la  protection  du  prince 
de  Guémené  lui  fit  obtenir  le  grade  de  chef  de 
celle  musique.  Les  premiers  événements  de  la 
révolution  lui  ayant  fait  perdre  cet  emploi,  il 
fut  un  des  quarante-cinq  musiciens  que  Sar- 
rète  réunit  pour  en  former  le  corps  de  la  garde 
nationale   de   Paris,    puis   l'école  destinée  à 
fournir  le  grand  nombre  de  musiciens  néces- 
saire pour  les  quatorze  armées  de  la  républi- 
que;   école  qui  fut    l'origine    du   Conserva- 
toire de  Paris.  Entré  dans  la  musique  de  la 
garde  du  Directoire,  en   1798,  Vanderhagen 
passa  ensuile  dans  celle  des  Consuls,  et  devint 
enfin  sous-chef  de  musique  des  grenadiers  de 
la  garde  impériale.   Après   la   campagne   de 
Prusse  de  180Gel  1807,  Napoléon  lui  accorda 
la    décoration   de   la   Légion    d'honneur.   La 
chute  de  l'empire,  en  1815,  le  laissa  sans  em- 
ploi. Il  entra  alors  à  l'orchestre  du  Théâtre- 
Français,  el  y  resta  jusqu'au  mois  de  juillet 
1822,  époque  de  sa  mort.  Habile,  pour  son 
temps,  dans  l'arrangement  de  toute  espèce  de 
musique  en  harmonie  militaire,  il  en  a  publié 
plusieurs  recueils  parmi  lesquels  on  remar- 
que :   1°   Suites  d'harmonie   militaire    à  dix 
parties,  op.  14,  17,  20  et  21;  Paris,  Frère. 
2°  Deux  suites  de  pas  redoublés  idem;  Paris, 
Leduc,  5"  Pot-pourri  à  huit  parties;   Paris, 
Janet.  4°  Grande  symphonie  militaire;  ibid. 
5°  Autre  idem  (la  Naissance  du  roi  de  Rome); 
ibid.  G0  Trois  suites  d'airs  d'opéras  italiens 
pour  deux  clarinettes,  deux  cors  et  deux  bas- 
sons ;  ibid.  7°  Quarante  fanfares  pour  quatre 
trompettes  el  timbales;  Paris,  Pleyel.  On  con- 
naît aussi  de  Vanderhagen  :  8°  Pot-pourri  à 
grand  orchestre;  Paris,  Pleyel.  9°  Concertos 
pour  flûte,  n"s  1,2;   Paris,  Leduc.  10°  Vingt- 
huit  œuvres  de  duos  pour  deux  flûtes  ;  Paris, 
Sieber,  Pleyel,    P.  Petit.   11°  Une  multitude 
d'airs     variés    pour    le    môme    instrument. 
1 1°  (bis)  Concertos  pour  la  clarinette,  n"9 1,  2, 
3;  ibid.  12°  Dix-sept  œuvres  de  duos   pour 
deux  clarinettes,  à  Paris,  chez  tous  les  édi- 
teurs. 13"  Beaucoup  d'airs  variés  et  de  pots- 


VANDERIIAGEN  —  VANDERMONDE 


305 


pourris  pour  le  même  instrument,  ibid. 
14°  Méthode  claire  et  facile  pour  apprendre  à 
jouer  en  très-peu  de  temps  de  la  flûte;  Paris, 
Pleyel.  Vanderhagen  refondit  cet  ouvrage  et 
l'augmenta  beaucoup  dans  une  deuxième  édi- 
tion qui  a  pour  titre  :  Nouvelle  méthode  de 
flûte  divisée  en  deux  parties  ,  contenant 
tous  les  principes  concernant  cet  instrument; 
Paris,  Pleyel.  Enfin  il  en  fit  un  ouvrage  nou- 
veau dans  une  autre  édition  intitulée  :  Grande 
et  dernière  méthode  de  flûte;  Paris,  Jancl. 
15°  Méthode  nouvelle  et  raisonnée  pour  le 
hautbois,  divisée  en  deux  parties;  Paris, 
Naderman.  16°  Nouvelle  méthode  de  clari- 
nette, contenant  les  premiers  éléments  de  la 
musique  et  les  principes  pour  bien  jouer  de 
cet  instrument  ;  Paris,  Pleyel.  17°  Nouvelle 
méthode  pour  la  clarinette  moderne  à  douze 
clefs,  avec  leur  application  aux  notes  essen- 
tielles, etc.;  Paris,  Pleyel  et  Naderman. 

TARDER  MEULEN  (Servais),  musicien 
flamand,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle.  Il  n'est  connu  que  par  un  seul 
recueil  de  chansons  flamandes  à  quatre,  cinq 
et  six  voix,  publié  sous  ce  titre  :  Een  duytsch 
Musijkboek  daer  inné  begrepen  sijn  vêle 
schoone  Liedekens  met  LUI,  met  V  ende 
mel\VI  partyen.  Nuniewelyk  met  groote 
neersticheyt  ghecolligaert  ende  vergaert. 
Gecomponaert  by  diversche  excellente  mees- 
lers.  Zeer  luslich  ont  singhen  ende  spelen  op 
aile  instrumenten.  Tôt  Loven,  by  Peeter 
Phalesius,  ende  Tantwerpen,  by  Jean  (sic) 
Bellerus,  1572,  in-4°  obi.  Outre  les  chansons 
de  Vander  Meulen,  on  en  trouve  dans  ce  re- 
cueil de  Jean  Wintelroy,  de  Clément  non 
papa ,  de  Jean  De  Latre,de  Gérard  Turnhout, 
iVJdrien  Stockaert,  de  Louis  Lévèque  (Epi- 
scopius),  de  Jean  Belle,  de  Lupus  Hellinck, 
de  Noé  Faignicnt,  et  de  Théodore  Evertz. 

YANDERMONDE  (....),  savant  géo- 
mètre, fils  d'un  médecin  de Landrecies, naquit 
à  Paris,  en  1755.  Élève  de  Fontaine  et  de 
Dionis-du-Séjour,  il  se  fil  connaître  par  des 
mémoires  concernant  la  résolution  des  équa- 
tions, qui  lui  ouvrirent  les  portes  de  l'Acadé- 
mie royale  des  sciences  de  Paris.  En  17915,  il 
entra  à  l'école  normale  en  qualité  de  profes- 
seur d'économie  politique,  et,  dans  la  même 
année,  il  fui  appelé  comme  membre  de  la 
classe  des  sciences  physiques  et  mathémati- 
ques, dans  la  formation  de  l'Institut  de 
France.  Il  mourut  le  1er  janvier  1790,  à  l'âge 
de  soixante  et  un  ans.  Au  mois  de  novembre 
1778,  il  avait  lu  à  l'Académie  royale  des 
sciences  un  mémoire  sur  un  nouveau  Système 


d'harmonie  applicable  à  l'état  actuel  de  la 
musique.  L'abbé Roussier  fil  une  critique  assez 
rude  de  ce  nouveau  système  dans  le  troisième 
volume  «le  VEssai  sur  la  musique  de  La 
Borde  (t.  III,  pp.  G90  et  suiv.).  Il  lui  repro- 
chait, entre  autres  choses,  de  ne  pas  laisser 
apercevoir  le  principe  de  son  système.  Celte 
critique  fut  l'occasion  d'un  second  mémoire 
lu  à  l'Académie  des  sciences,  le  15  novembre 
1780.  Vandermonde  y  annonçait  un  ouvrage 
complet  sur  le  même  sujet,  qui  n'a  point  paru. 
Quoi  qu'en  aient  dit  Roussier  et  plus  tard 
Choron,  dans  le  Dictionnaire  historique  des 
musiciens,  le  système  de  Vandermonde  n'a 
pas  l'obscurité  qu'ils  lui  prêtent.  Ce  savant 
refuse  aux  phénomènes  acoustiques  les  consé- 
quences que  Rameau  et  Tartini  prétendaient 
en  tirer  pour  en  faire  le  principe  de  l'har- 
monie, et  dil  avec  beaucoup  de  raison  que  la 
justesse  absolue  des  intervalles  mesurés  sur  le 
monocorde  ne  fournil  à  la  musique  que  des 
intervalles  faux  selon  le  sentiment  del'oreille; 
il  pense  que  la  base  de  l'harmonie  est  dans  la 
tonalité,  que  les  cordes  essentielles  de  celte 
tonalité  sont  la  Ionique  et  la  dominante,  et  que 
toute  succession  harmonique  tend  à  faire  repos 
par  l'accord  parfait  sur  ces  notes.  Il  est  vrai 
qu'il  ne  donne  pas  de  démonstration  didac- 
tique de  ces  propositions;  mais  telles  qu'elles 
sont  présentées  par  lui,  elles  prouvent  qu'il 
avait  entrevu  le  vrai  principe  de  l'harmonie. 
Son  erreur  consiste  à  avoir  dit  qu'il  y  a  dans 
la  musique  un  mode  majeur  et  quatre  modes 
mineurs.  Ceux-ci,  dit-il,  sont  le  mode  mineur 
proprement  dit,  le  mineur  en  montant,  le  mi- 
neur en  descendant,  et  enfin,  celui  où  l'on 
altère  la  quarte.  D'abord,  on  ne  sait  ce  que 
peut  être  le  mode  mineur  proprement  dit,  sé- 
paré de  ses  gammes  ascendante  et  descen- 
dante; ensuite,  si  l'on  prend  pour  un  mode 
particulier  l'altération  ascendante  du  qua- 
trième degré  du  mode  mineur  (origine  de  l'ac- 
cord de  tierce  diminuée  et  quinte,  et  de  celui 
de  sixte  augmentée),  il  y  aura  autant  de  modes 
majeurs  et  mineurs  qu'il  y  a  d'altérations  ac- 
cidentelles de  notes.  Celle  erreur  fondamentale 
n'empêche  pas  qu'il  y  ait  dans  les  mémoires  de 
Vandermonde  non  un  système  d'harmonie, 
mais  des  aperçus  vrais  concernant  la  base  de 
celle  science.  Les  exemples  de  successions 
harmoniques  qu'il  a  joints  à  son  second  mé- 
moire prouvent  qu'il  était  bon  musicien  et 
qu'il  connaissait  la  pratique  de  l'art.  Son  pre- 
mier mémoire,  imprimé  sans  date  ni  nom  de 
lieu,  forme  huit  pages  in-4°à  deux  colonnes; 
le  second  a  dix-huit  pages,  et  quatre  pages 


304 


VANDERMONDE  -  VANDERSTRAET 


d'exemples  de  successions  harmoniques.  Sui- 
vant M.  Quérard  (la  France  littéraire,  t.  X, 
p.   42),   ce  second    mémoire   aurait  été   im- 
primé à  Paris,  en  1784,  in-4°;  mais  ce  savant 
bibliographe  a  été  induit  en  erreur,  car   ce 
mémoire  ne  fut  lu  à   l'Académie  royale    des 
sciences  qu'au   mois  de  novembre   1780.  Ces 
pièces  sont  fort  rares,  l'auteur  n'en  ayant  fait 
tirer  que  quelques  exemplaires  pour  ses  amis. 
VAWDEïl  PEOCKE?,  (Ciiaiu.es),  vio- 
loniste    et    clarinettiste     distingué  ,     né     à 
Bruxelles,  le  22  octobre  1772,  fut  élève  d'Eu- 
gène Godechaiïe  (voyez  ce  nom),    et  acquit  un 
talenl  remarquable  sur  le  violon.  Après  l'avoir 
entendu,   Viotti   lui   adressa   des  félicitations 
chaleureuses.  Chaque  fois  que  ce  grand  artiste 
passa  a  Bruxelles,  il  s'y  arrêta  pour  faire  de 
la  musique  avec  Vandcr  Plancken.  En   1797, 
celui-ci   fut   nommé  premier   violon   solo  du 
grand  tbéàire  de  Bruxelles  :  il  occupa  cette 
position  pendant  vingt  ans   environ.   Le    roi 
Guillaume  d'Orange  le  choisit  pour  remplir  la 
place  de  premier  violon  de  sa  chapelle.  Dans 
la  direction  des  orchestres  de  la  Société  du 
grand  concert  cl  de  plusieurs   autres,    il    (il 
preuve  d'autant  d'intelligence  que  de  fermeté. 
Aussi  bon  professeur  que  violoniste  habile,  il 
a   eu   pour    élèves  Meerls,  Robberechls,    Snel 
(voyez  ces  noms),  et  plusieurs  autres.  Yander 
Plancken   avait  écrit   plusieurs   concertos  de 
violon  et  un  concerto  de  clarinette  avec  or- 
chestre,   lesquels   sont   restés  en    manuscrit. 
Quelques    années  avant    sa   mort,    il    lit   une 
chute  cl  se  cassa   la  jambe  :    il  fallut   faire 
l'amputation,  mais  sa  vigoureuse  constitution 
et  son  énergie  morale  le  firent  triompher  des 
dangers    de   celte    opération.    Il   est   mort   à 
Bruxelles,  au  mois  de  janvier  1849. 

VANDE11STKAET  (Edmond),  né  à  Au- 
denarde  (Flandre  orientale),  en  1820,  a  l'ait 
ses  premières  éludes  musicales  et  ses  huma- 
nités au  collège  des  jésuites  de  celte  ville;  puis 
il  entra  dans  leur  société  et  porta  la  soutane  ; 
mais  n'ayant  pas  paru  à  ses  supérieurs  réunir 
tontes  les  qualités  nécessaires,  il  fut  renvoyé  a 
sa  famille.  Livré  à  lui-même,  et  sans  guide 
suffisant,  il  fil  quelques  essais  de  composition, 
particulièrement  dans  la  musique  d'église. 
Son  goùl  pour  cet  art  le  poussa  à  l'aire  des  re- 
cherches dans  les  archives  de  sa  ville  natale, 
dans  l'espoird'y  découvrirdes  curiosités  sur  la 
culture  de  la  musique  dans  les  temps  anciens. 
Les  comptes  de  la  ville  lui  fournirent  un  cer- 
tain nombre  de  fails  concernant  des  artistes 
peu  connus  ou  des  usages  de  localité.  Ses  pre- 
mières découvertes   biographiques  cl  histori- 


ques furent  l'objet  des  notes  insérées  dans  les 
Annales  de  la  Société  royale  des  beaux-arts 
et  de  littérature  de  Gand.  Parmi  ces  mor- 
ceaux, on  remarque  une  Notice  sur  les  ca- 
rillons d'Audenarde  (18oô),  el  une  autre  sur 
Charles-Félix  Dehollandre,  compositeur  de 
musique  sacrée  (1854).  M.  Vanderstraet  fit  en- 
suite paraître,  dans  les  Annales  de  l'Aca- 
demie  d'Archéologie  de  Belgique,  un  mémoire 
intitulé  :  Recherches  sur  la  musique  à  Au- 
denarde  avant  le  XIXe  siècle,  dont  il  y  a 
des  tirés-à-part  (Anvers,  imprimerie  de 
Buschmann,  18jG,  in-8°  de  vingt  cinq  pages). 
L'auteur  de  ces  opuscules  ne  possédait  pas 
alors  les  connaissances  techniques  et  histori- 
ques nécessaires  pour  le  travail  qu'il  avait  en- 
trepris ;  ainsi,  trouvant,  dans  une  note  fla- 
mande relative  à  une  indemnité  accordée  aux 
musiciens  de  la  ville,  en  1i5ô2,  pour  l'achat  de 
leurs  instruments, les  phrases  :  Eenenduylsche 
cokere  (luylen,  c'est-à-dire  i\n  élui  de  finies  fla- 
mandes, ou  flûtes  à  bec(l),cl  Eenen  basconlre 
van  huer  en  cromhoorene,  ce  qui  signifie  une 
basse  de  cromorne  (2)  pour  accompagner, 
M.  Vanderslraeldit  (p.  7,  noie  3)  :  Nous  igno- 
rons quelle  espèce  d'instruments  le  scribe 
des  comptes  de  la  ville  aura  voulu  désigner 
par  ces  lignes. 

Arrivée  Bruxelles, en  18a7,  M.  Vanderstraet 
soumit  ses  compositions  à  mon  examen,  et  me 
pria  de  l'aider  à  trouver  un  emploi  dans  celle 
ville,  afin  qu'il  pût  y  lesleccl  continuer  près 
de  moi  ses  études  musicales.  N'ayant  pas  alors 
d'occasion  pour  le  placer,  je  lui  proposai  de 
l'attacher  à  mon  cabinet  en  qualité  de  secré- 
taire, ce  qu'il  accepta  avec  empressement.  Il 
y  resta  pendant  deux  ans  et  demi  environ. 
Dans  cet  intervalle,  il  reçut,  au  Conservatoire, 
des  leçons  d'harmonie  de  M.  Bosselel,  je  lui  en- 
seignai les  éléments  du  contrepoint,  etil  suivit 
pendant  quelque  temps  le  cours  de  paléographie 
musicale  que  j'avais  ouvert  pour  quelques-uns 
de  mes  élèves  de  composition.  Il  désirait  êlrc 

(1)  Au  moyen  âge,  el  jusqu'au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  les  instruments  à  vent,  tels  que  flûtes, 
hautbois,  chalumeaux,  cornets  et  cromornes,  formèrent 
des  harmonies  complètes  composées  du  soprino  ou  su- 
perius,  de  l'alto,  du  ténor  et  de  la  basse.  Le  doigté  étant 
uniforme  pour  les  quatre  voix  de  chaque  espèce,  le  même 
musicien  était  apte  à  les  jouer  tous,  suivant  les  circon- 
slanees.DclJ  l'usage  qui  s'était  établi  démettre  les  pièces 
démontées  des  quatre  instruments  dans  un  sac  ou  étui. 
On  peut  voir,  dans  la  notice  de  Tjlman  Susato,  qu'il 
avait  neuf  flûtes  dans  un  étui. 

(2)  Le  cromorne  était  une  espèce  de  gros  chalumeau 
courbe  qui  se  divisait  en  superius,  allas,  ténor  Cl  basse. 
Il  était  percé  de  six,  sept  ou  huit  Irous  et  se  jouait  avec 
une  anche.  C'est  l'origine  du  cor  de  bassetle.  La  basse  de 
cromorne  servait  souvent  dans  la  musique  de  hautbois. 


VANDERSTRAET  —  VAN  ELEWYCK 


305 


attaché  à  quelque  grand  journal,  pour  y  faire 
les  feuilletons  de  musique  :  à  ma  demande,  il 
fut  admis  dans  la  rédaction  du  journal  le 
Nord.  Vers  la  fin  de  1859,  je  lui  fis  obtenir  un 
emploi  à  la  Bibliothèque  royale,  parmi  les  ré- 
dacteurs du  catalogue.  Depuis  lors,  je  n'ai  plus 
revu  M.  Vanderstraet.  Il  est  aujourd'hui 
(18G4)  employé  aux  archives  du  royaume,  et 
rédige  le  feuilleton  musical  de  l'Echo  du 
parlement. 

On  a  de  M.  Vanderstraet  plusieurs  notices  de 
musiciens,  particulièrement  sur  le  composi- 
teur/anssens  d'Anvers  (voyez  Janssens),  et 
sur  Jacques  de  Goiiy,  l'un  des  auteurs  qui  ont 
mis  en  musique  les  psaumes  de  Godeau.  De- 
puis son  entrée  aux  archives  du  royaume  de 
Belgique,  il  a  fait  çà  et  là  de  petites  décou- 
vertes relatives  à  la  musique,  dont  il  fait  grand 
bruit  dans  les  notes  élogieuses  de  ses  travaux 
qu'il  fournilà  divers  journaux;  il  n'imite  guère 
en  cela  son  collègue,  M.  Pinchart,  beaucoup 
plus  riche  en  trouvailles  de  ce  genre,  el  qui, 
modeste  peut-être  à  l'excès,  ne  s'en  sert  que 
pour  être  utile,  sans  en  parler  lui-même. 

VAN  ELEWYCK  (le  chevalier  Xavier), 
compositeur  amateur  et  écrivain  sur  la  musi- 
que, docteur  en  sciences  politiques  et  admi- 
lïisti" li ves, à  Louvain,  membre  de  l'Académie 
de  Sainte-Cécile  à  Rome  el  de  plusieurs  autres 
institutions  musicales,  est  né  à  Ixelles,  près 
de  Trnxelles,  en  1825.  Dès  ses  premières  an- 
nées commença  son  éducation  musicale  :  Lau- 
rent Boutmy  (voyez  ce  nom)  lui  enseigna  le 
piano,  sur  lequel  il  fit  des  progrès  si  rapides, 
qu'il  put  se  faire  entendre  à  l'âge  de  sept  ans 
dans  un  concert  de  la  Société  d'harmonie 
d'Ixelles.  Kim,  violoniste  du  théâtre  de 
Bruxelles,  fut  son  maître  de  violon.  Son  pro- 
fesseur d'harmonie  fut  M.  Bosselet  (voyez  ce 
nom),  et  un  jésuite,  nommé  le  père  Gimeno, 
lui  enseigna  la  composition.  Après  avoir  achevé 
ses  humanités,  M.  Van  Elewyck  fut  envoyé  à 
Louvain  pour  y  faire  ses  études  universitaires, 
qui  furent  brillantes,  car  il  passa  tous  s.es 
examens  avec  la  plus  grande  distinction  :  ce 
fut  à  la  même  époque  qu'il  dirigea  la  première 
section  chorale  de  l'Académie  de  musique  de 
Louvain.  A  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  publia  ses 
premières  compositions  pour  le  piano,  au  nom- 
bre desquelles  on  remarque  de  grandes  valses 
brillantes  intitulées  Roses  d'hiver,  l'Album 
musical  et  le  Tournoi,  grande  fantaisie,  gra- 
vée à  Gand,  chez  Gevaert.  M.  Van  Elewyck 
fit  exécuter  à  Oslende,  au  profit  des  chrétiens 
d'Orient,  un  Ave  verum,  antienne  à  grand 
orchestre,  laquelle  fui  suivie  d'un  Ave  maris 

BIOGR.  l'HIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


Stella,  dont  les  strophes  s'exécutent  alternati- 
vement dans  le  style  ancien,  avec  orgue  seul, 
et  dans  le  style  moderne,  avec  toutes  les  res- 
sources de  l'instrumentation.  Plusieurs  autres 
compositions  religieuses,  entre  lesquelles  on 
distingue  un  salut  complet,  ont  succédé  aux 
ouvrages  dont  il  vient  d'être  parlé.  Le  Tant um 
ergo,  extrait  de  ce  salut,  a  élé  publié  à  Gand, 
chez  Gevaert.  Plein  de  zèle  et  d'enthousiasme 
pour  l'art,  M.  Van  Elewyck  a  pris  une  large 
part  aux  progrès  du  goût  de  la  musique  à  Lou- 
vain. Ancien  secrétaire,  puis  président  de 
l'Académie  de  musique  de  celte  ville,  il  est  de- 
puis plusieurs  années  président  de  la  nouvelle 
société  de  Sainte-Cécile,  qui  lui  doit  sa  fonda- 
lion.  Souvent  il  est  appelé  à  faire  partie  du 
jury  dans  les  concours  de  chant  d'ensemble  de 
la  Belgique;  il  est  aussi  un  des  membres  du 
jury  pour  les  concours  d'orgue  du  Conserva- 
toire royal  de  musique  de  Bruxelles. 

M.  Van  Elewyck  n'a  pas  borné  ses  travaux 
à  la  composition  et  à  l'exécution;  depuis  long- 
temps il  se  livre  à  l'élude  de  l'histoire  et  de 
l'esthétique  de  la  musique,  particulièrement 
en  ce  qui  concerne  son  application  religieuse. 
Son  premier  travail  sur  ce  sujet  est  une  His- 
toire de  l'orgue,  publiée  en  une  suite  d'articles 
insérés  dans  les  Petites  affiches  de  Louvain. 
Beaucoup  d'autres  morceaux  détachés,  dus  à 
la  plume  de  cet  amateur  distingué,  ont  paru 
dans  divers  journaux  de  la  Belgique.  En  1860, 
il  représenta  les  six  diocèses  de  ce  pays  au 
congrès  de  musique  religieuse  tenu  à  Paris,  et 
y  prononça  un  discours  dans  lequel  il  retra- 
çait la  situation  de  la  musique  religieuse  dans 
sa  patrie.  Applaudi  par  la  nombreuse  assem- 
blée devant  laquelle  il  fut  prononcé,  ce 
discours  a  paru  dans  les  procès-verbaux  du 
congrès,  et  a  élé  réimprimé  sous  ce  titre  : 
Discours  sur  la  musique  religieuse  en  Bel- 
gique; Louvain,  1861,  brochure  in-8°.  Dans 
ce  même  congrès ,  où  près  de  deux  cents 
savants  fiançais,  allemands  et  anglais  étaient 
réunis,  une  proposition  avait  été  formulée 
pour  proscrire  du  culte  catholique  l'emploi  des 
instruments  d'orchestre  :  M.  Van  Elewyck 
la  combattit  avec  force  et  la  fit  rejeter 
lors  du  vote  sur  l'ensemble  des  questions.  Au 
retour  de  sa  mission,  M.  Van  Elewyck  reçut 
les  remercîments  des  évêques  belges,  de  la  fa- 
mille royale  et  du  gouvernement.  Un  grand 
travail  l'occupe  depuis  plusieurs  années  : 
c'est  l'Histoire  de  la  musique  religieuse 
au  dix-neuvième  siècle.  Son  esprit  de  re- 
cherche, les  soins  minutieux  qu'il  porte  danâ 
ses  investigations,  son  activité  et  ses  connais- 

20 


306 


VAN  ELEWYCK  -  VAN  MALDERE 


sances  spéciales  du  sujet,  ne  permettent  pas 
de  doute  sur  la  valeur  de  ce  livre,  lorsqu'il 
sera  terminé. 

Un  des  travaux  les  plus  récents  de  M.  Van 
Elewyck  est  la  notice  intitulée  :  Matthias  Fan 
den  Gheyn,  le  plus  grand  organiste  et  ca- 
rillonneur  belge  du  dix-huitième  siècle,  et 
les  célèbres  fondeurs  de.  cloches  de  ce  nom 
depuis  1450  jusqu'à  nos  jours;  Paris, 
Bruxelles  et  Loùvaïn,  1862,  gr.  in-8°  de 
soixanle-dix-neuf  pages.  Ce  petit  ouvrage  ren- 
ferme une  multitude  de  renseignements  cu- 
rieux, non-seulement  sur  le  sujet  principal, 
mais  sur  beaucoup  de  choses  d'intérêt  local, 
qu'on  chercherait  vainement  ailleurs  (voyez 
\an  den  Giif.ïn). 

VAN  GEERAERDSBERGHE  (Jean), 
un  des  plus  anciens  facteurs  d'orgues  de  la 
Belgique,  vécut  au  milieu  du  quinzième  siècle. 
Il  est  mentionné,  dans  les  comptes  delà  ville 
d'Audenarde,  comme  ayant  renouvelé  en- 
tièrement les  orgues  de  l'hôpital  Notre- 
Dame,  dans  celle  ville,  en  1458.  La  construc- 
tion del'inslrumenlque  ce  facteur  renouvelait 
entièrement,  en  1458,  devait  remonter  aux 
premières  années  du  quinzième  siècle. 

VAN 'GHIZEGIIEM  (IIwne,  ou  Heyne). 
T'oyez  GHIZEGHEM. 
'  VAMIALL(Jean-).  royez  WANIIALL. 

VAN    IIECKE    ou    VANECK    ( ), 

maître  de  guitare  et  de  chant,  à  Paris,  vers 
1780,  inventa  un  instrument  à  cordes  pincées 
appelé  bissex,  à  cause  du  nombre  de  ses  cordes 
(douze,  pu  deux  fois  six).  La  table  ressemblait 
à  celle  de  la  guitare,  et  le  dos  de  l'instrument 
était  voûlé  comme  celui  du  luth.  Le  manche, 
divisé  en  vingt  cases,  portait  cinq  cordes  ac- 
cordées comme  celles  de  la  guitare  ;  les  autres 
cordes,  à  gauche,  se  pinçaient  à  vide  en  dehors 
du  manche.  L'étendue  totale,  depuis  la  corde 
la  plus  grave  jusqu'à  la  note  la  plus  aiguë  de 
la  chanterelle,  était  de  cinq  octaves.  Le  bissex, 
construit  par  Naderman  (voyez  ce  nom),  n'eut 
point  de  succès  et  fut  bientôt  oublié,  quoique 
Van  Hecke  en  donnât  des  leçons  et  qu'il  eût 
publié  une  méthode  dans  laquelle  il  en  expli- 
quait le  mécanisme.  On  a  aussi  de  cet  artiste 
une  Méthode  de  violon,  gravée  à  Paris,  chez 
Frère. 

VAN  HULST  (Félix-Alexandre),  avocat 
à  la  cour  royale  de  Liège,  né  à  Fleurus  (Hai- 
naut),  le  19  février  1799,  a  publié,  à  l'occa- 
sion de  l'inauguration  de  la  statue  de  Grélry 
(voyez  ce  nom)  sur  la  place  de  l'université  de 
Liège,  en  1842,  une  monographie  intitulée 
simplement  Grétryj  Liège,  1842,  gr,  in-8" 


de    quatre-vingt-dix-neuf  pages,    ornée   du 
portrait  de  l'artiste  célèbre. 

VAN  MALDEGHEM  (Robert-Julien), 
né  en  1810,  à  Denlerghem,  village  de  là 
Flandre  occidentale,  fut  admis  au  Conserva- 
toire royal  de  musique  de  Bruxelles,  en 
1835,  et  apprit  l'harmonie  et  le  contrepoint 
sous  la  direction  de  l'auteur  de  celte  Bio- 
graphie. D'une  intelligence  médiocre  en  gé- 
néral, il  ne  comprenait  que  la  musique.  En 
1837,  il  obtint  au  concours  le  second  prix  de 
composition  en  partage  avec  Joseph  Batta; 
en  1838,  le  premier  prix  lui  fut  décerné. 
Beaucoup  plus  habile  que  lui  dans  les  choses 
de  la  vie,  son  frère,  professeur  de  langues  à 
Bruxelles,  se  chargea  alors  de  le  diriger.  De- 
venu organiste  à  l'église  Saint-Jacques-sur- 
Caudenberg,  Robert  Van  Maldeghem  montra 
peu  de  capacité  dans  cette  position  et  s'en  re- 
tira bientôt  après.  Il  s'est  livré  plus  tarda  des 
recherches  sur  l'ancienne  musique  et  a  recueilli 
des  documents  intéressants  pour  l'histoire  de 
cet  art  en  Italie. 

VAN  MALDEUE  (Pierre)  (1),  composi- 
teur et  violoniste,  naquit  à  Bruxelles,  le  13  mai 
1724.  Ayant  été  admis  parmi  les  enfants  de 
choeur  de  la  chapelle  royale,  il  y  prit  les  leçons 
de  violon  et  de  composition  du  maître  de  cha- 
pelle Crocs ,  puis  il  reçut  sa  nominalion  de 
second  violon  de  la  musique  du  prince  Charles 
de  Lorraine,  gouverneur  des  Pays-Bas.  Ce 
prince,  qui  aimait  le  talent  de  Van  Maldere, 
le  nomma  premier  violon  de  sa  chapelle,  le 
13  août  1755,  et  celui-ci  reçut  dans  le  même 
temps  un  engagement  de  premier  violon  à 
l'orchestre  du  théâtre  royal,  considéré  alors 
comme  un  des  meilleurs  de  l'Europe.  Il  obtint, 
au  mois  de  novembre  1758,  le  titre  de  valet  de 
chambre  du  prince  Charles,  donna  sa  démis- 
sion de  la  place  de  premier  violon  de  la  cha- 
pelle et  fut  remplacé  dans  cet  emploi  par  son 
frère  aîné  Guillaume  Van  3Ialdere.En  1761,  il 
eutun  congédu  prince  etfit  un  voyage  à  Paris, 
où  il  publia  des  symphonies  et  fit  représenter, 
le  18  février  1762,  au  théâtre  de  la  Comédie  ita- 
lienne, /aZ?a#arre;opéra-comique  qui  ne  réus- 
sit pas,  quoique  la  musique  eût  été  applaudie. 
De  retour  à  Bruxelles  dans  la  même  année,  il  y 
reprit  ses  emplois  et  les  conserva  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  3  novembre  1768.  Le  prince 
Charles  de  Lorraine  lui  fit  faire  des  obsèques 
magnifiques,  le  16  du  même  mois,  à  Saint- 

(I)  Gerbcr  et  tous  ses  copistes  donnent  à  tort  le  pré- 
nom de  Paul  à  Van  Maldere.  Tous  les  laits  de  ma  notice 
sont  puises  dans  les  registres  de  l'état  civil  de  Bruxelles 
et  aux  archives  du  royaume. 


VAN  MALDERE  -  VANN1NI 


307 


Jacques-surCaudenberg.VanMaldere  a  publié 
à  Bruxelles,  en  1757,  six  qualuors  pour  deux 
violons,  allô  et  basse,  dont  le  troisième  (en  fa) 
et  le  cinquième  (en  ré)  sont  remarquables, 
pour  leur  temps,  par  l'élégance  de  la  mélodie. 
En  1759,  il  fit  paraître  dans  la  même  ville  six 
symphonies  pour  deux  violons,  alto,  basse, 
deux  hautbois  et  deux  cors.  Pendant  son  séjour 
à  Paris,  il  fit  paraître  :  Six  symphonies,  dé- 
diées au  duc  d'Antin;Paris,delaChevardière; 
Six  symphonies  (sans  dédicace),  op.  IV;  Paris, 
Venier;  Six  symphonies,  dédiées  au  prince 
Charles  de  Lorraine;  Paris,  Venier;  Sei  so- 
nate a  tre,  due  violini  e  basso,  dédiées  à 
Mgr  le  duc  de  Montmorency;  Paris,  de  la  Che- 
vardière,  œuvre  d'un  grand  mérite  signé 
Pietro  fan  Maldere.  Ces  symphonies,  dont 
la  publication  a  précédé  celle  des  ouvrages  de 
Haydn,  ont  eu  beaucoup  de  réputation  non- 
seulement  à  Bruxelles  et  à  Paris,  mais  en  Al- 
lemagne. La  première  du  second  œuvre  (en 
sol  mineur)  est  remplie  de  traits  heureux  qu'on 
entendrait  encore  avec  plaisir. 

Après  la  mort  de  ce  musicien  distingué,  son 
frère  lui  succéda  en  qualité  de  premier  violon 
du  théâtre  royal. 

VAPÎNACCI  (Piehue),  né  à  Livourne,  en 
1777,  reçut  dès  l'âge  de  sept  ans  des  leçons  de 
Cherubini,  à  Florence,  pour  le  chant  et  poul- 
ie piano;  Giuliani  fut  son  maître  de  violon.  De 
retour  à  Livourne,  il  étudia  les  règles  de  l'ac- 
compagnement et  du  contrepoint  sous  le 
maître  de  chapelle  Checchi.  Il  vivait  encore  à 
Livourne,  en  1819,  comme  professeur  de 
chant  et  de  piano,  et  s'était  fait  connaître 
avantageusement  par  des  sonates  pour  piano 
et  violon,  et  pour  piano  seul,  ainsi  que  par  des 
morceaux  de  musique  d'église,  des  cantates, 
et  l'opéra  Angelica  e  Medoro. 

VANIVAttETTI  (le  P.  François),  moine 
de  Mont-Cassin,  naquit  à  Naples,  et  vécut  à 
Rome,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
en  qualité  de  maître  de  chapelle  du  cardinal 
Rappaccioli.  Il  s'est  fait  connaître  par  plusieurs 
œuvres  de  musique  d'église,  au  nombre  des- 
quelles on  remarque  :  1°  Messe  e  Salmi  con- 
certait a  tre  voci,  op.  5;  Naples,  J.  Ricci, 
1653.  2°  Litanie  délia  Beata  Virgine  conle 
antifone  a  5,  4,  5,  G,  7  e  8  voci;  Roma, 
AmadeoBelmonte,  1668,  in-4°. 

"VAIMVEO  (Etienne),  moine  de  l'ordre  de 
Saint-Augustin,  au  couvent  d'Ascoli,  naquit  à 
Recanati,  dans  la  Marche  d'Ancône,  en  1493, 
car  il  a  terminé  son  traité  de  musique  par  ces 
mots  :  Contrapuncti  liber  tertius  fœliciter 
explicit,  Jsculi,  die  26    mensis   Augustif 


anno  salutis  1531,  aslatis  autem  niez  anno 
trigesimo  octavo,  ad  Dei  gloriam,  amen. 
Ses  grandes  connaissances  dans  la  musique  le 
firent  nommer  maître  de  chapelle  (Chori  mo- 
derator)  de  son  couvent.  Vanneo  écrivit  en 
langue  italienne  un  traité  de  musique  en  trois 
livres  qui  fut  achevé,  comme  on  vient  de  le 
voir,  en  1551,  et  que  Vincent  Rossetli  de  Vé- 
rone traduisit  en  latin.  Celle  traduction  seule 
a  été  imprimée  sous  ce  litre  singulier  :  Reca- 
nelum  de  Musica  aurea  a  Magistro  Ste- 
phano  Vanneo  Recinensi  cremita  augusti- 
niano  in  Asculana  ecclesia  chori  moderator 
nuper  editum  (1),  et  solerti  studio  cnuclea- 
tum,  Vincentio  Rosseto  Veronensi  inter- 
prète; Romx  apud  Valerium  Doricum 
Brixiensem,  anno  Virginei  partus  1533, 
in-fol.  de  quatre-vingt-douze  feuillets  chiffrés. 
Cet  ouvrage,  un  des  plus  rares  de  son  espèce, 
est  aussi  un  des  meilleurs  traités  de  musique 
de  l'époque  où  il  parut.  Vanneo  y  traite  de  cet 
art  sous  le  rapport  de  la  pratique,  et  s'y  livre 
beaucoup  moins  que  ses  contemporains  à  des 
spéculations  de  théorie.  Le  premier  livre  est 
relatif  au  plain-chant,  à  la  solmisation,  et  à  la 
tonalité;  le  second,  où  l'on  trouve  un  traité 
complet  de  l'ancien  système  de  musique  me- 
surée, renferme  des  tables  bien  faites  des  pro- 
portions, prolations  et  modes.  Le  troisième 
est,  pour  le  temps  où  l'ouvrage  fut  écrit,  un 
bon  traité  de  conliepoint.  Les  chapitres  56  et 
37  de  ce  troisième  livre  sont  très-curieux;  ils 
fournissent  la  preuve  de  l'erreur  de  quelques 
musiciens  qui  se  persuadent  que  l'emploi  du 
dièse  dans  le  plain-chant  ne  s'est  introduit 
que  par  corruption  dans  les  temps  modernes. 

VANNIINI  (Le  P.  Bernardino),  moine  de 
l'ordre  des  Camaldules,  vécut  au  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  et  fut  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Viterbe,  dans  l'État  romain.  On 
connaît  de  sa  composition  :  Mottelli  a  otto 
voci  ed  anche  Litanie  per  li  processioni ; 
Roma,  Amadeo  Belmonte,  1666,  in-4°.  , 

VATVNirVI  (Élie),  né  d'une  famille  juive, 
fit  abjuration  dans  sa  jeunesse,  et  entra  dans 
l'ordre  des  carmes  au  couvent  de  Bologne, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 
Au  nombre  de  ses  compositions,  on  remarque  : 
1  °  Litanie  delta  Beata  Virgine  a  4, 5  e  6  voci, 
op.  2;  Bologne,  Pierre  Monli,  1692,  in-4°. 
2°  Salmi  di  Compietà  a  2,  3  e  4  voci  con- 

(I)  Les  mots  nuper  editum  semblent  indiquer  une 
publication  récente  du  livre  original;  mais  cet  ouvrage 
est  inconnu,  et  je  pense  qu'il  n'en  existe  pas  d'édition 
imprimée.  Ces  mots  s'appliquent  sans  doute  au  travail 
manuscrit  de  Vanneo, 

20. 


208 


VANNINI  -  VARGAS 


cerlati  convioîini,  op.  5;  Bologne,  Marino 
Silvani,  1099,  in-4°. 

VAN  OS  (Albert),  facteur  d'orgues  hollan- 
dais, vécut  et  travailla  à  Flessingue  (Zélande) 
vers  la  fin  du  dix-septième  siècle.  En  relevant 
le  vieil  orgue  de  l'église  Saint-Nicolas  d'Ulrecht, 
il  trouva  sur  le  grand  sommier  la  date  de  1 120. 
Cet  orgue  avait  un  clavier  de  pédales;  ce  qui 
prouve  que  l'invention  attribuée  à  Bernard 
Mured  est  beaucoup  plus  ancienne  (voyez  Hess, 
Korte  schets  van  de  allereeste  uitvinding  en 
verdere  voorlgang  der  orgelen,  p.  24.  Voyez 
aussi  la  notice  Lootens). 

VAN  PETEGHEM  (1),  famille  flamande 
de  facteurs  d'orgues  dont  les  ouvrages  ont  été 
estimés  dans  le  dix-huitième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-neuvième. 

Van  Peteghem  (Pierre),  chef  de  cette  famille, 
naquit  à  Wetleren  (Flandre  orientale),  vers 
1690.  En  1702,  Forceville,  le  meilleur  fac- 
teur belge  de  celte  époque,  étant  allé  con- 
struire un  nouvel  instrument  dans  ce  bourj', 
Pierre  Van  Peteghem  ,  encore  enfant,  suivit 
ses  travaux  avec  attention  et  s'attacha  à  lui. 
Conduit  à  Bruxelles,  il  travailla  pendant  plu- 
sieurs années  dans  les  ateliers  de  ce  facteur, 
et  apprit  de  lui  ce  qu'on  appelait  alors  les  se- 
crets du  métier.  Après  la  mort  de  Forceville, 
Van  Peteghem  continua  de  travailler  pour  le 
compte  de  sa  veuve,  puis  il  alla  établir  des  ate- 
liers à  Gand.  Il  habita  celle  ville  depuis  1733 
jusqu'en  1787,  où  il  mourut  à  l'âge  d'environ 
quatre-vingt-dix-sept  ans.  Le  nombre  des 
instruments  qu'il  construisit  dans  sa  longue 
carrière  est  considérable. 

Égide  François  Van  Peteghem,  fils  aîné  du 
précédent,  naquit  à  Gand  postérieurement  à 
1733,  el  y  mourut  en  179G.  Il  prit  une  grande 
part  aux  travaux  de  son  père,  ainsi  que  Lam- 
bert-Benoît Fan  Peteghem,  deuxième  fils  de 
Pierre,  qui  mourut  à  Gand  en  1807. 

Pierre-François  Van  Peteghem,  MskV Egide- 
François,  né  à  Gand  le  1er  août  17G4,  s'at- 
tacha d'abord  à  la  facture  des  orgues  et  s'y 
distingua  jusqu'en  1797;  mais  s'élant  marié 
alors,  il  se  livra  aux  affaires  d'un  autre  genre 
de  commerce. 

Pierre-Charles  Van  Peteghem,  fils  aîné  de 
Lambert- Benoît,  naquit  à  Gand  et  y  mourut 
célibataire,  sans  laisser  de  traces  de  ses  tra- 
vaux. Il  en  fut  de  même  de  Lambert-Cor- 
neille, deuxième  fils  de  Lambert- Benoît,  né 
à  Gand  en  1779. 

(I)  Je  suis  redevable  à  l'obligeance  de  M.  le  chevalier 
Xavier  Van  Elewyck  des  renseignements  d'après  lesquels 
celle  notice  a  iilc  rédigée. 


Pierre  Van  Peteghem,  troisième  fils  du 
même,  né  à  Gand  le  15  janvier  1792,  exerça 
la  profession  de  facteur  d'orgues  jusqu'en 
1857;  puis  il  céda  la  continuation  de  ses  af- 
faires à  son  fils  Maximilien. 

Maximilien  Van  Peteghem,  né  à  Gand  le 
1 1  décembre  18 11, commença  son  apprentissage 
de  la  facture  îles  orgues  en  1830,  sous  la  direc- 
tion de  son  père,  el  travailla  d'après  l'ancien 
système  qui  avait  été  celui  de  tous  les  instru- 
ments construits  parles  membres  de  sa  famille. 
En  1849,  il  établit  à  Lille  une  succursale  de  sa 
maison,  qu'il  transporta  à  Sainl-Omer  (Pas- 
de-Calais)  en  1857.  Depuis  celle  dernière 
époque,  M.  Van  Peteghem  a  modifié  ses  pro- 
cédésde  facture  par  l'imitation  de  quelques-uns 
des  perfectionnements  modernes.  Il  s'occupe 
spécialement  de  la  réparation  des  anciens  in- 
struments. 

VAN  SWIETEN  (Godefroid,  baron),  fils 
de  Gérard  Van  Swielen,  commentateur  de 
Boerhave,  naquit  à  Leyde,  en  1734,  et  fit  ses 
éludes  à  l'Université  de  cette  ville.  Ayant  suivi 
son  père  à  Vienne,  il  y  obtint  les  tilres  de  con- 
seiller et  de  conservateur  de  la  Bibliothèque 
impériale.  Il  mourut  à  Vienne,  le  29  mars 
1803.  Lorsqu'il  prit  le  grade  de  docteur  à 
l'Université  de  Leyde,  il  publia  une  thèse  inli- 
lulée  :  Dissertalio  sislens  musiae  in  medici- 
nam  influxum  et  utilitatem,  Lugduni  Bala- 
vorum,  1773,  in-4°.  Amaieur  de  musique 
distingué,  il  a  laissé  en  manuscrit  différentes 
compositions  connues  en  Allemagne. 

VARENIUS  (Alain),  écrivain  né  à  Mon- 
lauban,  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième 
siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  livre  devenu 
fort  rare,  qui  a  pour  titre  :  Dialogus  de  Har- 
monia  ejusque  démentis,  Parisiis,  apud  Bo- 
bertum  Slephanum,  1503,  in-8°. 

VARESE  (Fabio),  directeur  du  chœur  de 
l'église  de  la  Passion,  à  Milan,  vécut  vers  la 
fin  du  seizième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  de 
sa  composition  :  Canzonette  a  3  voci,  Milan, 
1592. 

VARGAS  (D.-Urban  DE)  fut  maître  de 
chapelle  de  l'église  métropolitaine  de  Valence. 
Le  20  juin  1G5I,  il  reçut  sa  nomination  pour 
occuper  le  même  emploi  à  la  cathédrale  de 
Burgos,  avec  le  canonicat  qui  y  était  attaché. 
On  ne  trouve  pas,  dans  les  actes  capilulaires 
de  celle  église,  la  date  de  la  mort  de  on  maître, 
mais  il  est  vraisemblable  qu'il  décéda  en  1654, 
car,  dans  celle  même  année,  D.  François  Sa- 
maniego  fut  son  successeur.  Vargas  a  écrit 
beaucoup  de  musique  d'église  qui  se  trouve  en 
manuscrit  dans  les  églises  de  Valence  et  de 


VARGAS  -  VAUCANSON 


309 


Bnrgos.  M.  Eslava  en  a  lire  fo  psaume  Voce, 
mea  ad  Dominum,  à  Iiuil  voix,  qu'il  a  publié 
dans  la  Lira  sacra  hispana  (tome  Ier  de  la 
première  série  des  compositeurs  du  dix-sep- 
tième siècle).  Ce  savanlédileur  et  compositeur 
dit  qu'on  trouve  dans  les  archives  de  la  Sen  de 
Saragosse  le  psaume  Quicunque ,  de  la  com- 
position de  Vargas,  accompagné  d'une  lettre 
imprimée,  extrêmement  curieuse, dans  laquelle 
sont  expliqués  le  plan  et  la  structure  de  cet 
ouvrage.  M.  Eslava  ajoute  que  la  musique  de 
Vargas  révèle  le  génie  et  la  facilité  d'écrire. 

VARNEY    (PlEnRK-JOSEPII-ALPHONSE),    né 

à  Paris  le  1er  décembre  1811,  étudia,  dès  son 
enfance,  la  musique  et  le  violon.  Le  1er  fé- 
vrier 1832,  il  fut  admis  au  Conservatoire  de 
cette  ville  et  fil,  pendant  trois  ans,  des  éludes 
décomposition,  sous  la  direction  de  Reicba.  Il 
sortit  de  cette  école  le  22  mai  1855  pourse  ren- 
dre à  Gand,  où  il  était  appelé  comme  chef 
d'orchestre  du  théâtre.  Après  avoir  rempli  ces 
fonctions  pendant  deux  ans,  il  fut  attaché  à  di- 
vers théâtres  des  départements.  De  retour  à 
Paris,  il  fut  nommé  chef  d'orchestre  du  Théâ- 
tre historique,  à  l'époque  de  sa  création,  et 
resta  plusieurs  années  dans  cette  situation.  En 
1851  il  passa  au  Théâtre-Lyrique.  Le  chan- 
gement de  direction  de  ce  théâtre,  en  1852, 
fut  cause  que  M.  Varney  en  sortit  pour  retour- 
ner à  Gand,  où  il  dirigea  l'orchestre  pendant 
l'année  théâtrale  de  1853.  En  1855,  il  était  à 
♦  La  Haye,  où  il  remplissait  les  mêmes  fonc- 
tions. De  là,  il  passa  au  théâtre  des  Arts,  à 
Rouen,  en  1850,  et  dans  l'année  suivante, 
Offenbach  lui  confia  la  direction  de  l'orchestre 
du  théâtre  des  Bouffes -Parisiens,  à  Paris.  En- 
fin, M.  Varney  est  devenu  lui-même  directeur 
de  ce  théâtre  au  mois  de  février  1862.  Les 
compositions  dramatiques  de  cet  artiste  sont 
celles-ci  :  1°  Alala,  sorte  d'oratorio-cantate 
avec  chœurs,  exécuté  au  Théâtre  historique, 
au  mois  d'août  1848.  2°  Le  Moulin  joli,  opéra 
comique  en  un  acte,  au  Théâtre  de  la  Gaieté, 
en  septembre  1849.  3°  La  Quittance  de  mi- 
nuit, opéra  comique  en  un  acte,  an  Théâtre 
des  Variétés,  janvier  1852.  4°  La  Ferme  de 
Kilmoor,  opéra  comique  en  deux  actes,  au 
Théâtre-Lyrique,  octobre  1852.  5"  \SOpéra 
au  camp,  en  un  acte,  au  théâtre  de  VOpéra- 
Comique,  13  août  1854.  G0  La  Polka  des  sa- 
bots, opérette  en  un  acte,  au  Théâtre  des 
Bouffes,  28  octobre  1859.  7°  Une  fin  de  bail, 
opérette  en  un  acte,  au  même  théâtre,  28  fé- 
vrier 1862. 

VAROTI  (Michel),  compositeur,  né  à  No- 
vare,  dans   la    première  moitié  du   seizième 


siècle,  a  écrit  particulièrement  pour  l'église. 
Ses  productions  connues  sont  celles-ci  ln  Misse 
a  6  voci,  Venise,  1565,  in -4°.  2°  Misse  de  Tri- 
nitate  a  8  voci,  ibid.,  1565,  in-4°.  3°  Cantio- 
nes  sacra;  in  omnes  anni  festivitates,  ibid., 
1568.  4°  Himni  a  5  voci,  ibid.,  1568.  5° Misse 
a  G  et  8  voci,  libro  primo;  ibid.,  1563,  in-4°. 
6°  Misse  a  2,  5  e  6  voci,  Milano,  1588,  in-4°. 

VATER  (J.-C),  cantor  à  Crœlpa,  près  de 
Saalfeld,  actuellement  vivant(1864)el  d'un  âge 
avancé,  s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages 
suivants  :  1°  Methodisch-praktische  Jnleilung 
zum  Notensingen  fur  Lehrerund  Schiller  in 
Burgcr-und  Landschulensowohlalsauch  fur 
den  Privutunterricht  (Introduction  métho- 
dique et  pratique  au  chant  noté,  etc.),  Erfurt, 
Keyzer,  1821,  in -8°  de  soixante-cinq  pages;  ou- 
vrage mal  digéré  quinejuslifiepassonépithète 
de  méthodique.  2° Pfaktische Elementarschule 
des  Claviers  und  Fortepiano's,  etc.  (École 
élémentaire  et  pratique  du  clavecin  et  du 
piano,  etc.),  ibid.,  1827,  in-4°.  3°  Sonatine 
pour  piano  seul,  Erfurt,  Snppus.  4°  Six  varia- 
lions  pour  piano,  ibid.  5°  Six  chanls  faciles 
avec  accompagnement  de  piano,  ibid. 

VATRI  (René)  naquit  à  Reims,  le  21  oc- 
tobre 1697.  Après  avoir  commencé  ses  études 
au  collège  de  sa  ville  natale,  et  les  avoir  ache- 
vées dans  un  séminaire  de  Paris,  il  obtint  un 
canonicat  à  Saint-Etienne-des-Grès,  puis  fut 
principal  du  collège  de  Reims  à  Paris,  rédac- 
teur du  Journal  des  savants,  et  membre  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 
Frappé  d'apoplexie,  en  1754,  il  perdit  ses  fa- 
cultés intellectuelles,  languit  pendant  seize 
années,  et  mourut  le  16  décembre  1769,  à 
l'âge  de  soixante-treize  ans.  Au  nombre  des 
ouvrages  de  ce  savant,  on  remarque  deux  mé- 
moires Sur  les  avantages  que  la  tragédie  an- 
cienne retirait  de  ses  chœurs,  et  sur  la  réci- 
tation des  tragédies  anciennes,  insérés  dans 
la  collection  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres  (t.  VIII,  p.  199-224). 

VASQUEZ.  voyez  VAZQUEZ. 

VAUCANSON  (Jacques  DE),  célèbre 
mécanicien,  naquit  à  Grenoble,  le  24  février 
1709.  Arrivé  jeune  à  Paris,  il  s'y  livra  à  l'élude 
des  sciences,  puis  fixa  sur  lui  l'allenlion  pu- 
blique par  des  pièces  de  mécanique  où  le  génie 
d'invenlion  brillait  au  plus  haut  degré,  telles 
qu'un  automate  qui  jouait  de  la  flûte,  des  ca- 
nards qui  mangeaient  et  digéraient,  des  ma- 
chines à  tisser  la  soie,  la  chaîne  sans  fin  con- 
nue sous  son  nom,  elc.  Le  cardinal  de  Fleury 
le  nomma  inspecteur  des  manufactures  de 
Lyon,  et  l'Académie   royale  des  sciences  de 


310 


VAUCANSON  -  VECCHI 


Paris  l'admit  au  nombre  de  ses  membres.  Tl 
mourut  le  21  novembre  1782,  à  l'âge  d'environ 
soixante -quatorze  ans.  L'automate  flûleur  de 
Vaucanson  faisait  résonner  l'instrument  par 
le  soufjle  qui  s'échappait  de  ses  lèvres.  Il  a 
publié  la  description  du  mécanisme  de  celte 
ingénieuse  machine  acoustique,  sous  ce  titre  : 
Le  mécanisme  du  flûteur  automate,  avec  la 
description  d'un  canard  artificiel,  et  aussi 
celle  d'une  figure  jouant  du  tambourin  et  de 
la  flûte;  Paris,  Guérin,  1738,  in-4°  de  vingt- 
quatre  pages.  Cette  description  a  été  repro- 
duite dans  l'Encyclopédie  de  d'Alembert  et  de 
Diderot,  à  l'article  Androgyne.  Elle  a  été  tra- 
duite en  anglais  par  Desaguliers,  chapelain  du 
prince  de  Galles,  avec  ce  titre  :  An  account  of 
the  mecanism  of  an  Automaton,  or  image 
playing  on  the  german-flute  ;  Londres  , 
T.  Parker,  in-4°  de  vingt-quatre  pages.  On  en 
trouve  aussi  une  traduction  allemande  dans  le 
Magasin  de  Hambourg  (t.  II,  p.  1-24). 

VAUPULLAIRE,  musicien  français  ou 
belge,  fut  vraisemblablement  chantre  de  quel- 
que église  au  commencement  du  seizième  siè- 
cle. Son  nom  ne  se  trouve  dans  aucun  des  re- 
cueils imprimés  par  Tylman  Susalo,  par  les 
autres  imprimeurs  de  musique  d'Anvers,  par 
Atlaingnant  et  par  Jacques  Moderne.  Il  n'est 
connu  que  par  une  messe  à  quatre  voix,  inti- 
tulée Cliristus  resurgens,  qui  existe  dans  un 
manuscrit  (n°  5,  in-fol.  m0)  de  la  Bibliothèque 
de  Cambrai,  et  dont  M.  de  Coussemaker  a  pu- 
blié le  Sanctus  en  partition  (Notice  sur  les 
collections  inusicales  de  la  bibliothèque  de 
Cambrai,  n»  1). 

VAUQUET  (Nicolas),  né  vers  le  milieu 
du  seizième  siècle,  fut  maître  des  enfants  de 
chœur  de  l'église  collégiale  de  Saint-Benoît,  à 
Paris.  En  1588,  il  obtint  au  concours  du  Puy 
de  musique  d'Évreux,  en  Normandie,  le  pre- 
mier prix  de  l'orgue  d'argent,  pour  la  compo- 
sition du  motet  Dum  aurora,  qu'il  traita  du 
deuxième  ton  par  bécare.  Il  eut  pour  concur- 
rent Daniel  Guichart  (voyez  ce  nom),  qui,  sur 
le  même  chant,  écrivit  son  motet  du  deuxième 
ton  par  bémol. 

VAUSSEN  VILLE.  Voyez  ROSER- 
GER  DE  VAUSSEUVILLE  (LE). 

VAVASSEUR  (Nicolas  LE),  maître  des 
enfants  de  chœur  de  l'église  cathédrale  de  Li- 
sieux,  et  ensuite  organiste  de  l'église  Saint- 
Pierre  de  Caen,  vers  le  milieu  du  dix- septième 
siècle,  a  fait  imprimer  des  Canons  à  deux, 
trois,  quatre,  cinq  et  six  voix;  Paris,  liai- 
lard,  1048,  in-4". 

VAYER    (LA    MOTTE    LE),    voyez 


MOTHE  LE  VAYER  (François  DE  LA). 

VAZQUEZ  (D.  Juan),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Btirgos,  dans  les  premières 
années  du  seizième  siècle,  alaisséen  manuscrit 
beaucoup  de  messes,  de  motets,  et  une  grande 
quantité  de  Vilhancicos  ou  chants  de  Noël. 
On  en  trouve  quelques-uns  dans  la  Silva  de 
Sirenas,  de  Henri  de  Valderavano,  imprimée 
à  Btirgos,  par  Didier-Fernandez  de  Cordoue, 
1542,  in-fol. 

VECCHI  (Horace)  (1).  Suivant  la  chro- 
nique de  Spaccini,  Vecchi  était  âgé  de  cin- 
quante-quatre ans  lorsqu'il  mourut  en  1G05, 
d'où  il  suit  qu'il  était  né  en  1551.  On  n'a 
aucun  renseignement  authentique  sur  les  pre- 
mières années  de  la  vie  de  cet  artiste  :  on  sait 
seulement  qu'il  était  ecclésiastique  et  consé- 
quemment  qu'il  avait  étudié  dans  un  sémi- 
naire. On  sait  aussi  que  son  maître  de  musique 
fut  un  moine  servite  de  Modène,  nommé  Sal- 
valtor  Essenga,  dont  il  existe  un  livre  de  Ma- 
drigali  à  quatre  voix,  imprimé  à  Venise  par 
Antoine  Gardane,  en  1566.  Dans  ce  même  livre 
se  trouve  (p.  7)  un  madrigal  de  Vecchi,  qui  est 
vraisemblablement  sa  première  composition. 
Tiraboschi  a  tiré  des  actes  du  chapitre  de 
Correggio  la  preuve  que  Vecchi  obtint  un 
canonicat  le  15  octobre  1586  dans  la  cathé- 
drale de  cette  ville,  et  qu'il  fut  élevé  à  la  di- 
gnité d'archidiacre  le  29  juillet  1591.  Il  jouis- 
sait déjà  alors  d'une  grande  estime  pour  ses 
connaissance  dans  le  plain-chant,  car  Angelo 
Gardano,  éditeur  du  Graduel  romain  publié  à 
Venise,  en  1591,  dit,  dans  la  préface,  que  le 
chant  de  cette  édition  a  été  revu  et  corrigé  par 
une  commission  instituée  par  l'autorité  ecclé- 
siastique et  composée  de  Gabrieli  (Jean),  orga- 
niste de  Saint-Marc  de  Venise,  de  maître  Louis 
Balbi,  directeur  du  chœur  de  l'église  Saint- 
Antoine,  à  Padoue,  et  d'Horace  Vecchi  de 
3Iodène,  chanoine  de  Correggio  (2).  Le  désir 

(1)  M.  Angelo  Calelani  (voyez  ce  nom)  a  donné,  dans 
la  Ga::ella  musicale  di  Milano,  une  excellente  monogra- 
phie d"Horace  Vecchi,  dont  il  y  a  des  tirés  à  part  intitu- 
lés Delta  Vita  e  délia  Opère  di  Orazio  Vecchi,  Milano, 
Tito,  di  Gio-Ricordi  (s  d.);  in-8°  de  56  pages,  avec  3 
pages  in-4"  de  musique.  Pour  la  notice  de  cette  édition 
de  la  Biographie  universelle  des  musiciens,  j'ai  puisé  aux 
mêmes  sources  que  M.  Catelani  ;  mais  le  cadre  de  cette 
notice  ne  m'a  pas  permis  d'entrer  dans  les  discassions  et 
dans  les  développements  auxquels  il  s'est  livré.  J'ai  em- 
prunté à  M.  Catelani  les  liires  exacts  des  œuvres  de 
Vecchi,  que  je  n'avais  trouvés  qu'en  abrégé  dans  les 
catalogues. 

(2)  Quod  quidem  Graduale  Romanum  a  mullis  prœ- 
stantibus  et  primariis  I  ta  lise  viris  miisica  prœdilis,  in 
canlibus  ipsis  planis  eruditissimis,  revisum  fuit,  et  in 
primis  a  II.  b.Gabriele  in  ecclesia  D.  Marei  Veneliarum 
orgnnico,  a  l\.  D.  Magistro  I.odovico  Balbo  in  Ecclesia 


VECCHI 


SU 


de  mettre  son  talent  en  évidence  dans  un  mi- 
lieu plus  vaste  et  plus  animé  que  la  petite  ville 
de  Correggio  décida  Vecchi  à  s'éloigner  de 
celle-ci,  après  qu'il  eut  été  élevé  à  la  dignité 
d'archidiacreelà  se  fixer  à  Modène.  Dès  le  com- 
mencement de  1595,  il  était  déjà  établi  dans 
cette  capitale  du  duché,  car  Spaccini  rapporte 
que  le  5  février  de  la  même  année,  il  fut  frappé 
d'un  coup  de  stylet  par  un  inconnu  ;  mais,  ga- 
ranti par  ses  vêtements,  il  ne  fut  pas  blessé  (1). 
La  cause  de  cet  événement  n'a  pas  été  sue.  Il 
parait  au  surplus  que  Vecchi  était  d'humeur 
querelleuse;  caria  même  chronique  nous  ap- 
prend qu'il  eut  dans  la  même  année  une  vive 
contestation  avec  certain  personnage  qui  cour- 
tisait la  femme  de  son  frère,  Girolamo  Vecchi, 
et  dans  la  chaleur  de  la  dispute,  il  reçut  deux 
coups  de  couteau  à  la  tête,  dont  il  guérit  heu- 
reusement. Plus  bizarre  et  plaisante  fut  la  con- 
testation qu'il  eut  le  21  mai  151)6  avec  l'orga- 
niste de  l'église   Saint-Augustin,  à  Modène, 
pendant  qu'on  célébrait  la  messe  solennelle- 
ment. Vecchi  chantait  accompagné  par  l'or- 
gue   :   dans  un  certain   endroit,  il  prétendit 
chanter  seul  et  que  l'orgue  fit  silence;  l'orga- 
niste, au  contraire,  voulait  que  ce  fut  le  chan- 
teur qui  se  tût  et  le  laissa  jouer.  Alors  com- 
mença   une    lutte    ridicule    entre   eux;    car 
Vecchi  éleva  de  plus  en  plus  la  voix  pour  faire 
dominer    son    chant,    tandis  que   l'organiste 
ajoutait  à  chaque  instant  de  nouveaux  jeux 
pour  étouffer  la  sonorité  de  l'organe  du  chan- 
teur. Cette  lutte  devint  à  la  fin  si  grotesque, 
que  les  fidèles  éclatèrent  de  rire,  ce  qui  causa 
un  grand  scandale. 

La  longue  absence  de  Vecchi  fut  cause  que 
le  vice-roi  de  Reg^io  lui  ôla  son  canonicat, 
suivant  un  acte  authentique  du  27  avril  1595, 
cité  par  Tiraboschi  ;  mais  il  en  trouva  bientôt 
la  compensation  dans  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale,  qu'il  obtint  le  20  oc- 
tobre 1596,  après  la  mort  de  Guido  Ferarri. 
Dans  l'année  suivante,  il  fit  un  voyage  à  Ve- 
nise avec  le  comte  Montecuculli,  pour  y  publier 
quelques-unes  de  ses  compositions,  notam- 
ment l'Jmfiparnasso,  dont  il  sera  parlé  plus 
loin.  En  1598,  il  ajouta  aux  avantages  dont  il 
jouissait  la  place  de  maître  de  chapelle  de  la 
cour  et  de  professeur  de  musique  des  jeunes 

D.  Anlonii  Fatavini  musiecs  moderalorc,  et  a  R.  D.  Ho- 
ralio  de  Vccchiis  Mulincnsis  canonico  Corrigiensi,  a 
quibus  omnibus  conjunetim  et  separatim  summo  studio 
ac  diligentià  eorreclum  fuit  et  cmendatum. 

(1)  A  hore  22.  lu  data  una  stilelada  a  Horalio  Vecchio, 
musieo  cccellente  dj  qucsli  tempi,  non  s'è  saputo  da  clii, 
et  non  cbbe  maie. 


princes,  avec  un  traitement  annuel  de  quatre- 
vingts  écus.  On  voit  dans  la  chronique  de 
Spaccini  que,  le  11  février  et  le  9  du  même 
mois   1602,  il  y  eut  de  grandes  mascarades 
imaginées  par  lui  et  pour  lesquelles  il  avait 
composé  de  la  musique.  En  1603,  l'ambassa- 
deur de  l'empereur,  qui  était  alors  à  Modène, 
obtint  pour  Vecchi  du  conseil  de  la  commune 
une  pension  de  cent  livres  par  an,  sous  la  con- 
dition qu'il  continuerait  de  résider  dans  la  ville 
et  d'y  exercer  ses  talents.  Il  est  vraisemblable 
que  ce  fut  au  même  ambassadeur  qu'il  fut  re- 
devable de  l'honneur  qu'il  eut  d'être  appelé  à 
la  cour  de  l'empereur  Rodolphe,  ainsi  qu'on  le 
voit  par  son  épitaphe,  dans  laquelle  on  voit 
aussi  que  le  prince  Octave  Farnèse,  duc  de 
Parme,  et  l'archiduc  Ferdinand  lui  donnèrent 
des  témoignages  de  haute  considération.  Sur 
la  demande  du  roi  de  Pologne,  Vecchi  écrivit 
quelques  pièces  de  musique  qu'il  lui  envoya, 
et  reçut  en  récompense  une  belle  médaille  du 
poids  de  vingt-deux  écus  qu'il  légua  par  son 
testament  à  un  ami  nommé  Jean-Antoine  Za- 
notti.  Au  mois  d'octobre  1604,  il  eut  le  désa- 
grément de  se  voir  enlever  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  !a cathédrale  paries  intrigues  et 
l'ingratitude  de  son  élève  GeminianoCapilupi, 
à  qui  elle  fut  donnée  (voyez  Capilupi).  Le 
chagrin  que  Vecchi  en  eut  paraît  avoir  été  la 
cause   principale  de   sa   mort.  Il   décéda   le 
19  septembre  1604,  à  l'âge  de  cinquante  ans, 
laissant  ce  qu'il  possédait  à  ses  frères  Jérôme 
et  Louis  Vecchi,  à  l'exception  de  ses  livres, 
tableaux  précieux  et  d'une  collection  de  por- 
traits de  musiciens  célèbres  de  son  temps  qu'il 
avait  fait  peindre  par  d'habiles  artistes  et  qu'il 
laissa  à  son  neveu  Pierre-Jean  Ingona,  sous 
la  condition  qu'il  donnerait  à  ses  enfants  le  nom 
iV Horace  et  leur  ferait  étudier  la  musique, 
L'évèque  de  Modène  envoya  complimenter  la 
famille  de  Vecchi  à  l'occasion  de  sa  mort,  en 
annonçant  son  intention  de  faire  au  défunt 
des  obsèques  magnifiques  à  ses  dépens;  mais 
elles  n'eurent  pas  lieu,  parce  que  Vecchi  avait 
ordonné  par  son  testament  qu'on  l'inhumât 
sans  pompe.  Deux  ans  après,  on  lui  éleva  un 
beau  monument  qui  avait  été  fait  à  Reggio  par 
le  sculpteur  Pacchioni,  et  l'on  y   mit  cette: 
épitaphe  : 

D.         O.         M. 

Horatius  Vecchius,  qui  novis  tum 
musicis,  tum  poeticis  rébus  inveniendis 
ita  floruit.  ut  omnia 
omnium  tempor.  ingénia  faci- 
le superarit,  hoc  tumulo 


312 


VECCH1 


Quiescens  excitatricem  ex- 

pectat  tubam. 

Vie  Octavio  Farnesio,  arcliiduci  Q. 

Ferdinando  Austrice  carissimus, 

cum  armoniam  primus  comicœ  fa- 

cultati  conjunxisset,  totum  ter- 

rarum  orbem  in  sui  admirationem 

traxit  :  tandem,  pluribus  in  ec- 

clesiis  sacris  clioris  prœfectus,  et 

a  Radulfo  imp.  accersitus,  irigra- 

vescente  jam  œlati  recusato 

minière,  ser'"'  duci  cœsari  esten- 

si,  propria  in  patria  inserviens, 

angelicis  concentibus  prœfi- 

ciendus  decessit. 

Anno  M.  DC  V.  die  XIX.  men. 

februari. 

Comme  tous  les  maîtres  de  son  temps, 
Vecchi  écrivit  des  messes,  des  motets,  des  ma- 
drigaux à  cinq  et  six  voix,  des  canzonetles  et 
dialogues  à  l'imitation  de  Croce  et  de  Gas- 
toldi;  mais  l'ouvrage  qui  a  rendu  sa  réputa- 
tion populaire  est  une  sorte  de  comédie  en 
musique  intitulée  :  L'Jmfiparnasso,  comme- 
(lia  harmonica,  qui  fut  représentée  à  Mo- 
dène,  en  1594,  et  publiée  à  Venise  trois  ans 
après.  Suivant  Muralori  (1),  les  premiers  es- 
sais de  Vecchi  auraient  précédé  à  Venise  ceux 
qui  furent  faits  à  Florence  vers  le  même 
temps  pour  la  création  de  l'opéra  sérieux 
(voyez  Péri  et  Caccini),  et  celte  invention  im- 
mortaliserait à  jamais  son  nom.  L'opinion  de 
ce  savant  n'a  pour  base  qu'un  passage  de 
l'épitaphe  rapportée  ci -dessus,  On  y  lit  :  Qui 
harmoniam  primus  comicx  facullati  con- 
junxit,  et  totum  terrarum  orbem  in  sui  ad- 
mirationem traxit.  Vecchi  dit  aussi  dans  la 
préface  de  son  ouvrage  :  «  Celle  réunion  de 
«  comédie  et  de  musique  n'ayant  pas  été  faite 
»  par  d'autres,  que  je  sache,  ni  peut-être  ja- 
«  mais  imaginée,  il  sera  facile  d'y  ajouter 
»  beaucoup  de  choses  pour  lui  donner  la  per- 
«  fection;  si  je  ne  suis  pas  loué  de  l'inven- 
»  lion,  au  moins  n'en  pourrai-je  être 
»  blâmé  (2).  La  plupart  des  auteurs,  trompés 
par  ces  assertions,  ont  agité  la  priorité  d'in- 
vention du  style  dramatique  entre  Vecchi  et 
les  musiciens  de  Florence  et  de  Rome.  Il  y  a 

(11  Délia  TpcrfeUa  ■poe.sia ,  L.  111,  C.  4,  1.34. 

(2)  Non  ossendo  questo  accopiamcnlo  di  comedia  e  di 
musica  pin  stato  fatto,  ch'  io  mi  s.nppia,  da  allri,e  forse 
nonimmaginalo,  sarû  facile  aggiungcrc  molle  cose  per 
dargli  perfezione;  ed  iodovrô  esserc  se  non  lodato,  al- 
meno  non  biasimato  dcll1  invenzionc. 


ici  deux  choses  à  examiner,  savoir,  le  fait  en 
lui-même,  et  la  nature  de  l'ouvrage  du  maître 
de  chapelle  de  Modène.  En  ce  qui  touche  l'ap- 
plication de  la  musique  à  la  comédie,  sans 
parler  du  Sacrifizio  de  Beccari,  mis  en  mu- 
sique par  Alphonse  Délia  Viola,  et  représenté 
en  1555,  dont  le  genre  n'est  pas  bien  déter- 
miné ,  on  voit  dans  la  Dramaturgia  d'AI- 
lacci  que  la  comédie   pastorale  en  musique 
I  Ptizzi  amanti  fut  représentée  dans  le  palais 
du    prince    Grimani,  à  Venise,  le   25  avril 
1500  (1).  Vecchi  s'est  donc  trompé  lorsqu'il  a 
cru  avoir  élé  le  premier  qui  fit  l'application 
de  la  musique  à   la  comédie.  A  l'égard  du 
style,  il  n'y  aucun  rapport  entre  la  musiqu' 
de  l'Jmfiparnasso  et  celle  des  drames  de 
Péri,  de  Caccini,  ni  même  d'Emilio  del  Cava- 
lière. Ceux-ci  paraissent  véritablement  les  in- 
venteurs du  style  récitatif,  tandis  que  Vecchi 
n'a  fait  qu'une  application  du  genre  madri- 
galesque  à  l'action  comique.  On  peut  com- 
prendre   quelle    est    la    conception    de    cet 
ouvrage  par  l'analyse  d'une  scène  où  le  vieux 
Pantalon   querelle   son    valet    Pirolin    (petit 
Pierre),   en   patois    bergamasque.    Ce   valet 
gourmand,  au  lieu  de  se  rendre  à  l'appel  de 
son  maître,  lui  répond  de  loin  avec  la  bouche 
pleine  des  larcins  qu'il  a  faits  à  la  cuisine. 
Pantalon  a  beau  crier  :   «  Holà,  Pirolin  !  où 
»  es-tu?  Pirolin!  Pirolin!  Pirolin!  ah!  vo- 
»   leur!  que  fais-tu  à  la  cuisine?  »  — Pirolin 
répond   :    «  Je  m'emplis  l'estomac  avec  des 
»  oiseaux  qui  chantaient  naguère  :  Piripipi, 
»  cucurucu!  »  Eh  bien  ,  au  lieu  de  deux  inter- 
locuteurs pour  chanter  cette  scène  bouffonne, 
Vecchi  se  sert,  comme  dans  tout  le  reste  de  la 
pièce,  d'un  chœur  composé  de  voix  de  so- 
prano, de  contralto,  de  ténor  et  de  basse,  qui 
dit  alternativement  les  paroles  des  deux  per- 
sonnages. Lors  même  qu'un  seul  personnage 
est  en  scène,  ce  n'est  ni  un  air,  ni  un  récitatif 
qu'il  chante,  c'est  un  morceau  à  cinq  voix  qui 
se  fait  entendre  sur  les  paroles  que  le  poète  a 
mises  dans  sa  bouche.  Il  y  a  loin  de  cette 
absurde  conception,    née   de    l'habitude   du 
chant    d'ensemble     usité     depuis     plusieurs 
siècles,  à  la  véritable  création  du  chant  dra- 
matique, dont  l'origine  se  trouve  dans  VEu- 
ridice  et  dans  la  Dafne.  L'Amfiparnasso 
n'est  pas  une  véritable  comédie;  cette  vérité 
me  parait  hors  de  contestation  ;  mais  on  ne 
peut  méconnaître  le  caractère  comique  de  plu- 
sieurs situations  ;  caractère  qui  disparait  par 
léchant  collectif  de  Vecchi.  Doué  de  hardiesse 
dans  quelques-unes  de  ses  conceptions,  ce  mu- 
(1)  Édition  de  Venise,  1755,  p.  CIO. 


VECCHI 


313 


sicien  distingué  en  a  manque  ici,  cl  n'a  com- 
pris le  personnage  comique  que  comme  le 
chœur  de  la  tragédie  dis  anciens.  M.  Catelani 
a  employé  dix-sept  pages  de  son  intéressante 
notice  à  la  discussion  de  la  nature  de  l'Amfi- 
parnasso  :  je  regrette  de  ne  pouvoir  repro- 
duire ici  son  érudile  élude. 

Les  premières  éditions  des  compositions 
d'Horace  Vecchi  n'ont  point  élé  connues  jus- 
qu'à ce  jour;  les  plus  anciennes  indiquent  des 
réimpressions.  En  voici  la  liste  :  1°  Can- 
zonette di  Oratio  Vecchi  da  Modena.  Libro 
primo,  a  quattro  voci.  Novamento  ristam- 
pate;  in  Venetia,  appresso  A  ngelo  Gardano, 
1580,  in-4°.  Ce  recueil  contient  vingt-deux 
pièces.  Celle  édition  est  la  deuxième  :  la  dédi- 
cace au  comte  Mario  Bevilacqua  n'est  pas 
datée.  Il  y  a  des  exemplaires  qui  portent  la 
date  de  Venise,  1581,  et  dont  la  même  dédi- 
cace est  datée  du  50  septembre  :  je  ne  crois 
pas  à  la  réalité  d'une  édition  nouvelle  dans 
ces  exemplaires;  suivant  mon  opinion,  il  n'y 
a  eu  qu'un  changement  de  frontispice;  sorte 
d'artifice  très-commun  alors.  L'édition  sortie 
des  presses  du  même  éditeur  en  1585,  consi- 
dérée par  M.  Catelani  comme  la  quatrième,  me 
parait  êlre  la  troisième.  2°  Canzonette  di  etc. 
Libro  seconda,  a  quattro  voci.  Novamente 
poste  in  luce;  ibid.,  1580,  in-4°.  Ce  recueil 
contient  vingt  et  une  pièces.  La  seconde  édi- 
tion, publiée  par  le  même,  est  datéede  1582: 
j'en  connais  une  autre  de  1580.  5°  Canzonette 
di  etc.  Libro  terzo,  a  quattro  voci.  Nova- 
menle poste  in  luce  ;  ibid.,  1585,  in-4°.  C'est 
la  première  édition.  La  deuxième  a  paru  à 
Milan,  chez  Simon  Zini,  en  158G,  el  Gardane 
en  a  donné  une  troisième  à  Venise,  en  1593. 
4°  Canzonette  di  etc.  Libro  quarto  a  4  voci; 
Novamente posto  in  luce;  ibid..  1590,  in-4°. 
Il  y  en  a  une  autre  édition  de  Nuremberg, 
chez  Gerlach,  en  1594,  et  une  troisième  de 
Venise,  1608,  in-4°.  Les  quatre  livres  de  ces 
canzonetles  ont  élé  réunis  et  publiés  à  Nurem- 
berg, chez  Catherine  Gerlach,  en  1601.  Pierre 
l'halèse,  d'Anvers,  en  a  donné  aussi  une  édi- 
tion sous  ce  titre  :  Canzonette  a  4  t'OCî  di 
Orazio  Vecchi,  con  aggiunla  di  altri  a  5,  4 
eovocidel  medesimo,  ntwvamente  ristam- 
pate  ed  in  un  corpo  ridolte,  1611,  in-4°  obi. 
Il  y  a  quatre-vingt-sepl  pièces  dans  ce  recueil; 
elles  sont  suivies  d'une  aggiunla  qui  contient 
onze  pièces,  el  d'une  fantaisie  à  quatre  instru- 
ments par  le  même  auleur.  Valcnlin  Haus- 
mann  a  donné  une  collection  choisie  des 
chansons  à  quatre  voix  de  Vecchi,  avec  des 
paroles  allemandes;  ce  recueil  est  intitule  : 


Drcy  Classes  der  vierstimmigen  Canzo- 
netlcn,  mit  Unterlegung  teulschcr  Text  in 
Truck  geben;  Nuremberg,  1601,  in-4". 
Pierre  Negander,  cantor  à  Géra,  a  donné  aussi 
une  traduction  allemande  des  dernières  eban- 
sons  de  Vecchi,  sous  ce  titre  :  XXIV  aus- 
serlesene  vierstimmige  Canzonelten  mit 
schœnen  teutschen  Sprxchen  und  Texlen; 
Géra,  1614,  in-4\  5°  Canzonette  a  sei  voci 
d'IIoratio  Vecchi  novumente slampale.  Libro 
primo; inVenelia appresso  Angelo Gardano, 
1587,  in-4°.  Il  y  a  vingt  el  une  pièces  dans  ce 
recueil  :  l'épîlre  dédicaloire  à  Marc-Antoine 
Gonzaga,  primieier  de  Manloue,  est  datée  de 
Correggio,  le  15octobrede  celle  année. G°Ma- 
drigali  a  sei  voci  d'IIoratio  Vecchi  nova- 
mente stampati.  Libro  primo;  ibid.,  1585, 
in-4°.  Une  seconde  édition  de  ce  recueil,  qui 
contient  dix-sept  madrigaux,  a  élé  publiée  à 
Milan,  chez  Tint,  en  1588,  et  Gardane  en  a 
donné  une  troisième  à  Venise,  en  1591. 
7°  Madrigali  a  cinque  voci  di  etc.  novamente 
stampati.  Libro  primo;  ibid.,  1589,  in  4°. 
8"  Madrigali  a  sei  voci  di  etc.  Libro  secondo, 
con  alcuni  a  sette,  olto,  nono  et  dieci  nova- 
mente stampati;  ibid.,  1591,  in-4°.  9°  Selva 
di  varie  ricrealione  di  etc.  nella  quale  si 
conlingono  varij  soggelti,  a  5,  a  4,  a  5,  a  fi, 
a  7,  a  8 ,  a  9,  et  a  10  voci,  cioè  Madrigali, 
Capricci,  Balli,  Arie,  Jusliniane,  Canzo- 
nette,  Fantasie,  Serenate ,  Dialoghi ,  un 
Lotto-amoroso,  con  nna  Battaglia  a  diece 
(sic)  nel  fine,  et  accomodatovi  la  intavola- 
tura  di  liuto  aile  Arie,  ai  Balli,  et  aile 
canzonette;  Novamente  composte,  et  date 
in  luce;  ibid.,  1590.  10°  Canzonette  a  tre 
voci  di  Horatio  Vecchi  et  di  Geminiana 
Capi-Lupi  da  Modona.  Novamente  poste  in 
luce;  ibid.,  1597.  Ces  canzonetles  ont  été  ré- 
imprimées dans  la  même  année,  à  Nuremberg, 
in-4",  chez  Gerlach.  Valenlin  Hausmann  en  a 
donné  une  traduction  allemande,  dans  la 
même  ville,  en  1608,  in--4°.  11°  Canzonette  a 
5  voci,  lib.  2;  Venise,  Angelo  Gardano,  1599, 
in-4".  Il  y  a  une  édition  de  ce  livre  publiée  à 
Milan,  en  1611.  12°  Boralii  Vecchii  Muti- 
nensis ,  Canonici  Corigiensis,  Lamenta- 
tiones,  cum  quuttuor  (sic)  paribus  vocibus; 
Venetiis  apud  Angelum  Gardanum,  1587. 
15°  Motecta  Horalii  Vecchii  Mutinensis, 
Canonici  Corigiensis ,  quaternis  ,  quinis, 
senis  et  oclonis  vocibus,  nunc  primum  in 
lucem  édita.  Serenissimo  Principi  Gu- 
glielmoPalatino  Rlieni  comiti,  et  ulriusque 
Bavarix  Duci  etc.  dicata;  ibid.,  1590. 
Pierre  Phalèse  a  donné  une  édition  de  ces 


314 


VECCHI 


moletsà  Anvers,  en  1608,  in-4°  oI>).   14°  Sa- 
crarum  Cantionum  5,  6, 7  et  8  vocum,  lil>.  2; 
Venetiis,  apud  Angelum  Gardanum,  1597, 
iiï-4°.  13°  Cantiones  sacrx  6  vocibus  conci- 
nendx;  Duaci,  1604,  in-4°.  On  ne  peut  douter 
que    ce    recueil    ne  soit    une    réimpression. 
16°  Convito  Musicale  di  etc.  a  tre,  quattru, 
cinque,  sei,  sette,  et  otto  voci.  Novamente 
composte-,  et  data  in  luce.  Al  Sereniss.  Fer- 
dinando  Arcidxica  d'Austria,  etc.  ;  in  Ve- 
netia    appresso    Angelo     Gardano,    1597. 
17°  Hymni  qui  per  totum  annum  in  Eccle- 
siaRomana concinuntur .  Partim  brevi  stilo 
super  piano  cantu,  partim  proprium  arte, 
ab   Horatio    Vecchio    Mutinensi ,   Musices 
moderatore ,    apud  Cxsarem  Estensem  Mu- 
tina; Ducem,  nuper  elaborati.  Cum  quatuor 
vocibus.  Nunc  primum  in  lucem  editi;  Ve- 
netiis,  apud  Angelum  Gardanum  ,    1604. 
18°  Le  Feglie  de  Siena  ovverolvarij  humori 
délia  musica  moderna  a  o,  4,  5  e  6  voci;  in 
t'enelia,  app.  Ang.  Gardano,  1604,  in-4°. 
Une  autre  édition  de  ces  pièces  a  été  publiée  à 
Nuremberg,  en  1605,  in-4°,  sous  le  titre  de 
NoctesludicrxA^"  L'Amfiparnasso  fcomedia 
Harmonica  d'Oratio  Vecchi  di  Modena;  in 
Venetia,  appresso  Angelo  Gardano,  1597. 
Une  seconde  édition  de  cet  ouvrage  a  été  pu- 
bliée à  Venise,  appresso  Angelo  Gardano  et 
fratelli,  1610.  L'Amfiparnasso  est  divisé  en 
trois  actes,  précédés  d'un  prologue,  et  chaque 
acte  en    plusieurs   scènes.    Les  personnages 
sont  :  1°  Pantalone;  2°  Pedrolin,  son  valet; 
5°  Hortensia,  courtisane;  4"  Lelio,  amoureux 
deNisa;  5°  Nisa;  6°  Le  docteur  Gratiano; 
7°  Lucio,  amoureux  d'Isahella  ;  8°  Lsabella; 
9°  Le  capitaine  Cardon,  espagnol;  10°Za«e 
(Jean),  Bergamasque;   11°  Frulla ,  valet  de 
Lucio;  12°  Francatrippa,  valet  de  Pantaldne; 
15°  Chœur  de  juifs,  dans  une  maison  voisine. 
J'ai   mis  en  partition  tout  l'Amfiparnasso, 
d'après  l'exemplaire  de  1597,  qui  appartient  à 
la  Bibliothèque  royale  de  Berlin.  M.  Catelani 
a  joint  à  sa  notice  la  partition  de  la  première 
scène  du  deuxième  acte,  et  Riesewelter  a  pu- 
blié le  chœur  des  juifs  travailleurs  Tik,  Tak, 
Tok,  dans  son  livre  de  la  Destinée  et  nature 
de  lamusique  mondaine,  etc.  (Schicksale  und 
Beschaffenheit  der  weltlichen  Gessenges,  etc.), 
n°  31.  20°  Horatii  Vecchii  Mutincnsis  Mu- 
sical professoris  celeberrimi  Missarum  senis 
et  octonis  vocibus.  Liber  primus.  Per  Pau- 
lum  Brausium  Mutinenscm  ejus  discipulum 
amatitissimum.    Nunc   primum    in    lucem 
editus;  Venetiis,  apud  Angelum  Gardanum 
et  frutres,  1007.  Pierre  Phalèse  a  réimprimé 


quelques-unes  de  ces  messes  dans  le  recueil 
intitulé  :  Missx  senis  et  octonis  vocibus 
ex  celeberrimis  auctoribus  Horatio  Vecchio 
aliisque  collecta;;  Antverpix ,  1612,  in-4° 
obi.  Les  messes  de  Vecchi  qui  se  trouvent  dans 
cette  collection  sont  :  Osculetur  me,  et  Tu  es 
Petrus,  à  six,  In  Resurrectione  Domini,  à 
huit,  et  Pro  defunctis,  à  huit.  Cet  ouvrage, 
ainsi  que  le  suivant,  ont  été  publiés,  après  la 
mort  de  Vecchi,  d'après  sa  volonté  exprimée 
dans  son  testament  :  Bravusi,  son  élève,  fut 
chargé  de  ce  soin.  Il  dédia  ces  ouvrages  au 
conseil  de  la  commune  de  Modène.  Il  dit,  dans 
sa  préface,  qu'il  est  à  regretter  que  la  mort  de 
Vecchi  l'ait  empêché  de  terminer  un  livre 
considérable  qu'il  avait  entrepris  et  auquel  il 
donnait  le  litre  de  Poetica  musicalis.  Il  y  ex- 
pliquait avec  clarté,  dit  Bravusi,  tous  les  pro- 
cédés de  l'art  de  la  composition,  les  formes 
nouvelles  par  lui-même  inventées,  l'usage  ré- 
gulierdes  consonnancesetdes  dissonances, les 
licences,  etc.  Bravusi  dit  aussi  que  Vecchi  a 
laissé  en  manuscrit  des  messes,  des  psaumes, 
des  chants  sacrés  et  profanes;  mais,  de  tout 
cela,  l'édiloai'ri'a  publié  que  le  premier  livre 
des  messes,  et  l'ouvrage  suivant.  21°  Dialoghi 
a  sette  et  otto  voci.  Del signor  Horatio  Vecchi 
da  Modona.  Da  cantarsi,  et  concertarsi  con 
ogni  sorte  di  stromenti.  Con  la  partitura 
delli  Bassi  continuati.  Novamente  stam- 
pali,  et  dati  in  luce;  in  Venetia,  appresso 
Angelo  Gardano  et  fratelli.  1508. 

La  plupart  des  collections  puisées  dans  les 
œuvres  des  musiciens  les  plus  célèbres,  et  pu- 
bliées à  la  fin  du  seizième  siècle  ou  au  com- 
mencement du  dix-septième,  contiennent  des 
chansons  ou  des  madrigaux  de  Vecchi  ;  j'en  ai 
trouvé  particulièrement  dans  les  recueils  sui- 
vants :  1°  Sinfonia  angelica,  di  diversi 
eccellentissimi  musici  a  4,  5  c6uon,  nuova- 
mente  raccolta  per  Huberto  TVaelrant  c  data 
in  luce;  Anvers,  P.  Phalèse,  1594,  in-4<. 
2°  Melodia  Olimpica  di  diversi  eccellentis- 
simi musici,  etc.;  ibid.  1594,  in-4°  obi.  5°  Ll 
Lauro  verde,  madrigali  a  G  voci,  composti 
da  diversi  eccellentissimi  musici,  etc.;  ibid., 
1591,  in-4°  obi.  4°  Ll  Trionfo  di  Dori,  des- 
critlo  da  diversi  et  posto  in  musica  da  al- 
treltanti  autori  a  6  voci;  Venise,  Gardane, 
1596,  in-4°;  Anvers,  P.  Phalèse,  1601,  in-4° 
obi.;  ibid.,  1614,  in-4°  obi.  5°  Madrigali 
pastorali  a  6  voci  descritli  da  diversi,  « 
posli  in  musica  da  altreltranti  musici;  An- 
vers, Phalèse,  1604,  in- 4°  obi.  6°  De  Ftoridi 
virtuosi  d'Ltalia  ilterzo  librodi  madrigali 
a  5  voci  nuovamente  composti  et  dati  in 


VECCHI  -  VEICHTNER 


31! 


luce;  Venise,  G.  Vincenti,  158G,  in -4°.  7°  Le 
Muse  da  diversi  autori  a  5  voci;  dans  le  cin- 
quième livre;  Venise,  Gardane,  1375.  8°  Il 
Trionfo  di Musica  a  6  voci.  Lin.  1  ;  Venise, 
Scotlo,  1579.  9°  Gli  Jmorosi  ardori  a  5  voci; 
Venise,  Gardane,  1583.  10°  Spoglia  amorosa 
a  5  voci;  ibid.,  1592. 

YECCHI  (Orff.o),  prêtre,  et  mailre  de 
chapelle  de  l'église  Sainte-Marie  délia  Scala,  à 
Milan,  naquit  dans  cette  ville,  vers  1540,  et 
mourut  en  1613.  Il  a  publié  vingt-quatre  œu- 
vres de  messes,  motels,  psaumes  et  chansons 
depuis  quatre  jusqu'à  huit  voix.  On  a  de  sa 
composition,  imprimé  à  Anvers  :  1°  Cantio- 
nes  sacrm  sex  vocum,  lib.  3,  1003,  in-4°. 
2°  Cantiones  sacrx  quinque  vocum,  lib.  1, 
1010,  in  4°.  3°  Salmi  intieri  a  cinque  voci, 
che  si  cantano  allivespri  nelle  solennité  de 
lutto  l'anno,  con  doui  (sic)  Magnificat,  Falsi 
Bordoniet  le  quattro  Jntifone  par  la  Com- 
pléta. Nuovamente  ristampati.  In  Milano 
appresso  Filippo  Lomazzo,  1614,  in-4°. 
4°  Motectorum  quas  in  communi  Sanclorum 
quatuorvocum  concin.  Liber  primus.  Medio- 
lani,  par  Ang.  Trabatino,  1603.  Les  archi- 
ves de  musique  de  la  cathédrale  de  Milan  con- 
tiennent les  ouvrages  d'Orfeo  Vecchi  dont 
voici  la  liste  :  1°  Motets  pour  le  commun  des 
Saints,  à  quatre  voix  avec  partition;  2»  cinq 
livres  de  motels  à  cinq  voix  avec  partition; 
3°  choix  de  madrigaux  arrangés  en  motets  à 
cinq  voix;  4°  trois  livres  de  motels  à  six  voix, 
dont  le  troisième  avec  partition;  5°  sept 
psaumes  à  six  voix  avec  basse  continue  ;  6°  un 
livre  de  messes  à  quatre  voix;  7°  un  idem  à 
cinq  voix;  8°  deux  idem  à  cinq  voix  avec  basse 
continue;  9° messes, motets,  psaumes,  magni- 
ficat et  faux  bourdons  à  huit;  10°  vêpres  en- 
tières à  cinq  voix  avec  basse  continue; 
11°  Magnificat  des  huit  tons  et  à  versets  avec 
basse  continue;  12°  faux-bourdons  a  quatre, cinq 
et  huit  voix  avec  Magnificat  à  quatre  et  cinq, 
et  Te  Deum  avec  basse  continue  ;  13°  Hymnes 
suivant  l'usage  romain  avec  les  complies,  les 
antiennes  et  les  litanies  à  quatre  avec  basse; 
14°  Hymnes  suivant  le  rit  ambrosien  avec 
basse. 

VECCHI  (Loreszo),  prêtre  attaché  à 
l'église  métropolitaine  de  Bologne,  et  maî- 
tre de  chapelle,  naquit  dans  cette  ville,  en 
1566.  Il  a  publié  plusieurs  œuvres  de  motels  el^ 
de  messes,  qui  ont  été  imprimés  à  Venise, 
chez  Gardane,  en  1605  et  1607,  in-4°.  Je  ne 
connais  que  l'œuvre  qui  a  pour  litre  :  Misse  a 
otto  voci  libro  1°.  Venise,  Angelo  Gardane, 
1C05,  in-4°. 


VECOLI  (Pierre),  compositeur,  né  à  Luc- 
qucs,versle  milieu  du  seizième  siècle,  fut  atta- 
ché à  la  chapelle  des  ducs  de  Savoie.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  Madrigali  a 
cinque  voci,  Turin,  1581,  in-4°. 

VECOLI(Regolo),  compositeur  napolitain, 
né  dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle, 
parait  avoir  vécu  quelque  temps  à  Lyon.  Il 
a  publié  :  1°  Canzonette  alla  napoletana  a  5, 
4,  5  et  G  voci,  Venise,  1569,  in -4°.  2°  Madri- 
gali a  5  voci}  Lyon,  Clément  Baudin,  1577, 
in-4°  obi. 

VEESENMEYER  (Georges),  théologien 
allemand  et  savant  littérateur,  est  mort  à  Ulm, 
le  6  avril  1835.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on 
remarque  une  dissertation  intitulée  :  Versuch 
einer  Geschichte  des  deulschen  Kirchenge- 
satiges  in  der  Ulmischen  Kirche  (Essai  d'une 
histoire  du  chant  évangélique  allemand  dans 
l'église  d'Ulm),  Ulm,  1798,  in-4°  de  douze 
pages. 

VEGGIO  (Claude),  contrepoinlisle  italien, 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  a  publié  11 
primo  libro  di  madrigali  a  4  voci,  con  la 
gionta  de  sei  altri  di  Archadelt  délia  misura 
a  brève;  Venise,  Jérôme  Scotto,  1540,  réim- 
primé dans  la  même  ville  en  1545,  in-4°  obi. 

VEICIITIXEII  (François-Adam),  violo- 
niste allemand  et  compositeur,  naquit  vraisem- 
blablement en  Prusse,  vers  1745,  et  fut  élève 
de  François  Benda,  à  Potsdam.  Ayant  été 
nommé  maître  de  chapelle  du  duc  de  Cour- 
lande,  il  obtint  ensuite  un  congé  pour  voyager 
en  Italie,  et  brilla  dans  les  concerts  de  Milan. 
De  retour  à  Millau,  il  y  vécut  jusqu'à  l'époque 
de  la  dissolution  de  la  chapelle  du  duc,  puis  se 
rendit  à  Pélersbourg,  où  il  mourut.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  :  1°  Quatre  sympho- 
nies pour  deux  violons,  allô,  basse,  deux  haut- 
bois, deux  bassons  et  deux  cors,  op.  1,  Leip- 
sick,  Sommer  (1770).  2°  Symphonies  russes  à 
huit  parties,  Leipsick,  Harlknoch.  3°  Concerto 
pour  violon  principal,  violons,  alto,  basse  con- 
tinue et  basse  de  ripieno,  ib.  (1771).  4°  Trois 
quatuors  pour  deux  violons,  viole  et  basse, 
op.  3,  Pélersbourg  (1802).  5°  Vingt-quatre 
fantaisies  pour  violon  el  basse,  op.  7,  lib.  1 
et  2,  Leipsick,  Breilkopf  et  Haertel.  6°  Vingt- 
quatre  sonates  pour  violon  et  basse,  op.  8, 
liv.  1,  2,  3,  4,  ibid.  7°  Air  russe  varié,  suivi 
d'un  caprice,  op.  9,  ibid.  Veichtnera  laissé  en 
manuscrit  :  1°  La  Transfiguration  de  Jésus- 
Christ,  oratorio  à  quatre  voix  et  orchestre. 
2°  Hymne  à  Dieu,  idem.  3°  Céphale  et  Pro- 
cris,  cantate.  4°  Deux  divertissements  pour 
orchestre  complet. 


316 


VEIT  -    YEN  INI 


VE1T  (VVE>ZEi.-lFi;Mii),  compositeur  de 
l'époque  actuelle,  est  né  le  19  janvier  180G,  à 
Kzepnilz,  village  de  la  Bohême.  A  six  ans  il 
reçut  les  premières  leçons  de  piano  du  maître 
d'école  du  village;  peu  de  temps  après  il  fré- 
quenta les  cours  du  gymnase  de  Leilmeritz,  et 
continua  en  même  temps  avec  zèle  l'élude  de 
la  musique.  En  1821,  son  père  l'envoya  à 
l'université  de  Prague;  mais  ayant  perdu  ses 
parents,  le  jeune  Veit  se  vit  dans  la  nécessité 
d'abandonner  ses  études  et  de  donner  des 
leçons  de  musique  pour  vivre.  Plus  lard  cepen- 
dant il  reprit  ses  coins  de  droit,  et  après  avoir 
subi  les  examens,  il  entra  dans  la  magistra- 
ture, en  1831.  En  1841,  il  s'est  fixé  à  Aix-la- 
Chapelle  cl  y  est  devenu  directeur  de  musique 
d'une  société  de  chœur.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position, à  Prague  :  1»  Quintettes  pour  deux 
violons,  alto  et  deux  violoncelles,  op.  1  et  2. 
2°  Quatuors  pour  deux  violons  et  deux  violon- 
celles, op.  3,  A,  5,  7,  15.  3"  Nocturne  pour  le 
piano,  op.  G.  4"  Polonaise  idem,  op.  il, 
5°  Ave  maris  Stella,  à  (rois  voix  et  orchestre, 
op.  9.  G0  Six  quatuors  pour  quatre  voix  d'hom- 
mes, op.  12.  7°  Plusieurs  cahiers  de  chants 
avec  accompagnement.  Une  ouverture  de  con- 
cert de  sa  composition  a  été  exécutée  à  Prague 
en  diverses  circonstances,  à  Lcinsick,  en  184l; 
et  à  Cologne  en  1844. 

VELASCO  (D.  Francisco),  musicien  es- 
pagnol du  seizième  siècle,  fut  nommé  maî- 
tre «le  chapelle  de  la  cathédrale  de  Santiago, 
en  1578.  Mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  des 
avantages  de  cette  position,  car  il  mourut  au 
commencement  de  1579.  Ce  maître  a  laissé  en 
manuscrit  «les  messes,  des  motets  et  des  vil- 
hancicos  on  chants  de  Noël. 

VELASCO  (Nicoias-Diaz),  musicien  au 
service  du  roi  d'Espagne  Philippe  IV,  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle,  a  publié  un 
syslème  de  tablature  pour  la  guitare,  sous  ce 
titre  :  Nuevo  modo  de  cifra  para  taner  la 
guitarra  con  variedad  y  perfection,  etc  , 
Naples,  Égide  Longo,  1G40,  in  4". 

VELLA  (P.  DA),  violoniste  et  composi- 
teur, né  à  Malte,  vécut  à  Paris  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  et  y  publia  :  1°  Six 
trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  1  (1768). 
2"  Six  quatuors  pour  trois  violons  et  basse. 

VELLUTI  (Jean-Baptiste),  le  dernier  so- 
pranisle  célèbre  de  l'Italie,  naquit  à  Monte- 
rone,  dans  la  Marche  d'Ancône,  en  1781.  Il 
était  âgé  de  quatorze  ans  lorsque  l'abbé  Calpi, 
maître  de  chant  à  Ravenne,  se  chargea  de  son 
éducation  musicale  et  le  prit  dans  sa  maison 
pour  surveiller  ses  études.   Après  six  années 


d'exercices  de  solfège  et  de  vocalisation,  Vel- 
Inti  commença  sa  carrière  théâtrale,  dans 
l'automne  de  1800,  à  Forli,  et  la  continua 
pendant  deux  ou  trois  ans  sur  les  petits 
théâtres  de  la  Romagne.  Arrivé  à  Rome,  au 
carnaval  de  1805,  il  y  fit  admirer  la  beauté  de 
sa  voix  et  l'expression  de  son  chant  dans  la 
Selvaggia,  deNicolini.  Deux  ans  après,  il  re- 
tourna dans  la  même  ville  et  se  fit  la  réputa- 
tion de  premier  chanteur  de  son  époque 
dans  le  Trajano,  du  même  compositeur.  A 
l'automne  de  1807,  il  fut  appelé  au  théâtre 
Saint-Charles  de  Naples,  et  y  fit  une  vive  sen- 
sation. Pendant  le  carnaval  et  le  carême  de 
1809,  il  brilla  à  la  Scala  de  Milan,  dans  le 
Coriolano ,  de  Nicolini,  et  dans  VJfigenia  in 
Aulide,  de  Federici.Delà  il  alla  à  Turin,  puis 
retourna  à  Milan,  en  1810,  et  fut  engagé  poul- 
ie théâtre  de  Vienne,  en  1812.  De  retour  en 
Italie,  il  chanta  à  Venise  avec  un  succès  pro- 
digieux, puis  reparutà  Milan,  en  1814,  dans  le 
Quinto  Fabio  de  Nicolini,  avec  la  Correa  et 
David.  Dans  les  années  1825  et  182G,  il  chanta 
au  théâtre  du  Roi,  à  Londres,  et  eut,  pour 
chaque  saison  de  cinq  mois,  un  traitement  de 
2,300  livres  sterling  (environ  57  mille  francs). 
En  1829,  il  fit  un  second  voyage  en  Angle- 
terre; mais  sa  voix  ayant  perdu  son  éclat,  il 
n'y  trouva  pas  d'engagement;  depuis  lors  il 
s'est  retiré  dans  sa  patrie,  où  il  est  mort  dans 
les  premiers  jours  de  février  1861,  à  l'âge  de 
quatre-vingts  ans. 

VEIVE(JAS  (Louis),  né  à  Hinestrosa,  dans 
la  Castille,  a  écrit  un  traité  de  tablature  et  de 
composition,  intitulé  :  Traltado  de  Cifra 
nueva  para  tecla,  harpa  y  viguela,  canto 
liant),  de  organo,  y  contrapunto  ;  Alcala  de 
llenarez,  1557,  in-fol. 

VEINEUI  (Grégoire),  compositeur,  né  à 
Rome,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fit  ses 
études  musicales  dans  celte  ville.  Il  s'est  fait 
connaître  par  un  œuvre  qui  a  pour  titre  :  Ar- 
monia  di  f'enere.  Madrigali  a  5  voci,  ed  in 
fine  due,  con  un  Eco  a  8  voci;  Bracciano, 
per  Andréa  Fei  (sans  date). 

VEINI^I  (l'abbé  François),  né  en  1738, 
sur  les  bords  du  lac  de  Como,  près  de  celts 
ville,  entra  d'abord  dans  la  congrégation  des 
frères  de  la  doctrine  chrétienne,  et  enseigna 
les  mathématiques  à  Parme  dans  leur  institut; 
mais  il  en  sortit  ensuite,  et  se  rendit  à  Aix, 
qù  il  fut  attaché  à  l'évéché,  en  qualité  d'abbé 
séculier.  Les  événements  de  la  révolution 
ayant  obligé  Venini  à  retourner  en  Italie,  il  se 
fixa  à  Milan,  et  y  fut  nommé  membre  de 
l'Académie    des    sciences    de    l'Institut    du 


VENIN1  —  VENTÔ 


3n 


royaume  d'Italie.  Il  mourut  dans  celle  ville, 
«?n  1820,  à  l'âge  de  quatre-vingt-deux  ans.  On 
a  de  ce  savant  un  écrit  intitulé  :  Dissertazione 
sui  principii  dell'  armonia  musicale  e 
poetica,  e  sulta  loro  applicazione  alla  leoria 
e  alla  pralica  délia  versi/icazione  ilaliana; 
Parigi,  Molini,  1784,  gr.  in-8"  de  cent 
soixante-cinq  pages.  Le  même  libraire  a  pu- 
blié une  deuxième  édition  de  cet  écrit,  en 
1798,  sans  nom  de  lieu  et  sans  date,  gr.  in  8°. 
Ce  bon  ouvrage  est  divisé  en  cinq  chapitres; 
les  deux  premiers  ont  été  réimprimés  dans  les 
Opuscoli scelti di Milano  (l.  IX,  p.  132-159), 
sous  le  titre  :  Dell'  armonia  musicale. 

VENOUSE  (le  prince  de).  Foyez  GE- 
SUALDO  (Charles). 

\E]\SKY  (Georges),  docteur  en  théologie 
et  recteur  à  Bunzlau,  naquit  à  Gommern 
(Saxe),  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle.  Amateur  de  musique  distingué,  il  fut 
membre  de  la  société  de  Mizler  {voyez  ce 
nom),  et  fournit  à  l'écrit  périodique  de  celui- 
ci,  intitulé  Bibliothèque  musicale  (Musika- 
lisch  Biidiolhek),  deux  dissertations  concer- 
nant la  musique  et  la  notation  des  Hébreux 
t.  III,  p.  fiOO-084). 

VENTO  (Ivo  DE),  musicien  espagnol,  fut 
attaché  au  service  du  duc  Guillaume  de  Ba- 
vière, et  vécut  à  Munich,  dans  la  seconde 
moilié  du  seizième  siècle.  Massimo  Trojano 
dit  (1  )  que  cet  artiste  était  troisième  organiste 
de  la  cour  de  Bavière,  en  1508,  et  qu'il  alter- 
nait par  semaine,  pour  son  service,  avec  ses 
collègues  Ciuseppe,  de  Lucques,  et  Jean- 
Baptiste  Marsolino.  Il  ne  vivait  plus  en  1593, 
ou  il  avait  obtenu  sa  retraite,  car  il  ne  ligure 
plus  dans  l'étal  des  artistes  de  la  chapelle  du- 
cale deMunich  dressé  dans  cette  même  année. 
Sa  dernière  publication  est  de  1591.  Les  œuvres 
connues  d'Ivo  de  Vento  sont  :  1°  Canliones 
sacra; seu  Moltectx  quatuor  vocum;  Munich, 
Adam  Berg,  15C9,  in-4°  obi.  2°  Latinx  Can- 
tiones,  quas  vulgo  Molecla  vocant,  quinque 
vocum,  suavissima  melodia,  etiam  insi.ru- 
mentis  musicis  atlemperalx  ;  nunc  primum 
in  lucem  editx;  Monachii,  per  Jdamum 
Berg,  1570,  in-4"  obi.  5°  Nevoe  teulsche 
Lieder  mit  4,  5  und  fi  Stimmen;  Munich, 
Adam  Berg,  1570,  in-4°  obi.  3°  (bis)  Teulsche 
Lieder  von  4  Stimmen,  nebst  zwey  Dialogis, 
einem  vonS  und  den  andem  vonl  Stimmen 
(Chansons  allemandes  à  quatre  voix,  avec 
deux  dialogues  dont  un  à  huit  voix  et  l'autre  à 


(I)  Discorsi  délit  irionfî,  giostre,  apparaît,  etc.,  p.  66, 
Voyei  Tbojaivo, 


sept);  ibid.,  1571,  in  4°  obi.  4°  Neue  teulsche 
Lieder    mit    drey    Stimmen,    lieblich    zu 
singen,  und  auf  allerley  Instrumenten  zu 
gebrauchen  (Nouvelles  chansons  allemandes  à 
trois  voix,  agréables  à  chanter  et  à  jouer  sur 
toute    espèce    d'instruments);    ibid.,    1572, 
in-4°  obi.  0°  Neue  teulsche  Lieder  mit  drey 
Stimmen  ivelche  lieblich  zu  singen  und  auf 
allerley  instrumenten  zu  gebrauchen  (Nou- 
velles chansons  allemandes  à  trois  voix,  les- 
quelles sont  agréables  à  chauler  et  à  jouer  sur 
toutes  sortes  d'instruments);  ibid.,  1573,  in-4? 
obi.  7"  Muleta?  aliquot  sucra?  quatuor  vocum, 
qux  cum  vivx  voci,  tum  omnis  generis  in- 
str timent is  musicis  commodâsime  applicari 
possunt;  ibid.,  1574,  in-4"  obi.  8"  Teulsche 
Liedlein  mit  drey  Stimmen  zu  singen  und 
zu   gebrauche    auf  allerley    instrumenten 
(Petites  chansons  allemandes  à  trois  voix  etc.): 
ibid.,  1570,  in-4"  obi.  9°  Cinq  motets,  deux 
madrigaux,  deux  chansons  françaises  et  quatre 
chansons  allemandes,  à  cinq  et  à  huit  voix; 
*'6à/.;157G,  in-4°obl.  \Qa  Neue  teulsche  geist- 
liche  und  weltliche  Lieder  mit  fiinf  Stim- 
men,  zu  singen,  etc.    (Nouvelles  chansons 
allemandes,  spirituelles  et   mondaines,  pour 
chanter  à  cinq  voix,  etc.);  ibid.,  1582,  in-4» 
obi.    11°    Neive  teulsche  Lieder  mit    drey 
Stimmen  (Nouvelles  chansons  allemandes  à 
trois  voix);  ibid.,  1591,  in-4"  obi. 

VENTO  (Matthias),  compositeur,  né  à 
Naples,  en  1739,  lit  ses  éludes  musicales  au 
conservatoire  de  Lorelo,  et  commença  sa  ré- 
putation par  les  opéras  suivants  :  1°  Il  Bacio. 
2° La  Conquista  del  Messico.ô'> Demofoonte. 
4"  Sofonisba,  et  5"  La  Vestale.  Appelé  à 
Londres,  en  1703,  il  y  publia  de  la  musique  de 
clavecin  el  des  canzoneltes  italiennes  qui  eu- 
rent du  succès.  En  1771,  il  écrivit  Arlaserse, 
pour  la  société  harmonique  (Harmonie  mee- 
ting), établie  en  opposition  à  l'Opéra  et  di- 
rigée par  Giardini  :  cet  ouvrage  ne  réussit 
pas.  Vento  gagnait  beaucoup  d'argent  et  vivait 
avec  beaucoup  de  parcimonie,  ce  qui  fil  croire 
qu'il  était  riche;  cependant  lorsqu'il  mourut, 
en  1777,  on  ne  put  rien  trouver  de  ce  qu'il 
avait  amassé,  et  sa  femme  ainsi  que  sa  mère 
n'eurent  d'autre  ressource,  pour  vivre,  que  le 
travail  de  leurs  mains.  On  a  gravé  de  la  com- 
position de  Vento  à  Paris  et  à  Londres  :  1°  Six 
trios  pour  deux  violons  el  basse,  op.  1 .  2°  Six 
trios  pour  clavecin,  op,  2.  3"  Six  sonales  pour 
clavecin,  op.  4.  4°  Six  trios  pour  clavecin, 
violon  cl  violoncelle,  op.  5.  5"  Six  idem,  op.  0. 
G°  Six  idem,  op.  7.  7°  Six  idem,  op.  8.  8°  Six 
idem,  op.  9.  9"  Six  idem,  op.  12.  10"  Six  can- 


818 


VEiNTO  -  VERAC1NI 


zoneltes    italiennes  pour    une  et  deux  voix, 
op.  3.  11°  Six  idem.  op.  10. 

VENTUUELLI  (Joseph),  compositeur  et 
organiste,  naquit  à  Rubiera  dans  le  duché  de 
Modène,  en  1711,  et  mourut  à  Modène,  le 
ôl  mai  1775,  à  l'âge  de  soixante-quatre  ans. 
Riccardo  Broschi  (voyez  ce  nom)  avait  été  son 
maître  de  contrepoint.  Devenu  habile  dans 
l'art  d'écrire,  Venlurelli  composa,  à  l'âge  de 
vingt-deux  ans,  une  messe  àqualre  voix  avec 
instruments, qui  fut  exécutée  en  1733  dans  la 
cathédrale  de  Modène  et  commença  sa  réputa- 
tion. Toutefois,  plussavanlmusicienqu'homme 
de  génie,  il  échoua  bientôt  après  dans  l'entre- 
prise d'un  Slqfrat  Mater  à  trois  voix  avec 
instruments,  qu'il  croyait  destiné  à  balancer 
la  renommée  de  celui  de  Pergolèse  et  qui  ne 
réussit  pas;  ce  qui  n'empêcha  pas  que  le  duc 
Rinaldo  le  chargea  de  mettre  en  musique 
La  Passione  di  Gesu  Cristo,  de  Métastase, -à 
quatre  voix  et  instruments.  Cet  ouvrage  fut 
exécuté  à  la  cour  en  1755.  En  1741,  Venlu- 
relli fit  représenter  au  théâtre  de  Jlodène 
l'opéra  bouffe  intitulé  :  II  Matrimonio  dis- 
graziato.  Il  y  donna  aussi,  en  1755,  La  Mo- 
glie  alla  moda,  intermède  à  deux  personnages 
dans  la  forme  alors  en  vogue.  Cet  artiste  a 
laissé  en  manuscrit  un  grand  nombre  d'airs 
écrits  pour  être  introduits  dans  divers  opéras, 
beaucoupde  psaumes,  Hymnes,  Tantum  ergo, 
motels,  messes,  cantates,  symphonies  et  con- 
certos pour  divers  instruments.  En  1774,  un 
an  avant  sa  mort,  il  voulut  tenler  un  nouvel 
essai  de  lutte  avec  le  génie  de  Pergolèse,  et. 
écrivit  un  second  Stabal  Mater  à  trois  voix  et 
instruments,  qui  fut  plus  malheureux  encore 
que  le  premier. 

VEIMJA(Frf.déric-Marc-Antoine),  violo- 
niste et  compositeur,  né  à  Paris  en  1788,  d'une 
famille  italienne,  commença  l'étude  de  la  mu- 
sique dès  ses  premières  années.  En  1800,  il 
fut  admis  au  Conservatoire  de  cette  ville 
comme  élève  de  Baillot,  pour  le  violon.  Le  dé- 
part de  cet  artiste  célèbre  pour  la  Russie  ayant 
laissé  son  élève  abandonné  à  lui-même,  les 
parents  de  M.  Venua  profilèrent  des  relations 
rétablies  entre  la  France  et  l'Angleterre  par  la 
courte  paix  d'Amiens,  et  allèrent  se  fixer  à 
Londres  en  1803.  Leur  fils  y  reçut  des  leçons 
de  composition  de  son  compatriote  Lanza 
(voyez  ce  nom),  et  eut  quelques  conseils  de 
Wintcr.  Devenu  chef  d'orchestre  pour  les  bal- 
lets au  théâtre  du  Roi,  à  Londres,  M.  Venua 
lut  chargé  de  la  composition  de  la  musique  des 
pièces  de  ce  genre  et  resta  en  possession  de 
cet  emploi  pendant  une  longue  suite  d'années. 


Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on  remarque  le 
ballet  de  Flore  et  Zéphire  (de  Didelot),  qui  fut 
joué  à  l'Opéra  de  Paris  en  181G,  et  obtint  un 
succès  de  vogue  pendant  plusieurs  années. 
M.  Venua  n'a  cessé  d'habiter  Londres  pendant 
environ  soixante  ans  et  y  a  joui  de  beaucoup 
d'estime. 

VÉN Y  (Auguste),  né  le  30  septembre  1801 
à  Méru  (département  de  l'Oise),  fut  admis  au 
Conservatoire  de  Paris,  le  12  avril  1816, 
comme  élève  de  M.  Vogt  pour  le  hautbois,  et 
fit,  sous  la  direction  de  M.  Barbereau,  des 
études  de  contrepoint  et  de  fugue.  En  1818,  il 
obtint  au  concours  le  second  prix  de  haut- 
bois; le  premier  ne  lui  fut  pas  décerné,  quoi- 
qu'il soit  resté  dans  la  classe  de  son  pro- 
fesseur jusqu'en  1823.  En  1819,  il  entra  à 
l'orchestre  de  l'Opéra  italien  en  qualité  de 
second  hautbois,  et  en  1822  il  passa  à  celui  de 
l'Opéra  dans  la  même  position  :  il  y  resta  jus- 
qu'en 1842,  où  il  prit  sa  retraite.  Cet  artiste 
s'est  particulièrement  distingué  par  la  manière 
déjouer  le  cor  anglais,  dont  il  avait  fait  une 
étude  spéciale.  On  a  de  lui  deux  livres  de  mé- 
langes pour  hautbois  et  piano  concertants, 
sous  le  titre  de  Souvenirs  des  Bouffes;  Paris, 
Henri  Lemoine.  Il  a  publié  aussi  une  Fantai- 
sie pour  hautbois  et  piano  sur  des  thèmes  de 
Richard,  ibid.;  Fantaisie  sur  le  Roid'Yvetot; 
Paris,  Meissonnier;  et  Fantaisie  pour  haut- 
bois ou  cor  anglais  et  piano  sur  les  thèmes 
de  Régine  ;  Paris,  Brandus. 

VER  ACINI  (Antoine),  violoniste,  né  à  Flo- 
rence, vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Sonate  a  tre,  due 
violini  e  violone,  o  arciliuto  col  basso  conti- 
nuo  per  l'organo;  op.  1,  Florence,  1062;  cet 
ouvrage  a  été  réimprimé  à  Amsterdam  chez 
Roger,  in-4°  obi.  2°  Sonate  da  Chiesa  a  vio- 
lino  e  violoncello  o  basso  continuo,  op.  2j 
Amsterdam,  Roger.  3°  Sonate  da  caméra  a 
due  violini  e  violone,  o  arciliuto  col  basso 
continuo  per  cembalo,  op.  3,  ibid. 

VERACINI  (François-Marie),  neveu  du 
précédent  et  son  élève,  fut  considéré  en  Italie 
comme  le  plus  habile  violoniste  de  son  temps, 
après  la  mort  de  Corelli.  Il  naquit  à  Florence 
vers  l'année  1685.  A  l'âge  de  vingt-neuf  ans, 
il  se  rendit  à  Venise  et  s'y  fit  entendre  avec  un 
si  brillant  succès,  que  Tarlini,  désespérant  de 
lutter  contre  lui  avec  quelque  avantage,  se 
relira  à  Ancône,  pour  s'y  livrer  à  de  nouvelles 
éludes  (voyez  Tartini).  Dans  la  même  année 
(1714),  Veracini  fit  un  premier  voyage  à  Lon- 
dres et  yjouadans  les  enlr'acies  de  l'Opéra.  Il 
y  fit  la  plus  vive  sensation,  et  y  vécut  pendant 


VERACIM  -  VERDELOT 


319 


deux  ans  considéré  comme  un  prodige  d'habi- 
lelé.  Arrivé  à  Dresde  en   1720,   il  obtint  les 
titres  de  compositeur  et  de  virtuose  de  la  mu- 
sique particulière  du  roi  de  Pologne.  Malheu- 
reusement son    orgueil,   égal   à  son  talent, 
blessa  dans  plusieurs  occasions  l'amour-propre 
des  artistes  de  celte  musique,  particulièrement 
dePisendel,  maître  de  concerts  du  roi.  Celui- 
ci  résolut  de  se  venger,  et  fit  étudier  avec  soin 
un  de  ses  concertos  par  un  des  plus  médiocres 
violonistes  de  l'orchestre,  jusqu'à  ce  qu'il  le 
jouât  parfaitement;   puis,  suivant  l'usage  de 
celle  époque,  il  porta,  devant  le  roi,  le  défi  à 
Veracini  de  jouer  ce  concerto  à  première  vue. 
Le  virtuose  se  lira  honorablement  de   cette 
épreuve,  mais  le  ripiéniste  le  joua  après  lui 
avec  la  sûreté  et  le  fini  qu'on  ne  peut  avoir 
dans  un  solo  qu'après  l'avoir  étudié.  L'humi- 
liation que  Veracini  en  éprouva  fut  si  vive,  qu'il 
tomba  sérieusement  malade.  Dans  un  accès  de 
•  de  fièvre  chaude,  il  se  jeta  parla  fenêtre  de  sa 
chambre,  le  15  août  1722,  et  fut  assez  heureux 
pour  ne  se  casser  que  la  jambe.  Après  sa  gué- 
rison,   il  s'éloigna  de  Dresde,  et  se  rendit  à 
Prague,  où  il  entra  au  service  du  comte  de 
Kinsky.  Après  un  long  séjour  en  Bohème,  il 
alla  de  nouveau  en  Angleterre,  et  donna  des 
concerts  à  Londres,  en  1750;  mais  il  n'y  eut 
plus  le  même  succès.  On  lui  trouva  le  style 
vieux,  et  la  comparaison  de  son  talent  avec 
celui  de  Geminiani  ne  lui  fut  pas  favorable. 
De  retour  en  Italie,  en  1747,  il  se  retira  près 
de  Pise,  dans  une  modeste  demeure,  et  y  mou- 
rut vers  1750.  On  a  gravé  à  Dresde  et  à  Ams- 
terdam deux  recueils  de  douze  sonates  pour 
violon  et  basse  de  sa  composition.  Il  a  laissé 
aussi  en  manuscrit  quelques  coucerlos,  et  des 
symphonies  pour  deux  violons,  viole,  violon- 
celle et  basse  continue  pour  le  clavecin. 

VERBONNET,  musicien  vraisemblement 
belge,  de  la  fin  du  quinzième  siècle  et  du  com- 
mencement du  seizième,  fut  élève  de  Jean 
Okeghem,  ainsi  que  nous  l'apprennent  ces 
vers  de  Guillaume  Crétin  (voyez  Okeghem), 
dont  Guillaume  Crespel  a  fait  une  déploration 
m  musique  : 

Agricola,  Verbonnet,  Prioris, 

Josquin  Desprez,  Gaspar,  Brumel,  Compère, 

Ne  parlez  plus  de  joyeux  cliantz  ne  ris, 

Mais  composez  ung  Ne  recorderis, 

Tour  lamenter  nostre  maistre  et  bon  père. 

Le  nom  de  Verbonnet  ne  serait  connu  que  par 
ces  vers,  et  l'on  ne  saurait  rien  de  son  mérite, 
si  un  morceau  de  sa  composition,  à  quatre 
voix,  n'avait  été  conservé  dans  le  rarissime 
recueil  qui  a  pour  titre  :  Sekctissim&  nec  j 


non  familiarissimaB  Cantiones  tdtra  cen- 
turn,  etc..  à  sex  usque  ad  duas  voees;  Au- 
guste Findelicorum,  Melchior  Kriesstein 
excudebat,  1540,  petit  in-8»  obi. 

"VEKDELOT     (Philippe),      compositeur 
belge,  né  vers  la  fin  du  quinzième  siècle,  avait 
déjà  de  la  célébrité  en  Italie,  dès  1526,  puis- 
que, dans  celle  même  année,  parut  à  Rome, 
chez  Jacques  Junte,  un  recueil  dont  il   sera 
pat  lé  plus  loin,  lequel  contient  un   motet  à 
quatre  voix  de  cet  artiste.  En  France,  il  était 
également  renommé  avant  1530,  car  Pierre 
Altaingnant  mit  à  celte  époque  quelques-unes 
des  compositions  de  Verdelot  dans  ses  recueils 
de  motels  et  de  chansons  des  plus  célèbres  mu- 
siciens qui  vécurent  sous  le  règne  de  Fran- 
çois  Ier.    On    n'a     que  des    renseignements 
insuffisants  sur  les  emplois  de  ce  musicien, 
jusqu'au  moment  où  cette   notice  est  écrite. 
M.  Caffi  (Storia    délia    musica  sacra  nella 
già  Cappella  ducale  di  San  Marco,  etc.,  t.  II, 
p.  31)  dit  qu'il  a  trouvé  son  nom  dans  la  liste 
des   simples    chanteurs   de    la  cathédrale   de 
Venise.    Suivant   Vasari  (Vie  des  peintres), 
Verdelot  aurait  été  maître  de  chapelle  de  la 
seigneurie  de  Venise;  mais  il  ne  le  fut  jamais. 
Guicciardini  le  place,  dans  sa  Description  des 
Pays-Bas,  au  nombre  des  artistes  belges  qui 
avaient  cessé  de  vivre  en  15G7.  Verdelot  a  vécu 
à    Florence,  au    moins   pendant   un   certain 
temps,  car  Cosme  Barloli  dit  de  lui,  dans  ses 
Eagionamenti  academici  sopra  alcuni  luoghi 
difficili  di  Dante  (lib.  III,  fol.  50)  :  «  ...  Et 
»  déjà  vous  savez  qu'à  Florence  Verdelot  élait 
»  mon  grand  ami.  Je  désirerais  dire  de  lui,  si 
»  je  n'étais  retenu  par  l'amitié  qui  nous  unis- 
»  sait,  qu'il   y  eut,  comme  véritablement  il 
»  y  a,  une  infinité  de  ses  compositions  de  mu- 
»  siqlie  qui,  aujourd'hui  encore,  font  nailre 
»  l'admiration  des  compositeurs  les  plus  expé- 
»  rimenlés  (1).   »  Mais  si  le  séjour  de  Verde- 
lot à  Florence,  vers  1550-1540,  n'esl  pas  dou- 
teux, il  n'en  est  pas  de  même  à  l'égard  de  la 
position  qu'il  y  occupa.  On  ne  trouve  aucune 
menlion  de  lui  dans  les  livres  de  Poccianti 
ctdeNegri    sur  les  écrivains  florentins.  Zar- 
lino,  Pierre  Ponzio   et  Vincent     Galileo  ne 
parlent   de  Verdelol  qu'avec  la  plus  grande 
estime;    ce  dernier  lui  donne  la  qualification 
d'excellent,  dans  son  Fronimo,  et  y  reproduit 
deux  morceaux  tirés  de  ses  oeuvres    et    ar- 

(I) Et  già  sapete  che  in  Firenze  Verdelotlo  era 

mio  amicissimo  del  quale  io  arclirci  di  dire ,  se  io  non 
avessi  rispetto  alla  amicitia,  che  liavevano  insieme,  elle 
ci  fussino,  corne  in  vero  ci  sono,  infiniti  composizioni  di 
musica,  clie  ancor  Iioggi  fanno  miravigliare  i  piu  giudi- 
ziosi  conijiosilori  clic  si  sierio. 


320 


VERDELOT 


rangés  en  tablature  «le  luth;  mais  aucun 
•le  ces  auteurs  ne  fournit  de  renseignements 
sur  la  situation  dans  laquelle  vécut  en  Italie 
le  célèbre  musicien  belge. 

Les  recueils  de  compositions  de  cet  artiste 
sont  devenus  fort  rares,  cl  ce  qu'on  en  trouve 
est  presque  toujours  incomplet  de  quelque 
voix,  quoiqu'il  en  ait  été  fait  de  nombreuses 
éditions  qui  prouvent  la  vogue  dont  ces  ouvra- 
ges ont  joui,  et  l'usage  universel  qu'on  en  a 
l'ail.  Il  existe,  sans  aucun  doute,  des  éditions 
des  madrigaux  à  quatre  ou  cinq  voix  deYer- 
ilelot  antérieures  à  1530,  mais  on  n'en  trouve 
de  (race  dans  aucun  catalogue  venu  à  ma  con- 
naissance. L'exislence  de  ces  éditions  est  dé- 
montrée par  un  livre  de  tablature  de  lutb  qui 
se  trouve  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Vienne 
et  qui  a  pour  litre  :  Intuvolalura  de  li  Madri- 
fjalidi  Verdelollo  da  cantare  et  sonare  nel 
litilo }  inlavolati per  Messer  Adriano,  nova- 
menlestampalo;  sans  nom  de  ville,  mais  avec 
la  date  de  153G  et  les  initiales  0.  S.  M.  (Octa- 
vienScotto  de  Monza,  imprimeur  de  musique 
à  Venise,  Voyez  Scotto).  Il  est  évident  que 
cette  tablature  n'a  élé  faite  qu'après  la  publi- 
cation des  madrigaux  de  Verdelot,  pour  les 
voix.  Les  plus  anciennes  éditions  connues  au- 
jourd'hui sont  celles-ci  :  1°  Verdelotlo,  Ma- 
drigali  à  4  voci.  In  Venelia,par  Oltaviano 
Scotto,  1537,  in-4"  obi.  (on  en  trouve  un 
exemplaire  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire 
de  Bologne).  2°  Il  secondo  libro  de  Madriguli 
di  Verdelotlo  insicme  con  aîcuni  altri  bellis- 
simi  Madrigali  di  Adriano  (Willacrl)  et  di 
Conslanlio  Fcsta.  Sans  nom  de  lieu,  1537.  Ce 
recueil  contient  vingt-cinq  madrigaux.  Il  esta 
la  Bibliothèque  royale  de  Munich.  5°  II  terzo 
libro  di  Madrigali  di  Verdelollo.  Sans  nom 
de  lieu,  1537  (à  la  même  bibliothèque).  4"  Dci 
Madrigali  di  Verdelollo  et  d'altri  autori 
a  cinque  voci  libro  secondo.  Sans  nom  de 
lieu,  1538  (vingt-deux  madrigaux.  A  la  même 
bibliothèque).  Bien  queces  recueils  soient  sans 
nom  de  ville,  les  caractères  de  musique  sont 
évidemment  ceux  dont  s'est  servi  à  Venise 
Oltaviano  Scollo,  et  l'on  ne  peut  douter  qu'ils 
ne  soient  sortis  de  ses  presses.  5°  Verdelot. 
La  pin  divina  et  piu  bella  musica  ,  cite 
se  udisse  giamai  delli  presenti  Madrigali  a 
sei  voci.  Composli  per  lo  ecccllenlissimo 
Verdelot,  et  altri  musici,  non  più  stampali, 
et  con  ogni  diligenlia  correlti.  Novamente 
posti  in  luce.  154 1 .  Venetiis,  apud  Ant.  Gar- 
dane,  petit  in-4"  obi.  (trente  et  un  madri- 
gaux).G"  Le  dotte  et  eccellenlissime  composi- 
tion) dei  Madrigali  di  Verdelot,  a  cinque 


voci,  et  da  diversipcrfeltissimi musici  fatle, 
Novamente  ristampate,  et  con  ogni  diligen- 
lia carrelle.  Excudebat  Venctiis,  apud  Ant. 
Gardane,  1541,  petit  in-4"  obi.  (quarante- 
trois  madrigaux).   7°  Di    Verdelot    tutti  li 
Madrigali  ciel  primo  et  secondo  libro,  a  quat- 
tro    voci.    Novamente    ristampali ,   et  da 
molli  errori  emendati.  Con  la  giunta  dei 
Madrigali  a  cinque  voci  dei  medesimo  au- 
lore.   Aggiunlovi  ancora   altri  Madrigali 
novamente  composa    da    Messer   Adriano 
(Willaerl);  et  de  altri   eccellentissimi    mu-* 
sici.  Venetiis ,  apud  Antonium  Gardane, 
1541.   Petit  in-4°  obi.   (soixante-huit  madri- 
gaux).   Une    autre    édition    des    deux   pre- 
miers livres  de  madrigaux  à  quatre  voix  de 
Verdelot  avec  les  madrigaux  à  cinq  voix  avait 
élé  publiée  en  1540  chez  Jérôme  Scotto,  à  Ve- 
nise,   sous   un   litre    exactement    semblable. 
8°  Verdelot.  A  qualtro  voci.  Venetiis,  apud 
Ant.  Gardane,  1541.  Petit  in-4"  obi.  (trente- 
six  madrigaux;  c'est  un  choix  de  pièces  des 
deux  premiers  livres  à  quatre  voix).  9°  Ma- 
drigali di  diversi  autori.  Venclia  appresso 
Antonio  Gardane,  154G,  petit  in-4"  obi.  Ce 
recueil  n'est  qu'une  nouvelle  édition  du  n°  5, 
quoique  l'imprimeur  n'ait  pas  mis  au  fronti- 
spice nuovamenle  ristampati.  Le  même  édi- 
teuren  a  donné  une  troisième  édition  en  J 5G I j, 
in-4°  obi.  Antoine  Gardane  a  donné  aussi  de 
nouvelles  éditions  des  deux  premiers  livres  de 
madrigaux  à  quatre  voix  de  Verdelot,  en  155Get 
15G0.  Il  y  a  enfin  une  édition  des  mêmes  livres 
réunis  sous  ce  litre  :   Tiilti  li  Madrigali  dei 
Verdelot  a  4  voci,  correlti  da  Claudio  da 
Corrcgio.  Venetia,  presso  Claudio  daCor- 
reggio,  15GG,  in-4".  10"  Philippi  ïerdeloli 
Electiones  diversorumMottetlorum  distincts 
quatuor  vocibus,  nunc   primum  in  lucem 
missx.   Et  quorundam  musicantium  alio- 
rum    Medilationes    musices     dulcissimœ. 
Venetiis, apud  Antonium  Gardunum, 1549, 
in-4"  obi.  Ce  recueil  de  motels  de  Verdelot  est 
le  seul  que  je  connaisse,  quoiqu'il  en  ait  écrit 
un  grand  nombre  répandus  dans  les  recueils 
publiés  en  Fiance,  en  Belgique,  en  Italie  et 
en  Allemagne.  Parmi  ces  recueils,  on  remarque 
ceux-ci  :  1°  Motettidel  Fiore.  Primus  Liber 
cum  quatuor  vocibus.  Impressum  Lugduni 
per  Jacobum  Modernum  de  Pinguenlo,  1532, 
in-4°.  —  2°  Idem.  Liber  secundus  quatuor 
vocibus.  Sans  nom  de  lieu  et  sans  date  (Lyon, 
Jacques  Moderne,  1535). —  5°  Liber  primus, 
quinque  et  viginli  musicales  quatuor  vocum 
Motetos  complectitur.  Purisiis,  apud Petrum 
Altaingnantj  1534.  —  4°  Liber  secundus: 


VERDELOT  -  VERDÎ 


sa 


quatuor  et  viginti  musicales  quatuor  vocum 
Moletos  habet;  ibid.,  1554. — 5°  Liber  tertius 
viginti  musicales  quinque, sexvel  octovocum 
motetos  habet;  ibid.,  1534.  — G0  Liber  quar- 
tus:  XXIX  musicales  quatuor  vel  quinque 
parium  vocummodulos  habet;  ibid.,  1554. — 
7°  Liber  decimus  :  Passiones  Dominice  in 
Ramis  palmarum,  veneris  sancte;  nec  non 
lectiones  feriarum  quinte,  sexte  ac  sabbati 
hebdomade  sancte  ;  ibid.,  1554.  —  8°  Liber 
undecimus.  XXVI  musicales  habet  modulos 
quatuor  et  quinque  vocibus  edilos;  ibid., 
1554.  —  9°  IVovum  et  insigne  opus  musicum 
sex,  quinque  et  quatuor  vocum,  etc.  ;  Nori- 
bergx,  arte  Hieronymi  Graphei,  1537.  — 
1Q°Selectissimarum  Motetarum  partimquin- 
que,  partim  quatuor  vocum.  Tomusprimus. 
D.  Georgio  Forstero  selectore  Imprimebat 
Peireius  Norimbergx,  1540.  — 11°  Evan- 
gelia  Dominicorum  festorum  dierummusicis 
numeris  pulcherrime  cotnpreliensaetornata. 
Tomi  sex.  Noribergœ  in  ofjicina  Johannis 
Montant  et  Ulrici  Neuberi,  1554,  iu-4°obl. 
—  12°  Psahnorum  selectorum  a  prœstan- 
tissimis  hujus  noslri  temporis  in  arte  musica 
artificibus  in  harmonia  quatuor,  quinque 
et  sex  vocum  redactorum;  ibid.,  1555,  Tomi 
quatuor.  —  13°  Le  neufvième  livre  auquel 
sont  contenues  trente  et  huyt  chansons  musi- 
cales  à  quatre  parties  nouvellement  impri- 
mées, à  Paris,  par  Pierre  Attaignant ,  1529, 
in-8°  obi.  La  collection  de  musique  d'anciens 
auteurs  en  partition  qui  se  trouve  à  la  biblio- 
thèque du  Conservatoire  de  Paris,  sous  le  nom 
de  Collection  Eler ,  renferme  un  motet  à  cinq 
voix  du  même  auteur  (Si  bona  suscepimus), 
et  le  canon  à  huit  voix  :  Qui  dira  la  peine. 
On  trouve  des  messes  de  Verdelol  dans  le 
volume  38e  des  archives  de  la  chapelle  pontifi- 
cale de  Rome,  en  manuscrit.  Un  motet  à  quatre 
voixdece musicien (Tanlo tempore  vobiscum) 
est  contenu  dans  un  beau  manuscrit  de  la 
bibliothèque  de  Cambrai,  coté  124.  On  trouve 
aussi  le  nom  de  Verdelot  avec  son  prénom  dans 
une  collection  qui  a  pour  titre  :  Le  dixiesme 
livre  des  chansons  à  quatre  parties  contenant 
la  bataille  de  Clément  Jannequin,  avecq  la 
cinquiesme  partie  de  Philippe  Verdelot  si 
placet,  et  deux  chasses  de  lièvre  à  quatre 
parties  et  le  chant  des  oiseaux  à  trois.  Impri- 
mées à  Anvers  par  Tilman  Susalo,  imprimeur 
et  correcteur  de  musique,  demeurant  auprès 
de  la  Nouvelle  Bourse,  l'an  1545,  in-4°.  Une 
messe  de  Verdelot  à  quatre  voix,  intitulée 
Philomena,  se  trouve  dans  un  recueil  qui  a 
pour  litre:  Missarum  quinque  liber  primus, 

BlOCn.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


cum  quatuor  vocibus  ex  diversis  authoribus 
excellentissimis  noviterin  unum  conge»tus. 
Venetiis,  apud  Hieronymum  Scotum,  1544. 
VERDI(Joseph),  compositeur  dramatique, 
est  né  le  9  octobre  1814,  à  Busseto,  bourg  du 
duché  de  Parme,  à  six  lieues  environ  de  cette 
ville,  et  autant  de  Plaisance.  Un  organiste  de 
cette  localité,  nommé  Provesi,  lui  donna  les 
premières  leçons  de  musique  et  l'initia  aux 
éléments  de  l'harmonie.  Après  quelques 
années  employées  en  essais  de  composition,  où 
son  instinct  avait  plus  de  part  que  l'insuffisant 
enseignement  de  son  professeur,  Verdi  com- 
prit la  nécessité  d'une  instruction  plus  solide, 
dont  il  n'espérait  trouver  la  source  que  dans 
une  grande  ville;  mais  né  d'une  famille  peu 
aisée,  il  ne  pouvait  obtenir  d'elle  les  ressources 
nécessaires  pour  y  vivre  pendant  le  temps  de 
ses  études.  Cependant  il  touchait  à  sa  dix-neu- 
vième année,  et  il  n'y  avait  pas  de  temps  à 
perdre  pour  atteindre  son  but.  Ce  fut  alors 
qu'un  de  ses  concitoyens,  M.  Antonio  Barezzi, 
persuadé  qu'il  y  avait  dans  ce  jeune  homme 
une  célébrité  future,  lui  offrit  de  pourvoir  à 
son  entretien  jusqu'au  moment  où  lui-même 
se  créerait  des  moyens  d'existence  par  son  ta- 
lent. Touché  de  cette  offre  généreuse,  Verdi 
accepta  avec  reconnaissance  et  se  rendit  à 
Milan,  où  il  arriva  dans  l'été  de  1833.11  s'était 
proposé  d'entrer  au  Conservatoire  de  cette 
ville  ;  mais  il  n'y  fut  pas  admis.  On  a  pris  plus 
tard  occasion  de  cette  circonstance  pour  faire 
unedeces  sorties  si  fréquentes  contre  les  con- 
servatoires et  les  écoles;  car  cette  niaiserie  est 
un  des  lieux  communs  de  la  critique  vul- 
gaire. Ceux  qui  ont  intenté  ce  procès  au  Con- 
servatoire de  Milan  ignorent  que  son  chef  était 
alors  Francesco  Basili,  un  des  derniers 
maîtres  produits  par  la  grande  école  du  dix- 
huitième  siècle,  et  artiste  de  grande  valeur 
(voyez  Basili).  Il  est  à  peu  près  certain  que 
Basili  chercha  dans  l'aspect  de  Verdi  quelque 
indication  de  ses  facultés  d'artiste;  car  c'est 
par  là  qu'un  chef  d'école  peut,  dans  la  plupart 
des  cas,  apprécier  les  chances  d'avenir  d'un 
élève  aspirant  :  or  pour  quiconque  a  vu  l'au- 
teur de  Rigoletto  etd'î7  Trovalore,  ou  seule- 
ment son  portrait,  il  est  évident  que  jamais 
physionomie  de  compositeur  ne  fut  moins  ré- 
vélatrice du  talent.  Cet  extérieur  glacé,  cette 
impassibilité  des  traits  et  de  l'attitude,  ces 
lèvres  minces,  cet  ensemble  d'acier,  peuvent 
bien  indiquer  l'intelligence;  un  diplomate 
pourrait  être  caché  là-dessous;  mais  personne 
n'y  pourrait  découvrir  ces  mouvements  pas- 
sionnés de  l'âme  qui,  seuls,  président  à  la 

21 


322 


VERDI 


création  des  belles  œuvres  du  plus  émouvant 
des  arts.  N'ayant  pas  été  reçu  dans  les  classes 
d'harmonie  et  de  composition  du  Conserva- 
toire, Verdi  choisit  pour  maître  Lavigna 
(voyez  ce  nom),  alors  maestro  al  cembalo  du 
théâtre  de  la  Scala.  Comme  la  plupart  des 
maîtres -de  cette  époque,  Lavigna  avait  une 
méthode  d'enseignement  toute  pratique:  il  fai- 
sait écrire  par  son  élève  des  morceaux  sur  divers 
sujets,  et  il  se  bornait  à  en  corriger  les  fautes. 
Après  trois  années  d'études  de  ce  genre,  Verdi 
écrivit  de  la  musique  de  piano,  des  marches  et 
pas  redoublés  pour  musique  militaire,  des  ou- 
vertures (sinfonie), des  sérénades, des  cantates, 
des  morceaux  de  chant,  un  Stabat  Mater  et 
quelques  autres  morceaux  de  musique  reli- 
gieuse :  tout  cela  est  resté  inédit. 

Le  début  de  sa  carrière  de  compositeur  dra- 
matique se  fit  le  17  novembre  1839,  au  théâtre 
de  la  Scala  de  Milan,  par  Oberto  conte  di  San 
Boni  fazio,  opéra  rempli  de  réminiscences  des 
ouvrages  de  Bellini,  particulièrement  de  la 
Norma,  et  en  général  mal  écrit,  mais  où  il  y 
avait  quelques  bonnes  choses  empreintes  de 
caractère  dramatique,  entre  autres  un 
quatuor  au  second  acte,  qui  décida  le  succès  de 
l'ouvrage.  Dans  ce  morceau  même,  il  y  a  bien 
des  maladresses  d'écolier,  par  exemple  des 
successions  d'accords  parfaits  majeurs  mon- 
tant d'un  degré,  où  se  trouvent  réunies  toutes 
les  fautes  de  tonalité  qu'on  puisse  accumuler; 
mais  le  sentiment  est  énergique  et  l'effet  scé- 
nique  entraînant  :  il  n'en  faut  pas  davantage 
pour  le  public  qui  n'entend  rien  aux  finesses 
de  l'art.  Un  Giorno  di  regno,  traduit  du  vau- 
deville français  Le  faux  Stanislas,  fut  le 
second  opéra  écrit  par  Verdi.  Représenté 
au  théâtre  de  la  Scala,  au  mois  de  dé- 
cembre 1840,  il  tomba  et  ne  fut  donné  qu'une 
fois.  Le  correspondant  de  la  Gazette  géné- 
rale de  musique  de  Leipsick,  rendant  un 
compte  sommaire  de  cet  ouvrage,  le  définit  un 
bazar  de  réminiscences.  Après  le  naufrage 
de  cette  partition,  Verdi  éprouva  un  moment 
de  découragement;  cependant  il  accepta  du 
poêle  Solera  le  livret  de  Nabucodonosor ,  qui 
venait  d'être  refusé  par  Nicolaï,  de  Berlin, 
dont  le  Templario  avait  obtenu  récemment  de 
brillants  succès  à  Turin,  à  Gênes  et  à  Milan. 
Représenté  au  mois  de  mars  1842,  Nabucodo- 
nosor répara  brillamment  l'échec  d'î/n 
Giorno  di  regno  :  il  fut  le  premier  fondement 
de  la  renommée  de  l'artiste.  Un  certain  carac- 
tère grandiose  se  fait  remarquer  dans  cet  ou  - 
vrage.  Quand  je  l'entendis  à  Paris,  où  Ron- 
coni    se    montrait    excellent    dans    le    rôle 


principal,  je  crus  à  l'avenir  du  jeune  compo- 
siteur, en  dépit  des  réminiscences  de  formes  et 
d'idées  prises  çà  et  là,  surtout  dans  Rossini  et 
Donizetli,  et  de  certaines  vulgarités  dans  les 
cabaleltes.  Les  choses  originales,  véritable- 
ment trouvées,  n'y  sont  pas  abondantes;  mais 
j'y  trouvais  assez  d'heureux  effets  d'opposi- 
tion de  rhylhmes  et  de  coloris,  pour  espérer 
d'un  compositeur  de  vingt-huit  ans  des  con- 
ceptions plus  complètes,  lorsque  l'expérience 
aurait  développé,  fortifié  ses  qualités  person- 
nelles. Après  le  Nabucodonosor  vint  l'opéra 
/  Lombardi  alla  prima  Crociata,  représenté 
à  Milan  au  mois  de  février  1843.  Le  succès  eut 
encore  plus  d'éclat  que  celui  de  l'ouvrage  pré- 
cédent. Les  mêmes  qualités,  les  mêmes  défauts 
s'y  trouvent  à  peu  près  dans  les  mêmes 
proportions;  cependant  il  y  a  dans  les  Lom- 
bardi quelques  morceaux  d'une  touche  plus 
ferme  que  dans  l'autre,  particulièrement  le 
trio  final  Quai  voluttà  trascorrere,  qui  a 
toujours  fait  naître  l'enthousiasme  des  specta- 
teurs italiens.  L'Ernani,  qui  succéda  aux 
Lombardi,  fut  représenté  à  Venise,  dans  le 
mois  de  mars  1844.  C'est  un  des  ouvrages  du 
maître  travaillés  avec  les  soins  les  plus  minu- 
tieux etdans  lesquels  son  intelligencede  l'effet 
scénique  s'est  manifestée  de  la  manière  la  plus 
évidente.  Le  charme  y  est  absent,  comme  dans 
ses  productions  précédentes,  mais  la  force 
dramatique  n'y  fait  pas  défaut;  elle  y  tombe 
même  dans  l'exagération  qui  est  inhérente  à 
sa  manière,  et  l'on  y  sent  une  certaine  ten- 
dance violente  et  révolutionnaire  qui  répond  à 
la  disposition  des  esprits  en  Italie  à  l'époque 
où  l'ouvrage  fut  produit.  De  là  le  succès  géné- 
ral A%Ernani  sur  les  scènes  delà  Péninsule; 
succès  que  celte  partition  ne  trouva  pas  alors 
dans  le  reste  de  l'Europe. 

Inférieur  à  YEmani,  le  drame  musical 
/  due  Foscari,  représenté  au  théâtre  Argen- 
tina  de  Rome  au  mois  de  novembre  1844,  fut 
froidement  accueilli.  Il  se  releva  plus  tard  et 
fut  joué  sur  la  plupart  des  scènes  italiennes, 
mais  sans  faire  naître  jamais  de  bien  vives 
sympathies.  Cet  opéra  fut,  pour  Verdi,  le  com- 
mencement d'une  phase  peu  fortunée  dans  sa 
carrière  dramatique,  car  il  fut  suivi  de  Gio- 
vanna  d'Arco,  joué  à  Milan,  au  mois  de  fé- 
vrier 1845,  et  qui  tomba;  de  YAlzira,  joué 
sans  succès  au  théâtre  San  Carlo  de  Naples, 
dans  la  même  année  ;  de  V Attila,  faible 
production  donnée  à  Venise,  au  mois  de  mars 
1846,  et  qui  n'eut  qu'une  courte  existence  à  la 
scène;  de  Macbeth,  mauvais  ouvrage  écrit 
pour  Florence,  représenté  au  mois  de  mars 


VERDI 


323 


1847,    et    presque   aussitôt    oublié;    enfin, 
d'IMasnadieri,  partition  écrite  pourLondres, 
où  elle  fut  mise  en  scène  sans  succès,  au  mois 
de  juillet  1847.  Après  celte  dernière  cliute, 
Verdi  se  rendit  à  Paris,  où  il  était  engagé  pour 
arranger  sa  partition  des  Lombardi  en  opéra 
français;  travail  malheureux  qui  a  donné  pour 
résultat  Jérusalem,  joué  à  l'Opéra  au  mois  de 
novembre  de  la  même  année,  et  dans  lequel, 
dénaturant  une  de  ses  meilleures  productions, 
transportant  les  morceaux  de  la  situation- pour 
laquelle  ils  avaient  été  faits  dans  d'autres  où 
ils  perdent  leur  signification,   le  compositeur 
a  intercalé  des  choses    prises  dans  d'autres 
partitions,  ou   des    morceaux  nouveaux.  Au 
nombre  de  ces  choses  nouvelles  est  la  scène 
monstrueuse  et  révoltante  de  la  dégradation 
de  Gaston  par  la  main  du   bourreau,  où  se 
trouve  un  air  mal  fait,  dépourvu  d'art,  dans 
lequel  une  longue  phrase  de  peu  de  valeur  est 
répétée  trois  fois  de  la   même  manière,  en 
montant  chaque  fois  d'un  ton.  Cette  pauvreté 
de  conception,  condamnée  dans  les  anciennes 
écoles  d'Italie,  était  désignée  autrefois  par  le 
nom  de  rosalie.  Le  professeur  A.  Basevi,  qui 
connaît  l'art  et  dont  on  ne  peut  méconnaître 
la  bienveillance  pour  Verdi,  a  dit  de  cet  ou- 
vrage (Sludio  suite  opère  di  Giuseppe  f'erdi, 
p.  131)  :  «  Sous  la  forme  de  Jérusalem,  les 
»  Lombardi   sont  à  peine  reconnaissables, 
»  ayant  perdu  leur  fraîcheur  et  leur  beauté. 
»  Il  en  devait  être  ainsi  quand  on  réfléchit 
»  que,   par  la    transformation    opérée,    les 
»  pensées    et    les    meilleures     scènes    sont 
«  changées  et  altérées;  que  l'action  est  trans- 
»  portée  d'un   climat  sous    un    autre  ;    que 
»  beaucoup  de  bons  morceaux  ont  disparu  ou 
»  sont  mutilés  ;    que   quelques-uns    ont  été 
«  privés  de  la  vie  et  de  l'énergie  qui  se  trouve 
»  dans  d'autres  ;  de  telle  sorte  qu'il  en  résulte 
»  un  travail  bouffi,  décousu,  et  privé  du  co- 
»  loris,  qui  est  un  des  plus  grands  mérites  des 
«  I^ombardi  (1).  »  En  dépit  de  ces  défauts, 
auxquels    j'en    pourrais     ajouter    plusieurs 
autres,   l'administration    de    l'Opéra    fit    un 
succès  momentané  à  la  triste  conception  de 


(I)  Sotto  il  semblante  delta  Jérusalem,  I  Lombardi 
sonoappena  riconoscibili  per  la  perduta  loro  freschezza 
ed  avvenanza.  E  cosi  doveva  succedere  quando  si  rifletta 
che,  per  la  operata  trasformazione,si  mutnrono  ed  alte- 
raron»  i  pensieri  c  le  scène  migliori;  venne  trasportale 
l'azione,  sotto  un  allro  cielo;  molti  lnioni  pezzi  dispar- 
vero  o  rimasero  mutilati;  ed  alcuni  furono  privati  di 
quella  vita  ed  energia  che  trovasi  negli  altri  ;  di  modo 
flic  resultô  un  lavoro  gonfio,  sconnesso,  e  senza  quel 
rolovito,  clic  l'orma  il  pregio  maggiore  de1  Lombardi. 


Jérusalem,  et  Verdi  retourna  en  Italie.  Il 
n'avait  pas  fini  avec  sa  mauvaise  veine  théâ- 
trale; car  II  Corsaro,  joué  à  Trieste  au  mois 
d'octobre  1848,  fit  un  fiasco;  la  Baltaglia  de 
Legnano,  représentée  à  Rome,  au  mois  de 
janvier  1849,  n'eut  qu'un  moment  d'existence 
et  tomba  dans  les  autres  villes;  enfin  Sti/felio, 
joué  à  Trieste  au  mois  de  novembre  1850,  ne 
réussit  pas.  Avant  ce  dernier  ouvrage,  Verdi 
avait  donné  à  N.iples,  au  mois  de  décembre 
1849,  Luisa  Miller,  production  supérieure  à 
toutes  celles  qu'il  avait  mises  en  scène  depuis 
1844.  On  y  trouve  un  quintette,  à  la  fin  du 
premier  acte,  qui  est  une  des  meilleures 
choses  écrites  par  le  compositeur.  La  partition 
de  luisa  Miller  est  restée  au  nombre  de  ses 
succès  en  Italie. 

L'année  1851  marqua  une  transformation 
dans  la  manièrede Verdi eteommença  l'époque 
de  sa  popularité  hors  de  sa  patrie.  Ce  fui  au  mois 
de  mars  de  celte  année  qu'il  donna  son  Rigolelto 
à  Venise.  Il  y  a  dans  cet  ouvrage  des  traits  de 
mélodie  mieux  sentis  que  dans  ses  productions 
précédentes  :  je  dis  des  traits  parce  que  le 
sentiment  de  la  mélodie  pure  n'estsouventque 
fugitif  dans  ses  partitions;  jamais  il  n'en  fait 
la  hase  d'un  morceau  entier.  Sa  phrase,  en  gé- 
néral, est  courle  ;  elle  se  complète  par  des  pro- 
cédés de  facture  ou  par  des  lieux  communs. 
Dans  Rigolelto  se  rencontrent  ça  et  là  des 
phrases  d'un  bon  sentiment.  L'air  de  Rigo- 
lelto au  second  acte  et  le  duo  qui  le  suit  ont  le 
caractère  dramatique,  ainsi  que  le  qualuor  du 
troisième  acle.  Après  Rigoletto  vint  UTrova- 
tore,  représenté  à  Rome,  dans  le  mois  dejanvier 
1855.  La  scène  du  Miserere  a  fait  la  fortune  ■ 
de  cet  opéra;  non  que  le  Miserere  en  lui- 
même  ait  beaucoup  de  nouveauté,  mais  le  ca- 
ractère de  la  cantilène  est  louchant,  et  l'an- 
goisse deLéonore  est  bien  exprimée.  Dans  son 
ensemble,  cette  partition  est  fort  inégale  et 
l'on  y  sent  des  réminiscences  de  Bellini  et  de 
Donizelti.  La  Traviata,  jouée  à  Venise,  au 
mois  de  mars  185ô,  tomba  le  premier  soir,  se 
releva  ensuite  et  finit  par  devenir  en  Italie  un 
des  ouvrages  les  plus  populaires  de  Verdi. 
A  l'étranger,  il  a  moins  réussi.  Les  Fèpres  si- 
ciliennes, écrites  pour  l'Opéra  de  Paris,  et  re- 
présentées le  15  juin  1855,  furent  assez  froi- 
dement accueillies.  La  partition  est  mieux 
écrite  que  la  plupart  des  ouvrages  du  même 
auteur;  l'instrumentation  est  brillante,  mais 
l'inspiration  manque  presque  partout.  Du 
reste,  en  écrivant  pour  Paris,  Verdi  ne 
changea  pas  sa  manière  :  Les  Vêpres  sici- 


•2t. 


324 


VERDI 


Hennés  ne  sont  qu'un  médiocre  opéra  italien 
porté  sur  la  scène  française. 

De  retour  en  Italie  après  la  représentation 
des  Vêpres  siciliennes,  Verdi  écrivit  pour  Ve- 
nise Simone  Boccanegra,  dans  lequel  il  lenla 
un  essai  de  musique  de  l'avenir,  à  la  manière 
allemande  de  Vépoque  actuelle,  autant  qu'en 
peut  faire  un  Italien  :  celle  fantaisie  ne  lui 
réussit  pas,  car  l'ouvrage  tomba  au  théâtre  de 
laFenice,Ie  12  mais  1856;  il  ne  fut  pas  mieux 
accueilli  ailleurs,  à  l'exception  de  Naples,  où 
il  eut  quelques  représentations.  Verdi  refil 
ensuite  son  Sliffelio  pour  la  foire  de  Rimini, 
sous  le  titre  iVJroldo.  Du  prêtre  {Stiffelio), 
son  poêle  fit  un  guerrier  (Aroldo),  et  la  mu- 
sique l'aile  pour  le  premier  s'adapta  tout  aussi 
bien  à  l'autre.  Quelques  morceaux  de  la  pre- 
mière forme  disparurent;  d'autres  furent  mo- 
difiés, et  le  quatrième  acte  fut  refait  en  entier. 
L'ouvrage  ainsi  façonné  fut  joué  au  mois 
d'août  1857.  La  présence  du  compositeur  à  la 
première  représentation  procura  des  applau- 
dissements à  celle  deuxième  édition  de  son 
œuvre  :  mais  Aroldo  ne  parut  dans  aucune 
autre  ville  de  l'Italie.  Un  Ballo  in  maschera, 
écrit  pour  Naples,  en  1858,  ne  put  y  être  re- 
présenté, par  les  empêchements  de  la  censure. 
Cet  ouvrage  ne  fut  joué  qu'en  1859,  à  Rome, 
au  théâtre  Apollo.Lzt  manière  du  compositeur 
s'y  rapproche  de  la  Traviata.  En  somme,  la 
musique  de  cet  opéra  est  inférieure  à  celle  de 
Rigolello  et  du  Trovatore.  Le  dernier  ou- 
vrage de  Verdi,  jusqu'au  moment  où  celle  no- 
tice est  écrite  (1864),  est  la  Forza  deldestino, 
composé  pour  Pélersbourg,  et  représenté  sans 
•  succès  en  1865.  La  cour  de  Russie  se  montra 
bienveillante  et  gracieuse  pour  le  composi- 
teur; mais  il  n'en  fut  pas  de  même  du  public 
et  surtout  des  artistes,  irrités  par  les  brus- 
queries et  le  ton  dédaigneux  qui  sont  dans  les 
habitudes  du  maîlre. 

Quelle  que  soit  l'opinion  qu'on  ait  du  talent 
de  Verdi  et  de  la  valeur  de  ses  productions,  on 
ne  peut  méconnaître  la  popularité  dont  il 
jouit.  Les  circonstances  lui  ont  été  favorables, 
car,  dans  l'espace  de  vingt-cinq  ans,  il  n'a 
pas  rencontré  dans  sa  patrie  un  artiste  de  mé- 
rite avec  qui  il  eut  quelque  lutte  à  soutenir. 
M.  Basevi  a  fait,  dans  son  livre  sur  l'œuvre  de 
Verdi,  le  compte  des  opéras  écrits  et  repré- 
sentés en  Italie  depuis  184-2  jusqu'en  1857, 
c'est-à-dire,  dans  l'espace  de  quinze  ans  :  il 
s'élève  à  six  cent  quarante  et  un!  dont  au- 
cun n'a  pu  vivre  et  dont  on  ne  sait  plus  même 
les  titres.  Verdi  a  triomphé  sans  combattre, 
si  ce  n'est  contre  l'opinion  des  connaisseurs, 


qui  ne  lui  était  pas  favorable.  Homme  d'intel- 
ligence, il  ne  se  mit  pas  en  peine  de  l'oppo- 
sition qu'il  trouva  de  ce  côté,  et  se  dit  que  les 
gens  de  goût  sont  toujours  en  si  pelil  nombre, 
qu'ils  ne  peuvent  ni  faire,  ni  empêcher  le 
succès.  Il  avait  jugé  son  époque  et  son  pays 
(car  c'est  un  penseur),  et  il  comprit  que  le 
temps  des  conditions  du  beau  dans  l'art 
était  passé.  Celui  des  émolions  nerveuses  était 
venu  :  ce  fut  à  elles  qu'il  s'adressa.  L'examen 
alteiilif  de  ses  partitions  ne  permet  pas  de 
doute  à  cet  égard.  Tout  y  est  combiné  pour 
l'effet,  et  presque  toujours  pour  l'effet  exagéré, 
violent,  exubérant;  l'unission  des  voix,  le 
staccato  de  l'orchestre;  la  fréquence  des  mu- 
talions  de  mouvements,  les  rhythmes  pressés 
et  persistants,  les  voix  vibrantes  et  jelées  dans 
leurs  régions  les  plus  élevées,  les  contrastes 
de  coloris  incessants,  (oui,  dans  cette  musi- 
que, s'adresse  aux  sens.  Rarement  on  y  trouve 
quelque  aliment  pour  l'élévation  de  la  pensée; 
plus  rarement  encore  pour  le  sentiment  et  la 
véritable  expression.  Verdi  n'a  été  inventeur 
ni  par  l'idée,  ni  parla  forme  :  son  originalité 
consiste  dans  l'excès  des  moyens,  lequel  arrive 
au  but  qu'il  se  propose  et  souvent  enlève  l'au- 
ditoire. 

Basevi, critique  consciencieux, bienveillant, 
et  dont  les  expressions  laudalives  pour  l'auteur 
des  Lombardi  cl  du  Trovatore  sont  souvent 
trop  accentuées, distingue  quatre  manières  dans 
l'œuvre  du  compositeur,  et,  à  propos  île  la 
quatrième,  il  arrive  à  celte  singulière  conclu- 
sion :  «Quant  à  ce  qui  est  de  l'art,  je  crois 
«  que  si  Verdi,  avec  son  quatrième  style,  s'ef- 
«  forçait  de  ne  pas  sacrifier  la  mélodie,  mais, 
»  l'associant  mieux  à  l'harmonie,  l'adaptant 
»  avec  plus  de  circonspection  à  la  voix  lui  - 
»  maine,  et  faisant  un  meilleur  emploi  des  di- 
»  vers  instruments  de  l'orchestre,  la  rendait 
»  plus  agréable  et  expressive;  si,  outre  cela,  il 
»  s'attachait  à  élargir  les  formes  musicales, 
»  sans  négliger,  mais  cultivant  avec  amour  le 
»  récitatif,  il  couronnerait  dignement  son 
»  œuvre  (1). «S'il  manque  tout  cela  pour  couron- 
ner celle  œuvre,  on  voit  ce  qui  reste,  c'est  ce 

(1)  Quanlo  è  all'arte,  io  Icngo  chc  se  il  Verdi,  con 
questo  suo  quarto  stile,  si  sforzasse  a  non  sacrificare 
punto  la  melodia,  ma  associandola  meglio  ail'  nrmoniu. 
adallandoln  conpiù  circospezione  alla  vorc  umana,  fa- 
cendo  nieglio  spiccare  i  varj  slrumenli  dcll"  orclicstr:*, 
la  rendesse  più  gradita  cd  espressiva  ;  c  clie  ollrea  cio 
ponessc  ogni  suosludio  ad  ingrandire  iquadri  musivali, 
senza  trascurarc,anzi  coltivando  con  amore  il  recitativo, 
egli  avrebbe  coronalo  degnamenle  l'opcra  sua.  (Studio 
sulle  opère  di  Giuseppe  Verdi,  Firenze,  18o9, 1  vol.  in-12, 
p.  283.) 


EKDI  —  VERHEYEN 


325 


que  j'ai  dit  :  des  effets  d'excitation  nerveuse. 

De  notre  temps,  la  popularité  ne  va  guère 
sans  la  fortune  :  Verdi  est  un  des  exemples  de 
cette  association  ■  il  possède  aujourd'hui  de 
grands  revenus  et  une  propriété  que  son  édi- 
teur elami,I\l.  Léon  Escudier, estime  avoir  une 
étendue  de  deux  lieues  (1).  Outre  cela,  Verdi  a 
enrichi  les  entrepreneurs  de  théâtres  et  ses 
éditeurs.  Ne  soyons  donc  pas  étonnés  si  ceux- 
ci  se  sont  crus  obligés  de  me  maudire  et  de 
m'insulter  quand  je  n'ai  pas  partagé  leur  en- 
thousiasme :  leur  reconnaissance  ne  pouvait 
moins  faire.  Verdi  est  membre  de  la  chambre 
des  députés  du  royaume  d'Italie  :  il  est  décoré 
de  plusieurs  ordres.  L'Académie  des  beaux- 
arts  de  l'Institut  de  France  l'a  nommé  l'un  de 
ses  membres  associés,  en  remplacement  de 
jJIeycrhccr,  décédé. 

VERDIGUIER  (Jear),  né  à  Paris,  le 
11  avril  1778,  entra  au  Conservatoire  de  celte 
ville  à  l'époque  de  sa  création,  et  y  devint 
élève  de  Gaviniès  pour  le  violon.  Le  premier 
prix  de  cet  instrument  lui  fut  décerné  au  con- 
cours de  l'an  vu  (1799).  Admis  à  l'orchestre  de 
l'Opéra  en  1804,  il  s'est  retiré  en  1830,  après 
vingt-cinq  ans  de  service. On  a  gravé  sous  son 
nom  :  1°  Trois  duos  concertants  pour  deux 
violons,  op.  1  ;  Paris,  Gambaro.  2J  Trois  so- 
nates pour  le  violon  avec  basse,  op.  2;  Paris, 
Siebei*. 

VERDGNCK  (Cornélius),  compositeur 
belge,  né  à  Turnhout,  dans  la  Campine,  en 
1564,  cul  pour  maître  de  contrepoint  Severin 
Cornet,  de  Valencicnnes.Doué  d'un  génie  heu- 
reux pour  la  musique,  sa  réputation  égala 
bientôt  celle  des  plus  habiles  compositeurs  de 
son  temps.  Il  passa  la  plus  grande  partie  de 
sa  vie  à  Anvers,  d'abord  au  service  de  Corneille 
dePrun,  magistrat  et  trésorier  de  la  ville,  puis 
à  celui  de  Jean-Charles  de  Cordes,  gouverneur 
de  Wichclen  et  de  Cerscamp.  A  sa  mort,  ar- 
rivée le  4  juillet  1G25,  il  fut  enterré  au  cou- 
vent des  Carmélites,  et  son  dernier  protecteur 
lui  érigea  un  tombeau  avec  une  épitaphe  hono- 
rable. Les  compositions  qu'on  connaît  de  lui 
sont  :  1°  Magnificat  5  vocum;  Anvers,  1585. 
2°  Poésies  françaises  de  divers  auteurs, 
mises  en  musique  à  cinq  parties  avec  tme> 
chanson  à  dix  ;  ibid  ,  1599,  in-4°.  5"  Madri- 
gaiiaGvoci;  ibid.,  1603,  in-4°.  4° Madri- 
gali  a  G  voci,  iib.  2;  ibid.,  1604,  in  4°,  réim- 
primés dans  la  même  année  à  Cologne,  in-4°. 
5°  Madrigali  a  9  voci;  Anvers,  1604,  in-4". 

VERDYEIV  (Chrétien-Emile),  actuelle- 
ment (1864)  capitaine  au  llmc  régiment  d'in- 

(1)  Mes  Souvenirs.  Paris,  1863,  p.  8b. 


fanterie  belge,  né  a  Louvain,  le  5  mai  1827, 
a  commencé  ses  éludes  musicales  au  Conser- 
vatoire de  Liège  et  les  a  terminées  au  Conser- 
vatoire de  Bruxelles.  Cet  amateur  a  écrit  la 
musique  des  opéras  intitulés  :  Royal  régi- 
ment; Maître  Pancrace,  joué  à  Ypres,  le 
17  janvier  1861  ;  le  Fou  du  roi,  représenté  au 
théâtre  de  Liège,  le  22  mars  1858  ;  Baudouin 
Bras-de  fer,  en  trois  actes  et  cinq  tableaux. 
On  connaît  aussi  du  capitaine  Verdyen  une 
messe  solennelle  à  six  voix,  chœur  et  orchestre 
et  des  cantates  de  circonstance.  II  a  beaucoup 
contribué  à  la  culture  du  chant  en  chœur  dans 
son  régiment. 

VERCJ1LE  (Polydore),  historien,  né  en 
1470,  à  Urbino,  embrassa  l'état  ecclésiastique, 
et  enseigna  les  belles-lettres  à  Bologne.  Chargé 
d'une  mission  en  Angleterre  par  le  pape 
Alexandre  VI,  il  s'y  rendit,  et  fut  en  grande 
faveur  près  des  rois  Henri  VII  et  Henri  VIII. 
qui  lui  accordèrent  des  bénéfices.  L'affaiblis- 
sement de  sa  santé,  après  cinquante  ans  de 
séjour  en  Angleterre,  lui  fit  désirer  de  re- 
tourner en  Italie;  il  en  obtint  la  permission, 
en  1550,  et  se  fixa  dans  sa  ville  natale,  où  il 
mourut  le  18  avril  1555.  Dans  son  traité  De 
inventoribus  rerum,  dont  les  trois  premiers 
livres  parurent  à  Venise,  en  1499,  in-4°,  et 
dont  la  première  édition  complète,  en  huit 
livres,  fut  publiée  à  Bâle,  en  1521,  in-folio, 
Polydore  Vergile  traite  (chapitres  xiv  et  xv  du 
premier  livre)  de  l'invention  de  la  musique  et 
de  quelques  instruments,  entre  autres  de  l'or- 
gue; mais  ce  qu'il  en  dit  est  de  peu  d'utilité 
pour  l'histoire  de  l'art. 

VERHEYEN  (Pierre)  (1),  compositeur, 
né  à  Gand,  en  1750,  était  fils  d'un  chantre  de 
l'église  Saint-Bavon.  Léonard  Boulmy  (voues 
ce  nom),  alors  à  Gand,  lui  donna  les  premières 
leçons  de  musique.  Placé  ensuite  par  son  père 
dans  une  école  à  Maestricht  pour  y  faire  ses 
études,  son  penchant  décidé  pour  l'art  les  lui 
(it  négliger.  De  retour  à  Gand,  il  y  reprit  ses 
études  musicales,  puis  il  fut  employé  comme 
premier  ténor  à  la  cathédrale  de  Bruges,  où  il 
fit  ses  premiers  essais  dans  la  composition  de 
plusieurs  psaumes  et  d'une  messe.  Doué  d'une 
bonne  voix  de  ténor,  il  prit  la  résolution 
d'abandonner  sa  position  peu  avantageuse  de 
la  cathédrale  de  Bruges,  pour  suivre  la  car- 
rière du  théâtre  comme  chanteur  et  comme 
compositeur.  Après  avoir  parcouru  la  Flandre, 
le  Nord  de  la  France  et  la  Hollande,  il  fut  at- 

(I)  Je  suis  redevable  à  l'obligeance  de  M.  Xavier  Van 
lUcwyck  îles  renseignements  qui  ont  servi  à  la  rédaction, 
de  cette  noiiçc. 


326 


VERHEYEN  —  VERHULST 


lâché  par  Wilzlhumb  an  théâtre  de  Bruxelles. 
Ce  l'ut  sous  la  direction  de  ce  maître  qu'il  fit 
des  éludes  régulières  d'harmonie  et  de  com- 
position, qu'il  termina  plus  tard  près  de 
F.  Krafft  (voyez  ce  nom),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  deGand,  lorsque  cet  artiste 
célèbre  l'eut  l'ail  engager  comme  ténor  solo  de 
cette  église.  Verheyen  occupait  celle  position, 
en  1780,  et  avait  aussi  le  titre  de  compositeur 
ordinaire  de  la  musique  du  prince  de  Lobko- 
wilz,  évoque  de  Gand,  ainsi  qu'on  le  voit  par 
le  litre  d'une  espèce  de  cantate  dont  il  avait 
composé  la  musique,  pour  la  profession  d'une 
religieuse  du  couvent  de  l'hôpital  d'Aude- 
narde.  Vers  le  môme  temps,  il  se  maria  et 
accepta  la  place  de  chef  d'orchestre  à  Maes- 
tricht.  Revenu  à  Gand  vers  1790,  il  y  obtint  la 
place  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
Sainle-Pharaïlde.  11  ne  jouit  pas  longtemps 
des  avantages  de  celte  position,  car  les 
églises  furent  fermées  après  l'invasion  de  la 
Belgique  par  les  armées  françaises.  Il  embrassa 
alors  avec  ardeur  les  opinions  révolutionnaires 
et  se  (il  nommer,  en  179Ô,  organiste  du  temple 
de  la  Retison.  Ce  fut  en  cette  qualité  qu'il 
composa  et  dirigea  l'exécution  d'un  Hymne  à 
l'Être  suprême.  Cependant  il  connut  bientôt 
les  horreurs  de  la  misère  et  fut  obligé  de  solli- 
citer un  modeste  emploi  à  la  direction  générale 
du  déparlement  de  l'Escaut  :  ce  fui  à  celle 
époque  qu'il  écrivit  la  musique  de  l'Opéra  fla- 
mand De  Jaght  party  van  ffendrick  IF  {Là 
partie  de  chasse  de  Henri  IV),  l'opéra-comique 
français  le  Jardin  d'amour,  des  pantomimes 
en  plusieurs  acles,  qui  furent  représentées  au 
théâtre  de  Gand,  cinq  quatuors  pour  des  in- 
struments à  cordes,  et  environ  cinquante  ro- 
mances, dont  six  ont  été  publiées  en  un  cahier. 
Après  que  les  églises  eurent  été  rendues  au 
culle  catholique,  Verheyen  se  remit  à  la  com- 
position de  la  musique  sacrée  et  y  déploya  une 
prodigieuse  activité.  Un  de  ses  plus  beaux  ou- 
vrages en  ce  genre  est  la  messe  de  Requiem 
qu'il  écrivit  à  la  demande  de  la  Société  des 
beaux-arts  de  Gand,  pour  le  service  funèbre 
que  celte  Société  fil  célébrer,  en  1810,  à  la 
mémoire  de  Joseph  Haydn.  En  181G,  la  même 
Société  ayant  mis  au  concours  la  composition 
d'une  cantate  sur  la  bataille  de  Waterloo,  le 
premier  prix  fut  décerné  ex  zequo  à  Surcmonl 
d'Anvers  et  à  Verheyen.  Malheureusement  les 
grands  travaux  de  musique  d'église  de  cel  ar- 
lisle  ne  lui  rapportaient  aucune  indemnité  ;  il 
languissait  dans  le  besoin  et  les  secours  qu'il 
recevait  de  la  Société  des  beaux-arts  étaient  à 
peu  près  sa  seule  ressource.  Le  chagrin  qu'il 


eut  d'une  position  si  précaire,  cl  l'inquiétude 
que  lui  inspirait  l'avenir  de  ses  enfants,  fini- 
rent par  porter  atteinte  à  sa  santé,  et  le  condui- 
sirent au  tombeau,  le  11  janvier  1819.  Ce  lit 
encore  la  Société  des  beaux-arts  qui  lui  rendit 
un  dernier  hommage,  en  faisant  célébrer  so- 
lennellement ses  obsèques  à  l'église  Saint-Jac- 
ques. Au  nombre  des  œuvres  de  Verheyen,  on 
compte  sa  messe  de  Requiem,  quinze  messes  à 
grand  orchestre,  douze  messes  avec  orgue  et 
petit  orchestre,  six  Laudate  pueri,  quatre 
Dixit,  trois  Confitebor,  deux  Beatus  vir, 
trois  Te  Deum  (toutes  ces  œuvres  sont  à  grand 
orchestre),  ainsi  que  quatre  Auditecœli,  trente 
élévations,  neuf  Lamentations  de  Jérémie,  un 
Sanctx  Critcis,  un  Vexilla  régis,  quatre 
Salve  Regina,  cinq  Aima,  trois  Avd  Regina, 
dois  Regina  cœli,  l'oratorio  de  la  Mort  du 
Christ,  Slabat  Maier,  O  crux  ave  spes 
unica,  plusieurs  messes  en  faux-bourdon,  etc. 
Telle  est  l'œuvre  immense  d'un  artiste  de  mé- 
rite dont  l'existence  fut  si  peu  fortunée. 

VERHULST  (JBAH-J.-H.),le  plus  remar- 
quable compositeur  hollandais  de  l'époque 
actuelle,  est  né  à'  La  Haye,  le  19  mars  1816. 
Dès  ses  premières  années,  son  penchant  pour 
la  musique  se  manifesta  et  son  désir  de  se 
livrer  à  l'étude  de  cet  art  persista  malgré  l'op- 
posilionde  sa  famille.  Vaincus  enfin  par  sa  per- 
sévérance, ses  parents  consentirent  à  le  lais- 
ser entrer  au  Conservatoire  de  sa  ville  natale 
en  182G,  dans  l'année  même  de  la  fondation 
de  cette  institution.  Il  était  alors  âgé  de  dix 
ans.  A  treize  ans,  il  était  grand  lecteur  de 
musique  et  il  passa  dans  la  classe  d'harmonie, 
dont  le  professeur  était  F.  Volcke  (voyez  ce 
nom),  qui  croyait  avoir  simplifié  l'étude  de 
celle  science  en  la  réduisant  à  la  connaissance 
de  quarante -deux  accords!  Cette  singulière 
simplicité  lit,  pendant  quelque  temps,  le  déses- 
poir de  Verhulst.  Le  découragement  commen- 
çait à  s'emparer  de  son  esprit,  quand  les 
Traités  d'harmonie  et  de  haute  composition 
de  Reicha  tombèrent  dans  ses  mains.  Il  les  lut 
rapidement,  el  la  méthode  toute  pratique  déve- 
loppée dans  ces  ouvrages  dissipa  ses  incerti- 
tudes :  il  ne  fut  plus  question  des  quarante- 
deux  accords  de  Volcke.  Un  peu  plus  tard, 
lorsque  son  talent  de  violoniste  fut  assez 
avancé  pour  qu'il  allât  prendre  place  dans  l'or- 
chestre, il  trouva  dans  Charles-Louis  Hans- 
sens,  qui  en  était  le  chef,  un  guide  qui  rectifia 
quelques-unes  de  ses  idées  de  théorie.  Une 
intime  liaison  s'établit  entre  les  deux  artistes. 
Verhulst  était  né  de  parenls  catholiques,  qui 
l'avaient  élevé  dans  la  pratique  et  dans  la  foi 


VERHULST 


3-27 


de  celte  religion  :  ses  premières  aspirations 
eurent  pour  objet  la  musique  religieuse;  il 
écrivit  deux  messes,  un  Te  Deum  et  un  Feni 
Creator.  La  musique  instrumentale  fixa  aussi 
son  attention,  et  il  composa  un  quatuor  pour 
instruments  à  cordes, dont  il  exécuta  la  partie 
de  premier  violon  dans  un  des  concerts  de  la 
société  de  Too7ilcunst,  et  i\m  obtint  un  brillant 
succès.  Un  peu  plus  tard,  cette  société  cou- 
ronna et  publia  un  O  salutaris  hostia  de  sa 
composition,  pour  des  voix  d'hommes,  un 
Tantum  ergo,  pour  chœur  et  orchestre,  et  sa 
première  Ouverture  (en  si  bémol).  Un  peu 
plus  tard  encore,  celte  même  société  mit  au 
concours  une  autre  ouverture  avec  des  entr'ac- 
tes  et  des  chœurs,  pour  une  tragédie:  ce  fut 
encore  l'ouvrage  de  Verhulst  qui  fut  couronné 
et  publié.  Lorsque  Mendelssohn  alla  prendre 
les  bains  de  mer  de  Scheveningen,  en  1836, 
Lubeck,  directeur  du  Conservatoire  de  La  Haye, 
mit  sous  ses  yeux  quelques-unes  des  composi- 
tions du  jeune  artiste,  et  ce  maître,  frappé  des 
qualités  qu'il  y  découvrit, autorisa  Lubeckàlui 
envoyer  à  Leipsick  l'élève  de  son  école. 

Au  mois  de  mai  1837,  Verhulst,  alors  âgé 
de  21  ans,  se  mil  en  route  pour  l'Allemagne, 
le  cœur  ému  à  l'idée  de  ses  rapports  futurs 
avec  Mendelssohn;  mais,  arrivé  à  Cologne,  il 
apprit  avec  un  profond  chagrin  que  ce  maître 
venait  de  s'éloigner  de  Leipsick  pour  aller 
se  marier  à  Francfort,  et  que  son  absence  se 
prolongerait  jusqu'à  l'hiver.  Incertain  du 
parti  qu'il  avait  à  prendre  en  cette  cir- 
constance, Verhulst  hésitait,  lorsque  Jules 
Bêcher  (voyez  ce  nom)  lui  donna  le  conseil  de 
rester  à  Cologne  et  d'y  attendre  le  retour  de 
Mendelssohn  à  Leipsick.  Il  lui  fit  faire  la  con- 
naissance de  Joseph  Klein  (voyez  ce  nom), 
qui  lui  proposa  de  lui  faire  recommencer  ses 
études  de  contrepoint  d'après  la  méthode  de 
son  frère,  Bernard  Klein.  Verhulst  se  laissa 
persuader  d'abord  ;  mais  cette  méthode  lente, 
qui  commence  par  les  premiers  éléments, 
marche  à  pas  de  tortue,  et  ne  laisse  apercevoir 
le  but  qu'après  plusieurs  années  de  patience  et 
de  travail,  cette  méthode,  dis-je,  n'était  pas 
de  son  goût;  il  n'était  pas  d'ailleurs  dans  les 
conditions  où  les  études  de  ce  genre  peuvent 
être  utiles.  Il  avait  déjà  produit,  ses  travaux 
avaient  été  couronnés,  et  le  désir  de  produire 
de  nouveau  et  d'élargir  sa  sphère  d'action  le 
préoccupait  seul.  Après  quelques  mois  d'ennui 
de  ce  genre  de  travail,  il  s'enfuit  à  La  Haye. 
Il  y  reçut  bjenlôt  après  une  lettre  de  son  ami, 
M.  Hanssens,  qui  l'engageait  à  se  rendre  à 
Paris  et  lui  offrait  une  place  dans  l'orchestre 


du  Casino-Paganini,  dont  il  était  le  chef. 
Désireux  de  se  retrouver  près  de  lui,  Verhulst 
partit  aussitôt  et  prit  sa  route  par  Bruxelles. 
Arrivé  dans  celte  ville,  il  y  apprit  que  le 
Casino-Paganini  avait  cessé  d'exister.  Une 
nouvelle  lettre  de  Hanssens  vint  l'engagera 
l'attendre  à  Bruxelles;  mais,  dans  ce  moment 
même,  la  guerre  semblait  près  d'éclater  entre 
la  Belgique  et  la  Hollande.  Verhulst  était  à 
peine  depuis  une  semaine  dans  la  capitale  de 
la  Belgique,  lorsque  le  directeur  de  la  police 
lui  signifia  que,  s'il  n'avait  pas  quitté  cette 
ville  avant  la  fin  du  jour,  il  le  ferait  conduire 
à  la  frontière  par  lesgendarmes.  Il  l'informait 
en  même  temps  qu'il  trouverait  son  passeport 
à  Quiévrain.  Verhulst  se  mit  immédiatement 
en  route  pour  Paris,  où  il  resta  quelques  mois, 
étudiant  la  situation  de  la  musique  française 
dans  les  théâtres  et  dans  les  concerts.  Une 
lettre  de  sa  famille  vint  lui  donner  le  conseil 
de  se  rendre  sans  délai  à  Leipsick,  où  il  con- 
tinuerait de  recevoir  le  subside  qui  lui  était 
alloué.  Il  partit  aussitôt  pour  cette  ville,  où  il 
arriva  le  12  janvier  1838. 

Là,  tout  changea  d'aspect  pour  lui.  Mendels- 
sohn, chez  qui  il  se  rendit  dès  le  jour  même  de 
son  arrivée,  lui  fit  le  meilleur  accueil.  Après 
avoir  pris  connaissance  des  compositions  du 
jeune  artiste,  il  lui  demanda  d'écrire  un  Kyrie 
à  quatre  voix,  puis  un  autre  chœur  sur  le  texte 
Inclina,  Domine,  qui,  plus  lard,  est  devenu 
l'offertoire  de  sa  messe,  œuvre  20.  Frappé  de 
la  facilité  avec  laquelle  ces  morceaux  furent 
composés  ainsi  que  de  leur  mérite,  Mendels- 
sohn lui  dit  ces  paroles  remarquables  :  «  Vous 
»  n'avez  plus  rien  à  apprendre.  Si  vous  voulez 
»  rester  ici  et  si  vous  avez  tant  deconfiance  en 
»  moi,  je  verrai  vos  ouvrages  et  je  vous  en 
»  dirai  mon  opinion.  Vous  me  direz  également 
»  la  vôtre  sur  mes  compositions.  »  Traité 
ainsi  en  véritable  artiste  par  un  homme  de 
si  grande  valeur,  Verhulst  prit  confiance  et 
se  mit  au  travail  avec  ardeur.  C'est'  à  celle 
époque  qu'appartiennent  les  deux  remar- 
quables quatuors  qu'il  dédia  à  Mendelssohn, 
sa  troisième  ouverture  el  son  intermezzo 
d'orchestre  intitulé  Grass  aus  der  Ferne.  Un 
nouveau  témoignage  de  haute  estime  lui  fut 
aussi  donné  par  la  société  d'Euterpe,  de  Leip- 
sick. D'après  son  règlement,  celle  société  élit 
chaque  année  son  chef  d'orchestre,  pour  un  an 
seulement;  mais,  lorsque  son  choix  se  fixa  sur 
Verhulst  pour  ces  fonctions,  il  fut  décidé  qu'il 
les  remplirait  pendant  tout  le  temps  de  son 
séjour  à  Leipsick. 

Depuis  près  de  six  ans?  Verhulst  était  éloigné 


S28 


VERH11LST 


de  sa  famille;  elle  le  pressait  de  rentrer  dans 
son  pays;  lui-même  en  éprouvait  un  vif  désir; 
vers  la  fin  de  1842,  il  donna,  à  Leipsick,  un 
concert  d'adieu,  et,  au  mois  de  novembre  de 
la  même  année,  il  rentra  à  La  Haye.  Appelé 
bientôt  après  à  la  cour  par  le  roi,  Guillaume  II, 
il  y  fit  exécuter  quelques-unes  de  ses  composi- 
tions, et  le  monarque,  en  témoignage  de  sa 
satisfaction,  le  décora  de  l'ordre  du  Lion  néer- 
landais et  le  nomma  directeur  de  sa  musique. 
Depuis  cette  époque,  Verhulst  a  «'té  l'âme 
active  de  la  musique  sérieuse  en  Hollande. 
Chef  d'orchestre  d'un  rare  mérite,  il  dirige 
depuis  longtemps  les  concerts  de  la  société 
pour  l'encouragement  de  la  musique  à  Rotter- 
dam, et  ceux  de  la  société  Diligentia,  à  La 
Haye;  de  plus,  la  nouvelle  association  des  con- 
certs populaires  d'Amsterdam,  établie  en  18G5, 
a  compris  que  le  meilleur  moyen  de  succès 
pour  cette  entreprise  était  d'en  confier  la  di- 
rection à  cet  excellent  artiste.  Tous  les  grands 
festivals  de  musique  classique  donnés  en  Hol- 
lande, depuis  1850  environ,  ont  été  organisés 
par  Verhulst,  qui  y  a  déployé  autant  de  talent 
que  d'activité.  La  liste  de  ses  compositions  pu- 
bliées se  compose  d'environ  cinquante  œuvres; 
mais  il  en  a  beaucoup  d'autres  en  manuscrit. 
Peu  soigneux  de  sa  renommée,  il  n'a  rien  fait 
pour  répandre  dans  les  pays  étrangers  ses 
ouvrages,  qui  ne  sont  connus  qu'en  Hollande 
et  en  Allemagne.  La  Belgique  n'avait  rien 
entendu  des  productions  de  cet  artiste  remar- 
quable, avant  que  l'auteur  de  celte  notice  eût 
fait  exécuter,  par  l'orchestre  du  Conservatoire 
de  Bruxelles,  en  1861,  sa  symphonie  en  mi 
mineur  (oeuvre  46),  couronnée  par  la  société 
de  Toohkunst.  Le  mérite  de  cette  oeuvre  a  été 
hautement  apprécié  par  les  connaisseurs.  Les 
compositions  publiées  de  Verhulst  sont  : 
1°  Ouverture  à  grand  orchestre,  n°  1  (en  si 
bémol);  Rotterdam,  Paling  et  C.  2°  Ouverture 
idem.  n°  2  (en  ut  mineur)  ;  ibid.  5°  Ouverture 
idem,  u°5,op.  8  (en  ré  mineur);  Leipsick,  Ureit- 
kopf  et  H  sériel.  4°  Gross aus der Ferne (Grand 
dans  l'éloignement),  intermède  pour  l'orches- 
tre (en  la),  op.  7  ;  ibid.  5°  Deux  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  violoncelle,  dédié  à  Men- 
delssohn,op.  6  (n°  1  ,en  ré  mineur;  n°2,  en  la 
bémol);  Leipsick,  Hofmeisler.  6°  Troisième 
quatuor  idem,  op.  21  (en  mi  bémol);  ibid. 
7°  Symphonie  à  grand  orchestre  (en  mi  mi- 
neur), op.  46;  Mayence,  Scholt.  8°  Tantum 
ergo,  pour  choeur  et  orchestre  (ouvrage  cou- 
ronné); La  Haye,  Weygand.  9°  Clemens  est 
Dominus,  hymne  à  deux  chœurs  et  orchestre, 
op.  12;  Mayence,  Scholt.  10»  Messe  pour  qua- 


tre voix  seules,  chœur  et  orchestre,  op.  20; 
ibid.  11°  Feni  Creator,  hymne  pour  un  chœur 
d'hommes  avec  orgue,  op.  47  ;  ibid.  12°  Messe 
pour  des  voix  d'hommes  avec  orgue,  op.  50  ; 
Amsterdam,  Theune.  15°  Requiem, Missa  pro 
defunclis,  pour  des  voix  d'hommes  avec  accom- 
pagnement d'orgue,  deux  trompettes,  deux 
cors,  trois  trombones,  tuba  et  timbales,  op.  51; 
ibid.  14°  8  Lieder  à  voix  seule  avec  piano, 
op.  9;  ibid.  15°  Quatre  chants  pour  soprano 
et  ténor,  op.  14;i6id.  \G°Koning  en  Fader- 
land  (Roi  et  Patrie),  hymne  pour  un  chœur  a 
quatre  voix  d'hommes  avec  piano,  en  partition, 
op.  11  ;  La  Haye,  Weygand.  17°  Six  Lieder 
à  voix  seule  avec  piano,  op.  16;  ibid.  18°  Six 
Lieder  à  quatre  voix  (soprano,  alto,  ténor  et 
basse),  op. -17;  ibid.  19°  Sérénade.  —  Le  Vent 
d'Ouest  ;  deux  chants  pour  un  chœur  d'hom- 
mes à  quatre  voix,  op.  18;ioid!.200  Sept  chants 
spirituels  à  voix  seule  avec  piano,  op.  22;  ibid. 
21°  Floris  de  vijfde  (Florent  V),  etc.,  poëme, 
pour  ténoret  chœur,  en  partition  pour  le  piano, 
op.  25;  Amsterdam,  Roolhaan.  22°  Air  de 
concert  pour  soprano  et  orchestre,  en  partition 
pour  le  piano,  op.  24;  La  Haye,  Weygand. 
25"  Douze  Lieder  à  voix  seule  avec  piano, 
op.  26;  ibid.  24°  Liederkrans,  poëme,  à  voix 
seule  pour  piano;  op.  27;  ibid.  25°.  Chants  et 
psaume  pour  une  voix  de  contralto  avec  piano, 
op.  28  ;  ibid.  26°  Six  Lieder  à  voix  seule  avec 
piano,  op.  29;  Rotterdam,  de  Vlelter. 27° Kin- 
derlcven  (La  vie  des  enfants),  quarante  chants 
à  une  et  plusieurs  voix,  avec  ou  sans  accom- 
pagnement de  piano,  op.  50;  Amsterdam, 
Theune.  28°  Vingt-cinq  chœurs  pour  les 
grandes  et  les  petites  sociétés  de  chant; 
chants,  Lieder,  psaumes  et  chorals  pour 
soprano,  contralto,  ténor  et  basse,  op.  52; 
Rotterdam,  de  Vlelter.  29°  Fergankelijkheid 
(Instabilité),  duo  pour  soprano  et  ténor  avec 
piano,  op.  55;  ibid.  ô0°Bij  het  Graf  (Près  de 
la  tombe),  deux  chœurs  pour  des  voix  d'hom- 
mes avec  instruments  de  cuivre,  op.  54;  La 
Haye,  Weygand.  51°  Vlaggelied  (Chanson  de 
marins),  idem,  op.  55;  ibid.  52"  Hymne  à 
quatre  voix  (soprano,  contralto,  lenor  et  basse), 
avec  accompagnement  d'harmonium,  op.  56; 
Rotterdam,  de  Vlelter.  55°  Chant  pour  des  voix 
d'hommes,  solo  et  chœurs,  op. 57  ;  Amsterdam, 
Roolhaan.  54°  Douze  chants  spirituels  à  quatre 
voix,  op.  58;  Rotterdam,  deVIetter.  35°  Kin- 
dertoonen ,  douze  Lieder  d'enfants  à  voix 
seule  avec  piano,  op.  59;  ibid.  56°  Six  chants 
pour  des  voix  d'hommes,  solo  et  chœur,  op.  40; 
Amsterdam,  Roolhaan.  57°  Deuxième  suite  de 
six  chants  pour  des  voix  d'hommes,  solo  et 


VERHULST  — VERN1ER 


829 


cliœur,  op.  41  ;  ibid.  58°  Trois  ballades  pour 
soprano,  contralto,  ténor  cl  basse,  op.  43; 
Rotterdam,  de  Yleller.  59"  Vieilles  petites 
chansons  avec  une  ninsiiiuc  nouvelle,  à  l'usage 
des  sociétés  de  chant  de  la  Hollande,  op.  44; 
La  Haye,  Wcygand,  40°  Chant  de  la  l'été  de 
Rembrandt,  pour  un  chœur  d'hommes  cl  or- 
chestre, op.  48;  ibid. 

VEIUTOPUILI  ;  pseudonyme.  Voyez 
RAUPACH. 

VEU1UIGEÏ  (Pieiwe),  surnommé  Pierre 
Martyr,  naquit  à  Florence,  d'une  famille  dis- 
tinguée, le  8  septembre  1500.  Ayant  embrassé 
la  règle  «le  Saint-Augustin,  au  couvent  de 
Fiesole,  il  fui  envoyé  à  Padoue  pour  y  conli- 
i  uer  ses  études.  Plus  lard,  son  mérite  le  fit 
parvenir  aux  charges  importantes  de  son 
ordre;  mais  ayant  été  séduit  par  les  opinions 
des  réformés,  qui  commençaient  à  se  répandre 
en  Italie,  il  se  retira  à  Zurich,  puis  à  Bâle  et 
enfin  à  Strasbourg,  où  il  se  maria  cl  enseigna 
la  théologie  protestante.  Appelé  en  Angleterre 
en  1547,  il  y  eut  un  emploi  de  professeur  à 
l'université  d'Oxford  ;  mais  après  que  la  reine 
Marie  eut  rétabli  l'exercice  delà  religion  catho- 
lique dans  ses  Étals,  Vermigli  retourna  à 
Strasbourg,  y  obtint  de  nouveau  la  chaire  de 
théologie,  puis  se  retira  à  Zurich,  où  il  mourut 
le  12  novembre  1502.  Au  nombre  des  ouvrages 
de  ce  savant,  se  trouve  celui  qui  a  pour  litre  : 
I.ocorum  communium  theologicorum  lomi 
1res,  publié  après  sa  mort  à  Râle  (1580-158-3, 
ô  vol.  in-fol.);  il  y  traite  De  musica  et  earmi- 
nibus  (t.  I,  p.  075). 

VEItMOINT  (Pierre},  ou  YEIOIOUD, 
csl  un  des  musiciens  célèbres  de  France  cités 
par  Rabelais  dans  le  nouveau  prologue  du  se- 
cond livre  île  Pantagruel.  Par  \m  compte  de 
la  chapelle  de  François  Ier  dressé  par  Bénigne 
Sivré,  receveur  général  des  finances  en  la  gé- 
néralité du  Languedoc,  pour  l'année  1532, 
qui  existe  en  manuscrit  à  la  bibliothèque 
impér.  de  Paris  (I),  on  voit  que  Vermont  était 
alors  lénor  dans  celle  chapelle.  J'ai  publié  un 
autre  compte  des  dépenses  faites  pour  les 
obsèques  de  François  Ier  (2),  où  l'on  voit  que 
Vermont  élail,  en  1547,  chapelain  des  haules 
messes,  c'est-à-dire  chantre  au  lutrin  dans  les 
messes  solennelles.  Je  n'ai  pu  trouver  d'autres 
renseignements  sur  la  vie  de  ce   musicien.  Le 

(I)  Ce  compte  a  île  public  par  Castil-Blaze  dans 
son  livre  intitulé  :  Chapelle-musique  des  rois  de  France. 
Paris,  Paulin,  1S33,  in-12. 

(*2)  Iiecherches  sur  la  musique  des  rois  de  France  et 
de  quelques  princes,  depuis  Philippe  le  Del  {i'i'ij)  jesqu'à 
la  /in  du  rèyne  de  Louis  XIV,  clans  ma  Revit*  musicale, 
t.  XII,  p.  243  et  suiv. 


premier  livre  de  motels  imprimé  parP.  Attain- 
gnanl  sous  le  litre  :  Liber  primus  quinque  et 
viginli  musicales  quatuor  vocum  moletos 
complectitur  (Paris,  1534),  contient  deux  mo- 
tels de  Vermont.  On  en  trouve  un  dans  le  qua- 
trième livre  de  la  même  collection,  sous  le  nom 
de  Vermont  primus.  Dans  le  septième  (3), 
dans  le  neuvième  el  dans  le  onzième  livre  de 
la  même  collection  (4),  on  trouve  trois  mo- 
tels de  Vermont,  le  premier,  f'irgo  flagella- 
lur)  à  quatre  voix,  Ave  /l/alnr,  à  quatre  voix, 
et  Rccordarc  Domini,  à  cinq.  Ces  composi- 
tions ne  sont  pas  dépourvues  démérite. 

YEiniOOTErS  (Guillaume),  né  à  Harlem 
(Pays-Bas)  dans  la  première  moitié  *\\\  dix- 
huitième  siècle,  fui  chanlrc  de  l'église  princi- 
pale de  celle  ville.  Il  vivait  encore  en  1771 .  Il 
a  composé  le  chant  des  poésies  religieuses 
de  Mater,  qui  a  été  publié  sous  ce  litre  :  Go- 
vert  van  Mater's  Kruisgezangen  o»  het 
Lijden  van  onzen  Heiland  Jésus  Chrislus, 
met  zanghunst  verryckt  door  etc.  (Chants  de 
tlouleur  sur  la  Passion  de  notre  rédempteurJé- 
stis-Clitist,  avec  la  musique  composée  par  etc.); 
Harlem,  Hulkenroy,  1759,  in-4".  Celle  édi- 
tion est  la  troisième.  On  a  aussi  du  même 
artiste, en  collaboration  avec  Charles  Kauwcn- 
berg,  autre  musicien  hollandais,  né  aussi  à 
Harlem,  la  musique  des  cantiques  île  Noël,  de 
Jean  Van  Elsland,  imprimé  sous  ce  litre  : 
Danlîbaare  naagedaclitcn  en  Gcboorle  Ge- 
zangen;  op  de  blgde  en  Heilrgke  verschy  • 
ninge  von  't  licht  der  Genaade ,  Jezus 
Christus;  of  de  Geboorte  van  onzen  Heiland 
en  Zaligmaker  lot  Bethléem,  etc.;  Harlem, 
Hulkenroy  (s,  d.),  in-4".  Celte  édition  esl  la 
quatrième.  Enfin  Vermooten  a  publié,  pour 
soprano  ou  ténor  avec  basse  continue,  des 
chansons  amoureuses  et  allégoriques  sur  les 
poésies  de  Guillaume  Hess,  sous  ce  titre  : 
Zinspeelende  Liefdens  Gezangen,  etc.;  Har- 
lem, Isaak  Van  Hulkenroy  (s.  d.),  in-4". 

YEUIMEU  (Jean-Ame),  né  à  Paris,  le 
10  août  1709.  apprit  la  musique  et  le  violon 
dès  l'âge  de  quatre  ans  :  à  sept,  il  commença 
l'élude  de  la  harpe.  Il  n'était  âgé  que  de  onze 
ans  lorsqu'il  joua  au  concert  spirituel,  avec 
succès,  un  concerto  de  violon.  En  1787,  il  exé- 
cuta au  même  concert  une  sonate  de  harpe  de 

(3)  Liber  septimus  XXIV  trium,  quatuor,  quinque  et 
sex  vocum  modulas  Dominici  Adcentus,  Nativitatisque 
ejus,  ac  sanctorum  eo  tempvre  occurrentium  habet.  Pari- 
siis  in  vico  Ctjlharœ  apud  Pelrum  Altainijnant.  1S33, 
in-4",  obi.  gothique. 

(4)  Liber  undecimus  XXVI  musicales  habet  modulas, 
quatuor  el  quinque  vocibus  editos.    Parisiis,  in  œdibus 

Pétri  AUaingnant,  etc.,  1534,  in-4"  obi. 


230 


VERNIER  —  VERRI 


sa  composition.  Nommé  harpiste  du  théâtre 
Feydeau,  en  1795,  il' occupa  celle  position  jus- 
qu'en 1815,  époque  de  son  entrée  à  l'orchestre 
de  l'Opéra,  comme  successeur  de  Dalvimare. 
Keliré  en  1858,  après  vingt-cinq  ans  de  ser- 
vice à  ce  théâtre,  Vernier  a  passé  ses  dernières 
années  dans  le  repos  acquis  par  de  longs  tra- 
vaux. Il  a  publié  de  sa  composition  :  1°  So- 
nates pour  harpe  et  violon,  op.  5  ;  Paris,  Cou- 
sineau;  op.  10,  Paris,  Gaveaux;  op.  13,  16, 
Paris,  Naderman.  2°  Sonates  pour  harpe 
seule;  op.  1  ;  Paris,  Naderman  ;  op.  4,  Paris, 
Gaveaux;  op.  18,  28,  32,  34,  42,  Paris,  Na- 
derman; op.  51,  Paris,  Janet,  5°  Quatuor  pour 
harpe,  piano,  hautbois  et  cor,  op.  35;  ibid. 
4°  Deux  trios  pour  harpe,  flûte  et  violoncelle, 
op.  20;  ibid.  5°  Duos  pour  harpe  et  piano, 
op.  19,  25,  48,  55;  ibid.  G°  Duos  pour  deux 
harpes,  op.  21,  30;  ibid.  7°  Airs  variés  pour 
la  harpe,  op  2;  Paris,  Naderman;  op.  G, 
Paris,  S.  Gaveaux;  op.  11,  Paris,  Naderman  ; 
op.  14,  Paris,  Gaveaux  ;  op.  40,  49,  Paris,  Na- 
derman. 8°  Pots-pourris  pour  harpe  seule, 
nos  1 ,  2;  Paris,  Gaveaux;  n° 3, Paris,  Naderman; 
n°4,Paiis,Pleyel;  nos  5,  G,  Paris,  Sieber;jiu7, 
Paris, Pleyel.  9° Fantaisies,  op. 39, Paris,  Nader- 
man ;  idem  sur  les  aLrs  de  Cendrillon,  Paris, 
Troupenas;  idem  sur  la  romance  iVJriodant, 
Paris,  Janet.  10°  Préludes,  rondeaux,  et  pièces 
diverses,  op.  3,  27,  41  ;  ibid.  11°  Quelques  ro- 
mances. Vernier  a  donné  au  théâtre  du  cirque 
du  Palais-Royal,  en  1798,  un  opéra  en  deux 
actes,  intitulé  La  jolie  Gouvernante  . 

VERÎMZZI  (Octavieh),  organiste  de 
l'église  Saint-Pétrone,  à  Bologne,  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle,  naquit  dans 
cette  ville  vers  1580.  On  connaît  de  lui  les  ou- 
vrages intitulés  :  1°  Armonia  ecclesiastica 
ossia  Motletti  a  due,  tre  et  quattro  voci, 
op.  2;  in  Fenetia,  appresso  Aless.  f'incenti, 
1604,  in-4°.  2°  Angelici  concentus  seu  Mo- 
tecti  2,  3  et  4  vocum,  op.  3;  ibid.,  1611, 
in-4°.  Il  y  a  une  autre  édition  de  cet  œuvre  pu- 
blié en  1651,  in-4°.  3U  Cœlestis  applausus  seu 
Motlccti  plur.  vocum,  op.  4;  ibid.  4°  Motelti 
a  due,  Ire  et  quattro  voci,  op.  6;  ibid.,  1648, 
in-4°.  C'est  une  réimpression.  Vernizzi  a  écrit 
en  1625  la  musique  d'un  des  premiers  inter- 
mèdes représentés  dans  cette  ville,  sous  ce 
titre  :  Lnlermezzi  délia  coronazione  di 
Jpolloper  Dafne  converlila  in  lauro. 

VEROCAJ  (Jean),  violoniste  italien  et 
compositeur,  se  rendit  à  Breslau,  en  1727, 
avec  une  compagnie  de  chanteurs  pour  y  jouer 
l'opéra;  puis  il  alla  à  Dresde,  où  il  entra  au 
service  de  l'électeur  Auguste  II,  roi  de  Po- 


logne. Ce  prince  le  céda  ensuite  avec  quelques 
artistes  a  l'impératrice  Anne  de  Russie,  pour 
sa  chapelle.  Verocaj  arriva  à  Moscou,  en  1729. 
Dans  l'année  suivante,  la  cour  impériale  quitta 
Moscou  pour  s'établir  à  Saint-Pétersbourg.  Ve- 
rocaj y  épousa  la  fille  du  célèbre  compositeur 
Reiser  (voyez  ce  nom),  cantatrice.  Après  quel- 
ques années  passées  en  Russie,  il  retourna  en 
Allemagne  et  se  fixa  à  Hambourg  en  1754. 
Après  la  mort  de  Keiser,  il  obtint  du  duc  de 
Brunswick  la  place  de  maître  de  concerts.  Il 
fit  représenter  à  la  cour  de  ce  prince,  en  1745, 
ses  opéras  de  Demofoonte  cldeCalo  inUtica. 
On  a  gravé  de  la  composition  de  cet  artiste  un 
trio  pour  deux  violons  et  basse,  intitulé  Laby- 
rinthe musical,  Vienne,  Sleiner. 

YÉIIOIY  (Pierre-André),  luthier  de  Paris, 
qui  vivait  vers  la  fin  du  règne  de  Louis  XIII , 
s'est  distingué  par  la  facture  de  ses  violons, 
qui  étaient  encore  recherchés  par  quelques 
curieux  au  commencement  du  dix-neuvième 
siècle.  Véron  était  contemporain  et  rival  de 
Bocquay  et  de  Pierrel. 

VE11GN  (....),  harpiste  à  Paris,  vers  la  (in 
du  dix-huitième  siècle,  a  publié  de  sa  compo- 
sition, en  1788,  un  oeuvre  de  quatre  sonates 
pour  harpe  et  violon,  op.  1,  à  Paris.  On  n'a 
pas  d'autre  renseignement  sur  cet  artiste. 

VEIU)  VIO  (Michel-Ange),  Romain,  connu 
sous  le  nom  de  IHICIIELANGELO  BEL 
VIOLOO,  vécut  dans  les  premières  années 
du  dix -septième  siècle  et  fut  renommé 
comme  un  des  plus  habiles  violonistes  de  son 
temps.  Pietro  délia  Valle  en  parie  avec  éloge 
dans  son  Discorso  délia  musica  dell'  ctà 
noslra,  inséré  dans  le  deuxième  volume  des 
œuvres  de  Jean-Baptiste  Doni(p.254).  Arteaga 
{Le  lîivoluzione  del  Teatro  musicale  ita- 
liano,  t.  I,  p.  545)  met  Verovio  au  nombre 
des  artistes  qui  introduisirent  dans  la  musique 
instrumentale  les  nouveaux  agréments  du 
trille,  des  mordents,  du  trémolo  et  de  beau- 
coup d'autres  choses  que  cet  écrivain  consi- 
dère comme  une  des  causes  de  la  corruption  de 
l'art  :  il  ne  sait  pas  que  ces  prétendus  nou- 
veaux agréments  ont  existé  dans  la  musique 
de  l'Orient  des  milliers  d'années  avant  ceux  à 
qui  il  les  attribue. 

VEIIRI  (le  comte  Pierre),  savant  littéra- 
teur, naquit  à  Milan,  le  12  décembre  1728,  fit 
ses  études  aux  collèges  de  Monza,  de  Parme  et 
de  Rome,  et  occupa  plusieurs  charges  impor- 
tantes dans  sa  patrie.  Il  fut  frappé  d'apoplexie 
et  mourut  à  l'hôtel  de  ville  de  Milan,  le  28  juin 
1797.  Le  comte  Vcrri  a  publié  un  discours  sur 
la  nature  et  l'usage  de  la  musique,  sous  le  titra 


VERRI  —  VERROUST 


331 


simple  de  la  Musica,  dans  une  sorte  de  jour- 
nal qu'il  rédigeait  avec  quelques-uns  de  ses 
amis  et  qui  avait  pour  litre  :  Brevi  e  vari 
discorsi  dislributi  in  fogli  periodici  dal 
giugno  17G5  per  un  anno  seguente.  Brescia, 
17GG,  a"  8.  Ce  recueil  a  été  réimprimé  à  Mi- 
lan, en  1804,  in-4°,  et  le  discours  du  comte 
Verri  s'y  trouve  pages  59-64. 

'VERttIMST  (Victor-Frédéric),  contre- 
bassiste et  compositeur,  est  né  à  Paris,  le 
29  novembre  1825,  d'un  père  belge,  natif  de 
Lokeren  (Flandre  orientale).  Admis  comme 
élève  au  Conservatoire,  cet  artiste  y  a  fait 
toutes  ses  études  musicales.  Élève  deChaft  pour 
la  contrebasse,  de  M.  Elwart  pour  l'harmonie 
et  de  M.  Leborne  pour  le  contrepoint,  il  a  ob- 
tenu les  premiers  prix  aux  concours  de  cha- 
cune de  ces  parties  de  l'art.  Après  avoir  été 
attaché,  pendant  plusieurs  années,  à  l'orchestre 
de  l'Opéra-Comique,  il  est  entré  à  celui  de 
l'Opéra  et  fait  également  partie  de  celui  de  la 
société  des  concerts  du  Conservatoire  et  de  la 
musique  particulière  de  l'empereur  Napo- 
léon III.  M.  Verrimst  a  été  maître  de  chapelle 
de  l'église  Saint-Thomas  d'Aquin  et  occupe 
aujourd'hui  la  même  position  à  l'église  Saint- 
Bernard.  Il  a  publié  de  sa  composition: 
1°  Promenade,  rêverie  pour  piano,  op.  1  ; 
Paris,  II.  Lemoine.  2°  Une  Nuit  au  Cap, 
fantaisie  pour  piano,  op.  2;  Paris,  Richault. 
3°  Grande  fantaisie  pour  trombone  et  or- 
chestre, op.  5;  ibid.  4°  Inviolata,  à  quatre 
voix,  op.  4;  ibid.  5°  Ave  Ferum,  à  quatre 
voix,  op.  5;  ibid.  6°  O  Salutaris,  pour  ténor 
seul,  op.  G;  ibid.  7"  Ave  Maria,  2"1C  O  Salu- 
taris, Regina  Cœli,  à  quatre  voix,  Salve 
Regina,  5mc  O  Salutaris,  Tota  pulchra  est 
(op.  7  à  14);  ibid.  8"  Messe  brève  à  trois  voix 
égales,  op.  15;  Paris,  Lebeau.  9°  Messe  solen- 
nelle à  trois  voix,  op.  1G;  ibid.  10"  Messe  de 
Requiem,  op.  17;  Paris,  Richault.  11°  Mélo- 
dies à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano  (op.  18  à  24);  ibid. 

VERROUST  (Louis  -  Stanislas  -  Xavier), 
hautboïste  et  compositeur,  naquit  à  Haze- 
brouck(Nord),  le  10  mai  1814.  Fils  d'un  musi- 
cien de  profession  domicilié  dans  cette  petite 
ville,  mais  né  à  Saint-Omer,  il  apprit  de  son 
père  les  principes  élémentaires  de  la  musique, 
et  se  fit  admirer  comme  enfant  de  chœur  par  la 
justesse  de  ses  intonations  et  le  sentiment  qu'il 
mettait  dans  les  solos  de  chant  qui  lui  étaient 
confiés.  Né  pour  l'art,  il  portail,  dans  l'élude 
qu'il  en  faisait,  une  facilité  merveilleuse.  C'est 
ainsi  (pie,  sans  travail,  il  parvint  à  jouer  du 
\iolon,  de  ldilùlc,  du  hautbois,  du  cor  anglais 


et  de  la  musette.  Arrivé  a  Paris  vers  la  fin 
de  1851,  il  fut  admis  comme  élève  au  Conser- 
vatoire de  celte  ville,  le  2  novembre  de  la  même 
année.  Sa  rare  organisation  musicale  lui  fit 
faire  de  rapides  progrès  sur  le  hautbois,  sous 
la  direction  de  son  maître,  M.  Vogt.  Le  second 
prix  de  cet  instrument  lui  fut  décerné  au  con- 
cours de  1853,  et  il  enleva  brillamment  le  pre- 
mier en  1854.  M.  Elwart  lui  enseigna  l'harmo- 
nie dans  la  même  école,  et  il  suivit  le  cours  de 
contrepoint  de  M.  Leborne.  Pendant  le  cours 
de  ses  éludes  au  Conservatoire,  il  était  entré 
comme  second  violon  au  théâtre  du  Palais- 
Royal  ;  plus  tard,  il  fut  tour  à  tour  hautboïste 
de  l'orchestre  du  théâtre  de  la  Porle-Saint- 
Marlin  ,  de  celui  de  la  Renaissance  et  de 
l'Opéra  italien.  Devenu  professeur  du  Gymnase 
de  musique  militaire,  il  y  forma  debons  élèves, 
dont  plusieurs  sont  devenus  de  véritables  vir- 
tuoses. Après  la  mort  de  Brod  [voyez  ce  nom), 
Verroust  lui  succéda  comme  premier  hautbois 
à  l'orchestre  de  l'Opéra,  et,  après  la  retraite 
de  son  professeur,  M.  Vogt,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  hautbois  au  Conservatoire, le  1er dé- 
cembre 1853.  Un  talent  fin,  délicat,  expressif, 
un  beau  son  et  une  grande  sûreté  dans  l'exécu- 
tion des  choses  les  plus  difficiles,  lui  faisaient 
obtenir  de  beaux  succès  chaque  fois  qu'il  se 
faisait  entendre,  et  lui  avaient  fait  conquérir 
les  emplois  honorables  dont  il  vient  d'être 
parlé  et  auxquels  il  ajouta,  en  1848,  la  place 
de  chef  de  musique  d'une  des  légions  de  la 
garde  nationale  de  Paris.  Malheureusement 
un  penchant  invincible  pour  le  vin  finit  par 
entraîner  Verroust  dans  des  excès  d'intempé- 
rance qui  portèrent  atteinte  à  sa  considération, 
lui  firent  perdre,  l'une  après  l'autre,  toutes 
ses  positions,  et  ruinèrent  sa  santé.  Pardegrés, 
ses  facultés  s'altérèrent  jusqu'à  le  faire  tomber 
dans  une  atonie  absolue.  On  voulut  lui  faire 
essayer  de  l'air  natal,  et  il  partit  de  Paris  pour 
Hazebrouck,  le  5  avril  18G3;  mais  à  peine  en 
eut-il  touché  le  sol,  qu'il  s'éteignit  le  9  du 
même  mois.  Ses  obsèques  eurent  lieu  deux 
jours  après. 

Aussi  remarquable  par  le  goût,  la  grâce  et 
l'élégance  dans  ses  compositions  pour  son 
instrument  qu'il  l'était  parson  talent  d'exécu- 
tion, Verroust  a  publié  un  grand  nombre  de 
morceaux  qui  sont  devenus  le  répertoire  habi- 
tuel des  hautboïstes  de  talent.  Quoique  le  plus 
grand  nombre  de  ses  ouvrages  consiste  en  va- 
riations et  fantaisies  sur  des  thèmes  d'opéras, 
le  choix  de  ces  thèmes  est  fait  avec  tant  de 
goût,  et  la  manière  dont  ils  sont  traités  est  si 
gracieuse,  si  élégante,  qu'on  peut  considérer 


332 


VERROUST  —  VERVOITTE 


cette  musique  comme  supérieure  à  ce  qui  avait 
été  composé  précédemment  pour  le  hautbois. 
Le  nomlire  <le  ses  œuvres  de  ce  genre  est  d'en- 
viron soixante,  lesquels  ont  été  publiés  à 
Paris,  chez  Richaiilt,  Brandus,  Mayaud  et 
Schonenberg. 

VERRYTII  (Jiun-Baptistf.),  organiste  à 
Rotterdam,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  est  connu  par  quelques  œuvres  de  mu- 
sique sacrée,  parmi  lesquels  on  remarque  : 
Flammx  divins,  binis,  ternisque  vocibus 
concinendx  cum  basso  générait  ad  organum. 
Anvers,  1G49,  in-4°.  Le  catalogue  de  la  biblio- 
thèque musicale  du  roi  de  Portugal,  Jean  IV, 
indique  deux  ouvrages  de  ce!  auteur  :  1°  Can- 
zoni  amorosi  a  5,  lib.  1 .  2»  Canzoni  amorosi 
a  4,  lib,  2. 

VERSO  (Antoinr  il),  compositeur,  naquit 
à  Tlaza,  en  Sicile,  vers  1500,  et  fut  élève  de 
Pierre  Vinci.  Ses  ouvrages  connus  sont  ceux- 
ci  :  1°  Jl  primo  libro  de' madrigali  a  S  roci. 
Pnlerme,  1590.  2°  Secondo  libro  di  motet tidi 
Pietro  Vinci,  con  alcuni  ricercati  di  Ant. 
Verso,  suo  discepolo.  In  Venelia,  1591.  3°  Il 
primo  libro  di  madrigali  a  G  voci.  Venise, 
1595,  in-4n.  4°  Settimo  libro  de'  madrigali  a 
Yivoci,  intilolato  :  I soavissimi  ardori.  Ibid., 
1603,  in -4".  5°  A'ono  libro  de'  madrigali  a 
fi  voci,  con  alcuni  romanzi  alla  Spagnuola. 
Palerme,  1008.  G0  Dccimoterzo  libro  de'  ma- 
drigali a  5  voci.  Palerme,  1G12,  in-4".  7"  De- 
cimoquarlo  libro  de'  madrigali  a  5  voci. 
Palerme,  1612,  in-4". 

VERSOCQ  (Élie),  maître  de  chapelle  à 
l'église  Sainle-Walhurge  d'Audenarde,  depuis 
1590  jusqu'en  1G57,  époque  de  sa  mort,  est 
mentionné  dans  les  comptes  de  celle  ville, 
en  1G10ct  années  suivantes,  pour  avoir  fait  don 
à  l'église  paroissiale  des  œuvres  de  sa  composi- 
tion. Ces  ouvrages  figuraient  encore  au  réper- 
toire de  l'église  Sainle-Walburge  en  1734. 

VERVOITTE  (Ciiaiu.es -Josr.rn),  d'ori- 
gine belge,  né  en  1822,  à  Aire,  sur  la  Lys, 
m  on  Ira,  dès  ses  premières  années,  d'heureuses 
dispositions  pour  la  musique.  Cependant,  ses 
parents  se  montraient  peu  disposés  à  lui  faire 
étudier  cet  art,  et  la  petite  ville  où  il  avait  vu 
le  jour  lui  offrait  peu  de  ressources  pour  son 
éducation  musicale,.  Nonobstant  ces  obstacles, 
le  jeune  Vervoillc  lit  de  rapides  progrès  dans 
ses  éludes,  grâce  aux  leçons  d'un  très-bon 
musicien,  maître  de  chapelle  à  Saint-Omer,  et 
de  l'organiste  île  la  même  église.  A  peine  sorti 
•Je  l'enfance,  il  prit  part  à  un  concours  ouvert 
à  Roulogne-sur-Mer  pour  une  place  de  maître 
de  chapelle,  et  obtint  cette  position,  malgré 


son  extrême  jeunesse.  Entré  en  fonctions,  il 
fut  bientôt  après  nommé  directeur  de  musique 
de  l'importante  institution  fondée  et  dirigée  par 
M.  Halfreingue,  et  obtint  vers  cette  époque  la 
place  de  directeur  de  l'École  Municipale  de  chant, 
qui  venait  d'être  mise  au  enneours.  H  n'élait  âgé 
que  de  vingt  ans  lorsque  M.  D-mjou  le  signala 
comme  un  rénovateur  des  meilleures  tradi- 
tions, dans  l'écrit  qu'il  publia  en  1842, 
sous  le  litre  de  l'Avenir  du  chant  ecclésias- 
tique en  France.  Le  même  écrivain  donne 
aussi  des  éloges  flatteurs  an  zèle,  au  dévoue- 
ment et  au  talent  de  M.  Vervoitte,  dans  le  pre- 
mier volume  de  sa  Revue  de  la  musique  reli- 
gieuse  (Paris,  1845).  Pendant  qu'il  travaillait 
ainsi  à  étendre  l'instruction  musicale  autour 
de  lui,  M.  Vervoitte  ne  s'occupait  pas  avec 
moins  d'ardeur  à  accroître  ses  connaissances 
dans  son  art  :  il  étudiait  la  composition  avec 
Théodore  Labarrc,  élève  de  l'auteur  de  cette 
notice,  et  recevait  des  conseils  de  Jean -Bap- 
tiste Cramer.  La  place  de  maître  de  chapelle 
de  l'église  Saint-Vincent  de  Paul  lui  fut  offerte 
lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  vingt-cinq  ans; 
mais,  à  la  même  époque,  l'archevêque  de 
Rouen  (Mgr  Blanquarl  de  Baillent)  lui  ayant 
proposé  d'établir  une  maîtrise  ((ans  la  cathé- 
drale et  de  fonder  des  cours  de  chant  au  petit 
et  au  grand  séminaire,  M.  Vervoitte  préféra 
celte  position  et  entra  en  fonctions  de  maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Rouen,  le 
20  mars  1847.  Peu  de  temps  après,  il  organisa, 
dans  le  palais  de  l'archevêché  et  sous  la  prési- 
dence de  l'archevêque,  des  concerts  historiques 
de  musique  religieuse  qui  eurent  beaucoup  de 
retentissement.  L'Académie  de  Rouen  décerna 
à  M.  Vervoitte,  en  1849,  une  médaille  de  grand 
module,  pour  ses  travaux  à  la  cathédrale,  ses 
composition  s  et  l'harmonisa  lion  de  ton  (le  chant 
liturgique  du  diocèse  de  Rouen.  Dans  l'année 
suivante,  il  fut  nommé,  à  l'unanimité,  membre 
de  la  même  Académie. 

Au  concours  fondé  à  Paris,  par  la  Société 
de  Sainte-Cécile,  pour  les  jeunes  compositeurs, 
M.  Vervoillc  fut  un  des  sept  lauréats,  avec 
MM.  Gounod,  Gevaerl,  Wckcrlin,  etc.  Sa  can- 
tate les  Moissonneurs  fut  exécutée  au  concert 
du  mois  de  janvier  1851,  et  la  critique  musi- 
cale de  celle  époque  en  constata  le  mérite.  Ce 
succès  lui  procura  la  demanded'une  messe  pour 
la  fêle  patronale  de  saint  Roch;  elle  fut  exé- 
cutée au  mois  d'août  1852,  à  l'église  Sainl- 
Roch,  de  Paris.  Appelé  par  le  Conseil  général 
de  la  Seine-Inférieure  à  diriger  la  musique 
pendant  le  séjour  de  l'empereur  Louis-Napo- 
léon à  Dieppe,  au  mois  d'août  1853,  il  dirigea 


VEUVOITTE  -  VESPEftMANN 


333 


lès  messes  et  les  concerts  pendant  toute  la 
durée  de  ce  séjour,  et  fit  entendre  plusieurs 
morceaux  de  sa  composition.  Avant  de  quitter 
Dieppe,  l'empereur  le  fit  appeler,  le  félicita  sur 
ses  ouvrages,  le  questionna  sur  les  maiirises, 
leur  hii t,  leur  utilité,  et  lui  remit  une  médaille 
d'or  de  première  classe.  La  Société  d'Émulation 
de  la  Seine-Inférieure  lui  en   décerna    une 
autre, en  1854,  pour  ses  compositions.  Vers  le 
même  temps,  la  question  de  la  substitution  du 
chant   romain    aux    chants    particuliers    des 
divers  diocèses  de  France  ayant  été  agitée, 
M.   Vcrvoilte  défendit  avec    ardeur    l'ancien 
chant  de  l'église  de  Rouen  et  rédigea,  à  ce 
sujet,  un  écrit  qui  fut  publié  dans  les  Mémoires 
de  l'Académie  de  celle  ville,  et  dont  il  y  a  des 
tirés  à  part.  Les  conclusions  rie  cet  écrit  ayant 
été  adoplées  par  une  commission  spéciale  nom- 
mée par  l'archevêque,  M.  Vervoille  fut  chargé 
par  lui    de  revoir  tout  le  chant  du  diocèse  et 
de  le  rétablir  dans  son  intégrité,  d'après  les 
anciens  manuscrits.  Ce  long  travail  était  à  peu 
près   terminé,  lorsque  le  mauvais  élat  de  la 
santé  de  Mgr  Blanquart   de  Bailleul   lui   fil 
prendre  la  résolution  de  se  retirer.  Son  succes- 
seur, ne  partageant  pas  ses  opinions  à  l'égard 
de  la  conservation  du  chant  local,  se  montra 
favorable  à  l'adoption  d'un  autre  chant  ;  cette 
Circonstance  détermina  M.Vervoitle  à   accep- 
ter, au  mois  de  mai  1 859,  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  l'église  Saint-Roch,  de  Paris, 
qui  lui  était  offerte  :  il  en  prit  immédiatement 
possession.  Nommé,  en  1862,  président-direc- 
teur «l'une  sociélé  de  chant  d'ensemble  qui 
venait  de  se  former  à  Paris,  sous  le  titre  de 
Sociélé  académique  de  musique  religieuse  et 
classique,  M.  Vervoille  a  fait  prospérer  celte 
institution  par  sa  grande  activité,  son  zèle 
dévoué  et  ses   connaissances  spéciales.  Celle 
société  donne,  chaque  année,  des  concerts  où 
l'on   entend    les  œuvres  des  grands  mailles 
choisies  dans  la  riche  bibliothèque  de  M.  Ver- 
voille. Les  œuvres  publiés  de  cet  artiste,  chez 
Régnier-Canaux,  à  Paris,  consistent  en  motels, 
psaumes  avec  cl  sans  orchestre,  messe  solen- 
nelle pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre, 
exéculéeà  l'église  Saint-Roch,  le  22  août  1852, 
offertoires    avec    orchestre,  antiennes   de   la 
Vierge,  plusieurs  Tantum  ergo  à  voix  seule  ou 
à  plusieurs  voix,  plusieurs  O  Salut aris,  vingt 
saluts   solennels  pour   voix    seules   et  chœur, 
avec  accompagnement  d'orgue,  chantés  à  l'é- 
glise   Saint-Roch    de    Paris.    Ces    morceaux , 
d'un   beau    caractère ,    sont    purement   écrits  ; 
environ  trente  morceaux,  avec  paroles  fran- 
çaises, à  l'usage  des  concerts  et  des  maisons 


d'éducation  ;  deux  volumes  de  faux -bourdons, 
en  usage  dansle  diocèse  de  Rouen  depuis  1847; 
messe  à  trois  voix  et  plusieurs  motets,  sous 
presse  (1865).  M.  Vervoille  a  publié  aussi  un 
recueil  de  messes  et  molels  des  maîtres  les 
plus  célèbres,  depuis  le  treizième  siècle  jus- 
qu'à l'époque  actuelle,  sous  le  titre  tV Archives 
des  cathédrales;  dix-huit  volumes  ont  paru,  à 
Paris,  chezGirod;  une  collection  d'airs,  duos, 
trios  et  chœurs  d'anciens  maîtres,  intitulée 
Musée  classique;  Paris,  Gérard;  Nouveau 
répertoire  de  musique  sacrée;  Paris,  Repos. 

VESI  (Simon),  né  à  Foi  li,  dans  les  Élats 
Romains,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  fut  mailie  de  chapelle  à  Padoue, 
vers  1650.  On  connaît  sous  son  nom  les  ou- 
vrages suivants  :  1°  Salmi  a  4  e  5  voci.  Ve- 
nise, 1656,  in-4".2"  Messa  e  salmi concertati 
a  6  voci  con  violini,  Ibid.  5°  Moletli  e  salmi 
a  voce  sola  concertati  con  islromentie  lita- 
nie a  4  voci.  Ibid. 

VESPA  (Jérôme),  compositeur  napolitain, 
fut  moine  de  l'ordre  des  grands  cordeliers  ou 
mineurs  conventuels,  et  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  Il  a  fait  imprimer: 
1°  Madrigali  a  5  voci,  libro  primo.  In  Ve- 
netia,  app.  li  figliuoli  d'Anl,  Gardaho.  1570, 
in-4°.  2°  Madrigali  a  4  voci,  lib.  2.  In  Vene- 
tia,  1575,  in-4°.  3°  Salmi  per  i  Vespri  in 
ogni  tempo  dcW  anno  a  4  e  5  voci,  co'l  Te 
Deum.  Venetia,app.  RicciardoAmadino,  1589, 
in-4°. 

VESPERMANN  (Claire),  dont  le  nom  de 
famille  était  METZGER,  naquit  à  Munich, 
en  1800.  Élève  de  Winler,  elle  devint  une  can- 
tatrice distinguée,  et  chanta  avec  succès  sur  le 
théâtre  de  Munich  pendant  plusieurs  années; 
mais  la  mort  l'enleva  à  la  Heur  de  l'âge,  le 
6  mars  1827.  Elle  avait  épousé  l'acteur  de  la 
cour  Vespermann  et  fut  sa  première  femme. 

VESPERMANN  (Catherine  SIGL),  se- 
conde femmedel'acleurde  la  cour  Vespermann, 
est  née  à  Munich,  en  1802.  A  l'âge  de  seizeans, 
elle  fit  un  voyage  à  Berlin  et  y  parut  avec  éclat, 
comme  cantatrice,  dans  quelques  concerts. 
Élève  de  Winler.  elle  avait  une  bonne  vocali- 
sation et  l'intonation  forl  jusle.  En  1820,  elle 
fut  engagée  au  théâtre  de  la  cour  de  Munich, 
et  depuis  lors  elle  y  est  restée  attachée,  n'ayant 
fait  que  de  petits  voyages  en  Allemagne  et  en 
France.  Arrivée  à  Paris  en  1851,  elle  joua  avec 
quelque  succès  au  théâtre  Italien  dans  Tan- 
erediel  surtout  dans  Don  Juan,  où  elle  chanta 
le  rôle  de  Dona  Anna.  De  retour  à  Munich, 
elle  y  fut  atteinte  du  choléra,  et  sa  voix  en 
souffrit  un  notable  dommage  qui  l'obligea  à 


33  -i 


VESPERMANN  —  VIÀDANA 


renoncerai!  théâtre.  Ce  ne  fut  qu'en  1837qu'elle 
se  fit  entendre  encore  dans  des  concerts;  mais 
elle  n'était  plus  que  l'ombre  d'elle-même. 

YESQUE  DE  PUTTLINGEN(J.  ). Voyez 
IIOVEN. 

VETTEU  (Nicolas),  né  à  Koenigsée,  le 
50  octobre  1GCG,  étudia  le  clavecin  sous  la 
direction  de  Georges  Gaspard  Wecker,  à  Nu- 
remberg, en  1G81,  et  devint  élève  du  célèbre 
organiste  Pacbelbel,  à  Erfurt,  en  1G88.  Deux 
ans  après,  lorsque  ce  maître  fut  appelé  à  Slult-f 
gard,  Veller  lui  succéda  dans  la  place  d'orga- 
niste de  l'église  des  Prédicateurs;  mais  il  ne 
garda  pas  longtemps  cette  position,  car  il  ac- 
cepta la  place  d'organiste  de  la  cour  à  Rudol- 
stadt,  en  1G91 .  Plus  lard,  il  eut  le  titre  d'avocat 
delà  régence  de  celle  résidence.  Il  vivait  encore 
en  1730.  Je  possède  en  manuscrit  de  bonnes 
pièces  d'orgue  de  ce  musicien  distingué. 

VETTEU  (Daniel),  organiste  de  Saint-Ni- 
colas, à  Leipsick,  né  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle,  est  auteur  d'un  recueil  de 
cent  trois  mélodies  chorales,  dont  la  première 
partie  est  en  harmonie  plaquée  à  quatre  par- 
ties, et  la  seconde  en  harmonie  figurée  pour  le 
clavecin.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Musika- 
iischc  Kirch-  und  ffauss  Ergœtzlichkeit. 
Leipsick,  1716,  in-4°  obi.  Veller  mourut  à 
Leipsick  vers  1730. 

VETTEU  (Jean-Paul),  harpiste,  né  à 
Anspach,  vers  la  fin  du  dix-seplième  siècle, 
demeurait  à  Nuremberg,  vers  1730,  et  y  in- 
venta, dit-on,  la  harpe  à  pédales;  mais  cette 
invention  parait  lui  avoir  été  contestée  avec 
raison,  car  Tfocbbrucker,  luthier deDonawcrth, 
avait  déjà  fait  en  1720  des  instruments  de 
cette  espère. 

VETTEU  (Jean-Martin),  pasteur  à  Hanf- 
fen-am-Bach,  près  de  Rolhcnbourg,  dans  le 
Hanovre,  vécut  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle.  Il  est  auteur  d'un  écrit  intitulé  :  Von 
dvin  Gébrauch  und  Nulzen  der  Gesxngeund 
Orgclwerke  beim  Gollcsdienste.  Eine  Rede 
(Discours  concernant  l'usage  et  l'utilité  du 
chant  et  des  orgues  dans  le  service  divin). 
Anspach,  1783,  in  8°  de  quarante  pages. 

VETTEU  (Henri-Louis),  maître  de  con- 
certs du  prince  d'Anbalt,  vers  1790,  fut 
d'abord  hautboïste  dans  un  régiment.  En 
1800,  il  vivait,  àlfanau,  sans  emploi.  Il  a  écrit 
quatre  symphonies  a  grand  orchestre,  dont  les 
numéros  3  et  4  ont  été  gravés  à  Offenbach, 
chez  André,  en  1794.  On  a  aussi  publié  de  sa 
composition  trois  quintettes  pour  deux  flûtes, 
deux  violons  et  violoncelle,  à  Spire,  chez 
Uossler. 


VEZZANA(LrcRÈcEOUSINA),religieuse 
au  couvent  de  Santa-Cristina ,  à  Bologne, 
vécut  au  commencement  du  dix -septième 
siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composition  un  ou- 
vrage intitulé  :  Componimenti  musicali  di 
Mottetli  concertati  a  una  et  piu  voci.  Ve- 
nise, Gardano,  1G23,  in-4°. 

VIADANA  (Louis),  moine  de  l'étroite 
observance,  naquit  à  Lodi,  vers  1565(1).  Dans 
la  préface  d'un  de  ses  ouvrages,  il  nous  ap- 
prend qu'il  se  trouvait  à  Rome  en  1597.  Plus 
lard,  il  occupa  la  place  de  maîtrede  chapellede 
la  cathédrale  de  Fano,  petite  ville  du  duché 
d'Urbin  ,  d'où  il  passa  à  celle  de  la  Con- 
cordia,  dans  l'État  de  Venise,  et  en  dernier 
lieu  à  Manloue,  où  il  vivait  encore  en  1644, 
dans  un  âge  Irès-avancé,  suivant  l'avertisse- 
ment de  la  troisième  édition  de  ses  Psaumes  à 
huit  voix,  imprimée  à  Venise  dans  la  même 
année  (2).  Le  nom  de  Viadana  est  devenu  cé- 
lèbre par  l'invention  de  la  basse  continue 
pour  l'accompagnement  des  voix  par  l'orgue, 
qu'on  lui  a  longtemps  attribuée  et  que  des 
écrivains  de  nos  jours  lui  disputent  avec  lant 
d'apparence  de  raison,  qu'il  est  devenu  né- 
cessaire d'examiner  à  fond  cette  question  his- 
torique. J'ai  satisfait  à' cette  nécessité  dans 
mon  Esquisse  de  l'histoire  de  Vharmonic  (3). 
Je  crois  devoir  ajouter  ici  quelques  nouveaux 
renseignements  à  ce  que  j'ai  dit  sur  ce  sujet. 

On  sait  que  le  nom  de  basse  continue  dé- 
signe une  basse  d'accompagnement  différente 
de  la  basse  vocale  des  anciennes  compositions, 
en  ce  que  celle-ci  était  souvent  interrompue, 

(1)  Suivant  l'opinion  de  Baini  {Memori,)  Storiro-rri- 
tiche,  etc.,  t.  I.,  n.  23S),  Viadana  serait  Espagnol  et  non 
Italien  {Ed  asserisro  in  fine, cheil  Viadana  fu  Spunnuolo, 
e  non  Ilaliano)  ;  mais  il  n'appuie  cette  assertion  d'aucune 
preuve.  Les  contemporains  de  Viadana,  qui  ont  parlé  de 
lui  et  de  ses  travaux,  notamment  Bancliieri,  dans  son 
Organo  suonarino  (Venise,  Ricc.  Amadino,  IGO'i)  et  dans 
sa  Carlella  musicale  nel  canto  /Tgurato  (p.  214),  ne  disent 
rien  qui  confirme  le  fait  avancé  parBaini.  Il  est  vrai  que 
Thomas  de  Yriarte,  parlant  d'un  certain  Viana,  musicien 
espagnol,  dans  ses  notes  sur  le  troisième  chant  de  son 
poème  sur  la  musique,  dit  :  Matias  Juan  Viana  que 
jtasa  por  inventor  rlel  baxo  conlinuo  (Mathieu-Jean  Viana, 
qui  passe  pour  inventeur  de  la  basse-continue);  mais 
Viadana  ne  s'appelle  pas  Mathieu  ou  Matliias-Jcan  :  son 
prénom  est  Louis  (Lodovico)  aux  titres  de  tous  ses  ou- 
\  rages. 

(2)  L'abbé  Baini  dit,  dans  ses  Mémoires  sur  la  vie  et 
les  ouvrages  de  J.  P.  de  Palcstrina,  que  Viadana  fut 
d'abord  maître  de  chapelle  à  Mantouc,  puis  à  Concordia 
et  en  dernier  lieu  à  Fano  (n.  23^)  ;  mais  s'il  n'y  a  point 
d'erreur  dans  ces  fjits,  ce  maître  a  dû  retourner  à  Man- 
toue  vers  la  fin  de  sa  vie,  d'après  l'avertissement  cité 
ci-dessus. 

(3)  Taris,  1840,  in-8°  de  17S  pages,  tire  a  30  exem- 
plaires, et  Revue  et  Gaietio  musicale  de  l'aris  (mit.  t8W)> 


VIA  DANA 


335 


tandis  que  l'autre  ne  s'arrête  pas.  La  liasse  de 
cette  dernière  espèce  a  dû  naître  dès  qu'il  y  a 
en  des  chants  à  voix  seule,  soutenue  par  l'ac- 
compagnement d'un  instrument.  Suivant  Doni 
(Tratlalo  délia  musica  scenica,  in  op.,  t.  II, 
p.  23),  le  premier  essai  de  la  musique  de  ce 
genre  fut  l'épisode  du  comte  Ugolin,  composé 
par  Vincent  Galilée,  pour  voix  seule,  avec  ac- 
compagnement de  violes,  vers  1580.  Quoique 
ce  morceau  ne  soit  pas  parvenu  jusqu'à  nous, 
nous  pouvons  prendre  une  idée  de  sa  struc- 
ture dans  le  récitatif  de  VEuridice  de  Cac- 
cini,  dans  le  même  ouvrage  mis  en  musique 
par  Jacques  Péri,  et  dans  les  drames  d'Emilio 
del  Cavalière  (voyez  ces  noms).  Le  premier 
ouvrage  de  ce  genre  composé  par  celui-ci  fut 
exécuté  en  1588,  aux  noces  de  la  grand'- 
duclicssc  de  Toscane;  mais  il  était  écrit  dans 
l'ancien  style  madrigalesque,  ainsi  que  la  plu- 
part des  compositions  de  celle  époque.  Il  n'en 
est  pas  de  même  de  l'espèce  d'opéra  allégorique 
intitulé  Rappresentazione  di  anima  e  di 
cnrpo,  publié  par  Guidotti,  en  1G00.  Là  se 
trouvent  plusieurs  traits  de  véritable  chant 
rhytbméà  voix  seule,  accompagnés  d'une  basse 
continue  dont  l'harmonie  d'accompagnement 
est  indiquée  par  des  chiffres,  avec  plus  de  soin 
et  île  détail  que  ce  qu'on  voit  dans  des  compo- 
sitions postérieures.  Tels  sont  le  chant  de 
Vanima  : 

Vorrei  riposo  c  pacc, 

Vorrci  ililello  e  gioja, 

E  Irovo  affanno  e  noja; 
celui-ci  : 

Non  vi  ered'  io,  nô,  no  : 
Si,  voslr1  ingann'  io  so. 
Etc. 

cl  plusieurs  autres. 

VEuridice  de  Jules  Caccini  parut  dans  la 
même  année  (1);  on  y  trouve  aussi  le  chanta 
voix  seule  accompagné  d'une  basse  continue 
dont  l'harmonie  d'accompagnement  est  indi- 
quée par  quelques  chiffres;  mais  ce  chant  est 
plus  vague  que  celui  d'Emilio  del  Cavalière,  et 
lient  plus  du  récitatif:  la  basse  en  est  plus 
lourde  et  moins  rhylhmée.  Ces  productions 
sont  les  plus  anciennes  où  l'on  peut  constater 
d'une  manière  authentique  l'existence  de  mé- 
lodies à  voix  seule  accompagnées  de  la  basse 
continue  pour  les  instruments.  Cependant  la 
priorité  d'invention  de  la  musique  à  voix 
seule,  ou  à  deux  ou  trois  voix,  expressément 
composée  pour  être  accompagnée  par  l'orgue, 
paraît  appartenir  sans  contestation  à  Viadana, 

(I)  VEuridice  composta  in  musica,  in  slilo  rapjiresen- 
tativo  da  Giulio  Caccini  iletto  Ilomano,  in  Firenze,  Gior- 
gio Marcscolli,  MDC,  in-l'olio. 


au  moins  pour  les  messes  et  molets,  d'après 
ce  qu'il  en  rapporte  lui-même  dans  la  préface 
d'une  collection  de  motels  intitulée  :  Cento 
concerli  ccclesiaslici  a  una,  a  due,  a  tre  e 
quatlra  voci,  con  il  basso  continua  per 
sonar  nell' or gano.  Novainvenzione  comoda 
per  or/ni  sorte  di  cantori  e  per  gli  organisli. 
In  Venezia  ,  appresso  Giacomo  Vincenti  , 
1G05,  cinq  petits  volumes  in-4°  (1).  Le  cin- 
quième volume  contient  la  partie  de  basse 
continue  intitulée  :  Basso  per  sonar  neW  or- 
gano.  Viadana  dit,  dans  son  avertissement  au 
lecleur,  qu'il  a  été  conduit  à  imaginer  un  nou- 
veau genre  de  motels  à  une,  denx  ou  trois 
voix,  avec  accompagnement  de  l'orgue,  en 
voyant  certains  chantres  obligés  d'exécuter  à 
trois  voix,  à  deux  ou  à  une  seule,  avec  cet  in- 
strument, des  motels  à  cinq,  six,  ou  même  huit 
parties,  nonobstant  les  longs  repos  des  voix, 
occasionnés  par  les  imitations  ou  fugues,  les 
défauts  de  cadences,  de  mélodie,  etc.,  et  que 
c'est  ce  nouveau  genre  de  musique  concertant 
qu'il  offre  au  public  par  le  conseil  de  ses 
amis  (2).  Il  ajoute  que  celte  invention  a  reçu 
beaucoup  d'applaudissements  lorsqu'il  la  lit 
connaître,  à  Rome,  environ  six  ans  auparavant 
(vers  159Goul597),  et  qu'il  a  trouvé  beaucoup 
d'imitateurs.  Parmi  ces  imitateurs,  il  compte 
peut-être  Emilio  del  Cavalière,  Péri  et  Caccini, 
bien  que  le  style  de  leurs  mélodies  soit  diffé- 
rent du  sien  et  que  ces  artistes  se  soient  pro- 
posé un  autre  but.  Peut-être  aussi  avait-il  en 
vue  un  œuvre  de  motels  à  cinq  voix  avec  basse 
continue  que  Richard  Deering,  compositeur 
anglais,  avait  publié  à  Anvers,  en  1597,  à  son 
retour  de  Rome.  Le  style  mélodique  de  Via- 

(1)  Il  y  a  d>s  exemplaires  de  cette  collection  qui  por- 
tent la  date  de  IG02,  bien  que  de  la  même  édition. 

(i)  Moite  sono  statc  lecagioni  (cortesi  lcltori)  elic  mi 
lianno  indotto  a  comporre  questa  sorte  di  concerti  :  fra 
le  quali  questa  c  stata  una  délie  principali,  il  vederc 
cioé,  che  volendo  aile  volte  qualclie  cantore  cantare  in 
un  organo  o  con  tre  voci,  o  con  due,  o  con  una  sola, 
cranoasirelti  per  mancamento  di  composition!  a  pro- 
posito  loro  d'appigliarsi  ad  una,  o  due,  o  tre  parti,  di 
mottclti  a  cinque,  a  sei,  a  sette,  ed  anche  ad  otto,  le 
quali  per  l'unionc  che  devono  havere  con  l'allrc  parti 
corne  obbligate  aile  fughe,  aile  cadenze,  ai  contrapunti, 
et  altri  modi  di  tutto  il  canto,  sono  piene  di  pause 
lunglie,  c  replicale,  prive  di  cadenze,  senz1  arie,  c  final- 
mente  con  pochissima  et  insipida  seguenza  :  oltre  gl'  in- 
tcrrompimenli  délie  parole  tall'  ora  in  parte  taciule,  et 
aile  volte  ancora  con  disconvenevoli  interpositioni  dis- 
poste,  le  quali  rendevano  la  maniera  del  canto,  o  imper- 
fetta,  o  noiosa,  od  infetta,  et  poco  grata  a  qnelli,  che 
slavano  ad  udire  :  senza  che  vi  era  anco  incomodo  gran- 
dissimo  de'  cantori  in  cantarle.  Là  dove  bavendo  poi 
voila  non  poca  consideralione  sopra  tnli  difficoltà,  mi 
sono  alTaticato  assai  per  investigare  il  modo  di  supplire 
in  qualchc  parte  a  cosi  notabile  mancamento,  et  credo 
la  Dio  merec  d'baverlo  ail'  ultimo  ritrovato,  etc. 


336 


VIADANA 


dana  a  une  supériorité  incontestable  sur  celui 
de  ses  contemporains  de  l'école  romaine,  dans 
la  musique  d'église  concertée. 

La  partie  de  basse  continue  des  motels  de 
Viadana  n'a  point  de  cliiflïes  d'accords;  il  ne 
dit  rien  sur  ce  snjeldans  l'instruction  que  con- 
tient l'avertissement.  11  n'y  est  pas  non  plus 
question  de  classification  d'accords  en  conson- 
nanls  et  dissonants.  L'instruction  a  pour 
objet  la  manière  d'exécuter  les  différentes 
pièces  contenues  dans  l'œuvre,  tant  de  la  part 
des  chanteurs  que  de  celle  de  l'organiste.  Via- 
dana conseille  à  celui-ci  :  1°  déjouer  simple- 
ment la  partition;  2°  de  ne  point  couvrir  le 
chant  dans  l'ornement  des  cadences;  ô«  de 
donner  un  coup  d'oeil  à  l'ensemble  du  morceau, 
avant  de  l'exécuter;  4°  de  ne  point  accompa- 
gner trop  haut  les  voix  aiguës,  ni  trop  bas  les 
voix  graves  ;  5°  de  jouer  a  tasto  solo,  c'esl-à- 
di  le  sans  accords,  les  entrées  de  style  l'ugué,  etc. 

Crugcr,  contemporain  de  Viadana,  parait 
être  un  des  plus  anciens  auteurs  qui  ont  dit 
positivement  que  ce  musicien  fut  l'inventeur 
de  la  basse  continue  (1).  Voici  ses  paroles  : 
Itassus  generalis  seu  continuus,  so  von  fur 
trcfflichen  italianischen  JUusico  Ludovico 
Viadana  ersllich  erfunden  (La  basse  géné- 
rale ou  continue  fut  premièrement  inventée 
par  l'excellent  musicien  italien  Louis  Viadana). 
Il  existe  en  faveur  de  Viadana  un  témoignage 
encore  plus  rapproché  du  temps  de  l'invention, 
dans  la  préface  que  Gaspard  Vincenz,  orga- 
niste à  Spire,  a  mise  en  tête  du  Promptuarium 
musicum  d'Abraham  Schad,  publié  en  1011. 
Parlant  de  Viadana  et  de  la  basse  continue, 
dont  il  le  considère  comme  inventeur,  il  dit  : 
Perilissimus  hujus  scientia;  arlifex,  pri- 
musquehujustabulalurœaulor.kprèsCniger, 
Prinlz  s'est  exprimé  sur  ce  sujet  d'une  manière 
non  moins  positive,  dans  son  Histoire  de  la 
musique  (2).  Brossard  parait  avoir  puisé  ses 
renseignements  à  cet  égard  dans  le  livre  de  ce 
dernier;  mais  je  ne  sais  sur  quelle  autorité  il 
a  dit,  à  l'article  fiasco  continua  de  son  Dic- 
tionnaire de  musique, que  Viadana  a  publié  un 
traité  de  la  basse  continue.  J.-J.  Rousseau  a 
copié  Brossard,  et  a  cité  sans  examen  ce  pré- 
tendu traité.  On  a  vu  précédemment  «pie  la 
basse  des  motels  de  Viadana  n'a  point  de  chif- 
fres d'accords,  et  qu'il  n'a  rien  dit  sur  ce  sujet 
dans  l'avertissement  au  lecteur  de  la  première 

(1)  Dans  i'Appendix  de  /îussn  généralisai  conlhiuo,  à 
In  suite  de  son  livre  intitule  :  Synopsis  m  us  ira,  Berlin, 
10-24,  in-1-2. 

(2)  Ilistoriseh  Bescltreibung  det  edelen  Sing-  mal 
Klinjkiinsl,  chap.  XII,  S  11. 


édition   de  ces   motels.   Cependant   Guidotli 
(voyez  ce  nom),  éditeur  de  la  Rappresenta- 
zione  di  anima  e  di  corpo  d'Emilio  del  Cava- 
lière, publiée  en  1600,  avait  donné,  dans  les 
Avvcrtimenti  particolari  per  clii  canlerâ 
recitando  c  per  chi  suoncrà,  quelques  in- 
structions concernant  l'usage  de  ces  chiffres 
ainsi  (pie  des  signes  accessoires,  et  les  avait 
marqués  sur  la  partie  de  basse  ;  Jules  Caccini 
avait  aussi  employé  les  mêmes  signes  dans  son 
Euridice,  publiée  la  même  année.  Il  est  vrai- 
semblable que  des  observations  furent  faites,  à 
ce  sujet,  à  Viadana  par  ses  amis,  cardans  l'in- 
struction pour  la  seconde  édition  de  ses  Cenlo 
concerli  ecclesiastici,  qui  parut  en  1609,  il 
parle  de  l'usage  des  chiffres  sur  la  basse  en 
termes  à  peu  près  semblables  à  ceux  de  Gui- 
dolli  :  c'est  sans  doute  celle  circonstance  qui  a 
fait  considérer  Viadana  par  quelques  auteurs 
comme  l'inventeur  delà  basse  chiffrée. Suivant 
l'abbé  Baini  (1),  on  faisait,  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle,  un  contrepoint  improvisé  avec 
les  instruments  sur  la  basse  des  compositions 
vocales,  et  pour  éviter  les  discordances  qui 
pouvaient  résulter  du  mélange  du  contrepoint 
instrumental  improvisé  avec  les  parties  vocales 
écrites,  on  marquait  sur  la  basse  des  chiffres 
et  des  signes  qui  indiquaient  la  nature  des  in- 
tervalles.  Les  autorités  citées   par  le  savant 
Baini  ne  me  semblent  pas  prouver  ces  asser- 
tions ;  j'ai  même  la  certitude,  par  la  multitude 
de  compositions  publiées  dans  la  seconde  moi- 
tié du  seizième  siècle,  avec  ces  mots  :  Da  can- 
tare  c  da  suotiare,  que  les  instruments  exé- 
cutaient les  mêmes  parties  que  les  voix.  Quant 
aux  chiffres  placés  au-dessus  de  la  basse,  on 
n'en  aperçoit  point  de  traces  antérieurement  à 
l'année  1000.   J'ai   traité  historiquement   et 
avec  beaucoup  de  détail  ce  qui  concerne  la 
basse  chiffrée,  dans  le  dernier  chapitre  du  se- 
cond  livre  de  mon  Traité  complet  de  l'har- 
monie (Paris,  Schlesinger,  1844,  gr.   in-8°, 
dont  la  huitième  édition  vient  de  paraître  chez 
Brandus  et  Dufour  (1864),  à  Paris. 

En  résumant  ce  qui  précède,  on  voit:  1"  Que 
l'idée  d'une  basse  d'accompagnement  continu 
est  née  avec  les  premiers  essais  de  chant  à  voix 
seule  soutenue  par  un  instrument,  vers  1580; 
2"  (pie  celle  basse,  devenue  plus  animée  et  plus 
\  ii  iée  dans  ses  formes,  fut  appliquée  à  l'orgue 
par  Viadana,  pour  l'accompagnement  du  chant 
religieux-mélodique  et  concerté,  et  reçut  de  lui 
If  nom  de  basse  continue,  vers  1596;  5°  que, 
vers   le  même  temps,  l'usage  des  chiffres  ei 

(I)  Dans  ses  Mémoires  sur  la  vie  et  sur  les  ouvrages 
île  J.  P.  de  Palcstrina,  t.  I,  p.  149  et  150,  note  238. 


VIADANA 


337 


lignes  accessoires  au-dessus  de  la  basse  fut 
imaginé  par  Emilie-  del  Cavalière,  ou  par  Gui- 
ilotti,  ou  enfin  par  quelque  musicien  inconnu 
jusqu'à  ce  jour.  L'abbé  Vogler  csl  donc  tombé 
dans  une  erreur  évidente,  dans  son  Manuel  de 
la  science  de  l'harmonie  et  de  la  basse  conti- 
nue, lorsqu'il  a  refusé  à  Viadana  l'invention 
de  la  basse  figurée  sans  interruption,  la  consi- 
dérant comme  plus  ancienne  que  lui,  et  ajou- 
tant :  «  Louis  Viadana,  maître  de  chapelle  de 
»  la  cathédrale  de  Mantoue,  proposa  finale- 
»  ment,  dans  les  premières  années  du  dix- 
»  septième  siècle,  de  chiffrer  la  basse  pour 
»  désigner  les  accords  qui  doivent  accompa- 
»  gner  la  note  fondamentale  (1).  »  C'est 
exactement  le  contraire  de  ces  assenions  qui 
est  le  vrai. 

Les  ouvrages  connus  de  Viadana  sont  ceux 
dont  les  litres  suivent:  1°  Madrigali  a  quat- 
trovoci,lib.1.  In  Venezia,  1591,in-4°.2"  Ma- 
drigali  a  G  voci,  op.  5.  Ihid.,  1593,  in-4". 
5"  Canzonette  a  tre  voci  da  Lodovico  Via- 
dana ,  maestro  di  cappella  nel  Duotno  di 
Mantova,  libro primo.  In  Venelia,  appresso 
Ricciardo  Amadino,  1594.  Ce  litre  prouve 
l'assertion  de  Baini  que  Viadana  avait  été  maî- 
tre de  chapelle  à  Mantoue  avant  de  l'être  à 
Fano  et  à  Concordia.  4°  II  primo  libro  de' 
salmi  a  5  voci.  Ihid.,  1797,  in-4".  5°  Messe 
a  quallro  voci,  libro  primo.  Ihid.,  1590,  in-4". 
6°  Fespert.  omnium  solemnitatum  Psalmo- 
dia quinque  vocibus.  In  Venelia,  per  Vin- 
centi,  1597.  C'est  la  quatrième  édition;  la 
septième  a  paru  dans  la  même  ville,  en  101 1, 
7°  Salmi  e  Magnificat  a  quallro  voci.  Ibid, 
1598,  in-4°.  Il  y  a  une  autre  édition  de  ce  re- 
cueil publiée  à  Francfort,  en  1G12,  in-4°.  8°  77 
secondo  libro  de'  Salmi  a  5  i;oc«.  Ibid.,  1G01, 
in-4°.  9°  Psalmivespertini  8  vocibus  concin. 
Venetiisapud  Vincenlium, 1602,  in-4".  J'ignore 
en  quelle  année  la  deuxième  édition  de  ce  re- 
cueil a  paru;  la  troisième  a  été  publiée  à  Venise, 
en  1G44,  in-4".  10°  Cenlo  concerti ecclesias- 
tici  a  una,  a  due,  tre  e  qualtro  voci  con  il 
basso  continuo  per  sonar  nell'  organo.  Nova 
invenzione  comodaper  ogni  sorte  di  cantori 
eper  gliorganisti.  In  Venezia,  appresso  Gia- 
como  Vincenti,  1602  et  1005,  in-4°.  La  troi- 
sième édition  de  ce  recueil  a  été  publiée  par  le 
même  imprimeur  en  1009.  Une  quatrième  édi- 
tion a  paru  à  Venise,  chez  Vincenli,  en  1611, 

(!)  l/atidliuch  :ur  Ilarmonielehre  und  fiir  Gtneral- 
ttass,  elc.  Prague,  1802,  in-8°  (p.  {•}'))  :  «  l.uilwig  Viadana, 
»  schlug  endlicli  vorclen  Basszu  LezilTern,  und  dadurch 
»  die  Akkordc  die  zum  Grundton  und  tait  ganzen  llar- 
»  monie  gcgriiïen  werden  solicn,  anzuincrken. 
BIOGR.  IIMV.  DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


in-4°.  Un  exemplaire  de  cette  édition  se  trouve 
a  la  bibliothèque  du  Lycée  musical  de  Bologne. 
Il  y  a  aussi  une  édition  intitulée  :  Opus  musi- 
cum  sacrorum  concentuum,  qui  ex  unica 
voce,  nec  non  duabus ,  tribus  et  quatuor  voci- 
bus variatis  concinentur,  una  cum  basso 
continuo  ad  organum  applicato.  Francfort, 
1G12,  in-4°.  Enfin  uneédilion  complète  de  tous 
les  motels  et  concerts  ecclésiastiques  de  Via- 
dana, au  nombre  de  cent  quarante-six,  a  été 
publiée  avec  l'instruction  pour  les  chantres  et 
organistes,  en  italien,  latin  et  allemand,  avec 
le  litre  suivant  :  Opéra  omnia  sacrorum  con- 
cenluum  1,  2,  S  et  4  vocum,  cum  basso  conti- 
nuo et  generali  organo  applicalo,  novaque 
inventione pro  omnigenereet  sorte  cantorum 
et  organislarum  accommodato.  Adjuncta  in- 
super in  basso  generali  hujus  novte  inven- 
tionis  instructione,  latine,  italice  et  germa- 
nice.  Francfort,  1G20,  in-4".  L'édilionde  1613, 
citée  par  Gerher,  est  supposée  :  c'est  celle 
de  1612  qu'on  a  confondue  avec  la  dernière, 
d'après  le  catalogue  de  Draud4us.  1 1°  t)fificium 
ac  Missxdefunctorumquinquevocum,o^.  15. 
in  Venelia,  app.  Vincenli,  1604.  12°  Respon- 
sori  et  lamenlazioni  per  la  settimana  santa 
a  4  voci,  op.  23.  Ihid,  1609,  in-4°.  15°  Il 
terzo  libro  de  concerti  ecclesiaslici  a  due,  a 
tre  et  a  qualtro  voci  con  il  basso  per  sonare 
nel  organo  da  Lodovico  Viadana,  maestro  di 
capella  nella  catedrale  di  Concordia  ;  nuova- 
mente  ristampati  et  corretti,  op.  SM.  Ibiu., 
1011,  in-4".  14°  Messe  concertate  per  una,  o 
due,  ossia  tre  voci  con  il  basso  continuo  per 
l'organo.  In  Venezia,  appresso  Giacomo  Vin- 
cenli, 1605,  in-4".  La  messe  dominicale  pouf 
ténor  seul  et  orgue,  dont  le  thème  est  pris  dans 
le  plain-chanl  de  celte  messe,  a  été  extraite  de 
ce  recueil  et  puhliéedans  la  Corolla  mitsica 
de  Donfrid,  à  Strasbourg,  en  1028.  15°  Con- 
certi sacri  a  2  voci  col  basso  continuo  per 
l'organo.  Ibid.,  1608,  in-4°.  Les  morceauxqui 
se  Irouveni  dans  celle  colleclion  ont  été  réim- 
primés dans  l'édition  publiée  à  Francfort, 
en  1G20.  16°  Falsi  bordoni  a  qualtro  e  otto 
voci,  premesse  le  regole  per  il  basso  per  l'or- 
gano. Rome,  1612.  17°  Completorium  roma- 
num  S  vocibus  decanlandum,  lib.  2,  op.  1G. 
Venise,  Vincenli,  1608,  in-4".  18°  Vesperi  et 
Magnificat  a  quattro  e  cinque  voci.  Ihid., 
1009.  Je  crois  que  les  recueils  précédents  oui 
fourni  les  éléments  de  la  colleclion  publiée 
ensuite  sous  ce  litre  :  Vesperlina  omnium 
solemnitatum  psalmodia,  cum  duobus  Ma- 
gnificat et  falsis  bordonis,  cum  5  vocibus. 
Francfort-sur-le-Mein,1610,  in  4".  Une  paille 


338 


V1ADANA  —  VICENT1N0 


de  cette  collection  a  été  ensuite  reproduite  avec 
les  motets  à  deux,  trois  et  quatre  voix  dans  un 
autre  recueil  intitulé  :  Concentuum  ccclesias- 
ticorum  2,  5  et  4  vocibus,  opus  completum, 
cum  solemnilati  omnium  vespertinarum. 
Ibid.,  1615,  in-4°.  19°  Salmi  a  quattro  cori, 
op.  27;  in  Venelia,  app.  Vincenli,  1512. 
20°  Litanie  che  si  canlano  nclla Santa  casa 
a  3,  4,  5,  6,  7,  8  et  12  voci;  3"  impressione; 
ibid.,  1C13,  in-4°.  21°  Ofpcium  defunclorum 
quatuor  vocibus  concin.,  Venise,  Vincenti, 
4614,  in-4°.22u  Sinfoniemusicali  a  ottovoci, 
op.  18,  ibid.,  1617,  in-4°.  C'est  une  réimpres- 
sion. 

VIADANA  (Jacques-Mohus).  Il  existe  à  la 
Bibliothèque  royale  de  Berlin  un  recueil  de 
motets  intitulé  :  Jacobi  Mori  Viadanas  con- 
certi  ecclesiastici  1,  2,  3,  4  vocum  cum  basso 
continuo  ad  organum,  nunc  primum  in 
lucem  editi.  Antverpix  excudebat  Petrus 
Phalesius,  1613,  in-4°.  Je  n'ai  pas  trouvé 
ailleurs  de  renseignements  sur  l'auteur  de  cet 
ouvrage,  si  toutefois  il  a  existé,  et  s'il  n'y  a 
point  ici  une  fraude  commerciale. 

VIAL  (...),  neveu  du  violoniste  Leclair,  né 
à  Paris,  vers  1750,  a  fait  graver  un  Arbre 
généalogique  de  l'harmonie,  d'après  le  sys- 
tème de  Rameau  ;  Paris,  1767,  3  feuiles  in- 
plano.  La  première  feuille  contient  l'arbre 
généalogique  des  accords,  et  les  deux  autres 
les  .explications. 

VÏALAHDO  (Baltrasaii),  organiste  de 
l'église  San  Giovanni  alla  conca,  à  Milan,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  s'est 
fait  connaître  par  un  ouvrage  intitulé  :  Missx 
dux  quinque  et  sex  vocibus  cum  psalmi  ves- 
pertini,  litaniis  Beatx  Marias  l'irginis 
quinque  vocum,  op.  1  ;  Mediolani,  per  Geor- 
gïum  Rolla,  1624.  A  la  fin  de  ce  recueil,  on 
trouve  un  Magnificat  à  cinq  voix  d'Horace 
Vecchi. 

YIANA  (Matthias-Jean),  ou  VEANA, 
compositeur  de  musique  d'église,  né  en  Es- 
pagne, vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  Vlncarna- 
ciotif  à  Madrid.  Il  est  peu  connu  hors  de  sa  pa- 
trie. Le  catalogue  de  la  bibliothèque  musicale 
du  roi  de  Portugal  Jean  IV  indique  de  sa 
composition  deux  livres  de  motets  à  quatre  et 
cinq  voix,  et  trois  livres  de  Filhancicos  à  cinq 
et  six  voix,  mais  sans  date  et  sans  nom  d'im- 
primeur. Yriarte  (voyez  ce  nom)  est  tombé 
dans  une  erreur  singulière  à  l'égard  de  ce  mu- 
sicien, en  le  confondant  avec  Viadana  (voyez 
ce  nom),  dans  les  notes  relatives  au  troisième 
livre  de  son  poème  sur  la  musique,  où  il  dit  : 


Matias  Juan  Viana  que  pasa  por  inventor 
del  baxo  continuo,  etc.  (page  xv,  édit.  de 
Madrid,  1789,  in-8°).  M.  Eslava  a  publié  en 
partition  un  Vilhancico  à  six  voix,  de  Viana, 
dans  la  deuxième  série  de  la  Lira  Sacro- 
Hispana. 

TICE3JTE  Y  CE1WERA  (D.  François) 
était  organiste  delà  cathédrale  de  Huesca,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle.  Le 
3  novembre  1712,  il  fut  nommé  organiste  de 
l'église  du  collège  royal  du  Corpus  Christi 
de  Valence,  et,  plus  tard,  maître  de  la  même 
chapelle.  Il  a  composé  beaucoup  de  psaumes 
et  de  messes  à  huit  et  à  douze  voix,  selon 
l'usage  de  celte  église,  et  dans  le  style  de 
l'école  de  Valence,  qui  était,  à  l'égard  de  l'Es- 
pagne, ce  qu'était  l'école  vénitienne  pour 
l'Italie,  à  la  fin  du  seizième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-septième.  Vicenle  y  Cervera 
a  joui  de  la  réputation  d'un  des  meilleurs 
compositeurs  espagnols,  pour  la  musique  reli- 
gieuse. 

VICENTINO  (Nicolas),  prêtre,  né  à  Vi- 
cence,  en  1511  (1),  fit  ses  études  musicales 
sous  la  direction  d'Adrien  Willaert,  suivant  le 
titre  énigmatique  d'un  de  ses  ouvrages,  lequel 
a  faitcroire,au  contraire,  à  M.  Caffi,que  Vicen- 
lino  avait  été  maître  du  compositeur  flamand. 
Il  fut  maître  dechapelleà  la  courdeFerrare,  et 
enseigna  aux  princes  et  princesses  de  la  famille 
d'Esté  à  jouer  des  instruments  à  clavier,  sur 
lesquels  il  parait  avoir  eu  beaucoup  d'habileté 
pour  son  temps.  Protégé  par  eux  et  particu- 
lièrement par  le  cardinal  Hippolyle  d'Esté,  il 
suivit  celui-ci  à  Rome,  et  vécut  dans  son  pa- 
lais vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Préoc- 
cupé de  la  pensée  de  faire  renaître  les  genres 
chromatique  et  enharmonique  des  Grecs,  en 
leur  appliquant  l'harmonie  consonnante  de 
son  temps,  il  écrivit  des  madrigaux  à  cinq 
voix  dans  ce  système,  et  les  publia  sous  ce 
titre  bizarre,  qualifié  avec  raison  d'amphibo- 
logique par  l'abbé  Baini  :  Dell'  unico  Adriano 
Villaert  discepolo  D.  Nicola  Vicenlino 
Madrigali  a  5  voci  per  teorica  e  per  pratica 
da  lui  composti  al  nuovo  modo  del  celeber- 
rimo  suo  maestro  ritrovati,  lib.  I  ;  Venezia, 
1546,  in-4°  oblong.  Cet  ouvrage,  qu'il  croyait 
destiné  à  produire  une  vive  sensation  sur  l'es- 

(GChoron  ctFayolleont  très-bien  remarqué {Diclionn. 
histor.  des  musiciens)  que  Gerber  s:est  trompé  en  taisant 
naître  Vieentino  à  Rome;  mais  eux-mêmes  sont  tombés 
dans  une  autre  erreur  en  fixant  l'époque  de  sa  naissance 
à  1513,  car  au-dessous  de  son  portrait  placé  en  tête  de 
son  livre,  on  trouve  ces  mots  :  Nicolas  Vicentinus  anno 
«tatis  suœ  44;  or  le  livre  a  été  publié  en  15aS;  il  est  évi- 
dent que  l'auteur  a  du  naitre  au  plus  tard  en  1511. 


VICENTINO 


prit  des  musiciens,  fui  cependant  peu  remar- 
qué à  Rome.  Il  essaya  de  donner  une  démon- 
stration de  la  réalité  de  son  système  par  l'in- 
vention d'un  clavecin,  auquel  il  donna  le  nom 
d'arcicetnbalo  et  qui  avait  plusieurs  claviers 
divisés  de  telle  sorte  qu'on  pouvait,  selon  Vi- 
cenlino,  appliquer  par  leur  moyen  les  genres 
diatonique,  chromatique  et  enharmonique  des 
anciens  à  l'harmonie  de  la  musique  moderne, 
avouant  que  la  difficulté  des  intonations  pou- 
vait être  un  obstacle  pour  cette  application 
dans  la  musique  vocale.  Toutefois  il  ne  croyait 
pas  cet  obstacle  invincible,  car  il  ouvrit  un 
cours  pour  enseigner  à  chanter  à  six  élèves 
choisis,  sous  le  sceau  du  secret,  les  intervalles 
des  trois  genres.  On  commença  alors  à  se  pré- 
occuper de  celte  école  mystérieuse;  mais  Vi- 
cenlino  répondait  à  ceux  qui  cherchaient  à 
pénétrer  son  secret,  qu'il  ne  publierait  ses  dé- 
couvertes qu'après  qu'il  aurait  obtenu  une  po- 
sition convenable  pour  ses  talents;  par 
exemple,  celle  de  chantre,  ou  même  de  maître 
de  la  chapelle  pontificale.  Les  choses  étaient 
en  cet  état,  lorsque,  vers  la  fin  de  mai  1551, 
Vicenlino  et  Vincent  Lusilano  (uoyes  ce  nom), 
sortant  d'une  maison  où  ils  avaient  entendu 
exécuter  un  morceau  de  musique  à  plusieurs 
voix  composé  sur  le  plain-chanl  du  Regina 
Cœli,  se  mirent  à  discuter  sur  celle  composi- 
tion. Lusilano  ayant  dit  qu'elle  était  dans  le 
genre  diatonique,  Vicenlino  soutint  que  ni 
lui  ni  aucun  musicien  ne  savaient  précisé- 
ment en  quel  genre  était  un  morceau  de  mu- 
sique. La  dispute  devint  fort  vive  à  ce  propos, 
et  les  antagonistes  parièrent  deux  écus  d'or, 
choisissant  pour  juges  de  leur  différend  Bar- 
tholomé  Escobedo  et  Ghiselin  Dankers  , 
chantres  de  la  chapelle  pontificale.  On  peut 
voir,  à  l'article  de  Lusilano,  quel  fut  le  résultat 
de  cette  contestation,  et  comment  Vicenlino 
fut  condamné  à  payer  les  deux  écus  d'or  à  son 
adversaire.  Le  cardinal  de  Ferrare  considéra 
le  jugement  comme  une  insulte  personnelle 
qui  lui  était  faite;  nul  doute  qu'il  n'en  eût 
poursuivi  la  réparation,  s'il  n'était  parti  pour 
Ferrare  quelques  jours  après,  et  si  son  absence 
de  Rome  n'avait  été  de  près  de  quatre  années. 
Vicenlino  l'avait  suivi,  et  plein  de  ressenti- 
ment contre  ses  juges,  il  s'était  immédiate- 
ment occupé  de  la  rédaction  d'un  grand  ou- 
vrage concernant  les  trois  genres  diatonique, 
chromatique  et  enharmonique,  ainsi  que  leur 
application  à  la  musique  moderne.  Il  y  rend 
compte  de  la  dispute  et  de  ses  résultais;  mais, 
faisant  prendre  le  change  sur  l'état  de  l.i 
question,  il  substitue  une  discussion  de  théorie 


à  l'objet  spécial  qui  donna  lieu  au  jugement. 
Son  livre  a  donc  induit  en  erreur  tous  ceux  qui 
ont  écrit  sur  ce  sujet.  De  retour  à  Rome,  Vi- 
cenlino y.fit  imprimer  son  livre  aux  dépens  du 
cardinal  de  Ferrare,  sous  ce  litre  :  L' Antica 
musica  ridotta  alla  moderna  pratica,  con  la 
dichiaratione  e  con  gli  esempj  dei  tre 
generi  con  le  loro  spelie,  e  con  l'invenlione 
di  uno  nuovo  slromenlo,  ncl  quale  si  con- 
tiene  tulta  la  perfella  musica  con  molti  se- 
greti  musicali.  In  Roma,  appresso  Anl.  Barré, 
1555,  in-fol.  de  cent  quarante-six  feuillets, 
avec  une  table  des  matières  et  des  planches  (1). 
Cet  ouvrage  est  divisé  en  six  livres  :  le  premier 
traite  de  la  théorie  de  la  musique;  les  cinq 
autres  de  la  pratique,  conformément  aux  vues 
de  l'auteur. 

Indépendamment  de  la  querelle  personnelle 
qu'il  y  eut  entre  Vicenlino  et  V.  Lusilano,  on 
voit  dans  leurs  ouvrages  que  leurdoctrine  était 
différente,  en  ce  que  le  premier  soutenait  que 
la  musique  de  son  temps  était  un  mélange  des 
genres  diatonique,  chromatique  et  enharmo- 
nique (voyez  V Antica  Musica  rid.  alla  mo- 
derna prat.,  lib.  4,  cap.  45,  fol.  95),  tandis 
queV.  Lusilano  la  croyait  du  genre  diatonique 
pur.  Hawkins,  Gerber  et  les  auteurs  du  Dic- 
tionnaire historique  des  musiciens,  disent 
que  V.  Lusilano  parut,  quelque  temps  après, 
abandonner  son  opinion  et  adopter  celle  de 
son  adversaire,  dans  le  livre  intitulé  :  Intro- 
dultione  facilissima  et  novissima  di  canto 
fermo,  figurato,  conlrapunto  semplice  et  in 
concerto,  etc.  (Rome,  1555,  Venise,  1558,  et 
Venise,  1561,  in-4u).  Je  trouve,  au  contraire, 
la  conclusion  suivante,  à  la  fin  du  chapitre 
Dei  tre  generi  de  cet  ouvrage  (fol.  25  verso, 
édit;  de  1501)  :  Onde  si  mostra  i  slromenti 
fatti  a  fine  di  sonar  il  génère  armonico  esser 
falti  in  vano.  Chacun  des  deux  systèmes  a  eu 
ses  partisans  parmi  les  anciens  théoriciens  de 
la  musique;  mais  ceux  mêmes  qui  ont  cru  à  la 

(I)  Forkel  place  en  1537  la  date  de  la  publication  du 
livre  de  Vicenlino  {Allgemeinc  Lileratur  der  Musik, 
p.  3G9)  ;  mais  c'est  évidemment  une  erreur  qu'il  a  copiée 
dans  la  Bibliothèque  italienne  de  Fonlauini,  avec  les 
corrections  d'Aposlolo  Zeno,  t.  Il,  p.  416.  Celte  erreur 
est  d'autant  plussinguliére, qu'il  possédait  un  exemplaire 
de  cet  ouvrage  indiqué  avec  la  date  de  Kijj  dans  le  cata- 
logue de  sa  bibliothèque  (p.  4j.  Il  a  été  copié  par  Lich- 
tenthal  (Dizionario  e  Biblioyrapa  délia  musica,  t.  IV, 
p.  276).  M.  Ferd.  Cecker  ,  se  conGant  à  l'exactitude 
habituelle  de  Forkel,  n'a  pas  mis  en  doute  l'existence 
de  la  date  citée  par  lui  ;  mais  ayant  vu  vraisemblable- 
ment un  exemplaire  du  livre  de  Vicenlino  avec  celle 
de  lbà'S,  il  a  supposé  deux  édilions  (System.  Chronol. 
Darslellung  der  musilial.  Liteialur,  p.  426),  bien  que 
cille  de  1  jjj  soit  la  seule  réelle. 

22. 


340 


VICENTINO  -  VICQ-D'AZYR 


possibilité  des  genres  cliroraatique  et  enhar- 
monique appliqués  à  l'harmonie  consonnante, 
ont  reproché  avec  raison  à  Vicenlino  d'avoir 
confondu  ce  qu'il  appelle  de  ces  noms  avec  les 
genres  chromatique  et  enharmonique  des 
Grecs.  Zarlino  (1)  et  Doni  (2)  disent  même 
qu'il  n'avait  pas  lu  les  théoriciens  grecs,  et  que 
non-seulement  il  ne  savait  ce  qu'étaient  les 
véritables  genres  chromatique  el  enharmoni- 
nique  de  ceux-ci,  mais  qu'il  n'avait  pas  même 
une  idée  bien  nette  du  genre  diatonique,  Bot- 
irigari  partagea  les  idées  de  Vicentino  con- 
cernant la  possibilité  de  l'emploi  des  genres 
chromatique  et  enharmonique,  mais  dans  le 
système  mixte  et  tempéré  appelé  par  les  Ita- 
liens partecipato  (voyez  II  Melone,  p.  10  el 
suiv.).  C'est  aussi  dans  ce  système  que  Doni  a 
traité  de  la  régénération  de  ces  genres  dans  la 
musique  moderne  (Aggiunta  al  compendio 
delTratlalode' generiede'  modidella  musica 
(p.  120  et  suiv.).  Artusi  a  réfuté  les  erreurs  de 
Vicentino  dans  son  livre  Belle  imperfezioni 
délia  moderna  musica  (pag.  28  et  suiv.).  Au 
surplus,  celui-ci  n'eut  pas  même  le  mérite  de 
l'originalité  dans  la  vaine  entreprise  de  faire 
revivre  les  genres  chromatique  et  enharmoni- 
que des  Grecs,  en  les  appliquant  à  l'harmonie 
consonnante;  car  Aaron  nous  apprend  {De 
Institut,  harmon.  interprète  Jo.  Anl.  /7a- 
minio,  lib.  2,  cap.  9)  que  Spataro  avait  fait  la 
même  tentative  dans  l'école  de  Bologne,  au 
commencement  du  seizième  siècle.  J'ai  ana- 
lysé, dans  mon  Traité  complet  de  l'harmonie 
(liv.ô),un  desexemples  d'harmonie  prétendue 
chromatique  et  enharmonique  donnés  par  Vi- 
cenlino dans  le  troisième  livre  de  son  ouvrage, 
et  j'ai  fait  voir  que  les  successions  auxquelles 
il  donne  ces  noms  sont  complètement  illu- 
soires. J'ai  démontré,  en  outre,  que  le  chroma- 
tique et  l'enharmonique  dans  l'harmonie  con- 
sonnante sont  un  non-sens, et  que  ces  genres 
ne  prennent  de  réalité  que  par  les  attractions 
des  dissonances  naturelles  el  par  les  relations 
multiple  des  altérations  d'intervalles. 

Le  P.  Martini  (ô)  etForkel  (4)  indiquent  un 
livre  de  Vicenlino  intitulé  :  Descrizione  dell' 
arciorgano,  nel  quale  si  possono  eseguire  i 
tre  generi  délia  musica  dialonica,  croma- 
tica  ed  enarmonica.  Venise,  1501.  La  des- 
cription de  Varciorgano  est  une  feuille 
volante  imprimée  d'un  seul  coté  dans  la  forme 

(1)  Istiiuz.  armonic,  part.  4,  c.  3. 

(2)  Cumpendio  del  Traltato   de'  ijeneri,   e  de'  modi, 
c.  I,  p.  4. 

(2)  Sloria  dclla  Musica,  t.  I,  p.  407. 

(3)  Ailgcmtine  Lf.cratur  der  .Vusik,  p.  22G. 


d'une  affiche  ou  placard.  L'auteur  y  est  appelé 
Don  Niccolo  Ficenlino  de'  Ficentini.  On  y 
voit  que  Varciorgano  était  destiné  à  exécuter 
dans  la  perfection  les  trois  genres  de  musique 
diatonique,  chromatique  et  enharmonique. 
Vicenlino  dit  que  Blesser  Vincenzo  Colombo, 
cxcellentissime  facteur  d'orgues,  à  Venise,  a 
exécuté  cel  instrument  d'après  ses  instruc- 
tions. Au  bas  de  la  feuille,  on  trouve  celte 
inscription  .-  in  Venetia,  appresso  Niccolo 
BeuH'acqua,]^G\,adi23  0ttobrio.  M.Gaspari 
(voyez  ce  nom),  de  Bologne,  qui  possède  celte 
pièce  rarissime,  a  bien  voulu  m'en  envoyer 
une  copie  (1).  La  description  de  Varcicembalo 
est  dans  VAntica  musica  ridotla  alla  mo- 
derna pralica,  et  l'on  trouve  à  la  fin  du  vo- 
lume trois  planches  qui  représentent  les  dis- 
positions el  l'étendue  de  ses  claviers. 

Malgré  les  ennemis  nombreux  qu'il  s'était 
faits  par  son  orgueil,  Vicentino  fut  considéré 
comme  un  savant  musicien.  Deux  médailles 
ont  été  frappées  en  son  honneur.  La  première, 
en  bronze  de  grand  module,  représente,  d'un 
côté,  son  effigie  avec  ces  mots  :  Nicolaus  Fi- 
centinus ;  au  revers,  on  voit  un  orgue  avec 
cette  légende  :  Perfeclx  musicx  divisionisq. 
inventor.  L'autre  esl  semblable,  mais  plus 
petite  :  le  P.  Cologera  la  cite  dans  son  cata- 
logue des  médailles  du  comte  Mazzuchelli 
(Catalogus  numismatum  viris  doctrind 
prxstanlibus  prxcipue  Italis  cusorum,  qux 
servantur  Brixix  apud  N.  N.).  On  ne 
trouve  pas  d'indication  de  compositions  de  Vi- 
centino dans  les  anciens  catalogues. 

VICQ-D'AZYR  (Félix),  docteur-régenlde 
la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  professeur 
d'anatomie,  membre  des  Académies  française 
et  des  sciences,  secrétaire  de  la  Société  royale 
de  médecine  etdechirurgie,naquil  à  Valogues, 
le  2ô  avril  1748,  el  mourut  à  Paris,  le  20  juin 
1794.  Au  nombre  des  ouvrages  de  ce  savant, 
on  trouve  un  Mémoire  sur  la  voix;  de  la  struc- 
ture des  organes  qui  servent  à  la  formation 
de  la  voix,  considérée  dans  l'homme  et  dans 
les  différentes  classes  d'animaux  (Voyez  les 

(1)  Voici  l'introduction  tic  la  description  f.i ite  par 
Vicenlino  :  «  Essendo  cosa  manifesta  ad  ogn'uno  che  il 
»  tencre  ascose  quelle  cose  clie  possono  giovare  al 
n  mondo,  lorna  di  grandissimo  biasmo,  il  reverendo 
»  don  Niccolo  Vicentino  de'  Vicentini,  non  volindo 
»  incorrere  in  questo  errore,  fa  per  lo  présente  mani- 
•  fisto,  per  beneficio  universale  delta  musica,  coine  egli 
■  con  lungliissima  fatica  c  conlinuo  studio  lia  ritrouato 
n  c  posto  nouamente  in  pratica  uno  arciorgano  di  mi- 
»  rabilissimo  arlificio  etarmonia,  il  quai  si  vede  mani- 
»  festamente  liauer  suplito  a  molli  imperfettioni  clie  si 
«  ritrovano  ne  gli  organi  ordinarij,  et  liaucr  fatlo  l'or- 
«  i;ano  perfetto.  » 


VICQ-DAZYP,  -  V1CT0RINUS 


mi 


Mémoires  de  l'Académie  royale  des  sciences 
de  Paris,  ann.  1779,  p.  178). 

VICTORIA  (Thomas-Louis  DE),  appelé 
en  Italie  VITTORIA,  composileur,  né  a 
Avila,  en  Espagne,  vers  11540,  se  rendit  en 
Italie,  dans  sa  jeunesse,  et  y  devint  élève 
d'Escobedo  et  de  Morales,  ses  compatriotes, 
chantres  de  la  chapelle  pontificale.  Plus  tard, 
il  étudia  avec  soin  les  ouvrages  de  Paleslrina, 
et  l'imita  souvent  avec  bonheur;  en  somme,  il 
fut  un  des  compositeurs  de  musique  d'église 
les  plus  distingués  et  un  de  ceux  qili  firent  le 
plus  d'honneur  à  l'Espagne.  En  1573,  Victoria 
obtint  la  place  de  maître  de  chapelle  du  Col- 
lège germanique  à  Rome,  et,  deux  ans  après, 
il  fut  nommé  maître  de  l'église  Saint-Apolli- 
naire. De  retour  en  Espagne,  il  eut  le  litre  de 
chapelain  du  roi.  Il  vivait  encore  à  Madrid 
en  1G05,  car  il  fit  imprimer,  dans  cette  année, 
un  office  des  morts  à  six  voix,  composé  pour  la 
mort  de  l'Impératrice.  On  croit  qu'il  est  mort 
en  1008.  Les  oeuvres  connuesdece  compositeur 
sont  celles  dont  les  litres  suivent:  1°  Liber 
primus,  qui  missas,psalmos,  Magnificat, ad 
virginem  Dei  Matrem  Salutationes,  aliaque 
complectitur  4,  !5,  6,  8  voc.  Veneliis  apud 
Angelum  Gardannm,  157G.  Cet  ouvrage  est 
dédié  au  duc  Ernest  de  Bavière.  2°  Cantica 
B.  Firginis  vulgo  Magnificat  4  voc.  una 
cum  quatuor  antiphonis  B.  Firginis,  per 
annum  5  et  8  voc.  Romse,  ex  typ.  Do  m.  Basse 
apud  Franc.  Zannettum,  1581,  in-fol.  3° //t/mm 
lolius  anni  secundum  S.  R.  E.  consuetudi- 
nem,  4  voc.  una  cum  quatuor  psalmis  pro 
prxcipuis  festivitatibus  8  voc.  Ibid.,  1581, 
in-fol.  Il  y  en  a  une  autre  édition  avec  le  titre 
italien  :  Inni  per  tutto  l'anno  a  quattro  voci. 
Venelia,  appresso  Giac.  Vincenti,  1G00,  in-4". 
Cet  ouvrage  est  dédié  au  pape  Grégoire  XIII. 
Victoria  l'ut  le  premier  composileur  qui  mit  en 
musique  les  hymnes  de  toute  l'année.  Son  style 
fut  critiqué  par  les  maîtres  italienselflamands 
de  son  temps;  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai 
que  ce  style  a  plus  d'originalité  que  celui  de 
beaucoup  de  compositeurs  du  même  temps. 
4°  Missarum  liber  primus  4,  5,  G  voc.  ad 
l'hilippum  secundum  f/ispaniarum  regem 
calholicum.  Ihid.,  1583,  in-fol.  Le  second 
livre  des  messes  de  Victoria  parut  à  Rome, 
dans  la  même  année,  et  les  deux  livres  furent 
réunis  immédiatement  après,  sous  ce  litre: 
Thomx  Ludovici  a  Fictoria  Abulensis  Mis- 
sarum libri  duo  qux  parlimquaternis ,  par 
tim  quinis,  purtim  senis  concinuntur  voci- 
bus.  Romae,  ex  typographia  Dominici  Basse, 
aiDLXXXIII,  in-fol.  m0.  A  la  fin  du  dernier 


feuillet,  on  lit:  Romae , apud  Alexandrum  Gar- 
danutn,  1583.  Je  possède  un  bel  exemplaire 
de  ce  rare  volume,  qui  contient  neuf  messes, 
dont  cinq  à  quatre  voix,  deux  à  cinq  et  deux  à 
six.  Il  est  composé  de  294  pages.  5°  Officium 
hebdomadx  sanctx.  Rompe,  ap.  Angelum  Gar- 
danum,  1585.  G0  Molecta  festorum  totius 
anni  cum  communi  sanctorum  5,  6,  8  voc. 
Ihid.,  1585.  Une  deuxième  édition  de  ce  recueil 
a  paru  sous  ce  litre  :  Cantiones  sacrx  4,  5,  6, 
8  vocum.  Dillingen,  1588,  in-4°.  Ce  recueil 
fut  réimprimé,  avec  l'addition  de  quelques 
motels  à  douze  voix  du  même  auteur,  sous  ce 
titre:  Motecta  5,  6,  8,  12t;oc.  quae  nunc  me- 
lius  excussa,  aliis  quam  plurimis  adjunctis, 
noviter  sunt  impressa.  Mediolani,  ap.  Franc, 
et  hœred.  Simonis  Tini,  1589.  Une  autre  édi- 
tion a  paru  aussi  à  Dillingen,  en  1590,  sous  le 
litre  de  Cantiones  sacras  5,6,8,12  voc, iù-A". 
Une  troisième  a  été  publiée  à  Francforl-sur-le- 
Mein,  en  1G02,  in-4°.  7°  Missarum  liber 
secundus  4,  5,  G,  S  voc., una  cum  antiphonis 
Asperges,  et  J'idi  aquam ,  totius  anni. 
Romse,  ex  typ.  Ascanii  Donangeli,  ap.  Franc. 
Coaltinum,  1592.  8°  Officium  defunclorum 
sex  vocum.  Malriti,  Joachin  Velasquez,  1G05, 
in-fol.  M.  Eslava  a  publié  de  Victoria  la  messe 
Ave  Maris  Stella,  la  messe  de  Requiem  sur 
le  plain-chant  et  cinq  motels  en  partition,  dans 
le  premier  volume  de  la  Lira  sacro-hispana 
{\rv  série). 

VICTOKINUS  (Georges),  né  à  Huld- 
schœn,  en  Bavière,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  des 
Jésuites,  à  Munich,  et  mourut  dans  celte  ville, 
en  1G24.  Il  écrivit  la  musique  du  drame  inti- 
tulé :  Le  Combat  de  l'archange  saint  Michel 
avec  Lucifer,  qui  fut  représenté  en  plein  air, 
le  30  septembre  1597,  par  les  étudiants,  avec 
un  chœur  de  neuf  cents  chanteurs.  On  connaît 
aussi  de  Viclorinus  :  1°  Thésaurus  LXX  lita- 
niarum  4-10  vocum.  Munich,  Adam  Berg, 
159G,  in-4°.  2"  Philomela  cœlestis  sive  can- 
tiones sacrw  cum  falsis  bordonibus,  Magni- 
ficat, etc.,  2,  3  et  4  vocum.  Monachii,  apud 
Niçhol.  Ilenricum,  1G24,  in-4°.  Une  partie 
seulement  de  cette  collection  de  motels  appar- 
tient à  Viclorinus  :  ils  sont  au  nombre  de  cent. 
Outre  Viclorinus,  les  auteurs  de  ces  motels 
sont  :  Rodolphe  et  Ferdinand  de  Lassus,  Jean 
Schutz  (en  latin  Sagitlarius),  Cornazzoni, 
Jean  Priuli,  André  Imperiali,  Jacques  Perla 
(luthiste),  Guillaume  Rrumper,  Christophe 
Perckhauer,  Gaspard  Topiarius,  Jean  Sladl- 
mayr,  Jean  Haslcr,  Jean  Feldtmayr,  Jean 
Kurzinger,    Adam    WeiJmann,    Jean  Aich- 


342 


VICTORINUS  -  VIERDANCK 


muller,Barlho1omé  Hartmann,  El  ien  ne  Weich, 
Jean  Stupporiis,  Grégoire  Aichinger  et  Chré- 
tien Erbach.  Plusieurs  de  ces  noms  ne  sont 
connus  que  par  ce  recueil. 

VIDAL  (B.),  professeur  de  guitare  à  Paris, 
commença  à  se  faire :  connaître  vers  1778.  Il 
mourut  à  Paris,  au  mois  de  février  1800.  On  a 
gravé  de  sa  composition  environ  quarante  oeu- 
vres, parmi  lesquels  on  remarque:  1°  Concerto 
pour  la  guitare,  avec  deux  violons  et  basse  (en 
ré).  Paris,  Imbault.  2°  Sonates  pour  guitare  et 
violoncelle,  op.  6.  Paris,  Bailleux.  5°  Sonates 
pour  guitare  et  violon,  op.  7,  8,  12  et  25.  Ibid. 
4°  Six  œuvres  de  sonates  pour  guitare  seule. 
Paris,  Leduc  et  Gaveaux.  5°  Des  pots-pourris 
et  airs  variés.  6"  Des  recueils  d'airs  d'opéras. 
7°  Nouvelle  méthode  de  guitare,  dédiée  aux 
amateurs.  Paris,  S.  Gaveaux. 
.  VIDAL  (Jean-Joseph)  ,  violoniste  distin- 
gué, né  à  Sorèze,  en  1789,  entra  au  Conserva- 
toire de  Paris  en  180a,  comme  élève  de  Rodol- 
phe Kreulzer,  pour  le  violon,  et  de  Gossec, 
pour  la  composition.  En  1808,  le  second  grand 
prix  de  composition  lui  fut  décerné  au  con- 
cours de  l'Institut.  Dès  l'année  suivante,  il 
obtint,  au  concours  du  Conservatoire,  le  pre- 
mier prix  de  violon.  Il  brilla  dans  les  concerts 
donnés  à  Paris  en  1810  et  1811.  Plus  tard,  il 
devint  le  second  violon  de  Baillot,  dans  les 
séances  de  musique  de  chambre  de  cet  artiste 
célèbre.  Pendant  près  de  vingt  ans  il  conserva 
cette  position.  Vidal  fut  l'un  des  professeurs 
les  plus  estimés  pour  son  instrument.  Il  n'a  pas 
publié  de  compositions  pour  le  violon. 

"VIDAL  (Étienne-T.-T.),  sténographe,  est 
auteur  d'un  petit  écrit  intitulé  :  Système  de 
musique  slénographique.  Toulon,  de  l'im- 
primerie de  Bcaume,  1835,  in-8°  de  32  pages, 
avec  un  tableau. 

VIDAL  (P.-J.).  On  a  sous  ce  nom  un  écrit 
intitulé  :  Physiologie  de  l'organe  de  l'ouïe 
chez  l'homme.  Paris,  de  l'imprimerie  de  Moes- 
sai'd,  1836,  in-8°  de  88  pages. 

VIEIRA  (Antoine),  compositeur,  naquit  à 
Villaviciosa,  en  Portugal,  vers  la  fin  du  sei- 
zième siècle,  et  étudia  la  musique  et  le  contre- 
point sous  la  direction  de  Manuel  Robello, 
puis  se  rendit  en  Italie  et  obtint  la  placo.de 
maître  de  chapelle  à  Lorette.  Après  quelques 
années  desé.jour  en  celte  ville,  il  retourna  dans 
sa  patrie  et  fut  nommé  maître  de  chapelle  à 
Eralo.  Il  y  mourut  en  1650,  laissant  en  manu- 
scrit les  ouvrages  suivants,  que  le  roi  de  Portu- 
gal, Jean  IV,  fil  placer  dans  sa  bibliothèque: 
1°  Messe  du  premier  ton  à  douze  voix.  2°  Mi- 
serere à  huit  voix,  du  huitième  ton.  3°   Dixit 


Dominus,  à  huit  voix,  du  premier  ton,  avec 
instruments.  4°  Beatus  Vir,  à  douze  voix, du 
premier  ton.  5°  Lauda  Hierusalem,  à  huit 
voix,  du  huitième  ton.  6°  Plusieurs  motets. 

VIEIRA  (Antoine),  moine  portugais,  né  à 
Lisbonne,  entra  dans  son  couvent  en  1644,  et 
devint  par  la  suite  un  des  organistes  les  plus 
distingués  de  son  pays.  Il  mourut  le  27  janvier 
1707,  laissant  en  manuscrit  tin  recueil  de 
pièces  d'orgue  désigné  par  Machado  sous  ce 
titre  :  Diversas  obrasde  orgao  parues  tan- 
gedores  deste  instrumenta  (OEuvres  diverses 
d'orgue  à  l'usage  de  ceux  qui  jouent  de  cet 
instrument). 

VIDAME  DE  CHARTRES.  Voyez 
FRETEVAL  (Matthieu  DE). 

VIELARS  (Jean),  poète  et  musicien  fran- 
çais, né  à  Corbie,  petite  ville  delà  Picardie, 
vivait  vers  1260.  On  trouve  deux  chansons 
notées  de  sa  composition  dans'un  manuscrit 
de  la  Bibliothèque  impériale,  coté  65  (fonds  de 
Cangé). 

VIERDANCK  (Jean),  compositeur  alle- 
mand, fut  organiste  à  l'église  Sainte-Marie  de 
Slralsund,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  Il  publia  des  concerts  spirituels  à  plu- 
sieurs voix,  sous  ce  titre  :  Geistliche  Concerte 
mit  2,  5  und  4  Stimmen,  7\ebst  Basso  conti- 
nuo.  Ersler  Theil.  Greifswald,  1642,  in-4". 
La  deuxième  partie  de  cet  œuvre  parut  à  Ros- 
tock  en  1643,  in-fol.;  elle  contient  vingt 
messes,  motets,  Magnificat  et  dialogues  à 
huit  voix  avec  accompagnement  d'orgue. 
Mattheson  accorde  des  éloges  à  cet  ouvrage 
(Grundlagc  einer  Ehren-Pforle,  page  381). 
La  Bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  un 
exemplaire  des  deux  parties  auquel  manque  la 
partie  de  basse  continue.  Le»  autres  produc- 
tions de  Vierdanck  sont  :  l9  Erster  Theil; 
newer  Pavanen,  Gagliarden,  Balletten  und 
Correnten,  mit  zwey  Violincn,  und  einem 
Violon,  nebenst  dem  Basso  continuo.  Von 
Johann  Vierdanck,  der  Zeit  bestetten  Orga- 
nisten  zu  St-Marien  in  Straalsund  (Pre- 
mière partie  de  nouvelles  pavanes,  galiardes, 
ballets  et  courantes  pour  deux  violons,  basse 
de  viole  et  basse  continue,  par  Jean  Vier- 
danck, un  des  meilleurs  organistes  de  ce 
temps,  à  Sainte-Marie  de  Slralsund)  ;  Rostock, 
1641,  in-4°.  La  deuxième  partie  de  cet  ou- 
vrage, imprimée  dans  la  même  année,  con- 
tient des  caprices,  chansons  et  sonates  pour 
deux,  trois,  quatre  et  cinq  instruments,  avec 
ou  sans  basse  continue.  2°  Erster  Theil, 
geistlicher  Concerten,  mit  2,  3  und  vier 
Stimmen  nebenst  dem  Basso  continuo,  etc. 


VIERDANCK  -  VIERLING 


343 


Roslock,  1G5G,  in-4°.  J'ignore  si  c'est  nne  se- 
conde édition  du  premier  ouvrage  cité  ci- 
dessus  ou  un  autre  œuvre. 

VIERLlING  (Jean-Godefroid),  organiste 
à  l'église  évangélique  de  Schmalkalde,  en 
Thuringe,  naquit  le  25  janvier  1750,  à  Mel- 
zels,  près  de  Meinttngen.  Devenu  élève  de 
l'organiste  Fischer,  dans  celte  ville,  à  l'âge  de 
quatorze  ans,  il  fit  des  progrès  si  rapides  sous 
la  direction  de  cet  arlisle,  qu'il  fut  nommé, 
quatre  ans  après,  adjoint  de  son  maître.  Ce- 
pendant le  désir  d'augmenter  ses  connais- 
sances lui  fit  demander  un  congé  pour  aller  à 
Hambourg  continuer  ses  études  près  de 
Charles-Philippe-Emmanuel  Bach;  puis  il  se 
rendit  à  Berlin,  où  il  reçut  de  Kirnberger  des 
leçons  de  contrepoint.  De  retour  à  Schmal- 
kalde, il  succéda  à  Fischer  dans  la  place  d'or- 
ganiste de  l'église  principale,  et  conserva  cet 
emploi  modeste  jusqu'au  22  novembre  1815, 
époque  de  sa  mort.  Les  pièces  d'orgue  de 
Vierling  sont  d'un  bon  style,  quoique  moins 
sévères  dans  leurs  formes  que  celles  des  orga- 
nistes allemands  de  l'époque  précédente.  On  a 
imprimé  de  sa  composition  :  1°  Deux  trios 
pour  clavecin,  violon  et  basse,  op.  1 ,  Mayence, 
1781.  2°  Six  sonates  pour  clavecin,  op.  2. 
Leipsick,  1782.  5°  Vingt-deux  pièces  d'orgue 
faciles  pour  un  ou  deux  claviers  et  pédale,  dont 
il  a  été  fait  deux  éditions  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf.  4°  Recueil  de  pièces  d'orgue  faciles, 
avec  une  Instruction  concernant  les  préludes 
de  chorals.  Ouvrage  divisé  en  quatre  parties, 
ibid.  5°  Quarante-huit  préludes  de  chorals,  en 
trois  suites  formant  cent  quarante-quatre 
pièces,  ibid.,  1794.  6°  Quarante-huit  pièces 
d'orgue  courtes  et  faciles,  ibid.,  1795. 
7°  Trente  pièces  d'orgue  faciles  à  trois  parties, 
Leipsick,  Peters.  8"  Cent  petits  versets  pour 
l'orgue;  Offenbach,  André.  9°  Quatuor  pour 
clavecin,  violon,  alto  et  basse,  op.  4;  ibid., 
1786.  10°  Vingt-quatre  pièces  d'orgue  faciles. 
Ouvrage  posthume  publié  par  Heckel;  Bonn, 
Simrock.  Vierling  a  laissé  en  manuscrit  deux 
années  complètes  de  morceaux  de  musique 
d'église  et  dix-huit  motets  à  quatre  voix.  On 
a  aussi  de  cet  artiste  :  1°  Fersuch  einer  An- 
leitung  zum  Prxludiren  fur  Ungerubtere, 
mit  Beyspielen  erlxuters  (Essai  d'une  intro- 
duction à  l'art  de  préluder  avec  des  exemples); 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel,  grand  in-8°  de 
trente  pages.  12°  Allgemein  fasslicher  Un- 
lerricht  im  Generalbass,  etc.  (Instruction 
complète  pour  la  basse  continue,  éclaircie 
par  des  exemples);  Leipsick,  E.  Richter, 
1805,  in-4°  de  cent  huit  pages.  13°  Choral- 


buch  auf  vier  Stimmen  zum  Gebrauch  bei 
dem  œffentlichen  und  Privat-Gottesdienst 
(Livre  choral  à  quatre  voix  pour  l'usage  du 
service  divin  public  et  privé);  Cassel,  1789, 
in-4°.  On  trouve  en  tête  de  ce  recueil  un  petit 
traité  de  la  basse  continue. 

VIERLirVG  (Georges),  fondateur  et  di- 
recteur de  musique  de  la  Société  de  Bach,  à 
Berlin,  est  né  le  5  septembre  1820,  à  Fran- 
kenlhal,  dans  le  Palatinat,  où  son  père  était 
instituteur  et  organiste.  Vierling  reçut  de  lui 
les  premières  leçons  de  piano,  d'orgue  et 
d'harmonie.  Destiné  dès  l'enfance  à  la  carrière 
de  l'enseignement,  il  fit  ses  premières  études 
latines  dans  l'école  de  Frankenthal,  puis  il 
entra  en  seconde  au  Gymnase  de  Francfort- 
sur-Ie-Mein.  Les  fréquentes  occasions  qu'il  eut, 
dans  cette  ville,  d'entendre  de  la  musique,  lui 
firent  prendre  la  résolution  d'abandonner 
toute  autre  étude  pour  se  livrer  à  celle  de  cet 
art.  Des  motets  à  huit  voix  de  Jean-Sébastien 
Bach  firent  sur  lui  une  impression  si  profonde, 
que  son  penchant  pour  les  œuvres  de  ce  grand 
artiste  est  devenu  chez  lui  une  passion  exclu- 
sive. Les  ressources  pécuniaires  de  sa  famille 
étaient  trop  limitées  pour  qu'il  put  payer 
les  leçons  d'un  maître  de  composition;  et 
d'abord  il  n'eut  d'autre  guide  que  lui-même, 
jusqu'à  ce  que  le  célèbre  organiste  Rinck,  ami 
de  son  père,  eût  offert  de  le  prendre  près  de 
lui  et  de  compléter  son  instruction.  Cette  pro- 
position fut  acceptée  avec  empressement,  et 
Vierling  alla  passer  dix-huit  mois  dans  la 
maison  de  ce  maître,  qui  lui  donna  des  leçons 
d'orgue  et  corrigea  ses  compositions,  mais 
sans  lui  enseigner  l'art  d'écrire  d'une  ma- 
nière méthodique;  car  Rinck,  dont  l'édu- 
cation musicale  avait  été  toute  pratique,  ne 
connaissait  pas  d'autre  mode  d'enseignement. 
Celle  méthode  empirique  ne  satisfaisait  pas 
Vierling  :  il  comprenait  qu'il  devait  y  avoir 
d'arfUres  éludes  à  faire  ;  mais  désespérant  de 
trouver,  dans  le  cercle  de  ses  relations,  quel- 
qu'un qui  pût  le  diriger;  il  retourna  dans  la  so- 
litude de  sa  petite  ville  natale.  Enfin,  des  cir- 
constances plus  favorables  lui  permirent,  au 
mois  de  septembre  18^2.  d'aller  s'établir  à 
Berlin,  où  il  fit  un  couri  omplet  de  composi- 
tion, sous  la  direction  du  professeur  Marx.  Au 
mois  de  janvier  1847,  il  fut  appelé,  en  qualité 
d'organiste,  à  Francfort-sur  -l'Oder,  où  il  eut 
nussi  la  direction  de  l'Académie  de  chant.  Au 
mois  de  novembre  1852,  il  obtint  une  place  de 
directeur  de  musique  à  Mayence,  mais  il  ne 
conserva  celle  position  quependantune  année, 
parce  que  le  goût  11a  peu  frivole  de  musique 


344 


VIERL1NG  -  VIEUXTEMPS 


qui  régnait  dans  celle  ville  lui  était  antipathi- 
que. Il  entreprit  alors  un  voyage  en  Italie, 
mais  il  fut  contraint  de  l'interrompre,  par 
une  grave  maladie  qui  l'atteignit  à  Vienne.  De 
retour  à  Berlin,  après  sa  guérison,  il  se  livra 
à  l'enseignement,  à  la  composition,  et  dirigea, 
pendant  plusieurs  années,  la  société  de  chant 
de  Potsdam,  appelée  Société  d'Opéra.  Son 
goût  passionné  pour  la  musique  de  Bach  fut 
enfin  satisfait,  au  mois  de  janvier  1857,  par 
la  société  de  chant  qui  prit  le  nom  de  ce 
grand  homme,  et  il  pût,  chaque  année,  en- 
tendre hien  exécuter  ses  oeuvres.  De  quinze  en 
quinze  jours,  il  va  aussi  diriger  une  bonne  et 
nombreuse  société  de  chant  à  Francfort-sur- 
l'Oder.  En  1859,  Vierling  a  été  nommé  di- 
recteur de  musique  royale  (?).  Parmi  les 
ouvrages  de  cet  artiste,  on  remarque  :  1°  Le 
Psaume  127,  pour  voix  solo,  chœur  et  or- 
chestre, op.  22;  Breslau,  Leuckhardt,  1859. 
2°  Motet  à  deux  chœurs,  en  partition  pour 
piano  ou  orgue,  op.  25;  ibid.,  1800.  3°  Un 
grand  nombre  de  Lieder,  en  recueils  et  dé- 
tachés, pour  voix  seule  et  piano,  et  de  chants 
pour  plusieurs  voix. 4°  Ouverture  pour  la  Tem- 
pête de  Shakespeare,  op.  G;  Berlin,  Tra  ut - 
wein.  5°  Ouverture  pour  la  tragédie  de 
Marie-Stuart,  exéculée  à  Berlin,  en  1854; 
Berlin,  Schlesinger.  G°  Im  Fruhlinq  (Au 
Printemps),  ouverture  pour  l'orcheslre , 
op.  24;  Breslau,  Leuckhardt.  7°  Quelques 
pièces  pour  piano. 

VIEUXTEMPS  (Henri),  violoniste  célè- 
bre, est  né  à  Verviers,  le  20  février  1820.  Fils 
«l'un  ancien  militaire  qui,  relire  du  service, 
s'était  livré  à  la  profession  de  luthier  et  d'ac- 
cordeur d'instruments,  il  fit  pressentir  sa  des- 
tination naturelle  dès  ses  premières  années, 
par  le  plaisir  qu'il  manifestait  à  l'audition  du 
violon  de  son  père.  A  deux  ans,  il  passait  des 
heures  entières  à  frotter  les  crins  d'un  archet 
sur  les  cordes  d'un  petit  instrument.  A  quatre 
ans  et  demi,  il  commençait  à  déchiffrer  la 
musique.  Charmé  de  ses  heureuses  disposi- 
tions, un  amateur  zélé  voulut  faire  les  frais  de 
son  éducation  musicale,  et  le  confia  aux  soins 
de  Lecloux,  bon  professeur  de  violon,  qui  pré- 
para par  ses  leçons  les  talents  du  jeune  violo- 
niste, devenu  depuis  lors  un  des  artistes  les 
plus  remarquables  de  son  époque.  Ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'il  put  entreprendre  avec 
son  maître  un  premier  voyage  à  l'âge  de  huit 
ans,  pour  donner  des  concerts  dans  les  princi- 
pales villes  de  la  Belgique.  Arrivé  à  Bruxelles, 
il  y  rencontra  le  célèbre  violoniste  M.  de  Bé- 
riot,  qui,  frappé  de  sa  précoce  habileté,  lui 


donna  gratuitement  îles  leçons  pendant  quel- 
ques mois.  Au  printemps  de  1830,  il  vint  avec 
son  nouveau  maître  à  Paris,  et  y  joua  dans  un 
concert  donné  à  la  salle  de  la  rue  de  Cléry. 
L'auteur  de  celte  notice,  qui  l'entendit  alors, 
prédit,  dans  sa  /?eu«e7nu.«ca/e, l'avenir  de  l'ar- 
tiste enfant.  De  retour  à  Verviers  peu  de  temps 
après,  Vieuxlempsy  repritseséliidcs.  En  183", 
il  entreprit  avec  son  père  un  voyage  en  Alle- 
magne, pendant  lequel  il  acquit,  par  l'habi- 
tude de  se  faire  entendre  en  public,  l'assurance 
nécessaire  à  la  libre  manifestation  du  talent. 
Ce  fut  à  Vienne  qu'il  obtint  ses  premiers  suc- 
cès de  quelque   importance.  Il   y  prit  aussi 
quelques  leçons  d'harmonie  de  Simon  Sechter, 
organiste  de  la  cour,  puis  revint  à  Bruxelles, 
où  il  ne  resta  que  quelques  mois.  Au  mois  de 
décembre  1834,  il  partit  pour  Paris,  ne  put 
parvenir  à  s'y  faire  entendre,  et  se  rendit  à 
Londres,  où  son  talent  n'excila  pas  l'intérêt 
qu'il  avait  espéré.  De  retour  à  Paris  dans  l'été 
de  1835,  il  prit  la  résolution  de  compléter  ses 
connaissances  en  faisant,  sous  la  direction  de 
Reicha,  des  éludes  de  composition.  La  méthode 
superficielle,  mais  expéditive  de  ce  professeur, 
élait  celle  qui  convenait  le  mieux  à  un  instru- 
mentiste peu  soucieux  d'acquérir  un  profond 
savoir   des  formes  du  contrepoint,    qu'il  ne 
considérait  pas  comme  étant  à  son  usage.  Peu 
de  temps  après,  il  commença  à  écrire  ses  pre- 
mières compositions,  et  les  fit  entendre  dans 
son  voyage  en  Hollande,  entrepris  en  1836; 
puis   il    retourna  à    Vienne  et  y   publia   ses 
ouvrages.  En  1838,    il  joua    avec   succès  au 
théâtre  de  Bruxelles,  ainsi  que  dans  un  con- 
cert qui  fut  donné  à  l'église  des  Augustins  par 
la  Société  philanthropique,  et  y  fit  entendre 
des  fantaisies  et  des  fragments  de  concertos  où 
l'on  remarquait  quelques  idées  heureuses  mê- 
lées à  des  incohérences.  Immédiatement  après, 
il  partit  pour  la  Russie,  donnant  des  concerts 
à  Prague,  Dresde,  Leipsick  et  Berlin.  Parti  de 
celle  dernière  ville  pour  Pétersbourg,  il  fut 
arrêté  par  une  grave  maladie  dans  une  petite 
ville  de  la  Russie,  et  y  fut  relenn  pendant  plus 
de  dc\\\  mois.  Arrivé  à  Pétersbourg,  il  y  eut 
de  brillants  succès  qui  ne  se  démentirent  point 
à  Moscou.  Ce  fut  dans  ce  pays  qu'il  écrivit  un 
nouveau  concertode  violon  et  une  grande  fan- 
taisie avec  orchestre  dont  la  supériorité,   à 
l'égard  de  ses  productions  précédentes,  est  si 
marquée,  que  la  malveillance  s'est  emparée  de 
ce  fait,  à  Paris  comme  à  Bruxelles,  pour  lui  en 
contester  la  propriété,  quoiqu'on  ne  pût  nom- 
mer l'artiste   distingué  qui    aurait   prêté  sa 
plume  à  Vicuxlemps.   Depuis  lors,  le  grand 


YtEUXTEMPS 


345 


mérite  de  ses  autres  compositions  a  démontré 
qu'il  était  l)ien  le  véritable  auteur  de  celles-là- 
Après  un  séjour  de  plus  d'une  année  en  Russie, 
Vieuxlemps  revint  à  Bruxelles,  au  mois  de  juin 
1840,  et,  le  7  juillet  suivant,  il  joua  son  nou- 
veau concerto  (en  mi)  et  sa  fantaisie  (en  la) 
dans  un  grand  concert  donné  au  bénéfice  des 
musciciens  de  l'orchestre  du  théâtre,  sous  la 
direction  de  l'auteur  de  celle  notice.  Ces  mor- 
ceaux, où  l'artiste  déploya  le  plus  beau  talent 
d'exécution, excitèrent  des  transports  d'enthou- 
siasme. Vieuxlemps  les  lit  entendre  de  nouveau 
aux  concerts  donnés  à  Anvers,  au  moisd'aoul 
suivant,  à  l'occasion  de  l'inauguration  de  la  sta- 
tue de  Ruhens,  et  l'admiration  fut  telle,  qu'un 
minisire  lui  accorda  immédiatement  la  déco- 
ration de  l'ordre  de  Léopold. 

Il  ne  manquait  plus  à  Vieuxlemps  que  la 
sanction  de  l'intelligente  population  de  Paris  : 
baptême  sans  lequel  un  artiste  n'ose  croire  h 
sa  gloire.  Il  l'obtint  dans  l'hiver  suivant,  et 
n'excita  pas  moins- d'intérêt  par  le  mérite  de 
ses  dernières  productions  que  par  son  talent 
d'instrumentiste.  Depuis  lors,  il  a  fait  un  se- 
cond voyage  en  Hollande,  puis  a  visité  de  nou- 
veau l'Allemagne,  et  a  revu  Vienne  pour  la 
troisième  fois  :  enfin,  il  a  parcouru  la  Pologne 
et  n'est  revenu  à  Bruxelles  qu'au  mois  de  juin 
1 845  ;  puis  il  a  fait  un  premier  voyage  en  Amé- 
rique, pendant  les  années  1844  et  1845. 

De  retour  en  Europe,  dans  l'été  de  1845, 
Vieuxlemps  parcourut  les  provinces  rhénanes, 
joua  à  Coblence,  chez  le  roi  de  Prusse,  Fré- 
déric-Guillaume IV,  à  l'époque  des  fêles  pour 
l'inauguration  de  la 'statue  de  Beethoven  à 
Bonn.  A  l'automne  de  la  même  année,  il  se 
maria  à  Francfort-sur  le-Mcin  ;  puis  il  se 
rendit  de  nouveau  à  Pclersbourg,  où  l'empe- 
reur Nicolas  le  nomma  violon  solo  «le  sa  mu- 
sique, avec  un  engagement  de  dix  ans,  dont 
une  des  clauses  imposait  à  l'artiste  l'obligation 
de  former  quelques  élèves.  Cet  engagement 
commençait  en  1846.  Vieuxlemps  passa,  en 
effet,  plusieurs  années  en  Russie;  mais,  soit 
que  le  climat  ne  fût  pas  favorable  à  sa  santé  ; 
soit  qu'il  éprouvai  le  besoin  de  produire  son 
talent  chez  des  populations  plus  sympathiques 
à  son  sentiment  artiste  et  plus  avancées  dans 
la  culture  de  l'art,  il  n'acheva  pas  jusqu'au 
terme  l'engagement  qu'il  avait  pris,  et  préféra 
renoncer  à  la  pension  stipulée  dans  son  con- 
trat. En  1852,  il  reparut  en  Allemagne,  en 
Angleterre,  en  France,  en  Belgique,  y  don- 
nant une  multitude  innombrable  de  concerts, 
jusqu'en  1857,  où  il  entreprit  un  second  voyage 
en  Amérique,  dont  le  produit  a  été  considé- 


rable. Dans  l'hiver  de  1858,  le  célèbre  artiste 
donna,  à  Paris,  une  sériede  séances  de  musique 
de  chambre,  dans  lesquelles  il  obtint  des  succès 
d'enthousiasme.  Il  serait  impossible  de  le  sui- 
vre depuis  ce  moment  dans  ses  incessantes  pé- 
régrinalionsd'u  n  bon  là  l'autre  de  l'Europe,  plus 
impossible  encore  d'énumérer  les  concerts  elles 
solennités  musicales  dans  lesquelles  s'est  pro- 
duit son  talenl.  Au  moment  où  celte  notice  est 
complétée  (juillet  1864),  Vieuxlemps  jouit  d'un 
moment  de  repos  dans  la  propriété  qu'il  pos- 
sède à  Dreichenhain  ,  près  de  Francfort; 
mais  il  ne  lardera  pas  sans  doute  à  reprendre 
son  vol  vers  les  contrées  où  son  archet  frappe 
monnaie. 

Vieuxlemps  n'est  pas  seulement  un  violo- 
niste de  premier  ordre,  car  ses  compositions 
pourson  instrument  tiennent  un  rang  éminent 
dans  la  musique  moderne  de  violon.  Ses  prin- 
cipales productions  publiées  sont  :  1°  Grand 
concerto  (en  Bit),  pour  violon  et  orchestre, 
op.  10;  Paris,  Brandus.  2°  Deuxième  concerto, 
î'dem,  op.  8;  Ibid.  Celle  composition  a  précédé 
l'œuvre  10,  et  n'a  pas  été  considérée  comme 
le  véritable  deuxième  concerto  de  l'auteur. 
5°  Deuxième  concerto  (en  fa  dièse  mineur), 
op.  19;  Hambourg,  Schnberlh.  4°  Grand  con- 
certo (en /o),  op.  25;  Paris,  Brandus,  et  Leip- 
sick,  Kistner.  5°  Quatrième  grand  concerto 
(en  ré  mineur),  ibid.  Il  y  a  d'autres  concertos 
de  Vieuxlemps  sur  lesquels  je  manque  de  ren- 
seignements. 6"  Grande  fantaisie  (en  la)  pour 
violon  et  orchestre;  Paris,  Brandus.  7°  Air 
varié  sur  les  molil's  du  Pirate,  op.  6;  ibid. 
8°  Romances  sans  paroles  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  7,  en  deux  suites;  ibid. 
9"  Hommage  à  Paganini ,  caprice  avec  or- 
chestre ou  piano,  op.  9:  ibid.  10°  Fantaisie 
caprice  pour  violon  et  orchestre  ou  piano, 
op.  1 1  ;  ibid.  1 1°  Grande  sonate  en  quatre  par- 
lies  (en  ré)  pour  piano  et  violon,  op.  12; 
Mayence,  Scholt.  12°  Les  Arpèges,  caprice  avec 
accompagnement  de  violoncelle  obligé  et  de 
piano  ou  orchestre,  op.  15;  Paris,  Brandus. 
lô"  Six  éludes  de  concert  avec  accompagne- 
ment de  piano,  op.  16,  en  deux  suites;  ibid. 
14°  Souvenir  d' Amérique,  air  varié  sur  l'air 
américain  Yankee  doodle,  avec  quatuor  ou 
piano,  op.  17;  ibid.  15°  La  Norma,  fantaisie 
sur  la  quatrième  corde  du  violon,  avec  or- 
chestre ou  piano,  op.  18;  ibid.  16°  Duo  con- 
certant sur  Don  Juan,  pour  violon  et  piano, 
avec  Edouard  WolfT,  op.  20;  Berlin,  Schle- 
singer.  17°  Souvenir  de  Russie,  fantaisie  pour 
violon  et  orchestre  ou  piano,  op.  21;  Paris, 
Brandus.  18°  Six  morceaux  brillants  de  salon 


3^6 


VIEUXTEMPS-  VIGNOLA 


pour  violon  et  piano,  op.  22;  ibid.  19°  Grand 
duo  brillant  sur  Le  Camp  de  Silésie,Ae  Meyer 
béer,  pour  violon  et  piano,  avec  Théodore  Ku 
lak,  op.  24;  Berlin,  Schlesinger.  20°  Grande 
fantaisie  sur  des  thèmes  slaves  pour  violon  et 
orchestre  ou  piano,  op.  27;  Paris,  Brandus. 
21°  Introduction  et  rondo  pour  violon  et  or-  j 
chestreou  piano,  op.  29;  ibid.  Il  existe  beau- 
coup d'autres  compositions  de  Vieuxtemps, 
dont  une  grande  polonaise  avec  orchestre,  une 
élégie  (en  fa  mineur),  pour  violon  et  instru- 
ments à  vent,  des  Contes  pour  violon,  avec 
quatuor  ou  piano,  beaucoup  de  petites  pièces 
de  différents  genres,  trois  cadences  pour  le 
concerto  de  Beethoven,  op.^  61,  des  duos  et 
fantaisies  pour  violon  et  piano,  avec  Edouard 
Wolff,  op.  76  et  89,  des  transcriptions,  etc. 

Vieuxtemps  est  membre  de  l'Académie 
royale  de  Belgique  depuis  1846.  Il  est  officier 
de  l'ordre  de  Léopold  et  décoré  de  plusieurs 
autres  ordres. 

Madame  Vieuxtemps,  née  Joséphine  Eder ,  à 
Vienne,  estime  pianiste  de  talent.  Elle  accom- 
pagne son  mari,  dans  ses  morceaux  de  salon, 
avec  autant  de  précision  que  de  délicatesse. 
Mademoiselle  Eder  se  fit  entendre  pour  la  pre- 
mière fois  dans  un  concert  donné  à  Vienne,  le 
7  septembre  1829.  En  1835,  elle  entreprit  un 
voyage  pour  donner  des  concerts,  et  visita 
Prague,  Dresde,  Berlin,  Leipsick  et  Francfort. 
Dans  l'année  suivante,  elle  était  à  Slultganl. 
Suivant  VJUgemeine  musikalische  Zeilung 
de  Leipsick,  celle  dame  est  la  même  que 
mademoiselle  Eder,  qui  entra  au  théâtre  de 
Leopoldsladt  à  Vienne,  comme  cantatrice,  et 
joua  le  rôle  du  page  Chérubin  dans  le  Mariage 
de  Figaro,  de  Mozart,  en  1836.  Dans  l'année 
suivante,  elle  passa  an  théâtre  de  Josephsladt, 
de  la  même  ville.  Elle  y  était  encore  en  1838  et 
y  chanta  le  rôle  A'Jdalgisa  dans  la  Norma. 
En  1842,  mademoiselle  Eder  était  au  théâtre 
de  Manheim,  où  elle  joua  le  rôle  du  page  dans 
les  Huguenots.  Dans  les  années  1843, 1844  et 
1845,  elle  resta  attachée  au  théàlre  deCassel, 
et  y  chanta  avec  succès  à  la  scène  et  dans  les 
concerts. 

Y1GANONI  (Joseph),  célèbre  ténor,  né  à 
Bergame,  en  1754,  fit  ses  premières  éludes  de 
musique  dans  cette  ville,  puis  reçut  des  leçons 
de  chant  de  Ferdinand  Bertoni,  à  Venise. 
En  1777,  il  débuta  à  Brescia  en  qualité  de 
second  ténor,  et  y  eut  assez  de  succès  pour  être 
engagé  en  qualité  de  premier  ténor  au  théâtre 
de  Padoue,  pendant  le  carême  de  1778.  Après 
avoir  chanté  à  Modène,  à  Parme,  à  Bologne  et 
à  Rome,  il  fut  engagé  au  théâtre  italien  de 


Londres,  en  1782,  et  n'y  réussit  que  médiocre- 
ment. En  178G,  il  était  à  Vienne,  où  Pai- 
siello  écrivit  pour  lui  le  rôle  de  Sandrino, 
dans  II  Re  Teodoro.  Engagé  au  théâtre  Saint- 
Charles  de  Naples,  au  printemps  de  1787,  il  y 
brilla  au  premier  rang,  particulièrement  dans 
la  JUodista  raggiratrice,  du  même  composi- 
teur. La  grande  réputation  de  Viganoni  date 
de  celte  époque;  elle  reçut  la  plus  honorable 
sanction  à  Paris,  lorsqu'il  partagea  avecMan- 
dini  l'emploi  de  premier  ténor,  pendant  les 
années  1789  à  1792.  La  catastrophe  de  1793 
ayant  dispersé  les  excellents  chanteurs  du 
théâtre  italien,  Viganoni  retourna  en  Italie  et 
chanla  à  Milan,  pendant  le  carême  de  cette 
année,  puis  se  fit  entendre  sur  les  principaux 
Ihéâlresdesa  patrie.  AppeléàLondres,  en  1795, 
il  y  fut  accueilli  celle  fois  par  de  vifs  applau- 
dissements et  y  demeura  près  de  six  ans.  Au 
mois  de  juillet  1801,  il  fit  un  voyage  à  Paris, 
où  il  retrouva  son  ancien  ami  Paisiello;  puis 
il  résolut  de  vivre  dans  le  repos  à  Bergame  et 
d'y  jouir  de  l'aisance  qu'il  avait  acquise  par 
ses  travaux.  Il  y  accepta  la  place  de  premier 
ténor  de  la  basilique  de  Sainle-Marie-Majeure 
et  se  fil  entendre  chaque  année  à  celle  église, 
dans  les  grandes  solennités.  Il  mourut  dans 
celte  ville,  au 'mois  d'avril  1823,  à  l'âge  de 
soixante-neuf  ans. 

VIGIVALI  (Gabriel)  ,  compositeur  véni- 
tien, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  dix-sep- 
tième siècle.  Il  a  fait  imprimer  un  recueil  de 
motels  intitulé:  Sacri  Rimbombi  di  pace  e  di 
guerra,  a  2,  5,  4  voci,  ed  uno  a  otto  col  basso 
per  organo.  Venise,  1665,  in-4°.Unedeuxième 
édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée  à  Ueber- 
lingen,  en  Allemagne, sous  ce  titre:  Sacri con- 
cenlus  a  2,5,  4 et  unoab8vocibus,adecclcsiœ 
militantis  statum  stylo  selectiore  applicati; 
1671,  in-4u.  L'abbé  Santini,  de  Rome,  pos- 
sède du  même  auteur,  en  manuscrit  :  Kyrie, 
Gloria  e  Credo,  a  4  con  stromenli.  On  lit 
dans  la  série  chronologique  des  membres  de 
l'Académie  de  Sainte-Cécile  que  cet  artiste  fut 
élève  de  J.-M.Carelti  :  c'est  évidemment  une 
erreur,  car  Vignali  naquit  environ  quarante 
ans  avant  ce  maître. 

YIGIVATT  (Joseph),  compositeur,  né  à 
Bologne,  vécut  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  Il  a  écrit  la  musique  de 
l'opéra  intitulé  :  /  Rivali  generosi,  qui  fut 
représenté  au  théâtre  San  Samuele  de  Venise, 
en  1726. 

VIGIVOLA  (Joseph),  compositeur,  né  en 
Sicile,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  écrit,  en  1701,  la  musique  de  l'ora- 


VIGNOLA  -  VILHALTA 


347 


torio  Debora,  professe  guerriera,  poésie  du 
docteur  Andréa  Perrucci,  de  Palerme. 

VIGUERIE  (Bernard),  professeur  et  mar- 
chand de  musique,  naquit,  en  1761,  à  Carcas- 
sonne,  dans  le  Languedoc.  Après  avoir  élé 
enfant  de  chœurà  la  cathédrale,  il  devint  élève 
de  Laguna,  organiste  de  cette  église,  à  l'âge  de 
dix-huit  ans;  quatre  ans  après,  il  se  rendit  à 
Paris  avec  une  lettre  de  recommandation  pour 
Charpentier,  organiste  de  Saint-Paul,  qui  lui 
fit  achever  ses  éludes  musicales.  En  1795, 
Viguerie,  devenu  professeur  de  piano  à  Paris, 
ouvrit  une  maison  de  commerce  pour  la  musi- 
que. Il  mourut  dans  celte  ville,  au  mois  de 
mars  1819,  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans.  Il 
avait  fait  graver  de  sa  composition  :  1°  Trois 
sonates  pour  clavecin  et  violon,  op.  1.  2°  Trois 
idem  précédées  de  préludes  ou  exercices,  op.  2. 
5°  Trois  idem,  op.  4.  4°  Premier  concerto  pour 
piano  et  orchestre,  op.  5.  5°  Deuxième  idem, 
op.  7.  6°  Bataiïlede  Marengo,  pièce  militaire 
et  historique  pour  le  piano,  avec  violon  et 
basse,  op.  8.  6°  (bis)  Deux  sonates  pour  piano 
et  violoncelle,  op.  9.  7° Six  nouvelles  sonatines 
progressives  pour  le  piano,  op.  10.  8°  Six  duos 
pour  deux  violons,  liv.  1,  2,  3.  9°  Trois  duos 
pour  deux  clarinettes,  d'une  difficulté  progres- 
sive, liv.  1.  10°  Airs  et  romances  avec  accom- 
pagnement de  piano,  1er  et  2e  recueils. 
11°  L'art  de  toucher  le  piano-forte,  on 
méthode  facile  pour  cet  instrument,  divisée 
en  quatre  suites.  Paris,  chez  l'auteur,  1798, 
in-fol.  Il  est  peu  d'ouvrages  plus  médiocres  et 
d'une  utilité  plus  contestable  que  cette  préten- 
due méthode;  il  en  est  peu  cependant  qui  aient 
obtenu  plus  de  succès  et  dont  on  ait  fait  un  plus 
grand  nombre  d'éditions.  Les  professeurs  inha- 
biles qui  se  trouvaient  autrefois  dans  la  plu- 
part des  villes  de  France,  ont  seuls  fait  ce 
succès  honteux  qui  s'est  arrêté  depuis  les  der- 
niers progrès  de  l'art  déjouer  du  piano. 

YIIKI,  célèbre  cantatrice  de  l'Hindoustan, 
vivait  à  Dehli,  vers  1820.  Reginald  Heber, 
évêque  de  Calcutta,  en  parle  avec  enthousiasme 
dans  la  relation  de  son  voyage  dans  les  provinces 
de  l'Inde  méridionale  (1).  Il  l'entendit  dans 
une  fêle  qui  lui  fut  donnée  à  Dehli  :  elle  y 
chanta  des  mélodies  hindoustanes,  accompa- 
gnées, dit-il,  par  un  misérable  orchestre 
d'instruments  de  l'Inde,  dont  les  gammes 
sont  essentiellement  fausses.  En  dépit  de  cet 
accompagnement,  la  voix  de  Viiki  le  charma 
par  sa  suavité,  sa  flexibilité  dans  les  ornements 
duchantetson  étendue  extraordinaire.  Comme 

(l)  Journey  tltrough  the  Upper  Provinces  of  Initia. 
Londres,  1828,3  vol.  in-8. 


la  plupart  des  bayadères,  après  avoir  ému  les 
assistants  par  son  chant,  elle  les  ravit  par  la 
grâce  de  sa  danse. 

"VILBACK  (Alphonse -Zoé-Charles  RE- 
NAUD  DE),  organiste  et  compositeur,  né  à 
Montpellier  (Hérault),  le  3  juin  1829,  est  fils 
d'un  capitaine  au  corps  royal  d'état-major.  Il 
montra  ,  dès  ses  premières  années,  de  rares 
dispositions  pour  la  musique  et  fit  de  rapides 
progrès  dans  l'étude  de  cet  art.  Arrivé  à  Paris, 
à  l'âgede  douzeans,  il  fut  présenté,  parHalévy, 
au  comité  des  études  du  Conservatoire,  et  de- 
mandé par  ce  professeur  comme  élève  de  son 
cours  de  composition.  Cette  demande  fut  accueil- 
lie, etlejeune  Renaudde  Vilback  futadmisdans 
cetteéco!ele14juin1842.  DevenuélèvedeM.Be- 
noist  pour  l'orgue,  le  14  février  1843,  il  obtint 
le  second  prix  de  cet  instrument  dans  la  même 
année,  et  le  premier  lui  fut  décerné  en  1844. 
Il  venait  alors  de  prendre  part  au  concours  de 
composition  de  l'Institut  de  France  et  y  avait 
remporté  le  second  premier  grand  prix.  Devenu 
pensionnaire  du  gouvernement  français  à  ce 
titre,  il  partit  pour  Rome  au  mois  de  décembre 
suivant,    et,  après  y  avoir  séjourné  environ 
deux  ans,  il  visita  une  partie  de  l'Italie,  puis 
se  rendit  à  Vienne  et  parcourut  une  partie  de 
l'Allemagne.  Au   mois  d'octobre    1847,    une 
ouverture  de  sa  composition  a  été  exécutée  à  la 
séance  publique  de  l'Académie  des  beaux-arts 
de  l'Institut,  à  Paris.  De  retour  à  Paris,  M.  Re- 
naud de  Vilback  se  livra  à  l'enseignement  et  à 
la  composition  pour  le  piano.  En  1856,  il  fut 
nommé  organiste  de   la    paroisse   de   Saint- 
Eugène,  et  prit  une  place  honorable  parmi  les 
meilleurs  organistes  français.  Il  se  distingue 
particulièrement  par  le  mérite  de  ses  improvi- 
sations et  par  l'art  de  varier  les  effets  de  l'or- 
gue moderne.  Le  4  septembre  1857,  il  a  fait 
représenter,  au  théâtre  des  Bouffes-Parisiens, 
le  petit  opéra  Au  clair  de  la  lune,  dont  la  dis- 
tinction de  la  musique  a  été  signalée  pardivers 
journaux.  Cet  ouvrage  fut  suivi  iVJlmanzor, 
opéra-comique  en  un    acte,  joué  au  Théâtre 
Lyrique,  le  16  avril  1858,  et  qui  n'eut  qu'un 
succès  médiocre.  Parmi  les  compositions  de 
M.  Benaud  de  Vilback,  on  remarque:  1°  Deux 
rondos  pour  piano  seul,  op.  4.  Paris,  II.  Le- 
moine.  2°  Impressions d' Italie,  deux  caprices 
idem,  op.  5.  Ibid.  3°  Fantaisie  brillante  sur  la 
Sonnanbula,  op.  6.  Ibid.  4°  Rondo  espagnol, 
op.  7.  Ibid.    5°  Deux   morceaux  caractéris- 
tiques, op.  8.  Ibid.  6°  Nocturne,  op.  9.  Ibid. 
7°  Grande  valse  brillante,  op.  10.  Ibid. 

VILIIALVA  (Antoine-Rodrigue),  en  der- 
nier lieu  maître  de  chapelle  de  l'église  cathé- 


3i8 


VH.HALVA  —  VILLIERS 


dràlo  d'Evora,  naquit  à  Villialva  (d'où  il  prit 
vraisemblablement  le  nom  sons  lequel  il  est 
connu),  près  de  la  ville  de  Fonlcira,  dans  la 
province  d'Alentéjo,  en  Portugal.  Il  eut  une 
belle  voix  dans  sa  jeunesse,  et  étudia  la  mu- 
sique, vers  1025,  sous  la  direction  de  Manuel 
Rebelle  Devenu  maître  de  chapelle  «le  l'hôpi- 
tal général  de  Lisbonne,  il  passa  ensuite  en  la 
même  qualité  à  la  cathédrale  de  cette  ville.  Ce 
compositeur  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup 
de  psaumes,  messes,  hymnes  et  motets  qui  se 
trouvaient  autrefois  dans  la  bibliothèque  du 
roi  de  Portugal.  Son  chef-d'œuvre  est  une 
messe  à  huit  voix,  très-développée  et  divisée 
en  quatre  parties. 

VILHETXA  (Diego -Dus  DE),  maître  de 
chapelle  à  Evora,  en  Portugal,  né  vers  le  mi- 
lieu du  seizième  siècle,  fil  ses  éludes  musicales 
sous  la  direction  du  célèbre  maître  Antoine 
Pinheiro.  Vilhena  fui  un  des  plus  habiles  con- 
Irepointistes  de  sa  nation.  Il  mourut  en  1617, 
cl  laissa  en  manuscrit,  outre  beaucoup  de 
compositions  pour  l'église,  qui  se  trouvent 
dans  la  bibliothèque  royale  de  Lisbonne,  un 
ouvrage  intitulé  :  Arte  de  canto  châo  para 
principiantes  (Art  du  plain-chant  pour  les 
commençants). 

VILL.VAI  (Gaspard),  né  à  Plaisance,  fut 
organiste  de  l'église  de  celle  ville,  dans  les 
premières  années  du  dix-septième  siècle.  Il  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Missa,  Psalmi 
ad  T'espéras  16  vocibus  concinuntur,  lib.  2. 
Veneliis,  apudAng.  etF.F.  Gardanum,  1611, 
in-4°.  2°  Iflissa  ave  Maria  graciosa  20  vo- 
cum,  liber  4;  ibid.,  1611.  3"  Misse  c  l  es- 
père a  4,  5  e  Gvoci.  Venise,  1611,  in-4". 
•5"  Salmi  a  5,  C  e  8  voci  con  basso  continua 
perV  organo.  Venise,  1617,  in-4°.  5°  Psalmi 
omnes  ad  Vesperas  5  rocum,  op.  7.  Venelia, 
app.  Bail  Magni,  in-4".  6°  Salmi  per  tutti  i 
f'espri  dell'  anno  a  12  voci,  lib.  3.  Venetia, 
app.  Ang.  Garda  no,  1610. 

VILLEBLAÏNCHE  (Armand  DE),  né  à 
Paris,  en  1786,  d'une  famille  noble,  suivit  ses 
parents  dans  l'émigration  à  Londres,  cl, 
après  avoir  reçu  les  premières  leçons  de  mu- 
sique et  de  piano  de  madame  LavalLécnyer, 
devint  élève  de  J.  B.  Cramer.  M.  de  Marin 
(voyez  ce  nom),  son  parent,  célèbre  harpiste 
et  violoniste,  lui  donna  quelques  leçons  d'har- 
monie. De  retour  a  Paris,  il  continua  l'étude 
de  celle  science  sous  la  direction  de  l'abbé 
Koze,  puis  devint  élève  du  célèbre  pianiste  et 
compositeur  Wœlfl.  Ayant  été  nommé  audi- 
teur au  conseil  d'État,  il  fut  chargé  de  porter 
des  dépêches  à  l'empereur  Napoléon  pendant 


l'occupation  de  Moscou,  et  périt  dans  la  re- 
traite de  cette  désastreuse  campagne,  an  mois 
île  décembre  1812.  Cet  amateur  distingué  fit 
représenter  au  Ihéàlre  Feydeau,  en  1809,  le 
Nègre  par  amour,  opéra  comique  en  un  acte, 
qui  ne  réussit  pas.  Il  avait  écrit  aussi  La  Co- 
lère d'Achille,  grand  opéra  en  trois  actes, 
qui  n'a  point  été  joué.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position :  1°  Quatre  sonates  pour  piano  seul, 
op.  1  ;  Paris,  Porro.  2°  Trois  sonates  pour 
piano  et  violon,  op.  2;  Paris,  P.  Leduc. 
3°  Deux  trios  pour  piano,  hautbois  et  violon- 
celle, op.  3,  nos  1,2;  Paris,  Erard.  4°  Trois 
grandes  sonates  pour  piano  seul,  op.  4  ;  ibid. 
VILLEMAREST  (Chaules  Maxime  DE), 
né  à  Paris,  le  22 'avril  1785,  a  fait  ses  éludes 
au  collège  de  Vendôme  et  au  Prytante  fran- 
çais. Successivement  employé  au  cabinet  du 
ministre  de  l'intérieur,  secrétaire  général  des 
départements  au  delà  des  Alpes,  puis  écrivain 
politique,  il  a  publié  des  mémoires  et  des 
pamphlets.  C'est  à  lui  qu'est  due  la  rédaction 
des  Mémoires  du  compositeur  Blangini,  pu- 
bliés sous  le  titre  de  Souvenirs  de  Blangini 
(1797  à  1834);  Paris,  Alardin,  1835,  in-4°. 
M.  de  Villemarest  n'a  pas  mis  son  nom  à  ce 
livre.  Il  est  mort  à  Belleville,  près  de  Paris, 
au  mois  d'août  1852. 

VILLENEUVE  (André-Jacques),  maître 
de  musique  de  l'église  cathédrale  d'Arles,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle,  a  fait 
imprimer  de  sa  composition  :  1°  Concert  fran- 
çais, traduit  du  psaume  Dominus  regnavit  ; 
Paris,  Ballard,  1711,  in-fol.  2»  Neuf  leçons 
des  Ténèbres,  avec  basse  continue;  Paris, 
Boyvin.  in-4°  oblong.  3°  Six  motets  et  un  Mi- 
serere, idem  ;  ibid. 
VILLENT  (JosErn).  Voyez  WILLEUT. 
VILLERS  (Clémence  DL),  demoiselle 
attachée  à  la  duchesse  d'Orléans,  vers  1770, 
est  auteur  d'un  écrit  de  peu  de  valeur,  inti- 
tulé :  Dialogues  sur  la  musique,  adressés  à 
son  amie,  et  dédiés  à  S.  A .  S.  Monseigneur 
le  duc  de  Chartres.  Paris,  1774,  in  8"  de 
soixante-quatre  page?. 

VILLIERS  (Pierre  DE)  ou  VEIL- 
LÏERS,  musicien  français  du  seizième  siècle, 
n'est  connu  que  par  quelques  morceaux  de  sa 
composition,  répandus  dans  les  recueils  de 
son  temps,  et  parmi  lesquels  on  remarque  : 
1°  XIV  livre,  contenant  XXIX  chansons 
nouvelles  à  quatre  parties .  Paris,  Altaingnanl, 
1543,  petit  in-4°.  2°  Moletti  delFiore.  Tertius 
liber  cum  quatuor  vocibus.  Impressum  Lug- 
duni  per  Jacohum  Modernum  de  Pingucnlo. 
Anno   Domini   1539,   in-4°  obi.  3"  Quintus 


VILLIERS  —  VILLOTEAU 


349 


liber   Molelorum   quinque   et    sex   vocum. 
Opéra  et  solercia  Jacobi  Modem i  (alias  dicli 
Grand  Jaques)  in  umim  coaclorum,  et  Liig- 
duni  ah    eodem    impressorum    1543,    in-4°. 
4°  Liber  decem  Missarum,  a  prœclaris  et 
maximi  nominis   musicis   contextus,  etc. 
Jacohtis    Modernus   à    Pinguento    excndebat 
Lugduni.  Anno  publicse  salulis,    1540,  petit 
in-fol.  On  y  trouve  la  messe  à  quatre  voix  de 
P.  de  Villiers,  intitulée  De  Beata  fïrginc. 
5°  Concenlus  octo,  sex,  quinque  et  quatuor 
vocum    omnium   jucundissimi ,    nuspiam 
antea  sicœditi.  Augustse  Vindelicorum,  Phi- 
lippus  Uhlhardus  excndebat,  1545,  irt-4"  obi. 
Sigismond  Salblinger,  d'Augsbourg,  est  l'édi- 
teur de  celte  collection,  qui  contient  trente- 
six   motets,    dont    deux   de  P.    de    Villiers. 
6°   Quart  livre  de   chansons  composées  à 
quatre  parties  par  bons  et  excellents  musi- 
ciens.  Imprimé  en  quatre  volumes.  Paris, 
Adrian  Le  lloy  et  Robert  Ballard,  155ô,  petit 
in-4°  obi.  7°  Cinquiesme  livre  de  chansons 
nouvellement  composées  en  musique  à  quatre 
parties,  par  plusieurs  aulheurs.  Imprimé  en 
quatre  volumes.  Ibid.,  1550.  On  y  trouve  trois 
chansons  à  quatre  voix  par  de  Villiers.  8"  Se- 
cond livre  du  Recueil  des  recueils  composé  à 
quatre  parties,  de  plusieurs  aulheurs.  Ibid., 
1504,  in-4°.   On  y  trouve   trois  chansons  de 
P.  de  Villiers.  9°  Premier  livre  de  chansons 
à  deux  parties  composées  par  plusieurs  au- 
teurs. Ibid.,  1578,  petit  in-4°  obi.  Ce  recueil 
renferme  douze  chansons  de  P.  de  Villiers. 

VILLOTEAU  (Guillaume-André),  fils 
d'un  instituteur;  naquit  le  6  septembre  1759, 
à  Belléme  (département  de  l'Orne).  Ayant 
perdu  son  père  à  l'âge  de  trois  ans  et  demi,  il 
fut  admis,  quelque  temps  après,  en  qualité 
d'enfant  de  chœur,  à  la  collégiale  du  Mans,  et 
fit  ses  premières  éludes  littéraires  et  musicales 
dans  cetle  maîtrise.  A  l'âge  de  onze  ans,  il  fut 
tonsuré  et  pourvu  d'un  bénéfice  ecclésiastique 
simple,  qui  lui  fournit  les  moyens  d'entrer  an 
collège  du  Mans,  dirigé  par  les  Pères  de  l'Ora- 
toire. A  peine  eut-il  achevé  ses  humanités 
que,  persécuté  par  les  obsessions  de  ses  pa- 
rents pour  qu'il  entrât  au  séminaire  et  se  fil 
prêtre,  il  prit  la  résolution  de  s'enfuir  et  de 
voyager  comme  musicien  d'église  ambulant, 
ce  qui  s'appelait  alors  vicarier;  mais,  bientôt 
fatigué  de  ce  genre  de  vie,  il  s'engagea  dans 
un  régiment  de  dragons.  Cependant  personne 
n'était  moins  fait  que  Villoleau  pour  la  vie  de 
soldai  ;  d'ailleurs,  il  avait  appris  que  sa  mère 
était  profondément  affligée  de  son  absence  et 
que  des  démarches  étaient  faites  par  diverses 


personnes  pour  lui  enlever  son  bénéfice;  il  né- 
gocia son  congé  avec  son  colonel,  et  devenu 
libre,  il  retourna  à  ses  éludes.  Il  reprit  alors 
sa  place  au  chœur  de  la  collégiale  du  Mans; 
mais  il  y  resta  peu  de  temps,  ayant  accepté 
une  place  île  ténor  qui  lui  fui  offerte  au  cho-ur 
de  la  cathédrale  de  la  Rochelle.  Le  désir  d'ac- 
quérir de  l'instruction  le  conduisit  ensuite  au 
collège  de  Monlaigu,  pour  y  suivre,  pendant 
deux  ans,   un   cours  de  philosophie;   puis  à 
Paris,  où  il  fréquenta,  pendant  trois  autres 
années,  les  leçons  des  docteurs  de  La  Ilogue  et 
Asseline,  à  la  Sorbonne.  Après  avoir  reçu  les 
ordres,  il  fut  attaché  au  chœur  de  la  cathédrale 
de  Paris,  à  la  recommandation  de  Lesneur,  et 
une   riche   prébende  allait   lui  être  donnée, 
quand  les  orages  de  la  révolution  éclatèrent  (1). 
Le  peu  de  goût  qu'il  avait  toujours  eu  pour 
l'état  ecclésiastique  le  lui  fit  alors  abandonner 
pour  entrer,   en   1792,   dans  les  chœurs  «le 
l'Opéra,  où  il  fut  ensuite  coryphée.  C'est  un 
fait  digne  cfe  remarque  que  les  deux  musiciens 
érudits  qui  font  le  plus  d'honneur  à  la  littéra- 
ture musicale  de  la  France,  à  savoir  Peine  et 
Villoleau,  furent  Ions  deux  choristes  à  l'Opéra 
dans  le  même  temps.  Tous  deux  se  consolaient, 
par  l'élude,  des  ennuis  d'un  emploi  peu  d'ac- 
cord  avec  leurs    penchants.  Villoleau  quitta 
cette  position,  en  l'an  VI  de  la  république, 
pour  faire  partie  du  corps  de  savants  emmené 
en  Égyple  par  le  général  Bonaparte. 

Une  nouvelle  carrière  venait  de  s'ouvrir 
pour  lui,  carrière  honorable  dont  il  se  montra 
digne  par  ses  patientes  investigations  et  par 
son  noble  caractère.  Sa  destination  était  de 
recueillir  des  faits  et  des  matériaux  concernant 
la  musique  des  divers  peuples  orientaux  qui 
sonl  mêlés  sur  le  sol  de  l'Egypte,  particulière- 
ment les  Arabes,  les  Copies,  les  moines  grecs 
el  les  Arméniens.  Muni  d'une  abondante  ré- 
colte de  notes,  de  traités  de  musique  et  d'in- 
struments, il  revint  à  Paris  dans  l'an  VIII,  et 
se  mil  à  travailler  avec  ardeur  à  la  part  qu'il 
devail  fournir  au  grand  ouvragede  la  Descrip- 
tion de  l'Egypte.  Pendant  plusieurs  années,  il 
s'occupa  à  rechercher,  dans  lesgrandes  biblio- 
thèques de  Paris,  les  documents  propres  à 
combler   les   lacunes    de    ses   recherches   en 

(I)  Dans  une  noie  de  Villoleau  publiée  par  Mi  Lecomie 
{Gazette  musiale  de  Paris,  ann.  183'J,  p.  206),  il  est  dit 
que  pour  échapper  ù  ta  liactic  révolutionnaire,  en  1791, 
il  fut  obligé  île  quitter  furtivement  le  cl oilre  Notre-Dame, 
et  d'aller  prendre  un  appartement  dans  le  faubourg 
Montmartre,  en  qualité  île  professeur  de  musique  et  de 
littérature,  etc.  il  y  a  sans  doute  une  erreur  de  date  dans 
celte  noie,  car  il  n'y  avait  point  de  liaclie  revolutior,- 
naireen  170 1 . 


350 


VILLOTEAU 


Egypte,  et  à  obtenir  de  l'amitié  des  orienta- 
listes Sylvestre  de  Sacy,  Herbin  et  Sedillot  des 
traductions  des  traités  originaux  de  la  musique 
orientale.  Je  le  connus,  pendant  les  années 
1804  à  1807,  occupé  de  ces  recherches  dont  les 
résullals  parurent   successivement    dans    les 
volumes  de  la  Description  de  l'Egypte.  Les 
diverses  parties  du  travail  de  Villoteau  sont  : 
1°  Dissertation  sur  la  musique  des  anciens 
Egyptiens.  2°  Dissertation  sur  les  diverses 
espèces  d'instruments  de  musique  que  l'on 
remarque  parmi  les  sculptures  qui  décorent 
les  antiques  monuments  de  l'Egypte,  et  sur 
les  noms  que  leur  donnèrent,  en  leur  langue 
propre,  les  premiers  peuples  de  ce  pays.  Ces 
deux  disserlalionssontcontenues  dans  les  volu- 
mes qui  concernent  l'état  ancien  de  l'Egypte. 
Michaelis  a  traduit  la  première  en  allemand, 
sous  ce  titre  :  Abhandlung  ilber  die  3/usik 
deralten  jEgyptens.  Leipsick,  1821,  inS^de 
190  pages.  3°  De  Vétat  actuel  de  l'art  musi- 
cal en  Egypte,  ou  relation  historique  et  des 
criptive  des  recherches  et  observations  faites 
sur  la  musique  en  ce  pays.  Celte  partie,  qui 
forme  240  pages  (petit  in-folio)  d'impression, 
fait  partie  du  quatrième  volume  de  l'état  mo- 
derne, dans  l'édition  originale.  4°  Description 
historique,  technique  et  littéraire  des  instru- 
ments de  musique  des  Orientaux.  Celle  qua- 
trième et  dernière  partie  du  travail  de  Villoteau 
se  trouve  dans  le  septième   volume  de  l'état 
moderne  et  forme  170  pages.  Quoique  le  plus 
grand  soin  ait  présidé  aux  recherches  de  ce 
savant  sur  la  musique  des  anciens  peuples  de 
l'Eg'y'ple,  quoiqu'on  y  remarque  une  érudition 
rare,  quoique,  enfin,  il  y  ait  porté  la  conscience 
littéraire  d'un  honnête  homme,  l'absence  de 
données  positives  l'a  obligé  à  se  réfugier  sou- 
vent sur  le  terrain  des  conjectures  et  à  pren- 
dre pour  guides  Jablonsky,  Kjrchéret  d'aulres 
savants  qui,  dans  le  coins  des  siècles  derniers, 
ont  essayé  d'éclaircir  l'histoire  des  mœurs,  des 
arts  et  de  la  littérature  d'un  peuple  chez  qui 
tout  était  mystérieux.  Les  conjectures  de  Villo- 
teau   paraissent    souvent    heureuses    et    sont 
accompagnées  des  textes  antiques  qui  étaient 
à  la  disposition  de  l'auteur,  et  qui  pouvaient 
lui  servir  de  preuves;  mais,  enfin,  ce  sonl  fies 
conjectures,  et  ce  ne  pouvait  être  autre  chose 
en   l'état  des   connaissances  qu'on   avait  sur 
l'Egypte  à  l'époque  où  l'auteur  rédigea   son 
travail.  Les  diverses  collections  d'anliquilés, 
recueillies  depuis  lors  dans  les  tombeaux  de  ce 
pays  et  apportées  en  Europe,  ont  mis  à  notre 
disposition  des  instruments  dont  on   n'avait 
autrefois  que  des  représentations  plus  ou  moins  I 


grossières,  plus  ou  moins  infidèles  et  qui  jet- 
tent un  grand  jour  sur  cette  matière.  Les 
autres  parties  du  travail  de  Villoteau,  ayant 
pour  objet  l'exposé  de  l'état  actuel  de  la  musi- 
que des  différents  peuples  qui  habitent  l'Egypte, 
ont  l'avantage  de  reposer  sur  des  faits  patents; 
et,  comme  l'auteur  unissaità  des  connaissances 
très-étendues  dans  l'art  une  érudition  profonde 
et  variée,  comme  il  était,  d'ailleurs,  animé 
dans  ses  recherches  d'un  zèle  infatigable  qui 
ne  reculait  devant  aucune  difficulté,  il  nous  a 
donné  sur  la  musique  des  Orientaux  des  ren- 
seignements précieux  qui  rectifient  les  notions 
incomplètes  ou  fausses  que  nous  avions  reçues 
de  Kircher,  de  Laborde,  de  Pockoke,deNorden 
et  des  autres  écrivains  et  voyageurs.  Son  tra- 
vail concernant  le  chant  de  l'Église  grecqueest 
particulièrement  digne  d'éloges.  J'ai  donné, 
dans  la  Revue  musicale,  une  analyse  des  tra- 
vaux de  Villoteau  (t.  I,  p.  370-581,589-402,  et 
t.  II,  p.  1-9).  Ce  savant  avait  préparé  un  autre 
mémoire  sur  la  nature  et  le  caractère  des  divers 
genres  de  chant  et  de  poésie  en  usage  dans 
l'ancienne  Egypte;  mais  il  ne  put  en  obtenir 
l'insertion  dans  la  Description  de  ce  pays, 
parce  qu'il  fut  considéré  comme  trop  conjec- 
tural par  la  commission  chargée  de  la  publica- 
tion decegrand  ouvrage.  Pour  compléterenfin 
la  lâche  qu'il  avait  entreprise  à  l'égard  de  la 
musique  des  Orientaux,  il  s'était  préparé  à  la 
rédaction  d'un  dictionnaire  de  tout  cequi  con- 
cerne la  théorieel  la  praliquedecetle  musique, 
avec  la  traduction  et  l'explication  des  termes 
techniques  de  la  musique  arabe,  turque,  per- 
sane, éthiopienne,  arménienne  et  grecque  mo- 
derne; cependant  il  n'a  laissé  que  le  recueil 
des  matériaux  de  cet  ouvrage. 

Villoteau  avait  lu,  à  la  Société  libredes  scien- 
ces et  arts  de  Paris,  un  Mémoire  sur  la  possi- 
bilité et  l'utilité  d'une  théorie  exacte  des 
principes  naturels  de  la  musique;  ce  petit 
ouvrage,  qui  n'était  (pie  le  prélude  d'un  tra- 
vail beaucoup  plus  considérable  et  dont  il  sera 
parlé  tout  à  l'heure,  parut  à  Paris  (de  l'impri- 
merie impériale),  en  1807,  grand  in -8°  de 
88  pages  (1).  Le  livreront  iln'étaitque  l'intro- 
duction, fut  ensuite  publié  sous  ce  titre: 
Recherches  sur  l'analogie  de  la  musique  avec 
les  arts  qui  ont  pour  objet  l'imitation  du 
langage,  pour  servir  d'introduction  à 
l'élude  des  principes  naturels  de  cet  art. 

(I)  Ce  mémoire  donna  lieu  ùl'écritde  L.  M.  Raymond , 
{voy.  ce  nom)  intitulé  :  Lettre  à  M.  Villoteau,  louchant 
ses  vues  sur  la  possibilité  d'une  théorie  exacte  des  prin- 
cipes naturels  delà  musique,  etc.,  Paris,  Courcicr,  1811, 
in -8» 


VILLOÏ'EAU 


351 


Paris  (de  l'imprimerie  impériale),  1807,2  vol., 
grand  in-8°,  le  1er  de  556  pages,  avec  une 
préface  de  xevi  p.,  le  2me  de  598  pages,  avec 
quatre  grands  tableaux.  Il  y  avait  si  peu  de 
lecteurs  en  France  pour  les  livres  sur  la  mu- 
sique, à  l'époque  où  celui-ci  parut,  qu'il  ne  se 
vendit  pas.  Renouard  rapporte  à  ce  sujet  une 
anecdote  singulière,  dans  le  Catalogue  de  la 
bibliothèque  d'un  amaleur  (Paris,  1819,  4  vol. 
in-8°).  Le  .gouvernement  français  accordait 
alors  des  licences  à  des  négociants  pour  aller 
chercher,  dans  les  ports  de  l'Angleterre,  des 
chargements  de  marchandises  coloniales,  sous 
la  condition  qu'ils  exporteraient  des  produits 
de  l'industrie  française  pour  une  valeur  pro- 
portionnelle à  l'importation.  Or,  les  négociants 
choisissaient  ordinairement  des  marchandises 
tombées  dans  le  discrédit  et  qu'ils  pouvaient 
se  procurer  au  rabais,  parce  qu'ils  élaienlobli- 
gés  de  les  jeter  à  la  mer  avant  d'aborder  les 
côtes  d'Angleterre.  La  plus  grande  partie  de 
l'édition  du  livre  de  Villoleau  fut  choisie  pour 
compléter  un  chargement  de  navire,  et  fut 
ainsi  détruite.  Il  ne  faut  pas,  toutefois,  attri- 
buer le  mauvais  succès  de  cet  ouvrage  à  la 
seule  indifférence  qui  régnait  parmi  nous  pour 
la  littérature  musicale,  à  l'époque  où  il  parut; 
car  on  n'a  pas  vu  qu'il  ait  été  recherchédepuis 
que  le  goût  de  cette  littérature  s'est  développé 
chez  les  Français.  Le  sujet  du  livre  et  sa  forme 
ont  été  les  causes  premières  de  l'oubli  dans 
lequel  il  est  tombé.  Le  titre  indique  claire- 
ment que  Villoleau  s'est  proposé  de  ressusciter 
les  vieilles  erreurs  de  Batleux  et  de  Cbabanon, 
mais  en  leur  donnant  un  développement  scien- 
tifique pour  lequel  il  avait  des  connaissances 
techniques  qui  avaient  manqué  à  ses  devan- 
ciers. Singularité  remarquable!  Villoleau,  pas 
plus  que  ceux  qui  l'avaient  précédé  dans  celle 
doctrine,  ne  s'est  aperçu  que  réduire  la  musi- 
que au  principe  de  l'imitation,  c'esl  lui  enlever 
le  sublime  de  l'idéal  pour  la  réduire  à  l'empi- 
risme; c'est  la  rabaisser  en  voulant  l'élever; 
c'est  en  rétrécir  le  domaine  qu'on  se  propose 
d'agrandir.  Le  chant  déclamé  esl  sans  doule 
une  partie  de  cet  art,  et  la  vérité  d'accenl  esl 
un  des  éléments  de  son  esthétique;  mais  ce 
n'est  qu'un  point  dans  son  immensité.  Villo- 
leau cite  souvent  Plalon  dans  les  détails,  mais 
il  n'a  pas  saisi  le  sens  de  la  doctrine  de  ce 
grand  homme  dans  ce  qu'elle  a  déplus  élevé  à 
l'égard  de  la  musique.  Platon  donne  à  la  mu- 
sique un  principe  lout  idéal  el  n'a  jamais  songé 
à  en  faire  un  art  d'imitation.  Villoleau  n'y  a 
point  réfléchi,  d'ailleurs  :  les  rapports  de  la 
musique  avec  le  langage  eussent-ils  la  réalité 


qu'il  leur  suppose,  pourraient  bien  indiquer  sa 
destination,  mais  ne  seraient  pas  son  principe. 
Il  y  a  un  abîme  entre  la  vague  théorie  de  ce 
prétendu  principe  d'imitation  développé  dans 
la  première  partie  de  son  livre,  et  la  formation 
de  la  technique  de  l'art,  qui  fait  l'objet  de  la 
seconde  :  tous  les  efforts  de  l'auteur  pour  le 
combler  ont  été  infructueux.  Une  de  ses  idées 
favorites  est  de  réformer  la  musique  pour  en 
faire  la  gardienne  des  mœurs  :  cette  idée  est 
empruntée  à  l'antiquité  ;  mais,  là  encore,  il  se 
trompe,  car  la  musique  ne  règle  pas  les 
mœurs  ;  ses  divers  caractères  en  sont,  au  con- 
traire, le  produit,  et  ses  transformations  suc- 
cessives sont  en  relation  nécessaire  avec  les 
transformations  de  la  société.  Ajoutons  que 
la  marche  du  livre  de  Villoleau  est  lenle, 
embarrassée,  peu  logique,  que  l'objet  princi- 
pal est  souvent  perdu  de  vue  par  des  digres- 
sions inutiles  et  que  le  style  manque  de  nerf  et 
de  précision. 

Villoleau  avait  été  nommé  membre  de 
l'Institut  d'Egypte  et  de  la  commission  pour 
la  formation  du  grand  ouvrage  concernant 
celte  conti'ée,  décrétée  par  le  gouvernement. 
Dans  ses  rapports  avec  ses  collègues,  il  se  trouva 
bientôt  mal  à  l'aise.  La  plupart  de  ces  savants 
étaient  des  hommes  du  monde,  habiles  aux 
affaires  et  adroits  à  profiter  de  leur  position. 
L'habitude  de  la  solitude  el  l'ignorance  com- 
plète du  monde  rendaient  Villoleau  peu  propre 
à  sympathiser  avec  eux.  L'absence  de  toute 
faveur  du  gouvernement  à  son  égard,  tandis 
que  ses  collègues  en  étaient  comblés,  finit  par 
lui  donner  de  l'humeur.  «Ici  (dit M.  Lecomte, 
»  auteur  d'une  notice  sur  Villoteau  insérée 
»  dans  la  Gazette  musicale  de  Paris)  com- 
»  mence  la  plus  triste  période  de  sa  vie  ;  il 
»  devient  soupçonneux,  injuste  envers  plu- 
»  sieurs  de  ses  collègues  plus  heureux  el  plus 
»  habiles;  il  les  accuse  de  son  malheur,  et 
»  celle  idée  le  poursuit  jusqu'au  tombeau.  » 
L'ennui  croissant  qu'il  épouvait  du  délaisse- 
ment où  on  l'avait  laissé  lui  fil  prendre  la  réso- 
lution de  se  retirer  à  la  campagne.  Du  produit 
de  son  patrimoine  et  de  ses  économies,  il 
acheta  une  propriété  à  Savonnières,  commune 
de  la  Touraine,  où  il  se  livra  à  l'agriculture,  y 
exerçant  les  fonctions  de  maire,  et  oubliant 
l'art,  la  science  et  les  travaux  de  sa  vie  passée. 
Mais  de  nouveaux  malheurs  lui  étaient  ré- 
servés. Le  notaire  de  Paris,  dépositaire  de 
l'argent  nécessaire  pour  payer  le  prix  de  son 
acquisition,  l'engloutit  dans  une  banqueroute, 
et  Villoleau  dépouillé,  exproprié,  se  vit  con- 
traint de  se  retirer  dans  une  maison  qui  lui 


352 


V1LL0TEAU 


restait  à  Tours,  et  d'y  vivre  d'une  modique 
pension,  soutenu  par  la  considération  publi- 
que (dit  le   biographe   cité    précédemment), 
exerçant  diverses  fonctions  gratuites,  et  con- 
courant avec  zèle  au  succès  de  l'enseignement 
populaire.    Là   recommencèrent  ses    travaux 
sur  la  musique.  Les  mêmes  idées  qui  l'avaient 
dirigé  dans  la  conception  de  ses  Recherches 
sur  l'analogie  de  la  musique  avec  les  arts 
qui  ont  pour  objet  l'imitation  du  langage, 
le  guidèrent  dans  la   rédaction  d'un  nouveau 
livre,  auquel  il  a  donné  le  litre  de  Traité  de 
phonélhésie.   Voici  ce  qu'il  m'en  disait,  dans 
une  lettre  écrite  de   Tours,    le  9  décembre 
1825  :  «  Je  m'occupe  en  ce  moment  d'un  ira- 
»  vail  qui  est  le  fruit  des  recherches  et  des 
»   méditations  les  plus  suivies  pendant  la  plus 
»  grande  partie  de  ma  vie,  et  le  résultat  d'une 
»  expérience  de  plus  de  cinquante  ans.  C'est 
»   un  traité  où  je  démontre  la  propriété  ex- 
»  pressive  des   sons  et  des  inflexions  de  la 
»   voix  humaine,  d'après  des  faits  que  l'expé- 
»   rience   journalière    permet    à    chacun    de 
»   vérifier  et  de  constater  sans  peine  et  à  cha- 
»  que  instant;  ce  qui  me  donne  lieu  d'établir 
n   une  théorie  de  la  propriété  expressive  des 
»  sons  et  des  divers  intervalles  dont  se  com- 
»   pose  l'étendue  de  la  voix,  et  des  diverses 
»   qualités  que  son  timbre  reçoit  dans  les  dif- 
»  férentes  affections  de  joie  ou  de  douleur.  » 
C'est  toujours,  comme  on  voit,  l'idée  de  l'imi- 
tation  du  langage  par  la  musique;   ce  sont 
toujours  les  mêmes  erreurs,  toujours  la  même 
impossibilité    de    formuler   des    applications 
utiles  à  l'art  réel.  Cet  ouvrage  fut  un  des  der- 
niers   chagrins    de    Villoteau;     car    l'ayant 
soumis  à  l'examen  de  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  de  l'Institut  de  France, 
celle-ci  renvoya  le  manuscrit  à  la  section  de 
musique,  disant  que  l'objet  du  livre  la  concer- 
nait; une  discussion  s'établit  à  ce  sujet,  et  le 
résultat  fut  que  l'auteur  n'obtint  pas  le  rap- 
port qu'il  attendait  pour    livrer  l'ouvrage  à 
l'impression.    Le   chagrin    qu'il    en   éprouva 
hâta  peut-être  sa   fin.  Il  mourut  le  23  avril 
1839,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans.  Il  s'était 
marié,  dans  un  âge  avancé,  à  une  femme  dont 
il  eut  un  fils,  et  qui  lui  donna  des  témoignages 
de  tendre  affection  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours. 
A  la  demande  du  ministre  de  l'intérieur,  il 
traduisit  en  français,  dans  ses  dernières  années, 
les  sept  auteurs  grecs  sur  la  musique  publiés 
par  Wcibom,  et  y  ajouta  des  commentaires  : 
il  eut  le  temps  d'achever  cet  immense  travail. 
Les  manuscrits  des  textes  grecs,  de  la  version 
latine  et  de  la  traduction  française  avec  les 


notes  ont  été  acquis  par  la  bibliothèque  du 
Conservatoire  de  Paris.  Une  copie  de  ce  tra- 
vail est  déposée  à  la  bibliothèque  de  Tours.  Il 
ne  faut  pas  croire  toutefois  que  Villoteau  ait 
fait  sa  traduction  d'après  le  texte  grec  :  si  on 
voulait  la  publier,  il  faudrait  la  revoir  d'après 
ce  texte,  car  il  n'a  pu  suivre  que  la  version 
latine.  Voici,  à  ce  sujet,  les  renseignements 
certains  que  je  puis  fournir.  Étonné  de  lire, 
dans  la  France  littéraire  de  M.  Quérard 
(tome  I,  page  7),  que  M.  Achaintre,  savant  hel- 
léniste et  philologue,  avait  traduit  du  grec  le 
traité  du  chant  ecclésiastique  attribué  à  saint 
Jean  Damascène,  et  qui  se  trouve  intercalé 
dans  le  travail  de  Villoteau  sur  la  musique  des 
Orientaux,  j'écrivis  au  traducteur  de  Dictys  de 
Crète,  pour  m'informer  du  fait,  et  j'en  reçus 
celte  réponse  : 

«  Évreux,  le  12  avril  1834. 
»  Monsieur, 

»  Je  n'ai  reçu  qu'hier,  11  de  ce  mois,  1.1 
»  lettre  que  vous  m'avez  adressée  sous  la 
»  date  du  l<r;  en  conséquence,  je  n'ai  pu  vous 
»   répondre  plus  tôt. 

»  Il  est  bien  vrai  que  j'ai  fait  la  traduction 
»  de  l'ouvrage  inédit  de  saint  Jean  Damas- 
»  cène  sur  la  musique  grecque  en  usage  de 
»  son  temps,  et  qui  a  été  inséré  par  extraits 
»  dans  l'article  de  la  musique  des  peuples  qui 
»  habitaient  l'Egypte  dans  les  premiers  siècles 
»  de  l'Église;  article  publié  par  M.  Villoteau 
»  dans  la  Description  de  l'Egypte,  (pie,  par 
»  erreur,  M.  Quérard  appelle  Collection  des 
»  monuments  de  l'Egypte.  M.  Villoteau,  mu- 
»  sicien  et  compositeur  estimé  alors,  avait  fait 
»  les  brillantes  campagnes  de  l'Egypte,  et, 
»  comme  membre  de  l'Institut  établi  par 
»  Bonaparte,  il  avait  rapporté  de  ce  pays  tous 
»  les  monuments  relatifs  à  son  art,  entre 
»  autres  le  petit  ms.  en  question.  Rentré  en 
«  France  et  faisant  partie  de  la  commission 
»  d'Egypte,  il  fut  spécialement  chargé  de  ce 
»  qui  concernait  la  musique.  M.  Villoteau, 
»  sur  le  refus  de  plusieurs  savants,  même  de 
»  l'Institut,  me  fut  adressé,  et  j'acceptai  ce 
a  qu'il  me  proposait.  Le  ms.  était  assez 
»  lisible,  mais  sans  accents  et  sans  points,  ce 
»  qui  en  rendait  la  traduction  assez  difficile, 
»  surtout  pour  le  premier  essai  et  pour  moi, 
»  qui  ne  connaissais  pas  plus  la  musique 
»  que  M.  Villoteau  ne  connaissait  le  grec. 
»  Il  fut  convenu  que  je  traduirais  mot  pour 
»  mol,  interlinéairemeni,  et  que,  tous  les 
»  huit  jouis,  nous  nous  réunirions  pourre- 
»  mettre  en  bon  français,  suivant  les  règles 
«  de  l'art    musical,   cet  ouvrage  qui  devait 


VILLOTEAU  -  VINCENT 


363 


»  être  inséré  en  entier,  mais  qui  ne  le  fui  que 

»  partiellement,  faute  d'espace.  Voilà  la  vé- 

»  rite.    J'ignore   pourquoi  M.  Villoleau  n'a 

»  pas  fait  mention  de  moi  dans  son  travail; 

»  mais  le  Tait  de  ma  coopération  était  assez 

»  connu  alors,  pour  que  M.  Quérard  me  l'ait 

«  attribué  avec  quelque   raison.   Comme  je 

»  n'attachais  pas  une  grande  importance  à  ce 

»  travail,  que  je  n'avais  l'ail  que  parcomplai- 

»  sance,  je  n'y  ai  guère  pensé  depuis. 

»   Voilà,  monsieur,  tout  ce  que  je  puis  vous 

n  dire  à  cet  égard.  Je  désire  que  ces  rensei- 

»  gncmenls  puissent  vous  être  utiles,  et  je  me 

»  félicite  que  celte  circonstance  m'ait  procuré 

»  l'honnettr  d'avoir  Une  correspondance  avec 

»  vous.  Je  suis,  monsieur,  avec  la  plus  par- 

»  faite  estime, 

«  Votre  très-humble  et 
»  obéissant  serviteur, 

»   Aciiaintiie  père, 
»  flomme  de  lettres,  à  lifreux  (Eure).  » 

Cette  lettre  prouve  jusqu'à  l'évidence  qui 
Villoleau  n'a  pu  faire  la  traduction  française 
des  auteurs  «le  la  collection  de  Meibom  d'a- 
près le  texte  grec,  et  qu'il  a  dû  se  servir  de 
la  version  latine.  Si  le  gouvernement  français 
voulait  faire  publier  celle  traduction,  il  serait 
donc  nécessaire  qu'elle  fût  revue  et  colla- 
tion née  avec  soin. 

VILSECREU  (Fkasçois-Jea^),  professeur 
de  plain-cbant  au  séminaire  de  Passait  (Ba- 
vière), s'est  fait  connaître  par  un  livre  inti- 
tulé: Lehre  vom  romischen  Choralgesange, 
zum  Gebrauche  fur  Seminarien,  geislliche 
Schullehrer  und  Choralisten  (Science  du 
plain-chanl  romain,  à  l'usage  des  séminaires, 
des  professeurs  d'écoles  religieuses  et  des 
chantres).  Passait,  1841,  in-8n. 

VIJUER.CATI  (Pietho),  virtuose  sur  la 
mandoline,  né  en  1779,  eut  une  brillante  répu- 
tation, en  Italie,  pour  son  remarquable  talent 
SJir  cet  instrument.  Ses  compatriotes  l'appe- 
laient le  Paganini  de  la  mandoline.  Il  était 
âgé  d'environ  vingt-huit  ans  lorsqu'il  Ht  admi- 
rer son  habileté  extraordinaire  à  Florence,  au 
mois  de  décembre  1808.  Bientôt  sa  renommée 
s'étendit  dans  loule  l'Italie.  Partout  il  donna 
des  concerts.  Cinq  ou  six  fois  il  retourna  à 
Milan  et  joua  au  théâtre Re,  dans  les  enlr'actes. 
Il  voyagea  aussi  en  Allemagne  else  fit  entendre 
à  Vienne,  en  1829  et  1840,  à  Berlin  et  à  Wei- 
mar,  en  1830.  De  retour  en  Italie,  il  mourut  à 
Gênes,  le  27  juillet  1850,  à  l'âge  de  71  ans, 
peu  de  jours  après  y  avoir  donné  un  concert. 

La  femme  de  cet  artiste,  née  Bianchi,  fui 

DIOGIt.  051V.   DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


cantatrice  et  chanta  au  théâtre  de  Mantoue, 
en  1834,  à  Berlin  et  à  Weimar,  en  1856. 

VINACESI  (Benoît),  chevalier,  né  à 
Brescia,  vers  1670,  fui  maître  de  chapelle  du 
prince  François  Gonzague  de  Casliglione. 
Le  7  septembre  1704,  il  obtint,  au  concours, 
la  place  d'organiste  du  second  orgue  de  l'église 
Saint-Marc,  île  Venise,  aux  appointements  de 
200  ducats,  qui  furent  portés  à  500,  en  1714. 
Vinacesi  fut  aussi  maître  du  chœur  des  orphe- 
lines du  Conservatoire  appelé  l'Ospedalello. 
Il  mourut  à  la  fin  de  1719.  Il  a  beaucoup  écrit 
pour  l'église  el  pour  le  théâtre.  Parmi  ses 
opéras,  on  remarque:  1°  Gli  Sfoghi  di  giu- 
bilo,  sérénade  à  quatre  voix,  composée  pour 
l'ambassadeur  de  France  à  Venise,  à  l'occasion 
de  la  naissance  du  duc  de  Bretagne.  2°  Su- 
sanna,  oratorio  écrit  à  Brescia,  en  1694. 
3°  Il  Cuor  nello  scrigno,  oratorio,  à  Crémone, 
1696.  4°  Vlnnocenza  giustificata,  repré- 
senté au  théâtre  S.  Salvalore,  à  Venise,  1699. 
5°  Gli  Amantigenerosi,  au  théâtre  S.  Angelo, 
de  Venise,  en  1703.  On  connaît  de  lui:  Sfere 
armoniche  ovvero  sonate  da  chiesa  a  due 
violini  con  violoncello  e  parte  per  l'organo. 
Venise,  1696,  in-4°.  On  a  aussi  imprimé  de  sa 
composition  :  Mottettia  ôvoci.  Venezia,  app. 
Gins.  Sala,  1714. 

VINCENT  DE  BEAUVAIS,  en  la- 
tin VOCENITUS  BELLOVACENSIS, 
moine  de  l'ordre  de  Saint-Dominique,  naquit 
dans  les  dernières  années  du  douzième  siècle 
ou  au  commencement  du  suivant.  Quelques 
auteurs  ont  dit  qu'il  fut  évoque  de  Beauvais; 
mais  le  contraire  paraît  aujourd'hui  prouvé. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  fut  certainement  en  haute 
faveur  près  du  roi  de  France  Louis  IX,  qui  lui 
confia  l'éducation  de  ses  enfants.  Vincent  de 
Beauvais  mourut,  suivant  quelques  auteurs, 
en  1256,  et,  selon  d'autres,  en  1264;  Casimir 
Oudin  retarde  même  l'époque  de  son  décès 
jusqu'en  1280.  On  a  de  ce  moine  une  sorlc 
d'encyclopédie  par  ordre  de  matières,  intitu- 
lée :  Spéculum  quadruplex,  nalurale,  doc- 
trinale, morale  et  historiale ;donl  la  première 
édition  a  été  imprimée  à  Strasbourg,  chez 
Mentellin,en  1473, 10  vol.  in-fol.  Le  Spéculum 
doctrinale,  dont  le  dix-septième  livre  contient 
un  traité  de  musique  divisé  en  vingt-six  cha- 
pitres, a  été  réimprimé  à  Bâle,  en  1470,  à  Nu- 
remberg, en  1486,  el  à  Venise,  en  1489,  1494 
et  1591.  Toutes  ces  éditions  sont  in-folio. 

VINCENT  (William),  savant  auteur  du 
Voyage  de  Néarque,  des  bouches  de  V Indus 
jusqu'à  l'Euphrale,  naquit  à  Londres,  en 
1739,  filscs  éludes  à  l'Université  de  Cambridge 

23 


S54 


VINCENT 


et  devint  chapelain  iln  roi  d'Angleterre,  puis 
doyen  de  Westminster.  Il  mourut  le  31  décem- 
bre 1815,  âgé  de  plus  de  soixante-seize  ans. 
Au  nombre  des  écrits  de  ce  savant,  on  re- 
marque celui  qui  a  pour  litre  :  Considérations 
on  parochial  Music  (Considérations  sur  la 
musique  de  paroisse).  Londres,  1787,  in-8°. 

TII\'CEi>"T(ALEXAADRE-j0SEI>II-II«DUI.rilE), 

ancien  professeur  de  mathématiques  au  Collège 
Saint-Louis,  à  Paris,  membre  de  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres  de  l'Institut 
deFrance,membredelaSociété  des  antiquaires 
de  France,  conservateur  de  la  bibliothèque  des 
sociétés  savantes  au  ministère  de  l'instruction 
publique,  est  né  à    Hesdin    (Pas-de-Calais), 
le  20  novembre  1797.  On  a  de  ce  savant  des 
livres    et    des    mémoires   de  mathématiques 
étrangers  à  l'objet  de  ce  dictionnaire  biogra- 
phique :  il  n'est  cité  ici  que  pour  ses  travaux 
concernant  la  théorie  et  l'histoire  de  la  musique. 
Son  premier  écrit  relatif  à  ces  matières  est  une 
Note  sur  une  formule  générale  de  modulation, 
qui  fut  publiée  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
royale  des  sciences,  de  l'agriculture  et  des 
arts  de  Lille,  et  dont  il  a  été  tiré  des  exem- 
plaires à  part;  Lille,  imprimerie  deL.  Danel, 
18-52,  in-8°  de  huit  pages,  avec  deux  tableaux. 
Depuis  l'époque  où  parut  ce  morceau,  M.  Vin- 
cent a  rempli  les  journaux  littéraires  de  ses 
opuscules  sur  toutes  sortes  de  sujets,  nolam- 
menlsurla  musique  ancienne  etsurlc  rhythme 
de  la  poésie  grecque  et  latine.  Je  ne  connais 
pas  tous  ces  petits  écrits,  mais  je  puis  indiquer 
ceux-ci  :  1°  Dissertation  sur  le  rhythme  chez 
les  anciens  (1845,   in-8°).  2°  De  la  musique 
dans  la  tragédie  grecque,  à  l'occasion  delà 
tragédie  d' Antigone  (dans  le  Journal  de  l'in- 
struction   publique).    S*    De     la    notation 
musicale    de    l'école    d'Alexandrie    {Revue 
archéologique,   3e    année).    4°   Analyse   du 
traité  de  métrique  et  de  rhylhmique  de  saint 
Augustin,  intitulé  De  Musica.  Nouvelles  con- 
jectures sur  la   poésie  lyrique,   1849,  in-8p. 
5°  Mémoire  sur  le  système  de  Scheibler  (pour 
l'accord  des   instruments),    inséré   dans    les 
Annales  de  chimie  et  de  physique  (5e  série, 
t.  XXVI,  1849).    G0  Quelques    mots    sur    la 
musique  et  la  poésie  ancienne,  à  propos  de 
l'ouvrage  de  M.  B.  Jullien,  intitulé  :  De  quel- 
ques points  des  sciences   dans   l'antiquité 
(Extraits  du  Correspondant,  25  septembre  et 
25  octobre  1854).  Paris,  Ch.  Douniol,  1854, 
grand  in-8°dequaranle-huit  pages.  7° Emploi 
des  quarts  de  ton  dans  le  chant  grégorien  con- 
staté sur  l'antiphonaire  de  Montpellier  (Ex- 
trait de  la  Revue  archéologique,  douzième 


année).  Paris,  A.  Leleux,  1854,  in-8°.  8"  De 
la  notation  musicale  attribuée  à  Boècc,  et  de 
quelques  chants  anciens  qui  se  trouvent  dans 
le  manuscrit  latin  n°  989  de  la  Bibliothèque 
impériale.  Nouvelles  considérations  sur  la  mu- 
sique et  sur  la  versification  du  moyen  âge 
(Extrait  du  Correspondant,  du  25  juin  1855), 
tiré  à  part.  9°  De  la  musique  des  anciensGrecs. 
Discours  prononcé  au  Congrès  scientifique  de 
France  (20e  session  tenue  à  Aéras),  dans  la 
séance  générale  du  30  août  1853.  Arras,  1854, 
in-12  de  vingt-quatre  pages,  avec  quatre 
planches.  10°  Sur  la  tonalité  ecclésiastique  de 
la  musique  du  quinzième  siècle  (Extrait  de  la 
Revue  archéologique,  quatorzième  année). 
Paris,  A.  Leleux,  1858,  in-8°  de  vingt-trois 
pages,  avec  douze  pages  de  musique.  11°  Rap- 
port sur  un  manuscrit  musical  du  quinzième 
siècle.  Imprimerie  impériale,  juillet  1858, 
in-8°  de  dix  pages,  avec  huit  pages  de  musique. 
12°  Histoire  de  l'harmonie  au  moyen  âge,  par 
E.  De  Coussemakcr  (analyse  d'une  partie  de 
cet  ouvrage).  De  la  valeur  et  de  la  lecture  des 
neumes  dans  la  musique  du  moyen  âge  (Extrait 
du  Correspondant,  du  25  juin  et  du  25  juillet 
18f>2),  tiré  à  part,  in-8°de  trente-quatre  pages. 
15"  Sur  la  théorie  de  la  gamme  et- des  accords 
(Extrait  des  Comptes  rendus  des  séances  de 
l'Académie  des  sciences,  tome  XLI),  tiré  à 
part  de  vingt-quatre  pages  in-4p. 

La  musique  de  l'antiquité  grecque  et  latine  a 
particulièrement  fixé  l'attention  de  M.  Vincent 
et  a  été  l'objet  principal  de  ses  travaux.  L'emploi 
du  quart  de  ton,  dans  le  genre  enharmonique 
des  Grecs,  est  devenu  pour  lui  l'objet  d'une 
véritable  passion.  Persuadé  qu'il  y  aurait  une 
régénération  de  la  musique  moderne,  si  l'on 
y  introduisait  l'usage  de  cet  intervalle,  en  le 
faisant  intervenir  dans  l'harmonie,  il  s'est 
attaché  à  celte  idée,  a  fait  construire  un  har~ 
monium  dont  le  clavier  est  divisé  d'après  ce 
système  enharmonique,  et,  charmé  de  cette 
musique  barbare,  en  a  fait  des  expériences  qui 
ont  fait  boucher  les  oreilles  aux  assistants. 
Partageant  l'erreur  de  quelques  érudits,  il 
s'est  persuadé  que  les  Grecs  et  les  Romains 
ont  connu  l'harmonie  simultanée  des  sons  (les 
accords)et  en  ontfait  usage  dans  leurmusique. 
C'est  sous  l'empire <Ie  cette  idée  et  de  plusieurs 
préjugés,  en  ce  qui  concerne  la  musique  des 
anciens,  qu'il  a  rédigé  un  ouvrage  intitulé  : 
Notice  sur  trois  manuscrits  grecs  relatifs  à 
la  musique,  avec  une  traduction  française 
et  des  commentaires.  Ce  volumineux  travail, 
dont  l'impression  ne  forme  pas  moins  de  six 
cents  pages  in-4°,  a  été  inséré  dans  le  seizième 


V1NXENT 


353 


volume  des  Notices  et  extraits  des  manu- 
scrits de  fa  Bibliothèque  du  Roi,  etc.  (Paris, 
imprimerie  royale,  1847),  et  en  esl  la  seconde 
partie.  M.  Vincenty  touche  à  toutes  les  ques- 
tions depuis  longtemps  controversées  sur  la 
musique  dans  l'antiquité.  Quelques  années 
plus  tard,  parut  le  livre  de  M.  Marcel-Ber- 
nard Jullien,  De  quelques  points  des  sciences 
dans  l'antiquité  (physique,  métrique,  mu- 
sique). Les  opinions  émises  dans  cet  ouvrage, 
sur  quelques-uns  des  points  les  plus  importants 
de  la  métrique  et  de  la  musique  des  anciens, 
élant  opposées  à  celles  de  M.  Vincent  (et  fon- 
dées en  fait  comme  en  raison),  cet  académi- 
cien attaqua  avec  violence  le  livre  de  M.  Jul- 
lien, dans  ses  articles  du  Correspondant 
intitulés  :  Quelques  mots  sur  la  musique  et  la 
poésie  ancienne.  J'ai  dit  ailleurs  (voyez  Jul- 
lien) ce  qui  advint  de  la  polémique  soulevée 
entre  ces  deux  savants  et  comment  M.  Vin- 
cent en  est  sorti  tout  meurtri.  Dans  une  occa- 
sion semblable,  j'ai  également  excité  sa  colère: 
je  veux  parler  de  mon  Mémoire  sur  l'harmonie 
simultanée  des  sons  chez  les  Grecs  et  les 
Romains,  etc.  (Extrait  du  tome  XXXI  des 
Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Belgique). 
Bruxelles,  1858,  in-4°.  Ma  thèse  élant  en  con- 
tradiction absolue  avec  les  opinions  de  M.  Vin- 
cent, je  crus  devoir  lui  envoyer  un  exemplaire 
de  mon  mémoire,  et  je  reçus  de  lui  une  lettre 
datée  du  10  mars  1859,  laquelle  commençait 
par  ces  mots  :  «  J'ai  reçu  hier  le  beau  mémoire 
»  dont  vous  avez  bien  voulu  me  gratifier,  et, 
»  après  en  avoir  pris  une  connaissance  som- 
»  maire,  je  m'empresse  de  vous  en  remercier, 
»  en  attendant  que  je  puisse  y  faire  une  ré- 
»  ponse  convenable.  »  Quelques  mois  après 
parut  la  brochure  intitulée  :  Réponse  à 
M.  Fétis  et  réfutation  de  son  mémoire  sur 
cette  question  :  Les  Grecs  et  les  Romains  out- 
ils connu  l'harmonie  simultanée  des  sons? 
en  ont-ils  fait  usage  dans  leur  musique  ? 
(Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  impériale 
des  sciences,  etc.  de  Lille).  Lille,  imprimerie 
de  L.  Danel,  1859,  in-8°  de  quatre-vingts 
pages,  avec  cinq  planches.  Les  expressions  les 
plus  blessantes  se  trouvent  à  chaque  page  dans 
cet  écrit  :  c'est  ce  que  M.  Vincent  appelle  une 
réponse  convenable.  Du  reste,  ici  comme  dans 
ses  discussions  avec  M.  Jullien,  ses  objections 
ne  vont  point  aux  choses  dont  ils'agit;le  sens 
■  des  phrases  qu'il  critique  est  détourné,  les  faits 
sont  dénaturés,  présentés  sous  un  faux  aspect, 
les  textes  sont  interprétés  avec  peu  d'exactitude 
elles  assenions  contestables  pour  la  plupart. 
En  général;  ditM.  Jullien,  M.  rincent  suppose 


trop  facilcmentlesens  qu'illui  faut  actuelle- 
ment pour  sa  thèse  (1).  Je  pourrais  ciler  vingt 
exemples  à  l'appui  de  ces  paroles;  mais  un 
seul  suffira  pour  le  cadre  de  celle  nolice.  J'ai 
dénié  aux  Grecs  et  aux  Romains  la  connaissance 
et  l'usage  de  l'harmonie  :  M.  Vincent  oppose  à 
mon  opinion,  dans  sa  lettre  citée  ci-dessus,  un 
passage  du  traité  de  musique  de  Plular- 
que  (XIX),  dans  lequel  il  voit  que  les  Grecs 
s'abstenaient  de  l'usage  de  certaines  notes 
danslechant,  mais  qu'ils  les  employaienldans 
l'accompagnement.  Or,  le  mot  xpoûsi;  du 
texte  de  Plutarque  n'a  jamais  eu  la  significa- 
tion d'accompagnement  :  son  sens  propre  est 
l'action  de  jouer  d'un  instrument.  C'est 
celui  de  la  version  latine  du  traité  de  musique 
de  Plutarque  (Pulsatio  chordurum)  ;  c'est 
celui  de  la  traduction  française  de  Buretle  (2)  ; 
c'est  également  celui  de  l'excellent  commen- 
taire de  M.  Volkmann,  dans  son  édition  du 
même  traité  de  Plutarque  (3)  ;  c'est  le  sens  des 
lexiques  ;  enfin,  Méziriac,  Wyltenbach,  Clavier 
et  M.  Dltbner  ont  entendu  ce  passage  de  la 
même  manière.  L'objeclion  de  M.  Vincent, 
puisée  dans  une  fausse  interprétation  du  texte, 
est  donc  sans  valeur.  A  l'égard  des  mots  de 
consonnances  et  de  dissonances,  dont  Plu- 
tarque se  sert  dans  le  même  passage  et  qui 
paraissent,  à  M.  Vincent,  avoir  une  significa- 
tion si  positive  d'harmonie,  je  crois  avoir 
démontré  suffisamment,  dans  mon  mémoire, 
que  les  Grecs  entendaient,  par  ces  mots,  les 
relations  de  sons  successifs  et  non  simultanés. 
Stallbaum  a  exprimé  la  même  opinion,  dans 
sa  dissertation  sur  le  célèbre  passage  relatif  à 
la  musique  du  septième  livre  des  Lois,  de 
Platon  (4).  M.  Volkmann,  qui  partage  les 
mêmes  convictions,  les  appuie  de  ce  passage 
(C.  XIX,  p.  105),  et  M.  Trinkler,  dans  ses  an- 
notations contre  Bœckh  (inHarm.,c.  XXXI II), 
n'est  ni  moins  fort,  ni  moins  explicite  à  ce 
sujet. 

(1)  Polémique  sur  quelques  points  de  métrique  ancienne, 
pag.3. 

(2)  «  Or,  une  preuve  évidente  que  ce  n'est  point  par 
»  ignorance  que  les  anciens  se  sont  abstenus  de  la  frit» 
»  »n  chantant  le  mode  spondiaque,  c'est  qu'ils  ont  veu 
»  celte  corde  dans  le  jeu  des  itistruments...»  Il  faut  lire 
les  notes  129  à  133  de  Rurcttc  sur  ce  passage  du  trait* 
de  musique  de  Plutarque. 

(3)  Plutarchi  de  Musica,  Lipsisc,  18SG,  in-8°  (p.  10b). 

(4)  «  Nam  quam  nostri  vocare  soient  harmonium,  hoc 
»  est  vocum  et  sonarum  complui'ium  concenlum  uno 
»  eodemque  temporc  auribus  accidentem,  cum  Graeci 
»  dixerunt  potius  symphoniam,  harmonium,  quippe  in- 
»  tclligentes  aptam  concinnamque  variorum  conseculio- 
»  nem  secundum  tonorum  gênera  ex  artis  legibusl'actum, 
»  qualis  inmclodia  ccrnilur(.Vusic«e.r.  Platonesecunduin 
«loçum  £e^/.,VH.  p.  712;  LipSite,  184C,  in-4",  p.2i)-» 

23. 


386 


VINCENT  —  VINCI 


Si  j'avais  pris  la  peine  de  répondre  au  pam- 
phlet de  M.  Vincent,  j'a.urais  ainsi  réduit  à 
leur  juste  valeur  toutes  ses  objections,  toutes 
ses  prétendues  démonstrations,  toutes  ses  at- 
taques :  si  je  ne  l'ai  pas  fait,  c'est  que  j'éprouve 
un  dégoût  invincible  pour  son  système  de  dis- 
cussion ;    système  tracassier  qui  manque  de 
droiture  et  dans  lequel  interviennent  toujours 
des  personnalités.   Je   pourrais,   sans  doute, 
répéter  à  M.  Vincent  ce  que  lui  dit  M.  Jullien 
(Thèses  supplémentaires  de  métrique  et  de 
musique  ancienne,  etc.,    p.    150):   «  Soyez 
»  modeste,  M.  Vincent,  et  poli,  si  vous  le  pou- 
»  vez.  Redoutez  les  gens  qui   examinent  les 
»   choses  de  près  :  C'est  là  qu'est  le  péril  pour 
>•   votre  gloire.  »   Mais  à   quoi  bon?  je  ne  le 
convertirais  pas.  Et  puis, qu'importe  sa  critique? 
Quand  M.  Vincent  et  moi  discourons  de  la  mu- 
sique, de  sa  nature,  de  sa  théorie,  de  son  his- 
toire, je  parle  de  ce  que  je  sais,  lui,  de  ce  qu'il 
ignore,  et  même  de   ce  qu'il    ne  peut  com- 
prendre, car  il  n'a  pas  le  sens  musical  ;  ce  qui 
n'empêche  pas  qu'il  ne  puisse  avoir  beaucoup 
de  mérite  dans  les  choses  qui  ne  sont  pas  de 
ma  compétence. 

VINCENT  (IlE>ni-JosEPn),  amateur  de 
musique  à  Vienne,  né  à  Hermannstadt,  en 
Transylvanie,  a  fait  ses  études  musicales  sous 
la  direction  de  François  Zenker,  organiste 
d'une  des  églises  de  celle  ville,  et  élève  de  To- 
mascheck.  M.  Vincent  s'est  fait  connaître  par 
un  traité  d'harmonie  intitulé  :  Neues  mnsi- 
kalisches  System.  Die  Einheit  in  der  Ton- 
tvelt.  Ein  Kurzgefasstes  Lehrbuch  fur  Mu- 
siker  und  Dillettanlen  zum  Selbststudium 
(Nouveau  système  musical.  L'unité  dans  le 
monde  des  sons.  Livre  concis  de  science  pour 
l'instruction  personnelle  des  musiciens  et  des 
amateurs).  Leipsick,  Henri  Mallhes,  18G2, 
in-4°decent  quarante-quatre  pages.  Le  nou- 
veau système  développé  dans  cet  ouvrage  con- 
siste à  expliquer  les  rapports  harmoniques  des 
sons  par  l'analogie  avec  certaines  figures  de 
géométrie  :  c'est  une  des  mille  idées  creuses 
par  lesquelles  on  a  prétendu  faire  de  l'har- 
monie un  corps  de  doctrine.  Il  existe  quelques 
compositions  gravées  de  M.  Vincent. 

VINCENTICS  (Gaspard),  ou  VIN- 
CENZ,  organiste  à  l'église  Saint-André  de 
Wôrms,  dans  les  premières  années  du  dix- 
septième  siècle,  devint  ensuite  organiste  à 
Spire'.  Il  a  publié  de  sa  composition  des  motets 
à  huit  voix,  intitulés  :  Cantiones  sacrœ  oclo 
vocibus,  dont  le  lieu  et  la  date  d'impression  ne 
sont  [ins  indiqués  par  Wallher.  Ce  fut  ce  mu- 
sicien qui  fut  chargé  par  Abraham  Schad  du 


soin  de  revoir  et  de  publier  ta  basse  continue 
pour  l'orgue  de  la  collection  intitulée  :  Promp- 
tuarii  musici sacros  harmonicos,  elc,  à  la- 
quelle il  ajouta  une  instruction  sur  la  basse 
continue,  en  langue  latine. 

VINCHIONI  (Cistio),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Viterbe,  dans  les  premières 
années  du  dix-huitième  siècle,  a  écrit  la  mu- 
sique du  drame  sacré  II  Martirio  de'  Santi 
Fanciulli  Giusto  c  Pastore,  qui  fut  chanté, 
en  1708,  dans  l'oratoire  de  San  Girulamo 
délia  Cari  ta,  à  Rome. 

VINCI  (Pierre),  compositeur,   né   à  Ni- 
cozia,  en  Sicile,  vers  1540,  l'ut  maître  de  cha- 
pelle à  Sainte-Marie-Majeure  de  Bergame.  Il 
mourut  à  Palerme,  en  1584,  dans  un  âge  peu 
avancé.  Il  a  publié  :  1°  Il  secondo  libro  de' 
Moltetti  a  cinque  voci ;  Venetia,  apud  Hiero- 
nymum  Scotlum,   1572,   petit  in-4"  oblong. 
J'ignore  quelle  est  la  date  du  premier  livre. 
2°  Il  primo  libro  de'  madrigali  a  sei  voci; 
Venise,  1574,  in-4°.  5°  77  secondo  libro  de' 
madrigali  a  G  voci  con  un  dialogo  a  dodici, 
Venise,  1579,  in-4°.  4°  Madrigali  a  3  voci  ; 
Venise,  1583.   5°  Moteclorum,  qu,v  quatuor 
vocibus  decantanda  sunt,  liber  primas.  Nunc 
primum   in    lucem    editus;   Veneliis,    apud 
hœredes     Hieronymi     Scoti  ,     1578  ,     in-4". 
G0  Primo,  secondo,  terzo,  quarto,  quinlo, 
sesto  et  settimo  libri  de'  madrigali  a  cinque 
voci.  Venise,  1583-1580,  in-4°.  La  première 
édition  du  premier  livre  de  ces  Madrigali  a 
paru  à  Venise,  chez  AnloineGardnne,  en  1564. 
Une  des  premières  éditions  du  second  livre  a 
été  publiée  sous  ce  titre  :  Il  secondo  libro  de' 
Madrigali  a  5  voci.  Venetia,  app.  Fr    Ram- 
pazelti,  1507,  111-4".  7°  Missarum  quinque, 
sex  et  oclo  vocum  liber  primus.  Veneliis, 
apud  Hieronymum  Scotum,  1575,  \n-4°.  S"  Se- 
condo libro  de'  motetti  di  Pielro  Vinci,  con 
alcune  ricercate  di  Antonio  il  Verso  suo  dis- 
cepolo.  Palerme,  1582,  in-4n, et  Venise,  1591, 
in-4°.   9°  Il  terzo  libro  de'  motetti  a  4  et 
0  voci,  con  alcuni  altri  di  Anl.  il  Verso. 
Palerme,    1588,  in-4°.   10»    Quatlordici  so- 
nelti  spirituali.  Venise,  1580,  in -4°. 

VINCI  (Léonard),  compositeur  dramati- 
que, naquit  à  Slrongoli,  ville  de  la  Calabre, 
dans  le  royaume  de  Naples,  en  1690.  Admis 
au  Conservatoire  Dei  Poveri  di  Gesii  Cristo, 
il  y  fit  ses  études,  sous  la  direction  de  Gaelauo 
Grcco,  et  fut  condisciple  de  Pergolèse.  Les 
premiers  ouvrages  de  Vinci  se  succédèrent  dans 
cet  ordre  :  Lo  Creuto  fauzo,  opéra  bouffe,  en 
dialecte  napolitain,  au  théâtre  des  Fioren- 
lini,  en  1719.  Le  Doje  leltcre,  idem,  1719.  La 


VINCI  -  VINELA 


357 


Sirat^nica,  avec  des  intermèdes  bouffes,  pour 
le  même  lhéà(re,en  1720.  LoScassonc,  en  dia- 
lecte napoli lai n,  au  même  théâtre,  1720.  LiZite 
in  f/alera ,  idem,  en  1721.  Dans  la  même 
année,  Le  Feste  napolitane,  en  trois  acles. 
Silla  ditlatore,  représenté  an  Palais-Royal, 
pour  le  jour  de  naissance  de  l'empereur 
Charles  VI,  puis  gâté  avec  des  scènes  bouffes. 
La  grande  réputation  dont  il  a  joui  en  Italie 
commença  par  le  hrillant  succès  de  la  Semi- 
ramide  riconosciuta,  qu'il  fit  jouer  à  Rome, 
en  1723.  Cet  ouvrage  fut  suivi  de  la  Iîosmira 
fedelc,  composée  dans  la  même  année.  En 
1724,  il  donna  Farnace  à  Venise,  suivi 
tVEraclea,  au  théâtre  San  Barlolomeo  de  la 
même  ville,  1724,  de  Don  Ciccio,  au  théâtre 
des  Fiorentini,  1724,  et  de  Turno  Àricino, 
au  théâtre  San  Barlolomeo,  1724.  An  com- 
mencement de  1725,  il  écrivit  pour  le  théâtre 
San  Bartolomeo  VJstianatle,  un  de  ses  plus 
beaux  ouvrages,  et  dans  la  même  année,  il  fit 
représenter,  à  Venise,  Vlfiqenia  in  Tauride, 
considéré  comme  son  chef-d'œuvre  :  son 
succès  fut  universel.  De  retour  à  Naples,  il  y 
donna  VAsteria,  en  1720,  Siroe,  à  Venise, 
1720,  puis  alla  écrire  à  Florence  Ernelinda, 
opéra  en  trois  actes,  représenté  en  1720,  et 
dans  la  même  année  à  Naples.  En  1727,  il  fut 
appelé  à  Turin  pour  écrire  77  Siqismondo,  re 
di  Polonia.  Dans  la  même  année,  il  donna  à 
Rome,  Calone  in  Utica,  au  théâtre  délie 
Dame,  puis  à  Naples,  et  la  Caduta  de'  De- 
cemviri,  avec  des  scènes  bouffes,  au  théâtre 
San  Bartolomeo ,  17217 '.  Flavio  Anicio  Oli- 
brio,  avec  des  intermèdes,  fui  joué  au  même 
théâtre,  en  1728.  Scmiramide  fut  joué  au 
théâtre  délie  Dame,  à  Rome,  en  1729;  puis 
Vinci  écrivit,  dans  la  même  ville,  la  cantate  de 
Métastase  La  Contesa  de'  IVnmi  pour  le  car- 
dinal de  Polignac,  ministre  de  France,  à  l'oc- 
casion de  la  naissance  du  Dauphin.  Au  com- 
mencement de  1730,  il  donna,  au  théâtre  délie 
Dame,  à  Rome,  \%AlessandroncW  Tndie;  puis, 
àl'antomnede  la  même  année,  Didone  abban- 
donata,  pour  le  célèbre  chanteur  Gizziello,  qui 
joua  aussi  le  rôle  principal  dans  VArlaserse, 
di\  même  compositeur.  L' Imprésario  di  lealro 
fut  joué  au  théâtre Nnovo  de  Naples,  en  1731; 
puis  il  y  a  une  lacune  dans  les  productions  de 
ce  compositeur  jusqu'en  1734,  où  il  donna  son 
Si  face,  à  Naples,  suivi  de  VArtàserse,  écrit 
pour  le  théâtre  San  Bartolomeo  ;  mais  la 
mort  inopinée  de  Vinci  ne  lui  permit  pas  de 
voir  la  mise  en  scène  de  cet  ouvrage.  On  rap- 
porte qu'ayant  eu  des  relations  intimes  avec 
une  dame  romaine  de  la  plus  haute  naissance, 


il  eut  l'imprudence  de  divulguer  ce  secret,  et 
qu'un  des  parents  de  cette  dame,  se  trouvant 
à  Naples,  la  vengea  de  celte  indiscrétion  en 
faisant  empoisonner  l'artiste  avec  une  tasse 
de  chocolat.  Je  n'ai  pas  trouvé  dans  les  parti- 
lions  de  Vinci  qu'il  eût  rien  ajouté  aux  formes 
inventées  par  Alexandre  Scarlatti;  mais  plu- 
sieurs de  ses  airs  m'ont  paru  remarquables 
par  l'expression  tendre  et  pathétique  de  leurs 
mélodies. 

Vinci  fut  un  des  maîtres  de  la  chapelle 
royale.  Il  était  pieux  et  attaché  à  la  congré- 
gation du  Rosaire,  dont  le  siège  était  au  cou- 
vent de  Sainte-Catherine  a  Formello,  dépen- 
dant des  PP.  Dominicains  Lombards.  Il  écrivit 
pour  celte  congrégation  une  grande  quantité 
de  musique  d'église,  dont  on  connaît  LaPro- 
tezione  del  Rosario,  oratorio,  daté  de  1729, 
La  f'erqine  addolorata,  autre  oratorio,  en 
1731,  Kyrie  à  cinq  voix,  avec  orchestre,  deux 
messes  complètes,  à  cinq  voix  et  orchestre,  et 
des  motels.  Toutefois,  suivant  les  mœurs  du 
temps,  la  dévotion  de  Vinci  ne  l'empêchait 
pas  d'aimer  beaucoup  les  femmes. 

YIISDELLA  (François),  luthiste  italien, 
vécut  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  II  s'est 
fait  connaître  par  un  recueil  de  pièces  inti- 
tulé :  Intavolatura  di  liuto.  Venise,  1550, 
in-4".  On  voit  par  le  frontispice  de  cet  ouvrage 
que  Vindella  était  né  à  Modène. 

VINDEHS  (Jérôme),  compositeur  belge, 
vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  Il  est  connu  par  une  lamentation  à 
sepl  voix  sur  la  mort  de  Josquin  Deprez,  qui  se 
trouve  dans  le  recueil  intitulé  :  Le  septième 
livre,  contenant  vingt-quatre  chansons  à  5 
et  0  parties,  par  feu  de  bonne  mémoire  et 
très -excellent  en  musique  Josquin  des  Prez, 
avec  trois  épilaphes  dudict  Josquin,  com- 
posées par  divers  auteurs.  Anvers,  Tylman 
Susato,  1545,  in-4°  obi.  On  trouve  aussi,  dans 
un  manuscrit  de  la  Bihliolhôque  de  Cambrai 
(n°  124),  le  motet  Domine  et  terra,  à  quatre 
voix,  sous  le  nom  de  Vinders.Ce  musicien  est 
le  même  dont  le  nom  est  écrit  Jorius  Fender, 
dans  le  recueil  intitulé  :  Selectissimœ  nec  non 
familiarissimx  Canliones  ultra  cenîum 
vario  idiomate  vocum,  etc.  (Augustae  Vinde- 
licorum,  Melchior  Kriesstein,  1540),  ainsi  que 
dans  le  recueil  de  motels  publié  par  Sigismond 
Salhlinger,  sous  le  titre  :  Cantiones  septem, 
sex  et  quinque  vocum,  etc.  (Auguslae  Vinde- 
licorum,  Melchior  Kriesstein  excudebat,  1545). 

YINELA  (Ludolf).  On  a  publié  sous  ce 
nom  un  ahrégé  de  la  vie  de  Paganini  par 
Schoilliyfjjoye:  ce  nom),  intitulé  :  Paganini's 


p 


338 


VINELA  -  VIOLA 


Leben  und  Charakter,  nach  Scholtky  dar- 
gestelt.  Hambourg,  Campe,  in-8°,  avec  le 
porlrait  de  Paganini. 

VINET  (Eue),  né  vers  1519,  dans  un  viW 
lage  près  de  Barbezieux,  fit  ses  premières 
éludes  dans  cetle  ville,  puis  alla  les  continuer 
à  Poiliers.  Après  avoir  été,  pendant  plusieurs 
années,  régent  du  collège  de  Bordeaux,  il  en 
fut  nommé  le  principal.  Il  mourut  dans  cetle 
ville,  le  14  mai  1587.  Parmi  les  travaux  litté- 
raires de  ce  savant,  on  remarque  une  traduc- 
tion latine  des  traités  d'arithmétique,  de  mu- 
sique et  de  géométrie  de  Psellus  (voyez  ce 
nom),  publiée  à  Paris,  en  1557,  in-8°,  et  un 
traité  singulier  qui  a  pour  titre  :  Discours 
non  plus  mélancolique  que  divers ,  de 
choses  mesmement  qui  appartiennent  à 
nostre  France,  et  à  la  fin  la  manière  de 
bien  et  justement  entoucher  les  lues  et  gui- 
ternes  (luths  et  guitareS);  Poitiers,  Enguilbert 
de  MarneT,  1557,  in-4°,  rare. 
v  VIVIERS  (Guillaume  LE),  poëte  et  musi- 
cien français  du  treizième  siècle,  a  laissé  un 
grand  nombre  de  chansons  notées.  Le  manu- 
scrit de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris, 
coté  7222,  en  contient  trente. 

VIOCCA  (Pierre),  musicien  italien,  fut 
attaché  au  théâtre  de  Hambourg,  vers  1720. 
Il  y  fit  représenter,  eu  1722,  une  sorte  d'opéra 
ou  intermède  intitulé  :  Die  Krœnung  Lud- 
tvigs  XV ,  Konigs  in  Frunkreich  (Le  couron- 
nement de  Louis  XV,  roi  de  France).  Le  mailre 
de  chapelle  Reichardt  possédait  les  partitions 
de  l'oratorio  Le  tre  Marie  a  pic  délia  Croce, 
et  de  La  Partenza  amorosa,  opéra  de  cet 
artiste. 

VIOLA  (Alexandre  DELLA).  Voyez 
ROMANO  (Alexandre). 

VIOLA  (Alphonse),'ou  DELLA  VIOLA, 
compositeur,  né  à  Ferrare,  vraisemblable- 
ment au  commencement  du  seizième  siècle, 
entra  au  service  du  duc  Hercule  d'Esté  II,  en 
qualité  de  mailre  de  chapelle.  J'ai  dit,  dans  la 
première  édition,  qu'il  est  vraisemblable 
qu'Alphonse  Viola  mourut  en  1555  ou  1557, 
ayant  eu  pour  successeur  Cyprien  Rore  dans 
cetle  dernière  année;  mais  l'Arelhusa  de 
Lollio,  pour  laquelle  il  écrivit  des  chœurs,  et 
lo  Sfortunato,  d'Agoslino  Argenti,  pour  la- 
quelle il  composa  aussi  de  la  musique,  prou- 
vent qu'il  vivait  encore  en  1567.  Alphonse  de 
la  Viola  est  un  des  plus  anciens  musiciens  qui 
ont  ajouté  de  la  musique  régulière  à  une  ac- 
tion dramatique.  Son  premier  ouvrage  en  ce 
genre  fui  la  musique  qu'il  écrivit  pour  la  tra- 
gédie de  Jean-Baptiste  Giraldi  Cinlhio,  de 


Ferrare,  l'Orbcche,  qui  fut  représentée  dans 
la  maison  de  l'auteur,  en  1541 .  Dans  l'avertis- 
sement de  cetle  pièce,  rapporté  par  Allacci 
(Dramaturgia,  p.  577),  on  lit  que  cette  pièce 
fut  jouée  en  présence  du  duc  de  Ferrare  Her- 
cule II  et  du  cardinal  de  Ravenne  Salviali. 
L'avertissement  ajoute  :  Fece  la  musica 
Messer  Alfonso  délia  Viuola  :  fu  l'archi- 
tetto,  et  il  dipintore  délia  scena  Messer  Gi- 
rolamo  Carpi  di  Ferrara.  La  deuxième  pièce 
pour  laquelle  Alphonse  delà  Viola  filde  la  mu- 
sique, a  pour  titre  :  II  Sacrifizio. Bans  l'aver- 
tissement de  la  première  édition  (publiée  à 
Ferrare,  parFr.  Rossi,  en  1555,  in-8°),  il  est 
dit  que  cetle  pièce  fut  jouée  dans  le  palais  du 
duc  François  d'Esté,  le  11  février  1554,  et  la 
seconde  fois,  le  4  mars  suivant.  Il  y  est  dit  aussi 
que  Messer  Al fono  délia  Viuola  fece  la  mu- 
sica, et  que  Messer  Andréa  suo  fratello  rap- 
presentà  il  sacerdote  colla  lira.  Alphonse 
Viola  ou  délia  Viola  écrivit  aussi  la  musique  de 
plusieurs  chœurs  pour  l'Arethusa,  pastorale 
de  Lollio,  jouée  en  1563,  devant  le  duc  de 
Ferrare  Alphonse  II  et  le  cardinal  Louis,  son 
frère.  Cette  représentation  fut  donnée  aux 
frais  des  étudiants  en  droit  de  l'université  (1). 
Le  titre  de  la  pièce  imprimée  est  celui-ci  : 
L'Aretusa,  commedia  pastorale  rappresen- 
tata  nel  Palazzo  di  Schivanoja,  l'anno 
1563,  etc.  La  rappresentd  M.  Lodov.  Belli, 
fue  la  musica  M.  Alfonso  Viuola;  fue  l'ar- 
chitetto  e  dipintor  délia  scena  M.  Rinaldo 
Costabili,  etc.  In  Ferrara,  per  Valenli  Pa- 
nizza  Mansonno,  1564,  in  8°.  Ce  fut  de  même 
à  leurs  frais,  et  avec  la  musique  du  même 
maître,  que  fut  représentée,  en  1557,  la  pasto- 
rale A^Agostino  Argenti,  gentilhomme  de 
Ferrare,  intitulée  lo  Sfortunato (2).  Ginguené 
remarque  qu'on  ne  voit  pas  quelle  musique 
Alphonse  de  la  Viola  y  put  faire,  car  la  pièce 
est  tout  entière  en  vers  endécasyllabes  non 
rimes,  et  il  n'y  a  point  de  chœurs  entre  les 
scènes  (3).  La  musique  de  ces  deux  ouvrages 
n'est  pas  connue  aujourd'hui,  mais  on  ne 
peut  douter  qu'elle  n'ait  été  écrite  dans  le  style 
madrigalesque  d'Alphonse  de  la  Viola  :  Madri- 
gali  a  cinque  voci.  Ferrara  nella  slampa  di 
Giovanni  de  Bulghat,  Henrico  de  Campris  et 
Antonio  Hucher  compagni,  1539,  nel  mesc  di 
luglio,  in-4°  obi.  Un  exemplaire  de  cet  ou- 
vrage est  à  la  bibliothèque  de  Saint-Marc,  à 
Venise. 

(1)  Giuguenc,  Histoire  littéraire  d'Italie,  t.  VI,  p.  333. 

(2)  Voyez  Parlicle  d'Argcnti  dans  les  Scritlori  d'/talia, 
de  Mnzzuclielli. 

(3)  Loc.  cit.,  p.  334. 


VIOLA  -  VrOTTA 


m 


VIOLA  (François),  ou  DELLA  VIOLA, 

vraisemblablement  de  la  même  famille  que  le 
précédent,  et  peut-être  son  fils  ou  son  neveu, 
a  été  confondu  avec  lui  parGerber,  dans  son 
nouveau  Lexique  des  musiciens.  Il  naquit  à 
Ferrare,  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.  Lui-même  nous  apprend,  dans  la  dédi- 
cace de  la  collection  de  motets  et  de  madri- 
gaux d'Adrien  Willaert  intitulée  :  Musica 
nova;<ionl  il  l'ut  l'éditeur,  et  laquelle  est  datée 
de  Ferrare,  le  15  septembre  1558,  qu'il  a  été 
élève  de  ce  maître.  On  voit  dans  les  Dimo- 
strazioni  armoniche ,  <\e  Zaïlino  (page  1), que 
François  Viola  était  maître  de  chapelle  du  duc 
de  Ferrare  Alphonse  d'Esté,  et  qu'il  accom- 
pagna son  maître  à  Venise,  au  mois  d'avril 
15G2  (1).  Cette  circonstance  explique  le  motif 
de  la  retraite  de  Cyprien  Rore  de  la  cour  de 
Ferrare  après  la  mort  d'Hercule  II, car  on  voit, 
par  la  dédicace  citée  plus  haut,  que  le  duc 
Alphonse  était  zélé  protecteur  de  François 
Viola.  On  a  imprimé  de  la  composition  de  cet 
artiste  :  1°  Madrigali  a  qualtro  voci,  Mb.  1  ; 
Venise,  15G7,  in-4\  2°  It/adrigali  a  4  e  5  voci; 
ibid.,  1G7Ô,  in-4°.  Cet  ouvrage  a  été  réim- 
primé à  Ferrare,  en  1599,  in-4°. 

VIOLE  (Rodolphe),  un  des  enthousiastes 
impuissants  de  l'école  nébuleusede  la  musique 
allemande  du  dix- neuvième  siècle,  est  né  le 
10  mai  1825,  à  Schochwilz,  près  de  Halle 
(Saxe).  Destiné  à  la  carrièrede  l'enseignement, 
il  fréquenta  le  séminaire  de  Weissenfels,  et  y 
reçut  de  Henlschel,  directeur  de  musique,  des 
leçons  de  piano,  d'orgue  et  d'harmonie.  Il  fit 
ensuite  des  éludes  de  composition  sans  autre 
guide  que  lui-même,  et  son  penchant  pour  la 
musique  devenant  plus  prononcé  chaque  jour, 
il  renonça  à  sa  destination  du  professorat. 
Ayant  fait  la  connaissance  de  Liszt, qui  lui  ac- 
corda sa  protection,  Viole  se  rendit  à  Weimar, 
afin  de  s'y  pénétrer  des  maximes  musicales 
alors  en  vogue  dans  cette  ville.  Depuis  1855, 
il  vit  à  Berlin,  donnant  des  leçons  de  piano, 
composant  et  faisant  la  correspondance  de  la 
nouvelle  Gazette  de  musique  de  Leipsick. 
M.  Bernsdorf,  à  qui  j'emprunte  ces  renseigne- 
ments (IVeues  Universal-Lexikon  der  Ton- 
kunst),  dit  que  M.  Viole  est  un  des  partisans 
les  plus  dévoués  de  l'école  de  Weimar,  qui  re- 
connaît pour  chefs  Liszt,  Wagner, etc.,  et  suit 
en  conséquence  la  tendance  extravagante  de 
cette  école  dans  ses  compositions.  Ce  qu'il  a 
publié  jusqu'à  ce  jour  consiste  en  quelques 

(t)  FrançoisViolaost  un  tiestnlcrloculcurs  desDimo- 
slrazioni  armonkho,  de  Zarlino. 


sonates  et  autres  morceaux  pour  le  piano,  au 
nombre  d'environ  vingt  œuvres. 

VION  (***),  prêtre,  chantre  ordinaire  de 
l'église  métropolitaine  de  Paris,  vécut  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il  est  auteur 
d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  La  musique  pra- 
tique et  théorique  réduite  à  ses  principes  na- 
turels, ou  nouvelle  méthode  pour  apprendre 
facilement  et  en  peu  de  temps  l'art,  de  la 
musique;  divisée  en  deux  parties  :  la  pre- 
mière ,  traitant  de  la  musique  pratique ,  la 
seconde  traitant  de  la  musique  théorique. 
Nouvelle  édition,  augmentée  d'un  nouveau 
chapitre  ou  manière  de  connaître  les  modes 
et  les  tons,  ainsi  que  leurs  mutations.  Paris, 
Jean-Baptiste-Christophe  Ballard,  1744,  in-4° 
de  soixante  et  onze  pages.  J'ignore  quelle  est 
la  date  de  la  lrc  édition. 

VIO.N  (Charles-Antoine)  ,  claveciniste  de 
l'Opéra  de  Paris,  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  se  fit  entendre  avec  succès 
au  Concert  spirituel,  en  1786,  et  fit  graver, 
dans  la  même  année,  un  concerto  de  piano  (en 
si  bémol),  de  sa  composition;  Paris,  Imbault. 
On  connaît  aussi  sous  son  nom  un  Pot-pourri 
d'airs  connus  pour  le  piano,  et  des  valses 
pour  le  même  instrument,  Paris,  Naderman. 

VIOTTA  (Jean-Joseph),  médecin  distin- 
gué, d'origine  italienne,  naquit  à  Amsterdam, 
le  14  janvier  1814.  Doué  d'une  heureuse  orga- 
nisation pour  la  musique,  il  montra,  dans  son 
enfance,  le  désir  de  se  livrer  exclusivement  à  la 
culture  de  cet  art;  mais  sa  famille  exigea  qu'il 
choisit  une   autre   profession,  et  après  qu'il 
eut  achevé  ses  humanités,  il  alla  étudier  la 
médecine  à  l'université  de  Leyde.  Toutefois  il 
ne  cessa  de  s'occuper  avec  ardeur  du  chant, 
du  piano,  de  l'orgue  et  de  la  composition  :  dans 
toutes  ces  parties  de  l'art,  il  acquit  une  remar- 
quable habileté.  Pendant  qu'il  suivait  les  cours 
de  l'universitédeLeyde,  il  fonda  dans  cette  ville 
une  société  de  chant  dont  il  fut  le  membre  le 
plus  actif.  Plus  tard,  il  fut  nommé  président 
de  la  Société  hollandaise  pour  l'encourage- 
ment de  la  musique.  Aimé,  estimé  pour  ses 
rares  connaissances  comme  pour  son  carac- 
tère, il  fut  membre  de  l'ancien  Institut  des 
sciences  et  des  arts  du  royaume  des  Pays-Bas 
et  membre  honoraire  de  la  plupart  des  sociétés 
musicales  de  la  Hollande.  Pianiste,  organiste 
et  compositeur,  il  employait  à  la  culture  de  la 
musique  tout  le  temps  que  lui  laissait  l'exer- 
cice de  sa  profession  de  médecin.  Plein  de  zèle 
pour  le  développement  des  progrès  de  cet  art 
dans  sa  patrie,  il  prit  parla  la  rédaction  de 
plusieurs  journaux,  pour  la  critique  musicale. 


360 


V10TTA  -  VIOTTI 


Parmi  ses  compositions,  on  compte  un  très- 
grand  nombre  de  romances  et  de  chœurs  pour 
les  sociétés  de  chant  :  tous  ces  morceaux  ont 
été  publiés  à  Amsterdam  ,  Roilerdam  et  la 
Haye.  Dans   l'art  sérieux,  la  musique   reli- 
gieuse avait  surtout  pour  lui  un  alliait  irrésis- 
tible :  il  cultivait  ce  genre  avec  amour.  On  a 
gravé  de  sa  composition  une  messe  à  quatre 
voix  et  orchestre,  un  recueil  de  motels  avec 
orgue,  un  Salve  Regina,  et  un  Requiem  à 
trois  voix.  Il  venait  de  terminer  un  nouveau 
Requiem  à  quatre  voix,    lorsqu'il  mourut  a 
Amsterdam,  après  une  courte  maladie,  le  G  fé- 
vrier 1859,  à  l'âge  de  quaranle-cinq  ans.  Son 
dernier  Requiem  a  été  exécuté  à  ses  obsèques. 
VIOTTI  (Jeak-Baptistk),  illustre  chef  de 
l'école  des  violonistes    modernes,    naquit    le 
23  mai  1753,  à  Fontanelto,  an  canton  de  Cres- 
centino,  dans  le  Piémont.  Son  père,  maréchal 
ferrant,  jouaitdu  cor  ;  il  fit  apprendre  au  jeune 
Violti  les  éléments  de  la  musique.   Celui-ci 
montrait  déjà  sa  vocation  dès  l'âge  de  huit  ans, 
par  le  plaisir  qu'il  prenait  à  jouer  d'un  petit 
violon  qu'on  lui  avait  achelé  à  la  foire  de  Cres- 
centino.  Vers  1764,  un  aventurier,   nommé 
Ciovannini,  qui  jouait  bien  du  luth  et  était 
bon  musicien,  s'établit  à  Fonlanclto,  et  se  char- 
gea de  l'éducation  musicale  de  Violti  :  mais 
après  lui  avoir  donné  des  leçons  pendant  un 
an,  il  fut  nommé  professeur  de  musique  à  Ivrée, 
et  son  élève  se  trouva  encore  livré  à  ses  propres 
efforts,  n'ayant  d'autre  ressource  pour  s'in- 
struire que  la  lecture  «les  livres  élémentaires. 
Un  événement  heureux  vint  enfin  le  tirer  d'une 
situation   si  peu  favorable  an  développement 
de  ses  talents  naturels.  En  17G6,  lin  certain 
joueur  de  flûte,  appelé  Jean  Pavia,  fut  invité 
à  se  rendre  à  Strambino,  petite  ville  de  la  pro- 
vince d'Ivrée,  avec  le  père  de  Violti,  pour  une 
fête  patronale.  Par  ses  instances,  il  obtint  que 
celui-ci  emmenât  son   fils.  Après  la  messe, 
qui  fut  dite  en  musique  ,  l'orchcslre  ,    dont  le 
jeune  Violti  faisait  partie,  se  rendit  chez  l'évo- 
que pour  jouer  une  symphonie  à  sa  table.  Ce 
prélat  (1),  grand  amateur  des  arts,  remarquant 
la  grâce  avec  laquelle  l'enfant  faisait  sa  partie, 
fui  charmé  du  feu  qui  brillait  dans  ses  regards 
et  de  son  air  inspiré.  Il  lui  dit  qu'il  voulait 
faire  sa  fortune,  et  lui  demanda  s'il  voulait 
aller  à  Turin  pour  y  perfectionner  son  talent. 
Violti  et  son  père  y  ayant  consenti,  l'évéque 
leur  donna  une  lettre  de  recommandation  pour 
la  marquise  deVoghera,qui  cherchait  un  com- 
pagnon d'études  pour  son  fil»,  Alphonse  del 

(I)  François  Rora,    çui   depuis    fut  archevêque  de 
Turin, 


Pozzo,  prince  de  la  Cisterna,  alors  âgé  de  «lix- 
lmit  ans.  C'est  à  ce  prince,  mort  vers  1830, 
qu'on  est  redevable  des  renseignements  con- 
signés dans  celle  notice  sur  la  jeunesse  «le 
Violti.  Peu  satisfaite  de  voir  que  l'évéque 
de  Strambino  ne  lui  avait  envoyé  qu'un  en- 
fant, la  marquise  de  Voghera  se  disposait 
à  le  renvoyer  chez  ses  parents  avec  un  pré- 
sent, quand  Celognelti,  musicien  distingué  de 

la    chapelle   royale,    entra  dans    l'apparte- 
ment, et  insista  pour  entendre  celui  qu'on  dé- 
daignait si  injustement.  Il  lui  présenta  une 
sonate  de  Besozzi  qui  fut  exécutée  sur-le-champ 
avec  une  franchise,  une  fermelé  qui  auraient 
fait  honneur  à  un  professeur  expérimenté.  Aux 
compliments  qu'on  lui  adressa,  Violti  répon- 
dit, dans  son  dialecte  vercellois  :  Ben  par  susi 
a  le  niente  (cela  est  peu  de  chose).  Pour  mor- 
tifier son  petit  orgueil,  dit  le  prince,  on  lui 
donna  une  sonale  difficile  de  Ferrari  qu'il  joua 
si  bien  que  Celognelti,  transporté  de  plaisir, 
s'opposa  formellementà  son  départ.  «  Connais- 
»   sez-vous  le  théâtre?  dit-il  au  jeune  virtuose. 
»  —  Non,  monsieur.  —  Quoi  !  vous  n'en  avez 
»   aucune  idée?  —  Aucune.  —  Venez,  je  veux 
»  vous  y  mener.  «  Il  le  conduisit  en  effet  dans 
l'orchestre,  où  chacun  fut  émerveillé  de  lui  en- 
tendre jouer  tout  l'opéra  à  première  vue,  avec 
autant  d'exactitude  et  d'entenle  des  effets  que 
s'il  l'eût  étudié  avec  soin. Celle  journéeélaildé- 
cisivepour  lui.  De  retour  au  palais,  on  le  ques- 
tionna surce<|ti'il  avait  trouvé  de  remarquable  : 
saisissant  aussitôt  son  violon,  il  joua    toute 
l'ouverture  et  les  motifs  principaux  de  l'ou- 
vrage avec  une  verve,  un  feu,  un  enthousiasme 
qui  faisaient  voir  loulcequ'on  pouvait  attendre 
de  lui.  Celait  une  explosion  du  talent.  «  Ce  fut 
»  alors,  continue  le  prince,  que,  charmé  par 
»   un  génie  si  naturel,  je  me  décidai  à  faire 
»   tout  ce  qu'il  faudrait  pour  que  de  si  belles 
»  dispositions  ne  fussent  pas  infructueuses.  Je 
»   lui  assignai  un  logement  dans  mon  palais, 
»  et  lui  donnai  pour  mailre  le  célèbre  Pu- 
»  gnani.  L'éducation  de  Violti  m'a  coûté  plus 
»  de  vingt  mille  francs  ;  mais  à  Dieu  ne  plaise 
»  que  je   regrette   mon  argent!   L'existence 
»  d'un  artiste  semblable  ne  saurait  être  trop 
»   payée.  » 

Ce  n'est  pas  une  circonstance  médiocrement 
heureuse  que  pour  un  élève  tel  que  Violti  il  se 
soit  trouvé  un  mailre  sembable  à  Pugnani 
(voyez  ce  nom).  On  sait  quelle  largeur,  <|uel 
grandiose  caractérisaient  le  talent  de  ce  vio- 
lonisle.  Ces  qualités  précieuses,  bases  «l'un 
talent  réel,  il  les  communiqua  à  son  élève  qui, 
y  ajoutant  ce  qui  était  en  lui,  c'est-à-dire  le 


V10TTI 


861 


brillant,  l'élégance  et  l'inspiration,  en  com- 
posa le  talent  le  plus  parfait  qu'on  eût  entendu 
jusqu'alors.  Pendant  le  cours  de  ses  études, 
Violti  avait  été  nommé  violoniste  de  la  cha- 
pelle royale  :  il  quitta  cet  emploi  pour  voyager 
avec  son  maître.  Parti  de  Turin  au  mois  d'a- 
vril 1780,  il  parcourut  l'Allemagne,  s'arrêta 
quelque  temps  à  Berlin,  puis  visita  la  Pologne 
et  la  Russie.  Partout  son  talent  excita  l'enthou- 
siasme. L'impératrice  Catherine  le  comhla  de 
dons  magnifiques  et  voulut,  mais  en  vain  ,  le 
retenir  à  son  service,  Ln  autre  voyage  à  Lon- 
dres, entrepris  avecPugnani,  ne  fut  pas  moins 
profitable  à  sa  renommée  qu'à  sa  fortune. 
Jamais  instrumentiste  n'avait  produit  un  pa- 
reil effet.  La  réputation  de  Geminiâni  même 
fut  effacée  par  celle  que  Viotti  se  fit  en  Angle- 
terre. Quelques  lords,  grands  amateurs  de 
musique,  desiraient  l'y  fixer;  mais  il  voulait 
voyager  encore  avant  de  prendre  un  engage- 
ment, et  il  partit  pour  Paris.  Arrivé  dans  celle 
ville,  il  se  sépara  de  son  maître,  qui  fut  tou- 
jours pour  lui  l'objet  de  la  plus  tendre  recon- 
naissance. 

Le  début  de  Viotti  au  Concert  spirituel,  en 
1782,  produisit  un  effet  qu'il  serait  difficile  de 
décrire.  Jamais  on  n'avait  rien  entendu  qui 
approchât  de  celte  perfection  ;  jamais  artiste 
n'avait  possédé  un  son  plus  beau,  une  élégance 
aussi  soutenue,  une  verve,  une  variété  sem- 
blables. L'imagination  qui  brillait  dans  ses 
concertos  ajoutait  encore  au  plaisir  qu'il  pro- 
curait à  son  auditoire;  car  ses  compositions 
pour  son  instrument  étaient  aussi  supérieures 
à  ce  qu'on  connaissait  auparavant,  que  son 
exécution  était  au-dessus  de  celle  de  ses  rivaux. 
Dès  qu'on  connut  celte  belle  musique,  la  vogue 
des  concertos  de  Jarnowick  disparut,  et  l'école 
française  du  violon  s'engagea  dans  une  voie  plus 
large.  Le  Concert  spirituel  élait  alors  le  seul  en- 
droit où  l'on  put  se  faire  entendre  en  public, à 
Paris;  cependant  Violti  n'y  joua  que  durant 
(\cnx  années.  Avec  une  éducation  musicale  peu 
avancée,  comme  l'était  alors  celle  des  ama- 
teurs qui  fréquentaient  ces  concerts,  le  public 
montre  quelquefois  du  caprice  dans  ses  goûts  : 
il  en  rut  un  qui  fut  cause  de  la  retraite  du 
grand  artiste,  en  1783.  Un  jour  de  la  semaine 
sainte  de  celte  année,  il  y  avait  peu  de  monde 
dans  la  salle,  et  comme  cela  arrive  toujours 
en  pareille  circonstance,  une  certaine  froideur 
se  répandit  sur  toute  la  séance. Bien  que  Violti 
n'y  eût  pas  déployé  moins  de  talent  que  pré- 
cédemment, il  y  produisit  peu  d'effet.  Le  len- 
demain il  y  eut  foule  au  concert.  Un  violo- 
niste, dont  l'habileté  ne  pouvait  cire  mise  en 


parallèle  avec  la  sienne,  y  joua  un  concerto 
dont  le  rondo  excita  des  transports  de  plaisir, 
par  un  thème  vulgaire  analogue  aux  airs  de 
vaudeville.  Ce  morceau  redemandé  fut  l'objet 
de  toutes  les  conversations  pendant  huit  jours. 
Violli  ne  se  plaignit  pas;  mais  profondément 
blessé  dans  son  juste  orgueil,  il  prit  dès  ce 
moment  la  résolution  de  ne  plus  jouer  à  Paris 
dans  les  concerts,  et  depuis  lors,  en  effet,  on 
ne  l'y  a  plus  entendu  que  dans  des  réunions 
particulières,  quoiqu'il  ne  se  soit  éloigné  de 
cette  ville  que  neuf  ans  après  et  qu'il  y  soit 
revenu  plusieurs  fois.  La  reine,  qui  aimait 
passionnément  la  musique,  s'élait  déclarée  la 
protectrice  de  Viotli  ;  elle  lui  donna  le  titre  de 
son  accompagnateur  et  lui  fit  obtenir  une 
pension  de  six  mille  francs  sur  la  cassette  du 
roi.  Dans  l'été  de  1785,  il  visita  sa  patrie  et 
revit  Fonlanello  pour  la  dernière  fois.  Le  soin 
d'assurer  le  sort  de  sa  famille  était  le  motif 
principal  de  son  retour  dans  ce  lieu.  Il  acheta 
une  propriété  à  Salussolia,  et  y  établit  son 
père,  qui  ne  jouit  pas  longtemps  de  cet  état 
d'aisance,  car  il  mourut  l'année  suivante.  De 
retouràParis,  en  1784, Violli  y  fut  entouré  de  la 
considération  attachée  aux  artistes  de  premier 
ordre.  La  publication  de  ses  premiers  con- 
certos étendit  bientôt  sa  réputation,  non- 
seulement  dans  les  provinces  de  France,  mais 
dans  toute  l'Europe,  où  l'on  en  multiplia  les 
éditions. 

A  cette  époque,  quelques  grands  seigneurs, 
lels  (pie  les  princes  de  Conti,  de  Soubise  et  de 
Guémené,  avaient  un  orchestre  à  leur  solde  el  y 
attachaient  les  artistes  les  plus  distingués.  La 
place  de  chef  d'orchestre  du  concert  de  l'hôtel 
de  Soubise  devint  vacante  peu  de  temps  après 
le  retour  de  Violli.  Uerlhaume  (voyez  ce  nom), 
violoniste  de  talent,  connu  par  son  habileté 
dans  la  direction  de  la  musique  d'orchestre,  se 
mit  au  nombre  des  candidats  qui  se  présentè- 
rent pour  l'obtenir;  nul  doute  qu'il  l'eût  em- 
porté sur  ses  rivaux,  s'il  n'eût  eu  Violti  pour 
concurrent;  vaincu  par  lui,  il  ne  put  préten- 
dre qu'à  le  seconder  comme  premier  violon. 
Plus  tard,  l'illustre  violoniste  piémonlais  éta- 
blit chez  lui  des  matinées  de  quatuors  où  il 
exerçait  ses  élèves.  C'est  là  qu'il  essayait  la 
plupart  de  ses  concertos  avec  un  petit  orches- 
tre. Chose  remarquable,  depuis  le  sixième 
jusqu'au  quatorzième,  il  n'en  exécuta  aucun 
dans  des  concerts  publics  ;  il  ne  les  fit  entendre 
que  dans  ces  séances  ou  dans  d'autres  réunions 
particulières.  Il  en  fut  de  même  de  ses  deux 
belles  symphonies  concertantes  pour  deux  vio- 
lons qu'il  joua  chez  la  reine  avec  Imbault, 


362 


VIOTTI 


violoniste  français  peu  digne  de  se  mesurer 
avec  lui,  et  qui  les   fit  entendre  ensuite  avec 
Gervais  au  Concert  spirituel.  Lié  d'amitié  avec 
ce  qu'il  y  avait  de   plus  distingué  dans  les 
liantes  classes  de  sa  société  et  parmi  les  litté- 
rateurs et  artistes  en  tout  genre,  Viotti  s'était 
composé  un   auditoire  de   lionne  compagnie 
dont  il  eut  toujours  besoin  depuis  lors  pour  se 
livrer  à  son  enthousiasme.  Ce  qu'on  appelle 
exactement  le  public,  la  masse,   lui   inspira 
toujours  une  sorte  d'éloignemenl,  on  pourrait 
presque  dire  d'effroi.  Cette  disposition  d'es- 
prit, qui  passerait  aujourd'hui  pour  ridicule, 
avait  sa  source  dans  la   puissance  du  monde 
élégant  qui,  à  cette  époque,  faisait  les  succès 
et  les  réputations.  Plus  tard,  Viotti  ne  comprit 
pas  le  changement  qui  s'était  opéré  dans  la 
société  française  et  même  européenne;  il  ne 
vit  pas  que  la  renommée  des  artistes  n'avait 
plus  d'autre  source,    d'autre  appui    que   ces 
masses  qu'il  dédaignait;  enfin  lorsque  la  mau- 
vaise fortune   le    frappa,  il    ignora    qu'avec 
un  talent   tel  que  le  sien    il    y  avait  dans  le 
public  de  bien  plus  grandes  ressources  pour 
réparer  ses  désastres  que  dans  des  spéculations 
hasardeuses.  Jamais  il  ne  voyagea  pour  don- 
nerdes  concerts;  jamais  il  ne  rechercha  l'éclat 
de  la  vogue;   ce  ne  fut  même  qu'avec  peine 
qu'il  se  décida  à  jouer  pour  quelques  artistes 
au    Conservatoire,    lorsqu'il   revint   à    Paris 
en    1802,  dans   toute  la    puissance   de   son 
talent. 

En  1788,  Léonard,  coiffeur  de  la  reine,  ob- 
tint, par  la  protection  de  cette  princesse,  le 
privilège  d'un  théâtre  d'opéra  italien.  Il  eut 
assez  de  jugement  pour  comprendre  qu'il  n'en 
pouvait  tirer  d'utilité  qu'en  associant  à  ses 
intérêts  ceux  d'un  homme  doué  de  connais- 
sances spéciales:  il  jeta  les  yeux  sur  Viotti 
qui,  malheureusement  pour  sa  carrière  d'ar- 
tiste, accepta  ses  propositions.  Ce  grand  vio- 
loniste était  certainement  tourmenté  du  désir 
de  diriger  un  théâtre,  car  j'ai  vu  quelque  part 
(peut-être  dans  la  collection  de  Beffara)  une 
demande  signée  de  lui  pour  obtenir  l'entreprise 
de  l'Opéra  français,  et  si  je  ne  me  trompe,  celle 
demande  était  datée  de  1787.  Son  premier  soin, 
après  qu'il  eut  accepté  la  direction  du  théâtre 
italien,  fut  de  rassembler  des  chanteurs  de 
grand  mérite.  Jamais  celte  tâche  ne  fut  mieux 
remplie,  car  c'est  à  lui  qu'on  dut  la  réunion 
incomparable  qui  se  composait  de  Mandini,  de 
Viganoni,  de  Mengozzi,  de  Raffanelli,  de  la 
fameuse  Banti  et  de  madame  Morichelli.  Celte 
compagnie  débuta  en  1789  aux  Tuileries,  et 
charma  les  amateurs  d'élite  jusqu'à  la  fin  de 


1792.  Viotti,  qui  la  dirigeait,  s'était  adjoint 
Cherubini,  récemment  arrivé  à  Paris  et  devenu 
son  ami.  L'illustre  maître  s'était  chargé  de  la 
disposition  des  ouvrages  et  de  la  composition 
des    morceaux   qu'il  fallait  y  ajouter.  Viotti 
composa  son  orchestre  d'artistes  excellents,  et 
le  fit  diriger  par  Mestrino  (voyez  ce  nom).  En 
1790,  lorsque  la  cour  revint  de  Versailles  ha- 
biter le   château   des    Tuileries,    l'excellente 
troupe  italienne  fut  obligée  de  se  réfugier  dans 
un  bouge  appelé  théâtre  de  la  foire  Saint- 
Germain.  Mais  l'impossibilité  d'y  rester  long- 
temps engagea  Viotti  à  s'associer  avec  Fey- 
deau-de  Brou,  intendantde  plusieurs  provinces 
de  France,  pour  la  construction  d'un  théâtre 
auquel  celui-ci  donna  son  nom,  et  qui  n'a  été 
détruit  qu'en  1852.    Des  actionnaires  furent 
trouvés  dans    la  haute  société  pour  la  con- 
struction  de  ce  théâtre,  et  pour   l'entreprise 
de  son   exploitation,  dans  laquelle  on  réunit 
l'opéra  italien  et  le  drame   musical  français. 
L'ouverture  s'en  fit  au  commencement  de  1791, 
et  d'abord    l'opération   parut    réussir;    mais 
bientôt  les  événements  de  la  révolution  de- 
vinrent plus  fréquents  et  plus  graves  ;  l'émi- 
gration entraîna    hors  de  France   une  partie 
des   actionnaires    du   nouveau  théâtre;   resté 
presque   seul  ,   Viotti  y  vil  engloutir   toutes 
ses  économies.   Après  la   prise  des  Tuileries, 
au   mois  d'août  1792,  les  artistes  italiens  se 
dispersèrent,   el  Viotti,  ruiné,  fut   obligé   de 
passer  en  Angleterre.  Lorsqu'il   y  arriva,  les 
concerlsde  Ifannover-Square, dirigés  parSalo- 
mon,  étaient  dans    toute    leur  vogue.  Viotti, 
ayant  pris  la  résolution  de  chercher  de  nou- 
velles ressources  dans   son  talent,  s'y  fit  en- 
tendre dans  de  nouveaux  concertos  composés 
exprès.  Ces  concerts,  réservés  à   l'élite  de  la 
société,   ne  lui  inspiraient  pas  la  même  répu- 
gnance que  les  autres  réunions  publiques. 

Cependant  de  nouveaux  chagrins  l'atten- 
daient à  Londres;  car  un  bruit  circula  parmi 
les  émigrés  qui  s'y  trouvaient  en  foule,  que  le 
parti  révolutionnaire  l'avait  employé  comme 
agent  secret  en  plusieurs  circonstances.  Rien 
n'était  moins  conforme  aux  goûts  de  l'artiste 
que  les  orgies  populaires  dont  la  France  l'ut  le 
théâtre  à  celle  époque;  mais  il  est  vraisembla- 
ble que  la  faveur  accordée  à  Viotti  par  le  duc 
d'Orléans  fut  l'origine  de  celle  calomnie.  Quoi 
qu'il  en  soit,  une  réprobation  si  dédaigneuse, 
si  insultante,  fut  la  conséquence  de  ces  bruits 
calomnieux,  que,  forcé  de  céder  à  l'orage, 
Viotti  se  réfugia  dans  une  maison  de  campa- 
gne près  de  Hambourg,  où  il  vécut  jusqu'au 
mois  de  juillet  179j.   Il  y  composa  quelques- 


VIOTTI 


363 


-  uns  de  ses  plus  beaux  «Inos  de  violon,  genre  de 
musique  où  son  génie  ne  s'est  pas  manifesté 
avec  moins  d'éclats  que  dans  le  concerto. 
Chose  bizarre  !  pendant  qu'il  s'abandonnait  au 
chagrin  de  l'isolement  dans  sa  retraite,  il  ne  lui 
vint  pas  même  à  la  pensée  de  rentrer  sans  ré- 
serve dans  sa  carrière  d'artiste,  et  de  ne  plus 
rien  attendre  que  d'un  talent  qui  n'avait  point 
d'égal  en  Europe.  La  crainte  de  l'agitation,  le 
besoin  d'une  vie  calme  et  de  la  douce  intimité 
de  quelques  amis,  le  faisaient  soupirer  après 
le  moment  où,  son  innocence  étant  reconnue, 
il  pourrait  retourner  en  Angleterre.  Une  fa- 
mille honorable,  qui  l'avait  accueilli  à  son 
arrivée  à  Londres,  était  en  quelque  sorte  deve- 
nue pour  lui  le  monde  entier.  Il  put  enfin  se 
réunir  à  elle,  et  ne  la  quitta  plus  pendant  près 
de  vingt-cinq  ans.  Se  condamnant  lui-même  à 
l'oubli  du  public  plus  encore  qu'il  ne  l'avait 
fait  à  Paris,  il  ne  se  fit  plus  entendre  qu'à  ses 
amis,  et  n'écrivit  que  pour  lui-même  et  pour 
eux  la  dernière  série  de  ses  concertos  désignée 
par  des  lettres  :  admirables  compositions  qui 
assurent  son  immortalité  et  qu'on  n'a  point 
égalées.  Intéressé  dans  un  commerce  de  vins, 
il  y  puisa  les  ressources  nécessaires  à  son 
existence  et  s'en  fit  une  affaire  quotidienne, 
ne  s'occupant  de  la  musique  que  comme  d'un 
délassement,  quoiqu'il  ne  perdit  rien  de  son 
génie  ni  de  son  enthousiasme  d'artiste, 

La  trop  courte  paix  d'Amiens  ayant  rompu 
la  barrière  placée  entre  la  Fiance  et  l'Angle- 
terre, Viotti  put  satisfaire  le  vif  désir  qu'il 
éprouvait  depuis  longtemps  de  revoir  Paris  et 
les  amis  qu'il  y  avait  laissés.  Il  y  arriva,  en 
1802,  avec  la  ferme  résolution  de  ne  pas  s'y  faire 
entendre;  mais  il  ne  put  résister  aux  prières 
de  Chernbini,  de  Garât,  de  Rode,  ses  anciens 
amis  ou  élèves,  ainsi  que  des  autres  profes- 
seurs du  Conservatoire.  Ce  fut  dans  la  petite 
salle  de  celte  école  que  résonnèrent  sous  ses 
doigts  les  belles  inspirations  de  son  génie. 
Près  de  vingt  années  s'étaient  écoulées  depuis 
qu'il  avait  cessé  de  jouer  en  public,  et  depuis 
plus  de  dix  ans,  il  avait  quitté  le  sol  de  la 
France.  De  nouvelles  écoles  avaient  été  fondées 
depuis  son  départ;  de  nouvelles  réputations 
s'étaient  faites.  On  le  croyait  vieux,  affaibli; 
pour  la  plupart  des  jeunes  gens,  le  nom  de 
Viotti  était  devenu  historique  et  ne  semblait 
plus  appartenir  à  un  être  vivant  :  il  se  fit  en- 
tendre, et  les  plus  belles  réalités  apparurent. 
C'était  encore  le  même  feu,  le  même  brillant, 
le  même  goût,  le  même  grandiose  qu'on  avait 
admirés  autrefois  ;  le  style  de  ses  compositions 
s'était  agrandi  et  perfectionné,  Ce  fut  dans  ce 


voyage  qu'il  fit  connaître,  à  Paris,  ses  délicieux 
concertos  désignés  par  les  lettres  A,  B,  C,  etc., 
ses  trios  et  plusieurs  autres  ouvrages.  Après 
quelques  mois  passés  dans  celle  ville,  il  re- 
tourna en  Angleterre,  d'où  il  ne  revint  qu'en 
1814.  Ce  retourne  fut  même  qu'un  voyage; 
mais  il  se  fixa  à  Paris  quatre  ans  après. 
Nommé  directeur  de  l'Opéra,  en  1819,  il  ne 
recula  point  devant  les  difficultés  de  cette  po- 
sition; mais  il  usa  le  reste  do  ses  forces  dans 
un  combat  inutile  contre  la  décadence  alors 
flagrante  de  ce  théâtre,  décadence  qui  devait 
avoir  son  cours  et  qui  était  la  conséquence  de 
la  nature  des  choses.  Le  mal  qu'il  ne  put  em- 
pêcher, on  le  lui  imputa,  et  l'on  finit  par  lui 
ôter  sa  place  (en  1822),  en  lui  accordant  une 
pension  de  six  mille  francs.  Le  chagrin  qu'il 
en  conçut,  joint  aux  regrets  que  lui  causait  la 
perle  d'un  frère,  finit  par  altérer  sa  sanlé.  Il 
essaya  de  voyager  pour  se  distraire,  mais  il 
mourut  à  Londres,  le  10  mars  1824,  à  l'âge  de 
soixante  et  onze  ans.  Il  n'avait  fait  qu'un  seul 
voyage  en  Italie,  en  1788,  à  l'âge  de  trente- 
cinq  ans,  lorsqu'il  alla  y  choisir  les  artistes 
qui  composèrent  la  fameuse  troupe  des  Bouf- 
fons de  1789. 

On  a  de  cet  homme  célèbre  les  productions 
dont  voici  la  liste  :  I.  Concertos  :  1er,  en  ut 
majeur;  2me,  en  mi  majeur;  3me,  en  la  majeur; 
4mc,  en  ré  majeur;  5me,  en  ut;  Cmc,  en  mi  mi- 
neur; 7mc,  en  mi  majeur;  8me,  en  ré;  9rae,  en 
la;  10me,  en  si  bémol  (ces  dix  concerlos  ont 
été  gravés  chez  Sieber,  à  Paris);  lln,c,  en  la, 
chez  Imhaull;  12mc,  en  si  bémol,  ibid.; 
1ôme,  en  la,  chez  Sieber;  14me,  en  la  mineur; 
15me,  en  si  bémol 
17 


16me,   en   mi  mineur; 


en  ré  mineur;    18mc, 


en  mi  mineur 


19mc,  en  sol  mineur  (tous  ces  derniers  con- 
cerlos ont  été  publiés  à  Londres)  ;  20mc,  en  ré 
majeur,  à  Offenbach,  chez  André;  21me, lettre 
A,  en  mi  mineur,  à  Paris,  chez  Frey  ;  22mc, 
lettre  B,  en  la  mineur,  ibid.  ;  23I,1C,  lettre  C, 
en  sol,  ibid.;  ce  concerto,  connu  sous  le  nom 
de  John  Bull,  fui  d'abord  écrit  pour  le  piano, 
puis  arrangé  pour  le  violon;  24mc,  lettre  D,  en 
si  mineur,  ibid.;  25mc,  lettre  E,  en  la  mineur, 
ibid.;  26™°,  lettre  F,  en  si  liémol,  ibid.;  27"™, 
lettre  G,  en  ut,  Janet;  28mc,  lettre  II,  en  la 
mineur,  ibid.;  29mc,  lettre  I,  en  mi  mineur, 
ibid.  II.  Concertantes  pour  deux  violons  : 
1rc  (en  fa),  Paris,  Imbault;  2me(en  si  bémol), 
Paris,  Naderman.  III.  Quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse  :  Trois  quatuors, 
liv.  1er,  Paris,  Leduc;  trois  idem,  liv,  2,  ibid., 
trois  idem,  op.  22,  Leipsick,  Brcilkopf  ;  six 
idem,  composés  d'airs  connus  variés,  liv.  1er 


264 


VIOTTI  -  VIRDUNG 


et  2e,  Paris,  Imbault;   (rois  idem,  lellre  A, 
Paris,  Frey;    (rois    idem,  en  fa,    si  bémol 
el   sol,  Paris,  Janet.  IV.  Trios  pour  deux 
violons    cl    violoncelle    :    six    trios,    liv.    1 
et  2,    Paris,   Naderman;    (rois  idem,  op.  4, 
ibid.;  trois  idem,  op.  1G,  Paris,  Éranl;  trois 
idem,  op.  17,  Paris,  Frey;  trois  idem,  op.  18, 
ibid.;  trois  idem,  op.  19,  ibid.  V.  Duos  pour 
deux  violons  :  six  duos,  op.  1,  Paris,  Boycr; 
six  idem,  op.  2,  ibid.;  six  idem,  op.  3,  liv.  1 
et  2,  Paris,  Porro;  trois  idem,  op.  4,  Paris. 
Pleyel;  six  idem,  op.  S,  Paris,  Leduc;  trois 
idem,  op.  G,  Pleyel  ;  trois  idem,  op.  7,  «6à/.  ; 
six  sérénades,  op.  13,  ibid.;  trois  duos,  op.  18; 
Paris,  Érard;  trois  idem,  op.  19,  Paris,  Frey; 
trois  idem,  op.  20,  ibid.;  trois  ù/e»i.  op.  21, 
ibid.  VI.  Solos  :  Six  sonates  pour  violon  et 
basse,  liv.  1,  Paris,  Boyer  ;  six  idem,  liv.  2, 
Paris,  Imbanlt;   trois  idem,  lettre  A,  Paris, 
Frey;  trois  idem,  lettre  B,  ibid.  On  connaît 
aussi  de  Viotti  trois  divertissements  ou  noc- 
turnes pour  piano  et  violon;  Paris,  Pleyel, 
elune  sonate  pour  piano  seul, ibid,, composée 
pour  son  amie,  madame  de  Monlgeroult.  Les 
autres  sonates  pour  piano  et  violon,  gravées 
sous  son   nom,    sont  des  quatuors  arrangés. 
Cherubini  a  aussi  arrangé  (rois  trios  de  Viotti 
en  sonates  pour  piano  et  violon,  Paris,  Pleyel. 
Tontes  ces  œuvres  brillent  par  des  idées  abon- 
dantes, par  une  exquise  sensibilité   cl  par  le 
mérite  de  la  forme  qui  en  a  fait  des  types  pour 
la  musique  <|c  tous  les  violonistes  venus  après 
ce  grand  artiste.  Violli  était  harmoniste  d'in- 
stinct; il  n'avait  point  étudié  Part  d'écrire,  et 
l'on  doit  avouer  que  ses  premières  productions 
laissent  apercevoir  son  ignorance  à  cet  égard; 
mais  avec  une  organisation  comme  la  sienne, 
l'éducation  pratique   devait  se  faire  rapide- 
ment: l'expérience  l'eut  bientôt  assez  éclairé 
pour  qu'il  pill  écrire  suffisamment  l'instru- 
mentation de  ses  concertos. 

Il  n'a  formé  qu'un  petit  nombre  d'élèves,  au 
premier  rang  desquels  brilla  Rode  (i-oye;  ce 
nom).  Après  lui  viennent  Libon  et  M.  Rob- 
berechts  ;  ce  dernier,  reslé  le  seul  repré- 
sentant direct  de  l'école  du  maître,  en  a 
transmis  les  principes  à  M.  de  Bériot.  On 
compte  aussi  parmi  les  anciens  élèves  de  Violli, 
Labarre,  Alday  et  Cartier:  Ce  dernier  a  fait 
frapper  une  médaille  à  l'honneur  de  son 
maître  :  elle  représente,  d'un  côlé,  l'effigie  de 
l'artiste,  et  de  l'autre,  un  violon  avec  un  soleil 
dont  les  rayons  sont  entremêlés  des  titres  des 
œuvres  de  Violli,  el  la  devise  nec  plus  ultra. 
On  a  plusieurs  portraits  de  cet  homme  cé- 
lèbre ;  le  plus  ressemblant  est  celui  qui  a  été 


peint  à  Londres  par  Tossarelli  et  gravé  par 
Meyer  :  il  a  servi  de  type  au  grand  portrait 
lithographie  par  Mau ri n  pour  la  Galerie  des 
musiciens  célèbres,  collection  qui  n'a  point  été 
continuée.  On  a  placé,  en  tête  de  l'œuvre  cin- 
quième de  duos,  un  autre  portrait  dessiné  par 
Guérin  el  gravé  par  Lambert.  Madame  Le- 
brun a  peint  le  portrait  de  Viotti,  en  1780,  et 
le  sculpteur  Flattées  a  fait  son  buste.  Les  no- 
tices principales  publiées  sue  le  même  aetistc 
sont  :  1°  Celle  que  Fayolle  a  donnée  dans  ses 
Notices  surCorelli,  Tartini,  Gaviniès,  Pa- 
ganini  et  Viotti;  Paris,  Denln,  1810,  in-8n. 
2°  Anecdotes  sur  Viotti,  précédées  de  quel- 
ques réflexions  sur  l'expression  en  musique, 
par  A. -M.  Eymae,  Milan  (sans  date),  1801, 
in  8"  de  quarante-six  pages.  ô°  Notice  sur 
J.-B.  Viotti,  par  Baillot,  Paris,  imprimerie 
île  Hocquet,  1825,  in-8°  de  treize  pages. 
4"  Notice  historique  sur  J.-B.  Viotti,  par 
Miel,  exteaile  de  la  Biographie  universelle 
(t.  XLIX),  et  tirée  à  pari,  Paris,  imprimerie 
d'Éveral,  1 827,  i n-8°  de  quatorze  pagesà  deux 
colonnes. 

VIRDUNG  (Sébastie>),   prêtre   et  orga- 
niste, né  à  Bambcrg  (Bavière),  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle,  vécut  à  Bàle  au 
commencement  dit  seizième.  On  a  de   lui   un 
livre  de  la  plus  grande  rarelé,  intitulé  :  /tlusica 
gelulsclit    und    ausgezogen    durch  Sebas- 
tianum    Virdung,  Priester  von   Arnbcrg, 
und  ailes  Gesang  nus  dem  Notai  in  die  Tabu- 
laturen    dieser  benennten    dreyer    Jnstru- 
menten,  der  Orgelen,  der   Lauten  und  der 
Floeten,    transferiren   zu  lernen.  Kiirzlich 
gemachl  zu  ehren  derhochwurdiglen  hochge- 
borneti   Fiirsten  und  I/erren  :  herr  JVilhal- 
men  (sic)  Bischouc(<\c)zu  Strasbourg  segnem 
gnedigen  fferren.  (Musique  écrite  et  extraite 
par  Sébastien  Virdung,  prêtre  d'Arnberg,  pour 
apprendre  à  meltre  toute  espèce  de  chant  noté 
en  tablature  pour  les  trois  instruments,  sa- 
voir: l'orgue,  le  lulh  et  la  flûte,  etc.);  Bâle , 
151 1,  petit  in-4°  obi.  de  14  feuilles  non  pagi- 
nées, mais  avec  des  signatures.  L'ouvrage  est 
dédié  à  Guillaume,  évèque  de  Strasbourg.  Dans 
l'éplrre   dédicatoire,   Virdung  parle  de    lui- 
même  à  la  troisième  personne.  On  y  voit  que 
l'évêquc  de  Strasbourg  avait  demandé,  en  1510, 
que  Virdung  lui  envoyât  le  poème  sur  la  mu- 
sique allemande  (Gedicht  der  deutschen  Mu- 
sica)  dont  il  était  auteur,  et  l'avait  prié  de 
l'informer  quand  il  finirait  cl  publierait  sou 
traité  de  musique.   Pour  éviter  de  grandes 
dépenses,  dit  Virdung,  j'ai  résolu  de  ne  pas 
publiera  présent  mon  grand  livre,  el  de  n'en 


VIRDUNG  ~  VISÉE 


RfiS 


donner  que  cet  extrait,  fait  pour  satisfaire 
mon  ami  André  Silvanus;  je  prie  donc 
Mgr.  l'évéque  de  s'en  contenter,  jusqu'au 
moment  oit  paraîtra  le  grand  traité.  Lcgrand 
ouvrage  dont  parle  ici  Virdung  n'a  pas  paru. 
L'extrait,  dont  on  a  vu  le  litre  ci-dessus,  est  un 
dialogue  entre  rauteur  et  André  Silvanus.  Le 
livre  commence  par  la  description  des  instru- 
ments à  clavier,  tels  que  le  clavicorde,  la  virgi- 
nale, le  clavecin  et  le  clavicitherium,  ainsi 
que  de  tous  les  autres  instruments  en  usage  à 
la  fin  du  quinzième  siècle  et  dans  les  premières 
années  du  seizième,  avec  les  figures  de  ces 
instruments  gravées  sur  bois.  Cette  description 
est  suivie  de  celle  des  instruments  dont  il  est 
parlé  dans  la  lettre  supposée  de  saint  Jérôme 
à  Dardanus.  Après  celle  partie  de  l'ouvrage, 
vient  la  description  du  clavier  de  l'orgue  et  du 
clavicorde,  son  étendue,  et  l'application  des 
gammes  à  la  disposition  de  ses  louches  par  la 
méthode  des  hexacordes,  suivie  de  l'explica- 
tion de  la  valeur  des  noies  dans  les  ligatures 
et  dans  la  tablature  du  luth  et  de  la  fli'ile.  Vir- 
dung ne  traite  avec  les  développements  néces  - 
saires  que  de  l'art  de  jouer  de  ces  deux  instru- 
ments et  du  clavicorde.  Arnold  Schlick  {voyez 
ce  nom)  fait  beaucoup  de  reproches  à  Vir- 
dung, concernant  ses  règles  pour  jouer  du 
luth,  dans  la  préface  en  vers  île  son  livre  inti- 
tulé Tabulât ur  ellicher  Lobgesang  (Mayence, 
1512).  Virdung  nous  apprend, dans  le  cours  de 
son  livre  (feuille  C.  II.),  qu'il  eut  pour  maître  de 
musique  Jean  de  Suzato(<le  Soest,en  Souabe), 
docteur  en  médecine  et  savant  musicien.  J'ai 
trouvé  deux  exemplaires  du  rarissime  ouvrage 
de  Virdung,  le  premier,  à  la  bibliothèque 
impérialede  Vienne,  l'autre, à  la  bibliothèque 
royale  de  Berlin.  Les  deux  premiers  livres  de 
la  Musurgia  de  Nacblgal  (voyez  Luscinius)  ne 
sont  qu'une  traduction  latine  d'une  grande 
partie  de  l'ouvrage  de  Virdung.  Dans  une  col- 
lection très-rare,  imprimée  à  Mayence  par 
Pierre  Schneffer,  et  dont  il  existe  un  exem- 
plaire à  la  Bibliothèque  royale  de  Munich,  on 
Irouve  quatre  chansons  allemandes  à  quatre 
voix(nM  48,49,  52  el  54),  corn  posées  par  Sébas- 
tien Virdung.  Celle  collection  a  pour  titre  : 
Teutsche  Liedcr  mit  AStimmen.  von  verschie- 
denen  Julhoren.  Mentz  durcit  Peler  Schaefer 
(sic),  1513,  in-8°  obi.  Les  antres  musiciens 
dont  il  y  a  des  pièces  dans  ce  recueil  sont 
Georges  Biack,  K.  Eilelvvein,  J.  Fuchswild, 
André  Graw,  Malchier,  Malchinger,  Georges 
Sclupiifelder,  Jo.  Sies  et  M.  Wolf. 

VIlllJÉS  Y  SPIINOLA(D.  Josepii-Joa- 
ciii.m),  adjudant  général  espagnol,  comman- 


deur des  ordres  militai  les  de  Calalra  va,  de  Saint - 
Hermenégilde  ,  de  Saint-Jean  de  Jérusalem, 
grand'eroix  de  l'ordre  d'Isabelle  la  Catholique, 
et  de  beaucoup  d'autres  ordres  nationaux  et 
étrangers,  président  de  l'Académie  royale  des 
sciences  de  Madrid  et  membre  d'un  grand 
nombre  de  sociétés  savantes,  académicien  phil- 
harmonique de  Bologne,  mort  à  Madrid  le  13  mai 
1840,  s'occupa  de  la  théorie  de  la  musique 
d'une  manière  plus  sérieuse  que  ne  semblaient 
le  permettre  les  devoirs  de  sa  position.  Le  pre- 
mier ouvrage  qui  le  fit  connaître  sous  ce  rap- 
port a  pour  litre  :  Cartella  harmonica,  o  el 
conlrapunlo  explicado  en  seis  lecciones;  Ma- 
drid, 1824,  in-fol.  de  24  pages.  Cet  opuscule 
a  été  traduit  en  fiançais  par  E.  Nunez  de  Ta- 
boada,  sous  ce  titre  :  Eléments  d'harmonie 
et  de  contrepoint  expliqués  en  six  leçons; 
Paris,  imprimerie  de  Fournicr,  1825,  in-4° 
avec  quatre  planches.  Plus  tard,  les  idées  du 
général  Virués  furent  ramenées  sur  la  musi- 
que considérée  comme  science,  el  dans  la  per- 
suasion qu'il  avait  découvert  le  secret  de  la 
nature  concernant  l'origine  de  la  mélodie  et 
de  l'harmonie,  ainsi  que  de  lous  les  genres  de 
contrepoints  et  de  compositions,  il  employa  plus 
de  dix  ans  à  combiner  les  diverses  parties  de 
son  système  dans  un  livre  qui  fut  publié  sous 
le  titre  de  Geneufonia,  etc.;  Madrid,  1830, 
in-fol.  N'ayant  pas  vu  cet  ouvrage,  je  ne  puis 
en  parler. 

VISCARGUI  (GoxsALvn-MAivmF.z  DE), 
prêtre  et  musicien  espagnol,  vécut  au  com- 
mencement du  seizième  siècle.  On  a  de  lui 
deux  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  1°  Ento- 
naciones  corregidas  segun  el  uso  de  losmo- 
dernos  (Intonations  [du  plain-chant]  corrigées 
suivant  l'usage  des  modernes);  Burgos,  1511, 
in-4°.  2°  Arle  de  canlo  llano,  contrapunto  y 
de  organo{\rl  du  plain-chant  ,de  contrepoint 
et  de  la  musique  mesurée);  Sara  gosse,  1512, 
in-8°.  Ce  Irailéa  élé  l'objet  d'une  critique  très- 
sévère  par  Jean  de  Espinosa  (voyez  ce  nom). 

VISCOISTI  (Gaspard),  violoniste,  né  à 
Crémone,  vécut  à  Londres  au  commencement 
du  dix-huitième  siècle,  et  y  publia,  en  1703, 
six  sonates  pour  violon  avec  basse  continue 
pour  le  clavecin,  op.  1.  Il  en  a  été  fait  une 
autre  édition  à  Amsterdam,  chez  Roger. 

VISÉE  (RoBEnT  DE),  ou  DE  VISÉ,  gui- 
tariste français,  fut  élève  de  Francisque  Corbet 
el  eut  de  la  réputation  à  Paris,  vers  1G80,  sui- 
vant ce  que  nous  apprend  Le  Gallois  (Lettre  d 
Mademoiselle  Hegnault  de  Solier  touchant  la 
musique,  p.  G3).I1  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
posilion  :  1°  Premier  livre  de  pièces  pour  la 


366 


VISEE  -  VITAL! 


guitare,  en  tablature;  Paris,  1682,  în-4°  ol>l. 
2°  Deuxième  idem;  ibid.,  1686,  in-4°  oblong. 
5°  Troisième  idem,  ibid.,  1689,  in-4°  oblong. 

VITAL  (C. -Antoine),  littérateur  el  ama- 
teur de  musique,  à  Vandœnvre,  près  de  Nancy 
Qlenrlhe),  a  publié  un  écrit  intitulé  :  Restau- 
ration de  la  musique  religieuse,  ou  considé- 
rations philosophiques  et  théologiques  sur  la 
nature  de  la  musique  religieuse  et  sur  les 
idées  ou  les  sentiments  religieux  qu'elle  doit 
exprimer.  Nancy,  1852,  in-8°.  Une  partie  de 
ce  travail  a  paru  dans  la  France  musicale,  en 
1851  et  1852.  Ce  premier  écrit  de  M.  Vital  fut 
suivi  de  celui  qui  a  pour  titre  :  Révolution 
harmonique.  Précis  d'une  théorie  harmo- 
nique entièrement  neuve, vraie,  facile  et  ap- 
profondie; Nancy,  1854,  in-12  de  trente- 
quatre  pages.  La  théorie  dont  cet  opuscule 
n'est  qu'un  aperçu  a  été  établie  et  développée 
par  M.  Vital,  ainsi  qu'il  nous  l'apprend  dans 
un  ouvrage  terminé  et  prêt  à  paraître  sous  le 
titre  de  La  science  harmonique  fondée  sur 
la  tonalité  moderne,  ramenée  à  deux  prin- 
cipes vrais  et  faciles,  etc.  Dix  ans  se  sont 
écoulés  depuis  la  publication  du  précis  qui 
vient  d'être  cité  (1864);  cependant  je  n'ai 
pas  appris  que  le  grand  ouvrage  de  M.  Vital 
ait  paru  dans  cet  intervalle.  Les  lecteurs  qui 
voudraient  connaître  quelle  peut  être  la  tbéo- 
rie entièrement  neuve,  vraie,  de  M.  Vital, 
en  auront  le  secret  dans  le  précis  qui  porte  en 
tête  Révolution  harmonique,  particulière- 
ment dans  ces  trois  passages  : 

«  (Page  7)  :  M.  Félis  enseigne  qu'il  faut  en 
»  appuyer  la  tbéorie  (de  l'harmonie)  sur  l'ana- 
»  lyse  de  la  tonalité  moderne.  Celle  idée  est 
«  la  révélation  d'un  monde  nouveau.  Pendant 
»  dix  ans,  je  l'ai  méditée,  approfondie,  déve- 
»  loppée  dans  toute  son  étendue,  et,  grâce 
»  encore  aux  travaux  de  M.  Félis,  transformée 
»  enfin,  j'ose  le  croire,  en  théorie  propre- 
»  ment  dite  et  complète.  » 

Plus  loin,  page  28,  M.  Vital  cite  ce  passage 
de  l'avertissement  de  la  quatrième  édition  de 
mon  Traité  de  l'harmonie:  «  Parmi  la  mul- 
»  lilude  de  combinaisons  dont  se  compose 
»  l'harmonie  de  notre  musique,  il  en  est  deux 
»  que  notre  instinct  musical  accepte  comme 
»  existant  par  elles-mêmes  (l'accord  parfait 
«  ou  de  repos  et  l'accord  de  dominante  ou  de 
»  mouvement).  Or,  j'ai  vu  que  toute  l'harmo- 
«  nie  réside  dans  ces  nécessités  alternatives: 
»  repos,  tendance  ou  attraction,  et  résolution 
«  de  ces  tendances,  dans  un  repos  nouveau, 
a  J'ai  vu  aussi  que  les  accords  dont  je  viens  de 
»  parler  fournissent  tous  les  éléments  néces- 


»  saires  pour  l'accomplissementdcs  exigences 
»  de  ces  deux  lois  de  toute  musique.  J'en  ai 
»  conclu  que  toutes  les  autres  harmonies  ne 
»  sont  que  des  modifications  de  celle-là.  » 
Après  celte  citation,  M.  Vital  ajoute  (p.  32)  : 
»  ....  L'accord  de  repos  et  raccord  de  mou* 
»  vement  sont  deux  nécessités  alternalives  de 
«  la  tonalité  moderne,  comme  ledit  M.  Fétis 
»  avec  un  parfait  bonheur  de  pensée  et  d'ex- 
>■>  pression.  Donc,  il  n'y  a  que  deux  accords 
»  dans  un  ton  donné:  l'accord  parfait  sur  la 
»  tonique  et  l'accord  de  dominante,  car  l'u- 
»  nion  impérieusement  exigée  par  la  tonalité 
«  moderne  et  par  M.  Félis,  n'est  possible 
»  qu'entre  eux.  » 

Celle  conclusion  est  erronée  ;  car,  suivant 
les  principes  que  j'ai  posés,  l'accord  de  mou- 
vement doit  résoudre  son  attraction  par  l'ac- 
cord de  repos  ;  or,  l'accord  sol,  si,  ré,  fa 
(seplième  dominante)  accomplit  parfaitement 
sa  destination  sur  l'accord  parfait  du  sixième 
degré  de  la  gamme  la,  ut, mi.  J'ai  établi,  con- 
formément à  toute  musique  de  la  tonalité  mo- 
derne, que  l'accord  parfait  se  fait  sur  la  toni- 
que {ut,  mi,  sol),  sur  le  quatrième  degré  de  la 
gamme  (fa,  la,  ut),  sur  le  cinquième  (sol,  si, 
ré)  et  sur  le  sixième  (la,  ut,  mi).  31.  Vital, 
lui,  ne  veut  d'accord  parfait  que  sur  la  toni- 
que, et,  pour  lui,  l'accord  fa.  la,  ut  est  le  ton 
de  fa,  l'accord  sol,  si,  ré,  le  Ion  de  sol,  et 
l'accord  la,  ut,  mi,  le  ton  de  la.  Si  cela  était, 
il  serait  impossible  d'harmoniser  la  gamme 
d'un  Ion,  ou  plutôt  il  n'y  aurait  plus  de  gamme, 
ni  de  tonalité  :  voilà  où  conduit  l'esprit  de 
syslème. 

VITAL!  (PnaippE),  prêtre,  né  à  Florence, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut 
d'abord  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Florence  (voyez  Negri,  Gli  Scritt.  fiorent., 
p.  178),  puis  il  entra  dans  le  collège  des  chape- 
lains-chantres de  la  chapelle  pontificale,  à 
Rome,  en  qualité  de  ténor,  le  10  juin  1631. 
Le  cardinal  Antoine  Barberini  l'aima  beau- 
coup et  l'attacha  à  sa  personne,  en  qualité  de 
prélat  familier.  Vitali  vivait  encore  en  1649. 
On  a  imprimé  de  sa  composition:  1°  Il  primo 
libro  de'  madrigali  a  cinque  voci,  Venezia, 
1616,  in-4°.  2"  Libro  primo  di  musiche  a 
due,  tre  o  sei  voci.  Florence,  Stamperia  di 
Zanob.  Pagani,  1617,  in-fol.  L'épilre  dédi- 
catoire,  datée  de  Florence,  le  15  octobre  de  la 
même  année,  est  adressée  à  Jean  Corsi  (fils  de 
Jacques  Corsi  et  neveu  de  Jean  Bardi).  On  y 
voit  que  cet  ouvrage  est  le  premier  essai  de 
composition  de  Vitali,  bien  qu'il  ait  été  pu- 
blié après  les  Madrigali  de  1616.  L'harmonie 


viTALi  -  vitruve 


m 


en  est  incorrecte,  et  sous  ce  rapport  comme 
sous  celui  du  caractère  des  morceaux,  Vitali 
est  évidemment  imitateur  de  Monleverde. 
3°  Libro  1  e  2  di  musiche  ad  1  e  2  voci  con  il 
basso  per  l'organo,  Rome,  Roblelli,  1 G 18. 
L'épîlre  dédicaloire,  datée  de  Rome,  le  15  sep- 
tembre de  la  même  année,  est  adressée  au 
cardinal  Farnèse.  Les  pièces  à  voix  seule  de 
ce  recueil  sont  ou  dans  le  style  récitatif,  ou 
dans  la  forme  des  canzonette.  Dans  les  duos, 
en  style  d'imitation,  on  trouve  l'indication 
d'un  genre  qui  fut  ensuite  traité  et  développé 
avec  un  talent  supérieur  par  lui  et  parSteffani. 
4°  Jntcrmedi  di  Filippo  Vitali  fqlti  per  la 
Comedia  degl'  Jcademici  Jncoustanti,  reci- 
tala  ml  Paluzzo  del  Casino  dell'  illust.  e 
Itev.  Cardinale  di  Medici  l'anno  1623,  in 
Firenza,  per  Pietro  Cicconelli,  1023,  in-l'ol. 
titre  gravé.  L'épîlre  dédicaloire,  à  Robert  Cap- 
noni,  est  datée  de  Florence,  le  29  mai  1G23. 
On  y  voit  que  la  comédie  et  les  intermèdes 
furent  exécutés  pendant  le  carnaval  de  lG22,à 
Florence,  devant  le  cardinal  de  Médicis  et  en 
présence  de  plusieurs  princes  et  liants  person- 
nages. Le  style  de  Vilali,  dans  cet  ouvrage, 
est  inférieur  à  celui  de  ses  autres  compositions. 
5°  Molelti  a  2,  3,  4,  5  voci.  ibid.,  1631. 
G0  Arie  a  due  voci,  Rome,  JVfasoiii,  1035. 
7°  Hymnos  Urbani  FUI,  Pont.  Max.jussu 
editos,  inmusicos  modos  adtemplorumnsum 
digestos,  Romœ,  Masolli,  1630,  in-fol.  8°Jrie 
a  tre  voci,  co'l  basso  continua  ;  Roma, 
presso  Bianchi,  1039,  in-4°.  9°Salmi  a  cinque 
voci,  Roma,  Bianchi,  1641,  in-4°.  10»  Libri 
cinque  di  arie  a  tre  voci,  Florence,  Lando 
Landi,  1647.  Vitali  a  composé  aussi  la  musi- 
que de  VArelusa,  favola  in  musica,  clianlée 
à  Rome,  dans  le  palais  du  cardinal  Barberini, 
en  1640. 

VITALI  (Angelo),  compositeur,  né  à  Mo- 
dène,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a 
écrit  la  musique  de  Tomiri,  drame  musical 
représenté  au  théâtre  de  S.  Cassiano,  à  Ve- 
nise, en  1680. 

VITALI  (Jean-Baptiste),  vice-maitre  de 
chapelle  du  duc  de  Modène,  naquit  à  Crémone, 
vers  1644.  Il  entra  au  service  du  duc  de  Mo- 
dène  le  1er  décembre  1674,  et  mourut  le  12 
octobre  1692.  Il  fut  membre  de  l'Académie  des 
Filiaschi.  Ce  maître  s'est  distingué  principa- 
lement dansle  style  instrumental. Sesouvrages 
les  plus  connus  sont  les  suivants  :  1°  Balletli} 
correnti,  gighe,  allemande,  elc;  Bologne, 
Monti,  1668,  in-4°.  2°  Sonate  a  due  violini 
conbasso  continuoperVorgano,o[).  2, Venise, 
1685,  in-4°.  C'est  une  réimpression.   La  pre- 


mière édition  l'ut  publiée  à  Bologne  chezMoi:tî, 
en  1070.  5U  Balletli,  correnti  alla  francese, 
gagliarde  e  brando  per  ballare.  Ihid.  An  Bal- 
letli, correnti  e  sinfonic  da  caméra  aquat- 
tro  slromenli,  op.  3,  Venise,  1685,  in-4°. 
C'est  aussi  une  réimpression.  La  première 
édition  parut  à  Bologne ,  cbez  Monti ,  en 
1077,  in-4°.  5°  Balletli,  correnti,  gighe, 
allemande  e  sarabande  a  violino  c  violone, 
o  spinelta,  con  il  secondo  violino  a  benepla- 
cito,  op.  4,  Bologne,  1078,  in -4°.  0°  Sonate  a 
due,  a  tre,  quattro  e  cinque  stromenti,  op.  5, 
Venise,  1681,  in-4°.  7°  Salmi  concertati  a  2, 
3,  4  e  5  voci,  con  stromenti,  op.  6,  Bologne, 
1677,  in  4".  8"  Sonate  a  2  violini  e  basso 
continuo,  op.  9,  Amsterdam.  9°  lnni  sacri 
per  tutlo  l'anno  a  voce  sola  con  cinque  stro- 
menti, op.  10,  Modcna,  1681,  in-4°.  10° Farie 
sonate  alla  francese  ed  ail'  italiana  a  sei 
stromenti,  op.  11,  Venise,  1698,  in-4°. 
11°  Balli  in  slile  francese  a  cinque  stromenti, 
op.  12,  ibid.,  1090,  in-4°.  12"Artificimusicali 
a  diversi  stromenti,  op.  13  ;  Modène,Cassioni, 
1089.  13°  Sonate  da  caméra  a  quattro  stro- 
menti, op.  14;  ibid.,  1092. Beaucoup  d'autres 
ouvrages  de  ce  compositeur  se  trouvent  en  ma- 
nuscrit dans  la  Bibliothèque  ducale  de  Modène. 

VITALI  (Tomaso),  violoniste  remarqua- 
ble pour  son  temps,  naquit  à  Bologne  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle.  En  1706,  il  fut 
élu  membre  de  l'Académie  des  Philharmo- 
niques de  sa  ville  natale.  Pendant  plusieurs 
années,  il  fut  employé  à  la  cour  de  Modène  en 
qualité  de chefd'orchestre.  Vitali  a  formé  beau- 
coup de  bons  élèves  pour  son  instrument.  On  a 
imprimé  de  sa  composition,  à  Bolo'gne  et  à 
Amsterdam,  quatre  œuvres  de  sonates  pour 
deux  et  trois  instruments.  Son  œuvre  cin- 
quième a  été  publié  à  Modène,  en  16,93,  sous 
le  titre:  Sonate  a  due  violini  coH  basso  per 
Vorgano. 

VITET  (Louis,  ou  Ludovic),  littérateur  et 
archéologue,  inspecteur  des  monuments  histo- 
riques, ancien  député,  membre  de  l'Académie 
des  inscriptions  et  de  l'Académie  française,  né 
à  Paris,  le  18  octobre  1802,  est  honorablement 
connu  par  des  travaux  littéraires  et  historiques 
dont  les  objets  n'appartiennent  pas  à  celle 
Biographie.  Attaché  pendant  plusieurs  années 
à  la  rédaction  du  Journal  des  Savants,  il  y  a 
rendu  compte  de  divers  ouvrages  relatifs  à  la 
musique  et  à  son  histoire. 

VITRIACO  (PiiiLiprus).  Foyez  PHI- 
LIPPE DE  VITRY. 

VITRUVE (MarcusVITRUVIUS  POL- 
LIO), écrivain  de  l'ancienne  Romc,aulcur  d'un 


M8 


VITRUVE  -  VIVALDI 


traité  sur  l'architecture,  n'est  connu  que  par 
Cet  ouvrage.  On  sait  seulement  qu'il  vécut 
sntérieurement  à  Pline  l'Ancien,  par  qui  il  est 
cité.  D'ailleurs,  on  voit,  par  la  dédicace  de  son 
livre,  qu'il  le  présenta  a  l'empereur  Auguste, 
environ  vingt-sept  ans  avant  l'ère  chrétienne, 
fiant  déjà  dans  un  âge  avancé.  Il  y  a  beaucoup 
d'éditions  du  traité  de  Vitruve  intitulé  De 
architeclura  libri  X.  Les  éditions  modernes 
les  plus  estimées  sont:  1°  Celle  que  M. Schnei- 
der a  publiée  à  Leipsick,  en  1808,3  vol.  in-8°. 
2°  La  grande  édition  donnée  par  le  comte 
Stralico(/"/.  VilruviiPollionis  archileclura, 
Uxtu  et  recensione  codicum  emendato),  à 
{Jdine,  chez  les  frères  Malleuzzi,  1825-18-30, 
i  vol.  in-4"  en  huit  parties.  Vitruve  traite,  au 
chapitre  4mc  du  5me  livre,  de  l'harmonie  sui- 
vant la  doctrine  d'Arisloxène,  et  au  chapitre 
5nie,  «les  vases  sonores  des  théâtres,  pour  la 
répercussion  de  la  voix.  Le  chapitre  13me  du 
10mclivre  contient  une  description  fort  obscure 
ùe  l'orgue  hydrauliquedes  anciens.  Ce  chapitre 
a  mis  à  la  torture  tous  les  traducteurs  et 
commentateurs.  Les  hypothèses  hasardées  sui- 
te chapitre  par  Perrault,  dans  sa  traduction 
française  de  cet  ouvrage  (Les  dix  livres  d'ar- 
chitecture de  Fitruve,  corrigés  et  traduits 
en  français.  Paris,  Coignard,  1084,  gr.  in-fol.), 
sont  fort  ridicules  et  tout  à  fait  inintelligibles. 
Daniel  Barbaro  parait  avoir  entendu  beaucoup 
mieux  ce  sujet,  dans  sa  traduction  italienne: 
/  dieci  libri  deW  architellura  di  f'itru- 
t'JO;elc.Vinegia,  Marcolini,  1550,  in-fol.  Il  faut 
voir  sur  celle  partie  de  l'ouvrage  de  Vitruve  le 
curieux  travail  de  M.  Wïli.  Wilkins,  dans 
l'édition*  anglaise  qu'il  a  donnée  à  Londres, 
1813  et  années  suivantes,  in-4°,  ainsi  que  la 
traduction  el  l'explication  du  13nic  chapitre  du 
10mc  livre  dans  l' Architecture  de  f'ilruve, 
traduite  en  français,  avec  des  remarques, pur 
De  Bioul  ;  Bruxelles,  Adolphe  Slaplcaux,  1810, 
1  vol.  in-fol. 

VITTORI  (Loiieto),  compositeur,  poète, 
et  chanteur  excellent,  né  à  Spolello,  vers  11588, 
fut  élève  pour  le  chant  de  François  Solo,  cha- 
pelain-chantre de  la  chapelle  pontificale.  Il  lit 
ensuite  ses  éludes  de  contrepoint  sous  la  direc- 
tion de  Jean-Marie  et  de  Bernardin  Nanini,  et 
enfin  de  François  Soriano.  Après  avoir  été 
quelque  temps  au  service  du  grand-duc  de 
Toscane,  Cosmell  de  Médicis,  il  retourna  à 
Rome,  sur  la  demande  du  cardinal  Lodovisi, 
neveu  du  pape  Grégoire  XV,  et  entra  dans  le 
collège  des  chapelains  chantres  de  la  chapelle 
pontificale,  le  23  janvier  1022.  Le  pape  Urbain 
(  VIII,  charmé  par  le  mérite  de  Vittori,  le  créa 


chevalier  de  la  milice  dorée.  Ce  musicien  dis- 
tingué mourut  à  Rome,  le  25  avril  lG70,elfut 
inhumé  dans  l'église  Sainte-Marie  fit  Minerva, 
où  l'on  voit  encore  son  épitaphe.  On  connaît 
de  Vittori:  1  °  A  rie  a  voce  sofa,  Roma,Bianchi , 
1739.  2°  La  Galatea,  dramma  in  musica,' 
ibid.,  1059.  3°  La  Pellegrina  costante, 
dramma  sacro,  Roma,  Manelli,  1047,  in-fol. 
4°  Irène,  cantate  a  voce  sola,  ibid.,  1048. 
5°  Saint  Ignacede  Loyola,  oratorio.  G°IlPen- 
timento  délia  Maddalena,  cantate.  On  a  aussi 
imprimé  plusieurs  recueils  de  poésies  de  Vit- 
tori. ViclorRossi(enlatiniVjcias.Eri/{/ir<j?us)J 
qui  avait  entendu  Vittori  plusieurs  fois  à 
Rome,  en  parle  avec  admiration  dans  son  re- 
cueil biographique  intitulé  Pinacotheca  ima- 
ginant illustrium  virorum (Part.  II,  p.  lxvh). 
«  Vittori,  dil-il,  était  considéré  comme  un 
»  prodige  de  la  nature  el  de  l'art.  La  beauté 
»  de  sa  voix,  la  perfection  de  son  chant  et  le 
»  profond  sentiment  qui  l'animait,  faisaient 
»  rechercher  avec  empressement  les  occasions 
»  de  l'entendre.  »  Rossi  s'efforce  de  décrire 
l'étonnement  et  l'enthousiasme  qu'il  faisait 
naître  chez  ses  auditeurs.  «  C'était, ajoule-l-il, 
»  un  véritable  Prolée  :  sa  voix  prenait  le  ton 
»  de  toutes  les  passions  avec  une  flexibilité  et 
»  une  vérité  surprenantes.  Tel  était  son  empire 
»  sur  ceux  qui  l'écoutaient,  qu'on  voyait  ses 
n  sentiments  empreints  sur  leurs  visages  et 
»  dans  leurs  regards.  Poète  et  compositeur,  il 
»  écrivait  lui-même  la  plupart  des  cantates: 
»  on  cite  parmi  ses  plus  beaux  ouvrages  en  ce 
»  gence  l'Irène,  la  Galathée,  et  surtout  le 
»  Repentir  de  laMadeleine.  Pendant  plusieurs 
«  soirées  consécutives,  il  chanta  celle-ci  dans 
»  une  église  de  Rome,  dont  une  foule  immense 
»   assiégeait  les  portes.  » 

VIVALDI  (Antoine),  violoniste  célèbre  et 
compositeur ,  surnommé  LE  PRÊTRE 
ROUX,  fils  de  Jean-Baptiste  Vivaldi,  violo- 
niste de  la  chapelle  ducale  de  Saint-Marc,  na- 
quit à  Venise  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
seplième  siècle.  Après  avoir  été  quelque  temps 
au  service  de  l'électeur  Philippe  de  Hesse- 
Darmsladt,  il  retourna  à  Venise  en  1713  et  y 
obtint  la  place  de  directeur  du  Conservatoire 
de  la  Pietà,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  en  1745.  On  rapporte  sur  Vivaldi  celle 
anccdole  singulière  :  Disant  un  jour  sa  messe 
quotidienne,  il  lui  vint  une  idée  musicale  dont 
il  fut  charmé;  dans  l'émotion  qu'elle  lui  don- 
nait, il  quitta  sur-le-champ  l'autel  et  se  rendit 
à  la  sacristie  pour  écrire  son  thème,  puis  il 
revint  achever  sa  messe.  Déféré  à  l'inquisi- 
tion, il  fut  heureusement  considéré  comme  un 


VIVALDI  —  VIVIEN 


SC9 


homme  dont  la  léle  n'était  pas  saine,  et  l'arrêt 
prononcé  contre  lui  se  borna  à  lui  interdire  la 
célébration  de  la  messe.  Les  œuvres  gravés  de 
cet  artiste  sont  :  1°  Douze  trios  pour  deux  vio- 
lons et  violoncelle,  op.  1  ;  Paris,  veuve  Boy  vin, 
1737,  in-fol.  2°  Douze  sonates  pour  violon  seul 
avec  basse  continue,  op.  2;  ibid.  Amsterdam, 
Roger.  3°  Eslro  Armonico,  ossia  XII  con- 
certi  a  quatlro  violini,  2  viole,  violoncello  e 
basso  continua  per  V  organo,  op.  3;  ibid. 
Jean-Sébastien  Bacb  a  arrangé  deux  concertos 
de  cet  œuvre  pour  clavecin,  deux  violons,  alto 
et  basse;  j'en   ai  acquis  les  manuscrits  à  la 
vente  de  MM.  Breitkopf  et  Hsertel,  en  1836. 
4°  XII  Concerti  a  violino  solo,  2  violini  di 
ripieno,  viola  e  basso  per  l'  organo,  op.  4  ; 
Amsterdam,  Roger.  5°  Sonate  per  violino  e 
basso  continuo,  op.  5;  ibid.  6°  VI  concerti  a 
violino  principale,  2  violini  di  ripieno,  viola 
e  basso  per  V  organo,  op.  G;  ibid.  7°  FI  idem, 
op.  7;  ibid.  8"  Le  qualtro  Staggioni,  ovvero 
il  cimento  dell'  armonia  e  dell'  invenzione 
in  XII  Concerti  a  quatlro  e  cinque,  op.  8, 
divisé  en  deux  livres;  Amsterdam,  in-fol. 9° Za 
Celra,  ossia    VI  concerti   a  violino  solo, 
2  violini  di  concerto,  viola  e  basso  continuo 
per  Vprgano,  op.  9;  ibid.  10°  Six  concertos 
pour  flûte,  violon,  viole,  violoncelle  et  orgue, 
op.  10;  ibid.  11°  VI  Concerti  a  violino  solo, 
2  violini  di  concerto,  viola,  violoncello  e 
basso  continuo  per  V  organo,  op.  11  ;  ibid. 
12°  6  idem,  op.  12;  ibid. 

Vivaldi  fut  aussi  un  laborieux  compositeur 
de  musique  dramatique.  La  Dramaturgia 
d'Allaci  (édit.  de  1755)  indique  les  titres  sui- 
vants d'opéras  dont  il  écrivit  la  musique  : 
1°  Otlonein  Villa,  à  Venise,  en  1713;  repris 
en  1729.2°  L' Orlando  finto pazzo ,au  théâtre 
San  Angiolo  de  Venise,  1714.  3°  Arsilda, 
même  théâtre,  171G.  4"  La  Coslanza  trion- 
fante,  1716,  au  théâtre  San  Mosé  de  Venise. 
5°  Tieteberga,  même  théâtre,  1717.  6°  Ar- 
mida  alcampod'Egitto,  même  théâtre,  1718. 
7°  Artabano  re  de'  Parti,  même  théâtre,  1718. 
8°  Gli  Jnganni  per  vendetta,  au  théâtre 
délie  Grazie,  à  Venise,  1720.  9°  La  Verilà  in 
cimento,  à  Venise,  1720.  9°  (bis)  Filippo  re 
di  Macedonia,  au  théâtre  San  Angiolo,  1721. 
10°  L' Inganno  trion faute  in  amore,  au 
théâtre  San  Angiolo,  1725.  11°  Cunegonda. 
au  même  théâtre,  1726.1 2°  Dorilla  inTempe, 
idem,  172G.  13"  Farnace ,  idem,  1726. 
14°  Lafedetradila,  idem,  1726.  15"  L'Or- 
htndo  furioso,  idem,  1727.  16°  La  Rosilena, 
idem,  1728.  17°  Semiramide ,  à  Manlone, 
1732.  18"  la  Fida  ninfe,  à  Vérone,  1732. 

BlOCfi.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.    Mil. 


19°  Montezuma,  au  théâtre  San  Angiolo  de 
Venise,  1733.  20°  Olimpia  vendicata,  idem, 
1734.  21°  Tamerlano,  à  Vérone,  1735. 
22"  Griselda,  à  Venise,  1735.  23°  Ginevra 
principessa  di  Scozia,  à  Florence,  1736. 
24"  Calone  in  Utica,  à  Venise  et  à  Vérone, 
1737.  25°  L'Oracolo  in  Messenia,  au  théâtre 
San  Angiolo,  1738.  26°  Siroe,  à  Ancône,  1735. 
27"  Faraspe,  à  Venise,  1738.  28°  II  Mopso, 
à  Venise  (sans date). 

VIVANCO  (D.  Sébastien),  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Salamanque,  fut  un 
des  compositeurs  de  musique  d'église  les  plus 
renommés  en  Espagne,  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  M.  Eslava  dit  (1)  qu'en 
1610,  Artus  Tabernelius  Antverpianus  pu- 
blia un  livre  de  messes  et  un  autre  de  motets 
de  la  composition  de  Vivanco  ;  mais  il  n'expli- 
que pas  si  cet  éditeur  était  imprimeur  de  mu- 
sique et  en  quelle  ville  était  sa  typographie, 
on  si  ce  Tabernelius  d'Anvel»s  était  simplement 
un  musicien  dechapelle  qui  avait  recueilli  ces 
œuvres. En  1612,  Vivanco  était  aussi  directeur 
de  musique  à  l'université  de  Salamanque.  Les 
œuvres  de  ce  musicien  sont  éparses  dans  les 
églises  de  Salamanque,  d'Alcala  de  Ilenarès 
et  de  Tolède.  M.  Eslava  a  publié  un  Magni- 
ficat à  huit  voix  de  c?  maîlre,  dans  la  Lira 
sacro -hispano  (tome  terde  la  première  série 
des  compositeurs  du  dix-septième  siècle). 

VIVIAM  (Jean-Bonaventuiuï),  né  à  Vé- 
rone, vers  !e  milieu  du  dix-septième  siècle, 
fut  attaché  au  service  de  l'empereur  d'Au- 
triche, en  qualité  de  maître  de  chapelle,  et 
vécut  quelque  temps  à  Inspruck,  où  il  se  trou- 
vait vers  1680.  On  a  gravé  de  sa  composition 
différents  ouvrages  pour  l'église,  dont  on  ne 
ronnait  aujourd'hui  que  l'œuvre  troisième,  in- 
titulé :  Intreccio  armonico  di  fiori  ecclesias- 
tici  (Collection  de  motets  à  plusieurs  voix). 
Augsbourg,  1676,  in-fol.  Viviani  a  écrit  aussi 
la  musique  de  l'opéra  d'Astiage,  représenté 
au  théâtre  Saint-Jean  et  Saint-Paul,  à  Venise, 
en  1677,  et  Scipione  Africano,  en  collabora- 
tion avec  Cavalli,  en  1678. 

VIVIEN  (A.-F.-A.),  né  à  Paris,  le  5  juillet 
1799,  fut  d'abord  avocat,  puis  procureur  gé- 
néral à  la  cour  d'Amiens,  en  1850,  et  succes- 
sivement préfet  de  police,  conseiller  d'État, 
député,  garde  des  sceaux,  ministre  de  la  jus- 
tice, en  1840,  vice-président  du  conseil  d'Élat 
(1844)  et  membre  de  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques.  Il  mourut  le  9  juin  1854. 
Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on  remarque  ce- 
ci) Lira  sacro-hispana.  I.  1,1"  série,  Apunles  bio- 
(jt'ayhieos. 

2i 


370 


VIVIEN  -  V1ZANI 


lui  qui  a  pour  titre  :  Traité  de  la  législation 
des  théâtres,  ou  exposé  complet  et  méthodi- 
que des  lois  et  de  la  jurisprudence  relative- 
mentaux  théâtres  et  spectacles  publics,  etc. 
Paris,  Brissol-Thivars,  1830,  un  volume  in-8». 
Vivien  a  eu  pour  collaborateur  de  ce  livre 
Edmond  Blanc  ,  avocat  aux  conseils  du 
roi. 

VIVIER  (A. -Joseph),  né  à  Iluy  (Belgique), 
en    1818,    commença,   dans   cette  ville,  des 
éludes  de  musique  qu'il  continua  au  Conser- 
vatoire de  Bruxelles,  où  il  fut  admis  au  mois 
d'octobre  1842.  Après  y  avoir  suivi  le  cours 
d'harmonie  de  M.  Bosselet  pendant  deux  ans, 
il  devint  élève  de  l'auteur  de  celte  notice  pour 
la  composition.   Ses   études   terminées    dans 
cette  école,   il  s'est  livré  à  ses  propres  ré- 
flexions concernant  la  théorie  de  l'harmonie, 
et  après  avoir  employé  plusieurs    années  à 
coordonner  son  système,  dont  la  partie  origi- 
nale consiste  à  considérer  comme  appogia- 
tures  les  sons  étrangers  à  l'harmonie  naturelle 
et  tonale,  il  a  publié  le  résultat  de  ses  vues 
sur  cette  matière  dans  un  livre  qui  a  pour 
titre  :  Traité  complet  d'harmonie  théorique 
et  pratique,  contenant  les  principes  fonda- 
mentaux au  moyen  desquels  on    découvre 
l'origine  de  tous  les  accords  et  les  lois  de 
succession    qui    les    régissent;    Bruxelles, 
J.-B.  Ratio,  1862,  un  volume  gr.  in-8°  gravé. 
M.   Vivier  s'est  aussi   occupé  d'un   système 
tonal  dont  l'échelle  est  divisée  par  quarts  de 
ton,  et  a  fait  construire  un  instrumenta  cla- 
vier accordé  par  ce  système,  dont  la  théorie 
sera  exposée  dans  une  dissertation  spéciale 
qui  n'est  pas  encore  publiée  au  moment  où 
celle  notice  est  écrite.   Comme  compositeur, 
M.  Vivier  s'est  fait  connaître   par  des   ro- 
mances avec  accompagnement  de  piano,  et 
par  un  opéra-comique  en  un  acte,   intitulé 
Padillo  le  Tavernier,  représenté  au  théâtre 
royal  de  Bruxelles  en  mai  1857. 

YIVIER  (Eugène),  virtuose  corniste  et 
compositeur,  né  dans  l'ile  de  Corse,  en  1821, 
d'une  famille  originaire  de  Normandie,  com- 
mença, au  collège  de  Brion  (Haute-Loire),  des 
études  qu'il  n'acheva  pas.  Son  père,  qui  fut 
successivement  receveur  des  contributions 
dans  plusieurs  départements,  exigea  qu'il  en- 
trât dans  l'administration  des  finances.  Il  en- 
treprit aussi  l'étude  du  droit  à  Poitiers,  puis  à 
Lyon  ;  mais  bientôt  il  s'en  dégoûta.  Une  seule 
chose  lui  plaisait,  c'était  la  musique,  et  dans 
la  musique,  le  cor,  que  le  hasard  avait  mis 
entre  ses  mains  et  qu'il  étudia  avecune  persé- 
vérance qu'on  n'attendait  pas  de  lui.  Les  noms 


des   mailres    qui   lui  enseignèrent  à  jouer  de 
cet  instrument  ne  sont  pas  connus;  il  parait, 
cependant,  qu'il  reçut  à  Paris  quelques  leçons 
de  Gallay.  Vivier  était  arrivé  dans  celle  ville 
vers  la  fin  de  1841,  ou  au  commencement  de 
1842.  Il  y  fut  d'abord  attaché  à   l'orchestre 
du  théâtre,  puis  à   celui  de  l'Opéra;  mais   il 
y  resta  peu  de  temps.  En  1843,   Vivier  fixa 
tout  à  coup  l'attention  publique  sur  lui   par 
la  découverte  qu'il  fil  d'un  phénomène  acous- 
tique dont  il  n'a  point  été  donné  jusqu'à  ce 
jour  (1865)  une  explication  satisfaisante:   ce 
phénomène  consiste  dans   la    production  de 
plusieurs  sons  simultanés  par  le  tube  du  cor, 
lesquels  font  harmonie  consonnanle.  On  pour- 
rait croire   que  ce  phénomène  est  analogue 
à    celui  de    la  corde  vibrante,    qui,    outre 
le    son   principal,  fait  entendre  ses   harmo- 
niques de  tierce  majeure,  quinte,  octave,  et 
même  septième  mineure  et  neuvième;  mais 
ces  harmoniques  ont  une  faible  résonnance, 
tandis  que  les  trois  sons  produits  par   le   cor 
de  Vivier  ont  une  intensité  égale  et  beaucoup 
d'éclat.  D'ailleurs,  dans  une  chasse  pour  trois 
cors  qu'il   joue  seul,  il  ne  fait  pas    entendre 
seulement  des   accords    de  tierce  et  quinte, 
mais   aussi  des  accords  de  tierce  et  sixle  et  de 
quarte  et  sixte.    Quelques  personnes  ont  cru 
expliquer  l'effet  prôduiUen  supposant  que  l'ar- 
tiste chante  dans  le  tube  des  sons  pendant  qu'il 
en  forme  d'autres  par  l'impulsion   des  livres 
sur  la  colonne  d'air;   mais,  de  ce   moyen  ne 
résulteraient  que  deux  sons,  et  il  en  fait  en- 
tendre   trois    et   quelquefois    qualre.   Vivier 
révélera  sans   doute  quelque  jour   son    se- 
cret, dont  il  a  tiré  bon  parti  pour  sa  répu- 
tation et  pour  le  succès  de  ses  concerts.  Les 
journaux  l'ont  puissamment  secondé,  car  per- 
sonne n'a  autant  usé  que  lui  de  la  réclame. 
Indépendamment  des  effets  d'harmonie  qu'il 
lire  du  cor,  il  a  une  belle  qualité  de  son  et 
chante  bien,  mais  dans  un  espace  resserré  qui 
ne  dépasse  guère  l'octave.  Du  reste,  il  n'exé- 
cute pas  de  difficultés  sur  son  instrument.  Il 
a  composé  des   romances   dont  les  mélodies 
sont  en  général  distinguées.  A  côté  de  sa  ré- 
putation de  virtuose  corniste,  Vivier  s'en  est 
fait  une  autre  de  mystificateur  et  de  plaisant 
qui  lui  a  aussi   procuré   des  succès  dans   le 
monde  et  près  de  quelques  grands  personna- 
ges.  Sa   faculté  d'imitation  est  fort   remar- 
quable: il  s'en  sert  d'une  manière  très  amu- 
sante. 

VIZANI  (Lucrèce  ORSEXA),  dame  bo- 
lonaise, née  en  1593,  a  fait  imprimer  à  Ve- 
nise, chez  Gaicianc,  en  1623,  une  collection 


VIZANI  —  VOETUS 


371 


de  madrigaux  à  plusieurs  voix,  intitulée  Con- 
certi  musicali. 

VOCKERODT  (Godefuoid),  recteur  du 
gymnase  de  Gotha,  naquit  à  Miilliausen  en 
Tliuringe,  le  24  septembre  1665.  Après  avoir 
fait  ses  études  à  Jéna,  et  y  avoir  obtenu  le 
doctorat  en  théologie,  il  y  donna  des  cours 
publics,  puis  obtint,  en  1695,  une  place  de 
professeur  à  Gotha,  et  parvint  plus  lard  à 
celle  de  recteur.  Il  mourut  dans  cette  ville  le 
10  octobre  1727.  Vockerodt  eut  une  antipathie 
pour  la  musique,  fort  rare  chez  les  hommes 
de  sa  nation;  elle  lui  inspira  quelques  écrits 
passionnés  contre  cet  art,  où  il  montre  assez 
peu  de  jugement.  En  voici  les  litres  :  1°  Con- 
sultatio  IX  de  cavendo  falsa  mentium  iri- 
temperatarum  medicina  ;  sive  abusu  musi- 
coru?nexercitiorum,si(b  exemplo  principum 
romanorum.  Gotha,  1696,  in-4°.  Dans  ce  pro- 
gramme académique,  Vockerodt  établit  que 
l'usage  fréquent  de  la  musique  porte  préjudice 
aux  facultés  intellectuelles,  et  que  l'extrava- 
gance et  la  cruauté  de  Néron  el  de  Caligula 
n'ont  eu  d'autre  cause  que  leur  goût  immo- 
déré pour  cet  art  et  la  préférence  qu'ils  lui 
accordaient  sur  les  sciences  utiles.  Celle  thèse 
souleva  contre  son  auteur  l'indignation  de  plu- 
sieurs professeurs  ou  musiciens,  et  fut  l'ori- 
gine de  la  publication  de  beaucoup  de 
pamphlets  [voyez  Béer  (Jean),  Lorber  et 
Wenzel  (Jean-Christophe)].  Aux  critiques  de 
ses  adversaires,  Vockerodt  répondit  par  l'ou- 
vrage suivant  :  2°  Missbrauch  der  freyen 
Kiinste  insonderheit  der  Musik ,  nebenst 
abaenœthiyler  Erœrterung  der  Fraye:  Was 
nach  D.  Lulhers  und  anderer  evanyelischen 
Theoloyorum  und  Politicorum  Meinuny  von 
Opern  und  Comœdien  zu  halten  sey?  geyen 
ffn.  D.  TVenzels,  Hn.  Joh.  Chr.  Lorbers, 
und  eines  Weissenfelsischen  Hof-Musican- 
tens  Schmœh-Schrifften  griindlich  und  deut- 
lich  voryeslellet ,  etc.  (Abus  des  beaux-arts,  el 
notamment  de  la  musique,  avec  une  discus- 
sion nécessaire  de  la  question  :  Quelle  a  élé 
l'opinion  du  docleuiLulher  et  des  autres  théo- 
logiens et  politiques  de  l'Église  évangélique 
concernant  les  opéras  et  comédies,  en  opposi- 
tion raisonnée  et  lucide  aux  écrits  injurieux 
du  D.  Wenzel,  de  M.  J.-Chr.  Lorber  et  d'un 
musicien  de  la  cour  de  Weissenfels ,  etc.). 
Francfort,  David  Zunner,  1697,  in-4°  de  cent 
soixante-seize  pages.  Le  dernier  écrit  de  Béer 
fut  l'occasion  d'une  nouvelle  réponse  de 
Vockerodt  intitulée  :  5"  Wiederholeles Zeuy- 
nis  der  IFarheit  geyen  die  verderbte  If/usic 
und  Schuuspiele,  Opern,   Comœdien    und 


deryJciclitcn  .£ï<e//cei7en(Nonveau  témoignage 
de  la  vérité  contre  les  corruptions  de  la  musi- 
que, les  spectacles,  opéras,  comédies  et  contre 
leurs  vanités,  etc.).  Francfort  et  Leipsick, 
1698,  in-4"  de  cent  quarante-huit  pages,  suivi 
d'un  cahier  de  pièces  justificatives  de  cin- 
quante-neuf pages. 

VOELCKELN  (Samuel),  compositeur  al- 
lemand, vécut  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  un 
recueil  de  chansonnettes  el  de  danses  à  quatre 
ou  cinq  parties  intitulé  :  Newe  teutsche  welt- 
liche  Gesxnylein  mit  4  und  5  Slimmen  auff 
Galliarden  Art,  beneben  Galliarden,  elc. 
Nuremberg,  1615,  in-4". 

VOEECKER  (Jean-Guillaume),  organiste 
de  l'église  neuve  d'Arnstadt,  dans  la  princi- 
pauté de  Schwarzbourg,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  était  à  la  fois  architecte  et 
musicien  habile.  En  1750,  il  envoya  à  Mallhe- 
son  douze  chants  variés  pour  l'orgue,  que  ce 
critique  trouva  dignes  d'éloges.  En  1758,  Vœl- 
cker  inventa  une  mécanique  propre  à  faire 
mouvoir  les  claviers  des  clavecins,  pour  trans- 
poser de  quatre  demi-tons,  ou  plus  bas  ou  plus 
haut.  Celle  invention  a  été  renouvelée  par 
M.  Roller,  facteur  de  pianos  à  Paris,  en  1827. 

VOELDERNDORF-ET-WARADEIN 
(le  baron  Fiiédéhic-Guillaume),  chambellan 
el  conseiller  de  la  cour  de  Bayreulh,  né  àWun- 
siedel,  vers  1755,  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position :  Gedicht  mit  Musik  (Poésie  avec 
musique),  à  Lubeck,en  1786,  in-8°. 

VOELEER  (Jean-Henri),  facleurd'inslru- 
menls  à  Casscl,  dans  la  Hesse,  né  à  Angerbach, 
village  près  de  Darmstadt,  inventa,  en  1800, 
une  sorte  de  piano  organisé  à  deux  claviers, 
auquel  il  donna  le  nom  d'Apollonioti.  A  ce 
piano  était  adapté  un  automate,  de  la  grandeur 
d'un  garçon  de  huit  ans,  qui  jouait  des  con- 
certos de  flûte.  Le  clavier  de  l'orgue  répondait 
à  des  jeux  de  flûte  de  8,  de  4  et  de  2  pieds. 
Vœller  est  mort  à  Casscl,  vers  la  fin  de  1822. 
Une  notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  ce  fac- 
leurd'instrumenls  a  été  publiéeparM. Gaspard 
Nording,  sous  ce  titre  :  Lebensbeschreibung 
J.  H.  F'œller's,  Hof-Instrumenlenmacher 
und  Mechanicus  au  Cassel.  Marburg,  1825, 
in -8». 

VOETUS,  ou  VOET  (Michel),  musicien 
allemand,  né  à  Slockheim  (pays  de  Bade),  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle,  fut  cantor 
et  instituteur  àTorgau  {Aryelia)}  en  Saxe.  Une 
faute  d'impression  delà  Bibliotheca  Classica 
de  Draudius  a  induit  en  erreur  J.-G.  Walther 
sur  le  nom  de  ce  maître,  qu'il  change  en  celui 

24. 


37:2 


VOETUS  —  VOGEL 


de  Foetus  (Musical  Lexicon,  p.  040).  Puisant 
à  la  même  source,  E.L.  Gerl>er  a  fait,  du  même 
nom,  Fociitusou  Foetus  (Newehist.biograjyh. 
Lexikon,  t.  IV,  p.  404).  Voet,  ou  Voeius,  n'a 
élé  connu  longtemps  que  par  l'indication  im- 
parfaite de  deux  de  ses  ouvrages  donnée  par 
Draudius,  qui  les  dit  imprimés  ci  Fenise,  au 
lieu  de  Wiltenberg ,  où  ils  le  furent  véritable- 
ment. Du  reste,  Draudius,  Waltlier  et  Gerlier 
n'ont  connu  Voet  que   comme  compositeur, 
quoiqu'il  soit  aussi  auteur  de  traités  élémen- 
taires de  musique.  Voici   les  titres  exacts  de 
ses  ouvrages:  1°  Prxstantissimorum  arlifi- 
cium  lectissimx  Missx  cum  quinque  tum  sex 
vocum,  binis  singulx  supremis  vocibus  for- 
matas, e  nobiliss.   quibusque  atque  optimis 
musarum  belleris.clc.;et  ingratium  collegii 
musici  apud  Jrgeliensesedilx  per  Mich.Foe- 
tum  cantorem.  JFitebergx  Joli.  Schwertelius 
imprimebat,  1568,  in-4°obl.  WallherelGerber 
disent  que  ces  messes  sont  à  quatre  voix  ;  mais 
on  voit  qu'elles  sont  à  cinq  et  à  six  voix  et  que 
deux  de  ces  messes  sont  écrites   pour  des  voix 
aiguës  d'enfants  ou  de  femmes  (binis  singulx 
supremis  vocibus  formatx).\\  est,  au  surplus, 
évident,  par  le  litre  de  cette  collection,  que 
Voetus  n'est  pas  l'auteur  des  ouvrages  qui  y 
sont  contenus,  et  qu'il  les  a  simplement  re- 
cueillis et  choisis  dans  les  œuvres  îles  meil- 
leurs compositeurs  de  son  temps.  2°  Hymno- 
rum  liber  quinque  vocum,  ibid.,  1508,  in-4° 
obi.  ô°Michuelis  Foeti  2TOIXEIÛI1S  har- 
monica in  gratiam  juventutis  apud  Arge- 
lienscsscripta.  IFitebergx  excudebut  Johan- 
nes   Crato,  anno  1575,  in-8».  4°  SISTBMA 
seu  scala  harmonica,  in  qua  totum  artificium 
viusicum  in  seplem  partes  distribulum  ante 
oculos  sludiosx  juventutis  ponitur.  IFite- 
bergx ,    excudebat  Zaccharias    Lehmunn, 
anno  1585.  Il  se  peut  que  ce  dernier  ouvrage 
ne  soit  qu'une  seconde  édition  du  précédent. 
VOGEL  (\VoLFG.v>iG),fncleurd'inslrumenls 
à  Nuremberg,  dans  la  première  moitié  du  dix- 
septième  siècle,  mourut  dans    cette  ville,   le 
17  février  1050.  Les  produits  de   sa  fabrique 
étaient  estimés. 

VOGEL  (le  P.  Benoit),  né  à  Salzbourg,  en 
1718,  étudia  les  sciences  et  la  musique  à  Mu- 
nich et  à  Salzbourg.  En  174o,  il  entra  dans 
l'ordre  de  Saint-Benoit,  au  couvent  d'Ollo- 
beuern,  où  il  fut  ordonné  prêtre.  Il  mourut  en 
1790.  Habile  contrepoinliste,  il  a  écrit  beau- 
coup de  musique  d'église  ;  mais  il  n'a  rien  fait 
imprimer  de  ses  compositions,  auxquelles  on 
reprochait  de  la  sécheresse. 

VOGEL  (Cajetan)  naquit,  en  1750,  à  Ko- 


noged,  en  Bohème.  Admis  comme  cnfjnlde 
chœur  au  collège  des  jésuites,  il  yoccupa  plus 
tard  la  place  d'organiste.  Arrivé  à  Prague,  il  y 
acheva  son  cours  de  théologie,  puis  il  étudia  la 
composition  sous  la  direction  de  llabeimann. 
Plus  lard,  il  fit  ses  vœux  dans  le  couvent  des  ser- 
viteurs de  Marie  (servîtes),  et  dirigea,  pendant 
environ  douze  ans,  le  chœur  de  l'église  Saint- 
Michel.  Pendant  cette  période  de  sa  vie,  il 
écrivit  vingt-six  messes  avec  orchestre,  des 
concertos  pour  divers  instruments,  des  suites 
d'harmonie  pour  des  instruments  à  vent,  des 
quatuors  et  un  petit  opéra.  Ses  meilleures  pro- 
ductions sont  une  messe  solennelle  et  un  Te 
Deum  qu'il  composa,  en  1781,  à  l'occasion  du 
jubilé  de  l'archevêque  de  Prague,  comte  de 
Przicliowsky.  Après  la  sécularisation  de  son 
ordre,  il  fut  attaché  en  qualité  de  prêtre  à  l'é- 
glise de  la  Trinité.  Il  mourut  à  Prague,  le 
27  août  1794. 

VOGEL   (Jean-Christophe)  naquit  à  Nu- 
remberg, en  1750,  et  fil  ses  études  de  composi- 
tion à  Ralisbonne,  sous  la  direction  de  Riepel, 
qui  lui  fil  connaître  le   mérite  des  œuvres  de 
liasse  et  de  Gratin.  Il  jouait  bien  de  plusieurs 
instruments,  particulièrement  du  cor.  Arrivé 
à   Paris  en    1770,   il   demeura,  pendant  les 
premières  années  dans  la  maison   du  duc  de 
Montmorency,  puis  fut  allaché  à  la  musique 
du    duc  de  Valenlinois.    Celle  époque  élait 
celle  de  la  nouveauté  de  la  musique  de  Gluck 
en  France  :  on  sait  quels  transports  d'admira- 
tion elle  fit  naître.    Pour  la  première  fois, 
Vogel  entendit,  à  Paris,   les  ouvrages  de   ce 
grand  artiste;   il  se  passionna    pour  le  génie 
qui  les  avait   inspirés.  Devenu   imitateur  du 
style  de  l'auteur  (Vlphigénie,  il  ne  comprit 
pas  d'abord  que  l'imitation  des  plus  belles  œu- 
vres ne  peut  exciter  d'intérêt  dans  les  arts  : 
ce  fut  dans  celle  fausse  direction  de  son  talent 
qu'il  écrivit  la  musique  de  la  Toison  d'or, 
grand  opéra  en  3  actes,  destiné  à  l'Académie 
royale  de  musique  ;  mais  dont  il  ne  put  obtenir 
la  représentation  que  dix  ans  après  son  arrivée 
à  Paris.  Enfin  sa  persévérance   triompha  des 
obstacles,  et  le  5  septembre  1786,  son  ouvrage 
fut   représenté  au   théâtre  de    l'Opéra.   Bien 
qu'il  n'ait  élé  joué  que  neuf  fois,  et  malgré  les 
réminiscences  qu'on  y  signala,  ce  coup  d'essai 
fut  considéré  comme  de  bon  augure   pour  l'a- 
venir du   compositeur.    Vogel   dédia   la    par- 
tition   de  son  opéra  à  Gluck,  qui   donna  des 
éloges  à  son  imitateur,  cl  vanta   avec   raison 
le  sentiment  dramatique  dont  il  était  doué. 
Malheureusement   les    excès    auxquels  Vogel 
se  livrait   étaient  aussi   nuisibles  à  sa   repu- 


VOGEL 


(alion  qu'à  sa  santé.  Ne  travaillant  que   par 
caprice,   il    était   lenl   à  produire  ,   quoiqu'il 
fùl  dans  l'âge  le  plus  favorable  aux  heureuses 
inspirations.  Démophon,   nouvel  opéra,  l'oc- 
cupait déjà  longtemps  avant  la   première  re- 
présentation de /a  Toison  d'or;  cependant   il 
y  travaillait  encore  près  de  deux  ans  après  que 
cet  ouvrage  eut  été  joué.   Une  fièvre  maligne, 
qui  l'enleva  le  26  juin  1788,  à  l'âge  de  trente- 
deux  ans,  ne  lui   permit  pas  de  voir  la  repré- 
sentation de  cet  opéra.   An   mois  de  février 
1789,   l'ouverture  fut  exécutée  deux  fois  au 
concert  de  la  loge  Olympique,  et  y  produisit 
la  plus  vive  sensation.  Tout  le  monde  connaît 
ce  beau  morceau,  qui   mériterait  d'être  placé 
parmi    les  chefs-d'œuvre  du  genre,  si  la  se- 
conde partie  était  digne  de  la  conception  île  la 
première.  Quoi  qu'il  en   soit;  cette  ouverture 
fit  naître  les  préventions   les  plus  favorables 
pour  l'opéra  dont  on  disait  la  partition  entière 
terminée.  On  remit  au  théâtre  fa  Toison  d'or, 
avec  des  changements,  sous  le  litre  de  Mcdée 
àCokhos;  mais,  malgré  l'intérêt  attaché  à  la 
perle  récente  de  son  auteur,  cet  opéra  ne  put 
être  joué  que  trois  fois.  Enfin  Démophon  fut 
entendu  par  le  public  le  22  septembre    1789, 
et  obtint  vingt-quatre  représentations,  puis  il 
fut  repris  en  179-3.  Bien  qu'on  le  jugeât  supé- 
rieur au  premier  ouvrage  de  l'auteur,  il  ne  ré- 
pondit pas  aux  espérances  données   par  l'ou- 
verture. Malgré  la  bonne  volonté  de  l'admi- 
nistration de   l'Opéra,   Démoplion  se   traîna 
péniblement  jusqu'à  ce   qu'il    disparût  de  la 
scène.  L'ouverture  de  cet  opéra  fut  placée  plus 
lard,  par  Gardel, dans  le  beau  ballet  de  Psyché, 
et  y  produisit  toujours  beaucoup   d'effet.  De- 
venue célèbre,   elle  a  été    souvent   entendue 
dans  les  concerts,  et  a  même  servi  dans  plu- 
sieurs cérémonies  publiques,  entre  autres  au 
Champ-de-Mars,  en  1791,  pour  la  pompe  fu- 
nèbre   des  officiers    tués  à  Nancy  ;   elle  y  fut 
exécutée  par  douze  cents  instruments  à  venl. 
On   connaît  aussi   de   Vogel  :  1°  Symphonies 
concertantes  pour  deux  cors,  nos  1  et  2,  Paris, 
Sieber.  2°  Symphonie  concertante  pour  haut- 
bois et  basson,  Paris,   Naderman.  ô"  Six  qua- 
tuors pour  cor,  violon,  alto  et  basse,    Paris, 
Leduc.  4°  Six  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
cl  basse,  Paris,   Louis.  5°  Pot-pourri  en  qua- 
tuor pour  deux  violons,   allô  et  basse,  Paris, 
Leduc.  G0  Six    duos    pour   deux    clarinettes, 
ibid.  7°  Trois  symphonies  à  grand  orchestre, 
composées  [tour  les  concerts  du  prince  de  Gué- 
mené,  ibid.  8"  Concertos  pour  clarinette,  nos  1 , 
2,  ô,  ibid.  9°  Concerto  pour  le  basson,  ibid. 
10"  Trois  quatuors  pour  basson,  violon,  alto 


et  basse,  op.  5,  ibid.  11°  Six  trios  pour  deux 
violons  et  basse,  op.  9,  ibid.  12°  Six  duos  pour 
deux  bassons,  ibid. 

VOGEL  (Louis),  flûtiste  allemand,  vécut  à 
Paris,  dans  les  dernières  années  du  dix-hui- 
tième siècle,  et  fut  attaché  comme  première 
flûte  à  l'ancien  théâtre  des  Variétés,  au  Palais- 
Royal,  depuis  1792  jusqu'en  1798.  Il  a  publié 
de  sa  composition  :  1°  Concertos  pour  la  flûte. 
n,s  1,2,5,  Paris,  Sieber.  2°  Quatuor  pour 
flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  36,  Paris, 
Pleyel.  ô°  Duos  pour  deux  flûtes,  op.  2,  8,  19, 
23,  oô,  ibid.  4°  Airs  variés  en  duos  pour  flûte 
et  violon  ou  alto,  op.  42,  ibid.  5°  Sonates  pour 
flûle  et  basse,  op.  1,  Paris,  Leduc.  G0  Trois 
solos  pour  la  flûte,  Paris.  Naderman.  7°  Plu- 
sieurs airs  variés  pour  flûte  seule.  8°  Des  pois- 
pourris,  idem.  9°  Études  et  Préludes,  op.  43. 

VOGEL  (Adolphe),  violoniste  el  compo- 
siteur, né  à  Lille  (Nord),  le  17  mai  1805,  fit 
ses  premières  études  musicales  dans  le  lieu  de 
sa  naissance,  puis  entra  au  Conservatoire  de 
Paris,  le  14  avril  1824,  comme  élève  d'Au- 
guste Kreutzer  pour  le  violon.  Après  y  avoir 
passé  quatre  années  sans  obtenir  de  distinc- 
tion dans  les  concours,  il  sortit  de  cette  école 
au  mois  de  décembre  1 828,  et  se  livra  à  l'élude 
de  la  composition,  sous  la  direction  de  Rei- 
cha.  Fixé  ensuite  à  Paris,  il  se  livra  à  l'ensei- 
gnement et  à  la  composition.  Des  romances,  à 
la  tête  desquelles  il  faut  placer  V  Juge  déchu, 
dont  le  succès  a  eu  un  retentissement  euro- 
péen, et  qui  a  été  traduite  en  allemand,  mar- 
quèrent ses  premiers  pas  dans  la  carrière  de 
compositeur.  Parmi  ses  autres  mélodies,  on 
remarque  aussi  le  Kabyle,  Ma  Frégate,  le 
Martyr,  le  Pauvre,  Tobie,  Manfred,  Morte, 
et  la  scène  de  C'aïn.  On  connaît  aussi  de  lui 
quelques  morceaux  de  piano,  un  quintette 
(en  sol)  pour  deux  violons,  deux  altos  el  vio- 
loncelle, œuvre  10,  Paris,  Richault  :  l'œuvre 
la  plus  importante  de  Vogel  est  l'opéra  en 
quatre  actes  et  sept  tableaux ,  intitulé  le 
Siège  de  Leyde,  qui  fui  représenté  au  théâtre 
de  La  Haye,  le  4  mars  1847,  avec  un  succès 
d'enthousiasme,  et  pour  lequel  les  auteurs  du 
livret  elde  la  musique  furent  décorés  parle 
roi  des  Pays-Bas  le  soir  même  île  la  première 
représentation.  Après  avoir  occupé  la  scène 
pendant  plusieurs  mois,  cel  ouvrage  fut  re- 
pris au  théâtre  de  La  Haye,  en  1834,  avec  le 
même  succès. 

VOGEL  (Fhédéiwc  Guillaume-Ferdinand), 
organiste  distingué,  esl  né  le  9  septembre 
1807,  àllavelberg  en  Prusse,  où  son  père  était 
sous-recteur  à  l'école  de  la  ville,  el  organiste 


374 


YOGEL  —  VOGLER 


de  la  paroisse.  Après  avoir  appris  le  violon 
jusqu'à  l'âge  de  neuf  ans,  il  commença  seul 
l'étude  de  l'orgue,  puis  reçut  des  leçons  de 
l'organiste  de  l'église  principale  de  Havelberg. 
A  dix  ans  il  commença  à  remplacer  son  père 
dans  son  service  à  sa  paroisse,  et  continua 
ainsi  jusqu'à  sa  quatorzième  année,  où  il  entra 
au  gymnase  de  Stendal.  Lorsqu'il  eut  atteint 
sa  dix-septième  année,  il  se  rendit  à  Berlin  et 
y  fut  admis  au  gymnase  de  Joachimslhal,  pour 
étudier  la  théologie.  Il  reçut  alors  pendant  cinq 
ans  desleçonsdel'organisleBirnbach.  Parvenu 
à  sa  dix-neuvième  année,  il  sortit  du  gymnase 
et  se  livra  exclusivement  à  la  musique.  Ce  fut 
alors  qu'il  commença  à  composer  et  à  se  faire 
entendre  comme  virtuose  sur  l'orgue.  Depuis 
l'âge  de  24  ans,  il  a  fait  beaucoup  de  voyages 
en  Allemagne,  en  Hollande  et  en  Suisse,  don- 
nant partout  des  concerts  d'orgue,  et  retour- 
nant chaque  hiver  à  Berlin.En18o7.il  s'arrêta 
à  Hambourg  et  y  demeura  plusieurs  années, 
occupé  de  la  direction  des  sociétés  chorales  et 
de  la  composition  de  ses  ouvrages.  Le  1er  mai 
1841,  Vogel  reprit  le  cours  de  ses  voyages. 
Plus  tard,  il  s'établit  à  Copenhague,  où  il  diri- 
geaitdes  sociétés  de  chant  et  donnait  des  leçons. 
En  1845,  il  accepta  la  place  d'organiste  de  la 
Congrégation  des  Réformés  allemands  et  fran- 
çais dans  la  même  ville,  sous  la  condition  de 
jouir  d'un  congé  de  cinq  mois  pour  voyager. 
Dans  un  de  ses  séjours  en  Norwége,  en  1852, 
la  régence  de  Bergen  fonda  une  école  d'orgue, 
d'après  son  conseil,  et  lui  en  confia  la  direc- 
tion avec  la  place  d'organiste  de  l'église  prin- 
cipale. Il  n'a  fait  imprimer  jusqu'à  ce  jour  que 
six  chansons  allemandes  avec  accompagne- 
ment de  piano,  quelques  danses  et  des  marches 
pour  cet  instrument;  des  chants  pour  un 
chœur  d'hommes,  op.  8,  Berlin,  Chaîner,  1850; 
5  chants  pour  un  chœur  de  voix  mêlées,  ibid,; 
ô  pasiedoublés  pour  piano,  ibid.;  et  un  con- 
certino  d'orgue  avec  trombone  ;  Erfurt;  Kœr- 
n er  ;  mais  il  a  en  manuscrit  des  symphonies 
et  ouvertures  pour  l'orchestre,  des  pièces  pour 
l'orgue,  des  fugues,  préludes  et  canons  poul- 
ie même  instrument  seul,  un  quatuor  pour 
2violons,  alto  et  basse,  les  Séductions  (opéra- 
comique  en  2  actes),  des  mélodies  chorales  et 
des  chants  pour  des  voix  d'hommes. 

YOGELER  (André),  étudiant  en  théolo- 
gie, né  à  Crupstadt,  en  Saxe,  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  a  fait  imprimer  un  éloge  de 
la  musique  en  442  vers  latins,  intitulé  Enco- 
mium  musices,  Regiomonli,  in  officina  lypo- 
graphica  Georg.  Neyckovy,  anno  1G04,  in-4° 
de  10  feuillets. 


VOGELSANG  (Jean),  né  à  Lindau,  en 
Bavière,  vécut  vers  le  milieudu  seizièmesiècle. 
On  a  de  lui  un  ouvrage  élémentaire  qui  a  pour 
litre  :  Musicae  rudimenta  per  JoannemJ  ogel- 
sangum  Lindanionsem  tam  fideliter  quam 
compendiose  congesta,  Augustx  Vindelico- 
rumper  Fuient.  Ottrtiar,  1542.  in-8".  C'est 
ce  même  ouvrage  qui  est  cité  par  Gessner 
(Bibl.  univ.)  sous  le  nom  de  Fogelsanh  et 
avec  le  titre  de  Quxstiones  musicx. 

VOGHT  (L'abbé  P. -F.  De),  ancien  profes- 
seur de  poésie  au  Petit  Séminaire  de  Malines, 
est  né  le  30  juillet  1810  à  Aertselaer  (province 
d'Anvers).  Ses  études  littéraires  ont  été  faites 
à  l'Athénée  d'Anvers;  c'est  aussi  dans  celle 
ville  qu'il  a  reçu  son  instruction  musicale. 
Doué  d'une  belle  organisation  intellectuelle  et 
d'un  caractère  digne  de  la  plus  haute  estime, 
travailleur  consciencieux,  il  a  fatigué  sa  sanlé 
dans  les  éludes  et  les  recherches  sur  les  an- 
ciennes traditions  du  plain-chant.  Il  eut  une 
grande  part  à  la  confeclion  du  Graduel  et  du 
VesperaldudiocesedeMalines.il  est  le  princi- 
pal auleurde  l'écrit  intitulé:  Réponse  aux  ob- 
servations du  Journal  historique  de  Liège  sur 
le  Graduel  et  le  Vespéral,  édition  de  Malines. 
1848;  signé  Edmond  Duval  et  P .  F.  De  Voght; 
Malines,  Hanicq,  1849,  in-12°  de  70  pages. 
L'abbé  De  Voght  fut  un  des  directeurs  du 
Répertoire  de  musique  religieuse,  publié  par 
les  frères  Scholt,  à  Bruxelles,  1846-1847.  Il 
est  auteur  des  paroles  de  tous  les  morceaux 
qu'il  a  composés  pour  ce  recueil.  On  a  aussi  de 
lui  des  Noëls  flamands. 

YOGLER  (Jean-Gaspard),  né  au  mois  de 
mai  1698,  à  Haussen,  en  Thuringe,  fut  élève 
de  Jean-Sébastien  Bach,  qui  le  considérait 
comme  l'organiste  le  plus  habile  qu'il  eut  formé, 
En  1715,  l'orgue  de  Sladtilm,  en  Souabe,  lui  fut 
confié,  et  six  ans  après,  il  fut  appelé  àWeimar, 
en  qualité  d'organiste  de  la  cour.  La  place 
d'organiste  de  l'église  lui  fut  offerte  à  Hano- 
vre, en  1735,  avec  des  avantages  plus  consi- 
dérables. Il  se  disposait  à  en  prendre  posses- 
sion, mais  le  duc  île  Saxe-Weimar  refusa  sa 
démission,  et  le  nomma  bourgmestre,  afin  de 
l'attacher  pour  toujours  à  sa  résidence.  Vogler 
conserva  celle  dignité  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1765.  Il  connaissait  si  peu  les  usages  et 
l'étiquette  de  la  cour,  que  lorsque  le  grand- 
duc  de  Weimar  le  fit  appeler,  après  l'avoir 
entendu  la  première  fois  sur  l'orgue,  pour  le 
féliciter  et  l'assurer  de  sa  protection,  le  pauvre 
organiste  ne  sachant  quel  titre  donner  au 
prince,  dans  sa  réponse,  l'appela  mon  cher,  et 
continua  sur  ce  ton  pendant  loule  la  conver- 


VOGLER 


SU 


sation.  Vogler  a  peu  produit, car  on  ne  connaît 
de  lui  que  deux  fantaisies  sur  des  mélodies 
chorales  publiées  sous  ce  titre:  Fermischle 
musikalischen  Choral-Gedanken  (Idées  mu- 
sicales mêlées  de  chorals),  Weimar,  1737.  Cet 
ouvrage  devait  avoir  plusieurs  suites  qui  n'ont 
pas  paru.  Il  a  laissé  aussi  une  musique  pour 
la  Passion,  en  manuscrit. 

VOGLER  (l'abbé  Georges-Joseph),  compo- 
siteur et  théoricien,  naquit  à  WUrzbourg,  le 
15  juin  1749.  Son  père,  qui  était  luthier,  re- 
marquant ses  dispositions  naturelles  pour  la 
musique,  lui  donna  un  maître  declavecin  dont 
les  leçons  lui  firent  fairede  si  rapides  progrès, 
qu'il  surpassa  bientôt  son  maître  en  habileté. 
Dans  le  même  temps,  il  apprit  seul  et  sans 
guide  à  jouer  de  plusieurs  instruments.  Il  se 
fit  aussi  un  système  de  doigter  qu'il  enseigna  à 
ses  élèves.  Pendant  ce  temps,  il  faisait  ses 
études  littéraires  au  collège  des  jésuites  à 
Wttrzbourg;  puis  il  alla  les  continuer  chez  les 
PP.  de  cette  société,  à  Bamberg.  On  croit  que 
c'est  à  celte  époque  de  sa  vie  qu'il  fut  affilié  à 
leur  ordre;  il  est  certain  du  moins  qu'il  goûta 
leur  doctrine  et  qu'il  trouva  en  eux  de  zélés 
protecteurs  en  plusieurs  circonstances  impor- 
tantes de  sa  vie.  En  1771,  Vogler  se  rendit  à 
Manheim  et  obtint  la  permission  de  compo- 
ser un  ballet  pour  le  théâtre  de  la  cour.  Ses 
protecteurs  lui  firent  alors  accorder  une  pen- 
sion de  l'électeur  palatin,  Charles-Théodore, 
pour  aller  à  Bologne  faire  des  études  de  con- 
trepoint sous  la  direction  du  P.Martini.  Arrivé 
à  Venise,  il  y  fit  connaissance  d'un  élève  de 
Valotti,  qui  lui  communiqua  le  système  de 
classification  des  accords  adopté  parce  maître 
et  devenu  plus  tard  la  base  de  sa  théorie.  Ayant 
continué  sa  roule  jusqu'à  Bologne,  il  se  rendit 
auprès  du  P.  Martini,  qui  l'accueillit  avec  bien- 
veillance et  qui  lui  fit  commencer  l'étude  du 
contrepoint  ;  mais  la  méthode  progressive  et 
lenle  du  professeur  eut  bientôt  découragé 
l'élève:  car  l'abbé  Vogler  ne  comprit  jamais 
bien  la  nécessité  d'acquérir  par  de  longs  exer- 
cices la  facilité  et  la  correction  dans  l'art 
d'écrire.  Sa  prétention,  dans  les  diverses  écoles 
qu'il  fonda  à  Manheim,  Stockholm,  Copen- 
hague et  Prague,  fut  toujours  de  former  des 
élèves  compositeurs  par  une  méthode  plusex- 
péditive  que  l'ancienne.  J'ai  trouvé  à  Bologne, 
dans  la  correspondance  manuscrite  du  P.  Mar- 
tini, une  lettre  où  ce  maître  se  plaint  du  peu 
de  persévérance  et  d'aptitude  de  Vogler,  qui 
avait  abandonné  son  cours  de  composition 
après  six  semaines  d'essais.  De  Bologne,  celui- 
ci,  décidé  à  entrer  dans  les  ordres,  alla  à  Pa- 


doue  pour  y  suivre  un  cours  de  théologie  et 
pour  apprendre  la  composition  près  du  P. 
Valotti.  Pendant  environ  cinq  mois,  il  reçut 
des  leçons  du  vieux  maître  ;  mais  l'obscurité 
répandue  sur  quelques  points  de  sa  théorie 
ayant  arraché  des  plaintes  à  Vogler,  Valotti 
s'écria  :  Eh  quoi!  j'ai  employé  cinquante  ans 
à  lier  entre  eux  les  principes  de  ma  doctrine, 
et  vous  voulez  les  comprendre  en  un  moment  ? 
Dès  lors,  les  relations  du  maître  avec  l'élève 
cessèrent,  et  Vogler  partit  pour  Rome,  où  il 
fut  ordonné  prêtre.  Il  s'y  lia  d'amitié  avec 
Misliweseck,  et  apprit  de  lui  quelques  procédés 
pratiques  de  composition.  Habile  à  profiler  des 
bonnes  dispositions  de  ses  prolecteurs,  il  sut 
se  faire  nommer  protonotaire  apostolique  et 
camérier  du  pape,  malgré  sa  jeunesse;  déplus, 
chevalier  de  l'Éperon  d'or  et  membre  de  l'Aca- 
démie des  Arcades  de  Rome,  quoiqu'il  n'eût 
encore  rien  produit.  De  retour  à  Manheim  en 
1775,  il  y  établit  une  école  de  musique  d'après 
une  théorie  qui  sera  analysée  plus  loin.  Il  y  fut 
nommé  chapelain  de  la  cour.  Mais  il  ambi- 
tionnait un  autre  titre,  savoir,  celui  de  second 
maître  de  chapelle,  dans  l'espoir  de  succéder 
au  vieux  Holzbauer,  qui  était  alors  premier 
maître  en  titre.  Dans  ce  dessein,  il  écrivit  un 
Miserere  avec  orchestre  qu'il  fit  exécuter  dans 
la  chapelle  électorale;  mais  l'effet  ne  répondit 
pas  à  son  attente.  Mozart,  qui  dit  beaucoup  de 
mal  de  ce  morceau  dans  une  de  ses  lettres  (1), 
ajoute  que  Vogler,  voyant  le  peu  de  succès  de 
son  ouvrage,  alla  trouver  le  prince,  et  se  plai- 
gnit que  l'orchestre  jouait  faux  à  dessein  pour 
lui  nuire.  Suivant  cet  homme  illustre,  Vogler 
n'aurait  obtenu  la  place  de  second  maître  de 
chapelle,  dont  il  était  en  possession,  en  1777, 
lorsque  Mozart  visita  Manheim,  que  par  les 
intrigues  de  quelques  femmes  de  la  cour.  C'est 
an  fou,  dit-il,  qui  s'imagine  qu'il  n'y  a  per- 
sonne au-dessus  de  lui:  il  est  détesté  de  l'or- 
chestre et  a  causé  beaucoup  de  désagréments 
à  Holzbauer.  Peut-être  faut-il  attribuer  la 
sévérité  de  Mozart  envers  Vogler  à  quelques 
mauvais  procédés  de  celui-ci,  pendant  son 
séjour  à  Manheim.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  fon- 
dateur de  l'école  de  cetle  ville  s'agita  beaucoup 
pendant  plusieurs  années  pour  lui  donner  du 
relief  et  pour  établir  avec  elle  sa  réputation. 
Ainsi  dans  un  espace  de  temps  assez  court,  on 
vit  paraître  l'exposé  de  la  doctrine  qu'il  y  en- 
seignait (TonwissenschaftundTonsetzkunst), 
puis  l'aperçu  de  l'enseignement  pratique 
(Kuhrpfœlzische  Tonschule),   et  enfin,   un 

(1)  Voyez  Biographie  W.  A.  Mozart' s,  par  C.  N.  de 
Nisscn,  p,  328,  et  la  Revue  musicale,  t.  XI,  p.  229. 


376 


VOGLER 


journal  concernant  les  progrès  des  élèves  et 
l'analyse  de  leurs  productions,  qui  eut  près  de 
trois  années  de  durée  {Betrachtungen  der 
Mannheimer  Tonschule).  Loin  de  répondre  à 
ses  espérances,  ces  écrits  soulevèrent  contre 
lui  d'amères  critiques.  On  lui  reprocha  d'user 
de  charlatanisme  pour  relever  une  école  qui 
par  elle-même  ne  produisait  pas  les  merveilles 
qu'il  avait  annoncées,  et  Weishecke,  profes- 
seur de  droit  à  Erlangen,  attaqua  sa  doctrine, 
à  laquelle  il  adressa  le  reproche  d'être  ohscurc 
et  incohérente  dans  ses  principes. 

En  1779,  la  cour  de  Manheim  partit  pour 
Munich,  quand  l'électeur  Palatin  fut  appelé  à 
la  succession  de  l'électoral  de  Bavière.  Vogler 
y  suivit  ce  prince  et  fit  représenter,  en  1781, 
sur  le  théâtre  de  la  cour,  son  opéra  M1  Al- 
bert III,  qui  ne  réussit  pas.  On  n'a  jamais  su 
les  molifs  qui  lui  firent  abandonner,  quelque 
temps  après,  ses  places  de  chapelain  de  la  cour 
et  de  vice-maitre  de  la  chapelle;  mais  il  est 
certain  qu'il  cessa  d'en  porter  les  titres  et 
qu'il  lit,  en  1783,  un  voyage  à  Paris  où  il  fit 
jouer,  au  théâtre  de  la  Comédie  italienne,  la 
Karmesse,  opéra-comique  qui  tomba  à  plat 
et  qu'on  ne  put  achever  (1).  Yogler  voyagea 
ensuite  en  Espagne,  en  Grèce  et  dans  l'Orient 
pour  faire  des  recherches  relatives  à  la  musi- 
que. De  retour  en  Europe  dans  ITannée  178G, 
il  entra  au  service  du  roi  de  Suède,  en  qualité 
«le  maître  de  chapelle.  Occupé  depuis  long- 
temps de  recherches  relatives  à  la  construction 
de  l'orgue  et  d'un  système  de  simplification  de 
cet  instrument,  il  fournit  à  un  facteur  le  plan 
d'un  orgue  portatif,  sans  tuyaux  apparents, 
avec  quatre  claviers  de  plus  de  cinq  octaves  et 
une  pédale  de  trente-neuf  louches,  sous  la 
forme  extérieure  d'un  cube  de  neuf  pieds.  Les 
sons  les  plus  graves  étaient  ceux  d'un  bourdon 
de  seize  pieds.  Yogler  donna  à  cet  instrument 
le  nom  (Vorchestrion.  Il  y  avait  placé  le  cres- 
cendo et  le  decrescendo ,  au  moyen  de  jalousies 
mobiles  qui  ouvraient  ou  fermaient  le  passage 
au  son  pour  se  propager  à  l'extérieur.  Il  joua 
lui-même  Vorchestrion  dans  une  exhibition 
publique  à  Amsterdam,  au  mois  de  novembre 
1781).  Plusieurs  journaux  donnèrent  beaucoup 
d'éloges  à  cet  instrument,  et  le  représentèrent 
comme  réunissant  les  perfectionnements  les 
plus  importants  qu'on  eut  apportés  à  l'orgue 
depuis  longtemps,  et  comme  le  dernier  terme 
d'une  facture  parfaite.  Mais  bientôt  d'autres 
journaux  publièrent  des  critiques  où  l'on  as- 

(I)   f^Origny  dit,  dans  ses  Annales  du  théâtre  italien, 
t.   III,  p.  114,  iju'qii  attribua  la  chute  de  la  pièce  a  la 

musiijus. 


sura  que,  loin  d'être  supérieur  aux  bonnes  or- 
gues de  la  Hollande,  Vorchestrion  ne  méritait 
pas  son  nom,  et  ne  pouvait  soutenir  la  compa- 
raison avec  ces  instruments.  Enfin,  on  accusa 
l'abbé  Vogler  d'être  lui-même  auteur  des  ana- 
lyses élogieuses  de  son  travail  publiées  par  la 
voie  delà  presse.  Celle  affaire  désagréable  le 
fit  s'éloigner  brusquement  de  la  Hollande  avec 
Vorchestrion;  car,  dès  le  mois  île  janvier 
1790,  on  le  trouve  à  Londres,  où  il  fit  entendre 
son  instrument  et  fut  chargé  de  la  reconstruc- 
tion de  l'orgue  du  Panthéon,  d'après  son  sys- 
tème de  simplification.  Ce  système  consistait  à 
supprimer  tous  les  jeux  de  mutation,  tels  que 
les  fournitures,  cymbales,  cornets,  nasards, 
tierces,  etc.,  et  à  disposer  les  tuyaux  par  séries 
suivies  dans  l'ordre  des  cordes  du  piano  ou  de 
la  harpe,  afin  de  pouvoir  supprimer  les  abrégés 
et  d'établir  un  tirage  direct  parlant  des  touches 
du  clavier;  système  dont  les  avantages  sont 
évidents,  mais  qui  a  l'inconvénient  de  nuire  à 
la  nellelé  du  son,  en  développant  le  phéno- 
mène des  perturbations  de  l'air  en  vibration, 
qui  fait  dire  aux  fadeurs  d'orgues  que  le  son 
se  jette  d'un  tuyau  dans  un  autre.  C'est  ce 
même  système,  objet  de  vives  critiques  et 
d'éloges  pompeux,  qui  fut  appliqué  plus  lard 
par  Yogler  au  grand  orgue  de  Copenhague,  à 
celui  de  Neu-Ruppin  et  à  quelques  autres. 

Ce  fut  pendant  le  séjour  de  Vogler  à 
Londres  que  son  talent  d'organiste  commença 
à  se  faire  connaître  avantageusement.  Il  gagna 
dans  celle  ville  plus  de  douze  cents  livres  ster- 
ling (environ  trente  mille  francs),  dans  les  con- 
certs où  il  se  fit  entendre  sur  son  orchestrion. 
De  retour  en  Allemagne  au  mois  d'août  1790, 
il  eut  aussi  de  brillants  succès  à  Coblence,  à 
Francfort  et  dans  quelques  villes  de  la  Souabe. 
Ce  fut  à  celle  époque  qu'il  commença  aussi  à 
fixer  sur  lui  l'attention  par  ses  compositions. 
En  1781,  il  avait  donné  sans  succès,  à  Munich, 
Albert  der  Drilte  von  Bayera  (Albert  III, 
duc  de  Bavière);  mais,  en  1791,  il  fit  jouer,  à 
Manheim,  son  Castor  et  Pollux,  où  se  trou- 
vent de  bonnes  choses  et  qui  fut  applaudi.  Peu 
de  temps  après,  il  publia,  à  Spire,  unecollection 
de  morceaux  pour  piano  avec  deux  violons, alto 
et  basse,  sous  le  titre  de  Polymelos,  ou  carac- 
tères de  la  musique  de  différents  peuples.  Ar- 
rivé à  Hambourg,  au  mois  de  septembre  1791, 
il  y  brilla  sur  les  orgues  de  plusieurs  églises, 
puis  il  retourna  à  Stockholm,  avec  le  litre  de 
mailre  de  chapelle  du  roi  de  Suède.  Au  mois 
de  mars  1792,  il  fit  représenter  Gustave- 
Adolphe,  grand  opéra  qui  ne  précéda  que  de 
quelques  jours  l'assassinat  du  roi  Gustave  III. 


VOGLER 


377 


D.ns  la  même  année,  il  commença  un  coûta 
«le  lectures  sur  son  Introduction  au  système 
de  l'harmonie,  cl  le  continua  pendant  deux 
ans.  Au   commencement  de   1794,   il    fit  un 
voyage  à  Paris,  dans  le  luit  d'entendre  le  nou- 
veau système  de  musique  révolutionnaire  des 
fêtes  publiques,  composé  de  chœurs  accom- 
pagnés par  des  instruments  à  vent.  Pendant 
son  séjour  en  cette  ville,  il  donna  dans  l'église 
de  S.iint-Sulpice  un  concert  d'orgue,  auquel 
beaucoup  d'artistes  assistèrent,  et  qui  le  fit 
considérer  comme  un  des  musiciens  les  plus 
distingués  de   l'Allemagne.  Ses  fonctions  de 
inailre  de  chapelle  à  Stockholm  l'occupèrent  si 
peu  pendant  la  minorité  de  Gustave  IV,  et  lui 
fournirent  si  rarement  l'occasion  de  se  faire 
remarquer,  qu'à  la  fin  de  son  engagement  de 
dix  années,  il  demanda  sa  retraite,  en  179G. 
Cependant  les  succès  qu'il  obtenait  dans  l'école 
de  musique  qu'il  avait  fondée  furent  cause  que 
le  duc  de  Sudermanie,  régent  du  royaume,  le 
pria   de  prolonger  son   séjour  à  Stockholm. 
Voglerne  s'éloigna  de  celte  ville  qu'en  1799, 
après  que  la  cour  lui  eut  assuré  une  pension 
annuelle  de  cinq  cents  écus  de  Suède.  Il  visita 
alors  le  Danemark  et  fit  représenter,  à  Copen- 
hague, ttermann  de  Vnna,  opéra  considéré 
comme  une  de  ses  meilleures  productions.  Puis 
il  demeura  quelque  temps  à  Altona,  pour  sur- 
veiller la  publication  de  quelques  œuvres  de 
musique  religieuse  de  sa  composition.  Dans 
l'année  1800,    il   visita  Berlin,    où    il  donna 
trois  concerts  d'orgue,  et  à  la  fin  de  la  même 
année,  il  alla  s'établir  à  Prague  et  y  ouvrit  un 
cours <le théorie  delà  musique,  à  l'université. Il 
écrivit  et  publia,  pour  ce  cours,  un  Manuel  de  la 
science  de  l'harmonie  (f/andbitch  zxir  Har- 
monielehre),  où  l'on  remarque  plus  de  simpli- 
cité et  de  clarté  que  dans  ses  écrits  précédents. 
Dans  la   préface  de  cet   ouvrage,    Vogler  se 
plaint  avec  amertume  des  attaques  dont  ses 
travaux  et  sa  personne  ont  été  l'ohjel  et  des 
accusations  de  charlatanisme  qu'on  lui  a  jetées 
à  la  face.  Quelque  opinion  qu'on  ait  de  sa  doc- 
trine et   de   ses   écrits,  on  est   péniblement 
affecté  devoir  un  homme,  qui  a  eu  la  gloire 
de  former,  dans  sa  dernière  école,  les  deux 
musiciens   allemands    les    plus  éminents  de 
l'époque  actuelle  (Charles-Marie  de  Webef  et 
Meyerheer),  obligé  de  discuter  la  légitimité  de 
ses  litres  à  l'estime  îles  artistes. 

En  1805,  Vogler  s'éloigna  de  Prague  pour 
aller  à  Vienne,  où  il  était  appelé  pour  écrire 
Samori,  grand  opéra  représenté  sur  le  théâ- 
tre An  der  JFien.  Après  un  séjour  de  près  de 
deux  années  dans  celte  ville,    la  guerre  de 


1805  l'obligea  à  s'éloigner  de  l'Autriche  pour 
aller  à  Munich,  où  il  fit  représenter  son  opéra 
de  Castor  et  Pollux,  à  l'occasion  du  mariage 
de  la  princesse  de  Bavière  avec  le  prince  Eu- 
gène de  Beauharnais.  Il  y  publia  aussi  divers 
écrits  relatifs  à  la  musique  et  plusieurs  com- 
positions vocales  et  instrumentales;  puis  il 
visita  de  nouveau  Francfort,  Offenhach  et  plu- 
sieurs autres  villes  de  l'Allemagne  rhénane. 
Il  se  disposait  à  s'en  éloigner,  en  1807,  lors- 
qu'il reçut  l'invitation  de  se  fixer  à  Darmsladt, 
avec  le  litre  de  maître  de  chapelle  du  grand- 
duc,  aux  appointements  de  trois  mille  florins, 
auxquels  le  prince  ajoutait  la  table  et  le  loge- 
ment. Ayant  acceplé  celle  honorable  position, 
il  eut  aussi  la  dignité  de  conseiller  privé  pour 
les  affaires  ecclésiastiques,  et  la  décoration  de 
l'ordre  du  Mérite  de  première  classe.  C'est 
dans  celle  ville  qu'il  ouvrit  sa  dernière  école, 
où  il  compta  parmisesélèvesCh.-M.deWeher, 
qui  déjà  avait  été  sous  sa  direction  à  Vienne 
pendant  deux  ans,  Meyerheer  et  le  maître  de 
chapelle  Gansbacher  (1).  De  sa  première  école 
étaient  sortis  Winter,  l'organiste  Knecht  et 
Ritter.  A  la  fin  de  1812,  il  demanda  un  congé, 
ferma  son  école  et  partit  avec  ses  élèves  pour 
visiter  une  partie  de  l'Allemagne,  quoiqu'il  fut 
alors  âgé  de  plus  de  soixante-trois  ans.  De  re- 
tour à  Darmstadt,  vers  le  milieu  de  l'année 
suivante,  il  sentit  bientôt  après  ses  forces  dé- 
cliner :  il  mourut  le  fl  mai  1814,  au  moment 
où  l'Allemagne  venait  de  s'affranchir  de  la  do- 
mination étrangère.  Ainsi  finit  en  paix  cet 
homme  dont  la  carrière  avait  élé  pleine  d'agi- 
tations, qui  fut  jugé  de  manières  fort  diffé- 
rentes par  ses  compatrioles  ,  et  dont  il  ne 
reste  déjà   plus   qu'un   vague  souvenir. 

Considéré  comme  compositeur,  Vogler  ne 
montre  pas  d'originalité  dans  les  idées,  quoi- 
qu'il laisse  apercevoir  des  velléités  d'innova- 
tion dans  les  formes.  Au  théâtre,  il  n'a  point 
eu  de  véritable  succès.  On  ne  peut,  au  reste,  le 
juger  à  cet  égard  que  par  les  résultats  ;  car  on 
n'a  publié  de  ses  ouvrages  dramatiques  que 
Samori,  faible  production,  qui  n'appartient 
point  à  sa  jeunesse,  et  le  drame  Hermann  de 
Unna,  où  la  musique  n'avait  qu'une  impor- 
tance secondaire.  Voici  la  liste  de  ses  ouvrages 
pour  la  scène  :  1°  Der  Kaufmann  von 
Smima  (Le  marchand  de  Smyrne),  petit  opéra 
composé  pour  le  théâtre  de  Mayence,  vers 
1780.  2"  Ouverture  el  entr'acles  pour  Hamlet, 
tragédie,  gravés  pour  le  piano,  à  Spire,  chez 

(I)  Voyez,  à  l'article  Meyerbter,  quelques  détails  sur 
les  relations  de  Vogler  avec  ses  élevés,  et  sur  son  en- 
seignement. 


378 


VOGLER 


Bossler.  5°  Ino,  ballet.  4"  Lamprcdo,  mélo- 
drame.  5°  Albert  der  Drille,  von   Bayera 
(Albert  III,  duc  de  Bavière),  drame,    repré- 
senté à  Munich,  en  1781.  C°  Églé,  opéra  fran- 
çais, représenté  à  Stockholm,  en  1787.  7°  La 
Karmesse  ou  la  Fête  de  village,  au  théâtre 
de  la  Comédie  italienne,  à  Paris,  le  15  novem- 
bre  1785.  8°  Le  Patriotisme,  grand  opéra, 
écrit  en  1788  pour  l'Académie  royale  de  musi- 
que de  Paris,  et  non   représenté.  9°  Castor  et 
Pollux,  grand  opéra,  à  Manheim,    en   1791. 
L'ouverture  et  quelques  airs  de  cet  ouvrage  ont 
été  publiés  dans  la  môme   ville.    10°   Chœurs 
iVJthalie,  en    français,   à  Stockholm,    1791. 
11°  Gustave- Adolphe,  opéra  suédois,  à  Stock- 
holm, 1791.  12°  Hermann  de   Unna,  drame 
avec  ouverture,  chœurs,    romances  et  airs  de 
danse,   composé  d'abord  en  suédois,  puis  tra- 
duit en  danois,    représenté  à  Copenhague  en 

1800,  et  publié  en  partition  pour  le  piano, 
dans  celte  ville,  chez  Sœnnischen;  enfin  tra- 
duit en  allemand,  et  représenté  à  Berlin,    en 

1801,  puis  publié  en  partition  pour  le  piano, 
à  Leipsick,  chez  Breitkopf.  13°  Samori,  grand 
opéra,  représenté  à  Vienne,  en  1 804,  gravé 
en  partition  pour  le  piano,  à  Tienne,  chez 
Aria  ria. 

Vogler  a  publié   pour  l'église,  dans  la  col- 
lection de  musique  du  journal  de  l'école  de 
Manheim,  à  Spire  :  1°  Paradigma  modorum 
ecclesiasticorum.  2°  Eccepanis  angelorum, 
chœur.   5°  Messe   allemande  à  4   voix,    avec 
orgue.  4°  Suscepit  Israël,  motel  composé  pour 
le  Concert  spirituel  de  Paris.  5°  Fugues  à  4  voix 
sur  des  thèmes  du  Stabat  mater  de  Pergolèse. 
G0  Psalmus  Miserere  decantandus a  quatuor 
vocibus  cum  organo  et  basis,  S.  D.  Pio  VL 
pontifici  compositus.  C'est  ce  Miserere  que 
Mozart  a-jugé  avec  sévérité  dans  sa  correspon- 
dance.   Les   autres  compositions  de  musique 
religieuse  publiées  par  Vogler  sont  :  7°  Ves- 
perx  chorales  4  vocum  cum  organo,  Spire, 
Bossler.  &°Ave  maris  Stella,  suivi  de  Crudelis 
Herodes,  pour  2  chœurs  avec  orgue,  Offenbach, 
André.   9°  Davids  Busspsalmen  nach  Mea- 
delssohns   Uebersetzung  (Les  psaumes  de  la 
pénitence,  traduits  par  Mendelssohn,à  4  voix), 
Munich,    Faller.    10°    Missa    solemnis ,    à 
4  voix,  orchestre  et  orgue,  Offenbach,  André. 
\\°  Missa  pastoritia,  à  4  voix  avec  orchestre  et 
orgue,  ibid.  12°  Missa  de  Ouadragesima ,  à 
4  voix  et  orgue,  ibid.  1 3°  Missa  pro  defunctis, 
à  4  voix  et  orchestre,  ibid.  14°  Feni  sancte 
Spiritus ,  pour  4    voix    et  orchestre ,    ibid. 
15°  Hymnes  latines  à  4  voix,  ibid.  1G°  Hymni 
sex  4  vocibus  cantandi,  comitant  si  placet 


organo  sive  clavicembalo,  Leipsick,  Hofmeis- 
ler.  17°  Douze  hymnes  à  4  voix  sans  accompa- 
gnement, 1™  suite,  Munich,  Sidler.  18°  2m% 
3nie,  4mc  et  5me  suites  de  six  hymnes  chacune, 
ibid.  19°  Messe  allemande  à  4  voix  et  orches- 
tre, ibid.  20°  Miserere  (en  mi  bémol)  à  4  voix, 
orchestre  et  orgue,  Offenbach,  André.  21°  Te 
Deum  à  4  voix  et  orchestre,  ibid.  22°  Motet- 
tum  pro  adventu,  Rorate  Cœli ,  à  4  voix  sans 
accompagnement,  Mayence,  Schott.  23°  Motet  : 
Postquam  impleti  sunt,  à  4  voix  et  orchestre, 
Offenbach,  André.  24°  Salve  Regina,  à  4  voix 
et  orgue,  ibid.  25°  Salve  Regina,  Ave  Regina, 
et  Aima  Redemptoris,  à  4  voix  et  orgue,  ibid. 
26°  Laudale ,    pour  voix    de  soprano,  avec 
orgue  et  orchestre,  ibid.  27°  Le  Lxxine  psaume 
(Quant  bonus),  pour4  voix  d'hommes  sans  ac- 
compagnement, Munich,  Falter.  La  musique 
d'église  de  l'abbé  Vogler  est  estimée  en  Alle- 
magne. Parmi  ses  œuvres  de  musique  instru- 
mentale, on  remarque  :  1°  Grande  symphonie 
pour  l'orchestre  (en  ut),   Offenbach,  André. 
2°  Ouverture  caractéristique  des  Croisés,  avec 
musique  turque,   ibid.   3°   Concerto   pour   le 
piano,  Paris,  Boyer.  4°  Nocturne  pour  piano, 
deux  violons,  alto  et  basse,  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel.  5°  Quatuor  concertant  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  Amsterdam,    Schmidt. 
(5°  Polymelos ,  ou  caractères  de  musique  de 
différentes  nations  pour  clavecin,  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  Spire,  Bossler.  7"  Polgme- 
los,   concert    d'orgue    caractéristique,    avec 
violon  et  violoncelle,  Munich,  Faller.  8°  Six 
sonates  pour  deux  clavecins,  Darmsladl,  1794. 
9°  Six  trios   pour  clavecin,  violon  et   basse, 
op.l,  Spire,  Bossler.  10"  Six  son  a  tes  faciles  pour 
piano,  op.  2,  ibid.W0  Six  sonates  faciles  pour 
clavecin  et  violon,  op.  3,  ibid.  12°  Six  sonates 
en  duos,  trios  et  quatuors  pour  clavecin,  vio- 
lon, alto  et  basse,  op.  4,  ibid.  13°  Six  trios 
pour  clavecin,  violon  et  basse,  op.  6,  Paris, 
Boyer.  1  A"  Six  idem,  op.  7,  ibid.  15°Sixdiver- 
tissements  pour  piano  seul,  op.  8,  ibid.  16°  Plu- 
sieurs cahiers  de  variations  pour  le  piano, 
particulièrement  sur  des  thèmes  de  l'opéra  de 
Samori,  Vienne,    Artaria.   17°  Trente -deux 
préludes  pour  l'orgue,  dans  tous  les  tons,  Mu- 
nich, Falter.  18°  Cent  douze  petits  préludes 
pour  l'orgue  ou  le  piano,  ibid.  19°  Douze  cho- 
rals de  J. -S.  Bach,  variés  pour  l'orgue. 

La  réputation  de  Vogler  en  Allemagne  a  eu 
particulièrement  pour  base  son  enseignement 
et  ses  travaux  dans  la  théorie  de  l'harmonie. 
Comme  on  l'a  vu  plus  haut,  les  éléments  de 
cette  théorie  furent  empruntés  par  lui  au  sys- 
tème de  Valolli  (voyez  ce  nom),  mais  avec  des 


VOGLER 


379 


modifications  considérables.  Vogler  est  le  pre- 
mier qui  introduisit  en  Allemagne  la  doctrine 
par  laquelle  l'accord  consonnant  de  tierce  et 
quinteainsi  quel'accorddissonantde  septième, 
et  même  toutes  les  altérations  de  ces  accords 
sont  présentés  comme  existant  pareux-mémes 
et  appartenant  à  tons  les  degrés  de  l'échelle. 
Détruisant  ainsi  d'un  seul  coup  tout  ce  que 
Sorge,  Schrœter  et  Kirnberger  (voyez  ces  noms) 
avaient  fait  pour  la  constitution  d'une  théorie 
rationnelle  de  l'harmonie,  il  anéantit  le  senti- 
ment de  la  tonalité,  et  entraîna  dans  ce  funeste 
système  empirique  la  plupart  des  harmonistes 
allemands  modernes,  tous  plus  ou  moins  éga- 
rés dans  cette  fausse  voie,  quoique  le  système 
en  lui-même  n'ait  point  eu  de  succès,  à  cause 
de  l'obscurité  des  principes.  Il  serait  trop  long 
de  démontrer  ici,  par  l'analyse,  les  vices  de  la 
théorie  de  Vogler;  onlalrouvera  détaillée  dans 
mon  Esquisse  del'histoire  de  V harmonie (1), 
et  plus  approfondie  encore  dans  mon  Traité 
complet  de  l'harmonie  (2).  Voici  la  liste  des 
ouvrages  où  l'abbé  Vogler  a  exposé  sa  théorie 
et  ses  applications  :  1°  Tonwissenschaft  und 
Tonsetzkunst  (Science  de  la  musique  et  de  la 
composition),  Manheim,  1776,  in-8°  de  20G 
pages,  y  compris  une  table  d'analyse  des  exem- 
ples, et  un  cahier  in-folio  de  50  planches. 
1°Stimmbildungskunst(kvl  de  former  la  voix). 
Manheim,  1776,  in-8°  de  huit  pages  avec 
quatre  pages  d'exemples.  Ce  petit  traité  est 
réimprimé,  avec  des  augmentations  considé- 
rables, dans  l'ouvrage  suivant  (p.  30-65). 
3°  Churpfxlzische  Tonschule  (École  de  mu- 
sique du  Palalinal),  ibid.,  1778,  in-8°  de  96 
pages.  Cet  ouvrage  est  une  exposition  pratique 
du  système  de  l'auteur  dans  l'harmonie  et  dans 
l'art  du  chant.  Les  trois  ouvrages  précédents 
ont  été  réunis  avec  les  exemples  et  publiés  sous 
le  titre  de  Mannheimer  Tonschule,  à  Offen- 
bacli  chez  André.  4°  Betrachtungen  der 
Mannheimer  Tonschule  (Examen  de  l'école 
de  Manheim),  recueil  mensuel,  in-8°,  avec 
beaucoup  d'exemples  et  de  compositions  pour 
l'église,  formant  un  volume  in-fol.,  Spire, 
Bossler.  5°  Inledning  til  Harmoniens  kœn- 
nedom  (Introduction  à  la  théorie  de  l'harmo- 
nie), en  langue  suédoise;  ouvrage  extrait  par 
Vogler  de  ses  publications  précédentes  sur  le 
même  sujet,  Stockholm,  1795,  in-8°,  avec  des 
planches.  6°  École  du  clavecin  et  de  la  basse 
continue   (en    langue  suédoise).    Stockholm, 

(1)  Taris,  1849,  in-8<>(p.  133-136),  ou  dans  la  Gazelle 
musicale  île  Paris,  t.  VII,  p.  61G. 

(2)  Paris,  Srlilcsingor,  1 8 i 4 ,  I  vol.  gr.  in-8°,  4e  par- 
lie,  cliap.  4. 


1797,  in-4°.  7°  École  des  organistes  (en  langue 
suédoise),  avec  90  chorals  suédois,  ibid.,  1797. 
8°  Choral-System  (Système    de    tonalité   du 
chant  choral),  Copenhague,   1800,   in-8°    de 
105   pages,  avec  23  pages  d'exemples,  in-4° 
oblong.  Les  planches  ont  été  gravées  à  Stock- 
holm. On  trouve  des  exemplaires  de  cet  opus- 
cule avec  un  litre  gravé  et  l'adresse  d'André  à 
Offenbach;  ils  sont  de  l'édition  de  Copenhague. 
Dans  cet  ouvrage,  Vogler  essaye  de  démontrer 
que  toute  la  tonalité  des  chants  des  églises  pro- 
testantes se  rapporte  aux  six  modes  principaux 
de  la  musique  des  Grecs.  9" Data  zur  Akustik 
(Données  pour  l'acoustique),  dissertation  lue  à 
la  société   des    Scrutateurs    de    la    nature,   à 
Berlin,  le  15  décembre  1800,  et  publiée  dans  la 
Gazelle  musicale  de  Leipsick   (t.  III,  p.  517, 
533,  549  et  561),   puis  réimprimée   à  Offen- 
bach,  chez  André,   in-8°,   de  38  pages.  Les 
fails  exposés  dans  cette  dissertation  sont  ceux 
qui  avaient  servi  de  base  à  Vogler  pour  son 
système  de  simplification  de  la  construction 
de  l'orgue.  10° Handbuch  zur  Harmonielehre 
und  fur  den  Generalbass  nach  den  Grund- 
ssetzen  der  Mannheimer  Tonschule  (Manuel 
pour  la  science  de  l'harmonie  et  pour  la  basse 
continue,  d'après  les  principes  de   l'école  de 
musique  de  Manheim),  Prague,  Barlh,  1802, 
in-8»  de  142   pages    et  un   volume  in-folio 
d'exemples.   Cet  ouvrage,  résumé  des  précé- 
dents, et  traduit   littéralement  de  celui   que 
Vogler   avait    publié   en    langue   suédoise,  à 
Stockholm,  lui  fournit  la  matière  des  lectures 
qu'il  fit  à  l'université  de  Prague,  en   1801  et 
1802.   11°   Ueber  die  harmonische  Akustik 
(Sur  l'acoustique  harmonique,  ou  théorie  de  la 
musique, etc.), Munich,  Leutner,  etOffenbach, 
André,  1807,  in-4°  de  28  pages.  Cet  opuscule 
renferme  sa  théorie  de  la  progression  harmo- 
nique d'où  il  a  tiré  l'échelle  chromatique  qui 
sert  de  base  à  son  système.   12°  Grundliche 
Anleitung  zum    Clavierstimmen    fiir    die 
welcke  eine  gutes  Gehœr  haben  (Instruction 
normale  pour  l'accord  du  clavecin,  à  l'usage 
de   ceux   qui   ont  l'oreille  juste).    Stullgard, 
Burglen,  1807,  in-8°,  et  Vienne,  chez  Sleiner. 
13°  Deutsche  Kirchenmusik,  etc.  (La  musique 
d'église  allemande,  à  quatre  voix  et  orgue,  telle 
qu'elle  était  trente  ans  auparavant,  comparée 
avec  la  moderne,  accompagnée  d'instruments). 
Munich,  1807,  in-8°.  14°  System  fiir  den  Fu- 
genbau,  als  Einleitung  zur  harmonischen 
Gesang-FerbindungsLehre{Syslèmede  cons- 
truction  de  la  fugue,  etc.),  Offenbach,  André, 
in-8°,  de  soixante-quinze  pages  avec  35  plan- 
ches d'exemples;  publié  après  la  mort  del'au- 


3S0 


VOGLER  -  VOGÏ 


leur.  (Voyez,  sur  cet  ouvrage,  la  Biographie 
universelle  des  musiciens,  t.  VI,  p.  119); 
15"  Forfcel  cite  (I),  d'après  le  Mercure  «le 
France  (avril  1784),  un  écrit  attribue'  àVogler, 
et  qui  est  intitulé  :  Essai  de  diriger  le  goxit  des 
amateurs  de  musique  et  de  les  mettre  en  état 
d'analyser,  de  juger  un  morceau  de  mu- 
sique, Paris,  Jombert,  1782.  Le  français  lu- 
itesque  «le  ce  tilrc  peut  autoriser  à  croire 
qu'un  Allemand  est,  en  effet,  l'auteur  de 
l'opuscule  dont  il  s'agit;  mais,  n'ayant  point 
à  ma  portée  le  numéro  cité  du  Mercure,  .je  ne 
puis  vérifier  le  fait.  1(5"  l'eber  choral  und 
Kirchengesxnge.  Ein  Beilrag  zurGeschichte 
der  Tonkunst  in  19  Jahrhunderl  (Sur  le  cho- 
ral et  sur  les  chants  «l'église  ;  essai  pour  l'his- 
toire de  la  musique  dans  le  dix -neuvième 
siècle),  Munich,  1814,  in-8°.  On  a  aussi  de 
Vogler,  concernant  son  système  de  simplifica- 
tion de  l'orgue:  17°  Abhandlung  iiber  I/m. 
Knechls  Harmonik  (Dissertation  sur  l'Harmo- 
nique de  M.  Knecht),  insérée  dans  la  deuxième 
année  «le  la  Gazette  musicale  «le  Leipsick 
(p.  G89-C9C).  Il  examine  «lanscctécril  la  théorie 
«les  harmoniques  «l'un  son  principal,  particu- 
lièrement en  ce  qui  concerne  la  construction 
«les  jeux  de  mutations  des  orgues,  et  expose  les 
motifs  «lu  système  de  simplification  <|u'il  a 
adopté  à  ce  sujet.  18"  Erklxrung  der  Buch- 
staben,  die  im  Grundriss  der  nach  dem 
Voglerischen  Simplifications-System  neu  zu 
crbauenden  S.  l'elers  Orgel  in  Mùnchen 
vorkommen  (Explication  des  différentes  par- 
ties du  plan  proposé  pour  le  nouvel  orgue  à 
construire  dans  l'église  de  Saint-Pierre,  à  Mu- 
nich, d'après  le  système  «le  simplification  «le 
Vogler).  Munich,  180G.  Vogler  a  fait  aussi 
insérer  divers  écrits  de  sa  composition  dans 
les  journaux  de  musique,  particulièrement 
dans  les  notices  «lu  concert  de  Welzlar  (Jf'etz- 
larischen  Concertanzeigen),  depuis  1779jus- 
qn'en  1780;  dans  le  numéro  2  «le  la  Corres- 
pondance musicale  de  Spire  (14  juillet  1790), 
où  il  donna  une  réponse  théorique  à  <|uelques 
questions  concernant  son  système;  enfin, dans 
le  Journal  de  l'Allemagne  (Journal  von  und 
fur  Deulschland,  1792,  n°  2,  p.  103-190), 
concernant  un  chœur  «le  musique  qu'il  avait 
entendu  en  Norwégc.On  trouve  des  renseigne- 
ments intéressants  sur  l'abbé  Vogler  dans  deux 
articles  de  Schtibai  t  et  «le  Christmann  insérés 
dans  la  correspondance  musicale  «le  Spire 
(ann.1790,  nos  15  et  10). 

VOGT  (Maurice- J  bas),  moine  «le  l'ordre 
de  Cilcaux,  naquit  le  30  juin  10G9,  à  Knenigs- 

(I)  Allgem.  Littéral,  der  Musil;,  p.  437. 


bol',  en  Bohème,  et,  après  avoir  fait  ses  pre- 
mières études  à  Plass,  alla  suivre  un  cours  de 
philosophie  à  Prague,  où  il  entra  dans  son 
ordre,  en  1092.  La  géographie,  l'histoire  et  la 
musique  l'occupèrent  pendant  près  de  quarante 
ans  :  il  y  acquit  «les  connaissances  étendues. 
Sa  carte  de  la  Bohême,  gravée  à  Nuremberg,  a 
été  longtemps  estimée.  Il  mourut  au  couvent 
«le  Plass,  le  17  août  1730.  On  a  de  ce  moine 
un  livre  dont  les  exemplaires  sont  fort  rares, 
cl  qui  a  pour  litre  :  Conclave  thesauri  magnat 
artis  musical,  in  quo  tractatur  prxcipue  de 
compositione,  pura  musicx  theoria,  ana- 
tomia  sonori,  musica  enharmonica,  chro- 
malica,  diatonica,  mixta,  nova  et  anliqua  ; 
terminontm  musicorum  nomenclatura ,  mu- 
sica authenta,  plagali,  chorali,  figurait, 
musicx  historia,  antiquitate ,  novitale, 
laude  et  vi'uperio;  Symphonia,  cacophonia, 
psychnphonia,  proprietata,  tropo,  stylo, 
modo,  affectu  et  defectu,  etc.  Velcro-Pragae, 
1719,  in-fol.  de  deux  cent  vingt-trois  pages. 
Le  P.  Vogt  a  laissé  en  manuscrit  un  bon  recueil 
«le  rugues  pour  l'orgue,  intitulé  :  f'erlumnus 
vanita^tis  musice  in  XXXI  fugis  delusus. 

VOGT  (Jea>),  cantor  à  Staden,  dans  la 
première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  naquît 
dans  celle  ville.  Il  s'est  fait  connaître  par  un 
opuscule  intitulé  :  Hislorische  l'ntcrsu- 
chungen  doch  der  alten  und  bekannten  Kir- 
chen-Lieder  :  Allein  Golt  in  der  /Iœh  sey 
Ehr  ingentlicher  Autor  i'e»/ (Recherches  his- 
toriques sur  l'auteur  inconnu  «le  l'ancien 
chant  d'église  Allein  Golt  etc.);  Staden,  1725, 
in-4°  de  seize  pages. 

VOGT  (Gustave),  hautboïste  distingué, 
né  à  Strasbourg,  le  18mars  1781,  suivit  fort 
jeune  ses  parents  à  Paris,  entra  au  Con- 
servatoire de  celle  ville,  le  19  messidor  an  VI 
(1798),  et  y  devint  élève  de  Salentin  pour  le 
hautbois.  Doué  des  plus  heureuses  disposi- 
tions, il  fil  de  si  rapides  progrès,  (|iie  le  pre- 
mier prix  de  cet  instrument  lui  fut  décerné  à 
la  fin  de  l'année  suivante.  Plus  lard,  il  suivit, 
dans  la  même  école,  le  cours  d'harmonie  de 
Rey,où  il  fut  le  condisciple  de  l'auteur  de  celle 
notice.  Entré  à  l'orchestre  du  théâtre  Hlon- 
lansicr,  comme  second  hautbois,  en  1798, 
il  en  sortit  pour  aller  à  celui  de  l'Ambigu- 
Comique,  d'où  il  passa,  le  51  mai  1801,  à 
l'Opéra  italien  du  théâtre  des  Victoires  na- 
tionales, en  qualitéde  premier  hautbois;  puis 
il  suivit  l'empereur  Napoléon  comme  haut- 
boïste «le  la  musique  de  la  garde  impériale, 
dans  la  campagne  de  1805,  se  trouva  à  la 
bataille    d'Auslcrlitz,   et   connut,  à  Vienne, 


VOGT  -  VOIGT 


38! 


Haydn  et  Beethoven.    De   retour  à  Tniis,  il 
eut  la  place  de  premier  hautbois  dix  théâtre 
Feydeau  et  la  conserva  jusqu'en  1814.  Entré 
alors    à  l'Opéra,   comme    successeur   de  son 
maître  Salentin,  il   y    resta   jusqu'en    1834, 
époque  de  sa  retraite.  Devenu  membre  de  la 
Société  de  concerts  du  Conservatoire,  à  l'épo- 
que de  son  institution  (1828),  il  y  fut  attaché 
comme  premier  hautbois  jusqu'en  1844.  En 
1825,  il  fut  appelé  à  Londres,  pour  la  saison, 
comme   premier  hautbois  de  la  Société  phil- 
harmonique.   En    1828,  Vogl    fit    un   second 
voyage  à  Londres  et  y  passa  la  saison,  recher- 
ché, pour  son  talent,  dans  toutes  les  sociétés 
musicales. De  relourà  Paris,  il  reprit  sa  position 
de  premier  hautbois  de  la  société  des  concerts 
du  Conservatoire,  où  il  se  faisait  autant  re- 
marquer par  la  beauté  du  son  qu'il  tirait  de  l'in- 
strument que  par  le  fini  de  son  exécution.  Dès 
1808,  il  avait  été  nommé  professeur  adjoint  de 
hautbois  an  Conservatoire:  la  place  de  profes- 
seur en  titre  de  cette  école  lui  fut  donnée  à  la 
nouvelle  organisation  de  1810.  C'est  là  qu'il  a 
formé  tous  les  hautboïstes  français  qui  se  sont 
fait  un  nom  dans  ces  derniers  temps,  particu- 
lièrement Brod,  Vinit,  Verrous!,  Barré,  La- 
vigne,  de  La  Barre  et  plusieurs  autres.  Nommé 
premier  hautbois  de  lachapelledu  roi,  en  1815, 
il  a  conservé  celte  position  jusqu'à  la  révolu- 
tion de  juillet  1830.  En  1829,  il  avait  recula 
décoration  île  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur. 
Aussi  distingué  par  son  (aient  qu'estimé  par 
son  noble  caractère,  ce  digne  artiste  a  pris  sa 
retraite  de  la  place   de  professeur  du    Con- 
servatoire et  de  membre  de  la  société  des  con- 
certs, en  1844  :  depuis  lors,  il  a  vécu  dans  le 
repos.  On  a  gravé  de  la  composition  deM.  Vogt  : 
1°  Airs  du  ballet  de  Nina  et  de  l'Epreuve  vil- 
lageoise, arrangés  en  sérénade  pour  des  in- 
struments à  vent,  Paris,  Frey.  2°  La  Borde- 
laise, grande  marche  militaire  en  harmonie, 
Paris,  A.  Petit.  3U  Première  sérénade  sur  i\n 
choix  d'airs  d'opéras,  ibid.  4"Trois  nocturnes 
ou  pots-pourris  d'airs  connus  pour  flûte,  haut- 
bois, cor  et  basson,  Paris,  Pleyel.  5°Concertos 
pour  hautbois  et  orchestre,  n°  1  (en  fa);  n°  2 
(en  ré  mineur),  Paris,  Pleyel.  G"  Bomance  de 
Joseph  variée  pour  le  hautbois,  avec  orchestre, 
Paris,  Sieber.7°  Trois  airs  variés  idem,  Paris, 
.lanet.  8°  Solo  du  Carnaval  de  Venise  varié 
idem, ibid.  9°  Troisième  concerto  pour  haut- 
bois et  orchestre  ;  Paris,  Janel.   10°  Lettre  A. 
Solo  pour  cor  anglais  et  orchestre;  Paris,  Bi- 
chault.  11°  Air  varié  pour  hautbois  avec  or- 
chestre ou  piano,  lettre  B;   ibid.  12°  Concerto 
pour  hautbois  et  orchestre  ou  piano,  lettre  C; 


ibid.  13°  Duo  pour  deux  hautbois  et  orchestre 
ou  piano;  ibid.  14"  Mélodie  anglaise  pour  le 
hautbois  et  l'orchestre;  ibid. 

VOIGT  (Jean-Charles),  organiste  à  Wal- 
denbourg,  dans  la   première  moitié  du   dix- 
huitième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  livre 
intitulé  :  Gesprxch  von  der  Mnsik,  zwischen 
einem    Organislen  ttnd  Adjuvanten,   etc. 
(Dialogue  sur  la  musique,  entre  un  organiste 
et  son  adjoint,  etc.).   Erfurt.   J.-Dav.  Jung- 
nikel,  1742,  in-4"de  cent  quarante  pages,  avec 
une  préface  de  six  pages  par  Laurent  Mizler. 
VOIGT    (.Ir.*s-GEonGES-Hr.riM,t>pO,   orga- 
niste de  l'église  Saint-Thomas  de  Leipsick, 
naquit  à  Oslerwick,  en  Saxe,  le  14  mai  17G9. 
Son  père,  musicien  de  celle  ville,  lui  enseigna 
les  éléments  de  la  musique,  puis  l'envoya  à 
Quedlinhourg,  pour  y  terminer  ses  études  sous 
la  direction  de  Bose,  son  grand-père.  Ayant 
appris   à   jouer  du  clavecin,   de   l'orgue,   du 
violon,  du  violoncelle  et  de  plusieurs  instru- 
ments à  vent,  il  se  rendit  à  Leipsick  en  1788, 
el  y  fut  engagé  comme  violoniste  et  comme 
hautboïste  pour  le  grand  concert.  Deux  ans 
après,  il  fut  appelé  à  Zeilz  en  qualité  d'orga- 
niste du  château.  En  1801,  il  retourna  à  Leip- 
sick  et  y  eut  la   place  d'organiste  de  Saint- 
Pierre;    mais,  dès   l'année  suivante,  on   lui 
confia  l'orgue  de  Saint-Thomas,  qu'il  conserva 
jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  24  février  181 1.  On 
a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Douze  menuets 
[tour  l'orchestre;  Leipsick, Breitkopf  et  Hœrlel. 
2°  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  1;  Offenbach,  André,  3"  Trois  idem, 
op.  20,  liv.  1  et  2;  Leipsick,  Hofmeisler.  4"  Un 
quatuor,  op.  21;  Leipsick, Breitkopf  et  Hœrlel. 
Ces  compositions  sont  dans  le  style  de  Pleyel. 
5"  Grand  trio  pour  violon,  alto  et  violoncelle, 
op.  18;  Leipsick, Peters.C  Concerto  pour  allô 
el  orchestre,  op.  1 1;  Offenbach,  André.  7°  Pe- 
lonaise  pour  violoncelle  et  orchestre,  op.  14; 
ibid.  8' Six  scherzi  pour  piano  à  quatre  mains, 
op.  22;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrlel.  9"  Trois 
sonates  pour  piano  seul.  10°  Petites  pièces  pour 
piano   seul,   op.  15  et  10;   Leipsick,    Peters. 
VOIGT  (Charles-Louis},  fils  du  précédent, 
est  né  à  Zeitz,  en  1791,  et  a  succédé  à  son 
père  dans  les  places  de  violoncelliste  du  théâ- 
tre, du  concert  el  des  églises  à  Leipsick,  dans 
l'été  de  1811.  Plus  lard,  il   a  reçu  des  leçons 
de  Dotzauer  pour  le  violoncelle,  el  a  joué  des 
solos  avec  succès  dans  quelques  concerts.  On 
a  gravé  de  sa  composition:  1°  Pot-pourri  pour 
violoncelle  avec  accompagnement  de  violon, 
alto,    violoncelle  et  contrebasse,  op.  5,  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hœrlel.  2°  Caprice  idem, 


382 


VOIGT  -  VOLCKLAND 


op.  6,  ibid.  3°  Polonaise  idem,  op.  9,  ibid. 
4°  Fantaisie  idem,  op.  11,  ibid.  5°  Scène  avec 
deux  violons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse, 
op.  13,  lionn,  Simrock.  6°  Plusieurs  thèmes 
variés  idem.  7°  Duos  pour  deux  violoncelles, 
op.  15,  16, 17,  Leipsick,Breitkopf,Hofmeister. 
8°  Sonates  pour  deux  violoncelles,  op.  22,  40, 
ibid.  9°  Chansons  allemandes  avec  guitare, 
ibid. 

VOIGT  (Frédéiuc-Guillacme)  ,  chef  du 
corps  de  musique  du  1er  régiment  d'infanterie 
de  la  garde  du  roi  de  Prusse  à  Potsdam,  fils 
du  chef  de  musique  Christophe  Voigl,  du  o0f 
régiment  d'infanterie,  est  né  le  22  mars  1833, 
à  Coblence.  Il  reçut  les  premières  leçons  de 
musique  de  son  père,  puis  il  alla  continuer 
ses  éludes  musicales  à  l'école  dirigée  par  Fer- 
dinand Hiller,  à  Cologne,  où  ses  premières 
compositions  pour  chœur  et  orchestre  furent 
bien  accueillies.  Le  roi  Frédéric-Guillaume  IV 
lui  accorda  un  subside  pendant  trois  ans,  pour 
aller  à  Berlin  perfectionner  ses  connaissances 
dans  son  art;  il  y  entra  comme  élève  à  l'Aca- 
démie royale  des  Beaux-Arts,  où  il  reçut  des 
leçons  de  A.-W.  Bach  et  de  Grell.  En  1857,  il 
fut  nommé  chef  de  musique  du  régiment  où  il 
remplit  encore  ses  fonctions  (18G4).  Il  y  dirige 
une  société  de  chant  et  y  a  fondé  des  concerts 
de  symphonie.  Il  a  publié  des  Licder  à  voix 
seule  avec  piano,  en  recueils  et  détachées;  un 
chant  pour  voix  de  soprano  et  de  contralto, 
avec  un  chœur  de  voix  d'hommes,  op.  19. 
Berlin,  Trautwein,  des  pièces  détachées  pour 
piano  et  plusieurs  polkas  pour  cet  instrument. 

YOIGT  ASAIX-GERMANO  (Adauctus), 
prêtre,  né  le  14mai  1733,àOberla3utendorf(Bo- 
hème),  fit  ses  éludes  à  Prague,  puis  fut  pro- 
fesseur d'histoire  à  Vienne,  et  en  dernier  lieu 
à  Prague,  où  il  mourut  le  18  octobre  1787.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages,  on  remarque  une  dis- 
sertation intitulée:  Von  dem  AUerlhume  und 
Gebrauche  des  Kirchengesanges  in  Bœhmen, 
(De  l'antiquité  et  de  l'usage  du  chant  de  l'église 
en  Bohême).  Prague,  1775,  in-8°.  On  a  aussi 
de  lui  un  livre  qui  a  pour  litre;  Effigies  viro- 
rum  eruditorum  atque  artificum  Bohemiœ 
et  Moravia;,  una  cum  brevi  vilse  operumque 
ipsorum  enarratione.  Pragœ ,  1773-1782, 
quatre  volumes  in-8°.  On  y  trouve  quelques 
renseignements  sur  l'histoire  de  la  musique 
en  Bohême  et  des  notices  concernant  les  com- 
positeurs Tuma,  Gasmann,  Legipont,  Diwisch 
et  Missliwezeck. 

VOISENON  (l'abbé  Claude  Heniu  FU- 
SEE DE),  littérateur,  né  au  château  de  Voi- 
senon,  près  de  Melun,  le  8  juillet  1708,  fut 


doyen  du  chapitre  et  vicaire  général  du  dio- 
cèse de  Boulogne,  abbé  commendalaire  de 
l'abbaye  royale  de  Notre-Dame  de  la  Chapelle- 
aux-Planches,  et  pourvu  de  plusieurs  autres 
bénéfices,  ministre  plénipotentiaire  du  prince- 
évêque  de  Spire  à  la  cour  de  France,  et  membre 
de  l'Académie  française.  Il  mourut  à  son  châ- 
teau de  Voisenon,  le  22  novembre  1775.  Abbé 
de  boudoir  et  decoulisses,  Voisenon  passa  pour 
avoir  été  l'amant  de  madame  Favart,  et  pour 
avoir  eu  la  plus  grande  part  aux  meilleures 
pièces  de  théâtre  de  son  mari.  Voisenon  n'est 
cité  dans  celte  biographie  des  musiciens  que 
pour  un  pamplet  publié  dans  la  querelle  des 
Bouffons  et  de  l'Opéra  fiançais,  intitulé  :  Ré- 
ponse du  coin  du  roi  au  coin  de  lu  reine  ; 
Paris,  1753,  in-12.  Cet  opuscule  a  eu  deux 
éditions  dans  la  même  année. 

VOLCKE  (F.),  professeur  d'harmonie  au 
Conservatoire  de  La  Haye,  fut  d'abord  chef  de 
musique  du  9me  régiment  de  ligne  du  royaume 
des  Pays-Bas.  Il  est  auteur  d'un  livre  en  langue 
hollandaise  intitulé:  Leerboek  der  Harmonie 
(Manuel  d'harmonie).  S' Gravenhage (La  Haye), 
Hartmann  frères,  1829,  in-4°  obi.  de  quatre- 
vingt-deux  pages.  Suivant  les  principes  de 
Vogler  et  de  quelques  autres  harmonistes  alle- 
mands, il  suppose  que  les  accords  parfait,  de 
septième,  de  neuvième,  de  onzième  et  de  trei- 
zième se  placent  sur  toutes  les  notes  de  la 
gamme.  Parce  moyen,  dit-il,  il  fait  disparaître 
toutes  les  considérations  de  retards  d'inter- 
valles, d'anticipations,  ou  d'autres  modifica- 
tions des  accords,  etobtient  une  grande  simpli- 
cité, représentée  par  quarante-deux  accords, 
diversement  constitués  en  raison  du  degré  de 
la  gamme  qu'ils  occupent.  Quelle  simplicité  ! 
Du  reste,  qu'il  n'y  ait  ni  sentiment  de  tonalité, 
ni  succession  régulière  possibles  dans  un  pareil 
système,  c'est  de  quoi  Volcke  ne  s'occupe 
guère.  Cet  artiste  est  mort  à  La  Haye  vers 
1850. 

VOLCKLAND  (François),  fadeur  d'or- 
gues, vécut  à  Erfurt,  vers  le  milieu  du  dix- 
huilième  siècle.  Ses  principaux  ouvrages,  cités 
par  Adlung  (Iflusica  tnechan.  organ.),  sont 
ceux-ci  :  1°  L'orgue  de  Mullberg,  près  d'Er- 
furt,  composé  de  vingt-cinq  jeux,  achevé  en 
1729. 2°  Celui  d'Eystadt,  près  de  la  même  ville, 
de  dix-neuf  jeux.  3°  Celui  de  l'église  Saint- 
Thomas,  à  Erfurt,  composé  de  dix-huit  jeux, 
deux  claviers  et  pédale.  4°  Celui  d'Ollendorff, 
à  deux  claviers,  près  de  cette  ville.  5°  Celui  de 
Zimmern,  de  vingt-trois  jeux,  deux  claviers 
et  pédale.  G°  Celui  d'Exleben,  de  vingt-huit 
jeux,  deux  claviers   et    pédale,    terminé  en 


VOLCKLAND  —  VOLDER 


333 


1750.  7°  Et  enfin  celui  de  Lsengwilz,  près  de 
Rudolstadf,  de  vingt-cinq  jeux  et  à  deux  cla- 
viers, en  1751. 

VOLCRMAR  (Jean),  cantor  à  Francfort- 
sur-l'Oder,  vécut  dans  les  premières  années  du 
seizième  siècle.  Il  est  auteur  d'un  livre  raris- 
sime intitulé  :  Collectanea  quedam  musice 
discipline  ulilia  que  necessaria  in  unum  re- 
dacta  diligenterque  castigata.  Au  verso  de  la 
page  du  titre,  on  trouve  une  épître  dédicatoire 
dont  voici  l'inscription  :  Joannes  Folckmar 
omnibus  Dominis  scholasticis  S.  P.  D.  Cette 
épître  est  datée  de  Francfort-sur-l'Oder,  le  18 
des  calendes  de  janvier  1510.  La  souscription 
de  la  fin  de  l'ouvrage  est  ainsi  formulée  :  Est 
vobis,  lectores  amandi,  opusculum  musices 
perpulchrum  sane  quoddam;  quamvis  cal- 
cographns  notulas  minus  adjunxerit,  non 
erratui  suo  adscribetis  velim  sedraritudini. 
Impressus  Francophordio  ad  Oderam.  4  kal. 
Januarias,  anno  1510.  Un  volume  in-4"  de 
vingt-quatre  feuillets  non  chiffrés,  en  carac- 
tères gothiques.  Les  quatre  premières  feuilles 
ont  les  signatures  a,  b,  c,  d.  L'ouvrage  est  di- 
visé en  deux  parties,  dont  la  première  traite 
du  plain-chant;  la  seconde,  de  la  musique 
mesurée.  La  première  partie  a  neuf  cha- 
pitres; la  seconde,  quatorze.  Les  caractères  de 
plain-chant,  en  notation  allemande,  sont  im- 
primés; les  exemples  de  musique  mesurée  de 
la  seconde  partie  ont  été  laissés  en  blanc  et 
sont  écrits  à  la  main  dans  l'exemplaire  de  la 
Bibliothèque  royale  de  Berlin  que  j'ai  vu  et 
d'après  lequel  je  donne  cette  description  :  il 
est  vraisemblable  qu'ils  ont  été  remplis  de  la 
même  manière  dans  tous  ceux  qui  ont  été 
tirés.  Ce  même  volume  a  été  inconnu  à  tous 
les  bibliographes  musiciens  ;  cependant  Orni- 
•toparchus  (voyez  ce  nom)  a  cité  l'ouvrage  avec 
éloges.  Peut-être  le  livre,  cité  par  Gesner 
(Bibliot.  univ.)  sous  le  nom  de  Wolcmer 
(voyez  ce  nom),  n'esl-il  qu'une  édition  posté- 
rieure de  l'ouvrage  de  Volckmar,  sous  un 
autre  litre. 

VOLCRMAR  (Adam-Valentin),  né  le 
6  mars  1770,  à  Smalkalde,  fit  son  éducation 
musicale  sous  Lr  direction  de  l'organiste  dis- 
tingué Jean-Godefroid  Vierling.  Après  avoir 
terminé  ses  éludes,  il  obtint  une  place  de  pro- 
fesseur de  musique  à  Rothenburg.  En  1805,  il 
fut  appelé  à  Herzfeld-sur-la-Fulde  comme  or- 
ganiste de  la  ville,  et,  en  1817,  il  devint  orga- 
niste de  l'église  principale  de  Rinleln  et  pro- 
fesseur de  chant  au  gymnase.  Il  vivait  encore 
dans  cette  position  en  1847.  Quelques  sonates 
de  sa  composition  pour  piano  et  violon  et  pour 


piano  et  violoncelle,  des  Lieder  et  des  pièces 
d'orgue  ont  été  publiées  en  Allemagne. 

VOLCRMAR  (A.-B.-Wilhelm),  fils  du 
précédent,  né  à  Herzfeld,Ie  26  décembre  1812, 
commença,  à  l'âge  de  huit  ans,  l'élude  du 
piano  et  de  l'orgue,  sous  la  direction  de  son 
père,  puis  il  alla,  à  Buckebourg,  apprendre  à 
jouer  du  violon  chez  le  ma  S  Ire  de  concert  Lilpse 
et  acquit  aussi  la  connaissance  du  violoncelle 
et  de  plusieurs  autres  instruments.  Après  avoir 
achevé  ses  éludes  au  gymnase  de  Rinleln,  il 
fui,  pendant  une  année,  organiste  de  l'église 
des  réformés  à  Soest  (Souabe)  et  y  fréquenta, 
pendant  le  même  temps,  le  séminaire  des  in- 
stituteurs. Pendant  les  années  1834  et  1835,  il 
vécut,  comme  professeur  de  musique,  dans  une 
famille  de  Brunswick.  A  la  fin  de  celle  der- 
nière année,  il  obtint  la  place  de  professeur  de 
musique  au  séminaire  de  Homherg,  dans  la 
Hesse  électorale.  II  occupait  encore  cette  po- 
sition en  1860.  On  a  publié  de  M.  Volckmar  : 
1°  Pièces  d'orgue,  en  trois  suites;  Casse], 
Fischer.  2°  Hiilfsbuch  fur  Organisten  (Com- 
pagnon des  organistes),  contenant  des  préludes 
et  des  conclusions  pour  l'orgue;  recueil  divisé 
en  quatre  suites  de  préludes  et  de  conclusions; 
Cassel,  Luckardt.  3°  École  d'orgue;  ibid. 
4°  Méthode  élémentaire  de  violon;  ibid. 
5° Prélude  à  quatre  mains,  pour  l'orgue;  Er- 
furt,  Kœrner.  6°  Choralbuch  mit  Vorspielen , 
Zwischenspielen  und  geschichtlichen  An- 
merkungen  (Livre  choral  avec  des  préludes 
pour  l'orgue,  des  versets  et  des  remarques  his- 
toriques, etc.);  ibid. 

VOLDER  (Pierre-Jean  DE),  compositeur 
et  facteur  d'orgues,  né  à  Anvers,  le  27  juillet 
1767,  a  eu  pour  maître  de  violon  et  de  compo- 
sition Redin,  alors  premier  violon  de  la  cathé- 
drale de  celte  ville.  A  l'âge  de  seize  ans,  De 
Volder  fut  nommé  premier  violon  de  l'église 
de  Saint-Jacques.  En  1794,  il  alla  s'établira 
Anvers,  où  il  devint  rival  de  Van  Pelegbem 
dans  la  facture  des  orgues. Dans  la  même  année, 
il  inventa  un  mécanisme  de  crescendo  et  de 
decrescendo  pour  cet  instrument  et  le  soumit, 
en  1796,  à  l'examen  des  professeurs  du  Con- 
servatoire de  Paris,  qui  l'approuvèrent.  Ce 
mécanisme  fut  l'objet  d'une  distinction  parti- 
culière à  la  première  exposition  des  produits 
de  l'industrie  du  royaume  des  Pays-Bas,  en 
1820.  Dès  son  arrivée  à  Gand,  De  Volder  fut 
nommé  premier  violon,  chef  d'orchestre  du 
concert  de  cette  ville  et  premier  violon  solo  du 
théâtre.  Plus  tard,  il  donna  sa  démission  de 
ces  emplois  pour  se  livrer  en  liberté  à  la  fac- 
ture des  orgues.  Le  nombre  des  inslrumenls 


384 


VOLDER  -  VOLLBED1NG 


de  cette  espèce  qu'il  a  construits  s'élève  à 
soixanle-dix-huil,  et  il  en  a  réparé  ou  refait 
entièrement  cinquante-six.  Parmi  ses  ouvrages, 
l'orgue  de  Saint-Michel,  de  Gaud,  et  celui  qu'il 
a  refait  à  l'église  Sainte-YVandru,  de  Mons,  oc- 
cupent la  première  place. Fixé  à  Bruxelles,  en 
1831,  il  a  continué  d'y  travailler  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  27  juin  1841.  Dans  la  liste  de 
ses  compositions,  on  remarque  :  1°  Cinq 
messes  à  quatre  voix  et  orchestre.  2»  Trois 
symphonies  à  grand  orchestre.  5"  Deux  con- 
certos pour  violon,  dont  le  premier  a  été  gravé 
à  Bruxelles,  chez  Weissenbruch.  4°  Un  con- 
certo pour  cor.  5°  Deux  symphonies  concer- 
tantes. 0°  Neuf  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse,  dont  trois  ont  été  gravés  à  Berlin, 
chez  Hiimmel.  7"  La  bataille  de  Jéna,  sym- 
phonie à  grand  orchestre.  8°  La  bataille  de 
Waterloo,  idem.  9°  La  Jeunesse  de  Henri  V, 
opéra  en  trois  actes.  10°  Plusieurs  hymnes, 
motels  et  litanies.  11°  Fantaisie  pour  deux  or- 
chestres. 12"  Nocturnes  et  divertissements 
pour  plusieurs  instruments.  De  Volder  était 
membre  de  l'Institut  des  Pays-Bas.  de 
l'Académie  des  beanx-arls  d'Amsterdam  et 
de  plusieurs  sociétés  musicales  de  la  Bel- 
gique. 

VOLRERT  (Fiusçois),  organiste  de 
l'église  collégiale  des  Bénédictins,  à  Vienne, 
brilla,  depuis  1810  jusqu'en  1850,  comme 
compositeur  d'opéras-comiques,  mélodrames, 
parodies,  etc.,  qu'il  a  fait  représenter  au 
théâtre  National  de  Léopoldstadt,  dont  il  était 
chef  d'orchestre.  Le  nombre  de  ses  ouvrages 
en  ce  genre  s'élève  à  plus  de  cent;  ceux  qui 
ont  obtenu  le  plus  de  succès  sont  les  suivants  : 
1°  Le  Visionnaire  (1810).  2°  Les  Enchante- 
ments d'Arlequin  (181 1).  3"  Le  Chapeau  ma- 
gique  (1812).  4°  Herrmann,  libérateur  de  la 
Germanie  (1813).  5"  Les  trois  Enigmes  mi- 
raculeuses (1813).  6°  Aventures  au  château 
des  Serpents  (1814).  7°  L'Amour  vainqueur 
(1814).  8"  Gaspard  le  Tyrolien  (1815).  9"  Le 
Naufrage  (1815).  10°  Ernest,  comte  de  Glei- 
chen  (1815).  11"  Junon  protectrice  (1810). 
12"  La  Cavalcade  à  pied  (1816).  13"  La 
Vnlléedesgnomes{\d>\G)A4»LePhare(\8\7). 
15"  Les  Émigrés  (1817). 16° La  Chute  d'Icare 
(1817).  17"  La  Pucelle  d'Orléans  (1817). 
18°  Le  Carnaval  à  Vienne  (1820).  19u  Le 
Combat  des  Amazones  (1820).  20°  Le  Lutin 
auPrater  (1821).  21°  Le  Vieux  Esprit  dans 
le  monde  nouveau  (1821).  22°  La  Coquille  de 
perles  (1822).  23"  Le  Géant  raillé  (1823). 
24°  Les  Ciseaux  magiques  (1823).  25"  La 
Conversation  dans  la  cuisine  (1825).  20°  Fé- 


lix et  Gertrude  (182C).27° Pggmalion  (1827). 
28"  Le  Cheval  sans  tête  (1828).  Volkert  a 
écrit  aussi  quelques  morceaux  de  musique  in- 
strumentale, parmi  lesquels  on  remarque  : 
1"  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
op.  8;  Vienne,  Ilaslingcr.  2°  Variations  pour 
le  piano  sur  un  thème  allemand;  ibid. 
3"  Vingt-quatre  cadences  pour  l'orgue;  ibid. 
4°  Trois  préludes  faciles  pour  l'orgue,  op.  20; 
Vienne,  Diabclli.  5°Trois  préludes  faciles  poul- 
ies organistes  commençants.  Volkert  est  mort 
à  Vienne,  le  22  mars  1845. 

VOLIOIAK  (Tobirï,  né  à  Beichenstein. 
en  Silésie,  le  18  mars  1078,  apprit  la  musique 
chez  llennemann  Reysing,  et  le  clavecin  sous  la 
direction  d'un  nommé  Purmann.  Plus  lard,  il 
devint  élève  de  Jean  Krieger,  directeur  de 
musique  à  Zillau,  qui  lui  enseigna  l'harmonie 
et  le  contrepoint.  Après  avoir  achevé  ses  études 
littéraires  à  l'université  de  Kœnigsberg,  il  fut 
appelé  à  Hiischberg,  en  170G,  pour  y  remplir 
les  fonctions  de  directeur  de  musique  et  de 
cantor.  Il  y  vivait  encore  en  1740.  Volkmar  a 
publié  à  Hiischberg,  en  1723,  une  collection 
de  motets  a  voix  seule  avec  instruments,  sous 
ce  litre  :  Golt  gefxllige  Musik-Freude,  in  XV 
geisllichen  Sing-Sliicken  a  voce  sola,  2  vio- 
Uni,  viola  und  einernblasenden  Instrumente, 
nebst  dem  L'assoper  organo.  Il  a  laissé  aussi 
en  manuscrit  :  1°  Une  an  née  entière  de  motels  à 
deux  voix,  deux  violons,  viole  et  basse  continue. 
2"  Une  année  entière  de  motels  à  quatre  voix. 
3"  Une  autre  année  à  quatre  voix  et  instru- 
ments, terminée  en  1740.  4°  L'histoire  de  la 
naissance  de  Jésus-Christ,  de  la  Passion,  de  la 
Résurrection  et  de  l'Ascension,  l'histoire  de 
la  Pentecôte,  avec  des  airs  et  des  cantiques. 
5"  Des  morceaux  de  musique  pour  les  mariages, 
les  funérailles,  etc.,  à  2  chœurs. 

VOLLBEDIÏVG  (Jean-Chbistopiie),  né  à 
Scbœnebeck,  près  de  Magdebourg,  en  1757,  fut 
professeur  de  belles-lettres  du  corps  des  cadets 
nobles  à  Berlin,  dans  les  années  1791  et  1792, 
et  fut  appelé,  en  1793,  à  Luckenwalde,  dans  la 
Moyen  ne- Ma  relie,  en  qualité  de  magisler  et  de 
prédicateur.  Il  a  traduit,  en  allemand  l'intro- 
duction de  la  quatrième  partie  du  Facteur 
d'orgues  de  D.  Bedos,  sous  ce  titre:  Kurzge- 
fasste  Geschichte  der  Orgel,  aus  den  Fran- 
zœsischen  des  Dom  Bedos  de  Celles.  Nebst 
Hérons  Beschreibung  der  JVasserorgel,  aus 
dem  Griechischen  iibersetzt,  Berlin,  Ernest 
Felisch,  1793,  in-4"  de  trente-quatre  pages, 
avec  une  planche.  Vollheding  avait  déjà  publié 
précédemment  sa  traduction  de  la  description 
de  l'orgue  hydrauliqucde  Héron,  dans  les  Ar- 
chives des  inventions  relatives  aux  arts  et  aux 


V0LLBED1NG  —  VOSS 


383 


sciences  (Leipsick,  1792,  in-8°,  p.  340346,  el 
p.  507-511). 

VOLLWEILER  (G.-J.),  né  en  1770,  vé- 
cut à  Francfort-sur-le-Mein,  comme  professeur 
de  musique  et  de  composition  ;  puis  il  s'établit 
à  Heidelhcrg,  où  il  mourut  le  17  novembre 
1847.  Il  passaiten  Allemagne  pour  un  savant 
théoricien.  Aloys  Schmill  fut  un  de  ses  pre- 
miers élèves.  On  connaît  de  Vollweiler  une 
méthode  élémentaire  pour  le  piano,  intitulée: 
Anleitung  zum  Elementarunterricht  im  Kla- 
vierspiel,  etc.,  Mayence,  Schotl;  et  Elemen- 
tar-Gesang  Unterrichl  fur  Schulen  (Ensei- 
gnement élémentaire  du  chant  pour  les  écoles); 
ibid. 

VOLLWEILER  (Chaiiles),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Offenbach,  en  1815,  et  fut  élève 
de  son  père.  Dans  sa  jeunesse,  il  vécut  quelque 
temps  à  llanau  ;  puis  il  se  rendit  à  Pélersbourg 
et  s'y  livra  à  l'enseignement.  De  retour  en 
Allemagne,  il  alla  se  fixer  à  Heidelberg,  près 
de  son  père,  et  y  mourut  le  27  janvier  1848,  à 
l'âge  de  34  ans.  Il  a  écrit  des  symphonies,  des 
quatuors  elde  quintettes  pour  des  instruments 
à  cordes.  Parmi  les  compositions  publiées,  on 
remarque:  1"  Premier  trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle  (en  fa),  op.  20;  Leipsick,  Breil- 
kopf  el  H œrlel.  2°  Grande  sonate  pour  piano 
seul,  op.  5;  Hambourg,  Schuberlh.  5°  Six 
éludes  mélodiques,  en  2  suites;  op.  4,  ibid. 
4°  Sur  le  lac,  nocturne  idem,  op.  6;  ibid. 
5° Trois  éludes  lyriques  idem, op. 9;  Mayence, 
Schotl.  6"  Deux  études  lyriques  et  une  taren- 
lelle  idem,  op.  10;  Hambourg,  Schuberlh. 
7°  Élégie  en  forme  de  marche  funèbre  idem, 
op.  11  ;  ibid.  8°  Deuxième  tarentelle,  op.  12; 
ibid.  9°  Grand  ca\n-\cesuv Rossaus  et  Ludmilla 
idem,  op.  15;  ibid.  10°  Trio  concertant  sui- 
des thèmes  italiens  pour  piano,  violon  el  vio- 
loncelle, op.  15;  ibid.  11°  Diverses  petites 
pièces  pour  le  piano.  12"  Variations  concer- 
tantes sur  l'Hymne  russe  pour  deux  violons, 
allô  et  violoncelle,  op.  14;  Berlin,  Schlesinger. 
Une  des  symphonies  de  Charles  Vollweiler  a 
été  exécutée  avec  succès  dans  un  concert  à 
Pélersbourg,  en  184G. 

VOLPE  (Jla*  Baptiste)  ;  voyez  ROVET- 
TIWO. 

VOLLiUIER  (Jean-Baptiste),  musicien 
belge,  fut  maître  de  concerts  el  inspecteur  des 
ballets  à  Berlin.  Il  entra  dans  la  chapelleélecto- 
rale  de  Brandebourg  le  22  novembre  1092,  el  y 
resta  jusqu'au  commencement  du  dix-huitième 
siècle,  puis  il  fui  engagé  à  la  cour  de  l'électeur 
de  S.ixe,  en  1700,  pour  les  mêmes  fonctions. 
Il  mourut  à  Dresde,  le  7  octobre  1728.  Mal- 

DIUUI.   UMV.   IIES  MUSICIENS.   T.    Mil. 


theson,  dit  dans  son  Ehrenpforte  que  Volu- 
mier  composa,  à  Berlin,  la  musique  de  plusieurs 
ballets,  particulièrement  lc>  airs  de  danse  et 
les  entrées  pour  l'opéra  intitulé  Le  Triomphe 
de  la  beauté,  composé  et  représenté  au  ma- 
riage de  Frédéric-Guillaume  Ier,  en  1707.  Il 
a  écrit  aussi  les  di  verlissements  pour  les  opéras 
représentés  à  la  cour  de  Saxe. 

VOLUPIUS  DECORUS.  Voyez 
SCHOI>SLEDER  (Wolfgang). 

VOPELIUS  (Godefroid),  né  à  Herwigs- 
dorf,  près  de  Zittau,  le  28  janvier  1G43,  fui 
canlor  de  l'école  Saint-Nicolas,  à  Leipsick, 
el  mourut  dans  cette  ville,  le  o  février  1715. 
Il  a  publié  le  livre  de  chant  des  églises  de 
Leipsick  à  4,  5  el  G  voix,  sous  ce  titre  :  Neu- 
Leipziger  Gesangbuch  von  den  schœnsten 
uttd  beslen  Liedern.  verfasset  mit  4  und 
6  Slimmen,  elc,  Leipsick,  Klinger,  1682, 
in-8°  de  1,104  pages.  Il  a  été  fait  une 
deuxième  édition  de  ce  recueil  en  1690,  avec 
une  préface  de  Georges  Moebius,  qui  contient 
des  notices  sur  les  compositeurs  des  mélodies 
chorales. 

VOSS  (Charles),  virtuose  sur  le  piano,  né 
à  Slrélitz,  en  1810,  y  commença  ses  éludes 
musicales,  qu'il  continua  à  Berlin.  Arrivé  a 
Paris,  au  mois  de  juillet  1846,  il  s'y  fit  bientôt 
connaître  dans  les  concerts  et  déploya  une 
grande  activité  dans  la  production  d'une  mul- 
ti tiide  de  fantaisies,  d'arrangements,  d'éludés 
décorées  de  litres  à  la  mode,  et  enfin  de  mu- 
sique de  salon,  qui  a  joui  de  la  vogue  pen- 
dant douze  à  quinze  ans.  Jusqu'en  1860, 
M.  Charles  Voss  fut  un  des  professeurs  de 
piano  les  plus  recherchés  à  Paris.  En  1858, 
il  fit  un  voyage  en  Italie,  puis  il  passa  environ 
Irois  mois  à  Bade.  Le  nombre  de  ses  morceaux 
de  piano  est  trop  considérable  pour  que  la 
liste  en  soit  donnée  ici,  car  on  y  compte  en- 
viron deux  cents  œuvres,  et  peut-^lre  plus. 
La  plupart  des  opéras  donnés  à  Paris,  pendant 
les  quinze  annéesdeson  séjour  dans  cette  ville, 
lui  en  ont  fourni  les  thèmes;  la  musique  de 
Richard  WagiiEr  même  a  passé  par  la  plume 
de  M.  Voss.  Il  a  fait  de  lout,  des  Cascades  de 
fleurs,  des  Méditations,  des  Galops  mili- 
taires, des  Mélancolies  et  des  Larmes,  des 
Polkas  et  des  Quadrilles  de  bravoure.  J'ignore 
où  se  trouve  en  ce  moment  (1864)  M.  Charles 
Voss. 

VOSS  (Jules  DE),  officier  de  l'armée  prus- 
sienne, mort  le  1er  novembre  1832,  s'esl  fait 
connaître  comme  écrivain  distingué  sur  l'art 
militaire,  sur  la  politique  et  la  philosophie. 
Parmi  les  nombreux  ouvrages  qu'il  a  mis  air 


386 


VOSS  —  Vl)Z 


jour,  on  remarque  celui  qui  a  pour  litre  : 
Beleugtung  der  vertrauten  Briefe  iiber 
Frankreich  des  Jferm  J.  F.  Reichardt 
(Examen  des  lettres  confidentielles  de  M.  J.-F. 
Reichardt),  Berlin,  1804,  1  vol.  in-8"  de 
239  pages.  Danscelivre,  où  règnenlun  esprit 
de  dénigrement  et  un  sentiment  haineux 
contre  la  France,  on  trouve  des  considérations 
développées  sur  le  grand  opéra  de  Paris, 
l'opéra  italien  et  l'opéra  allemand. 

YOSSIUS  (Gérard- Jean),  littérateur,  dont 
le  nom  était  Foss,  naquit  en  1577,  près  de 
Heidelberg,  de  parents  originaires  de  Ter- 
monde.  Devenu  orphelin  à  l'âge  de  sept  ans, 
il  fit  ses  éludes  à  Dordrecht  et  les  acheva  à 
l'université  de  Leyde.  Ayant  été  nommé  direc- 
teur du  collège  de  Dordrecht  à  l'âge  de  vingt- 
deux  ans,  il  se  maria  et  eut  neuf  enfants,  tous 
distingués  par  leur  mérite,  et  qu'il  eul  la  dou- 
leur de  perdre.  Un  seul  fils,  Isaac,  objet  de  la 
notice  suivante,  lui  survécut.  En  1G18,  Vos- 
sius  accepta  la  place  de  professeur  d'éloquence 
et  de  chronologie  à  l'université  de  Leyde.  Des 
querelles  religieuses  où  il  fut  mêlé,  à  l'occasion 
de  son  histoire  du  pélagianisme,  troublèrent 
sa  tranquillité  en  Hollande  ,  tandis  que  le 
même  ouvrage  lui  faisait  obtenir  la  faveur  du 
roi  d'Angleterre,  qui  récompensa  son  travail 
par  un  canonicatde  Cantorbéry,  sans  l'obliger 
à  résidence.  En  1655,  Vossius  abandonna  l'uni- 
versité de  Leyde  pour  une  chaire  d'histoire  à 
la  nouvelle  académie  d'Amsterdam.  Il  mourut 
dans  cette  ville,  le  19  mars  1649.  Les  œuvres 
de  Vossius  ont  été  recueillies  en  six  volumes 
in-folio,  à  Amsterdam,  chez  Blaen,  en  1701. 
On  y  trou  vêle  traité  De  Artiumet  Scientiarum 
natura,  dont  les  trois  premiers  livres  parurent 
en  1650,  les  deux  derniers  en  1658,  Amster- 
dam, in-4",  et  qui  fut  réimprimé  en  1GG0  sous 
ce  titre  :  De  quatuor  Artibus  popularibus,  de 
Philologia  et  Scientiis  mathematicis,  Am- 
sterdam, Blaeu,  in-4°.  Les  quatre  arts  appelés 
populaires  par  Vossius  sont  la  grammaire,  la 
gymnastique,  la  musique  et  la  peinture  :  ils  sont 
l'objet  du  premier  livre  de  son  ouvrage.  Le 
quatrième  chapitre  (p.  56-60)  est  consacré  à  la 
musique  :  il  peut  être  lu  encore  avec  fruit,  sons 
le  rapport  historique.  Les  chapitres  19,  20,  21 
et  2?  du  traité  des  sciences  mathématiques, 
intitulé  De  Universs  Matheseos  natura  et 
constilutione,  traitent  (p.  79-97)  de  la  musique 
contemplative,  de  l'antiquité  de  la  musique,  de 
son  utilité  et  des  parties  de  cet  art.  Le  traité 
des  institutions  poétiques  du  même  auteur 
{Poeliearum  institutionum  libri  III,  Am- 
stelodami,  Lud.  Elzevirium,  1647,  in-4n)  ren- 


ferme une  multitude  de  passages  utiles  pour 
l'histoire  de  la  musique  des  anciens.  Enfin, 
Vossius  a  traité  de  la  musique  en  plusieurs 
endroits  de  son  livre  intitulé  :  De  ArtisPoetics: 
natura  ac  constitutione ,  Amsterdam,  L.  El- 
zevier,  1647,  in-4°. 

VOSSIUS  (Isaac),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Leyde,  en  1618.  Élève  de  son  père,  il  lit 
de  bonnes  études,  et  devint  un  des  philologues 
les  plus  distingués  de  son  temps.  Après  avoir 
passé  plusieurs  années  au  service  de  la  reine 
Christine  de  Suède,  il  retourna  en  Hollande, 
en  1652.  Dix-huit  ans  après,  il  (tassa  en  Angle- 
lerre,  où  le  roi  Charles  II  le  fit  chanoine  de 
Windsor.  Il  mourut  dans  ce  lieu,  le  21  février 
1689.  Au  nombre  des  ouvrages  de  ce  savant, 
on  remarque  une  dissertation  intitulée  :  De 
Pocmatum  cantu  etviribus  rhythmi,  impri- 
mée à  Oxford,  en  1675,  in-8°  de  136  pages. 
Beaucoup  d'éloges  ont  été  donnés  à  celle  pro- 
duction, qui  avait  le  mérite  de  l'originalité  à 
l'époque  où  elle  parut,  mais  où  la  matière 
n'est  point  approfondie  comme  elle  l'a  été 
par  Boeckh,  dans  son  excellente  édition  de 
Pindare.  Toutefois,  il  est  juste  de  dire  que  le 
livre  de  Vossius  contient  des  observations  in- 
génieuses concernant  l'union  des  vers  et  de  la 
musique  dans  les  chants  des  Grecs  et  des  Ro- 
mains, Il  y  traile  avec  quelque  étendue  de  la 
musique,  des  instruments,  et  particulièrement 
de  l'orgue  hydraulique  (pages  99-106),  d'après 
les  descriptions  de  Héron  et  de  Vitruve. 

VOZ  (Laurent  DE),  ou  DE  VOS,  né  à 
Anvers,  en  1535,  était  frère  de  Martin  de  Vos, 
peintre  célèbre.  Après  avoir  été  attaché  comme 
musicien  à  la  cathédrale  de  sa  ville  natale,  il 
fut  appelé  à  Cambrai  par  l'archevêque  Louis 
de  Berlaymonl,  en  qualité  de  directeur  de 
musique  et  de  maître  des  enfants  de  chœur  de 
la  cathédrale.  Son  attachement  pour  ce  prélat 
le  fit  se  compromettre  pendant  les  troubles, 
parla  composition  d'un  motet  qui  fut  la  cause 
de  sa  mort.  Cette  aventure  est  rapportée  en 
ces  termes  dans  la  Revue  cambrésienne  (an- 
née 1858,  page  81)  :  «  Laurent  Voz  composa 
»  un  motel  à  grands  chœurs,  de  plusieurs  ver- 
?  sets  de  différents  psaumes  qui  étaient  si  ar- 
»  tistement  arrangés,  que  toute  l'histoire  des 
»  troubles  de  ce  temps  y  était  écrite:  l'usurpa- 
»  tion  tyrannique  d'Inchy,  la  perfidie  du 
»  prévôt  et  de  sa  cabale,  l'ingratitude,  la  ré- 
«  volte  et  la  mort  funeste  de  plusieurs  bour- 
»  geois,  l'éloignement  et  les  malheurs  de  l'ar- 
»  chevêque,  la  vaine  espérance  des  secours  du 
»  duc  d'Alençon  et  le  peu  de  durée  de  la 
»  gloire  des  méchants.  Ce  motet  fut  chanté 


VOZ  -  VROYE 


Î5S7 


»  après  les  vêpres,  un  jour  de  fête  solennelle. 
»  D'Inchy  l'entendit  ;  il  entra  dans  une  si  ter- 
»  rible  fureur,  qu'il  ordonna  que  l'on  saisit 
»  incontinent  le  maître  de  musique.  On  le 
«  conduisit  en  prison  et,  sans  autre  forme  de 
»  procès,  d'Inchy,  de  son  autorité  privée,  or- 
n  donna  qu'on  le  pendit.  On  lui  représenta 
»  vainement  que  l'usage  demandait  que  l'on 
«  appelât  le  juge  de  l'Église;  qu'il  fallait  la 
»  cérémonie  de  la  dégradation;  rien  ne  put 
»  arrêter  ni  suspendre  l'exécution  d'une  sen- 
»  tence  contraire  à  toutes  les  règles.  »  Jean 
Doudelet,  dit,  dans  ses  Chroniques  inédiles,  que 
cet  événement  arriva  à  la  fin  de  janvier 
1580  (1).  Lacroix  du  Maine  cite  (Bibliothèque 
française)  Laurent  de  Voz  comme  auteur  de 
chansons  et  de  motets  imprimés,  mais  il  n'in- 
dique ni  les  dates  ni  les  noms  d'imprimeurs. 
Je  ne  connais  de  ce  musicien  qu'un  motel  à 
cinq  voix  (Cum  inducerent)  publié  par  Pierre 
Phalèse  dans  la  collection  intitulée  Cuncen- 
tuum  sucrorum  qux  motecta  vocant,  qua- 
tuor, quinque  et  sex  vocibus  plur.  celeb. 
auctorum,  Anvers,  1591,  in-4°obl. 

VRAINCKE;NZOI\E  (Gautier)  occupait, 
dans  les  dernières  années  du  règne  de  Phi- 
lippe le  Bon,  duc  de  Bourgogne, la  place  de 
maître  de  chant  (zangmeesler)  de  la  chapelle 
de  la  cour  et  de  l'hôtel  du  duc,  à  La  Haye.  En 
1465  ou  1466,  il  lui  fut  payé  15  florins  du 
Rhin  (XFrynsgulden)  à  compte  du  salaire 
qui  lui  élaitdù  pour  avoir  écrit,  noté  et  relié 
certain  livre  de  déchant  à  l'usage  de  la  cha- 
pelle. Charles  le  Téméraire  lui  donna,  en  1469, 
des  marques  particulières  d'estime  et  de  géné- 
rosité. 

VREDEMAÏY  (Jacques),  professeur  de 
musique  à  Leuwarden,  en  Hollande,  enseignait 
déjà  dans  cette  ville  en  1600,  et  y  vivait  en- 
core quarante  ans  après.  On  connaît  sous  son 
nom  :  1°  Musica  miscella  o  mescolanza  di 
madrigali,  canzoni  e  villanelle  a  4  et  5  voci, 
avec  un  texte  en  patois  de  la  Frise,  Leuwar- 
den, 1603,  in-4°.  2°  Isagoge  Musicx,  dut  is 
corte  ,  perfecle  ende  grondighe  Instructie 
vandt  principale*  Musijcke  soo  die  in  allen 
Collégien  der  selver  Const ghebruykt  werden, 
ende  in  de  verlreffelijcke  groote  Schoole  der 
Stadl  Leuwarden  (Instruction  courte,  par- 
faite et  fondamentale  concernant  les  principes 

(1)  il.  E.  de  Coussemaker  a  public  dans  ses  Notices 
sur  les  collections  musicales  de  la  bil/liolltéque  de  Cam- 
brai (Paris,  Tecliner,  -184-3,  in-8",  p.  158  et  suiv.),  le 
passage  de  ces  chroniques  relatif  à  la  mort  de  De  Voz, 
ainsi  que  l'épilaphc  de  celui-ci,  et  le  fragment  d'une 
complainte,  qui  lui  avaient  été  communiqués  par 
M.  Arthur  Dinaux. 


de  la  musique,  etc.),  Leuwarden,  Abraham 
Van  den  Rode,  1618,  in-4°  de  64  pages.  Il  y 
aune  deuxième  édition  de  cet  ouvrage,  im- 
primée en  1643,  à  Leuwarden. 

VREDEMATV  (Michel),  professeur  de 
musique  à  Arnheim,  en  Hollande,  au  com- 
mencement du  dix-septième  siècle,  a  publié 
une  collection  de  pièces  en  tablature  à  quatre 
parties  pour  deux  violes  et  deux  guitares  à 
cinq  cordes,  sousce  titre  :  Der  Violen  Cyther 
mit  vyfsnauren,  en  niewe  sorte  mélodieuse 
inventie,  twe  naluren  hebbende,  vier  par- 
thyen  spelende ,  lichl  te  leeren,  half  violen, 
half  cyther,  etc.  Arnheim,  J.  Janssen,  1612, 
in-4°. 

VROYE  (Théodore-Joseph  DE),  chanoine 
titulaire  de  la  cathédrale  de  Liège  et  directeur 
général  de  la  musique  religieuse  dans  ce  dio- 
cèse, est  né  le  19  août  1804,  à  Villers-la-Ville, 
dans  le  Brabant  (Belgique).  Il  a  fait  ses  études 
au  collège  de  Nivelles,  où  la  musique  lui  a  été 
enseignée  par  un  bon  maître  nommé  Lebrun. 
Entré  au  séminaire  de  Malines  en  1823,  il  en 
sortit  à  la  suite  de  difficultés  relatives  au  col- 
lège philosophique  de  Louvain,  et  passa  au  sé- 
minaire de  Liège,  où  il  fut  ordonné  prêtre,  en 
1828.  Après  deux  ans  de  vicariat,  il  devint 
curé  de  Saint-Christophe,  à  Liège,  fut  élu 
chanoine  en  1835,  grand  chantre  de  la  cathé- 
drale dans  la  même  année,  puis  examinateur 
synodal  et  président  de  plusieurs  sociétés 
savantes.  M.  le  chanoine  De  Vroye  est  aussi 
membre  correspondant  de  la  commission 
royale  des  monuments  de  Belgique.  La  musi- 
que religieuse,  sous  tontes  ses  formes,  a  été 
l'objet  principal  des  études  et  des  travaux  de 
ce  savant  ecclésiastique  :  le  plain-chanl,  en 
particulier,  a  fixé  son  attention.  Son  système 
d'amélioration  de  ce  chant  a  de  l'analogie  avec 
celui  de  l'auteur  de  celte  Biographie,  et,  seul 
en  Belgique,  M.  le  chanoine  De  Vroye  est  par- 
venu à  obtenir  l'unité  du  chant  dans  son  dio- 
cèse. Auteur  de  nombreuses  recherches  sur 
les  types  mélodiques  du  chant  romain,  il  a 
constaté  l'existence  de  ces  types  primordiaux. 
Au  moment  où  celle  notice  est  écrite,  il  pré- 
pare la  publication  d'un  livre  sur  ce  sujet  im- 
portant. M.  De  Vroye  a  publié  de  nombreux 
morceaux  de  critique  aussi  remarquables  par 
la  solidité  de  l'érudition,  que  par  le  mérite  de 
la  forme  et  l'exquise  politesse  de  l'écrivain. 
Parmi  ses  publications, on  remarque:  1°  LeFes- 
peral,  dont  la  première  édition  a  paru  à  Liège, 
Kersten,  1829.  2°  Le  Graduel,  qui  fut  publié 
pour  la  première  fois,  dans  la  même  ville,  en 
1831.  Postérieurement,   dix  éditions  de  clia- 

25. 


388 


VROYE  —  VUONNEGGER 


cun  de  ces  livres  ont  été  épuisées.  5°  Traité 
du  plain-chant  à  l'usage  des  séminaires  ; 
Liège,  Kersten,  1859. 4° Manuale  Canlorum; 
ibid.,  1849.  5°  Processionale  ;  ibid.,  1849. 
Quatre  éditions  de  ce  livre  ont  été  publiées. 
Q°  Rituale  romanum;  ibid,  1862. 

Non  moins  zélé  pour  la  musique  d'église 
que  pour  le  plain-chant,  M.  le  chanoine  De 
Vroye  s'est  attaché  à  la  propager  et  à  en  per- 
fectionner l'exécution.  La  maîtrise  de  la  ca- 
thédrale de  Liège,  qui  seule  existe  encore  en 
Belgique,  est  placée  sous  sa  direction  et  lui 
fournit  une  partie  des  voix  nécessaires  pour 
faire  entendre  dans  son  église  les  plus  belles 
œuvres  des  diverses  écoles.  Le  chœur,  dans  les 
occasions  solennelles,  est  composé  de  cinquante 
voix,  et  le  nombre  total  des  exécutants  est  de 
plus  de  cent  (1). 

"VROLIK.  (Guillaume),  étudiant  en  méde- 
cine à  l'Université  d'Utrecht,  a  soutenu,  pour 
obtenir  le  doctorat,  le  2G  mars  1821,  une 
thèse  qui  a  été  publiée  sons  ce  tilre  :  Com- 
mentatio  de  auditus  organo  cum  hominis, 
tum  animalium  ;  Trajecli  ad  Rlienum.  Pad- 
denberg,  1822,  in-8°  de  90  pages,  avec  une 
planche. 

VULPIAIV  (Alphonse),  avocat  et  auteur 
dramatique,  est  mort  à  Paris,  à  l'âge  de  trenle- 
quaire  ans,  le  14  octobre  1829.  Au  nombre  de 
ses  ouvrages,  on  remarque  :  Code  des  théâtres, 
ou  Manuel  d  Vusage  des  directeurs,  entre- 
preneurs et.  actionnaires  des  spectacles,  des 
auteurs  et  artistes  dramatiques,  etc.  Paris, 
Warée  aine,  1829,  in-8°. 

VULPIUS  (Melchior)  ,  compositeur  de 
musique  d'église,  naquit  à  Wasungen,  dans 
le  canton  d'IIenneberg,  vers  15G0.  En  1G00, 
il  devint  cantor  à  Weimar,  et  occupa  ce  poste 
jusqu'à  l'époque  de  sa  mort,  arrivée  en  1G16. 
Les  compositions  connues  de  Vulpius  sont  : 
1°  Canlionum  sacrarum  cum  G,  7,  8  voci- 
bus,clc.  Jéna,1G02,  in-4°.  2°  Cantionessacrx 
5,  G  et  8  vocum,  part.  I,  Jéna,  1605,  in-4". 
5°  Idem,  part.  II,  ibid.,  1004,  in-4°.  Les 
deux  parties  ont  été  réunies  dans  une  édition 
publiée  en  1611,  à  Jéna.  4°  Kirchengesxnge 
und  geislliche  Lieder  D.  Lutheri  tmd  ande- 
rer  mit  vier  und  fiinff  Stimmen  (Chorals  et 
cantiques  spirituels  de  Lulher  et  autres  à  4  et 
5  voix);  Leipsick,  1604,  in-4°.  5"  Canticum 
beatissimas  Virginis  Marias  4,  5,  6  et  plu- 
ribusvoc;  Jéna,  1605,  in-4°.  6°  Lateinische 
Hochzeit  Stiiche  (Épilhalames  latins  à  plu- 
sieurs  voix);    1608,  in-fol.    7°    Opusculum 

(I)  Je  suis  redevable  à  M.  Van  Elcwyck  des  éléments 
de  celle  notice. 


novum  selectissimarum  canlionum  sacra- 
rum 4,  5,  6  et  8  voc.  Erfurl,  1610,  in-4". 
8°  Erster  Theil  der  sonntxglichen  Evange- 
lischen  Spriiche  von  4  Stimmen  (Première 
partie  de  passages  des  Évangiles  des  dimanches 
à  4  voix).  Erfurt,  1619,  avec  une  préfacedalée 
de  1612.  La  deuxième  partie  a  paru  en  1620, 
et  la  troisième  en  1621,  dans  la  même  ville. 
Ces  dernières  parties  ne  furent  mises  au  jour 
qu'après  la  mort  de  l'auteur.  Vulpius  est  aussi 
connu  comme  éditeur  de  la  traduction  alle- 
mande du  Compendiolum  musicx  d'Henri 
Faner,  par  Jean  Gothard,  à  laquelle  il  a  ajouté 
un  petit  traité  des  modes  et  qu'il  a  publiée 
sons  ce  tilre  :  Musicx  compendium  latino- 
germanicum  M.  Henrici  Fabri  :  pro  tyro- 
nibus  hujus  arlis  ad  majorum  discentium 
commoditatem  aliquantulum  varialum  ne 
disposition,  cum  facili  brevique  de  modis 
tractatu.  Septimx  huic  editioni  correctiori 
accessit  doctrina  :  1°  de  intervallis,  2°  de 
terminis  italicis  apitd  musicos  recentiores 
ttsitatissimis  ,  ex  Synlagmale  Musico  Mi- 
chaelis  Prxlorii  excerplis.  Jéna,  1610.  Les 
éditions  de  Leipsick,  1614,  in-8°;  de  Halle, 
1020,  in-8»;  de  Leipsick,  1624,  in-8»  ;  de 
Jéna,  1656,  in-8»,  et  d'Ei'furl,  1665,  in-8°,  ne 
sont  que  des  copies  de  celle-là. 

VUOUrVEGGER  (Jean-Litavic),  habitant 
de  Fribourg  en  Brisgau,  fut  ami  de  Glaréan, 
dont  il  a  abrégé  le  Dodecachordon  dans  un 
petit  ouvrage  intitulé  :  Musicx  Epitome  ex 
Glareani  dodechacordo,  una  cum  quinque 
vocum  melodiis  super  ejusdem  Glareani  pa- 
negyrico  de  helveticarum  XI  11  urbium  lau- 
dibus,  per  Manfredum  Parbarinum  core- 
giensem.  Bàle,  1559,  in-8°  min.  L'ouvrage  est 
divisé  en  deux  parties  :  la  première  traite  des 
tons  de  plain-chant,  en  105  pages;  la  deuxième, 
intitulée  Minsuralis  musices  ex  Glareani  do- 
decachordo  compendium,  commence  à  la  page 
105  et  finit  à  la  page  150.  L'avertissement, 
daté  de  Fribourg  en  Brisgau,  février  1559,  dit 
que  le  véritable  auteur  de  cet  abrégé  est  Vuon- 
negger  :  il  est  très-bien  fait.  On  trouve,  dans 
la  bibliothèque  de  Strasbourg,  un  exemplaire 
du  même  ouvrage,  différent  pour  les  dates  de 
l'édition  ci-dessus,  quoique  semblable  pour 
tout  le  reste  :  l'avertissement  est  daté  :  Anno 
D.  1550,  et  l'année  de  l'impression  :  Basilex, 
per  Henricum  Pétri,  mense  martio  anno 
1557.  Il  est  vraisemblable  que  les  exemplaires 
qui  ont  la  date  de  1559,  sont  de  l'édition  de 
1557,  avec  un  autre  frontispice.  Brossard 
dit,  dans  ses  notes  manuscrites,  déposées 
à   la  Bibliothèque   impériale  de    Paris,   que 


VUONNEGGER  —  VYRE 


389 


dans  celle  même  année  1557,  on  imprima  une 
traduction  allemande  de  cel  abrégé.  Celte  tra- 
duction, si  elle  existe,  n'a  été  connue  d'aucun 
bibliographe. 

VUYLAERT,  VUILAERT  on  VI- 
LAERT.  Voyez  WILLAERT  (Adrien). 

VYHE  (JBas),  organiste  et  facteur  d'or- 
gues à  Bruges,  au  quatorzième  siècle,  est  cité 


dans  le  registre  n°  13G75  delà  Chambre  des 
comptes,  aux  Archives  du  royaume  de  Bel- 
gique, comme  Maistre  des  orgues.  Il  lui  est 
fait  »n  payement  en  1387,  pour  porter  unes 
r-gves  par  forche  (force)  de  gens,  tant  par 
leauwe  (l'eau)  comme  par  l»,rre,  de  Bruges 
à  Arras,  par  ordre  de  Philippe  le  Hardi,  duc 
de  Bourgogne. 


w 


WACH    ^ClIARLES-GoDKFnOlD-GuiLlAUME), 

contrebassiste  distingué,  né  à  Lœban,dansla 
Lusace  supérieure,  le  16  septembre  1756,  fit 
ses  premières  études  musicales  et  littéraires 
dans  l'école  de  ce  lieu,  et  apprit  à  jouer  du 
piano,  du  violon  et  de  la  fhïle  ;  puis  il  alla  suivre 
un  cours  de  droit  à  l'université  de  Leipsick,  en 
1777.  Lorsque  ce  cours  fut  acbevé ,  Wach 
résolut  de  s'adonner  exclusivement  à  la  mu- 
sique,'et  se  livra  particulièrement  à  l'étude  du 
violoncelle  et  de  la  contrebasse.  Il  acquit  une 
habileté  remarquable  sur  ce  dernier  instru- 
ment et  fut  employé,  pour  le  jouer,  dans  les 
églises,  au  théâtre  et  au  grand  concert  de 
Leipsick  En  1804,  il  voyagea  en  Hollande,  où 
on  lui  offrit  une  place  de  première  contrebasse 
de  la  société  Félix  Meritis,  qu'il  n'accepta 
pas.  En  1805,  il  brilla  dans  quelques  concerts 
à  Berlin,  puis  retourna  à  Leipsick,  où  il  est 
mort  le  28  janvier  1833.  Wach  a  arrangé  en 
quintettes,  sextuors,  etc.,  plusieurs  opéras, 
entre  autres  Le  Prisonnier,  de  Délia  Maria,  et 
La  Famille  suisse,  de  Weigl;  Les  Sept  Paroles 
de  Jésus-Christ,  de  Haydn,  etc. 

WACHSMAN3\(Jeah- Jacques),  directeur 
de  musique  de  l'église  principale,  du  sémi- 
naire et  de  la  société  de  chant  de  Magdebourg, 
né  en  1791,  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment par  les  ouvrages  dont  voici  les  litres  : 
\°  Choralmelodie  zum  Magdeburg.  Gesang  - 
buch  (Mélodies  chorales  pour  le  livre  de  chant 
de  Magdebourg).  Magdebourg  1821-1822,  Hein 
richshofen,  in-4°.  2°  Praktiscke  Singschule 
oder  Anweisung  fur  Lehrer  und  Schiller, 
welche  sich  selbst  in  Gesang  nnterrichten 
ivollen  (École  pratique  de  chant,  on  instruction 
pour  les  professeurs  et  pour  les  élèves  qui  veu- 
lent s'instruire  eux-mêmes).  1™,  2mc  et  3me 
livraisons.  Magdebourg,  Ueinrichshofeu,  in-4". 
3°  Gesangfibel  furelementar  Klassen  (A  B  C 
du  chant,  pour  les  classes  élémentaires),  Mag- 
debourg, Heinrichshofcn,  1822,  grand  in-8". 
4°  Gesang fibel  in  Z ijfern  (Premiers  exercices 
de  chant  en  chiffres);  ibid.,  1827,  in-8". 
5°  Allargesxnge  (Chant  de  l'autel);  ibid., 
1828,  in-8°.  6°  Elementarschule  fiir  Piano 
forte  (Méthode  élémentaire  pour  le  piano)  ; 
ibid.,    18-58.    Une    deuxième  édition   de    cet 


ouvrage  a  été  publiée  en  1841.  7°  Quatre 
Lleder  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano;  ibid.,  1836.  8°  Fier  stimmige  Schul- 
gesange  (Méihode  de  chant  à  4  voix);  ibid., 
1840. 

WACHTER  (Jeats-Miciiel),  voyez 
W^CHTER. 

WACHTER  (Ulrich-Benjamin),  profes- 
seur de  musique  à  Saint-Gall  (Suisse),  aujour- 
d'hui vivant  (1865),  est  auteur  d'un  livre  qui  a 
pour  titre  Ausfuhrliche  theoretische  Einlei- 
tung  in  die  Gesang  und  Jnstrumentalmusik 
(Introduction  théorique  et  analytique  à  la  mu- 
sique vocale  et  instrumentale)  ;  Saint-Gall, 
chez  l'auteur,  1831 . 

WACRENRODER  (Guiliaume-Henri)  , 
amateur  des  arts  et  jeune  homme  distingué 
par  les  qualités  de  l'esprit,  né  à  Berlin  en 
1772,  mourut,  à  Hambourg,  à  la  fleur  de  l'âge, 
le  13  février  1798.  Il  était  référendaire  de  la 
chambre  de  justice  à  Berlin.  Il  avait  fourni 
au  poète  Tieck  (voyez  ce  nom)  la  deuxième 
partie  du  livre  de  celui-ci,  intitulé  Phantxsie 
iiber  die  Kunst  (Fantaisie  sur  l'art),  qui  con- 
cerne spécialement  la  musique. 

WACKENTHALER  (Joseph),  organiste 
et  maître  de  chapelle  de  la  cathédrale  de 
Strasbourg,  est  né  à  Schlestadt,  le  20  novem- 
bre 1795.  Son  père,  organiste  de  l'église  prin- 
cipale de  cette  ville,  cultiva  les  heureuses  dis- 
positions pour  la  musique  de  son  fils  aîné, 
sans  lui  faire  négliger  toutefois  les  études  lit- 
téraires. Joseph  Wackenlhaler  partagea  tous 
les  premiers  prix  du  collège  de  sa  ville  natale 
avec  les  élèves  les  plus  distingués.  A  l'époque 
où  il  termina  ses  éludes,  il  eut  d'abord  le  des- 
sein d'enlrerdans  lesordres;  mais  sa  vocation, 
plus  décidée  pour  la  culture  de  la  musique 
religieuse,  le  fil  renoncer  à  ce  projet.  Son  ta- 
lent de  pianiste  et  le  succès  de  ses  premières 
compositions  le  firent  appeler  à  Strasbourg,  en 
1819,  pour  succéder  à  Spindler,  qui  avait  été 
un  de  ses  maîtres  de  composition.  Dans  ce 
poste  important,  Wackenlhaler  écrivit  plu- 
sieurs messes  à  grand  orchestre  et  tous  les 
motels  qui  furent  exécutés  dans  celle  cathé- 
drale. En  1833,  la  place  d'organiste  de  celte 
église  ayant  été  réunie  à  celle  de  maître  de 


WACKEISTHALER  -  WAELRANT 


391 


clinpelle,  l'artiste,  objet  de  cette  notice,  y 
donna  de  nouvelles  preuves  de  retendue  de  ses 
connaissances  et  de  son  habileté,  en  jouant 
le  noble  instrument  dans  la  manière  de  J.-S. 
Bach  et  des  autres  grands  organistes  alle- 
mands. M.  Wackenlhaler  a  composé  un  grand 
nombre  de  pièces  d'orgue  d'un  style  sévère 
qui  se  sont  répandues  dans  toute  l'Alsace.  On 
lui  doit  aussi  un  traité  du  plain-chant  et  un 
traité  d'accompagnement  de  ce  chant  qui  ont 
reçu  l'approbation  des  autorités  compétentes. 
Enfin,  il  a  revu  avec  soin  les  nouvelles  éditions 
du  Vespéral  et  du  Graduel  de  son  diocèse,  et 
les  a  purgées  des  fautes  nombreuses  qui  se 
faisaient  remarquer  dans  les  anciennes  édi- 
tions. 

Un  fils  de  cet  artiste,  Xavier  Wackentha- 
ler,  fut  organiste  à  Paris  et  professeur  d'orgue 
à  l'école  de  musique  religieuse  dirigée  par 
Niedermeyer  (voyez  ce  nom).  Il  est  mort  à 
Strasbourg,  le  11  octobre  185G,  à  l'âge  de 
33  ans. 

WADE  (Richard),  amateur  de  musique  et 
claveciniste,  vivait  à  Londres  vers  1730.  Il  est 
auteur  d'un  ouvrage  publié  sous  le  voile  de 
l'anonyme,  et  qui  a  pour  titre  :  The  Harpsi- 
chord  illustrated  and  improv'd  wherein  in 
sltewn  the  ilalian  manner  of  fingering, 
with  suites  of  tessons  for  beginners,  and 
lltose  who  hâve  alreadg  proficients  on  thaï 
instrument  and  the  organ.  With  rules  for 
atlaining  to  play  à  Thorough-Bass ,  also 
ivith  rules  for  tuning  the  Harpsichord  or 
spinnet  (Le  clavecin  expliqué  et  perfectionné, 
où  est  exposée  la  manière  italienne  dedoigter, 
avec  des  suites  de  leçons  pour  les  commençants 
et  pour  ceux  qui  ont  déjà  acquis  de  l'habileté 
sur  cet  instrument  et  sur  l'orgue.  Suivi  de  rè- 
gles pour  apprendre  à  accompagner  la  basse 
continue,  et  de  règles  pour  accorder  le  clave- 
cin ou  l'épine(te).  Londres  (sans  date),  in-4°. 
Le  professeur  Jousse  (voyez  ce  nom)  possé- 
dait un  exemplaire  de  cet  ouvrage,  avec  un 
envoi  signé  du  nom  de  Richard  JVade. 

WyECHTEU  (Jean-Michel),  chanteur  de 
la  cour  de  Saxe,  à  Dresde,  est  né,  le  2  mars 
1796,  à  Nappersdorf  en  Autriche.  Après  avoir 
l'ait  ses  éludes  musicales  à  Vienne,  il  y  com- 
mença sa  carrière  théâtrale,  comme  baryton, 
en  1816,  et  ses  débuts  furent  heureux.  Deux 
ans  après,  il  entreprit  des  voyages  en  Allema- 
gne, et  chanta  avec  succès  sur  les  principaux 
théâtres.  En  1824,  il  fut  engagé  de  nouveau 
pour  l'Opéra  de  la  cour  impériale;  il  y  resta 
jusqu'en  1827,  époque  où  il  accepta  la  place 
qu'il  occupa  ensuite  à  la  cour  du  roi  de  Saxe. 


Il  s'y  trouvait  encore  au  commencement  de 
1840.  Il  est  mort  à  Dresde,  le  26  mai  1853.  La 
femmede cet  artiste,  née  Thérèse  TVitlmann, 
vit  le  jour  à  Vienne,  le  -31  août  1802.  Elle  ac- 
compagna son  mari  à  Dresde  et  fut  attachée  à 
l'Opéra  de  cette  ville,  en  qualité  de  canta- 
trice. 

W^ELDEU  (G.),  organiste  à  Augsbourg, 
en  1844,  s'est  fait  connaître  par  un  ouvrage 
qui  a  pour  litre  :  Generalbasslehre  in  Ver- 
bindung  der  Grundcnfœnge  des  Prasludi- 
rens  und  Modulirens  (Science  de  l'harmonie 
dans  ses  rapports  avec  l'art  de  préluder  et  de 
moduler)  ;  Augsbourg,  Bœhm. 

WAELRANT  (Hubert),  né  à  Anvers, 
en  1517,  fut  un  des  musiciens  distingués  du 
seizième  siècle.  L'incertitude  sur  le  lieu  de  sa 
naissance  dans  laquelle  j'étais,  lorsque  j'ai  pu- 
blié la  première  édition  de  la  Biographie  des 
musiciens,  provenait  de  ce  que  le  neuvième 
livre  de  motets  à  cinq  et  six  voix,  publié  par 
P.Phalèse,  porte  au  frontispice  ces  mois  :  Liber 
nonus  cantionum  sacrarum  vulgo  motetta 
vocant,  quinque  et  sex  vocum  a  D.  Huberto 
JFaelrant  At.,  elc.  Ces  lettres  At.,me  parais- 
sent signifier  ou  Athumensis  (d'Ath)  ou  Atre- 
batensis  (d'Arras);  mais  vraisemblablement  il 
«levait  y  avoir  unirait  sur  l'a,  en  abrégé  Ant.f 
c'est-à-dire  Antverpiensis,  car  M.  de  Burbure 
a  acquis  la  preuve,  par  des  pièces  authentiques, 
queWaelrantétaitd'Anvers.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  parait  certain  que  ce  musicien  alla,  dans  sa 
jeunesse,  à  Venise,  étudier  sous  la  direction  de 
son  compatriote  Adrien  Willaert,  et  qu'il  pu- 
blia ses  premières  compositions  dans  celte 
ville.  Il  était  vraisemblablement  de  retour  en 
Belgique  avant  1547  ;  car  il  existe  une  tradi- 
tion d'après  laquelle  il  aurait  établi  une  école 
de  musique  à  Anvers,  vers  celle  année,  et  y 
aurait  enseigné  la  solmisalion  par  la  gamme 
de  sept  notes,  au  moyen  des  sept  syllabes  bo, 
ce,  di,  ga,  lo,  ma,  ni,  abandonnant  ainsi  la 
méthode  des  muances,  alors  généralement  en 
usage  (voyez  Anselme  de  Flandre,  De  Pulle 
(Henri),  Calwitz,  Urena  (Pierre  de),  Caramuel 
de  Lobkowilz,  Hilzler  (Daniel),  Lemaire,  Gibel 
(Olhon),  Bultstedt  et  Maltheson).  La  méthode 
attribuée  à  Waelrant  fut  appelée  bocédisa- 
tion.  Waelrant  établit  aussi,  à  Anvers,  un  com- 
merce de  musique  en  société  avec  Jean  Laet. 
Le  plus  ancien  ouvrage  produit  parcelle  asso- 
ciation est  un  recueil  composé  par  Waelrant 
et  qui  a  pour  litre  :  Le  premier  livre  de  chan- 
sons françoises  et  italiennes  à  cinque  voix, 
nouvellement  composées  par,  etc.  En  An- 
vers,   par    Hubert  Waelrant  et  Jean   Laet, 


392 


WAELRANT  -  \VAGENSEIL 


1558.  in-4°  obi.  Ce  musicien  distingué  a  été 
l'éditeur  de  plusieurs  recueils  de  chansons  et 
«le  motels,  parmi  lesquels  on  remarque  ce- 
lui-ci :  Jardin  musiqualj  contenant  plusieurs 
belles  fleurs  de  chansons  choysies  d'entre  les 
œuvres  de  plusieurs  auteurs  excellens  en 
l'art  de  musique,  ensemble  le  blason  du  beau 
et  laid  tetin,  propices  tant  à  la  voix  comme 
aux  instrumens.  Le  premier  livre.  En  An- 
vers ,  par  Hubert  Waelrant  el  Jean  Laet 
(sans  date),  in-4°  obi.  Ce  recueil  renferme 
quelques  morceaux  composés  par  réditeur. 
Waelrant  mourut  à  Anvers,  le  19  novembre 
1595,  à  l'âge  de  soixante-dix-huit  ans,  et  fut 
inhumé  dans  l'église  cathédrale.  On  ne  con- 
naît de  la  composition  de  cet  artiste  que  les 
ouvrages  suivants:  1°  Liber  nonus  canlionum 
sacrarum  vulgo  motetta  vacant,  quinque  et 
sexvocum,a  D.  Huberto  Waelrant  Jt.  Lova- 
niiapudPetrnmPhalesium,1557,  in-4°.  2°.Va- 
driqali  et  Canzoni francesia5voci.  Anvers, 
TiImnnSusato,  1558,in-4°ohl.  ôa  Canzoni  alla 
napoletana  ao  etAvoci.  Venise,  1565,  in-4°. 
Cette  édition  est  la  deuxième  ;  j'ignore  la  date 
de  la  première.  On  trouve  aussi  des  pièces  de 
sa  composition  dans  les  recueils  suivants  : 
4°  Symphonia  angelica  di  diversi  eccelten- 
lissimi  musici  a  4,  5  et  G  voci,  nuovamenle 
raccoltaper  Uberto  Waelrant  et  data  in  luce. 
Anvers,  Waelrant  elJean  Laet,  1565,  in-4° 
oblong.  Des  exemplaires  de  celte  édition  ont 
un  frontispice  qui  porte  l'indication  de  Venise 
et  la  même  date.  Une  autre  édition  a  été  don- 
née à  Anvers  par  Pierre  Phalèse,  en  1585,  et 
une  troisième,  en  1594.  5°  Canzoni  scelti  di 
diversi  eccellentissimi  musici  a  4  voci.  An- 
vers, P.  Phalèse,  1587,  in-4°  obi.  On  trouve 
«les  compositions  de  Waelrant  dans  les  recueils 
intitulés  :  1°  Madrigali  et  Canzoni  francesi 
a  5  voci.  Anversa  ,  per  Tilmano  Susalo  , 
1558,in-4°  obi.  2°  Canzoni  alla  Napoletana 
aoelA  voci.  Veneliis  (sic),  1565  (sans  nom 
d'imprimeur),  in-4°. 
WAET  (Jacques);    Voyez   VAET  (Jac- 

<,>UES). 

WAGENSEIL  (Jean-Christophe),  «loc- 
10111'  en  droit,  naquit  à  Nuremberg,  le  26  no- 
vembre 1633,  parcourut  pendant  six  années 
l'Europe  el  une  partie  de  l'Afrique,  prit  ses 
degrés  à  Orléans,  en  1665,  puis  fui  nommé 
professeur  d'histoire  et  de  droit  à  l'université 
d'AlldoiT,  et,  en  dernier  lieu,  bibliothécaire  de 
celte  Académie.  Il  mourut  le  9  octobre  1708, 
à  l'âge  de  soixante-quinze  ans.  On  a  de  ce 
savant  un  livre  intilnlé  :  De  sacri  Rom. 
Jmperii  libéra  civilale  Noribergensi  com- 


menlalio.  Jccedit  de  Germanix  phouas' 
corum  (maîtres  chanteurs)  origine,  prx- 
stantia ,  utilitate  et  institutis,  sermone 
vernaculo  liber.  Allorfii  Noricorum,  Typis 
impensisque  Jodoci  Wilhelmi Kohlesii ,  1697, 
in-4°  «le  576  pages.  La  partie  du  livre  relative 
aux  mailles  chanteurs  allemands  comprend 
pages  455  à  576.  On  y  trouve,  dans  un  appen- 
dice de  8  pages,  des  mélodies  «le  chants  des 
célèbres  poètes  -  musiciens  du  moyen  âge, 
Henri  Muhlings,  Frauenlob,  Louis  Marner  et 
Reyenbogen. 

WAGENSEIL  (Georges- Christophe)  , 
claveciniste  et  compositeur,  naquit  à  Vienne, 
en  1688.  Fux  fut  son  maître  de  contrepoint  : 
on  ignore  le  nom  de  l'artiste  qui  lui  apprit  à 
jouer  «lu  clavecin.  Il  fut  le  maître  «le  musique 
de  l'impératrice  Marie-Thérèse,  qui  lui  accorda 
une  pension  de  quinze  cents  florins  dans  sa 
vieillesse.  Attaqué  d'un  rhumatisme  goutteux 
qui  avait  presque  paralysé  l'usage  de  ses 
doigts,  et  déjà  parvenu  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-quatre  ans,  il  joua  du  clavecin  devant 
l'historien  de  la  musique  Burney.  Celui-ci 
assure,  dans  la  relation  de  ses  voyages,  qu'on 
pouvait  encore  juger  de  son  habileté  d'autre- 
fois. Wagenseil  avail  été,  dans  sa  jeunesse,  le 
compositeur  à  la  mode  pour  le  clavecin,  et 
longtemps  après ,  sa  musique  était  encore 
recherchée.  On  se  rappelle  que  Mozart,  jouant, 
à  Vienne,  devant  l'Empereur,  en  1762,  ditàcel 
artiste  :  Monsieur,  je  vais  jouer  un  de  vos 
concertos  :  veuillez  me  tourner  les  pages. 
Wagenseil  mourut  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
douze  ans,  vers  la  fin  de  1779.  Il  s'était  essayé 
au  théâtre;  car  j'ai  vu  «le  lui  un  opéra  intitulé 
Siroe,  à  Milan.  On  connaît  aussi  de  sa  compo- 
sition Gioas  re  di  Giuda.  Un  Confitebor  à 
4  voix,  un  Salve  regina  el  un  Magnificat, 
sont  lout  ce  qu'on  connaît  de  sa  musique 
d'église.  Ses  œuvres  de  musique  instrumentale 
imprimés  sont  :  1°  Suavis  artificiose  elabo- 
ratus  concenhis  7nusicus  conlinens  6  par- 
tftias  selectas  ad  clavicembalumeompositas. 
Itamberg,  1740.  2°  Sei  divertimenli  di  ceni- 
balo,  op.  1.  Vienne.  3°  Six  idem,  op.  2,  ibid. 
4"  Six  idem,  op.  3,  ibid.  5°  Quatre  sympho- 
nies pour  le  clavecin,  avec  2  violons  et  basse, 
op.  4,  ibid.  6"  Deux  divertissements  pour  cla- 
vecin, violon  et  basse,  et  un  troisième  pour 
2  clavecins,  op.  5,  ibid.  7°  Six  sonales  pour 
clavecin  et  violon,  op.  G,  à  Paris.  8"  Quatre 
symphonies  pour  le  clavecin  avec  2  violons  et 
basse,  op.  7,  ibid.  9°  Deux  symphonies  idem, 
op.  8;  à  Vienne.  Wagenseil  a  laissé  en  manu- 
scrit. 10°  Trente  symphonies  pour  la  chambre 


WAGENSEIL-  -  WAGNER 


393 


et  l'orchestre.  11°  Trente-six  trios  pour 
2  violons  et  basse.  12°  Vingt-sept  concertos 
pour  le  clavecin.  13"  Cinq  suites  de  petites 
pièces  pour  le  clavecin.  Tous  ces  ouvrages  se 
trouvaient  chez  Breilkopf,  à  Leipsick,  au  com- 
mencement du  dix-neuvième  siècle. 

W A GENSEIL  ( Chrétie-i- Jacques ) , 
licencié  à  Kaufhauern,  en  Souahe,  né  dans  ce 
lieu  le  2"  novembre  1756,  a  été  l'éditeur  d'un 
recueil  périodique  intitulé  :  Magazin  von  und 
fur  Schivaben ,  etc.  (Magasin  de  la  Souafhe  et 
pour  la  Souahe,  etc.).  Memmingen,  1788.  On 
y  trouve  quelques  articles  concernant  la  situa- 
tion de  la  musique  dans  celte  partie  de  l'Alle- 
magne. 

WAGNER  (Christophe),  né  à  Weyden- 
herg,  près  de  Bayreulh,  le  9  novembre  1015, 
composa  les  mélodies  de  quelques  chants  de 
l'église  protestante,  entre  autres  du  cantique 
So  gebst  du  tiun,  mein  Jesu,  etc.,  cité  par 
Wetzel,  dans  son  Histoire  de  cantiques,  t.  III, 
p.  551. 

WAGNEH  (Gothard),  bénédictin  bava- 
rois, naquit  en  1679,  à  Erding,  près  d'Augs- 
hourg,  fit  ses  vœux  à  l'abbaye  de  Tegernsée, 
en  1700,  et  y  mourut  en  1739.  Sa  musique 
d'église  a  été  estimée  en  Allemagne ,  particu- 
lièrement en  Bavière.  On  a  imprimé  de  sa 
composition  :  1"  Der  Marianische  Schwan, 
vor  seinem  Tode,  das  Lob  Maria  f'erkiindi- 
gend,  von  eltliche  und  80  Arien  (Le  cygne  de 
Marie  chantant  les  louanges  de  la  mère  de  Dieu 
avant  sa  mort,  en  quatre-vingt  et  quelques 
airs).  Augshourg,  1710,  in-4°.  Ce  recueil  l'ail 
beaucoup  d'honneur  à  son  auteur.  2"  Mu- 
sikah'scher  Hof-Garten ,  der  iibergebene  ■ 
dcyten  Himmels  Kœnigin  allzeit  Jung- 
frduen  und  Mut  ter  Cottes  Maria;,  von  100 
a  canto  oder  Alto  nebst  H.  C.  geselzen  Arien 
(Jardin  musical  de  cour,  consistant  en  100 
airs  pour  soprano  ou  alto  avec  basse  continue). 
Augshourg,  1717,  in-4».  3°  Der  Marianische 
Spring-Brunn  in  dem  Musikalischen  Hof- 
Garten  der  Jungfrauen  und  Mutler  Gotles 
Maria  in  31  Arien,  a  canto  oder  Alto  solo 
(La  source  d'eau  vive  dans  le  jardin  musical  de 
Marie,  vierge  et  mère  de  Dieu,  consistant  en 
31  airs  pour  soprano  ou  alto).  Augshourg, 
1720,  in-4°.  4°  Das  Marianische  Immelein, 
in  sich  haltend  52  Arien  oder  teulsche  Mo- 
tetlen  a  Canto,  Alto,  Tenore  e  Basso  solo, 
nebst  Zugehœrigen  Instrumentai  (La  petite 
abeille  de  Marie,  recueil  de  52  airs  ou  motets 
allemands  pour  soprano,  alto,  ténor  et  basse 
solo,  avec  accompagnement  d'instruments). 
Augshourg,  1730,  in-4°. 


WAGNER  (Georges-Godefroid),  né  à 
Muhlberg,  le  5  avril  1698,  se  livra  dès  sa  jeu- 
nesse à  l'élude  du  clavecin,  du  violon  et  de  plu- 
sieurs autres  instruments.  Le  séjour  qu'il  ht 
ensuite  à  Leipsick,  pour  y  suivre  les  cours  de 
l'université,  lui  fournit  l'occasion  d'entendre 
les  bons  violonistes  qui  s'y  trouvaient,  et  sur- 
tout de  former  son  goût,  en  assistant,  pendant 
trois  ans,  à  l'exécution  des  compositions  de 
J.S.Bach.  En  1726,  Wagner  fut  appelé,  à 
Plauen,  en  qualité  de  cantor ;  il  occupait  en- 
core celle  place  en  1740.  Il  est  mort  à  Plauen 
en  1759.  Ce  musicien  distingué  a  laissé  en 
manuscrit  beaucoup  de  morceaux  de  musique 
d'église,  des  oratorios,  desouverlures  pour  l'or- 
chestre, des  concert  os,  trios  et  solos  pour  violon. 

WAGNER  (Jean-Joaciiim),  très-bon  fac- 
teur d'orgues,  vécut  à  Berlin  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle.  Ses  principaux 
ouvrages  ont  été  :  1°  L'orgue  de  l'église  Sainte- 
Marie,  à  Berlin,  composé  de  quarante  jeux, 
trois  claviers  etsix  soulïlets,  construit  en  1722. 
Longtemps  après ,  Vogler  a  appliqué  à  cet 
instrument  son  système  de  simplification. 
2"  L'orgue  de  l'église  de  la  garnison,  composé 
de  cinquante  el  un  jeux,  terminé  en  1725. 
3°  L'orgue  à  deux  claviers  et  pédale,  composé 
de  irenle  jeux,  dans  l'église  paroissiale  de 
Berlin,  construit  en  1730.  4"  Celui  du  temple 
de  Jérusalem,  dans  la  même  ville,  de  vingt- 
six  jeux,  deux  claviers  el  pédale,  achevé  en 
1732.  5"  L'orgue  de  l'église  Saint-Georges,  de 
Berlin,  à  deux  claviers.  6"  L'orgue  de  l'église 
Sainte-Marie,  de  quarante  jeux,  Irois  claviers, 
pédale,  etc.  7°  Plusieurs  petits  instruments  de 
huit  pieds,  à  un  ou  deux  claviers. 

WAGNER  (Jean-Michel),  et  son  frère 
Jean,  facteurs  d'orgues  et  de  clavecins  re- 
nommés, vécurent  à  Schmiedtfeld,  près  de 
Henneherg,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  En  1770,  ils  construisirent  dans  la 
grande  église  d'Arnheim,  en  Hollande,  un 
orgue  composé  de  quarante-sept  jeux,  trois 
claviers,  pédale  et  huit  soufflets  de  dix  pieds  de 
longueur  sur  six  de  largeur.  Cet  instrument 
leur  fut  payé  cent  mille  florins  (?).  Les  clave- 
cins des  frères  Wagner  ont  eu  de  la  réputation. 

WAGNER  (Ciiiiétie;«-Sai.omom),  né  à  Me- 
dingen,  en  1754,  et  son  frère  aîné,  Jean  Golt- 
lob,  furent  facteurs  d'instruments  à  Dresde, 
et  travaillèrent  ensemble  jusqu'à  la  mort  de 
Jean-Gotllob  ,  en  1789.  Chrélien-Salomon 
continua  seul  alors  la  fabrication  des  instru- 
ments. Il  vivait,  encore  à  Dresde  en  1806.  Les 
frères  Wagner  construisirent,  en  1786,  un  in- 
strument à  trois  claviers  auquel  ils  donnèrent 


394 


WAGNER 


le  nom  de  clavecin  royal.  Le  nombre  de  pia- 
nos et  de  clavecins  sortis  de  leurs  ateliers  s'é- 
lève à  plus  de  huit  cents. 

WAGNER  ( );   on  a  sous  ce  nom  un 

écrit  intitulé  :  Etwas  von  und  ilber  Musik 
(  Quelque  chose  concernant  la  musique  ). 
Francfort-sur-le-Main,  1778,  in-8°  de  douze 
feuilles. 

WAGNER  (Jean-Georges),  professeur  de 
philosophie  à  Wilizbourg,  né  à  Ulm,  le  21 
janvier  1775,  et  auteur  de  nombreux  ouvrages 
remarquables  par  l'originalité  des  idées,  con- 
cernant les  diverses  parties  de  la  philosophie, 
a  écrit  aussi  plusieurs  bonnes  dissertations  sur 
l'esthétique  musicale,  sur  le  chant  et  sur  les 
instruments,  sur  la  modulation  et  sur  la  com- 
position, dans  les  volumes  25e  et  26e  de  la  Ga- 
zelle musicale  de  Leipsick. 

WAGI>ER  (  Jacques-Charles  )  ,  né  à 
Darmstadt,  le  22  février  1772,  fut  d'abord 
élève  de  Porlmann,  puis  reçut  des  leçons  de 
l'abbé  Vogler,  vers  1791.  Admis  en  1790  à  la 
chapelle  du  grand-duc  de  llcsse-Darmsladt, 
il  y  brilla  comme  virtuose  sur  le  vioion,  depuis 
celte  époque  jusqu'en  1805.  En  1808,  il  fit  un 
voyage  à  Paris  et  s'y  lit  connaître  comme  mu- 
sicien distingué.  De  retour  à  Darmstadt,  n  ob- 
tint la  place  de  maître  de  concerlde  la  cour,  et 
quelques  années  après,  le  prince  lui  accorda 
le  titre  de  maître  de  chapelle.  Il  mourut  dans 
cette  ville,  le  25  novembre  1822,  à  l'âge  de 
cinquante  ans.  Wagner  a  écrit  pour  le  théâtre 
de  Darmstadt  :  1°  Pigmalion,  grand  opéra  en 
ileux  actes.  2°  Der  Zahnartz  (Le  Dentiste), 
opéra  comique  en  un  acte,  représenté  en  1810. 
3°  Herodes  von  Bethléem  ,  en  deux  actes, 
dans  la  même  année. 4°  Adonis,  monodrame. 
5'  IVitétis.  grand  opéra  en  trois  actes,  repré- 
senté en  1811.  G0  Chimène,  grand  opéra  en 
trois  actes,  représenté  en  1821.  7°  Plusieurs 
cantates  dramatiques,  en  diverses  circon- 
stances, pour  le  service  de  la  cour  de  Darm- 
stadt. Wagner  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Première  symphonie  à  grand  orchestre; 
Darmstadt,  chez  l'auteur.  2°  Deuxième  idem; 
Leipsick,  Breitkopfet  Hœrtei.  3°  Ouverture  à 
grand  orchestre,  n°  1  (en  ut);  n°  2  (en  re), 
Leipsick,  Breitkopf  et  Heertel.  4°  Ouverture 
pour  la  Pucelle d'Orléans,  ibid.  5°  idem  pour 
le  drame  Goetz  de  Berlichingen,  ibid.  G"  Trois 
trios  pour  flûte,  violon  et  violoncelle,  op.  1; 
Heilbronn,  1795.  7°  Trois  sonates  pour  piano 
et  violon,  op.  4:Bruns\vick.  8°  Quarante  duos 
pour  deux  cors,  op.  5;  Darmstadt,  179G. 
9°  Plusieurs  thèmes  variés  pour  piano  . 
10°  Quelques   petites  compositions  pour  flûte 


et  pour  violon.  Dans  ses  dernières  années, 
Wagners'occupa  particulièrement  de  la  théo- 
rie et  delà  critique  de  la  musique.  On  a  de  lui 
un  livre  intitulé  :  Handbuch  zum  Unterricht 
fur  die  Tonkunst  (Manuel  pour  l'enseigne- 
ment de  la  musique);  Darmstadt,  1802.  Il  a 
fourni  aussi  quelques  articles  de  critique  à  la 
Gazette  musicale  de  Leipsick. 

WAGNER  (Ernest-David),  directeur  de 
musique  et  organiste  à  l'église  de  la  Trinité  à 
Berlin,  est  né  le  18  février  1806,  à  Drambourg 
(Poméranie).  Une  première  instruction  incom- 
plète lui   fut  donnée    par   son  père,  pour  le 
piano,  et  par  son  frère  aîné  pour  le  violon  ; 
puis  il  se  livra  seul  à  l'élude  de  plusieurs  au- 
tres instruments.  Dès  l'âge  de  douze  ans,    il 
remplissait    les    fonctions  d'organiste  et  de 
canlor  dans  les  églises  de  quelques   villages 
voisins.  Destiné  à  l'état  ecclésiastique,  il  dut 
interrompre  ses  éludes,  à  cause  de  la  mort  de 
ses  parents  et  fut  obligé  d'accepter  une  place 
de  précepteur,  à  l'âge  de  dix-huit  ans.  Quelque 
temps  après,  il  entra  au  séminaire  de  Coslin. 
En  1827,  on  lui  confia  les  places  d'organiste 
el  île  professeur  de  la  première  école  des  filles 
à  Neu-Stetlin.  Ce  fut  alors  qu'il  pril  la  résolu- 
lion  de  suivre  la  carrière  de  musicien.  Dans  le 
but  de  perfectionner  ses  connaissances  dans 
l'art,  il  écrivit  au  ministre  des  cultes  pour  sol- 
liciter son  admission  à  l'Institut  de  musique 
religieuse  de  Berlin,  et,  comme  preuve  de  sa 
capacité,    il    accompagna  sa  demande   d'un 
morceau  de  sa  composition  pour  piano  et  or- 
chestre. Sa  requête  ayant  été  favorablement 
accueillie,  il  partit  pour  Berlin,  en  1830,  ayant 
déjà  atteint  l'âge  de  vingt-quatre  ans.   Son 
professeur  d'orgue  à  l'Institut  fut  A. -W.  Bach, 
el  Killitschgy  lui  donna  des  leçons  de  piano. 
Plus  lard,   il  fut  aussi  élève  de  l'Académie 
royale  des  beaux-arts  et  y  reçut  de  Rungen- 
hagen  des  leçons  de  théorie  de  la  musique. 
Plusieurs  de  ses  compositions  furent  exécutées 
aux  séances  publiques  de  l'Académie,  depuis 
1835  jusqu'en  1838,  et  des  prix  lui  furent  dé- 
cernés. Ses  études  musicales  étant  terminées, 
Wagner  obtint  les  places  de  directeur  de  mu- 
sique et  de  cantor  à  l'église  Saint-Matlhieu  de 
Berlin,  et,  le  1er  avril  1848,  il  fnt  nommé  or- 
ganiste de  l'église  de  la  Trinité,  en  remplace- 
mcntdeRuhnau.En  1858,  cet  artisleeslimablc 
a  obtenu  le  titre  honorifique  dedirecteur  royal 
de  musique.   Dès   1837,  il   était   membre  de 
l'Académie  de  chant,  pour  laquelle  il  a  écrit 
divers  morceaux  de  musique  religieuse.   Au 
nombre  de  ses  compositions,  on  remarque  : 
1°   Le  Psaume  Gott  ist  meine  Zuversicht, 


WAGNER 


395 


pour  des  voix  d'hommes,  op.  1  ;  Berlin,  Bech- 
lold  et  Hartje.  2°  Deux  molcls  idem,  op.  6; 
Leipsick,  Rlemm.  3°  Des  Lieder  à  voix  seule 
et  pour  des  voix  d'homme.  4°  Des  pièces  de 
différents  genres,  en  général  faciles,  pour  le 
piano.  5°  Préludes  d'orgue  pour  quarante-huit 
mélodies  chorales,  op.  16;  Berlin,  Trautwein 
(Bahn).  6° Choralbuch  (Livre  choral)  contenant 
les  mélodies  connues,  arrangées  pour  piano; 
ibid. 

WAGI\ER  (Guillaume-Richard),  musi- 
cien et  poète  novateur,  est  né  à  Leipsick,  le 
22  mai  1813.  Il  n'était  âgé  que  de  dix  mois 
lorsqu'il  perdit  son  père,  qui  était  greffier  du 
tribunal.  Sa  mère  ayant  contracté  un  nouveau 
mariage  avec  l'acteur  et  peintre,  Louis  Geyer, 
qui  bientôt  après  fut  engagé  au  théâtre  de 
Dresde,  toule  la  famille  alla  se  fixer  dans  cette 
ville.  D'après  le  désir  de  son  beau-père, 
Wagner  était  destiné  à  cultiver  la  peinture. 
Ce  projet  ne  reçut  pas  son  exécution,  parce  que 
Geyer  mourut  avant  que  l'enfant  eût  accompli 
sa  septième  année.  A  l'âge  de  neuf  ans,  il  fut 
envoyé  par  sa  mère  à  l'école  de  La  Croix. Plus 
tard,  il  reçut  quelques  leçons  de  piano  d'un 
précepteurqui  I  ni  expliquait  Cornélius  Nepos  ; 
mais  l'indépendance  de  son  caractère  ne  s'ac- 
commodant  pas  de  l'éducation  régulière  qui  lui 
était  donnée,  il  rompit  avec  son  mailre  et 
n'eut  plus  d'autre  guide  que  lui-même.  Pas- 
sionné pour  la  poésie,  il  la  cultiva  avec  zèle  et 
se  rendit  à  Leipsick,  où  il  entra  dans  l'école 
de  Nicolaï.  Il  s'y  occupait  d'une  tragédie  dont 
il  avaitconçu  le  plan,  lorsque  l'audition  d'une 
symphonie  de  Beethoven  fit  sur  lui  une  im- 
pression si  profonde,  qu'il  prit  dès  lors  la  ré- 
solution d'elle  musicien.  Entré  à  l'Université, 
il  y  suivit  les  cours  de  philosophie  et  d'esthé- 
tique, et  dans  le  même  temps  il  se  livra  à 
l'élude  de  l'harmonie  et  de  la  composition  sous 
la  direction  de  Weinlig  ,  cantor  de  l'école 
Saint-Thomas.  Le  premier  fruit  de  celte  élude 
fut  une  ouverture  qu'il  écrivit  et  qui  fut  exécu- 
tée aux  concerts  du  Geivandhaus.  Elle  fut 
suivie,  après  plusieurs  autres  travaux,  d'une 
symphonie,  qui  fut  également  entendue  avec 
quelque  succès  dans  la  même  salle  de  concert, 
le  10  janvier  1833. 

Les  éléments  de  la  suite  de  celle  notice  vont 
être  tirés  de  la  longue  préface  placée  par 
Wagner  en  tête  du  recueil  des  poèmes  de  trois 
de  ses  opéras  (1),  et  à  laquelle  il  a  donné  le 
titre  de  Communications  à  mes  amis  (Mit- 
il)  Drei  Opcrnclichtungen  ncbsl  Miuhcilungen  an 
seine  Frcundcols  Vorwort  ;  Leipsick,  liieilkopf  et  Hœr- 
tel,  1S5'2,  1  vol.  pel.  in-8». 


theilungen  an  meine  Freunde).  Rien  de  plus 
curieux  que  ce  morceau,  dont  l'étendue  est  de 
près  de  deux  cents  pages;  car  il  ne  nous  fait 
pas  seulement  connaître  les  vues  de  l'artiste 
et  l'histoire  de  ses  œuvres,  il  nous  révèle 
l'homme  loutenlier.  Or,  comme  le  dit  Wagner 
lui-même,  l'homme  est  inséparable  de  l'ar- 
tiste. Il  s'explique  à  ce  sujet  d'une  manière 
catégorique  dès  la  première  page  de  ses  révé- 
lalions  :  «  J'adresse,  dit-il,  ces  communica- 
»  tions  à  mes  amis;  car  je  ne  puis  être  com- 
»  pris  que  par  ceux  qui  éprouvent  le  besoin  et 
»  le  désir  de  me  comprendre,  et  ceux-là  ne 
»  peuvent  être  que  mes  amis.  Mais  je  ne  puis 
»  considérer  comme  tels  ceux  qui  disent  m'ai- 
»  mer  comme  artiste,  el  qui  croient  devoir 
»  me  refuser  leur  sympathie  comme  homme, 
»  parce  qu'ils  confondent  le  nom  d'homme 
>■>  avec  celui  de  sujet.  Si  la  séparation  de  l'ar- 
»  liste  de  l'homme  est  aussi  dépourvue  de  bon 
»  sens  que  la  séparation  de  l'âme  d'avec  le 
»  corps  (!),  il  est  certain  que  jamais  artiste  n'a 
»  pu  êlre  aimé,  jamais  son  art  n'a  pu  être 
»  compris,  sans  qu'il  fût  aimé  (du  moins 
»  involontairement)  comme  homme,  et  sans 
»  qu'on  comprit  à  la  fois  ses  œuvres  et  sa 
»  vie.  » 

Wagner  avait  atteint  sa  vingtième  année, 
lorsqu'on  exécuta  sa  symphonie  à  Leipsick  :  il 
n'entendit  pas  son  œuvre,  parce  que  le  mauvais 
élat  de  sa  santé  l'avait  obligé  de  s'éloigner  de 
cette  ville  pour  aller  chercher  un  climat  plus 
doux  à  Wlirzbourg,  près  de  son  frère,  profes- 
seur de  chant  et  père  delà  cantatrice  Johanna 
Wagner.  Se  trouvant  dans  une  situation  de 
santé  meilleure,  après  une  année  de  calme  et 
de  repos,  Richard  Wagner  s'occupa  de  la 
recherche  d'une  position;  il  la  trouva  dans  la 
place  de  directeur  de  musique  au  théâtre  de 
Magdebourg,  où  il  fui  installé  dans  les  derniers 
jours  de  1834.  Ainsi  qu'il  le  dit  lui-même,  il 
ne  connaissait  jusqu'à  celte  époque  que  l'imi- 
tation du  style  des  compositeurs  renommés. 
VObéron,  de  Weber,  et  le  Fampire,  de 
Marschner,  qu'on  représentait  alors  à  Leipsick, 
lui  donnèrent  l'idée  d'un  texte  d'opéra  inti- 
tulé Les  Fées,  qu'il  tira  d'une  nouvelle  de 
Gozzi  :  il  le  mit  immédiatement  en  musique  (1). 
Celle  musique  était  l'écho  des  impressions 
qu'avaient  produitessur  lui  les  œuvres  de  Beet- 
hoven et  de  Weber.  Bientôt  désabusé  sur  son 
ouvrage,  et  placé  sous  l'empire  de  passionsd'un 
autre  genre,  que  sesrelalionsde  théâtre  avaient 
attisées,  il  sentit  ses  idées  se  modifier  et  prendre 

(I)  I.oIjc  donne  un  autre  titre  à  cet  ouvrage  :  il  l'ap- 
pelle La  jemme  eomme  serpent. 


396 


WAGNER 


«les  tendances  plus  individuelles.  Ce  fut  alors 
qu'il  conçut  le  plan  d'un  opéra  intitulé  La 
Novice  de  Palerme,  qui  fut  représenté  sur  le 
théâtre  de  Magdebourg,  le  29  mars  1836,  et  ne 
réussit  pas.  Le  méconlenlemenlqu'eut  Wagner 
de  l<n  chute  d'un  ouvrage  auquel  il  attachait 
alors  do  l'importance,  lui  fit  abandonner  sa 
place  dans  la  même  année  (1  ).  Au  commence- 
ment de  1837,  on  le  retrouve  à  Kœnigsherg, 
dans  la  position  de  chef  d'orchestre  du  théâtre; 
mais,  par  des  motifs  qui  ne  sont  pas  connus, 
il  n'y  resta  que  quelques  mois.  Lui-môme 
garde  le  silence  sur  celle  époque  de  sa  vie, 
dans  ses  Communications  à  ses  amis.  J'ai 
tiré  ce  renseignement  des  journaux  allemands 
de  musique  qui  paraissaient  alors.  Autant 
qu'on  peut  comprendre  son  récit  (page  45), 
c'est  à  la  même  époque  que  dut  avoir  lieu  le 
mariage  qu'il  contraclafrop  légèrement,  dit-il. 
Voici  la  traduction  de  ses  paroles  :  «  J'étais 
k  amoureux;  je  me  mariai  par  obstination,  et 
»  je  rendis  malheureux  moi-même  et  autrui, 
»  tourmenté  par  les  ennuis  de  la  vie  domes- 
<>  tique  pour  laquelle  je  ne  possédais  pas  le 
»  nécessaire.  C'est  ainsi  que  je  tombai  dans 
»  la  misère,  dont  les  effets  tuent  tant  de 
»   milliers  d'individus.  » 

Engagé  comme  directeur  de  musique  du 
théâtre  de  Riga,  Wagner  se  rendit  dans  celte 
ville.  Il  y  eut  d'abord  le  projet  de  composer 
un  opéra-comique  dont  il  lira  le  sujet  des 
Mille  et  une  Nuits:  il  en  écrivit  les  deux  pre- 
mières scènes;  mais  bientôt,  dit  Lobe,  il  vit 
avec  effroi  qu'il  s'engageait  dans  une  mauvaise 
voie,  en  imitant  le  style  de  la  musiqued'Aubcr, 
et  il  abandonna  celle  entreprise.  Résolu  de 
sortir  de  la  malheureuse  situation  où  il  se 
trouvait  et  de  se  rendre  à  Paris,  pour  y  écrire 
un  grand  opéra,  il  conçut  le  plan  d'un  ouvrage 
de  ce  genre,  et  en  lira  le  sujet  d'un  roman 
de  Bulwer.  C'était  Rienzi ,  le  dernier  des 
tribuns.  Travaillant  avec  ardeur,  il  acheva 
dans  l'été  «le  1839,  le  lexte  «le  cet  ouvrage, 
ainsi  que  la  musique  des  deux  premiers 
actes.  Ce  fut  alors  que,  poussé  par  le  déses- 
poir, il  rompit,  dit-il,  les  rapports  qui 
avaient  existé  jusqu'à  ce  moment  ,  et  se 
mit  en  roule  directement  de  Riga  pour  Paris, 
sans  posséder  les  ressources  nécessaires  pour 
iin  si  long  voyage.  Le  vaisseau  sur  lequel  il 
s'élait  embarqué  fut  battu  par  la  tempête  el 
jeté  sur  les  côles  de  la  Norwége.  Ces  rudes 
épreuves  et  la  vue  des  contrées  du  Nord  furent 

(I)  Lobe  mentionne  aussi  un  opéra  \nlUu\c  la  Défense 
d'amour,  «pic  Wagner  envoya  alors  a  Uerlin,  et  donl  il 
lie  put  obtenir  la  représentation. 


pour  lui  l'occasion  d'une  nouvelle  inspira- 
tion :  il  en  rapporta  l'ébauche  du  Vaisseau 
fantôme.  Arrivé  à  Boulogne,  il  y  resta  quatre 
semaines  et  y  fit  la  connaissance  de  Meyerbeer, 
qui  se  montra  pour  lui  plein  de  bienveillance 
et  de  générosité,  et  qui,  après  son  arrivée  à 
Paris,  le  présenta  à  M.  Léon  Pillet,  directeur 
«le  l'Opéra.  En  entrant  dans  la  capitale  de  la 
France,  Wagner  ne  possédait  que  l'ébauche 
d'un  opéra  el  l'espoir  «l'un  temps  meilleur. 
«  Je  me  liais  en  la  musique,  «lit-il;  la  musique, 
»  langue  universelle,  el  je  la  croyais  propre  à 
»  remplir,  entre  la  vie  parisienne  et  ma  per- 
»  sonne,  une  lacune  sur  l'existence  «le  la«|uelle 
«  mon  sentiment  intérieur  ne  pouvait  me 
»  tromper  »  (Page  52  des  Communications 
à  ses  amis.) 

Le  premier  soin  «le  Wagner  fut  «le  chercher 
«les  compatriotes  qui  pussent  l'aider  h  sortir 
de  sa  position  actuelle.  M.  Maurice  Schlesinger, 
alors  éditeur  de  musique  et  propriétaire  delà  Ga- 
zette musicale, Uilcelmqui  lui  rendit  les  services 
les  pi  us  utiles  ,en  le  chargea  ni  de  travaux  dont  le 
salaire  suffisait  aux  besoins  les  plus  pressants. 
Puis  il  le  mit  en    relation  avec  les  artistes  et 
les  littérateurs  qui  pouvaient  l'aider  à  se  faire 
connaître  et  à  réaliser  ses  espérances  en   lui- 
même.  Souvent  aussi,  M.   Schlesinger  essayait 
de  le  diriger  par  ses  conseils.   Tantôt  il  lui 
faisait  composer  des  romances  sur  des  paroles 
françaises,  alin  «pie  son  nom  pénétrât  dans  les 
salons;  mais  les  formes  insolites  de  ces  mélo- 
dies el\es  difficultés  dont   elles  étaient  rem- 
plies, à  cause  de  l'ignorance  absolue  «lu  com- 
positeur dans  l'art  du  chant,  rebutèrent  les 
chanteurs  :  pas  un  d'eux  ne  voulut  se  hasarder 
parmi  les  écueils  «le  celte  musique  aussi  étran- 
gère aux  habitudes  de  leur  oreille  «ju'à  celles 
«le  leur  larynx.  Plus  tard,  Schlesinger  obtint 
de  la  société  des  concerts  du  Conservatoire  la 
promesse  qu'on  essayerait  une  ouverture  de 
son   protégé,    si   l'effet   répondait  à  ce   <|u'il 
annonçait.  Sur  cette  assurance,  Wagner  semit 
au  travail,  traça  le  plan  d'une  ouverture  pour 
le  Faust  de  Goethe,  qui  ne  «levait  être  «pie  le 
premier  morceau  d'une  grande  symphonie  sur 
le   même  sujet,  el  acheva    rapidement  cette 
œuvre.  On  en  fit  une  répétition, qui  parut  une 
longue  énigme  aux   exécutants.  Après  cette 
épreuve,  il  ne  fut  plus  question  du  placement 
de  l'ouverture  dans  le  programme  d'un  concert. 
Schlesinger  et    les  autres'  amis   «le  Wagner 
avaient  conçu  le  projet  de  lui  faire  écrire  un 
opéra  de  genre  mixte  pour  le  ihéàlre  «le  la 
Renaissance.  A  celle  occasion,  il  se   souvint 
«le  son  ancien  livret  de  la  De fensede l'amour; 


WAGNER 


397 


on  en  commença  une  traduction  française,  elon 
en  confia  l'arrangement  à  un  liltéraleur  connu 
par  ses  succès  au  théâtre  ;  mais  celui-ci  déclara 
bientôt  que  cette  pièce  n'avait  aucune  chance 
de réussite  sur  la  scène  française,  et  il  n'en  fut 
plus  question. 

Par  une  disposition  d'esprit  qui  peut  pa- 
raître fort  bizarre  au  premier  aspect,  mais  qui 
n'est  qu'une  conséquence  naturelle  de  l'orga- 
nisation de  Wagner,  il  éprouvait  peu  de  re- 
grets de  ces  contre-temps.  Il  s'en  rehaussait 
même  à  ses  propres  yeux:  car  il  considérait 
comme  indigne  de  lui  de  descendre  des  hau- 
teurs auxquelles  il  aspirait  pour  les  œuvres 
frivoles  qu'on  l'engageait  à  faire.  S'il  se  prê- 
tait en  apparence  aux  conseils  de  ses  amis, 
c'était  dans  le  but  de  ne  pas  décourager  leur 
bonne  volonté.  Pour  lui,  il  ne  voulait  arriver 
qu'à  l'Opéra,  avec  toute  la  puissance  de  son 
effet  musical  et  les  magnificences  de  son 
spectacle  La  persuasion  que  là  était  sa  place 
l'avait  seule  conduit  à  Paris.  Ce  qu'il  avait  vu 
à  ce  théâtre  avait  de  beaucoup  surpassé  ce 
qu'il  avait  imaginé,  et  son  désir  de  se  pro- 
duire sur  celle  vaste  scène  par  un  ouvrage  sé- 
rieux en  était  devenu  plus  énergique.  Il  ne  se 
dissimulait  pas  les  difficultés  qu'il  devait  ren- 
contrer pour  la  réalisation  de  ses  vœux  :  «Je 
»  manquais  absolument,  dit-il,  des  qualités 
»  personnelles  qu'il  eût  fallu  posséder. 
»  A  peine  avais-je  appris  assez  de  français 
»  pour  me  faire  comprendre  :  celte  langue 
»  m'inspirait  des  dégoûts  invincibles.  Je  ne 
»  me  sentais  aucune  inclinaison  pour  les  ma- 
»  nières  françaises,  mais  je  me  flattais  d'im- 
»  poser  les  miennes.  »  Dans  les  premiers 
temps  de  son  séjour  à  Paris,  lorsqu'il  assistait 
à  une  représentation  de  l'Opéra,  ce  qui,  du 
reste,  était  assez  rare,  il  éprouvait  une  sorle 
de  vertige  par  l'effel  des  voix  et  de  l'orchestre; 
mais,  plus  tard,  il  eul  l'espoir,  la  certitude 
même,  dit-il,  qu'il  emporterait  la  palme  sur 
ses  rivaux,  lorsqu'un  de  ses  ouvrages  serait 
représenté  sur  cette  scène  magique. 

Il  y  avait  loin  de  là  à  l'arrangement  de  la 
musique  d'un  vaudeville  pour  un  théâtre  îles 
boulevards  :  la  misère  obligea  cependant  l'au- 
teur dé  Tannhxuser  et  de  Lohengrin  à  subir 
celle  humiliation.  Il  n'en  recueillit  pas  même 
le  bénéfice;  car  il  se  trouva,  je  ne  sais  com- 
ment, que  celle  musique  ne  put  servir.  Alors 
il  ne  resta  plus  à  Wagner  qu'une  ressource  of- 
ferte par  Schlesinger,  à  savoir,  d'arranger, 
pour  le  violon  et  pour  le  cornet  à  pistons,  la 
musique  des  opéras  nouveaux.  Il  dul  grin- 
cer les  dents  en  faisant  ce  travail.  Le  dégoût 


qu'il  en  éprouvait  détermina  le  bienveillant 
propriétaire  de  la  Gazette  musicale  à  lui  propo- 
ser d'écrire  de;  morceaux  de  fantaisie  pour  ce 
journal  :  morceaux  quclradiiisait  de  l'allemand 
en  français  une  plume  exercée.  Wagner  réus- 
sit mieux  dans  celle  entreprise  que  dans  ce 
qu'il  avait  fait  précédemment  à  Paris.  Deux 
nouvelles  composées  par  lui  se  font  remarquer 
par  l'intérêt  du  sujet  et  par  l'originalité  de  la 
forme.  La  première  est  le  pèlerinage  d'un 
jeune  compositeur  àVienne,  pour  y  voir  Beet- 
hoven; l'autre,  un  musicien  étranger  qui  veut 
se  faire  connaître  à  Paris  et  qui  meurt  à  la 
peine.  Dans  le  premier  de  ces  morceaux,  Wa- 
gner avait  pris  pour  sujet  ses  sentiments  ;  dans 
le  second,  sa  personne  même.  Ces  fantaisies 
fuient  lues  avec  intérêt. 

Après  deux  années  de  séjour  à  Paris,  pas- 
sées en  tenlalives  infructueuses,  Wagner  ar- 
riva enfin  à  la  conviction  que  ses  idées  et  les 
tendances  de  son  goût  n'y  pouvaient  réussir. 
Dès  lors,  une  seule  pensée  le  préoccupa  :  re- 
tourner en  Allemagne  et  y  faire  représenter 
sur  un  grand  théâtre,  sur  un  théâtre  aulique, 
suivant  son  expression,  son  Rienzi,  qu'il  avait 
achevé,  cl  qui  lui  semblait  alors  la  réalisation 
complète  de  l'idée  qu'il  poursuivait  depuis  sa 
première  jeunesse.  Il  avait  achevé  aussi  son 
poème  du  Hollandais  volant  et  s'était  mis 
en  relation  avec  son  pays  pour  l'admission  de 
ces  ouvrages  dans  quelque  grande  capitale. 
La  mauvaise  fortune  qui  le  poursuivait  depuis 
longtemps  vint  à  cesser  tout  à  coup.  Il  reçut,  à 
peu  d'intervalle,  des  lettres  de  Dresde  et  de 
Berlin  qui  l'informaient  de  l'admission  de 
Rienzi  au  théâtre  de  la  première  de  ces  villes 
et  du  Hollandais  volant  dans  l'autre.  Cepen- 
dant une  difficulté  considérable  l'arrêtait  en- 
core; car  pour  s'éloigner  de  Paris  et  faire  un 
long  voyage,  alors  que  les  chemins  de  fer 
n'existaient  pas,  il  fallait  beaucoup  d'argent, 
et  Wagner  n'en  avait  pas.  Ce  fut  encore  Schle- 
singer qui  vint  à  son  secours,  en  lui  confiant 
l'arraugemcnt  de  la  Reine  de  Chypre,  d'IIa- 
lévy,  pour  le  piano.  Quelle  que  fût  la  répu- 
gnance du  musicien-poëte  pour  des  travaux  de 
celle  espèce,  il  accepta  avec  joie  les  proposi- 
tions de  l'éditeur,  dans  la  vue  d'une  prompte 
délivrance  de  l'esclavage  où  Paris  le  retenait. 
Partir,  arriver,  entendre  enfin  ces  productions 
qui  avaient  été  le  rêve  de  sa  vie,  telle  était 
alors  sa  seule  pensée  :  le  reste  n'était  que  le 
moyen.  Une  autre  ressource  plus  immédiate 
qu'un  long  et  fastidieux  travail  lui  fut  offerte 
dans  le  même  temps  par  M.  Léon  Pillet,  di- 
recteur de  l'Opéra.  Cet  administrateur  avait 


sas 


WAGNER 


besoin  d'un  sujet  de  drame  pour  le  confier  à 
M.  Dielsch,  son  protégé.  On  lui  avait  parlé  du 
Hollandais  volant  de  Wagner  :  une  négocia- 
tion fut  engagée  pour  qu'il  le  cédât  en  échange 
de  quelques  centaines  de  francs,  sous  la  con- 
dition qu'il  conserverait  la  propriété  de  son 
œuvre  en  Allemagne  et  que  le  titre  serait 
changé  à  Paris.  C'est  ce  même  sujet  qui, 
traité  par  M.  Paul  Fouché  sous  le  litre  du 
Faisseau  fantôme,  a  été  joué  à  l'Opéra  avec 
la  musique  de  M.  Dielsch.  Wagner  était  donc 
libre  :  une  ère  nouvelle  s'offrail  à  lui  ;  le  temps 
des  humiliations  élail  passé  ;  celui  du  triomphe 
étail  venu.  C'est  dans  celte  pensée  consolante 
qu'il  s'éloigna  de  Paris,  au  commencement  de 
1842,  après  trois  années  de  séjour  qui  n'a- 
vaient été  pour  lui  qu'une  longue  torture. 

Au  moment  où  Wagner  s'éloignait  de  Paris, 
son  esprit  étail  préoccupé  d'un  nouvel  ouvrage 
dans  lequel,  ses  tendances  continuant  à  se  ca- 
ractériser, il  se  proposait  de  rompre  d'une  ma- 
nière absolue  avec  les  formes  du  drame  mu- 
sical de  l'époque  actuelle,  et  de  placer  l'art 
dans  des  conditions  différentes.  Le  sujet  de  cet 
ouvrage  lui  avait  été  donné  par  la  légende 
populaire  et  par  la  chanson  de  Tannhœuscr. 
Ce  Tannhœuser,  d'une  famille  noble  de  Fran- 
conie,  était  un  de  ces  trouvères  allemands  qui 
brillèrent  dans  les  douzième  et  treizième 
siècles  sous  le  nom  de  Minnesingers,  qu'on  tra- 
duit par  ceux  de  troubadours  et  de  trouvères, 
mais  qui,  littéralement,  signifie  chanteurs 
amoureux,  parce  que  le  sujet  de  leurs  poésies 
chantées  était  souvent  l'amour.  Tannhœuser 
était  bon  chevalier,  suivant  la  vieille  chanson 
allemande  : 

«  Der  Tannhaeuser  wasein  Ritter  gut   » 

Il  cultivait  avec  un  égal  succès  la  poésie,  la 
musique  et  fut  un  digne  rival  des  Wolfram 
d'Eschenbach,  deWalther  de  Vogelweide,  de 
Rodolphe  de  Rothenbourg,  d'Ulrich  de  Lich- 
lenstein,en  un  mot  des  plus  célèbres,  si  nous  en 
jugeons  par  les  seize  chansons  et  ballades  qui 
nous  sont  parvenues  sous  son  nom.  En  1207, 
Tannhaeuser,  ou  Tannhauser,  ou,  enfin,  Tan- 
hilser,  reçut,  comme  tous  les  poëtes-chanteurs 
de  l'Allemagne,  une  invitation  du  landgrave  de 
Thu Dirige  pour  prendre  part  au  mémorable 
tournoi  poétique  ouvert  par  ce  prince  à  son 
château  de  Warlbourg,  près  d'Eisenach.  Point 
ne  manqua  au  rendez-vous  le  Minnesinger. 
C'est  ici  que  commence  le  sujet  de  l'opéra  de 
Wagner.  Il  paraît  que  le  chevalier  avait  trouvé 
en  son  chemin  un  des  rares  manuscrits  des  mé- 
tamorphoses d'Ovide,  et  qu'il  s'était  épris  d'une 


véritable  passion  pour  les  allégories  du  paga- 
nisme, particulièrement  pour  les  galanteries 
de  Vénus.  Il  chanta  avec  enthousiasme  les  dé- 
lices que  l'on  goûte  dans  un  lieu  mystérieux 
nommé  le   T'enusberg.  Un  cri  d'indignation 
s'échappa  de  toutes  les  bouches,  lorsqu'on  en- 
lendit  faire  l'éloge  de  l'amour  sensuel,  au  lieu 
de  cet  amouisi  pur,  si  platonique,  dont  étaient 
épris  la  plupart  des  minnesingers,  pour  des 
beautés  qui  n'existaient  que  dans  leur  imagi- 
nation. Déclaré  indigne  du  prix,  Tannhaeuser 
s'éloigna   le    cœur  ulcéré.   Cependant,  le  re- 
mords finit  par  y  pénétrer,  et  le  poète  se  rendit 
à  Rome  pour  y  confesser  ses  failles,  dont  il  es- 
pérait l'absolution  ;  mais  elle  lui  fut  refusée, 
Désespéré,  furieux,  et  n'espérant  de  joie  que 
dans  ce  qui  avait  causé  sa  perte,  Tannhaeuser 
voua  de  nouveau  son  culle  à  la  fausse  divinité 
qui  l'avait  égaré.  Il  mourut  dans  l'impénitence 
finale  et  tomba  au  pouvoir  du  démon.  Telleest 
la  légende  dont   Richard  Wagner  s'empara 
comme  sujcl  d'un  drame  musical  dans  lequel 
il  se  proposait  de  réaliser  ses  vues  finales  con- 
cernant  l'opéra.   Celle  légende  et  la  chanson 
populaire  lui  étaient   tombées  sous  la  main  à 
Paris.  Se  dirigeant  vers  Dresde,  où  l'attendait 
la  mise  en  scène  de  son  Rienzi,  il  suivit  la 
vallée  de  la  Thuringe  et  passa  près  du  château 
de  Warlbourg,   dont  l'aspect  donna   plus  de 
force  au  projet  qu'il  avait  conçu.   Dès  ce  mo- 
ment, il  élabora  le  sujet  de  Tannhaeuser,  et 
caressa  son  imagination  de  l'espoir  d'un  beau 
succès.  Son  retour  en  Allemagne   élail  alors 
l'espoir  de  son  avenir,  comme  l'avait  été,  trois 
ans  auparavant,  son  arrivée  à  Paris.  «  Je  fou- 
»  lais  de  nouveau,  dit-il,  le  sol  de  ma  palrio- 
)>   tique  et  chaleureuse  Allemagne.  » 

Arrivé  dans  la  capitale  de  la  Saxe,  Wagner 
eut  à  s'occuper  des  répéiïUons  de  Rienzi;  il  y 
trouva  une  satisfaction  qu'il  n'avait  pas  en- 
core goûtée.  L'intérêt  que  les  chanteurs  accor- 
daient à  son  ouvrage,  le  zèle  dont  ils  fai- 
saient preuve  dans  l'élude  de  leurs  rôles,  et 
les  éloges  qu'ils  lui  décernaient,  le  remplis- 
saient de  joie.  Enfin  arriva  le  jour  de  la  repré- 
sentation, qui  fut  aussi  celui  du  triomphe  de 
l'artiste  :  le  succès  de  l'opéra  fut  complet. 
Le  public  comprit  -  il  ce  qu'il  applaudis- 
sait? Cela  est  au  moins  douteux,  quoique  les 
formes  de  le  musique  de  Rienzi  soient  moins 
étrangères  aux  habitudes  acquises  que  celles 
des  autres  ouvrages  de  Wagner.  Beaucoup  de 
personnes  m'onl  avoué,  à  Dresde,  qu'il  y  avait 
eu  pour  elles  un  mouvement  d'enlrainemcnt 
causé  par  Pélrangelé  des  déterminations  de  la 
pensée,  qui  leur  avait  paru  annoncer  un  génie 


WAGNER 


309 


créateur  destiné  à  diriger  l'art  dans  des  voies 
nouvelles.  Quoi  qu'il  en  soit,  cet  heureux  ré- 
sultat eut,  peu  de  jours  après,  des  conséquen- 
ces que  l'artiste  n'avait  pas  prévues  et  qui 
achevèrent  la  transformation  de  son  existence, 
car  le  roi  «le  Saxe  le  nomma  son  maître  de 
chapelle  et  lui  accorda  un  traitement  considé- 
rable. «  Eh  quoi,  dit-il,  moi,  naguère  isolé, 
»  abandonné,  sans  feu  ni  lieu,  je  me  trouvais 
»  tout  à  coup  aimé,  admiré,  contemplé  même 
»  avec  élonnement  !  De  plus,  par  l'effet  de  ce 
>i  succès,  je  trouvais  une  base  solide  et  dura- 
»  ble  de  bien-élre  de  mon  existence  dans  ma 
»  nomination,  aussi  inattendue  que  surpre- 
»  nante,  demailredela  chapelle  royale  de 
»  Saxe!  N'était-il  pas  naturel  que  je  m'aban- 
»  donnasse  à  de  douces  illusions,  destinées 
»  pourtant  à  être  dissipées  par  un  douloureux 
»  réveil  ?  » 

Tout  le  monde  comprendra  le  sentiment  ex- 
primé dans  ces  phrases  ;  mais  il  est  difficile 
d'accorder  une  raison  bien  saine  à  celui  qui, 
après  celte  explosion  conforme  à  la  nature 
humaine,  nous  apprend  qu'il  eut  une  grande 
répugnance  à  accepter  la  position  que  la  bonté 
du  roi  venait  de  lui  accorder.  Il  y  a  sur  cela 
deux  pages  d'incroyables  divagations  dans  les 
Communications  de  M.  Wagner  à  ses  amis 
(pages  71)  et  76).  Quel  que  soit  l'immense  or- 
gueil dans  lequel  se  résume  toute  la  personna- 
lité de  cet  artiste,  et  dont  les  Communications 
à  ses  amis  sont  un  monument  si  curieux,  on 
a  peine  à  se  persuader  la  réalité  de  ses  hésita- 
tions. Pour  moi,  je  considère  ces  pages 
comme  une  préparation  à  des  explications 
difficiles  qui  doivent  venir  plus  loin  sur  cer- 
taines circonstances  dans  lesquelles  l'auteur 
s'est  trouvé.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  amis  aux- 
quels il  confia  ses  scrupules,  dit-il,  ne  les  com- 
prirent pas.  Plus  sensés  que  lui,  ils  écartèrent 
ses  objections  et  le  décidèrent  à  accepter  l'hu- 
miliation d'être  heureux. 

Le  succès  de  Rienzi  avait  décidé  la  direction 
du  théâtre  de  la  cour  de  Dresde  à  mettre  en 
scène  le  Vaisseau  fantastique,  appelé  pat- 
Wagner  le  Hollandais  volant  (Der  fligende 
Hollander).  L'ouvrage  fut  mis  immédiatement 
à  l'étude,  bien  que  la  composition  du  per- 
sonnel chantant  ne  fût  pas  pour  cet  ouvrage  ce 
que  l'auleur  aurait  désiré.  Le  ténor  chargé  du 
rôle  principal  était,  suivant  lui,  absolument 
insuffisant.  Soit  pour  cette  cause,  ou  pour 
toute  autre,  cette  œuvre,  à  laquelle  Wagner 
accordait  ses  prédilections,  eut  une  chule 
complète. le  2  janvier  1843.  Je  n'ai  pas  besoin 
de  dire  que  l'auteur  ne  vit  dans  celte  chule 


qu'un  défaut  d'intelligence  du  public. .Cepen- 
dant ses  amis  les  plus  intimes  n'essayèrent 
même  pas  de  défendre  son  ouvrage;  ils  crurent 
lui  rendre  un  service  plus  utile  en  effaçant  le 
souvenir  de  celle  défaite  par  une  reprise  bril- 
lante de  Rienzi.  On  se  rappelle  que  des  arran- 
gements avaient  été  fails  par  le  compositeur 
avec  le  théâtre  royal  de  Berlin  pour  la  repré- 
sentation de  ce  même  Hollandais  volant; 
mais,  après  la  chule  de  cet  ouvrage  au  théâtre 
de  Dresde,  Wagner  avait  peu  d'espoir  qu'on 
voulût  encore  le  mettre  en  scène  dans  lacapi-' 
taie  de  la  Prusse;  toutefois  il  y  fut  représenté 
deux  fois  au  commencement  de  1844.  L'exé- 
cution en  fut  satisfaisante,  mais  l'ouvrage  ne 
put  se  soutenir  au  répertoire,  bien  que  plu- 
sieurs morceaux  eussent  été  applaudis,  car  la 
salle  fut  presque  déserte  à  la  seconde  représen- 
tation. La  critique  ne  parla  guère  que  de  l'ex- 
centricité des  formes  de  la  musique,  et  le  peu 
de  sy  m  palhie  qu'elle  mon  Ira  pour  celle  musique 
eut  sans  doute  une  fâcheuse  influence  sur  le 
public.  An  milieu  des  chagrins  que  lui  causait 
l'insuccès  de  son  opéra,  une  consolation  vint 
pourtant  trouver  le  poète-musicien  :  ce  fut  une 
lettre  de  Spohr,  par  laquelle  ce  vieux  mailre 
informait  Wagner  qu'il  avait  donné  des  soins 
à  l'exécution  de  son  Hollandais  volant,  au 
théâtre  de  Cassel,  et  l'encourageait  à  persé- 
vérer dans  la  voie  qu'il  s'était  tracée. 

Wagner  attachait  tant  d'importance  à  la 
conception  de  son  ouvrage  et  croyait  si  ferme- 
ment à  son  succès,  que  la  chute  le  jeta,  pen- 
dant quelque  temps,  dans  le  découragement. 
Ses  projets  de  gloire  par  la  transformation  du 
drame  musical  se  trouvaient  (ont  à  coup  ren- 
versés. Diverses  circonstances  vinrent  ajouter 
à  sa  disposition  d'esprit  actuelle.  A  Hambourg, 
Rienzi  n'avait  pas  réussi;  des  copies  auto- 
graphes de  ses  deux  opéras  avaient  été  en- 
voyées par  Wagner  aux  directeurs  de  ihéâlres 
de  quelques  grandes  villes  :  la  plupart  lui  fu- 
rent retournées,  sans  qu'on  eût  même,  dit-il, 
ouvert  les  paquets.  Enfin,  l'artiste  se  trouvait 
dans  unede  ces  phases,  trop  fréquentes  dans  la 
carrière  des  arts,  où  la  route  à  parcourir  pré- 
sente plus  d'écueils  que  de  sentiers  fleuris.  Le 
ciseau  du  statuaire,  les  pinceaux  du  peintre, 
la  plume  du  poète  et  du  musicien  sont  souvent 
foulés  aux  jiieds  comme  d'indignes  instru- 
ments de  supplice.  Cependant  il  y  a  au  cœur 
de  celui  qui  a  foi  en  sa  mission  un  besoin  de 
produire  qui,  bientôt,  guérit  les  blessures  de 
Pamour-propre  et  ramène  l'artiste  à  l'art  qui, 
tour  à  tour,  est  l'objet  de  son  culte  et  de  ses 
malédictions.  Le  véritable  artiste,  disait  Mé- 


400 


WAGNER 


Iiul,  n'est  jamais  entièrement  satisfait,  si 
ce  n'est  de  l'ouvrage  qu'il  va  faire.  Mais  si 
l'homme  d'élite  s'avoue  les  imperfections  de 
son  œuvre  et  se  consume  en  efforts  pour  les 
éviter  à  Pavenir,  il  ne  veut  pas  que  d'autres 
les  aperçoivent,  encore  moins  qu'elles  devien- 
nent l'objet  de  manifestations  humiliantes. 
Celte  disposition  d'esprit  n'était  pas  celle  de 
Wagner,  car  il  était  satisfait  de  ce  qu'il  pro- 
duisait. S'il  éprouvait  du  découragement,  la 
cause  n'en  était  pas  dans  un  aveu  tacite  des 
défauts  de  son  ouvrage,  mais  bien  dans  la 
conviction,  ou  que  l'exécution  n'en  avait  pas 
mis  les  beautés  en  relief,  ou  que  le  public 
était  inhabile  à  le  comprendre.  Ses  communi- 
cations à  ses  amis  ne  laissent  aucun  doute  à 
cet  égard.  Ça  et  là  il  rencontrait  quelque  en- 
thousiaste qui,  par  penchant  pour  la  nouveauté 
des  formes,  quelle  qu'elle  fût,  l'encourageait 
à  persévérer  dans  sa  voie  :  celui-là  seul  lui 
paraissait  digne  de  l'entendre.  «  A  Berlin,  dit- 
»  il,  où  j'étais  absolument  inconnu,  je  reçus 
»  de  ilcwx  personnes  qui  m'étaient  étrangères 
»  et  que  l'impression  produite  par  le  Hollan- 
n  dais  volant  avait  amenées  vers  moi,  la 
»  première  satisfaction  complète  qu'il  m'eût 
»  été  donné  de  goûter,  avec  l'invitation  de 
»  continuer  dans  la  direction  particulière  que 
»  je  m'étais  tracée.  Dès  ce  moment,  je  perdis 
»  de  plus  en  plus  de  vue  le  véritable  public. 
»  L'opinion  de  quelques  hommes  intelligents 
»  prit  chez  moi  la  place  de  l'opinion  de  la 
«  masse,  qu'on  ne  peut  jamais  saisir,  bien 
»  qu'elle  eût  été  l'objet  de  mes  préoccupations 
«  dans  mes  premiers  essais,  alors  que  mes 
>i  yeux  n'étaient  pas  ouverts  à  la  lumière. 
n  L'intelligence  de  mon  but  me  devint 
»  de  plus  en  plus  lucide,  et  pour  m'assurer 
»  qu'elle  serait  partagée,  je  ne  m'adressai 
»  plus  à  celte  masse  qui  n'avait  aucun  rap- 
»  port  avec  moi,  mais  bien  aux  individualités 
»  dont  les  dispositions  el  les  sentiments 
»  étaient  analogues  aux  miens.  Celle  position 
»  plus  certaine,  relativement  à  ceux  qui  de- 
»  vaient  recevoir  mes  communications,  exerça 
»  désormais  une  influence  très-importante  sur 
»   mon  caractère  d'artiste.  » 

Sorti  enfin  de  l'accablement  occasionné  par 
la  chute  du  Hollandais  volant.  Wagner 
voulut  poursuivre  sa  mission  de  réformateur 
de  l'opéra  et  revint  à  son  sujet  de  Tann- 
/li'uscr,  dans  la  disposition  d'esprit  qu'il  vient 
d'expliquer  lui-même.  La  composition  de  cet 
ouvrage  fut  laborieuse  et  pénible;  la  santé  de 
l'artiste  en  fut  même  altérée.  Les  médecins 
avaient  jugé  nécessaire  qu'il  allât  aux  bains  de 


la  Bohème  et  qu'il  suspendit  ses  travaux  :  il 
s'y  rendit  en  effet,  mais  il  n'y  suivit  qu'à 
demi  les  prescriptions  de  la  médecine  ;  car  il 
y  ébaucha  le  plan  de  son  opéra  le  Lohengrin. 
De  retour  à  Dresde,  il  fit  commencer  les  ré- 
pétitions de  Tannhxuser.  La  direction  du 
théâtre  royal  espérait  beaucoup  de  cet  opéra, 
cl  avait  fait  de  grandes  dépenses  pour  sa  mise 
en  scène.  Les  acteurs,  le  chœur  et  l'orchestre 
rivalisèrent  de  zèle,  pour  que  l'exécution  ré- 
pondît à  la  pensée  du  poëte-musicien  ;  mais  le 
résultat  ne  répondit  pas  aux  espérances  de 
succès  qu'on  avait  conçues.  Ici  se  trouve  une 
des  nombreuses  contradictions  qui  remplissent 
la  longue  préface  des  œuvres  dramatiques  de 
Wagner.  Il  a  dit  tout  à  l'heure  qu'il  avait  pris 
la  résolution,  en  écrivant  Tannhxuser,  de  ne 
plus  s'occuper  de  l'elTel  à  produire  sur  le  pu- 
blic en  masse  et  de  ne  chercher  à  satisfaire 
que  quelques  individualités  dont  les  opinions 
sympathisaient  avec  les  siennes  :  maintenant 
il  avoue  qu'il  avait  cru  répondre,  dans  son  ou- 
vrage, aux  tendances  du  goût  de  la  population 
de  Dresde;  mais  le  public  fut  complètement 
trompé  dans  son  attente  :  il  sortit  de  la  repré- 
sentation en  témoignant  son  mécontentement, 
et  l'ouvrage  ne  put  être  joué  que  deux  fois. 
«  Je  fus,  dit  Wagner,  accablé  de  ce  revers  et 
»  ne  pus  me  dissimuler  l'isolement  dans  le- 
»  quel  je  me  trouvais.  Le  petit  nombre  d'amis 
«  qui  sympathisaient  de  cœur  avec  moi  se  sen- 
»  laient  eux-mêmes  découragés  par  un  vif 
»  sentiment  de  ma  pénible  situation.  Une  se- 
»  maine  s'écoula  avant  que  la  deuxième  re- 
»  présentation  pût  être  donnée,  parce  que  des 
»  changements  et  des  coupures  avaient  paru 
»  nécessaires  pour  rendre  plus  facile  l'inlelli- 
»  gence  de  l'ouvrage.  Cette  semaine  eut  pour 
»  moi  le  poids  d'une  vie  tout  entière.  Ce  ne 
»  fut  pas  la  vanité  blessée  qui  me  frappa  au 
»  cœur,  mais  l'anéantissement  absolu  de 
»  toutes  mes  illusions.  Il  devint  évident  pour 
»  moi,  qu'avec  le  Tannhxuser,  je  ne  m'étais 
»  révélé  qu'au  petit  nombre  de  mes  amis  in- 
»  times,  et  non  au  public  à  qui  je  m'adres- 
»  sais  involontairement  par  la  représenta- 
»  lion  de  l'ouvrage.  Il  ne  me  parut  pas  pos- 
*  sible  de  concilier  cette  contradiction.  •■  Les 
coupures,  les  changements  qui  avaient  été- 
faits  dans  l'intervalle  de  la  première  représen- 
tation à  la  deuxième,  n'avaient  produit  au- 
cune amélioration  dans  l'impression  que  fai- 
sait l'opéra  sur  le  public  :  il  fallut  renoncer  à 
le  faire  entendre  une  troisième  fois.  C'est  alors 
seulement  que  Wagner  fit  les  réflexions  qu'on 
vient  de  lire.  Je  suppose  que  mes  lecteurs  con- 


WAGNER 


401 


naissent  déjà  assez  celui  qui  esl  l'objet  de  celle 
notice,  pour  être  persuadés  qu'il  ne  lui  vint 
pas  à  l'esprit  que,  dans  celle  lutte  prolongée 
avec  le  .public,  l'erreur  pouvait  être  de  son 
côté.  Non  :  ce  qu'il  aurait  fallu,  c'eût  été  de 
lever  le  voile  qui  couvrait  l'intelligence  de  la 
niasse;  mais  comment  l'espérer,  placé  comme 
il  était  en  face  de  noire  opéra  actuel,  sous  l'em- 
pire de  ses  jouissances  auditives  et  toutes  sen- 
suelles? Voilà,  suivant  l'auteur  de  Tann- 
hxuser,  où  se  trouvait  toute  la  difficulté  :  pour 
lui,  il  était  dans  la  bonne  voie  et  créait  le  vrai, 
qui  est  le  beau  dramatique. 

Nouvelle  contradiction.  Après  avoir  acquis 
la  conviction  de  l'incapacité  du  public  à  com- 
prendre et  à  goûter  sa  musique,  il  semble  que 
Wagner  va  se  renfermer  dans  ses  fondions  de 
maître  de  chapelle  et  se  borner  à  écrire  poul- 
ie petit  nombre  de  ses  amis  intimes  et  satis- 
faire aux  lois  de  son  organisation  ;  mais  non, 
un  autre  soin  le  préoccupe,  à  savoir,  défaire 
représenter  le  Tdnnkseuser  sur  les  théâtres 
des  grandes  villes  de  l'Allemagne.  «  Je  fis, 
»  dit-il,  des  démarches  pour  la  propagation  de 
a  mon  opéra  et  jetai  particulièrement  les  re- 
»  gards  sur  le  théâtre  de  Berlin;  mais  je  reçus 
»  un  refus  formel  de  l'intendant  des  théâtres 
»  royaux  de  Prusse.  L'intendant  général  de  la 
»  musique  de  la  cour  paraissait  mieux  dis- 
»  posé  :  par  son  intermédiaire,  je  fis  solliciter 
»  le  roi  pour  qu'il  voulût  bien  s'intéresser  à 
»  l'exécution  de  mon  ouvrage  et  demandai  la 
»  permission  de  lui  dédier  la  partition  de 
«  Tannhxuser.Vàv  la  réponse,  on  me  dit  que 
»  le  roi  n'acceptait  jamais  de  dédicace  d'un 
»  ouvrage  sans  le  connaître;  mais  qu'attendu 
>'  les  obstacles  qui  s'opposaient  à  l'exécution 
»  de  mon  opéra  sur  le  théâtre  de  Berlin,  on 
»  pourrait  le  faire  entendre  au  roi,  si  j'arran- 
»  geais  quelques  morceaux  pour  la  musique 
»  militaire,  lesquels  seraient  joués  à  la  pa- 
»  rade.  Je  ne  pouvais  élre  plus  profondément 
»  humilié,  ni  reconnaître  avec  plus  de  certi- 
»  tude  quelle  était  ma  véritable  position.  Dé- 
»  sonnais  toute  publicité  d'art  avait  cessé 
«   pour  moi.  » 

Aiuès  ces  aveux,  c'est  une  chose  curieuse  de 
voir  l'auteur  si  peu  favorisé  du  Hollandais 
volant  et  de  Tannhxuser  expliquer  com- 
ment, au  moment  où  ses  sentiments  recevaient 
de  si  rudes  atteintes,  il  se  remit  immédiate- 
ment à  la  composition  du  Lohengrin.  Sa  sé- 
paration d'avec  le  public  et  le  sentiment  de 
son  isolement  furent,  dit-il,  la  cause  de  l'ex- 
citation qu'il  éprouva  à  se  manifester  à  sou 
entourage  dans  tout  le  développement  de  ses 

BIOCIl,  IMV.   DES  MUSICIENS.   T.  VIII. 


idées.  Je  passe  la  description  qu'il  fait  du  sujet 
de  son  nouvel  opéra  avec  le  langage  amphi- 
gourique qui  lui  est  familier.  Près  de  trois  an- 
nées s'élaient  écoulées  entre  la  représentation 
du  Hollandais  volant  et  celle  de  Tannhxuser, 
car  ce  dernier  opéra  n'avait  été  joué  pour  la 
première  fois  que  le  20  octobre  1845  :  le  Lo- 
hengrin ne  fut  terminé  que  dans  les  derniers 
jours  de  l'année  1847.  L'ouvrage  fut  mis  à 
l'élude  au  commencement  de  1848;  mais  les 
événements  qui  survinrent  bientôt  après  en 
empêchèrent  la  représentation. 

La  politique  étant  étrangère  à  ce  livre,  je 
crois  devoir  garder  le  silence  sur  la  part  que 
prit    Wagner   aux    mouvements   révolution- 
naires dont  Dresde  fut  le  théâtre.  Je  me  bor- 
nerai à  dire  qu'au  moment  de  la  réaction,  cet 
artiste  s'éloigna  de  la  capitale  de  la  Saxe  et  se 
réfugia  à  Zurich.  Pendant  les  années  1849  et 
1850,  son  nom  ne  retentit  en  Allemagne  que 
par  les  essais  tentés  par  Liszt  sur  le  théâtre  de 
Weimar,  pour  ramener  l'atlention  publique 
sur  les  œuvres  du  musicien-poele  et  pour  eu 
exaller    la    valeur.    Une    sorle    d'agitation , 
causée  par  les  représentations  de  Tannhëuser 
et  de  Lohengrin  à  Weimar,  ayant  succédé  à 
l'oubli  dans  lequel  leur  auteur  était  tombé  de- 
puis les  événements  de  1848,  Wagner  jugea 
le  moment  favorable   pour  la  publication  de 
divers  écrits  relatifs  à  son  système  de  drame 
musical,  et,  dans  le  courant  de  l'année  1852, 
il   fil  paraître,  à  Leipsick,  ses  trois    poèmes 
d'opéra  {Le  Hollandais  volant,  Tannhxuser 
et  Lohengrin),  précédés  de  la  préface  de  près 
de  deux  cents  pages,  à  laquelle  il  a  donné  le 
litre  de  Communications  à  ses  amis  (Mil- 
iheilungen  anseineFreunde),  et  le  livre  où  sont 
exposées  ses  doctrines  sur  l'art,  sous  le  titre 
d'Opéra  et  drame  (1).  J'ai  donné  une  analyse 
de  ces  ouvrages  dans  la  Revue  et  Gazette  mu- 
sicale de  Paris  (1852,  nos  25,  24,  25,  2G,  28, 
30,  32)  et  ne  crois  pas  devoir  la  répéter  ici,  à 
cause  de  son  étendue.  De  l'époque  delà  publi- 
cation de  ces  écrits  date  la  curiosité  qui  se 
manifesta  en  Allemagne  pour  les  drames  en 
musique  de  Wagner.  Tout  un  parti  s'était  or- 
ganisé en  faveur  de  ces  œuvres  monstrueuses  : 
il  se  composait  d'une  certaine  jeunesse  ardente 
en  paroles,  qui  déjà  figure  parmi  les  vieillards 
impuissants  ,   de  journalistes  circonvenus  et 
endoctrinés  et   de  révolutionnaires  amateurs. 
Tout  ceux-là  firent  tant  de  bruit  autour  des 
productions  dramatiques  de  leur  idole, que  l'at- 
tention publique  s'éveilla.   Les  directeurs  de 

(1)  Oper  und  Drama,    Leipsick,  J.  i.  Wcber,    1812, 
3  pelils  volumes   in-16. 

26 


402 


WAGNER 


théâtre  virent  que  le  moment  était  favorable 
pour  faire  des  receltes  avec  ces  choses  autre- 
fois dédaignées,  et  le  Hollandais  volant^ 
Tannh&user  et  Lohengrin  furent  joués  par- 
tout, particulièrement  d'abord  dans  les  villes 
de  second  ordre,  où  ces  ouvrages  eurent  de 
nombreuses  représentations.  Quelques  spec- 
(  a  leurs  admiraient  de  bonne  foi  celle  musique 
qu'ils  ne  comprenaient  pas;  d'autres  en  éprou- 
vaient beaucoup  d'ennui  ;  mais  les  Allemands 
sont  admirables  par  leur  patience  à  s'ennuyer 
dans  leurs  spectacles,  sans  quitter  la  place.  On 
parlait  beaucoup  de  Tannhxuser  et  de  Lo- 
hengrin, cela  suffisait  pour  que  tout  le  monde 
voulut  les  connaître.  Aujourd'hui  la  curiosité 
est  satisfaite  et  l'indifférence  est  venue.  Celle 
musique,  qui  devait  être  celle  de  V avenir  est 
déjà  celle  du  passé. 

Pendant  le  séjour  de  Wagner  à  Zurich,  il 
avait  conçu  le  plan  d'une  sorte  d'opéra 
monstre,  dont  la  représentation  durerait  plu- 
sieurs journées.  Le  sujet  est  pris  dans  les  Nie- 
helungcn.W  en  a  formé  trois  drames  complets, 
c'est-à-dire  une  trilogie  dont  les  trois  parties 
ont  reçu  de  lui  les  noms  de  liheingold.  la 
Jeunesse  de  Siegfried  el  la  Mort  de  Siegfried. 
Itheingold  a  élé  publié  en  partition  pour  le 
piano  (1).  Il  parait  que  rentier  achèvement 
de  l'oeuvre  fut  suspendu  pendant  quelque 
temps,  car,  dans  l'intervalle,  Wagner  écrivit 
un  drame  de  Tristan  et  Jseult  qu'il  a  voulu 
faire  mellre  en  scène  dans  plusieurs  villes, 
notamment  à  Vienne  et  à  Dresde;  mais  les 
chanteurs  ont  déclaré,  dans  ces  deux  capitales, 
que  la  musique  de  cet  ouvrage  est  inexécutable. 
Je  ne  connais  pas  celte  musique,  mais  j'ai  lu 
le  livret,  où  il  n'y  a  ni  conception  véritable- 
ment dramatique,  ni  art  de  la  scène,  ni  bon 
sens,  et  le  pis,  c'est  que  rien  n'est  plus  en- 
nuyeux. Une  analyse  de  /«  Jeunesse  de 
Siegfried,  publiée  dans  la  Revue  et  Gazette 
musicale  de  Paris,  par  M.  Paul  Smith,  a  fait 
voir  qu'il  en  est  de  même  à  l'égard  de  celle 
autre  conception  wagnerienne. 

Le  retentissement  qu'avaient  en  Allemagne 
Tannhsuser  et  Lohengrin  persuada  à  Wa- 
gner que  le  moment  était  venu  pour  lui  de  se 
faire  connaître  à  Paris.  Il  y  arriva,  dans  l'élé 
de  18G0,  y  trouva  de  zélés  prolecteurs  dans 
l'aristocratie, et  débula  avec  adresse  par  des 
concerts,  où  il  (il  entendre  quelques  morceaux 
de  ses  drames  que  l'expérience  lui  avait  si- 
gnalés comme  ceux  qui  avaient  eu  le  meilleur 
accueil.  Suivant  l'usage  à  Paris,  pour  toute 

(I)  A  Majencc,  effet  les  frères  Scliott. 


nouveauté  dont  on  parle,  ces  concerts  produi- 
sirent une  certaine  sensation,  el  il  fut  de  mode 
parmi  les  femmes  de  se  montrer  favorable  à 
une  musique  dont  elles  ne  comprenaient  pas 
une  phrase.  Grâce  à  celle  espèce  de  succès  et  à 
une  haute  protection,  l'administration  de 
l'Opéra  reçut  l'ordre  de  mettre  en  scène  le 
Tannhxuser,  donl  la  première  représentation 
fui  donnée  au  mois  de  février  1801.  Malheu- 
reusement pour  Wagner,  donl  la  raie  intelli- 
gence et  l'adresse  ne  peuvent  être  révoquées 
en  doute,  il  en  manqua  cette  fois;  car  il  fit 
précéder  la  représentation  de  son  ouvrage  par 
la  publication  d'une  lettre  dans  laquelle  son 
orgueil  colossal  se  montrait  à  découvert, et  qui 
contenait  toutes  les  impertinences  contre  les 
compositeurs  les  plus  illustres  dont  il  avait 
déjà  rempli  ses  Communications  à  ses  amis. 
Celte  lettre  révolta  les  artistes  et  les  amateurs 
français; elle  prépara  les  orages  qui  éclatèrent 
aux  représentations  de  Tannhxuser.  Rien  de 
plus  regrettable  que  ces  scènes  de  scandale  où 
les  éclats  de  rire,  les  huées  et  les  sifflets  ne 
permirent  pas  d'entendre  l'ouvrage;  car  le 
résultat  en  fut  que  Wagner  a  le  droit  de  dire 
que  sa  musique  a  été  condamnée  sans  être 
connue.  Si  le  parti  qui  s'éleva  contre  elle  avait 
élé  mieux  avisé,  il  aurait  laissé  aller  tranquil- 
lement quelques  représentations,  tout  aurait 
élé  bientôt  fini,  carie  profond  ennui  allaché  à 
toutes  les  conceptions  de  Wagner  en  aurait 
bientôt  amené  l'oubli.  Toutefois,  le  ridicule 
dont  les  Parisiens  ont  couvert  son  œuvre  n'a 
pas  été  sans  influence  sur  l'opinion  générale, 
car  on  a  remarqué,  depuis  1801,  un  abaisse- 
ment sensible  dans  le  mouvement  wagnerien 
en  Allemagne. 

Parti  de  Paris,  il  se  rendit  en  Russie  et 
donna,  à  Pétersbqurg  ainsi  qu'à  Moscou,  des 
concerts  qui  eurent  une  sorte  de  succès  popu- 
laire lequel,  toutefois,  ne  fut  pas  de  longue  du- 
rée. Madame  la  grande-duchesse  Hélène,  pro- 
tectrice généreusedes  artistes,  eldonllegoùlen 
musique  est  porté  vers  les  tentatives  d'innova- 
tions, accueillit  avec  sa  bienveillance  accou- 
tumée l'auteur  de  Tannhxuser,  et  le  combla 
de  ses  bienfaits  ;  mais  l'empereur  et  la  cour 
se  liment  sur  la  réserve  à  son  égard.  De  re- 
tour en  Allemagne,  Wagner  a  vécu  quelque 
temps  à  Vienne  ,  où  il  donna  des  con- 
certs et  obtint  la  mise  à  l'étude  de  son  opéra 
Tristan  et  Iseutt  ;  mais  après  plusieurs  mois 
d'efforts  infructueux  pour  une  bonne  exécu- 
tion, les  chanteurs  du  théâtre  de  la  Porte  de 
Carinlhie  déclarèrent  l'ouvrage  inexécutable 
et  refusèrent  de  le  chanter.  Wagner  dut  retirer 


WAGNER 


403 


sa  partition.  Le  bruit  s'est  répandu  récemment 
que  le  jeune  roi  deBavière,  plein  d'admiration 
courses  œuvres,  l'a  nommé  son  premier  maî- 
tre de  chapelle,  l'a  logé  dans  un  palais,  lui  a 
assuré  des  avantages  dont  aucun  compositeur 
n'a  joui  jusqu'à  ce  jour,  et,  enfin,  lui  fait  éle- 
ver une  statue  dans  Ludwig  Strasse,  à  Mu- 
nich. Tout  cela  est  plus  facile  que  défaire  ar- 
river à  la  postérité  la  musique  de  Lohengrin, 
de  Tunnhxuser  et  du  Rheingold. 

Il  est  nécessaire  de  connaître  le  système  de 
Wagner  pour  apprécier  la  valeur  de  ses  œu- 
vres :  ce  système  ne  peut  être  compris  que  par 
la  lecture  de  ses  écrits,  dans  leur  ordre  chro- 
nologique. Le  premier  a  paru  à  Leipsick,  en 
1849,  sous  le  titre  Art  et  révolution  (en  alle- 
mand). Il  s'y  efforce  d'établir,  par  des  para- 
doxes insoutenables,  ses  opinions  contre  l'uti- 
lité de  l'élude  pour  le  développement  des  fa- 
cultés de  l'artiste.  Dans  l'année  suivante,  il 
publia,  également  à  Leipsick.  ]' Œuvre  d'art 
de  l'Avenir.  Il  s'est  défendu  avec  chaleur,  à 
Paris,  d'avoir  eu  la  moindre  part  à  l'expression 
la  musique  de  l'avenir,  dont  ses  partisans  onjt 
fait  grand  bruit  et  qui  est  devenue  populaire  : 
il  n'avait  cependant  pu  oublier  cet  écrit  dans 
lequel  il  fut  le  premier  à  faire  usage  de  cette 
désignation  pour  son  œuvre  propre.  C'est  dans 
ce  même  écrit  qu'il  pose  les  premières  bases 
de  ses  théories,  établies  ensuite  avec  plus  de 
développement  dans  son  livre  VOpéra  et  le 
Drame,  et  enfin  dans  les  Communications 
à  ses  amis,  qui  forment  la  préface  de  ses 
poèmes  dramatiques.  Quelle  que  soit  son 
adresse  à  détourner  le  vrai  sens  des  choses  et 
des  mots  pour  formuler  sa  doctrine  de  l'art,  si 
toutefois  cela  peut  s'appeler  une  doctrine,  il 
n'a  pas  même  eu  l'approbation  des  partisans 
les  plus  dévoués  de  ses  drames  musicaux,  et 
tous  l'ont  considérée  comme  dérivant  d'un 
poinlde  vue  faux.  On  lui  a  fait  aussi  le  repro- 
che, avec  beaucoup  de  raison,  d'avoir  faussé, 
dans  ses  écrits,  la  vérité  de  l'histoire  de  la 
musique,  pour  donner  à  son  système  une  ap- 
parence de  base  historique.  Pour  ne  pas  don- 
ner trop  de  développement  à  celte  notice,  déjà 
bien  longue,  je  me  bornerai  à  la  citation  de 
quelques-uns  de  ses  principes. 

«  L'ouvrage  d'art  absolu,  c'est-à-dire  l'ou- 
»  vrage  qui  n'est  lié  ni  au  lieu,  ni  au  temps, 
»  et  qui  n'est  pas  destiné  à  certains  hommes, 
»  dans  de  certaines  circonstances,  pour  être 
»  compris,  seulement  par  eux,  cet  ouvrage 
»  est  un  non-sens,  une  chimère  qui  ne  peut 
»  exister  que  dans  des  rêves  esthétiques. 
»  {Communications  àsesamis}  page  10.)  » 


Une  première  et  inévitable  conséquence  de 
celle  maxime,  c'est  que  les  œuvres  considérées 
comme  des  modèles  de  beauté,  de  perfection, 
ne  doivent  avoir  qu'une  existence  momenta- 
née, transitionnelle.  Elles  n'ont  de  valeur 
qu'au  moment  de  leur  création,  et  seulement 
comme  manifestation  delà  puissance  d'inven- 
tion de  leur  auteur.  Plus  tard, elles  sont  moins 
que  rien,  et  leur  valeur  n'est  tout  au  plus 
que  celle  du  papier  (keinen  Pfifferling  werth 
ist,  und  hœchtens  als  das  Papier:  ibid,\t.  15). 
Celle  conséquence  du  principe,  c'est  Wagner 
lui-même  qui  la  lire,  la  développe  en  quinze 
liages  dans  un  style  boursouflé  :  il  choisit  le 
Don  Juan  de  Mozart  comme  un  exemple  à 
l'appui  de  sa  thèse.  La  conclusion  est  que  le 
respect,  l'admiration  des  artistes  et  des  con- 
naisseurs pour  certaines  œuvres  du  génie  sont 
des  liens  qui  garrottent  notre  intelligence  et 
l'empêchent  de  comprendre  les  créations  har- 
dies de  notre  temps.  L'existence  même  du 
génie  qui  a  produit  ces  œuvres  est  combattue 
par  Wagner  :  c'est  pourquoi  il  lui  substitue 
L'esprit  mécontent  de  ce  qui  existe.  Son 
tempérament  se  révolte  contre  la  réalité  de 
celte  faculté  exceptionnelle,  dont  certains  indi- 
vidus seraient  doués  par  l'arbitraire  de  Diei 
ou  de  la  nature  (sie  nicht  durch  die  WillkUr 
Goltes  oder  der  Nalur  in  das  LebengewUrfen 
werden)!  La  faculté  de  conception  et  d'inven- 
tion, dit- il,  n'est  que  le  développement  de  la 
force  vitale  accordée  à  tous,  et  qu'il  appelle 
faculté  communiste.  Si  celle  force  vitale  n'ar- 
rive à  son  développemeut  que  par  exception, 
c'est  qu'elle  se  détériore  et  s'étiole  sous  l'in- 
fluence de  la  discipline  ou  de  l'éducation. 
Celui  qui  a  le  bonheur  d'échapper  à  cette  délé- 
tère influence  conserve  l'intégrité  de  sa  force 
vitale,  d'où  résulte  sa  faculté  de  conception  : 
celui-là  seul  est  capable  des  plus  grandes  cho- 
ses. Tel  est  M.  Wagner. 

On  voit,  par  ce  qui  précède,  que,  pour  se 
mettre  au  point  de  vue  favorable  à  la  concep- 
tion du  drame  musical  de  Wagner,  il  faut 
rompre  avec  les  notions  du  beau  absolu,  du 
génie  qui  le  réalise,  de  ses  monuments  et  de 
la  théorie  esthétique  qu'on  en  aurait  déduite. 
Supposons  pour  un  instant  que  ces  résultais 
sont  obtenus,  et  voyons  si  l'auteur  de  Tannr 
hxuser  et  de  Lohengrin  atteint  enfin  sans  ob- 
stacle le  but  vers  lequel  il  se  dirige.  Hélas! 
non  ;  car  s'il  ne  trouve  pas  en  son  chemin  l'art 
du  passé, il  y  rencontre  celui  du  présent:  l'art 
de  lamode,  comme  il  l'appelle  !  Peut-élrepen- 
srra-l-on  que  si  cet  art  a  des  délerminaisons 
différentes  de  celles  du  passé,  c'est  qu'il  s'est 

26. 


404 


WAGNER 


trouvé  îles  esprits  mécontents  qui  ont  fait  de 
leur  côté  ce  que  Wagner  fait  du  sien,  et  con- 
séquemment  qu'il  doit  y  avoir  sympathie  entre 
eux?  Mais,  non  :  une  différence  radicale  les 
sépare,  ainsi  qu'on  va  le  voir.  Les  poêles  dra- 
maliques  et  les  compositeurs  de  l'époque  ac- 
tuelle, suivant  l'opinion  de  Wagner,  ont  pour 
but  unique  l'art  sensuel,  c'est-à-dire  qui  vise  à 
produire  des  sensations  agréables,  à  plaire,  à 
caresser  les  penchants  de  la  multitude  igno- 
rante, tandis  que  lui  songe  à  réformer  cet  art, 
sans  se  préoccuper  du  plaisir  qu'y  pourront 
prendre  les  gens  de  cour  et  la  bourgeoisie. 
Celte  différence  de  détermination  provient  de 
ceque  la  force  vitale,  qui  se  développe  en  fa- 
culté de  conception,  est  composée  de  deux 
principes,  dont  un  est  masculin  et  l'autre  fé- 
minin. Si  le  principe  mâle  domine  dans  le  dé- 
veloppement de  la  faculté  de  conception,  on 
arrive  à  l'énergique,  au  grand,  et  l'on  voit  se 
produire  Rheingold,  Lohengrin  et  Tann- 
hxuser.  Mais  par  cela  même  que  la  conception 
est  forte,  elle  reste  obscure  pour  le  vulgaire,  et 
le  temps  seul  peut  initier  celui-ci  à  l'intelli- 
gence de  ses  beautés  vigoureuses.  Si,  au  con- 
traire, le  principe  féminin  de  la  force  vitale 
prend  le  dessus  dans  le  développement  de  la 
faculté  de  conception,  celle-ci  n'arrive  qu'au 
sensuel,  aux  émotions  qui  tiennent  plus  de  la 
sensibilité  (il  veut  dire  du  sentiment)  que  de 
l'intelligence,  et  l'on  voit  naître  des  composi- 
tions telles  que  Guillaume  Tell,  Robert  le 
Diable  et  les  Huguenots,  la  Muette  fie  Porlici 
et/a  Juive.  Ces  productions,  faisant  une  large 
part  à  la  sensibilité,  aux  affections  de  la  mul- 
titude, sont  dans  le  domaine  de  la  mode,  et 
diffèrent  essentiellement  des  créations  wagne- 
riennes. 

Ainsi  qu'on  le  voit  ,  Wagner  n'admet 
comme  principe  producteur  des  ceuvresde  l'art 
que  l'intelligence,  en  d'autres  termes,  la  fa- 
culté de  conception,  parce  qu'il  en  est  lui- 
même  abondamment  pourvu  ;  quant  à  l'imagi- 
nation, qui  lui  fait  défaut,  il  n'en  tient  compte, 
bien  qu'en  son  absence,  Vidée,  proprement 
dite,  ne  puisse  se  produire.  Or,  l'existence  de 
l'art  purement  idéal  de  la  musique,  sans  l'in- 
spiration de  l'idée,  est  une  absurdité  dont  l'é- 
vidence est  saisissante.  Par  l'intelligence,  on 
parvient  à  la  conception  du  plan  de  l'œuvre  et 
on  lui  donne  une  forme  déterminée,  mais  on 
ne  peut  créer  l'idée  qui  se  développe  sous  celle 
forme  :  celle-ci  ne  peut  naître  que  de  l'action 
simultanée  du  sentiment  et  de  l'imagination. 
Si  elle  est  véritablement  belle,  quel  qu'en  soit 
le  caractère,  elle  sera  saisie  et  senlic  dans  tous 


les  temps,  quoi  qu'en  dise  l'auteur  de  Tann- 
hxuser.  Remarquons,  d'ailleurs,  qu'il  y  a  une 
contradiction  manifeste  entre  son  affirmation 
que  l'œuvre  d'art  n'est  bonne  que  pour  le 
temps  oit  elle  est  faite,  et  sa  prétention  de  tra- 
vailler pour  l'avenir.  Ce  qui  ressort  avec  évi- 
dence de  l'examen  des  théories  de  Wagner  et 
de  celui  de  ses  partitions,  c'est  qu'il  a  eu  con- 
science de  sa  force  intellectuelle  et  de  sa  débi- 
lité sentimentale  et  Imaginative.  Toute  son 
habileté,  tous  ses  paradoxes  n'ont  eu  pour 
objet  que  de  dissimuler  celle-ci. 

WAGWEU  (Ciiarlks),  pianiste  et  compo- 
siteur pour  son  instrument,  né  à  Paris,  le 
1 1  octobre  1816,  commença  l'étude  de  la  mu- 
sique à  l'âge  de  cinq  ans.  Admis  au  Conserva- 
toire, le  21  août  182G,  il  y  devint  élève  de 
Zimmerman,  dont  il  avait  reçu  précédemment 
des  leçons,  et  le  premier  prix  de  piano  lui  fut 
décerné  au  concours  de  1827,  à  l'âge  de  douze 
ans.  Toutefois  il  nequilta  pas  celte  école,  car  il 
étudia  l'harmonie  sous  la  direction  deDourlcn, 
et  obtint  le  second  prix  en  18-50.  Après  huit 
années  d'études  au  Conservatoire,  il  en  sortit 
au  mois  de  novembre  1834.  Après  s'être  fait 
entendre  avec  succès  dans  les  concerts,  cet  ar- 
tiste s'est  livré  à  l'enseignement  et  a  publié 
environ  vingt-cinq  œuvres  d'airs  variés,  de 
fantaisies  et  de  mélanges  pour  le  piano.  En 
1843,  il  s'est  fixé  à  Mexico. 

WAGNER  (Jobahwa),  aujourd'hui  (1805) 
madame  .ÏACIIMAIMX,  cantatrice  du  théâtre 
royal  de  Berlin,  est  née  le  13  octobre  1828, 
près  de  Hanovre,  pendant  un  voyage  de  son 
père,  Albert  Wagner,  autrefois  professeur  do 
chant  à  \Y il rz bourg,  et  plus  lard  régisseur  du 
théâtre  royal  de  Berlin.  Dès  l'âge  de  cinq  ans, 
elle  joua  nu  rôle  d'enfant,  dans  les  Joueurs , 
d'Ifland,  au  théâtre  de  Wllrzbourg.  A  dix  ans, 
elle  jouait  des  rôles  de  i;énie,  au  théâtre  de 
féeries,  alors  en  vogue. En  18,41,  mademoiselle 
Wagner  eut  son  premier  engagement  au 
théâtre  de  la  cour  ducale  de  Bernhourg.  Son 
premier  rôle  de  quelque  importance  fut  celui 
du  page  dans  les  Huguenots.  Sa  voix  acqué- 
rant chaque  jour  plus  d'ampleur,  elle  chaula 
ensuite  la  Reine  de  Chypre  et  le  rôle  d'El- 
vire  dans  Don  Juan.  Lorsque  son  oncle, 
Richard  Wagner,  eut  été  nommé  maître  de 
chapelle  à  Dresde,  il  la  fil  venir  dans  celle 
ville  et  obtint  pour  elle  un  engagement  de 
trois  ans,  en  1844.  De  remarquables  progrès 
se  manifestèrent  alors  dans  son  talent  dra- 
matique, parce  qu'elle  prit  madame  Schrœder- 
Deviient  pour  modèle.  Au  commencement  de 
184G,  elle  fut  envoyée  à  Paris  par  l'inten- 


WAGNER  -  WALCH 


405 


dance  dii  théâtre  royal ,  pour  y  prendre  des 
leçons  de  chant  de  Manuel  Garcia.  Les  conseils 
de  ce  maître  et  les  occasions  fréquentes  qu'eut 
Jolianna  Wagner  d'entendre  les  chanteurs  du 
Théâtre  Italien,  mesdames    Grisi,    Persiani, 
l'excellent  baryton  Ronconi  et  Lahlache,  lui 
firent  faire  de   rapides  progrès.  De  retour  à 
Dresde,  dans  l'aulomnedela  mémeannée,elley 
fut  accueillie  avec  heaucoup  de  faveur  par  le 
public.  Au  mois  de  mai  1849,  elle  alla  donner 
des  représentations  à  Hambourg.el  y  obtint  de 
brillants    succès.  Ce    fut   alors    qu'éclata,    à 
Dresde,  la  révolution  à  laquelle  son  oncle  prit 
part.  Ne  pouvant  retourner  dans  cette  capitale, 
où  le  théâtre  était  fermé,  Johanna  accepta  i\n 
engagement  à  celui  de  Hambourg.  Au  prin- 
temps de  1850,  elle  alla  donner  des  représen- 
tations  au  Théâtre    royal   de   Berlin,  où   son 
succès  eut  tant  d'éclat,  qu'elle  y  fut  immédia- 
tement engagée  à  des  conditions  très-avanta- 
geuses. Elle  y  débuta,  le  6  juin  1851 ,  dans  le 
rôle  de  Fidès,  du  Prophète.  En   18;5ô,   elle 
obtint   le  litre  de  cantatrice  de  la  cour,  et  dès 
ce  moment  elle  fut  considérée  comme  le  plus 
beau  talent  dramatique  de  l'Allemagne.   Le 
2  mai  1850,  elle  a  épousé  le  conseiller  Jach- 
mann,  de  Berlin;  mais  ce  changement  de  posi- 
tion sociale  ne  lui  a  pas  fait  quitter  la  scène. 

WAGNI2W.  Plusieurs  artistes  de  ce  nom 
se  sont  fait  connaître  dans  le  domaine  de  la 
musique;  mais  les  biographes  allemands  gar- 
dent le  silence  sur  eux.  Parmi  ces  musiciens, 
on  remarque  :  1"  Charles-Wilhelm- Louis 
Wagner,  eantorà  KirchrUsselbaeh  (Bavière), 
auteur  d'un  livre  choral  (Choral- Buch)  pour 
quatre  voix  d'homme,  à  l'usage  des  temples 
protestants  de  la  Bavière,  des  séminaires  d'in- 
stituteurs, des  gymnases,  des  sociétés  de 
chant,  etc.,  publié  avec  la  collaboration  de 
J.-F.  Buck  ,  cantor  de  la  ville  de  Bayreuth; 
Bayrculh,  1830,  in -4".  2°  François  Wagner, 
directeur  de  musique  à  Schleilz,  auteur  d'un 
recueil  de  huit  chants  à  quatre  voix  (Acht 
vierstimmige  Gesxnge),  à  l'usage  des  sociétés 
de  chant,  des  écoles  et  des  séminaires; 
Schleilz,  Richel,  1836,  in-4°.  3°  Jacques 
Wagner,  professeur  de  musique  à  l'école  des 
Ursulincs  d'Aix-la-Chapelle,  auteur  d'un 
recueil  de  chants  chorals  avec  accompagne- 
ment d'orgue,  intitulé  Der  Jugend  Morgen- 
tœne;  Aix-la-Chapelle,  A.  Mayer,  183-3,  in  4°. 
4°  P.-J.-P.  Wagner,  hautboïste  distingué  à 
Leipsick,  vers  1825,  auteur  de  plusieurs  com- 
positions pour  son  instrument,  et  particuliè- 
rement d'un  Andanle  et  variations  pour 
hautbois  et  orchestre;  Leipsick,  Breitkopf  et 


Ilœrtel.  5°  Wilhelm  Wagner,  virtuose  clari- 
nellisteà  Munich,  vers  1830,  voyagea  en  Italie, 
puis  se  rendit  en  Russie,  dans  l'année  1837,  et 
se  fixa  à  Pélcrsbourcr,  où  il  se  trouvait  encore 
en  1851.  lia  publié  des  thèmes  variés  pour  cla- 
rinette et  orchestre,  et  deux  œuvres  de  duos  pour 
deux  clarinettes.  6°  Auguste  Wagner,  profes- 
seur de  chant  cl  compositeur  de  Lieder  à  Riel, 
en  1840.  On  a  publié  sous  son  nom  des  Lieder  à 
voix  seule  avec  piano,  op.  1 ,  5,  4  et  5  ;  Rîel  et 
Berlin.  7°  Jean  Wagner,  joueur  de  Zitherh 
Munich,  a  publié  divers  ouvrages  de  sa  com- 
position pour  cet  instrument;  à  Munich,  chez 
Faller,  1842. 

WAJSSELICJS  (Matthieu),  luthiste  du 
seizième  siècle,  rié  à  Barlstein,  en  Prusse,  a 
publié  <le  sa  composition  pour  le  luth  :  1°  Ta- 
bulalura  conlinens  insignes  et  selectissimas 
quoque  cantiones,  quatuor,  quinque  et  sex 
vocum,  tesludini  aplatas,  ut  sunt  :  Prxam- 
bula ,  phantasix ,  cantiones  germanicx , 
italics  ,  gallicx  et  latins,  Passamesix 
Gagliardx  etChorex.  Francofordix  ad  ï'ia- 
drum  in  ofïicina  Joannis  Eichhorn,  1573, 
in-fol.  2"  Tabulalura,oder  Laulenbuch  aller- 
ley  R'iintslicher  Prwanibula  ausserlesener 
leulscher  und  polnisclier  Txntze,  Passame- 
zen,  etc.,  auff  der Lauten zu  schlagen  (Tabla- 
ture ou  livre  de  Luth  contenant  des  préludes, 
danses  allemandes  et  polonaises,  passa- 
mèscs,elc).  Francforl-sur-1'Oder,  1502,  in-fol. 

WALREUT  (Jeah),  né  à  Nuremberg,  le 
10  décembre  1661,  étudia  à  Alldorf  et  à  Jéna, 
cl  obtint,  en  1602,  les  places  de  canlor  et  de 
professeur  à  Alldorf,  puis  fut  appelé  dans  sa 
ville  nalale,  en  1703,  pour  y  occuper  les 
mêmes  emplois  à  l'école  de  Saint -Sébald.  Il  y 
mourut  le  12  juin  1727.  On  a  de  lui  une  collec- 
lion  decanliques  pourlacommunion  intitulée  : 
Gott  geheiligter  Chrislen  Tafelmusik,  ein 
Communion-Liederbuch.  Nuremberg,  1718. 
La  préface  de  cet  ouvrage  a  été  écrite  par  le 
prédicateur  Jean  Wtllfers. 

WALCH  (Albert-Georges),  professeur  et 
recteur  du  gymnase  de  Schleusingen,  mort  le 
5  janvier  1822,  est  auteur  d'une  dissertation 
intitulée  :  Ueber  den  religiœsen  Gesang  der 
Chrislen  (Sur  le  chant  religieux  du  chrétien), 
Schleusingen,  1800,  in-4°  de  8  pages. 

WALCH(Jean-Hemii),  d'abord  musicien  de 
chambre  au  service  de  la  cour  de  Saxe-Gotha, 
l'ut  ensuite  directeur  du  chœur  de  celle  cha- 
pelle. Le  1er  mars  1846,  il  obtint  sa  pension  de  ' 
retraite  avec  le  litre  de  maître  de  chapelle. 
Cet  artiste  de  mérite  est  mort  à  Gotha  le 
2  octobre  1855,  à  l'âge  Je  80  ans.  Il  a  arrangé 


40G 


WALCH  -  WALDMULLEH 


en  musique  d'harmonie  beaucoup  de  morceaux 
d'opéras  modernes,  et  a  publié  plusieurs  re- 
cueils de  danses  pour  l'orchestre  et  pour  divers 
instruments. 

WALCKJE11S  (Eugène),  flûtiste  et  com- 
positeur, né  à  Avesne  (Nord),  en  1789,  com- 
mença ses  éludes  musicales  sous  la  direction 
d'un  maître  nommé  Marchand, puis  se  rendit 
à  Paris,  où  Tulon  lui  donna  des  leçons  de 
son  instrument:  Reicha  lui  enseigna  plus 
tard  l'harmonie  et  la  composition  pratique. 
M.  Walckiers  a  publié  plus  de  cent  œuvres 
pour  son  instrument  avec  accompagnement 
de  piano  et  de  quatuor,  dont  la  plupart  sur 
des  fantaisies  de  thèmes  d'opéras,  de  variations 
et  des  rondos;  Paris,  Brândus  ;  Mayence, 
Scliott.  On  connaît  aussi  de  lui  des  concerti- 
nos  et  des  quatuors  pour  flûte, violon,  alto  et 
violoncelle;  ibid.,  ainsi  que  plusieurs  œuvres 
de  duos  pour  deux  flûtes,  et  des  duos  pour  flûte 
et  piano,  en  collaboration  avecKalkbrenner. 

WALD  (Samuel-Théophile),  professeur  de 
philosophie  et  docteur  en  théologie,  naquit  à 
Breslau,  le  17  octobre  1760.  Après  avoir  achevé 
ses  études  à  Halle,  il  fut  nommé  professeur 
de  littérature  grecque  à  Kœnigsberg  en  1786, 
inspecteur  du  séminaire  de  la  même  ville  en 
1791,  et  enfin,  en  1796,  conseiller  et  membre 
du  consistoire  à  Thorn,  où  il  mourut  en  1828. 
Au  nombre  des  ouvrages  de  ce  savant,  on  re- 
marque une  dissertation  académique  intitulée  : 
Historié  arlis  musicse  Spécimen  primum; 
Halle,  1781,  in-4°  de  24  pages.  Je  crois  qu'il 
y  a  eu  une  deuxième  édition  de  cet  écrit  en 
1783.  L'auteur  y  traite  spécialement  de  la  mu- 
sique des  Grecs. 

WALDECK  (François- Adam),  néenl74ô 
à  Fritzlar,  près  de  Cassel,  remplit  pendant 
plusieurs  années  les  foncîionsdecanfor  et  d'or- 
ganiste delà  cathédrale  de  Munster,  et  mourut 
en  1776,  à  l'âge  de  trente-trois  ans.  Il  écrivit 
pour  cette  église  des  messes,  des  Te  Deum  et 
•les  motets,  ainsi  que  des  airs  et  des  duos  poul- 
ies drames  et  comédies  représentés  par  les  élèves 
du  Gymnase.  Il  fit  jouer  dans  celle  ville  deux 
opéras  allemands  de  sa  composition  intitulés: 
\°  Le  Jour  de  noces;  2°  La  Barque  verte. 
On  connaît  sous  son  nom  une  symphonie  pour 
l'orchestre,  des  quatuors  pour  violon,  et 
plusieurs  autres  ouvrages  qui  n'ont  point  été 
imprimés. 

WALDENFELD  (Heniu  de),  musicien  à 
Brunswick,  vers  1840,  a  fait  imprimer  dans 
celte  ville  une  petite  méthode  de  flûte,  chez 
Spehr,  éditeur  de  cette  ville. 

WAEDEIl  (Jean-Jacques),  né  en  1750,  à 


Unterwetzikau,  dans  le  canton  de  Zurich  en 
Suisse,  fit  ses  éludes  musicales  sons  la  direc- 
tion d'Egli  et  de  Sehmidlin,  à  l'école  île  Zurich. 
Fixé  dans  celte  ville,  il  y  fit  exécuter,  en  1779, 
la  cantate  de  sa  composition  intitulée  Der 
letzle  Menschen  (Le  Dernier  Homme),  qui  fut 
reçue  avec  applaudissements.  En  1788,  il  pu- 
blia une  instruction  concernant  l'art  du  chant, 
sous  le  titre  :  Anleitttng  zur  Singkunst.  La 
cinquième  édition  de  cet  ouvrage  a  paru  à 
Zurich,  chez  Gessner,  en  1820,  grand  in-8°. 
"Walder  a  mis  en  musique  à  ô  ou  4  voix,  avec 
accompagnement  de  piano,  les  cantiques  du 
poète  suisse  Zullikofer,  qui  ont  eu  un  bril- 
lant succès.  Ce  recueil  a  pour  titre  :  Samm- 
lung  christlicher  Gesxnge  zum  Gebrauche 
bey  der  Hauslichen ,  etc.  Zurich,  1791,  grand 
in-8°.  Précédemment  Walder  avait  aussi  pu- 
blié sa  cantate  du  Dernier  Homme,  en  parti- 
tion pour  le  piano.  Zurich,  1779,  in-4°;  et  des 
chansons  avec  accompagnementde  piano,  ibid., 
1780, grand  in-4\  Cet  artiste  mourut  en  1827, 
laissant  en  manuscrit  plusieurs  compositions. 

WALDIIQER.  (Mathias),  professeur  de 
musique  au  gymnase  de  Kempten  (Bavière), 
mort  au  mois  de  juillet  1 856,  s'est  fait  con- 
naître avantageusement  par  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Theorelisch-Praktische  Klavier- , 
Partîtur-,  Prxludier-  und  Orgcl-Schule, 
sowohl  fur  Anfxnger,  ah  auch  fiir  schœn 
yrublerc  Clavier-  und  Orgelspieler  (Méthode 
théorique  et  pratique  de  piano,  d'accompagne- 
ment, d'art  de  préluder  et  d'orgue,  etc.). 
Kempten,  Kœsel,  1826-1828,  trois  parties  in- 
l'ol.  2°  Nette  f'olksgesang-Schule  oder  grund- 
liclte  Anleitung  den  Gesung,  sowohl  in  den 
tr/l'ent lichen  Schulen,  als  auch  beimPrivat- 
Uttterrichte,  etc.  (Nouvelle  École  de  chant  po- 
pulaire, ou  Introduction  au  chant,  tant  pour 
les  écoles  publiques  que  pour  l'enseignement 
privé,  etc.).  Kempten,  Kœsel,  in-4°  de  quatre- 
vingt-dix  pages.  On  connaît  aussi  sous  le  nom 
de  Waldhœr  des  variations  faciles  pour  le  piano 
sur  l'air  allemand  :  Du,  du  liegst  mir  am 
Herzen,  ibid. 

YVALDMANN  (Joseph),  professeur  de 
musique  an  Collège  des  jésuites  à  Fribourg, 
vers  1840,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  Har- 
monikoder  volstxndige  heuristischeDarstel- 
lung  der  Hctrmonielehre  und  des  Général- 
basses  (Harmonique,  ou  tableau  complet  de  la 
science  de  l'harmonie  et  de  la  basse  continue). 
F  ri  bourg,  Herder,  in-8°. 

WAEDMÏLLER  (Ferdinand),  pianiste, 
né  en  Autriche,  a  fait  ses  études  musicales  au 
Conservatoire  de  cette  ville  et  a  reçu  des  leçons 


WALDMULLER  -  WALKER 


407 


de  Charles  Czerny.  En  1340,  il  émit  professeur 
de  piano  à  Brème;  il  (il  ensuile  nn  voyage  à 
Paris,  où  il  se  trouvait,  en  1840,  sans  y  élre 
remarqué.  Il  retourna  ensuile  à  Vienne.  On  a, 
sous  le  nom  de  ecl  artiste,  un  grand  nombre 
de  fantaisies  sur  des  thèmes  d'opéras,  de 
nocturnes,  de  tarentelles,  d'études  de  salon  et 
de  rondeaux,  qui  ont  paru  à  Vienne,  chez 
Moehelti,  Naslinger,  Wilzcndorf  et  autres 
éditeurs. 

WALDNER  (P.),  savant  suédois,  vécut 
vers  le  milieu  du  dix-huilième  siècleet  publia, 
à  Upsal,  en  1704,  une,  dissertation  De  Seplcm 
Arlibns  liberalibus.  Il  y  Irailede  la  musique 
dans  le  huitième  paragraphe. 

WALK  (Ghi:i:rki:m  ou  Géiuiïd Du),  musicien 
licite  sur  qui  l'on  n'a  pas  de  renseignements 
jusqu'à  ce  jour,  mais  qui,  d'après  le  style  d'un 
morceau  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  la 
bibliothèque  de  Cambrai,  n°  124,  dut  vivre 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Ce  morceau 
esl  le  molet  à  quatre  voix  Dum  penderet  Pe- 
ints in  Crùce.  M.  de  Coussemaker,  qui  a 
donné  la  description  du  manuscrit  (1),  a  mis 
en  partition  la  première  partie  de  ce  motel  et 
l'a  publiée  (2),  mais  avec  des  failles  de  tonalité 
(pages  27  et  30)  et  d'harmonie  (p.  32). 

WALKER  (Jean).  Sous  ce  nom,  Forkcl, 
copié  par  Gerber,  Liclitcnth.il ,  Ch.-Ferd. 
Becker  et  autres,  a  cité  des  mémoires  concer- 
nant diverses  expériences  sur  le  son  qui  ap- 
partiennent au  mathématicien  Jean  Wallis. 
{Voyez  ce  nom). 

WALK  EU  (Jbaw)j  auteur  d'un  diclion- 
naire  de  la  prononciation  de  la  langue  anglaise 
devenu  célèbre  et  de  plusieurs  autres  ouvrages 
estimés,  naquit  en  1752,  dans  un  hameau  de 
la  paroisse  de  Fricrn-Barnet,  fut  quelque 
temps  acteur,  puis  maître  d'école, et  mourut  au 
mois  de  juillet  1807.  Au  nombre  des  livres 
qu'il  a  publiés,  on  trouve  celui  qui  a  pour 
litre  :  The  Melody  of  spètthing  dclincaled  (La 
mélodie  du  langage  rendue  sensible).  Londres, 
Rohinson,  1787,  in-4",  dont  là  sixième  édition 
parut  en  1810,  in-S".  Il  en  avait  donné  l'es- 
quisse, dans  une  dissertation  insérée,  an  mois 
de  septembre  1787,  dans  le  jVonthly  Revieio. 
Walker  se  propose  dans  cet  ouvrage  d'en- 
seigner la  déclamation  par  des  signes  visibles, 
comme  ceux  de  la  musique,  et  y  donne  des 
préceptes  pour  les  modulations  de  la  voix  et 
l'expression  des  passions.  (Voyez  sur  le  même 


(1)  Notice  sur  les  collections  musicales  de  la  Biblio- 
thèque de  Cunibrai,  pages  Gti-91. 

(2)  Ibid.,  N°  11  des  morceaux  en  porlilion. 


sujet  les  notices  de  Josué  Steele  el  de  James 
Rush.) 

WALKER  (Joseph-Coopkh),  littérateur, 
né  à  Dublin,  au  mois  de  novembre  1700,  fit 
ses  études  à  l'Université  de  celte  ville, et  oc- 
cupa un  emploi  à  la  Trésorerie  d'Irlande.  Dès 
sa  jeunesse  il  publia  quelques  essais  littéraires 
qui  le  tirent  admettre,  en  1785,  au  nombre  des 
membres  de  l'Académie  irlandaise.  Ayanlfait 
plus  tard   un  voyage  en  Italie,  il  y  obtint  le 
litre  d'académicien  des  Arcades  de  Rome.  Le 
mauvais    étal    de   sa  santé    le  conduisit    en 
Fiance  dans  l'espoir  de  s'y  rétablir;  mais  il 
mourut  peu  de  temps  après,  à  Saint-Valéry,  le 
12  avril  1810,  à  l'âge  de  quarante-neuf  ans. 
Au  nombre  des  ouvrages  de  ce  savant,  il  en 
est  un  rempli  d'intérêt,  non-seulemeut  pour 
l'histoire  de  la  musique  des  Irlandais,  mais 
pour  celle  des  anciens  peuples  du  Nord,  en 
général  ;  ce  livre  a  pour  titre  :  Hisloricul  Me- 
moirs  of  Ihe  Irish  Bards,  interspersed  wilh 
anecdotes  and  occasional  observations  on 
the  Music  of  Ireland.  Also,  an  hislorical 
and  descriptive  account  of  the  musical  in- 
struments of  the  ancient  Irish,  and  an  ap- 
pendice, cotitaining  several  biographicaland 
other    papers,   tvith    sélect    irish    Mélodies 
(Mémoires   historiques  des   bardes   irlandais, 
entremêlés  d'anecdotes  et  d'observations  con- 
cernant   la   musique   de   l'Irlande,    et  suivis 
d'une  notice  historique  et  descriptive  des   in- 
struments de  musique  des  anciens  Irlandais, 
d'un  appendice  contenant  des  mémoires  bio- 
graphiques ou  autres,   et  de  mélodies  irlan- 
daises choisies).  Dublin,  de  l'imprimerie  de 
Luke  W'hite,  cl  Londres,  Payne,  1780,  un  vo- 
lume in-4°  de  cent  soixante-six  pages,  avec 
un  appendice  de  cent  vingt-quatre  pages  etdes 
planches.  L'appendice  renferme  :  1°  Recher- 
ches concernant  l'ancienne  harpe  irlandaise, 
par  Edouard  Ledwich,  membre  de  la  Société 
des    antiquaires    de    Londres.    2°    Lettre    à 
Joseph-C.  Walker  sur  le  style  de  l'ancienne 
musique  irlandaise,  par  le  même,  ô"  Essai  sur 
les  accenls  poétiques  el  musicaux  des  Irlan- 
dais, par  William  Beauford,  membre  de  la  So- 
ciété des  antiquaires  d'Irlande.  4°  Disserla- 
zione  del  signor  canonico  Orazio  Maccari 
(diCorlona),  sopraun'  antica  statuetta  di 
marmo  rappresentante  un  suonator  di  cor- 
namusa,  etc.  Celle  dissertation  est  extraite  du 
septième  volume  des  Saggi  di  dissertazionc 
accademiche,pubblicamenle  letlenella  nubile 
Accademia  etrusca  deW  antichissima  citlâ 
di  Cortona.  5"  Mémoires  du  barde  Cormac- 
Comman,  avec  son  portrait  à  l'âge  de  quatre- 


408 


WALKER  -  WALLBR1DGE 


vingt-trois  ans,  par  Ralph  Ouseley,  de  Lime- 
i-ick.  6°  Mémoires  du  barde  Turlough  O'Caro- 
lan,  par  J.-C.  Walker,  déjà  publiés  en '1784. 
7°  Notice  sur  trois  trompettes  de  bronze 
trouvées  près  de  Cork.  8"  Essai  sur  la  con- 
struction et  l'étendue  de  la  harpe  irlandaise, 
depuis  son  origine  jusqu'aux  temps  modernes, 
par  William  Beauford.  9°  Choix  de  mélodies 
irlandaises,  contenant  quinze  morceaux. 

"WALKER  (EBEniiAitDT-FnÉDKiuc), facteur 
d'orgues  à  Kanstadt,  dans  le  Wurtemberg, 
naquit  dans  cette  petite  ville  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  et  apprit  son  art  chez 
Fries,  à  Heilbronn.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  1°  L'orgue  de  l'église  de  la  Garnison  à 
Louisbourg,  terminé  en  1700.  2°  L'orgue  de 
l'église  de  Kanstadt,  achevé  en  1793. 

WALKER  (EBERiiAnDT-FiîÉDr.iuc),  fils  du 
précédent,  né  à  Kanstadt,  est  un  des  meilleurs 
facteurs  d'orgues  de  l'Allemagne.  Élève  de  son 
père,  il  travailla  dans  sa  ville  natale  jusqu'en 
1820,  époque  où  il  s'est  fixé  à  Louisbourg. 
Incessamment  occupé  du  soin  de  perfec- 
tionner les  diverses  parties  de  l'orgue,  il  en  a 
amélioré  le  mécanisme  en  le  simplifiant,  et 
par  de  nouvelles  formes  données  aux  tuyaux 
de  plusieurs  jeux,  en  a  singulièrement  aug- 
menté le  timbre  et  l'intensité.  C'est  ainsi  qu'il 
a  donné,  dans  ses  instruments,  une  excellente 
qualité  à  la  flûte  traversière,  à  la  clarinette  et 
au  hautbois.  Ses  flûtes  ouvertes  de  32  pieds  ont 
une  égale  puissance  dans  toute  leur  étendue, 
et  jusque  dans  les  notes  les  plus  graves.  Le  pre- 
mier grand  instrument. qui  a  rendu  la  réputa- 
tion de  M.  Walker  européenne  est  l'orgue  de 
Saint-Paul,  à  Francforl-sur-le-Meln,  composé 
de  74jéux,  dont  deux  52  pieds  ouvert  et  bouché, 
3  claviers  à  la  main,  et  pédale  double.  Depuis 
qu'il  l'a  terminé,  M.  Walker  en  a  construit' 
trente  autres,  parmi  lesquelles  on  remarque  : 
1°  L'orgue  de  1G  pieds  et  2  claviers,  de  Tu- 
bingue.  2°  Celui  de  Reutlingcn,  idem.  3"  Celui 
de  l'église  Saint-Michel  à  Halle,  en  Saxe. 
4°  L'orgue  de  l'église  de  la  cour  à  Stntlgard, 
composé  de  24  jeux.  5°  Le  grand  orgue  de 
Saint-Pierre,  à  Pélersbourg,  composé  de 
05  jeux.  0°  Celui  de  Saint-Olaus,  à  Reval,  en 
Russie,  commposéde  08  jeux,  dont  un  32  pieds 
ouvert,  ?,  claviers  et  pédale  double. 

WALKIERS  (Eugène).  Voyez  WALC- 
RIERS. 

WALLACE  (William-Vincent),  compo- 
siteur, né  en  1815,  à  Walerford,  en  Irlande, 
est  (ils  d'un  chef  de  musique  militaire  qui 
était  en  garnison  dans  celte  ville.  La  première 
instruction    musicale    fut   donnée    au  jeune   ' 


Wallace  par  son  père.  A  l'âge  de  15  ans  il  se 
rendit  à  Dublin,  où  il  continua  ses  études  de 
piano,  de  violon  et  de  clarinette.  D'abord  em- 
ployé comme  violonisteà  l'orchestre  du  théâtre 
de  cette  ville,  il  fut  ensuite  chargé  de  la  direc- 
tion de  celui  de  la  Société  philharmonique.  A  la 
suite  d'une  maladie  grave  dont  il  fut  atteint 
à  l'âge  de  18ans,  les  médecins  lui  conseillèrent 
de  faire  un  long  voyage  maritime.  Il  se  ren- 
dit en  Australie, et  y  donna  des  concerts  dont 
les  produits  furent  considérables.  Après  un 
séjour  d'environ  six  mois  dans  cette  contrée,  il 
visita  la  terre  de  Van  Diemen,  la  Nouvelle- 
Zélande,  les  Indes  orientales  et  occidentales, 
Valparaiso,  Mexico  et  les  Étals-Unis  d'Amé- 
rique, donnant  partout  des  concerts,  cl  vivant 
même  chez  les  sauvages.  Dans  les  années  1841 
et  1842,  il  fui  directeur  de  musique  du  théâtre 
italien  de  Mexico.  Depuis  1843  jusqu'en  1853, 
il  vécut  à  New-York;  mais  dans  l'intervalle,  il 
fit,  en  1840,un  voyage  en  Angleterre, à  Vienne 
et  en  Belgique.  Ce  fut  dans  celle  même  année 
1840  que  Wallace  écrivit,  pour  le  théâtre  de 
Covenl-Gardcn,  à  Londres,  Marilana,  opéra 
romantique  dans  lequel  il  y  a  quelques  bons 
morceaux  et  quia  réussi  sur  celle  scène  comme 
à  Vienne.  En  1847,  il  a  donné,  dans  les  mêmes 
villes,  et  avec  succès,  JValliilde  de  Hongrie. 
Les  partitions  de  ces  ouvrages,  réduites  pour 
le  piano,  ont  été  publiées  à  Londres,  chez 
Cramer.  Beale  et  Ce.  Un  long  intervalle  s'est 
écoulé  avant  que  Wallace  écrivit  de  nouveau 
pour  l'opéra,  car  ce  ne  fut  qu'en  1800  qu'il  fil 
représenter,  au  théâtre  royal  anglais  un  opéra 
en  trois  acles  intitulé  Luzinne,  qui  oblint  un 
brillant  succès.  Au  mois  demars  1801,  il  donna, 
au  théâtre  de  la  reine,  Amberlï'itch,  qui  fut 
chaleureusement  applaudi,  et,  au  mois  de 
novembre  1802,  il  fil  jouer  Love'sTriumpk  (Le 
triomphe  de  l'amour),  qui  réussit  également. 
Wallace  a  publié  pour  le  piano  un  grand  nom- 
bre de  nocturnes,  de  valses,  d'études  et  d'au- 
tres pièces  légères.  On  connaît  aussi  de  lui  pour 
le  chant  des  trios,  des  duos,  des  mélodies  à 
voix  seule  et  des  ballades  avec  accompagne- 
ment de  piano. 

WALLRRIDGE  (A.),  amateur  de  mu- 
sique à  Londres,  s'est  l'ail  connaître  par  un 
nouveau  système  de  nolalion  de  la  musique 
dont  il  est  inventeur  et  dont  il  a  donné  une 
description  qui  a  pour  tilrc:  The  Sequenlial 
System  of  Musical  notation,  au  entircly  new 
Melhod  ofwriting  If/usic  in  strict conf or mily 
ivilh  nature  and  essentiatly  free  from  ail 
ubsurdity  and  inlricacy;  ivilk  èxplanalory 
plates.  (Le  Système  méthodique  de  la  nolalion 


WALBRIDGK    -  WALLIS 


409 


musicale;  méthode  entièrement  nouvelle  pour 
écrire  la  musique,  en  rapport  exact  avec  la 
nature,  et  essentiellement  débarrassé  de  lotîtes 
les  absurdités  et  difficultés,  avec  des  planches 
explicatives).  Londres,  1844,  in-4°.  Ce  sys- 
tème, comme  tous  ceux  du  même  genre,  n'a 
excité  aucun  intérêt  et  a  été  oublié  aussitôt 
que  publié. 

WALLEU  ( ),  musicien  allemand,  né 

à  Manheim,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  a  l'ail  représenter,  en  1793,  l'opéra  de 
sa  composition  intitulé  :  Die  Spiegelvilter 
(Le  Chevalier  du  Miroir).  On  n'a  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste,  qui  n'est  pas 
mentionné  par  les  biographes  allemands. 

WALLE1UUS  (H.),  savant  suédois,  vécut 
à  la  lin  du  dix-septième  siècle.  Il  est  auteur  de 
deux  dissertations  relatives  à  la  musique,  in- 
titulées: 1°  De  Sono  disscrlatio.  Upsal,  1074. 
VDeModis  musicis  dissertatio.  Ibid,  1686. 

WALLE  II IUS  (Georges),  né  dans  le  comté 
de  Necke,  en  Sudermanie,  vers  1080,  (il  ses_ 
études  à  Upsal,  et  y  publia  une  dissertation  <|iii 
a  pour  litre  :  De  antiqua  et  mcdiixvi  Dlusica. 
Upsal,  1700,  in-12  de  100  pages.  Une  autre 
dissertation  intitulée:  De  Instrumentas  mu- 
sicis a  été  lue  par  lui  à  l'Académie  d'Upsal,  et 
imprimée  dans  celle  ville  en  1717,  in-12. 

WALLEKSTEIN  CAntoise),  virtuose 
violoniste,  pianiste  el  compositeur,  esl  né  à 
Dresde  en  1812.  Dès  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  fut 
musicien  de  la  chapelle  royale  de  Saxe.  En 
1832,  il  entra  dans  la  chapelle  royale  à  Hanovre 
cl  y  fui  attaché  pendant  plus  de  vingt  ans.  En 
1 858,  il  était  retiré  à  Dresde  cl  y  vivait  sans 
emploi.  On  a  gravé  de  sa  composition  :  Varia- 
lions  pour  violon  el  orchestre,  op.  2;  Leipsick. 
llofmeister;  Variations  brillantes  sur  un  thème 
original  pour  piano,  op.  3;  ibid.;  Six  valses 
brillantes  pour  le  piano,  op.  4.  Dresde, 
C.-F.  Moeser.  Wallerslcin  s'est  l'ail  particuliè- 
rement connaître  comme  compositeur  de 
valses  el  de  polkas  pour  l'orchestre  cl  pour  le 
piano  :  il  en  a  publié  environ  30  recueils.  On 
a  aussi  de  lui  quelques  Licder  à  voix  seule 
avec  piano. 

WALLIjX  (Georges),  ecclésiastique  sué- 
dois, naquit  en  1080,  à  Celle  (Gevatia),  sur  le 
golfe  de  Bothnie  (1).  Après  avoir  achevé  ses 
éludes  «à  Upsal,  il  parcourut  une  partie  de  l'Eu- 
rope pour  augmenter  ses  connaissances,  s'ar- 
rêta quelques  temps  à  AVillenberg,  fut  profes- 
seur à  l'Université  d'Upsal,  puis  surintendant 

(I)  Forkel,  Gcrber  et  leurs  copistes  ont  confondu  ce 
savant  avec  Georges  Wallin,  son  père,  né  à  Ilerneesaml, 
en  IGH,  et  mort  en  17"2:î,  ëvC-quc  île  celte  ville. 


ecclésiastique  de  la  Golhie,  et  enfin  évéque  de 
Gothenbourg,  où  il  mourut  en  17G0.  Parmi 
les  écrits  de  ce  savant,  on  remarque  :  De  Prit- 
denlia  in  canlionibus  ecclesiusticis  adhi- 
benda.  Willenberg,  1723,  in-4°. 

WALLIS  (Jeaiv),  illustre  mathématicien 
anglais,  naquit,  le 23  novembre  1016, à  Ashford. 
Fils  d'un  ecclésiastique  anglican,  il  demeura 
orphelin  à  l'âge  de  six  ans, et  fut  placé  dans 
une  école d'Ashford  poury  faire  ses  premières 
études,  puis  il  suivit  les  cours  du  Collège  de 
Felslad,  dans  le  comté  d'Essex,  el,  enfin, il  entra 
à  l'Université  de  Cambridge,  où  il  acquit  une 
connaissance  profonde  des  langues  hébraïque, 
grecque  et  latine,  de  la  théologie,  el  des  diver- 
ses branches  de  la  philosophie.  Admis  dans  les 
ordres,  il  occupa  différentes  positions  ecclé- 
siastiques, et  fui  chargé  d'enseigner  la  géo- 
métrie à  l'Université  d'Oxford  .  Ce  savant 
mourut  à  Londres,  le  28  octobre  1703,  dans 
sa  quatre  -  vingl-huilième  année.  L'histoire 
de  ses  travaux  importants  dans  les  sciences 
mathématiques  n'appartient  point  à  celte  no- 
tice :  il  n'y  est  mentionné  que  pour  ses  ou- 
vrages relatifs  à  la  musique,  dont  voici  la  liste  : 
Traclatus  eleneluicus  advenus  Marci  Mei- 
bomii  dialoguai  de  proportionibus.  Oxford, 
1057,  in-4°.  Cette  réfutation  du  traité  des 
proportions  de  Meibom  est  dédiée  à  lord 
lîroiincker,  et  précédée  d'une  savante  pré- 
face concernant  les  équations  cubiques.  Wallis 
fil  réimprimer  cel  ouvrage  en  1  G0o,  in-4',  puis 
dans  le  premier  volume  de  ses  oeuvres  mathé- 
matiques; p.  257-2'JO.  {Voyez  sur  cet  ouvrage 
la  notice  de  Meibom.)  2°  Claudii  Ptolemxi 
luirmonicoium  libri  très,  ex  cod.  mss.  unde- 
cim,  nunc  primum  grxce  edilus.  Oxonii,  e 
Ihealro  Sheldoniano,  1082,  1  vol.  in-4".  Ainsi 
qu'on  levait  par  le  litre,  le  texte  grec  du  trailé 
des  harmoniques  de  Ptolémée  n'avait  jamais 
élé  imprimé  avant  que  Wallis  en  donnai  celle 
édition,  qui  est  correcte  cl  accompagnée  de 
noies  instructives  et  d'une  version  latine 
beaucoup  meilleure  «pie  celle  de  Gogavin  (voy. 
ce  nom).  Le  volume  est  terminé  par  une  sa- 
vante dissertation  :  De  Veterum  Harmonica 
ad  hodiernam  comparata  (pages  281-328). 
Wallis  s'y  prononce  contre  l'opinion  de  ceux 
qui  pensent  que  les  anciens  ont  fait  usage  de 
l'harmonie  simultanée  des  sons.  Il  ne  s'est 
trompé  d'une  manière  grave  que  dans  la  tra- 
duction qu'il  donne  des  modes  grecs  au  second 
livre  de  Ploléméc,  n'ayant  pas  vu  que  les  sept 
modes  de  cet  auteur  ne  sont  qu'une  seule 
échelle  prise  à  ses  différents  degrés.  Le  traité 
de  Ptolémée,  avec  la  version,  les  noies  et  l'ap- 


410 


WALLIS  —  WALSINGHÀM 


prndire  contenant  la  dissertation,  a  été  réim- 
primé dans  le  troisième  volume  de  la  collec- 
tion des  œuvres  mathématiques  de  Wallis 
publiée  sous  ce  litre  :  Johannis  JFallis  S.T.D. 
(jeomelria?  professons  Savtlioni  in  celeber- 
rima  Academia  Oxonicnsi,  opéra  mallte- 
viatica.  Oxoniœ,c  theatio  Sheldoniano,  1693 
1099,  5  vol.  in-fol.,  avec  un(|ualrième  volume 
conlcnant  les  œuvres  mêlées.  5°  Porphirii  in 
harmonica  Ptolemxi  commentarius.  Nunc 
pin  mu  in  ex  cod.  mss.  (grxcc  et  latine)  cdiiits. 
Ce  commentaire  de  Porphyre  sur  les  harmoni- 
ques de  Ptolémée,  dont  Wallis  adonné  la  seule 
version  laline  connue,  est  dans  le  troisième 
volume  de  ses  œuvres  mathématiques  (p.  187- 
7>M't).  4°  M anuelis  Bryennii  harmonica,  ex 
cod.  mss.  nunc  primum  édita.  Celle  édition 
des  Harmoniques  de  Manuel  Bryennc,  en  trois 
livres,  est  aussi  la  seule  qui  existe  ;  Wallis  y 
a  joint  une  version  laline  et  quelques  noies. 
On  la  U  ouve  dans  le  troisième  volume  des  œu- 
vres mathématiques  (p.  357-508).  Les  autres 
ouvrages  de  Wallis  relatifs  à  la  musique  ou  à 
l'acoustique  sont  des  mémoires  ou  dissertations 
insérés  dans  les  Transactions  philosophi- 
ques. En  voici  la  liste  :  1°  On  the  Trembling 
of  consonunt  strings  (ann.  1077,  p.  580). 
2"  Observations  coneerning  the  Siciftness  of 
Sound  (année  1072).  Il  y  a  aussi  des  exem- 
plaires tirés  à  pari  de  cette  dissertation  porlant 
la  dale  de  Londres,  1072,  in-4".  ZaSomeExpe- 
■riments  and  Observations  coneerning  the 
soumis  (ann.  1697,  |*.' 435) ■.  \n  On  the  Division 
of  the  Monochord,  or  section  of  the  musical 
canon  (ann.  1098,  p.  287).  5°  On  the  Imper- 
fn-tion  ofanorgan  (ann.  1098,  p. 249). G"  On 
the  strange  Effects  of  Music  in  former  times 
(uni.  1098,  p.  505).  On  a  aussi  des  remarques 
< ' tendues  de  Wallis  sur  le  mémoire  de  Sa I mon 
intitulé:  A  Proposai  lo  perform  Music  in 
perfecl  and  inalhemulicalproporlions.  Lon- 
dies,  108S,  in-4". 

WALLISKK  (Ciiristophe-Thomas),  pro- 
fesseur du  Collège  de  Strasbourg  et  directeur 
de  musique  de  la  cathédrale  et  de  l'université, 
depuis  11)99,  élail  nédans  celle  ville,  et  y  mou- 
mile  2f>  avril  1048.  On  a  de  lui  un  traité  de 
musique  intitulé  :  DIusicx  Figurulis  Prxcepla 
brevia,  facile  ac  perspicua  melhodo  con- 
scripto,  et  ad  captuin  tyronum  accommo- 
ilula  :  qnibus  prxter  exempla,  prxcepto- 
rum  usum  demonstrantia,  accessit  cenluria 
e.icmplorum  fttgarumque,  ut  vacant,  2,  5,  4, 
5,  i'tetplurium  voenm,  in  très  classes  dis- 
tributa:  ac  in  graliam  et  usum  classicxju- 
ventutis  scholx  Argentoralensis  elaborala. 


Argenlorali,  1611,  in-4'J  de  18  feuilles.  T.a 
première  partie  de  cet  ouvrage  traite  des  élé- 
ments de  la  musique;  la  deuxième  renferme 
les  exemples, qui  sont  tous  fugues,  c'est-ti-dire 
en  canons,  dont  une  partie  sans  paroles  pour 
des  exercices  de  solfège,  et  les  autres  avec 
lexle.  Wallisers'estfaitconnaîire  aussi  comme 
compositeur  par  les  ouvrages  suivants  :  ]n  Cho- 
rus Nubium  ex  Aristophanis  comeedia  ad 
xquales  compositus;  et  Chori  mus  ici  novi 
Elix  dramati  sacro-tragico  accommodait. 
Slrashonrg,  1G13.  2"  Chori  M  us  ici  novi  har- 
monicis  4.  l'y  et  G  vocum  numeris  exornat,  et 
in  Charicleis  tragico-comœdia,  in  Argen- 
toralensis Academix  thealro exhibita,  inter- 
posili.  Slrashonrg,  1041.  Ces  chœurs  ont  élé 
composés  pour  les  pièces  représentées  par  les 
étudiants  de  l'Université  de  Slrashonrg.  5°  Ca- 
techeticx  Canliones  Odxque  spirituales  ; 
llgmni  etCantica  prxcipuorum  lotius  un  ni, 
feslorum  et  jl/adrig'alia.  Slrashonrg,  1011. 
4"  Sacrx  Modulationes  in  feslum  Nativi- 
tntisChrisli.quinis  vocibus  elaboralx.  Ibiil., 
1615.  5"  Kirchengesxnge  oder  Psalmen  Da- 
vids,  nicht  allein  una  voce,  sondera  auc'i 
mit  Instrumentai  von  4,  5  bis  und  G  Stitu- 
men  (Chant  d'église  ou  Psaumes  de  David, 
non-seulement  à  voix  seule,  mais  aussi  avec 
des  instruments  à  4,  !'>  et  G  parties).  Slrashonrg, 
1014.  G"  Ecclesiodix  uovx.das  ist  Kirclien- 
gesxnge.  etc..  4,  ?>,  G  nnd  7 Stimmen  (Motels 
.à  4,  5,  6  cl  7  voix).  Slrashonrg.  162;').  7"  Iferrn 
Ji'ilhems  Salusten  von  Bartas  Triumph  des 
Claubens,  etc.  (Le  Triomphe  de  la  foi,  par 
Guillaume  Salluslc  du  Bartas,  traduit  en  alle- 
mand, et  mis  en  musique,  clc).  Slrashonrg, 
1027,  in-4°dc  10  feuilles. 

WALSlAGUAM(Tno.MAsDIÏ),hisIorien 
a  ngla  is  et  continua  leur  de  Mathieu  Pari  s,  naquit 
dans  le  comlé  de  Norfolk  et  fut  bénédictin  au 
monastère  de  Sainl-Albans,  vers  l'an  1440, 
sous  le  lègue  de  Henri  VI.  Outre  ses  histoires 
d'Angleterre  et  de  Normandie,  il  a  laissé  un 
traité  de  musique  intitulé  ;  Regulx  Dlagislri 
Tiiomx  TFalsinghum  de  Figuris  composais 
et  non  compositis,  et  decanlu perfecto  et  im- 
perfeclo.  A  l'époque  oii  Hawkins  écrivait  son 
histoire  île  la  musique,  cet  ouvrage  existait  en 
manuscrit  dans  la  hihliolhèque  du  comte  de 
Shelhnrn;  il  se  trouve  eneore  vraisemblable- 
ment dans  sa  famille.  Une  copie  île  ce  traité  se 
trouve  au  Muséum  britannique,  n°  105  du  ca- 
talogue de  musique, dans  un  volume  connu, en 
Angleterre,  sous  le  nom  de  Manuscrit  de 
TT'altham  Hohj  Cross  Abbey,el  qui  contient 
beaucoup  d'extraits  d'autres  traités  de  musi- 


WALSINGHAM  -  WALTHER 


41  i 


que  faits  par  un  moine  nommé  John  TFylde. 

WALTEU  (Ignace),  né  en  1758,  à  ftado- 
wifz,  en  Bohême,  fui  conduil  à  Vienne  dans 
sa  jeunesse,  y  étudia  la  musique,  el  devint 
élève  de  Starzer,  mailre  de  chapelle.  Après 
avoir  appris,  sous  la  direction  de  ce  mailre, 
l'art  du  chant  et  le  contrepoint,  il  reçut  un 
engagement  pour  le  théâtre  de  la  cour,  en 
1779,  el  s'y  fil  remarquer  par  la  beauté  de  sa 
voix  de  ténor  el  pat  l'expression  de  son  chant 
dramatique.  En  1785,  il  était  au  théâtre  de 
Prague,  puis  il  chanta,  à  Riga,  el  entra,  en 
1789,  au  service  de  l'électeur  de  Mayence.  Les 
troubles  de  la  guerre  ayant  obligé  l'électeur  à 
s'éloigner  de  celle  ville,  en  1795,  Waller  entra 
dans  la  troupe  d'Opéra  dirigée  parGrossmann, 
et  chanta  à  Halle  et  à  Brème.  Après  la  mort 
de  ce  directeur,  il  se  chargea  lui-même  de 
l'en I reprise  du  théâtre  de  Francfort  avec  la 
même  troupe,  puis  il  se  rendit  à  Ralisbonne,  en 
1 80-5,  el  y  donna  des  représentations  pendant 
plus  de  dix  années.  Il  mourut  dans  cette 
ville  à  l'âge  d'environ  soixante-dix  ans. 
Waller  a  été  considéré  comme  un  des  meil- 
leurs chanteurs  du  théâtre  allemand.  Il  était 
aussi  compositeur,  et  les  ouvrages  qu'il  a  écrits 
pour  le  lliéàlre  y  ont  eu  du  succès.  Au  nombre 
de  ses  opéras,  on  remarque  :  1°  Le  Marchand 
de  Smyrne.  2°  Le  Moulin  du  Diable.  5°  Fiinf 
und  zwanziy  tausend  Gulden  (Vingt-cinq 
mille  florins).  4"  Le  Comte  de  TFaltron.5°  Le 
Breuvage  de  l'immortalité.  C°  Le  Chevalier 
du  Miroir.  7°  Les  Bergers  des  Alpes.  8"  La 
Méchante  Femme,  en  1795.  9"  Le  Docteur 
Faust,  en  1797.  10°  La  Fenaison,  en  1799. 
11°  Le  Château  de  plaisance  du  Diable. 
12"  Le  Droit  du  plus  fort.  Walther  a  écrit 
aussi  une  cantate  pour  le  couronnement  de 
l'empereur  Léopold,  en  1791,  une  cantate 
pour  la  paix  el  d'autres  morceaux  de  circon- 
stance, six  messes,  six  motels,  une  cantate  de 
Noël  et  plusieurs  œuvres  de  musique  de 
harpe,  entre  autres,  un  quatuor  pour  harpe, 
flûte,  violon  et  violoncelle,  op.  9,  publié  à 
Brunswick,  chez  Spehr. 

WALTEU  (Geoiiges-Antoine),  violoniste 
allemand,  se  fixa  à  Paris,  vers  1785,  et  y  de- 
vint élève  de  Kreutzer. En  1792,  il  fut  engagé, 
comme  premier  chef  d'orchestre,  au  théâtrede 
Rouen;  il  en  remplissait  encore  les  fonctions 
en  1801  ;  mais  j'ignore  ce  qu'il  est  devenu  de- 
puis celte  époque.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion :  1°  Quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  1  et  2,  Paris,  Naderman;  op.  5,  7, 
Paris,  Pleyel.  2"  Trois  trios  pour  deux  violons, 
livres  I,  II,  III,  Paris.  Sicfoer;  livre  IV,  Paris, 


Schlesinger;  livres  V,VI,  Paris,  Nadcrman; 
livres  VII,  VIII,  Paris,  Sieber;  op.  14,  Paris, 
Pleyel.  4°  Six  sonates  pour  violon  el  basse, 
op.  24,  Paris,  Porro. 

WALTEU  ( Albert) j  clarinettiste  el  com- 
positeur, né  à  Coblence,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  se  rendit  jeune 
à  Paris, et  entra  à  l'orchestre  du  théâtre  Mon— 
tansier,  en  qualité  de  seconde  clarinette,  puis 
devint  première  clarinette  du  même  théâtre, 
en  1798.  A  l'époque  de  la  formation  de  la 
garde  des  consuls,  il  y  obtint  un  emploi  rie 
première  clarinette  ;  en  1805,  il  fut  nommé 
sous-chef  de  musique  des  chasseurs  de  la  garde 
impériale.  Après  la  restauration,  il  vécut  à 
Paris  sans  emploi,  travaillant  à  des  arrange- 
ments de  musique  pour  divers  instruments,  à 
la  solde  des  éditeurs.  Je  le  crois  mort  depuis 
plusieurs  années.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion :  1°  Symphonie  concertante  pour  deux 
clarinettes  et  orchestre.  Paris,  Pleyel.  2°  Six 
quatuors  pour  clarinette,  violon,  alto  el  basse, 
op.  27.  Jbid.  5°  Pots-pourris  pour  deux  clari- 
nettes, nos  1,  2,  5.  Ibid.  4°  Airs  variés  pour 
deux  clarinettes.  Jbid.  5°  Valses  pour  clari- 
nette seule,  livres  I,  II.  Ibid.  G0  Duos  pour 
deux  flûtes,  op.  22,  Paris,  Porro.  7°  Six  duos 
faciles  pour  fiûte  et  violon.  Paris,  Pleyel. 
8°  Airs  variés  pour  flûte,  Paris,  Sieber. 

WALTEU  (A.),  professeur  de  piano  à 
Bamberg,  est  auteur  d'une  méthode  de  piano 
en  dialogue,  intitulée  :  Elemcntarwerk  fur 
piano fortespieler,  etc.,  Bamberg,  1825. 

WALTEU  ODINGTOIV.  Foy.ODmG- 

TO]X(WALTF.It). 

WALTEU  (Auguste),  compositeur,  né  à 
Stuttgard,  en  1821,  fil  ses  éludes  musicales 
pour  le  violon  et  pour  l'harmonie  sous  la  di- 
rection de  Molique;  puis  il  se  rendit  à  Vienne 
et  reçut  des  leçons  de  contrepoint  de  Simon 
Sechter.  En  1846,  il  a  été  appelé  à  Bâle,  en 
qualité  de  directeur  de  musique.  Il  occupe 
encore  celte  position  (1804)  et  s'y  est  fait  es- 
timer par  son  mérite  comme  professeur.  Les 
compositions  connues  de  cet  artiste  sont  : 
1°  Une  symphonie  à  grand  orchestre;  2°  un 
oltetto  pour  des  instruments  à  cordes  et  à  vent; 
5"  trois  quatuors  pour  deux  violons,  allô  et 
violoncelle;  4°  des  Lieder  (tour  une  el  plusieurs 
voix. 

WALTIIEU  (Hfss-OD  Jkar),  un  des  plus 
anciens  compositeurs  de  chant  choral  pour  le 
culte  réformé,  était  maître  de  chapelle  à  Tor- 
gau,  lorsque  Luther,  qui  connaissait  son  mé- 
rite, le  lit  venir  à  Witlenberg,  en  1524,  pour 
appliquer  aux  prières  et  cantiques  de  la  nou- 


412 


WALTHER 


velle  dglise  quelques-uns  des  cliants  dti  culte 
catholique,  et  pour  composer  de  nouvelles  mé- 
lodies sur  d'autres  parties  de  l'office,  afin  d'en 
former  la  messe  allemande.  Aprèsavoir  achevé 
son  travail,  Walthcr  retourna  à  Torgau,  et 
présenta  au  prince  Maurice  «le  Saxe,  en  passant 
à  Dresde,  une  copie  de  cette  messe,  par  ordre 
de  Luther.  Peu  de  temps  après,  ce  prince 
nomma  Wallhcr  son  maître  de  chapelle,  et 
prit  à  sa  solde  tout  le  chœur  qu'il  dirigeait.  Ce 
chœur  était  composé  de  dix-huit  chanteurs  et 
de  douze  jeunes  garçons.  Walther  occupait 
encore  celle  position  en  1553.  L'année  de  sa 
mort  n'est  pas  connue  ;  mais  on  croit  généra- 
lement qu'il  décéda  en  1555.  Il  n'avait  pas  seu- 
lement réglé  le  chant  de  la  messe  allemande, 
mais  il  avait  composé  beaucoup  de  mélodies 
pour  les  cantiques  nouveaux;  il  l'ut  aussi  le 
premier  qui  mit  tout  le  chant  de  l'Église  ré- 
formée à  4,  5  et  G  parties.  Voici  les  litres  des 
ouvrages  et  recueils  qui  ont  été  publiés  sons 
son  nom,  ou  auxquels  il  a  pris  part  :  1n  Deut- 
sche Messe  und  ordnung  Goltis  Diensl,  in-4" 
de  vingt-quatre  feuilles  notées  en  grosses 
notes  chorales  allemandes.  Au  bas  du  dernier 
feuillet,  on  lit  :  Gedruckt  zu  TFittcnberg 
M.  I>.  XXVF.  Il  y  a  une  autre  édition  delà 
messe  allemande,  imprimée  en  caractères  de 
musique  plus  petits,  en  vingt  feuillets  in-4", 
avec  la  date  M.  1).  XXVI,  mais  sans  nom  de 
lieu.  Il  parait  qu'il  y  a  aussi  une  édition  de 
celle  messe  publiée  à  Wiltenherg,  en  1524  ; 
mais  je  ne  la  connais  pas.  2"  Geyslliche  Ge- 
sangbuchlcin,  crsUich  zu  JFiltenberg  und 
volgend  durch  Peler  Schœffem  gelruckt  in 
Ja r  (sic)  M .  D.XXC.  Celte  première  édition  des 
chants  de  l'Église  réformée,  à  quatre  et  cinq 
voix,  contient  quarante-trois  chants.  La  pré- 
face est  de  Luther.  Les  voix  sont  le  discunt, 
Valto,  le  ténor,  la  basse  et  le  vagans,  qui  n'esl 
poinlemployé  dans  lotîtes  les  pièces.  A  la  der- 
nière page  de  la  partie dVifto, on  lit  ces  mois  : 
enclore  Joanne  TFallhero.  ôu  TFillenber- 
gisch  teutsch  gcisllich  Gcsungbitchlein  mit  4 
undVi  Slimmen,  durch  Johann  JFallhern, 
Churfiirstlichen  von  Sachsen  Sangermeis- 
lern,  auss  neue  mit  Fleiss  corrigirt,  und 
mil  vielen  scheenen  Licdern  gebessert  und 
gemehret  (Petit  livre  de  chant  spirituel  alle- 
mand de  Wiltenherg  à  quatre  et  cinq  voix,etc). 
Willenherg,  chez  Georges  Rhaw,  1544,  in- 4° 
ohlong.  Ce  recueil  contient  en  tout  soi- 
xante-trois mélodies  de  cantiques  allemands, 
dont  trente-deux  à  quatre  voix,  vingt  à  cinq 
voix,  onze  à  six,  et  trente-sept  hymnes  en 
langue  latine,  à   quatre  et  cinq    voix,  dont 


quelques-uns  en  canons  à  la  quinte  et  à  la 
quarte,  suivis  de  trois  hymnes  à  six  voix. 
5°  JFittenbergischc  deutsche  geislliches  Ge- 
sangbuch,  mil  A  Stimmen, durch  Joh.  IFal- 
llicrn auss  ncu  corrigirt  und  vermehrt.  Wil- 
tenherg, 1551,  in-4".  Ce  recueil  contient  tout 
le  chant  de  l'Église  réformée  à  quatre  voix, 
écrit  d'une  manière  plus  simple,  pour  l'har- 
monie, que  le  recueil  précédent.  Quelques-uns 
des  cantiques  de  ce  recueil  ont  été  arrangés 
pour  l'orgue  par  Jacques  Paix,  cl  publiés  dans 
sonOrgeltabulaturbuch  {voyez  Paix).  4°  Ein 
news  Christlichs  Lied,  dadurch  Pculsch- 
land  zur  Busse  vermanet,  Fierstimmig  ge- 
macht  durch  Johann  JFaltcr  (sic).  Willen- 
herg, durch  Georgen  Rhaweu  erheu,  1561, 
in-4°  obi.  5°  Das  Chrisllich  Kinderlied  P. 
J/artini  Lutheri  :  Erbalt  uns,  Ilerr,  bey  dei- 
nem  Worl,  auffs  new  in  sechs  Stimmcn  gc- 
selzl  und  mit  etlichen  schwnen  christlichen 
Texten,  lateinischen  und  leutschen  Gesxn- 
gen  gemehrt  durch  Johann  JFalthem  den 
Ellern,  etc.  (Le Cantique  chrétien  du  docteur 
Martin  Luther  pour  les  enfants  :  Soutiens- 
nous  par  ta  parole,  Seigneur,  mis  nouvelle- 
ment à  six  voix,  etc.,  par  Jean  IFalther  l'an- 
cien, etc.),  Wiltenherg,  Jean  Schwertel,  1500, 
in-4".  La  désignation  tVancien  jointe  au  nom 
de  Walther,  semble  indiquer  qu'il  y  avait,  vers 
1500,  un  autre  maître  de  chapelle  ou  composi- 
teur du  même  nom.  0"  Canlio  7  vocum  in  Uni- 
dem  Dei  omnipotentis  et  Evangelii  ejus, 
quod  sub  Joanne  Eriderico  Duci  Saxonix 
Eleclori  per  doctorum  Marlinum  Lulherum 
et  Philippum  Mclanchtonum  è  tenebris  in 
lucem  ereclum  ac  propagutnm  est.  ÏFilloi- 
bcrgxapud Georgium  Rhaw,  in-4"  (sans  dale); 
c'csl  le  chant  du  Te  Dcum  mis  en  harmonie 
à  sept  voix.  7"  Lob  und  Preiss  der  Iceblichen 
Kunst  Musica  (Éloge  et  glorification  du  lona- 
blearldc  la  musique), Wiltenherg,  1538,  in-4". 
Celle  pièce,  écrite  en  vers  allemands,  n'est 
citée  que  parGerber;  Godefroid  Walther,  For- 
kel,  Lichlenlhal  et  Ferd.  Bcckcr  n'en  disent 
lien;  cependant  les  indications  deGcrhcr  sont 
si  précises,  qu'on  ne  peut  révoquer  en  doute 
l'existence  de  l'ouvrage. 

WALTIIKIt  (Michel),  docteur  et  profes- 
seur de  théologie  a  Wiltenherg,  naquit,  le 
3  mars  1038,  à  Aurich,  dans  l'Ost-Frise(l),  et 
mourut  à  Wiltenherg,  le  21  janvier  1092.  Il 
était  (ils  de  Michel  Wallhcr,  savant  théolo- 
gien, né  à  Nuremberg,  en  1593.  On  a  de  Michel 

(I)  W'ciss  dit,  dans  la  Diogra/iliie  universelle  des 
frères  Micliaud,  que  Wallhcr  naquit  a  Kmbdcn  ;  c'est 
une  erreur. 


WALTHER 


41: 


Walllicr  fils  une  dissertation  intitulée:  De 
Ilarmunia  musica,  Wilcbergœ,  1G79,  in-4°. 

WALTHEI»  (Jean-Jacques),  inventeur 
remarquable  dans  l'art  de  jouer  du  violon,  né 
en  IGoO,  à  Witlérda,  village  près  d'EiTurl,  fut 
(Panon!  domestique  d'un  seigneur  polonais.  On 
ignore  qui  fut  son  maître  de  musique  et  île  vio- 
lon, et  si  son  éducation  musicale  fut  faite  dans 
la  maison  de  son  maître.  Plus  lard,  il  entra 
an  service  de  l'électeur  de  Saxe,  en  qualité  de 
violoniste  de  la  chambre,  et  en  dernier  lieu,  il 
eut  le  litre  singulier  de  secrétaire  italien  de 
la  cour  électorale  de  Mayence.  Il  occupait 
encore  celle  position  en  1G88.  On  a  imprimé 
sons  le  nom  de  cel  artiste  ;  1°  Schersi  di 
violino  solo  con  il  basso  conlinuo  per  l'or- 
gano  o  cembalo;  accompagnabile  anche  con 
una  viola  o  liulo,  di  Giov.  Giac.  Walther, 
primo  violonista  di  caméra  di  S.  A.  E.  di 
Sassonia.  Ann.  1G7G,  in -fol.  (sans  nom  de 
lieu).  2"  Florlulus  Chelicus,uni  violino  dua- 
bus,  tribus  et  quatuor  subinde  chordis  simul 
sonanlibus  harmonice  modulant i}  sludiosa 
varictate  consitus  a  J.J.  TFalthero,  E.E. 
Elec.  Mogunt.  Secrelario-ilalico,  etc.,  Mo- 
gunlise,  sumptihus  Ludov.  Bourgeal,  Acade- 
miae  bibliopolaè  1G88,  in-fol.  obi.  de  120  pages 
gravées  sur  cuivre.  Cet  œuvre,  où  brille  l'es- 
prit d'invention,  renferme  28  pièces;  le  litre 
de  la  dernière  pourra  faire  comprendre  les 
nouveautés  que  Walther  introduisit  dans  l'ail 
«le  jouer  du  violon  ;  le  voici:  Serenata  a  un 
euro  di  violini,  organo  tremolante,  chitar- 
rino,  pioa  (cornemuse),  due  trombe  e  tim- 
pani,  lira  ledesca,  e  arpa  smorzata,  per  un 
violino  solo.  Les  effets  divers  de  ce  morceau 
à  exécuter  sur  le  violon  font  voir  que  Walther 
fui  le  Paganini  de  son  siècle. 

WALTHEIV  (Jean-Godefroid),  musicien 
de  la  cour  el  organiste  de  Saint-Pierre  et  de 
Saint  Paul  à  Weimar,  naquit  à  Erl'urt,  le 
18  novembre  1G84.  Jacques  Adlung  fut  son 
premier  maître  de  musique,  et  Jean-Bernard 
Bach  lui  enseigna  à  jouer  du  clavecin.  Après  le 
départ  de  celui-ci  pour  Eisenach,  il  continua 
l'élude  de  cel  instrument  sous  la  direction  de 
Kretschmar,  successeur  de  Bach.  En  1 097,  il 
commença  à  fréquenter  le  gymnase  de  la  ville; 
mais  il  n'y  resta  que  jusqu'en  1702,  à  cause 
de  sa  nomination  d'organiste  àSainl-Thomas. 
L'élude  de  la  composition,  qu'il  commença 
dans  le  même  temps,  ne  lui  permit  pas,  d'ail- 
leurs, de  continuera  su  ivre  les  cours  du  collège, 
ni  de  fréquenter  l'université.  Dès  lors,  il  se 
consacra  exclusivement  à  la  musique  et  ne  né- 
gligea aucun  moyen  d'augmenter  ses  connais- 


sances dans  cet  art.  Préoccupé  de  cet  objet, 
devenu  le  but  unique  de  sa  carrière,  il  visita 
Francfort,  Darmsladt,  Halberstadl,  Magde- 
bourgel  Nuremberg,  dans  le  dessein  de  voir 
el  d'entendre  Weikmeisler,  Jean  Graf,  Guil- 
laume-Jérôme Pachelbel  el  d'autres  orga- 
nistes et  théoriciens  distingués.  En  1707,  on 
lui  offrit  la  place  d'organiste  de  Saint-Biaise  à 
Mulhouse,  mais  il  la  refusa  et  préféra  la  posi- 
tion d'organiste  et  de  musicien  de  la  cour,  à 
Weimar.  Il  y  fut  chargé  de  l'éducation  musi- 
cale des  princes  de  la  famille  ducale.  Les 
devoirs  de  ses  places,  la  composition,  el  les 
recherches  concernant  l'histoire  de  la  musique 
remplirent  toute  sa  Carrière.  Il  mourut  le 
23  mars  1748,  à  l'âge  de  soixanle-lrois  ans  et 
quelques  mois,  après  avoir  joui  de  la  réputa- 
tion méritée  de  savant  musicien  el  d'habile 
organiste.  Mallheson  et  Mizler,  peu  prodigues 
de  louanges,  ne  parlent  de  Walther  que  comme 
d'un  artiste  accompli.  Les  compositions  qu'il 
a  publiées  sonl  celles-ci  :  1°  Les  deux  chorals 
Jesu  meine  Freude,  et  Meinen  Jesuin  lass 
Ich  nicht,  variés  pour  l'orgue,  gravés  en  1713. 
2°  Le  choral  Allein  Goll  in  der  Hoe  sey  Ehr, 
avec  huit  variations  pour  l'orgue,  gravé  en 
1738.  3"  Concerto  pour  le  clavecin  avec 
accompagnement,  Augsbourg,  1741.  4°  Pré- 
lude et  fugue  pour  l'orgue,  Augsbourg,  1741. 
Walther  a  laissé  en  manuscrit  cent  dix-neuf 
choralsvariés  pour  l'orgue,  formant  une  année 
entière  pour  le  service  d'un  organiste: 

Ce  musicien  est  connu  particulièrement 
aujourd'hui  par  le  dictionnaire  technique  et 
historique  de  la  musique,  dont  il  publia  le 
premier  essai  sous  ce  titre  :  Aile  und  Ncue 
Musicalische  Bibliothec,  oder  Dlusikalisches 
Lexikon, cic.  (Bibliothèque  musicale  ancienne 
et  moderne,  ou  Lexique  de  musique,  etc.), 
Erfurt,  1728,  in-4°  de  64  pages,  avec  une  pré- 
face. Cel  essai  ne  contient  que  les  termes  de 
l'ail  et  les  noms  de  musiciens  qui  commencent 
par  la  lettre.  A.  Quatre  ans  après,  Walther 
publia  l'ouvrage  complet  el  l'intitula  :  Musi- 
kalisches  Lexikon  oder  Jlfusikalisckes  Bi- 
bliothec, darinnen  nicht  allein  die  If/usici, 
welche  so  tvol  in  alten  als  newen  Zeilen, 
ingleichen  bey  verschiedenen  Nalionen, 
durcit  Théorie  und  Praxin  sich  hervor 
gethan,  etc.  (Lexique  ou  Bibliothèque  de  mu- 
sique, où  l'on  trouve  non-seulement  les  mu- 
siciens anciens  el  modernes  qui  se  sonl  distin- 
gués chez  différentes  nations,  tant  dans  la 
théorie  que  dans  la  pratique,  ce  qu'on  sait  de 
chacun  d'eux,  et  les  ouvrages  qu'ils  ont  lais- 
sés, mais  aussi  l'explication  des  termes  tech- 


414 


WALTHER 


niques  de  la  musique,  olc,  Lcipsick,  1752, 
un  vol.  in-8°  de  G5Ï)  pages.  Ce  livre  est  la  réa- 
lisation <Iu  plan  que  Brossard  (voyez  ce  nom) 
avait  indiqué  à  la  fin  de  son  Dictionnaire  his- 
torique de  la  musique.  Bien  qu'incomplet  et 
défectueux  sous  lieaucoup  de  rapports,  il  a 
été  d'un  grand  secours  aux  bibliographes  mu- 
siciens qui  ont  écrit  postérieurement.  Walther 
n'avait  pas  à  sa  disposition  les  immenses  res- 
sources nécessaires  pour  un  tel  ouvrage  et 
qu'on  ne  peut  trouver  que  dans  les  grandes 
villes;  mais  il  avait  du  savoir,  de  la  patience, 
et  avait  rcccueilli  îles  notices  qu'on  n'aurait  pu 
se  procurer  plus  tard  sur  les  musiciens  alle- 
mands, ses  contemporains  de  la  fin  du  dix-sep- 
tième siècle  et  de  la  première  partie  du  dix- 
buitième.  Le  lexique  de  Walther  et  VEhren- 
pforle  de  Mallheson  ont  été  les  bases  des 
ouvrages  de  Forkel,  de  Lichtenlhal  et  Ferd. 
Becker, concernant  la  littérature  de  la  mu- 
sique, ainsi  que  des  dictionnaires  biogra- 
phiques de  musique  de  Gerber  et  de  tous  les 
livres  du  même  genre.  J'y  ai  puisé  bien  des 
corrections  pour  les  fautes  non-seulement  du 
premier  lexique  de  Gerber,  mais  même  pour 
celles  du  second. 

WALTHER  (Augustin  Fhédéiwc),  fils  de 
Micbel,  cité  précédemment,  naquit  à  Witlen- 
horg,  en  1G88.  Orphelin  dès  l'âge  de  quatre 
ans,  il  trouva  dans  quelques  amis  de  son  père 
des  protecteurs  qui  lui  firent  faire  de  bonnes 
études.  Il  suività  l'Université  dé  Jéna  descours 
de  médecine  et  devint  un  des  plus  savants  ana- 
lomistcs  de  l'Allemagne.  Fixé  d'abord  àLeip- 
sick  et  professeur  à  l'Université,  il  fut  ensuite 
médecin  de  la  reine  de  Pologne,  électrice  de 
Saxe,  et  ne  reprit  ses  leçons  d'anatomie  qu'a- 
près la  mort  de  celle  princesse.  Une  courle 
maladie  l'enleva  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans, 
le  51  octobre  174G.  Au  nombre  des  disserta- 
lions  qu'il  a  publiées,  on  trouve  celle  qui  a  pour 
titre  :  De  Ilominis  luringe  et  voce,  Leipsick, 
1740,  in-4°.  Elle  a  été  réimprimée  dans  les 
œuvres  de  l'auteur  publiées  par  Haller  sous  le 
li ire  :  Disputât,  anatomicar.  sélect,  volumin. 
seplvm,  Gœllingue,  1751. 

WALTHER  (Jean-Ludolt),  archiviste  à 
Gœllingue,  moi  l  le  21  mars  1752,  est  auteur 
d'un  ouvrage  rare  cl  recherché  intitulé  :  Lexi- 
cou  diplomuticum  cum  pr&falione  Joann. 
Duvidis  Koeleri,  Goltingae,  1745;  première 
partie  composée  de  cent  dix  planches  gravées, 
in-fol.;  deuxième  partie,  ibid.,  1746,  cent 
cinq  planches  ;  troisième,  ibid.,  1747,  vingt- 
ci  nq  planches,  avec  une  préface  de  J.- H.  Jung. 
Il  y  a  des  exemplaires  avec  la  date  d'Ulm, 


1757,  qui  ne  diffèrent  de  la  première  édition 
que  par  le  frontispice.  On  trouve  dans  ce  livre 
les  signes  des  notations  musicales  du  moyen 
âge,  particulièrement  des  notations  saxonnes 
et  lombardes,  avec  une  traduction  souvent 
fausse  ou  arbitraire,  reproduite  par  Bur- 
ney  et  Forkel,  dans  leurs  Histoires  de  la 
musique. 

WALTHER  (Jean  Christophe),  second 
fils  de  Jcan-Godefroid,  né  à  Weimar,  en  1715, 
fit  ses  éludes  sous  la  direction  de  son  père. 
Après  avoir  occupé  pendant  dix-neuf  ans  les 
places  d'organiste  et  de  directeur  de  musique 
à  la  cathédrale  d'Ulm,  il  retourna  dans  sa  ville 
natale,  en  1770,  et  y  mourut  le  25  août  1771. 
On  a  gravé  de  sa  composition  trois  sonates 
pour  clavecin,  à  Nuremberg,  en  17GG,  et  quel- 
ques petites  pièces  pour  le  même  instrument,' 
dans  les  recueils  publiés  par  Bossler,  à  Spire. 
Pendant  plusieurs  années,  Walther  avait 
suivi  la  profession  d'avocat  avant  de  se  fixer 
à  Ulm. 

WALTHER  (Frédéric),  pianiste  et  com- 
positeur, né  à  Anspach,  vers  1770,  a  vécu  dans 
celte  ville  en  qualité  de  professeur  de  piano  et 
de  flûte  :  i  !  s'y  trouvait  encore  en  1810.  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  1°  Souale  pour  piano 
avec  violon  obligé,  op.  1,  Offenbach,  André. 
2"  Grande  souale  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  2,  Augsbourg,  Gombarl,  1802. 
5"  Trois  sonales  progressives  pour  piano  et 
violon,  op.  5,  ibid.  4°  Trois  sonales,  idem, 
op.  4,  ibid.  5°  Sonate  idem,  op.  5,  ibid. 
G"  Variations  pour  piano  seul  sur  l'air  alle- 
mand :  O  du  lieber  Augustin,  ibid.  7°  Douze 
écossaises   pour   piano  seul,   op.  G,  ibid. 

WALTHER  (Jean-Frédéric).  Sous  ce 
nom  d'un  écrivain  inconnu,  on  a  publié  une 
description  de  l'orgue  de  l'égliscdc  la  Garnison 
de  Berlin,  avec  ce  litre  :  ton  der  Berliner- 
Garnison  Orgel,  in  4"  de  trois  feuilles  et  de- 
mie, sans  date  ni  nom  de  lieu. 

WALTHER  (J.-A.),  docteur  en  philoso- 
phie et  médecin  à  Bayreulh,  vers  1820,  esl 
auteur  de  deux  écrits  intéressants  sur  la  mu- 
sique qui  ont  pour  titres  :  1"  Die  Elément e 
der  Tonhunsl,  tris  ÎFissenschtift  (Les  Élé- 
ments de  la  musique  comme  science) ,  Hof, 
1826,  un  vol.  in-8".  La  théorie  de  l'harmonie 
développée  dans  cet  ouvrage  se  distingue  du 
système  allemand,  qui  a  détruit  les  bases  de  la 
tonalité  en  plaçant  l'accord  parfait  et  celui  de 
septième  sur  tous  les  degrés  de  la  gamme.  L'au- 
teur, ayant  bien  compris  les  fondions  lonales 
de  ces  harmonies,  n'admet  l'accord  parfait  que 
sur  la  tonique,  le  quatrième  degré  cl  la  domi- 


) 


WALTHER  -  WANHAL 


415 


nanle.  A  l'égard  <lc  l'accord  de  septième,  il  a 
très-bien  vu  qu'il  n'a  son  caractère  tonal  que 
sur  la  dominante;  mais  il  s'est  trompé  en 
croyant  qu'on  peut  y  substituer  quelquefois  la 
tierce  mineure  à  la  tierce  majeure,  car  l'ac- 
cord de  septième  avec  la  tierce  mineure  est 
incompatible  avec  la  dominante,  suivant  la  loi 
de  la  tonalité  :  c'est  au  second  degré  de  la 
gamme  qu'il  appartient.  Il  est  remarquable 
que  tous  les  systèmes  d'harmonie  s'écroulent 
dans  l'origine  et  les  fonctions  de  cet  accord, 
car  on  ne  peut  lui  trouver  de  place  cl  île 
fonctions  que  par  la  substitution  réunie  à  la 
prolongation  dont  j'ai  donné  la  théorie  dans 
mon  Traité  de  V harmonie.  2°  Erlxulerungen 
einiger  der  verwickellesler  Jusiveichungen 
nach  dem  Dominante- Gesetze,  wie  es  in  sei- 
nen  Elementender  Tonkunst,  ele  (Éclaircis- 
sements de  quelques  passages  obscurs  concer- 
nant les  lois  dominantes  qui  se  trouvent  dans 
les  éléments  de  la  musique,  etc.),  Hof,  1820, 
in-8°.  Des  critiques  de  ces  ouvrages  se  trouvent 
dans  la  Gazette  générale  de  musique,  de  Leip- 
sick  (t.  28  et  29);  mais  elles  sont  remplies 
d'erreurs,  en  ce  qui  concerne  la  théorie  véri- 
table de  la  tonalité  et  de  l'harmonie. 

WAETHOFEIt  (Salomon),  organiste  de 
la  cathédrale  de  Padoue,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle,  s'est  fait  connaître  par 
<\e\\\  messes  à  six  voix  de  sa  composition,  pu- 
bliées à  Venise,  en  1G02,  ln-4^  la  première 
sur  le  chant  :  Cur  trislis  et  afflicta,  la 
deuxième  sur  l'antienne  Diligitejustiliam. 

WAUCZURA    voyez  WA1XZUUA. 

WANDEUSLEB  (Adolphe)  était  direc- 
teur de  la  Liedertafel  de  Goiha,en  1844  ;  trois 
ans  après,  il  fut  nommé  cantor  et  direcleurde 
musique  de  la  cour  dans  la  même  ville.  En 
1845,  il  dirigea  le  festival  de  chant  des  chœurs 
de  la  Thuringe.  Cet  artiste  s'est  fait  connaître 
par  la  composition  de  plusieurs  opéras  parmi 
lesquels  on  remarque  :  1°  Die  Bergenkappen 
(Les  Mineurs),  représenté,  à  Gotha,  en  184G. 
2°  Graf  Ernsl  von  Gteichen  (Le  Comte 
Ernest  de  Gleichen),  idem,  en  1847.  5"  Lœu- 
vel;  idem,  ibid. 

WAINUAL  (Jean  Baptiste),  compositeur 
agréable,  naquit  le  12  mai  173'J,  au  village  de 
Neu-Néchanitz,  en  Bohême.  Fils  d'un  pauvre 
paysan,  il  n'eut  d'autre  éducation  que  celle  de 
l'école  de  cet  endroit  et  de  celle  de  Warscher- 
dorf,  où  il  apprit  les  éléments  de  la  langue 
allemande.  Le  maître  d'école  de  Nechanitz, 
bon  musicien,  lui  apprit  à  chanter  et  à  jouer 
de  l'orgue.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  le  jeune 
Wanhal  fut  nommé  organiste  à  Opoczna3  et 


bientôt  après  il  obtint  la  place  de  directeur  du 
chœur  à  l'église  de  la  petite  ville  de  Niemec- 
zowes.  Il  était  déjà  habile  sur  le  violon  et 
sur  la  viole  d'amour,  et  composait  tous  les 
morceaux  qu'il  exécutait  sur  l'orgue  et  sur 
ces  instruments.  Le  doyen  de  Niemeczowes, 
Malhias  Nowak,  possédait  un  talent  remar- 
quable sur  le  violon  ;  ses  conseils  furent  utiles 
à  Wanhal.  Les  rapides  progrès  du  jeune  ar- 
tiste fixèrent  sur  lui  l'attention  de  plusieurs 
personnes  de  la  noblesse  du  pays,  particulière- 
menld'une  comtesse  deSchaffgolsch,ipii  le  prit 
sous  sa  protection  et  le  lit  venir  à  Vienne,  où  son 
goût  se  forma  par  l'audition  des  œuvres  des 
bons  compositeurs  italiens  et  allemands.  Admis 
dans  les  maisons  de  la  plus  haute  noblesse,  en 
qualité  demailre  de  piano,  de  violon  et  de 
chant,  il  y  fit  entendre  ses  compositions,  où 
brillaient  des  mélodies  faciles  et  naturelles 
soutenues  par  une  harmonie  qui  ne  manquait 
pas  d'élégance  :  elles'  devinrent  bieirôt  à  la 
mode.  A  celte  époque,  tout  paysan  bohème  de- 
vait payer  un  droit  de  servage  au  seigneur  sur 
les  terres  duquel  il  était  né,  quelle  que  l'ut  la 
position  où  il  parvenait  par  son  talent  ou  son 
industrie,  à  moins  qu'il  n'achetât  sa  libellé  an 
moyen  d'une  somme  déterminée  par  les  con- 
stitutions du  pays.  Wanhal  était  déjà  célèbre 
comme  arliste,  à  Vienne,  lorsqu'il  était  encore 
tenu  d'acquitter  chaque  année  ce  droit  humi- 
liant ;  mais  le  produit  de  ses  leçons  cl  de  ses 
ouvrages  devint  si  considérable,  qu'il  put  enfin 
réunir  la  somme  nécessaire  pour  s'en  affran- 
chir. Depuis  longtemps,  il  éprouvait  le  désir 
de  visiter  l'Italie,  pour  connaître  les  composi- 
teurs célèbres  de  ce  pays,  el  perfectionner  son 
savoir  et  son  talent  :  son  protecteur,  le  baron 
Reisch,  lui  en  fournit  les  moyens,  en  lui  accor- 
dant une  pension  pendant  lé  terme  de  deux 
aunées.Dans  cet  intervalle,  Wanhal  vit  Venise, 
où  il  reçut  d'utiles  conseils  de  Gluck,  Bologne, 
Florence,  Rome  et  Naples,  et  y  étudia  l'art 
d'écrire  sous  la  direction  des  meilleurs  maîtres. 
Ayant  rencontré,  à  Rome,  le  compositeur 
Gassmann,  son  compatriote,  il  écrivit  quelques 
morceaux  pour  les  opéras  de  celui-ci.  Le  suc- 
cès qu'ils  obtinrent  lui  fit  avoir  un  engage- 
ment pour  écrire  lui-même,  dans  celle  ville,  II 
Trionfo  di  Clelia  et  Demofoonte.  Dans  l'es- 
pace de  cinq  mois,  ces  deux  ouvrages  furent 
achevés  et  représentés,  aux  applaudissements 
de  la  population  romaine.  De  retour  à  Vienne 
après  deux  ans  d'absence,  Wanhal  y  retrouva 
ses  protecteurs,  particulièrement  le  comte 
Erdœdy,  dans  les  dispositions  les  plus  bien- 
veillantes pour  lui.  Tout  semblait  lui  pro- 


416 


WANHAL  -  WANNING1US 


mettre  une  brillante  carrière,  lorsqu'une  ma- 
ladie mentale,  qui  le  jeta  dans  une  dévotion 
exagérée,  lui  fit  brûler  toute  sa  musique  dra- 
matique, et  le  mil  dans  l'impossiblilé  de  tra- 
vailler. Dans  les  intervalles  lucides  que  lui 
laissait  cette  maladie,  il  composait  de  petites 
pièces  où  l'on  remarquait  des  idées  charman- 
tes; mais  bientôt  après,  il  retombait  dans  les 
accès  de  sa  folie,  dont  la  durée  fut  de  plusieurs 
années.  Il  guérit  enfin.  Lorsque  Burney  le  vil  à 
Vienne  en  1772,  il  paraissait  ne  plus  ressentir 
aucune  atteinte  de  son  mal;  mais  son  talent 
parut  amoindri  à  l'historien  de  la  musique. 
Vers  le  même  temps,  Wanhal  suivit  le  comte 
Erdœdy  dans  ses  propriétés  de  la  Hongrie  et 
de  la  Croatie,  et  composa  pour  son  service  un 
oratorio  «le  la  Passion,  plusieurs  messes,  mo- 
tels cl  litanies  dont  on  ne  connaît  aujourd'hui 
qu'une  partie,  le  reste  étant  demeuré  en  la 
la  possession  rie  ce  seigneur.  De  retour  à 
Vienne,  vkiîs  1780,  Wanhal  s'y  maria  et  vécut 
dans  une  situation  aisée.  Son  caractère  doux 
et  facile  lui  avait  fait  beaucoup  d'amis  qu'il 
conserva  jusqu'à  ses  derniers  jours.  Dlabacz, 
<|iii  le  vit  en  1795,1e  loue  beaucoup  pour  l'affa- 
bilité de  ses  manières.  Les  grandes  composi- 
tions de  Haydn  et  de  Mozart  avaient  fait  vieillir 
son  style,  el  ses  symphonies,  après  avoir  eu  «le 
la  vogue  dans  sa  jeunesse,  étaient  insensible- 
ment tombées  dans  l'oubli 5  mais  il  n'en  cul 
pas  d'humeur,  et  ne  montra  jamais  le  ressen- 
timent si  ordinaire  aux  artistes  que  la  faveur 
publique  abandonne.  Il  mourut  à  Vienne  le 
2G  août  1813,  à  l'âge  de  soixante- quatorze 
ans. 

Parmi  les  nombreuses  compositions  de 
Wanhal  qui  ont  été  publiées,  on  remarque  : 
1"  Messes  à  quatre  voix,  deux  violons,  allô, 
deux  hautbois,  deux  trompettes,  timbale  et 
orgue,  n05  1  el  2,  Vienne,  Haslingcr.  2°  Offer- 
toires pour  soprano  ou  ténor  et  petit  orchestre, 
nnS  1  et  2,  ibid.  3"  Six  hymnes  faciles  à  quatre 
voix  et  petit  orchestre,  Vienne,  LeidersdoiT. 
4°  Six  symphonies  pour  deux  violons,  alto, 
basse,  deux  hautbois  et  deux  cors,  op.  4,  Am- 
sterdam, 1787,  Paris,  Leduc.  5"  Trois  idem, 
op.  10,  Paris,  Sieber.  0"  Trois  idem,  op.  10, 
ibid.  7"  Quintette    pour    flùle,    deux   violons, 

allô  cl  basse,  Vienne  1787.   8"  Six  quai s 

pour  deux  violons,  allô  et  basse,  op.  20, 
Paris,  Sieber.  9°  Six  idem,  op.  ôô,  Vienne, 
Arlaria.  10"  Six  trios  pour  deux  violons  el  vio- 
loncelle, op.  11,  Paris,  Sieber.  11°  Six  idem, 
op.  19,  ibid.  12°  Duos  pour  deux  violons, 
liv.  I,  II,  III,  Vienne,  Cappi,  op.  22,  Paris, 
Porto  ;  op.  04,  Paris,  Momigny.  1-3°  Concertos 


pour  clavecin,  lieux  violons*  et  violoncelle, 
nns  let2,  Vienne,  Cappi.  14°  Quatuors  pour 
clavecin,  flùle,  violon  el  violoncelle,  nos  1,  2, 
3,4,  Paris,  Sieber.  15"  Quatuors  pour  clavecin, 
violon,  allô  et  basse,  op.  40,  nos  1,2,  ô,  Leip- 
sick,  Pelers.  10"  Divertissement  pour  piano  à 
quatre  mains,  avec  flùle,  violon  et  violoncelle, 
Offenbach,  André.  17°  Sonates  de  piano,  avec 
violon  el  violoncelle,  op.  1,  2,  5,  8,  9,  Offen- 
bach, André.  18°  Sonates  pour  piano  el  violon, 
op.  3,  0,  7,  17,  43,  44,  Hambourg,  Bœhme; 
Offenbach,  André  ;  Maycnce,  Scholl,  Bonn, 
Simrock.  19"  Sonales  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  32,  40,  04,  05,  00,  Hambourg, 
Bœhme;  Vienne,  Arlaria;  Mayence,  Scholl. 
20°  Sonales  pour  piano  seul,  op.  18.  42,  99, 
100,  Offenbach,  André.  21°  Une  multitude  de 
peliles  pièces,  préludes,  fantaisies,  caden- 
ces, etc.,  chez  Ions  les  éditeurs.  22"  Beaucoup 
de  thèmes  variés,  ibid.  2ôu  Une  multitude  de 
suites  «le  danses  allemandes,  écosaiscs,  valses, 
pour  divers  instruments,  ibid.  24°  Huit  re- 
cueils de  fugues  et  de  préludes  pour  l'orgue, 
Vienne, Cappi, Arlaria,  Haslingcr.  Leidersriorf. 
Wanhal  a  laissé  en  manuscrit  quatre-vingts 
huitsymplionies  pour  l'orchestre,  quatre-vingt- 
quatorze  quatuors,  vingt-trois  grandes  el  peliles 
messes,  deux  Requiem,  trente  Salve  Regina, 
trente-six  offertoires,  un  Stabat  mater, consi- 
déré comme  un  «le  ses  plus  beaux  ouvrages, 
el  un  très-grand  nombre  «le  concertos  et  de 
symphonies  concertantes  pour  divers  instru- 
ments. 

WAA.M1K  (Cimim.es),  pianiste  cl  compo- 
siteur, fut  nommé  professeur  de  son  instrument 
au  Conservatoire  de  Munich,  en  1848.  Il  est 
connu  par  un  grand  nombre  de  compositions 
pour  le  piano,  parmi  lesquelles  on  remarque  : 
1°  Nocturne  pour  piano,  op.  1  ;  Munich,  Aibl., 
1841.  2°  Rêveries  d'opéras  modernes  au  Sa- 
lon; six  mélodies  en  forme  de  caprices,  op.  4  ; 
ibid.  ô°  Le  Carnaval  de  Venise,  fantaisie  va- 
riée sur  la  canzonclle  Mamma  mia,  ibid. 
4°  Souvenir  des  sœurs  Milanollo;  Fantaisie 
d'après  des  motifs,  passages,  etc.,  exécutés  par 
ces  jeunes  artistes  dans  leurs  concerts,  pour 
piano  ;  ibid.  5°  Premier  grand  duo  pour 
piano  el  violon  sur. la  fille  du  régiment  ; 
ibid. 

WANNIHïGIUS  (Jean)  ou  WA.N- 
INIjXG,  maître  de  chapelle  de  l'église  Sainte- 
Marie,  à  Danlzick,  vers  la  fin  du  seizième  siè- 
cle, élail  né  à  Kemplen.  On  a  imprimé  de  sa 
composition  :  1°  Cuuliones  sacra? 5-8  vocum, 
Nuremberg,  1580,  Catherine  Gerlacb,  in-4" 
obi.  2°  Cinquante-deux   motels  sur  les  textes 


WANN1NGIUS  —  WAÏ1RËN 


4l? 


des  évangiles  îles  dimanches,  à  cinq,  six 
el  sept  voix,  Dresde,  Malli.  Slœckel,  1584, 
in  4°. 

WANSON  (François- Antoine  Alphonse), 
né  à  Liège,  le  1 1  octobre  1809,  fil  ses  éludes 
musicales  au  Conservatoire  de  Liège,  cl  fui 
élève  de  M.  Daussoigne  pour  la  composition. 
Après  avoir  terminé  ses  éludes,  il  fut  nommé 
professeur  de  solfège  dans  la  même  école.  Col 
artiste  est  mort  à  Liège  le  1er  mars  1856.  Une 
messe  de  sa  composition  a  été  exécutée  à  la 
cathédrale.  Il  a  fait  représenter  au  théâtre  de 
celle  ville  les  opéras  intitulés  :  1"  V  Amant 
pour  rire,  en  un  acle,  1835. 2"  La  Seraphina, 
en  un  acte,  1837.  5°  Le  Garde  de  nuit,  en 
trois  actes,  1838.  4"  V Astrologue,  en  deux 
actes,  1841.  On  connaît  aussi  de  Wanson 
quelques  molels  el  des  choeurs  pour  des  voix 
d'hommes.  Il  fut  directeur  de  la  sociélé 
d'harmonie  el  de  chanl,   instituée  en  1828. 

WA1XZURA  (Ceslaus),  et  non  WAIV- 
JURA,  récollet,  né  en  Bohème,  dirigea,  pen- 
dant plusieurs  années,  la  musique  de  l'église 
Saint-Jacques,  à  Prague.  Il  mourut  dans  celle 
ville,  le  7  janvier  173G.  On  a  publié  de  sa  com- 
position :  t'1 I Lrevissimx  et  solemnes  Lila- 
nix  L.aurelanx a  canto ,  ténor e,  basso,trom- 
bonis  parlim  2,  parlim  4,  tympanis  et  or- 
fjano,  Pragae,  Ad.  Wilh.  Wesscly,  1731, 
op.  1,  in-fol.  Le  P.  Wanzuraa  laissé  en  ma- 
nuscrit beaucoup  de  musique  d'église. 

WAINZURA  (Eknest),  né  à  Waneherg, 
en  Bohème,  vers  le  milieu  du  dix -huitième 
siècle,  fui  d'abord  lieutenant  d'infanterie  au 
service  d'Autriche,  et  amateur  de  musique 
distingué;  puis  il  se  fixa  à  Vienne,  els'y  filcon- 
nailre  comme  violoniste  et  compositeur.  Plus 
lard,  il  se  rendit  à  Pélersbourg  et  y  eut  la 
charge  d'intendant  de  la  musique  de  l'impéra- 
trice Catherine  II.  En  1787,  il  était,  dans  celle 
ville,  premier  violon  de  l'Opéra  el  directeur  de 
la  musique  de  la  cour.  Il  y  mourut  au  mois 
île  janvier  1802,  laissant  en  manuscrit  des 
symphonies,  des  quatuors  pour  clavecin,  flùle, 
\  iolon  el  basse,  el  des  trios  de  violon. 

WAIMZURA  ou  WAINCZURA  (Jo- 
seph), professeur  de  piano  à  Vienne  et  com- 
positeur de  musique  facile  pour  cet  instru- 
ment, naquit  en  Bohème  et  se  fixa  dans  la  ca- 
pitale de  P Autriche  vers  1840.  On  a  de  lui  en- 
viron cinquante  oeuvres  de  petits  rondos,  de 
valses  et  de  polkas,  publiés  chez  Diabelli,  à 
Vienne. 

WARD  (Jean),  professeur  de  musique  an- 
glais, vécut  à  Londres  au  commencement  du 
dix-septième    siècle.    liarnard  a   inséré    une 

BIOGR.  l'.MV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


messe  et  une  antienne  de  la  composition  de  ce 
musicien  dans  sa  collection  de  musique  d'église 
ancienne.  Ward  a  publié  lui-même  les  deux 
ouvrages  suivants  :  1"  Madrigals  to  3,  4,  5 
andQ  voices.  2°  ASong  lamenting  the  death 
of  Prince  Henry,  Londres,  1G13. 

WARI1NG  (William),  professeur  de  mu- 
sique à  Londres,  vécut  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  Il  est  auteur  de  la  ira  - 
duclion  du  dictionnaire  de  musique  de  J.-J. 
Rousseau,  publiée  sous  ce  titre  :  A  Complète 
Diclionary  ofMusic,  consisting  ofacopious 
exploitation  of  ail  the  words  necessary  lo  a 
true  knowledge  and  understanding  of  music, 
Londres,  1770,  in-8".  Cette  première  éditiou 
n'est  pas  achevée  et  ne  porte  ni  le  nom  de  l'au- 
teur, ni  celui  du  traducteur  j  mais  il  en  parut 
une  deuxième,  contenant  la  traduction  de  tout 
l'ouvrage  original,  laquelle  est  intitulée  :  The 
complète  Diclionary  of  Music,  consisting  of 
a  copious  explanation  of  ail  the  lèords  ne- 
cessary toa  true  knowledge  and  understand- 
ing of  illusic.  Translated  from  the  original 
French  of  Mons.  J.-J.  Rousseau,  by  Wil- 
liam TFaring.  Londres  (sans  date),  1  vol.  gr. 
in-8°. 

WARNECKE  (Georges- Henri),  né  à 
Goslar,  le  7  avril  1747,  obtint,  en  1780,  la 
place  d'organiste  de  l'église  Sainte-Marie  à 
Gœllingue.  En  1780  et  1783,  il  publia  deux  re- 
cueils de  chansons  allemandes  avec  accompa- 
gnement de  clavecin. 

WARREN  (Ambroise),  amateur  de  mu- 
sique, vécut  à  Londres  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  et  y  publia  un  système  de 
division  de  l'échelle  musicale  en  trente-deux 
parties  ou  intervalles  par  chaque  octave,  sous 
ce  litre  :  The  Tonometer  :  explaining  and 
demonslrating  by  an  easy  method ,  in 
nutnbers  and  proportions,  atl  the  32  distinct 
and  différent  notes,  ad juncts  or  suppléments 
conlained  in  eachof  four  octaves  inclusive  of 
the  gammut ,  or  common  seule  of  Musick,  etc., 
London,  1725,  in-40  de  sept  feuilles.  Ce  sys- 
(ème,  essentiellement  faux  et  arbitraire,  a  été 
analysé  par  Scheibe,  dans  son  livre  Ueber  die 
musikalische  Composition  (p.  491-509). 

WARREN  (Joseph),  filsd'un  gentilhomme 
de  haute  naissance,  est  né  à  Londres  le  20  mars 
1804.  Dès  ses  premières  années  il  monirad'heu- 
reuses  dispositions  pour  la  musique  et  com- 
mença  seul  l'élude  du  violon.  Plus  tard,  il  reçut 
des  leçons  de  Joseph  Stone  pour  le  piano,  l'orgue 
et  la  basse  continue.  A  l'exception  d'un  petit 
nombre  de  ces  leçons,  31.  Warren  ne  doit  qu'à 
lui-même  et  à  ses  éludes  persévérantes  l'in- 

27 


418 


WARREN  -  WASSERMANN 


slruction  étendue  qu'il  possède  dans  l'art  et 
dans  son  histoire.  Pendant  les  années  1820  et 
1821,  il  lut  chef  d'orchestre  d'une  société  d'a- 
mateurs, pour  laquelle  il  écrivit  deux  sympho- 
nies et  des  chants  à  voix  seule,  desduos,  trios, 
quatuors  et  septuors.  Tous  ces  ouvrages  sont 
restés  en  manuscrit.  D'autres  pièces  vocales 
ont  été  aussi  composées  par  lui  et  n'ont  pas  été 
publiées.  En  18ôô,  il  fut  nommé  organiste  et 
directeur  du  chœur  de  la  chapelle  de  Sainte- 
Marie,  à  Chelsea  et  composa,  pour  l'usage  de 
cette  chapelle,  trois  messes  à  quatre  voix,  deux 
messes  à  deux  voix  avec  accompagnement 
d'orgue,  des  offertoires,  des  hymnes  et  d'au- 
tres pièces  de  musique  religieuse.  Quelques 
morceaux  pour  le  piano  écrits  par  M.  Warren 
ont  été  publiés  à  Londres,  de  1828  à  1855.  On 
a  aussi  de  cet  artiste  environ  trois  cents  mor- 
ceaux pour  la  Concertina,  et  une  méthode 
pour  ce  petit  instrument  qui  a  eu  beaucoup  de 
vogue  en  Angleterre.  En  1840,  M.  Warren  a 
été  engagé  par  les  éditeurs  Robert  Cocks  et  Cc, 
pour  donner  des  soins  à  la  publication  de  plu- 
sieurs ouvrages  de  littérature  musicale  parmi 
lesquels  on  remarque  Hints  to  young  Com- 
poser (Conseils  au  jeune  compositeur),  Hints 
to  young  Organist  (Conseils  au  jeune  orga- 
niste), Instruction- Book  for  the  organ  (Ma- 
nuel pour  l'art  de  jouer  de  l'orgue),  Le  Guide 
des  chanteurs,  et  diverses  collections  de  pièces 
d'orgue.  En  1842,  Warren  est  devenu  membre  de 
la  société  des  antiquaires  musicienset  a  publié, 
en  celte  qualité,  Les  Falas  de  Hilton,  d'après 
l'édition  de  1627.  La  publication  la  plus  im- 
portante de  M.  Warren  et  qui  lui  fait  le  plus 
grand  honneur  est  la  dernière  édition  de  la 
Catheral  Music  de  Boyce,  éditée  chez  Robert 
Cocks  et  Ce,  en  trois  volumes  in-folio.  La  re- 
marquable correction  de  celte  édition,  la  Vie 
de  Boyce  et  les  notices  des  compositeurs  don  t 
on  trouve  des  morceaux  dans  cet  ouvrage, 
assurent  à  M.  Warren  l'estime  de  tous  les  mu- 
siciens érudils.  Cet  artiste  laborieux  a  réuni 
une  collection  peu  nombreuse  mais  intéressante 
d'anciens  ouvrage  de  littérature  musicale. 

WARTEL  (Pierre-François),  professeur 
dechantàParis,  né  à  Versailles,  le  3  avril  180G, 
fut  admis  comme  élève  au  Conservatoire,  le 
15  octobre  1823,  et  entra  dans  la  classe  de  sol- 
fège dont  Halévy  était  alors  professeur;  mais 
deux  mois  après,  il  sortit  de  celte  école  pour 
entrer  dans  l'institution  de  musique  religieuse 
dirigée  par  Choron.  En  1828,  il  rentra  au  Con- 
servatoire comme  élève  pensionnaire  et  y  con- 
tinua ses  éludes  de  chant  sous  la  direction  de 
Bauderali.  Le  premier  prix  de  chant  lui  fut  dé* 


cerné  au  concours  de  1829.  Adolphe  Nourrit 
devint  ensuite  son  professeur  de  déclamation 
lyrique.  Ses  études  étant  achevées  en  1831, 
il  sortit  du  Conservatoire  et  entra  à  l'Opéra 
comme  lénor  :  il  resta  attaché  à  ce  théâtre 
pendant  environ  quinze  ans.  Lorsqu'il  se  re- 
tira, il  voyagea  en  Allemagne,  chanta  à  Ber- 
lin, à  Prague,  à  Vienne,  puis  revint  à  Paris, 
où  il  s'est  livré  à  l'enseignement  du  chant.  Au 
nombre  des  élèves  qu'il  a  formés,  on  remarque 
particulièrement  la  cantatrice  distinguée 
MlleTrebelli. 

WARTEL  (TnÉnÈse),  femme  du  précé- 
dent, a  fait  ses  études  au  conservatoire  de  Paris 
où  elle  est  née,  et  s'est  fait  connaître  comme 
virtuose  pianisle. 

WASSERMANN  (Henri-Joseph)  ,  né  le 
3  avril  1791,  à  Schwarzbach,  près  de  Fulde, 
dans  la  liesse  électorale,  élait  fils  d'un  musi- 
cien de  village.  Dès  son  enfance,  il  montra 
pour  la  musique  d'heureuses  dispositions  qui 
se  développèrent  avec  rapidité  par  les  leçons 
de  l'instituteur  du  lieu  de  sa  naissance.  Celui-ci 
lui  enseigna  les  éléments  du  chant  et  du  vio- 
lon, puis  Wassermann  reçut  des  |,eçons  de 
Hankel,  cantor  à  Fulde,  pour  cet  instrument 
et  pour  la  composition.  Spohr,  qui  était  alors 
à  Gotha,  devint  bientôt  après  son  maître,  per- 
fectionna son  talent, et  lui  fit  oblenirune  place 
à  la  cour  du  duc  de  Saxe-Hechingen.  En  1817, 
Wassermann  fut  nommé  directeur  de  musique  à 
Zurich.  Il  espérait  y  rétablir  sa  santé,  toujours 
chancelante  depuis  son  enfance;  mais,  en  1820, 
il  accepta  une  place  dans  la  chapelle  du  prince 
de  Furstemberg,  à  Donaueschingen,  sur  l'in- 
vitation de  Conradin  Kreutzer.  Après  y  avoir 
passé  plusieurs  années, il  se  rendit  à  Stuttgart, 
puis  à  Munich,  d'où  il  partit  pour  faire  un 
voyage  à  Paris.  En  1828,  il  accepta  la  place  de 
chef  d'orchestre  à  Genève,  puis  se  rendit  à 
Bàle  pour  y  remplir  les  mêmes  fonctions.  Une 
maladie  nerveuse  l'obligea  à  donner  sa  dé- 
mission et  à  se  retirer  au  village  de  Richen, 
près  de  cette  ville,  où  il  mourut  au  mois 
d'août  1838.  Wassermann  a  été  considéré  en 
Allemagne  comme  un  des  bons  élèves  de  Spohr. 
Il  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Thème  ori- 
ginal varié  pour  violon  avec  quatuor,  op.  4, 
Leipsick,  Hofmeisler.  2°  Premier  quatuor  bril- 
lant pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  14, 
Leipsick,  Pelers.  3°  Duos  faciles  pour  deux 
violons,  ibid.  4°  Fantaisie  en  forme  de  valse, 
à  grand  orchestre,  op.  19,  ibid.  3"  Qualuor 
pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  Munich,  Fal- 
ter.  6°  Danses  à  grand  orchestre,  op.  1 1 ,  Bonn, 
Simrock.  7°  Quelques  pièces  pour  la  guitare. 


WATIER  -  WEBB 


419 


WATIER  (François),  né  le  6  avril  1806, 
à  Pas  (Pas-de-Calais),  n'était  âgé  que  de  cinc| 
ans  lorsque  son  père,  percepteur  des  contri- 
butions directes,  fut  appelé  à  Lille.  Livré  à  la 
fois  à  l'élude  de  la  peinture  et  de  la  musique, 
Watier  choisit  ce  dernier  art  définitivement,  et 
apprit,  sous  la  direction  d'un  bon  professeur, 
nommé  Baumann,  l'harmonie  et  le  contre- 
point. Plus  lard,  il  se  rendit  à  Paris  pour 
perfectionner  ses  connaissances.  Il  y  étudia  la 
méthode  d'enseignement  de  Wilhelm,  et.  de 
retour  à  Lille,  il  en  fil  l'application  dans  des 
coins  gratuits  de  chant  populaire.  C'est  de 
celte  école  que  sont  sortis  les  membres  des 
diverses  sociétés  orphéoniques  de  Lille.  La 
société  des  sciences  de  celte  ville  a  décerné  à 
M.  Watier  une  médaille  d'or,  en  récompense 
de  son  dévouement  désintéressé  et  des  résul- 
tais qu'il  avait  obtenus.  Un  concours  ayant 
été  ouvert  en  1848,  par  leministre  de  la  guerre, 
pour  une  composition  de  musique  militaire, 
l'Académie  des  beaux-arts  de  l'Institut,  char- 
gée de  juger  ce  concours,  accorda  un  prix 
d'honneur  à  M.  Watier  pour  une  ouverture 
solennelle.  Cet  ouvrage,  publié  à  Paris  chez 
Gamba ro,  a  fait  partie,  depuis  lors,  du  réper- 
toire des  corps  de  musique  de  l'armée  française. 
M.  Watier  a  fait  paraître,  chez  le  même  édi- 
teur, environ  quarante  morceaux  pour  la 
musique  d'harmonie.  En  1853,  cet  artiste  a 
soumis  à  l'examen  de  l'Académie  des  beaux- 
arts  de  l'Institut  et  du  Comité  d'enseignement 
du  Conservatoire  de  Paris  une  Méthode  de 
dictée  et  d'écriture  musicale  'qui  a  été  approu- 
vée par  ces  deux  corps  savants,  et  a  été  publiée  à 
Paris,  chez  l'éditeur  Régnier-Canaux.  Les 
autres  compositions  de  M.  Walier  sont  : 
1°  Trois  cantates  inédites  avec  orchestre. 
2"  Messe  pour  des  voix  d'hommes  avec  accom- 
pagnement d'harmonie  militaire,  dédiée  à 
II!.  Auber;  Paris,  Gambaro.  3° Deuxième  messe 
pour  des  voix  d'hommes  accompagnées  par  des 
altos  et  violoncelles,  exécutée  plusieurs  fois  à 
la  cathédrale  de  Cambrai.  4°  Troisième  messe 
pour  quatre  voix  d'hommes  et  harmonie  mili- 
taire, exécutée  par  deux  cents  musiciens,  à  l'é- 
gliseS;iinl-Maurice,de  Lille, lejour  de  Pâques. 
5°  Te  Deum  pour  quatre  voix  d'hommes,  voix 
seules  et  harmonie  militaire  ou  orgue,  exécuté 
le  15  août  1856,  pour  la  fêle  de  l'empereur 
Napoléon  III.  6°  Une  collection  de  chœurs 
pour  quatre  voix  d'hommes,  publiée  à  Paris, 
chez  Ricuaull  et  Schonenberger,  et  dont  plu- 
sieurs ont  obtenu  de  brillants  succès  dans  les 
concours. 

WATSON  (William),  botaniste  et  physi- 


cien anglais,  né  en  1715,  exerça  d'abord  la 
profession  de  pharmacien,  mais  il  l'abandonna 
pour  la  médecine,  en  1759,  et  fut  nommé  mé- 
decin de  l'hôpital  des  enfants  trouvés,  à  Lon- 
dres, en  1762.  11  mourut  dans  celle  ville,  le 
10  mai  1787.  Watson  a  rendu  de  signalés  ser- 
vices à  la  science  par  ses  recherches  sur  l'élec- 
tricité. Au  nombre  de  ses  mémoires  insérés 
dans  les  Transactions  philosophiques,  on  en 
remarque  un  qui  a  pour  titre  :  Enquiry  con- 
cerning  the  respective  velocilies  of  electricity 
and  sound  (t.  XLV,  p.  59). 

WAWRA  (Wenceslas),  organiste  distin- 
gué à  Kremsmltnster,  en  Autriche,  naquit  en 
1767,  à  Niemeycz,  en  Bohême,  où  son  père 
était  insliluteur.  Après  avoir  fait  son  éduca- 
tion musicale  au  monastère  de  Kremsmlinster, 
comme  enfant  de  chœur,  il  y  fut  attaché,  en 
1791,  en  qualité  de  ténor  et  d'organisle.  Il  y 
vivait  encore  en  1816.  On  a  imprimé  de  sa 
composition  :  1°  Six  menuets  avec  six  trios 
pour  le  clavecin,  Prague,  Widlman,  1808. 
2°  Messe  allemande  à  trois  voix  et  orgue  pour 
les  églises  de  la  campagne,  ibid.,  Vienne, 
Haslinger.  3°  Requiem  allemand  pour  soprano, 
ténor,  basse  et  orgue,  ibid. 

WEBB  (Daniel),  écrivain  anglais,  naquit 
en  1735,  à  Taunton,  dans  le  comlé  de  So- 
merset. Il  se  distingua  d'abord  comme  prédi- 
cateur et  publia  des  sermons  qui  le  firent  con- 
naître avantageusement  ;  mais,  plus  lard,  il 
abandonna  la  carrière  ecclésiastique,  accepta 
un  emploi  civil,  et  défendit  le  ministère  du  duc 
de  Leeds  dans  plusieurs  écrits.  Retiré,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle,  dans  sa  province 
natale,  il  y  mourut  le  2  août  1815.  Au  nombre 
des  Ouvragés  de  Webb,  on  remarque  celui  qui 
a  pour  titre  :  Observations  on  the  correspon- 
dence  between  poetry  andmusic  (Observations 
sur  les  rapports  de  la  poésie  et  de  la  musique), 
Londres,  1769,  in-8°.  Cet  ouvrage  a  été  réuni 
avec  les  autres  écrits  de  l'auteur  par  un  de  ses 
amis  (W.  Winslanlley),  dans  un  volume  inti- 
tulé :  Miscellanies,  Oxford,  1803,  in-4°.  Ce 
volume  est  devenu  rare  parce  que  la  plupart 
des  exemplaires  ont  péri  dans  un  incend'n. 
Eschenburga  donné  une  traduction  alleman  te 
du  livre  de  Webb  sous  ce  tilre  :  Betrachtun- 
yen  iiber  die  Ferwandschaft  der  Poésie  und 
Musik,  Leipsick,  1771,  Schwickert,  in-8°de 
cent  soixante-neuf  pages. 

WEBB  (Francis),  écrivain  anglais,  n'est 
connu  que  par  un  ouvrage  qui  a  pour  tilre  : 
Panharmonium,  designed  as  an  illustra- 
tion ofan  enyraved  plate, towich  is  altemp- 
led  lo  beproved  thaï  the  Principles  of  Bar- 

27. 


420 


WEBB  -  WEBER 


l 


mony  prevail  troughout  the  whole  System 
of  Nature,  but  more  especially  in  the  Human 
Frame.  Londres,  1815,  in-4°. 

WEBBE  (Samuel),  musicien  anglais,  naquit 
en   1740,  à  Minorque,  où  son  père  était  em- 
ployé du  gouvernemenl.  Devenuorphelindans 
son  enfance,  et  laissé  dans  une  situation   peu 
aisée,  il  fut  réduite  se  faire  copiste  de  musique 
pour  vivre.  Son  goût  pour  l'élude  lui  fit  ap- 
prendre sans  maître  le  latin,  le  français,  l'alle- 
mand et  même  l'hébreu.  Devenu  élève  de  Bar- 
handi,  organiste  de  la  chapelle  de  Bavière,  à 
Londres,  il  fit  de  rapides  progrès  dans  la  mu- 
sique sous  sa  direction,  et  devint  bientôt  à  la 
mode  par  la  composition  de  chansons  anglaises 
dont  il  a  publié   trois   volumes  et  qui  ont  ob- 
tenu  un  succès  de  vogue.  En  1770,  il  succéda 
à  son  maitre  Barbandt  dans  la  place  d'orga- 
niste de  la  chapelle  portugaise.  Le  nombre  des 
glees,  catches,  et  autres  pièces  de  chant  pour 
une  ou  plusieurs  voix,  connues  sous  le  nom  de 
Webbe,  s'élève  à   plus  de  cent.  On   connaît 
aussi  de  lui  :  1°  Huit  antiennes  à  deux  chœurs. 
2°  Trois  livres  de  musique  d'église  pour  l'u- 
sage du  service  catholique.  3"  L'ode  de  sainte 
Cécile,  à  six  voix.  4°  Concerto  pour  le  clavecin, 
Londres,  1788.  5°  Divertissements  militaires, 
consistant  en  marches  et  pas  redoublés  pour 
deux  clarinettes,  deux  cors,    deux    bassons, 
petite    flûte,   trompeltes,   bugle   et  serpent, 
ibid.  Webbe  est  mort  à  Londres  en  1824,  à 
l'âge  de  quatre-vingt-quatre  ans. 

WEBBE  (Samuel),  fils  du  précédent,  est 
né  à  Londres,  vers  1770.  En  1798,  il  s'établit 
à  Liverpool,  en  qualité  de  professeur  de  mu- 
sique; mais  il  retourna  à  Londres  quelques 
années  après,  et  y  obtint  la  place  d'organisle 
de  l'ambassade  d'Espagne.  Kalkbrenner  et 
Logier  l'employèrent  aussi  pour  l'enseigne- 
ment dans  l'école  de  musique  et  de  piano 
qu'ils  avaient  établie,  d'après  le  système  de 
ce  dernier.  Comme  son  père,  Webbe  s'est 
fait  connaître  par  la  composition  d'un  grand 
nombre  de  chansons  anglaises.  Il  a  écrit  aussi 
un  Pater  noster  et  plusieurs  motels  pour  le 
culte  catholique,  qui  ont  été  publiés  dans  la 
co.'.eclion  de  Novello.  Webbe  est  aussi  connu 
,ar  un  petit  traité  d'harmonie  intitulé:  Har- 
mony  Epitomized  or  éléments  of  the  tho- 
roughbass,  Londres,  in-4°  (sans  date);  ainsi 
que  par  un  recueil  de  solfèges,  qui  a  pour 
titre  :  fAmico  del  principianle,  being 
twenly-eight  short  Sol  fat ng  Exercices  fora 
single  voice,  wilh  a  bass,  accompaniment. 
Londres,  sans  date,  in-4".  II  y  a  une  deuxième 
édition  de  cet  ouvrage,  avec  accompagnement 


de  piano,   publiée  par  J.-B.  Sale.  Londres, 
sans  date,  in-4° 

WEBEU  (JÉnÉMiE),  né  à  Leipsick,  le  20 
septembre  1G00,  fit  ses  études  dans  cette  ville 
et  «à  Willenberg.  Après  avoir  fini  son  cours  de 
théologie,  il  fut  attaché  à  quelques  églises 
comme  prédicateur,  puis  il  obtint  la  place  de 
professeur  de  théologie  à  l'université  de  Leip- 
sick. Il  mourut  dans  celle  position  le  19  mars 
1643.  On  a  imprimé  de  lui  deux  sermonssurle 
chant  des  hymnes,  sons  ce  litre  :  Hymnologia 
sacra,  oder  geistliche  Singe-Kunst  in  zwey 
Predigten,  Leipsick,  1037,  in-8°. 

WEBEU  (Paul),  prédicateur  à  Sainl-Se- 
bald  de  Nuremberg,  naquit  à  Lauf,  le  18  sep- 
tembre 1025,  el  mourut  à  Nuremberg,  le  3 
juillet  1G9G.  Musicien  habile,  il  a  composé 
plusieurs  chants  chorals  qui  se  trouvent  dans 
les  livres  de  chant  de  Nuremberg,  et  a  publié 
dans  celle  ville,  en  1GG7,  un  éloge  de  la  mu- 
sique intitulé  :  De  Encomio  musiecs,  in-8°. 
WEBEU  (Jean-Adam),  savant  allemand, 
vécut  à  Vienne,  puis  à  Salzbourg,  depuis  1007 
jusqu'en  1G91.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  : 
Discursus  curiosi  ad  précipitas  lotius  litté- 
rature humanœ  scientias  illustrandas  ac- 
commodait, Salzbourg,  1673,  in-8°.Le  vingl- 
cinquième  discours  de  cet  ouvrage  traite 
De  Musurgia  ,  seu  de  natura  musicx 
(p.  372-379). 

WEBER  (CoNSTANi-JosEPn),  musicien  de 
la  chambre  et  organiste  de  la  chapelle  de  l'é- 
lecteur de  Saxe,  roi  de  Pologne,  vécut  à  Dresde 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il  fit 
graver  à  Nuremberg,  en  1702,  six  sonates 
pour  le  clavecin,  op.  1.  On  croit  que  cet  ar- 
tiste mourut  vers  1704. 

WEBEU  (EnÉuÉiuc-AuGusTE),  docteur  en 
médecine,  et  amateur  de  musique,  naquit  à 
Ileilbronn,  le  24  janvier  1753.  Dans  son  en- 
fance, il  apprit  à  jouer  du  violon  et  reçut  des 
leçons  de  Schoberl  pour  ce  dernier  instrument. 
En  1771,  il  l'ut  envoyé  à  l'Université  de  Jéna, 
elil  acheva  son  cours  de  médecine  à  Goet  lingue, 
trois  ans  après.  Ayant  reçu  le  doctorat  en 
1774,  il  s'établit  à  Berne,  et  y  demeura  trois 
ans:  puis  il  se  fixa  dans  sa  ville  natale  et  y 
exerça  la  médecine,  se  livrant  en  même  temps 
à  la  culture  de  la  musique  dans  ses  heures  de 
loisir,  et  se  distinguant  par  ses  écrits  sur  cet 
art  et  par  ses  compositions.  Il  mourut  à  Ileil- 
bronn, le  2 1  janvier  1800,  à  l'hâge  de  cinquante- 
trois  ans.  La  plupait  des  compositions  de  cet 
amateur  sont  restées  en  manuscrit  ;  on  remar- 
que dans  leur  liste  :  1°  Le  Diable  est  là,  opé- 
ra-comique. 2°  Le  Cordonnier  alcrle,  idem. 


WECEPi 


421 


Ces  deux  ouvrages  ont  été  joués  avec 
succès  sur  (tes  théâtres  d'amateurs.  3°  I  Pelle- 
grinial  sepolcro,  oratorio  à  (rois  voix, chœurs 
el  orchestre.  4"  Oratorio  de  Noël,  à  troix  voix 
et  orchestre.  5°  Deux  cantates  à  quatre  voix  el 
orchestre  et  plusieurs  autres  morceaux  de 
chant  avec  instruments.  G"  Dix  œuvres  pour 
la  viole  d'amour,  savoir,  un  concerto,  des 
quatuors,  quintettes  et  trios.  7°  Un  concerto 
pourflûle.  8°  Un  idem  pour  cor.  9°  Un  trio  pour 
deux  pianos  et  violon.  10°  Plusieurs  sympho- 
nies, dont  une  intitulée  :  La  Cappella  gra- 
ziala,  parodie  de  la  Cappella  disgraziata 
de  Haydn.  11°  Des  sonates  de  clavecin  à  quatre 
mains.  Comme  écrivain  sur  la  musique,  Wcher 
a  publié  :  1°  Caractéristique  des  voix  dans  le 
chant  el  de  quelques  instruments  d'un  usage 
habilite!  (dans  la  Gazette  musicale  de  Spire, 
année  1788).  2"  Ohservalions  sur  le  violon  et 
sur  le  jeu  de  cet  instrument  (ibid.,  p.  14,  17, 
30,  37,  105  et  114).  3°  Dissertation  sur  la  viole 
d'amour  et  sur  les  améliorations  qu'on  y  peut 
faire  (ibid.,  année  1789).  4"  Dissertation  con- 
cernant l'amélioration  de  la  tablature  italienne, 
à  l'usage  des  clavecinistes,  avec  une  suite  de 
pièces  pour  le  clavecin  (ibid.).  5°  Recherches 
sur  la  doctrine  du  contrepoint  (ibid.).  6°  De 
l'usage  de  la  musique  dans  la  médecine  (dans 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick,  ann  IV, 
p.  561,  577,  593  et  609);  bonne  dissertation 
qui  renferme  des  observations  curieuses  sur  ce 
sujet.  7°  De  l'influence  du  chant  sur  la  santé 
(ibid.,  t.  VI,  p.  813).  8°  Dissertation  concer- 
nant l'amélioration  et  le  perfectionnement  de 
l'ouïe  dans  la  musique  (ibid.,  t.  III,  p.  4G9, 
483,  501).  9°  Des  voix  chantantes,  de  leurs 
maladies  et  du  traitement  de  celles-ci  (ibid., 
t.  II,  p.  705,  721,  757,  774.785  et  801),  suite 
d'articles  où  l'on  trouve  de  bonnes  choses  sur 
un  sujet  qui  a  beaucoup  exercé  les  médecins 
dans  ces  derniers  temps. 

WEBER  (Cihiktiex-Godefroid),  né  à  Stutt- 
gart, le  24  juillet  1758,  fut  attaché  à  la  cha- 
pelle du  duc  de  Wurtemberg,  en  qualité  de 
violoniste.  11  composa  pour  le  théâtre  de  celle 
cour  les  opéras  suivants  :  1°  L'Elysée,  de 
Jacobi,  en  1781.  ^«Claudine  de  P'illa-fiella, 
en  1785.3°  /^'Éclipse  totalede  lutte,  en  178G. 
4°  L'Enthousiaste,  en  1787.  On  connaît  aussi 
de  lui  des  airs,  cantates,  quelques  chansons 
allemandes  avec  accompagnement  de  piano, 
des  concertos,  quatuors  et  Irios  pour  la 
harpe. 

YVEBER  (Behkabd-Ansei.he),  maître  de 
chapelle  du  roi  de  Prusse,  chevalier  de  laCroix 
de  fer,  naquit   à  Manheim,  le  18  avril  17GG, 


Bien  que  ses  parents  le  destinassent  à  l'état 
ecclésiastique,  ils  lui  firent  commencer  fort 
jeune  l'élude  de  la  musique,  sous  la  direction 
de  l'abbé  Vogler  :  il  apprit,  dans  l'école  de  ce 
maître,  les  éléments  du  piano.  Quand  Vogler 
partit  pour  l'Italie,  il  reçut  des  leçons  dechant 
de  Ilolzbauer,  cl  Einberger  lui  enseigna  les 
éléments  de  l'harmonie. Plus  tard, il  fut  envoyé 
à  Heidelberg  pour  y  suivre  le  cours  de  théolo- 
gie; mais  l'aversion  qu'il  avait  pour  celte 
science  el  pour  l'état  qu'on  voulait  lui  faire 
embrasser  amena  entre  sa  famille  et  lui  de 
vives  discussions,  qui  se  terminèrent  par  une 
rupture  ouverte.  Arrivé  à  Hanovre,  en  1787,  il 
y  accepta  la  place  de  directeur  de  musique  du 
théâtre  dirigé  parGrossmann.il  remplit  ces 
fonctions  pendant  trois  ans.  A  cette  époque, 
les  partitions  des  plus  beaux  ouvrages  de  Haen- 
del  lui  tombèrent  entre  les  mains,  et  cette  mu- 
sique, aussi  remarquable  parla  richesse  d'in- 
venlion  que  par  les  qualités  du  style,  lui  fit 
comprendre  ce  qui  manquait  à  son  éducation. 
Dans  une  lettre  qu'il  écrivit  alors  à  son  ancien 
maître,  il  exprimait  son  découragement  avec 
tant  de  chagrin,  que  Vogler  l'engagea  à  se 
rendre  près  de  lui  pour  achever  de  s'instruire 
dans  l'art  d'écrire.  Weber  n'hésita  pas  à  don- 
ner sa  démission  et  à  partir  pour  Stockholm. 
L'étude  du  contrepoint  et  du  style  dramatique 
y  devint  son  unique  occupation.  Ce  fut  là  qu'il 
entendit  pour  la  première  fois  les  opéras  de 
Gluck.  Son  admiration  pour  les  ouvrages  de  ce 
grand  homme  fut  si  vive,  que  dès  ce  moment, 
il  les  prit  pour  modèles;  mais,'parla  nature  de 
son  esprit  étroit,  celle  admiration  fut  si  exclu- 
sive, qu'elle  lui  fit  méconnaître  le  talent  de 
quelques  autres  grands  artistes,  particulière- 
ment de  Mozart,  dont  il  dénigra  toujours  les 
sublimes  productions  dramatiques. 

La  mortde  Gustave  III  ayant  décidé  l'abbé 
Vogler  à  s'éloigner  de  la  Suède,  il  se  rendit  en 
Danemark  avec  Weber,  puis  à  Hambourg,  où 
les  deux  amis  se  séparèrent  en  1792.  Alors 
Weber  partit  pour  Berlin,  où  l'on  organisait  la 
troupe  de  l'Opéra  allemand,  au  théâtre  de 
Kœnigstadt.  Il  y  obtint  la  place  de  second 
directeur  de  musique, et  fut  chargé  de  par- 
courir l'Allemagne  pour  engager  les  meilleurs 
chanteurs.  Arrivé  à  Vienne,  il  s'y  lia  d'amitié 
avec  Salieri.  De  retour  à  Berlin,  après  avoir 
rempli  sa  mission,  il  écrivit  de  la  musique 
pour  plusieurs  grands  ouvrages  de  Schiller  et 
deGœlhe,  tels  que  Guillaume  Tell,  Jeanne 
d'Jrc,  la  Mort  de  TF'alknstein  el  la  Fiancée 
de  Messine,  ainsi  que  pour  plusieurs  ouvrages 
de  Holzeluie.  On  lui  offrit,  en  1796,  la  place  de. 


-Î22 


WEBER 


maître  de  chapelle  à  Rheinsberg  ;  mais  il 
n'accepta  pas  celle  position.  A  celle  occasion, 
son  traitement  de  chef  d'orchestre  du  théâtre 
Kœnigstadt  fut  porté  à  1,000  thalers.  Au  mois 
d'octobre  1803,  il  fit  avec  Kolzebue  un  voyage 
à  Paris.  Méhul,  qui  le  vit  alors  chez  Millin 
(voyez  ce  nom),  m'a  ditquelques  années  après 
qu'il  lui  parut  d'humeur  assez  bourrue,  etdo- 
miné,  comme  son  compagnon  de  voyage,  par 
un  senliment  d'envie  et  par  l'esprit  de  déni- 
grement. De  retour  à  Berlin  au  commence- 
ment  de  1804  ,  Weber  oblint  la  place  de 
mailre  de  chapelle  du  roi  de  Prusse,  avec  l'au- 
torisation de  conserver  la  direction  de  la  mu- 
sique du  théâtre  de  Kœnigstadt.  II  mourut  à 
Berlin,  le  25  mars  1821,  à  l'âge  de  cinquante- 
cinq  ans. 

Le  talent  principal  de  Weber  consistait  dans 
la  direction  des  orchestres.  Comme  composi- 
teur dramatique,  il  n'a  été  que  l'imitateur  ser- 
vilede  Gluck,  et  n'a  montré  de  génie  dans 
aucun  de  ses  ouvrages.  Gerber  a  donné  la 
liste  suivante  des  opéras  et  drames  dont  il  a 
composé  la  musique  :  1°  Menceceus,  première 
partie  d'un  opéra  composé  à  Hanovre.  2°  Mu- 
sique pour  les  drames  les  Bannières  de 
Souabe,  et  Inès  de  Castro,  avec  beaucoup 
d'airs,  des  prologues  el  épilogues,  à  Hanovre. 
ô°  Quelques  morceaux  et  prologues  pour  des 
opéraset drames,  à  Berlin,  en  1795.  4°  Hyala 
et  Evandre,  opéra  en  un  acle,  en  1790. 
5°  Hymne,  ouverture  et  marche  pour  Jolan- 
tha,  drame  représenté  en  1797.  0°  Mudarra, 
opéra  de  Herclols,  en  1799.  7°  Hero,  mono- 
drame, représenté  au  théâtre  royal  de  Berlin, 
en  1800.  8°  Le  Jubilé  de  cent  ans,  en  1800. 
9°  Sitsmalla,  duodrame,  en  1802,  au  même 
théâtre.  10°  La  Bénédiction  delà  force,  en 
1800,  gravé  pour  le  piano.  11°  Musique  pour 
Guillaume  Tell,  de  Schiller.  12°  Deodata, 
opéra  de  Kolzebue,  en  1810.  13°  La  Gageure, 
opéra-comique  en  un  acte,  gravé  pour  le 
piano,  à  Berlin,  en  1807.  14°  Musiquepour  la 
Fiancée  de  3Iessine.  15o  Idem,  pour  Jeanne 
d'Arc.  16°  Idem,  pour  Le  Réveil  d'Epimé- 
nide,  de  Gœthe,  en  1814.  17°  Le  Cosaque, 
opéra-comique,  gravé  pour  piano,  à  Berlin, 
chez  Schlesinger.  18°  Hermann et  Thusnelda, 
grand  opéra  de  Kolzebue,  en  1819.  On  con- 
naît aussi  quelques  morceaux  détachés  com- 
posés pour  des  opéras,  par  Weber,  des  ro- 
mances et  des  chansons  allemandes.  Parmi  ses 
compositions  instrumentales,  on  remarque  : 
19°  Andante  pour  piano  ou  harpe  et  flûte; 
Berlin,  Dunker.  20°  Sonates  pour  piano  seul, 
gravées  à  Hanovre.  Quelques-unes  de  ses  ou- 


vertures ont  été  gravées  pour  l'orchestre  et , 
pour  le  piano. 

WEBER  (Georges),  organiste,  pianiste  et 
compositeur,  naquit  à  Wurzbourg  le  1"  jan- 
vier 1771.  Destinéà  la  magistrature,  il  se  livra 
dès  sa  jeunesse  à  l'étude  du  droit  ;  mais  les  le- 
çons de  piano  que  lui  donna  l'organiste  de  la 
cathédrale  de  Wurzbourg  développèrent  ses 
dispositions  pour  la  musique,  et  lui  donnèrent 
un  goût  passionné  pour  cet  art  qui  lui  fil  né- 
gliger la  jurisprudence.  Schmidt,  directeur  de 
musique  de  celle  ville,  acheva  son  éducation 
musicale  et  le  décida  à  suivre  exclusivement 
la  carrière  del'art.  Dans  les  premières  années 
du  dix-neuvième  siècle,  il  obtint  la  place  d'or- 
ganisle  de  la  cour,  à  Wurzbourg,  et  fut  chargé 
d'enseigner  la  musique  aux  enfants  du  grand- 
duc.  On  le  considère  en  Allemagne  comme  un 
des  meilleurs  organistes  de  son  temps.  On  con- 
naît sous  son  nom  :  1°  Plusieurs  concertos 
pour  violon.  2°  Un  concerto  pour  piano. 
5°  Des  chansons  allemandes.  4°  Cantate  sur  la 
mort  d'une  jeune  fille,  gravée  à  Vienne. 
5°  Quelques  pièces  d'harmonie  pour  des  in- 
struments à  vent. 

WEBER.  (Frédékic-Diotïis  ou  Denis),  di- 
recteur du  Conservatoire  de  musique  de  Pra- 
gue, naquit  en  1771  à  Welchau,  en  Bohême. 
François  Bayer,  maître  d'école  de  ce  lieu, 
commença  à  lui  enseigner,  dans  sa  septième 
année,  la  musique,  le  piano  et  la  plupart  des 
instruments  à  cordes  et  à  vent.  A  l'âge  de 
douze  ans,  Weber  entra  chez  les  Piarisles  de 
Treppan  pour  y  faire  ses  éludes  littéraires. 
Plus  tard,  il  fut  admis  au  séminaire  Clemen- 
tint,  à  cause  de  sa  belle  voix  et  de  son  habi- 
leté dans  la  musique  ;  puis  il  suivit  avec  éclat, 
à  l'Université  de  Prague,  les  cours  de  philoso- 
phie, de  théologie  et  de  droit.  Cependant,  le 
zèle  qu'il  y  portait  ne  lui  fit  pas  négliger  la 
\  musique,  et  son  goût  pour  cet  art  finit  par  de- 
venir une  passion  véritable.  Ses  études  univer- 
sitaires étant  achevées  en  1792,  il  commença 
à  se  livrer  spécialement  à  la  culture  de  cet  art. 
Quelques  compositions  légères  où  l'on  remar- 
quait un  goût  heureux  de  mélodie,  et  son  ha- 
bileté sur  le  piano,  le  mirent  en  vogue  ;  bien- 
tôt il  fut  le  maître  de  musique  le  plus  occupé 
chez  la  noblesse  de  Prague.  Il  passait  aussi 
pour  le  théoricien  le  plus  instruit  parmi  ses 
compatriotes.  La  première  grande  composi- 
tion qui  plaça  Weber  au  rang  des  artistes  les 
plus  distingués  fut  une  cantate  divisée  en  deux 
parties  et  intitulée  :  La  Délivrance  de  la  Bo- 
hême. Elle  lut  exécutée  au  théâtre  de  Prague, 
en  1797,  pour  l'anniversaire  de  la  naissance 


WEBER 


423 


de  l'Empereur,  par  un  orchestre  et  un  chœur 
de  350  musiciens.  Le  1er  juin  1800,  il  fit  re- 
présenter le  Roi  des  génies,  opéra  qui  eut  du 
succès.  On  cite  aussi  de  lui  le  Marché  aux 
filles,  petit  opéra  avec  accompagnement  de 
quatuor  et  de  piano,  composé  pour  un  théâtre 
d'amateurs,  et  la  Perle  trouvée,  ouvrage  écrit 
pour  le  théâtre  allemand  de  Prague,  mais  qui 
ne  put  être  représenté  à  cause  des  circonstan- 
ces fâcheuses  où  se  trouvait  ce  théâtre  avant 
que  Charles-Marie  de  Weber  le  réorganisât. 
Frédéric-Dionis  Weber  ne  crut  pasdérogerde 
sa  qualité  de  théoricien  en  écrivant  un  grand 
nombre  de  danses  qui  obtinrent  un  brillant 
succès.  Prédécesseur  de  Lanner  et  de  Strauss, 
ce  fut  lui  qui  commença  à  rajeunir  les  formes 
de  ce  genre  de  musique.  Plusieurs  recueils  de 
ses  quadrilles,  allemandes  et  écossaises,  ont 
été  gravés  à  Prague  et  à  Vienne. 

En  1810,  quelques  magnats  de  la  Bohême 
prirent  la  résolution  de  se  constituer  en  société 
pour  les  progrès  de  la  musique  dans  leur  pa- 
trie, et  d'établir  Un  Conservatoire  à  Prague. 
Ce  projet  reçut  son  exécution,  et  Weber  fut 
appelée  diriger  la  nouvelle  école.  Ce  fut  vers 
celte  époque  que  la  rivalité  qui  existait  entre 
lui  et  Tomasclieck  dégénéra  en  une  vive  inimi- 
tié perpétuée  par  d'imprudents  amis  de  ces 
deux  artistes.  Weber  fit  preuve  de  talent  et  de 
zèle  dans  la  direction  de  l'école  confiée  à  ses 
soins.  Pendant  son  administration,  le  Conser- 
vatoire de  Prague  a  vu  se  former,  dans  son  en- 
ceinte, plus  de  trois  cents  bons  musiciens, à  la 
tête  desquels  se  placent  le  célèbre  compositeur 
et  pianiste  Moscheles,  Kalliwoda  et  Joseph 
Dessauer.  En  prenant  possession  de  ses  fonc- 
tions de  directeur  du  Conservatoire,  Weber 
avait  conçu  le  projet  de  rédiger  pour  cette 
école  des  principes  de  musique,  d'harmonie 
et  décomposition;  il  publia  les  premiers  dans 
un  livre  qui  a  pour  litre  :  Allgemeine  theo- 
risch-praklische  Forschule  der  Musik  (Mé- 
thode élémentaire  et  générale  de  musique 
théorique  el  pratique)  ;  Prague,  1828,  M.  Berra, 
un  vol.  in-8",  avec  beaucoup  d'exemples  notés 
elle  portrait  de  l'auteur.  Cet  ouvrage  fut  suivi 
d'un  autre  plus  important,  concernant 
l'harmonie  et  la  composition,  intitulé  : 
Theoretisch  -pralctisches  Lehrbuch  der  Har- 
monie und  des  Generalbasses ,  fiir  den 
Unterricht  atn  Prager  Conservalorium  der 
Musik  bearbeitet  (Traité  théorique  et  pratique 
de  l'harmonie  et  de  la  basse  continue,  rédigé 
pour  l'enseignement  dans  le  Conservatoire  de 
Prague);  Prague, 1830-1834,  M.  Berra,  quatre 
parties  in-8°.  Weber  ne  s'est  pas  proposé  d'ex- 


poser, dans  ce  livre,  un  système  nouveau  et 
original  de  construction  et  de  classification  des 
accords  :  il  en  a  fait  simplement  un  manuel 
d'enseignement  pratique  d'une  intelligence  fa- 
cile, et  l'on  doit  lui  rendre  cette  justice  qu'il 
y  a  réussi  ;  mais  les  harmonistes  instruits  par 
une  semblable  méthode  ne  peuvent  l'être  que 
d'une  manière  empirique,  et  sont  incapables 
de  concevoir  l'ensemble  d'une  théorie  ration- 
nelle. 

Au  nombre  des  compositions  de  Weber  on 
comple  plusieurs  messes,  dix-huit  cantates  et 
beaucoup  de  musique  instrumentale  ;  on  en  a 
gravé:  1°  Six  marches  en  harmonieà  onze  par- 
ties, Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrlel.  2°  Petites 
pièces  faciles  pour  le  piano,  à  quatre  mains, 
op.  3  ;  Prague.  3°  Six  variations  avec  violon  et 
violoncelle;  Prague,1806. 4°  Adagioetpolonaise 
pour  le  piano,  ibid.  5°  Six  variations  pour  le 
piano  sur  un  air  du  ballet  de  Castor  et  Pollux, r 
ibid. G0  Environ  dix  recueils  de  Lsendler, 
quadrilles,  écossaises  et  menuets  pour  le  piano; 
Prague,  Poil  et  Berra.  7°  Collection  de  chan- 
sons allemandes  sur  les  poésies  de  Burger, 
Hœllyet  Blumaner;  Prague,  1793. 8°  Deuxième 
collection  idem,  ibid.  9°  Divertissement 
pour  le  chant  et  le  piano,  Prague,  1802, 
Dans.  9°  Sextuor  pour  six  cors  à  pistons. 
10°  Sextuor  pour  six  trombones.  11°  Trois 
quatuors  pour  quatre  cors  à  pistons.  12°  Va- 
riations de  bravoure  pour  le  piano.  Dionis 
Weber  est  mort  à  Prague  le  25  décem- 
bre 1842. 

WEBER  (Jean-Jacques-Frédéric),  profes- 
seur de  piano  à  Glogau,  dans  la  Silésie.  Il  pu- 
blia, vers  1800  :  1°  Airs  variés  pour  piano  et 
harpe,  chez  Gllnther.  2°  Récréation  pour  piano 
seul  et  pour  piano  à  quatre  mains;  ibid., 
1802.  MM.  Kossmaly  et  Carlo  ne  fournissent 
pas  de  renseignements  sur  cet  artiste,  dans 
leur  Lexique  des  musiciens  de  la  Silésie. 

WEBER  (Gottfried  ou  Gouefuoid),  com- 
positeur et  écrivain  sur  la  musique,  naquit  le 
1er  mars  1779,  àFreinsheim,  dans  la  Bavière 
rhénane.  Fils  unique  du  bourgmestre  de  celte 
ville,  qui  fut,  plus  tard,  conseiller  de  justice  à 
Manheim,  il  reçut  une  éducation  sérieuse,  et 
fit  ses  premières  éludes  sous  la  direction  du 
pasteur  de  la  petite  ville  où  il  avait  vu  le  jour; 
puis  il  alla  les  continuer  au  gymnase  de  Man- 
heim. En  1796,  il  fréquenta  l'Université  de 
Heidelberg.  Dans  l'année  suivante,  il  fit  un 
voyage  à  Vienne,  en  visitant  Munich,  Augs- 
bourg  et  Ralisbonne.  De  retour  à  Heidelberg, 
il  y  reprit  ses  éludes  de  droit,  et  alla  faire  une 
année  de  stage  en  1799,  chez  un  avocat  de 


4U 


WEBER 


Manheim.  Le  désir  de  compléter  la  somme  de 
ses  connaissances  le  conduisit  en  1800,  à  l'U- 
niversité de  Gœttingue,  dont  il  suivit  les  cours 
pendant  dix-huit  mois.  Tant  de  persévérance 
et  les  fondions  qu'il  exerça, en  1801,  à  la  cham- 
bre impériale  de  Wetzlar,  préparèrent  à  Gode- 
froid  Weber  une  honorable  carrière  dans  la 
magistrature.  Ayant  reçu,  en  1802,  les  grades 
académiques,  il  s'élaldil  à  Manheim  et  y  débuta 
commeavocatau  tribunal  depremière  instance. 
Ses  succès  au  barreau  lui  procurèrent,  en  1804, 
sa  nomination  de  procureur  fiscal  de  la  ville. 
Après  dix  ans  d'exercice  de  ces  fonctions,  dont 
les  loisirs  lui  laissèrent  assez  de  temps  pour 
s'occuper  de  la  musique  avec  ardeur,  il  fut 
appelé, en  1814,  à  Mayence,  en  qualité  de  juge, 
et  quatre  ans  après,  le  grand-duc  de  liesse  le 
nomma  conseiller  de  justice  à  Darmsladt. 
Appelé,  au  mois  de  juin  1825,  à  la  commis- 
sion de  rédaction  d'un  nouveau  code  civil  et 
criminel  pour  le  Grand-Duché,  il  fut  récom- 
pensé de  son  zèle  et  de  ses  travaux,  au  mois  de 
juillet  1852,  par  sa  nomination  de  procureur 
général  à  la  cour  suprême  d'appel  et  de  cassa- 
tion. Le  12septembre  18-59,  il  mourntaux  bains 
de  Kreuznach,  à  l'âge  de  soixante  ans. 

Dans  ce  qui  précède,  Weber  n'est  considéré 
que  comme  jurisconsulte  et  comme  magistral; 
mais  c'est  surtout  comme  musicien  et  comme 
écrivain  sur  la  musique  qu'il  a  donné  du  re- 
tentissement à  son  nom,  quoiqueson  éducation 
musicale  n'eut  été  que  celle  d'un  amateur.  Il 
ne  parut  même  pas  d'abord  avoir  reçu  de  la 
nature  une  heureuse  organisation  pour  cet 
art.  Le  premier  instrument  qu'il  apprit  fut  le 
piano  :  il  y  fit  peu  de  progrès  dans  les  premiers 
temps.  Plus  tard,  il  prit  des  leçons  d'Appold 
pour  la  flûte,  étudia  le  violoncelle,  et  acquit  de 
l'habileté  sur  ces  deux  instruments.  Son  goût 
pour  l'art  se  développant  en  raison  de  ses  pro- 
grès, il  s'y  livra  avec  ardeur  pendant  les  douze 
années  de  son  séjour  à  Manheim,  après  son 
retour  de  l'Université  de  Gœttingue.  Il  y  fonda 
une  école  de  musique  et  des  concerts  spiri- 
tuels qui  y  ont  subsisté  longtemps  dans  un 
étal  de  splendeur.  Ce  fut  aussi  dans  les  pre- 
miers temps  du  séjour  de  Godefroid  Weber  à 
Manheim  qu'il  s'essaya  dans  la  composition, 
sans  posséder  aucune  notion  d'harmonie  ni  de 
contrepoint:  c'est  ainsi  qu'il  écrivit  ses  pre- 
mières messes;  mais  bien  que  le  public  accueil- 
lît ses  ouvrages  avec  faveur,  il  comprit  qu'il 
ne  pourrait  rien  produire  de  durable  s'il  n'ac- 
quérait des  connaissances  didactiques  et  posi- 
tives dans  l'art  d'écrire.  Dès  lors  il  prit  la  réso- 
lution d'étudier  la  théorie  de  cet  art,  et,  dans 


l'impossibilité  de  trouver  près  de  lui  un  maître 
qui  put  la  lui  enseigner,  il  lut  tous  les  traités 
d'harmonie  et  de  composition  qui  lui  tombè- 
rent sous  la   main.    Ici   se  trouve    la  cause 
de    la    fausse   direction  que     Weber    donna 
à  ses   idées  concernant  la  doctrine  musicale. 
Blessé  des  contradictions  qu'il  apercevait  dans 
les    systèmes   différents    de    Kirnbergcr,   de 
Vogler,  de    Marpurg  et  de  quelques  autres; 
manquant  d'ailleurs  de  l'éducation  pratique, 
qu'on  ne  peut  acquérir  que  par  les  leçons  d'un 
maître,  il  en  vint  à  se  persuader  que  les  prin- 
cipes générateurs  des  accords,  de  leur  enchaî- 
nement, dont  on  avait  fait  tant  de  bruit,  n'é- 
taient que  de  pures  illusions;  et,  poussant  le 
scepticisme  jusqu'à  ses  dernières  limites,  il  alla 
même  jusqu'à  déclarer  qu'il  ne  pouvait  rien 
exister  de  semblable,  et  que  l'analyse  des  faits 
de  pratiqueélait  lescul  moyen  d'enseignement 
profitable  qu'on  pût  employer.  La  lecture  îles 
partitions    des  grands  maîtres  ayant   été  la 
source  de  son  instruction,  dans  l'isolement  où 
il  se  trouvait,   il   considéra   l'analyse  des  cas 
particuliers  de  la  composition  comme  la  clef 
véritable  de  la  science.  Le  point  de  départ  des  . 
théoriciens  ayant  été  différent,  il  n'était  pas 
étonnant  qu'ils  fussent  en  contradiction.  Les 
uns,  prenant  pour  hase  la  division  du   mono- 
corde et  la  progression  harmonique:  d'autres, 
deux  progressions  inverses  et  l'échelle  chroma- 
tique ;  d'autres,  des  phénomènes  acoustiques; 
d'autres  enfin,  un  choix  arbitraire  d'accords, 
il  est  certain  qu'ils  devaient  se  trouver  en  oppo- 
sition dans  les  conséquences,  puisqu'ils  l'étaient 
dans  le  principe.  Or,  que  devait  Paire  celui  qui, 
comme  Weber,  aspirait  à  se  poser  comme  théo- 
ricien nouveau,  si  ce  n'est  de  discuter  la  va- 
leur  de   chaque   principe,   en   démontrer   les 
avantages  on  les  inconvénients,   et   redresser 
les  fausses  déductions  que  leurs  auteurs  avaient 
pu  en  tirer,  ou  poser  comme  des   vérités  dé- 
montrées les  faits   isolés  applicables  aux  di- 
verses   théories  et  nées  successivement  dans 
l'espace  de  plus  d'un  siècle?  Ces  vérités,  telles 
que  la  loi  du  renversement,  formulée  par  Ha- 
meau, l'existence  primitive  d'un  accord  disso- 
nant naturel,  établie  théoriquement  par  Sorgc, 
la  formation  des  dissonances  artificielles   par 
les  prolongations   et  altérations  d'intervalles 
découverte  par  Schroeler  et  Kirnbcrger,  enfin 
la  substitution  de  certains  accords  à  certains 
autres,  analysés  parCatel  (i-ot/.lous  ces  noms), 
sont  des  faits  acquis  à  la  science;  il  ne  s'agis- 
sait plus  que  de  les  ramener  à  un  principe  qui, 
dégagé  de   toute  considération   physique   ou 
mathématique,  fût  puisé  dans  l'art  lui-même 


WEBER 


425 


et  qui  fui  ia  loi  générale  de  sa  constitution..  An 
lien  d'accepter  celle  mission,  qu'a  fait  Weher? 
Il  déclare,  dans  la  préface  de  son  Essai  d'une 
théorie  systématique  delà  composition,  qu'il 
Be  croit  pas  à  l'existence  d'un  système  qui 
s'accorderait  avec  Ions  les  fails  d'expérience 
harmonique  :  «Mon  livre  (dit-il)  n'est  point 
»  un  système  dans  le  sens  scicnlifico-philoso- 
»  pliique  du  mot,  ni  un  ensemble  de  vérités 
»  déduites,  dans  une  succession  logique,  d'un 
»  principe  suprême.  J'ai,  au  contraire,  établi, 
»  comme  un  trait  caractéristique  de  ma  ma- 
»  nière  de  voir,  que  noire  art  ne  s'approprie 
»  nullement,  du  moins  jusqu'à  ce  moment 
»  (1817),  à  une  semblable  hase  systématique. 
»  Le  peu  de  vrai  que  nous  savons,  en  ce  qui 
»  concerne  la  composition,  consiste  encore,  à 
»  l'heure  qu'il  est,  en  un  certain  nombre  d'ex- 
»  périences  et  d'observations  sur  ce  qui  sonne 
»  bien  on  mal  dans  tel  ou  Ici  assemblage  de 
»  notes.  Déduire  ces  expériences  logiquement 
»  d'un  principe  fondamental  et  les  transformer 
»  en  science  philosophique,  en  système,  voilà 
»  ce  qu'on  n'a  pu  faire  jusqu'à  présent,  comme 
»  j'aurai  souvent  occasion  de  le  faire  remar- 
»  querdansle  cours  de  l'ouvrage.  »  On  voit 
par  ces  paroles  que  c'est  la  théorie  du  scepti- 
cisme en  musique  que  Godcfroid  Weher  entre- 
prit d'exposer  dans  l'ouvrage  qu'il  publia  sous 
ce  litre  :  Fersuch  einer  geordneten  Théorie 
der  Tonselzliunst  zum  selbsliinterricht,  mil 
Ânmerkungen  fiir  Gelehrlere  [Essai  d'une 
théorie  systématique  (ordonnée)  de  la  musi- 
que, pour  s'instruire  soi-même,  avec  des  re- 
marques pour  les  savants],  Mayence,  B. 
Scholt,  1817-1821,  trois  vol.  in-8°.  L'origina- 
lité d'un  livre  qui  avait  pour  but  la  négation 
des  principes  fondamentaux  de  l'art  fut  sans 
doute  la  cause  du  succès  que  celui  de  Weher 
obtint  à  son  apparition;  succès  si  brillant, 
qu'une  deuxième  édition  suivit  de  près  la  pre- 
mière (Mayence,  1824,  B.  Scholt,  4  vol.  in-8") 
et  qu'il  en  fut  publié  une  troisième  peu  d'an- 
nées après  (Mayence, 1 830-1 852,  4  vol.  in-8°). 
Cependant,  les  Allemands  eux-mêmes,  épris 
d'abord  de  la  nouveauté  de  la  forme  de  l'ou- 
vrage, ont  fini  par  apercevoir  le  vide  d'une 
théorie  négative  qui  l'amenait  la  science  à  ce 
qu'elle  élait  au  temps  de  Heinichen  et  de  Mat- 
theson,  et  l'engouement  a  fait  place  chez  eux 
à  l'indifférence.  Toutefois  le  livre  de  Weher 
est  recommandable  par  l'esprit  d'analyse  qui 
s'y  fait  remarquer  dans  l'examen  d'une  mul- 
titude de  cas  particuliers  de  l'art  et  de  la 
science;  si  on  ne  peut  le  considérer  comme 
l'exposé  d'une  théorie  véritable,  on  doit  avouer 


que  c'est  un  recueil  inléressant  d'observations 
où  l'on  peut  puiser  des  renseignements  utiles. 
Une  traduction  anglaise  de  cet  ouvrage  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  The  Theory  of  Musical 
composition  treated  with  a  Wiew  to  a  natu- 
rally  consécutive  arrangements  of  topics. 
Cette  traduction  a  été  faite  sur  la  troisième  édi- 
tion allemande,  avec  des  notes,  par  M.  James- 
F.  Warner,  professeur  de  musique  à  Boston 
(Étals-Unis  d'Amérique),  en  deux  volumes 
gr.  in-8°.  Une  seconde  édition  de  cette  traduc- 
tion a  élé  donnée  à  Londres,  en  1851  (deux 
vol.  gr.  in -8°),  par  M.  Bishop,  de  Chellenham 
(voyez  ce  nom),  qui  a  rétabli  plusieurs  passages 
de  l'original,  supprimés  par  M.  Warren,  no- 
tamment l'analyse  de  l'introduction  du  qua- 
tuor de  Mozart  (en  ut),  qui  a  donné  lieu  à  la 
controverse  de  l'auteur  de  la  présente  bio- 
graphie avec  Perne  et  Kiesewetter  (sous  le 
pseudonyme  de  Le  Duc). 

2°  Allgemeine  Musiklehre  fiir  Lehrer  und 
Lernende  (Science  générale  de  la  musique,  à 
l'usage  des  professeurs  et  des  élèves),  Dann- 
sladt,  C.  M.  Leske,  1822,  in-8°,  «le  cent  qua- 
rante-neuf pages  et  quinze  planches  d'exem- 
ples. Cet  ouvrage,  extrait  cl ti  précédent,  est 
relatif  aux  éléments  de  la  musique  considérés 
dans  la  gamme,  les  intervalles,  la  mesure  et  le 
rbylhme.  Il  en  a  été  fait  une  deuxième  édition 
en  1825,  à  Mayence,  chez  Scholt,  in-8",  et  nue 
troisième,  en  1831,  à  Mayence,  chez  le  même, 
i n-8°  de  cent-quatre-vingt-quatorze  pages.  We- 
her a  ajouté  à  celle-ci  une  table  des  matières 
fort  étendue,  qui  forme  une  sorte  de  dic- 
tionnaire abrégé  de  musique.  3°  Die  Geue- 
ralhasslehre  zum  Selbstunterrichtc  (Doctrine 
de  la  basse  continue  pour  s'instruire  soi- 
même),  Mayence,  Scholt,  1833,  in-8"  de  xu 
et  cinquante-quatre  pages  avec  des  planches 
d'exemples.  Ce  petit  manuel  d'harmonie  est 
extrait  de  la  troisième  édition  AeVEssai  d'une 
théorie  systématique  de  la  composition. 
L'auteur  y  a  ajouté  quelques  éclaircissements 
nouveaux.  Weher  a  aussi  traité  de  l'accompa- 
gnement de  la  basse  chiffrée  dans  la  Gazette 
musicale  deLeipsick  (t.  XV,  ann.  1813,  pages 
105  et  suiv.)  et  dans  l'écrit  périodique  inli- 
lulé  Cxcilia  (t.  XIII,  p.  145-107),  d'après 
YEssai  d'une  théorie  de  la  composition. 
4°  Ueber  Chronometrische  Tempobczcieh- 
nung,  nebst  f'ergleichungslafel  der  Grade 
des  Maelzelschcn  Métronome,  elc.  (Sur  la  dé- 
termination chronomélriqucdu  temps  en  mu- 
sique, suivi  d'une  table  de  comparaison  des 
degrés  du  métronome  de  Maclzcl  avec  les  oscil- 
lations simples  du  pendule),  Mayence,  Schotl, 


426 


WEBER 


1817,  in-8°  de  six  feuilles  ;  Bonn,  Simrock.  Ce 
pelitouvrage  est  exlraitdel'.Essa!:'  d'unethéo- 
rie,  elc.  Weber  avait  déjà  traité  ce  sujet  dans 
la  Gazette  musicale  de  Leipsick  (t.  XV,  p.  441, 
et  t.  XVI,  p.  447  et  465),  et  dans  la   Gazette 
musicale  de  Vienne),  t.  T,  ann.  1817,  p.  204- 
209  et  p.  313).  5"  Beschreibung  und  Ton- 
leiter  der  G.  JFeber'schen  Doppelposaunen 
(Description  et  gamme  du  trombone  double  de 
G.  Weber),  Mayence,  Scholt  (sans  date),  gr. 
in-8°  de  huit  pages.  Weber  inventa  cet  instru- 
ment à  Mayence,  en  1817.  G0  Fersuch  einer 
praktischen    Akustik   der   Elasinstrumente 
(Essai  d'une  acoustique  pratique  des   instru- 
ments à  vent).  Ce  traité,  une  des  meilleures 
productions  de  G.  Weber,  a  été  écrit  pour  le 
dixième  volume  de  l'Encyclopédie  allemande 
de  Ersch  et  de  Gruber.  Weber  l'a  publié  aussi 
dans  la  Gazette  musicale  Ac  Leipsick  (t.  XVIII, 
p.  33,  49,  65,  87,  et  t.  XIX,  p.  809   et  825). 
7°   Ueber  Saileninstrumenlc  mit  Biinden, 
und  die  Eigenthumlichkeit  dieser  Einrich- 
tung  (Sur  les  instruments  à  cordes  cl  à  archet 
et  sur  leurs  propriétés).  Ce  morceau  a  été  in- 
séré dans  la  Gazette  musicale  «le  Berlin  (ann. 
1825,  n°12).8°  Ueber  ivichtige  ferbcsserung 
des  Horns  (Sur  un   perfectionnement   impor- 
tant du  cor),  dans  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick (t.  XIV,  p.  759).  9°  Forschlag  zu  Ferein- 
fachung  und  Bereicherung  der  Pauken  (Sur 
la  simplification  et  l'amélioration  des   timba- 
les), dans  le  même  journal  (t.  XVI,  p.  558). 
10°  Ergebnisse  der  bisherigcn  Forschungen 
iiber  die Echtheit  des  JHozart'schen  Requiem 
(Résultats  des  recherches   faites  jusqu'à  pré- 
sent sur  l'authenticité  du  Requiemde  Mozart), 
Mayence,  Scholt,  1826,  in-8n  de  xxtv  et  quatre- 
vingt-seize  pages).  \\°JFeitere  Ergebnisse  der 
weiteren  Forschungen  iiber  bie  Echtheit  des 
JHozart'schen  Requiem  (Plus  amples  résultats 
des   recherches  continuées  sur  l'authenticité 
du/?e<7in'emdeMozarl),  Mayence,  Scholt,  1827, 
in-8"  de  cinquante-six  pages.    F oyez  sur  ces 
écrits,  extraits  de  la  Cxcilia  (t.  III,  p.  205- 
209,  t.  IV,  p.  257-352,  et  t.  VI,  p.  193-230), 
la    Biographie    universelle    des    musiciens 
(l.  VI,  p.  259  et  240).   Godefroid  Weber  en- 
treprit, en  1824,    la    publication   d'un  écrit 
périodique  concernant  l'histoire  et    la    lillé- 
ralure  de   la    musique ,  intitulé   :   Cxcilia, 
eine  Zeitschrift  fur  die  musikalische  TFelt 
(Cécile,  écrit  périodique  pour  le  monde    mu- 
sical), Mayence,  Scholt,   1824  et  années  sui- 
vantes. Il  fut  le  rédacteur  en  chef  des  quatre- 
vingts  premiers  cahiers  de  cel  excellent  écrit, 
formant  vingt  volumes  in-8°.  Interrompu  en- 


suite, cet  ouvrage  a  été  continué  depuis  la 
mort  de  Weber  par  Dehn,  de  Berlin   (voyez 
ce  nom).  Indépendamment  d'un  grand  nom- 
bre d'analyses  de  publications  nouvelles,  We- 
ber y  a  inséré  les  morceaux  dont  voici    les 
litres  :    12°  Die  menschliche  Stimme.  Eine 
physiologisch-akusliche  Hypothèse  (La  voix 
humaine.  Hypothèse  physiologico-acouslique. 
I.  I,  p.  81-103).  13°   Ueber  Tonmalerei  (Sur 
l'expression    pittoresque    des    sons.    Extrait 
d'une  esthétique  inédile  de  la  musique,  t.  III, 
p.   125-172).  14°  Die  Aura,  akustich  und 
harmonisch  betrachtet  (L'air  [vibrant],  con- 
sidération acoustique  et  harmonique,  t.  IV, 
p.  49-62).  15°  Teutschland  im  ersten  Fiertel 
des  neues  Jahrhunderts .  Betrachlungeneines 
Musikfreunden  (L'Allemagne  dans  le  premier 
quart  du  nouveau  siècle.  Réflexions  d'un  ami 
de  la  musique,  t.  IV,  p.  89-111).  16"  Ueber 
compensation  der  Labialpfeifen  (Sur  la  com- 
pensation des  tuyaux  à  anches,  etc.,  t.  XI, 
p.  203-214).   17°  Ueber  compensirte  Labial- 
pfeifen (Sur  les  tuyaux  à  compensation,  t.  XVI, 
p.  65).   18°  Ferbesserle  Orgelpfeifen,  Erfin- 
dung  des  Orgelbauers    Turlexj  (Les   tuyaux 
d'orgue  perfectionnés;    invention   du  facteur 
d'orgues  Turley,    ibid.,  p.  68).    19°  Skizzen 
zur  Lehrevomdoppelten  Contrapuncle  (Es- 
quisse de  la  théorie  du  contrepoint  double, 
t.  XIII,  p.  1-29etp.  209-232).  20°  Ueber  eine 
besonders  merkwiirdige  Stelle  in  einem  Mo- 
zarl'schen  Fiolinquarlett  ausC  (Sur  un  pas- 
sage particulièrement  remarquable  d'un  qua- 
luor  de   violon  en   ut  par  Mozart,    t.   XIV, 
p.  1-49  et  122-129  (1).    Weber  a  écrit  aussi  la 

(I)  Ce  morreau  fut  publié  par  Weber  à  l'occasion 
d'une  discussion  relative  à  un  article  que  l'auteur  de 
celte  Biographie  avait  donné  dans  la  Revue  musicale, 
t.  V,  n°  2G,  ann.  1829).  Perne  avait  répondu  à  cet  arti- 
cle dans  le  même  écrit,  et  avait  prétendu  excuser  la 
mauvaise  harmonie  du  passage  de  Mozart  pardescon- 
sidéraiions  de  tonalité  qui,  précisément,  en  sont  la  con- 
damnation. Il  avait  été  facile  au  rédacteur  de  la  Revue 
musicale  de  réfuter  cette  faible  apologie  dans  une  note 
placée  a  sa  suite.  L'affaire  causa  quelque  émotion  au 
Conservatoire  de  Paris,  et  pendant  une  séance  du  jury 
des  concours  qui  arriva  dans  le  même  temps,  et  où  se 
trouvaient  Cherubini,  Boicldicu,  Paer,  Lesueur,  Kei- 
cha,  lierlon  et  l'auteur  de  l'article,  diverses  opinions 
furent  agitées  ace  sujet.  Lesueur  gardait  le  silence; 
mais  Boieldicu,  Paer  et  Berton  condamnaient  les  suc- 
cessions harmoniques  du  passage.  Reieha  entreprit  leur 
défense,  mais  Cherubini  trancha  la  question  en  s'ë- 
criant  :  Ta  ne  sais  ce  que  tu  dis  :  Fètis  a  raison.  Sa 
rèijle  est  celle  de  la  bonne  école:  elle  condamne  ce  pas- 
sage. 

Cependant  le  conseiller  Kicsewetter,  caché  sous  le 
pseudonyme  de  M.  C.  E'.  Leduc,  fit,  dans  la  Gazette, 
musicale,  une  critique  de  l'article  de  la  Revue  musicale, 
de  Leipsick  (t.  XXXII,  p.  117-132),  où  il  montre  une 
grande  ignorance  de  l'art  d'écrire  en  musique.  Une  ré- 


WEBER 


427 


préface  du  tableau  des  principaux  faits  de 
l'histoire  de  la  musique  par  Stœpel  (voyez  ce 
nom)  et  quelques  morceaux  dans  la  Gazette 
musicale  de  Vienne,  entre  autres  ceux-ci  : 
21°  Ueber  musikalische  Instrumente  œlterer 
und  neuerer  Zeit  (Sur  les  instruments  de  mu- 
sique anciens  et  modernes,  t.  I,  p.  257-263). 
22°  Abhandlung  iïber  die  Fortbewegung  der 
Septimc  und  Terz  der  Hauptseptimer  Har- 
monie (Dissertation  sur  la  progression  de  sep- 
tième et  tierce  dans  l'harmonie  de  septième 
fondamentale,  t.  IV,  p.  1-7,  9-13,  25-29, 
33-36,41-43,  65-70). 

GodefroidWeber  avait  espéré  de  se  faire  une 
réputation  de  compositeur  distingué;  il   eut 
môme  celte  ambition  avec  plus  d'énergie  que 
celle  d'écrivain  surla  musique,  car,  vers  lafin 
de  sa  vie,  il  exprima  plusieurs  fois  le  regret 
que  sa   renommée  de  théoricien  eût  absorbé 
celle  qu'il  avait  désirée  pour  ses  compositions, 
et  ce  fut,  suivant  ce  qu'on  m'a  dit  en  Allema- 
gne, ce  qui  lui  fit  prendre  la  musique  en  dé- 
goût dans  ses  dernières  années.  Quoi  qu'il  en 
soit,   il    commença  ses  publications  dans  sa 
jeunesse   et  lorsque   son  éducation  musicale 
n'était  encore  qu'ébauchée.  L'arrivée  de  l'abbé 
Vogler  à  Darmstadt  el  l'école  qu'il  y  ouvrit 
ayant  fourni  à  Weher  l'occasion  de  se  lier 
d'amitié   avec    Meyerbeer    et    Ch.    Marie   de 
Weher,  leur  ardent  amour  de  l'art  échauffa  sa 
verve,  et  ce  fut  alors  qu'il  produisit  ses  meil- 
leures compositions.  Il  a  dressé  lui-même  la 
liste  suivante  de  ses  ouvrages  en  ce  genre  : 
I.  Musique  d'éclisk.  1°  Te  Deum  (en  mi"  bé- 
mol) à  quatre  voix  et  orchestre,  op.  18,  Offen- 
bach,  André.  2°  Requiem  en  (fa  mineur) pour 
des  voix  d'hommes,  violes,  basse,  cors,  tim- 
bales et  orgue  obligé,  op.  24,  Mayence,  Scholt. 
3°  Messe  n"  1  (en  fa),  à  quatre  voix,  2  violons, 
alto,  basse  et  orgue  obligé  ou  instruments  à 
vent,  op.  27,  ibid.  4»  Messe  n°  2  (en  sol)  à  qua- 
tre  voix,   2  violons,  viole,   basse,   hautbois, 
bassons,  trompettes  et  timbales,  op.  28,  Bonn, 
Simrock.  5°  Messe  n°  3  (en  mi  mineur)  à  qua- 
tre voix,  violons,  alto,  basse,  flûte,  hautbois, 
bassons,    cors   et   orgue,  op.   35,   Leipsick, 

ponsc  parut  dûns  la  Revue  (t.  VIII,  ann.  1830),  et  le 
même  Leduc  répliqua  dans  la  même  Gazette  (  (orne 
XXXIII,  p.  8I-8S  et  101-105).  Ses  raisonnements  et  les 
exemples  notés  dont  il  les  appuyaient  étaient  remplis 
de  tant  d'absurdités  contre  les  plus  simples  notions 
d'harmonie  et  de  contrepoint,  que  l'auteur  de  cette  bi»- 
grapliie  dut  cesser  une  polémique  dans  laquelle  il  n'é- 
tait pas  même  compris  de  son  adversaire.  Suivant  son 
habitude,  Wcbcr  se  borne  à  analyser  le  passage  de  Mo- 
zart dans  son  article,  sans  arriver  à  une  conclusion  po- 
sitive. 


Probst.  6"  Hymne  à  Dieu,  pour  deux  chœurs, 
op.  42,  Mayence,  Scholt.  II.  Chants  à  plusieurs 
voix  on  à  voix  seule.  7°  Douze  chants  à  quatre 
voix,  avec  accompagnement  ad  libit.,  op.  16, 
Atigsbourg,  Gombart.  8°  Douze  chants  à  voix 
seule  et  piano,  op.  17,  Bonn,  Simrock.  9°id., 
op.  21,  ibid.  10°  Chants  spirituels  pour  des 
enfants,  avec  accompagnementd'orgue,  op.  22. 
11°  Chants  pour  des  voix  graves,  avec  piano, 
op.  23,  Leipzick,  Hofmeister.  12°  Chants  sui- 
des poésies  de  Gœthe  et  de  Schiller,  à  voix 
seule  et  piano,  op.  25,  Atigsbourg,  Gombart. 
13°  Couronne  de  chansons  pour  une  et  plu- 
sieurs  voix,   avec   piano,   op.   31,  Mayence, 
Scholt.  14°  Chants  à  voix  seule  et  guitare  ou 
piano,  op.  32 et 34, Leipsick, Pelers.  15° Chanls 
à  quatre  voix  d'hommessans accompagnement 
op.  35,  Berlin,  Schlesinger.  16°  Liche,  Lusl 
und  Leiden,   chants  à  voix  seule  et  piano, 
op.  36,  Mayence,  Scholt.  17°  Chant  de  fêle  pour 
quatre  voix  d'hommes,  chœur  et  accompagne- 
ment d'instruments   à    vent,   op.    40,    ibid. 
18°  Chants   à   plusieurs  voix,  op.  41,  ibid. 
19°  Chansons  de  table  pour  deux  ou  trois  voix 
d'hommes,  avec  chœur  et  accompagnement  de 
guitare  ou  piano,  op.  42,  ibid.  III.  Musique 
instrumentale.  20°  Thème  avec  variations  pour 
guitare  et  violoncelle,  op.  1,  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Ilserlel.  21°  Sonale  pour  piano,  op.  15, 
Bonn,  Simrock.  22°  Trio  pour  violon,  alto  et 
violoncelle,    op.    26,    Augsbourg,    Gomhart. 
23°  Thème  du  Freyschiitz  pour  flûte  et  gui- 
lare,  op.  37,  Bonn,  Simrock.  24"  Barcarollc 
vénitienne  variée  pour  flûte  et  piano,  op.  58, 
ibid.  25°  Élude  pour  flûte  en  variations  sur  un 
thème  norwégien,  avec  guitare,  op.  59,  ibid. 
GodefroidWeber  était  membre  de  la  plupart 
des  Académies  de  musique  de  l'Europe.  Celle 
de  Stockholm  lui  avait  envoyé  le  diplôme  d'aca- 
démicien honoraire,  en  1827.  L'Académie  des 
arts  et  des  sciences  de  Berlin,  la  société  poul- 
ies progrès  de  la  musique  de  Rotterdam,  la 
société  musicale  de  Suisse,  celle  de  la  Thuringe 
se  l'étaient  associé.  Le  grand-duc  de  Hesse- 
Darmstadt  lui  accorda  la  croix  de  Mérite  de 
première  classe,  en  1827. 

WEBER  (Edmond  DE),  frère  aîné  du  précé- 
dent, naquit  à  Eulin  du  même  père,  maisd'une 
autre  mère,  en  1782,  et  fit  ses  éludes  musicales 
à  Salzbourg,  où  il  fut  placé  ensuite  dans  la 
chapelle,  en  qualité  de  premier  violon  et  de 
chef  d'orchestre  de  l'Opéra;  puis  il  fut  direc- 
teur de  musique  à  Kœnigsberg,  à  Dantzick,  et 
en  dernier  lieu  à  Cologne,  où  il  se  trouvait 
encore  en  1850;  mais,  en  1852,  il  jouait  l'alto 
au  ihéàtre  de  Hambourg.  Après  celle  époque, 


428 


WEBER 


on  ne  trouve  plus  de  renseignements  sur  cet 
artiste.  On  a  gravé  «le  sa  composition:  Trois 
quatuors  pourdeux  violons,  alto  et  basse,  on.  8; 
Aiigshourg,  Gomharl.  On  connaît  sous  son 
nom  les  opéras  intitulés  Der  Transport  im 
Ko/fer  (Le  transport  dans  la  malle),  et  Die 
Zwillinge  (Les  jumeaux). 

WEBEIt  (  Charles  Mabie  FRKDÏ:r.ic-Au- 
gustk  baron  DE),  compositeur  allemand  du  dix 
neuvième  siècleqtti,  après  Iteelhoven,  a  joui  île 
la  réputation  la  plus  brillance,  naquit  le  18dé- 
cembre  1780,  à  Eulin,  petite  ville  du  duché  de 
Ilolslein.  Il  y  a  toutefois  des  observations  à 
faire  sur  celle  date.  Une  laide  de  marbre,  érigée 
à  Lutin,  à  l'occasion  d'une  fétc  commémora- 
tive  donnée  en  18r>ô,  porte  ceci:  (,'harles-Varie 
de  Weber,  baptisé  à  Eut  in  h  20  novem- 
bre 178G,  inorl  à  Londres  le  Y)  juin  1820.  Ce- 
pendant IM.  Max-Marie  de  Wcher,  lits  de  l'au- 
teur du  Freyschiitz  et  directeur  de  l'adminis- 
tration royale  des  chemins  de  fer  de  la  Saxe, 
à  Dresde,  a  retrouvé,  dans  un  recueil  d'actes 
de  famille  écrits  de  la  main  de  son  grand-père, 
François-Antoine  de  Weber,  une  note  dont 
voici  la  traduction:  »  Eulin,  dans  le  Ilolslein, 
»  1780.  I.e  18  décembre,  à  dix  heures  et  demie 
»  du  soir,  est  né  Charles-Marie  Frédéric-Ernest 
x  cl  il  a  élé  baptisé  le  20  décembre  dans  la 
»  chapelle  de  la  cour,  à  Eulin  (Ilolslein).  » 
Cette  découverte  a  été  annoncée  parnl.  Jahns, 
dans  le  n"  du  25  niai  1854  de  la  Nouvelle 
Cazetle  musicale  de  Berlin  {IVewe  Lerliner 
Jf/usik-Zeituug)  (1). 

Dans  le  premier  volume  «lu  laldeau  de  la 
\'\c  de  son  illustre  père  (Cari  Maria  von 
JFeber  ein  Lebensbild.  Lcipsick,  Ernest  Reil, 
1834,  p.  19),  M.  Max-Marie  de  Weber,  après 
avoir  rapporté  le  lexlc  de  la  noie  de  François- 
Antoine,  parait  néanmoins  rester  dans  le  doute. 
Il  admet  la  possibilité  que  le  livre  de  l'église 
d'Eulin  renferme  une  erreur  de  nom  de  mois; 
mais  il  ajoule,  après  avoir  rapporté  la  note  de 
son  grand-père:  Il  se  peut  que  cet  écrit  soit 
aussi  inexact  que  bien  d'autres  assertions 
de  ce  singulier  homme  (Die  indess  wedermehr 
Gjaiihhaftigkeit  vendent  als  andre  Niedcr- 
schiiflcn  des  oft  schafluchligen  mannes)  (2). 

(I)  Voyez  1.1  note  publiée  par  M.  Théodore  Parmen- 
lirr,  dans  la  Gazelle  musicale  de  Paris,  n"  \il  de  Pan- 
ne.- I8j4. 

I-)  François-Antoine  de  Weber  a  justifié  dans  toute 
M  iic  l'épi  Ihéte  dont  se  sert  son  pelil-lils.  Doué  de  tnlcnl 
naturel  pourla  mi'siipie,  mais  n'ayant  l'ait  aucune  élude 
sérieuse,  il  se  dérida  |  our  l'état  militaire  et  obtint  de 
l'électeur  Cliarles-Tlicodore  une  sous-licutenanec  dans 
la  cavalerie,  en  I73G,  fut  blesse  grièvement  a  la  bataille 
«!.•  Ko-b  rcli,  puis  se  dégoûta  du  métier  des  armes  et 
ému   connue  surnuméraire  dans  l'administration   des 


Il  ajoute  que  Charles-Marie  de  Weber  avait 
choisi  le  19  novembre  pour  la  daledesa  nais- 
sance, parce  qu'elle  coïncidait  avec  le  jour  de 
la  naissance  de  sa  femme. 

La  retraite  où  vivait  sa  famille,  les  visites 
qu'on  y  recevait  de  quelques  hommes  de  mé- 
rite, et  l'isolement  oit  le  jeune  Weber  élait 
retenu  par  ses  parents  à  l'égard  des  enfants 
du  voisinage,  secondèrent  leurs  vues  pour  le 
succès  de  l'éducation  qu'ils  voulaient  lui  don- 
ner. Son  esprit  devint  méditatif,  à  l'âge  où  l'on 
ne  sait  pas  d'ordinaire  ce  que  c'est  que  la  mé- 
ditation; son  imagination  s'exalta,  et  dans 
l'ignorance  où  on  le  laissa  du  monde,  il  s'en 
fit  un  tout  fantastique  dont  il  était  le  centre. 
Le  temps  se  partageait  pour  lui  entre  la  pein- 
ture et  la  musique;  il  dessinait,  peignait  à 
l'Iitiile,  à  l'aquarelle,  et  acquérait  quelque 
habileté  dans  la  gravure  à  l'eau-forlé.  Tonte- 
fois,  il  ne  porta  jamais  beaucoup  d'ardeur  dans 
ces  occupations;  sans  y  prendre  garde,  il  finit 
par  les  abandonner  pour  ne  s'occuper  que  de 
la  musique,  qui  bientôt  remplit  (ouleson  âme, 
comme  il  disait  lui-même.  Il  ne  put  cependant 
y  faire  d'abord  autant  de  progrès  qu'il  le  dési- 
rait, parce  que  des  circonstances  imprévues, 
ou  même  le  caprice,  déterminaient  son  père  à 
changer  souvent  le  lieu  de  sa  résidence.  Celle 
instabilité,  ayant  pour  conséquence  d'obliger 
Weber  à  changer  souvent  de  maîtres  de  musi- 
que et  de  piano,  jetait  beaucoup  d'incerti- 
tude dans  ses  éludes.  Enfin,  il  rencontra  dans 
lli'iiscbcl,de  llildbiirgliauseu,  un  bon  institu- 
teur dont  il  reçut  les  leçons  pendant  les  années 
1790  et  1797,  et  dont  le  zèle  et  les  soins  inlel- 
ligenls  le  préparèrent  à  l'exéculion  puissante 
et  caractéristique  qu'il  acquit  sur  le  piano.  On 
put  dès  lors  acquérir  la  conviction  «pie  la  na- 
l ii ie  l'avait  destiné  à  la  culture  de  la  musique, 
et  ses  parents  résolurent  de  n'épargner  aucun 
effort  pour  développer  ses  heureuses  disposi- 
tions. Dans  ce  dessein,  ils  allèrent  s'établira 
Salzhourg,  cl  le  placèrent  sous  la  direction  de 

impôts  à  llitdesbcim,  en  I7."i7.  t'n  an  après,  il  fut  fiancé 
à  la  tille  de  son  chef,  J.-F.  Hé  Pamctti,  qui  lui  apporta 
de  la  fortune.  Son  beau-père  étant  mort  un  an  après,  il 
lui  succéda  dans  son  emploi.  Kn  17b'.',  il  épousa  sa  fian- 
cée. Apiés  quelques  années  d  une  existence  tranquille,  il 
s'ennuya  de  sa  position,  se  remit  à  cultiver  la  musique 
et  dérangea  ses  n  flaires.  En  1708,  il  perdit  sa  place,  à 
cause  de  sa  négligence,  et  vécut  fort  retiré  à  Ilildeshcim 
jusqu'en  1773.  Sa  famille  se  composait  de  huit  enfants, 
dont  cinij  garçons  et  trois  filles.  Kn  17.53,  il  quitta  U il— 
desbeim  et  entra  dans  un  orchestre  de  théâtre;  puis  il 
se  fil  lui-même  directeur  de  spectacle,  dissipa  tout  ce 
qu'il  possédait  dans  celle  entreprise,  et  fut  tour  à  tour 
maître  de  chapelle  de  l'évéquc  de  Lubcck,  musicien  de 
ville,  puis  errant  de  Mlle  en  ville,  sans  prendre  de  po- 
sition nulle  part. 


WEBER 


4-29 


Michel  Haydn,  mailrc  habile  sans  doute,  mais 
«lonl  l'aspect  sérieux  et  l'enseignement  sévère 
frappèrent  d'une  sorte  de  stupeur  cet  enfant, 
d'un  âge  trop  différent  de  celui  du  vieillard. 
Weber  ne  lira  que  peu  de  fruit  des  leçons  de 
ce  savant  musicien:  il  continua  à  se  diriger 
par  son  instinct,  et  le  premier  résultat  de  ses 
efforts  fut  la  publication  de  six  petites  fugues 
pour  le  clavecin,  qui  parurent  à  Salzbourg  en 
1798.  Vers  la  fin  de  cette  année,  il  se  rendit  à 
Munich,  où  il  reçut  des  leçons  de  chant  de  Va- 
lesi  (voy.  ce  nom),  et  devint  élève  de  Ralcher, 
organiste  de  la  chapelle  royale,  pour  la  com- 
position. Environ  vingt  ans  après,  Weber  écri- 
vait :  «  Aux  excellentes  et  lumineuses  inslruc- 
»  lions  de  ce  maître,  je  suis  redevable  de  la 
»  connaissance  des  procédés  de  l'art,  et  de  la 
»  facilité  à  les  employer,  particulièrement  en 
*  ce  qui  concerne  la  manière  de  traiter  un 
»  sujet  à  quatre  parties,  dont  les  lois  doivent 
»  être  aussi  familières  au  musicien,  que  celles 
»  de  l'orthographe  et  du  rhylhme  au  poêle.  » 
Ce  fut  sous  les  yeux  de  Kalcber  que  Weber 
écrivit  son  premier  essai  de  musique  drama- 
tique,dans  un  opéra  qui  avait  pour  titre:  Die 
lUacht  der  Liebe  und  des  IVeins  (La  force  de 
l'amour  et  du  vin).  Il  composa  aussi,  dans  le 
même  temps,  une  messe  solennelle,  plusieurs 
sonates  et  variations  pour  le  piano,  des  trios 
de  violon  et  des  chansons  allemandes;  mais 
plus  tard,  lorsque  son  talent  eut  acquis  plus  de 
maturité  et  que  son  goût  fut  formé,  il  jela  au 
feu  les  premières  productions  de  sa  jeunesse. 
Vers  la  fin  de  1799,  Sennefclder  ayant  pu- 
blié les  premiers  essais  de  la  lithographie, 
Weber  se  passionna  pour  celle  nouveauté. 
«  L'impatiente  aclivilé  d'une  jeune  lêlequi 
»  recherche  avec  avidité  lout  ce  qui  esl 
»  nouveau  (dit-il  dans  le  mémoire  qu'il  a 
»  laissé  sur  sa  vie)  détourna  dès  lors  mon 
»  attention  de  son  objet  légitime,  et  me  mil 
»  dans  l'esprit  de  devenir  le  rival  de  l'ingé- 
»  nieux  auteur  de  cette  singulière  découverte. 
»  Je  me  procurai  une  collection  d'outils  né- 
»  ccssaircs,et  me  mis  à  travailler  avec  ardeur, 
»  de  telle  sorte  que  je  finis  par  me  persuader 
»  que  j'étais  moi-même  l'inventeur  du  pro- 
«  cédé.  Ii  est  du  moins  certain  que  j'imaginai 
»  un  système  plus  parfait,  et  que  je  parvins  à 
»  construire  une  meilleure  machine  propre  à 
»  imprimer.  Rempli  de  mes  idées  à  ce  sujet, 
»  et  désirant  appliquer  mon  procédé  à  «les 
»  travaux  plus  importants,  je  demandai  à  mon 
»  père  de  nous  transportera  Freyberg,  où  je 
»  pouvais  me  procurer  avec  plus  de  facilité 
»  les  matériaux  qui   m'étaient  nécessaires. 


»  Totilcfois  celle  fantaisie  ne  dura  pas  long- 
»  temps.  La  nature  mécanique  de  ma  nouvelle 
»  occupation,  la  fatigue  et  le  dommage  qu'elle 
»  me  causait,  enfin,  sa  tendance  à  amortir 
»  mes  facultés,  me  la  firent  bientôt  abandon-* 
»  ncr,  et  ce  fut  avec  un  redoublement  de  zèle 
»  que  je  retournai  à  la  musique.  » 

La  composition  de  l'opéra  Dus  IVatdmasd- 
chen  (La  fille  des  bois)  marqua  le  retour  de 
Weber  à  l'art  pour  lequel  il  était  né.  Cet  ou- 
vrage fut  représenté  à  Munich  pour  la  première 
fois,  au  mois  de  novembre  1800;  le  succès  sur- 
passa les  espérances  du  jeune  artiste,  alors 
âgé  de  quatorze  ans  seulement;  car  non-seu- 
lement il  réussit  à  Munich,  maison  le  repré- 
senta quatorze  fois  à  Vienne;  il  fut  traduit  en 
langue  bohème  pour  le  théâtre  National  de 
Prague,  el  l'administration  du  théâtre  de  Pé- 
lershourg  le  mil  en  scène.  Cependant  Weber, 
choqué  des  imperfections  de  son  travail,  lors- 
que son  éducation  musicale  fui  plus  avancée, 
le  refit  entièrement  quelques  années  après. 
Des  affaires  ayant  appelé  sa  famille  à  Salz- 
bourg, en  1801,  il  y  écrivit,  d'après  un  nou- 
veau système  dont  il  avait  puisé  l'idée  dans  un 
article  de  la  Gazelle  musicale  de  Leipsick,  un 
opéra-comique  intilulé  :  Peler  Schmoll  und 
sei ne  Nacltbarn  (Pierre Schmoll  el  ses  voisins). 
Par  une  singularité  tout  allemande,  le  vieux 
maître  Michel  Haydn  recommanda  l'ouvrage 
au  public,  par  une  noie  qui  fut  publiée  dans 
les  journaux.  Toutefois  cet  opéra,  joué  à 
Augsbourg  dans  la  même  année,  ne  réussit 
pas.  L'ouverture  seule,  retouchée  plus  tard  par 
Weber,  esl  connue  aujourd'hui  ;  elle  a  élé  gra- 
vée à  Augsbourg, chez  Gombart.  M.  Max. -Ma rie 
de  Weber,  qui  possède  la  partition  originale  de 
col  ouvrage,  se  propose  de  faire  appliquer  à  la 
musique  un  meilleur  livret  et  de  faire  connaître 
à  Paris  et  à  Londres  celle  production  de  la 
jeunesse  de  son  illustré  père.  Dans  l'an- 
née 1802,  le  père  du  jeune  artiste  lui  fit  faire 
un  voyage  par  Leipsick  à  Hambourg  el  dans 
le  Holslein.  Il  y  acheta  quelques  livres  de  théo- 
rie  de  musique  et  y  étudia  les  diverses  doctrines 
de  la  science  de  l'harmonie.  «  Malheureuse- 
»  ment  (dit-il),  au  moment  où  je  croyais  avoir 
»  résolu  la  plupart  des  difficultés  de  l'art,  un 
»  docteur  en  médecine  renversa  tout  mon 
»  beau  système  avec  son  éternelle  question  : 
»  Pourquoi  cela  est-il  ainsi?  et  me  plongea 
»  dans  une  série  de  doutes  dont  un  nouveau 
»  plan,  basé  sur  des  principes  philosophiques 
)>  et  naturels,  put  seul  me  délivrer.  J'examinai 
»  le  mérite  des  anciens  maîtres,  cl  je  remon- 
»  lai  aux  causes  fondamentales,  pour  en  for» 


430 


WEBER 


»  mer  un  ensemble  de  doclrine  approprié  à 
»  mes  besoins.  »  C'est  quelque  chose  d'assez 
plaisant,  il  faut  l'avouer,  que  ce  garçon  de 
seize  ans  qui  trouve  un  plan  de  théorie  dans 
des  principes  philosophiques  et  naturels,  et 
qui  remonte  aux  causes  fondamentales  pour 
en  former  un  ensemble  de  doclrine  ! 

Au  commencement  de  1803,  Weber  se  ren- 
dit à  Vienne  et  y  rencontra  l'abbé  Vogler,  dont 
il  devint  l'élève  favori.  Pendant  près  de  deux 
années,  il  fit,  sous  la  direction  de  ce  maître, 
des  éludes  plus  sérieuses  et  plus  méthodiques 
que  celles  qu'il  avait  faites  précédemment. 
Pendant  les  deux  années  ou  environ  que  le 
mailre  et  l'élève  passèrent  ensemble  dans  la 
capitale  de  l'Aulriche,  Weber  nechercha  point 
a  fixer  Pallenlion  sur  lui,  car  il  n'y  publia  que 
des  variations  pour  le  piano,  et  la  parlilion  de 
Sanwri,  opéra  de  Vogler,  réduite  pour  cet 
instrument.  A  la  fin  de  1804,  on  lui  offrit  la 
direction  de  la  musique  du  théâtre  de  Breslau; 
quoiqu'il  ne  fût  âgé  (pie  de  dix-huit  ans  et 
qu'il  manquât  d'expérience  dans  l'aride  di- 
riger un  orchestre,  il  accepta  celle  place  et  en 
prit  possession  avec  la  même  assurance  que 
s'il  avait  eu  la  certitude  de  la  bien  remplir.  Il 
y  montra  en  effet  de  l'intelligence  et  plus  d'a- 
plomb qu'on  ne  pouvait  en  attendre  de  son 
âge:  mais  son  caractère  anguleux  lui  fit  peu 
d'amis  parmi  les  artistes  de  celle  ville,  qui  ne 
voyaient  pas  sans  déplaisir  à  leur  tète  un 
homme  si  jeune  et  d'un  nom  jusque-là  à  peu 
près  inconnu.  Weber  s'y  montra  particulière- 
ment dur  et  hautain  à  l'égard  de  Schnabel 
(voyez  ce  nom),  musicien  de  mérite  et  homme 
respectable.  C'est  à  Breslau  que  le  jeune  ar- 
tiste retoucha  plusieurs  de  ses  anciens  ouvra- 
ges et  qu'il  écrivit  la  plus  grande  partie  de 
Piiibezahl,  opéra  qui,  par  des  motifs  mainte- 
nant inconnus,  ne  fut  pas  d'abord  représenté 
sous  son  nom.  S'il  n'y  cul  point  de  succès  par 
ses  ouvrages,  il  y  acquit  du  moins  des  connais- 
sances pratiques  dans  l'art  de  diriger  les  or- 
chestres et  les  chœurs,  qui  lui  préparèrent  plus 
lard  une  position  digne  deson  (aient.  Au  com- 
mencement de  1806,  le  prince  Eugène  de  Wur- 
temberg, amateur  passionné  de  musique,  in- 
\ila  Weber  à  se  fixer  dans  sa  pelile  cour,  en 
Silésie.  Là,  le  compositeur  écrivit  deux  sym- 
phonies, plusieurs  cantates  et  d'autres  mor- 
ceaux de  musique;  mais  les  événements  de  la 
guerre  qui  furent  la  suite  de  la  bataille  de  Jéna 
ayant  anéanti  le  joli  théâtre  et  l'élégante  cha- 
pelle de  ce  prince,  Weber  essaya  de  voyager 
pour  donner  des  concerts;  les  événements  qui, 
à  celle  époque,  affligeaient  l'Allemagne  l'obli- 


gèrent encore  à  renoncer  à  ce  projet.  Il  dut 
alorsacceplerl'asile  que  lui  offrait,  à  Sluttgard, 
le  prince  Louis  de  Wurtemberg.  C'est  dans 
celle  retraite  qu'il  arrangea,  avec  l'ancienne 
musique  de  son  opéra  Das  TValdma>dchen} 
celui  qui  est  connu  sous  le  nom  deSylvana.  Il 
y  écrivit  aussi  l'espèce  de  drame  intitulé  :  Der 
erste  Ton  (Le  premier  son),  ainsi  que  plusieurs 
ouvertures,  chœurs  et  morceaux  pour  le  piano. 
Vers  le  milieu  de  1809,  il  se  rendit  à  l'invita- 
tion de  Vogler,  son  ancien  mailre,  et  alla  se 
fixer  près  de  lui  à  Darmsladt.  Ce  fut  dans  celle 
agréable  ville  que  se  forma  l'inlimilé  de  We- 
ber avec  Meyerbeer,  Gansbacher  et  Godefroid 
Weber  ;  intimité  que  la  mort  seule  a  rompue, 
et  qui,  dans  l'éloignement  même,  s'est  rani- 
mée en  plusieurs  circonstances.  C'est  à  Darm- 
sladt que  Weber  écrivit,  en  1810,  Abou-Has- 
san  pour  le  théâtre  du  grand-duc.  Au  prin- 
temps de  l'année  suivante,  il  alla  à  Francfort 
pour  y  faire  représenter  cet  ouvrage  et  donner 
des  concerts,  puis  il  revit  Munich,  s'y  fit  en- 
tendre aussi  dans  plusieurs  concerts,  visita 
Berlin  et  retourna  enfin  à  Vienne,  où  il  arriva 
en  1812.  Appelé  quelques  mois  après  à  Prague 
pour  prendre  la  direction  de  la  musique  de 
l'Opéra  allemand,  il  accepta  cette  position,  et 
y  fit  preuve  d'une  grande  capacité  dans  la  réor- 
ganisation de  l'orchestre  et  des  chœurs.  Dans 
les  trois  années  où  il  remplit  ces  fonctions  (de- 
puis 1813  jusqu'en  1816),  il  n'écrivit  que  la 
grande  cantate  Kampf  und  Sieg  (Combat  et 
victoire),  quelques  morceaux  de  musique  in- 
strumentale etdeschanls  guerriers  à  plusieurs 
voix,  qui  furent  les  premiers  fondements  de  sa 
renommée  populaire.  On  ignore  les  motifs  qui 
lui  firent  donner  brusquement  sa  démission 
de  sa  place,  en  1816,  et  lui  firent  préférer, 
pendant  deux  ans,  une  vie  nomadeet  uneexis- 
tence  précaire  à  une  position  honorable.  «  De- 
»  puis  ma  retraite  de  Prague  (dil-il  dans  le 
»  mémoire  sur  sa  vie  écrit  en  1818),  j'ai  vécu 
»  sans  occupations  fixes;  j'ai  visité  divers 
»  lieux,  attendant  avec  calme  d'êlre  appelé  à 
»  une  nouvelle  sphère  d'activité.  J'ai  reçu  de 
»  très-belles  offres  de  plusieurs  endroits,  mais 
»  l'invitation  qui  m'a  été  faile  d'aller  fonder 
«  un  Opéra  allemand  à  Dresde  a  été  la  seule 
»  qui  ait  pu  me  tenter.  J'y  suis  maintenant,  et 
»  j'espère  remplir  avec  soin  et  intelligence  les 
»   devoirs  qui  me  sont  imposés.  » 

Ainsi  fi  n i  1 1 a  notice  où  Webera  fait  connaître 
quelques  circonstances  de  sa  vie,  et  a  révélé 
quelques-uns  des  mystères  de  son  âme  d'ar- 
tiste. Toutefois,  il  n'y  parle  pas  de  ses  chagrins, 
qui  jusqu'alors  avaient  été  cuisants  ;  chagrins 


WEBER 


431 


d'un  homme  né  pour  remplir  une  haute  mis- 
sion, qui  a  la  conviction  de  sa  force  elqui  n'a 
pu  la  l'aire  passer  dans  l'esprit  du  public.  D'a- 
bord renommé  comme  virtuose  sur  le  piano 
et  comme  un  de  ces  petits  prodiges  qu'on  voit 
apparaître  de  temps  en  temps,  il  avait  vu 
s'anéantir  insensiblement  la  laveur  qui  avait 
accueilli  ses  premiers  essais.  Lui-même  avoue 
qu'il  y  eut  quelques  variations  dans  ses  idées 
sur  le  style  qu'il  devait  adopter  ;  ces  irrésolu- 
tions, qui  se  faisaient  apercevoir  dans  ses  ou- 
vrages, avaient  nui  à  ses  succès.  La  plupart  de 
ses  opéras  ou  drames  avaient  été  reçus  avec 
froideur;  sa  musique  instrumentale  nese  ven- 
dait pas,  quoiqu'on  y  trouvât  de  très-belles 
choses.  Un  petit  nombre  d'artistes  apercevaient 
bien  dans  celle  musique  quelques  lueurs  du 
génie  qui  devait  produire  plus  tard  le  Frey- 
schiitz,  EuryanUie  et  Obéron,  mais  ils  n'en 
saisissaient  pas  la  portée.  Les  éditeurs  de 
musique  ne  se  décidaient  qu'avec  peine  à  pu- 
blier des  productions  qui  n'avaient  pas  de  vo- 
gue; on  voit  même,  par  quelques  lettres  de  We- 
ber  à  son  homonyme  Godefroid  Weber,  que  ces 
éditeurs  osaient  lui  adresser  des  observations 
et  des  critiques  sur  les  manuscrits  qu'il  leur 
confiait.  Le  nom  de  Weber  n'avait  pas  même 
pénétré  en  France  avant  181C,  malgré  nos 
relations  fréquentes  avec  l'Allemagne  au  temps 
de  l'empire.  Enfin,  on  peut  affirmer  que  l'ar- 
tiste destiné  à, jouir  d'une  des  plus  grandes  re- 
nommées des  temps  modernes  était  alors  mé- 
connu :  celle  vérité  ne  pouvait  échapper  à  la 
juste  susceptibilité  de  son  orgueil,  et  son  âme 
en  était  ulcérée. 

Une  circonstance  inattendue,  qui  changea 
tout  à  coup  la  situation  de  l'Europe,  vint  pré- 
luder à  la  grande  réputation  de  Weber:  je  veux 
parler  du  soulèvementgénéralde  l'Allemagne, 
en  1813,  contre  la  domination  delà  France. 
En  Prusse,  toute  la  jeunesse  se  leva  spontané- 
ment; elle  s'organisa  et  marcha  contre  les 
armées  françaises,  entonnant  en  chœur  des 
chants  patriotiques  composés  par  Charles- 
Marie  de  Weber.  Ces  chants,  qui  peuvent  êlre 
comptés  parmi  les  plus  belles  productions  de 
son  génie,  excitèrent  dans  toute  l'Allemagne 
un  enthousiasme  qu'on  ne  saurait  décrire.  Ce 
fut  la  première  manifestation  de  la  gloire  d'un 
homme  presque  dédaigné  jusqu'alors;  elle 
prépara  l'explosion  du  talent  qui  depuis  lors 
s'est  signalé  dans  trois  ouvrages  destinés  à 
marquer  une  époque  significative  de  l'histoire 
de  la  musique,  nonobstant  les  imperfections 
qui  les  déparent.  Le  premier  de  ces  ouvrages 
fut  le  Freysckiitz  (Le  Franc  Archer),  écrit  à 


Dresde,  en  1819  et  1820,  sur  le  texte  de  Rind. 
Il  fut  représenté  le  18  juin  1821,  au  théâtre  de 
Kœnigsladt,  à  Berlin,  et  obtint  le  succès  le 
plus  brillant,  le  plus  populaire,  le  plus  uni- 
versel qu'ait  jamais  eu  un  opéra  allemand. 
Peut-être,  comme  on  l'a  dit,  la  nature  du  sujet 
a-t-elle  eu  beaucoup  de  part  dans  ce  succès  si 
complet;  mais  l'originalité  de  la  musique  en 
fut  certainement  la  cause  principale.  Cet  ou- 
vrage fut  suivi  de  Preciosa,  drame  pour  lequel 
Weber  écrivit  une  ouverture,  une  scène  mélo- 
dramatique et  un  chœur.  Devenu  tout  à  coup 
le  premier  des  compositeurs  dramatiques  de 
l'Allemagne,  Weber,  jusqu'alors  presque  ou- 
blié, fut  recherché  parles  administrations  de 
théâtres  ;  celle  de  l'Opéra  allemand  de  Vienne 
lui  demanda  la  partition  d'Euryanlhe,  qui  lui 
coûta  près  de  dix-huit  mois  de  travail.  Malheu- 
reusement le  livret  de  Madame  de  Chezy,  sur 
lequel  il  écrivit  sa  musique,  est  dénué  «l'inté- 
rêt et  vide  d'action  :  tous  les  efforts  du  compo- 
siteur ne  purent  réchauffer  cette  œuvre  froide 
et  décolorée.  Lui-même  fut  moins  heureux 
dans  ses  inspirations  que  dans  le  Freyschiitz, 
et  le  travail  pénible  se  fit  remarquer  dans  plu- 
sieurs parties  de  son  ouvrage.  La  pièce,  jouée 
à  Vienne,  le  25  octobre  1823,  ne  réussit  pas. 
Une  ouverture  très-belle,  deux  chœurs  de 
grand  effet,  un  beau  finale,  et  un  joli  duo  pour 
deux  femmes  ne  purent  préserver  l'ouvrage 
d'une  chute.  Depuis  lors,  Euryanthe  s'est  re- 
levée dans  l'opinion  publique  en  Allemagne. 
Dans  l'année  suivante,  Weber  reçut  la  de- 
mande d'un  opéra  pour  le  théâtre  de  Covent- 
Garden,  de  Londres.  Après  avoir  hésité  long- 
temps sur  le  choix  du  sujet,  il  s'arrêta  à  celui 
d'Obéron.  Une  discussion  s'établit  alors  par 
correspondance  entre  le  directeur  du  théâtre 
et  le  compositeur  sur  l'époque  où  celui-ci  de- 
vrait livrer  sa  partition.  Une  lettre  de  Weber 
relative  à  ce  sujet  fait  connaître  combien  son 
travail  était  lent  et  laborieux.  On  lui  avait 
offert  trois  mois  pour  écrire  sa  musique  :  Trois 
mois!  s'écrie-l-il  :  ils  me  suffiront  à  peine 
pour  lire  la  pièce  et  en  dessiner  le  plan  dans 
ma  tête!  Et  ce  qu'il  disait  était  vrai,  car  il 
employa  près  de  dix-huit  mois  à  achever  sa 
tâche. 

Depuis  longtemps  il  était  en  proie  à  une 
mélancolie  profonde  que  le  succès  de  Frey- 
sckiitz, l'amour  de  sa  femme  et  son  affection 
pour  ses  enfants  ne  parvenaient  point  à  dissi- 
per. La  cause  de  cette  disposition  d'esprit 
se  trouvait  dans  une  affection  grave  dont 
sa  poitrine  était  attaquée.  Obligé  de  se  ren- 
dre à  Londres  pour  y  mettre  en  scène  son 


432 


WEBER 


opéra,  conformément  à  son  engagement,  ce  ne 
fut  pas  sans  un  vif  sentiment  de  douleur  qu'il 
se  sépara  de  sa  famille,  quoiqu'il  fût  loin  de 
prévoir  qu'il  ne  la  revenait  plus.  Il  quitta 
Dresde,  le  10  février  182G,  accompagné  de  son 
ami  Furslcnau  (voy.  ce  nom),  se  dirigeant  par 
Leipsick,  Weimar  cl  Francfort  vers  Paris,  où 
il  arriva  le  25  du  même  mois.  Il  y  fut  accueilli 
avec  l'enthousiasme  inspiré  par  la  musique  du 
Freyschiitz,  et  tous  les  artistes  lui  témoignè- 
rent la  plus  grande  considération.  Il  écrivait 
alors  à  sa  femme:  «  Je  n'essayerai  pas  de  te 
»  décrire  comment  on  me  traite  ici;  si  je  le 
"  rapportais  tout  ce  que  me  disent  les  plus 
»  grands  maîtres,  le  papier  lui-même  serait 
n  forcé  d'en  rougir:  si  mon  amour-propre  ré- 
«  sisieà  ce  grand  choc, j'aurai  du  bonheur  (1).» 
Il  partit  de  Paris  le  2  mars  et  arriva  le  0  à 
Londres,  où  il  logea  dans  la  maison  de  M.  Geor- 
ges Smart. Des  transports  d'enthousiasme  écla- 
tèrent à  Covent  Gardcn  et  à  Drury-Lane  lors- 
qu'il s'y  montra,  cl  siirlout  quand  il  partit 
dans  l'orchestre  du  premier  de  ces  théâtres 
pour  diriger,  conformément  à  son  engagement, 
les  représentations  du  Freyschiitz.  Malheureu- 
sement ces  triomphes  ne  venaient  caresser 
l'amour -propre  de  l'artiste  qu'au  moment  où 
la  vie  l'abandonnait.  Le  12  avril  fut  le  jour  de 
la  première  représentation  A'Obéron.  Le  suc- 
cès ne  répondit  pas  à  son  attente;  mais,  plus 
tard,  les  beautés  originales  de  cet  ouvrage  fu- 
rent goûtées,  et  si  Obéron  n'eut  pas  la  vogue 
populaire  du  Freyschiitz,  il  est  du  moins  con- 
sidéré par  les  artistes  comme  une  des  meilleu- 
res productions  de  son  auteur. 

La  rapidité  des  progrès  du  mal  qui  consu- 
mait la  vie  de  Weber  était  effrayante:  le  cli- 
mat fatal  sous  lequel  il  vivait  depuis  quelques 
mois  l'activait  encore.  Lui-même  le  sentait  et 
s'en  plaignait  dans  une  lettre  du  17  avril, 
lîienlôl  sa  faiblesse  devint  extrême;  le  00 mai, 
il  écrivait  à  sa  femme:  «  Tu  ne  recevras  plus 
»  de  moi  un  grand  nombre  de  lettres;  réponds 
»  à  celle-ci  non  à  Londres,  mais  à  Francfort, 

(I)  Le  l«  mars, Weber  visila  le  Conservatoire,  nu  mo- 
ment où  je  faisais  mon  cours  décomposition.  Lorsqu'il 
eu  ira  dans  nia  classe,  j'expliquais  à  mes  élèves  ce  qui  con- 
stitue là  différence  entre  la  tonalité  ancienne  du  plain- 
cli.inl  et  la  tonalité  moderne.  Je  l'avais  vu  deux  jours 
auparavant  chez  Clierubini.  En  le  voyant  entrer,  je  vou- 
lus cesser  la  leçon,  mais  il  me  pria  de  continuer,  s'assit 
et  reoula  avec  beaucoup  d'attention.  La  leçon  finie,  il 
me  dit  que  le  sujet  que  j'avais  traite  l'intéressait  beau- 
coup, et  il  m'adressa  quelques  paroles  obligeantes  Nous 
sorlimes  ensemble  et  nous  promenàmessur  le  boulevard 
pendant  qu'il  m'expliquait  ses  idées  sur  ce  même  sujet; 
J  y  trouvai  la  même  obscurité  et  le  même  vague  qu'on 
remarque  dans  Us  Ocrils  de  l'abbé  V oc  1er, 


»  poste  restante.  Je  vois  ton  élonnemenl.  Je 
»  n'irai  point  à  Paris.  Qu'y  ferais -je?  Je  ne 
»  puis  ni  marcher,  ni  parler.  Que  puis-je  faire 
»  de  mieux  que  de  me  diriger  tout  droit  vers 
»  mes  pénates?  »  Il  s'efforçait  de  se  faire  illu- 
sion sur  son  état  lorsqu'il  parlait  de  son  re- 
tour. Il  voulait  diriger  lui-même,  le  G  juin, 
une  représentation  du  Freyschiitz,  qui  devait 
être  donnée  à  son  bénéfice,  et  quitter  Londres 
le  lendemain.  Le  2  juin,  il  écrivit  sa  dernière 
lettre  d'une  main  tremblante  et  la  termina 
par  ces  mots  :  «  Que  Dieu  vous  bénisse  tons  et 
»  vous  conserve  en  bonne  santé!  Que  ne  suis- 
»  je  au  milieu  de  vous  !  »  Trois  jours  après  il 
expira. 

L'éducation  qu'avait  reçue  Weber  exerça 
une  fâcheuse  influence  sur  sa  destinée,  et  ne 
fui  pas  moins  funeste  à  sa  conservation  qu'à 
son  talent.  Le  penchant  à  la  mélancolie,  qui 
était  une  conséquence  de  son  organisation, 
aurait  pu  être  combattu  par  la  société  déjeunes 
gens  de  son  âge;  mais  l'isolement  où  il  fut 
tenu  constamment  pendant  sa  jeunesse  déve- 
loppa ce  penchant,  lui  donna  le  sentiment 
d'orgueil  qui  s'accroît  d'ordinaire  dans  la  so- 
litude, et  lui  rendit  plus  pénibles  les  déceptions 
de  la  plus  grande  partie  de  sa  carrière.  Des 
causes  morales  ont  donc  vraisemblablement 
préparé  dès  longtemps  le  germe  de  la  maladie 
qui  l'enleva  à  sa  famille  et  à  l'art  dans  la  force  de 
l'âge.  Considérée  sous  le  rapport  de  son  instruc- 
tion et  du  développement  de  ses  facultés,  l'é- 
ducation qu'on  lui  donna  ne  lui  fut  pas  moins 
funeste.  Ainsi  qu'il  le  dit  lui-même,  le  fré- 
quent changement  du  maître  chargé  de  diriger 
celte  instruction  ne  l'obligea  pas  seulement 
à  recommencer  souvent  ses  études  sur  de  nou- 
velles bases,  mais  le  mit  en  doute  sur  la  réalité 
de  principes  qui  lui  élaient  mal  enseignés.  Il 
y  avait  si  peu  de  satisfaction  pour  son  esprit 
dans  ce  qu'on  lui  faissait  connaître  de  la 
science  de  l'harmonie  et  de  l'art  d'écrire,  qu'il 
en  revenait  toujours  à  les  considérer  en  lui- 
même  el  qu'il  se  prenait  pour  son  propre 
modèle.  Il  commença  trop  tôt  à  écrire  ses 
idées,  cl  sa  famille  donna  trop  d'attention  à 
ses  premières  productions,  si  informes  qu'elles 
fussent,  pour  qu'il  s'occupât  sérieusement 
d'attiré  chose  que  de  lui.  Dans  une  longue 
conversation  avec  Weber,  peu  de  mois  avant 
sa  mort,  l'auteur  de  celle  notice  a  pu  se  con- 
vaincre que  cet  artiste  célèbre  n'avait  que  des 
notions  très-confuses  de  ce  qu'avaient  été  les 
anciennes  écoles  italiennes.  Il  ne  comprenait 
l'art  que  dans  sa  manière  de  le  sentir, el  n'avait 
que  des  vues  étroites  à  l'égard  de  la  multitude 


WEBER 


433 


de  formes  sous  lesquelles  il  peut  se  manifester. 
Harmoniste  d'instinct,  il  écrivait  mal,  et  met- 
tait souvent  de  l'embarras  dans  le  mouvement 
des  parlies,  parce  que  des  études  bien  faites 
n'avaient  pas  réglé  l'usage  de  ses  facultés.  Il 
avait  reçu  des  leçonsde  chant  d'un  bon  maître, 
mais  à  un  âge  où  l'on  ne  peut  comprendre  en 
quoi  consiste  cet  art  :  de  là  vient  que  tout  ce 
qu'il  a  écrit  pour  les  voix  est  hérissé  de  diffi- 
cultés et  leur  semble  antipathique. 

Placé  dans  des  circonstances  si  désavanta- 
geuses, Weber  ne  put  en  combattre  les  funestes 
influences  que  par  la  puissance  de  son  talent 
naturel.  Dieu  lui  avait  donné  l'originalité  de 
la  pensée,  quoique  ses  idées  ne  fussent  pas 
abondantes  et  que  la  production  fût  toujours 
pour  lui  pénible  et  laborieuse.  C'est  cette  ori- 
ginalité qui  l'a  sauvé  :  c'est  elle  qui,  après  un 
long  travail  d'élaboration,  l'a  conduit  à  la 
composition  de  trois  ouvrages  de  grande  va- 
leur, malgré  leurs  défauts,  et  lui  a  fait  exercer 
une  influence  très-active  sur  l'art  de  son 
temps;  car  on  ne  peut  nier  qu'il  y  ait  de  l'in- 
•  spiration  de  Weber  dans  toute  la  musique  alle- 
mande publiée  après  lui.  Dans  le  Freyschiitz, 
le  sentiment  de  la  situation  dramatiqueest  bien 
saisi  et  heureusement  exprimé  par  le  compo- 
siteur, surtout  lorsque  celte  situation  est  em- 
preinte de  mélancolie  ou  exige  une  expression 
énergique  :  la  nouveauté  «les  formes,  des  suc- 
cessions mélodiques  et  des  combinaisons  de 
l'instrumentation  y  est  saisissante.  Ce  caractère 
de  nouveauté,  réuni  à  la  nature  du  sujet  de 
l'ouvrage  et  au  coloris  sentimental  qui  y  do- 
mine, a  été  la  cause  du  succès  universel  de 
l'opéra  ;  succès  qui  se  soutient  encore.  Dans 
l'expression  de  la  gaieté,  Weber  est  moins 
heureux;  ses  mélodies,  en  s'efforçanl  d'être 
naturelles,  deviennent  triviales,  et  lorsqu'il 
essaye  d'être  léger,  il  ne  l'est  pas  de 
bonne  grâce.  Une  belle  ouverture,  un  joli  duo, 
deux  chœurs  d'un  bel  effet  et  un  finale  sont 
tout  ce  qu'on  peut'citer  dans  la  partition  d'.£w- 
ryanthe  comme  des  produits  de  la  verve  ori- 
ginale de  Weber;  mais  dans  Obéron,  son  gé- 
nie a  su  trouver  des  teintes  vaporeuses  rem- 
plies de  charme  et  de  nouveauté,  bien  que  les 
défauts  signalés  précédemment  s'y  reprodui- 
sent encore.  Au  résumé,  quelle  que  soit  la 
part  de  la  critique  dans  l'examen  de  ces  pro- 
ductions, on  ne  peut  nier  que  le  talent  du  com- 
positeur ne  s'y  révèle  par  des  formes  originales 
et  par  un  caractère  d'individualité;  or,  c'est 
par  ces  qualités  que  vivent  à  jamais  les  pro- 
duits de  l'art  et  qu'ils  occupent  une  place  dans 
son  histoire.  Les  grandes  partitions  de  ces 

BIOGI».  UjViV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIH , 


opéras  n'ont  point  été  gravées,  mais  seule- 
ment celle  de  la  traduction  française  du  Frey- 
schiitz, intitulée  Robin  des  Bois,  à  Paris.  On 
a  publié  les  partitions  pour  piano  d'Abou- 
Hassan, &  Bonn,  chez  Simrock;  Euryantlie, 
à  Vienne,  chez  Haslinger  ;  Der  Freyschiitz, 
à  Berlin,  chez  Schlesinger;  Obéron,  ibid.; 
Sylvana,  ibid.;  Preciosa,  ibid.  Les  autres 
productions  de  Weber  pour  le  chant  sont 
celles-ci  :  1°  Scène  et  air  d'Athalie  {Misera 
me),  avec  orchestre,  op.  50;  Berlin,  Schlesin- 
ger. 2°  Scène  et  air  d' Inès  de  Castro  (IVonpa- 
ventar),  pour  soprano,  avec  orchestre,  op.  51  ; 
ibid.  3°  Scène  et  air  détaché  (Deh  consola 
il  suo  affanno),  pour  soprano,  avec  orchestre, 
op.  52  ;  ibid.  4°  Scène  et  air  avec  chœur  d'Inès 
de  Castro  (Signor,  se  padre  sei),  pour  ténor  et 
orchestre,  op53;  ibid.  5°  Scène  et  air  pour 
soprano,  avec  orchestre,  op.  56;  ibid.  G0  Kampf 
und  Sieg  (Combat  et  Victoire),  cantate  com- 
posée à  l'occasion  de  la  bataille  de  Waterloo 
et  exécutée  au  théâtre  de  Prague  ,  Berlin, 
Schlesinger.  1°  Der  Erste  Ton  (Le  premier  Son) 
drame  de  Rochlitz,  avec  chœurs,  Bonn,  Sim- 
rock. 8°  Leier  und  Schwert  (Lyre  et  Glaive), 
poésies  de  Théodore  Kœrner,  chants  pour 
quatre  voix  d'hommes,  en  deux  recueils  de 
six  chants  chacun,  op.  42;  Berlin,  Schlesinger. 
Ce  sont  ces  chants  de  guerre  qui  ont  commencé 
la  réputation  populaire  de  Weber.  9°  Six 
chants  pour  quatre  voix  d'hommes,  op.  63  ; 
ibid.  10"  Chant  de  fête,  idem,  op.  53  ;  ibid. 
11°  Natur  und  Liebe  (La  Nature  et  l'Amour), 
cantate  pour  deux  sopranos,  deux  ténors  et 
deux  basses,  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  61  ;  ibid.  12°  Trois  duos  pour  deux  voix 
de  soprano,  op.  31,  ibid.  13°  Hymne  à  quatre 
voix  (In  seiner  Ordnung  scha/f  der  Herr), 
op.  30,  ibid.  14°  Messes  à  quatre  voix  et  orches- 
tre, n°»  1  et  2  ;  Paris,  Castil-Blaze.  15°  Douze 
chants  à  quatre  voix  avec  piano,  op.  16,  liv.  I, 
II,  III;  Augsbourg,  Gombart.  16°  Chansons 
pour  les  enfants  avec  piano  ou  orgue,  op.  22  ; 
Leipsick,  llofmeister.  17°  Chants  et  chansons 
à  voix  seule  avec  piano,  op.  23,  25,  29,  30, 
46,  47,  54,  64,  66,  71,  80;  ibid. 

Dans  la  musique  instrumentale,  Webers'est 
particulièrement  distingué  par  quelques  ou- 
vertures et  par  plusieurs  morceaux  pour  le 
piano.  Il  n'a  été  publié  qu'une  symphonie  (en 
ut)  de  sa  composition  (à  Offenbach,  chez 
André);  elle  ne  donne  qu'une  idée  assez  fai- 
ble de  ses  facultés  pour  ce  genre  de  musique. 
Outre  ses  ouvertures  de  Freyschiitz ,  d'Eu- 
ryanthe,d'1  Obéron  et  de  Preciosa,  qui  sont 
très-connues,  il  a  publié  :  1°  Ouvertur  de  Po- 

28 


AU 


WEBER 


péra  intitulé  Der  Beherrscher  der  Geisler 
(Le  Roi  des  Génies),  op.  27,  Leipsick,  Pelers. 
2°  Oiiverlure  et  marclie  de  Turandot  (pièce 
de  Schiller),  op.  37  ;  Berlin,  Schlesinger. 
3"  Ouverture  composée  pour  le  jubilé  de  cin- 
quante ans  de  règne  du  roi  de  Saxe,  op.  59  ; 
ibid.  4°  Grand  quintette  pour  clarinette,  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  34  ;  ibid.  5°  Concer- 
*  tino  pour  clarinette,  et  orchestre,  op.  26; 
Leipsick,  Peters.  0°  Concertos  pour  cla- 
rinette, op.  73  et  74,  Berlin;  Schlesinger. 
7°  Jndanle  et  rondeau  pour  hasson  et  or- 
chestre, op.  35;  ibid.  8°  Concerto  pour  has- 
son, op.  75,  ibid.  9°  Concei  tino  pour  cor,  op.  45. 
Leipsick,  Peters.  10°  Concerto  pour  piano  et 
orchestre,  op.  11  (en  nt);  OHenhach,  André. 
11°  Grand  concerto  (en  mi  bémol),  op.  32  ; 
Berlin,  Schlesinger.  12°  Concert- Si iick  (Pièce 
de  concert)  pour  piano  et  orchestre,  op.  79, 
Leipsick,  Peters.  Ce  morceau,  devenu  célèbre, 
n'est  pas  également  beau  dans  toutes  les  parties. 
L'introduction  en  est  vague  et  languissante, 
mais  la  marche  est  charmante  et  le  rondeau  a 
«lu  brillant.  13°  Grand  quatuor  (en  si  bémol) 
pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle  ;  Bonn, 
Si  m  rock.  14°  Trio  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  G3  ;  Berlin,  Schlesinger,  une  des 
meilleures  compositions  instrumentales  de 
Wcher.  15°  Six  sonates  progressives  pour  piano 
et  violon,  op.  10,  en  deux  livres,  Bonn,  Sim- 
rock.  1G°  Grand  duo  concertant  pour  piano 
et  clarinette,  op.  48;  Berlin,  Schlesinger. 
17°  Grande  sonate  pour  piano  à  quatre  mains 
(en  la  bémol),  Leipsick,  Probsl.  18°  Grandes 
sonates  pour  piano  seul,  op.  24,  49,  70; 
ibid.  Ces  dernières  compositions  sont  de 
l'ordre  le  plus  élevé  et  d'une  incontestable 
originalité.  19°  Beaucoup  de  polonaises,  ron- 
deaux et  variations  pour  le  même  instru- 
ment. 

Des  compositions  inédites  cl  des  fragments 
d'écrits  se  trouvèrent  parmi  les  papiers  de 
Wcher  après  sa  mort  ;  ceux-ci  furent  recueillis 
par  M.  Wendt,  conseiller  à  Dresde,  ami  du 
compositeur  célèbre,  et  publiés  par  M.  Théo- 
dore Hell,  sous  le  litre  :  Hinterlassene 
ScUriflm  von  Cari.  Maria  von  IVeber 
(Ecrits  posthumes  de  Chai  -les-Maric  de  Weber); 
Dresde,  1828,  trois  vol.  petit  in -8°.  La  publi- 
cation de  cette  collection  ne  répondit  pas  à 
Patiente  dû  public  ni  aux  promesses  des  édi- 
teurs ;  car,  à  l'exception  de  quelques  mor- 
ceaux de  critique  qui  avaient  déjà  paru  dans 
plusieurs  journaux,  on  n'y  trouva  rien  de 
complet.  La  partie  principale  devait  être  une 
sorte  de  roman  intitulé  La  fie  d'artiste,  où 


l'on  croyait  que  Webcr  avait  voulu  se  prendre 
comme  sujet  du  livre;  mais  on  n'en  trouva 
que  des  fragments  sans  liaisons.  Ces  frag- 
ments, une  esquisse  de  la  vie  de  Weber, 
quelques  parties  de  sa  correspondance  jusqu'en 
182G,  les  lettres  à  sa  femme  écrites  de  Paris 
et  de  Londres,  des  pensées  détachées  sur  la 
musique,  des  analyses  d'oeuvres  musicales  et 
des  notices  déjà  publiées  dans  les  journaux  ou 
inédites,  enfin  un  catalogue  chronologique  des 
œuvres  du  compositeur,  depuis  1798  jusqu'en 
1823,  remplissent  ces  trois  volumes,  dont  la 
partie  la  plus  intéressante  est  la  notice  citée 
plusieurs  fois  dans  celle  biographie,  el  la  cor- 
respondance. 

Une  notice  biographique  sur  Weber,  ornée 
de  son  portrait,  sans  nom  d'auteur,  a  été  pu- 
bliée sous  ce  litre  :  JVachrirhlen  aus  dèïH  Le- 
ben  ttnd  ueber  die  Musih-U'crhe  Cari  Maria 
von  Weber;  Berlin  ,  T.  Traulwein  ,  182G, 
grand  in-4°  de  huit  pages.  La  Vie  de  l'artiste, 
écrite  par  son  fils  et  dont  le  dernier  volume 
vient  de  paraître  (18G4),  offre  une  lecture 
intéressante  aux  amis  de  l'art. 

WEBER  (Jean-Baptiste),  né  à  Bieslau,  en 
1792,  fit  ses  études  an  gymnase  de  cette  ville, 
puis  suivit  des  cours  de  droit  à  l'université,  et 
obtint  une  place  d'assesseur  à  Treibnitz,  où  il 
mourut  le  3  mars  1823.  Élève  de  Fœrster 
pour  le  violon  et  de  Schnabel  pour  la  composi- 
tion, il  a  publié  à  Breslau,  chez  Forster  et 
Hoffmann,  quatre  recueils  de  chansons  alle- 
mandes avec  accompagnement  de  piano,  et 
a  laissé  en  manuscrit  un  psaume  et  un  Salve 
Regina,  à  quatre  voix. 

WEBER.  (Ernest-Henm),  professeur  d'a- 
nalomie  à  Leipsick,  est  né  le  24  juin  1795  à 
"Witlenbcrg,  où  son  père  était  alors  professeur 
de  théologie.  Après  avoir  commencé  ses  études 
à  l'école  des  Princes  à  Meissen,  en  Saxe,  il  alla 
suivre  les  cours  de  médecine  aux  universités 
de  Wiltenberg  et  de  Leipsick.  En  1818,  il  ob- 
tint le  litre  de  professeurordinaiie  d'analomie 
dans  celte  dernière  ville:  il  occupe  encore 
celte  place.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on 
remarque  ceux-ci,  qui  sont  relatifs  à  la  musi- 
que, ou  plutôt  à  l'acoustique:  1°  De  Jure  et  de 
audilu  hominis  et  animalium.  Pars  prima; 
Lipsiœ,  G.  Fleischer,  1820,  in-4°  avec  dix 
planches.  Cet  ouvrage  conlienldes  choses  neu- 
ves el  curieuses  sur  l'organe  de  l'ouïe.  2°7fe/- 
lenlelire  auf  Experimenis  gegriindet,  oder 
iiber  die  Wellèn  tropfbarer  FHissigheiten, 
mit  Jnwendung  auf  die  Scluill-und  Luft- 
wellen.  (Théorie  des  vibrations  déduite  des 
expériences,   etc.);    Leipsick,   chez  Gérard 


WEBER        WECIŒR 


435 


Fleischer,  1825,  in-8°  de  574  pages,  avec  une 
préface  de  28  pages  el  18  planches.  Cet  im- 
portant ouvrage,  qui  renferme  une  multitude 
de  faits  nouveaux  concernant  la  théorie  de  la 
formation  des  sons  harmoniques,  el  dont  on 
trouve  une  analyse  dans  le  quatrième  volume 
de  l'écrit  périodique  intitulé  Cxcilia  (p.  189- 
212),  a  été  fait  par  le  docteur  Ernest-Henri 
Weher  en  collaboration  avec  son  frère 
Guillaume  Weher.  (Foyez  l'article  suivant.) 
M,  E.  H.  Weher  a  donné  aussi, dans  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick  (tome  XXVIII,  nM  12,  13 
el  14),  une  explication  du  procédé  par  lequel 
on  peut  disposer  des  cordes  et  des  tuyaux  pour 
produire  les  harmoniques  des  sons  fondamen- 
taux. 

WEBER  (le  docteur  Guillaume),  frère  du 
précédent,  est  né  à  Witlenberg,  le  24  octobre 
1804,  et  y  a  fait  ses  éludes.  Après  avoir  été, 
pendant  quelques  années,  professeurde  physi- 
que à  l'université  de  Halle,  il  a  été  appelé,  en 
1831,  à  l'université  de  Gœttinguepour  y  rem- 
plir les  mêmes  fonctions  ;  mais  il  fut  un  des 
professeurs  de  celle  université  qui  donnèrent 
leur  démission  et  se  rendirent  en  pays  étran- 
ger par  suite  des  affaires  suscitées  à  l'univer- 
sité par  le  roi  de  Hanovre.  M.  Weher  se  rendit 
alors  à  Paris.  Ce  savant  esl  considéré  aujour- 
d'hui à  juste  titre  comme  un  des  premiers 
acousliciens  de  l'Europe.  Outre  l'ouvrage  au- 
quel il  a  coopéré  avec  son  frère  Ernest-Henri 
(voy.  ce  nom),  concernant  la  théorie  des  sons 
harmoniques,  on  lui  doit:  1°  Leges  oscillatio- 
nis  oriundx,  si  duo  corpora  diversa  celeri- 
tate  oscillantia  ila  conjungantur,  utoscillare 
nonpossint,  nisi simul  et  synchronice,  exem- 
plo  illustrât^  tuborum  linguatorum;  Halae, 
1827,  in-4°  de  40  pages,  avec  une  planche; 
excellente  dissertation  dont  on  trouveune  ana- 
lyse par  Chladni,  dans  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  (t.  XXIX,  p.  281-284),  et  dans  la  Cas- 
cilia{t.  VIII,  p.  91-108).  2°  Sur  la  compen- 
sation des  tuyaux  d'orgue;  dissertation  sur 
un  sujet  neuf  publiée  dans  la  Cxcilia  (t.  XI, 
pp.  181-202)  et  traduite  en  français,  avec  plan- 
ches, dans  la  Revue  musicale  (t.  XI).  3"  Sur 
la  production  des  sons  harmoniques  dans  les 
tuyaux  à  anches,  et  particulièrement  dans  la 
clarinette,  dissertation  insérée  dans  la  Cxci- 
Zia(lome  XII,  pp.  1  -20),  avec  une  introduction 
parGodefroid  Weher,  el  une  planche.  4°  Sur  la 
polarisation  du  son,  dans  une  autre  accep- 
tion que  celle  de  TFheatstone.  5°  Sur  l'inter- 
ruption des  rayons  sonores  dans  Vair  oscil- 
lant transversalement.  fi°  Observations  sur 
l'interférence  des  ondulations  du  son  dans 


les  membranes  vibrantes.  7°  Observations 
concernant  les  vibrations  longitudinales  et 
transversales  des  cordes  tendues.  S"  Sur  la 
disposition  la  plus  convenable  d'un  mono- 
corde et  sur  soti  usage  au  profit  de  la  physi- 
que et  de  la  musique.  9°  Du  troisième  son  de 
Tartini.  10°  Comparaison  de  la  théorie  des 
instruments  à  cordes  et  à  vent.  Ces  différents" 
morceaux  ont  été  insères  dans  les  Annales  de 
chimie  de  Schweiger,  et  en  partie  dans  les  An- 
nales de  physique  de  Pappendorf.  M.  Guil- 
laume Weber  a  fourni  aussi  quelques  articles 
d'acoustique  très-intéressants  au  Lexique  uni- 
versel de  musique  de  Schilling. 

WEBER  (Franz  ou  François),  organiste, 
chanleuret  compositeur,  né  à  Cologneen  1805, 
a  fait  ses  études  musicales  sous  la  direction  de 
Bernard  Klein.  Après  avoir  été  quelque  lemps 
organiste  dans  une  église  de  Berlin,  il  esl  re- 
tourné dans  sa  ville  natale  et  a  été  nommé,  en 
1838,  organiste  de  la  cathédrale.  Il  était  aussi 
violoniste.  En  1845,  il  chanta  comme  lénor  aux 
fêtes  musicales  pour  l'inauguration  de  la  statue 
de  Beethoven.  Ayant  été  nommé  directeur  de 
musique  de  la  société  de  chant  de  Cologne,  il 
se  rendit  avec  elle  à  la  fête  de  chant  d'ensemble 
donnée  à  Gand,  en  1847,  et  fut  choisi  comme 
directeur  de  celteféte.  En  1848,  il  occupait  en- 
core la  place  d'organiste  de  la  cathédrale  de 
Cologne.  Parmi  ses  compositions,  on  remar- 
que :  le  psaume  57  à  quatre  voix,  avec  accom- 
pagnement, op.  4.  —  Le  chant  de  guerre  de  la 
Prusse  rhénane  pour  un  chœur  d'hommes, 
avec  accompagnement  d'orchestre,  op.  5.  — 
Quatre  poèmes  pour  voix  seule  avec  piano, 
op.  7. —  Pot-pourri  sur  Hans  Heiling  pour 
piano. 

WEBERLEVG  (Jean-Frédéric),  violo- 
niste et  compositeur,  né  à  Slullgard,  en  1758, 
entra  à  l'École  militaire  à  l'âge  de  douze  ans, 
puis  abandonna  la  carrière  des  armes  pour  la 
musique.  Il  fit  de  grands  progrès  sur  le  vio- 
lon, et  obtint  la  place  de  premier,  violon  de  la 
chapelle  ducale  de  Wurtemberg,  où  il  resta 
pendant  toute  sa  vie.  Retiré  avec  une  pension, 
en  1 81  G,  il  mourut  à  Slullgard  en  1825.  (J<;t 
artiste  a  publié  (rois  concertos  pour  le  violon, 
des  solos  pour  le  même  instrument,  (rois  con- 
certos pour  le  cor,  des  duos  et  des  variations 
pour  la  flûte. 

WECRER  (Georges  Gaspard), né  le  2 avril 
10>ô2,  à  Nuremberg,  fil  ses  éludes  musicales 
sous  la  direction  de  son  père  elde  Jean-Érasme 
Rinderman.  A  l'âge  de  dix  neuf  ans,  il  fut 
nommé  organiste  de  l'église  de  Sainl-Séhald, 
dans  sa  ville  natale,  el  il  en  remplit  les  lonc- 

28. 


436 


WECKER  -WECKMANN 


tions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  20  avril  1695. 
On  lui  doit  quelques  améliorations  pour  l'im- 
pression de  la  musique  par  les  caractères  mo- 
biles. Le  premier  essai  de  ses  procédés  fut  fait 
dans  son  ouvrage  intitulé  :  XVIII  geistliche 
Concerte  mit  2  bis  4  vocal  Stimmen  und 
5  Instrumenlen  ad  libitum  (Dix-huit  concerts 
spirituels  à  deux  et  quatre  voix  avec  cinq  in- 
struments ad  libitum,  pour  les  jours  de  fête 
de  toute  l'année)  ;  Nuremberg,  Endler,  1695, 
in-4\ 

WECKERLIN  (Jean-Baptiste-Tiiko- 
doiie),  né  le  9  novembre  1821  à  Guebwiller 
(Haut-Rhin),  est  fils  d'un  teinturier  et  fabri- 
cant d'étoffes  de  colon,  qui  le  destinait  à  la 
carrière  industrielle.  Après  quatre  années  pas- 
sées au  collège  de  La  Chapelle,  le  jeune  Wec- 
kerlin  fut  envoyé  à  Strasbourg,  pour  y  fré- 
quenter le  cours  de  sciences  de  l'Académie.  Il 
y  suivit  aussi  le  cours  de  mécanique  professé 
par  l'habile  mécanicien  Schwilge,  constructeur 
de  l'horloge  astronomique  de  celte  ville,  puis 
il  retourna  chez  ses  parents,  pour  se  vouer  à 
l'état  de  son  père;  mais  bientôt  il  en  éprouva 
du  dégoût.  Incessamment  préoccupé  de  musi- 
que et  décidé  à  se  livrer  à  la  culture  de  cet  art, 
il  s'enfuit  de  la  maison  paternelle  et  arriva  à 
Paris,  le  25  juin  1843.  Admis  au  Conservatoire, 
le  8  janvier  1844,  il  fit  un  cours  d'harmonie 
dans  la  classe  deM.  Elwart,  puis  il  devint  élève 
d'Halévy  pour  le  contrepoint.  Sorti  de  cette 
école  en  1849,  il  se  livra  à  l'enseignement  et  à 
la  composition.  Ses  premiers  ouvrages  furent 
des  romances,  mélodies  et  duos,  publiés  la  plu- 
part en  recueils  de  six:  M.  Weckerlinen  porte 
le  nombre  à  cent  cinquante.  Parmi  ses  autres 
productions,  il  faut  citer:  1°  L'Organiste, 
opéra-comiqueen  un  acte,  représenté  au  Théâ- 
tre Lyrique,  le  17  mai  1853,  et  publié  au  ma- 
gasin de  musique  du  Ménestrel.  3°  Les  Reve- 
nants bretons,  opéra  de  salon  en  un  acte  et  à 
quatre  personnages;  Paris,  Flaxland.  4°  Tout 
est  bien  qui  finit  bien,  idem.,  à  deux  person- 
nages, représenté  au  château  des  Tuileries 
le  28  février  1856  ;  Paris,  au  Ménestrel.  5°  Six 
quatuors  de  salon  pour  soprano,  mezzo  so- 
prano, ténor  et  basse  avec  piano,  Paris,  Flax- 
land, 1855.  6°  Echos  du  temps  passé,  recueil 
dechansons,  noëls,  madrigaux,  brunelles,etc, 
du  douzième  au  dix-huitième  siècle,  suivis  de 
chansons  populaires,  etc.,  avec  des  notes  bio- 
graphiques et  bibliographiques;  Paris,  Flax- 
land, 1853-1855;  deux  volumes  gr,  in-8». 
7°  Chansons  populaires  des  provinces  de 
France,  avec  accompagnement  de  piano;  Pa- 
ris, à  la  librairie  nouvelle.  8°  Les  Poèmes  de 


la  mer,  ode-symphonie  exécutée  pour  la  pre- 
mière fois  dans  la  salle  du  Théâtre  Italien,  le 
19  décembre  1860;  Paris, Flaxland.9°  Recueil 
de  six  morceaux  de  piano;  ibid.  10°  Messe  à 
deux  voix  égales  ;  ibid.  11°  Chœurs  à  deux, 
trois  et  quatre  voix  pour  des  pensionnats  de 
jeunes  filles;  ibid.  12°  Chœurs  à  quatre  ou  à 
huilvoix  d'hommes  ;  Paris,  Gambogi.  13°  Sou- 
venirs du  temps  passé,  troisième  volume 
des  Echos,  etc.  ;  Paris,  0.  Legonia,  1864. 
14°  Chants  des  Alpes,  vingt  tyroliennes  avec 
accompagnement  de  piano;  Paris,  au  Ménes- 
trel. 1 5»  Die  Dreyfach  Hochzitt  im  Bœscothal 
(Les  trois  noces  dans  la  vallée  des  Balais), 
opéra-comique  en  trois  actes  et  en  dialecte  de 
Colmar,  représenté  au  théâtre  de  Colmar,  le 
17  septembre  1863;  Colmar,  Kern;  Paris, 
Flaxland.  16°  Six  cantiques  et  motels  ;  Paris 
Flaxland.  Quoique  M.  Weckerlin  n'ait  fait 
représenter  qu'un  seul  opéra  sur  un  grand 
théâtre  de  Paris,  il  en  a,  dit  on,  com- 
posé vingt-deux,  dont  on  cite  Le  Marché 
des  Fées,  en  trois  actes  ,  Le  Ménétrier 
de  Meudon,  en  troisactes,  La  Première  barbe 
de  Figaro,  en  un  acte,  elc.  Cet  artiste  prépare 
un  grand  ouvrage  sur  la  chanson  populaire  : 
il  a  réuni  de  nombreux  matériaux  et  formé 
une  bibliothèque  spéciale  pour  ce  travail.  Il  a 
fondé  une  société  musicale  dite  Cxcilia,  qui 
donne,  chaque  année,  une  série  de  concerts 
historiques  à  Paris. 

YVECKMANN  (Mathias),  né  en  1621,  à 
Oppershausen,  en  Thuringe,  fut  confié  dans 
son  enfance  au  célèbre  compositeur  et  maître  de 
chapelle,  Henri  Schtllz,  qui  l'envoya  à  Venise 
pour  étudier  l'art  du  chant;  mais  ce  ne  fut 
pas  Jean  Gahrieli  qui  le  lui  enseigna,  comme 
le  prétend  Mallheson  (Grundlage  einer  Ehren- 
pforte,  etc.,  p.  374),  car  ce  maître  avait  cessé 
de  vivre  en  1612.  De  retour  à  Dresde,  Weck- 
mann  entra  dans  la  chapelle  de  l'électeur,  en 
qualité  de  sopraniste,  et  devint  élève  de  Schtllz 
pour  la  composition.  Plus  tard,  il  fut  envoyé  à 
Hambourg  pour  y  apprendre  à  jouerde  l'orgue 
sous  la  direction  de  Jacques  Schultz  ou  Prrclo- 
rius  :  après  trois  années  d'éludé,  il  retourna  à 
Dresde  et  fut  nommé  organiste  de  la  cour. 
Entré  ensuite  au  service  du  prince  royal  de 
Danemark,  il  n'y  resta  que  peu  de  temps,  car 
la  mort  prématurée  de  ce  prince,  en  1647,  (il 
renlrer  Weckmann  dans  son  emploi  d'orga- 
niste de  la  cour  de  Dresde.  Bientôt  son  talent 
le  plaça  au  rang  des  habiles  clavecinistes  et 
organistes  de  son  temps;  il  se  mesura  même 
avec  le  célèbre  Frobcrger,  et  ne  put  être 
vaincu  par  lui.  En  1657,  il  reçut  sa  nomina- 


WECKMANN  —  WEGELER 


437 


lion  d'organiste  à  l'église  Saint-Jacques,  de 
Hambourg.  Il  mourut  dans  cette  ville  en  1074, 
à  l'âge  de  cinquante-trois.  On  a  imprimé  de  sa 
composition,  à  Freyberg,  en  1651,  des  can- 
zones  pour  deux  violons,  basse  de  viole  et 
basse  continue  pour  le  clavecin. 

WEDEMANN  (Wilhelm  ou  Guillaume), 
canlor,  organiste  et  professeur  du  séminaire 
à  Weimar,  fut   le   prédécesseur   de  Tœpfer, 
comme  organiste  de  cette  résidence.  Il  naquit 
1«  24  juillet  1805,  à  Udested,  près  d'EiTurl,  où 
son  père   était  organisle   et  instituteur.   Les 
premières  leçonsde  musique  lui  furent  données 
par  le  maître  d'écoleStolz.  Al'âgedetreizeans, 
il  fréquenta  le  gymnase  d'Erfurt,  et  lorsqu'il 
eut  atteint  sa  dix-septième  année,  il  entra  au 
séminaire  des  instituteurs,  où  l'excellent  orga- 
niste M.  G.  Fischer  fut  son  professeur  île  piano 
et  d'orgue.    Ayant  été   nommé  organisle   et 
instituteur  primaire  à  Butlstedt,  en   1827,  il 
occupa  cette  position  jusqu'en  1832,  où  il  fut 
appelé  à  Weimar,  pour  y  remplir  les  emplois 
dont  il   est  parlé  ci-dessus.  Wedemann    est 
mort  dans  cet  le  vil  le  au  mois  de  septembre  1849, 
et  non  en    1843,  comme  le  dit  M.   Bernsdorf 
(Nettes    Universal  Lexikon    der  Tonknnst, 
I.   III,  p.  858).  On  a  de  cet  artiste  :  1°Une 
collection    d'exercices  et  de    petits    préludes 
pour  l'orgue,  publiée  sous  le    litre  de  :    Der 
Lehr  mets  ter  in  Orgehpiel  (l'Instituteur  dans 
l'art  de  jouer  de  l'orgue);  Erfurl,  G.-W.  Kœr- 
ner.  Il  a  été  fait  six  éditions  de  cet  ouvrage. 
2°  100  Auserlesene  deutschc  Volkslieder  (Cent 
chants   populaires  allemands  choisis);    ibid. 
5"  Cent  chants  à  l'usage  des  écoles. 4°  Polyhym- 
nia  pour  un  chœur  d'hommes.  5°  Praktisch- 
Orgelmagazin(yiagas\n  pratique  pour  l'orgue). 
WEELK.ES  (Thomas),   musicien  anglais 
dont  on  ne  connaît  jusqu'à  ce  jour  ni  le  lieu  ni 
la  date  de  naissance.  On  peut  présumer  toute 
fois  qu'il  naquit  vers  1575,  car  il  dit  dans  la 
dédicace  de  sa  suite  des  Ballets,  imprimée    en 
1 598,  qu'il  n'est  point  encore  arrivé  à  l'âge  de  la 
maturité.  On  voit  par  le  titre  de  ses  Madri- 
gals  of  five  and  sixparts,  imprimés  en  1000, 
que  Weelkes  était  dès  lors  organiste  au   Col- 
lège de  Winchester.  Il  garda  vraisemblable- 
ment celle  place  jusqu'en  1608,  où  l'on  voit, 
par  le  titre  de  son  ouvrage  intitulé  :  Ayres, 
or  Phantastick  Spirils,  for    three  voices, 
qu'il  était  Gentleman  de  la  chapelle  du  roi, 
bachelier  en  musique  et  organisle  de  la  cathé- 
drale de  Chichesler  {Gentleman  ofhis  Majes- 
lies  chapell,  Batchelor   of   Musicke,   and 
Orgunist  of  the  Cathedral  Church  of  Chi- 
chesler). La  dernière  date  à  laquelle  on,  trouve 


des  traces  de  l'exislencede  Weelkesestl'année 
1614,  où  il  prit  part  à  la  composition  d'un 
recueil  intitulé:  Teures  or  Lamentations  of 
aSorrawfullSoule,  etc.  et  publié  par  William 
Leigbton,  membre  de  la  Chapelle  royale.  On 
connaît  sous  son  nom  :  1° Madrigals  /or  3,  4, 
5  and  6  voices,  Londres,  1597.  Cet  ouvrage, 
mis  en  partition  par  M.  Edouard  J.  Hopkins 
(voyez  ce  nom),  fait  partie  de  la  collection  pu- 
bliée par  la  société  des  antiquaires  de  Londres. 
2°  Ballets  and  Madrigals  to  five  voices, 
with  one  to  6  voices,  ibid.,  1598.  3°  A  set  of 
Madrigals  in  sixparts,  ibid.,  1 600.  On  trouve 
un  Madrigal  de  sa  composition  dans  la  col- 
lection intitulée  :  Triumph  of  Oriana,  et 
une  antienne  dans  le  recueil  de  Barnard. 
Weelkes  est  aussi  auteur  d'un  recueil  de  chan- 
sons à  trois  voix  qui  a  pour  litre:  Ayres  or 
Phantastick  Spirits  for  three  voices;  Lon- 
dres, 1008.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort. 
Weelkes  s'est  aussi  distingué  comme  compo- 
siteur de  musique  d'église.  Un  ancien  livre 
d'orgue  copié  par  Adrien  Baten,  aujourd'hui 
possédé  par  M.  Joseph  Warren  (voyez  ce 
nom),  contient  les  ouvrages  suivants  de  ce 
musicien  :  1°  Te  Deum,  Jubilate,  offertoire, 
Kyrie,  Credo,  Magnificat  et  Nunc  di- 
mittis (en  sol).  2°  Les  mêmes  chants  (en  la 
mineur).  3°  Te  Teum,  Jubilute,  Magnificat 
et  Nnnc  dimittis,  en  cinq  parties  (en  sol); 
4"  Te  Deum,  Magnificat,  et  Nnnc  dimittis 
(en  la  mineur).  7°  Magnificat  et  Nnnc  di- 
mittis  pour  l'orgue  (en  ut).  6°  Magnificat 
et  Nunc  dimittis  (en  sol  mineur).  Dans  la 
collection  de  Clifford,  intitulée  :  Divine  Ser- 
vices and  Anthems  (1664),  on  trouve  sept 
antiennes  du  même  compositeur.  Enfin, 
M.  Edouard  Kimbault  (voyez  ce  nom)  a 
recueilli  du  même  Weelkes  dix-neuf  antiennes 
dans  diverses  cathédrales  de  l'Angleterre. 

WEGELER  (FiuNçois-GÉiunD),  docteur 
en  médecine,  né  à  Bonn,  le  22  août  1705, fit  avec 
succèsses  études  classiques  dans  les  écoles  et  au 
gymnasedesa  ville  natale,  puiscommençaàélu- 
dier  la  médecine  à  l'Académie  fondée  par  l'é- 
lecleurde  Cologne.  Envoyé  ensuiteà  Vienne  par 
l'électeur  pour  compléter  son  instruction  mé- 
dicale, il  suivit  particulièrement  les  cours  de 
l'Académie  Joséphine.  De  retour  à  Bonn,  après 
avoir  été  reçu  docteur  en  médecine  à  Vienne, 
en  1789,  il  se  livra  à  l'exercice  de  sa  profes- 
sion. Devenu  doyen  de  laFaculté  de  médecine 
en  1792,  et  nommé  recteur  de  l'Université 
l'année  suivante,  Wegeler  fut  dénoncé  comme 
ennemi  de  la  révolution,  lorsque  les  Français 
entrèrent  à  Bonn,  et  n'out  d'autre  ressource- 


438 


VYKGELER  ~  WEIGANG 


que  (remisier.  Il  se  rendit  à  Vienne  pour  la 
seconde  fois  el  y  retrouva  Beethoven,  son  in- 
time ami  de  jeunesse.  En  179f>,  il  retourna 
dans  sa  ville  natale,  y  épousa  mademoiselle 
Eléonore  de  Breuning,en  1802,  fixa  sa  rési- 
dence à  Coblence  en  1807,  et  s'y  distingua  par 
ses  travaux  dans  son  art.  Il  est  mort  dans  cette 
ville  le  7  mai  1848,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
trois  ans  (1).  Resté  fidèle  à  son  amitié  pour 
Beethoven  jusqu'à  ses  derniers  jours,  le  doc- 
teur Wegeler  a  fait  appel  à  ses  souvenirs  et  à 
ceux  de  Ferdinand  Ries,  pour  la  composition 
de  notices  intéressantes  sur  la  vie  de  ce  grand 
artiste  et  les  a  publiées  sous  ce  titre  :  Biogra- 
phische  Notizen  iiber  Ludwig  Von  Beetho- 
ven ;  Coblence,  Bœdeker,  1838,  u\t  vol.  de 
cent  soixante  quatre  pages,  avec  des  fac  simile 
d.e  récriture  de  Beethoven  et  »ne  planche  de 
musique.  Un  supplément  de  ces  notices  a  paru 
sous  ce  titre  :  Nachtrag  in  den  biograph  ischen 
Notizen  iiber  Ludwig  Fan  Beethoven.  Bei 
Gelegenheit  der  Evrichtung  seines  Denkmaïs 
in  seiner  Vaterstadt  Bonn  ;  Coblence,  1845, 
in-8°  de  trente  pages,  suivies  d'une  mélodie 
de  Beethoven  avec  accompagnement  de  piano. 
M.  A. -F.  Legentil  a  publié  une  bonne  traduc- 
tion de  ces  ouvrages,  avec  notes  ;  elle  est  inti- 
tulée :  Notices  biographiques  sur  L.  Van 
Beethoven,  par  le  docteur  F. -G.  Wegeler  et 
Ferdinand  Ries,  suivies  d'un  supplément 
publié  à  l'occasion  de  l'inauguration  de  la 
statue  de  L.  V.  Beethoven  à  Bonn,  sa  ville 
natale.  Paris,  E.  Denlu,  1862,  un  vol.  in-12 
de  deux  cent  cinquante  pages. 

.  WEIINER  (Jean),  musicien  à  Franclbrt- 
sur  l'Oder,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  est  connu  par  les  ouvrages  suivants: 
1° Fasciculus  primus  decemet  quatuor  har- 
moniarum  sacro  novarum  de  G  voc.  ad  mo- 
dosmusicosusitaliores.Trancfovl-sur-VOiler, 
1610.2°  Neive  liebliche  Kirchengcsxnge.  (Nou- 
veaux chants  d'église  favoris),  ibid.,  1021. 

WEHINEU  (Arnold),  professeur  de  piano 
à  Gœtlinguo,  el  directeur  de  musique  de  l'uni- 
versité, s'est  fait  connaître  par  un  Ave  verum 
qui  fut  exécuté  dans  cette  ville  en  1844.  Les 
biographes  allemands  gardent  le  silence  sur 
cet  artiste. 

"WEICIILF.irV  (Romain),  moine  bénédic- 
tin, à  Lamhach,  en  Autriche,  vers  le  commen- 
cement du  dix-huitième  siècle,  a  publié  de  sa 
composition  :   1°  XII  Sonates  à  5  et  un  plus 

(I)  Les  faits  rapidement  résumes  de  celle  notice  sont 
extraits  de  celle  que  M.  A. -F.  Legentil  a  placéeen  tète 
de  sa  traduction  de  l'ouvrage  de  Wegeler  et  de  Kics, 
concernant  la  vie  de  lieellioven.,. 


grand  nombre  d'instruments,  Atigsbourg. 
2°  Pamassus  ecclesiastico  musicus,  cum  qui- 
busdam  suis  selectioribus  mus.  seu  septem 
missis  musicalibus  a  A  et  "ô  voc.  concert,  et 
S  instrum.  concert.  Ulm,  1702. 

WEICHLEIIV  (François),  organiste  de 
l'église  paroissiale  de  Graelz,  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  est  connu  par  un 
œuvre  de  musique  instrumentale  intitulé:  Mu- 
sico-instrumentalisches  Divertissement ,  ans 
5  Concertirenden  Instrumente  beslehend , 
Augsbourg,  1705,  in-fol. 

WEICHMAIVN  (Jean),  compositeur  et 
cantor  à  Kœnigsberg,  naquit  à  Wolgast,  en 
Poméranie,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  publié  de  sa  composition:  1°  Musica 
oder  Singhunst  (La  musique  ou  l'art  du  chant) 
Kœnigsberg,  1647,in-8°.  'H'Sorgen-Lxgerinn, 
das  ist  etliche  Theile  geistlicher  und  weltli- 
cher  zur  Andacht  und  Ehrenlust  dienendc 
Liedcr  (collection  de  chants  spirituels  et  mon- 
dains, divisée  en  trois  parties).  Kœnigsberg, 
1048,  in-fol.  3°  Collection  de  ballets,  couran- 
tes, allemandes  et  sarabandes  pour  deux  violes 
el  basse  continue,  ibid.,  1649. 

WEICHSELL  (Charles),  frère  de  la  célè- 
bre cantatrice  Madame  Billington  (voy.  ce 
nom),  naquit  à  Londres  en  1764,  et  fut  élève 
de  Guillaume  Cramer  pour  le  violon.  Dès  l'âge 
de  neuf  ans,  il  commença  à  se  faire  entendre 
en  publicavecsnccèsdansles concerts.  Il  voya- 
gea avec  sa  sœur,  puis  fut  attaché  aux  orches- 
tres du  théâtre  du  roi  et  des  concerts  de  Han- 
nover-Square  et  de  la  société  Philharmonique. 
Il  vivait  encore  à  Londres  en  1830.  On  a 
gravé  de  sa  composition:  6  sonates  pour  vio- 
lon seul  et  basse,  op.  1;  Londres,  1795. 

WEIDTVER  (...),  mécanicien  à  Fraustadt, 
inventa,  en  1810,  un  instrument  à  frottement 
auquel  il  donna  lenomde  Triphone.  Cet  instru- 
ment, dont  on  trouve  une  ample  description 
dans  le  12e  volume  de  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  (n°  30),  avait  la  forme  d'un  piano 
droit,  mais  les  touches  étaient  remplacées  par 
de  petites  lames  de  bois,  entre  lesquelles  les 
cordes  étaient  tendues.  Pour  jouer  du  tri- 
phone, on  se  servait  de  gants  enduits  de  colo- 
phane dont  le  double  frottement  sur  les  cordes 
et  les  lames  de  bois  produisait  des  sons  assez 
semblables  à  ceux  de  la  flûte. 

Un  flûtiste,  nommé  Weidner  (C.-F.),  a  vécu 
à  Amsterdam,  au  commencement  de  ce  siècle, 
et  y  a  publié  des  variations  pour  la  flûte  avec 
accompagnement  de  divers  instruments. 

WEIGANG  (Antoine),  curé  à  Regsnsdorf, 
dans  le  comté  de  Glalz,  en  Silésic,  naquit  à 


WEIGANG  -  WEIGL 


439 


Melling,  le  28  février  1751.  Après  avoir  achevé 
ses  éludes  à  l'universilé  de  Breslau,  il  se  livra 
à  la  composition,  et  écrivit  un  grand  nombre 
de  messes,  d'offertoires  et  de  motets  qui  sont 
restés  en  manuscrit  et  qui  ont  eu  de  la  répu- 
tation en  Allemagne. 

WEIGANG       (J  EAN-Clt  ARLES -TlIÊOPIIir.E- 

Gum.aume),  précepteur  à  Glogau,  néàSchweid 
nilz  (Silésie),  a  publié,  à  Breslau,  en  1796,  six 
sonates  pour  piano,  avec  accompagnement  de 
violon. 

WEIGEL  (Ebiiard)  ,  né  à  Weyda ,  le 
10  décembre  1625,  fut  d'abord  professeur  à 
l'université  de  Jéna,  puis  conseiller  de  l'em- 
pereur d'Autriche  et  du  comte  Palatin,  àSulz- 
bach.  Il  mourut  le  21  mars  1675.  On  a  de  lui 
un  livre  intitulé:  Jdea  matheseos  uniyersai 
cum  speciminibus  invenlionum  mathemati- 
carum;  Jenae,  1669,  in-4°.  Le  treizième  cha- 
pitre de  cet  ouvrage  traite  des  rapports  de 
la  musique  avec  les  mathématiques.  Mizler  a 
donné  une  traduction  allemande  de  ce  mor- 
ceau, dans  sa  Bibliothèque  musicale  (tome  I, 
part.  IV,  pp.  1-4). 

WEIGL  (Fiuivçois-Josepii),  compositeur 
et  violoncelliste,  naquit  dans  un  village  de  la 
Bavière,  le  19  mars  1740.  Jeune  encore,  il  en- 
tra au  service  du  prince  Estcrhazy  et  vécut  à 
Eiscnsladt,  en  Hongrie,  lorsque  Haydn  y  était 
maître  de  chapelle  du  prince.  Cegrand  homme, 
ami  de  Weigl,  fut  le  parrain  de  son  fils  aine, 
qui  s'est  fait  connaître  comme  un  compositeur 
distingué.  Conduit  à  Vienne  par  le  prince, 
Weigl  s'y  fixa,  entra  au  théâtre  de  l'Opéra,  en 
qualité  de  violoncelliste,  puis  fut  attaché  à  la 
chapelle  impériale,  en  1708.  Il  mourut  à 
Vienne,  le  25  janvier  1820,  à  l'âge  de  près  de 
quatre-vingts  ans.  Deux  ans  avant  son  décès, 
il  reçut  de  l'Empereur  la  grande  médaille  d'or 
à  l'occasion  de  son  jubilé  de  cinquante  ans 
de  service  dans  la  chapelle  impériale.  On  a  pu- 
blié de  cet  artiste  une  petite  méthode  de  cza- 
kan,  ou  flûte  douce  de  Hongrie,  et  quelques 
petites  pièces  pour  cet  instrument  et  pour  la 
guitare. 

WEIGL  (Joseph),  fils  aîné  du  précédent, 
est  né  le  28  mars  1706,  à  Eisenstadt,  en  Hon- 
grie, où  son  père  était  violoncelliste  et  sa 
mère  cantatrice, au  service  du  prince  Esterhazy. 
Witzig,  de  Kronenbourg,  près  de  Vienne,  lui 
enseigna,  à  l'âge  de  neuf  ans,  les  éléments  de 
la  musique,  du  piano  et  de  la  basse  continue. 
A  son  retour  à  Vienne,  oii  ses  parents  s'étaient 
établis,  il  suivit  les  cours  d'un  collège,  et  ap- 
prit le  contrepoint,  sous  la  direction  d'Al- 
brechlsbergcr.    Quoiqu'il  ne  se  destinât  pas  à 


la  profession  de  musicien  et  qu'il  voulût  être 
avocat,  il  écrivit,  à  l'âge  de  seize  ans,  l'opéra 
intitulé  La  Précaution  inutile,  qui  fut  repré- 
senté, après  avoir  été  revu  par  Albrechlsber- 
ger.  Salieri  fut  si  satisfait  des  heureuses  dis- 
positions qui  brillaient  dans  cet  ouvrage,  qu'il 
décida  le  jeune  Weigl  à  cultiver  exclusive- 
ment son  talent,  et  lui  donna  des  leçons  de 
slyle  dramatique  et  de  chant.  Il  le  désigna 
aussi  pour  le  remplacer  dans  la  direction  de 
l'orchestre  de  la  cour  lorsqu'il  ne  pouvait  lui- 
même  remplir  ses  fonctions.  Weigl  écrivit  sous 
la  direction  de  ce  maître  distingué,  des  compo- 
sitions de  toute  espèce,  entre  autres  l'opéra 
bouffe  II  Pazzo  per  forza,  qui  eut  un  brillant 
succès,  et  procura  à  son  auteur  une  augmen- 
tation de  traitement  en  qualité  d'adjoint  de 
Salieri,  et  une  gratification  de  cent  ducats.  Le 
succès  des  opéras  italiens  que  Weigl  fil  ensuite 
représenter  à  Vienne  lui  procura  désengage- 
ments pour  le  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  en 
1807et  1815.  Après  la  mort  de  Salieri,  il  ob- 
tint (en  1825)  la  place  de  second  maître  de  la 
chapelle  impériale.  Depuis  celle  époque  il  a 
cessé  d'écrire  pour  le  théâtre,  et  n'a  plus 
composé  que  de  la  musique  d'église,  où  l'on 
remarque,  dil-on,  de  belles  choses  et  un  bon 
slyle.  Weigl  est  mort  à  Vienne,  le  3  fé- 
vrier 1846. 

Les  productions  de  cet  artiste  sont  en  grand 
nombre,  particulièrement  pour  le  théâtre.  En 
voici  l'indication:  I.  Opéras  :  1°  La  Précau- 
tion inutile.  2"  La  Spasa  collerica.  5"  Il 
Pazzo  per  forza.  4"  La  Caffeliera.  5°  La 
Principessa  d'Amalfi.  6°  Giulietla  e  Pi- 
crotto.  7°  L' Amor  marinaro  (un  de  ses  meil- 
leurs ouvrages).  8°  L/Academia  del  Maestro 
Cisolfaut.  9°  L  Solitari.  10"  L'Uni  forma 
(exécuté  en  concert  à  Schœnbrunn,  par  ordre 
de  l'Impératrice,  qui  y  chanta  la  première  par- 
tie de  soprano,  puis  traduit  en  allemand,  et 
bien  accueilli  partout).  11°  Le  Prince  invi- 
sible. 12°  Cleopatra.  15°  //  Rivale di  se stesso. 
14°  L'Imboscala.  Ces  trois  derniers  opéras 
ont  été  composés  pour  le  théâtre  de  Milan. 
15°  L'Orfana  d'Inghilterra,  traduit  en  alle- 
mand sous  le  titre  de  Marguerite  d'Anjou. 
16°  Le  Petit  Homme  Pierre,  opéra  allemand 
écrit  pour  le  théâtre  de  Léopoldstadl.  17°  L» 
Village  dans  les  montagnes,  idem.  18°  La 
Maison  des  orphelins,  idem.  19°  La  Famille 
suisse,  opéra  qui  a  obtenu  un  grand  succès 
dans  toute  l'Allemagne.  20  Françoise  de  Foix. 
21°  Le  Feu  de  Festa,  écrit  pour  le  théâtre 
Sur-la -Vienne.  22°  La  Chute  delà  montagne. 
idem.   23°  L'Empereur    Adrien,  considéré 


440 


WEIGL  -  WEIMAR 


comme  une  des  meilleures  productions de  l'au- 
teur. 24°   La  Jeunesse  de  Pierre  le  Grand. 
25"  La  Chute  de  Baal.  26°  La  Porte  de  fer. 
27°  Ostade,  joli  opéra-comique.    28°   L'Er- 
mite .    29°    Le    Rossignol    et    le    Corbeau. 
30°   Waldemar.  31°  Edouard  et  Caroline. 
II.  Ballets.  52°  L' Emblème  de  lavie  humaïne. 
33°  Les  Meuniers.  34°  Pygmalion.  35°  Ri- 
chard Cœur  de   Lion.    30*   L'Enlèvement 
d' Hélène. Z7°  L'Incendie  de  Troie. ô8°  Alonzo 
et  Cora.  39°  La  Mort  de  Rolla.  40°  Pleine. 
41"  Alceslc    42°  La  Danseuse    d'Athènes. 
43°  Les  Jeux  de  l'Jslrie.  44°  La  Fête  des 
Bacchantes.  45°  Les  Espagnols  à  l'île  Chris- 
tine. III.  Oiutoiuos  et  cantates.  4G°  La  Pas- 
sion  de  Jésus-Christ.   47°  La  Resurrezione. 
48°  Hamlet,  mélodrame.  49°  Flore  et  Minerve, 
cantate.  50  FenereedAdone,  idem.  51°  Diana 
ed  Endimione,  idem.  52°  Il  Miglior  dono, 
idem,  pour  l'anniversaire  de  la  naissance  de 
l'Empereur.   53°  L'Amor   figliuolo.    54"  Il 
Giorno  dinascita.  55°  Il  Sagrifizio.   50°  Il 
Riposo  dell'  Europa,  cantate  pour  la  paix. 
57"  LaFcsta  diCarolina  ncgli  Elisi.  58°  Vé- 
nère e  Marte.  59°  Il  Ritorno  d'Astrea,  can- 
tate publiée  à  Milan,   par    Ricordi.    00°  La 
bonne  volonté.  01°  Les  Sentiments  de  recon- 
naissance. 02°  Les  Muses.  03"  Irène.  IV.  Mu- 
sique d'église,   parmi   laquelle  on  remarque 
dix  messes  solennelles,  des  graduels  et  offer- 
toires. V.  Ouveiituhes  et  entr'actes  pour  des 
comédies  et  drames,  tels  que  la  Grandeur  des 
princes,  les  Pèlerins,  l'Honneur  des  femmes, 
Hermann,  la  Prêtresse  du  Soleil,  etc.,  etc. 
VI.  Airs,  romances,  choeurs  et  finales  pour 
lesopéras  intitulés:  Titus,  Giuliella  eRomeo, 
Ginevra  di  Scozzia,  Cora  et  Alonzo,  Gulis- 
tan,  Kalaf,  La  bonne  nouvelle,  etc.,  etc.  A 
ces  grandes  compositions,  il  faut  ajouter  des 
chansons  allemandes  et  italiennes,  des  danses, 
des  cliansons  militaires,  trois  trios  pour  haut- 
bois,  violon  et  violoncelle,   etc.   Beaucoup  de 
ces  productions  ont  été  publiées. 

WEIGL  (Thaddée),  frère  du  précédent, 
né  à  Vienne,  en  1774,  également  compositeur, 
a  occupé  une  place  de  chef  d'orchestre  à  un  des 
théâtres  de  celle  ville.  Il  fut  bibliothécaire  de  la 
musique  de  la  cour,  et  établit  une  maison  de 
commerce  de  musique  à  Vienne;  mais  celle 
entreprise,  n'ayant  point  été  heureuse,  fut 
abandonnée  par  lui  quelques  années  après. 
Parmi  ses  ouvrages,  ceux  qui  ont  été  le  mieux 
accueillis  sont  :  1°  Idoli,  petit  opéra.  2°  Le 
Théâtre  de  marionnettes,  idem.  3"  Bacchus 
st  Ariane,  ballet.  4°  Le  Syndic  de  village. 
idem,  5°  Le  Mariage  à  la  cave;  idem.  6°  Les 


Jeux  isthmiques ,  idem.  7°  Zulema  et  Azem, 
idem. 

WEIGL  (Jean-Baptiste),  compositeur,  est 
né  le  26  mars  1783,  dans  la   petite  ville  de 
Hahnbach,  en  Bavière.  L'organiste  de  cet  en- 
droit fut  son  premier  maître  de  chant  et  d'or- 
gue, puis  il  alla  faire  ses  éludes  littéraires  au 
gymnase  d'Amberg,  et  y  reçutaussi  des  leçons 
de  musique.    Sorti  du   gymnase,   il  entra  au 
couventde  Prisening,  prèsdeRalisbonne,  pour 
achever  son  éducation.  De  retour  à  Amberg,  il 
fut  admis  au  séminaire,  où  il  demeura  deux 
ans;  puis  il  obtint  une  place  d'organiste  dans 
cette  ville.  En  1805,  il  fut  appelé  au  séminaire 
clérical  de  Ralisbonne,  en  qualité  de  professeur 
catéchiste,  et   fut  en    même    temps    attaché 
comme   prêtre  à  l'église  Saint-Ulrich  de  celle 
ville.  Plus  lard,  il  obtint  une  place  de  profes- 
seur au  gymnase  d'Amberg.  Compositeur  fé- 
cond de  musique  d'église,  il  a  écrit  de  belles 
messes,  des  Te  Deum,   hymnes,   offertoires  et 
cantates.  Il  a  publié  à  Sulzbach,  chez  Seidel, 
des  Mélodies  pour  le  livre  de  prières  etdechant 
à  l'usage  îles  écoles  catholiques,  en  cinq  suites, 
grand  in-4°. 

WEIKERT  (Henri),  auteur  inconnu  d'un 
petit  écrit  quia  pour  litre:  Erhlxrung  derge- 
brxuchlichsten  musikalischen  Kunslwœrter- 
buch  (Éclaircissement  concernant  les  lexiques 
de  musique  en  usage)  ;  Hanau,  Edler,  1827, 
in-8°  de  quarante  cinq  pages.  Une  deuxième 
édition  de  ce  petit  ouvrage  a  paru  l'année  sui- 
vante, et  une  troisième  en  1732,  chez  le  mémo 
libraire. 

WEIMAR  (Georges-Pierre),  né  le  16  dé- 
cembre 1754, à  Slollerheim,  prèsd'Erftirt,  ap- 
prit les  premiers  principes  de  la  musique  et  du 
clavecin  chez  le  maître  d'école  de  ce  lieu  ;  puis 
il  entra  en  1752,  au  gymnase  d'Eifurt,  où  il 
reçut  des  leçons  d'Adlung.  Ayant  élé  nommé, 
en  1758  musicien  de  la  chambre  et  cantonlc 
la  cour  à  Zerbst,  il  y  continua  ses  éludes  de 
composition  sous  la  direction  de  Fasch,  alors 
mailre  de  chapelle  de  cette  cour,  et  reçut  des 
leçons  de  violon  du  maître  de  concert  Hœck. 
En  1763,  il  fut  appelé  à  Eifuit  pour  y  remplir 
les  fonctions  decantor,  et  plus  lard  celles  de 
directeur  de  musique  et  de  professeur  au  gym- 
nase catholique.  Il  mourut  en  celle  ville,  le 
19  décembre  1800,  avec  la  réputation  de  mu- 
sicien habile  et  intelligent.  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Chansons  avec  accompagne- 
ment de  clavecin ,  Reval,  1780.  2"  Fersuch 
von  kleinen  Moltettcn  und  Arien  fiir  Schul- 
und  Singchœre  (Essai  de  petits  molcls  et  airs 
pour    les    écoles  et    les   chœurs)  ;    Leipsick, 


I 


WEIMAR  -  WEISHÀN 


441 


W.Vogel,  1783.  3» Die  Schadenfreude  (La  Joie 
maligne),  petit  opéra  pour  des  enfants,  avec 
accompagnement  de  piano  ;  I.eipsick,  Vogel. 
Après  sa  morl,  le  célèbre  organiste  Kitlel 
(voyez  ce  nom)  a  recueilli  ses  mélodies  poul- 
ie livre  de  chant  d'EiTurl,  y  a  fait  un  accom- 
pagnement pour  l'orgue,  et  les  a  publiées 
sous  ce  litre  :  Follstxndiges,  unvcrfxlschles 
Choral  Melodienbuch  der  vorzuglichsten 
proleslanlischen  (lesangbucher,  etc.  (Livre 
complet  de  mélodies  chorales  pures  des  meil- 
leurs livres  de  chant  prolestant,  etc.);  Erfuil, 
1812,  in-4°.  "Weimar  a  laissé  aussi  en  manus- 
crit un  oratorio  «le  la  Passion,  des  cantates 
d'église  et  quelques  autres  morceaux  pour  le 
chant. 

WEINLICII  ou  WEIÏNLIG  (Çhrétien- 
Eiihegott),  né  à  Dresde,  en  1743,  montra  dès 
son  enfance  d'heureuses  dispositions  pour  la 
musique.  Admis  comme  élève  à  l'école  de  la 
Croix,  il  y  reçut  des  leçons  d'harmonie  d'IIo- 
milius,  et  écrivit  plusieurs  cantates  sous  sa 
direction.  En  1765,  il  alla  suivre  les  cours  de 
l'Université  de  Leipsick.  Après  que  la  construc- 
tion du  nouvel  orgue  de  l'église  réformée  de 
cette  ville  eut  été  achevée,  il  en  fut  nommé  or- 
ganiste, en  1767.  En  1773,  il  fut  appelé  pour 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  Thorn,  dans  la 
Pologne  prussienne,  et  y  écrivit  des  sonates 
pour  le  clavecin,  des  cantates,  des  Magnificat, 
et  un  oratorio  de  la  Passion.  De  retour  à 
Dresde,  en  1780,  il  y  obtint  les  places  d'orga- 
niste de  l'église  Sainte-Marie  et  d'accompa- 
gnateur du  théâtre  italien.  Quelques  années 
après,  il  fut  nommé  professeur  de  musique  à 
l'école  de  la  Croix,  et  il  conserva  cet  emploi 
jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Suivant  le  Lexique 
universel  de  musique  publié  par  Schilling, 
Weinlicli  mourut  à  Dresde,  vers  1816.  On  a 
publié  de  la  composition  Je  cet  artiste  : 
1,:  Petites  pièces  pour  le  clavecin  ;  Leipsick, 
llilscher.  2"  Sonates  pour  piano  et  flûte,  op.  1, 
ibid.  5°  Deux  sonales,  idem,  op.  2,  ibid.  Il 
a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Oratorio  de  la  Pas- 
sion, composé  à  Thorn,  en  1775.  2°  Autre  ora- 
torio sur  le  même  sujet,  composé  à  Dresde,  en 
1787.  3°  L'Aniversaire  de  la  mort  de  Jésus, 
oratorio,  à  Dresde,  en  1789.  4°  Pressentiments 
du  jour  de  la  mort  de  Jésus,  oratorio,  à  Dresde, 
en  1791.  5°  Grande  cantate  pour  la  consécra- 
tion de  l'église  de  la  Croix,  le  22  novem- 
bre 1792.  6°  Le  Christ  sur  la  croix,  oratorio, 
à  Dresde,  1793.  7°  Le  Maître  chanteur  de 
Habsbourg,  petit  opéra,  représenté  à  Prague, 
pour  le  couronnement  de  l'empereur  Léopold, 
en  1792.  8"  Erinna,  prologue  dramatique, 


1792.  9°  Jugusta,  cantate,  à  Dresde,  1789, 
10°  Le  Sauveur,  oratorio,  1801. 

WEINLIG  (Christux-Tiiéodore),  neveu 
du  précédent,  né  à  Dresde,  le  25  juillet  1780, 
a  fait  ses  éludes  musicales  sous  la  direction  de 
son  oncle.  Plus  tard,  il  se  rendit  à  Bologne,  y 
reçut  des  leçons  de  Mattei,  et  fut  nommé  mem- 
bre de  l'Académie  des  philharmoniques.  De 
retour  en  Allemagne,  il  succéda  à  Schicht,  le 
10  juillet  1823,  dans  la  place  de  canlor  a  l'é- 
cole Saint-Thomas  de  Leipsick.  Après  avoir 
occupé  cette  place  pendant  dix-huit  ans,  il  est 
morl  à  Leipsick  le  7  mars  1842.  On  a  gravé  de 
sa  composition  :  1°  Trenle-six  exercices  de 
chant  pour  soprano,  avec  accompagnement  de 
piano  ;  Leipsick,  Hofmeister.  2°  Trente  exer- 
cices de  chant  pour  voix  de  contralto  ;  ibid. 
3°  Dix-huit  exercices  de  chant  pour  deux  so- 
pranos et  piano;  ibid.  4"  Vingt-cinq  exercices 
de  chant  pour  voix  de  basse;  ibid.  5"  Deut- 
schen  Magnificat  (Magnificat  allemand  pour 
chœur  et  voix  solos,  avec  orchestre,  en  parti- 
tion; Leipsick,  chez  l'auteur.  On  a  exécuté 
dans  celle  ville,  en  différentes  circonstances, 
des  cantates,  un  Magnificat,  des  molels,  un 
Te  Deum  et  l'oratorio  La  fête  delà  rédemp- 
tion, composés  par  Weinlig. 

WEHYMULLEU  (Charles),  chanteur  de 
la  chambre  de  l'Empereur  et  de  l'opéra  de  la 
cour,  à  Vienne,  naquit,  en  1765,  dans  les  en- 
virons d'Augsbourg.  Son  début  au  théâtre  se 
fit  dans  une  troupe  de  comédiens  ambulants. 
En  1795,  il  obtint  un  engagement  à  un  des 
ttiéàlres  de  Vienne,  et  y  parut  pour  la  pre- 
mière fois  dans  La  Laitière,  petit  opéra  de 
Wœlfll.  Le  succès  qu'il  obtint  ensuite  dans  le 
rôle  de  Lux,  du  Barbier  de  village,  le  plaça 
dès  lors  au  premier  rang  des  acteurs  aimés  du 
public.  Doué  d'une  belle  voix  de  basse,  dont 
l'étendue  était  extraordinaire,  il  s'en  servait 
avec  habileté.  Ses  principaux  rôles  furent 
Thoas,dans  Lphigénie  en  Tauride,  Leporello, 
Saraslro,  Figaro,  Zamoski,  dans  Faniska  de 
Cherubini,  elc.  Weinmtlller  était  remarquable 
dans  la  musique  d'église,  et  personne  n'a 
mieux  exécuté  la  partie  principale  de  basse 
dans  le  Requiem  de  Mozart  et  dans  la  Créa- 
tion  de  Haydn.  Retiré  de  la  scène  en  1825,  il 
mourut  le  16  mars  1828,  à  Dœhling,  près  de 
Vienne. 

WEISHAN  (Adolphe),  luthiste  allemand 
qui  vivait  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  publié  une  collection  de  pièces  delulh, 
sous  ce  titre  :  Silvx  Musicalis  libri  VII,  con- 
tinentes praludia,  fantasias ,  balletos ,  pa- 
vanas et  galtiardas,  pussamesas ,  couranlas, 


442 


WEISHAN  -  WEISS 


voltas,  etc.  4<IjitHClus  est  singulis  bulletin, 
pavants  et  galliardis  textus  harmonieux; 
Cologne,  1603,  in-fol.,  gravé  sur  cuivre. 

WEISKE  (D.-G.),  cantor  à  Mcisscn  , 
mort  en  1806,  est  auteur  d'un  recueil  inli- 
lulé:  12  Geistliche  prosaische Gesxnge ,nebst 
Beschreibung  eines  Tuktmessers,  etc.  (Douze 
chants  spirituels  en  prose,  suivis  de  la  descrip- 
tion d'un  chronomètre  propre  à  marquer  la 
mesure,  etc.);  Leipsick,  Breilkopf,  1790,  in-4°, 
avec  une  planche  représentant  l'instrument 
donlWeiske  était  inventeur.  Après  la  mort  de 
ce  musicien,  on  a  aussi  publié  de  sa  composi- 
tion douze  sonatines  faciles  pour  le  piano,  'avec 
une  courte  notice  biographique  de  l'auteur; 
Meissen,  1810,  grand  in-4°.  Weiske  a  laissé 
en  manuscrit  quelques  Kyrie  et  Gloria,  envi- 
ron vingt-quatre  cantantes  d'église,  etles  psau- 
mes 11,  23,93,  100,  105, 111, 145  et  150  pour 
chœur  et  orcheslre. 

WEISKE  (C.-A.),  auteur  inconnu  d'un 
livre  intitulé:  Alfonso.  Eine  Novelle  fur 
Frennde  der  Tonkunst  (Alphonse,  Nouvelle 
pour  les  amis  de  la  musique);  Zwickau,  Schu- 
mann,  1832,  in-8°  de  104  pages.  On  trouve 
dans  cet  ouvrage  des  réflexions  intéressantes 
concernant  la  musique,  particulièrement  sur 
l'esthétique  de  cet  art. 

WEISKOPF  (Louis),  pianiste  allemand, 
vécut  à  Paris  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle 
et  au  commencement  du  dix-neuvième.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort.  Il  a  fait  graver  de 
sa  composition:  1°  Trois  quintettes  pour  piano, 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  5;  Paris,  Sieber. 
2°  Quatuor  pour  piano,  violon,  allô  et  basse, 
op.  10,  Paris,  Pleyel.  3°  Trois  sonates  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  4.;  ibid. 
4"  Trois  idem,  op.  C,  Paris,  Sieber.  5°  Trois 
sonates  pour  piano  et  violon,  op.  14,  Paris, 
Porro.  6°  Pots-pourris  pour  piano  seul,  nuS  1, 
2,  3,  4,  5,  Paris,  Pleyel.  7°  Six  airs  variés 
pour  piano  et  violon,  ibid.  8°  Six  airs  variés 
pour  piano  seul,  Paris,  Sieber. 

WEISS  (SiLvit'S-LKoroLD),  célèbre  luthiste 
au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  na- 
quit à  Breslau,  vers  1680.  En  1708,  il  suivit 
en  Italie  le  prince  polonais  Sobieski,  et  vécut 
quelque  temps  à  Rome.  Après  la  mort  de  ce 
prince,  il  retourna  à  Breslau.  Sa  réputation 
s'étendit  bientôt  dans  toute  l'Allemagne,  et 
l'électeur  de  Saxe,  roi  de  Pologne,  le  nomma 
luthiste  de  sa  chambre.  La  plupart  des  princes 
allemands  l'honoraient  de  leur  bienveillance. 
En  1722,  il  se  maria  à  Munich,  et  l'électeur  de 
Bavière  lui  fil  présent,  à  cette  occasion,  d'une 
tabatière  d'or  enrichie  de  diamants,  accompa- 


gnée de  cent  ducats.  Weiss  mourut  vers  1748. 
Baron  (voy.  ce  nom),  bon  juge  de  tout  ce  qui 
concernait  le  luth,  dit,  dans  son  livre  sur  cet 
instrument,  que  cet  artiste  fut  un  des  pre- 
miers improvisateurs  de  son  temps,  et  qu'il  y 
eut  peu  d'organistes  qui  pussent  jouer  sur 
l'orgue  une  fugue  aussi  bien  que  lui  sur  le 
luth.  Ses  ouvrages,  composés  de  onze  recueils 
de  solos  pour  cet  instrument,  de  dix  trios  et 
desix  concertos,  sont  restés  en  manuscrit.  J'ai 
acquis,  en  1836,  les  manuscrits  originaux  de  la 
plupart  de  ces  pièces. 

Weiss  eut  un  fils  (Jean-Adolphe  Fauslin), 
né  à  Dresde  et  musicien  de  la  cour  de  Saxe, 
qui  fut  aussi  très-habile  luthiste.  Son  frère 
(Sigismond),  né  comme  lui  à  Breslau,  eut  éga- 
lement la  réputation  d'un  virtuose  sur  le  luth. 
WEISS  (  le  P.  Raphaël),  excellent  orga- 
niste et  compositeur,  naquit  en  1713,  àWan- 
gen,  en  Bavière.  Après  avoir  fait  ses  éludes  au 
couvent  d'Otlobeuern,  il  y  fit  ses  vœux  en 
1739,  et  y  fut  ordonné  prêtre.  Il  y  mourut  en 
1779.  On  connaît  sous  son  nom,  en  Allemagne, 
des  messes,  vêpres  et  litanies,  ainsi  que  quel- 
ques drames  en  musique,  composés  pour  les 
écoles. 

WEISS  (Chaules),  flûtiste  et  compositeur, 
naquit  à  Mulhausén  vers  1738.  En  1760,  il  ac- 
compagna à  Rome  un  grand  seigneur  anglais, 
en  qualité  de  maître  de  musique.  Par  l'entre- 
mise de  cet  élève,  il  entra  dans  la  musique 
particulière  du  roi  Georges  III,  comme  pre- 
mière flûte,  et  se  fixa  a  Londres,  où  il  mou- 
rut en  1795.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Paris, 
en  1784,  il  fit  graver  son  quatrième  œuvre, 
composé  de  quatre  quatuors  pour  flûte,  violon, 
alto  et  basse.  Il  a  publié  aussi  six  symphonies 
pour  l'orchestre;  des  solos  pour  la  flûte, op.  3; 
Londres,  Longman  ;  des  trios  pour  trois  flûtes, 
ibid.;  trois  quatuors  pour  Utile,  violon,  alto 
et  basse,  op.  5,  ibid.  ;  trois  idem,  op.  6,  ibid. 
WEISS  (Chaiiles-R.),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Mulhausén,  en  1777,  et  suivit  son  père 
en  Angleterre  à  l'âge  de  sept  ans.  Devenu  son 
élève,  il  fit  de  si  rapides  progrès,  qu'il  put  se 
faire  entendre  en  public  à  l'âge  de  neuf  ans, 
dans  un  concerto  de  flûte.  Toutefois,  il  n'était 
pas  desliné  à  la  profession  de  musicien,  et  on 
le  mit  dans  un  comptoir  de  négociant.  Les 
dégoûts  que  lui  inspirait  celle  carrière  la  lui 
firent  négliger!  On  l'envoya  plus  tarda  Paris, 
puis  en  Italie,  où  il  prit  des  leçons  de  compo- 
sition de  Mayer,  maître  dechapellea  Bergame. 
Fixé  plus  lard  à  Naples,  comme  professeur  de 
flûte,  il  y  vécut  quelques  années,  puis  se  rendit 
à  Rome,  où  il  donna  son   premier  concert.   Le 


WEISS 


443 


succès  qu'il  y  obtint  l'engagea  à  voyager  en 
Italie.  Arrivé  à  Gênes  au  moment  où  les  trou- 
pes anglaises  prenaient  possession  de  cette 
ville,  les  circonstances  l'obligèrent  à  accepter 
un  emploi  dans  les  bureaux  du  général  Dal- 
rymple  :  mais  deux  ans  après ,  il  reprit  ses  voya- 
ges, arriva  à  Genève  et  fut  présenté  à  Madame 
de  Staël,  puis  se  fixa  en  Angleterre.  Il  a  publié 
environ  soixante-dix  œuvres  de  sa  composition 
pour  la  flûte,  entre  autres,  un  concerto,  œuvre 
premier,  à  Paris;  beaucoup  d'études  pour  cet 
instrument,  à  Londres  chez  Clementi;  des 
fantaisies,  œuvres  12,  13,  14,  24,  44  et  45  ;  et 
des  trios  pour  trois  flûtes,  œuvres  20  et  59, 
ibid.;  des  duos,  etc.  On  a  aussi  sous  son  nom 
une  grande  méthode  de  flûte  en  deux  parties, 
op.  50  ;  elle  a  pour  litre  :  New  methodicul 
Instruction- L'ook  for  the  Flûte;  Londres 
(sans  date),  in-fol. 

WEÏSS  (Frédéric-Guillaume),  médecin 
du  landgrave  de  Hesse-Rolhenbourg,  naquit  à 
Gœltingue,  le  3  mai  1744.  Depuis  1775  jus- 
qu'en 1770,  il  publia  trois  recueils  deebansons 
avec  accompagnement  pour  le  clavecin,  et 
deux  suites  de  danses  anglaises.  On  a  de  ce 
médecin  quelques  traités  de  botanique,  dont 
le  dernier  a  paru  à  Gœltingue,  en  1782. 

WEISS  (François),  violoniste  au  service 
du  prince  Razumowsky,  à  Vienne,  naquit  en 
Silésie,  le  18  janvier  1778.  Cet  artiste  jouait 
de  l'alto  dans  les  célèbres  séances  de  quatuors, 
où  les  compositions  de  Beethoven  furent  exé- 
cutées pour  la  première  fois  par  Schuppanzich, 
le  prince  lui-même  au  second  violon,  et  Linke 
au  violoncelle.  Weiss  est  mort  à  Vienne,  le 
25  janvier  1830.  Il  était  compositeur  de  quel- 
que mérite  et  a  écrit  la  musique  de  plusieurs 
ballels;  des  symphonies  et  ouvertures;  des 
variations  brillantes  pour  violon  et  orchestre, 
op.  13;  Vienne,  Artaria;  trois  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse,  op.  1,2,  idem, 
op.  8;  Vienne,  Haslinger;  trois  idem,  op.  0, 
10, 12;  Offenbach,  André;  quintette  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  violoncelle,  op.  5;  Vienne, 
Artaria;  duos  pour  deux  flûtes;  duos  pour 
deux  violons  ;  grandes  sonates  pour  piano, 
op.  4  et  6,  etc.  Weiss  a  écrit  aussi  des  sym- 
phonies concertantes  pour  flûte,  basson  et 
trombone  avec  orchestre,  exécutées  à  Vienne 
avec  un  brillant  succès  par  les  frères 
Kbayll. 

WEISS  (Jules),  fils  d'un  marchand  de 
musique  de  Berlin,  né  le  10  juillet  1814,  fil  ses 
premières  études  de  musique  sous  la  direction 
du  violoniste  Henning,  cl  compléta  son  instruc- 
tion musicale  par  les  leçons  de  Grell  et  de  Run- 


genhagen.  Ses  études  terminées,  il  sn  livra  à 
l'enseignement  de  son  art  jusqu'en  1853.  Il 
succéda  alors  à  son  père  dans  son  commerce 
de  musique.  Parmi  ses  compositions,  on  remar- 
que un  quatuor  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  des  psaumes  à  quatre  voix,  beaucoup  de 
Liederel  quelques  pièces  de  piano.  On  a  aussi 
de  lui  une  grande  méthode  de  piano  el  une 
méthode  de  violon.  M.  Weiss  a  rédigé  les  arti- 
cles de  musique  dans  la  Gazette  des  Etats 
prussiens  (Preussischen  Staatszeitung),  de- 
puis   184G jusqu'en  1850. 

WEISS  (Gustave-Godeeroid),  professeur 
de  chant  et  compositeur  à  Berlin,  né  le  13  dé- 
cembre 1820,  à  Conradswaldau,  prèsde  Lands- 
hut  (Silésie),  où  son  père  était  cantor  et  insti- 
tuteur, reçut  de  lui  les  premières  leçons  de 
piano,  d'orgue  et  de  violon.  Ses  heureuses  dis- 
positions pour  la  musique  se  manifestèrent  dès 
sa  première  jeunesse;  mais  destiné  par  son 
père  à  la  carrière  du  professorat,  il  dut  suivre 
les  coursde  l'École  polytechnique  de  Landshut 
et  du  séminaire  normal  de  Breslau.  Après 
trois  années  d'études  faites  avec  une  grande 
distinction,  il  fut  envoyé  parla  régence  royale 
de  Breslau  à  Berlin,  afin  d'y  continuer  ses  étu- 
des musicales.  Arrivé  dans  cette  ville  au  prin- 
temps de  1841,  il  entra  aussitôt  à  l'Institut 
royal  de  musique  religieuse  et  fut  également 
élève  de  la  classe  de  musique  de  l'Académie  des 
Beaux- Arts.  Depuis  le  mois  d'août  1841  jus- 
qu'au même  mois  de  l'année  1844,  il  fit  un 
cours  complet  de  composition  sous  la  direction 
de  M.  Marx.  En  même  temps,  il  reçut  d'Hubert 
Ries  des  leçons  de  violon,  instrument  qu'il  avait 
précédemment  cultivé  avec  succès.  En  1845, 
la  rédaction  de  la  Gazette  d'Etat  lui  confia  en 
partie  le  feuilleton  musical,  et  dans  le  même 
temps  il  devint  rédacteur  delà  Gazette  illustrée 
de  Leipsick,  et  correspondant  de  la  nouvelle 
Gazette  musicale  decette  ville.  La  lecture  de  la 
Nouvelle  méthode  de  chant,  de  Nehrlich  (voyez 
ce  nom)  lui  inspira  le  goût  de  cet  art;  il  se  lia 
d'amitié  avec  l'auteur  de  celle  mélhodeet  l'ac- 
compagna dans  ses  voyages  à  Hambourg,  à 
Brème  et  à  Vienne,  en  1847.  Il  termina  dans 
celte  ville  un  opéra  en  quatre  actes,  intitulé 
Heinrich  Mœnch  von  Landskron.  Les  événe- 
ments de  1848  l'ayant  obligé  à  retourner  à  Ber- 
lin, il  y  présenta  son  opéra  à  l'intendance 
générale  des  théâtres;  mais  il  fut  rejeté 
à  cause  du  libéralisme  trop  prononcé  du 
livret.  En  1840,  Weissdébuta  comme  chanteur 
au  théâtre  de  Polsdam  ;  il  n'y  eut  pas  de  suc- 
cès, parce  que  sa  voix  fut  considérée  comme 
insuffisante  pour  le  chant  dramatique.  En  1850, 


44  i 


YVEISS  —  WEISSFLOC 


il  fit  un  voyagea  Paris  cl  «i  Londres.  De  retour 
en  Allemagne,  il  fit  de  nouveaux  essais  sur  les 
théâtres  de  Cologne  et  de  Gœtlingue:  mais  ils 
ne  furent  pas  plus  heureux  qu'à  Potsdam. 
Ayant  perdu  Ah  lors  l'espoir  de  réussir  à  la 
scène,  il  selixa  à  Hambourg,  en  1853,  y  ouvrit 
des  cours  de  chant;  puis  il  retourna  à  Berlin 
en  1856.  Deux  ans  après,  il  fut  nommé  profes- 
seur de  chant  au  collège  de  Joachimstahl.  On 
a  de  cet  artiste  plusieurs  recueils  de  Lieder 
puhliésà  Berlin,  à  Hambourg,  à  Breslau,  et  des 
variations  caractéristiques  pour  le  piano,  in- 
titulées Modulation  de  l'âme;  Vienne,  Has- 
linger. 

WEISSBECK  (Nicolas),  canlor  à  l'é- 
glise de  Sainte-Marie,  à  Mulhausen  en  Thu- 
ringe,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  s'est  fait  connaître  comme  compositeur 
et  comme  écrivain  didactique,  par  les  ouvrages 
suivants  :  1"  Hochzeit  Colloquium,  Reim- 
und  Gesangs-JVeise  mit  4  Stimmen  gerichlet 
(Dialogues  de  noces,  etc.,  à  quatre  voix);  Er- 
furt,  1014.  2°  Brevis  et  perspicua  introductio 
in  arlem  musicam  pro  pueris  et  puellis 
aliisque  musices  amatoribus,  ut  brevi  tem~ 
pore  cantum  discere  possint,  cum  brevibus 
exemplii  pro  solmisandi  exercitio,  2,  5  et  4 
voc,  item  etiam  et  tractatu  deprotonotatione 
psalmorum  majorum  et  minorumper  omnes 
tonos;  Hildesheim,  1639,  in-8°. 

WEISSBECK  (Jear-Miciiei),  né  le 
10  mat  175G,  à  Unlerlaimbach,  en  Souabe, 
fut  d'abord  avocat  à  Erlangen,  puis  canlor  et 
organiste  à  l'église  Sainte-Marie,  à  Nurem- 
berg. Il  mourut  dans  cette  ville,  le  1er  mai  1808, 
à  l'âge  de  cinquante-deux  ans.  Weissbeck,  le 
premier,  attaqua  la  fausse  théorie  enseignée 
par  l'abbé  Vogler  dans  l'école  de  Manheim. 
L'écrit  qu'il  publia  sur  ce  sujet  a  pour  titre  : 
Protestationsschrift ,  oder  exemplarische 
ÏViderlegung  einiger  Slellcn  und  Perioden 
der  Kapellmeister  Voglerschen  Tonwissen- 
schaft  und  Tonsetzkunst  (Protestation,  ou 
réfutation  exemplaire  «le  quelques  passages 
du  traité  de  la  science  et  de  l'art  de  la  mu- 
sique,du  maitrede  chapelle  Vogler);  Erlangen, 
Kunstmann,  1783,  in-4"  de  dix-sept  pages 
avec  un  supplément  de  quatre  pages  publié  au 
mois  de  février  1784.  Knecht  prit  la  défense 
du  système  de  son  maître  Vogler,  dans  un  re- 
cueil publié  à  Ulm,  en  1785.  (Voyez  Knecht; 
voyez  aussi  mon  Esquisse  de  l'histoire  de 
l'harmonie,  page  133,  et  mon  Traité  com- 
plet de  la  théorie  et  de  la  pratique  de  l'har- 
monie, p.  227.)  On  a  aussi  de  Weissbeck 
quelques  petits  écrits   sur  divers  sujets  inti- 


tulés :  1°  Ueber  Hem  Abl  Voglers  Orgel- 
orchestrion  zu  Slockholm[Snr  l'orgue  orches- 
trion  de  l'abbé  Vogler),  1797,  avec  le  litre 
seul  imprimé,  et  le  texte  en  copie  manuscrite, 
S'Etwas  iiber  ffrn.  Dan.  Gotll  Turks  wich- 
tige  Organistenpflichten  (Quelque  chose  sur 
les  principaux  devoirs  d'un  organiste  par 
M.  Dan.  Théophile  TUrk)  ;  Nuremberg,  1798, 
in-8°,  p.  3°  Einige  merkwurdige  Geschichten 
von  der  drei  Beruhmten  Orgelspielern, 
Hzsler,  Rœssler  und  Vogler  (Quelques  anec- 
dotes remarquables  des  trois  célèbres  orga- 
nistes Haessler,  Rœssler  et  Vogler),  Nurem- 
berg, 1800,  in-8°de  quatre  pages.  4°  Seltsame 
Geschichtederbisherigen  Lebensalterstnmme 
der  Orgelvirtuosen  Hxssler,  Rœssler  und 
Vogler  (Histoire  singulière  de  la  vie  des  vir- 
tuoses organistes  Hœssler,  Rœssler  et  Vogler 
jusqu'à  ce  jour)  ;  Nuremberg,  1800,  in-8°  de 
huit  pages.  5°  Antwort  auf  Herrn  Musik- 
director  Knechts  Vertheidigung  der  Vo- 
gler'schen  Tonschule  (Réponse  à  la  défense 
de  l'école  de  musique  de  Vogler,  par  M.  le 
directeur  de  musique  Knecht)  ;  Nurem- 
berg, 1802. 

WLIfSE  (Cihiéties-Heiiman»),  professeur 
de  philosophie  à  l'Université  de  Lcipsick,  né 
dans  cette  ville,  est  auleur  d'un  livre  intitulé: 
System  der  Aeslhetik  als  ÎVissenschaft  von 
der  Idée  der  Schœnheil  (Système  d'esthétique, 
comme  science  de  l'idée  de  la  beauté),  Leip- 
sick,  Hartmann,  1830,  deux  parties  in-8». 
Dans  la  seconde  partie,  il  traite  du  beau  dans 
la  musique,  depuis  la  page  19  jusqu'à  la 
page  103. 

WEISSENSEE  (Fhédémc),  compositeur 
de  musiqued'église,  naquit  vers  1560  àSchwer- 
sledt,  dans  la  Thuringe.  Après  avoir  occupé, 
vers  1590,  une  place  de  maître  d'école  àGebe- 
sée,  il  vécut  comme  musicien  à  Magdebourg, 
puis  obtint,  en  1611,  sa  nomination  de  pasteur 
à  Altenwendigen,  en  Souabe.  11  a  publié  de  sa 
composition  :  Evangelische  Spneche  auf  die 
vornehmster  Fest-Tage  von  5  Stimmen 
(Paroles  évangéliques  pour  les  principaux 
jours  de  fête,  à  cinq  voix);  imprimé  en  1595. 
2°  Opus  melicum,  methodicum  et  plane  no~ 
vum,  continens  harmonias  selectiores  4,  5, 
6-12,  vocum,  singulis  diebus  Dominicis  et 
festis  accommodatas;  Magdebourg,  1602,  in- 
fol.  3°  Geistlich  Braut-und  Hochzeilgesang , 
mit  G  Stimmen  componirt  (Chants  spirituels 
de  fiançaillesel  de  noces,  composés  à  six  voix); 
Magdebourg,  1611,  in-4°. 

WEISSFLOG  (CiinÉTiEs-GoTTiiiLF),  né 
à  Lauter,  en  Silésie,  le  11  avril  1732,  entra  au 


WE1SSFL0G  —  WE1TZMANN 


443 


lycée  de  Sagan  à  Page  de  douze  ans,  et  alla 
achever  ses  études  à  l'université  de  Leipsick, 
en  1756.  Après  y  avoir  suivi  les  cours  de  théo- 
logie, il  fut  nommé  précepteur  à  Belslaedt  en 
1760,  puis  à  Hirschberg,d'où  il  alla  à  Bautzen  en 
1767,  et  fut  appelé  à  Sagan  deux  ans  après,  en 
qualité  de  cantor  de  l'église  de  la  Grâce,  et  de 
professeur  au  lycée.  Il  mourut  en  1804. 
Weissflog  a  composé  beaucoup  de  morceaux 
estimés  pour  l'église,  et  les  petits  opéras  dont 
voici  les  litres:  Le  Déjeuner  de  chasse;  La 
Fête  delà  récolte;  L'Héritage  ;  le  Trésor; 
L'Heureux  malheur;  L'Ermite,  tous  en  alle- 
mand. 

WEISSFLOG  (Charles),  fils  du  précé- 
dent, naquit  à  Sagan,  le  27  décembre  1780. 
Destiné  par  son  père  à  la  profession  d'avocat, 
il  commença  ses  éludes  au  gymnase  de  Hirsch- 
berg,  les  acheva  à  l'université  de  Kœnigsberg, 
et  obtint  ensuite  un  emploi  à  Sagan.  Dans  sa 
jeunesse,  il  se  livra  avec  ardeur  à  la  musique, 
et  composa  un  Salve  Regina,  une  messe  solen- 
nelle et  un  Dies  irx,  dont  les  manuscrits  sont 
encore  à  l'église  principale  de  Sagan.  En 
1819,  Weissflog  alla  aux  bains  de  Warmbrunn 
et  y  fil  la  connaissance  du  célèbre  écrivain 
romantique  Hoffmann.  Passionné  pour  le  gé- 
nie de  cet  homme  singulier,  il  écrivit,  à  sou 
exemple,  beaucoup  de  nouvelles  dans  lesquelles 
il  fait  entrer  la  musique  comme  élément  de 
l'intérêt.  Ses  principaux  ouvrages  sont:  1°  Der 
Pudelmiitze  sechs  \tnd  zwanzigsles  Geburls- 
fest  (Le  vingt-sixième  anniversaire  de  nais- 
sance du  bonnet  fourré).  Il  y  l'ail  preuve  de 
connaissances  étendues  dans  la  facture  de  l'or- 
gue. 2°  Der  wiithende  Holofernes  (l'Holo- 
pherne  enragé),  plaisanterie,  à  l'occasion  des 
grandes  fêles  musicales.  5"  Histoire  du  chan- 
teur de  la  cour  Hilarius.  4°  Différents  in- 
stants de  ma  vie.  5°  Comment  l'étudiant  Ca- 
rolus  voululvendre  sonviolon  pour  un  ducat. 
6°  Dus  Credo  der  Todten  (Le  Credo  des 
morts),  interprétation  «lit  Dies  irx  basée  sur 
une  de  ses  compositions.  7°  Die  siebente  IIo- 
belspan  (Le  septième  copeau),  satire  contre 
les  éditeurs  et  les  arrangements  qu'ils  font 
faire  des  œuvres  des  compositeurs.  8°  Carac- 
téristique des  sept  paroles  du  Sauveur  sur  la 
croix,  de  Haydn.  9"  Caractéristique  de  la  troi- 
sième partie  de  la  Création,  du  même  compo- 
siteur. 10°  Kunst-und  Beltelfahrt  von  brat- 
schisten  Fidelius  (Voyage  d'art  et  de  mendi- 
cité du  violiste  Fidelius)  ;  le  meilleur  roman 
de  l'auteur,  contenant  des  observations  pi- 
quantes sur  le  goul  actuel  en  musique.  1 1»  Das 
grosse  Loos  (le  gros  loi),  contenant  beaucoup 


d'observations  sur  le  génie  de  Gluck.  Toutes 
ces  pièces  se  trouvent  dans  la  collection  des 
œuvres  de  Weissflog,  publiée  à  Dresde,  chez 
Arnold,  1824-1827,  7  vol.  in-8\  Cet  écrivain 
mourut  à  Warmbrunn,  le  17  juillet  1828. 

WKISSMAIMV  (Jbah-IIekih),  magister  à 
Rudolsladt,  puis  professeur  à  Cobourg,  mort 
en  1815,  a  publié  plusieurs  ouvrages  de  philo- 
sophie et  de  littérature,  parmi  lesquels  on  re- 
marque: Abhandlung  itberdie  Cantate  (Dis- 
sertation sur  la  cantate);  Rudolstadt,  1782, 
in-8". 

WEITZLER (Georges  Christophe), direc- 
teur de  l'école  de  la  nouvelle  ville,  à  Thorn, 
naquit  en  1734,  à  Finkenslein,  en  Prusse,  et 
mourut  le  13  octobre  1775.  On  a  de  lui  des 
éléments  de  l'art  déjouer  du  clavecin  intitu- 
lés: Kurzer  Enlwurf  der  ersten  Anfangs- 
grunde  auf  dem  Claviere  nach  Nolen  zu 
spielen;  Kœnigsberg,  Fr.  Driest,  1775,  in-4°. 
L'année  suivante,  il  publia  la  suite  de  cet  ou- 
vrage, sous  ce  titre:  Kurzer  Enlwurf  der 
ersten  Anfangsgrunde  den  Generalbass  auf 
den  Klavier  nach  Zahlen  zu  spielen  (Courte 
esquisse  des  premiers  principes  de  l'art  de 
jouer  la  basse  continue  sur  le  clavecin,  d'après 
les  chiffres);  Kœnigsberg,  1756,  in -4°.  Ces 
deux  petits  ouvrages,  qui  ne  sont  pas  dépour- 
vus de  mérile,  ont  été  reproduits,  avec  des 
remarques  de  Marpurg,  dans  les  Essais  histo- 
riques et  critiques  de  ce  dernier.  (Hist.  krit. 
Beylrsge  sur  Aufnahme  der  Musik,  t.  III, 
pp. 200-267).  On  trouvedans  le  même  recueil  un 
supplément  au  premier  ouvrage  île  Weilzler, 
avec  les  remarques  de  Marpurg  (pp.  97-123). 
Weitzler  a  donné  aussi  des  idées  sur  les 
sons,  en  lant  que  déterminés  (Gedanken  von 
der  Tœnen),  dans  le  quatrième  volume  des 
Essais  historiques  et  critiques  de  Marpurg 
(pp.  379-592). 

WEITZMAINN  (Chaules-Frédéric),  pro- 
fesseur d'harmonie  et  de  contrepoint  au  Con- 
servatoire du  musique  de  Berlin,  est  né  dans 
celte  ville,  le  10  août  1808.  Ses  éludes  musica- 
les commencèrent  par  les  leçons  de  violon  qu'il 
reçut  de  Charles-Guillaume  Henning.  Il  devint 
ensuite  élève  de  Bernard  Klein  pour  la  théorie 
et,  enfin,  il  alla,  en  1827,  compléter  son  in- 
duction à  Casscl  avec  Spohr  et  Hauplmann 
(voyez  ces  noms).  En  1832,  il  obtint  une  place 
de  violoniste  et  de  chef  des  chœurs  au  théâtre 
de  Riga.  Il  fonda  dans  celle  ville  une  société 
de  chant  avec  Dorn  (voyez  ce  nom).  Appelé  à 
Reval  en  1834,  comme  directeur  de  musique 
de  l'Opéra  allemand,  il  y  lit  représenter  plu- 
sieurs ouvrages  dramatiques  de  sa  composition. 


446 


WE1TZMANN  -  WELDEN 


Deux  ans  après,  il  se  rendit  à  Pétersbourg,  où 
il  fut  premier  violon  du  théâtre  impérial,  et 
directeur  de  musique  à  l'église  allemande  de 
Sainte-Anne,  pour  laquelle  il  a  composé  des 
chants  liturgiques.  Après  dix  années  de  ser- 
vice à  l'Opéra  impérial,  M.  Weilzmann  obtint 
une   pension  de   la   cour  de  Russie;  puis   il 
entreprit,  avec  le   hautboïste  G.  Brod ,    un 
voyage  en  Finlande.  En  1846,  il  se  rendit  à 
Paris  avec  le  même  artiste  et  entra  à  l'orches- 
tre du  Théâtre  Italien,  comme  violoniste;  puis 
il  alla  à  Londres,  où  il  remplit  le  même  emploi 
au  théâtre  de  la  Reine.  Dans  ces  deux  capitales, 
il  mita  profil  les  trésors  des  grandes  biblio- 
thèques publiques  pour  des  études  de  théorie 
et  d'histoire  de  la  musique.  Les  airs  populaires 
des  diverses  nations  furent  particulièrement 
les  objets  de  ses  recherches:  il  en  possède  la 
collection  la  plus  nombreuse  qui  existe  peut 
être  aujourd'hui.  De  retour  à  Berlin  en  1848, 
il  s'y  est  marié  et  a  été  nommé  professeur 
d'harmonie  et  de  contrepoint  au  Conserva- 
toire.En  1858,  il  a  fait  des  lectures  sur  diver- 
ses parties  de  la  musique.  Parmi  ses  ouvrages, 
on  remarque  trois  opéras  représentés  à  Reval, 
à  savoir:  Rxuberliebe  (Le  voleur  amoureux), 
IFalpurgisnachl  (La  nuit  de  Walpurgis),   et 
Lorbeer  und  Bettelslab  (Laurier  et  bâton  de 
mendiant);  quelques  cahiers  de  Lieder  avec 
accompagnement  ue    piano  ;   des   pièces   de 
piano  à    quatre  mains.  M.  Weilzmann  s'esl 
fait  connaître  surtout  comme  écrivain  sur  la 
théorie  el  l'histoire   de  la  musique:  ses  ou- 
vrages de  ce  genre  ont  pour  titres  :  1°  Der 
Uebermxssige  Dreiklang  (Les  nombreux  ac- 
cords de  trois  sons);  Berlin,  Gultcntag,  1853, 
petit  in-4"  de  52  pages.  Comme  la  plupart  des 
harmonistes  allemands,  M.  Weilzmann    fait 
abstraction  de  la  loi  de  tonalité,  et  présente  les 
successions  harmoniques  d'agrégations  alté- 
rées d'une  manière  empirique.  2"  Der  vermin- 
derle  Septimen- Accord  (L'accord  de  septième 
diminuée);   Berlin,  llermann   Peters,    1854, 
gr.  in-4°  de  45  pages.  L'auteur  de  cet  écrit 
considère    l'accord    de     septième    diminuée 
comme  fondamental,  et  les  autres  accords  de 
septième  comme  en  dérivant  par  divers  genres 
de  modifications.  C'est  l'idée  la  plus  bizarre 
qui  ail  jamais  passé  par  la  tête  d'un  harmoniste. 
Z"Geschichtedes  septimen- Akkordes  (Histoire 
des  accords  de  septième);  Berlin,  Gtillentag, 
1854, in-4"  de  vingt-trois  pages.  4°  Geschichte 
der  Griechischen  Muzik  (Histoire  de  la  mu- 
sique grecque);  Berlin,  llermann  Peters,  1855, 
grand  in-4°  de  55  pages  de  texte,    avec  dix 
planches  de  musique  ■  5°  Gesch ichte  der  Harmo- 


nie und  ihrer  Lehre  (Histoire  de  l'harmonie 
et  de  sa  théorie),  dans  la  nouvelle  Gazette  mu- 
sicale de  Leipsick,  tome  51 .  Six  morceaux  in- 
téressants sur  les  airs  populaires  de  diverses 
nations,  dans  le  même  écrit  périodique,  tomes 
32,  34  el  40.  7°  Une  critique  de  la  Réforme  de 
/a»nim'<jrued'ErnestdeHeeringen,dansl'JE'e/io, 
gazette  musicale  de  Berlin,  première  année, 
n°  17.  Cette  réforme  prétendue  est  un  système 
nouveau  de  notation  de  la  musique,  absurde, 
comme  la  plupart  deceuxquiont  été  proposés. 
8°  Sur  les  formes  des  anciennes  compositions 
pour  le  clavecin;  dans  ta  nouvelle  Gazelle  mu- 
sicale de  Leipsick,  tome  52.  Plusieurs  autres 
opuscules  de  M.  Weitzmann  ont  paru  dans  di- 
vers journaux  de  musique  de  l'Allemagne. 

WEIXELBAUUI  (Georges),  ténor  alle- 
mand quia  eu  de  la  réputation,  eslnéle8avril 
1780,  à  Wallerslein,  en  Bavière.  Fils  d'un  con- 
seiller du  prince  d'OEltingen,  il  était  destiné  à 
l'état  ecclésiastique;  mais  son  penchant  pour 
la  musique  l'emporta  sur  la  volonté  de  son  père. 
Après  avoir  achevé  ses  études  littéraires  chez 
les  piarisles,  il  se  livra  à  son  goût  pour  cel ail, 
el  reçut  des  leçons  de  musique  el  de  chant  de 
Becke,  intendant  des  concerts  du  prince.  Il 
apprit  aussi àjouerdu  violon,  sous  la  direction 
de  Hammer,  el  exécuta,  en  1802,  un  concerto 
de  Viotti  dans  un  concert  public.  Ayant  perdu 
son  père  peu  de  lemps  après,  il  pril  la  résolu- 
tion de  suivre  la  carrière  delà  musique,  el  par- 
ticulièrement de  l'art  du  chant,  parce  que  sa 
voix  était  devenue  un  beau  ténor.  Il  recula 
Stultgard  des  leçons  de  Krebs,  lénor  du  théâtre 
de  celle  ville,  et  débuta  avec  succès  à  Munich, 
en  1805,  dans  les  principaux  rôles  de  son  em- 
ploi. Nommé  chanteur  de  la  cour  de  Bavière,  il 
occupa  celle  position  et  celle  de  premier  ténor 
du  théâtre.  En  1815,  il  s'éloigna  de  Munich  et 
accepta  un  engagement  pour  le  reste  de  ses 
jours  à  Manheim.  Weixelbaum  a  publié  des 
recueils  de  chansons  allemandes  avec  accom- 
pagnement île  piano,  à  Mayence,  chez  Schott, 
et  à  Hambourg,  chez  Cranz.  Il  a  écrit  aussi  la 
musique  d'un  opéra,  Bertholdder  Zxringer, 
qui   fut  représenté  à  Carlsruhe. 

WELDEN  (LtïwiG  VON).  Sous  ce  pseu- 
donyme se  cache  un  modeste  sacristain  de  l'é- 
glise paroissiale  de  Weldcn,prèsd'Audenarde. 
Son  nom  véritable  est  Louis  de  Hovre  :  il  est 
né  à  Nederbrakel  (Flandre  orientale),  où  son 
père  était  organiste.  Il  occupe  en  ce  moment 
(1864)  la  place  de  clerc  à  Weldcn.  Son  profes- 
seur de  composition  fut  un  musicien  obscur 
nommé  P.  Audisler.  Louis  de  Hovre  ou  Weldcn 
a  publié  àGand,chezGevaerl,  trois  messes  avec 


WELDKN  -  WELSH 


447 


accompagnement  d'orgue,  quatre  anlicnnes  à  la 

Vierge, quado  bénédictions  elsixmotetsà  plu- 
sieurs voix.  Il  a  écrit  aussi  beaucoup  de  mar- 
ches, d'adagios  et  d'andanle  pour  l'orgue  (1). 

WELDOIX(Jean),  compositeuret  organiste 
anglais,  né  à  Cliicbesler,  étudia  la  musique 
sous  la  direction  de  Jean  Walter,  organiste 
d'Eton,  puis  devint  élève  de  Purcell.  Son  pre- 
mier emploi  fut  celui  d'organiste  du  nouveau 
collège,  à  Oxford.  En  1701,  il  reçut  sa  nomina- 
tion de  musicien  de  la  chapelle  royale,  et  sept 
ans  après,  il  succéda  à  Blow  comme  organiste 
de  celte  chapelle.  Une  seconde  place  de  com- 
positeur y  fut  établie  pour  lui  en  1715.  Wel- 
don  mérita  cette  faveur  en  composant  pour  le 
service  de  la  chapelle  beaucoup  d'antiennes  et 
de  services  complets.  Il  était  en  même  temps 
organiste  de  plusieurs  paroisses  de  Londres,  et 
il  conserva  tous  ses  emplois  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  en  1736.  Six  antiennes  de  sa  composi- 
tion, à  voix  seule  avec  basse  continue,  ont  été 
publiées  à  Londres,  en  1730.  On  trouve 
aussi  quelques-unes  de  ses  chansons  dans  la 
collection  intitulée  Mercurius  musicus,  Lon- 
dres, 1734. 

WELLER  (Auguste-Henri),  secrétaire  de 
la  marquise  de  Schœnbourg,  au  château  de 
Harlenstein,  au  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle,  s'est  fait  connaître  par  Une  mé- 
thode tempérée  pour  accorder  les  orgues  et 
pianos,  sans  avoir  recours  à  la  circulation  des 
quintes;  cet  ouvrage  a  pour  titre:  Fersuch 
tiner  Anleitung  Claviere  und  Orgeln  auf 
eine  leichtere  und  zweekmassigere  Art,  als 
auf  die  geivœhnliche  des  Quintenzirkels, 
gleichwebend  zu  temperiren  (Essai  d'une  in- 
struction pour  tempérer  également  les  clave- 
cins et  orgues  par  une  méthode  plus  facile  et 
plus  régulière  que  par  la  circulation  ordinaire 
des  quintes).  Leipsick,  Kuhnel,  1805,  in-4°de 
huit  feuilles.  On  a  aussi  de  cet  amateur  : 
1°  Trois  sonates  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  1,  Leipsick,  1790.  2°  Sonate  pour 
piano  à  quatre  mains.  Leipsick,  Hofmeisler. 
5°  Danses  allemandes  pour  piano,  Leipsick, 
Heinrichs.  Il  ne  paraît  pas  qu'on  ail  imprimé 
un  concerto  pour  clavecin,  deux  violons,  alto, 
basse,  deux  hautbois  et  deux  cors,  qu'il  avait 
terminé  en  1794. 

WELLEtt  (Frédéric),  hautboïste,  cher  de 
musique  du  deuxième  régimement  d'infanterie 

(I)  M.  Xavier  Van  Elcwyck,  ù  qui  je  suis  redevable 
des  renseignements  de  cette  notice,  dit  que  les  compo- 
sitions de  Louis  de  Ilovrc  sont  aussi  remarquables  par 
l'originalité  des  mélodies  que  parla  correction  de  la 
forme. 


de  la  gaule  prussienne,  à  Berlin,  est  né  vers 
1790,  à  WtKililz,  près  de  Dessau.  Il  apprit 
chez  le  musicien  de  la  ville  à  jouer  de  plusieurs 
instruments,  particulièrement  de  la  clarinette. 
En  1809,  il  entra  dans  le  régiment  prussien 
de  Leib  (infanterie),  comme  clarinettiste  ;  il 
le  quitta  en  1814  pour  entrer,  on  qualité  de 
hautboïste,  dans  le  deuxième  régiment  de  la 
garde,  avec  lequel  il  (il  la  campagne  deFrance. 
De  retour  à  Berlin,  il  fut  chargé  delà  direction 
de  la  musique  de  ce  régiment.  Il  se  distingua 
dans  cet  emploi  par  la  bonne  exécution  dans 
les  concerts  donnés  au  Jardin  des  fleurs  de 
Mewes.  En  1838,  Weller  fut  décoré  de  l'Ordre 
militaire,  et  la  pension  de  retraite  lui  fut  ac- 
cordée en  1844.  Il  retourna  alors  à  Wœrlitz  ; 
mais  M.  De  Ledebur  croit  qu'il  a  habité  plus 
lard  à  Zerbst  (1).  Cet  artiste  a  arrangé  beau- 
coup de  musique  pour  les  instruments  à  vent 
et  a  composé  un  grand  nombre  de  marches, 
de  valses,  de  polkas,  de  mazourkes  et  de  qua- 
drilles pour  la  musique  militaire. 

WELSCH  (Chrétien -Louis),  docteur  et 
professeur  de  médecine  à  Leipsick,  naquit  dans 
cette  ville,  le  23  février  1G69,  et  y  mourut  le 
1er  janvier  1719.  Il  fit  imprimer,  pour  obtenir 
le  doctorat,  une  dissertation  intitulée  :  De 
Sono,  divina  benedicenle  clementia  etamplis- 
simophilosophorum  ordine consentiente  dis- 
putabunt  publiée,  etc.,  Lipsiœ,  1G90,  in  4°  de 
vingt-huit  pages. 

WELSH  (Thomas),  musicien  anglais,  né 
vers  1770,  à  Wells,  dans  le  comté  de  Somer- 
set, fit  ses  éludes  musicales  dans  le  chœur  de 
l'église  principale  de  ce  lieu.  La  beaulé  de  sa 
voix  de  soprano  lui  fit  bientôt  dans  le  pays 
une  réputation  qui  engagea  Sheridan  à  le  faire 
venir  à  Londres  pour  chanter  les  solos  dans  les 
oratorios.  Les  leçons  de  Horn  l'aîné,  de  Cra- 
mer et  de  Baumgarten  rendirent  son  éducation 
complète  et  achevée.  Par  les  conseils  de  Kem- 
ble,  il  devint  aussi  très-bon  acteur  et  brilla  sut- 
la  scène  de  Haymarket,  dans  l'opéra  anglais. 
Comme  compositeur,  il  a  donné,  au  théâtre  du 
Lycée,  les  farces  intitulées  :  The  Greeneyed 
Monster,  et  Tiventy  Years  ago,  et  à  celui  de 
Covent-Garden  the  Kamtchatka,  opéra  en  deux 
actes.  On  connaît  aussi  sous  son  nom  des  </iees, 
des  chansons  et  deux  sonates  pour  le  piano, 
gravées  à  Londres,  chez  Clemenli.  Welsch  a 
publié  une  méthode  de  chant  intitulée  :  Fo- 
cal Instructor,  or  the  Art  of  Singing  exem- 
plified  in  fifteen  Lessons.  leuding  to  forty 
progressive  Exercises.  Londres,  Clementi, 
s.  d.  in-fol. 
1*2)  Tonkiiniller  Lexikon  Berlin  s,  p.  Glii. 


448 


WENCKEL  -  WENDL1NG 


WEINCKEL  (Jean-Fiu:déiuc -Guillaume), 
organiste  à  Uelzen,  dans  le  duché  de  Lune- 
bourg,  naquit  le  21  novembre  1754  à  Nieder- 
gebra,  dans  le  comté  de  Hohcnslein.  Son  père, 
qui  lui  avait  inspiré  le  goût  de  la  musique  dès 
son  enfance,  l'envoya  au  gymnase  de  Nord- 
hausen,  où  il  reçut  des  leçons  de  clavecin  et 
d'harmonie  de  Schrœter.  {t'oyez  ce  nom.) 
Sous  ce  maître  distingué,  il  fit  de  rapides  pro- 
grès. En  175G,  il  se  rendit  à  Berlin  et  s'y  lia 
d'amitié  avec  Marpurg,  Ch.-Phil.-Em.  Bach  et 
Kirnberger  ;  les  conseils  qu'il  en  reçut  perfec- 
tionnèrent son  éducation  musicale.  Des  dis- 
cussions qui  s'élevèrent  alors  entre  Marpurg 
et  Quanz,  directeur  de  la  musique  du  roi,  don- 
nèrent à  Wcnckel  l'occasion  de  prendre  la  dé- 
fense de  son  ami  dans  une  lettre  aux  musi- 
ciens (Schreiben  an  die  Herrn  Tonkiinsller 
in  Berlin  iiber  die  dem  Verberichte  die  ersten 
grauischen  Odensammlung  voneinem  Unge- 
nannten;  Berlin,  1761,  in-4"  dedouze  feuillets. 
La  signalure  de  l'auteur  est  à  la  fin.  Quelques 
petites  pièces  de  sa  composition  parurent  aussi 
dans  les  recueils  et  Mélanges  de  Marpurg  et  de 
Kirnberger.  Après  un  séjour  de  sept  années  à 
Berlin,  Wenckel  fut  appelé  àSlendal,  pour  y 
remplir  les  fonctions  de  directeur  de  musique 
des  quatre  églises  principales.  Il  y  écrivit  plu- 
sieurs compositions  pour  divers  instruments, 
En  1708,  on  lui  offrit  une  place  d'organiste  à 
Uelzen.  L'excellence  de  l'instrument  qu'il  était 
appelé  à  jouer  le  décida  à  accepter  cette  pro- 
position. Wenckel  vivait  encore  dans  cette  mo- 
deste position  en  1791.  L'époque  de  sa  mort 
n'est  pas  connue.  Outre  les  morceaux  cités 
précédemment,  il  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Sonate  pour  le  clavecin,  dans  le  recueil  de 
llafner,  en  1700.  2°  Mélanges  pour  le  même 
instrument;  Slendal,  1704.  ô°  Cantate  avec 
accompagnement  de  clavecin,  à  Berlin, 
4°  Morceaux  de  clavecin,  à  l'usage  des  dames  ; 
première  partie,  1708;  deuxième  partie,  1771. 
5°  Six  duos  pour  deux  flûtes,  1772.  0°  Solo 
pour  le  violon.  7°  Six  sonates  faciles  pour  le 
clavecin,  1775. 

WEND(Jean),  hautboïste,  naquit  à  Winar- 
ziez  en  Bohême,  le  28  juin  1745.  Après  avoir 
été  quelques  an  nées  au  service  du  comte  Pachla, 
à  Prague,  il  se  rendit  à  Vienne,  où  il  entra 
dans  la  chapelle  de  la  cour.  Il  y  était  encore  en 
1795.  On  a  gravé  de  sa  composition,  à  Offen- 
bach,  en  1790,  trois  quatuors  pour  hautbois, 
violon,  alto  et  basse.  Wend  a  laissé  en  manus- 
crit des  concertos  et  solos  pour  son  instrument. 

WENDELSTEIIN  (Jka>).  t'oyez  COCSI- 
LÊE. 


WEÏMDICS  (Jean),  pasteur  à  Tolprich- 
hausen  dans  la  principauté  de  Hesse-Cassel, 
au  commencement  du  dix- septième  siècle,  a 
fait  imprimer  :  Elliche  Hochzeitlieder  mit  4 
und  8  Slimmen  (Quelques  chansons  de  noces 
à  quatre  et  à  huit  voix)  ;  Cassel,  1008,  in-4". 
Il  est  vraisemblable  que  cet  auteur  est  le  même 
que  le  musicien  appelé  Wendin,  dans  le  pre- 
mier lexique  de  Gerber,  et  que  c'est  à  lui  qu'il 
faut  attribuer  les  Chants  spirituels  à  trois 
voix  et  plusieurs  instruments ,  dont  le 
premier  volume  a  paru  à  Hambourg,  en  1597. 

WEINDLIIVOw  (Jean-Baptiste),  né  en  Al- 
sace, dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  entra,  en  1754,  au  service  de  l'électeur 
Palatin,  à  Manheim,  en  qualité  de  flûtiste  de 
sa  chapelle.  Deux  ans  après,  il  épousa  la  célè- 
bre cantatrice  Dorothée  Spurni,al  tachée  comme 
lui  au  théâtre  du  prince,  et  lit  avec  elle  plu- 
sieurs voyages  dans  les  grandes  villes  d'Alle- 
magne, où  il  se  fit  remarquer  par  son  talent. 
En  1778,  il  suivit  la  cour  et  toute  la  chapelle 
à  Munich,  puis,  en  1780,  il  se  rendit  à  Paris  et 
brilla  au  concert  spirituel.  De  retour  à  Mu- 
nich, vers  la  fin  de  la  même  année,  il  n'a  plus 
quitté  celle  ville  après  celle  époque,  et  y  est 
mort  en  1800.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Premier  concerto  pour  flûte  et  orchestre, 
Paris,  Boyer.  2n  Six  trios  pour  flûte,  violon 
et  basse,  Londres,  Longman  et  Broderip. 
3°  Plusieurs  œuvres  de  duos  gravés  à  Paris  et 
à  Amsterdam,  chez  Hnmmel.  4°  Son  dixième 
œuvre  consiste  en  six  quatuors  pour  flûte, 
violon,  alto  et  basse  ;  Berlin,  Hummel. 

WENDLING  (Dorothée),  fille  de  Spurni, 
musicien  au  service  du  duc  de  Wurtemberg, 
naquit  à  Slutlgard,  en  1757,  et  reçut  de  son  père 
des  leçons  de  musique.  En  1752,  elle  se  rendit 
à  Manheim  et  y  entra  dans  la  musique  de  la  cour 
où  elle  brilla  comme  cantatrice  à  la  scène  et  da ns 
les  concerts.  En  1756,  elle  épousa  le  flûliste 
Jean -Baptiste  Wend ling(t'Oj/e;  l'article  précé- 
dent), avec  qui  elle  vécut  dans  une  heureuse 
union.  Ayant  suivi  la  courà  Munich,  en  1778, 
elle  continua  d'y  chanterai!  théâtre  jusque  vers 
1790.  Retirée  alors,  et  placée  dans  une  situa- 
lion  aisée,  elle  donna  des  leçons  de  chant  et 
forma  quelques  bonnes  élèves.  Cette  canta- 
trice distinguée  mourut  à  Munich,  en  1809. 
WENDLIIXG  (  Auguste-Elisabeth  ),  femme 
de  Charles  Wendling,  violoniste  au  service  du 
prince  Palatin,  fut  une  cantatrice  distinguée. 
L'urne}',  qui  l'entendit  à  Manheim  en  1772,  lui 
accorde  des  éloges.  Plus  tard,  elle  suivit  la  cour 
;ï  Munich  cl  y  brilla  particulièrement  dans 
VJrmide  de  Sarti.  Elle  mourut  dans  celle 


WENDLING  —  WENZEL 


449 


ville  en  1794,  non  à  l'âge  de  trente-quatre 
ans,  comme  le  disent  Gerber  et  ses  copistes, 
mais  dans  sa  trente-neuvième  année. 

WENDT  (Jean-Amédée),  professeur  de 
philosophie  à  l'Université  de  Leipsick,  naquit 
dans  celte  ville  en  1783.  Connu  par  plusieurs 
dissertations  latines  et  par  divers  écrits  philo- 
sophiques, il  s'est  aussi  distingué  comme  ama- 
teur de  musique  par  les  morceaux  concernant 
cet  art  qu'il  a  fait  insérer  dans  plusieurs  jour- 
naux, notamment  dans  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick.  La  viedeRossini  qu'il  publia  en 
1824,  d'après  l'ouvrage  de  Stendhal,  lui  valut 
sa  nomination  déconseiller  de  cour  du  grand- 
duc  de  Hesse-Darmsladl.  En  1829,  il  obtint  les 
litres  de  conseiller  du  roi  de  Hanovre  et  de 
professeur  à  l'Université  de  Gœltingue,  où  il 
fit  des  cours  d'esthétique.  Il  mourut  danscetle 
position,  le  15  octobre  1836.  Les  écrits  de 
Wendt  relatifs  à  la  musique  sont  ceux-ci  : 
1°  Fondem  Einflussder  Musik  aufdenC'ha- 
racter  (De  l'influence  de  la  musique  sur  le 
moral  de  l'homme),  dans  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick,  1808,  numéros  G  et  7.  2°  Ue- 
ber  den  Zustand  der  Musik  in  Deutschland 
in  den  letzlen  Jahren  (Sur  la  situation  de  la 
musique  en  Allemagne  pendant  les  dernières 
années,  1817-1822)  dans  la  Gazette  musicale 
de  Vienne,  1822,  numéros  95,  94,95,  96  et  97). 
3"  Sur  le  séjour  de  mademoiselle  Schechner  à 
Leipsick,  dans  la  Gazette  du  monde  élégant, 
1827,  numéros  199,  200,  201  et  202.  4-  Leben 
und  Treiben  Rossini's  (Vie  et  oeuvres  de 
Rossini),  Leipsick,  1824,  in-8".  5°  Belrach- 
lung  iiber  Musik  und  insbesondere  iiber  den 
Gesang,e[c,  (Considérations  sur  la  musique  et 
en  particulier  sur  le  chant),  dans  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick,  douzième  ann.,  p.  281, 
297,  313  cl  555.  C°  Ueber  die  ffauptperioden 
der  schœncn  Kunst,  etc.  (Sur  les  périodes 
principales  des  beaux-arts,  etc.),  Leipsick, 
Barlh,  1831,  un  vol.  in  8°  de  vingt-quatre 
feuilles.  Cet  ouvrage,  qui  renferme  des  choses 
intéressantes  relativesàla  musique,  a  été  ana- 
lysé dansle  trente-quatrième  volume  de  la  Ga- 
zette musicale  de  Leipsick,  p.  109-177.  Wendt 
a  publié  la  musique  de  plusieurs  chansons  et 
romances. 

WENDT  (Ernest-Adolphe),  né  à  Schwic- 
bus,  village  de  la  Prusse,  le  G  janvier  1804, 
commença  fort  jeune  l'élude  de  la  musique, 
dans  laquelle  il  fit  beaucoup  de  progrès.  Des- 
tiné à  l'enseignement,  il  entra  au  séminaire  de 
Neuzcll,  en  1822,  et  y  apprit  la  théorie  de  la 
musique  sous  la  direction  du  professeur  Zschies- 
chc.   rendant  le  temps  qu'il  y  passa,  il  étudia 

_      BIOGR.  UNIV.  DES  MUSICIENS.  T.   VIII. 


la  composition  dans  le  Traité  de  la  fugue  de 
Marpurg  et  commença  à  écrire.  Plus  lard,  il 
continua  ses  éludes  à  Berlin,  sous  la  direction 
de  Zeller,  de  Bernard  Klein  et  de  Guillaume 
Bach.  En  1826,  il  fut  nommé  professeur  de 
musique  au  séminaire  de  Neuwied  ;  depuis  lors, 
il  conserva  cette  place  et  contribua  puis- 
samment à  répandre  le  goût  de  cet  art  dans  la 
partie  de  l'Allemagne  rhénane  où  son  activité 
s'est  développée.  Bon  organiste,  pianiste  habile, 
chef  intelligent  de  l'orchestre  du  prince  de 
Neuwied,  et  compositeur  estimable,  il  a  publié 
quelques  ouvrages  parmi  lesquels  on  remar- 
que :  1°  Vingt-quatre  préludes  faciles  pour 
l'orgue,  op.  1  ;  Bonn,  Simrock.  2"  Variations 
pour  piano  et  orchestre.  3°  Grand  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle.  4°  Grande  sonate 
pour  piano  à  quatre  mains.  Il  avait  aussi  en 
manuscrit  des  symphonies,  trois  ouvertures  à 
grand  orchestre,  des  canlales  avec  orchestre, 
des  quatuors  pour  violon,  des  rondeaux  et  des 
solos  de  concert  pour  le  hautbois,  la  flûte  et  la 
clarinette.  Cet  artiste  estimable  est  mort  à 
Neuwied,  le  5  février  1850. 

WENICK  (Georges),  maître  de  chapelle 
de  Saint-Denis,  à  Liège,  mort  en  1700,  fut  bon 
organiste  et  compositeur  de  mérite.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  des  messes,  des  motets  et  des 
psaumes  qui  étaient  chantés  autrefois  dans  les 
églises  de  la  Belgique. 

WEIMK  ou  WENCK  (Auguste-Henri), 
né  à  Biuheim,  dans  le  duché  de  Gotha,  apprit 
à  jouer  du  violon  chez  Halascb,  à  Gotha,  et 
reçut  de  Georges  Benda  des  leçons  de  clavecin 
et  de  composition.  Ayant  accompagné  ce  maî- 
tre à  Paris,  vers  1786,  il  y  passa  plusieurs 
années  et  y  publia  six  sonates  pour  clavecin  et 
un  pot-pourri  pour  clavecin  et  violon.  De  re- 
tour à  Gotha,  il  y  obtint  la  place  de  secrétaire 
du  prince  régnant.  Dans  celte  position  il  con- 
tinua de  se  livrer  à  la  culture  de  la  musique, 
de  la  composition,  et  s'occupa  du  soin  de  per- 
fectionner la  construction  du  piano  et  de  l'har- 
monica. Il  devint  aussi  virtuose  sur  ce  dernier 
instrument.  En  1798,  il  inventa  un  nouveau 
chronomètre  musical,  dont  il  a  donné  la  des- 
cription sous  ce  litre  :  Beschreibung  eines 
Chronnmetcrs  oder  musikalischen  Taktmes- 
sers,  elc,  Magdebourg,  Georges-Christ.  Keil, 
1798,  in-8"  de  trente  pages  avec  une  planche. 
En  1806,  Wenk  fit  un  voyage  en  Hollande  et 
se  fixa  à  Amsterdam,  où  il  vivait  encore  en 
1810.  On  n'a  plus  de  renseignements  sur  sa 
personne  après  celle  époque. 

WENZEL  (Jean-Christophe),  né  le  8  fé- 
vrier 1659,  à  Unlcrcllcn,  près  d'Eisenacb,  fut 

29 


430 


WEiN'ZEL  -  WERCKMEISTER 


d'abord  directeur  de  l'école  d'Allen  bon  rg,  puis 
du  gymnase  de  Zillau.  Il  mourut  dans  cette 
ville,  le  2  mais  1723.  Au  nombre  de  ses  écrits  on 
remarque  celui  qui  a  pour  titre:  Programma 
in  forma  lapidait  nebst  zwei  deulschen  Oden; 
Allenbourg,  7  octobre  1C9G,  in-4°  de  2  feuil- 
les. Ce  pamphlet  est  dirigé  contre  Vockerodt. 
{Foy.  ce  nom.) 

WEIXZEL  (Nicolas-François  -Xavier), 
compositeur,  né  en  Bohême  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  fut  d'abord  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  de  Lorclle  à  Ilradscbcn.  Il 
occupait  encore  cette  position  en  1684.  Bienlôi 
après,  il  fut  appelé  à  Prague  pour  diriger  la 
musique  de  l'église  des  frères  de  la  Croix;  et 
enfin  il  eut  le  titre  de  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Prague,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  en  170a.  Il  a  publié  un  recueil 
de  cinq  messes,  suivies  d'un  Requiem  et  d'un 
Salve  Regina,  pour  quatre  voix,  deux  violons, 
orgue  et  trois  trombones,  sous  le  litre  de 
Flores  vernas,  à  Prague,  en  161)9,  in-fol. 

WEINZEL  (Jeas),  pianiste  habile  el  orga- 
niste de  l'église  métropolitaine  de  Prague,  na- 
quit le  18  mai  1759,  à  Rappau,  en  Bohême. 
Après  avoir  achevé  ses  études  «le  philosophie  à 
l'université  de  Prague,  il  voulut  embrasser  la 
carrière  ecclésiastique;  mais,  plus  tard,  il  se 
dégoûta  de  cet  état  et  se  livra  à  l'enseigne- 
ment du  piano.  La  place  d'organiste  de  la  ca- 
thédrale lui  fut  donnée  en  1792.  Il  vivait 
encore  à  Prague,  en  1810.  Wenzcl  est  le  pre- 
mier qui  a  arrangé  quelques  symphonies  de 
Mozart  pour  le  piano;  il  les  a  publiées  à  Pra- 
gue el  a  Leipsick.  On  a  gravé  aussi  de  sa  com- 
position six  sonates  pour  le  piano. 

Un  fils  de  Wenzel,  nommé  Jean,  comme  lui, 
s'est  fixé  à  Vienne  en  qualité  de  professeur  de 
harpe,  ely  a  publié,  chez  Cappi,  une  méthode 
complète  de  harpe  à  pédales  et  à  crochets. 

WEINZEL  (Edouard),  chef  de  musique 
d'un  régiment  de  la  garde  du  roi  de  Hanovre 
cl  pianiste,  vivait,  à  Hanovre,  vers  1840.  Il  a 
écrit  un  grand  nombre  de  marches  et  de  dan- 
ses pour  les  instruments  à  vent,  pour  l'orches- 
tre el  pour  le  piano.  Parmi  ses  dernières  com- 
positions, on  remarque:  1°  Marche  funèbre  à 
quatre  mains  pour  piano,  op.  22;  Hanovre, 
Bachmann;  2°  Rinzen-Marsck  pour  piano, 
op.  24  ;  Hanovre,  Nagel  ;  ô°  Quatre  Lieder  à 
voix  seule  et  piano,  op.  25;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel  ;  4°  Polonaise  pour  piano;  Hanovre, 
Bachmann. 

YVEPPEIV  (Frédéric),  amateur  de  musi- 
que, est  né  en  179ô,  dans  une  maison  de  cam- 
pagi.c  près  de  Nordhcim,  dans  le  duché  de 


Saxe-Meiningen.  Jeune  il  apprit  à  jouer  de 
presque  tous  les  instruments,  mais  il  se  dis- 
tingua surtout  sur  le  piano.  On  a  publié  de  sa 
composition:  1°  Grand  quatuor  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse.  2°  Des  variations  pour 
piano  avec  accompagnement  de  divers  instru- 
ments. 5°  Une  polonaise  pour  piano  seul. 
4°  Des  chansons  de  Goethe  et  de  Meister. 

WERCIOIEISTEU  (André),  savant  mu- 
sicien et  organiste  habile,   naquit  le  50  no- 
vembre   1645,  à    Benneckenslein ,    bourg  du 
comté  de   Hohenstein,  en  Thuringe,  où   son 
Itère  était  laboureur  et  brasseur.  Il  reçut  les 
premières  instructions  sur  la  musique  de  son 
oncle,   Henri-Chrétien  "Werckmeislcr,  orga- 
niste à  Benningen,  petit  bourg  de  la  Thuringe 
situé  sur  la  rivière  de  Helm.  En  1GG0,  il  entra 
à  l'école  de  Nordbausen,  où  il  resla  deux  an- 
nées sous  la  direction  du  célèbre  recteur  Hil- 
debrand;  puis  il  alla  continuer  ses  éludes  au 
collège  de   Quedlinbourg,    où    Henri -Victor 
Werckmeister,  autre  frère  de  son  père,  était 
canlor.  En  1664,  il  obtint  la  place  d'organiste 
à  Hasselfede,  ville  du  duché  de  Brunswick,  et 
pendant  qu'il  l'occupa,  il  étudia  la  théologie. 
En  1670,  il  quitta  celte  position  pour  aller  à  Ell- 
rich,  ville  de  la  Prusse,  d'où  sa  réputation  d'ex- 
cellent organiste  el  de  claveciniste  commença 
à  s'étendre  en  Allemagne.  Quatre  ans  après,  il 
fut  appelé  à  Elbingerode,  dans  le  Hanovre,  puis 
il  accepta  la  place  d'organiste  du  château  de 
Quedlinbourg.    Enfin  la   position   d'organiste 
de  l'église  Saint-Martin,  à  Halbersladt,  deve- 
nue vacante  en  1696,  lui  fut  offerte,  el  il  en  prit 
possession,  la   même  année.  Il  mourut  dans 
celle   ville,  le  26  octobre  1706.  On    ne  con- 
naît  point   aujourd'hui   de    compositions   de 
Werckmeister  pour  l'église  ou  pour  l'orgue,  et 
la  seule  production  par  laquelle  son  mérite 
s'est  fait  connaître  dans  la  pratique  de  l'art 
est  un  recueil  de  pièces  pour  un   violon  avec 
basse  continue  intitulé  :  jVusikalische-Privat- 
Lust,  Francfort,   1689,  in-4";   mais  il  s'est 
placé  comme  théoricien  au  premier  rang  des 
musiciens  de  son  temps.  Ses  ouvrages,  dont  les 
exemplaires    sont  aujourd'hui    d'une   grande 
rareté,  sont  ceux  dont  voici  les  titres  :  1°  Or- 
gelprobe  oder  kurze  Beschreibung ,  voie  und 
icelcher  Gestalt  mun  die  Orgelwerhe  von  den 
Orgelmachern,  annehmen ,  probiren,  unter- 
suchen  und  den  Kirchen  liefern  kœnne  und 
solle,  elc.  (Épreuve  de  l'orgue,  ou  courte  des- 
cription des  moyens  cl  règles  pour  examiner, 
éprouver  el  recevoir  les  ouvrages  des  facteurs 
d'orgues,  elc),  Francfort  et  Leipsick,  Théod.- 
Phil.  Calvisius,  1681,  in-12dc  cinquante-deux 


WERCKMEISTER 


451 


pages,  avec  vingt-huit  pages  d'avant-propos. 
Ce  petit  ouvrage,  considéré  longtemps  comme 
le  meilleur  qu'il  y  eût  en  Allemagne  sur  celle 
matière,  a  été  réimprimé  plusieurs  fois  avec 
de  notables  augmentations  et  des  corrections 
considérables,  sous  ce  litre  :  Ervoeilerle  und 
verbesserte  Orgelprobe  (Épreuve  de  l'orgue, 
augmentée  et  corrigée,  etc.):  Quedlinbourg, 
Th.-Phil.  Calvisius,   1698,   in-4°  de  quatre- 
vingl-liuit  pages elseize pages  d'avant-propos, 
avec  une  planche.  La  troisième  édilion,  entiè- 
rement semblable  à  la  seconde,  a  paru  à  Qued- 
linbourg, en  1716,  in -4°  dé  quatre- vingt-une 
pages  avec  la  préface  de  la  première  édilion  et 
une  nouvelle.  La  quatrième  a  élé publiée  à  Leip- 
sick,    chez  Jean-Michel    Teubner,  en    1754, 
in-8°  de  cent  dix  pages.   2°  Musical  mathe- 
maticx   Ilodegus  curiosus }  oder  richtiger 
musihaliscker    JFegweiser,    etc.   (Le   guide 
instructif  de  la  musique  mathématique,  etc.); 
Francfort  et  Leipsick,   1687,   in-4°  de  vingt- 
deux  feuilles.  Ce  livre,  divisé  en  quarante-six 
chapitres,  outre  un  appendice  allégorique  et 
moral  de  dix  chapitres,  renferme  un  traité  des 
proportions  des  intervalles,  d'après  les  divi- 
sions du  monocorde.  ô°Deredlen  Musih-Kunst 
JFurde,  Gebrauch  und   Missbrauch,   etc.), 
(Dignité,  usage  et  abus  du  noble  aride  la  musi- 
que ,    clc.)  ;    Francfort  et   Leipsick,    1691, 
in-4°de  einquanle-cinq  pages,  avec  la  préface. 
Cet  ouvrage  est  composé  en  grande  partie  de 
citations  de  l'Écriture  sainte  et  de  passages 
d'auteurs  célèbres  relatifs  au  chant  religieux 
et  à  la  musique  d'église.  4°  Musikalische  Tem- 
peralur  oder  deutlicher  und  wahrer  mathe- 
matischer  Unterricht,  wie  man  durch  An- 
weisung  des  Monochordi ,  ein  Clavier,  son- 
derlich  die  Orgelwcrke,    Positive,    Régale, 
Spinelte  und    dergleichen    ivohl  temperirt 
stimmen  Iiœnne,  etc.   (Tempérament  musical 
ou  instruction  claire  et  véritablement  mathé- 
matique pour  apprendre,  parle  moyen  du  mo- 
nocorde, à  accorder  d'une  manière  bien  tem- 
pérée, un  clavecin  et  tout  ouvrage  d'orgue, 
positif,  régale,   épinelle,  etc.)  ;    Francfort  et 
Leipsick,   1691,   in-4°    de    quatre-vingt-seize 
pages.  "Werckmeisler  a  traité  le  même  sujet, 
dans  ses  Anmerkung en  zu  dem  Generalbass. 
(foj/ezplus  loin.)  5"  Hypomnemala  musica, 
oder  musikalisch  Mémorial,  etc.  (Mémorial 
de  musique,  etc.);  Quedlinbourg,   1697, in-4° 
de  quarante-quatre  pages.  Dans   cet  ouvrage, 
Werckmeisler  traite,  en  douze  chapitres,  de  la 
matière  des  intervalles,  des  consonnances,des. 
dissonances,    de    leurs    progressions,    de   la 
gamme,  de  la  transposition;  etc.  6"  Cribrum 


musicum,    oder    musikalisches    Sieb,    etc. 
(Crible  musical,    etc.);    Quedlinbourg,  1700, 
in-4"  de  soixante  pages.  Ouvrage  original  pour 
le  temps  où  il  a  été  écrit,  dans  lequel  Werck- 
meisler expose  des  considérations  concernant 
les  successions  mélodiques  et  harmoniques, 
sous  le  rapport  de  la  tonalité.  7°  f/armonolo- 
gia  musica,  oder  kurze  Anleilung  zur  musi- 
kalischen  Composition,  etc.   (Harmonologie 
musicale,  ou  brève  introduction  à  la  composi- 
tion de  la  musique,  etc.),  Francfort  cl  Leip- 
sick, Théod.-Phil.  Calvisius,   1700,   in-4°  de 
cent  quarante-deux  pages,  non  compris  la  dé- 
dicace, la  préface   et  quelques  autres  pièces 
liminaires.  Cet  ouvrage  est  un  petit  traité  du 
contrepoint  simple  et  double.  8°  Die  nothiven- 
digsten  Anmerkungen  und  Regeln,  wie  der 
Bassus  continuus   oder    Generalbass  wolil 
hœnne  traclirt  iverden,  etc.  (Les  règles   et 
remarques    nécessaires    concernant   la  basse 
continue  ou  basse  générale,  etc.)  ;  Aschersle- 
ben,  G.-E.  Slruntz,   1698,  in-4°.  Deux  autres 
éditions  ont  paru   dans  le  même  lieu,  savoir, 
la  seconde  en  1715,  in-4°  de  soixante-quinze 
pages;   la   troisième,    sans    date,     in-4°    de 
soixante-douze  pages.  9°  Organum  Grunin- 
gense  redivivum,  oder  Beschreibung  des  in 
der  Gruningischen  Schlosskirche  beruhmten 
OrgehverliS,  etc.  (L'orgue  de  Groningue  res- 
tauré, ou  description  de  l'orgue  célèbre  de  l'é- 
glise du  château  de  Groningue,  etc.);  Quedlin- 
bourg, 1705,  in-4°de  quatre  feuilles  sans  pa- 
gination. On    trouve  dans  cet  opscule  la  dis- 
position   de    ce    grand    orgue,     composé  de 
soixante  et  un  registres,  quatre  claviers  à  la 
main  cl  pédale  double,  ainsi  que  la   liste  des 
cinquante-trois  organistes  et  maîtres  de  cha- 
pelle appelés  pour  sa  réception.  10°  Musika- 
lische ParadoxalDiscourse,oder  ungemeine 
Forstellungen,  wie  die  Musica  einen  hohen 
und  gœtllichen    Ursprung  habe ,  und  wie 
hingegen    dieselbe    so    sehr   gemissbraucht 
wird,  etc.  (Discours  paradoxaux  et  musicaux, 
où  l'on  examine  comment  la  musique,  ayant 
une  origine  divine,  est  néanmoins   si  dégé- 
nérée, etc.)  ;  Quedlinbourg,    Th.-Ph.  Calvi- 
sius, 1707,    in-4°    de  120    pages.  Cet   écrit 
est    particulièrement     relatif     aux   abus    de 
la  musique  d'église.   Werckmeisker  a   aussi 
traduit  en  allemand  l'écrit  de  Stefani  intitulé: 
Quanta  certezza  habbia  da'  suoi  principii 
la  musica.  (Foyez  Stefani.)  En  1704,  J.-W. 
Wallher  vit  chez  lui  un  traité  de  musique  en 
langue  latine,  intitulé  :  JVucleus  musicus.  Cet 
ouvrage  n'a  point  été  imprimé,  et  le  manu- 
scrit a  disparu  après  la  mort  de  l'auteur. 


452 


WERDEN  —  WERNER 


WERDEPi  (Jules  et  Adolphe),  frères, 
amateurs  de  musique,  à  Penig  (Saxe),  au  com- 
mencement du  dix-neuvième  siècle,  fuient 
liés  d'amitié  avec  Wilhelm  Schneider  {voyez  ce 
nom),  qui  fut  leur  collaborateur  pour  les  deux 
ouvragesdont  voici  les  litres  :  1°  Musikalisches 
Taschenbuch  attf  das  Jahr  1803,  herans- 
gegeben  von,  etc.  (Almanach  musical  pour 
l'année  1803,  publié  par,  etc.);  Penig,  F.  Die- 
nemann,  petit  in -12,  avec  musique.  2°  Appol- 
lon,eine  Zeitsclirift  herausgegeben  von  etc. 
(Apollon,  écrit  périodique  de  musique,  pu- 
blié par,  etc.)  ;  Penig,  Dienamann,  1803,  in-8°. 
Cet  écrit,  qui  devait  être  mensuel,  n'a  pas  été 
continué  :  le  premier  numéro  seulement  a  paru. 

WERLIN  (Jean),  né  à  OEltingen,  fut  di- 
recteur de  musique  à  Lindau,  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa 
composition:  ]°Zicei-,  drei-undvierstimmige 
Melismuta  sacra  (Chants  sacrés  à  deux,  trois 
et  quaire  voix);  Nuremberg,  1644,  in  •4°. 
2°  Jrenoidx ,  oder  Friedengesxnge  fur  2, 
3  and  4  Stimmen  (  Chanls  île  paix  à 
deux,  trois  et  quaire  voix),  Ulm,  1644;  5"  Psa/- 
modia  nova,  oder  geislliche  Gesxnge  und 
Psalmen  David's  fur  3  Slimmen  (Nouvelle 
Psalmodie,  ou  chanls  à  (rois  voix  et  deux  vio- 
lons); Ulm,  1648,  première  partie. 

WERNERERG  (Jean -Frédéric- Chré- 
tien), amateur  de  musique,  professeur  de  ma- 
thématiques et  de  philosophie,  né  vraisembla- 
blement à  Eisenach,  fut,  vers  les  dernières 
années  du  dix-huitième  siècle,  collaborateur 
du  lycée  eldu  séminaire  de  Hesse-Cassel,  puis 
Vécut  quelque  temps  à  Golba,  et  s'établit  en 
dernier  lieu  à  Weimar,  où  il  était  encore  en 
1819.  Ce  savant  s'est  fail  connaître  comme 
compositeur  par  un  recueil  de  sonales  pour  le 
piano,  avec  un  Ihènie  varié,  qui  a  paru  à  Cas- 
sel,  en  1796.  Au  nombre  de  ses  ouvrages  con- 
cernant les  sciences  philosophiques  el  mathé- 
matiques, on  remarque  celui  qui  a  pour  litre: 
Jllgemeine  neue,  viel  einfachere  Musik- 
Schttle  fur  jeden  Dileltanten  und  Musiker, 
mit  einen  Forrede  von  J.  J.  Rousseau  (Nou- 
velle école  générale  et  facile  de  la  musique 
pour  les  amaleurs  el  les  musiciens,  avec  mfe 
préface  de  J.-J.  Rousseau);  Gotha,  Slendel, 
1812,  in  4°  de  115  pages.  Cel  ouvrage  est 
basé  sur  un  plan  philosophique.  On  y  trouve 
un  nouveau  système  de  clavier  et  de  doigter 
pour  le  piano,  qui  a  quelque  analogie  avec 
celui  de  Robleder. 

WE51NER  (Chrétien),  cantor  à  Danlzick, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  fut  le 
successeur  de  Gaspard  Fœrstcr.  On  a  imprimé 


de  sa  composition  :  Molelti  seu  concerli;  Kœ- 
nigsberg,  1646. 

WERNER  (Jean-Frédéric),  né  à  Schmal- 
kalde  le  G  mars  1663,  fit  ses  éludes  à  l'univer- 
sité de  Leipsick,  depuis  1685  jusqu'en  1692,  et 
fut  nommé  cantor  au  lycée  de  Meiningen,  en 
1703.  Il  s'est  fait  connaître  comme  poète  et 
comme  compositeur  de  mélodies  chorales. 

WERINER  (Grégoire  JosEpn),  maître  de 
chapelle  du  prince  Esterhazy,  vers  1736,  fut  le 
prédécesseur  de  Joseph  Haydn  dans  cette  posi- 
tion. Il  s'est  failconnailiecommecompositeur 
par  les  ouvrages  dont  voici  les  litres  :  1°  Sex 
symphonie  senxque  sonatx,  priores  pro  ca- 
méra, posteriores  pro  cappellis  usurpandx, 
a  2  viol,  et  clavichord.  Ce  sont  des  Irios  pour 
deux  violons  et  basse  continue  avec  clavicorde. 
2°  Nettes  ttttd  sehr  curios  musikalischer  in- 
strumenlal-Kalender  Parthien  weiss  mil  2 
Fiolinen  und  Bass  in  die  12  Jahrmonale 
eingellieilet,  etc.  (Nouveau  et  très-curieux 
calendrier  de  musique  instrumentale,  composé 
de  Parthien  à  deux  violons  et  basse,  divisé 
dans  les  douze  mois  de  l'année,  etc.);  Augs- 
bourg,  1748.  3°  Le  marché  des  fripiers  de 
Vienne,  canlate  pour  quatre  voix,  deux  violons 
et  basse.  4°  L'élection  d'un  juge  de  village, 
pour  cinq  voix,  t\tux  violons  el  basse. 

WERNER  (Jean),  facteur  d'instruments 
de  cuivre,  à  Neusladt,  près  de  Dresde,  a  eu 
beaucoup  de  réputation  vers  le  milieu  du  dix- 
huilième  siècle.  Il  passe  pour  avoir  eu  la  pre- 
mière idée  de  l'emploi  de  la  main  dans  le  pa- 
villon du  cor,  pour  la  formation  de  la  gamme 
chromatique,  et  pour  l'avoir  communiquée  à 
Ilampel.  {Foy.  ce  nom.) 

WERINER  (...),  célébré  violoncelliste  , né 
à  Kommotau  en  Bohême,  fut  d'abord  attaché 
à  la  musique  du  comte  de  Thun  et  à  l'église 
Sainl-Nicolas  des  jésuites,  à  Prague,  puis  en- 
tra au  service  du  comte  de  Moizin  et  joua  le 
premier  violoncelle  pendant  plusieurs  années, 
chez  les  frères  de  la  Croix.  Il  mourut  à  Prague 
en  1768,  laissant  en  manuscrit  plusieurs  con- 
certos et  solos  de  sa  composition  pour  violon- 
celle. 

WERNER  (Jean-Gottlob),  organiste 
distingué,  naquit  en  1777,  à  Hayn,  dans  la 
Saxe,  où  son  père  était  aubergiste.  Le  malde 
d'école  de  l'endroit  lui  enseigna  les  éléments 
de  la  musique.  Plus  lard.  Hoffmann, organiste 
à  Borna,  dirigea  ses  éludes  et  lui  fil  faire  de 
rapides  progrès.  En  1798,  Werner  obtint  une 
place  d'organiste  à  Freyburg,  petite  ville  de  la 
Saxe,  où  son  talent  acquit  de  la  maturité.  Son 
premier  livre  de  pièces  d'orgues,  qui  parut  en 


YVEUNER  -  WERNICH 


453 


1804,  commença  sa  réputation,  qui  bientôt 
s'étendit  dans  le  nord  de  l'Allemagne.  Appelé, 
en  1808,  à  Hohenstein,  pour  y  remplir  les 
fondions  de  canlor  adjoint,  il  y  pesta  jusqu'en 
1819,  époque  de  sa  nomination  à  la  place  d'or- 
ganiste et  de  directeur  de  musique,  à  AI  erse- 
bourg.  Une  maladie  de  langueur  le  conduisit 
au  tombeau,  le  19  juillet  1 822,  à  l'âge  de  qua- 
rante-cinq ans.  Les  productions  de  cet  artiste 
de  mérite  jouissent  de  beaucoup  d'estime.  On 
a  imprimé  de  sa  composition  :  1°  Choralvor- 
spiele  fur  die  Orgel  (Préludes de  chorals  pour 
l'orgue),  Leipsick,  Pelers.  2°  Quarante  pièces 
d'orgue  pour  les  organistes  commençants,  avec 
des  remarques  surles  registres,  en  deux  suites, 
ibid.  ô"  Deux  cent  quarante-sept  préludes  de 
chorals,  pour  le  livre  île  chant  de  la  Saxe. 
Leipsick,  Hofmeister.  4"  Douze  pièces  d'orgue, 
Leipsick,  Peters.  5°  Deux  pièces  finales  cl  qua- 
tre variations  pour  l'orgue.  G0  Orgelschule, 
oder  Anleilung  zum  Orgelspielen  und  zur 
richligen  Kenntniss  und  Behandtung  des 
Orgelwerks  (Ecole  d'orgue,  ou  introduction  à 
l'art  déjouer  de  cet  instrument  et  à  la  vraie 
connaissance  de  son  mécanisme),  Penig,  Diene- 
mann,  1805,  deux  parties  in-4".  Unedeuxième 
édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée  «à  Meissen, 
en  1807,  deux  parties  in- 4°.  Une  troisième  a 
paru  à  Mayence,  chez  Schott,  en  1824.  Une 
traduction  française  rédigée  par  Choron  a  paru 
sous  ce  titre  :  Ecole  d'orgue  ou  méthode  élé- 
mentaire servant  d"1  introduction  à  l'école  de 
tlinck,  Paris,  Richault,  La  deuxième  partie 
de  l'ouvrage  de  Werner  publiée  séparément  ; 
est  intitulée  :  Lelirbuch,  das  Orgehverlc  kcen- 
tien ,  erhalten,  beurtheilen  und  verbessern 
zu  lernen  (Manuel  pour  apprendre  à  connaître 
l'orgue,  l'entretenir,  juger  de  sa  qualité  et  l'a- 
méliorer), Mersehourg,  1825,  in-4o.  7"  Kurze 
Anweisungfur  angehende  OrgelspielerCho- 
rxîe  zu  begleiten  mit  der  Orgel  (Comte  in- 
struction pour  accompagner  les  chorals  avec 
l'orgue,  a  l'usage  des  organistes  commençants), 
Penig,  Diencmann,  1804,  in-4°.  Deuxième  édi- 
tion, gravée,  Mayence,  Schott,  sans  date. 
8»  Choralbuch  zu  dem  Itolland.  Psalm-und 
Gesangbuchei  stimmige  mil  Vor-und  Zwis- 
chenspielen  (Livre  choral  pour  le  livre  de 
psaumes  et  de  chants  hollandais  à  quatre  par- 
tics  avec  des  préludes  et  des  conclusions  pour 
l'orgue),  Leipsick,  1814,  in-4".  Ce  recueil  avait 
été  demandé  à  Werner  par  l'organiste  de  la 
cathédrale  de  Harlem.  9°  Choralbuch  zu  den 
neuen  sâ'chsischen  Gesangbuchern,  4  stim- 
mige nebst  J'or-wid  Zwischenspielen  (Livre 
choral   pour  le  nouveau   livre  de  chant  de  la 


Saxe,  à  quatre  parties  avec  des  préludes  et  des 
conclusions,  Leipsick,  Uofmeister,  gr.  in-4". 
10°  Cent  chorals  pour  l'orgue  ou  le  piano, 
ibid.  Il  a  été  fait  deux  éditions  de  ce  recueil. 
11"  Cent  des  meilleures  mélodies  chorales  à 
quatre  voix,  avec  des  préludes  et  des  conclu- 
sions, ibid  ,  deux  parties  in-4'.  12»  Musika- 
lisches  A-B-C  Buch,  oder  Leitfaden  beim 
ersten  Unterricht  im  Clavierspielen  nebst 
Anmerkungen  fur  den  Lehre  (A-B-C  musical, 
ou  guide  dans  le  premier  enseignement  de  l'art 
déjouer  du  clavecin,  etc.),  Penig,  Dienemann, 
1800,  in-4',  deuxième  édition,  Mayence, 
Schott.  Une  troisième  édition  a  paru  sous  ce 
litre  :  Clavier-schide  oder  Lelirbuch  fur  den 
ersten  Unterricht  in  Clavierspielen.  I'1 'Cur- 
sus (École  du  clavecin  on  Manuel  pour  le  pre- 
mier enseignement  de  l'art  de  jouer  de  cet 
instrument.  Premier  cours),  Leipsick,  Hof- 
meister, in-4°.  Trois  antres  éditions  ont  paru 
postérieurement  sous  le  même  titre.  15°  Fer- 
such  einer  kurzen  und  deutlichen  Darstel- 
lung  der  flarmonielehre,  etc.  (Essai  d'un  ex- 
posé court  et  inlclligiblede  la  science  de  l'har- 
monie, etc.),  Leipsick,  Hofmeister,  1818-1819, 
deux  parties  in-4",  la  première  de  quatre-vingt- 
dix  pages  cl  la  seconde  de  cent  dix-neuf. 
14°  Eludes  pour  le  piano,  en  deux  suites, 
ibid. 

WERNER  (F. -A.).  Sous  ce  nom  d'un  au- 
teur inconnu,  on  a  publié  un  écrit  intitulé  : 
Uebcr  die  wechsclseitigen  Anforderungen 
zwischen  Ellern,  Lehrer  und  Schuler.  Behuss 
des  Musik  Unlerrichts  (Sur  les  rapports  mu- 
tuels entre  les  parents,  le  professeur  et  l'é- 
lève, en  ce  qui  concerne  l'enseignement  de 
la  musique),  Berlin,  Alex.  Dunker,  1857, 
in-8". 

WERIVHAMMER  (...),  maître  de  cha- 
pelle du  piincede  Hohenzollern-Sigmaringen, 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  publié, 
en  1770,  les  cantiques  de  Gellert  pour  une  et 
deux  voix,  avec  accompagnement  dedeux  vio- 
lons et  basse,  qui  curent  beaucoup  de  succès 
dans  leur  nouveauté. 

Un  autre  musicien  de  ce  nom,  qui  était  au 
service  du  prince  de  Furstemberg,  dans  les 
dernières  années  du  dix-huitième  siècle,  a  com- 
posé la  musique  du  petit  opéra  intitulé  :  Le 
Barbier  de  village. 

WERMIER  (Henri),  prêtre  bavarois,  s'est 
fait  connaître  comme  composileur  par  un 
œuvre  intitulé  :  Sex  Missx  solemniores  juxta 
modernum  slylum  concinnatx }  Augsbourg, 
1757,  in-fol. 

WERNICH     (Jeas -ÇiuntES- Gustave), 


434 


YVERNICH  -  WERY 


amateur  de  musique  d'une  bonne  famille  de 
Berlin,  mort  dans  cette  ville  ,  au  mois  de 
mars  1796,  est  auteur  d'une  méthode  pour 
apprendre  à  jouer  de  la  harpe,  intitulée  :  Fer- 
such  einer  ric.htigén  Lehrart  die  Harve  zu 
spielen  ;  Berlin,  Relslab,  1772,  in-4°.  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
en  1790.  Wernich  publia  aussi,  dans  la  même 
année^ine  sorte  de  journal  intitulé,  TFochent- 
liche  Beschaftigungen  fur  Liebhaber  des 
schœnen  JFissenschaften  (Occupations  heb- 
domadaires pour  les  amateurs  des  beaux- 
arts). 

WERNITZHEUSER  (Bernard),  com- 
positeur allemand,  vécut  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  :  \°Ju- 
bilus  S.  Bernardi  de  Nomine  Jesu  ad  3  vo- 
ces  musice  compositus  ;  Augshourg  ,  1 G 1 4 . 
2°  D.  Henr.  Sassonis  Exercitium  Passionis 
4  roc.  compos.;  Strasbourg,  1624,  in-4°. 

WERIVSDORF  (Gotti.ob),  docteur  en 
théologie  et  surintendant  général  à  Willen- 
berg,  mourut  dans  celte  ville,  le  22  jan- 
vier 1774.  Gerberlui  attribue, dans  son  ancien 
Lexique  des  musiciens,  une  dissertation  :  De 
prudenlia  in  cantionibus  ecclesiasticis  ad- 
hibenda;  mais  celle  dissertation,  imprimée  à 
Wiltenberg,  en  1723,  est  de  Georges  Wallin. 
{Fogez  ce  nom.) 

WERN8DORF  (Ernest-Frédéric),  doc- 
leur  et  professeur  de  théologie  à  Willenberg, 
naquit  dans  celle  ville  en  1718,  et  y  mourut 
le  7  mai  1782.  Au  nombre  des  dissertations 
qu'il  a  publiées,  on  en  trouve  une  qui  a  pour 
titre  :  Exercilalio  lilurgica  de  formula  vete- 
ris  ecclesix  psalmodia  :  ffallelujah;  Wit- 
lemberg,  17G2,  in-4°  de  seize  liages. 

WERT  (Jacques  ou  Jaquet  ou  Giacche 
DE),  célèbre  musicien  belge,  vécut  dans  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle.  Le  lieu  de  sa 
naissance  n'est  pas  connu.  Ce  maître  a  été 
confondu  par  la  plupart  des  biographes  et 
bibliographes  avec  Jacques  Vaet  (voyez  ce 
nom),  compositeur  de  la  même  époque,  et  j'ai 
suivi  celle  fausse  tradition  dans  la  première 
édition  de  celle  Biographie.  Antoine  Schmid 
est  tombé  dans  la  même  erreur,  ainsi  qu'on  le 
voit  dans  le  troisième  registre  de  son  excellent 
livre  concernant  Oclaviano  Pelrucci  de  Fos- 
sombrone.  Jacques  Vact  fut  musicien  de  la 
chapelle  des  empereurs  Ferdinand  Ier  et 
Maximilien  II,  et  Jacques  de  Werl  nous 
apprend  dans  Pépïlre  dédicaloire  du  huitième 
livre  de  ses  Madrigali  a  cinque  voici  (Venise, 
Angelo  Gardano,  1586),  qu'il  fut  d'abord  au 
service  du  duc  de  Ferrare,  etl'épîlre  à  Mar- 


guerite Farnôse-Gonzague,  duchesse  de  Man- 
loue,  placée  en  tête  du  septième  livre  de  ses 
Madrigali  a  cinque  voci,  et  datée  deMantoue, 
le  10  avril  11581,  nous  informe  qu'il  fut  ensuite 
attaché  à  la  cour  de  celle  princesse.  Il  parvint, 
sans  aucun  doute,  a  un  âge  avancé,  car  le 
premier  livre  de  ses  Madrigaux  fut  imprimé  à 
Venise,  chez  Anloine  Gardane,  en  1558,  et  le 
dixième  parut  en  1591  .L'épilre  dédicaloire  de 
celui-ci  est  datée  de  Venise,  le  10  septembre 
de  la  même  année.  Jacques  de  Werl  se  dis- 
tingua particulièrement  dans  la  musique  vo- 
cale de  chambre  :  il  a  écrit  aussi  des  motets  à 
cinq  et  six  voix.  Les  dix  livres  de  Madrigaux 
de  ce  compositeur  ont  été  publiés  et  plusieurs 
fois  réimprimés  chez  Anloine  et  Ange  Gar- 
dane, depuis  1558  jusqu'en  1591.  Jérôme 
Scolo  et  ses  héritiers  en  ont  donné  aussi  plu- 
sieurs éditions  depuis  1561  jusqu'en  1584.  Le 
cinquième  livre  est  à  cinq,  six  et  sept  voix  ;  le 
neuvième  livre  csl  à  cinq  et  six  voix:  Celui-ci  a 
paru  pour  la  première  fois  à  Venise,  chez  Ange 
Gardane,  en  1 588.  On  a  aussi  de  ce  compositeur: 
Il  primo  libro  délie  Canzonelte  Fillanesclie 
a  cinque  voci  ;  in  Fenetia  oppressa  Angelo 
Gardano,\'ô89,  petit  in-4°  oblong.  Cetouvragc 
est  dédié  à  Léonorc  Médicis-Gonzague,  duchesse 
de  Manloue.  Les  motels  à  cinq  etsix  voixde  Jac- 
ques ou  Giacche  de  Werl  ont  pour  litres  :  1  "Mu- 
sices  vel(ut  dicunt)  Motectorumquinque  vo- 
cumLiberprimus;  nunc  primum  in  lucem 
edilus.  Feneliis}apud  Claudium  Corregiatum 
(Mcrulum)  et  Fauslum  Bethanium  socios, 
1566,  in-4°  oblong.  2° Modulationum  cum  sex 
vocibus  liber  primus.  Fenetiis  apud  hxre- 
dem  Hieronymi  Scoli,  1581,in-4°.  3"  Modu- 
lationum seu  Motectorum  cum  sex  vocibus  li- 
ber II  ;  ibid.  1582,  in  4".  4°  Modulationum 
sacrarum  quinque  et  sex  vocum  libri  très, 
in  unum  volumen  redacti.  Noribergx  per 
Catharinam  Gerlachin  et  hxredes  Joannis 
Montant,  1583,  in-4°  oblong. 

WÉRY  (Nicolas-Lambert),  violoniste  et 
compositeur,  est  né  à  Huy  (dans  la  province 
de  Liège),  en  1789.  A  l'âge  de  onze  ans,  il  com- 
mença l'élude  du  violon  sous  la  direction  d'un 
musicien  de  celle  ville,  nommé  Dclhaise,  et 
un  amaleur  lui  donna  des  leçons  de  solfège 
pendant  plusieurs  années.  Lorsqu'il  eut  atteint 
l'âge  de  seize  ans,  il  se  rendit  à  Liège,  où  il 
devint  élève  de  Gaillard,  bon  violoniste  et 
musicien  instruit;  mais  la  conscription  mili- 
taire interrompit  ses  éludes  deux  ans  après  et 
l'obligea  à  entrer  dans  un  régiment  dont  le 
dépôt  était  à  3Ielz.  M.  Wéry  se  rendit  dans 
celle  ville  et  travailla  pendant  un  an  dans  les 


WERY  -  WESLEY 


4»-  « 


bureaux  du  quartier-maître  de  son  régiment. 
Au  boni  de  ce  temps  il  obtint  l'autorisation  de 
se  faire  remplacer  an  service  militaire  et  de 
rentrer  dans  sa  famille.  Après  y  avoir  passé 
environ  deux  mois,  il  prit  la  résolution  de  se 
fixer  à  Metz,  où  son  talent  lui  avait  procuré  un 
accueil  bienveillant  ;  il  partit  pour  s'y  rendre, 
donnant  des  concerts  dans  toutes  les  villes  qui 
se  trouvaient  sur  son  passage  ;  mais  arrivé  à 
Sedan,  il  y  reçut  des  propositions  avantageuses 
qui  le  décidèrent  à  s'y  établir.  Pendant  le 
long  séjour  qu'il  fit  danscelteville,  il  fil  chaque 
année  un  voyage  à  Paris  pour  y  prendre  des 
leçons  deBaillot  et  perfectionnner  son  talent. 
En  1822,  il  abandonna  définitivement  Sedan 
avec  le  dessein  de  se  fixer  dans  la  capitale  de 
la  France.  Arrivé  dans  celte  ville,  il  y  fut 
nommé  directeur  du  concert  des  amateurs  au 
Wauxballety  fit  entendre  avec  succès  son  pre- 
mier concerto;  mais  ayant  appris  en  1823  que 
la  place  de  premier  violon  du  roi  des  Pays-Ilas 
était  devenue  vacante  par  la  mort  de  Gensse, 
il  partit  pour  Bruxelles,  y  donna  un  brillant 
concert,  el  obtint,  parla  protection  du  prince 
de  Chimay  et  de  M.  deFalck,  ministre  de  l'in- 
struction publique,  la  place  qu'il  sollicitait  et 
celle  de  professeur  à  l'école  royale  de  musique. 
Après  les  événements  politiques  qui  changè- 
rent le  gouvernement  de  la  Belgique,  le  Con- 
servatoire royal  de  musique  de  Bruxelles  fut 
institué,  et  M.  Wéry  y  fut  appelé  comme  pro- 
fesseur de  violon.  Il  a  formé  de  bons  élèves, 
au  premier  rang  desquels  on  remarque  M.Sin- 
gelée,  premier  violon  solo  du  théâtre  royal  de 
Bruxelles,  M.  Dubois,  qui  s'est  fait  applaudir 
dans  plusieurs  concerts  à  Paris.  Le  plus  re- 
marquable des  jeunes  artistes  formés  parce 
professeur  est  M.  Collyns,  aujourd'hui  (18G4) 
professeur  de  violon  au  Conservatoire  royal  de 
Bruxelles.  M.  Wéry  a  publié  à  Paris  et  à 
Bruxelles  (rois  concertos  pour  violon  et  orches- 
tre, une  polonaise  brillante,  quatre  rondeaux, 
quatorze  airs  variés,  six  romances  et  un  noc- 
turne à  deux  voix,  cinquante  variations  sur 
la  gamme  pour  violon  seul,  vingt  exercices  el 
douze  éludes.  Ces  derniers  ouvrages  ont  été 
adoptés  pour  l'enseignement  aux  Conserva- 
toires de  Paris  et  de  Bruxelles.  M.  Wéry  a  en 
manuscrit  trois  concertos  pour  le  violon,  six 
airs  variés,  deux  polonaises,  une  ouverture  à 
grand  orchestre,  et  un  grand  nombre  d'études 
progressives  pour  le  violon.  Il  a  le  litre  «le 
premier  violon  de  la  musique  du  roi  des 
Belges.  Cet  artiste  estimable  a  obtenu  sa 
retraite  de  professeur  au  conservatoire  en 
1860. 


WESLEY  (Charles),  neveu  du  célèbre 
John  Wesley,  chef  des  méthodistes,  naquit  à 
Bristol,  le  11  décembre  1737.  Dès  l'âge  le  plus 
tendre,  il  montra  de  si  heureuses  dispositions 
pour  la  musique,  qu'à  trois  ans,  il  jouait  avec 
beaucoup  de  justesse  un  air  sur  le  clavecin,  en 
y  ajoutant  une  bonne  basse  par  instinct.  A  six 
ans,  il  commença  l'étude  décelait;  plus  lard, 
il  alla  à  Londres  et  y  devint  élève  de  Boyce. 
Le  premier  ouvrage  qu'il  y  publia,  sous  la 
direction  de  ce  maître,  fut  un  recueil  de  six 
concertos  pour  l'orgue.  Bientôt  après,  il  se  fit 
connaître  comme  un  des  meilleurs  organistes 
de  l'Angleterre.  Il  publia,  en  1784,  un  recueil 
de  huit  chansons  anglaises  qui  furent  bien  re- 
çues du  public,  et  plus  tard  un  concerto  pour 
piano  et  orchestre,  qui  fut  gravé  chez  Preslon. 
Une  antienne  de  sa  composition  se  trouve  dans 
V Harmonie,  sacra  de  Page.  Charles  Wesley 
vivait  encore  à  Londres  en  1829,  lorsque  j'ai 
visité  cette  ville. 

WESLEY  (Samuel),  frère  du  précédent  et 
célèbre  organiste  anglais,  naquit  à  Bristol,  le 
24  février  170G.  A  l'âge  de  six  ans,  il  jouait 
déjà  des  sonates  de  piano  avec  tant  d'intelli- 
gence et  d'adresse  qu'il  excitait  l'étonnement 
de  tous  les  musiciens.  Sans  autre  guide  que 
son  instincl  et  les  ouvrages  de  quelquesgrands 
artistes,  il  s'instruisit  dans  la  composition  et 
écrivit  fort  jeune  des  pièces  d'orgue  et  des  an- 
tiennes. En  1778,  il  acheva  l'oratorio  deRuth, 
quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de  douze  ans,  et  quel- 
fines  années  après,  il  composa  une  messequ'il 
dédia  au  pape  Pie  VI.  Il  en  reçut  une  lettre  de 
remerciments  où  l'on  remarquait  ce  passage  : 
Gratum  animum,  quem  ub  acceplum  munus 
in  ipsnm  gerimus,  paierais  verbis  nomine 
nostro  explicabis,  ac  (siquando  occasio  tule^ 
rit)  te  comprobavimus.  A  l'âge  de  dix-huit 
ans,  Wesley  fut  nommé  organiste  de  la  cha- 
pelle royale,  et  il  occupa  celte  place  jusqu'à 
ses  derniers  jours.  Habile  improvisateur,  il 
montrait  un  talent  solide  dans  les  fugues,  qu'il 
traitait  à  la  manière  de  Hœndel.  Il  était  âgé 
d'environ  quarante  ans  lorsqu'il  sortit  pour  la 
première  fois  de  son  pays,  et  voyagea  en 
Fiance,  en  Allemagne  et  en  Italie.  De  retour 
à  Londres,  il  y  eut  le  tilre  d'inspecteur  de  la 
musique  «te  plusieurs  églises.  Cet  artiste  dis- 
tingué esl  mort  à  Londres,  le  1 1  octobre  1837, 
à  l'âge  de  soixante  et  onze  ans.  Ses  productions 
principales  consistent  en  quelques  antiennes, 
deux  œuvres  de  sonates  pour  piano,  des  duos 
à  quatre  mains  pour  le  même  instrument,  douze 
pièces  d'orgue  publiées  à  Londres,  chez  Clc- 
uicnli,  et  réimprimées  à  Leipsick,  chez  Uof- 


4!>6 


WESLEY  —  WESTBLAD 


meister,  et  enfin  trois  pièces  d'orgue  faciles, 
chez  les  mômes  éditeurs. 

WESSELIUS  (Frédéric),  cantorà  l'école 
latinede  l'ancienne  ville  impériale  de  Schwein- 
furt,  a  publié,  sous  le  voile  de  l'anonyme,  un 
petit  traité  des  éléments  de  la  musique.  Cet 
ouvrage  a  pour  titre:  Principia  mnsica,  oder 
grundlicher  Vnterrieht  zur  masicalischen 
Wissenschafft,  fiir  die  lateinischen  Schul- 
Jugend,  in  der  kayserlichen  Fretjen-Reichs- 
Stadt  Schvceinfurt  (Principes  de  musique, 
ou  instruction  élémentaire  pour  la  science 
musicale, etc.);  Nuremberg,  M.  Endlers,  1726, 
in-4°  oblong. 

WESSELY  (Jean),  violoniste  et  composi- 
teur, naquit  en  Bohême  dans  l'année  1762. 
Son  oncle,  bénédictin  d'un  couvent  de  Prague 
et  virtuose  sur  le  violon,  fut  son  maître  pour 
cet  instrument.  Devenu  habile  exécutant,  et 
compositeur  agréable  dans  le  style  de  Pleyel, 
il  fut  attaché,  en  1797,  à  l'orchestre  du  théâtre 
d'Altona,  puis  occupa  la  place  de  premier  vio- 
lon à  celui  du  théâtre  de  Cassel.  En  1800,  il 
entra  au  service  du  duc  de  Bernbourg,  à 
Ballensladt,  en  qualité  île  maître  <le  concerts. 
On  ignore  l'époque  «le  la  mort  de  cet  artiste, 
dontona  gravé  lesouvrages  suivants  :  1°Thème 
varié  pour  cor  et  violon  avec  orchestre,  op.  15; 
Brunswick,  Spehr.  2° Deux  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  base,  op.  2,  Vienne,  Artaria, 
1788.  5°Trois  idem,  op.  4,  Leipsick,  Hofmeis- 
ter.  4°  Trois  idem,  op.  8,  Oflcnbacli,  André; 
5°  Trois  idem,  op.  9,  ibid.  G"  Trois  idem,  op. 
10,  ibid.  1798.  7°  Trois  trios  pour  violon, 
alto  et  basse,  op.  17,  Brunswick,  Spehr,  1804. 
8°  Trois  quatuors  pour  clarinette,  violon,  alto 
et  basse,  op.  19,  Offenbach,  André.  9"  Varia- 
tions pour  cor  et  orchestre  sur  l'air  de  Mozart 
La  vie  est  un  voyage,  op.  14,  Brunswick, 
Spehr.  10°  Huit  variations  pour  clarinette  et 
orchestre  sur  un  air  allemand,  à  Cassel. 
1 1°  Poème  apologétique  du  docteur  Lenhard  île 
Quedlinhourg,  mis  en  musique,  Leipsick, 
Breilkopf,  1804.  Wessely  a  mis  aussi  en  musi- 
que les  opéras  1°  La  Demande  et  la  Réponse. 
2"  Le  Chasseur  tyrolien;  ces  ouvrages  sont 
lestés  en  manuscrit. 

WESSELY  (Bernard),  naquit,  de  parents 
juifs,  à  Berlin,  le  1er  septembre  1708  et  non 
en  1767,  comme  il  a  été  dit  dans  la  première 
édition  de  cette  Biographie,  d'après  Gerber; 
Il  y  étudia  la  musique  sous  la  direction  de 
Kirn berger,  de  Fasch  et  de  Schulz.  Sur  la  re- 
commandation  de  Ramier  et  de  Engel,  il  ob- 
tint, en  1788,1a  direction  de  la  musique  du 
théâtre  national  de  Berlin.  Huit  ans  après,  le 


prince  Henri  de  Prusse  l'établit  à  Beinsberg, 
en  qualité  de  son  maître  de  chapelle.  Après  la 
mort  de  ce  prince,  en  1802,  Wessely  entra 
comme  secrétaire  des  dépêches  à  la  chambre 
de  l'électoral  de  la  marche  de  Brandebourg,  à 
Berlin.  En  1809,  il  fut  envoyé  à  Potsdam,dans 
une  position  analogue.  Il  y  établit,  en  1814, 
une  société  musicale,  dont  il  conserva  la  direc- 
tion jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  11  juillet  1826. 
En  1789,  il  avait  donné,  au  théâtre  national  de 
celte  ville,  Psyché,  grand  opéra  qui  avait  eu 
peu  de  succès  ;  depuis  lors,  il  écrivit  pour  le 
théâtre  de  Rheinsberg  Louis  IX  en  Egypte, 
opéra  français  de  Guillard,  et  un  deuxième 
ouvrage  intitulé  IJOgre,  représenté  à  Rheins- 
berg, en!798.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Mozarts  Urne  (l'Urne  de  Mozart),  cantate 
avec  piano,  Berlin,  1791.  2°  Douze  poèmes  de 
Matthison  mis  en  musique,  ibid.,  1793.  5°  God 
save  the  King,  varié  pour  le  piano;  ibid., 
1796.  4°  Air  de  danse  (VArmide  varié  pour  le 
piano.  Hambourg,  1799.  Wessely  a  écrit  aussi 
des  ouvertures  et  des  enlr'actes  pour  des  dra- 
mes joués  an  théâtre  National  de  Berlin,  en 
1794  et  1796,  trois  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  violoncelle,  publiés  à  Berlin,  en  1790  ; 
une  cantate  funèbre  pour  la  mort  du  prince 
Henri  de  Prusse,  exécutée  dans  l'église  de  la 
garnison,  en  1802,  enfin,  la  musique  du  ballet 
Die  TVahldes  Helden,  représenté  au  théâtre 
national  de  Berlin,  le  3  août  1788.  Comme 
écrivain,  il  s'est  l'ait  connaître  par  une  com- 
paraison des  styles  de  Gluck  et  de  Mozart, 
insérée  dans  les  Archives  du  temps  (Archiv. 
der  Zeil;  Berlin,  1795,  pp.  435-440),  et  par 
des  observations  critiques  sur  diverses  parties 
de  la  musique,  dans  la  Gazelle  musicale  de 
Leipsick  (tome  II,  pages  194,  209,  225,  241, 
et  542.) 

WEST  (Benjamin),  ecclésiastique  anglais, 
né  à  Northampton,  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  était  amateur  de  musique  et 
s'esl  fait  connaître  par  une  œuvre  intitulée  : 
Sacro  concerto,  or  the  voice  of  melody,  con- 
taining  an  introduction  to  the  ground  of 
Music  ;  also  forty-one  psalm-lunes,  and  ten 
anlhems,  etc.  (Concert  sacré,  ou  la  voix  de  la 
mélodie,  contenant  une  introduction  aux  prin- 
cipes de  la  musique,  ainsi  que  quarante  et  une 
mélodies  de  psaumes  et  dix  antiennes),  Lon- 
dres, 1759,  in-8". 

WESTBLAD  (Tobie),  savant  suédois,  né 
dans  les  premières  années  du  dix-huitième 
siècle,  d'une  famille  israélite,  esl  auteur  d'une 
dissertation  intitulée:  Da  triade  harmonica; 
Upsal,  1727,  in-12°  de  cinquante-sept  pages. 


WESTBLAD  —  WESTMORELAND 


457 


Westblâd  était  étudiant  à  l'université  d'Upsal 
lorsqu'il  publia  cet  écrit. 

WESTENHOLZ  (Charles- Auguste-Fré- 
déric), né  à  Lunebourg,  en  1730,  reçut  des 
leçons  de  cliant  et  de  composition  «le  kunzen 
(voyez  ce  nom),  et  fut  élève  de  Vorziska,  pour 
le  violoncelle.  Le  duc  de  Mecklembourg- 
Schwerin  l'ayant  choisi  pour  son  maître  de 
chapelle,  il  alla  s'établir  à  Ludwigsiust  et  y 
passa  le  reste  de  ses  jours.  Il  mourut  le  24  jan- 
vier 1789,  à  râgedecinquante-lroisans.  Wes- 
tenholz  fut  un  musicien  de  mérite  qui  écrivait 
bien  dans  le  style  sérieux.  Il  a  beaucoup  com- 
posé pour  l'église.  Parmi  ses  productions,  on 
cile  les  oratorios  :  1"  DieJuferstehungt'hrisli 
(La  Résurrection  du  Christ,  en  1777).  2°  Die 
Forsehung  (La  solennisation),  1777.  3"  Die 
Fcrlrauen  auf  Gott  (La  confiance  en  Dieu), 
1787.  Il  a  composé  aussi  beaucoup  de  psaumes, 
de  Passions  et  de  musique  pour  les  fêles  de 
Pâques.  On  a  gravé  sa  cantate  des  Bergers  à 
la  crèche  de  Bethléem,  à  quatre  voix  et  or- 
chestre en  partition,  à  Leipsick,  chez  Hart- 
knock,et  une  fugue  pour  l'orgue. 

WESTENliOLZ     (ÉlÉONORE-SOPHIE-Ma- 

rie),  femme  du  précédent,  dont  le  nom  de  fa- 
mille était  Fritscher,  entra  au  service  de  la 
cour  de  Mecklemhourg-Schwerin,  en  1782,  et 
mourut  dans  les  premières  années  de  ce  siè- 
cle. Elle  était  non-seulement  cantatrice,  mais 
virtuose  sur  le  clavecin,  dans  la  manière  de 
Bach,  et  habile  sur  l'harmonica.  On  a  gravé 
de  sa  composition  un  Rondo  alla  polacca, 
pour  le  piano,  à  Berlin,  chez  Schlesinger. 

WESTEMIOLZ  (Frédéric),  fils  des  pré- 
cédents, né  à  Ludwigsiust  vers  1782,  apprit  la 
musique  dès  son  enfance,  sous  la  direction  de 
sa  mère.  Il  apprit  aussi  à  jouer  de  plusieurs 
instruments  à  vent,  particulièrement  du  haut- 
bois, et  fut  attaché  à  la  musique  du  roi  de 
Prusse.  A  diverses  époques,  il  voyagea  en  Al- 
lemagne pour  donner  des  concerts,  et  se  fit 
entendre  avec  succès  à  Munich  et  à  Vienne. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Symphonie 
concertante  pour  tlùte  et  hautbois,  op.  G,  Ber- 
lin, Schlesinger.  2°  Symphonie  concertante 
pour  hautbois  et  basson,  op.  7,  ibid.  5".  Quel- 
ques thèmes  variés  pour  le  piano.  4°  Des  polo- 
naises et  danses  pour  le  même  instrument. 
5"  Des  chansons  allemandes.  GDeuxduospour 
violon  et  alto,  ibid.  7°  Des  divertissements 
pour  flûte  et  guitare,  numéros  un  à  quatre. 
YVeslenholz  mourut  à  Berlin,  le  12 mars  1840. 
Il  eut  un  frère  (Wilhelm-Franz)  qui  fut  has- 
sonisle  de  la  chapelle  royale  à  Berlin,  depuis 
1813  jusqu'en  1824,  et  qui  mourut  en  1830. 


WESTEMIOFF  (C.-YV.),  maître  de  con- 
cert et  violoniste  attaché  à  la  chapelle  de 
Buckehourg,  vécut  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle.  Au  nombre  des  ouvrages  de  sa  compo- 
sition, on  remarque  :  1°  Trios  pour  deux  vio- 
lons et  basse,  op.  1,  liv.  I  et  II,  Amsterdam, 
Schmitt,  1793.  2°  Concerto  pour  clarinette 
etorcheslre,  op.  5.  Brunswick,  1798.  3°  Con- 
certo pour  flûte  et  orchestre,  op.  G,  ibid., 
1799.  4"  Concerto  pour  clarinette  et  orchestre, 
op.  7,  ibid.  5°  Duos  pour  violon  et  alto, 
op.  8,  liv.  I  et  II,  Leipsick,  Joachim.  Wes- 
terhoff  a  laissé  en  manuscrit  une  musique 
funèbre  pour  la  mort  du  princede  Buckehourg, 
composée  en  1799.  Il  est  mort  à  Buckehourg, 
en  1807. 

WESTMORELAND  (John -Jane,  comlc 
DE),  né  à  Londres,  le  3  février  1784,  fut  connu 
d'abord  sous  le  nom  de  lord  Burghersh,  et  ne 
prit  celui  de  comte  de  JFestmoreland  qu'a- 
près la  mort  de  son  père,  auquel  il  succéda 
comme  pair  d'Angleterre.  Pendant  qu'il  faisait 
ses  éludes  au  collège  de  la  Trinité,  à  l'uni- 
versité de  Cambridge,  il  reçut  des  leçons  de 
musique  du  docteur  Hague,  professeur  de  celle 
université.  Après  qu'il  eut  terminé  ses  études, 
Lord  Burghersh  visita  l'Allemagne  et  prit  des 
leçons  de  violon  de  Ziedler,  à  Berlin,  et  de  May- 
seder,  à  Vienne.  Entré  au  service  militaire,  il 
fut  envoyéen  Sicile,  et  pendant  un  séjourd'une 
année  à  Messine,  il  étudia  la  composition  sous 
la  direction  dePlaloni,  bon  maître  de  contre- 
point. Employé  ensuite  dans  l'armée  anglaise 
qui  fit  lescampagnesde  Portugal  et  d'Espagne; 
pendant  les  années  1809  à  1812,  il  continua 
ses  études  de  composition  à  Lisbonne,  chez 
Marc  Portogallo,  et  de  retour  à  Londres,  il 
reçut  encore  des  leçons  de  Kollman  et  de  Bian- 
chi.  En  1813  et  1814,  il  servit  comme  volon- 
taire dans  l'armée  prussienne  pendant  les 
campagnes  d'Allemagne  et  de  France.  Envoyé 
en  Italie,  en  1815,  il  y  prit  part,  comme  lieu- 
tenant général,  aux  événements  militaires  de 
la  conquête  de  Naples,  puis  il  fut  envoyé  à 
Florence  comme  ministre  résident  près  de  la 
cour  de  Toscane.  Il  occupa  ce  poste  jusqu'en 
1830.  Après  son  retour  en  Angleterre,  lord 
Burghersh  reprit  la  haute  administration  de 
l'Académie  royale  de  musique  dont  il  avait  été 
un  des  fondateurs.  Devenu  comte  de  Weslmorc- 
land,  il  fut  envoyé  à  Berlin  en  qualité  de  mi- 
nistre plénipotentiaire.  Ayant  obtenu  sa  re- 
traite en  1855,  il  passa  ses  dernières  années 
dans  son  château  de  Aplhorpehouse  et  y  mou- 
rut le  1G  octobre  1859.  Amateur  passionné  de 
musique,  il  a  beaucoup  écrit  pour  le  théâtre, 


4oS 


WESTMORELAND  -  WETTENGEL 


l'église,  l'orclicslre  el  la  chambre.  La  liste  de 
ses  compositions  publiées  el  inédites  renferme 
les  ouvrages  suivants  :  1°  Bajazet,   opéra  en 
deux  actes,  représenté  àFlorcnce  en  1821.  Un 
choix  de  morceaux  de  cet  opéra  fut  exécuté  au 
théâtre  de  Drunj-Lane,  de  Londres,  en  1822. 
2°  VEroe  Ai  Lancastre ,  opéra    sérieux  en 
deux  actes,  représenté  par  les  élèves  de  l'Aca- 
démie royale  de  musique   au  théâtre  de  Hay- 
market,  en  182G.  5°  Lo  Scompiglio  leatrale, 
opéra  bouffe  en  deux  actes,   représenté  à  Flo- 
rence, en  18Ô0,  partition  réduite  pour  le  piano; 
Berlin,  Schlesinger,  1846.  4"  Catarina,  ossia 
L'Jssedio  di  Belgrade,  opéra  en  deux  actes, 
représenté  au   théâtre  de  Haymarkel,  par  les 
élèves  de  l'Académie   royale  de  musique,  en 
1830,  partition   réduite  pour  le   piano  ;  Lon- 
dres, Cramer  et  Beale.  5°  Fedra,  opéra  sérieux 
en  deux  actes,  représenté  à  Florence,  en  1828, 
partition  réduite  pour  le  piano;  Berlin,  Schle- 
singer, 1848.  G"  II  Torneo,  idem,  représenté 
à  Florence,  en  1829,  et  au  théâtre  St.  James,  de 
Londres,  en   1858,   partition   réduite   pour  le 
piano;  Londres,  Cramer  et  Beale,  1839.  7°  Il 
Ratio  di  Proserpina,  opérette  en  deux  actes; 
partition  réduite  pour  le  piano  ;  Berlin,  Schle- 
singer,  184a.  8"  Six  cantates  de  Métastase,  à 
voix  seule  cl  accompagnement  de  piano  ;  Lon- 
dres, Power,  1851.9°  Cantate  tirée  de  la  Tem- 
pête, dft  Shakespeare  ;  ibid.   10°  Messe  solen- 
nelle pour   voix  seules,  chœurs  et  orchestre, 
en  partition  pour  le  piano;  Berlin,  Schlesinger, 
1840.    M"  Cathedral  service,  à  quatre  voix 
et  orgue;   Londres,   Lonsdale,  1841.  12"  An- 
tienne, idem;  ibid.  13"  Antienne,  idem,  tirée 
du  trente-cinquième  psaume;  inédite.  14"  Ma- 
gnificat pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre, 
dédié  à  Cherubini  ;  Paris,  Zetter.  15"  Hymnes 
à  quatre  voix,  dédiées  à  Meyerbeer;  Berlin,  Er- 
nest Kirzar.  16°  Requiem  à  quatre  voix  el  or- 
gue, à  la  mémoire  de  Samuel  Wehbe  (voyez  ce 
nom);  Londres.  Welsli  et  Hawes.   17°  Quatre 
madrigaux  à    quatre  voix  ;  Londres,   Novello. 
18°  Quatre  autres  madrigaux,  inédits.  19° Sept 
canzonels  à  voix  seule  el  piano;  Londres,  Po- 
wer. 20°  Trois  Canzonclle  italiennes,   idem  ; 
Londres,  Lonsdale.  21°Canzonclles  détachées, 
idem,  Londres,  Power  ;   Berlin,  Schlesinger. 
22°  Ouartetto,  scènes,  airs  et  duos  italiens  avec 
piano;  Milan,  Ricordi.  23°  Symphonies  à  grand 
orchestre,    numéros  1,  2,   3,   réduites    pour 
le    piano  par   Litolff;     Berlin,    Schlesinger. 
24"  Beaucoup  de  quatuors,  trios,  duos,  airs, 
scènes  et  cantates  sur  des  paroles  italiennes  et 
anglaises,  en  manuscrit. 
WESTPHAL    (Jean-Christophe)  ,   édi- 


teur de  musique  à  Hambourg,  mort  dans  celle 
ville,  le  29  mars  1790,  à  l'âge  d'environ 
soixante  et  douze  ans,  avait  rassemblé  un 
assortiment  considérable  de  musique  imprimée 
el  manuscrite,  dont  il  a  publié  un  catalogue 
en  1782,  1  vol.  in-8°  de  287  pages,  qui  fut 
suivi  de  suppléments  jusqu'en  1790. 

WESTPHAL  (Jean-Christophe),  fils  du 
précédent,  né  a  Hambourg,  le  1er  avril  1773, 
a  fait  son  éducation  musicale  sous  la  direction 
île  "Willhauer,  Baumbach ,  Stegmann  et 
Schwenke.  En  1794,  il  alla  étudier  l'art  de 
jouer  de  l'orgue  près  de  Eittel,  àErfurt.  Deux 
ans  après,  il  retourna  à  Hambourg  et  s'y  livra 
à  l'enseignement  de  la  musique.  Il  y  fut  atta- 
ché à  l'orchestre  du  concert  et  à  celui  du 
théâtre  en  qualité  de  violoncelliste  et  de  trom- 
pettiste. La  place  d'organiste  de  l'église  de 
Saint-Nicolas  lui  a  été  donnée  en  1803,  et  de- 
puis il  en  a  rempli  les  fonctions.  Ses  compo- 
sitions les  plus  importantes  sont  :  ^Sympho- 
nie à  grand  orchestre;  2°  Deux  quintettes 
pour  deux  violons,  deux  allos  et  violoncelle; 
5°  Un  quatuor  pourpiano.  violon,  alto  et  basse 
et  quelques  préludes  pour  l'orgue. 

WESTPHAL  ( ),  frère  du  précédent, 

né  à  Hambourg  en  1774,  fut  organiste  delà 
cour  deMecklembourg,  à  Ludwigslust,  et  mou- 
rut dans  celte  ville  en  1835.  Admirateur  pas- 
sionné du  génie  de  M.  Ch.-Emm.  Bach,  il 
employa  une  partie  de  sa  vie  à  recueillir  ses 
œuvres,  publiées  et  manuscrites,  dont  il  a  lait 
un  catalogue  thématique.  J'en  possède  le  ma- 
nuscrit original.  Weslphal  avait  réuni  une 
belle  bibliothèque  de  littérature  musicale  et 
d'œuvresdes  grands  maîtres,  que  j'ai  acquise 
après  sa  mort. 

WESTPHAL  (Guillaume),  organiste  à  l'é- 
glise du  Saint-Esprit,  à  Hanovre,  actuellement 
(18lw)  vivant,  n'est  pas  de  la  même  famille  que 
les  précédents.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Deux  symphonies  pourpiano  seul;  Hanovre, 
Hahn  ;  2°  Variations  instructives  pour  le  même 
instrument,  ibid.  ;  3°  Thème  avec  douze  varia- 
lions  ;  Leipsick,  Breilkopf  et  Haertel  ;  4°  Chan- 
sons allemandes  avec  accompagnement  de  piano 
Hanovre,  Hahn.  L'ouvrage  le  plus  important 
de  Weslphal  est  un  traité  des  éléments  théo- 
riques et  pratiques  d'harmonie  et  d'accompa- 
gnement, intitulé  :  Theorelisch-Praklischcr 
Leilfaden  zur  Erlernung  des  Generalbas- 
ses;  Hanovre,  Hahn,  1812,  in-4°. 

WETTEIVGEL  (Gustave-Adolphe),  fac- 
teur d'instruments  à  archet  à  Neukirchen, 
près  d'Adorf,  dans  le  royaume  de  Saxe,  est 
auteur  du  meilleur  livre  qui  ait  paru  jusqu'à 


WETTENGEL  —  WEYSE 


4îi9 


ce  joui'  concernant  la  construction  et  la  répa- 
ration des  instruments  à  archet.  Ce  livre  a 
pour  titre  :  Follstxndig  theoretisch-prak- 
tisch  Lehrbuch  der  Ausfertigungund  Iïepa- 
ratur  aller  noch  jetzt  gebr&ucht GaUtmgen 
von  italienischen  und  deutschen  Geigen 
(Traité  complet,  théorique  et  pratique  de  la 
fabrication  et  de  la  réparation  de  toutes  les 
espèces  de  violons  italiens  et  allemands 
qui  sont  maintenant  en  usage)  ;  Ilmenati, 
Voigt,  1828,  1vol.  in-8°  de  654  pages  avec 
16  planches. 

WETTIG  (Chaules),  compositeur  et  pia- 
niste, né  à  Goslar  en  1826,  commença  ses 
études  musicales  sous  la  direction  de  son  père, 
puis  les  acheva  à  Leipsick,  où  il  reçut  des 
leçons  d'harmonie  et  de  composition  chez 
Hauptmann  et  chez  Mendelssohn.  En  1855,  il 
fut  nommé  maître  de  chapelle  à  Brunn.  Il  a 
fait  imprimer  des  pièces  pour  le  piano  et  des 
Lieder  d'un  bon  style. 

YVETZEL  (Jean-Gaspard),  diacre  et  pré- 
dicateur à  Rœmhild,  dans  le  duché  de  Saxe- 
Meiningen,  naquit  à  Mciningen,  le  22  fé- 
vrier 1691,  et  mourut  à  Rœmhild,  le 
6  août  1755,  avec  les  litres  de  recteur  et  de 
prédicateur  de  la  duchesse  douairière  de  Saxe- 
Cobourg.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on  remar- 
que celui  quia  pour  titre:  ffymnopœoyrapliia 
odjr  historische  Lebensbeschreibuny  derbe- 
riihmtesten  Liederdichter  (Notices  histori- 
ques des  poètes  les  plus  célèbres  qui  ont  écrit 
des  cantiques);  Herrnstadt,  1721-1728,  4  vol. 
in-8°.  On  y  trouve  beaucoup  de  notices  sur 
les  compositeurs  de  mélodies  chorales. 

YVETZI2L  (Ferdinand-Guillaume),  insti- 
tuteur saxon  et  maître  d'école  à  Weidmar, 
village  de  la  régence  de  Mersebourg,  actuelle- 
ment vivant,  s'est  fait  connaître  par  plusieurs 
ouvrages  relatifs  à  l'enseignement  primaire, 
particulièrement  par  un  traité  de  la  basse 
chiffrée  pour  l'accompagnement  des  mélodies 
chorales,  intitulé  :  Vollstxndiye  Signaln- 
renlehre;  Halle,  Hendel,  1814,  in-4". 

YVETZKE  (Jean-Philippe),  canlor  et 
directeur  de  musique  à  l'église  paroissiale  de 
Wittenberg,  naquit  en  1705,  à  Gottleube, 
près  de  Pirna.  Fils  d'un  tailleur,  il  fut  d'abord 
destiné  à  suivre  la  profession  de  son  père; 
mais  plus  tard,  il  alla  commencer  ses  études 
à  l'école  de  Pirna,  puis  à  l'école  de  la  Croix, 
à  Dresde.  Ce  fut  dans  celle  ville  qu'il  cultiva  avec 
succès  ses  dispositions  pour  la  musique,  et  qu'il 
forma  son  goût  en  écoutant  les  opéras  des  com- 
positeurs dramatiques  italiens.  Après  avoir 
suivi   les  cours  de   théologie  de  l'université 


de  Wittenberg,  il  obtint,  en  1735,  les  places 
de  cantor  et  de  directeur  de  musique  à  l'église 
paroissiale  de  cette  ville, oùil  mourut  en  1767. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  années  com- 
plètes de  musique  d'église,  des  Passions  et  des 
canlates  spirituelles. 

WEYIUCH  (F.-C.-A.),  membre  de  la 
société  des  progrès  de  la  civilisation  en  Silésie, 
résidant  à  Breslau,  est  auteur  de  deux  opus- 
cules relatifs  à  une  langue  musicale  ,  dont 
l'idée  parait  avoir  été  empruntée  aux  travaux 
de  Sudre  (voyez  ce  nom).  Ces  ouvrages  ont 
pour  litres:  1° Die  Inslrumenlallon-Sprecht 
kunst  oder  Anleituny  durch  Instrumental- 
tœne  aile  Nachrichten  in  die  Ferne  zu 
geben,  soioohl  im  Frieden  als  im  Kriege, 
beim  Civile  und  Militxr ,  auf  dem  Lande 
und  Meere  (L'art  de  parler  par  les  sons  des 
instruments,  ou  instruction  pour  donner  de 
loin  toute  espèce  d'avis  par  des  notes  instru- 
mentales, etc.);  Leipsick,  A.  Wienbrock,  1830, 
in-8°  de  50  pages  ;  2°  Die  Privât-  Télégraphie 
oder  die  Kunst  sich  ohne  Boten-und  L'rief- 
Absendung  und  oline  persœnlicltc  Zusam- 
menkunst  mit  Allen  iiber  Ailes  in  einer  Ent- 
fernung  von  1,000  bis  50,000  Schritten  zu 
verstxndigen  (La  télégraphie  particulière,  ou 
l'art  de  correspondre  sans  messager,  sans  ex- 
pédition de  lettres  et  sans  entrevue  person- 
nelle, elc.)  ;  ibid.,  1830,  in-8°. 

WEYSE  (Christophe -Ernest-Frédéric), 
professeur  de  musique  à  Copenhague,  est  né 
à  Allona,  le  5  mars  1774.  Son  grand-père, 
alors  cantor  et  recteur  au  lycée  de  celte  ville, 
lui  donna  les  premières  leçons  de  musique  ; 
son  goût  pour  cet  art  fut  contrarié  par  l'obli- 
gation de  se  livrer  au  commerce  pendant  plu- 
sieurs années.  Devenu  libre  enfin  de  suivre 
son  penchant,  il  alla  s'établir  à  Copenhague, 
oii  Schlillz  lui  fit  un  bon  accueil  et  se  chargea 
de  terminer  son  éducation  musicale.  Le  pre- 
mier opéra  de  Weyse,  intitulé  :  Ludlams 
Hœhle  (La  grotte  de  Ludlam) ,  commença 
brillamment  sa  réputation  de  compositeur,  et 
celui  qu'il  fit  représenter  en  1809,  sous  le  titre 
de  Schlaftrunck  (La  potion  narcotique), 
lui  fil  obtenir  une  place  dans  la  chapelle 
de  la  cour.  Plus  tard,  il  s'est  particu- 
lièrement exercé  avec  succès  dans  la  musique 
religieuse.  Weyse  est  estimé  en  Allemagne 
comme  musicien  instruit  et  comme  bon  har- 
moniste. Parmi  ses  productions  imprimées, 
on  remarque  :  1°  Symphonie  à  grand  orches- 
tre (en  ut  mineur),  op.  1  ;  Copenhague,  Lose; 
2°  Ouverture  de  Faruk,  idem;  Leipsick,  Lrcit- 
kopf  et  HiCrtcl;  5°  Ouverture  de  Ludlams 


4G0 


WEYSE  —  WICHEL 


IJœle,  ibid.  ;  4°  Sonates  pour  piano  seul, 
n°9  1,2,  3,  4;  Copenhague,  Lose;  5°  Allégro 
de  bravoure  pour  le  piano,  dans  les  cahiers 
sept  et  seize  du  Répertoire  des  clavecinistes  ; 
Zurich,  Ilug.  Ou  ire  les  opéras  cités  précédem- 
ment, Weyse  a  fait  représenter, à  Copenhague 
Ftoribella,  en  trois  actes,  Une  aventure  au 
Jardin  du  roi,  opéra-comique,  et  a  composé 
une  ouverture  pour  la  tragédie  de  Macbeth. 
Il  a  publié  un  recueil  qui  a  pour  titre  :  f/alv- 
tredsinslyve  garnie  Kampweise  Itlelodier 
(Cinquante  anciens  chants  de  bardes  à  voix 
seule  avec  accompagnement  de  piano)  ;  Copen- 
hague, Losc.  Il  est  mort  à  Copenhague  le 
4  octobre  1842,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans 
et  quelques  mois. 

WHICHEL  (Abel),  organiste  de  l'église 
Saint-Edmond,  à  Londres,  mort  en  1745j  a 
publié  des  exercices  de  clavecin  composés 
d'allemandes,  de  courantes,  de  sarabandes, 
d'airs  et  de  menuets. 

WHISTLLAG  (C.-F.),  éditeur  à  Leip- 
sick,  né  dans  cette  ville  vers  1800,  est  le  rédac- 
teur d'un  catalogue  général  cl  systématique  de 
toute  la  musique  publiée  en  Allemagne  et 
dans  le  Nord  de  l'Europe, depuis  environ  1780. 
Ce  volume  est  intitulé  :  Handbuch  der  nuisi- 
kalischen  lileralur  oder  allgemcines  systc- 
malisch  geordnetes  f'erzeichniss  gedruck- 
ter  Musicalien,  auch  musilmlischen  Schrif- 
Icn  und  s/bbildungen  7nit  Anzeige  des  Ver- 
leger  und  Prcisse.  (Manuel  de  la  littérature 
musicale,  ou  catalogue  général  et  systématique 
de  la  musique  imprimée,  des  écrits  sur  cet  art 
et  de  portraits  de  musiciens  avec  les  noms  des 
éditeurs  et  les  prix),  deuxième  édition  ;  Leip- 
sick,  1828,  très-grand  in-S".  Un  supplément, 
formant  un  second  volume,  a  paru  en  1842. 
Une  troisième  édition  refondue  a  été  publiée 
postérieurement  :  j'en  ignore  la  date. 

WII1TE (Robert),  compositeur  anglais  du 
seizième  siècle,  fut  le  prédécesseur  de  Bird  et 
deTallis.  On  ignore  quelle  fut  sa  position  dans 
sa  patrie,  et  le  seul  renseignement  qu'on  ait 
sur  sa  personne,  c'eslqu'il  mourut  en  1581 .  La 
bibliothèque  «lu  collège  du  Christ,  à  Oxford, 
renferme  beaucoup  de  compositions  de  cet  au- 
teur, en  manuscrit.  Burney  en  a  tiré  une  an- 
tienne à  cinq  voix  qu'il  a  publiée  dans  le  troi- 
sième volume  de  son  Histoire  de  la  musique 
(p.  G7);  c'est  un  morceau  bien  écrit  et  d'une 
bonne  harmonie,  dans  l'ancienne  tonalité.  Cet 
écrivain  possédait  aussi  une  collection  de  fu- 
gues et  intonations  dans  les  huit  tons  de 
l'église,  pour  l'orgue  :  Ce  recueil  avait  pour 
litre:  Mr.  Robert  TFhilc,  his  bitls  of  three 


parts  songs  ,  in  score,  with  ditties,  2; 
wilhout  ditties,  16. 

WHYTHORNE  (Thomas),  musicien  an- 
glais, né  en  1531,  s'est  fait  connaître  par  des 
chansons  an^laisesà  trois,  quatre  et  cinq  voix, 
intitulées:  Songes  of  titrée,  fower,and  fives 
voyces,  cowposed  and  mode  by  Thomas 
Whylhorne,  genll.  London,  printed  byJohn 
Dayc,  1571.  On  trouve  au  frontispice  le  por- 
trait de  l'aulcur  gravé  sur  bois,  avec  celte  in- 
scription: Thom.  Jfltylhorne,  Mu$.,œtalis40. 

WICHEL  (Georges),  né  le  2  février  1805, 
à  Tiosbcrg  (Bavière),  commença,  à  l'âge  de 
sept  ans,  l'étude  de  la  musique  et  du  violon, 
puis  apprit  à  jouer  de  tous  les  instruments 
chez  le  musicien  de  ville.  Dans  sa  dix  hui- 
tième année,  il  se  rendit  à  Munich  pour  y 
perfectionner  son  talent  sur  le  violon.  Il 
y  fut  employé  comme  violoniste  dans  l'or- 
chestre d'un  théâtre  de  second  ordre.  A  l'âge 
de  20  ans,  il  se  livra  à  l'élude  de  la  composi- 
tion et  commença  à  se  faire  connaître  parles 
danses  et  les  marches  qu'il  publia.  En  1826, 
il  entra  comme  premier  violon  dans  la  cha- 
pelle du  prince  de  Hohenzollern-llechingen. 
Après  quelques  années,  il  fut  nommé  directeur 
de  musique  à  Hecbingen,  puis  il  y  établit  une 
école  pour  l'enseignement  du  chant  et  y  diri- 
gea une  société  chorale.  En  1852,  Wichel  fut 
appelé  à  Lœwenberg  (Silésie),  en  qualité  de 
directeur  de  musique  d'église:  en  1858,  il  eut 
le  titre  de  directeur  royal  de  musique  de 
Puisse.  Il  a  fait  plusieurs  voyages  en  Alle- 
magne et  s'y  est  fait  connaître  avantageu- 
sement comme  violoniste  et  comme  composi- 
teur. Ses  ouvrages  publiés  consistent  en 
solos  de  concert  pour  le  violon,  un  quatuor 
pour  des  instruments  à  cordes,  des  fantaisies 
pour  violon  el  piano,  une  grande  quantité  de 
morceaux  d'étude  pour  le  violon,  publiés  à 
Offenbach,  chez  André,  des  trios  faciles  poul- 
ies instruments  à  cordes,  des  duos  pour  deux 
violons  et  pour  violon  et  violoncelle,  des  Lieder 
à  voix  seule  avec  piano,  des  chants  pour  qua- 
tre voix  d'hommes,  des  exercices  de  chant  poul- 
ies écoles,  des  clauses  et  des  marches.  Wichel 
a  en  manuscrit  des  oratorios  et  des  cantates, 
Aladin,  grand  opéra,  des  messes,  des  psau- 
mes, des  symphonies,  des  ouvertures  et  des 
concertos  pour  plusieurs  instruments. 

WICHEL  (Rodolphe),  (ils  du  précédent, 
né  à  Hechingen,  le  7  novembre  1832,  se  livra 
dès  ses  premières  années  à  l'élude  du  violon, 
sous  la  direction  de  son  père,  et  fut  en  étal  de 
remplir,  par  intérim,  une  place  d'organiste  à 
Seiss,  près  de  Reutlingcn,  à  l'âge  de  seize  ans. 


W1CHEL  -  WIDERKEHR 


461 


En  1852,  il  succéda  à  son  père  dans  les  places 
de  directeur  delà  société  chorale  et  de  la  mu- 
sique d'église,  à  Hechingen.  Ayant  été  appelé, 
en  qualité  de  violoniste,  à  Lœwenberg,  quel- 
que temps  après,  il  y  fut  enlevé,  à  vingt-cinq 
ans,  par  une  maladieaiguC,  le  10  janvier  1858. 
Quelques-unes  de  ses  compositions  ont  été  pu- 
bliées à  Brcslau. 

WICHMANN  fllEBMAim),  né  à  Berlin,  le 
24  octobre  1824,  est  fils  du  célèbre  sculpteur 
Louis  Wiclimann.  Il  fit  ses  bumanitésau  gym- 
nase Frédéric -Guillaume  et  y  commença 
l'étude  de  la  musique.  Plus  lard,  il  entra  à 
l'Académie  royale  des  beaux-arts,  où  il  suivit 
les  cours  de  Rugenli3genet  deWilhelm  Bach. 
Un  morceau  de  piano  de  sa  composition  fut 
couronnédans celle  institution,  en  1842.  Après 
sa  sortie  de  l'Académie,  il  acheva  de  s'in- 
struire dans  la  composition  par  les  leçons  de 
Taubert,  de  Mendelssohn  et  de  Spolir.  Le  mau- 
vais état  de  sa  santé  l'obligea  d'aller  ensuite 
en  Italie,  où  il  fit  un  séjour  de  huit  années,  pen- 
dant lequel  il  composa  des  psaumes,  des  sym- 
phonies, des  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  des  trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, des  sonates  de  piano  et  des  Lieder  qui 
ont  été  chantés  par  Jenny  Lind.  De  retour  en 
Allemagne,  il  fut  nommé  directeur  de  la  so- 
ciété musicale  de  Bichfeld  ;  mais  il  y  resta  peu 
de  temps  et  retourna  à  Berlin,  où  il  a  publié 
quelques-uns  de  ses  ouvrages,  particulière- 
ment un  grand  nombre  de  Lieder.  Parmi  sa 
musique  instrumentale  mise  au  jour,  on  remar- 
que: 1°  Sonate  pour  piano,  op.  1,  Berlin, 
Traulwein  (Bahu).  2n  Nocturne,  élude  el  ma- 
zurka, idem,  op.  2;  ibid.  5"  Quatuor  pour 
deux  violons,  alto  el  violoncelle  (en  la  mineur), 
op.  G;  ibid.,  1845.  Trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle  (en  mi  bémol),  op.  10  ;  ibid.  5°  Qua- 
tre mazurkas  pour  piano,  op.  8;  ibid.  184G. 
G"  Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  violon- 
celle (en  mi  mineur),  op.  12,  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hœrlel.  7°  Sonate  pour  piano  el  violon, 
op.  16;  Berlin,  Traulwein  (Babn).  8"  Quatuor 
pour  deux  violons,  alto  el  violoncelle,  op.  17  ; 
Berlin,  Bote  el  Bock,  1852.  9°  idem,  op.  19; 
Leipsick,  Kistner. 

WÏDDEli  (Frédémc-Adam),  professeur  de 
philosophie  à  Groningue,  naquit  à  Oppenheim, 
le  15  janvier  1721,  el  mourut  à  Groningue  le 
26  février  1787.  Au  nombre  de  ses  disserta- 
tions académiques,  on  trouve  celle  qui  a  pour 
tilre:  Dissertatio  de  affectibus  ope  musices 
excilandis,augeudiset  moderandis,  Gronin- 
gue, 1751,  in  -4°. 

WIDEMAPPI  (Samuel),  né  à  Augsbourg, 


le  9  octobre  1691,  fil  ses  éludes  de  théologie  à 
Ilelmsladt,  puis  retourna  dans  sa  ville  natale, 
où  il  fut  nommé  pasteur  de  l'église  Sainl- 
Ulric,  el  mourut  en  1757.  Il  a  fait  imprimer 
une  thèse,  De  musarum  et  musices  harmonia; 
Augsbourg,  1712,  in-4°. 

WIDEiUANN  (Cari),  virtuose  sur  le  bas- 
son et  compositeur,  est  né  en  1790  à  Herzberg, 
dans  le  Hanovre.  Son  père,  musicien  delà  ville, 
lui  donna  les  premières  leçons  de  musique  et 
de  basson  :  ses  progrès  sur  cet  instrument 
furent  rapides.  En  1810,  il  obtint  un  emploi 
dans  le  corps  de  musiciens  mineurs  de  Claus- 
thal.  Deux  ans  après,  il  fil  en  Allemagne  un 
voyage  qui  le  fit  connaître  comme  un  des 
plus  habiles  bassonistes  de  son  temps.  Ar- 
rivé à  Stockholm,  où  il  donna  un  concert,  il 
obtint  immédiatement  après  une  place  dans  la 
chapelle  royale.  Widemann  est  considéré 
comme  le  premier  bassoniste  de  la  Suède,  et 
un  des  plus  habiles  de  l'Allemagne.  Il  a  pu- 
blié, à  Stockholm,  plusieurs  morceaux  de  sa 
composition  pour  le  basson. 

WIDEIIKEIIR  (Jacques- Chrétien  Mi- 
chel), né  à  Strasbourg,  le  18  avril  1739, ap- 
prità  jouer,  dans  sa  jeunesse,  de  plusieurs  in- 
struments, particulièrement  du  violoncelle  et 
du  basson.  Plus  lard,  Ricbter  fut  son  maître  île 
composition.  Arrivé  à  Paris,  en  1783,  il  y  Tut 
admis  comme  violoncelliste  au  Concert  spiri- 
tuel et  aux  célèbres  concerts  de  la  Loge  Olym- 
pique. En  1790, il  accepta  la  place  de  second  bas- 
son au  nouveau  Théâtre  comique  et  lyrique  du 
boulevard  Saint-Martin.  Au  commencement  de 
l'an  VI  (1797),  il  entra  à  l'orchestre  de  l'O- 
péra, en  qualité  de  tromboniste  ;  mais  il  se  re- 
tira bientôt  de  celte  position.  Nommé  profes- 
seur de  solfège  au  Conservatoire,  à  l'époque 
de  la  formation  de  celle  école,  il  fut  compris 
dans  la  réforme  de  1802,  el  depuis  lors  il  vécut 
dans  la  retraite,  se  livrant  à  l'enseignement 
el  jouissant  de  l'aisance  qu'il  avait  acquise 
par  ses  travaux.  Cet  artiste  estimable  est  mort 
à  Paris,  au  mois  d'avril  1823,  à  l'âge  de 
soixante-quatre  ans.  Compositeur  de  mérite 
pour  la  musique  instrumentale,  il  a  obtenu  de 
brillants  succès  par  ses  symphonies  concer- 
tantes pour  plusieurs  instruments  à  vent;  ses 
ouvrages  et  ceux  de  Devienne  furent  longtemps 
ce  qu'on  connut  de  mieux  en  Fiance  pour  ce 
genre  de  pièces.  Voici  la  liste  des  productions 
«de  Widerkehr  :  1°  Deux  symphonies  à  grand 
orchestré,  qui  furent  exécutées  aux  concerts  du 
Théâtre  Feydeau  et  à  ceux  de  la  rue  dcCléry; 
elles  n'ont  point  été  gravées.  2"  Symphonies 
concertantes  pour  clarinette  et  basson,    nu- 


402 


WIDERKEHR  -  WIEDEBURG 


méros  1  el  2,  Paris,  Plcyel.  5"  Idem,  pour 
cor  et  basson,  numéro  3,  ibid.  4°  Idem,  pour 
llûle,  hautbois,  clarinette,  cor,  deux  bassons 
et  violoncelle,  numéro  4,  Paris,  Janet  et 
ColelIe.5°/(/er»;pourcor  et  basson,  numéro  o, 
Paris,  Sieber.  G0  Idem,  |)our  hautbois  et  bas- 
son, numéro  0,  ibid.  7"  Idem,  pour  clari- 
nette, flùle  et  basson,  numéro  7,  Paris,  Erard. 
8°  Idem,  pour  piano  et  clarinette,  numéro  8, 
ibid.  9°  Idem,  pour  deux  cors,  numéro  9, 
Paris,  Schlesinger.  10°  Idem,  pour  corel  lias- 
son,  numéro  10,  ibid.  1  \°  Idem,  pour  hautbois 
et  basson,  numéro  il,  ibid.  12°  Idem,  pour 
clarinette  ou  hautbois  el  basson,  numéro  12, 
ibid.  1ô°  Quintettes  pour  deux  violons,  deux 
allos  cl  violoncelle,  numéros  1  cl  2,  Paris, 
Janet.  14°  Trois  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  violoncelle,  op.  0,  Paris,  Sieber. 
15°  Trois  idem,  livre  II,  Paris,  Pleyel. 
16°  Quatre  idem,  livre  III,  Paris,  A.  Petit. 
17°  Trois  trios  pour  flùle,  clarinette  et  basson , 
op.  12,  Paris,  Gaveaux.  18°  Six  quintettes  pour 
piano,  flùle,  clarinette,  cor  et  basson,  Paris, 
Janet.  19°  Six  sonates  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  livres  I  et  II,  Paris,  Leduc. 
20°  Trois  sonates  pour  pianoet  violon,  livre  I, 
Paris,  Janet.  21°  Trois  idem,  livre  II,  Paris, 
Érard.  22° Deux  pois-pourris  pour  piano.  Pa- 
ris, madame  Duhan.  23°  Deux  recueils  de  ro- 
mances avec  accompagnement  de  piano,  Paris, 
Naderman. 

WIDMAWN  (Érasme),  né  à  Halle,  en  Saxe, 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut 
d'abord  caiitor  et  organiste  à  Rolhenbourg- 
sur-Ia-Tauber,  puis  il  obtint  la  place  de  maître 
de  chapelle  du  comte  de  Hohenlohe,  à  Wec- 
kerheim.  On  a  sous  son  nom  un  Irailé  élé- 
mentaire de  musique  intitulé  :  Musicx  prx- 
cepla  latino-germanica.  Noribergse,  1G15, 
in-8"  de  six  feuilles.  Widmann  a  publié  aussi 
de  sa  composition  un  recueil  de  pièces  instru- 
mentales à  cinq  parties,  sous  ce  titre  :  Musi- 
kalische  Kurtsweil,  in  Canzonen,  Intraden, 
Ballelen  und  Couranten  fur  4  und  5  Instru- 
mentai (Amusements  musicaux  composés  de 
chansons,  entrées,  ballets  el  courantes  à  quatre 
et  cinq  instruments),  première  partie,  Nu- 
remberg, 1G18,  in-4°;  deuxième  partie,  ibid., 
1G2Ô,  in-4\ 

W  I  E  C  K  (Joséphine  -  Clara);  voyez 
SCHUMAÏNN  (madame). 

WIEDALLEll  (le  P.  Candide),  domini- 
cain bavarois  au  couvent  de  Landshut,  mou- 
riil  dans  cette  ville,  le  11  décembre  1800,  à 
Page  de  soixante  el  onze  ans.  Organiste  de  son 
couvent,  il  fut  aussi  compositeur  et  laissa,  à  sa 


mort,  plusieurs  messes  connues  et  estimées  en 
Bavière.  Il  possédait  des  connaissances  éten- 
dues dans  la  facture  des  orgues,  et  c'est  sous 
sa  direction  que  fut  construit  l'orgue  de  son 
église. 

YVIEDEBEE\(TnÉoPHiLE),maîlre  de  cha- 
pelle à  Brunswick,  est  né  à  Eilenstadt,  près  de 
Halbersladi,  en  1779.  Dès  son  enfance,  il  se 
livra  à  l'élude  de  la  musique  sous  la  direction 
d'un  maître  obscur,  à  Magdebourg,  puis  il  de- 
vint élève  de Schwaneberg,  maître  de  chapelle 
à  Brunswick.  Devenu  habile  pianisle  et  orga- 
niste instruit,  il  se  fixa  dans  cette  ville  en  qua- 
lité de  professeur  de  piano,  et  se  fit  connaître 
par  de  petites  compositions  pour  cet  instru- 
ment. Ayant  été  nommé  organiste  de  l'église 
des  Frères-Mineurs,  en  1809,  celle  améliora - 
lion  dans  sa  position  lui  permit  d'écrire  des 
ouvrages  plus  importants,  tels  que  molets, 
chœurs*,  mélodies,  chorals  variés  pour  l'orgue, 
canlales,  elc.  En  1820,  il  partit  pour  l'Italie,  y 
fit  un  séjour  de  deux  années,  puis  retourna  à 
Brunswick,  où  il  fit  entendre  son  oratorio  in- 
titulé :  la  Délivrance.  Le  mérite  de  cet  ou- 
vrage le  fit  choisir,  en  1822,  pour  remplir  la 
place  de  maître  de  chapelle  de  l'église  princi- 
pale. Depuis  celte  époque,  Wiedebein  a  con- 
tinué de  travailler  activement  dans  celle 
situation  paisible  et  modeste.  On  a  gravé  de 
sa  composition  :  1°  L'Hommage,  ouverture  à 
grand  orchestre  pour  l'avènement  du  duc 
Charles  de  Brunswick,-  Brunswick,  Herrig. 
2"  Rondeau  sur  un  thème  del' Arbore  di  Diana 
pour  piano,  op.  7;  Leipsick,  Peters.  3'>  Thème 
varié  pour  piano,  op.  4  ;  Brunswick,  Spehr. 
4°  Air  allemand  varié,  op.  5;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Haerlel.  5°  Chansons  allemandes 
avec  accompagnement  de  piano;  Brunswick, 
Herrig. 

WIEDEBURG  (Michel -Jean-Frédéric), 
organiste  à  l'église  luthérienne  de  Norden,  en 
Ostfrise,  naquit  à  Halle,  en  Saxe,  vers  1755, 
et  mourut  à  Norden,  dans  les  dernières  années 
du  dix-huilième  siècle.  On  a  de  lui  un  grand 
Irailé  de  l'art  déjouer  du  clavecin  ou  de  l'orgue, 
dont  la  première  partie  est  intitulée  :  Der  sich 
selbsl '  informirende  Clavierspieler  ,oder  deut- 
licher  und  leichter  Unterricht  zur  Selbst- 
1 n formation  im  Clavier spielen,  elc.  (Lecla- 
veciniste  instruit  par  lui-même,  ou  instruction 
claire  et  facile  pour  apprendre  soi-même  à 
jouer  du  piano,  etc.),  Halle  et  Leipsick,  1705, 
un  vol.  in-4u  de  deux  cent  vingt-six  pages.  La 
deuxième  partie,  contenant  un  traité  d'har- 
monie et  d'accompagnement  pratique  appliqué 
aux  mélodies  chorales,  a  paru  à  Halle,  en  1707, 


WIEDEBURG-  W1EGERS 


463 


en  un  vol.  in-4°  de  cinq  cent  trente-deux  pa- 
ges. Dans  la  troisième  partie  (Halle,  177o,un 
vol.  in-4°  de  neuf  cent  douze  pages),  Wiede- 
bii rg  donne  la  suite  du  traité  d'harmonie,  et 
entre  dans  de  grands  développements  sur  l'u- 
sage des  dissonances,  de  la  basse  chiffrée,  sur 
la  tonalité,  la  mélodie,  les  cadences,  l'art  de 
varier  les  chorals  et  de  faire  les  préludes  et 
fantaisies.  En  1778,  il  publia,  comme  sup- 
plément à  ce  grand  ouvrage,  un  recueil  de  qua- 
rante-huit préludes  pour  l'orgue  ou  le  clave- 
cin, sous  ce  litre  :  Fermchrtcr  praktischer 
Beytrœg  zumsich  selbsl  informirendenCla- 
vierspieler,  oder  Prœludia  fiir  Orgel  und 
Clavier,  etc.,  Halle,  un  vol.  in-4°  oblong  de 
cent  quarante-neuf  pages.  Wiedeburga  aussi 
publié  un  jeu  de  cartes  musicales  pour  la  com- 
position de  petites  pièces  de  musique  par  les 
combinaisons  de  phrases  toutes  faites,  sous  ce 
titre  :  Musikal.  Kavlenspiel,  wobei  man  aile ■•• 
zeit  ein  Musikal.  Sliick  geivinnt,  Aurich, 
Winter,  1788,  in-8". 

WIEDEMANIV  (Jean-Ernest),  directeur 
de  musique  et  professeur  de  chanta  l'école  des 
cadets,  à  Polsdam,  né  le  28  mars  1797  à 
Hohengiersdorf,  près  de  Grolkau  (Silésie); 
reçut  les  premières  leçons  de  latin  et  de  musi- 
que du  maître  d'école  de  l'endroit.  A  dix-sept 
ans,  il  entra  au  séminaire  normal  et  catho- 
lique de  Breslau.  Schnabel  (voyez  ce  nom), 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale,  y  fut  son 
professeur  de  composition.  Ses  progrès,  sous 
la  direction  de  ce  maître  et  de  l'excellent  or- 
ganiste Berner  (voyez  ce  nom),  furent  rapides. 
Le  10  avril  1818,  il  obtint  les  places  d'orga- 
niste à  l'église  catholique  de  Polsdam  et  de 
professeur  à  l'école  de  celle  ville.  Depuis  lors, 
il  a  écrit  beaucoup  «le  musique  solennelle  poul- 
ies jours  de  fête.  Il  fonda,  à  Polsdam,  en  1832, 
une  société  de  chant  dont  il  fut  directeur.  Dans 
la  même  année, il  fut  nommé  professeur  de  chant 
àl'écoledescadets:  il  occupailencorecetteplace 
en  18G0.  En  18ô0,  Wiedemann  avait  établi 
une  école  d'enseignement  mutuel  de  la  musi- 
que, suivant  le  système  appelé  alors  à  la  Lan- 
castre.  Cette  institution  subsista  jusqu'en  1845 
et  produisit  de  bons  élèves,  parmi  lesquels  on 
compte  Ferdinand  Wcndel,  à  Polsdam,  Charles 
Slrekertde  Weimar,  et  Théodore  Rode  de  Ber- 
lin. Pendant  les  années  1832,  1835  et  183G,  il 
donna  de  grands  concerts  avec  la  sociélé  de 
chant  qu'il  dirigeait.  Wiedemann  donna  sa 
démission  des  places  d'organiste  et  de  profes- 
seur de  l'éeole  de  Polsdam  le  lir  août  1852; 
mais  i!  conserva  celle  de  professeur  de  l'école 
des  cadets,  Il  a  en  manuscrit  :  1°  Messe  solen- 


nelle (en  la  bémol)  pour  des  voix,  solos,  chœur 
et  orchestre.  2°  Messe  (en  mi  bémol)  pour 
quatre  voix  seules,  chœur  et  orchestre,  ô"  Te 
Deum  pour  quatre  voix  seules,  chœur  et 
orchestre.  4°  Messe  (en  sol)  pour  des  voix 
solos,  chœur,  violons,  alto,  basse,  deux  cors  et 
orgue.  5°  Deux  messes  pour  chœur  à  quatre 
voix  et  orgue.  G0  Hymne  (en  nu  bémol)  pour 
voix  solos;  chœur  cl  grand  orchestre.  7"  Des 
chants  à  plusieurs  voix.  8°  Des  pièces  de  piano. 
On  a  publié  de  cet  artiste.  Hymne  (en  si  bémol) 
pour  quatre  voix  solos,  chœur  et  orchestre  ou 
piano,  et  des  Licder  à  voix  seule  ;  Polsdam, 
Tripeloury. 

WIEDIN'ER  (Jean-Charles),  directeur  de 
musique  et  organiste  de  la  nouvelle  église  de 
Leipsick,  né  vers  1724,  mourut  dans  cette 
ville  en  1774.  Il  a  composé  beaucoup  décan- 
tâtes d'église,  de  symphonies,  et  de  concertos 
pour  divers  instruments,  qui  sont  restés  en 
manuscrit. 

"WIEGAIVD  (Jean),  professeur  de  chant  au 
gymnasedeCassel,dans  la  liesse,  est  né  enl789, 
à  Frommershausen,  village  situé  près  de  celte 
ville.  En  1820,  il  a  formé  une  société  de  chant 
qui  est  composée  décent  cinquante  membres 
et  qui  exécute  souvent,  au  profit  des  pauvres, 
les  ouvrages  de  Hsendel  et  de  Jean-Sébastien 
Bach.  M.  Wienand  a  publié,  à  Mayence,  chez 
Scholt,  à  Brunswick,  chez  Spehr,  et  à  Bonn, 
chez  Simrock,  les  ouvrages  suivants  :  1°  Quatre 
chants  pour  soprano  et  ténor,  avec  accompa- 
gnement de  piano.  2°  Trois  duos  pour  soprano 
et  ténor,  idem.  5°  Six  chants  pour  quatre  voix 
d'hommes,  première  suite.  4°  Six  idem.  5"  Six 
duos  pour  soprano  et  ténor.  G°  Collection  de 
chants  pour  plusieurs  voix.  7° La  Résurrection 
de  Jésus,  cantate.  Il  a  en  manuscrit  beaucoup 
d'autres  compositions,  ainsi  qu'un  nouveau 
livre  choral  pour  la  liesse  électorale.  On  con- 
naît aussi  sous  le  nom  de  cet  artiste  trois  écrits 
relatifs  àjla  musique,  publiés  dans  les  derniè- 
res années  sous  ces  titres  :  1°  Ueber  die  Ver- 
besserung  des  Kirchengesanges  (Sur  les  amé- 
liorations du  chant  d'église),  brochure  publiée 
par  ordre  du  gouvernement  de  la  liesse. 
2°  Ueber  die  Erfordernisse  zu  einem  ansere 
Zeit  enlsprechenden  Choralbuche  (Sur  la  né- 
cessité d'un  livre  de  chant  choral  conforme  à 
noire  époque).  3°  Enlwurf  zu  cler  Gesangs- 
lehre,  fiir  Cliurfiirsll.  Gymnasium  (Projet 
d'une  méthode  de  chant  pour  le  gymnase  élec- 
toral). 

WIEGERS  (Jean),  directeur  de  musique 

i  et  organiste  à  l'église  principale  de   Kœnigs- 

berg,  est  né  le  27  septembre    1807  à  Zosscn, 


AU 


WIEGEliS  -  WIENIAWSKY 


près  de  Berlin.  Admis  à  l'Institut  royal  de 
musique  de  celle  ville,  il  y  a  fait  ses  éludes  de 
piano,  d'orgue  et  de  composition,  sous  la  direc- 
tion de  Bernard  Klein  et  de  Guillaume  Bach. 
Il  n'était  âgé  que  de  dix-sept  ans  lorsqu'il  a 
reçu  sa  nominalion  d'organiste  à  Kœnigsberg. 
Ses  efforts  pour  les  progrès  de  la  musique 
d'église  ont  été  récompensés,  par  la  place 
de  direclcur  de  musique.  W'iegers  est 
fondateur  et  chef  d'une  académie  de  chant, 
et  en  même  temps  professeur  aux  écoles  de  la 
ville.  On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Pré- 
ludes d'orgue  pour  des  chorals.  2°  Kleine 
Singschule  fiir  Anfxnger  im  Singen  nach 
Notai  (Petite  méthode  de  chant  pour  les  com- 
mençants, etc.);  Berlin,  Schrseder.  3° Quelques 
compositions  pour  le  chant. 

WIEGLEIÎ  (Jean-Christophe),  bon  fac- 
teur d'orgues  de  la  Franconie,  vers  le  milieu 
du  dix- huitième  siècle,  a  construit,  en  17-35, 
l'orgue  de  l'église  collégiale  d'Anspach,  com- 
posé de  quarante-huit  jeux,  trois  claviers  et 
pédale,  et  celui  de  la  ville  impériale  de  Winds- 
heim,  de  trente  jeux. 

WIELAND  (Christophe-Martin),  un  des 
plus  illustres  littérateurs  allemands  du  dix-hui- 
tième siècle,  naquit,  le  5  septembre  1733,  à 
Ilolzhcim,  près  de  Biherach  en  Souabe,  et  mou- 
rut à  Weimar,  le  20  janvier  1813.  La  vie  de 
cet  homme  célèbre  et  l'analyse  de  ses  ouvrages 
n'appartiennent  pas  à  ce  livre  spécial  ;  l'ex- 
cellente notice  de  la  Biographie  universelle 
des  frères  Michaud  ne  laisse,  d'ailleurs,  rien  à 
désirera  cet  égard;  Wieland  n'est  ici  men- 
tionné que  pour  le  livre  intéressant  qu'il  a  écrit 
dans  sa  vieillesse  sur  la  vie  du  flûtiste  aveugle 
Dulon  (Dulon's  des  blinden  Flœlenspielers 
Leben  und  Meinungen,  etc.;  Zurich,  Henri 
Gessner,  1807-1808,2  vol.  in-8").  Ce  livre  a 
été  écrit  sur  les  mémoires  manuscrilsde  Dulon 
lui-même,  et  Wieland  ne  s'est  nommé  que 
comme  éditeur  au  frontispice;  c'est  vraisem- 
blablement ce  qui  a  fait  exclure  La  vie  et  les 
opinions  de  Dulon  des  éditions  de  ses  œuvres 
publiées  après  sa  mort.  Wieland  a  donné  beau- 
coup d'anecdotes  musicales  et  de  notices  sui- 
des musiciens  célèbres  dans  son  Mercure  al- 
lemand, publié  depuis  1773  jusqu'en  1810. 

WIELE  (Adolphe),  maître  de  concerts  à 
Hesse-Cassel  et  violoniste  distingué,  est  né  à 
Oldenbourg,  le  18  juin  1794.  Son  père  lui 
donna  les  première  leçons  de  musique  et  de 
violon,  et  ses  progrès  sur  cet  instrument  furent 
si  rapides,  qu'il  put  se  faire  entendre  en  pu- 
blic dans  sa  huitième  année.  Il  alla  ensuite 
prendre  des  leçons  de  Maucourl,  à  Brunswick, 


puis,  après  la  réunion  de  la  chapelle  de  celle 
ville  à  celle  du  royaume  de  Weslphalie,  il  se 
rendit  à  Cassel,  en  1807.  Le  roi  Jérôme  Napo. 
léon  l'envoya  à  Paris  pour  y  suivre  les  cours 
du  Conservatoire.  Baillot  devint  son  maître 
de  violon,  et,  sous  la  direction  de  cet  artiste 
célèbre,  il  obtint,  en  1812,  le  second  prix  au 
concours,  et  le  premier  l'année  suivante.  En 
1815,  AViele  entra  dans  la  chapelle  royale  de 
Slullgard,  en  qualité  de  violon  solo.  Depuis 
1819  jusqu'en  1821,  il  voyagea  pour  donner 
des  concerts  à  Munich,  Vienne,  Leipsick , 
Berlin,  Weimar  et  Cassel.  Arrivé  dans  celte 
dernière  ville,  il  y  recul  un  engagement  pour 
la  chapelle  du  prince  électoral  Guillaume  II, 
qui  le  nomma  plus  lard  maître  de  con- 
certs. Cet  habile  violoniste  a  écrit  de  belles 
compositions  pour  son  instrument,  mais  il  n'a 
publié  (pie  celles-ci  :  1°  Polonaise  pour  violon 
et  orchestre;  Offenbach,  André.  2°  Thème 
varié,  idem;  Hanovre,  Bachmann.  3°  Varia- 
lions  pour  violon  et  piano  sur  l'air  allemand 
An  Alexis,  Leipsick,  Peters.  Wiele  est  mort 
à  Cassel  vers  1855. 

YVIELEN  (J.  VANDER),  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  Saint-Jacques  à  Gand,  vécut 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  s'est 
fait  connaître  comme  compositeur  par  des 
motels  pour  la  fêle  de  Noël,  intilulés:(7ant/o«es 
natalilix  quatuor  et  quinque  tam  vocibus 
quam  instruments  decantandx,  auclore 
J.  Fander  Wielen,  ecclcsix  parochiulis 
S.  Jacobi  Gandavimusicoprxfeto,  etc;  Ant- 
werpiae,  apud  hœredes  Pétri  Phalesii,  etc., 
1CG5,  in-4\ 

WIELUORSKY  (Michel,  comte),  com- 
positeur et  noble  prolecteur  des  artistes  qui 
ont  visité  la  Russie,  élail  grand  échanson  de  la 
cour  impériale.  Il  est  mort  à  Moscou,  le  9  sep- 
tembre 1850.  Je  n'ai  pas  de  renseignements 
sur  les  ouvrages  du  comle  Wielhorsky. 

WIEMAWSKI  (Henri),  virtuose  violo- 
nistc,  né  le  lOjuillet  1835,  à  Lublin  (Pologne), 
est  fils  d'un  médecin  de  celle  ville.  Il  n'était 
âgé  que  de  huit  ans  lorsque  sa  mère,  sœur  du 
pianiste  compositeur  Edouard  Wolff  (voyez 
ce  nom),  le  conduisit  à  Paris.  Frappé  de  ses 
dispositions  extraordinaires  pour  le  violon, 
M.  Massait,  professeur  de  cet  instrument  au 
Conservatoire  de  musique,  le  présenta  au 
comilé  d'enseignement  de  celte  institution, 
qui  l'admit  comme  élève  le  28  novembre  1843, 
après  un  concours  d'examen.  En  sa  qualité 
d'étranger,  son  admission  fut  soumise  au  mi- 
nislre  de  l'intérieur,  qui  l'approuva  par  arrêté 
•lu   t2  décembre  de  la  même    année.  Iinmé- 


WIENIAWSKY  —  WIEPRECHT 


4G3 


diatement  placé  dans  la  classe  de  M.  Gave!, 
professeur  adjoint  de  Tiolon.  il  lil  de  si  rapides 
progrès  sous  sa  dircclion,  qu'il  n'y  reslaqu'une 
année  et  devint  élève  de  M.  Massart,  le  4  dé- 
cembre 1844.  Continuant  de  développer  ses 
prodigieuses  facultés  avec  une  rapidité  inouïe, 
Henri  Wieniawski  obtint  le  premier  prix  de 
violon  au  concours  de  184G,  au  moment  où  il 
^venait  d'accomplir  sa  onzième  année.  On  se 
souvient  encore  au  Conservatoire  que  cet  en- 
fant extraordinaire  montra  beaucoup  de  cha- 
grin d'avoir  obtenu  sitôt  celte  distinction. 
Parti  pour  la  Russie  avec  sa  mère  au  commen- 
cement de  1848,  il  donna  ses  premiers  concerts 
à  Pétersbourg  et  à  Moscou  dans  cette  môme 
année.  De  retour  à  Paris  au  commencement  de 
1849,  il  rentra  au  Conservatoire,  le  11  avril 
suivant,  pour  y  étudier  l'harmonie  dans  la 
classe  de  Colet  (voyez  ce  nom).  Un  accessit  lui 
fut  décerné  pour  celte  partie  de  l'art  au  con- 
cours de  1850.  Peu  de  temps  après,  il  entre- 
prit de  nouveaux  voyages  en  Pologne ,  en 
Russie,  et  quitta  définitivement  le  Conserva- 
toire. Sa  réputation  de  virtuose  commença  dès 
lors.  En  1853,  je  le  rencontrai  à  Spa,  où  il  don- 
nait des  concerts  avec  son  frère  (voyez  la  no- 
lice  suivante).  Il  n'était  alors  âgé  que  de  dix- 
huit  ans,  mais  déjà  sa  merveilleuse  dextérité 
faisait  prévoir  le  haut  degré  de  talent  où  il  est 
parvenu  dans  les  années  suivantes.  Après 
avoir  parcouru  plusieurs  fois,  à  différentes 
époques,  la  Belgique,  la  Hollande,  l'Allemagne, 
le  nord  de  l'Europe  et  visité  l'Angleterre, 
Henri  Wieniawski,  devenu  le  plus  habile  vir- 
tuose-violoniste de  l'époque  actuelle  (18G4),  a 
élé  nommé  premier  violon  solo  de  l'empereur 
rie  Russie.  Chaque  fois  qu'il  se  l'ait  entendre  à 
Pélersbourg,  il  porte  jusqu'à  l'ivresse  l'en- 
thousiasme du  public.  Il  a  écrit  pour  son  in- 
strument diverses  compositions  qui  ont  élé 
publiées;  maisje  n'en  ai  pas  la  liste. 

WIENIAWSKI  (Joseph),  pianiste  et 
compositeur,  frère  puîné  du  précédent,  né  à 
Lublin,  le  23  mai  1857,  fut  conduit  à  Paris  par 
sa  mère  à  l'âge  de  9  ans,  et  fui  admis  au  Con- 
servatoire le  1er  mars  1847,  sur  la  demande  de 
son  oncle  ,  Edouard  Wolff  (voyez  ce  nom). 
Elève  de  Napoléon  Alkan  pour  le  solfège  el  rie 
Zimmerman  ,  puis  rie  M.  Marmontel,  pour  le 
piano,  il  obtint  le  second  prix  de  cet  instru- 
ment au  concours  de  1848.  Les  premiers  prix 
de  solfège  el  de  piano  lui  furent  décernés  en 
1849,  à  l'âge  rie  12  ans.  Devenu  alors  élève  rie 
M.  Le  Couppey  pour  l'harmonie,  il  remporta  le 
premier  second  prix  de  celle  science  en  1850. 
Parti  alors  pour  la  Russie  avec   son  frère,  il 

BIOfiR.  IMV.  DES  MUSICIKXS.  T.  VIII. 


cessa  de  fréquenter  celle  institution.  Pendant 
plusieurs  années,  les  deux  frères  Wieniawski 
voyagèrent  en  Pologne,  en  Allemagne,  en  Bel- 
gique et  en  Hollande  pour  y  donner  des  con- 
certs; puis  ils  se  séparèrent,  et  Joseph,  après 
avoir  suivi,  pendant  quelque  temps,  la  carrière 
de  virluose-concerlisle,  retourna  à  Paris  et  s'y 
livra  à  l'enseignement  ainsi  qu'à  la  composi- 
tion. Au  nombre  «le  ses  ouvrages,  on  remarque 
un  concerto  de  piano  et  orchestre  qu'il  a  exé- 
cuté avec  succès  dans  un  concert  du  Conserva- 
toire de  Bruxelles,  en  1863.  Au  moment  où 
celle  notice  est  écrite,  Joseph  Wieniawski  se 
trouve  à  Moscou. 

WIEPRECHT  (Guillaume-  Fkédéiuc), 
directeur  de  musique  des  corps  réunis  de  la 
garde  royale  de  Prusse,  musicien  delà  cham- 
bre et  violoniste  de  la  chapelle,  est  né  le  10 
août  1802,  à  Aschersleben.  Son  père,  musicien 
de  ville,  lui  enseigna  à  jouer  de  presque  tous 
les  instruments:  mais  le  violon  fut  celui  dont 
Wieprecht  fit  l'élude  la  plus  persévérante. 
A  l'âge  de  17  ans,  il  quitta  sa  ville  natale,  qui 
lui  offrait  peu  de  ressources,  et  se  rendit  à 
Dresde,  où  le  violoniste  L.  Haase  lui  donna 
des  leçons  de  son  instrument.  Ce  fut  aussi  à 
Dresde  que  Wieprecht  commença  l'étude  de  la 
composition.  En  1820,  il  se  rendit  à  Leipsick 
et  entra  comme  violoniste  à  l'orcheslre  du 
théâtre  el  à  celui  des  concerts  du  Gewandhaus. 
Il  continua  dans  celle  ville  ses  études  de  com- 
position el  écrivit  quelques  morceaux  d'har- 
monie pour  les  instruments  à  vent  el  un  con- 
certo de  violon.  La  clarinette  et  la  trompette 
avaient  été  aussi  les  objets  rie  ses  éluries.  En 
1824,  il  entra  comme  violoniste  dans  la  cha- 
pelle royale,  à  Berlin,  et,  le  2  décembre  de  la 
même  année,  un  ordre  du  cabinet  le  nomma 
musicien  de  la  chambre.  Le  mérile  d'ensem- 
ble ries  corps  rie  musique  militaire  delà  garde 
royale  fixa  dès  lors  son  altenlion  ;  il  écrivitdes 
marches  et  d'autres  compositions  pour  ce  genre 
d'orchestre.  Sponlini,  ayant  entendu  quelques- 
uns  de  ces  morceaux,  en  parut  satisfait  et  de- 
vint le  protecteur  de  Wieprecht,  qui  s'occupa, 
vers  la  même  époque,  de  l'amélioration  des 
instruments  de  cuivre.  Aidé  par  le  facteur 
d'instruments,  J.-G.  Moritz,  il  mil  au  jour, 
en  1835,  la  Bass-Tuba,  et  fit  en  1840, 
avec  un  autre  fadeur,  nommé  Skorra ,  le 
Balyphon,  espèce  de  clarinette  basse,  et  le 
Piunyeiulo ,  en  1842.  «  Après  1845  ,  dit 
»  M.  Wieprecht,  dans  son  autobiographie pu- 
»  bliée  par  M.  De  Ledebur  (1),  je  visitai,  avec 


(1)   TonkiïnsitrT-Lexkon-Berlin's,  p.  643. 


30 


w 


466 


WlEPttECHT  -  W1ESE 


»   une  mission  du  roi,  les  Étals  méridionaux 
y>   de  l'Allemagne,   pour  étudier  les  musiques 
»  militaires,  et  j'écrivis,  dans  la  Gazelle  mu- 
»  sicale  de  Berlin,  mes  lettres  de  voyage  sur 
n  la  musique   populaire  et  militaire  dans  ces 
»  pays.  C'estdelà  que  date  ma  polémique  avec 
»' le  fabricant  Adolphe  Sax  de  Paris,   dont  je 
»  démasquai  les  fraudes  !  »  Je  m'étonne  que 
M.  Wieprechtait  tu  l'audace  d'écrire  ces  lignes 
en  1 801 ,  alors  «pie  la  plupart  des   personnes 
présentes  à   la   lutte  qui  eut  lieu  à  Coblence 
entre  lui  et  M.  Sax,   dans  les   premiers  jours 
d'octobre  1845,  vivaient  encore.  Informé  des 
accusations  de  plagiat  que  répandait  contre  lui 
M.  Wieprecht,   M.  Sax  lui  porta  un  défi,  qu'il 
fut  obligé  d'accepter.    L'épreuve  se  fit  dans 
l'appartement  de  Liszt,  qui  se  trouvait  alors 
dans  cette  ville,  en  présence  de  Fiorentino  et 
de  MM.  Jules  Janin  et  Arban.  J'étais   alors  à 
Coblence,  mais  une  excursion  quejelis  ce  jour 
là  àEmsne  me  permit  pas  d'assister  à  la  séance, 
dont    j'appris    les   résultats    dans    la  soirée. 
M.  "Wieprecht  avait  prétendu  que  la  clarinette 
basse  de  M.  Sax   n'était  qu'une   imitation  du 
hatyphon,  mauvais  instrument  dont  on  n'a  pu 
rien  faire;  mais  il  n'avait  jamais  vu  cette  cla- 
rinette, dont  M.  Sax   avait  pris  le  brevet  en 
1838,   cl  lorsqu'on  la  lui    présenta,  il  ne  sut 
comment  s'y  prendre    pour  en  jouer.   Alors 
M.   Sax  la  lui  (il    entendre,  en  lira  les  plus 
beaux  sons  et  fil  éclater  les  applaudissements 
de  l'auditoire.   Comprenant  combien  il  était 
compromis  par  cette  comparaison,  M.  Wie- 
precht   crut  sauver    sa    dignité    en  joignant 
ses  éloges  à  ceux  des  témoins  de  celle  scène.  Il 
espérait  se  tirer  plus  honorablement  de  l'é- 
preuve des  instruments  de  cuivre  ;  mais  il  ne 
connaissait   pas  davantage  ceux  de  M.  Sax, 
dont  il  avait  parlé  avec  mépris.  Arban  déclara 
détestables  ceux  que  M.  Wieprecht  présentait 
aux  arbitres,  et  la  supériorité  de  conception  et 
de  fabrication    de    ceux   de  M.  Sax    était  si 
évidente,  que  son    adversaire    fut    obligé  de 
s'avouer  vaincu. 

A  la  demande  de  M.  Wieprecht,  il  y  eut  le 
lendemain  une  réunion  des  musiques  militaires 
«les  régiments  en  garnison  à  Coblence,  devant 
lesquelles  MM.  Sax  et  Arban  jouèrent  les  in- 
struments du  célèbre  facteur  île  Paris.  En  ap- 
parence plein  d'enthousiasme,  M.  Wieprecht 
disait  aux  chefs  de  ces  musiques:  Voilà,  mes- 
sieurs, comme  on  doit  jouer  pour  la  perfec- 
tion !  à  quoi  ces  artistes  répondirent  :  Donnez- 
nous  des  instruments  semblables,  et  nous  en 
jouerons  bien. 

Après  ces  épreuves  décisives,  M.  Sax  de- 


manda que  M.  Wieprecht  s'engageât  à  déclarer, 
dans  les  journaux  de  musique  de  l'Allemagne, 
la  vérité  sur  ce  qui  venait  de  se  passer  ;  mais 
Liszt  fil  l'observation  que  l'honneur  de  M.  Wie- 
precht était   tellement  engagé  dans  celle  cir- 
constance, qu'on  ne  pouvait  pas  élever  de  douté 
sur  la  satisfaction   qu'il   donnerait  à  M.  Sax. 
Cependant,  de  retour  à  Berlin,  M.  Wieprecht 
publia  dans  la  Gazette  musicale  de  celle  ville 
une  séried'arlicles  calomnieux  cl  mensongers 
conlre  celui    par  qui  il  avait  élé  vaincu   sous 
tous  les  rapports.  Telle  est  la  vérité  sur  cette 
affaire.    Les    rapports    des    jurys    français, 
particulièrement  de  celui  dont  faisaient  par- 
lie  Ilalévy,  Berlioz  et  Kaslner,  ont  démon- 
tré, dans  l'examen  des  instruments  de  Berlin, 
présentés  parles  adversaires  de  M.  Sax,  qu'ils 
n'ont  de  commun  que  les  pistons  avec  ceux 
pour  lesquels  ce  célèbre  facteur  a  été  breveté. 
Ce  qui  est  faux,  ce  qui  n'a  plus  besoin  d'êlre 
discuté  aujourd'hui,  ce  sont  les  assertions  de 
M.  Wieprecht,  qui   n'a  pas  même  compris  le 
but  (les  inventions  de  Sax.  Dix  arrêts  des  cours 
d'appel  et  de  la  cour  de  cassation  de  Fiance 
ont  constaté  la  réalité  et  la  propriété  de  ces 
inventions.    Meyerbeer,  qui  estimait  au  plus 
haut  la  valeur  des  instruments  de  Sax,  avait 
pris,  peu  de  temps  avant  sa  mort,  la  résolution 
de  réinstrumenler  en  partie  VJfricaine,  pour 
y  employer  la  famille  des  saxophones  et  les 
nouvelles  inventions  de  ce  facteur. 

WIESE  (Chrétien-Louis-Gustave),  baron 
DE),  né  à  Anspach,  en  1732,  fit  ses  éludes  à 
l'Université  d'Ulrecht,  puis  voyagea  en  France, 
en    Angleterre,  et  enfin   retourna  à  Anspach, 
où  il  entra  dans  la  maison  militaire  de  la  cour, 
en  1750.  Sept  ans  après,  il  se  rendit  à  Dresde, 
où  il  eut  les  titres  de  genlilhommede  la  cham- 
bre, de  chambellan  et  de  surintendant  de  la 
cour.  Il  mourut  dans  cette  position  le  8  août 
1800,  à  l'âge  de  soixante-huit  ans.  La  théorie 
mathématique  de  la  musique  occupa  spéciale- 
ment les  dernières  années  de  sa  vie;  il  y  a 
introduit  des  idées  originales  qui  n'ont  peut- 
être  pas  élé  assez  remarquées,   parce  que  le 
s.'yle  «le  ses  ouvrages  est  obscur  et  même  assez 
souvent  ridicule.  Voici  les  litres  île  ses  produc- 
tions :  1°  Anweisung  nack  einer  mechanis- 
elten   Beliandlung  das  Klavier  zu  slimmen 
(Instruction  concernant  un  procédé  mécanique 
pour  accorder  le  clavecin),  Dresde,  Ililscher, 
1790,  in-4°.  2°  fersuch  eines  formularisch 
tind  tabellariscli  vorgebildelen  Leilfadens  in 
Bezug  auf  die  Quelle  des  harmonischen  Tœ- 
nungsausflusses,  etc.  (Essai  d'un  guide  pré- 
senté dans  des  formules  et  tables  pour  con- 


W1KSE  -  WILCKE 


401 


naître  la  source  dos  rapports  harmoniques  «le 
Ions  les  sons,  elc.),  Dresde,  llilscher,  1702, 
in-4°  de  trente-trois  pages,  sans  nomd'auleur. 
ô"  Formulan'sches  Handbuch  fiir  den  aus- 
ubenden  Slimmen  der  Tasten instrumente 
(Manuel  de  formules  pour  l'accordeur  de  pro- 
fession des  instruments  à  clavier),  Dresde, 
llilscher,  1792,  in-4".  ¥  Der  populxren  Ge- 
mcinnïïlzigheit  gewidmeterneu  umqeformler 
Fersuckiïber  dielogisch-mathematische  Klan- 
genlkeilungs,  Slimmungs-und  Temperatur- 
Lehre,  elc.  (L'utilité  générale  et  populaire, 
nouvel  essai  d'une  théorie  de  la  classification 
des  sons,  de  leur  accord  et  de  leur  tempéra- 
ment, etc.),  Dresde,  veuve  Gerlacli,  1795. 
in-4"  de  vingt-trois  pages.  5"  Discours  ana- 
lytique sur  la  cohérence  imperturbable  de 
l'unité  du  principe  des  trois  premières  par- 
ties intégrantes  de  la  théorie  musicale,  etc., 
Dresde,  Walllier,  1795,  in-4"  de  Irenle-Iinit 
pages,  avec  cinq  grands  tableaux.  Leslyle  bar- 
bare de  cet écrille  rend  illisible.  6°  Ptolemxus 
und  Zarlino,  oder  wahrer  Gesichtskreis  der 
haltbaren  Unwersalilxten  der  Elementar- 
Tonlehre  in  den  sowohl  œltern  ah  neuern 
Zeiten  (Plolemée  et  Zarlino,  ou  véritable  point 
de  vue  des  principes  universels  de  la  science 
élémentaire  du  son,  elc),  Dresde,  Hilscber 
(sans  date),  in-4"  de  seize  pages  avec  deux 
planches.  Cet  ouvrage,  le  meilleur  de  l'anleur, 
est  intéressant  par  son  sujet.  7°  Théorie  de  la 
division  harmonique  des  cordes  vibrantes. 
Ce  mémoire,  dédié  à  l'électeur  de  Saxe,  est 
resté  en  manuscrit. 

WIESIVER  (Norbert),  pianiste  et  compo- 
sileur  allemand,  vécut  à  Vienne,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion :  1°  Peli  tes  son  a  tes  pau  rie  clavecin,  œuvres 
1,  2,  5,  4,  5,  Vienne,  Eder.  2°  Trois  œuvres 
de  variations  sur  des  airs  allemands,  ibid. 

WIETFELD  (Hermann),  Licteur  d'instru- 
ments à  Burgdorf,  était  célèbre,  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  par  les  hautbois  et 
bassons  qui  sortaient  de  ses  ateliers. 

W1LBACR  (Alphonse-Zoé-  Charles- 
llENAUDde), organiste  del'égliseSainl-Eugène, 
à  Paris,  et  compositeur,  est  né  le  5  juin  1829, 
à  Montpellier  (Hérault).  Après  avoir  commencé 
l'étude  de  la  musique  dans  sa  ville  natale,  il 
se  rendit  à  Paris  et  fut  admis  au  Conservatoire 
de  celle  ville,  le  14  juin  1842,  comme  élève  de 
M.  Benoisl  pour  l'orgue,  et  d'IIalévy  pour  la 
composition.  En  1844,  il  obtint  le  premier 
prix  d'orgue  au  concours,  et,  dans  la  même 
année,  un  des  premiers  grands  prix  de  com- 
position lui  fut   décerné  par  l'Académie  des 


Beaux-Arts  de  l'Institut.  Devenu  pensionnaire 
du  gouvernement  à  ce  litre,  il  se  rendit  à 
Rome  au  mois  d'octobre  suivant.  Après  avoir 
séjourné  en  Italie  et  parcouru  l'Allemagne, 
conformément  au  règlement  qui  concerne  les 
compositeurs  lauréats,  M. de  Wilback  retourna 
à  Paris  et  s'y  fit  connaître  par  quelques  pro- 
ductions pour  le  piano,  Le  4  septembre  1857, 
il  a  fait  représenter  au  théâtre  des  Bouffes- 
Parisiens  une  opérette  en  un  acte  intitulé  : 
Au  clair  de  la  lune,  joli  ouvrage  qui  oblint 
du  succès.  Le  10  avril  J858,  il  a  donné  au 
théâtre  Lyrique  Almanzor,  opéra-comique  en 
un  acle.  En  1855,  il  obtint  la  place  d'organiste 
à  l'église  Saint-Eugène.  Il  occupe  encore  celte 
position  (1804). M.  de  Wilback  est  un  des  meil- 
leurs organistes  de  Paris.  Parmi  les  ouvrages  de 
musique  instrumentale  de  cet  artiste,  on  re- 
marque :  1°  Caprices-éludes  pour  le  piano,  op. 5; 
Paris,  II.  l.emoine.  2° Deux  rondos  idem,  op.  4; 
ibid.  S"  Impressions  d'Italie,  deux  caprices 
idem,  op.  5,  ibid.  4°  Fantaisie  brillante  idem 
sur  la  Sonnambula,  op.  G;  ibid.  5°  Rondo 
espagnol  idem,  op.  7;  ibid.  0°  Capri ;  deux 
morceaux  caractéristiques  sous  ce  litre,  op.  8; 
ibid.  7° Nocturne  idem,  op.  9;  ibid.  S"  Grande 
Valse  brillante  idem,  op.  10;  ibid. 

WILBYE  (Jean),  musicien  anglais,  et 
maître  de  chant  à  Londres,  a  eu  de  la  réputa- 
tion à  la  fin  du  seizième  siècle  et  au  commen- 
cement du  suivant.  Il  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Madrigals  to  three,  four,  five  and 
six  voices.  Premier  livre;  Londres,  1598. 
2°  Idem,  deuxième  livre,  ibid.,  1G00.  Haw- 
kins  a  extrait,  du  premier  livre  de  ces  madri- 
gaux, le  dixième  (I.adie  when  I  behold),  à 
quatre  voix,  pour  l'insérer  dans  le  troisième 
volume  de  son  Histoire  de  la  musique  (p.  388- 
595)  :  c'est  un  morceau  remarquable  pour  le 
temps  où  il  a  été  fait,  à  cause  de  son  caractère 
mélodique  et  rhylhmiquc. 

WILCK.E  (Jean -Gaspard),  bon  ténor 
allemand,  naquit  à  Weimar,  le  7  février  1707. 
Pfeiffer,  directeur  de  musique  danscelte  ville, 
ayant  remarqué  sa  belle  voix,  lui  enseigna 
les  éléments  de  la  musique  et  du  chant.  Con- 
trarié par  son  père  dans  son  goùl  pour  cet  art, 
il  prit  la  fuile,  se  rendit  à  Oslerode  et  de  là 
au  gymnase  de  Gœllingue,  ou  il  continua  ses 
éludes.  La  réputation  du  théâtre  de  Hambourg 
lui  fit  naître  le  désir  de  visilercclle  ville;  mais 
n'y  ayant  pas  trouvé  «l'emploi,  il  partit  pour 
Moscou  a  vecqna  Ire  au  1res  chanteurs  allemands. 
L'empereur  de  Russie  les  prit  à  son  service,  et 
Wilcke  passa  six  années  dans  ce  pays,  sous  les 

30. 


règnes  de  Catherine  Irc,  de  Pierre  II  et  de 


468 


WILCKE  -  W1LISCII 


l'impératrice  Anne.  De  retour  en  Allemagne, 
il  entra  au  service  du  prince  de  Schwarz- 
hourg,  à  Sondershausen,  et  y  mourut  le 
25  férrier  1758,  avec  la  réputation  d'un  chan- 
teur habile. 

WILD  (François),   un   des  meilleurs  té- 
nors allemands  de  l'époque  actuelle,  est  né  le 
ôl  décembre  1792,  à  Niederhollabrunn,  dans 
la  basse  Autriche.  Les  premières  leçons  de  la 
musique  lui  furent  données  par  le  maître  d'é- 
cole de  ce  lieu.  A  l'âge  de  sept  ans,  il  entra 
comme  enfant  de  chœur  au  monastère  de  Clos- 
ter-Neuhonrg,  près  de    Vienne;  quatre   ans 
après,  il  Tut  admis  dans  la  chapelle  impériale 
pour  y  remplir  les  mêmes  fonctions.  Il  y  resta 
jusqu'à  l'âge  île  dix-sept  ans,  et   lorsque  sa 
voix  (Mil  acquis  le  timbre  d'un   beau  ténor,  il 
obtint  une  place  de  choriste   au   théâtre   «le 
Léopoldstadl  ;  mais  il  ne  resta  que  quatre  mois 
dans  cette  position;  car  Hummel,  l'ayant  en- 
tendu, fui   si   charmé   de  sa   voix,  qu'il  lui 
accorda  un  engagement  de  chanteur  solo  dans 
la  chapelle  du  prince  Esterhazy,  à  Eisenstadl. 
La  renommée  (pie  lui  (il  la  beauté  de  son  or- 
gane votai  s'étendit  bientôt,  et,  en  181 1,  Wild 
obtint  un  emploi  lucratif  de  premier  ténor  au 
théâtre  sur-la-Vienne;  mais  deux  ans  après,  il 
l'abandonna  pour  entrer  de  nouviau  à  l'opéra 
de  la  cour.  La  réunion  du  congrès  européen  à 
Vienne,  en  1814,  lui  fournil  l'occasion  de  se 
faire  entendre  devant   les  monarques  qui  s'y 
trouvaient,   et  d'augmenter  sa  célébrité.   En 
1810,  il  visita  Berlin  et  y  chanta  dans  trente- 
six  représentations  avec    un  succès  dont   il  y 
avait  peu  d'exemples.  Sa  voix  commençait  à 
prendre  dès  lors  le  caractère  du  baryton.  Les 
rôles  où  il   brilla   particulièrement  sont  ceux 
de  Don  Juan  et  d'Oreste,  dans  Jphigénie  en 
Tauride.  Le  grand-duc  de  Hesse-Darmsladl 
le  nomma,  en  1817.  chanteur  de   sa  chambre 
et  lui   accorda    un    traitement   considérable. 
Wild  passa  huit  années  dans  celte  situation, 
puis  il  se  rendit  â  Paris,  où  il  débuta  sans  succès 
au  Théâtre  Italien,  parce  que  son  ignorance 
de  l'art  du  chant,  sous  le  rapport  de  la  vocalisa- 
lion,  ne  pouvait  être  compensée  par  la  beauté 
de  sa  voix  près  d'un  public   accoutumé  à  en- 
tendre les  plus   habiles  chanteurs  de  l'Ilalie. 
De  retour  en  Allemagne  dans  la  même  année, 
il  chanlaau  théâlre  deCassel  pendant  cinq  ans, 
puis  il  fut  rappelé  à  Vienne  en  1830.  Depuis 
lors  il  y  a  chanté  avec  succès  les   principaux 
rôles   des    répertoires  allemand    el   français. 
Wild  est  mort  à  Vienne,  le  2  janvier  18G0. 
WILDE  ItEU    (Jean-Hugues),   second 
maître  de  chapelle  et  conseiller  de  la  chambre 


de  l'électeur  Palatin  ,  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  a  fait  représenter,  à  Dus- 
seldorf,  en  1715,  un  grand  opéra  intitulé  : 
Amalasunta,  et  a  publié  vers  le  même  temps, 
à  Amsterdam,  un  livre  de  motels  à  deux, 
trois  et  quatre  voix  avec  deux  violons  et 
orgue. 

WILDVOGEL  (Chrétien)  ,  savant  alle- 
mand, né  vraisemblablement  en  Saxe,  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle,  fit  ses 
éludes  à  Jéna,  et  y  fit  imprimer  une  thèse  in- 
titulée :  De  canlibus  angelicis  ad  cant.  LV. 
consecr.  dist.T.  Programma  inaugurale. 
Jenœ,  Literis  JfJuUerianis,  1099,  in-4''  de 

10  pages.  Devenu  docteur  en  droit,  il  obtint 
successivement  les  titres  de  conseiller  privé  de 
la  cour  de  Saxe,  à  Eisenach,  de  professeur  à 
l'université  de  Jéna,  el  d'assesseur  «lu  tribu- 
nal de  la  même  ville.  En  qualité  de  professeur, 
il  a  présidé  à  la  discussion  de  la  thèse  intéres- 
sante soutenue  par  un  étudiant  de  l'université 
de  Jéna,  nommé  Ganlzland  (voyez  ce  nom), 
el  qui  a  été  publiée  sous  le  litre  île  Disserta- 
tio  inauguralis  juridica  de  buccinaloribus 
eorumquejure,  Jéna  1711,  in-4"  de  52  pages. 

11  a  été  fait  une  deuxième  édition  de  cette  dis- 
sertation à  Torgau,  1740,  in -4°  de  52  pages. 

WILUELM,  en  latin  WÏLHELMUS, 
moine  augustin,  au  couvent  de  Uirschati,  en 
Bavière,  fut  élevé  à  la  dignité  d'abbé  de  son 
monastère,  en  1008.  Il  a  écrit  un  traité  De 
Music.a,  que  l'abbé  Gerberl  a  inséré  dans  ses 
S'criptores  ecclestastici  de  Musiea  sacra  po- 
lissimum  (tome  11,  pages  154-182).  Wilhelm 
traite  savamment  de  la  constitution  des  tons  du 
plain-chant  dans  cet  ouvrage.  Il  est  remarqua- 
ble qu'il  ne  dit  pas  un  mot  de  la  méthode  de 
solmisalion  parles  mnances,  faussement  attri- 
buée à  Guido  d'Arezzo,  quoiqu'il  fasse  une 
analyse  des  opinions  de  ce  moine  concernant 
la  tonalité  ;  d'où  l'on  peut  conclure  que  cette 
méthode  n"était  pas  encore  en  usage  de  son 
temps. 

WILIIEM (Guillaume  LouisBOCQUIL- 
LOIN ,  dit)  ;  voyez  IlOCQUILLOIM. 

WILISCU  (CiiRÉTiEN-FiiÉDÉuic),  docteur 
en  théologie  el  recteur  à  Annaberg,  naquit  à 
Liebsladl,  près  de  Dresde,  le  21  septembre 
1684,  et  mourut  à  Freyberg,  le  2  janvier  1759, 
avec  le  titre  de  surintendant.  Au  nombre  de 
ses  ouvrages,  on  remarque  deux  dissertations 
relatives  à  l'histoire  de  la  musique;  elles  ont 
pour  litres  :  1°  De  celebrioribns  musicorum 
solidiori  doclrina  illuslrium  exemplis,  loco 
alicxijus  propemptici.  Annabergx,  1710, 
in-48.  2°  Oratio  de  prima  çurrendx  et  chori 


WIUSCH  -  W1LKE 


469 


sijmphoniaci  inslitutione,  Freyberg,  1735, 
in-8°. 

WILISCII(CnnÉTiEN-GoTnALD),  fils  du  pré- 
cédent, naquit  à  Annaberg,  et  mourut  en  1773 
à  Freyberg,  où  il  était  magister  et  prédicateur 
de  l'église  Saint-Nicolas.  On  a  de  lui  une  dis- 
sertation sur  les  trombones  et  sur  les  tambours 
dont  les  Hébreux  faisaient  usage,  tant  dans  le 
service  divin  qu'à  la  guerre  et  dans  la  vie  ci 
vile.  En  voici  le  litre  :  l'on  de  Posaunen  und 
Trommelen  und  deren  Gebrauch,  sowohl 
beidem  œffenllichen  Goltesdiensl ,als  auch  in 
Kriegslœuften,  und  bei  dem  Paliceywesen 
des  Folks  Israël,  in  einiges  Licht  sur  Er- 
kennlniss  gesetzt,  Leipsick,  1700,  in-4°  de  50 
pages. 

WILKE  (CimÉTiE»  Fiu;déric-Gottlif.b)  , 
organiste,  compositeur  et  écrivain  sur  la  mu- 
sique, est  né  à  Spandau,  le  13  mars  1709.  Son 
père,  instituteur  à  l'école  de  celte  ville,  lui 
donna  les  premières  leçons  «le  piano  et  de  mu- 
sique, puis  confia  la  direction  de  ses  éludes 
musicales  à  l'organiste  Neumann.  A  l'âge  de 
treize  ans,  Wilke  se  rendit  à  Brandebourg,  pour 
y  suivre  les  cours  du  gymnase,  et  apprendre 
la  basse  continue  chez  Grosse.  Pendant  son 
séjour  dans  celle  ville,  GrUneberg,  facteur 
d'orgues,  lui  permit  de  fréquenter  ses  ateliers, 
et  lui  expliqua  le  mécanisme  de  ces  instru- 
ments. En  1785,  Wilke  alla  étudier  la  théolo- 
gie à  Berlin,  mais  il  montra  peu  de  penchant 
pour  cette  science,  et  ne  fit  voir  d'aptitude  que 
pour  la  musique.  Chrétien  Ralkbrenner,  alors 
maître  de  chapelle  de  la  reine,  lui  enseigna  la 
composition.  Ses  progrès  dans  les  diverses 
branches  de  l'art  le  décidèrent  enfin  à  aban- 
donner les  éludes  théologiques,  pour  se  livrer 
en  liberté  à  la  carrière  de  musicien.  Le  27  juil- 
let 1791,  il  fut  nommé  organiste  de  sa  ville 
natale.  Dès  qu'il  eut  pris  possession  de  celle 
place,  il  s'occupa  de  la  fondation  d'une  société 
de  concerts  d'amateurs.  Ces  concerls  hebdo- 
madaires subsistèrent  pendant  son  séjour  à 
Spandau:  il  y  fit  .exécuter  ses  compositions. 
Le  1er  décembre  1809,  un  concours  fut  ouvert 
pour  les  places  de  professeur  de  musique  et 
d'organiste  à  Ncu-Ruppin  ;  vingt-cinq  concur- 
rents se  présentèrent,  mais  le  mérite  de  Wilke 
lui  fit  donner  la  préférence.  En  1820,  il  fut 
nommé  directeur  de  musique,  et  en  1821,  com- 
missaire royal  pour  la  construction  des  orgues. 
Dans  celle  position,  il  a  rendu  des  services 
émincnls  à  son  pays,  ayant  fait  construire 
sons  sa  direction  plus  de  soixante  orgues  nou- 
velles, et  en  ayant  fait  réparer  soixante-quinze. 
Depuis  1804  jusqu'en  1813,  il  s'est  occupé  de 


la  rédaction  d'un  dictionnaire  des  instruments 
de  musique,  pour  lequel  il  a  exéculé  lui-même 
environ  200  dessins  ;  mais  cet  ouvrage  n'est 
pas  encore  publié.  En  1829,  il  a  composé  une 
cantate  avec  chœurs  et  instruments  à  vent, 
pour  l'inauguration  delà  statue  du  roi  Guil- 
laume-FrédéricdePrusse:à  cette  occasion  une 
médaille  d'orlui  fut  décernée.  Après  son  jubilé 
de  50  ans  de  service,  cet  artiste  estimable  a 
été  pensionné,  le  27  juillet  1840,  et  s'est  relire 
chez  sa  fille,  à  Trenenbritzen,  où  il  est  mort 
le  31  juillet  1848.  Wilke  a  été  un  des  rédac- 
teurs les  plus  actifs  de  la  Gazelle  musicale 
de  Leipsick.  Il  y  a  fait  insérer  les  morceaux 
suivants  :  1°  Sur  la  décadence  actuelle  du 
chant  d'église,  et  sur  sa  restauration  (I.  XVIII, 
p.  97  et  1 13).  2"  Sur  les  combinaisons  de  re- 
gistres par  les  organistes  (t.  XVI 1 1,  p.  801- 
823).  3°  Sur  l'accord  de  l'orgue  (t.  XXIV, 
p.  727  et  751).  4"  Pourquoi  il  existe  une  si 
grande  quantité  de  mauvaises  orgues  (l.  XXIII, 
p  625  et  641).  5"  Sur  le  perfectionnement  des 
jeux  d'anches  par  les  languettes  libres  (t.  XXV, 
p.  149;  t.  XXVII,  p.  203).  fi»  Sur  les  résultats 
du  système  de  facture  d'orgue  de  l'abbé  VogJer 
(t.  XXVI,  p.  673  et  689).  7°  Sur  l'accord  des 
octaves  (t.  XXX,  p.  65).  8°  Sur  les  plain-jeux 
(IHixtureu)  de  l'orgue  (t.  XXXIII,  p.  653). 
Wilke  a  aussi  publié  dans  la  Cxcilia  les  mor- 
ceaux suivants:  9"  Sur  les  plain-jeux  de  l'or- 
gue, avec  une  préface  de  God.  Weber  (t.  IX, 
p.  156-170).  10°  Sur  l'utilité  de  ces  jeux 
(t.  XII,  p.  100-206).  11°  Sur  les  jeux  d'an- 
ches à  compensation  (t.  XVI,  p.  64).  On  a  aussi 
sous  le  nom  de  cet  artiste:  18°  Beschreibung 
einer  in  der  Kirche  zu  Perleberg  im  Jahre 
1831  aufgestellen  neuen  Orgel  (Description 
d'un  nouvel  orgue  placé  en  1831  dans  l'église 
de  Perleberg),  Neu-Ruppin,  1852,  in-8°de  43 
pages.  13°  Leitfaden  zum  praktischen  Ge- 
sangsunterricht,  besonders  auf  dem  Lande, 
nebst  einer  Abbildung  des  Octochords  (Guide 
pour  l'enseignement  pratique  du  chant,  parti- 
culièrement pour  la  campagne,  etc.),  Berlin, 
Manier,  1812,  in-4"  de  68  pages.  14°  Be- 
schreibung dcrSt-CatUerincn-Kirchen  Orgel 
in  Neusladt  zu  Salzwedel  (Description  de 
l'orgue  de  l'église  Sainte-Catherine  à  Neu- 
sladt près  de  Salzwedel)  :  Berlin,  1839,  in -8°. 
15°  Bcilrxge  zur  Geschichte  des  neueres 
Orgelbaukunsl  (Essai  concernant  l'histoire 
de  l'art  actuel  de  la  facture  des  orgues);  Ber- 
lin, 1846,  in-8°.  16°  Ueber  Wichligkeil  und 
Uncnbehrliclikcit  der  Orgelmixluren  und 
ilire  Einlheilung ,  Berlin,  1839,  in-8". 

WILKE    (  Jean-Geoiîges  Lebkkçiit  DE), 


470 


WILKE  -  WILLAERT 


docteur  en  philosophie  et  en  droit,  conseiller 
de  cour  et  de  justice  à  Weimar  et  à  Eisenach, 
né  à  Mersebonrg,  le  25  mars  1730,  mort 
le  7  septembre  1810,  passe,  dans  l'opinion 
de  quelques  bibliographes  allemands,  pour 
élre  railleur  d'un  livre  publié  sousle  voile  de 
l'anonyme,  et  qui  a  pour  litre  :  Musikalis- 
ches  Handivœrterbuch,  oder  Kurzgefasste 
Anleilung  ,  sxmmlliclie  im  Musikwesen 
vorkommende ,  vornehmlich  aushvndiscbe 
Kunslwœrler  riclilig  zit  schreiben,  auszu- 
sprechen  iind  zu  verslehen  (Dictionnaire  mu- 
sical portatif,  ou  introduction  abrégée  à  tout 
ce  qui  est  de  l'essence  de  la  musique,  etc.), 
Weimar,  veuve  Uoffmann,  178G,  in-8°dedeux 
cent  seize  pages. 

V»'ILL(Geoiigks-Aï(diié\  né  à  Nuremberg, 
le  ô0  août  1727,  fut  nommé  professeur  de  phi- 
losophie à  l'Université  d'Alldorf,  en  1755,  ob- 
linl,  en  17G0,  la  chaire  d'histoire,  et  mourut 
danscelle  ville,  le  18  septembre  1798.  Son  dic- 
tionnaire des  savants  de  Nuremberg  (Niirn- 
bergisch-Gelehrten  Lexikon,  elc,  Nuremberg, 
1755-1758,  quatre  vol.  in-8°),  contient  des 
renseignements  sur  l'histoire  de  la  musique 
dans  celle  ville.  Nopitzch  a  donné  un  supplé- 
ment de  cel  ouvrage  en  quatre  vojumes  in-8°, 
à  Alldorf,  en  1802-1808. 

W1LLAEIVT  (Adrien),  appelé  quelque- 
fois par  ses  contemporains /^Mtgrj*ï«r£,?^rt7aerf. 
JFigliart,  TFigliard,  JFillaerlh,  JFigliar, 
ou  simplement  Adrien,  fut  un  des  plus  cé- 
lèbres compositeurs  belges  du  seizième  siècle, 
et  fonda  l'école  musicale  de  Venise  :  il  naquit 
à  Bruges,  en  Flandre.  Le  baron  deReiffenberg 
d\l(Leltre  à  M.  Félis,  etc.,  sur  quelques  par- 
ticularilés  de  l'histoire  musicale  de  la  Belgi- 
que) que  le  lieu  de  naissance  de  Willaert  esl 
Itousselaere,  nom  flamand  de  Roulers  ;  mais 
Zarlino,  élève  de  ce  grand  musicien,  te- 
nait de  lui-même  qu'il  était  né  à  Bruges. 
D'ailleurs,  plusieurs  documents  authentiques, 


au  nombre  desquels  sont  les  testaments  du 
maître,  prouvent  invinciblement  qu'il  avait 
vu  le  jour  dans  cette  ville.  Suivantles  rensei- 
gnements fournis  par  le  même  Zarlino,  l'épo- 
que de  la  naissance  de  Willaert  devrait  élre 
environ  1490  ;  mais  M.  Caffi  recule  celle  date 
jusqu'en  1480  (1);  ce  qui  parait,  en  effet, coïn- 
cider avec  certaines  circonstances  dont  il  sera 
parlé  plus  loin  (2).  Son  père  se  nommait  Denis 
Willaert.  Après  avoir  achevé  ses  humanités 
dans  sa  patrie,  Willaert  se  rendità  Paris,  pour 
y  suivre  les  cours  de  droit  et  de  jurisprudence 
de  l'université;  cependant  son  penchant  pour 
la  musique  lui  fit  abandonner  cette  élude. 
Quelques  auteurs  ont  donné  Okeghem  et  Jos- 
quin  Deprès,  dont  M.  Caffi  écrit  les  noms 
Ocheughen  et  Jusquin  du  Pris  ou  du  Pre, 
pour  maîtres  à  Willaert  ;  Gerbera  été  mieux 
informé  en  le  faisant,  d'après  Zarlino,  élève 
de  Jean  Mouton.  Je  ne  sais  où  M.  Caffi  a 
pris  que  Willaert  appartient  à  l'école  véni- 
tienne, ayant  été  quelque  temps  élève  de 
Nicolas  Ficentino  (3)?  C'est  précisément  le 
contraire  qui  est  vrai,  car  Vicentino,  qui 
était  de  Venise,  fut  l'élève  de  Willaert  et  non 
son  maître.  Le  même  auteur  se  contredit  lors- 
qu'il démontre,  plus  loin,  qu'il  n'y  eut  de  vé- 
ritable école  musicale  à  Venise  qu'après  que 
Willaert  l'eut  fondée,  et  que  dès  lors,  seule- 
ment, on  vit  se  produire  la  succession  d'illus- 
tres maîtres  &.  organistes  delà  chapelle  ducale 
de  Saint-Marc,  Zarlino,  BallhazarDonati,  Jean 
Croce,  Annibal  de  Padoue  ,  Claude  Merulo, 
André  et  Jean  Gabrieli,  Vincent  Bell'  Aver, 
Joseph  Guami,  Claude  Monleverde,  Alexandre 
Grandi  et  beaucoup  d'autres.  Rien  n'indiqueque 
Willaert  ait  été  à  Venise  dans  sa  jeunesse  ;  il 
parait,  au  contraire,  qu'après  avoir  passé  plu- 
sieurs années  à  Paris,  il  retourna  à  Bruges  et  y 
vécut  quelque  temps.  Celle  première  époque 
de  la  vie  de  l'illustre  musicien  sera  peut-élre 
un  jour  éclaircie  par  des  révélations  des  ar- 


(1)  Sloria  delta  musica  sacra  nella  rjià  capella  ducale  di  San-Marco  di  Venezia,  t.  1,  p.  82. 

(2)  M.  le  chevalier  de   Burbure  a  découvert,  dans   un  acte  authentique   de  1533,  la  généalogie  d'une  famille 
Willaert,  de  Bruges,  laquelle  est  établie  de  la  manière  suivante  : 


Adrien  Willaert,  demeurant  à  Bruges, 
mort  ai.ifil   le  mois  de  mai  1533. 


Adrien  Willaert, 
piètre. 


Jean  Willaert 
épousa    Kl  rote, 

vivante 
le  12  mai  1533. 


Il 


Hendrik  Willaert 

épousi 
GcneviéveAgncle, 

vivante  en  1533. 


Clans  Willaert 

épousa 

fieiiev.  Zozyne. 

vivante  en   1533. 


Jozine  Willaert, 

femme  de 
Jean  de  Clercq 

de  Jonche. 


Pierkin  et 
Joacliim 
Willaert, 
mineurs. 


Adrien  Willaert,  prêtre,  n'est  pas  le  compositeur,  qui  fut  marié;  mais  les  prénoms  identiques   indiquent  que  ce 
maitre  fut  parent  de  ceux  dont  on  voit  ici  la  généalogie. 
(3)  Loc.  cil.,  p.  83. 


WILLAERT 


471 


chives  de  la  cathédrale  île  Bruges,  lorsqu'elles 
amont  été  explorées  avec  soin.  Zarlino  nous 
apprend,  (tans  ses  Institutions  harmoniques 
(lib.  IV,  c.  55),  que  Willaert  arriva  à  Rome 
en  I51G,  sons  le  pontificat  de  Léon  X,  et  qu'il 
entendit  le  15  août,  jour  de  la  fête  de  la  Vierge, 
exécuter,  sons  le  nom  de  Josquin  Deprès,  le 
motet  de  sa  composilion,  f'erbum  bonum  et 
suave.  Le  maître  se  plaignailde  la  malveillance 
des  chanteurs  de  la  chapelle  pontificale,  qui, 
après  avoir  été  informés  du  nom  de  l'auteur 
de  ce  motet,  ne  voulurent  plus  te  chanter.  Tou- 
tefois, la  réclamation  de  Willaert  ne  fut  pas 
contestée,  car  PetruccideFossomhrone  publia 
le  motet  sous  son  nom,  trois  ans  après,  dans  le 
quatrième  livredes  motets  dits  de  la  Couronne. 
On  ignore  les  circonslancesqui  empêchèrent 
le  savant  élève  de  Mouton  de  trouver  de  l'em- 
ploi à  Rome;  mais  il  est  certain  qu'il  quitta 
bientôt  cette  ville  et  qu'il  vécut  quelque  temps 
àFerrare,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la  dédicace 
du  livre  de  François  Patrizzi,  Délia  Poetica 
(voyez  Patrizzi).  On  ignore  en  quelle  année  il 
s'éloigna  de  celte  ville;  mais  il  estcerlain  qu'il 
entra  au  service  de  Louis  II,  roi  de  Hongrie  et 
de  Bohême,  en  qualité  de  chantre  ou  de  maître 
de  chapelle.  Le  fait  est  attesté  par  Meyer,  dans 
ses  Décades  des  choses  des  Flandres  (1),  et  par 
Prinlz  dans  son  Histoire  delà  musique (ffislor. 
Beschreibung  der  Edelen  Sing-und  Kling- 
Kunst,c.  xi,  p.  1 18).  Il  est  remarquable  d'ail- 
leurs que  Louis  II  succéda  à  son  père  Ladislas, 
comme  roi  de  Hongrie  et  de  Bohême,  précisé- 
ment dans  l'année  1510,  où  Willaert  visita 
Rome  sans  s'y  fixer,  et  que  ce  prince  fut  tué  à 
la  bataille  de  Mohacz,  le  29  août  1520.  Or, 
c'est  alors  seulement  que  Willaert  se  rendit  à 
Venise,  où  la  place  de  maître  de  la  chapelle 
ducale  de  Saint-Marc  lui  fut  accordée  le  12  dé- 
cembre 1527.  On  peut  donc  considérer  comme 
un  fait  historique  parfaitement  établi  que  ce  mu- 
sicien célèbre  a  passé  dix  années  (1516-1520), 
d'abord  àFerrare,  puis  à  la  cour  de  Louis  II,  et 
que  les  malheurs  qui  accablèrent  la  Hongrie  et 
la  Bohême,  après  la  mort  de  ce  monarque, 
ayant  fait  réformer  la  chapelle  royale,  le  con- 
duisirent à  Venise,  où  il  passa  le  reste  de  ses 
jours. 

(t)  Flandricarum  rerum  Decas,  de  origine,  bnliqui- 
tate,  nobitilate,  ac  geneatorjia  Comitum  Flandriœ, 
p.  XL11I.  Bruges,  1531,  in-4°.  Meyer  s'est  trompe  lors- 
qu'il a  cru  que  Willaert  était  encore  au  service  du  roi 
Louis  de  Hongrie  en  1531,  car  ce  prince  n'existait  plus, 
et  le  catalogue  original  des  maîtres  de  chapelle  de 
Saint-Marc,  qui  est  aux  archives  de  cette  église,  four- 
nit la  date  précise  de  la  nomination  de  Willaert  comme 
maître  de  celte  chcipclle. 


Les  traitements  des  artistes  attachés  alors 
à  la  chapelle  ducale  de  Saint-Marc  étaient  ex- 
cessivement minimes  ;  celui  d'Adrien  Wil- 
laert ne  fut  d'abord  que  de  70  ducats 'de  Venise 
(environ  280  francs),  comme  l'avait  été  celui 
de  son  prédécesseur  De  Fossis.  Plus  tard,  le 
salaire  du  maître  fut  porté  progressivement 
jusqu'à  200  ducats  (800  francs),  mais  il  ne 
dépassa  pas  cette  somme.  Willaert  suppléait  à 
l'insuffisance  de  ce  traitement  par  le  produit 
des  leçons  qu'il  donnait.  Quant  à  ses  compo- 
sitions, il  n'en  lirait  aucun  revenu,  car  les 
œuvres  des  artistes  musiciens  n'étaient  point 
alors  considérées  comme  leur  propriété.  Cha- 
cun pouvait  s'en  emparer  et  les  publier  sans 
obstacle. 

Après  que  Willaert  eut  pris  possession  de  la 
place  de  maître  de  chapelle  de  Saint-Marc,  il 
y  introduisit,  en  peu  de  temps,  de  notables 
améliorations  dans  le  personnel  des  chan- 
teurs et  renouvela  la  musique  qu'on  y  exé- 
cutait. «  La  chapelle  musicale  de  Venise, 
»  dit  M.  Caffi,  acquit  bientôt  par  là  une 
»  si  grande  renommée,  qu'elle  fut  enviée  par 
»  les  chapelles  principales  de  l'Italie  (2)..  >■■ 
L'école  de  chant  fondée  par  Willaert  à  Ve- 
nise fut  célèbre  :  les  personnes  les  plus  distin- 
guées de  celte  ville  se  faisaient  honneur  d'y 
avoir  reçu  leur  éducation  vocale.  Parmi  les 
ouvrages  de  ce  maître,  on  remarque  plusieurs 
formes  nouvelles  dont  il  fut  inventeur.  C'est 
ainsi  qu'il  mit  en  musique  l'histoire  entièrede 
Susanne,  divisée  en  trois  parties,  toutes  trois 
écrites  à  cinq  voix.  Celte  composition  est  con- 
sidérée comme  le  premier  type  des  oratorios. 
Zarlino  nous  apprend  que  son  maître  fut  aussi 
le  premier  qui  écrivit  des  psaumes  spezzati, 
c'est-à-dire,  divisés  en  plusieurs  chœurs  à 
quatre  ou  cinq  voix  ,  qui  tantôt  chantaient 
séparément,  et  tantôt  se  réunissaient  en  un 
grand  chœur  à  douze  ou  quinze  voix.  Il  cite 
parmi  les  ouvrages  de  ce  genre  composés  par 
Willaert  les  psaumes  :  1"  Confilebor  tibi. 
2"  Laudate  pueri.  5"  Lauda  Jérusalem. 
4°  De  profanais.  5-  Mémento,  Domine,  Da- 
vid. 6°  Dixit  Dominus.  7°  Laudate  Do- 
minum,  omnes  génies.  8°  Lauda,  anima 
mea.  9°  Laudate  Dominum. 

Willaert  acquit  une  grande  réputation  par 
les  élèves  distingués  qu'il  forma.  Au  nombre  de 
ceux  ci,  on  remarque  en  première  ligne  Cy- 
prien  deRore,son  compatriote;  le  P.  C.  Porta, 
François  Viola,  ou   Délia  Viola,  et  Zarlino, 

(2)  La  cappella  musicale  di  Venezia  pcrciii  cllevassi 
tosto  a  la!  lama  da  essere  in\idiala  di  lutte  le  allie 
principali  cappelle  italianc  (Loc,  cit.,  p.  80). 


Ali 


W1LLÀERT 


le  plus  savant  et  le  plus  célèbre  théoricien  de 
l'Italie.  Ce  dernier  a  introduit  Willaert  parmi 
les  interlocuteurs  «le  ses  Ragionamenti  musi- 
ealt\  et  rapporte  que  le  duc  de  Ferrare,  Al- 
phonse d'Esté,  étant  venu  à  Venise  en  1569, 
accompagné  de  son  maître  de  chapelle  Fran- 
çois Viola,  ancien  condisciple  «le  Zarlino, 
ceux-ci  se  promenaient  sur  la  place  Saint- 
Marc,  lorsqu'ils  furent  rejoints  parle  célèbre 
organiste  Claude  Merulo,  qui  sortait  de  vêpres, 
et  que  tous  trois  se  rendirent  chez  le  vieux 
maître.  C'est  dans  l'entretien  qu'i  s  y  eurent 
que  Willaert  raconta  les  événements  de  sa  vie 
rapportés  par  Zarlino.  Le  vieil  artiste  ne  sur- 
vivent pas  longtemps  à  celle  circonstance  mé- 
morable, car  il  mourut  le  7  décembre  1562,  et 
eut  pour  successeur,  le  18  octobre  suivant,  son 
élève  Cyprien  de  Rorc.  Willaert  conserva  pen- 
dant toute  sa  vie  un  vif  amour  de  sa  pairie  et 
fil  deux  fois  le  long  et  pénible  voyage  de  Ve- 
nise à  Bruges  pour  revoir  les  membres  «le  sa 
famille  et  ses  anciens  amis.  On  voit,  dans  les 
archives  de  la  chapelle  de  Saint-Marc,  qu'il 
obtint  son  premier  congé  par  décret  du  31 
mars  1542,  et  le  second,  par  un  autre  décret 
du  8  mai  1550.  Cette  fois,  son  absence  fut  de 
onze  mois,  et  pendant  ce  temps  il  fut  remplacé 
à  la  chapelle  par  son  élève  Marc- Antoine  De 
Alvise.  Dans  ses  dernières  années,  il  avait 
formé  le  projet  de  retourner  à  Bruges,  et  d'y 
terminer  sa  glorieuse  carrière.  Un  de  ses  amis 
lui  adressa  à  ce  sujet  un  pnëme  dans  lequel  il 
le  pressait  de  renoncer  à  cette  folie  (pazzia), 
et  lui  rappelait  tous  les  motifs  qui  devaient  le 
déterminer  à  laisser  ses  cendres  à  Venise, 
Ibéàlrcdesa  gloire.  Dans  les  cinq  dernières 
années  de  sa  vie,  il  souffrit  presque  constam- 
ment de  la  goutte  et  ne  put  plus  vaquer  à  ses 
fonctions  «le  maître  de  chapelle  de  Saint-Marc. 
Dans  les  dix  années  qui  précédèrent  sa  mort,  il 
fil  sept  testaments  par  lesquels  il  divisait  sa 
succession  de  diverses  manières.  Par  le  der- 
nier, il  laissait  une  partie  de  ses  biens  à  sa 
femme,  Susanne,  lui  conseillant  de  réaliser 
son  avoir  en  argent,  et  d'aller  vivre  tranquil- 
lement à  Bruges,  comme  lui-même  avait  dé- 
siré le  faire.  Il  laissait  des  legs  à  son  neveu 
Louis  Jlaront,  fils  de  sa  sœur  Jeannette,  qui 
avait  vécu  avec  lui  pendant  plusieurs  années  ; 
à  son  frère  toorgres, qui  alors  se  trouvait  à  Rome; 
enfin,  il  laissait  aux  fils  de  plusieurs  de  ses 
sœurs  les  biens  qu'il  possédait  en  Flandre.  Son 
(lier  élève  Zaïlino  et  plusieurs  chanteurs  de  la 
chapelle  ducale,  entre  autres  Marc-Antoine 
Cawszon,  Pierre  Gaétan,  et  Jean  le  Fla- 
mand,   tous  élèves  de  sa   fameuse  école  de 


chant,  n'étaient  pas  oubliés  dansce  testament. 
Willaert  était  de  pelite  taille  et  «le  peu  d'appa- 
rence. Son  portrait  a  été  gravé  sur  bois  entête 
du  recueil  «le  ses  compositions  intitulé  Mu- 
sica nova. 

Adrien  Willaert  fut,  comme  la  plupart  des 
maiires  son  temps,  plus  habile  dans  l'art 
d'écrire  qu'homme  de  génie  et  inventeur  de 
mélodies  ;  cependant  on  trouve  quelque?  ma- 
drigaux dans  sa  Musica  nova  qui  ne  sont 
dépourvus  ni  de  douceur  ni  d'élégance.  On  ne 
peut  nier  que  Willaert  ait  été  digne  de  la  ré- 
putation de  savant  mailre  que  lui  a  faite  son 
élève  Zarlino;  mais  je  ne  puis  le  mettre  sur 
la  même  ligne  que  ses  compatriotes  et  cou - 
lemporains  Nicolas  Gombert  et  Clémenl  non 
papa,  lesquels  furent,  pour  leur  temps,  des 
artistes  de  génie.  Son  style  a  de  la  sécheresse 
dans  la  plus  grande  partie  de  ses  ouvrages.  Il 
écrit  avec  pureté  et  a  des  recherches  habiles 
dans  l'agencement  des  parties  ;  mais  on  y  ap- 
perçoit  toujours  l'effort  du  travail.  Mes  re- 
cherches à  Venise  pour  retrouver  quelques 
fragments  de  ces  compositions  ont  été  infruc- 
tueuses ;  ce  que  les  archives  de  Saint-Marc 
renfermaient  d'intéressant  en  monuments  de 
ce  genre,  a  disparu  sans  retour. 

Les  œu\res  de  Willaert  parvenues  à  ma 
connaissarice  sont  :  1°  Famosissimi  Adriani 
Willaert,  chori  divi  Marti  illustrissime 
reipubl.  f'enetiorum  Magistri,  Musica  qua- 
tuor vocum  (qux  vulgo  motecix  nuncupalur) 
liber  primas  ;  noviter  omni  studio  «c  dili- 
gentia  in  lucem  édita.  Vcnetiis,  per  Brandi- 
nu  m  et  Oclavianum  Scotum,  1539,  in -fol. 
Une  deuxième  édition  a  été  publiée  chez  Gar- 
dane,  à  Venise,  en  1545,  tn-4°oIrf". 2° Ilprimo 
Libro  de  motetti  a  sei  di  Messer  Adriano 
JVillaert  con  alcuni  di  diversi,  in  Vene- 
zia,  appresso  Ant.  Gardane,  1542,  in-4°. 
S"  Adriani  Willaert  Musica  quatuor  vocum 
{molecta  vulgo  appellant)  nunc  denuo  summa 
diligenlia  recognita  ac  in  lucem  excussa, 
lib.  II.  Veneliis  apnd  Ant.  Gardane,  1545, 
in-4".  Il  y  a  une  édition  antérieure  de  ce  re- 
cueil. On  trouve  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Munich  une  édition  des  deux  premiers  livres 
de  Motets  à  quatre  voix  de  Willaert,  sans  d.ite 
et  sans  nom  de  lieu.  4°  Canzone  villanesche 
alla  napolitana  di  Messer  Adriano  IV  ig- 
liaret  (sic)  a  qualtro  voci,  con  la  canzone  di 
Ruzanle,  et  con  la  giunla  di  alcune  canzoni 
villanesche  a  la  napolitana  di  Francesco 
Silveslrino  dello  Cliequin,  et  di  Francesco 
Corteccia.  Libro  primo  a  A  voci.  In  Venezia, 
appresso  Ant.  Gardane,  1545,  in-4".  Il  a  paru 


WILLAERT 


473 


une  deuxième  édition  de  ce  recueil,  à  Venise, 
chez  Jérôme  Scotlo,  en  1548,  in-4°.  4°  (bis). 
Libro  primo  de  Madrigali  a  cinque  voci  di 
Adriano  Willaerth  (sic).  Fenetiis ,  apud 
Geronimnm  Scotum,  1548,  in-4°  obi.  5°  Fan- 
tasie  o  Ricercari  d'ail*  eccellentiss.  Adr. 
Fuigliart  e  Cipr.  Rare,  suo  discepolo  a  4 
e  5  voci.  Venezia,  ap.  Ant.  Gardane,  1 549, 
in-4°.  Une  antre  édition  du  même  ouvrage  a 
clé  publiée  par  le  même  éditeur  en  1559.  On 
trouve  dans  ce  recueil  quelques  pièces  de 
Cyprien  de  Rore,  d'Antoine  Barges,  et  de 
Jeronimo  de  Bologne.  (5°  Psalmi  Fesperlini 
omnium  dierum  festorum  per  annum  qua- 
tuor nsque  octo  vocum,  auct.  Adr.  IFillaert 
etJachello.  Venetiis, apnd  Ant.  Gardane.  1550, 
in-l'ol.  Ladeuxièmeédilion  a  paru  chezle  même 
en  1557,  in-4".  Une  troisième  édition  a  é(é 
publiée  dans  la  même  ville,  en  1563,  in-4". 
7°  Madrigali  di  Verdelot  a  sei,  insieme  altri 
Madrigali  di  Adr.  IFillaert  et  di  diversi 
aulori  navamenle  con  nova  giunta  ristam- 
pali,  in,  Venezia  appresso  di  Antonio  Gar- 
dane, 15G1,  in-4".  On  voit  par  ce  titre  qu'il  y 
a  eu  une  édition  antérieure  de  ce  recueil. 
7°  (l)is).  Adriani  IFillaert  Motecta  quatuor, 
quinque,  sex  et  septem  vocum  nunc  primum 
'inlucem  édita.  Lib.  I et  II.  Lovanii,  apud 
Pelrum  Phalesium,  15G1,  in-4°obl.  8"  DelV 
unico  Adr.  Figliart  hymni  a  quattro  voci, 
Venise,  Gardane,  1550,  in-4°.  9°  /Vusica  nova 
di  Adriano  IFillaert  ail'  illustrissimo  et 
eccellentissimo  signor  ilsignor  Donna  Al- 
fonso  d'Esté,  principe  di  Ferrara.  In  Ve- 
nelia,  appresso  di  Antonio  Gardane,  1559, 
in-4°.  Ce  recueil,  dont  François  Viola  a  été 
l'éditeur,  contient  trenle-trois  motels  elvingl- 
cinq  madrigaux  à  quatre,  cinq,  six  et  sept 
voix.  10°  Di  Adriano  IFillaert  sacri  et  sanli 
Salmi  cite  si  canlano  a  vespro  et  compictà, 
con  li  suoi  hymni,  responsori  et  Benedica- 
mus,a  un  chorn  et  a  quattro  voci;  con  lagionta 
di  doi  (sic)  Magnificat.  Fenetia,  appresso  li 
figliuoli  d'Antonio  Gardano ,  1571,  in-4° 
obi.  11°  Musica  a  Ire  voci  di  Adriano  Fi- 
gliar  (sic),  Cipriano  Rore,  Archadelt,  Jlian 
Gero  et  ulleri  (sic) ,  c*'oc  Costantio  Festa, 
Francisco  Perlinaro.  Fincenzo  Ferro,  Gia- 
chet  Bcrchem,  Baldassaro  Ferro,  Fincenzo 
Ruffo,  Giovan  Nusco,  Olivier,  Lupackino  ; 
Libro  primo.  Fenetia,  appresso  Girolamo 
Scotlo,  15GG,  in-4n.  Le  motet  Ferbumbonum 
et  suave,  à  cinq  voix,  de  "Willacrt,  a  été  pu- 
blié dans  le  quatrième  livre  de  la  collection  de 
molcts  dits  de  la  Corona,  imprimé  par  Oc- 
tave Pclrucci,  à  Fossombrone,  en  1519,  in-4°. 


On  le  trouve  aussi  dans  le  huitième  livre  de  la 
collection  de  motets  à  quatre,  cinq  et  six  voix, 
imprimée   à   Paris,    par   Pierre    Altaignant, 
1534,  in-4°  oblong,  gothique.  Le  septième  li- 
vre de  cette  collection  (Paris,  1533,  in-4°)  con- 
tient aussi   le  motet  à  cinq  voix  de  Willaert 
Fcce  veniet ;   le   huitième,  les  motets   Beala 
viscera   et    fixe  ctara,   du    même     auteur; 
enfin,  le  onzième,  le  motet  Fidens  Dominas. 
Quelques   molels  de   Willaert  ont  été  insérés 
dans   la  collection    publiée  par   Salblinger  à 
Augsbourg,  en   1545,  et   son  Pater  noster,  à 
quatre  voix,  se  trouve  dans  le  recueil  intitulé 
Fiarde  Molelli,   lib.  I,  Venise,  1539,  in  4". 
On  trouve  aussi  des  compositions  de  Willaert 
dans  les  recueils  inlilulés  :  1°  Finck  (llenrici) 
Scliœne   auserlcsene  I.ieder,  sammt  andern 
neuen  Liedern  von  der  fiirnehmsten  diescr 
Runstgeselzt,    von  4  Stimmen.  Nurnberg, 
Hier.  Formschneider,  1536,  in -8° obi.  2°  No- 
vum  et  iiisigueopus  musicum.sex.  quinque  et 
quatuor   vocum;    Noribergae,   arte    Iliero- 
ngmi  Graphxi,  1537,  in-4"  obi.  5"  Modula- 
Hones  aliquot  quatuor  vocum  seleclissimx, 
quasvulgo  Modetas  (sic)  vocant  aprxslan'is- 
simis  musicis  compositx ,  jam  primum  ig- 
pis  excusx.  Norimbergx  apud  Joli.  Petreium 
1558,  petit  in-4".  4° Psalmorum  selectoruma 
prxslantissimis  musicis  in  harmonia  qua- 
tuor et  quinque  vocum  redaclorum.]h'n\.,]5ô8, 
in-4".  5U  Canliones  quinque  vocum  seleclis- 
sinicva  primariis  Germanixinferioris,  Gal- 
lix  et  Italix  musici  magistris  edilx.  Argen- 
torati ,  per  Petrum  Schœffer,    1539,    in-4" 
obi.  G"  Molettide  la  Simia.  Collection  impri- 
mée à  Ferrare  en  1559,  par  Jean  de  Bulgal, 
Henri  de    Campis  et  Antoine   Hiicher.  On  y 
trouve  de  beaux  motels  de  Willaert  eld'aulres 
musiciens  belges.  7°  Selectissimx  neenon  fami- 
liarissimx  cantiones  ultra  centum  etc.,  asex 
usqueadduas  voces,  Augustx  Findelicorum, 
MelchiorKriesstein,1540.On  y  trouve  des  motets 
et  des  chansons  de  Willaert.  8°  Ferdelot  tutti 
li  Madrigali  del  primo  e  secondo  libro  a  4 
voci,conlagionta  di  altri  madrigali  del  me- 
desimo  aulore .  Aggiunlovi  ancora  altri  Ma- 
drigali compostida  Messer  Adriano  etc.  Fe- 
netia, app.  Ant.  Gardane,  1541.  9°  Motecta 
tri umvocum  a  pluribus  authoribus  compas  ila  , 
quorum  nomina  sunt  Jachetus,  Morales  his- 
punus,  Constantius  Fesla,  Adrianus  IFil- 
gliardus.  Fenetiis,  apud  Ant.  Gardanum, 
1543,  petit  in-4°  obi.  10°  Le  troisième  livre  de 
motets  à  quatre  voix,  et  les  deuxième  et  troi- 
sième livres  à  cinq  voix,   publiés  à  Lyon  par 
Jacques  Moderne,  depuis  1552  jusqu'en  1539, 


474 


WILLAKRT  -  WILLICH 


renferment  des  eomjiositions  de  Willaerl. 
11°  On  Ironvc  des  chansons  françaises  de  cet 
artiste,  à  quatre,  cinq  et  six  parties,  dans  les 
quatrième,  cinquième  etsixième  livres  de  chan- 
sons de  celle  espèce  publiés  à  Anvers,  par 
Tylman  Susato,  depuis  1154-3  jusqu'en  1550. 
12"  Il  y  a  aussi  des  chansons  «le  Willaerl  dans 
le  Recueil  des  fleurs  produites  de  la  divine 
musique  à  trois  parties  par  Clément  non 
papa,  Thomas  Crequillon  et  autres  excellents 
musiciens.  Lovain,  de  l'imprimerie  de  Pierre 
Phalèse,  l'an  1509.  Un  volume  manuscrit 
(du  seizième  siècle,  n°  5),  de  la  bibliothèque 
de  Cambrai,  contient  la  messe  à  quatre  voix 
Ouxramus  cum  pastoribus,  de  Willaerl,  et 
le  beau  manuscrit  n°  124  de  la  même  biblio- 
thèque renferme  deux  autres  messes  (Gaude 
barbara  et  Chrislus  resurrjens),  le  motet 
Da  pacem  Domine,  et  deux  chansons  fran- 
çaises sur  le  thème  Mon  petit  cuer  n'est  pas 
à  moi,  tous  à  quatre  voix,  de  la  composition 
de  Willaerl.  La  collection  d'ancienne  musique 
en  partition,  connue  sous  le  nom  iVEler,  qui 
se  trouve  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire 
de  Paris,  contient  deux  motels  à  quatre  voix, 
et  vingt  et  une  chansons  françaises  à  cinq  et  à 
six  voix,  du  même  auteur. 

WILLARD  (N. -Auguste),  capitaine  dans 
l'armée  anglaise  de  l'Inde,  à  vécu  longtemps 
dans  celle  contrée  asiatique.  Il  est  auteur  d'un 
livre  intitulé  A  Trcatiseon  tlie  jllusic  of  Ilin- 
dustan,  comprising  a  détail  of  the  ancient 
theory  and  modem  praclice  (Traité  sur  la 
musique  de  l'Indouslan,  renfermant  des  re- 
marques sur  l'ancienne  théorie  et  la  pratique 
moderne).  Calcutta,  18-54,  in-8°  de  117  pages, 
avec  une  planche  double  pour  les  signes  du 
rhylhme.  Cet  ouvrage  est  superficiel. 

W1LLEINT  (Jean-Baptiste-Josicpii),  vir- 
tuose sur  le  basson  et  compositeur,  est  né  à 
Douai,  le  8  décembre  1809.  A  l'âge  de  onze  ans 
il  entra  comme  élève  à  l'académie  de  musique 
de  celle  ville,  y  apprit  le  solfège  et  se  livra  à 
l'étude  du  basson,  sousladireciionde  Lecomle, 
professeur  et  directeur  de  celle  académie.  Ses 
progrès  furent  rapides,  et  les  premiers  prix  des 
concours  lui  furent  décernés  pendant  les  cinq 
années  qu'il  passa  dans  celle  école,  ainsi 
que  la  médaille  d'honneur  qui  lui  fut  ac- 
cordée en  1825,  comme  prix  d'excellence.  Ar- 
rivé à  Paris  dans  la  même  année,  il  entra  au 
Conservatoire  le  12  octobre,  y  devint  élève 
de  son  compatriote  Delcambre,  et  montra  une 
si  grande  supériorité  dans  le  concours  de  1820, 
que  le  premier  prix  de  basson  lui  fut  décerné 
dans  la  même  année.  D'abord  admis  au  cours 


d'harmonie  etde  composition  de  MM.  Seuiïotet 
Jelensperger,  répétiteurs  de  Reicha,  puis  de- 
venu élève  de  l'auteur  de  la  Biographie  uni- 
verselle des  nuisisiens,  pour  le  contrepoint  et 
la  fugue,  il  acquit  ainsi  des  connaissances  so- 
lides dans  l'art  d'écrire.  En  1830,  Cherubini 
l'admit  dans  la  classe  de  composition  de  Ber- 
(on,  el  le  1er  mai  18-53,  ses  éludes  furent  ter- 
minées. Appelé  à  Londres  à  l'âge  de  dix-huit 
ans  pour  lenir  l'emploi  de  premier  basson  au 
théâtre  du  Roi,  il  entra  ensuite  à  l'orchestre 
de  l'O i vira  italien  de  Paris,  en  la  même  qua- 
lité, et  y  resta  pendant  trois  années,  déve- 
loppant chaque  jour,  par  l'élude  et  par  ses 
relations  avec  le -clarinettiste  et  bassoniste 
llerr,  son  talent  qui  était  déjà  au  premier 
rang  à  celle  époque.  Appelé  à  New- York  en 
1834,  il  y  épousa  la  fille  du  célèbre  professeur 
dechant  Bordogni.  attachée  au  théâtre  de  celte 
ville  en  qualité  de  cantatrice.  Pendant  sept 
ans,  ions  deux  ont  parcouru  l'Angleterre,  la 
Fiance,  l'Amérique  septentrionale,  la  plus 
grande  partie  de  l'Italie,  la  Hollande  et  la 
Belgique.  Partout  ces  deux  artistes  se  sonl  fait 
entendre  avec  succès.  Le  plus  beau  son,  une 
justesse  parfaite  d'intonation,  un  style  élégant, 
une  manière  de  chauler  large  et  pure,  en  lin 
une  grande  précision  dans  l'exécution  des 
traits  lapides,  telles  sont  les  qualités  qui  con- 
stituaient le  talent  parfait  de  Willent.  Après  la 
mort  de  Borini,  professeur  de  basson  au  Con- 
servatoire de  Bruxelles,  et  premier  basson  du 
théâtre  decelle  ville,  Willent  fut  appelé  pour  le 
remplacer  dans  ces  deux  emplois.  En  1848,  il 
donna  sa  démission  de  professeur  au  Conser- 
vatoire de  Bruxelles  et  entra  comme  profes- 
seur de  basson  au  Conservatoire  de  Paris,  où 
il  succédait  à  Barizel,  par  arrêté  du  5  décembre 
de  la  même  année.  Il  mourut  dans  celte  posi- 
tion le  1 1  mai  1852,  à  l'âge  de  quarante  ans 
et  quelques  mois.  Comme  compositeur,  Wil- 
lent s'est  fait  remarquer  par  des  mélodies  gra- 
cieuses, du  goût,  une  harmonie  pure  et  Pin- 
slinct  des  effets  de  l'instrumentation..  On  a 
gravé  de  sa  composition,  à  Paris  :  1°  Quatre 
fantaisies  pour  basson  et  orchestre  ou  piano. 
2°  Symphonie  concertante  pour  clarinette  et 
basson.  3°  Duo  pour  hautbois  et  basson. 
4°  Méthode  complète  pour  basson,  Paris,  Trou- 
penas.  Il  a  l'ail  représenter  au  théâtre  royal 
de  Bruxelles,  le  13  avril  1844,  le  Moine,  opéra- 
comique  en  un  acte. 

YVILLiCIi  (Judocus).  Lipenius  cite,  sous 
ce  nom  (in  Bibliolh.  Philos.,  p.  978)  un  traité 
élémentaire  de  musique  intitule  :  Introduc- 
tio  in  artem  musicam,  Wescl,  1013,  in-8°. 


WILLING  -  WILSING 


•475 


WILLING  (Jean-Louis),  organiste  à 
Nordhausen,  né  à  Kuhndorf,  le  2  mai  1755, 
apprit  les  éléments  de  la  musique  dans  l'école 
de  Meiningen,  puis  devint  élève  de  l'excellent 
organiste  Reml>l,  et  ac«|uit,  sous  sa  direction, un 
talent  très-estimable.  Il  mourut  à  Nordhausen 
dans  les  derniers  jours  de  septembre  1805. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1"  Airs  et  chan- 
sons pour  le  clavecin,  1786.  2°  Trois  sonates 
pour  clavecin  et  violon,  1787.  5"  Trois  idem, 
1788.  4°  Trois  sonates  faciles  pour  clavecin, 
Dresde,  1789.  5"  Trois  idem,  1790.  G"  Pre- 
mier et  deuxième  recueils  de  pièces  pour  le 
clavecin  et  le  chant,  Rilleln,  1791-1794. 
7°  Concerto  pour  violoncelle  et  orchestre, 
op.  8,  Brunswick,  1797.  8°  Concerto  pour  vio- 
lon et  orchestre,  op.  11,  ibid.  9°  Sonates  pour 
violoncelle  et  basse,  op.  9.  10"  Six  duos  faciles 
pour  2  violons,  op.  15,  Dessau,  Tuch,  1801. 
1 1°  Variations  pour  le  piano  sur  l'air  alle- 
mand :  Mein  lieber  Augustin,  op.  20. 

WILLIMAN  (Samuel-David),  organiste  de 
la  cathédrale  de  Berlin,  fut  nommé  d'abord 
organiste  de  l'église  neuve  de  cette  ville,  en 
1780,  et  obtint,  dix  ans  après,  l'orgue  de  la 
cathédrale.  Il  est  mort  à  Berlin  le  23  février 
1813.  Il  a  publié  de  sa  composition  :  1"  Trois 
quatuors  pour  piano,  flûte,  violon  et  basse, 
Berlin,  1789.  2°  Trois  solos  pour  flûte  avec  ac- 
compagnement de  basse,  ibid.,  1790.  5°  Six 
duos  pour 2  flûtes,  ibid  ,  1797.  4"  6  duos  pour 
deux  violons;  Oranienbourg,  Werkmeisler, 
1804.  Willmann  a  laissé  en  manuscrit  un 
oratorio  à  plusieurs  voix  et  orchestre,  qui  fut 
exécuté  à  Berlin  le  20  octobre  1803. 

WILLMERS  (IIeniu-Rodolphe),  pianiste 
et  compositeur,  est  né  le  31  octobre  1821,  à 
Bei  lin,  suivant  la  notice  de  M.  De  Ledehur  (1), 
on  à  Copenhague,  d'après  le  Lexique  universel 
de  musique  de  M.Edouard  Bcrnsdorf  (2).  Dirigé 
dans  ses  études  de  piano  par  Hummcl,  il  lit 
sous  sa  direction  de  rapides  progrès  à  Wei- 
mar.  En  1836,  il  alla  étudier  la  composition 
chez  Frédéric  Schneider,  maitre  de  chapelle 
à  Dessau,  et  passa  deux  années  près  de  ce  mai - 
Ire;  puis  il  visita  le  nord  de  l'Allemagne,  la 
Suède,  la  Nor\vége,et  enfin  retourna  en  Dane- 
mark. Dans  un  nouveau  voyage  qu'il  a  fait  en 
Allemagne  pendant  l'année  1840,  il  s'est  fait 
applaudir  comme  virtuose.  Artiste  laborieux, 
il  a  beaucoup  écrit  pour  son  instrument.  Parmi 
ses  compositions,  qui  sont  au  nombre  d'envi- 
ron 120  œuvres,  on  remarque  une  grande  so- 
nate pour  piano  et  violon,  op.  11,  Hambourg, 

(1)  Tunkunstler  I.exieon  Berlin  s,  ]i.  G48. 

(2)  Univers.  Lexicunder  Tonkttnsl,  t.  III,  p.  S80. 


Schubeith;  G  éludes  pour  piano  seul,  op.  1, 
Leipsick,  Hofineister;  plusieurs  grandes  fan- 
taisies sur  des  thèmes  d'opéras;  des  variations 
idem;  des  caprices;  des  polkas  et  des  tarentel- 
les; des  pièces  de  genre,  etc. 

WÏLMS  (J.-W.),  directeur  de  musique  à 
Amsterdam,  né  en  1771,  se  filremarquerdans 
sa  jeunesse  comme  virtuose  sur  le  piano  et  sur 
la  flûte,  et  publia  beaucoup  de  compositions 
instrumentales  et  vocales,  parmi  lesquelles  on 
remarque  :  1°  Grande  sonate  pour  piano,  Am- 
sterdam, 1795.  2°  Concertos  pour  piano  et  or- 
chestre, op.  3,  Berlin,  1799;  op.  11,  Leipsick, 
Kuhnel.  3"  Concerto  pour  flûte  et  orchestre, 
op.  24,  ibid.  4°  Symphonie  à  grand  orchestre, 
op.  9,  ibid.  5°  Quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse,  op.  25,  ibid.  G"  Sonates  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  4  et  G,  ibid. 
7°  Sonate  pour  piano  et  violon,  op.  11. 

WILPHLINGSEDER  (Ambiioise),  con- 
dor à  l'église  Saint-Sebald  de  Nuremberg,  né 
à  Braunau,  en  Bavière,  dans  la  première  moi- 
tié du  seizième  siècle,  est  vraisemblablement 
le  même  que  Wallher  appelle  IFilfjlings,  dans 
son  Lexique  de  musique.  Il  mourut  à  Nurem- 
berg, le  31  décembre  1563.  On  a  de  lui  un 
traité  des  éléments  de  la  musique,  intitulé  : 
Erolemala  Dlusices  praclic.v  continentia 
prxcipuas  ejus  arlis  prxcepliones,  Norim- 
bergse,  1563,  in-8".  Une  deuxième  édition  de 
ce  bon  ouvrage  a  été  publiée  à  Nuremberg,  en 
1583,  in-12.  Dans  la  même  année,  parut  une 
traduction  allemande  de  ce  livre,  sous  ce 
titre  :  Teutsche  Musica,  der  Jugend  zn  gut 
gestellt  (Musique  allemande,  à  l'usage  de  la 
jeunesse),  Nuremberg,  in  8°  de  sept  feuilles. 
D'autres  éditions  de  cette  traduction  ont  été 
publiées  en  1572,  en  1574,  en  1585  et  en  1589, 
in-8",  toutes  à  Nuremberg. 

WILSING  (Daniee-Frédéhic-Édouard), 
professeur  de  musique  et  compositeur,  à  Ber- 
lin, né  le  21  octobre  1809,  à  Hœrde,  prés  de 
Dortmund  (Weslphalie),  reçut  de  son  père, 
prédicateur  en  ce  lieu,  sa  première  éducation 
littéraire.  Plus  tard,  il  fréquenta  le  gymnase  de 
Dortmund,  puis  il  entra  au  séminaire  de  Soest, 
où  il  continua  l'élude  de  la  musique,  pour  la- 
quelle il  avait  montré  d'heureuses  dispositions 
dès  son  enfance.  Sorti  du  séminaire  en  1829, 
il  obtint  la  place  d'organiste  à  l'église  évangé- 
lique  de  Wesel.  En  1834,  il  abandonna  celle 
position  et  alla  se  fixer  a  Berlin.  On  a  de  cet 
artiste  un  De  profundis kse'ize  voix  en  quatre 
chœurs  avec  orchestre,  dédié  au  roi  de  Prusse 
Frédéric-Guillame  IV,  publié  en  grande  par- 
tition chez  Schlesinger,  à  Berlin,  en  1851;  ou- 


470 


WILSING  -  WINKEL 


vrage  remarquable,  qui  l'ait  le  plus  grand  hon- 
iieiir  à  son  auteur.  Le  roi  lui  a  accordé  la 
grande  médaille  d'or  en  récompensede  ce  beau 
travail. M.  Wilsinga  publié  aussi  trois  grandes 
sonates  pour  le  piano,  op.  1,  Berlin,  Bock  ; 
Caprice  pour  le  même  instrument,  op.  7,  ibid.; 
Fantaisie  à  quatre  mains,  en  fa  dièse  mineur, 
op.  10,  ibid.,  et  plusieurs  cahiers  de  Lie- 
der. 

WILSOIX  (Jean),  né  à  Feversham,  dans  le 
comté  de  Kenl,  en  1597,  fut  un  des  meilleurs 
joueurs  «le  luth  de  son  temps.  Attaché  d'abord 
à  la  chapelle  du  roi  d'Angleterre,  il  fut  admis 
ensuite  dans  sa  musique  particulière  En  1044, 
il  obtint  le  grade  de  docteur  en  musique  à  l'U- 
niversité d'Oxford,  et  la  chairede  professeur  de 
musique  lui  fut  confiée  au  collège  de  Baliol,  en 
1050.  Après  la  restauration,  Charles  II  lui 
rendit  ses  emplois  dans  la  chapelle  et  dans  sa 
musique  de  chambre.  Wilson  mourut  à  Londres 
en  1073,  à  l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans.  On 
a  publié  de  sa  composition:  \"PsalleriumCa- 
rolinum,  inverses,elc.,set  to  Musik  for  titrée 
voices  and  an  organ  or  theorbo  (Psautier  de 
Charles  Ier,  ou  dévolions  de  Sa  Majesté  sacrée 
dans  sa  prison  et  dans  ses  souffrances,  mises 
en  vers  et  en  musique  à  trois  voix  et  orgue  ou 
théorbe),  Londres,  1057.  2°  Airs  et  ballades  à 
voix  seule  ou  à  trois  voix,  Oxford,  1GG0. 
5°  Airs  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
théorbe  ou  basse  de  viole,  imprimés  dans  une 
collection  intitulée:  Select  airs  and  dialogues, 
Londres,  1055.  4°  Divine  services  and  an- 
thems  (Services  divins  et  antiennes),  Oxford, 
1003.  Toutes  ces  productions  sont  assez  mal 
écrites  et  île  peu  de  valeur. 

WILSON  (Marmaduke-Ciiaiiles),  né  à 
Londres  en  1796,  a  eu  pour  premier  maître  de 
musique  Guillaume  Beale.  A  l'âge  de  neuf  ans, 
il  se  fit  entendre  au  concert  de  Hannover- 
Square,  elobtint  des  applaudissements  unani- 
mes. Samuel  Wesley,  présent  à  cette  séance, 
fut  si  satisfait  de  l'exécution  du  jeune  virtuose, 
qu'il  offrit  d'achever  son  éducation  musicale, 
proposition  qui  fui  acceptée  avec  reconnais- 
sance. Pendant  que  Wilson  fut  placé  sous  la 
direction  de  ce  maitre,  il  joua  plusieurs  fois  en 
public,  et  toujours  avec  succès.  Depuis  1815  il 
s'est  livré  à  la  composition  et  à  l'enseignement. 
Parmi  ses  productions,  qui  ont  été  publiées 
chez  Clemenli,  on  remarque  :  1°  Rondeau 
pour  piano  seul.  2°  Duo  pour  harpe  et  piano, 
op.  2.  5°  Sonate  pour  piano  seul,  op.  6. 
4°  Beaucoup  de  ballades  et  «le  chansons  an- 
glaises. 

IVINCIiLER  (Théophile-Frédéric),  an- 


cien employé  au  cabinet  des  antiquités  de  la 
Bibliothèque  royale  deParis,  néà  Strasbourg, 
en  1771,  mourut  subitement,  le  26  février 
1807.  Il  fui  un  des  rédacteurs  du  Magasin 
encyclopédique,  et  y  fit  insérer  une  Notice 
biographique  stir  Jean-Chrysostome-U'olf- 
gang-Théophile  Mozart,  dont  il  a  été  tiré 
îles  exemplaires  séparés,  Paris,  1801,  in-8°. 

YVHMîEL(DlEDERICIlOllTHIERR\  NlCOI.AS), 

mécaniciende  génie,  né  en  Hollande  vers  1780, 
et  fixé  à  Amsterdam,  se  livra  d'abord  à  la 
construction  de  machines  pour  le  tissage  des 
étoiles.  Plus  tard  il  appliqua  ses  talents  à  la 
construction  des  orgues  mécaniques  cl  d'au- 
tres instruments.  Un  autre  facteur  d'instru- 
ments, nommé  Leib,  avait  entrepris  de  per- 
fectionner ces  orgues;  maissa  mort  prématurée 
ne  lui  avait  pas  permis  de  réaliser  toutes  ses 
vues  :  Winkel  atteignit  le  but  qu'il  s'était  pro- 
posé, et  parvint  à  donner  à  ces  instruments  un 
effet  très  satisfaisant  pour  les  oreilles  les  plus 
délicates.  De  là  vient  que  lorsque  Maelzel  ar- 
riva à  Amsterdam  en  1815  avec  son  Panhar- 
monicon,  celle  ingénieuse  machine,  bien  que 
très-remarquable  par  l'imitation  de  certains 
instruments  et  par  son  harmonie  générale,  ne 
produisit  pas  autant  d'effet  qu'à  Paris  et  dans 
d'autres  grandes  villes.  Winkel  communiqua 
alors  à  Maelzel  Pin venlion qu'il  venailde  faire 
du  métronome,  que  celui-ci  s'est  attribué  et 
qui  est  connu  sous  son  nom.  Le  n°  25  de  la 
Gazette  musicale  de  Leipsick  (année  1817) 
ayanldonné  une  analyse  du  métronomecomme 
d'une  découverte  de  Maelzel,  Winkel  réclama 
la  priorité  d'invention  dans  les  journaux,  et 
accusa  de  plagiat  le  mécanicien  de  Vienne. 
L'affaire  avait  trop  d'éclat  pour  que  Maelzel 
pût  garder  le  silence  :  il  se  rendit  à  Amster- 
dam, et  il  fut  convenu  entre  les  adversaires 
qu'ils  s'en  rapporteraient  à  la  conclusion  d'ar- 
bitres. Les  juges  furent  choisis  parmi  les 
membres  de  la  classe  des  sciences  et  de  celle 
des  beaux-arts  de  l'Institut  du  royaume  des 
Pays-Bas.  M.  Devoss  Willems,  qui  fut  au  nom- 
bre des  arbitres,  m'a  écrit  à  ce  sujet  en  1853 
une  longue  lettre ,  dans  laquelle  il  expose 
toute  l'affaire.  Le  résultat  de  l'interrogatoire 
des  parties,  des  témoins,  et  de  la  production 
des  pièces  authentiques,  fut  qu'à  Winkel  ap- 
partenait l'invention  de  tout  le  mécanisme, 
particulièrement  le  trait  de  génie  du  déplace- 
ment du  centre  de  gravité  sur  un  court  balan- 
cier, par  lequel  le  longpendule  libre  est  avan- 
tageusement remplacé,  ainsi  que  l'échappe- 
ment qui  donne  le  sentiment  de  chaque 
vibration,  quelque  soit  le  mouvement.  La  part 


WINKEL  -  WÏNKËLMEYER 


417 


de  Maelzel  consistait  dans  la  délerminalion 
des  degrés  de  l'échelle  des  mouvements  appli- 
qués aux  divers  degrés  de  vitesse  de  la  ma- 
chine. Toutefois  la  décision  des  arbitres  n'em- 
pêcha pas  Maelzel  de  recueillir  tous  les  béné- 
fices de  l'invention,  et  de  vendre  des  milliers 
de  métronomes  dans  toute  l'Europe,  ainsi  qu'en 
Amérique,  tandis  que  le  pauvre  Winkel  n'ob- 
tint aucun  dédommagement  pour  son  travail. 
Mais  déjà  il  était  préoccupé  d'une  invention 
beaucoup  plus  extraordinaire,  dont  il  espérait 
d'heureux  résultais,  et  qui  n'en  eut  pas  d'au- 
tre que  l'illustration  de  son  nom.  Il  avait 
trouvé  autrefois  un  moyen  de  produire  dans 
les  étoffes  des  dessins  variés  à  l'infini  dans  les 
détails,  sans  s'écarter  d'une  certaine  régularité 
dans  l'ensemble.  L'idée  lui  vint  un  jour  d'ap- 
pliquer ce  procédé  à  un  instrument  de  musi- 
que, et  dans  l'année  1S21  il  réalisa  cette  pen- 
sée audacieuse  dans  l'orgue  auquel  il  donna 
le  nom  de  Componium.  Cet  instrument  mer- 
veilleux a  été  entendu  à  Paris  dans  le  pavillon 
de  la  rue  de  l'Echiquier.  L'orgue  en  lui-même 
était  excellent,  et  Winkel  y  avait  réuni  tous  les 
efTels  ne  ses  anciens  instruments  à  cylindres 
du  uenre  du  Panharmonicon  de  Maelzel 
(V.  Maelzel);  mais  ce  qui  en  faisait  un  objet 
digne  d'admiration  pour  les  connaisseurs,  c'est 
que  le  Componium  était  doué  de  la  faculté 
d'improviser  des  variations  toujours  nouvelles, 
d'un  effet  souvent  très-heureux  et  toujours 
correct,  sur  un  thème  donné.  Il  suffisait  de 
noter  sur  des  cylindres  divisés  par  tranches, 
le  thème  et  quelques  variations  convenable- 
ment disposées  d'après  un  système  analogue  à 
ceux  que  Kirnberger,  Mozart,  Fiedler,  Cale- 
gari  et  d'autres  ont  imaginés  pour  composerde 
la  musique  par  des  jeux  de  dez,  de  cartes,  de 
domino,  etc.  On  mettait  en  mouvement  un 
mécanisme  d'une  conception  complètement 
nouvelle  qui  faisait  agir  les  cylindres  et  les 
registres  d'une  manière  si  imprévue  et  avec 
des  combinaisons  si  multipliées,  que  Biot 
et  Catel,  membres  de  l'Institut  de  France, 
admis  à  examiner  l'instrument  sous  le  sceau 
du  secret,  firent  un  rapport  dans  lequel  il  est 
dit  que  des  milliers  d'années  pourraient  se 
passer  sans  que  la  même  variation  se  produi- 
sit exactement.  Un  des  morceaux  sur  lesquels 
le  Componium  s'exerçait  chaque  jour  était 
la  Marche  d'Alexandre  avec  les  variations  de 
Moschelès;  mais  de  ces  variations  il  ne  restait 
que  quelques  traits  brillants  qui  se  combinaient 
avec  une  si  prodigieuse  variété  non-seulement 
dans  la  musique  en  elle-même,  mais  dans  les 
alliances  imprévues  de  sonorité,  qu'il  sem- 


blait toujours  qu'on  entendait  des  choses  nou- 
velles. 

Quelque  mervcilleuxque  fut  cet  instrument, 
dit  M.  Hamel  (1),  il  n'excita  l'admiration  que 
d'un  petit  nombre  de  mécaniciens,  qui  ne  pu- 
rent en  découvrir  le  mystère.  La  rétribution 
qu'on  payait  pour  l'entendre  fut  loin  d'égaler 
la  dépense  qui  avait  été  faite  pour  sa  construc- 
tion. Les  personnes  qui  avaient  aidé  Winkel 
de  leurs  deniers  dans  l'espoir  d'en  tirer  profit, 
voulurent  être  remboursées  de  leurs  avances, 
et  firent  saisir  le  Componium  pour  le  mettre 
en  vente;  maison  ne  trouva  pas  d'acheteur 
qui  voulût  accepter  les  conditions  des  avides 
créanciers.  L'instrument  fut  démonté  et  jeté, 
dans  un  pavillon  près  de  la  barrière  du  Trûne, 
où  il  resta  pendant  plusieurs  années  exposée 
la  poussière  et  à  l'humidité.  Les  cylindres 
disjoints  et  pourris  par  le  bout  qui  louchait  le 
sol,  les  tuyaux  décollés,  l'admirable  méca- 
nisme d'horlogerie  entièrement  oxydé,  ne 
présentaient  plus  qu'un  amas  de  débris,  lors- 
qu'un amateur  (M.  Mathieu)  acheta  l'instru- 
ment en  cet  étal  de  destruction  pour  la 
somme  de  2,000  francs,  et  fil  des  dépenses  con- 
sidérables pour  le  rétablir  et  même  pour  l'aug- 
menter. On  assure  que  le  Componium  est 
maintenant  rendu  à  sa  beauté  primitive.  Mal- 
heureusement, le  chagrin  qu'avait  éprouvé 
l'inventeur, tléçude  loutesses espérances,  abré- 
gea ses  jours.  Winkel  mourut  a  Amsterdam 
le  28  septembre  1826,  oublié  comme  s'il  n'eût 
été  qu'un  homme  ordinaire. 

WIINIiEL  (Thérèse  -  Emilie -Hemuette 
DE),  virtuose  sur  la  harpe,  et  professeur  de 
cet  instrument,  à  Dresde,  est  née  à  Weissen- 
fels  le  20  décembre  1784.  Elle  a  fait  insérer 
dans  le  30e  volume  de  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  (p.  05-71)  des  observations  sur  la 
harpe  à  double  mouvement.  Madame  de  Win- 
kel est  auteur  de  trois  sonates  pour  harpe  et 
violon;  Dresde,  Arnold.  Elle  vivait  encore  à 
Dresde  en  1850,  lorsque  j'ai  visité  cette  ville 
pour  la  seconde  fois. 

WINRELMEYER  (C),  professeur  de 
musique  à  Manheim,  est  auteur  d'un  manuel 
des  principes  de  musique,  d'après  les  métho- 
des de  Nalorp  et  de  Nsegeli,  intitulé  :  Ntuer 
Kalecltismus  ùber  den  Unterriclit  im  Ge- 
sxnge,  etc.,  Manheim,  Lœlïler,  1821,  in-8° 
de  51  pages.  On  a  aussi  de  cet  artiste  :  Séré- 
nadepour  deux  cors , deux  trompettes  et  trom-  ■ 
bone,  Mayence,  Scholt;  Rondo  pour  piano  et 
violon,  op.  4,  Offenbach,  André,  et  des  danses 
pour  le  piano. 

(I)  Manuel  du  Facttur  d'orgues,  t.  III. 


478 


WINKHLER  -  WINTER 


WOKHLER  (Charles-Ange  DE),  vir- 
tuose sur  le  piano,  professeur  de  cet  instrument 

et  compositeur,  naquit  en  Hongrie,  dans  les 
premières  années  du  dix-neuvième  siècle,  et 
vécut  à  Peslh,  on  il  est  mort  le  15  décembre 
1845.  Le  nombre  de  ses  productions  est  consi- 
dérable, et  la  plupart  se  distinguent  par  un 
sentiment  élevé  de  l'art.  Les  plus  importantes 
de  ces  productions  sont  celles-ci:  1°  Sextuor 
pour  piano,  deux  violons,  alto,  violoncelle  et 
contrebasse,  op.  44,  Vienne,  Haslinger.2''  Va- 
riations brillantes  pour  piano  et  orchestre, 
op.  19,  Vienne,  Leidesdorf;  op.  23,  Vienne, 
Meclietli  ;  op.  30,  Vienne,  Leidesdorf;  op.  43, 
Vienne,  Diabelli.  3°  Grand  rondeau  polonais 
pour  piano  et  orchestre, op.  4L,  Peslh,  Grimm. 
4°  Quelques  morceaux  pour  piano  à  quatre 
mains.  5°  Trios  pour  piano, violon  et  violoncelle, 
op.  3,  Vienne,  Haslinger.  G°  Grand  trio  pour 
piano,  flûte  et  alto,  op.  15.  Vienne,  Mechetli. 
7°  Rondeaux  brillants  pour  piano  avec  accom- 
pagnement de  quatuor,  op.  12,  ibid.  ;  op.  17, 
Peslh,  Harlleben.  8?  Variations  idem,  sur  la 
marche  (VOtello,  Vienne,  Mechetli.  9°  Grande 
sonate  pour  piano  et  violoncelle,  ibid.  10"  So- 
nate pour  pianoà  quatre  mains,  op.  22,  Pesth, 
Lichll.  11°  Beaucoup  de  rondeaux  et  de  varia- 
tions pour  piano  seul. 

WEXKLER  (Jean-Henri),  professeur  de 
philosophie  et  de  physique  à  Leipsick,  mourut 
dans  celte  ville  le  18  mai  1770.  Il  est  auteur 
d'une  dissertation  intitulée  :  Tcnlamen  circa 
sont  celeritalpm  per  aerem  almosphericum, 
Leipsick,  1703,  in-4".  On  a  aussi  de  ce 
savant  une  dissertation  intitulée  :  De  ra- 
tions audiendi  per  dentés.  Lipsia?,  1758, 
in-4°. 

WINNERERGER  (Paui.-Antoine),  com- 
posilenr  et  violoncelliste  du  théâtre  français 
de  Hambourg,  naquit  àMorgenlheim,  en  1758, 
et  mourut  le  8  février  1821 .  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Trois  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  1,  Offenbach,  André, 
1800.  2°  Concertos  pour  violoncelle  et  orches- 
tre, numéros  1  et  2,  Mayencc,  Scholt.  3°  Trois 
sonates  pour  piano,  flûte  et  violoncelle,  op.  7, 
Hambourg,  Hœhmc.  4°  Sonates  faciles  pour 
piano  à  quatre  mains,  en  quatre  suiles,  Ham- 
bourg, Cranz.  5°  Exercices  el  pièces  faciles 
pour  le  piano,  ibid.  G"  Variations  pour  le 
même  instrument,  ibid. 

WINMGSTETEN  (Élie),  facteur  d'or- 
gues du  seizième  siècle,  a  construit  à  Halber- 
sladt  un  instrument  de  vingt-sept  registres, 
dont  on  trouve  la   disposition  dans  le  livre  de 


Prselorius  intitulé  :  Syntagma  musicum 
(t.  II,  p.  18.1), 

WINSLOW  (Jacques-Chrétien),  analo- 
misle,  né  le  2  avril  10G9  à  Odensée  dans  Pile 
de  Fionie,  en  Danemark,  fit  ses  études  dans  sa 
patrie,  puis  voyagea  en  Allemagne,  en  Hol- 
lande, et  vécut  longtemps  à  Paris,  où  il  fit  ab- 
juration de  la  religion  protestante  entre  les 
mains  de  Bossuel,  le  8  octobre  1G99.  Il  y  pu- 
blia, en  1732,  son  grand  traité  d'analomic, 
sous  le  litre  d' Exposition  anatomiqiie  du 
corps  humain.  Vers  1740  il  se  relira  à  Copen- 
hague, et  y  mourut  en  17G0, â  l'âge  de  quatre- 
vingt  onze  ans.  Parmi  ses  nombreuses  disser- 
tations, on  remarque  celle  qui  a  pour  litre  : 
Dissertat.io  quid  musica  in  affectus  valeat, 
Haffniae,  1742,  in-4°. 

WITSTER  (Jean- Adam),  directeur  du 
chœur  au  couvent  de  Saint -Jean-liaplisle  à 
Volshaven,  en  Bavière,  vécut  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  plu- 
sieurs œuvres  de  musique  d'église,  dont  un 
seul  est  connu  des  biographes;  il  a  pour  litre  : 
Ulusikalisches  Blumtn-Cranzlein ,  1 2  gcislli- 
che  deulsche  Arien  von  einer  Sinrjslimme 
nebst  verschiedenen  lnslrumenlen  (Pelile 
couronne  de  fleurs  musicales,  ou  douze  motels 
allemands  à  voix  seule  et  divers  instruments, 
op.  3),  Augshourg,  1710. 

WINTER  (JoACiiiM-CimKTiF.N),néà  Helm- 
slaedt,  le  3  mars  1718,  fut  cantor  et  directeur 
île  musique  à  Hanovre,  après  avoir  rempli  les 
mêmes  fonctions  à  Celle.  Auteur  de  plusieurs 
cantates  spirituelles  qui  sont  demeurées  en 
manuscrit,  il  s'est  fait'  connaître  aussi  comme 
écrivain  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Disser- 
talio  epistolicade  musices  perilia  theologo 
neque  dedecora  neque  inutili,  Celle,  1749. 
2"  Dissertatio  epistolica  de  eo  quod  sibi  in- 
vicem  debent  musica,  poetica  et  rhetorica, 
arlesjucundissimx,  ttànnovèrse,  17G4,  in-4'' 
de  douze  pages.  3°  De  curaprincipum  et  ma- 
rjistratuum  piorum  instuendo  et  conservando 
canlu  ecclesiastico,  codemque  lam  piano 
quam  artificioso,  Hannoverœ,  1772,  in-4°  de 
trois  feuilles  et  demie.  4"  Dissertation  sur 
sainte  Cécile  (Dans  le  Magasin  de  Hanovre,  du 
30  .juin  178G,  numéro  52). 

WOTER  (Pierre  DE),  compositeur  re- 
coud, maître  de  chapelle  du  roi  de  Bavière, 
naquit  à  Manheim,  en  1754.  Après  avoir  fait 
quelques  éludes  au  gymnase  de  celle  ville,  il 
fut  saisi  d'un  goût  si  vif  pour  la  musique,  qu'il 
abandonna  tout  pour  se  livrer  en  liberté  à  la 
culture  de  cet  art.  Dès  l'âge  de  onze  ans  il  était 


WINTEU 


•479 


déjà  assez  habile  violoniste  pour  que  le  prince 
Palatin  l'admit  dans  sa  chapelle.  Quelques 
années  après,  il  devint  élève  de  V'ogjer,  et  ap- 
prit sous  sa  direction  l'harmonie  et  le  contre- 
point. Ses  premières  productions  furent  des 
ballets,  des  concertos  pour  le  violon,  et  d'au- 
tres morceaux  de  musique  instrumentale,  où 
l'on  remarquait  du  talent;  mais  il  fut  moins 
heureux  dans  ses  premiers  essais  pour  l'Opéra. 
En  1770,  il  avait  été  nommé  directeur  de  l'or- 
chestre du  théâtre  de  la  cour.  La  cour  électo- 
rale du  Palatinat  ayant  été  transférée  à  Mu- 
nich, en  1778,  Winter  y  suivit  le  prince  avec 
toute  la  chapelle.  Ce  fut  là  qu'il  écrivit  ses 
premiers  opéras  italiens  Armidu,  Cora  e 
Alonzo,  Leonardo  e  Blandine,  et  qu'il  fit 
représenter,  en  1780,  son  premier  opéra  alle- 
mand Hélène  et  Paris,  où  se  trouvait  un  air 
accompagné  de  plusieurs  instruments  obligés, 
qui  eut  un  brillant  succès.  Moins  heureux,  son 
Bellérophon  n'eut  que  deux  représentations. 
Tous  ces  ouvrages  étaient  faihles  de  mélodie, 
et  l'on  n'y  remarquait  pas  le  génie  dramatique. 
En  1783,  Winter  fit  un  voyage  à  Vienne  pour 
y  faire  exécuter  quelques-uns  de  ses  grands 
ouvrages,  tels  que  les  cantates  de  Henri  IF, 
la  Mort  d'Hector  et  Inès  de  Castro;  il  y  fut 
présenté  à  Salieri,qui  consentit  à  examiner  les 
partitions  de  ces  ouvrages,  et  qui  lui  en  fil 
remarquer  les  défauts  sous  les  rapports  du 
style  vocal,  «le  l'expression  dramatique,  cl  de 
l'ahsence  de  simplicité  dans  l'instrumenta-? 
lion.  Les  conseils  de  cet  homme  habile  ne  fu- 
rent pas  perdus  pour  Winter,  car  dès  lors  il 
étudia  l'art  du  chant,  et  adopta  une  manière 
plus  large  et  plus  convenable  pour  l'effet  de  la 
scène.  De  retour  à  Munich,  il  y  écrivit  un  beau 
psaume  latin  à  plusieurs  voix  avec  orchestre, 
qui  lui  fil  obtenir  sa  nomination  de  maître  de 
la  chapelle  électorale  en  1788,  après  le  dépari 
de  l'abbé  Vogler.  Il  fut  chargé,  à  la  même 
époque,  de  la  composition  de  Circé,  grand 
opéra  qui  ne  fut  cependant  pas  représenté,  par 
des  motifs  qui  ne  sont  pas  connus. 

Après  avoir  mis  en  musique,  pour  le  théâtre 
particulier  du  comte  de  Seefeld,  l'intermède 
de  Gœllie  Jery  et  Batcly,  ainsi  que  Timoteo, 
grande  cantate  italienne,  Winter  partit  pour 
l'Italie,  en  1791.  A  Naples,  il  écrivit  VAnli- 
gone  ;  à  Venise,  I  Fralelli  rivali,  el  77  Sacri- 
fizio  di  Creta.  De  retour  à  Munich,  il  y  com- 
posa \aPsxjché,eUa  Tempête,  (\e  Shakespeare. 
Dès  ce  moment  la  réputation  de  Winler  s'éleri- 
dit  dans  toute  l'Europe,  et  les  administrations 
de  plusieurs  grands  théâtres  voulurent  avoir 
de  ses  ouvrages.  Appelé  de  nouveau  à  Vienne, 


en  1794,  il  y  composa  le  labyrinthe,  qui  eut 
un  succès  de  vogue,  et  Das  nnlerbrochenc 
Opferfest  (Le  Sacrifice  interrompu),  devenu 
célèbre  en  Allemagne.  De  Vienne,  Winler 
alla  à  Prague  composer  Ogus,  ou  le  Triomphe 
du  beau  sexe.  Après  plusieurs  années  d'ah- 
sence,  il  retourna  à  Munich,  el  y  fit  représen- 
ter, en  1798,  Marie  de  Montalban,  considérée 
à  juste  litre  comme  une  de  ses  plus  belles  pro- 
ductions. Arrivé  à  Paris  au  commencement  de 
1802,  il  obtint,  non  sans  peine,  de  l'adminis- 
tration de  l'Opéra  le  poème  de  Tamerlan, 
grand  ouvrage  en  Irois  actes,  dont  il  composa 
la  musique,  et  qui  fut  représenté  sans  succès 
dans  la  même  année.  En  1803,  il  se  rendit  à 
Londres  :  son  séjour  dans  celle  ville  se  pro- 
longea jusqu'en  1805,  el  pendant  ce  temps  il 
composa  et  fit  représenter  au  théâtre  du  Roi 
Calypso,  Proserpina,  Zaira,  et  les  grands 
ballets  de  V Éducation  d'Achille,  de  Fologèse 
etd' Orphée,  dont  la  musique  a  été  l'objet  de 
beaucoup  d'éloges. 

En  s'éloignant  de  Londres,  en  18015,  Winter 
retourna  à  Munich,  et  y  ouvrit  une  école  de 
chant  dans  laquelle  il  forma  quelques  élèves 
distingués,  entre  autres  Mlle  Sigl,  connue  plus 
lard  sous  le  nom  de  Mme  Vespermann.  Appelé 
à  Paris  en  1806,  pour  y  faire  représenter 
l'opéra  dcCaslor,  qu'on  lui  avait  demandé  pré- 
cédemment, et  qui  n'était  que  la  traduction 
d'un  opéra  italien  représenté  à  Londres,  il  ne 
fut  pas  plus  heureux  dans  cet  ouvrage  que 
dans  le  Tamerlan,  et  l'on  considéra  sa  musi- 
que comme  inférieure  non-seulement  à  celle 
de  Rameau,  mais  même  à  celle  que  Candeille 
avait  écrite  sur  le  même  poëme.  La  chute  de 
cet  ouvrage  parut  avoir  découragé  Winter,  car 
il  n'écrivit  plus  que  pour  la  chapelle  du  roi  de 
Bavière  pendant  plusieurs  années.  A  l'occa- 
sion de  la  l'été  de  la  Victoire,  il  fit  exécuter  à 
Munich,  en  1814,  une  grande  symphonie  mili- 
taire, intitulée  le  Combat.  C'est  dans  la  même 
année  qu'il  célébra  le  cinquantième  anniver- 
saire de  son  entrée  au  service  de  la  cour:  le 
roi  de  Bavière  lui  accorda  à  celle  occasion  la 
décoration  de  l'ordre  du  Mérite. 

Dix  années  s'étaienl  écoulées  depuis  que 
Winler  avait  cessé  d'écrire  pour  le  théâtre,  lors- 
qu'il entreprit,  en  1816,  un  voyage  en  Italie 
avec  son  élève  Madame  Sigl-Vespermann.  Ar- 
rivé à  Milan,  il  y  écrivit  II  Maometo,  opéra 
sérieux  qui  fut  bien  accueilli  du  public.  En 
1817,  et  dans  l'année  suivante,  il  donna  dans 
la  même  ville  I  due  Faldomiri,  qui  fut  moins 
heureux.  Cette  pièce  fut  suivie  tVEtelinda, 
représentée  aussi  au  théâtre  de  laScala;  puis 


480 


W1NTER 


Winler  alla  à  Gênes  pour  y  faire  jouer  Le 
Bouffe  et  le  Tailleur,  qui  fut  aussi  joué  à  Mu- 
nich, après  son  retour,  en  1820.  Cet  ouvrage 
fut  le  dernier  effort  de  son  talent.  Quelque 
temps  après,  Winter,  atteint  d'une  maladie  de 
langueur,  dépérit  insensiblement  :  elle  le  con- 
duisit au  tombeau  le  17  octobre  1825. 

Winler  ne  fut  point  un  compositeur  de  gé- 
nie; les  formes  de  sa  musique  étaient  dépour- 
vues de  nouveauté  :  elles  ont  même  plus  vieilli 
que   celles   «les    autres  compositeurs   de   son 
temps;  mais  il  avait  le  sentiment  de  la  scène, 
et  l'on  remarque  dans  ses  ouvrages  un  certain 
caractère  de  grandeur  et  de  simplicité  qui  ré- 
vèlent un  talent  distingué.  Il  travaillait  avec 
beaucoup  de  rapidité  et  a  produit  un  grand 
nombre  d'ouvrages,  parmi  lesquels  on  a  dis- 
tingué  particulièrement  ,  le  Labyrinthe ,  le 
Sacrifice  interrompu  et  Marie  de  iïlontalban, 
qui  ont  été  longtemps  au  répertoire  de  tous  les 
théâtres  de  l'Allemagne.  Voici  la  liste  de  ses 
productions  :  I.   Musique  d'église.   1°  Vingt- 
deux  messes  solennelles  à  4  voix  et  orchestre, 
et  une  à  2  chœurs.  2°  Deux  messes  pastorales, 
idem,  5"  Messe  en  contrepoint  à  quatre  voix. 
4"  Deux  Requiem  à  quatre  voix  et  orchestre  ou 
orgue.   5°  Vingt  Gloria,    idem.  G0  Dix-sept 
Credo,  idem.  7»  Dix-sept  Sanctus  et  Agnus 
Dei,  idem.  8°  Vingt-deux  offertoires,  idem. 
9"  Vingt  quatre   graduels.  10<>  Neuf  psaumes 
pour  vêpres.  1 1o  Un  Magnificat.  12°  Quinze 
hymnes  pour  toute  l'année.   13»  Deux  Salve 
Rpgina.  14°  Un  Ave  Maria.  15°  Un  Aima 
Redemptoris.  16°  Deux  f'eni  SancteSpirilus. 
17°  Sept  Tantum  ergo.  18°  Trois  Te  Deum, 
19°   Trois   Stabat   mater.  20°   Une    litanie. 
21"  Trois  Responsoria  pour  la  semaine  sainte. 
Toute  celle  musique  est  en  manuscrit  dans  la 
bibliothèque  de  la  chapelle  «In  roi  de  Bavière; 
on  n'en  a  publié  qu'on  des  Requiem,  à  Leip- 
sick,  chez  Rreilkopf  et  Haeilel.  Winter  a  écrit 
aussi   pour  le  service  de   l'église    réformée  : 
22°  Sepi  cantates  spirituelles,  23°  Stabat  ma- 
ter allemand  à  quatre  voix  et  orchestre,  gravé 
en  partition,  à  Leipsick,  chezBreilkopf  et  Haer- 
tel.  24°  Jésus  mourant,  oratorio.  25°  Vingt- 
quatre  chorals    à   quatre    voix.    II.   Opéras. 
2G°  Armida.27" Cora e  Alonzo.  28°  Leonardo 
e  Blandine.  29°  Hélène  et  Paris,  opéra  alle- 
mand en  trois  actes,  1780.  50°  Bellérophon, 
idem,  1782.  51°  Der  Bettelstudent  (Le  pauvre 
étudiant),  opérette.  32°  Dus  Hirtenmxdchen 
(La  jeune  bergère),  idem.  53°  Scherz,  List 
und  Rache  (Badinage,  finesse  et  vengeance), 
idem.  M"Circc,  grand  opéra,  à  Munich,  1788. 
ô$"Jeryet  Balely,  intermède,  1790.  56»  Ca- 


loue  in  Utica,  à  Venise,  en  1791.  57°  Anti- 
gone,  à  Naples,  pour  la  fête  du  roi,  1791. 
38°  Jl  Sacrifizio  di  Creta,  à  Venise,  en  1792. 
39°  /  Fratelli  rivali, \bid.,  1792.  La  partition 
pour  piano  de  cet  opéra  a  été  gravée  à  Bonn, 
chez  Simrock.  40"  Psyché,  grand  opéra,  à  Mu- 
nich, 1793.  41°  Der  Stur m  (La  Tempête),  ibid. 
Cet  ouvrage  a  été  gravé  en  extrait  pour  le  piano 
à  Augsbourg,  chez  Gombart.  42°  Le  deuxième 
acle  des  Ruines  de  Babylone,  suite  de  la  Flûte 
enchantée,  à  Vienne,  1797.  Le  premier  acte 
de  cet  ouvrage  avait  été  composé  parGalliis. 
43°  Le  Labyrinthe,  opéra  en  un  acte,  ibid., 

1794.  Ce  joli  opéra  a  été  gravé  en  partition 
pour  le  piano,  à  Bonn,  chez  Simrock,  cl  à  Of- 
fenbach,  chez  André.  44°  Bas  unterbrochene 
Opferfest  (Le  Sacrifice    interrompu),  ibid., 

1795,  chef-d'œuvre  de  Winter,  dont  on  a  gravé 
l'ouverture  et  les  scènes  principales  à  grand 
orchestre,  et  dont  la   partition    pour   piano  a 
élé  publiée  à  Leipsick,  à  Brunswick,  à  Offen- 
bach,àBonn,  à  Heilbronnct  à  Berlin. 45° Ogus 
ou  le  Triomphe  du  beau  sexe,  à  Prague,  en 
1795,  gravé  en  partition  pour  le  piano,  àLeip- 
sick,  chez  Breitkopf  et  Hœrtel.  40°  Die  Som- 
merbelustigunyen  (Les  Amusements  de  l'été), 
ballet,  à  Berlin,  1795.  47°  Die  Thomasnacht 
(La  nuit  de  Saint-Thomas),  opéra  en  deux  ac- 
tes, àBayreuih,  1795.  48°  Ldue  Fedovi,  opéra 
bouffe,  à  Vicnne,1796.  48° (bis)  Ariana,  grand 
opéra.  49°  Elisa,  à  Vienne,  1797.  50°  Marie 
de  Montalbun,    à    Munich,   1798,   gravé  en 
partition  pour  le  piano.  51»  Tamerlan  grand 
opéra,  àParis,  1802,  gravé  en  grande  partition 
chezNaderman.  52»  Calypso,  à  Londres,  1803, 
en  partition  pour  le  piano,  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Haerlel.  53°  Castor  et  Polux,  en 
italien,  à  Londres,  1803;  en  français,  à  Paris. 
54°   Proserpina,    grand    opéra,    à    Londres, 
1804.  m-Zaira,  ibid,,  1805.  56"  L'Éducation 
d'Achille,  grand  ballet,  ibid.,  57°  Fologese, 
idem.,  ibid.  58"  Orphée,  grand  ballet  avec  des 
chœurs,  ibid.  59°  Frauenbunt  (Le  Lien  des 
femmes),  à  Munich,   1805.  59°  (bis)  Colman, 
grand  opéra,  à  Munich,  1809.  59"  (1er)  Die 
Blinden  (Les  Aveugles),  ibid.,  1810,  joli  ou- 
vrage.  G0»  Ll  Maometto,  grand  opéra,  repré- 
senté à  Milan,   1817.   61°  /  due  Faldomiri, 
ibid.,  1817.  62°  Ftelinda,  1818.  63"  Le  Bouffi- 
et  le  Tailleur,  à  Gênes,   1819,  à  Munich,  en 
1820.  III.  Cantates  et  chants.  64°  Pimma- 
glione,  cantate.  65°  Piramo  e  Tisbe,  idem. 
66°  Didon  abandonnée  (en  allemand),  idem., 
67»  Hector  (en  allemand),  idem.  68»  Lnès  de 
Castro,  idem.  69°  Henri  LF(en  allemand), 
idem.  79°  Bayerische  Luslbarkeit  (Réjouis- 


W1NTER  -  WINTERFELD 


481 


sance  de  la  Bavière),  idem.  71°  Der  franz. 
Lustgarten  (Le  Jardin  de  plaisance  français), 
idem.  72°  Les  Noces  de  Figaro  (en  allemand) 
idem,  75°  Andromaqne,  idem.  74°  P rogné  et 
Philomèk,  idem.,  75°  Timothée  ou  la  puis- 
sance de  la  musique,  grande  canlale  d'après 
le   poème  de  Dryden,  gravée  en  partition  à 
Leipsick,  chez  Breiikppf  et  llaertel.  Toutes  ces 
cantates   sont  avec   orchestre.   76°   Ehjsium 
(L'Elysée),   de  Schiller,    à    quatre  voix    avec 
piano,  ibid.  77°  Ode  à  l'amitié,  de  Schiller,  à 
quatre  voix  et  piano,  ibid.,  78°  Le  Triomphe 
de  l'Jmour,  de  Schiller,  idem.,  ibid.  79°  La 
Musique,  à  quatre  voix  et  piano,  ibid.  80°  Le 
Cor,  idem,  ibid.  81°  Chants  à  quatre  voix  pour 
les  troupes  bavaroises,  Munich,  Faller.  82°  Neuf 
recueils  de  chants,  chansons,  petites  cantates 
et  romances  à  voix  seule  avec  piano,  Munich, 
Augshoiirg,  Leipsick   et  Bonn.   IV.    Musique 
instrumentale.  85"  Le  Combat,  grande  sym- 
phonie avec  chœur,  Leipsick,  Breitkopf et  Ilser- 
tel.   84°  Trois  symphonies  à  grand  orchestre 
op.  1 ,  Offenhach,  André.  85"  Trois  idem,  op.  2, 
ibid.    86°  Trois  idem,  op.  5,  ibid.  87°  Ou- 
vertures à  grand  orchestre  du  Bouffe  et  le  Tail- 
leur, Mayence,  Schott  ;  de  Calypso,  de  Castor 
et  Pollux,  de  Colman,  de  Mahomet,  de  Pro- 
serpine,  dn  Jugement  de  Salomon.  de  Zaïre, 
et  ouverture  séparée,  op.  24, à  Leipsick,  chez 
Breilkopr  et  llaertel  ;    de  I  Fratelli   rivali, 
d'Hélène  et  Paris,  du  Labyrinthe,  de  Marie 
de  l\Ionlalban,  du  Sacrifice  interrompu  cl  de 
Tamerlan,k  OfTenbach,  chez  André.  88°Sym- 
phonie   concertante  pour  violon,  clarinette, 
basson  et  cor  avec  orchestre,  op.  1 1 ,  Leipsick, 
Breitkopf  et  literie).  89°  Concertante  pour  vio- 
lon, alto,  hautbois,  clarinette,  basson  et  vio- 
loncelle avec  orchestre,  op.  20,  ibid.  90°  Sym- 
phonie concertante  pour  deux  violons  (en  mi 
mineur),  OfTenbach,  André.  91°  Ottetlo  pour 
violon,  allô,  violoncelle,  clarinette,  basson  et 
deux    cors,    Leipsick,    Breitkopf    et    Haerlel. 
92uSestetlo  pour  deux  violons,  deux  cors,  alto 
cl  basse,  op.  9,  ibid.  93°  Sellelto  pour  deux 
violons,  deux  cors,  clarinette,  alto  et  basse, 
op.  10,  ibid. 94" Sellelto  pourdeux  violons, allô, 
basse,  hautbois  et  deux   cors,  Paris,  Nader- 
man.  95"  Deux  quintettes  pour  deux  violons, 
deux  altos  et  violoncelle,  ibid.  96"  Trois  qua- 
tuors pourdeux  violons,  alto  et  basse,  op.  2, 
ibid.  97"  Trois  idem,  op.  3,  ibid.  98"  Concerto 
pour  clarinette  (en  mi  bémol),  Paris,  Sieber. 
99"  Concerlino  pour  basson,  Leipsick,    Breit- 
kopf et  Hœrtel.  100°  Plusieurs  concertos  pour 
violon,  hautbois  et  autres  instruments,  en  ma- 
nuscrit. 

BIOGIt.  USIV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


Winler  s'est  fait  connaître  aussi  comme 
écrivain  didactique  par  une  bonne  méthode  de 
chant  devenue  classique:  cet  ouvrage  a  pour 
titre:  Follstxndige  Singschule  (Méthode  com- 
plèle  de  chant),  divisée  en  trois  parties, 
Mayence,  Schott. 

WINTERBURGER  (Jean),  le  plus  an- 
cien imprimeur  de  Vienne,  naquit  vers  le  mi- 
lieu du  quinzième  siècle,  à  Winterburg,  dont 
il  prit  le  nom.  Il  établit  dans  la  capitale  d'Au- 
triche une  imprimerie  dont  il  grava  lui-même 
les  caractères.  Les  premiers  ouvrages  sortis 
de  ses  presses  sont  de  1490  environ.  C'est  lui 
qui  a  imprimé  la  première  édition  du  petit 
traité  de  musique  de  Simon  de  Quercu,  inti- 
tulé :  Opusculum  musices,  etc.  (voy.  de 
Quercu).  On  lui  doit  aussi  un  très-bel  antipho- 
naire  intitulé  :  Jntiphonarius  ad  rectum 
consuelumque cantandi  ritum;  Vienne,  1519, 
in-fol.  C'est  le  dernier  ouvrage  imprimé  par  lui. 

WINTERFELD  (  Charles-Georges  Au- 
guste YI VIGENS  DE),  descendant  du  lieu- 
tenant général  de  ce  nom  qui  s'illustra  sous 
le  règne  de  Frédéric  II,  roi  de  Prusse,  est  né 
à  Berlin  le  28  janvier  1784.  Ses  premières 
éludes  se  firent  à  l'école  de  Hartung;  il  les 
continua  au  Grœn  Kloster  (Cloître  vert)  de 
Bei  lin,  et  alla  suivre  les  cours  de  droit  à  l'uni- 
versité de  Halle,  en  1803.  En  1806  il  reçut  sa 
nomination  de  juge  instructeur  du  tribunal 
civil  de  Berlin,  et  en  1811,  il  fut  nommé  as- 
sesseur du  conseil  d'État.  Les  premières  le- 
çons de  musique  lui  furent  données,  dans  sa 
jeunesse,  par  un  professeur  de  musique  nommé 
Schaaf.  En  1809,  il  entra  dans  l'Académie  de 
chant  dirigée  par  Zelter  :  il  en  fut  membre 
jusqu'en  1816,  époque  où  il  fut  envoyé  à 
Breslau  en  qualité  de  conseiller  du  tribunal 
supérieur  (cour  d'appel)  de  la  Silésie.  Après 
en  avoir  rempli  les  fonctions  pendant  vingt 
ans,  il  fut  nommé  conseiller  honoraire  le 
2  juin  1836  et  retourna  à  Berlin,  où  il  eut  une 
place  de  conseiller  de  la  cour  supérieure.  Pen- 
sionné en  1847,  il  mourut  d'apoplexie  le 
2  février  1852.  Amateur  passionné  de  musi- 
que, de  Winlerfeld  était  allé  recueillir  des 
documents  pour  l'histoire  de  cet  art  en  Italie, 
dans  l'année  1812,  et  y  avait  fait  un  long  sé- 
jour. A  Breslau,  il  s'occupa  beaucoup  de  litté- 
rature musicale  et  de  musique  ancienne.  Sa 
réputation  de  grand  connaisseur  dans  cet  art 
le  fil  nommer,  en  1818,  directeur  des  Instituts 
musicaux  réunisde  laSilésic.  Dans  l'année  sui- 
vante, il  fonda,  avec  Raumer,  Van  der  Hagcn 
et  Mosewins,  une  société  pour  l'exécution  de 

la  musique  d'église. 

''  i 


482 


WINTERFELD  —  WITT 


M.  de  WintciTeld  à  écrit  sur  l'histoire  do 
cet  art  en  homme  instruit  et  avec  beaucoup 
«l'érudition;  malheureusement  il  a  rendu  la 
lecture  de  ses  ouvrages  fatigante  par  les  dé- 
tails prolixes  dans  lesquels  il  s'égare  souvent. 
On  a  de  lui  :  1°  Johunnes  Pierluigi  von  Pa- 
lestrinai  Seine  JFerhe  und  deren  Bedeutung 
fur  die  Geschichle  der  TouUuust  (Jean  Pier- 
luigi de  Palestrina.  Ses  œuvres  et  leur  impor- 
tance pour  l'histoire  de  la  musique),  Ilreslau, 
1832,  in-8°  de  08  pages.  Cet  ouvrage  renferme 
des  remarques  sur  le  livre  de  Bairii  (voy.  ce 
nom)  concernant  le  même  compositeur,  et 
offre  des  laits  et  des  aperçus  qui  ne  sont  pas 
sans  intérêt.  2"  Johannes  Gabrieli  und  sein 
Zeitalter,  etc.  (Jean  Gabrieli  et  son  épo- 
que, etc.);  Berlin,  1854,  2  volumes  de  texte 
in-4",  et  ttii  volume  de  planches  de  musique 
in-fol.  Cet  ouvrage,  rempli'de  recherches  cu- 
rieuses, a  pour  objet  l'hisloire  de  la  musique 
dans  l'école  de  Venise,  depuis  les  temps  an- 
ciens jusqu'à  l'époque  de  Jean  Gabrieli  et  de 
ses  disciples.  On  y  trouve  particulièrement  de 
bons  renseignements  sur  Adrien  Willaert  et 
ses  élèves;  mais  la  théorie  de  M.  de  Winler- 
feld  concernant  l'ancienne  tonalité  et  l'intro- 
duction de  la  modulation  dans  la  musique  est 
remplie  d'erreurs;  les  excursions  qu'il  fait  in- 
cessamment hors  de  son  sujet  rendent  la  lec- 
ture du  livre  pénible,  et  nuisent  à  ce  qu'il 
renferme  d'utile.  3"  Der  evangelische  Rir- 
chengesang  und  sein  Verhœllniss  sur  Kunsl 
des  Tonsxtzes  (Le  Chant  de  l'Église  évangéli  - 
que  et  sa  relation  avec  l'art  de  la  composition); 
Leipsick  ,  Breitkopf  et  llœrlel ,  1845-1847, 
3  volumes  in-4°;  ouvrage  capital  concernant  la 
culture  du  chant  choral  et  de  la  musique  reli- 
gieuse en  Allemagne  pendant  les  seizième  et 
dix-septième  siècles,  avec  un  grand  nombre 
de  morceaux  des  plus  célèbres  musiciens  alle- 
mands de  ces  anciens  temps,  en  partition. 
4"  Dr.  Martin  Luther  's  deutscfie  geistïiche 
Lieder  (Chants  spirituels  dn  docteur  Martin 
Luther)  ;  ibid.,  1840,  gr.  in-4".  5°  Ueber 
Carl-Clirist-Fricd.  Fasch's  geistïiche  Ge- 
sungtverke  (Sur  les  OEuvrcs  de  musique  reli- 
gieuse de  Charles-Chrélien-Frédéric  Fasch) 
comme  préface  des  œuvres  de  ce  compositeur  ; 
Berlin,  Trautwcin,  1839,  in-4".  f>°  Zur  Ge- 
schichtederhciligen  Tonkunst (Pour  l'histoire 
de  la  musique  religieuse);  Leipsick,  Breil- 
kopf et  Hœrlel,  1850.  M.  de  Winlerfeld,  qui 
avait  réuni  une  collection  précieuse  d'ancienne 
musique  et  de  livres  rares  de  littérature  mu- 
sicale, a  laissé,  en  mourant,  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin  103  volumes  de  musique  du 


seizième  siècle  en  partition.  Le  reste  de  sa  bi- 
bliothèque, dont  le  catalogue  forme  785  nu- 
méros, a  élé  vendu  à  l'encan  le  15  juin  1857 
et  jours  suivants. 

WITIIEIISPOOÎV  (Jean),  théologien 
écossais,  né  à  Tester  près  d'Edimbourg,  fit  ses 
études  à  l'université  de  cette  ville,  et  fut  mêlé 
aux  querelles  religieuses  de  son  pays,  dans 
lesquelles  il  se  distingua  par  ses  talents.  Il 
mourut  à  Prince-Town,  dans  l'Amérique  du 
Nord,  le  15  novembre  1794.  On  a  de  lui  un 
livre  Sur  la  nature  et  les  effets  du  thédlre, 
qui  se  trouve  dans  ses  œuvres  complètes  pu- 
bliées à  Londres,  en  1802,  par  les  soins  du 
docteur  Bodgers,  en  4  vol.  in-8°,  et  dont  il  a 
été  donné  une  traduction  hollandaise  à 
Ulrecht,  en  1772. 

W1THOF  (Jean  Philippe-Laurent),  né  à 
Duisbourg  le  lrr. juin  1725,  étudia  la  médecine 
en  Hollande,  puis  retourna  dans  sa  patrie,  en 
1750,  et  y  enseigna  l'anatomie  et  la  patholo- 
gie. Il  mourut  à  Duisbourg,  le  3  juillet  1789. 
Quoique  médecin,  il  cultiva  la  poésie  avec 
succès.  On  a  de  lui  une  savante  dissertation 
intitulée  :  DeCastratis  commentationes qua- 
tuor: Duisbourg,  1750,  in  8°. 

WITT  (Chrétien-Frédéric),  mailre  de  cha- 
pelle du  duc  de  Saxe-Gotha,  naquit  à  Alten- 
bourg,  où  son  père  était  organiste.  Après  avoir 
t'ait  ses  éludes  musicales  à  Vienne  et  à  Salz- 
hourg,  il  obtint  en  1713  la  place  de  maître  de 
chapelle  à  Golha,  vacante  par  la  mort  de  HI  y  - 
lins;  mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  des  avan- 
tages de  cette  position,  car  il  mourut  au  com- 
mencement de  171G.  Il  a  publié  un  très-bon 
livre  choral  avec  basse  continue,  intitulé  : 
Psalmodia  sacra;  Golha,  1715,  in-4°.  Une 
deuxième  édition  de  ce  recueil,  où  l'on  trouve 
une  bonne  préface,  a  paru  sous  ce  titre  : 
Neues  Cantional  mit  dem  Generalbass  ; 
Golha,  1720,  in-4°.  "YVilt  a  laissé  en  manu- 
scrit :  1°  Chaconne  (en  sol),  avec  15  variations 
pour  clavecin.  2°  Chaconne  (en  ta  mineur), 
avec  100  variations,  idem.  3°  Passacaille  (en 
ré  mineur),  avec  21  variations.  4<  Trois  fu- 
gues pour  l'orgue.  5°  Des  chorals  variés,  idem. 

WITT  (Frédéric',  compositeur  distingué, 
naquit  en  1771  à  Haltenbergstetten  dans  la 
Franconie.  Dès  son  enfance,  il  se  livra  avec 
ardeur  à  l'étude  de  la  musique,  particulière- 
ment du  violon,  sur  lequel  il  fit  de  si  rapides 
progrès,  qu'à  l'âge  de  dix-neuf  ans  il  obtint  la 
place  de  premier  violon  de  l'excellente  cha- 
pelle du  prince  d'OEtlingen-WalIerstein.  Bo- 
setti,  qui  dirigeait  alors  celle  chapelle,  lui 
enseigna  le  contrepoint.  Ses  premières  com- 


WITT  ~  WÏTTENBERG 


433 


positions,  et  snrloul  un  oratorio  qu'il  écrivit 
pour  le  roi  de  Prusse  Frédéric-Guillaume  II, 
et  qui  fut  exécuté  à  Berlin,  le  firent  connaître 
avantageusement.  Plus  tard,  il  quitta  là  cha- 
pelle dn  prince  pour  voyager.  En  1802,  un  ora- 
torio qu'il  composa  pour  la  cour  de  Wtirz- 
bonrg  lui  fil  obtenir  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle du  prince-évéque  de  cette  ville,  et  le  roi 
de  Bavière  le  confirma  dans  cet  emploi,  dont 
Witt  remplit  les  fonctions  pendant  trente-cinq 
ans.  Il  est  mort  à  Wurzhourg  au  commence- 
ment de  1837.  On  a  gravé  de  la  composition 
de  cet  artiste:  1°  Neuf  symphonies  à  grand 
orchestre;  Offenbach,  André.  2°Pièces  d'har- 
monie pour  instruments  à  vent;  Mayence, 
Scholt.  3°  Concerto  pour  flûte  et  orchestre, 
op.  8.  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtcl.  4°  Grand 
quintette  pour  piano,  hautbois,  clarinette,  cor 
et  basson,  op.  6;  ibid.  5°  Sestetlo  pour  2  vio- 
lons, alto,  basse,  clarinette,  cor  et  basson; 
Mayence,  Scholt.  G0  Salut  allemand  aux  alle- 
mands, à  4  voix,  avec  accompagnement  de 
piano,  ibid.  Witt  a  laissé  en  manuscrit .  7°  La 
Résurrection  de  Jésus,  oratorio  composé  pour 
la  cour  de  Prusse.  8°  Le  Sauveur  souffrant, 
oratorio  composé  à  Wurzhourg  en  1802. 
9°  Plusieurs  messes,  cantates  et  autres  mor- 
ceaux de  musique  d'église.  10°  Palma,  opéra 
historique  représenté  à  Francfort.  11"  La 
Femme  du  pêcheur,  opéra-comique  représenté 
à  Wttrzbourg,  en  1806.  12°  Les  quatre  ânes 
de  l'homme,  grande  cantate.  15°  Une  sym- 
phonie pour  15  instruments.  14"  Plusieurs 
concertos  pour  violoncelle,  basson,  flûte,  haut- 
bois, clarinette  et  cor. 

WITT  (Théodore), néàWesel,  le9novem- 
bre  1825,  montra  d'heureuses  dispositions 
pour  la  musique  dès  ses  premières  années.  Il 
recul  des  leçons  de  pianodu  directeur  du  Gym- 
nase, M.  Bischoff,  et  son  père,  organiste  de 
l'église  principale,  lui  enseigna  à  jouer  de 
l'orgue.  Liszt,  se  trouvant  à  Wesel  en  1839, 
s'intéressa  au  jeune  Witt,  donna  un  concert  à 
son  bénéfice,  et  lui  fournil  ainsi  les  ressources 
nécessaires  pour  se  rendre  à  Berlin,  où  il  ar- 
riva en  1841 .  Il  y  reçut  des  leçons  d'harmonie 
et  de  contrepoint  du  professeur  Dehn,  qui  fut 
aussi  son  guide  dans  ses  premières  composi- 
tions. Une  grave  indisposition  dont  Witt  fui 
atteint,  en  1846,  lui  fit  conseiller  par  les  méde- 
cins un  voyage  en  Italie  :  la  bonté  du  roi  Fré- 
déric-Guillaume IV  vint  à  son  secours  dans 
cette  circonstance  et  lui  fournit  l'argent  né- 
cessaire, en  lui  donnantla  mission  de  faire  des 
recherches  dans  les  bibliothèques  de  l'Italie 
pour  l'histoire  de  la  musique.    Son  séjour  se 


prolongea  dans  les  grandes  villes  de  la  Pénin- 
sule pendant  près  de  neuf  ans.  Après  avoir  pu- 
blié, à  Borne,  les  hymnes  de  Palestrina,  en  par- 
tition, il  y  mourut  le  1er  décembre  1855,  à  l'âge 
de  52  ans.  On  a  publié,  de  la  composition  de 
cet  artiste  :  1°  Six  psaumes  à  trois  voix,  en 
partition,  op.  1,  première  partie,  Berlin,  Schle- 
singer.  2"  Six  psaumes  à  trois  voix,  deuxième 
partie;  ibid.  5°  4  g  nus  Delà  quatre  voix,  a 
Càpella,o\i.7\  ibid.  4°  Cantate  de  Noël  {Beth- 
lehem  Ephruta),  pour  Un  chœur  de  voix  mê- 
lées et  voix  seules,  exécutée  à  l'Académie  de 
chant  de  Berlin,  le  23  février  1856.  5°  Tantum 
er//o,  pour  trois  voix  de  femmes.  6°  Sonate  pour 
piano  (en  mi  bémol), op.  6,  Manheim,  Heckel. 
7"  Deux  recueils  de  Lieder  pour  voix  seule  et 
piano,  op.  3  et  4,  Berlin,  Schlesinger. 

WITTASEK  (Jean -NÉPomciNE- Au- 
guste), pianiste  et  compositeur,  est  né  le  20 fé- 
vrier 1771,  à  Horzin,  près  de  Melnick,  dans 
les  propriétés  du  prince  de  Lobkowilz,  en  Bo- 
hême. Son  père,  maître  d'écoledecetle  localité, 
lui  donna  les  premières  leçons  de  musique  ; 
puis  la  princesse  de  Lobkowitz,  ayant  remar- 
qué ses  heureuses  dispositions  pour  cet  art,  le 
confia  aux  soins  de  François  Dussek,  qui  en  fit 
un  pianiste  habile.  Jean  Rozeluch,  maître  de 
chapelle  de  la  cathédraledePrague,  lui  ensei- 
gna le  contrepoint.  Après  la  mort  de  ce  maître, 
Wittaseklui  succéda.  Longtemps  après,  la  place 
de  maître  de  chapelle  de  la  cour  impériale  de 
Vienne,  devenue  vacante  par  ledécès  de  Salieri, 
lui  fut  offerte;  mais  le  mauvais  état  de  sa  santé 
et  son  âge  avancé  ne  lui  permirent  pas  de 
l'accepter.  Il  est  mort  à  Prague  le  7  décembre 
1839.  Les  premières  compositions decet  artiste 
consistèrent  en  airs  de  danse  qui  eurent  un 
succès  populaire;  plus  tard,  il  a  publié  de  pe- 
tites pièces  pour  le  piano,  à  Prague  et  à  Leip- 
sick, et  des  chansons  avec  accompagnement  de 
piano.  Il  a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Trois  mes- 
ses solennelles.  2°  Deux  Requiem,  dont  un 
grand.  3°  Plusieurs  symphonies  à  grand  or- 
chestre. 4°  Le  mélodrame  David,  représenté  au 
grand  théâtre  de  Prague.  5°  Un  concerto  pour 
piano  et  orchestre;  deux  concertos  pour  la 
harpe;  un  idem  pour  violon;  un  idem  pour 
clarinette;  un  idem  pour  basson.  6°  Six  so- 
nates pour  piano  et  violon.  7"  Six  quatuors 
pour  deux  violons,  allô  et  basse.  8°  Des  canta- 
tes, des  airs  et  des  chœurs. 

WITTEINREItG(F.-J.),  premier  violon 
de  la  musique  du  slalhouder  de  Hollande,  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  a 
l'ail  graver  de  sa  composition  :  1°  Six  duos  pour 
deux  violons, op.  1,  l:i  Haye,  1780.  2U  Six  trios  ■ 

31. 


484 


WITTENBERG  —  WOELFFL 


pour  deux  violons  et  basse,  op.  2,toùZ.ô°  Trois 
concerlos  pour  violon  principal  el  orchestre, 
op.  3,  ibid. 

W1TTGENSTEIN  (le  prince  Georges 
DE),  amateur  de  musique  distingué,  né  en 
1786,  au  château  de  Berleburg,  en  Weslpha- 
lie,  mourut  à  Clèves  en  1819.  On  a  gravé  de 
sa  composition  :  1°  Grand  quatuor  pour  deux 
violons,  alto  et  violoncelle,  op.  1,  Mayence, 
Schott.  2°  A  peine  au  sortir  de  l'enfance,  ro- 
mancede  Joseph,  variée  pour  violoncelle,  avec 
deux  violons,  altoel  basse.  OfTenbach,  André. 
3°  Thème  varié  pour  clarinette  et  orchestre, 
op.  2,  Bonn.  Simrock.  4"  Thème  varié  pour 
basson  el  orchestre,  op.  3:  ibid. 

WITTHA.UER  (Jran-Geokges),  né  à  Neu- 
stadt,  le  19  août  1750,  apprit  la  musique  et  le 
clavecin  à  Erfurt,  sous  la  direction  d'Adlung, 
puis  il  alla  s'établir  à  Hambourg,  en  qualitéde 
professeur  de  musique.  En  1791,  il  quitta  celte 
ville  pouraller  à  Berlin,  puis  il  accepta  la  place 
d'organiste  de  l'église  de  Saint-Jacques,  àLn- 
heck,  où  il  mourut  le  7  mars  1802.  Ses  œuvres 
gravées  sont  celles  dont  voici  les  litres  :  1°  Six 
sonates  pour  le  clavecin,  Hambourg,  1783. 
2°  Mélange  de  pièces  pour  le  chant  et  le  cla- 
vecin, ibid..  1780.  3°  Six  sonates  pour  le  cla- 
vecin, op.  2,  ibid.,  1788.  4°  Six  sonates  poul- 
ies amateurs,  premier  recueil,  Berlin,  1792. 
5°  Six  idem,  deuxième  recueil,  ibid.,  1793. 
Willhauer  a  donné  une  cinquième  édition  de 
la  Méthode  de  piano  de  Lœhlein,  à  Zullichau, 
en  1791,  in-4°. 

WITTSTOCK  (Jea>))  né  à  Dorpat,  dans 
la  Vol hy  nie,  était,  en  1681,  étudiant  à  l'Univer- 
sité de  Wiltenberg  lorsqu'il  y  publia  une  Ihèse 
intitulée  :  Dispulatio  physica  de  sono  ejus- 
que  orta,  progressu  et  inlerilu,  Witehergœ, 
typis  Johannis  Willici,  1681,  in-4°  de  vingt- 
huit  pages. 

WITZTHUMB  (Ignace),  né  le  20  juillet 
1723,  à  Baden,  pies  de  Vienne,  fit  ses  premiè- 
res éludes  chez  les  oraloriens  écossais,  dans  la 
capitale  de  l'An  triche,  puis  fut  envoyé  à  Bruxel- 
les, comme  enfant  de  choeur  à  la  chapelle  de 
l'archiduchesse  Marie-Elisabeth,  sœur  de  l'em- 
pereur Charles  VI,  et  gouvernante  des  Pays- 
Bas.  Il  acheva  ses  humanités  au  Collège  des 
jésuites  de  celle  ville.  Pendant  la  guerre  de 
sept  ans,  il  servit  dans  un  régiment  de  hus- 
sards commandé  par  le  comle  de  Hadik.  De 
retour  à  Bruxelles,  après  la  paix  de  1748,  avec 
l'archiduc  Charles  de  Lorraine,  il  entra  dans 
la  chapelle  de  la  cour,  puis  devint  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  et  montra  beaucoup  de  ta- 
lent dans  l'exercice  de  ces  fondions.  Après  la 


mort  de  Croés,  maîlre  de  la  chapelle  dea  prin- 
ces, Witzlhumb  obtint  sa  place,  en  1786.  La 
révolution  française  le  priva  de  ses  emplois  et 
de  la  pension  qui  lui  avait  été  accordée  par  la 
cour  d'Autriche.  Sa  position  ne  fut  point  heu- 
reuse dans  les  dernières  années  de  sa  vie.  Il 
mourut  à  Bruxelles,  le  23  mars  1816,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-treize,  ans,  laissant  en  manu- 
scrit des  symphonies,  des  messes  et  des  motets 
qu'il  avait  composés  pour  le  servicede  la  cour. 
Un  fils  de  Witzlhumb  a  été  timbalier  à  l'or- 
cheslre  de  Bruxelles. 

WLICEK  (Charles),  professeur  de  violon 
à  Prague  et  premier  violon  du  Théâtre-Natio- 
nal, né  dans  celle  ville  en  1794,  est  auteur 
d'une  méthode  de  violon,  dont  le  litre,  en  lan- 
gue bohème,  est  U'yzkaumanda  JFygaedrene 
Tagnosli  haust  (Guide  pour  le  violoniste  et 
et  pour  l'amateur)  ;  Prague,  1833,  gr.  in-40 
oblong.  Il  ya  une  édition  allemande  decel  ou- 
vrage publiée  dans  la  même  année. 

WOCZITKA  (François-Xavier),  violon- 
celliste distingué*,  naquit  à  Vienne  vers  1730, 
el  entra  au  service  du  duc  de  Mecklenbourg- 
Schvverin,  en  1756,  puis  passa  dans  la  chapelle 
de  l'électeur  de  Bavière.  Il  mourut  à  Munich, 
en  1797.  On  connaît  de  lui,  en  manuscrit,  des 
concerlos  et  des  sonates  pour  le  violoncelle, 
qui  étaient  fort  estimés  de  son  temps. 

WODICZKA(WENCESLAs),mailrede  cha- 
pelle à  Vienne,  ou  plutôt  violoniste  et  maître 
de  concerts.  Sous  ce  nom,  Luslig  (uoy.ee  nom), 
musicien  distingué  à  Amsterdam,  a  donné  la 
traduction  hollandaise  d'une  méthode  pour  la 
viole,  qui,  suivant  le  traducteur,  aurait  été 
écrite  en  allemand;  mais  la  traduction  seule 
est  connue  aujourd'hui.  Elle  a  pour  titre  : 
Korte  Instructie  voor  de  vioole,  in  't  Itoog- 
duitscli  opgesteld  en  uit  dut  origineel  in't 
Fransch  en  Nederduitsch  vertaald,  Amster- 
dam, Olofsen,  1757.  Des  solos  de  violon  par 
Wodiczka  sont  indiqués  dans  le  catalogue  de 
Preslon,  de  Londres.  On  connaît  aussi  de  lui 
Nuit  sonates  pour  le  violon  et  la  basse,  dont 
il  y  a  quatre  pour  la  flûte  traversière,  œu- 
vre second;  à  Paris,  citez  madame  Boy  vin  et 
chez  le  sieur  Le  Clerc;  in-4°  obi.  (sans  date.) 

WOELFFL  (Joseph),  pianiste  célèbre  et 
compositeur,  naquit  à  Salzbourg,  en  1772. 
Élève  de  Léopold  Mozart  et  de  Michel  Haydn,  il 
acquit,  sons  la  direction  de  ces  mailles,  une 
connaissance  étendue  de  l'art,  et  parvint,  par 
un  travail  assidu,  à  la  possession  d'un  bril- 
lant mécanisme  sur  le  piano.  En  1792,  il  se 
rendit  à  Varsovie,  où  sa  prodigieuse  habileté 
dans  1'exéculion  lui  procura  de  brillants  suc- 


WOEÏ.FFL 


485 


ces  et  lui  ouvrit  les  plus  grandes  maisons; 
mais  les  troubles  qui  éclatèrent  dans  celte 
ville,  en  1794,  l'obligèrent  à  s'en  éloigner. 
Arrivé  à  Vienne,  il  y  produisit  une  vive  sen- 
sation par  son  beau  talent,  donna  des  con- 
certs, et  fit  représenter  sur  les  théâtres  de  celle 
ville,  depuis  1795  jusqu'en  1798,  les  opéras: 
suivants  :  1°  La  Montagne  d'Enfer,  gravée 
en  partition  pour  le  piano  chez  Arlaria,  à 
Vienne,  puis  à  Brunswick.  2°  La  belle  Lai- 
tière. 5"  La  tête  sans  homme,  opéra-comique, 
représenté  à  Vienne  en  1798,  puis  à  Prague. 
4°  Le  Cheval  de  Troie,  opéra-comique.  Une 
des  circonstances  les  plus  glorieuses  de  la  vie 
deWœlffl  est  de  s'être  posé  à  Vienne,  à  celle 
époque,  comme  le  digne  rival  de  Beethoven, 
et  de  l'avoir  même  emporté  sur  lui  dans  l'im- 
provisalion  de  la  fantaisie  libre.  Depuis  Mo- 
zart, personne  n'avail  porté  ce  talent  aussi  loin 
que  Wœlffl. 

En  1798,  Wœlffl  épousa  mademoiselle  Thé- 
rèse Klemm,  actrice  du  Théâtre-National;  peu 
de  temps  après,  il  partit  avec  elle  de  Vienne, 
et  entreprit  un  grand  voyage,  visitant  Brunn, 
Prague,  Dresde,  Hanovre,  Leipsick,  Bruns- 
wick, Berlin  et  Hambourg,  donnant  partout 
des  concerls,  et  partout  excitant  l'admiration. 
De  Hambourg,  il  alla  à  Londres,  où  il  frappa 
île  stupeur  tous  les  pianistes  par  la  puissance 
de  son  exécution.  Il  arriva  à  Paris  en  1801. 
Ses  succès  y  furent  moins  brillants  qu'en  Alle- 
magne et  en  Angleterre;  mais  tout  ce  qui  s'y 
trouvait  d'artistes  et  d'amateurs  distingués 
rendit  hommage  non-seulement  à  son  talent 
de  pianiste,  mais  à  l'élévation  du  style  de  ses 
compositions.  Il  y  publia  plusieurs  recueils  de 
sonates,  des  concertos,  et  d'autres  pièces  pour 
le  piano.  En  1804,  il  fit  représenterai!  théâ- 
tre Feydeau  L'amour  romanesque,  opéra- 
comique,  qui  n'eut  qu'un  succès  douteux. 

A  la  même  époque,  Wœlffl  contracta  avec  le 
chanteur  allemand  Elmenreich  (voy.  ce  nom) 
une  liaison  qui  lui  devint  funeste.  Cet  homme, 
dont  la  moralité  était  plus  que  suspecte,  était 
de  ceux  qui,  nés  avec  la  passion  du  jeu,  en- 
treprennent de  corriger  les  écarts  de  la  fortune. 
Sous  prétexte  de  voyager  pour  donner  des  con- 
cerls, il  s'était  associé  à  Wœlffl  qui,  je  pense, 
était  de  bonne  foi;  mais  il  en  était  autrement 
de  son  compagnon  de  voyage.  Tous  deux  arri- 
vèrent à  Bruxelles  et  y  donnèrent  un  concert 
qui  n'attira  que  peu  de  monde  ;  cependant 
leur  séjour  se  prolongeait  dans  cette  ville.  Ils 
s'étaient  fait  présenter  dans  quelques-unes  île 
ces  sociétés  paisibles,  si  communes  dans  la 
Belgique,  où  des  hommes  honorables  se  réu- 


nissent pour  égayer  les  soirées.  Bientôt  des 
bruits  fâcheux  circulèrent;  Wœlffl  et  son  com- 
pagnon y  étaient  compromis  d'une  manière  si 
grave,  que,  sans  l'intervention  généreuse  de 
M.  de  Jouy,  alors  secrétaire  général  du  dé- 
partement de  la  Dyle,  ils  n'auraient  pu  s'éloi- 
gner en  libellé.  Tous  deux  se  rendirent  alors  à 
Londres,  où  ils  arrivèrent  au  commencemeut 
de  1805.  Wœlffl  y  écrivit  la  musique  de  La 
Surprise  de  Diane,  grand  ballet  qui  fut  repré- 
senté au  théâtre  de  Haymarket,  et  y  publia 
beaucoup  d'oeuvres  pour  le  piano;  mais  un 
mystérieux  silence  est  gardé  en  Angleterre  sta- 
ses relations,  et  sur  les  motifs  qui  séparèrent 
insensiblement  de  la  société  un  artiste  si  re- 
marquable par  ses  talenls,  et  si  bien  accueilli 
à  son  premier  voyage  à  Londres.  Tel  fut  l'iso- 
lement où  il  se  vit  réduit,  que  l'année  même 
de  sa  mort  n'est  pas  exactement  connue,  et  que 
des  biographes  anglais  la  placent  en  1811,  tan- 
dis que  d'autres  assurent  qu'il  ne  cessa  de  vivre 
qu'en  1814,  dans  un  village  près  de  Londres,  et 
dans  une  misère  profonde.  Ainsi  finit  un  des 
musiciens  les  plus  éminenlsdu  commencement 
du  dix-neuvième  siècle. 

Les  œuvres  gravées  de  ce  pianiste  célèbre 
sont  :  1°  Concertos  pour  piano  et  orchestre, 
numéro  1  (en  sol),  op.  20,  Paris,  Naderman  ; 
numéro  2,  op.  26,  Paris,  Imbault;  numéro  5, 
op.  52  (en  fa),  Paris,  Naderman;  numéro  4, 
grand  concerto  militaire  (enut),  Londres,  dé- 
menti; OfTenbach,  André  ;  numéro  5,  le  Cou- 
cou (en  ré),  op.  49,  Londres,  démenti;  Leip- 
sick, Breilkopf  et  Haerlel;  numéro  6,  leCalme 
(en  sol),  ibid.;  numéro  7  Concerto  di  caméra 
(en  mi  bémol),  Offenbach,  André.2°.S't/mp/io- 
nies,  à  grand  orchestre,  numéro  1  (en  sol  mi- 
neur), op.  40,  Leipsick,  Breilkopf  et  Haerlel  ; 
numéro  2  (en  ut),  op.  41,  ibid.  5°  Qualuors 
pour  deux  violons,  allô  et  basse,  op.  4,  OfTen- 
bach, André;  trois  idem,  op.  10,  Paris,  Na- 
derman ;  trois  idem,  op.  50,  Paris,  Érard. 
5°  Deux  trios  pour  deux  clarinettes  et  basson, 
Vienne,  Sleiner.  4°  Trios  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  op.  6,  Augsbourg',  Gombart  ; 
trois  idem,  op.  16,  OfTenbach,  André;  trois 
idem,  o\>.  55,  Leipsick,  Breilkopf  et  Haerlel  ; 
trois  idem,  op.  25,  Paris,  Janet;  trois  idem, 
op.  66,  ibid.  5°  Sonates  pour  piano  et  violon, 
op. 7,  Augsbourg,  Gombart;  trois  idem,  op.  9, 
Leipsick,  Breilkopf  et  Haerlel  ;  une  idem,  avec 
flûte,  op.  15,  Vienne,  Diabelli  ;  deux  idem, 
avec  violon,  op.  18,  Paris,  Sieber  ;  trois  idem, 
progressives,  op.  24,  Leipsick,  Breilkopf  et 
Haerlel;  trois  idem,  op.  27,  Paris,  Frcy  ;  une 
\dem,  pour  piano  cl  violoncelle,  op.  Sl^Patis^ 


486 


WOELFFL  -  WOLDEMAR 


Érard;  trois  idem,  pour  piano  et  violon, 
op.  54,  Leipsick,  Breilkopf  et  Hsertel  ;  trois 
idem,  op.  35,  ibid.  ;  une  grande  idem,  op.  07, 
Offenbach,  André;  une  grande  idem,  op.  C8, 
ibid.  0°  Duo  pour  deux  pianos,  op.  57,  Paris, 
Érard.  7°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  1,  0, 
J5,  19,  22,  36,  38,  41  (Non  plus  ultra),  45, 
47,  50  (Le  diable  à  quatre),  54,  55,  58,  02, 
au  nombre  de  trente-six,  à  Paris,  Leipsick, 
Offenbach  et  Londres.  8°  Pièces  détachées 
pour  piano,  telles  que  fantaisies,  fugues,  ron- 
deaux, préludes,  etc.,  ibid.  9°  Thèmes  variés 
pour  piano,  au  nombre  de  quinze  œuvres,  ibid. 
10"  Des  valses,  idem,  ibid. 

WOELTJE  (le  docteur  C.-L.-H.),  procu- 
reur général  de  la  cour  d'appel  à  Celle,  dans 
le  Hanovre,  eslauleur  d'un  livre  rempli  d'inté- 
rêt, intitulé  :  Fersucheiner  rationellen  Con- 
struction des  modernen  Tonsystems  (Essai 
d'une  construction  rationnelle  du  système  tonal 
moderne),  Celle,  Scbulze,  1832,  in-8"  de  210 
pages.  L'objet  de  cet  ouvrage  est  à  la  fois  le 
plus  important  de  la  théorie  de  la  musique  et, 
celui  qui  offre  le  plus  de  difficultés.  M.  Woellje 
en  a  compris  toute  la  portée  et  l'a  trailé  d'une 
manièrephilosopbique  ;  maisson  syslèmed'ex- 
plicalion  de  la  position  des  deux  demi-tons 
dans  la  gamme  est  plus  ingénieux  que  solide. 
Ayant  bien  vu  que  les  trois  notes  essentielles 
de  celte  gamme  sont  la  dominante,  la  tonique 
et  le  quatrième  degré,  il  a,  comme  M.  De  Mo- 
migny,  dans  sa  Seule  vraie  théorie  de  la  inu- 
sique,  construit  la  gamme  de  celle  manière  : 
sol,  la,  si,  vt,  ré,  mi,  va,  la  divisant  en  deux 
lélracordes  conjoints  50/ — ut,  et  ut — fa;  en 
sorle  que  les  deux  demi-Ions  s'y  trouvent  dans 
l'intervalle  d'une  septième,  et  qu'ils  occupent 
la  même  place  dans  chaque  tétracorde.  Celte 
disposition  semble  à  M.  WoiHje  satisfaire  à 
toutes  les  conditions  mélodiques  et  harmoni- 
ques; mais  il  se  trompe  en  cela,  car  la  collec- 
tion des  successions  de  l'harmonie  naturelle 
ne  peut  être  complète  que  dans  les  limites  de 
l'octave. 

WOETS  (Josrni-BF.itNAHD),  né  àlhinkcr- 
que,  le  17  février  1783,  est  fils  d'un  organiste 
de  celte  ville,  qui  lui  donna  les  premières  le- 
çons de  musique  et  de  piano.  Ayant  été  admis 
comme  élève  au  Conservatoire  de  Paris,  en 
1800,  il  y  reçut  des  leçons  de  piano* de  Hoicl- 
dieu ,  et  Bcrton  lui  enseigna  l'harmonie. 
Pendant  plusieurs  années.  M.  Wocts  vécut  à 
Garni  et  s'y  livra  à  renseignement  du  piano. 
De  retour  à  Parjs  en  1819,  il  s'y  fit  cnlcndre 
dans  plusieurs  voncerls,  et  y  donna  des  leçons. 
Plus   lard,  il  s'est  retiré  à  Tours.  On  a  gravé 


de  la  composition  de  cet  artiste  :  1°  Trois  so- 
nates pour  piano  seul,  op.  2,  Paris,  Leduc. 
2°  Grande  sonate,  op.  8,  Paris,  3 anel.Z" Idem, 
op.  11,  ibid.  4°  Trois  sonates,  op.  12,  Paris, 
Érard.  5°  Trois  idem,  op.  17,  Paris,  Sieber. 
0°  Grande  sonate  (en  ut  mineur),  op.  30,  Leip- 
sick, Breilkopf  et  Hœrlel.  7°  Toccale,  op.  G, 
Paris,  Janel.  8°  Beaucoupde  rondeaux,  fantai- 
sies, divertissements  et  airs  variés,  Paris,  chez 
ions  les  éditeurs.  9°  Trois  recueils  de  roman- 
ces avec  accompagnement  de  piano,  Paris, 
Leduc. 

WOETZEL  (le  docteur  J.-C),  professeur 
de  littérature  à  Vienne,  au  commencement  du 
dix-neuvième  siècle,  est  connu  par  divers  ou- 
vrages, au  nombre  desquels  est  celui  quia  pour 
titre  :  Gntndriss  einer  pragmatischen  Ge- 
schichte  der  Déclamation  und  der  Musih 
nach  Schœher's  Ideen  (Base  d'une  histoire 
pragmatique  de  la  déclamation  et  de  la  musi- 
que, d'après  les  idées  de  Schœher),  Vienne, 
Félix  Stœckolzer  dellirschfeld,  1815,  gr.  in-8° 
de  VI  et  170  pages. 

YVOLCKEJ>STEE\  (David),  né  à  Bres- 
lau  en  1534,  fut  nommé  professeur  de  mathé- 
matiques à  Strasbourg,  et  mourut  dans  celte 
ville  en  1592.  On  a  sous  son  nom  :  1°  Harmo- 
nia  Psalmorum  Davidis  quatuor  vocum. 
Jrgentorali,  apud  Nicolaus  Wyriolh,  158", 
in-4".  2°  Primum  volumen  musicum  schola- 
rum  Argentoratensmm.  Argent,  ly pis  Ant. 
Berlrami,  1579,  in-8°.  Cette  édilionest  la  qua- 
trième d'un  traité  élémentaire  de  la  musique, 
à  l'usage  des  élèves  de  l'écolede  Strasbourg;  il 
y  en  a  eu  une  cinquième,  en  1585,  in-12. 
3°  Psaumes  pour  les  églises  et  pour  les  écoles 
à  quatre  voix,  en  allemand,  Strasbourg,  1583. 
4°  Henrici  Fabri  compendium  musicée,  cum 
compendiolum  récognition,  cui  in  usum 
Academix  argentoralensis,  cum  vulgaribus 
tonorum  psalmodiis,  cantica  ecclesiastica 
quatuor  vocibus,  a  M.  D.  TFolckenstein 
composita  adjecta  sunt,  Argcnlorali,  1596, 
in-8". 

WOLDEMAR  (Michel),  violoniste  et 
compositeur,  naquit  à  Orléans,  le  17  septem- 
bre 1750,  d'une  famille  aisée  et  recommanda- 
blc  de  négociants.  Son  nom  de  famille  était 
Michel;  mais  ayant  eu  pour  parrain  le  maré- 
chal de  Lowcndahl,  celui-ci  désira  qu'il  prit  le 
nom  de  JFoldemar,  sous  lequel  il  est  généra- 
lement connu.  Ses  parents  lui  firent  donner 
une  brillante  éducation,  et  la  musique  occupa 
surtout  sa  jeunesse.  Élève  de  Lolli  pour  le  vio- 
lon, il  eut  beaucoup  d'analogieavecson  maitre 
par  les  bizarreries  de  l'esprit  et  par  la  vanilé. 


WOLDEMAR  -  WOLF 


487 


Des  revers  de  fortune  l'ayant  obligé  à  cher- 
cher des  moyens  d'existence  dans  ses  talents, 
jl  se  mit  à  la  suite  d'une  troupe  de  comédiens 
ambulants,  en  qualité  de  maître  de  musique, 
puis  se  fixa  à  ClermontFerrand,  où  il  mourut 
au  mois  de  janvier  1810.  Voici  la  liste  des 
ouvrages  qu'il  a  publiés  :  1°  Concertos  pour 
violon  et  orchestre,  numéros  1,  2,  3,  Paris, 
Frey. 2"  Concerto  pour  violon-alto  avec  orches- 
tre, Paris,  Cochet.  Woldemar  avait  imaginé 
d'ajouter  une  cinquième  corde  (ut  grave)  au 
violon;  c'est  pour  l'instrument  ainsi  monté 
qu'il  a  écrit  ce  concerto.  Urhan  (voy.  ce  nom) 
a  rajeuni  cette  invention.  5°  Quatuor  (en  ré 
mineur)  pour  deux  violons,  altoet  basse,  Paris, 
Leduc.  4°  Duos  faciles  pour  deux  violons,  li- 
vres I  et  II,  Paris,  Pleyel.  5°  Six  duos,  idem, 
op.  6,  Paris,  Henlz.  G0  Trois  idem,  à  la  pre- 
mière position,  Paris,  Leduc.  7°  Trois  idem, 
pour  violon  et  alto,  Paris,  Hentz.  7°  Douze 
grands  solos,  livres  I  à  IV,  Paris,  Chanel. 
8° Sonates fantomagiques ,  contenant:  L'Om- 
bre de  Lolli  ;  l'Ombre  de  Mestrino;  V Ombre 
de  Pugnani;  l'Ombre  de  Tarlini,  Paris, 
Naderman.  9°  Six  rêves  ou  caprices,  Paris, 
Frey.  10°  Caprices  ou  études,  livres  I  et  II, 
Paris,  Leduc.  11°  Le  Nouveau  Labyrinthe 
harmonique  pour  violon,  suivi  d'éludés  pour 
la  double  corde,  op.  10,  Paris,  Cochet.  12°  Le 
Nouvel  Art  de  l'archet,  ibid.  15°  Élude  élé- 
mentaire de  l'archet  moderne,  Paris,  Sieber. 
14°Six  thèmes  fugues,  Paris,  Leduc.  15° Deux 
thèmes  de  Haydn  variés  pour  violon,  ibid. 
10"  Romance  de  Gaviniès  variée  pour  violon, 
Paris,  Henlz.  17°  Menuet  de  Fischer  varié, 
Paris, Louis.  18°  Les  Folies  d'Espagne,  idem, 
ibid.  19°  Grande  méthode  de  violon,  Paris, 
Cochet.  20°  Méthode  d'alto,  Paris,  Sieber. 
21°  Méthode  de  clarinette.  Paris,  Érard.  Wol- 
demar avait  inventé  vers  1798  une  sorte  de 
sténographie  musicale,  et  une  notographie 
ou  correspondance  en  musique  soumise  à 
l'examen  du  Lycée  des  arts,  qui  les  ap- 
prouva. Woldemar  fit  graver  un  grand 
tableau  de  sa  sténographie  sous  le  titre  de  : 
Tableau  mélotachigraphique ,  et  un  autre 
un  peu  plus  petit  pour  la  notographie.  Tous 
deux  parurent  à  Paris,  chez  Cousineau. 
J'en  ai  donné  une  analyse  détaillée  dans 
ma  Revue  musicale,  tome  IV,  pages  270  et 
suiv. 

Woldemar  avait  fait  un  poëme  bizarre  inti- 
tulé: Les  Commandements  du  violon,  h.  l'imi- 
tation du  décalogue  du  catéchisme.  Le  manu- 
scrit de  cet  ouvrage  s'est  égaré;  maison  en  a 
retenu  ce  passage  ; 


Le  son  jamais  ne  baisseras, 
»  N'i  hausserasaucunement. 
»  Mesure  tu  n'altéreras, 
»  Mais  conduiras  loyalement- 
»  Symphonies  île  sabrerai, 
»  Attaquant  vigoureusement  ; 
«  En  quatuor  ne  forceras 
»  Que  pour  la  chambre  seulement. 
»  Doucement  accompagneras, 
»  La  femme  principalement. 
»  Vadaqio  tu  chanteras 
»  Tendrement,  Amoureusement. 
»  Le  rondeau  tu  caresseras 
»  Vivement  et  légèrement.  » 

Les  derniers  vers  de  celte  œuvre  singulière 
étaient  ceux-ci  : 

«  En  public  tu  ne  trembleras, 

»  Ni  devant  les  rois  mesmement.  » 

WOLDERMAINN  (Chrétien)  ,  cantor  à 
l'église  et  à  l'école  de  Kœnigsberg,  dans  la 
Nouvelle-Marche  de  Brandebourg,  vécut  dans 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il 
est  auteur  d'un  écrit-intitulé  :  Succincla  mu- 
sicx  sacra?  Veleris  et  Novi  Testamenlihisto- 
ria,  oder  Kurze  historische  Nachricht  von 
der  vocal  und  Lnslrumental-Musik,  etc. 
Slellin,  1736. 

WOLF  (CimÉTiEN-MiciiEi,) ,  directeur  de 
musique  et  organiste  de  Sainle-Marie,  à  Stet- 
tin,  né  en  1709,  mourut  le  3  janvier  1789.  On 
a  gravé  sous  son  nom  :  1°  Six  duos  pour  deux  flû- 
tes, op.  1,  à  Berlin.  2°  Six  sonates  pour  le  cla- 
vecin, Stellin,  1776.  5°  Chansons  allemandes 
avec  accompagnementde  clavecin  ou  de  harpe, 
ibid.,  1779.  4°  Cinquante  exercices  pour 
l'orgue,  comme  préludes  de  chorals,  ibid. 
1783.  Wolf  a  laissé  en  manuscrit  un  psaume  à 
quatre  voix  et  orgue. 

WOLF  (Je,\!n-Baptiste-Ig:vace),  né  le 
16  avril  1716,  à  Chotusick,  en  Bohème,  où  son 
père  était  maître  d'école,  fréquenta  à  l'âge  de 
dix  ans  le  gymnase  deRultenberg,  et  y  apprit 
le  chant  et  la  basse  continue.  Ses  humanités 
terminées,  il  se  rendit  à  Prague,  y  obtint  la 
place  d'organiste  de  l'église  des  Jésuites  et 
fréquenta  les  cours  de  philosophie  de  l'univer- 
sité. Son  penchant  pour  la  musique  lui  ayant 
fait  bientôt  après  abandonner  toutes  ses  au- 
tres études,  il  accepta  une  place  d'organiste  à 
Horzicz,  la  garda  quatre  ans  et  demi,  puis 
alla  remplir  des  fonctions  semblables  à  Collin, 
où  il  se  maria.  Cependant  ces  places  étaient  si 
mal  rétribuées,  qu'il  prit  en  1744  la  résolution 
de  se  rendre  à  Prague  où  il  obtint,  dans  la 
même  année,  la  place  d'organiste  du  couvent 
de  Strahow.  Son  mérite  le  fit  choisir  quatre 
ans  après  pour  jouer  l'orgue  de  la  cathédrale. 
Il  conserva  celle  position  jusqu'à  sa  mort,  ar- 
rivée le  5  septembre  1791.  Il  a  écrit  des  pré- 


•488 


WOLF 


Indes  et  fugues  pour  l'orgue,  et  des  vêpres  à 
9  voix,  que  les  moines  Raphaël  Zuber  et  Simon 
Sixla,  ses  meilleurs  élèves,  ont  fait  imprimer 
à  Prague. 

WOLF  (Adolphe-Frédéric),  commissaire 
général  à  Wolfenbutlel,  mort  dans  celle  rési- 
dence, en  1778,  avait  éludiéle violon  et  la  com- 
position sous  la  direction  de  François  Benda. 
Amateur  de  musique  plein  de  zèle,  il  fonda 
une  société  de  musique  à  Berlin,  et  composa, 
en  1767,  une  grande  cantate  pour  la  fêle  du 
prince  de  Schwarzbourg.  On  lui  doit  aussi  la 
traduction  allemande  du  discours  de  Gressel 
sur  l'harmonie;  elle  a  paru  sous  ce  litre  :  Die 
Harmonie,  eine  Rede,  Berlin,  1752,  in-4°. 
Enfin  Wolf  a  fait  insérer  dans  le  premier  vo- 
lume des  Essais  historiques  et  critiques  de 
Marpnrg  (p. 585-415)  une  dissertation  intitulée: 
Entwiirf  einer  ausfiikrlichen  Nachriehl 
von  Musih-ilbenden  Gesellschaft  zu  Berlin 
inJ.  1754  (Esquisse  d'une  notice  détaillée  des 
exercices  de  musique  de  la  société  de  Berlin 
pendant  l'année  1754). 

WOLF  (Ernest-Guillaume),  né  en  1755,  a 
Grossen-Behringen,  près  de  Golha,  fut  un 
compositeur  distingué  de  la  seconde  moitié  du 
dix- huitième  siècle.  Après  avoir  fréquenté 
pendant  sa  jeunesse  les  gymnases  d'Eisenach 
et  de  Golha,  il  se  rendit,  en  1755,  à  l'univer- 
sité de  Jéna;  mais  déjà  la  musique  avait  si  bien 
absorbé  loule  son  attention,  qu'il  négligea  ses 
autres  éludes.  Ayant  obtenu  la  direction  de  la 
musique  au  collège  de  Munich,  celle  circon- 
stance lui  procura  de  fréquentes  occasions  d'en- 
tendre ses  propres  compositions,  et  lui  lit  faire 
«le  rapides  progrès  dans  l'art  d'écrire.  Il  alla 
ensuite  demeurer  à  Leipsick  pendant  quelque 
temps,  puis  se  rendit  à  Weimar,  et  y  obtint, 
en  17G1,  la  place  de  maître  de  concerts  ou  de 
premier  violon  dans  la  chapelle  du  duc.  Plus 
tard,  la  jeune  duchesse  choisit  Wolf  pour  lui 
donner  des  leçons  «le  clavecin,  et  la  protection 
de  celle  princesse  lui  fit  donner  la  place  de 
maître  «le  chapelle.  Il  mourut  à  Weimar,  le 
7  décembre  17G2.  Wolf  s'est  fait  connaître 
avantageusement  comme  écrivain  sur  la  musi- 
ijtie,  et  comme  compositeur  pour  l'église,  le 
théâtre  et  la  musique  instrumentale.  Dans  la 
liste  de  ses  ouvrages  principaux, on  remarque: 
1.  Musique  d'église.  1°  Die Letzle  Slimme  der 
sterbenden  Liebc  am  Krenz,  ein  Passions- 
Drama  (La  Dernière  Voix  «le  l'amour  mourant 
sur  la  croix,  drame  «le  la  Passion),  eu  manu- 
scrit. 2"  Der  Sieg  des  Erlœsers  (I.e  Triomphe 
«lu  Sauveur),  cantate  de  llerder,  en  manuscrit. 
5"  Der  Liedende  Erlojser  (Le  Sauveur  souf- 


frant), drame  «le  la   Passion,   idem.  41  Die 
Letzte  Stunde  des  sterbende  Erlœser  (La  Der- 
nière Heure    «lu     Sauveur    expirant),    idem. 
5°  Petit  oratorio  de  la  Passion,  idem.  G"  Can- 
tate   de   la    Passion,  idem.   7°  Le  centième 
psaume,  idem.  8°  Plusieurs  cantates  «le  fêles, 
idem.  9°  Oster  Cantate  (Cantate  de  Pà«iues), 
à  quatre  voix  et  orchestre,  Berlin,  1782,  in  fol. 
Nouvelle   édition,    Leipsick,   Wienbrack.    IL 
Opéras.  10°  La  Fête  des  roses,  en  1771,  gravé 
en  extrait  pour  le  clavecin,  à  Leipsick.  1]°  Les 
Députés  de  village,  1775,  idem,  à  Weimar, 
chez  Ifofmann.  12°  Les  Charbonniers  fidèles, 
1775,  idem,  ibid.  15°  La  Jardinière.   1774, 
idem,  ibid.   14°  La  Soirée  au  bois,  1775, 
idem,  ibid.    15°  Polixène,  monodrame  lyri- 
<|ue,  en  partition,  177G,  ibid.  1G"  Le  Gros  Lot, 
opéra,    en    extrait     pour    le   clavecin,    ibid. 
17°   Lphigénic,   cantate   en   partition,  ibid., 
1779.  18°  Probité  et  Amour,  petit  opéra,  en 
extrait  pour  leclavecin,  1782,  ibid.  19"  Séra- 
phine,    cantate    en     partition,     1785,    ibid. 
20°  L'Ermite  dans  l'île  de  Formentera,o\)é\n 
en  manuscrit,  178G.  21°  LeVoile,  178G,  idem. 
22"   Les  Erreurs  de  la  magie,  petit  opéra, 
178G,  idem.  25'  Cérès,  prologue,  idem.  24° 
Jlcesle,  opéra   de   Wieland,    idem.  25°  Su- 
perba,  opéra  de  Sichendorf,  idem.  2G°  Erwin 
et  Elmire,  idem.  27°  L'Oiseau,  idem.  28"  Le 
Perroquet,  idem.  29°  Le  Monde  dans  la  lune, 
idem.  III. Musique  instrumentale.  50°  Quinze 
symphonies    pour   l'orchestre,  en   manuscrit. 
51"  Dix-sept  parlite,  à  8-12  instruments,  id. 
52°  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
bas.se,  gravés  à  Spire.  55°  Trois  idem,  gravés 
à  Berlin.  54"  Onze  autres  quatuors',  en  manu- 
scrit. 55"  Concertos  pour  clavecin;  n°  1,  Riga, 
1777;  n°2,  ibid.;  n"  5,  Breslau,  1782;    n°   4, 
ibid  ;  n°  5,  Breslau,  1785;  n°  G,  Leipsick,  1788; 
treize  idem,  en  manuscrit.  50"  Deux  «|ualuors 
pour  flûte,   violon,   basson  et  violoncelle,  en 
manuscrit.  57°  Deux  «|uinlelles  pour  clavecin, 
Mule,    violon,   alto    et   basse,    Dresde,    178G. 
58'  Deux  idem,  Dresde,  1791.  59"  Sonate  pour 
clavecin  seul,   Leipsick,  1774,  in-fol.  40"  Six 
idem,  Leipsick,    1775.    4Ir  Six   idem,  ibid., 
1779.   42°   Six    petites    sonates    idem,   ibid. 
45"  Six  sonates  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, Lyon,  1779.  44"  Six  sonates  pour  clave- 
cin seul,  Dessau,  1785.  45"  Sonates  pour  piano 
à  quatre  mains,  Leipsick,  1781.  40"  Une  sona- 
tine et  quatre  sonates  pour  clavecin,  Leipsick, 
1785.  47"  Six  sonates  faciles,  en  deux  parties, 
Weimar,  1780  et  1787.  48"  Six  sonates  pour 
clavicorde,  première  et  deuxième  parties,  œu- 
vre posthume,  Berlin,  1795. 


WOLF 


489 


Les  écrits  <le  Wolf  sur  la  musique  sont 
ceux-ci  :  1"  Rleine  rhusikalische  Reise  in  den 
Monalen  Juni,  Juli  und  August  1782,  elc. 
(Petit  Voyage  niusic.il  fait  dans  les  mois  «le 
juin,  juillet  et  août  1782,  etc.),  Weimar, 
1784,  in-8°  de  64  pages.  Dans  ce  voyage,  l'ar- 
tiste visita  quelques-unes  des  principales  villes 
de  la  Saxe,  de  la  Prusse,  du  Hanovre,  Lu- 
lieck  et  Hambourg.  2°  Musikalischer  Unter- 
richt,  etc.  (Instruction  musicale,  concernant 
les  intervalles,  la  tonalité,  les  consonnances 
et  les  dissonances,  les  accords,  etc.),  Dresde, 
Hilscher,  1788,  in-fol.  de  76  pages  avec 
54  planches  de  musique.  On  trouve  aussi  une 
lionne  préface  de  Wolf  en  léle  de  son  œuvre 
contenant  une  sonatine  et  quatre  sonates  de 
clavecin. 

WOLF(Georges-Frédéric),  né  à  Haynrade, 
dans  la  principauté  de  Schwarzbourg,  en 
1762,  fit  sesétudes  à  l'université  de  Gœllingue, 
puis  obtint,  en  1785,  une  place  de  maître  de 
chapelle  chez  le  comte  de  Stolberg,  au  château 
de  ce  nom,  dans  le  Harz.  En  1802,  il  quitta 
celte  position  pour  aller  prendre  la  place  de 
maître  de  chapelle  à  Wernigerode,  où  il  mou- 
rut au  mois  de  janvier  1814.  On  ne  connaît  de 
ce  musicien  que  les  compositions  suivantes: 
1e  Chansons  allemandes avecaccompagnement 
de  clavecin,  Nordhausen,  1781.  2°  Motets  fu- 
nèbres avec  chœurs,  ibid.,  1788.  5°  Pièces 
mêlées  pour  le  clavecin  et  le  chant,  1792. 
4°  Sonates  à  quatre  mains  pour  le  piano, 
h"5  1  et  2,  Leipsick,  1794  et  1796.  5-  Chan- 
sons pour  les  enfants,  ibid.,  1795.  C'est  sur- 
tout comme  écrivain  didactique  que  Wolf  s'est 
fait  connaître  avantageusement.  Voici  les  ti- 
tres de  ses  ouvrages:  1°  R'urzer  Unlerricht 
iin  Klavierspielen  (Courte  Instruction  pour 
apprendre  à  jouer  du  clavecin),  Gœllingue, 
1783, in-8° de  50  pages.  La  deuxième  édition, 
beaucoup  plus  étendue,  de  la  première  partie 
de  cetouvrage  est  intitulée  simplement  Unler- 
rich  ira  Clnvierspielcn,  Halle,  Hendel,  1784, 
in  8°  de  96  pages.  La  troisième  a  été  publiée 
chez  le  même,  en  1789,  in-8"  de  96  pages.  Il 
yen  aune  quatrième  et  unecinquième  éditions, 
publiées  chez  le  même;  la  cinquième  a  paru 
en  1807,  in-8°.  La  deuxième  partie  de  celte 
méthode  contient  un  petit  traité  de  la  basse 
continue  ;  la  première  édition  a  paru  à  Halle, 
chez. Hendel,  en  1789,  in  8°  de  94  pages.  La 
deuxième  est  datée  de  1799,  in-8°,  et  la  troi- 
sième de  1807.  2°  Unlerricht  in  der  Singe- 
kuttst,  ein  Leitfaden  zu  Singanweisungen 
auf  Schulen  (Introduction  dans  l'art  du  chant, 
ou  Guide  pour  l'enseignement  du  chant  dans 


les  écoles),  Halle,  1784,  grand  in-8°.  La 
deuxième  édition  a  paru  à  Halle,  chez  Hendel, 
en  1789,  et  la  troisième,  en  1804,  chez  le 
même  éditeur.  5°  Kurzgefasstes  musikalische 
Lexikon  (Dictionnaire  abrégé  de  musique), 
Halle,  1787,  in-8"  de  15  feuilles.  La  deuxième 
édition  a  été  publiée  dans  la  même  ville  en 
1792,  in -8°  de  224  pages  ;  la  troisième  a  paru 
en  1806. 

WOLF  (François-Xavier),  musicien  du 
régiment  prussien  de  Hohenlohe,  vécut  dans  la 
secondemoitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  jouait 
bien  de  plusieurs  instruments  à  vent,  particu- 
lièrement de  la  clarinette,  et  a  publié  de  sa 
composition:  1°  Deux  sérénades  pour  deux 
clarinettes,  deux  cors  et  deux  bassons,  op.  1, 
OfTenbach,  1795.  2°  Deux  quintettes  pour  deux 
clarinettes,  deux  corset  basson,  Breslau,  Uu- 
lœufer. 

WOLF  (Louis),  violoniste  du  théâtre  de 
Francfort-sur-le-Mein,  vers  la  fin  du  dix-hui- 
tième siècle,  et  compositeur  pour  son  instru- 
ment, est  auteur  des  ouvrages  dont  voici  les 
litres:  1°  Air  varié  pour  violon  principal  et 
quatuor,  Mayence,  Scholt.  2"  Trois  trios  pour 
violon,  alto  et  basse,  op.  2,  OfTenbach,  André. 
5"  Trois  duos  pour  t\e\\\  violons,  op.  1  , 
liv.  I  et  II,  ibid.  4°  Trois  idem,  op.  5,  Augs- 
bourg,  Gombart.  5°  Trois  idem  pour  violon 
et  allô,  op.  4,  Bonn,  Simrock.  6°  Pot-pourri 
pour  deux  violons  concertants,  op.  5,  Mayence, 
Scholt.  7°  Grand  trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  6,  Vienne,  Arlaria.  Wolf  est 
mort  à  OfTenbach  en  1817. 

WOLF  (Jean),  professeur  à  Gœllingue  et 
laborieux  écrivain,  est  mort  dans  cette  ville,  le 
23  avril  1826.  Parmi  les  ouvrages  qu'il  a  pu- 
bliés, on  remarque  celui  -ci  :  Kurze  Geschichte 
des  deutschenKirchengesanges  in  Eichsfelde 
(Histoire  abrégée  du  chant  d'église  allemand  à 
Eichsfelde),  Gœttingue,  Baier,  1815,  in -8°  de 
6  feuilles. 

WOLF  (Joseph -François),  professeur  de 
musique  à  Breslau,  est  né  le  2  juin  1802,  à 
Tschirmkau,  près  de  Leobschulz,  en  Silésie. 
Son  père,  organiste  en  cet  endroit,  le  desti- 
nait à  l'étal  d'instituteur  etl'envoya,  en  1820, 
au  séminaire  catholique  de  Breslau,  où  Schna- 
bel,  ayant  remarqué  ses  heureuses  disposi- 
tions, s'occupa  avec  intérêt  de  son  éducation 
musicale.  Déjà  Wolf  jouait  de  la  plupart  des 
instruments  ;  le  piano  el  l'orgue  devinrent  par- 
ticulièrement les  objets  de  ses  éludes,  et  il 
y  acquit  une  grande  habileté.  En  1823,  il 
quitta  le  séminaire  et  s'établit  comme  profes- 
seur de  musique  à  Breslau,  où  il  était  encore 


490 


WOLF  —  WOLFRAM 


en  1844.  Il  a  écrit  plusieurs  offertoires  et 
graduels,  des  psaumes,  des  vêpres  avec  orches- 
tre, des  chants  à  quatre  voix,  des  chansons  al- 
lemandes avec  accompagnement  de  piano,  et 
une  ouverture  à  grand  orchestre.  On  a  publié 
de  sa  composition,  à  Breslau,  un  grand  Irio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  et  des  varia- 
tions pour  piano  seul. 

WOLF  (IIenriï,  violoniste  habile,  né  le 
1er janvier  1815,  àFrancfort-snr-le-Mein,  fut 
conduit  à  Londres  par  ses  parents,  à  l'âge  de 
deux  ans.  Binger,  violoniste  hollandais,  lui 
donna  les  premières  leçons  de  violon,  à  l'âge 
de  cinq  ans;  puis  il  continua  ses  éludes  pour 
cet  instrument  sous  la  direction  de  Spagno- 
letli,  premier  violon  de  l'Opéra  italien.  A  l'âge 
de  neuf  ans,  Wolf  joua  pour  la  première  fois 
en  public  à  la  fête  de  Bath.  En  1824,  il  re- 
tourna avec  ses  parents  à  Francfort,  et  prit 
alors  des  leçons  de  Fémy,  élève  de  Baillot,  puis 
du  maître  de  concert  Hoffmann,  et  M.  Schny- 
der  de  Wartensée  lui  enseigna  l'harmonie. 
Enfin  il  se  rendit  à  Vienne  en  1828  et  y  reçut 
des  conseils  de  Mayseder  et  du  chevalier  de 
Seyfried.  Depuis  lors  il  a  voyagé  en  Allemagne, 
en  Suède,  en  Danemark,  en  Hollande,  en  Bel- 
gique, en  France,  en  Angleterre  et  en  Russie, 
pour  y  donner  des  concerts.  On  a  imprimé  de 
sa  composition  Huit  études  pour  le  violon, 
op.  5,  à  Francfort,  chez  Fischer,  et  six 
chants  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano. 

WOLF  DE  WOLFENAU  (Ahtoikb), 
auteur  inconnu  d'un  ouvrage  intitulé  .  Musi- 
kalischc  Scnlen  oder  Perstellung  der  zivolf 
Dur-und  zwolf  Molltonarten  (Échelles  musi- 
cales, ou  tableau  des  douze  tons  majeurs  et 
des  douze  Ions  mineurs),  Leipsick.  J802, 
in-4°. 

WOLFF  (Georges)  était  étudiant  à  l'Uni- 
versité de  Halle  (Saxe),  lorsqu'il  publia  la  dis- 
sertation académique  intitulée:  Pars  gene- 
ralis  musicx  publicx  disquisitioni  subjecta  ; 
Hallis  Saxonum,  1G34,  in-4"  de  vingt  pa- 
ges. 

WOLFF  (LÉopor.n),  organiste  du  couvent 
de  Franciscains,  à  Cologne,  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  a  publié  un  livre  de  chant 
à  l'usage  de  cet  ordre  religieux,  précédé  d'un 
petit  traité  du  plain-chant.  Ce  livre  a  pour  ti- 
tre :  Musica  chorulis  Franciscana}tripiiciter 
divisa  in  Medulkun  cantus  Gregoriani,  sive 
ejusdem  principia  generalia,  in  cantorale 
tonorum  communhtm,  et  in  processionale 
romanum  ordinis.  Colonise,    1750,  in-12. 

WOLFF  (Edouard),  pianiste  et  composi- 


teur, est  né  le  15  septembre  1816,  à  Varsovie, 
où  son  père  était  médecin.  Un  vieux  maître  de 
musique  de  cette  ville,  nommé  Zaïcadzhi ,U\i 
a  donné  les  premières  leçons  de  piano.  En  1828, 
M.  Wolff  est  parti  pour  Vienne,  où  il  est  de- 
venu élève  de  Wltrfel  (voy.  ce  nom)  pour  le 
piano.  Après  quatre  années  de  séjour  et  d'étu- 
des dans  celte  ville,  où  il  donna  des  concerts, 
il  retourna  à  Varsovie,  en  1852.  Là  il  reçut  des 
leçons  d'harmonie  et  de  composition  d'EIsner 
(voy.  ce  nom)  pendant  trois  ans.  Chaque  année 
il  donnait  deux  concerts,  où  ses  progrès  comme 
virtuose  et  comme  compositeur  se  faisaient  re- 
marquer. Le  désir  de  perfectionner  son  talent 
par  de  fréquentes  occasions  d'entendre  de 
grands  artistes,  et  l'espoir  d'étendre  sa  répu- 
tation lui  firent  prendre  la  résolution  de  se 
rendre  à  Paris,  où  il  arriva  dans  le  mois  de  sep- 
tembre 1855.  Depuis  lors,  M.  Wolff  s'y  est  fait 
entendre  avec  succès  dans  plusieurs  concerts  : 
il  y  a  publié  un  très-grand  nombre  de  compo- 
sitions. Ses  ouvrages  gravés,  au  nombre  de 
plus  de  deux  cents,  se  font  remarquer  par  l'élé- 
gance du  style,  qui  a  quelqueanalogieavec celui 
de  son  compatriote  Chopin.  Parmi  ces  produc- 
tions, on  remarque  particulièrement  des  étu- 
des de  piano,  op.  20,  50,  Paris,  Schlesinger, 
op.  90  et  100,  Paris,  Troupenas  ;  un  grand 
concerto  pour  piano  et  orchestre,  op.  39;  plu- 
sieurs duos  originaux  ou  sur  des  thèmes  d'opé- 
ras, pour  piano  et  violon  avec  MM.  De  Bériol 
et  Vieuxlemps,  à  Paris,  chez  Troupenas,  Schle- 
singer et  Meissonnier,  trois  duos  pour  piano  et 
violoncelle,  avec  Balta,  chez  Schlesinger.  Des 
nocturnes,  fantaisies.  vaNes  et  mazurkas  pour 
piano  seul,  etc.  M.  Wolff  a  en  manuscrit  qua- 
tre grands  concertos  pour  piano  et  orchestre, 
deux  grands  trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, et  diverses  antres  compositions.  lia  fait 
avec  succès  plusieurs  voyages  d'artiste,  en 
France  et  en  Allemagne. 

WOLFRAM  (Jean- Chrétien),  organiste 
à  Goldbach,  près  de  Gotha,  mort  le  17  novem- 
bre 18"5,  est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  ti- 
tre :  Jnleitung  zur  Kennîniss ,  Beurtheilung 
ttnd  Erhallung  der  Orgeln  fur  Orgelspieler 
und  aile  diejenigen  welche  bey  Erhaunung , 
Reparatur.  Priifung  und  Erhallung  dieser 
Instrumente  interressirt  sind  (Introduction 
à  la  connaissance,  l'appréciation  et  l'entretien 
de  l'orgue,  à  l'usage  des  organistes  et  de  tous 
ceux  qui  sont  intéressés  à  la  construction,  à  la 
réparation,  à  l'examen  et  à  la  conservation  de 
cet  instrument),  Gotha,  Stendel,  in-8°  de  ôG-3 
pages,  avec  deux  planches.  Cet  ouvrage  ne  se 
dislingue  de  celui  de  Schlimbach  et  des  autres 


WOLFRAM  -  WOLLANCK 


.49 1 


du  même  genre  que  par  quelques  recherches 
intéressantes  sur  les  divers  systèmes  detirages 
du  clavier  de  l'orgue. 

WOLFRAM  (Joseph-Marie),  Bourgmes- 
tre à  Tœplilz,  amateur  distingué,  est  né  le 
21  juillet  1789,  à  Dobrzan,  en  Bohême.  Ayant 
été  envoyé  à  l'Université  de  Prague  pour  y 
suivre  les  cours  de  droit,  il  profita  de  son  séjour 
en  cette  ville  pour  développer  les  connaissan- 
ces qu'il  avait  acquises  dans  la  musique  dès 
son  enfance.  Plus  lard,  il  alla  à  Vienne,  y  reçut 
des  leçons  de  Dreschler  pour  le  piano  et  pour 
l'harmonie,  puis  il  retourna  à  Prague,  où  Jean 
Kozeluch  lui  enseigna  le  contrepoint.  Des  re- 
vers de  fortune  l'ayant  obligé  en  1811  à  cher- 
cher des  ressources  dans  son  talent  de  musi- 
cien, il  retourna  à  Vienne,  où  les  recomman- 
dations de  son  ami  Moschelès  lui  procurèrent 
des  élèves  pour  le  chant  et  pour  le  piano.  Il  y 
publia  ses  premières  productions  pour  cet  in- 
strument, et  écrivit  le  petit  opéra  Ben  Ali, 
qui  ne  fut  pas  représenté.  En  1813,  il  quitta 
Vienne  et  retourna  de  nouveau  en  Bohême  sur 
la  promesse  qui  lui  avait  été  faite  d'un  emploi 
au  service  de  l'État.  Il  obtint  en  effet  la  place 
de  syndic  à  Theusing,  puis  remplit  des  charges 
de  magistrature  à  Graupen  et  à  Tœplitz.  En 
1824,  il  l'ut  nommé  bourgmestre  de  cette  der- 
nière ville,  et  depuis  lors  il  en  a  constamment 
rempli  les  fonctions.  Dans  toutes  les  positions 
il  a  conservé  la  même  activité  pour  la  culture 
de  la  musique  et  pour  la  composition.  Joseph- 
Marie  Wolfram  est  mort  à  Tœplitz,  le  30  sep- 
tembre 1839.  En  1815,  il  avait  écrit  un  Re- 
quiem à  l'occasion  de  la  mort  d'un  desesamis; 
l'année  suivante,  il  composa  une  messe  solen- 
nelle et  plusieurs  quatuors  de  violon.  Depuis 
lors  il  a  écrit  :  1°  Le  Diamant,  petit  opéra. 
2"  Hercules,  idem.  3"  Alfred,  grand  opéra  de 
Rolzebue  ,  représenté  à  Dresde,  en  182G. 
A  l'occasion  du  succès  de  cet  ouvrage,  on  pro- 
posa à  Wolfram  la  place  de  maître  de  chapelle 
demeurée  vacante  parla  mortde  Weber;  mais 
il  la  refusa,  et  elle  fut  donnée  à  Reissiger.  Les 
autres  opéras  de  Wolfram  sont  :  Le  Normand 
en  Sicile  (de  Gœthe);  Le  Prince  Lisette  (du 
même)  ;  Le  Moine  de  la  montagne;  Le  Châ- 
teau de  Coudra:  Maja  et  Alpino,  ou  La  Rose 
enchantée,  gravée  en  partition  pour  le  piano, 
à  Dresde,  chez  Arnold,  et  l'opéra  héroïque 
JT'itikind.  On  cite  aussi  une  Messe  nuptiale, 
composée  en  1832  ,  comme  un  de  ses  plus 
beaux  ouvrages.  On  a  Imprimé  de  sa  composi- 
tion des  sonates  pour  piano,  à  Vienne,  chez 
Diabelli  et  Mechelti;  des  rondos  pour  le  même 
instrument,  à  Vienne  et  à  Dresde  ;  des  varia- 


tions, idem;  quatre  chants  à  voix  seule  et 
piano,  Dresde,  Paul  ;  six  chants  de  Tieck, 
idem,  ibid.,  et  les  chants  populaires  de  la 
Servie,  Leipsick,  Ilofmeister. 

WOLFRAM  (JosEim),  flûtiste  au  service 
du  grand-duc  de  Bade,  est  né  le  1 1  janvier 
1798  à  Mœrich-Neustadt,  en  Moravie.  Son  père, 
amateur  de  musique,  lui  donna  les  premières 
leçons  de  flûte,  et  fit  avec  lui  un  voyage  en 
Russie,  quand  il  eut  atteint  l'âge  de  onze  ans. 
Là,  Wolfram  reçut  des  leçons  de  Bayr,  et  se  fit 
entendre  dans  les  villes  principales  de  l'em- 
pire russe,  où  il  fit  un  séjour  de  six  ans.  A  son 
retour,  il  s'arrêta  à  Berlin,  puis  visita  la 
Suisse,  la  Bavièreet  l'Autriche,  en  1817.  Après 
un  assez  long  séjour  à  Vienne,  il  parcourut  la 
Hongrie  et  l'Italie,  donnant  partout  des  con- 
certs avec  succès.  De  retour  en  Allemagne  par 
le  Tyrol,  il  visita  Prague,  Leipsick,  Augs- 
bourg,  Stultgard,  puis  se  rendit  à  Paris,  par 
Strasbourg  et  Nancy.  Lorsqu'il  voulut  retour- 
ner en  Allemegne,  il  prit  sa  route  par  la  Belgi- 
que et  la  Hollande,  puis  arriva  à  Carlsruhe  en 
1829,  après  dix-sept  années  de  voyages,  et  y 
entra  dans  la  chapelle  du  grand-duc.  Chaque 
année,  il  obtient  un  congé  et  voyage  avec  sa 
femme,  pianiste  de  talent,  pour  donner  des 
concerts.  Cet  artiste  n'a  rien  fait  graver  de  sa 
composition. 

WOLKMER  (Jean),  écrivain  cité  par 
Gessner  (Bibl.  univers.)  comme  auteur  d'un 
traitéde  musique  intitulé:  Epitome  utriusque 
musiae  activas,  1538.  Il  est  vraisemblable  que 
le  nom  a  été  mal  écrit  p^ar  Gessner,  et  que  cet 
auteur  n'est  autre  que/ean  Folckmar  (voyez 
ce  nom.) 

WOLLANCK  (Frédéric),  conseiller  de 
justice  à  Berlin  et  amateur  distingué,  naquit 
dans  celte  ville,  le  3  novembre  1782.  Gœrlich 
et  Fasch  lui  enseignèrent  la  musique  et  le 
chant.  Après  avoir  achevé  l'élude  du  droit  à 
l'université  de  Francforl-sur-1'Oder,  il  fui 
nommé,  en  1805,  référendaire  au  tribunal  de 
Berlin,  fut  fait  assesseur  en  1808,  et  conseiller 
en  1813.  Encouragé  par  Charles-Marie  de 
Weber,  il  composa,  en  1811,  son  premier 
opéra  (Les  Bergers  des  Alpes),  qui  fut  repré- 
senté dans  la  même  année.  Plusieurs  autres 
compositions  succédèrent  à  cet  ouvrage.  En 
182G,  il  fit  un  voyage  à  Paris,  afin  d'y  faire  la 
connaissance  de  Rossini  et  de  Boicldieu.  Le 
choléra,  qui  régnait  à  Berlin,  l'enleva  à  ses 
amis  et  à  l'art  dans  la  nuit  du  5  au  G  septembre 
1831.  On  a  gravé  de  la  composition  de  Wol- 
lanck:  1°  Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  Mayence,    Schott.  2"  Grand  trio  pour 


492 


WOLLANCK  -  WOLLICK 


piano,  violon  et  violoncelle,  Berlin,  Schlesin- 
ger,  3°  Salve  Regina  à  voix  seule,  deux  vio- 
lons, allô  et  basse,  Berlin,  Grœbenschtttz. 
4°  Monologue  de  Là  Fiancée  de  Messine  (de 
Schiller)  à  voix  seule,  avec  accompagnement 
«le  piano,  ibid.  5"  Scène  de  Marie  Stuart  (de 
Schiller),  idem,  Berlin,  Concha.  6° Hedicige de 
Rugenhagen,  cantate,  idem,  Berlin,  Schlesin- 
ger.  7°  Huit  recueils  de  chants  à  voix  seule, 
avecaccompagnementde  piano,  Berlin  et  Leip- 
sick.  Wollanck  a  laissé  en  manuscrit  deux 
messes  et  <|uel<|ties  autres  pièces  de  musique 
religieuse  composées  pour  l'église  Saint-Louis 
de  Berlin;  deux  offertoires  ;  un  graduel;  Re- 
gina Cœli ;  un  Requiem;  un  Sanctus;  deux 
ouvertures  à  grand  orchestre  ;  plusieurs  sex- 
tuors, quintettes  et  quatuors  d'instruments; 
des  concertos  pour  clarinette  et  autres  instru- 
ments; des  sonates  de  piano,  etc. 

WOLLANECK  (Ahtôikb),  violoniste  ha- 
bile et  organiste,  naquit  à  Prague,  le  1or  no- 
vembre 1761.  Après  avoir  dirigé  la  musique 
des  théâtres  bohémien  et  allemand  de  Prague, 
pendant  plusieurs  années,  il  alla  remplir  les 
mêmes  fonctions  à  Leipsick,  en  1797  et  1798. 
De  retour  à  Prague,  il  a  été,  pendant  onze  ans, 
organiste  à  la  collégiale  de  Welschschrad,  puis 
a  été  nommé  en  1812  directeur  du  chœur  de 
l'église  Saint-Pierre,  pour  lequel  il  a  écrit  plu- 
sieurs morceaux  de  musique.  Il  est  mort  à 
l'âge  de  88  ans,  à  Prague,  en  1849.  On  connaît 
aussi  de  lui  des  symphonies,  des  sonates  poul- 
ie violon  et  des  recueils  de  danses  pour  le 
piano,  qui  ont  été  gravés  à  Prague  en  1807, 
1808  et  1809. 

WOLLICK  (Nicolas),  né  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle,  au  village  d'An- 
cerville,  près  île  Bar-le-Duc  (dont  le  nom  latin 
est  Serovilla  ou  Sororisvilla),  est  désignésous 
le  nom  de  Nicolas  Jf'ollick  de  Serouilla,  dans 
la  première  édition  d'un  traité  de  musique  dont 
il  est  auteur,  et  par  celui  de  Nicolaus  Wolli- 
cusBarroducensis  dans  les  autres.  Les  anciens 
bibliographes  et  biographes  ont  latinisé  son 
nom  en  ceux  de  Bollicius  et  f'ollicius.  Il  pa- 
rait qu'il  avait  fait  un  voyage  à  Cologne,  ou 
qu'il  y  avait  peut-être  achevé  ses  études, car  la 
première  et  la  deuxième  éditions  de  son  livre 
ont  été  publiées  dans  cette  ville,  et  l'on  y  trouve 
à  la  fin  une  épi  Ire  dedicaloire  au  recteur  du 
gymnase  Cornélius,  ainsi  appelé  en  mémoire 
de  Cornélius  Agrippa,  qui  était  né  à  Cologne. 
Celle  épilrc  est  signée  Nicolaus  Gallus,  ce 
qui  semble  indiquer  qu'il  était  appelé  par  ses 
condisciples  Nicolas  le  Gaulois.  Plus  tard, 
Wullick  se  rendit  à  Paris,  car  c'est  dans  celte 


ville  qu'il  refondit  son  ouvrage,  ainsi  qu'on  le 
voit  par  ces  mots  qui  terminent  la  préface  du 
troisième  livre:  Ex  cubiculo  nostro  parrhU 
siensi,  tertio  Idus  Martios  M.  D.  9.  ;  mais 
il  était  alors  maître  es  arts  (artiummagister) 
et  professeur  au  collège  de  Metz,  car  celle  pré- 
face est  adressée  à  ses  élèves  (ad  suos  scolas- 
ticos  Metenses).  J'ai  puisé  ces  renseignements 
dans  les  différentes  éditions  du  livre  de  Wol- 
lick. 

La  première  édition  de  ce  livre  a  pour  titre: 
Opus  Aureum  Musices  castigalissimum,  de 
gregoriana  et  figurativa  atque  contrapuncto 
simplici    percommode     tractans     omnibus 
cantu  oblectantibus  utile  et  necessarium  è 
diversis  excerptum ,  in-4°  gothique   de   58 
feuillets  non  paginés.  Au  recto  du  dernier,  on 
lit:   Explicit  opusculum  musices   omnibus 
volcntibus  cantum  utrumque  scire  necessa- 
rium, fauslo  fine  impressum   Colonial  per 
honestum  virum  Henricum  Quentel  civem 
famatum  ejusdem.  Anno  missionis  in  car- 
nem  divini  f'erbi  1501 .  Il  y  a  des  exemplai- 
res de  celte  édition  dont  le  frontispice  a  été 
renouvelé  et  qui  portent  la  date  de  Cologne, 
1504.  Cet  ouvrage  est  divisé  en  quatre  parties 
qui  traitent  du  plain-chant,  de  la  solmisalion, 
des  tons,  de  la  musique  mesurée  et  du  contre- 
point. La  deuxième  édition  est  la  reproduction 
à  peu  près  exacte  de  la  première.  On  lit  à  la  fin 
ces  mots:  Hic  liber  fuit  compositus per  Ni' 
colaum  Wollick  de  Serovilla,  artium  magis- 
trum,  ut  palet  ex  Epislola  quant  dirigit 
D.  Adam.  Popardiensi  sacra?  script iirce  li- 
centiulo  ac  in  gymnasio  Corneliano  regenti, 
et  impressus  fuit  Colonix  apud  Hxredes  D. 
Quentel,  anno  Domini  1505,  in-4",  gothique. 
Ainsi  qu'on  l'a  vu  ci-dessus,  "Wollick  refondit 
en  entier  son  ouvrage  dans  la  troisième  édi- 
tion, elle  divisa  en  six  livres.  Les  deux  pre- 
miers seuls  sonl  à  peu  près  semblables  au  con- 
tenu des    deux    premières  éditions;    mais  le 
reste  est  absolument  changé,  beaucoup  plus 
développé,  et  plus  important,  sous  le  rapport 
de  l'histoire,  de  la  science  et  de  l'art.  Cette 
édition,  qui  a  élé  complètement  inconnue  à 
tous  les  bibliographes,  est  intitulée:  Enchiri- 
dion  musices  Nicolai  JVollici  Barroducensis 
de  gregoriana  et  figurativa  atque  contra- 
puncto simplici  percommode  tractans,  om- 
nibus cantu  oblectantibus  perulile  et  neces- 
sarium, in-4°   de  0>8  feuillets  non   paginés, 
avec  la  vignette,  la  marque  et  le  nom  de  Jehan 
Pet  il,  au  frontispice,  suivis  de  ces  mois -.Pénale 
habelur  Parisiis  in  vico  divi  Jacobi  sub  si- 
gno  (loris  lilii,  et  in  eodem  vico  sub  signo 


WOLLICK  -  WORGAN 


493 


imaginis  Sancti  Georgii  ibi  et  impressum, 
1509.  La  quatrième  édition,  absolument  sem- 
blable à  la  troisième,  a  été  imprimée  à  Paris, 
chez  Michel  Tholoze,  en  1512,  petit  in-4*<lc 
06  feuillets.  Enfin  la  cinquième,  semblable 
aux  deux  dernières  pour  le  texte,  a  ces  mots  à 
la  dernière  page  :  Impressum  Parisiis  tm- 
pensa  honestorumvirorum  Joh.  Parvi  (Petit) 
ad  inlersignum  lilii  aurei,  et  Francisci  Re- 
gnault  ad  intersignum  divi  Claudii  comme- 
moranliicm.  Anno  Virginei  partus  1521, 
10  maji,  in-4",  gothique.  Le  livre  de  Wollick 
est  écrit  avec  méthode;  il  est  beaucoup  plus 
substantiel  que  la  plupart  des  traités  de  musi- 
que de  la  même  époque. 

WOLTZ  (Jean),  organiste  à  Heilbronn, 
au  commencement  du  dix-seplième  siècle,  a 
publié  une  collection  de  pièces  d'orgue  des  plus 
célèbres  maîtres  de  son  temps,  en  tablature, 
sous  ce  titre  :  Nova  Musices  organicx  tabu- 
lalura,  Basilese,  1G17,  in -fol.  de  90  feuilles. 

WONÏNEGGER(Jean),  né  vraisemblable- 
ment en  Litlhuanie,  dans  la  première  moitié 
du  seizième  siècle,  car  il  ajoute  à  son  nom  la 
qualification  de  Lilavicus,  s'est  fait  connaître 
par  un  bon  abrégé  du  Dodecachordon  de  Gla- 
réan.  Ce  petit  livre,  devenu  fort  rare,  a  pour 
titre  :  Musics  epitome  ex  Glareani  Dodeca- 
chordo.  Basilese  per  Henricum  Pétri,  1557, 
petit  in-8°.  Une  deuxième  édition,  ou  plutôt 
une  reproduction  de  la  première,  a  paru  deux 
ans  plus  tard,  chez  le  même  libraire,  avec 
l'addition  de  la  musique  de  Manfred  Barbarini 
sur  l'Éloge  des  villes  fédérées  de  la  Suisse, 
poëmede  Glaréan  (voyez  ce  nom). 

WOOD(Antoine),  antiquaire  et  biographe, 
naquit  à  Oxford,  le  17  décembre  1632,  et  mou- 
rut dans  la  même  ville,  le  29  novembre  1G95. 
Dans  son  histoire  de  l'université  d'Oxford,  in- 
titulé :  Alhense  Oxonienses,  an  exact  history 
of  ail  writers  and  bishops  of  Oxford,  etc. 
(Londres,  1691-92,  in-fol.,  deuxième  édition, 
1721;  in-fol.,  troisième  idem,  Londres, 
1815-19,  4  volume  in-4°),  Wood  traite  en  dé- 
tail de  la  vie  des  musiciens  anglais  qui  ont 
été  gradués  ou  attachés  à  l'université.  Les 
matériaux  de  celte  partie  de  son  ouvrage,  inti- 
tulés :  Sotne  materials  towards  a  hislonj  of 
the  lives  and  compositions  of  ail  English 
musicians,  et  formant  210  pages,  sont  au 
musée  Ashmoléen  de  l'Université,  n°85C8, 106. 
C'est  à  cette  source  que  Hawkins  et  Burney 
ont  puisé  pour  l'histoire  des  musiciens  anglais 
contenue  dans  leurs  histoires  générales  de  la 
musique. 

WOOD  (madame),  connue  d'abord  sous  le 


nom  de  Miss  Paton,  est  née  en  1802  à  Edim- 
bourg, où  son  père  était  maître  de  musique 
du  collège  appelé  High-School.  Elle  n'eut 
point  d'autre  maître  que  lui  pour  la  musique 
et  le  chant.  Ses  progrès  furent  si  rapides  dans 
cet  art,  qu'à  l'âge  de  cinq  ans  elle  composait 
déjà  de  jolies  chansons.  A  huit  ans,  elle  se  fai- 
sait entendre  dans  les  concerts  publics,  et  elle 
était  à  peine  parvenue  à  sa  quinzième  année 
lorsqu'elle  brilla  au  concert  noble  de  Londres, 
sur  le  piano,  la  harpe  et  dans  le  chant.  Cepen- 
dant son  père,  ne  voulant  pas  la  fatiguer, 
cessa  de  la  faire  entendre,  et  mit  tous  ses  soins 
à  achever  son  éducation.  Après  six  années 
consacrées  à  l'élude,  elle  reparut  dans  les  con- 
certs en  1821,  et  débuta  l'année  suivante  au 
ihéàtre  de  Haymarket,  dans  le  rôle  de  Suzanne 
du  Mariage  de  Figaro,  puis  dans  celui  de 
Rosine  du  Barbier  de  Séville.  Elle  passa  en- 
suite au  théâtre  de  Covent-Garden,  puis  à 
celui  de  Drury-Lane,  où  elle  créa  le  rôle  de 
Rezia,  dans  VOberon  de  Weber.  On  voit  dans 
la  correspondance  de  ce  compositeur  les  expres- 
sions non  douteuses  de  la  satisfaction  qu'il 
éprouvait  à  lui  entendre  chanter  ce  rôle.  J'ai 
entendu  Miss  Palon  dans  plusieurs  concerts  à 
Londres,  en  1829,  et  je  n'ai  jamais  pu  l'écou- 
ter sans  émolion  dans  les  chansons  écossaises, 
qu'elle  rendait  avec  un  charme  inexprimable. 
Elle  avait  contracté  à  celte  époque  une  liaison 
intime  avec  lord  Lennox,  et  passait  même  pour 
sa  femme;  depuis  lors  elle  a  épousé  M.  Wood, 
acteur  du  théâtre  de  Covent-Garden.  Plus  tard 
elle  voyagea  en  Italie  avec  Bochsa,  et  chanta 
sur  les  théâtres  de  Milan,  de  Venise  et  de  Na- 
ples.  Après  son  retour  en  Anglelerre,  elle  s'est 
retirée  à  la  campagne  près  de  Bail),  où  elle  est 
morte  en  1864. 

WORALECK.  (Joséphine),  femme  du 
compositeur  Cannabich  fils,  naquit  à  Brunn  le 
17  août  1781.  Fille  du  directeur  de  musique 
Woraleck,  elle  reçut  de  son  père  des  leçons 
de  musique  et  de  chant,  puis  elle  alla  achever 
son  éducation  à  Francfort-sur  -le-  Mein.  Son 
début  au  théâtre  fut  heureux,  à  cause  de  l'ex- 
pression dramatique  qu'elle  mettait  dans  son 
jeu  et  dans  son  chant.  En  1798  elle  épousa 
Cannabich  et  le  suivit  à  la  cour  de  Munich,  où 
elle  brilla  jusqu'en  1807;  mais  une  affection 
de  poitrine  l'obligea  alors  à  cesser  déchanter 
dans  l'Opéra. 

WORGAN  (Jean),  musicien  anglais,  né  à 
Londres  vers  1715,  fut  d'abord  élève  de  son 
frère  aîné,  puis  de  Roscingrave,  et  enfin  de 
Geminiani.  Heendel  et  Paleslrina  furent  les 
maîtres  qu'il  étudia  avec  persévérance.  Par 


'494 


YYORGÀN  —  WRÀGG 


l'analyse  des  ouvrages  du  premier  de  ces  au- 
teurs, il  devint  un  savant  fuguisle  sur  l'orgue. 
Son  talent  lui  lit  obtenir  les  places  d'organiste 
deSaint-Botolph  et  de  Saint-André,  et  l'uni- 
versité d'Oxford  lui  conféra  le  grade  de  docteur 
en  musique.  Il  mourut  en  1790  dans  fin  âge 
avancé.  Ses  principaux  ouvrages  sont  l'oratorio 
intitulé  Hannah,  exécuté  au  théâtre  de  Hay- 
niarket  en  1764,  et  JUanassah,  que  Worgan 
fit  entendre  à  l'hôpital  de  Lock,deux  ans  après. 
Quelques  recueils  de  pièces  pour  l'orgue  ont 
été  imprimés  à  Londres,  ainsi  qu'un  très- 
grand  nombre  de  chansons  à  une  ou  plusieurs 
voix,  qu'il  avait  composées  pour  les  concerts 
du  Wauxhall. 

WORM  (Olaus)  ,  savant  danois,  né  le 
13  mai  1588  à  Aarhus  dans  le  Jullaml,  fit  ses 
études  à  Lunebourg,  Giessen, Strasbourg,  Bâlc 
et  Padoue,  puis  se  fixa  dans  sa  patrie  en  10 15, 
etenseigna  la  littérature  grecque  et  les  sciences 
dans  l'université  de  Copenhague.  Il  mourut 
dans  cette  ville,  le  7  septembre  1654.  Au  nom- 
bre de  ses  écrits  on  remarque  une  dissertation 
savante  sur  le  cor  d'or  antique  trouvé  en  Da- 
nemark, intitulée  :  De  aureo  Serenissimi 
Domini  Christiuni  V  Danix  Ekcti  Princi- 
pes cornu.  Hal'niœ,  tj pis  Melch.  Marlzan, 
104:1,  in-fol.de  72  pages. 

WQRZISCHECK.(Jea>--Hugi)es),  né  le 
11  mai  1791  à  Wamberg  en  Bohême,  était  fils 
d'un  maître  d'école  Après  avoir  reçu  de  son 
père  les  premiers  principes  des  lettres  et  de  la 
musique,  il  alla  à  Prague  pour  y  faire  ses 
études,  et  pour  se  perfectionner  dans  la  mu- 
sique. Son  maître  de  composition  fut  Tomas- 
cbeck.  Ayant  achevé  sa  philosophie,  il  se  ren- 
du à  Vienne,  où  il  obtint  un  emploi  au  conseil 
d'État,  dans  le  département  de  la  marine; 
mais  il  quitta  ce  poste  pour  celui  d'organiste 
de  la  cour,  auquel  il  fut  promu  le  10  jan- 
\  icr  1823.  Il  ne  jouit  pas  longtemps  de  ce  der- 
nier emploi,  car  il  mourut  le  19  novembre  1825, 
à  Page  de  trente-quatre  ans.  Il  a  fait  graver  à 
Vienne  les  ouvrages  suivants  de  sa  composi- 
tion :  1°  Rhapsodies  pour  le  piano  forte. 
2°  Rondeau  pour  piano  et  violoncelle.  5°  Le 
Désir,  andante pour  le  piano.  A'  Le  Plaisir, 
allegro  pour  le  piano  forte.  5°  Sonate  pour 
piano  et  violon.  G"  Là  Sentinelle,  divertisse- 
ment pour  deux  pianos.  7°  Impromptu  pour 
le  piano.  8°  Rondeau  pour  piano  et  violon. 
9°  f'uriations  pour  piano  et  violoncelle. 
10°  Symphonie  à  grand  orchestre.  11°  Ron- 
deau brillant  pour  le  violon,  avec  accompa- 
gnement d'un  second  violon,  alto  et  busse. 
12°  Fantaisie  pour  le  forte  piano.  15°  Golt 


in  Fruehling,  chœur  à  quatre  voix.  14°  Ron- 
deau pour  le  piano,  avec  orchestre.  15°  Ron- 
deau espagnol,  avec  accompagnement. 

WOTAWA  (Baktiiolomé),  excellent  or- 
ganiste à  Willingau,  en  Bohême,  fut  élève  du 
célèbre  Segert.  Il  mourut  jeune  encore  à  Wil- 
lingau, en  1787.  Il  a  beaucolip  écrit  pour  l'é- 
glise et  pour  l'orgue.  Je  possède  de  lui  des  fu- 
gues et  des  préludes  pour  cet  instrument  (fui 
sont  du  plus  beau  style. 

WOVTISSEIÎ  (Astoi>e  -  Fabien-Aloys- 
Jean),  compositeur  et  professeur  de  chant  et 
de  piano,  est  né  le  20  janvier  1771,  à  Ralay, 
près  de  Kaurzim,  en  Bohême.  A  l'âge  de  huit 
ans,  il  entra  au  couvent  de  Suzawa,  en  qualité 
d'enfanl  de  chœur,  y  lit  de  bonnes  études  lati- 
nes, et  apprit  le  clavecin  et  la  basse  continue 
sons  la  direction  de  Joseph  Jawtireck  et  de  Mau- 
rice Meyslrick.  Plus  lard,  il  continua  ses  éludes 
à  l'école  normale  de  Prague,  dans  l'intention 
de  devenir  instituteur.  Ayanl  obtenu  son  di- 
plôme en  1789,  il  fut  en  effet  sous-maitre  à 
l'école  de  Saar,  en  Moravie,  puis  à  celle  de  Na- 
dezeradecz,  en  Bohême.  Son  mérite  le  fit  en- 
suite choisir  comme  instituteur  à  Wassowicz 
et  à  Hoslinarz.  Son  penchant  pour  la  musique 
lui  fil  quitter  celte  dernière  position  pour  aller 
à  Prague,  où  il  devint  répétiteur  du  chant  et 
souffleur  à  l'Opéra  italien.  Lui-même  parut 
plusieurs  fois  sur  la  scène  avec  succès  comme 
chanteur;  mais  son  savoirlui  procura  enfin  une 
situation  plusconvenable,en  1802,  lorsqu'il  re- 
çut sa  nomination  de  sous-bibliothécaire  de 
l'université.  En  1810,  il  accepta  une  place  de 
basse  chantante  à  la  cathédrale;  il  l'occupait 
encore  en  18  HMVoylissek  a  écrit  pour  le  théâtre 
national  de  Prague  les  opéras  suivants,  eu 
langue  bohème  :  1°  Les  Meuniers  de  Prague, 
en  un  acle.  2"  Le  Cousin  de  Podskal,  idem. 
5°  La  Garde  de  nuit  de  Liebescliau , idem.  4°  La 
Licitation  des  femmes,  idem.  Il  a  composé 
aussi,  pour  le  comle  Ferdinand  de  Kinsky,  un 
grand  opéra  héroïque  intitulé  Sieg  der  Treue 
(Victoire  de  la  fidélité).  Une  messe  solennelle 
de  sa  composition  a  élé  exécutée  au  couvent 
de  Strahow,  en  1813,  et  considérée  comme  un 
bel  ouvrage.  On  connaît  aussi  sous  son  nom  le 
Déserteur,  ballet,  un  concerlo  pour  clavicorde, 
des  cantates,  environ  cinquante  chansons 
allemandes  et  bohémiennes  avec  accompa- 
gnement de  piano,  et  des  danses  pour  la  Bo- 
hême. 

WRAGG  (Georges),  professeur  de  flûte  à 
Londres,  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle, 
est  auteur  d'une  méthode  pour  cet  instrument, 
intitulée  :  Lmproved  Flule  preceptor,  Lon- 


WflAGG  —  YYUANICZKY 


49S 


dres,  in-fol.  Il  a  été  fait  seize  éditions  de  cet 
ouvrage. 

WRAWICZHÏ  (Paul),  ou  WRA- 
IVITZKY,  compositeur  distingué,  naquiten 
1756,  à  Neureisch,  en  Moravie.  Sa  première 
éducation  fut  faite  chez  les  Prémonlrés  de  cet 
endroit;  il  y  apprit  aussi  les  éléments  de  la 
musique  et  de  l'art  de  jouer  de  l'orgue,  puis  il 
alla  continuer  ses  études  à  Igtflti  et  à  Olmillz, 
et  s'y  appliqua  particulièrement  au  violon,  sur 
lequel  il  acquit  tant  d'habileté,  que  lorsqu'il  se 
rendit  à  Vienne,  en  177G,  pour  y  suivre  le 
cours  de  théologie  au  séminaire  impérial,  il 
fut  immédiatement  choisi  pour  remplir  les 
fonctions  de  directeur  de  musique  dans  cet 
établissement.  Le  compositeur  suédois  Joseph 
Kraus,  qui  se  trouvait  alors  dans  l'a  capitale  de 
l'Autriche,  lui  enseigna  l'harmonie  et  le  con- 
trepoint. Son  ardeur  dans  ses  études  et  son 
heureux  instinct  lui  firent  faire  de  si  rapides 
progrès  dans  l'art,  que  l'attention  publique  fut 
bientôt  fixéesur  lui  par  des  compositions  rem- 
plies de  feu  et  de  goût.  Doué  d'une  prodigieuse 
fécondité,  il  multipliait  ses  productions  avec 
beaucoup  de  rapidité.  En  1785,  il  fut  nommé 
directeur  de  musique  «le  l'Opéra  allemand  de 
Vienne  et  «In  théâtre  de  la  cour  ;  il  en  rem- 
plissait encore  les  fonctions  lorsqu'il  mou- 
rut le  28  septembre  1808,  universellement  re- 
gretté. 

La  musique  de  Wraniczky  a  eu  beaucoup  de 
vogue  dans  sa  nouveauté,  à  cause  de  ses  mélo- 
dies naturelles  et  de  son  style  brillant.  Il  trai- 
tait bien  l'orchestre,  particulièrement  dans 
les  symphonies.  Je  me  souviens  que,  dans  ma 
jeunesse,  les  siennes  se  soutenaient  très-bien 
auprès  de  celles  de  Haydn.  Leur  abandon  pré- 
maturé a  toujours  été  pour  moi  un  sujet  d'é- 
lonnement.  Les  ouvrages  de  cet  artiste  sont 
presque  innombrables;  car,  indépendamment 
de  tous  ceux  qui  ont  été  publiés,  il  en  a  laissé 
beaucoup  en  manuscrit  qui  ont  été  composés 
pour  le  service  de  l'impératrice  et  pour  celui 
du  prince  Esterhazy.  Wraniczky  s'est  aussi 
fait  connaître  avantageusement  comme  com- 
positeur dramatique  par  plusieurs  opéras,  bal- 
lets et  mélodrames.  Son  Obéron,  joué  à  Franc- 
fort, en  1790,  pour  le  couronnement  de  l'em- 
pereur Léopold  II,  a  eu  un  des  plus  brillants 
succès  qu'un  opéra  allemand.eùt  obtenus  jus- 
qu'alors, car  on  le  joua  vingt-quatre  fois  dans 
l'espace  de  six  semaines,  et  les  directeurs  de 
spectacles  le  firent  représenter  dans  toute  l'Al- 
lemagne pendant  le  cours  de  cette  même  an- 
née. Voici  la  liste  des  ouvrages  de  théâtre  et 
des  productions  imprimées  de  ce  compositeur. 


I.  Musique  dbam vnoi .:■:.  I"  Oberon,  roi  des 
Elfes,  représenté  à  Fiaiicl'oil-sur-le-Mein, 
en  1790  et  à  Vienne,  en  1791 ,  gravé  en  parti- 
lion  pour  le  piano,  àManbeim  et  àOffenbach. 
2°  L"1  Amant  de  trois  jeunes  filles,  pelitopéra, 
Vienne,  1791.  5°  La  Station  de  poste,  idem, 
1793.  A"  Mercure,  idem,  au  théâtre  Marinelli, 
de  Vienne,  1793.  5°  Le  Royaume  de  Maroc, 
idem.  G"  La  Bonne  Mère,  idem,  1794.  7°  Les 
l endanges,  ballet,  1794.  8°  Musique  pour  le 
drame  de  Rolla,  1785.  9°  La  Fête  des  Lazza- 
roni,  opéra,  1795,  gravé  en  partition  pour  le 
piano  à  Offenbach  et  à  Brunswick.  10°  Zé- 
phire  et  Flore,  ballet,  gravé  à  Vienne,  chez 
Arlaria,  en  179(1.  1 1°  La  Fête  du  prince,  can- 
tate en  deux  actes,  ouvrage  considéré  comme 
une  des  meilleures  productions  de  Wraniczky  ; 
il  fut  exécuté  à  Eisleben,  en  1798.  12°  Le  Me- 
nuisier, opéra,  en  1799.  13"  Zémire  et  Azor, 
ballet.  14°  La  Fille  des  bois,  ballet.  15-  Musi- 
que pour  le  drame  Rodolphe  de  Felsek,  ou  la 
Tempête.  16"  Idem,  pour  le  drame  Siri- 
Brahé.  17°  Idem,  pour  le  drame  Jeanne  de 
Montfauvon.  Plusieurs  morceeux  de  ces  ou- 
vrages ont  été  gravés  avec  orchestre  à  Vienne 
et  à  Offenbach.  II.  Musique  instrumentale. 
18°  Symphonies  à  grand  orchestre,  op.  2,  pour 
le  couronnement  du  roi  de  Hongrie,  Offen- 
bach, André;  trois  idem,  op.  11,  ibid.;  trois 
idem,  op.  16,  ibid.;  une  idem,  pour  le  cou- 
ronnement de  l'empereur  François  Iir,op.  19, 
ibid.;  une  idem  (La  Chasse),  op.  25,  ibid.,  ei 
Sieber, à  Paris;  une  idem  (Symphonie  caracté- 
ristique pour  la  paix  de  1798),  op.  31,  Augs- 
bourg,  Gombart  ;  trois  idem,  op.  33,  Offen- 
bach, André;  trois  idem,  op.  35,  ibid.  ;  idem, 
op.  36,  ibid.;  idem,  op.  37,  ibid.;  idem, 
op.  50,  51  et  52,  ibid.  19"  Trois  quintettes 
pour  deux  violons,  deux  altos  et  violoncelle, 
op.  18,  liv.  I;  trois  idem,  liv.  II,  Offenbach, 
André  ;  trois  idem,  op.  .29,  ibid.;  trois  idem, 
op.  38,  ibid.  20"  Six  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  10,  Offenbach,  André; 
Paris,  Janel;  six  idem,  op.  15,  Offenbach, 
André;  Paris,  Sieber;  six  idem,  op.  16, 
Vienne,  Mollo;  Paris,  Janet,  Sieber  ;  six  idem, 
op.  23,  Offenbach,  André  ;  Paris,  Janel,  Sie- 
ber; six  idem,  op.  26,  Offenbach,  André;  six 
idem,  op.  30,  ibid.  ;  six  idem,  op.  32,  ibid.  ; 
trois  idem,  op.  40,  Vienne,  Weigi.  21°  Six 
trios  pour  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  1, 
liv.  I  et  II,  ibid.  ;  Paris,  Janel  et  Sieber;  trois 
idem,  liv.  III,  Paris,  Janel,  Sieber.  22°  Con- 
certo pour  violoncelle,  op.  27,  Offenbach, 
André.  23°  Concerto  pour  flûte,  op.  24,  Offen- 
bach, André.  24°  Trois  trios  pour  deux  Utiles 
et  violoncelle,    op.    53,    Offenbach,    André. 


496 


WRANICZKY  -  WUNDERLICII 


25°  Divertissements  en  quatuors  pour  piano, 
violon,  alto  et  basse,  op.  54,  ibid.  26°  Sonates 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  %\,ibid. 
27°  Trois  sonates  pour  piano  seul,  op.  22, 
ibid.  Wraniczky  a  laissé  environ  50  œuvres 
inédites. 

WRANICZKY  (Antoine),  frère  puîné  du 
précédent,  né  à  Neureisch,  en  17G1,  se  livra  à 
l'étude  du  violon  dès  son  enfance,  et  acquit 
beaucoup  d'habileté  sur  son  instrument.  Après 
avoir  fait  ses  premières  études  chez  les   Pré- 
nionlrés  de  Neureisch,  il  alla  suivre  des  cours 
de  philosophie    et   de  droit  à  Brtlnn,  puis  se 
rendit  à  Vienne,  près  de  son  frère.  Mozart  et 
Haydn  lui  donnèrent    des    conseils    pour    la 
composition,  et  Albrechlsberger  lui  enseigna 
le  contrepoint.  Fixé  à  Vienne  en    qualité  de 
cher  d'orchestre  chez  le  prince  de  Lobkowitz, 
et  de  professeur  de  violon,  il  forma  un  grand 
nombre  d'élèves  distingués,  et  se  fit  connaître 
aussi  avantageusement   comme   compositeur. 
On   cite  avec  éloge  deux   messes  solennelles 
écrites  par  lui,  dont  l'une  fui  exécutée  à  Pra- 
gue, en  1796,  et  l'autre,  dans  l'église  des  Au- 
guslins  à  Vienne,  en  1797.  Cet  artiste  de  mé- 
rite mourut  à  Vienne,  en   1819,  à  l'âge   de 
cinquante-huit  ans.    On  a  gravé  de  sa  compo- 
sition :  1"  Concerto  pour  violon  et  orchestre, 
op.  11,  Offenbach,  André.  2°  Trois  quintettes 
pour  deux  violons,  deux  altos  et  violoncelle, 
op.  8,  ibid.  3°  Trois  idem,  op.  14,  liv.  II,  Pa- 
ris, Sieber.  4°  Trois  quatuors  pour  deux   vio- 
lons, alto  et  violoncelle,  op.  1,  Vienne,  Has- 
linger.  5°  Trois  idem,  op.  2,  Vienne,  Kozeluch. 
G0  Trois  idem,   op.   3,   ibid.  7°  Trois  idem, 
op.    4,    Offenbach,    André.    8°   Trois    idem, 
op.  5,  ibid.  9°  Trois  duos  pour  deux   violons, 
op.  20,  ibid.  10°  Vingt  variations   pour  deux 
violons,  Vienne,   Artaria.    11°    Sonates    pour 
violon   et   basse,    op.    6,    Offenbach,    André. 
12°  Vingt  variations  'pour    violon    et    basse, 
op.  7,  ibid.  13"  Méthode  de  violon,  Vienne, 
Cappi. 

WRAINICZKY  (  madame  Catherine 
KRAUS-),  fille  du  précédent,  née  à  Vienne 
en  1800,  a  eu  en  Allemagne  la  réputation  d'une 
cantatrice  distinguée.  Elle  débuta  au  théâtre  de 
la  Porte  de  Carinlhie  à  Vienne,  puis  fut  enga- 
gée, en  1821,  comme  première  cantatrice  au 
concerldeLeipsick.  Après  avoir  parcouru  l'Alle- 
magne, elle  a  chanté  avec  succès  au  théâtre  de 
Hambourg  pendant  les  années  1829  et  1830, 
puis  elle  est  retournée  à  Vienne,  où  elle  a  été 
engagée  au  théâtre  Josephsladt. 

WUIET  (Caroline),  fille  d'un  organiste 
de  Rambouillet,  connue  aussi  sous  le  nom  de 


madame  Auffdiener,  naquit  en  1766,  et  fut 
citée  comme   un    enfant  célèbre.   A    l'âge  de 
cinq  ans,   elle  excitait  déjà  l'admiration  par 
son  talent  sur  le  piano.  La  reine  Marie-Antoi- 
nette lui  accorda  une  pension  pour  son  éduca- 
tion :  Beaumarchais  et  Demouslier  furent  ses 
maîtres  pour  la  littérature,  Grétry  lui  donna 
des  leçons  de  musique,  et  Greuze  dirigea  ses 
éludes  dans  la  peinture.  Ses   relations  avec  la 
famille  royale,  pendant  les  troubles  de  la  ré- 
volution, la  firent  arrêter  et  condamner  à  la 
déportation;  mais  elle  parvint  à  s'enfuir  en 
Angleterre,  puis  vécut  quelque  temps  en  Hol- 
lande du  produit  des  leçons  de  piano  qu'elle  y 
donnait.  De  retour  à  Paris   sous  le  gouverne- 
ment du  directoire,  elle  se   lia   d'une   intime 
amitié  avec  madame  Tallien,  devint  femme  à 
la  mode,  et  fui  citée  avec  éloge  comme  écrivain 
et  comme    musicienne.    En  1807,  elle  épousa 
M.  Auffdiener,  colonel  du  génie  au  service  du 
Portugal,   et  suivit  son   mari  à  Lisbonne,  où 
elle  prit  le  nom  de  Dona  EUdora.  Les  revers 
des  armées  françaises  en  Portugal  et  en  Espa- 
gne la  firent  rentrer  dans  sa   patrie.   Séparée 
de  son  mari,  elle  vécut  en  donnant  des  leçons 
de  musique,  publiant  des  romances  et  chan- 
sonnettes,   et  composant  des  romans.  Retirée 
plus  lard  à  Saint-Cloud,  près  de  Paris,  elle  y 
passa  ses  dernières  années  dans  un  état  d'alié- 
nation mentale,  et  y  mourut  en  1 835.  En  1 786, 
Mademoiselle  Wuiet  fit   représenter  au  théâ- 
tre  des  Beaujolais  L'Heureuse  Erreur,  petit 
opéra  dont  elle  avait  composé  les  paroles  et  la 
musique.  Elle  a   publié  «le  sa  composition  : 
1°  Trois  sonates  pour  clavecin  avec  violon  et 
basse,  op.  1,  Paris,  1785.   2°  Pot-pourri  pour 
clavecin,  Paris,    Boyer.  3°  Six  romances  avec 
accompagnement    de     piano,      Paris,     1798. 
4"  Comme   elle   était  jolie,   romance,   ibid. 
5°  Moi,  j'aime  la  danse,  chansonnette,  ibid. 
Ces  dernières   productions  ont  obtenu  un  suc- 
cès de  vogue. 

WUNDERLICII  (Jean-Georges),  fils  d'un 
hautboïste  au  service  du  margrave  d'Anspach, 
naquit  à  Bayreuth,  en  1755,  et  apprit  à  jouer 
de  la  flûte  sons  la  direction  de  son  père.  A  l'âge 
de  vingt  et  un  ans,  il  se  rendit  à  Paris  et  y  de- 
vint élève  de  Rault,  alors  l'artiste  le  plus  ha- 
bilesur  cet  instrument.  Admis  dans  l'orchestre 
du  Concert  spirituel,  en  1779,  Wnnderlich 
entra,  en  1782,  dans  la  musique  du  roi,  et  à 
l'orchestre  de  l'Opéra  pour  y  jouer  la  deuxième 
flûte,  en  1787,  puis  la  première.  A  l'époque 
de  l'organisation  du  Conservatoire  de  Paris,  il 
y  fut  appelé  comme  professeur,  el  y  forma  de 
bons  élèves  à  la  tête  desquels  se  place  Tulou. 


WUNDERLICH  -  WURST 


497 


Relire  de  l'Opéra  en  J8I5,  après  trente  ans 
île  service,  il  eut  pour  successeur  ce  même 
élève  devenu  dès  lors  le  premier  des  flûtistes 
de  l'Europe.  Wunderiich  conserva  sa  place  de 
professeur  au  Conservatoire  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  en  1819.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Six  duos  pour  t\ct)x  Ailles,  liv.  1,  Paris,  Ri- 
chaul  1.2°  Sonates  pour  flûte  et  l>asse,op.1, Paris, 
Janct.  5°  Six  solos  pour  la  flûte  à  cinq  clefs. 
op.  5  et  6,  Paris,  Frère.  4°  Six  divertissements 
pour  flûie  solo,  Paris,  Janct.  5°  Éludes  pour  la 
flùleà  cinq  clefs,  composées  de  soixante  quatre 
exercices  dans  Ions  les  Ions,  ibid.  fi"  Études  et 
caprices  pour  la  flûle,  Paris,  A  Petit.  7°  Trois 
grand  solos,  idem.  Paris,  Janet.  8"  Six  grands 
solos,  idem.  Paris,  A.  Petit.  9°  Trois  grandes 
sonates  avec  basson  ou  violoncelle,  ibid. 
10°  Mélliode  pour  la  flûle,  Paris,  A.  Petit. 

WUNSCII  (CiiiuniKN-EnNEST),  docteur  en 
médecine  à  Francfort  sur-l'Oder,  puis  à  Leip- 
sick,  né  à  Holienslein,  en  1744,  mort  dans  les 
premières  années  du  dix-neuvième  siècle,  est 
auteur  d'une  dissertation"  intitulée  :  Initia 
nova;  doctrina?  soni,  etc.,  Lipsiœ,  1770,  in-4° 
de  40  |iages,  avec  2  planches. 

YVUI5DA  (Joseph),  ténor  renommé  en  Al- 
lemagne, est  né  à  Raab,  en  Hongrie,  le  1 1  juin 
1807.  Fils  de  parenls  sans  fortune,  il  étudia  la 
musique  à  l'école  de  ce  lieu  et  en  chantant  dans 
les  églises.  La  beauté  de  sa  voix  le  décida  à  se 
tendre  à  Vienne,  où  il  prit  des  leçons  de  chant 
d'un  maître  italien  nommé  Cicinnara.  En 
1830,  il  accepta  un  engagement  au  théâtre  de 
la  cour  de  Slrélitz,  et  pendant  les  cinq  années 
de  son  séjour  dans  celte  résidence,  il  travailla 
sans  relâche  à  perfectionner  son  talent.  Ayant 
débuté,  en  1859,  au  théâtre  de  Hambourg,  dans 
le  Pirate,  de  Bellini,  il  y  oblint  un  succès  si 
Initiant,  (pie  la  direction  l'engager,  immédia- 
tement à  des  conditions  avantageuses.  Les  opé- 
ras de  Bellini  fuient  pendant  quelques  années 
ceux  où  il  brilla  ;  mais  le  rôle  d'Éléazar,  dans 
la  Juive  d'Halévy,  est  celui  où  il  a  montré  le 
talent  le  plus  complet.  En  1847,  il  a  été  nommé 
directeur  du  théâtre  de  celle  ville.  Il  occupait 
encore  celle  position  en  1861. 

WÏIRFEL  (Guillaume),  pianiste  et  com- 
positeur, naquiten  1791  àPlanian,  en  Bohême. 
Sa  mère,  bonne  musicienne,  lui  donna  les  pre- 
mières leçons,  et  les  progrès  de  l'élève  furent  si 
rapides,  qu'à  l'âge  de  douze  ans  il  pu!  déjà  se 
faire  entendre  en  public  avec  succès.  Quelques 
livres  de  théorie,  et  les  partitions  des  maîtres 
furent'  les  seuls  secours  qu'il  eût  pour  s'in- 
struire dans  la  composition.  A  peine  âgé  de 
quinze  ans,  il  écrivit  une  messe  solennelle  que 

lilOCR.  t.MV.  DES  MUSICIENS.  T.  VIII. 


les  artistes  instruits  approuvèrent  et  qui  mon- 
trait évidemment  ses  heureuses  dispositions. 
Depuis  lors,  des  concertos  et  des  rondeaux 
pour  orchestre  le  firent  connaître  avantageu- 
sement comme  compositeur,  et  ses  œuvres  lé- 
gères lui  ont  procuré  un  nom  populaire.  Son 
talent  sur  le  piano  était  particulièrement  re- 
marquable par  l'expression  et  l'élégance.  En 
1814,  Wurfel  a  fait  un  voyage  d'artiste  en 
Bohême,  en  Hongrie  et  en  Pologne.  La  place 
de  professeur  de  piano  au  Conservatoire  de 
Varsovie  lui  fut  offerîe,  en  1815,  et  il  en  rem- 
plit les  fondions  pendant  plusieurs  années; 
puis  il  se  remit  en  voyage,  s'arrêta  quelque 
lemps  à  Prague,  et  retourna  enfin  à  Vienne,  où 
il  fut  nommédirecteur  demusiqueautliéâlredc 
de  la  PortedeCarinlhie,  en  1826.  Il  est  mort  à 
Vienne  le  22  avril  1852.  Wurfel  a  écrit,  pour  le 
théâtre  dont  il  dirigeait  la  musique,  les  opéras 
Rubezahlelle Manteau  rouge;  le  premier  a  eu 
du  succès.  On  a  gravé  de  la  composition  de  cet 
artiste  les  ouvrages  suivants  :  1°  Concerto 
pour  piano  et  orchestre,  op.  28  (en  mi  bémol), 
Leipsick,  Peters.  2° La  victoire  de  Wellington, 
fantaisie  pour  piano  à  quatre  mains,  op.  15, 
Vienne,  Haas.  5°  Fantaisie,  idem,  op.  14, 
Vienne.  Haslinger.  4°  Rondeaux  brillants  pour 
piano,  op.  20,  24,  25,  50,  Leipsick,  Breilkopf 
et  Haprlel,  Peters;  Vienne,  Haslinger. 5°Grandc 
polonaise,  idem,  op.  40;  Varsovie,  Brzezina. 
6°  Airs  variés,  idem,  op.  15,  16,  17,  19,  29, 
Vienne,  Haslinger;  Leipsick,  Hofmeisler. 
7° Polonaise,  idem,  op.  21, 27,  Leipsick,  Brelt- 
kof  el  Hœrtel. 

WURST  (Richard), directeur  royal  demu- 
sique  à  Berlin,  est  né  dans  celle  ville,  le  22 
février  1824.  Pendant  qu'il  faisait  ses  éludes 
littéraires  au  Gymnase,  il  reçut  des  leçons  de 
violon  de  Hubert  Ries,  puis  il  fut  admis  comme 
élève  à  l'école  de  musique  de  l'Académie  des 
Beaux-Arts.  Sorti  de  celle  institution  en  1841, 
il  se  livra  à  l'enseignement  de  son  instrument 
et  reçut  dans  le  même  temps  des  leçons  de 
Mendelssohn  pour  la  composition.  Un  con- 
cours ayant  été  ouvert  à  Cologne,  en  1851,  pour 
la  composition  d'une  symphonie,  Wllrst  oblint 
le  prix,  puis  il  visita  Paris,  où  il  se  livra  à 
l'étude  du  chant.  De  retour  à  Berlin,  il  fut  dé- 
signé comme  professeur  de  violon,  au  Conser- 
vatoire fondé  par  Kullak,  et  enseigna  le  chant 
et  la  composition  dans  des  cours  particuliers. 
On  a  publié  de  cet  artiste  un  concerto  pour 
violon  el  orchestre,  trois  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  un  trio  pour  piano, 
violon  cl  violoncelle,  une  sonate  pour  piano  et 
violon  et  des  Lieder.  Il  a  en  manuscrit  une 


498 


WUKST    -    WYNGAEKT 


symphonie,  une  cantate  et  des  psaumes  à  trois 
voix. 

WYEAKT  ou  YVYKAïlT  (Philippe)  , 
dominicain  dit  couvent  de  Garni,  naquit  en 
Flandre,  et  mourut  dans  son  monastère,  le  22 
février  1094.  Les  auteurs  de  la  Bibliothèque 
tics  prédicateurs  disent  qu'il  était  savant  dans 
la  musique,  lion  organiste  et  qu'il  connaissait 
liien  la  facture  des  orgues  et  des  carillons. 
Il  a  laissé  en  manuscrit,  dans  son  couvent, 
j'i  Garni,  deux  traités  intitulés  :  1°  Traclatus 
de  cûfupanis  et   cainpdnibus.  2°  De  direc- 


tions horologii  publici;  ijusque  tintinnabu- 
loruni. 

WY3i(;\i:UT(AsT0i«EVA]\DEN),  mu- 
sicien et  compositeur  (en  latin  DE  VIIMEA), 
naqui'  à  Anvers,  dans  la  première  moitié  du 
quinzième  siècle.  Il  fui  chapelain-chantre  rie 
la  cathédrale  de  celte  ville  et  mourut  en  149'J. 
On  ne  connaît  rie  lui  que  deux  morceaux  rap- 
portés par  Glaréan,  dans  son  Dodecachordon; 
mais  d'après  ce  (m'en  dit  cet  auteur,  Wyngaert 
fui  un  des  contrcpoiiilistes  les  plus  habiles  de 
son  siècle. 


X 


XENOCRITE,  musicien   de   l'antiquité, 

était  de  Locres  en  Italie,  et  naquit  aveugle. 
Plularque  dit  qu'il  fut  contemporain  de  Tha- 
lélas,  de  Xénodame,  de  Polymnesles  et  de  Sa- 
cadas.  Il  ajoute  qu'il  fut  l'un  des  auteurs  du 
second  établissement  de  la  musique  à  Lacédé- 
mone.  On  lui  attribue  aussi  la  composition  de 
péans. 

XÉ1NODAME,  musicien  grec,  nédans  Pile 
de  Cylhère,  composa  des  péans  et  des  airs  de 
danse  appelés  hyporchèmes. 

XIMEISÈS  de  CISNEROS  (François), 
archevêque  de  Tolède,  cardinal  et  régent  d'Es- 
pagne pendant  la  minorité  et  l'absence  «le 
Charles-Quint,  naquit  dans  une  petite  ville  de 
la  Caslille,  en  1437,  et  mourut  le  8  novembre 
1517.  La  vie  dece  prélat  politique  n'appartient 
point  à  cette  Biographie  ;  il  n'y  est  mentionné 
que  pour  le  soin  qu'il  prit  de  rétablirdans  l'é- 
glise de  Tolède  le  chant  eugénien  ou  gothique 
connu  sous  le  nom  de  mozarabique,  qui  avait 
souffert  d'assez  grandes  altérations  par  le 
temps,  et  dont  la  tradition  se  perdait  parmi  les 
chantres  de  celte  église. 

XUTUS,   joueur  de   flûte  grec,   vécut  à 


Rome,  et  fut  en  grande  faveur  auprès  d'An- 
toine, qui  l'emmena  en  Egypte. 
XYLANDER  (Guillaume  IIOLTZ- 

MANN,  connu  sous  le  nom  de),  savant  hel- 
léniste et  critique  allemand  du  seizième  siècle, 
naquit  à  Augsbonrg,  le  26  décembre  1552,  fit 
ses  études  aux  universités  de  Tubingue  et  de 
Bâle,  puis  fut  professeurde  littérature  grecque 
à  l'Université  de  Heidelberg,  et  mourut  épuisé 
par  le  travail  et  l'intempérance,  le  10  février 
157G,  à  l'âgé  de  quarante-trois  ans.  Ce  savant 
a  traduit  en  latin  les  Vies  des  hommes  illustres 
et  les  OEuvres  morales  de  Plularque  (Baie, 
1561-1570,  deux  vol.  in-fol.),  où  se  trouve  le 
traité  de  musique  de  cet  auteur,  avec  des  notes 
et  des  remarques.  On  lui  doit  aussi  une  ver- 
sion latine  avec  des  notes  du  traité  île  Psellus 
sur  les  quatre  sciences  mathématiques,  pu- 
bliée sous  ce  titre  :  De  quatuor  discipti- 
nis  mathemalicis  Opusculum,  Bâle,  1536, 
in-8°.  L'édition  de  Leyde  ,  1647,  est  inti- 
tulée :  Compendium  mathemat.  quadri- 
vium,  id  est  arilhmetica,  musica,  geome- 
triaet  astronomie  Michael.  Pselli  interpr. 
Xylandro. 


32. 


YAKilEWICZ  (Feux),  violoniste  polo- 
nais, néàWilna,  vers  1750,  vécut  quelque 
temps  à  la  cour  <lu  roi  Stanislas,  à  Nancy,  dans 
sa  jeunesse;  puis  il  alla  à  Paris,  vers  1770,  et 
y  publia  ses  premiers  concertos;  ensuite  il 
voyagea  en  Italie  et  donna  un  concerta  Milan, 
en  1780.  Dans  la  même  année,  il  se  rendit  à 
Londres  et  fui  choisi  comme  chef  d'orchestre 
de  l'Opéra  italien.  Il  y  passa  le  resle  de  ses 
jours.  Yaniewicz  s'était  marié  avec  une  dame 
anglaise,  et  en  avait  eu  un  fils  et  deux  filles, 
dont  l'ainée  se  fil  remarquer  par  un  très-beau 
talent  sur  le  piano  On  ignore  l'époque  de  sa 
mort.  Les  compositions  connues  sous  son  nom 
sont  :  1°  Concerto  pour  violon  et  orchestre, 
numéro  1,  Paris,  Imbaull  (.lanel);  numéro  2, 
ibid.;  numéro  3  (en  la),  ibid.;  numéro  4  (en 
la),  ibid.  ;  numéro  5  (en  nu  mineur),  Paris, 
Six  trios  pour  deux  violons  et  basse;  Paris. 
Imbault. 

YCA11T  ou  HYCART  (Bernard),  musi- 
cien belge  du  quinzième  siècle,  vécut  à  Naples 
en  qualité  de  diantre  de  la  chapelle  royale 
vers  1480, et  (ut  renommé  comme  savant  théo- 
ricien, lient  quelques  discussions  sur  des  points 
de  doctrine  musicale  avec  Gafori  (voyez  ce 
nom).  On  ne  connaît  jusqu'à  ce  jour  de  ce  sa- 
vant musicien  que  deux  lamentations  de  Jéré- 
mie  à  quatre  voix,  publiées  par  Oclavien  Pe- 
trucci  (voyez  ce  nom),  dans  le  recueil  intitulé: 
Lamentationnm  Jeremie  prophète  liber  pri- 
mus;  f'enetiis,  Pelrucci,  1506,  petit  in -4° 
'obi. 

YCKEIMîERG  (Suexo),  né  dans  l'Oslro- 
golhie  vers  1772,  était  étudiant  en  philosophie 
à  l'université  d'Upsal  lorsqu'il  publia  une  dis 
serlalion  intitulée  De  Fatis  musicis  in  Sux- 
cia;  Upsal,  1797,  in-4°. 

YOST  (Michel),  clarinettiste  célèbre,  fils 
d'un  trompette  de  la  grande  écurie  du  roi  de 
France,  Suisse  d'origine,  naquit  à  Paris  en 
1754.  Le  premier  instrument  dont  il  apprit  à 
jouer  fut  le  hautbois  ;  mais  plus  tard,  lorsque 
l'excellent  clarinettiste  Béer  (voyez  ce  nom) 
se  fut  fixé  à  Paris,  en  qualité  de  chef  de  la 
musique  des  gardes  du  corps,  Yost,  plusconnu 
sous  son  prénom  de  Michel,  se  livra  à  l'étude 
de  la  clarinette  sous  la  direction  de  cet  habile 


maître.  Ses  progrès  furent  rapides,  et  bientôt 
d'élève,  il  devint  le  rival  de  Béer  lui-même. 
En  1777  il  se  fit  entendre  pour  la  première 
fois  au  concert  spirituel  et  y  excita  l'admira- 
tion par  la  beauté  du  son  qu'il  lirait  de  l'in- 
strument et  par  la  neltelé  de  son  exécution. 
Chaque  année  il  joua  ensuite  à  ce  concert,  et 
toujours  avec  un  brillant  succès.  Une  maladie 
cruelle,  qui  pendant  près  d'une  année  le  tint 
aux  portes  du  tombeau,  lui  avait  laissé  une 
grande  faiblesse  qu'il  voulut  surmonter  en 
jouant  dans  deux  concerts  :  celle  imprudence 
lui  causa  une  rechute  qui  l'enleva  le  5  juillet 
1780,  à  l'âge  de  trente-deux  ans.  I.e  meilleur 
élève  de  Yost  a  été  Xavier  Lefebvre.  Michel 
Yost  n'avait  pas  fait  d'études  de  composition, 
mais  il  avait  de  la  facilité  à  trouver  des  mélo- 
dies agréables  et  des  traits  brillants;  il  mettait 
tout  cela  sur  le  papier  d'une  manière  assez  in- 
forme, et  son  ami  Vogel  (voy.  ce  nom)  se  ser- 
vait de  ses  idées  pour  rédiger  ses  concertos  et 
les  instrumenter.  On  a  gravé  sous  le  nom  de 
Michel  les  ouvrages  suivants:  1°  Concerlos 
pour  clarinette  et  orchestre,  nos  1  à  14,  Paris, 
Sieber.  Les  trois  derniers  sont  posthumes. 
2°  Quatuors  pour  clarinette,  violon, alto  et  basse, 
œuvres  1  à  5,  chacun  de  six  quatuors,  Paris, 
Sieber.  S"  Duos  pour  deux  clarinettes,  œuvres 
1  à  8,  Paris,  Sieber.  4°  Airs  variés  pour  cla- 
rinette, avec  alto  el  basse,  liv.  I,  Paris,  Sieber. 
YOUiMG  (Wattiiew),  savant  ecclésiastique 
irlandais,  néen  1750  danslecomlé  de  Roscom- 
mon,  acheva  ses  éludes  à  l'université  deDuhlin, 
puis  y  remplit  les  fondions  de  professeur.  Ses 
profondes  connaissances  en  théologie,  en  phi- 
losophie, dans  les  langues  anciennes  et  mo- 
dernes, et  dans  les  sciences  physiques  el  ma- 
thématiques, lui  firent  conférer  l'évéché  de 
Clonl'ort  et  Kilmacdnach  (pays  de  Galles).  Il 
mourut,  après  quinze  moisdesouffrances,  d'un 
cancer  à  la  bouche,  le  28  novembre  1800.  Au 
nombre  des  ouvrages  de  ce  savant  homme,  on 
remarque  celui  qui  a  pour  litre:  An  Inquiry 
inlo  the  principal  phenomena  of  sounds  and 
musical  striugs  (Recherche  concernant  les 
principaux  phénomènes  des  sons  et  des  cordes 
musicales),  Dublin,  Jos.  Ilill,  1784,  grand 
iu-8«  de  203  pages,  avec  une  planche.  Cet  ou- 


YOUNG  -  YSSANDON 


SOI 


vrage  est  un  des  meilleurs  et  des  plus  complets 
qu'on  ailécrilssurcetle  matière.  La  cinquième 
section  de  la  deuxième  partie  traite  des  sons 
produits  par  les  harpes  éoliennes:  railleur 
availdéjà  traité  celle  matière  dans  le  Journal 
philosophique  de  Nicholson. 

YOLIMG  (William),  compositeur  anglais 
du  dix-septième  siècle,  n'est  connu  que  par 
un  ouvrage  intitulé:  Sonate  a  tre,  quallro  et 
cinque  stromenti,  Inspruclc,  1G5ô,  in  fol. 

YOUSSOUPOFF  (Le  prince  Nicolas)  , 
amateur  violoniste,  compositeur  et  écrivain 
sur  la  musique,  né  en  Russie  vers  1820,  a 
voyagé  pendant  plusieurs  années  en  Italie,  en 
Allemagne,  en  France  et  en  Belgique,  avec  un 
secrétaire  allemand,  hon  musicien, qui  écrivait 
ses  ouvrages  et  les  niellait  en  ordre.  Il  vit  ha- 
bituellement à  Pélershourg  dans  son  palais, 
où  il  entretient  un  orchestre  de  musiciens 
russes  et  étrangers.  Le  prince  YoussoiipofT  a 
publié  à  Paris,  chez  G.  Brandus  et  S.  Dul'our 
un  concerto  symphonique  de  violon  avec  or- 
chestre, auquel  la  société  néerlandaise  pour 
l'encouragement  de  la  musique  a  accordé  une 
mention  honorable.  Postérieurement  il  a 
composé  une  sorte  de  symphonie  historique 
pour  violon  cl  orchestre,  à  laquelle  il  a  donné 
le  nom  de  Gonzalve  de  Cordoue,  et  dont  il  a 
fait  imprimera  Paris  un  programme  très-dé- 
laillé  et  fort  emphatique.  Le  prince  Youssou- 
poir  s'est  aussi  fait  connaître  comme  écrivain 
sur  la  musique  par  deux  ouvrages  qui  ont  pour 
titres  :  1°  Luthomonographie  historique  et 
raisonnée.  Essai  sur  l'histoire  du  violon  et 
sur  les  ourragesdes  anciens  luthiers  célèbres 
du  temps  de  la  renaissance, parun  amateur, 
Franclorl-sur-le-Mein,  Ch.  Jugel.  Imprimé  à 
Munich,  1856,  un  vol.  in-8°,  avec  planches. 
2°  Histoire  de  la  musique  en  Russie.  Pre- 
mière partie.  Musique  sacrée  suivie  d'un 
choix  de  morceaux  de  chants  d'église  an- 
ciens et  modernes.  Paris.  Saint-Jorrc,  18G2, 
un  volume  in -4". 

YIHARTE  (Don  Thomas  DE),  poêle  espa- 
gnol, né  dans  Pile  de  TénériiTe,  vers  1750,  fit 
ses  éludes  à  Madrid  ;  puis  il  fut  placé  dans  les 
bureaux  du  gouvernement,  et  parvint  à  l'emploi 
de  chef  des  archives  de  la  secrélaireric  d'État. 
Ses  succès  dans  la  littérature  lui  ayant  fait  des 
ennemis  puissants,  il  fut  accusé  de  professer 
la  philosophie  anlichrétienne,  et  poursuivi, 
en  178G,  par  l'inquisition  de  Madrid,  qui  lui 
donna  la  ville  pour  prison.  La  procédure  fut 
instruite  en  secret,  et  ses  juges  le  déclarèrent 
légèrement  suspect.  Trop  heureux  «l'en  être 
quille  à  ce  prix,  il  se  relira  au  port  de  Sainte- 


Marie,  où  il  mourut  en  1791,  des  suites  d'atta- 
ques violentes  et  réitérées  d'épilepsie.  A  la  tôle 
de  ses  productions  littéraires  se  place  lin  poème 
sur  la  musique  dont  le  succès  a  été  brillant  et 
que  les  Espagnols  ont  classé  parmi  les  chels- 
d'œuvre  de  leur  poésie.  Ce  poème  est  divisé  eu 
Cinq  chants;  dans  le  premier,  l'auteur  traite 
des  éléments  de  la  musique  ;  dans  le  second, 
de  l'expression  ;  le  troisième  a  pour  objet  la 
dignité  de  la  musique  et  son  emploi  dans  les 
cérémonies  religieuses;  le  quatrième  renferme 
îles  préceptes  sur  l'usage  de  cet  art  dans  les 
fêtes  el  au  théâtre;  dans  le  cinquième,  Yriarle 
l'ait  un  tableau  des  ressources  offertes  par  l'art 
dans  la  solitude.  Le  mérite  principal  de  ce 
poëme  consiste  dans  l'harmonie  des  vers. 
Voici  l'indication  des  éditions  principales  de 
l'ouvrage  d'Yriarle,  et  de  ses  traductions  : 
\° La Mnsica ,poema.  Madrid  Jmprentn delà 
Gazeta,  1779,  grand  in-8°.  Celte  première  édi- 
tion, dont  l'exécution  typographique  est  belle, 
a  été  tirée  à  un  petit  nombre  d'exemplaires. 
2" Idem,  deuxième  édition, Madrid,  Imprenla 
real,  1784,  grand  in -8°.  La  troisième  édition 
a  élé  publiée  à  Madrid, en  1789,  petit  in-4°.  Il 
a  élé  fait  plusieurs  autres  éditions  de  ce  poème, 
entre  autres  une  à  Burgos,  chez  Pedro  Beanme, 
in-16,  el  une  à  Lyon,  chez  Cormon  et  Blanc, 
1822,  in-18.  L'abbé  Antoine  Garzia,  jésuite 
espagnol,  relire  à  Venise,  a  donné  une  traduc- 
tion italienne  du  poème  d'Yriarle,  intitulée: 
La  Musica,  poema  di  D.  Tommaso  Iriarte, 
tradotto  dal  castigliano,  in  Venezia,  1789, 
petit  in-4".  Grainville  (voy.  ce  nom)  en  a  fait 
une  traduction  fort  médiocre  qui  a  pour  litre: 
La  Musique,  poème  traduit  de  l'espagnol, de 
D.  Thomas  de  Yriarle-,  et  accompagné  de 
notes  par  le  citoyen  Langlé,  Paris,  1800, 
1  vol.  in-12  de  202  pages.  Enfin  John  Bell'our 
en  a  publié  une  traduction  anglaise,  à  Lon- 
dres, en  1811,  1  vol.  in-8°,  sousec  litre  :  Mu- 
sic,  a  didaclic  poem  in  five  canlos,  by  don 
Tomas  de  Yriarle,  translated  into  cnglish 
verse.  Charles  Pignatelli  a  fait  imprimer  : 
Elogio  historico  de  don  Tomas  de  Yriartt; 
Madrid,  1791,  in-8". 

YSSANDON  (Jean),  né  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle  à  Lésait,  dans  l'ancien  comté 
de  Foix  (aujourd'hui  déparlement  de  l'Ariégc), 
vécut  à  Avignon  dans  le  palais  du  cardinal 
d'Armagnac,  son  protecteur.  On  a  de  lui  un 
livre  qui  a  pour  litre  :  Traité  de  la  musique 
pratique,  divisé  en  deux  parties,  contenant 
en  bref  les  règles  et  pratique  d'icelle,  ensem- 
ble les  tables  musicales,  avec  divers  exemples 
pour  plus    facile   intelligence  de  l'art.   £e 


502 


YSSANDON  -  YZO 


tout  extrait  de  plusieurs  auteurs  latins  et 
mis  en  langue  française,  à  Paris,  par  Adrien 
le  Roy,  et  Roliert  Ballard,  1582,  in-fol.  de 
22  feuillets.  Quoi<|iie  fort  concis,  cet  ouvrage 
est  bon  à  lire  pour  la  connaissance  de  l'ancien 
système  de  notation.  Les  exemplaires  sont 
d'une  rareté  excessive. 


YZO  (  ..),  auteur  inconnu  d'un  écrit  inti- 
tulé :  Lettre  sur  celle  de  M.  J .  J .  Rousseau, 
citoyen  de  Genève,  sur  la  musique,  Paris, 
1754,  in-8°  de  24  pages.  Le  rédacleurdu  Jour- 
naldes  savants,  qui  a  rendu  compte  de  cet  écrit 
(ann.  1754,  p.  451),  l'apprécie  en  ces  mots  : 
Brochure  gui  est  faible  de  style  et  de  choses. 


z 


ZAïlKL  (GoDKrnoiB-GLiLi.AtMii),  Ijod  fac- 
teur d'orgues,  élève  «lu  Ilildebrand,  vivait  en 
J792  à  Tangermtlnde,  près  de  Stciidal.  Il  a 
construit  en  1803  l'orgue  de  l'église  principale 
de  celle  ville,  composé  de  douze  registres  au 
positif  et  de  neuf  jeux  à  la  pédale, 

ZAîîI21\I\T(J,vcQur,s),  écrivain  inconnu  d'un 
livre  fort  rare,  intitulé  :  Art  bene  cantandi 
ehoralem  canlum.  ïïlognntiœ,  1500,  in-12. 
Une  deuxième  édition  a  été  publiée  dans  la 
môme  ville,  en  1509,  in-12,  sous  ce  litre  ; 
Ars  bene  cantandi  ehoralem  canlum  in 
multitudine  personarum  tandem  Dci  reso- 
nantium  (voyez  les  7Vo/j'ccs  des  livres  anciens 
et  rares  (Xachrichlen  von  allen  und  raren  flu- 
cliern),  publiées  sous  le  pseudonyme  de  Theo- 
philus  (SYnceru»(Georges-JaequeB  Schwfndel), 
sixième  partie,  p.  337. 

ZACCAIUIS  (Crsau  DE),  ou  plutôt  ZAC- 
CA!II,  né  à  Crémone  vers  le  milieu  du  sei- 
zième siècle,  fut  engagé  au  service  de  l'élec- 
teur de  Bavière  en  qualité  de  chanteur  ;  mais 
il  quitta  la  chapelle  de  ce  prince  en  1588,  à 
cause  de  quelque  mécontentement,  et  entra 
dans  celle  du  comte  de  Furstemberg,  à  Scheer, 
sur  le  Danube,  d'où  il  a  daté  la  dédicace  de 
son  dernier  ouvrage,  le  20  mars  1594.  Ce 
Compositeur  avait  été  certainement  élevé  à 
bonne  école,  car  sa  musique  est  fort  bien 
écrite,  les  parties  chantent  bien,  et  son  har- 
monie est  naturelle.  Ses  ouvrages  imprimés 
sont  :  1°  Canliones  sacras  quatuor  vocum, 
Munich,  Adam  Uerg,  1590,  in-4°;  réimprimé 
en  1594.  2?  Jntonationes  vespertinarumpre- 
cuimina  cum  singulorum  tonorum  psalmo- 
diis  (quœ  vulgo  falsi  bordoni  dicunlur)  qua- 
tuor vocum,  i l)i(1. ,  1590,  in-fol.;  réimprimé 
avec  le  numéro  suivant  en  1591  et  .1594,  chez 
le  même  éditeur.  5°  Hymni  quinque  vocum 
de  Tempore  per  tolum  annum,  etc.,  ibid., 
1590,  in-fol.  ;  réimprimé  avec  le  précédent  en 
1591  et  1594,  gr.  m -fol.  Ce  volume  fait  partie 
de  la  collection  qui  a  pour  litre  général  :  Pa- 
trocinium  musices.  4'1  Canzonette  a  quattro 
roci,  ibid.,  1595,  in-4u. 

ZACCHAUIAS  (Je.vn),  musicien  alle- 
mand ,  vécut  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle.  Il  n'est  connu  (pie  par  des  motets 


à  quatre  voix  qui  se  trouvent  dans  un  recueil 
intitulé:  Officia  Paschalia.  De  Hesurrcctione 
et  Ascensionc  Domini.  Fitebergx  ,  apud 
Georgium  Rhau,  1539.  Des  exemplaires  de 
cette  collection  se  trouvent  à  la  Hibliolhèque 
royale  de  Munich  et  à  celle  de  l'université  do 
Jéna. 

ZACCIIIM  (Jumïs),  organiste  a  Saint- 
Georges-lc-Majenr,  n  Venise,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  do 
sa  composition  des  Molctti  a  quatlro  voci; 
InVenelia,  1572,  ln-4°. 

ZACCOIM  (ï.otis),  moine  de  l'ordre  de 
Saint-Augustin,  naquit  aPesaro,  vers  le  milieu 
du  seizième  siècle,  et  fut  directeur  dli  chœur 
du  couvent  de  son  ordre,  à  Venise.  En  1593,  il 
entra  dans  la  chapelle  de  l'archiduc  Charles 
d'Autriche,  à  Vienne,  et  deux  ans  après,  il  passa 
dans  celle  de  l'électeur  de  Bavière.  Il  parait 
qu'il  retourna  à  Venise  vers  1619,  vraisembla- 
blement à  cause  des  événements  de  la  guerre 
de  trente-ans.  Il  y  publia,  en  1622,  la  seconde 
partie  de  l'ouvrage  important  qui  nous  reste  de 
lui.  Ce  livre  a  pour  litre  :  Pratica  di  Mn- 
sica,  utile  e  necessaria,  si  al  compositore, 
per  comporre  i  canti  suoi  regolar meule,  si 
cinco  al  cantore,  per  assicurarsi  in  tutle  le 
cose  canlabili.  Divisa  in  quattro  libri,  nei 
quali  si  trutta  délie  cantilene  ordinarie,  de' 
tempi,  de'  prolalioni,  de'  proportioni,  de' 
luoni,  e  délia  convenienza  di  tutti  gli  islru- 
menli  musicali.  Si  insegna  a  cunlar  lutte  le 
composilioni  antiche,  si  dichiara  tulla  la 
Itlessa  delPalestrina,  co'l  titulo  :  l'Orne  armé, 
con  allie  cose  d'imporlanza  e  dilettevoli. 
Parle  I,  Venezia,  1592,  in-fol.  Une  deuxième 
édition  de  cette  première  partie  a  été  publiée  à 
Venise,  en  1590,  in-fol.  La  deuxième  partie  est 
iniiiulée  :  Pratica  di  Musica,  seconda  parte. 
Divisa  e  distinta  in  quattro  libri,  ne'  quali 
primieramentesi  traita  degli  elementi  musi- 
cali, cioè  de'  primi principii corne  necessarii 
alla  lessitura  o  formatione  délie  composilioni 
armoniali  ;  de'  contrappunti  semplici  ed  ar- 
lificiosi  da  farsi  in  cartella  ed  alla  mente 
sopra  canti  fermi;  e  poi  moslrandosi  corne 
si  facciano  i  contrappunti  doppii  d'obbligo, 
e  conconsequenli.Simostra  finalmente  corne 


50i 


ZACCONI  —  ZÀCHE 


si  conlessino  piùfughe  opra  i  predetticanti 
fermi  ed  ordischino  cantilene  a  due,  tre, 
quattro  e  più  voci,  Venezia,  1622,  in-fol. 
Cel  ouvrage  esl  un  des  meilleurs  qui  oui 
vu  le  jour  en  Italie,  et  c'est  celui  qui  l'ail 
le  mieux  connaître  la  situation  de  Part  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  C'est 
aussi  dans  ce  livre  qu'on  peut  prendre  la 
connaissance  la  plus  exacte  des  instruments 
en  usage  à  cette  époque.  La  deuxième  partie  est 
plus  rare  que  la  première,  dont  il  y  a  deux 
éditions. 

ZACH  (Jean),  né  à  Czelakowicz,  en  Bohême, 
vers  1705,  a  été  un  des  meilleurs  organistes 
de  son  temps,  et  s'est  aussi  distingué  comme 
violoniste  et  comme  compositeur  Le  maître 
auquel  il  dut  son  instruction  dans  l'art  d'écrire 
et  son  talent  d'organiste, fut  le  P.  Czernchorsky, 
de  l'ordre  de  Saint-François,  qui  était  maître 
de  chapelle  de  l'église  Saint-Jacques,  à  Prague, 
lorsqucZacli  entra  danslechœnr  decetteéglise. 
Dans  sa  jeunesse,  il  fui  attaché  comme  orga- 
niste aux  églises  Sainl-Gall  et  Saint-Martin  de 
Prague.  Plus  tard,  ayant  concouru  poui ohle- 
nir l'orgue  de  la  cathédralede  cette  ville,  et  un 
artiste  d'un  mérite  inférieur  au  sien  l'ayant  em- 
porté sur  lui,  il  s'éloigna  et  serenditàMayence, 
où  l'électeur  le  choisit  pour  son  maître  de  cha- 
pelle. Il  en  remplit  longtemps  les  fonctions 
avec  honneur,  etse  distingua  aussi  par  les  hons 
élèves  qu'il  forma  dans  la  science  du  contre- 
point et  de  la  composition.  Il  mourut  eu  1775 
à  Bruchsal,  dans  le  duché  de  Bade,  ou  il  s'était 
retiré  dans  ses  dernières  années.  On  n'a  gravé 
de  sa  composition  qu'un  seul  concerto  pour  le 
clavecin  en  17GG,  à  Spire;  mais  il  a  laissé  en 
manuscrit  des  symphonies  et  six  sonates  pour 
clavecin  et  violon. 

ZAC1IARDI  (Florido),  compositeur  ita- 
lien, vécut  a  la  fin  du  seizième  siècle.  Il  s'est 
fait  connaître  par  une  œuvre  intitulée  :  Can- 
tiones  sacra;  quinque,  sex  et  septem  vocum. 
Veneliis,  1591,  in-4». 

ZACHAllIvE  (Juste-Frédéric  Guil- 
laume), professeur  de  belles-lettres  au  gym- 
nase de  Brunswick,  naquit  le  1er  mai  1720, 
à  Frankenhausen,  dans  la  principauté  de 
Schwarzbourg,  et  mourut  à  Brunswick  le 
50  janvier  1777.  Poêle  estimé,  il  cultiva  aussi 
la  musique  avec  succès.  On  connaît  de  lui,  en 
manuscrit,  l'oratorio  les  Pèlerins  de  Golgollia , 
dont  il  composa  les  vers  et  la  musique  en  1756, 
et  deux  suites  de  pièces  de  chant  et  de  clavecin 
publiées  en  1700,  cl  dont  il  fut  l'ait  une 
deuxième  édition  en  1768.  Il  a  fait  insérer, 
dans  les  Essais  historiques  et  critiques  de  Mai- 


purg  (tome  III,  p.  71-76),  une  lettre  sur  les 
plagiais  en  musique. 

ZACIIARI/E  (J.-F.-L.),  directeur  de 
musique  à  Magdebourg,  succéda  dans  celte 
place  au  compositeur  Rolle  (voyez  ce  nom),  en 
1785.  Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  com- 
positions pour  l'église,  qui  se  trouvent  à  Mag- 
debourg, et  parmi  lesquelles  on  remarque  un 
recueil  qui  a  pour  titre  :  Kirchemusik,  ivelclie 
bey  der  St-Katharinenkirche  am  2  sept.  1795 
zu  Iflagdeburg  vor-und  Nachmillags  auss- 
gefiihrt  vorden  ist.  On  a  imprimé  de  lui  : 
Skolieaoder Gesxtige  bey  freundschaftlichen 
Zusnmmenlkunslen.  Sondersleben,  Lorenz, 
1796. 

ZACIIAU  (Pierre),  musicien  et  joueur  de 
cornet  du  sénat  de  Lubeck,  vécut  dans  la  se- 
conde moiliédu  dix-septième  siècle.  Il  s'est  fait 
connaître  par  les  ouvrages  dont  voici  les  ti- 
tres :  Sieben  Branlen  mil  duzn  Gigcn,  Ga- 
volten,  etc.,  und  mit  drey  Couranten  (Six 
branles  avec  leurs  gigues,  gavottes,  etc.,  et 
avec  trois  courantes)  Lubeck,  1683,  in-4°. 
2°  Erster  Theil  viestimmiger  Violdi  gamb 
Lustspielen  solo,  beslehend  in  Prxltulien. 
Alemanden,  Couranten,  Balklten  und  Clii- 
quen  (Divertissements  à  quatre  parties  pour  la 
basse  de  viole,  consistant  en  préludes,  alle- 
mandes, courantes,  ballels  etgigues.  Première 
partie).  Lubeck,  1693,  in  fol.  de  quarante-huit 
planches  gravées  sur  cuivre  (voyez  Moller, 
Cimbria  lilerata,  l.  I.  p.  748). 

ZACIIAU  (Frédéric-Guillaume),  fils  d'un 
musicien  de  Leipsick,  naquit  dans  celle  ville, 
le  19  novembre  1663.  Dans  sa  première  en- 
fance il  suivit  son  père  àEilenhourg,enPrusse, 
et  y  apprit,  dans  l'école  publique,  la  musique, 
l'art  de  jouer  de  l'orgue  et  les  éléments  de  la 
langue  latine.  Thiel,  de  Stellin,  perfectionna 
ensuite  son  talent  sur  l'orgue.  En  1684,  il  fut 
nommé  organiste  de  l'église  Sainte-Marie  à 
Halle,  en  Saxe.  Il  conserva  celle  place  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  le  14  août  1721.  Zachan  a 
laissé  en  manuscrit  des  pièces  d'orgue  excel- 
lentes, dont  quelques-unes  ont  été  .insérées 
dans  des  recueils,  entre  autres  dans  celui  qui 
a  pour  litre  :  Saminlung  von  Prxludien, 
Fugen,  ausgefiilirtcn  Cfwrxlen,  etc.,  von 
beriihinten  Meistern,  Leipsick,  Brcilkopf  et 
Haertel.  Cet  artiste  a  la  gloire  d'avoir  été  le  mai- 
Ire  de  llaendel. 

ZACIIL  (...),  en  latin  Z  VCIIEUS,  mu- 
sicien belge  du  seizième  siècle,  n'est  connu 
jusqu'à  ce  jour  que  par  quelques  morceaux  de 
sa  composition  qui  se  trouvent  dans  les  recueils 
intitules  :  1°  Jardin  musical  contenant  plu- 


ZACHE  -  ZANCHI 


505 


sieurs  belles  fleurs  de  chansons  à  trois  par- 
ties, choysies  d'entre  les  oeuvres  de  plusieurs 
(tut  heurs  excellent  s  en  l'art  de  musique  ensem- 
blele  blasondubeau  et  laid  telin  propres  tant 
à  la  voix  comme  aux  instruments.  Le  pre- 
mier livre.  En  Anvers.  Par  Hubert  f'uael- 
ranl  (sic)  et  Jean  Laet  (sans  date),  in-4°  obi. 
2°  Recueil  des  fleurs  produites  de  la  divine 
musique  à  trois  parties  par  Clément  non 
Pape,  Thomas  Cricquillon;  et  autres  excel 
lents  musiciens.  A  Lovain,  de  l'imprimerie 
de  Pierre  Phalese,  libraire  juré,  l'an  1509, 
pelil  in-4"  obi. 

ZAEÏSKL  (D.),  moine  de  l'ordre  de  Saint- 
François,  né  en  1719  à  Unlerwinckling,  en 
Bavière,  reçut  en  1740  l'habit  de  son  ordre, 
et  mourut  à  Munich  en  1783.  Grand  musicien 
et  compositeur,  il  écrivit  pour  son  couvent 
plus  de  cent  messes,  offertoires  et  litanies  qui 
sont  restées  en  manuscrit. 

ZAGAGIVONI  (Le  P.  François),  mineur 
conventuel,  naquit  le  5  février  1707  à  Ai- 
genla,  dans  la  province  de  Ferrare.  Les  pre- 
miers éléments  de  la  musique  lui  furent  ensei- 
gnés par  le  maître  Pettarini,  de  Massa-Lom- 
harcli  ;  il  alla  plus  lard  continuer  ses  études  à 
Bologne,  sous  la  direction  du  P.  Martini,  puis 
avec  le  P.  Maltei.  Son  mérite  le  fit  rechercher, 
et  il  fut  agrégé  à  plusieurs  sociétés  musicales 
et  littéraires.  Il  fut  d'abord  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  des  Ursulines  de  Ferrare;  plus 
lard  il  se  relira  dans  le  monastère  des  PP.  Con- 
ventuels des  SS  Apôtres,  à  Rome,  où  il  remplit 
aussi  les  fonctions  de  maître  de  chapelle.  Il  y 
est  mort  le  7  avril  1844.  Une  partie  de  ses 
compositions  pour  l'église  se  trouve  chez  les 
Ursulines  de  Sainte-Marie  des  Servîtes,  à 
Ferrare  ;  l'entre  est  dans  les  archives  des 
PP.  Conventuels  des  SS.  Apôtres,  à  Rome. 
Parmi  ses  ouvrages  les  plus  remarquables,  on 
dislingue  un  Miserere  à  quatre  voix;  un  autre 
Miserere  à  trois  voix  et  orgue,  une  messe  so- 
lennelle à  quatre  voix  et  orchestre,  une  messe 
de  requiem  également  avec  orchestre,  et  des 
motets  à  huit  voix  en  deux  chœurs.  On  connaît 
de  ce  religieux  des  éludes  de  contrepoint. 

ZVKOWSKY  (Joseph),  amateur  de  mu- 
sique, est  né  à  Iglau  en  Moravie,  vers  1810. 
Également  habile  sur  le  piano  et  sur  la  gui- 
tare, il  jouait  quelquefois  des  duos  sur  les  deux 
instruments,  savoir,  le  piano  avec  la  main 
droite  et  la  guitare  avec  la  gauche.  On  a  gravé 
«le  sa  composition  :  lu  Tantum  ergo,  pour 
quatre  voix,  orchestre  et  orgue,  Vienne,  Bèr- 
mann.  2°  Te  Deum  laudamus  à  (rois  voix, 
deux  clarinettes,  deux  cors,  deux  trompettes, 


timbales,  basse  et  orgue  ,  ibid.  3°  Instruc- 
tion pour  le  piano,  ibid.  Il  a  aussi  publié 
des  recueils  de  danses  allemandes  et  hongroi- 
ses. 

ZAMBOIXI  (Louis),  un  des  meilleurs  bouf- 
fes de  l'Italie,  au  commencement  du  dix-neu- 
vième siècle,  naquit  à  Bologne,  en  1707,  et  y 
reçut  son  éducation  musicale.  En  1791,  il  dé- 
buta à  Ravenne  dans  l'opéra  de  Cimarosa  // 
Fanalico  in  Berlina,  puis  chanta  à  Modène, 
à  Parme,  à  Florence,  et  enfin  à  Rome,  où  il 
obtint  un  brillant  succès.  En  1807,  il  brilla  à 
Venise,  chanta  au  théâtre  de  la  Scala  de  Milan, 
en  1810  et  1811,  et  fut  un  des  acteurs  pour  qui 
Rossini  écrivit  le  Barbier  de  Séville,  à  Rome, 
en  1810.  Deux  ans  après,  il  chanta  de  nouveau 
à  Milan,  mais  déjà  sa  voix  était  fort  affaiblie. 
Retiré  à  Florence  en  1825,  il  y  eslmort  le 28  fé- 
vrier 1837,  à  l'âge  de  soixante  el  dix  ans. 

ZAIUMINEK  (FitÉDÉiuc),  professeur  de 
physique  à  l'Université  de  Giessen,  né  à  Darm- 
sladl,  mon  le  10  août  1850,  dans  un  âge  peu 
avancé,  est  auteur  d'un  bon  livre  intitulé  :  Die 
Musiît  und  die  musihalischen  Instrumente 
in  ihrer  Beziehung  zu  den  Gesetzen  der 
Akuslik(La  Musique  et  les  instruments  musi- 
caux dans  leurs  rapports  avec  les  lois  de  l'a- 
coutique).  Giessen,  1855,  J.  Reiker,  un  vol. 
gr.  in-8°  de  4Ô7  pages,  avec  un  grand  nombre 
de  figures  d'instruments  insérées  dans  le 
texte. 

ZAWATA  (Dominique),  compositeur  véni- 
tien qui  vivait  vers  la  fin  du  dix-septième  siè- 
cle, est  connu  par  les  ouvrages  suivants  : 
1  •  Sonate  da  chiesa  a  3  stromenli,  due  violini 
e  violoncellojcolbasso  continue-  perl'orguno, 
op.  1°,  Bologne,  1089,  in-4".  2»  lutrecci  ar- 
monici  diversi,  espressi  in  cantate  a  voce 
soin  di  soprano o  contr'  alto,  op.  4,  Venise, 
1097,  in-4°  obi.,  en  partition.  3°  Cantate  in 
soprano,  a  voce  sola,  e  ariette  con  violini 
unissoni,  op.  0,  Venise,  1098,  in-4"  obi.  La 
première  édition  de  ces  cantales  a  paru  à  Ve- 
nise, chez  Sala,  en  1095.  Gerber  indique  aussi 
les  ouvrages  suivants  de  cet  auteur,  qui  exis- 
tent en  manuscrit  :  1°  Salmo  109  Dixit  Do- 
minus,  etc.,  a  2corj'per8  voci  realiacapella 
in  canone,  con  2  violini  in  canone,  ed  una 
viola.  2"  Lx  talus,  a  8  voci,  a  2  cori  a  capella 
in  canone,  con  2  violini  in  canone  ed  una 
viola   3"  Magnificat,  a  dclti. 

ZAIMCIIl  (Libérale),  musicien  et  organiste 
de  l'empereur  Rodolphe  II,  né  à  Trévise,  vers 
1570,  a  publié  :  1"  Canlioncs  von  A  und  8 
Stimmen  zuallerley  Instrumentai  (Chansons 
à  quatre  et  huit  parties  pour  toute  sorte  d'in- 


;;og 


ZANCI-II  -  ZAM 


strumeuts),  Prague,  ItiOô.  2o  Quinque  psal- 
moram  in  vesperis  concinendorum  adonis 
et  duodenis  vocibus,  Prague,   1603,  in-4?. 

ZAÏVETTI  (Le  P.  Zacharie),  moine  fran- 
ciscain, né  à  Bologne,  vécut  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  a  pu- 
blié: Sacrze  et  divins  canlioncsbinisac  terni  s 
vocibus adorganum  der.antand.v ,  cxpluribus 
mitsicis  exceUcntissimiscumnunrjiiuin  bnsso 
ad  organum  commodum  noviter  édita.'.  Vc- 
neliis  apud  Alex.  Vinccnllum,  1G19,  in-4". 
La  plupart  des  compositeurs  dont  on  trouve 
des  motets  dans  ce  recueil  sont  des  RR.  PP. 
franciscains  peu  connus.  Plusieurs  de  ces  mor- 
ceaux appartiennent  au  P.  Zanelti. 

ZA^iETTI  (Astoinr),  appelé  aussi  ZA- 
NETTIWI,  musicien  de  l'école  vénitienne, 
fut  d'abord  admis  à  la  chapelle  de  Saint-Marc, 
comme  sopraniste,  en  1076,  puis  devint  maî- 
tre de  la  chapelle  ducale  de  Modène,  en  1080, 
et  retourna  ensuite  à  Venise,  où  il  écrivit  pour 
le  théâtre.  Il  y  vivait  encore  en  1705.  Il  avait 
eu  pour  maître  de  composition  le  célèbre  com- 
positeur Legrenzi.  Zanelli  a  fait  représenter,  à 
Venise,  les  opéras  suivants:  \aMedea  in  Alêne, 
joué  en  167])  et  repris  en  1678.2°  Aurora  in 
Atene,  au  théâtre  SS.  Giovanni  e  Paolo,  en 
1678.  3»  Irène  e  Costantino,  1681.  4°  Ternis- 
tocle  in  bando,  1685.  5°  Virgilio  console, 
1704.  Ç>"  Arlaserse,  1705,  an  ihéâlrede  S. -An- 
giolo,  puis  à  Bologne  en  1711. 

ZANETTI  (François),  maître  de  chapelle 
à  Permise  (Perugia),  naquit  à  Vollerra  vers 
1740.  Ayant  fait  représenter  un  opéra  dans 
lequel  il  chanta  lui-même,  à  la  place  du  pre- 
mier ténor  qui  venait  de  s'enfuir,  celle  incon- 
venance lui  fit  perdre  sa  place  de  maître  de 
chapelle.  Quelque  temps  après,  il  épousa  une 
cantatrice  fort  belle  avec  laquelle  il  voyagea 
en  Italie.  En  1790,  il  était  à  Londres  et  y  avait 
publié  quelques  œuvres  de  musique  instru- 
mentale. Les  opéras  connus  sous  son  nom  sont 
ceux-ci  :  1°  ~VAntigono,à  Livourne,  en  1765. 
2°  Didone  abbandonala,  ibid,  1766.  ôu  Le 
Cognate  in  contesa,  opéra  bouffe,  à  Alexan- 
drie de  la  Paille,  en  1783.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  l°Six  trios  pour  deux  violons  et 
violoncelle,  op.  1  et  2,  Londres.  2°  Six  idem, 
op.  4,  ibid.  ô°  Six  quintettes  pour  trois  vio- 
lons et  deux  violoncelles,  op.  3,  ibid.  4°  Six 
trios  pour  deux  flûtes  et  basse. 

ZAI\G  (Jean-Henri),  cantor,  compositeur, 
écrivain,  chimiste,  fadeur  d'instruments, 
mécanicien,  dessinateur,  calligraphe,  etc., 
naqùitj  le  1ô  avril  17ôô,  à  Zella-Saint-Blaise, 
dans  le  duché  île  Gotha.  Son  père,  lieutenant 


hongrois,  s'était  retiré  dans  ce  lien.  Zang  était 
destiné  à  cultiver  les  lettres  grecques  et  lalincs, 
mais  la  musique  avait  tant  d'attraits  pour  lui, 
qu'il  négligea  les  autres  éludes  pour  se  livrer 
uniquement  à  celle  de  cet  art.  Ayant  été  en- 
voyé à  Leipsick,  il  y  reçut,  pendant  deux  ans, 
des  leçons  de  clavecin  et  d'orgue.  En  1749,  il  ac- 
cepta un  emploi  civil  àCohourg,  puis  il  occupa 
quelque  lemps  celui  d'organiste  à  Hohenstein, 
près  de  cette  ville.  En  1751,  il  fut  appelé, 
comme  cantor,  à  Wallsdorf  près  de  Bamberg, 
et,  dans  l'année  suivante,  il  alla  occuper  une 
position  semblable  à  Stockbeim  sur  le  Mein,en 
Bavière,  où  il  eut  une  longue  carrière,  Il  y  mou- 
rut le  18aortl  1811,  à  l'âge  de  soixantc-dlx- 
huit  ans.  Gerber  cite  de  lui  les  compositions 
suivantes  :  La  Muse  chantante  du  Mein, 
gravée  par  lui-même  sur  des  planches  do  cui- 
vre. 28  Deux  années  complètes  de  cantate» 
d'église  pour  tous  les  dimanches  et  fêles,  en 
manuscrit,  ô"  Douze  trios  pour  l'orgue  à  deux 
claviers  et  pédale,  idem.  4"  Six  sonates  pour  le 
clavecin,  avecd'aulres  pièces,  idem.  Zang  avait 
travaillé  pendant  presque  toule  sa  vie  à  une 
collection  de  manuels  des  ans  et  métiers,  sous 
le  titre  :  Des  Kunst  und  Handwerks- Buchs , 
etc.;  il  en  publia  la  première  partie  contenant 
l'artdu  tonnelier,  à  Nuremberg,  chez  Schneider 
eiWeigels,en  1798,  un  volume  petit  in-8°,  avec 
des  planchesdessinéeset  gravées  par  lui-même. 
La  seconde  partie  est  intitulée  :  Der  Voll- 
hommene  Orgelmacher  oder  Lehre  von  der 
Orgel  und  Tp'indprobe  (Le  Parfait  Facteur 
d'orgue,  ou  science  de  l'examen  de  l'orgue  et 
de  la  soufflerie),  Nuremberg,  chez  les  mêmes, 
1804,  petit  in-8°  de  175  pages,  avec  une  pré- 
face et  deux  planches.  Une  deuxième  édition 
de  cette  seconde  partie  a  paru  chez  les  mêmes, 
en  1810,  et  une  troisième,  en  1829,  toutes 
in-8°.  Ce  livre  est  un  bon  ouvrage,  où  l'on  re- 
marque des  principes  de  construction  plus  cer- 
tains que  les  tâtonnements  et  la  rouline  des 
facteurs  ordinaires. 

ZA1\GER  (Jean),  né  à  Inspruck,  dans  la 
première  moitié  du  seizième  siècle,  a  été  vrai- 
semblablement cantor  à  Brunswick  ;  car  l'é- 
pilre  dédicatoire  de  son  livre  est  datée  de  celte 
ville,  le  10  des  calendes  de  juin  1552.  Il  a  pu- 
blié un  traité  élémentaire  de  musique  intitulé  : 
Pruclica;  musicx  prxcepla,  pueritiœ  insti-. 
luendx  gratia,  ad  ccrlum  methodum  revo- 
cala,  Lipsiae,  apud  Georg.  Hanlsch,  1554, 
in-4"  de  dix-neuf  feuilles.  L'ouvrage  est  en 
dialogues. 

ZATM  (Anuré),  violoniste  distinguéelcom- 
posilcur.  naquit  à  Casate-Maggiore,  en  Lom- 


ZANI  —  ZAPPASORGO 


r;07 


bardié,  dans  les  premières  années  <1  n  dix-hui- 
(ième  siècle.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Sei  concerti  grossi  a  2  violini  principal^ 
2  violini  di  ripieno,  violelta,  violone  edor- 
gano,  Amsterdam,  Roger.  2«  Sei  sinfonie  a 
due  violini,  viola  di  gamba  et  organo,  ibid. 
5°  Dodici  concerti aviolino  solo,  2  violinidi 
ripieno,  violelta  ed  or gano ,  ibid. 

ZANI  DE  FERRAIS XI.   Voyez  FER-  . 
RAHTI. 

ZANOTTI  (Cumule),  en  latin  JEAN- 
HOTTES,  vice-maître  de  chapelle  de  l'em- 
pereur Rodolphe  II,  naquit  à  Césène,  dans  la 
Romagne,  vers  15415.  Il  est  auteur  d'un  recueil 
de  quatre  messes,  intitulé  ;  Missarum  cum 
quinquevocibus  liber  primus,  nuper  aiditus. 
Venetiis,  apud  Angelum  Gardanum,  1588, 
in-4°  obi.  Les  antres  ouvrages  de  Zanofli  sont  ; 
Il  primo  libro  delli  Madrigali  a  sei  voci. 
Nuovamente  posti  in  luce.  In  Venelia,  an- 
pressoAngelo  Gardano,  1589,  in-4°.Une  par- 
tie des  vingt  et  un  madrigaux  que  contient  ce 
recueil  a  été  réimprimée  avec  d'autres,  à  cinq 
et  à  douze  voix,  dont  quelques-uns  avec  un 
texte  allemand.  Cette  collection  a  pour  titre  : 
Madrigali  a5,6et  12  voci.  Nuremberg,  1590, 
in- 4°  obi.  Sacra;  Symphonise  octo  vocum, 
Nuremberg,  veuve  Gerlach,  1592,  in-4°  obi. 
Cet  œuvre  renferme  des  motels  à  deux 
chœurs. 

ZAHOTTI(Fra*çois-Maiue),  célèbre  pro- 
fesseur de  philosophie,  géomètre  et  bibliothé- 
caire de  l'Institut  des  sciences  de  Bologne,  na- 
quit dans  celle  ville,  le  6  janvier  1692,  et  y 
mourut  le  24  décembre  1777.  La  vie  et  l'exa- 
men des  ouvrages  de  ce  savant  n'appartien- 
nent pas  à  ce  dictionnaire  biographique  ;  il 
n'y  est  cité  que  pour  des  lettres  qu'il  écrivit 
au  pèreGiovenale  Sacchi,  concernant  son  traité 
Délia  divisione  del  tempo  nella  musica,  etc., 
et  qui  ont  été  recueillies  avec  celles  de  Martini 
et  de  Sacchi  sur  un  autre  ouvrage  de  celui-ci, 
sous  ce  litre  :  Leltere  del  Sig.  Franc.  Mar. 
Zanotli,  del  P.  Giamb.  Martini,  e  del  P. 
Giovenale  Sacchi,  Jccademici  deW  Istilulo 
di  Bologna,  nelle  quali  si  propongono  e  ri-' 
solvono  alcuni  dubbi  appartenenti  al  tral- 
tato  :  Délia  divisione  del  tempo  nellamusica, 
nel  ballo  e  nellapoesia,  pubblicato  in  Milano 
l'anno  1770,  e  aW  altro  :  Délie  quinte  suc- 
cessive nel  contrappunto,  e  délie  regole  degli 
accompagnamenti ,  pubblicato  l'anno  1780, 
Milano,  1782,  in-4". 

ZAHOTTI  (Jeaîh-Calixtk),  abbé  et  neveu 
du  précédent,  naquit  à  Bologne,  en  1754,  et 
lit  ses  études  musicales  sous  la  direction  du 


père  Martini.  Il  fut  académicien  philharmo- 
nique de  celle  ville  et  maître  de  chapelle  de 
l'église  Sainl-Pélronc.  Il  a  beaucoup  écrit 
pour  l'église,  mais  sa  musique  est  restée  en 
manuscrit.  L'almanach  des  théâtres-,  publié  à 
Milan,  en  1791,  le  met  aussi  au  nombre  des 
compositeurs  dramatiques.  Burney  entendit  à 
Bologne,  en  1770,  un  Dixit  composé  par 
l'abbé  Zanolti,  dont  il  vante  les  beautés.  Ce 
musicien  est  mort  dans  l'été  de  1817,  {Voyez  le 
Diario  di  Bologna,  juillet  1818.) 

ZAPATA  (I)om  Maurice),  moine  de  Mont* 
Cassin,  né  à  Parme  en  1G40,  mourut  au  mo- 
nastère de  Monl-Cassin  en  1709.  On  a  de  lui 
un  petit  traité  du  plain-chant,  inltilé  ;  Ris- 
tretto  e  brève  discorso  sopra  h  regole  del 
canto  fermo.  In  Parma,  per  Giuseppe  deW 
Oglioe  Jppolito  Rosati,  1082,  in -4". 

ZAPF  (Jean-Népomucène),  professeur  de 
musique  et  de  piano  à  Grœiz,  vivait  au  com- 
mencement du  dix-neuvième  siècle.  On  a  pu- 
blié de  sa  composition  :  1°  Trois  sonates  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  Vienne,  1801. 
2°  Deux  sonates  pour  piano  seul,  ibid.,  1802. 
5"  Grande  sonate  pathétique,  ibid.  4"  Esquisse 
pour  le  piano,  avec  violon  et  violoncelle,  ibid., 
1802.  5°  Sept  variations  pour  piano  sur  le 
thème  allemand:  Begliickt  durchdich,  etc., 
?'6ttL,1801.  0°  La  Galopade  avec  10  variations 
pour  le  piano.  7°  Quelques  variations  pour 
violon  et  pour  flûte.  On  connaissait  aussi  à  la 
même  époque,  en  manuscrit,  l'opéra  intitulé: 
Die  Hiddigung  (L'hommage),  composé  par 
Zapf. 

ZAPPA  (le  père  Siméon),  grand  cordelier 
au  couvent  de  Venise,  ,naqnit  à  Aquilée,  dans 
l'Illyrie.  Il  paraît  avoir  vécu  plus  lot  que  je  ne 
l'ai  dit  dans  la  première  édition  de  celle  Bio- 
graphie, car  il  existe  une  édition  du  pet i t  ou- 
vrage qui  l'a  l'ait  connaître,  laquelle  a  pour 
litre  :  Regolelte  de  canto  fermo  et  de  canto 
figurato  latino  et  volgare  italiano  con  ogni 
brevila  nouamenle  composte  et  compilate. 
A  la  fin  de  cel  opuscule,  composé  de  vingt 
feuillets in-4°,  on  lit:  Jdlaudem  Dei et  Beatx 
Virginia  cxplicit  facile  principium  7iiusi- 
cale  ediluma  fratre  Aquilano  Lirycienseor- 
dinis  minor.  Conventualium.  Venetiis  per 
Auguslinum  de  Bendonis,  1037.  Il  y  a  eu 
probablement  d'autres  éditions  de  ce  petit 
écrit  avant  celle  qui  porte  le  nom  de  Padre 
Simeone  Zappa  et  le  titre  :  Regolettedel  canto 
fermo  e  figurato,  Venezia,  1700,  in-4". 

ZAPPASORGO  (Jean),  compositeur  du 
seizième  siècle,  né  à  Trévise,  a  fait  imprimer 
ifc  sa  composition  :  1°  Napolitain'  a  Ire  voci, 


oÛ8 


ZAPPASORGO  —  ZARLINO 


Jib.  I,  Venezia,  1571,  in-8n.  2"  Idem,  lih.  II, 
ibid.y  1573,  in-8".  Il  y  a  une  autre  édition  <le 
ces  deux  livres  de  napolitaines,  datée  de  Ve- 
nise, 1582,  et  une  troisième,  avec  la  date  de 
1588.  Les  titres  de  ces  oeuvres  nous  font  con- 
naître la  ville  où  ce  musicien  vit  le  jour. 

ZARLINO  (Joseph),  savant  musicien  et 
écrivain  célèbre  sur  la  théorie  de  la  musique, 
naquit  à  Chioggia,  «lansl'Élal  vénitien,  vers  les 
premiers  mois  de  1510;  car  il  nous  apprend 
lui-môme  {Delhi  Originedei  R.  F.  ('apucini, 
in  Op.  tome  IV,  page  9G)  qu'il  était  âgé  d'en- 
viron deux  ansau  mois  de  juillet  1521  (1).  Bur- 
ney,  qui  a  fixé  l'époque  de  sa  naissance  en 
1540  (a  General  Nistory  of  It/usic,  tome  III, 
page  1G2),  a  pu  ne  pas  connaHrc  ce  passage, 
qui  n'est  mentionné  par  aucun  des  historiens 
delà  musique;  mais  il  aurait  dû  lire  un  pas- 
sage du  livre  de  Zarlino  intitulé:  Sopplimenli 
tnusicali,  où  il  rapporte  (lih.  VIII,  c.  13)  une 
discussion  qui  s'éleva,  dit-il,  le  5  décemhrc 
1541,  première  année  de  son  séjour  à  ï'enise, 
dans  l'église  Sa int-Jean-P Aumônier,  au  Rialto, 
entre  l'organiste  Parahosco  et  un  autre  musi- 
cien. Celte  date  de  1541,  rapprochée  du  pas- 
sage de  l'Origine  des  capucins,  cité  précédem- 
ment, démontre  que  plusieurs  auteurs,  et  moi- 
même  dans  un  autre  endroit,  avons  été  induits 
en  erreur  lorsque  nous  avons  dit  que  Zarlino 
avait  été  admis  comme  enfant  de  chœur  à 
l'église  de  Saint-Marc  et  qu'il  y  avait  fait  ses 
éludes  de  musique;  car  il  est  évident  que,  né 
en  1519,  il  élailâgéde  vingt-deux  ans  lorsqu'il 
arriva  à  Venise.  Willaert,  qui  fut  en  effet  son 
maître,  comme  il  le  déclare  lui-même  en  plu- 
sieurs endroits  de  ses  ouvrages,  ne  lui  ensei- 
gna donc  pas  les  éléments  de  la  musique,  mais 
le  contrepoint  et  la  théorie  des  proportions 
musicales. 

Zarlino  succéda  à  son  condisciple  Cyprien 
de  Rore,  dans  la  place  de  maître  de  chapelle 
de  la  célèbre  église  de  Saint-Marc,  le  5  juillet 

(I)  Je  dois  dire  pourtant  que  celte  date  n'est  pas  celle 
que  l'abbé  Jérôme  Havagnan  a  fixée  dans  son  éloge  (Je 
Zarlino,  imprime  à  Venise  en  18 lit.  Suivant  cet  écrivain, 
le  célèbre  musicien  n'a  pu  naître  poslerieurement  au 
~li  mars  1517,  et  les  preuves  qu'il  en  rapporte  parais- 
sent convaincantes.  En  ellei,  on  trou  >  e  dans  le  deuxième 
volume  des  actes  manuscrits  de  l'évcctic  de  Cliioggia 
(p.  224  cl  225)  que  Joseph  Zarlino.  fils  de  Jean,  alors 
vivant,  avait  reçu  les  ordres  mineurs  le  3  avril  1537,  et 
qu'il  avait  été  promu  au  diaconat,  à  l'àijc  de  vingt-trois 
ans,  le  22  mars  1539.  Suivant  celle  date,  il  aurait  du 
nailrc  en  1516;  à  ce  compie,  il  n'aurait  pas  connu  lui- 
même  exactement  son  âge.  (  Vo>f.  Havagnan,  Eloijio  di 
(1.  Zarlino,  etc.,  p.  48  et  suiv.,  noie  2.)  Suivant  SI.  Caffl 
[Storia  delta  musiea  sacra  nellu  già  Cappella  ducale  di 
San  Marco  in  Venezia,  t.  I,  p.  130),  la  date  de  la  nais- 
sance de  Zarlino  serait,  au  plus  lard,  le  22  mars  1517. 


1505,  suivant  les  registres  de  celte  chapelle. 
Il  en  remplit  les  fonctions  pendant  près  de 
vingt-cinq  ans,  et  eut  pour  successeur  Ballha- 
sar  Donali,  le  9  mars  1590.  L'historien  de 
Thou,  conlemporain  de  Zarlino,  a  fixé  au 
14  février  1599  l'époque  de  sa  mort  (h'istor. 
lih.  72,  in  fine),  et  dit  qu'il  était  alors  âgé  île 
cinquante-neuf  ans  (1);  mais  un  extrait  d'un 
registre  de  l'église  paroissiale  de  Saint-Za- 
charie,  de  Venise,  rapporté  par  l'abbé  Rava- 
gnan,  prouve  que  de  Thou  a  été  induit  en  er- 
reur, non  sur  le  jour,  mais  sur  l'année.  Voici 
la  rédaction  de  l'acte  de  ce  registre  :  Addi  14 
febrajo  1590,  è  morto  il  Rdo.  M.  P.  Jsepo 
Zarlin,  maestro  de  capela  de  S.  Marco,  ca- 
pelan  de  S.  Severo  de  età  de  anni  69.  Ama- 
lato  de  mal  de  gotte  et  cataro  da  mesi  tre. 
C'est  donc  le  14  février  1590  que  Zarlino  a 
cessé  de  vivre  ;  et  cette  date  coïncide  aveccelle 
de  la  nomination  de  son  successeur  comme 
maître  de  chapelle  de  l'église  de  Saint-Marc. 
Ravagnan  fait  remarquer  l'erreur  de  cet  acte 
concernant  l'àgede  ce  musicien,  célèbre  au  mo- 
ment de  son  décès.  En  effet,  suivant  l'opinion 
de  Zarlino  lui-même, il  aurait  dû  être  âgé  alors 
«le  soixante-dix  ans  ;  mais  d'après  l'acte  «le  sa 
promotion  au  diaconat,  il  était  dans  sa 
soixante-treizième  année.  L'acte  de  décès  nous 
apprend  que  Zarlino  était  chapelain  de  l'église 
de  Saint-Sévère, à  Venise;  d'autres  documents 
cités  par  l'abbé  Ravagnan  font  connaître  aussi 
qu'il  fut  élu  chanoine  parlechapitre  de  Chiog- 
gia, au  mois  de  septembre  1582,  mais  que  l'é- 
vêque  de  celle  ville,  qui  prétendait  avoir  le 
droit  de  nommer  à  celte  dignité  ecclésiastique, 
avait  refusé  l'investiture  canonique  an  maître 
de  chapelle  île  Saint-Marc,  et  que  l'a  (fa  ire  ayant 
été  portée  à  la  décision  du  patriarche  «le  Venise, 
celui-ci  avait  confirmé  l'élection  faite  par  le 
chapitre,  et  ordonné,  par  un  décret  du  14  mai 
1584,  queZarlino  succéderait  au  chanoine  Ange 
Menelto,  à  la  date  du  28 septembre  1582.  Toute- 
fois, le  canonicat  exigeant  résidence,  et  l'âge 
avancé  de  Zarlino  ne  lui  ayant  pas  permis  de 
changer  de  séjour,  il  résigna  son  bénéfice  le  12 
novembre  1588.  Un  autre  témoignage  bien  flat- 
teur de  confiance  et  de  sympathie  fut  donné  à 
Zarlino  par  le  chapitre  de  Chioggia  et  par  ses 
concitoyens,  «lans  la  demande  qui  fut  adressée 
au  doge  de  Venise,  le  30  août  1583,  pour  qu'il  le 
nommât  leur  évoque.  On  ne  lira  pas  sans  in- 
térêt une  partie  de  celte  pièce  curieuse,   où 

(1)  J'ai  suivi  cette  date  dans  la  notice  sur  Zarlino ^w. 
j'ai  fournie  en  1828  à  la  Biographie  universelle  de 
SIM.  Miclutid  ;  mais  le  document  cité  par  Havagnan  m'a 
éclairé  depuis  lors. 


ZARLINO 


500 


ilestdil  «  que  le  chapitre  «les  chanoines  et 
»  toute  la  ville,  considérant  que  depuis  la  mort 
»  duR.  Pisani,  son  pasteur  vénéré,  Chioggia 
»  n'a  point  eu  d'évêque  qui  ait  passé  un  mois 
»  de  suite  dans  la  ville,  en  sorte  que  l'église  a 
>  été  comme  délaissée,  et  le  peuple  privé  des 
»  secours  spirituels  qui  sont  les  résultats  de  la 
»  présence  d'un  évéque  ami  de  son  troupeau, 
»  ils  le  supplienlde  salisfaireau  désir  honnête 
»  qu'ils  ont  d'avoir  pour  évéque  le  R.  M.  Jo- 
»  seph  Zarlino,  leur  compatriote,  parce  qu'il» 
»  ont  la  certitude  qu'un  homme  si  vertueux, 
»  hon  et  affectueux  envers  sa  patrie  sera 
»  une  grande  joie  spirituelle  pour  tout  le 
»  peuple,  etc.  (P.»  Les  mêmes  motifs  qui  enga- 
gèrent plus  tard  Zarlino  à  résigner  son  canoni- 
cal  l'empêchèrent  sans  doute  d'accepter  l'hon- 
neur que  le  chapitre  de  Chioggia  voulait  lui 
faire. 

Le  choix  qui  avait  été  fait  de  Zarlino  pour 
succéder  à  Cyprieit  de  Rore  dans  la  place  de 
maître  dechapellede Saint-Marc,  indique  assez 
qu'il  devait  avoir  quelque  réputation  comme 
compositeur  et  qu'il  la  méritait  .  Mambrino 
Roseo  (fslor.  del  Mondo,  ann.  1571,  p.  44) 
dit  qu'il  composa  des  chants  à  plusieurs  voix 
pour  les  réjouissances  de  la  victoire  dcLépanle, 
qui  furent  applaudis,  à  Venise,  avec  enthou- 
siasme. François  Sansovino,  qui  déclare  Zar- 
lino un  homme  sans  pareil  dans  la  théorie  et 
dans  la  composition  {M.  Zarlino,  maestro 
di  capella,...  il  quale  nella  theoria  e  nella 
composizioneè  senza  pari  (2)),  dit  qu'il  com- 
posa d'admirable  musique  pour  les  fêles  qui 
furent  données  au  roi  de  France  Henri  III, 
pendant  son  séjour  à  Venise.  Bctlinelli,  qui 
porte  un  peu  loin  l'exagération  en  disant  que 
Zarlino  fut  un  Titien  et  un  Arioste  (fupure  un 
Tiziano  lo  Zarlino,  fuunAriosto...{.ô)  )  as- 
sure que  ce  fut  à  celle  occasion  que  futexéculé 

(1)  Perô  essendo  elle  dopo  la  morte  del  quondam  Rmo 
Pisani,  suo  benemerito  pastore,  quellu  cilla  non  lia  mai 
avulo  vcsi'ovo  rhesia  slalo  un  mese  coniinuo  nella  cilla, 
talché  la  cliiesa  i  slala  senipre  corne  drrelilta  et  il  po- 
polo  privo  di  quei  cibi  spiritual!  r  lie  si  lianno  dalla 
presenza  di  un  buon  vescovo,  et  amorevule  drl  suo 
greg(;c,  supplica  riverontemente  Voslra  Scrcnilà  il  ca- 
pilolo  de'  canonici,  et  tulta  la  citià  insieme  suoi  dc- 
volissimi  servidori,  elle  si  degni  di  favorir  un  suo  lio- 
ii'Sio  desiderio,  cioé  di  far  opéra  appresso  Sua  Iîeati- 
tudine,  clie  si  liabbi  per  vescovo  il  llmo  M.  Padre 
OiosefTo  Zarlino,  suo  conipalriota,  perche  si  tien  per 
certo,  cbe  baiendo  un  tal  huomo  virluoso  et  pieno 
di  bonlà,  et  aflVituosissimo  alla  sua  palria,  sara 
di  grandUsimo  giovamenlo  spiriluate  a  tutto  il  popolo, 
etc. 

(2)  Venezia  titià  nobilissima,  etc.,  edilion  de  1CG3, 
page  419. 

(3)  llisor'gimento  d'italia,  page  ï!f>0. 


pour  la  première  fois  un  opéra  tVOrfco,  dont  le 
maître  de  chapelle  de  Saint-Marc  aurait  corn  - 
posé  la  musique.  Les  historiens  français  par- 
lent aussi  de  cet  Orfeo,  et  disent  que  le  cardi- 
nal Mazarin,  ayant  fait  venir  à  Paris  une 
troupe  de  chanteurs  italiens,  le  lit  exécuter 
devant  la  cour.  Les  uns  fixent  la  date  de  celte 
représentation  en  1644,  d'autres  en  1645, 1647 
et  1650.  La  vérité  est  que  la  compagnie  de 
chanteurs  italiens,  appelée  à  Paris  par  le  car- 
dinal Mazarin,  donna  une  représentation  de 
YOrfeo  ed  Euridice,  devant  la  cour,  Ie5mars 
1647.  Il  est  nécessaire  de  remarquer,  à  ce  sujet, 
que  si  Zarlino  composa  en  effet  delà  musique 
pour  un  drame  sur  le  sujet  d'Orphée,  à  l'épo- 
que indiquée  par  Bctlinelli,  c'est-à-dire  en 
1574,  celle  musique  ne  put  être  que  dans  le 
style  madrigalesque  à  plusieurs  voix,  et  non 
dans  le  style  dramatique,  dont  l'origine  ne  se 
trouve  que  dans  des  ouvrages  postérieurs  à 
celle  époque.  A  l'égard  de  la  représentation  du 
même  ouvrage  environ  soixante-quinze  ans 
plus  tard,  elle  est  plus  que  douteuse,  car  alors 
l'opéra  véritable  existait  en  Italie,  surtout  à 
Venise,  et  VOrfeo  dont  on  parle  n'a  pu  être 
que  celui  de  Monteverde,  alors  célèbre,  car 
le  genre  madrigalesque  avait  cessé  d'être  en 
usage. 

Aux  éloges  donnés  à  Zarlino,  et  qui  ont  été 
rapportés  précédemment,  on  doit  ajouter  celui 
de  Marc  Foscarini,  bon  juge,  qui  avait  mis  à 
contribution  toutes  les  bibliothèques  de  Venise 
et  qui  en  possédait  lui-même  une  immense  ; 
en  parlant  du  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Marc,  il  s'exprime  ainsi  :  Il  tiostro  Gioseffo 
Zarlino,  famoso  reslauratore  délia  musica 
in  tulta  Italia(\).  Cependant,  il  faut  l'avouer, 
le  peu  qu'on  connaît  aujourd'hui  des  oeuvres 
d'art  pratique  dus  à  la  plume  de  ce  composi- 
teur ne  parait  pas  justifier  ces  louanges  sous 
le  rapport  de  l'invention  ;  mais  à  l'égard  du 
mérite  delà  facture,  ses  productions  sont  très- 
supérieures  à  l'idée  que  certains  critiques 
modernes  en  ont  voulu  donner.  Un  seul  ou- 
vrage complet  est  parvenu  jusqu'à  nous;  il  a 
pour  litre  :  Jflodulationes  sex  vocumper Phi- 
lip. Usberlum  édita; ;  Venetiœ,  apud  Fr.Ram- 
pazzellum,  1566,  in-4°.  Ce  recueil  renferme 
vingt  et  un  morceaux  à  six  voix. 

L'éditeur,  Philippe  Usberli,  était  élève  de 
Zarlino,  et  montre,  dans  sa  dédicace  aux  pro- 
curateurs de  Saint-Marc,  une  grande  admira- 
tion   pour  son  maître.  M.  de  Winlcrfeld,  as- 

(1)  Foscirini,  Délia  Lttltratura  Vtntiiana,  lib.  I V, 
page  355. 


bio 


ZARLINO 


sure(l)  <|iie  les  pièces  de  ce  recueil  sont  infé- 
rieures  à  celles  des  anciens  mailres  néerlan- 
dais et  même  aux  œuvres  des  temps  les  plus 
reculés  :  ce  jugement  manque  absolument  de 
justesse  et  d'exactitude;  tout  le  monde  peut 
s'en  assureren  examinant  avec  attention  l'an- 
tienne à  six  voix  que  Paolucci  en  a  tirée,  et 
qu'il  a  donnée  en  partition  dans  le  deuxième 
volume  de  son  Arlc  pratica  di  conlrappunto 
(pages  250-264).  Le  morceau  est  établi  sur  le 
chant  de  l'antiennedu  Magnificat  des  premiè- 
res vêpres  de  l'Assomption  de  la  Vierge  (  Firgo 
prudentissima).  Sur  ce  chant,  Zarlino  fait  un 
canon  à  trois  parties,  résolu  alternativement 
par  mouvement  contraire  et  par  mouvement 
direct,  et  les  trois  autres  parties  font  un  con- 
trepoint d'imitation  élégant,  bien  lié,  et  dans 
lequel  on  n'aperçoit  en  rien  la  gêne  qui  devait 
résulter  de  la  triple  obligation  du  canon.  Or, 
cette  facilité,  et  la  plénitude  d'harmonie  qu'on 
trouve  dans  tout  le  cours  du  morceau,  sont  des 
qualités  bien  supérieures  à  ce  qu'on  remarque 
dans  les  œuvres  des  anciens  maîtres  flamands 
dont  parle  M.  de  Winlerfeld.  Six  morceaux  de 
Zarlino  se  trouvent  aussi  dans  une  collection 
d'évangiles  mise  en  musique  à  plusieurs  voix 
par  Willaert  et  quelques-uns  de  ses  élèves,  et 
publiée  à  Nuremberg  dans  les  années  1554- 
1550.  Plusieurs  morceaux  placés  dans  la  col- 
lection de  Philippe  Usberti  avaient  été  insérés 
dans  d'autres  recueils  puhliésàVeniseen  1549 
et  150Ô.  Enfin  une  messe  à  quatre  voix  en  par- 
tition, de  Zarlino,  se  (rouveen  manuscrit  dans 
la  bibliothèque  de  l'Institut  musical  de  Bolo- 
gne. 

Pour  bien  apprécier  le  mérite  de  Zarlino 
comme  artiste,  il  faudrait  connaître  les  ouvra- 
ges qu'il  a  écrits  pour  le  service  de  la  cha- 
pellede  Saint-Marc  ;  mais  tous  ont  disparu  des 
archives  de  cette  chapelle,  avec  les  œuvres  de 
tous  les  autres  grands  musiciens  qui  y  furent 
attachés,  depuis  le  quatorzième  siècle  jusqu'à 
la  fin  du  dix-huitième.  Comment  et  par  qui 
s'est  opérée  cette  spoliation  déplorable?  C'est 
ce  qu'il  est  impossible  de  dire;  mais  le  fait 
n'est  que  trop  réel,  et  l'abbé  Ravagnan  l'a 
constaté  dans  une  note  dont  le  texte  est  rap- 
porté ci-dessous  (2). 

(1)  Joh.  Gabrieli  und  sein  Zei(alter;  première  partie, 
page  1 19. 

(2)  Ho  inlerrognto  quoi  di  S.  Marco,  se  negli  arniadi 
délia  nmsica  di  chiesa  conservasscro  qualclie  cosa  dello 
Zarlino,  c  se  sapessero  «love  fossero  le  tanli  scrilti  mu- 
sieali  anliqunli,  e  cerlamenle  migliori  délia  musica  mo- 
derna.  Mi  si  rispose  anche  dai  piu  vcechi,  che  dello 
Zarlino  non  avevano  mai  vedulo,  ne  cantato  alcuna 
composizionc  :  che  gli  scritli  de  maestri  aniiehi,  i  quali 


Quel  que  soit  le  regrel  que  puisse  inspirer  la 
perte  des  principales  compositions  de  Zarlino, 
ce  que  nous  possédons  de  ses  travaux  dans  la 
théorie  de  la  musique  suffit  pour  le  placer  au 
rangdes  plus  grands  musiciens  de  l'Italie.  Les 
ouvrages  que  nous  avons  de  lui  sur  celte  ma- 
tière sont  ceux-ci  :  1°  Jstituzioni  harmoni- 
che,  divise  in  quallro  parti,  nelle  quali,  oltre 
le  materie  apparlehenti  alla  musica,  si  tro- 
vano  dichiarali  molli  luoghi  de'  poeli,  his- 
torici  et  filosofi.  Venise,  1558,  in-fol.  de  448 
pages.  Une  deuxième  édition  a  été  publiée 
dans  la  même  ville,  en  1502,  et  une  troisième 
en  1573,  aussi  dans  le  format  in-fol.  Ce  livre, 
monument  du  profond  savoir  et  du  haut  mérite 
de  Zarlino,  est  le  répertoire  où  tous  les  théori- 
ciens ont  puisé  pendant  près  de  deux  siècles. 
Les  deux  premières  parties  sont  relatives  aux 
divisions  de  la  musique,  à  la  nature  des  inter- 
valles, à  leurs  proportions  numériques  et  aux 
genres.  La  troisième  renferme  un  bon  traité 
du  contrepoint,  où,  pour  la  première  fois,  on 
trouve  les  règles  du  contrepoint  double  véri- 
table. La  quatrième  partie  est  un  traité  des 
modes  ou  tons  du  plain-chant.  2°  Dimoslra- 
tioni  harmoniche  nelle  quali  realmenle  si 
trattano  le  cose  délia  musica ,  et  si  risolvono 
molli  dnbbii  d'importanza;  in  Venetia,  per 
Francesco  dei  Franceschi,  sanese,  1571,  in- 
fol.  deôl2  pages.  Une  deuxième  édition  a  paru 
dans  la  même  ville,  en  1573,  sous  ce  titre  :  Le 
Dimoslrationi  harmoniche,  divise  in  cinque 
ragionamenli,  etc.,  in-fol.  de  287  pages. 
Dans  cet  ouvrage,  Zarlino  rapporte  qu'il  ren- 
contra, sur  la  place  de  Saint-Marc,  au  mois 
d'avril  1562,  François  Viola,  maître  de  cha- 
pelle du  duc  de  Ferrare,  avec  Claude  Merulo, 
célèbre  organiste,  et  qu'ils  allèrent  ensemble 
faire  une  visite  au  vieux  maître  de  chapelle 
Adrien  Willaert,  près  de  qui  ils  trouvèrent  un 
de  ses  amis,  nommé  Desiderio,  et  «pie  la  con- 
versation eut  la  musique  pour  objet.  Zatlino 
suppose  que  son  livre  est  le  résumé  de  cet  en- 
trelien et  de  plusieurs  autres  qui  le  suivirent. 


si  conservavano  in  chiesa,  sono  da  motlo  tempo  spariti, 
e  che  i  molli  più  scrilti  musical!  anliquali  che  si  con- 
servarano  ncll'  archivio  délia  Procuratia  de  supra  sono 
slati  manomessi,  c  parte,  per  quanto  si  pote  traspirarc, 
passarono  oltramare,  e  parte  oltramonlc.  È  dunque 
superfluo  il  pin  ccrcare  dove  ilcll' origine  dell'  arte  si 
dovevano  esserc  i  più  hei  parti  dell1  ingegno  umano  in 
queslo  proposito.  Avidi  i  foreslieri  di  tanlo  tesoro,  li>  ci 
derubarono,  evolesse  il  cielo  che  alcuni  dei  nostri  non 
avesscro  loro  tenuto  mano  o  per  ispirilo  di  partito,  o  per 
viltà  di  poco  dannro,  senza  riflcltere  che  privavano  la 
nazione  di  quanlo  anche  conquista  polcva  esserlc  di 
decoro  e  di  onore. 


ZARLINO 


511 


Le  (on  pédanlesque  de  ce  livre  et  les  calculs 
dont  il  est  hérissé,  sans  utilité  pour  la  science, 
le  rendent  très-inférieur  à  celui  des  Institu- 
tions harmoniques.  Un  des  objets  principaux 
<|ue  railleur  s'y  est  proposés  est  de  démontrer 
la  proposition,  déjà  émise  par  lui  dans  son  pre- 
mier ouvrage,  que  la  musique  de  son  temps 
avait  pour  base  le  genre  diatonique  synlon  de 
Plolémée.  Or,  suivant  la  doctrine  de  ce  théo- 
ricien de  l'antiquité,  les  demi-Ions  de  la 
gamme  sont  considérés  comme  majeurs,  en 
sorte  que  si  et  mi,  par  exemple,  sont  abaissés: 
d'où  résultent  des  tons  majeurs,  dans  la  pro- 
portion de  8:  9,  entre  ut  ré,  et  fa  sol,  et  des 
tons  mineurs,  dans  la  proportion  de  9: 10,  en- 
trèrent», etsol  {a.  Environ  trente  ans  avant  la 
publication  des  Institutions  harmoniques  de 
ZaiIino,Fogliani  avait  donné  les  mêmes  propor- 
tions, comme  bases  de  la  musique, dans  sa  Mu- 
sica  theorica  (2e  section,  fol  wii-xxxi  verso). 
Vincent  Galilée  {voy.  ce  nom)  attaqua  cette  doc- 
trine, dans  son  Dialogo  délia  musica  antica 
et  délia  moderna  (pp.  0  et  suiv.),  et  soutint 
que  le  genre  diatonique  moderne  n'est  ni  le 
diatonique  synlon  de  Plolémée,  ni  celui  de  Di- 
dyme,  mais  l'ancien  diatonique  de  Pythagore; 
enfin  que  les  demi-tons,  pour  être  justes,  ne 
doivent  pas  être  dans  la  proportion  de  15:  16, 
mais  dans  celle  du  limma  desGrecs243:  256; 
enfin, que  tous  les  tons  ut,  ré;  ré, mi;  fa, sol; 
sol,  la,  sonl  égaux.  Zarlino  répondit  à  ces 
critiques  par  l'ouvrage  suivant:  5°  Soppli- 
menti  musicali,  net  quali  si  dichiarono 
moite  cose  contenute  net  due  primi  volumi 
délie  Istitutioni  et  dimoslrationi  ;  per 
essere  slate  i7iaV  intese  da  molti,  et  si  ris- 
pondeinsieme  aile  loro  calunnie.  In  Fenetia 
appresso  Francesco  de'  Franceschi ,  sanese, 
1588,  in-fol.  de  330  liages.  Tout  démontre 
dans  cet  écrit  le  profond  chagrin  que  Zarlino 
avait  éprouvé  de  la  critique  de  Galilée  (juste au 
fond,  comme  on  le  verra  dans  maPhilosophic 
de  la  musique),  qui,  ayant  été  son  élève,  lui 
parut  avoir  fait  preuve  d'ingratitude  et  d'envie; 
mais,  en  homme  supérieur,  il  sut  se  modérer  et 
répondre  avec  mesure  à  son  adversaire  (qu'il  ne 
nomme  pas)  dans  ce  livre,  remarquable,  d'ail- 
leurs, par  la  disposition  des  objets  et  par  la 
clarté  de  la  discussion.  L'ouvrage  est  divisé  en 
huit  livres.  Dans  le  premier,  l'auteur  considère 
la  musique  sous  les  rapports  historiques  et  phi- 
losophique». Dans  le  deuxième,  il  examine  les 
divers  systèmes  des  anciens  concernant  la  clas- 
silication  des  sons  et  la  formation  de  leurs 
échelles  tonales.  Le  troisième  livre  est  consa- 
cré à  l'examen  des  proportions  des  intervalles, 


et  particulièrement  à  la  défense  de  celles  du 
diatonique  synlon  de  Plolémée,  considérées 
comme  bases  de  la  tonalité.  Le  quatrième 
traite  des  genres,  et  particulièrement  du  dia- 
tonique; le  cinquième  est  relatif  à  la  constitu- 
tion tonale  des  intervalles;  le  sixième  traite 
des  tons  et  de  leur  nombre  ;  le  septième,  de  la 
mutation  des  tons  et  de  ses  espèces;  le  hui- 
tième de  la  mélopée  et  du  chant.  Dans  sa  ré- 
plique (Discorso  inlorno  aile  opère  di  messer 
Giosejfo Zarlino diChioggia,  Florence,  1589, 
in-8°),  Galilée  ne  garda  aucune  mesure,  et  ne 
se  souvint  pas  de  ce  qu'il  devait  de  respect  au 
vieillard  illustre  qui  avait  été  son  maître.  On 
ne  trouve  dans  son  écrit  qu'ironie,  injures  et 
divagations.  Malgré  la  bonté  de  sa  cause  au 
fond,  l'opinion  publique  ne  fut  pas  pour  lui  (1)  : 
tout  l'avantage  de  la  discussion  resta  à  Zarlino, 
et,  chose  singulière,  le  système  de  proportions 
numériques  adopté  par  celui-ci  d'après  Fo- 
gliani,  est  devenu  la  base  de  la  théorie  mathé- 
matique de  la.  musique  jusqu'à  l'époque  ac- 
tuelle. Zarlino  fut  aussi  attaqué  par  Arlusi 
(voyez  ce  nom),  à  l'égard  de  sa  doctrine,  dans 
l'écrit  intitulé:  Impresa  del  R.  P.Gio.  Zar- 
lino di  Chioggia.  Bologne,  1604,  in-4°.  Une 
ancienne  'traduction  française  manuscrite  des 
Institutions  harmoniques  de  Zarlino  par 
Maistré  Jehan  Lefort,  musicien,  se  trouve  à 
la  Bibliothèque  impériale  de  Paris;  elle  était  au- 
IrefoisdanslaBibliolhèqiicdeCoisiin;  plus  tard 
elle  passa  à  celle  de  Saint-Germain-des-Prés, 
et  en  dernier  lieu-là  où  elle  est  aujourd'hui. 
Quoique  le  style  en  soit  un  peu  vieux,  elle  est 
fort  bonne.  Le  même  ouvrage  a  été  traduit  en 
hollandais  par  J.-P.  Swelinck,  et  en  allemand 
par  J.-G.  Trost. 

Indépendamment  des  traités  de  musique 
mentionnés  précédemment,  Zarlino  a  publié 
linéiques  autres  écrits  dont  voici  les  litres  : 
4°  Trallalo  délia  pazienzu.  Venise,  Francesco 
de' Franceschi,  sanese,  1561,  in-4°;  Trévise, 
Giulio  Trenlo,  1579,  petit  in-4°.  5°  Informa- 
zione  inlorno  l'origine  délia  congregazione 
dei  reverendi  frati  Cappucini.  Venise,  Domi- 
nique Nicolini,  1579,  pelil  in-4°  de  65  pages. 
6»  Discorso  inturno  al  vero  anno  e  il  vero 
giorno,  nel  quale  fu  crocefisso  N.  S.  Gesù 
Crislo.  Venise,  Nicolini,4579,  petit  in-4".  7° De 
rcra  Anni  forma  sive  de  recta  ejus  emenda- 
tione;  ihid.,  1580,  in-4».  %" Risoluzione  di  al- 
cunidubbisopralacorrezionedell'annofatta 

(1)  Pare  (dit  Ooni,  InOji.  I.  I,p.  3Ti)cIiesipossaconelu- 
itere  a  f'avore  del  Zarlino,  chc  iti  oggiverameule  siadoperi 
il  synlono,  e  non  altro  diatonieo  e  consequentemente 
cite  gli  argomenti del  Galilei  siailo  cavillosi  e  sopslictii'. 


81» 


ZARLINO  -  ZEBELL 


dal papa  Gregorio  Xlll\  ibid.,  1583,  in-8". 
Tous  ces  écrits  ont  élé  recueillis  en  une  col- 
lection intitulée:  Di  tulle  l'Opère  del  R.  M. 
Gioseffo  Zarlino  da  Chioggia,  maestro  di 
capella  délia  Sereniss.  Signoria  di  Venetia, 
ch'  ei  scrisse  in  bxiona  lingna  italiana,  già 
separatamente  poste  in  luce,  hora  di  nuovo 
correlte,  accresciute  e  migliorale,  insieme 
ristampale.  Venise,  Francesco  de'  Frances- 
chi,  Smese,  1589,  4  vol.  in-fol.,  ordinaire- 
ment reliés  on  deux  tomes.  Le  premier  volume 
renferme  les  Institutions  harmoniques;  le  se- 
cond, les  Démonstrations  ;  le  troisième,  les 
Suppléments  musicaux,  et  le  dernier,  les  pe- 
tits écrits  sur  diverses  matières. 

Zarlino  avait  annoncé,  dans  l'avis  au  lecteur 
de  l'édition  des  Institutions  harmoniques  pu- 
hliéeen  1573,  qu'il  était  occupé  de  la  rédaction 
d'un  traité  général  de  toutes  les  parties  de  la 
musique,  et  qu'il  se  proposait  de  le  donner  au 
public  sous  le  titre  de  Melopeo,  o  Itlusicoper- 
fetto.  A  la  fin  du  huitième  livre  des  Sopple- 
menli  musicali,  il  dit  aussi  que  les  vingt-cinq 
livres  De  Re  musica  qu'il  avait  promis,  et  qu'il 
avait  écrits  en  langue  latine,  étaient  prêts  à 
paraître  avec  celui  qu'il  appelait  Melopeo  o 
Musica  perfetto.  Enfin,  dans  l'avertissement 
de  son  petit  traité  De  vera  anni  forma,  pu- 
blié en  1580,  il  s'exprime  ainsi  :  Quin  etiam 
libros  viginli  quinque,  De  V traque  Musica 
inscriplos,  non  sinemullo  sudore  composue- 
rim,  quos  brevi,  uteonfido,  libi  in  apertum 
relalos  leges,  etc.  Cependant  ces  importants 
ouvrages  n'ont  point  paru,  et  les  manuscrits 
n'en  ont  point  élé  retrouvés.  On  peut  voir  à  ce 
sujet  ce  que  j'en  ai  «lit  à  l'article  Cerone.  Le 
père  Martini  possédait  un  traité  manuscrit  de 
Zarlino,  qui  est  passé  dans  la  bibliothèque  de 
l'Institut  musical  de  Bologne,  et  qui  est  inti- 
tulé :  Traltato  chelaquarta  et  laquintasono 
mezzane  Ira  le  consonanze  perfetteed  imper- 
felte. 

On  ne  connaît  pas  de  portrait  gravé  authen- 
tique de  Zarlino,  mais  il  existe  une  médaille 
indiquée  dans  l'Histoire  métallique  du  comte 
André  Giovanelli  qui  se  trouve  en  manuscrit  à 
la  bibliothèque  Saint-Marc  de  Venise.  Celle 
médaille  a  été  dessinée,  et  le  dessin  esl  avec 
ceux  de  la  colleclion  formée  par  l'abbé  Bollari 
au  séminaire  de  l'évêché  de  Venise.  Une  des 
faces  représente  le  buste  de  Zarlino  avec  l'in- 
scription Joseph  Zarlinus;  à  l'autre  on  voit 
un  ori^ue  avec  ces  mots  au  contour  :  Laudalc 
cum  in  chordis. 

Indépendamment  de  la  monographie  de 
l'abbé  Ravagnan  surZarlino,  on  a  de  M.  Calïi 


(voyez  ce  nom)  une  notice  intitulée  :  Narra- 
zione  délia  vila  e  délie  opère  del  prèle  Gios. 
Zarlino,  maestro  celeberrimo  nella  cappella 
ducale  di  Venezia.  Venise,  1836,  in-8». 
Celle  notice  a  élé  reproduite  par  l'auteur 
dans  son  livre  intitulé  :  Sloria  délia  musica 
sacra  nella  già  cappella  di  San  Marco  in 
Venezia  (Venise,  1854,  deux  vol.  in-8°),  t.  I, 
pages  129-154. 

ZAKLIIX)  (Lotario).  Sous  ce  nom  d'un 
auteur  inconnu,  a  élé  publié  \\x\  poëme  italien 
dont  le  contrepoint  est  le  sujet  et  qui  a  pour 
litre  :  L'^/rie  dell'  conlrappunlo,  passatempo 
armonico-poelico  in  oltava  rima,  composlo 
e  dedicalo  alla  nobil  donna  la  Signora  con- 
fessa Fanny  Pieri  nata  Spannacchi  da,  etc. 
Sienne,  1828. 

ZARNACH   (Auguste-Ciiiustun),    direc- 
teur de  l'école  des  pupilles  à  Polsdam,  né  le 
21  septembre   1777  à  Mchmke,  dans  la  Vieille 
Marche,  où  son  fi  èreélail  pasteur.  Après  avoir 
étudié  la  théologie  à  l'Université  de  Halle;  il 
fut    pendant    quelques    années     instituteur  à 
Francfort-sur-l'Oder.  En  1805,  il  obtint  sa  no- 
mination  de  second    pasteur  à  Heeskow.  En 
1818  il  échangea  celte  position  contre  celle  de 
directeur  de  l'école  dePotsdam,  où  il  exerça  une 
puissante  influence  surlechanlen  chœur.  Une 
grave  accusation,  dont  il  se  justifia  complète- 
ment, ayanlélé  portée  contre  lui  en  1824,  sa 
santé  s'en  altéra,  et  il  mourut  le  13  mars  1827. 
Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on  remarque  celui 
qui  a  pour  titre  :  Die  Deutschen    Folkslieder 
mit  f'olliweisen  fiir  T'olkschulen,  nebst  einer 
Jbha)idl:ing  iiber  das  folkslied  (Les  Chants 
populaires  allemands  à  l'usage  des  écoles  du 
peuple,  avec  une  dissertation  sur  le  chant  po- 
pulaire), Berlin,  1 819-1820,  deux  parties  in-8". 
ZAVAGAIYfl  (Simon),  compositeur,  né  à 
Vérone,  fui  maître  de  chapelle  dans  la  cathé- 
drale de  celle  ville,  el  vécut  vers  le  milieu  du 
dix-seplième  siècle.  Il  a  publié  de  sa  compo- 
sition :  fllesse  e  sacre  Iode  co'l  basso  e  slro- 
menti,  e 'parte  senza  co'l  organo ,  op.  1. 
Venise,  Vincenti,  1041. 

ZKftl'.LI,  (...),  violoniste  allemand,  futat- 
laché  à  l'orchestre  du  théâtre  du  Vaudeville  à 
Paris,  vers  1805,  et  mourut  dans  celle  ville  en 
1819.  On  a  gravé  de  sa  composition  :  1"  Trois 
sonates  pour  violon,  avec  basse,  op.  1,  Paris, 
Naderman.  2"  Variations  ou  éludes  sur  les  airs 
Que  nesuis-je  la  fougère  et  les  Folies  d'Es- 
pagne, Paris,  P.  Petit.  3"  Trois  duos  faciles 
pouilleux  violons,  op.  2,  Paris,  Sieber.  4"  Trois 
duos  progressifs,  op.  3,  ibid.  5"  Trois  duos 
concertants,  op.  4,  ibid. 


ZEIDLER  -  ZELLEU 


SlS 


ZEIDLER  (Jean  Georges),  né  à  Chemnitz, 
en  Misnie,  vers  1590,  fit  ses  études  à  Jéna  et 
y  publia  une  thèse  intitulée  :  Ternarius  mu- 
sicut.  Disputatio  pro  loco.  Jéna,  1615,  in-4° 
tle  4  pages.  Les  trois  questions  posées  dans 
celle  thèse  sont  :  1°  Si  l'on  peut  faire  usage, 
par  mouvement  semblable,  de  deux  conson- 
nartces  parfaites  entre  les  mêmes  parties. 
2°  Si  l'on  peut  employer  de  la  même  manière 
deux  dissonances.  3°  Si  le  musicien  doit  être 
philosophe. 

ZEIDLER  (HUxiaiMEK),  maître  de  chapelle 
à  Nuremberg,  naquit  danscelte  ville,  le  22  mai 
1680.  Ayant  perdu  son  pèreà  l'âge  de  dix  ans, 
il  entra  à  l'école  de  Saint  Sébald,  y  fit  ses  étu- 
des et  y  apprit  la  musique  sous  la  direction  de 
Schwemmer.  En  1697,  il  devint  élève  du  cé- 
lèbre organiste  Pachelbel  pour  la  composition, 
et  apprit  aussi  à  jouer  de  tous  les  instruments 
à  vent,  du  violon  et  du  clavecin,  pour  être  ce 
qu'on  appelle  en  Allemagne  musicien  de  ville. 
Une  occasion  favorable  s'étant  présentée  pour 
voyager  avec  un  riche  négociant  de  Nurem- 
berg, il  visita  les  villes  principales  de  l'Autri- 
che, et  profita  à  Vienne  des  conseilsde  Fux  ou 
Fuchs,  maître  de  chapelle  de  l'empereur.  De 
retour  à  Nuremberg,  il  s'y  livra  avec  succès  à 
la  composition,  écrivit  des  cantates  d'église, 
des  oratorios  de  la  Passion  et  des  sérénades. 
Son  mérite  le  fit  choisir  en  1705  pour  remplir 
la  place  d'organiste  de  l'église  Sainte-Marie 
dans  sa  ville  natale.  Plus  tard  il  alla  à  Franc- 
fort et  à  Mayence  en  qualité  de  musicien  de 
ville,  et  en  1712,  il  reçut  sa  nomination  de 
maître  de  chapelle  à  la  même  église  de  Nurem- 
berg. Après  en  avoir  rempli  les  fonctions  pen- 
dant trente-trois  ans,  il  mourut  le  19  septem- 
bre 1745. 

ZEIDLER  (Charles-Sébastien),  fils  du 
précédent,  naquit  à  Nuremberg  le  24  septem- 
bre 1719,  et  y  mourut  le  15  mars  1786,  à  l'âge 
de  soixante-sept  ans.  Au  nombre  de  ses  ou- 
vrages littéraires,  on  trouve  une  dissertation 
intitulée  :  Dissertatio  epistolica  de  velerum 
philosophorum  studio  musico,  Norimbergse, 
1745,  in-4°de  12  pages. 

ZE1LER  (le  père  Gallus),  bénédictin  ba- 
varois, vécut  dans  la  première  partie  du  dix- 
huitième  siècle.  On  a  imprimé  de  sa  composi- 
tion :  1°  Cithara  Mariana,  sedecim  antipho- 
uit  laudes  concinne  resonantibus  animata . 
Augsbourg,  1734. 2° Trente  motels  allemands, 
ibid.,  1736.  5°  Duodecim  Magnificat  quorum 
pars  prima  6  solemniora;  secunda  6  minus 
solemnia  exhibet,  ibid.,  1737.4°  Viginli  Be- 
nedictiones   pro    solemni  octava  Corporis 

BIOUR.  I^IV.   DES  MUSICIENS.  T.  Mil. 


Christi,  etc.,  quatuor vocibus  ord.Sviolinis 
et  organo  necess.  violonc.  2  clarinisvel  lituis 
adhibendis,  etc.,  op.  7,  ibid.,  1739.  5*  XV I 
Antiphonse ,  ibid.,  1740. 

ZEILMANN  VAN  SALM  (Gérard),  pré- 
dicateur hollandais,  vécut  à  Amsterdam  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  un  sermon  intitulé  :  Het  welen 
Gode  behagend  zingen,  voorgesteld  en  aan- 
geprezen  in  ene  Kerhelijke  redevoering,  etc. 
(Le  beau  chant,  agréableàDieu,  présentée!  re- 
commandé dans  un  sermon,  etc.),  Amsterdam, 
1774,  in-4». 

ZEITZEXG  (Pierre),  facteur  d'orgues  re- 
nommé en  Silésie,  naquit  à  Jauer  en  1731,  et 
mourut  à  Frankenslein,  le  13  mars  1797.  Il  a 
construit  plus  de  quarante  grands  instruments 
considérés  comme  excellents. 

ZELENKA  (Jean -Dismas),  né  à  Lanno- 
wiez,  en  Bohême,  étudia  en  17171e  contrepoint 
sous  la  direction  de  Fux,  à  Vienne,  et  fut  un 
des  plus  savants  musiciensde  son  temps.  Dans 
sa  jeunesse,  il  entra  au  service  de  l'électeur  de 
Saxe,  en  qualité  de  violoniste,  puis  il  eut  le  titre 
de  maître  de  chapelle  de  ce  prince.  En  1723, 
il  assista  au  couronnement  de  l'empereur  Char- 
les VI  à  Prague,  et  écrivit  pour  celte  circon- 
stance l'opéra  latin  Sub  oleapacis.  et  palma 
virtulis,  conspicua  orbis  régis  Bohemiœ  co- 
rona,  qui  fut  exéculé  par  les  élèves  de  l'uni- 
versilé.  Ce  compositeur  mourut  à  Dresde,  le 
22  décembre  1745.  Il  a  écrit  plusieurs  messes 
solennelles,  des  vêpres,  Magnificat, Requiem, 
el  d'autres  compositions  pour  l'église.  On  voit 
figurer  sous  son  nom,  dans  l'ancienne  collec- 
tion de  Breilkopf,  un  Kyrie  à  quatre  voix, 
deux  violons,  deux  violes,  orgue,  deux  haut- 
bois, cornet  et  trois  trombones,  en  manu- 
scrit. 

ZELLREL  (Ferdinand),  directeur  de  mu- 
sique et  organiste  à  l'église  Saint-Nicolas  de 
Stockholm,  naquit  en  1689,  et  obtint  sa  place 
d'organiste  en  1717.  Il  a  publié  un  traité  du 
tempérament  musical  intitulé  :  Tempera- 
tura  tonorum,  Stockholm,  1740,  in  8°.  Ce 
musicien  a  laissé  aussi  en  manuscrit  un 
traité  de  la  basse  continue,  en  langue  sué- 
doise. 

ZELLER  (G.-B.-L.),  directeur  de  la  cha- 
pelle du  duc  de  Mecklenbourg-Slrélitz,  né  en 
1728,  étudia  la  musique  à  Berlin.  Entré  au 
service  du  duc  de  Mecklenbourg,  il  fut  particu- 
lièrement chargé  de  la  direction  du  théâtre,  et 
composa  pour  son  service  :  1°  Polixène,  mono- 
drame représenté  en  1781.  2°  Le  Brigand 
honnête  homme,  opéra,  1789.  On  connaît  aussi 

33 


114 


ZELLER 


sous  son  nom  un  concerto  de  violon,  écrit  en 
17f>l.  Il  mourut  à  Neu-Slrélilz,  le  18  avril 
1803,  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans. 

ZMLLER    (ChaRLES-AuGUSTE-FrÉDÉRIc), 

conseiller  <le  l'enseignement  supérieur  du 
royaume  de  Prusse,  né  dans  le  Wurtemberg, 
le  15  août  1774,  a  été  d'abord  prédicateur  à 
Brunir,  puis  a  dirigé  en  1804  une  écolede  pau- 
vres à  Tubingue,  d'après  le  système  de  Pesta - 
lozzi.  Un  an  après,  il  était  pasteur  et  profes- 
seur au  gymnasedeSaint-Gall  ;  au  mois  d'avril 
1809  il  a  obtenu  la  place  de  conseiller  des  étu- 
des dans  le  royaume  de  Prusse.  Il  vivait  en- 
core à  Kœnigsberg  en  1832.  Ce  savant  a  publié 
un  livre  intitulé  :  Beilrxge  zur  Befœrderung 
der  Preuss.  National-Erziehung (Essai  pour 
l'avancement  de  l'éducation  nationale  en 
Prusse).  Kœnigsberg, Degen,  181 0-1 817,  in-8°. 
La  quatrième  partie  de  cet  ouvrage  contient 
des  éléments  de  musique  et  de  chant  pour  les 
écoles  populaires,  d'après  les  principes  dcPes- 
talozzi.Celtequatrièmepartieapourtitre  :  Fie- 
tnente  der  Musik,  Kœnigsberg,  1810,  un  vo- 
lume in-8°  divisé  en  deux  parties,  la  première 
de  cent  cinquante  et  une  pages,  la  deuxième 
de  cent  quatre-vingt-douze. 

ZELTEU  (Charles-Frédéric),  né  à  Berlin 
le  11  décembre  1758  (1),  était  fils  d'un  maître 
maçon  et  fut  d'abord  obligé  d'exercer  l'état  de 
son  père.  Toutefois,  il  avait  reçu  une  bonne 
éducation,  parlaitetécrivaitplusieurs  langues, 
et  avait  fait  une  étude  approfondie  de  la  mu- 
sique. Dans  sa  jeunesse,  il  avait  appris  à  jouer 
«lu  piano,  de  l'orgue  et  du  violon.  Ce  dernier 
instrument  fut  particulièrement  l'objet  de  ses 
éludes;  il  y  acquit  une  certaine  habileté  et 
joua  souvent  la  partie  de  premier  violon  dans 
les  orchestres. Son pèreavait  exigé  qu'ilétudiât 
l'architecture  pourenfaire  sa  profession.  Tous 
les  travaux  de  sa  jeunesse  furent  interrompus 
par  la  cécité  dont  il  fut  frappé  à  l'âge  de  17  ans, 
«à  la  suite  d'une  longue  et  dangereuse  maladie. 
Dans  celle  triste  situation,  il  revint  à  l'élude 
du  clavier  du  piano  qui  fut  sa  seule  ressource 
contre  l'ennui.  Ayant  enfin  recouvré  la  vue,  il 
put  reprendre  le  cours  de  ses  études  et  se  li- 
vrer à  son  penchant  invincible  pour  la  mu- 
sique. Devenu  l'élève  de  Fasch  dans  cet  art,  il 
enfulanssi  l'ami  dévoué.  Une  intime  amitié  le 
lia  âGœlhe  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours.  Bien 
qu'il  ne  cultivât  la  musique  que  dans  les  mo- 
ments de  loisir  qu'il  pouvait  dérober  à  sa  pro- 

(I)  Suivant  la  Gazelle  musiWede  Herlin,  18l>5,  n"  36, 
Zelter  serait  né  à  Pitzon,  prés  de  Potsdam  ;  nuis  lui- 
nu' me  «lit  que  l'.erlin  fut  le  lieu  de  sa  naissance,  dans 
son  autobiographie,  datée  du  2  septembre  1808. 


fession,  il  fil  de  bonne  heure  ses  premiers  es- 
sais de  composition  dans  des  recueils  de  chants 
qui  eurent  du  succès.  Les  biographes  allemands 
disent  qu'il  surpasse,  dans  ce  genre  de  pièces, 
ses   contemporains   Beichardt  et  Schullze,  et 
qu'il  y  a  dans  sa  manière   plus  d'originalité, 
dans  son  expression  plus  de  force  que  dans  la 
leur.  Après  la  mort  de  Fasch,  Zelter  se  chargea 
de  la  direction  de  l'Académie  royale  de  chant 
fondée   par  cet  homme  vénérable,  elle  roi  de 
Prusse   le   nomma   professeur  de   musique  à 
l'Académie  des  beaux-arls  de  Berlin,  en  1809, 
sur  la  proposition  de  Guillaume  de  Humbold. 
Il  fonda  aussi  une  société  lyrique (Liedertafel) 
qu'il  dirigea  longtemps  aveczèleel  qui  prit  son 
nom  après  sa  mort.  Il  avait  composé  pourcetle 
société  environ   quatre-vingt-quinze    chœurs 
pour  des  voix  d'hommes.  Depuis  1790  jusqu'en 
1835,  il  entretint  avec  Gœthe  une  active  cor- 
respondance qui  a  été   recueillie   après  leur 
mort  par  M.  Riemer,  conseiller  et  bibliothé- 
caire du  grand -duc  de  Saxe-Weimar   (Brief- 
wechsel  zteischen  Gœthe  uriâ  Zelter,  Berlin, 
1833-1836,  six  volumes  in-8"),  et  dans  laquelle 
on  trouve  des  passages  et  de;  anecdotes  rem- 
plis d'intérêt  concernant  beaucoup  d'artistes. 
Nul  doute  que  les  rapports  fréquents  de  Zelter 
avec  le  grand  poêle  n'aient  exercé  de  l'in- 
fluence sur  le  goût  et  sur  les  opinions  du  pre- 
mier relativement  à  l'art.  La  mort  inopinée  de 
Goethe  fut  si  douloureuse  pour  son  vieil  ami, 
que  deux  mois  s'étaient  à  peine  écoulés  depuis 
cet  événement,   lorsque  lui-même  descendit 
au  tombeau,  le  15  mai  1832.  Zelter  avait  été 
marié  deux  fois.  De  son   premier  hymen,  il 
avait  eu  deux  fils,  dont   l'aîné  mourut  en  1812 
et  le  plus  jeune  en  1816.  Son  influence  sur  les 
progrès  de  la  musique  en  Prusse  fut  considé- 
rable. Il  forma  plusieurs  élèves  distingués,  à 
la  tête  desquels  se  place  Mendelssohn.   On  a 
gravé  de  la  composition  de  Zelter:  l°Ténèbres 
à  quatre  voix  sans  accompagnement,  Leipsick, 
Hofmeister.  2°  Plusieurs  chants  séparés  à  trois 
et  quatre  voix  sur  des   poésies  de  Schiller,  de 
Gœthe  etde  quelques  autres,  Berlin,  Lischke, 
Trautwein.  3°  Quatre  recueils  dédiants,  ro- 
mances et  ballades  à  voix  seule,  avec   accom- 
pagnement de    piano,    Berlin,    Schlesinger. 
4U  Six  chansons  allemandes  pour  une  voix  de 
conlrallo,  Berlin,    Trautwein.  5°  Six   idem, 
pour  voix  de  basse,  ibid.  Zelter  a  publié  la  bio- 
graphie de  Fasch  avec  son  portrait,  sous  ce  ti- 
tre :  Biographie  vonC.  F.  C.  Fasch,  Berlin, 
Schlesinger,   1801,   grand   in-4°.  Il   a  laissé 
en  manuscrit  un  grand   nombre  de  cantates 
pour  voix  seule    et  chœur,    de  chorals  et 


ZELLEll  —  ZIANI 


«le  morceaux  île  musique  «l'église,  ainsi  <|ue 
quelques  essais  de  musique  dramatique,  des 
sonales  el  d'autres  pièces  pour  le  piano.  On  a 
aussi  de  lui  plusieurs  morceaux  relatifs  à  la 
musique  publiés  dans  des  journaux,  entre  au- 
tres :  1"  Sur  la  représentation  de  VAlceste  de 
Gluck  au  théâtre  de  l'Opéra  de  Berlin,  dans  le 
cinquième  numéro  du  joui  uni  intitulé  V Alle- 
magne {Deutschland),  1796,  pages  267-293. 
2"  Exposé  d'une  scène  de  l'opéra  de  Benda, 
Romeo  et  Juliette,  dans  le  premier  volume  du 
Lycée  des  beaux  arts  (Lyccum  «1er  scliopnen 
Kunsfe),  Berlin,  1797. 

ZEfcTNÈU(GusTAV'E-GÈôncÈs),  professeur 
au  gymnase  d'Allorf,  puis  à  celui  de  Nurem- 
berg, naquit  à  Hilpolslein,  près  de  celte  der- 
nière ville,  cl  mouriu  à  Nuremnerg,  le 24  juil- 
let 1738.  Parmi  les  nombreux  écrits  de  ce 
savant,  on  remarque  celui  qui  a  pour  litre  : 
De  Choreis  veterum  Hebrxorum.  Altorf,  172G, 
in-4". 

ZENARO  (Jules),  compositeur  né  à  Salo, 
vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  est  connu  par 
un  recueil  de  Madrigali  spiriluali  a  5  voci, 
lib.  1,  in  Ycnetia,  1590,  in-4°. 

ZEIVF1  (Jérôme),  facteur  de  clavecins  ita- 
lien, vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  avait 
inventé  des  instruments  de  ce  genre,  en  forme 
de  triangle  dont  les  côtés  étaient  inégaux,  avec 
deux  claviers  et  trois  registres  placés  sur  le 
côté  le  plus  petit  du  triangle,  et  qui  avaient 
autant  de  son  que  les  clavecins  de  la  plus 
grande  dimension,  suivant  ce  que  rapporte 
Bonlempi  [Hisloria  musica,  p.  47.) 

ZEULEDEU  (Nicolas),  canlor  à  Burg, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  est  cité 
par  Maltheson  (Ehrenpforle,  p.  401)  comme 
auteur d'iih  tràiiëde  musique  intitulé  :  Musica 
fifjufalïsi  <|iii  n'a  point  été  imprimé. 

ZfclJ^Eil  (Maxime),  compositeur  allemand, 
vécut  au  commencement  du  dix-septième  siè- 
cle. On  connaît  sous  son  nom  un  recueil  inti- 
tulé: Teutsche  wdlliche  SluchleinmitA  Stim- 
men  (Petites  pièces  mondaines  allemandes  à 
quatre  voix).  Nuremberg,  1017,  in-4°. 

ZLLiNEIl  (Charles -Traugott),  pianiste  el 
compositeur,  né  à  Dresde,  le  28  avril  1775,  y 
commença  fort  jeune  l'étude  de  la  musique  el 
«lu  piano,  puis  il  alla  prendre  des  leçons  de 
Ttlrlc  {voyez  ce  nom),  à  Halle.  De  retour  à 
Dresde,  il  y  vécut  quelque  lemps  ;  puis  il  fit 
un  voyage  à  Paris  en  1803,  résida  à  Vienne 
<ie\\x  ans  après,  et  enfin  se  rendit  à  Péters- 
bourg,  où  il  rencontra  Clemcnti.  Charmé  par 
le  talent  de  ce  maître,  il  devint  son  élève  et 
i> ",\  rnia  son  mécanisme.  Après  un  long  séjour 


dans  la  capitale  de  la  Russie,  où  il  composa  la 
musique  de  plusieurs  ballets,  entre  autres  «le 
celui  qui  avait  pour  litre  Le  Mois  de  mai,  il 
retourna  à  Dresde.  Ayant  fait  un  voyage  à 
Paris  en  1840,  il  y  mourut  le  24  janvier  1841, 
laissant  à  sa  ville  natale,  par  son  testament», 
une  somme  d'environ  quarante  mille  francs. 
Sa  musique,  particulièrement  ses  concertos 
pour  le  piano,  a  joui  de  beaucoup  d'estime. 
Les  principaux  ouvrages  de  sa  composition 
sont':  1°  Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  11;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel. 
2"  Concertos  pour  piano  et  orchestre,  n"  1  (en 
fa),  op.  12,  ibid.  ;  n°  2  (en  ml  bémol),  op.  13, 
ibid.  3°  Air  russe  varié  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  6,  ibid.  A"  Polonaise  pour 
piano  à  trois  mains,  Vienne,  Mollo.  5°  Polo- 
naise à  quatre  mains,  op.  10,  Leipsick,  Breil- 
kopf el  llœrlel.  6°  Fantaisies  pour  piano  seul, 
op.  5,  7,  9,  14,  ibid.  7°  Variations  sur  un 
thème  de  Paisiello,  op.  3,  Vienne,  Mollo. 

ZEUSCHNEU  (Tobie),  notaire  public  et 
organiste  de  l'église  Sainte-Marie-Madeleine  à 
Breslau,  naquit,  dans  la  première  moitié  du 
dix-seplième  siècle,  à  Neurode,  dans  le  comté 
de  Glatz.  Le  4  mai  1649,  il  fut  nommé  orga- 
niste de  Saint-Bernard  à  OEIs,  el  le  24  février 
1654,  il  obtint  le  titre  de  notaire  public  à  Bres- 
lau. Enfin,  la  place  d'organiste  de  l'église 
Sainle-Marie-Madeleine  lui  fut  confiée  le  18  oc- 
tobre 1655  ;  il  en  remplit  les  fonctions  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  le  15  septembre  1675.Zeusch- 
ner  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Airs  pour 
la  nouvelle  année  1600,  Breslau,  Godefroid 
Grùnder,  1660,  in-4".  2°  Musikalische  Kirch- 
und  Haus  Freude  von  4,  5  und  6  Sinystim- 
men  und  2  l'iolinen,  5  Trombonen.  etc. 
(Morceaux  pour  l'église  et  la  chambre  à  quatre, 
cinq  et  six  voix  avec  deux  violons,  trois  trom- 
bones, etc.),  Leipsick,  1661,  in-4". 

ZL4.1XI  (Pierre-André,  compositeur  véni- 
tien d'un  mérite  distingué,  vécut  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-seplième  siècle.  Il  ne  fut 
pas  maître  de  chapelle  de  Saint-Marc,  dans  sa 
ville  natale,  comme  le  disent  Laborde,  Wal- 
Iher  el  attires,  mais  organiste  du  second  or- 
gue de  celte  église.  Il  succéda  à  Cavalli  en 
celte  qualité,  le  20  janvier  1668,  et  conserva 
sa  place  jusqu'au  mois  de  janvier  1677.  Alors 
il  entra  au  service  de  I* impératrice  Éléonore, 
femme  de  Léopold  I'r,  el  mourut  à  Vienne,  en 
1711.  Cependant,  suivant  M.  Caffi  (1),  il  s'éloi- 
gna de  Venise  el  se  rendit  à  Naples,  où  il  en- 
tra au  service  de  la  chapelle  royale,  parce  que, 

(1)  Sloria  delta  musica  sacra  nelta  già  Cappella  ducale 
di  San  Marco  in  Venczia,  t.  I,  p.  304. 


Îil6 


ZIANI  -  ZIEGLER 


s'élant  présenté  au  concours,  au  mois  d'avril 
1076,  pour  la  place  de  mallre,  devenue  vacante 
parla  mort  de  Cavalli,  il  se  vit  préférer  son 
compétiteur  Natale  Monferralo.  Suivant  le 
même  écrivain,  ce  fut  à  Naples  qu'il  mourut. 
Il  avait  l'ait  représenter  à  Venise  le«  opéras 
«lont  les  litres  suivent,  avant  de  quitter  celte 
ville  :  1°  La  Guerriera  Sparlana  en  1634. 
2°Eupatra,en  1655.5°  LaFortunadiRodope 
e  di  Dalmira,  1657.  4°  L'Incostanza  trion- 
fanle,  1658.  5°  Antigonu  delusa  da  Alceste, 
1660.  0°  Annibale  in  Capua.  1661.  7°  Gli 
Scherzidifortuna,  1661.  8°  Le  Fatiched'Er- 
cole,  1662.  9°  L'Amor  guerriero ,  1663. 
10"  Alcibiade,  1667.  1 1°  Semiramide,  1670. 
12°  Eraclio,  1671.  13°  Attila,  1672.  14"  La 
Schiai  a  fortunata,  en  société  avec  Cesti,  1674. 
15°  Leonida  in  Tegea,  en  collaboration  avec 
Draghi,  1676.  On  connaît  aussi  de  ce  compo- 
siteur: 16°  Le  Lagrime  délia  Fergine  ,ora\.o- 
lïo  composé  en  1662.  17°  Sacrx  Laudes  corn- 
plectensterliam  missam  psalmosque  domini- 
cales 5  vocibus  et  2  instrumenlis  parlim 
necessariis  etpartim  ad  libitum  decantandie , 
op.  6,  Veneliis,  1659.  18°  Sonates  à  trois, 
quatre,  cinq  et  six  instruments,  op.  7,  Frey- 
berg,  1691,  in-fol.  Les  litres  de  ses  autres  ou- 
vrages sont  inconnus. 

ZIANI  (Marc-Antoine),  neveu  du  précé- 
dent, né  à  Venise  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  écrivit  pendant  plus  de  vingt  ans 
pour  les  théâtres  de  celle  ville,  et  fut  appelé  à 
Vienne  en  1703,  en  qualité  de  second  maître 
dechapelle.  On  n'a  pas  de  renseignements  po- 
sitifs sur  la  date  de  sa  mon,  mais  on  croit  qu'il 
décéda  à  Vienne  vers  1720.  Voici  la  liste  de 
ses  ouvrages:  1°  Candaule,  à  Venise,  en 
1679.  2°  Alessandro  Magno  in  Sidone,  ibid. 
1679.  5"  La  Ninfa  bizzarra,  ibid.,  1860. 
4°  Alcibiade,  ibid.,  1680.  5°  La  Firlùsubli- 
mata  dal  grande,  ibid.,  1683.  6°  Tullio  Osti- 
lio,  ibid.,  1685.7nZ'//)f/aHno  régnante,  ibid., 
1688.  8°  Il  gran  Tamerlano,  ibid.,  1689. 
9°  Creonle,  ibid.,  1690.  10°  Falsirena,  ibid., 

1690.  11°  L'Amante  Eroe ,  ibid.,  1690. 
12°  Marie  deluso,  ibid.,  1691.  15°  La  Virlù 
trionfante  dell'  amore  e  dell'  odio,  ibid., 

1691.  14°  Rosalinda,  ibid.,  1693.  15»  Amor 
figlio  delmerto,  ibid.,  1693.  16°  La  Moglie 
nemica,  ibid.,  1694.  17°  La  Finla  Pazzia 
d'Ulisse  ibid.,  1694.  18o  Domicio,  ibid., 
1695.  19°  Coslanzain  trionfo,  ibid.,  1696. 
20°£,«me/ie,ihid.,  1696.  21°  Odoardo,  ibid., 
1697.  22°  Il  Giudizio  di  Salomone,  ibid., 
1697.  23°  Egislo,  re  di  Cipro,  ibid.,  1698. 
"M"  Gli  A  montra  gli  Odi,  ibid.  ,1G99.25o7Vo- 


dosio,  ibid.,  1699.  260  11  Duello  d'amore  e  di 
vendetta,  ibid.,  1700.  27°  Giordano  Pio, 
ibid.,  1700.  28°  Meleagro ,  ibid.,  1700. 
29°  Temistocle,  ibid.,  1701.  30  Romolo,  ibid., 
1702.  31°  Esopo,  ibid.,  1703.  52°  Alboino,  à 
Vienne,  en  1707.  35°  Chleonida,  ibid.,  1709. 
54°  Le  premier  acte  tfAlenaide,  en  1714. 
55°  Gesù  flagellato,  oratorio,  ibid .  On  connaît 
aussi,  sous  le  nom  de  cet  artisle,  six  trios  pour 
deux  violons  et  basse,  gravés  à  Amsterdam, 
chez  Roger. 

ZIBULKA.  t  oyez  CIBULKA. 

ZH.lt  (Werner),  organiste  et  compositeur, 
fut  membre  de  l'ordre  des  Frères  de  la  charité 
et  directeur  du  chœur  de  leur  couvent  à  Pra- 
gue, où  il  mourut  le  1er  octobre  1755.  Il  avait 
appris  la  composition  à  Vienne  sous  la  direc- 
tion de  Reuller,  de  Schmitt  et  de  Tuma.  Zicli 
a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  composi- 
tions pour  l'église. 

ZIEGLER  (Jean-Christophe),  directeur 
de  musique  et  organiste  à  Wittenberg,  vers 
1700,  y  a  publié  de  sa  composition  :  Lntavola- 
tura  per  viola  di  gamba,  consistant  en  en- 
trées, allemandes,  courantes,  sarabandes  et 
caprices,  in-8°  oblong. 

/Ill.l.l  11  (Chrétien-Théophile),  né  le 
15  mars  1702  à  Pulsznitz,  dans  la  Lusace  su- 
périeure, où  son  père  était  organiste  et  profes- 
seur du  collège,  commença  ses  études  musi- 
cales et  littéraires  dans  la  maison  paternelle, 
puis  il  alla  les  continuer  à  Halle,  dans  la  mai- 
son desOrphelins,  en  1715.  Vers  1723  il  alla  à 
Dresde  prendre  des  leçons  de  basse  continue, 
de  contrepoint,  et  d'orgue  chez  Heinichen, 
Weiss,  Pezold  et  Pisendel.  De  retour  à  Halle, 
il  y  passa  quatre  années  à  étudier  le  droit  et  à 
composer  divers  morceaux  de  musique.  En 
1727  il  fut  appelé  à  Quedlinbourg  en  qualité 
d'organiste  de  la  cour,  et  en  1750  il  eut  le  litre 
d'organiste  de  l'église  principale  de  celle  ville. 
Ziegler  a  laissé  en  manuscrit  un  traité  d'har- 
monie divisé  en  deux  parties  et  intitulé:  Der 
JFohlinformirle  General- Bassist  (Le  parfait 
accompagnateur  de  la  basse  continue.) 

ZIEGLER  (Jean-Gotthilf),  né  à  Dresde, 
en  1688,  étudia  l'orgue  et  la  composition  sous 
la  direction  de  Pézold,  de  Zachau,  de  Bach  et 
deTheile,  puis  il  voyagea  quelque  temps  pour 
perfectionner  son  goût.  De  retour  à  Dresde,  il 
y  fui  nommé  organiste  et  directeur  de  musique 
de  l'église  Sainl-Ulric.  Il  vivaitencoreen  1751. 
Ce  musicien  a  laissé  en  manuscrit  deux  années 
complètes  de  musique  d'église,  et  deux  traités 
de  musique  intitulés  1°  Neu  erfundene  musi- 
kalische  Anfungs-Griinde,  die  sogenannleu 


Z1EGLKR  -  ZIMMERMAN 


117 


GaJanterien  belreflend  (Nouveaux  éléments 
de  musique  concernant  les  ornements  appelés 
galanteries.  2°  Nouvelle  instruction  concer- 
nant la  basse  continue. 

ZIEGLER  (François),  moine  de  l'abbaye 
ri'Eheibach,  dans  le  Rhingaii,  a  fait  graver  à 
Nuremberg,  en  1740,  un  recueil  de  pièces  d'or- 
gue intitulé  :  LXXXIV  Tnterludia  sive  bre- 
vioresversiculi  ad  musicam  choralemubique 
necessarii.  Quelque  temps  après,  il  a  fait  pa- 
raître un  deuxième  recueil  de  pièces  pour  le 
même  instrument,  contenant  quatre  vingt- 
quatre  petites  fugues. 

ZIEGLER  (Antoine),  poète  dramatique, 
qui  vivait  à  Vienne,  en  Autriche,  vers  1820,  a 
publié  une  sorte  d'almanacb  musical  intitulé  : 
Adressenbuch  von  Tonkiinstlern,  Dilettan- 
ten,  Hof-,  Kammer-,  Thealer ,und Kirchen- 
JUusilcern,  etc.  (Livre  d'adresses  des  musi- 
ciens, amateurs  et  professeurs  de  musique  at- 
tachés à  la  cour,  à  la  chambre,  aux  théâtres  et 
aux  églises,  etc.),  Vienne,  Strauss,  1823. 

ZOIKEISEN  (Eucharius),  cantor  à  l'é- 
glise Saint-Pau!  de  Francfort-sur-le-Mein, 
vers  la  fin  du  seizième  siècle,  a  publié  un  re- 
cueil de  mélodies  pour  des  cantiques,  sous  ce 
litre  :  Kirchengesang  mit  Noten.  Francfort, 
1584,  in-fol.  (livre  rare). 

ZOIIUER (Robert),  né  à  Berlin,  le  17  jan- 
vier 1828,  apprit  les  éléments,  de  la  musique 
dès  ses  premières  années.  Depuis  1848  jusqu'en 
1850,  il  suivit  les  cours  de  philosophie  de  l'u- 
niversité, elle  professeur  Dehn  lui  enseignala 
théorie  de  l'harmonie  et  du  contrepoint;  puis 
il  se  rendit  en  Italie  pour  y  compléter  ses  con- 
naissances musicales  par  l'étude  des  monu- 
ments historiques  de  l'art.  De  retour  à  Berlin, 
il  s'y  livra  à  l'enseignement  de  la  musique. 
En  185G,  il  fut  nommé  professeur  à  l'Académie 
des  Beaux-Arts  et  y  donna,  dans  les  premiers 
mois  de  1857,  des  conférences  sur  l'Histoire  rie 
la  musique  rie  clavecin  et  de  piano,  qui  eurent 
un  grand  succès.  Malheureusement  ces  inté- 
ressantes séances  furent  interrompues  par  la 
maladie  inflammatoire  qui  le  conduisit  au  tom- 
beau, le  8  décembre  1857,  avant  d'avoir  ac- 
compli sa  trentième  année.  On  a  de  lui  un  écrit 
qui  a  pour  litre  :  Gedanhen  beim  Erscheinen 
des  ôlen  Bandes  der  Bachgesellschaft  in 
Leipsich  (Pensées  sur  la  publication  du  troi- 
sième volume  rie  la  Société  de  Bach  à  Leip- 
sich), Berlin,  M.  Hertz,  1854,  in-8".  C'est  une 
critique  sévère,  mais  juste,  du  volume  de  piè- 
ces rie  clavecin  dont  Ch.  Fei-d.  Becker  a  été 
éditeur. 

ZIMMEBMAN    (Pierre-Josepii-Guil- 


lacme),  né  à  Paris,  le  19  mars  1785,  est  fils 
d'un  fadeur  de  pianos  rie  cette  ville.  Entré  au 
Conservatoire  rie  musique  comme  élève,  en 
l'an  VII  (1798),  il  y  fut  placé  sous  la  direction 
rie  Boieldieu  pour  le  piano,  et  suivit  d'abord  le 
coins  ri'harmonie  de  Bey,  puis  celui  de  Calel. 
Au  concours  de  l'an  VIII  (1800),  il  obtint  le 
premier  prix  de  piano,  et  eut  pour  concurrent 
Ralkbrenner,  à  qui  le  second  prix  fut  décerné. 
Deux  ans  après,  Zimmerman  eut  aussi  au  con- 
cours le  premier  prix  ri'harmonie.  Devenu  plus 
tard  élève  de  Cherubini,  il  a  fait  sous  la  direc- 
tion de  ce  maître  illustre  un  cours  complet  rie 
composition,  et  a  acquis  ries  connaissances 
Irès-élenrines  dans  l'art  d'écrire  en  musique. 
En  1816,  il  a  été  nommé  professeur  de  piano  au 
Conservatoire  qui,  depuis  la  restauration  avait 
pris  le  litre  d'Ecole  royale  de  chant  et  de  décla- 
mation. La  manière  dont  il  a  rempli  les  fonc- 
tions rie  celte  place  lui  a  fait  acquérir  une  juste 
célébrité,  car  il  a  formé  une  multitude  de  bons 
élèves  dont  soixante-deux  ont  obtenu  un  pre- 
mier prix  dans  les  concours  du  Conservatoire  ; 
enfin  parmi  ceux  qui  ont  été  formés  par  Zim- 
merman comme  virtuoses  ou  comme  composi- 
leurs,  on  remarque  le  prince  rie  la  Moskowa, 
Alkan,Dejazel,Fessy, Prudent,  Ambroise Tho- 
mas, Marmonlel,  Ravina, DePouck,  Goria,  Le- 
febure,  Lacombe  et  plusieurs  autres  devenus  cé- 
lèbres. En  1821,  la  place  rie  professeur  rie  con- 
trepoint etrie  fugue  auConservatoire,ayanlété 
mise  au  concours  après  la  mort  ri'E le r,  Zimmer- 
man eut  la  victoire  sur  ses  concurrents,  et  la 
placelui  fut  décernée;  mais  obligé  d'opler  entre 
cette  place  et  celle  rie  professeur  rie  piano,  il 
donna  la  préférence  à  cette  dernière.  La  pro- 
digieuse activilériéployéeparcet  arlislecomme 
professeur,  activité  dont  il  n'y  a  peut-être  ja- 
mais eu  d'exemple,  l'a  obligé  à  renoncer  de 
bonne  heure  à  se  produire  en  public  comme 
virtuose  et  à  négliger  son  talent  d'exécution 
pour  consacrer  le  peu  de  (emps  dont  il  pouvait 
disposer  aux  travaux  de  la  composition. 
Ceux-ci  même  ont  été  souvent  entravés  par  le 
nombre  immense  d'élèves  à  qui  Zimmerman 
donnait  des  soins.  Toutefois,  il  a  fait  repré- 
senter à  l'Opéra-Comique,  au  mois  d'octobre 
1830,  l'opéra  en  trois  actes  rie  sa  composition 
intitulé  V Enlèvement.  Malgré  les  défauts  con- 
sidérables du  poëme,  qui  exerce  en  France  une 
grande  influence  sur  le  succès  ries  ouvrages 
lyriques,  le  public  remarqua  dans  la  partition 
de  cet  opéra  une  facture  savante,  une  mélodie 
franche,  naturelle  et  d'un  beau  caractère,  enfin 
ries  effets  neufs  ri'harmonie  et  d'instrumenta- 
tion- Zimmerman  a  écrit  aussi  Nausica.  opéra 


us 


ZIMMERMAN  —  ZINGARELLI 


sérieux  pour  l'Académie  royale  de  musique, 
qui  n'a  pas  été  représenté.  Parmi  ses  compo- 
sitions instrumentales,  on  remarque  les  ou- 
vrages suivants  :  1°  Premier  concerto  pour 
piano  et  orchestre  dédié  à  Clierubini,  Paris, 
Janet  et  Colelle.  2°  Deuxième  idem,  Paris, 
A.  Petit.  2°  (bis).  Sonate  pour  piano  seul,  op.  5, 
Paris,  Leduc;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel. 
3°  Fantaisie  pour  piano  sur  l'ail"  :  Salut,  etc., 
op.  5,  Paris,  Leduc;  Leipsick,  Breilkopf  et, 
Hœrtel  .  4"  Rondeau  tyrolien  sur  la  valse 
d'Emma,  Paris-,  A.  Petit.  5'  Badinage  sur 
l'air  ;  Au  clair  de  la  lune,  op,  8,  Paris,  Janet 
el  Cotelle  ;  Leipsick,  Breilkopf  el  Hœrtel. 
6°  Rondeau  brillant  (en  la),  Pari»,  Leduc  ; 
Vienne,  Mechetli.  7°  Variations  sur  la  ro- 
mance :  S'il  est  vrai  que  d'être  deux,  op.  2, 
Paris,  Leduc;  Leipsick,  Breilkopf  el  Hœrtel. 
8"  Idem,  sur  le  thème  :  Guardami  un  poco, 
op.  6,  Paris,  Janel  ;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Hœrtel.  9°  Romance  de  Blangini  :  Il  est  trop 
tard,  avec  dix  variations  brillantes,  précédées 
d'un  prélude,  op.  7,  Paris,  Leduc.  10°  LeBou- 
quel  de  romarin,  varié,  op.  12,  ibid.  11°  La 
Gasconne,  bluelle  avec  variations,  Paris, 
A.  Petit.  12"  Variations  el  finale  sur  l'air 
d'Emma,  ibid.  13°  Rondeau  sur  un  motifdu 
Serment,  d'Aubcr,  op.  27,  Paris,  Troupenas. 
14"  Vingt-quatre  études  pour  le  piano,  divi- 
sées en  deux  livres,  op.  21,  Paris,  Leduc  ; 
Bonn,  Simrock.  15°  Les  Délices  de  Paris,  con- 
tredanses variées,  ibid,  10"  Six  recueils  de  ro- 
mances avec  accompagncmenlde  piano,  Paris. 
Leduc,  Janet,  etc.  Zimmerman  a  publié  un 
excellent  cours  d'études  pour  foi-mer  l'éduca- 
lion  d'un  pianiste,  et  comme  exécutant  et 
comme  compositeur.  Cet  ouvrage,  intitulé  : 
Encyclopédie  du  pianiste,  renferme  une  mé- 
thode complète  de  l'art  de  jouer  du  piano, 
dans  les  deux  premières  parties,  el  un  traité 
d'harmonieel  de  contrepoint  dansla  troisième. 
Les  services  rendus  à  l'art  par  ce  professeur 
ont  été  récompensés  par  la  décoration  de  la 
Légion  d'honneur.  Il  est  mort  à  Paris,  en  no- 
vembre 1853. 

ZLiniERMANN  (Matihas),  né  le  21  sep* 
lembre  1G25  à  Eperies,  en  Hongrie,  fit  ses  étu- 
des à  Tliorn,  à  Strasbourg  et  à  Leipsick,  puis 
fut  recteurdu  collège  de  Leulsch,  dansla  haute 
Hongrie,  ministre  à  Eperies,  elen  dernier  lieu 
minisire  et  surintendant  à  Meissen.  Il  mourut 
à  Leipsick,  le  29  novembre  1G89.  Au  nombre 
des  ouvrages  de  ce  savant,  on  remarque  celui 
qui  a  pour  titre:  Analectamiscella  menstrua 
eruditionis  sacra;  et  profana;,  theologica', 
lilurrjicx,  etc.,  Meissen,   1G74,   in-4°.   Il   y 


traite  de  l'usage  des  trompettes  à  la  guerre 
(p.  518). 

ZIMMERMAÏMJX  (Jeak-Guaibert),  moine 
bénédictin  d'un  couvent  de  la  haute  Silésie, 
vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  On 
a  imprimé  de  sa  composition  :  Amusement 
musical  pour  le  clavecin,  en  six  parties,  Bres- 
lau,  1743. 

ZniMERMAïNTV  (Apitoihk),  maître  de 
chapelle  du  prince  Batbyani  el  organiste  de 
l'église  cathédrale  de  Presbourg,  né  en  1741, 
mourut  le  8  octobre  1781.  On  a  gravé  de  sa 
composition:  1"  Trois  sonates  pour  piano  el 
violon,  op.  1,  Vienne. 2"Six  idem,  op,2,i'bid\ 
5"  Concerto  pour  piano  et  orchestre,  op,  3, 
Vienne,  1783.  4"  Andromède  et  Versée,  mo- 
nodrame, en  extrait  pour  le  piano,  ibid.  Cet 
artiste  a  laissé  en  manuscrit:  5°  XIV  sympho- 
nies pour  l'orchestre.  6"  Six  sextuors  pour 
deux  violons,  deux  altos,  violoncelle  et  contre- 
basse. 7"  Concerto  pour  le  hautbois.  8°  Sym- 
phonie concertante  pour  deux  bassons.  9" Con- 
certo pour  la  harpe,  10'  XII  quintettes  pour 
trois  violons,  alto  et  basse.  11°  XII  quintettes 
pour  flûte,  deux  violons,  allô  el  violoncelle. 
12"  Pierre  et  Narcisse,  opéra. 

ZMMElUIArW  (S. -A.),  pianiste  et  com- 
positeur, professeur  de  musique  à  Manheim, 
a  publié  dans  cette  ville  et  àDarmstadt  environ 
vingt  œuvres  de  fantaisies,  rondeaux  et  thèmes 
variés  pour  le  piano,  vers  1840. 

ZUNDEL  (Philippe),  compositeur  allemand 
du  commencement  du  dix-septième  siècle,  n'est 
connu  que  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Pri- 
milix  Odarum  sacrarum  quatuor  vocum, 
Dillingeii,  1G09.  2°  Complainte  à  trois  voix, 
tirée  des  sept  paroles  prononcées  par  Jésus- 
Christ  sur  la  croix,  Augsbourg,  1G12. 

ZINGARELLI  (NicoLAS-AsTont),  com- 
positeur, né  à  Naples,  le  4  avril  1752,  perdit,  à 
l'àgede  sept  ans  son  père,  professeur  de  chant, 
et  fut  mis  au  Conservatoire  de  Lorelo,  où  M 
apprit  d'abord  à  jouer  du  violon.  Fenaroli  lui 
enseigna  l'accompagnement  et  le  contrepoint. 
On  rapporte  que,  pendant  le  temps  des  vacan- 
ces d'automne,  le  maître  se  retirait  dans  une 
petite  maison  de  campagne  qu'il  possédait  à 
Ottojano,  et  que  Zingarelli,  encore  enfant,  fai- 
sait souvent  à  pied  les  onze  milles  qui  séparent 
Naples  de  ce  lieu,  pour  portera  son  maître  des 
fugues  et  des  contrepoints  à  corriger.  Sorti  du 
Conservatoire,  il  reçut  aussi  des  leçons  de  l'abbé 
Speranza,  un  des  meilleurs  élèves  de  Durante. 
Son  premier  ouvrage  de  musique  dramatique 
fui  un  intermède  intitulé  /  Quattro Pazzi. Les 
élèves  du  Conservatoire  l'exécutèrent  aux  ap- 


ZINGARELLI 


plaudissemenls  des  professeurs.  Cependant  sa 
pauvreté  ne  lui  permit  pas  d'attendre  patiem- 
ment à  Naples  une  heureuse  occasion  pour  en- 
trer dans  la  carrière  de  compositeur  dramati- 
que, et  l'obligea  à  passer  plusieurs  années  à 
Torre  dell*   Annunziata,  dans   la  maison  de 
MM.  Gargano,  en  qualité  de  professeur  de  vio- 
lon. Sa  bonne  fortune  lui  fit  rencontrer  plus 
tard  une  protectrice  puissante  dans  la  duchesse 
de  Caslelpagano.  Cette  dame,  qui  aimait  pas- 
sionnément la  musique,  prit  chez  elle  Zinga- 
relli  comme  son  malde  d'accompagnement,  el 
contribua  beaucoup  à  sa  fortune  et  à  sa  re- 
nommée.  Il  écrivit  chez  elle,  en  1779,  une 
grande  cantate  (Pimmulione)  qui  n'a  jamais 
été  exécutée.  Enfin,  parvenu  à  l'âge  de  vingt- 
neuf  ans,  il  donna  le  Monlezuma,  son  pre- 
mier opéra,  au  théâtre  de  Saint-Charles,  le 
13  aotU  1781.  L'ouvrage  n'eut  pas  de  succès. 
Cet  échec  toutefois  n'ébranla  pas  la  confiance 
de  la  protectrice  de  Zingarelli.  Recommandé 
par  elle  a  la  comtesso  Castiglione,  à  la  mar- 
quise Cusani  et  à  l'archiduchesse  Béatrice,  il 
alla  écrire,  à  Milan,  VAIsinda,  qui  fut  repré- 
senté pendant  le  carnaval  de  1785  et  qui  réus- 
sit.  Dans  le  carême  de  la  même  année,  il  écri- 
vit le  Telemacco  pour  le  même  théâtre,  et  le 
nouveau  succès  que  cet  ouvrage   lui  procura 
lui  donna  une  prédilection  marquée  pour  Mi- 
lan, où  il  composa  Jfigenia  in  Aulide,  en 
1787;  La  Morte  diCesare,  en  1791  ;  Pirro, 
et  11  Mercato  di  Monfregoso  l'année  sui- 
vante;  La  Secchia  rapita,en  1793;  Arla- 
serse ,   en    1794;    Giulietta   e  Romeo  pour 
Mn,eGrassini,  Ciescenlini  et Bianchi,en  1790 ; 
Meleagro,  en    1798;  //  Ritratto,  en   1799; 
Clitennestru,  en  1801  ;  II  Bevitore  forlu- 
uulo,  et  Lnès  de  Castro,  en  1805;   enfin  il 
écrivit, aussi  pour  Milan,  les  cantates  Oreste, 
Alceste,  et  l'oratorio  de  la  Passion,  qui  l'ut 
exécuté  dans  l'église  de  Saint-Celse.En  1789, 
Zingarelli  avait  été  appelé  à  Paris  pour  écrire 
^/ia77one,grand  opéra  et  froide  composil ion  qui 
ne  réussit  pas  à  l'Académie  royale  de  musique. 
Après  avoir  visité  la  Suisse,  il  retourna  à  Mi- 
lan. Il  y  obtint, en  1792,  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale;  mais  une  position 
semblable  lui  ayant  été  offerte  à  la  Santa  Casa 
de  Lorelte,  en  1794,  i!  lui  donna  la  préférence. 
Dans  la  même  année  il  écrivit,  à  Venise,  Appelle 
e  Campaspe  pour  Ciescenlini,  et,  en  1795,  // 
Conte  di  Saldagna.  Pendant  les  dix  années 
de  séjour  de  Zingarelli  à  Loretle,  il  composa 
une  immense  collection  de  musique  d'église 
pour  tout  le  service  de  l'année.  Celte  collec- 
tion est  connue  en  Italie  sous  le  nom  de  VAn~ 


nuale  di  Zingarelli.  On  y  remarque  particu- 
lièrement une  multitude  de  messes  brèves. 

En  1804,  la  mort  de  Guglielmi  laissa  va- 
cante la  place  de  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Pierre  du  Vatican,  à  Rome;  Zingarelli  fut  ap- 
pelé à  la  remplir,  et  l'occupa  jusqu'en  1811, 
écrivant  dans  cet  intervalle  plusieurs  ouvrages 
pour  les  théâtres  de  Rome  et  de  Naples,  ainsi 
que  divers  oratorios  et  cantates.  La  naissance 
du  roi  de  Romevinttoul  à  coup  troubler  l'exis- 
tence paisible  dont  il  jouissait  dans  la  capitale 
du  monde  chrétien  :  car  Napoléon  ayant  or- 
donné qu'on  célébrât  à  celle  occasion  des  fêles 
dans  toutes  les  villes  de  l'empire,  et  qu'on  y 
chaulât  des  Te  Deum  eu  actions  de  grâces, 
toutes  les  autorités  de  Rome  se  rendirent  dans 
ce  but  à  Saint-Pierre,  où  les  musiciens  de  la 
chapelle  el  leur  directeur  avaient  été  convo- 
qués. Mais  en  vain  allendit-ou  Zingarelli;  à 
toutes  les  sommalions  qui  lui  furent  faites,  il 
répondit  qu'il  ne  connaissait  pas  à  Rome  d'au- 
tre souverain  que  le  pape  Pie  VII,  qu'on  en 
avait  arraché.  Irrité  de  celle  audace,  le  pré- 
fet le  fit  arrêter  el  conduire  à  Civila-Vecchia, 
où  l'ordre  arriva  bientôt  de  l'envoyer  à  Paris. 
Toutefois,  Napoléon,  qui  n'avait  pas  oublié  le 
plaisir  que  la  musique  de  Roméo  et  Juliette 
lui  avait  fait  à   Milan,  à  Vienne  et  à  Paris, 
avail  voulu  qu'il  fût  traité  avec  les  égards  con- 
venables,  et   quatre  mille  francs  en  or   lui 
avaient  été  remis  pour  les  frais  de  son  voyage. 
En   arrivant  à  Paris,  il  reçut  quatre   autres 
mille  francs  par  l'intermédiaire  du  cardinal 
Fesch,  el  quelque  lemps  après,  l'empereur,  lui 
ayant  demandé  une  messe  solennelle  pour  le 
service  de  sa  chapelle,  fut  si  satisfait  de  son 
ouvrage,  qu'il  lui  fil  remettre  une  somme  de 
six  mille  francs,  et  lui  accorda  la  liberté  de  re- 
tourner  dans    sa    patrie.   Pendant    son   ab- 
sence, la  place  de  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Pierre  avait  été  donnée  à  Fioravanti  ;  Zingarelli 
n'eut  donc  plus  d'autre  parti  à  prendre  que  de 
retourner  à  Naples.  Arrivé  dans  celte  ville, 
vers  la  fin  dé  1812,  il  y  fui,  bientôt  après, 
nommé  directeur  du  Collège  royal  de  musique 
de  Saint-Sébastien,  la  seule  école  de  musique 
qui  restât  debout  pour  succéder  aux  anciens 
conservatoires,  et  il  prit  possession  de  sa  place 
pendant  le  mois  de  février  1813.  Trois  ans 
après,  il  succéda  à  Paisiello  dans  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  la  cathédrale. 

Ce  fut  un  événement  funeste  pour  l'école  rc- 
naissantede  Naples, que  le  choix  de  Zingarelli 
pour  la  diriger.  Esprit  étroit,  rempli  de  pré- 
ventions et  de  préjugés,  livré  aux  exercices 
d'une  dévotion  bigote,  il  n'avait  ni  l'activité,  rtif 


£20 


ZINGARELLI 


l'énergie,  ni  la  bienveillance  naturelle  envers 
la  jeunesse, ni  enfin  le  sentiment  éclairé  de  l'art 
qui, seuls, peuvent  imprimer  un  mouvementde 
progrès  à  un  établissemenlde  ce  genre.  On  peut 
affirmer  que,  loin  d'avoir  fait  quelque  chose 
pour  la  prospérité  du  Conservatoire  île  Naples, 
il  n'y  a  pas  été  un  des  moindres  obstacles  à  la 
restauration  de  l'enseignement. Rien  ne  prouve 
mieux  ce  fail  que  l'heureux  changement  qui 
s'est  opéré  dans  celle  école  après  sa  mort, 
lorsque  la  direction  en  a  été  confiée  à  Mer- 
cadante,  artiste  d'une  bien  plus  grande  portée. 
Zingarelli  n'avait  pas  plus  les  qualités  néces- 
saires pour  enseigner  les  procédés  de  l'art 
d'écrire  à  de  jeunes  compositeurs,  que  pour 
diriger  une  école.  Absolument  ignorant  des 
productions  des  grands  musiciens  qui  s'étaient 
illustrés  dans  les  pays  étrangers  pendant  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-neuvième,  n'ayant  ni  mé- 
thode ni  plan  d'enseignement,  mais  seulement 
des  traditions  qu'il  avait  puisées  dans  les  le- 
çons de  Fenaroli  et  de  l'abbé  Speranza,  on  l'a 
vu  chasser  du  Collège  de  Saint-Séhaslien  son 
élève  Mercadanle,  pour  l'avoir  surpris  à  met- 
tre en  partition  des  compositions  instrumen- 
tales de  Mozart.  On  lui  a  l'ait  honneurde  l'édu- 
cation musicale  de  ce  même  Mercadante,  de 
llellini,  de  Manfroce  (qui  se  fût  Tait  un  beau 
nom  s'il  eût  vécu),  de  Charles  Conti,  et  des 
deux  Ricci;  mais  ces  artistes  sont  plus  redeva- 
bles à  leur  nature  d'élite  et  à  leurs  propres  ef- 
forts qu'aux  leçons  de  leur  vieux  maître.  A 
l'exception  de  Mercadanle,  musicien  véritable- 
ment instruit,  il  y  a  plus  d'instinct  que  de  sa- 
voirdans  les  productions  des  autres.  On  compte 
aussi  parmi  les  élèves  de  Zingarelli  Pollini  de 
Milan,  Sgatelli,  à  Rome,  M.  Florimo,  biblio- 
thécaire du  Conservatoire  de  Naples,  et  M.  Lillo. 
Dans  les  vingt  dernières  années  de  sa  vie, 
Zingarelli  écrivit  une  très-grande  quantité  de 
musique  d'église,  quoiqu'il  ne  travaillât  que 
deux  ou  trois  heures  chaque  jour.  Après  ses 
prières  de  chaque  malin,  c'était  sa  première 
occupation;  puis  il  examinait  pendant  une 
heure  les  travaux  de  ses  élèves,  allait  à  la 
messe,  se  promenait,  dinait  à  midi,  dormait 
deux  heures  après  son  repas  ;  se  promenait 
dans  sa  chambre  après  la  sieste,  ou  lisait  la 
Vie  des  Saints,  la  Bible  et  des  ouvrages  de 
théologie;  enfin,  il  se  couchait  à  neuf  heures. 
Tel  fut  l'emploi  de  son  temps  pendant  les  vingt- 
cinq  dernières  années  de  sa  vie.  Il  mourut  le 
5  mai  1837,  à  l'âge  de  qualre-vingl-cinq  ans 
et  quelques  jours.  L'Académie  des  beaux-arts 
de  l'Institut  de  Fiance  l'avait  nommé  un  de 


ses  membres  associés  en  1804;  le  28  mai 
1807,  il  reçut  le  diplôme  de  membrede  l'Aca- 
démie italienne  des  sciences,  lettres  et  arts  ;  et 
l'Académie  royale  des  beaux-arts  de  Berlin  le 
choisit  pour  son  associé  au  moment  où  il  venait 
d'expirer.  Il  était  aussi  membre  de  plusieurs 
sociétés  musicales  d'Italie  et  chevalier  de  l'or- 
dre royal  de  François  Ier,  de  Naples. 

La  renommée  de  Zingarelli  comme  compo- 
siteur a  été  plus  grande  que  son  mérite.  Il 
n'était  pas  dépourvu  d'un  certain  sentiment 
délicat  dans  la  mélodie  ;  mais  il  avait  peu 
d'idées,  peu  de  force  dramatique,  et  jamais  il 
n'a  su  s'élever  à  de  grands  développements 
dans  lessituationsoii  il  aurait  pu  en  faire  usage. 
Son  opéra  religieux  de  La  Dislruzzione  di 
Gerusalemme,  est  le  seul  de  ses  ouvrages  on 
l'on  remarque  quelque  énergie  de  sentiment. 
J'ai  examiné  avec  soin  plusieurs  partitions  de 
ses  opéras,  el  j'y  ai  trouvé  plus  de  choses  mé- 
diocres que  de  bonnes.  Un  seul  de  ses  ouvrages 
dramatiques  (Roméo  et  Juliette)  a  échappé  à 
l'oubli  :  cette  partition  même  est  de  peu  de 
valeur,  car  on  n'y  Irouvo  réellement  de  remar- 
quable que  la  mélodie  Ombra  adorala,  as- 
petta,  qui  est  de  Crescenlini.  Le  grand  avan- 
tage dont  a  joui  Zingarelli,  et  ce  qui  a  fait  sa 
réputation,  c'esld'avoir  eu  pour  interprètes  des 
chanteurs  tels  que  Crescenlini,  Marchesi,  Ba- 
bini,  Rubinelli,  Yiganoni,  la  Morichelli,  mes- 
dames Grassini  cl  Calalani,  dans  toute  la 
beauté  de  leur  talent.  Comme  la  plupart  des 
anciens  maîtres  de  l'école  napolitaine,  il  a 
traité  la  musique  d'église  dans  le  style  con- 
certé. Les  qualités  qu'on  y  remarque  sont  une 
manière  facile  d'écrire  pour  les  voix,  et  un 
certain  caractère  d'expression  tendre  dans  ses 
meilleurs  ouvrages;  mais  elles  sont  ternies  par 
une  grande  monotonie  dans  les  formes  et  par 
beaucoup  de  négligences  dans  l'harmonie.  Par 
reconnaissance  pour  le  dévouement  de  Bene- 
dello  Vita,  son  domestique,  qui  lui  avait  con- 
sacré une  partie  de  sa  vie,  il  voulut  laisser  à 
ce  fidèle  serviteur,  à  défaut  d'argent  qu'il 
n'avait  pas,  ses  livres  et  surtout  une  immense 
quantité  de  musique  d'église  qu'il  se  mit  à 
composer  pour  lui,  afin  que  Benedetto  pût  en 
vendre  les  originaux  un  certain  prix  après  sa 
mort.  Dès  lors,  bien  plus  occupé  du  soin  d'aug- 
menter le  nombre  de  ses  ouvrages  que  d'en 
perfectionner  les  idées  et  la  forme,  il  se  mit  à 
écrireavec  une  si  grande  rapidité, qu'ilyaurait 
lieu  de  s'étonner  qu'il  fut  résulté  autre  chose, 
d'un  travail  si  hâtif,  que  des  compositions  mé- 
diocres ou  mauvaises.  Le  catalogue  de  tout  ce 
qu'il  a  laissé  en  cegenre  a  été  imprimé.  Parmi 


ZINGARELLI  -  ZINK 


521 


la  multitude  de  productions  qu'il  indique,  on 
compte  trente-huit  messes  pour  voix  d'horu- 
mes  avec  orchestre;  soixante-six  messes  pour 
différents  genres  île  voix  avec  orgue;  environ 
vingt-cinq  messes  pour  deux  et  trois  voix  avec 
instruments;  plus  de  vingt  messes  solennelles 
à  quatre  voix  et  orchestre;  sept  messes  à  deux 
chœurs  ;  quatre  messes  de  Requiem,  dont  une 
en  ré  mineur,  deux  en  mi  hémol  et  une  brève 
à  deux  voix  el  orgue;  seize  Credo  à  trois  et 
quatre  voix,  avec  orchestre;  5  idem,  avec  or- 
gue; 85  Dixit  à  trois,  quatre  et  huit  voix, 
avec  orchestre  ou  orgue  ;   une  multitude  de 
psaumes,  entre  autres  36  Bealus  vir,  avec  or- 
chestre ou  orgue,  el  49  Confitebor;  73  Magni- 
ficat à  trois  et  quatre  voix,  avec  orchestre  ou 
orgue;  21    Heures  d'agonie,  à  une,  deux, 
trois  et  quatre  voix,  avec  instruments  el  avec 
introduction   pour  violes,  violoncelles  el  con- 
trebasses;  29   Te  Deum  de  tout  genre;  28 
Stabat  Mater,  idem  ;  des  vêpres   complètes 
avec  complies, des  litanies,  une  immensequan- 
lité  d'hymnes,  d'antiennes  et  de  motets,  des 
répons  et  des  leçons  pour  la  semaine  sainte, 
des  graduels  et  offertoires,  enfin  neuf  psaumes 
italiens  à  quatre  voix  et  orchestre.  Parmi  tanl 
de  choses,  dont  un  grand  nombre  est  peu  digne 
d'estime,  un  des  meilleurs  morceaux  est  le  Mi- 
serere à  quatre  voix,  sans  accompagnement, 
que  Zingarelli  a  composé  pour  les  élèves  du 
Conservatoire  de  Naples:  là  il  y  a  véritable- 
ment.un  sentiment  sublime  par  sa  simplicité. 
Le  caractère  de  la  musique  est  si  bien  appro- 
prié aux  paroles,  l'harmonie  est  si  pure,  les 
voix  sont  si  bien  placées  el  se  meuvent  avec 
tant  de  facilité,  que  ce  morceau,  bien  que  fort 
court,   doit  être   considéré   comme   une    des 
meilleures  productions  de  son  auteur. 

La  liste  la  plus  complète  des  opéras  et  can- 
tates de  Zingarelli  que  j'ai  pu  réunir  est  celle- 
ci  :  1°  Pimmulione,  cantate  à  trois  voix  et 
orchestre,  1779.  2°  Monlezuma,  à  Naples,  en 
1781.  3"  L'Alsinda,  à  Milan,  1785.  4°  Il  Te- 
lemacco,  dans  la  même  ville,  1785.  5°  Reci- 
mero,  à  Venise,  1785.  6°  Armida,  à  Rome, 
178G.  7°  Ifigenia  in  Aulide,  à  Milan,  1787. 
8°  Annibale,  à  Turin,  1787.  9"  II  Trionfodi 
David,  oratorio,  1788,  remis  en  scène  à  Na- 
ples, en  1805.  10"  Antigone,  grand  opéra,  à 
Paris,  1789.  Cet  opéra,  traduit  en  italien  avec 
des  changements,  a  élé  joué  à  Livourne,  en 
1790.  11"  La  Morte  di  Cesare,à  Milan,  1791. 
11°  (bit).  L'Oracolo  Savnilo,  Turin  1792. 
12"  Pirro,  dans  la  même  ville,  en  1792. 
13°  HMercato  di  Monfregoso,  dans  la  même 
ville,  1793.  14*  La  Secchia  rapita,  dans  la 


même  ville,  1793.  15"  Artaserse,  dans  la 
même  ville,  1794.  10°  Gli  Orazzi  e  Curiaci, 
à  Turin,  1794.  17°  Apelle  e  Campaspe,  à  Ve- 
nise, 1794.  18°  //  Conte  di  Saldagna,  dans  la 
même  ville,  1795.  19"  Stances  du  vingtième 
chant  de  la  Jérusalem  délivrée,  à  plusieurs 
voix  avec  orchestre,  gravées  en  partition  à 
Paris,  en  1795.  20"  Romeo  e  Giulielta,  à  Mi- 
lan, en  1790.  21»  Mitridate,  à  Venise,  en 
1797.  22»  Mdeagro,  à  Milan,  1798.  23»  Caro- 
lina  e  Menzicoff,  chanié  par  Marchesi  et  Ma- 
dame Catalani,  à  Venise,  1798.  24"  Edipo  a 
Colona,  dans  la  même  ville,  en  1799.  25°  Il 
Rilratto,  à  Milan,  1799.  20°  //  Ratto  délie 
Sabine,  à  Venise,  en  1800.  Vl'Clitennestra,  à 
Milan,  en  1801.  28°  //  Bevitore  forlunato, 
dans  la  même  ville,  1830.  29°  Inès  de  Castro, 
dans  la  même  ville,  1803.  30°  Francesca  da 
Rimini,  cantate  à  Rome,  1804.  31°  //  conte 
Ugolino,  idem,  ibid.  32"  Tancredi  al  sepol- 
cro  di  Clorinda,  à  Naples,  1805.  33"  Baldo- 
vino,  opéra,  à  Rome,  1810.  34"  La  Dislruz- 
zione  di  Gerusalemme,  oratorio  scénique, 
à  Rome,  1810.  55"  Bérénice,  au  théâtre 
Falle,  à  Rome,  1811.  36°  La  Reedificaziona 
di  Gerusalemme,  à  Rome,  pour  Florence. 
37° Saulle,ovalorïo.  38" LaPassione, oratorio. 
59»  Oreste,  cantate.  40"  La  Morte  d'Alceste, 
idem.  41°  Nice  d'Elpino,  idem.  42»  Saffo, 
idem. 

La  vie  et  les  ouvrages  de  Zingarelli  ont  élé 
l'objet  i\es  opuscules  dont  les  titres  suivent  : 
1°  Necrologiadi  Nicoto  Zingarelli,  da  Raf- 
faele  Liber atore.  Naples,  1837,  in-8",  tiré  à  pe- 
tit nombre  et  orné  du  portrait  de  l'artiste. 
2°  Cenni  storicidi  Nicolo  Zingarelli,  daRai- 
mondo  Guarini  ;  Naples,  1837,  in-8".  3°  Elo- 
gio  di  Nicolo  Zingarelli,  par  le  marquis  de 
Villarosa.  Naples,  1837,  in-8°.  4°  Notizie 
biografichedi  Nicolo  Zingarelli  (sans  nom 
d'auteur);  Naples,  1837,  in-8».  5"  Discorso 
per  le  solenne  esequie  del  cavalière  Nicolo 
Zingarelli,  da  Antonio  Minghelti;  Padouc, 
1841,  in-8".  Ce  discours  a  été  prononcé  dans 
un  service  anniversaire  pour  la  mémoire  de 
Zingarelli,  dans  la  cathédrale  de  Padoue. 

ZirSK  (BenoIt  Frédkiiic),  né  le  25  mai  1 743, 
à  Husum.dans  le  Holstein,  était  complètement 
sourd  dans  son  enfance;  mais,  à  la  suite  d'un 
excès  de  boisson  qui  faillit  lui  couler  la  vie,  il 
recouvra  l'ouïe  et  devint,  sous  la  direction  de 
son  père,  musicien  de  ville,  habile  sur  le  vio- 
lon, leclavccinel  l'orgue.  Ayant  fait  un  voyage 
en  Norwégc,  il  vécut  quelque  temps  à  Christia- 
nia, puis  fut  organiste  à  Schkswick,  cl  en  der- 
nier lieu  cuira  au  service  du  duc  de  Mcck- 


ZINK  -  ZOELLNER 


lcnbourg-Schwérin ,  en  1767.  Il  mourut  à 
Liidwigslusl,  le  23  juin  1801,  laissant  en  raa- 
nuscritdes  symphonies  cldcs  sonalesde  |)iano. 

Zl.Mv  (Hartnacii-Othon-Conrad),  frère  du 
précédent,  reçut  aussi  des  leçons  de  musique 
de  son  père  et  apprit  à  jouer  de  plusieurs  hl- 
strumenis;  puis  il  se  rendit  à  Hambourg,  où  son 
goût  se  forma  par  les  occasions  fréquentes  qu'il 
eut  d'entendre  des  artistes  distingués  pendant 
Uti  séjour  de  dix  ans.  Vers  1780,  il  entra  dans 
la  chapelle  du  duc  de  Mccklenuourg-Schwérin, 
en  qualité  de  première  flûle  de  l'orchestre,  Six 
nus  après,  il  fil  un  voyage  à  Copenhague  et  y 
eut  de  si  brillants  succès,  qu'il  s'y  fixa  et  fut 
admis  au  séminaire  de  celle  ville  en  qualitéde 
professeur  de  chant.  Après  en  avoir  rempli  les 
fonctions  pendant  environ  vingt-cinq  ans,  il 
est  mort  h  Copenhague  en  1812,  On  a  publia 
les  ouvrages  suivants  de  cet  artiste  ;  1°  Six 
duos  pour  deux  flûtes,  op.  1,  Berlin,  1782, 
2°  Six  sonates  pour  piano,  Leipsick,  1783, 
3"  Symphonie  pour  divers  instruments,  Berlin, 
Ilummcl,  171)1.  4°  Trois  sonates  pour  piano  et 
flûte,  ibid.,  171)2.  o°  Andanle  avec  vingt- 
quatre  variations  pour  le  piano,  ibid.  6°Com- 
posilions  pour  le  chant  avec  piano,  1",  2e  tt 
5e  suites,  Copenhague,  1792-171)3.  7°  Die 
Nœrdliche  Harfe,  ein  J  ersuch  in  Fragmen- 
tent ttnd  Skizzen  iiber  .Vusik  und  ihre  Jn- 
wendungin  Norden  (La  Harpe  du  Nord,  essai 
en  fragments  et  esquisses  sur  la  musique  etson 
emploi  dans  le  Nord),  Copenhague,  Brummer, 
1802. 

ZENKEISEN  (Conrad- Louis  Thierri),  né 
à  Hanovre,  le  3  juin  1771),  reçut  les  premières 
leçons  de  musique  de  son  père,  puis  alla  ache- 
ver ses  éludes  dans  cet  art  à  Wolfenbuttel. 
Après  avoir  été  quelque  temps  hautboïste  dans 
un  régiment  d'infanterie  à  Lunebourg,  il  alla 
àGoetlingue,  en  1803,  en  qualitéde  professeur 
de  musique  et  de  premier  violon  de  l'orches- 
tre. Ce  fut  dans  celle  ville  qu'il  étudia  la  théo- 
rie de  la  composition,  sous  la  direction  de  For- 
kel.  En  1819,  il  entra  dans  la  musique  du  duc 
de  Brunswick.  Parmi  ses  productions,  dont  la 
plupart  sont  inédiles,  on  remarque  quatre  ou- 
vertures à  grand  orchestre,  six  concertos  de 
violon,  une  symphonie  concertante  pour  violon 
et  alto,  plusieurs  thèmes  variés  pour  violon, 
avec  un  second  violon,  alto  et  violoncelle,  trois 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  des 
duos  pour  violon  et  alto,  un  concerto  pour  cla- 
rinetlc,  un  idem  pour  hautbois,  un  idem  pour 
basson,  des  thèmes  variés  pour  ces  instru- 
ments., et  des  chants  à  quatre  voix. 

ZIPOLI  (Dominique),  organiste  de  l'église 


des  Jésuites,  à  Rome,  an  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  fut  un  des  artistes  les  plus 
distingués  de  son  temps.  Il  a  publié  de  sa  com- 
position :  Sonate  d'  intavolatura  per  or- 
r/ano  o  cembalo,  parle  prima.  Toccata,  versi, 
canzone9offertoiïo}  elevazioni,post-commu~ 
nio  e  pastorale,  Roma,  1710,  In  -4"  oblong 
gra\é.  La  seconde  partie  de  cet  œuvre  con- 
tient des  préIndes,  allemandes,  courante»,  sa- 
rabandes, gigues,  gavottes  et  parlite.  Cet  ou- 
vrage est  d'un  très-bon  style, 

ZOCCA  (Gaktaho),  violoniste  distingué, 
naquit  a  Ferrare,  en  1784.  Les  premières  le- 
çons de  son  instrument  lui  fuient  données  par 
le  professeur  Jean  Ballo,  et  son  talent  fut 
formé  h  Milan,  par  Alexandre  Rolla  {voyez  ce 
nom).  En  1810,  il  fut  nommé  chef  d'orchestre 
du  théâtre  et  de  la  cathédrale,  ainsi  que  de  la 
société  Philharmonique  de  sa  ville  natale.  Son 
mérite,  reconnu  dans  toute  l'Italie,  lui  fit  dé- 
cerner le  titre  de  membre  honoraire  des  Aca- 
démies philharmoniques  de  Bologne,  de  Mo- 
dène,  de  Ferrare  et  de  Rome.  Il  avait  fondé 
une  école  pour  la  réforme  de  l'art  de  l'archet 
parmi  les  violonistes  italiens;  plusieurs  artis- 
tes distingués  s'y  sont  formés  et  ont  opéré  une 
amélioration  sensible  dans  les  orchestres  delà 
Péninsule.  Zocca  mourut  à  Ferrare,  le  14  sep- 
tembre 1834. 

ZOEGA  (Chrétien),  savant  orientaliste,  né 
à  Hadersleben,  enseigna  les  langues  orientales 
à  l'iiniversiléde  Leipsick, depuis  1G86  jusqu'en 
1695,  puis  remplit  les  mêmes  fonctions  à  Kiel, 
et  fut  en  dernier  lieu  pnsleur  dans  une  com- 
mune du  pays  d'Oldenbourg.  Au  nombre  de 
ses  ouvrages,  on  remarque  une  dissertation  in- 
lilulée  :  De  sententiis  Talmudico-rabbinicis 
circa  buccinam  sacrant  Hebrxorum,  Lipsiœ, 
1692,  in -4°. 

ZOELLIN'ER  (Charles-Henri),  composi- 
teur, organisle  et  pianiste,  naquit  le  5  mai 
1792,  à  OEIs,  en  Silésie.  Ses  premières  études 
furent  faites  au  gymnase  île  sa  ville  natale  j 
puis  il  alla  au  Collège  rie  la  Madeleine,  à  Bres- 
lau,  et  y  entra  au  séminaire  évangélique  en 
1812;  mais  il  en  sortit  un  an  après  pour  se 
vouer  sans  obstacle  à  la  musique.  Doué  de  ra- 
res talents,  il  aurait  pu  se  faire  un  beau  nom 
comme  artiste;  mais,  dominé  par  de  mauvais 
penchants,  il  ne  sut  jamais  se  maintenir  dans 
une  situation  honorable  et  s'abandonna  aton- 
ies sortes  d'excès.  En  1814,  il  alla  enseigner 
la  musique  à  Oppcln,  et  y  passa  près  de  deux 
années,  puis  il  visita  Kalisch  et  s'établit  à  Poscn. 
Après  y  avoir  demeuré  trois  ans,  il  séjourna  à 
Varsovie,  où  il  rédigea  un  journal  de  musique; 


ZOELLNER  -  ZONARO 


02. 


puis  il  fut  nommé  canlor  de  l'église  Saint- 
Pierre  et  Saint-Paul  de  Dresde;  mais  il  refusa 
cette  place  pour  voyager,  donna  des  concerts 
à  Londres,  en  Hollande  et  dans  les  villes  de 
l'Allemagne  rhénane.  En  1823,  il  vécut  à  Leip- 
sick,  s'y  livra  à  l'enseignement  et  publia  quel- 
ques-uns de  ses  ouvrages.  Pendant  les  années 
1830  a  1832,  on  le  retrouve  àSlulIgard,  d'où  il 
s'éloigna  pour  aller  à  Hambourg,  puis  à  Lu- 
beck  et  à  Copenhague.  De  retour  à  Hambourg, 
en  1833,  il  y  excita  l'admiralion  parson  talent 
sur  l'orgue.  Rien  ne  lui  eût  été  plus  facile  que 
de  se  faire  une  situation  brillante  dans  cette 
ville,  mais  sa  mauvaise  conduite  eut  bientôt 
achevé  de  ruiner  sa  santé.  Le  22  septembre 
1855,  il  se  Ht  entendre  pour  la  dernière  fois 
sur  l'orgue  de  Saint-Michel,  et  il  expira  le 
2  juillet  IS3G.  On  connaît  de  lui  un  opéra  in- 
titulé :  Kunz  de  Kaufungen,  et  le  mélodrame 
Une  heure.  Dans  la  musique  d'église,  il  s'est 
distingué  par  \\n  style  élevé,  particulièrement 
dans  le  Pater  noster  de  Jacobi,  et  dans  quel- 
ques messes  et  psaumes.  On  a  aussi  de  lui  des 
pièces  d'orgue  do  grand  mérite.  Parmi  ses 
compositions  gravées  on  remarque  :  1°  Sonate 
pour  piano  et  violon,  op.  7,  Leipsick,  Hof- 
meister.  2°  Grande  sonate  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  10,  Leipsick,  Probst.  3°  Sonate 
pour  piano  seul,  op.  13,  Hanovre,  Bachmann. 
4"  Plusieurs  rondeaux  et  variations  pour  le 
même  instrument.  15"  Des  chants  pour  quatre 
voix  d'hommes, Hanovre,  Bachmann  ;  Leipsick, 
Brcilkopf  et  Hsertel.  G"  Méthode  de  piano, 
Hambourg,  Cranz. 

ZOELL^EIl  (Charles),  professeur  de  mu- 
sique et  directeur  de  la  Société  de  chant  à 
Leipsick,  est  né  le  17  mars  1800,  à  lUillelhau- 
sen  (Saxe).  Il  jouissait  de  la  réputation  de  bon 
artiste  et  de  musicien  instruit,  lorsqu'il  mou- 
rut à  Leipsick,  le  25  septembre  1860.  On  a  de 
sa  composition  :  1°  Un  recueil  de  Lieder  à 
voix  seule  avec  piano,  sous  le  titre  de  Liedes- 
fruhling  ;  Leipsick,  Kistner,  1841.  2°  Plu- 
sieurs recueils  de  chants  pour  quatre  voix 
d'hommes  ;  ibid.  Une  de  ses  compositions  les 
plus  remarquables  en  ce  genre  a  pour  litre  : 
Die  Zigeuner  (Les  Bohémiens). 

ZOGBAUDI  (Gustave),  professeur  de  mu- 
sique à  Berlin,  est  né  dans  cette  ville,  en  1814 
(suivant  le  Noliz  -  Kalender  fur  Musiher  , 
do  Chwalal).  Il  a  beaucoup  écrit  pour  le  piano 
et  pourléchant.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
lo  Une  collection  de  cent  morceaux  pour  le 
piano,  en  25  livraisons  formant  quatre  volu- 
mes in-folio,  sous  le  litre  de  Jmmergriin, 
op.  9;  Berlin,  P«>z.  2"  Des  rondos  et  rondi- 


nos,  op.  15,  18,  31,  et  57,  ibid.  3"  Des  m:i- 
zourkes,  op.  14;  ibid.  4°  Des  chansons  d'en- 
fants sans  paroles,  en  deux  suites;  Berlin, 
Bock.  5"  Des  fantaisieset  des  variations  sur  des 
thèmes  d'opéras.  G0  Des  polonaises,  np.  48; 
Berlin,  Challier.  7°  Des  morceaux  élégiaques 
intitulés  :  Perles  de  Salon,  op.  51  ;  Berlin, 
Pœz.  8"  Une  méthode  de  doigter  pour  le  piano, 
sous  lu  litre  de  Die  Kunst  der  Fingerlœsung, 
op.  43;  ibid.  9°  Une  méthode  pratique  pour 
le  même  inclrumenl  avec  quatre-vingts  pièces 
d'exercices,  op.  44,  ibid.  10°  Une  méthode 
abrégée  pour  les  enfants,  intitulée  :  Der Junge 
Plantât,  op.  52;  ibid.  11°  Plusieurs  recueils 
de  Lieder  à  voix  seule,  avec  piano, 

ZOILO  (AntUlAt),  compositeur,  né  à  Rome 
dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle, 
fut  mailre  de  chapelledeSainl-.leandcLalran, 
depuis  le  mois  de  mars  1561  jusqu'au  mois  do 
juin  1570.  Le  5  juillet  suivant,  il  fut  admis  au 
collège  des  chapelains. chantres  de  la  chapelle 
pontificale.  L'époque  de  sa  mort  est  inconnue. 
Plusieurs  messes  de  sa  composition  se  trouvent 
dans  les  volumes  manuscrits  des  archives  de 
la  chapelle  pontificale,  à  Rome.  On  trouve  aussi, 
dans  un  volume  de  la  même  chapelle,  seize 
répons  pour  les  matines  des  ténèbres  de  la 
semaine  sainte,  de  sa  composition.  Plusieurs 
morceaux  de  ce  compositeur  ont  été  insérés 
dans  les  collectionsdonl  voici  les  litres:  1°  Do- 
dici  affetti,  madrigali  a  5  voci  di  diversi 
eccellenti  7nusici  di  Borna,  in  Venezia,  l'E- 
rede  di  Girol.  Scotlo,  1585,  in-4°.  2"  De' Flo- 
ridi  virtnosi  d'Jtalia  il  terzo  libro  de'  ma- 
drigali a  cinque  voci,  etc.  in  Venezia,  Giac. 
Vincenzi,  1506,  in-4°.  3°  DJelodia  olgmpica 
di  diversi  eccellenlissimi  musici  a  4,  5,  G  et 
S  voci,  Anvers,  P.  Phalèse,  1594,  in-4°  obi. 
4°  Paradiso  musicale  di  madrigali  et  can- 
zoni  a  cinque  voci  di  diversi  eccellenlissimi 
autori,  ibib.,  1596,  in-4°  obi.  5°  Selectx  can- 
tiones  excellentissimorum  auctorum  octonis 
vocibus  concinends  a  Fabio  Costantino  ro- 
mano  itrbevetanx  cathedralis  musicx  prx- 
fecto  in  lucetn  édita?,  Romae,  ex  typograpbia 
Bail.  Zanelli,  1614.  On  trouve  dans  ce  recueil 
un  Salve  Hegina  de  Zoilo,  à  douze  voix. 

ZOILO  (César),  compositeur  vénitien,  vécut 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siè- 
cle. Il  a  l'ait  imprimerde  sa  composition  :  Ma- 
drigali a  cinque  voci,  il  primo  libro,  aggiun- 
lovi  il  suo  basso  continua  a  bencplacilo.  In 
Venelia,  appresso  Barlholomeo  Magni,  1G20, 
in-4°. 

ZOIVAllO  (Jules),  compositeur  italien,  né 
à  Salo  (Lonibardie),   vécut   vers  la  lin  du  sei- 


524 


ZONARO  -  ZORM 


zième  siècle.  On  connaît  <le  lui  :  II  Primo 
Libro  de  Madrigali  a  Ire  voci  ;  in  J'cnetiu, 
app.  Giacomo  Vincenti,  1589,  in-4°. 

ZONCA  ou  ZONKA  (Joseph),  né  à  Bres- 
cia,  en  1715,  y  fit  ses  études  et  apprit,  ilans  sa 
jeunesse,  l'art  du  chant  et  la  composilion. 
Après  avoir  été  ordonné  prêtre,  il  entra  dans 
la  chapelle  de  l'électeur  «le  Bavière,  en  qualité 
de  hasse  chantante,  en  1750.  Il  mourut  à  Mu- 
nich en  1775.  On  cite  île  sa  composilion  l'ora- 
torio la  Mort  d'Abel,  qui  fut  exécuté  avec 
succès  à  Munich,  en  1754,  et  l'opéra  IIRe  Pas- 
tore,  représenté  à  la  cour  en  1700. 

Un  antre  musicien  du  même  nom  (Jean- 
Baptiste)  cl  de  la  même  famille,  naquit  aussi  à 
Brcscia,  en  1728,  entra  dans  la  chapelle  de 
l'électeur  Palatin,  à  Manheim,  en  1701,  puis 
suivit  la  cour  de  ce  prince  à  Munich,  et  brilla 
au  théâtre  dans  les  opéras  italiens.  Bctiré  dans 
sa  patrie  en  1788,  avec  une  pension  rie  la  cour, 
il  est  mort  ;i  Brcscia  en  1809,  à  l'âge  de  qua- 
tre-vingl-un  ans.  Il  était  aussi  compositeur  et 
a  fait  graver,  à  Munich,  les  morceaux  suivants, 
qu'il  avait  écrits  pour  son  usage  :  1°  Aria  a 
basso  solo  (Sulle  spondedel  torbido),  con  2  vio- 
Uni,  viola,  basso,  2  oboe  e  2  corni.  2°  Mo- 
tetto  a  basso  solo  (El  hos  inlcr  augures)  con 
2  viol.,  viola,  organo,  basso,  2  flanti  e 
2  corn  t.  3°  Idem(  Ah!  mihigeminasse)a2rio£., 
viola,  org.,  2  trombe  e  timpani. 

ZOPFF  (IIeiimanfi),  docteur  en  philosophie 
et  compositeur  à  Berlin,  né  à  Gross-Glogau, 
le  1"  juin  1820,  fut  destiné  par  son  père  au 
commerce,  cl  ses  premières  éludes  musicales 
furcnl  entravées  par  son  apprentissage  du  né- 
goce. D'ailleurs,  les  maîtres  dont  il  recevait 
les  leçons  pour  le  piano  et  la  théorie  de  la  mu- 
sique étaient  dépourvus  de  talent  et  de  mé- 
thode. Ohligé  «le  se  vouer  à  une  profession 
étrangère  aux  arts,  il  choisit  l'agriculture  et 
s'établit  dans  un  village  voisin  du  lieu  de  sa 
naissance.  Cependant,  il  ne  fut  pas  tellement 
absorbé  par  les  travaux  de  sa  nouvelle  position, 
qu'il  ne  leur  déroba  souvent  des  heures  oii  il 
faisait  de  nombreux  essais  «le  composition, 
sans  posséfler  les  connaissances  nécessaires 
dans  l'art  d'écrire.  Au  nombre  «le  ces  essais 
était  une  ouverture  à  laquelle  il  donna  le  nom 
(te  Jugend  Sytnphonia,el  qu'il  dédia  à  la  So- 
ciété îles  concerts  «le  Glogau.  Ayant  enfin  oh- 
lenu  «le  sa  famille  l'autorisation  de  se  livrer  à 
l'élude  sérieuse  de  la  musique,  il  se  rendit  à 
Berlin  en  1850.  Il  étail  bien  lard  pour  com- 
mencer «les  études  régulières,  car  il  avait  alors 
24  ans,  et  il  avait  à  réformer  les  défauts  d'une 
mauvaise  éducation  première  de  Part.  Toute- 


fois il  ne  se  découragea  pas.  Protégé  par  le 
professeur  Marx,  il  entra  au  Conservatoire 
fondé  par  Kullack  clSlern  et  s'y  livra  à  l'étude 
du  piano.  Dans  le  même  temps,  il  suivit  les 
cours  «le  philosophie  «le  l'Université,  et  le  doc- 
toral dans  celle  science  universelle  lui  fut  con- 
féré en  1850.  I.e  goût  particulier  de  Zopff  le 
portail  vers  la  musique  dramatique,  pour  la- 
«pielle  il  fonda  une  société  qui  devint,  en  1854, 
une  Académie  spéciale  pour  cegenre<le  musi- 
que. ZopfT  a  publié  plusieurs  cahiers  de  Lieder, 
quatre  suites  de  «lanses  et  de  marches  pour  le 
piano,  d'autres  pièces  pour  cet  instrument.  Il 
a  arrangé  diverses  compositions  de  J.-S.  Bach 
et  «le  Beethoven.  On  connaît  aussi  de  lui  un 
écrit  contenantdesobservations  et  des  conseils 
pour  les  chefs  d'orchestre  au  début  de  leur 
carrière  :  l'ouvrage  a  pour  litre  \Erfuhrungen 
und  Rathscht&ge  fiir  angehende  Dirigenten. 
I.eipsick,  Kahnt. 

ZOPPI  (François),  compositeur  vénitien, 
entra  au  service  de  l'empereur  de  Russie,  en 
1750,  avec  une  troupe  de  chanteurs  italiens,  et 
composaà  Pélersbourg  plusieurs  opéras  et  ora- 
torios «lonl  on  ne  connaît  que  Fologeso,  et  II 
Sacrifizio  d'Abramo. 

ZORN  (PiEnnE),  professeur  d'histoire  ait 
Gymnase  deSletlin,né  à  Hambourg  en  1082, 
mourut  à  Thorn,  le  2ô  janvier  1740.  On  a  de 
ce  savant  les  ouvrages  suivants  relatifs  à  l'his- 
toire de  la  musi«|iie  :  1°  Dissertatio  de  h  y  m- 
norum  latinœ  ecclesix  colleclionibus,  qua  si- 
mul  in  hymno  :  Veni  Redemptor  gentium, 
vitiosa  lectio  mine  primtim  emendatur  ex 
mss.  Frid.  Lindenbrogii ,  Kiloni,  1709,  in -4° 
«le  19  pages.  2"  Commentutio  de  usu  xreo- 
rum  tripodum  etcymbalorum  insacris  Grx- 
corum,  Kiel,  1715,  in-4°  de  quatre  feuilles  et 
demie. 

ZORZI  (Jean),  compositeur  vénitien,  d'une 
famille  patricienne  peu  fortunée,  fut  élève  de 
Benedelto  Marcello,  dont  il  était  le  parent,  et 
vécut  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Sa  pauvreté  le  décida  à  se  faire  prêtre, 
ne  pouvant  vivre  selon  son  rang  dans  le  monde. 
Il  fut,  pendant  quelque  temps,  attaché  comme 
vicaire  à  l'église  S.  Marziale,  de  cette  ville. 
Il  était  jeune  encore  lorsqu'il  fut  appelé  à  Flo- 
rence en  qualité  de  maître  de  chapelle  «l'une 
des  églises  de  cette  grande  et  noble  cité.  Plus 
lard,  il  obtint  la  même  position  à  l'église  Saint* 
Jcan-de-Latran.  L'époque  de  sa  mort  n'est  pas 
connue.  Zorzi  a  laissé  en  manuscrit  «les  messes 
à  quatre  et  à  huit  voix,  des  psaumes,  des  Ma- 
gn ificat  cl  des  motets,  dont  l'abbé  Sanlini,de 
Rome,  possède  «les  copies. 


2UANË  -  ZULEHNÈR 


s*s 


ZUANE,  connu  sous  le  nom  de  MISTRO 
ou  MAESTRO  ZUANE  (Maître-Jean), 
avait  sans  doute  un  nom  de  famille  qui  est  in- 
connu. Il  naquit  à  Chioggïa  et  succéda  à  Jac- 
ques Filippo  de'  Servi  en  qualité  d'organiste 
du  premier  orgue  de  la  chapelle  de  Saint-Marc, 
à  Venise,  le  7  décembre  1406.  II  mourut  vrai- 
semblablement au  commencement  de  1419, 
car  il  eut  pour  successeur  Mastro  Bernardino, 
le  5  avril  de  cette  année.  Il  existait  autrefois 
quelques  morceaux  de  musique  d'église  de  ce 
maître  dans  les  archives  de  la  chapelle  Saint- 
Marc,  mais  ces  précieuses  reliques  ont  disparu 
depuis  longtemps. 

ZUAISMARIA,  le  plus  ancien  et  le  plus 
célèbre  joueur  de  cornet  de  Venise,  vécut  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle  et  fut  at- 
taché à  la  chapelle  ducale  de  Saint-Marc,  dans 
celte  ville.  Cet  artiste,  remarquable  pour  son 
temps,  a  été  loué  par  André  Calmo,  son  con- 
temporain, dans  ses  poésies  latines. 

ZUREIt  (Grégoire),  musicien  de  ville  et 
violoniste  à  Lubeck,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  Paduanen,  Gaillarden,  Ballelen,  Cou- 
ranten,  Sarabanden,  etc.,  von  5  Stimmen 
(Pavanes,  gaillardes,  ballets,  courantes,  sara- 
bandes, etc.,  à  cinq  parties),  Lubeck,  1649, 
in-4°,  première  partie.  La  deuxième  partie  de 
cet  œuvre, conlenantdes  pièces  instrumentales 
à  deux  et  à  quatre  parties,  avec  basse  con- 
tinue, a  été  publiée  à  Francfort-sur  le-Mein 
en  1659,  in-4°. 

ZUCCALMAGLIO  -  WALDRRUHL 
(A.  Wm.helm  DE),  né  en  1805,  à  WaldbrUhl, 
fil  de  bonnes  études  dans  sa  jeunesse  et  cultiva 
les  sciences  avec  succès.  Plus  lard,  il  fit  de 
longs  voyages,  et  sa  vie  fut  aventureuse.  En 
1835,  il  fui  un  des  fondateurs  de  la  Nouvelle 
Gazette  musicale  de  Leipsick,  et,  sous  le  pseu- 
donyme de  Goltschalk  JFadel,  il  y  fil  insérer 
des  articles  pleins  d'amertume  contre  Meyer- 
beer,  Berlioz  et  Bellini.  Il  a  recueilli  cl  publié 
plusieurs  recueils  de  chants  nationaux  et  de 
chansons  populaires. Depuis  1848  jusques  vers 
1860,  M.  de  Zuccalmaglio  a  vécu  alternative- 
ment à  Berlin  et  sur  les  bords  du  Rhin. 

ZUCCARI  (Je*»),  compositeur  dramati- 
que, né  à  Manloue  vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle,  a  écrit  la  musique  de  Seleuco,  drame 
d'ApostoloZcno,  représenté, en  1725,  au  théâ- 
tre Sauf  Angio'o,  de  Venise. 

ZUCCARI  (Charles),  violoniste  et  compo- 
siteur, fut  attaché  au  théâtre  de  l'Opéra  italien 
de  Londres,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle.  Il  a  publié  dans  cette  ville  :  l"  Art  of 


Adagio  playing  (Art  de  jouer  Vadagio,  col- 
lection de  solos  pour  le  violon,  avec  basse 
continue).  2°  Trois  trios  pour  deux  violons  et 
basse.  On  connaît  aussi  sous  son  nom,  en  manu- 
scrit, des  sonates  pour  violon  avec  basse  et  des 
duos  pour  violon  et  violoncelle. 

ZUCCARINI  (Jean-Baptiste),  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Brescia,  né  dans 
celte  ville  vers  1550,  s'est  fait  connaître  par 
un  œuvre  intitulé  Dodici  Sonetli  a  cinque 
voci;  in  Fenetia,presso  Angelo  Gardano, 
1586,  in-40  obi. 

ZUCCHELLI  (Charles),  bon  chanteur,  né 
à  Londres  en  1792,  de  parents  italiens,  a  dé- 
buté à  Novare,  en  1814,  puis  a  chanté  à  Mo- 
dène,  à  Livourne,  à  Milan,  en  1818,  à  Rome, 
à  Londres,  en  1822,  et  enfin  à  Paris,  où  il  fut 
attaché  au  Théâtre  Italien  depuis  l'automne  de 
la  même  année  jusqu'en  1850.  Il  possédait  une 
belle  voix  de  basse,  pure  et  bien  timbrée;  ses 
intonations  étaient  justes,  et  il  vocalisait  avec 
facilité;  mais  son  chant  était  dépourvu  d'ex- 
pression et  de  chaleur. 

ZUCCHIINO  (D.  Georges),  moine  de  Mont- 
Cassin,  né  à  Brescia,  dans  la  seconde  moitié 
du  seizième  siècle,  fit  sa  profession  au  couvent 
de  Saint-Grégoire-le-Grand,  à  Venise.  On  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Harmonia  sa- 
cra in  qua  motetta  7,  8,  9, 10,  12,  16  et  20 
vocum,  missss  autem  8, 12  eM6  vocibus  con- 
texte, Venetiœ,  1603,  in-4\  2°  Motteli  e 
Messe  a  4  e  5  voci  co'l  organo,  libro  primo, 
in  t'enetia,  appresso  Vincenti,  in-4\ 

ZUCHETTO,  connu  sous  le  nom  de  MIS- 
TRO (Maestro)  ZUCHETTO,  fut  le  plus 
ancien  organiste  du  premier  orgue  de  la  cha- 
pelle de  Saint-Marc.  Il  fut  appelé  à  cette  place 
en  1318,  et  eut  pour  successeur  Francesco  do 
Pesaro,  en  1337.  Zuchetto  fut  aussi  facteur 
d'orgues,  suivant  les  renseignements  fournis 
par  M.  F.  Caffil, dans  sonhisloirede  la  musique 
de  la  chapelle  de  Saint-Marc. 

ZUFFI  (Jean -Ambroise),  organiste  à  Milan, 
au  commencement  du  dix-septième  siècle,  est 
auteur  des  ouvrages  dont  voici  les  titres  : 
1°  Concerti  ecclesiaslici  a  1 , 2, 3  e  4  voci;  con 
basso  continu»,  la  «  2a  parte,  Milan  1621. 
2o  Concerti  e  Magnificat  aivoci,  ibid.,  1624. 

ZULATTI  (Jean-Francois),  médecin  de 
Venise,  né  à  Céphalonie,  a  fait  imprimer  un 
Discorso  délia  forza  délia  musica  nelle  pas- 
sioni,  nei  costumi  et  nelle  malattie,  e  dell' 
uso  medicodel  ballo,  Venezia,  presso  Lorenzo 
Basscgio,  1788,  in-8°  de  69  pages. 

ZULEUNER  (Charles),  membre  de  la  So- 
ciété des  sciences  et  ails  de  Mayerice.  est  né 


ZULEHNEÏl  -  ZUMSTEEG 


danseelle  ville,  en  1770.  Ses  maîtres  <le  piano 
et  de  composition,  à  Paris  et  à  Mayence,  ont 
été  Eckart,  Pliilidor  et  Slerkel.  Fixé  dans  sa 
ville  natale,  il  y  a  rempli  les  fonctions  de  clicf 
d'orchestre,  el  s'y  est  livré  à  l'enseignement  cl 
à  la  composition.  Ziilelnier  vivait  encore  à 
Mayence  en  1830.  Les  productions  connues  de 
cet  artiste  sont  celles-ci  :  1°  Concerto  facile 
pour  piano  el  orchestre,  op.  5,  Bonn,  Simrock. 
2°  Premier  quatuor  pour  piano,  violon,  alto  el 
basse;  op.  12,  Mayence,  Scholl.  5°  Deuxième 
idem,  op.  1ô,  lionn,  Simrock.  4°  Trio  pour 
piano,  violon  el  violoncelle,  op.  G,  Jlayence, 
Schott.  S°  Deux  sonates  pour  piano  et  violon, 
op.  3,  ibid.  G"  Grande  sonate  pour  piano  seul, 
op.  \,ibid.  7°  Fantaisie  idem.  op.  8,  ibid. 
8°  Deux  airs  variés  idem,  ibid.  9"  Cantate  de 
francs-maçons,  avec  instruments  à  vent,  en 
partition,  ibid.  10°  L'Epiphanie,  ou  les  Trois 
rois,  de  Gœthe,  Irio  comique  pour  ténor  et 
deux  basses  avec  piano  ibid.  Zulehner  a  ar- 
rangé environ  cent  opéras,  oratorios  et  autres 
grandes  compositions  pour  le  piano. 

ZUMRACII  DE  KOESFELD  (Lo- 
TiiAim:),  né  à  Trêves,  le  27  aoilt  16G1,  fil  ses 
études  chez  les  jésuites  de  sa  ville  natale  et  de 
Cologne,  puis  entra  au  service  de  l'électeur 
Maximilien  Henri,  à  Bonn,  en  qualité  de  mu- 
sicien de  la  Chambre.  Il  mourut  le  29  juillet 
1727,  laissant  en  manuscrit  un  ouvrage  inli- 
lulé  :  Aniveisnnq,  ibie  man  vermillelst  tcei- 
niger  Rëgetn  die  musikalisclie  Kompnsilion 
ganz  richtig  trakliren  mtege  (Introduction  à 
la  composition  régulière  par  un  petit  nombre 
de  règles  combinées).  Il  est  vraisemblable  que 
c'est  la  traduction  hollandaise  de  cet  ouvrage 
que  Conrad  Zumbacb  de  Kœsfeld,  médecin  à 
Leyde,  et  peut  être  (ils  de  Lolhaire,  a  publiée 
sous  ce  litre  :  Instiluliones  Musicœ,  of  Aorte 
onderwyzingen  rakende  de  Praclijek  van  de 
flitiSijfc ; eii  inzonderheid  van  den  Generalen- 
bàss,  of  Bassus  'continuas,  etc.,  Leyde,  1743 
in-8°  de  74  pages  avec  8  planches. 

ZUMSTEEG  (Je.vm-Rodoi.piie),  violoncel- 
liste el  compositeur,  né  le  10  janvier  1760  à 
Sachsenflur,  dans  le  canton  d'Odcnwald,  était 
fils  d'un  valet  de  chambre  du  duc  de  Wurtem- 
berg qui  le  (il  élever  à  l'école  militaire,  mais 
qui,  ne  lui  trouvant  pas  de  dispositions  pour  la 
carrière  des  armes,  voulut  en  faire  un  sculp- 
teur. Toutefois  le  penchant  de  Zumsleeg  pour 
la  musique  triompha  des  résolutions  dû 'père, 
et  enfin  il  lui  fût  permis  de  se  livrer  à  la  cul- 
lure  de  cet  art.  Poli,  Boi'ani  et  Mazzanli,  mu- 
siciens attachés  à  la  chapelle  ducale,  dirigè- 
rent ses  éludes,  tanl  pour  l'instrument  qu'il 


avait  choisi  que  pour  la  composition.  Dirigé 
par  son  instinct,  et  instruit  par  la  lecture  de 
quelques  livres  de  théorie,  de  Mallhcson  et 
Marpurg,  il  s'essaya  dans  la  composition,  et 
écrivit  des  cantates  pour  le  service  de  la  cour. 
On  en  a  publié  quelques-unes  après  sa  mort  : 
presque  tontes  révèlent  une  heureuse  orga- 
nisation à  laquelle  il  ne  manqua,  pour  se  dé- 
velopper, que  des  occasions  plus  favorables, 
un  cercle  moins  étroit  que  celui  où  il  vécut 
el  des  communications  plus  fréquentes  avec  de 
grands  artistes.  Admis  dans  la  chapelle  du 
duc,  Zumsleeg  n'y  fut  d'abord  remarqué  que 
comme  violoncellisle;  mais  bientôt  il  se  révéla 
comme  compositeur  par  des  travaux  de  tout 
genre,  et  surtout  par  le  style  dramatique,  pour 
lequel  la  nature  l'avait  évidemment  formé. 
Malheureusement  le  calme  d'une  petite  cour 
el  d'une  ville  si  peu  animée  que  Slullgard 
(dans  laquelle  s'écoula  toute  sa  vie)  n'était  pas 
ce  qu'il  fallait  pour  satisfaire  la  passion  qu'il 
éprouvait  pour  l'art.  Son  activité  de  produc- 
tion était  grande;  mais  après  un  ou  deux  es- 
sais, ses  ouvrages  rentraient  dans  son  por- 
tefeuille, aucun  n'était  publié1  par  la  voie  de 
l'impression,  et  le  monde  ignorait  que,  dans 
une  ville  du  Wurtemberg,  languissait  l'âme 
d'un  grand  musicien.  Après  la  retraite  de 
Poli,  la  place  de  chef  d'orchestre  de  la  musique 
du  duc  lui  fui  donnée  ;  ce  fut  le  seul  encoura- 
gement qu'il  recul.  Le  reste  de  sa  vie  s'écoula 
dans  celle  obscure  situation,  et  le  27  janvier 
1802,  une  attaque  d'apoplexie  foudroyante  mit 
fin  à  la  carrière  d'un  artiste  dont  la  destinée 
ne  s'était  point  accomplie. 

Zumsleeg  avait  écrit,  pour  le  théâtre  ducal 
de  Slullgard,  les  opéras  donl  voici  les  litres  : 
1°  La  Loi  tartare.  2°  Renaud  et  Jrmide. 
3°  Tamira,  duodrame.  4°Schuss  von  Gœnse- 
ivitz.  5n  El  Bondohani.  G°  L'Ile  des  esprits, 
composition  originale,  et  le  plus  beau  de  ses 
ouvrages.  7°  Zalaor.  8°  Dus  Pfauen  fest  (f.a 
fête  du  Paon);  tous  étaient  restés  en  manu- 
scrit, mais,  après  la  mort  de  l'auteur,  lesquatre 
derniers  ont  été  gravés  en  partition  pour  le 
piano,  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et  Hœrlel, 
ainsi  que  dix-huit  cantates  dramatiques  \VA- 
dieu  et  la  Fête  du  printemps,  de  Klopstock,  en 
partition, ibid,  On  a  mis  aussi  au  jour,  après 
la  morl  de  l'artiste,  environ  vingt  cantates  ou 
ballades  à  voix  seule  et  avec  piano,  de  sa  com- 
position, parmi  lesquelles  on  remarque  en 
première  ligne  Colma  de  Gœlhc,  Lenore  de 
liurger,  et  le  monologue  de  Marie  Stuart,  pat- 
Schiller;  enfin  sept  suites  de  petites  ballades. 
Parmi  les  plus  belles  compositions  de  Zum- 


ZlîMSTEEG  -  ZYKA 


527 


sleeg,  on  cile  aussi  les  chœurs  pour  les  Sri-. 
gands,  de  Schiller.  Les  seuls  morceaux  de 
musique  instrumentale  connus  sous  le  nom  de 
cet  artiste  sont  un  concerto  de  violoncelle, 
gravé  à  Angsbourg,  chez  Gombart,  et  îles  duos 
pour  cet  instrument,  à  Leipsick,  chez  Breit- 
kopf  et  Ilaerlel. 

ZUMSTEEG  (Gustave-Adolphe),  fils  du 
précédent,  né  àStutlgardle  22  novembre  1794, 
fit  son  éducation  musicale  dans  celle  ville,  et 
se  fit  éditeur  de  musique.  Fondateur  et  l'un  des 
membres  les  plus  actifs  de  la  société  chorale 
Liederhranz  de  Stultgard,  il  s'y  faisait  remar- 
quer dans  sa  jeunesse  par  sa  belle  voix  de  té- 
nor. Il  est  mort  dans  sa  ville  natale  le  24  dé- 
cembre 1859. 

ZUMSTEEG  (Émiue),  fille  de  Jean-Ro- 
dolphe.  naquit  à  Sluttyard  le  9  décembre  1796. 


Virtuose  sur  le  piano  et  cantatrice  distinguée, 
elle  brilla  dans  les  concerts  et  se  livra  à  l'en- 
seignement du  chant  et  du  piano.  On  connaît 
d'elle  quelques  compositions  pour  le  piano,  et 
des  Lieder  qui  ont  été  publiés  à  Stutlgard, 
Leipsick  et  Vienne.  Elle  est  mortedans  sa  ville 
natale  le  1er  août  1857. 

ZYKA  (Joseph),  violoncelliste  distingué, 
né  en  Bohême  vers  1730,  vécut  quelques  an- 
nées à  Prague,  puis  se  rendit  à  Dresde,  où  il 
entra  dans  la  chapelle  de  l'électeur,  en  1756. 
Huit  ans  après,  il  fut  appelé  à  Berlin  pour  la 
musique  particulière  du  roi,  et  il  s'y  rendit 
avec  son  fils  (Frédéric),  qui  déjà  se  faisait  re- 
marquer par  son  talent  sur  le  violoncelle.  Jo- 
seph Zyka  mourut  à  Berlin,  en  1791,  laissant 
en  manuscrit  plusieurs  concertos  pour  son  in- 
strument. 


FIN  DU  TOME  IIUITILME  ET  DEI1NIER. 


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