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"The search for truth even unto its innermost parts'
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The Gift of
SADYE RUBIN MARANTZ LEE
The National Women's Committee
of Brandeis University
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
TOME HUITIÈME
lYl'OCKAl'HIt DE H. FIHHIN U1DOT. — MB&NIL (EURE).
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
ET
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE DE LA MUSIQUE
I
DEUXIEME EDITION
ENTIÈREMENT REFONDUE ET V (CM ENTÉE l>F. PLUS I>F MOITIÉ
PAR F'. J. FETIS
MAITRE DE CHAPELLE DU lfoi I)KS BKLGBS
directeur nu conservatoire royal de musique re druxem.es. itc
TOME HUITIÈME
PARIS
LIBRAIRIE DE F1RMIN D1DOT FRÈRES, FILS ET C
IMPRIMEURS DE L'iNSTITUT, RUE JACOB, 5fi
1867
Tou= droits réservé?;.
Musio
Eeferenoe
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
s
SEBASTIAN I (Jean), mailrede chapelle
de l'électeur de Brandebourg, né à Weimar,
dans la première moilié du dix-septième
siècle, a publié de sa composition une Passion
à cinq voix et six instruments, avec basse con-
tinue, Kœnigsberg, 1672, in-fol. On connaît
aussi sous son nom un recueil de chansons
spirituelles et mondaines intitulé : Geist-und
weltliche Lieder in Melodien gesetzt ; Ham-
bourg, 1675, in-fol.
SEBASTIANI (Ferdinand), virtuose sur
la clarinette, est né à Naples, vers 1800. An-
cien élève du collège royal de musique de
cette ville, il y devint professeur de son
instrument, et occupa en même temps la place
de première clarinette solo du théâtre de
Saint-Charles. En 1828, il a fait un voyage à
Taris, et s'y est fait entendre avec succès. On a
gravé de sa composition : première et deuxième
fantaisies pour clarinette et piano, sur des
motifs d'opéra; Paris, Pacini ; Cavatine de
Norina, variée pour clarinette et piano ;
Milan, Ricordi.
SÉBASTIEN (Claude), de Metz, ainsi
désigné parce qu'il était né dans cette ville,
y était o.rganisle vers le milieu du seizième
siècle. Il n'est connu que comme auteur d'un
livre rare et singulier, intitulé : Bellum musi-
cale, inler plani et mensui-abilis cantus
reges, de principalu musicx provincia ob-
tinettdo contendentes; Argenlorati, exofllcina
Machœropœi, 1553, in-4° de vingt et une
feuilles. A la fin du frontispice, on lit : Habes,
candide leclor, in fwc bello musical», non
solum omnes controversias musicorum hinc
inde agitalos, verum eliam quidquid in
arlificium ipsius musices perlinet , opus suis
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. MM.
Mue""
Heference
91462
fiauris et notis illustratum, quale anlehac
neque visum neque audilum. Celte préten-
tion de Sébastien est assez mal fondée, car on
ne trouve rien dans son ouvrage, concernant
la musique mesurée, qui ne soit dans ceux de
plusieurs auteurs antérieurs, notamment dans
les livres de Gafori et d'Ornithoparcus (voyez
ces noms). Deux autres éditions, datées de
1565 et de 1568, in-4°, ont été publiées égale-
ment à Strasbourg. L'édition de 1563 est à la
Bibliothèque impériale de Paris. Quelques
exemplairesdecelle-ci portent la date de 1564.
Le livre de Sébastien est une plaisanterie sé-
rieuse sur les discussions agitées de son temps
concernante prééminencedu plain-chautetde
la musique mesurée. Ilsupposeque la musique
est un pays divisé en plusieurs provinces, dont
il décrit la situation, ainsi que la frugalité et
les mœurs des habitants. Deux frères régnent
l'un sur la province du plain-chant, l'autr.-
sur celle du chant figuré : généalogie de ces
princes. L'envie et l'ivrognerie brouillent les
deux frères. Chacun d'eux publie un manifeste
et se prépare à la guerre. Plusieurs nations
viennent au secours du roi du plain-chant ; le
pape, les cardinaux, évêques, abbés, cha-
noines, et même les ministres luthériens avec
leurs femmes, fournissent leur contingent. Les
paysans avec des fourches, des haches et des
faux, enfin une troupe de racleurs et de gens
qui chantentfaux se rangent sous les drapeaux
de la même armée. Celle du roi du chant figuré
est composée des mesures, des modes, des
temps, des prolations. Ces princes du sang
commandent chacun un corps de troupes com-
posé de notes rangées en ordre de bataille
suivant leur espèce. Les discanls (dessus),
1
SEBASTIEN — SECHTER
ténors et basses sonl les troupes auxiliaires.
Lamentation de tout le peuple musical à rap-
proche de la guerre. Dispositions des chefs
pour la bataille générale. Le combat s'en-
gage : quelques notes y reçoivent tant de con-
tusions, qu'elles deviennent toutes noires. Les
succès se balancent d'abord des deux côtés et
semblent un instant favoriser l'armée du
plain-chant; mais la victoire se décide enfin
pour le roi de la musique mesurée. Les deux
frères se réconcilient; des plénipotentiaires
sont nommés de part et d'autre; ils fixent les
limites de chaque royaume. L'ouvrage est ter-
miné (depuis le chapitre 29e jusqu'au 50e) par
des définitions et explications des parties prin-
cipales de chacun des deux genres de musique,
que Sébastien a extraites en grande partie du
trailéd'Ornilhoparcus.Le livre est précédé par
une bonne et savante préface. Sébastien a eu
quelques imitateurs dans le genre de la plai-
santerie de son ouvrage. Voyez Sartoiuus
(Érasme) et B«iir (Jean).
SEBEIVICO(D.-Jean), professeur de chant,
bon ténor et compositeur, naquit à Venise vers
le milieu du dix-septième siècle. Il fut élève
de Legrenzi (voyez ce nom). Attaché d'abord
comme chanteur à la chapelle de Saint Marc,
il fut ensuite maître de chapelle à Cividale,
dans le Frioul. En 1692. il fil représenter au
théâtre S. Giovanni e Paolo, de Venise, son
opéra intitulé V Oppressa sollevato. Il a laissé
en manuscrit de la musique d'église.
SECANILLA (D.- François), compositeur
et écrivain espagnol sur la musique, naquit le
4 juin 1775, dans la petite ville de Corollera,
diocèse de Saragosse. Il fit son éducation mu-
sicale comme enfant de chœur à l'église
Notre-Dame del Pilar, de Saragosse, y eut
pour maître de chant José Gil de Palomas, et
apprit la composition sous la direction de
Xavier Garcia. En J797, il obtint au concours
la place de maître de chapelle de la cathédrale
d'Alfano, qu'il échangea, en 1800, pour celle
de la cathédrale de Calahorra,dans la province
de Logrono. Il yobtint un canonicat, en 1823,
et y mourut le 26 décembre 1852. Musicien
instruit, il a écrit beaucoup de messes,
hymnes, motets, Vilhancicos (chants de Noël).
M. Eslava (voyez ce nom) a publié une des
messes de Secanilla, dans la seconde série de
la Lira SacroHispana (dix-neuvième siècle).
Le chanoine Secanilla a laissé en manuscrit
divers traités de musique en langue espagnole,
à savoir : 1° Théorie générale de la formation
de l'harmonie, et, en particulier, de la pré-
paration et de la résolution des dissonances.
2° Des effets de la musique. 5" Tableau des
accords. 4° Méthode théorique et pratique
pour composer la musique dans le style
moderne.?)" Caractère de la musique d'église.
6° Traité des propriétés des modes, des voix
et des instruments. 7° Traité de la décadence
de la musique. 8° Opinion sur le système de
Guido (d'Arezzo). 9° Observations contre la
Génophonie de finies. 10" Notes curieuses
comme additions à la Escuela de. Musica du
P. Nassarc.
SECHTER (Simon), organiste de la cour
de Vienne, est né le 11 octobre 1788, à Fried-
berg, en Bohême. Il était déjà âgé de onze ans
lorsqu'il reçut les premières leçons de mu-
sique, et lorsqu'il fit ses premiers essais de
composition, il ignorait absolument la théorie
de l'harmonie. En 1804, il se rendit à Vienne,
où son compatriote Kozeluch, et Hartmann,
élève de Streicher, lui donnèrent quelques
leçons de piano. Après sept années d'une exis-
tence précaire et pénible, Sechter obtint la
place de maître de musique à l'institut des
aveugles; puis l'abbé Sladler, qui avait ap-
précié son mérite, le fit entrer à la chapelle
impériale, en qualité de surnuméraire. Dans
la suite il y obtint la place d'organiste, qu'il
occupa longtemps. Parmi les œuvres de
Sechter, on remarque : 1° Quatuor pour deux
\iolons, alto et basse; Vienne, Pennauer.
2° Les quatre tempéraments, plaisanterie
musicale pour deux violons, alto et basse, op. 6;
Vienne, Cappi. 5° Trois fugues pour piano ou
orgue, op. 1; ibid. 4" Trois idem, op 2; ibid.
5° Vingt-quatre versets pour l'orgue, op. 3,
ibid. 6° Trois fugues idem, op. 4, 5, ibid.
7° Six préludes idem, op. 8; ibid. 8° Trois
fugues idem, op 9; ibid. 9° Douze versets et
une fugue, idem, op. 12; ibid. 10° Prélude,
fugue, canon et rondo, op. 15; ibid. 11° Six
préludes, idem, livre II, op \4\ibid. 12° Ca-
nons idem, op. 15; Vienne, Mechelli. 13° Deux
thèmes de Mozart, traités en contrepoint,
op. 17; ibid. 14° Trois fugues, op. 20; Vienne,
Cappi. 15° Trois préludes, op. 21; Vienne,
Pennauer. 16° Trente-deux versets faciles pour
l'orgue, op. 22; Vienne, Cappi. 17° Deux
fugues sur la mélodie du cantique : Grosser
Gott, wir loben dich, op. 48; Vienne, Dia-
belli. 18° Vingt fugues sur des chants d'église,
op. 50; ibid. 19° Vingt-quatre préludes dans
tous les tons, op. 52; Vienne, Arlaria.
20° Fugue funéraire pour les obsèques de
l'abbé Stadler, op. 55; Vienne, Diahelli.
21° Deux préludes, dans le style de Palestrina,
op. 56; ibid. 22° Deux fugues, op. 61; Vienne,
SECHTER — SEDOTI
Mechelti. 2ô" Plusieurs cahiers de variations
pour le piano. 24° Messe brève à quatre voix,
petit orchestre et orgue, op. 1S(en fa); Vienne,
Cappi. 2!5° Messe avec un Tanlum errjo, gra-
duel et offertoire, pour soprano et alto avec
orgue, op. 54; Vienne, Diahelli. 20° Des
chants à plusieurs voix avec accompagnement.
27n Wichtiger Beitrag zur Fingersetzung
bei dem Piano forte-spielp etc. (Essai impor-
tant sur le doigter et le jeu du piano, etc.),
op. 43] Vienne, Tresenlzky. Outre ses ouvrages
publiés, Sechter a en manuscrit environ vingt-
cinq messes avec les graduels et offertoires,
dont deux dans le mode phrygien, des gra-
duels, Te Deum, et beaucoup de pièces d'or-
gue, un concerto pour piano, etc. Sechter a
formé beaucoup d'élèves pour la composition
«t a publié un bon ouvrage intitulé : Die
Grundsxtze der musihalischen Komposilion
(Les principes purs de la composition musi-
cale); Leipsick, Breilkopf elllaîrlelj 1853-1854.
trois vol.gr. in 8°.
SECKEISDORF (Chaules-Sigismond, ba-
ron DE), ambassadeur du roi de Prusse au
cercle de Franconie, naquit à Erlangen, le
26 novembre 1744, et mourut à Anspach, le
26 avril 1785, peu de temps après sa nomina-
tion d'ambassadeur. II a fait imprimer à Wei-
mar trois recueils de chansons avec accompa-
gnement de piano, de sa composition, en 1779,
1780 et 1782. On connaît aussi sous son nom,
en manuscrit, six quatuors pour deux violons,
alto et basse.
J'ignore si madame Caroline de Seckendorf,
auteur de plusieurs compositions pour le piano
et le chant, est fille ou femme de ce seigneur.
On a gravé sous ce nom : 1° Variations sur
un air autrichien, pour piano seul; Berlin,
Concha. 2° Six chansons allemandes avec
accompagnement de piano; Augsbourg, Gom-
barf. 3° Douze idem; Leipsick, Breilkopf et
Hsertel.
SEDLAZEK (Jean), virtuose sur la flûte,
est né le 6 décembre 1789, à Ober-Glogau,
dans la Silésie. Fils d'un tailleur, il apprit
d'abord la profession de son père, et se livra à
l'étude de la flûte dans ses moments de loisir.
A l'âge de vingt et un ans, il se mit à voyager
comme garçon tailleur. A Troppau, il travailla
chez un maître qui lui procurait quelquefois le
plaisir d'aller au théâtre entendre les opéras
qu'on y représentait. De là il se rendit à 01-
mtltz, puis à Brunn, et enfin à Vienne, où il
commença à substituer la carrière de la mu-
sique à sa profession de tailleur, en se faisant
employer comme flûtiste dans des sérénades
et des bals. Son talent s'élanl développé par
l'exercice, il put entrer dans un orchestre, et
dès lors il renonça à toute antre occupation
que celles de sa nouvelle profession. Bientôt
son nom acquit de la célébrité, et son habileté
surla flûte ne fut plus contestée. Il commença,
en 1818, à parcourir l'Allemagne pour y
donner des concerts, puis visita l'Italie, joua
«levant les souverains rassemblés au congrès
de Vérone, et se rendit à Naples, en 1820.
Après trois années de séjour en celte ville, il
s'embarqua pour la Sicile, en 1823. Un trem-
blement de terre l'obligea à quitter Païenne
pour se rendre à Rome pendant la semaine
sainte. De retour à Naples, il s'y fit entendre
avec de brillants succès, ainsi qu'à Florence,
à Modène, à Parme, à Gênes, à Turin, à Ve-
nise, à Trieste et à Vienne, d'où il alla visiter
ses parents, dans sa ville natale. Puis il se
rendit à Paris, où il fit peu de sensation. En
1820, il s'est fixé à Londres, où je l'ai entendu,
en 1829. Il s'y est marié peu de temps après.
Sedlazek avait une grande volubilité dans les
traits brillants, mais il était inférieur aux ha-
biles flûtistes français pour la qualité du son et
pour le style. On n'a publié de Sedlazek que
des variations sur l'air God save t lie King, des
contredanses pour deux flûtes , et quelques
autres bagatelles.
SEDLEZKI (Jean-Balthazar), luthiste,
né à Augsbourg, en 1727, s'est fait connaître
par diverses compositions pour son instru-
ment, qu'on trouvait autrefois en manuscrit
chez Lotter à Augsbourg et chez Breilkopf.
Cet artiste vivait encore sans emploi à Augs-
bourg, en 1771. .
SEDMICK (....), bon fadeur d'orgues de
la Bohême, vivait à Prague dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Ses principaux
ouvrages sont : 1° Le grand orgue des Domini-
cains, à Prague, qui, après la suppression du
couvent, fut transporté à Trautenau. 2° Un
bon orgue à l'église Saint-Laurent de Reichen-
berg, achevé en 1769.
SEDOTI (Joseph), habile sopraniste, né
en 1710, à Arpino, petite ville du royaume de
Naples, étudia dans l'école de D. Gizzi, et fut
compagnon «lu célèbre Gizziello. Après avoir
chanté à Rome, et sur les divers théâtres
d'Italie et en Angleterre, il se retira dans sa
pairie, où il mourut en 1780.
SEDOTI (le chevalier Philippe), proba-
blement de la même famille que îe précédent,
naquit à Arpino, en 1716, et mourut dans la
même ville, en 1784. Après avoir étudié le
chant sous D. Gizzi, il passa au service de Fré-
1.
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SEDOTI - SEEGR
déric le Grand, roi de Prusse, et resta attaché
à cette cour pendant vingt-neuf ans.
SEDULIUS (Caïus-C>ïlius), prêtre et
poète, vécut dans le cinquième siècle de l'ère
chrétienne. Trithème l'a fait naître en Irlande,
d'autres en Ecosse, et même en Espagne; mais
on ne possède aucun renseignement certain
sur son origine. On lui doit un poème sur les
miracles de Jésus-Christ, intitulé : Paschuh
Carmen, <|ui a été imprimé plusieurs fois. On
lui attribue aussi les paroles et le chant de
l'hymne J solis orlus cardine.
SEEIÎ.VCH (Jean-André), né àTiefenthal,
près d'Erfnrt, le 14 janvier 1777, montra
«lès son enfance d'heureuses dispositions pour
la musique, et en apprit avec facilité les élé-
ments, sous la direction de son père. A l'àgede
treize ans, il reçut des leçons d'orgue de
Killel {voyez ce nom); mais il ne put rester
longtemps sous la direction de cet excellent
maître, car au mois d'octobre 1791, il dut
entrer pour cinq ans chez le musicien de ville
Rose, à Ronnebourg. Admis, en qualité de cor,
à l'orchestre du théâtre de M.igdebourg, en
I79G, il y (il la connaissance de Pillerlin et de
Zacharie, qui lui enseignèrent l'harmonie et
le contrepoint. I>i 1799, Seebach fut nommé
organiste du couvent de Birge, et vers le mi-
lieu de 1815, il obtint la place d'organiste de
l'église Saint-Ulrich, à Magdehourg, et la con-
serva jusqu'à sa mort, arrivée le 28 juin 182-3.
Seebach était bon organiste, pianistedislingué,
et jouait bien du violon, <le l'alto et du violon-
celle; mais il brilla surtout comme directeur
d'orchestre dans les concerts de la loge des
francs-maçons. On ne connaît delà composi-
tion de cet artiste que quelques chorals, des
compositions maçonniques, et de petites pièces
d'orgue.
SEE3.ER (Nicolas), organiste et construc-
teur d'orgues à Rcehmhild, dans le duché de
Saxe-Meinungen, naquit à Hayna, près de
cette ville, en 1680. Après avoir fréquenté
l'école de son pays natal, depuis l'âge de cinq
ans jusqu'à onze, il reçut jusqu'à sa quinzième
année des leçons de l'organiste Jean-Gunlher
Harrass, pour le clavecin. Il se livra ensuite à
l'élude de la construction des orgues, et y de-
vint fort habile. En 170.v>, on lui offrit une
place d'organiste à Amsterdam, mais le duc
Henri de Rœhmhild lui ayant offerl à la même
époque la place de musicien de la cour, réunie
à celle d'organiste de la ville, il préféra celle
position, qui lui permettait de rester dans sa
patrie. II mourut à Rœhmhild, au mois d'avril
1739, laissant en manuscrit deux années com-
plèles de musique d'église. Comme facteur
d'orgues, il a construit cinquante-six instru-
ments dans le duché de Saxe-Meinungen ainsi
que dans les principautés de Wtlrzbourg, de
Bamberget de Hildburghausen.
SEEGK (Joseph), dont le nom a été défi-
guré en ceux de SEGEU, S.EGEU et ZE-
REHT, fut un des meilleurs organistes de
l'Europe, vers le milieu du dix-huitième siècle.
Il naquit en 1710, à Rzepin, près de Melnik,
en Bohême. Il apprit si jeune les éléments de
la musique, qu'il n'avait lui-même conservé
aucun souvenir de sa première éducation mu-
sicale. Il trouva dans cet art les ressources né-
cessaires pour aller faire ses éludes littéraires
à Prague, où il obtint le grade de bachelier es
lettres au collège des Jésuites. Après avoir
achevé ses humanités, il prit la résolution de
se livrer exclusivement à l'élude de l'orgue et
de la composition : son premier mailre fut
un franciscain, très-habile organiste, nommé
Bohuslaw Czernohorsky, qui lui communiqua
pour son instruction les livres de Fux et de
Berardi, ainsi que les compositions de Pales-
trina, Marcello et Caldara. Les partitions de
ces grands maîtres furent la source où Seegr
puisa les connaissances les plus solides dans
l'art d'écrire. Jeune encore, il était déjà l'or-
ganiste le plus remarquable de la Bohême. Il
avait obtenu une pi ace de second violon à l'église
Saint-Martin ; elle lui procura de fréquentes
occasions d'entendre l'excellent organiste
Zacb, qui était attaché à celle église. Lorsque
Zach s'éloigna de Prague, il déclara haute-
ment que Seegr était le seul organiste de cet le
ville qui pût le remplacer. Ce fut lui, en effet,
qu'on choisit pour cet emploi, et pendant cinq
ans il fut à la fois organiste de Saint-Martin,
et premier violon de l'église dans le Thein.
Pendant quarante et un ans il remplit ensuite
la place de premier organiste de celte der-
nière, à laquelle il joignit, pendant trente-sept
ans, celle d'organiste de l'église îles Frères de
la Croix. Lorsque l'empereur Joseph II visita
Prague, en 1781, il fut si charmé du talent de
Seeyr, qu'il voulut l'attacher à sa cour; mais
lorsque la nomination de l'artiste parvint à
Prague, Seegr avait cessé de vivre, le 22 avril
1782. à l'âge de soixanle-six ans. De magni-
fiques funérailles lui furent faites; lous les
artistes de la Bohême s'étaient fait un devoir
d'y assister : à leur tête se trouvaient ses élèves
Missliwezcck, Jean Rozeluch, Koprziwa, Ku-
charz, Skrydaneck, elc. Touie la colleclion de
musique de Seegr, ainsi que ses compositions,
devinrent l'héritage. de son gendre Fièbigj
SEEGR — SEGNI
mais le directeur «le concert Ernsl, «le Gotha,
lit rac(|iiisilion de toutes ses pièces d'orgue,
et les confia à Ttlrk (voyez ce nom), pour les
publier. Elles étaient en trop grand nombre
pour qu'on put les l'aire paraître toutes à la
fois; Ttirk fit un choix de huit loccates et fu-
gues, qu'il publia, en 1794, chez Breilkopf, à
Leipsick, comme un spécimen du talent de
Seegr, annonçant <|ue ce cahier serait suivi de
plusieurs autres. Les circonstances n'étaient [tas
favorables au moment de celle publication; elle
eut peu de succès, en sorte que les autres ca-
hiers neparurenlpas.Le mérilequi brille dans
les pièces de ce recueil fait vivement regretter
que les autres morceaux du même artiste
n'aient pas vu le .jour. On a cependant publié
à Prague, chez Berra, et à Leipsick, chez Hof-
nieister, un recueil de préludes d'orgue de cet
excellent artiste.
SEEE (Jacques), pasteur à Unterbrunn,
vécut dans la première moitié du dix-septième
siècle. Il a fait imprimer de sa composition le
quatrième psaume «le David, à huit voix ; Co-
bourg, 1631, in-4°.
SEELEIV (Jean-Heniu DE), savant philo-
logue, né le 8 août 1C88, à Asel, près de
Brème, fit de brillantes éludes au gymnase de
Stade, puis fui professeur de grec et de latin
dans le même collège. En 1713, la place de
recteur à Flensbourg lui fut confiée, et cinq
ans après il alla occuper le même posle à Lu-
heck, où il mourut, le 21 octobre 1762. Parmi
les nombreux écrits «le ce savant, on trouve
une dissertation intitulée: Programma Prin-
cipem Musicum, ex sacra et profana histo-
ria, exliibens; Flensbourg, 1715, in-4° de
trois feuilles. Cet écrit a été réimprimé par
Olaiis Moller dans ses Orationes de erudilis
musicis; Flensbourg, 17I5,in-4°. On le trouve
aussi dans les Miscellanea de Seelen (Luheek,
1756, in-8°, p. 540-581). On a aussi de ce sa-
vant une dissertation qui a pour litre : Jf/usa-
rum ac Musiez felix conjonctio illuslri
exemplo Auguslini antistitis Hipponensis
declarala; Lubeck, 1756, in-4°.
SEELMANN (Auguste), né à Dessau vers
1812, a fait ses éludes musicales sous la direc-
tion de Frédéric Schneider. A sa sortie de
l'école de ce maître, il a obtenu sa nomination
d'organiste «le l'église de la ville nouvelle et
de professeur de musique à la maison des or-
phelins. On connaît de sa composition :
1° Deux petites fugues pour l'orgue, publiées
par Kœrner, à Erfurl. 2° Quatre Lieder pour
un choeur d'hommes, op. 5; Magdebourg,
llciniiclisliol'en. 5° Le psaume 116",e (Pas
ist mir I.ieb, dass der Herr) pour quatre voix
d'hommes, op. 4; ibid. 4° Schutz und Trutz
(Protection et Alliance), chant pour quatre
voix d'hommes, op. 8 ; Leipsick, Siegel.
SEGER (Jean-Ernest), docteur et profes-
seur de théologie à Kœnigsberg, naquit dans
cette ville, le 2 janvier 1675. Il mourut, le
3 septembre 1719, avec le titre de pasteur de
la vieille ville, à Kœnigsberg. On a de lui un
livre intitulé : Pe ludis scenicis (Kœnigsberg,
1702, in-8°), où l'on trouve quelques détails
concernant la musique de théâtre chez les an-
ciens.
SEGNI (Jules), appelé communément
GIULIO DI MODENA, parce qu'il était
né à Modène, en 1498, fut organiste et clave-
ciniste célèbre, dans la première moitié du
seizième siècle. Vincent Lusignani (voyez ce
nom), son oncle, fut son instituteur dans
toutes les parties de la musique. Le 10 no-
vembre 1550, il fut nommé organiste du pre-
mier orgue à l'église ducale de Saint-Marc, à
Venise. Son nom est altéré, dans les registres
de celte église, en celui de Giulio Segnal.
Segni ne garda cette position que jusqu'au
29 mars 1555, ayant été appelé alors à Rome
par le cardinal de Santa-Fiora, qui l'aimait et
l'attacha à son service. Segni cessa de vivre à
Rome en 1561, à l'âge de soixante-trois ans.
Le cardinal, son patron, fit placer sur sa
tombe une épitaphe honorable, dans l'église
Saint-Biaise de la Strada Giulia. François
Doni cile «le cet artiste, dans sa Libreria
(p. 66) : Ricercati , intabolatura di organi
et di liuto, in Fenetia. Cosme Barloli parle
du talent de Segni avec les plus grands
éloges (1), et dit qu'il est plus remarquable
encore sur les clavecins, épinettes, etc., que
sur l'orgue : Raro e vayo, dit-il, è il suonare
di Julio, ma egli vale molto più in su gli
instrumenli da penna che in su gli organi.
Il ajoute à ces éloges diverses anecdotes qui
prouvent que le talent de cet artiste produisait
des effets extraordinaires sur les personnes
qui l'entendaient. Parmi ces anecdotes, celle-
ci surtout mérite d'être rapportée : « Le mar-
» quis del Fasto, arrivé en posle à Rome, se
» rendit chez le pape Clément VII, et sans
» prendre le temps d'ôter ses éperons, entra
» immédiatement en conversation sérieuse
» avec ce ponlife, le cardinal de Medicis et un
» secrétaire d'Élat, sur des affaires de la plus
» haute importance. Pendant que ces person-
» nages délibéraient, on entendit tout à coup
(1) Discorsi istorici universali, p. 271.
SEGNI - SEIDEL
» Segni, qui jouait du clavecin dans une autre
» chambre. Le charme de son jeu fit une si
» vive impression sur le pape et sur ses intër-
» locuteurs, que tous se levèrent, oubliant les
» affaires dont ils étaient occupés, et s'appro-
» chèrent du virtuose, pour avoir le plaisir de
» l'entendre. »
SEGOÏND (L.-A.), docteur en médecine et
sous-bibliothécaire de la Facullé de Paris, se-
crétaire de la Société de Biologie, et membre
de plusieurs sociétés médicales, s'est occupé
spécialement des organes de la voix. Lui-
même, doué d'une belle voix de ténor, avait
t'ait des études de chant sous la direction de
Manuel Garcia fils, pours'aider de la connais-
sance de l'art dans ses travaux de médecin et
d'analomiste. Le premier fruit de ses travaux
fut un livre intitulé : Hygiène du chanteur.
Influence du chant sur l'économie animale.
Causes principales de l'affaiblissement de la
voix et du développement de certaines mala-
dies chez les chanteurs; moyens de prévenir
ces maladies; Paris, Labé, 184G, un volume
in-12 de deux cent quarante-six pages. Après
la publication de cet ouvrage bien l'ail, M. Se-
gond a lu à diverses époques à l'Académie des
sciences de l'Institut de France plusieurs
Mémoires relatifs aux phénomènes de la pho-
nation. Ces Mémoires ont été réunis en un vo-
lume, qui a pour titre général : Mémoires
pour servir à l'histoire analomique et phy-
siologique de la phonation; Paris, Rignoux,
1849, un volume gr. in-8°. Les mémoires
contenus dans ce volume sont : 1° Mémoire
sur l'ossification des cartilages du larynx
i présenté à l'Académie des sciences, le 28 juin
1847), seize pages. 2° Recherches expérimen-
tales sur la phonation, trente-huit pages.
•> Mémoire sur la voix inspiratoire (pré-
senté à l'Académie des sciences, le 21 février
1S4S), seize pages. 4° Mémoire sur les modi-
fications du timbre de la voix, dix-huit
pages. '6° Note sur les mouvements de totalité
du larynx ( présentée à l'Académie des
sciences, le 17 juillet 1848), huit pages.6°y7/e-
moire sur la parole (présenté à l'Académie des
sciences, le 17 mai 1847)) vingt-quatre pages.
Beaucoup d'observations neuves sont répan-
dues dans ces opuscules.
SEGLRA (Théodore), violoniste, guita-
riste et compositeur, né à Lyon, se fixa à Pa-
ris, vers 1816, et s'y fit connaître par les com-
positions suivantes : 1° Air varié pour violon
principal et quatuor, op. 1 ; Paris, Schonen-
berger. 2° Idem, op. 2; Paris, Ph. Petit.
3" Réc t et air varié pour violon principal cl
quatuor ou piano, op. 7 ; ibid. 4" Thèmes va-
riés pour violon et piano, op. G, 10, 11 ; ibid.
5° Mélange d'airs russes et polonais, idem,
op. 12; ibid. 6° Six divertissements pour gui-
lare, op. 5; Paris, Meissonnier. 7° Fantaisie,
idem, op. 8; ibid. 8° Huit petites pièces fa-
ciles, op. 9 ; ibid. 9" Recueil de petites pièces,
idem, op. 1-5; ibid.
SEHLLXG (Joseph-Antoine), compositeur
distingué, naquit à Tiesing, en Bohème, vers
1G80. Après avoir l'ait ses études littéraires et
musicales à Prague, il entra dans la chapelle
du comte de Mozin, en qualité de chanteur et
de compositeur; plus lard, il joignit à celle
pi ace celle de directeur du chœur de l'église des
Barnabiles; enfin, il y réunit aussi les fonc-
tions de maître de chapelle de l'église métro-
politaine de Saint- Vilh. Il mourut a Prague, le
19 septembre 175G, dans un âge avancé. On
connaît de sa composition plusieurs messes,
offertoires, des messes pastorales et de Re-
quiem. Il a écrit aussi l'oratorio Filius pro-
digus, qui fut exécuté dans l'église des Barna-
biles, en 1739, et dans celle des Frères de la
Charité, en 1744, ainsi que deux opéras en
lingue latine, dont le dernier fut repré-
senté au collège des Jésuites de Prague, en
1751.
SEICIIERT (Laurent), bon chanteur et
violoniste distingué, né en Bohème, était déjà
attaché comme enfant de chœur à l'église des
Jésuites de Prague, en 1712. Il fut ensuite pre-
mier violon de la cathédrale de cette ville, et
mourut dans celle position, le 28 juin 1765,
laissant en manuscrit plusieurs concertos pour
son instrument.
SEIDEL (Ferdinand), violoniste et compo-
siteur, naquit à Falkenberg, en 1705, et y reçut
les premières leçons de musique. Plus tard, il
devint élève de Boselli, à Vienne. De retour en
Silésie, il entra dans la chapelle du comle Ze-
rotin, à Falkenberg, puis passa dans celle de
l'archevêque de Salzbourg, où il se trouvait
encore en 1757. Depuis celte époque, on n'a
plus de renseignements sur sa personne. Il a
écrit, pour le service des princes auxquels il'
fut attaché, beaucoup de symphonies, de con-
certos et de solos pour le violon, remarquables
par les difficultés d'exécution qui s'y trouvent.
Seidel n'a fait imprimer que douze menuets
pour violon, à Leipsick, 1753, in fol.; mais
douze grands solos pour cel instrument, de sa
composition, 'étaient en manuscrit chez Breil-
kopf, en 1790.
SEIDEL (Frédéric-Louis), né à Treuen-
briezen (Prusse), le 1er juin 17G3, était fils du-
SEIDEL
maître d'école de ce lieu. Il y reçut les pre-
mières leçons de clavecin et d'orgue d'un or-
ganiste nommé Clans; puis il se rendit à
Berlin, où demeurait son frère aine, et con-
tinua ses études musicales sous la direction de
lteichardt, qu'il accompagna dans plusieurs
voyages. En. 1792, il obtint la place d'organiste
à l'église Sainte-Marie, de Berlin. Plus lard,
le maitre de chapelle Bernard-Anselme Weber
(voyez ce nom) le prit comme adjoint, pour la
direction de l'orchestre du théâtre royal.
Après la mort de ce maître, Seidel renonça à sa
place d'organiste pour celle de premier chef
d'orchestre de ce théâtre, qui lui fut offerte
par Ifïland. Il est mort à Chaiioltenbourg, le
5 mai 1831, à l'âge de soixante-six ans. Les
compositions principales de Seidel sont :
I. Oratorios, motets, etc. 1° Hymne à Dieu
(en allemand), oratorio exécuté à Berlin, le
18 avril 1797. 2° Der Unsterflighkeit (l'Im-
'morlalilé), oratorio, exécuté le 23 octobre
1797. 3° Plusieurs motels allemands composés
pour l'Académie de chant de Berlin. 4° JVissa
pro defunctis, exécutée à cette Académie, en
1819. 5° Des hymnes et des psaumes pour voix
solos, chœur et orchestre. II. Opéras. 6" Jery
et Bately,ùe Gœlhe, non représenté. 7" Héro
etLéandre, mélodramme. 8° Der Dorfbarbier
(le Barbier de village), représenté le 14 dé-
cembre 1817, au théâtre national de Berlin.
9° Die Abenteuer der Riller D. Quixotle de
la Mancha, etc. (les Aventures du chevalier
Don Quichotte de la Manche, etc.), drame bur-
lesque en cinq actes, avec une ouverture et
plusieurs morceaux de musique, représenté le
20 mai 1811, au même théâtre. 10° Lila,
opéra en quatre actes de Gœlhe, représenté au
même théâtre, le 9 décembre 1818. 11° Nabu-
chodonosor } grand opéra, non représenté.
12° Honorina, opéra comique, composé en
1817, mais non représenté. 13° Un grand
nombre de morceaux intercalés dans des tra-
gédies, des drames et des comédies. Outre ces
compositions , Seidel a publié beaucoup de
Lieder et de chants avec accompagnement de
piano. On connaît aussi de lui : 1° Le Retour
de Blucher, grande fantaisie pour le piano:
Berlin, Scblesinger. 2" Quelques œuvres de
variations pour le même* instrument; Berlin,
Coucha et Scblesinger. 3° Plusieurs recueils
dechanls et chansons à voix seule, avec accom-
pagnement de piano; Hambourg et Berlin.
SEIDEL (Charles), docteur en philo-
sophie, professeur et membre de plusieurs so-
ciétés savantes, né à Berlin, le 14 octobre
1757, est auteur d'un livre remarquable inti-
tulé : Charinomos. Beilr.rge zur Allr/e-
meinen Théorie und Geschichle der schœnen
Kunste (Lois du beau. Essais concernant la
théorie générale et l'histoire des beaux-arts) ;
Magdebourg, Rubach, 1825-1823, deux vol.
in-8°. Toute la seconde partie de cet ouvrage
traitede la poétique de l'art pur de la musique,
c'est-à-dire, de la musique instrumentale.
Seidel a fait insérer des articles dans la Ga-
zette musicale de Berlin (182G, n"s 48, 49),
sur l'opéra et la poésie de ce genre d'ouvrage,
sur l'esthétique de la musique, sur le chant de
l'église (1828), sur madame Catalani, sur Pa-
ganini, etc. Il est mort à Berlin, le 15 août
1844.
SEIDEL(Jean Jules), organiste à Breslau,
est né dans cette ville le 14 juillet 1810. Après
avoir reçu l'instruction élémentaire dans une
école primaire, il fréquenta le gymnase do
Sainte-Elisabeth et y fit ses humanités. A l'âge
de onze ans, il commença l'étude de la musi-
que et reçut pendant trois ans des leçons de
piano d'un bon professeur. Ses progrès furent
rapides; néanmoins son père ne voulut plus
lui fournir les moyens de perfectionner son
talent après qu'il eut atteint l'âge de quatorze
ans, et les seules ressources qui lui furent
données par quelques amis de sa famille con-
sistèrent en un vieux piano presque hors de
service et dont l'étendue du clavier n'était que
de quatre octaves et demie, de plus quelques so-
oatesde bons maîtres. Seidel avait un goût pas-
sionné pour l'orgue, et ses plus vives jouissan-
ces étaient d'entendre jouer les organistes des
diverses églises de Breslau. Berner et Neuge-
bauer étaient surtout ses artistes de prédilec-
tion. Il imitait chez lui, sur son misérable
piano, le style de leurs préludes et de leurs
fugues. Sans autre guide que ses souvenirs fu-
gitifs, il se préparait ainsi à devenir lui-même
un organiste distingué. Timide à l'excès, il
résista jusqu'à l'âge de dix-sept ans à son ar-
dent désir de s'adresser à un organiste de sa
ville natale, pour obtenir la permission de
s'essayersurson instrument, car il craignait ni:
refus. Il se hasarda pourtant d'en parler à
Neugebauer, qui, louché de son amour pour
l'art, lui permit de s'exercer sur l'orgue de
l'église de la madeleine. Plus lard, il fit la,
connaissance de Alze, organiste de Saint-
Christophe, et cet artiste, ayant apprécié les
heureuses dispositions de Seidel, et compre-
nant qu'il pourrait s'en faire aider dans sa
vieillesse, l'admit à jouer une partie du service
de l'église pour la première fois, le 23 sep-
tembre 1827, lui donna des leçons et lui coin-
SEIDEL — SE1DLER
muniqua (onle sa musique d'orgue. Dès ce mo-
ment, les éludes du jeune organiste devinrent
sérieuses et régulières. Vers le même temps,
Seidel fit la connaissance de Millier, fadeur
d'orgues distingué, et apprit, par la fréquen-
tation de ses ateliers, la théorie et la pratique
île la construction de ces instruments.
Atze mourut au commencement de 1837, à
Tàge de soixanle-dix-huit ans , et sa place
d'organiste de Saint-Christophe fut mise au
concours, le 16 mars de la même année :
Seidel se mit au nombre des aspirants, et son
talent vainquit ses compétiteurs. Mis immé-
diatement en possession de son emploi, il
entra en fonction le 1er avril suivant. Peu de
temps après, la restauration de l'orgue de son
église fut faite sous sa direction; il y fit
preuve de la solidité de ses connaissances. En
1838, il se livra à la rédaction d'un' traité de
la construction des orgues, qui parut, en 1845,
chez Leuckart, à Breslau, sous ce titre : Die
Orgelund ihr Bau (l'Orgue et sa construc-
tion), un volume in-8°avec planches. Lesuccès
de cet ouvrage fut si grand en Allemagne,
qu'on en fit une deuxième édition au mois de
novembre de la même année. Depuis lors,
Seidel a été souvent appelé comme arbitre
pour la réception des orgues nouvelles dans la
Silésie, et même en Bohême. Il a écrit un
grand nombre de pièces pour l'orgue, consis-
tant en préludes, fugues, trios à trois claviers,
et variations sur des chorals. On connaît de
lui : des Lieder à voix seule, avec accompagne-
ment de piano; des chants pour des voix
d'hommes; et un motel funèbre pour un chœur
d'hommes, avec accompagnement d'instru-
ments à vent.
SEIDELMANN (Eugène), cherd'orchestre
et premier directeur de musique au théâtre de
Breslau, est né le 12 avril 1806, à Regensdorf,
près de Glatz (Silésie). Son père, instituteur
dans ce lieu, lui enseigna les éléments de la
musique, le piano, le violon, et les instruments
à vent dont l'usage est habituel. Dans le même
temps, le pasteur du village lui apprit les pre-
miers principes de l'harmonie et du contre-
point. En 1818, Sçidelmann alla fréquenter le
gymnase de Glatz. Pendant les deux premières
années, il continua l'élude du violon et com-
mença celle du violoncelle, cherchant toutes
les occasions favorables pour le perfectionne-
ment de ses connaissances en musique. Ce fui
aussi dans celle ville qu'il fit ses premiers
essais de composition. En 1826, il se rendit à
Breslau pour suivre à l'université le cours de
théologie, s'occupant moins toutefois de celte
science que de la musique. Les concerts d'hi-
ver, dirigés par Schnabel (voyez ce nom), la
musique qu'on exécutait dans les églises et
l'opéra absorbaient loule son attention. La di-
rection de l'Union académique de chant étant
devenue vacante en 1828, par la retraite de
Kahl, elle fut offerte à Seidelmann, qui l'ac-
cepta et y donna des preuves de capacité, par
la manière dont il conduisit l'exécution de
quelques grands ouvrages, au nombre desquels
étaient le Don Juan de Mozart, et Vlphiijénie
en Tauridede Gluck. L'habilelé dont il avait
fait preuve dans cette exécution le fit choi-
sir, en 1830, pour diriger la musique du
théâtre; il prit possession de ses fonctions
le 1er mai de la même année. Cet artiste
recommandable a écrit pour le même théâtre,
en 1839, Virginie , grand opéra en trois
actes, et la Fête de Kenihcorth, en 1843;
ces ouvrages ont obtenu de brillants succès à
Breslau et ont été repris plusieurs fois. Une
ouverture de sa composition a élé exécutée
dans les concerts de celle ville. Ses ouvrages
de musique d'église sont: deux messes à quatre
voix, orchestre et orgue, un Requiem idem, un
Stabat Mater [tour 4 voix, deux violons, alto,
basse , deux bassons et orgue, des offertoires
et des graduels. Seidelmann a écrit des chœurs,
des chansons, des marches et de la musique
(tour plusieurs drames représentés au théâtre
de Breslau. On connaît aussi de lui des Lieder
avec accompagnement de piano.
SEIDELMANN (madame), femme de cet
artiste, connue d'abord sous les noms de
MARIE DECKMANN, est née à Elbing, le
5 novembre 1818. Douée d'une belle voix et
d'heureuses dispositions pour le chant drama-
tique, elle alla étudier à Berlin les éléments de
cet art et le piano, sous la direction de Charles
Nicolaï, puis elle reçut des leçons de chant de
Rellstah, et le 18 janvier 1857, elle débuta au
théâtre Kœnigstadl, dans l'opéra de Bellini
1 Capuleti ed i Montecchi. Accueillie avec
faveur par le public, elle fut bientôt engagée
pour le théâtre royal; puis elle passa au
théâtre royal de Hanovre où elle obtint de
brillants succès, et le 1er février 1840, elle fut
engagée [tour les premiers rôles au théâtre de
la ville de Breslau, où ses succès dans tous les
grands ouvrages eurent beaucoup d'éclat. Le
27 septembre 1841, elle épousa Seidelmann,
et le 50 mai 1845, elle parut pour la dernière
fois au théâtre dans le rôle de Pamina de la
Flûte enchantée.
SEIDLEIl (Charles-Auguste), ou, selon
Gerber, CiiAïu.Es-FtnDiNAND, né à Berlin le
SEIDEER — SEJAN
0
lô septembre 1778, reçut les premières leçons
de violon du professeur Bernard. Encore en-
fairtj il fit un voyage en Allemagne et inspira
l'intérêt général par sa précoce habileté. De
retour à Berlin, il devint élève de Ilaak pour
son instrument, et ses progrès furent si ra-
pides, que le roi Frédéric-Guillaume II l'admit
dans la chapelle royale, en 1793 : jusqu'en
1796, il fit partie des quatuors exécutés à la
cour, en qualité de second violon. La chapelle
ayant été dissoute après les événements de la
guerre de 180G, Seidler voyagea et se rendit à
Vienne, où il obtint de brillants succès. Après
son retour à Berlin, il fut nommé maître de
concert et premier violon de la chapelle
royale. Il est mort dans cette ville le 27 février
1840. Seidler a été considéré, en Allemagne,
comme un des violonistes les plus distingués
de son temps. Il s'est fait aussi connaître
comme compositeur par quelques morceaux
pour son instrument et. par six ariettes pour
la guitare, publiées à Leipsick, en 1808.
SETDLEK (madame Caroline), femme du
précédent, l'épousa en 1812. Elle était fille
d'Antoine Wranilzki (voyez ce nom), et sœur
de madame Kraus-Wranitzki. Elle fui engagée
au théâtre royal de Berlin, en 1816, et fut en-
suite attachée au théâtre de la cour à Polsdam.
Elle chaula les premiers rôles à ces deux
théàlres. Retirée de la scène, en 1838, elle
donna la représentation à son bénéfice où elle
parut pour la dernière fois, le 26 mai de cette
année. Elle vivait encore à Berlin en 1860.
SEIFFERT (CHARLEs-TiiÉoDonEÏ, né le
16 novembre 1805, à Blumenrodc, près de
Neumark (Silésie), reçut les premièresleçonsde
musique de son père, qui était Cantor dans ce
village. En 1822, il se rendit à Breslau et y
continua ses éludes musicales sous la direction
de Berner; puis il alla à Berlin, où il reçut les
leçons de Bernard Klein, de Zelter, de W. Bach
et de Grell, pour l'orgue et la composition.
Son talent remarquable sur l'orgue l'a fait
appeler à Naumbourg, où le bel orgue de llil-
debrand a été réparé sous sa direction, en
1837. Depuis 1 8ô5, M. Seiflerl a établi dans cette
ville une société de chant qu'il dirige avec
beaucoup d'habileté. En 1845, il reçut sa
nomination de professeur de musique à l'école
royale de Pl'orle. On a gravé delà composition
de cet artiste : 1" Le choral Straf mich nicht,
avec variations pour l'orgue; Breslau, Leuc-
kart. 2"Eine Feste Burg ist unserGolt,\av\é
pour l'orgue ; Schleusingen, Glaser. 5" PréIndes
caractéristiques pour l'orgue; llildburghan-
sen, Kesselring. 4° Fantaisie pour l'orgue
en style d'orchestre ; ibid. 5° Pièces de con-
clusion (Nachspiele) en ut mineur et en sol ;
Erfurt, Kœrner. 6" Chants pour quatre voix
d'hommes ; Breslau, Lcuckart. 7° Liederk voix
seule, avec accompagnement de piano, op. 2;
Schleusingen, Glaser, idem op 5; Leipsick.
Whislling; op. 6; Schleusingen ; Glaser; idem
op. 8; Breslau, Leuckart; idem op 9; Berlin,
Traulwein ; idem op. 11; ibid. 8° Quelques
pièces pour le piano. Seiffert est considéré en
Allemagne comme un des meilleurs orga-
nistes de l'école allemande moderne. Il est un
des rédacteurs de VUrania, journal à l'usage
des organistes, publié par Kœrner, à Erfurt.
SEIPPELT (J.), chanteur du théâtre sur
la tienne, à Vienne, s'est fait connaître
comme compositeur par des recueils de chants
pour quatre voix d'hommes avec accompagne-
ment de piano ad libitum, op. 1, 2, 5, 4,
gravés à Vienne, chez Diabelli.
SEIIUTES, joueur de flûte, né en Nu-
midie, fut l'inventeur de la flûte courbe (pla-
giaulos), surnommée flûte libyenne, à cause
de la patrie de l'inventeur (vid.Athen. lib. 14.
C. 2. etPollux, lib. 4, C. 10. sect. 74).
SEIXAS (JoSEPH-AlNTOINF.-ClIAIU.ES), CllO-
valierde l'ordredu Christ, organistede l'église
Saint-Basile, à Lisbonne, naquit à Coïmbre,
en 1704, et mourut à Lisbonne, en 1742, à
l'âge de trente-huit ans. Compositeur distin-
gué, il a laissé en manuscrit : 1° Dix messes
à quatre et à huit voix avec orchestre. 2" Te
Deum à quatre chœurs. 5" Seize toccales pour
l'orgue. 4° Plusieurs motels à deux, trois et
quatre voix, avec ou sans instruments.
SEJAN (Nicolas), organiste qui a eu de la
célébrité en France, naquit à Paris, le 19 mars
1745. Son père, qui était négociant, le mit au
collège d'IIarcourt pour y faire ses études, bien
qu'il le destinât à l'exercice de sa profession ;
mais les occasions fréquentes (pie le jeune
Séjan avait d'entendre son oncle Forqueray
sur l'orgue, développèrent en lui un goût pas-
sionné pour cet instrument ; son parent lui
donna des leçons qui fructifièrent si bien,
qu'en peu de temps, l'élève égala le maître.
A. l'âge de treize ans, Séjan, qui avait pris
quelques leçons de Bordier pour l'harmonie,
improvisa, dit-on, un Te Deum dont l'audi-
toire fut émerveillé : il ne faut toutefois pas
prendre à la lettre des témoignages d'admi-
ration qui émanent d'un temps et d'un pays
où l'art élait peu florissant, comme le prouvent
le peu de monuments qui nous en restent.
Quoi qu'il en soit, Séjan obtint, en 1700, l'orgue
de Sainl-André-dcs Arts, bien qu'il ne fût alors
10
SEJAN — SELIGUAN'N
âgé que «Je quinze ans. Quatre ans après, il
débuta au Concert, spirituel par un concerto
d'orgue de sa composition qui obtint le suf-
frage des artistes. Ayant été nommé, en 1772,
un des quatre organistes île la cathédrale de
Paris, il se trouva ainsi, à l'âge de vingt-sept
ans, le collègue des organistes les plus célèbres
et les plus habiles qu'il y eût alors en France,
c'est-à-dire Daquin, Couperin et Balbàtre.
En 1781, Séjan fui choisi comme arbitre, avec
Couperin père, Balbàtre et Charpentier, pour
la réception de l'orgue de Sainl-Sulpice, qui
venait d'être construit par Clicquol : il y joua
de manière à exciter l'enthousiasme de l'audi-
toire, et son succès fut si brillant, que la place
d'organiste de cette église étant devenue va-
cante deux ans après, elle lui fui offerte sans
concours. A tant de témoignages honorables
de l'estime accordée à son talent, Séjan vit
ajouter, en 1789, la place d'organiste de la
chapelle du roi, et dans la môme année, il
reçut sa nomination de professeur d'orgue à
l'école royale de chant, fondée par le baron
de Breteuil. Un concours avait été ouvert pour
celle dernière place; mais aucun concurrent
n'osa entrer en lutte avec Séjan : il subit néan-
moins un examen devant un jury, et traita
avec talent le sujet de fugue qui lui avait été
donné : sa nomination fut faite à l'unanimité
des suffrages. Cependant il ne donna point de
leçons d'orgue dans l'école, parce (pie l'instru-
ment qui devait y être placé ne fut point achevé,
à cause des troubles de la révolution ; il n'y fut
employé que comme professeur de solTége.
La révolution fit perdre à Séjan tous ses em-
plois; mais en 1807, il reçut sa nomination
d'organiste de l'église des Invalides, et après
la restauration de 1814, il rentra dans ses an-
ciennes fondions d'organiste de la chapelle
royale. Une maladie de langueur mil fin à
i'honorable carrière de cet artiste : elle le con-
duisit au tombeau, le 16 mars 1819. Séjan
avait l'instinct d'un meilleur style de musique
d'orgue que celui de ses contemporains fran-
çais, et l'on peut dire qu'il fut le seid orga-
niste de talent qu'il y ait eu à Paris dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle. Les
ouvrages de sa composition qui ont été publiés
sont : 1° Six sonates pour piano et violon ;
Paris, Bailleux. 2" Recueil de rondeaux et airs
pour piano seul; Paris, Boyer. ô" Trois trios i
pour piano, violon et basse; ibid. 4° Fugues j
et Noels pour l'orgue ou le piano; Paris, Le- !
moine aine.
SEJAN (Louis), fils du précédent, est né à j
Fans, en 17SG. Élève de son père, il lui a suc- |
cCAé dans l&s places d'organiste de l'église
Saint- Sulpice et des Invalides. En 1819,
il a obtenu celle d'organiste adjoint de la
chapelle du roi. On a gravé les composi-
tions de cet artiste dont les titres suivent :
1° Deux sonates pour piano seid, op. 5 et G;
Paris, Lemoine aine. 2° Deux sonates pour
harpe et piano ; ibid. 3° Nocturnes pour piano
et coi-, nos 1 et 2; Paris, Sieber. 4° Nocturne
pour piano et finie, op. 24 ; Paris, H. Lemoine.
o° Fantaisie pour piano sur les Folies d'Es-
pagne. 0° Variations faciles pour piano seul.
7° Rondolelto idem. S0 Neuf cahiers de ro-
mances ; Paris, Naderman, Leduc, etc.
SELICIIIUS (Daniel), compositeur alle-
mand, né à Wesenslein, en Saxe, dans la se-
conde moitié du seizième siècle, fut d'abord
Cantoren ce lieu, puis devint maître de cha-
pelle (\i\ duc de Brunswick, en 1625. On a im-
primédesa composition : \° Prodromus canli-
lenarum harmonicammexhibens puduanas.
intradas, galliurdas et courantes; Willen-
berg, 1G14, in-4". 2" Prodromus exercitatio-
iium musicarum de padnanes, galliardes,
entrades et courantes 4, 5 et 6 roc; ibid.,
IG1S, in-4°. VYallhcr pense que ces deux litres
indiquent le même ouvrage, bien que la date
soil différente. S0 Chant de Noël, souhait de
nouvel an à quelques conseillers d'Erfurt;
Jéna, 1619, in-4°. 4" Opus novutn, consistant
en vingt-quatre concerts el psaumes de Da-
vid, allemands et latins, à deux, trois, quatre
et douze voix; Hambourg, 1G2j, in-4°.
SELIGMAAN (UiPFOL-ïTE-PRosrEn), vir-
tuose violoncelliste, né à Paris, le 28 juillet
1817, suivant les registres du Conservatoire de
Paris, fut admis comme élève dans celle école
le 2 décembre 1829, et y suivit le cours de sol-
fège de M. Alkan, puis celui d'Amédée Lan-
neau. Le second prix de cette partie élémen-
taire de la musique lui fut décerné en 1830,
et il obtint le premier en 1831. Devenu
élève de Norblin pour le violoncelle, il eut le
second prix de cet instrument au concours de
1834; le premier lui fut décerné en 183G. Ce
fut dans cette même année qu'il entra dans la
classe d'Halévy pour la composition; il y resta
jusqu'au mois de juin 1838, et se relira sans
avoir pris part aux concours. M. Seligmann a
beaucoup voyagé : dans les années 1841 et
184j, il parcourut la France méridionale pour
y donner des concerts; en 1843, il était en
Italie et se fit entendre avec succè-. à Milan, à
Venise, à Naples, et dans plusieurs autres
villes; en 1847, il visita l'Espagne, l'Algérie,
et postérieurement, il a fait plusieurs voyages
SELIGMANN — SELLNER
11
en Belgique et en Allemagne. A Madrid, il a
joué à la cour avec le pianiste Schulhoff; à
Turin, le roi lui témoigna sa satisfaction
après l'avoir entendu dans plusieurs morceaux
de sa composition. L'instrument de cet artiste
estime basse de Nicolas Amati, grand patron,
de la plus belle qualité. Les compositions de
M. Seligmann sont, en général, des fantaisies,
divertissements et caprices sur des thèmes
d'opéras modernes; parmi ces ouvrages, on
remarque : 1° Divertissement sur le Domino
noir, pour violoncelle et piano, op. 5; Paris,
Brandus. 2° Sérénade sur le Lac des fées,
idem, op. 7; ibid. 3" Caprice sur les Chape-
rons blancs, idem, op. 9: ibid. 4° Troisième
divertissement sur Zanelta, idem, op. 21 ;
ibid. 11° Nocturne sentimental sur la Favorite,
idem, op. 22; ibid. 6° Quatrième divertisse-
ment espagnol sur le Guilarrero, op. 24;
ibid. 7° Cinquième divertissement sur les Dia-
mants delà couronne, op. 23; ibid. 8° Scène
élégiaque sur la Reine de Chypre, op. 29;
ibid. 9° Réminiscences d'Halévy, grande fan-
taisie, op. 4G; ibib. 10" Dlichelemma, souvenir
de NapIes,op. 47 ;ibid. 11 "Fantaisie pastorale
sur le J'ai d'Andorre, op. 49; ibid. 12" Six
études caractéristiques pour violoncelle et
piano, op. 40; Paris, Henri Lemoine. On a
aussi de M. Seligmann des chants à voix seule
et piano, particulièrement le recueil intitulé
Album algérien et l' Album de voyage, sou-
venirs d'Italie.
SELLE (Thomas), Cantor et directeur de
musique à l'église Sainle-Callierinc de Ham-
bourg, naquit à Zœrbig, en Saxe, le 23 mars
1599. Il fut d'abord recteur à "Weselbourg,
puis fut nommé Cantor à Ilzeboe, dans le
Holstein, en 1GÔG. De là, il se rendit à Ham-
bourg, en 1641, où il jouit de beaucoup d'es-
time jusqu'à sa mort, arrivée le 2 juillet 1GG3.
II légua par son testament sa bibliothèque à la
ville. Les ouvrages imprimés de ce savant mu-
sicien sont : 1° Concertaiio Castalidum,das
ist : lVusicalischer-Streit, etc., in 3 vocibus
componiret (Combat musical à trois voix, etc.);
Hambourg, 1G24, in-4°. 2° Delicix pastorum
Arcadia-, etc. (Pastorales à trois voix, en alle-
mand); Hambourg 1G24, in-4. 5° Hugio-deca-
melydria, oder zehn geistliche Concertlein
mit 1, 2, 5 und A Stimmen (Dix petits con-
certs spirituels pour une, deux, trois et quatre
voix) ; Hambourg, 1631, in-4". 4° fllonopho-
nia harmonica lalina, hoc est XVconcenlus
ecclesiastici de festis anniversariis, 2 aul 3
vocum; Hambourg, 1633, in-4". 5" Concen-
tuum binis vocibus ad bassuin continuum
concinendorum, etc.; Hambourg, 1634, in-4".
G" Decas prima amorum musicalium, oder
zehn neue amorœsische weltlîche Liedlein,
mit 3 Stimmen (Dix nouvelleschansons amou-
reuses et mondaines à trois voix); ibid., 1635,
in-4». 7° Concertuum trivocalium germa-
nico-sacrorum pentas (Cinq concerts spiri-
tuels à trois voix avec basse continue, etc., en
allemand); ibid., 16315, in-8". 8° Concertuum
latino- sacrorum, 2, 4 e 5 vocibus, ad bassum
continuum concinendorum liber primus;
Roslochii , 164G, in-4°. Le second livre de
cette collection a paru à Hambourg, en 1651,
in-4". Selle a composé aussi des mélodies poul-
ies cantiques de Risl; on en a fait plusieurs
éditions sous ce titre : Modi musici, adjecti
Joh. Ristii Sabbalischer Seelen-lust ; Lune-
bourg, 1651, in-8", et 16158, in-24. Il a laissé
en manuscrit dans la Bibliothèque publique de
Hambourg : Teutsche geistliche concerten ,
Madrinalien und Bloletten , mit 3 , 4,5,
6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 14 und 16 Stimmen
(Concerts spirituels allemands, consistant en
madrigaux et motets à trois, quatre et seize
voix).
SELLETTI (Joseph), compositeur drama-
tique, né à Rome vers 1720, y a fait repré-
senter les opéras dont les litres suivent: 1° Ni-
locri, en 1753. 2° L'Argene, 1759. 5° La
Finla Pazza, 1765.
SELLI(Prosper), compositeur dramatique,
né à Vilerbe, vers 1810, a fait exécuter, dans
sa ville natale, en 1837, une grande cantate
religieuse. En 1840, il donna, à Turin, Elisa
di Franval , opéra en trois actes, qui fut joué
aussi à Rome dans la même année. En 1841,
il fit aussi représenter, dans cette dernière-*
ville, l'opéra intitulé Medca. Je n'ai pas
de renseignements sur Selli , après celle
époque.
SELM (Géiurd VAN), prédicateur à
Nieuweveer, en Hollande, vécut dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. Il a fait impri-
mer un discours sur le chant de l'office évan-,
gélique, à l'occasion d'un nouveau livre cho-
ral, sous ce litre : /Jet wel en Gode behagend
Zingen, etc. (Le chant agréable à Dieu, ex-
posé et loué dans un sermon, etc.) ; Amster-
dam, .1. Wessing "VVillemse, 1774.
SELL1NEU (Joseph), hautboïste distingué,
est né le 13 mars 1787, à Landau, dans le Pa-
latinat. Dès sa sixième année, il suivit son
père en Autriche, el y apprit à jouer delà
flûte, sous la direction d'un maître médiocre,
ce qui ne l'empêcha pas de faire de si rapides-
progrès, qu'il put se faire entendre en public
12
SELLNER - SEMMLER
à l'âge «le huit ans. Il apprit ensuite, presque
sans mailie, à jouer du violon et de la trom-
pette. A l'âge de quinze ans, il entra comme
trompette dans un régiment de cavalerie, fit
comme tel la campagne de 1805, et pendant
ce temps étudia le cor et la clarinette. En 1808,
il demanda son congé, et accepta, après un
court séjour à Prague, un engagement comme
chef d'une musique d'harmonie au service d'un
seigneur de la Hongrie. C'est alors qu'il se
livra à l'étude du hautbois et qu'il acquit un
talent remarquable sur cet instrument. En
1811, il en joua avec beaucoup île succès au
théâtre de Pesth, et deux ans après il accepta
la proposition qui lui fit Charles-Marie de
Weber de se fixer à Prague, pour y jouer le
premier hautbois au théâtre. Pendant un sé-
jour de dois ans dans celte ville, il s'attacha à
perfectionner son talent d'exécution sur le
hautbois, et fit des éludes sérieuses de compo-
sition avec Tomascheck {voyez ce nom). Il
s'éloigna de Prague en 1817, avec le dessein
de voyager en Italie; mais arrivé à Vienne, il
y reçut l'offre «le la place de premier hautbois
du théâtre de la cour, à laquelle il ajouta, en
1823, le même emploi dans la chapelle impé-
riale, et plus lard, celui de professeur de haut-
hois au Conservatoire. Il y a formé de bons
élèves, en leur offrant lemodèled'un beau son,
d'une grande justesse et d'un style à la fois
élégant et expressif. Depuis 1823, il s'est aussi
fait remarquer par son talent dans la direc-
tion de l'orchestre des élèves du Conserva-
toire. Sellner a composé plusieurs concerlos,
rondeaux, polonaises et variations pour le
hautbois ; maison n'a publié de lui que les ou-
.vrages suivants : 1° Introduction et polonaise
brillante pour la clarinette avec orchestre ou
quatuor; Vienne, Pennauer. 2" Trois polo-
naises pour deux guitares"; ibitil. 5" Sonate
brillante pour tliile et guitare ; ib. 4°Deuxième
idem: Vienne, Allai ia. o1 Variations pour
deux guitares; Vienne, Leidesdorf. G" Sonate
pour guitare seule; Prague, Berra. 7° Plu-
sieurs cahiers de variations pour le même in-
strument. 8° Oboeschulc (Méthode de haut-
bois, en trois parties); Vienne, Leidesdorf.
Une traduction française de cet ouvrage a été
publiée à Paris, chez Richault.
SELVAGGI (Gaspard), né à Naples, le
15 janvier 1703, fil ses éludes dans celle ville,
\ et entra au séminaire pour être prêtre, dans
sa douzième année. A quatorze ans, le goût
de la musique se développa en lui; il com-
mença l'élude de la composition sous la direc-
tion de Zingarelli : mais après le départ de ce
mailre pour Rome, il devint élève de l'abbé
Alexandre Speranza, qui s'était formé dans
l'école de Durante. Arrivé à Paris, en 1794, il
y apporta une précieuse collection de livres et
de musique ancienne, où se trouvaient, entre
autres choses d'un haut intérêt, le manuscrit
complet de tous les traités de musique de Tinc-
loris, et un exemplaire du Melopeo,ùe Cérone,
lesquels, après avoir passé dans la possession
de Fayolle, puis de Perne, sont aujourd'hui
dans ma bibliothèque. Pendant un séjour de
dix-huit années dans la capitale de la France,
Selvaggi y vécut en donnant des leçons de chant
et d'harmonie ; il y publia deux recueils de six
romances chacun, chez Nadermann. Vers la fin
de 1811, il se rendit à Londres, y passa six
mois, puis fut rappelé à Naples, en qualité de
lecteur de la reine madame Mural. Depuis lors
il reprit ses anciennes fondions ecclésias-
tiques. Il fut membre de l'Académie royale
de Naples, dans la section «l'archéologie. Ses
travaux littéraires consistent en une gram-
maire générale cl philosophique, imprimée à
Naples, et en une traduction complète des tra-
gédies d'Euripide, qui est encore en manuscrit.
Son ouvrage le plus important, relatif à la mu-
sique, est un traité d'harmonie intitulé; Trut-
lato d'Armonia, ordinato con nuovo me-
tado, e corredato di tavole a dichiarasione
délie cose in esso esposte: Napoli. pressa Ilaf-
faele Miranda, 1823, in-8° de cent soixante-
neuf pages. Selvaggi est le premier auteur ita-
lien «|iii porta dans cette science la véritable
méthode d'exposition et d'analyse. Il a entrevu
le rôle important de la tonalité dans la mélodie
et l'harmonie, et a compris que la théorie des
accords ne peut être complète que parla con-
sidération de leur ordre de succession.il avait
en manuscrit beaucoup «le morceaux «le sa
composition, entre autres quatre grandes can-
tales. Selvaggi est mort à Naples. en 1847.
SEMILLI (Richard DE), poète et musi-
cien du treizième siècle, nous a laissé «jtiinze
chansons notées «le sa composition. Les manu-
scrits de la bibliothèque impériale «le Paris en
contiennent <|ualorze.
SE9ID1LER (Christophe), né à Halle, le
2 octobre 1069, passe pour avoir inventé un
métronome ou chronomètre. Il est connu par
un livre intitulé : JUdische Anliquitaeten der
ffeiligen-Schrift (Antiquités judaïques de
l'Écriture sainte); Halle, 1708, in-12. Il en
parut une troisième édition en 1730, in -8°.
Dans les quinzième et seizième chapitres de ce
livre, Semmler traite «le la musique vocale et
instrumentale des lévites dans le service divin.
SEMBLER — SENFEL
1«i
Ces deux chapitres ont été insérés par Mizler
dans sa Bibliothèque musicale, t. II, p. 71 -83.
Semmler eut le litre de diacre dans l'église
principale de Halle. Il mourut dans cette ville
en 1740.
SEPVAILLÉ (Jean-Baptiste), né à Paris,
dans la paroisse Saint-Germain -l'Auxerrois,
le 23 novembre 1687, était fils d'un hautbois
de l'Opéra. Il reçut les premières leçons de
violon de Queversin, un des vingt-quatre vio-
lons de la grande bande de Louis XIV, et fut
d'abord prévôt d'un maître à danser nommé
Bonnefons; puis il devint élève de Baptiste
Anel,et lit sous ce maître de si grands progrès,
qu'il l'ut considéré bientôt comme le plus
habile violoniste de France. Cependant la ré-
putation de supériorité qu'avaient alors quel-
fines violonistes italiens, détermina Scnaillé à
se rendre en Italie pour étudier leur manière;
mais arrivé à Modène, il y fit une impression
si vive par son talent, que l'entrepreneur du
théâtre lui fit la proposition de jouer dans son
orchestre pendant la saison, et marqua sa
place par un siège plus élevé que celui des au-
tres musiciens. De retour à Paris, en 171!),
Scnaillé fut attaché au service particulier du
duc d'Orléans, régent du royaume, à la recom-
mandation de la duchesse de Modène, fille de
ce prince. Senaillé mourut à Paris, le 29 avril
1730, à l'âge de quarante-deux ans et quelques
mois. On a gravé de sa composition, à Paris,
cinq livres de sonates de violon, avec accom-
pagnement de basse, où l'on remarque des
imitations de l'œuvre cinquième de Corelli.
SEIN'ECÉ ou SENEÇAI (Antoine BAU-
DEl\Or\ sieur DE), bel esprit de la cour de
Louis XIV, naquit à Màcon, le 13 octobre
1043. Il était petit-fils de Brice Baudron, sa-
vant médecin, et son père, lieutenant-général
au présidial de Màcon, avait le litre de con-
seiller d'Etat. Destiné au barreau, Senecé pré-
féra la culture des lettres. Un duel, qu'il avait
élé forcé d'accepter, l'obligea de se réfugier
en Savoie; un autre duel le fit s'éloigner de ce
pays pou relie relier un asile en Espagne. Rentré
ensuite en France, il acquit, en 1673,1a charge
de premier valet de chambre de la reine Marie-
Thérèse, femme de Louis XIV, et en exerça
les fonctions pendant dix ans. Après la mort
de celle princesse, il fut attaché à la personne
de la duchesse d'Angoulême, et demeura (rente
ans chez elle. La mort de sa protectrice le
laissa sans appui dans sa vieillesse ; il se relira
de la cour dans les modestes biens qu'il tenait
de sa famille, et y passa paisiblement, mais
non sans ennui, les vingt-quatre dernières
années de sa vie. Il mourut le 1er janvier 1737,
à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans. Auteur
de plusieurs divertissements et morceaux de
circonstance que Lully avait mis en musique,
il eut à se plaindre de ses procédés, mais n'osa
point élever la voix contre lui, à cause de la fa-
veur dont le musicien jouissait à la cour. Après
la mort de celui-ci, il se vengea par une pièce
satirique qu'il fit imprimer sous le voile de
l'anonyme, et qui est intitulée : Lellre de
Clément Marot à M. de *** , louchant ce qui
s'est passé à l'arrivée de Jean-Baptiste de
Lully aux Champs-Elysées. A Cologne, chez
Pierre Marteau, 1688, in-12 de cent dix-neuf
pages. Il en a été fait une réimpression à
Lyon, en 1825, in-8° de cinquante-neuf pages.
(Voyez sur cet écrit la Biographie de Lully,
lome VI, page 201.)
SENESINO. L'oyez BERNAKDI (Fran-
çois).
SEISFEL ou SETSFL (Louis), un des plus
célèbres compositeurs allemands du seizième
siècle, vit le jour non pas à Zurich, comme le
dit Wallher, maisàBâle, suivant le témoignage
de son contemporain Simon Minervius, qui
nous donne à cet égard des renseignements
positifs, dans une lettre à BarlholoméSchrenk,
de Munich, imprimée en léte des odes d'Ho-
race mises en musique à huit parties par Sen-
fel, dont le recueil fut imprimé à Nuremberg,
en 1^54. Toutefois, il y a quelques difficultés
à cet égard, car Wallher a suivi l'autorité de
Glaréan, autre contemporain de Senfel, qui
joint à son nom l'épithèle de Tigurinus (De
Zurich), et qui l'appelle son concitoyen (Do-
decac, p. 221), quoique lui-même lut né dans
le canton de Glatis [voyez Glahéan). Miner-
vius paraît cependant avoir élé mieux informé,
parce qu'il tenait ses renseignements de Senfel
lui-même. Gerber avait copié Wallher quant
au lieu de naissance de Senfel, dans son pre-
mier Dictionnaire des musiciens ; mais il a
reconnu son erreur dans le second Lexique.
Choron elFayolle ont copié Wallher et Gerber,
dans leur Dictionnaire historique des mu-
siciens (t. II, p. 313), et ils y ont ajou;é la
faute de faire naître Senfel en 1530, ajoutant
que Sebald Heyden le qualifie in musica to-
lius Germants princeps, dans la préface de
son livre intitulé : Musical, id est arlis ca-
nendi libri duo. Leur méprise est évidente,
caria première édition du livre de Heyden fut
publiée en 1537, en sorle que Senfel aurait élé
le premier des musiciens de l'Allemagne, à
l'âge de sept ans! Au surplus, Sebald Heyden
J ne dit pas un mot de l'époque de la naissance
a
SENFEL
<lc Senfel. Lipowsky qui a reclifié le fait rela-
tif au lien de la naissance de l'arlisle, d'après
!a lettre de Minervius, dans son Diction-
naire des musiciens de la Bavière (p. 528),
a aussi adopté celle date de 1530, quoique
la lettre même citée par lui eût dû lui en
démontrer la fausseté, puisqu'il y est dit que
Senfel fut sopranislc de la chapelle de l'empe-
reur Maximilien I<r, mort le 12 janvier 1517.
Minervius dit qu'après avoir appris dès son
enfance la musique, dans sa ville natale, Senfel
entra dans la chapelle impériale comme enfant
de chœur, cl qu'il y recul des leçons de contre-
point d'Henri Isaak. Il ajoute que lui-même
ayant écrit à Isaak pour le prier de mettre en
musique les odes d'Horace, celui-ci lui ré-
pondit qu'il s'y était exercé dans sa jeunesse,
mais que, rebuté par les difficultés de ce tra-
vail, il l'avait abandonné. Il terminait sa
lcllre en priant Minervius de s'adresser à
quelque autre musicien mieux pénétré de l'es-
prit du poêle, et lui indiquait son élève Senfel
comme celui qui pouvait le mieux le satisfaire.
Malheureusement Minervius ne fait pas con-
naître l'époque de celte correspondance; mais
il est certain qu'elle est antérieure à 1517,
car Maximilien régnait encore lorsqu'elle eut
lieu. Ainsi non-seulement Senfel a élé sopra-
nislc delà chapelle impériale, antérieurement
à 1517, mais il était déjà un savant musicien,
cl un homme instruit dans la connaissance des
poêles latins; ce qui fait supposer qu'il avait
atteint l'âge d'environ vingt-cinq ans. En rap-
prochant ces circonstances, on voit que la dale .
de la naissance de Senfel ne peut élre fixée
plus tard qu'en 1492, ou 149Ô.
C'est encore Minervius qui nous apprend
qu'après la mort de Maximilien Ier, le duc
Guillaume de Bavière ne négligea rien pour
attacher Senfel à son service, et qu'il réussit
dans sa négociation à ce sujet. L'arrivée du
compositeur à Munich semble donc devoir être
placée vers 1517 : toutefois il serait possible
qu'il fiil entré quelques années plus lard au
service du duc de Bavière, car Conrad Peû-
linger, parlant de lui dans la préface de sa
collection de motels publiée à Augsbourg, en
1520, ne l'ait mention que de sa position dans
la chapelle impériale : Voici ses paroles : Ab
prxclaro artis ipsius excultore Ludovico
Senfelio Helvetico illoqui musicam Cxsaris
Maximiliani capellam, post inclyli prx-
ceptoris sui Isaci, elc. Entré au service de la
cour de Bavière, il y passa le reste de ses
jours. Lipowsky, qui a fait des recherches à
ce sujet, croit qu'il mourut vers 1555. Il y a
lieu de croire toutefois que le décès de Senfel
arriva un peu plus tard, et qu'il précéda d;^
peu de temps les propositions qui furent laites
àLassus, en 1557, pour le fixera celle cour
(voyez Lassus).
Senfel a été considéré à juste titre comme
un des musiciens les plus remarquables de son
époque,- et ses contemporains lui ont accordé
des éloges exprimés en termes remplis d'admi-
ration. Luther avait la plus haute estime pour
son talent; il lui écrivit une lcllre remplie de
témoignages de celle estime, datée de Cohourg,
le 4 octobre 1530. Plusieurs auteurs ont assuré
qu'à la prière du réformateur, Senfel écrivit le
chant de plusieurs cantiques pour le nouveau
culte, el l'on cite, entre autres, celui qui com-
mence par ces mois : Non moriar,scd vivant;
mais il y a peu d'apparence que le maître de
chapelle de Guillaume de Bavière, de ce prince
catholique qui mit tous ses soins à empêcher
le culte réformé de pénétrer dans ses Étals, se
soit exposé à perdre la faveur du prince et sa
position en prêtant à ce même cnlle le secours
de son talent. On voit seulement, par la lettre
citée précédemment, que Luther le priait de
lui envoyer une copie de son cantique Tn part'
in idipsum. Voici ses paroles : « Ad te redeo
» et oro, si quid hanes exemplar istius canlici
» (In pace in idipsutti) mihi transcribi et
» mitti cures. Ténor enim isle a juventule me
» deleelavil, el nunc mullo magis, poslquam
» elverba intelligo. Non enim vidi eam anti-
» phonam vocibus pluribus compositam. Nolo
» aulem lé gravare componendi labore, sed
» pitCsumolehabere aliunde compositam (1).»
Au surplus, le nom de Senfel ne se trouve à
aucun des chants chorals des anciens livres à
l'usage du culle réformé.
Les collections spéciales des compositions
de Senfel sont rares et peu connues. La biblio-
thèque royale de Munich en contient un
grand nombre dans de beaux manuscrits dont
voici l'indication : 1° Codex /^, in-fol. : Quin-
que Missse quatuor, quinque et sex vocum
partim Petro De la Rue et Ludovico Sennfl
(sic), partim vero incerto autore. 2° Cod. X,
in-fol. Ce manuscrit renferme de Senfel les
cinq salutations de Jésus-Christ à quatre voix,
qui ont élé imprimées, comme on le verra plus
loin, un Miserere à cinq, un De profundisà
cinq, et sept motels à quatre et cinq voix.
(1) Voyez la lettre de Luther clans la colleelion pu-
bliée par Buclëe, pige 213, dans l'Almanach musical de
Forkcl, pour Tannée 1784, pages IG7 et suiv., et dans
le livre de Fr. Ad. lîcck, iutilulé : Dr M. Lulher's Ge-
daiikcu Hier die Musik. pages 08 et !i9.
SENFEL
5° Cod. XII , in-fol. On y trouve huit motels
à quatre, cinq et six voix. 4° Cod. XIX.
in-fol. Six motels à quatre, cinq et six voix, et
l'antienne Salve Iiegîna à quatre voix.
5° Cod. XXXVI. Ce manuscrit renferme de
beaux ouvrages de Senfel et de son maître
Isaak; on y trouve les offices complets de la
Pentecôte et de l'octave de celle fêle à quatre
voix, de la Trinité, à cinq voix, delà Féle-
Dieu, à quatre voix, de la Toussaint, à quatre
voix, e! celui «le la Dédicace, à quatre voix.
G0 Cod. XXXVII. Manuscrit d'un grand in-
térêt, qui renferme beaucoup d'inlroïts, de
graduels et de séquences à quatre voix, par
Senfel et Isaak, trois messes de Senfel à quatre
voix, suivies des Répons de la messe.
7° Cod. XXXVIII, in-fol., contenant les
offices de l'hiver à quatre, cinq et six voix,
par Senfel' et Isaak. Les pièces qui appartien-
nent à Senfel dans ce recueil sont des Nocls
[Galli canins in Nativitate Domini), à cinq
et six voix, pour la première messe; idem
pour la troisième messe, à quatre et cinq voix;
les offices de saint Etienne, saint Jean l'évan-
i^éliste, des Innocents, de l'octave de Noël, de
l'Epiphanie, de la Purification, de Pâques, à
cinq et six voix, et de l'Ascension, à quatre
voix. 8° Cod. XL VII, in-fol., renfermant
une messe dominicale à quatre voix de Senfr
(sic), et une messe fériale, également à quatre
voix. Les œuvres imprimés de Senfel sont les
suivants : 1° Quinque salutationes Domini
nostri Hiesu Christi, ex illustrissimi Prin-
cipe et Domini Wilkelmi Comitis Palatini
Rheni, utriusque Bavarix Ducis, etc., com-
missione a Ludovico Senflio ejusdem illust.
D. musico intonatore hnmillimo excussx
dic.atxque summis et studio ac obedientia
Xoribergx, 1526, in-fol. Les quatre parties de
ces motets sont imprimées en regard : je les ai
mis en partition. Le style en est simple : les
imitations sont larges, et la tonalité naturelle.
2U Magnificat octo tonorum quatuor vocum,
auctore Ludovico Senflio; Noribergx, 1537,
in-4". 3° Melodix inodas Horatii et quxdam
alia carminum gênera octo vocum; Nori-
bergx, 1 557, in-4°. 3° (bis) Harmonix poeticx
Pauli Hofheimeri et Ludovici Senflii, mu-
sicorum prxstantiss. unâ cum selectis ad
hanc rem locis, è poetis accomodatioribus ,
seorsim tum decantandis, tumprxlcgendis,
quatuor vocum; Norimbergx apud Johan.
Petreium,ann. 1539. Beaucoup de collections
de motels et de chansons publiées dans le sei-
zième siècle renferment des pièces de ce
maître ; de ce nombre sont les suivants :
4° Liber seleclarum cantiohum quas vulgo
muletas appellant sex. quinque et quatuor
vocum; Augshourg, 1520, in-fol. max, sans
nom d'imprimeur. "On y trouve de Senfel le
molet à six voix Sancte Pater diousque decus .
le motet à cinq voix Gaude Marin Virgo, cl
enfin, les motels à quatre voix: Discubuit Jésus
cum discipulis; usque qui). Domine; Beuli
omnes qui tintent Dominant. Ces motels oui
élé inconnus à tous les historiens de la musi-
que. 4° (bis) Finkens (Henrici) Schœne aus-
serlesene Lieder sttmiiit àndern neuen Lie-
dern, von den furnehntsten dieser Kunst
gesetzt, lustig zu singen, etc. Nurnberg
durch ffeironymum Fovmschneider, 1 530,
i n-8" obi. Les .numéros 4fl, 48,49,50,51,52,
53, 54 et 55 de celle collection appartiennent
à Senfel. 5° Concenlus quatuor, quinque,
sex et octo vocum; Augshourg, 1545, in-4",
publié par Salblinger (voyez ce nom). G" Gla-
veani Dodecachordon, etc., Basilex per
ffenr. Pétri, 1547, in-fol. On trouve, dans cet
excellent ouvrage, un motet à quatre voix, de
Senfel, morceau curieux établi sur le thème
du solfège des divers intervalles, un Deus in
adjutorium meum intende à quatre voix, et
un canon énigmalique à trois voix avec l'in-
scription : Omne trinum perfectum. 7° Hun-
derl und fiinfftzehen guler newer Liedlein,
mit vier, fiinff, sechs Stimmen, vor nie in
Truck aussgangen, etc. (Cent quinze bonnes
et nouvelles chansons à quatre, cinq et six
voix, non encore publiées, etc.), dont Jean
Oit a été l'éditeur, à Nuremberg, en 1554. Les
autres anciens compositeurs allemands dont il
y a des pièces dans ce curieux recueil sont
Henri Isaak, Oswald Reyler, Thomas Stœlzer,
Jean Millier, Matthias Eckel, Élienne Mahu,
Guillaume Braytengasser, Arnold de Bruck,
Lupus Hellinck, Paminger, Sixte Dielrich cl
Jean Mannenmacher. 7° Psalmorum seleclo-
rum a prxstantissimis hujus nostri temporis
in arte musica artifteibus in harmon. qua-
tuor, quinque et sex vocum reductorum;
Nuremberg, 1542, in-4". Une deuxième édition
de ce recueil a élé publiée en 1553, dans la
même ville. On y trouve les psaumes Miserere,
et In exitu Israël, de Senfel. 8° Teutsche
Lieder mit vier und fiinff Stimmen (Chan-
sons allemandes à quatre el cinq voix); Nu-
remberg, 1534, in-4°. Ce recueil renferme des
chansons de Senfel, d'Arnold de Bruck et de
Braytengasser. 9° Contât. 2 vocum; Nurem-
berg, 1549'. 10° Forster (Georgii) Ausbund
scltœnen deutscher Liedlein zu singen, und
auf allerley Instrumentai zu gebrauchen,
10
SENFEL — SESNERT
sonder lich auserlesen. Von einem uberschen
und gebessert. 1, 2, 5, 4, 5 Theile (Recueil de
belles petites chansons allemandes à chanter,
et pour l'usage de toutes sortes d'instru-
ments, etc.); Nuremberg, Ulrich Nenber, 1550-
15G5, in-4". Dans la première partie de ce re-
cueil, on trouve quatre chants de Senfel; dans
la seconde, quatre; dans la troisième, sept;
dans la quatrième, neuf, et dans la cinquième,
onze. 1 1° Teutsche Lieder mit 4 und 5 Stim-
men (Chansons allemandes à quatre et cinq
voix); Strasbourg, 1545. 12° Officia Paschalia
de Resurrectione et Jscensione Dotnini;
U'ilebergx apud Georgium Rhaiv, 1539,
in-4°obl. Le psaume In Exitu Israël, à quatre
voix, se trouve dans ce volume. 13° Novum
opus musicum sex, qisinque et quatuor
vocum. Norimbergx, Hiergraphei, 1558,
in-4" obi. Dans ce recueil, publié par Jean Otl,
on trouve cinq cantiques à cinq et six voix par
Senfel. 14° Dipbona amena et floridu; No-
ribergx, in officina Joan. Montant et Ulrici
Neuberi, 1549, in-4°. Celte cofleclion de mu-
sique d'église, publiée par le Bavarois Erasme
llotenbocher, renferme trois Fragments de
Senfel. 15° Concentus octo, sex, quinque et
quatuor vocum . ominum jucundissimi ,
nuspiam antea sic xditi; Juguslx f inde-
licorum, per Philippum Uhlardum, 1545,
in-4"obl. Celte rarissime collection, dont Salh-
linger fut l'éditeur, renferme unmoletàcinq
voix par Senfel. 10° Stephani {démentis)
Triginta selectissimas cantiones, quinque,
sex. septem, oclo. duodecim et plurimum
vocum, sub quatuor tanlum arlificiose ,
musicis numeris a prxslantissimis Itujus
artis artifictbus ornatx ac compositx ; No-
rimbergx, in o/Jicini Ulrici Neuberi, 1568,
in-4". On trouve dans celle collection trois
motels de Senfel, à cinq et six voix. 17° Selec-
tissimx nccnon familiarissimx cantiones
ultra centum, varia idiomate vocum, tam
multiplicium quant eliam paucarum. Fugx
qunquc ut vocanlur, a sex usque ad duas
voces ; Augustx Vindelicorum f Melchiori
Kn'esstein excudebat, 1540, petit in-4° obi.
18° Psalmorum selcctorum a prxstanlis-
simis musicis in harmonias quatuor aut
quinque vocum redactarum. Tomi quatuor:
Norimbertjx apud Joli. Petreium, 15-38-
1542, in-4° obi. 19" Bicinia gallica, latina
cl germanica et quxdam fugx. Tomi duo;
J'ilebcrgx. apud Georg. Rhau, 1545, petit
in-4" obi. 20° figuli {Wolfgangi) Prima
pars Jmorum filii Dei domini noslri Jesu
Christi quatuor vocum; Vitebergx, 1574,
in-4" obi. Ce recueil contient vingt motets de
Figulus, et quelques autres écrits par des ar-
tistes plus anciens. Parmi ceux-ci on trouve
deux chants de Noël à quatre voix, par Senfel.
SEÏ>FF (Chaules-Samuel), prédicateur à
Slolpen, en Misnie, vers la fin du dix-seplième
siècle, est auteur d'une dissertation rare et
curieuse, intitulée : De Cantionibus fuuebri-
bus veterum; Leipsick, '089, in-4°.
SE^iFF (Charles-Frédéric), pasteur de
Saint-Maurice, à Halle, mort dans cette ville,
le 19. janvier 1814, a publié un sermon pro-
noncé à l'occasion de l'inauguration du nou-
vel orgue de son église, où il donne une notice
historique de sa construction. Cet écrit a pour
litre : Predigt bei der Einweihung der
neuerbaulen Orgel in der St.Morit'z Kirche
zu Halle, etc.; Halle, Gebauer, 1784, in-8°.
Il y a beaucoup d'autres écrils de ce savant
qui ne sont pas relatifs à la musique.
SEINGUERD (Walafrid), professeur de
philosophie et bibliothécaire à Leyde, vécut
dans la seconde moitié du dix-septième siècle
et au commencement du dix-huitième. On a
de lui une dissertation intitulée : Tractatus
de taranlula; Lugduni Batavorum, 1007,
in-4". Il en a été publié une deuxième édition
sous ce titre: Tractatus phgsicus de Tarait-
tula; Lugduni Batavorum, 1008, in-12°. Un
savant Danois, nommé Ager, a donné dans sa
langue une traduction de cet ouvrage intitulée :
Skrivt om de Jpuliske Edderlcoppe ; Copen-
hague, 1702, in-8° de quarante-huit pages,
avec une préface d'une feuille et demie. Sen-
gnerd traite dans cet opuscule des effets de la
musique pour la guérison de la morsure de la
tarentule.
SEISINEHT (Aivdré), savant orientaliste,
né à Willenberg, en 1000, s'appliqua, dés
l'âge de dix ans, à l'élude de l'hébreu et de ses
dérivés, sous la direction de 'Martin Trostius.
Après avoir fréquenté les principales univer-
sités de l'Allemagne et de la Hollande, il re-
tourna à Willenberg, et y fut nommé profes-
seur de langues orientales, en 1038. Il mou-
lut dans celte ville, le 22 décembre 1089, à
l'àgede quatre-vingt-trois ans. Parmises nom-
breux et savants ouvrages, on remarque deux
dissertations relatives à la musique des Hé-
breux; la première a pour litre: Dissertatio
de Musica quondam Hebrxorum. Elle se
trouve dans le cinquième volume des Thèses
soutenues à l'université de Willenberg pen-
dant le dix-seplième siècle. La deuxième dis-
sertation deSennert est intitulé : Dissertatio de
accenlis Hebrxorum; Willenberg, 1 070, in-4".
SÉPRÊS — SERASSI
17
SEPRÈS (Pierre-Yfres LA RAMEE
DE), né à Valenciennes, en 1797, s'esl l'ait le
disciple de Jacotot pour la méthode d'enseigne-
ment universel, en a fondé une école à An-
vers, en 1822, puis s'esl fixé à Paris, en 1828,
où il a établi un Lycée national pour la propa-
gation de la même mélhode. Il a publié un
grand nombre d'ouvrages concernant les arts
et les sciences, parmi lesquels on remarque
celui-ci : Instruction normale pour l'étude
de la musique, d'après l'enseignement uni-
versel, destinée aux personnes qui veulent
apprendre seules, et particulièrement aux
mères de famille; Paris, in-8°de vingt-quatre
pages.
SERAO (François), professeur de méde-
cine, à Naples, né à Anvers, en 1702, d'une
famille espagnole, mourut à Naples, en 1793.
On a de lui une brochure intitulée : Délia Ta-
rantola, o sia Falangio di Puglia; Naples,
1742, in-4°. Il y traite des effets de la musi-
que sur les personnes qui ont été piquées par
la tarentule.'
SERASSI (JosErn), célèbre fadeur d'or-
gues, issu d'une famille qui s'était distinguée
dans la construction de ces instruments, na-
quit à Bergame, au mois de novembre 1750.
Dès son enfance, il étudia les principes et le
mécanisme de son art dans les ateliers de son
père, et y fit de rapides progrès. Après avoir
terminé ses éludes scientifiques, littéraires et
musicales, il commença à se livrer à la facture
des instruments : son premier grand ouvrage
fut l'orgue double de Saint-Alexandre de Co-
lonne, à Bergame. Ces deux orgues sont pla-
cées en face l'un de l'autre, onl chacun deux
claviers et pédale, et forment ensemble quatre-
vingt-quatre registres, dont trente registres
de fond el de récit, et cinquante-quatre jeux
d'anches et de plein jeu. Elles peuvent être réu-
nies sous la main d'un seul organiste par un
mécanisme souterrain si parfait et si prompt
dans ses manœuvres, que les passages les plus
rapides sont exécutés avec l'ensemble le plus
exact par les deux instruments, quoiqu'ils
soient éloignés l'un de l'autre d'environ cin-
quante mètres. En 1792, Serassi construisit
dans l'église ducale deColorno un grand orgue
de quatre-vingt-deux registres, et y employa
pour la première fois de grands réservoirs de
venlqui empêchent lesondulalionsdel'airdans
les tuyaux. Huit ans après, fut achevé par Se-
rassi le bel orgue de l'église de V^nnunziata
de Como, un dés plus beaux ouvrages de cet
artiste. Il est composé de trois claviers, et de
quatre-vingt-six registres, avec beaucoup d'in-
EIOGK. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
ventions ingénieuses pour les accouplements.
Serassi donne lui-même la description de cet
instrument dans un petit écrit intitulé : Des-
crizione ed osservazioni pcl nuovo organo
posto nella chiesa dell' Annunziata diC'omo
(Description du nouvel orgue placé dans
l'église de l'Annonciation à Como) ; Como,
1808, in-8".Dans la même année, Serassi ter-
mina, avec son fils Charles, un orgue dans
l'église du Crucifix, à Milan. Un amateur de
cette ville en donna la description, intitulée :
Del nuovo organo, opéra de' Signori Serassi,
nel sanluario del Crocifisso; Milan, 1808,
in-8°. Dans sa description de l'orgue de Como,
Serassi dit que son aïeul perfectionna la qua-
lité de son des jeux de flûte, de hautbois el de
basson, et que ce fut lui qui inventa le (ira
lutta, registre par lequel on réunit d'un seul
coup lous les jeux de l'orgue. On cite comme
deux des meilleurs ouvrages de Serassi l'orgue
qu'il a construit, en 1812, dans l'église de
Saint-Eustorgue de Milan, el qui fut achevé le
G janvier 1812, bel instrument de trente-deux
pieds, et celui qu'il termina en 1815, dans
l'église Saint-Thomas, de la même ville. Sa
dernière production fut le plan d'un grand
orgue pour la cathédrale de Plaisance, qui au-
rait surpassé par sa dimension , cl par le
nombre de registres et d'inventions nouvelles,
tout ce qui avait été fait jusqu'alors. Il n'eut
pas le temps d'en entreprendre la construc-
tion, ayant cessé de vivre en 1817. Peu de
temps avant sa mort, il publia quatre lettres
sur les orgues en général el sur ses travaux en
particulier, sous ce litre : Sugli organi. Bcr-
gamo, nella sl-ampcria ISalali, 181 G, in-4J
de soixante- treize pages.
SER-VSSI (Charles), aîné de trois fils de
Joseph, qui se sonl associés pour la construc-
tion des orgues, a acquis une célébrité égale
à celle de son père. Il est né à Bergame, vers
1786, et a étudié dès son enfance la construc-
tion des orgues sous la direction de son père,
qu'il a aidé depuis 1807 dans ses travaux, no-
tamment dans les orgues de Como et de Saint-
Thomas, à Milan. Les frères Serassi sont les
facteurs les plus renommés de l'Italie; leurs
ateliers sont établis sur la plus grande échelle;
on y construit à la fois douze ou quinze oi-
gnes, dont plusieurs de trente-deux pieds.
Leurs plus célèbres ouvrages sonl les orgues de
Saint-Philippe, à Turin, de Sainte-Marie del
Carminé, à Venise, de l'église des Jésuites à
Plaisance, de Sainte-Catherine martyre, a Bo-
logne, de VégVïsedelGesù à Rome, enfin l'orgue
double de Sainte- Marie Majeure, à Trente.
18
SERICUS — SEIOllSY
SERICES, organarius ou fabricant d'or-
gues hydrauliques, vivait à Rome, vers l'an
368 de l'ère chrétienne. Dans cette même
année, il fut impliqué dans une affaire d'em-
poisonnement, condamné et exécuté (voyez
Ammien Marcellin, liv. XXVIII, au com-
mencement). Ce nom est le seul qui soit par-
venu .jusqu'à nous d'un artisan dont la profes-
sion consistait à construire des hydraules ;
d'autre part, nous voyons, par ce qui concerne
Sericus, que ce genre d'instruments était en-
core en usage à Rome, dans la seconde moitié
du quatrième siècle.
SERII\G (Frédéric-Guillaume), organiste
et professeur de musique au séminaire évan-
géliqne des instituteurs, à Franzbourg (Pomé-
ranie), fit ses études musicales à Berlin, sous
la direction du professeur Marx. En 1851, il
fut nommé professeur de musique à Kœpenik,
près de Berlin ; deux ans après, il obtint ses
places à Franzbourg. On a de cet artiste :
1° Le psaume 72 pour un chœur de voix mêlées
avec accompagnement de piano, op. 5; Berlin,
E-slinger. 2° Le psaume 95 idem, op. 12 ;
ibid. 3° Le motet Uerr leite mich, idem,
op. 20; ibid. 4° L'entrée de Jésus-Christ à
Jérusalem, oratorio de VAvent pour voix
seules, chœur et orchestre; Magdebourg,
IL inrichshofen, 1800. 5° Un grand nombre
de Lieder à voix seule avec piano, en recueils
ou détachées; Berlin, Gaillard, Esslinger,
Bock, Schlesinger , etc. G" Des chants pour
quatre voix d'hommes; Erfurt, Kœrner.
7° Prélude et fugue à trois sujets pour orgue;
Berlin, Gaillard. 8° Deux Lieder sans paroles
pour piano; ibid. 9° Toccale (en mi bémol)
pour orgue, op. 15; Berlin, Bock. 10° Con-
certo (en ut mineur) pour orgue ; Erfurt, Kœr-
ner. 11° Introduction et fugue (en ut majeur)
idem, op. 21; ibid. 12° Méthode de chant pour
les écoles populaires; GUlersIob, Bertelsmann.
15° Méthode élémentaire de violon ; Magde-
bourg. Heinrichshofen.
SERIAI (Joseph), compositeur, né à Cré-
mone vers 1645, n'est connu que par le livret
d'un oratorio intitulé : // Getiio deluso , qui
fut exécuté dans la chapelle de l'impératrice
Éléonore, en 1680. Ce livret a été imprimé à
Venise, chez Pierre-Paul Viviano, dans la
même année.
SERVIES (François DE), pseudonyme du
P. MERSEKiI>E (voyez ce nom).
SERMISY (Claude DE), compositeur
français du seizième siècle, est désigné simple-
ment par le nom de CLAUDIIV dans les an-
ciens recueils où l'on trouve ses compositions.
; Ce musicien, homme de mérite, est un des
' moins connus de son époque, quoiqu'il ait été
un des plus considérables par son talent et par
sa position. J'ai trouvé les premiers rensei-
gnements positifs sur sa personne dans les
comptes de dépenses de la cour de France re-
latives à la musique, dont j'ai fait connaître
les curiosités dans une suite d'articles de la
Revue musicale (lom. XII, 18-52). Un de ces
comptes, dressé par maître Bénigne Sevré,
conseiller du roi et receveur général des
finances de la généralité de Languedoc, pour
l'année 1552, nous fait connaître que maître
Claude deSermisy était alors sous-maître de
la chapelle du roi et premier chantre ou direc-
teur de musique de ladite chapelle, aux ap-
pointements de quatre cents livres tournois;
que de plus il lui avait été payé mille quatre-
vingts livres pour la nourriture et l'entretien de
six enfants de chœur, et qu'enfin il avait reçu
deux cent cinquante livres tant pour l'entre-
tenement de la chapelle que pour envoyer
quérir des chantres (1). Après la mort de
François I<r, roi de France, en 1547, Claude
de Sermisy eut le litre de premier chantre de
Henri II, titre qui équivalait alors à celui de
maître de chapelle. Ce renseignement nous
est fourni par un compte des officiers domes-
tiques du roi Henri 11 ', depuis 1545 jusqu'en
1559 (époque où ce prince fut blessé mortelle-
ment dans un tournoi). Après cette dernière
époque, on ne trouve plus de renseignements
sur Claude de Sermisy, et son nom disparait
des comptes. Il y a donc lieu de croire qu'il
ne vécut pas longtemps après 1560, car ses
compositions étaient déjà imprimées dans les
recueils avec celles des musiciens les plus cé-
lèbres, en 1528, c'est-à-dire (rente-deux ans
auparavant. Cependant on pourrait croire
qu'il occupait encore sa place de maître de
chapelle du roi en 1508, car on lui donne ce
titre, conjointement à celui de chanoine de la
sainte chapelle du Palais (Reqio symphonia-
corum ordini piwfeclo, et in reyali pari-
siensis palalis sucello canonico), dans i\n
recueil de messes de sa composition publié par
Nicolas Duchemin.
Ainsi qu'on l'a vu plus haut, Claude «le Ser-
misy est désigné par le simple nom de Claudia
dans la plupart des recueils où l'on trouve
quelques pièces de sa composition ; il n'est
appelé du nom de Claudin de Sermisy que
dans le recueil de messes que je viens île
citer, et dans un autre recueil de trois messes
(I) Voyez la licruc musicale, tome XII, pnges 242
et '243.
SERMISY — SERRA
•10
publié en 1583. Le plus ancien recueil où j'ai
Irouvé îles pièces de ce musicien a yoiw litre :
1" Vingt-neuf chansons musicales à quatre
parties, imprimées à Paris par Pierre At~
taingnantf libraire, demourant en la rue de
la Harpe, près de l'église Saint-Cosme,
1528, in-8° obi. Une deuxième édition de ce
recueil a élé publiée par le même libraire en
1550. On y trouve quatorze chansons de Gan-
din, avec quelques autres pièces du mémo
genre par Jannequin, Jacotin, Passereau,
Consilium, Beaumont, etc. 2° Le troisième
livre de la même collection a pour titre :
Trente et une chansons musicales, etc.;
Paris, P. Attaingnant, 1829, in-8° obi. On y
trouve treize pièces de Gandin, 3° II y a aussi
quatre chansons à quatre parties, de Sermisy,
dans le septième livre de la même collection
publié par le même imprimeur, en 1530, in-8"
obi. Cette précieuse collection, divisée en onze
livres, renferme trois cent quarante-quatre
chansons françaises à quatre parties, com-
posées par les musiciens français les plus cé-
lèbres qui vécurent dans la première moitié
du seizième siècle : on la trouve complète à la
bibliothèque impériale (.e Paris, sous le n" V,
2G89, in-8° obi., quatre volumes. Claude de
Sermisy a beaucoup écrit pour l'église; on
trouve des motets de sa composition dans les
recueils suivants : 4° XII Motelz à quatre et
cinq voix composés par les autheurs cy des-
soubz escripts. Nagueres imprimés à Paris
par Pierre Attaignant demourant, etc.,
1529, in 8° obi. On y trouve les motets : Do-
mine quis habitabit, Michaele archangele,
Nativitas est hodie, et Preparate corda
veslra, de Gandin; les autres sont de Gom-
beit, Jean Mouton, Dorle et Deslouges.
5" Liber seplimus XXIITI trium, quatuor,
quinque, sex vocum jllodulos Dominici ad-
venlus, nativitalisque cjus, ac sanclorum
co tempore occurrentium habet. Parisiis in
vico Citharea apud Petrum Attaingnant
musicx calcographum, 1533, in-4° obi.,
gothique. On trouve dans ce recueil le motet
Da pacem de Gandin. G0 Liber decimus ;
Passiones Dominice in Ramis palmarum,
Veneris sancte (sic) , nec non lectiones
feriarum quinte, sexte, ac sabbati hebdo-
viade sancte .• multaque alla quadragesime
congruentia, ut palam videre licet. Parisiis
apud Petrum Attaingnant, 1554, in-4° obi.
; othique. Ce livre contient les Lamentations
de Jérémie pour le samedi saint par Gandin,
les Passions d'après saint Mathieu et saint
J.-an, et un Resurrexi par le même maître.
Les Lamentations de Jérémie ont élé réim-
primées dans un recueil publié à Nuremberg,
en 1549. 7" Liber undecimus XXVI musi-
cales habet modulos et quinque vocibus
editos. Parisiis, apud Petrum Attaingnant,
15-34, in-4° obi. gothique. On trouve dans ce
recueil dix motels à quatre et cinq voix, de
Gandin. 8° Miàsarum musicalium, cerla
vocum varietate secundum varios quos re-
ferunt modules distinctarum. Liber primus,
ex diversis iisdeinqueperitissimis auctoribus
collectas. Parisiis, ex (gpographia Nicolai
Du Chemin sub insignis Gryphonis ar-
gentei , 15G8, in-fol. Les diverses voix des
messes sont imprimées en regard. Les messes
de Gandin sont ici indiquées sous le nom de
Gandin de Sermisy; elles sont au nombre de
six, savoir : 1° Quare fremuerunt, à cinq
voix ; 2° Ab inilio, à quatre voix ; 5° Voulant
honneur, idem; 4° Tota pulchra es, idem.
5° Philomena jtrxvia, idem ; G0 Surgens
Jésus, idem. 7° JWssx très quatuor vocum
auctore Cl. de Sermisy. Parisiis, ex offre.
Ballardi, 1583, in-fol. max. On trouve des
morceaux de Claude de Sermisy dans les re-
cueils intitulés : 1° Selectissimx nec non fa-
miliarissimx cantiones ultra cenlum, etc.;
Augustx Vindelicorum , Melchior Kries
slein, 1540. 2° Cantiones septem, sex et
quinque vocum. Longe gravissimx, juxta
ac amœnissimx, etc., ibid., 1545. 3° Modu-
lationes aliquot quatuor vocum, quas vulgo
Modetas (sic) vocant a prxstantissimis mu-
sicis compositas, etc. Noribergx per Joh.
Petreium, 1538. 4° Tomus secundus Psal-
morum seleclorum quatuor et quinque vo-
cum; ibid., 1539. 5° Tomus tertius Psal-
morum,elc, ibid., 1542. G" Bicinia gallica,
latina et germanica, et quxdam fugx. Tomi
duo. Vitebergx, apud Georg. Rhav, 1545.
Une belle collection de chansons et de motets
à quatre voix, en manuscrit du seizième
siècle, qui a appartenu à madame la duchesse
d'Orléans, mère du roi Louis-Philippe, l'en-
ferme un grand nombre de pièces de Goudimel,
Jannequin, Arcadet, Jacotin, Mouton, Gom-
bert, Passereau, Mornable, Gandin, et d'au-
tres musiciens français de ce temps.
SERRA (Michel-Ange), prêtre et maître
de chapelle de l'église de Sainte-Marie del
Vado à Ferrare, naquit à Manloue, en 1571.
Les ouvrages connus de sa composition sont :
1° Complelorium Romanum 4 vocum; Ve-
nise, 1G03. 2° Missarum quatuor vocum
liber primus; Veneliis, apud Jac. Vincen-
tiuum, 1G0G, in-4". Dans l'année suivante,
2.
20
SERRA — SERRE
une réimpression de ce livre de messes parut
sous ce tilre : Missx quatuor vocum; Anvers.
1607, in-4°. On trouve à la fin de celte édition
une messe de morts de Clément surnommé
non papa. 3° M issarum quatuor vocum liber
secundus. Veneliis, apudJac. T'incentinum,
1615. 4° Motettx 4 vocum. Ce dernier ouvrage
est indiqué dans lecalaloguede la bibliothèque
du roi de Portugal, Jean IV, mais sans nom
de ville et sans date.
SEUI«A (Paul), chapelain chantre de la
chapelle pontificale, à Rome, naquit à Novi, et
fut agrégé au collège des chapelains chantres,
en 1753. On a de lui un livre intitulé : Intro-
duzione armonica sopra la nuova série de'
suoni modulati in oggidi, e modo di retta-
inente e più facilmenle inluonarla; Rome,
Giunchi, 1708, in-4°. C'est un nouveau sys-
tème de solfège au moyen de syllabes diffé-
rentes pour chaque ton et chaque mode.
SERIîA (Jean), compositeur, est né à
Gènes, en 1787. Élève de Gaétan Isola pour le
contrepoint, il s'est particulièrement formé
dans la connaissance des styles par l'élude des
partitions des grands maîtres. On connaît de
lui deux messes solennelles avec orchestre,
une messe de Requiem, une cajilale sur la
naissance du roi de Rome, exécutée au théâtre
de Gènes, des symphonies, quatuors, trios et
duos pour divers instruments.
SERRE (Jean- Ad ah), peintre, chimiste et
musicien, naquit à Genève, en 1704. Antago-
niste des systèmes d'harmonie imaginés par
Rameau et par Tarlini (voyez ces noms), il les
attaqua dans ses écrits en homme initié dans
l'art d'écrire en musique, et avec un esprit
d'analyse fort remarquable. Arrivé à Paris en
1751, il y débuta par des observations très-
justes sur le prétendu troisième mode que
Dlainville (voyez ce nom) croyait avoir décou-
vert. Elles parurent dans le Mercure de
France du mois de janvier 1742 (p. 160 et
suivantes), sous ce titre : Réflexions sur la
supposition d'un troisième mode en mu-
sique. L'année suivante, il publia ses Essais
sur les principes de l'harmonie, où l'oti
traite de la théorie de l'harmonie en général,
des droits respectifs de l'harmonie et de la
mélodie, delà basse fondamentale, et de l'ori-
gine du mode mineur ; Paris, Piault, 1753,
in-8" de cent cinquante-neuf pages. A la fin
du livre, les réflexions sur le troisième mode
sont reproduites. Quelques exemplaires de
l'édition de Paris ont un frontispice qui porte
la même date, avec l'indication de Genève.
Ecrivant à Taris, où régnait alors une admira-
tion sans bornes pour le système de la basse
fondamentale, Serre était obligé d'user de
beaucoup de précautions pour faire la critique
de celte théorie ; d'ailleurs, il croyait à la né-
cessité du phénomène de la résonnance mul-
tiple des corps sonores graves comme une des
bases d'une théorie véritable et complète de la
science (voyez les Essais, etc., p. 7, note VI);
mais il ne pensait pas que ce principe fut le
seul, et c'est sur ce point que porte en général
sa critique, faisant voir que les conséquences
rigoureuses que Rameau en lire le conduisent
à des résullals opposés aux faits établis dans
la pratique de l'an. Il démontre très- bien en-
suite qu'il peut y avoir une basse fondamentale
beaucoup meilleure que celle de Rameau. Dans
le troisième essai qui termine le livre, Serre
fait une critique fort juste des formules par
lesquelles Euler a exprimé les séries de sons
des gammes majeure et mineure (p. 133-155).
De retour à Genève, Serre se livra à l'exa-
men du système de Tarlini et en démontra la
faiblesse, ou plutôt la fausseté. Blessé du peu
de cas que d'Alembert semblait avoir fait de
ses Essais, etc., dans l'article Basse fonda-
mentale, il se livra à un examen sévère des
erreurs du célèbre géomètre en matière de
musique, et rétracta les éloges qu'il lui avait
accordés dans son premier ouvrage ; enfin, il
fil un troisième travail non moins juste que
sévère sur le mauvais livre de Geminiani
(voyez ce nom), intitulé: Guide harmonique.
Ces trois dissertations furent réunies par lui
dans un volume qui a pour tilre : Observa-
lions sur les principes de l'harmonie, occa-
sionnées par quelques écrits modernes sur ce
sujet, et particulièrement par l'article fon-
damental de M. d'Alembert dans V Encyclo-
pédie, le Traité de théorie musicale de
M . Tarlini , et le Guide harmonique de Jlf. Ge-
miniani; Genève, Gosse, 1763, in-8". Senne-
bier a confondu cet ouvrage avec le premier,
en lui donnant ce tilre : Essai sur les prin-
cipes de l'harmonie occasionné par quelques
écrits modernes, etc. (voyez Histoire litté-
raire de Genève, t. III, p. 326); puis, sous le
litre simple d'Observations sur les principes
de l'harmonie, il a supposé une édition faite à
Paris, en 1765, qui n'exisle pas; enfin, il a
aussi supposé un troisième ouvrage de Serre,
intitulé : Théorie de l'harmonie en général,
ou des observations sur la basse fondamen-
tale, l'origine du mode mineur, la basse fon-
damentale et les droits respectifs de la mélo-
die et del' harmonie, in-8°, 1753. Or, ce litre,
qui n'a point de sens, n'est qu'un mélange in-
SERRE
SERVAIS
21
cohérent de l'inlilulé «le quelques chapitres
des Essais sur les principes de l'harmo-
nie, elc., publiés à Paris, en 1753. Il est dif-
ficile d'accumuler plus d'erreurs à la fois:
celles-ci ont trompé M. Quérard, qui avait cru
pouvoir prendre Sennebier pour guide dans le
neuvième volume de la France littéraire
(p. 77).
SERRÉ (Jean DE), né à Rienx, petite
ville de la Haute-Garonne, vers la fin du dix-
septièrrre siècle, a écrit un poème en quatre
chanls intitulé : la Musique, qui fut publié à
Amsterdam, chez Roger, 1714, in- 12, puis à
Lyon, chez André Laurens, 1717, in-4", et
enfin, à La Haye, 1737, in-12. Ce poëme fut
réimprimé dans un recueil qui a pour titre :
Les Dons des enfants de Latone,la musique
et la chasse au cerf, poëmes, sans nom d'au-
teur; Paris, 1734, in-8°. Une nouvelle édition
du poème de Sérié sur !a musique a été don-
née par Cubières-Palmézeaux ; mais, par une
«le ces fraudes littéraires assez communes au-
trefois, l'ouvrage était attribué à Gresset, et
présenté comme inédit. Le recueil où se trouve
ce morceau est intitulé : Epître à Gresset, au
sujet de la reprise du Méchant, en 1804, sui-
vie de deux ouvrages de ce poète célèbre (le
Chien pécheur et lu Musique, poëmes), qui ne
sont dans aucune édition de ses œuvres, et
d'une épllre à un jeune provincial, intitulée :
l'Art de travailler aux journaux. Par l'ex-
révérend P. Ignace de Castelvedra, petit-
neveu du R. P. Brumoy (Cubières-Palmé-
zeaux); Paris, Moronval , 1812, in-8° de
quatre-vingt-treize pages. Tout est rempli de
faussetés dans celle publication, car le Chien
pécheur , ou le Barbet des cordeliers
d'Etampes, avait été publié, vers 1730, par
Hémard d'Anjouan.
SERVAIS (Adrien-François), célèbre vio-
loncelliste et professeur au Conservatoire
royal de Bruxelles, est né à Hal, petite ville
du Biabant, à trois lieues de Bruxelles, le
7 juin 1807. Fils d'un musicien attaché à
l'église de cette ville, il reçut de lui les pre-
mières leçons de musique et de violon. M. le
marquis de Sayve, amateur distingué qui pos-
sède une terre près de Hal, charmé des heu-
reuses dispositions du jeune Servais, leur
donna plus tard une meilleure direction, et le
confia aux soins de Van derPlancken, pre-
mier violon du théâtre de Bruxelles, et bon
professeur. Cependant Servais n'avait point
encore découvert quelle était sa véritable des-
tination, lorsque le hasard lui ayant procuré
l'occasion d'entendre exécuter un solo de vio-
loncelle par Platel (voyez ce nom), le plaisir
qu'il en ressentit fut si vif, que dès ce moment
il prit la résolution d'abandonner tout autre
instrument pour se livrer à l'étude de celui -là.
Admis au nombre des élèves du Conservatoire
de Bruxelles, il y reçut des leçons de ce même
Platel dont le talent l'avait charmé, et sous la
direction de ce mailre habile, le talent qu'il
avait reçu de la nature se développa avec ra-
pidité. En moins d'une année, il surpassa tous
ses condisciples, et obtint le premier prix au
concours. Devenu répétiteur du cours de
Plalel , il entra à l'orchestre du théâtre de
Bruxelles et y resta trois années, augmentant
chaque jour son talent par ses éludes, mais
ne parvenant pas à fixer sur lui l'attention
publique , parce qu'à cette époque le goul
de la musique était peu vif à Bruxelles. Ser-
vais consulta l'auteur de cette Biographie sur
la direction qu'il devait donner à sa carrière,
et celui-ci lui conseilla d'aller à Paris, et lui
donna des lettres de recommandation qui lui
procurèrent le moyen de se faire connaître
immédiatement. Ses succès dans les concerts
où il se fit entendre furent complets, et le pla-
cèrent au premier rang des violoncellistes,
quoiqu'il n'eut pas encore atteint la perfection
de mécanisme où ses éludes postérieures l'ont
conduit.
En 1834, Servais se rendit à Londres et y
joua dans les concerts de la société Philhar-
monique. De retour en Belgique, il s'y livra
pendant deux ans à de nouvelles études et s'ou-
vrit de nouvelles routes dans les difficultés de
mécanisme. C'est à cette époque surtout que
son talent atteignit un brillant, une hardiesse
dans les traits, qui n'ont été égalés par aucun
violoncelliste. Ses premières compositions
datent de ce même temps : elles se firent re-
marquer surtout par la nature des difficultés
nouvelles dont Servais s'était proposé le pro-
blème, et qu'il avait résolu. Au commencement
de 1836, il retourna à Paris et y joua dans plu-
sieurs concerts, puis revint en Belgique et
parcourut la Hollande, en 1837. Ce voyage fut
pour lui une suite de triomphes. Les journaux
de l'Allemagne commencèrent alors à faire
connaître son nom dans le Nord. Revenu dans
sa patrie, l'artiste se prépara, par de nouvelles
éludes, au voyage qu'il se proposait de faire en
Russie. Au commencement de 183'J, il partit
pour Pélersbourg, visitant Lubeck, Riga, et
partout faisant naître l'admiration pour son
incomparable habileté. L'enthousiasme fut à
son comble aux concerts qu'il donna dans la
capitale de la Russie. Après une année d'ab-
ir,q
SERVAIS — SESSI
sence, Servais revint à liai an mois d'avril
1840. Il se fit alors entendre à Bruxelles, à
Anvers, à Spa, et ne trouva pas moins de sym-
pathie parmi ses compatriotes que dans les
pays étrangers. Au mois de février 1841, il
entreprit un second voyage dans le Nord, et
visita -pour la deuxième fois Pélersbourg et
Moscou. Après la saison des concerts, il prit sa
roule par la Pologne, fit naître des transports
d'admiration à Varsovie, puis visita Prague et
Vienne. Les journaux de ces villes ont fait con-
naître la vive impression que son talent y a
produite. Plusieurs concerts purent à peine
satisfaire la curiosité des artistes et des ama-
teurs ; les avis n'y furent point partagés sur le
mérite de l'artiste : tout le monde s'accorda à
le saluer comme le premier violoncelliste de
son époque. Servais a fait un deuxième voyage
en Hollande, en 184ô. Dans l'année suivante,
il partit pour l'Allemagne, visita Berlin, Leip-
sick et Hambourg, excitant partout l'admira-
tion par son incomparable talent; puis il en-
treprit un troisième voyage en Russie, qu'il
parcourut jusqu'en Sibérie. Un des plus beaux
triomphes de Servais fut celui qu'il obtint à
Paris dans l'hiver de 1847. Depuis lors il a
visité le Danemark, la Suède, la Norwége, les
villes rhénanes, où il a é(é rappelé plusieurs fois,
ainsi que les villes principales de la France.
En 1848, il a été nommé professeur de violon-
celle au Conservatoire royal de Bruxelles,
où il a formé un grand nombre d'élèves dis-
tingués. Servais s'est marié à Pétersbourg,
en 1842. Nommé violoncelliste solo du roi des
Belges, il est officier de l'ordre de Léopold. Il
a publié trois concertos pour violoncelle;
seize fantaisies pour violoncelle et orchestre;
six études caprices pour cet instrument avec
piano. De plus, il a fait, en collaboration avec
J. Grégoire, quatorze duos pour piano et vio-
loncelle sur des motifs d'opéras; trois idem
pour violon et violoncelle avec Léonard, et un
idem avec H. Vieuxtemps. Tous ces ouvrages
ont été gravés à Mayence, chez Scholt.
SEUVEV (Jean), né à Orléans, vers 1 530,
s'établit à Lyon, en 1572, et y passa le reste
de sa vie. Il a composé : 1° Psalmes de •David,
à trois parties; Orléans, 1565, in-4° oblong.
2° Chansons à quatre, cinq, six et huit par-
ties; livres I et II, Lyon, Charles Posnot, 1578,
in-4° obi. ô" Psalmi Davidis à G. Bucha-
nano versibus expressi, nutic primum mo-
dulis 4, 5, G, 7 et 8 vocum decanlandi ; Lug-
duni, apud Carolum Posnot, 1579, in-4°
oblong.
SESE (Don Jla>), organiste de la chapelle
du roi d'Espagne, vécut à Madrid dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle. On a pu-
blié de sa composition : 1° Fcrsos de organo
para cl cantico del Magnificat y démos
Psalmos de la Iglesia,en sept livraisons ; Ma-
drid, Miguel Copin, 1774. 2° Six fugues pour
l'orgue ou le piano: ibid., 1774.
SESÉ Y BELTRAN (D. Basilio), né à
Saragosse, en 1656, y étudia la musique dès
l'âge de sept ans. Il fut organiste de l'église
des Carmes-Déchaussés royaux à Madrid. On
connaît de lui en Espagne quelques composi-
tions de mérite pour l'orgue, restées en ma-
nuscrit.
SESSI (Marianne), cantatrice, née à Rome,
en 1776, s'est particulièrement distinguée par
l'exécution la plus brillante des airs de bra-
voure, et la beauté de sa voix. Conduite par
son père en Allemagne, en 1792. elle débuta
l'année suivante à l'Opéra séria de Vienne.
En 1795, elle épousa un riche négociant
nommé Natorp, que quelques biographes ont
confondu avec le baron de Natorp. Depuis ce
temps elle a été connue sous le nom de Sessi-
Natorp, quoiqu'elle ait été plus lard séparée
de son mari. Après neuf années d'interruption
dans sa carrière théâtrale, elle se rendit en
Italie, chanta avec le plus grand succès à Ve-
nise, en 1805, et de là passa au théâtre de la
Scala ii Milan, où elle brilla en 1806. Entrée
au service de la reine d'Élrurie, vers la fin de
la même année, elle reçut une médaille d'or
d'honneur de l'Académie des beaux-arls de
Florence, en 1807. Une autre médaille lui fut
décernée à Livourne, où elle chanla dans le
même lemps; celle-ci portait pour inscription :
A MariannaSessi insigne contante. Livorno,
1807. Après avoir chanté, pendant le carnaval
de 1808, au théâtre de la Scala, à Milan, elle
se rendit à Naples, où elle brilla pendant deux
ans sur le théâtre Saint-Charles; puis elle se
rendit en Portugal et excita des transports
d'admiration à Lisbonne. Appelée à l'Opéra
italien de Londres, elle y causa aussi autant
de plaisir que d'élonnemciit. En 1816, elle
retourna en Allemagne, et se fit entendre à
Leipsick, à Dresde, à Berlin et à Hambourg,
pendant les années 1817 et 1818. De celle der-
nière ville, elle se rendit à Copenhague, où
elle demeura plusieurs années. Oubliée après
ce lemps, elle reparut tout à coup pour la troi-
sième fois en Allemagne, vers la fin de 1835,
et bien qu'âgée de soixante ans, elle chanla
dans l'année suivante à Hambourg le rôle de
Pggmalion, dans l'opéra de ce nom. Ce fut sa
dernière apparition sur la scène ; peu de lemps
SERRE — SEUFEERÏ
23
après elle se relira à Tienne, où elle est morte,
le 10 mars 1847. On a publié de la composition
de celte cantatrice : 1° Nocturne (Già la nolle
s'acvicina), à deux voix, avec accompagne-
ment de piano; Leipsick, Brcitkopf et HJerlel.
2» Tre ariette italiane; Paris, Pacini. 5" Tre
canzonette; Hambourg, Bœhme. 4° Dieci
canzonette ilaliane; Leipsick, Breilkopf et
Hœrtel.
SFSSI (Impératrice), sœur de la précé-
dente, naquit à Rome, en 1784. Conduite par
sa famille à Vienne dans son enfance, elle dé-
buta sur le théâtre italien de celte ville, et y
excita la plus vive admiration. Dans l'année
suivante, elle épousa le ma.jor de Natorp,
beau-frère de sa sœur, et elle se rendit ensuite
à Venise, où elle chanta avec le plus brillant
succès pendant le carnaval. Dans les années
180G et 1807, elle se fil admirer au théâtre de
la Scala. à Milan. De si brillants débuts sem-
blaient lui promettre une heureuse carrière:
mais elle mourut d'une maladie de poitrine, à
Florence, le 25 octobre 1808, à l'âge de viugt-
qualre ans et quelques mois.
Deux autres sœurs de celte famille d'artistes
ont brillé comme cantatrices en Allemagne.
La première (Anne-Marie Sessi) naquit à
Rome, en 1790, et commença sa carrière à
Vienne, en 1811, puis chanta au théâtre de
Peslh,en Hongrie, pendant l'année 1814, sous
le nom de Neumann- Sessi. Depuis ce temps,
elle a paru avec succès sur les théâtres de Mu-
nich, de Carlsruhe, de Francfort, de Hanovre,
de Hambourg, puis elle retourna à Vienne.
A la suite d'une longue et douloureuse maladie,
elle perdit la voix en 1823. Elle est morte
à Vienne, le 9 juin 18G4. La dernière des
sœurs de ce nom (Caroline Sessi) a chanté
pendant quelque temps au théâtre du Fonde-,
à Naples.
SESSI (Marie-Thérèse), cantatrice, n'est
pas de la même famille que les précédentes.
Elle commença sa earrière en 1805, au théâtre
<lc Parme; chanta, dans l'année suivante, au
théâtre de la Scala, à Milan, y reparut deux
ans après, puis se rendit à Vienne, et en der-
nier lieu en Pologne et en Russie. Dans les
années 1835 à 1837, elle a repara sur quelques
théâtres en Italie, mais n'y a point excité l'at-
tention du public.
SEUFFEIIT (Jean-Philippe), facteurd'or-
gues du prince de WUrzbourg, naquit en 1G73,
.à Gessenhcim, près de Carlsladt, en Bavière.
Dès son enfance il montra de si heureuses dis
positions pour la facture des orgues, que l'ha-
bile facteur Hol'inann lui o!TYit de le prendre
en apprentissage, ce qui fut accepté avec joie.
Seuffert suivit donc Hofmann à WUrzbourg, et
telle fut son assiduité au travail, qu'après les
sept années de son apprentissage, il fut con-
sidéré comme un excellent ouvrier. Il entrt-
pril alors de longs voyages, visita Vienne et les
principales villes de la Hongrie et de la Bo-
hême. Il était en Pologne lorsqu'il reçut une
lettre de son ancien maître Hoffmann qui le
rappelait à WUrzbourg, où il épousa la veuve
du facteur Hellenbrand. Son premier ouvrage
fut l'orgue de l'église de Hœchberg, dont les
qualités remarquables fixèrent sur lui l'atten-
tion publique. Bientôt il reçut de nombreuses
commandes qui l'obligèrent à donner de l'ex-
tension à sa fabrique. Le nombre des instru-
ments qu'il a construits s'élève à plus de deux
cents. Parmi les plus importants, on remar-
que : 1° Celui d'un couvent de Bénédictins en
Weslphalie, composé de trente-six jeux, avec
pédale de trente-deux pieds et quatre claviers
à la main. 2° Le grand orgue d'Eberach.
3° Celui du couvent de Bauz, en Bavière.
4° L'orgue de la chapelle de la cour à WUrz-
bourg. Seuffert mourut dans celle ville, en
1700, à l'âge de quatre-vingt-sept ans.
SEUFFERT (Jean-Ignace), fils aine du
précédent, né à WUrzbourg, en 1727, apprit
l'art de la construction des orgues sous la di-
rection de son père. Dans sa jeunesse, il alla
se fixer en Alsace, travailla quelque temps chez
le facteur d'orgues Dicpony, et l'aida dans la
construction de l'orgue du couvent de Kron-
weisenbourg. L'orgue de Reinigen, qu'il exé-
cuta seul ensuite, lui fit beaucoup d'honneur
et lui procura en peu de temps les demandes
de plus de trente orgues. Fixé plus tard à
Kirchweiler, il y établit des ateliers où plus de
cent instruments furent construits. Il y vivait
encore en 1807, âgé de quatre-vingts ans.
SEUFFEIIT (François-Ignace), second
fils de Jean-Philippe, naquit à WUrzbourg, en
1731. Élève de son père, il acheva de s'instruire
dans la facture des orgues par les voyages
qu'il fit dans les Pays-Bas, en France, dans la
Suisse et dans une partie de l'Allemagne. De
retour à WUrzbourg, en 1760, il n'y arriva
que pour recevoir les derniers embrassements
de son père, à qui il succéda dans la direc-
tion de la fabrique d'orgues. Il en construi-
sit environ quarante dans le territoire de
WUrzbourg, et plusieurs autres pour les
pays étrangers. Les plus remarquables de ses
ouvrages sont l'orgue de Saint-Pierre, à
Bruchsal ; celui de Kœnigsheim; celui de
Gracl'enrheinfcUl, cl enfin celui de l'église des
24
SEUFFERT — SEVERI
Franciscains de Wutzbourg, que l'abbé Vogler
cboisil à son passage dans celle ville pour le
concert d'orgue qu'il y donna. Seuffert était
aussi bon facteur de pianos. Il vivait encore à
Wurzbourg, en 1807, âgé de soixante-seize
ans. Ses deux fils se sont distingués dans la
même carrière. L'aîné (Jean-Philippe) était,
en 1807, facteur d'orgues à Wurzbourg et
contrebassiste de la cour. Parmi ses meilleurs
ouvrages, on remarque l'orgue de l'hôpital
Saint-Jules. Le second (François-Martin)
construisit aussi plusieurs instruments dans
son pays natal, puis il se fixa à Vienne, où il
établit en société une manufacture de pianos.
Ei\ 1845, il a obtenu la médaille d'or pour le
mérite de ses instruments, à l'exposition de
l'industrie de Vienne.
SEURIGT (Auguste), violoniste, entra
comme élève au Conservatoire de Paris, en
1808, et y reçut des leçons de Kreutzer aîné.
Il fut ensuite admis à l'orchestre de l'Opéra-
Comique, mais y resta peu de temps. Je crois
qu'il s'est fixé ensuite dans une ville de pro-
vince. On a gravé de sa composition : 1° Trois
duos concertants pour deux violons, op. 1 ;
Paris, Zelter. 2° Six duos faciles et progressifs,
sur des thèmes connus, pour deux violons;
Paris, Chanel.
SÉVELENGES ( Charles -Lotis DE),
chevalier de Saint-Louis, naquit à Amiens, en
1768, d'une famille originaire du Beaujolais.
Il fit ses études au collège de Juilly, d'où il
sortit en 1782, pour entrer à l'école d'artil-
lerie de Metz. Admis dans la gendarmerie du
roi, il suivit les princes français dans l'émigra-
tion, et ne rentra en France qu'en 1802. De-
puis lors il se livra à la culture des lettres, et
fournitbeaucoup d'articles aux journaux roya-
listes, tels que la Gazette de France, la Quo-
tidienne, le Pour et Contre, le Publiciste,
l'Oriflamme, etc. Il y écrivait particulière-
ment les atiicles concernant l'Opéra, l'Opéra-
Comique et le Théâtre Italien. Sévelinges est
mort à Paris, en 18Ô2. Au nombre de ses ou-
vrages, on remarque une critique vive et mor-
dante des auteurs dramatiques, des composi-
teurs, et des acteurs des théâtres de Paris,
intitulée : Le Rideau levé, ou Petite Revite
de nos grands théâtres; Paris, Maradan,
1818, in-8°. Il y attaquait en particulier l'ad-
ministration de l'Opéra italien dont madame
Catalani s'était chargée, conjointement avec
son mari, Yalabrègue. Celui-ci répondit à
l'écrit anonyme de Sévelinges par un exposé
de la situation du théâtre; mais Sévelinges fit
paraître une seconde édition de sa critique
augmentée de deux pièces intitulées : Réponse
au factum de M . F'alabrègue, et Réplique
d'un des chefs d'orchestre du Théàlre-Ilalien;
Paris, Delaunay, 1818, in-8". Deux critiques
de l'ouvrage de Sévelinges parurent, la pre-
mière sous le titre : Le Revers du rideau, par
G. N*¥* (Paris, Denlu, 1818, in-8° de quatre-
vingt-seize pages); l'antre, intitulée : La Co-
médiade , ou le Rideau levé, etc., par
M. Contre-Férule (pseudonyme); Paris, 1818,
in-8° de cinquante-quatre pages. Sévelinges
est aussi l'auteur d'une Notice biographique
sur Mozart, qu'on a placée en tête de l'édition
du Requiem de ce célèbre compositeur, publiée
au magasin «le musique du Conservaloire, en
1803. Enfin, il a donné aussi quelques biogra-
phies de musiciens, dans la Biographie uni-
verselle des frères Michaud.
SEVERI (François), chapelain chantre de
la chapelle pontificale, à Rome, naquit à Pé-
rouse, dans la seconde moitié du seizième
siècle, et fut agrégé à la chapelle, en qualité
de sopraniste,le 51 décembre 1G13. Il mourut
à Rome, le 25 décembre 1630, et fut enterré à
l'église Santa-fllaria d' Itria. Il était chan-
teur distingué, et bon compositeur. On voil,
dans la préface de l'ouvrage dont il sera parlé
tout à l'heure, que le maître de chant et de
composition de Severi fut Oltavio Catalani,
qui, après avoir occupé pendant quatorze ans
la place de maître de chapelle de Saint-Apol-
linaire, à Rome, fut directeur de la musique
du prince de Salmona, neveu du pape Paul V.
Le plus connu des ouvrages de Severi est un
curieux recueil de psaumes ornés de traits de
vocalisation de tout genre, lequel a pour litre:
Salmi passegiati per tutte le voci nella ma-
niera che si cantano in Roma, sopra i falsi
bordoni di tutt' i tuoni ecclesiastici du can-
tarsi nei vesperi delta domenica, e delli
giorni feslivi di tutto l'anno, con alcuni
versi del Miserere sopra il falso bordone del
Dentice. In Roma , da Nicolo Borboni ,
rrtnnolG15;petil in-4uobL gravé. Une multi-
tude de broderies de tout genre et de traits ra-
pides orne dans ce recueil lechantdes psaumes.
Le goût de ces ornements, qui étaient exécutés
par une voix seule, avec accompagnement des
autres voix en faux-bourdon et d'orgue, avait
passé de la musique instrumentale dans celle
des voix. Pendant environ trente ans, au dix-
septième siècle, cette manière de chanter les
psaumes eut une vogue extraordinaire à Rome,
dit l'abbé Baini (dans ses Mémoires sur la
vie et les ouvrages de Palcslrina, t. I,
note 556, p. 200); mais, ainsi qu'il arrive du
SEVERI — SEYDELMANN
toute caricature, la mode en passa, et les
psaumes ornés tombèrent dans un profond
oubli.
SEVERG (Antoine), compositeur, né à
Lucques, dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle, a fait exécuter à Rome, en
1700, son oratorio intitulé : 77 Martirio di
S. Erasmo, dans l'église de la confrérie de la
Pietà.
SEVERUS (Cassius), ou plutôt CAS-
SIUS-SEVERUS (Caïbs), poète latin du
siècle d'Auguste, surnommé PARMENSIS,
parce qu'il était né à Parme, n'était pas,
comme on voit, un savant inconnu du dix-
septième siècle, ainsi que le disent Gerber et
ses copistes. Républicain fougueux, il fut un
des meurtriers de César, et s'attacha au jeune
Pompée, puis à Marc-Antoine, qu'il seconda
en qualité de lieutenant. Après la bataille
d'Actium, il se relira à Athènes ; mais au lieu
d'y cacher son existence dans l'obscurité, il
attaqua Auguste avec tant de violence dans ses
écrits, que celui-ci donna l'ordre de le tuer.
On i 11 tt I i ns Varus, chargé de celte mission, le
trouva dans son cabinet occupé de la compo-
sition d'un poème, et lui donna la mort. Les
écrits de ce poète étaient si nombreux, qu'on
en forma son bûcher funéraire. On ne connais-
sait de lui que quelques épigrammes impri-
mées dans l'Anthologie, lorsque Pierre Vet-
lori découvrit un petit poème de dix-neuf vers
concernant l'élude delà musique, traduits en
latin par Cassius-Severus, d'après Orphée, et
le publia sous le litre : Orpheus ad infor-
mandos mores. Nalhaniel Chylrée en donna
une nouvelle édition avec un commentaire et
des recherches littéraires sur la vie de Cassius-
Severus : elle a pour titre : Cassii Severi Par-
inensiS; poetx inter epicos veteres eximii,
Orpheus, cum comment. N. Chytrxi; Franc-
fort, 1585, in-8". Une autre édition avec le
commentaire de Chylrée, non moins rare que
celle-ci, esl intitulée : De indus tria Orphxi
circa sludium musices, carmen; Francfort,
IG08, in-8°. Vossius et quelques autres criti-
ques pensent que les vers de Cassius sont sup-
posés, et qu'ils sont l'ouvrage d'Achille Slace,
écrivain portugais, qui les aurait imprimés
comme essai, sous un nom emprunté, dans ses
noies sur Suétone. Ce point d'histoire litté-
raire n'a point été éclairci jusqu'à ce jour.
SEVIIV (Julien), professeur de musique,
né au Mans, en 1812, est auteur d'un petit ou-
trage intitulé : Théorie musicale appliquée à
l'enseignement simultané; Paris, Duvcrgcr,
1841, in-8° de soixante-quatre pages.
SEYROTHIUS (Jean), poêle 'couronné et
recteur du gymnase de Rolenbourg-sur-la-
Tauber, mourut en 1061. On a de lui un livre
intitulé : Manuale philosophie theorico-prac-
ticum; Francfort-sur-le-Mein, 1658, in-8°.
Il y traite, en neuf chapitres, dans le premier
livre, de la musique théorique et pratique
d'après la méthode scientifique. Dans le
deuxième livre, on trouve deux pages sur le
chanl choral et figuré.
SEYDELUIAINIV (François), maître de
chapelle de la cour de Dresde , naquit dans
cette ville, le 8 octobre 1748. Weber, maître
de chapelle du roi de Pologne, dirigea ses
premières études musicales; puis il reçut de
Naumanndes leçons de contrepoint. En 1765,
il fit avec ce maître, et en compagnie de Schns-
ler (voyez ce nom) un voyage en Italie, où se
forma son goût dans l'ail du chant el dans la
composition. Après un séjour de sept ans dans
cette belle contrée, il retourna à Dresde, en
1772, et y fut nommé compositeur de la cour,
pour l'église et pour la chambre, conjointe-
ment avec Schuster, qui partagea avec lui la
direction de la musique de l'Opéra, alternati-
vement avec Naumann. En 1787, Seydelmann
eut le litre de maître de chapelle; il en rem-
plit les fonctions jusqu'à sa mort, arrivée le
24 octobre 180G. La plus grande partie des
compositions de cet artiste esl restée en ma-
nuscrit. La liste «le ses ouvrages connus se
compose de ceux dont les titres suivent : 1° La
Beluliq liberala, oratorio. 2° Gioas, Re di
Giuda, idem. 3° Vingt-cinq messes avec or-
chestre. 4" Huit vêpres complètes. 5° Neuf
litanies. 6° Quatre Miserere. 7° Un Stabat
mater. 8° Un Requiem et plusieurs autres
compositions religieuses terminées en 1796.
Depuis lors, Seydelmann a écrit : 91 La Morte
d'Jbele, oratorio, en 1801. 10° Trois Salve
Regina. 11° Quatre Magnificat. Il adonné
au théâtre de Dresde : 12° Der lahme Husar
(le Hussard estropié). 15° Die schœne Arsène
(la belle Arsène), publiée en partition réduite
pour le piano, à Leipsick, chez Breilkopf.
14° Jl Capricioso corretto, dont on a publié,
à Dresde, un rondeau et une cavatine avec
accompagnement de piano. 15ttZa Fillanella
di Misnia,en 1784, dont on a publié à Dresde
un rondeau, un chœur, un duo el une cavatine
avec piano. 10" Jl Mostro, en 1787. 17» Il
Tnrco in Italia, en 1788. 18° Amor per oro,
en 1790. 19° La Serva scaltra. 20° Circé,
cantate française. Dans la musiqueinstrumen-
lale de Seydelmann, on remarque : 21° Six so-
listes à quatre mains pour piano, op. 1 ; Leip-
SEYDELMANN — SEYFRIED
sick, Breilkopf, 1780. 22" Trois sonates pour
piano et flûte, op. 2; Dresde, Ililscher.
25" Trois sonates pour clavecin seul: Leip-
sick, Breilkopf. 24" Trois sonates pour clave-
cin et violon ; ibid., 1787. 25°Six sonates pour
clavecin seul, en manuscrit.
SEYDEOIANN (Ecgèue), né à Rengcrs-
dorf, en Silésie, en 1806, est fils d'un maître
d'école qui lui a enseigné les éléments de la
musique, du piano et de l'orgue. Plus tard, le
pasteur Wigang, élève d'Otio, organiste dis-
tingué, lui donna des leçons d'harmonie et de
contrepoint. A l'âge de treize ans, Seydel-
mann fréquenta le gymnase de Glalz, puis il
se rendit à Breslau, vers 182G, et s'y livra avec
ardeur à la composition. Il y obtint la place
de directeur tic musique du théâtre, et lit
preuve de talent dans l'exercice de ces fonc-
tions, qu'il remplissait encore en 18G0. Un de
ses meilleurs ouvrages, qu'il fit paraître peu
de temps après, est une grande cantate intitu-
lée : Dievier Menschenaller (les quatre Ages
de l'homme), pour huit voix en chœur et quatre
voix de solos, sans accompagnement. Au nom-
bre de ses compositions pour l'église, on
remarque une messe solennelle et un Re-
quiem. On connaît de cet artiste un opéra sé-
rieux dont le sujet est f'irginie, et qui a été
joué avec succès.
SEYFAÏITII (Jean-Gabriel) naquit en
171 1, à Reisdorf, dans les environs «le Wei-
mar. Wallber, organiste de celle ville, lui
donna les premières leçons de clavecin. Plus
lard, il se rendit à Zerbst, et y devint élève de
ILeok pour le violon, et de Fascli pour la com-
position. Après avoir achevé ses éludes, il en-
tra au service du prince Henri de Prusse, avec
le tilre de musicien de la chambre ; et lorsque
le roi Frédéric II organisa sa musique, en
1740, Sey failli y obtint une place de violoniste,
et fut chargé de la composition des ballets poul-
ie théâtre de l'Opéra de Berlin. Il en écrivit un
très-grand nombre, et composa beaucoup de
symphonies, de concertos, de symphonies con-
certantes, quatuors et trios pour violon. Quel-
ques-unes de ses symphonies ont été publiées
à Berlin et à Leipsick ; la plupart sont précé-
dées de préfaces dans lesquelles Seyfarlh ana-
lyse les sujets qu'il a voulu exprimer. On con-
naît aussi de lui des trios pour instruments à
archet, quelques solos de violon, et une sym-
phonie concertante pour cet instrument. Il
•est mort à Berlin, le 9 avril 179G, dans la
quatre-vingt-cinquième année de son âge.
SEYFEUT (Jean-Gaspard), né à Augs-
ihourg, en 1G97, reçut les premières leçons de
musique chez Krœuler, Canlor de l'église
luthérienne de cette ville. Il obtint ensuite des
secours des inspecteurs des écoles pour voya-
ger, et se rendit à Dresde, où il reçut des le-
çons de violon de Pisendel. S'élant livré à
l'étude du luth, il y acquit une grande habi-
leté. De retour dans sa ville natale, il succéda
à son maître Kraeuter, dans la place de canlor,
en 1741, et composa beaucoup d'oratorios, de
morceaux de musique d'église, et de sympho-
nies, qui sont restés en manuscrit. Il mourut
à Augsbourg, le 2G mai 17G7, à l'âge de plus
de soixante-dix ans.
SEYFERT (Jeah-Godefroi), fils du pré-
cédent, naquit à Augsbourg, en 1751. Élève de
son père, il n'était âgé que de seize ans lors-
qu'il composa un oratorio de la Passion qui
fut fort bien accueilli. Il prit ensuite des le-
çons d'harmonie et de contrepoint chez Leil-
dorfer, à Bayreulh ; mais le séjour qu'il fit à
Berlin forma surtout son goût, par les occa-
sions qu'il eut d'entendre les ouvrages de
Gratin, et par sa liaison avec Charles-Philippc-
Emmanue) Bach. Après la mort de son père,
il fut rappelé à Augsbourg pour le remplacer;
mais il ne lui survécut que peu d'années, étant
mort le 12 décembre 1772. On n'a publié de la
composition de cet artiste distingué que six
trios pour deux violons et basse (Leipsick,
17G2), et six sonates pour clavecin, violon et
violoncelle (ibid., 1704). Les magasins de mu-
sique et les bibliothèques d'Allemagne ren-
ferment beaucoup de ses ouvrages, tels que
vingt et une symphonies, des concertos de vio-
lon, l'oratorio intitulé: la Mort de Jésus, et
la grande cantate Der von Golt Deutschland
fjeschenhe Freide (la Paix donnée par Dieu à
l'Allemagne), composée en 17Gô.
SEYFRIED (Jean-Christophe), organiste
de la cour de Sehwarzboiirg-Rudolstadt, dans
la seconde moitié du dix-septième siècle, a pu-
blié deux suites de ballets, d'allemandes, de
courantes, de sarabandes et d'ariettes pour le
clavecin, dont la première parut à Francfort,
en 1056, et la seconde en 1G59.
SEYFRIED (Ignace-Xavier , chevalier
DE), naquit à Vienne, le 15 août 177G. Son
père, Joseph, chevalier deSeyfried, était con-
seiller de la cour du prince de Hohenlohe-
SclieHingsflirst. Dès son enfance, on remarqua
ses rares dispositions pour la musique. Mozart
et Kozeluch firent de lui un pianiste distingué,
et l'organiste Hayda lui enseigna les règles de
l'harmonie. Destiné au barreau par ses pa-
rents, il se prépara à l'étude du droit, en sui-
vant à Prague des cours de littérature cl de
SEYFR1ED
6)7
philosophie; il y fil la connaissance de Dionys
Weber, (ie Tomaschek et de Willasek (voyez
ces noms), qui encouragèrent son penchant
pour la musique. De retour à Vienne, il y sui-
vit des cours de droit qui ne l'empêchèrent
pas d'étudier avec zèle le contrepoint sous la
direction d'AIbrcchtsberger. Le séjour de
Win ter à Vienne, où il était allé écrire
les Ruines de Babylone, fournit au jeune
Seyfried l'occasion de s'instruire de tout ce
qui concerne la composition dramatique. Ce
fut par les avis de ce musicien célèbre que son
père consentit enfin à lui laisser suivie la car-
rière de l'art pour lequel il se sentait un pen-
chant irrésistible. Les recommandations de ce
maître lui firent aussi obtenir, à l'âge de
vingt et un ans, les litres de compositeur et de
directeur de musique du théâtre dirigé par
Schikaneder. Son premier opéra (Der Lcewen-
brunn) y fut représenté en 171)7. Dans lesan •
nées suivantes, il écrivit beaucoup de mor-
ceaux détachés pour divers opéras, un grand
nombre de mélodrames, parmi lesquels on re-
marque Montesuma, San!, Frédéric de
Minsky, la Citerne, Der Teufelssleg am Ri-
fffberg (le Chemin du diable au Higi), la
Forêt de Bondi. Faust, Die JVaise und der
Jtlccrdcr (l'Orpheline et le Meurtrier), les Ma-
chabées , l'Orpheline de Genève } Siu-
trame, elc. On a publié les ouvertures et les
partitions pour piano de quelques-uns de ces
ouvrages, qui sont les meilleurs de Seyfried.
Moins heureusement inspiré dans les opéras,
il en a cependant écrit un trop grand nombre
pour que tous les li tics en soient cités ici. Les
principaux sont : 1° Der TFundermann uni
Jlheinfali (l'Homme miraculeux à la chule du
Rhin), grand opéra, en 1799. 2° Les Druides,
idem, en 1801. 3° Cyrus, idem, eu 1803.
4" Les Samaritaines, idem, en 1806. 5° Ri-
chard Cœur de Lion, en 1810. G" La Rose
rouge et la Rose blanche, en 1810. 7" Zémire
et Azor, en 1818. Outre cela, il a composé-
la musique d'environ soixante-dix opéras-
comiques, pantomimes, pièces féeriques, bal-
lets, parodies et farces, des ouvertures et
cntr'acles pour plusieurs tragédies, telles que
Jules César, la Pucclle d'Orléans, At-
tila, etc. Tous ces ouvrages furent écrits dans
l'espace de trente ans. En 1828, Seyfried
donna sa démission de la place de directeur de
musique du théâtre, et depuis ce temps, il vé-
cut dans la retraite, sans interrompre toute-
fois ses travaux. Il a publié pour l'église :
1" Graduel (Cantate Domino), pour ténor
avec chœur et orchestre, n° 1 ; Vienne, Has-
linger. 2" Idem (Qui seminant in lacrymis)
à quatre voix, orchestre et orgue, n"2; ibid.
3" Idem (Domine, Dominus noster) à quatre
voix, deux violons, alto et basse, n" 3; ibid.
4° Libéra pour quatre voix d'hommes, com-
posé pour les obsèques de Beethoven; ibid.
5° Messe à quatre voix, orchestre et orgue,
n" 1 (en ut); ibid. G0 Idem, à quatre voix, or-
chestre et orgue (en si bémol), n° 2; ibid.
7° Idem (en mi bémol), n° 3; ibid. 8° Idem
(en sol mineur), n» 4; Leipsick, Hofmeisler.
9" Idem (en ut), n° I>; Vienne, Haslinger.
10° Grand /feçutem poui quatre voix d'hommes
et chœur, trois violoncelles, oontrebasse, deux
trompettes, timbales et orgue; ibid. 11 "Trois
motels pour chœur et orchestre, premier recueil;
Leipsick, Breitkopf et Ilœrtel. 12" Offertoire
(Te decet hymnus), pour voix de basse, chœur
et orchestre, n° 1 ; Vienne, Haslinger. 13° Idem
(Ave, maris Stella), à quatre voix, orchestre
et orgue, n° 2; ibid. 14" Idem (O mi Deus,
amor meus), à quatre voix, deux violons, alto
et basse, n° 3 ; ibid. 15° Idem (Stringor vin-
culis), pour voix de solo, chœur et orchestre,
n" 4; ibid. 16° Hymne (Domine judicium
tint m) , pour quatre voix et orchestre, n" 1;
ibid. 17" Idem (Salvum fae), idem, n" 2;
ibid. 18° Graduel, n" 4 (II ara, dies), pour
voix de solo, chœur et orchestre; ibid.
19° Idem, n° 5 (Mudus eram), pour voix de
basse, chœur et orchestre; ibid. 20° Offer-
toire, n" 5 (Cum sumpsisset), à quatre voix,
chœur et orchestre; ibid. 21" Deux Tanlum
ergo, à quatre voix et orgue; ibid. Il a laissé
en manuscrit : huit messes solennelles, deux
Requiem, l'oratorio intitulé: les Israélites
dans le désert, un Regina Cœli, deux F'eni
Sancte Spiritus, Ecce punis, Dlisererc, sept
Tanlum ergo, deux Te Deum, neuf graduels,
dix offertoires, plusieurs hymnes en langue
hébraïque, enfin, des psaumes et hymnes en
latin et en allemand. La musique d'église de
Seyfried est fort estimée en Autriche. Il a
écrit aussi des sonates, rondeaux et variations
pour piano, des quatuors pour violon, deux
symphonies, et des pièces pour divers instru-
ments.
Dépourvu d'originalité dans les idées et
dans la forme, mais infatigable dans ses tra-
vaux, Seyfried fut pendant plusieurs années
le rédacteur principal de la Gazette spéciale
de musique des Etats autrichiens; il a fourni
de bons articles à la Gazette musicale de
Leipsick, au recueil intitulé Çxcilia, et dans
d'autres journaux. Enfin, il a été l'éditeur des
œuvres théoriques d'AIbrcchtsberger (t'oye; ce
£S
SEYFRIED — SHIELD
nom), des études de composition «le Beethoven,
et des essais de Preindl (voyez ce nom) sur
l'harmonie et le contrepoint, recueillis et mis
en ordre sous le litre de Wiener Tonschule
(École de la musique viennoise). Cet artiste
cstimahlc était memhre des académies et so-
ciétés de musique des États autrichiens, de
Stockholm, de Paris, Giœlz, Leyhach, Nurem-
berg, Preshourg et Prague. Il est mort à
Vienne, le 27 août 1841, à l'âge de soixanle-
cinq ans.
SEYLER (Joseph-Antoine), né en 1778,
à Lauleibach, en Bohême, reçut de la nature
d'heureuses dispositions, et l'ut instruit liai-
son père, Joseph Seyler, recteur à Schœn-
feld, qui lui enseigna le chant, le violon, le
clavecin, l'harmonie et la composition. Après
ri ne son éducation musicale eut été terminée,
il occupa, pendant quelques années, la place
de chef de musique d'un régiment de l'empire
d'Autriche. En 1808, il fut nommé professeur
de musique et directeur du chœur de l'église
paroissiale à Ol'en. Il en remplit les fonctions
jusqu'en 1820; puis il fut appelé à Gran en
qualité de directeur du chœur de l'église mé-
tropolitaine; il occupa cette position pendant
vingt et un ans. Beliré, en 1841, il vivait
encore dans le repos au commencement de
1800. On connaît de la composition de cet
artiste une messe et un Requiem.
SEYLER (Charles), fils du précédent, né
à Ofen, en 1815, commença l'étude de la mu-
sique sous la direction de son père. En 1834,
il se rendit à Vienne et fut élève du chevalier
de Seyfried pour la composition. Pendant
quelques années, il fut attaché à l'orchestre du
théâtre de la Porte de Carinthie; il quitta cette
position, en 1841, pour succéder à son père
dans la place de directeur du chœur de l'église
de Gran. Au nombre de ses compositions, on
remarque plusieurs messes, des pièces de dif-
férents genres pour piano, et un trio pour
piano, violon et violoncelle.
SEYTKE (Charles-Félix), mécanicien de
Lyon, a obtenu, le 24 janvier 1842, un brevet
d'invention de cinq ans pour des orgues à
cylindre qui jouent des airs au moyen de
cartons percés. C'est le système deJacquart
substitué aux cylindres notés. Voici la des-
criplion qu'en donne M. Hamel (Nouveau
Manuel complet du facteur d'orgue, t. III,
p. 484) : « Un carton sans fin, d'une seule
» pièce, sans joints ni coulure, comme un
» manchon, est percé de trous carrés ou longs,
» d'autant plus allongés que la note qu'ils re-
» présentent a plus de durée. Ce carton passe
» entre quatre cylindres. Sur les deux bords,
» il y a, à des intervalles égaux, des trous
« ronds qui engrènent dans des chevilles pla-
» cées sur les deux cylindres inférieurs. La
» partie horizontale du carton glisse comme
» un registre d'orgue entre deux pièces de
» bois percées de trous correspondants aux
» gravures du sommier et sous lesquelles la
>•> soufflerie est comprimée. Lorsque la partie
» pleine du carton bouche les trous de ces
» pièces de bois, l'air ne peut s'échapper;
>' mais aussitôt que les trous des carions se
» trouvent vis-à-vis d'eux, l'air entre dans le
» sommier et fait parler les tuyaux. Ainsi lors-
■v qu'on a mis les cylindres en mouvement par
» une manivelle, les chevilles font avancer le
» carton, qui présente successivement ses
» trous sous ceux des gravureset l'ont entendre
» l'air qui y est noté. »
S1IAHP (Richard), contrebassiste et pro-
fesseur de piano, vécut à Londres dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle. On con-
naît sous son nom un œuvre de sonates de cla-
vecin (Londres, 1784), et un traité élémentaire
de musique et de piano intitulé : New Guide
di Musica, being a complète book of instruc-
tions for beginners of the piano forte, etc. ;
Londres, 1794, in-4°.
SHEPHAUD (Jean), contrepoinlisle an-
glais, vécut vers le milieu du seizième siècle.
Il avait fait ses études à l'université d'Oxford,
et y avait obtenu le grade de bachelier en mu-
sique, en 1554. Il a fait imprimer de sa com-
position des prières du malin et du soir, à
quatre voix, sous ce titre : Morning and
evening prayers and communion's for the
voice, in four parts, elc. ; imprinted at Lon- .
don, by John Day, 1565. Burney a tiré de ce
recueil un motetqu'il adonné dans ledeuxième
volume de son Histoire générale de la mu-
sique (p. 587 et 588).
SIIEIIARD (Jacques), pharmacien à Lon-
dres, dans la première moitié du dix-huitième
siècle, fut amateur de musique et violoniste
distingué. On a gravé de sa composition :
l°Douze sonates pour deux violons, violoncelle
et basse continue pour le clavecin, op. 1 ;
Amsterdam, Roger. 2° Douze idem, op. 2;
ibid.
SHIELD (William), fils d'un maître de
musique, naquit en 1754, à Smalwell, dans le
comté de Durham,en Angleterre. Dès l'âge de
six ans, il reçut de son père des leçons de sol-
fège, de violon et de clavecin. Trois ans après,
il perdit son père, qui laissa sa femme veuve
avec quatre enfants. Celle-ci, voulant lui don-
SIIIELD — SIIUTTLEWORTH
29
ner une profession qui put assurer son exis-
tence, lui laissa le choix entre celles de mate-
lot, de barbier ou de constructeur de bateaux.
Il se décida pour celte dernière, et fut mis en
apprentissage dans un atelier de Norih-
Shields; mais son maître lui permit de conti-
nuer ses études de musique. Lorsque son ap-
prentissage fut achevé, il se détermina à
suivre la carrière de musicien, et pria Avison
de lui donner des leçons d'harmonie et de
composition ; peu de temps après, il obtint un
engagement pour diriger l'orchestre du théâtre
de Scarborough et des concerts de celte ville.
L'intelligence donl il fit preuve dans ces fonc-
tions lui procura ensuile des positions sem-
blables au théâtre de Durham et aux concerts
de Newcaslle. De retour à Scarborough, il se
lia d'amitié avecBorgéet Fischer, qui l'enga-
gèrent à se fixer à Londres, el lui procurèrent
une place dans l'orchestre de l'Opéra. Bientôt
après, il fut chargé de la direction de la mu-
sique au théâtre de Haymarket. Il y donna son
premier ouvrage dramatique, donl le succès
lui procura le litre de compositeur du théâtre
de Covent-Garden, pour lequel il écrivit plu-
sieurs opéras depuis 1782 jusqu'en 1791. Des
discussions d'inlérêtqu'il eut avec l'entrepre-
neur du théâtre lui firent alors donner sa dé-
mission, et il prit la résolution de voyager en
Italie. Parti de Londres, au mois d'août de
celte année, il traversa la France, visita Bo-
logne et Florence, puis s'arrêta à Borne, où il
étudia l'art du chant sous la direction de quel-
ques bons mailres.
Le retour de Shield à Londres, vers la fin de
1792, marqua une seconde époque dans sa
carrière. On remarqua dans les opéras qu'il
écrivit depuis lors un goùl meilleur el un style
plus élégant. Il contracta un nouvel engage-
ment, en qualité de directeur de musique du
théâtre de Covent-Garden, et en remplit les
fonctions pendant quinze ans; mais de nou-
velles discussions lui firent prendre sa retraite
en 1807, et depuis lors il vécut à Londres sans
emploi. Il est mort dans celle ville au mois de
février 1829. Sa bibliothèque de musique, riche
en compositions anciennes el en livres histori-
ques et théoriques concernant cet art, a été
vendue aux enchères publiques, au mois de
juillet de la même année.
La liste de ses opéras et pantomimes ren-
ferme les litres suivants: 1° Flitch of bacon,
1778. 2° Lord mayor's day , pantomime,
1782.0° The poor Soldier, opéra -.comique,
1783. 4° Rosine, idem, 1783. 5" arlequin
moine, pantomime, 1783. G0 Robin Hood,
opéra-comique, 1784. 7° Noble pensant, id.,
1784. 8» Fontainebleau, idem, 1784. 9" La
Caverne magique, 1784. 10" Nunnery (le
Couvenl), opéra-comique, 1785. 11° Lave in
a camp (l'Amour dans un camp), 1785.
12" Ornai, farce musicale, 1785. 13° Enchan*
ted Castle (le Château enchanté), pantomime,
178C. 14° Marianne, intermède, 1788. 15" Zc
Prophète, opéra-comique, 1788. 16° La ('roi-
sude, fait historique, en 1790. 17° Picture of
Paris (le Tableau de Paris), pantomime, 1790.
18° The ÏFoodman (l'IIommedes bois), opéra-
comique, 1791 . 19° Hartford Bridge (le Poul
d'Hartrord), farce, 1792. 20° H arlequin' s mu-
séum (le Musée d'Arlequin), parlomime, 1792.
21° Midnight Wanderers (les Vagabonds noc-
turnes), opéra-comique, 1793. 22" Travellers
in Switzerland (les Voyageurs en Suisse),
opéra-comique, 1794. 23" Arrivai at Ports-
mouth (l'Arrivée à Porlsmoulh), intermède,
1794.24° Mysteries of the Castle (les Mys-
tères du château), opéra dramatique, 1795.
25° Lock and Key (la Serrure et la Clef), inter-
mède, 1796. 26" Abroad and at home (En ville
et à la maison), opéra-comique, 1796.27»/ta-
lian Villagers (les Villageois italiens), idem,
1797. 28" The Fariner (le Fermier), farce,
1798. 29" Two faces nnder a hood (Deux
télés sous un bonnet), opéra-comique, 1807.
Plusieurs morceaux détachés de ces ouvrages
onl été gravés avec accompagnement de p;ano
On a publié aussi, sous le nom de Shield :
1° Six trios pour deux violons et basse; Lon-
dres, Longman, 1796. 2° Six duos pour deux
violons, op. 2; ibid. 3° Des chansons anglaises
avec accompagnement de piano. Ce musicien
n'est connu aujourd'hui qne par un livre élé-
mentaire concernant les règles de l'harmonie,
intitulé : Introduction to harmony; Lon-
dres, 1794, in-4°. La deuxième édition de cet
ouvrage a paru à Londres, chez Bobinson, en
1800, un volume grand in-4°. On a aussi de
Shield une méthode d'accompagnement qui a
pour litre : Rudiments of Thorough-Dass;
Londres (sans date), in-4°.
SIIUTTLEWORTH (Obadiaii), fils d'un
professeur de musique, naquit à Spitalfields,
vers la fin du dix-seplièine, siècle. Élève de
son père, il devint habile violoniste et or-
ganiste distingué. Fixé à Londres, il y di-
rigea longtemps les concerts de Swan-Tavern,
et mourut en 1735 , laissant en manuscrit
douze concertos et quelques sonates de sa
composition. On n'a gravé de lui que deux
concertos de violon, extraits des sonates de
Corelli.
so
S1BELLI — SICK
SIHEÏXI (Jean-Antoine), compositeur Po-
lonais, vécut dans la seconde moitié du dix-
septième siècle. En 1681, il fil représenter au
théâtre public de Bologne / Diporti d' A more
in Pilla; et en 108-1, il donna, au théâtre For-
magliari de la même ville, Elenaura fuyyi-
tiva.
Sfl5EI\(Ui!D,MX-GoDEFROiD),néàSclioi!dan,
enMisnie, le 15 décembre 1069, fil ses éludes
aux universités de Riel et de Wiltenberg.
Après avoir obtenu le grade de docteur en
théologie, il l'ut nommé, en 1698, recteur à
Schneeberg. En 1708, on l'appela à Leipsick,
en qualité de prédicateur. 11 mourut en cette
ville, le 15. juin 1741. Ce savant possédait bien
les langues latine, grecque et hébraïque, et
parlait le français, l'italien et l'espagnol. On a
de lui deux petits écrits intitulés : Historia
Melodorum yrœcortim et latinorum; Lip-
six, 1715, in-4°; et Hisloria Melodorum
ecclesiw grœcx eorumque theoloyia poetica
emenxis librisque îiturgicis ; Lipsiœ, 1714,
in-4°de vingt-six pages.
SIBIiM (Grégoire), moine au couvent
d'Amerbacb, près de Mittemberg, vécut dans
la seconde moitié du dix- huitième siècle. En
1784, il a fait graver à Francfort trois sonates
pour la harpe ou le clavecin, avec violon et
alto, op. 1, et La Chasse, pour clavecin et
violoncelle, op. 2.
• SI1ÎIIV (André), frère puîné du précédent,
a publié à Francfort, en 1784, trois quatuors
pour clavecin, violon, flûte et violoncelle.
SÏBIRE (l'abbé Antoine), né à Paris, en
1757, fit ses études au séminaire de Saint-Sul-
pice, puis entra dans la maison des missions
étrangères de la rue du Bac, et fut envoyé
comme missionnaire à Loango, dans la Gui-
née. De retour à Paris, vers 1787, il y obtint
la cure de Saint-François d'Assise, dont il fut
ensuite privé par la clôture des églises, pen-
dant les troubles de la révolution. Après le
rétablissement du culte, il fut attaché, en
qualité de simple ecclésiastique,- à la paroisse
Saint-Louis du Marais. Il vivait encore à Paris
en 1826, mais je crois qu'il est mort peu de
temps après. On a de lui quelques écrits poli-
tiques assez médiocres, et un livre qui a pour
titre : La Chélonomie, ou le parfait luthier,
Paris, 1806, in-12 de deux cent quatre-
vingt-huit pages. Amateur passionné du vio-
lon, dont il jouait fort mal, il fréquentait
assidûment l'atelier de Lupot [voyez ce nom),
luthier distingué de Paris, et s'y était épris
d'une admiration fanatique pour les instru-
ments des anciens luthiers de Crémone. Lupot
lui confia les noies et les observations manu-
scrites qu'il avait faites sur la facture de ces
artistes et sur les qualités de leurs instruments.
C'est sur ce. fond que l'abbé Sibire écrivit son
livre, qui n'eut point de succès, et dont les
exemplaires sont devenus très-rares. Le style
ampoulé dont il se sert pour les choses les
plus simples n'est pas exempt de ridicule,
mais les observations de Lupot renferment
d'excellentes choses qui ne sont pas assez
connues des facteurs d'instruments, et de ceux
qui sont chargés de la réparation des produits
delà lutherie ancienne.
SIBONI (Joseph), ténor distingué, naquit
à Bologne, en 1782, et y fit ses études musi-
cales. En 1802, il débuta au théâtre Commu-
nale de celle ville. En 1806, il chanta au
théâtre de la Scala, à Milan, puis il alla à
Venise, à Florence, et reparut à Milan, en
1810. Après avoir chanté à Londres pendant
deux saisons, il se rendit à Copenhague, où
le roi l'engagea à son service pour le reste de
ses jours. Une belle voix, une bonne méthode
distinguaient cet artiste, qui fut chargé delà
direction d'une école de chant attachée au
théâtre de Copenhague. Il est mort dans cette
ville, le 29 mars 1839.
SICARD (Laurent), musicien français, fut
attaché à la Sainte-Chapelle de Paris, comme
ténor, sous le règne de Louis XIII. On a im-
primé de sa composition : Huit livres d'airs
sérieux et à boire, à trois parties avec la basse
continue; Paris, Robert Ballard, 1662-1668,
in-8" obi.
SICCI (Anaceet), en latin SICCLS, sa-
vant ecclésiastique, né à Crémone vers 1590,
fut clerc régulier de Saint-Paul au couvent de
Bologne. On a de lui un bon ouvrage intitulé :
De ecclesiastica hymnodia libri très inqui-
bus de pr.vstantia , effeclibus et modo rili
psallendi in choro copiose agitur; Bononix,
apud Clementem Ferrarium, 1629, in-4°.
L'épîlre dédicaloire au cardinal Jérôme Vi-
demi est datée de Bologne, le 9 mars 1629.
Cette édition est la première; la seconde, im-
primée à Anvers, par Balthasar Morelus, en
1634, est in-8°.
SICHART (Laurent); organiste de l'église
Sainte-Marie, à Nuremberg, vers 1720, y a
publié : Sonata e fuya per il cembalo.
SICK (madame Anne-Ladre), pianiste dis-
tinguée, connue d'abord sous son nom de fa-
mille MAÎIIR, est née à Munich, le 10 juillet
1803. Son goiït passionné pour la musique lui
lit faire de rapides progrès dans cet art. La
sœur de Mozart lui donna les premières leçons
SICK - SIEBER
31
de pinno, et lui fit jouer de préférence les
œuvres de son frère; de là vint que madame
Sick exécutait la musique de ce grand homme
avec une rare perfection, et en faisait presque
son unique occupation. L'arrivée dé Moschelès
à Munich, en 1825, confirma cette jeune femme
dans la résolution de se vouer à la profession
d'artiste. Cédant à ses désirs, son père la con-
duisit à Vienne, où les leçons de Charles
Czcrny achevèrent de perfectionner son talent.
Elle y reçut aussi des leçons d'harmonie de
Fœrsler. En 1825, elle produisit une vive sen-
sation dans les concerts de cette ville ; puis elle
visita Pesth et Prague, où elle n'eut pas moins
de succès. De retour à Munich en 182G, elle
s'y fit applaudir avec enthousiasme,- elle passa
ensuite quelques mois à Augsbourg. Résolue de
se fixera Francfort et de s'y livrer à l'ensei-
gnement, elle s'y rendit en 1827 ; mais bientôt
elle reçut l'invitation d'aller à Stuttgard, en
qualité de pianiste de la cour et de maîtresse
de piano des princesses de la famille royale.
En 18ô4, elle a épousé M. Sick, assesseur de la
cour royale do cette ville, et depuis lors elle
ne s'est plus fait entendre en public. On a
publié de sa composition trois œuvres de va-
riations et un rondeau pastoral pour le piano.
SICRERMANN (Adrien), facteur d'or-
gues, à Camin, en Poméranie, vécut dans le
seizième siècle. Il était vraisemblablement fort
âgé lorsqu'il construisit, en 1600, l'orgue de
Webau.
SICRERMANN (Michel), fils du précé-
dent, naquit à Camin, vers le milieu du sei-
zième siècle. Élève de son père, il commença,
en 1574, à construire des instruments qui
furent considérés comme les meilleurs de celte
époque. On cite particulièrement l'orgue de
l'ancienne église de Kneiphof, à Cologne, qui
surpassait, pour la puissance du son et la va-
riété des jeux, l'orgue de l'église paroissiale
doDantzick, alors fort renommé. Sickermann
mourut en 1580, à. l'âge de trente ans.
SICKERMANN (Joacium), de la même
famille que les précédents, a construit l'orgue
de Friedland, en 1597.
SIDEL (Jean), collaborateur au collège de
Colloda, au commencement du dix-septième
siècle, a l'ait imprimer un motet à huit voix de
sa composition, à Erfurt, en 1G14.
SIERECK ( GusTAVE-IIeNRI-GoTTIRIED) ,
né à Eisleben, dans la Thuringe, le 4 juil-
let 1815, eut pour maîtres de musique,
d'orgue et de composition, Gtlnlersberg ,
A.-W. Bach et le professeur Marx, à Berlin.
Il fut d'abord professeur au séminaire d'Eis-
leben, puis il obtint, en 1S4G. la place de direc-
teur de musique à Géra. Dans l'année suivante,
il a l'ait exécuter une grande cantate à-la fêle
musicale de Weissenfeld. Les ouvrages pu-
bliés de cet artiste sont : Der Kirchliche San-
gerchor auf dem Lande und in Kleinen
Slazdten (Le chœur chantant de l'église à
l'usage de la campagne et des petites villes ;
collection des chants pour les fêles des églises
évangéliques, à Irois voix, soprano, contralto et
basse, en quatre suites); Eisleben, Reicbardl.
2° Cantiques spirituels pour un chœur à quatre
voix (soprano, contralto, ténor et basse), avec
orgue ou piano; en deux suites; op. 3; ibid.
3° Six chants pour un chœur de voix
d'hommes, op. 4; ibid. 4" Prélude et fugue-
(en sol) pour orgue; Erfurt, Rœrner. 5° Bei-
trag fur den Orgelfreund (Essai pour l'ami
de l'orgue); ibid.
SIEBECK (Augoste-David-IIenri), orga-
niste à Leipsick, vivait dans cette ville en
1834. Il fut ensuite organiste à Tuhingue.
C'est le seul renseignement que j'ai trouvé
sur cet artiste, de qui l'on a un ouvrage inti-
tulé : Forschlwge sur verbesseriutg des Ele-
mentarunterrichts im Klavierspiel (Exercices
préliminaires pour l'amélioration de l'ensei-
gnement élémentaire de l'art de jouer du
piano); Tubingue, Laupp.
SIEBER (Antoine), fadeur d'orgues à
Brtlnn, en Moravie, construisit, en 1722, un
orgue de trente et un jeux pour l'église du cou-
vent du Mont-Sacré à Olmiilz. Il répara l'or-
gue de l'église Saint-Michel, à Vienne, com-
posé de quarante jeux.
SIERER (Grégoire), vraisemblablement
parent du précédent, fut aussi facteur d'orgues
à Brttnn, et vécut vers le même temps. Ses
travaux ont été considérables, et l'on cite de
lui les orgues suivantes, qui sont de grande di-
mension : 1° Un orgue de trente-huit jeux,
trois claviers à la main et pédale, dans l'église
Saint-Thomas, à Brtlnn. 2° L'orgue de qua-
rante-cinq jeux, à Schweidnilz, en Silésie.
SIERER (Jean -Georges), professeur et
éditeur de musique à Paris, naquit en 1734,
dans un village de la Franconie, et se livra
dans sa jeunesse à l'étude du cor. Arrivé à
Paris, en 1758, après avoir fait un voyage à
Londres, il entra dans la musique des gardes
françaises, en 1758; mais quelques années
après, il obtint son congé et fut admis dans
l'orchestre de l'Opéra, en qualité de premier
cor, en 1765. Il fut le premier artiste qui eut
de la réputation en France pour cet instru-
ment. Siebcr jouait aussi de la harpe, et ce fut
32
SIEBER — S1EBIGK
lui qui fit entendre cet instrument pour la
première fois à l'Opéra, dans V Orphée de
Gluck. D'après les conseils de Chrétien Bach,
son ami, il se fit éditeur de musique, et l'activité
qu'il déploya dans ce commerce fui une des
causes des progrès du goût musical en France.
Ses relations en Allemagne lui procuraient les
manuscrits des artistes les plus célèbres. Ce
fui lui qui fil exécuter au concert des amateurs
la première symphonie de Haydn, en 1770, el
qui publia les premières éditions françaises de
toutes les œuvres de ce grand homme, ainsi
que les premières sonates de Mozart, les con-
certos de Viotli pour le violon, ceux de Punlo
pour le cor, les œuvres de Fiorillo, de dé-
menti, de Cramer, etc. Sieber a fait aussi
graver plusieurs concertos de cor etdes sonates
de piano de sa composition. Il est mort à
Paris, en 1815, à l'âge de quatre-vingt-un
ans.
SIEBER (Georges -Julien), fils du précé-
dent, né à Paris, en 1775, commença l'étude
de la musique à l'âge de six ans. II reçut des
leçons de piano de Nicodami, el apprit l'har-
monie au Conservatoire, sous la direction de
Berlon. Il a publié de sa composition : 1° Des
nocturnes pour piano et coi', nos 1, 2 et 5;
Paris, Sieber. 2° Six sonates faciles pour piano
seul, ibid. 3° Pots-pourris pour piano, nos 1,
2, 3. 4<> Thèmes variés idem, nl,s 1, 2, 3, 4, 5,
0, 7, ibid. 5° Contredanses idem, ibid. 6° La
Rose et la Croix, chant maçonnique, ibid.
Sieber a succédé à son père comme éditeur de
musique. Il est mort à Paris en 1 8-54.
SI l'ilirji (Ferdinand), chanteur el compo-
siteur, né à Vienne, le 5 décembre 1822, est
lils de Gaspard Sieber, chanteur dramatique
en voix de basse, né à Zurich, le 17 septembre
1796, lequel fui attaché aux théâtres de. Vienne,
de Berlin, de Cassel, el mourut dans cette der-
nière ville, le 3 mars 1827. Ferdinand Sieber,
après avoir fait dans son enfance un voyage en
Italie, puis habile Berlin el Cassel, fut con-
duit à Dresde, en 1831, et y reçut de Miksch
des leçons de chant. Ayant terminé ses éludes,
en 1842, il chanta pendant l'hiver suivant dans
les concerts de Dresde. En 1843, il fut engagé
comme basse chantante au théàlre de la cour
de Delmold. Après être resté dans celle posi-
tion pendant trois ans, il chanta aux théâtres
de Schwerin et de Hanovre, puis il se rendit
en Italie, et y fit de nouvelles éludes de chant
sous la direction de Girolamo Farini et de
Felice 'Ri.-Mopi. De retour en Allemagne, il
s'est fixé a Berlin, en 1854, en qualité de pro-
fesseur de chant dans l'Académie de musique
fondée par Th. Rullack. Il s'est fait connaître
aussi comme critique par les articles qu'il a
fournis au journal de musique publié à Berlin
sous le titre VEcho, au Neue Zeitschrift fur
Musik, de Leipsick, à la Blxtler fur Musik,
de Vienne, et à quelques autres journaux.
Comme compositeur, il a publié un grand
nombre de Lieder avec accompagnement de
piano. On a aussi de cet artiste : 1° Kurze An-
Icitung zum griindlichen Studium des Ge-
sanges (Brève introduction à l'élude nrrmale
de l'art du chant); Leipsick, Hinze, 1832, in -8"
de cinq feuilles. 2° Vollslxndiges Lehrbuch
der Gesang skuns t (Méthode complète de Pari
du chant) ; Magdebourg, Heinriehshofen, 1858,
in-4°.
SIEBIGR (Louis-Antoine-Léopoed), né
à Dessau, le 26 mars 1775, fut nommé, en
1797, inspecteur et professeur au Lycée Fré-
déric deBreslau; six ans après, il fut chargé
des fonctions de prédicateur adjoint de l'église
réformée de la même ville. En 1805, il reçut
sa nomination de troisième prédicateur à la
cathédrale de Halle. Il mourut à Dessau, le
12 avril 1807. Siebigk fut un amateur distin-
gué de musique : on a publié de sa composition
les ouvrages suivants : 1° Douze variations
pour le piano sur un thème connu, op. 1;
Breslau, 1797. 2° Douze idem, dédiées au prince
héréditaire d'Anhall-Dessau ; ibid. 3° Vingt-
cinq variations, idem; ibid. 4" Douze varia-
tions pour piano ou harpe; ibid. 5° Marche
pour piano ou harpe ; ibid. 6" Douze varia-
tions pour piano, op. 5; Leipsick, Breitkopf et
Hœrlel. 7° Douze idem, op. 6; ibid. Il avait
fait, à Breslau, en 1798, des lectures sur la
théorie de la musique, dont les résumés ontiélé
publiés dans les journaux de la Silésie, à celte
époque, particulièrement dans la feuille pr.o
vinciale (Provinzial-£lxtter), t. XXVI, p. 4
et 42: t. XXVIII, p. 1; t. XXIX, p. 420:
t. yXXXI, p. 295 et 441 ; t. XXXVI, p. 352.
Il y a de l'incertitude à .l'égard du nom de
Siebigk, car la nolice qu'on vient de lire e I
tirée du livre de Hoffmann sur les musiciens
de la Silésie, el cel écrivain parait avoir él
bien informé des circonstances de la vie et
des travaux du professeur dont il s'agit; ce
pendant, il a été publié un livre intitulé: /Un
seum deutscher Gelehrten und Kiinstler (Mu-
sée des savants et des artistes allemands)
dont le deuxième volume a pour tilre : Mu-
séum beriihmlen Tonkunstler in Kupfern,
und Schrifllichen Abrissen von Professa
C.-A. Siebigke (Musée des célèbres musi-
ciens, etc.) ; Breslau, Aug. Schall, 1801, in-8°
SIEBIGK — SIEGMEYER
33
Ici le nom est écrit Siebigke, et les initiales
des prénoms sont C. A. M. ; Ch. Feni. Becker,
d'après Gerber, substitue à ces initiales les
noms de Chrétien- Albrecht-Léopold (Syst.
Chr. Darstellung der Musik- Literatur ,
p. 109), et adopte les dates données pat-
Hoffmann pour Louis-Anloine-Léopold Sie-
bigk. D'autre part, il y a évidemment iden-
tité pour la qualité de professeur à Breslau
des deux personnages, à la même époque,
et Kayser, qui cile Siebigke (sans les pré-
noms) comme auteur du Musée des musiciens
célèbres, indique le 11 avril 1807 comme la
date de sa mort (Folstand. Bûcher- Lexikon,
cinquième partie, p. 244). Tout cela est fort
obscur. Quoi qu'il en soit, les notices conte-
nues dans le volume du Musée des musiciens
célèbres renferment les portraits et les notices
de J.-S. Bach, de J. Tlaydn, de Mozart, de
Zumsteg, de Clemenli et de Bust. On a du
même Siebigk une lettre sur l'état de la mu-
sique à Breslau, dans la Gazette musicale de
Leipsick, p. ô47, t. III.
SIEBOLD (Charles-G. DE),doc(euren mé-
decine et professeur d'analomie, naquit à Bam-
berg, le4 novembre 1730, exerça la chirurgie à
Nuremberg, puis à Wllrzbourg, et enfin se
fixa à Francfort-snr-le-Mein, vers 1798, et y
mourut, leô mai 1807. Parmi les dissertations
qu'il a publiées, concernant diverses opéra-
lions chirtirgircales, on remarque celle qui a
pour titre : Praktische Bemerkungen iiber
die Kastration (Observations sur la castra-
lion) ; Francforl-sur-le-Mein, 1802, gr. in-8°.
SIEBOLD (Jean-Barthel DE), peut-être
fils du précédent, docteur en médecine et pro-
fesseur de chirurgie à Wllrzbourg, né dans
celte ville, le 5 février 1774, mort le 28 jan-
vier 1814, est auteur de plusieurs ouvrages,
parmi lesquels on remarque sa TFiirzbourg
savante et artistique, insérée dans les nos 28
et suivants de la Chronique de Franconie.
On y trouve des notices sur trente musiciens
et compositeurs de celle ville. Siebold a fourni
aussi des notices sur beaucoup de musiciens
de la Franconie, dans l'écrit périodique inti-
tulé : Neue arlistisch-literarische Blxtler
von und fiir Franken; Wllrzbourg, 1808,
in-4°.
SIEBURG (Juste), facteur d'orgues à
Mulhausen, dans la Thuringe, vécut vers le
milieu du dix-septième siècle. Il construisit,
en 1669, l'orgue de Pulssnilz, composé de
vingt et un jeux.
SIEGEL (Daniei-Siegmever), organiste
à Annaberg, est né le 17 septembre 1774, à
BIOCR. UJilV. OES MUSICIENS. T. VIII.
Satzung, en Saxe. Il obtint sa place d'orga-
niste en 1798, et en remplil les fonctions jus-
qu'en 1848. Il fêla, dans cette dernière année,
son jubilé de cinquante ans d'activité dans
celle position. On a publié de sa composition
un grand nombre d'airs variés pour le piano
à Leipsick, Vienne, Offenbach, Breslau et
Meissen, œuvres 1 à 46 ; et quatre recueils de
chansons allemandes avec accompagnement
de piano, op. 20, 51 , 32 et 47 ; Leipsick, Hof-
meister, et Breslau, Forsler.
SIEGERT (Gottlob), cantor à l'église
Saint-Bernard de Breslau, est né le 6 mai 1789,
à Ernsdorf, près de Reichenbach. Admis, en
1802, au chœur de l'église Saint-Bernard de
Breslau, en qualité de sopraniste, il obtint la
permission de suivre les cours du collège de.
la jVIadelaine, et y termina ses études en 1808.
L'année suivante, il entra comme professeur à
l'Institut de Reich et Hichert, et en 1812, il
obtint la place de cantor à l'église Saint-Ber-
nard, quoiqu'il ne fût âgé que de vingt-trois
ans. Siegert vivait encore en 1848, car il diri-
gea dans cette même année une fête musicale
à Raulh (Silésie). Depuis 1816, il a écril :
1° Un recueil de chants à trois voix, intitulé :
66 Driestimmige Choralmelodien; Breslau,
Gros, 1820. La deuxième édition de ce recueil
contient cent morceaux. 2" Plusieurs suites de
morceaux à plusieurs voix pour les écoles.
5° Des cantates, un Te Deum, une messe et plu-
sieurs autres compositions pour l'église; mais
il ne parait avoir rien publié jusqu'à ce jour.
Siegert a fait insérer dans le dix-neuvièmè nu-
méro de l'écrit périodique Erziehungs und
Schulrath, une dissertation intitulée: JFas
hat man von der musikalischen Bildùng
des weiblichen Geschlechts zu erwarten (Que
peut-on espérer de l'organisation musicale des
femmes?).
SIEGMEYER, ou plutôt SIEGMEIER
(Jean-Gottlieb ou Théophile), secrétaire de
la direction générale des postes, à Berlin, est-
né le 12 novembre 1778, à Perilzsch, près
d'Eilenbourg, en Saxe. Amateur de musique,
il s'est fait connaître par un traité d'harmonie
et de composition intitulé : Théorie der Ton-
setzkunst (Théorie de la musique) ; Berlin, Lo-
gier, 1822, in-4° de deux cenl cinquante-deux
pages. La théorie de l'harmonie, qui forme la
première parliedecet ouvrage, est fausse dans
son principe, obscure et en désordre dans ses
développements. La partie qui concerne la mé-
lodie est superficielle, etdansl'espèce de trailé
de contrepoint qui termine l'ouvrage, le sujel
est à peine ébauché. M. Sicgmeier a aussi
o
34
S1EGMEYER — SIEVERS
donné une traduction allemande du volume in-
titulé : Mémoires pour servir à l'histoire de
la révolution opérée dans la musique par
M. le chevalier Gluck. Cette traduction a pour
titre : Ueber den Rilter Gluck und seine
Werke. Briefe von ihm und andern beriihm-
ten Mannern seiner Zeit ; Berlin, Voss, 1822,
in-8° de trois cent quatre-vingt-quatre pages.
En 1837, ce volume a été reproduit comme une
deuxième édition, quoique, en réalité, on n'ait
changé dans les exemplaires de la 'première
que le frontispice, et ajouté une préface nou-
velle à celte nouvelle édition supposée. Le nom
de M. Siegmeier est aussi connu en Allemagne
par des romans et par des livres sur l'adminis-
tration des postes.
SIESTO (Joseph), ténor et professeur de
chant, né à Naples,dans les premières années
du dix-neuvième siècle, fit ses éludes mu-
sicales au collège royal de musique de San
Pielro a Majella, et y reçut des leçons de
chant deBusti. Sorti de celte école, il chanla
pendant quelques années au théâtre Nuovo et
dans les églises, se livrant aussi à l'enseigne-
ment de son art. Engagé, en 1837, au service du
roi de Saxe en qualité^ de chanteur de la
chapelle et comme professeur de chant attaché
à la direction du Théâtre royal, il resta
dans celte position jusqu'à la fin de juillet
1841 ; il retourna ensuite à Naples et y fut at-
taché à quelques institutions particulières
pour l'enseignement du chant. Il a publié
dans celte ville un ouvrage intitulé : Studio
elementare di cunto poggiato sugl intervalli
stmplici e loro dimenzioni (sans date).
SIEVERS (Hesri-Jacqces). Voyez SI-
VERS.
SIEVERS (Jean-Frédérfc-Louis), né dans
le Hanovre, vers 1740, fut d'abord organiste à
l'église Saint-André, de Brunswick, puis obtint
une position semblableàla cathédrale de Mag-
debourg, en 1774. Il mourut dans celle ville,
en 1806. On a publié de sa composition :
1° Trois sonales pour le clavecin, op. I ; Ber-
lin, Hummel. 2" Symphonie pour le clavecin,
avec deux violons, deux flûtes, deux cors et
basse; Francfort. 3° Chansons tirées du roman
de Stewarl; Magdebourg, 1779.
SIEVERS (Georges-Locis-Pierre) , fils
du précédent, est né à Magdebourg en 1775.
Il reçut de son père des leçons de musique,
dès son enfance, quoiqu'il ne fût pas destiné à
la culture de cet art. Après avoir achevé ses
éludes littéraires et scientiquesà Magdebourg
et à Brunswick, il se fit connaître par quel-
ques essais de poésie, et écrivit pour la Ga-
zelle musicale de Leipsick ses premiers essais
sur les caractères de la musique italienne et
allemande (t. IX, p. 503, 677 et 693). Sievers
n'avait point alors de connaissances positives
assez étendues pour traiter ces sujets avec la
profondeur nécessaire; aussi fut -il attaqué
dans le même volume de la Gazette musicale
concernant les erreurs où il était lombé. Au
commencement de 1808, il se rendit à Cassel
où il prit part à la rédaction de plusieurs jour-
naux et publia des romans. II travailla ensuite
à Altenbourg à quelques grands ouvrages pu-
bliés par la librairie Brockhaus, et il lui four-
nit, entre autres choses, quelques biographies
de musiciens pour les premières éditions du
Conversation' s Lexikon ; puis il alla à
Vienne, el enfin il se rendit à Paris vers 1810.
Il y fut le correspondant de plusieurs jour-
naux allemands, particulièrement de la Ga-
zette musicale de Leipsick, à laquelle il four-
nit beaucoup d'articles concernant l'état de la
musique en France. Depuis, en 1824, il s'est
fixé à Borne, et y a continué sa correspondance
musicale avec divers journaux el recueils pé-
riodiques de l'Allemagne, entre autres avec
les rédacteurs de l'écrit sur la musique inti-
tulé C'xcilia, la Gazette musicale de Leip-
sick, le Morgenblatt, les Zeitgenossen, les
archives littéraires et théâtrales de Ham-
bourg, et la Gazette de littérature et d'art,
de Vienne.
On a de Sievers quelques brochures rela-
tives à la musique; elles ont pour titres :
1° Ueber Madame Catalani, als Sxngerin,
Schauspielerin , etc. (Sur madame Catalani
comme cantatrice, comme actrice, etc.); Leip-
sick, 1816, in-8°. Cet écrit avait paru précé-
demment dans les Zeitgenossen. 2° Mozart
und Sùssmayer, ein neues Plagiat, etc.
(Mozart et Sltssmayer, nouveau plagiat, elc);
Mayence, Scholt, 1829, grand in-8°. Sievers
écrivit ce morceau à l'occasion de la question
soulevée par Godefroid Weber relativement à
la part que Mozart avait prise à la composition
de la messe de Requiem connue sous son nom.
Parmi les meilleurs articles fournis par Sie-
vers aux journaux de musique, on remarque
les suivants : 1° Sur l'état de la musique en
Italie, particulièrement à Borne (dans la Cz-
cilia, t. I, p. 201-260). 2° Sur l'exécution
du Miserere d'Allegri dans la chapelle Sixtine
(ibid., t. II, p. 66 84). 3° Sur la musique à
Borne {ibid., t. VIII, p. 213-224). 4° Sur les
compositeurs de Borne (ibid., t. IX, p. 1-7).
5° Sur Pélat actuel de la musique en France,
particulièrement à Paris [Gazette musicale de
SIEVERS — SIGHICELLI
35
Leipsick, t. XIX, p. 77, 117, 141, 265, 281 et
297). G0 Sur la musique à Paris (Cxcilia, t. I,
p. 295-316). 7" Sur les deux séjours de Mozart
à Paris (ibid., t. IX, p. 208-216). 8° Sur
l'Opéra de Paris (ibid., t. X, p. 17-26). 9° Sut-
la nature de la musique d'église (ibid., t. X,
p. 8-17). 10° Sur les nouvelles améliorations
des instruments à archet de M. Chanot, à
Paris (Gazette musicale de Leipsick, t. XXII,
p. 85).
SIEWERT (Benjamin-Gottiiold), né à
Danlzick, vers 1740, fut d'abord négociant
dans cette ville ; mais des pertes considérables
<jui furent pour lui la suite du partage de la
Pologne, en 1772, l'obligèrent à renoncer au
commerce, et à chercher des ressources dans
la musique qu'il avait d'abord cultivée en
amateur. Ayant obtenu une place d'organiste
et de maître d'école à Gtiltland, il demeura
dans ce lieu jusqu'au mois de décembre 1781,
et succéda alors à Loehlein dans la place de
maître de chapelle de la première église pa-
roissiale de Dantzick. En 1783, il publia dans
cette ville un recueil de chansons allemandes
avec accompagnement de clavecin. Il a laissé
en manuscrit quelques compositions pour
l'église.
SIEWERT (Henri), professeur de musi-
que et compositeur à Berlin, né le 10 avril
1818, à Braunsberg (Prusse orientale), fit
ses premières études de musique à Dantzick,
chez l'organiste Markull (voyez ce nom). En
1840, il se rendit à Berlin et fut admis comme
élève à l'Académie royale de musique, où il
reçut des leçons de composition et d'orgue de
Rungenhagen et de A.-W. Bach. Après avoir
terminé ses études, il s'est livré dans cette
ville à l'enseignement de son art. Parmi les
ouvrages de sa composition, on remarque :
1° Sept poésies à voix seule avec accompagne-
ment de piano, op. 1; Berlin, Gultenlag.
2° Quatre idem, op. 2; Berlin, Challier.
3° Cinq idem, op. 6; ibid. 4° Motet à quatre
voix (Meine Seele harret aufden fferrn), pour
chœur et voix seule, avec accompagnement
de piano, op. 5; Berlin, Gaillard. 5° Quatre
poèmes à voix seule avec piano, op. 7; ibid.
6° Chants bohémiens variés pour piano, op. 8;
Berlin, Challier.
SIFACE (Jean-François), dont le nom vé-
ritable était GROSSI, fut un des plus grands
chanteurs du dix-septième siècle. Il naquit en
Toscane, vers 1666, et fut élève de Redi. Doué
de la voix la plus belle et la plus pénétrante, il
acquit par ses études un style large et plein
d'expression qui excita l'admiration de ses
contemporains. Le nom de SIFACE lui fut
donné à cause de la perfection qu'il mit dans
le rôle du personnage de ce nom qui se trouve
dans le Mitridate d'Alexandre Scarlatti. Ce
chanteur célèbre fut assassiné par le postil-
lon qui conduisait sa voilure sur la route de
Gênes à Turin, et qui voulait s'emparer de ses
bijoux et de son argent.
SIGER (Paul), musicien flamand, né à
Herenlhals, vers le milieu du seizième siècle,
vécut à Cologne. Il a fait imprimer un recueil
de psaumes à cinq voix, de sa composition,
sous ce litre : Psalmodia Davidica, Davids
teusche Psalmen mit 5 und weniger Stimmen
zugericht; Cologne, 1590, in-4°
SIGFRIED(Othon), musicien inconnu aux
bibliographes de la musique, est cité par Paul
Balduanus (Biblioth. philosoph., p. 180, éd.
Jenx, 1616), comme auteur d'un livre qui
a pour titre : Arlis musicx delineatio, doc-
trinam modorum in ipso concentu practico
demoustrans, cum introductione pro inci-
pientibus accomodata ; Franco furti} 1608,
in-4°.
SIGHICELLI, famille de violonistes ita-
liens. Le chef de cette famille, PhilippeSighi-
celli, naquit à San Cesario, dans le Modenais,
en 1686, et mourut à Modène, le 14 avril 1773,
à l'âge de quatre-vingt-sept ans. On voit, dans
les comptes de la cour de Modène, que Philippe
Sighicelli était, en 1760, premier violon au
serviced'Hercule d'Esté, prince héréditaire de
Modène, qui succéda au duc François III, son
père, en 1780.
Joseph Sighicelli, fils de Philippe, né à
Modène, en 1737, était premier violon et chef
d'orchestre au service d'Hercule d'Esté, ainsi
que le prouve l'alraanach de la cour deModène
pour l'année 1777. Il remplit cet emploi jus-
qu'au moment où le duc de Modène fut obligé
d'abandonner ses États, dont il fut dépouillé
par Napoléon 1er. Il résulte d'un Mémoire du
comte François Ferrari Moreni , imprimé à
Modène, en 1852, que Joseph Sighicelli voya-
gea en Allemagne avec un riche seigneur, et
qu'il eut l'honneur d'accompagner à Berlin,
avec son violon, le roi de Prusse Frédéric II,
dans un duo pour la flûte. Distingué comme
chef d'orchestre et comme virtuose, cet artiste
mourut à Modène, le 8 novembre 1826, à l'âge
de quatre-vingt-neuf ans.
Charles Sighicelli, fils du précédent et son
élève pour le violon, naquit à Modène en 1772,
et mourut dans cette ville, le 7 avril 1806. Un
almanach de la cour de Modène, pour l'année
1796, fait voir que cet artiste était violoniste au
36
SIGHICELLÏ - SIGISMONDI
servi ce de. son prince, el qu'il avait la survivance
de son père pour la place de chef d'orchestre.
Antoine Sighicelli, fils de Charles, est né à
Modène, le 1er juillet 1802. Ses professeurs de
violon furent son aïeul Joseph Sighicelli et
Jean Mari, de Modène, artiste de talent, mort
premier violon et chef d'orchestre de la cour
de Modène, le 26 juillet 1854. En 1821, An-
toine Sighicelli fut nommé premier violon et
chef d'orchestre de la ville de Cenlo (Élats de
l'Église). Le 8 juillet 1825, l'Académie des
Philharmoniques de Bologne l'admit au
nombre de ses membres. En 1834, il fut nommé
premier violon chef d'orcheslre du théâtre de
Ferrare: enfin, il fut appelé à remplir les
mêmes fonctions à la cour de Modène, le 6 no-
vembre 1835. Après que les événements poli-
tiques de 1859 eurent obligé le duc Fran-
çois V de s'éloigner de ses Élats, la position de
Sighicelli ne changea pas, parce que, par un
décret spécial , le roi d'Italie a maintenu dans
leurs emplois les artistes de la chapelle ducale.
Renommé comme un des meilleurs chefs d'or-
cheslre d'Italie, Antoine Sighicelli dirige au-
jourd'hui celui du théâtre de Modène. Il est
aussi premier violon directeur de la Société
de quatuors fondée dans cette ville, en 1861.
Ses compositions sont restées inédiles jusqu'à
ce jour.
Pincent Sighicelli, (ils d'Antoine, est né à
Cenlo, le 50 juillet 1830. D'abord élève de son
père pour le violon, il se rendit à Vienne, en
1847, pour étudier le contrepoint sous la di-
rection de Sechter, et reçut, dans la même
ville, des conseils des violonistes Ilellmesber-
ger et Mayseder. Dès le mois de janvier 1846,
Vincent Sighicelli avait été admis dans la cha-
pelle du duc de Modène, et le 29 janvier 1849,
un décret du duc l'appela au poste de direc-
teur adjoint et de violon solo de l'orchestre du-
cal. En 1855, cet artiste s'est rendu «à Paris, où
il s'est fixé. Il s'est fait entendre avec succès
dans ses voyages en Angleterre, en Alle-
magne, en Belgique, en Hollande et en Es-
pagne. Ses œuvres pour son instrument, au
nombre de vingt-quatre, ont été publiées à
Jlilan, chez Ricordi, à Paris, chez Richanlt,
et à Bruxelles, chez Schott. M. Sighicelli est
membre de l'Académie des Philharmoniques
de Bologne, de l'Académie de Sainte-Cécile, à
Rome, et de l'Académie philharmonique de
Florence. Il est décoré de l'ordre royal de
Charles III d'Espagne, et a reçu une médaille
de mérite du roi d'Italie.
SIGISMONDI ou SIGISMONDO (Jo-
skpii), né à Naples, le 13 novembre 1739j fit
ses éludes ati collège des jésuites. Il fut
d'abord avocat et cultiva la musique comme
amateur. Ses maîlres de chant avaient été Jo-
seph Geremia de Calane, ancien élève du Con-
servatoire de Lorelo, et Gennaro Capone, dis-
ciple deColumacci.
Ses liaisons avec les plus célèbres musi-
ciens de son temps lui firent ensuite aban-
donner le barreau pour .se livrer en liberté à la
culture de l'art. Sigismondi ne fit jamais
d'études sérieuses de composition ; sa manière
de s'instruire dans cet art fut toute pratique;
car ce fui surtout par la lecture des partitions
des maîtres célèbres qu'il apprit à écrire ses
propres idées. Son premier essai fut la musique
de YEndimione de Mélaslase, puis il écrivit
les oralorios YAssunzione délia Vergine,
Santa Anna, San Giuseppe eiSan Giovanni
di Dio. Son occupation principale fut l'ensei-
gnement de l'art du chant; parmi ses élèves,
le marquis de Villarosa cite (1) la reine Marie-
Caroline d'Autriche, Madeleine Pignalver, et
le professeur de chant Emmanuel Imhimbo
(voyez ce nom), qui, plus tard, se fixa «à Paris.
Après la réorganisation du Conservatoire de
Naples sous le règne de Mural, il fut nommé
bibliothécaire de cette école, et conserva sa
place jusqu'à sa mort, arrivée le 10 mai 1826,
après qu'il eut atteint l'âge de quatre-vingt-
sept ans. La Bibliothèque du Conservatoire de
Naples contient beaucoup de cantates qu'il a
composées depuis 1766 jusqu'en 1799. Ses
autres ouvrages sont ceux dont les litres
suivent : 1° Cantata per la Nascila di
N. S. G. C, composée en 1788. 2" Principii
di musica. 3° Sol feggi per soprano. 4° So-
nate per organo. 5" Toccale per Cembalo.
6° Esercizio di canto. Toutes ces productions
sont en manuscrit à la Bibliothèque du Conser-
vatoire royal de Naples. Sigismondo cultivait
aussi les lettres. Son goût passionné pour la
comédie, qu'il jouait dans sa maison avec
quelques amis, le conduisit à écrire beaucoup
de pièces, la plupart en dialecte napolitain, et
de canevas de proverbes à improviser. Il a pu-
blié une partie de ses productions de ce genre;
toutefois, il tirait peu de profil de tout cela ; il
fut même obligé d'accepter, pour vivre, une
place d'écrivain du tribunal civil, qu'il aban-
donna plus tard pour celle de greffier du juge
de paix ; mais dans ses dernières années, il se
borna à ses fondions de bibliothécaire. Sou-
vent retenu chez lui par la goutte, il visitait peu
le dépôt qui lui était confié et le laissait dans
(1) Memoric (Ici compositori di musica dcl rejno di
Napoli, p. 209.
S1GISM0NDI - SIKORSKI
37
tin grand désordre. Par les soins de M. Flo-
limo, son successeur, cette belle bibliothèque
est aujourd'hui dans le meilleur état et s'est
considérablement enrichie.
SIGISMUNDO D'IINDIA, chevalier de
Saint-Marcel gentilhomme du prince Maurice,
cardinal de Savoie, naquit à Palerme, en Si-
cile, dans la seconde moitié du seizième siècle,
et vécut d'abord à Florence, puis à Rome, et
enfin à Venise, où il se trouvait encore en 1030.
Amateur de musique distingué, compositeur et
poCle, il a fait imprimer : 1° Le Musiche da
cantate solo net clavicordo , chitarrone,
arpa doppia et allri istromenti simili. In
Milano, appresso l'herede di Simon Tini e
Filippo Lomazzo, 1609, in-fol. Recueil in-
téressant pour l'histoire des premiers temps
du chant à voix seule accompagné d'instru-
ments sur la basse chiffrée. 2" Il primo libro
délie villanelle alla napolilana ; in Vene-
tia, appresso A 'ngelo Gardano, 1610, in-4°.
3° Il primo libro di Ifladrigali a cinque
voci; in Roma, app. Robletli, 1624. Cette
édition est la seconde de ce livre; j'ignore la
date de la première. 4° Madrigali a cinque
voci, lib. 2; Venise, 1611, in-4°. 5° Idem,
lib. 5; ibid., 101 1, in-4u. 6° Le Musiche del
Cavalier Sigismundo d'India, libri cinque;
Venise, 1625, in-fol. Cet ouvrage est composé
de cantates en style de récitatif, alors en
vogue: On y remarque le Lamenta di Didone,
le Lamenlo di Jasone, et le Lamento di
Olimpia. 7° Motetti a più voci; Venise,
1627, in-4". 8» L'Ottavo libro de' Madrigali
a cinque voci. con il basso continuo; in
Roma , app. Gio.-Baltisla Robletli, 1624,
in-4°. C'est une réimpression. Dans l'épitre
dédicaloire de ce livre à la princesse Isabelle
de Modène, Sigismondo dit que ces madrigaux
ont été composés lorsqu'il était au service de
la maison d'Esté.
SIGL - VESPERMAISIV ( Catherine ) .
foyez VESPERMAINN.
SIGNOltELLI (Pierre-Napoli), littéra-
teur, né à Naples, le 28 septembre 1751, fit
ses études chez les jésuites, et fut d'abord avo-
cat; mais plus tard, il renonça au barreau
pour suivre la carrière des lettres. Une pas-
sion malheureuse et des chagrins domestiques
lui firent abandonner sa patrie pour se rendre
en Espagne. Arrivé à Madrid, il y obtint la
place de garde du sceau de la lolerie; mais le
désirde revoir son pays l'y ramena au bout de
trois ans. Après un second voyage en Espagne,
il retourna à Naples, y eut la place de secré-
taire de l'Académie cl y publia son Histoire
littéraire du royaume des Deux-Siciles et
V Histoire des théâtres. En 1798, il prit part
à la révolution qui suivit l'envahissement du
royaume de Naples par l'armée française, et
fut obligé de se soustraire par la fuite aux con-
séquences de ce fait, lorsque le cardinal Ruffo
rentra dans la capitale en vainqueur. Retiré à
Milan, il y fut nommé professeur au Lycée de
Rrera, puis il obtint la chaire de droit naturel
et de philosophie à Pa vie, et enfin, celle de pro-
fesseur d'histoire et de diplomatique à Bologne.
Rentré à Naples, en 1800.il y vécutdans le repos,
et y mourut le 1er avril 1815, des suites d'une
attaque d'apoplexie. Dans son livre intitulé :
Vicende délia collura délie Due Sicilie, o sia
Storia ragionata délie lettere, délie arti, etc.
{Naples, 1784, cinq volumes in-8"; 1810, huit
volumes in-8°), il donne beaucoup de rensei-
gnements concernant l'histoire de la musique
ancienne et moderne dans le royaume de Na-
ples. On a du même auteur une histoire cri-
tique des théâtres anciens et modernes (Storia
Critica de' teatri antichi e moderni, etc.j
Naples, 1787, six volumes in-8° ; ibid., 1815,
dix volumes in-8°) ; ouvrage médiocre, dans
lequel on trouve des anecdotes sur l'Opéra ita-
lien et sur quelques chanteurs. Signorelli a
aussi publié Lettera sullo spetlacolo musicale
de/1803; Naples, 1804, in-8°.
SIGIMOllETTI (Aurélien), né à Reggio,
fut maître de chapelle de la cathédrale de
celle ville. Il mourut dans celte position en
1655. On a imprimé de sa composition :
1° Canttis vespertinum omnium solemnita-
tum. Psalmodia quinis seu novenis vocibus
concinenda, una cum busso ad organum;
Veneliis, per Alessandrum l'icentinum,
1629, in-4°. 2° Il primo libro de' Motetti a
2, 5, 4, 5, 6 e 8 voci; ibid., 1615, in-4°. On
conserve en manuscrit dans les archives de la
cathédrale de Reggio des Magnificat à huit
voix, et des messes à seize voix en quatre
chœurs de la composition de cet artiste. Les
messes sont datées de 1 626.
SIGIVORETTI (Joseph), violoniste ita-
lien, fut élève de Tartini. Vers 1770, il se fixa
à Paris, et y publia deux œuvres de six qua-
tuors chacun, pour deux violons, alto et basse.
Il y vivait encore en 1786.
SIKORSKI (Joseph), littérateur-musi-
cien, critique et compositeur, né à Varsovie,
en 1815, fit ses premières études au lycée de
celle ville, dès l'âge de neuf ans. Il y apprit
les éléments de la musique sous la direction
du professeur Joseph Siefani (voyez ce nom).
Plus tard, Joseph Jawurck, professeur du Con-
S1K0RSKI - SILBERMANN
servatoirc, lui donna quelques leçons de piano;
mais la révolution polonaise de 18f30 interrom-
pit ses études. Quand la tranquillité eût été ré- !
taMie, Sjkorski travailla seul sur son instru-
ment, et les leçons qu'il en donna contribué- j
rent à ses propres. Son instruction dans l'har-
monie et dans la composition fut le résultai de j
la lecture assidue du volumineux ouvrage de
Marx {voyez ce nom); en sorte queSikorski ne
dut qu'à lui-même ce qu'il savait de l'art dans
lequel il s'est distingué. Ce fut aussi par ses
propres efforts qu'il apprit plusieurs langues,
particulièrement l'allemand, le français, et
qu'il acquit une élégance de style fort estimée
de ses compatriotes. Ii a fourni un grand
nombre d'articles de critique musicale aux di-
vers journaux de sa patrie, particulièrement à
la revue intitulée Bibliothèque de Farsovie et
à la Gazeta Codzienna. Lui-même a fondé
un journal spécial de musique, sous le titre :
Ruch Musyczny (Mouvement musical), dont
les premiers numéros ont paru en 1856. On a
de Sikorski une méthode de piano intitulée :
Nowa szkola na Fortepian; Varsovie, Rlu-
kowski. M. Sowinski, à qui j'emprunte ces dé-
tails, cite aussi une traduction de l'ouvrage al-
lemand de Busse, auquel il donne pour titre le
Maître de chant, mais dont la traduction
exacte est : Livre choral en chiffres pour les
écoles, ainsi qu'un Manuel de chant, publié à
Varsovie. Les compositions publiées du même
artiste sont : Nocturne et Tableau de village,
pour piano seul, dans V Album des composi-
teurs polonais, et deux airs à voix seule avec
piano. Il a en manuscrit: 1° Plusieurs messes,
sur le texte polonais, avec accompagnement
d'orgue. 2° La Cloche, de Schiller, traduite
par Minasowicz, en forme de mélodrame.
5° Alpcnhorn (le Cor des Alpes), pour voix
seules, choeur et orchestre. 4° Pièces fugitives
pour le piano. 5° Chants divers.
SILBER (maître Eicharius), imprimeur
à Rome, dans la dernière moitié du quinzième
siècle, parait être un des premiers typogra-
phes qui ont imprimé de la musique en carac-
tères mobiles, et avoir précédé de quelques
années les travaux de Petrucci de Fossom-
brone. Il existe dans la belle bibliothèque de
Christ-Church, à Oxford, un exemplaire, peut-
être unique, découvert par M. le docteur Rim-
banlt (voyez The Musical World, t. XIX,
p. 285) d'un drame intitulé : Hisloria Bœ-
tica, sans nom d'auteur. A la fin du volume,
on lit : Per magistrum Eucharium Silber.
1493, in-fol. Ce volume, dit M. Rimbault, est
terminé par deux airs et deux chœurs, qui
sont les plus anciens spécimens de musique
imprimée. S'il entend par ces paroles des ca-
ractères mobiles, son assertion parait exacte,
car les exemples de musique du livre de Bur-
tius, imprimé en 1487, sont gravés sur bois
d'une manière assez grossière. Quant aux
Flores musicx de Hugon de Reullingen, im-
primés à Strasbourg en 1488. les exemples de
musique paraissent avoir été fondus en une
seule pièce pour chaque portée, et les carac-
tères de notation gothique y sont bien faits.
SILBERMANN, nom d'une famille célèbre
dans la facture des instruments, qui a eu pour
chef André SILBERMANN. né à Frauen-
stein, en Saxe, le 19 mai 1078. Il était fils de
Michel Silbermann, charpentier. S'étant livré,
dès sa jeunesse, à l'élude de la construction
des orgues, il commença à voyager en 1700,
pour augmenter ses connaissances dans cet
art. Arrivé à Hanau en 1701, il s'y arrêta et y
travailla quelque temps; puis il se rendit à
Strasbourg, où il épousa, le 15 juin 1708,
Anne -Marie Schmid, qui le rendit père de
douze enfants, savoir : neuf garçons et trois
filles. Huit de ces enfants moururent en bas
âge. And ré Silbermann cessa de vivre le 10 mars
17ô4. Dans l'espace de vingt-sept ans, il avait
construit trente orgues, depuis son arrivée à
Strasbourg. En voici le catalogue : 1° L'orgue
de l'église Saint-Nicolas, à Strasbourg, en
1707. 2° Celui du couvent de Sainte-Margue-
rite, en 1700. 3° Celui du temple prosteslant
de Saint Pierre, 1707. 4" Celui de Marmou-
tier (Bas-Rhin), 1710. 5° Celui de la cathé-
drale de Baie, en 1711. 0° Un positif au cou-
vent des Guillelmines de Strasbourg, 1712.
7" L'orgue d'Oberenheim, 1713. 8° Celui de
Giedertheim, 1715. 9° Celui de la cathédrale
de Strasbourg, 1716. 10° Celui de l'église
Saint-Étienne, dans la même ville, 1716.
1 1» Un positif à Andlau (Bas-Rhin), en 1717.
12u L'orgue du couvent de la Madelaine, à
Strasbourg, 1718. 13° Un positif à Ebersheim-
mtinster (Bas-Rhin), 1718. 14° L'orgue de
l'église Saint-Léonard, à Bàle, 1718. 15° Un
positif à Haguenau, 1719. 10" Un idem, à
Grendelbach, petit village du département du
Bas-Rhin, 1719. 17° Un idem, à Laulenbach
(Haut-Rhin), 1719. 18° Un orgue à l'église
Saint-Jean de Wissebourg, 1720. 19° Celui de
Saint-Léonard, près d'Oberenheim, 1721.
20° Celui d'Allenheim, près d'Offenbourg,
1722. 21" Un positif à Rolbshcim, 1722.
22" L'orgue de l'église des Dominicains, à Col-
mar, 1720. 23" Celui de l'église de Saint-Guil-
laume, à Strasbourg, 1728. 24° Celui de Bisch-
SILBERMANN
39
weiler, 1729. 25° Celui d'Alto rf (Bas-Rhin),
1750. 26° Celui d'Ebersheimmttiister (Bas-
Rhin), 1731. 27° Celui de l'abbaye d<: Kœnigs-
briik, près de Leutenheim (Bas-Rhin), 1752.
28" Celui de l'église de l'hôpital, à Col ma r,
1752. 29° Celui du temple protestant, dans la
même ville, 1732. 30° Celui de Rosheim, 1733,
dernier ouvrage de cet hahile facteur.
SILBERMANN (Godefroid), frère puîné
du précédent, né à Frauenslein, le 14 janvier
1683, apprit les éléments «le la facture des or-
gues chez son frère à Strasbourg, et donna,
dès 1714, une preuve de son habileté par la
construction de l'orgue de la cathédrale de
Freyherg, composé de quarante-cinq jeux. De
retour en Saxe, il s'était fixé dans cette ville,
et y avait établi des ateliers pour la construction
des instruments à clavier. Soit qu'il eùteucon-
naissancedes essais de Schrœter (voyez ce non.)
pour la construction des pianos, soit que les
travaux contemporains du facteur fiançais
Marins et de l'Italien Cristofali ou Crislofori,
lui eussent été signalés; soit enfin qu'il eût
trouvé lui-même le principe de cet instrument
dans letympanon, il est certain qu'il fut un
des premiers facteurs qui en fabriquèrent, et
que l'invention du piano lui fut généralement
attribuée en Allemagne. Schrœter n'en ré-
clama l'honneur qu'après la mort de Silher-
mann. Celui-ci, ayant construit deux de ces
instruments, les soumit à l'examen de Jean-
Sébastien Bach qui, donnant de justes éloges
à la nouveauté du mécanisme, trouva cepen-
dant le son faible dans les octaves supérieures.
Frappé de la justesse des observations de ce
grand artiste, Silbermann se livra en silence
à de nouvelles recherches, et cessa de mettre
de nouveaux instruments en vente jusqu'à ce
qu'il eût enfin trouvé le moyen de leur donner
un volume de son plus intense. Après beau-
coup d'essais et de dépenses, il put enfin faire
essayer un nouveau piano par J.-S. Bach, qui
le déclara sans défaut. Dès ce moment, les
pianos de Silbermann acquirent de la célé-
brité. Cet habile facteur fut aussi l'inventeur,
en 1740, du clavecin d'amour, instrument dont
les cordes avaient une longueur double, et re-
posaient vers les deux extrémités sur des che-
valets placés à égale distance, en sorte qu'étant
frappées par le milieu, elles rendaient un son
double à l'unisson. Hœhnel,de Meissen, a per-
fectionné cet instrument, dont les sons étaient
à la fois puissants et moelleux. Les orgues prin-
cipales construites parSilbermann sont lessui-
vantes : 1° L'orgue du château de Dresde, de
quarante-cinq jeux. 2° Celui de l'église Notre-
Dame, composé de quarante-trois jeux, dans la
même ville. 3°Celui de Sainte-Sophie; de trente
et un jeux, en 1722. 4" Celui de Saint-Pierre, à
Freiberg , de trente deux jeux. 5" Celui de
Pœnitz, près d'Altenbourg, composé de vingt-
sept jeux, en 1737. Dans l'espace de quarante-
cinq ans, c'est-à-dire depuis 1708 jusqu'en
1753, Silbermann avait construit quarante-
deux orgues. Cet artiste mourut à Dresde, le
4 août 1753.
SILBERMANN (Jean-André), fils aîné
d'André, naquit à Strasbourg, le 26 juin 1712.
Élève de son père, il jouit d'une grande célé-
brité comme facteur d'orgues, et de l'estime
de ses concitoyens pour ses qualités sociales.
Il mourut à Strasbourg, le 11 février 1783,
avec le litre de membre du conseil de celle
ville. Jean-André eut, d'un premier mariage
neuf enfants, dont sept moururent en bas
âge. Des deux fils qui lui restèrent, l'aîné
(Jean-Josias) fut aussi facteur d'orgues, et
mourut leôjuin 1786; le second (Jean-André),
qui était le neuvième de ses enfants, fut négo-
ciant. Celui-ci eut deux fils (Jean-André et
Frédéric-Théodore), dont le dernier fil ses
études musicales au conservatoire de Paris,
devint habile violoncelliste, et mourut le5juin
1816. Depuis 1736 jusqu'en 1782, Jean-André
Silbermann, fils d'André, construisit cin-
quante-quatre orgues, dont les principales sont
celles de l'église Saint-Thomas, de Strasbourg,
du temple neuf de la même ville, de la collé-
giale de Colmar, des églises Saint-Élienne et
Saint-Théodore, à Bâle, etde l'abbaye de Saint-
Biaise, dans la Forêt-Noire. Ce dernier instru-
ment, le plus considérable de ceux qu'a con-
struits Silbermann, est aujourd'hui dans l'église
catholique de Carlsruhe. Jean-André Silber-
mann estaussi très-estimé à Strasbourg comme
auteur d'une bonne histoire de celte ville, la-
quelle a pour titre : Lokal-Geschichle der
Sladt Strasbourg ; Strasbourg, 1775.
SILBERMANN (Jean-Daniel), deuxième
fils d'André, né à Strasbourg, le 31 mars 1717,
fut aussi facteur d'orgues distingué. En 1751,
il se rendit à Freyherg auprès de son oncle
Godelïoid , qui l'avait demandé pour qu'il
l'aidât à terminer l'orgue de la chapelle de la
cour, à Dresde. Après la mort de son oncle, il
se fixa dans cette ville, et s'y livra avec succès
à la fabrication des clavecins et des pianos.
Il mourut à Leipsick, le 6 mai 1766, avec les
titres de fadeur d'orgues etde commissaire de
la cour de Saxe. Compositeur de quelque mé-
rite, il a laissé plusieurs ouvrages en manu-
scrit.
40
S1LBI£RMANN — SI1-VA
SILBERMANN (Jeah-Hemu), le plus
.jeune des fils d'André, naquit à Strasbourg, le
24 septembre 1727. La facture des pianos
l'occupa spécialement, et ses instruments
furent les premiers de ce genre qui se répan-
dirent en France, où ils eurent beaucoup de
réputation. Il mourut le 15 janvier 179!), lais-
sant deux fils, dont Painé (Jean-Frédéric), né
le21 juin 17C2,etmort le 8 mars 1817, fut à la
fois facteur de pianos, organiste de l'église
Saint-Thomas, à Strasbourg, et compositeur.
Il a laissé en manuscrit un Hymne à la paix,
des chansons allemandes, et plusieurs autres
ouvrages.
S1LBERSCHLAG (Jean-Tsaie), con-
seiller du consistoire et membre de l'académie
des sciences de Berlin, naquit à Aschersleben,
en Prusse, et mourut le 11 juillet 1790. Au
nombre de ses écrits, on remarque son sermon
à l'occasion du nouvel orgue de son église, in-
titulé : Einweihungspredigt einer neuen
Orgel in der Dreifultigkeitskirche; Berlin,
1775, in 8".
SILCIIER (Frédéric), directeur de mu-
sique à Tubingue, est né le 27 janvier 1789, à
Schnailb, près de Scborndorf, dans le royaume
de Wurtemberg. Dès son enfance, il montra
d'heureuses dispositions pour la musique et
pour le dessin, et cultiva ces deux arts avec
une ardeur égale. Il avait atteint sa quator-
zième année, lorsqu'il rencontra enfin un bon
maître de musique dans l'organiste Auberlen,
à Fellbach, près de Stuttgart. Les leçons qu'il
en reçut, et les progrès qu'il fit pendant ses
séjours à Scborndorf et à Louisbourg, le mi-
rent en état de s'établir à Stuttgart, où il se
livra à l'enseignement du chant. En 1817, il
écrivit, par ordre du sénat académique de Tu-
binge, une cantate pour le troisième jubilé sécu-
laire de la réformation, et l'exécution de cet
ouvrage lui procura sa nomination de direc-
teur de musique dans celte ville. Il en remplit
encore les fonctions (1864), et jouit de la répu-
tation de musicien instruit et plein de zèle. La
société de chant lui doit sa bonne organisation
et ses progrès. Il est chargé de l'enseignement
du chant et de la musique au séminaire évan-
gélique, et dirige les concerts. En 1825, il a été
désigné par le gouvernement pour prendre
part à la formation du nouveau livre choral à
quatre voix pour le royaume de Wurtemberg,
et il y a introduit de belles mélodies. Depuis
lors il a publié le livre de chant à trois voix,
dont le succès a été considérable. Les princi-
paux ouvrages de M. Silcher sont : 1° Six
hymnes à quatre voix; Tubingue, Laup. 2° Mé-
lodies du livre choral du Wurtemberg à trois
voix, première et deuxième parties; ibid.
3° Douze canons pour trois voix de dessus ou
trois voix d'hommes, à l'usage des écoles, ibid.
4° Six chansons allemandes à quatre voix
d'hommes; ibid. 5° Douze idem; ibid. 6° Deux
suites d'hymnes à quatre voix, à l'usage des
fêtes et dimanches ; ibid. 7° Chansons popu-
laires de la Souabe, de la Thuringe et de la
Franconie à quatre voix. Plusieurs cahiers,
ibid. 8° Beaucoup de chants à voix seule ou à
deux voix, avec accompagnement de piano;
Tubingue, Fues. M. Silcher a en manuscrit des
ouvertures et des divertissements pour l'or-
chestre, ainsi que des cantates d'église.
SILPH1N VOM WALDE (....), compo-
siteur à Budolsladt, y vivait en 1847. Les bio-
graphes allemands gardent le silence sur cet
ar'iste; on sait seulement qu'il a obtenu un
prix à Manheim, dans cette année, pour une
ouverture de concert à grand orchestre. Son ou-
verture dramatique intitulée les Gnomes et les
Elfes a été publiée à Budolstadt, chez Millier.
On connaît aussi de lui des trios de salon pour
piano, violon et violoncelle; Manheim, Heekel.
SILVA ou SYLVA (André DE), maître,
né dans la seconde moitié du quinzième siècle,
est sans doute le même musicien que celui dont
Glaréan a rapporté un Kyrie et un Hosanna à
trois voix (Dodecach., fol. 432 433), sous le
nom d'Andréas Sylvanus, et qui est un des
interlocuteurs du dialogue de Sébastien Vir-
dung(l)etdes deux premiers livres de la .Vu-
surgia d'Ollmar Nachlgall ou Luscinius (2).
Aucun renseignement n'a été découvert jus-
qu'à ce joui- sur la patrie de Silva, ni sur la
position qu'il occupa. Il n'était pas Français
et ne s'appelait pas Dubois (de Silva), car
l'éditeur Atlaingnant de Paris, son contem-
porain, conserva les noms des compositeurs
de sa nation dans tous les recueils qu'il pu-
blia, et parmi ceux dont il a imprimé les ou-
vrages figure De Silva et non Dubois. S'il
était Allemand, on pourraitcroire que son nom
de famille était Von Wald, ou que peut-être
(1) Ulusica getutscht und auszgezogen durcit Sebas-
tianum Virdung l'riesteis von Antberg, und ailes gesang
autz drnnoten in die tabulaturen diser [sic) benanleud ruer
Instrumente* der Orgeln : der Laulen : und der Fleetvn
transferrieren zu lemen karlzlich gemacht,etc. In-i" obi.
cinquante-six feuillets, sans date et sans nom de lieu
(Dâle, tbll).
(2) Musurgia den praxis M usine. Illins primo quœ
instrumentis agilur cerla rutiu, ab Oltomaru Luscinio
Argenlino duabus libris absuluta. Ejustdem Oltomari
Luseinii, de concernas polgphoni, id est cj: plurij'uriis
vocibus cotnpositi, càtwnilus, Libri to'idcni, Argentoiati
apud Johanneni Scltuttum, I > ''11, in-'f obi.
SILVA
41
il élnit né dans la Forêt-Noire, d'où on Pâmait
appelé De Sylva, ou Sylvanus (dans la liasse
latinité). Virdung semble en effet nous con-
duire à cette conjecture dans l'épitre dédica-
toire de son livre, datée de Bâle, 1511, où l'on
voit que Sylvanus était son ami et habitait le
même pays que lui. Il avait composé un grand
traité de musique, dont celui qu'il a publié
n'était qu'un abrégé : « Pour éviter des frais
» considérables, dit-il, j'ai préféré ne pas pu-
» blier mon grand livre, et faire cet extrait
» pour satisfaire au désir de mon ami Andréas
« Sylvanus. » Oltmar Luscinius, qui a traduit
une partie de l'ouvrage de Virdung, dans sa
Musurgia, ne fournit aucun éclaircissement
concernant la personne de Sylva ou Sylvanus.
Outre les deux morceaux conservés par Gla-
réan, on trouve des compositions d'André de
Sylva dans les recueils dont voici les titres :
1" Motetti de la Corona, libro primo; im-
pression Forosempronii per Octavianum
Petrulium, 1514, petit in-4° obi. 2° Motetti
del Frutlo aseivoci, liber primus (sic) 3 in
Fenetia nella stampa d'Antonio Gardane,
1539, in-4°. 3" Selectissimx neenon familia-
rissimx cantioties ultra centum etc.; a sex
iisque adduas voees ; Auguslœ Findelicorum,
Melchior Kriesstein excudebat, 1540, petit
in-4° obi. 4° Tomus secundus Psalmornm se-
lectorum quatuor et quinque vocibus; No-
rimbergx , apud Jo. Pelreium, 1539, petit
in-4° obi. 5" Liber terlius : Viqlnti musi-
cales quinque, sex, vel octo vocum motetos
habet, etc;Parisiis in vico Cithare apud Pe-
trum Attuingnant, 1534, petit in-4° obi.
G° Liber quartus idem; ibid., 1534. G0 Liber
duodecimus idem; ibid., 1535. 7° Motetti del
Fiore. Liber primus cum quatuor vocibus;
Lugduni per Jacobum Modernum, 1532,
petit in-4" obi. 8° Selectissimarum Sacrarum
cantionum quas vulgo Moteta vocant Flores,
trium vocum. Lovanii, ex Typographia
Pétri Phalesii, 15G9, in-4°. Jean-Georges
Schielen (in Bibliolh. enucleata, p. 328) et
Gesner (in Pandect, I. VII, tit. VI, fol. 83),
attribuent à Sylvanus un Compendium mu-
sicale, mais n'indiquent pas si l'ouvrage est
imprimé.
SILVA ou SYLVA (le Père Manuel-Nunes
DA), jésuite, né à Lisbonne, en 1678, fut
d'abord maître de chapelle de l'église Sainte-
Catherine, île cette ville, puis directeur du
chœur de l'église paroissiale de Sainle-Marie-
Madeleine, eten dernier lieu maître de chapelle
de la collégiale royale de Notre-Dame de la
Conception. Il occupait celle dernière position
en 1725. On a de lui un livre intitulé : Arte
Minima, que coin semi-brève prolacia m trata
em tempo brève, os modos de Muxima, et
longa sciencia da Musica; Lisbonne, Ant. 81a-
ncscal, 1725, un volume in-4°. Ce titre est un
jeu de mots sur les noms des signes «le l'an-
cienne notation mesurée, à savoir: la minime,
la semi-brève, la brève, la longue, la maxime,
les prolations, les temps et les modes. La si-
gnification de ce rébus est que l'ouvrage ensei-
gnera en peu de temps l'art de la musique, qui,
par lui-même, est difficile et exige de longues
études. Ce livre, dédié à la Vierge Marie, est di-
visé en trois parties qui ont une pagination par-
ticulière chacune. La première est relative à la
solmisation, à la notation proportionnelle et
aux éléments du contrepoint; la seconde ren-
ferme un traité de plain-chant (canto cliao);
dans la troisième se trouve l'analyse de toutes
les parties de la musique. Les exemplaires de
cet ouvrage se trouvent difficilement, même
en Portugal.
SILVA (Jean DE), écrivain napolitain,
n'est connu que par un éloge du compositeur
Caffaro, intitulé : Elogio di Pasquale Caf-
faro, detto Caffarelli; Naples, 1788.
SILVA (Poll DE), compositeur, est né le
28 mars 1834, à Saint-Esprit, près de Bayonne
(Basses-Pyrénées). Fils d'un négociant, il fit
ses premières éludes musicales sous la direc-
tion de sa mère et de sa grand'mèrc, qui
avaient été élèves des maîtres les plus distin-
gués de Paris. Dès l'âge de sept ou huit ans,
il était déjà initié à la connaissance des œuvres
classiques des meilleurs compositeurs et s'es-
sayait à écrire de petites choses sans aucune
notion des lois de l'harmonie. Sa famille
s'étant établie à Bordeaux, il reçut alors des
leçons de composition d'un Allemand, ancien
chef d'orchestre, nommé Funck, et lut avec
avidité quelques bons traités d'harmonie et de
contrepoint. Arrivé à Paris en 1854, il y prit
quelques leçons de Turhri (voyez ce nom) pour
la composition : Halévy, à qui il soumit plu-
sieurs de ses ouvrages, les approuva et voulut
faire entrer M. de Silva dans sa classe, au
Conservatoire; mais ce jeune artiste ne put
jouir de cet avantage, parce que sa mauvaise
vue, qui va presque jusqu'à la cécité, ne lui
permet pas une application suivie. Les ou-
vrages publiés par M. de Silva sont : 1° Deux
romances sans paroles pour violon ou violon-
celle; Paris, Benacci. 2° La Ronde des lutins,
caprice pour piano; Paris, Girod. 3" Polo-
naise pour piano; ibid. 4" Invocation pour
piano, harmonium, violon cl violoncelle;
42
SILVA — SIMON
Paris, Alexandre. 5° La Chasse aérienne,
rondo scherzo pour piano; Paris, Flaxland.
6° Quarante mélodies et nocturnes pour chant;
Paris, Richault. 7° Prière à la Vierge, à trois
voix de femmes; ibid. 8° Douze pensées mu-
sicales pour piano, divisées en quatre cahiers;
ibid. M. de Silva a en manuscrit trois opéras,
dont un est reçu à l'Opéra-Comique; plusieurs
quintettes, quatuors, trios et duos pour piano
et instruments à archet; deux symphonies
pour l'orchestre; une ouverture idem; une
barcarolle idem; plusieurs chœurs avec or-
chestre; musique religieuse, etc.
SILVANI (Joseph -Antoine), compositeur
de l'école de Bologne au commencement du
dix-huitième siècle, était, en 1720, maître de
chapelle à l'église Saint-Étienne de Bologne.
Il y publia alors un recueil de quatre messes à
quatre .voix, avec deux violons et orgue. Cet
ouvrage est indiqué comme l'œuvre onzième
de cet auteur; les autres productions de cet
artiste sont: 1° Litanie concertatea 4 vnci con
violini e senza, op. 1 ; Bologne, Ma ri no Si 1-
v ani .2" Lnni sacri per tutto V anno 7a voce soin ,
con violini, op. 2; ibid., 1702. 5° Sacri Bcs-
ponsori délia seltimana santa a 4 voci, op. 5;
ibid., 1704. 4° lnni sacri per tutto Vanrio a
4 voci, op. 4; ibid., 17015. 5° Tre Misse so-
lenne a 4 voci con organo, op. 5 ; ibid., ]70'k
G" Stabat Mater, Benedictus , Miserere, Le
tre Alleluya con il tratto del Sabbato sanlo a
otto voci. op. 0; Bologne, 1708. 7" Messe a
quattro voci con organo, op. 7; ibid., 1709.
8" Motetti a otto voci pieni, con il Respon-
sorio di Santo Antonio, op. 8; Bologne, par
les héritiers de Silvani, 1711. 9" Motetti con
le quattro Antifone délia B. F. a voce sola,
op. 9. 10" Motetti a 2 e 3 voci con violini e
senza, op. 10 ; ibid., 1716.11° Sacri Lamen
tasioni délia settimana santa a voce sola,
op. 13; Bologne, chez l'auteur, 1720. 12° Se-
condo libro délie litanie délia Beata Firgine
a 4 voci concertait' , con violini e ripieni,
op. 14; ibib., 17215. 13u Cantate morali e
spirituali a 1, 2 e 3 voci; ibid., 1727. Silvani
a laissé en manuscrit : 1° Quatre messes à
quatre voix avec orgue. 2° Trois messes solen-
nelles à quatre voix, avec orchestre.
SILVESTARI (Flobimond), compositeur,
né à Crémone, au commencement du dix-sep-
tième siècle, s'est fait connaître par un ou-
vrage intitulé : Cantiones sacrx 2, 3 et 4 vo-
cum: Fenetiis, apud Ficentinum,1649,\n-4°.
SIMON ou SYMON (Maîtke), d'Ypres,
était, en 1303, chef des ménétriers de celle
ville, et tenait une école de musique, suivant
le registre des maîtrises existant aux archives
d'Ypres.
SIMON (Simon), claveciniste et composi-
teur, naquit aux Vaux-de-Cernay, près de
Rambouillet, vers 1720. A l'âge de sept ans,
il fut envoyé près de Butel, son oncle, orga-
niste d'une abbaye près de Caen, qui lui donna
les premières leçons; mais il dut surtout à la
protection de la marquise delà Mésangère et
de M. de Saint-Saire, et aux leçons de clavecin
et de musique qu'ils lui donnèrent, ses progrès
el sa fortune. Arrivé à Paris, il y prit des le-
çons de composition de Dauvergne. Trois livres
de pièces de clavecin qu'il publia le firent con-
naître avantageusement, et lui firent obtenir
la survivance de la charge de maître de cla-
vecin descnfantsdeFrancc,dontil fut titulaire
après la retraite de Le Tourneur. Louis XV
lui accorda plus tard le brevet de maître de
clavecin de la reine et de la comtesse d'Artois.
Simon vivait encore à Versailles en 1780.
SIMON (Jean-Gaspard), très-bon orga-
niste, fut directeur de musique et cantor à
Nordlingue, vers le milieu du dix-huitième
siècle. Il a publié de sa composition : 1° Leichte
Pra'ludia und Fugen auf die Orgcl oder das
Clavier durch die sieben Durtœne. Erster
Theil (Préludes et fugues faciles pour l'orgue
ou le clavecin, dans les sept tons majeurs.
Première partie); Augsbourg, 1750. La
deuxième partie de cet œuvre contient les pré-
ludes et fugues dans les tons mineurs. 2° Ge-
iniithsvergnugende musikalische l\rebenstun-
den , in Galanteriestiicken auf Klavier
(Délassement musical de l'esprit, consistant
en pièces galantes pour le clavecin). Première
et deuxième parties; ibid. 3° Musikalisches
ABC in kleinen Fugetten fur die Or gel,
nebst einigen Fersetten (\ B C musical, qui
consiste en petites fugues pour l'orgue, avec
quelques versets) : ibid., 1754, in-4°. 4° Erster
Fersnch einiger variirlen und fugirten
Chorale (Premier essai de quelques chorals
variés el fugues); ibid. Je possède en manu-
scrit des pièces d'orgue d'un très-bon style,
composées par Simon.
SIMON (Jean Godefroid), musicien alle-
mand, fut attaché à la musique de l'électeur
de Saxe, vers 1764. Précédemment, il était
hautboïste dans la musique de la garde du roi
de Pologne. Également habile sur le hautbois,
la viole et le violon, il a laissé en manuscrit
quelques compositions pour ces instruments;
entre autres, dix-huit duos pour deux violons
cjui se trouvaient, en 1780, chez Breilkopf, à
Leipsick.
SIMON — SIMONOFF
43
SIMON (Louis-Victor), né à Melz, vers le
milieu du dix-liuilième siècle, vécut à Paris,
et s'y fit connaître, en 1790, par la chanson,
H pleut, il pleut, bergère, dont les paroles
étaient «le Fabre d'Eglanline, et qui obtint un
succès populaire longtemps prolongé. Devenu
premier violon, puis administrateur du théâtre
Montansier, en 1796, Simon garda ces posi-
tions jusqu'à la clôture forcée de ce théâtre,
en 1807. Il fit représenter au théâtre Montan-
sier, en 1797, un opéra-comique intitulé : La
double Récompense, dont il avait fait le livret
et la musique. On connaît aussi sous son nom :
1° Recueil d'airs et chansons, avec accompa-
gnement de clavecin ; Paris, 1789. 2" Six duos
pour deux violons, op. 2 ; Paris, 1796.
SIMON (C.-A.), professeur et éditeur de
musique à Posen, en Pologne, y est établi de-
puis 1806. Les biographies allemandes ne four-
nissent pas de renseignements sur sa personne.
On connaît de lui les ouvrages suivants :
1° Anweisung zum Generalbass (Inlvoduclion
à la basse continue); Posen, Simon. Il y a deux
éditions de cet ouvrage, qui est écrit en alle-
mand et en polonais. 2° Nanka grania na
Organach (Éléments de l'art de jouer de l'or-
gue); ibid., in-4°, en polonais.
SIMON (Jean-Henri), compositeur et né-
gociant, né à Anvers, en 179ô, fit ses éludes
musicales dans cette ville, puis se rendit à
Paris et y reçut des leçons d'harmonie et de
composition de Catel et de Lesueur. De retour
à Anvers, il partagea son temps entre les af-
faires et la musique, qu'il cultiva toujours avec
amour. Il jouait bien du violon et composait
avec facilité. Des revers de fortune altérèrent
sa santé et le mirent dans une situation gênée
jusqu'à la fin de ses jours. Il est mort à An-
vers, le 10 février 1861, laissant en manuscrit
trois messes avec orchestre, des symphonies,
des chœurs et des cantates qui ont été exé-
cutés dans les églises et dans les concerts de
sa ville natale.
SIMONELLI (Mathieu), chapelain chantre
de la chapelle pontificale, naquit à Rome, vers
le milieu du dix-septième siècle, et fut agrégé
à celle chapellele 15 décembre 1662. Grégoire
Allegri fut son premier maître de composition,
puis il passa dans l'école d'Horace Benevoli.
L'étude que Simonclli avait faite des ouvrages
de Paleslrina lui fut si profitable, qu'on le sur-
nomma le Palestrina du dix-septième siècle,
à cause de l'élégante et suave simplicité de son
style dans la musique d'église. Il fut maître de
chapelle de plusieurs églises à Rome. Ce compo-
siteur a laissé en manuscrit beaucoup de
psaumes, de motels et de messes, qui se trou-
vent en manuscrit dans les archives de la cha-
pelle pontificale, où l'on exécute encore plu-
sieurs de ses ouvrages, entre autres le motet :
Cantemus Domino gloriose enim magnifica-
tus est, à six voix, pour le quatrième dimanche
du carême. L'abbé Santini, de P.ome, possède
de Simonelli plusieurs motels à quatre et à
cinq voix, les motets à six voix Cantemus
Domino, et Ecce sacerdos, un Victimx pas-
chali à quatre, et un Stabat mater à cinq
voix, avec deux violons et orgue. Le portrait
de Simonelli, gravé à l'eau-forle, se trouve
dans le livre d'Adami de Bolsena, intitulé :
Osservazioni per ben regolare il coro délia
cappella pontificia (p. 208). L'élève le plus
distingué de ce savanl musicien fut Corelli.
SIMONET (François), fils d'un choriste
de la chapelle du roi, fut d'abord musicien au
régiment des gardes françaises, puis premier
cor du Théâtre-Français, en 1793. Il a fait
graver de sa composition : 1° Six duos pour
deux bassons, op. 1 ; Paris, 1791. 2° Six duos
pour cor en fa et clarinette en ut; ibid.
3" Trois trios pour clarinette, cor et basson;
ibid. 4° Suite de morceaux du Jockey, pour
ileux flûtes, deux clarinettes, deux cors et deux
bassons; ibid. 5" Six trios pour trois cors,
op. 10; Paris, Imbaull. Simonet vivait encore
à Paris en 1803.
SIMO^ETTO (Léonard), chanteur de la
chapelle de Saint-Marc, à Venise, vécut au
commencement du dix-seplième siècle. Il a
fait imprimer un recueil de motels de sa com-
position sous ce titre : Ghirlanda sacra di
motetti ; Venise, 1613, in-4". On trouve aussi
quelques-unes de ses compositions pour l'église
à la fin du recueil d'Alexandre Grandi, inti-
tulé : Celesti fiori, etc. ; Venise, 1619, in-4°.
SIMONIN, roijez POLLEÏ (Marie-Ni-
cole SIMONIN).
SIMONIS (Ferdinand), compositeur, né à
Parme, en 1773, eut pour maître de violon
Rolla, et Lanfranchi lui enseigna à jouer du
piano; puis il étudia le contrepoint sous la
direction de Ghiretti, et le chant dans l'école
deFortunati. Ses études terminées, il obtint
la place d'accompagnateur au piano et de di-
recteur de musique au théâtre de sa ville na-
tale. Il a écrit la musique de plusieurs ballets,
quelques messes, et des morceaux de musique
vocale et instrumentale, dont plusieurs ontété
publiés à Parme. Simonis est mort dans cette
ville, en 1837.
SIMONOFF (...), professeur à l'université
de Kazan, et membre de l'Académie des
44
SIMONOFF — SIMONS-CANDEII.LE
sciences de Pétersbourg, esl auteur d'un opus-
cule relatif à la théorie mathématique (le la
musique, intitulé : Mémoire sur les séries
des nombres aux puissances harmoniques;
Kazan, 1832, in-4° de trente-deux pages.
SUIONS CANDETLLE (Amélie-Julir),
on dernier lieu madame PEI11E, naquit à Pa-
ris, le 31 juillet 1767. Elle élait fille de Pierre-
Joseph Candeille (voyez ce nom). Élève de son
père, elle débuta au Concert spirituel à l'âge
«le treize ans, et se fit applaudir comme can-
tatrice, harpiste, pianiste et compositeur, dans
une cantate et dans un concerto qui lui étaient
attribués, mais où son père avait eu la plus
grande part. Éblouis parce succès, les parents
de mademoiselle Candeille la destinèrent au
théâtre: elle parut pour la première Ibis sur
celui de l'Opéra, an mois d'avril 1782, dans le
rôle (VJphigénie en Aulide, de Gluck, et fut
immédiatement reçue. L'année suivante, elle
joua Sangaride dans Atgs, opéra de Piccinni.
On rapporte diversement la cause qui lui fit
quitter l'Opéra au milieu de ses succès; quelle
qu'elle soit, il est certain qu'elle se relira en
1783. La situation de sa famille, après queson
père eut perdu son emploi au même théâtre,
l'obligea à remonter sur la scène, mais elle
choisit le Théâtre-Français, où les conseils de
Mole guidèrent ses premiers pas. En 1785, elle
débuta dans Hermione d' A ' ndromaque , puis
joua Roxane dans Bajazet, et Aménaïde dans
Tancrède. Bien qu'elle eut l'ait peu de sensa-
tion d3ns ces rôles, la protection du baron de
Brcleuil la fit recevoir an nombre des socié-
taires à quart de part. Il n'appartient point à
ce dictionnaire d'entrer dans les détails de sa
carrière dramatique ; je dirai seulement qu'elle
fit représenter, le 27 décembre 1792, sa comé-
die intitulée la Belle Fermière, où elle jouait
le rôle principal, et chantait deux airs et un
vaudeville de sa composition, s'accompagnant
tour à tour sur le piano et sur la harpe. Ba-
Ihilde, autre comédie qu'elle fit jouer le 1 G sep-
tembre 1793, lui fournit l'occasion de se faire
entendre dans un duo de piano et violon avec
Baptiste aîné. Retirée du Théâtre-Français en
1790, mademoiselle Candeille visita la Hol-
lande et la Belgique, et y donna des représen-
tations et des concerts. Arrivée à Bruxelles,
elle y fit la connaissance de Simons, carrossier
en renom dont les ouvrages étaient recherchés
dans toute l'Europe : il devint éperdument
amoureux d'elle, et l'ayant revue àParis, l'an-
née suivante, il l'épousa en 1798. La fortune,
qu'elle crut avoir fixée alors, n'était pourtant
pas aussi solide qu'elle l'avait imaginé, car le
départ de la cour de Bruxelles, et l'émigration
de toute la noblesse du pays, à l'époque de l'in-
vasion de la Belgique par l'armée française,
avaient jeté du désordre dans les affaires de
Simons, et quand madame Simons-Candeille
vint prendre possession de sa nouvelle maison,
ce fut pour en voir préparer la faillite, qui
s'accomplit en 1802. Les événements ne se
passèrent pas tout à fait comme ils sont rap-
portés dans h\ Biographie des contemporains
et dans le supplément de la Biographie uni-
verselle; mais il esl certain que madame Si-
mons ne montra pas, dans celle catastrophe,
l'avidité dont elle a été accusée par les fils de
son mari.
De retour à Paris, et séparée de son époux
par un consentement mutuel, madame Simons
se réunit à son père, et se fit institutrice pour
lui donner du pain. Pendant dix ans, elle
donna des leçons de musique et de littérature.
Le souvenir de son ancien succès de la Belle
Fermière lui lit espérer aussi qu'elle pourrait
trouver des ressources au théâtre; mais l'essai
qu'elle en fil, en 1807, dans l'opéra-comique
en deux actes intitulé Ida ou l'Orpheline de
Berlin, dont elle avait fait la musique et le
livret, lui ôla ses illusions. L'ouvrage fut sifflé
et n'eut que cinq ou six représentations. Une
dernière tentative faite dans un drame repré-
senté au Théâtre-Français, eu 1808, ne fut pas
plus heureuse, et dès ce moment, madame Si-
mons cessa de travailler pour le théâtre et
composa des romans, qui furent mieux accueil-
lis du public. Napoléon, qui n'aimait pas les
femmes auteurs, lui avait refusé des secours;
elle trouva plus de bienveillance dans la fa-
mille royale des Bourbons. Pendant les cent
jours, elle se réfugia à Londres et y donna des
concerts où Violli, Cramer et Lal'ont se firent
entendre; ils lui procurèrent d'abondantes
receltes. De retour à Paris, elle recul le brevet
d'une pension pour elle el pour son père, et
peu de temps après, le roi Louis XVIII lui en
accorda une antre de deux mille francs sur les
fonds de la liste civile. Veuve de Simons, au
mois d'avril 1821 , elle épousa l'année suivante
Périé, peintre médiocre, qui, par les démarches
actives de sa femme, obtint la place de direc-
teur du musée et de l'école de dessin de Nimes.
Madame Périé-Candeille suivit son mari dans
celle ville, en 1827. Frappée d'une attaque
d'apoplexie en 1831, au moment ou elle allait
faire la lecture d'un ouvrage achevédepuis peu
de jours, elle ne se rétablit qu'avec peine;
mais la mort imprévue de son mari, en 1833,
lui causa une rechute qui ne laissa plus d'es-
SIMONS-CANDEILLE — SIMPSON
43
poip. Transportée à Paris, où elle arriva an
mois de décembre, elle languit quelque temps
et mourut le 4 février 1854, dans la maison de
santé de M. Marjolin. Ainsi finit la carrière
agitée d'une femme qui, par ses talents, aurait
pu en espérer une plus heureuse.
Comme musicienne, elle mérite moins d'être
mentionnée pour son Ida, malencontreux
opéra -comique où il y avait peu de mérite, que
pour quelques œuvres de sonates de piano et
les romances qu'elle a publiées. En 1788, elle
fit paraître trois trios pour piano, violon et vio-
loncelle, op. 1, à Paris, chez Leduc. Cet ou-
vrage Tut suivi de ceux-ci : Sonale pour piano
à quatre mains, op. 2; Paris, Naderman. So-
nale pour deux pianos, op. 5; Paris, Cousi-
neau. Deux sonates pour piano seul, op. 4;
Paris, madame Joly. V Enfant fidèle, petite
fantaisie pour les élèves; Paris, Pacini.
Grande sonate pour piano seul, op. 6; Paris,
Momigny. Variations sur un thème portu-
gais ; Paris, Pacini. Grande fantaisie suivie de
variations sur l'air : Trempe ton pain, ibid.
Beaucoup de romances détachées, dont quel-
ques-unes ont eu du succès. Les airs de la Belle
Fermière, avec accompagnement de piano ou
harpe ; Paris, Leduc.
SIMPSON (Thomas), musicien anglais, et
violiste de la chapelle du prince de Holslein-
Schaumbourg, vers 1615, a publié, en Alle-
magne, les ouvrages suivants : 1° Opusculum
neuer Pavanen, Galliarden, Courantenund
Folten, etc. ; Francfort, 1610, in-4°. 2" Ta-
fel-Cunsort (conzerl), allerhand lustige Lie-
der von 4 Inslrumenten und General-bass;
Hambourg, 1621, in 4". Outre les composi-
tions de Simpson, cet œuvre conlientdes pièces
de Jean Grabbe, P. Philippi, Jean Dowland,
Christ. Tœpffer, Nie. Bleyer, Maurice Web-
ster, Jean Kroschpn, Alex. Chezam, Ro-
bert Johnson, Ed. Johnson et Joseph Sherley.
ô" Pavanen, Folten und Gaillarden; Franc-
fort, 1611, in-4°.
SIMPSON (Christophe), violiste habile et
bon musicien anglais du dix-septième siècle,
naquit vraisemblablement vers 1610, dans la
religion catholique, et parait avoir été attaché
dans sa jeunesse à quelque chapelle, peut-être
même à celle du roi Charles Ier, car il prit
parti pour ce prince, et servit comme soldat
dans l'armée royale commandée parle duc de
Newcastle contre le parlement. Sa préface de
la deuxième édition de son traité de la viole,
publiée longtemps après, exprime des plaintes
amères contre la malheureuse situation où
l'usurpation de Cromwell l'avait réduit, ainsi
que beaucoup d'autres musiciens anglais.
Après la défaite des royalistes, sir Robert
Bolles, personnage distingué de ce parti, donna
un asile au pauvre Simpson dans son hôtel
pendant tout l'interrègne, et le chargea de
l'éducation musicale de son fils (John Bolles),
qui devint l'amateur le plus habile de son
temps sur la basse de viole, et mourut en 1676,
à Rome, où il fut inhumé au Panthéon. Après
la restauration, Simpson ayant recouvré quel-
ques avantages à la cour, se retira dans une
petite maison du quartier de Holborn, à Lon-
dres, et y mourut entre les années 1667 et
1670, époques où parurenlles deux premières
éditions de son Compendium de musique; il
publia la première, mais il ne vivait plus quand
la deuxième fut mise au jour.
Simpson avait écrit, pour l'instruction de
son élève John Bolles, un traité de la basse de
viole, concernant particulièrement les traits
lapides et ornements alors en usage, appelés
divisions en anglais; plus tard, it publia cet
ouvrage sous ce litre : The Division- Fiolist ,
or an Introduction to the plaging upon a
ground. Divided in tico parts, thefirst, di-
recting the hand, with other preparative
instructions; the second iaying open the
manner and melhqd ofplaying, or compo-
sing division lo aground (Le violiste-impro-
visateur, ou introduction à l'art de jouer sur
un thème, etc.); Londres, John Play lord, 1659,
in-fol. de soixante-sept pages. Une deuxième
édition, avec une traduction latine faite par
un certain William Murth, fut ensuite pu-
bliée sous le litre de : Chelys minuritionum
artificio exornata, sive minnritinnes ad Ba-
sin, etiam extempore modulandi ratio. In
très parles distributa, or the Division-Viol ;
Londres, 1667, un volume in-folio. Elle est
imprimée sur deux colonnes, dont l'une con-
tient le texte anglais, et l'autre la traduction
latine. Simpson était lié d'amitié avec les plus
célèbres musiciens anglais de son temps, par-
ticulièrement avec John Jenkins, Charles Col-
man et Mathieu Locke, qui qualifient son livre
^excellent dans des pièces de vers placées en
tête de cet ouvrage. On peut, en effet, le con-
sidérer comme le meilleur qui ait été fait sur
le même sujet.
En 1665, Simpson fit paraître aussi un livre
élémentaire sur la musique, intitulé : A Com-
pendium, or Introduction to practical mu-
sic (Abrégé, ou introduction à la musique pra-
tique); Londres, John Playford, 1665, petit
in-8". L'ouvrage est divisé en cinq parties,
dont la première traite des principes de la
46
SIMPSON — SINGER
musique et du solfège; la seconde, du contre-
point ; la troisième, de l'usagedes dissonances ;
la quatrième, des formes de la composition,
et la dernière, des canons. La deuxième édition
fut publiée en 1670, la troisième en 1678, la
quatrième en 1706, la cinquième en 1715, la
sixième en 1721 ; toutes imprimées à Londres,
in-8°. Je possède un exemplaire de la huitième
édition du même ouvrage, publiée à Londres,
chez W.Pearson,en 1752, in 8". Lesanciennes
clefs d'u< sont remplacées dans cette édition
par les clefs de sol et de fa, et les anciennes
valeurs de temps par les ligures de notes mo-
dernes. On connaît aussi de Christophe Simp-
son des notes sur le traité de composition de
Campion. Ces remarques se trouvent dans
l'édition intitulé : Art of discant, or Compo-
sing music in paris by Dr. Thom. Campion,
ivith annotations thereon by Mr. Christo-
pher Simpson; Londres, 1655, in-8°. Play-
ford a inséré le traité de Campion avec les
notes de Simpson dans la huitième édition de
son Introduction aux principes de la musique
(voyez Playfokd). Le portrait de Simpson se
trouve à la deuxième édition de son Traité de
la viole, et dans les premières éditions de son
Compendium.
SIMROCK (Nicolas)-, éditeur de musique
à Bonn, né dans celte ville en 1755, apprit à
jouer du cor dans sa jeunesse, et entra comme
corniste dans la musique de l'électeur de Co-
logne, en 1790. Après la dissolution delà mu-
sique du prince, qui suivit l'envahissement
des provinces rhénanes, Simrock établit à
Bonn une maison de commerce de musique
qui, par ses soins et son activité, est devenue
une des premières de l'Allemagne. Il a publié
de sa composition : 1° Dix-huit duos pour
deux cors, op., liv. I et II; Bonn, Simrock.
2° Plusieurs œuvres de duos pour deux flageo-
lets.5° Des recueils de contredanses pourdivers
instruments.
SIMROCK (Henri), frère du précédent,
naquit à Bonn, vers 1760. Après avoir été
attaché comme violoniste à la chapelle du
prince électeur de Cologne, il se rendit à Pa-
ris, où il fut quelque temps attaché comme vio-
loniste au théâtre Montansier, et tint un dépôt
de la musique publiée à Bonn par son frère. Je
l'ai connu à Paris, en 1807; mais j'ignore s'il
y est mort, ou s'il est retourné à Bonn. Je
crois qu'il est auteur de deux livres de duos
pour violon et alto, publiés à Paris.
SURGELÉE (Jean-Baptiste), violoniste et
compositeur, né à Bruxelles, le 25 septembre
1812, montra dès ses premières années d'heu-
reuses dispositions pour la musique. Son frère
aine lui donna les premières leçons de violon.
En 1828, il fut admis à l'école royale de mu-
sique de Bruxelles, et y devint élève de
M. Wéry {voyez ce nom). Ses progrès furent si
rapides que le premier prix de son instrument
lui fut décerné au concours de l'année sui-
vante. Il se rendit alors à Paris et entra dans
l'orchestre d'un des théâtres secondaires. Peu
de temps après, le spectacle auquel on avait
donné le nom de Théâtre Nautique fut établi
dans la salle Ventadour; M. Ch.-L. Hanssens
en fut nommé chef d'orchestre, et choisit son
compatriote Singelée pour y tenir l'emploi de
premier violon solo. Ce théâtre n'était pas né
viable; l'entrepreneur ne tarda pas à être mis
en faillite, et Singelée, resté sans place, fut
obligé d'entrer à l'orchestre de l'Opéra-Comi-
que. De retour à Bruxelles quelques années
après, il fut un des premiers violons du Théâtre
Royal, et le 14 octobre 1839, il succéda à
Meerts (voyez ce nom), comme premier violon
solo. Pendant les seize années qu'il occupa cet
emploi, il composa un grand nombre de pas
qui furent intercalés dans les ballets repré-
sentés au théâtre de la Monnaie. Lui-même a
écrit la musique de deux ballets qui ont été
joués avec succès au même théâtre. Une jeune
fille qu'il avait adoptée et dont il avait fait
l'éducation de violoniste, ayant obtenu quel-
ques succès à Bruxelles, Singelée voyagea
avec elle, visita la France méridionale, et
s'arrêta à Marseille, où il remplit pendant
quelque temps les fonctions de chef d'orchestre
du théâtre. Après son retour en Belgique, il
a été nommé chef d'orchestre du théâtre et du
casino de Gand, en 1852. Singelée a composé
deux concertos de violon qu'il a exécutés
dans plusieurs concerts, et beaucoup de fan-
taisies avec accompagnement de piano, parmi
lesquelles on remarque: 1" Fantaisie élégante
sur le Pirate, op. 13; Mayence et Bruxelles,
Schott. 2° Idem sur Lucie de Lammermoor,
op. 14 ; ibid. 3° Idem sur la Part du Diable,
op. 16; ibid. 4° Idem sue la Sirène, op. 18;
ibid. 5° Idem sur les Mousquetaires de la
reine, op, 21 ; ibid. 6» Idem sur le Pré-aux-
Clercs, op. 24; ibid. 7° Idem sur le Val
d'Andorre, op. 25; ibid. On a aussi du même
artiste quelques morceaux pour divers instru-
ments, des ouvertures et de la musique de
danse.
SINGER (Jean), magisler à Nuremberg,
dans la première moitié du seizième siècle, est
connu par un petit ouvrage intitulé: Ein
Kurzer Ausszug der Jflusik, denjungen die
SINGER — S1RI
47
singen und auff den Instrumentent lernen
wôltengantz nutzlich (Précis de la musique,
utile pour enseigner à la jeunesse le chant et
les instruments); Nuremberg, Frédéric Prys-
sens, 1531, in-8°.
SINGEP. (Maurice), violoniste, né le 6 dé-
cembre 1808, à Colmar (Haut-Rhin), com-
mença l'élude «le la musique et du violon dans
cette ville. A l'âge de dix-huit ans, il se rendit
à Paris et fut admis au Conservatoire, le
12 juillet 1826. Il y fut élève d'Auguste
Kreulzer, pour le violon, et de Reicha, pour la
composition. Sorti de cette école, en 1829, il
entra à l'orchestre du théâtre italien, où il ob-
tint la place de violon solo. Il brilla pendant
plusieurs années dans les concerts et publia
des compositions d'un style facile et agréable,
qui rappelaient la manière de Mayseder.
Atteint d'une maladie de poitrine, il nfourut à
Paris, au mois de mai 1859, à l'âge de trente
ans et quelques mois.
SINGER (le P. Pierre), moine franciscain
du couvent de Salzbourg, inventa, en 1839, un
orgue mécanique auquel il donna le nom de
Pansymphonicon. Un instrument de ce genre
se trouvait à l'exposition internationale de
Londres, en 1862. Le P. Singer mérite surtout
d'être ici mentionné pour un livre intéressant
publié à Munich, en 1847, par les soins de
M. Georges Philipps, et qui a pour titre : Me-
taphysische Blicke in die Tomvelt. nebst
einem dadurch veranlassen nenen System
der Tonwissenschaft (Coup d'œil métaphysi-
que dans le monde des sons, suivi d'un nou-
veau système de la science musicale qui en est
déduit).
SINGER (Edmond), maître de concert à
Weimar, est né le 14 octobre 1*850, à Tottier
ou Totis, en Hongrie. Doué d'une organisation
toute musicale, il fut conduit à Pesth par ses
parents, à l'âge de sept ans, et confié aux soins
d'un violoniste nommé Ellinger, sons lequel il
fit de rapides progrès. Parvenu à sa neuvième
année, il entra au Conservatoire de Pesth, où
il devint élève de Ridley Rohne. Il fit ensuite
avec ce professeur un voyage d'artiste en Hon-
grie, puis il se rendit à Vienne, où le profes-
seur distingué Bœhm perfectionna son talent.
A l'âge de quatorze ans, il se rendit à Paris et
y passa trois années, incessamment occupé
d'études d'exécution el de composition. De
i 848 à 1 853, il voyagea en Allemagne et s'y fit
connaître avantageusement, particulièrement
à Leipsick où il joua aux concerts du Gewand-
haus avec un brillant succès. En 1853, Singer
eut le litre de virtuose de la chambre de la cour
de Weimar, et trois ans après, il obtint la
place de maître de concert de la même rési-
dence. Il a fait depuis lors plusieurs voyages
pour donner des concerts, particulièrement en
Hollande. Les compositions de cet artiste con-
sistent en fantaisies, caprices, pièces caracté-
ristiques et de salon pour son instrument.
SIINICO (Joseph), chanteuret compositeur,
né à Trieste, vers 1812, a fondé dans cette
ville une école dechantdonl il était directeur.
Il y a eu un ténor de ce nom qui a chanté à
Madrid, en 1841 , à Oporto, vers la même épo-
que, puis à Florence et à Milan : j'ignore s'il
y a identité. Sinico a fait représenter à Venise,
en 1842, l'opéra intitulé / Virtuosi a Bar-
cellona. On connaît aussi de lui des exercices
de chant, et des romances italiennes publiées
à Milan, chez Ricordi.
SIIVN (Christophe-Albert) , géomètre du
duc de Brunswick, fut employé dans la prin-
pauté de Blankenbourg, et dans le comté de
Stolberg, au commencement du dix-huitième
siècle. Il est auteur d'un trailé du tempéra-
ment des instruments à clavier, et particuliè-
rement de l'orgue, en douze demi-tons égaux.
Cet ouvrage a été publié avec une préface de
Gaspard Calvoer, sous ce titre : Die aus ma-
thematischen Grùnden richtig gestelle mu-
sikalische Temperatura practica, das ist :
Grundrichtige Vergleichung der 12 Semito-
niorum in der Octave, etc.; Wernigerode,
1717, in-4° de dix-sept feuilles, avec une pré-
face de six feuilles.
SIINZ1G (Georges-Louis), né en Bavière,
dans la seconde moitié du dix-septième siècle,
fut moine de l'ordre de Citeaux et maître de
chapelle au monastère de Kaisersheim, dans
le duché de Neuhourg, sur le Danube. Il a fait
imprimer de sa composition un recueil
d'hymnes des vêpres des dimanches et fêtes
de toute l'année, sons ce titre : Melpomene
hymnisona, producens hymnos de Domi-
nicis, et tempore, de proprio et communi
sanctorum, aliisque diversorum religioso-
rum ordinum principalioribus , per totius
anni decursum, in ofjicio vespertino decan-
tari solitos, à 1, 2, 3 et 4 voc, 2 violinis,
2 violis, fagottis et B. C. opus 1; Augsbourg,
1702, in-fol.
SIRI (Jacoues), né à Gênes, vers 1770, fit
ses études musicales à Turin, puis écrivit la
musique de quelques ballets pour le théâtre de
Milan. En 1791, il donna au théâtre Saint-
Charles de Naples Recimero, opéra sérieux en
deux actes. L'année suivante, il écrivit pour
le théâtre Del Fonde- , l'opéra bouffe intitulé :
48
SIRI — SIVERS
La Caccia inlerrotta, en un acte. On connaît
aussi de sa composition II Trionfo d'Alcione,
grande cantate avec orchestre. J'ignore si
l'auteur de ces ouvrages est le père d'un jeune
compositeur du même nom, élève du collège
royal de musique de San Pietro a Majella,
de Naples, qui a Tait représenter au théâtre
du Fondo, en 1839, l'opéra bouffe intitulé
Cento bugie, una verità; au mois de février
1841, Una in tre, au même théâtre, et dans
l'année suivante, La Fidanzata di Crossey,
au théâtre Nuovo. Ce dernier ouvrage eut une
chute complète.
SIRMEN (Louis DE), violoniste et maître
de chapelle de Sainte-Marie-Madeleine, à Ber-
game, est connu par trois tries pour deux vio-
lons et basse, gravés à Paris, en 1709.
SIRMEN (Madeleine LOURARDINI
DE), femme du précédent, née à Venise, vers
le milieu de 1735, fut admise au conservatoire
des Mendicanti de cette ville, et y fit son édu-
cation musicale. Devenue cantatrice habile et
violoniste distinguée, elle ne sortit du conser-
vatoire que pour aller à Padoue perfectionner
son talent de violoniste, sons la direction de
Tartini. Elle brilla en Italie comme rivale de
Nardini, et se fil admirer aux concerts spiri-
tuels de Paris dans des concerlosde sa compo-
sition. En 1768, elle y .joua, avec son mari,
une symphonie concertante pour deux violons.
Arrivée à Londres, dans la même année, elle
y excita la plus vive sensation par l'énergie et
le brillant de son exécution; toutefois, il parait
que ses succès finirent par être moins pro-
ductifs dans celte ville, car elle consentit, en
1774, à chanter les rôles de seconde femme
dans quelques opéras sérieux. Huit ans après,
elle élait attachée comme cantatrice à la mu-
sique delà cour de Dresde. On n'a pas de ren-
seignements sur la fin de sa vie. On a gravé de
la composition de celte femme distinguée :
1° Six trios pour deux violons et violoncelle,
op. 1 ; Amsterdam. 2° Trois concertos pour
violon, op. 2; ibid. 3° Trois idem, op. 3;
ibid.
SIROTTI (François), compositeur dra-
matique, né à Reggio, vers le milieu du dix-
huitième siècle, a fait représenter au théâtre
Carcano, de Milan, en 1 793, 77 Pimmaglione,
en un acte. Rappelé dans sa ville natale pour
y occuper la place de maître de chapelle de la
cathédrale, Sirolli composa plusieurs messes,
vêpres et motels pour le service de celle église.
Il a écrit aussi la musique de VAristodemo,
cantate exécutée dans la salle de la société
philharmonique de Reggio, le 8 mars 1811.
La poésie de celle cantate, par Domenico Ber-
lolini, de Reggio, a été publiée chez Davolio,
en 1811, in-8°. J'ignore la date de la mort de
Sirolli.
SISTIISI (Théodore), musicien italien, né
à Monza (Lomhardie), fut organiste de l'église
Sainte-Marie, à Copenhague, au commence-
ment du dix-septième siècle. Il a publié :
Cantiones Irium vocum; Hambourg, 1000,
in-4°.
SITTER (André-Paul), professeur de mu-
sique, né en Allemagne, vers 1750, suivit à
Paris le baron de Bagge, dont il était secré-
taire. En 1792, il entra à l'orchestre de l'Opéra
comme alto et y resta jusqu'en 1817, où il eut
sa retraite, après vingt-cinq ans de service II
est mort à Passy, peu de temps après. On a
gravé de sa composition, vingt-quatre duos
pour deux violons, divisés en quatre œuvres;
Paris, Sieber; Offenbach, André.
SITTOGER (Conrad), moine de Saint-
Biaise, dans la Forêt-Noire, au quinzième
siècle, fut habile facteur d'orgues, et con-
struisit, en 1474, l'orgue du couvent de Trud-
bert, et en 1488, celui de l'abbaye de Saint-
Biaise.
SIVERS (Henri Jacques), professeur de
philosophie et second pasteur de l'église alle-
mande de Norkœping, en Suède, naquit à
Lùbeck, dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle. Il fut membre de l'Académie des
sciences de Berlin. Appelé à Rostock, en qua-
lité de canlor , il y publia, en 1729, une
biographie de vingt musiciens, la plupart cé-
lèbres, et qui avaient rempli les fonctions de
cantor dans quelques villes de l'Allemagne.
Ce petit écrit a pour titre : Dissertatio can-
torum eruditorum décades ditas exhibens,
in-4° de trois feuilles. Matlheson en donna une
traduction allemande accompagnée de notes,
intitulée : M. H. J . Sivers geleltrler Cantor,
bey Gelegenheit einer zu Rostock gehaltenen
ffohs-Uebung , im zwanzig , ans den ge-
scln'chten der Gelelirsamkeit ansgesucliten
Exempeln, zur Probe, f'ertheidigung und
Naclifolge vorgesteltet , etc.; Hambourg,
1730, in-4° de trente-trois pages. Les cantors
donl Sivers a donné les biographies abrégées
sont Martin Arnold, Calvvilz, Michel Colet,
Cruger, Malhias Eluo, Daniel Friderici, Jean
kiilinau, Malhias Apelles de Lowenslein,
Fr. Oppermann, Jacques Pagcndarm, Printz,
Ouiersfeld, Georges Rhau, Jacques Roll, Sa-
muel Riiling, Érasme Sarlorius , Georges
Schicbel, Joachim et Wcslphal. L'éloge de Si-
vers, par Jean-IIcnri de Siclem, a été publié
SIVERS — S1V0RI
49
sous ce titre : EhrengeiLrchtniss H. Sivers
cantoris; Lubeck, 1736, in-fol.
SIVORI (Ernest-Camille), virtuose violo-
niste, est né à Gênes, le 6 juin 1817. Sa mère
était enceinte de lui lorsqu'elle entendit Paga-
nini au théâtre Sant' Jgostino ; l'émotion
profonde qu'elle en éprouva hâta la naissance
de son fils : le lendemain de ce concert, elle
donna le jour à Camille. Il n'était âgé que de
cinq ans lorsqu'un musicien, nommé Restano,
qui donnait des leçons de guitare à ses sœurs,
lui apprit à faire la gamme sur un petit violon
qu'on lui avait donné. Frappé de la juslessede
ses intonations, cet homme disait souvent au
père de son élève : On entendra parler de cet
enfant. A six ans, Sivori commença l'élude
régulière du violon sous la direction de Costa,
artiste de l'ancienne écoleclassique de l'Italie,
qui lui fit faire de rapides progrès. Revenu à
Gênes, vers le même temps, Paganini eut oc-
casion d'entendre le jeune violoniste, et recon-
naissant en lui des dispositions extraordinaires,
lui donna des leçons etcomposa pour lui six so-
nates avec accompagnement de guitare, d'alto
et de violoncelle, ainsi qu'un concertino, dont
Sivori a conservé les manuscrits originaux.
Paganini lui faisait jouer ces sonates dans
diverses réunions musicales, l'accompagnant
lui-même sur la guitare. Après le départ de
son illustre maître, Sivori, resté sans guide, se
proposa* pour modèle la manière du grand vio-
loniste génois, dont il est aujourd'hui le plus
habile imitateur. Arrivé à Paris, en 1827, le
virtuose enfant, alors âgé de dix ans, joua dans
plusieurs concerts et y fit admirer sa précoce
dextérité de la main gauche. Je l'entendis alors
et prédis, dans la Revue musicale, ses succès
futurs, bien que j'exprimasse le regret de l'ex-
ploitation prématurée d'un talent qui n'était
qu'à son aurore. De Paris, Sivori se rendit en
Angleterre, qu'il parcourut en donnant des
concerts. De retour à Gênes, il y reprit l'étude
sérieuscdeson instrument et de la composition.
Jean Serra, bon musicien (voyez ce nom), qui
cultivait avec succès les différents genres de mu-
sique, lui enseigna l'harmonie et le contrepoint.
Quelques années après, il recommença ses
voyages et visita les diverses parties de l'Italie.
Florence fut la première ville vers laquelle il se
dirigea : il y donna deux concerts en 18-59, le
premier au théâtre Standish, l'autre au théâtre
Cocomero. Après avoir parcouru la Toscane, il
fit le tour de l'Allemagne au bruit des applaudis-
sements, puis il se rendit à Moscou etàPéters-
bourg, où l'éclat deses succès ne s'est pas affaibli
dans le souvenir des artistes et des amateurs.
BIOGIÏ. «XIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
Arrivé à Bruxelles, dans l'hiver de 1841,
Sivori y donna plusieurs concerts où il obtint
de brillants succès, et dans lesquels je recon-
nus que je ne m'étais pas trompé lorsque, dans
son enfance, j'avais prévu qu'il serait un jour
un artiste d'élite. Après avoir parcouru la
Belgique, il se rendit en Hollande et y excita
partout une vive admiration. Depuis 1827, Si-
vori n'avait pas revu Paris; cependant, il com-
prenait la nécessité de s'y faire entendre;
parce que c'est de cette grande ville que
rayonne la renommée des artistes dans toute
l'Europe. Il y arriva au mois de décembre
1842, et, le 29 janvier 1843, il exécuta, dans
un concert de la Société du Conservatoire, la
première partie d'un concerto de sa composi-
tion. Son triomphe y fut complet, et l'impres-
sion qu'il y produisit se manifesta parles té-
moignages d'admiration de tout l'auditoire.
A[)rès ce succès d'éclat, la Société des con-
certs décerna à l'artiste une médaille d'hon-
neur. Ce fut aussi dans cette saison qu'il se fit
connaître par son rare talent dans l'exécution
de la musique de chambre de Haydn, de
Mozart et de Beethoven. Après cette expé-
rience si remarquable de son talent dans
la capitale de la France, Sivori partit pour
Londres, où ses succès n'eurent pas moins
d'éclat, particulièrement à cause des rapports
de sa manière avec celle de Paganini. Pendant
plus de deux années de séjour en Angleterre,
il en visita tontes les villes principales ainsi
que l'Irlande et l'Ecosse. En 1846, il se rendit
en Amérique, dont les Étals du Nord l'arrêtè-
rent longtemps. Il excita des transports d'en-
thousiasme qui surpassèrent tout ce qu'avait
produit jusqu'alors le talent des plus habiles
instrumentistes dans cette partie du nouveau
monde. Dans certaines villes, l'admiration des
habitants alla jusqu'à joncher de fleurs le
passage de l'artiste au retour de ses concerts.
Des États du Nord, Sivori se rendit au Mexique,
où le même accueil l'attendait. Toutefois, son
talent lui fil courir un danger assez sérieux
dans l'Amérique du Sud, car, traversant
l'isthme de Panama, il eut à franchir un
fleuve dans une barque conduite par quatre
nègres. Or, l'idée d'essayer l'effet de la mu-
sique sur ses rameurs lui étant venue, il tira
son violon de l'étui et se mit à improviser.
A l'instant même l'émotion de ces hommes fut
si vive, qu'ils poussèrent des cris féroces. Pre-
nant l'artiste pour un sorcier, ils se dispo-
saient à le jeter dans la rivière : ce ne fut pas
sans peine que, par une distribution de cigares
et d'eau-de-vic, il parvint à les calmer. Après
4
50
SIVORI
celte aventure, Sivori parcourut le Pérou et le
Chili, traversant les déserts à cheval, armé
d'un fusil, et toujours accompagné de son in-
strument. A Valparaiso, il trouva passage sur
une frégate anglaise qui le conduisit à Rio de
Janeiro. Il venait d'y donner plusieurs con-
certs avec le succès accoutumé, lorsqu'il fut
saisi par la fièvre jaune, qui faillit l'enlever
(1849). Lorsqu'il fut rétabli, il se rendit à
Buenos-Ayres, où il retrouva son premier
maître, Restano. De là. il alla à Montevideo, où
l'attendait un accueil enthousiaste. Enfin,
après huit années d'absence, l'ardent désir
qu'il éprouvait de revoir sa famille et sa patrie
le ramena à Gènes, dans l'été de 1850. Les ri-
chesses qu'il avait amassées dans ses lointaines
pérégrinations lui composaient une véritable
fortune; malheureusement, il se laissa per-
suader de placer tout ce qu'il possédait dans
une affaire industrielle; l'entreprise ne réus-
sit pas, et de tout son capital, il sauva à peine
la huitième partie. Après cet échec, ses projels
de repos durent être abandonnés, et l'artiste
fut obligé de recommencer sa carrière de vir-
tuose.
Ce fut vers l'Angleterre qu'il se dirigea. Il
y fil un long séjour, la parcourut fout entière
à plusieurs reprises, ainsi que l'Irlande et
l'Ecosse. En 1853, Sivori quitta Londres pour
aller en Suisse, qu'il n'avait point encore visi-
tée. Il prit sa route par la France; mais au
moment où il croyait atteindre le but de son
voyage, un malheur vint le frapper: la voiture
qui le transportait versa sur la route de Ge-
nève, et l'artiste eut le poignet fracturé. Le
traitement ordinaire pour les accidents de celle
espèce lui fut administré par un médecin ha-
bile ; toutefois, Sivori attribue la rapidité de sa
guérison à l'emploi du magnétisme. Quoiqu'il
en soit, un mois suffit pour lui faire retrouver
l'usage de son bras, et par une sorte de mi-
racle, la souplesse de son archet ne s'est jamais
ressentie des suites de sa chute. Deux mois
après, le violon de Sivori charmait les habi-
tants des treize cantons. Après cette tournée,
il se rendit en Italie, où des ovations de tout
genre lui furent décernées. Après avoir joué,
le 15 décembre 1853, au théâtre de la Pergola
de Florence, il retourna à Gènes pour l'inau-
guration du théâtre d'Jpollon, puis il alla
charmer la France méridionale, qu'il parcou-
rut dans les deux directions, vers les Alpes et
vers les Pyrénées. Il serait impossible d'énu-
mérer dans celle notice l'immense qnanlité de
concerts qu'il y donna dans les années 1854
et 1855. Il serait également difficile de
suivre l'artiste dans ses voyages multipliés en
France, en Espagne, en Portugal, en Bel-
gique, en Hollande, dans les provinces rhé-
nanes et en Allemagne; mais je ne terminerai
pas ce récit abrégé sans mentionner une des
épreuves les plus dangereuses et les plus hono-
rables pour le talent du célèbre violoniste. Il
se trouvait à Paris, en 1802; on lui fit la pro-
position de jouer dans un grand concert orga-
nisé au profil des pauvres, sous le patronage du
comte Walewski , et dans lequel devait jouer
l'excellent violoniste Alard. C'était une idée
bizarre, déraisonable, car on ne doit jamais
mettre en comparaison immédiate deux talents
de même espèce, dont l'un ou l'autre peut se
trouver dans des conditions défavorableset être
mal jugé. Sivori fit des objections contre la de-
mande qui lui était faite, mais il dut céder à
l'insistance qu'on y mit. Alard joua le premier;
le morceau qu'il avait choisi était le concerto de
Mendelssohn; il y déploya le lalent qu'on lui
connaît et fut chaleureusement applaudi dans
tous les morceaux. Le concert était long, si long
même que lorsque ce fut le tour de Sivori de
se faire entendre dans le grand concerto de
Paganini en si mineur, il était plus de onze
heures du soir, et le public était aussi fatigué
que l'orchestre. Néanmoins, le majestueux
tutti du concei loeul bientôt réveillé l'attention
de l'assemblée, et Sivori se montra si grand
artiste dès le premier solo, que tout» la salle
éclata en applaudissements frénétiques. Ce
succès se soutint jusqu'à la fin du concerto de-
vant l'auditoire de quatre mille personnes
qui encombrait la salle du cirque Napoléon.
Sivori n'est pas seulement un des plus re-
marquables violonistes de l'époque actuelle
dans la musique de chambre, comme il est un
des plus étonnants virtuoses de concert ; il est
aussi grand lecteurà première vue: j'en ai eu la
preuve dans un de ses séjours à Bruxelles, lors-
que je lui présentai deux compositions nou
encore publiées et fort difficiles qu'il déchiffra
sans hésitation , entrant immédiatement dans
le caractère de la musique, avec la même sû-
reté que s'il l'eût étudiée. Parmi ses propres
compositions, on remarque: 1° Premier con-
certo (en mi bémol) pour violon et orchestre.
2° Deuxième concerto (en la) idem. 3" Fantai-
sie caprice (en mi majeur) pour violon et or-
chestre ou piano. 4° Deux duos concertants
pour piano et violon. 5° Tarentelle napoli-
taine pour violon et orchestre ou piano.
6° Fleurs de Naples, grande fantaisie, idem.
7° Variations sur le thème : Nel cor piu non
mi senlo, idem. 8° Variations sur le Pirate,
SIVORI — SLAMA
51
de Bellini, idem. 9° Variations sur un thème
de la Sonnanbula, pour la quatrième corde.
10°Fantaisie sur la Sonnanbula eu' Pur itani.
1 1° Fantaisie sur le Zapateado, air populaire
de Cadix. 12° Les Folies espagnoles, morceau
de genre imitatif. 15° Carnaval de Cuba.
14° Carnaval du Chili. 15° Carnaval amé-
ricain. 16° Trois romances sans paroles avec
piano. 17° Souvenir de Norma, avec quatuor
ou piano. 18° Fantaisie sur le Ballo in mas-
chera. 19° Fantaisie sur le Trouvère.
Sivori a été fait chevalier de l'ordre des
SS. Maurice et Lazare par le roi d'Italie, en
1855; chevalier de l'ordre de Charles III, par
la reine d'Espagne, en 1856, et chevalier de
Tordre du Christ, par le roi de Portugal, dans
la même année.
SIXT (Jean), dont le nom de famille était
DE LERCHENFELS , naquit à Prague,
vers le milieu du seizième siècle. Il fut d'ahord
attaché à la musique de Rodolphe II en qualité
de chanteur, puis il eut le titre de directeur de
musique de l'église des Jésuites, à Olmtllz, où
il fut honoré, en 1597, de la dignité de bache-
lier en philosophie. L'empereur lui accorda
successivement des canonicats à Bautzen, à
Bunzlau, et à Saint-With, au château de
Prague. Enfin, il eut la préfecture à Leitme-
ritz, où il mourut en 1G29, dans un âge très-
avancé. Il a publié à Prague, en 1626, un re-
cueil intitulé: Triomphus etvictoria Joannis
comitis Tilli, ligas calholicas ducis, in-folio.
On y trouve : 1» Un Te Deum à quatre voix,
dédié à l'empereur Ferdinand. 2° Un Magni-
ficat à quatre voix. 5°Sonetti italiani aAvoci
per sonare e cantare. 4°Sonetto a 4 voci délia
Battaglia di Praga.
SIXT (Jean Auguste), né à Geislingen,
dans le Wurtemberg, vers le milieu du dix-
huitième siècle, fut d'abord organiste à Heil-
bronn, puis fut attaché en la même qualité à
une des églises de Strasbourg ; mais il ne resta
pas longtemps dans cette position, car on le
retrouve à Lyon, comme professeur de piano,
vers 1780. Plus tard, il retourna en Allemagne,
et publia ses dernières compositions à Augs-
bourg, en 1800. On connaît de cet artiste :
1° Trois sonates, dont deux pour clavecin et
violon, et la troisième pour deux clavecins;
Lyon, 1780. 2° Douze Lieder, ou chansons
allemandes avec accompagnementdeclavecin ;
Bâle, 1791. 3° Sonate pour piano seul; Offen-
bach, André. 4° Six cantiques spirituels à
quatre voix ; Augsbourg, Gombart. 5° Trois
sonates pour clavecin, violon et basse, op. 8 ;
ibid.
SRIVA (Joseph), pianiste et composileur,
né en Hongrie vers 1812, a fait ses études
musicales au Conservatoire de Vienne, et s'est
fixé dans cette ville, après avoir fait un voyage
en Italie. Au nombre de ses productions pu-
bliées, on remarque : 1° Introduction et varia-
tions pour piano sur le Lied : Heil dir, mein
Vaterland; Vienne, Diabelli. 2° Fantaisie
sur des thèmes de Maria di Rohan, op. 12;
ibid. 3° Romance de Guido et Ginevra, variée
pour piano, op. 13; ibid. 4° Fantaisie sur l'air
favori : An meine Rosen, op. 16; ibid.
5" Poëme d'Amitié, andante, pour piano,
op. 17; ibid. 6° Impression de l'Italie, im-
promptu lyrique, pour piano, op. 18; ibid.
SKUAUP (Jean), compositeur, né en Bo-
hême, dans les premières années du dix-neu-
vième siècle, était second chef d'orchestre du
Théâtre-National de Prague, en 1830, et fut
premier chef au même théâtre quelques an-
nées après. Il a écrit pour cette scène plusieurs
opéras-comiques en langue bohème et en alle-
mand, au nombre desquels on cite : La Fian-
cée du gnome, représentée en 1836, et Udal-
richet Fozena, en 1833. On connaît aussi de
cet artiste des ouvertures de concert et des
symphonies exécutées à Prague, depuis 1838
jusqu'en 1845, des quatuors pour des instru-
ments à archet, et une messe (en ré mineur) à
quatre voix , orchestre et orgue, publiée à
Prague, chez Hoffmann.
SKRAUP (François), frère du précédent,
est pianiste et compositeur à Prague. On a pu-
blié de sa composition : 1° Trio pour piano,
clarinette et violoncelle, op: 27; Prague,
Hoffmann. 2° Trio pour piano, violon ou
flûte et violoncelle, op. 28; ibid. 3° Beaucoup
de petites pièces et de sonates pour piano
seul.
SK.RYDANECK (Joseph), organiste dis-
tingué, né à Melnick, en Bohême, vers 1760,
fit ses études au collège des Jésuites de Ma-
riœnschein, puis il alla suivre les coursde philo-
sophie à Prague, où il prit des leçons de Seegr
pour l'orgue et le clavecin. De retourà Melnick,
il y fut fait directeur de chœur; mais après
quelques années passées dans les fonctions de
cette place, il accepta celle d'organiste à Lann,
où il mourut à la fleur de l'âge. Cet artiste dis-
tingué, qui fut considéré comme un des meil-
leurs organistes de la Bohême, a laissé en
manuscrit six belles sonates pour le piano,
une sérénade, et plusieurs autres composi-
tions.
SLAMA (Antoine), excellent contre-
bassiste, est né à Prague, le 4 mai 1804.
4.
52
SLAMA — SLOPER
Admis au Conservatoire de celle ville dans
sa douzième année, il y apprit à jouer du
trombone sous la direction de François
AVeiss, puis devint élève du célèbre Wenzel-
Ilause pour la contrebasse, et fit honneur
à son maître par la rapidité de ses progrès.
Après six années d'études, Slama sortit du
Conservatoire de Prague, et fut employé au
théâtre de cette ville, d'abord comme trom-
pette, puis comme trombone. En 1824, il fut
engagé comme première contrebasse au
théâtre de Ikide, en Hongrie; cinq ans après,
on l'appela pour le même emploi à l'Opéra de
la cour de Vienne, puis il reçut sa nomination
de première contrebasse de la cathédrale de
celte capitale, et enfin celle de professeur au
Conservatoire. Il a écrit pour ses élèves une
bonne méthode de cet instrument, intitulée :
Contrebass Schule; Vienne, Haslinger, 1830.
SLAWJK (Joseph), violoniste, né le
lor mars 1806, à Ginelz, en Bohême, était
fils d'un maître d'école qui lui enseigna, dès
sa septième année, les éléments de la musique,
du violon, du piano et de l'orgue. A l'âge de
dix ans, il entra au Conservatoire de Prague,
et y devint élève de Pixis, professeur de violon
d'un mérite reconnu. Pendant son séjour dans
celte école, il composa un concerto de violon,
un quatuor pour cet instrument, et des varia-
tions. Au mois de février 1825, Slawjk se ren-
dit à Vienne, et y produisit une assez vive
sensation dans son premier concert. Son séjour
dans la capilale de l'Aulriche fut d'environ
quatre ans; ce fut dans la dernière année
qu'il entendit Paganini, dont le talent fantas-
tique fit sur lui une profonde impression. Dès
ce moment, il se le proposa pour modèle.
L'illustre violoniste s'intéressa au jeune ar-
lisle et lui donna des conseils. Après le départ
de Paganini, Slawjk se rendit à Paris, dans le
dessein d'y étudier la manière de Baillot; mais à
peine y était-il arrivé, qu'il y reçut sa nomi-
nation démembre titulaire de la chapelle im-
périale, ce qui l'obligea de retournera Vienne.
Après plusieurs années d'études, il reparut en
public, et y fit admirer son adresse dans ses
imitations de la manière de Paganini. Le
28 avril 1853, il donna son dernier concert à
Vienne, et partit pour un long voyage; mais
une fièvre nerveuse dont il fut saisi à Peslh, le
mit au tombeau le 50 mai suivant, à l'âge de
vingt-sept ans. Ce jeune artiste, enlevé pres-
que au début de sa carrière, a publié de sa
composition : 1° Grand pot-pourri pour violon
avec quatuor, op. 1 ; Vienne, Diabelli. 2° Fan-
taisie idem, ibid. II a laissé en manuscrit
trois concertos, quatre airs variés, un qua-
tuor, un rondeau.
SLEGEL (Valentin), musicien allemand,
vécut dans la seconde moitié du seizième siècle.
Il a publié de sa composition : 12 Lieder aus
der Heil. Sckrift komponirt (Douze cantiques
composés sur dus textes de l'Écriture sainte);
Mulhausen, 1578, in-4°. On trouve des exem-
plaires de cet ouvrage avec le titre latin : Duo-
decim cantilenx ex sacrosancta Scriplura
desumptx ac musicis numeris quant jucun-
dissime redditœ; Jî/ulhusii} per Georyium
Hantzsch, 1578, in-4° obi.
SLEVOGT (Théophile), docteur en droit
de l'université de Jéna, et avocat à Altenbourg,
au commencement du dix-huitième siècle, est
connu par un livre qui a pour litre : Grund-
liche Untersuchung von den Rechten der Al-
txre, Taufsteine , Beichlstiïlrfc , Predigt-
sliihle, Kirchstxnde , Gotteskaslcn,*Orgeln,
Kirchenmusik, Glocken, etc. (Examen appro-
fondi de ce qui concerne l'a u le), les fonts bap-
tismaux, le confessionnal, la chaire, les bancs
d'église, le tabernacle, les orgues, la musique
d'église, les cloches, etc.); Jéna, 1732, in-8°.
La septième division contient les questions de
droit relatives à la musique d'église, aux or-
gues, aux cloches, etc.
SLOCZYINSKI (Adalbert), maître de
chapelle de l'église métropolitaine de Saint-
Jean, à Varsovie, et compositeur de musique
religieuse, est né en 1808, à Leznisk (en Gal-
licie). Il fut d'abord exécutant sur le violon, la
clarinette, le piano, et commença sa carrière à
Pulavvy, sous la direction de Raszek. Après
avoir écrit trois messes à Pulavvy, il alla
d'abord à Lublin, puis il s'établit à Varsovie.
Appelé à la direction de la musique de la cathé-
drale de cette ville, il écrivit à quatre voix les
hymnes et les psaumes du dimanche de Pavent
qu'on chante à l'église Saint-Jean, ainsi qu'un
offertoire, sa messe n° 1, avec accompagne-
ment d'orgue, exécutée pour la première fois
en 1848, un Te Deum et une messe pastorale,
pour la fête de Noël, en 1850.
SLOPER (E.-H. LIIXDSAY), professeur
de piano et compositeur, est né à Londres, le
14 juin 1826. Aimant la musique, ses parents
le laissèrent suivre son penchant pour cet art.
Après avoir fait des éludes élémentaires de
piano sous un maître dont le nom n'est pas
connu, il reçut les leçons de Moschelès pen-
dant plusieurs années. D'après le conseil de
cet artiste célèbre, il se rendit sur le continent
en 1840, et s'établit d'abord à Francfort, où il
continua l'élude du piano sous la direction
SLOPER — SMITH
53
d'Aloys Schmitl; puis il alla à Heidelberg et y
fit un coins d'harmonie et de contrepoint chez
Charles Vollweiler (voyez ce nom). Arrivé à
Paris, en 1841, il y continua l'étude de la
composition sous la direction de Boisselot.
Pendant un séjour de plusieurs années dans
celte ville, M. Lindsay-Sloper se fit entendre
dans plusieurs concerts. De retour à Londres,
en 1840, il joua avec beaucoup de succès dans
une"des matinées musicales de la Musical
union. Depuis cette époque, il s'est adonné à
l'enseignement du piano. Ses compositions les
plus connues sont : 1° Czarlorinska, trois
mazurkes, op. 1. 2° Henriette, grande valse,
pour le piano, op. 2. 3° Vingt-quatre études
dédiées à Slephen Heller, op. 5. 4° Sérénade et
canzonette, op. 12. 5" Douze études de salon,
op. 13. G" Sonate pour piano et violon. 7° Six
chansons anglaises à voix seule avec accompa-
gnement de piano, op. 8. 8° Scène pour voix
de contralto avec orchestre.
SMETIIEUGELL (J.) , professeur de
piano à Londres, vécut dans cette ville, vers la
fin du dix-huitième siècle. Il s'est fait con-
naître par un traité de l'harmonie pratique in-
titulé : A Treatise on thorouglibass ; Lon-
dres, 1794, in-4°. On a aussi de sa composition :
1° Trois sonates pour le clavecin ou piano ;
Londres, Longman et Broderip. 2° Six ouver-
tures exécutées au jardin du "Waux-Hall, Lon-
dres, Preston. 3° Leçons pour le piano; Lon-
dres, Clementi. 4°Sonates idem, ihid. 5° Solos
faciles pour le violon ; ibid.
SMITH (Robert), professeur de physique,
de philosophie expérimentale et d'astronomie,
à l'université de Cambridge, naquit dans celle
ville, en 1689. Il était fort jeune lorsqu'il se
livra à l'élude des mathématiques et de la phy-
sique; ses progrès furent rapides, et bientôt
il fut en étatd'entendre les ouvrages de Newton
et d'en comprendre la valeur. Après la mort
de Coles, son parent et son ami, il lui succéda
dans la chaire de physique à l'université de
Cambridge. Il mourut dans cette ville, en 17C8,
à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Son grand
Traité d'optique, dont il y a plusieurs traduc-
tions françaises, a eu beaucoup de célébrité.
Smith n'est placé dans ce dictionnaire que
pour un fort bon livre qu'il a publié sous ce
litre : Harmonies, or the philosophy of mu-
sical sounds (Les harmoniques, ou philoso-
phiedessonsmusicaux); Cambridge, Benlham,
1749, un volume in-8° de deux cent quatre-
vingt-douze pages avec vingt-cinq planches.
La deuxième édition de cet ouvrage avec des
changements et des additions (much impro-
ved and augmented), a paru sous le même
titre, à Londres, chez Merrill, en 1759, un vo-
lume in-8° de deux cent quarante pages avec
vingt-huit planches. Il y a des exemplaires
de celle édition avec une addition concernant
un clavecin à intervalles variables de l'inven-
tion de l'auteur (Postscript upon the chan-
geable harpsichord): ils portent la date de
Londres, 1762. Smith avait déjà donné la des-
cription de cet instrument dans l'appendix de
la première édition (p. 244-280), avec des corol-
laires à diverses propositions de l'ouvrage. La
théorie des intervalles et des divers systèmes
de tempérament n'a été traitée dans aucun livre
avec plus de profondeur que dans celui de
Smith.
SMITH (Jean-Christophe), et non Jean-
Chrétien, comme l'ont appelé Gerber et ses
copisles, naquit à Anspach, en 1712. Son nom
véritable était SCHMID, mais il en changea
l'orthographe pendant son séjour en Angle-
terre. Son père, lié d'une intime amilié avec
Ilsendel, le suivit à Londres, et y fit venir sa
famille quelques années après. A l'âge de
treize ans, le jeune Smilh, animé d'un goût
passionné pour la musique, fut placé sous la
direction de Hsendel, pourses éludesdecompo-
sition ; c'est le seul élève que ce grand maître
ait formé. Pendant que Smith se livraitavecar-
deur au travail, une maladie sérieuse se déclara
et laissa peu d'espoir de guérison ; mais ce
fut une heureuse circonstance pour lui, car le
docteur Arbulhnot, dont l'habileté le sauva,
l'attira ensuite dans sa maison, et lui fit faire
la connaissance de Swift, Pope, Gray et Con-
greve, alors les plus célèbres littérateurs de
l'Angleterre. A l'âge de vingt ans, Smilh com-
posa son premier opéra (Teraminta), qui fut
représenté à la fin de 1732. En 1740, il ac-
cepta la proposition qui lui était faite par un
gentilhomme pour qu'il l'accompagnât dans
le midi de la France; il finit à Aix, en Pro-
vence, le dernier acte de son Dario, et com-
posa quelques scènes de VArtaserse, de Mêla-
stase, en 1748; puis ildemeura quelque temps
à Genève. De retour en Angleterre, Smilh y
trouva Haendel devenu aveugle, el fut obligé
d'écrire ses compositions sous sa dictée et de le
remplacera l'orgue pour l'exécution des ora-
torios. L'attachement filial qu'il eut pour son
illustre maître fut récompensé par le don que
celui-ci lui fit en mourant de tous ses manu-
scrits originaux. Après le décès de Heendel,
son élève continua l'entreprise de l'exéculion
annuelle des oratorios, et en écrivit plusieurs,
dans lesquels il a montré moins de génie que
54
SMITH
d'habileté à imiter le style de son maître. L'en-
treprise des oratorios cessa d'être productive
quelques années après la mort de Haendel, et
Smith, après avoir perdu ce qu'il avait gagné
d'abord, fut obligé d'abandonner cette spécu-
lation, et de se retirer dans une maison qu'il
possédait à Bath. Il y mourut en 1795.
Les meilleures compositions de Smith sont
ses opéras inlitutés : The Fairies, the Tem-
pest, ses leçons pour le clavecin, publiées à
Londres, et son oratorio le Paradis perdu.
Quelques airs de ses ouvrages inédits ont été
gravés à la suite du livre intitulé : Anecdotes
of George Frederick Handel andJohn-Chris-
topher Smith (Londres, 1799, grand in-fol.),
où l'on trouve un beau portrait de Smith. Voici
la liste complète des compositions de cet ar-
tiste : I. Opéras anglais : 1° Teraminta, en
trois actes, 1752. 2P Ulysses, 1755. 2"(bis)Ro-
salinda, en trois actes, 1759. 5° The Fairies,
en trois actes, 1756. La partition de cet ou-
vrage a été publiée. 4° The Tempest (la Tem-
pête), en trois actes, 1756, partition gravée à
Londres. 5° Médée (non achevé). II. Opéras
italiens : 6° Dario, en trois actes, 1740.
7° Issipile, 174G. 8" Il Ciro riconosciuto, en
trois actes. III. Oratorios : 9° Paradise lost
(le Paradis perdu), en trois parties, 1758.
10° David' s lamentation over Sauland Jo-
nathan (Complainte de David sur la mort de
Saul et de Jonathan), 1758. 11" Nabal, 1764.
12° Gédéon, 1769. Une partie de cet ouvrage a
été prise dans les œuvres de Haendel. 15° Ju-
dith, en trois parties. 14Q Josaphat, en deux
parties. Cet ouvrage n'a point été exécuté.
15° La Rédemption , en trois parties (inédit).
IV. Mélanges : 16° Service funèbre.
\1° Daphné, pastorale de Pope, 1746. 18° Les
Saisons, cantate en deux parties. 19° Fugues
pour l'orgue, composées en 1754 et 1756 (iné-
diles). 20° Leçons (sonates1, pour le clavecin,
publiées plusieurs fois à Londres. 21° Thame-
sis, Jsis et Protée, cantates composées pour le
prince de Galles. 22° Quelques scènes d'Arta-
serse, de Métastase.
SMITH (Amand ou Amédée- Guillaume),
docteur en médecine, vécut à Berlin, vers 1780,
puis à Vienne, et en dernier lieu en Hongrie.
On a de lui quelques ouvrages de médecine, et
un livre intitulé : Philosophische Fragmente
iiber die prahtische Musik (Fragments philo-
sophiques sur la musique pratique); Vienne,
1787, in-8° de cent soixante-quatre pages.
SMITH (T.), claveciniste et compositeur,
né vraisemblablement dans le Hanovre, vivait
à Berlin, dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle. Il a fait imprimer dans celle
ville : 1° Trois sonates pour le piano à quatre
mains, op. 1. 2° Trois sonates pour piano seul,
op. 2. 3° Trois idem, op. 5. 4° Trois idem,
op. 4. 5° Trois concertos pour le clavecin.
SMITH (Jean STAFFORD), né à Glouces-
ter, vers 1750, était fils d'un organiste qui lui
enseigna les premiers principesde la'musique.
Smith fut ensuite envoyé à Londres pour y con-
tinuer ses études, sous la direction de Boyce.
La beaulé de sa voix lui fil obtenir une place
de chanteur à la chapelle royale, et, quelques
années après, il fut nommé organiste de cette
chapelle. Cet artiste est mort en 1826. Il a fait
graver à Londres beaucoup de glees à quatre
et cinq voix, et A collection of songs of va-
rious kinds for différent voices; Londres,
1785, in-fol. On lui doit une très-intéressante
collection d'ancienne musique d'église par des
compositeurs anglais, depuis le douzième
siècle jusqu'au dix-huitième, intitulée : Mu-
sica antiqua, a sélection of Music from the
tivelfth to the eighteenth century ; Londres,
1812, deux volumes in-fol.
SMITH (John SPEACER), docteur en
droit civil de l'université d'Oxford, membre de
la Société royale de Londres, et de plusieurs
autres sociétés savantes de l'Angleterre et de
la France, naquit à Londres, d'une famille ca-
tholique, le 11 septembre 1769, et mourut à
Caen (Normandie), où il s'était fixé, le 5 juin
1 845. Au nombre de ses écrits sur divers sujets,
on remarque : Mémoire sur la culture de la
musique dans la ville de Caen et dans Van-
tienne Basse- Normandie, lu à l'Académie de
Caen, le 10 novembre 1826, et imprimé dans
le recueil de cette société (années 1825-1828).
Il y a des tirés à part de ce mémoire; Caen,
T. Chalopin, 1828, in-8° de trente-six pages.
SMITH (Charles), né à Londres, en 1786,
montra dès son enfance d'heureuses disposi-
tions pour la musique, qui furent cultivées
d'abord par son père; puis il devint élève du
docteur Ayrlon. En 1809, il commença à écrire
pour le théâtre. Son premier ouvrage fut une
farce intitulée : Ves or no (Oui ou non). Cette
pièce fut suivie du mélodrame The Tourist
friends (les Voyageurs amis), de Any thing
new? (Rien de nouveau?), et de quelques au-
tres ouvrages dont plusieurs eurent de bril-
lants succès. En 1815, Smith épousa mademoi-
selle Booth, de Norwich, habile pianiste : dans
l'année suivante, tous deux se fixèrent àLiver-
pool, où ils habitaient encore en 1830. Depuis
cette époque, Smith a publié plusieurs morceaux
pour le piano et pour le chant.
SNEEDORF — SNEL
55
SNEEDORF (Frédéric), savant danois,
mort à Copenhague, en 1792, est auteur d'une
bonne dissertation intitulée : De hymnis ve-
teram Grxcorum. Accedunt très hymni
Dionysio adscripti. Hafnix, 1786, in-8° de
soixante-douze pages.
SNEGASS (Cyriac). l'oyez SCIINE-
GASS.
SNEL (Joseph-François), né à Bruxelles,
le 50 juillet 1795, fit voir, dès ses premières
années, que la nature l'avait organisé pour la
musique. Parvenu à l'âge de huit ans, au mo-
ment où le concordat entre la France et la
cour de Rome venait de faire rouvrir les tem-
ples au culte catholique, il devint enfant de
chœur à l'église Saint-Nicolas, où il reçut sa
première instruction musicale. Son intelligence
et sa jolie voix lui firent bientôt confier les
solos de soprano par le maître de chapelle, et
la foule se pressait dans l'église aux fêtes so-
lennelles pour entendre lepetit choral, comme
on l'appelait alors. Après ces premiers succès
de l'enfance, Snel, parvenu à saonzièmeannée,
montra d'heureuses dispositions pourleviolon,
et fut confié, pour l'étude de cet instrument,
aux soins de Corneille VanderPlanken, artiste
distingué et premier violon solo du Grand-
Théâtre de Bruxelles, dont il reçut les leçons
pendant cinq ans.
Snel était parvenu à l'âge de dix-huit ans,
et déjà il était compté parmi les meilleurs vio-
lonistes de sa ville natale, lorsqu'un amateur,
auquel il avait inspiré de l'intérêt, décida son
père à l'envoyer au Conservatoire de Paris,
pour y perfectionner son talent. Admis dans
cette école, au mois d'avril 1811, il y devint
élève du célèbre professeur Baillot, pour le
violon, et, dans le même temps, il étudia l'har-
monie sous la direction de Dourlen, qui, alors,
était suppléant au cours de Calel. Pendant
cette période des études de Snel, une place de
premier violon devint vacante au théâtre du
Vaudeville; elle fut mise au concours, et le
jeune violoniste belge l'emporta sur ses com-
pétiteurs par la manière brillante dont il lutet
exécuta, à première vue, le morceau qui lui fut
présenté.
Les désastres de la campagne de Russie,
suivis de ceux de 1813, avaient compromis le
sort de l'empire; déjà les armées alliées enva-
hissaient le territoire français, et tout annon-
çait que la Belgique en serait bientôt séparée ;
dans cette situation, la famille de Snel le rap-
pela à Bruxelles, où il arriva au mois de dé-
cembre 1813. Après la paix de Pannée suivante
et la fondation du royaume des Pays-Bas,
il obtint, dans la nouvelle organisation du
Grand-Théâtre, une des places de premiers
violons de l'orchestre, et commença sa répu-
tation de virtuose violoniste dans les concerts
de cette époque. Après la mort de Gensse, ar-
tiste de grand mérite, Snel lui succéda dans la
place de premier violon solo du Théâtre-Royal,
qu'il occupa avec distinction pendant dix
ans.
En 1818, le système d'enseignement de la
musique par la méthode du méloplaste, ima-
ginée par Galin, eut un grand retentissement
par les cours que faisait ce professeur à Paris.
Cette nouveauté fixa l'attention de Snel, qui,
de concert avec Mees, musicien instruit, établit
une école sous le titre d'Académie, où les
éléments de la musique et du chant étaient
enseignés d'après cette méthode. Snel la pro-
pagea également dans des cours qu'il ouvrit à
Y Athénée, où il était professeur de violon.
A la même époque, il faisait, à l'école de la rue
des Minimes, un cours de musique par la mé-
thode de l'enseignement mutuel et simultané
deWilhem; ce cours ne comptait pas moins
de quatre cents élèves. Sa prodigieuse activité
suffisait alors à une multitude d'occupations
de tout genre; car, non-seulement, il devait
assister à toutes les répétitions et représenta-
tions du théâtre, mais il faisait des cours à son
académie de musique, à l'Athénée, donnait
une immense quantité de leçons particulières,
dirigeait les concerts, était premier violon et
chef de la musique particulière du roi Guil-
laume Ier, et, enfin, il écrivait un grand nombre
de compositions pour toutes les sociétés d'har-
monie de la Belgique; ce qui ne l'empêchait
pas de c< iposer pour le Théâtre-Royal la mu-
sique de plusieurs ballets, parmi lesquels on
remarque : Frisac, ou la double Noce, en
deux actes, représenté le 13 février 1825, dont
l'ouverture, arrangée pour piano à quatre
mains, a été gravée à Bruxelles ; le Page in-
constant, en trois actes, joué le 27 juin de la
même année ; le Cinq Juillet, en un acte,
éerit en collaboration avec M. Charles-Louis
Hanssens jeune, et joué le 9 juillet 1825;
Pourceaugnac, en trois actes, représenté le
3 février 1826; les Enchantements de Poli-
chinelle, le 8 mars 1829; les Barricades, en
un acte, 3 février 1830 ; et dans l'espace d'en-
viron dix ans, la musique de plusieurs mélo-
drames. En 1828, Snel fut nommé directeur de
l'école normale des chefs de musique de l'ar-
mée des Pays-Bas, en récompense d'une mé-
thode élémentaire de musique qu'il avait rédi-
gée pour les soldats ; en 1829, il reçut le titre
56
SNEL
d'inspecteur générai des écoles de musique
fondées près des différents corps de l'armée.
Devenu chef d'orchestre du Grand-Théâtre
de Bruxelles, après la révolution de 1850, Snel
fit preuve, dans celte nouvelle position, d'une
rare intelligence musicale et scénique, amé-
liora le personnel de l'orchestre par le choix
heureux de plusieurs artistes de talent, et ren-
dit l'exécution plus ferme et plus colorée dans
ses nuances. Deux fois, il a occupé le même
emploi, et deux fois il s'en est retiré lorsque
de nouveaux entrepreneurs voulaient faire des
économies aux dépens de la bonne composi-
tion de l'orchestre. Chargé de la direction de
celui de la Société de la Grande-Harmonie
depuis 1831, il mit également tout ses soins
à en améliorer l'organisation et le personnel.
Grâce à la bonne impulsion qu'il lui donna, cet
orchestre d'harmonie lit, en peu de temps, de
grands progrès, et ce fut à ses soins vigilants,
ainsi qu'à sa grande intelligence musicale, que
cette société fut redevable des brillants succès
qu'elle obtint dans tous les concours où elle se
présenta. Snel écrivit aussi pour elle beaucoup
de morceaux, dans lesquels il agrandit le style
de ce genre de musique et abandonna les
formes un peu surannées de la musique de ses
prédécesseurs.
Après avoir abandonné pour la seconde fois
la direction de l'orchestre du Théâtre Royal,
Snel accepta, le 15 juillet 18ôo, la place de
maître de chapelle de l'église des SS. Michel et
Gudnle, et, le 50 novembre 18-57, il y ajouta
le titre de chef de musique delà garde civique.
Infatigable, il écrivit alors des motels et des
antiennes pour la chapelle confiée à sa direc-
tion, et des marches et pas redoublés pour la
musique militaire. Parvenu, par la multipli-
cité de ses travaux, à la possession d'une
aisance suffisante, à laquelle des événements
imprévus ont malheureusement porté atteinte
plus tard, il abandonna successivement ses di-
verses positions de chef d'orchestre de la
Grande-Harmonie, de maître de chapelle et de
chef de musique de la garde civique, ne con-
servant que le litre de membre de la musique
particulière du Roi. Décoré pour son mérite et
ses utiles services des ordres de Léopold et de
la Couronne de chêne, il devint membre de la
classe des beaux-arts de l'Académie royale de
Belgique, en 1847, et, en celle qualité, fut un
des membres de la section permanente du jury
des grands concours de composition musicale
institués par le gouvernement. Assidu aux
séances de la classe à laquelle il appartenait,
et plein de zèle dans les missions qui lui
étaient confiées, il a pris une part active aux
travaux des commissions dont il faisait partie,
et a rédigé un grand nombre de rapports sur
les questions soumises à la classe.
Comme artiste exécutant, Snel a eu dans sa
jeunesse une brillante réputation, justifiée par
son talent. Comme professeur de violon, il a
formé de bons élèves, à la tête desquels se pla-
cent Joseph Artot et Théodore Hauman,
comptés tous deux parmi les virtuoses de leur
instrument. Libérale envers lui, la nature
l'avait doué de qualités précieuses pour la com-
position, qui auraient pu l'élever au rang des
illustrations de son temps, si, placé dans une
autresphère, et moins prodiguedu temps à des
choses accessoires et de simple pratique, il y
eût eu dans sa vie plus de calme et de médita-
tion; car on remarque un riche instinct mu-
sical et un sentiment distingué dans ses
productions publiées et manuscrites, parmi
lesquelles on peut citer : 1° Symphonie concer-
tante pour orchestre sur des motifs de Guido
et Ginevra. 2° Concertino pour clarinette et
orchestre. 5° Fantaisie concertantesur des mo-
tifs de Gustave ou le Bal masqué, pour mu-
sique militaire, à vingt-sept parties : Mayence,
Schott. 4° Grandes marches funèbres à vingt-
neuf parties; ibid. 5° Pot-pourri sur des mo-
tifs de Robert le Diable, pour harmonie mili-
taire; ibid. 6" Rebecca, sérénade pour voix
d'hommes et trois trombones ; ibid. 7° Séré-
nade espagnole, en quatuor, pour des instru-
ments à cordes ; Bruxelles, Terry. 8° Duos
pour piano et violon, n° 1 et 2; Paris, Bran-
dus ; Mayence, Schott. 9° Caprice et variations
brillantes pour musique militaire ; Mayence,
Schott. 10° Rondeau pour piano à quatre
mains; ibid. 1 1° Deux chants de fêle à quatre
voix, avec accompagnement de cors et de
trombones; Bruxelles, Terry. 12° Messe de re-
quiem surleplain-chant romain à quatre voix,
avec orgue et contrebasse; Bruxelles, Bie-
laerts. la" Tantum ergo et Genitori à quatre
voix, avec accompagnement de violoncelles,
contrebasse, trois trombones et orgue; ibid,
14° Deux fantaisies pour grande harmonie sur
les motifs des Huguenots. 15° Une fantaisie
idem sur des motifs du Domino noir. 10° Ca-
price concertant sur les mélodies de la Fille
du régiment. 17° Grande fantaisie idem sur
des mélodies anciennes etmodernes. 18° Idem
sur des thèmes des Martyrs. 19° Idem sur
des mélodies de Mercadante. 20° Concertino
pour cor à clefs avec orchestre d'harmonie.
21° Symphonie concertante pour cor à clefs et
trompette; idem. 22° Symphonie concertante
SNEL — SODY
57
pour trompette et trombone; idem. 25° Sym-
phonie concertante pour deux cors à clefs;
idem. 24° Idem pour deux cornets à pistons.
25°Fantaisie pour clarinette avec orchestre sur
des motifs de Norma. 26° Premier et deuxième
concertos pour clarinette et orchestre. 27° Con-
certo de violon, composé pour Joseph Artot.
28° Plusieurs antiennes, Ave verum, Ave Re-
gina cœloram et Tantum ergo pour deux,
trois et quatre voix, avec orgue, composés pour
l'église Sainte-Gudule. 29° Grande cantate pour
voix seules, chœur et orchestre, composée pour
l'installation de la Société de la Grande-Harmo-
nie dans son nouveau local, exécutée le 26 fé-
vrier 1842.
Pendant les dix dernières années qui suivi-
rent la retraite de Snel de tous ses emplois, il
écrivit une grande quantité de morceaux pour
des maisons religieuses, parmi lesquels on
compte environ quinze Tantum ergo, cinq
O salutaris, quatre Salve Regina, AeiwAve
verum, des psaumes et litanies, qui sont tous
restés en manuscrit, et dont il ne gardait pas
même de copies, les écrivant avec facilité et
n'y attachant pas d'importance.
Les dernières années de la vie deSnel furent
troublées par des chagrins domestiques et par
des revers de fortune; sa santé s'en altéra,
et ses confrères de l'Académie remarquèrent
avec peine la diminution progressive de ses
forces. Une maladie sérieuse se déclara, et le
10 mars 1801, il expira à Koekelberg, à l'âge
de près de soixante-huit ans, vivement re-
gretté par sa famille, dont il faisait le bon-
heur, par ses amis et par la classe des beaux-
arts de l'Académie.
SNEP (Jéah)3 organiste à Zierikzée, dans
la Zélande, vers 1725, s'est fait connaître par
les ouvrages dont voici les titres : 1° Neder-
duytse Liederen met een en tivee stemmen en
B. C. (Chansons hollandaises à une et deux
voix avec basse continue) ; Amsterdam. 2° So-
nates, allemandes, courantes, sarabandes,
gigues, gavotes, etc., pour basse de viole, avec
basse continue; ibid.
SOAVES (Manuel), moine portugais, né à
Lisbonne, mourut dans la même ville, en
1756. Il a laissé en manuscrit un recueil de
psaumes à quatre voix, de sa composition.
SOBOLEWSKI ou SOBOLEWSKY
(Edouard), violoniste, compositeur et écrivain
sur la musique, naquit à Kœnigsberg, en 1804,
suivant les renseignements fournis par
M. Charles Gollmick (ffandlexicon der Ton-
kunst, p. 135). En 1850, il succéda à Dorn
dans la place de directeur de musique du
théâtre de Kœnigsberg; mais il se retira de
cette position, en 1830, pour se livrer en li-
berté à ladireclion d'une société de chantdont
i! avait été le fondateur dans cette ville. Trois
opéras de sa composition ont été représentés à
Kœnigsberg, à savoir: Imogène, en 1833,
Velleda, en 1830, et Salvator Rosa, en 1848.
Sobolewski a fait aussi exécuter, dans cette
ville, en 1840, son oratorio Johannes der
Taufer (Saint Jean-Baptiste), qui fut aussi en-
tendu à Berlin, en 1845, sous le titre: Die
Enthauptung Johannis (la Décollation de
Jean), et dont la partition réduite pour le
piano a été publiée à Kœnigsberg, chez
l'auteur, et à Leipsick, chez Hofmeister. Le
second oratorio du même artiste, intitulé :
Der Erlœser (le Sauveur), a été publié en par-
tition pour le piano; ibid. Sobolewski a écrit
aussi des symphonies, dont la première a été
exécutée à Kœnigsberg, en 1 829, 1 830 et 1 836,
et dont la seconde, dans le style pittoresque, a
pour titre : Le Sud et le Nord. Celle-ci a
obtenu du succès au concert du Gewandhaus
de Leipsick, et 1845. Enfin, on connaît du
même compositeur : des cantates avec or-
chestre, des hymnes, le mystère Ciel et Terre,
exécuté à Leipsick, en 1845, et des chants à
trois et à quatre voix pour des chœurs
d'hommes. Sobolewski a publié des articles de
critique dans plusieurs journaux de musique
de l'Allemagne.
SODY, ou plutôt SODI. Il y eut deux
frères de ce nom qui exercèrent, à Paris, la
profession de musicien. Us étaient nés à
Rome, vers 1715. L'aîné, Charles, fameux
joueur de mandoline, vint à Paris, en 1749 ; il
entra à l'orchestre de la Comédie Italienne
comme violoniste, et fut admis à la pension en
1765. Le talent de cet artiste sur la mandoline
était très-remarquable. lia paru dans plusieurs
pièces de la Comédie Italienne, où il jouait de
cet instrument, et son frère avait composé pour
lui un divertissement intitulé : les Blando-
/mes,dans lequel il se faisait toujours applau-
dir. Après sa retraite, il vécut pauvre et devint
aveugle. Il est mort au mois de septembre
1788. Charles Sodi fut le maître de musique de
madame Favart. Il avait composé la musique
d'une parodie intitulée : Baiocco e Serpilla,
qui fut jouée sans succès à la Comédie Ita-
lienne, en 1753. On a aussi de lui : le Charla-
tan, opéra comique en un acte, les Troqueurs
dupés, comédie à ariettes, et un divertisse-
ment intitulé : Cocagne, en 17G0. Ce fut Sodi
qui parodia la Donna superba, sous le litre
de la Femme orgueilleuse. Il y ajouta quel-
58
SODY — SOGNER
ques airs dont la mélodie ne manquait pas de
grâce. Un air italien, Quanlo mai felice siete,
qui eut dans le temps un succès de vogue,
était de Sodi. Son frère cadet, Pierre Sodi, qui
était harpiste et compositeur, vint en France,
en 1743. Il entra à l'Opéra, et mourut en 1764.
On a gravé à Paris, en 1760, six chansons pour
la harpe, de sa composition. Il excellait, dit-
on, dans la composition des pantomimes.
SOEREINSEN (Jean), docteur en médecine
et amateur de musique à Ebersdorf, dans la
principauté de Reuss, naquit, le 18 mai 1767,
à Gluckstadt, en Danemark. Dans sa jeunesse,
il reçut des leçons de musique de deux musi-
ciens anglais, nommés Gambold et La Trohe ;
plus tard, il alla suivre les cours de l'univer-
sité de Copenhague, et y devint élève de Schttlz
pour la composition. Fixé à Ebersdorf, en
qualité de médecin, depuis 1802, il s'y livra,
dans ses moments de loisir, à la composition de
chants en langues allemande et danoise. Déjà
il s'était essayé dans ce genre pendant son sé-
jour à Copenhague, et y avait publié plusieurs
recueils de chants où l'on remarquait une ex-
pression juste du sens des paroles. Les autres
recueils qu'il a donnés par la suite, au nombre
de huit, ont paru à Leipsick, chez Breitkopf et
Hœrlel. Sœrensen a écrit aussi beaucoup de
musique d'église à plusieurs voix, où il y a
de bonnes fugues ; mais il n'en a rien été pu-
blié. Cet amateur distingué est mort à Ebers-
dorf, en 1824.
SOLRGEL (Frédéric-Guillaume), direc-
teur de musique à Nordhausen, fut d'abord
attaché à l'orchestre du théâtre et donna des
leçons de piano. Ses premières compositions
furent publiées en 1819; depuis lors il a fait
paraître quelque ouvrage chaque année. Parmi
ses meilleures productions, on remarque :
1° Symphonie à grand orchestre, op. 27; Leip-
sick, Breitkopf et Haertel. 2° Ouverture idem,
op. 9; ibid. 5° Quatuors pour deux violons,
alto et basse, op. 11, 15,21; ibid. 4° Duos
pour deux violons, op. 7, 15, 26 -xibid. 5° Qua-
tuor pour piano, violon, alto et basse, op. 20;
ibid. 6° Duos pour piano et violoncelle, ou
piano et violon, op. 14, 18 et 23; ibid. 7" Six
éludes pour piano, en forme de sonates,
op. 19; ibid. 8° Thèmes variés pour piano,
op. 1, 3, 30; Leipsick et Bonn.
SOGKA (Matiiias), organiste et violoniste
distingué, naquit en Bohême, vers 1755. En
1788, il était au service du comte Millesimo, à
Willimow, en Moravie. L'église de Raudniiz
possédait, en 1786, deux belles messes de sa
composition. 11 a laissé aussi en manuscrit plu-
sieurs symphonies, des quatuors, des concer-
tos et des sonates pour le violon et pour le
piano.
SOGINER (THOMAs\compositeur et profes-
seur de musique, naquit à Naples, vers le mi-
lieu du dix-huilième siècle, et fit ses éludes
au Conservatoire de la Pietà, sous la direction
de Sala, de Guglielmi et de Tritto. Son pre-
mier essai de musique dramatique fut la can-
tate Aci e Galatea, qui fut exécutée deux fois
devant la cour de Naples. Quelques années
après, il écrivit à Rome un opéra bouffe, qui
ne réussit pas. Il s'établit ensuite à Livourne,
où il était encore en 1812, maître de chapelle
d'une église, et professeur de chant et d'har-
monie. A l'époque de la formation de l'Insti-
tut des sciences et ans du royaume d'Italie, il
fut nommé membre de la section de musique
de cette société savante. Parmi les composi-
tions de cet artiste, pour l'église, on remarque
une messe et des vêpres à huit voix qu'il a
écrites à Rome, et un oratorio de la Passion,
sur le texte de Métastase. Sogner est aussi
connu par des quatuors pour violon, et trois
sonales pour le piano, gravées à Rome.
SOGNER (Pasouale), fils du précédent,
naquit à Naples, en 1793, et fut élève de son
père. A peine âgé de dix-neuf ans, il était déjà
maître au clavecin du théâtre impérial de Li-
vourne; mais vers la fin de 1813, il retourna à
Naples, où il écrivit pour divers théâtres des
opéras et des ballets, parmi lesquels on remar-
que : 1° Amore per finzione, opéra bouffe en
deux actes. 2° Due consigli di guerra in un
giorno, mélodrame semi-serio en un acte.
3° Quattro prigionieri ed un ciarlatano,
opéra bouffeen un acte, 1833. 4°Guerrinoagli
alberi del sole, en trois actes. 5" Margherila
di Fiandra, en deux actes. 6° Generosilà
e t'endetta, représenté au théâtre du Fondo,
à Naples, le 9 mars 1824. 7° La Cena aile
Montagne russe, ibid., en 1832. Cet artiste,
né avec du talent et de l'originalité dans les
idées, semblait destiné à se faire une bril-
lante réputation ; mais la débauche et l'ivro-
gnerie anéantirent les avantages de sa belle
organisation. Le peu de succès de quelques-
uns de ses ouvrages le fit se livrer à l'enseigne-
ment du chant et de la composition. Vers la
fin de sa vie, il était tombé dans une sorte
d'abrutissement, et avait perdu jusqu'au sen-
timent de son talent. Obligé de se retirer à
Nola, il y languit dans une profonde misère,
et mourut en 1839. Sogner était habile pia-
niste ci s'était fait connaître dans sa jeu-
nesse par trois duos pour piano et violoncelle,
SOGNER — SOLANO
59
des sonates pour piano seul et un concerto
avec orchestre.
SOHIER (Matthias), musicien français,
né dans les dernières années du quinzième
siècle, ou dans les premières du seizième, fut
maître des enfants de chœur de la cathédrale
de Paris, sous le règne de François Ier. En
1540, il passa de cette position à celle de
maître de chapelle de la même église; il occu-
paitencore celle-ci en 1556. On connaît de ce
maître : 1° Deux Ave Regina Cœlorum, à
quatre voix, huit Regina Cœli, à quatre voix,
et sept Salve Regina, également à quatre
voix, dans le recueil qui a pour litre : Liber
duodecimX "F 1 1 musicales aàTirgines Chris-
tiparam selectiones habet ; Parhisiis, apud
Petrum Attaingnant musiez typographum,
mense aprili, 1554, in-4° obi. 2° Chansons
françaises dans le XIe livre conte-
nant XXVIII chansons à quatre parties
en un volume et en deux ; imprimées par
Pierre Attaingnant et Pierre lallet, à Paris,
1542, pet. in-4°obl. 5° Idemdans le X I I'elivre
contenant vingt - neuf chansons à quatre
parties; ibid., 1543, in-4° obi. 4° Missa cum
quinque vocibus ad imitationem moduli vidi
speciosam condita D. Matth. Sohier, prx-
fecto quondam symphoniacis ecclesix Pa-
risiensis, dans le recueil intitulé : Missarum
musicalium certa vocumvarietate secundum
varios quos referunt modulos et cantiones
distinctorum liber secundus, ex diversis iis-
demque peritissimis auctoribus collectus;
Parisiis,ex typographia Nicolai Duchemin,
1556, in-fol. max.
SOJOWSRY(Wenceslas), né en Bohême,
était attaché, en 1756, à l'église cathédrale de
Leitmeritz, en qualité de compositeur et de di-
recteur du chœur. Plus tard, il eut le titre
d'économe du chapitre de Worasyez , et
mourut dans cette position. Il a laissé en ma-
nuscritsixbelles messes à quatre voix et orgue,
pour le carême, et un Te Deum composé pour
l'église de Raudnilz.
SOLA (Charles-Michel-Alexis) , flûtiste
et guitariste, né à Turin, le 6 juin 1786, ap-
prit d'abord à jouer du violon, sous la direc-
tion dePugnani. Après la mort de ce maître,
Sola prit la résolution d'abandonner le violon
pour la flûte, et choisit pour ses maîtres Pi-
pino et Vondano, flûtistes distingués. Ses ra-
pides progrès lui procurèrent la place de se-
conde flûte au théâtre royal de Turin; mais
deux ans après, il abandonna cette position,
et s'engagea dans le 73e régiment d'infanterie
française. Fatigué, au bout de quatre ans, de
la vie nomade d'un musicien militaire, il de-
manda son congé, l'obtint, et s'établit à Ge-
nève, en 1809, après avoir passé quelque
temps au château de Coppet, pour y enseigner
la musique et la flûte au fils de madame de
Staël. Il y donna des leçons de chant, de flûle
et de guitare. Bideau, ancien violoncelliste de
la Comédie Italienne et bon harmoniste, qui
s'était fixé à Genève, lui donna quelques leçons
décomposition. Vers la fin de 1810, Sola fit
un voyage à Paris, et y publia quelques-unes
de ses productions, puis il retourna à Genève
et y fit représenter, en 1816, un opéra fran-
çais intitulé le Tribunal. L'année suivante, il
se rendit en Angleterre et se fixa à Londres,
où je l'ai connu, en 1829, dans une situation
aisée et honorable. Il y avait publié beaucoup
de musique pour la flûte, la guitare et le piano,
ainsi que des chansons anglaises qui avaient
eu du succès, des arrangements pour divers
instruments de thèmes de Mozart, de Rossini
et de plusieurs autres compositeurs. Parmi ses
pricipaux ouvrages, on remarque : 1° Quatuor
pour flûte, violon, alto et basse, op. 18 ; Paris,
Leduc. 2° Quatuor pour flûte, clarinette, cor et
basson, op, 21 ; ibid. 3° Premier et deuxième
concertos pour flûte et orchestre; Genève.
4° Trios pour flûte, violon et basse, op. 15;
Paris, Leduc. 5° Plusieurs thèmes variés pour
flûte ; Milan, Ricordi, et Londres, Chappell.
6° Quatuor pour piano, flûte, clarinette et vio-
loncelle ou basson, op. 19; Paris, Leduc.
7° Grand trio pour piano, harpe et alto ; Milan,
Ricordi. 8°Diverlissement pour harpe et flûle;
Paris, Vaillant. 9° Deux recueils de romances
françaises; Paris, Leduc. 10" Des chansons an-
glaises et italiennes; Londres, Chappell.
11° Beaucoup de morceaux détachés pour gui-
tare et flûle, ou guitare seule ; Genève , et
Londres.
SOLANO ( François-Icnace ), musicien
portugais, né à Lisbonne, en 1727, est connu
principalement par le livre dont il sera parlé
tout à l'heure. Les circonstances de sa vie sont
ignorées ; on sait seulement, par une lettre
du célèbre compositeur David Perez (voyez ce
nom), qu'il vivait encore au mois de juillet
1763, et l'on voit, par le titre même de son ou-
vrage, qu'il était descendu dans la tombe en
1764, lorsque le livre parut. Ce livre a pour
titre : Nova instruçao musical, o theorica
pratica de musica rhythmica com a quai se
forma, e ordena sobre ses mas solidos fun-
damentos hum novo methodo, e verdadiero
systema para constituir hum intelligente sol-
fisla} et deslrissimo cantor, etc. (Nouvelle
60
SOLANO — SOLIÉ
instruction musicale, ou théorie pratique de
musique rhylhmique, par laquelle sont formés
et établis sur les plus solides bases une mé-
thode nouvelle, et un véritable système pour
l'instruction d'un musicien habile à solfier et
d'un chanteur très-expert, etc.); Lisbonne,
17G4, un volume in-4° de trois cent quarante
pages, avec un supplément de quarante-sept
pages concernant la valeur des signes de la
notation ancienne de la musique. Cet ouvrage
est le seul traité complet qui existe de la
solmisation par les muances appliquée à tous
les tons et à tous les signes accidentels de la
modulation de la musique moderne. La mé-
thode de l'auteur consiste à trouver par des
règles certaines quelles sont les noies mi et
fa, c'est-à-dire les notes du demi-ton ascen-
dant; mais ces règles sont en si grand nombre,
qu'elles démontrent invinciblement l'absurdité
de la solmisation par les muances dans la tona-
lité moderne.
SOLER (Antonio FARGAS Y), amateur
distingué de musique à Barcelone. J'ai dit par
erreur dans le troisième volume de cette édi-
tion de la Biographie universelle des musi-
ciens (p. 257, deuxième colonne), que l'auteur
de la traduction de mon livre intitulé : la Mu-
sique mise à la portée de tout le monde est
M. Soriano Fuertes; c'est M. Fargas y Soler
qui m'a fait l'honneur de traduire cet ouvrage
dans la langue espagnole.
SOLERA (Thémistocle), poète et composi-
teur milanais, a fait représenter au théâtre de
la Scala, de Milan, pendant le carnaval de
1840, Ildegonda, opéra dont il avait écrit le
livret et la musique. Cet ouvrage, chanté par
la Frezzolini et Moriani, fut vivement applaudi.
Le même artiste donna, au même théâtre, en
1842, Il Contadino d'Agliale, qui fut joué
dans l'année suivante, à Brescia, sons le litre :
la Fanciulla di Castel Gandoifo. En 1843,
M. Solera donna, au théâtre de Padoue, Genio
e Svenlura.
SOLÈRE(Étienne), clarinettiste et compo-
siteur, né au Mont-Louis, le 4 avril 1753, s'en-
gagea, à l'âge de quatorzeans, comme clarinei-
liste, dans la musique du régiment de Cham-
pagne (infanterie). Après douze ans de service
dans ce corps, il obtint son congé pour entrer
au service du duc d'Orléans, en qualité de pre-
mière clarinette de sa musique d'harmonie.
Devenu à cette époque élève de Michel Yost, il
fit sous sa direction de rapides progrès, eljoua
avec un brillant succès au Concert spirituel,
en 1784. Après la mort du duc d'Orléans, So-
lère fut admis dans la chapelle du roi en qua-
lité de première clarinette, puis fut professeur
de son inslrumenlauConservatoiredemusique,
à l'époque de sa fondation. Ayant été compris
dans la réforme de 1802, il trouva dans Le-
sueurun protecteur qui le fit entrer deux ans
après dans la musique de l'empereur Napoléon.
Après la mort de Chelard père, Solèrc lui suc-
céda comme seconde clarinette à l'orchestre de
l'Opéra. Il mourut dans cette position, en
1817. On a publié de la composition de cet ar-
tiste : 1° Symphonies concertantes pour deux
clarinettes, nos 1 et 2; Paris, Imbault. 2° Con-
certos pour clarinette, nos 1, 2, 3, 4, 5, G, 7 ■
Paris, Sieber et Imbault. 3n Duos pour deux
clarinettes, œuvres 1 et 2 ; Paris, Michel Ozy
et Janet. 4°Fantaisies pour clarinelle et piano,
nos 1, 2, 3; Paris, Hentz- Jouve. 5° Airs variés
pour la clarinette, liv. I, II, III, IV, V; Pa-
ris, Sieber. 6° Soixante-quinze suites d'harmo-
nie militaire, marches, pas redoublés, etc.;
Paris, Boyer, Imbault, Leduc.
SOL1E (Jean -Pierre), dont le nom véri-
table était SOULIER, naquit à Nimcs, en
1755. Fils d'un violoncelliste du théâtre de
cette ville, il apprit la musique dès ses pre-
mières années, et entra comme enfant de
chœur à la cathédrale de cette ville. Devenu
bon musicien, et possédant une assez bonne
voix de ténor, il donna des leçons de chant
pour vivre, et fut attaché, comme violoncel-
liste, aux orchestres de plusieurs villes du midi
de la France. En 1778, il était à Avignon; on
devait y jouer la Rosière de Salenci, opéra-
comique de Grétry, alors dans sa nouveauté ;
mais l'acteur qui devait remplir le rôle du
meunier étant tombé malade, Solié consentit à
le remplacer, et chanta ce rôle avec tant de
succès qu'il fut immédiatement après engagé
comme ténor. Dès lors, il se voua entièrement
à la carrieredramatique.il chantait au théâtre
de Nancy, en 1782, lorsqu'il fut appelé à
l'Opéra-Comique de Paris, connu alors sous le
nom de Comédie Italienne ; mais ses débuts n'y
furent point heureux. Il retourna à Nancy,
puis se rendit à Lyon où il joua pendant trois
ans. Bon musicien, chanteur intelligent plutôt
qu'habile, acteur plus convenable que chaleu-
reux, il n'avait pointa la scène de ces brillants
succès d'entraînement qui n'appartiennent
qu'aux artistes prédestinés; mais il était estimé
pour la solidité de son mérite. Bappelé à Paris,
en 1787, il languit dans les emplois secon-
daires de l'Opéra-Comique pendant deux ans,
et peut-être allait-il dire adieu pour toujours
aux théâtres de la capitale de la France, lors-
que le hasard lui procura l'occasion de rem-
SOLIÉ — SOLIVA
61
placer à l'improvisle Clairval dans la Fausse
Paysanne, le 26 mars 1789. L'incontestable
supériorité de son chant sur celui du chef
d'emploi qu'il doublait, lui procura d'una-
nimes applaudissements, et dès ce moment sa
situation devint meilleure au théâtre. L'arri-
vée des célèbres chanteurs italiens dont on
forma la compagnie chantante du théâtre de
Monsieur lui fournil dans le même temps les
moyens d'étudier l'art du chant; il alla les
entendre souvent, et sut mettre à profit les
leçons pratiques qu'il en recevait. Ses éludes
ne purent lui faire acquérir la légèreté de
vocalisation; mais il apprit à bien poser le
son , et à phraser avec largeur. Son organe
vocal passa insensiblement du ténor au ba-
ryton, genre de voix inconnu jusqu'à lui à
l'Opéra-Comique : il en résulta que les com-
positeurs écrivirent spécialement pour lui, et
lui formèrent un emploi qui a pris son nom.
C'est ainsi qu'il créa les rôles d'Alibour, dans
Euphrosine, du médecin, dans Stratonice,
d'Albert, dans Une Folie, de Jacob, dans Jo-
seph, et beaucoup d'autres de cet emploi.
En 1790, une nouvelle carrière s'ouvrit pour
Solié : ce fut celle de compositeur dramatique.
Son premier essai consista en quelques airs
qu'il ajouta à l'opéra intitulé les Fous de Mé-
dine, particulièrement celui de la Clochette,
qui fit sensation. Malgré ce succès, l'auteur eut
quelque peine à obtenir un livret d'opéra;
mais enfin il fit représenter, en 1792, Jean et
Geneviève, pièce naïve qui fut fort applaudie,
et qu'on a reprise avec succès, vingt-huit ans
après. Une musique facile et d'une mélodie
quelque peu trivale, convenable pour les spec-
tateurs français de celte époque, caractérisait
celte première production de Solié; il ne s'est
jamais élevé beaucoup plus haut dans ses au-
tres ouvrages, dont voici la liste chronologi-
que : 1° Le Jockey, 1795.2° L'Entreprise folle,
1795. 5° Le Secret, en un acte, 1796. 4° La
Soubrette, en un acte, 1796. 5° Azeline, en
trois actes, 1796. 6° La Femme de quarante-
cinq ans, 1797. 7° La Rivale d'elle-même,
1798. 8° Le Chapitre second, en un acte, 1799.
8° (bis) L'Incertitude maternelle, en un acte,
1799. 9° La Pluie et le beau temps, en un
acte, 1800. 10° Une Matinée de Foliaire, ou
la Famille Calas à Paris, en un acte, 1800.
11° Oui, ou le Double rendez -vous, en un
acle, 1800. 12° Lisez Plutarque, en un acte,
1801. Henriette et Verseuil, en un acte, 1803.
14° L'Epoux généreux, en un acle, 1803.
15° Les Deux Oncles, en un acte, 1804. 16° Le
Malade par amour, en un acte, 1804. 17°67(a-
cunson tour, en un acte, 1805. 18° Le Diable
à quatre, en deux actes, 1806. 19° L'Opéra
de village, en un acle, 1807. 20° L'Amante
sans le savoir, en un acte, 1807. 21° Anna.
en un acte, 1808. 22° Le Hussard noir, en
un acte, 1808. 23° Mademoiselle de Guise, en
trois actes, 1808. 24° La Victime des arts,
1811. 25° Les Ménestrels, en trois actes, 1811.
La chute de ce dernier ouvrage, bientôt suivie
de la mort de l'ainé des fils de Solié, lui causa
un vif chagrin dont il chercha à se consoler
par des excès de table qui ruinèrent sa santé
et lui donnèrent la mort, le 6 août 1812, à
l'âge de cinquante-sept ans. On a gravé, à Pa-
ris, les parlititons du Jockey, du Secret, du
Chapitre second, du Diable à quatre, et de
Mademoiselle de Guise.
SOLIE (Emile), second fils du précédent, né
à Paris, le 9 avril 1801, s'est fixé à Ancenis,où
il vivait encore en 1853. On a de lui quelques
petits écrits intitulés : 1° Histoire du théâtre
de l'Opéra-Comique; Paris, 1847, in-12 de
52 pages. 2° Notice sur l'Opéra national;
Paris, 1847, in-8°de 16 pages. 3° Études bio-
graphiques, anecdotiques et esthétiques sur
les compositeurs qui ont illustré la scène fran-
çaise. Rameau; Ancenis, 1853, in-8°. J'ignore
si la notice de Rameau a été suivie d'autres
monographies de compositeurs français.
SOLIVA (Charles), compositeur italien,
né à Casal-Monferrato, vers 1792, a fait ses
études musicales au conservatoire de Milan, et
a débuté brillamment, en 1816, dans la car-
rière delà composition dramatique, par l'opéra
intitulé La Testa di bronzo, représenté au
théâtre de la Scala. A l'automne de l'année
suivante, il donna au même théâtre le Zin-
gare dell' Asluria, et pendant le carême de
1818, il fit représenter avec succès l'opéra sé-
rieux Giulia e Sesto Pompeo. Les ouvertures
de ces opéras ont été gravées à Milan, chez
Ricordi. Vers 1825, M. Soliva a fait un voyage
à Paris et y a fait publier plusieurs morceaux
de musique instrumentale et vocale, puis il est
retourné en Italie. J'ignore s'il a travaillé
pour la scène depuis cette époque. Il parait
aussi avoir fait un séjour à Vienne, où l'on a
gravé quelques-unes de ses compositions, puis
il s'est établi à Pétersbourg, comme professeur
de chant : il y était encore en 1843. Parmi les
principaux ouvrages de cet artiste, on remar-
que : 1° Sonate et variations pour le piano à
quatre mains; Vienne, Arlaria. 2° Plusieurs
suites de variations sur des thèmes de Mozart
etdeRossini; Milan, Ricordi. 5° Grand trio
pour piano, harpe et alto; ibid.
62
SOLNITZ — SONNENFELS
SOLNITZ (Antoine-Guillaume), musicien
allemand, passa la plus grande partie de sa.vie
à Amsterdam, où il mourut, en 1758, à l'âge
de trente-six ans. Compositeur distingué, il
aurait pu acquérir de la gloire, mais sa passion
pour les liqueurs fortes ruina sa santé et son
talent. Il a publié à Amsterdam : l°Six trios
pour deux flûtes ou violons et liasse, op. 1.
2° Douze quatuors pour deux violons, alto et
basse, op. 2. 3» Douze morceaux pour deux
clarinettes et deux cors.
SOLVAY (Théodore-Auguste), professeur
de piano à Bruxelles, est né en 1821, à Rebecq
(Brabanl méridional). Admis au Conservatoire
de Bruxelles, en 1834, il y obtint le second
prix de solfège et le second prix de piano aux
concours de 1837, et le premier prix de piano
lui fut décerné dans l'année suivante. Au con-
cours de 1840, il obtint également le premier
prix d'harmonie. Depuis cette époque, H. Sol-
vay s'est livré à l'enseignement de son instru-
ment. Plusieurs de ses compositions pour le
piano et des romances ont été publiées à
Bruxelles, chez Schott, Meynne et Kalto.
SOMA, musicien et poëte hindou, est au-
teur d'un traité fort ample sur la musique, en
langue sanscrite, intitulé Rafjavibodha (Doc-
trines des modes musicaux). Cet ouvrage est
excessivement rare, même dans l'Inde; le co-
lonel Polier en a découvert par hasard une
copie qui l'a peut-être préservé d'une entière
destruction. W. Jones, président de la société
Asiatique de Calcutta, le considérait comme
un trésor pour l'histoire de l'art. Le Ragavi-
bodha est divisé en quatre chapitres : le pre-
mier, le troisième et le quatrième traitent de
la doctrinedes sons, de leurs divisions, de leur
succession, de la diversité des gammes ou
échelles, et contiennent l'énuméralion des
modes; le deuxième chapitre renferme une
description des espèces diverses de l'instru-
ment de l'Inde appelé Vina, et de la manière
d'en jouer. (Voyez Asiatic Researches, t. III,
pag. 326 et suiv. de l'édition de Londres.)
SOMIS (Laurent), célèbre violoniste, né
dans le Piémont, vers la fin du dix-septième
siècle, visita dans sa jeunesse Rome et Venise,
pour entendre les virtuoses de celte époque,
notamment Vivaldi, qu'il parait avoir pris
pour modèle; puis il se fixa à Turin, où il eut
le litre de maître de chapelle du roi de Sar-
daigne. Bien qu'il appartienne à l'école de Co-
relli, dont il a imité le style en le moderni-
sant, il se fit cependant une manière propre
dont Giardini et Chabran ont eu la meilleure
tradition. Ce dernier était neveu de Somis. On
ne connaît de ce virtuose qu'un œuvre de so-
nates intitulé : Opéra prima di sonate a
violino e violoncello o cembalo; Rome, 1722,
in-fol. Somis vivait encore à Turin en 1735.
SOMMA (Louis), compositeur dramatique,
né à Catane (Sicile), vers 1810, commença ses
études musicales dans celte ville, et les acheva
au Conservatoire de Païenne. En 1832, il fit
exécuter une cantate de sa composition dans
sa ville natale; deux ans après, on représenta
à Palerme son opéra intitulé Adismano in
Scozia, et en 1835, il donna au théâtre de la
Scalajde Milan, Ildegonda e Rizzardo, qui
ne réussit pas. Depuis lors, le nom de ce com-
positeur a disparu du monde musical.
SOMMER (Jean), né dans le Holstein, vers
la fin du seizième siècle, était directeur de la
chapelle du duc son souverain, vers 1623. Il a
fait imprimer de sa composition un ouvrage
qui a pour titre : Der frœhlichen Sommerzeit ,
erster Theil, ans neuen Concerten zu singen
und zu spielen bestehend (Le Joyeux temps
d'été, première partie, consistant en nouveaux
concerts à chanter et à jouer); Oldenbourg,
1623, in-4°.
SOMMER (Michel-Conrad), né à Dozheim,
fut d'abord pasteur à Bierstadt, près deWïes-
baden, puis il obtint, en 1777, le titre d'inspec-
teur d'Idstein. Il a fait imprimer un discours
qu'il avait prononcé à l'occasion de l'érection
• d'un nouvel orgue dans l'église de la ville à
Idstein, sous ce titre : Die Freude der
Christen bey ihren œffentlichen Gottesdienst
: am XXI Sonntage nach Trinit. da die nene
■ Orgel in der Stadtkirche zu Idstein zum
j erstenmal beyin Gottesdienste gespielet
lourde: Wiesbaden, 1783, in-8°.
SOMMER (....), maître de concert à
Weimar, a inventé, en 1843, l'instrument à
frottement appelé Euphonion, avec lequel il
a voyagé et donné des séances musicales à
Francfort-sur-le-Mein, à Breslau et à Prague,
pendant les années 1844 et 1845.
SONNE (Jean-Michel), savant danois, est
auteur d'un petit écrit intitulé : Disserlatio
de musica Judœorum in sacris stante templo
adhibita; Hafnise, 1724, in-4° de seize
pages.
SONNENFELS (lechevalier Joseph), con-
seiller de régence de la Basse-Autriche), secré-
taire de l'Académie de peinture, à Vienne,
naquit en 1733, à Nickelsbourg, en Moravie,
et mourut à Vienne, le 26 avril 1817. Auteur
d'un grand nombre d'ouvrages concernant les
arts, la littérature et la politique, il a écrit des
lettres sur le théâtre de Vienne (Briefe ùber
SONNENFELS — SONNTAG
63
die JFienerische Schaubiihne, \ienne, 1768,
quatre volumes in-8g), où l'on trouve une dis-
sertation sur VAlceste de Gluck, que Hiller a
insérée dans ses Notices musicales (JFœchent-
liche Nachrichten, etc.).
SONINEIVRALK ( Jean-Frédéric-Guil-
lauihe), né dans le Hanovre, en 1729, l'ut
d'abord organiste à Herzherg, puis cantor et
directeur de musique à Dahm, où il mourut au
mois de janvier 1821 . On a de lui un pelitécrit
intitulé : Kurze Entscheidung der Fraye :
Jf'ie sollen die Prxludia eines Organisten
bei dem Gottesdienste beschafjen sein ?
(Courte solution de la question : Comment
doivent être les préludes d'un organiste dans
le service divin ? etc.) ; Torgau, 1756, in-4° de
vingt-huit pages.
SOIVINETTI (Jean-Jacqces), pseudonyme.
Voyez GOUDAR.
SONNLEITHNER (Christophe), doc-
teur en droit, avocat de la cour, et doyen de la
faculté de jurisprudence de Vienne, naquit le
28 mai 1754, à Szegedin, en Hongrie. Ayant
perdu ses parents avant l'âge de deux ans, il
fut confié aux soins d'un contrôleur du bureau
des contributions, à Vienne, et directeur du
chœur de l'église paroissiale de Leopoldsladt.
Celui-ci fit de son neveu un enfant de chœur,
et lui enseigna le chant et le violon. Après
avoir fait de bonnes éludes au collège des Jé-
suites, Sonnleithner suivit les cours de l'uni-
versité, et parvint au grade de docteur en
droit. Ses fonctions ne lui permirent de culti-
ver la musiqueque comme amateur; toutefois,
il composa plusieurs messes solennelles et de
Requiem, des graduels, offertoires, sympho-
nies, concertos, quatuors, trios pour violon, et
plusieurs autres ouvrages. Au nombre de ses
productions, on cite trente-six quatuors com-
posés pour l'empereur Joseph II, qui aimait
sa musique instrumentale. De toutes ses pro-
ductions, on n'a publié que trois quatuors
pour deux violons, allô et basse, à Vienne, en
1803. Sonnleithner mourut dans cette ville, le
25 décembre 1786, à l'âge de cinquante-deux
ans.
SOTSmEITHNER (Joseph), fils aîné du
précédent, né à Vienne, en 1765, fut d'abord
commissaire de district et secrétaire du théâtre
de la cour, puis conseiller de régence et che-
valier de l'ordre de Danebrog; il est mort à
Vienne, dans la nuit de Noël, en 1855, le jour
même où son père était décédé quarante-neuf
ans auparavant. Pendant qu'il remplissait les
fonctions de secrétaire du théâtre de la cour,
il publia un Almanach du théâtre de Vienne
[Wiener Theater Almanach) pour les an-
nées 1794, 1795 et 1796, trois volumes in-12.
On y trouve de bons renseignements concer-
nant la musique dramatique à Vienne, et des
notices biographiques intéressantes sur Mo-
zart, Gassmann et Salieri. Sonnleithner avait
conçu le projet d'une collection choisie d'œu-
vresdes plus illustres compositeurs de tous les
pays, accompagnées de biographies et de no-
tices en langues allemande, française, ita-
lienne et anglaise. Cette collection devait for-
mer soixante volumes in-folio. Forkel devait
être son principal collaborateur pour cette en-
treprise gigantesque (voyez Forkel, t. III de
cette Biographie universelle des musiciens,
p. 295). Sonnleithner voyagea pendant plu-
sieurs années pour en rassembler les maté-
riaux; mais il ne put réunir des souscriptions
suffisantes pour en couvrir la dépense, et l'en-
treprise n'eut pas de suite. De retour à Vienne,
il conçut les projets de la Société des amis de
la musique et du Conservatoire de la capitale
de l'Autriche; sa persévérance parvint à les
réaliser : jusqu'à la fin de sa vie, il fut secré-
taire de ces deux établissements. En mourant,
il laissa au premier sa collection d'instru-
ments, de portraits de musiciens et de ma-
nuscrits, parmi lesquels on remarque un re-
cueil de matériaux pour l'histoire de la musique,
en quarante-deux volumes, entièrement écrits
de sa main.
SONNOYS (André), né vers 1540, à
Mussy-l'Évêque, en Champagne, obtint au
concours du Puy de musique d'Évreux, en
1577, le prix de la flûte d'argent, pour la com-
position de la chanson française à plusieurs
voix, commençant par ces mots : J'ai un joli
cour tant (verger).
SONNTAG (Christophe), docteur et pro-
fesseur primaire de théologie à Altorf, naquit
à Weida, dans le Voigtland, le 28 janvier
1654, et mourut le 6 mars 1717. On a de lui
un livre intitulé : De titulis psalmorum ;
Silusix, 1687, in-4° de six cents pages. Il y
traite des instruments de musique des peuples
de l'antiquité, particulièrement des Hébreux.
SONNTAG ou SOINÏAG (Henriette),
plus tard comtesse de ROSSI , cantatrice
célèbre, naquit à Coblence, le 13 mai 1805.
Fille d'acteurs attachés aux théâtres de l'Al-
lemagne rhénane, elle fut destinée dès ses
premières années à la carrière dramatique; à
l'âge de six ans, elle parut pour la première
fois sur la scène, au théâtre de la cour de
Darmsladt, dans l'opéra intitulé : Donau
IVeibchen (la Petite Femme du Danube), où
(A
SONNTAG
elle remplissait le rôle de Salomé. On y admira
sa gentillesse, sa naïveté et la justesse par-
faite de sa voix. A l'âge de neuf ans, made-
moiselle Sontag perdit son père, et sa mère
la conduisit à Prague, où elle joua de petits
rôles d'enfant avec un succès qui acquérait de
l'intérêt à mesure qu'elle avançait en âge. De-
puis près de deux ans, elle se trouvait dans la
capitale de la Bohême, sans avoir pu entrer au
Conservatoire de musique, parce que les règle-
ments ne permettent pas d'y admettre d'élève
âgé de moins douze ans; par une exception
spéciale, et en faveur de sa belle organisation
musicale, il lui fut permis d'y fréquenter les
cours lorsqu'elleeut atteint sa onzième année.
Pendantquatre ans, sesétudes furent sérieuses,
elle devint habile dans la lecture de la musique
et dans le chant, quoique ses progrès sous ce
dernier rapport fussent plutôt dus à son heu-
reux instinct qu'à l'éducation vocale qu'on lui
avait donnée. Ayant à peine atteint sa quin-
zième année, elle fut obligée de chanter à
l'improviste le rôle de la princesse de Navarre
dans l'opéra intitulé : Jean de Paris, pendant
une maladie de la première actrice. L'émotion
qui l'agitait dans cette occasion ne nuisit point
à son succès, dont l'éclat décida de sa carrière.
Ce fut alors qu'elle sortit du Conservatoire, où
le maître de chapelle Tribensée lui avait en-
seigné les éléments de la musique, Pixis, le
piano, Bayer et madame Czezka, la vocalisa-
tion et le chant. Elle se rendit à Vienne, où les
fréquentes occasions qu'elle eut d'entendre
madame Mainvielle-Fodor lui furent plus pro-
fitables que les leçons qu'elle avait reçues pré-
cédemment. Pendant un séjour de quatre ans
dans cette ville, elle chanta alternativement
au Théâtre italien et à l'Opéra allemand, dé-
veloppant chaque jour son talent, sans pro-
duire toutefois de sensation bien vive sur le
public viennois.
En 1824, un engagement fut offerte made-
moiselle Sontag pour l'Opéra de Leipsick : elle
l'accepta, et se rendit dans cette ville avec sa
mère. Ici commence l'époque glorieuse de sa
vie d'artiste. Ses succès dans le Freyschiitz
et dans l'Eurianthe, de "Weber, eurent tant
d'éclat, qu'elle ne tarda point à être appelée à
Berlin, pour chanter au théâtre de Kœnig-
stœdt. Ses études à Vienne l'avaient surtout
préparée à chanter le répertoire des opéras de
Rossini; mais la musique de l'illustre maître,
qui jouissait de toute la faveur publique dans
la capitale de l'Autriche, n'était pas estimée à
Berlin à sa juste valeur. Quelques opéras alle-
mands, et des ouvrages traduits du français
étaient donc ceux où le talent de mademoiselle
Sontag devait s'exercer : elle y porta tant de
grâce et d'élégance, sa voix y parut si remar-
quable, par la justesse et l'égalité ; sa vocali-
sation, si facile et si pure, que bientôt sa répu-
tation s'étendit dans toute l'Allemagne, et
qu'elle fit la fortune du théâtre qui la possé-
dait. On dit que ses premières relations avec le
comte de Rossi, alors secrétaire de la légation
de Sardaigne à Berlin, devenu ensuite son
époux, remontent à cette époque, et que dès
lors le mariage fut projeté.
A la fin de mai 1826, mademoiselle Sontag
profita d'un congé qui lui était accordé pour
se rendre à Paris: elle y débuta le 15 juin sui-
vant dans le rôle de Rosine du Barbier de S é-
ville, et y produisit la plus vive sensation par
le fini de son chant, et le charme répandu
dans toute sa personne. Dans la leçon de chant
«lu second acte, elle exécuta les variations de
Rode, laissant bien loin d'elle madame Cata-
lani, qui avait abordé la première ce genre de
difficultés. L'enthousiasme du public fut à son
comble, et toutes les représentations qui sui-
virent ce premier essai eurent le même succès.
Après le Barbier de Séville, mademoiselle Son-
tag chanta dans la Donna del Lago et dans
Vltaliana in Alqieri, dont les principaux
morceaux avaient été transposés pour la voix
de soprano. Le 29 juillet , elle joua la dernière
des représentations pour lesquelles elle s'était
engagée, et retourna à Berlin pour achever
d'y remplir les engagements qu'elle avait con-
tractés. Les applaudissements qui lui avaient
été prodigués à Paris ne furent pas sans in-
fluence sur l'accueil qui lui fut fait au Théâtre
de Kœnigstaedt lorsqu'elle y reparut. Peut-être
même est-il permis de dire que son mérite ne
fut bien compris qu'alors par les habitants de
Berlin. Chacune de ses représentations devint
un triomphe, et ce fut avec de vifs regrets
qu'on vit s'éloigner de nouveau la charmante
cantatrice à la fin de 1827, pour aller remplir
un engagement de longue durée au Théâtre-
Italien de Paris. Le 2 janvier 1828, elle repa-
rut sur cette scène, par le rôle de Desdemona,
dans Oti'llo. Les qualités qu'on avait admirées
en elle deux ans auparavant s'étaient encore
perfectionnées ; mais elles étaient insuffisantes
pour un rôle tel que celui de Desdemona. Le
sentiment dramatique, l'accent expressif se
trouva faible en mademoiselle Sontag pour ce
beau rôle de Desdemona : elle le comprit, et
dès lors ses études se tournèrent vers la re-
cherche et le développement de ce sentiment,
condition première dans le chant de l'opéra
SONTAG
sérieux. Ses progrès surpassèrent à cet égard
tout ce qu'on pouvait attendre, et la manière
dont elle joua, dans les derniers temps de son
séjour à Paris, le rôle de donna Anna, dans
le Don Juan de Mozart, celui de Semiramidc,
et plusieurs autres, prouva qu'il y avait en
elle non moins de chaleureuse inspiration que
de goût et de grâce.
Au mois d'avril de la même année, cetle
charmante cantatrice se rendit à Londres, où
elle excita le plus vif enthousiasme par son ta-
lent, et l'intérêt de la haute société par l'agré-
ment de sa personne et la décence de ses ma-
nières. La représentation qu'elle y donna à son
bénéfice, à la fin de la saison, produisit la
somme énorme de deux mille livres sterling
(environ cinquante mille francs). De retour à
Paris, où le Théâlre Italien n'était point alors
fermé pendant l'été, elle y vit commencer
entre elle et madame Malibran une rivalité
qui, dans l'esprit ardent de celle-ci, prit un
caractère d'irritation et même de haine.
Comme il arrive toujours, les partisans des
deux cantatrices contribuèrent à donner à celle
rivalité un caractère d'aigreur plus prononcé
chaque jour. Il en résulta même des scènes
fâcheuses lorsqu'elles furent engagées toutes
deux au Théâtre Italien de Londres, pendant la
saison de 1829. Ce ne fut pas sans peine que
l'auteur de cette notice, qui se trouvait alors
dansla même ville, parvint à opérer entre elles
un rapprochement. Une circonstance imprévue
lui vint en aide dans celte entreprise : elles
avaient promis toutes deux de chanter dans un
concert qui devrait être donné dans l'hôtel de
Lord Saulton au bénéfice d'un musicien d'or-
chestre nommé Ella (devenu plus lard le fon-
dateur de la Musical union, et le rédacteur
des Miscellaneous records de celte société).
L'auteur de cette biographie, qui s'élait en-
gagé à y accompagner au piano mademoiselle
Sontag et madame Malibran, leur proposa d'y
chauler ensemble le beau duo de Semiramidc
et tfArsace, et parvint à les y déterminer.
C'était la première fois que leurs voix se trou-
vaient réunies : l'effet de ce morceau ne peut
se décrire, car ces deux grandes cantatrices,
cherchant à se surpasser mutuellement, par-
vinrent loules deux à un degré de perfection où
elles ne s'étaient pas encore élevées. Ce fut par
suite du succès de ce rapprochement que l'en-
trepreneur du Théâtre Italien de Paris conçut le
projet de faire jouer dans Semiramide et dans
Tancredi madame Malibran et mademoiselle
Sontag, dont la réunion offrit le modèle d'un
perfection qu'on n'entendra peut-être plus.
EIOGr.. t.Vir. DES MUSICIENS. T. VIII.
Depuis plus d'un an un hymen secret unis-
sait mademoiselle Sontag et le comte de Rossi :
des obstacles suscités par la famille de celui-ci
avaient empêché de déclarer ce mariage. Il
fut résolu, au commencement de 18Ô0, que la
célèbre cantatrice quitterait la scène. Elle ne
consentit point en effet au renouvellement de
son engagement à Paris, et le 18 janvier,
elle chanta pour la dernière fois dans Tan-
credi. Celte représentation fut pour elle un
de ces triomphes dont un artiste ne peut
perdre le souvenir, quelle que soit la position
où il se trouve ensuite. Avant de dire adieu
pour jamais à sa gloire et au public, made-
moiselle Sontag avait pris la résolution de faire
un grand voyage, où elle se proposait de ne
donner que des concerts; mais arrivée à Ber-
lin, elle céda au désir de ses amis, et reparut
sur la scène pour quelques représentations. Le
19 mai 1830, elle y joua pour la dernière fois,
el là se termina alors sa carrière dramatique.
Elle parlil ensuite pour la Russie, chanta à
Pétersbourg et à Moscou, puis revint par Ham-
bourg et par la Belgique, donnant partout des
concerts avec des succès d'enthousiasme. Arri-
vée à Bruxelles, elle cessa de paraître en pu-
blic, et son mariage ayant été déclaré, elle se
rendit à la résidence de son mari, à La Haye, y
vécut quelques années, puis alla à Francfort,
où le comte de Rossi avait été envoyé comme mi-
nistre plénipotentiaire. En 18ô7, M. de Rossi
fut envoyé à Pétersbourg, où le beau lalenl de
la célèbre cantatrice obtint encore des succès
d'enthousiasme chez elle el dans les salons de
la haute aristocratie où l'appelait sa nouvelle
position. Elle habita la Russie jusqu'en 1848 ;
mais alors, des dérangements de fortune lui
firent prendre la résolution de rentrer dans sa
carrière d'artiste. Arrivée à Bruxelles dans
l'hiver suivant, elle y donna des concerts où
l'on put remarquer un certain affaiblissement
de sa voix, mais non de son talent, dont la per-
fection ne laissait rien à désirer. De cetle ville,
elle se rendit à Paris, puis à Londres, où elle
retrouva l'enthousiasme qu'elle y avait excité
dans sa jeunesse. En 1852, elle partit pour
l'Amérique, qu'elle parcourut touL entière en
triomphatrice. Arrivée à Mexico, en 1854, elle
y fut attachée au Théâtre Italien avec des ap-
pointements énormes. Le 11 juin de la même
année, elle y chanta le rôle de Lucrezia Bor-
gia. Le soir même, elle fut saisie par le choléra,
contre lequel les secours de la médecine furent
impuissants, et le 17 du même mois, elle ex-
pira. Ainsi finit un des plus beaux talents de
cantatrice du dix-neuvième siècle.
5
€6
SOR — SORGE
SOR (Ferdinand), excellent guilarisle et
'compositeur, naquit à Barcelone, le 17 février
1780. Dès l'âge de cinq ans, il essaya quelques
accords sur la guitare et sur le violon de son
père, et, sans aucune connaissance de la mu-
sique, se mit à composer de petits airs. Ses
rares dispositions engagèrent ses parents à lui
donner un maître, puis il entra dans un cou-
vent, où un moine prit soin de son éducation
musicale et lui donna quelques leçons de com-
position. Sorti de ce monastère, il assista aux
représentations d'une troupe d'opéra italien
qui se trouvait à Barcelone, et y puisa ses pre-
mières connaissances dans l'art du chant et
dans l'instrumentation. Ayant trouvé dans la
'bibliothèque du théâtre un opéra intitulé Te-
lemacco, composé par un certain Cipalla, il y
adapta une musique nouvelle, qui fut exécutée
avec succès, quoiqu'il ne fût âgé que de dix-
sept ans. Dans la musique instrumentale,
Haydn et Pleyel étaient devenus ses modèles.
Quelque temps après, il se rendit à Madrid, et
y trouva une puissante prolectrice dans la du-
chesse d'Albe, qui l'engagea à écrire la mu-
sique d'un opéra bouffe ; mais la mort de celte
«lame le fil renoncer à ce travail. Le duc de
Tïïedina-Céli, qui prenait aussi intérêt au jeune
artiste, lui donna le conseil d'instrumenter
quelques oratorios ; puis Sor écrivit des sym-
phonies, trois quatuors pour des instruments
à cordes, un Salve, et beaucoup de chansons
espagnoles. Après la guerre d'Espagne, où il
servit avec le grade de capitaine, il fut obligé
de se réfugier en France avec les partisans du
roi Joseph. Charmé de ses talents, Méhul,
Chérubini et Berlon l'encouragèrent à rentrer
dans la carrière de l'art. Après un court séjour
à Paris, Sor se rendit en Angleterre, et ce fut
alors qu'il se fit connaître par son habileté
extraordinaire sur la guitare. Il composa
aussi pour divers théâtres de Londres la Foire
de Smyrne, opéra-comique, et la musique de
trois ballets, le Seigneur généreux, l'Amant
peintre et Cendrillon. Il parait que ces ou-
vrages ne lui procurèrent pas de moyens suf-
fisants d'existence, car il partit pour la Bussie
et fit représenter à Moscou son ballet de Cen-
drillon. Il écrivitune marche funèbre pour les
obsèques de l'empereur Alexandre, et composa
la musique du ballet Hercule et Ompkale, à
l'occasion de l'avènement au trône de l'empe-
reur Nicolas. De retour à Paris, il essaya vai-
nement de faire représenter un de ses ouvrages
dramatiques sur un des théâtres de cette ville.
Pressé par le besoin, il retourna à Londres, et
y composa la musique du ballet le Dormeur
éveillé, et plus tard l'opéra féerique la Belle
Arsène. Outre ces ouvrages, il avait écrit
aussi beaucoup de musique pour la guitare;
mais elle avait peu de succès, parce que son
habitude de composer presque toujours à
quatre parties, la rendait trop difficile pour
les amateurs. Bevenu à Paris, en 1828, pour
la dernière fois, il y fit paraître de nouvelles
productions, et après avoir langui pendant
onze ans dans une situation voisine de la mi-
sère, malgré l'estime qu'on avait pour son ta-
lent, il mourut le 8 juillet 1839, à la suite
d'une maladie aussi longue que douloureuse.
Parmi ses œuvres pour la guitare, on remar-
que : 1° Divertissements pour guitare seule,
op. 1, 2, 8, 15; Paris, Meissonnier. 2° Fan-
taisies, idem, op. 4, 7, 10, 12, 16; ibid. 3° Va-
riations, op. 5, 9, 11, 20; ibid. 4" Douze
études, op. 6; ibid. 5° Sonate, op. 15; ibid.
Le même éditeur a publié la collection des
œuvres complètes de Sor. Sa grande méthode
pour la guitare a été publiée à Londres, et à
Paris, chez l'auteur.
SORGE (Georges-André), organiste à Lo-
henstein, naquit à Mellenbach, dans la prin-
cipauté de Schwarzbourg, le 29 mars 1703.
Nicolas Walther et Gaspard Tischer, organistes
de ce lieu, furent ses premiers maîtres de mu-
sique. Lorsque ce dernier fut nommé orga-
niste à Schney, en Franconie, Sorge l'y suivit,
et se livra pendant deux ans avec beaucoup de
zèle à l'étude du clavecin. De retour dans son
pays, il y étudia les lettres et les sciences sous
la direction du second pasteur de Mellenbach.
La lecture des traités de composition partagea
aussi son temps, et ses progrès dans cet art
furent rapides. A dix ans, il avait déjà écrit
plusieurs morceaux de musique d'église; à
dix-neuf, il obtint la place d'organiste à Lo-
beùslein, et satisfait de cette humble position,
il y passa le reste de sa vie, uniquement oc-
cupé de son art et des sciences qui y sont rela-
tives. Il mourut à Lobenstein, le 4 avril 1778,
à l'âge de soixante-quinze ans, dont cinquante-
six s'écoulèrent dans le calme de cette petite
ville. Bien qu'on puisse regretter qu'un homme
de son mérite n'ait pu développer ses idées sur
un plus vaste théâtre, et dans les communica-
tions du monde, où la roideur de ses opinions
se serait assouplie, peut-être la vie monotone
et paisible qu'il connut seule fut-elle favorable
à ses travaux, qui furent considérables.
Comme artiste, il méritait d'être plus connu;
car il fut bon organiste, ainsi que le prouvent
les ouvrages suivants, publiés à Nuremberg :
1° Six sonates pour le clavecin, imprimées en
SORGE
67
1738. 2° Vingt-quatre préludes pour l'orgue,
suivis de fugues à deux sujets, dans les vingt-
quatre tons, deux parties in-fol. 5° Klavier
Uebung in 6 nach italixnischen gusto ge-
setzen Sonatinen (Exercices de clavecin con-
sistant en six petites sonates dans le goût ita-
lien), en trois parties. 4° TFohlgewurtzte
Klangspeizen in VI Parlhien (Nourriture
sonore bien assaisonnée, consistant en six
pièces, pour le clavecin). 5° Petites sonates
pour l'orgue. 6° Vingt-quatre préludes courts
pour l'orgue. 7° Nouvelles sonates pour l'or-
gue. 8° Six symphonies pour le clavecin.
9" Toccata per omnem circulum 24 modorum,
pour le clavecin avec un violon. 10° Douze me-
nuets pour clavecin. 11° Duos pour deux flûtes.
Sorge a laissé en manuscrit : 12° Musique
d'église pour une année entière, à quatre voix
et six instruments. 13" Beaucoup de cantates
pour diverses circonstances. 14" Pièces d'orgue
dans tous les tons. 15° Trois fugues sur les
quatre lettres du nom de Bach. 16" Soixante-
douze préludes pour l'orgue ou le clavecin.
17° Douze petites fugues faciles. 18° Douze
grandes fugues difficiles. 19" Douze trios pour
l'orgue, à deux claviers et pédale. 20° Qua-
rante-quatre préludes pour des cantiques, avec
pédale obligée.
Sorge est connu surtout comme théoricien
et écrivain didactique sur la musique. Beau-
coup d'instruction, particulièrement dans le
calcul, et l'originalité des idées, distinguent
ses ouvrages de la multitude de ceux qui paru-
rent de son temps en Allemagne. En voici la
liste : 1° Geneàlogia allegorica intervallorum
octav& diatonico-chromaticx , das ist : Ge-
schlechtregister der Intervallennach Anlei-
tung derKlxngedes grossen Waldhom; Hof,
1741, in-8°. Ce petit écrit, où Sorge examine
la nature de l'échelle chromatique formée par
les sons du cor, est le plus rare deses ouvrages.
2° Anweisung zur Stimmung und Tempera-
tur, in einen Gesprxche (Instruction pour
l'accord et le tempérament, en dialogues);
Hambourg, 1744, in-8°. 5° Gesprxch von
der Prxtorianischen, Prinzischen, Werk-
meisterischen,Neidhardtischen,Niedtschen,
und Silbermannischen Temperatur ,wieauch
vom neuen System Teleman's (Dialogue sur
les tempéraments de Prselorius, de Prinz, de
Werkmeister, de Neidhaerdt, de Niedt et de
Silbermann, ainsi que sur le nouveau système
de Telemann); Lobenstein , 1748, in-8°.
4° Ausfiihrliche und deutliche Anweisung
zur rational Rechnung, und der damit
verknupflïti Aussmessung und Abtheilung
desMonochords, etc. (Principes du calcul ra-
tionnel, de la mesure et de la division du mo-
nochorde); Lobenstein, 1749, in-8° de trois
cent huit pages. Savant ouvrage, un des meil-
leurs sur cette matière, et peut-être le meil-
leur de tous. 5° Griindliche Untersuchung,
ob die Schrœterischen Aïaviertemperaturen
Forgleischschwobend passiren kœnnen oder
nicht (Examen du tempérament du clavecin
de Schrœter, etc.); Lobenstein, 1754, in-8° de
trente-huit pages. 6° Verbesserter musikalis-
cher Cirkel (Cercle musical (des tons) perfec-
tionné), tableau in-fol'. 7° Vorgemach der
musikalischen Composition, oder ausfuhr-
liche, ordenlliche und vorheutige Praxin
hinlxngliche Anweisung zum Generalbass,
durcit, icelche ein Studiosus Musices zu einer
grilndlichen Erkenntniss aller in der Com-
position und Clavier vorkommenden con-
und dissonirenden Grund Sxtze und wie
mit denenselben Natur, Gehœrung, Kunst-
mœssig umzugehen, kommen, folglich nicht
nur ein gutes Clavier als ein Compositor
extemporaneus spielen lernen, etc. (Anti-
chambre de la composition musicale, ou in-
struction détaillée , régulière et suffisante
pour la pratique actuelle de la basse con-
tinue, etc.); Lobenstein, 1745-1747, trois
parties in-4°, formant ensemble quatre cent
trente-deux pages de texte et quarante pages
d'exemples. C'est dans cet ouvrage que Sorge
a établi un des principes fondamentaux de
l'harmonie; principe méconnu avant lui, sa-
voir, qu'un accord dissonant existe par lui-
môme dans la tonalité moderne, abstraction
faite d'aucune modification d'accord conson-
nant (1).8° Compendium Harmonicum,oder
kurzer Begrifj der Lehre von der Harmonie
von diejenigen, welche den Generalbass und
die Composition studieren,in der Ordnung,
welche die Natur des Klangs an die Hand
giebt (Idée abrégée de la science de l'har-
monie, etc.); Lobenstein, 1760. in-4° de cent
vingt et une pages et vingt-quatre planches de
musique. Une critique que Sorge fit dans cet
ouvrage de quelques principes de Marpurg, lui
suscita, de la part de celui-ci, de violentes atta-
ques {voyez Marpurg). 9° Anweisung Claviers
und Orgeln gehœrig zu lempcriren und zu
stimmen (Instruction pour accorder les orgues
et les clavecins); Lobenstein, 1758, in-4°.
Gerber cite une édition de cet ouvrage publiée
à Leipsick,en 1771; je doute de son existence.
10° Kurze Erklxrung des Canonis harmonici
(I) Vojez, sur ce sujet, mon Esquisse rie l'histoire de
| l harmonie (Paris, 1841, in-S°;, p. 122-124.
68
SORGE — SORIANO
(Courl éclaircissement du canon harmonique);
l.obenstein, 1763, in-fol. de quatre pages.
M0 Die Natur des Orgelhlangs (Sur la nature
.les sons de l'orgue); Ilof, 1711, in-8°. 12" Der
in der Rechen-und Messhunst loohlerfahrne
Orgelbaiimeister ,welcher die behœrige JFeite
nnd Lenge aller Orgelpfeiffen ihren erfor-
derlichen Raum, die nœthige Melalldicke,
die Grœsse der Cancellen und Canxle, etc.
(Le facteur d'orgue bien instruit dansles prin-
cipes du calcul et de la géométrie, etc.); Lo-
benstein, 1775, in-4° de soixante-huit pages,
avec cinq planches in-fol. 13» Anmerkiingen
iiber Quansens Dis und Eb Klappe (Remar-
ques sur les clefs de ré dièse et de si bémol
ajoutées par Quantz à la flûte). Ce morceau se
trouve dans le quatrième volume des Essais de
Marpurg. 14° Remarques sur le système d'in-
tervalles du professeur Euler, dans le qua-
trième volume des notices de Hitler. 15° An-
leitung zur Fantasie, oder in der schœnen
Kimst, das Clavier, wie auch andern In-
strumente ans dem Kopfe zu spielen; 7iacli
theorclischen und prahlischen Grund-
sxtzen (Introduction à la fantaisie, ou dans le
bel art de jouer (improviser) sur le clavecin,
ainsi que sur d'autres instruments, d'après
des principes théoriques et pratiques) ; Loben-
stein (sans date), in-4°de quatre-vingts pages,
avec dix-sept planches de musique. Serge a
laissé en manuscrit un ouvrage concernant
l'union de la mélodie avec l'harmonie.
SOftIAINO (François), savant compositeur
<le l'école romaine, naquit à Rome, en 1549.
A l'âge de quinze ans, il fut admis comme en-
fant de chœur à l'église de Saint-Jean-de-
Lalran, et y reçut sa première instruction dans
la musique d'Annihal Zoilo, puis de Bartho-
lomé Roy, maîtres de cette chapelle. Après
avoir perdu sa voix juvénile, il devint pendant
quelque temps élève de Jean-Baptiste Monla-
nari, maître peu connu, puis il entra dans
l'école de Jean-Marie Nanini, et eut en dernier
lien pour maître l'illustre Pierluigi de Paies-
trina. Legéniede l'art développé par des études
si sérieuses et si bien dirigées fit de François
Soriano un des plus remarquables musiciens
d'une école où l'on en comptait un grand nom-
bre d'un mérite très-élevé. En 1587, il obtint
la place de maître de chapelle de Sainle-Marie-
Majeure; mais il y renonça au mois d'août
1589, pour prendre une position semblable à
l'église Sainl-Louis-des-Français, par des
motifs qui sont inconnus. Soriano parait avoir
occupé, à deux époques différentes, la place de
maître de chapelle de Sainl-Louis-dcs-Fran-
çais, la première fois avant d'entrer à Sainle-
Marie-Majeure, c'est-à-dire avant 1581, ou,
du moins, au commencement de celte année,
car il y a de lui un ouvrage intitulé : Di Fran-
cesco Soriano Romano, maestro di cappella
di Santo Luigi, il primo libro di Madrigali
a einque voci, novamente da lui composti,
et dati in luce. In J'enetia appresso Angelo
Gardano, 1581, in-4". L'épitre dédicaloire, à
Guillaume de Gonzague, duc de Manloue et de
Monlferrat, est datéede Rome, le 20 avril 1581.
Ce fut donc pour la seconde fois qu'il fut ap-
pelé à l'église Sainl-Louis-des-Français, en
1588. Pendant dix ans, il remplit ses fondions
à celle-ci : puis il fut appelé en la même qua-
lité à Saint-Jean-de-Latran, en 1599: mais
l'année suivante, il rentra à la basilique de
Sainte-Marie-Majeure, avec le litre de béné-
ficier et y resta jusqu'en 1G05, où la place de
maître de chapelle de Saint-Pierre du Vatican
lui fut donnée. Ce savant compositeur mourut
au moisde janvier 1620, et fut inhuméà Sainte-
Marie-Majeure. Les œuvres connues de Soriano
sondes suivantes : 1° Il libro primo di Madri-
gali a 5 voci; Venise, Gardane, 1581, in-4°;
c'est l'ouvrage qui vient d'être cité. La pre-
mière édition avait été publiée à Rome, dans
la même année. 2° Il libro secondo di Madri-
gali a 5 voci ; Rotna, Coattino, 1792. 5° Mo-
telti a8 voci; Rotna, Mutio, 1597. 4° 77 libro
primo di Madrigali a quatlro voci; Roma,
pergli eredi del Mutin, 1601. 5° Il secondo
libro di Madrigali a 4 voci; ibid., 1602.
6° Missaruni liber primus; Roma, apud
Jo. Baptistam Roblcttum, anno 1609, in-fol.
On trouve dans ce recueil plusieurs messes à
quatre voix, deux à cinq voix, trois à six voix,
et la fameuse messe du pape Marcel, com-
posée à 6 voix, par Palcslrina, et arrangée
à huit voix par Soriano. 7" Canoni et obligln
di ccnlo et dieci sorte sopra l'Ave maris
Stella à 3, 4, 5, 6, 7, 8 voci ; Roma, Robletti,
1710, in-fol., chef-d'œuvre de science et de
facture élégante qui doit être considéré comme
le plus bel ouvrage de l'auteur. Zacconi (voyez
ce nom) a fait, en 1625, la résolution en par-
tition de tous les morceaux de cet œuvre : on
en trouve le manuscrit dans la bibliothèque du
lycée musical de Bologne. 8° // libro primo di
salmie molelti a 8, 12, 16 voci; Venise, Vin-
cenli, 1614. 9° Il secondo libro, idem; ibid.,
1616, in-4". 10° l'illanelle a trevoci; Venise,
Vincenti,16l7, in-4°. 1 ["Magnificat cl Passion
à quatre voix; Rome, Robletti, 1619, in-fol.
On trouve en tête de l'ouvrage le portrait de
Soriano, à l'âge de soixante-dix ans.
SORIANO-FUERTES — SORTI
69
SOIUANG-FIÏEUTES (D. Maiuano),
compositeur, littérateur et historien de la mu-
sique, est né en 18)7, à Mincie, chef-lieu fie
la province de ce nom (Espagne). Son père,
D. Indalecio Soriano-Fuerles, était composi-
teur et directeur de la musique de la chambre
du roi. Dirigé par lui dans ses éludes musi-
cales, le jeune Mariano fit en même temps
ses études littéraires et scientifiques. Lorsqu'il
eut atteint l'âge de quinze ans, il entra à la
direction de la loterie, comme employé. Après
qu'il eut passé quelque temps dans cette situa-
tion, son père ayant remarqué qu'il avait peu
de goût pour le travail des bureaux, prit la
résolution de le faire entrer dans l'étal mili-
taire et le fit admettre, en effet, comme cadet
dans le régiment de cavalerie dit de Reyna
Governadore. Telle n'était pas toutefois la
carrière qu'aurait choisie le jeune homme;
épris d'un goût passionné pour la musique, il
aurait voulu cultiver cet art et en faire sa pro-
fession. En vain son père lui répétait souvent
qu'en Espagne il n'y a ni honneur ni profit
pour un musicien : M. Soriano-Fuerles y
voyait la jouissance que donne l'art, et c'était
assez pour lui. Etre compositeur de musique
lui paraissait le sort le plus digne d'envie. De-
venu libre de donner à son existence une di-
rection qui répondit à ses goûts, il rentra dans
la vie civile el reprit ses études musicales. En
1841, il commença, avec un de ses amis, la pu-
blication du premier journal de musique qui
ail paru en Espagne; son litre était Iberiamu-
sicaly literaria. Le temps n'était pas venu où
une entreprise de ce genre pouvait prospérer
dans la patrie de l'auteur; après y avoir dé-
pensé de l'argent qui ne rentra pas, M. So-
riano-Fuerles dût cesser sa publication hebdo-
madaire. A la même époque, il était préoccupé
du désir de voir l'Espagne eh possession d'un
théâtre national de musique, qui n'avait jamais
eu jusqu'alors d'existence permanente. Vou-
lant prêcher d'exemple, il chercha ses sujets
de pièces dans les chants populaires, et écrivit
quelques-uns de ces petits opéras-comiques ap-
pelés Zarzuelas en Espagne, tels que Geroma
la Castanexa (Géroma la joueuse de cas-
tagnettes),en un acte, qui obtint un accueil
favprable à Madrid el dans les provinces,
El Ventozzillo de Alfarache, el la Fexia di
Santi- Ponce. Ayant été nommé professeur
de l'Institut espagnol, en 1843, il publia, dans
la même année, une méthode de solmisalion
pour ses élèves; cet ouvrage fut approuvé par
les artistes et par la presse périodique. En
1844, M. Soriano-Fuerles obtint sa nomination
de directeur du Lycée de Cordoue. Il y écrivit
un Stabat Mater, une messe de Requiem, et
la zarzuela intitulée : A Belan van los za-
gales. De Cordoue, il passa à Séville et de là à
Cadix, où il composa l'opéra-comique El Tio
canigitao. De retour à Séville, il y fui nommé
directeur de musique du grand théâtre de San-
Fernando, et écrivit l'opéra-comique la Fa~
brica de Tabacos de Séville, suivi d'un diver-
tissement. En quittant Séville une seconde fois,
il retourna à Cadix et y prit la direction du
théâlre principal, à laquelle il ajouta, en 1850,
la direction du théâlre de la Comédie. Il écri-
vit pour ces scènes plusieurs ouvrages, dont le
plus important est Lola la Gaditana (Lola la
bohémienne). En 1852, M. Soriano-Fuerles fut
nommé directeur de musique du grand théâtre
de Barcelone; depuis cette époque, il n'a plus
quitté celte ville. Il a publié diverses œuvres
littéraires dont l'objet n'appartient pas à
celle Biographie des musiciens; mais il est
auteur de deux ouvrages relatifs à la mu-
sique qui doivent être menlionnés ici. Le
premier a pour titre : Musica Araba-Espa-
nola, y conexion de la musica con la astro-
nomia,medicina y arquitectura ; Barcelona,
1853, in-8°de cent trenle-trois pages. L'autre
ouvrage, beaucoup plus important, est intitulé :
Historia de la Musica espanola desde la
Venda de los Fenicios hasla de anno de
1850 (Histoire de la musique espagnole depuis
l'arrivée des Phéniciens jusqu'à l'année 1850) ;
Madrid et Barcelone, 1855-1 859, quatre volumes
grand in 8°, avec un grand nombre de planches
de musique el le portrait de l'auteur. Bien
qu'un certain nombre de faits établis par
M. Soriano-Fuerles dans cet ouvrage soient
contestables, son livre n'en est pas moins très-
digne d'intérêt, car c'est la seule histoire qui
existe de la musique en Espagne ; histoire
d'ailleurs peu connue, même des Espagnols,
et qui a exigé beaucoup de recherches. Eu
1860, M. Soriano-Fuerles a fondé La Gaceta
musical Barcelonesa, parvenue aujourd'hui
(1864) à sa quatrième année. Cet artiste litté-
rateur est chevalier de l'ordre royal de
Charles III, de l'ordre militaire de première
classe de Saint-Ferdinand, honoré de la grande
médaille d'or de l'Institut espagnol , et
membre de plusieurs sociétés savantes et lit-
téraires, t
SORTI (Bartholomé), né à Padoue, vers
1540, est connu par un ouvrage intitulé : Il
primo libro de Madrigali a quattru et cinque
voci con due dialoqhia selle voci ; in Vene-
littjper i figlidiAnt. Gardano. 1573, in-4".
70
SOTO — SOUBRE
SOTO (François), né en 1534, à Langa,au
diocèse d'Osma, en Espagne, se rendit à Rome
dans sa jeunesse, et fui admis, en qualité de
chapelain-chantre, à la chapelle pontificale,
le 8 juin 1562. Ami de saint Philippe Neri, il
entra, le 17 décembre 1575, dans la congré-
gation de l'Oratoire fondée par ce saint, et y
eut la direction de la musique. Sincèrement
pieux, il fonda à Rome un couvent de carmé-
lites, le premier de cet ordre qui ait été établi
dans la ville sainte. Soto mourut le 25 sep-
tembre 1619, à l'âge de qualre-vingt-cinq ans.
II avait fait imprimer le troisième livre des
Laudi spirituali composés pour l'Oratoire par
Palestrina et autres maîtres, dont Animuccia
avait publié les deux premiers. Ce livre a pour
titre : Il terzo libro délie laudi spirituali a
îre e a quattro voci; Rome, Alexandre Gar-
dane, 1588. Plus tard, il réunit les trois livres
et les publia sous ce titre : Libro délie laudi
spirituali dove in uno sono compresi i tre
libri <jia stampati, e ristretta la musica a
piii brevitd e facilita, e con V agginnta di
moite laudi nuove ; Rome, Gardane, 1589.
Enfin, Soto fit paraître, en 1591, chez le même
imprimeur : Il quarto libro delk laudi spiri-
tuali a tre e quattro voci. Il n'a indiqué les
noms d'aucun des compositeurs de ces pièces;
mais on croit qu'il a usé de cette précaution
par humilité et pour ne pas se nommer lui-
même comme auteur des morceaux qui lui ap-
partenaient dans le recueil. Le portrait de
Soto se trouve dans le livre d'Adami de Bol-
sena (voyez ce nom).
SOTO (José), prêtre et organiste de la ca-
thédrale de Barcelone, né dans cette ville, vers
la seconde moitié du quinzième siècle, est au-
teur d'un livre fort rare intitulé,: Tractadode
Canto llano (Traité du plain-chant); Barce-
lone, 1512, in-4°.
SOTOS (André DE), professeur de gui-
tare à Madrid, né dans l'Estramadure, vers
1750, s'est fait connaître par un livre intitulé:
Arte para aprender com facilidad y sin
maestro a templar y taner rasgado la gui-
tarra de cinco ordenes, o chordas, y tambien
la de quatro, o seis ordines, llamadas gui-
tarra Espanola, banduria, y vandola; y
tambien el tiple , etc. (Méthode pour ap-
prendre avec facilité et sans maître à accorder
et jouer par accords arpégés avec le pouce, la
guitare à cinq cordes ainsi que celles à quatre
ou à six cordes, appelées guitare espagnole,
pandore et guitare à bandoulière (\), comme
(I) La bandoulière de la guitare était autrefois un
ruban ou cordon attaché d'un bout i la tète de l'instru-
aussi à y jouer le chant, etc.) ; Madrid, 1764,
in-12 de soixante-trois pages.
SOTTONA (Jean), musicien espagnol, et
professeur de musique à Valence, est auteur
d'un livre intitulé: Le Maître de musique,
ou Cours complet et raisonné de musique
élémentaire; Valence, madame Rippeurt,
1841, in-4".
SOUBIES (Pierre-François), né à Ba-
gnères de Bigorre, le 21 mai 1805, commença
l'élude de le musique en même temps que ses
humanités. Plus tard, ses parents l'envoyèrent
à Toulouse pour y suivre les cours de l'école
de droit ; il profita de son séjour dans cette
ville pour augmenter ses connaissances musi-
cales. En 1826, il y fit exécuter une scène ly-
rique, dans une représentation au bénéfice des
Grecs. Arrivé à Paris, pour y faire son stage
d'avocat, il sentit la nécessité de régulariser
son instruction dans l'harmonie et reçut pen-
dant un an les leçons de M. Vergnes, un des
meilleurs élèves de Reicha. Fixé ensuite dans
le ressort de la cour royale de Pau, il y exerça
sa profession avec distinction, sans négliger
l'art auquel il était redevable de ses plus
douces jouissances. En 1840, il obtint une mé-
daille au concours de composition de Tou-
louse, et, en 1845, il fil représenter, au théâtre
de cette ville, la Bohémienne, opéra en trois
actes, de sa composition, dont la musique ob-
tint un accueil favorable et qui eut plusieurs
représentations. Il a publié plusieurs œuvres
vocales, empreintes du caractère montagnard,
entre lesquelles on distingue le Chant des pâ-
tres pyrénéens, dédié à Rossini. Depuis 1848
jusqu'en 1852, M. Soubies fut détourné de ses
occupations favorites par les événements po-
litiques, comme préfet et comme représentant
du département des Hautes-Pyrénées. Bentré
dans sa ville natale, en 1852, il y a fondé des
écoles gratuites de musique, et une société
philharmonique qui contribue aux plaisirs des
baigneurs deceltelocalité thermale.
SOUBRE (Etienne-Joseph), directeur dit
Conservatoire de Liège, né dans celte ville, le
50 décembre 1815, a fait ses études musicales
au Conservatoire. Son premier instrument fut
le basson ; puis il reçut des leçons de piano de
Jalhaut, et M. Daussoigne-Méhul, alors direc-
teur du Conservatoire de Liège, fui son pro-
fesseur d'harmonie et de contrepoint. Après
ment, et de l'autre à l'extrémité opposée. Cette bandou-
lière passait sur l'épaule droite el sous le bras gauche
de l'exécutant; elle soutenait l'instrument lorsque la
main gauche abandonnait le manche pour faire, avec le-
poucc. l'office de cajio-duslro, ou siliet mobile.
SOUBRE — SOUHAITTY
71
avoir obtenu les premiers prix de ces dernières
parties de l'ait dans les concours de cette
école, il se présenta au grand concours de
composition institué par le gouvernement
belge, et le premier prix lui fut décerné, en
1841, pour la cantate intitulée Sardanapale,
qui fut exécutée solennellement dans un con-
cert du Conservatoire royal de Bruxelles. De-
venu pensionnaire de l'État en sa qualité de
lauréat, il voyagea alors en Italie, en Alle-
magne et passa environ six mois à Paris. De
retour dans sa pairie, M. Souhre se livra à
l'enseignement et à la composition, d'abord à
Liège, puis à Bruxelles. Ses premiers ouvrages
furent, des chants en chœur pour des voix
d'hommes entre lesquels on distingue son
Hymne à Godefroid de Bouillon, qui fut
exécuté par quinze cenls chanteurs et instru-
mentistes, au festival d'Anvers, en 1850. En
1853, il prit part au concours ouvert par l'Aca-
démie royale de Belgique, pour la composi-
tion d'une symphonie triomphale : son ou-
vrage fut exécuté, en 1854, dans un des
concerls du Conservatoire de Bruxelles. Son
grand opéra en trois actes, Isoline, ou les
Chaperons blancs, fut représenté au Théâtre-
Royal de Bruxelles, en 1855, et obtint un suc-
cès honorable. En 1856, M. Soubre écrivit la
musique de la cantate composée par M. André
Van Hasselt pour le vingt-cinquième anniver-
saire du règne du roi Léopold Ier. A cette oc-
casion, il fut fait chevalier de l'ordre de Léo-
pold. Chargé par le gouvernement de composer
une messe de Requiem à grand orchestre pour
la première journée des fêles nationales, en
1860, M. Soubre produisit un bon ouvrage qui
fut exécuté le 25 septembre de la même année,
et que la Société Concordia, d'Aix la-Cha-
pelle, fit entendre de nouveau en 1861. Parmi
les autres productions de cet artiste, on compte
un Slabat Mater avec orchestre ; Ave verum
à cinq voix, idem; Ecce panis, avec orgue;
douze morceaux religieux pour voix de
femmes, sur des textes latins ; un recueil de
six hymnes à deux voix de soprano; des can-
tates ; ouvertures ; symphonies ; airs détachés ;
environ cinquante mélodies et petits duos;
enfin, un grand nombre de chœurs pour des
voix d'hommes qui ont été chantés par toutes
les sociétés chorales de la Belgique. M. Soubre
a dirigé la première société de chœurs
d'hommes instituée à Liège, depuis 1838 jus-
qu'en 1844 ; puis il fut chargé de la direction
de l'ancienne Réunion Lyrique, de Bruxelles.
Pendant plusieurs années, il fut chef d'or-
clicstrc de la Société Philharmonique , de
cette ville. En 1861, il fut chargé par le gou-
vernement de l'inspection des cours de mu-
sique dans les établissements de l'enseigne-
ment moyen; enfin, en 1862, il a succédé à
M. Daiissoigne-Méhul, dans la direction du
Conservatoire de Liège.
SOUHAITTY (le P. Jean- Jacques), reli-
gieux de l'observance de Saint-François, du
couvent de Paris, vécut vers le milieu du dix-
septième siècle. Ayant imaginé de substituer
des chiffres aux notes pour écrire la musique,
et particulièrement le plain-chant, ce moine
publia son système sous ce titre : Nouveaux
éléments du chant ou l'essai d'une nouvelle
découverte qu'on a faite dans l'art de chan-
ter, laquelle débarrasse entièrement le plain-
chant et la musique de clefs, de notes, de
muances, de guidons ou renvois, de lignes
et d'espaces, des bémol, bécarre, na-
ture, etc., en rend la pratique très-simple,
très-naturelle et très-facile à retenir, sans
y altérer rien dans la substance; et fournit
de plus une tablature générale, aisée et inva-
riable, pour tous les instruments de mu-
sique, etc. ; Paris, Pierre le Petit, 1677, in-4°
de cinquanle-six pages. La première édition,
publiée à Paris, en 1665, in-4°, avait simple-
ment pour titre : Nouvelle Méthode pour ap-
prendre le plain-chant et la musique. Il pa-
raît que la méthode du P. Souhailly fut l'objet
de quelques critiques, car il la reproduisildeux
ans après avec des réponses à ces critiques;
ce second ouvrage a pour titre : Essai du
chant de l'église par la nouvelle méthode des
nombres, contenant, outre la clef, les prin-
cipes et les tables de celte méthode. 1° Une
introduction à l'art de chanter parnombres.
2° Les réponses à toutes les objections qu'on
a faites. 5° Quelques avis pour bien prati-
quer le chant de l'église; Paris, Thomas Jolly,
1679, in-8° de vingt pages non numérotées,
et de quarante pages chiffrées. Le système du
P. Souhailly consiste à représenter les sons
ut, ré, mi, fa, sol, la, si, par 1, 2, 3, 4, 5,
6, 7. Il suppose l'étendue générale des voix et
des instruments renfermée dans quatre oc-
taves. La première octave est exprimée par
chiffres suivis d'une virgule ; la seconde, par
les chiffres simples, 1 -2 -3- 4, etc.; la troi-
sième, par les mêmes chiffres suivis d'un
point; et la quatrième, parles chiffres suivis
d'un point et virgule. L'objet principal du sys-
tème était le plain-chant, car, l'auteur avoue
(p. 21), qu'il était médiocrement musicien;
aussi n'a-t-il pensé qu'à représenter les demi-
tons du troisième au quatrième degré, et du
SOUHAITTY — SOUSSMANN
septième à la ionique, par un 3 et par un
7 barrés; quant aux dièses et aux bémols ac-
cidentels, il ne s'en est pas occupé. Pour ex-
primer la valeur des notes, le P. Sonhailly n'a
rien trouvé de mieux que de placer au-dessous
des chiffres les lettres a, b, c, d, e, f, g, h,
qui représentent de valeurs de temps décrois-
santes par 2, 4, 8, etc. A l'égard des décompo-
sitions de mesures, il n'en parle pas. Comme on
vient de le dire, celle méthode n'était réelle-
ment applicable qu'au plain-chant. L'auteur
en a reconnu lui-même l'insuffisance pour la
musique, car il dit (p. 20) : Voilà succincte-
ment ce que l'on peut dire, et toutes les in-
structions qu'on peut donner dans un essai
informe, tel qu'est celui-ci. En 1742,
J.-J. Rousseau (voyez ce nom) proposa aussi
un projet «le notation par les chiffres qu'il pré-
sentait comme préférable à ce qui est en usage.
Il développa depuis lors ce projet dans sa Dis-
sertation sur la musique moderne. Laborde
(Essai sur la musique, t. III, p. 688) assure
que la méthode de Rousseau n'est autre que celle
du Père Souhaitty, et qu'il s'en est emparé sans
indiquer la source où il l'avait prise. Il suffit
de jeter les yeux sur le système des signes du
philosophe de Genève pour voir qu'il diffère
essentiellement de celui du franciscain, quant
à l'ensemble de la conception, et qu'il n'y a
d'analogie entre eux que par la nature des
signes. Il est probable que Lahorde n'avait pas
vu le livre de Rousseau, et qu'il n'en a parlé
que d'après des notes inexactes. Au reste, le
P. Souhailly n'est, pas plus que Rousseau,
l'inventeur des chiffres employés pour la
notation de la musique; plusieurs anciennes
tablatures ont été faites au moyen de ces signes.
SOULLIER DE ROBLAIN (Ciiarles-
Si.uon-Pascal), né à Avignon (Vaucluse), le
16 avril 1797, fil ses éludes classiques jusqu'à
la rhétorique au Lycée de cette ville, et plus
tard se livra à l'élude de la musique, sous la
direction de Dubreuil, élève de Méhul. Destiné
au commerce, il s'en occupa dès l'âge de
dix-huit ans, sous la direction de son père,
négociant, puis agent de change; mais ses goûts
pour la littérature et les arts lui firent ensuite
abandonner les affaires. La plus grande partie
de la carrière de M. Soullier appartient aux
travaux littéraires étrangers à l'objet de cette
Biographie, oii il n'est mentionné que pour
ses productions musicales. Arrivé à Paris, il y
publia quelques romances avec accompagne-
ment de piano chez Pacini et chez Romagnesi,
parmi lesquelles on a remarqué : les Châteaux
en Espagne, l'Effet du regard, la f 'aise du
hameau, etc. Vers 1834, il fonda le journal de
chant intitulé :/e Troubadour normand, puis
la Gazette des Salons, journal de musique et
des modes. Après s'être marié à Paris, en 1835,
M. Soullier retourna à Avignon et s'y occupa
principalement de littérature. Parmi ses pro-
ductions en ce genre, on remarque particuliè-
ment sa Traduction en vers français des sa-
tires de Perse avec le texte en regard, etc. ;
Paris, Delaunay, 1837. De retour à Paris, en
1848, M. Soullier y a fondé plusieurs journaux
et publié divers ouvrages, au nombre desquels
est celui qui a pour litre : Nouveau Diction-
naire de musique illustré, élémentaire, théo-
rique , professionnel et complet; 'Paris,
F. Bagault, un volume gr. in-8°. En 1862, ce
littérateur musicien a fondé un journal de mu-
sique qui parait deux fois chaque mois sous le
titre : l'Union chorale de Paris, Revue mu-
sicale de la quinzaine, destinée aux sociétés
chorales ou philharmoniques de la France et
de l'étranger. Celte publication est parvenue
à sa seconde année (1864).
SOUSA-VILL ALOBOS (Mathias DE),
bachelier en droilde l'université de Coimbre,
et maître de chapelle à Elvas, en Portugal, na-
quit dans cette dernière ville, vers le milieu
du dix-septième siècle. Il a fait imprimer un
traité du plain-chant intitulé : Arle deCanto
chaô; Coimbre, 1688, in-4°.
SOUSSMANN (Henri), né à Berlin, le
23 janvier 1796, était fils d'un musicien de
cette ville, dont il reçut les premières leçons,
à l'âge de six ans, particulièrement pour le
violon ; puis il devint élève de Schrœck, bon
professeur de flûte, qui le dirigea jusqu'à l'âge
de seize ans. Par ses éludes et sa belle organi-
sation, il est devenu un des virtuoses les plus
remarquables de son temps. A l'âge de seize
ans, il entra dans la musique d'un régiment
d'infanterie, et pendant les années 1813 et
1814, il fit, en cette qualité, les campagnes
contre la France. Après avoir reçu son congé,
il voyagea pour donner des concerts, et se
rendit en Russie. Après avoir été longtemps
première flûte du Grand-Opéra de Péters-
bourg, il eut, en 1836, le titre de directeur de
musique du Théâtre-Impérial. Il est mort à
Pélersbourg, au mois de mai 1848. On a pu-
blié de sa composition : 1°Qualuorpourquatre
flùles, op. 5; Berlin, Lischke. 2° Thème varié
pour flùle avec quatuor, op. 3; Leipsick, Breit-
kopf et Hsertel. 5° Pot-pourri pour flûte et
violon, avec violon, alto et basse, op. 7; Ber-
lin, Lischke. 4° Duos concertants pour deux
flûtes, op. 2, 4 et 24; Berlin, Lischke; Lcip-
SOUSSMANN — SOWINSKI
sick, Breilkopf cl Haertel. 5° Sérénade pour
flûle et guitare, op. 6; ibid. 6°Concerlino pour
flûte et orchestre; Mayence, Schott. 7° Deux
quatuors pour quatre flûtes, Hambo.urg, Schu-
bert et Niemeyer. 8° Trio concertant pour
deux flûtes et piano, op. 30; L?ipsick, Hof-
meisler. 9° Grande fantaisie pour flûle et
piano, op. 28; Leipsick,Hofmeister. 10° Vingt-
quatre études pour flûte, dans tous les tons,
op. 55; Hambourg, Schubert. 11° Trente
grands exercices ou études dans tous les
tons, en deux parties; Mayence, Schott.
12° Méthode pratique de flûte en quatre ca-
hiers, op. 54; Hambourg, Schubert.
SOUTH (Robert)', chanoine de l'église du
Christ, à Oxford, naquit en 1633, à Hackney,
dans le Middlesex, et mourut le 8 juin 1716.
Tour à tour vendu à tous les partis qui, de son
temps, agitaient l'Angleterre, et les trahissant
après les avoir flattés, il a laissé une mémoire
peu honorée. Il était encore à l'université
d'Oxford, lorsqu'il publia un petit poème latin
intitulé : Musica incantans , sive poema
exprimons musicx vires; Oxonii, 1655,
in-4°.
SOWINSKI (Albert) , d'une noble et
ancienne famille polonaise, est né vers 1803,
à Ladyzyn, dans la partie méridionale de
l'Ukraine. Après avoir passé paisiblement les
premières années de sa jeunesse, occupé de
l'étude du piano, il se rendit à Vienne, et de-
vint élève de Charles Czerny et de Leides-
dorf pour cet instrument. Le chevalier de Sey-
fried lui donna des leçons de composition, et il
étudia l'instrumentation sous la direction de
Gyrowetz. L'amitié de Hummel, de Moscheles,
de Schubert et de l'abbé Stadler ne fut pas
étrangère à ses progrès, car il reçut de ces ar-
tistes distingués d'utiles conseils. Après deux
années de séjour dans la capitalede l'Autriche,
Sowinski partit pour l'Italie, visita Rome et
Naples, puis se rendit à Paris, où il arriva en
1830, et où il s'est fixé. Il s'y est fait entendre
dans plusieurs concerts, et y a publié beaucoup
de compositions pour son instrument. Pendant
plus de trente ans, il s'est livré à l'enseigne-
ment du piano dans cette grande ville, et y a
été compté parmi les meilleurs maîtres pour
cet instrument. En 1841, il a fait exécuter à
Paris une ouverture de sa composition, et dans
l'année suivante, une symphonie qui a pour
litre : la Fatalité. Dans l'été de 1842, il a fait
un voyage à Londres, et y a joué dans plusieurs
concerts. De retour à Paris, il s'y est livré de
nouveau à l'enseignement. M. Sowinski a pu-
blié beaucoup de compositions de différents
genre, dont les principales sont : 1° Six mor-
ceaux religieux à deux, trois et quatre voix
avec orgue, op. 57; Paris, Chaillot. 2° Messe
solennelle à trois parties et deux chœurs, avec
orgue, op. 61 ; ibid. 3° Feni Creator à trois
voix et orgue; Mayence, Schott. 4° Messe
brève à quatre voix avec orgue, op. 71 ; Paris,
Canaux. 5° Saint Adalbert, oratorio en trois
parties, à quatre voix, solos, chœurs et or-
chestre, op. 66. Partition de piano et de chant;
Paris, Rrandus. 6° Six motets à deux, trois et
quatre voix avec orgue, op. 80; Londres,
A. Novello. 7° Ouverture de la Reine Hed-
wige à grand orchestre; Paris, chez l'auteur.
8" Symphonie en me mineur à grand orchestre,
op. 62; en partition, chez l'auteur. 9° Ma-
zeppa, ouverture à grand orchestre, op. 75, à
Paris, chez l'auteur. 10° Grand rondo sur le
Maçon, pour piano et quatuor, op. 9; Paris,
Schœnenberger. 11" Variations de concert sur
un thème de Mayseder, avec orchestre, op. 14;
Paris, Pacini. 12" Grande polonaise pour
piano et quatuor, op. 16; Paris, Launer.
13" Air des Légions polonaises, piano, chant
et orchestre, op. 31; ibid. 14° Variations de
concert pour piano et orchestre sur le duo des
Puritains, op. 48. 15" Trio (en ré majeur)
pour piano, violon et violoncelle, op. 76.
16" Rondeau brillant sur un duo du Maçon,
d'Auber, op. 2; Vienne, Cappi. 17° Variations
sur un air favori de la Dame blanche; Vienne,
Leidesdorf. 18° Rondo pastoral sur une strophe
de Masaniello, op. 8 ; Milan, Ricordi. 19° Va-
riations brillantes sur un air polonais; ibid.
20° Vingt-quatre préludes et exercices dans
tous les tons majeurs et mineurs; Paris, Pa-
cini. 21° La Parisienne, marche nationale
variée, op. 25; Leipsick,Hofmeister. 22" Mor-
ceau de salon, variations et rondo sur un
thème original, op. 26; ibid. 23" Grand con-
certo pour piano et orchestre, op. 36; Paris,
Schlesinger. 24° Fantaisie sur une cavatine
chantée par Rubini, op. 34; Pacini. 25" Idem
sur un trio de la Juive, par Halévy, op. 40;
Paris, Schlesinger. 26° La Mer, fantaisie sur
la Prière du marin, dans l'Eclair, op. 45 ;
ibid. M. Sowinski a publié aussi beaucoup
d'autres morceaux détachés pour piano seul,
sur des thèmes d'opéras , douze grandes
éludes, op. 60; Paris, Chaillot, et de petits
morceaux de salon dans les formes de l'époque
actuelle. Il a beaucoup de compositions iné-
diles, parmi lesquelles on remarque: Lenore,
drame lyrique en deux actes, d'après la bal-
lade de Burger, et Le Modèle, opéra comique
en un acle, de M. de Saint-Georges, non re-
i-i
SOWINSKI — SPALLETTl
présenté. On a île cet artiste laborieux un ou-
vrage intitulé : les Musiciens polonais et
slaves anciens et modernes; Dictionnaire
biographique des compositeurs, chanteurs,
instrumentistes , luthiers , constructeurs
d'orgues, etc. ; précédé d'un résumé de l'his-
toire de la musique, etc.; Paris, Adrien Le-
clereel Ce. 1 857 , un volume gr. in-8° de cinq
cent quatre-vingt-dix-neuf pages. J'ai tiré de
ce volume des renseignements utiles pour la
biographie de plusieurs artistes polonais. On
doit aussi à M. Sowinski la publication d'un
recueil de chants nationaux et populaires de la
Pologne; Paris, 18-30, des articles historiques
sur la musique dans le même pays, publiés
dans]a Revue musicale de l'auteur de cette no-
tice, et des recherches sur la musique popu-
laire et le théâtre en Pologne, insérées dans
la Pologne illustrée, de M. Chodzko.
SOZZI (François), violoniste, né à Flo-
rence, vers 1765, fut élève de Nardini. Après
avoir été attaché quelque temps à la chapelle du
grand-duc de Toscane, l'invasion de l'Italie
par les armées françaises l'obligea à s'en éloi-
gner pour aller chercher une position en Alle-
magne.En 1 80 1 , il était premier violon à Augs-
bourg. Il se rendit ensuite à Vienne, visita la
Hongrie, la Pologne et la Russie, puis retourna
en Allemagne, en 1811. Depuis celte époque,
on n'a plus eu de renseignements sur sa per-
sonne. On connaît de Sozzi les productions
suivantes : 1° Dix-huit variations sur trois airs
italiens, pour violon avec basse, op. 3; Augs-
bourg, Gombart. 2° Quatuor pour flûte, violon,
alto et basse, op. 4; ibid. 5U Trois duos pour
deux violons, op. 6; ibid.
SPADA (Jacques-Philippe), prêtre véni-
tien, élève du maître Vol pe {voyez ce nom),
fut admis dans la chapelle ducale de Saint-
Marc, à Venise, en qualité de chanteur, le
fi septembre 1673. Le 16 janvier 1678, il suc-
céda à son maître, comme organiste du second
orgue, dans la même chapelle, et le 6 août 1690,
il passa au premier orgue. Il mourut à Venise,
en 1704. Aucune composition de cet artiste
n'est connue jusqu'à ce jour.
SP,ŒTH (Jean-Adam), facteur d'orgues,
de clavecins et de pianos, qui a eu de la celé
brité dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, vécut à Ratisbonne. Il a construit le bel
orgue de la cathédrale «le cette ville. Ses pianos
étaient exportés dans toute l'Europe, et luttaient
de réputation avec ceux de Stein. Spselh est mort
en 1816, dans un âge très-avancé.
SP/ETH (André), né le 9 octobre 1792, à
Kossach, près de Cobourg, apprit les éléments
de la musique dans l'école de ce lieu, et montra
de si heureuses dispositions pour cet art dans
son enfance, qu'il composait des cantates, des
motets et des chœurs, sans avoir reçu de leçons
d'harmonie d'aucun maître. En 1810, il entra
dans la chapelle du prince de Cobourg, et y
apprit la basse continue sous la direction de
Grumlich, musicien de la chambre du prince.
Pendant les années 1814 et 1815, Spœth s'oc-
cupa exclusivement de la composition de mar-
ches et de morceaux d'harmonie pour les corps
de musique militaire. En 1816, il suivit son
prince à Vienne, et y prit des leçons de com-
position de Riotte. De retour à Cobourg. il
publia des compositions de différents genres
chez André, d'Offenhach , et Scholt, de
Mayence. En 1822, il accepta la place d'orga-
niste à Morges, petite ville du canton de Vaud,
en Suisse, et l'occupa pendant onze ans; puis
il se rendit à Neuchâtel, en 1833, et depuis ce
temps il y a occupé les places de directeur de
musique, de professeur de chant au collège, et
d'organiste de la ville. Il est aujourd'hui maître
de chapelle de la cour de Saxe-Cobourg. Spseth
a écrit pour le théâtre de Cobourg : Ida de
Hosenau, représenté en 1821; Elise, en 1833;
l'Astrologue, à l'automne de 1837, et Omar
et Sullana, en 1842. Il a aussi composé la
musique de plusieurs ballets, les oratorios Die
Auferstehung (la Résurrection) Saint Pierre,
et Judas Iscariote, des psaumes, des cantates,
un Te Deum, et des chants pour des voix
d'hommes. Ses compositions instrumentales et
vocales sont au nombre de plus de cent ; dans
ce nombre, on remarque : l°Ses pièces d'har-
monie, œuvres 52, 54 et 93; Offenbach, André.
Le dernier de ces ouvrages est une scène pas-
torale suisse pour harmonie complète, dont le
mérite est remarquable. 2° Quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 95 et 107;
Mayence, Schott. 3° Symphonie concertante
pour deux clarinettes et orchestre. 4" Des
airs variés pour violon et clarinette, avec or-
chestre ou quatuor. 5° Nonetto pour in-
struments à cordes et à vent. 6° Beaucoup de
fantaisies et de variations pour le piano. Son
dernier ouvrage est une messe pour quatre
voix avec les instruments à vent, dédiée au
Conservatoire de Bruxelles.
SPALLETTl (Raphaël), compositeur na-
politain, élève de Sala, vécut dans la seconde
moitié du dix huitième siècle. On trouve de sa
composition dans la bibliothèque du conserva-
toire de Naples : 1° Caino ed Abele, oratorio.
2° Lamentazioni del giovedï santo per so-
prano, viole, violoncello e basso.
SPANGENBERG - SPARRE
SPANGENBERG (Jean), magister, puis
surintendant à Eisleben, naquit en 1484, à
Hardeysen, près de Gœtlingue, et devint
d'abord pasteur à Slollberg, puis prédicateur
de Saint-Biaise à Nordhausen. Il est mort
dans cette situation le 15 juin 1550. Il a
écrit un petit traité élémentaire de musique
pour l'usage de l'école de ce lieu , sous ce
titre : Quxstiones musicx in usum scholx
Northusianx collectai: Nuremberg, 1536,
in-12. Il y a une édition de ce livre publiée à
Wittenberg, chez G. Rhaw, sans date, petit
in-8° de cinq feuilles : c'est vraisemblablement
la première. Il y a aussi une édition imprimée
chez Georges Hentzch, à Leipsick, en 1555,
petit in 8° de cinq feuilles- Ce livre a été réim-
primé à "Wittenberg, en 1542, quatre-vingts
pages in-8»; à Leipsick, en 1544, 1547, 1561,
in-8°; à Cologne, 1579, in-8°, et dans la
même ville, 1592, in-12. Spangenberg est
le même que Gerber et Choron et Fayolle
ont nommé Spang , d'après le catalogue
des livres de musique de Breitkopf (p. 55).
Outre l'ouvrage cité ci-dessus , on a de
Spangenberg : 1° Kirchengesxnge auf aile
Sonntage und furnehmsten F este , nebst
Evangelien, Episteln und Collectai, etc.,
mit musikalischen Noten, lateinisch und
deutsch (Chants d'église pour tous les diman-
ches et jours de fête, etc.); Wittenberg, 1545.
2° Gedanken von allerhand geistlichen Kir-
chengesxngen; Wittenberg, 1545, in-8°.
5° Zwolff christliche Lobgesxnge und Leis-
sen {?), so man das Jar (sic) uber, inn der
Gemeine Goltes singt,auffskurtzteausgelegt.
Le même ouvrage a été réimprimé avec des
textes latins, sous ce titre : Hymni ecclesias -
tici duodecim, summis festivitatibus ab
ecclesia solemniter cantari soliti, annotatio-
nibus explanati . Auclore M. JohanneSpan-
genbergio. Recens è germanico sermone
latine redditi, per Reinardum Lorichium
Hadamarium ; Francofurli apud Chr. Ey-
molphum, 1550, petit in-8°.
SPANGENBEKG (Cyriac), fils du précé-
dent, théologien et historien, né à Nordhausen,
le 17 janvier 1528, mourut à Strasbourg, le
10 février 1604. Il a laissé en manuscrit un
ouvrage qui a pour titre : Von der edlen unnd
hochberiihmten Kunst der Musica, unnd de-
ren Annkunfft, Lob, Nutz unnd Wirckung ,
auch wie die Meistersinger auffkhommenn
volckhommener Bericht : zu dienst unnd
ehren der lœblichen unnd ehrsamen GeseU-
schaft der Meistersinger, in der lœblichen
freyenReichsstatt Slraszburg .geste! let durch
M. Cyriacum Spangenberg. im Jalir Christi
M. D. XCVIII. (Du noble et .célèbre art de
la musique, son origine, son éloge, son utilité,
ses effets, etc.). Ce manuscrit est dans la bi-
bliothèque de la ville de Strasbourg. Joechep
attribue cet ouvrage à Wohlfarth Spangenberg,
fils de Cyriac; mais le titre même du manu-
scrit prouve son erreur. Cet intéressant ou-
vrage, plein de recherches et d'érudition, a été'
publié en 1861, par les soins de M. Adalbert
de Relier, professeur ordinaire de l'université
de Tubinge, dans la bibliothèque de la société
littéraire de Stuttgart (Bibliothek von littera-
rischen Vereins in Stuttgart) n° lxii ; Stutt-
gart, Colla), sous ce titre : Cyriacus Span-
genberg von der Musica und den Meister-
sxngern, herausgegeben durch, etc. ; gr.
in-8° de cent soixante-douze pages. Il existe
aussi de Spangenberg un livre qui a pour
titre : Mag. Cyr. Spangenberg Cithara Lu-
theri. Erfurt, 1569, in-4°.
SPANHEIM (Ézéchiel), célèbre philo-
logue, né à Genève, le 7 décembre 1629, fit
ses éludes à Leyde, fut d'abord gouverneur du
fils de l'électeur Palatin, à Heidelberg, puis
il remplit des fonctions diplomatiques pour le
même prince, en Hollande et en Angleterre,
et pour l'électeur de Brandebourg, en France.
II mourut à Londres, avec le litre d'ambassa-
deur du roi de Prusse, le 7 novembre 1710.
Au nombre de ses savants ouvrages, on trouve
des notes sur Callimaque, insérées dans l'édi-
tion des œuvres de ce poëte, publiée par Grœ-
vius, à Utrecht, en 1697, en 2 volumes in-8°.
Elles renferment des recherches intéressantes
sur les instruments de musique des an-
ciens.
SPARACCIOIVI (Jean-Georges), né à
Monte-Cosaco, dans les dernières années du
seizième siècle, fut organiste de l'église Sainte-
Euphémie de Vérone. On connaît de sa com-
position : 1° Salmi per i Vespri a quattro
voci; in Venetia, app. Aless. Vincenti,
1625. 2° Brève corsi di Concerti o Mottetti a
una, due, tre et quattro voci, op. Z\ibid.,
1650, in -4°.
SPARONO (François), compositeur sici-
lien, vécut à Naples, vers 1780, et y fit repré-
senter, au théâtre du Fondo:\° D Ammalata
per apprensione, farce en un acte. 2° La
Nolte di carnavale, opéra bouffe en un acte.
5° Lo Stipo maggico, opéra bouffe en deux
3CtCS.
SPARRE (Nicolas), surnommé HIER-
SINGIUS, parce qu'il était né dans le vil-
lage de Hiersing, en Danemark, au commen-
SPARRE — SPATARO
cernent du <lix-huilième siècle, a pnlilié une
dissertation intitulée : De Musica ac Cilhara
Davidica e jusque effectu; Ha faix, 1753,
in-4° de dix pages.
SPAIlllY (FttANCOis), chanoine régulier,
né à Grœiz (Slyrie), le 28 avril 1715, apprit la
musique comme enfant de chœur chez les Bé-
nédictins d'Aimonl, où il fit aussi ses études
littéraires. En 1736, il entra au monastère de
Kremsmunster, et après un noviciat de sept
années, il y fut ordonné prêtre. Il obtint bien-
tôt après de ses supérieurs de se rendre en
Italie pour y perfectionner son talent de musi-
cien, et visita Milan, Venise, Naples et Rome,
qui l'intéressa surtout et où il fit un long sé-
jour. Il s'y livra à de sérieuses étudesde contre-
point et devint un savant composi leur. De retour
dans sa patrie, il écrivit un grand nombre de
morceaux d'église, dans les formes du contre-
point douhle, pour lesquelles il avait un pen-
chant décidé, un Pange Linqua d'un mérite
remarquable, une collection de cantiques, et
quelques airs pour le théâtre. Le P. Sparry
mourut dans son monastère, le 5 avril 1767.
SPATAIIO ou SPADARO, en latin
SPADAIUUS(jEA!*),né à Bologne, vers 1460,
eut pour premier métier celui de fabricant de
fourreaux d'épée, s'il faut en croire Gafori,
qui eut avec lui de vives discussions. Si l'on
considère toutefois l'instruction solide qui
brille dans les ouvrages de Spataro, non-seu-
lement en ce qui concerne la musique, mais
dans les mathématiques, la philosophie et la
langue latine, il est permis de révoquer en
doute ce fait, peut-être inventé par la haine.
Quoi qu'il en soit, Spalaro devint élève de
Ramis de Pareja (coyez ce nom), lorsque ce
théoricien espagnol alla ouvrir des cours de
musique à Bologne, en 1482, et fut par la suite
le plus ferme soutien de sa doctrine. Spalaro
ne fut sans doute pas moins hahile dans la
pratique de l'art que savant dans sa théorie,
car nous voyons (dans un catalogue chronolo-
gique des mailres de chapelle deSaint-Pélrone
de Bologne, tiré par l'abbé Baini des notices
manuscrites de Pitoni concernant les an-
ciens contrepointistes) qu'il occupa cette
position depuis 1512 jusqu'à sa mort, arrivée
en 1541.
La publication du livre de Ramis intitulé :
De Musica Traclalus, sive Musica practica
(Bologne, 1482, in-4°), avait donné naissance
au virulent pamphlet dirigé contre l'auteur
par Burci (voyez ce nom). Spataro crut devoir
prendre la défense de son maître; il le fit avec
autant! de force logique que de modération,
dans l'écrit intitulé : Ad reverendissimum in
Christo Patrem, et D. D. D. Antonium
Galeuz. de Bentivolis, sedis Apostolicx Pro-
tonolarium, M. Joannis Spatari in Musica
humillimi professons ejusdem prxceptoris
honesta defensio ; in Nicolai Burtii Par-
mensis opusculum. A la fin on lit : Impresso
de l'aima ed inclita città di Bologna per me
Plato de Benedicti, régnante lo inclito ed
illustre Signore S. Johanne de Bentivogli de
l'anno MCCCCLXXXXI, a di XVI de
Marzo, in-4°. Spataro démontre jusqu'à l'évi-
dence que Burci n'a rien compris à la question
des gammes, sur laquelle il avait attaqué parti-
culièrement Ramis, et il y traite avec pro-
fondeur de la théorie du tempérament, sou-
levée par son maître, et de la nécessité de la
modération des tierces lorsque les quintes et
les quartes sont justes. Gafori critiqua celte
théorie dans le trente-quatrième chapitre du
deuxième livre de son traité De harmonica
musicorum inslrumentorum ; mais Spataro
lui adressa, au mois de février 1518, une lettre
où il relevait ses erreurs à ce sujet. Une ré-
ponse «le Gafori, remplie d'amertume et
d'ironie, amena une seconde lettre plus sévère
de Spataro, au mois de marsdela même année.
J'ai dit, en parlant de Gafori (voyez ce nom),
commenlcetlequerelles'envenima etamena la
publication du pamphlet du vieux maître de
Milan, intitulé : Apologia Franchini Gafurii
advenus Joannem Spalarium et complices
musicos Bononienses. (Impressum Taurini
per magistrum Augustinum de Vicomer-
cato, anno Domini M. D. XX., in-fol. de
dix feuillets). Quelques mois après parut une
réponse de Spataro sous ce litre : Errori
di Franchino Gafurio da Lodi, da maestro
Joanne Spatario, musico bologncse, in sua
defensione, e del suo precettore Mro. Barto-
lomeo Ramis Hispano subtilmente dimos-
trati.On lit au dernier feuillet : Impressum
Bonotiix per Benedictum Hectoris, anno
Domini M. D. XXI, die XII januarii, petit
in-4° de cinquante-deux feuillets. Quoique le
litre soit en italien, l'ouvrage est écrit en
latin. Spalaro prétend démontrer, dans ce
pamphlet (divisé en cinq parties), cent onze
erreurs répandues dans les écrits de Gafori.
Tout le monde eut tort et raison dans cette
affaire, car Gafori prouvait très-bien la réalité
du comma 80-81, mais il avait tort de ne pas
admettre le tempérament égal pour l'accord
des instruments, !e seul dont l'usage soit ap-
plicable à tous les cas de la pratique. Le der-
nier ouvrage de Spalaro csl un traité de mu-
SPATERO - SPECH
17
siquc intitulé : Traclalo di musica, nelquale
si tracta de la perfectione de la sesquialtera
producta inla musica mensurata, in-fol. de
cinquante-huit feuillets non chiffrés. An der-
nier feuillet, on lit : Impressa in Vinegia
per maestro Bernardino de Vitali el di
octavo del mese di Oltobre M. D. XXXI.
Ce livre est de grande importance pour la so-
lution d'un certain nombre de cas difficiles de
la notation proportionnelle en usage dans les
quinzième et seizième siècles. La plus grande
partie de l'ouvrage est dirigée contre Ga-
fori.
SPAVEINTA(Scipion), chanoine de Velle-
tri, né dans la seconde moitié du seizième
siècle, à Sermoneta, bourg des Etats de l'Eglise,
s'est fait connaître par un œuvre qui a pour
litre: I Sogni pastorali a quatlro voci ; in
P'enetiti, appresso Giacomo Finçenli, 1608,
in-4°.
SPAZIAI\0 (Fhançois), éditeur de la plus
ancienne colleclion de chansons et de madri-
gaux qui se chantaient dans les rues de Flo-
rence, pendant le carnaval, au commencement
du seizième siècle. Celle colleclion a pour
litre-. Canti carnascialeschi; Florence, 1529,
in-4°.
SPAZIER (Jean-Ciiarles-Gottuebï, né à
Berlin, le 20 avril 17G1 , lit ses éludes aux uni-
versités de Halle et de Gœltingue, puis reçut
sa nomination de professeur de philosophie à
Giessen, mais n'accepta pas cetle position, et
préféra s'attacher à un noble personnage de
la Weslphalie, qu'il accompagna dans des
voyages en Allemagne, en Hollande, en Dane-
mark, en Suisse et dans une partie de l'Italie.
De retour dans sa patrie, il accepta les places
de professeur et de conseiller à Neuwied ; mais
après la mort du souverain de cette petite
principauté, il retourna à Berlin. En 1796, il
obtint le diplôme de docteur en philosophie à
l'université de Halle; puis il fut pendant quel-
que temps professeur el inspecteur de l'In-
stitut d'éducation à Dessau, vécut ensuite à
Berlin, el, enfin, mourut à Leipsick, le 19 jan-
vier 1805. Spazier s'est fait connaître comme
compositeur par des chansons à voix seule
a\ec accompagnement de piano, publiées à
Leipsick, en 1781, et dont il a donné une nou-
velle édition à Dessau trois ans après; par des
chœurs à quatre voix (Leipsick, 1785), et par
«les chansons joyeuses avec piano (Vienne,
1786). On a aussi de lui des mélodies pour le
recueil de chansons de Hartr.ng (Berlin, 1793).
Il est connu surtout par quelques écrits rela-
tifs à la musique, dor.l voici la liste : 1° Frei-
muthige Gedanken liber die Galles verehrun-
gen der Protestanten (Idées libres sur la
vénération religieuse des protestants); Gotha,
1788, in-8°. Il y traite du chant du culte évan-
gélique et de la musique d'église. 2° Einige
Gedanken, JViinsche und F'orschlxge zur
Einfiihrung eines neuen Gesangbuch (Quel-
ques idées, souhaits et propositions concernant
l'introduction d'un nouveau livre de chant);
Neuwied, 1790, in-8°. 3° Etwas iiber Gluc-
kische Musik und die Oper Iphigenia in
Tauris auf dem Berlinischen Nalional-
thealer (Sur la musique de Gluck et l'opéra
•Vlphigénie en Tauride au Théâtre-National
de Bei lin); Berlin, 1795", in-8°. 4° Cari Pilgers
Roman seines Lebens, von ihm selbst ge-
schreiben, elc. (Roman de la vie de Charles
Pilger, écrit par lui-même); Berlin, 1792-1796,
trois volumes in-8°. Ce roman a pour base les
événements de la vie de Spazier lui-même;
il est rempli de considérations sur la mu-
sique. 5° Berlinische musikalische Zeitung,
historischen und kritischen lnhalts (Ga-
zette musicale de Berlin, etc.); Berlin, 1794,
in-4" de deux cent dix pages. Ce journal n'a
pas élé continué. 6° Rechtfertigung Mar-
purg's und Erinnerung an seine Ferdienste.
Auf Feranlassung eines Aufsatzes des
Herm Schultz (Justification de Marpurg et
souvenir de son mérite, à l'occasion d'un écrit
de M. Schultz), dans la Gazette musicale de
Leipsick, t. II, p. 553, 569 et 59ô. 7° Ueber
den Folksgesang (Sur le chant populaire),
même journal, t. III, p. 78, 89 et 105. Spa-
zier a aussi traduit en allemand le premier vo
lume des Mémoires de Grélry sur la musique,
sous ce titre : Gretrg's f'ersuche iiber die
Musik; Leipsick, 1800, in-8°. Il a élé l'édi-
teur de la vie de Dilters de Diltersdorf (voyez
ce nom).
SPECH (Jean), pianiste et compositeur,
naquit à Presbourg le 6 juillet 1768. Après
avoir étudié les éléments de la musique à Ofen,
il se rendit à Vienne, où il recul des leçons de
bons maîtres pour le piano et la composition,
puis il se fixa à Festh, en 1804, en qualité dé-
maille de chapelle. Plus lard, il e-nlra au ser-
vice du baron de Pudmaniezky, dans la même
\ille. En 1816, il fit un voyage à Paris, y pu-
blia quelques-unes de ses compositions, puis
retourna dans sa pairie et se fixa à Vienne.
On a gravé de sa composition : 1° Quatuors
pour deux violons, allô et violoncelle, op. 2,
1.9 el 22, Vienne, Haslinger et Mollo. 2° So-
nates pour piano, violon et violoncelle, op. 1 ;
Vienne, Arlaria. 3° Trois fugues pour trois
SPECH - SPEER
violons, allô et violoncelle, op. 3; ibid. 4° So-
nates pour piano et violon, op. lOel 12; Vienne,
Haslinger. 5" Sonates pour piano seul, op. 4;
Vienne,(Artaria.6n Fantaisie etcaprice, idem,
op. 15; Vienne, Haslinger. 7° Thème avec va-
riations, op. 5; ibid. 8° Fugues à quatre mains;
ibid. 9" Chansons allemandes à deux et trois
voix, avec accompagnement de piano, -op. 7;
ibid. 1 0° Chants à quatre voix d'hommes, op. 37;
Vienne, Czerny. On connaît aussi de Spech
deux opéras allemands, quelques ouvertures,
un oratorio, des cantates d'église, une messe,
un Veni Scinde Spirilus, et quelques autres
compositions en manuscrit. J'ignore la date
de la mort de cet artiste ; il vivait encore à
Vienne, en 1834.
SPECK (Jean Guillaume Gu.nther), ama-
teur distingué, naquit à Sondershausen, le
16 juillet 1751. Attaché à la cour du prince de
Schwarzbourg par plusieurs emplois, il cultiva
la musique avec succès, et posséda une belle
collection d'œuvres pratiques des grands
maîtres, d'ouvrages d'histoire de l'art et de
critique, ainsi que plus de mille portraits de
musiciens. Il mourut à Sondershausen, le
8 décembre 1797, laissant en manuscrit un
livre en deux volumes in-4", intitulé: Archiv
der Tonuissenschafl (Archives de la science
musicale), qui n'a pas été publié.
SPECKHUIVS (Chrétien), musicien alle-
mand, vivait vers la fin du dix-septième siècle.
Il n'est connu que par les deux ouvrages sui-
vants : 1° Jnstructio generalis oder griind-
liclier Unterricht von dem Generalbass , in
2 Theils verfasset (Instruction fondamentale
sur la basse continue, etc.); Francfort, 1682.
2° J/armonischer Scelen-f rende, Erster Theil
bestehend in 12 geistliche Concerten, mit 1,
2, 3, A, 5 vocal Stimmen nebenst etlichen
Instrumentai (Joieharmoniquede l'âme, pre-
mière partie, consistant en douze concerts spi-
rituels à une, deux, trois, quatre et cinq
voix, etc.) ; ibid., 1682.
SPEE (Frédéric), cantor de l'église pro-
testante de Cologne, vers le milieu du dix-
septième siècle, est connu par un recueil de
mélodies pour les cantiques à l'usage de cette
église, qu'il a fait imprimer sous ce titre : Der
Trutz Nachtigall's (la Volière du rossignol);
Cologne, 1660, in -12. Ce recueil est devenu
fort rare.
SPEEll (Daniel), savant musicien, né à
Breslau, vers le milieu du dix-septième siècle,
fut d'abord fifre de la ville, puis fut appelé,
vers 1680, à Gœppingen, dans le duché de
Wurtemberg, en qualité de professeur sup-
pléant de l'école latine, et de cantor. Douze
ans après, il alla remplir les fonctions de can-
tor à Waiblingen. On ignore l'époque de sa
mort. Ce musicien a fait imprimer de sa com-
position un recueil de cantiques à cinq voix,
deux violons et basse continue, pour être chan-
lés depuis l'Avenl jusqu'à la Trinité, sous ce
titre : Evangelischen Seelen-Gedanken (Pen-
sées de l'âme évangélique); Stuttgart, 1681,
in-4°. On connaît aussi sous son nom :
1° Recens fabricatus labor, oder die luslige
Tafel-musik, mil 3 vocal, und 4 instrumen-
tal Stimmen (Musique joyeuse de table, à trois
voix et quatre instruments); Francfort, 1686,
in-fol. 2° Livre choral avec clavecin ou orgue;
Stuttgart, 1692, in-4°. 3° Jubilum Cœleste,ou
airs religieux, à deux voix de dessus et cinq
instruments; Stuttgart, 1692, in-4°. A0 Philo-
mela-Angelica, motels à deux voix et cinq in-
struments; ibid., 1693, in-4". Speer est connu
particulièrement par un traité général de mu-
sique dont la première édition a pour litre :
Grundrichtiger, kurz, leicht und nœthiger
Unterricht der musikalischen Kunst (Instruc-
tion exacte, concise, facile et nécessaire de
l'art musical); Ulm, 1687, in-8° de cent qua-
rante-quatre pages. Plus tard, il refondit en
entier cet ouvrage, et en publia une deuxième
édition intitulée : Grundrichtiger, kurz,
leicht und nœthiger, setz Wohl-vermehrter
Unterricht der musikalischen Kunst, oder
vierfaches musikalisches Kleeblatt ,tcorinnen
zu erschen, wie man fjiglich und in kurlzer
Zeit : \"Choral- und Figurai -Singen;%oDas
Clavier und Generalbass tractirèn; 3" Aller-
hand Instrumenta grei/fen und blasen
lernenkan; 4° Focaliter und Inslrumenta-
liter componiren soll lernen (Instruction
exacte, concise, facile, nécessaire et considé-
rablementaugmenléede Part musical, outrèfle
musical à quatre feuilles, par lequel on peut
apprendre en peu de temps : 1° Lechanl cho-
ral et figuré; 2° le clavecin et la basse conti-
nue; 3° toute espèce d'instruments à clavier, à
cordes et à vent; 4° à composer pour les voix et
pour les instruments); Ulm, 169", in -4° obi.
de deux cent quatre-vingt-neuf pages. La pre-
mière partie seule, concernant les éléments de
la musique, est à peu près semblable dans les
deux éditions; la seconde et la quatrième, re-
latives au clavecin, à la basse continue et à la
composition, sont absolument différentes, et la
troisième, où il est Irailé des instruments, est
enrichie, dans la seconde édition, d'un grand
nombre d'exemples qui manquent dans la pre-
mière. Le livré de Speer est une des meilleures
SPEER — SPERANZA
79
sources pour l'hisloire de la musique instru-
mentale au dix-septième siècle. Dans la
deuxième édition, il a donné ]les titres de six
recueils de compositions pour l'église qu'il se
proposait de publier, mais qui ne semblent pas
avoir été mis au jour.
SPEIDEL (Jean-Christophe), pasteur el
surintendant à Waiblingen, dans le "Wurtem-
berg, vécut au milieu du dix-huitième siècle.
Il est railleur d'un petit écrit intitulé : Un-
terwerfliche Spuren von der alten Davidi-
sclien Singhunst ?iacli ihren deutlich unter-
scheidenen Stimmen, Tœnen, Noten, Taht
und Rcpetilionem, mil eincn Exempel za
einer Probe, etc. (Recherches concernant
l'ancien art du chant de David, etc.); Stuttgart,
1740, in-4° de quarante-huit pages. L'auteur
y traite de la musique des Hébreux en sept
chapitres, et soutient l'opinion que léchant des
psaumes était à l'unisson et à l'octave. Il donne
en preuve de ses assertions sur la forme de la
mélodie, le rhylhme et la disposition des voix,
un exemple tiré du 46e psaume à quatre par-
ties, qui a été rapporté par Forkel, dans le
premier volume de son Histoire de la musique
(liage 157). Tout cela n'a de fondement que
dans la tête de Speidel, assez ignorant d'ail-
leurs en ce qui concerne l'histoire de la mu-
sique.
SPEIER (Wilhelm), violoniste et compo-
siteur, fils d'un négociant de Francfort, naquit
dans cette ville en 1790. Ses maîtres de violon
furent Nenninger, à Mayence, puis Fraenzl,
et enfin Paul Thierrot, de Leipsick. Il apprit
la composition à Offenbach, chez André. Ayant
fait un voyage à Paris, il y reçut quelques le-
çons de Baillol, puis il devint élève de Spohr.
On a deSpeierenviron soixante-quinze œuvres,
dont le plus grand nombre se compose de
Lieder à voix seule avec accompagnement de
piano, ou de chants pour des choeurs d'hommes.
Dans sa musique instrumentale, on remarque
des duos pour piano et violon, fantaisies, ca-
prices, variations, quelques petites pièces pour
piano seul, el des duos pour flûte et violon.
Speier vivait encore à Francfort en 1856, et y
jouissait d'une certaine autorité musicale.
SPEIER f'oyez SPEYER.
SPENCER (Jean), ecclésiastique anglais,
né à Boclon, dans le comté de Kent, en 1630,
fit ses études à l'université de Cambridge, et
fut successivement recteur à Lundbeach ,
archidiacre à Sudbury et diacre de l'église
d'Ely. Il mourut à Cambridge, le27 mai 1695.
La première édition de son livre intitulé : De
Legibus Hebrœorum ritualibus cl earum ra-
lionibus libri très, parut à Cambridge, 1685.
On en a fait d'autres bonnes éditions à La
Haye, 1686, deux volumes in-4°, et à Leipsick,
1705, deux volumes in-4°. Spencer y a traité
de l'usage de la musique dans la célébration
de l'office divin chez les Hébreux (chapitre IIIe
du quatrième livre). Ce chapitre a été inséré
par Ugolini dans son Trésor des antiquités
sacrées (tome XXXII, pages 556-570).
SPENCER (Sarah). Sous ce nom d'une
dame inconnue, on a publié un livre élémen-
taire intitulé : An Introduction to Harmony
(Introduction à l'harmonie); Londres, 1810.
SPENCER (Charles), professeur de piano
et de chant à Londres, naquit dans cette ville,
en 1797, et y vivait en 1855. On a de lui un
livre intitulé : Eléments of pructical Music ;
Londres, 1829, in-8°.
SPENGLER (Lazare), né le 13 mars
1479, à Nuremberg, mourut dans la même
ville, le 7 septembre 1534. Il est compté parmi
les premiers compositeurs de mélodies des
livres chorals de l'Église réformée.
SPERANZA (Alexandre), abbé napoli-
tain, né à Palma, dans le diocèse de Nola, en
1728, fil ses études musicales au Conservatoire
de San-Onofrio, sous la direction de Durante,
puis il entra dans les ordres, et fut maîlre de
chapelle de plusieurs maisons religieuses de
Naples. Aussi bon maître de chant que de
contrepoint, il a formé des élèves distingués
au nombre desquels sont Zingarelli etSelvaggi.
L'abbé Speranza mourut à Naples, le 17 no-
vembre 1797. On trouve de sa composition
dans la bibliothèque du Conservatoire de
Naples : 1° Christus et Miserere, à quatre
voix avec basse continue. 2°LaPassion d'après
saintMathieu,à quatre voix et basse continue.
5° La Passion d'après saint Jean, idem. 4" Le-
çons pour le samedi saint, idem. 5° Solfèges
pour soprano el basse.
SPERANZA (Antoine), compositeur dra-
matique, né dans le Piémont, vers 1816, fit
ses éludes musicales au collège San Pietro à
Majella, de Naples. Son début dans la carrière
de compositeur eut lieu au mois de décembre
1836, au théâtre Nuovo, par l'opéra Gianni
di Parigi, dont le succès eut peu d'éclat, et
qui ne réussit pas mieux à Gênes, dans l'année
suivante. / due Figaro, opéra joué à Naples,
en 1838, obtint ensuite les honneurs de la re-
présentation sur la plupart des théâtres de
l'Italie, et même en Espagne et en Russie,
mais avec des chances diverses de succès et de
chutes. En 1840, Speranza écrivit à Turin
l'Aretino, qui ne réussit pas. En 1842, il
80
SPERANZA — SPETHEN
donna dans la même ville 77 Postiylione di
Lon jumeau, qui fut joué à Lucques quelques
mois après. Appelé à Florence, en 1844, il y
composa Saiïl, qui n'eut pas de succès ; puis
il alla écrire à Naples, en 1845, Amorasuon
di lamburo. Le dernier ouvrage de cet ar-
tiste dont j'aie connaissance est l'opéra II
Mantello, joué à Turin, en 1846.
SPER ATLS (Paul), doiïl le nom allemand
était SPRETTEN, fut un des plus anciens
compositeurs de mélodiesde cantiques du culte
réformé. Il naquit le 15 décembre 1484, de
l'ancienne famille des barons deSpretten,dans
la Souabe. Après avoir fait ses éludes en
France et en Italie, où il fut gradué docteur,
il retourna dans sa patrie. Son attachement à
la doctrine de Luther lui causa beaucoup de
persécutions; mais à la recommandation du
célèbre réformateur, le margrave Albert de
Prusse le nomma prédicateur de la cour à
Kœniçsberc;, et lui accorda plus tard d'autres
dignités ecclésiastiques. Speratus mourut à
Kœnigsberg, le 17 septembre 1554. Les an-
ciennes éditions des livres chorals renferment
beaucoup de cantiques composés par lui.
SPERDUTT (A:\gelina), surnommée LA
CELESTINA, naquit à Arpino, dans le
royaume de Naples, en 1728. Douée d'une
voix admirable, elle fut mise très-jeune sous
la direction de D. Gizzi, qui lui communiqua
son excellente méthode. A l'âge de dix-neuf
ans, elle passa en Angleterre, où son talent,
ses succès, sa beauté et la pureté de ses
mœurs charmèrent lord Oxford, qui l'épousa.
Quelques années après son mariage, elle fit
un voyage en Italie, et lors de son retour, elle
mourut à Calais, vers 17G0, à l'âge de trente-
deux ans.
SPERGER (Jean), contrebassiste de la
musique de la chambre et de la chapelle du
duc de Mecklembourg, vécut à Ludwigslust,
dans la seconde moitié du dix huitième siècle,
et s'y trouvait encore en 1800. Il a publié de
sa composition : 1° Trois quatuors pour deux
violons, alto et basse, op. 1 ; Berlin, Hummel,
1792. 2° Duos pour deux flûtes; Vienne, 1792.
3° Trios pour deux flûtes et violoncelle; ibid.
Le catalogue de 'Weslphal, de Hambourg, in-
dique plusieurs symphonies à grand orchestre
et des pièces d'harmonie en manuscrit, de cet
artiste ; le catalogue de Traeg, de Vienne, cite
aussi de lui un concerto pour violoncelle, et
six trios pour deux flûtes et violoncelle.
SPERLIN (Gaspard), facteur d'orgues à
Hambourg, vers 1720, a réparé l'orgue de
l'église de Saint Pierre de cette ville, el a
construit de nouveaux instruments à Quedlim-
bourg, Rostock el Stralsund.
SPERUNG(Otiion), antiquaire et numis-
mate, né à Bergen (Norwége), en 1634, fit ses
études aux universités deRiel et dellelmstadt.
Il exerça pendant quelque temps la profession
d'avocat à Hambourg, puis il fut professeur
d'éloquence et d'histoire à Copenhague, où il
mourut le 18 mars 1715, à l'âge de quatre-
vingt-un ans. Au nombre des ouvrages de
ce savant, on trouve une dissertation inti-
tulée : De numo Furix Sabinx Tranquillinx
Aug. Imp. Gordiani III uxoris; Amster-
dam, 1688, in-8°. Sperling y a rassemblé des
détails qui ne manquent pas d'intérêt concer-
nant la lyre des anciens, ainsi que sur les ri-
valités des cilharèdes et des joueurs de flûte.
SPERLING (Jean-Pierre-Gabriel ) ,
d'abord maître de philosophie et régent du
chœur à Baulzen, puis secrétaire du magistrat,
et directeur de musique, vécut au commence-
ment du dix-huitième siècle. Les ouvrages
qu'il a publiés ont pour titre : 1° Concentus
vespertinus seu Psalmi minores per annum
A voc. 2 violinis, 5 violis seu trombonis et
basso gênerait; Budissin , 1700, in-folio.
2° Principia musiez, das ist : Grundliche
Anweisung zur Musik,voie ein Musikscholar
vom anfang instruirel und nach der Ord-
nung der Kunst oder TFissensehaft der Fi-
guralmusik soll gefiïhret und gewiesen
werden (Principes de musique, ou instruction
élémentaire, etc.); ibid., 1705, in-4° obi. de
cent quarante-huit pages. 5° Porta musica,
das, ist : Eingang zur Musik, oder noth-
wendigste Griinde ivelche einem musiklie-
benden Discipelvor aller andern zur Musik
erforderlen lehre beigebraclit und an die
Hand gegeben werden miissen, durch Frag
undAntwort (Introduction à la musique, etc.);
Gœrlilz et Leipsick, 1708, in-8° de deux
feuilles.
SPETH (Balthazar), écrivain distingué de
la Bavière, fixé à Munich, est auteur d'un livre
intitulé : Die Kunst in Italien (L'art en
Italie); Munich, 1819-1823, trois volumes
in-8°. Il y traite (troisième volume, pag. 519-
451) de la musique en Italie.
SPETHEN (Jean), organiste de la cathé-
drale d'Augsbourg, vers la fin du dix-septième
siècle, naquit à Sprinshardt, dans le Haut-Pa-
lalinat. Il a élé l'éditeur d'une collection de
pièces d'orgue où l'on trouve quelques mor-
ceaux île sa composition. Ce recueil a pour
litre : Organiscli-Instrumentalischer Kunst-
Zier- und Lust-Garlen, in 10 Toccalen,
SPETHEN — SPINDLER
Si
8 Magnificat sammt darzu gehœrigen
Prxambulis, Versen und Clausulis, nebst
5 variirten Arien filr die Orgcl; Augsbourg,
1695, in-fol.
SPEUY (Henri), organiste de Dordrecht,
né en Hollande dans la seconde moitié du
seizième siècle, s'est fait connaître par un
ouvrage qui a pour litre : Psaumes de David
mis en Tabletnre sur l'instrument des Orgues
et de VEspinetle , à 2 parties , composés
par, etc.; Dordrecht, 1610, in-fol.
SPIESS(Jean-Martin), né en Bavière vers
1715, fut d'abord professeur de musique au
Gymnase de Heidelherg, directeur de musique
et organiste de l'église Saint-Pierre, de la
même ville, puis se fixa à Berne, où il était
encore en 1766. On a publié de sa composi-
tion : 1° David'* Harfenspiel in 150 Psal-
men auf 342 Liedermelodien (Le jeu de la
harpe de David, contenant cent cinquante
psaumes avec trois cent quarante-deux mélo-
dies chorales) ; Stuttgart, 1745,in-4°. ^"Geist-
liche Liebesposaune in 342 Liedermelodien
(Le trombone d'amour spirituel, contenant
trois cent quarante-deux mélodies de canti-
ques), deux parties ibid. 3° XXVI geistliche
Arien (Vingt-six airs spirituels), première
partie; Berne, 1761, in-4°.
SPIESS (Meinrad), prieur du couvent
d'Yrsée, dans la Souabe, né vers la fin du dix-
seplièmesiècle, vraisemblablement à Kempten,
en Bavière, paraît avoir fait ses vœux au cou-
ventdes Bénédictinsdecelte ville, puis il entra
à celui de Constance, et, enfin, il fut envoyé à
celui d'Yrsée, où il fut d'abord capitulaire et
sous-prieur. Il y vivait encore en 1774, dans
un âge très-avancé. Joseph-Antoine Bernabei
avait été son maître de contrepoint. Laborieux
compositeur et savant musicien, le P. Spiess
s'est fait connaître avantageusement par les
ouvrages suivants : 1° Antiphonarium Ma-
rianum, conlinens 26 Antiphonis, Aima
Redemptoris, Ave Regina, Regina Cœli,
Salve Regina, a canto vel alto solo, cum
2 violinis et organo, op. 1 ; Kempten, 1713.
2° Cithara Davidis noviter animata, hoc
est Psalmi vespertini 4 voçum, 2 violinis,
2 violis, violone et organo, op. 2; Constance,
1717, in-fol. 5° Philomela ecclesiaslica, hoc
est cantiones sacra?, a voce sola cantante et
2 viol, cum org.,op. 3; Augsbourg, 1718.
4° Cultus latrieutico-musicus , hoc est sex
Missx fest. una cum 2 Missis de Requiem,
4 voc. ord. 2 viol., 2 v. violone et organo,
op. 4; Constance, 1719. 5° Laus Dei in
Sanclis ejus, hoc est Offertoria XX de Coin-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
muni Sanctorum, a 4 voc. ord. 2 viol., 2 v.
violone et organo, op. 5 ; Mindelheim, 1723.
6° Hgperdulia musica, hoc est Litanix Lau-
rentanx de B. M. V. a 4 voc. 2 viol., 2 v. et
org., op. 6; Augsbourg, 1726. 7° Sonate XII
a 2 viol, violone et organo, op. 7 ; Augsbourg,
1734, in-fol. 8° Tractatus musicus composi-
torio practicus, dus ist : Musicalischer
Tractât, in welchen aile gute und sichere
Fondamenta zur Musicalischen Composition
aus denen ait- und neuesten besten Aulori-
bus herausgezogen, etc. (Traité pratique de
composition musicale, dans lequel toutes les
règles bonnes et sûres de la composition de la
musique, extraites des meilleurs auteurs an-
ciens et modernes, Sont rassemblées, etc.):
Augsbourg, 1745, in-fol. de deux cent vingt
pages, et onze pages de supplément. Cet ou-
vrage contient de bonnes choses, particulière-
ment dans les exemples de contrepoint et de
fugues; malheureusement, il est si mal écrit,
que Hiller dit dans l'analyse qu'il en a faite,
qu'il faudrait le traduire de l'allemand en
allemand.
SPIÎVA (André), guitariste italien, fixé à
Vienne, y a publié quelques pièces pour son
instrument, au commencement du dix-neu-
vième siècle, et une méthode intitulée: Primi
elementi per la chilarra, con testo ilaliano e
tedesco; Vienne, Arlaria.
SPIJXACCINO (François), le plus ancien
luthiste italien dont le nom soit parvenu jus-
qu'à nous. On lui doit les deux premiers livres
de tablature de luth publiés, en 1507, parOc-
tavien Petrucci [voyez ce nom). On trouve
l'éloge du luthiste au troisième feuillet du pre-
mier livre de tablature, sous ce litre : Chris-
tophorus Pierius Gigas Forosemproniensis
in laudem Franeisci Spinaccini. Il parait,
d'après cette pièce, que Spinaccino était né à
Fossombrone, vers le milieu du quinzième
siècle. Ses recueils de pièces pour le luth ont
pour titre : Intabulalura de Lauto libro
primo. On litaucinquant-sixième feuillet :/nj-
pressum Veneliis, per Octavianum Petru-
tium Forosemproniensem, 1507. On trouve au
deuxième feuillet : Régula pro illis qui canere
,nesciunt. Ces préceptes sont en latin et en ita-
lien. Ledeuxième livre des pièces deSpinaccino
est intitulé : Intabulatura de Lauto libro se-
condo.Ce livre est aussi composé de cinquante-
six feuillets; on lit au dernier : Impressum
Veneliis, etc.
SPIIVDLER (François-Stanislas), acteur
et compositeur, naquit à Augsbourg, en 1759.
Il débuta à la scène en 1782; en 1787, il était
G
82
SP1NDLER - SP1TZEDER-VI0
attaché au théâtre d'Inspruck, puis il chanta
sur ceux de Breslau, en 1795, et de Vienne, en
1797. Décrivit pour ces diverses villes plu-
sieurs opéras et mélodrames, parmi lesquels
on cite: 1° Caïn et Abel, mélodrame. 2° Lu
Mort de Balder, opéra. 3° V Amour dans
l'Ukraine, opéra-comique. 4° Pijrame et
Thisbé, mélodrame. 5° L'Homme merveil-
leux, opéra, paroles et musique. 6° Le Repen-
tir avant le crime, opéra. 7° Les Voyages de
Vendredi. Il mourut à Strasbourg, en 1820.
SPIINDLER (Fritz ou Frédéric), compo-
siteur et pianiste, est né le 24 novembre 1816,
à Wurzbach, dans la principauté de Reuss-
Lobenstein. A l'âge de dix-huit ans, il se ren-
dit à Dessau et y fit ses études musicales sous
la direction de Frédéric Schneider. Après six
années passées dans l'école de ce maitre, il se
fixa à Dresde, à l'âge de vingt-quatre ans. Une
symphonie de sa composition a été exécutée
dans les concerts de Leipsick. On a publié de
lui un certain nombre d'oeuvres pour le piano,
parmi lesquels on remarque : l°Rondeau pour
le piano, op. 1 ; Leipsick, Whistling. 2° Diver-
tissement pour piano, op. 3; ibid. 3° Daheim .'
pièce pour piano, op. 4 ; ibid. 4" Pensées mé-
lancoliques pour piano; Dresde, Paul. 5° Éludes
pour le doigter du piano, op. 9, en deux par-
ties ; Leipsick, Whistling, et un grand nombre
de morceaux de genre sous des litres allemands
plus ou moins prétentieux et dépourvus de sens.
SPIRIDIONE (Berthold), carme au mo-
nastère de Saint-Théodore, à Bamberg, et or-
ganiste célèbre, vécut dans la seconde moitié
du dix-septième siècle. Il a été connu en
France sous le nom du Grand-Carme, par sa
collection des œuvres des compositeurs de
l'école romaine. On a de lui les ouvrages sui-
vants qui sont Tort importants : 1° Neue und
bisdato umbekante Unterweisung , wie man
in kurzer Zeit nicht alleitt zu wolkommenen
Orgel und Instrumentschlagen, sonder auch
zu der Kunst der Composition gonzlich ge-
langenmaeht (Nouvelle instruction pour ap-
prendre en peu de temps non-seulement à
toucher de l'orgue et autres instruments, mais
aussi l'art de la composition) ; Bamberg, 1670,
in-fol. 2° Seconde partie du même ouvrage
sous le titre de Nova instructio pro pulsandis
organis , spinettis , manuchordiis, etc.;
Bamberg, 1071, in-fol. de douze feuilles. Cette
seconde partie contient deux cent quarante
variations sur sept thèmes , cinq petites
loccates, deux gaillardes et quatre courantes.
3" Troisième et quatrième partie du même ou-
vrage ; ibid., 1079, in-fol. 4° La cinquième
partie est intitulée: Musicalisclie Erlzgrubeit
bestehendin 10 neu erfundenen Tabellen mit
5 Stimmen (La mine de musique, etc.) ; ibid.,
1683, in-fol. Un choix de pièces tirées de ce
grand recueil a été publié à Venise, en 1691,
sous ce titre: Toccate, Ricercari e Canzoni
francesi intavolati da Eertoldo Spiridione.
5" jVusica Romana D. D. Foggix .Carissimi ' ,
Gratiani , aliorumque excellentissimorum
authorum, hactenus tribus duntaxat vocibus
decantata et 2 viol; ibid., 1665, grand in-fol.
6° Musica Theoliturgica 5 vocurn et 2 viol, z
ibid. , 1668, in-fol. Le style de Spiridione pa-
raîtrait vieux aujourd'hui; mais sa manière
large et élevée peut être encore étudiée avec
finit par les organistes qui veulent donner à
leur musique la dignité convenable.
SPITZEDER (Joseph), une des meilleures
basses comiques de la scène allemande, na-
quit à Bonn, en 1795. Il était fils d'un acteur
du théâtre de cette ville. Ses premiers essais
sur la scène se firent à Weimar. Après un
court séjour à Vienne, il se rendit à Berlin, et
y fut engagé au théâtre de Rœnigsladt. Sa
verve comique, plus encore que le mérite de
son chant, lui lit obtenir de brillants succès.
Après la mort de sa première femme, chan-
teuse médiocre, il épousa la cantatrice Schil-
ler, et se rendit avec elle à Munich ; mais peiv
de temps après son arrivée en cette ville, il
mourut, en 1832, à la suite d'une maladie dou-
loureuse.
SPITZEDER (Henriette), première
femme du précédent, naquit le 18 mars 1800,
à Dessau. Son nom de famille était Schiller.
Elle chanta d'abord au théâtre sur la f ienne,
dans la capitale de l'Autriche, puis fut engagée
au théâtre de Rœnigsladt, avec son mari. Elle
est morte à Berlin, le 30 novembre 1828.
SPITZEDER -VIO (Betty), seconde
femme de Joseph, est une des cantatrices les
plus agréables de l'Allemagne. Lubeck est in-
diqué comme le lieu de sa naissance dans le
Lexique ztniversel de musique, publié par
Schilling. Après avoir étudié l'art du chant
en Italie, elle fut attachée à l'Opéra allemand
:1c Vienne, et s'y fit une brillante réputation
par la légèreté de sa vocalisation et la grâce
de son jeu. En 1828, elle donna des représen-
tations au théâtre Rœnigstadt de Berlin, et y
eut tant de succès, qu'elle y fut engagée im-
médiatement après. Dans l'année suivante,
elle épousa Spitzeder et le suivit à Munich. En
1837, elle se relira de la scène, épousa un cer-
tain M. Maurer, et s'établit, à Vienne, comme
aubergiste.
SPOHN — SPOHR
83
SPOHN (Charles-Louis), né en 1812, à
An, près de Carlsruhe, fit ses éludes musicales
dans celte ville chez Girshach, puis se rendit à
Munich, .en 1852. De retour à Carlsruhe, en
1838, il fut nommé professeur de musique des
écoles de la ville, et directeur de la société
Cascilia et de la Liederkrunz. Tl est mort
dans celle position, au mois de mai 1857. On a
publié de sa composition des Lieder avec ac-
compagnement de piano; des quatuors à quatre
voix, des chœurs, et une méthode de chant à
l'usage des écoles, sous le litre de Sing-
schule.
SPOHPi (Louis), premier maître de cha-
pelle de l'électeur de Hesse-Cassel, compositeur
et violoniste célèbre. Plusieurs erreurs se sont
répandues dans les recueils biographiques
concernant la date et le lieu de la naissance de
Spohr; moi-même je les ai répétées dans la
première édition de la Biographie universelle
des musiciens. Gerber nous a tous égarés par
la notice qu'il a donnée de ce célèbre maître,
dans son Nouveau Lexique des musiciens (1),
dont le dernier volume parut en 1814. Il y est
dit que Spohr naquit à Seesen, dans le duché
de Brunswick, vers 1783. Schilling est plus
précis dans son Encyclopédie des sciences
musicales (2), car il dit que l'artiste vit le jour
à Seesen, en 1783; il a été copié par Gassner,
dans son Lexique universel de musique (S).
Cependant, dès 1811. Fayolle avait donné une
noticeexacle sur Louis Spohr (4), parvenu alors
à sa vingt-septième année, etavaitditqu'ilétait
né à Brunswick, le 5 avril 1784. Cet écrivain
m'inspirait si peu de confiance, à cause de la
multitude d'erreurs répandues dans son livre,
que je n'hésitai pas à suivre la tradition des
biographes allemands, et dans ma notice sur
le célèbre violoniste et compositeur, je le fis
naître à Seesen, près de Brunswick, le 5 avril
1783. J'eus tort, car cette fois Fayolle était
bien informé, ainsi que le démontre Spohr lui-
même, dans son autobiographie (5). Il nous
y apprend que son père, Charles Henri Spohr,
docteur en médecine, épousa ErnestineHenke,
fille d'un prédicateur de Brunswick, le 26 no-
vembre 1782. Je suis, dil-il, le premier fruit
de cette union, et je naquis le 5 avril 1784 .•
(1) Nettes historisch-biographisches Lexikon der Ton-
kiinslUr, t. IV, p. 2S7.
(2) Encyclopédie der gesammlen musikaiischer Wis-
senschaften, oderUniversat Lexikon der Tonkunst, t. IV,
p. 446.
(3) Univcrsal-Lexicon der Tonkunst, p. 793.
(4) Dictionnaire historique des musiciens , tome II,
page 331.
(3) Louis Spohr' s Selbslbiographie, t. I, p. î.
deux ans après, mon père se rendit à Seesen,
en qualité de médecin (1).
Les premières années de l'enfance de Spohr se
passèrent dans celte petite ville. Son père, grand
amateur de musique, jouait fort bien de la
flûte; sa mère avait aussi du talent sur le cla-
vecin. Les concerts de société qui se donnaient
chez ses parents éveillèrent bientôt en Spohr
le sentiment de l'art : ses heureuses disposi-
tions firent prendre à son père la résolution
de le livrer à la culture de la musique. Il fut
envoyé à.Brunswick pour y recevoir des leçons
de Maucourt, bon violoniste de la chapelle du
prince, de qui l'on a des quatuors et des con-
certos qui ne sont pas sans valeur. Sous la di-
rection de ce mailre, les progrès de Spohr
furent si rapides, qu'à l'âge de douze ans, il se
fit entendre à la cour dans un concerto de
violon de sa composition. Le duc de Brunswick,
qui avait été violoniste habiledans sa jeunesse,
s'intéressa au sort du jeune artiste, et l'attacha
à la musique de sa chapelle, en 1798 : Spohr
était alors âgé de quatorze ans. Trois ans après,
il devint élève de François Eck, à cette épo-
que le violoniste le plus renommé de l'Alle-
magne. Lorsqu'il eut atteint sa dix-huitième
année, Spohr obtint du duc de Brunswick une
pension pour accompagner son maître en
Russie.
Après dix-huit mois de séjour à Pélers-
bourg et à Moscou, il retourna à Brunswick et
s'y prépara, par de nouvelles études, au voyage
qu'il entreprit, en 1804, pour poser les bases
de sa réputation. Il parcourut la Saxe, la
Prusse, et se fit partout applaudir, non-seule-
ment comme virtuose violoniste, mais comme
compositeur, bien qu'il ne fût âgé que de vingt
ans. Le brillant succès qu'il obtint à Gotha, en
1805, lui procura l'offre de la place de maître
de concert à cette cour : il l'accepta, après
avoir obtenu l'autorisation de son prolecteur,
le duc de Brunswick.
Bientôt après, Spohr épousa mademoiselle
Dorothée Scheidler, fille d'un musicien et d'une
cantatrice du théâtre de Gotha, et qui était
alors considérée comme l'artiste la plus remar-
quable de l'Allemagne sur la harpe. En 1807, il
entreprit avec elle une nouvelle excursion dans
l'Allemagne méridionale. Arrivé à Vienne, il
y produisit une vive impression par le carac-
tère brillant et solide de son exécution, ainsi
que par le mérite de ses ouvrages. Dès ce mo-
ment, sa réputation grandit chaque année et
(I) « Ich wardas selteste kind dieser Elic und wurde
» am 3 April geborcn; zwei Jahre naclilier ward mein
» Valer als Pliysicus nacli Seesen versclzt. »
G.
84
spohr
s'élendil non-seulement dans loule l'Alle-
magne, mais aussi à l'étranger. En 1813, on
lui offrit, dans la capitalede l'Autriche, la place
de chef d'orchestre, ou, comme on dit au delà
du Rhin, de maître de chapelle da théâtre sur la
Vienne {an der JFien) : il l'accepta et en
remplit les fonctions pendant quatre ans. Ce
fut pour ce théâtre qu'il écrivit l'opéra de
Faust, sa première grande composition drama-
tique. Cependant, par des causes peu connues,
l'ouvrage ne fut pas représenté à Vienne
pendant le séjour qu'y fit Spohr : l'ouverture
seule y fut exécutée dans un concert, en 1815.
Il parait que les difficultés opposées par
l'administration du théâtre sur la Vienne,
pour la mise en scène de cet opéra romantique,
furent causes de la résolution que prit Spohr
de quitter la direction de l'orchestre à la fin de
1816. Ce fut seulement en 1818 que l'ouvrage
fut. joué au théâtre de Francfort : le succès
qu'il y obtint décida de son sort à Vienne, où
il fut donné quelques mois après, aux applau-
dissements du public, nonobstant le penchant
décidé de l'aristocratie viennoise, à cette épo-
que, pour la musique italienne.
Après avoir quitté la direction de la musi-
que du théâtre de Vienne, Spohr fit avec sa
femme un voyage en Italie. Arrivé à Milan, il
y donna plusieurs concerts et s'y fit applaudir, i
A Venise, il joua, au mois de février 1817, une
symphonie concertante de sa composition avec
Paganini. De là il alla à Florence, puis à
Rome, et enfin à Naples, où il joua dans une
représentation gala, en présence de la cour,
au théâtre Saint-Charles. De retour en Alle-
magne par la Suisse, il donna des concerts à
Bâle, puis à Carlsruhe, où il reçut îles propo-
sitions pour prendre la direction du théâtre de
Francfort et les fonctions de maître de cha-
pelle. Il prit possession de ces emplois dans
les premiers jours de 1818. Ce moment est
celui où l'activité de Spohr dans la composi-
tion prit son plus grand essor.
Au commencement de 1819, cet artiste dis-
tingué fit un voyage à Paris, où il ne produisit
pas autant de sensation, comme violoniste, que
sa grande réputation le lui promettait. Ce fut
alors que je le connus, et que je pus apprécier
son mérite, en lui entendant exécuter ses qua-
tuors chez Rodolphe Kreutzer. Nos premiers
entretiens datent de cette époque : nous y
soutenions des thèses très-opposées. Lui,
calme, dogmatique et sententieux, émettait
l'opinion que la forme est le mérite le plus
considérable dans l'art; moi, ardent et pas-
sionné, je mettais l'inspiration au-dessus de
toutes clioses, bien que l'art d'écrire ait été de
tout temps l'objet sérieux de mes études. C'est
dans ce séjour à Paris que Spohr entendit
pour la première fois les œuvres de Bocche-
rini, lesquelles lui inspirèrent un mépris qu'il
ne dissimulait pas, tandis que j'en admirais
les pensées naïves et spontanées. A diverses
époques, Spohr et moi nous nous sommes
rencontrés, et toujours nous nous sommes re-
trouvés dans les mêmes dissentiments sur la
valeur des œuvres musicales.
En quittant Paris, au mois d'avril 1819,
Spohr se rendit à Londres. Plus heureux dans
celle ville que dans la capitale de la France, il
y joua deux fois aux concerts de la Société phil-
harmonique et y excita la plus vive admira-
lion par son talent sur le violon, ainsi que par
ses compositions. Les journaux anglais lui
accordèrent les plus grands éloges et le repré-
sentèrent, avec une exagération manifeste,
comme le premier des violonistes de son épo-
que. Ce premier voyage de Spohr en Angle-
terre fut une des circonstances les plus heu-
reuses de sa vie. Le bruit du succès qu'il y
avait obtenu se répandit en Allemagne et y
augmenta sa renommée. En 1822, il entra au
service du duc de Hesse-Cassel en qualité de
maître de chapelle; litre qui, plus tard, fut
changé en celui de directeur général de la
chapelle électorale. Pendant une longue suite
d'années, Spohr exerça une sorte de domina-
tion en Allemagne. Il y avait peu de grandes
fêtes musicales qu'il ne fut chargé de diriger.
On le trouve remplissant celle mission à Hal-
berstadt en 1828 et 1835, à Nordhausen en
1829, à Aix-la-Chapelle en 1840, à Lucerne
en 1841, à Brunswick en 1844, à Bonn, pour
les fêles de l'inauguration de la slalue de
Beethoven, en 1845, et en plusieurs autres
lieux, à des dates antérieures ou postérieures;
par exemple, à Norwich (Angleterre), en 1839,
à Manchester en 1845. En 1852, il fut appelé
à Londres une quatrième fois pour y diriger
la mise en scène de son Faust. Il y fut chargé
aussi de la direction des concerts de la Société
philharmonique. On reconnaissait en lui le
grand musicien lorsqu'il tenait le bâton de
mesure. Il imprimait à l'exécution beaucoup
de correction et d'ensemble, mais il y avait
dans son impulsion plus d'intelligence que de
sentiment, plus de puissance rhylhmique que
de délicatesse et de coloris.
Comme fondateur d'une école de violon,
Spohr mérite de grands éloges; car on peut
dire qu'avant lui l'Allemagne ne possédait que
celle de Benda, bien inférieure à la sienne sous
SPOHR
8c
les rapports de la sonorité et du mécanisme de
l'archet. Spohr fut, à certains égards, le con-
tinuateur de son professeur Eck ; mais il alla
beaucoup plus loin que lui. Il a formé un grand
nombre d'élèves, qui tous ont été ou sont en-
core des artistes distingués. Sa manière était
large et vigoureuse; il avait une justesse satis-
faisante, même dans les plus grandes diffi-
cultés; mais il laissait désirer plus île charme
et de grâce. Spohr a exposé les principes de
son école dans un bon ouvrage qui a pour
titre : École de violon en trois parties {Vio-
linschule, in drei Ablheilùngen); Vienne,
Haslinger, 1851, un volume gr. in-4° de deux
cent cinquante pages, avec le portrait de l'au-
teur. Cet ouvrage a été accueilli avec beaucoup
de faveur par tous les violonistes de l'Europe.
Les compositions de Spohr, la plupart de
grandes dimensions, sont au nombre de près
de cent soixante. Parmi les plus importâmes,
on remarque neuf opéras, à savoir : J\°Alruna)
qui fut écrit en 1816, mais dont l'ouverture
seulement est connue; elle fut exécutée en
différentes circonstances à Frankenhausen,
Cassel et Berlin. 2° Le Duel des Amants (Der
Zweikampf mit der Geleibten), représenté à
Francfort, en 1819. 5° Faust, opéra roman-
tique en trois actes, écrit à Vienne, en 1814,
représenté pour la première fois à Francfort,
en 1818, puis dans toutes les villes de l'Alle-
magne et à Londres. 4° Zémire et Azor, re-
présenté pour la première fois à Francfort, en
1819, avec peu de succès, mais qui fut joué
ensuite à Leipsick, à Vienne, à Munich, à Cas-
sel, à Amsterdam et dans plusieurs autres
villes. 5° Jessonda, joué à Cassel, en 1823, et
qui est considéré comme le meilleur ouvrage
dramatique de son auteur; son succès a été
populaire dans toute l'Allemagne, et partout
il a été repris plusieurs fois, 6° Der Berg-
geist (l'Esprit de la montagne), représenté
pour la première fois à Cassel, en 1825.
7" L'Alchimiste, à Cassel, en 1832. %"Pielro
d'Albano, dans la même ville, en 1854, mais
qui ne réussit pas. L'ouverture seule a été
exécutée à Leipsick, à Berlin et à Vienne.
9° Les Croisés (Die Krenzfahrer), grand opéra
en trois actes, de Kotzebue, écrit en 1858,
pour le théâtre de Cassel, mais représenté seu-
lement en 1845, et à Berlin, en 1848. 10° L'Al-
lemagne délivrée (I)as befreile DeiUschlaïul),
oratorio scénique. Quatre oratorios de Spohr
sont connus : les trois premiers ont été parti-
culièrement estimés en Allemagne. Le pre-
mier a pour titre : Dis letzlen Dinge (îa Fin
de toute Chose), composé pour Vienne et exé-
cuté dans cette ville en 1820, puis dans un
grand nombre de villes en Allemagne et dans
les fêtes musicales en Hollande, en Angle-
terre, à Danlzick et à Copenhague. Le deuxième
oratorio, intitulé : Des Ileilands letzte
Stunden (les Derniers moments du Sauveur),
a été exécuté pour la première fois à Cassel,
en 18ô5. La Chute de Babylone (Der Fall
Babylons), troisième oratorio, fut écrit pour
la même ville et exécuté en 1840. Je n'ai pas
la certitude que le Jugement dernier, indiqué
par des journaux allemands comme un autre
oratorio de Spohr, ne soit pas le premier, sous
un autre titre.
Des messes solennelles, des hymnes, des
psaumes, des cantates, et des chants à quatre
voix d'hommes sans accompagnement, ou à
voix seule avec piano, font aussi partie de
l'œuvre de Spohr. Les diverses séries de sa
musique instrumentale sont plus considéra-
bles encore: on y compte dix grandes sym-
phonies : n° 1 (en mi bémol); n° 2 (en ré mi-
neur); n° ô (en ut mineur); n° 4 connu sous le
litre: Die Weiheder Tœne (la Consécration de
la musique); n° 5 (en ul mineur), écrite pour
les concerts spirituels de Vienne et exécutée
dans celte ville, en 1 838 ; n° G (en sol), connue
sous le titre de Symphonie en style histori-
que; n°7, à deux orchestres (en uf)> qui a pour
litre : L'Elément terrestre et l'élément divin
dans la.vie humaine (Irdisches und Gœllli-
ches im IVIenschenleben) ; n° 8, intitulée : Les
Quatre Saisons; nos 9 et 10 (inédiles). Indé-
pendamment des ouvertures de ses opéras,
Spohr en a écrit quatre, dont trois pour les
concerts et une pour le drame de Macbeth.
De plus, on compte dans ses œuvres instru-
mentales : trente-trois quatuors pour des in-
struments à archet ; quatre doubles quatuors
pour quatre violons, deux altos et deux vio-
loncelles ; un sextuor pour deux violons, t\oi\x
altos et deux violoncelles; sept quintettes pour
des instruments à cordes; un nonetlo pour
violon, alto, violoncelle, flûte, hautbois, cla-
rinette, cor, basson et contrebasse; un ottelio
pour violon, deux altos, violoncelle, clari-
nette, deux cors el contrebasse; quinze con-
certos de violon avec orchestre ; deux concer-
tos pour clarinette et orchestre; un quintette
pour piano, flûte, clarinette, cor et basson;
un autre quintette pour piano, deux violons,
alto et violoncelle; un septuor pour piano,
violon, violoncelle, flûte, clarinette, cor et
basson; cinq trios pour piano, violon et vio-
loncelle; trois duos pour piano cl violon;
quatre pots-pourris pour violon et orchestre;
S6
SPOHR
des sonalcs pou i- harpe cl violon; des ron-
deaux idem; «les fantaisies pour la harpe
seule; trois cahiers de morceaux de salon
pour piano, et quelques bagatelles de diffé-
rents genres. Telle est l'immense production
<lu talent de Spohr ! La France, Paris surtout,
en ignore presque l'existence. On rapporte
que ce savant artiste, ayant fait, en 1843, un
second séjour à Paris, lorsqu'il serendailà Lon-
dres, y vit quelques artistes au nombre desquels
étaient Auber, Halévy et Habeneck, et laissa
percer dans sa conversation le regret de n'être
pas connu du public français. Chacun voulut
lui persuader qu'il se trompait à cet égard, et
l'idée vint aussitôt à Habeneck de lui prouver
que ses grandes compositions étaient non-
seulement connues, mais estimées à Paris, en
faisant exécuter devant lui, par l'orchestre du
Conservatoire, sa quatrième symphonie (la
Consécration de la musique). L'orchestre se
réunit et joua cet ouvrage pour l'auteur, seul
auditeur de l'exécution. A son cnlréedans la
salle, Spohr fut accueilli par les acclamations
de tous les artistes, el tous rivalisèrent de zèle
et de talent pour rendre avec toute la perfec-
tion possible les intentions du compositeur. Ce
fut pour lui une grande jouissance; un hom-
mage si flatteur rendu par l'élite des artistes
parisiens lui causa une vive émotion. Toute-
fois, il ne faut pas s'y tromper, cet hommage
était simplement un Irait d'exquisse politesse
française. Le fait est que la symphonie avait
été plusieurs fois mise en répétition, et que,
connaissant le goût des habitués des concerts
du Conservatoire, Habeneck n'avait pas osé la
le-ir faire entendre.
A quelle cause faut-il attribuer ces préven-
tions ou celte indifférence pour l'oeuvre d'un
grand musicien? Certes, on ne peut en accuser
la légèreté de goût si souvent reprochée à la
nation française ; car si l'éducation musicale
des masses a été longtemps négligée en
France, il s'y trouve assez d'intelligence de
l'art dans une partie de la société pour com-
prendre le mérite des productions sérieuses:
rien ne le prouve mieux que l'enthousiasme
qui se manifesta partout où les œuvres gécia-
les d'Haydn, de Mozart et de Beethoven sont
rendues avec le fini nécessaire. Mais là préci-
sément se trouve l'explication de la froideur
des artistes et des amateurs français pour la
musique de Spohr: comparée à celle des trois
grands hommes qui viennent d'être nommés,
elle ne peut occuper que le second rang ; or, il
est dans la nature de l'esprit français de ne point
admettre de second ordre dans les choses qui
aspirent aux honneurs classiques. Celle nation
accepte fort bien l'usage de choses d'un mérite
inférieur lorsqu'elles sont simplement destinées
à l'amuser, pourvu qu'elles atteignent leur
but ; mais ce qui prétend à une plus haute des-
tinée doit avoir, pour lui plaire, le charme des
idées, le cachet de l'originalité ou le caractère
de la grandeur. Le pédanlisme des formes
scientifiques, lorsqu'il ne se dissimule pas sous
le patronage de ces précieuses qualités, lui est
antipathique. En Allemagne, en Angleterre,
il n'en est pas de même, ou du moins il en a
été longtemps autrement : une certaine allure
scolastique y avait autrefois bon air, el la
forme y a toujours eu de nombreux partisans.
D'ailleurs, l'usage qu'on a constamment fait
sur le Rhin el au delà de la musique sérieuse,
depuis la chapelle princière jusqu'au plus mo-
I desle salon, y fait attacher du prix à la mulli-
j plicité ainsi qu'à la variété des œuvres. On y
j aime à tout connaître, et l'autorité des noms
basés sur les ouvrages de grande dimension
y est considérable.
Ce serait à toi l qu'on se persuaderait en
France que le talent de Spohr ne se recom-
mande pas parmi grand mérite; sans parler
de la forme qui, dans tous ses ouvrages, ac-
cuse une rare intelligence et une grande ex-
périence, on y trouve les qualités individuelles
du style. Cet artiste a sa manière person-
nelle; il n'est pas copiste el ne manque pas de
mélodie; ce qui lui fait défaut, c'est le trait
inattendu, aussi bien que la conception d'un
seui jet. On sent trop le travail dans sa mu-
sii|iie, et souvent le charme en est absent.
Toutefois, bien qu'il n'ait pas possédé un de
ces génies de premier ordre qui caractérisent
une époque de l'art, c'est un grand musicien,
qui a des instants heureux, el qui manie les voix
et les instruments avec une rare dextérité.
Spohr fut marié deux fois. Sa première
femme, Dorothée Scheidler, née à Gotha, le
2 décembre 1787, fut, comme on l'a vu pré-
cédemment, une artiste fort distinguée sur la
harpe, et brilla dans les concerts donnés par
elle et son mari à Berlin, à Dresde, à Vienne,
à Munich, à Francfort et dans d'autres villes.
Elle jouait aussi du piano avec beaucoup de
talent; elle se fit souvent entendre en public
sur cet instrument, après que sa mauvaise
santé l'eut obligée à cesser de jouer de la
harpe. C'est pour elle que Spohr a écrit son
quintette pour piano et instruments à vent,
œuvre 52e. Elle mourut à Cassel, le 20 no-
vembre 1834.
La seconde femme de Spchr, née à Rudol-
SPOHR — SPONTINI
87
stadl, était aussi pianiste et s'est fait entendre
à Berlin, en 1845, et à Francfort, en 1847,
dans des compositions de son mari.
Honoré de toute l'Allemagne pour son ca-
ractère respectable, Spohr fut décoré de
l'ordre spécial du Mérite de Prusse, de celui
de la Branche Ernestine de Saxe et de l'Aigle
ronge. Il était membre correspondant de la
classe des beaux-arts de l'Académie royale de
Bruxelles, de l'Académie impériale de musique
de Vienne, des Sociétés de Sainte-Cécile, de
Rome, d'Euterpe, de Leipsick, et Néerlan-
daise, de Rotterdam, pour l'encouragement de
la musique. Spohr est décédé à Cassel, le _2
novembre 18159, à l'âge de soixante-quinze ans.
SPON (Jacques), médecin et antiquaire,
naquit à Lyon, en 1G47, vécut à Montpellier,
et lit un voyage intéressant en Orient et dans
la Grèce, dont il a publié la relation. Il mourut
à l'hôpital de Vevey, le 25 décembre 1085, à
l'âge de trente-huit ans. On a de lui un ou-
vrage intitulé : Recherches curieuses d'anti-
quités; Lyon, 1683, in -4°; Spon y a inséré
une Dissertation des cymbales, crotales et
auti-es instruments des anciens (pages 140-
158).
SPOMIOLZ (Adolphe Henri), organiste
de l'église Sainte-Marie, à lloslock, est né dans
celte ville, le 12 mars 1803. Dès son enfance,
il montra de rares dispositions pour la mu-
sique dans les concerts publics où il se fit en-
tendre; cependant la volonté de ses parents le
contraignit à négliger cet ait pour se livrer à
l'étude de la théologie. Après avoir passé les
examens, il prêcha fréquemment, et déjà il
était désigné comme pasteur, lorsqu'un dégoût
invincible pour les fonctions ecclésiastiques
lui fit abandonner tout à coup son état pour
ses instruments et ses livres de musique. Sa
première production, intitulée : Etudes carac-
téristiques pour le piano, indique du talent;
elle l'a fait connaître avantageusement, et les
ouvrages qu'il a publiés par la suite ont pro-
curé à Sponhclz la place d'organiste qu'il a
occupée jusqu'en 1851, époque de sa mort, et
lui ont acquis la sympathie de ses concitoyens.
Il s'occupait spécialement de composition pour
l'orchestre : on cite particulièrement une
symphonie en mi majeur qu'il a écrite dans
ses dernières années.
SPOASEL (Jean-Ulric), surintendant et
pasteur à Burgbernheim, dans l'électorat de
Brandebourg, naquit le 13 décembre 1721, à
Muggendorf, dans la principauté de Bayieuth,
et mourut'à Burgbernheim, le 5 janvier 1788.
Outre un très-grand nombre de sermons, et de
traités de théologie ou de commentaires sur
l'Écriture sainte, il a publie une histoire de
l'orgue (Orgelhistorie , Nuremberg, 1771,
in-8° de cent soixante-sept pages). C'est un
ouvrage médiocre.
SPO]\TI3îI (Louis Gaspard-Pacifique) (1),
comte de SAIVT'ANDREA , naquit le
14 novembre 1774, à Majolati, village situé
près de Jesi, petite ville des États romains,
dans la Marche d'Ancône. Il fut le second fils
de cultivateurs qui eurent cinq enfants : trois
de ses frères furent prêtres, et l'aîné occupa
pendant vingt-sept ans la position de curé à
Majolati. Destiné aussi au sacerdoce par ses
parents, Gaspard, dont la constitution était
délicate, fut confié à son oncle paternel, Jo-
seph Spontini, curé de la succursale de Jesi,
qui, dès l'âge de huit ans, lui fit commencer
lesétudes littéraires indispensables pour l'état
ecclésiastique; mais une circonstance impré-
vue fil connaître que telle n'était pas sa destina-
tion naturelle. Un facteur d'orgues de Reca-
nali, nommé Crudeli, avait été appelé à Jesi
pour la construction d'un instrument de celte
espèce dans l'église où l'oncle de Spontini
élait desservant. Pendant la durée de son tra-
vail, cet homme, logé chez le curé, jouait quel-
quefois d'un clavecin qu'il y avait fait trans-
porter. Ce fut une révélation pour Gaspard,
qui, toujours près de l'artiste lorsqu'il jouait
de cet instrument, l'écoutait avec une atten-
tion soutenue, et, pendant les absences de
Crudeli, essayait d'imiter ce qu'il avait en-
tendu. L'artiste eut bientôt compris qu'il y
avait, dans l'organisation de cet enfant, le
germe d'un talent qui ne tarderait pas à se
développer; il en parla au curé, qui ne par-
tagea pas son enthousiasme, et menaça son
neveu de le punir s'il ne consentait à prendre
l'habit ecclésiastique. Pour se soustraire au
châtiment qui lui était réservé, Spontini s'en-
fuit à Monte San Vito, château placé dans le
district d'Ancône, et où demeurait un frère de
sa mère, qui consentit à le recueillir, et qui,
plein de bonté pour lui, le mit sous la direction
de Q'iintiliani, maître de chapelle de ce lieu,
afin qu'il le guidât dans ses premières études
musicales.
Après une année passée dans cette situa-
tion, Spontini retourna chez son oncle Jo-
seph, qu'il affectionnait. Instruit par l'expé-
rience, son parent n'insista plus pour faire
(1) Celle notice est refaite d'après des documents
authentiques, d'après les journaux contemporains, et
d'après des notices et brochures relatives à Spontini .
comparées cl étudiées.
88
SPONTINI
de lui un prêtre et, voulant au contraire qu'il
s'occupât sérieusement de l'étude de la mu-
sique, il le confia aux soins du chanteur Ciaffo-
latli et de l'org3niste Menghini, pour qu'ils
l'instruisissent dans leur art. Plus tard, il le fit
entrer dans l'école de Bartoli, maître de la
chapelle de Jesi, d'où Spontini passa dans
celle du maître Bonanni, de la chapelle de Ma-
saccio. Préparé par ces maîtres, il fut admis
au conservatoire de la Pielà dei Turchini,
de Naples, lorsque ses parents l'envoyèrent
dans cette ville, en 1791. Sala et Tritla y fu-
rent ses maîtres de contrepoint (I) : ses pro-
grès furent rapides et hienlôt il eut le titre
de maeslrino qui répond à celui de répé-
titeur des conservatoires de France et de Bel-
gique. Ses premiers ouvrages fuient des can-
tates et des morceaux de musique d'église
qu'il allait faire exécuter dans les couvents de
Naples et des environs.
En 1796, un certain Sismondi, qui était un
des directeurs du théâtre Argentina, de
Rome, ayant entendu à Naples de la musique
de Spontini qui lui plut, l'engagea à écrire
une partition pour son théâtre, et lui proposa
de partir en secret du conservatoire et de l'ac-
compagner jusqu'à Rome, ce qui fut accepté,
parce que, à vingt deux ans, le désir le plus
vif d'un jeune compositeur est d'écrire un
opéra, et qu'on ne réfléchit guère à cet âge sur
lesconséquencesd'unedémarche inconsidérée.
L'ouvrage écrit avec rapidité par Spontini
avait pour titre I Puntigli délie donne : il eut
un brillant succès qui fil taire les rumeurs oc-
casionnées par sa fuite du conservatoire, et
Piccinni, qui se montra plein de bienveillance
en cette circonstance, fit rentrer le jeune ar-
tiste dans l'école, à son retour de Rome. Spon-
tini écrivit sons la direction de ce maître son
second opéra, intitulé l'Eroismo ridicolo, qui
fut représenté à Rome, en 1797. Il fut suivi
de II fin li) Pittore, dans la même ville, en
1798; Il Teseo riconosciuio, à Florence
(1798); l'Isola disabitata, ibid. (1798) ; Chi
pi h guarda men vede, ibid. (1798); VAmore
segreto,h Naples (1799); la Fuga in mas-
cftera, ibid. (1798); la Finla Filosofa, ibid.
(1799). Lorsque le royaume de Naples fut en-
vahi par l'armée française, après la déroute
de l'armée napolitaine, Spontini répondit à
l'appel de la cour et se rendit à Palerme, sur
(t) Plusieurs biographes ont suivi le Dictionnaire
historique des musiciens de Clioron cl l'ayolle, où il est
«lit qu'un des maures de Spontini au Conservatoire de
' Naples fut Traella, mort deux ans avant qu'il y arrivai ;
ces biographes ont confondu Tract'a avec Tritla.
le refus de Cimarosa, malade alors. Il y com-
posa les opéras I Quadri parlanli,Sofronia e
Olindo, Gli Elisi delusi, en 1800, et donna
des leçons de chant. Le dérangement de sa santé
l'obligea de quitter la Sicile, vers la fin delà
même année. En 1801, il écrivit à Rome Gli
Amanti in cimento, ossia il Geloso audace,
puis il fut appelé à Venise, .où il composa, pour
la célèbre cantatrice Morichelli, la Princi-
pessa d'Amalfi, dont le titre fut changé en
celui d'Adelina Senese, parce que, dans les
opinions de celte époque, il ne fallait plus
parler de princesses. Après ces ouvrages, il
donna dans la même ville le Metamorfosi di
Pasquali. De Venise, Spontini ramena son
père à Jesi, puis il retourna à Naples d'où il
s'embarqua pour Marseille avec une famille
dont il était devenu l'ami intime à Palerme.
Il séjourna quelque temps à Marseille, fré-
quentant les maisons de quelques banquiers et
négociants, qui lui donnèrent des lettres de
recommandation pour Barillon, Michel, Ré-
camier, et autres notabilités financières de
celte époque. Spontini arriva à Paris, en 1803 :
il y donna d'abord des leçons de chant. Je le
connus alors chez un facteur île pianos de se-
cond ordre qui demeurait rue Sainte-Avoye,
où il venait quelquefois. Il était plein de con-
fiance dans son avenir : la suite de sa carrière
prouva qu'il ne s'était pas trompé.
Un de ses premiers soins fut de faire repré-
senter au Théâtre Italien un de ses opéras
écrits en Italie : il fit choix de la Finta Filo-
sofa, qui avait été joué à Naples, en 1799. La
première représentation fut donnée au mois de
février 1804. Bien accueilli, cet opéra obtint
quelques représentations où brillèrent les ta-
lents de Nozzari et de madame Belloc. Spon-
tini fut moins heureux à l'Opéra-Comique, où
il fil représenter, vers la fin de mars de la
même année, l'opéra en un acte intitulé Julie.
Un faiseur de livrets, nommé Jars, était l'au-
teur de cette pièce dénuée d'intérêt et mal
faite. L'ouvrage tomba et disparut du réper-
loire; mais Spontini y fil faire des change-
ments, corrigea lui-même sa musique, el fit
reparaître la pièce, le 12 mars 1805, avec le
nouveau titre de Julie, ou le Pot de (leurs. Ce
l'ut alors qu'on en grava la partition, quoique
sa reprise n'eut pas été beaucoup plus heu-
reuse que sa première apparition. Quelque
peu importante que paraisse celte production
dans la carrière de l'auteur de la Vestale, elle
est néanmoins d'un grand intérêt, parce qu'en
l'absence de toutes les partitions d'opéras com-
posées par Spontini en Italie, qu'il serait dif-
SPONTINI
89
ficile de trouver aujourd'hui, elle permet de
connaître son point de départ, et d'apprécier
la prodigieuse transformation qui s'est opérée
tout à coup dans les facultés de cet homme
extraordinaire. A l'examen de la partition de
Julie, il est évident pour tout connaisseur que
le style est celui des opéras italiens écrits dans
les vingt-cinqdernièresannéesdu dix-huitième
siècle, et qu'on y trouve en abondance les
formes de la musique de Guglielmi, de Cima-
rosa et de Paisiello. Le sort peu fortuné de
Julie avait décidé Spontini à prendre une
prompte revanche dans un ouvrage plus im-
portant; il crut en avoir trouvé l'occasion dans
la Petite Maison, opéra-comique de Dieula-
foy et de Gersaint, dont le livret lui avait été
donné pour qu'il en fît la musique. La rapidité
qui s'était fait remarquer précédemment dans
ses travaux ne lui fit pas défaut dans cette cir-
constance, car les mois d'avril et de mai 1804
lui suffirent pour écrire la partition de cet ou-
vrage en trois actes, qui fut joué le 23 juin
de cette année. Malheureusement le sujet de
cette pièce était mal choisi pour celte époque,
car il présentait un tableau de mœurs licen-
cieuses en désaccord avec les idées de moralité
qui caractérisaient le temps du consulat. Dès
le premier acte, une opposition formidable se
manifesta contre la pièce (1). Elleviou, chargé
du rôle principal, ayant eu l'imprudence de
narguer le public, dans le jugement qu'il por-
tait de l'ouvrage, fit monter l'irritation du par-
terre jusqu'à la frénésie, et provoqua une des
scènes les plus tumultueuses qu'il y ait eu au
théâtre. L'ouvrage ne fut pas achevé.
L'époque où Spontini arriva à Paris était la
moins favorable pour ses débuts, car il y avait
alors parmi les musiciens français, et surtout
parmi les professeurs et élèves du conserva-
toire, une ligue sérieuse et forte contre les
compositeurs italiens et contre la musique de
leur école. Diverses circonstances avaient
amené cet état de choses. El d'abord, l'opéra-
comique avait été envahi depuis plusieurs an-
nées par Bruni, Tarchi, Délia Maria et Nicolo
lsouard, lesquels, n'ayant eu que de médiocres
succès dans leur patrie, étaient venus chercher
une meilleure Corinne à Paris, et qui, avec la
(1) Une noie manuscrite, que j'ai sous les yejx,
attribue cette opposition à une cabale du Conservatoire;
c'est une erreur, .l'étais ù la représentation, et quoique
je fusse sorti du Conservatoire depuis un an , après
avoir termine mes éludes de composition, je connaissais
tous les professeurs el la pluparl des élèves, et je ne les
aperçus pas dans celle soirée. L'opposition du Conser-
vatoire de Paris contre Spontini ne fut que trop réelle ;
mais elle se constitua un peu plus tard.
facilité traditionnelle des compositeurs de leur
école, improvisaient les partitions d'opéras, el
remplissaient une grande partie du répertoire.
D'autre pari, depuis 1801, un théâtre d'opéra
italien s'élait établi, faisant concurrence à
l'Opéra-Comiqueel même à l'Opéra. Ce théâtre
avait ses habitués qui exaltaient le mérite de
la musique italienne el dépréciaient les œuvres
des compositeurs français. Les anciennes que-
relles de la musique nationale et des Bouffons
de 1752 semblaient près de se renouveler.
Déjà Méhul avait donné le signal de l'opposi-
tion dans son opéra-comique de l'Trato, con-
sidéré alors comme une critique de la musique
italienne, à laquelle pourtant il ne ressemble
guère. Ce fut dans ces circonstances qu'arriva
Spontini : le parti des compositeurs nationaux
ne vit en lui qu'un de ces artistes ullramon-
tains dont la présence à Paris élait incommode
et nuisible. Geoffroi, dont le talent d'écrivain
et de critique brillait dans le Journal des Dé-
bats, et qui connaissait là musique par l'an-
cien opéra français, se montrait, dans ses
feuilletons, fort hostile à la musique des Ita-
liens. Son compte rendu de la représentation
de la Petite Maison ne fut pas moins désa-
gréable pour l'auteur de la musique que pour
ceux des paroles.
Peu de jours après cet échec, Spontini trouva
une large compensation dans le poème de la
Vestale, que lui remit Jouy. Ce poème, dont
Chérubini n'avait pas compris le mérite, et qu'il
avail rendu, après avoir longtemps hésité à le
mettre en musique, ce poème, dis-je, était pour
le jeune musicien la plus haute faveurqu'il pût
recevoir, car il allait lui fournir l'occasion de
mettre en évidence une puissance degénieque
lui-même ne croyait peut-être pas posséder.
Dès ce moment, une liaison intime s'établit
en Ire les deux au leurs. Elle eut pour premier ré-
sultat de les faire préluder à la mise en scène
du grand opéra par un ouvrage moins impor-
tant composé pour l'Opéra-Comique, et qui
fut représenté à la fin de décembre 1804. Cette
fois, Spontini fut plus heureux el sortit enfin de
la série de mésaventures qu'il avail éprouvées
au théâtre depuis son arrivée à Paris : Millon,
en un acte, obtint un brillant succès au théâtre
Feydeatt. En homme né pour être grand ar-
lisle, le compositeur avait tiré profil des atta-
ques de ses ennemis; son style avait pris plus
d'ampleur; sa manière avait acquis de la va-
riété, et son harmonie était devenue plus
nourrie et plus correcte. L'ouvrage, repris
plusieurs fois, a toujours élé entendu avec
plaisir, cl la traduction allemande que Spon-
co
SPONT1N1
tini en fit faire plus lard a élé jouée dans plu-
sieurs villes, notamment à Vienne, Dresde et
YVeimar.
Occupé sérieusement de sa carrière de com-
positeur dramatique, S pon tini avait abandon né
les leçons de chant. D'heureuses liaisons de so-
ciété lui avaient d'ailleurs procuré la place de
directeur de la musique de l'impérlarice Jo-
séphine, position incompatible avec celle
d'accompagnateur du théâtre. Ce fut cette po-
sition qui le fit triompher d'une multitude
d'obstacles dans l'entreprise la plus importante
de sa vie, à savoir la mise en scène de son
grand opéra la f-'estale; car il trouva dans
la bonté naturelle et active de l'impératrice
une protection sans laquelle son talent ne se-
rait peut-être pas parvenu à se faire connaître.
Il ne négligeait aucune occasion qui pouvait
fixer sur lui les regards de celle princesse déjà
disposée en sa faveur par une bienveillance
naturelle : il s'en présenta bientôt une qui lui
fut favorable. Tous les théâtres de Paris
s'étaient empressés de célébrer la gloire de
Napoléon après la victoire d'Austerlitz : à la
demande de Sponlini, Balocchi écrivit pour
lui la poésie d'une cantate intitulée l'Eccelsa
Gara, qui fut exécutée au théâtre Louvois, le
8 février 1806. Le sujet de celte cantate était
assez fade. Apollon et Minerve, descendus aux
champs Elysées, invitaient les plus célèbres
poètes de la Grèce, de Rome et de l'Italie, à
célébrer la gloire de la France ; Homère, Vir-
gile et le Tasse se disputaient cet honneur ;
mais Apollon les mettait d'accord en disant
que ce n'était pas trop de tout le Parnasse pour
chanter dignement le plus grand homme des
temps anciens et modernes; alors les muses
s'unissaient en choeur aux poètes pour chanter
des hymnes où toutes les hyperboles de la
louange étaient accumulées.
L'impératrice fut touchée de cet hommage
et des applaudissements que le public y
donna: Sponlini en fut récompensé par une
protection qui le fit triompher de la formi-
dable opposition organisée contre lui; oppo-
sition qu'il trouva à son poste lorsqu'il (il
exécuter un oratorio de sa composition dans
un des concerts spirituels donnés au théâtre
Louvois pendant la semaine sainte de l'année
1807. Les jeunes musiciens rassemblés au
parterre pendant l'exécution de cet ouvrage
mirent d'autant plus d'obstination à la trou-
bler, que les répétitions de la Vestale. étaient
commencées, et que tout annonçait la pro-
chaine mise en scène de ce grand opéra. Les
éclats de rire et les buées scandaleuses de ces
jeunes gens couvrirent la voix des chanteurs
et même la sonorité de l'orchestre, de telle
sorte, qu'il fut impossible d'apprécier le mé-
rite de la composition, et que l'exécution ne
fut pas même achevée.
Jusque-là, les ennemis de Sponlini sem-
blaient triompher parce qu'ils avaient formé
contre lui une coierie qu'ils se persuadaient
représenter l'opinion publique; erreur qu'on
voit souvent se reproduire dans les prédictions
de chutes ou de succès. Mais le jour qui de-
vait faire finir toutes ces intrigues, et mettre
en évidence la transforma lion du talent du
compositeur, approchait. Bien des difficultés
s'étaient élevées dans le sein même de l'admi-
nistration de l'Opéra. La priorité de représen-
tation avait été demandée pour la Mort
d' Adam, opéra de Lesueur, reçu depuis long-
temps, et l'empereur, à qui l'on avait appelé
d'un tour de faveur accordé à la Vestale sur
la demande de l'impératrice Joséphine, avail
décidé en faveur de l'auteur des Dardes. Ce-
pendant la partition de la Mort d'Adam ne se
trouva pas prête quand il fallut la donner au
copiste, et Sponlini sut profiler de cet incident
plus reconquérir son tour de représentation.
Les répétitions de l'ouvrage avaient com-
mencé ; mais là de nouvelles préventions
s'élevèrent, à cause de l'obscurité qui envi-
ronnait les premières pensées de l'auteur;
car cet homme, entièrement livré aux tradi-
tions de la musique italienne de son temps,
lorsqu'il était arrivé à Paris, cet homme, dis-
je, s'était tout à coup révélé à lui-même dans
ce qu'il y avait en lui d'original et de créa-
teur, et avait en quelque sorte changé de na-
ture le jour où il avait élé appelé à composer
une tragédie lyrique pour le grand opéra. Au
lieu de l'ancienne facilité qui lui avait fait im-
proviser ses opéras italiens et ses premiers
ouvrages français, il en était venu à une con-
ception profonde, mais laborieuse. Devenue
l'objet de ses méditations, l'expression forte et
vraie des sentiments dramatiques domina
toutes ses idées; mais l'inhabilude des formes
qui pouvaient réaliser cette expression était
cause que ce qui était senti avec énergie par
le compositeur ne se traduisait que d'une ma-
nière obscure dans le premier jet de sa pen-
sée. De là venait que sa vigoureuse inspira-
lion ne se présentait quelquefois que sous
l'aspect d'un travail péniblement élaboré.
C'est en cet état qu'il livrait aux copistes la
plupart des morceaux de sa Vestale. Mis à
l'étude, ces morceaux présentaient aux chan-
teurs et aux musiciens de l'orchestre de
SP0NT1NI
91
grandes difficultés; de là les sarcasmes des
exécutants mal disposés pour lui, et les bruits
défavorables à l'ouvrage qui se répandaient
de procbe en proche. Bien que Sponlini en re-
çût des impressions pénibles, il ne se laissait
point ébranler dans son sentiment intime.
Dès qu'il avait acquis la conviction des défauts
d'un morceau, il se remettait A l'œuvre, re-
voyait sa pensée primitive, l'éclaircissait, la
dégageait de son entourage hétérogène, res-
serrait les phrases ou leur donnait plus de dé-
veloppement, en améliorait le ihylbme et la
modulation, et par degrés il arrivait à la réa-
lisation du sentiment dramatique dont il était
animé. C'est ainsi que tour à tour les diverses
parties de la partition de la Vestale parvin-
rent à leur maturité. Celui qui écrit ces lignes
a été témoin oculaire de ce travail dont il sui-
vait les progrès dans l'intérieur même du
théâtre de l'Opéra; ce fut pour lui une étude
intéressante.
Les hommes du métier qui se livrèrent à
l'examen de la parlilion'de cet opéra, lors-
qu'elle fut publiée, n'en comprirent pas
d'abord le succès, parce qu'au lieu d'en saisir
le côté de l'originalité, de l'inspiration et de
l'expression sentimentale, ils s'attachèrent de
préférence au matériel de l'art d'écrire. Or, il
faut bien le dire, il y règne un certain em-
barras que tous les efforts de Sponlini n'ont
pu faire disparaître, parce que les procédés
ordinaires de l'art ne lui fournissaient pas de
moyens suffisants pour certains accents in-
times donl il avait conscience, sans en avoir
la conception parfaitement claire. Dans l'al-
lure des voix et des instruments, on trouve A
chaque instant des emprunts faits par une
partie à une autre, d'où résultent des pauvre-
tés d'unissons et d'octaves en séries d'autant
plus remarquables, que la partition est écrite
en général avec une certaine affectation de
combinaisons dans les dessins de voix et des
instruments. En divers endroits, les disso-
nances n'ont pas leur résolution normale; en-
fin, les modulations ne sont pas toujours as-
sises sur le point d'appui qui devrait faire
sentir la relation des tons qui se succèdent;
mais la concession faite de ces imperfections
de métier, que de beautés dans les accents mé-
lodiques, dramatiques, expressifs, et même
dans les effets de cette instrumentation dont
le premier aspect offre si peu de clarté! Que
de sentiments vrais et de véritable inspiration
dans l'hymne Fille du ciel, où la catastro-
phe d'un amour fatal se fait déjà pressentir;
dans ces complaintes si tendres, Helas,
l'Amour, et Licinius, je vais donc; dans
celte grande et magnifique scène, Impi-
toyables dieux! dans ce duo, Quel trouble,
quel transport! dans ce finale si énergique et
si riche d'émotions qui termine le second acte ;
dans celte prière , O des infortunés déesse
tutélaire; enfin, dans ce dernier chant,
Adieu, mes tendres sœurs! Voilà les qualités
essentielles qui émurent le public entassé
dans la vaste salle de l'Opéra, el portèrent son
enthousiasme jusqu'à l'exaltation, pendant la
première el solennelle représentation du liS dé-
cembre 1807 ; voilà ce qui a fait que ce même
ouvrage a rencontré la même sympathie chez
toutes les nations : voilà ce qui en a prolongé
le succès jusqu'à ce que les grands acteurs lui
eussent fait défaut, et que les traditions né-
cessaires à son exécution se fussent perdues.
Avec une Julia telle que madame Branchu,
une grande-prêtresse comme madame Mail-
lard, un Licinius doué de la chaleur entraî-
nante de Lainez; avec la belle el limpide voix
de Lays dans le rôle de Cinna ; enfin, avec
l'imposante figure, la diction admirable, les
gestes si nobles et les poses dramatiques de
Dérivis dans le grand-prêtre, l'effet de la
Vestale était irrésistible. Tel avait été cet
effet, que l'allention publique fut distraite par
le succès de la Vestale des grands événements
qui venaient de s'accomplir par la paix de Til-
sit, de l'invasion du Portugal par l'armée
française, et des préparatifs de la guerre d'Es-
pagne.
Le démenti donné par le succès universel de
l'œuvre de Sponlini à l'opinion de la plupart
des musiciens, ne ramena pas immédiatement
ceux-ci à des idées plus modérées sur le ta-
lent de l'auteur de la Vestale; ils se mirent au
contraire à faire de l'opposition systématique
au jugement du public, s'allachanl à démon-
trer les imperfections matérielles de l'ouvrage,
et fermant les yeux sur les beautés incontes-
tables qui font oublier ces taches pendant
l'exécution. Cependant l'époque fixée par Na-
poléon pour que l'Institut de France fil un
rapport sur les ouvrages jugés dignes des prix
décennaux, institués par son décret, était ar-
rivée, el les chefs de l'opposition se trouvaient
précisément parmi les juges du concours. La
situation étail embarrassante pour eux, car les
deux ouvrages qui, par l'éclat de leur succès,
pouvaient seuls prétendre à la distinction ac-
cordée par le gouvernement, étaient les
Bardes, de Lesueur , joués en 1804, et la
Vestale. Toutefois, les Bardes, nonobstant le
mérite d'originalité qui se faisait remarquer
9"2
SP0NT1NI
dans la partition, ne pouvaient balancer le
succès universel de l'œuvre de Spontini, ni sa
valeur réelle, au point de vue de l'effet drama-
tique. Lesueur s'était évidemment éloigné des
formes habituelles dans son ouvrage; mais sa
mélodie, son harmonie, ses modulations, cau-
saient plus d'étonnement, par leur élrangeté,
que de plaisir et d'entraînement. A vrai dire,
le succès des représentations de son opéra ne
s'était pas étendu au delà de l'enceinte «les
salles de spectacle; on n'en avait chanté les
airs ou les morceaux d'ensemble ni dans les
salons, ni dans les concerts. Enfin, après quel-
ques années, l'oubli et l'abandon avaient suc-
cédé à l'éclat des représentai ions des Bardes.
La musique de la Festale, au contraire, indé-
pendamment des effets entraînants de la
scène, conservait tons ses avantages au piano
et faisait briller les chanteurs dans les con-
certs. Comme celle des Bardes, elle avait un
caractère saisissant d'originalité; mais celle
originalité avait du charme et ne reposait pas
uniquement sur des formes insolites. Quelles
que fussent les préventions, il était impossible
que la section de musique de l'Institut de
France, chargée de prononcer entre les deux
ouvrages, ne donnât pas la préférence à celui
de Spontini. Bien qu'assez mal disposée pour
lui, elle n'avait cependant pas à son égard les
vieilles rancunes qui existaient entre elle et
Lesueur. Mébul, Gossec et Grétry, qui compo-
saient alors celle section de musique, désignè-
rent donc la Vestale pour le prix décennal
qui devait être accordé au grand opéra le plus
remarquable de cette époque, et la rédaction
du rapport, dont Mébul oui la tâche, s'ex-
prima en ces termes, consignés au Moniteur:
« Cet opéra (la Vestale) a obtenu un succès
» brillant et soutenu. Le compositeur a en
» l'avantage d'appliquer son talent à unecom-
» position intéressante cl vraiment tragique.
» Sa musique a de la verve, de l'éclat, souvent
» de la grâce. On y a constamment et avec
» raison applaudi deux grands airs d'un beau
» style et d'unehelle expression, deux chœurs
» d'un caractère religieux et louchant, et le
« finale du second acte, dont l'effet est à la
« fois tragique et agréable. Le mérite incon-
» tcslable et la supériorité du succès de la
» Vestale ne permettent pas au jury d'hésiter
» de proposer cet opéra comme digne du
» prix. » Après cette déclaration solennelle,
le pédanlismc d'école dut se taire, et l'opposi-
tion alla toujours s'affaiblissant.
Désormais Spontini tenait un rang distin-
gué parmi les compositeurs dramatiques qui
brillaient sur les théâtres de France. Son asso-
ciation avec Jouy ne fui pas moins heureuse
dans Fernand Corlez que dans la Vestale,
car cet opéra, joué pour la première fois le
28 novembre 1800, obtint aussi le pi lis bril-
lant succès. Le sujet de l'ouvrage a de l'inté-
rêt comme tout ce qui se rapporte à la décou-
verte et à la conquêlc de celte Amérique qui,
plus tard, a exercé une si grande influence sur
le sort dos populations européennes. Toutefois,
on a remarqué avec raison que l'enchaînement
des situations a été si faiblement établi par les
ailleurs du poème, que Jouy imagina, en
1810, d'intervertir l'ordre de succession des
actes, et que l'ouvrage en fut amélioré, parce
que, dans la première conception, le premier
acle, trop puissant d'intérêt et d'effet, affai-
blissait les autres. La musique, la beauté du
spectacle et le talent des acteurs, ont eu la
plus grande part dans le succès de l'ouvrage.
Sans atteindre à la hauteur de l'ensemble de
la f eslale, la partition de Fernand Corlez
renferme des beautés de premier ordre, au
point de vue de la mélodie, de l'expression et
de l'effet dramatique. Quelles (pie soient les
révolutions de goût réservées par l'avenir à la
musique de théâtre, quiconque aura le senti-
ment vrai de l'art ne pourra méconnaître le
charme répandu dans divers morceaux de
cette partition, l'originale conception de la
plupart et leur force dramatique. Le duo, Cher
Telasco, daigna m' entendre, l'hymne à trois
voix, Créateurs de ce nouveau monde, l'air,
/fêlas! elle n'est plus, l'autre air si plein
d'amour, arbitre de ma destinée, le dernier
duo, Un espoir nie reste, et enfin, l'admi-
rable scène de la révolte, qui commence parle
chœur : Quittons ces bords, se feront remar-
quer dans tous les temps par leurs beautés
beaucoup plus grandes que leurs défauts. On
peut citer encore, comme des morceaux de
grand mérite, l'ouverture, le finale du premier
acle, les airs de danse et des récitatifs d'une
grande vérité de déclamation. Le succès de
Fernand Corlez mit le sceau à la réputation
île Spontini, et lui donna dès lors une sorte
d'autorité sur les destinées de l'Opéra, laquelle
se maintint pendant plusieurs années.
La forlune semblait le conduire par la main.
Admis depuis plusieurs années dans la famille
des célèbres facteurs d'instruments Erard, où
les artistes de talent trouvaient toujours v.n
accueil bienveillant, il devint l'époux de la
fille de Jean-Baptiste Erard, nièce de Sélias-
lien. Celle union fut, pour Spontini, la source
la plus pure de son bonheur, car il trouva dans
SP0NT1NI
93
la compagne de sa vie une réunion de qua-
lités précieuses qui en firent le charme,
un esprit distingué, enfin, une bonté par-
faite qui consola l'artiste dans les chagrins
occasionnés par sa trop grande susceptibilité.
Par ses vertus, par son admirable dévoue-
ment, par l'agrément et la solidité de son
esprit, madame Spontini a toujours été l'objet
du respect et de l'affection de ceux qui l'ont
connue.
L'éclat des succès de Spontini lui fit obtenir,
en 1810, la direction de l'Opéra italien, qui
venait d'être placé au théâtre de l'Odéon, et
qui, réuni à la Comédie, sous la direction de
Duval, avait pris le nom de Théâtre de l'Im-
pératrice. Le début du nouveau directeur,
dans l'organisation du personnel chantant,
fut de bon augure, car il y réunit les deux ex-
cellents ténors Crivelli et Tacchinardi, mes-
dames Barilli et Festa, enfin, les basses Porto
et Angrisani, ainsi que Barilli, pour les rôles
de bouffe non chantant. Ce fut avec celte com-
pagnie remarquable qu'il fit entendre pour la
première fois à Paris, le Don Juan, de Mo-
zart, tel que l'a écrit l'illustre compositeur.
L'année 1811 fit honneur à l'intelligente di-
rection de Spontini ; il mit beaucoup d'activité
à varier le répertoire, donna une série de con-
certs qui furent bien accueillis, à cause des
artistes distingués qui s'y firent entendre, et
refit la plus grande partie de la Semiramide.
Plusieurs airs et morceaux d'ensemble, qu'il
écrivit pour cet ouvrage, eurent beaucoup de
succès. Malheureusement le sort de l'Opéra
italien était lié à celui du second théâtre fran-
çais, que l'administration d'Alexandre Duval
ne faisait pas prospérer. Les recettes faites
par les chanteurs servaient à combler les vides
de la caisse de la comédie ; de là des récrimi-
nations incessantes de part et d'autre. Spon -
lini ne dissimulait pas sa mauvaise humeur;
il en résulta des scènes désagréables entre les
administrateurs du Théâtre de l'Impératrice;
elles se terminèrent, en 1812, par une déci-
sion aussi injuste qu'inintelligente de M. de
Rémusat, surintendant des théâtres impé-
riaux qui, an lieu de donner un successeur à
Alexandre Duval, ôta la direction du Théâtre
italien à Spontini. En 1814, le ministre de la
maison du roi lui accorda le privilège du
Théâtre italien, en dédommagement de l'acte
arbitraire dont il avait été victime en 1812;
mais madame Catalani ayant sollicité ce pri-
vilège, et Paér s'élant uni à elle pour en faire
l'exploitation, Spontini, par des motifs qui ne
sont pas connus, prit le parti de se retirer,
moyennant une indemnité qui lui fut payée
par madame Catalani.
La chute de l'empire, en 1814, avait changé
la position de la plupart des artistes français;
quelques uns n'obtinrent pas immédiatement
les faveurs de la nouvelle cour: Spontini fut
de ce nombre, car il n'eut d'emploi ni comme
surintendant de la chapelle du roi, ni comme
directeur de la musique particulière. Lesueur
passa de la chapelle de l'empereur dans celle
du roi et en partagea la direction avec Mar-
tini, et Paër, après avoir dirigé les spectacles
et les concerts de la cour impériale, porta son
dévouement dans ceux de la royauté légitime.
De celte manière, toutes les places se trouvè-
rent remplies, et Spontini n'eut plus rien à
espérer que de son talent et de ses (ravaux
pour la scène. Néanmoins, il ne montra pas
de rancune, car il écrivit, dans l'esprit ci n nou-
vel ordre de choses, la musique de Pelage, ou
le Roi et la Paix, opéra en deux actes, qui fut
joué le 23 août 1814, et n'obtint que peu de
succès. Ainsi qu'il arrive presque toujours à
l'occasion de ces ouvrages de circonstance, ni
Jouy, ni Spontini, n'eurent d'inspiration pour
celui-là. Pour exciter la verve de ce composi-
teur, il fallait des sentiments énergiques ou
passionnés, dramatiques etscéniques; mais il
était l'homme le moins propre à chanter de
fades louanges. Sa part de travail dans les
Dieux rivaux n'eut pas plus d'importance.
Cet opéra-ballet, qu'il écrivit avec Persuis,
Berlon et Kreutzer, à l'occasion du mariage du
duc de Berry, fut représenté le 21 juin 1816,
et presque aussi vite oublié que Pelage. Mais
l'année suivante fut marquée par un véri-
table liiomple pour Spontini. Persuis venait
de remplacer Choron dans la direction de
l'Opéra; il avait à réparer les mauvais choix
d'ouvrages mis en scène par son prédécesseur,
et à faire oublier les chutes successives de la
triste Natalie, de Reicha, de la reprise de la
Pommier et le Moulin, de Lemoine, du ballet
des Sauvages, et de Roger, roi de Sicile, de
Berton. Convaincu de la nécessité d'employer
le talent de Sponlini comme la seule ressource
de l'Opéra, à cette époque, Persuis com-
mença par faire une reprise de Fernand Cor-
tez, à laquelle il donna beaucoup d'éclat et de
luxe. L'effet de l'ouvrage à la première repré-
sentation, donnée le 8 mai 1817, surpassa ce-
lui qu'il avait obtenu huit ans auparavant; ce
fut une véritable ovation pour le compositeur.
Le nouveau directeur de l'Opéra ne s'en tint
pas là ; car ayant résolu de remettre à la scène
les Danaïdes, de Saliéri, il chargea Sponlini
94
SPONTINI
d'en rajeunir la parlilion par quelques mor-
ceaux nouveaux, et l'engagea à écrire, sans
délai, la Colère d'Achille, dont le poëme
avait été reçu quelques mois auparavant, et
Olympie, dont le livret était l'ouvrage de
Briffant et de Dieulafoy. Les airs ajoutés par
Sponlini à la partition des Danaides, et sur-
tout une superbe bacchanale au troisième acte,
firent retrouver dans cet ouvrage le génie qui
avait produit la J'estale et Fernand Cortez;
on y remarqua même une main plus ferme,
une connaissance plus étendue des ressources
de l'instrumentation. Cet opéra fut joué au
mois d'octobre 1817; la beauté de la musique,
le talent admirablede madame Branchu, le jeu
intelligent et dramatique de Dérivis, la belle
voix de Nourrit père ; des ballets et divertisse-
ments pleins de mouvement, une mise en
scène très-bien entendue, et la belle décora-
tion de l'enfer, au dernier acte, procurèrent à
cet ouvrage un succès d'enthousiasme long-
temps soutenu.
Olympie, impatiemment attendue et jouée,
enfin, le 15 décembre 1819, ne réalisa pas les
espérances qu'avait données le nom du com-
positeur à ses nombreux admirateurs, et fut
pour lui-même une source de déceptions et de
chagrins. De tous les opéras qu'il avait fait re-
présenter jusqu'à celte époque; Olympie était
celui dont la conception avait été la plus labo-
rieuse. La pièce avait été mal faite par les au-
teurs; la marche en était languissante; les
situations dramatiques étaient péniblement
amenées ; les scènes, mal coupées pour îa mu-
sique, étaient en grande partie remplies par un
interminable récitatif; enfin, le compositeur
lui-même n'avait plus retrouvé, en écrivant
sa partition, la verve jeune et dramatique qui
brille dans la J'estale et dans Fernand Cor-
tez. Sombre et triste dans presque toute son
étendue, Olympie manquait de variété dans
le coloris. Les poètes avaient conservé beau-
coup de vers empruntés à la tragédie de Vol-
taire sur le même sujet, ce qui plaçait le mu-
sicien dans la nécessité de lulter à chaque
instant contre la mesure défavorable du vers
alexandrin. C'est ainsi qu'au lieu de l'air
final énergique et mouvementé qu'aurait dû
chanter Olympie, accompagnée par le chœur,
les poètes avaient terminé le rôle par un réci-
tatif sur ces vers :
Toi, l'époux d'Oljmpie, et qui ne dut pas l'être;
Toi, qui me conservas par un cruel secours;
Toi, par qui j'ai perdu les auteurs de mes jours;
Toi, qui m'a tant chérie, et pour qui ma faiblesse
Du plus fatal amour a senti la tendresse ;
Tu crois mes lâches feux de mon àme bannis :
Aprends... que je t'adore... et que je m'en punis..
Cendres deSlatira, recevez Olympie!
Ce langage peut être bon dans une tragédie;
mais cela est affreux à meltre en musique :
une scène d'opéra qui finit ainsi est nécessai-
rement sans effet. Olympie était un ouvrage
manqué, rempli de choses de ce genre. Spon-
tini avait trouvé île belles inspirations au pre-
mier acte ; mais l'opéra se refroidissait ensuite
jusqu'à la fin, et le talent de madame Branchu
ne parvint pas à ranimer l'intérêt.
Dès 1814, Sponlini avait été honoré de la
bienveillance du roi de Prusse : il composa
alors plusieurs morceaux pour la musique mi-
litaire de la garde prussienne. Lorsque Fré-
déric-Guillaume III entendit, en 1818, Fer-
nand (yortez, avec les changements faits dans
les dispositions de l'ouvrage, il en fut charmé
et prit la résolution d'attacher Sponlini à son
service. Le général de Wilzleben, premier
adjudant du roi, fut chargé de faire des pro-
positions au compositeur pour la réalisation de
ce projet; elles furent acceptées, et le contrat
fut signé au mois d'août 1819. D'après ce con-
trai, Sponlini devait partir immédiatement
après la représentation iVOlympie, qu'il es-
pérait donner à la fin du mois d'octobre; mais
les lenteurs ordinaires du service de l'Opéra
relardèrent la représentation jusqu'au 15 dé-
cembre. La saison d'hiver parut alors trop
avancée pour entreprendre le voyage de Paris
à Berlin qui, à cette époque, était long et pé-
nible : Sponlini obtint du roi de Prusse l'aulo-
risation de retarder son départ jusqu'au prin-
temps. Le compositeur employa ce délai à faire
des changements à son Olympie, et concur-
remment à jeter sur le papier les premières
idées pour un Louis IX, opéra qui avait été
demandé par le ministre de la maison du roi,
et auquel le roi Louis XVIII s'intéressait. Le
sujet plaisait à Sponlini, à cause du caractère
de saint Louis, et de l'opposition de coloris
qu'il entrevoyait entre le caractère des croisés
et celui des musulmans; mais quand vinl le
moment du départ pour Berlin , le poëme
n'était pas achevé, et le travail de celte pièce,
étant interrompu, ne fut plus repris.
Lorsque des propositions avaient été faites à
Sponlini pour l'attacher à la cour de Berlin,
l'auteur de la Festale n'accepta pas le titre
seul de maître de la chapelle royale, et de-
manda celui de directeur général de la mu-
sique, en tout ce qui tenait au service de la
cour; nonobstant l'opposition et le crédit du
comle de Briilil, intendant du théâtre royal c
SP0NTIN1
9è
«le la chapelle, ces conditions furent acceptées:
Le traitement attaché à la direction générale
de la musique fut, dit-on, fixé à dix mille écus
de Prusse (trente-sept mille cinq cents francs),
outre d'autres avantages assurés à Spontini.Sa
nouvelle position se composait de deux attri-
butions, à savoir, la charge de compositeur de
la cour, et la direction générale de la musique.
Celle-ci comprenait l'opéra et le ballet, la
musique de la chambre et les concerts, la mu-
sique militaire et la musique religieuse de la
chapelle. Jamais tant d'autorité n'avait été
donnée à un seul homme. Il est facile de com-
prendre que ce ne fut pas sans déplaisir que
les artistes allemands virent de si grandes fa-
veurs accordées à un étranger; cependant tout
ce qui dépendait immédiatement du roi, soit
dans la chapelle, soit à l'opéra, soit enfin dans
la musique militaire, se soumit au nouveau
pouvoir sans murmurer; mais une opposition
sérieuse lui fut faite par l'intendant des
théâtres, seul tout-puissant avant l'arrivée de
Spontini, et qui ne put voir sans un vif chagrin
une grande partie de son autorité passer en
d'autres mains. Déjà, avant que le maitre fût
arrivé à Berlin, l'intendantavait fait retentir la
pressesaxonnede sesdoléancesetde ses récla-
mations, sous des noms supposés. L'opposition
de ce personnage était d'autant plus redoutable
qu'il disposait des faveurs de la subvention.
Dès son entrée en fonctions, Spontini écrivit
une marche et un chant pour l'anniversaire de
la naissance du roi, exécutés leôaoûl 1820, par
un grand nombre de voix à l'unisson avec ac-
compagnement d'un corps complet de musique
militaire et des instruments à archet. L'exé-
cution de cet ouvrage fut dirigée par Spontini
lui-même, et son effet fut accueilli par des
transports d'enthousiasme : le roi, vivement
ému, témoigna au compositeur sa satisfaction
en termes affectueux (1). Déjà Spontini avait
donné aux artistes de Berlin une haute idée de
sa capacité comme directeur de musique, par
la manière dont il avait fait exécuter son opéra
t\e Fernand Cortez, le 28 juin précédent. La
délicatesse des nuances et la précision qu'il
donna à l'orchestre, ainsi qu'aux chanteurs et
aux choristes furent remarquées par tous les
spectateurs. Jamais l'Opéra de Berlin n'offrit
un ensemble aussi satisfaisant, une exécution
aussi parfaite, que sous la direction de l'auteur
de la Vestale : ses ennemis mêmes n'ont ja-
mais nié sa supériorité à cet égard.
(I) Ce chan!, devenir populaire, a élé publié sous ce
titre: Preussisclter Volksgesang mit Vollsland. tiirkisclier
Musik und d. Slreicltinstr. Berlin, Sclilesinger.
Spontini avait trouvé la Vestale montée et
au courant du répertoire du théâtre royal, à
son arrivée à Berlin : il lui tardait d'y faire
entendre son Olympie, et de prendre sa re-
vanche du peu de succès de cet ouvrage à
Paris. Il s'occupa immédiatement de le faire
traduire en allemand, et pour ce travail ingrat,
il jeta les yeux sur le célèbre écrivain humo-
riste Hoffmann qui, bon musicien, était en état
de bien appliquer les paroles à la musique.
Spontini avait reconnu la justesse de quelques
critiques faites à Paris de certains défauts de
son opéra, particulièrement dans le dernier
acte. Il fit refaire cet acte par Hoffmann sur
un plan nouveau : les flots de Champagne dont
il abreuvait son poëte triomphèrent de la pa-
resse de celui-ci. Spontini refit lui-même une
grande partie de la musique et en prépara le
succès par de nombreuses répétitions faites
avec soin. Le 14 mai 1821, l'ouvrage fut re-
présenté et bien chanté parBader, Blum, Hil-
lebrand, mesdames Milder et SchUtz. Un luxe
inaccoutumé de mise en scène, de costumes
et de décorations, ajouta au charme de l'exé-
cution, et des applaudissements unanimes fu-
rent prodigués à l'œuvre du compositeur.
Spontini triomphait de ce retour de la faveur
publique pour une partition qu'il affectionnait
peut être plus que la Vestale et que Fernand
Cortez, par cela même qu'elle lui avait coûté
plus de travail, et qu'elle avait été moins heu-
reuse à Paris.
Dans l'hiver de 1821 , il écrivit, pour les fêles
de la cour, à l'occasion de la présence dugrand-
duc Nicolas et de la grande-duchesse, son
épouse, à Berlin, l'opéra-ballelde LallaRookh,
dont le sujet avait été pris dans le poëme de
Thomas Moore. Plus lard, il se servit d'une ro-
mance, d'un petit chœur, d'une marche et de
deux airs de ballet de cet ouvrage dans son
opéra intitulé Nurmahal, ou la fête de la rose
de Cachemire, ouvrage en deux actes dont le
livret avait élé fait par M. Herklotz, d'après la
traduction allemande, très-estimée, que le bi-
bliothécaireSpicker avait faite de LallaRookh,
roman poétique de Moore. Cet opéra-ballet,
écrit en huit semaines, paroles et musique, eut
du succès et fut repris plus tard.
En 1822, Spontini usa du congé annuel sti-
pulé dans son contrat avec la cour de Prusse
pour visiter l'Italie et revoir le lieu de sa nais-
sance, où il n'avait pas été depuis vingt ans;
puis il se rendit à Paris. Le temps et ses succès
en Allemagne lui avaient fait oublier les an-
ciennes cabales de ses adversaires, et ce fut
avec un vif plaisir qu'il se retrouva dans celte
96
SPOiNTINI
grande ville, au sein de la famille à laquelle il
s'était allié et de quelques amis dévoués. Jouy
voulut profiter de son séjour à Paris et l'en-
gagea à s'occuper de son opéra les athé-
niennes, dont il avait écrit autrefois quelques
morceaux; mais nonobstant les changements
faits par M. Philarète Cliasles au poème de cet
ouvrage, en collaboration avec Jouy, jamais
la coutexlure du livret ne satisfit Spontini : le
dénoûment, en particulier, lui parut toujours
impossible et le découragea. Après sa mort,
on n'a retrouvé que quelques fragments de sa
musiquesur ce sujet. Au mois de janvier 1823,
il quitta Paris pour retourner à Berlin. Dans
le courant de 1824, le roi demanda à Spontini
un grand opéra pour fêter le mariage du prince
royal (depuis lors Frédéric Guillaume IV, roi
de Prusse). La difficulté consistait à trouver
un poème : plusieurs ouvrages allemands fu-
rent présentés au compositeur, mais aucun ne
l'ayant satisfait, il demanda au roi l'autorisa-
tion de faire venir un littérateur de Paris, ce
qui lui fil accordé. Celui qu'il avait en vue
n'ayant pu venir à Berlin, on lui envoya
Théaulon, qui, pointant, n'avait rien de prêt,
et qui même était à la recherche d'un sujet.
Spontini et lui finirent par découvrir celui
(VAlcidor dans un ancien livret d'opéra-féerie
français écrit par Rochon de Chabannes.
Théaulon se mil à l'ouvrage; mais Spontini
était rarement satisfait de ce qu'il lui appor-
tait. Il fallut souvent recommencer; l'ouvrage
n'avançait pas, et le temps s'écoulait. Enfin,
il devint évident qu'il serait impossible d'être
prêt pour le 5 octobre, date fixée pour la re-
présentation. On dut se borner à une cantate
suivie d'un ballet. Théaulon retourna à Paris,
laissant l'ouvrage seulement ébauché. Dans
son embarras, Spontini prit le parti de faire
lui-même le scénario rie la pièce ; un Français,
homme d'esprit appartenant à la société dis-
tinguée, lui vint en aide en faisant les vers, le
poète allemand Herklotz fit la traduction, et
l'opéra tVAlcidor fut représenté le 25 mai
1825, pour le mariage de la princesse Louise,
troisième fille du roi, avec le prince Frédéric
des Pays-Bas. Comme tous les sujets féeriques,
Alcidor péchait par le défaut d'intérêt dra-
matique, élément nécessaire pour le génie de
Spontini; sa musique était brillante; il s'y
trouvait de bons chœurs et un trio en canon
qui fut fort applaudi ; néanmoins c'était un
ouvrage faible comparé à ceux qui ont fait sa
gloire. Après huit représentations, il y eut
une interruption par le départ de madame
Ittilder, qui avait un congé. Alcidor fui repris
en 1829, en 1833 et en 1836, mats il n'eut
chaque fois qu'un petil nombre de représenta-
tions.
A l'occasion du couronnement de l'empereur
et de l'impératrice de Russie, la cour de Prusse
demanda au directeur général de musique un
hymne de fêle, dont il fit une composition
grandiose, exécutée le 18 janvier 1827,
et répétée le 9 mai de la même année
dans un concert. Ce fut aussi dans la même
année que Spontini fit exécuter, pour la fête
du roi, le premier acte de son opéra Agnès de
Hohenstaufen, dont Raupach avait fail le
livret. Il n'acheva cet ouvrage que deux ans
après et en refit de nouveau une grande partie
en 1837. La critique passionnée que fit Rell-
slab (voyez ce nom) du premier acte de cet ou-
vrageexcita l'indignation du composileurqui,
malheureusement, ne sut pas se contenir, et
qui se compromit par excès de sensibilité.
Rellstab, homme d'esprit plus que musicien
instruit, venait d'être chargé de la rédaction
de la Gazette de Voss, à laquelle il donna de
la popularité par le piquant de son style. Une
haine contre Spontini, dont les motifs ne sont
pas connus, la poussa à écrire de violents ar-
ticles contre ce maitre. Déjà il avait voulu
publier une brochure intitulée : Ueber die
Thealervertvaltung Sponlini's (Sur l'admi-
nistration théâtrale de Spontini), dans laquelle
il affirmait que le directeur général de la mu-
sique de la cour écartait de la scène tous les
ouvrages des compositeurs dont le talent lui
donnait de l'ombrage, et que lorsqu'il était
obligé d'en faire représenter un, il en négli-
geait la mise en scène, pour qu'il ne produisit
pas d'effet, réservant tous ses soins pour ses
propres opéras. La censure supprima cet écrit.
Le ressentiment qu'en eut Rellstab se traduisit
((ans une satire accueillie parles frères Scholt,
de Mayence, et qui parut dans le quatrième
volume de l'écrit périodique Cxcilia (p. 1 et
suiv.), sous le titre : Ans dent Nachlas eines
junger Kunstler (Extrait des papiers d'un
jeune artiste). Un peu plus lard parut, dans le
même recueil (tome VI, p. 1 et suiv.), une
nouvelle intitulée Julius, également dirigée
contre Spontini. Le nom du maitre ne parais-
sait jias dans ces libelles; mais lui-même y
était si bien peint par ses habitudes et par son
langage, que personne ne s'y trompa. Tout ce
qui pouvait blesser le cœur de l'artiste s'y
trouvait réuni et disposé avec habileté. Agnès
de Hohenstaufen fut une nouvelle occasion de
dénigrement pour les sentiments haineux «le
Rellstab : il la saisit pour attaquer le maitre
SPONTINI
97
avec violence dans la Gazelle de Foss. Dans
son amère critique, il osa mettre en doute que
l'auteur de Lalla Rookh, de Nurmahal, d'Al-
cidor et du dernier ouvrage fut celui de la
Festale et de Cortez. Blessé dans son honneur
comme dans ses sentiments d'artiste, Spontini
demanda à la justice réparation des outrages
du journaliste el de la diffamation de son ca-
ractère. Rellstab fut en effet condamné à
quelques mois de détention. Il faut le dire,
Spontini fui imprudent en celle circonstance;
car le procès qu'il fit à Rellstab donna de l'im-
portance aux attaques du journaliste. Autant
la critique savante, polie et consciencieuse est
respectable et a de portée, autant celle qui se
puise dans de mauvaises passions et emploie
les armes de la mauvaise foi est méprisée. Le
silence, le dédain sont les seules ressources de
l'artiste de mérite en bulle aux traits de celle-
ci. D'ailleurs Spontini aurait dû comprendre
queRellstab n'était pas isolé dans ses attaques,
et qu'il y avait derrière lui tout un parti d'en-
vieux dont le journaliste n'était que l'organe
responsable. Loin d'être abattu parla condam-
nation, ce parti ne devint que plus ardent à
poursuivre sa tâche de dénigrement et de ca-
lomnie. L'auteur de la Festale en vit bientôt
les effets dans une brochure piquante que
Rellstab fit paraître à Leipsick sous ce titre :
Ueber mein Ferhxltniss als Kritiker zu
Ilerrn Spontini als Componisten und Ge-
neral-Musik-Director in Berlin (Sur mes
rapports, comme critique, avec M. Spontini,
en sa qualité de compositeur et de directeur
général de musique à Berlin). En France, tout
le bruit d'une affaire de ce genre est fini en
huit jours; il n'en est pas ainsi en Allemagne :
les années se succèdent avant qu'on en ait
épuisé les commentaires. Les journaux s'occu-
pèrent de la brochure de Rellstab et l'analy-
sèrent rn raison des dispositions des rédac-
teurs. Les luttes de part et d'autre furent sans
doute bien ardentes, car l'affaire, commencée
en 1826, agitait encore Berlin en 1850, et
même longtemps après. On en a la preuve dans
la défense de Spontini que Dorn, alors direc-
teur de musique à Riga, et plus tard maître de
chapelle chargé de la direction du théâtre
royal de Berlin, publia en 18-30, sous le voile
de l'anonyme. Sa brochure avail pour litre :
Spontini in Deutschland oder unpartheiisclie
TFiirdigung seiner Leistungen wxrend
seines Jufenthalts dasselbst in der Letztcn
zehn Jahren (Spontini en Allemagne, ou ju-
gement impartial de ses travaux pendant les
dix années de son séjour dans ce pays). Le ton
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
sage et modéré de cet écrit et les connaissances
dont l'auteur y l'ail preuve produisirent une
impression favorable sur les esprits droits qui
ne se mêlent pas aux intérêts de partis, mais
n'imposèrent pas silence aux ennemis du
compositeur. Le vieux levain fermentait encore
en 183-3, lorsque Charles-Frédéric MUller de
Berlin publia un petit écrit sous le titre :
Spontini et Rellstab (Berlin, Bechlold, in-16).
L'auteur de cette brochure annonçait l'inten-
tion d'une grande impartialité : Je ne suis pas
plus l'ennemi de 31. Spontini que l'ami de
M. Rellstab, dit-il, et je veux, sans m'occuper
de ce qui est étranger à la cause, ne parler
que des faits. Malheureusement, la suite de
l'écrit ne justifie pas le début. M. Millier com-
mence par établir que Spontini est arlisle, et
que, comme tel, il ne peut se soustraire à la
critique; mais il oublie qu'autre chose est la
critique ou la diffamation. Il croit que la
vie privée seule doit être à l'abri des attaques
de la presse : mais la vie publique de l'artiste
ne doit pas être plus exposée aux fausses inter-
prétations. Ses ouvrages seuls sont justiciables
de la critique, si celle-ci a la capacité néces-
saire pour leur appréciation ; ce qui est fort
rare.
L'irritation éprouvée par Spontini de tant
de tracasseries s'augmenta malheureusement
chaque année; cette irritation fut plus tard
très-nuisible à ses intérêts. Cependant, il
étail bon, serviable, et plus généreux que ne
le sont la plupart des artistes de notre temps.
Au nombre de ses détracteurs et ennemis se-
crets se trouvaient beaucoup d'ingrats qu'il
avait protégés. C'était à lui qu'était due l'in-
stitution de la caisse de secours pour les ar-
tistes du Théâtre-Royal ; il en avait fourni les
premiers fonds, et donnait chaque année, pour
en accroître les ressources, le produit du con-
cert annuel qui était un des avantages dont il
jouissait comme en avaient joui tous les
maîtres de chapelle ses prédécesseurs. Il y
réunissait tout ce qui pouvait le rendre pro-
ductif. Beaucoup déjeunes gens qui se desti-
naient à l'art, ou qui commençaient à s'y dis-
tinguer, avaient reçu de lui des secours ou des
encouragements.
Les artistes du Théâtre-Royal de Berlin lui
furent aussi redevables de bons conseils pour
le développement et le perfectionnement de
leur talent. On sait que Pari du chant est peu
connu en Allemagne, et que les acteurs se font
plus remarquer parleur sentiment dramatique
que par la correction de leur vocalisation.
Spontini, dont l'éducation musicale avait com-
7
98
SPONTINI
mencé précisément par le chant, suivant l'an-
cienne méthode des écoles d'Italie, apprit à
madame Milder, à mademoiselle Schœtzel, à
Bader, à Blume,àtous les chanteurs qui furent
placés sous sa direction pendant vingt ans, à
poser le son, à respirer, à bien articuler le
chant, enfin à donner à leurs rôles le carac-
tère qui seul pouvait réaliser la pensée des
■compositeurs. Son orchestre, dans lequel il
avait réuni les meilleurs artistes, entre autres
Mœser, comme chef des premiers violons et
directeur de musique, les violoncellistes
Hannsmann et Ganz, Baermann pour le bas-
son, Hambuch pour le hautbois, Lenz pour le
cor, et beaucoup d'autres ; cet orchestre, dis-
je, avait appris de Sponlini l'art des nuances
délicates et d'une précision parfaite. A la tête
d'un grand orchestre et d'un chœur nom-
breux, l'auteur de la T'estale et de Cortez
était un héros. Son talent en ce genre était si
bien connu dans toute l'Allemagne, qu'il fut
souvent sollicité de prendre la direction des
fêtes musicales qui se donnaient dans diffé-
rentes villes. Au festival organisé à Halle par
Naue, directeur de musique à l'université, il
excita le plus vif enthousiasme par la chaleur
cl l'intelligence de sa direction. L'université
lui témoigna sa reconnaissance par le diplôme
de docteur en philosophie et beaux-arts. De-
puis que Sponlini s'est retiré de la direction
générale de la musique à Berlin, la décadence
dans la valeur des chanteurs et dans le fini de
l'exécution a fait voir qu'il était plus facile de
l'obliger à s'éloigner d'une position enviée que
de le remplacer.
Le premier engagement de Sponlini avec le
roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, avait
été contracté pour dix ans ; il était arrivé à son
terme le 28 mai 1830, mais il fut renouvelé
pour dix autres années. A cette occasion, le
roi lui accorda un congé pour visiter Paris
et sa famille. Il en obtint un autre, en 18-38,
lorsqu'il se présenta comme candidat pour la
place vacante à l'Académie des beaux-arts de
l'Institut, après la mort de Paër. L'engagement
qu'il prit alors de revenir à Paris lui fit obtenir
sans peine l'élection qu'il désirait. Il partit
d'abord pour l'Italie, se rendit à Jesi, et y fit
don à la ville d'une somme de trente mille
francs pour le rétablissement du monl-de-
piété, qui avait été pillé et détruit à l'époque
des conquêtes de l'armée française. Arrivé à
Rome vers le milieu de novembre, il y fut pré-
senté au pape par le cardinal Ostini,évêque de
Jesi, et s'entretint longtemps avec le Saint-
Père de la restauration de la musique d'église.
11 conçut aussi, ;i la môme époque, un plan
pour la publication d'une grande collection de
musique religieuse composée par les maîtres
anciens les plus célèbres. Le programme en
fut publié et les conditions de la souscription
répandues par les journaux; mais déjà à celle
époque, à l'exception de Baini, devenu vieux
et uniquement occupé de Palestrina, il n'exis-
tait personne qui pût diriger une semblable
entreprise, et celle-ci resta à l'état de projet.
Après avoir ensuite passé quelque temps à Na-
ples, Sponlini retourna à Paris. A l'expiration
de son congé, il partit pour Berlin. La mort
du roi Frédéric-Guillaume III, au mois de
juin 1840, fut pour lui la cause d'un profond
chagrin. Le 24 du même mois, les choeurs
réunis de l'Opéra, de la chapelle et des autres
institutions musicales exécutèrent, sous la di-
rection de Sponlini, dans le palais neuf, à Pols-
dam, le De Profundis, de Gluck, le Requiem,
de Mozart, et quelques morceaux choisis dans
les œuvres de Hœndel ; cette musique, par sa
beauté ainsi que par la perfection de l'exécu-
tion, produisit une profonde impression sur
le roi et sur la cour.
Le deuxième engagement de dix ans, con-
tracté par Spontini avec le feu roi était arrivé
à sa fin depuis le mois de mai 1840. Son in-
tention était de se retirer pour retourner à
Paris, suivant la promesse qu'il avait faite à
l'Académie des beaux-arts de l'Institut de
France. Le nouveau roi Frédéric - Guil-
laume IV avait l'intention de renouveler le
contrat; mais les dégoûts que faisait éprouver
à Spontini depuis quelque temps l'intendance
générale des théâtres royaux, pour ressaisir
ses anciennes attributions, lui fit prendre la
résolution de demander l'autorisation de re-
tourner en France. Le roi souscrivit à son dé-
sir ; mais il voulut que le directeur général de
sa musique conservât tous ses titres : il fixa
généreusementsa pension à lasomme annuelle
de seize mille francs. Spontini s'éloigna de
Berlin, dans le mois de juillet 1842, et se rendit
en Italie
De retour à Paris, au mois de mai 1845, il
fit des démarches auprès de l'administration
de l'Opéra pour faire reprendre ses anciens
ouvrages avec les soins et les études néces-
saires; mais il n'y trouva pas de bon vouloir.
Déjà, en 1841, il avait pu juger des mau-
vaises dispositions de cette administration
lorsque le directeur (M. Duponchel), pour sa-
tisfaire au cahier des charges qui l'obligeait à
remettre au répertoire d'anciens ouvrages, fit
choix de Fernand Cortez. Spontini lui fit of-
SPONTINI
99
frir de venir lui-même diriger les répétitions
à Paris, lui proposant en outre de substituer
au pitoyable dénoùment adopté à l'Opéra, ce-
lui qui avait été fait à Berlin, et demandant
rjue la représentation fût retardée jusqu'au
mois d'octobre, au lieu du mois d'août. Toutes
ces propositions furent repoussées par le di-
recteur de l'Opéra; alors Spontini lui fit faire
défense par huissier de jouer son ouvrage, ne
voulant pas qu'il fût mal jugé sur une reprise
sans étude et sans soins; l'affaire fut portée au
tribunal de commerce, qui donna gain «le
cause au compositeur. Sur l'appel interjeté
par le directeur, on représenta à la cour
royale que le droit accordé à un auteur de re-
tirer un ouvrage resté longtemps au réper-
toire serait un précédent fâcheux qui causerait
de grands embarras aux administrations de
théâtre; Spontini perdit son procès, et Fer-
nand Cortez fut représenté de la manière la
plus misérable. On comprend que, quelque
justes que fussent ses réclamations, il n'avait
rien à attendre d'une administration si mal
disposée. Elle lui opposait l'empire de lamode.
La mode! ce mot seul allumait la bile de l'au-
teur de la Vestale; il n'en voulait pas recon-
naître la puissance en ce qui concerne la va-
leur des ouvrages d'art. Certes, il avait raison
en ce sens, que le beau, caractérisé par ses
attributs incontestables, est de tous les temps;
«ar s'il pouvait cesser un jour d'être réelle-
ment le beau, il ne l'aurait jamais été. Mais
au théâtre, indépendamment des qualités es-
sentielles de l'ouvrage représenté, à savoir
l'inspiration et le sentiment, il y a des habi-
tudes, des conventions, des formes qui, tour
à tour, sont ou cessent d'être en usage, qu'on
finit par ne plus comprendre et qu'on ne sait
plus interpréter. N'avons nous pas vu naguère
YAlccste, de Gluck, travestie d'une manière
ridicule, faisant naître l'ennui dans la vaste
salle de l'Opéra, et appréciée à rebours du
bon sens par la presse? L'état moral des po-
pulations exerce sur les dispositions des spec-
tateurs des influences qui ne s'expliquent pas,
mais qui ne sont pas moins réelles. Aux géné-
rations fiévreuses, il faut des commotions; les
idylles, si belles, si parfaites qu'elles fussent,
ne leur donneraient que de l'ennui; or, on
sait comment se traduit l'ennui au théâtre.
Au piano, dans des concerts, dans des circon-
stances spéciales, on pourra exciter la plus
vive admiration pour des œuvres anciennes
qui ne seront pas dans les tendances du jour.
Spontini a vu lui-même un de ces élans spon-
tanés de toute une assemblée lorsque, le
15 avril 1845, des fragments de sa Vestale
furent exécutés dans un des concerts du Con-
servatoire de Paris; jamais l'expression du
plaisir et de l'admiration n'alla plus loin. Ré-
cemment encore le même effet s'est produit
dans le même lieu ; mais le public des con-
certs du Conservatoire est composé d'artistes
et d'amateurs instruits qui aiment l'art sé-
rieux; ce n'est pas lui qu'on rencontre au
théâtre. L'illustre maître, me parlant de la
musique qu'il entendait à l'Opéra depuis son
retour, la qualifia de féroce; sans discuter la
justesse de l'expression, on comprend que
cette musique lui était antipathique. Il aimait
l'art noble et ne pouvait se dissimuler qu'il
rapportait ce goût en France au milieu des
penchants démocratiques dont il avait hor-
reur.
Spontini retrouvait de temps en temps des
éclairs de son ancienne gloire; c'est ainsi que
des fragments de la Vestale, exécutés dans un
festival, à Cologne, en 1847, n'y ont pas fait
naître moins d'enthousiasme que des représen-
tations du même opéra, dirigées par l'auteur,
n'en avaient excité à Dresde, en 1844. A Co-
penhague, cet ouvrage avait fait éclater des
transports d'admiration, et le roi de Danemark
avait envoyé à Spontini, en témoignage de sa
satisfaction, la décoration de l'ordre de Dane-
brog. Enfin, lorsque l'illustre compositeur vi-
sita Berlin, quelques années après sa retraite,
le roi lui fit le meilleur accueil, lui exprima la
satisfaction qu'il éprouvait de le revoir, et lui
parla du plaisir qu'il se promettait d'entendre
ses ouvrages bien exécutés.
Dans les dernières années de Spontini, des
atteintes de surdité se firent sentir et sa mé-
moire s'affaiblit. L'espoir de retrouver ses
facultés intactes et la santé sous le beau ciel
qu'il l'avait vu naître lui fit prendre la résolu-
tion de se rendre dans les États romains. Jesi
le reçut avec des honneurs qu'on n'accorde
qu'aux têtes couronnées. Il y passa quelque
temps, puis il voulut revoir le village de Ma-
jolati, berceau de son enfance. Il s'y trouvait
depuis plusieurs mois lorsque, nonobstant un
rhume dont il souffrait, et malgré les instances
de sa femme, il voulut aller à l'église: le froid
l'y saisit, la fièvre survint, et le 24 janvier
1851, il expira dans les bras de son angélique
compagne.
Jamais artiste ne fut comblé de plus d'hon-
neurs et de distinctions. Il était directeur gé-
néral de musique de la cour de Prusse; docteur
en philosophie et arts par diplôme de l'univer-
sité de Halle; membre de l'Académie des
100
SPONTINI - SPR1NG
beaux-arts de l'Institut de France ; membre
associé de la classe des beaux-aris de l'Acadé-
mie royale de Belgique, de la Société autri-
chienne des amis de la musique, de l'Académie
de Stockholm, de l'Académie de Sainte-Cécile,
de Rome, de la Société de Hollande pour les
progrès de la musique, et de plusieurs sociétés
savantes; -crée comte de Sant' Andréa par le
pape, décoré de l'ordre de Saint-Grégoire-le-
Grand, officier de la Légion d'honneur et de
l'ordre de Léopold de Belgique, chevalier de
l'ordre du Mérite de Prusse et de la troisième
classe de l'Aigle-Rouge, chevalier de l'ordre
de Danebrog de Danemark, de l'ordre de
François Ier de Naples, commandeur de l'ordre
de Hesse-Darmstadt, etc., etc.
Les notices biographiques de Spontini qui
ont été publiées sont: 1° M. Spontini, par
un homme de rien (M. Louis de Loménie);
Paris, 1841, in-12. 2° Spontini (par Edouard-
Marie OEttinger); Leipsick, 1843, in-16.
Elogio del cavalière Gaspare Spontini, conte
di S. Andréa, letto nel 26 febbrajo 1851,
neila chiesa plebale di iïlajolati da G. Igna-
zio Monlanari (avec de nombreuses notes
biographiques et des pièces authentiques);
Ancona, dalla tipographia Aureli, 1851, de
cinquante-six pages. 4" Notice historique sur
la vie et les ouvrages de M. Spontini, par
Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie des beaux-arts de l'Institut; Paris, Fir-
min Didot, 1852, in-4°.
SPOINTOI\I (Bartiiolomé) , compositeur
vénitien, vécut vers le milieu du seizième
siècle. On connaît de sa composition : 1° Ma-
drigali a cinque voci; Venise, 1504, in-4°.
Une deuxième édition du même recueil a été
publiée dans la même ville, en 158-3, in-4°.
2° Il secondo libro di Madrigali, a cinque
voci; 'MA. y 1507, in-4°. 5° Madrigali a cin-
que voci. Libro terzo; J'cnelia, app. Angelo
Gardano, 1583, in -4°. On trouve quelques
morceaux de ce musicien dans les recueils sui-
vants : 4° De' floridi virluosi d'Italia il terzo
libro de' madrigali a cinque voci nuovu-
mente composti e dati in luce; in Venezia,
pressa Giacomo Fincenti, 1586. 5° Sym-
phonia Angelica. Di diversi eccellentissimi
musici Madrigali a A, 5 et 6 voci, nuova-
mente raccolta per Huberlo Waelrant; in
Anversa, appresso Pietro Phalesio et Giov.
Bellero, 1594, in-4°. 6° Madrigali pastorali
a set voci descritti da diversi, e posti in mu-
sica da altrettanli musici; ibid., 1604, in-4°.
SPOINTOINI (Alexandre), compositeur, né
à Bologne, vers le milieu du seizième siècle,
fut maître de chapelle de la cathédrale de
Forli. Il est cité avec éloge par Cerreto, dans
sa Prattica musica. On connaît de ce musi-
cien : II primo libro de Madrigali a cinque e
sei voci; Venise, Angelo Gardano, 1585, in-4°.
Un autre compositeur du nom de Spontoni
(D. Luigi) n'est connu que par un ouvrage
intitulé : Il primo libro de Madrigali a cin-
que voci; Fenetia, app. Antonio Gardanor
1569, in-4° obi.
8POURNI, ou plutôt SPURNI (Chré-
tien), musicien allemand, né à Manheim, entra
comme contrebassiste à la Comédie italienne
de Paris, en 1763, et y resta jusqu'en 1770. Il
accepta dans cette année une place de contre-
basse au théâtre du roi, à Londres. Il passa le
reste de ses jours dans cette ville, où il pu-
blia, en 1783, six trios pour flûte, violon et
basse.
SPREI\GEL (Pierre-Natiumel), pasteur
à Grossmangelsdorff, près de Magdebourg,
naquit à Brandebourg, le 7 avril 1737, et mou-
rut le 1er avril 1814. On a de lui une descrip-
tion des arts et métiers avec beaucoup de
planches, intitulée : Handvcerhe und Kilnste
in Tabellen; Berlin, 1767-1797. Dix-huit
livraisons in-8°. La onzième partie, publiée en
1773, contient : 1° la description des clavecins
et pianos (pages 240 à 270); 2° celle de la con-
struction des violons, altos, violoncelles, luths
et harpes (pages 271 à 290) ; 3° l'art de la fac-
ture des orgues (p. 291 et suivantes).
SPRENGEL (Mathieu -Chrétien), né à
Rostock, le 24 août 1746, fit ses études à l'uni-
versité de Gœltingue, fut nommé, en 1778,
professeur extraordinaire à la faculté de phi-
losophie de cette ville, et obtint, l'année sui-
vante, la chaire d'histoire à l'université de
Halle. Il mourut le 7 janvier 1803. Au nombre
de ses ouvrages, on remarque le quarante-
septième volume de l'Histoire universelle
allemande, contenant l'histoire d'Angleterre
et d'Irlande, jusqu'au temps de la grande
charte, sous ce titre : Geschichte von Gross-
britannien; Halle, 1783, un volume in-4°.
Sprengel y traite de la musique des habitants
du pays de Galles, dans les chapitres IVe et Ve
(page 235, et pages 585-395).
SPRII\G (....), violoniste allemand, vivait
à Bonn, vers 1830. Il a publié de sa composi-
tion : 1° Fantaisie pour violon, avec quatuor;
Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. 2» Deux qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, op. 2;
Leipsick, Hofmeisler. 5° Quatuor idem;
Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 4° Ouverture à
grand orchestre; Bonn, Simrock.
SPRINGER — SSAFFI-EDD1N-ABD0LMUMIN
iûl
SPRINGER (Vincent), virtuose sur le cor
de bassette (sorte de clarinette alto courbée),
naquit à Jung-Bunzlau, près de Prague, vers
1700, Fils d'un directeur de musique, il apprit
dans sa jeunesse à jouer de la clarinette : mais
ayant fait un voyage en Hongrie, il y entendit
le cor de bassette, inventé peu de temps au-
paravant, et séduit par la qualité du son de cet
instrument, il se livra à son étude, et y acquit
une rare habileté. Vers 1782, il s'associa avec
David, autre virtuose sur le cor de bassette, et
voyagea avec lui pour donner des concerts. En
1787, il vivaitàBerlin,sans emploi, mais trois
ans après il fut engagé avec David pour la
chapelle du comte de Bentheim-Steinfurlh. Il
y a lieu de croire qu'il alla plus tard à Vienne,
où il a fait imprimer, chezSteiner, des marches
en harmonie militaire.
SPUNTONI (Charles), compositeur dra-
matique, né à Rome, vers 1760, a écrit à Flo-
rence, en 1784, le deuxième acte de l'opéra
bouffe intitulé : V Apparenza inganna. En
1790, il donna à Reggio La Liberazione di
Lilla, ballet; et l'année suivante, il fit repré-
senlre à Lugo Il Matrimonio , opéra bouffe.
SQUARCIALUPI (Antoink), ou
SCHUARCIALUPI, suivant d'anciens ma-
nuscrits cités par M. Casamorata (1), sur-
nommé ANTONIO DEGLI ORGANT, à
cause de son talent sur l'orgue, naquit à Flo-
rence, dans les dernières années du quator-
zième siècle, ou dans les premières du quin-
zième, d'une ancienne famille noble. Laurent
le Magnifique le prit à son service comme l'un
des plus fameux organistes, et peut être le plus
habile de son temps. Squarcialupi fut aussi or-
ganiste de l'église Santa Maria del Fiore, qui
est la cathédrale de Florence. Migliore, cité par
M. Casamorata (2), dit, dans sa Firenze illus-
trât a, que les étrangers venaient de toutes
parts à Florence pour avoir le plaisir d'enten-
dre cet artiste. J'ai dit, dans la première édi-
tion de cette Biographie, d'après Gérard Jean
Vossius (ô), que Squarcialupi mourut en 1430;
j'aurais dû reconnaître que cette date n'était
pas exacte, puisque Laurent le Magnifique ne
naquit qu'en 1448, et que l'église Santa Maria
del Fiore, dont Squarcialupi fut organiste, ne
fut consacrée, comme le dit M. Casamorata,
qu'en 1435. La date de la mort de l'artiste doit
être fixée au plus tôt en 1475. Le sénat de Flo-
rence honora la mémoire de l'artiste célèbre
(I) Gazeita musicale di Milano, 18i7, p. 378.
(■2) Loco cil.
(3) De unie. Math, natura et const. Cap. GO, S 14>
pag.33I.
en plaçant son buste avec une inscription ho-
norable, rapportée par Poccianti (1), et que
voici :
Mullum profeclo débet musiea Antonio Squarcialupo,
organistœ : is enim ita gratiam conjunxit, ut quartam
sibi viderentur Charités musicam adscivisse sororem.
Florenlia eivilas grati animi olh'cium rata ejus memo-
riam propagare, cujus manu saipe mortales in dulcem
admirationem adduxerat, civi suo monumenlum donavit.
Burney, qui visita Florence, en 1770, pré-
tend que le buste avait alors disparu, et qu'il
ne retrouva que l'inscription; mais M. Casa-
morata nous apprend que ce buste est encore
à sa place, à gauche, du côté septentrional de
l'église, à côté du portrait d'Arnolfo di Lapo,
premier architecte de celte église, en face de
celui de Brunellesco, architecte de la Coupole,
et de Giolto, qui construisit la tour. Le buste,
suivant Richa (IVotizie istoriche délie Chiese
di Firenze), cité par le même écrivain, serait
l'ouvrage de Benedetto da Majano, il aurait
été fait par ordre de Laurent de Médicis, qui
serait l'auteur de l'inscription. On n'a rien re-
trouvé, jusqu'à ce jour, des compositions de
cet artiste célèbre. Negri , dans son Istoria
de' Fiorentini scrittori (p. G9), dit qu'on con-
servait deson temps, dans la Bibliothèque Pa-
latine, à Florence, un manuscrit contenant de
la musique composée par Squarcialupi, ainsi
qu'un autre livre de compositions diverses à
sa louange; mais M. Casamorata, qui a re-
trouvé ce manuscrit dans la Bibliothèque Me-
dicéo-Laurentienne, sous le n° LXXXVII, a
constaté qu'il ne contient pas une note de
Squarcialupi, et que c'est un recueil de chan-
sons mises en musique par douze compositeurs
du quatorzième siècle, dont il donne les noms;
et par la description qu'il en fait, j'ai la
certitude que ce manuscrit est un double de
celui de la Bibliothèque impériale de Paris,
dont j'ai donné une ample description dans le
premier volume de la Revue musicale (Paris,
1827, p. 106-113), avec la traduction en nota-
tion moderne d'une chanson italienne à trois
voix, de Francesco Landino. Le manuscrit de
Florence a appartenu à Squarcialupi et porte
sur le premier feuillet, en grande écriture
gothique : Ouesto libro èdi Antonio Squar-
cialupi horganista in Sancta Maria del
Fiore; c'est ce qui a trompé Negri.
SSAFFI-EDDIN - ABDOLMUMIN
BEN FACHIR AL ORMEWI, surnommé
AL RAGDADI, parce qu'il était de Bagdad,
écrivain arabe sur la musique, vécut dans la
seconde moitié du treizième siècle. Son livre
(1) Calulog. Script. Florenliœ, p. 13.
102
SSAFFI-EDDIN-ABDOLMUMIN — STAD
est appelé le Traité Scherefidge parles auteurs
arabes et persans postérieurs, parce qu'il fut
écrit pour Scheref-Eddin, fils du vizir mongol
Scbemseddin. La doctrine de Ssaffi-Eddin est
basée sur la division de l'octave en dix-sept
intervalles, c'est-à-dire quinze tiers de ton
et deux demi-tons : elle est particulièrement
arithmétique. Cette doctrine a fait autorité
pour tons les théoriciens arabes depuis le qua-
torzième siècle. L'ouvrage de Ssaffi-Eddin-
Abdolmumin se trouve à la bibliothèque inr-
périale de Vienne, parmi les manuscrits orien-
taux de la collection Rzewusk, sous le n° 1 G4 .
STAAB (le P. Odon), moine bénédictin,
professeur de musique à l'université deFulde,
naquit à Fraustein, dans le Rbeingau, le
2o juillet 1745. Il est auteur d'un traité du
plain -chant intitulé : Aniveisung zum ein-
stimmigen Chorulgesang , aus der Lehre der
besten Meisler zusammengelragen (Instruc-
tion sur le chant cboral à voix seule, d'après
la doctrine des meilleurs maîtres); Fulde,
J.-Jac. Stacheb, 1799, in-8°.
STABILE (Annibal), bon compositeur de
l'école romaine, né dans la première moitié
du seizième siècle, fit ses études musicales sous
la direction de l'illustre Palcslrina. Il fut choisi
comme maître de chapelle de Saint-Jean de
Latran, au mois de septembre 1575; 'mais il
quitta cette place au mois de mai 157G, pour
prendre la même position à l'église du collège
allemand. Au mois de juillet 1576, il accepta
la place de maître de chapelle de Saint-Apol-
linaire, et le 6 février 1592, il fut appelé aux
mêmes fonctions à Sainte-Marie-Majeure. On
voit, parles registres de celle église, qu'il cessa
de les remplir en 1595 : il y a lieu de croire
que ce fut par son décès, car on ne voit plus
paraître son nom après cette époque. Stahile
a publié de sa composition : 1° Motetti a 5, 6
et 8 voci} libro primo; Venise, Gardane, 1584,
in-4°. 2° II secondo libro, idem ; ibid,, 1585,
in-4°. 5° Il terzo libro, idem; ibid., 1589,
jn-4° . 4° Madrigali a5 voci; ïhhi .,1572, in-4°.
Ladeuxième édition est de 1581, in-4°oblong.
La troisième édition a paru dans la même ville,
chez Angelo Gardano, en 1587, in-4°. 5° Il
secondo libro de' Madrigali a 5 voci; ibid.,
1584, in-4°. 6° Il terzo libro de' Madrigali
a 5 voci, novamente composti; in Fenelia,
appresso l'herede di Girolamo Scotlo, 1585,
in-4°. 7° Sacrarum modulationum, qux
qninis, senis et octonis vocibus concinuntitr,
liber secundus; Fenetiis, apud Angelum
Gardanum, 1586, in-4°. On trouve dans ce
recueil quelques madrigaux de Jean-3Iarie
Nanini. 8° Z^Yam'e a 4 voci; ibid., 1592, in-4°.
On trouve aussi des morceaux de sa compo-
sition dans les recueils dont les titres sui-
vent : 1° Dolci a/fetti] Madrigali a 5 voci di
diversi eccellentissimi musici di Borna; Ve-
nise, Alex. Gardane, 1568, in-4°. 2° Harmonia
céleste, di diversi eccellentissimi musici, a 4,
5, 6, 7 e 8 voci, etc.; Anvers,?. Phalèse, 1595,
in-4° obi. -5° Il Lauro verde, Madrigali a set
voci composti da diversi eccellentissimi
musici, etc.; Anvers, P. Phalèse, 1591, in-4°
oblong. 4° Il Trionfo di Dori descritto da
diversi e posti in musica da altreltanli au-
toria sei voci; Venise, Gardane, 1596, et An-
vers, Phalèse, 1601 et 1614, in-4°obl. 5° Pa-
radiso musicale di Madrigali e canzoni a
5 voci di diversi eccellentissimi autori; An-
vers, Phalèse, 1596, in-4° obi. Gerber a con-
fondu Annibal Stahile avec Ahnibal dePadoue.
STAHILE (François), compositeur napo-
litain du dix-neuvième siècle, a donné au
théâtre Saint-Charles : 1° Palmira, en deux
actes, le ô décembre 18Ô6. 2° Lo Sposo al
letto, opéra semi-seria, en deux actes.
STABINGERou STABIIXGHEB (Mat-
thias), musicien allemand, né vers 1750, vécut
à Paris en 1775, et se fit connaître d'abord
comme flûtiste. Il a publié dans celle ville, en
1776 : 1° Six duos pour deux flûtes, op. 1.
2° Six sonates pour deux flûtes et basse, op. 2.
Deux ans après, il se rendit à Milan, et y écrivit,
pour le théâtre de la Scala, la musique du
ballet intitulé : Calipso abbandonata, et en
1779, il donna au théâtre de la Canobbiana
les ballets la Sconfitla délie Amazoni, et te
Avventure d'Ircana. Appelé à Florence, en
1784, il y composa l'Astuzzia di Bettina,
opéra bouffe qui obtint du succès, et qui fut
joué ensuite à Gênes et â Dresde. On connaît
aussi de lui la Morte d'Arrigo, ballet repré-
senté à Bologne, 1784. Après avoir publié à
Naples un journal de musique pratique, Sta-
binger s'est fixé à Venise, où il paraît être dé-
cédé en 1815. On a gravé de sa composition en
Italie: 5° Six quatuors concertants pour flûte,
deux violons et basse, op. 4; Venise, 1792.
4° Sextuors concertants pour flûte, deux vio-
lons, basse et deux cors, op. 5; ibid., 1792.
5° Six duos pour deux flûtes, op. 7; ibid.
STAD (....), violoniste allemand, vécut à
Paris, vers 1765, et y fit imprimer six sonates
pour violon et basse, op. 1 ; Paris, Sieber. Cet
artiste fut ensuite premier violon du théâtre
de Strasbourg, puis il fit un voyage à Vienne,
en 1782, ety publia trente-sept variations pour
violon, avec accompagnement de basse.
STADE - STADELMAYER
io:
STADE (II.-B-), canlor et organiste à
Arnsladt, n'est mentionné par aucun biographe
allemand. Il paraît être né dans la Thuringe,
vers 1810. Il résulte des renseignements que
j'ai recueillis que cet artiste, homme de talent,
était, en 184", l'âme de la musique dans la
petite ville d'Arnsladt (principauté de Schwarz-
bourg-Sondershausen), et que son impulsion y
produisit de remarquables résultats. Le 25 juin
1840, il donna un concert d'orgue à Weissen-
fels et y fit admirer son habileté, particulière-
ment sur le clavier de pédale, ainsi que le style
d'une grande sonate d'orgue de sa composi-
tion. On a de cet organiste distingué un
ouvrage intitulé : Der Wohlvorbereitete
Organist, ein Prxludien- , choral- und
Postludienbuch, etc. (L'organiste bien in-
struit, livre de préludes, de chorals et de con-
clusions, etc.); deux volumes in-4°; Sonders-
hausen, Enpel. Cet ouvrage est l'œuvre 5e de
l'auteur.
STADE (Frédéric-Guillaume), né à Halle,
en 1817, fut destiné par ses parents à l'élude
de la théologie et suivit les cours du collège;
mais douéd'heureuses dispositions pour la mu-
sique, il se livra plus tard exclusivement à la
culture de cet art, et se rendit à Dessau, où il
étudia l'harmonie et le contrepoint, sous la
direction de Frédéric Schneider. Sorti de chez
ce maître après trois ans d'études, il accepta
la place de directeur de musique de la troupe
d'opéra-comique de Belhmann, qui donnait
alternativement des représentations à Dessau
et à Halle. Stade remplit ces fonctions pendant
deux ans, puis il fut appelé à Jéna, en qualité
de directeur de musique de l'université. Dans
cette positionnes travaux prirent un caractère
plus sérieux : il dirigea plusieurs sociétés de
chant, s'occupa spécialement du chant choral,
écrivit des cantates de fête avec orchestre, des
symphonies, qui furent exécutées à Jéna, en
1846 et 1847, l'ouverture de la Fiancée de
Messine, des Liederh voix seule, avec accom-
pagnement de piano et des recueils de chants
pour des voix d'hommes. Stade se fit aussi
connaître comme pianiste à Jéna et publia
quelques petites pièces pour cet instrument.
En 1842, il dirigea la fêle musicale d'Arnsladt.
L'université de Jéna lui a conféré le doctorat
en philosophie et beaux-arts. En 1860, Stade
a été nommé organiste de la cour et maître de
concert à Altenbourg.
STADELMAYER ou STADLMAYEIl
(Jean), né à Freising, en Bavière, vers 1560,
entra d'abord au service de l'archiducMaximi-
lien d'Autriche, à Grselz, puis devint maître de
chapelle de l'empereur Rodolphe, à Prague. Il
occupait encore cette position en 1612. Plus
lard, il devint maître de chapelle de l'archidu-
chesse Claudia, grande duchesse de Toscane,,
comtesse du Tyrol, et vécut à Inspruck, d'où
l'épitre dédicaloire de ses Missx brèves
est datée le 24 janvier 1641. Les ouvrages
connus de ce musicien sonl : 1° Missx oclo
vocum cum dupl. B. gêner.; Pragx, 1593,
in -fol. 2° Missx oclo vocum; Augsbourg,
Krttger, 1596, in-4°. 3° Sacrum Beatissimx
T'irginis Marias canticum, 5, 6, 7 et 8 vo-
cum; Monachii, Jdamus Berg, 1603, in-4°.
Je possède celle édition. Il y a une deuxième
édition de cet ouvrage, intitulée : Super Ma-
gnificat symphonix varixS, G, 7 et S vocum;
Œniponli , excudebat Daniel Agricola ,
1614, in-4°. 3° (bis) Missx octo vocum cum
duplici'basso ad organum; Auguslx Vinde-
licorum apud Johannem Prxtorium, 1610r
in-4°. 4U Musica super cantum gregorianum
seu missx 6 voc. cum basso gêner.; Augs-
bourg, 1612, in-4°. 5» Missx concertatx 10 et
12 vocum in 2 c/ior. distribulx ; Augsbourg,
1616. Wallher cite une autre édition de ces
messes, publiées à Augsbourg, en 1610.
6° Hymni vesperlini cum 5 voc. et inslru-
mentis; Augsbourg, 1617, in-fol. Il y a une
deuxième édition de ces hymnes. 7° Appa-
ratus musieus sacrarum cantionum a 6, 7,
8, 9, 10 et 24 voc, et inslrumentis ; Augs-
bourg, 1619, in-fol. 8° Miserere mei Deus a
4, 5, 6, 7 et 8 t-oc. cum inslrumentis ad libi-
tum; Augsbourg, 1621, in-fol. Je crois qu'il
y a une deuxième édition de ce recueil.
8° (bis) Odx sacrx Jesu Christo servatori
hominum nalo et resurgenli cantatx , a 5
vocibus et tolidem inslrumentis si placet]
Œniponli, 1638, in-4°. Je possède cet ou-
vrage. 9° Salmi a due e tre voci con due vio*
Uni o cornetti; in Inspruch appresso Michael
Wagner, 1640, in-4n.Je possède cet ouvrage.
10° Psalmus L. Davidis modis musicis com-
posilus 4, 5, 6, 7, 8 vocibus, cum seconda
choro et 6 instrumentissi placet ; Œniponti,
1646, in-4°. '\\0 Missx brèves a 4 cum una
pro defunctis et alia 5 vue. concertatx;
Œniponli; typographo Michaele IF'agnero,
1641, in-4°. Je possède cette édilion. Il y en a
une autre publiée dans la même ville, en 1660,
in-4°. 11° Psalmi vesperlini omnes cum Ma-
gnificat,et offîcio divino de Sancto Norberto.
J'ignore la date de la publication de cet ou-
vrage. 13° Psalmi integri a quatuor vocibus
concertanlibus quatuor aliis accessoriis ad
libitum cum 2 cometis sive violinis; Œni-
104
STADELMAYER - STADEN
ponti, lypis Michaelis Wagner i, 1041 , in-4°.
Je possède cet ouvrage.
STADEN (Jean), organiste et composi-
teur, naquit à Nuremberg, en 1581. On voit
par le titre d'un de ses ouvrages imprimés
qu'il était organiste de la cour de l'électeur de
Brandebourg, en 1609. De là il passa à l'église
de Saint-Laurent, dans sa ville natale, en la
même qualité; enfin, en 1018, il devint orga-
niste de Saint-Sébald, dans la même ville, et
conserva celte place jusqu'à sa mort, arrivée
en 1030. Le magistrat de Nuremberg, pour
honorer sa mémoire, fit frapper une médaille
avec son portrait et celte inscription : Hans
Stadcn xt. s. 55. Le portrait de Sladen a été
gravé in-folio et in-4°. Wallher nous apprend,
dans son Lexique de musique, que Sladen a
laissé en manuscrit un traité abrégé de la com-
position, formant deux feuilles et' demie.
Gruber (Beytrxye zur Lilteratur der Musik,
page 70), copié par Forkel, Gerber, et ceux-ci
par Lichtenlhal et F. Becker, indique cet
ouvrage comme ayant élé imprimé en 165G,
sans nom de lieu, sous ce titre : Manuductio
fur die, so im Gencralbass unerfahren. Je
doute de la réalité de cette publication, qui
aurait élé faite vingt ans après la mort de
Staden.Les compositions de ce musicien sont :
1° Teutsclie Lieder nach Art der Villanellen
mit 3, 4 und 5 Slimmen (Chansons alle-
mandes dans la forme des villanelles, à trois,
quatre et cinq voix); Nuremberg, 1006, in-4n.
2° Neive teutsche Lieder sumpt ellichen Gal-
liarden mit 4 Slimmen (Nouvelles chansons
allemandes, etc., à quatre voix); ibid., 1009,
in-4°. 3° Geistliche Gcsxng mit 3-7 Stitnmen
(Chants spirituels depuis trois jusqu'à sept
voix); ibid., 1009, in-4°. 4- L'enusKrxntzlein
ticiccr musikaltscher Gesxng, sowoltl auch
ctliche Galliarden, etc., mit 4 und 5 Slim-
men ;ib., 1611. 5° Harmonix sacrxpro festis
prxcipuis totiusanni 4, 5, 7 et 8 vocum, qui-
bus sub finem adjectx sunt aliquol novx in-
ventionis italicx cantionis 1 , 2, 5, 4 et 5 voc.
cum partilura ad organum . typis et sump-
tibns Pauli Kauffmanni, 1616, neuf parties
in-4°. 0° Jubila sancta Deo, per hymnum et
écho in ccclesia Noribergensium festum
Evangelico-Jubilxum 1 1 novemb. célébrante;
ibid., 1018. 7° Neue Paduanem, Galliarden ,
Curranlcn, Balletlen, Jntraden und Can-
zonen.etc, mit 4 und 5 Slimmen, fiirnehm-
lich von den instrumental Musicis fiiglich
zu gebrauchen (Nouvelles pavanes, gail-
lardes, courantes, ballets, entrées et chansons,
à quatre voix, etc.); ibid., 1018. 8° Conti- l
nuatio Harmoniarum sacrarum 1, 2, 4-12
vocum; ibid., 1021. 9° Harmonicx Medita-
tiones animx de amore Jesu reciproco 4 vo-
cum; ibid., 1622, in 4". 10° Hauss-Music
geistlicher Gesang, mit 4 Slimmen, ibid.,
1623. Il y a eu une deuxième édiliondece re-
cueil datée de 1646, et publiée par Michel
Rusmers, in-4°. C'est au litre de ce recueil
qu'on voit que Jean Staden élait organiste de
l'église Saint-Sébald, de Nuremberg, en 1625.
11° Erster Theil der Kirchen-Musik, enthxlt
15 geistliche Gesxnge und Psalmen auf die
furnehmsten Feste imjahrvonlbis 14 Slim-
men (Première partie de musique d'église,
contenant quinze cantiques et psaumes poul-
ies principales fêles de l'année, depuis deux
jusqu'à quatorze voix); ibid., 1625, in-4\
12° DerselbenSter Theil (Deuxième partie du
même ouvrage); ibid-, 1020, in-4°. 1û"Opus-
culum novum von Pavanen} Galliarden,
Jllcmanden, Couranten, Jntraden, l'ollen
und Canzonen samt einer Fantasia auf un-
terschiedenen Instrumentai zu gebrauchen
(Nouveau recueil de pavanes, gaillardes, alle-
mandes, etc.); ibid., 1025, in-4". 14° Her-
zentrosts-Musica geistlicher Meditationen
mit einer Stimme (Consolations de l'âme, ou
méditations spirituelles à une voix); ibid.,
1GÔ0, in-fol. 15° Harmonix variatx sacra-
rum cantionumvon 1, 2, 3-12 vocum; ibid.,
1632. Le style de Staden a de l'analogie avec
celui de Samuel Scheidt et de Schlllz; l'har-
monie en est vigoureuse et riche, mais le sys-
tème de sa modulation a quelquefois de la
dureté.
STADEN (Adam), fils de Jean Sladen, na-
quit à Nuremberg. Après avoir fait ses éludes
à Altorf, il revint dans sa ville natale, où il
enseigna la jurisprudence, et devint recteur.
Il était bon musicien et composait à plusieurs
parties. Le 25 janvier 1652, il prononça, à
l'université d'Allorf, un éloge de la musique,
qui a élé imprimé sous ce litre : 'Evxwiju'ov
fiouaîxrïç, hoc est Dissertaliuncula de digni-
tate, utilitate, et jucundilalc artis musicx;
Altorf, 1032.
STADEN (Sigismond-Théoiuiile), second
fils et élève de Jean Sladen, naquit à Nurem-
berg, en 1007. Après avoir terminé ses éludes,
il obtint, en 1035, à l'âge de vingt-huit ans,
la place d'organisle à l'église Saint-Laurent de
sa ville natale. Il l'occupa le reste de ses jours
et mourut à Nuremberg, en 1055. On a de cet
artiste un traité élémentaire de musique in-
titulé : Rudimentum musicum, dus ist :
kurze Unterwcisung des Singens, fur die
STADEN — STADLER
10c
liebe Jugend, etc. (Rudiment de musique, ou
courte instruction sur le chant, à l'usage de la
jeunesse, etc.); Nuremberg, 1636, in-8°. Une
deuxième édition a été publiée dans la même
ville, en 1648, deux feuilles in -12, et une troi-
sième en 1663. Suivant le catalogue manuscrit
des livres de musique delà Bibliothèque royale
de Berlin, l'édition de 1648 serait la troisième.
Les compositions publiées par Sladen sont :
1° Unterschiedlicher Poeten musikalische
Friedens-Gesxnge fur 3 Stimmen wid 3 Tn-
strumenten mit Generalbuss (Chants de paix
des meilleurs poètes, mis en musique à trois
voix et trois instruments avec basse continue);
Nuremberg, 1651, in- folio. 2° Grab-Lied
Frauen Sophia Margrxfin von Branden-
burg,etc. componirl (Chant funèbre, composé
sur la mort de madame Sophie, margrave -de
Brandebourg); Nuremberg, 1659, in-4". Sladen
a été aussi l'éditeur des psaumes et cantiques
à quatre voix de Léon Hassler {voyez ce nom),
publiés sous ce titre : Kirchengesxng , Psal-
men und geistliche Lieder, voji J . -L. Hassler
auf die gemeinen Melodien mit 4 Stimmen
simpliciter gesetzt, etc.; Nuremberg, 1637,
in-4". lia laisséen manuscritun livre sur l'ori-
gine, les progrès et l'état actuel (au milieu du
dix-septièmesiècle)de la musique. Gerber cite
aussi une histoire de la musique du même au-
teur, qui parait avoir été le même ouvrage.
STADLER. (l'abbé Maximilikn), né le
7 août 1748, à Mœlk, petite ville de la Basse-
Autriche, sur le Danube, était fils d'un bou-
langer qui aimait beaucoup la musique et qui
enseigna à son fils les éléments de cet art. A l'âge
de dix ans, il avait une bonne voix de soprano,
et chantait comme enfant de choeur à l'abbaye
<le Lilienfeld; déjà il jouait avec habileté de
l'orgue et du piano. Quelque temps après, il
fut envoyé à Vienne, pour faire ses éludes au
collège des Jésuites, et y remplit avec distinc-
tion les fonctions d'organiste du séminaire.
Après avoir passé ses examens de philosophie
et de théologie, il entra au couvent de béné-
dictins de Mœlk, où son mérite le fit nommer
ensuite professeur de théologie pour les no-
vices. Il en sortit dans sa vingt-quatrième an-
née, fut pendant dix ans curé d'une commune
voisine de Mœlk; puis l'empereur Joseph II,
qui avait eu occasion de l'entendre et avait
admiré son talent sur l'orgue et le piano, le
nomma, en 1786, abbé de Lilienfeld, et trois
ans après, abbé de Kremsmunsler. Nicolaï, dont
les voyages ont fourni tant de renseignements
intéressants sur beaucoup de musiciens dislin-
gués de l'Allemagne, connut Sladler, en 1786,
dans son abbaye de Lilienfeld, et le signala
comme un des organistes les plus remarqua-
bles de cette époque. Sladler avait perfec-
tionné son talent par les leçons de Conrad-
Michel Schneider. Il possédait surtout l'art
d'improviser dans le style fugué sur un thème
donné, et il avait, à cet égard, l'avantage de
mettre dans ses improvisations plus de feu et
de piquant qu'Albrechtsberger, son compa-
triote et son ami. Après s'être démis de son
litre d'abbé de Kremsmunsler, Sladler vécut
pendant douze ans dans l'indépendance à
Vienne, où il ne tarda pas à se faire remar-
quer par son double talent d'organiste et de
compositeur. La plupart des grands artistes
qui se trouvaient dans cette villedevinrenl ses
amis; parmi ceux-ci on remarque Haydn et
Mozart, qui eurent pour lui des senlimenls de
la plus tendre amitié, et pour qui il conserva
toujours de la vénération.
Ce fut l'attachement que l'abbé Sladler avait
pour la mémoire de ces grands hommes qui le
porta à sortir du silence modeste qu'il avait
gardé toule sa vie, pour prendre la défense de
Mozart dans la discussion élevée parGodefroid
Webersurla part que ce célèbre musicien a eue
dansleiief/utemqui porte son nom. Onsaitque
celle question fut soulevée dans une suite d'ar-
ticles qui parurent d'abord dans l'écrit pério-
dique Cxcilia, et qui furent réunis ensuite dans
une brochure ayant pour titre: Ergebnisseder
bisherigen Forschungeniiber die Echtheitdes
Mozartschen Requiem (Résultats des recher-
ches faites jusqu'ici sur l'authenticité (1) du
Requiem de Mozart); Mayence, 1826, in-8°.
Weber avait entrepris de démontrer, dans son
premier article, que l'ouvrage de Mozart, loin
d'êlre le chef-d'œuvre de l'auteur, comme ou
l'a souvent prétendu, était au-dessous de son
talent el de sa réputation, et il expliquait celte
infériorité en disant que Mozart n'avait laissé
qu'une esquisse plus ou moins imparfaite de
quelques morceaux, et qu'il était entièrement
étranger aux autres. Stadler, bien qu'il voulût
prendre pour devise dans celle discussion Ami-
cuspersonx ,inimicus causas , mil plus de viva-
cité dans sa réfutation de la critique de Weber
qu'on ne pouvait en attendre de son âge. Celle
réfutation parut sous le tilrede Verlheidigung
des Echtheit des Mozartschen Requiem (Dé-
fense de 1'aulhenlicité du Requiem de Mozarl);
Vienne, 1826, in-8°.
(1) Eehlhtil est un de ces mois allemands dont on ne
saurait donner une traduction exacte. Ce n'est pas seu-
lement ['authenticité de l'œuvre tjui était en question,
mais aussi son mérite.
406
STADLER
On ne peut nier qu'il n'y eût quelque fonde-
mcntà la thèse soutenue par Godefroid Weber,
et qu'il n'y eut, dans la réponse de Sladler,
plus d'amitié et de respect pour un grand
talent que de solide raison; mais c'était une
triste victoire que devait remporter son anta-
goniste : les paroles dévouées du vieillard
inspiraient à toute l'Allemagne bien plus d'in-
térêt que la froide et dure analyse du critique.
Les amis de Godefroid Weber désiraient que
celui-ci ne fît point de réplique; mais' son
amour-propre était engagé et lui dicta la rude
réponse qui parut contre l'écrit de Stadler
sous le litre de Weitere Nachrichten iiber die
Echtheit der Mozartschen Requiem (Plus am-
ples notices sur l'authenticité du Requiem de
Mozart). Le vieil ami du grand artiste ne se
tint pas pour ballu, car on vit paraître peu de
mois après tin nouvel écrit intitulé :Nachtraz
zur Fertheidigung des Echtheit des Mozart-
schen Requiem (Supplément à la défense de
l'authenticité du Requiem Ae Mozart) ; Vienne,
1827, in-8°. Ce fut son dernier effort dans
celte lulte, et les publications subséquentes de
Weber restèrent sans réponse.
J'ai dit que l'abbé Stadler se faisait égale-
ment remarquer et comme compositeur et
comme organiste. Un grand nombre de ses
productions pour l'église furent successive-
ment publiées et lui firent une réputation
méritée de musicien savant et d'homme de
goût. Ses messes, ses molets, ses fugues pour
l'orgue étaient mis en parallèle avec ce que
Haydn, Mozart et les musiciens les plus ha-
biles de l'Allemagne avaient écrit de meilleur.
Depuis longtemps il travaillait à un oratorio
de la Jérusalem délivrée; mais il avait près
de soixante ans quand il fit entendre à Vienne
pour la première fois ce grand ouvrage, dont le
succès fut tel qu'il pouvait le désirer. Tous les
.journaux de l'Allemagne donnèrent des éloges
à celle grande composition, où régnent un
sentiment élevé et un savoir profond. Plu-
sieurs fois, l'oratorio de Stadler fut choisi
pour être exécuté dans les grandes fêtes musi-
cales de l'Allemagne, et toujours il fut applaudi
comme un des meilleurs ouvrages de ce genre.
Sladler eut un autre genre de mérite fort
rare, et dont il tirait plus d'avantages pour
ses plaisirs que pour sa réputation : je veux
parler de ses connaissances étendues dans
l'histoire et la littérature de la musique. Ni-
colaï dit qu'il était peu de livres relatifs à cet
art ou de composition de quelque mérile qu'il
n'eût lus on consultés. Il s'était entouré d'une
belle collection de ces monuments de l'art et
de la science, et c'était au milieu de ces ri-
chesses intellectuelles qu'il passait la plus
grande partie de son temps.
En 1800, l'abbé Stadler fut nommé curé du
faubourgdeVienne^//£-£erc/«en/e/d;elqualre
ans après, il alla occuper une position sembla-
ble à Bœhmisch-Krant. En 1815, son grand
âge l'obligea à demander sa retraite et à
retourner à Vienne. Sa vie avait élé douce et
calme comme son âme ; on ne lui connut point
d'ennemis, et il ne fut celui de personne. De-
venu vieux, il se retira insensiblement du
monde, et finit par vivre dans un isolement
absolu. Il était âgé de plus de quatre-vingt-
cinq ans lorsqu'il mourut, le 8 novembre
1835, dans une petite maison d'un faubourg
de Vienne, où il s'était relire.
Bien qu'on n'ait publié que la moindre par-
tie des ouvrages composés par lui, le nombre
de ses productions qui ont vu le jour est assez
considérable. En voici une liste que je crois à
peu près complète. Musique d'église : 1° Messe
à quatre voix, deux violons, deux cors, con-
trebasse e( orgue (en sol)] Vienne, Haslinger.
2° Idem, n° 2 (en si bémol) ; ibid. 5° Messe à
quatre parties avec orgue ; ibid. 4° Messe de
Requiem à quatre voix, orchestre et orgue.
5° Aima Redemptoris pour quatre voix et
orgue; ibid. 6° Asperges me, à quatre voix
et orgue; ibid. 7° Ave Regina, idem, ibid.
S" Die Befrehtng Jerusalems (la Délivrance
de Jérusalem), oratorio à quatre voix avec
orchestre ; ibid. 9° Ecce sacerdos magmis,
pour quatre voix et orgue; ibid. 10' Libéra
me, Domine, idem ; ibid. 1 \° Miserere, idem ;
ibid. 12° Psaumes, graduels et offertoires,
pour quatre voix et orgue, savoir : Dixit Do-
minus, Confitebor , Beatus vir, Laudate
pueri, Laudate Dominum, Magnificat, Lœ-
talus sum, IYisi Dominus, Lauda Jérusa-
lem, Credidi ; ibid. 15" Regina cœli, à quatre
voix et orgue; ibid. 14" Salve, Regina, idem;
ibid. 15° Tanlum ergo, idem ; ibid. 16° Vidi
aquam, idem ; ibid. Chants a plusieurs voix :
17° An die Versxhnnng, pour quatre voix;
Vienne, Haslinger. 18° Beantwortung der
musilcalischen Abschiedskartevon J. Haydn,
pour deux voix et piano; Augsbourg; Gom-
bart. 19° Glaube, Liebe, Hoffnung, pour
quatre voix; Vienne, Haslinger. 20° Douze
psaumes traduitsen allemand parMendelssohn,
pour une et plusieurs voix ; deux parties divi-
sées chacune en quatre livraisons. 21° Douze
chansons de Gellert, avec mélodies et accom-
pagnement de piano; Vienne, 1785. 22° Dix
chansons avec accompagnement de clave-
STADLER — STADTFELD
107
cin; Vienne, Mollo, 1799. Musique instru-
mentale : 25° Trois fugues pour l'orgue ;
Vienne, Leidesdorf. 24° Fugue avec un pré-
lude pour le piano (n° 5 du Muséum pour la
musique de piano) ; Vienne, Haslinger. 25° Six
sonatines pour le clavecin; Vienne, Arlaria,
1796. 20° Une sonate pour le clavecin;
Vienne, 1799. 27° Deux sonates et une fugue
pour le piano, huitième cahier du répertoire
des clavecinistes; Zurich, Nœgeli.
Parmi les compositions de l'abbé Sladler
qui sont restées en manuscrit, on remarque :
28° Quatre messes brèves. 29° Douze psaumes
de Mendelssohn. 50° Beaucoup d'hymnes, an-
tiennes, offertoires et graduels. 51° Des lita-
nies. 52° Des répons pour la semaine sainte.
-53° Des cantates. 54" Les chœurs de Polixène,
tragédie de Collins. 55° Des odes de Klopstock
et autres poètes. 36° Des quatuors pour 2 vio-
lons, alto et basse. 57° Des trios idem. 38° Un
concerto de violoncelle. 39° Des sonates de
piano. 40" Des pièces d'orgue.
STADLER (Joseph), violoniste et compo-
siteur, né à Vienne, le 15 octobre 1796, a eu
pour maître de piano et de violon un de ses
parents, musicien à Vienne. A l'âge de seize
ans, il obtint une place de premier violon au
théâtre de Leopoldstadt, et quelque temps
après, il eut le même emploi à l'église métro-
politaine. La place de chef d'orchestre du
même théâtre lui fut donnée en 1819; et il
l'occupa jusqu'en 1831, époque où il se relira
pour toujours des orchestres. Il vécut ensuite
sans autre emploi que celui de premier violon
de l'église Saint-Élienne. Cet artiste a écrit la
musique de trois pantomimes, savoir : 1° Die
sonderbar Flaschen (la Bouteille miracu-
leuse). 2° Coreman der Bcese (Coreman le
malin). 3" Die Fermwhlung in Blumen-
reiche (le Mariage au royaume des fleurs). Il a
publié aussi à Vienne beaucoup de variations
pour divers instruments; trente études pour
le violon, des rondos, polonaises, des pièces
d'harmonie pour les instruments à vent, et
beaucoup de danses et de valses.
STADTFELD ( Chrétien- Josepii-Fran-
çois-Alexandre), compositeur, né à Wies-
baden (duché de Nassau), le 27 avril 1826,
était fils du chef de musique d'un régiment
d'infanterie, qui le destinait à sa profession et
qui lui enseigna les éléments de l'art musical.
Dans son enfance, Sladtfeld, après avoir joué
avec quelques jeunes garçons dans une prairie,
se coucha sur le gazon et s'endormit. Quand il
s'éveilla, la nuit était venue; il voulut se lever
pour retourner chez lui, mais l'une de ses
jambes était paralysée ; il fallut le transporter
dans son lit, où il passa trois ans sans pouvoir
retrouver l'usage du membre qui s'était atro-
phié, et il demeura boiteux le reste de sa vie.
Ses progrès dans la musique avaient été si ra-
pides que, à l'âge de neuf ans, il put se faire
entendre sur le piano dans des concerts pu-
blics. En 1839, le roi des Belges, Léopold Ier,
passa la saison d'été à Wiesbaden : Sladtfeld
lui fut présenté et eut l'honneur de jouer de-
vant Sa Majesté qui, touchée de sa situation
ainsi que de son talent naissant, prit cet en-
fant sous sa royale protection, lui accorda une
pension suffisante qui fut payée pendant plus
île dix ans, et le fit recommander à l'auteur de
celte notice, pour qu'il fût admis au Conser-
vatoire de Bruxelles. Doué d'une très-rare in-
telligence musicale, Sladtfeld s'avança à pas
de géant dans l'étude de toutes les parties de
l'art. Dès la première année, il eut au concours
le second prix de piano; le premier lui fut dé-
cerné l'année suivante(1841). Le premier prix
d'harmonie fut conquis par lui dans un con-
cours où s'étaient présentés des élèves distin-
gués, puis il fit pendant quatre ans un cours
sévère de contrepoint sous la direction de l'au-
teur de cette notice, et obtint le premier prix
de composition. Enfin, Sladtfeld n'était âgé
que de vingt-trois ans lorsqu'il obtint, en
1849, le grand prix de composition au con-
cours institué par le gouvernement de la Bel-
gique, et à ce titre, devint pensionnaire de
l'État pendant quatre ans, pour aller à l'étran-
ger étendre le cercle de ses connaissances.
Tout présageait une belle carrière à ce jeune
artiste. Doué d'un sentiment distingué dans
ses mélodies, ayant celle même distinction
dans son harmonie et possédant un instinct de
nouveauté dans l'instrumentation, il écrivait
avec une rare facilité. Dès 1845, ilavaitfait
entendre sa première symphonie (en ut mi-
neur) aux concerts du Conservatoire de
Bruxelles. L'année suivante, une ouverture de
sa composition fut exécutée dans la séance pu-
blique annuelle de la classe des beaux-arts de
l'Académie royale de Belgique. Après avoir été
proclamé lauréat du grand concours en 1849,
il se rendit àParis, où il trouva un accueil sym-
pathique chez plusieurs artistes d'élite. Il tra-
vaillait avec facilité et semblait improviser, car
une seconde symphonie(ens« bémol), une troi-
sième (en sol), une quatrième (en la mineur),
et beaucoup d'autres ouvrages furent produits
avec rapidité par sa plume. Une désir, com-
mun à tous les jeunes compositeurs, le désir de
produire un opéra, un grand opéra, l'agitait.
1C3
STADTFELD — STAES
A sa demande, un de ses amis (M. Jules Guil-
laume) avait transformé en livret lyrique
Vftamht de Shakespeare, et déjà, avant son
dépari pour Paris, une partie de la partition
était écrite. Après son arrivée à Paris, diverses
modifications assez considérables furent faites
au livret de son opéra, et lui-même refit une
partie de la musique de cet ouvrage, dont
l'ouverture fut exécutée plusieurs fois avec un
brillant succès aux concerts de la société de
Sainte-Cécile, sous la direction de M. Seghers.
M. Roqueplan, alors directeur de l'Opéra, pa-
rut s'intéresser à Stadlfeld; il fit copier les
rôles pour une audition d'Hamlet, les distri-
bua et fixa le jour de l'audition ; ce jour tant
désiré, et longtemps sollicité! Mais depuis
plusieurs années, S:adtfeld luttait à son insu
contre une maladie qui défie les secours de la
médecine : il était alleint de plilliisie. Au mo-
ment même où il semblait qu'il allait recueil-
lir les fruits de son talent, le mal faisait d'eT-
frayanls progrès. Les médecins jugèrent le
changement d'air indispensable; désespéré,
le jeune artiste s'éloigna de Paris, revint à
Bruxelles, et expira le 4 novembre 1853, à
l'âge de vingt-sept ans et quelques mois.
Outre les ouvrages cités précédemment, il a
laissé en manuscrit : 1° La Découverte de
l'Amérique, ouverture à grand orchestre.
2° Ouverture de concert (en mi). 3° Trio pour
piano, hautbois cl basson. 4° Premier concer-
tino pour piano et orchestre. 5° Deuxième
idem. C° Hymne pour chœur et orchestre.
7° Messe (en ré) à quatre voix et orcheslre.
8° TeDeum pour voix seules, chœur, orcheslre
et orgue, exéculé dans des circonstances solen-
nelles, à l'église SS. Michel et Gudule, à
Bruxelles. 9» Ave Maria, pour ténor et orgue.
10° Tantum ergo à quatre voix. 11° O glo-
riosa f'irginum, pour basse seule et orgue.
\^° L'Illusion, opéra-comique en un acte.
13° La Pedrina, opéra-comique en trois
actes. 14° Le Dernier Jour dv Marina Fa-
licro, scène lyrique. 15° La T'endetta, can-
tale avec orchestre. 16° Le Songe du jeune
Scipion, cantate couronnée. 17° Abou-Has-
san, opéra-comique en un acle. On a publié
de Stadlfeld : 18° Vingt chœurs pour des voix
d'hommes, la plupart sur des paroles alle-
mandes. 19° Recueil de mélodies à voix seule
avec piano ; Bruxelles, Katlo. 20° Premier
quatuor pour deux violons, alto et violoncelle;
ibid. A l'exception de quelques manuscrits
originaux de Stadlfeld qui se trouvent dans la
Bibliothèque du Conservatoire de Bruxelles,
tous ses ouvrages ont été remis à sa famille.
STAEIILE (Hugo), né à Cassel (Hesse-
Eleclorale), mort dans celle ville, le 29 mars
1848, à l'âge de vingt et un ans, fut un com-
positeur de beaucoup d'espérances. Il était alto
dans la chapelle du prince et avait fait ses
éludes sous la direction de'Spohr. Une ouver-
ture pour l'orchestre, qu'il écrivit à l'âge de
seize ans, fut exécutée à Cassel avec succès en
1844. Dans l'année suivante, sa première sym-
phonie reçut le même accueil, et, en 1847,
il fit représenter son opéra intitulé Arria,
dans lequel on remarqua de l'originalité ainsi
qu'un bon sentiment dramatique. Son dernier
ouvrage fut un hymne à la louange de Spohr,
qui ne fut exéculé que quelques jours après la
mort de l'auteur. On n'a publié de Staehle que
six Lieder pour soprano ou ténor avec accom-
pagnement de piano, op. 2; Hambourg, Schu-
berth; six Lieder pour baryton, op. 5; Cassel,
Luckhardl ; trois Scherzi pour le piano, op. 4 ;
ibid. ; et des valses pour cet instrument.
M. Bernsdorf n'a pas mentionné cet artiste
dans son Neues Universal-Lexikon der Ton-
kunst.
SX EHLIN-STOI\KSIîOUÏ\G (Jacques
DE), conseiller d'État de l'empereur de Rus-
sie, membre et secrétaire de l'Académie des
sciences de Pétersbourg, directeur du musée
de la même ville, naquit à Memmingen, en
Souabe, cl mourut à Pétersbourg, le 6 juillet
1785. Il est auteur de notices sur le théâtre en
Russie, et d'une histoire abrégée de la danse
et de la musique des Russes, qui ont été insé-
rées par Haigold dans son livre sur les modi-
fications progressives de la Russie {Neu Ver-
œnderten Russland; Riga, 17C7-17C8, deux
volumes in-8°). Hiller en a donné une ana-
lyse très-étendue dans ses notices hebdoma-
daires sur la musique (TFœchentlichcn Nach-
richten, 1770).
STAES (FEnDiNAND-PiiiLippr.-JosEPii), fils
d'un musicien de la chapelle de l'archiduc
Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas,
naquit à Bruxelles, le 16 décembre 1748. En
1780, il obtint la place d'organiste de la cour;
précédemment il était accompagnateur au
théâtre. Il mourut à Bruxelles, le 23 mats
1809, à l'âge de soixante ans. Staes fut un ar-
tiste de mérite qui aurait eu vraisemblable-
ment de la réputation, s'il se fut trouvé dans
un pays et dans des circonstances plus favo-
rables au développement de son (aient. Il a
publié à Bruxelles : 1° Sonates pour piano,
violon et basse, op. 1, 2, 5, 4, chacun de trois
sonates. 2° Trois concertos pour le clavecin,
op. 5. 3° Quatrième concerto pour piano, op. 0.
STAES - STAI1LKNECI1T
10.)
STAES (Guillaume), connu sous le nom
de STAES le jeune, frère du précédent, naquit
à Bruxelles, en 1751 . Il se fixa àParis, vers 178G,
s'y livra à l'enseignement du piano, et y pu-
blia : 1° Grande sonate pour piano, flûte ou
violon, et basson ou violoncelle, op. 1 ; Paris,
Sieber. 2° Deux grandes valses pour piano;
Paris, Naderman. 5° Contredanses idem;
Bruxelles, Plouvier. 4° Marche et quatre
grandes valses pour le piano.
STAFFA (Joseph), noble napolitain, né
en 1809, s'est livré à la composition comme
amateur, eta fait représenter au théâtre Saint-
Charles : 1° Prîamo alla tenda d'Achille, le
19 novembre 1828. 2° Francesca di Rimini,
le 12 mars 1831. 3° 77 Matrimonio per ra-
gione, en deux actes, au théâtre NuovoA" La
Battaglia di Navarino, à Saint-Charles, le
25 février 18-57. Le mauvais succès de ses
derniers ouvrages semble lui avoir fait prendre
la résolution de cesser d'écrire.
STAFFORD (William COOKE), écri-
vain anglais, est né à York,, où il habitait en
1830. Il est auteur d'une Histoire abrégée de la
musique intitulée : A Hislory of Music,
Edimbourg, Constable, 1830, un volume in-12
de trois cent quatre-vingt-sept pages. Madame
Fétis a publié une traduction de cet ouvrage,
sous le titre : Histoire de la musique, par
M. Stafford, traduite de l'anglais par ma-
dame Adèle Fétis, avec des notes, des cor-
rections et des additions par M. Fétis;
Paris, Paulin, 1832, un volume grand in-12
de (rois cent soixante-cinq pages. Les notes de
la traduction française sont de peu d'impor-
tance, et n'ont pour objet que de rectifier
quelques erreurs de l'auteur anglais. On ne
comprend donc pas ce qui a pu décider les
imitateurs allemands de la traduction française
à donner pour titre à leur travail ; Geschichte
der Blusik aller Nalionen, nach Fétis und
Stafford (Histoire de la musique de toutes les
nations, d'après Fétis et Stafford); Weimar,
1835,un volume in-8°dequatre cent quarante-
huit pages, avec des planches. Ce volume, où
les fautes d'impression abondent, et dans
lequel la plupart des noms sont défigurés, n'a
aucun rapport avec les travaux de l'auteur de
celle notice sur l'histoire de la musique : il
désavoue de la manière la plus formelle la
part que les auteurs allemands lui ont attri-
buée.
STAIILRTSECHT (A. -II.), directeur de
musique à Dessau, y vivait en 1851, puis il fut
professeur de musique à Chemnilz (1834), et
enfin directeur de la société de chant de celte
ville (1840). Je n'ai pas d'aulres renseigne-
ments surce musicien, qui n'est pas mentionné
par les biographes allemands. On a publié de
sa composition : 1° Six chants pour liasse avec
piano, op. 1 ; Leipsick, Pœnicke. 2"Six idem,
op. 9; ibid. 3° Six chants pour soprano ou
ténor, op. 2; ibid. 4° Six idem, deuxième re-
cueil ; ibid. 5° Six chants pour bariton avec
piano, op. 11 ; Leipsick, Rlemm.C0 La t'lian~
son du Rhin, de Becker, à voix seule avec
piano; Chemnilz, Hœcker. 7° Chant de fête
pour la naissance du roi de Prusse Frédéric-
Guillaume III, à quatre voix d'hommes, op. 3;
Leipsick, Pœnicke. 8° Six pas redoublés pour
un chœur de soldats, op. 4; ibid. 9" Six chants
pour un chœur d'hommes, op. C; Leipsick,
Schuberlh.
STAIILRIVECHT (Adolphe), musicien
de chambre de la cour de Prusse et violonisle
du théâtre royal de Berlin, né à Varsovie, le
18 juin 1813, est fils d'un musicien allemand
qui lui donna les premières leçons de violon.
Plus lard il se rendit à Breslau et y devint
élève du directeur de musique Luge; puis il
reçut des leçons des maîtres de concert JYIiih-
lenbruck et Léon de Saint-Lubin, à Berlin.
Il étudia la composition à l'Institut de l'aca-
démie royale des beaux-arts de cette ville,
et le 13 juin 1837, il obtint en prix la
grande médaille d'or. Dès 1831, il avait été
admis comme violoniste dans l'orchestre du
théâtre Kœnigstadt; en 1840, il eutletilrede
musicien de la chambre royale. Cet artiste a
fait beaucoup de voyages à Dresde, Prague,
Vienne, Pélersbourg,etc., avec son frère Jules
(voyez la notice suivante). En 1844, les deux
frères, réunis d'abord avec le pianiste Sleiffen-
sand, puis avec Lœschhorn, ont donné des
soirées de trios pour piano, violon et violon-
celle. Stahlknechtest considéré à Berlin comme
un bon compositeur : il a écrit deux opéras,
dont un a pour titre Casimir, roide Pologne :
l'ouverture de cet ouvrage a été exéculée à
Berlin dans un concert, en 1849. Ses autres com-
positions consistent en deux messes avec or-
chestre, deux psaumes, huit chanls liturgiques
pour le Domchor de Berlin, plusieurs fugues,
sept symphonies pour l'orchestre, vingt-cinq
quatuors ponr des instruments à cordes, cinq
trios pour piano, violon et violoncelle, trente-
six enlr'aclcs pour des drames, des sonales de
piano et un quintette pour des instruments
à archet; beaucoup de Lieder avec accom-
pagnement de piano. Plusieurs de ses com-
positions ont élé publiées à Leipsick, à Berlin
cl à Gollia.
•110
STAHLKNECHT - STAMATY
STAHLKNECHT (Jules), frère du pré-
cédent, musicien de la chambre et violoncel-
liste du théâtre royal de Berlin, est né le
17 mars 1817, à Posen. Les violoncellistes
Drews et Wranitzki de Berlin furent ses
maîtres. En 1838, il obtint sa nomination
de membre de la chapelle royale. On a
publié de sa composition : 1° Divertissement
pour violoncelle et piano sur les motifs de
la Fille du régiment, op. 5; Magdebourg,
Heinrichshofer. 2° Pièces faciles pour deux
violoncelles, op. 4; ibîd. 3° Trois Lieder
pour violoncelle et piano, op. 5; ibid.
A" Fantaisie pour piano et violoncelle, sur
Linda de Chamouny, op. 6 ; ibid. 5° Trois
morceaux pour violoncelle et piano, op. 8;
Berlin, Bock, 1862. G0 La Sérénade es-
pagnole, pour violoncelle et piano, op. 11-
Berlin, Trautwein.
STAMATY (Camilie-Marie), pianiste et
compositeur pour son instrument, est né à
Borne, le 23 mars 1811. Son père était consul
de France à Civila-Vecchia. Dès ses premières
années, M. Stamaty prit le goût de la musique
en écoutant sa mère, cantatrice amateur dis-
tinguée, dans l'exécution des œuvres de Mo-
zart, de Haydn et des psaumes de Marcello ;
cependant ses parents ne le destinaient pas à
la carrière d'artiste. En 1818, il perdit son père;
ce malheur ramena sa mère en France. Elle
s'établit d'abord à Dijon et ce fut dans cette ville
que l'éducation de M. Stamaty fut commencée;
puis il fut conduit à Paris, où les éludes litté-
raires l'occupèrent à l'exclusion de la musique.
A dix-sept ans, il fut reçu bachelier es lettres.
Jusqu'à l'âge de quatorze ans, il n'avait pas
eu de piano chez lui. Il était destiné à la car-
rière des.consulatsqu'avaitparcourueson père,
quoique son penchant pour les mathématiques
lui fit désirer d'entrer à l'école polytechnique;
des motifs de famille le firent renoncer à ces
deux projets, et au mois de janvier 1828, il
entra comme employé au cabinet du préfet
de la Seine. Ses occupations administratives
lui laissant du loisir, il en profita pour s'oc-
cuper de la musique, qu'il avait toujours aimée.
Déjà, à l'âge de quinze ans, il avait publié un
air varié difficile et brillant pour le piano, et
quelques quadrilles de contredanses qu'il
jouait dans le monde. Fessy {voyez ce nom),
de qui il avait reçu des leçons de piano, l'en-
couragea à cultiver l'art d'une manière plus
sérieuse qu'il n'avait fait jusqu'alors; il lui
procura l'entrée de tous les concerts dans les-
quels il remplissait les fonctions d'accompa-
gnateur, et lui fournit ainsi de fréquentes oc-
casions d'entendre les artistes de celte époque.
Au commencement de 1830, il fut entendu
lui-même de Baillot et de Kalkbrenner : ces
deux artistes éminents lui donnèrent des en-
couragements, et le second exprima le désir de
faire de lui son élève ; cette circonstance décida
de sa vocation. Dans les premiers temps où il
reçut les leçons de Kalkbrenner, il ne put
donner que peu de temps à ses études du
piano, parce qu'il avait conservé sa position à
la préfecture de la Seine; mais sur l'assurance
que lui donna Kalkbrenner de ses succès fu-
turs, il quitta définitivement l'administration
et se livra sans réserve à sa nouvelle carrière,
vers le milieu de 1831. Cependant une diffi-
culté sérieuse vint l'arrêter, peu de temps
après l'abandon de sa place. L'excès d'un tra-
vail dont il n'avait pas l'habitude détermina
dans ses mains une affection articulaire et
nerveuse qui le mit dans la nécessité de
suspendre ses leçons à plusieurs reprises, une
fois pendant dix mois, une autre fois pendant
huit, et souvent pendant plusieurs semaines.
Le chagrin qu'il en ressentit lui occasionna
une grande maladie. En dépit de ces obstacles,
toutefois, M. Stamaty atteignit son but comme
exécutant formé à une belle école de méca-
nisme; il fit publiquement son début dans un
concert qu'il donna au mois de mars 1835, et
dans lequel il fit entendre un concerto de sa
composition (op. 2). Cette époque est celle où
il svadonna entièrement à l'enseignement du
piano. Le besoin de repos, pour se livrer à ses
propres études, lui fit prendre, en 1836, la
résolution de se rendre en Allemagne, où il
espérait trouver une liberté dont ne jouissent
pas les artistes à Paris. Il partit au mois de
septembre de cette année et s'établit à Leip-
sick, où il se lia avec Mendelssohn et Schu-
mann. Le premier de ees artistes lui fit faire
des études de composition qu'il ne continua
pas longtemps; car après trois mois passés
dans la ville saxonne, le mal du pays et les in-
stances de ses élèves le ramenèrent à Paris, au
mois de janvier 1837. Cette époque est celle
où M. Stamaty se livra à l'étude des œuvres
classiques de Bach, de Mozart, de Beethoven,
qu'il a fait entendre ensuite chez lui, dans des
séances périodiques et dans des concerts in-
times donnés avec Delsarte, au profit de la So-
ciété Saint-Vincent de Paul, dont ils étaient
membres tous deux.
Au nombre des meilleurs élèves de M. Sta-
maty, MM. Gottschalk et Saint-Saëns tiennent
le premier rang (voyez ces noms). Un très-
grand nombre d'autres pianistes ont été for-
STAMATY — STAM1TZ
111
mes à son école. La mort de sa mère vint, en
1846, faire fermer ses cours. La douleur qu'il
ressentit de cette perte le conduisit à Rome, où,
pendant une année entière, il vécut dans la
solitude. De retour, enfin, à Paris, il s'y maria
en 1848 et reprit son enseignement. Les
<jeuvresprincipalesde cetartistesonl : Concerto
pour piano et orchestre, op. 2 ; Paris, Prilipp ;
sonate pour piano seul (en fa mineur), op. 8;
Paris, Rrandus ; vingt-cinq grandes éludes
idem, op. 11 ; Paris, Gérard ; grand trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 12; ibid.;
grande sonate pour piano seul (en ut mineur) ;
rondo caprice, idem, op. 14; Paris, Prilipp;
études caractéristiques sur Obéran, de We-
ber, op. 53; Paris, Heugel ; études progres-
sives en trois livres, op. 37, 38 et 39; ibid.;
Les Concertantes, études spéciales et pro-
gressives en deux livres, op. 46 et 47 ; des
thèmes variés, op. 5 et 19; des fantaisies sur
des thèmes d'opéras, op. 6, 7, 9, 10, 13; des
morceaux de genre dans la manière des pia-
nistes modernes; des transcriptions, etc.
STAMEGNA (Nicolas), prêtre et compo-
siteur, né à Spello, dans les États de l'Église,
vers 1620, fut d'abord maître de chapelle de
la cathédrale de Spolète, puis fut appelé à
Home et nommé maître de chapelle de Sainte-
Marie-Majeure, le 31 janvier 1659. Il occupa
cette place jusqu'en 1667 et obtint alors un
canonicat dans sa ville natale, où il se retira.
Un œuvre de sa composition a été publié sous
ce titre : Sacrarum modulationum seu Jlot-
tettorum 2, 5 et 4 vocibus liber primus;
Rome, PaulMasolli, 1637. On trouve à la Ri-
hlioihèque royale de Paris trois motets de ce
musicien, en manuscrit, entre autres, un
Jngredimini, pour la fête de Saint-Jac-
ques.
STAMITZ (Jean-Charles), célèbre violo-
niste et compositeur, naquit en 1719, à
Deutschhrod, et Rohème, où son père était
maître d'école. Ses éludes ne furent dirigées
par aucun maître distingué : il ne dut qu'à
lui-même son talent sur le violon et dans la
composition. Doué d'un génie original, il mit
dans sa musique plus de légèreté et de brillant
qu'on n'en trouvait dans les œuvres des com-
positeurs allemands de son temps. Ses sympho-
nies précédèrent celles de Haydn, et peut-être
ne furent-elles point inutiles au développe-
ment du génie de ce grand homme. Stamilz a
^crit aussi beaucoup de sonates de clavecin
qui sont d'un très-bon goût. Dans sa musique
de violon, et particulièrement dans ses con-
certos, on l'a comparé à Tarlinij mais s'il a
moins de clarté dans les idées mélodiques que
le célèbre violoniste italien, il lui est supé-
rieur pour la force et la variété de l'harmo-
nie. Son élude, formant un duo pour un seul
violon, prouve qu'il devait être d'une grande
habileté dans l'exécution. Stamilz entra au
service de l'électeur Palatin, à Manheim, vers
1745; il mourut dans celte ville en 1761, à
l'âge de quarante-deux ans. On a fait plusieurs
éditions des ouvrages suivants de cet artiste :
l°Six sonates choisies pour le clavecin avec
un violon, op. 1 ; Paris, Yenier. 2° Six sonates
pour violon et basse, op. 2; Manheim, 1760;
Paris, Lachevardière. 3° Six symphonies à huit
parties, op. 3; Paris, Lachevardière. 4° Con-
certos pour violon el orchestre, nos 1, 2, 3, 4,
5, 6 ; ibid. 5° Six Irios pour deux violons et
basse, op. 5; Paris, Venier. 6° Six sonates
pour violon et basse, op. 6; Paris, Lachevar-
dière. 7" Six symphonies à huit parties, op. 8;
Paris, Lachevardière. 8° Exercices imitant un
duo de deux violons ; Paris, Sieber. On connaît
aussi de Slamitz, en manuscrit, vingt et un
concertos pour violon, onze symphonies, neuf
solos de violon, deux concertos pour le clave-
cin, et beaucoup de sonates pour le même in-
strument.
Le frèrede Stamilz (Thaddée), né àDeulsch-
brod, en 1721, fut un violoncelliste très-dis-
tingué. 11 entra aussi au service de l'électeur
Palatin, à Manheim, mais ensuite il retourna
à Prague, se fit prêtre, el devint, vers la lin
de sa vie, grand vicaire de l'archevêque de
Prague, et chanoine à Runzlau. Il mourut le
23 août 1768.
STAM1TZ (Charles), fils aîné de Jean-
Charles, né à Manheim, le 7 mai 1746, fit ses .
premières éludes musicales sous la direction
de son père, puis devint élève de Cannabich.
En 1767, il fut admis dans la chapelle du
prince en qualité de vio'onisle, et trois ans
après il fit un voyage à Paris, où il fit admirer
son habileté sur la viole d'amour et sur l'alto.
Le duc de Noailles l'attacha à sa musique, et
Slamitz resta au service de ce prince jusqu'en
1785. Il retourna alors en Allemagne et se fit
entendre avec succès à Francfort, à Rerlin et
à Dresde. En 1787, il entra dans la chapelle
du prince de Hohenlohe-Schilling, et dans la
même année, il visita Prague, une partie de
l'Autriche, puis alla à Nuremberg, où il vécut
quelque temps sans emploi. Dans l'hiver de
1789 à 1790, il dirigea le concert des ama-
teurs à Cassel, puis il partit pour la Russie, et
vécut àPétersbourg pendant plusieurs années.
De retour en Allemagne, il dirigea, en 1800,
1J-2
STAM1TZ — STANLEY
le concert desétudiants à Jéna.el mourut dans
celte ville, en 1801. Également distingué
comme virtuose et comme compositeur, cet
artiste a publié : 1° Trois symphonies à huit
parties, op. 3; Paris, Lachevardière. 2° Six
symphonies à dix parties, op. 16; Paris, Sie-
ber. 5° La Chasse, symphonie pour deux vio-
lons, alto, basse, flûte, deux hautbois, deux
bassons, deux cors, et deux trompettes; ibid.
4° Symphonie concertante pour deux violons,
op. 14; Paris, Heyna, 177G. 5° Deuxième
idem; Paris, Sieber. 6° Troisième idem,
op. 17; ibid. 7° Quatrième idem; Paris, Na-
derman. 8° Concertos pour le violon, nos 1, 2,
3, 4,5,6,7; Paris, Bailleux. 9° Quatuors pour
ileux violons, alto et basse, op. 4, 7, 10, 13,
15; Paris, Bailleux, Boyer. 10° Six trios pour
deux violons et basse, op. 1 ; Offenbach, An-
dré. ll°Duos pour violon et violoncelle, op. 2 ;
Paris, Louis. 12° Duos pour deux violons,
op. 8; Paris, Boyer; op. 11, 18; Paris, Sieber.
13" Duos pour violon et alto, op. 19; Paris,
Louis. 14" Concerto pour allô (en sol)] Paris,
Bailleux. 15° Concerto pour le piano; Paris,
Naderman. Il existe aussi en Allemagne
beaucoup de morceaux pour divers instru-
ments composés par Stamitz. Il a écrit et fait
représenter à Francfort un petit opéra-comi-
que, intitulé : le Tuteur amoureux, dont la
musique est fort jolie. A Pétersbourg, il a com-
posé, pour l'impératrice, le grand opéra Dar-
danus.
STAMITZ (Antoine), second fils de Jean-
Charles, naquit à Manheim, en 1753. Excel-
lent violoniste comme son père et son frère , il
accompagna celui-ci dans son voyage à Paris.
On lit dans le Dictionnaire historique des
musiciens, par Choron et Fayolle, qu'il joua
longtemps à la chapelle du roi, à Versailles;
mais c'est une erreur, car son nom ne figure
sur aucun état de cette chapelle. Les événe-
ments de la vie de cet artiste sont complète-
ment inconnus, après son arrivée à Paris vers
1770; il parait seulement certain qu'il était
encore dans cette ville, en 1781, car YAlma-
nach musical de 1782 nous apprend qu'il y
publia alors six duos pour violon et violon-
celle. Ses œuvres connues sont : 1° Six qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, op. 14;
Paris, Sieber. 2° Six idem, op. 22; ibid. 3° Six
trios pour deux violons et basse, op. 2; Paris,
Boyer. 4° Concerto pour violon, op. 27 ; ibid.
5° Six duos pour violon et violoncelle, op. 5;
ibid. 6° Six trios pour flûte, violon et basse,
op. 17; Paris, Sieber. 7° Nocturnes ou airs
variés pour violon et violoncelle; ibid. 8° Six
duos pour violon et flûte, op. 7; Paris, Boyer.
9° Concertos pour clavecin, nos 1 , 2, 3. 10° Des
concertos pour violoncelle, basson, etc.
STAMM (Pierre), vraisemblement pro-
fesseur ou recteur au gymnase Carolin de Stel-
tin, dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, a fait imprimer un discours qu'il a pro-
noncé aux obsèques de Jean-Georges Eheling
(voyez ce nom), sous ce titre : Programma
funèbre in obitum J.-G. Ebelingii, Gym-
nasii Carol. Prof. Mus.; Stettin, 1676,
in-4°.
STANCARI (Victor-François), mathé-
maticien, né à Bologne, en 1678, fut l'ami et
l'élève de Manfredi. Reçu docteur en philoso-
phie dans l'année 1704, il obtint dans la même
année la direction de l'observatoire de Bo-
logne, et fut élu secrétaire perpétuel de l'Aca-
démie des Inquieti, présidée alors par Mor-
gagn.i. Les jésuites lui confièrent, à la même
époque, l'enseignement delà géographie et de
l'art militaire au collège des nobles. Ce savant
mourut, à l'âge de trente et un ans, d'une ma-
ladie de poitrine, le 18 mars 1709. Parmi ses
nombreux écrits, dont on trouve la liste dans
les Scrittori Bolognesi, de Fantuzzi (t. VIII,
p. 46), on remarque une dissertation De Sono
fixa inveniendo (Bologne, 1707, in-4'); sujet
sur lequel Sauveur avait récemment fixé l'at-
tention des mathématiciens.
STANHOPE (Charles, comte DE), pair
d'Angleterre et savant distingué, naquit le
5 août 1755, commença ses études au collège
d'Eton, et accompagna sa famille à Genève, à
l'âge de dix ans. Sous la direction d'un savant
genevois (G.-J. Lesage), il se livra avec ar-
deur à l'étude des sciences physiques et ma-
thématiques, dans lesquelles il fit de grands
progrès. Après la mort de son père, en 1786,
il entra dans la Chambre haute du parlement,
et plus tard, il s'y montra favorable aux idées
nées de la révolution française. Le peu de suc-
cès qu'il obtint à la tribune le ramena aux
sciences, qui lui doivent plusieurs découvertes.
Lord Stanhope mourut à Londres, le 13 sep-
tembre 1816, à l'âge de soixante-trois ans. La
plupart des travaux et des découvertes de lord
Stanhope n'appartiennent point à la musique,
mais il a proposé un nouveau système de tem-
pérament des instruments à clavier, sous ce
titre : Principles of tuning instruments
tvith fixed tones (Principes de l'accord des in-
struments à sons fixes); Londres, Wilson,
1806, in-8° de vingt-quatre pages.
STANLEY (Jean), bachelier en musique,
naquit à Londres, au mois de janvier 1715.
STANLEY — STARKE
113
A l'âge de trots ans, un accident lui fit perdre
la vue. A sept, il commença l'étude de la mu-
sique, dans laquelle il fit de rapides progrès.
Son premier matlre fut un organiste nommé
Reading, élève de Blow; mais plus lard il de-
vint élève du docteur Greenc. A l'âge de onze
ans, il obtint la place d'organiste d'une petite
église de Londres; en 1726, on lui confia celle
d'organiste de la paroisse de Saint-André, et
huit ans après, il y joignit les fonctions d'or-
ganiste du temple. Hsendel, qui estimait les
talents de Stanley, lui laissa, en mourant, une
partie de sa musique. Il s'associa à cette
époque avec Smith (voyez ce nom) pour la di-
rection des oratorios, et la conserva jusqu'en
1784. Deux ans auparavant, il avait remplacé
Weidemann comme chef d'orchestre de la cha-
pelle royale. Stanley mourut à Londres, le
19 mai 1786, laissant en manuscrit les orato-
rios de Jephté (exécuté en 1757), et de Zimri
(en 1760, à Covent-Garden), dont il avait com-
posé la musique. On a publié de sa composi-
tion : 1° Six concertos pour deux violons, deux
violes, violoncelle et basse continue. 2° Six
idem pour sept instruments, op. 2. 3° Huit
sonates pour flûte et basse, op. 1. 4°Sixsolos
pour flûte, op. 4.
STAISZEIV (Jean- Louis) , organiste de
Saint-Paul, à Hildesheim, occupa celte posi-
tion pendant les vingt dernières années du
dix-huitième siècle. Il a publié de sa composi-
tion : 1° Trois sonates pour clavecin et violon,
op. 1; Offenbach, 1793. 2° Sonates à quatre
mains, op. 2; ibid. 5° Sonates pour clavecin,
violon et basse, op. 4 ; ibid. 4° Grande sonale
pour clavecin, violon et basse, op. 5; ibid.,
1797. 5" Quatre marches caractéristiques poul-
ie clavecin, et un rondo à trois mains, op. 6;
Brunswick, 1797. 6° Chansons allemandes avec
accompagnement de clavecin, premier et se-
cond recueils; Cassel, 1782 et 1783.
STAPPEN (Corneille VAN), composi-
teur hollandais qui vécut vers la fin du quin-
zième siècle, n'est connu jusqu'à ce jour que
par trois morceaux écrits par lui et qui se trou-
vent dans le troisième livre du rarissime re-
cueil intitulé : Harmonice musices Odlicca-
lon, et dont le titre particulier est : CantiC.
n" Cenlo cinquanta (Impressum Veneliis
per Octavianum Petrutium forosempro-
niensem, l!î03). Le premier de ces morceaux
est la chanson française à quatre voix : De
tous biens plaine, dont le superius chante
l'antienne avec les paroles Beati pacifici. Le
second morceau est la chanson à quatre voix :
Gentil galans de guerra; et le troisième est
BIOGR. UNIV. DUS MUSICIENS. T. VIII.
le motet à quatre voix : Virlutum expulsus
terris chorus omnis abibit.
STARCK (Philippe-Guillaume), recteur
et organiste de l'école de la ville, à Wrilzen-
sur-1'Oder, au commencement du dix-hui-
tième siècle, est auteur d'un opuscule intitulé :
Orguni Wrigensis viadrani veteris de-
structi, et novi in lemplo majori extructi
descriptio, dus ist : Beschreibung der alten
abgerissenen und in der grossen R'irche zu
IFrilzen an der Oder neu-erbauten Or gel;
Berlin, 1727, in-4° de soixante pages.
STAR1CIUS (Jean), organiste de Saint-
Laurent, à Francfort -sur-le-Mein, au commen-
cement du dix-septième siècle, a fait imprimer
de sa composition : 1° Teutsche lustige Lie-
der und Tantz mit 4 Stimmen (Chansons
allemandes choisies et danses à quatre voix);
Francfort, 1609. 2° Newc teutsche weltliche
Lieder nach Art der ivelschen Madriga-
lien, etc. (Nouvelles chansons mondaines
allemandes dans le style des chansons fran-
çaises).
STARK (Frédéric-Théophile), cantor,
à Waldenbourg, en Silésie, né le 29 août
1742, s'estdistingué par son talent sur l'orgue
et par ses compositions. Il mourut à Walden-
bourg, le 20 mai 1807. On a publié de sacom-
position : 1° Die Gedanken und Fmpfin-
dungen beim Kreuze Jesu auf Golgotha
(Pensées et douleurs de Jésus sur la croix),
oratorio; Breslau, Gross etBarth, en partition.
2° Le Pharisien, oratorio, en 1794. 3° La
Passion, oratorio, en partition pour le piano;
ibid. On croit aussi qu'une collection de cent
soixante fugues (?) et préludes pour l'orgue,
publiée à Mayence, vers 1792, sous le nom de
Stark, appartient à cet artiste.
STARKE (Frédéric), né en 1774, à Elster-
werda, en Saxe, reçut les premières leçons de
piano de Ahner, organiste de ce lieu; puis il
alla continuer ses études à Grossenhayn, et
apprit à jouer de tous les instruments à cordes
et à vent chez le musicien de ville Gœrner,
particulièrement du cor, sur lequel il acquit
une certaine habileté. Après avoir achevé son
apprentissage, il visita Meissen, Wittenberg
etLeipsick, où il fit la connaissance de Hillcr
et de Millier. Ce fut à cette époque qu'il étudia
la composition dans les livres de Marpurg, de
Kirnberger et de Tlirk. Le désir de voyager lui
fit accepter un engagement de musicien dans
une troupe équestre qui parcourait l'Alle-
magne. Deux ans après, il entra à l'orchestre
de Salzbourg, puis il fut maître de piano de la-
comtesse Pilali, à Wels, passa deux années chez
8
114
SÏARKE — STECHER
celle dame, et, enfin, entra dans la musique
d'un régiment, avec lequel il fit toutes les cam-
pagnes en Suisse, sur le Rhin et en Autriche.
Arrivé à Vienne, il étudia la composition sous
la direction d'Albrechlsberger, et entra à l'or-
chestre du théâtre de la cour pour y jouer du
cor, après avoir obtenu un congé temporaire.
Plus lard, il fut obligé de rentrer dans son ré-
giment; mais ayant enfin obtenu son congé
définitif, il se retira àDœbling, près de Vienne,
et publia un journal mensuel de musique mi-
litaire, et un autre journal de fanfares pour
trompettes. Cet artiste laborieux est mort
après une courte maladie, le 18 décembre
1833. Parmi ses nombreux ouvrages, on re-
marque: 1° Journal de musique militaire;
Vienne, chez l'auteur : on y trouve plus de
trois cents morceaux de sa composition.
2° Journal de fanfares pour des trompettes
et trombones: environ cinquante numéros;
ibid. 3° Marches militaires à dix parties,
op. 14; Vienne, Arlaria. 4° Six marches pour
la musique turque, op. 48; Vienne, llaslinger.
5° Marche favorite d'Alexandre pour musique
militaire, op. 78; ibid. 6° Pièces d'évolutions
pour dix trompettes, deux cors et trombones;
Vienne, chez l'auteur. 7° Un grand nombre de
danses pour l'orchestre. 8° Variations et pots
pourris pour divers instruments. 9° Quatuor
pour piano, flûte, violon et violoncelle, op. 1 19;
Vienne, chez l'auteur. 10" Quatuor pour piano,
violon, alto et basse, op. 120; ibid. 11" Grande
sonate pour piano, cor et \ioloneelle obligés,
op. 7 ; Vienne, Weigl. 12" Beaucoup de pièces
détachées pour piano seul. 13" Trois messes
faciles à quatre voix et grand ou petit or-
chestre; Vienne, chez l'auteur. 14" Offertoire
pour soprano et ténor, chœur et orchestre ;
ibid. 15° Tantum ergo pourconlrallo et basse,
chœur et orchestre; ibid. 16" L'Ecole du
piano de Fienne, méthode en trois parties;
ibid., 1819 et 1820, deux volumes in-fol.
STAllSWOLSIil (Si.tion), historien et
biographe, polonais, vécut dans la première
moitié du dix-septième siècle. Il futprimicier
de la collégiale de Tarnow(Gallicie). Les nom-
breux ouvrages de ce savant n'appartiennent
lias à l'objet de ce dictionnaire biographique;
il n'y est mentionné que pour un traité élé-
mentaire de musique dont il est auteur, et qui
a pour titre : Nusiccs praclicx Erotemata,
in usum sludiosx juventutis breviter et ac-
curate collecta a Simone Starsvolsio ecclesix
collegistx Tarnociensis primicerio ; Craco-
■vix, ex ofjicina Francisai Cxsarei S. R. M.
typ., anno 1CI50, in-8°.
] STARZER (...), habile violoniste, a eu
longtemps de la célébrité comme compositeur
! de ballets, à Vienne. On ignore ses prénoms,
le lieu et la date de sa naissance, ainsi que les
premières circonstances de sa vie. Après avoir
occupé quelque temps la place de compositeur
! des ballets du Théâtre-Impérial à Vienne, il
fut appelé à Pétersbourg, en 1702, avec le titre
, de maître de concerts; mais dès 1770, il était
de retour à Vienne, où il reprit sa place an
théâtre dirigé par Noverre. Dans les dernières
années, son excessif embonpoint l'empêcha de
jouer du violon et de diriger lui-même ses ou-
| v rages. Il mourut à Vienne, en 1793. La mn-
i sique de Starzer était brillante, mélodieuse, et
bien adaptée à l'aclion dramatique. Les bal-
lets dont il a composé la musique sont : 1° Les
Trois Fermiers. 2" Les Braconniers. 3° Adé-
laide de Ponthieu. 4° Les Lforaces. 5° Les
Cinq Sultanes. G" Il Giudizio di Paride.
7" Diana ed Endimione. 8° Roger et Brada-
mante. 9" / /.'astori di Tempe. 10" La Pa-
rodie de Médée. 1 1° Agamemnon. 12" Le Cid.
15° JLontezuma. 14" Teseo in Creta. 15° Les
j}joissonneurs. 10" Les Muses. On connaît
aussi en manuscrit, de la composition de
Starzer , quelques symphonies pour l'or-
chestre, et l'oratorio la Passione di Gesù
Cristo.
STATiniIOIY (Cihiistoi-he) est cité par
Gessncr {Bibl. in Epit. rcd. append., p. 835)
comme auteur d'un petit poème intitulé :
De Laudibus musicx ad Joannem Fri-
siwn.
STECHAIML'S (Asork), magister et rec-
teur de l'école d'Arnstadt, dans la principauté
de Schwarzbourg, au commencement du dix-
septième siècle, a public un recueil de pièces
intitulé : Ouestioncs .Visccllx philosophico-
philologicx (Erfurt, 1(534, in-4"), où l'on
trouve deux thèses sur cette question : An mu-
tât io sit de nota prxoccupante , an vero mu-
tante ? Il s'agit, dans ces écrits, de la ques-
tion, alors fort controversée en Allemagne, de
la substitution des sept noms de noies de la
gamme à l'ancienne méthode des muances,
dans la solmisalion.
STECHER (Marias), pianiste et orga-
niste distingué, naquit à Manheim, vers 1700,
et y vivait encore en 1811. On a imprimé de
s,i composition : 1° Neuf pièces pour le clave-
cin; Manheim, 1793. 2° Grande sonate à
quatre mains; Leipsick, Breitkopf et llœrtcl.
5" Six fugues pour l'orgue; ibid., 1798.
4° Treize variations pour le clavecin, op. 5;
ibid., 1790. 15° Douze variations cl un rondo
STECHER — STEFANI
lu
pour le clavecin, op. 6 ; Munich, 1799. 6° Huit
fugues pour l'orgue ou le clavecin, 1802.
7° Trois sonates pour piano et flûte obligée,
op. 8, 1803.
STECIIERT (Charles), organiste de
l'église Sainte-Marie, à Wismar, né à Pots-
dam, en 1820, commença l'étude de la musi-
que sous la direction d'un maître nommé
Wiedemann, puisdevint élève de A. -W. Bach,
à l'Institut de l'Académie royale des beaux-
arts de Berlin. En 1843, il obtint la place d'or-
ganiste de l'église Saint-Nicolas, àSpandau, et
celle d'organiste de Sainte-Marie, à Wismar,
lui fut donnée en 18G2. Stechert est habile
pianiste et compositeur. Je n'ai trouvé, dans
les catalogues de musique del'Allemagne d'au-
tre indication de compositions de cet artiste
que celle de cet ouvrage : Le Retour pendant
l'orage, grande fantaisie pour piano, op. 8;
Berlin, Challier.
STEELE (JosuÉ), membre de la Société
royale de Londres, vécut dans celle ville pen-
dant la seconde moitié du dix-huitième siècle.
La lecture de V Essai sur l'origine des lan-
gues, de J.-J. Rousseau, le conduisit à la re-
cherche de signes d'intonations qui pussent
noter plus exactement les divers accents de la
déclamation qu'on ne peut le faire par les si-
gnes ordinaires delà musique, et il en inventa
un système complet qu'il a exposé dans l'ou-
vrage intitulé : An Essuy towards establish-
ing the melody and measure of speech to be
expressed and perpetualed by pcculiar sym-
bols (Essai concernant les moyens d'exprimer
et de perpétuer la mélodie et la mesure de la
parole par des signes particuliers) ; Londres,
J. Almon, 1775, grand in-4° de cent quatre-
vingt-treize pages. Les signes imaginés par
Sleele consistent, à l'égard de la notation, en
une large portée de cinq lignes, dont les
espaces sont subdivisés en quatre ou cinq de-
grés d'intonations moins déterminés que ceux
du chant, afin de donner aux accents de la dé-
clamation un caractère plus analogue à celui
de la parole. Des courbes etdes lignes obliques
dirigées à droite ou à gauche déterminent les
intonations par les points de la portée où elles
aboutissent; et des signes de durée, empruntés
à la notation de la musique, touchant par un
trait vertical à l'un des points de la courbe ou
de la ligne oblique, marquent l'accent au de-
gré d'intonation qui lui est propre, et en dé-
terminent la durée. Ce système est ingénieux :
on aurait pu l'employer utilement pour l'en-
seignement du débit oratoire; mais les exem-
plaires de l'ouvrage de Sleele sont si rares, que
celui qu'il avait envoyé à J.-J. Rousseau, main-
tenant en ma possession, et celui de la Biblio-
thèque impériale, à Paris, sont les seuls que
je connaisse. Le sujet de l'ouvrage de Steele a
été repris environ cinquante ans plus tard,
par le docteur J. Rush (voyez ce nom), et
traité d'une manière plus scientifique et plus
simple.
Sleele a aussi donné, dans les Transactions
philosophiques (t. LXV, année 1775), deux
morceaux relatifs à la musique. Le premier a
pour litre : Account ofa musical instrument,
ivhich was brought by Captain Furneaux
from the Isle of Amsterdam in the South
Sea to London in the year 1774 (Notice d'un
instrument de musique qui a été rapporté par
le capitaine Furneaux de l'île d'Amsterdam,
dans la mer du Sud, en 1774); le second mor-
ceau est instilulé : Remarks on alarge System
of reed piper from the Isle of Amsterdam,
with some observations on the nose flûte of
Otaheilee (Remarques sur la grande étendue
de la flûte à anches de l'île d'Amsterdam, avec
quelques observations sur la flûte nasale
d'Otahiti).
STEETZ (Guillaume), musicien allemand,
né à Hambourg, vers 1770, se fixa en Angle-
terre au commencement de ce siècle, et s'éta-
blit à Tiverton. On a de lui : Treatise on the
éléments of Music in a séries of letters to a
Lady (Traité sur les éléments de la musique
dans une série de lettres à une dame); Tiver-
ton, 1812, un volume in-4°.
STEEAINI (Giovanni), organiste de l'église
de la Grazia, à Vienne, dans la première moi-
tié du dix-septième siècle, est connu par les
ouvrages dont voici les litres : 1° Concerti
amorosi; terza parte délie Canzonette in
musica raccolte del dello Stefani; Venezia,
app.Aless. Vincenti, 1023, in-4°. 2° Affetli
amorosi : Canzonette adunavoce sola; ibid.,
1624. 3° Ariettte amorose a voce sola ; ibid.,
1G26.
STEFANI (Jean), violoniste et composi-
teur, naquit à Prague, en 1746. Au commen-
cement du règne de Stanislas- Auguste, il se
rendit en Pologne, et fut admis comme pre-
mier violon de l'orchestre de la cour et de ce-
lui du théâtre de Varsovie; plus tard, il diri-
gea celui de la cathédrale. Il mourut dans cette
ville, en 1819, à l'âge de quatre-vingt-trois
ans. En 1794, il écrivit, pour la troupe drama-
tique de Boguslawski, l'opéra intitulé le Mi-
racle ou les Krakoviens et les Gorales, dans
lequel il avait introduit des mélodies popu-
laires de la Pologne. Cet ouvrage fut accueilli
116
STEFANI — STEFFANI
avec enthousiasme par la nation tout entière
et obtint plus de deux cents représentations.
Les autres opéras de cet artiste sont : les Sujets
reconnaissants envers leur souverain, re-
présenté à Varsovie, en 1796; l'arbre en-
chanté, 1797; Frosine, 1806; le Reitmeister
Gorecki, 1807; la Polonaise, en trois actes,
1807; le Vieux Chasseur, 1808; Papirius,
1808. Stefani a écrit aussi un grand nombre
de polonaises et beaucoup de messes avec or-
chestre. Il eut deux fils et une fille. L'aîné,
Casimir Stefani, violon solo du théâtre de Var-
sovie, mourut en 1811, à l'âge de vingt ans;
son frère, Joseph Stefani, également violon
solo, n'était âgé que de dix-huit ans lorsque la
mort le frappa ; et Léonore Stefani , canlalrice
du même théâtre, fort aimée du public, fut
enlevée à la fleur de l'âge, en 1831. Tous
trois sont inhumés près de leur père, à Po-
wonzki.
STEFANI (Joseph), compositeur et pro-
fesseur de chant, né à Varsovie, en 1802, a
fait ses études musicales au Conservatoire de
celte ville, et a reçu des leçons de composition
d'Elsner (voyez ce nom). Sa première produc-
sion de quelque importance fut la musique du
ballet Apollon et Midas. Encouragé par le
succès de cet ouvrage, il composa la musique
de l'opéra la Leçon de botanique, d'après un
vaudeville français. Le bon vieux Temps,
autre opéra-comique de sa composition, fut
représenté, avec succès, en 1829. Les ma-
sonrkes, les polonaises et les chansonnettes
qu'il a publiées, ont rendu son nom populaire
en Pologne. Parmi ses œuvres de musique
religieuse, on remarque plusieurs messes à
quatre voix avec orgue; la messe n° ô (en mi
bémol), avec accompagnement d'instruments à
vent ; la messe n° 5, exécutée dans l'église des
Piarisles, sous la direction de l'auteur; la messe
pour la fête de saint Stanislas, dans la même
église; la messe n°7, exéculéedans l'église des
Visitandines, par les élèves du gymnase, sous
la direction de leur professeur Stefani; une
messe de Requiem, à trois voix d'hommes,
avec orgue ; la messe à quatre voix d'hommes,
avec accompagnement d'instruments à vent,
chantée dans l'église des Capucins; la messe
n° 13, exécutée chez les Bernardins ; Te Deum
avec orchestre, Offertoire; Ave Maria pour so-
prano avec violon solo ; O Salutaris et Pange
Lingua, avec orchestre; Benedictus à quatre
voix seules, avec choeur, exécuté dans l'église
des Piarisles, pour la fête de saint Stanislas,
le 8 mai 1841 ; Spiewy religijne (chants reli-
gieux); Varvosie, Zaleski, 1841.
STEFANINI (Jean-Baptiste), né à Mo-
dène, vers Î660, fut maître de chapelle de la
cathédrale de Turin ; il occupait cette position
dans les dernières années du dix-seplième
siècle. On connaît de lui des motets à six et à
huit voix, qui ont élé publiés sous ce litre :
Mottheta D. Joh.-Bapt. Slephanini Mutin,
in ecclesia metropolitana Taurinensi Mag.
ntusicx sex et octo vocibus. Liber primus;
Venetiis, 1694. Ldem, liber secundus ; ibid.,
1698.
STEFFAN (Joseph-Antoine), et non
STEPHAN, comme l'écrit Gerber, pianiste
eteompositeur, naquit à Kopidlno, en Bohême,
le 14 mars 1726. Après avoir appris les élé-
ments de la musique comme enfant de chœur,
il se rendit à Vienne et y devint élève de Wa-
genseil (voyez ce nom). Fixé depuis lors dans
la capitale de l'Autriche, il obtint le litre de
maître de clavecin de la cour impériale, et fut
chargé, en celle qualité, de donner des leçons
à la reine de France Marie-Antoinette, et à
l'archiduchesse Caroline, qui devint reine de
Naples. On n'a pas de renseignements concer-
nant l'époque de sa mort, mais on sait qu'il
vivait encore en 1781 . Les ouvrages imprimés
de cet artiste sont ceux-ci : 1° Sei Diverti-
menti per il cembalo, op. 1 ; Vienne. 2° So-
nate per il cembalo, op. 2; Vienne, 1756.
3° Idem, op. 3, la parle; Vienne, 1763.
4° Idem, op. 5, 2a parte; ibid., 1764. 5° Pre-
ludi per diversi tuoni ; Vienne, 1762.
6° Chansons allemandes pour le clavecin,
quatre suites; Vienne, 1778 à 1781. 7° Vingt-
cinq variations sur la chanson bohémienne :
Mug mily Janku; Prague, Haas, 1802. Il y a
une édition de ces variations publiée à Vienne,
chez Traeg, en 1797. Steffan a écrit aussi un
oratorio intitulé : Le Sauveur du monde in-
nocemment accusé, et condamné à la mort.
STEFFAN (Gaspard-Melchioiv et Michel).
l'oyez STEPHAN.
STEFFANI (Augustin), compositeur cé-
lèbre, naquit en 1655, à Castelfranco, dans
l'État de Venise. On ignore le nom des maîtres
qui dirigèrent sa première éducation musicale,
mais on sait que la beauté de sa voix l'avait
fait appeler à Venise pour le service de quel-
ques églises. Un noble allemand qui l'entendit
en éprouva tant de plaisir, qu'il fit au jeune
chanteur la proposilionde le suivre, lui promet-
tant de pourvoira ses besoins et d'assurer son
avenir. Celte offre ayant élé acceptée, l'étran-
ger conduisit Sletrani à Munich, et le confia
aux soins d'Hercule Bernabei (voyez ce nom).
Sous un tel maître, les progrès du jeune artiste
STEFFANI
117
furent rapides (]). Sleffani était entré au sé-
minaire : après y avoir l'ait ses études, il reçut
la tonsure et prit le litre d'abbé, qu'il a tou-
jours porté depuis lors. Devenu compositeur
distingué, il écrivit d'abord pour l'église, par-
ticulièrement plusieursmesses pour la chapelle
de l'électeur de Bavière. Il n'était âgé que de
dix-neuf ans lorsqu'il publia un recueil de
psaumes à huit voix où l'on remarque déjà
beaucoup d'habileté dans l'art d'écrire. Cet
œuvre fut suivi de sonates pour quatre instru-
ments, et de duos à deux voix avec basse con-
tinue, ouvrage du plus grand mérite, et qu'on
a mis souvent en parallèle avec les duos de
Clari : celui-ci semble les avoir pris pour mo-
dèle. Tous ces ouvrages, composés pour
l'usage de la cour de Munich, fuient récom-
pensés plus lard par le don de l'abbaye de
Lipsing, dont il prit le titre. En 1681, Sleffani
écrivit son premier opéra intitulé Marco-
Awelio .-le succès de cet ouvragelui fit obtenir
la place de directeur de la musique de la
chambre de l'électeur. Quatre ans après, il fut
chargé de la composition de Servio Tiillio,
opéra sérieux en Irois acles, pour le mariage
de l'électeur Maximilien- Emmanuel avec
l'archiduchesse Marie-Antoinette d'Autriche.
La beauté de cet ouvrage mit le sceau à sa ré-
putation, et lui fit faire des propositions par
plusieurs princes d'Allemagne qui désiraient
l'avoir pour maître de chapelle : Sleffani ac-
cepta celles de l'électeur de Brunswick, père
de Georges Ier, roi d'Angleterre. Peu de
temps après la représentation du Servio
Tullio, et dans la même année, il donna à
Brunswick II Solone, opéra sérieux en trois
acles. Cet ouvrage Tut suivi de Jlarico in
Ballha, en 1687; de Enrico delto il Leone,
en 1689; VAlcide, en 1602; d'Alexandre
l'Orgueilleux, en 1695; de Roland, en 1696;
d'Alcibiade, en 1697; d'Atalante, en 1698,
et de // Trionfo del Falo, en 1699. Les cinq
derniers ouvrages furent traduits en allemand,
et représentés à Hambourg. Le duc de Bruns-
wick avait confié la direction de son théâtre à
Sleffani; mais les désagréments que lui cau-
saient les prétentions et les querelles des
chanteurs lui firent donner sa démission de
cet emploi; il ne conserva que la charge de
compositeur : mais il ne mit plus son nom à
(I) II y n une difficulté relativement aux études de
Sleffani sous la direction de Bcrnabei ; celui-ci n'arriva
à Munich qu'en 1073; cependant, Sleffani publia,
en 1074, des psaumes à huit voix de sa composition ; il
est donc vraisemblable qu'il avait eu un mailrc de
contrepoint avant que Bcrnabei le prit pour élève.
ses dernières productions, parce que le duc de
Brunswick l'employa dans des missions diplo-
matiques. Ses ouvrages portèrent souvent le
nom de Piva, son copiste.
Dès 1689, l'empereur Léopold Ier, à la con-
vention des électeurs, à Augsbourg, avait fait
connaître son intention de créer un neuvième
électoral en faveur du duc de Brunswick et de
ses descendants ; celte déclaration n'avait pas
été reçue avec beaucoup de faveur par les
autres électeurs, et l'on craignait des diffi-
cultés. Sleffani, qui avait étudié le droit public
à Hanovre, et qui jouissait de toute la faveur
du prince, obtint qu'on le chargeât d'une
partie des négociations à ce sujet. Il y mit tant
d'adresse à écarter les obstacles, que l'empe-
reur accorda, en 1692, l'investiture de l'élec-
toral de Hanovre, et la dignité d'architrésorier
de l'empire au duc de Brunswick, avec la
Iransmission de ses droits et dignités à ses des-
cendants. Le prince donna des témoignages
éclatants de sa satisfaction à l'abbé Sleffani,
en obtenant pourlui la dignité de protonotaire
apostolique, puis celle d'évêque deSpiga,dans
les possessions espagnoles de l'Amérique, qui
lui fut conférée par le pape Innocent XII, et
enfin en lui accordant une pension de quinze
cenls éens. Comme certains artistes, Slef-
fani avait une autre ambition que celle de la
gloire qu'il pouvait trouver dans son art :
ayant pris un rang parmi les hommes politi-
ques, il se crut grandi, et après avoir com-
mencé par désavouer ses ouvrages, il quitta,
en 1710, ses places de maître de chapelle et de
directeur de musique, désignant Hsendel pour
son successeur; puis il vécut en homme de
cour, dans la société des grands. Après une
longue absence de sa patrie, Sleffani fit, en
1729, un voyage en Italie, passa l'hiver à
Rome, et y eut l'honneur d'être incessamment
dans la société du cardinal Ottoboni, qui
aimait à faire exécuter ses ouvrages dans son
palais. Peu de temps après son retour à Ha-
novre, Sleffani fut obligé de faire un voyage à
Francfort; mais à peine arrivé en cette ville,
il tomba malade, et mourut au bout de quel-
ques jours, en 1750, à l'âge de soixante-quinze
ans.
On ne connaît pas aujourd'hui tous les ou-
vrages de Sleffani, parce que le plus grand
nombre ayant été composés pour le service
spécial de la cour de Brunswick et de Ha-
novre, les copies ne s'en sont pas répandues,
et parce que plusieurs ne portent pas son nom.
On sait qu'il avait écrit plusieurs oratorios :
mais leurs titres sont ignorés. Outre les opéras
118
STEFFANI — STEGMANN
cités plus haut, les ouvrages de cet artiste,
parvenus jusqu'à nous, sont : 1° Psalmodia
vespertina octo plenis vocibus concinenda,
ab Auguslino Sleffano in lucem édita, glatis
sux anno XIX,Monachii, 1674, in-fol. C'est
par le titre de cet ouvrage qu'on a pu déter-
miner avec précision l'année de la naissance
de Steffani. 2° Janus Quadrifons tribus vo-
cibus vel duabus quolibet prxtermissa modu-
landus (motets à trois voix et b^sse continue);
Monachii, 1085, in-fol. 5° Sonate da caméra
a due violini, allô e continuo; Munich, 1679,
in-fol. 4° Duettida caméra a soprano e con-
tralto con il basso continuo; Munich, 1685.
5° Quanta certezza habbia da suoi principi
la musica (Quelle certitude il y a dans les
principes de la musique); Amsterdam, 1095,
in-8° de huit feuilles. Dans ce petit écrit, Stef-
fani soulève la question la plus importante de
la science de la musique; mais malgré le succès
qu'obtint son ouvrage, il est permis de dire
que ses vues ne sont pas assez élevées ni ses
connaissances assez profondes pour la solu-
tion d'un tel problème. Werckmeister a fait
une traduction allemandede l'écrit de Steffani,
sous ce titre : Sendschreiben , darinnen ent-
halten, ivie grosse Gewisslieit die Musih
habe, aus ihren Principiis und Gruttd-
sœlzer, etc.; Quedlinbourg, 1G99, in-8° de
sept feuilles. Jean-Laurent Albrecht a donné
une deuxième édition de cette traduction avec
une préface et des notes, à Mulhausen, en
1760, in-4° de quatre-vingt-deux pages, non
compris la préface.
STEFFANI (Christian). Voyez STE
PHANNO.
STEFFENS (Frédéric), directeur de
l'école de musique de l'hospice des orphelins
de militaires, à Potsdam, est né dans cette
ville, le 28 juillet 1797. A l'âge de dix ans, il
reçut les premières leçons de clarinette et de
violon chez son oncle, David Bensch, première
clarinette du corps de musique d'un régiment
de la garde ; puis il eut pour maître de violon
L. Maurer.En 1813, il entra comme trompette
dans un régiment de hussards : un an après,
il fut placé dans le premier régiment d'infan-
terie de la garde royale, pour y jouer de la
clarinette et du cor de bassette. En 1822, il
passa de ceiie position dans celle de hautboïste
du 21e régiment en garnison àSlargard. De-
venu professeur de musique de la maison des
orphelins militaires de Potsdam, en 1841, il
en fut nommé directeur en 1848. En 1857, il
a été mis à la retraite avec une pension en
conservant son litre, et le roi de Prusse lui ac-
corda la décoration de l'ordre de l'Aigle rouge
de quatrième classe. Cet artiste laborieux a
composé une grande quantité de musique poul-
ies corps de musique militaire, pour les instru-
ments à vent et pour l'instruction des élèves
d'écoles de régiments : il ne parait pas qu'il
en ait été rien publié.
STEGEWY(A.C.),organisleet violoniste
àZwoll,dans l'Overyssel, vers le milieu du dix-
huitième siècle, a publié à Amsterdam, en
1760 : 1° Six sonates pour le violon. 2° Trois
sonates pour deux flûtes et basse. 5° Trois
idem pour flûte, violon et basse.
STEGMANN (Ch akles -David), né à
Dresde, en 1751, était fils d'une pauvre fa-
mille qui, à l'époque du siège de cette ville, se
réfugia dans le village de Staucha, près de
Meissen. Stegmann y commença l'élude de la
musique à l'âge de huit ans. De retour à
Dresde, en 1760, il devint élève de l'organiste
Zillich ; puis il entra à l'école de la Croix, lors-
qu'il eut atteint sa quinzième année, et y reçut
des leçons de composition d'IIomilius (voyez ce
nom). L'étude du violon, sous la direction de
Weisse, acheva son éducation musicale. Quel-
ques œuvres de musique vocale et instrumen-
tale le firent connaître avantageusement. Un
penchant irrésistible le fit débuter, en 1772,
au théâtre de Breslan, dans les rôles de ténor,
où il réussit plus par l'expression de son chant
que par la beauté de sa voix. L'année suivante
il fut engagé dans la troupe d'opéra deKœnigs-
berg, et obtint le titre de maître de concert du
prince-archevêque d'Ermeland. En 1774, il se
rendit à Dantzick, puis retourua à Rœnigs-
berg, et arriva à Gotha, vers la fin de l'année
1776. Deux ans après, il accepta un engage-
ment à Hambourg, s'y fixa avec sa famille, et
y dirigea l'orchestre du théâtre pendant vingt
ans. En 1798, il prit un intérêt dans la direc-
tion de ce théâtre et conserva la position de
co-directeur jusqu'en 1811. A cette époque, il
se retira à Bonn, chez son ami Simrock, où il
mourut au commencement de l'année 1826.
Stegmann a beaucoup écrit pour la scène;
au nombre de ses ouvrages on cite ceux-ci :
1° Der Kaufmann von Smyrna{Le marchand
de Smyrne); à Kcenigsberg, en 1773. 2° Das
redende Gemulde (Le portrait parlant). 3° Die
Recruten au f de m Lande (Les recrues en cam-
pagne), à Mittau, en 1775. 4° Apollon unter
den Birten (Apollon parmi les bergers).
5° Erwin et Elmire. 6° Clarisse. 7° Die her-
schaftliche K'ùche (La cuisine du seigneur).
8° Phi le mon et Baucis. 9° Macbeth. 10° Ou-
verture, chœurs et cntr'acles du Sultan
STEGMANN — STEIBELT
119
TFampum. 10° (bis) Henri le Lion (pour le
'Couronnement de l'empereur, à Francfort, en
1792). 11° Montgolfier (ballet avec chants et
chœurs). 12° Le Triomphe de l'amour.
15° Chants et chœurs pour le prologue
d'inauguration du théâtre de Hambourg .
14" Monologue de la Pucelle d'Orléans, de
Schiller. 15° Die Roseninsel (L'île des roses).
15° (bis) Chœurs, chanls et marches pour la
tragédie Achmet et Zenide. 16° Ldem pour la
mort de Rolla. 16° (bis) Ouverture, chœur et
marches pour Moïse, drame, gravé à Bonn,
chez Simrock. On connaît aussi de Slegmann :
17° Trois ouvertures caractéristiques pour
l'orchestre; Bonn, Simrock. 18° Polonaise et
marche pour le piano à quatre mains; Leip-
sick, llofmeister. 19° Polonaise et valses pour
piano seul ; Erl'urt et Mayence. 20° Chant de
guerre des Allemands, pour ténor, solo et
chœur; Bonn, Simrock. 21° Chansons de
francs-maçons pour plusieurs voix d'hommes,
avec accompagnement de piano; ibid. 22'' Des
deulsclten l'alerland, chant populaire pour
voix solo et chœur, avec piano; ibid. 23° Chants
populaires à plusieurs voix d'hommes pour les
habitants de la campagne; ibid. 24" Vingt-
quatre chants de francs-maçons à plusieurs
voix, deuxième recueil ; ibid. 25° Chansons
allemandes pour voix seule et piano; ibid. Ce
compositeur a laissé en manuscrit : 26° Douze-
symphonies pour l'orchestre. 27° Deux con-
certos pour clavecin. 2S° Un idem pour violon.
29° Un idem pour clarinette. 50° Un idem
pour trompette-. 31 "Six trios pour piano, violon
et basse. 32° Deux symphonies concertantes.
ô3° Un quatuor pour deux violons, alto et
basse. 54° Un trio pour violon, alto et basse.
35° Une symphonie concertante pour deux
pianos, violon et orchestre. 56° Six sonates
pour piano. 57° Six canons pour deux violons.
38° Deux rondos pour piano. 39° Un Te Deum
avec orchestre. 40" Plusieurs morceaux de
chant détachés. Slegmann a arrangé beaucoup
de morceaux de Haydn, Mozart et Beelhoven,
pour divers instruments.
STEGMAYER (Ferdinand), né à Vienne,
en 1804, y apprit la musique dès son en-
fance. Devenu bon violoniste et pianiste habile,
il eut pour maître de composition d'abord Al-
brechlsbergcr, puis le chevalier de Seyfried. Il
occupa primitivement la place de second chef
des chœurs au Théâtre-Impérial de Vienne.
En 1825, il se rendit à Berlin et y obtint la
position de directeur de musique du théâtre
Kœnîgslœdl. Lorsque Rœckel forma la troupe
■d'Opéra allemand qui obtint de grands succès
à Paris, en 1829 cl 1830, ce fut Slegmayer qu'il
choisit comme chef d'orchestre; celui-ci fit
preuve de beaucoup d'intelligence et d'aplomb
dans celte position. Lorsque Henri Dorn eut
quitté Leipsick, Slegmayer fut appelé dans
cette ville pour le remplacer en qualité de di-
recteur de musique du théâtre. En 1838, il
dirigeait l'orchestre de celui de Brème. Dans
l'année suivante, il était à Prague; puis il re-
tourna à Leipsick. On le retrouve, en 1847,
dans la position de professeur de chant à
Berlin. Il obtint sa nomination de professeur
au Conservatoire de Vienne, en 1852; enfin,
il était chef d'orchestre de Caris -Theater, en
1800. Comme compositeur, Slegmann s'est l'ait
connaître par deux graduels pour des voix
d'homme; Vienne, Gloggl ; un offertoire idem,
ibid., 1853; un grand nombre de Lieder pu-
bliés à Berlin et à Leipsick; une ouverture de
fête, exécutée au théâtre Kœnigsteedl, à Ber-
lin, en 1825, pour l'anniversaire de la nais-
sance du roi Frédéric-Guillaume III. Il a
publié des thèmes variés pour le piano, op. 1
et 2; Vienne, Haslinger; quelques cahiers de
menuets, polonaises et valses pour le même
instrument, ibid.; caprice et rondeau, idem,
op. 7; Vienne, Leidesdorf; des marches à
quatre mains; Berlin, Trautwein. Slegmayer
est mort à Vienne, le G mai 1863.
STEHLIN (Sébastien), né dans la Ligurie,
était, en 1840, chef du chœur dans l'église
ligurienne, à Vienne. On remarque une in-
slruclion très-solide de tout ce qui concerne la
tonalité dans l'ouvrage qu'il a publié sous ce
titre: Tonarten des Choralgesanges , nach
alten Urkunden, etc. (Les modes du chant
choral, d'après les anciens documents, etc.);
Vienne, Rohrmann, in-fol. de quinze pages,
et quatre- vingt-quatre pages de musique.
STEIBELT (Daniel), fils d'un facteur de
pianos de Berlin, naquit dans cette ville, non
en 1755, comme le disent la plupart des bio-
graphes, car je l'ai connu à Paris, en 1801, à
peine âgé de trente-six ans. Je crois que cet
artiste célèbre n'a pas dû naître avant 1764 ou
1765. Quoi qu'il en soit, dès ses premières
années, il montra tant d'aptitude pour la mu-
sique, que le roi de Prusse Frédéric-Guil-
laume II, alors prince royal, s'intéressa à son
sort, et lui donna Kirnberger pour maître de
clavecin et de composition; mais Steibelt
n'élait pas né pour régler son talent d'après
les conseils d'un maître; il ne fut élève que de
lui-même, comme exécutant et comme com-
positeur. Tous les journaux de musique et les
écrits du temps gardent le silence sur sa jeu-
120
STEIBELT
nesse el sur ses premiers succès : les événe-
ments de sa vie sont même moins connus en
Allemagne qu'en France. L'avertissement d'un
catalogue de l'éditeur Gnetz de Munich (1) m'a
fait découvrir que Steibelt était dans celte
ville, en 1788, et qu'il y publia les quatre pre-
miers œuvres de ses sonates pour piano et vio-
lon. Les numéros de ces œuvres prouvent
qu'il était alors à l'aurore de sa carrière.
Quelque temps après, André d'OfTenbach fit
paraître de nouvelles éditions de quelques-
unes de ces sonates détachées. Dans l'année
suivante, Steibelt donna des concerts dans plu-
sieurs villes de la Saxe et du Hanovre, ainsi
que le prouve une lettre de l'organiste West-
phal, qui est en ma possession; puis il alla à
Manheim, et arriva à Paris au commence-
ment de 1790. Les frères Naderman (voyez
ces noms) ont trouvé la preuve, dans les pa-
piers de Eoyer, leur prédécesseur, que cet édi-
teur avait accueilli le jeune virtuose, l'avait
logé dans sa maison, et lui avait procuré de
puissants protecteurs à la cour. Steibelt recon-
nut assez mal ses services, car il lui vendit
comme des ouvrages nouveaux ses œuvres de
sonates 1 et 2, dont il avait fait des trios, en y
ajoutant une partie de violoncelle non obligée.
La supercherie fut découverte peu de temps
après, et Steibelt ne put assoupir cette mé-
chante affaire qu'en donnant à Boyer ses deux
premiers concertos pour indemnité. Des faits
semblables se sont reproduits plusieurs fois
dans sa carrière.
L'arrivée de Steibelt à Paris fit sensation,
malgré les graves événements qui préoccu-
paient les esprits. A cette époque, Hermann
(voyez ce nom) y était considéré comme le
pianiste le plus habile : une lutte s'établit
entre les deux virtuoses; mais les qualités du
génie, qui brillaient dans la musique de Stei-
belt, lui donnèrent bientôt l'avantage sur son
rival, malgré la protection que la reine accor-
dait à celui-ci, et l'éloignement que ce même
Steibelt inspirait pour sa personne, par son ar-
rogance habituelle et par les vices de son édu-
cation. Sa musique eut beaucoup de vogue,
bien qu'on la trouvât alors difficile: son suc-
cès balança, près des amateurs d'une certaine
force, le succès populaire de la musique de
Pleyel. Au nombre des protecteurs de Steibelt
se trouvait le vicomte de Ségur qui, fort aimé
(I) Calaloyus der musicalisehen Werhe, welche in der
Pfahbairisclien privilegirlen Nolenfabrique und I/and-
lung bei J. M. Gœtz ztt Miinchen, Afannheim und
Dùssehtorf fur beiycsetze Preese n» haben sind. 1788,
in- 12.
des femmes, sut les intéresser aux succès de
son protégé. M. de Ségur avait écrit pour
l'Opéra le livret de Bornéo et Juliette, et lui
avait confié cet ouvrage pour en composer la
musique; mais la partition de Steibelt fut re-
fusée à l'Académie royale de musique, en 1792.
Piqués de ce refus, les auteurs supprimèrent
le récitatif, le remplacèrent par un dialogue
en prose, et firent représenter leur pièce au
théâtre Feydeau, qui jouissait alors de la
vogue. Secondés par le talent admirable de
madame Scio, ils obtinrent par cet opéra de
Roméo et Juliette, en 1793, un des plus beaux
et des plus légitimes succès qu'il y ait eu à la
scène française. Bien que la musique de Stei-
belt fût mal écrite pour les voix, et qu'on y
trouvât des longueurs qui refroidissent l'ac-
tion, l'originalité des formes, le charme de
la mélodie, et même la vigueur du sentiment
dramatique en quelques situations, ont l'ait à
juste titre considérer sa partition comme une
des meilleures productions de son époque, et
ont placé son auteur à un rang élevé parmi les
musiciens. Le succès de cet ouvrage mit Stei-
belt à la mode sous le gouvernement du direc-
toire; etbientôt il compta parmi ses élèves les
femmes les plus distinguées de ce temps, entre
autres mademoiselle de Beauharnais, devenue
plus tard reine de Hollande, Eugénie de Beau-
marchais, madame Zoé de la Rue, madame
Lioltier (plus tard madame Gay), et mademoi-
selle Schérer, fille du ministre de la guerre.
Recherché, malgré ses fantasques boutades et
le peu d'aménité de son caractère, il aurait pu
dès lors prendre une position honorableet tra-
vailler aussi utilement à sa fortune qu'à sa ré-
putation: mais de graves erreurs l'obligèrent
à s'éloigner de Paris, en 1798. Il se rendit
d'abord à Londres par la Hollande, y donna
des concerls, et s'y maria avec une jeune An-
glaise fort jolie ; puis il alla à Hambourg, et
y donna de brillants concerls; enfin, il visita
Dresde, Prague, Berlin, sa ville natale, et
Vienne, où il entra en lutte avec Beethoven.
D'abord, il parut avoir l'avantage dans l'opi-
nion d'un certain monde d'amateurs; mais il
fut vaincu par le génie du grand homme. Par-
tout les opinions se partagèrent sur son ta-
lent : s'il eut d'ardents admirateurs, il eut aussi
beaucoup de détracteurs. Ceux-ci lui repro-
chaient l'usage immodéré qu'il faisait du tré-
molo ; l'inégalité de son jeu, et la faiblesse de
sa main gauche étaient aussi les sujets de
beaucoup de critiques. C'est dans ces voyages
qu'il fil entendre pour la première fois des
fantaisies avec variations, genre de musique
STEIBELT
121
dont il avait inventé la forme, et dont on a
tant abusé depuis lors. Il joua aussi, dans ses
concerts à Prague, à Berlin et à Vienne, des
rondos brillants et des bacchanales, avec ac-
compagnement de tambourin, exécuté par sa
femme, formes musicales imaginées par lui,
et dont la première lui a survécu.
Dans l'automne de l'année 1800, Seibelt re-
tourna à Paris. Il y rapportait de Vienne la
partition de la Création du monde de Haydn,
qui venait de paraître, et dont il avait entendu
de belles exécutions dans la capitale de l'Au-
triche. L'idée d'exploiter cet ouvrage à son
profit le préoccupait: il en fit une traduction
en prose qui fut mise en vers par M. de Ségur,
puis il l'ajusta sur la partition de Haydn, et
traita avec l'administration de l'Opéra pour
l'exécution solennelle de l'ouvrage sous sa di-
rection. J'ai sous les yeux l'original des con-
ventions faites à ce sujet : les administrateurs
de l'Opéra s'y engagent à payer à Steibell trois
mille six cents francs pour son travail, et deux
mille quatre cents à M. de Ségur, et leur lais-
sent la propriété de leur partition traduite,
qui fut vendue quatre mille francs à Érard.
L'exécution de l'ouvrage ainsi arrangé eut
lieu à l'Opéra, le 5 nivôse an ix; ce fut en y
allant que Napoléon faillit périr par l'explo-
sion de la machine infernale. La paix
d'Amiens, qui fut signée peu de temps après,
permit à Sleibelt de retourner à Londres avec
sa femme; il saisit avec d'autant plus d'em-
pressement cette occasion de s'éloigner de
Paris, que les motifs qui lui avaient fait
quitter celte ville, en 1798, n'y étaient pas
oubliés, et lui avaient fait fermer toutes les
portes. Peu de temps avant son départ, il avait
écrit la musique du ballet intitulé : le Retour
de Zéphire, qui fut représenté l'Opéra, en
1802.
Arrivé à Londres, Sleibelt y donna deux
concerts brillants; mais son caractère peu
sociable ne plut pas à la haute société anglaise,
qui ne lui prêta pas d'appui; de là vient qu'il
ne put se plaire en Angleterre, ni y faire de
longs séjours. Pendant celui-ci, il composa la
musique des ballets de la Belle Laitière et du
Jugement de Paris, qui furent représentés
avec grand succès au théâtre du roi. Il publia
aussi dans le même temps , à Londres, un très-
grand nombre de bagatelles pour le piano,
que le besoin d'argent l'obligeait d'écrire à la
hâte et qui nuisirent beaucoup à sa réputation.
Au commencement de 1805, Sleibelt revint à
Paris, el y publia plusieurs fantaisies, des ca-
prices, des rondeaux, des éludes, et sa méthode
avec six sonates et de grands exercices : ce
dernier ouvrage, mal rédigé, n'eut pas de
succès. Au commencement de 1806, il donna
à l'Opéra la Fête de Mars, intermède pour le
retour de Napoléon, après la campagne d'Au-
sterlilz. Il se remit aussi à la composition de
la Princesse de Babylone, grand opéra en
trois actes, reçu depuis plusieurs années à
l'Académie royale de musique. Cet ouvrage
allait y être représenté, lorsque Steibelt partit
subitement pour la Russie, au mois d'octobre
1808. Dans sa route, il donna des concerts à
Francfort, à Leipsick, à Breslau et à Varsovie.
Arrivé à Saint-Pétersbourg, il y obtint de
l'empereur la place de directeur de musique de
l'Opéra français, en remplacement de Boieldieu.
C'est pour ce théâtre qu'il écrivit Cendrillon,
opéra en trois actes, Sargines, en trois actes, et
qu'il refit son ancienne partition de Roméo et
Juliette. Il y fit aussi représenter sa Prin-
cesse de Babylone. On n'a gravé de ces ou-
vrages que quelques airs avec piano: les par-
titions paraissent en être perdues. Steibelt
travaillait à son dernier ouvrage (le Jugement
de Midas), lorsqu'il mourut à Pétersbourg, Je
20 septembre 1825, avant d'avoir achevé celte
partition. Sa mort laissait sa famille sans res-
source; mais son protecteur le comte Milaro-
dowilsch la tira de celte fâcheuse position en
donnant à son bénéfice un concert par sous-
cription, qui produisit quarante mille roubles.
A voir le dédain qu'on affecte maintenant
pour la musique de Sleibelt, on ne se douterait
guère du succès prodigieux qu'elle eut pen-
dant vingt ans ; succès mérité par le génie qui
brille à chaque page. A la vérité, de grands
défauts s'y font remarquer. Le style en est
diffus; on y trouve des répétitions continuelles
el fastidieuses; les traits ont en général la
même physionomie, et le doigter en est très-
défectueux; mais la passion, la fantaisie, l'in-
dividualité s'y montrent à chaque instant. Les
débuts de pièces ont tous de la fougue, du
charme ou de la majesté; ses chants ont tou-
jours quelque chose de tendre et d'élégant; si
la liaison manque dans les idées, du moins
celles-ci sont abondantes. Au résumé, la mu-
sique de Sleibelt pèche presque toujours par le
plan et ressemble trop à l'improvisation ; mais
on y sent partout l'homme inspiré. Dans les
éloges que je lui accorde, j'excepte ses der-
niers ouvrages, indignes de sa plume et de sa
réputation. L'état de gêne el de discrédit où
sa mauvaise conduite l'avait fait tomber, ne
lui laissait plus le temps de soigner ce qu'il
écrivait pour les éditeurs de musique : alors il
1-2*
SÏE1BELT
abandonna les genres de la sonale et du con-
certo, qui avaient t'ait sa gloire, pour des ba-
gatelles qui ne lui coûtaient aucun travail, et
qu'il se donnait à peine le temps d'écrire.
A l'égard de sa musique de théâtre, elle n'est
connue (|ue par sa partition t\u Roméo et Ju-
liette ; mais celle-ci suffit pour démontrer que
la nature lui avait donné le génie dramatique
autant que l'originalité «les idées.
Comme exécutant, Steibelt méritait une
part égale de reproches et d'éloges. Dépourvu
«le toute instruction méthodique concernant
le mécanisme du piano, et n'ayant eu d'autre
maitre que lui-même, il s'était l'ait un doigter
fort incorrect. L'art d'attaquer la touche par
divers procédés pour modifier le son lui était
peu connu, parce que les instruments de son
temps, légers et brillants, mais maigres et
secs, se prêtaient peu à ces transformations de
la sonorité; néanmoins, il possédait à un haut
degré l'art d'émouvoir et d'entraîner un audi-
toire. Sa manière ne ressemblait à aucune
autre, parce qu'il ne s'était jamais donné la
peine d'en étudier une. Tout était chez lui
d'instinct, d'inspiration ; aussi n'élait-il pas
supportable lorsqu'il était mal disposé; mais
dès qu'il se sentait en verve, nul n'avait plus
que lui le talent d'intéresser pendant des
heures entières. Au beau temps de sa car-
rière, il passait pour exécuter des difficul-
tés excessives ; aujourd'hui ses tours de
force paraîtraient des enfantillages à nos
virtuoses ; mais tout artiste serait heureux
de posséder les qualités dont la nature l'avait
doué.
La liste exacte des productions de cet homme
bizarre serait fort difficile à faire, parce que
les mêmes œuvres ont été gravés sous des nu-
méros différents en France, en Allemagne, en
Angleterre. Voici ce que j'ai pu recueillir de
plus complet à cet égard. Je cite les éditions
originales : 1° Ouverture en symphonie; Pa-
lis, Naderman. 2° Idem de la Laitière; Pa-
ris, Érard. 5° Valses pour orchestre: Paris,
Schonenberger. 4° Trois quatuors pour deux
violons, alto et basse, op. 17; Paris, Boyer
(Naderman). 5° Trois idem, op. 49; ibid.
6° Concertos pour piano, n° 1 (en ut); ibid. ;
n° 2 (en mi mineur) ; ibid. ; n° 3 (l'Orage, en
mi majeur), op. 35; Leipsick, Breitkopf et
Haertel; n° 4 (en mi bémol); Paris, Érard;
n° 5 (en mi bémol) ; ibid. ; n° 6 (Foyage au
mont Saint-Bernard, ensoZmineur); Leipsick,
Pelers ; n° 7 (grand concerto militaire, avec
deux orchestres, en mi mineur); ibid.;
7° Quintettes pour piano, deux violons, alto et
basse, op. 28; n° 1 (en sol), nn 2 (en ré);
Paris, Imb.uill(Janct).8°Quatuor pour piano,
violon, alto et basse, op. 51 ; Paris, A. Leduc.
9" Trio pour piano, flûte et violoncelle, op. 51;
•Paris, Pleyel. 10° Sonates en trios pour piano,
violon et violoncelle, op. 57; Paris, Momigny;
op. 48; ibid.; op. G5 ; ibid. 11° Sonates pour
piano et violon, op. 1 ; Munich, Gœlz; op. 2,
ibid.; op. 4, Paris, Sieber; op. 11; Paris,
îîoyer ; op. 20, Paris, Imbaull; op. 27, ibid. ;
op. 50, Paris, Leduc; op. 35, Bonn, Simrock;
oïl 57, ibid.; op. 59, Londres, Goulding;
op. 40, Paris, Leduc; op. 41, Londres, Goul-
ding; op. 42 (faciles), Paris, Pleyel; op. 50
(grandes), Leipsick, Breitkopf et Haertel;
op. 68; Paris, madame Duhan (Schonenber-
ger); op. 69, Paris, Frey; op. 70, ibid.;
op. 71, Offenbach, André; op. 75, Paris,
Pleyel; op. 74, Paris, Sieber; op. 79, Paris,
Duhan; op. 80, ibid.; op. 81, Paris, Im-
bault; op. 85, ibid.; op. 84, Paris, Duhan;
ces œuvres forment ensemble soixante -cinq
sonates. 12° Duos pour piano et harpe, n° 1,
Paris, Leduc ; nos 2 et 5, Paris, Érard; 15° So-
nates pour piano seul, op. C, Paris, Nader-
man ; op. 7, ibid.; op. 9, Leipsick, Breitkopf
et Haertel ; op. 15, 10, Paris, Sieber; op. 25,
24, Leipsick, Breitkopf et Haertel ; op. 25
(l'amante disperala), Paris, Imbaull; op. 57,
Offenbach, André: op. 41, Leipsick, Breit-
l.opf et Haertel; op. 49, Paris, Érard; op. 59
(grande), ibid.; op. 61, Paris, Pleyel; op. 62,
Paris, Érard; op. 65, Paris, Imbault; op. 64,
Paris, Érard; op. 66, Paris, Leduc; op. 75,
Paris, Érard; op. 76 (grandes), Paris, Duhan ;
op. 77 (faciles), ibid.; op. 82 (sonate mar-
tiale), Paris, Pleyel; op. 85, ibid.; ces sonates
sont au nombre de quarante-six. 14° Pré-
ludes pour le piano, op. 5, Paris, Leduc; op. 25,
Paris, Imbault. 15° Divertissements, op. 9,
28, 56, Paris, Imbault. 16" Rondeaux, op. 29,
50, 55, 45, 57, 63, 05, Paris, Naderman,
Érard ; Offenbach, André. 17° Études et exer-
cices; liv. I, II, III, IV, V, Paris, Leduc, Du-
han; idem, tirés de la méthode, Paris, Im-
bault. 18° Pots-pourris, nos 1 à 20, chez tous
les éditeurs. 19° Environ quarante fantaisies
sur des thèmes d'opéras et autres, ibid. 20° Un
très-grand nombre d'airs variés, îTn'd. 21 "Cinq
cahiers de valses, ibid. 22° Six cahiers de bac-
chanales avec tambourin, ibid. 25° Plusieurs
cahiers de marches, ibid. 24° Romances d'Es-
telle, avec piano, Paris, Naderman. Dix ou
douze éditions de la plupart de ces ouvrages
ont été publiées en France, en Allemagne et
en Angleterre..
STEIFFENSANT — STEIN
123
STEIFFENSAND (Wilïielm ou Guil-
laume), pianiste et compositeur, né, je crois,
dans la Poméranie, vécut longtemps à Berlin,
où il fut élève de Delin pour l'harmonie et la
composition. En 1846, il a donné des séances
de musique de chambré avec les frères Slœhl-
knecht. En 1856, il s'est éloigné de Berlin,
mais on n'a pas de renseignements sur le lieu
où il a fixé sa résidence. Steiffensand est un
musicien sévère et d'une instruction solide :
ses compositions sonthien écrites et ne man-
quent pas d'originalité. Les ouvrages qu'il a
publiés sont en petit nombre. On y remarque :
1° Sonate pour piano (en ré mineur), op. 2;
Berlin, Slern. 2° Quatre pièces caractéristiques
pour piano; Berlin, Schlesinger. 5° Sonate
pour piano, op. 13; Leipsick, Breitkopf et
Hcerlel. 4" Sonate pour piano et violoncelle,
op. 15; Leipsick, Kislner. 5° Scherzo gracioso
pour piano ; Berlin, Stern. 6° Plusieurs re-
cueils de Lieder; Leipsick, Breitkopf et Haer-
tel; Berlin, Bock; Berlin, Slern, etc.
STEL>f (Jean-André), organiste de l'église
réformée d'Augsbourg et facteur de clavecins
et de pianos, naquit en 1728, à Heidelsheim,
dans le Palatinat. Élève de Silbermann pour
la construction des instruments, il n'était âgé
que de vingt-sept ans lorsqu'il commença, en
1755, le grand orgue des Cordeliers d'Augs-
bourg, ouvrage excellent qui l'ut achevé deux
ans après. Cet instrument est composé de
quarante-trois jeux, deux claviers à la main et
pédale. En 1758, Stein fit un voyage à Paris,
et y perfectionna son habileté dans la con-
struction des clavecins. Ce fut dans cette ville
qu'il conçut et exécuta son premier clavecin
organisé. De retour à Augsbourg, il y con-
struisit l'orgue de la cathédrale. Marchant sur
les traces de son maître pour la fabrication des
pianos, il en fit un grand nombre qui se ré-
pandirent en Allemagne, en France, dans les
Pays-Bas, et qui eurent de la réputation à
cette époque. Mozart les loue sans restriction
dans une lettre à son père, du 17 octobre 1777;
il les considérait comme supérieurs à ceux des
autres facteurs de son temps. Son mécanisme,
à pilote simple et à marteau léger suspendu
par une charnière en peau, fut adopté par les
facteurs anglais de cette époque, et par Érard,
dans ses premiers pianos. En 1770, Stein con-
struisit un instrument d'expression à clavier
auquel il donna le nom de Melodica. On en
donna une description dans la Bibliothèque
des Beaux- arts (Bibliothek der schœnen Wis-
senscliaflen, ann. 1772, tome XIII, pages 106-
116), et Stein fit paraître lui-même une
aulre notice intitulée : Beschrcibung meiner
Melodica (Description de ma Melodica); Augs-
bourg, 1775, in-8" de vingt-deux pages. Sui-
vant Forkel (Jllgem. Litteratur der Musik,
page 263), celle notice est de Jean-Chrétien
Ileckel, diacre à Augsbourg; mais Gerbe r as-
sure qu'elle a été écrite par Stein lui-même.
On cite aussi comme des inventions de ce fac-
teur, un clavicorde d'une espèce particulière
appelée Polgtoni-Clavicordium , dont la
description se trouve dans la feuille d'annonces
d'Augsbourg, du 5 octobre 1769; le grand
piano organisé qu'il construisit [tour le roi de
Suède, et un grand piano double appelé ris-
à-vis, pour le même prince; enfin, VHarmo-
nicon, instrument à clavier qui paraît être la
même chose, et dont un certain professeur
Clirislmann a donné une notice dans le n" 45
de la Gazette musicale de Spire, de 1789. An-
dré Stein mourut à Augsbourg, le 22 février
1792, des suites d'une hydropisie, à l'âge dé
soixante-quatre ans. Dans les dernières années
desa vie, sa fabrique d'instruments fut dirigée
par son fils, André Stein, et par sa fille Nanelle
Siein, connue plus lard sous le nom de ma-
dame Streicher.
STEIN(Nanette).F.STREICUER(M'»c).
STEIN (Jean-Georges), bon facteur d'or-
gues, né à Berlslaedl, près d'Erfurt, vécut vers
le milieu du dix-huitième siècle. En 175Ô, il
construisit à l'église Sainte-Marié de Uelzen,
un inslrument.de trente-deux jeux, deux cla-
viers et pédale.
STEIN (Frédéric), le plus jeune des en-
fants de Jean-André Stein, habile pianiste et
compositeur, naquit à Augsbourg, en 1784, et
mourut à Vienne, le 5 mai 1809, à l'âge de
vingt-cinq ans. Il fut élève d'Albreclilsberger
pour l'harmonie et le contrepoint. On a im-
primé de sa composition pour le piano :
1° Bagatelles, op. I ; Vienne, Steiner. 2° Ron-
deau facile, op. 2; ibid. 3° Sonate pour piano
seul, op. ô ; Vienne, Mechetti. Il a écrit aussi
pour le théâtre de Léopold, à Vienne : 1° Der
KampfumMitternaclU (Le combat vers mi-
nuit). 2° La Fée Radiante.
Un aulre pianiste nommé Stein (Fr.), posté-
rieur au précédent, et qui paraît être fixé à
Vienne, a publié environ soixante-dix œuvres
de variations pour le piano, particulièrement
sur des thèmes des opéras de Rossini, des
contredanses et des chansons allemandes. Cet
artiste appartient vraisemblablement à la
famille d'André Slein : il n'en est pas parlé
dans le Lexique universel de musique, publié
par le docteur Schilling.
121
STE1N — STEINBART
STEEV (K.), pseudonyme sous lequel s'est
quelquefois caché KEFERSTEIN {voyez ce
nom).
STEIIV (Charles), directeur de musique et
organiste de la Sladlkirche, à Willenberg, est
né le2o octobre 1824, à Niemeck (Prusse). Dès
son enfance il montra d'heureuses dispositions
pour la musique. L'organiste Brandt, de ce
lieu, fut son premier guide dans cet art et lui
enseigna à jouer de l'orgue. Plus tard il entra
au séminaire des instituteurs, à Berlin, où il
devint élève de A.-W. Bach, de Grell et de
Killitschgy, puis il suivit les cours de l'Aca-
démie royale des beaux-arts et eut pour profes-
seur Rungenhagen et M. Marx. Après avoir
vécu quelque temps à Berlin, où il se livrait à
l'enseignement particulier, il ohtinlles places
d'organiste de l'église de la ville et de profes-
seur de musique au gymnase de Willenberg,
en 1850. Au nombre de ses ouvrages, on
compte l'oratorio la Naissance du Christ, le
Psaume 71 qui fut exécuté à la fêle musicale
de Wittenberg, en 1846, la cantate intitulée
Ein Abend in Neapel (Une soirée à Naples),
en 1848, et une symphonie (en mi mineur),
exécutée à Berlin. On a gravé de sa composition
des Lieder , le livre choral de "Willenberg,
Polsdam, Riegel, et quelques petites pièces
pour le piano.
STEIN (Frédéric), professeur de musique
à Crefeld, s'est fait connaître par un petit ou-
vrage intitulé : Der erste Unterricht in dcr
Harmonielehre ( L'Enseignement primaire
dans la science de l'harmonie); Crefeld, 1845,
in-8°.
STEIIV (P.), professeur de musique aux
écoles populaires de Coblence, en 1840, a pu-
blié pour l'usage de ces écoles catholiques :
1° Der Gesangfreund (L'Ami du chant), re-
cueil de chants à deux, trois et quatre voix pour
les écoles populaires, première, deuxième et
troisième suites; Coblence, Blum. 2° Lieder
und Messgesxnge ans dem Gesangbuche fiir
der Diœzese Trier (Cantiques et chants me-
surés du livre choral du diocèse de Trêves,
pour les écoles d'adultes, arrangés à trois
voix); Coblence, Hoelscher. 3" Marienlieder
(Canliques île Marie), à trois voix; ibid.
4° Recueil de canliques à deux et trois voix
pour les classes des écoles populaires catholi-
ques; Coblence, Blum.
STEIIN (Albert-Gérion), curé de l'église
Sainte-Ursule, à Cologne, et professeur de
chant au séminaire clérical de l'archevêché,
né vers 1815, est auteur de divers ouvrages in-
titulés : 1° Kyricde sive Ordinarium fljissx
continens cantum gregorianum ad Kyrie,
Gloria, Credo, Sanctus et Agnus Dei pro
diversitate temporis ac festorum per annum
juxla usum Metropolitanx Ecclesix Colo-
niensis , cui accedunt cantiones aliquot
sacrx in Mi$sa post elevationem cantandx
nec non modus respondendi ad versiculos
in Missa et cantandi Jte Missa est, etc.;
Colonix, ap. J.-P. Bachem, 1860, in-8°de
quatre-vingt-huit pages, quatrième édition.
2° Kœlnisches Gesang und Andachtsbuch
(Livre de prières dévotes et de chanls à l'usage
des congrégations catholiques, suivi d'un re-
cueil de canliques avec mélodies); Cologne,
J.-P. Bachem, 1860, huitième édition. Plus de
cent quinze mille exemplairesde ce recueil ont
été vendus jusqu'au moment où cette notice
est écrite. 5° Orgelbegleitung zu den Melo-
dieen des Kœlnischen Gesangbuches (Accom-
pagnement d'orgue pour les mélodies du livre
de chant de Cologne); ibid., petit in-4" de cent
cinquante-six pages. 4° Die Katolische Kir-
chenmusifc nach ihrer Bestimmung und
ihrer dermaligen Beschuffenheit dargestelll
(La musique d'église catholique , exposée
d'après sa nature et sa destination spéciale);
ibid., 1864, petit in-8° de cent vingt-six
pages.
STEINACKER (Charles), pianiste et
compositeur, né en 1789, était fds d'un libraire
deLeipsick. Il était employé dans la librairie
de Gœschen de cette ville, lorsqu'il abandonna
celle position pour aller achever ses études à
Vienne. Ses heureuses facultés musicales se
révélèrent dans quelques petits opéras, entre
autres Hass und Liebe (La haine et l'amour),
La Vedette, elc, ainsi que dans quelques
œuvres pour le piano, où l'on trouve un talent
réel. Malheureusement, la guerre de l'indépen-
dance de l'Allemagne l'obligea de servir
comme soldat. Il prit part aux campagnes de
1815 et 1814; lorsqu'il retourna en Allemagne,
il était atteint de la maladie dont il mourut le
18 janvier 1815. Parmi ses œuvres de piano,
on remarque une grande sonate, op. 10;
Vienne, Diahelli; des fantaisies, dont une sui-
des motifs de Don Juan; une ouverture mili-
taire à quatre mains, et plusieurs suites de
polonaises et de valses. On connaît aussi de
lui des chants pour plusieurs voix d'hommes.
STEIISBART (Gotthilf-Samuel), con-
seiller du consistoire, professeur de philosophie
à Francfort-sur l'Oder et directeur des écoles
publiques à Zullichau, naquit dans cette der-
nière ville, le 24 septembre 1758, et mourut à
Francfort, le 5 février 1809. Au nombre de ses
STE1NBART — STEINER
125
ouvrages, on remarque celui qui a pour titre :
Grundbegriffe zur Philosophie iïber den
Geschmach (Idées pour la philosophie du goût),
première partie; Zullichau, 1785, in-8° de
douze feuilles. Cette première partie, la seule
qui ail paru, renferme la théorie générale des
beaux-arts, et en particulier de la musique,
d'après les principes de Kirnberger.
STEINBEER (Frédéric-Albert), docteur
en médecine et en philosophie, né à Brande-
bourg, sur la Havel, en 1804, a fait ses études
à l'université de Berlin, et y a fait imprimer
une thèse intitulée : De Musices atque Poesos
vi salutari operis prodromus. Dissert,
inauguralis psychologico-medica ; Berolini,
1826, in-8° de quatre-vingt-seize pages.
STEINBERG (Chrétien - Gottlieb ou
Théophile), docteur en philosophie et pré-
dicateur à Breslau, né le 24 février 1758,
est mort dans cette ville, le 23 mai 1781.
Parmi ses nombreux écrits, on en remarque
"n, publié sous le voile de l'anonyme, qui
a pour titre : Ueber die Kirchen-Musik
(Sur la musique d'église); Breslau, 1766,
in-8°.
STEINBRECHER (Jacques), cantor à
Belgrana,.dans la Thuringe, vers la seconde
moitié du seizième siècle, est auteur d'un
traité élémentaire de musique, intitulé : De
arte canendi puerilia quxdam pedestri ora-
tione , tyronibus scholx Belgranx propo-
sita ; Mulhusii Duringorum excudebat Geor-
gius Hantzsch, 1571, petit in-8°de sept feuil-
lets non chiffrés.
STEINDOIIF (Jean-Martin), cantor à
Zwickau, naquit le 18 mars 1665, à Deutleben,
dans le duché de Weimar. Ses heureuses dis-
positions lui firent obtenir, à l'âge de treize
ans, une bourse dans le couvent de Rosleben,
où il acheva ses études préparatoires, en 1684.
Puis il se rendit à l'université de Jéna. En
1687, il obtint une place à Schœnenfels,etdeux
ans après, une autre à Grœtz. En 1691, il fut
appelé à Zwickau en qualité de cantor, y passa
le reste de ses jours, et y mourut en 1759. Il
avait étudié le contrepoint sous la direction de
David Fttnck. Un très-grand nombre de can-
tates pour des fêtes, deyi/aym/îca^detixannées
entières de musique d'église, l'oratorio inti-
tulé : Historia Resurrectionis Christi, qu'il
mit quatre fois en musique, quatre cantates, à
l'occasion du jubilé de 1735, et une musique
pour la'prestation du serment, dans la même
année, sont les principaux ouvrages de sa
composition : tous sont restés en manu-
scrit.
STEINER, ou plutôt STAINER (1)
(Jacques), naquit vers 1620, à Absom, village
du Tyrol, près d'Inspruck (2). Ses parents, qui
le destinaient à l'état ecclésiastique, lui firent
commencer ses études ; mais il y montra peu
d'aptitude, n'ayant de dispositions naturelles
que pour la facture des instruments de mu-
sique. Encore enfant, il fabriquait de gros-
siers violons. Une vocation si évidente décida
les parents de Steiner à envoyer leur fils à
Crémone travailler chez Nicolas Amati. Après
quelques années de travail dans les ateliers de
cet habile facteur d'instruments, il acquit lui-
même une habileté égale à celle de son maître.
Ce fut alors qu'il fabriqua des violons qu'on
dislingue comme ceux de sa première époque,
et qui sont de la plus grande perfection, mais,
malheureusement, de la plus grande rareté.
Les instruments de cette époque sont datés de
Crémone, et ont une étiquette écrite et signée
de la main de Steiner. On les reconnaît aux
signes suivants : les voûtes sont plus élevées
que celles des Amati; les § sont petites et
étroites; les volutes moinsallongées que celles
des violons des Amati, et plus larges dans la
partie antérieure. Le bois est à larges veines,
et le vernis estcelui des Amati. Le plus bel in-
strument connu de cette première époque de
Steiner avait passé de la succession de M. De-
sentelles, ancien intendant des menus-plaisirs
du roi, dans les mains de Gardel, premier
maître de ballets de l'Opéra, et amateur de
violon distingué. Il porte la date de 1644.
Steiner, ayant épousé une fille de son maître
Amati, alla s'établir avec elle à Absom. Il
règne une grande obscurité sur cette seconde
époque des travaux de Steiner ; les événements
sont rapportés de manières si contradictoires,
qu'en l'absence de documents authentiques,
on ne peut que s'abstenir. Suivant une de ces
traditions, forcé de beaucoup travailler pour
nourrir sa famille , il fabriqua des violons,
violes et basses de qualité très-inférieure à ses
premiers instruments. Obligé de colporter lui-
même les produits de sa fabrique, et obtenant
rarement de ses violons plus de six florins, il
devait suppléer par la rapidité de leur con-
(1) Cette orthographe n'est point allemande ; mais c'est
celle que Steiner avait adoptée par ignorance.
(2) Les renseignements que je fournis dans cette no-
tice sur le célèbre luthier Steiner ont été ignorés de
tous les biographes et historiens de la musique; je les
dois en parties aux recherches de Cartier (voyez ce nom)
pour son histoire du violon; aux notes manuscrites de
Boisgelou, et à un mémoire de Woldcmar (voyez ces
noms), ainsi qu'aux informations que j'ai prises près
des luthiers les plus instruits.
126
STEINER
struction au peu d'argent qu'il en tirait. Le
vernis des instruments de cette époque est
îougeàtre et opaque. Steiner demeura, dit-on,
quelque temps dans cette position ; mais dans
la suite, les artistes reconnurent le mérite de
ses instruments, et la réputation de ceux-
ci commença à s'étendre en Allemagne.
Plusieurs princes et seigneurs lui de-
mandèrent des violons, des violes et «les
basses: il les fabriqua avec beaucoup plus de
soin, prit des élèves et monta son atelier. Les
instruments qu'il fabriqua pour quelques-uns
des princes et seigneurs dont il vient d'être
parlé se reconnaissent aux têtes de lions, de
tigres on d'autres animaux dont il ornait les
volutes, et qu'il lirait des blasons de ces per-
sonnages. Dans la confection du grand nombre
d'instruments à archet qui sortirent alors de
ses ateliers, Steiner fut aidé par son frère Marc
Steiner, frère ermite, par les trois frères Klots
(Mathias, Georges et Sébastien), et par Al-
bani, tons ses élèves. Plus tard, on a quelque-
fois confondu les instruments que fabriquèrent
les Klots seuls avec ceux de Steiner de cette
époque; mais le vernis des Klots est d'un fond
noir avec des reflets jaunes, tandis que celui
de Steiner est d'un rouge d'acajou bruni par
le temps. Les instruments de la seconde
Époque de ce facteur sont datés d'Absom, de-
puis 1G50 jusqu'en 16G7. Le sapin des tables
d'harmonie est ordinairement à veines serrées;
le bois du tond, des éclisses et du manche est
à très-petites côtes serrées et unies. Les éti-
quettes de ces instruments sont imprimées. Le
violoniste Ropiquet, de Paris, qui fut un
grand connaisseur en instruments à archet, a
possédé, dit-on, un quintette composé de deux
violons, alto, violoncelle et contrebasse de la
plus grande beauté, avec des têtes de lions,
appartenant à cette époque: par une exception
fort rare, les violons étaient d'un très-grand
patron. A cette époque appartiennent aussi :
1° Un violon qu'a possédé le marquis de la
Rosa, grand d'Espagne, et qu'on a vu à Paris
entre les mains de Lupot (voyez ce nom).
2° Celui du comte de Marp, amateur de violon
à Paris. 3° Celui de Frey, ancien artiste de
l'orchestre de l'Opéra, et éditeur de musique.
4° Enfin, l'alto admirable qui a appartenu à
M. Matrôt de Préville, ancien gouverneur du
port de Lorient. Aujourd'hui, le célèbre vio-
loniste Alard en possède un de la plus grande
beauté. Beaucoup d'instruments attribués à
Steiner n'ont pas été faits dans son atelier.
Suivant la tradition, après la mort de sa
femme, Steiner se relira dans un couvent de
bénédictins, où il passa le reste de ses jours ;
mais, par une pensée digne d'un véritable ar-
tiste, il voulut terminer sa carrière mondaine
par une production qui mît le comble à sa
gloire. Par le crédit du supérieur de son cou-
vent, il parvint à se procurer des bois d'une
rare qualité, à ondes régulières et serrées,
dont il fit seize violons, modèles de toutes les
perfections réunies. Il en envoya un à chacun
des douze électeurs de l'empire, et donna les
quatre autres à l'empereur. Depuis lors, ces
instruments ont été connus sous le nom de
Stefner-électcur. Sons purs, métalliques, aé-
riens, semblables à ceux d'une belle voix de
femme; grâce, élégance dans la forme; fini
précieux dans les détails; vernis diaphane
d'une couleur dorée; telles sont les qualités
qui distinguent ces produits de la troisième et
dernière époque du talent de Steiner. Les éti-
quettes de ces instruments sont écrites et si-
gnées de la main de ce luthier célèbre. Trois
de ces instruments d'élite sont connus aujour-
d'hui ; le sort des autres est ignoré. Le premier
fut donné par l'impératrice Marie-Thérèse à
Kennis, violoniste de Liège (voyez la biogra-
phiede cet artiste). L'antre fut acheté,enl"7l,
pour la sommede troismillecinq cents florins,
en Allemagne, par le duc d'Orléans, aïeul du
roi de France, Louis-Philippe. Plus tard, ce
prince, ayant cessé de jouer du violon, donna
cet instrument à Navoigille jeune, un soir
qu'il avait eu beaucoup de plaisir à l'entendre
accompagner madame de Monlesson avec ce
même violon. Ce précieux instrument a passé
entre les mains de Cartier, en 1817. C'est chez
cet artiste que je l'ai vu et entendu. Le troi-
sième violon-électeur connu était dans le ca-
binet du roi de Prusse. Frédéric-Guillaume II.
La date de la mort de Steiner n'est pas
connue. Les instruments vrais de la première
et de la dernière époque de Steiner étaient
autrefois recherchés et avaient un haut prix;
la mode en est maintenant passée, et leur va-
leur commerciale est beaucoup diminuée. Le
célèbre luthier Yuilliaume en a possédé un de
très-belle qualité dont il avait fixé le prix à
400 Trancs.
STEINER (Jean-Louis), compositeur alle-
mand, vécut à Nuremberg, puis à Zurich, dans
la première moitié du dix-huitième siècle. Les
ouvrages connus de sa composition sont: \°Sei
sonate da caméra de' quali si espone presen-
tamente due a violoncello solo, col basso con-
tinuo; Nuremberg, 1731. 2° Des psaumes à
plusieurs voix avec basse continue ;ibid., 1734.
3° Un recueil de motets à deux voix de dessus
STE1NER — STEINMULLER
\çn
avec hasse continue; Zurich, 1759. 4° Kurz-
leicht-und griindlicher Noten- Buchlein,
oder Anleitnng zur edlen Sing- und kling-
hunst; etc. (Petit livre de principes faciles, ou
introduction au noble art du chant, etc.); Zu-
rich, 1728.
STEOER (...), chanoine de la cathédrale
de Breslau, fut grand amateur et connaisseur
en musique. En 1790, il fut nommé régent du
consistoire. Il mourut à Breslau, en 1817. On
a de lui un écrit intitulé : Uebe.r den deutschen
Kirchengesang (Sur le chant d'église alle-
mand), inséré dans la feuille du diocèse de
Breslau, première année, pages 507 et sui-
vantes.
STEÏNFELD (A. -Jacques), organiste à
Bergedorff, près de Hambourg, né en 1757,
est mort à Hambourg, en 1824. Il s'est fait
connaître par divers ouvrages de sa composi-
tion, dontGerber ne cite que ceux-ci : 1° Six
solos pour la flûte, op. 10; Berlin, 1784.
2° Trois sonates pour le clavecin; Lubeck,
1788. 5° Trois sonatines, idem; ibid., 1788.
4° Six rondos faciles pour le piano; Hambourg,
1797. 5° Douze chansons allemandes avec un
andante à quatre mains, varié pour le piano;
ibid., 1797. 6° Six quatuors pour deux clari-
nettes et deux cors, avec timbales ad libitum,
op. 20 ; Offenbach, André, 1802. 7° Odes poul-
ie chant avec piano; Hambourg, 1780. Le fils
de cet artiste (Jacques Steinfeld), né à Berge-
dorff, le 14 janvier 1788, a eu pour maître de
piano et de contrepoint le directeur de musique
Schwencke. Il est professeur de piano et de
chant à Hambourg.
STEINGUDETV (Constantin), frère mi-
neur, maître de chapelle à Constance, vers le
milieu du dix-septième siècle, est cité par
Prinlz, dans son histoire de la musique,
comme un des meilleurs compositeurs de son
temps. Son œuvre quatrième a pour titre :
Flores hyemales a 5, 4 vocibus cum instru-
mentis; Constance, 1666.
STEINRÙIILEU (Emile), pianiste, vio-
loniste et compositeur, né à Dusseldorf, le
1 2 mai 1824, commença, à l'âge de quatre ans,
l'étude de la musique et du piano sous la di-
rection de son père, et prit des leçons de violon
dès sa cinquième année. A dix ans, il donna
son premier concert au théâtre de Dusseldorf
et y exécuta deux morceaux de piano et deux
<le violon. Il fit ensuite avec son père un voyage
dans les provinces rhénanes. L'arrivée de
Mendelssohn à Dusseldorf fut un événement
heureux pour le jeune Steinkiihler, qui le prit
pour modèle dans ses études. A l'âge de seize
ans, il écrivit un premier opéra intitulé Die
Jlpenhutte (La chaumière des Alpes), ainsi
que ses premières compositions pour le piano
et pour l'orchestre. A dix-sept ans, il se rendit
à Francfort et y prit des leçons d'AloysSchmitt
pour perfectionner son talent de pianiste. Son
séjour dans celte ville se prolongea pendant
cinq ans, et dans cet intervalle il écrivit trois
symphonies, dont la première fut exécutée en
1845, des ouvertures, des chants pour quatre
voix d'hommes, et un opéra en trois actes
{Cesario) , qui fut représenté avec peu de
succès à Dusseldorf en 1848. Après avoir visité
Paris, M. Steinkiihler s'est fixé à Lille (Nord),
où il vit en ce moment (1864), en qualité de
professeur de son art et de directeur de musi-
que de la société chorale de Sainte-Cécile.
Parmi les ouvrages qu'il a publiés, on remar-
que un grand trio pour piano, violon et violon-
celle, op. 55; Paris, Richault; des morceaux
pour piano et violoncelle, op. 12et50;Maycnce,
Schott et Paris, Richault; des marches pour
piano, op. 4 et 51 ; Francfort, Hedler, Paris,
Richault; une ouverture de concert (en ré),
arrangée pour piano à quatre mains; ibid.;
des pièces de salon pour piano; ibid.; des
chants pour quatre voix d'hommes, op. 6;
Francfort, Hedler; des Lieder à voix seule
avec piano, et des romances.
STEII\MAJM\ (Christophe), organiste à
Voilsberg, près d'Erfurt, puis à Grossen-Nord-
hausen, village près de Weimar, vécut vers le
milieu du dix-septième siècle. Il a fait imprimer
de sa composition : 1° Motetten fur 8 Stim-
men (Motels à 8 voix); Jéna, 1659. 2° Rosen-
Kranzlein (Petite couronne de roses, collec-
tion de chansons à plusieurs voix); Erfurt,
1660, in -4".
STEIISMULLER. Trois frères de ce nom
(Jean, Joseph et Guillaume), excellents cor-
nistes, furent attachés à la chapelle du prince
Esterhazy, à l'époque où Haydn la dirigeait.
Ils voyagèrent en Allemagne pour y donner
des concerts, et se firent entendre à Hambourg,
en 1784. L'un d'eux vivait encore en 1798, et
fit alors imprimer à Brunswick son œuvre
douzième, consistant en un concerto pour cor
avec orchestre. Le catalogue de Westphal, de
Hambourg, indique, en manuscrit, quinze
solos pour cor, quatorze trios pour trois cors,
douze duos pour deux cors, et plusieurs autres
ouvrages de la composition de ces artistes.
Guillaume Steinmliller est auteur d'un petit
traité de musique intitulé : Der Musikschuler.
Ein handbuch fur Sanger und Instrumen-
lalisten (L'Écolier musicien. Manuel pour les
128
STE1NMULLER — STEPHAN
chanteurs etles instrumentistes); Cumersbacli,
1856, in-8°.
STEINICKE (Albert), cantor et orga-
niste à Slellin (1830-1845), n'est mentionné
par aucun biographe allemand, quoique deux
ouvrages que je connais de lui indiquent un
artiste de talent. Parmi ses compositions, on
remarque : 1° Motet pour quatre voix
d'hommes (TFie lieblich sind deine Woh-
nungen), en partition, op. 25 A; Stetlin,
Friese. 2" Motet à quatre voix (soprano, con-
tralto, ténor et basse), en partition, op. 25 B ;
ibid. 3° Psaume pour la fête du 15 octobre
(Singet frœlich vnserm Gutle), pour quatre
voix d'hommes, en partition, op. 26; ibid.
4° Cinquante préludes courts et faciles de
chorals pour orgue; Berlin, Traulwein.
STELLA (Joseph-Marie), moine de l'élroile
observance à Rome, né à Mirandola, dans le
duché dç Modène, au commencement du dix-
septième siècle, fut lecteur de théologie de son
ordre, prédicateur général et vicaire du chœur
d'Araccli, paroisse de Rome. Il a fait impri-
mer un petit traité du plain- chant intitulé :
Brève islruttione alli giovaniper imparare
cun ogni facilita il canto fermo, divisa in
dueparti ; in Roma, 1665, un volume in-4°
de cent quarante-neuf pages à la première
partie, et de cent onze à la seconde. Cet ou-
vrage est particulièrement relatif au chant
des moines de l'ordre de Saint-François. La
deuxième édition a pour titre : Brève islrut-
tione agli giovani per imparare il canto
fermo ; in Roma, 1675, in-4°.
Un compositeur napolitain, nommé Scipion
Stella, cité par Cerreto (Délia pratlica mu-
sica, lib. 3, p. 156), vivait à Naples, en 1601.
J.-B. Doni dit de ce musicien qu'il fut très-
savant compositeur, et qu'il entra dans l'ordre
des Théalins, où il mourut avant l'année 1635
(voyez Compend. del Trattato de' generi e
de' modi, p. 5).
STENDHAL. T'oyez BEYLE.
STENEKEN (Conrad), littérateur et ama-
teur de musique, né à Brème, dans la première
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer
de sa composition un recueil d'allemandes,
courantes et chansons pour deux violons, viole
et basse continue, sous le litre de Hortxdus
musicus, Brème, 1662.
STENGEL (Chrétien-Louis), né à Nauen,
le 17 août 1765, fut d'abord conseiller référen-
daire dans celte ville, puis obtint, en 1793, les
places de fiscal de la cour de Prusse, et de
commissaire de justice, à Berlin. Amateur de
musique, il s'est fait connaître comme écri-
vain sur cet ail, par une disserlation insérée
dans le Musikalisch Monatschrift de Berlin,
sous ce litre : Gedanken iiber den Vrsprung
und iiber den Gebrauch des Septimen Quart-
Secundenaccords (Idées sur l'origine et
l'usage de l'accord de septième et quarte),
ann. 1792, p. 126-129, et 145-150. On a aussi
de sa composition : 1° Cinq chanis religieux à
cinq voix ; Berlin, 1795. 2° Romance du Doc-
teur et V Apothicaire, variée pour le piano;
Berlin, Rellstab, 1795.
STENGEL (F. DE), bon flûtiste au service
de la cathédrale de Freysing, dans le Pala-
linal, vécut dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. Il a fait imprimer à Manheim,
vers 1780, un concerto de flùle de sa composi-
tion.
STENGEL (G.), bon chanteur allemand,
était attaché à l'Opéra de Vienne en 1800, et
y publia deux recueils d'arietles et de chants à
voix seule, avec accompagnement de piano,
œuvres 5me et 6me, chez Weigl. En 1805, il l'ut
engagé au Ihéàlre de Cassel. Il avait fait re-
présenter au théâtre de Hambourg, en 1798,
Amadis des Gaules, opéra de sa composi-
tion.
STENGER (Nicolas), docteur en philo-
sophie, professeur de théologie et de langues
orientales, et inspecteur du gymnase réformé,
à Erfui t, naquit dans celle ville, le 31 août
1609. Après avoir été organiste de l'église
Saint-Thomas, il fut deux fois recleur de l'uni-
versité, et mourut le 5 avril 1680. On a de lui
un traité de musique à l'usage des écoles, in-
titulé : Manuductio ad musicam theoreti-
cum, dast ist : Kurze Anleilung zur Singe-
Ininst, etc.; Erfurl, 1635, in-8° de six feuilles.
D'autres éditions de cet ouvrage ont été pu-
bliées dans la même ville, en 1653, 1660 et
1666. Il y en a aussi une imprimée à Hildes-
heim, en 1695, in-8°.
STENZEL (Georges-Frédéric), facteur
d'orgues à Giersdorf, en Silésie, vers le milieu
du dix-huitième siècle, a construit, en 1750,
à Wuslgiersdorf un orgue de vingt et un jeux.
STEPHAN, ou plutôt STEFFEN, père
et fils (Gaspard-Melchior, et Michel), bons
facteurs d'orgues à Breslau, dans la seconde
partie du quinzième siècle, ont construit, en
1483, le grand orgue de la cathédrale d'Er-
furt.
STEPHAN (Clément), né à Bucbau, dans
le Wurtemberg, vers 1520, fut cantor à Nu-
remberg; puis il se démit de ses fonctions, et
vécut sans emploi dans la même ville. Il a fait
imprimer de sa composition :1° Passio secun-
STEPHAN — STEPHENS
lï>9
dum Mallhxum , das ist das Lieden und
Sterben Jesu C'hrisli, etc. (La Passion de
Jésus-Christ, d'après saint Mathieu, à quatre
et cinq voix); Nuremberg, 1550, in-Tol.
2° Canliones sacrx A, 5 et 6 vocum, ibid.,
1560, in-4°. 3° XXXV cantiones 6, 7-12 et
plurimum vocum ; ibid., 1568. 4° Cantiones
quinque vocum; ibid., 1568. 5° Psalmus 128,
6, 5 et 4 vocum; ibid., 1569, in-4". Slephan a
été l'éditeur d'une collection intéressante de
morceaux d'anciens compositeurs, intitulée :
Harmonise suavissimœ 8, 5 et 4 vocum, a
prsslantissimis hujus artificibus compo-
site, etc., première partie, Nuremberg, 1567,
in-4°; deuxième partie, ibid., 1568,in-4°. La
première partie contient des ouvrages de
Senfel, Jean Heugel, Martin Agricola, Pierre
de Larue, Henri Fink, Hulderic Braetel, Chris-
tophe Cervius, Rogier, Benoît Ducis et Adrien
Willaert. Dans la deuxième partie, on trouve
des morceaux de Jean Walther, de Pierre
Massaini, d'André Schwarz, de Thomas Cré-
quillon et de Jacques de Wert.
STEPHAIVUS (Jean), savant danois, na-
quit vers 1550, dans l'île de Laaland,en Dane-
mark. En 1588, il fut nommé recteur de l'école
de Sorau ; neuf ans après, on lui confia la
chaire de logique à l'université de Copen-
hague, et dans l'année 1608, il obtint la pré-
sidence de l'école de Sorau, avec le litre d'his-
toriographe du roi de Danemark. Amateur de
musique distingué, il a laissé en manuscrit un
livre qui avait pour titre : Opéra plurima
anecdota de Arte musica. Cet ouvrage parait
être perdu. Gerber attribue à ce savant des
chants et des madrigaux allemands à quatre,
cinq, six et huit voix, publiés à Nuremberg,
en 1599, et réimprimés à Hambourg, en
1618; mais je crois que ce biographe a con-
fondu le savant danois avec Jean Stephan
(voyez ce nom), organiste de Lunebourg, son
contemporain.
STEPHANUS ou STEPHAN (Jean),
organiste à Lunebourg, dans les dernières
annéesdu seizièmesiècle, fut considéré comme
un des hommes les plus distingués de son
temps dans l'art de jouer de l'orgue, car il fut
un des organistes appelés à Groningue, en
1596, pour la réception du grand orgue de
cette ville, suivant le témoignage de Werk-
meister (Organ. Grunin. rediv., % II). Il
mourut peu de temps après la publication de
son dernier ouvrage, qui parut à Hambourg,
en 1619. On connaît sous son nom : 1° Newe
teusche Gesang nach Art der Madrigalicn,
mit 4 Stimmen componirt, pars I (Nouveaux
BIOGU. UNIV. DES MUSICIENS. T. Mil.
chants allemands, dans le style des madri-
gaux, à quatre voix) : Nuremberg, 1599, in-4».
2° Idem, pars II, 5, 6 und 8 Stimmen
(Deuxième partie du même ouvrage, à cinq,
six et huit voix); ibid., 1599, in-4°. Les deux
parties de cet ouvrage ont été réimprimées à
Hambourg, en 1618, in-4". ô° Neue teusche
weltliche Madrigalien und Ballelen soivokl
mit lebendigten Stimmen als auf allerhand
musikalischen Instrumenten zu gebrauchen,
mit 5 Stimmen componirt (Nouveaux madri-
gaux mondains allemands et ballets, propres
à être chantés ou joués avec les instruments,
à cinq voix); Hambourg, 1619, in-4°.
STÉPHEN DE LA MADELAINE, ou
plutôt LA MADELAINE (Stéphen), né
dans les premières années du dix-neuvième
siècle, professeur de chant et littérateur, à
Paris, ancien chanteur récitant delà cha-
pelle et de la musique particulière du roi de
France, Charles X, est devenu par la suite
chef de bureau dans la direction des beaux-
arts du ministère de l'intérieur. Il est auteur
des ouvrages dont voici les titres : 1° Physio-
logie du chant ; Paris, Desloges, 1840, un vo-
lume in-I2 de deux cent soixante-neuf pages.
2° Théories complètes du chant; Paris,
Amyot (sans date), un volume in-8° de quatre
cent douze pages. M. Stéphen de la Madelaine
a coopéré à la rédaction de plusieursjournaux
de musique, particulièrement à la Revue mu-
sicale, à la France musicale?- et a été chargé
pendant quelque temps du feuilleton musical
du Courrier français. Comme littérateur, il
a publié beaucoup de romans et de Nouvelles,
dont on trouve la liste dans la Littérature
française contemporaine , de MM. Félix
Bourquelotet Alfred Maury(t. IV, p. 462).
STEPHENS (Edouard), compositeur,
pianiste et organiste de l'église paroissiale de
Hampslead, est né à Londres, le 18 mars
1821. Il est neveu de la célèbre cantatrice
Miss Stephens, devenue comtesse douairière
d'Essex. Doué d'heureuses dispositions pour
la musique, il commença fort jeune l'étude de
cet art. Cypriani Potier fut son maître de
piano, Blagrove lui enseigna le violon, et il
étudia la composition sous la direction de Ha-
milton. On connaît de cet artiste trois ouver-
tures de concert, intitulées : 1° The Dreamof
happiness (Rêve de bonheur); 2° Vila d'in-
quietudine; 5° Recollection of the past
(Souvenir du passé). Sa symphonie en sol mi-
neur a été exécutée avec succès, sous la direc-
tion de Benedict, à Exeler-Hall, le 14 février
1854, dans un concert de la société connue
9
■130
STEPHENS — STERKEL
sous le litre : The Harmonie Union. M. Ste-
phens a écrit aussi des quatuors pour deux
violons, alto et basse, deux services complets
pour le culte protestant, beaucoup de musique
vocale de toute espèce, de la musique de piano
el des pièces pour l'orgue.
STERKEL (l'abbé Jeak-Fiunçois-Xa-
vier), compositeur agréable, naquit à Wttrz-
bourg, en Bavière, le 3 décembre 1750. Les
organistes Kelte et Weismantel, de celle ville,
commencèrent son éducation musicale. Ses
progrès furent rapides, quoique ses études lit-
téraires et scientifiques le détournassent de
son penchant pour la musique. Sorti du col-
lège, il se voua à l'état ecclésiastique et ob-
tint une place de vicaire à la paroisse de Neu-
mtlnsler, à laquelle on réunit, en sa faveur,
celle d'organiste. Dès son enfanoe, il s'était
essayé dans la composition : il cultiva plus tard
son talent naturel pour cet art, et commença
à écrire des symphonies d'un style facile el
agréable, qui a de l'analogie avec celui de
Pleyel (voyez ce nom). Il les faisait exécuter
à son égliseeldans des concerts, où elles obte-
naient de brillants succès. Son double talent
de pianiste et de compositeur le fit appeler, en
1778, à la cour du prince électoral, a Aschaf-
fenbourg, pour y remplir les fonctions de pro-
fesseur de piano et de chapelain. Dans l'année
suivante, le prince l'envoya en Italie, pour y
perfectionner son goût et son talent. Il visita
Plorence, Rome, Naples, Venise et plusieurs
autres grandes villes; partout il se fit entendre
avec succès sur le piano. A Naples, la reine
l'engagea à écrire un opéra, et il composa le
Fa m ace y que les Napolitains accueillirent
avec faveur en 1780. Rappelé à Mayence, en
1781, parle prince électoral, il y obtint un ca-
nonical; mais quels que fussent les avantages
qu'il trouvait dans sa carrière ecclésiastique,
ils ne le détournaient pas de son penchant pour
la musique. Ce fut alors qu'il commença à
écrire des chansons allemandes qui obtinrent
un succès d'enthousiasme. Ses œuvres instru-
mentales, particulièrement ses sonates de
piano, se multipliaient avec une prodigieuse
activité. Sa position de chanoine de la cathé-
drale ne l'empêchait pas de se livrer à l'ensei-
gnement du piano et du chant. Il forma plu-
sieurs élèves distingués, parmi lesquels on
remarque les compositeurs Hofmann et Zu-
lchner, et les ténors Grunbaum et Ktrsch-
baum.
En 1793, l'électeur de Mayence nomma
l'abbé Slerkel son maître de chapelle, après le
■départ deRighini pour Berlin. Dès ce moment,
il se livra exclusivement à la composition et
écrivit des messes et d'autres grands ouvrages
pour l'église. Ses travaux ne furent interrom-
pus que par les événements de la guerre qui
obligea l'électeur à s'éloigner de Mayence.
Slerkel se relira à Wllrzbourg, avec son titre
de maître de chapelle, mais sans conserver
d'activité dans ses fonctions. Toutefois, il y
composa quatre messes solennelles. C'est à
cette époque qu'il publia un très-grand
nombre de petits morceaux de piano pour les
amateurs, qui eurent un succès populaire et
dont on fit plusieurs éditions. En 1803, la
place de maître de chapelle du prince polonais
Choloniewski lui fut offerte, mais il la refusa,
el préféra la position de maître de chapelle du
prince primat, à Ratisbonne, dont il alla
prendre possession en 1805. Là, son activité
se réveilla. Voulant avoir de bons chanteurs
pour l'exécution de sa musique, il établit une
école chorale, et composa pour les élèves qu'i!
y avait rassemblés des chants à plusieurs voix,
dont quelques-uns ont été considérés comme
des modèles de grâce et de bonne harmonie.
Les événements de 1813 vinrent troubler la
fin de la carrière de cet artiste estimable.
Obligé de s'éloigner alors de Ratisbonne, il re-
vint pour la dernière fois dans sa ville natale,
y languit quelque temps, et y mourut le 21 oc-
tobre 1817, à l'âge de soixante-sept ans.
Slerkel ne peut être considéré comme un de
ces hommes de génie dont les productions
marquent une époque de l'histoire de l'art ;
mais sa musique abonde en mélodies agréa-
bles, accompagnées d'une harmonie pure et
correcte; enfin, le plan de ses ouvrages est
toujours sage et convenablement développé.
Sa fécondité fut singulière, car indépendam-
ment de beaucoup de grandes productions
pour l'église qui sont restées en manuscrit,
plus de cent œuvres de sa composition ont été
mis au jour. Parmi ses ouvrages, on remarque :
I. Musique instrumentale : 1° Quatre sym-
phonies pour l'orchestre, œuvre 7; Paris, Sie-
ber. 2° Quatre idem, op. 11 ; ibid. 3° Deux
idem, op. 35; Paris, Imbault. 4° Ouverture
idem (en fa)- Leipsick, Breitkopf et Haertel.
5° Idem, n° 2 (en sol) ; ibid. 6° Quintette pour
deux violons, deux altos et violoncelle ; Vienne,
1794. 7° Six trios pour deux violons et violon-
celle, op. 6; Paris, Sieber. 8° Six duos pour
violon et alto, op. 8; ibid. 9° Concertos pour
le piano, n° 1 (en ut)-, n° 2 (en ré); n° 3 (en
fa); n° 4 (en ut), Paris, Naderman; n°5 (en
si bémol), Vienne, Arlaria; n° 6 (en «0 ;
op. 40, Offenbach, André. 10° Sonates pour
STERKEL — STERN
131
piano, violon et basse, op. 17, Mayence,
Scholt; op. 34, OfTenhach, André; op. 45,
Mayence, Scholt; op. 47, Leipsick, Breilkopf
et Haertel; op. 48, Berlin, Schlesinger; œuvres
posthumes nos 1 et 2; Bonn, Simrock. 11° So-
nates pour piano et violon, op. 15, 16, 18, 19,
25; Mayence, Scholt; op. 27, 33, 41 , OfTen-
hach, André ; op. 44, Mayence, Scholt. 12° So-
nates pour piano à quatre mains; op. 14 et
15, Paris, Naderman ; op. 21, Berlin, Concha;
op. 23, Mayence, Scholt; op. 28, OfTenhach,
André. 13» Sonates pour piano seul, op. 5,
36,30, Mayence, Scholt; OfTenhach, André.
14° Beaucoup de petites pièces, divertisse-
ments, rondos et fantaisies. 15° Quelques
œuvres de variations. II. Musique vocale:
16° Dix recueils de chansons allemandes avec
accompagnement de piano, publiées à Vienne
cl à Mayence. 17°Trois recueils de canzonetles
italiennes; ibid. 18° Deux recueils de duos
italiens pour deux voix de soprano ; ibid.
19° Quelques scènes et airs détachés; ibid.
STER]\ (GeORGES-FrÉDÉRIC-ThÉOPHILE) ,
organiste et compositeur, né à Strasbourg, le
24 juillet 1803, est fils d'un habile ébéniste,
fort estimé dans cette ville. A l'âge de trois
ans, il perdit son père : sa mère, restée veuve
avec quatre enfants, fonda un pensionnat qui
prospéra pendant trente ans, et dans lequel
elle trouva des ressources pour élever sa fa-
mille. Elle fit faire à son fils de solides études.
Lorsqu'il eut atteint l'âge de onze ans,
M. Cramer, directeur de la Société des frères
moraves, lui donna des leçons de piano pen-
dant une année ; puis M. Stern devint élève de
Schmutz, ancien professeur de musique et au-
teur de quelques compositions pour le piano,
qui lui donna aussi les premières leçons d'har-
monie. Lorsqu'il eut atteint sa seizième année,
M. Stern fut nomméorganisle de l'église Saint-
Pierre le vieux, et commença à se livrer à
l'enseignement du piano. Pendant quelque
temps, il exerça aussi la profession d'accor-
deur : mais son penchant invincible pour la
culture de l'art lui fit abandonner cet état, au
bout de quelques années. Ce fut alors qu'il re-
çut des leçons de piano deConrad Berg, et qu'il
fit une étude sérieuse de l'harmonie et du con-
trepoint parla lecture des meilleurs ouvrages
de Ihéorie français et allemands. Une dame de
distinction, de Carlsruhe, qui se trouvait à
Strasbourg, ayant entendu M. Stern dans un
des concerls périodiques des élèves de Berg,
l'engagea à s'établir dans la capitale du duché
de Bade, pour y donner des leçons. Il suivit
son conseil. Son séjour dans celle ville lui fut
utile, parce qu'il lui procura de fréquentes oc-
casions d'entendre de bonne musique bien exé-
cutée. Après un certain temps passé dans cette
situation, il retourna à Strasbourg, en 1830.
Il y reprit possession de la place d'organiste
de l'église Saint-Nicolas, qu'il avait occupée
plusieurs années auparavant. C'est alors que
le talent d'organiste de M. Stern commença à
se modifier d'après l'expérience qu'il avait ac-
quise en Allemagne et la connaissance qu'il y
avait faile du véritable style de l'orgue. Il
abandonna dès ce moment les traditions de
lieux communs dans l'improvisation ; tradi-
tions répandues dans toute la France à cette
époque. Rink, Fischer et les autres organistes
allemands devinrent ses modèles pour tout ce
qu'il écrivit. Son influence se fit bientôt sentir
dans toute l'Alsace, tant par les élèves qu'il
formait que par sa musique. Lui-même s'éleva
progressivement par l'étude des œuvres de
Bach. Nommé, en 1841, organiste du Temple
Neuf de Strasbourg (culte protestant), il fit
paraître bientôt après un premier recueil de
pièces d'orgue de divers auteurs et de lui-
même : ces pièces sont faciles et le clavier de
pédales n'y esl pasemployé; carl'artdejouerde
la pédale, sans lequel il n'y a pas d'organiste
véritable, était alors complètement inconnu
en Alsace, comme chez tous les organistes
français. Le bon accueil fait à ce premier re-
cueil détermina son auteur à en publier un
second, en 1848, sous ce litre : Compositions
pour l'orgue à l'usage des deux cultes
(Strasbourg, Schmidt etGrticker); puis il en
parut un troisième recueil en 1853, et un qua-
trième en 1861. Un des premiers recueils de
ces pièces d'orgue a été l'objet d'un bel éloge
fait par M. Seifferl, organiste à Naumbourg,
dans le journal des organistes intitulé Urania
(Erfurt, Kœrner). Le dernier recueil publié
par M. Stern a pour titre : Trente morceaux
d'orgue pour le service divin, composés et
arrangés dans tous les tons les plus usités;
Strasbourg, Levrault et fils. La mission que cet
artiste s'est donnée, dans le milieu où il vit,
consiste à opposer au mauvais goût qui régnait
autour de lui dans la musique d'orgue, des
pièces d'un caractère grave, religieux, mélo-
dique, et d'une harmonie pure, bien écrite,
régulière et convenable pour l'objet auquel
elle est destinée. M. Stern a composé plusieurs
morceaux de piano, qu'il exécutait lui-même
dans les concerts; mais cette musique est
restée en manuscrit. Il a écrit aussi des Lieder
et une série décantâtes spirituelles pour des
voix récitantes et des chœurs avec accompa-
0.
132
STERN - STÉSICHORE
qnement d'orgue. Pour l'exécution de ces
morceaux il a formé une société de chant qui
s'est constituée régulièrement et qui, dans
plusieurs circonstances, a fait entendre les
grandes œuvres de Mozart, Spolir, Mendels-
sohn, N'enkomm et autres maîtres modernes.
STERN (Sigismond), professeur de musique
à Pétersbourg, né dans cette ville, en 1815, de
parents allemands, est auteur d'un livre qui a
pour titre : Manuel général de musique à
l'usage de renseignement élémentaire du
chant, des instruments et de la composition;
Paris, Brandus, 1850, un volume in-4°, avec
vingt et une planches lithographiées représen-
tant les portraits d'autantd'élèves lauréalsdes
concours du conservatoire de Paris, en 1849,
et de cinquante et une planches de musique
gravée. L'Académie des beaux-arts de l'Institut
de France, nui a approuvé cet ouvrage, sur le
rapport d'IIalévy, et le comité des études du
Conservatoire de Paris, qui l'a adopté pour
l'enseignement dans les classes de cette insli -
tution, ont montré plus que de l'indulgence,
car la valeur de ce livre est fort médiocre, pour
ne rien dire de plus.
STERN (Jules), violoniste, fondateur et
directeur d'une école de musique à Berlin, à
laquelle il a donné le nom de conservatoire,
est né à Breslau, le 8 aoiU 1820. Dès ses pre-
mières années on le mil à l'étude du violon, et
à l'âge de neuf ans il put se faireentendre dans
un concert. A douze ans, il accompagna son
père à Berlin, où il reçut des leçons de violon
de E. Maurer, de L. Ganz et de Léon de Saint-
Luhin. Admis, en 1834, dans l'Académie
royale de chant comme contralto du chœur, il
entra, vers le même temps, comme élève à
l'école de l'Académie royale des beaux-arts et
y fit des études de théorie de la musique sons
la direction de Bungenhagen. En 184ô, le roi
de Prusse lui accorda une pension pour
voyager dans le but de perfectionner ses con-
naissances musicales. Arrivé à Dresde, il y
étudia l'art du chant sous la direction du pro-
fesseur Miksch, puis il se rendit à Paris, où il
eut la direction du chœur allemand qui fit en-
tendre, au théâtre de l'Odéon, la musique que
Mendelssohn a composée pour VJntigone de
Sophocle. De retour à Berlin, en 1846, M. Stern
organisa, dans l'année suivante, une société
de chant qui, dix ans plus tard, était composée
de trois cent cinquante membres chantants.
En 1S50, il s'associa avec Th. Kullack pour
fonder une institution musicale qui eut d'abord
le simple titre de Berliner Musikschule
(École de musique de Berlin), et qui prit en-
suite celui de Conservatoire. Plusieurs artistes
de mérite y ont été attachés comme profes-
seurs. En 1855, M. Stern a organisé un or-
chestre destiné à donner des concerta pour y
faire entendre les œuvres de Wagner, Liszt,
Schiimann et Berlioz : cette entreprise n'a pas
réussi. Comme compositeur, M. Stern a publié
un grand nombre de Lieder à voix seule avec
accompagnement de piano et de chants à
quatre voix. On connaît aussi de lui : Caprice-
étude pour violon avec piano; Vienne, Has-
linger, et Ouverture spirituelle, pour or-
chestre, op. 9; Berlin, Schlesinger.
STERNBERG (Guillaume), amateur de
musique et littérateur à Schnepfenlhal, dans
le duché de Saxe-Gotha, y vivait encore en
1822. Au nombre de ses écrits, on remarque un
recueil d'anecdotes concernant beaucoup de
musiciensdislingués; cet ouvrage a pour litre :
Sammlung interessanter Anecdoten und
Erzxhlungen grœsstentheils aus dem Leben
beriihmter Tonkiinstler und ihrer Kunstver-
veand, etc.; Schnepfenlhal, 1810, in-8° de
deux cent vingt-six pages. Le même ouvrage a
été reproduit deux ans après comme une
deuxième édition, avec un nouveau fronti-
spice.
STERZING. Deux facteurs d'orgues de ce
nom ont vécu en Allemagne, au commence-
ment du dix-huilième siècle. Le premier est
connu par l'orgue de Saint-Pierre, à Erfurl,
composé de vingt-sept jeux, qui fut achevé en
1702, et surtout par le bel orgue de Saint-
Georges, àEisenach, achevé en 1707, et com-
posé de cinquante-huit jeux, quatre claviers et
pédale. Le second, qui paraît avoir vécu à
Cassel, a construit dans cette ville l'orgue de
l'église des Augustins, composé de trenle-neuf
jeux. Il a fait aussi, en 1706, sous la direction
de Jean-Nicolas Bach, l'orgue de l'église de la
ville, à Jéna, composé de quarante-quatre
jeux, trois claviers et pédale.
STÉSICHORE, poète et musicien célèbre
de l'antiquité, naquit à Himère, ville de Sicile,
dans la 37me olympiade. Selon le calcul de
Dodwell {De xtat. Phalarid., page 59), il
pouvait avoir douze ans lorsque ïlomère mou-
rut. Son véritable nom était Tiscas; mais le
changement qu'il introduisit dans les chœurs
de musique et de danse pour les sacrifices lui
valut celui de Stésichore. Avant lui, ces
chœurs chantaient et dansaient autour de
l'autel, prenant leur marche par la droite (ce
qui s'appelait strophe), et, revenant ensuite
par la gauche à l'endroit d'où ils étaient partis
(ce qu'on nommait antistrophe), recommen-
STËSICI-IORE — STEUP
133
raient sur-le-champ un nouveau tour sans
s'arrêter. Slésichore termina chacune de ces
évolutions par une pause assez longue, pendant
laquelle le chœur, tourné vers la statue du
dieu, chantait un troisième couplet du canti-
que ou de l'ode, appelé Epode; et c'est préci-
sément cette pause, ou station du chœur, que
désigne le mot de Slésichore. Ce poète-musi-
cien mourut à Calane, dans la 56me olympiade,
selon Suidas, et même plus tard, s'il est vrai,
comme l'assure Lucien, qu'il ait atteint l'âge
de quatre-vingt-cinq ans.
STETTEN (Paul DE), né à Augsbourg,
le 24 août 1751, étudia dans cette ville les
lettres, les arts et particulièrement la mu-
sique 5 puis il suivit des cours scientifiques à
Genève et à Altdorf, et voyagea dans les villes
principales de l'Allemagne. De retour à Augs-
bourg, il fut chargé de la conservation des
archives évangéliques, et après avoir rempli
divers emplois, il obtint le titre de conseiller
du roi de Bavière. Il mourut à Augsbourg, le
12 février 1808. On a de lui un livre intitulé :
Kunst-, Geiverb-und Handwerksgeschichte
der Stadt j4ugsburg (Histoire des arts et mé-
tiers de la ville d'Augsbourg); Augsbourg,
1778-1780, deux volumes in-4°. Il y est traité
de la typographie de la musique dans cette
ville (t. I, p. 42); de la construction des or-
gues (p. 158); du chant de l'église évangélique
(page 526); et des maîtres -chanteurs (p. 531).
Des extraits de cet ouvrage se trouvent dans la
correspondance musicale de Bossler, de 1791,
nos 5 et suiv. M. C.-Ferd. Becker a confondu
cet écrivain avec son père qui s'appelait
comme lui, Paul de Stetten, et qui est auteur
d'une histoire delà ville d'Augsbourg (Franc-
fort, 174-3-1758, deux volumes in-4°), où l'on
trouve aussi des renseignements sur la musi-
que. Dans la Biographie universelle de
MM. Michaud, on a fait deux frères de ces per-
sonnages.
STEUCCIUS (Henri) était étudiant à
Weissenfels, lorsqu'il publia de sa composi-
tion un recueil de chansons mondaines à cinq
voix, intitulé : Luslige weltliche Liedcr mit
5 Stimmen, pars 1 ; Wittenberg, 1602, in-4°.
La seconde partie parut dans la même ville,
en 1605, et la troisième en 1604.
STEUERLEEX (Jean), né à Schmalkalden
(liesse électorale), leS juillet 1546, futd'abord
secrétaire de la ville à Wasungen, puis obtint,
en 1580, la placedesecrétaire de la chancellerie
à Meinungen, et enfin fut fait prévôt de celte
ville, en 1004. Ilmourutle 5 mai 1613, avec les
titres de notaire public et de poète impérial
couronné. Amateur passionné de musique, il
cultiva la composition, et fit imprimer les ou-
vrages suivants : 1° Cantiones lalcinisch und
deutsch fitr 4 und 5 Stimmen (Motels latins
et allemands à 4 et 5 voix); Nuremberg, 1571.
2° Christlicher Morgen und Abendsegen auss
dem Catechismus Lutheri gezogen , etc.
(Prières chrétiennes du matin et du soir ex-
traites du catéchisme de Luther, et mises en
musique à quatre voix); Nuremberg, 1573,
in-8°. Ces prières ont été réimprimées avec
vingt et un chants spirituels de Steuerlein, en '
1574, à Erfurt, in-4°. 3° XXIV Weltliche Ge-
sœng mit 4 auch 5 Stimmen (Vingt quatre
chansons mondaines à quatre et cinq voix);
Erfurt, 1574, in-4° . 4° Teulsche Passion,
mit 4 Stimmen componirt (la Passion, en
allemand, composée à quatre voix) ; Erfurt,
1576,in-4°. 5° Cantiones quatuor et quinque
vocum; Nuremberg, 1578, in-4°. 6° Epitha-
lamia. Teutsche und lateinische geistliche
Hochzeitgesxng, zum Gebrauch in Kirchen
und Schulen, etc. (Épithalames. Chants spiri-
tuels de noces, latins et allemands, pour
l'usage des églises et des écoles, à quatre et un
plus grand nombre de voix); ibid., 1857, in-4°.
7° XXVII newe geistlicher Gesœng mit
4 Stimmen (Vingt-sept nouveaux chanls spi-
rituels à quatre voix); Erfurt, 1588, in-4°.
8° Der 150 Psalm : Laudate Dominumin
Sanctis ejus, von 4 Stimmen (le 150mc psaume
à quatre voix); ibid., 1588, in-4°. 9° Le
117mc psaume à quatre voix; ibid., 1599.
10° Christliche Gesanglein an S. Gregorxj der
Schider Festtag und sonsten zu gebrauchen,
mit 4 Stimmen (Petits chanls chrétiens à
l'usage du jour de Saint- Grégoire, fêle des
écoliers), à quatre voix ; Jéna, 1604, in-8°.
STEUP (H. -C), pianiste, compositeur et
marchand de musique à Amsterdam, est né
dans celte ville, vers 1775. On connaît sous
son nom beaucoup de compositions pour le
piano, le violon et la flûte, dont il a élé l'édi-
teur ; parmi ces ouvrages on remarque :
1° Quatuor pour piano, violon ou flûte, alto
et violoncelle, op. 1 ; Amsterdam, Steup.
23 Grand quintette pour deux violons, deux i
altos et violoncelle; Mayence, Schott. 3° Des 1
thèmes variés pour violon et pour flûte, avec
orchestre; Amsterdam, Stcup. 4° Sonatines
pour piano et violon, op. G, 9, 10; ibid. 5° So-
nate pour piano et cor obligé, op. 11 ; ibid.
6° Sonate pour piano à quatre mains; Bonn,
Simrock. 7° Sonatine pour piano seul; Am-
sterdam, Steup. 8° Thèmes variés pour piano,
op. 8 et 12; ibid. 9° Plusieurs cahiers de
134
STEUP — STEVENS
valses el écossaises; ibid. 10" Romances fran-
çaises avec accompagnement de piano; ibid.
Sleup est aussi l'auteur d'un petit ouvrage in-
titulé : Méthode pour accorder le piano-
forte; ibid.
STEVENIERS (Jacques), professeur de
musique classique de piano accompagnée au
Conservatoire royal de Bruxelles, est né à
Liège, en 1817. Admis comme élève dans cette
institution, en 1835, il y fut placé sous l'en-
seignement de M. Wéry pour le violon. Dans
l'année suivante, il obtint le second prix de
cet instrument au concours. Devenu ensuite
élève du professeur Meerts, il obtint le premier
prix en 1838. Au concert de la distribution
des prix, 11 juin 1840, il exécuta une fantaisie
de violon de son maître. Après avoir par-
couru la Hollande, où il.jotia dans les concerts,
en 1842, il se rendit en Allemagne, où il se fit
entendre dans plusieurs villes importantes,
notamment à Berlin, en 1843, puis il visita le
Danemark, la Suède et la Russie. En 1845, il
était à Paris, où il donna un concert dans la
salle Herz, puis il alla à Londres pendant la
saison. En 1847, M. Steveniers parcourut les
provinces rhénanes: à Ems, il donna un con-
cert avec Sowinski. Rentré à Bruxelles en
1848, il y inaugura, dans l'hiver suivant, des
séances de musique de chambre qu'il continua
pendant plusieurs années. En 1854, M. Steve-
niers a été nommé professeur de musique clas-
sique de piano au Conservatoire de musi-
que de cette ville. Parmi les œuvres pu-
bliées de cet artiste, on remarque : 1° La
Prière, mélodie religieuse pour violon et qua-
tuor ou piano, op. fi: Mayence et Bruxelles,
Seholl frères. 2" La Sirène, concertino pour
violon et orchestre ou piano, op. 9; ibid.
3° Souvenirs de Don Sébastien, morceau d~
salon pour violon et quatuor on piano, op. 10 ;
ibid. 4° Le Souvenir, mélodie pour violon et
piano, op. 4; ibid. 5° Le Rêve, fantaisie pour
violon et piano, op. 5; ibid. 0° Les Regrets,
solo dramatique pour violon et piano, op. 11 ;
ibid. 7" Erund Sie, récitatif et romance pour
voix seule et violon obligé avec accompagne-
ment de piano, op. 7; ibid. 8" Bergeronettc,
mélodie à voix seule avec piano ; ibid. M. Ste-
veniers a écrit la musique de plusieurs opéras -
comiques, particulièrement le Maréchal fer-
rant, en un acte, et les Satires de Boileau,
en un acte, représentés au théâtre du Parc
et à celui des Galeries Saint-Hubert, à
Bruxelles. Plusieurs ouvertures de sa compo-
sition ont été aussi exécutées dans ces salles
et dans plusieurs concerts.
STEVEÏVS (William S.), né dans le quar-
tier de Westminster, à Londres, en 1778, fit
ses études littéraires à Wallingford, dans le
Berkshire, puis il alla, à l'âge de treize ans, à
Luytonstone, dans le comté d'Essex, où il sui-
vit pendant deux ans des cours de mathémati-
ques. Son premier maître de musique fut Tho-
mas Smart, élève de Pepusch et de Boyce ; plus
tard, il continua l'étude de cet art sous la di-
rection du docteur Cook, à l'abbaye de West-
minster. Pendant plusieurs années, Stevens a
été accompagnateur au piano el chef des cho-
ristes du théâtre de llaymarket. Tl vivait en-
core à Londres en 1830. On a publié de cet
artiste des chansons anglaises, des glees, plu-
sieurs sonates de piano, ainsi que des caprices
pour cet instrument. Son traitésur l'expression
du piano (Treatise on piano- forte expresion)
a paru en 1812, à Londres, chez Jones, in-fol.
Stevens avait entrepris un journal concernant
la musique, intitulé : The grand musical
Magazine, qui a été abandonné après le hui-
tième numéro.
STEVEIN'S ( Nicolas - Josr.pn ) , né à
Bruxelles. le 8 juillet 1795, manifesta fort
jeune un goût très-vif pour les éludes lillé-
raires et musicales. Le maître de chapelle Du-
quesnoy lui enseigna le solfège, el Corneille
Vander Plancken, artiste de mérite, fut son
maître de violon. Les séances de quatuors, fré-
quentes alors à Bruxelles, comme partout, lui
inspirèrent dès sa jeunesse un penchant décidé
pour la musique sérieuse et classique. Appelé.
en 1818, à La Haye pour y remplir un emploi
dans l'administration, il y fut bientôt en rela-
tion avec les artistes et les amateurs de mu-
sique les plus distingués, et fonda avec eux
une société de musique religieuse qui, pen-
dant plusieurs années, fit entendre les œuvres
les plus remarquables en ce genre, dans une
des principales églises catholiques. Lors de la
création de la Société néerlandaise pour la
propagation de la musique, M. Stevens en fut
un des premiers membres et en devint plus
tard un desadministrateurs.il prit part aussi
à la rédaction du journal de musique hollan-
dais intitulé Ca'cilia, el donna beaucoup d'ar-
ticles concernant la musique et la littérature
au journal français de La Haye. De retour en
Belgique, ses intérêts le retinrent d'aljprd
quelque temps à Ilérenfhals, où il créa une so-
ciété de chant d'ensemble et fut président de
la Sociélé de l'Harmonie. Il y traduisit en fla-
mand et fil exécuter sous sa direction l'orato-
rio de Spohr, Die ktzten Dinge. Fixé en-
suite à Bruxelles, il y fut un des fondateurs de
STÉVENS — STEWECCHIUS
loi
Ja Société Union et Progrès, dont le but était
<ie ranimer en Belgique le goût de la musique
classique de chambre; il en fut nommé le di-
recteur et composa les programmes des con-
certs historiques qui y furent donnés avec suc-
cès. A diverses reprises, M. Stévens a siégé
comme membre du jury dans les concours de
violon du Conservatoire. On a publié de cet ama-
teur laborieux : 1" Esquisse iVun système rai-
sonné d'enseignement musical appliqué ait
piano; Bruxelles. C.-J.Deriîat, 1838, in-8°de
GO pages. 2° Souvenirs d'un musicien; Bru-
xelles, Parent, 1840, un volume in-12 île deux
cents pages. Sous la forme d'un roman, cet ou-
vrage est la peinture d'une éducation d'artiste.
STÉVENS (Jean-Baptiste), né à En-bien
(Belgique), en 1796, commença, dès ses pre-
mières années, l'étude du solfège et du violon,
sous la direction de J. Duval, alors chef de mu-
sique de cette ville. En 1810, il s'établit à
Mons d'où il ne s'éloigna, en 1822, que pour
se rendre à Paris, où il étudia l'harmonie et
la composition près de l'auteurde cette notice.
De retour à Mons, il s'y livra à l'enseigne-
ment. En 1837, il y fut nommé premier violon
solo du théâtre, et dans l'année suivante, la
Société des concerts le choisit pour diriger
l'orchestre. Il remplit ces fonctions .jusqu'en
1845. Professeur de violon et de chant à
l'école de musique de la ville depuis 1837,
M. Stévens a ajouté à ces titres ceux de profes-
seur à l'école primaire supérieure, en 1 84-3,
aux écoles communales, en 1844, à l'athénée
royal, en 1851, et à l'école moyenne, en 1853.
Les rares loisirs que laissait à l'artiste la mul-
tiplicité de ses occupations furent employés
par lui à la composition ; il a publié un grand
nombre de nocturnes, chansons et romances,
avec accompagnement de piano, dont plu-
sieurs ont paru dans les journaux de musique
intitulés le Répertoire musical et la Mo-
saïque. En 1828, M. Stévens a écrit une can-
tate à l'occasion de l'arrivée, à IVIons, du roi
des Pays-Bas Guillaume Ier, et il en a composé
une autre, en 1850, lorsque le roi des Belges
Léopold Ier a visité cette ville. Ces ouvrages,
dont l'exécution a élé satisfaisante, ont été re-
marqués et applaudis. En 1841, M. Stévens a
obtenu la médaille d'or au concours ouvert
par la Société des sciences, des arts et des let-
tres du Hainaut, pour la cantate intitulée
Roland de Lattre; cet ouvrage a élé exécuté
avec succès dans la même année. M. Stévens a
en manuscrit un grand nombre de chœurs
pourdes voix d'hommes, de motets, sérénades,
airs variés pour guitare, etc.
STEVENSON (Sir John), né en Irlande,
en 1772, fit ses études musicales sous la direc-
tion du docteur Murphy, à l'église Saint-Pa-
trick de Dublin. Fort jeune encore, il fut
chargé de la composition d'une nouvelle mu-
sique des anciens opéras The Son in law, et
The Agreahle Surprise, pour le théâtre de
celte ville. Ces ouvrages oblinrenl du succès et
furent souvent représentés. Stevenson a écrit
aussi, pour la scène irlandaise, The C'onlract,
et Love in a blaze. Arrivé à Londres, il se fit
connaître avantageusement par la composition
d'un grand nombre de chansons, de duos de
chant, et de morceaux de musique d'église,
publiés àT,ondres, chez J. Power. Le club de
VIlibernian Catch lui décerna une belle
coupe d'argent, en témoignage d'estime pour
son talent ; et, vers le même temps, il obtint le
litre de docteur en musique. On a réuni les
morceaux de musique d'église composés par
cet artiste, sous le litre de Séries of sacred
songs, duets and trios ; Londres, J. Power.
Stevenson a arrangé une colleclion de mélo-
dies irlandaises avec accompagnement de
piano et des refrains à plusieurs voix sur les
traductions en vers de Thomas Moore. Cette
collection a pour titre : A sélection of irish
mélodies, with symphonies and accompani-
ments, and caracteristic trords by Thomas
Moore; Londres, J. Power, six suiles in-fol.
formant ensemble cent treize pages, avec de-
belles gravures. Le défaut de celle colleclion,
comme de toutes celles du même genre, est
que la tonalité originale des mélodies est dé-
naturée par l'harmonie moderne de l'accom-
pagnement. Stevenson est mort à Londres, en
1842. (
STÉVIN (Simon), savant mathématicien,
né à Bruges, vers le milieu du seizième siècle,
s'établit en Hollande, y eut le titre de mathé-
maticien du prince Maurice de Nassau, et fut
créé ingénieur des digues. On ignore l'époque
de sa mort. Ses œuvres ont élé réunies et pu-
bliées en latin par Willebrod Snellius, qui n'a
point achevé son travail, et en français par
Albert-Girard; Leyde, Elzevier, 1634, in-fol.
Gérard-Jean Vossius nous apprend que Slëvin
a écrit un traité de la théorie de la musique,
qui n'a point été imprimé dans ses œuvres,
quoiqu'il eût été traduit en latin {De Scient.
Mathemat.jC. LX, p. 353).
STEWECCHIUS (Godesciialc), profes-
seur au collège de Pont-à-Mousson, naquit vers
1540, àlleusden,en Hollande.il a fait impri-
mer, en 1580, un commentaire sur le traité de
l'art militaire de Végèce où il traite (deuxième
136
STEWECCHIUS - ST1CH
livre, cliap. XXII, et troisième livre, cliap. V)
des trompettes des anciens appelées tuba et
buccina, ainsi que des musiciens qui jouaient
de ces instruments.
STIASNY, ou STIASTNY (Bernard-
Wenzei.), violoncelliste, fils de Jean Stiasny }
très-lion hautboïste du théâtre de Prague mort
en 1788, naquit dans celte ville, en 1770. Après
avoirétudié lathéoriedela musique et del'har-
monie sous la direction du célèbre organiste
Seegr, et le violoncelle, sous un maître in-
connu, il fut admis comme premier violoncel-
liste à l'orchestre du théâtre de Prague. Depuis
lors il s'est fait connaître par quelques compo-
sitions pour son instrument, entre autres
celles-ci : 1" Six sonates progressives et in-
structives pour deux violoncelles; Prague,
Berra. 2° Il Maestro e lo scolaro, 8 imita-
zioni e G pezzicon fughe per due violoncelli;
Bonn, Simrock. 3" Méthode de violoncelle (en
allemand et en français), divisée en deux par-
ties; Mayence, Scholt.
STIASNY (Jean), frère du précédent, na-
quit à Prague, en 1774. Comme son frère, il
se livra à l'étude du violoncelle : il le surpassa
en habileté. On croit qu'il entra à l'orchestre
de Prague vers 1800; mais on n'a pas de ren-
seignements sur la suite de sa carrière, Dla-
Iiacz ayant gardé le silence sur celte famille
de musiciens distingués, dans sou Diction-
naire des artistes de la Bohême. Il parait
certain toutefois que Jean Stiasny ou Sliaslny
vivait encore en 1820, mais non plus à Prague,
car il avait alors le titre de directeur de mu-
sique à Nuremberg, et dans la même année il
se rendit de celle ville à Manheim, où on le
perd de vue. On a publié de sa composition :
1° Concertino pour le violoncelle, op. 6; Bonn,
Simrock. 2° Divertissement pour violoncelle,
avec alto et basse, op. 5; Mayence, Scholt.
3° Andante et variations pour violoncelle avec
deux violons, flùle,alto et basse, op. 10; Bonn,
Simrock. 4° Rondo et variations pour violon-
celle avec quatuor, op. 12; Leipsick, Pelers.
5°Deux sonales pour violoncelle et basse, op. 2;
Bonn, Simrock. 6° Douze pièces faciles pour
deux violoncelles, op. 4; ibid. 7° Six pièces
faciles, idem, op. 5; ibid. 8° Duos pour deux
violoncelles, op. G et 8; ibid. 9° Six pièces
faciles pour violoncelle solo, op. 9; Leipsick,
Pelers. 10° Six solos pour violoncelle avec
basse, op. 11 ; Mayence, Scholt.
STIAVA (François-Marie), premier orga-
niste de la chapelle du roi de Sicile à Messine,
naquit à Lucques, vers le milieu du dix- sep-
tième siècle. Il a publié : Salmi concertati a
cinque voci con violini obligati e ripieni a
beneplacito, op. la; Bologne, 1694, in-4°.
STICIÏ, connu sous le nom de PUNTO (1 )
(Jean-Wenzel), le plus célèbre des cornistes,
naquit, en 1748, à Zchuzicz (près deCzasIau),
en Bohême, seigneurie appartenant au comte
de Thun. Après qu'il eut appris les principes
de la musique et du chant, le comte le prit à
son service, et lui donna pour premier maître
de son instrument Joseph Maliegka, corniste
renommé à Prague; puis il l'envoya à Munich,
étudier sous la direction de Ssindel'arz, autre
virtuose sur le cor, né en Bohême. Enfin Stich
acheva de perfectionner son talentà Dresde, par
les leçons de Hampel {voyez ce nom), et de son
compatriote Haudek, dont il habita la maison
pendant plusieurs années. Ses éludes terminées,
Stich relourna chez son prolecteur le comle de
Thun, et fut attaché à son service pendant trois
ans; mais le pressentimentde la renommée qu'il
devait acquérir lui rendantcette position insup-
portable, il s'éloigna de Prague en secret, et
parcourut l'Allemagne et la Hongrie, puis l'Ita-
lie (où il prit le nom de Punto), l'Espagne,
l'Angleterre, lesPays-Baset la France. Il était à
Paris en 1778. Partout son talent excita autant
d'étonnement que de plaisir, et toutes les na-
tions le déclarèrent sans rival. Mon père, qui
l'entendit en 1780, m'a dit qu'on ne peut ima-
giner de plus beau son que le sien, une sûreté
plus grande dans l'attaque, une manière de
chanter plus touchante, ni plus de précision
dans les traits. Il se servait d'un cor d'argent,
parce qu'il en trouvait le timbre plus pur et
plus pénétrant, préjugé partagé même par les
acousticiens, qui n'ont pas su, jusqu'à ce mo-
ment, que le timbre est donné, d'une part, en
raison des proportions de la colonne d'air con-
tenue dans le tube de l'instrument ; de l'autre,
par le mode d'ébranlement de cette colonne au
moyen du souffle vertical ou latéral, des em-
bouchures de diverses forces, des anches, etc.
De retour en Allemagne, vers 1781, Punto
reçut des propositions du prince évêque de
Wilrzbourg, et accepta une place dans sa
musique; mais bientôt des offres plus avan-
tageuses lui furent faites au nom du comte
d'Artois (depuis lors Charles X), qui, de
tous les instruments et de toule musique,
n'aimait que le cor. Une pension viagère était
garantie à l'artiste pour une sorte de sinécure,
dont il prit possession en 1782. En 1787, il
obtint un congé, et visita l'Allemagne du
(1) Stich est un mot allemand qui signifle piqûre,
point; de là le nom de Punto (point) qu'on donna à
l'artiste en Italie, et qui lui est reste
STICH - STIELER
137
Rhin, en passant par Nancy, Metz, Trêves et
Coblence. Il s'arrêta quelque temps dans ces
deux dernières villes. Après une absence d'en-
viron deux ans, il arrivait à Paris, vers le mois
d'août 1789, lorsqu'il apprit à la fois les pre-
miers événements de la révolution, et le dé-
part du comte d'Artois. Cependant il resta
dans cette ville, y publia plusieurs ouvrages,
et grâce au talent assez distingué qu'il pos-
sédait sur le violon, il trouva des ressources
dans la direction de l'orchestre du Théâtre
des Variétés amusantes , pendant le régime
de la terreur. En 1799, il quitta Paris pour
retourner en Allemagne, visita Munich dans
l'année suivante, et fit une vive impression
dans les concerts qu'il donna à Vienne. Beet-
hoven,enthousiasmé par la beauté de son ta-
lent, écrivit pour lui sa sonate de piano et
cor, œuvre 17.
Après trente- trois années d'absence, Punlo
arriva à Prague, et y donna, en 1801 , un con-
cert au Théâtre national, où sa prodigieuse
habileté fut admirée de tout l'auditoire. En
1802, Dussek arriva à Prague pour s'y faire
entendre; les deux artistes célèbres furent
bientôt liés d'amitié. Ils allèrent ensemble
donner un concert à Czaslau, le 16 septembre
de la même année : parmi les morceaux qu'ils
y firent entendre se trouvait la sonate de Beet-
hoven exécutée par Dussek et Punlo. De retour
à Prague, celui-ci se disposait à retourner à
Paris; mais une maladie se déclara et le mit
au tombeau le 16 février 1805, après cinq
mois de souffrances. Des obsèques magnifiques
lui furent faites par ses compatriotes : on y
exécuta le Requiem de Mozart, et l'on mit sur
sa tombe ce distique latin :
Omnp tulit punctum Punto, cui Musa Dohema
Ut plausit vivo, sic morientc gémit.
Punlo a publié de sa composition : 1° Con-
certos pour cor et orchestre; nos 1 (en mi),
2 (en mi), 5 (en fa), 4 (en fa), Paris, Sieber;
n° 5 (en fa), Paris, Pleyel ; n°s 6 (en ré), 7 (en
fa), Paris, Naderman; nos 8 (en mi b.), 9 (en
mi), Paris, Cochet; nos 10 (en fa), 11 (en mi),
Paris, Imbault; nns 12 (en sol), pour second
cor, 13 (en mi b.), Paris, Leduc; n° 14, Paris,
Pleyel. 2° Quintette pour cor, flûte, violon,
alto et basse; Paris, Sieber. 5° Six quatuors
pour cor, violon, alto et basse, op. 1 ; ibid.
4° Six idem, op. 2; ibid. 5° Six idem, op. 5;
ibid. 6° Six idem, op. 18; Paris, Pleyel.
7° Vingt trios pour trois cors ; Paris, Imbault.
8° Duos pour deux cors, liv. 1 et 2; Paris,
Sieber. 9° Huit idem; Paris, Imbault. 10° Vingt
idem; Paris, Leduc. 11° Vingt-quatre idem;
ibid. 12° Trois duos pour cor et basson ; ibid.
13° Éludes et exercices; ibid. 14" Sextuor pour
cor, clarinette, basson, violon, alto et contre-
basse, op. 54; ibid. 15° Méthode pour ap-
prendre facilement les éléments des premier
et second cors aux jeunes élèves, dans laquelle
sont indiqués les coups de langue et les liai-
sons les plus nécessaires pour tirer de beaux
sons de cet instrument , composée par Ham-
pel et perfectionnée par Punto, son élève;
Paris, Leduc, 1798, in-4°. 16° Hymne à la li-
berté, avec orchestre; Paris, Naderman.
17° Trios pour violon, allô et basse, op. 7;
Paris, Louis. 18° Duos pour deux violons,
op. 5; Paris, Sieber.
STICRL (François), né à Dicssen, sur le
lac d'Ammer, vers la fin du dix-septième
siècle, apprit dans le monastère de ce lieu les
éléments des sciences et de la musique, puis
alla terminer ses études dans les universités de
Salzbourg et d'Ingolstadt. Il s'établit dans cette
dernière ville, en 1720, comme organiste. Plus
tard il ajouta à sa position le litre de procureur
du collège ducal. Il mourut en 1742. On a im-
primé de sa composition : 1° Psalmi vesper-
tini pro toto anno, a 4 voc. violino unisono
et continuo; Augsbourg, 1721, in-fol. 2° An-
glipolitana veneratio erga sunctissimam
crucis particulam, in academico B. V. spa-
ciosx templo cultui publico expositam, con-
stata VI Missis cantatis, à 4 vocibus con-
certantibus, nec non instrumentis variis ad
libitum adhibendis et concinato ac inclyto
magistratui A ' nglipolitano demississime
dedicata; Auguste Vindelicorum, 1727,
in-fol. 5° Psalmi vespertini pro toto anno
a 4 vocibus, violino unisono et continuo;
Auguste Vindelicorum, 1728. Peut être ce
dernier ouvrage n'est-il qu'une deuxième édi-
tion du premier.
STICKL (JosErH), fils du précédent, na-
quit à Ingolsladt, en 1724. Il y fit ses études,
et son père lui enseigna la musique et la com-
position. La place d'organiste à Weichering
étant devenue vacante, il l'obtint et en remplit
les fonctions jusqu'à sa mort, arrivée en 1778.
On connaît de sa composition, en manuscrit,
des préludes et des pièces d'oçgue.
STIELER (Charles-Auguste), professeur
de musique au gymnase de Stockholm, dans la
première moilié du dix-neuvième siècle, est
auteur d'un manuel des principes de la mu-
sique el du chant, en langue danoise, publié
sous ce titre : Lxrebok i de fœrste grunderne
for Musih och Sang ving ungdomens under-
138
STIELER - STOB/EUS
wisning Scolar och gymnasier; Stockholm,
1820, gr. in-4°.
STIEKLEIN (Jean-Christophe), musi-
cien allemand de la fin du dix-seplième siècle,
fut d'abord attaché à la musique de la cour de
Stuttgart; puis il eut le titre de second maître
de chapelle du duc de Wurtemberg. Il a fait
imprimer de sa composition les ouvrages sui-
vants : 1° Musihalische geistliche Zeitund
Ewigkeit Betrachtung, in 25 Arien von
einer Singstimmen und Generalbass (Le
temps et l'éternité, méditation musicale et spi-
rituelle en vingt-cinq airs à voix seule et basse
continue); Stuttgart, 1688, petit in-8° oblong.
2° Trifolium musicale consistens in musica
theorica, praclica et poetica, etc.; Stutt-
gart, 1691, ih-4° oblong de quarante-huit
pages, avec vingt-deux planches. C'est un
traité abrégé des éléments de la musique et
de la basse continue, par demandes et ré-
ponses.
STILES (Sir François HASKINS
EYLES), baronnet, fut mejnbre rie la Société
royale de Londres, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle. lia publié dans les Transactions
philosophiques (vol. LI, part. II, p. 695-773)
une très-bonne dissertation intitulée .• An
Explanation of the modes or tones in tlie
ancient Grecian music (Explication des
modes ou tons de l'ancienne musique grec-
que). Celte dissertation se trouve aussi dans
l'abrégé des Transactions philosophiques
(année 1760, I. XI, p. 485).
ST1LLE (Jean), savant lianovrien, vécut
vers letjrnilieù du dix-septième siècle. Il ;i [ait
imprimer un recueil dedissei'lations sur divers
sujets, intitulé : Bisputàtio philosophica
continens Ouxstioncs miscellaneas ; Helm-
sladt, 1646, in-4° de quatre feuilles. Il exa-
mine, dans la seconde question, les opinions
diverses des harmonistes concernant la na-
ture consonnanle ou dissonante delà quarte;
et dans le troisième, les méthodes de solmisa-
tion en usage dans les écoles. Ces deux mor-
ceaux remplissent onze pages de son opus-
cule.
STILLINGFLEET (Benjamin), petit-ne-
veu de l'évêque de Worcesler, Edouard Stil-
lingfleet, naquit en 1702, commença ses éludes
à l'école de Norwicb, et les acheva avec succès
à l'université de Cambridge. Après avoir em-
ployé quatorze années à faire l'éducation d'un
gentilhomme anglais, et avoir voyagé avec lui
sur le continent, il retourna en Angleterre, en
174ô, et vécut d'une pension viagère que lui
faisait le père de son élève. Il s'occupa pen-
dant le reste de sa vie de botanique, d'agricul-
ture, de poésie et de musique. Il mourut à
Londres, le 15 décembre 1771. Stillingfleet
n'est cité dans celle biographie que pour une
sorte d'analyse ou d'abrégé du traité de mu-
sique de Tarlini qu'il a publié sous ce titre :
Principles and power of harmony (Traité
sur les principes et le pouvoir de l'harmonie);
Londres, 1771, in-4°. Les exemplaires de cel
ouvrage ne sont pas communs.
STIPIIELIUS (Laurent), cantor à
Naumbourg, au commencement du dix-sep-
tième siècle, a publié : Libelhis scholasticus
pro Senatoria? Numburgcnsium Scholx pue-
ris, continens Odus spiriluules, Responso-
ria. item christliche Beicht, Kirchen-und
Schul-gesxng } IJarmonias ad odas, et ip-
sius cantoris manuale; Jéna, 1607, in-4°.
On ignore si cet ouvrage, connu seulement
par une indication de la Bibliothèque clas-
sique de Dràudius , est le même que ce-
lui qui est cité par Forkel {AUgem. Litter.
der Mus., p. 271), sons le titre de Com-
pendium musicum ; Naumbourg, 1609, in-8°,
et dont il indique nue autre édition de Jéna,
1614. On ne peut présumer que Forkel n'ait
donné qu'un litre défiguré, car aux détails
qu'il fournil sur le livre et sur ce qu'il con-
tient, il est évident qu'il l'avait vu. Je pense
qu'il s'agit de deux ouvrages différents.
STIPPER (Jean-Daniel), savant allemand,
vécut à Leipsick, dans la première moitié du
dix-huitième siècle. Il a fait imprimer une
thèse qui a pour titre ; Programma de mu-
sica instrumentait tempore luclus publici
prohibita, quo lecliones hibernales incipien-
das publiée intimai >etc. ; Lipsix, 1727, in-4°
de quatre pages.
STIYORI (François), organiste à Monta-
gnana (États de Venise), dans la seconde moi-
tié du dix-seplième siècle, est connu par les
compositions dont les litres suivent: 1° Ma-
drigali a quattro voci, con un dialogo a
otlo, lib. I ; Venise, 1583, in-41'. 2" Mottelti
a cinque voci; ibid., 1587, in-4°. 5° Quattro
libri Ai moletti a 6, 7 e 8 voci; ibid., 1596,
in-4".
STOByEUS (Jean), maître de chapelle à
Rœnigsberg, naquit à Graudenz, en Prusse,
dans les dernières années du seizième siècle,
et mourut en 1646. On connaît sous son nom
un recueil de motets intitulé : Cantiones sa-
crx4,5et 10 vocum; Francfort, 1624. Il a
aussi publié à Danlzick, en 1634, un autre re-
cueil de motels à cinq voix sur le plain -chant .
de l'église. Valcntin Thilo (voyez ce nom) a
STOB^US — STOCKIIAUSEN
!3i>
fait imprimer un éloge funèbre de ce musi-
cien, sous ce titre : Laudati'o funebris in
memoriam Joun. Stobxi, Graudentini-Bo-
russi, serenissimi electoris Brandenburgen-
sis in Borussia capellx magistri celeber-
rimi, musici excellentissimi. Regiomontani,
1646, in-4°.
STOCKFLET (Henri-Arnold), né à Ha-
novre,dans la première moitié du dix-septième
siècle, fut professeur de droit à Alldorf. Il est
auteur d'un traité de l'usage des cloches et des
carillons intitulé : Exercitium academicum
deCampanarum usu,in iUustri Noricorum
Altdorphina , concinnatum cwn indice
rerum et verborum aceuratissimo ; Alt-
dorffi , typis et sumptibus Joh. Henrici
Schœnnersstœdt , 1665, in-12 de XIII feuil-
lets et trois cent trente-quatre pages.
STOCKIIAUSEN ( Jean -Christophe) ,
surintendant et conseiller du consistoire, à
Hanau, naquit à Gladenbach, le 20 octobre
1725, et mourut à Hanau, le 4 septembre 1784.
11 est auteur d'un livre estimé qui a pour
titre : KritischerEntwurfeinerauserlesenen
Bibliothek, fiir den Licbhaber der Philo-
sophie und schœnen TF'issensthaften (Es-
quisse critique d'une bibliothèque choisie, à
l'usage des amateurs de la philosophie et des
belles-lettres); Berlin, 1758, in-4°, deuxième
édition. La troisième édition a paru en 1764,
et la quatrième en 1771, toutes in-4". On
trouve dans cet ouvrage l'esquisse d'une bi-
bliothèque de musique.
STOCKIIAUSEN (François), harpiste et
compositeur, né à Cologne, vers 1798, voyagea
vers 1825 en Suisse avec sa femme, jeune
cantatrice douée d'une voix légère, juste, et
qui se faisait remarquer par un goût élégant
et une bonne méthode. Stockhausen vécut
quelque temps à Genève, où il se livrait à l'en-
seignement de la harpe. Vers 1826, il se rendit
à Paris, et s'y fit entendre avec sa femme
dans quelques concerts, mais sans y obtenir
de succès, car son talent d'exécution ne pou-
vait briller dans une ville où il y avait alors
quelques harpistes de beaucoup de mérite.
Deux ans après il alla en Angleterre, et grâce
au talent de madame Stockhausen, il y donna
des concerts productifs. Parcourant les pro-
vinces du Royaume-Uni, puis l'Irlande et
l'Ecosse, il y recueillit les éléments de l'indé-
pendance dont il put jouir dans une retraite, à
Colmar. En 1849, M. Stockhausen s'est encore
fait entendre dans cette ville, dans un concert
que son fils (voyez la notice suivante) y donnait.
L'organe vocal de madame Stockhausen, fati-
gué par un trop fréquent exercice, s'est usé
avant le temps.
Stockhausen a publié à Paris environ trente
œuvres de sonates, duos, fantaisies, airs variés,
divertissements, nocturnes, exercices, contre-
danses et valses pour la harpe. Parmi ses ou-
vrages, on remarque une messe à quatre voix
avec deux harpes, quatre cors et basse, op. 6 ;
Paris, Pacini.
STOCKHAUSEN (Jules), fils du précé-
dent, est né à Paris, en 1826. Doué d'une belle
voix de baryton et d'une heureuse organisa-
tion musicale, il cultiva ces dons précieux
dans les classes de chant et de déclamation du
Conservatoire de Paris, puis se rendit à Lon-
dres, en 1845, et y reçut des leçons de Manuel
Garcia. En 1848, il débuta au théâtre italien
de cette ville et y obtint un brillant succès,
puis il voyagea en Suisse et produisit une vive
sensation à Genève. Pendant les années sui-
vantes il vécut au sein de sa famille à Colmar,
faisant seulement de temps en temps des ex-
cursions dans l'Allemagne rhénane, pour les
festivals, particulièrement à Strasbourg, où il
chanta les parties principales dans les exécu-
tions de YElie, de Mendelsohn, en 1852, et du
Paulus, en 1853. Arrivé à Paris, dans l'hiver
de 1854-1855, il y brilla dans les concerts par
sa belle voix, son excellente école et la variété
de son style. Dans l'été de 1855, il fil un
voyage en Italie, d'où il retourna par la Suisse
à Colmar. Au mois de mars 1856, il était à
Francfort et y donnait des concerts; puis il
visita "YVeimar, Berlin, et chanta au festival de
Dusseldorf. Engagé ensuite à Londres pour
chanter au concert de la Société philharmoni-
que, il retourna en Allemagne après cet en-
gagement, chanta le Maître de chapelle, de
Paer, au théâtre de Manheim, puis au festival
de Darmstadt. Le 7 novembre, il débuta au
théâtre de l'Opéra-Comique de Paris, dans le
rôle du Sénéchal de Jean de Paris. Ce fut une
faute que cet engagement d'un artiste de ta-
lent aussi sérieux, aussi pur que Stockhausen,
pour chanter l'ancien répertoire de Martin.
Bien plus grand chanteur que cet ancien acteur
de l'Opéra Comique, ne possédant pas comme
lui certaines qualités d'entrain qui sont à la
portée du public de ce théâtre, il n'obtint que
des demi-succès, et la presse se montra tout à
fait incapable de l'apprécier. Après avoir joué
Jean de Paris, la Fête du village voisin,
Jeannot et Colin, et le Valet de chambre,
Stockhausen rompit son engagement avec
l'Opéra-Comique et retrouva sa véritable des-
tination dans les festivals et les concerts de
140
STOCKHAUSEN - STOELZEL
l'Allemagne. Au moment où cette notice est
écrite (1864), il est directeur et chef d'orchestre
du théâtre de Hambourg.
STOEBER (Charles), pianiste et compo-
siteur, naquit à Presbourg, en 1806. Son père,
bon maître de piano, le guida dans ses études.
Arrivé fort jeune à Vienne, Slœber y eut de
brillants débuts par son talent d'exécution, et
se fit connaître avantageusement par ses ou-
vrages: mais une fièvre cérébrale le mit au
tombeau à Page de vingt-neuf ans, le 21 no-
vembre 1835. Les œuvres de cet artiste, au
nombre d'environ quarante, consistent en
fantaisies, variations et rondeaux pour piano
seul ou piano à quatre mains. Son œuvre
sixième est un quatuor pour piano, harpe,
clarinette et violoncelle, où il y a du mérite.
STOECKEL (le P. Boniface), bénédictin
de Mallersdorf, en Bavière, naquit le 27 no-
vembre 1747, à Piling, dans ce royaume, et
fit ses études à Salzbourg, où Léopold Mozart
lui enseigna la composition. Il entra dans son
ordre le 27 octobre 1771, et fut ordonné
prêtre le 18 juillet 1773. Son mérite comme
compositeur le fit choisir pour diriger la mu-
sique de son couvent, et dans l'exercice de ses
fonctions, il écrivit plusieurs messes, vêpres
complètes, litanies, etc., où l'on remarque un
bon style. Tous ses ouvrages sont restés en
manuscrit, à l'exception «le chants à quatre
voix sur les prières du malin et du soir, qui
ontété publiés àSalzbach, chezSiedel. Pendant
les années 1782 et 1783, le P. Stœckel en-
seigna la grammaire au gymnase d'Amberg;
il retourna à son couvent de Mallersdorf, au
commencement de 1784, et y mourut le 7 sep-
tembre de la même année.
STOECKEL (J.-G.-E.), cantor à Burg,
près de Magdebourg, vivait vers la fin du dix-
huitième siècle. Il inventa un chronomètre
musical dont il a donné la description, en
1796, dans le journal de l'Allemagne (Journal
fur Deutschland), puis dans le deuxième vo-
lume de la Gazette musicale de Leipsick
(pages 67 et 673).
STOECKL ou STOEREL (Clara). Voyez
IIEU\EFETTER (Clara).
STOEGER (le P. Antoine), religieux
franciscain du couvent de Pfaffenhofen , en
Bavière, naquit en 1727, à Grossmehring, près
d'Ingolstadt, et entra dans son ordre, en 1746.
Il fut bon organiste et se fit connaître avan-
tageusement par des pièces d'orgue et par
deux Requiem de sa composition. Il mourut à
rraffenhofen, en 1798.
STOELZEL (GoDr.rnoiD-IlENni), compo-
siteur, naquit le 13 janvier 1690, à Grlln-
stadt, dans les montagnes de la Saxe électo-
rale. Son père, organiste du lieu, lui donna
les premières leçons de musique et de cla-
vecin. A l'âge de treize ans, Stœlzel fut en-
voyé au lycée de Schneeberg, et mis en pen-
sion chez le cantor Umlauf, élève de Kulmau,
qui ne négligea rien pour en faire un musicien
instruit. En 1707, Stœlzel se rendit à l'uni-
versité de Leipsick : l'Opéra de cette ville lui
fournit l'occasion d'acquérir de nouvelles con-
naissances et de former son goût. Hoffmann,
alors directeur de musique de la nouvelle
église, lui fit bon accueil, et eut même la com-
plaisance de faire exécuter, sous son nom, les
premiers essais de Stœlzel, afin que les ar-
tistes leur accordassent l'attention qu'ils n'au-
raient pas prêtée aux tentatives d'un jeune
homme inconnu.
Après un séjour de trois ans à Leipsick,
Stœlzel se rendit à Breslau et y passa deux
années, se livrant à l'enseignement du chant
et du clavecin. Au nombre des ouvertures,
concertos et autres compositions de tout genre
qu'il y produisit, on remarque une sérénade à
l'occasion du couronnement de l'empereur
Charles VI, ainsi qu'une pièce dramatique in-
titulée Narcisse, dont il a composé le texte et
la musique pour la comtesse de Neidhardt.
La peinture séduisante qu'un de ses amis lui
fit alors de l'Italie lui fit prendre la résolution
d'y faire un voyage. Avant de s'y rendre, il
voulut revoir encore sa famille ; mais à son
passage en Saxe, il fut chargé par le maître de
chapelle Theile de composer un opéra pour la
foire de Naumbourg. Cet ouvrage, intitulé Va-
lérie, eut beaucoup de succès, et procura à
Stœlzel la demande de deux autres opéras
(Jrtémise et Orion) pour la foire suivante.
Le texte de ces dernières pièces lui apparte-
nait. De Naumbourg, il se rendit à Géra, où
il écrivit la partition de les Hoses et les épines
de l'amour, pastorale. Des places de maître
de chapelle lui furent offertes dans cette ville
et à Zeitz; mais il les refusa pour faire son
voyage, qu'il entreprit enfin, en 1713, en
passant par Hof, Bayreuth, Nuremberg et
Augsbourg, où la diète de l'Empire était
assemblée. Arrivé à Venise, il s'y lia d'amitié
avec Heinichen, son compatriote (voyez ce
nom), dont la conversation fut très-instruc-
tive pour lui. Ce fut avec lui qu'il visita les
quatre conservatoires qu'on trouvait alors
dans cette ville; il y connut Gasparini,
Vivaldi, Antoine Polarolo, Antoine Biffi, et
Vinaccesi (voyez ces noms), musiciens ce-
STOELZEL
141
lèbres, qui en étaient alors les inspecteurs et
professeurs. Ses liaisons avec ces hommes de
mérite et avec l'illustre Marcello lui ren-
dirent le séjour de Venise aussi agréable
qu'utile. De là il se rendit à Florence, où il
connut Ludwig, musicien de Berlin, et sa
femme, Vénitienne dont le talent sur le luth
était fort remarquable. Le duc Salviati, qui
logeait ces artistes dans son palais, présenta
Stœlzel à la princesse Eléonore de Guastalla,
qui était aussi fort habile sur le même instru-
ment. Au mois de septembre, Stœlzel partit
de Florence pour aller à Rome, où il connut
particulièrement Bononcini. Il ne paraît pas
qu'il ait compris ce qu'il y avait d'intéressant
pour lui dans cette capitale du monde chré-
tien, car il n'y resta qu'un mois. De retour à
Florence, il y entendit quelques opéras d'Or-
landini et de Gasparini qui lui plurent beau-
coup ; puis il reprit le chemin de l'Allemagne,
en passant par Bologne, Venise, Trente et
Inspruck. La cour du prince Palatin était
alors retirée dans cette ville du Tyrol.
Stœlzel y admira l'excellent ensemble des ar-
tistes de sa chapelle. D'Inspruck, il alla à
Prague, où le comte Logi et les barons de
Hartig et d'Adlersfeld le retinrent pendant
trois ans. II y composa les opéras Vénus et
Adonis, Acis et Galatée, la Fortune vaincue
par l'Amour, quelques oratorios latins, ita-
liens et allemands, parmi lesquels on cite Jé-
sus paliens, Caïno, ovvero II primo figlio
malvaggio, et Marie Madeleine; enfin, plu-
sieurs messes et des morceaux pour divers
instruments. D'après le conseil de ses amis, il
commença dès lors à donner des concerts où
il faisait exécuter ses compositions. Appelé à
Dresde au commencement de 1717, il ne s'y
rendit point, et préféra aller à Bayreuth, où il
écrivit plusieurs morceaux de musique solen-
nelle pour le second jubilé de la réformation
luthérienne. Il composa aussi dans cette ville
des sérénades pour la fête du Margrave, et
Diomedes, grand opéra allemand.
En 1719, Stœlzel entra au service du
comte de Géra ; quoiqu'il n'y soit demeuré que
six mois, il écrivit dans ce court espace
beaucoup de compositions instrumentales et
vocales. La place de maître de chapelle de la
courdeGolha, qu'il avait sollicitée, lui ayant
été accordée dans cette même année, il en prit
possession et l'occupa pendant trente ans, in-
cessamment occupé de compositions nouvelles.
Dans le nombre immense de ses ouvrages
écrits depuis cette époque, on compte huit an-
nées entières de musique d'église, où chaque
dimanche et chaque fêle ont deux compositions
différentes; quatorze Passions complètes;
autant de musiques complètes pour la fête de
Noël ; quatorze opéras, seize sérénades, plus
(le quatre-vingts morceaux de musique de
table, une quantité prodigieuse de morceaux
pour diverses circonstances, de messes, d'ou-
vertures, de symphonies, et de concertos pour
divers instruments. Toule cette musique,
restée en manuscrit, est maintenant peu
connue. Stœlzel mourut à Gotha, le 27 no-
vembre 1741), à l'âge de près de soixante ans.
Il ne nous reste qu'un spécimen de l'habileté
de ce savant musicien, dans un petit traité des
canons multiformes et perpétuels sur un seul
thème. Il fit imprimer cet écrit au nombre
d'environ cent exemplaires pour ses amis, et
ne le mit pas dans le commerce, en sorte qu'il
est devenu d'une rareté excessive. J'en possède
un exemplaire qui a beaucoup souffert par le
feu, où il paraît être tombé par accident :
toutefois le texte ni la musique n'en ont pas
été détruits. Ce petit ouvrage a pour litre :
Praktischer Beiveis , wie aus einem noch
dem wahren Fundamente solcher Noten-
Kiinsteleyeîi gesetzten Canone perpétua in
hypodiapente quatuor vocum, viel und
mancherley, Theils an Mélodie, Theils auch
an Harmonie unterschiedene Canones per-
peluiàA zumachen seyn, etc. (Démonstration
pratique pour faire, d'après les vrais prin-
cipes, et d'après un exemple, un canon per-
pétuel à la quinte inférieure, etc.), 1725, petit
in-4° de trois feuilles , sans nom de lieu.
L'exemple choisi par Stœlzel est fort ingénieux
et bien écrit.
Stœlzel a laissé en manuscrit quelques
traités relatifs à la musique qui se trouvaient
encore en 1760, entre les mains de son fils,
surintendant à Gotha. Ils consistaient :
1° En un traité de la musique des Grecs;
2° Un traité du récitatif, écrit pour la Société
musicale de Mizler, dont l'auteur était mem-
bre. Albrecht, de Mulhausen, avait promis,
en 17C2, de publier cet ouvrage; mais il n'a
pas tenu sa parole; 5° Une introduction à la
composition; 4" Une instruction snr le contre-
point.
STOELZEL (Henri), né vers 1780, à
Pleiss, dans la Haute-Silésie, étudia la mu-
sique et le cor dans sa jeunesse, puis entra
dans la chapelle du prince de Pleiss, et vécut
à Breslau pendant plusieurs années, en qua-
lité de musicien de chambre. En 1814, il se
signala par une invention qui a modifié toute
la famille des instruments de cuivre, en leur
142
STOELZEL - STOEPEL
fournissant des noies ouvertes sur tous les de-
grés de Téchelle chromatique. Cette invention
l'ut celle de deux pistons placés par Slœlzel sur
la pompe du cor, pour mettre en communica-
tion l'air avec des tubes ou\erls pour chaque
note, au lieu de ne produire ces notes en sons
bouchés que par la main dans le pavillon,
d'après le procédé inventé longtemps aupara-
vant par Hampel (voyez ce nom). Celle inven-
tion de Stœlzel fut signalée par Bierey, direc-
teur de musique à Breslau, dans une noie
insérée au n" 18 de la Gazette musicale de
Leipsick (ann. 1815), et le savant mailre de
chapelle Frédéric Schneider analysa dans le
même journal (26 novembre 1817) les avan-
tages de celle invention, et fit très-bien re-
marquer qu'ils consistent surtout à donner de
bonnes noies sonores dans l'octave basse du
cor, au lieu des notes sourdes cl sans effet que
produit le cor ordinaire. Au mois de décembre
1817, Slœlzel fit entendre son nouvel instru-
ment dans un concert à Leipsick. Dans l'an-
née suivante, il joua aussi à Berlin avec suc-
cès, et obtint du roi de Prusse un brevet pour
dix ans. A la même époque, il l'ut admis dans
la chapelle royale et dans la musique de la
chambre. Schlott, fabricant d'instruments de
cuivre à Berlin, entreprit de perfectionner
l'invention encore bien grossière de Stœlzel,
et plus tard, Schuster, autre facteur d'instru-
ments à Carlsruhe, modifia celle invention,
d'après l'invitation de Christophe Schuncke, en
«tant les pistons de la coulisse pour les placer
sur les branches de l'instrument. M. Meyfred,
professeur de cor à pistons au Conservatoire
de Paris, fit aussi des travaux pour améliorer
cet instrument; mais il était réservé à M. Sax
(voyez ce nom) de le porter à sa perfection.
L'invention de Stœlzel a conduit au cornet à
pislons, aux familles des Sax horns et Saxo-
tromba, à la trompette à cylindre, au trom-
bone à trois, quatre, cinq et six pistons, et aux
basses d'harmonie. Slœlzel a obtenu, en 1829,
sa pension de retraite; il est mort à Berlin,
en 1844.
STOEPEL (François-David- Christophe),
né le 14 novembre 1794, à Oberhelderungen,
en Prusse, était fils du cantor et maître d'école
de ce lieu. Destiné à l'état de son père, il fut
envoyé fort jeune au séminaire de Weissen-
fels. Dès sa dix-huitième année, il obtint une
place de mailre d'école à Frankenherg, en
Saxe; malheureusement son caractère incon-
stant, inquiet, commença dès lors à se mani-
fester, en lui faisant quitter cette position peu
de temps après l'avoir prise. Dévoré d'ambi-
tion, et ne possédant, pour la satisfaire, ni une
spécialité de laleuls, ni une instruction suffi-
sante, il vit commencer, dès le début de sa car-
rière, une lutte pénible entre ses désirs de re-
nommée et de bien-être, et la fortune qui le
trahissait. A son départ de la Saxe, Stœpel fit
un petit voyage dans le Holslein; puis il sévit
contraint d'accepter une place de précepteur
chez un baron Dunkclmann; mais il ne la
garda pas plus longtemps que celle de Fran-
kenberg. Après l'abandon de sa dernière place,
il y a une lacune de quelques années dans les
renseignements qu'on possède sur sa vie. On
ne retrouve Stœpel qu'à Berlin, en 1819 : il
était alors âgé de vingt-cinq ans. Alors, seule-
ment, il essaya d'appuyer son existence sur la
musique qu'il avait apprise dans sa jeunesse.
Il jouait un peu de piano et de violon, avait
quelque teinture de théorie, d'histoire et de
littérature musicale; mais tout cela était su-
perficiel. Toutefois, il ne s'effraya point à
l'idée de se mettre au grand jour dans une
ville aussi importante que Berlin, et il osa y
entreprendre un cours d'histoire de l'art, dans
le local de l'Académie royale des sciences : il
en a publié plus tard la première leçon dans
la Gazette musicale de Vienne (ann. 1822).
Ce fut aussi à celle occasion qu'il fit paraître
une sorte d'abrégé de l'histoire de la musique
moderne (Grundziige der Geschichle der mo-
dernenJlusik; Berlin, 1821, in-4° de quatre-
vingt-cinq pages), en forme de table chrono-
logique des principaux faits. Le cours et le
livre eurent peu de succès.
A cette époque, quelques musiciens français
et allemands se préoccupaient de la nouvelle
méthode d'enseignement du piano et de l'har-
monie imaginée par Logier (voyez ce nom), et
mise en pratique' par lui dans plusieurs villes
d'Angleterre avec beaucoup de succès : Stœpel
crut y entrevoir une source de fortune, et il
eut assez de protection pour obtenir du gou-
vernement la mission d'aller étudier cette mé-
thode à Londres, auprès de l'inventeur. De
retour à Berlin, il établit son école sous le pa-
tronage du roi ^ mais après un certain temps
d'essai, le résultat ne répondant point à ses
pompeuses promesses, le gouvernement fit
inviter Logier à se rendre à Berlin, pour diri-
ger lui-même l'organisation de l'école. A son
arrivée, de vives discussions éclatèrent entre
lui et Stœpel, et celui-ci s'éloigna, en 182ô,
pour aller fonder des écoles du même genre à
Potsdam, puis à Erfurt, Gotha el Meintingen.
Dans cette dernière ville, il obtint un secours
considérable du duc régnant. Il aurait pu s'y
STOEPEL — STOER
143
créer une honorable position ; mais l'instabilité
de ses goûts et de ses projets lui fit encore quitter
cette résidence pour aller à Hildburghausen,
d'où des motifs graves le firent partir. Il se
rendit alors à Francfort sur-le-Mein (en 1825),
y établit une école d'après son système, el y
entreprit un journal de musique (l).On ignore
les motifs qui lui firent quitter précipitam-
ment celte ville pour aller à Darmstadl, où le
grand duc de Hesse l'employa à donner des le-
çons de théorie aux musiciens de sa chapelle.
Schilling dit, dans son Lexique universel de
musique, que des motifs impérieux firent ces-
ser les leçons, et que Stœpel disparut. Peu de
temps auparavant, il avait obtenu de la fa-
culté de philosophie de l'université d'Erlang, le
diplôme de docteur es arts.
Au commencement de 1827, Stœpel arriva
à Munich, y établit une école et entreprit la
publication d'un nouveau journal de mu-
sique (2). Après deux années de séjour dan.;
cette ville, il en partit, el la difficulté de trou-
ver dès lors une position en Allemagne lui fit
prendre la résolution de se rendre à Paris. Il
y arriva au mois de mars 1829, sans recom-
mandation, et sans autre appui que celui de
l'auleur de celle biographie, avec qui il avait
eu des relations épislolaires pendant son séjour
à Munich. Celui-ci le recommanda au vicomte
de la Rochefoucauld, eloblint qu'il lui fùtdonné
des secours pour établir une école de musique
d'après le système de Logier. Malheureuse-
ment, la mode de cet enseignement, autrefois
florissant sous la direction de Zimmerman,
était passée. Les frais de loyer du local et des
pianos absorbèrent les produits de l'établisse-
ment de Stœpel : après quelques années d'une
existence languissante, celte école fut fermée,
et la position du professeur devint très-mal-
heureuse, quoiqu'il fût employé dans la rédac-
tion de la Gazette musicale de Paris, et qu'il
•eût ouvert des cours dans quelques pension-
nats. Le chagrin altéra sa santé, et le 19 dé-
cembre 1856, il mourut d'une maladie de
langueur.
Outre les ouvrages cités précédemment,
Stœpel a publié : 1° Ueber J.-B. Logier's
System der Musih- JFissenschaft (Sur le sys-
(1) Altgemeiner musikalischer Anzeiger (Le Moniteur
général de la musique). Francfort, Fischer, 1826, in-4».
Ce journal n'eut qu'une année d'existence. Stœpel en
commença une suite sous ce titré : Minerva, ein Ueiblall
zum Allyemeiner musikalisclter An-eiger (Minerve, con-
tinuation du Moniteur général de la musique). Franc-
fort, 1826-1827. II n'en parut que quatre numéros.
(2) Munchner Musikzeitung (Gazette musicale de Mu-
nich). Munich, Sidler, 1827 et 1828, in-4".
lème de la science musicale, par J.-B. Lo-
gier); Munich, 1827, in-8°. 2° Bcylrxge zur
// iirdigung der neuen Méthode der gleich-
zeitigen Unterricht einer Mehrzahl von
Schuleren im Piano- forte-Spiel und der Har-
monie, etc. (Essais d'appréciation de la nou-
velle méthode d'enseignement simultané à
l'égard de la plupart des élèves pour le piano
et l'harmonie); Gotha, 1823, in 8°. On a aussi
de sa composition : 1° Trois recueils de chants
allemands à voix seule avec piano, sous le
titre de Melodora : le premier a paru à Leip-
sick, chez llofmeister ; le second, à Ham-
bourg, chez Crisliani, et. le troisième, à Franc-
fort, chez Fischer. 2° Chants spirituels de
Gœlhe, Herder et Novalis à quatre voix, op. 11;
Francfort, Andréa. 5° Thèmes variés pour
piano, Hildburghausen, Kessel ring. 4° Neues
System dur Harmonielehre und des Unter-
richts in Piano- forte-Spiel; Francfort, An-
dréa, trois parties in-4°. 5° Méthode de chant:
Paris, Stœpel. 6° Méthode de piano; idem.,
ibid. 7° Collection de morceaux de piano pour
le cours; ibid. Stœpel a fourni beaucoup d'ar-
ticles à la Gazette musicale de Paris, et quel-
ques-uns à celle de Leipsick (t. XXIII et
XXVII).
STOEPPLER. (CnAULEs) , musicien de
la chambre du duc de Brunswick, né vers
1810, a l'ail représenter, au mois de décembre
1847, sur le théâtre de Brunswick, l'opéra en
trois actes intitulé Karl der Fiinfte vor Tu-
nis (Charles-Quint devant Tunis). Cet ouvrage
obtint un brillant succès, et le compositeur fut
appelé sur la scène à la fin de la représenta-
lion; honneur plus rare en Allemagne qu'en
Italie et en France. Le même artiste a publié
ipielques Lieder à voix seule avec piano, et le
chant à quatre voix d'hommes qui a pour litre:
Teulsches f'olkslied , gedichtet von Karl
Schiller, in D/usilc geselzt fiir A Mxnner-
stimmen; Brunswick, C. Weinholtz, 1841.
STOEII (I) (Charles), musicien au service
du grand-duc de Saxe-Weimar, est néle29juin
1814, à Stolberg, dans le Harz. Son père, mu-
sicien de la ville, lui donna les premières le-
çons de musique; ses progrès furent si ra-
pides, qu'à l'âge de sept ans, il put débuter
sur le violon dans les concerts. Lorsqu'il eut
atteint sa huitième année, il alla étudier sous
la direction de Taubert, à Halle. Après deux ans
de séjour dans cette ville, il retourna chez ses
parents et y resta jusqu'à sa douzième année.
Ayant fait un voyage à Weimar, il y eut tant
(1) Par une faute typographique, ce nom est écrit
Stoerl dans la première édition de celte biographie.
144
STOER — STOKEM
de succès, que le grand-duc l'engagea pour sa
chapelle. Depuis lors, il n'a plus quille celte
ville. Parmi ses compositions, on cite les bal-
lets qu'il a écrits pour le théâtre de Weimar,
remarquables par des idées brillantes de fraî-
cheur et d'originalité. Cn lui doit aussi plu-
sieurs morceaux pour l'orchestre et pour le
violon. En 1843, il a fait représenter, sur le
théâtre de la cour à Weimar, l'opéra intitulé
Die Flucht (la Fuile). Une ouverture de sa
composition y a été exécutée en 1842. Slœr a
été souvent appelé à Jéna pour y jouer dans
les concerts. En 1840, il a visité Leipsick et
Berlin, et s'y est fait entendre avec succès.
STQERL (Jean-Georges Chrétien), maître
de chapelle du duc de Wurtemberg, naquit en
1676, à Kirchberg, dans la principauté de Ho-
henlohe. A l'âge de douze ans, il entra comme
enfant de chœur à la chapelle de Stuttgart;
puis le prince l'envoya à Nuremberg étudier le
clavecin et le contrepoint chez le célèbre or-
ganiste Pachelbel. De retour à Stuttgart, il
reçut sa nomination de maître de chapelle. En
1701,Slœrl fit un voyage à Vienne, et pendant
un séjour d'une année dans cette ville, il
acheva de s'instruire dans la composition,
sous la direction de Ferdinand-Tobie Richter;
puis il fil un voyage à Venise, s'y lia d'amitié
avecPolarolo, et en fin il alla à Rome, où il passa
une année dans l'intimité de Pasquini et de
Corelli.Le duc de Wurtemberg l'ayant rappelé
à Stuttgart, il retourna dans sa patrie, et y
occupa la place de maître de la chapelle ducale
jusqu'en 1743, époque de sa mort. On a publié
de cet artiste un recueil de mélodies pour des
cantiques allemands, intitulé : Choral-Schlag-
buch vor alten und neuen, etc., à voix seule
et basse continue; Stuttgart, 1711, in-4°. Il y
en a eu deux autres éditions dans la même
ville, en 1721 et 1744. Stœrl a laissé en manu-
scrit une année entière de musique d'église,
et des cantates à voix seule et basse continue.
STOESSEL (Nicolas), chef de musique de
la garnison de Louisbourg, dans le Wurtem-
berg, est né le 17 mai 1793, à Hassfurt, en
Bavière. Fils d'un pauvre tisserand, qui était
en même temps musicien de guinguette, il
apprit la musique dès l'âge de cinq ans, chez
le cantor du lieu. Après avoir reçu des leçons
de piano, de chant et d'orgue, il commença à
seconder son maître à l'église, dès la deuxième
année. La nécessité d'aider aussi son père dans
les bals de villages, lui fît apprendre à jouer
de la flûte et du violon. Dans l'automne de
1806, il s'engagea dans le 13me régiment de
chasseurs, qui se trouvait à Hassfurt, et fit
avec ce corps les campagnes de Prusse et d'Au-
triche. De retour dans sa ville natale, il prit
la résolution de se faire maître d'école, et entra
au séminaire de WUrzbourg. Frœhlich {voyez
ce nom), maître de musique de cet établisse-
ment, ayant remarqué ses heureuses disposi-
tions, lui donna des leçons de composition, et
Slœssel écrivit sous les yeux de ce maître des
messes et des symphonies. Ses éludes termi-
nées, il obtint une place de sous-maître à l'école
de Neustadt sur la Saale; mais son goût pas-
sionné pour la musique lui fit quitter cet em-
ploi,pour celui de chef de musique du 4me ré-
giment de chevau-légers, en garnison à
Augsbourg. En peu de temps il fit de son corps
de musique un des meilleurs de l'armée bava-
roise, et composa beaucoup de morceaux de
musique militaire. En 1826, il reçut sa nomi-
nation de maître de musique au service du rot
de Wurtemberg, à Louisbourg; il en remplis-
sait encore les fonctions en 1844. La direction
supérieure de la musique de tous les régiments
qui composent cette garnison lui était confiée.
Stœssel a écrit pour le théâtre les opéras inti-
tulés Rodenstein (représenté à Stuttgart, en
1835), et Lichtenstein. On a gravé de sa com-
position : 1° Fanfares pour six trompettes,
quatre cors et deux trombones, op. 4; Augs-
bourg, Gombart. 2° Musique militaire pour
l'église, à treize trompettes, quatre cors et
deux trombones, op. 6; ibid. 3° Sérénade pour
guitare, violon et alto, op. 5; ibid. 4° Diver-
tissement pour piano, guitare et flûte, op. 13;
Mayence,Scholt.. 5° Pièces pour piano et flûte,
op. 8; ibid. 6° Grande sonate pour piano et
flûte, op. 9; Mayence, Schott. 7° Beaucoup de
danses pour divers instruments. 8° Des chan-
sons allemandes à voix seule, avec accompa-
gnement de piano; Augsbourg, Gombart.
STOHRIUS (Jean-Macrice), savant alle-
mand, naquit à Grimma, dans la Poméranie,
vers le milieu du dix-septième siècle. On a im-
primé sous son nom une dissertation intitulée :
Organum musicum historiée exstructum;
Leipsick, 1693, in-4°.
STORES! (Jean), musicien flamand, vécut
dans la seconde moitié du quinzième siècle.
On n'a jusqu'à ce jour aucun renseignement
sur le lieu et la date de sa naissance; la position
qu'il occupa est également ignorée; son nom
même n'était pas connu dans l'histoire de la
musique, lorsque le hasard a fait découvrir des
morceaux de sa composition dans deux livres
d'un recueil dont l'exemplaire est unique. Ce
recueil, monument le plus ancien de la typo-
graphie musicale inventée par Octavien Pe-
STOKEM — STOLZ
145
trucci deFossombrone (voyez Petrucci), a pour
titre Harmonice musices Odhecaton : il est
divisé en trois livres. Le premier, marqué A,
qui fut publié à Venise, en 1501, contient sept
chansons françaises de Jean Stokem, dont six à
quatre parties et une à trois. Les premiers mots
des chansons à quatre voix sont : 1° Brunette;
2° J'ay pris amours; 3° Por quoy ie ne puis
dire (Je ne puis dire pourquoi); 4° Mon mi-
gnault (Mon mignon); 5° Dit le Bourguy-
gnon; 6° Halas ce n'est pas. La chanson à trois
voix commence ainsi : Ha traytre amours.
Le troisième livre du même recueil, marqué
Canti C.} n° cento cinquanta, et publié à
Venise, en 1503, renferme trois chansons à
quatre voix de Slokem ; elles commencent par
ces mots : 1° Jaypris mon bourdon; 2° Ser-
viteur soye; 3° Je sut Dalemagne (Je suis
d'Allemagne). On trouve aussi un Et in terra
pax, tiré de la messe à quatre voix De Beata
Virgine, par Jean Stockem, dans le recueil
de fragments de messes (Fragmenta missa-
rum) publié par Petrucci, en 1509, petit in-4°
oblong.
STOLI (Antoine), chanoine romain, n'est
connu que par un écrit intitulé : Metodo gra-
fico di riduzzione délie note di musica in
cifre numeriche aduso dell' armonog raphia ,
dal canonico Stoli; in Roma, tipografia
Salviucci, 1841, in-8° avec planches litho-
graphiées.
STOLL (François de Paule), guitariste
distingué, est né le 26 avril 1807, au château
de Schœnbrunn, près de Vienne. Par inclina-
tion, il apprit dans sa jeunesse à jouer de la
guitare, et quoiqu'il ne fût alors qu'amateur,
il acquit sur cet instrument une habileté re-
marquable. Plus tard, il perfectionna son ta-
lent sous la direction de Giuliani, et Fœrster
lui donna des leçons de composition. Après
avoir parcouru avec succès l'Allemagne, la
Russie, la France et la Hollande, il s'est fixé à
Amsterdam, où il se trouvait en 1843. Sloll a
publié, dans celte ville et à Vienne, quelques
pièces pour son instrument, entre autres des
variations, op. 2, 7, 8, 9; Vienne, Pennauer;
des danses et des valses.
STOLLE (Philippe), téorbiste et composi-
teur allemand, né en Bohême, vécut vers le
milieu du dix-septième siècle. Après avoir été
attaché quelque temps au prince électoral de
Saxe, il obtint la place d'administrateur des
mines à Magdebourg.il occupait celle position
lorsqu'il publia l'ouvrage qui a pour titre :
David Schirmers singende Rosen, oder SU-
ten und Tugenlieder, in die Musik gebracht,
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
durch Ph. Stollen (les Roses chantantes de
David Schirmer, ou chansons morales et de
mœurs mises en musique par Ph. Stolle);
Dresde, 1654, in-fol.
STOLLE (Gotthard-Antoine), virtuose
sur le trombone, était moine du couvent de
Kœnigsal, en Bohême. Il naquit à Kunersdorf,
le 27 janvier 1739. Un franciscain, nommé
le père ffermolaiis, fut le maître qui lui en- _
seigna à jouer de son instrument. Après la
suppression de son monastère, il se retira à
Prague, et forma quelques bons élèves trom-
bonistes. Déjà âgé de cinquante-huit ans, le
P. Stolle se#fit entendre à la cour de Dresde, en
1797, et fut admiré comme un prodige. L'élec-
leurdeSaxe lui fit présent d'une tabatière d'or,
en lémoignagede sa satisfaction. Stolle mourut
à Prague, le 29 mai 1814, laissant en manu-
scrit douze concertos pour trombone et quel-
ques thèmes variés.
STOLLEWERK (Mademoiselle Nina),
compositeur, née à Vienne vers 1825, est élève
de Simon Sechter. Elle s'est particulièrement
distinguée, dès l'âge de seize ans, parle goût
et le charme de ses Lieder; mais elle a écrit
aussi de grandes et sérieuses compositions, an
nombre desquelles on remarque une messe (en
/"a), qui a été exécutée à Vienne, dans l'été de
1846, à l'église des Franciscains. Les œuvres
publiées par mademoiselle Stollewerk sont :
1° Eliza's erstes Begegnen (les Premières
rencontres d'Elisa), poëme à voix seule avec
piano; Vienne, Glœggl. 2° Grubenfahrt (la
Descende dans les mines), idemy op. 2; ibid.
4° Wo bist du? (Où es-tu?) idem, op. 3;
Vienne, Diabelli. 4° Trois Lieder idem, op. 4;
Leipsick, Ristner. 5° Deux poèmes idem,
op. 5 ; Vienne , Wilzendorf. 6° Jfunsch
und Gruss (Souhait et compliment), chan-
son de nourrice idem, op. 6; Vienne, Dia-
belli.
STOLLIUS (Jean), dont le nom allemand
était vraisemblablement STOLLE, naquit
vers 1560, àCalemberg, en Saxe. Après avoir
été quelque temps cantor à Reichenbach, il
alla remplir des fonctions semblables à Zwic-
kau,enl591; puis il fut appelé à Weimar, avec
le titre de maître de chapelle. On a de cet ar-
tiste : 1° Epicedia, oder Grab-Lieder beym
Tode Herzogs Johann, mit 4 und 8 Stitnmen
(Chant funèbre sur la mort du duc Jean de
Saxe, à quatre et à huit voix). 2° Motet de
noces sur le texte : ÏFer die Braut hat,
der ist den Brautigam, à six \o\x; ibid.,
1614.
STOLZ (Rosine), dont les noms véri-
10
146
STOLZ
tables, suivant M. Scudo (1), sont ROSE
NIVA, mais dont l'acte de naissance porte
ceux de VICTOROE IVOEB, est née à
Paris, le 15 février 1815. Jusqu'à l'âge de
onze ans, son éducation fut complètement né-
gligée, çt la misère dans laquelle languissait sa
mère, seul soutien de quatre enfants, fut cause
du peu de soins donnés à sa personne dans son
-enfance. Douée d'une voix de mezzo soprano
naturellement accentuée et d'une rare intelli-
gence, elle fut admise, en 1826, dans l'école
de musique dirigée par Choron, et, dirigée
dans ses éludes par un maître de celle insti-
tution, nommé Ramier , elle y développa ses
qualités instinctives pour le chant d'expression
auxquelles il manqua malheureusement tou-
jours un bon mécanisme de vocalisation. La
révolution de juillet 1830 ayant amené la sup-
pression de l'institution de musique religieuse
de Choron, Rose Niva, ou plutôt Fictorine
Noeb en sortit, après quatre ans et demi
d'études, et n'eut d'abord d'autre ressource
que de se faire choriste de théâtre. Arrivée à
Bruxelles, en 1832, sous le nom de madame
Ternaux, elle entra dans les chœurs du
Théâtre-Royal. Snel, alors chef d'orchestre et
directeur de musique de ce théâtre, frappé de
l'intelligence dramatique de cette jeune fille,
lui fit chanter quelques petits rôles. Dans la
même année, elle quitta cette position pour
aller à Spa, où elle fut engagée comme seconde
chanteuse pour la saison. Elle y débuta sous
le nom de mademoiselle Héloïse. Après la
clôture du théâtre de Spa, elle fut attachée
pendant quelques mois au théâtre d'Anvers,
où elle ne fut pas remarquée ; puis elle eut, en
1833, un engagement au théâtre de Lille, où
elle prit le nom de Slolz, qu'elle a conservé
depuis lors. Elle eut peu de succès dans cette
ville, où elle débuta par le rôle de Nicelte
dans le Pré aux CVercsd'Hérold.En 1834, elle
chant3 à Amsterdam, dans l'opéra fiançais; puis
elle retourna à Anvers, et quelques mois après,
elle rentra au théâtre de Bruxelles, comme
premier rôledu grand opéra. Ce fut alors que,
blessée par l'accueil peu bienveillant que lui
faisait le public, elle vint me demander mon
opinion sur sa voix et sur son talent. Je la fis
chanter et je fus immédiatement intéressé par
son accentuation dramatique et parla largeur
desonstlyejmaisje ne lui cachai pas les défauts
deson éducation vocale ainsi que l'inégalité de
quelques noies du médium de sa voix. Cassel,
élève de Garât et bon professeur de chant,
(I) Critique littéraire et musicale, p. 411.
était alors à Bruxelles; je conseillai à ma-
dame Slolz de prendre de lui quelques leçons
pour améliorer sa mise de voix, ce qu'elle
fit. Dans l'année suivante, Nourrit vint à
Bruxelles et choisit la Juive, d'Halévy, pour
un des ouvrages qu'il voulait chauler; je lui
recommandai la jeune femme qui devait chan-
ter le rôle de Rachel, et lui en parlai comme
d'une artiste douée de précieuses qualités.
Elle s'y révéla en effet et me donna la cer-
titude de ses succès futurs, lorsqu'on écrirait
pour elle des rôles où ses qualités personnelles
seràientmisesenévidence. Le2mars 1837, elle
épousa, à Bruxelles, M. Lescuyer, de Rouen,
régisseur du Théâtre-Royal de cette ville ;
bientôt après, elle partit pour Paris, avec une
lettre de recommandation que je lui donnai
pour M. Duponchel, directeur de l'Opéra, et, le
25 août de la même année, elle débuta dans
la Juive, pendant une absence de mademoi-
selle Falcon. Elle y réussit par ses qualités, en
dépit de ses défauts, qui furent constatés par
la critique. Suivant le conseil que je lui avais-
donné, elle prit un maître de vocalisation et
ses progrès furent remarqués dans le rôle du
page, du Comte Ory. Le premier ouvrage qu'on
écrivit pour elle fut la Xacarilla, de Mar-
liani, en 1830; elle y eut un brillant succès
dans le rôle du matelot. Ce fut surtout dans la
Favorite, de Donizelti, représentée le 29 no-
vembre 1840, que madame Slolz conquit une
position assurée dans l'opinion publique; son
chant y fut pur et large; son action drama-
tique, pleine de chaleur et de sensibilité. La
Reine de Chypre (décembre 1841), et le rôle
(VOdette, dans Charles FJ (mars 1843), ache-
vèrent de consolider la réputation de celle can-
tatrice, et démontrèrent que je ne m'étais pas
trompé lorsque j'avais jugé qu'elle ne pouvait
réussir que dans des ouvrages écrits pour elle;
car elle ne fut que médiocre dans les rôles de
l'ancien répertoire. Le Lazzarone, d'Halévy,
et Marie Stuart, de Niedermeyer (1844), lui
fournirent aussi des occasions de mettre en
relief ses qualités personnelles. Dans les an-
nées 1845 et 1846, sa voix subit de notables
altérations; elle ne réussit pas dans VEtoile
de Séville, écrite pour elle par Balle; et le
changement d'administration de l'Opéra l'obli-
gea de prendre sa retraite en 1847; car elle
avait abusé de son influence sur le directeur
auquel on venait de donner un successeur,
pour faire écarter de ce théâtre les artistes
dont le talent lui donnait de l'ombrage, tels
que Baroilhct et madame Dorus, voulant quê-
tons les éléments de succès fussent concentrés
STOLZ — STOLZER
14T
en elle seule. Après sa retraite, elle voyagea
pour donner des représentations dans les dé-
partements de la France et à l'étranger, jusqu'à
ce que la perte totale de son organe vocal l'eût
fait enfin disparaître de la scène. J'ignore quel
est le lieu de sa retraite. On a publié : 1° Ma-
dame Rosine Stolz ; souvenirs biographiques
et anecdotiques, par M. Julien Lamer; Paris,
1847, in-lG. 2° Les A dieux de madame Stolz;
sa retraite de l'Opéra, sa vie théâtrale, ses
concurrentes, son intérieur ,etc.} par M.Can-
tinjou; Paris, 1847, in-18.
STOLZE (Georges-Christophe), né le
17 mars 1762, à Erfurt, commença son éduca-
tion à l'école Saint-Michel de cette ville, et ap-
prit fort, jeune à jouer de l'orgue, sous la
direction de Georges-Henri Reichardt, orga-
niste de l'église des Négociants. Depuis 1770
jusqu'en 178G, il fréquenta le gymnase d'Er-
furt, et dans le même temps il remplit les fonc-
tions d'organiste à Saint-Thomas. Le 17 sep-
tembre 1786, il fut nommé cantor de l'église
Saint-Michel. Il employa le temps que lui lais-
saient les fonctions de cette place à écrire des
pièces d'orgue dans le style de son maître Rei-
chardt. En 1794, la place de cantor de l'église
des Prédicateurs lui fut donnée et dans l'an-
née suivante, il succéda à Georges-Pierre Wei-
mar comme directeur de musique de la même
église. Il conserva cette place jusqu'en 1828,
époque où il obtint sa pension de retraite,
après trente-quatre ans de service. Il mourut
à Erfurt, le "23 août 1830, à l'âge de soixante-
huit ans, laissant en manuscrit des mélodies
de cantiques et des pièces d'orgue qui ont été
publiées en partie, après sa mort, par son se-
cond fils.
STOLZE (Henri-Guillaume), deuxième
fils du précédent, est né le 1er janvier 1801, à
Erfurt. L'excellent organiste Kiltel. fut son
premier maître de musique et de piano, mais
le jeune Stolze n'élaitâgé que de huit anslors-
que cet homme distingué mourut. Il resta dès
lors livré à ses propres efïbrts pour la direc-
tion de ses éludes. Plus tard, il reçut des le-
çons du directeur de musique Gebhardi pour
l'orgue et la composition, puis il devint élève
de Fischer, successeur de Kiltel, el apprit aussi
à jouer du violon. Pendant les années 1814 à
1821, où Stolze fréquenta le collège d'Erfurt,
il remplaça souvent son maître à l'orgue dans
le service divin. Le 19 juin 1824, il obtint la
place d'organiste à Clauslhal, dans le Harz, et
peu de temps après il devint organiste de la
ville et du château de Zelle, professeur du col-
lège et de l'école des jeunes filles. Il y orga-
nisa une société de chant et de concerts où il
lit exécuter les symphonies de Mozart, de
Beethoven, et ses propres compositions : lui-
même s'y fit remarquer par son talent sur le
piano. On a publié de cet artiste : 1° Des pe-
tites pièces de piano, à deux el à quatre mains,
avec ou sans accompagnement, à Erfurl, chez
Andréa. 2° Des danses pour l'orchestre, Wol-
fenbultel, chez Hartmann. 3° Des fugues pour
l'orgue, op. 3, 7 et 21 .4° Trente petites pièces fa-
ciles pour orgue, op. 22. 5° Le livre complet des
mélodies chorales pour la Thuringe (Allgem.
Choral melodieenbuch,elc.).G° Chants à quatre
voix d'hommes, op. 11, 26 et 47.7° Quatre
Lieder à voix seule avec piano, op. 11.8° In-
troduction, variations et finale pour piano à
quatre mains, op. 27 et 28. 9° Variations pour
violoncelle et piano, op. 6. 10° L'oratorio Die
Eroberung Jerusalems (la Prise de Jérusa-
lem), op. 40. 11° Cent Lieder à une, deux,
trois et quatre voix avec piano, op. 9, divisé en
trois parties ; ibid. 12° Un hymne à quatre voix
et orchestre, op. 3; ibid. 13° Des cantates et
motels avec et sans accompagnement. 14° Un
livre de mélodies chorales pour les églises du
Hanovre, en trois parties; Hanovre, Kruch-
wifz. Slolze a écrit aussi la musique de l'opéra
en trois actes Claudine de Fillabella, de
Gœlhe.
STOLZENBERG (Christophe), né à
Wertheim, en Saxe, le 21 février 1690, était
âgé de près de vingt ans lorsqu'il commença à
cultiver la musique pour en faire sa profes-
sion. En 1711, il fut nommé cantor à Sulz-
bach, et deux ans après, il entra au collège de
Ratisbonne, en qualité de professeur de chant.
En 1720, il avait déjà composé trois années
complètes de musique d'église, des canlates, et
des concertos pour divers instruments. Il vi-
vait encore à Ratisbonne, en 1741.
STOLZER (Thomas), fut un des musiciens
allemands les plus distingués qui vécurent au
commencement du seizième siècle. Il naquit à
Schweidnilz, en Silésie, vers 1490, et fut
maître de chapelle de Louis de Hongrie, qui
monta sur le trône en 1516. Slolzer mourut le
29 août 1526. Un poète de la Silésie a dit de
lui :
Stolcerus vngulis cerlans Syrenibus undas
Occupât; o vestrum turba canora decus:
HermannFink place Stolzer au nombre des
musiciens allemands les plus remarquables de
son temps. On trouve des morceaux de sa com-
position dans les recueils qui ont pour titres :
1° Hundert und fiinfflzehen guter newer
10.
143
STOLZER — STORCH
Liedlein, mitvier, filnff, sechs Stimmen, vor
nie im truck aussgangen, deutsch, frantzœ-
sisch , tvelsch und lateinisch, etc. (Cent quinze
nouvelles chansons à quatre, cinq, six voix, en
allemand, français, flamand et latin, non pré-
cédemment imprimées, etc.); Nuremberg,
Jean Otl, 1544, in-4°. 2° Novum et insigne
opus musiciim, sex, quinque et quatuor vo-
cum, cujus in Ger mania hactenus nihil si-
miléusquamcst editum, etc.; Noribergx ,arte
Hieronymi Graphxi etc., 1557, petit in-4°
oblong. 3° Tomus primas Psalmorum selec-
torum a prxstantissimis musicis in Har-
monias quatuor aut quinque vocum redac-
torum; Norimbergx, apud Joh. Petreium,
1538, petit in-4°obl. 4° Tomus secundustelc;
ibid., 1559. 5° Symphonix jucundx atque
adeo brèves quatuor vocum; Fitebergx, 1558,
par Georg. Rhau. 6° Fesperarum precum
officia, psalmi feriarum, et dominicalium
dierum totius anni, etc.; Fitebergx, 1540,
apud G. Rav (sic). 7° Sacrorum hymnorum
liber primus. Centum et tringinta quatuor
hymnos continens,ex optimisquibusqueau-
thoribus musicis collectus inter quos primi
artifices in hac xditione sunt Thomas Stol-
zer, Henricus Finch. Arnoldus de Bruck, et
alii quidam; Fitebergx, apud Giorgium
Rhav, 1542, petit in-4° obi. 8° Bicinia gal-
lica, latina et germanica, et quxdam fugx.
Tomi duo ; Fitebergx, apud G. Rhav, 1543,
petit in -4° obi.
STOllACE (Anne-Céline), cantatrice dis-
tinguée, était fille d'un contrebassiste italien
qui s'était fixé en Angleterre. Elle naquit à
Londres, en 1761. Son père lui donna les pre-
mières leçons de musique, puis l'envoya au
Conservatoire de VOspedaletto, à Venise, où
elle devint élève de Sacchini pour le chant.
En 1780, elle débuta au théâtre de la Pergola,
à Florence, avec un brillant succès. L'année
suivante, elle chanta à Parme, et dans l'au-
tomne de 1782, elle brilla au théâtre de la
Scala, à Milan. En 1784, l'empereur Jo-
seph II la fit engager pour le théâtre impérial
de Viennent lui assura un traitementde mille
ducats, somme considérable pour cette époque.
Après le carnaval de 1787, elle quitta Vienne,
pour aller à Venise, et de là à Londres, où
elle arriva en 1788. Elle y fut bientôt mise au
rang des premières cantatrices de l'époque.
Elle chanta avec un prodigieux succès au fes-
tival de la commémoration de Hsendel, en
1790, puis elle s'engagea au théâtre de Drury-
Lane. Elle ne quitta ce théâtre qu'après la
niort de son frère, en 1796. Alors clic retourna
en Italie, chanta aux théâtres du Turin et de
Milan dans les années 1798 et 1799, et, enfin,
elle se retira, en 1801, dans une maison de
campagne près de Londres, où elle mourut
en 1814.
STOUACE (Etienne), frère de la canta-
trice de ce nom, naquit à Londres, en 1765.
Son père lui donna les premières leçons de mu-
sique et lui fit faire de si rapides progrès, qu'à
l'âge deonze ans, Storaceexécutait avec beau-
coup de correction les ouvrages les plus diffi-
ciles de Tartini. Vers cette époque, son père
l'envoya en Italie, où il étudia le clavecin, le
violon et le contrepoint. Il s'y lia d'amitié
avec le chanteur Kelly, qui, plus lard, lui fut
utile en Angleterre. De retour dans ce pays,
Slorace alla d'abord s'établir à Bath ; mais n'y
ayant pas trouvé plus d'occasions qu'à Lon-
dres d'y faire usage de ses talents en musique,
il fut obligé d'avoir recours à la peinture de
portraits, où il avait quelque habileté. Enfin,
Kelly lui procura un engagement au théâtre
de Drury-Lane, comme compositeur. Son pre-
mier ouvrage fut un brillant début qui lui fit
obtenir des éditeurs de musique un prix beau-
coup plus élevé pour les morceaux de ses opé-
ras que celui qu'on avait accordé précédem-
ment. Ses ouvrages se succédaient avec rapidité,
et sa réputation commençait à s'étendre, lors-
qu'une goutte remontée lui donna la mort à
l'âge de trente-trois ans, dans le mois de mars
1796. Il avait épousé la fille du célèbre gra-
veur Hull, et en avait eu plusieurs enfants.
Storace était un compositeur fécond en idées
originales, et traitait particulièrement avec
un rare talent les morceaux d'ensemble et les
finales de ses opéras. Voici la liste de ceux
qu'il a fait repréienter au théâtre de Drury-
Lane, à Londres : 1° Le Docteur et l'Apothi-
caire, en 1788. 2° Haunted toicer (la Tour
enchantée), opéra-comique, en 1789. 3° No
song, no supper (Point de chanson, point de
souper), 1790. 4° Le Siège de Belgrade,
opéra-comiqne, 1791. 5° L'Antre de Tro-
phonius, farce, 1791.6° Les Pirates, opéra
semi-seria, 1792. 7° Didon, opéra sérieux en
trois actes, 1792. 8" The Prize (le Prix),
intermède, 1795. 9° Le premier de juin,
idem, 1794. 10" Cherokee, opéra-comique,
1794. 11° Lodoïska, opéra-romantique, 1794.
12° My Grand-Mother (Ma Grand'Mère),
farce, 1795. 15" Mahmoud, opéra, 1796.
14" The iron Chesl (le Coffre de Fer), 1796.
STORCH (Antoine-M.), compositeur et
corniste, fut d'abord membre de l'orchestre à
Posen (1830-1856), puisse rendit à Vienne, où
STORCH — STRADELLA
149
il devint directeur de musique d'une société
de chant d'hommes. En 1845, il fut nommé
chef d'orchestre du théâtre de la Porte de Ca-
rinlhie. Cet artiste s'est distingué par l'origi-
nalitédeses chants pour des chœurs d'hommes;
ses principaux ouvrages pour le chant sont:
1° Bas Vœgelein (le Petit Oiseau), poème à
voix seule avec piano, cor ou violoncelle;
Vienne, Witzendorf. 2° La Nonne, ballade à
voix seule avec piano, op. 11 ; ibid. 3° Chants
populaires de la Basse-Autriche, idem, op. 12;
ibid .4° Die Karthause (la Chartreuse), poème
à 4 voix d'hommes (solo et chœur), avec quatre
cors ad libitum, op. 15; Vienne, Mechetti.
5° Kriegers ffeimkehr (Retour du Guerrier),
poème pour deux ténors et trois basses (quin-
tette et chœur), op. 18; Vienne, Haslinger.
6° Griln (la Verdure), chant à quatre voix
d'hommes avec quatre cors, op. 19; ibid.
7° Morgengriisse (Salut du matin), chant pour
quatre voix d'hommes seules, op. 20; ibid.
8° Leben und Lied (Vie et Chant), double
chœur à huit voix, op. 21 ; Vienne, Glœggl.
9° For der Schlaclit (\\anl la Bataille), chant
pour des voix d'hommes, op. 22; ibid. 10° Chan-
son à boire pour quatre voix d'hommes,
op. 27; Vienne, Muller. 11° Après la Bataille,
poème pour des voix d'hommes ; Vienne, Wit-
zendorf. 12° Chant de Bohémiens pour quatre
basses et quatre cors ; Vienne, Millier. 1o° Of-
fertoire {Ave Regina), pour quatre voix
d'hommes; Vienne, Mechetti. 14° Miserere
mei Beus, idem; ibid. 15° Tantum ergo,
idem; Vienne, Mliller. Les biographes alle-
mands ne fournissent aucun renseignement
sur cet artiste, et ne le mentionnent même
pas.
STORIONI (Laurent) fut le dernier
luthier de quelque mérite qui travailla à Cré-
mone, et succéda aux Guarneri. Il naquit dans
cette ville, en 1751, et commença à travailler
sous son nom, en 1776, car on connaît des
violons de lui qui portent celte date. Il est vrai-
semblable qu'il mourut dans un âge peu
avancé, car ses derniers produits ne dépassent
pas 1795. Les violons et les basses de Slorioni
sont des imitations des instruments de Stra-
divari; mais les proportions ne sont pas tou-
jours exactement observées. Cependant, on
connaît de lui desviolons qui ne manquent pas
de qualité. Leur prix est celui des instruments
italiens de troisième ordre. Ses violoncelles
surtout se font remarquer par le volume du
son.
STRADELLA (Alexandre), célèbre com-
positeur et chanteur, naquit à Naples, vers
1645. Aucun renseignement n'est parvenu jus-
qu'à nous surla direction de ses études, le nom
de ses maîtres, et vraisemblablement la lou-
chante histoire de ses malheurs serait main-
tenant ignorée, malgré la réputation qu'il se
fit par ses talents, si le médecin Bourdelot, son
contemporain, ne nous l'avait transmise dans
les mémoires manuscrits qui ont servi de base
à l'informe histoire de la musique écrite par
son neveu Bonnet. Burney pense que Bourde-
lot s'est trompé en disant, au commencement
de cette histoire, que la république de Venise
avait invité Slradella à écrire pour les théâtres,
de celle ville, parce qu'aucune pièce de sa
composition ne parait dans le Catalogue des
opéras représentés à Venise dans le dix-sep-
tième siècle; toutefois, il serait possible qu'il
eût élé engagé pour quelque ouvrage de ce
genre, et que l'aventure qui le fit s'éloigner
précipitamment de Venise ne lui eût pas per-
mis de l'achever et de le faire représenler.
Quoi qu'il en soil, voici comment Bourdelot
rapporte celle aventure, et la fin malheureuse
de Stradella(l) :
« Un nommé Stradel (2), fameux musicien
» qui était à Venise gagé par la république,
» pour composer la musique des opéras, qui y
» sont si considérables pendant le cours du
» carnaval, ne charmait pas moins par sa voix
» que par sa composition. Un noble vénitien,
» nommé Pig... (5), avait une maîtresse qui
y> chantait assez proprement; il voulut que ce
» musicien lui donnât la perfection du chant
« et allât lui montrer chez elle, ce qui est assez
» contraire aux mœurs des Vénitiens dont la
» jalousie est'à l'excès; après quelques mois
» de leçons, l'écolière et le maître se trouvè-
» rent avoir tant de sympathie l'un pour
» l'autre, qu'ils résolurent de s'en aller en-
» semble à Rome, quand ils en trouveraient
.» l'occasion, qui n'arriva que trop tôt pour
» leur malheur ; ils s'embarquèrent une belle
» nuit pour Rome. Cette évasion mitaudéses-
» poir le noble vénitien, qui résolut, à quel-
» que prix que ce fût, de s'en venger par la
« mort de l'un et de l'autre; il envoya aussi-
» tôt chercher deux des plus célèbres assassins
» qui fussent alors dans Venise, avec lesquels
«> il convint d'une somme de trois cents pis-
» tôles pour aller assassiner Stradel et sa maî-
n tresse, et promit encore de les rembourser
« des frais du voyage, et leur donna la moitié
(1) Histoire de la musique et de ses effets (Paris, 1715,
p. 59 et suiv.
(2) C'est ainsi que Bourdelot appelle Slrudella.
(3) Pignaver?
150
STRÀDELLA
» «l'avance, avec un mémoire instructif pour
» l'exécution du meurtre. Ils prirent le chemin
» de Naples, où étant arrivés, ils apprirent
» que Stradel était à Rome avec sa maîtresse,
» qui passait poursa femme; ils en donnèrent
» avis au noble vénitien, et lui mandèrent
» qu'ils ne manqueraient pas leur coup, s'ils
» le trouvaient encore à Rome, et le prièrent
» de leur envoyer des lettres de recommanda-
» lion pour l'ambassadeur de Venise à Rome,
» afin d'être surs d'un asile. Étant arrivés,
» ils prirent langue, et surent que le lende-
» main Stradel devait donner un opéra spiri-
» tuel dans Saint-Jean de Latran, à cinq
« heures du soir, que les Italiens appellent
» oratorio, où les assassins ne manquèrent
» pas de se rendre, dans l'espérance défaire
» leur coup, quand Stradel s'en retournerait
>) le soir chez lui avec sa maltresse; mais l'ap-
« probalion que tout le peuple fit du concert
•» de ce grand musicien, jointe à l'impression
■» que la beauté de sa musique fit dans le
« coeur de ces assassins, changea comme par
« miracle leur fureur en pitié, et tous deux
» convinrent que c'était dommage d'ôter la
« vie à un homme dont le beau génie pour la
» musique faisait l'admiration de toute l'Italie;
» de sorte que frappés d'un même esprit, ils
» résolurent de lui sauver la vie plutôt que de
» la lui ôter; ils l'attendirent en sortant de
» l'église, et lui firent dans la rue un compli-
» ment sur son oratorio, et lui avouèrent le
» dessein qu'ils avaient eu de le poignarder
» avec sa maîtresse pour venger Pig..., noble
» vénitien, du rapt qu'il lui avait fait; mais
» que touchés des charmes de sa musique, ils
» avaient changé de résolution, et lui conseil-
» lèrent de partir dès le lendemain pour trou-
» ver un lieu de sûreté; et qu'ils allaient man-
ii der à Pig... qu'il était parti de Rome la
■n veille qu'ils étaient arrivés, afin de n'être
» pas soupçonnés de négligence. Stradel ne se
« le fit pas dire deux fois, il partit pour Turin
« avec sa maîtresse. Madame Royale d'aujour-
» d'hui était pour lors régente; ces assassins
« retournèrent à Venise et persuadèrent au
» noble vénitien que Stradel était parti de
» Rome, comme ils l'avaient mandé, pour s'en
» aller à Turin, où il est bien plus difficile de
» faire un meurtre d'importance que dans les
« autres villes d'Italie, à cause de la garnison
» et de la sévérité de la justice, qui n'a pas
» tant d'égard aux asiles qui servent de refuge
•i aux assassins, si ce n'est chez les ambassa-
■■> (leurs ; mais Stradel n'en fut pas quille, car
* le noble vénitien songea aux moyens d'exé-
« enter sa vengeance à Turin, et pour en être
>> plus sur, il y engagea le père de sa mai-
» tresse, lequel partit de Venise avec deux
» autres assassins pour aller poignarder sa
» fille et Stradel à Turin, ayant des lettres de
» recommandation de M. l'abbé d'Estrade,
» pour lors ambassadeur de France à Venise,
» adressées à M. le marquis de Villars aussi
» ambassadeur de France à Turin. M. l'abbé
» d'Estrade lui demandait sa protection pour
» trois négociants qui devaient faire quelque
a séjour à Turin, qui étaient ces assassins,
» lesquels faisaient régulièrement leur cour à
» M. l'ambasseur, en attendant l'occasion de
» pouvoir exécuter leur dessein avec sûreté ;
» mais madame la duchesse Royale, ayant ap-
» pris le sujet de l'évasion de Slradel , (it
» mettre sa maîtresse dans un couvent, con-
» naissant bien l'humeur des Vénitiens qui ne
» pardonnent jamais une pareille injure, et se
» servit du musicien pour sa musique, lequel
» s'allant promener un jour à six heures du
» soir sur les remparts de la ville de Turin, il
» y fut attaqué par ces trois assassins, qui lui
» donnèrent chacun un coup de stylet dans la
» poitrine, else sauvèrent chez l'ambassadeur
» de France, comme un asile certain pour
>j eux; l'action, vue de bien des gens qui se
» promenaient aussi sur les remparts, causa
» d'abord un si grand bruit que les portes de
» la ville furent fermées aussitôt; la nouvelle
» en étant venue à Madame Royale, elle or-
» donna la perquisition des assassins; on sut
» qu'ils étaient chez M. l'ambassadeur de
» France, auquel elle envoya les demander;
» mais il s'excusa de les rendre sans ordre de
» la cour, attendu les privilèges des hôtels des
» ambassadeurs pour les asiles. Cette affaire
» fit grand bruit par toute l'Italie. M. de Vil-
» lars voulut savoir la cause de l'assassinat,
» par ces meurtriers, qui lui déclarèrent le
» fait; il en écrivit à M. l'abbé d'Estrade, qui
» lui manda qu'il avait été surpris par Pig...,
» l'un des plus puissants nobles de Venise;
» mais comme Slradel ne mourut pas de ses
» blessures, M. de Villars fit évader les assas-
» sins, dont le père de la maîtresse du noble
» vénitien était le chef, laquelle il aurait poi-
» gnardée, s'il en avait trouvé l'occasion.
» Mais comme les Vénitiens sont irréconci-
» liables pour une trahison amoureuse, Stra-
» del n'échappa pas à la vengeance de son
» ennemi, qui laissa toujours des espions à
» Turin, pour suivre sa marche; de sorte
» qu'un an après sa guérison, il voulut par
» curiosité aller voir Gênes avec sa maîtresse,
STRADELLA
ir>i
» qu'il appelait Orlensia, que Madame Royale
» lui avait fait épouser dans sa convales-
» cence ; mais dès le lendemain qu'ils y
» furent arrivés, ils furent assassinés dans
« leur chambre, et les assassins se sauvèrent
» sur une barque qui les attendait dans le
» port de Gènes, de sorte qu'il n'en fut plus
» parlé depuis. Ainsi périt le plus excellent
» musicien de toute l'Italie, environ l'an
» 1670. »
Les circonstances de cette aventure sont
trop bien détaillées, et appuyées par des noms
qui étaient trop connus lorsque Bourdelot
'écrivait, pour qu'on n'accorde pas une en-
tière confiance à son récit. Mort en 1685, ce
médecin a été en quelque sorte le témoin du
fait qu'il rapporte. D'ailleurs, à cette époque,
si ce fait n'avait été notoire, l'écrivain n'au-
rait osé compromedre le nom d'une princesse
qui vivait encore à la cour de France, et ceux
<le deux ambassadeurs. Bourdelot ne s'est
trompé que sur la date de la mortde Stradella,
en la plaçant vers 1G70; mais la pre,uvemême
de son erreur à cet égard garantit son exacti-
tude dans le reste. Celte preuve se trouve dans
le livret d'un opéra intitulé : La Forza deW
amor paterno, imprimé à Gênes, en 1678.
A la fin de l'avertissement de l'éditeur de celte
pièce, on lit ces mots : Bastando il dirti,
cite il concerto di si perfctla melodia sia va-
lore d'un Alessandro, cioè del Signor Stra-
della, riconosciuto senza contrasto per il
primo Apollo délia musica (Il suffit de te
dire que le concert d'une mélodie si parfaite
est l'œuvre d'un Alexandre, c'est-à-dire de
M. Stradella, reconnu sanscontestalion comme
le premier Apollon de la musique). Celle cir-
constance explique le séjour de Stradella à
Gênes : il était allé y écrire un opéra ; et c'est
après la représentation de cet ouvrage qu'il
fut assassiné, mais il est à peu près impossible
dédire avec précision en quelle année; on sait
seulement, par la date d'un de ses ouvrages,
que Stradella vivait en 1681 . Cette production
est l'oratorio de Susanna, en deux parties,
pour cinq voix, chœur, violons et basse, dédié
à François II, duc de Modène, le 16 avril 1681.
L'oratorio que ce grand artiste avait écrit pré-
cédemment à Rome coïncide aussi avec le ré-
cit de Bourdelot, car il ne précéda que de deux
ans l'opéra de Gênes. Cet oratorio est intitulé :
Oratorio di S. Giov. Battista a 5 voci con
slromenti deW Alessandro Stradella. Bur-
ney,qui en possédait la partition manuscrite,
adjugée* à la venle de sa Bibliothèque pour
trois guinées, dit que cet ouvrage est daté de
Borne, en 1676. L'aventure de Borne se passa
dans cette année. Un charmant duo de cet
oratorio a été publié par le P. Martini dans le
deuxième volume de son Esemplare di con-
trappunto fugato (p. 17 et suiv.). Ce mor-
ceau se trouve aussi dans le quatrième volume
de VJ/isloire générale de la musique, par
Burney (p. 118).
Les copies des compositions de Stradella
sont rares, parce qu'on n'imprimait plus de
musique en Italie à l'époque où il écrivit; la
bibliothèque ducale de Modène en possède tou-
tefois un grand nombre qui, la plupart, ont été
composés pour la cour de Ferrare, et parmi
lesquels on remarque les opéras intitulés :
Corispero; Orazio Code sul ponte; Trespolo
tutore; Diante, drame dont une partie était
déclamée en prose, et dont le reste était en
musique. Ces renseignements sont donnés par
Giambatisla Dali' Olio, dans les notes de son
poëme de la Musica (page 65).
La Bibliothèque du Conservatoire de Naples
renferme un recueil des cantates de Stradella.
L'abbé Santini a quelques-uns de ses ma-
drigaux à cinq voix; j'en possède d'autres,
ainsi qu'un air d'église admirable pour voix
de ténor, avec deux viole da braccio, viola
di gamba, et violone, que j'ai fait exécu-
ter dans mes concerts historiques. La Bi-
bliothèque de Saint-Marc, de Venise, ren-
ferme un recueil de vingt et une cantates
du même compositeur, dont six ont été exécu-
tées et publiées à Paris, sous ce titre : Canti a
voce sola deW insigne A. Stradella legati
alla bibliotbeca {sic) San Marco di f enezia
dalla nobile famiglia Contarini. Accompa-
gnamenlo di piano da F. Halevy. Paris, Léon
| Escudier. On trouveà la Bibliothèque impériale
de Paris, dans un recueil in-4°obl. (VmU20),
deux duetti pour soprano et basse, et un autre
duo dans le recueil in 4° (Vm 1 175). La Biblio-
thèque du Conservatoire de Paris possède aussi
quelques morceaux de ce musicien , sous les
nos 4356 et 4337, et l'on en trouve d'autres au
Musée britannique de Londres, cod. 1265,
1272, 1273, et dans la Bibliothèque d'Oxford.
M. Angelo Catelani de Modène (voyez ce nom),
prépare une monographie de Stradella qui ne
[teut manquer d'offrir un grand intérêt, car on
connaît l'exactitude et les soins intelligents de
ce savant. M. Bichard, employé de la Biblio-
thèque impériale de Paris, en a écrilune autre,
d'après une correspondance authentique de
l'ambassadeur de France, à Turin, concernant
l'assassinat du célèbre musicien, dont il a fait
la découverte.
152
STRADIVARI
STRADIVARI (Antoine), en latin
STRADIVARIUS (1), le plus célèbre des
anciens luthiers italiens, naquit à Crémone.
L'excelleDt luthier M. Vuilliaume, qui a fait
plusieurs voyages en Italie pour réunir des
documents authentiques concernant cet habile
artiste, et n'a épargné ni dépense ni soins
pour atteindre son but, n'a pu découvrir la
date de sa naissance, parce qu'après la sup-
pression de plusieurs églises de Crémone,
leurs archives paraissent avoir été soustraites,
cachées, et peut-être anéanties. Heureusement,
un monument est resté, qui dissipe les doutes
sur l'année où est né le luthier célèbre. Dans
les notes de Carlo Carli, banquier à Milan,
s'est trouvé un inventaire des instruments qui
appartenaient au comte de Salabue, et dont il
était dépositaire. On y voit figurer un violon de
Stradivarius qui porte intérieurement une éti-
quette écrite de la main de l'auteur lui-même,
et dans laquelle on lit son nom, son âge
(quatre-vingt-douze ans), et la date 1756. Stra-
divarius était donc néen 1644.Élèvede Nicolas
Amati, il fabriqua dès 1667, c'est-à dire à l'âge
de vingt-trois ans, quelques violons qui n'é-
taient que la reproduction exacte des formes de
son maître, et dans lesquels il plaçait l'étiquette
de Nicolas. Ce ne fut qu'en 1670 qu'il com-
mença à signer ses instruments de son propre
nom. Dans les vingt années qui s'écoulèrent
jusqu'en 1690, il produisit peu. On serait
tenté de croire que l'artiste était alors plus
occupé d'essais et de méditations sur son art
que de travaux au point de vue du commerce.
1690 est une époque de transition dans le tra-
vail d'Antoine Stradivari. C'est alors qu'il
commença à donner plus d'ampleur à son mo-
dèle, à perfectionner les voûtes, et qu'il déter-
mina les épaisseurs d'une manière plus rigou-
reuse. Son vernis est plus coloré; en un mot,
ses produits ont pris un autre aspect ; cepen-
dant on y retrouve encore des traditions de
l'école de Nicolas Amati. Les luthiers de l'épo-
que actuelle les désignent sous le nom de
Stradivarius amatisé. En 1700, l'artiste est
parvenu à sa cinquante-sixième année. Son
talent est alors dans toute sa force, et depuis
cette époque jusqu'en 1725, les instruments
qui sortent de ses mains sont autant d'oeuvres
parfaites. II ne tâtonne plus : certain de ce
(I) Cette notice est extraite de mon livre intitulé:
Antoine Stradivari, luthier célèbre, connu sous le nom de
Stradivarius, précédé de recherches historiques et critiques
sur l'origine et les transformations des instruments à ar-
chet, etc.; Paris, Vuilliaume, luthier, rue de Nemours,
n°3,aux Tlicrnes, 1836, 1 vol. grand in-8".
qu'il fait, il porte dans les moindres détails le
fini le plus précieux. Son modèle a toute
l'ampleur désirable ; il en dessine les contours
avec un goût, une pureté qui, depuis un siècle
et demi, excitent l'admiration des connaisseurs.
Le bois, choisi avec le discernement le plus
fin, réunit à la richesse des nuances toutes les
conditions de sonorité. Pour le fond, comme
pour les éclisses, il change alors les disposi-
tions, le place sur maille, et non plus sur
couche. Les voûtes de ses instruments, sans
être trop élevées, s'abaissent en courbes
adoucies et régulières qui leur laissent toute la
flexibilité nécessaire. Les ouïes, coupées de
main de maitre, deviennent des modèles pour
tousses successeurs. La volute, qui a pris un
caractère plus sévère, est sculptée dans une
grande perfection. Les beaux tons chouds du
vernis de Stradivarius datent de cette époque :
la pâte en est fine et d'une grande souplesse.
A l'intérieur de l'instrument, le travail de
l'artiste n'offre pas moins de perfection : tout
y est fait avec le plus grand soin. Les épais-
seurs sont fixées d'une manière rationnelle et
se font remarquer par une précision qui n'a
pu être atteinte que par de longues études. Le
fond, la table et toutes les parties qui compo-
sent l'instrument sont dans un rapport par-
fait d'harmonie. Ce furent sans doute aussi des
essais réitérés et des observations persévé-
rantes qui le conduisirent à faire, dans toute
cette période de sa carrière productive, les tas-
seaux et les éclisses de ses violons en bois de
saule, dont la légèreté spécifiquesurpasse celle
de tous les autres bois. Au résumé, tout a été
prévu, calculé, déterminé d'une manière cer-
taine dans ces instruments admirables. La
barre seule est trop faible, par suite de l'élé-
vation progressive du diapason, depuis le com-
mencement du dix-huitième siècle, laquelle a
eu pour résultat inévitable une augmentation
considérable de tension, et une pression beau-
coup plus grande exercée sur la table. De là
est venue la nécessité de rebarrer tous les an-
ciens violons et violoncelles.
A la même époque où Stradivari était par-
venu à la perfection dont il vient d'être parlé,
et lorsqu'il travaillait avec la certitude des ré-
sultats, il s'est quelquefois écarté de son type
définitif pour satisfaire des fantaisies d'artistes
ou d'amateurs. C'est ainsi qu'il a fait des vio-
lons d'un patron plus allongé : leur aspect a
moins de grâce, mais les mêmes soins ont pré-
sidé à leur confection : tout y est proportionné
à cette modification de la forme polir main-
tenir l'équilibre dans les vibrations. Dansées
STRADIVARI
153
instruments, comme dans d'autres, sortis des
mains de l'artiste à cette période de sa vie, la
sonorité a celte puissance noble, ce brillant,
cette distinction qui ont assuré partout la
grande renommée de Stradivarius. Les instru-
ments produits par lui de 1725 à 1750 ont en-
core de la qualité; toutefois, le travail n'a pas
la même perfeotion. Les voûtes sont un peu
plus arrondies, d'où résulte un peu moins de
clarté dans le son; la délicatesse et le fini du
travail s'altèrent progressivement; le vernis
est plus brun. La fabrication paraît aussi se
ralentir; car on rencontre moinsd'instruments
de cette époque que de la précédente, propor-
tion gardée. En 1730, et même un peu avant,
le cachet du maître disparaît presque complè-
tement. Un œil exercé reconnaît que les in-
struments ont été faits par des mains moins
habiles. Lui-même en désigne plusieurs
comme ayant été faits simplement sous sa di-
rection : sub disciplina Stradivarii. Dans
d'autres, on reconnaît la main de Charles Ber-
gonzi et des fils de Slradivari, Omobono et
Francesco. Après la mort de cet homme cé-
lèbre, beaucoup d'instruments non terminés
existaient dans son atelier; ils furent achevés
par ses fils. La plupart portent son nom dans
l'étiquette imprimée : de là résultent l'incer-
titude et la confusion à l'égard des produits
des derniers temps.
Slradivari n'a fait qu'un petit nombre
d'altos : tous sont de grand format. Leur qua-
lité de son, pénétrante, noble, sympathique,
est de la plus grande beauté. Les violoncelles
sortis de ses mains sont en plus grande quan-
tité : on y remarque la même progression as-
cendante que dans les violons pour la perfec-
tion du travail et le fini précieux. Ces instru-
ments sont de deux dimensions, l'une grande,
à laquelle on donnait autrefois le nom de
basse; l'autre plus petite, qui est le violoncelle
proprement dit. A la première de ces catégo-
ries appartient la basse de M. Servais, profes-
seur au Conservatoire royal de Bruxelles, et
virtuose dont la renommée est universelle. La
sonorité de ce bel instrument a une puissance
extraordinaire, réunie au moelleux argentin.
Le violoncelle de l'artiste distingué M. Fran-
chomme est de l'autre patron; il appartint
autrefois à Duport : c'est un instrument du
plus grand prix. On préfère aujourd'hui ce
patron, dont les dimensions sont commodes
pour l'exécution des difficultés. Il faut la main
de Servais pour une basse aussi grande que la
sienne. Les violoncelles de Slradivari ont une
immense supériorité sur tous les instruments
du même genre : leur voix puissante a une
ampleur, une distinction de timbre et un bril-
lant que rien n'égale. Ces précieuses qual.ités
résultent, d'une part, du choix des bois, de
l'aulre, de la force des épaisseurs, qui sont
traitées d'une manière large, et enfin du rap-
port exact de toutes les parties du l'instru-
ment, lesquelles sont équilibrées pour que les
vibrations soient libres, énergiques et pro-
longées; ce qui assure la supériorité de ces in-
struments est, comme dans les violons, l'ap-
plication constante des lois de l'acoustique.
A l'époque où Stradivari travaillait, les
violes de toute espèce étaient encore en usage
dans les orchestres; lui-même en fabriqua
beaucoup de diverses formes et dimensions, à
six et à sept cordes, ainsi que des quinlons à
dos plat, avec des éclisses élevées et des tables
voûtées; enfin, des guitares, des luths et des
mandores. Un de ces derniers instruments,
construit par ce grand artiste, est la propriété
de M. Vuilliaume, célèbre luthier de Paris. La
finesse du travail et la beauté du vernis sont
très-remarquables ; les sculptures de la tête
sont d'une rare délicatesse, et, dans son
ensemble comme dans ses détails, ce joli in-
strument réunit tous les genres de perfec-
tions.
Deux choses sont également dignes d'atlen-
lion dans les travaux d'Antoine Slradivari, à
savoir, l'excellence de ses instruments elleur
nombre presque infini. Il est vrai que la mul-
tiplicité de ses produits s'explique par le grand
âge où il parvint et par sa persévérance au tra-
vail, qui se soutint jusqu'à ses derniers jours.
Slradivari fut du petit nombre de ces hommes
d'élite qui, se posant pour but la perfection,
autant qu'il est donné à l'humanité de l'at-
teindre, ne s'écartent pas de la roule qui peut
les y conduire, que rien ne distrait, que rien
ne détourne de leur objet; que les déceptions
ne découragent pas, et qui, pleins de foi dans
la valeur de cet objet, comme dans leurs facul-
tés pour le réaliser, recommencent incessam-
ment ce qu'ils ont bien fait, pour arriver au
mieux possible. Pour Slradivari, la lutherie
fut le monde tout entier; il y concentra toute
sa personnalité. C'est comme cela qu'on
s'élève, quand l'aptitude répond à la volonté.
La longue existence de quatre-vingt-treize
ans, qui fut celle de l'artiste objet de cette
notice, s'écoula tout entière dans un atelier,
en face d'un établi, le compas ou l'outil à la
main.
On a vu précédemment qu'Antoine Slradi-
vari termina un violon à l'âge de quatre-vingt-
loi
STRADIVARI
douze ans, en 1730. Déjà il s'élait préparé à
la mort depuis plusieurs années, car il avait
fait préparer son lom!>eaii dès 1729. On en a
la preuve dans l'extrait suivant du livre des
inscriptions de Crémone (Inscriptiones cre-
monenses universœ). Cet extrait est fait en
ces ternies :
« Finalement, dans le même volume, à la
» page CXXXII, n° 923, on lit l'épitaphe du
» tombeau du célèbre fabricant de violons,
» Antoine Stradivari, qui était autrefois dans
» le pavement, entièrement refait, de l'église
» de Saint-Dominique des PP. Dominicains,
» laquelle est la suivante :
» Sepulcuo. DI
» Antonio. Stiudivaiu
>< E. Stoi.EREDt. An. 1729.
» En foi de ce qui est ci-dessus;
» Crémone, le 18 septembre 1855.
» Le prélat primicier Antoine Dragoni, ex-
» vicaire général capilulaire de la ville et du
» diocèse de Crémone (1). »
La date de 1729, placée sur le tombeau de
Stradivari, avait fait croire qu'il était décédé à
cette époque; mais la découverte du violon de
1756, dans lequel l'artiste lui-même avait
consigné son âge de quatre-vingt-douze ans,
était venue renverser cette tradition. De nou-
velles recherches faites avec une persévérance
infatigable ont été, enfin, couronnées de suc-
cès, et ont fait connaître la date précise de la
mort de l'artiste célèbre. Dans un extrait au-
thentique des registres de la cathédrale de Cré-
mone, délivré à M. Vuilliaume et signé par
M. Jules Fuselli, vicaire de celte église, on a
la preuve qu'Antoine Stradivari fut inhumé
le 19 décembre 1737, et conséquemment qu'il
était décédé le 17ou le 18du même mois, à l'âge
de quatre vingt-treizeansaccomplis. Mais, par
une singularité inexplicable, ni ses restes, ni
ceux de ses enfants, ne furent déposés dans le
tombeau qu'il avait fait préparer ; car l'extrait
de l'acte mortuaire est ainsi conçu :
« Dans le livre intitulé Libro de' mord de.
» l'église Saint- Dominique, existant dans les
(1) Finalmente, nello stesso volume a pag. CXXXII,
n» 923, leggcsi la Epigrafe del Scpolcro del célèbre fa-
bricatore di violini Antonio Stradivari, clic erà già nel
parimento, interamente rifatto délia Chiesa di San Do-
nienico de Padri Domenicani ed é la seguente ;
Scpolcro di
Antonio. Stradivari
E. Suoi. Eredi. An. 1729.
In fcde di quanto sopra
Creinona, il 18 Scttembre 185a.
11 Piclalo Primiccrio Antonio Dragoni, etc.
» archives de celle paroisse, on trouve ce qui
» suit :
» Du 19 décembre 1737. Donné la sépulture
» à feu M. Antoine Stradivari, inhumédans le
» caveau de M. François Vitani, dans la cha-
» pelle du Rosaire, paroisse de Saint-Mat-
» thieu.
» De la cathédrale de Crémone, le 19 sep-
» lembre 1855. Certifié et signé : Fuselli
» (Jules), vicaire (1). »
Antoine Stradivari avait été marié, et avait
eu trois (ils et une fille. Les fils se nommaient
Francesco, Omobono et Paolo. Les deux pre-
miers travaillèrent dans l'atelier de leur père;
Paolo se livra au commerce. La vie d'Antoine
Stradivari fut calme autant que sa profession
était paisible. L'année 1702, seule, dut lui
causer d'assez rudes émotions lorsque pen-
dant la guerre de la succession, la ville de
Crémone fut prise par le maréchal de Villeroy
sur les Impériaux, reprise par le prince Eu-
gène, et, enfin, prise une troisième fois par
les Français; mais après celle époque, l'Italie
jouit d'uoe longue tranquillité, dans laquelle
s'écoula la vieillesse de l'artiste. On sait peu de
chose concernant celle existence dénuée d'évé-
nements. Polledro, ancien premier violon et
maître de la chapelle royale de Turin, mort
vers 1822, dans un âge avancé, rapportait que
son maître avait connu Stradivari dans ses
dernières années, et qu'il aimait à parler de
lui. Il était, disait-il, de haute stature et
maigre. Habituellement coiffé d'un bonnet de
laine blanche en hiver, et de colon en élé, il
portait sur ses vêtements un tablier de peau
blanche lorsqu'il travaillait, et comme il tra-
vaillait toujours, son costume ne variait guère.
Il avait acquis plus que de l'aisance par le
travail et l'économie, car les habitants de
Crémone avaient pour habitude de dire :
Riche comme Stradivari. Le vieux La Hous-
saie, que j'ai connu dans ma jeunesse, et qui
avait visité Crémone peu de temps après la
mort de Stradivari, m'a dil que le prix qu'il
avait fixé pour ses violons était quatre louis
d'or. Dans ces conditions, el à l'époque où il
vécut, il dut, en effet, acquérir quelques ri-
chesses. Bergonzi, petit-fils de Charles (le
meilleur élève de Stradivari, après Guarneri)
(i) Nel libro col titolo : Libro de' Mord nella Chiesa
di S. Domenico, esistante ncll' arcliivio di questa paroc-
chia trovasi quanto segue :
« Adi 19 décembre 1737. — Dato sepoltura al fù sig.
» Antonio Stradivari, sepolto nella sepoltura del sig.
» Francesco Vitani, nella Capella del Hosario, paroccbia
» di S. Matco. Dalla Cattedrale di Crcmona, le 19set-
tembre 1855. In fede : Signé : Fusetti Giulio, vie. »
STRADIVARI — STRAUSS
155
mort à Page de quatre-vingts ans, indiquait
l'endroit où travaillait le luthier célèbre, dans
la maison qui porte le n° 1239, sur la place
Saint-Dominique, en face de la porte Majeure.
STRADIVARI (Francesco et Omobono),
fils du précédent, ont travaillé longtemps dans
l'atelier de leur père. François a fait quelques
bons violons qui, depuis 1725 jusqu'en 1740,
portent son nom; maison en connaît d'autres
faits en collaboration avec Omobono, et qui
portent celle inscription : Solto la disciplina
d'A. Stradivarius, Cremona. Omobono Slra-
divari s'occupa plus particulièrement de la ré-
paration et de la monture des instruments que
de leur fabrication. Il mourut dans les pre-
miers jours de juin 1742, et fut inhumé le 9
du même mois, ainsi que le prouve un extrait
authentique des registres de l'église Saint-
Dominique de Crémone (1). Son frère Fran-
cesco ne lui survécut que onze mois, car il fut
enterré le 13 mai 1743, ainsi que le démontre
un extrait des mêmes registres (2). Tous deux
furent réunis dans le même tombeau avec leur
père.
STRAKOSCH (M.), pianiste et composi-
teur, né d'une famille hongroise en 1825, fit
son éducation musicale à Pesth et à Vienne. En
1846, il arriva à Naples, et y fit son débul,
comme virtuose pianiste, avec un brillant
succès; puis il parcourut l'Italie et s'arrêta
quelque temps à Milan, où il publia plusieurs
œuvres pour le piano, chez Ricordi. Vers
1851, il se rendit en Amérique et s'établit à
New-York, comme professeur de piano et de
chant. Il s'y est allié à la famille des canta-
trices Palli. De retour en Europe avec sa
belle-sœur (Adelina Patti), il a visité avec elle
toutes les capitales où elle a chanté. Ses com-
positions pour le piano consistent en fantaisies
sur des thèmes d'opéras, en caprices, en
transcriptions, suivant l'expression à la
mode, et en éludes. Dans le nombre de ces
morceaux, on remarque : La Willis, étude
fantastique pour piano, op. 33; Milan, Ricordi;
Il Fesuvio; Rimembranza di Napoli, pour
piano, op. 34; ibid.; Addio a l'Italia,
Album pour piano, composé d'une ballade,
d'une éludé, d'un hymne, d'une prière, d'un
(1) Adi9giugno 1742. — Dato sepoltura al fù sig.
Omobono Stradivari, sepolto nella Capella del Hosario,
nella sepollura del sig. Francesco Vilani, parocchia di
S. Matco. — In fcde, Fuselti Giulio vie».
(2) A di 13 Msggio 1743. — Dato sepollura al fù sig.
Francesco Stradivari, sepolto nella Capella del Rosario
nella sepoltura del sig. Francesco Vitani, paroccliia de
S. Maleo. — In fcde, Fusctti Giulio vie».
nocturne et d'un galop, op. 36; ibid., etc.
SXILEHLE (Daniel P.), savant auédois,
membre de l'Académie des sciences de Stock-
holm, vécut dans la seconde moitié du dix-
huilième siècle. Il a fait imprimer dans le
cinquième volume des Mémoires de celte Aca-
démie un Essai sur le tempérament de l'accord
des instruments de musique, intitulé : Versuch
einer gleichwebende Temperatur mecanisch
zu entwurfen.
STRAMROLI (Bartholomé), prêtre et
chantre de l'église de Saint-Marc, à Venise, au
commencement du dix-huitième siècle, a fait
imprimer un ouvrage de sa composition, inti-
tulé : Salmi vespertini a quattro voci, con
basso continua per l'organo; Venise, 1619,
in-4°. M. Caffi ne parle pas de ce musicien
dans son Histoire de la musique de la cha-
pelle Saint-Marc.
STRASSER (Jean-Georges), mécanicien
habile, né à Baden, près de Vienne, dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle, se fixa
à Pétersbourg, en 1795, et y termina, en 1802,
une horloge à carillon avec deux orgues mé-
caniques à crescendo et decrescendo, qui exé-
cutaient les pièces les plus compliquées à grand
orchestre. Cet ouvrage fut mis en loterie à
celte époque, et gagné par la veuve d'un pré-
dicateur allemand, qui l'a vendu à l'empereur
de Bussie pour la somme de vingt-cinq mille
roubles, et une pension de mille roubles.
STRATTNER (Georges-Christophe), né
en Hongrie, vers 1650, fut d'abord attaché à
la chapelle du prince de Dourlach, puis obtint
une place de maître de chapelle à Francfort-
sur-le-Main. Dans les derniers temps de sa vie,
il remplit les fonctions de second maître de
chapelle à Weimar, où il mourut en 1705. Il
composa les mélodies avec basse continue pour
la cinquième des Blindes- und Himmels-
Liedern de Neander. On connaît aussi sous
son nom : Fier Aria novisstma, mit einer
Sing- undzwei Instrumental Stimmen,nebst
einen Generalbass; Francfort, 1685, in-fol.
STRAUBE (Rodolphe), virtuose sur le
clavecin et sur la guitare, naquit dans la Saxe,
vers 1720, et étudia le clavecin et la composi-
tion à l'école Saint-Thomas de Leipsick, sous
la direction de Jean Sébastien Bach. Il s'éta-
blit à Londres, vers 1754, et y publia un œuvre
de duos pour clavecin et guitare, et un autre
pour guitare et violon.
STRAUSS (Christophe), organiste de la
musique de l'empereur Malthias, vécut à
Vienne, au commencement du dix-septième
siècle. On a publié de sa composition : Can-
456
STRAUSS
tioties sacra; seu molctli 15-1 0 vocum; Vienne,
1613-
STRAUSS (Josr.rn), mailre de chapelle
du grand-duc de Bade, est né en 1795, à
Brlinn, en Moravie. Son père, autrefois maître
de concerts d'une petite cour italienne, ne le
destinait pas à la profession de musicien, mais
il lui fit enseigner à jouer du violon et du
piano. Devenu orphelin, Strauss fut conduit à
Vienne pour y faire ses études musicales.
A l'âge de douze ans, il joua un solo de violon
au théâtre sur la Vienne, dans un entr'acte.
L'empereur, qui assistait à cette représenta-
tion, accorda des éloges au jeu du jeune ar-
tiste, et celte circonstance fit engager celui-ci
pour l'orchestre du théâtre. Depuis celte
époque, il eut tour à tour pour maîtres de
violon Casimir Blumenthal (plus tard direc-
teur de musique à Zurich), DeUrbani (qui fut
postérieurement mailre de chapelle à Pesth),
et Schnppanzigh. Dans le même temps, le
maître de chapelle Joseph Teyber lui enseigna
l'harmonie, et Albrechtsherger lui donna quel-
ques leçons de contrepoint. Après avoir ob-
tenu du suceès dans plusieurs concerts à
Vienne, Strauss reçut des propositions pour
être directeur de musique à Lucerne, et violon
solo au théâtre de Pesth ; il accepta cette der-
nière position. Ce fut dans celte ville qu'il
écrivit ses premières grandes compositions,
entre autres l'ouverture et les enlr'actes d'une
pièce intitulée : Die Belegerung JFiens (le
Siège de Vienne), un petit opéra, un sextuor
pour harpe et instruments à vent, une cantate
en langue hébraïque, et des chœurs pour des
tragédies. En 1815, il fut engagé comme di-
recteur de musique à Temeswar, en Hongrie ;
mais il ne resta qu'un an dans cette ville,
ayant accepté, en 1814, la direction delà mu-
sique de l'opéra allemand dans la province de
Transylvanie, pour lequel il écrivit les opéras
Faust's Leben und Thattn (la Vie et les ac-
tions de Faust), et Die Sœhne des Waldes (les
Fils de la forêt). A celte époque de la vie de
l'artiste appartiennent aussi une messe, deux
cantates et plusieurs morceaux pour le
violon.
En 1817, Strauss se rendit à Brtlnn, et y
composa une messe pour l'inauguration de
l'évêque, plusieurs graduels et offertoires pour
l'église de Saint-Jacques, un concerto et quel-
ques autres morceaux pour le violon. Pendant
un court séjour à Prague, il se lia d'amitié
avec le maître de chapelle de la cathédrale
Wittasek, et avec le directeur du Conservatoire
D. Weber; puis il se fit entendre avec succès
comme violoniste à Leipsick, Dresde,' Halle,
Altenbourg, Magdebourg, Breslau, Cassel et
Francfort-sur-le-Mein. Arrivé à Manheim, il
s'y arrêta et s'y occupa de plusieurs compo-
sitions importantes ; puis il fit un petit voyage
en Suisse, et donna des concerts à Bàle, Berne
et Zurich. A cette époque (1822), il reçut l'in-
vitation d'organiser l'Opéra allemand de
Strasbourg, et y fit exécuter Don Juan, Fi-
delio, Freischiitz et Médée. De retour à Man-
heim, il y fut chargé (au mois d'octobre 1823)
des fonctions de directeur de musique du
théâtre de la cour, et mit en scène \eFernand
Cortezde Sponlini. Satisfait de la parfaite exé-
cution de cet opéra, le grand-duc de Bade
nomma immédiatement Strauss directeur des
concerts de la cour, et après la mort de Danzi
lui donna le titre et les fonctions de son maître
de chapelle. M. Strauss occupait encore cette
place en 1860. Je l'ai visité à Carlsruhe, en
1838, et j'ai trouvé en lui un homme aussi
aimable que modeste. La manière dont il a
organisé l'orchestre de celle cour, et son ta-
lent dans sa direction méritent beaucoup
d'éloges. Peude temps auparavant, unegrande
symphonie de sa composition avait été exécu-
tée au concours de Vienne pour ce genre de
composition, et avait obtenu le deuxième prix.
En 1840, M. Strauss a dirigé l'Opéra allemand
à Londres, et y a fait exécuter sa symphonie
couronnée. Une deuxième symphonie lui a été
demandée à cette époque pour la Société phil-
harmonique de celte ville. M. Strauss a écrit
aussi pour le théâtre de Carlsruhe les opéras
Armiodan, Zélide, Berlhold le pleureur, et
Der JFœhrwolf (le Loup-Garbu),qui a été re-
présenté plus de cinquante fois à Vienne.
On a publié de la composition de cet artiste
estimable : 1° Variations brillantes pour vio-
lon et orchestre, op. 9; Manheim, Hcckel.
2° Quatuor brillant pour deux violons, alto et
basse, op. 5; Leipsick, Hofmeister. 3° Pots-
pourris pour violon, avec un second violon,
alto et basse, op. 5 et 6; ibid. 4° Douze
variations pour violon, avec un second violon
et basse, op. 4; Leipsick, Breilkopf et Hœrlel.
5° Variations sur un menuet milanais pour
violon et piano, op. 3; ibid. 6° Plusieurs suites
de chansons allemandes avec piano; Prague,
Enders; Leipsick, Hofmeister.
STRAUSS (Jean), célèbre compositeur de
danses allemandes et de valses, est né à
Vienne, le 14 mars 1804. Ses parents le desti-
naient à être relieur de livres, et il apprit, en
effet, cet état; mais entraîné par un goût pas-
sionné pour la musique, il apprit à jouer du
STRAUSS — STREICHER
157
violon, et, par des études persévérantes, ac-
quit assez d'habileté sur cet instrument pour
être employé, à l'âge de dix-neuf ans, dans
l'excellent orchestre de Lanner (voyez ce
nom). La nature l'avait doué du génie de
la musique de danse; ses premières valses
eurent un succès de vogue. Pour les exécuter,
il forma un orchestre qu'il dirigea lui-même,
à l'imitation de Lanner, et hientôt il devint
un rival redoutable pour ce rénovateur de la
danse allemande. Secondé par son éditeur Has-
linger, qui sut exploiter ses productions avec
intelligence, il acquit en peu de temps une re-
nommée universelle, que son inépuisable fé-
condité a soutenue jusqu'à sa mort. Des criti-
ques allemands le placent au-dessous de
Lanner commecomposileur, comme violoniste,
et comme directeur d'orchestre; toutefois, il
est certain que la popularité de son nom l'em-
porte sur celle de son rival. Le nombre des ca-
hiers de valses et de galops qu'il a publiés
s'élève à plus de cent cinquante, et l'on a fait
de la plupart de nombreuses éditions. Strauss
a voyagé avec son orchestre en Allemagne, en
Belgique, en France et en Angleterre: partout
il a excité le plus vif intérêt. Cet artiste remar-
quable est mort à Vienne, le 21 septembre
1849, après une courte maladie. On a publié
sur lui : Slrauss's Ankunft im Elysiam (Ar-
rivée de Strauss dans l'Elysée), en vers, par
Charles Meisl; Vienne, 1849, in-8°, et Jo-
hann Strauss's musikalische JVanderung
durch das Lcben (Voyage musical de Strauss
dans la vie); Vienne, 1850, in-8°. Un chef
d'orchestre de danse a exploité à Paris le nom
de Strauss; mais il n'y aucun rapport entre
lui et son célèbre homonyme.
STREBEXGER ( Matthias ) est né, le
17 janvier 1807, à la seigneurie de Weikers-
dorf, dans la Basse-Autriche. Fils d'un vigne-
ron, il apprit la musique et le piano chez le
maître d'école de Baden, près de Vienne. Le
chef d'orchestre du théâtre de ce lieu lui en-
seigna le violon, et Strebinger l'accompagna
à Presbourg, où il se fit entendre en public à
l'âge de douze ans. Helmesberger, professeur
au Conservatoire de Vienne, le prit comme
élève en 1820, et lui fit obtenir, deux ans
après, une place de violoniste au théâtre de la
cour. Il y remplaça quelquefois Mayseder dans
les solos; dès lors sa réputation s'étendit, et il
joua avec succès dans les concerts. Depuis
1834, il est un des membres titulaires de la
chapelle impériale. Le maître de chapelle
Dreschler lui a enseigné la composition. Stre-
binger a composé pour son instrument deux
concertos, plusieurs concertinos, et a publié à
Vienne plusieurs thèmes variés avecorclieslre,
d'autres thèmes variés avec quatuor, un qua-
tuor brillant, op. 1, des duos de violon, des
rondos, divertissements et pots-pourris. Il a
écrit aussi plusieurs solos avec orchestre pour
des ballets.
STREICHER (Jean-André), naquit à
Stuttgart, le 13 décembre 1761 . La mort de son
père l'obligea à entrer fort jeune dans la Mai-
son des orphelins. Ce ne fut que dans sa dix-
septième année qu'il lui fut permis de se livrer
à son goût pour le piano : un vieux maître
d'école lui enseigna à jouer de cet instrument,
sur lequel il fit de rapides progrès. Streicher
avait ensuite formé le projet d'aller à Ham-
bourgétudier la composition, sous la direction
d'Emmanuel Bach; mais entraîné par son
amitié pour le célèbre poëte Schiller, il l'ac-
compagna à Manheim et à Francfort, et dé-
pensa l'argent destiné à son voyage. Il prit
alors la résolution d'aller à Munich, où il se
livra à l'enseignement du piano. Il y publia
aussi ses premières compositions, et devint
l'associé d'un marchand de musique. Quelques
voyages qu'il fit à Augsbourg le lièrent
d'amitié avec le célèbre facteur d'instruments
Stein, dont il épousa la fille. Après son ma-
riage, il alla se fixer à Vienne, où sa femme
établit une fabrique de pianos, tandis qu'il
continuait à cultiver l'art comme pianiste et
comme compositeur. Mais bientôt sa fabrique
de pianos acquit trop d'importance pour qu'il
en laissât la direction à sa femme seule; il
commença à s'occuper de la construction de
ces instruments, y introduisit quelques modi-
fications, et finit par en changer le système
ordinaire, en plaçant le mécanisme des mar-
teaux au-dessus des cordes. M. Pape (voyez ce
nom), qui adopta ensuite ce système à Paris,
l'a beaucoup perfectionné. La mort de la
femme de Streicher le plongea dans la dou-
leur; il céda sa maison et ses affaires à son
fils, et mourut quatre mois après à Vienne, le
25 mai 1833, à l'âge de soixante et onze ans.
Streicher a publié de sa composition : 1° Ron-
deau ou caprice avec huit variations pour
piano sur l'air anglais : The Lass of Rich-
mond's Hill; Munich, Falter. 2° Douze varia-
tions pour piano; Manheim, Heckel.
STREICHER (Marie-Anne ou Nanette),
femme du précédent, et fille du facteur d'in-
struments Jean-André Stein, naquit à Augs-
bourg, le 2 janvier 17G0. Élève de son père,
elle devint habile pianiste, et joua avec succès
dans un concert, en 1787, un concerto de
1S8
STREICHER — STRIGGIO
piano. En 179", elle devint la femme de Slrei-
cher, et dans l'année suivante, elle alla établir
à Vienne une fabrique de pianos, dont son
frère dirigea les travaux. Les instruments
sortis de ses ateliers eurentde la réputation en
Allemagne. Madame Streicher est morte à
Vienne, le 16. janvier 1833.
STREIT (Guillelmine), dont le nom de
famille est SCIILTZ, cantatrice distinguée
du théâtre allemand, est née à Berlin, en 1806.
Dans son enfance, elle fut conduite par ses
parents à Carlsruhe, et y joua de petits rôles.
Le compositeur Fesca s'intéressa àcelte enfant
et lui donna des leçons de chant qui furent
continuées par la cantatrice Gervais. Ayant
débuté avec succès dans quelques opéras de
Mozart et de Paër, elle donna des représenta-
tions à Darmstadt, Cassel, Brunswick et Ham-
bourg, et puis accepta des engagements à Ha-
novre, à Francfort et à Leipsick. C'est dans
celte dernière ville qu'elle s'est mariée et que
sa réputation s'est établie. En 1829, le grand-
duc de Saxe-Weimar l'a fait engager à vie
pour le théâtre de la cour. Elle était le plus
bel ornement de ce théâtre, en 1836, et y jouait
avec succès les premiers rôles de son emploi.
Madame Streit s'est retirée de la scène, vers
1848, avec une pension du grand-duc.
STREITWOLFF (Jean-Henri-Gottlieb
ou Théophile), habile facteur d'instruments, à
Gœllingue, naquit dans cette ville, le 17 no-
vembre 1779. Ayant appris la musique dans
sa jeunesse, il fut d'abord guitariste, puis vio-
loncelliste. En 1809, il se livra à la facture des
instruments à vent, bien qu'il n'eût fait au-
cune étude préliminaire des principes de leur
construction; mais son intelligence suppléa
au défaut des connaissances, et ses essais fu-
rent couronnés de succès. Sa réputation com-
mença par ses flûtes, qui passaient en Alle-
magne pour excellentes. Il fut un des premiers
qui adoptèrent les principes de Muller pour la
construction de la clarinette. Son cor basse
chromatique, exécuté en 1820, d'après l'idée
première de Stœlzel qu'il avait perfectionnée,
lui fit beaucoup d'honneur. En 1828, il fit
aussi une clarinette basse dont les journaux
de musique ont parlé avec éloge, mais que
l'instrument du même genre fait par Adolphe
Sax a fait oublier. Slreitwolff mourut d'une
maladie de poitrine, à Gœttingue, le 14 février
1837. Il a publié quelques compositions pour
la flûte, la guitare et le violoncelle, à Bruns-
wick et à Hambourg.
STREPPONI (Félix), compositeur, né à
Milan, fut maître de chapelle à Monza. Il
mourut à Trieste, au printemps de 1832. Son
opéra Gli Illinesi fut représenté à Trieste, au
mois d'octobre 1829. En 1830, il donna, à Tu-
rin, Amoree mistero, et dans l'année suivante
il écrivit Ullà di Bassora.
STREPPOI\I (Joséphine), fille du précé-
dent et cantatrice distinguée, naquit à Monza.
Ayant été admise au conservatoire de Milan,
elle y fit ses études de chant. En 1835, elle dé-
buta avec succès au théâtre de Trieste, et dans
la même année, elle fut engagée à l'opéra
italien de Vienne. En 1836, elle chanta à Ve-
nise, à Brescia et à Mantoue. Rappelée à
Trieste en 1837, elle y excita l'enthousiasme,
et dans la même année, elle brilla à Bologne.
En 1838, elle chanta à Rome, à Livourne et à
Florence. Chaque année, sa réputation acqué-
rait plus d'éclat. Je l'entendis, en 1841, à
Bergame, où elle chanta pendant la saison de
la foire avec Salvi et Colelti : je lui trouvai la
voix bien posée, le style large et expressif dans
le Marino Faliero de Donizetti. Celte époque
fut celle où Verdi obtint ses premiers succès :
la musique de ce maître mit en vogue le chant
déclamé et la funeste tradition des sons
poussés avec effort; la Strepponi s'y aban-
donna sans réserve : elle en éprouva bientôt
les effets; car, en 1846, elle n'était déjà plus
que l'ombre d'elle-même. Dans un voyage que
je fis en Italie, en 1850, elle avait déjà disparu
de la scène.
STUÏCKER (Augustin-Reinijakdt), mu-
sicien de la chambre, compositeur et ténor au
service de Frédéric Ier, roi de Prusse, fut en-
gagé à cette cour en 1702. Suivant VHisloire
de l'Opéra, de L. Schneider, Stricker était en-
core au service de cette cour en 1712 ; mais
M. de Ledebur prouve que le fait n'est pas
exact, le nom de cet artiste ne se trouvant pas
dans le Calendrier des adresses de Berlin, de
celle année. De Berlin, Stricker se rendit à
Cœlhen, où il entra au service du prince d'An-
halt. Il s'est fait connaître comme composi-
teur par les ouvrages suivants : 1° Der Sieg
der Schœnheit iiber die Helden (le Triomphe
de la beauté sur les héros), opéra, en collabo-
ration avec Finger et Volumier, représenté à
Berlin, en 1706, pour le mariage du prince
royal Frédéric-Guillaume Ier. 2° Le Mariage
d'Alexandre et de Roxane, opéra, représenté,
en 1708, pour le mariage en secondes noces de
Frédéric Ier. 3° Six cantales italiennes à voix
seule avec accompagnement de violon ou haut-
bois solo, op. 1 ; Cœlhen, Antoine Lœfflern,
1715.
STRIGGIO (Alexandre), gentilhomme do
STRIGGIO — STRINASACCHI
1K9
Manloue, né vers 1535, fui d'abord attaché an
service de Cosme de Médicis, et devint ensuite
maître de chapelle de la cour de Manloue. Il
vivait encore dans cette ville en 1584. Outre
son talent de composileur, il possédait aussi
celui de jouer supérieurement du luth et jouis-
sait de la réputation d'un des meilleurs or-
ganistes de son temps. Striggio fut un des
premiers musiciens qui essayèrent de compo-
ser des intermèdes pour le théâtre, et l'on cite
de lui un ouvrage de ce genre intitulé l'Amico
fido, composé vers 15G5, ainsi que les deux
premiers actes de Psyché, qui fut représenté à
Florence pour les noces de François de Médi-
cis et de l'archiduchesse Jeanne d'Autriche.
Il a mis aussi en musique les vers qui se trou-
vent dans l'opuscule intitulé : Descrittione
deW intermezzi fatti nel felicissimo Palazzo
del gran duca Cosimo (7°), et del suo illus-
triss. figliuolo Principe de Firenze et di
Siena, perhonorarla illustriss. presenza Al-
tezza dello Eccellentissimo Archiducad' Aus-
tria, il primo giorno di maggio l'nnno
MDLXIX. In Fiorenza, appresso Barthol.
Sermartelli. On lit dans les préliminaires : Il
vertuoso (sic) M. Alessandro Strigio, fiobi-
liss. gentilhuomo Mantova nefece lemusiche
sopra le canzoni. Enfin, Striggio composa,
avec Pierre Strozzi, Jules Caccini et Claude de
Correggio, la musique pour les fêtes qui eurent
lieu à Florence, en 1579, à l'occasion du
mariage de François Ier de Médicis avec la
fameuse Bianca Cappello. Ses œuvres impri-
més sont : 1° Madrigali a 6 voci, lib. 1;
.Venise, 15C6. 2° Il seconda libro de' madri-
gali a 6 voci; Venetia, Antonio Gardano,
in-4° obi., 1566. Une deuxième édition de ces
deux recueils, dont je possède un exemplaire, a
été publiée dans la même ville, en 1569. 3° Il
primo libro de' madrigali a 5 voci nuova-
mente con nuova giunta ristampato e cor-
relto; ibid., 1560. Je possède cette édition,
qui est fort rare. Il y en a d'autres imprimées
par le même et par Geronimo Scotto, en 1566,
1569, 1571, 1585 et 1592, toutes in-4°oblong.
Je ne connais du second livre de madrigaux
à cinq voix de Striggio que les éditions don-
nées, en 1583 et 1585, par les héritiers de Jé-
rôme Scotto, mais il y en a certainement d'an-
térieures. Le catalogue de la Bibliothèque mu-
sicale du roi de Portugal, Jean IV, contient
l'indication des livres II, III et IV de madri-
gaux à cinq voix, mais sans nom de ville ni
date. 4° Madrigali a sei voci, lib. III; Ve-
nise, 1582. 5° Il Cicalamento délie donne al
buccalo, e la caccia a 4, 5 e 7 voci, con il
giuoco di primeria a 5 voci; Venise, 1584,
in-4°. Je possèdeune édition plus ancienne de
cet ouvrage, laquelle a pour titre : Il Cicala-
mento délie donne al buccato, e la caccia di
Alessandro Striggio, con un lamento di Di-
done ad Enea, per la sua partenza, di Ci-
priano Rore,a quattro, cinque, et selte voci.
Di nouo poste in luce per Giulio Bonagionta
da San Genesi, musico délia illust. Signoria
di Fenezia in S. Marco et con ogni diligen-
tia corrette; in f'inegia, 1567, appresso Gi-
rolamo Scotto, iri-4°. On voit que celte édi-
lion n'est pas la première. 6° Di Hettore
Fidue e d' Alessandro Striggio e d' altri
eccellentissimi musici MadrignliaS eG voci;
Venise, 1566. Les autres auteurs dont on
trouve des madrigaux dans ce recueil sont
Franc. Russello, Gio. Contino, Jos. Ferretti,
Leandro Mira, Jos. Zarlino, Silao de Luc-
ques, et Franc. Londariti. On trouve aussi un
madrigal à huit voix de Striggio dans la col-
lection de madrigaux de divers auteurs inti-
tulée : Il lauro verde, Anvers, 1591, in-4°.
Enfin, des compositions de Striggio ont été in-
sérées dans les recueils intitulés : 1° Musica
divina di XIX aulori illustri a 4, 5, 6 et 7
voci; Anvers, P. Phalèse, 1595, in-4°. 2°//a?-
monia céleste, di diversi eccellentissimi mu-
sici a 4, 5, 6, 7 et 8 voci, etc. ; ibid., 1593,
in-4° obi. 3° Melodia Olympica di diversi
eccellentissimi musici a 4,5,6 et 8 voci, ibid.,
1594, in-4°. 4° Il Trionfo di Dori , etc.,
6 voci, etc. ; Venise, Gardane, 1596, in-4°.
Jacques Paix a arrangé un madrigal du même
musicien dans son livre de Tablature d'orgue
(Orgel-Tabulatur Buch); Lauingen, 1583,
iu-l'ol. Le talent de Striggio consistait princi-
palement dans l'art d'exprimer la parole par
le chant: lui, Péri, Caccini et Monleverde
peuvent être considérés comme les premiers
qui ont essayé ce moyen d'effet si puissant :
leurs prédécesseurs, et même leurs contempo-
rains n'avaient eu pour but que l'élégance des
procédés mécaniques de l'art.
STRINASACCHI (Thérèse), cantatrice
distinguée, naquit à Rome, en 1768, et apprit
l'art du chant d'un abbé de la chapelle de
Sainte-Marie-Majeure. Au printemps de 1787,
elle débuta comme seconda donna dans le due
Contesse de Paisiello, au théâtre de Manloue.
Dans les années suivantes, elle chanta à Plai-
sance, à Trieste, à Florence, en 1796, à
Vienne, à Venise, en 1797, dans Vlntrigo
délia lettera, de Mayr, et dans la même ville,
en 1798; à Rome, au carnaval de l'année sui-
vante, puis, de nouveau à Venise, en 1799, où
160
STRINASACCHI — STROBEL
elle chanta, au théâtre San Benedetto , les
opéras bouffes de Mayr, l'jévaro et Labino c
Carlot ta; enfin, à Paris, en 1801, dans la pre-
mière troupe d'opéra italien qu'on y organisa
sous le Consulat et qui fit son début au petit
théâtre de la rue de la Victoire, le 51 mai de
cette année. Madame Strinasacchi y chanta
d'abord dans Furberia e Puntiglio, de Mar-
cello de Capua, et dans Non irritar le donne,
de Portogallo. Elle y obtint un succès d'en-
thousiasme dans le Matrimonio segreto de
Cimarosa, quoiqu'elle fût inégale et qu'elle ne
chantât pas toujours avec justesse; lorsqu'elle
était bien disposée, elle était quelquefois admi-
rable d'inspiration.
Les affaires de l'entrepreneur de l'opéra
bouffe du théâtre de la rue de la Victoire
n'ayant pas prospéré, ce théâtre fut fermé au
commencement de 1805; la dernière repré-
sentation qui y fut donnée, ou du moins dont
on trouve l'indication, eut lieu le 15 janvier
de cette année : on y joua II Matrimonio
segreto, et Thérèse Strinasacchi y chanta le
rôle de Carolina. Une nouvelle administra-
tion s'élant formée pour l'organisation d'un
opéra italien, qui fit son début au théâtre Fa-
vart, le 14 mai 1803, madame Strinasacchi n'y
fut pas engagée et fut remplacée par madame
Georgi-Belloc, comme prima donna. Elle y
rentra, toutefois, le 10 septembre de la même
année, par son rôle favori de Carolina, du
Matrimonio segreto. Elle y resta jusqu'au
17juin 1805, et chanta ce jour-là, pour la clô-
ture du théâtre de l'opéra bouffe, // Mercato
di Malmantile, dePaisiello; après quoi elle
s'éloigna de Paris et retourna en Italie.
En 1806, elle était à Milan et chantait au
théâtre Carcano. Engagée ensuite à Venise,
elle chanta, pendant la saison d'automne, au
théâtre San-Mosè, La Sorpresa, de Pavesi.
J'ai dit, dans la première édition de cette bio-
graphie, que je ne trouvais plus de renseigne-
ments sur la Strinasacchi après cette époque;
M. Farrenc, à qui je suis redevable des détails
qu'on vient de lire, m'a appris aussi que cette
cantatrice reparut au Théâtre Italien de Paris
le 8 mai 1816, et qu'elle y fit sa rentrée dans
le Matrimonio segreto. Elle avait alors qua-
rante-hyit ans et paraissait être plus âgée.
Sa petite taille, son embonpoint excessif, le
peu d'agrément de sa figure et sa voix fatiguée
ne pouvaient réussir près des dilettanli pari-
siens : elle dut bientôt se retirer. Le célèbre
hautboïste Vogt (voyez ce nom) la retrouva à
Londres, en 1825; trois ans après, il retourna
dans celte ville et apprit que madame Strina-
sacchi y vivait encore dans une profonde mi-
sère. On sait qu'elle y est morte, maison ignore
la date de son décès.
Thérèse Strinasacchi eut une sœur aînée,
nommée Anna, cantatrice comme elle, qui
chanta à Mantoue comme prima donna, en
1787, mais qui mourut jeune.
STRJXAJD(l) (Gaspard), facteur d'instru-
ments, naquit en Bohême, vers 1750, et se
fixa à Prague, où il fabriqua beaucoup de bons
violons et violoncelles depuis 1781 jusqu'en
1793. Ses guitares sont aussi fort estimées.
STROBACH (Jean), luthiste et composi-
teur, né en Bohême, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, fut attaché au service de l'empe-
reur Léopold Ier. Il a publié des concerts
très-curieux pour clavecin, luth, mandoline,
viole d'amour et basse de viole, à Prague, en
1698, in -fol. J'ai fait entendre un de ces mor-
ceaux dans un de mes concerts historiques, au
mois de mars 1833. Le célèbre guitariste Sor
avait eu la patience de faire une étude spéciale
du luth pour exécuter la partie obligée de cet
instrument, dont je lui avais traduit la tabla-
ture; Carcassi jouait la mandoline, Urhan la
viole d'amour, Franchomme la basse de viole,
et moi le clavecin.
STROBACH (Joseph), directeur de l'or-
chestre de l'Opéra de Prague, et violoniste de
talent, naquit le 2 décembre 1731, à Zwillau,
dans la seigneurie de Birkstein, en Bohême.
Destiné à l'état ecclésiastique, il fit ses études
à Liegnilz et à l'université de Breslau, puis il
suivit à Prague les cours de philosophie et de
théologie. Un goût passionné pour la musique
le fit ensuite renoncera la carrière qu'il s'était
préparée, pourse livrer exclusivemenlà la cul-
ture de cet art. Après avoir été attaché pen-
dant treize ans comme violoniste à l'église des
chanoines réguliers de la croix, il occupa la
position dedirecteur de musique aux églises de
Saint-Paul, de Saint-Gall, de Saint-Wenceslas
et de Saint-Nicolas, et dirigea en même temps
l'orchestre du théâtre avec beaucoup de talent.
Il mourut le 10 septembre 1794, laissant en
manuscrit des concertos, des sonates et des
caprices pour le violon.
STROBEL (Valentin), luthiste célèbre et
compositeur, vécut à Strasbourg, vers le milieu
du dix-septième siècle. Il a publié de sa com-
position : 1° Mélodies pour des chansons alle-
mandes, avec accompagnement de deux vio-
lons et basse; Strasbourg, 1652. 2° Symphonie
pour Irois luths et une mandoline, et pour
(I) Ce nom bolicraien se prononce Stygnad.
STROBEL — STRUNGK
161
quatre lutlis, par-dessus de viole et basse de
violon ; ibid., 1654.
STROMEYER (Charles), basse chan-
(anle, célèbre en Allemagne, est né à Slol-
Iierg, en 1780. Moins remarquable par l'habi-
leté de la vocalisation que par le volume et
l'étendue extraordinaire de sa voix, il descen-
dait avec facilité jusqu'au contre-wt grave, et
montaitau so/du ténor. Après avoir été quelque
temps attaché à la musique du duc de Saxe-
Gollia, il fut engagé pour le théâtre de
Wèimar,où il resta pendant toute la durée de sa
carrière théâtrale. Lorsque sa voix fut sur son
déclin, il fut fait régisseur général du théâtre;
mais il montra peu d'habileté dans celle
place. Après la mort du grand-duc Charles-
Auguste, en 1828, Stromeyer fut mis à la re-
traite avec une pension de mille écus. Il est
mort àWeimar, le 11 novembre 1845.
STROZZI (Pierre), de l'illustre famille
florentine de ce nom, vécut dans la seconde
moitié du seizième siècle et cultiva la mu-
sique comme amateur. En 1595, il mit en
musique la Mascarade des aveuglés (Mas-
curada dcgli accecali), dont la poésie élait
d'Oclave Rinuccini , auteur des célèbres
drames de la Dafné et de VEuridice. Celte
mascarade se fil avec un grand nombre de
masques à cheval, le 25 février : les musi-
ciens étaient sur un char. Adrien De la Fage
a tiré ces renseignements d'un manuscrit du
commencement du dix-septième siècle qui se
trouve à la bibliothèque Magliabecchiana de
Florence (voyez Gazelta musicale di Milano,
anno VI, a» 22).
STROZZI (le P. Berardo), prédicateur
général de l'ordre des franciscains, à Rome,
au commencement du dix-septième siècle,
cultiva la musique avec succès, et fit im-
primer de sa composition : 1° Motetti a
cinque voci; Venise, 1618, in-4°. 2» //
sccondo libro de' Motetti a cinque voci;
ibid., 1022. Il y a une deuxième édition de
ces deux livres, à Venise, en 1629. 5° Sacri
concentus, messe, salmi, sinfonie, motetti,
compiete et antifone a 1, 2, 5, 4, 5, 6, 7 et 8
voci, con basso continuo; ibid. 4° Salmi,
magnificat , et concerté a 2 et 3 voci, con
B. C.;ibid. 5° Concerti, motetti et salmi a 2,5
ci 4 voci, con B. C. ; ibid. 6° Concerti, ibid.
messe, salmi, magnificat a 1 , 2, 3 et 4 voci;
STROZZI (Barbara), noble vénitienne,
vécut vers le milieu du dix-septième siècle, et
publia des compositions vocales, sous ce titre :
1° Il primo libro de' Madrigali a 2, ô, 4 e 5
voci; Venezia, app. Jlessandro Vincenti,
BIOCR. USIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
1644, in-4n. 2° Cantate, ariette e duetti ;
Venise, 1G53, in-4°. ô° ariette a voce sola;
Fenezia, app. Bart. Magni, 1658, in-4".
4° Cantate a voce sola, op. 7 ; ibid., in-4°.
STROZZI (D. Grégoire), abbé, docteur
en droit canon et protonotaire apostolique,
naquit à Naples et vécut dans cette ville vers
la seconde moitié du dix-seplième siècle. On a
imprimé de sa composition : 1° Elementarum
musicx praxis, utilis non tantum incipien-
tibus, sed proficientibus et pcrfectis; Nea-
poli, 1683, in-4°. Cet ouvrage renferme des
canons à deux voix (soprano et ténor) destinés
à servir d'exercices de solfège. 2° Capricci da
sonare sopra cembali ed organi, op. quarto;
in Napoli, 1687, per Novello de Bonis,
in-fol. Ces caprices, d'un bon style, sont à
quatre parties, en partition.
STRUCR (Jean-Baptiste). Voyez BA-
TISTE*.
STRUCK (Paul), compositeur viennois, a
passé pour élève de Haydn, sans doute à cause
de l'imitation du style de ce maître qu'on re-
marque dans ses ouvrages. Les premières pro-
ductions de Struck parurent vers 1797 : on n'a
pas d'autres renseignements sur sa personne.
Cet artiste a publié de sa composition :
1° Trois sonates pour clavecin, violon et
basse, op. 1; Offenbach, André. 2° Quatuor
pour deux violons, alto et basse, op. 2; ibid.
5° Grand trio pour clavecin, violon et basse,
op. 3; ibid. 4° Trois sonates pour clavecin,
flûte ou violon et basse, op. 4; ibid. 5° Me-
nuet et trio pour piano à quatre mains;
Vienne, Kozeluch. 6° Quatuor pour piano,
flûte et deux cors, ou deux altos, op. 5;
Vienne , Mollo. 7° Symphonie à grand
orchestre, op. 10 ; Offenbach, André.
8° Quatuor pour clarinette, violon, alto et
violoncelle, op. 12; Vienne, Artaria. 9° So-
nate pour piano, clarinette et deux cors,
op. 17; Leipsick, Breitkopf et Hserlel.
10° Des marches et autres petites pièces
pour piano. 11° Cantate funèbre avec or-
chestre, op. 16; Vienne, Weigl. 12° Chants
allemands à trois voix, op. 6; ibid. 13° Chan-
sons allemandes pour voix seule avec piano,
op. 11 et 15; ibid.
STRUIVGR (Delpiiin), né à Brunswick.en
1601, fut organiste à Wolfenbultel pendant les
années 1630-1632, puis à Zelle (Hanovre), en
1639-1645, et, enfin, à Brunswick, sa patrie,
où il remplit les places d'organiste dans cinq
églises différentes. Il mourut en 1694, à l'âge de
qualre-vingt-treize ans, laissant en manuscrit
des pièces d'orgue en tablature.
11
162
STRUNZ
STRUNGK (Nicoi.as-Adam), fils aîné du
précédent, né en 1640, à Zelle, où son père
était alors organiste, fut un des plus célèbres
violonistes de l'Allemagne. A l'âge de douze
ans, il obtint la place d'organiste à l'église
Saint-Magnus de Brunswick. Il continua en
même temps ses études, qu'il alla terminer à
l'université de Helmstadt. Ce fut dans celte
ville que se développèrent ses dispositions
pour le violon. Son premier maître pour cet
instrument fut un habile artiste de Lubeck,
nommé Schnittelbach. Ses progrès furent ra-
pides, car à l'âge de vingt ans, il obtint la
place de premier violon de la chapelle du duc
de Wolfenbutlel. Il la quitta peu de temps
après pour accepter une position plus avanta-
geuse chez le duc de Zelle. Ayant fait un
voyage à Vienne, avec l'autorisation de ce
prince, il joua devant l'empereur, qui lui té-
moigna sa satisfaction en lui faisant présent
«l'une chaîne avec une médaille à son effigie.
Après la mort du duc de Zelle, Strungk entra
au service de l'électeur de Hanovre, d'où il fut
appelé peu de temps après à Hambourg, pour
diriger la musique du théâtre. Il y composa,
jusqu'en 1685, les opéras intitulés: 1° La For-
tune et la chute de Séjan, en 1 G78. 2» Eslher;
3° Do ris; 4° Les Filles de Cécrops, 5" Al-
ceste; 6° Thésée; 7° Sémiramis ; 8° Floretto.
Frédéric -Guillaume , électeur de Brande-
bourg, qui visita Hambourg à cette époque,
ayant été témoin des succès de Strungk, désira
l'avoir à son service, le demanda au magistral,
et le nomma son maître de chapelle; mais le
duc de Hanovre ayant appris le prochain dé-
part de Slrungk pour Berlin, le réclama
comme son vassal. Pour le dédommager des
avantages dont il le privait, il lui accorda la
place d'organiste de sa musique particulière,
et l'emmena eo^ Italie, où Strungk demeura
plusieurs années. De retour en Allemagne, et
passant à Vienne, il s'y fit entendre une se-
conde fois de l'empereur, qui lui donna de
nouvelles marques de sa munificence. De
Vienne, Slrungk se rendit à Dresde, et y fut
nommé second mailre de chapelle de la cour.
En 1692, il succéda à Bernhardl en qualité de
premier maître, et remplit les fonctions de
cette place jusqu'en 1696. Plus tard, il se fixa
à Leipsick, où il mourut le 20 septembre 1700,
à l'âge de soixante ans. Parmi les morceaux
de sa composition pour le clavecin on remar-
que : 1° Ricercare, sur la mort de sa mère,
écrit à Venise, le 20 décembre 1685. 2° Exer-
cices pour le violon ou la basse de viole, con-
sistant en sonates, cliaconnes, clc, avec ac-
compagnement de deux violons et basse con-
tinue; Dresde, 1691, in-fol,
STRUNZ (Jacques), compositeur, né en
1783. à Pappenheim, en Bavière, a reçu les
premières leçons de musique du maître de cha-
pelle Metzger, à Munich, et plus tard est devenu
élève de Winter. Dès l'âge de quatorze ans, il
était attaché à la chapelle royale; mais une
imprudence de jeunesse l'ayant exposé au res-
sentiment d'une famille puissante, il dut
s'éloigner de la capitale de la Bavière. Il
parcourut alors l'Allemagne, la Hollande et
l'Angleterre, en donnant des concerts pour
vivre. Arrivé en France, en 1800, il accepta la
place de chef de musique d'un régiment, qui
lui fut offerte, et fil en celte qualité, à l'âge
de dix-sept ans, la campagne d'Italie qui se
termina par la bataille de Marengo. Après la
paix, son régiment alla tenir garnison à An-
vers. Il y commit un acte de grave insubordi-
nation envers son colonel, et n'échappa à une
condamnation capitale que par l'intervention
de puissants amis. Ayant obtenu sa démission,
Strunz s'établit à Anvers, comme professeur de
musique, et y écrivit plusieurs concertos pour
la flûte, le cor et le violoncelle, une messe so-
lennelle pour la cathédrale, et Bouffarelli, ou
le Prévôt de Milan, opéra-comique, qui fut
représenté au théâtre de Bruxelles, avec quel-
que succès. Napoléon ayant visité la Belgique
et particulièrement Anvers, en 1807, Strunz
fut chargé par l'administration municipale de
composer une cantate héroïque pour une fête
que la ville donnait à l'empereur. Napoléon
fut si satisfait de cet ouvrage, qu'il fil remettre
une somme de six mille francs au compositeur.
Quelque temps après, Strunz se rendit àParis,
pouf s'y livrer à l'enseignement et à la com-
position. Il y publia beaucoup de musique in-
strumentale dans l'espace de dix ans. En 1818,
il fit jouer au théâtre Feydeau Les Courses de
New-Market, opéra-comique en un acte qui
ne réussit pas, ce qui n'empêcha pas Strunz
d'écrire un autre ouvrage en trois actes, dont il
ne put obtenir la représentation. Découragé,
après cinq ans d'attente vaine, il abandonna
la culture de la musique pour une place d'in-
specteur des subsistances militaires dans la
guerre d'Espagne, en 1823. Après la paix, il
resta longtemps à Barcelone, puis parcourut
l'Espagne, la Grèce, une partie de l'Asie,
l'Egypte, les îles Baléares, et né revint à Paris
qu'en 1851. Vers cette époque, le fruit de ses
économies lui fut enlevé par une banqueroute,
et cet événement l'obligea à chercher de nou-
veau des ressources dans la musique. Il ar-
STRUNZ — STUMPF
163
Tangea beaucoup de morceaux d'opéras pour
divers instruments à vent, et composa pour le
théâtre Nautique, en 1834, la musique des
ballets les Nymphes des eaux, et Guillaume
Tell, en cinq actes; mais le succès de ces ou-
vrages ne put retarder la ruine de ce théâtre.
L'entrepreneur espérait relever ses affaires
au moyen d'une troupe d'opéra allemand :
Strunz fut chargé d'aller en Allemagne engager
«les acteurs; mais pendant son voyage, il ap-
prit la clôture du théâtre et retourna à Paris.
Sa situation précaire dans cette ville l'obligea
ensuite à accepter la place de chef du bureau
de copie de l'Opéra-Comique; puis il quitta
cette position pour la direction de la musique
du théâtre de la Renaissance, et écrivit pour le
drame de Victor Hugo, Ruy Blas, une ouver-
ture et des entr'actes. Malheureusement l'exis-
tence de ce nouveau théâtre ne fut pas plus
longue que celle du théâtre Nautique. Strunz
reprit, dans les derniers temps, sa position
de chef du bureau de copie à l'Opéra-Comique.
Homme de talent, bien élevé, modeste, et plein
d'aménité dans ses relations du monde, il mé-
ritait un meilleur sort. On a gravé de sa com-
position : 1° Trois quatuors chantants pour
deux violons, alto et basse; Paris, Pacini.
2° Concerto pour la flûte (en sol); Paris,
Sieher. o" Quintettes pour instruments à vent.
4° Quelques œuvres de duos pour deux flûtes;
Paris, Sieber, Pleyel. 5° Concerto pour le cor;
Paris, Pleyel. 6° Beaucoup d'arrangements
pour divers instruments. 7° Des romances
françaises, avec accompagnement de piano;
Paris, Schlesinger. En 1849, j'ai retrouvé
Strunz à Munich, où il s'était retiré : un héri-
tage qu'il avait fait quelques années aupara-
vant l'avait placé dans une position aisée.
STRZOSKY (Manswet), violoniste, pia-
niste et compositeur, naquit le 11 décembre
1753, à Geyersberg, en Bohême. Admis chez
les serviles de Krulich, comme enfant de
chœur, il y fit ses premières études, puis alla
les achever à Prague. La musique devint ensuite
sa principale occupation. En 1799, il était em-
ployé comme violoniste à l'église de Strahow ;
plus tard il eut un emploi semblable à la cathé-
drale de Prague, et entra à l'orchestre de
l'Opéra. ïl mourut en cette ville le 8 mai 1807,
laissant en manuscrit des quintettes, quatuors
et trios pour instruments à cordes, et un O sa-
lutaris, composé, en 1800, pour l'église de
Strahow, et qui fut considéré comme un bon
morceau de musique religieuse.
STUCK (Jean-Guillaume), né à Zurich, le
21 mai 1542, fut professeur de théologie dans
cette ville, et y mourut le 3 septembre 1607.
On a de lui un livre intitulé : Antiquitatum
convivalium libri III, imprimé à Zurich, en
1597, in-fol. Il y traite, au 20e chapitre du
septième livre, De musicx divisione, vi, uti-
litate ac suavitate, etc.
STUDZI1XSKI (Vincent), compositeur,
violoniste et professeur de piano, naquit à
Cracovie, en 1815. Professeur de violon à l'in-
stitut technique de cette ville, il dirigea pen-
dant quelques années l'orchestre du théâtre.
Il est mort d'une maladie de poitrine, en 1854.
La plupart des ouvrages de cet artiste sont
restés en manuscrit ; on y remarque quatre
quatuors pour deux violons, alto et basse; va-
riations pour violon principal avec accompa-
gnement de quatuor; caprice pour violon sur
une krakowiak avec accompagnement de
piano; trois fantaisies idem sur des krakowiaks
et desmazourkes; le Marinier, ballade pour
violon, avec accompagnement de piano; Elégie
idem; trois nocturnes idem; variations idem
sur des thèmes de Bianca e Fernando, de
Bellini ; Mes Rêveries, six fantaisies pour vio-
lon et piano; le Rêve, idem; Moment de
gaieté, rondeau pour violon avec accompagne-
ment de piano; Mazourkes de concert idem;
la Danse des fantômes, idem ; scènes fantas-
tiques pour deux chœurs et orchestre; polo-
naises, etc. On n'a publié de Studzinski que deux
livraisons de Mazourkes, en 1853 et 1854. Une
notice biographique surcetarliste, en langue po-
lonaise^ été publiée en 1853, par M.Radwanski.
Trois frères de Studzinski, Charles, Pierre
et Gaétan, cultivent la musique et en font leur
profession : Pierre est auteur de la musique de
Lobzowianie, opéra-comique représenté avec
succès à Varsovie.
STUMM (Henri), fut un bon facteur d'or-
gues allemand, vers la fin du dix- huitième
siècle. Il vivait, en 1780, à Rauhen-Sulz-
bach, près de Rien, dans les montagnes du
Hundsrlick. Aidé par ses fils, il construisit
l'orgue de trente-six jeux dans l'église du culte
réformée Bockenheim, en 1768, et le grand
orgue de l'église Sainte-Catherine de Francfort,
composé de quarante et un jeux, trois claviers
et pédale, en 1779.
STUMPF (Jean-Chrétien), bassoniste alle-
mand, vécut à Paris, vers 1785, et y publia
plusieurs compositions; puis il fut attaché à
l'orchestre d'Altona jusqu'en 1798; enfin, il
eut le titre de second répétiteur au théâtre de
Francfort-surle-Mein. Il mourut dans cette
ville, en 1801. On a imprimé de la composition
de cet artiste : 1° Entr'actes pour des pièces de
11.
164
STUMPF — SUARI)
théâlre, à grand orchestre, livres 1 à 4; OfTen-
bach, André. 2° Pièces d'harmonie pour deux
clarinettes, deux cors et deux bassons, livres
1 à 4; ibid. 5° Concerto pour flûte, op. 15;
Augsbourg, Gombart. 4° Duos pour deux cla-
rinettes, op. 18; Paris, Naderman. 5° Con-
certos pour le basson, nos 1, 2, 5,4; Bonn,
Simrock. 6° Quatuor pour basson, violon, alto
et basse; ibid. 7° Duos pour deux bassons,
liv. 1 et 2; Paris, Leduc. 8° Sonates en duos
pour violon et violoncelle, op. 1 et 2; ibid.
9° Duos pour deux violoncelles, op. 16 et 17;
Paris, Sieber. 10° Quelques œuvres de duos et
de trios pour le violon; ib/d.Slumpf a arrangé
pour divers instruments à vent plusieurs opéras
de Mozart, Salieri, Paer et Wranilzky.
STUÏNZ (Joseph-Hartmann), maître de la
chapelle royale à Munich, né à Arlesheim, en
Suisse (canton de Bâle), le 23 juillet 1793, fit
ses études décomposition dans la capitale de
la Bavière, sous la direction de Winler. En
1819, il se rendit en Italie et fut engagé pour
écrire l'opéra laRappresaglia, pour le théâtre
de la Scala, à Milan. Cet ouvrage, représenté
avec succès le 2 septembre de la même année,
l'ut joué ensuite sur plusieurs théâtres, et fit ob-
tenir au compositeur un nouvel engagement
pour celui de la Fenice, à Venise. Costantino
était le titre de ce second opéra, qui, accueilli
avec beaucoup de faveur, au mois de février
1820, malgré les préventions des Italiens de
cette époque contre les compositeurs étrangers,
fut joué aussi avec succès à Padoue et au
théâtre italien de Munich. Rappelé à Milan, en
1821, Stunz y donna, au mois de juin, sur le
théâlre de la Scala, son opéra Elvira c Lu-
cindo} et alla, dans l'année suivante, écrire à
Turin Argent ed Almira, qui réussit égale-
ment. Après quatre essais heureux sur des
scènes qui tiennent le premier rang en Italie,
la carrière du compositeur semblait tracée;
mais rappelé à Munich pour y prendre la di-
rection du chant et des chœurs du théâtre alle-
mand, Stunz se laissa séduire par l'appât d'une
position stable, à l'abri des éventualités capri-
cieuses du théâtre, et accepta les propositions
qui lui étaient faites. Déjà il avait donné à Mu-
nich l'opéra allemand Henri IF à Givry. En
1824, il écrivit Caribald, dont l'introduction
et le finale furent remarqués, et deux ans après
il donna à Vienne Schloss Lowinshj (Le châ-
teau deLowinsky). Ses derniers ouvrages pour
le théâtre sont la musique du ballet Alasmun
el Balsora, représentée Munich, en 1831, et
Rosa, opéra composé pour la même ville, en
18-515. Il avait succédé à Frsenzel, en 1824,
dans la direction de l'Opéra allemand. Après
la mort de Winter, en 1826, il obtint la
place de maître de la chapelle royale. Le trai-
tement attaché à cette place n'était que de
mille deux cents florins (moins de trois mille
francs); c'était bien peu. J'ai trouvé à Munich,
en 1849, le pauvre Stunz fort découragé : il se
sentait éteindre dans un pays dont la popula-
tion ne prend quelque intérêt qu'à la musique
de théâtre. L'objet principal de ses travaux,
depuis sa nomination à la place de maître île
chapelle, fut la musique d'église. 11 a écrit
plusieurs messes solennelles avec orchestre ;
d'autres pour les voix avec orgue, des motels,
des offertoires, un très-beau Stabat Mater,
composé pour Vienne, en 1822, des chants en
chœur, des symphonies, une cantate pour
l'entrée de l'empereur d'Autriche à Munich, et
une autre pour l'inauguration du JTalhalla.
Stunz est mort à Munich, le 18 juin 1859. Outre
les ouvrages cités ci-dessus, ses autres produc-
tions consistent en deux ouvertures, op. 7 et 9;
Leipsick, Breilkopf et Hœrlel ; un quatuor
pour deux violons, alto et basse, op. 8; Augs-
bourg, Gombart; des nocturnes à deux voix;
le chœur Der wilde Jager (Le chasseur sau-
vage), qui a obtenu un succès d'enthousiasme,
en 1837, et le Chant des héros à Walhalla,
pour quatre voix d'hommes avec des instru-
ments de cuivre, publié à Munich, chez Falter.
STYLES (François-!! atkins-Eyles). f 'oyez
STILES.
SUARD (Jean-Baptiste Antoine), membre
de l'Académie française, né à Besançon, le
15 janvier 1734, mourut à Paris, '.e 20 juillet
1817, à l'âge de quatre-vingt-six ans. L'his-
toire de sa vie et de ses travaux littéraires n'ap-
partient pas à ce dictionnaire biographique;
il n'y est cité que pour la part qu'il prit, avec
l'abbé Arnaud, aux querelles des gluckistes
et des piccinnistes. Partisan déclaré de la mu-
sique de Gluck, il écrivit dans le Journal de
Paris et dans le Mercure de France, sous le
nom de V Anonyme de Vaugirard, quelques
articles piquants contre ses antagonistes. Ces
morceaux ont été réunis dans les Mémoires
pour servir à l'histoire de la révolution
opérée dans la musique par M. le chevalier
Gluck (Paris, 1781, un volume in-8r), et dans
les Mélanges de littérature île Suard, Paris,
Dentu, 1804-1805, cinq volumes in-8°, avec
quelques autres écrits relatifs à la musique.
Suard a fait insérer dans le premier volume
des Variétés littéraires (Paris, Lacomoe,
1770. quatre volumes in-12), une Lettre sur
un ouvrage italien, intitulé II Tcalio alla
SUARD — SUDRE
165
moda (de Marcello), p. 192-220. Il est aussi
fauteur du supplément de VEssai sur la mu-
sique, de Lahorde (tome IV, pages 457-474).
Enfin, il a fourni quelques articles au Diction-
naire de musique de V Encyclopédie métho-
dique.
SUDRE (JEAN-FaàNçois), né à Alby (Tarn),
le 15 août 1787, apprit la musique dès son en-
fance, et fut envoyé comme élève au Conser-
vatoire de Paris, où il fut admis le 12 mai
180G. Il y reçut des leçons de violon d'Habe-
neck, et Catel lui enseigna l'harmonie. De
retour dans le Midi de la France, il enseigna
d'abord le chant, la guitare et le violon à So-
rèze; mais, en 1818, il s'établit à Toulouse, et
y fonda une école d'enseignement mutuel pour
Ta musique. Vers le même temps, il publia
quelques romances avec accompagnement de
piano et de guitare, des nocturnes, des trios et
des quatuors de chant, avec ou sans accompa-
gnement. En 1822, Sudre se rendit à Paris, où
il ouvrit un magasin de musique, qu'il aban-
donna quelques années après. Depuis 1817,
il s'était préoccupé de la possibilité de for-
mer un système de signes par les sons des
instruments de musique, et de le faire servir à
établir avec rapidité des communications loin-
laines. Celle idée première mûrit lentement
dans l'esprit de l'inventeur. Au mois de jan-
vier 1828, il crut que sa langue musicale était
assez bien combinée pour être soumise à l'exa-
men de l'Institut de France. Une commission,
composée de Prony, Arago, Fourier, Baoul-
Rochetle, Cherubini, Lesueur, Berlon, Catel
et Boieldieu, donna des éloges à cette décou-
verte, et termina son rapport par ces mots :
La commission croit que ce nouveau moyen
de communication de la pensée peut o/frir
de grands avantages, et que le système de
M. Sudre renferme en lui tous les germes
d'une découverte ingénieuse et utile. Des ex-
périences faites ensuite au Champ-de-Mars,
par ordre du ministre de la guerre, en présence
de plusieurs officiers généraux, démontrèrent
*pie l'application de cette langue musicale dans
les opérations militaires, au moyen de signaux
donnés par un clairon, pouvait faire parvenir
des ordres à de grandes distances, et donner
le retour du message dans l'espace de quinze
secondes. Le rapport des généraux au ministre
de la guerre donna des éloges sans restriction
au nouveau moyen de communication, que
Sudre appela depuis lors Téléphonie. Il en
fut de même du rapport d'un comité de la
marine. En 1833, l'inventeur de la téléphonie
commença à donner des séances publiques
dans lesquelles il excita vivement la curiosité
par la traduction instantanée de phrases
dictées, au moyen de trois notes d'un cornet
ou d'un clairon, diversement combinées dans
les intonations ou dans la mesure et le
rhylhme. Tous les journaux signalèrent l'in-
térêt de ces séances dans des analyses élo-
gieuses. Un nouveau rapport de toutes les aca-
démies de l'Institut de France approuva, le
14 septembre 1833, les perfectionnements pro-
gressifs introduits par Sudre dans sa langue
musicale. Dans ses voyages en France, en Bel-
gique, en Angleterre, partout, enfin, il a été
accueilli avec intérêt et comblé d'éloges. Lui-
même a recueilli dans une brochure de
soixante-deux pages in-8° les rapports officiels
dont son invention a élé l'objet, ainsi que les
opinions des journaux ; cette brochure a pour
litre : Rapports sur la langue musicale in-
ventée par M. F. Sudre, approuvée par Vin-
stitut royal de France , et opinion de la
presse française, belge et anglaise, stir les
différentes applications de cette science;
Paris, 1838, in-8°. Les derniers perfectionne-
ments de la langue musicale imaginés par
Sudre onl consisté à faire disparaître la néces-
sité de l'intonation et du son, en la formant
simplement d'éléments rhylhmiques, en faveur
d'une classe d'infortunés, heureusement peu
nombreuse, qui sont à la fois aveugles, sourds
et muets. Par des attouchements rhylhmiques
des mains, toutes les idées et les faits peuvent
être communiqués immédiatement. La section
de musique du jury de l'exposition internatio-
nale de Londres, en 1862, fut appelée à juger
la valeur de ces perfectionnements, et dans la
séance consacrée à cet objet, nous dictâmes
par écrit plusieurs phrases qui, lues par Sudre,
furent transmises par lui à la personne qui
devait les traduire, sans aucune autre commu-
nication que le contact des mains. Toutes les
traductions furent instantanées et d'une exac-
titude parfaite, entre autres celle phrase, qui
fut rendue mot pour mot : Nous allons nous
séparer ; qu'on fasse approcher des voitures
pour chacun de nous. Déjà le jury de l'expo-
sition universelle de Paris, en 1855, avait voté
une récompense de dix mille francs pour l'in-
venteur de lalanguemusicale : celle somme fut
payée à Sudre par le gouvernement français. Le
jury de l'exposition internationale de Londres,
à qui Sudre communiqua la grammaire et le
vocabulaire de la Téléphonie, qui n'ont point
encore élé publiés, a demandé au même gou-
vernement qu'une pension viagère fut accordée
à son inventeur. Celle demande fut accueillie;
166
SUDRE — SULZER
mais Sudre ne jouit pas longtemps de cette
amélioration de sa position, car il mourut à
Paris, le 3 octobre 1862. Il a composé et pu-
blié quelques solos de violon avec orchestre ou
piano, des romances, des nocturnes à deux et
trois voix, et les chants patriotiques la Co-
lonne et le Champ d'Asile, dont il a été fait
plusieurs éditions.
SUEVUS (Gaspard), recteur du collège de
Lowenberg, en Silésie, naquit dans cette ville,
en 1577, et mourut le 21 octobre 1625. Il fit
imprimer en 1612, un programme académique
in Fest. Gregor. Schola? Leoburgensis, qui
contient l'éloge de la musique.
SUEVUS (Félicien), gardien du couvent
des capucins de Strasbourg, vers 1650, .passa
ensuite au couvent d'Inspruck, où il était en-
core en 1661. Il a publié de sa composition :
\"Cithara patientis Jobi versa in luctum,
motets à trois voix, deux violons et basse con-
tinue; Strasbourg, 1647. 2° Magnificat seu
Faticinium Dei Parentis, semper Virginia,
cum hymno Ambrosiano et falsi bordoni
Avocibus, adjuncto choro secundo cum vio-
lonis et symphoniis non necessariis ; In-
spruck, 1651, in-4°. 3° Psalmi vespertini
5 voc; ibid., 1651, in-4°. 4° Fasciculus mu-
sicits sacrorum concentuum, trium vocum
tam instrumentorum quam vocalium, etc. ;
ibid., 1656, in-4°. 5° Lilania B. M. f'irginis
Laurelanx von 2 oder 3, oder 5 Stimmen,
ibid., 1661, in-4°. 6° Sacra Ercmus piarum
cantionum 2 et 3 foc. cum 2 violinis. 7° Mo-
tettia 2, o, 4 et 5 voci cum violini. 8° Tuba
sacra, seu converti a 1,2, 3 voci. 99 Magni-
ficat a 3 voci.
SUIRE (Robert-Martin LE), ou LE-
SUIRE, littérateur, né à Rouen, en 1737, se
rendit à Paris après avoir achevé ses éludes, et
y obtint la place de lecteur du duc de Parme.
Il suivit son élève en Italie, puis fit plusieurs
voyages en Angleterre. De retour à Paris, il
s'y mit aux gages de libraires et publia des
poésies et des compilations médiocres, de mau-
vais romans et quelques morceaux de polémi-
que. Échappé aux orages de la révolution, il
fut nommé professeur de législation à l'école
centrale de Moulins, perdit celte place à l'épo-
que de l'organisation des lycées, et revint à
Paris, où il mourut le 27 avril 1815. Ce liltéra-
leur n'est cité dans la Biographie 'universelle
des musiciens que pour un pamphlet pseudo-
nyme concernant la musique des opéras de
Gluck, intitulé : Lettre de M. Camille Trillo,
fausset de la cathédrale d'Auch, sur la mu-
sique dramatique; Paris, 1777, in-12.
SLLTZRERGER (Jean-Ulrich), direc-
teur de musique et virtuose sur le zink (1), à
Berne, au commencement du dix-huitième
siècle, a mis en musique à quatre parties, en
contrepoint simple de note contre note, les
Psaumes de David traduits en vers allemands
par Ambroise Lobwasser. Cet ouvrage a été
publié sous ce litre : Fierstimmiger Psalmen-
buch; das ist, Psalmen David' s, durch
D. Ambr. Lobwasser in teutsche Reymen
gebracht, worinn die hochclevierten Psal-
men transponierty etc.; Berne, Daniel Tschif-
felt, 1727, petit in-8° de six cent quarante et
une pages. On trouve en tète du volume des
principes abrégés de musique.
SULZER (Jean-Georges), littérateur et
membre de l'Académie royale des sciences de
Berlin, naquit à "VYinterthur, en 1719. Après
avoir fait ses études dans sa ville natale et à
Zurich, il remplit pendant quelque temps des
fonctions pastorales dans un village, puis fut
instituteur à Magdebourg, et, enfin, profes-
seur de mathématiques à Berlin. Il fut admis
à l'Académie des sciences de cette ville, en
1750, et plus tard y eut le titre de directeur de
la section de philosophie. Il mourut à Berlin,
le 27 février 1779. Au nombrede ses ouvrages,
on trouve celui qu'il publia en français sous ce
litre : Pensées sur l'origine et les différents
emplois des sciences et des beaux-arts, dis-
cours prononcé dans rassemblée royale des
sciences et des belles-lettres, le 27 de janvier
1757, Berlin, in-8° de quarante-huit pages~
C'est le fond de cet écrit qui est devenu la
base de celui que Sulzer a publié plus tard en
allemand, et qui est intitulé : Die Schœnen
Kiinste in ihrem Ursprunge, ihrer wahren
Natur und besten Amcendung betrachtet;
Leipsick, 1772, in-8° de huit feuilles. Mais
l'ouvrage qui a rendu célèbre le nom de Sul-
zer est son encyclopédie des arts intitulée :
Allgemeine Théorie der schœnen Kiinste in
einzeln, nach alphabetischer Ordnung der
Kunstivœrter auf einander folgenden Arti-
keln abgehandelt (Théorie générale desbeaux-
arls dans leur spécialité, en forme de diction-
naire par ordre alphabétique, etc.), dont la
première édition parut à Leipsick, en 1772,
deux volumes in-4°, et dont la dernière, aug-
mentée de beaucoup d'articles, a été publiée
dans la même Tille, en 1792-1794, quatre vo-
lumes in-8°. Agricola, Kirnberger et Jean-
Ci) Sorte de cornet en bois, courbé et percé de trous,
le plus ancien des instruments à vent du moyen âge,
resté en usage dans quelques parties de la Suisse et de
l'Allemagne.
SULZER — SUPPÉ
167
Abraham-Pierre Scbltlz ont fourni les arlicles
de musique pour ce livre; les meilleurs sont
ceux de Schtilz. Blankenburg, qui a publié la
dernière édition du livre de Sulzer, en a donné
un supplément très-utile intitulé : Littera-
rische Zusxtze zu Johann George Sulzers
allgemeiner Théorie der schœnen Riinste 7etc;
Leipsick, 1796-1798, trois volumes in-8°. Le
Dictionnaire des Beaux-Arts, de Millin, ren-
ferme la traduction des principaux arlicles de
l'ouvrage de Sulzer. Parmi les morceaux que
ce savant a fait insérer dans les Mémoires de
l'Académie de Berlin , on trouve celui-ci :
Description d'un instrument fait pour noter
les pièces de musique, à mesure qu'on les
exécute sur le clavecin (ann. 1771).
SULZER (François-Joseph), auditeur mi-
litaire à Vienne, naquit à Laufenbourg, dans
le Brisgau, et mourut à Vienne, en 1790. On
a de lui un livre intitulé : Geschichte des
transalpin. Daciens, etc. (Histoire de la Da-
cie-transalpine, c'est-à-dire de la Valachie, de
la Moldavie et de la Bessarabie); Vienne,
1781 et 1782, trois volumes in-8". Il y donne
une notice très-détaillée de la musique des
Turcs et des Grecs modernes.
SULZER (Jean-Antoine), docteur en droit,
et bailli de l'abbaye de Kreuzlingen, s'est fait
connaître, dès 1782, comme compositeur et
comme auteur d'écrits sur la philosophie et la
morale. Il vivait encore à Sulzbach en 1827.
Ses œuvres musicales sont : 1° Quatre sonates
pour clavecin avec un violon, op. 1 ; Man-
heim. 2° Quatre idem, op. 2; Spire. 5° Quatre
solos pour violon, op. o; Spire. 4° Chansons
de Lavater, premieret deuxième recueils; Zu-
rich.
SULZER (Salomon), né en 1804àHohen-
ems, en Autriche, de parents israéliles, a fait
de bonnes études dans sa jeunesse, et a cultivé
particulièrement la littérature hébraïque. Un
goût passionné pour la musique le fit se livrer
avec ardeur à l'étude du chant, et ses progrès
dans cet art furent si rapides, qu'à l'âge de
dix-sept ans, il était déjà premier chantre de
la synagogue de sa ville natale. Quelques an-
nées après, il fut appelé en qualité de chantre
supérieur de la nouvelle et belle synagogue de
Vienne. Il y forma un excellent chœur qui,
sous sa direction, exécute avec perfection les
choses les plus difficiles. Sulzer, élève de Sey-
fried pour la composition, a écrit pour le ser-
vice de sa synagogue des hymnes remarquables
par l'originalité et la fantaisie.
SU!>DELII\ (Augustin), clarinettiste et
compositeur de danses allemandes à Berlin,
membre de la musique de la chambre du roi
de Prusse, fut pensionné de la cour, après
vingt-cinq ans de service, et mourut le 6 sep-
tembre 1842, à Berlin. Il s'est fait connaître
par la publication de quelques cahiers de
danses et de valses ainsi que par des Lieder,
et surtout par deux ouvrages didactiques in-
titulés : 1° Die Instrumentirung fur das
Orchestre, oder Nachweisungen iiber aile bei
demselben gebrauchliche Instrumente , etc.
(L'instrumentation pour l'orchestre, ou ren-
seignements sur tous les instruments qui y
sonten usage, etc.); Berlin, 1828, Wagenfuhr,
in-4°. 2° Die Instrumentirung fur sœmmt-
liche Militar-Musik-Chaere, etc. (L'instru-
mentation pour tous les corps de musique
militaire, etc.); ibid., 1828, in-4°.
SUI\DELII\ (Charles), docteur en méde-
cine et professeur à Berlin, vraisemblablement
frère du précédent, est auteur de beaucoup
d'ouvrages relatifs à la médecine et à la chi-
mie, parmi lesquels on remarque un opuscule
intitulé : Aerzttîchen Rathgeber fiir Musik-
treibende. Nach den Angaber des kœnigl.
Preussischen pensionnirten Kammermusi-
kus Auguste Sundelin zusammengetragen
(Conseils médicaux pour les musiciens de pro-
fession,d'après les vues du musicien de chambre
pensionné du roi de Prusse, Augustin Sunde-
lin) ; Berlin, 1852, Grœbenschulz, in-8° de
cinquante-huit pages.
SUPPÉ (FrantzDE), né le 18 avril 1820,
à Spalalro, en Dalmalie, était encore enfant
lorsqu'il fit des premiers essais de composi-
tion, sans aucune connaissance des règles de
l'art d'écrire. En 1859, il se rendit à Vienne
avec le projet de fréquenter les cours de l'uni-
versité; mais bientôt il abandonna l'élude des
sciences pour se livrer exclusivement à la cul-
ture de la musique. Il apprit à jouer de plu-
sieurs instruments à vent, particulièrement de
la flûte ; et le chevalier de Sey fried lui enseigna
la composition. Après avoir occupé pendant
quelque temps la place de chef d'orchestre du
théâtre Josephstadt, il passa, en la même qua-
lité, au théâtre An der Wien (Sur la Vienne),
où ilremplitencoresesfonctions(1864). Cetar-
tisle a composé la musique de plusieurs opéras,
au nombre desquels on remarque : Das Mxd-
chen vom Lande, joué à Vienne, en 1847; des
vaudevilles, donlDie Mùllerin von Burgos (la
Meunière de Burgos) ; des ouvertures, des en-
ir'actespourdes drames, et quelques morceaux
de musique d'église. On connaît aussi sous son
nom plusieurs symphonies, des quatuors pour
des instruments à cordes, et beaucoup de
168
SUPPÉ — SUSATO
Lieder. Il y a de la fantaisie el du talent dans
plusieurs de ces œuvres.
SUREMAIN DE MISSERY (Awtoise),
ancien officier d'artillerie, membre de la So-
ciété des sciences de Paris, et de l'Académie
de Dijon, naquit dans celle ville, le 25 janvier
17C7. Depuis 1797, il était fixé à Beaune. Au-
teur de plusieurs ouvragesde philosophie et de
mathématiques, il a publié un livre intitulé :
Théorie acoustico-musicale, ou De la doc-
trine des sons rapportée aux principes de
leurs combinaisons ; Paris, Didot, 1793, un
volume in-8° de quatre cent quatre pages. Bien
que celte théorie n'aboutisse point à la forma-
tion rationnel le d'un système de tonalité, comme
le croyaient l'auteur et l'Académie royale
des sciences qui approuva son ouvrage, elle
n'en est pas moins digne d'estime par l'ana-
lyse rigoureuse d'une multitude de faits inté-
ressants, et par la réfutation victorieuse de
beaucoup d'erreurs auparavant émises. Vingt-
trois ans après la publication de son livre,
Suremain de Missery revint à l'examen de
la théorie des intervalles des sons par un
écrit intitulé : Méprises d'un géomètre de
l'Institut, manifestées par un provincial;
ou Observations critiques sur le traité de
physique expérimentale et mathématique de
M. Biot, en ce qui concerne certains points
d'acoustique et de musique; Paris, Denlu,
1810, in-8n de soixanle-qualorze pages de
texte, et de XXIV pages de préface. Celle pré-
face nous apprend que Suremain de Missery a
composé un traité de la Géométrie des sons,
ou Principes d'acoustique pure et de musique
scient ifique, donl son premier ouvrage n'élait,
dil-il, que le prélude et une ébauche informe.
Venu à Paris, en 1816, pour obtenir un rap-
port de l'Académie des sciences sur cet impor-
tant travail, on lui donna pour commissaires
chargés de l'examiner, Prony, HaUy el Biot.
Celui-ci venait de publier son nouveau Traité
de physique expérimentale et mathématique,
dans lequel il a reproduit toutes les anciennes
erreurs concernant la formation de la gamme
par les proportions arithmétiques des inter-
valles des sons. Éclairé trop tard sur sa fausse
théorie par le travail manuscrit de Suremain
de Missery, il aurait, suivant la préface de ce
savant, élevé des difficultés contre l'ouvrage,
feint de prendre le change sur le sens de la
théorie qui y était contenue, et refusé de s'ex-
pliquer avec clarté contre elle, parce qu'il ne
pouvait 1'allaquer par de bons arguments. Le
résultat fut qu'il n'y eut pas de rapport, et que
Suremain de Missery ne crut pas devoir publier
son travail; mais il attaqua, dans la brochure
dont il vient d'être parié, les erreurs de calcul
et de doclrine émises par Biot dans son Traité
de physique expérimentale, et l'on est obligé
d'avouer que ses arguments analytiques sont
accablants pour l'académicien. M. Brossard,
juge au tribunal de Chalon-sur-Saône (voyez
ce nom),etami de Suremain de Missery, ayant
eu communication de l'ouvrage inédit de ce
savant, fut autorisé à publier un exposé de la
nouvelle doctrine mathématique qui y est con-
tenue, en ce qui concerne les proportions des
intervalles des sons. On y voit que les rapports
numériques adoptés par les géomètres ne con-
stituent pas la gamme de la tonalité moderne;
que ces rapports sont variables dans les ten-
dances attractives des accords, et que le nombre
des intonations résultantes des variétés d'al-
traclions, dans les modulations, s'élève à
quarante-huit dans l'étenduede l'octave. Dans
le cours de philosophie et d'histoire de la mu-
sique, que j'ai professé à Paris, en 1832, j'ai
présenté l'exposé d'une théorie analogue, ba-
sée sur des considérations psychologiques. Su-
remain de Missery a fourni la plupart des
articles d'acoustique contenus dans le Dic-
tionnaire de musique de l'Encyclopédie mé-
thodique. Il est mort à Beaune, le 13 avril 1852.
SUSATO (Tylman ou Tyleman). l'oijnz
TYLMAKÏ SUSATO.
SUSATO (Jean DE), ainsi nommé vrai-
semblablement du lieu de sa naissance, ^o?*^
ville fortifiée de la AVeslphalie, dont le nom
latin est Susatum. Il fut docteur en médecine,
savant dans la musique, el vécut vers le mi-
lieu du quinzième siècle ; enfin, il avaiteessé
de vivre avant 1511, car Sébastien Virdung,
qui nous fournit ces renseignements, dans son
livre intitulé : Musica getutsch vnd ausge-
zogen, lequel fut imprimé à Bàle dans celte
année, en parle en ces termes : « J'ai vu cet
» instrument dans un grand livre en parche-
» min où se trouvaient les dessins et les des-
» criptions de plusieurs instruments par feu
a mon maître Jean de Zusato, docteur en
» médecine. Ce livre est composé et écrit par
» lui-même (1). » L'ouvrage et son auteur ont
été inconnus à tous les biographes el biblio-
graphes.
(1) Icli habderselhen instrument such etlieh g'malel
vnd beschreiben gesetzen, durch meynen nteister seligen
iohannen de zusato, doctor drsartzney, in einen grossen
beigamenen bueb, das er selb componiert vnd geschrei-
ben liât. (Celte orthographe est eel le du livre de Virdung,
el les substantifs n'y sont pas distingués par des capi-
tales.)
SUSSMAYER - SYVELINCK
1C9
SUSSMAYER (François-Xavier), com-
positeur de mérite, naquit en 17CG, à Steyer,
petite ville de la Haute-Autriche. Ayant été
admis comme enfant de chœur dans la célèbre
ahhayedes Bénédictins de Kremsmunster, il y
fit ses éludes littéraires, et y apprit la théorie
de la musique sous la direction de Paslerwilz.
Fort jeune encore, il s'essaya avec succès dans
tous les genres de composition, et écrivit des
chants à plusieurs voix, des symphonies, des
messes, des psaumes, motets, cantates, qui lui
donnèrent de bonne heure beaucoup d'expé-
rience dans l'art d'écrire. Arrivé à Vienne, il
acheva de s'instruire dans le chant et dans la
composition par les leçons de Salieri, et se lia
d'une intime amitié avec Mozart, qui lui donna
aussi des conseils. A son lit de mort, ce grand
compositeur lui confia la tâche d'achever sa
messe de Reqttiem, et lui donna des instructions
pour ce travail presque jusqu'au moment où il
expira. On sait que la veuve de ce grand homme,
pleine de confiance dans le talent de Sllss-
mayer, lui remit en effet la partition du fameux
Requiem de son mari pour la terminer. En
1792, ce jeune compositeur obtint la place de
chef d'orchestre au théâtre national de Vienne,
et deuxans après il joignit à celle position celle
de second chef de l'orchestre du théâtre de la
cour. Les premiers ouvrages de SUssmayer
pour la scène furent : 1° Moïse, petit opéra
composé pour le théâtre de Schikaneder, en
1792. 2° Die schœne Schuslerin (La belle cor-
donnière), petit opéra; ibid. 5° L'Incanto
superato, opéra bouffe, au théâtre de la cour,
à Vienne, en 1793. 4" Dcr Spiegel ans Arka-
dien (Le tableau d'Aicadie), en deux actes, à
Vienne, en 1794. Cet ouvrage a élé publié à
Vienne sous le litre : Die neuen Arcadier
{Les modernes Arcadicns). Dans celte même
année, il fit un voyage à Prague, et y fit re-
présenter, pour l'anniversaire de la naissance
de l'empereur, son opéra le Turc à Naples,
qui eut un brillant succès. Il écrivit aussi, pour
celle circonstance, une cantate qui fut exé-
cutée à l'université, et qu'on a publiée à
Prague.
De retour à Vienne, SUssmayer y donna, en
1795, Die edle Rache (La noble vengeance),
■opéra-comique. Cet ouvrage fut suivi de / due
Gobbi, opéra bouffe, composé pour le théâtre
de la cour, en 1790; Die Freywilligen (Les
volontaires), drame avec chant pour lequel
SUssmayer reçut de l'empereur une tabatière
d'or(179G); Der JFildfang (La chasse), opéra-
comique, en 1798; Der Marktschrcyer (Le sal-
timbanque), opéra-comique, en 1799; Soliman
der Zweyte, oder die beyden Sullanninnen
(Soliman II, ou les deux Sultanes), opéra-
comique, 1800; Gulnare, opéra bouffe pour le
théâtre de la cour, en 1800; Liebe macht
kurzen Prozess (l'Amour termine vile un pro-
cès), opéra-comique, en 1801; Phasma,
opéra-comique, en 1801. On a gravé les parti-
tions pour piano des Nouveaux Arcadiens
(Vienne, Artaria), de la Chasse, ibid., de So-
liman II, de Phasina, et de la canlale pour
l'archiduc Charles. Divers morceaux des autres
opéras de SUssmayer et quelques-unes de ses
cantates ont élé publiés. Ce compositeur dis-
tingué mourut à Vienne, le 17 septemhre 1805,
à l'âge de trente-sept ans.
On sait que Godefroid Weber a attribué à
SUssmayer la plus grande partie de la partition
de la messe de Requiem publiée sous le nom de
Mozart, et que celle allégation a soulevé une
vive polémique en Allemagne; mais SUssmayer
lui-même a expliqué, dans une lettre datée d'il
8 septembre 1800, et insérée dans la Gazette
musicale de Leipsick (octobre 1801), la pari
qu'il a [irise à cet ouvrage ; les quatre derniers
morceaux du Dies ira:, le Sanctus, le Bene-
dictus ei VAgnus Dei lui appartiennent, et il
a instrumenté tout le reste d'après la basse
chiffrée el quelques indications manuscrites de
Mozart. (Voyez Mozart.)
SUTOR (Guillaume), né à Munich, vers
1780, reçut des leçons de chant de Valesi,
chanteur de la cour, el apprit aussi à jouer du
piano, du violon, ainsi que les règles de l'har-
monie et du contrepoint. Après avoir élé at-
taché pendant quelques années au service du
prince-évêque d'Eichstadt, en qualité de chan-
teur, il fut appelé à Stuttgart avec le titre de
mailie de chapelle, et chargé de la direction
de l'Opéra. En 1816, il accepta la place de
maître de chapelle à Hanovre, et la conserva
jusqu'à sa mort, arrivée en 1828. Sutor a écrit
à Stuttgart deux symphonies à grand or-
chestre, qui sont restées en manuscrit, ainsi
que la musique pour le drame de Macbeth. Il
a publié quelques compositions pour la flûte,
des ouvertures pour piano à quatre mains,
quelques autres morceaux pour le même in-
strument, plusieurs cahiers de chants pour
quatre voix d'hommes, et des chansons alle-
mandes à voix seule avec accompagnement de
piano. La plupart de ces ouvrages ont paru à
Hanovre, chez Bachmann.
SWELINCK (Jean-Piehhe), ou SWE-
LIHG, ou, enfin, SWEELINCR (1), orga-
(I) La première orthographe de ce nom est celle qui se
trouve sur les éditions desouvrages de l'artiste, publiées
170
SWELINCK - SYFERT
niste à l'église principale «l'Amsterdam, naquit
à Deventer, vers 1540. Doué d'un génie heu-
reux pour la musique, il s'y adonna «le bonne
heure, et par un travail assidu, acquit dès sa
jeunesse une grande habileté sur l'orgue et
sur les instruments à clavier alors en usage.
Désirant étudier les principes de la composi-
tion, il se rendit à Venise, en 1557, et se mit
sous la direction de Zarlino. De retour dans sa
pairie, il ne larda point à s'y faire une grande
réputation : on le considéra comme le plus
grand organiste du monde : il était, en effet,
l'un des plus habiles. On lui conféra la place
d'organiste de l'église principale d'Amster-
dam : lorsqu'il jouait, les habitants accouraient
en foule pour l'entendre. On doit considérer
Swelinck comme le fondateur et le père de la
grande école des organistes allemands, car il
eut pour élèves Melchior Schild, de Hanovre,
Paul Syffert, «le Dantzick, Samuel Scheidt, de
Halle, Jacques Schultz ou Piœlorius et Henri
Scheidmann, maître de Jean-Adam Reinke et
«le toute l'école de Hambourg. Lorsqu'on songe
que de tous les noms que je viens de citer, il
n'en est aucun qui n'ait acquis le plus haut
«legré de célébrité, on doit en conclure que
Swelinck avait à la fois une méthode «l'exécu-
tion supérieure et l'art de la communiquer.
Quelques négociants d'Amsterdam, admira-
teurs de son talent, désirant assurer son exis-
tence dans sa vieillesse, lui empruntèrent deux
cents florins, pour les faire valoir dans leurs
entreprises, à condition «|u'ils supporteraient
seuls les pertes, et que Swelinck profiterait des
bénéfices. Ce capital modique produisit, au
bout «le «iiiebiues années, la somme considé-
rable de quarante mille florins, «iiit mit le vieil
artiste dans l'aisance. Il mourut en 1622. Ses
compositions connues sont : 1° Psaumes en
hollandais, traduits par Lobivasser , à
quatre et huit voix. 2° Chansons françaises
à quatre et cinq voix; Anvers, 1592, in-4°.
5° Chansons à cinq parties; ibid., 1593, in-4°.
A" Niew Chyterboeck (Nouveau livre de Gui-
tare); Amsterdam, 1602, in-4°. 5° Rimes
françaises et italiennes, mises en musique à
deux et trois parties avec une chanson à
quatre; Leyde, 1612, in-4°. 6° Psaumes mis
en musique à quatre, cinq, six, sept et huit
parties, liv. 2; ibid., 1613, in-4°. 7° Idem,
liv. 5; ibid., 1614,in-4°. $° Des iveitberiihmter
à Amsterdam, à Leyde et à Anvers, chez Pierre Phalésc;
la seconde se lit dans les recueils de Tjlman Susato,
publiés à Anvers; la troisième est au titre des Psaumes
à 4 voix, <le Swelinck, imprimes à Berlin, par Georges
Kungcr, en 1610, iu-i».
MusiciundOrganisten zu Amsterdam vier-
stimmige Psalmen, auss dem ls,en , 2tcn und
3tcn Theil. ,elc; (Psaumes à 4 voix des anciens
musiciens et organistes d'Amsterdam, pre-
mière, deuxième et troisième parties). Berlin
et Francfort-sur-l'Oder, 1616. 9° Livre
deuxième et troisième des Psaumes^ nouvelle-
ment mis en musique à quatre et à huit par-
ties; Amsterdam, 1618. 10° Livre quatrième et
dernier des Psaumes, etc.; Amsterdam, 1622.
11° Cantiones sacrx cum basso continua,
5 vocum; Anvers, 1623. 12° Quelques pièces
d'orgue de Swelinck se trouvent dans un re-
cueil manuscrit de tablature pour cet instru-
ment in-fol., daté de 1673, contenant aussi des
compositions de Frescobaldi, de Galli, de
Froberger, de Hammerschmidt, de Strunck
et de Melchior Schild. Ce recueil est à la bi-
bliothèque royale de Strasbourg. On attribue à
Swelinck une traduction hollandaise des Insti-
tutions harmoniques de Zarlino.
SWIETEIY (Godefuoid, baron VAN).
l 'oyez VAN SWIETEN.
SWOBODA (Thomas), bon organiste et
«iirecteur «le musique à l'église de Pelgrim, en
Bohême, mourut dans cette ville, le 17 mai
1727. Il a laissé en manuscrit quelques messes,
des motets et offertoires.
SWOBODA (Auguste), professeur de mu-
sique à Vienne, né en Bohême, en 1787, fut
d'abord attaché à l'orchestre du comte Pachta,
à Prague, en qualité de clarinettiste, puis fut
chef de musique d'un régiment d'infanterie,
et, enfin, s'établit à Vienne, en qualité de
professeur de musique. Dans sa vieillesse, il
se retira à Prague, où il est décédé, le 17 mai
1856. II s'est fait connaître avantageusement
par les ouvrages suivants : 1° Allgemeine
Théorie des Tonkunst (Théorie générale de la
musique); Vienne, Ant. Strauss, 1826, in-8".
2° Hurmonielehre (Science de l'harmonie);
Vienne, 1828-1829. Deux parties in-8°. La
première partie renferme les éléments de
l'harmonie. La deuxième ceux du contrepoint.
Cette seconde partie a pour litre : Anleilung
zum einfachen und doppelten Contrapuncte
(Introduction au contrepoint simple et double);
Vienne, 1829, in-4" de X et cent douze pages.
Ces ouvrages ont été publiés pour les cours
faits par l'auteur, à Vienne. 3° Instrumenti-
rungslehre(An de l'instrumentation); Vienne,
1832, in-folio obi. de trente pages, avec cinq
morceaux de musique en partition.
SYEEB.T (Paul), organiste de l'église
Sainte-Marie, à Dantzick, naquità Dresde, dans
les dernières années du seizième siècle, et alla
SYFERT — SZYMANOWSKA
171
faire ses éludes musicales à Amsterdam, sous la
direction deSwelinckfuo^es ce nom). De retour
à Dresde, il y publia une collection des anciens
motetsde divers auteurs, à trois, quatre et cinq
voix, dont le titre et la date sont sortis de ma
mémoire. Syfert entra dans sa jeunesse à la
chapelle du roi de Pologne Sigismond III.
En 1620, il fut nommé organiste à Dantzick;
il occupait encore cette place en 1645. Ayant
publié un recueil de psaumes de sa composi-
tion, sous le titre de Trilicum Syfertinum,
il fut vivement critiqué dans un pamphlet de
Scacchi {voyez ce nom), auquel celui-ci avait
donné le titre, de Cribrum musicum ad tri-
ticum Syfertinum, etc. Syfert répondit à son
antagoniste par V Anticribralio musica, ad
avenant Scacchianam, hoc est ocularis de-
monstratio crassissimorum errorum quos
Marcus Scacchius auctor Ubri, ann. 1643
Veneliis edili, quem Cribrum musicum ad
trilicum Syfertinum baptizavit ,passim in eo
commisit, cum annexa Syferti juxta defen-
sione honoris acbonx famx , adversus ampul-
las et falsilates Scacchianas,in usum studio-
sorum musices, et defensionum innocentix
autoris, public.v luci commissa; Dantzick,
1645, in-folio de neuf feuilles. Voyez, poul-
ies suites de cette affaire, la biographie de
Scacchi.
SYLVA (Manuel-Ncnez DE), prédicateur
à Lisbonne, dans les dernières années du dix-
septième siècle, fut d'abord professeur du col-
légedel'égliseSainte-Catherine de cette villeel
directeur du chœur de l'église Sainte-Marie-Ma-
deleinejendernierlieu il fut maitredechapelle
de la collégiale Notre-Dame de la Conception
du Christ. Il a publié un traité des proportions
de l'ancienne notation delà musique, intitulé :
Arte minima que cum semi-brève recopilaçao
trata em tempo brève os modos da maxima,
e longa sciencia da musica; Lisbonne, Jean
Galrao, 1685, in-4°. Une deuxième édition de
cet ouvrage a été publiée dans la même ville,
en 1704, in-4°, et une troisième a paru en
1725, un volume in-4" de cent trente-six pages.
SZARVADY (madame Wilhelmine
CLAUSS), pianiste distinguée, née à Prague,
en 1834, est fille d'un commerçant de cette
ville. Son heureuse organisation musicale se
manifesta dès ses premières années. Joseph
Procksch, artiste de mérite, fut le professeur
à qui elle fut confiée. Il découvrit bientôt les
rares dispositions de son élève, la prit en af-
fection et lui donna tous ses soins. Les progrès
de mademoiselleClauss furent si rapides, qu'en
1849, son éducation musicale fut terminée, et
que, dès l'âge de quinze ans, elle put entre-
prendre un voyage d'artiste avec sa mère et
frapper d'étonnement le public et les connais-
seurs. A Dresde, elle joua à la cour avec un
brillant succès. A Leipsick, Liszt, Spohr et
Schumann lui prédirent une belle carrière.
Brunswick, Cassel, Francfort et Hambourg lui
prodiguèrent aussi leurs applaudissements.
Elle arriva à Paris dans les derniers jours de
1852 : son début s'y fit dans un concert de-
Berlioz, où elle exécuta le premier concerto de
Beethoven. Toute la presse musicale n'eut
qu'une voix pour louer ce jeune talent, aussi
remarquable parle brillant que par la délica-
tesse. Un grand malheur vint frapper made-
moiselle Clauss au milieu de ses triomphes,
car elle perdit sa mère, morte presque subi-
tement, en confiant son enfant à la protection
de madame Ungher-Sabatier et de M. Szarvady,
qui devint son mari quelques années après.
A la suite de ce triste événement, la jeune ar-
tiste passa près d'une année entière dans la
retraite; puis elle continua ses voyages, visita
Londres, l'Allemagne méridionale et la Hon-
grie pendant quatre ans. De retour à Paris, en
1857, madame Szarvady s'y est fixée définiti-
vement.Son talent, perfectionné pardes éludes
constantes et par la méditation, a pris une part
active à la réaction qui s'est opérée dans le
goût des amateurs, en les ramenant au culle
des œuvres classiques des grands maîtres,
dont elfe a même fait publier quelques mor-
ceaux inconnus ou tombés dans l'oubli : au
nombre de ces précieuses reliques du grand
art d'autrefois se trouve un admirable concerta
inédit (en fa mineur) de Charles-Philippe-
Emmanuel Bach pour clavecin, deux violons,
alto et basse, arrangé par madame Szarvady
pour piano seul; Leipsick, Baiih.Senff; Paris,
J. Maho.
SZYMANOWSKA (Marie), née WO-
LOWSRI, pianiste distinguée, naquit en
Pologne, vers 1790, et fut élève de Field, à
Moscou. Elle brilla à Varsovie de 1815 à 1830,
puis elle fit plusieurs voyages à Leipsick, à
Vienne, à Berlin, à Hambourg et à Péters-
bourg, où elle se fit entendre avec succès. Elle
mourut jeune encore dans cette dernière ville,
en 1831. On a gravé de sa composition :v
1° Cotillon en forme de rondeau pour le piano;
Hambourg, Christiani. 2° Douze exercices
pour le piano; Leipsick, Breilkopf et Ilsertel.
3° Variations sur une romance; Posen, Simon.
4° Mazurkes, danses nationales de Pologne;
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. 5° Chants histo-
riques et autres sur les poésies de Micklcwicz.
T
TABOROWSRI (Stanislas), né en 1830,
près de Krzemieniça, en Wolhynie, descend
d'une ancienne famille de celle province.
Obligé de se retirer à Odessa, son père ne né-
gligea rien pour lui donner une éducation dis-
tinguée. Fenz et Bille, artistes de celte ville,
lui enseignèrent le violon. En 1847, M. Tabo-
rowski obtint de ses parents Paulorisalion de
se rendre à Pétersbourg, pour y suivre les
cours de l'université. Il y continua ses études
musicales; puis, encouragé et protégé par le
général Adam Rzewuski et par le comte Ma-
thieu 'Wielhorski, généreux mécène des ar-
tistes, il donna un conce il, en 1853, et y obtint
du succès. Cet heureux début lui fil prendre
la résolution de voyager pour se faire con-
naître. Il parcourut la Pologne, la Wolhynie,
la Podolie et l'Ukraine, donnant partout des
concerts. De retour à Pétersbourg, il obtint un
passe-poil pour se rendre à Bruxelles, afin d'y
perfectionner son talent sous la direction de
Léonard, qui me le présenta. Je l'admis au
Conservatoire, où il continua ses études pen-
dant trois ans. En 1858, il obtint le second
prix île violon au concours, el dans l'année
suivante, il partagea le premier prix avec le
remarquable violoniste florentin Frédéric
Consolo. Rentré à Pétersbourg à la fin de 1859,
M. Taborowski y a obtenu de brillants succès.
Pendant son séjour à Bruxelles, il reçut des
leçons de composition de M. Damke. Si je suis
bien informé, il est maintenant fixé à Moscou.
Il a publié à Pétersbourg plusieurs morceaux
pour son instrument.
TABOUIXOT (Jean), chanoine de Langres,
naquit à Dijon, en 1519, et mourut à Langres,
en 1595. Sous le pseudonyme de Thoinot-Ar-
beau, cet ecclésiastique a publié un livre très-
curieux sur la danse, intitulé Orchesograpliie.
Cet ouvrage contient beaucoup d'airs de danse
du seizième siècle. La première édition fui im-
primée à Langres, en 1589, par J. Despreys,
in-4° de cent quatre feuillets. Une deuxième
édition parut dans la même ville, en 1596,
in-4°.
TACCIIINAUDI (Nicolas), chanteur dis-
tingué, est né à Florence, le 10 septembre
177C. Destiné' à l'état ecclésiastique, il fit
d'abord quelques études littéraires, qu'il
abandonna pour le dessin et la peinture. Dès
sa onzième année, il apprit aussi la musique,
le chanl et le violon. A l'âge de dix-sept ans,
il entra à l'orchestre du théâtre de Florence,
en qualité de violoniste, et pendant cinq ans,
il occupa celle place ; mais sa voix s'étant dé-
veloppée et ayant acquis le timbre d'un beau
ténor, il commença à chanter dans les églises
el dans les concerts avec beaucoup de succès.
Plus tard il s'essaya sur des théàtree d'ama-
teurs, et prit pour modèle le célèbre ténor Ba-
bini. Enfin, en 1804, Tacchinardi débuta sur
les théâtres de Livourne et de Pisc, puis
chanta à Florence, à Venise, el y fit admirer la
pureté de son goût et l'excellent mécanisme de
son chant. Appelé à Milan l'année suivante,
à l'occasion du couronnement de Napoléon,
comme roi d'Italie, il brilla sur le théâtre de
la Sculn à côté de madame Festa, et en 1800,
sur le théâtre Carcano, avec la Slriti3sacchi.
Il chanta, dans la même année, à la foire de
Bergame, puis se rendit à Rome, où il excita
l'enthousiasme du public pendant cinq ans,
succès sans exemple dans celle ville. Lié
d'amilié avec Canova, il fréquenta son ate-
lier, y reprit le goût des arts du dessin, et cul-
tiva la sculpture avec quelque succès. Il est du
petit nombre d'artistes dont Canova a fait le
buste.
Appelé à Paris en 1811, Tacchinardi parut
pour la première fois au théâtre de l'Odéon, le
4 mai, dans la Dislruzionc di Gerusalemme,
de Zingarelli. Son entrée en scène causa une
sorte de rumeur dans la salle, parce qu'il avait
la tête enfoncée dans les épaules, el que
celles-ci étaient assez proéminentes pour
justifier cette exclamation qui passait de
bouche en bouche : II est bossu! mais bientôt
le talent de l'artiste effaça cette impression.
On admira la pureté de son style, sa facilité à
passer de la voix de poitrine à la voix de tête
sans que la différence des timbres fût sensible;
enfin, son goût dans le choix des fioritures et
des traits dont il était prodigue, et qu'il exé-
cutait avec une merveilleuse facilité. Sous ce
dernier aspect, son talent était absolument dif-
férent de celui de Crivelli, qui partageait alors
avec lui l'emploi de premier ténor à l'Opéra
italien, et dont le chant expressif el large était,
TACCHINARDI - TADOLINI
173
à celle époque, rarement orné de fioritures.
Dans Adolfo e Chiara, mauvais opéra de Pu-
cilla, le succès que Tacchinardi avait obtenu à
son début fut compromis, parce que les défauts
de son extérieur, et sa nullité comme acteur,
lui donnaient trop de désavantage dans la
comparaison établie entre lui et Elleviou,
charmant dans l'opéra français sur le même
sujet. Il prit sa revanche dans la Molinara,
de Paisiello, et dès ce moment il devint l'idole
des habitués du théâtre de l'Odéon. Après les
événements de 1814, il retourna en Italie, et
chanta avec succès sur les principaux théâtres
de sa patrie. Le grand-duc de Toscane le
nomma premier chanleur de sa musique, en
1822, mais en lui laissant la liberté de con-
tinuer sa carrière dramatique. Tacchinardi
chanta à Vienne l'année suivante, puis se
rendit en Espagne et se fit encore admirer sur
le théàlre de Barcelone, bien qu'il fut âgé de
près de cinquante ans. Après 1831, il renonça
à paraître sur la scène, et ne conserva que son
emploi de chanteur du grand duc de- Toscane.
Il s'est aussi livré à l'enseignement du chant,
et a formé plusieurs élèves distingués, au pre-
mier rang desquels brillèrent sa fille (madame
Persiani) et la Frezzolini. Pour habituer ses
élèves à l'action dramatique, Tacchinardi fit
faire un petit théâtre dans une maison de cam-
pagne qu'il possédait près de Florence. Il a
composé beaucoup d'exercices de chant et de
vocalises, et a publié un opuscule intitulé :
Dell' Opéra in musi'ca sul leatro italiano, e
de' suoi difetti. Ce petit ouvrage, imprimé à
Florence, a eu deux éditions. Une deuxième
fille deTacchinardi(Élisa), pianiste distinguée,
a publié à Florence, chez Cipriani, des varia-
tions pour le piano sur un thème de Merca-
danle. Tacchinardi est mort à Florence, au
mois dejanvier 1860.
TADOLINI (Jean), né à Bologne, en 1 79Ô,
montra dès son enfance d'heureuses disposi-
tions pour la musique. Après avoir appris les
éléments de cet art sous la direction d'un
maître obscur, il devint élève de Matlei pour la
composition, et du célèbre ténor Babini pour
le chant. Ses progrès furent si rapides, qu'à
l'âge de seize ans il fut engagé au théâtre ita-
lien de Paris pour succéder à Mosca en qualité
d'accompagnateur au piano, et pour diriger
les choristes. Spontini était alors directeur de
la musique de ce théâtre. Tadolini y remplit
ses fonctions pendant les années 1811, 1812 et
. 1813, et retourna en Italie, après l'invasion de
Paris par les armées alliées, en 1814. Agé
alors de vingt ans, il écrivit à Venise l'opéra
intitulé : La Fata Ahina, qui fut chanté par
Rubini, Zamboni, la Marcolini, et obtint un
brillant succès. Plus tard, et toujours avec
bonheur, il écrivit La Principcssa di Na-
varra, à Bologne; Ll Credulo deluso, à Rome,
dont le succès lui fit obtenir le litre de maître
de chapelle de la cathédrale de Bologne; 11
Tamerlano, dans cette ville; Moctar, à Mi-
lan ; 11 Mitridate, au théâtre de la Fcnice. à
Venise, elAlmanzor, àTrieste. Il était dans
celle ville avec sa femme, jeune cantatrice «le
talent, lorsqu'ils furent appelés tous deux à
Paris, en 1830, pour le théâtre italien. Tado-
lini y repril ses anciennes fonctions d'accom-
pagnateur et de directeur de ïa musique. Il oc-
cupa celle position pendant neuf ans. Dans
l'été de 1839, il retourna à Bologne. Artiste
modeste, aussi estimé pour ses qualités sociales
que pour son talent, Tadolini n'est pas seule-
ment connu par ses travaux pour le théâtre,
car il a aussi publié des cantates, des romances,
des canzonette, entre autres la mélodie l'Eco
di Scozia, avec cor obligé, qui a été chantée
dans plusieurs concerts par Rubini. On a aussi
de cet artiste : 1° Trio pour piano, hautbois
et basson; Florence, Cipriani. 2° Rondo pour
piano et flûte; ibid.
TADOLINI (Eugénie), femme du précé-
dent, dont le nom de famille était SAVO-
RINI, naquit en 1809, à Forli, dans la Ro-
magne-Supérieure. Ses premiers maîtres dans
l'art du chant furent Fani et Grilli ; celui-ci
était mailre de chapelle dans celle ville. Tado-
lini perfectionnaensuite son talent et l'épousa.
Elle débuta à Parme, en 1829, puis fut enga-
gée au Théâtre-Ilalien de Paris, où elle fut
peu remarquée, parce qu'à cette époque ma-
dame Malibran et mademoiselle Sonlag bril-
laient de lout l'éclat de leur talent et obte-
naient des succès d'enthousiasme. De retour
en Italie, madame Tadolini chanta à Venise
dans l'hiver de 1833-1834, où sa voix pure et
son talent correct, mais un peu froid, reçu-
rent un accueil sympathique. Appelée ensuite
à Milan, puis à Padoue, elle y eut aussi du
succès. En 1835, elle chanta à Trieste, à
Vienne, à la foire de Sinigaglia et à Turin.
En 1836, elle était à Florence, d'où elle re-
tourna à Vienne, puis à Milan. En 1837, elle
brilla à Venise, où les progrès de son talent
furent remarqués par les connaisseurs. Dans
l'année suivante, on l'entendit de nouveau à
Sinigaglia, puis elle chanla à Lucques, à
Vienne, pour la troisième fois, à Milan et à
Brescia. En 1839, elle se fit entendre à Gènes,
à Florence, à Sienne et à Rome. Dans l'année
m
TAD0L1NI — TAEGLICHSBECK
suivante, à Faenza, à Reggïo, à Bergame et à
Trieste. Vienne est la ville où elle fut rappelée
le plus souvent, car on l'y retrouve en 1841,
en 1843, en 1846 et 1847. Celte année fut la
dernière de sa carrière théâtrale. Parmi ses
plus beaux succès, on doit citer ceux qu'elle
obtint à Naples, lorsque Mercadante et Doni-
zelli eurent écrit pour elle. En 1842, elle y
excitait l'enthousiasme, et était considérée
comme la meilleure cantatrice de l'Italie à
cette époque. Depuis 1854, elle était séparée
de son mari.
TAEGLICHSBECK (Thomas), maître
de chapelle du prince de Hohenzollern-
Hechingen, est né le 31 décembre 1799, à
Ansbach,en Bavière. Lorsqu'il eut atteint l'âge
de quatre ans, son père lui enseigna la musi-
que; plus tard, il choisit le violon pour son
instrument, et les leçons de Rovelli qu'il reçut
à Munich, en 1816, achevèrent de développer
son talent. Il devint aussi, dans celle ville,
élève de Grœlz, pour la composition. En 1817,
il écrivit une messe qui fut exécutée et lui
procura une place de violoniste au théâtre de
Munich. Lindpaintner, alors directeur de mu-
sique de ce théâtre, distingua bientôt le mérile
de ce jeune homme, et se fil remplacer par lui
lorsqu'il demanda un congé d'une année pour
voyager; mais ce maître ne retourna plus à
Munich, et les preuves de talent que Taeglichs-
beck avait données pendant sa direction de
l'orchestre, le firent choisir pour son succes-
seur. Les changements que subit le théâtre,
en 1822, décidèrent le jeunearlisle à accepter
«ne place de violoniste à la chapelle royale de
Bavière. L'année suivante, il fit représenter,
au théâtre de Munich, un petit opéra intitulé :
Tf'eber's Bild (L'image de Weher), qui eut
quelque succès. Après un court voyage en Ba-
vière, il se rendit en Suisse et visita Stuttgart,
Francfort, Manheim et Carlsruhe. Partout il
fut bien accueilli comme violoniste. Ses pre-
mières compositions pour le violon furent pu-
bliées en 1825. Deux ans après, il fut nommé
maître de chapelle de la cour de Hechingen.
Depuis celte époque, il a fait plusieurs voyages
à Vienne, à Berlin, à Munich, à Leipsick, en
Hollande, en Danemark et en Suède, el y a
fait applaudir son talent sur le violon. Jusque-
là, il n'avait écrit que pour son instrument;
mais, en 1833, il s'est fail connaître comme
compositeur par quatre symphonies et d'autres
grands ouvrages qui lui font honneur. La pre-
mière de ces symphonies fut exécutée aux con-
certs du Conservatoire de Paris, pendant un
séjour que Taeglichsbeck fit dans cetleville,en
1835. L'accueil favorable qu'elle reçut en fit
demander une deuxième à l'auteur, qui fit un
second voyage à Paris, en 1837, pour la faire
entendre. Au retour de son voyage en Hol-
lande, il passa par Bruxelles, où il s'arrêta
quelque temps sans y donner de concert. Par
suite de la révolution badoise, en 1848, la cha-
pelle du prince de Hohenzollern-Hechingen
ayant été dispersée, Taeglichsbeckfut appelé à
Strasbourg pour dirigerl'orchestre du théâtre;
mais le prince, qui continuait à lui faire payer
son traitement, ayant manifesté son mécon-
tentement du séjour de l'artiste en France, ce-
lui-ci se démit de ses fonctions de chef d'or-
chestre, et retourna à Hechingen. En 1852, il
vécut quelque temps à Lœwenberg, en Silésie,
puis il se rendit à Dresde, où il se trouvait
encore, sans emploi, en 1857. Les productions
de cet artiste sont celles-ci : 1° Variations sur
un thème de la Gazza Ladra. pour violon et
orchestre ou piano, op. 1 ; Offenbach, André.
2° Variations sur un thème de Léocadie, pour
piano et violon, op. 2; Augsbourg, Gombart.
3° Polonaise pour le violon et orchestre ou
piano, op. 3 ; Offenbach, André. 4° Variations
sur un thème original, pour violon et quatuor
ou piano, op. 4; Munich, Aibl. 5° /dem pour
piano et violon {Ahnalied), op. 5; Leipsick,
Breilkopf et Hserlel. 6" Six chansons alle-
mandes avec piano, op. 6: Munich, Falter.
7° Valses pour piano, op. 6; ibid. 8° Concerto
militaire pour violon et orchestre ou piano,
op. 8 ; Leipsick, Hofmeister. 9° Divertissement
pour piano et violon sur des motifs du Bal
masqué, op. 9; Munich, Falter. 10° Première
symphonie pour orchestre, op. 10; Paris,
Richault. 11° Trois duos pour deux violons,
op. M \ ibid. 12° Variations pour violon sur
un air slyrien, op. 12; Leipsick, Wander.
13° Fantaisie idem sur des airs polonais,
op. 13; Stuttgart. 14° Concertino pour violon
et orchestre, op. 14; Leipsick, Hofmeister.
15° Fantaisie pour violon et orchestre sur des
airs souabes, op. 15; Carlsruhe, Cranzbaucr.
16° Sonate pour piano et violon; Paris, Ri-
chault. 17° Variations pour violon et orchestre,
op. 17; Leipsick, Hofmeister. 18° Lieder
pour quatre voix d'hommes, op. 18; Hof,
Grau. 19° Divertissements pour violon et or-
chestre, sur des motifs de la Sonnanbula,
op. 19; Leipsick, Hofmeister. 20° Idem pour
piano et violon, sur des motifs de la Chaste
Suzanne, op. 20; Paris, Richault. 21° Rondo
pour cor chromatique et. piano, op. 21 ; ibid.
22° Six Liedtr pour quatre voix d'hommes;
Stuttgart, Gœpel. 23° Six Lieder à voix seule
TAEGLTCHSBECK — TAG
475
et piano, op. 22; ibid. 24" Quatre Lieder
iwiir soprano, conlralto, ténor et basse, op. 2-î;
ibid. 25° Messe solennelle avec orchestre,
op. 25; Munich, Faller. 26° Trio pour piano,
violon, et violoncelle, op. 2G; Hambourg,
Schuhcrth. 27° Lieder à voix seule avec piano,
op. 27 et 28; Stuttgart, Gœpel. 28° Cinq Lie-
der pour soprano, contralto, ténor et basse
avec piano ou huit instruments de cuivre,
op. 29 ; Munich, Faller. 29° Trois sonates pro-
gressives pour piano et violon, op. 50; Ham-
bourg, Schubertli. 30° Le 67e psaume à quatre
voix sans accompagnement; Vienne, Gloegg.
51° Lieder pour quatre voix d'hommes,
op. 52 et 33; Stuttgart, Gœpel. Taeglichsbeck
a en manuscrit des symphonies et des qua-
tuors d'instruments à cordes.
TAFALLA (le P. Pedro), musicien espa-
gnol, né dans la ville d'où il a pris son nom,
à la fin du seizième siècle, fit ses vœux, en
1623, au monastère de l'Escurial. Il était si
estimé des autres moines, que, ne voulant pas
se séparer de sa mère, il obtint qu'on la reçût
dans une habitation contigue' au couvent, où
elle finit ses, jours. Les œuvres musicales de ce
religieux sont nombreuses ; elles se trouvent
toutes à l'Escurial; on y remarque un carac-
tère religieux et la forme scientifique. Le
P. Tafalla mourut à l'Escurial, dans un âge
avancé. M. Eslava a publié, dans la Lira sa-
cro-hispana, un répons à huit voix {Libéra
me Domine) de ce moine.
TAFFIN (M.-J.-D.), prêtre, né dans le
département du Nord, au commencement du
dix-neuvième siècle, fit ses études au sémi-
naire de Cambrai. Après avoir été ordonné
prêtre, il fut vicaire d'une des églises de Lille
jusqu'en 1839, puis ilfutnommécuréàLandre-
cies. Il est auteur des ouvrages dont les litres
suivent : 1° Méthode complète et raisonnée
de chant ecclésiastique, offerte aux jeunes
séminaristes ; Lille, Lefort, 1835, un volume
in-8° de cent soixante-huit pages. Le système
exposé par l'abbé Taffin dans cet ouvrage est
celui du plain-chant musical, c'est -à-dire du
chant ecclésiastique mesuré, rhythmé elorné;
monstrueuse conception qui a eu de la vogue
dans quelques parties de la France, de 1830 à
1845, mais qui, depuis lors, a été générale-
ment repoussée. 2° Fade-mecum du bon
chantre, ou recueil de plus de cent pièces de
chant ecclésiastique, telles que messes, faux-
bourdons très-nombreux et très-variés, qua-
tuors, trios, duos, motets à voix seule, Li-
tanies avec chœur, Stabat, etc.; Lille, Lefort,
un volume in-8° de trois cent vingt-six pages.
TAG (CiritÉTiEX-GoTTiiiLF), organiste et
claveciniste célèbre, naquit en 1735, à Bayer-
feld, en Saxe, où son père était maître d'école
et organiste. Celui-ci dirigea les premières
études de son fils, et lui fit faire de rapides pro-
grès dans les lettres et dans la musique. Tag
ayant atteint sa treizième année, le juge de
Ginnhaym voulut en faire son commis; mais
cette position ne convenait pas à la vivaciléde
son esprit; il se rendit secrètement à Dresde,
et s'y présenta chez le recteur Schoelgen et
chez le cantor Homilius, demandant à être
admis comme élève dans l'école de la Croix.
L'examen qu'on lui fit subir lui ayant été fa-
vorable, il y entra et fit ses éludes complètes
depuis 1749 jusqu'en 1755. L'excellente mu-
sique qu'il entendait à l'église et au théâtre
forma son goût et lui servit de modèle pour
les chants et les pièces d'orgue qu'il écrivit
pendant ses cours. Ses éludes persévérantes
l'avaient rendu fort habile sur cet instrument,
sur le clavecin et sur la harpe. Les livres de
Marpurg, de Kirnberger et de Schllllz le gui-
daient dans l'art d'écrire. Décidé à se rendre à
l'université de Leipsick, il se mit en route à
pied, suivant l'usage des étudiants de l'Alle-
magne; mais arrivé à Hohenslein, et s'élant
arrêté dans une auberge, il y fit la connais-
sance d'un bourgeois de cette petite ville, qui,
charmé de son instruction et de ses manières
douces et polies, lui fit obtenir sur-le-champ les
places vacantes de cantor et de collègue dans
l'école du lieu. Un an après, il se maria, et,
complètement heureux dans sa nouvelle posi-
tion, il y vécut cinquante-frois ans, refusant
toutes les offres brillantes qui lui furent faites
pour se fixer à Hirschberg, en Silésie, et plus
tard à Dresde, à Leipsick et à Hambourg. Tag
conserva toute l'activité de son esprit jusqu'en
1807; mais la mort de sa femme, au mois de
juillet de cette année, lui causa tant d'affliction,
que ses facultés s'en affaiblirent : il perdit la
mémoire et fut obligé de donner sa démission.
Alors il se retira chez sa fille, devenue la
femme du pasteur de Niederzwœnilz, et y
mourut le 19 juillet 1811, à l'âge de soixante-
dix-sept ans.
Bien que cet homme distingué ait été occupé,
pendant plus de cinquante ans, à donner cha-
que jour douze heures de leçons publiques et
particulières, il a écrit une très-grande quan-
tité de compositions de différents genres, dont
on a imprimé : 1° Six préludes pour l'orgue,
avec un trio alla brève, Leipsick, Breilkopf,
1783. 2° Douze préludes faciles pour l'orgue ;
ibid., 1795. 3° Soix*nte-dix variations pour le
17G
TAG — TAGLIETTI
clavecin sur le thème d'un andantino; ibid.,
1785. 4" Chansons avec accompagnement de
clavecin, premier recueil; ibid., 1783. 5° Se-
cond recueil, idem, avec une cantate mélo-
dramatique; ibid., 1785. 6° Der Glaube (La
foi), mélodie avec orgue; ibid., 1795.
7° Chansons de Mallhisson et de Burde, ibid.,
1793. 8» Vingt-quatre chansons suivies d'un
hymne à quatre voix avec accompagnement de
clavecin; ibid., 1798. 9° Naumann, cantate
funèbre pour le chant et le clavecin; ibid.,
1802. 10° TFœrlitz, ode pour le chant et le
clavecin; Berlin, 1803. 11° Mélodie pour le
Pater noster et pour les commandements de
Dieu, avec orgue; Penig, 1805. Quelques
pièces de clavecin composées par Tag ont été
insérées dans les Notices hebdomadaires de
Ililier. Parmi ses œuvres restées en manuscrit,
on remarque : 1° Une année entière de musi-
que d'église pour les dimanches et fêles, ren-
fermant soixante-dix cantates de différents
genres, dont quelques-unes sont à deux ou
trois chœurs avec grand orchestre. 2° Onze
messes et hymnes. 3° Vingt-deux motets faciles
à quatre voix. 4° Trente sept airs d'église fa-
ciles à quatre voix. 5° Six dialogues faciles.
G0 Cinq motets de Noël. 7° Vingt airs de Noël.
S» Dix motets de Pâques. 9° Six motets pour la
Passion. 10° Six airs pour la Passion.
11° Trois motels de louanges et de remerct-
ments, et un Éloge de la musique, à quatre
voix et neuf instruments. 12° Vingt chants de
noces avec clarinettes, hautbois, cors et bas-
sons. 15° Soixante-huit chants catholiques à
troix voix. 14° Vingt-deux préludes pour l'or-
gue à deux claviers et pédale. 15° Seize idem
pour un seul clavier. 16° Trois rondeaux pour
l'orgue. 17° Quatre symphonies pour l'orgue.
18° Huit préludes libres idem. 19° Quatre pré-
ludes de chorals à deux chœurs pour orgue,
deux clarinettes, deux cors et deux bassons.
20° Une symphonie pour l'orchestre. 21° Un
quatuor pour des instruments à cordes. 22°Six
divertissements pour le clavecin. 23° Six idem
plus petits.
TAGLIA (Pierre), compositeur milanais,
qui vivait vers le milieu du seizième siècle, a
publié : Madrigali a quattro voci. Lib. 1 ;
Milan, 1555.
TAGLIA (Charles), docteur et professeur
de philosophie à l'université de Pise, vers le
milieu du dix-huitième siècle, est connu par
un livre qui a pour titre : Lettere scientifiche
sopra vari dilettevoli argomenli di Fisica;
Florence, 1747, in-4°, avec le portrait de l'au-
teur. La première de ces lettres, adressée au
marquis Gabriel Riccardi di Seorra, a pour
objet d'examiner comment un violon peut
produire en si grande quantité des sons
agréables : elle occupe trente-six pages du
volume. La troisième est relative au chant mé-
lodieux du pinson marin : elle remplit les
pages 95 à 124.
TAGLIAPIETRA (Joannino), musicien
vénitien du quatorzième siècle, fut nommé
organiste de Ja chapelle ducale de Saint-Marc,
le 12 mars 1379, et eut pour successeurs deux
moines servîtes, le 10 juillet 1589. On ne con-
naît pas jusqu'à ce jour (1864) de compositions
de cet artiste, qui fut le quatrième organiste
de la même église.
TAGLIETTI (Jules), compositeur, né à
Brescia, vers 1660, fut maître du collège noble
de Saint-Antoine, dans sa ville natale. Il se
distingua dans la musique instrumentale et ne
fut pas élranger à l'agrandissement de ses
formes, vers la fin du dix-septième siècle. Ses
œuvres connues sont: 1° Sonate dacamera
a tre, due violini e violoncello, op. 1» , Bo-
logne, 1697, in-folio. C'est une réimpression.
2° Sei concerti a quattro e sinfonie a tre,
2 violini, violone e cembalo, op. 2a ; Venise,
1696, in-4n. Il y a une édition de cet ouvrage
publiée à Amsterdam. 5° Arie da suonare
col violoncello e spinetta o violone ad uso di
arie cantabili le quali finite, si torna da
capo, op. 5a . 4° Concerti o capricci a quat-
tro, due violini e viola e basso continuo,
op. 4; Venise, 1699, in-4°. 5° Sonate da ca-
méra a 3, 2 violini e basso continuo, op. 5.
6° Pensieri musicali ad uso d'arie cantabili
a violino e violone in partitura col basso
continuo, op. 6; in Venezia, Bartoli, 1709.
7° Concerti a 4 violini, viola col violoncello,
violone e basso continuo, op. 7. 8° Sonate a
violino e basso, op. 8. 9° Sonate da caméra a
2 violini, violoncello, violone eclavicembalo,
op. 9. 10° Arie ad uso délie cantabili da suo-
nare col violino, violoncello e violone o cla-
vicembalo, op. 10. 11° Concerti a 4, con suoi
rinforzi, op. 11. 12° Pensieri da caméra a
2 violini e basso, op. 12.
TAGLIETTI (Louis), compositeur italien,
vécut vers la fin du dix-septième siècle. Il
était vraisemblablement parent du précédent,
et, comme lui, il naquit à Brescia. On ne con-
naît de lui que les compositions instrumen-
tales suivantes : 1° Sonate per violino e vio-
loncello, con basso continuo, op. 4 ; Venise.
2° Concerlini epreludi con diversi pensieri e
divertimenti a cinque.op. 5; ibidem. 5° Con-
certi a A e sinfonie a Z} op. 6; ibid. Une
TAGLIETTI — TALABARDON
177
deuxième édition de ce dernier ouvrage a élé
faite à Amsterdam, chez Roger. 4° Sonate a
violino e basso, op. 7; ibid. 5° Sonate da
caméra a tre, due violini, viohmcello, vio-
ione o cîavecino (sic), op. 9; ibid. 6° Arie ad
uso délie cantabili da sonarc col violino,
violoncello e violone o cîavecino, op. 10;
ibid. 7° Pensieri da caméra a tre, due vio-
lini ebasso, op. 12; ibid.
TAILLARD ( Constant ) , surnommé
l'aîné, flûtiste français, attaché au Concert
spirituel dès 1752, était fils d'un cromorne
delà grand écurie du roi. Il vivait encore en
1780 ; mais il était mort avant 1788. Il a pu-
blié treize recueils de Pièces françaises et
italiennes, petits airs, menuets, etc., avec
•des variations accommodées pour deux
/7«J/es. Le treizième de ces recueils a paru en
1782. Dans la même année, il fit paraître
aussi : Méthode pour apprendre à jouer de
ta flilte traversière et à lire la musique, à
Paris, chez l'auteur.
TAILLASSON ( Gaillard ) , dit M A-
THAL1TY ou MATHELIN, naquit à Tou-
louse, en 1580. Dès son enfance, il se livra à
l'étude delà musique, et devint habile sur le
violon. Le bruit de son talent étant parvenu
jusqu'à Paris , Claude-Guillaume Nyon , dit
la Foundy, roi des violons et ménétriers de
France, consentit à lui concéder une partie de
son autorité sur les musiciens des provinces,
et par acte passé devant Descolermaux et Mar-
cheville, notaires à Paris, le 21 août 1008, le
déclara son lieutenant à Toulouse, lui don-
riant le droit de recevoir tous maîtres,
joueurs d'instruments, tant audit Toulouse
que dans les villes du ressort de cette cité;
comme aussi de faire toutes corrections ou
punitions qu'il appartiendra contre toute
personne qui entreprendra sur ledit art sans
son congé et licence. Il paraît que les préro-
gatives du roi des violons n'avaient point été
exercées jusque-là à Toulouse; les ménétriers
«t les musiciens de cette ville refusèrent de s'y
soumettre, nonobstant les lettres royaux dont
Taillasson était pourvu ; ils protestèrent,
nommèrent pour leur syndic le musicien
Pierre Villète, et l'affaire fut portée au parle-
ment. La cause des musiciens fut confiée aux
avocats Disponia et Laforgue, et le syndic fut
en outre représenté par Vaisse; Marmicsse et
Madrat défendirent Mathelin. L'affaire fut
plaidée en audience solennelle, et l'avocat gé-
néral de Belloy porta la parole. L'arrêt qui
intervint le 26 mars 1609donna gain de cause
à Maihelln, et celui-ci exerça désormais son
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
autorité sans obstacle. Il avait à ses ordres
une bande de violons avec laquelle il jouait
aux fêtes et aux processions. Les Étals de la
province de Languedoc s'étant assemblés en
1639, une gratification de trente livres fut ac-
cordée à Mathelin et à sa bande pour avoir
joué à la procession desdits États. Mathelin
avait à Toulouse un rival qui balançait sa ré-
putation; il se nommait Poncet. Tous deux
allaient en concurrence aux cérémonies d'ap-
parat et aux processions, et là, chacun avec sa
bande, luttait d'habileté et cherchait à surpas-
ser son compétiteur. Les poêles en langue
moundine (toulousaine) ont chanté ces deux
artistes : Auger Gaillard, de Rabaslens, en
Albigeois, nomme Mathelin et Poncet dans ses
vers patois, et semble les mettre sur la même
ligne, notamment dans l'épitre dédicatoire de
ses œuvres qu'il adressa au sieur de Séré. Il a
aussi composé un Dialogue sur l'abus que se
coumet à las dansas, dans lequel il se donne
Mathelin pour interlocuteur et lui fait dé-
fendre le plaisir de la danse que lui Auger
attaque par des raisons tirées de l'Écriture et
de l'histoire. Mathelin parait se convertir, à la
fin. Après la mort de Nyon, ce musicien exerça
la dignité burlesque de roi des violons de
France , par lettres patentes signées de
Louis XIII; il en remplit les fonctions jusqu'à
sa mort qui arriva en 1647. Mathelin avait été
lié d'amitié avec le célèbre poêle languedocien
Godolin ou Goudelin ; il composait les airs des
chansons de celui-ci ; plusieurs de ces airs sont
encore chantés par le peuple de Toulouse et
dans le Languedoc.
TAILLERUS (Simon), moine de l'ordre
deSainl-Dominique, naquit en Ecosse, vers les
premières années du treizième siècle, et écri-
vit divers ouvrages concernant la musique,
vers 1240. Tanner, qui le cite dans sa Biblio-
thèque britannique, l'appelle Tailler; mais
les PP. Quétif et Échard pensent (1) que son
nom véritable a pu être Taylor. Quoi qu'il en
seit, ces écrivains et Fabricius (dans sa Biblio-
thèque latine du moyen âge) attribuent à ce
moine un livre De canlu ecclesiastico refor-
mando, un autre De tenore musicali, un
troisième intitulé Telrachordum, et un der-
nier qui a pour titre Penlachardum. Je n'ai
trouvé l'indication de ces ouvrages dans au-
cun catalogue de manuscrits.
TALABARDON (Pascal), professeur de
musique, n'est connu que par les ouvrages
intitulés : 1° Traité théorico pratique de l'ar-
(l)Scriptores ordinis praedicatorum, tome I, fol. 111.
1"2
178
TALABARDON — TAMBURIM
ticulation musicale, avec des observations
stir les sons de la langue française et sur la
théorie des intervalles; Paris, Sclionenberger,
1841, in-4°. 2° Cours de musique vocale. In-
troduction à toutes les méthodes de chant ,
deuxième édition; ibid., 1843, un volume
in-12, avec trente -quatre pages de musique.
TALA1NDERIUS (Petrus). Voyez. TAL-
HANDIER.
TALESIO (Pierre), musicien portugais,
vécut à Coïmbre, au commencement du dix-
septième siècle. Il est auteur d'un traité du
plain-chant intitulé : Artede canto chaô com
huma brève inslruçao para os Sacerdotos,
J)iaconos, e Subdiaconos, e moços do coro,
conforme o uso romano; Coïmbre, 1617,
in-4°. Une deuxième édition de cet ouvrage a
été publiée dans la même ville, en 1628, in-4°.
La deuxième partie traite de la musique me-
surée.
TALHANDIER (Pierre), en latin TA-
LAÏVDERIUS, auteur fiançais d'un traité
compilé de divers ouvrages sur le plain-chant
et sur la musique mesurée, dont le manuscrit
est à la Bibliothèque du Vatican, sous le
n°5129. Ce traité a pour titre : Leclura tam
super canin menstirabili, quam super im-
mensurabili. On y trouve à la fin trois cha-
pitres intéressants intitulés : 1° Qualiler dé-
bet cantari a duobus planus cantus. 2° Pro
faciendo planum cantum.ô" Adnolanduni
planum cantum. Dans ce dernier chapitre,
l'auteur dit que, suivant les bonnes traditions,
la note à queue ne signifie pas une durée plus
longue dans le plain-chant, mais seulement la
note accentuée. Le manuscrit est du quinzième
siècle.
TALLIS (Thomas), célèbre musicien an-
glais du seizième siècle, fut attaché à la cha-
pelle des rois d'Angleterre Henri VIII ,
Edouard VI, des reines Marie et Elisabeth:
il y remplit les fonctions d'organiste, conjoin-
tement avec son élève Bird (voyez ce nom).
Tailis mourut le 23 novembre 1585, et fut in-
humé dans le chœur de l'église paroissiale de
Greenwich. En 1575, il avait obtenu, ainsi
que Bird, des le'.lres patentes qui leur accor-
daient le droit exclusif d'imprimer leur propre
musique pendant l'espace de vingt et un ans,
et qui faisaient défense à toute autre personne
d'imprimer aucune espèce de musique, soit an-
glaise, soit étrangère, ou même du papier ré-
glé, sous peine d'une amende de quarante
shellings pour chaque objet vendu. Tailis et
Bird profitèrent de ieur privilège en publiant
une collection intitulée : Canliones qux ab
argumenta sacrx vocantur, quinque et sex
partium, autoribus Thomx Tallisio et Gu-
lielmo Dirdo, Anylis, etc. ; Londres, Vau-
trollier, 1575, in-4°. Précédemment on avait
publié quelques morceaux de Tailis dans une
collection devenue très- rare, et qui a pour
titre : Morning and evening prayer and
communion, set forthe in 4 parts, to be song
in churches, both for men and children,
with dyvers olher godly prayers and an-
thems, of sundry men' s doyngs. Imprinled
at London by John Day, 1565, in-4°. La
composition la plus remarquable de Tailis est
le chant à quarante voix, savoir : huit so-
prani,huit mezzo-soprani, huit contra-ténors,
huit ténors et huit basses. Ce morceau se
trouve en manuscrit à la Bibliothèque de
l'église du Christ, à Oxford ; Burney en possé-
dait deux copies qui ont été vendues après sa
mort. Boyce a inséré quelques morceaux de
ce compositeur dans sa collection de musique
d'église, publiée en 1760; il y en a aussi plu-
sieurs dans le First Book of selected church-
music de John Bainard (Londres, 1648). Haw-
kins a donné en partition des motets elcanons
de Tailis dans son Histoire de la musique (t. III,
p. 267-278, et t. V, p. 450-452), et Burney en
a aussi publié deux morceaux (a General
History of music, tome III, pages 27-28 et
77-79).
TALOINI (Geronimo), compositeur de
l'école romaine, et maître de chapelle de la
cathédrale d'Albano, au commencement du
dix-septième siècle, a fait imprimer de sa com-
position : Mottetti, Salnvj. di Vespri e com-
pléta, con le Antifone a tre e quattro voci,
op. 2; Borne, Masotti, 1629, iu-4°.
TAMBOLINI (Raphaël), célèbre chan-
teur en voix de soprano, naquit à Fermo,dans
les Étals de l'Église, vers le milieu du dix-
huitième siècle. En 1776, il débuta àNapIes
avec un brillant succès. Engagé, en 1782, au
service de la cour de Prusse, il chanta au
Théâtre italien de Berlin jusqu'en 1809. Re-
tiré alors de la scène, il resta attaché à la
même cour, en qualité de chanteur de concert.
Il obtint la pension en 1817, et se fixa à Char-
loltenbourg,oùil mourut fortàgé,le27 octobre
1839.
TAMBURIÎM (Antoine), basse chantante
très-distinguée, est né le 28 mars 1800, à
Faenza. Son père, Pasquale Tamburini, était
professeur de musique dans cette ville, et jouait
de la clarinette, du cor et de la trompette.
Appelé à Fossombrone, dans la marche d'Au-
cune, pour diriger le corps de musique mili-
TAMBURINI — TAMITIUS
179
faire entretenu par l'autorité municipale, il
s'y rendit accompagné de son fils, et apprit à
celui-ci à. jouer du cor, dès qu'il eut atteint
l'âge de neuf ans; mais une maladie dont le
jeune Tamburini fut frappé, par la fatigue que
lui causait cet instrument, décida son père à
lui donner une autre direction pour ses éludes
musicales. Confié aux soins d'Aldobrando
Bossi , maître de chapelle à Fossombrone, il
apprit sous sa direction le solfège et le chant.
A l'âge de douze ans, Tamburini retourna à
Faenza, et fut engagé pour chanter dans les
choeurs de l'opéra pendant la saison de la
foire; il eut occasion d'y entendre Mombelli
père, Davide, Donzelli, mesdames Pisaroni
et Mombelli; son instinct sut mettre à profit
les leçons pratiques de chant qu'il en rece-
vait. Chantant tour à tour dans toutes les
églises du pays, il atteignit ainsi l'âge où sa
voix de contralto se changea en voix de basse.
Parvenu à l'âge de dix-huit ans, il quitta fur-
tivement la maison paternelle et se rendit à
Bologne, où un directeur de spectacles l'en-
gagea pour la petite ville de Cento. Malgré sa
jeunesse et son inexpérience, la beauté, la
flexibilité naturelle de son organe lui procura
des applaudissements dans laContessa diCol-
Erboso, de Generali. Ces témoignages de la
faveur publique furent confirmés à IMirandola,
puis à Correggio, où la troupe ambulante
s'était rendue. Bologne ne fut pas plus sévère
pour le jeune débutant, et le succès qu'il y
obtint lui procura un engagement avantageux
à Plaisance, pour le carnaval de 1819. Il y
parut avec tant d'avantages dans la Ceneren-
tola, l'Italiana in JUjeri, et Gli Jssassini,
de Trento, qu'il fut immédiatement engagé
iwnr le théâtre Niiovo de Naples. Accueilli
d'abord avec quelque froideur dans cette ville,
il sut ensuite conquérir la faveur publique, et
y renouvela son engagement pour l'année
suivante; mais les troubles de 1820 firent
fermer les théâtres de Naples, et Tamburini
se rendit à Florence, où il eut peu de succès,
à cause d'une grave indisposition qui le faisait
chanter au-dessous du ton. Appelé à Livourne
pour le carnaval, il y retrouva tous ses avan-
tages, et y prit une revanche complète de sa
chute à Florence. De là il alla à Turin pour le
printemps, et à l'automne de 1822, il parut
avec éclat sur la scène de la Scala, à Milan.
Engagé à Trieste pour le carnaval, il entra à
Venise pour visiter cette ville singulière, se
proposant de partir le lendemain pour sa des-
tination; mais un ordre des souverains qui y
étaient alors réunis le retint pour quelques re-
présentations. Il y brilla au théâtre de fa Fe-
nice, et surtout dans un concert donné à la
cour, où Rossini était au piano. Après avoir
achevé la saison à Trieste, Tamburini alla à
Rome, où il fut retenu pendant deux ans; puis
il alla chanter leMosè au théâtre dclaFenice,
à Venise, avec Davide et madame Méric-
Lalande. Il ne quitta cette ville que pour 3ller
à Palerme, où la direction du théâtre le retint
pendant deux ans. Ce fut là qu'il reçut un en-
gagement de Barbaja , entrepreneur des
théâtres de Naples, de Milan et de Vienne,
pour quatre années. Tour à tour il chanta dans
ces villes, et toujours avec le même succès. Au
printemps de 1828, il alla à Gênes pour l'ou-
verture du théâtre Carlo Felice; mais à peine
arrivé dans celte ville, il y reçut un nouvel
engagement de Barbaja pour deux années,
pendant lesquelles il parut sur les théâtres de
Naples et de Milan. Enfin, il arriva à Paris au
mois d'octobre 1832, et débuta au IhéâVfe ita-
lien, le 7 du même mois, dans le rôle de Dan-
dini de la Cenerentola. La beauté de sa voix,
sa facile vocalisation, et l'expression de ses
accents dans les mouvements lents, lui procu-
rèrent un brillant succès. Ces qualités se trou-
vaient à la vérité balancées par quelques dé-
fauts; mais ces défauts sont ceu,\ de l'époque
actuelle, et appartiennent à tous les chanteurs.
Pendant plus de dix ans, Tamburini a joui à
Paris de la faveur d'un public éclairé, et a
tenu un rang distingué dans le bel ensemble
formé par Rubini, Lablache, mesdames Per-
siani, Grisi, Viardot et lui. Dans les derniers
temps, sa voix avait perdu de son timbre; De
retour en Italie, il chanta à Milan, en 1841, à
Lucques et Sinigaglia en 1842, et se rendit en
Russie dans l'année suivante. Il chanta à Pé-
tersbourg et à Moscou jusqu'en 1852, en dépit
de l'altération de sa voix, puis il alla à Lon-
dres, où il ne retrouva plus ses anciens succès.
En 1855, il donna des représentations en
Hollande avec madame Persiani et le ténor
Gardoni; puis il se rendit à Paris, où il reparut
au théâtre italien pendant la saison de 1854.
On le retrouve à Londres en 1855 : ce fut la
fin de sa carrière théâtrale trop prolongée.
TAMITIUS (André), facteur d'orgues de
la cour de Saxe, vécut à Dresde, vers la fin du
dix-septième siècle. Un de ses plus beaux ou-
vrages, l'orgue de l'église de Saint-Pierre et
Saint-Paul de Gœrlilz, construit en 1G83, et
composé de quaranle-sspt jeux, avec trois cla-
viers et pédale, fut la proie des flammes en
169!.
TAMITIUS (Jean-Théophile), fils du
12.
-ISO
TAMIT1US - TAPIA
précédent, s'établit à Zillau, où il vivait en
1754. Il s'est distingué par quelques bons ou-
vrages.
Son fils, facteur d'orgues et d'instruments à
claviers comme lui, vivait encore à Ziltau dans
les premières années du dix-neuvième siècle.
Il a construit quelques orgues dans la Lusace
et dans la Silésie.
TAMPLINI (Giuseppe), virtuose basso-
niste au théâtre de la Scula de Milan, vers
1840, a publié de sa composition : 1° Capriccio
sopra l'Elisire d'amore, per Fagntto con
piano forte; Milan, Ricordi. 2° Reminiscenza
delV Opéra Roberto il Diavolo di Meyerbeer.
Fantasia per Fagotto con accompagna-
mento di piano forte; ibid. 5° Souvenir de
JSellini. Fantasia per Fagotto con accompa-
gnamentodi piano forte; ibid. 4° Melodia
dell' Opéra i Lombardi alla prima Crociata
di Verdi, trascritte e variale per Fagotto
con accompagnamento di piano forte ; ibid.
TAACIOIM (Eugenio), compositeur, né à
Pérouse, vers 1812, a fait jouera Corfou, en
1859, l'opéra intitulé : La Soflitta dcgli ar-
tisti. On connaît aussi de lui des mélodies à
voix seule, avec piano, publiées chez Ricordi,
à Milan.
TATVSUR (Guillaume), musicien anglais,
naquit en 1699, non à Leicesler, comme il est
dit dans la première édition de cette Biogra-
phie, mais à Barns, dans le comté de Surrey, où
il était organiste en 1757, ainsi qu'on le voit
par la collection des Proverbes de Salomon
et du Cantique des Cantiques, à deux, trois et
quatre voix, publiée sous le titre de Heaven
on eurth. En 1739, il fut appelé à Leicester et
y passa le reste sa vie, à l'exception de quel-
ques voyages qu'il fit à Londres. Il y vivait en-
core en 1 770, à l'âge de soixante dix ans, ainsi
que le prouve son portrait gravé dans cette
année par E. Newton. Il eut un fils, qui fut
choriste à Cambridge, et qui vivait encore en
1811. Ce musicien est connu par les ouvrages
suivants : \° A complète melody, or the Har-
viony of Sion, in three volumes; the first
containing an Introduction to vocal and
instrumental Music ; the second comprising
the psalms, tvith new mélodies; and the
third being composed of part song (Mélodie
complète, ou l'harmonie de Sion, en trois vo-
lumes; le premier contenant une introduction
à la musique vocale et instrumentale; le se-
cond renfermant les psaumes avec de nouvelles
mélodies, et le troisième, composé de chan-
sons); Londres, 1735. 2' The universal Har-
mony containing the whole book of psalms i
newly set in four parts (L'harmonie univer-
selle, contenant tout le livre des psaumes nou-
vellement mis à quatre parties); Londres,
1743. 3° A New musical Grammar : or the
Harmonical Spectator, containing ail the
usefv.l theoretical, poetical, and technical
parts of Musick (Nouvelle Grammaire musi-
cale, ou le Spectateur harmonique; contenant
toutes les parties théoriques, pratiques et tech-
niques delà musique, etc.); Londres, 1746,
in-4°. La seconde édition a paru dans la même
ville, en 1753, in-4° de cent cinquante pages;
la troisième, en 1756; laquatrième, qui a pour
titre A New musical Grammar and Dictio-
nary, est datée de 1767, in-8". Ce traité élé-
mentaire de musique n'est pas dépourvu de
mérite. J'ignore si l'on doit considérer comme
une cinquième édition de la Grammaire mu-
sicale de Tansurl'ouvrage dont le titre suit,
ou s'il indique un livre différent : Eléments
of Musick displayd, or its Grammar, or
ground-TFork made easy ; rudimental ,
praclical, philosophical , historical and
technical; Londres, 1772, in-8°. La septième
édition de la Grammaire est intitulée : Musi-
cal grammar and Dictionary, or a gênerai
Introduction of the whole art of Music;
Londres, 1829, in-8°. A la fin de la deuxième
édition de sa grammaire musicale, Tansur an-
nonçait son intention de publier un livre inti-
tulé : The excellency of divine Musick; con-
taining the original use of every portion
included in the book of psalms, etc.; il ne pa-
rait pas que cet ouvrage ait été imprimé. Dans
une liste de traités de musique imprimés en
Angleterée pendant le dix-huitième siècle,
donnée par Burney, dans le quatrième volume
de son Histoire générale de la musique
(p. 687), on voit, avec le nom de Tansur un
livre intitulé Sound anatomised : cet ouvrage
n'appartient pas à Tansur, mais à Turner
(voyez ce nom).
TAPIA (Martin DE), musicien espagnol,
né à Soria, dans la Haute-Castille, vers 1540,
fut bachelier de l'église de Burgos. Il a écrit
un traité de musique sous ce titre : Vergel de
musica espiritual, especulativa y activa,
donde se tractan los artes del canto llano, y
contrapunto, en summa y en theorica ;
Ossuna, 1570, in-4°. Ce livre est fort rare,
même en Espagne. M. Brunet cite, dans la
quatrième édition de son Manuel du libraire
(t. IV, p. 394) un exemplaire de cet ouvrage,
vendu à Paris en 1831, avec ces noms de lieu
et de libraire : En Burgos de Osmas, D. Fer-
nando deCordoba; 1570, in-4°. I! faudrait
TAPIA — TARCHI
181
pouvoir comparer des exemplaires de ces deux
villes pour décider s'il y a eu deux éditions
dans la même année, ou si le frontispice de
celle d'Ossuna a seulement été changé.
TAPIA (Jean DE), prêtre espagnol et pro-
tonolaire apostolique, fixé à Naples, vers le
commencement du seizième siècle, a fondé dans
cette ville, en 1537, le premier conservatoire de
musique connu, sous le titre de Conservatorio
délia madonadi Loreto, au moyen d'aumônes
et de souscriptions qu'il recueillait lui-même
en allant de porte en porte. Cette école a été le
modèle de toutes celles du même genre qui se
sont établies dans la même ville, à Venise, et
ailleurs. Tapia mourut, à Naples, au moisdedé-
cembre 1543, suivant son épilaphe rapportée
par le marquis de Villarosa (1), d'après la Na-
pali sacra de César d'Engcnio (Naples, 1624).
TAPItAY (Jean-Fkahçois), fils, de Jean
Tapray, organiste de la collégiale de Gray,
naquit dans cette ville, en 1758. Dès l'âge de
quatorze ans, il était organiste et maître de
musique àDôle; à vingt-cinq ans, il devint
organiste de la cathédrale de Besançon. En
1768, il quitta ce poste pour aller à Paris y
remplir les mêmes fonctions à l'école mili-
taire, et pour s'y livrer à l'enseignement du
clavecin. Depuis celte époque jusqu'en 1801,
il a composé et publié vingt-huit oeuvres de
sonates pour le piano et de chansons avec ac-
compagnement ; toutes ces compositions sont
faibles de style et d'invention. En 1802, Ta-
pray s'est retiré à Fontainebleau, où il a vécu
jusqu'en 1819. On a aussi sous son nom une
Méthode de piano, Paris, Pleyel, 1800. Les
biographes qui le font naître à Naples et lui
donnent pour maître Dominique Scarlatli ont
été induits en erreur.
TAIlADE (....), bon violoniste, né dans un
village près de Château -Thierry, entra à l'or-
chestre de l'Opéra en 1749, et y resta jus-
qu'en 1776. A cette époque, il prit sa retraite
et alla vivre en province. On ignore l'époque
de sa mort; mais on sait qu'il vivait encore en
1788. Il a composé un opéra-comique intitulé:
la Réconciliation villageoise qui fut repré-
senté, le 15 juillet 1765, à la Comédie ita-
lienne. Sa musique fut goûtée et l'on demanda
l'auteur; mais quand on le vit paraître avec sa
partition sous le bras, chacun sj mit à rire, et
Taradese relira déconcerté.
TARCHI (Ascelo), compositeur drama-
tique, et professeur de chant, naquit à Na-
ples, en 1760, et fil ses éludes musicales au
(I) Memorie dei Compositori di Musica del regno di
Napoli (pref. p. xi.)
Conservatoire de la Pietù, sous la direction
de Taranlino pour le chant, et de Sala pour la
composition. Il demeura treize ans dans cette
école etyétaitencore lorsqu'il écrivit, en 1781,
son premier opéra, intitulé l'Architetlo, qui
fut chanté par les élèves du Conservatoire, et
que le roi de Naples fit ensuite représenter sur
le théâlrede la cour,àCaserle.I)eux ans après,
il composa, pour le théâtre Nnovo, (a Caccia
di Enrico IV, opéra-bouffe; qui fut bien ac-
cueilli par les Napolitains. Peu de temps après,
il sortit du Conservatoire. Après avoir donné
au théâtre du Fondo quelques opéras dont les
litres sont maintenant oubliés, il partit pour
Rome et y écrivit, pour le théâtre Capranica ,
l'opéra bouffe intitulé I duc Fratelli Pappa-
mosca, qui fut suivi de Don Fallopio, au
théâtre Valle, en 1784. De Home, il alla à
Milan et y écrivit Y Ademira pour le théâtre
de la Canobbiana. Appelé à Turin, en 1785,
il y composa Arianna e Bacco, et dans l'au-
tomne de la même année, il donna, à Venise,
Jfigenia in Tauride. Pendant l'année 1786,
Tarchi fournit un de ces exemples de fécondité
qu'on ne connaît qu'en Italie, car il écrivit
dans l'espace de neuf mois, et dans quatre
villes différentes, quatre opéras sérieux en
trois actes chacun, savoir : V Ariarate, pour
le carnaval, à Milan; Pitblio, pour le prin-
temps, à Florence; Arminio, dans l'été, à
Manloue, et enfin, Demofoonte, pour la foire
de Crema. Puis il alla composer à Turin, pour
le carnaval de 1787, 77 Trionfo di Clelia,
opéra sérieux, et donna au printemps de la
même année, à Milan, Il Conte di Salda-
gna(i), qui fut joué avec succès à Paris, en
1790, par les fameux bouffonsde la foire Saint-
Germain. Dans l'été, Tarchi alla écrire à Man-
loue VArtaserse, et à l'automne, il donna, à
Venise, Paolo e Virginia. A peine ce dernier
ouvrage eut-il été représenté, qu'il courut à
Rome pour y écrire le Due llivali, opéra
bouffe, pour le carnaval. Au printemps de
1788, il donna, dans la même ville, le Mitri-
dale, une de ses meilleures partitions, puis il
se rendit, à Miian, et y composa VAntioco.
Au commencement de 1789, Tarchi, dont
les succès avaient étendu ia réputation en peu
de temps, fut appelé à Londres pour y écrire
Il Disertore, qui fut suivi de VAlessandro
nelV Indie. De retour à Milan, il écrivit, pour
. !e pelil théâtre de Monza, près de celle ville,
un opéra bouffe, inUlu'ô Lo Spazza-camino.
(1) V Indice tealrale de 17SS prouve que les biographes
se sont trompés en plaçant cet ouvrage une année pins
tard.
182
TARCHI — TARDITI
En 1790, il donna, à Venise, l'Apoteose
d'Ercole ; à Vicence, VEzio ; à Rome, VOlim-
piade.TLn 1791, à Turin, Giulio Sabino; à
Paris, où le succès du Conte di Salda<jna
l'avait fait appeler, il écrivit Don Chisciotto;
puis il retourna à Milan pour y donner
VAdrasto, opéra sérieux, au carnaval de
1792. Dans la même année, il écrivit, à Man-
toue, Isacco, oratorio; à Florence, Ester;
à Venise, la Morte di Nerone. En 1793, à
Turin, VAlessandro nell' Jndie, avec une
nouvelle musique; à Bergame, pour la foire,
Lo Stravagante, opéra-bouffe. Pendant un
voyage qu'il fit à Naples, après la représenta-
tion de cet opéra, il fut atteint d'une maladie
grave qui lui fit suspendre ses travaux pendant
la plus grande partie de l'année 1794. Au
mois de septembre, il se rendit à Milan, et y
écrivit le Danaidi. qui furent représentées le
20 décembre. A l'automne de 1795, il donna
dans la même ville l'Impostura dura poco.
En 1796, il écrivit pour Plaisance, Il Ciro ri-
conosciuto. Son dernier ouvrage composé en
Italie fut la Congiura Pisoniana, jouée à
Milan pendant le carême de 1797. La guerre,
qui désolait alors ce pays, ayant ruiné toutes
les entreprises de théâtre, Tarchi prit la réso-
lution d'aller chercher à Paris d'autres res-
sources pour son talent. Il y arriva dans l'été
de 1797, cl composa, pour l'Opéra-Ccmiquc
et pour le théâtre Feydeau, les ouvrages sui-
vants : 1° Le Cabriolet jaune, en un acte,
joué en 1798, et qui ne réussit pas. 2° Le
Trente et Quarante, en 1799, jolie pièce de
Duval dont la musique était très -faible et qui
dutsurtout son succès au jeu d'Elleviou et de
Martin (voyez ces noms). 5° Aurore de Gus-
man, en 1799, tombée à la première repré-
sentation 4° D'auberge en auberge, en trois
actes, jouée au théâtre Feydeau, en 1800, le
meilleur ouvrage fiançais de Tarchi. 5° Une
Aventure de Saint-Foix, en un acte, 1802,
tombée à la première représentation. 0° As-
tolphe et Alba, en deux actes, 1802, qui ne
réussit pas. Bientôt dégoûté de travailler dans
une langue dont il ne saisissait pas le carac-
tère lyrique, Tarchi borna le reste de sa car-
rière à l'enseignement du chant et de la com-
position. Il mourut à Paris, le 19 août 1814,
complètement oublié de ses compatriotes
comme du public français. On trouve en ma-
nuscrit, dans la Bibliothèque du Conservatoire
de Naples, une messe à quatre voix et orchestre
pour le dimanche de Lœtare, et un Credo à
quatre voix avec instruments, de la composi-
tion de Tarchi. L'abbé Sanlini, de Rome, pos-
sède un Stabat mater en italien, pour deux
sopranos ôt instruments, composé par Tarchi.
Les partitions de Trente et Quarante et D'au-
berge en auberge ont été publiées à Paris. Ce
dernier ouvrage a été traduit en allemand, et
publié en partition pour le piano, sous le litre:
Von Gaslhof zu Gasthof; Hambourg, Cranz,
et à Vienne, avec le litre les Deux Postes
{Die zwei Foslen).
TAHDITI (Paijl) , compositeur, né à
Rome, dans la seconde moitié du seizième
siècle, fut maître de chapelle de Saint-Jac-
ques-des-Espagnols, dans cette ville, et occu-
pait encore cette place en 1020. Le 20 janvier
1010, il avait été nommé maître de chapelle
de Sainte-Marie Majeure, mais il n'avait point
accepté cet emploi. M. l'abbé Santini, de
Rome, possède beaucoup de compositions de
ce maître pour l'église, à huit voix. On a pu-
blié de sa composition P'illotc alla padovana
a quattro voci; Venelia, appresso Angelo
Gardano, 1597, in-4°. Tarditi fut un des pre-
miers maîtres romains qui adoptèrent le style
recilalivo mis en vogue à Florence et à Man-
touc par Péri, Caccini et Monleverde. Il n'eut
de prédécesseur en ce genre à Rome que Paul
Quagliali (voyez le discours de P. Délia Valle,
intitulé : Délia musica dell' elù nostra, dans
le deuxième volume des œuvres de J.-B. Doni,
p. 251).
TARDITI (Horace), compositeur de l'école
romaine, fut d'abord maître de chapelle de la
cathédrale de Forli, dans les États romains;
il occupait celte place en 1039 ; puis il eut une
position semblable à la cathédrale de Faenza.
Il vivait encore dans cette ville en 1070. La
biblioihèquedel'écolecoinmunale de musique
de Bologne, provenant du P. Martini, possède
les ouvrages de la composition de cet artiste
dont voici la liste : 1° Messe a quattro e
cinque voci in concerto, con una Laudate
in fine concertata a tre voci, due violini e un'
chitarone; in Venelia, app. Aless. Vin-
centi, 1039, in-4". 2° Messa e Salmi concer-
tât i a quattro voci, op. 1G; ibid., 1040.
5° Messe a cinque voci concertate, parle con
stromenti, parla senza, con alcuni Salmi a
3, 4 e 5 voci concertati, op. 27 ; ibid., 1048,
in-4°. 4° Messe a tre e quattro voci in con-
certo; libro terzo, op. 32 ; ibid., 1050, in -4°.
5° Messa e Salmi a 2 voci, op. 39 ; Eologna,
Jac. Monti, 1GG8, in-4". 0° Il secondo libro
di Mottctli concertati a 1,2, 3, 4 e 5 voci
co'l basso per i'organo, con una Messa e
Salmi a 5 voci in concerto; Vcnelia, Aless.
Vincenli, 1025. 7° Il terzo libro de' Moitetti
TARDITI — TARTIM
4S5
«2eô voci in concerto, op. 7; ibid., 1638
{c'est une réimpression). 8° Il quarto libro
de'Mottetti a 2, 5 e 4 voci m concerto, con le
Litanie délia B. F . a 4 voce concertati.
op. 15; <&id., 1637. 9° Motetti a 2 e 5 voc*
concertati, libro sesto, op. 51 ; ibid., I Go 1
(c'est une réimpression). 10" Mottetti e Salmi
a 2 e 3 voci concertati co'l basso per l'organo,
op. 22; «oe'd., 1645. 11° Mottetti, Salmi e
Jnni a una voce e a 2 o 3 voa concertati.
parte con violini e tiorba, e parte sema,
op. 30; Fenetia, Gardante, 1650. 12u jVof-
<•«"[*« a 2 e 3 voci, libro 10", op. 51 ; Fenetia,
app. Mess. Vincenli, 1G51. 13° Mottetti e
Salmi a 3 e 4 voci concertati, parte con vio-
lini e parte senza, con una Messa a 4 voci
ed tin Laudate pueri a voce sola con due vio-
lini, op. 33; ibid., 1652. 14° 77 decimo terzo
libro de'Mottetti a 3 voci concertati, op. 34 ;
ibid., 1654. 15° Il decimo quinto libro de'
Mottetti a 2 e 5 voci con violini, eduna
Messa concertata aô voci co'l basso per Vor-
■gano , op. 36; ibid., 1663. 16° Mottetti a
voce sola con violini, op. 41 ; Bologna, Gia-
como Monti, 1670. 17° 77 secondo libro de'
Mottetti a voce sola con violini, op. 43;
ibid., 1670. J'ai vu citer clans des catalogues
le troisième et le quatrième livre de motets à
voix seule, mais sans indication de lieu et de
<late. 18° Concerto a musiche da chiesa,
Mottetti a 2, 3, 4 c 5 voci, Salmi a 5 voci, Li-
tanie délia B. V. a 5 voci; Fenetia, Fin-
■centi, 1641. 19° Salmi a 8 voci co'l organo,
op. 28; ibid', 1649. 20° Salmi di compietà e
Litanie délia B. F. ah voci, con le quattro
Antifone a 3 voci, op. 24; ibid., 1647.
21° Litanie délia B. F. a 3, 4 e 5 voci con-
certati, con le quattro Antifone a tre voci e
2 violini, alcuni Mottetti a 3 voci, eTeDeum
concertato a 4 voci; ibid., 1644. 22° Madri-
<jali a 5 voci con alcuni a 5 in fine, op. 14 ;
ibid., 1639. 23° Canzonette amorose a 2 e 3
voci ; ibid., 1647.
TARE3i]\E (Georges), littérateur français,
vécut à la fin du dix-huitième siècle et au
commencement du dix-neuvième. Au nombre
de ses ouvrages, on en trouve un <(ui a pour
titre : Recherches sur le Ranz des vaches,
avec musique; Paris, Louis, 1813, in-8° de
soixante-douze pages.
TARNOWSKI (Alexandre), violoniste
^?t compositeur, né à Wilna (Lilhuanie), en
1812, eut pour maître de violon un professeur
<le cette ville, nommé Reutt. En 1852, il se
rendit à Paris et y reçut quelques leçons
d'IIabcncck. Fixé ensuite à Clermont Ferrand,
il y vit encore (1864), et y a formé de bons
élèves. Lié d'amitié avec le compositeur Ons-
low, M. Tarnowski était chargé par lui de la
partie de premier violon dans l'exécution de
ses nouveaux ouvrages. On a publié de cet ar-
tiste : 1° Fantaisie pour violon sur une ro-
mance de Guido et Ginevra. 2° Fantaisie sur
les motifs d'77 Trovatore. 5° Fantaisie sur les
motifs de VEtoile du Nord. 4° Polka pour
piano. 5° Grande valse idem. M. Tarnowski
dirige l'orchestre de la Société philharmonique
deClermont-Ferrand.
TAROIVI (Antoine), chanoine de l'église
Sainte-Barbe, à Jlantoue, et compositeur, vers
le milieu du dix-septième sièele, est connu
par les ouvrages dont voici les litres : 1° Ma-
drigalia 5 voci; Venise, 1612. 2° Messe a
capella a 5 voci; ibid., 1646. Entre deux pro-
ductions publiées à des dates si éloignées, il
en a paru sans doute d'autres qui me sont in-
connues.
TARTAGLOI (Hippolite), né à Modène,
en 1539, fut organiste de Saint-Pierre et de
plusieurs autres églises de Rome. Il fut élu
maître de chapelle de Sainte-Marie-Majeure,
le 10 octobre 1575. La protection du cardinal
Farnèse lui fit obtenir la qualité de citoyen
romain. Ce fut aussi à ce prélat qu'il dut l'hon-
neur d'être décoré du titre de chevalier de
l'Éperon d'or. Appelé à Naples vers la fin de
1577, il y fut mis en possession de la place de
maître de chapelle de la cathédrale. Il y mou-
rut en 1580, à l'âge de quarante et un ans.
"Cet artiste fut considéré comme un des musi-
ciens les plus distingués de son temps. Il passe
pour avoir été un des premiers auteurs de
messes et de motets à trois et à quatre chœurs.
On trouve un madrigal à cinq voix de la com-
position de Tarlaglini dans le recueil inti-
tulé : Dolci A/fetti, Madrigali a 5 voci di
diversi eccellenti musici di Roma; Rome,
Alexandre Gardane, 1585. Tarlaglini publia
un livre de Madrigaux à Rome, chez le même
imprimeur, en 1576. I! y en a eu une seconde
édition en 1588. .
TARTINI (Joseph), né à Pirano, en
Islrie, le 12 avril 1692, commença ses études
chez les oratoriens de sa ville natale, et fort
jeune encore fut envoyé à Capo-d'Islria, pour
les achever au collège appelé Dei Padri délie
scuole. Il y reçut les premières leçons de mu-
sique et de violon, et acquit dans l'art de l'es-
crime une habileté remarquable. Ses parenls
le destinaient à entrer dans un couvent de
franciscains; mais rien ne put vaincre la ré-
pugnance de Tarlini pour cet étal. Déjà il
184
TARTINI
avait atteint sa dix-huitième année lorsqu'on
prit le parti de l'envoyer à l'université de Pa-
doue pour y étudier la jurisprudence. Sa rare
intelligence lui rendit cette étude si facile,
qu'il lui restait beaucoup de temps pour se
livrer à son goût passionné pour l'escrime. Mal-
heureusement sa fréquentation habituelle des
salles d'armes, et sa confiance dans son habi-
leté, lui donnèrent l'humeur querelleuse, et
lui attirèrent quelques duels qui eurent du re-
tentissement. Dégoûté d'études sérieuses, il
avait pris la résolution d'aller s'établir à Paris
ou à Naples, et d'y faire sa profession de l'art
des armes; l'amour que lui inspira une jeune
demoiselle de Padoue, parente du cardinal
Georges Cornaro, évêque de cette ville, le fil
ensuite renoncera ce projet. Il l'avait épousée
en secret; mais bientôt cette union fut connue;
les parents de Tartini, irrités de sa conduite,
lui retirèrent les secours qu'ils lui accordaient
précédemment; et pour comble de maux, le
cardinal mit la justice à sa poursuite, sous l'ac-
cusation de séduction et de rapt. Prévenu à
temps du danger qui le menaçait, Tartini s'en-
fuit vers Rome, laissant sa femme à Padoue,
sans l'informer du lieu de sa retraite. Arrivé à
Assise, il y rencontra un moine de Pirano, son
proche parent, qui était sacristain du couvent
des minorités de cette ville, et qui, touché de
ses malheurs, consentit à lui donner un asile
dans le monastère. Tartini resta caché pendant
deuv ans, mettant à profit sa retraite forcée
par une étude incessante du violon. Le Père
Boemo, excellent organiste du couvent, lui
donna des leçons d'accompagnement et de
composition qui complétèrent son éducation
musicale. Ces douces occupations, le calme qui
régnait autour de lui, enfin les pratiques reli-
gieuses auxquelles il prenait part, opérèrent
alors une heureuse révolution dans le carac-
tère de Tartini, et de violent qu'il était, le
rendirent doux et modeste.
Un événement imprévu vint tout à coup
mettre un terme à sa retraite forcée, et le
rendre à sa famille. Un jour de fêle, il exécu-
tait un solo de violon, dans le choeur de l'église,
lorsqu'un coup de vent dérangea le rideau qui
le dérobait aux regards du public. Un habitant
de Padoue, qui se trouvait dans l'église, le re-
connut et divulgua le secret du lieu où il s'était
retiré. Mais dans l'espace de deux années, les
dispositions de l'évêque de Padoue avaient
changea l'égard de Tartini; il fut permis à
l'artiste de retourner dans celle ville et de se
réunir à sa femme. Peu de temps après, il
partit avec elle pour Venise, où il entendit le
célèbre violoniste Veracini, de Florence. Le jeu
hardi et rempli de nouveautés de ce virtuose
l'élonna et lui fit apercevoir de nouvelles res-
sources pour son instrument. Ne voulant pas
entrer en lutte avec cet artiste, dont il ne pou-
vait se dissimuler la supériorité, il s'éloigna
de Venise le lendemain, envoya sa femme cher
son frère, à Pirano, et se retira à Ancône, où
il se livra avec ardeur à de nouvelles études.
Depuis cette époque (1714), il se fit une ma-
nière nouvelle, et par de constantes observa-
tions établit les principes fondamentaux du
maniement de l'archet qui, depuis lors, ont
servi de base à toutes les écoles de violonistes
d'Italie et de France. Ce fut alors qu'il fit la
découverte du phénomène du troisième son,
ainsi appelé parce que des tierces parfaitement
justes exécutées sur le violon font entendre un
son grave à la tierce inférieure de la note la
plus basse des deux, qui forme avec elles un ac-
cord parfait. C'est ce phénomène qu'il prit
plus tard pour base d'un nouveau système
d'harmonie.
En 1721, Tartini fut nommé violon solo et
chef d'orchestre de la chapelle de Saint-Antoine
de Padoue. Cette chapelle était alors composée
de seize chanteurs et vingt-quatre instrumen-
tistes : elle passait pour une des meilleures de
l'Italie. Deux ans après, le virtuose fut appelé
à Prague pour les fêtes du couronnement de
l'empereur Charles VI; il s'y rendit avec le
violoncelliste Antoine Vandini, son ami, et tous
deux acceptèrent les offres avantageuses qui
leur furent faites par le comte de Kinsky, pour
qu'ils entrassent à son service. Ils y restèrent
pendant trois ans, puis ils retournèrent à Pa-
doue. Depuis ce temps, rien n'a pu décider
Tartini à s'éloigner de cette ville : il refusa
toujours les propositions avantageuses qui lui
furent faites pour qu'il entrât au service de-
princes étrangers. Le reste de sa longue car-
rière s'écoula paisiblement dans l'étude, la
composition et renseignement. En 1728, il
avait établi à Padoue une école de violon qui
devint célèbre dans toute l'Europe, et d'où sor-
tirent une multitude de violonistes distingués,
parmi lesquels on cite Nardini, Pasqualino-
Bini, Alberghi, Dominique Ferrari, Carminali,
Capuzzi, madame deSirmen, et les violonistes
français Pagin et Lahoussaye. Le caractère
acariâtre de sa femme ne le rendait pas heu-
reux ; mais il eut toujours avec elle une pa-
tience, une douceur inaltérables. Depuis 1722
jusqu'à sa mort, c'est-à-dire dans l'espace de
quarante-huit ans, il conserva sa place «le pre-
mier violon à l'église Saint-Antoine de Pa-
TARTINI
185
doue; mais dans les dernières années, il n'en
remplissait plus les fonctions. Cette place ne
lui rapportait que quatre cents ducats (environ
seize cents francs) ; mais il n'était obligé de
jouerqu'àquelquesgrandes fêtes, chaqueannée.
Celle place, le produit de ses leçons, et quelques
biens qu'il tenait de sa famille, lui compo-
saient un revenu suffisant pour vivre dans l'ai-
sance. A l'âge de soixante-dix-huit ans, il fut
atteint du scorbut : à la première nouvelle de
cet accident; Nardini, son élève favori, partit
de Livourne pour se rendre auprès de lui; il
îui prodigua ses soins pendant sa maladie;
mais le mal était incurable, etTartini mourut
le 16 février 1770. Il fut inhumé dans l'église
Sainte-Catherine. Jules Meneghini, son suc-
cesseur comme chef d'orchestre, lui fit faire
un service funèbre dans l'église des Serviles,
où l'abbé Fanzago prononça son éloge, et la
chapelle de Saint-Antoine exécuta en son hon-
neur un Bequiem composée par le P. Valotti.
Tartini n'a pas moins contribué au perfec-
tionnement de l'art déjouer du violon par ses
compositions pour cet instrument, que par
les élèves qu'il a formés. Son style est en gé-
néral élevé, et ses idées ont de la variété. Son
harmonie a de la pureté sans sécheresse. Au-
cun instrumentiste célèbre n'a montré autant
de fécondité que lui. Son premier ouvrage pa-
rut, en 17-54, à Amsterdam, chez Roger; il
consiste en douze concertos pour violon, avec
accompagnement de deux violons, viole, vio-
loncelle et basse continue pour le clavecin, di-
visés en deux livres, et a pour titre : Sei con-
certi composii e mandait da G. Tartini a
Gaapari Visconti. Opéra la. Lib. 1 e2. Trois
concertos extraits de cet œuvre ont été publiés
quelques années après à Paris, sous ce titre :
Tre concerti a cinque voci da Gins. Tartini.
Lifo. ln. Illainville (voyez ce nom) a tiré aussi
de ce même œuvre trois autres concertos, en
y ajoutant deux parties de viole, d'après la
basse continue chiffrée, et les a publiés à Pa-
ris sous le titre de : Concerti grossi, composli
dell' Opéra prima di Gins. Tartini. Il existe
un autre ouvrage de Tartini qui porte le nu-
méro d'œuvre premier; il a pour litre Sonate
(XII) a violino, e violoncello o cembalo de-
dicate a sua Eccellenza il signor Girolamo
Ascanio Giustiniani di Giuseppe Tartini.
Opéra prima; Paris, Leclere, chez madame
Boivin (gravé par Hue). En général, il ne faut
pas attacher trop d'importance aux numéros
d'œuvres des anciens auteurs, parce qu'ils
étaient souvent classés arbitrairement par les
éditeurs ou contrefacteurs. Ce désordre est
surtout remarquable dans la multitude d'édi-
tions des œuvres de Haydn. En ce qui concerne
Tartini, on voit que la série des œuvres publiés
à Paris, chez Leclere, se rapporte particulière-
ment aux sonates. Les douze sonates citées ci-
dessus sont aussi publiées à Amsterdam, chez
Le Cène, comme œuvre premier. Le second
œuvre de Tartini, formé de six sonates pour
violon, avec violoncelle ou basse continue pour
le clavecin, a été gravé à Rome, en 1745. Ces
sonates ont été gravées à Paris et à Amster-
dam sous le même numéro. Or, ces mêmes
sonaies,dédiéesparTartinià£î<r7Zie/mo/e<7m',
sont réunies à six autres, avec la même dédi-
cace, et publiées comme œuvre troisième, sous
ce titre :• XI T Sonate a violino e basso (la basse
n'est pas chiffrée), dedicate al Signor Gugliel-
mo Fegerida Giuseppe Tartini. Opéra terza;
Paris, Leclere, etc. L'œuvre quatrième a été
publié à Paris, chez Venier, sous ce titre :
Sei concerti a violino solo, due violini, viola
e violoncello o cembalo di concerto, op. 4a.
Ce même numéro d'œuvre quatrième est donné
à PI sonates à violon seul avec la basse con-
tinue, composées par M. Giuseppe Tartini di
Padoa, dédiées àM.Pagin. OEuvre IV; Paris,
Leclere, etc. L'œuvre cinquième, composé de
six sonates à violon seul et basse continue, dé-
diées aussi à Pagin, a paru à Paris, chez Le-
clere, en 1747. L'œuvre sixième, formé de six
sonates semblables, a été publié à Paris, aux
mêmes adress.es et au bureau du Journal de
musique, en 1770. Six autres sonates, formant
l'œuvre septième, et, enfin, six autres du même
genre, œuvre neuvième, ont été gravées à Paris,
par mademoiselle Berlin. L'œuvre huitième a
pour litre: Sei Sonate a tre, due violini col basso
del sig. Giuseppe Tartini di Padoa; op. VIII.
Gravé par mademoiselle Berlin; Paris, chez
M. Meaupelil, l'éditeur, etc., madame Boivin,
M. Leclere, mademoiselle Castagneri. Ces so-
nates sontlrès-petiles. On connaît aussi de Tar-
tini un recueil pour le violon publié à Amster-
dam, sous le titre de VArte delV arco, dont
Cartier a publié, à Paris, une nouvelle édition
intitulée : V Art de l'archet. A l'égard des édi-
tions publiéesdes concerlosdeTarlini, M. Far-
renc a bien voulu me fournir les indications
suivantes : 1° Concert" (III) a cinque con vio-
lino obligatodel Sig. Giuseppe Tartini. Li-
6rol°; Paris, chez madame Boivin, M. Leclere,
M. Castagneri, M. Laine. Au bas du frontispice,
on lit : In Urbino nella slamperia di Carlo
Gio Francesco Tessarini. 2" VI concerti a
olto slromcnti, a violino principale, violino
primo, violino secondo, violino primo di ri-
1SG
ÏARTINI
pieno, violino secondo di ripieno, alto-viola,
organo e violoncello obligalo, del S. Giuseppe
Tartini di Padoa. Opéra seconda; Stam-
pato a spese di Gerhardo Frederico Witvogél
a Amsterdam. 3° Sei concerli a cinque stro-
menti, a violino principale, violino primo e
secondo, alto-viola, organo e violoncello,
composli e mandati per il Signor Giuseppe
Tartini di Padoa. Opéra prima, libro se-
condo; Amsterdam a spese di Michèle Carlo
Le Cène. 4° Sei concerli a cinque stromenti,
a violino principale, violino primo e se-
condo, alto-viola, organo e violoncello del
Sig. Giuseppe Tartini e Gasparo Fisconti.
Opéra prima, libro terzo; Amsterdam a
spese di Michèle Carlo Le Cène.
Indépendamment de ces compositions ,
Tartini laissa en manuscrit, à sa mort, qua-
rante-huit sonates pour violon et basse,
un trio pour deux violons et basse, et cent
vingt-sept concertos pour violon solo, deux
violons, viole et basse continue d'accompagne-
ment. La Bibliothèque du Conservatoire de
Paris possède des copies manuscrites d'une
grande partie de ces ouvrages. Parmi ces com-
positions se trouve la fameuse Sonate du
Diable, dont on a publié plusieurs éditions
depuis environ 1805. L'astronome Lalande
•tenait de Tartini lui-même l'anecdote de l'ori-
gine de celte sonate, et l'a rapportée en ces
termes dans la relation de son voyage en Ita-
lie (t. IX, p. 55) : « Une nuit, en 1715, medit-
>> il, je révais que j'avais fait un pacte, et que
» le diable était à mon service ; tout me réus-
» sissait à souhait, mes volontés étaient lou-
» jours prévenues, et mes désirs toujours sur-
» passés par les services de mon nouveau
» domestique. J'imaginai de lui donner mon
« violon pourvoir s'il parviendrait à me jouer
» de beaux airs : mais quel fut mon élonne-
» ment, lorsque j'entendis une sonate si sin-
» gulière et si belle, exécutée avec tant de su-
3> périorité et d'intelligence, que je n'avais
» même rien conçu qui pût entrer en paral-
» lèle! J'éprouvais tant de surprise, de ravis-
» sèment, de plaisir, que j'en perdais la respi-
»» ration : je fus réveillé par cette violente
» sensation; je pris à l'instant mon violon,
» espérant de retrouver une partie de ce que
» je venais d'entendre; mais ce fut en vain :
» la pièce que je composai alors est à la vérité
» la meilleure que j'aie jamais faite, et je l'ap-
» pelle encore la Sonate du Diable; mais elle
» est si fort au-dessous de ce qui m'avait
» frappé, que j'eusse brisé mon violon et
j> abandonné pour toujours la musique, si
» j'eusse été en état de m'en passer. » Celte
anecdote a fourni à Panseron ( voyez ce
nom) le sujet d'une pièce de chant avec violon
obligé, intitulée : le Songe de Tartini, qui a
eu beaucoup de succès. Tartini composa un
Miserere concerté à quatre et à cinq voix,
avec le dernier verset à huit voix, qui fut exé-
cuté à la chapelle pontificale de Rome, le
mercredi saint de l'année 17C8, devant le pape
Clément XIII ; mais loin de mériter les
louanges que le baron Augustin Forno de Pa-
lerme lui a données dans l'éloge de Tartini, ce
morceau fut trouvé si faible, qu'on résolut
unanimement de ne plus l'exécuter, et qu'il
n'a plus été entendu depuis lors.
Tartini s'est beaucoup occupé de la théorie
delà musique et particulièrement de l'harmo-
nie. Le phénomène du troisième son, qui
l'avait frappé en 1714, et qui a été remarqué
plus tard par Romieu et par Sorge (voyez ces
noms), était devenu l'objet de ses méditations,
et le conduisit à la création d'un système d'har-
monie qu'il exposa dans un livre intitulé :
Trattato di musica secondo la vera scienza
dell' armonia (Padoue, 1754, in-4° de cent
soixante-quinze pages). Ce livre est divisé en
six chapitres dont le contenu est : 1° Des phé-
nomènes harmoniques, de leur nature et de
leur usage; 2° du cercle, de sa nature et de
son usage ; 5° du système musical, des conson-
nances, des dissonances, leur nature, leur dé-
finition; 4" de l'échelle diatonique, du genre
musical pratique, de son origine, de son usage
et de ses conséquences; 5° des modes et des
tons anciens et modernes ; 6° des intervalles
et des modulations de la musique moderne.
Un des phénomènes les plus remarquables
des inconséquences de l'esprit humain se
manifeste dans ce livre; car on y voit un
homme, initié à tous les secrets de son art,
chercher en dehors de la constitution de cet
art les principes qui lui servent de base, et
s'épuiser en efforts infructueux pour les abs-
traire d'une physique incertaine et de cal-
culs dont i! ignorait le mécanisme. Rebutés
par l'obscurité qui règne dans tout l'ouvrage,
les critiques ont reproché à Tarlini de n'avoir
pas présenté ses idées d'une manière assez In-
cident ontattribué le défaut de clarlé qu'ils y
remarquaient aux formes de son style. Avec
plus d'attention, ils auraient vu que l'obscu-
rité est dans les idées mêmes, et que si les
aperçus ingénieux ne manquent pas dans le
système que l'auteur s'est efforcé de coordon-
ner, la liaison rigoureuse n'existe pas entre
eux, enfin, que les conséquences qu'il en tire
TARTINI
187
n'ont point de solidité (1). Le système de
Tarlini est précisément l'opposé de celui de
Rameau, car il part des harmoniques pour re-
monter au son grave, au moyen du phénomène
du troisième son. tandis que l'harmoniste fran-
çais suit une marche inverse. II suit delà que
le système de Tartini manque de base pour la
génération des accords, et qu'il ne peut par-
venir à la belle théorie du renversement, dé-
couverte par Rameau. Cette seule considéra-
tion démontre la supériorité des travaux de
celui-ci, sous le rapport de la didactique pra-
tique : elle n'a point été aperçue par
J.-J. Rousseau, dans l'analyse erronée qu'il a
faite de la théorie de Tartini, à l'article Sys-
tème de son Dictionnaire de musique, ni par
d'Alembert, dans son article Fondamental,
de l'Encyclopédie (2).
Prony a donné l'explication suivante du
phénomène du troisième son découvert par
Tartini, et de l'erreur où il est tombé à ce su-
jet : « Tarlini a remarqué qu'en faisant en-
« tendre ensemble deux sons voisins quelcon-
« ques pris parmi ceux que rendaient les sous-
» divisions 1/2, 1/5, 1/4, 1/5, etc., d'une
» corde, sous une tension constante, on enlen-
» dail en même temps un troisième son, en-
» gendre par les deux autres, et qu'il a jugé
» être le son 1/2. Tartini a été trompé par
« l'identité des octaves, et a pris pour le son 1
« de la corde entière, le son 1/2 de sa moitié,
« qui est l'octave du précédent. La production
» tle ce troisième son a pour cause infiniment
» probable les coïncidences des vibrations des
» deux sons générateurs; coïncidences qui,
« pendant un temps donné, sont en nombre
» égal à celui des vibrations de la corde 1, pen-
» dant le même temps. » (Mécanique analyti-
que, deuxième partie, §1257.) Cette explication
est conforme à celle queLagrange a donnée du
même phénomène dans les Mémoires de l'Aca-
démie de Turin (ann. 1759, t. I, p. 105). Cet
illustre géomètre a démontré dans le même
mémoire que le phénomène de la production
des sons harmoniques, par la résonnance d'un
corps sonore grave, et celui de la production
(1) Voyez l'analyse du système de Tartini dans mon
Esquisse de l'histoire de l'harmonie (Paris, 1841, p. 93-
102, et dans la Revue et Gazette musicale de Paris,
année 1840, pages 53S-S38).
Ci) Le prince de la Tour et Taxis a fait voir que Rous-
seau n'a rien entendu au système de Tartini, dans un
•écrit intitule : Risposta di un anonimo al célèbre Signor
Rousseau circa il suo sentimento in proposito d'aleune
proposizioni del Sig. G. Tartini. In Venezia, 17G9,
uppresso Antonio di Castro, alla libreria délia Costanza,
in-8° de quinze pages.
d'un son grave par la résonnance de deux sons
aigus, sont identiques par leur principe, qui
n'est autre que la coïncidence des nombres
harmoniques des vibrations.
Serre, de Genève, a fait une très-bonne cri-
tique du livredeTartini dans les Observations
sur le principe de l'harmonie (peges 109-
1G9), et a démontré à la fois la fausseté
des principes du système, et l'impossibilité
de leur application dans la pratique. Soit
que Tarlini eût eu dès lors connaissance de
cette critique, soit qu'il l'ignorât encore, il
essaya d'expliquer les points de son sys-
tème dont l'obscurité ou l'incohérence
avaient été signalées, et fit paraître dans ce
dessein un écrit qui a pour titre : De' princi-
pii dell' armonia musicale contenuta nel
diatonico génère (Padova, 1767, in-4° décent
vingt pages). Toutefois, ses efforts n'aboutis-
sent pas dans cet ouvrage à l'objet qu'il s'était
proposé, car l'obscurité n'y est pas moins
grande que dans le premier traité, et les con-
tradictions n'y sont pas moins fréquentes.
C'est dans cette dissertation qu'il réclame
(p. 56) la priorité de la découverte du troisième
son, contre les prétentions de Romieu (voyez
ce nom). Au reste, dès 1700, Sauveur (voyez
ce nom) en avait trouvé le principe, comme
celui de tous les phénomènes harmoniques du
même genre. Dans la même année, Tartini fit
paraître une faible réfutation de la critique de
Serre, dans un écrit intitulé : Risposta di
Giuseppe Tarlini alla critica del di lui Trat-
lato di musica di Mons. Le Serre di Gine-
vra, in Venezia, 1767, in-8° de soixante-
quatorze pages. L'ensemble du système de
Tartini a été l'objet d'une réfutation algé-
brique dans le discours préliminaire du nou-
veau système de Mercadier de Belestat (voyez
ce nom). Une analyse de ce même système se
trouve dans les Notices heldomadaires de Hil-
ler (ann. 1767, p. 68, 75 et 81), et Scheibe en
a donné une autre dans son Traité de la com-
position musicale (p. 565-579). Ce dernier
assure que, dans l'impossibilité de rédiger ses
idées et de les mettre en ordre, Tarlini s'est
servi de la plume de P. Colombo, professeur
de physique à l'université de Padoue;mais il a
confondu le traité de musique avec un livre
sur les raisons des nombres et les proportions
numériques des intervalles dont il sera parlé
plus loin. Tartini, à la demande de son élève,
mademoiselle Lombardini, connue plus lard
sous le nom de madame de Sirmen (voyez ce
nom), lui écrivit une lettre concernant les
principes de l'art de jouer du violon, qui a été
188
TARTINI — TASKIN
publiée quelques mois après sa mort dans
l'Europa lelteraria (année 1770 , tome V,
part. II, p. 74 et suiv.), sous ce litre : Let-
tera alla signora Maddalena Lombardini ,
inserviente ad una importante lezione péri
suonatori di violino. Ce petit écrit fut publié
séparément dans la même année, à Venise,
une demi-feuille in-8°. Burney en a donné
une nouvelle édition à Londres, en 1771, avec
une traduction anglaise, sous ce litre : Tar-
tini's Letter to signora Lombardini (afler-
wards Signora Syrmen) ; published as an
important Lesson to performers on the vio-
lin; Londres, in-8°. Il a paru une deuxième
édition de cette traduction, avec le lexle ita-
lien, à Londres, chez R. Bremner, 1779, deux
feuilles in-4°. Fayolle l'a fait réimprimer à la
suite de sa notice sur Tartini, avec une tra-
duction française, dans ses Notices sur Corelli,
Tartini, Gaviniès, Pugnani et Fiolti (Pa-
ris, 1810, in-8°). Henri-Léopold Rohrmann,
d'abord organiste au monastère d'Isenhageu,
près de Celle, puis organiste à Hanovre, en a
publié une traduction allemande intitulée :
Brief an Magdelein Lombardini enlhaltend
eine ivichlige Lection fur die Fiolinspieler;
Hanovre, 1786, in-4" de douze pages); mais,
par une singularité qui n'a point élé expli-
quée, cette traduction est la même qui se
trouve dans la notice de Tartini que Hiller
avait donnée, en 1784, dans ses Lebens-
beschreibungen beriilimter Musikgelehrten
und Tonkiinstler, etc. (p. 278-285).
Tartini avait composé pour ses élèves une
sorte de Irai té praliquedesornemenls employés
de son temps dans la musique de violon; c'est
cet ouvrage que l'abbé Fanzago a cité dans la
note 24 (page 54) de la première édition de
son éloge de Tartini, sous ce litre : Lezioni
pratiche pel violino; mais le litre véritable de
cet ouvrage est celui qu'on trouve dans le ca-
talogue de Joseph Benzon (Venise, 1818,
page 4) : Tratlato délie appoggialure si as-
cendenti che discendenti per il violino, corne
pure il trillo, trémolo, mor dente, ed allro,
con dichiarazione délie cadenze naturali e
composte. La Houssaye, élève de Tartini,
avait apporté à Paris une copie de cet ouvrage,
d'après laquelle Pielro Denis {voyez ce nom)
en a donné une traduction française intitulée :
Traité des agréments de la musique, conte-
nant l'origine de la petite note, sa valeur,
la manière de la placer, toutes les différentes
espèces de cadences, etc.; Paris, de la Che-
vardière, 1782, in-8° de quatre-vingt-quatorze
pages. Tartini avait en manuscrit un ouvrage
intitulé : Délie ragioni e délie proporzioni
libri sei, qu'il avait légué au P. Colombo, son
ami, pour le revoir et le publier ; mais ce pro-
fesseur mourut avant d'avoir accompli sa
tâche. On ignore où se trouve en ce moment le
manuscrit original.
On a publié les éloges et notices de Tartini
dont voici l'indication : 1° Orazione délie lodi
di Giuseppe Tartini, recilata nella chiesa
de' RR. PP. Servili in Padova li ôl di
marzo l'anno 1770, par l'abbé Fanzago
(voyez ce nom), in Padova, 1770, in-4° de
quarante-huit pages. Cet éloge a été réim-
primé avec celui du P. Vallolli sous ce titre :
Elogi di Giuseppe Tartini primo violonista
nella cappella del Santo, etc.; in Padova.
C. Conzatti, 1792, in-8° de quatre-vingt-dix-
neuf pages. 2° Notice sur Joseph Tartini par
J.-A. Hiller, dans ses Lebensbesclireibungen
beriihmter Musikgelehrten und Tonkiinstler
neuerer Zeit (leipsick, 1784, un volume
in-8°, pages 267-285). ô° Elogio di Tartini,
par Augustin Forno, de Palerme. Cel éloge se
trouve dans les œuvres complètes de l'auteur
(Naples, 1792, deux volumes in-12). A" Giu-
seppe Tartini, sua vita, notice insérée dans
le livre de Camille Ugoni intitulé : Délia lette-
teratura italiana nella seconda meta del se-
colo XVLLL (Brescia, per Nie. Bettoni,
1802 (tome I, pages 1-28). 5° Notice sur la vie
elles ouvrages de Joseph Tartini, par Fayolle
(dans l'ouvrage cité plus haut). Charles Cal-
cinoto, de Padoue, a gravé le portrait de Tar-
tini, in-4*, pour l'éloge de cet artiste par
l'abbé Fanzago; un autre portrait a élé gravé
à Londres, par Scheener, en 1787. et Fayolle
en a fait graverun troisième, en 1810, d'après
un dessin de Guérin.
TASKIN (Pascal), très-habile facteur de
clavecins, né à Liège, vers 1730, se rendit
jeune à Paris, et devint élève de François-
Élienne Blanchet (voyez ce nom), dont il fut le
successeur. En 1768, il substitua à la plume
des sautereaux du clavecin etdel'épinette,dont
l'usage était encore général en France, la peau
de buffle, qui produisait un son moins sec. On
trouve dans VEssai sur la musique de La-
borde (t. I, pages 546 et suivantes) un éloge
emphatique de celle amélioration. Pascal Tas-
kin eut le titre de garde des instruments du
roi, depuis 1781 jusqu'à la chute delà royauté.
En 1776, il construisit, à l'imitation des petits
pianos anglais, un piano en forme de clavecin,
sur lequel Vandermonde, Hatiy et le baron de
Dietrich firent un rapport à l'Académie des
sciences. Taskin mourut à Paris, en 1793.
TASKIN - TAUBERT
189
TASKIN (Henri-Joseph), fils de Joseph
Taskin, neveu du précédent, et accordeur de
clavecins de la cour, naqnil à Versailles, en
1779. Dès l'âge le plus tendre, il se livra à
l'élude du piano et de la composition. Plus
tard, il fut connu comme un bon maître de
piano à Paris, où il mourut en 1837. On con-
naît de sa composition seize œuvres parmi les-
quels on remarque : 1° Concerto pour piano et
orchestre, op, 2; Paris, chez l'auteur. 2° Trois
trios pour piano, violon et violoncelle, op. 5 ;
ibid. 3° Caprice pour piano et violon; ibid.
4° Fantaisies pour piano seul, op. 5, 6; ibid.
5° Des thèmes variés idem.
TAUBER ou TAUBERT (J.-F.), flûtiste
et compositeur, naquit en 1750, à Naumbourg,
en Saxe, et fit ses études musicales sous la di-
rection de Gœlze, à Dresde. Après avoir été
quelque temps à l'Académie de Gœttingue, il
entra au service du prince de Bernbourg. Une
maladie de poitrine l'obligea, en 1801 , à cesser
de jouer de son instrument ; il se relira à Bal-
lensladt, où il mourut au mois de mai 1803.
On a gravé de sa composition : 1° Concertos
pour la flûte, nos 1 et 2; Leipsick, Peters.
2° Thèmes variés avec orchestre, op. 2, 3, 4;
Manheim, Heckel.
TAUBER (Jean-Henri), savant danois,
professeur, puis directeur de l'Académie de
Sorau, vécut vers la fin du dix-huilième
siècle. II a écrit en langue danoise une disser-
tation sur les arts du chant et du dessin, con-
sidérés comme des moyens de civilisation pour
la jeunesse, en général, et en particulier pour
les étudiants. Ce petit ouvrage a été imprimé
séparément, et dans le même temps a élé in-
séré dans l'Iris y journal littéraire publié par
Paulsen (2me année, 1792, t. IV).
TAUBER DE TAUBERFURT (Char-
les, baron DE), conseiller de l'empereur
d'Autriche au gouvernement de Graelz, mort
le 6 janvier 1814, est auteur d'un livre inti-
tulé : Ueber meine Fioline (Sur mon violon);
Vienne, Rurzbœck, 1780, un volume in-8° de
cent quatre-vingt-huit pages. Cet ouvrage est
une fantaisie sur divers sujets de musique, de
politique, de philosophie, d'esthétique, etc. On
y trouve trois cent cinquante-deux réflexions
d'unmailredechapelledans lestyledidaclique.
TAUBEUT(Charles-Gottfried-Wiliielm,
ou Godefroid-Guillaume), chef d'orchestre de
l'Opéra de Berlin, membre de l'Académie
royale des beaux-arts de cette ville, membre
honoraire de la Société des Pays-Bas pour les
progrès de la musique, chevalier de plusieurs
ordres, né à Berlin, le 23 mars 1811, est fils
d'un ancien musicien de régiment, qui fut en-
suite employé dans les bureaux du ministère
de la guerre. Dès ses premières années, il
s'exerça à jouer des airs populaires sur une
petite flûle que possédait son père et fit con-
naître ainsi ses dispositions pour la musique.
A l'âge de huit ans, il reçut de Neithardt
(voyez ce nom) les premières leçons de piano,
sans cesser loulefois de cultiver la flûte et le
violon. A l'âge de douze ans, il devint élève de
Louis Berger pour le piano, et pendant plu-
sieurs années il reçut les leçons de cet artiste
distingué. Vers le même temps, il entra au
gymnase Frédéric-Guillaume pour y faire ses
études littéraires. A l'âge de quatorze ans, il
joua pour la première fois en public un con-
certo de Dussek eldes variations de son maître
sur l'air allemand Schœne Minka : ce premier
essai de son talent fut heureux. Après avoir
atteint sa seizième année, il quitta le gymnase
et suivit les cours de l'université pendant cinq
ans, bien qu'il fût résolu à ne point avoir
d'autre carrière que celle d'artiste musicien.
Ce fut aussi à la même époque qu'il étudia la
théorie de l'harmonie et de la composition,
sous la direction de Bernard Klein. Il se faisait
entendre souvent en public, particulièrement
dans les soirées musicales de Mœser, où il exé-
culait les concertos de Mozart et de Beethoven
avec une délicatesse remarquable, qui est le ca-
ractère dislinctif de son talent. Il donnait
aussi beaucoup de leçons et son enseignement
forma de bons élèves, parmi lesquels on remar-
que Th. Kullak, Alexandre Fesca, G. Schu-
mann et L. Schlottermann. Plus tard, ses pro-
pres travaux de compositeur et la multiplicité
de ses occupations dans les positions qu'il
occupa l'obligèrent à cesser de se livrer à l'en-
seignement. Après quelques petites excursions
en Poméranie et à Cassel, il visita Francforl-
sur-1'Oder, en 1828, et y donna un concert,
dans lequel il reçut un accueil sympathique
du public. Vers 1830, Taubert publia ses pre-
mières compositions (œuvres 1 à 6), chez
Biilggemann,à Halberstadt.Ses Lieder eurent
particulièrement du succès à cause de la
fraîcheur mélodique des idées. Sa première
symphonie (en ut majeur), fut exécutée le
30 mars 1851, dans un concert périodique de
Mœser. Le bon accueil fait à cet ouvrage dé-
termina Devrient à écrire, pour le jeune com-
positeur, le livret de l'opéra intitulé la Ker-
messe, qui, représenté le 25 janvier 1832, fut
bien reçu du public et s'est maintenu sur la
scène allemande. Au mois de janvier 1833,
Taubert fit un voyage à Leipsick et à Dresde.
190
TAUBERT
Son concerto de piano (oeuvre 18, en mi ma-
jeur) obtint un brillant succès dans la première
de ces villes : il y fit entendre aussi plusieurs
ouvertures. A Dresde, il fit entendre la musi-
que qu'il avait composée pour le drame Das
graue Mannlein (le Petit homme gris). En
1854, l'Académie des beaux-arts de Berlin
nomma Tauberl l'un de ses membres effectifs.
Le 19 septembre de la même année, il fit re-
présenter au théâtre royal son opéra roman-
tique intitulé Der Zigeuner (le Bohémien). Le
compositeur dirigea lui-même son ouvrage et
ce fut son premier essai de la direction d'un
orchestre : il y montra de l'habileté et reçut
les félicitations de Mendelssohn. Le 30 novem-
bre suivant, il épousa la sœur de la célèbre
cantatrice Nanelte Schechner. En 1836, Tau-
bert fit un voyage en Angleterre, en Ecosse, en
Hollande et sur le Rhin : sous l'impression
que lui avait laissée ce voyage, il écrivit son
premier trio pour piano, violon et violoncelle
(op. 32), ainsi que ses Souvenirs d'Ecosse.
En 1859, il fit un second voyage en Bavière et
obtint à Munich un succès d'enthousiasme,
en exécutant, dans un concert, le cinquième
concerto de Beethoven (en mi bémol), et la
Campanella, l'une de ses propres composi-
tions les plus réussies.
Au mois de juin 1841, Taubert fut nommé
chef-d'orchestrje du Théâtre royal de Berlin.
Il y fitreprésenter, au mois de février suivant,
son opéra Marquis und Dieb (Marquis et vo-
leur), et le succès de cet ouvrage lui fit obtenir
la position de directeur de musique du même
théâtre et de la chapelle royale; il entra en pos-
session de ces nouvelles et honorables fonctions,
le31 mai 1841 . Dans la même année, il composa
des cantates pour la fête duroidePrusseetpour
le centième anniversaire de l'Opéra de Berlin,
et dans l'hiver suivant, il organisa les concerts
de symphoniede la chapelle royale qui, depuis,
ont acquis de la célébrité. Pendant les trois
premières années, il en partagea la direction
avec Mendelssohn et C.-W. Heuning; mais
ensuite il les dirigea seul. Les bénéfices de ces
concerts, pour la caisse des veuves des musi-
ciens de la chapelle, s'élevaient déjà, en 1861,
à la somme considérable de cent mille thalers.
En 1845, Taubert fut chargé par le roi de
composer des chœurs pour la Médée, d'Eu-
ripide, Mendelssohn n'ayant pas accepté cette
lâche. Plusieurs morceaux de celte composi-
tion ont été exécutés avec succès à Berlin,
dans d'autres villes de l'Allemagne, et à Co-
penhague, en 1852. En 1844, Taubert fit
exécuter son arrangement musical et humo-
ristique du Chat botté de Tieck. Au mois de
janvier 1845, il fut nommé maître de chapelle
du roi. Sa symphonie en la, exécutée à Ber-
lin, en 1840, n'y avait pas été goûtée; il n'en
fut pas de même de sa symphonie en fa majeur,
qu'il fit entendre le 9 février 1846, car celle-
ci fut très-favorablement accueillie. Elle
réussit également aux concerts du Gewand-
haus de Leipsick, sous la direction de l'au-
teur. Au mois de mai de la même année, Tau-
bert se rendit à Vienne, où il se fit entendre
comme pianiste. Il y dirigea aussi trois repré-
sentations iluFreyschiitz, dans lesquelles chan-
tait Jenny Lind, alors à l'aurore de sa grande
renommée. Diverses compositions du même
artiste remplirent les années suivantes, parti-
culièrement sa symphonie en si mineur, qui
fut exécutée le 6 mars 1850; son Paternoster,
de Klopslock, qu'il dirigea à l'Académie de
chant, au mois de janvier 1852, et son opéra
intitulé Joggeli, joué sans succès le 9 octobre
1853, et qu'il fallut retirer après cinq repré-
sentations. Le 17 mars 1855, il fit entendre
pour la première fois, dans le centième con-
cert de la chapelle royale, sa symphonie en ut
mineur, et dans la même année, il donna à
Munich sa musique composée pour la Tempête
de Shakespeare. A cette occasion, le roi de
Bavière le félicita et lui envoya la croix de
première classe de l'ordre de Saint-Michel. Le
dernier opéra de Taubert (jusqu'en 1861) est
Macbeth, représenté à Berlin, le 16 novembre
1857.
Les ouvrages principaux de cet artiste dis-
tingué sont : I. Musique d'église. 1° Les
psaumes23et 143, pour voix de mezzo soprano
avec orgue ou piano, op. 65; Berlin, Traut-
wein. 2° Le psaume 123 pour un chœur de
voix diverses, op. 86, en partition; ibid.
5» Vater unser (Pater noster), pour chœur,
voix seule et orchestre, publié en partition
pour le piano; ibid. II. Opéras. 4° La Ker-
messe, op. 7, partition réduite pour piano;
Berlin, Trautwein. 5° Der Ziegeuner (le Bo-
hémien), en quatre actes. 6° Marquis und
Dieb (Marquis et voleur), en un acte; partition
pour piano; ibid. 7° Féie théâtrale pour le
centième anniversaire du théâtre royal de
l'opéra (7 décembre 1842); ibid. 8° Joggeli,
opéra en trois actes, op. 100, partition ; Berlin,
Bock. 9° Fête théâtrale pour le mariage du
prince de Prusse (12 juin 1854). 10° Macbeth,
opéra en cinq actes, en partition pour le piano;
Berlin, Bock. III. Musique pour des drames.
11° Ouverture pour l'Otello de Shakespeare,
exécutée dans des concerts. 12° Le petit
TAUBERT — TAUSCII
191
Homme gris, drame en cinq actes deDevrient.
13° Ouverture, chants el chœurs pourlayVetJee,
d'Euripide, en partition pour le piano; Berlin.
Trautwein. 14° Musique pour le Chat botté,
deTieck. 15° Idem pour la Barbe bleue, drame
en cinq actes du même poêle, en partition pour
le piano; Berlin, Bock. 16° Ouverture pour
Macbeth, tragédie de Shakespeare. 17° La
Tempête, drame de Shakespeare. 18° Quelques
chœurs et chants pour différentes pièces.
IV. Cantates. 19° Cantate pour la tète de la
naissance du roi Frédéric-Guillaume IV.
19° Cantate pour une fêle de Thorwaldsen,
avec accompagnement d'instruments à vent et
harpe, exécutée à l'Académie de chant de
Berlin, le 1er juin 1844. 20° Cantate à la
louange du célèbre sculpteur Rauch, pour
chœur el orchestre, exécutée à l'Académie de
chant, le 21 mars 1838. 21° Ode de fêle pour
le cinquantième anniversaire de l'Université
de Berlin, pour un chœur d'hommes avec ac-
compagnement d'instruments, exécutée dans
l'église Saint-Nicolas, le 16 octobre 1860.
V. Lieder.22° Un très-grand nombre de pièces
de ce genre, en recueils et détachés. VI. Mu-
sique instrumentale. 23" Cinq symphonies
pour l'orchestre, dont on a gravé la première
(en ut majeur), op. 51; Berlin, Schiesinger;
la troisième (en /a), op. 69; Berlin, Trautwein;
la quatrième (en si mineur), op. 80; Berlin,
Bock, et la cinquième (en ut mineur), op. 113:
Leipsick, Kistner. 24° Concerto pour piano et
orchestre (en mi majeur), op. 18; Berlin,
Schiesinger. 25° Quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle, op. 19 ; ibid. 26° Trios pour
piano, violon et violoncelle, op. 52, 38; Berlin,
Bock. 27° Sonate pour piano et violon, op. 1 ;
Leipsick, Hofmeister; op. 15, Leipsick, Breit-
kopf et Itserlel; op. 104, Leipsick, Hofmeister.
28° Duo à quatre mains pour piano, op. 11;
ibid. 29° Sonates pour piano seul, op. 4, ibid.;
op. 20, ibid.; op. 21, ibid., op. 35, Berlin,
Bock; op. 44, Breslau, Leuckart; op. 114,
Leipsick, Hofmeister. 50° Un très- grand
nombre de pièces de tout genre pour le piano,
rondos, variations, éludes, caprices, chants
sans paroles, marches, pièces de fantaisie, etc.
51° Premier quatuor pour deux violons, alto
et violoncelle, op. 75; Leipsick, Peters.
32° Deuxième idem, op. 93; Leipsick, Breit-
kopf et Haertel. 33° Trois quatuors pour deux
violons, alto et violoncelle, op. 130; Leipsick,
Kistner.
TAUBFJER (Antoine-Maur:n), bon orga-
niste de la Bohême, fut attaché comme violo-
niste à la chapelle du prince de Lobkowitz. Il
dirigeait aussi la musique des églises des
Ursulines et de Saint-Jean Népomucène, à
Prague. Cet artiste vécut vers le milieu du dix-
huitième siècle. On connaît de lui en manu-
scrit, à Prague, des messes, offertoires, motels
et les oratorios dont les titres suivent : 1° Ra-
phidion humecté, ou le rocher Horeb frappé
par la verge de Moïse, etc., oratorio, 1741.
2° La maison de Jacob souillée sept fois, etc.,
idem, 1746. 3" Le Fiancé délaissé dans la
vigne d'Engaddi, etc., idem, 1747. 4° La
Justification inadmissible des frères de Jo-
seph, fils de Jacob, idem, 1748. 5° Les Noces
de V Agneau, etc., idem, 1754. 6" Le Tombeau
du Sauveur, etc., idem, 1758.
TAUBNER ( Jean - Charles- Frédéric) ,
magister et pasteur à AVolkenslein, étudiait à
l'université de Leipsick, en 1809. On a de lui
une description du nouvel orgue placé dans
l'église principale de Wolkenstein, en 1818;
ce petit ouvrage a pour titre .• Nachricht von
der neuen Orgel und der damit verbundenen
/"erschœnerung der Hauptki relie zu Wolken-
stein im Jahre 1818; Annaberg, Hasper,
1818, vingt-deux pages in-8°.
TAUSCII (François), clarinettiste distin-
gué, naquit à Heidelberg, le 26 décembre
1762. Son père, Jacques Tausch, alors simple
musicien à l'église de Heidelberg, entra deux
ans après dans la chapelle électorale, à Man-
heim. Il fut le seul maître de son fils pour la
musique et pour les instruments. Dès l'âge de
quatre ans, le jeune Tausch apprit à jouer du
violon; à huit, il se lit entendre en présence
de l'électeur, dans un solo de clarinette, et dès
ce moment il fut admis dans la chapelle. En
1777, il suivit la cour à Munich. Trois ans plus
lard il accompagna Winter à Vienne, et pen-
dant un séjour de six mois dans cette capitale,
il perfectionna son talent; puis il retourna à
Munich. Il y resta jusqu'en 1789, et ne quitta
le service de l'électeur de Bavière que pour
accepter les propositions du roi de Prusse, qui
voulait le fixer à Berlin. En 1796, il fit un
voyage à Hambourg, et y obtint un succès
d'enthousiasme. De retour à Berlin, il y établit
une société de musique qu'il dirigea pendant
plusieurs années. Cet artiste estimable vivait
encore en 1826, mais je n'ai pas de renseigne-
ments sur sa personne depuis celte époque.
Dans les derniers temps, son embonpointéiait
devenu excessif. Tausch fut par son talent
d'exécution le rival de Béer et de Stadlcr,
ses contemporains; il y avait même plus dé
charme, de moelleux dans son jeu que dans
celui de ces deux artistes. On a de sa composi-
192
TAUSCH — TAVARES
lion : 1° Concerto pour clarinette principale,
if 1 ; Berlin, Hummel. 2° Idem, n" 2 (en mi
bémol); Cffenbach, André. 5° Amiante et po-
lonaise, idem; Leipsick, Pelers. -i0 Symphonies
concertantes pour deux clarinettes, op. 2G
et 27; Berlin, Schlesinger. 5° Duos pour deux
clarinettes ; ibid. G° Trois idem pour clari-
nette et basson, op. 21 ; ibid. 7° Six quatuors
pour deux cors de bassetle et deux bassons,
avec deux cors ad libitum, op. 5; Berlin,
Dunker. 8° Six marches pour la garde prus-
sienne, à 10 parties; Berlin, Schlesinger.
9° Cinq idem et un choral pour la garde russe;
ibid.
TAUSCH (Jules), né à Dessau, le 15 avril
1827, y eut pour maître de piano un artiste
nommé Louis Fritech. En 1842, il entra dans
l'école de Frédéric Schneider et y resta jus-
qu'en 1844. Il se rendit alors à Leipsick, où il
devint élève du Conservatoire. Ses éludes étant
terminées en 184G, il alla s'établir à Dussel-
dorf, où il se livra à l'enseignement du piano.
En 1856, il fut nommé directeur de musique
d'une société chorale de cette ville. Une ou-
verture de sa composition y a été exécutée. Il
a publié des Lieder et plusieurs morceaux de
piano.
TAUSCHER (Jean-Gottlif.b), fut d'abord
directeur de la justice à Walden bourg, puis
bailli à Lœssnilz, et mourut dans celle der-
nière place, en 1787. On lui attribue un petit
ouvrage anonyme, intitulé : f'ersuch einer
Anleilung zu Disposition der Orgelstimmen
nacli riclitigenGrundsaUzenund zu f'erbes-
serung der Orgeln iiberhaupt (Eassi d'une in-
struction sur la disposition îles jeux de l'orgue
d'après les meilleurs principes, et sur le per-
fectionnement de l'orgue en général); Wal-
denbourg, 1778, in-8° de soixante-dix-huil
pages. On y trouve ladescription d'un nouveau
soufflet inventé par les frères Wagner, facteurs
d'orgues à Schmiedefeld, près de Suhîa.
TAUSIG (Aloys), pianiste et compositeur,
né à Prague, en 1820, n'était âgé que de neuf
ans lorsqu'il fixa sur lui l'attention par son
habileté précoce sur scn instrument. Ayantélé
conduit à Vienne, en 1831, il y reçut des le-
çons de Thalberg et fil de rapides progrès sous
la direction de ce virtuose. En 1857, il fit un
voyage en Allemagne et laissa, dans plusieurs
villes de celte contrée, une impression très-
favorable par l'élégance de son talent, par-
ticulièrement à Berlin, à Dessau et à Breslau.
En 1838, il visita aussi Pétersbourg. De retour
à Prague, il s'y livra à l'enseignement. Fixé à
Varsovie, en 1840, il s'y maria dans la même
année, et y devint un des professeurs de piano
les plus recherchés. Plusieurs ouvrages de sa
composition ont été publiés à Leipsick et à
Varsovie. Parmi ces productions, on remarque:
lo Deux morceaux de salon pour le piano,
op. 1; Leipsick, Breitkopf et Ilœrlel. 2° La
Sirène, grande étude pour le piano, op. G;
ibid. 5° Grande fantaisie idem, op. 7; ibid.
4° La Berceuse, idem, op. 8; Varsovie, Fricd-
lein.
Charles Tausig, fils de cet artiste, né
à Varsovie, en 1841, et élève de son père,
était déjà considéré, en 1858, comme un pia-
niste d'une rare habileté. Il a publié une
grande fantaisie pour le piano, sous le litre
allemand Bas Geislerschiff.
TAUWITZ (Edouard), né à Glatz(Silésic),
en 1814, filsesétudcs littéraires augymnase de
celte ville, puis il alla suivre les cours de droit
à Breslau. Dès ses premières années, il avait
montré un goût décidé pour la musique, et
s'était livré à son étude au gymnase ainsi qu'à
l'université. Il était encore éludiantà Breslau,
lorsqu'il devint direcleurd'uncsociétédechant.
Son amour pour l'art finit par lui faire aban-
donner la jurisprudence et lui fit accepter une
place de professeur de musique à Wilna. En
1850, il fut appelé à Prague en qualité de chef
d'orchestre du théâtre, et depuis lors, il s'est
fixé dans celle ville. En 1844, il avait fait
représenter, à Riga, Bradamante, opéra en
trois actes, cl deux ans après, il donna, dans
la même ville, un opéra -comique intitulé
Schmolke und Bakel, dont la partition pour le
piano a été publiée à Breslau, chez Leuckart.
On a de lui des Lieder pour qnalre voix
d'hommes, op. G; ibid.; six idem, deuxième
recueil, ibid.; trois idem, op. 9, ibid.; (rois
idem, op. 1 1 , ibid.; chanson de dragons idem,
op. 13; ibid. ; douze chansons de soldats pour
un chœur d'hommes à quatre et cinq parties,
op. 22; ibid.; des Lieder à voix seule avec
piano, op. 8, 10, 15, 17 et 18, ibid.
TAVARES (Manuel), compositeur, né à
Porlalègre, en Portugal, y vivait vers 1G25. Il
fut d'abord chanteur dans la chapelle du roi
Jean III. puis maître de chapelle à Mincie, en
Espagne, et en dernier lieu à Cuença, où il
mourut. Au temps où Machado écrivit sa Bi-
bliotheca Lusitana, on conservait encore des
messes, psaumes et motels en manuscrit, de la
composition de Tavares, dans la Bibliothèque
du roi de Portugal.
TAVARES (Nicolas), autre musicien
portugais, né comme le précédent à Porla-
lègre, vécut dans le même temps. Il fut
TAVARES - TAYBER
193
d'abord maître de chapelle à Cadix, puis à
Cuença,où il mourut. Ses compositions étaient
conservées dans la Bibliothèque du roi de Por-
tugal, avant le tremblement de terre de Lis-
bonne.
TAVELLI (Louis), compositeur vénitien,
vécut dans la première moitié du dix-huitième
siècle. On ne connaît de lui qu'un opéra inti-
tulé : Amor et Sdegno, représenté, en 1726,
au théâtre Cassiano, de Venise. Cet ouvrage
fut joué d'abord sous le titre Ottone Amante.
Deux autres musiciens du nom de Tavelli,
et probablement de la même famille, ont été
attachés à la musique de la chapelle de Saint-
Marc, à Venise; le premier, Alvise Tavelli,
jirêtre, fut organiste du second orgue, depuis
1707 jusqu'à 1720; l'autre, François Tavelli,
fut ténor du chœur, à la même époque.
TAVERNER (Jean), organiste à Boston,
dans le comlé de Lincoln, en Angleterre, était
en même temps choriste à l'église du Cardi-
nal (maintenant l'église du Christ), à Oxford.
Il vécut dans la première moitié du seizième
siècle. Son attachement pour la religion pro-
testante, alors nouvelle, le fit emprisonner,
avec John Frith et quelques autres adhérents
à la réforme, dans un souterrain qui servait à
conserver du poisson salé. L'air qu'on respi-
rait dans ce souterrain était si pernicieux,
qu'un des prisonniers en fut asphyxié. Frith
fut condamné au feu et brûlé à Smithfield, en
1533; mais Taverner, moins exalté que ses
compagnons, et seulement accusé d'avoir ca-
ché quelques livres hérétiques sur les tablettes
de l'école où il enseignait, protégé d'ailleurs
par sa réputation de musicien très-habile, fut
rendu à la liberté. On n'a point d'autres ren-
seignements sur la vie de cet organiste, qu'il
ne faut pas confondre avec un autre Jean Ta-
verner, professeur au collège de Gresham, qui
vécut dans le même temps et prit à Oxford ses
degrés en musique, mais qui n'a rien produit
de relatif à cet art. L'organiste de Boston a
laissé de sa composition plusieurs messes et
motets qui se trouvent en manuscrit dans
l'école de musique d'Oxford, parmi d'autres
compositions de musiciens antérieurs au temps
de la réformation, et qui vécurent sous le règne
de Henri VII. Burney en a extrait le motet
Dum transisset à cinq voix sur le plain-chant,
qu'il a publié dans son Histoire générale de
la musique (tome II, pages 557-559), ainsi
qu'un canon à trois voix, pris dans la messe de
Taverner : O Michael (ibid., pages 560-562).
Hawkins a aussi publié l'antienne à trois voix :
O splendor gloriœ, du même musicien (Ge-
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
neral Historu ofthe science and practice of
music, tome II, page 513). On trouvedes mo-
tels de Taverner dans des recueils manuscrits
du Muséum britannique, à Londres, cotés
179, 226 et 227.
TAYBER (Antoine), né à Vienne, le
8 septembre 1754, passa sa jeunesse dans la
chapelle électorale de Dresde. Après son retour
dans la capitale de l'Autriche, il obtint, en
1792, la place de claveciniste et d'adjoint de
Salieri au théâtre de la cour. L'année suivante,
il fut nommé compositeur de la chambre im-
périale, et eut le titre de maître de musique
des archiducs et archiduchesses. Le cardinal-
archiduc Bodolphe, et les impératrices de
France et d.i Brésil sont au nombre de ses
élèves. Cet artiste estimable est mort à
Vienne, le 18 novembre 1822. Au nombre de
ses compositions, on cite le mélodrame Serbes
et Mirabelle, l'oratorio la Passion de Jésus-
Christ, la Conquête de Belgrade, tableau
musical, trois quatuors pour deux violons, alto
et basse, six marches, des menuets et danses
allemandes, et quelques chansons.
TAYBER (François), organiste et compo-
siteur, né à Vienne, le 15 novembre 1756,
parcourut dans sa jeunesse la Suisse, la Ba-
vière et la Souabe, donnant partout des con-
certs ; puis il s'attacha, en qualité de maître
de musique, à la troupe ambulante d'Opéra
dirigée par Schikaneder. Fatigué de cette vie
nomade, il retourna à Vienne et y prit la direc-
tion de la musique du théâtre sur la Vienne,
que le même Schikaneder venait d'y fonder.
Compositeur actif et doué d'une grande faci-
lité, il écrivit pour ce théâtre et pour celui
de Léopolstadt un très-grand nombre d'airs,
duos, chœurs, finales, ouvertures, airs de
danse, et les opéras : Alexandre , Der Schlaf-
trunck (Le Narcotique), Scherodin und Al-
manzor , le Télégraphe, Pfxndung und
personnal-Arrest (La Saisie et l'Arrestation),
Der Zerstreute (Le Distrait), Das Spinner-
Jcreuz am Wienerberg (La croix du fileur à la
montagne de Vienne), Arragio de Bene-
vent, etc. Antérieurement à son retour à
Vienne, il avait donné aux théâtres de Batis-
bonne, de Freysing et d'Augsbourg, plusieurs
petits opéras parmi lesquels on remarque :
Charles d'Eichenhorst, et Laura Rosetti.
L'oratorio de Jésus mourant a été un de ses
derniers ouvrages. Tayber était considéré
comme l'émule d'Albrechlsberger par son ta-
lent sur l'orgue; son mérite en ce genre fut
récompensé par sa nomination d'organiste de
la cour impériale, le 13 août 1810; mais il ne
13
194
TAYBER — TAYLOR
jouit pas longtemps des avantages de cette po-
sition, car il mourut le 22 octobre de la même
année.
TAYLOR (Brook), célèbre mathématicien
anglais, naquit le 18 août 1685, à Edmonlon,
dans le comté de Middlesex, près de Londres,
et mourut le 29 décembre 1731, à l'âge de
quarante-six ans. L'histoire de la vie et des
travaux de ce savant n'appartient pas à ce dic-
tionnaire. Je dirai seulement que la musique
occupa une partie de sa jeunesse, qu'il s'y dis-
tingua et qu'il y trouva des consolations dans
ses dernières années. Le plus connu de ses
ouvrages est le livre qui a pour titre : Mctho-
dus incrementorum directa et inversa (Lon-
dres, 1715 et 1717, in-4°). On y trouve le
célèbre théorème connu sous le nom de son
auteur, et que Lagrange a appelé le principal
fondement du calcul différentiel, dégagé
de toute considération d'infiniment petits
ou de limites {Journal de l'Ecole polytechni-
que, neuvième cahier, p. 5). C'est aussi dans
ce même ouvrage que Taylor a donné (Propos.
XXII, probl. XVII, page 86) une solution du
problème de la corde vibrante, plus complète
et plus satisfaisante que les solutions proposées
avant la sienne. Mais les recherches de La-
grange (voyez ce nom), consignées dans les
Mémoires de V Académie de Turin (ann. 1759
et 17C2), et surtout dans sa Mécanique ana-
lytique, ont rendu inutile la solution de Tay-
lor, trop arbitraire dans sa seconde partie.
Taylor a aussi fourni un Mémoire sur le pro-
blème de la corde vibrante dans le 28e volume
des Transactions philosophiques (pag. 26 et
suiv.).
TAYLOR (Jean), né près de Lancastre, en
1694, fit ses études à l'université de Cambridge,
et y obtint le doctorat en théologie. Il fut en-
suite pasteur à Norwich, puis recteur d'une
école à Warrington, où il mourut en 1761. Le
G juillet 1730, il prononça, à Cambridge, un
discours sur le langage musical, qui a été pu-
blié sous ce titre : The Music speech, Londres,
1730, in-8°. On a aussi de lui un livre d'an-
tiennes en musique avec des observations con-
cernant l'exécution delà psalmodie, intitulé :
A Collection of tunes in various airs; with a
scheme for supporting the spirit and practice
of psalmody in congrégations; Londres,
1750, in-8».
TAYLOR (Richard), né à Chester, en
1758, fut attaché à la chapelle calviniste de
Londres. Il mourut dans cette ville au mois de
février 1813. On a de ce musicien un recueil
d'hymnes de Noël intitulé : The Christmas
Ilymn, Londres, Longmann et Broderip, et
une collection d'antiennes qui a pour titre :
C'hurch Music for 3 voices, ibid. Le catalogue
de Preslon (Londres, 1795) indique sous le nom
de ce musicien : Beaulies of sacred verse,
selected principally from the works of the
Rev. Dr. Watts, Wesley, Dodridge and
others eminent divine authors, with entire
new Music, suited for the voice, organ,
piano forte, etc., livres 1 et 2. Taylor a publié
aussi un traité élémentaire de musique inti-
tulé : The principles of Music at one view ;
Londres, 1791, in-8°. Il a été fait plusieurs
éditions de ce petit ouvrage.
TAYLOR (Jacques), professeur de musi-
que à Norwich, né dans cette ville, vers 1770,
s'est fait connaître avantageusement par
quelques morceaux relatifs à la musique, qui
ont paru dans le Quarterly musical Review.
Le premier, intitulé : Remarks on the minor
key (Remarques sur le mode mineur), est in-
séré dans le premier volume de cet écrit pério-
dique (tome I, page 141); le second : On Mo-
dulation (Sur la modulation, ibid., page 304);
et le troisième sur les suites d'octaves et de
quintes (t. II, p. 271). Taylor vivaitencore en
1824; après cette époque, je n'ai point de
renseignements sur sa personne.
TAYLOR (Edouard), arrière-petit-fils du
docteur Jean Taylor, célèbre philologue et
théologien anglais, est né à Norwich, le 22 jan-
vier 1784. Dès sa première jeunesse, il fit des
études grecques et latines; mais son goût do-
minant fut toujours celui delà musique. Les
éléments de cet art lui furent enseignés par
Charles Smyth, musicien plus renommé par
ses excentricités que par ses talents; mais ce
fut surtoutcomme enfantde chœur de la cathé-
drale qu'il fit sa première éducation musi-
cale, sous la direction du docteur de musique
Beckwith. Quant aux connaissances qu'il acquit
dans la théorie et l'histoire de la musique,
ainsi que dans les langues et littératures
allemande et italienne, il ne les dut qu'à ses
études persévérantes et solitaires. La profes-
sion de Taylor fut d'abord celle de marchand
de fer, mais elle ne l'empêchait pas de cultiver
le chant, pour lequel il avait une véritable
passion. Doué d'une très-bonne voix de basse,
il prenait part, comme amateur, aux concerts,
à la musique religieuse de TheoctogonChapel,
et était un des membres les plus actifs du Glee
Club de Norwich. Son instrument principal
était le basson, mais il jouait aussi de l'orgue
et pouvait faire sa partie, dans les concert^,
sur le hautbois et sur la flûte. Un chœur de sa
TAYLOR — TEDESCO
19:
composilion, inlilulé Sound the Tymbal, fut
exécuté à Hall-Concerts. Il fut un des princi-
paux organisateurs du grand festival de Nor-
wich, en 1824, et traduisit en anglais, pour
cette circonstance, de grandes compositions de
Spohr, Fr. Schneider, Mozart et Graun. Arrivé
à Londres, en 1825, il s'y fit d'abord connaître
comme basse chantante; mais ses connais-
sances étendues dans la théorie et dans l'his-
toire de la musique le firent choisir, après la
mort de Stevens,pour remplir les fonctions de
professeur de musique au collège deGresham.
Son élection eut lieu en 1857. Dans l'année
suivante, il publia ses trois premières lectures
«l'installation dans cette place, sous le litre de
Three inaugural Lectures, in-8°, où l'on
trouve beaucoup de recherches et d'aperçus
concernant la musique et dont la forme d'ex-
position est d'une remarquable élégance. En
1845, il publia, dans le recueil British and
Foreign Review, un long article intitulé The
English Cathedral Service, ils glory, Us
décline, and its designed extinction (Le ser-
vice anglais de musique d'église; sa gloire, son
déclin et son anéantissement probable). Publi
ensuite séparément en un volume in-8°, cei
écrit fit une vive sensation en Angleterre.
Ta y loi" fut le fondateur et le président du Purcell
€kib, et fonda avec MM. le docteur Rimbault
et Chappell la Musical antiquarian Society.
11 fut aussi membre des sociétés de Glees, de
Madrigaux et d'autres réunions musicales. En
1840, pendant les mois d'avril, de mai et de
juin, il a fait au collège de Gresham et à
l'Institution royale de la Grande-Bretagne (Al-
I)emarle streel) un cours de lectures fort inté-
ressant, concernant l'histoire de la mnsique
dramatique en Angleterre. C'est aussi lui qui
a fait établir au collège de Gresham une bi-
bliothèque publique de musique. Il a publié à
•ce sujet : An address from the Gresham pro-
fesser ofmusic to the patrons and lovers of
the art, etc., une feuille imprimée à Londres,
le 28 juillet 1858. Ses compositions consistent
principalement en glees et chansons anglaises.
Taylor a traduit en anglais les Quatre sai-
sons de Haydn ; laMort de Jésus, de Graun,
les oratorios de Spohr; le Dernier jugement,
la Passion, la Chute de Babxjlone, le Dé-
ZujedeSchneider et d'autres ouvrages du même
genre. On lui doit aussi une collection d'airs
populaires des provinces rhénanes, dont il a
traduit les paroles en anglais, sous le litre
Airs of the Rhine, avec une préface contenant
une esquisse de la musique allemande; mor-
ceau d'un style agréable. En 1826, il avait fait
un voyage en Italie; deux ans après, il visita
l'Allemagne. Cet homme estimable et zélé
pour l'art est mort le 12 mars 1803, à Brent-
wood, près de Londres, laissant une intéres-
sante bibliothèque musicale, qui a été vendue
à l'encan à Londres, en 18G4.
TAYSNER. (Zacharie), fadeur d'orgues,
naquit à Lobezin, dans la seconde moitié du
dix-septième siècle, et s'établit à Mersebourg,
où il vivait encore en 1702. Ses ouvrages
principaux sont l'orgue de la cathédrale de
Mersebourg, celui de la collégiale de Jéna,
qu'il dut réparer quatre ans après l'avoir con-
struit, et celui de Naumbourg. Les imperfec-
tions de celui-ci lui en firent substituer un
autre, quarante-trois ans après qu'il eut été
achevé.
TEDESCHI (Jean), surnommé AMA-
DORI, fut un des meilleurs chanteurs for-
més dans l'école de Bernacchi, à Bologne^
vers 1740 (1). Pendant plusieurs années, il fut
attaché au service du roi de Naples, et eut en
même temps l'entreprise du théâtre Saint-
Charles. Pendant les années 1754 et 1755, il
chanta à Berlin dans les opéras de Graun. De
retour en Italie vers la fin de celte dernière
année, il se fixa à Rome, et y fonda une école
de chant. Il y vivait encore en 1775.
TEDESCO (L.-C.-A.), né de parents ita-
liens, à Luxembourg, vers 1807, étudia la mé-
decine à l'université de Louvain, pendant les
années 1827-1829, et y soutint, dans la der-
nière année, une thèse sur l'emploi de la mu-
sique dans la médecine, qui a été imprimée
sous ce titre : De musica iatrica; Lovanii,
1829, in-8° de vingt-sept pages.
TEDESCO (Ignace-Amédée), pianiste et
compositeur, né à Prague, en 1817, commença
dans ses premières années l'étude du piano
sons la direction de son père. Ses progrès sur
cet instrument furent rapides, et les leçons
qu'il reçut ensuite du maître de chapelle Trie-
bensée le mirent en étal de se faire entendre
en public dès l'âge de douze ans. A treize ans,
il joua à Vienne avec succès ; puis il retourna
à Prague, où il devint élève de Tomaschek
pour le piano et la composition. En 1855, il
visitaVienne pour la secondefois, y donna des
concerts, et dans l'aimée suivante, il entreprit
un voyage en Allemagne. Arrivé à Leipsick,
il se fit entendre au concert du Geivandhaus,
et fit admirer la délicatesse de son jeu. De re-
(I) C'est parerreurqu',4wM</or((Joseph), compositeur
qui vivait au commencement du dix-huiliéme siècle, a
été confondu avec Ce chanteur, comme élève de Ber-
nacchi. L'école de celui-ci n'existait pas alors
13.
19G
TEDESCO — TELEMANN
tour à Prague, en 1840, il ne s'y arrêta que
peu de temps, ayant pris la résolution de
voyager dans le sud de la Russie. A Lemberg,
à Czernowilz et à Jassy, il donna de brillants
concerts; puis il s'arrêta à Odessa, où il se li-
vra à l'enseignement du piano jusqu'en 1847.
Dans le cours de' cette année, il retourna à
Prague, puis voyagea en Hongrieetdonna «les
concerts à Presbourg. Arrivé à Hambourg, en
1848, il y séjourna quelque temps; puis il re-
tourna à Odessa. Suivant le Handlexikon der
Tonkunst de Charles Gollmick, Tedesco était
à Londres en 1856. Cet artiste a publié un con-
certo pour le piano avec orchestre qu'il a fait
entendre dans ses voyages, des caprices de
concert, un grand nombre de pièces de salon,
tellesque mazurkes, nocturnes, grandes valses,
rhapsodies, transcriptions, chansons bohé-
miennes variées, etc.
TEGHI (Pierre DE), célèbre luthiste de
Padoue, vécut dans la première moitié du sei-
zième siècle. Il est connu par les ouvrages
inslilulés : 1° Carminum ad testudinis vsum
compositorum liber tertius ab excellenlis-
simo artifice Petro Teghio Patauino ele-
gantissime concinnatus; Lovanii, apud
Petrum Phalesium bibliopolam juratum,
anno Domini 1547. 2° Des chansons et Mo-
telz reduicts en tabvlatvre de Luc (sic) a
quatre, cinqueetsixparties, livre troisiesme.
Composées par lexcellent maistre Pierre di
Teghi Paduan; A Lovvain , par Pierre
• Phaleys libraire iure, nel an de grâce 1547.
Avec grâce et priuilege a trois ans.
TEICHM CILLER (K.-W.), violoniste,
flûtiste, guitariste et professeur de musique à
Brunswick, vers 1850, s'est fait particulière-
ment remarquer par son talent sur la guim-
barde (Mundharmonicà). On a gravé de sa
composition : 1° Andanie varié pour violon,
avec un second violon ad libitum; Ham-
bourg, Cranz. 2° Variations pour guitare,
violon et flûte, op. 3; Leipsick, Breitkopf et
llpertel. 3° Polonaise pour violon ou flûte et
guitare, op. 4; ibid. 4° Variations pour vio-
lon, flûte et guitare, op. 6; Brunswick, Spehr.
5° Pot-pourri pour flûte et guitare, op. 7;
Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 6° Premier noc-
turne pour guitare, violon et flûte.
TEIXIDOR (Don José), organiste de la
chapelle royale de Madrid, né à Ceros, en Ca-
talogne, fut nommé organiste et vice-maitre de
celte chapelle, le 4 août 1778, en remplacement
de Nebra. Il mourut à la fin de 1814ou au com-
mencement de 1815. On a conservé dans les
archives de cette chapelle une messe à huit voix
intitulée Eripe me Domine ab homine malo,
datée de 1779; une autre, également à huit
voix, sous le litre : Soli Deo honor et glovia,
écrite en 1780, et des vêpres à huit voix com-
posée en 1781, toutes de la composition de ce
mailre, de qui l'on a aussi le premier volume
de l'ouvrage intitulé : Discursos sobre la his-
toria universal de la musica ; Madrid ,
1804, un vol. in-4°.
TEIXEIUA (Antoine), compositeur por-
tugais, naquit à Lisbonne, en 1707, et fut en-
voyé à Rome, dans sa neuvième année, pour y
étudier le chant et le contrepoint. De retour
à Lisbonne, en 1728, il y obtint les titres de
premier chantre et d'examinateur «les chan-
teurs à l'église patriarcale. Parmi ses compo-
sitions, restées en manuscrit, on remarque :
1° Te Deum laudamus à vingt voix avec in-
struments, qui fut exécuté en 1734. 2° Te
Deum à neuf voix. 3° Psaumes, offertoires,,
lamentations et motets à quatre et huit voix,
avec et sans instruments. 4° Miserere à huit
voix, avec accompagnement. 5° Plusieurs opé-
ras. 6° Messe à huit voix. 7° Messe à quatre
voix. 8" Psaumes des vêpres à quatre voix
pour l'église portugaise de Saint-Antoine, à
Rome.
TELEÎWAIVIV (Georges-Philippe), compo-
siteur célèbre, naquit à Magdebourg , le
14 mars 1681, et fit ses éludes, jusqu'en 1700,
aux écoles de celle ville, et à celles de Zeller-
feldt et de Hildeshcim. Il avait appris, dans la
première, les éléments de la musique; mais-
loulcson éducation musicale fut bornée à ces
connaissances préliminaires; il ne dut qu'à
lui-même et à la lecture des ouvrages des meil-
leurs compositeurs l'habileté qu'il acquit par
la suile. Dès l'âge de douze ans, il avait écrit
un opéra, dont une partition de Lully avail été
le modèle; car, à celle époque, la musique
dramatique était peu avancée en Allemagne r
son ouvrage fut représenté sur les théâtres de
Magdebourg et de Hildeshcim. En 1700, Tele-
mann se rendit à Leipsick pour y suivre les
cours de l'université, et y apprit les langues
française, italienne et anglaise, qu'il parlait
encore fort bien quarante ans après. En 1701,
on lui avait confié les places de directeur de
musique et d'organiste de la nouvelle église;
toutefois, lesoccupalionsqu'elles lui donnaient,
ne le détournèrent point de ses éludes. La
place de maître de chapelle du comte de Proni-
nitz, à Sorau, lui ayant été offerte en 1704, if
l'accepta. Arrivé dans cette ville, il s'y lia
d'une intime amitié avec Printz (voyez ce
nom), qui y remplissait alors les fondions de.
TELEMANN
197
cantor. Ce fut parles conseils de ce savant mu-
sicien que Telemann se livra avec ardeur à
l'élude du style de Lully et des autres compo-
siteurs de l'école française. Un voyage qu'il fit
à Paris, en 1707, et son séjour dans cette ville
pendant huit mois, achevèrent de donner à
son goût la direction de cette école. Toutefois,
il le modifia par une tendance vers une harmo-
nie plus forte, et par des modulations plus pi-
quantes dont il reçut l'impulsion à Berlin, où
il demeura quelque temps. Appelé à Eisenach,
en 1708, en qualité de maître de concert, il y
succéda plus tard à Hebenslreit (voyez ce nom)
dans la place de maître de chapelle. Trois ans
après, il reçut sa double nomination de maître
de chapelle de l'église des Récollets et de celle
. de Sainte-Catherine, àFiancfort-sur-le-Mein.
Il se rendit dans cette ville, conservant toute-
fois le titre et les émoluments de maître de
chapelle de la cour d'Eisenach, à la condition
d'y envoyer chaque année un certain nombre
de compositions nouvelles. Après quatre an-
nées de séjour à Francfort, Telemann céda aux
instances du margrave de Bayreuth, et prit la
direction de sa chapelle, sans perdre son titre
à Eisenach. Enfin, en 1721, une place dedirec-
teur de musique lui fut offerte à Hambourg;
il l'accepta et en remplit les fonctions pendant
quarante-six ans, conservant toujours celles
de maître de chapelle des cours d'Eisenach et
de Bayreuth. Dans cette longue carrière, il
déploya une prodigieuse activité, et produisit
une si grande quantité d'ouvrages, qu'il est
peu de compositeurs allemands qu'on puisse
lui comparer pour la fécondité. Il grava lui-
même à l'eau-forte et au burin une partie de
•ses productions sur les planches de cuivre ou
■d'élain, et fit imprimer' les autres avec les an-
ciens types de Hambourg. Il mourut danscelte
■ville, le 25 juin 1707, à l'âge de quatre-vingt-
six ans.
Le nombre des compositions de Telemann
était si considérable, que lui-même n'en pou-
vait indiquer tous les titres. Dans celles qu'on
connaît, on remarque: 1° Plus de douze années
entières de musique d'église pour tous les di-
manches et fêtes, formant environ trois mille
morceaux avec orchestre ou orgue. 2° Qua-
rante-quatre musiques pour la Passion, de-
puis 1722 jusqu'en 1707. 5° Trente-deux mu-
siques inaugurales pour des installations de
prédicateurs, depuis 1728 jusqu'en 1706.
4" Trente-trois solennités musicales, appelées
à Hambourg musique de capitaine, composées
d'une sonate pour instruments et d'une can-
tate avec accompagnement, depuis 1724 jus-
qu'en 1765. 5° Vingt musiques complètes de
jubilé, de couronnement et d'inauguration
pour plusieurs voix et instruments, depuis
1723 jusqu'en 1704.6° Douze services funèbres
complets pour des empereurs, des rois et pour
des personnages distingués de Hambourg.
7° Quatorze musiques de mariage. 8° Beaucoup
d'oratorios, parmi lesquels se trouvent la Mort
de Jésus, de Ramier, la Résurrection, par le
même, la Résurrection de Zacharie, les Ber-
gers à Bethléem, Israël délivré, une partie du
Messie, le Jour du jugement, et le psaume 71
en latin. 9° Plusieurs sérénades, telles que le
Mai, par Ramier, Bon Quichotte, etc.
10° Quarante quatre opéras pour les théâtres
de Hambourg, d'Eisenach et de Bayreuth.
11° Plus de six cents ouvertures et symphonies.
Toutes ces compositions sont restées en manu-
scrit. De plus, Telemann a écrit un nombre
immense de morceaux de chant et d'instru-
ments, dont il a publié les suivants : 12° Six
sonates pour violon seul avec accompagnement
de basse continue pour le clavecin ; Francfort,
1715, in-fol. 13° Bie Kleine Kammermu-
sik, etc. (Petite musique de chambre), consis-
tant en six suites pour violon, flûte traversière,
hautbois et clavecin ; ibid., 1710. 14° Six so-
natines pour violon et clavecin; Leipsick, 1718.
15" Six trios pour divers instruments, ibid.,
1718. 10° Harmonischer Gottesdienst, oder
yeistliche Cantaten,elc.(Le service divin har-
monique, ou cantates spirituelles sur les
épîlres des dimanches et fêtes, à voix seule et
violon, flûte ou hautbois et basse continue);
Hambourg, 1725, un volume in-fol. de près de
cinq cents pages. Bel ouvrage rempli d'idées
neuves pour le temps, et intéressant par les
modulations. Ce volume renferme soixante-
quatorze cantates. 17° Auszug derjenigen
musikalischen und auf die gewœhnlichen
Evangelia gerichtete Arien, etc. (Extraits
d'airs musicaux sur les évangiles, etc., à voix
seule et basse continue); Hambourg, 1727,
in-fol. 18° Ber Getreue Musilc-Meister, etc.
(Le maître de musique fidèle, etc.); Hambourg,
1728, in fol. Sous ce litre, Telemann a recueilli
des airs, duos, trios, etc., pour différentes
voix, des sonates, ouvertures, contrepoints,
fugues et canons, pour divers instruments, di-
visés en quatorze leçons ou journées. 19° So-
nates pour deux flûtes traversières ou deux
violons sans basse; Amsterdam. 20° Das All-
gemeine evangelische musikalische Lieder-
buch (Le livre complet du chant évangélique,
contenant cinq cents mélodies, parmi les-
quelles se trouvent beaucoup d'anciens cho-
498
TELEMANN
rais, elc, suivi d'une instruction sur la com-
position à quatre voix, avec basse continue);
Hambourg, 1750, in-4°. 21° Trois trios mélo-
diques et trois scherzi pour deux violons ou
flûtes et basse continue; Hambourg, 1731.
22° Cantates sur des poésies joyeuses pour so-
prano, deux violons, alto et basse continue.
23° Six sonatines nouvelles qu'on peut jouer
sur le clavecin seul, ou avec un violon ou flûte
et basse continue. 24° Scherzi melodichi, per
divertimento dicoloro che prendono V acque
minerali in Pirmonte, con ariette semplici e
facili, a violino, viola e fondamento ; Ham-
bourg, 1754. 25° Siebenmal Sieben und eine
Menuet, etc. (Cinquante menuets pour le cla-
vecin, et autres instruments). 26° Helden-
Musik, oder 12 Marches, elc. (Musique héroï-
que, ou douze marches pour deux hautbois ou
violons et basse, dont six peuvent être accom-
pagnées par la trompette, et trois par deux
cors). 27° Deuxième suite de cinquante me-
nuets qui peuvent être joués aussi sur la flûte
à bec. 28° Ouverture avec sa suite pour deu <
violons ou hautbois, deux violes et basse con-
tinue.29°Six quatuors pour violon, flûte, basse
de viole et basse continue. 50° Piombine, ou
le Mariage mal assorti, intermède à deux
voix, deux violons et basse continue. ôl°Singe-
Spiel-und Generalbass-Uebungen (Exercices
pour le chant et les instruments avec basse
continue); Hambourg et Leipsick, 1740, in-40
de quarante-huit pages. 52° Jubel-Musik, etc.
(Musique de jubilé, consistant en deui can-
tates dont la première est pour une voix, et la
seconde pour deux, avec accompagnement de
deux violons, viole et violoncelle); Hambourg,
1755.55°À7eùie Fugen fiir die Orgel (Petites
fugues pour l'orgue ou le clavecin). 54° Sonates
méthodiques pour violon ou flûte, avec basse
continue. 55° Deuxième suite de sonates mé-
thodiques. 5G° Trois suites de fantaisies pour
le clavecin, composées chacune de douze mor-
ceaux. 57° Tafel-Musik, etc. (Musique de
table, renfermant trois ouvertures, trois con-
certos, trois symphonies, trois quatuors, trois
trios çt trois solos). Les neuf premiers mor-
ceaux sont écrits pour sept instruments.
58° Quatuors ou trios, pour deux flûtes ou
violons et deux violoncelles, dont on peut
supprimer un. Tous ces ouvrages avaient
para avant 1735. Telemann en possédait
alors beaucoup d'autres qu'il se proposait de
publier. Par une circonstance heureuse, je
suis devenu possesseur d'un grand nombre
de compositions manuscrites de Telemann
pour l'église, que l'incendie de Hambourg
a peut-être rendues très-difficiles à trouver.
Au talent de compositeur, Telemann unis-
sait celui de poète, car il avait fait les poèmes
de plusieurs opéras et cantates qu'il mit en
musique. En 1759, il se fit admettre au nombre
des membres de la société musicale fondée par
Mizler. Il fournit à l'écrit périodique de celui-
ci, intitulé Musikàlische Bibliothek, un nou-
veau système des intervalles et du tempéra-
ment, qui a paru dans le troisième volume de
cet ouvrage (en 1752, page 713). Ce morceau a
été publié de nouveau dans ]es amusements de
Hambourg {Hamburger Unterhaltungen y
1707, t. 3, avril, n° 4), sous le titre de Der-
nières occupations de G.-Ph. Telemann. Le
système d'intervalles et de tempérament de ce
maître a été analysé par Sorge dans l'écrit
intitulé : Gesprxch zivischen einem Musico
Theoretico utid einem Studioso musices, etc.
(pages 54-G4). Le portrait de Telemann a été
gravé par Preisler, en 1750, in-fol., et par
Lichtenberger, dans le même format. On le
trouve aussi dans la bibliothèque musicale de
Mizler, et dans la bibliothèque des beaux-arts,
tous deux in-8°. On a publié une notice bio-
graphique de ce maître sous le litre :
G.- P. Telemann's Portrait und Lebens-
beschreibung ; Nuremberg (sans date), in-fol.
TELEMANN (Geoi\ges-Michel), petit-fils
du précédent, naquit en 1748, à Ploen, dans le
Holstein. Ayant obtenu les titres de cantor,
de directeur de musique et de maître de l'école
de la cathédrale de Riga, il remplit ces fonc-
tions jusqu'à la fin de ses jours, et mourut à
l'âge de quatre-vingt-trois ans, le 4 mars 1851.
Le premier ouvrage qui le fit connaître a pour
titre: UnterrichtimGeneralbass-Spielen,auf
der Orgel oder sonst einem Clavier -Instru-
mente (Instruction concernant l'accompagne-
ment de la basse continue sur l'orgue ou tout
autre instrument à clavier); Hambourg, 1775,
in-4° de cent douze pages. Ainsi que l'indique
le litre, il ne faut pas chercher dans cet écrit
un système de classification d'accords, mais
une méthode d'accompagnement : c'est sous ce
rapport un livre estimable. Les autres pro-
ductions de Telemann sont : 1° Beitrxge zur
Kirchen Musik, etc. (Essai de musique
d'église en chœurs spirituels, chorals et fugues
pour l'orgue); Rœnigsberg, 1785, in-folio, et
Leipsick, Breilkopf et Hœrlel. 2U Sammlung
alter und neuer Kirchenmelodien fiir das
seit dem J. 1810, elc. (Recueil de mélodies
chorales anciennes et nouvelles pour le temps
de l'année 1810, elc.)-; Riga, 1812, gr; in-48.
5° Ueber die Wahl der Mélodie eines Kirchen-
TELEMANN — TELLER
199
liedes (Sur le choix d'une mélodie pour un
cantique); Riga, 1821,in-8° de quatorze pages.
Telemann est aussi auteur d'une réponse à
une critique qui avait été faite de son Traité
de l'accompagnement, dans le 23mc volume
de la Bibliothèque générale allemande, sous ce
litre : Beurtheilung der in 23 Band der
Allgemeinen deutschen Bibliothek befind-
lichen Recension meines Unterricht in Gene-
ral-bass spielen; Riga, 1775, in-8°. On a
publié un éloge de ce musicien, dans le n° 11
de la Rigaischen Stadtblatter, 18 mars 1831.
Suivant le titre, cet éloge a été écrit par Tele-
mann lui-même (Kurzgefasster Lebenslauf
Georg-Michael Telemann's Cantoris in
Riga, von ihm selbst entivurfen). Il est ac-
compagné de remarques signées Theil.
TÉLÉPHAJVE, fameux joueur de flûte,
contemporain de Philippe de Macédoine et
d'Alexandre le Grand, naquit à Samos. Pau-
sanias dit que l'on voyait encore de son temps
le tombeau de ce musicien sur le chemin qui
conduit de Mégare à Corinthe. On trouve dans
YAnthologie grecque (lib. III, Cap. VIII,
épigr. I) une épitaphe fort honorable pour lui,
car elle le met en comparaison avec Orphée,
Nestor et Homère. La voici : Orphée, par sa
lyre, a remporté le prixsur tous les mortels;
le sage Nestor en a fait autant par la dou-
ceur de son éloquence; le savant Homère a
eu ce même avantage par le merveilleux ar-
tifice de ses vers divins; et Téléphone, dont
voici le tombeau, s'est acquis la même gloire
par sa flûte.
TELIIV (Guillaume), seigneur de Gulmont
et de Morillonvillers, naquit à Cusset, en Au-
vergne, à la fin du quinzième siècle. On a de
lui un livre intitulé : Sommaire des sept ver-
tus, sept arts libéraux, sept arts de poésie,
sept arts méchaniques des philosophies,des
quinze arts magiques, la louange de la mu-
sique, etc.] Paris, Galiot du Pré, 1533, in-4°.
TELLE (Guillaume), pianiste et composi-
teur, né en Prusse, vers 1799, fut d'abord atta-
ché au théâtre de Magdebourg, en qualité de
chef d'orchestre, puis remplit les mêmes fonc-
tions à Dusseldorf et à Aix-la-Chapelle, où il
se trouvait en 1829. On a publié de sa compo-
sition : 1° Variations sur un thème allemand
pour le piano, op. 1 ; Berlin. 2» Die Abende
der Terpsichore (les Soirées de Terpsichore),
collection de danses pour le piano, op. 2;
ibid. 3° Chansons allemandes avec accompa-
gnement de piano, op. 5; ibid. 4° Sonate
pour piano seul, op. 4; ibid. 5° Polonaises
pour piano, op. 5 ; ibid.
TELLE (Wilhelm), fils d'un maître de
ballets du théâtre royal de Berlin, naquit dans
cette ville, vers le commencement du dix-neu-
vième siècle. En 1835, il était chef d'orchestre
du théâtre impérial, à Vienne. En 1844, on le
retrouve à Riel, dans la position de directeur
de musique du théâtre. Il a donné, à Vienne,
en 1835, l'opéra-comique Bas Blaue Barett
(le Bonnet bleu), et Raphaël, opéra roman-
tique. Son opéra intitulé Sara a été représenté
avec succès à Riel, au mois de juillet 1844, et,
dans l'année suivante, à Cologne et à Leip-
sick. Je n'ai pas d'autre renseignement sur
cet artiste, qui n'est pas mentionné par les bio-
graphes allemands.
TELLEFSEN ( Tiiomas-Dyke-Acland ),
pianiste, compositeur et professeur de son in-
strument, est né à Dronlheim, en Norwége, le
26 novembre 1823. Jusqu'à l'âge de dix-neuf
ans, il a étudié pour être prêtre, mais parvenu
à cet âge, son goût pour la musique, qui avait
été comprimé par ses parents, l'emporta, et il
abandonna son pays natal pour aller à Paris
étudier le piano sous la direction de Chopin.
L'amitié qui l'unit alors à ce grand artiste ne
ss démentit pas jusqu'à la mort de celui-ci
(1849). Depuis lors, M. Tellcfsen a continué à
habiter Paris où il s'est livré à l'enseigne-
ment. Il a publié jusqu'en 1863 : 1" Deux
concertos pour piano e.1 orchestre; Paris, Ri-
chault. 2° Sonate pour piano et violon ; ibid.
5° Sonate pour piano et violoncelle; ibid.
4° Trio pour piano, violon et violoncelle; ibid.
5° Pièces pour piano et violon ; ibid. 6° Un
grand nombrede pièces pour piano seul, telles
que valses, mazourkes, nocturnes, etc. ; ibid.
Dans plusieurs de ses compositions, particu-
lièrement dans son premier concerto, dans le
scherzo du triode piano et dans ses mazourkes,
M. Tellefsen s'est proposé pour but de repro-
duire le caractère du chant populaire de son
pays, sous les formes de l'art régulier.
TLLLEIl (Marc), prêtre et. musicien atta-
ché à l'église Saint-Servais, de Maestricht, vé-
cut au commencement du dix-huitième siècle.
Son premier ouvrage, consistant en motels et
messes à quatre voix, a pour litre : Musica
sacra, stylo plane italico et cromatico pro
compositions amatoribus , eomplectens
9 motetta brevia de tempore, et 2 missas
solemiies; Augsbourg, 1726, in-fol. L'œuvre
deuxième de ce musicien ne fut publié qu'après
sa mort, dans la même ville; il consiste en
quatre messes et quatre motels à quatre voix
avec accompagnement de deux violons, viole,
basson et basse continue.
200
TELL1ER — TENGL1X
TELLIER (PiEnnF. LE), maître de mu-
sique de la cathédrale de Châlons, vers le mi-
lieu du dix-septième siècle, a fait imprimer
une messe à quatre voix, de sa composition,
sur le chant Domine qui habitavit ; Paris,
Robert Ballard, 1642, in-folio.
TEMPELHOF (Georges-Frédéric DE),
lieutenant général d'artillerie au service du
roi de Prusse, naquit le 17 mars 1737, dans le
Brandebourg. Après avoir fait ses études aux
universités de Francfort et de Halle, où il fit
de rapides progrès dans les mathématiques, il
entra comme soldat dans un régiment d'in-
fanterie, passa ensuite dans l'artillerie, s'y
distingua et obtint le grade de lieutenant. La
paix de 1703 lui permit de reprendre ses
études de mathématiques à Berlin, et de se
lier avec les plus illustres savants dans ces
sciences, tels qu'Euler et Lagrange. Il publia
plusieurs ouvrages importants sur les mathé-
matiques pures et appliquées, et mérita l'es-
time de Frédéric le Grand et de ses succes-
seurs, qui relevèrent de grade en grade
jusqu'à celui de lieutenant général, et lui ac-
cordèrent des lettres de noblesse. Cet homme
de mérite mourut à Berlin, le 15 juillet 1807.
Auteur de traités importants d'analyse, de
géométrie, de tactique et d'artillerie, il atta-
chait sans doute peu d'importance à un opus-
cule qu'il publia sous le voile de l'anonyme et
qui a pour titre : Gedanken iiber die Tempe-
ralur des Herrn Kirnberger, nebst einer
Anweisung , Orgeln , Claviere , Flugel,
u. s. w. auf eine leichte Art zu Stimmen
(Idées sur le tempérament de M. Rirnberger,
avec une instruction pour accorder, d'une ma-
nière facile, les orgues, clavecins, pianos);
Berlin et Leipsick, Decker, 1775, petit in-8°
de trente-sept pages. Ce petit ouvrage est un
de ceux où la matière a été traitée avec le plus
de profondeur et d'idées originales.
TEIVAGLIA (Antoine-Frasçois), compo-
siteur de musique d'église , naquit à Flo-
rence , dans les premières années du dix-
septième siècle, et passa une grande partie
de sa vie à Rome, où il était vraisemblable-
ment attaché à quelque église. En 16G1, il
écrivit, à Rome, la musique d'un opéra intitulé
Cleano (1) qui fut représenté dans le palais
d'un grand personnage dont le nom n'est pas
connu; car, à celte époque, il n'existait point
(I) Le titre de cet opéra, indique Clearco dans 1j pre-
mière édition de cette Biographie, et la date de lG42,sont
erronés, car Allacci le cite, dans sa Dramaturgia, d'après
le livret imprimé a Rome par Giacomo Uragoncelli, en
1001, iu-12.
encore de théâtre public d'opéra à Rome.
TErVDUCCKJusTE-FERDiNASD), chanteur
distingué, né à Sienne, vers 1750, commença
à briller sur les théâtres d'Italie, vers 1756, et
fut engagé pour l'opéra italien à Londres, en
1758; puis il voyagea en Ecosse et en Irlande,
oùil chanta dans l'^rfaserse de Ame. En 1765,
il retourna à Londres. La haute société de cette
ville s'enthousiasma pour le talent de cet ar-
tiste qui, par vanité, se jeta dans des dépenses
si excessives, que nonobstant les sommes con-
sidérables qu'il avait gagnées, il fut obligé de
se soustraire par la fuite aux poursuites de ses
créanciers, en 1776, laissant en Angleterre des
dettes qui s'élevaient à deux cent cinquante
mille francs. Ses affaires s'élant arrangées, il
retourna à Londres l'année suivante, et prit un
engagement au théâtre anglais de Drury-
Lane, où il chantait encore en 1790. On a im-
primé à Londres un traité du chant (Treatise
on Singing), indiqué dans les catalogues de
Longman et de Clementi, sous le nom de Ten-
ducci. Il a publié aussi chez Preston une ou-
verture à grand orchestre, de sa composition,
et des airs qu'il chantait aux concerts du Ra-
nelagh. Vers la fin de sa vie, il retourna en
Italie, où il mourut dans les premières années
de ce siècle.
TEIXGLIN (Hass), un des plus anciens
compositeurs allemands, vécut vers la fin du
quinzième siècle et au commencement du sei-
zième. On trouve des pièces écrites par lui dans
les deux parties d'un rarissime recueil publié
par Georges Fœrster (voyez ce nom), avec une
préface. Ce recueil a pour titre : Erster Theil.
EinAusszug guter alter und newer teutschen
Liedlein einer rechien teutschen Art, au/jf
allerley Jnstrumenten zu brauchen, ausser-
lesen (Première partie. Choix d'anciennes et
nouvelles bonnes petites chansons allemandes,
d'un art allemand régulier, recueillie? pour
jouer sur toute espèce d'instruments); Nurem-
berg, J. Petrejus, 1539. Der ander Theil.
Aurtzweiliger gicler frischer teutschen Lied-
lein zu singen vast lustig (Deuxième par-
tie. Bonnes petites nouvelles chansons alle-
mandes, amusantes à chanter); ibid., 1540.
Les autres anciens maîtres allemands dont on
trouve des pièces, à trois et à quatre voix, dans
celte collection, sont Erasme Lapicida, Laurent
Lemblin, Etienne Mahu, Stœllzer, Fœrster,
Senfl, Sixte Dietrich, Isaac, Benoit Ducis, Ar-
nold de Bruck, Sampson, Georges Schœnfelder,
Jean Wenk et Quingz (?). Un exemplaire de ce
précieux recueil est dans la Bibliothèque de
l'université de Jéna.
TENZEL - TERPiADEGLIAS
20 1
TEHiZEE (Guillaume-Eiisest), philologue
et numismate, naquit à Arnstadl, le 1 1 juillet
ICi'J. Après avoir achevé ses éijiides à l'uni-
versité île Willcnherg, il accepta la place de
recteur du collège de Gotha. Ses grandes con-
naissances dans l'histoire de l'Allemagne lui
firent obtenir, en 1702, le titre d'historio-
graphe de la maison de Saxe. Il se rendit à
Dresde, pour en remplir les fonctions; mais
devenu l'ohjet des railleries des courtisans, à
cause de son ignorance des usages du monde,
il se retira et vécut dans la pauvreté, qu'il
supporta sans se plaindre, au milieu de ses
livres. Cet estimable savant mourut à l'âge de
quarante-neuf ans, le 24 novembre 1707. Au
nombre de ses ouvrages, on trouve une disser-
tation intitulée : De veteris recentisqne eccle-
siae hymno : Te Deum laudamus ; "W'itten-
berg, 168G.Cetledissertation a été réimprimée
dans ses Exercitationes selectx in duas partes
distributx; Leipsick, 1692, in-4°. Tenzel y
établit que saint Ambroise n'est pas l'auteur
du Te Deum, quoiqu'il reconnaisse la haute
antiquité de celte hymne.
TERPANDRE, musicien et poëte grec,
naquit à Anlisse, ville de Lesbos, suivant l'au-
torité d'Etienne de Byzance et de Plularque;
mais Suidas assure qu'il était d'Arne ou de
Cume, villes de Béotie. La première opinion
est conforme à la chronique de Paros, qui dit
que Terpandre était Lesbien, et fils de Der-
demé. On n'est pas d'accord sur le temps où il
vécut; mais l'opinion la plus vraisemblable
est celle d'Eusèhe (Chron. fol. 122, edit.
Amstel.) et de la chronique de Paros, qui pla-
cent ses triomphes poétiques et musicaux vers
la 35e olympiade, quoique Jérôme de Bhodes
le fasse fleurir au temps de Lycurgue et de
Thaïes (dans son livre Des Joueurs de flûte,
cité par Athénée). A l'égard de la grande ha-
bileté de Terpandre dans la musique, elle n'est
contestée par aucun des écrivains de l'anti-
quité. Il fut le premier qui remporta le prix de
poésie musicale aux jeux Carniens. Plutarque
dit aussi qu'il obtint quatre fois de suite le prix
de poésie et de chant aux jeux pylhiques.
Tout le monde sait qu'il calma une sédition à
Lacédémone par des chanls mélodieux accom-
pagnés de la cithare. Fabricius donne une
longue liste des auteurs qui ont parlé de cet
événement (Bibl. grxc, T. J, fol. 235, edit.
Hamb., 1718). Terpandre composa des airs
<le cithare ou nomes auxquels il donna les
noms «le béotien, éolien, trochaïque. aigu,
cépionien.lerpand rien,tsVaédien et orlhien.
Ces nomes devinrent célèbres dans louie la
Grèce, et servirent longtemps pour l'ouverture
des jeux publics. Il fit aussi des airs pour la
flûte, et les joua sur cet instrument en con-
cert, avec d'autres joueurs de flûte, ainsi que
l'atteste la chronique de Paros (Marin. Oxon.
Epoch. 35, fol. 1G6). Plusieurs auteurs grecs ,
disent que Terpandre fut le premier musicien
qui monta la lyre de sept cordes, au lieu de
quatre qu'elle avait auparavant. Lui-même
semble l'affirmer dans deux vers que Strabon
et Euclide lui attrihuent, et dont le sens est :
Pour nous, prenant désormais en aversion
un chant qui n'est composé que de quatre
sons, nous chanterons de nouveaux hymnes
sur la lyre à sept cordes. Cependant Plutarque
dit, dans son livre Des lois de Lacédémone,
que Terpandre fut condamné à l'amende par
les éphores pour avoir ajouté une seule corde
à celles dont la lyre était montée ; ce qui sem-
blerait indiquer que cet instrument en avait
déjà six. Au reste, il faut remarquer que la
lyre des anciens musiciens de la Grèce septen-
trionale n'était montée que de quatre cordes,
tandis que la cithare de l'Asie Mineure, de la
Troade et de la Grèce méridionale en avait
sept dès la plus haute antiquité. Pindare attri-
bue à Terpandre l'invention des scolies ou
chansons bachiques. Enfind'aulresécrivains de
l'antiquité prétendentqu'il avait noté les into-
nations lyriques de tous les poèmes d'Homère.
TERRADEGL1AS (Dominique-Michel-
Baunabé), TERRADELLAS en espagnol,
naquit à Barcelone. Le jour de sa naissance est
ignoré, mais on voit dans \esEfemeridesdelos
musicos espanoles de M. Ballhasar Saldoni
(p. 33), qu'il fut baptisé, le 15 février 1711, à
la calhedraledecelleville.il y fit ses premières
éludes de musique dans un couvent. Son goût
passionné pour cet art lui faisait désirer d'aller
en Italie, afin d'y recevoir les leçons d'un grand
maître; un négociant, ami de son père, vint à
son secours pour la réalisation de ce projet, et
l'ayant pris à bord de son vaisseau, le conduisit
à Naples. Les recommandations de cet honnête
marchand procurèrent à Terradeglias la pro-
tection de l'ambassadeur d'Espagne, qui oblint
pour lui une place d'externe au Conservatoire
de Santo-Onofrio, dirigé alors par Durante.
Après avoir passé quelque temps sous la direc-
.ion de ce savant musicien, il commença à se
livrer à la composition dramatique. Ses ou-
vrages eurent de brillants succès et le mirent
bientôt en réputation. Son premier opéra, joué
en 1759, sur le grand théâtre de Naples, fut
l'y/siorfe •• il y révéla un génie heureux, un
rare talent d'expression, et un goût d'har-
202
TERRADEGLIAS — TERRY
monie plus vigoureux que celui de liasse, dont
il semblait avoir adopté I» manière pour les
mélodies. Pour l'énergie et le grandiose, il
se rapprochait davantage de Majo et de Jo-
melli. En 1740, il écrivit à Rome une partie
du Romolo de Latilla, puis donna dans la
même ville l'Artemisia, opéra en trois actes,
ouvrage remarquable par l'invention. L'Issi-
file, joué en 1742, à Florence, ne réussit pas;
mais Terradeglias prit une éclatante revanche
l'année suivante dans la Merope, belle com-
position où le talent du musicien avait pris
tout son développement. Tous les titres des ou-
vrages de Terradeglias ne sont pas connus; il
est même vraisemblable que nous n'en possé-
dons que la plus petite partie. Appelé à Lon-
dres, en 1746, il y donna le Mitridate, dont
les airs furent gravés séparément dans la
même ville; puis le Bellerophon, opéra en
trois actes, qui reçut le même honneur. L'an-
née suivante, il publia à Londres un recueil de
douze airs et duos italiens, en partition d'or-
chestre. Ces morceaux sont extraits des opéras
de l'auteur représentés jusqu'à cette époque.
De retour en Italie, dans le cours de l'an-
née 1747, Terradeglias obtint la place de
maître de chapelle de l'église Saint-Jacques-
des-Espagnols, à Rome, et depuis lors son
séjour parait avoir été fixé dans cette ville.
On dit qu'il y mourut de chagrin de la mau-
vaise fortune de son Sesostri, opéra sérieux,
joué à Rome, en 1751. Je ne sais où l'ancienne
rédaction de la Gazette musicale de Leipsick
a trouvé une anecdote aussi injurieuse pour le
caractère que pour le talent de Jomelli, rela-
tive à la mort de Terradeglias (t. II, p. 431),
et dont la fausseté est évidente. Suivant celle
version, l'opéra du compositeur espagnol au-
rait eu un grand succès, tandis que celui de
Jomelli, son rival, aurait éprouvé une chule
complète; mais le triomphe aurait été chère-
ment payé, car le corps de Terradeglias au-
rait été trouvé dans le Tibre, percé de coups
de poignard. Le peuple romain aurait attribué
sa mort à Jomelli, et aurait fait graver une
médaille en l'honneur de Terradeglias, où il
était représenté dans un char tiré par Jo-
melli, comme esclave, et pour ne pas laisser
de doute sur la part que celui-ci aurait eue au
meurtre de son rival, on aurait gravé au re-
vers de la médaille ces mots d'un récitatif du
dernier opéra de Jomelli : lo son capace !
Toute cette histoire est aussi fausseqti'odieuse,
car Jomelli continua d'habiter paisiblement
à Rome jusqu'en 1754, c'est-à-dire pendant
trois ans; ce qui aurait élé certainement im-
possible après un tel éclat. Terradeglias a
laissé en manuscrit une messe à quatre voix
avec orchestre, et l'oratorio Giuseppe rico-
nosciutq.
TERRASSON (Ahtoire), né à Paris, le
1er novembre 1705, y fit ses études et fut reçu
avocat le 13 mars 1727. Plus tard, il aban-
donna le barreau pour se livrer aux travaux
littéraires. Tour à tour censeur royal, con-
seiller, puis chancelier de la principauté de
Dombes, avocat du clergé, en 1753, et l'année
suivante professeur au Collège de France, il
mourut à Paris, le 30 octobre 1782. On a de
ce savant une Dissertation historique sur la
n'elle: Paris, 1741, in-12 ; réimprimée dans
ses Mélanges d'histoire, de littérature, de
jurisprudence, etc.; Paris, 1708, in-12. La
vielle était, à Paris, un des instruments à la
mode vers le milieu du dix-huitième siècle : le
goût de Terrasson pour cet instrument lui in-
spirale projet de sa dissertation. Il jouait aussi
de. la flûte et de la musette.
TERRY (Léonard), né à Liège, en 1817,
a fait ses études musicales au Conservatoire
de celte ville, et y a appris l'harmonie et le
contrepoint sous la direction de M. Daussoigne-
Méhul, directeur de cet établissement. En
1845, il prit part au grand concours de com-
position institué par le gouvernement; il y
obtint le second prix pour sa cantate intitulée
la Vendetta. Cet ouvrage a élé exécuté plu-
sieurs fois au théâtre de Liège, avec des cos-
tumes et des décors. M. Terry r. été aussi cou-
ronné à Rruges, en 1846, pour la composition
d'un chant de Victoire, avec orchestre. L'As-
sociation musicale de Liège, formée pour l'exé-
cution des grandes œuvres de Haydn, de Mo-
zart et de Beethoven, choisit M. Terry, en
1849, pour en diriger l'orchestre : il remplit
ces fonctions jusqu'en 1852, époque de la dis-
solution de cette société. Élève de Géraldy
pour le chant, il lui a succédé comme profes-
seur de cet art au Conservatoire de Liège. En
1861, il a élé appelé à la direction de l'orchestre
du théâlre de cette ville. Cet artiste a écrit
trois opéras dont les titres sont : 1° Fridolin,
drame lyrique en un acte. 2° Maître £iochT
ou le Chercheur de trésors, opéra-comique en
deux actes. 3° La Zingarella, opéra-comique
en trois actes. Il a aussi une grande scène iné-
dile, intitulée les Jeunes Filles et l'Ondine,
pour voix de soprano et orchestre. Les autres
productions deM. Terry sont: dix-huit choeurs
pour des voix de femmes, dont six ont élé pu-
bliées à Liège, chez Goût ; douze mélodies sui-
des textes français et italiens; Bruxelles,
TERRY — TESI-TRAMONTINI
203
Meynne; environ quarante romances à voix
seule avec accompagnement de piano, publiées
à Paris, chez la veuve Lemoine ; à Bruxelles,
chez Schott et Meynne; à Liège, chez Goût et
chez Muraille. M. Terry a beaucoup de choses
de ce genre encore inédites. Musicien instruit,
il s'occupe avec ardeur de la littérature musi-
cale et a préparé la publication d'un livre qui
a pour titre: Recherches historiques sur la
musique et le théâtre au pays de Liège, de-
puis le onzième siècle jusqu'à nos jours. Au
moment où cette notice est écrite (1864), l'ou-
vrage est annoncé comme sous presse.
M. Terry a pris part à la rédaction de la Tri-
bune, de Liège, et du Messager des théâtres
et des arts, de Paris ; il a publié, en 1855, la
biographie du violoniste Prume.
TERZA (Joseph), avocat et savant physi-
cien, né à Naples, en 1751, est, auteur d'un
opuscule intitulé : Nuovo systema del suono
(Naples, in-8° de soixante-quatre pages). Ce
petit ouvrage est en quelque sorte le résumé
d'un livre plus étendu que l'auteur se propo-
sait de publier, mais qui n'a point paru.
Terza y examine préalablement les théories
diverses concernant l'origine du son, et y dé-
veloppe des connaissances étendues. Ses
propres idées concernant la formation du son
ont de l'analogie avec celles qu'Azaïs a ex-
posées depuis lors dans ses Lettres sur l'acous-
tique fondamentale (dans la Revue musi-
cale, année 1852). Suivant l'assertion du
marquis de Villarosa (Memorie dei composi-
tori di Musica, p. 215), Terza aurait publié
son Nuovo sistema del suono, à Paris, en
1805, en un volume in-8°; je n'ai trouvé au-
cune trace de celte publication, également
inconnue à M. Quérard, érudit auteur de la
France littéraire.
TERZI (Jean-Antoine), luthiste distingué,
né vraisemblablement à Bergame, vers 1580,
vécut dans cette ville, et a fait imprimer un
recueil de pièces pour le luth sous ce titre :
Lntavolatura di liuto accomodata con di-
versi passaggi per suonar in concerti a due
liuti e solo, libro primo, il quai contiene mo-
tetti, contrappunti, canzoni, etc. ; Venise,
Rie. Amadino, 1613, in-4°.
TERZIANI (Pierre), maître de chapelle
de Saint-Jean de Latran, né dans l'État ro-
main, vers 1768, a fait ses études musicales à
Rome et à Naples. En 1788, il a commencé à
écrire pour le théâtre, et a fait représenter, à
Venise, Ll Creso, opéra sérieux, qui fut suivi
de plusieurs autres doDt les titres sont main-
tenant oubliés. Après avoir voyagé quelque
temps en Italie, en Allemagne et en Espagne,
il retourna à Borne, où il obtint la place de
maître de chapelle de Saint-Jean de Latran,
au mois de décembre 1816, après la retraite
deSantucci. Il occupait encore cette place en
1836. Terziani a écrit un nombre immense de
compositions pour l'église, parmi lesquelles
on remarque : 1° Onze messes à quatre voix.
2° Trois messes à huit voix. 3° Le psaume
Confitebor à quatre voix. 5° Le même à huit
voix. 6° Le psaume Laudate, à quatre voix.
7° Ave Maria avec Alléluia à huit voix.
8° Beaucoup de graduels. 9° Des molets et an-
tiennes : toutes ces compositions sont avec
accompagnement d'orgue. 10° Dixit à quatre
voix et orchestre. 11° Autre idem à huit voix
et orchestré. 12° Lxtatus sum, à quatre voix
et orchestre. 13° Beatusvir, à quatre voix et
orchestre. 14° Deux messes à quatre voix et
orchestre. 15° Messe à huit voix et orchestre.
16° Vêpres complètes à deux chœurs, orgue
et orchestre. 17° Litanies avec écho et orches-
tre. 18° Deux Te Deum , à quatre voix et
orchestre. Terziani a composé une multitude
de morceaux pour la plupart des églises de
Rome.
Ce maître eut un fils, Gustave Terziani,
né à Vienne, dans les premières années du
dix-neuvième siècle. Sa mère, Allemande de
naissance, se nommait Steinhardt. Le jeune
Terziani suivit sa famille à Borne et com-
mença l'étude de la musique sous la direction
de son père, puis l'abbé Baini devint son
maître de composition. Son début fut un
psaume à huit voix en deux chœurs composé
pour l'église del Gesù. Il écrivit ensuite une
messe à quatre voix et orchestre pour l'église
Saint-Louis des Français, et l'oratorio de Da-
niel pour la Chiesa nuova. Cet artiste mou-
rut, à Rome, du choléra, à la fleur de l'âge,
le 51 août 1837. L'abbé Gigli, de cette ville, a
donné, dans le Giornale arcadico d'octobre
1837, une notice intitulée : Memoria délia
vita e délie opère del giovane maestro di mu-
sica Gustavo Terziani.
TESCHNER (Gustave- Wilhelm), pro-
fesseur de chant à Berlin, s'établit dans cette
ville, en 1839, après un long séjour en Italie,
pendant lequel il étudia la méthode italienne
de l'art du chant. On ne possède pas d'autres
renseignements sur cet artiste. Il a publié un
grand nombre de canzonette et de Lieder, en
recueils et détachés.
TESI-TRAMONTINI (Victoire), cé-
lèbre cantatrice, naquit à Florence, dans les
dernières années du dix-septième siècle. Rcdi
20i
TESI-TRAMONTINI — TESSARINI
(voyez ce nom) fut son premier maître de
chant; puis elle se rendit à Bologne, et y con-
tinua ses études vocales sous la direction de
Campeggi; mais le désir de briller sur la scène
lui fit quitter l'école de ce professeur avant
que ses études fussent complètement achevées.
Elle débuta à Bologne avec un succès qui .jus-
tifia ses espérances; puis elle parut sur divers
théâtres où l'étendue singulière et la beauté de
sa voix excitèrent la plus vive admiration. En
1719, elle était à Venise, où elle chanta au
théâtre S. Angelo, pendant le carnaval, dans
le Perttimentc generose de Stefano Andréa
Fiore, et dans la même année, elle chanta à
Dresde, à l'occasion du mariage du prince
électoral. De retour en Italie, elle se fit en-
tendre avec autant de succès qu'avant son
voyage à Venise, où elle chanta, en 1723, dans
la saison d'hiver, au théâtre S. Angelo, dans le
Timocrate de Léo. On la trouve ensuite à Flo-
rence et à Naples, où elle était en 1725. Ap-
pelée à Milan en 1727, elle y chanta, pendant
le carnaval, la Girita de Joseph Vignati; puis
elle alla à Parme, au printemps de 1728, et
chanta au nouveau théâtre ducal dans \eMedo
de Léonard Vinci. Au printemps de 1731, elle
se faisait entendre, au théâtre de Matuezzi
de Bologne, dans le Farnace de Jean Porta.
Adrien de Lafage (voyez ce nom)a trouvé dans
les registres des théâtres de Naples, conservés
aux archives de celle ville, que la Tesi fut en-
gagée au théâtre de Saint-Charles de Naples,
pour chanter, depuis le 4 novembre 1737 jus-
qu'à la fin du carnaval, VOlimpiade de Léo.
Elle reçut pour cet engagementdeux mille huit
cent soixante-sept ducats napolitains (environ
douze mille cent quatre-vingt-quatre francs).
Après 1758, il y a une lacune de dix ans dans
les renseignements sur la carrière de celle can-
tatrice ; c'est en 1748 qu'on la trouve à
Vienne. Elleychanla, Ie4 novembre 1749,dans
la Didone de Métastase, mise en musique par
Jomelli. A celte occasion, le célèbre poêle écri-
vait à la princesse Belmonle : La Tesi è rin-
giovinatadi venV anni (La Tesi est rajeunie
de vingt ans) (1). Elle devait avoir alors près de
cinquante-cinq ans. Burney, qui la vit à
Vienne en 1772, dit qu'elle avait alors plus de
quatre-vingts ans (2); je crois qu'il la vieillit de
quelques années, car elle avait seulement envi-
ron cet âge lorsqu'elle mourut, en 1775, sui-
vant les Notices hebdomadaires de Hiller.
Victoire Tesi a formé quelques élèves, parmi
(1) Metastasio, Opère postume, t. I, p. 334.
(2) Durney, Voyages, t. II, p. 27C.
lesquels on remarque De Amicis et La Tey-
ber (3).
TESSAHIÎVI (Charles), premier violon
de l'église métropolitaine d'Urhino, naquit en
1G90, à Rimini, dans les États romains. Il y a
lieu de croire qu'il fit ses études à Rome, et
qu'il reçut des conseils de Corelli, car ses pre-
miers ouvrages sont une imitation fidèle du
style de ce grand violoniste. Quoi qu'il en soit,
il se fit bientôt connaître par son double talent
d'exécutant ei de compositeur : dès 1724, il
était déjà célèbre en Italie. Suivant Burney,
copié par Gerber et d'autres, cet artiste serait
venu à Amsterdam, en 1702 (il aurait été âgé
alors de soixante-douze ans), et y aurait fart
entendre des compositions d'un genre tout
moderne, très-différent du style de ses pre-
mières productions. Je ne crois pas à cette
anecdote, et je pense qu'elle n'a d'autre fonde-
ment que la publication dans celte même an-
née, à Amsterdam, de deux œuvres de con-
certos, et d'une traduction française d'une
méthode de violon, d'après un manuscrit de
Tessarini, en langue italienne. On connaît de
cet artiste : 1° Sonate per due violini e basso,
con un canone in fine; Amsterdam, Roger,
Paris, Leclere. 2° Sonate a due violini, Ub. I
et II; ibid. 5" Dodici concertini a violino
principale, due violini di ripieno, violelta,
violoncello, et basso continuo per organoo
cembalo ; ibid. 4° Dodici sonate a violino
solo,e basso per organo ; Paris, Venier.5°«Se»
divertimenti a due violini, lib. II. 6" L'Arle
di nuova modulazione, ossia concerti grossi
a violino principale, due violini di concerto,
due violini di ripieno, violetta, violoncello e
basso continuo per organo; Amsterdam et
Paris, 1762. Le premier titre de cet œuvre lui
a élé donné par l'éditeur, à l'imilalion d'un
ouvrage de Localelli (voyez ce nom). 7° Con-
trasto armonico, ossia concerti grossi a vio-
lino principale, elc; ibid. 8° Nouvelle mé-
thode pour apprendre par théorie, dans un
mois de temps, à jouer du violon, divisée en
trois classes, avec des leçons à deux violons
par gradation; Amsterdam, 1762. Cet ou-
vrage est la traduction de celui dont l'auteur
a répandu des copies sous ce titre : Gramma-
lica dimusica, divisa in due parti per im-
parare in poco tempo a suonar il vio-
lino, elc. Il y en a une traduction anglaise inti-
tulée : An accurate method to attain thc art
(3) M. Farrenc a bien voulu me fournir une parue
des renseignements pour celle notice; ils sont tirés
particulièrement de livrets d*opcras e( conséquenimcnt
authentiques.
TESSARINI - TESTORI
i:o3
of playing theviolin. La méthode de Tessa-
rini est toule pratique : elle est composée
d'exercices, d'études, de sonatines, et l'on n'y
trouve que peu de préceptes.
TESSIER (Charles), né à Pézénas, vers
le milieu du seizième siècle, fut attaché à la
chapelle de Henri IV, roi de France. Il fit un
voyage en Angleterre et y publia quelques airs
de sa composition, sous ce titre : Le premier
livre des chansons et airs de cour, tant en
français qu'en italien et gascon, à quatre et
cinqparties;Londres, Thomas Este, 1597,in-4u'
TESTA (Dominique), abbé, né en 1746, à
San-Vilo, près de Palestrina, fut d'abord pro-
fesseur de philosophie dans celte ville, puis à
Rome, depuis 1774 jusqu'en 1786. Dans cette
dernière année, il se rendit à Milan pour y
enseigner la physique et les mathématiques,
puis la philosophie. Devenu ensuite secré-
taire du nonce à Paris, il courut risque de
perdre la vie dans les troubles de la révolu-
tion. De retour à Milan, il y reprit sa chaire.
En 1804, il accompagna le pape Pie VII à
Paris. Exilé en Corse, dans l'année 1810, il ne
retourna à Rome qu'en 1814. Il y devint alors
secrétaire des brefs et protonotaire aposto-
lique. Ce prélat est mort en 1852, à l'âge de
quatre- vingt-six ans. Au nombre de ses ou-
vrages, on trouve une dissertation intitulée :
Délia contemporanea propagazione e perce-
zione di diversi suoni, etc. (De la propaga-
tion et de la perception simultanée de sons
différents); Milan, 1787, in-4°. Mairan
(voyez ce nom) avait déjà tenté de résoudre
une partie du problème difficile contenu dans
ce sujet; mais il l'avait traité en physicien;
l'abbé Testa établit dans son mémoire qu'il en
faut chercher l'explication non dans la phy-
sique, mais dans la psychologie, et il déve-
loppe celle opinion avec beaucoup de talent.
Ce morceau a élé traduit en français dans le
Recueil de pièces intéressantes, concernant
les antiquités, les beaux-arts, les belles-let-
tres et la philosophie, traduites de différentes
langues;Taris, 1788(1. III, p. 167etsilivantes).
Un ecclésiastique napolitain, nommé Pros-
peroTesta, futun compositeur de la fin du sei-
zième siècle. Il vivait à Naples, en 1601 (voyez
Délia prattica musica, de Cerrelo, p. 156).
TESTART (Etienne), maître des enfants
de chœur de la Sainte-Chapelle du palais, à
Paris, dans la seconde moitié du seizième
siècle, obtint au concours ouPuy de musique
d'Évreux, en 1578, le premier prix de l'orgue
d'argent, pour la composition du motet Cœ-
ciliaui intra cubiculum.
TESTE (J. -Alphonse), professeur de mu-
sique à Paris, n'est connu que parles ouvrages
suivants : 1° Nouveau cours d'études musi-
cales et de chant élémentaire ; Paris (chez
l'auteur), 1844, in-8° de quatre-vingt-seize
pages, avec soixante-quatre planches de musi-
que. 2° Solfège géant à l'usage des cours de
musique; Taris, Frank, 184'J, in-8°de quatre
pages, avec un grand appareil mécanique,
pour la formation des gammes et l'emploi
de tous les signes. Cet appareil était d'un prix
élevé, qui a empêché le succès de la mé-
thode.
TESTORE (Guillaume), compositeur ita-
lien, du seizième siècle, a fait imprimer des
Madrigali a cinque voci. Libro primo ;
Fenetia , appresso Claudio da Correggio
et Fausto Bethamo compagni, 1566, in -4°
obi.
TESTORI (Charles-Jean), né à Verceil,
dans le Piémont, en 1714, fut d'abord profes-
seur de violon, puis obtint la place de maître
de chapelle de l'église Saint-Eusèbe, dans sa
ville natale, en 1764. Il mourut en 1782, à
l'âgedesoixanle-huit ans. La musique d'église
de sa composition, qu'il a laissée en manu-
scrit, est peu estimée. Ce musicien n'est
connu que par un livre dont les différentes
parties ont élé publiées dans cet ordre: 1° La
musica ragionata espressa famigliarmenle
in dodicipassegiate a dialogo ; opéra per cui
si giungera più presto, e con soddisfazione
dagli sludiosi giovani all'acquislo delvero
contrappunto; Fercelli,, presso G. Pania-
lis, 1767, in-4° de cent cinquante et une
pages et vingt-deux planches. 2° Primi ru-
dimenti délia musica e supplemento alla mu-
sica ragionata in sette passegiate, libro se~
condo; ibid., 1771, in-4° de soixanle-dix
pages et six planches. 5° Supplemento alla
musica ragionata, passegiate sei, libro
terzo ; ibid., 1773, in-4° de quarante-deux
pages, avec huit planches. 4° L'arte di scri-
vere a otto reali, e supplemento alla musica
ragionata, libro quarto; ibid., 1782, in-4°de
cinquante-six pages et vingt-neuf planches.
Testori est le seul auteur italien qui ait adopté
la doctrine de Rameau.
TESTORI (Charles-Joseph), luthier pié-
montais, né à Novare, fut élève d'Acevo. Il
s'établit à Milan, vers 1687, et commença à
travailler dans celte même année; mais il
mourut jeune encore, car ses derniers violons
sont datés de 1702. Ses instruments ne sont
pas communs. On les range dans le troisième
ordre.
206
TESTORI — TEWKESBURY
TESTORÏ (Charles-Antoine), fils du pré-
cédent, né vers 1675, fut élève de son père et
lui succéda. On connaît de lui des violons,
violes et basses fabriqués dapuis 1700 jus-
qu'en 1730.
TESTORI (Paul-Antoine), second fils de
Charles-Joseph, se fit aussi connaître dans la
lutherie. Il travailla d'abord avec son frère;
mais il s'en sépara vers 1710, et produisit un
nombre assez considérable d'instruments fa-
briqués jusqu'en 1754. Il avait de la réputa-
tion pour les luths, lliéorbes et guitares. On a
aussi des violons sortis de son atelier.
TETAMATfZI (le P. François-Farrice),
religieux cordelier, né à Milan, vers 1650, fit
ses vœux au couvent de celte ville et y passa
toute sa vie. Il est auteur d'un traité du plain-
chant, qui a pour litre : Brève tnetodo per
apprendere fondatamente e ton facilita il
canto fermo, diviso in tre libri, etc., in Mi-
lano, 1686, in-4° de cent quarante-neuf pages.
Une deuxième édition de ce livre a été impri-
mée dans la même ville, par Fr. Agnelli, en
1726, in-4°de cent cinquante-cinq pages, et
une troisième a paru en 1756, chez Galeazzi,
in-4° de cezt cinquanle-six pages. L'édition
de 1636, citée par Forkel dans la Littérature
générale de la musique, n'existe pas ; celle
dale est une faute d'impression . M. C.-F. Becker
s'est trompé (Syttem. Chronol. Darstellung
der musikal. Literatur, page 308), en consi-
dérant cette édition comme véritable; et de
plus il a supDOjé une édition de Rome, 1685,
qui n'existe pas, trompé par l'indication de
l'approbation donnée à l'ouvrage par le géné-
ral de l'ordre des cordeliers, et datée de Rome,
le 10 août de cette année. Lichtenthal lui avait
fourni celte date dans sa Bibliografia délia
musica (tome IV, page 129). Les termes de
l'approbation même prouvent que l'édition de
Milan, 1686, est la première.
TEULE (Jules-Charles), médecin et doc-
teur es sciences, de Paris, s'est fait le défen-
seur du système d'enseignement de la musique
de Galin et de ses successeurs dans un
opuscule intitulé : Exposition du système de
l'écriture musicale chiffrée, suivie d'une note
sur la comparaison des tons; Paris, Arlhus-
Bertrand, 1842, in 8° de trente-six pages, avec
deux planches.
TEVO (le P. Zacharie), moine franciscain,
n'est pas né (comme il est dit dans la première
édition de celte Biographie, d'après le portrait
de ce religieux, placé en léte de son livre), à
Sacco, village près de Roveredo, en 1656 ou
1657, car M. Jean -Baptiste Candotli, mailre
de chapelle à Cividale (Frioul), a fait des re-
cherches sur ce même moine, àPiove di Sacco,
chef-lieu de district dans la province de Pa-
doue, et y a découvert l'acte de naissance de
Tevo, duquel il résulte qu'il naquit dans ce
lieu, le 16 mars 1651, et qu'il fut baptisé, le
25 du même mois, à la paroisse S. Nicolo (1).
La légende de son portrait et les pièces limi-
naires du livre qu'on a de ce religieux font
voir qu'il était bachelier en théologie, profes-
seur de musique, et qu'il vivait au couvent des
cordeliers de Venise, dans les premières an-
nées du dix-huitième siècle. Il est auteur d'un
traité général de musique intitulé : Il Musico
Testore; Fenezia, 1706, appresso Ant. Bor-
toloni, un volume in-4° de trois cent trente-
six pages. Ce titre signifie littéralement le Tis-
serand musicien. L'auteur l'explique dans le
premier chapitre de la première partie de son
livre, disant qu'ayant extrait tout ce qu'il en-
seigne concernant l'art et la science de la mu-
sique, des livres des meilleurs auteurs, il en a
formé un tissu d'érudition musicale. Il fait
preuve, en effet, dans cet ouvrage d'une lec-
ture immense; de plus, il y montre un esprit
lucide et méthodique. Le Musico Testore est
divisé en quatre parties. Dans la première,
Tevo traite longuement, suivant la mode de
son temps, de la nature de la musique, de son
invention, de sa division, etc. La seconde
partie est relative aux organes de la voix et de
l'ouïe, à la notation, à la gamme, aux inter-
valles, à la solmisation et à la mesure. Bans
la troisième, il traite avec profondeur de
l'harmonie, considérée sous le rapport de l'art
d'écrire. Enfin, la quatrième partie est relative
aux diverses formes de contrepoints.
TEWKESBURY (Jean DE), vraisembla-
blement ainsi nommé parce qu'il était né à
Tewkesbury, ville du comté de Glocesler, fut
récollet, et vécut à Oxford, vers la fin du qua-
torzième siècle. Il est indiqué comme auteur
d'un traité de musique, en cent vingt-quatre
pages in-folio, dans un manuscrit de la biblio-
thèque Bodléienne. Cel ouvrage est intitulé :
Quatuor principalia arlis musiez. Un aver-
tissement, placé après la table des matières, fait
voir que ce livre a été présenté par Jean de Tew-
kesbury aux moines de son ordre, du couvent
d'Oxford, en 1388. Toutefois plusieurs écrivains
anglais onlattrihué l'ouvrage dont il s'agit à
(1) Voici les expressions mêmes du registre de cette
église : Zaccaria figlio diZuamie Tevo e diZuanna sua
consorle delta contraria diS. tVicolo è nato il 16 e Imiii-
salo il 23 marzo 1651. (Voyez la Gazella musicale di
Milano de 1834, C août, p. 233.)
TEWKESBURY — THALBERG
207
Jean llamboys, à Jean Torksey et à Simon
Tunstede (voyez ces noms), auteurs d'autres
traités de musique. Burney penche pour ce
dernier {b General Ifistory of Music, tome II,
page 595); toutefois il ne résout pas la ques-
tion.
TEYBER (Antoine). Voyez TAYBER.
TEYBER (François). Voyez TAYBER.
TEYBER (Elisabeth), cantatrice, appelée
TEURERIIV, par Gerber (Lexik. der Ton-
Iciinstler), et TjEUBERIN, par Forkel
(Almanach mus. de 1785, page 74), naquit à
Vienne, vraisemblablement vers 1748. Elle
était fille d'un violonisîe de talent, attaché à
la chapelle impériale. Son éducation vocale
• fut dirigée par la célèbre cantatrice Tesi et pai-
llasse (voyez ces noms). D'abord engagée à la
chapelle du prince Esterhazy, elle y reçut
aussi des conseils de Haydn. En 1769, Elisabeth
Teyber était à Naples et y obtenait de brillants
succès. Gerber, qui fournit les éléments de
celte notice, dit que cette cantatrice se rendit
ensuite à Pétershourg, et que le climat de la
Bussie exerça une influence si lâcheuse sur
son organe vocal, que, quand elle revint en
Allemagne, les médecins lui interdirent pour
toujours l'exercice du chant. Le biographe al-
lemand n'indique pas les dates de cette période
de la vie de l'artiste. Un second voyage en
Italie et le séjour prolongé qu'elle y fit, lui
rendirent la santé et l'ancien éclat de sa voix.
De retour à Vienne, elle fut attachée à l'Opéra
allemand de la porte d'Italie. On voit, par les
annuaires de théâtres, qu'elle y chantait pen-
dant les années 1787 et 1788. On n'a pas de
renseignements sur les époques de sa retraite
et de sa mort.
THABET ou TIIABIT ben Corrah, ben
Haroun, célèbre philosophe, mathématicien et
médecin arabe, naquit à Harran, dans la Mé-
sopotamie, l'an 221 de l'hégire (855 de l'ère
chrétienne), et mourut en 288 (900). Il fut
élève de K.indi (voyez ce nom), et appartint à
la secle des saducéens. Savant dans les langues
grecque, syriaque et arabe, il a composé un
nombre immense d'ouvrages dont on peut voir
la liste dans la Bibliothèque de Cassiri (t. I,
p. 556 et suiv.). Parmi ces ouvrages, il en est
trois qui traitent spécialement de la musique.
Le premier a pour litre : Le grand livre de
la musique en deux discours ; le second est
intitulé : Le petit livre de la musique en
quinze articles; enfin, le dernier est une Ln-
troduction dans la science de la musique.
Celui-ci fut écrit originairement en syriaque,
par Thabct, qui le traduisit ensuite en arabe.
Les manuscrits de ces divers traités sont à la
Bibliothèque de l'Escurial (Espagne).
THALBERG (Sigishond), pianiste cé-
lèbre, fils naturel du prince M.. D et de la
baronne de W , est né à Genève, le 7. jan-
vier 1812. Après avoir passé ses premières
années sous les yeux de sa mère, femme spi-
rituelle et distinguée, il fut conduit, fort jeune
encore, à Vienne, où commença son éducation
musicale. Son biographe allemand dit qu'il
reçut des leçons de Sechter et de Ilummel;
mais lui-même, dans nos conversations, n'a
avoué pour son maître de piano que le pre-
mier basson du théâtre impérial. Le même
biographe assure qu'un travail infatigable a
conduit Thalberg au talent admirablequi a fait
sa réputation ; mais en ceci encore il est con-
tredit par l'artiste, qui prétend avoir acquis
son talent sans effort. Quoi qu'il en soi', ce
talent se manifesta de bonne heure, car Thal-
berg n'élait âgé que de quinze ans lorsqu'il
commença à fixer sur lui l'attention, dans les
salons et dans les concerts. A seize ans, il
publia ses premières productions, considérées
plus tard par lui comme des bagatelles, mais
où l'on voyait l'indication fugitive de !a pensée
qu'il a développée depuis lors, et qui caracté-
rise son style. Pour quiconque connaît Thal-
berg comme pianiste et comme compositeur,
il n'est pas sans intérêt d'examiner son Mé-
lange sur les thèmes d' Euryanthe (œuvre 1er),
sa fantaisie sur un air écossais (op. 2), et l'im-
promptu sur des motifs du Siège de Corintlte
(op. 5). Ces morceaux parurent à Vienne, en
1828. Deux ans après, il fil un premier voyage
en Allemagne pour y donner des concerts. Les
journaux de cette époque commencèrent à faire
retentir son nom. Il avait écrit pour ce voyage
son concerto de piano (œuvre 5); mais la na-
ture n'a pas paru avoir destiné le célèbre ar-
tiste à une autre spécialité que celle qui lui a
fait une immense renommée. En examinant
avec attention ce concerto, on voit que ce genre
de musique n'est pas le sien; que les formes
classiques le contraignent, et que l'orchestre
le gêne. Ses vues se tournaient dès lors vers
le développement de la puissance sonore du
piano, vers les combinaisons d'effets divers, et
surlout vers une nouveauté dont le mérite
d'invention lui appartient, bien qu'on ait es-
sayé de le lui contester. L'ancienne école des
pianistes se divisait en deux catégories princi-
pales, savoir : celle des pianistes brillants, tels
queClementi et sesélèves,et celle des pianistes
harmonistes, comme Mozart et Beethoven.
Chacune de ces écoles se subdivisait en plu-
SOS
THALBERG
sieurs nuances qui tendaient à rapprocher
l'une de l'autre les deux souches principales ;
ainsi, Dussek, guidé par son instinct national,
tendait vers l'école harmonique, bien qu'il
écrivît incorrectement, et quoiqu'on dut le
considérer comme appartenant à l'école des
pianistes brillants. Plus lard, Kalkbrenner, un
des chefs de cette école, suivit la même direc-
tion. D'autre part, Hummel, puis Moschelès,
pianistes de l'école harmonique, donnèrent à
leurs compositions plus de brillant que Mozart
et Beethoven. Mais dans l'une et dans l'autre
école, on remarque que le chant et l'harmonie
d'une part, et les traits brillants, de l'autre,
sont toujours séparés, et que ces deux parties,
qui constituent la musique de piano, n'appa-
raissent que chacune à leur tour, et dans un
ordre à peu près symétrique. Dans les traits
brillants des deux écoles, ce sont les gammes
qui dominent : les arpèges n'y apparaissent
que de loin en loin, et dans des formes à peu
près toujours semblables. Dans l'une et dans
l'autre école, le virtuose ne se sépare pas du
musicien; la pensée et la forme restent tou-
jours les conditions suprêmes. Vers 1830, il y
eut une sorte de révolte des virtuoses contre la
domination de la musique : aux conditions de
celle-ci succéda la nécessité de briller par la
dextérité, et de faire bon marché de la forme
et de la pensée, pourvu que l'artiste exécutant
eût de quoi faire naître l'élonnement et l'ad-
miration par son habileté. Mais pour que ce
programme pût être réalisé, il fallait entrer
dans un ordre nouveau de difficultés vaincues,
et sortir du domaine des gammes, épuisé par
un long usage. C'est dans ces circon-
stances que s'ouvrit la carrière de Thalberg,
et qu'il conçut la pensée de réunir dans un
même cadre la mélodie et les traits brillants
qui devaient lui servir d'accompagnement. Les
formes nouvelles qu'il imagina pour varier les
arpèges destinés à cet effet, l'ampleur du son
qu'il lirait du piano, et l'adroit usage des pé-
dales, donnèrent une apparence magique à
celte innovation, etlorsqu'on entendit l'artiste,
dans ses premières exhibitions, jouer quelques-
uns des morceaux qu'il avait combinés pour le
plus grand développement possible des res-
sources de cette musique d'effet, par exemple
la fantaisie sur les thèmes de Moïse, les pia-
nistes virtuoses eux-mêmes se persuadèrent,
au premier aspect, que d'immenses difficultés
s'y trouvaient réunies; mais quand Thalberg
eut divulgué son secret en publiant sa musique,
les procédés de combinaison qui avaient causé
tant d'éblouissemenls parurent fort simples,
et Ton fut étonné d'entendre des élèves assez
peu avancés jouer cette musique dont les diffi-
cultés apparentes avaient produit de si puis-
santes émotions. Alors tous les pianistes s'em-
parèrent de ces moyens faciles d'effet, et de ce
qui avait été chez l'inventeur une œuvre d'in-
lelligence et de sentiment, les imitateurs firent
un lieu commun dont la monotonie incessante
finit par amener le dégoût. On ne se contenta
pas de s'emparer de la création de Thalberg,
car on lui en contesta la propriété. Suivant
l'opinion de quelques critiques, il l'aurait em-
pruntée à Beethoven. Quelque soin que j'aie
mis dans mes recherches pour vérifier celle as-
sertion, je n'ai rien découvert qui la justifie,
à moins qu'on n'ait voulu parler de l'adagio de
la deuxième sonate de l'œuvre 31 : mais ce
n'est qn'un effet de croisement de mains. La
critique a usé de ses droits à l'égard de l'in-
venteur de ce style, et a tempéré l'éclat de ses
Iriomphes. Elle lui a aussi reproché de re-
produire à peu près les mêmes formes, sinon
les mêmes moyens, dans tous ses ouvrages, et
d'avoir fait du piano quelque chose d'excep-
tionnel, en quelque sorte en dehors de la mu-
sique. La satiélé des retours permanents des
mêmes formes et des mêmes procédés a fati-
gué le goût du public. On ne peut nier qu'il y
ait de la monotonie dans ce retour fréquent
des mêmes dispositions d'idées, dans ce cadre
où la progression de l'effet suit toujours la
même voie, et arrive à des résultats à peu près
identiques, ou du moins analogues. Ce que
Thalberg a ajouté aux ressources du piano est
sans doute quelque chose de réel et de très-
considérable : l'auteur de cette notice a élé des
premiers à signaler cette innovation et à y ap-
plaudir; mais il n'a pas cru qu'il y eût là de
quoi remplir toute une existence d'artiste, et
la jeunesse du virtuose lui laissa l'espoir qu'il
aurait le temps de se transformer, et qu'il
considérerait ce qu'il a inventé, non comme
le but de l'art, mais comme un moyen dont il
fallait user avec réserve. Si cet espoir ne s'est
pas réalisé, l'explication s'en trouve dans la
destination que le virtuose s'était donnée. Il
n'existe peut-être pas un pianiste qui se soit
moins occupé de musique que Thalberg et qui
ait moins joué les œuvres des maîtres. Pen-
dant toute sa vie, il n'a eu en face de lui que
sa propre personnalité. La musique qu'il s'est
faite est la seule qu'il ait jouée : cette musique,
il l'a faite ce qu'elle devait être pour leui'r-
tuose, car c'est uniquement dans les voies du
virtuose que son existence s'est écoulée.
Après avoir produit une^grande sensation à
THALBERG — THALÈS
209
Paris, en 1835, Tliall)erg obtint également
des succès d'enthousiasme en Belgique, en
Hollande, en Angleterre et en Russie, où il
était en 18-59. Les amis de cet artiste lui
avaient persuadé qu'il y a dans sa musique
des qualités qui le destinaient à être composi-
teur dramatique : il crut à leurs prédictions et
écrivit, sur un poème de Scribe traduit en ita-
lien, un opéra intitulé Florinda, qui fut chanté
au théâtre italien de Londres, en 1851, par
Sophie Cruvelli, Calzolari, Lablache, Sims
Reeveset Coletti. Celte faible production, dont
rien n'est resté, a disparu presque immédia-
tement de la scène. En 1855, Thalberg partit
pour le Brésil, où il resta environ une année.
Dans l'été de 1856, il passa quelques mois à Pa-
ris, puis il se rendit dans lesÉtats-Unis d'Amé-
que, où il resta plusieurs années et donna une
grande quantité de concerts, dont le produit
fut très-considérable. De retour en Europe
dans l'été de 1858, il alla vivre à Naples dans
unepropriétéqu'il y avaitacquise. Après quatre
ans de silence, Thalberg a reparu, en 1862, à
Paris et à Londres : il y a retrouvé ses anciens
succès avec ses anciennes fantaisies, particu-
lièrement sur les thèmes de Don Juan et de
Moïse. En 1865, il a fait un nouveau voyage
an Brésil. Cet artiste célèbre a épousé une des
filles de Lablache (voyez ce nom).
Après Florinda, Thalberg a écrit un second
opéra qui a été joué en Italie sous le litre de
Cristïna di Suezia et a eu une chute complète.
La liste de ses œuvres pour le piano est com-
posée comme il suit : 1° Fantaisie et varia-
lions sur des thèmes (VEurianthe, de Weber,
op. 1. 2° Fantaisie et variations sur un thème
écossais, op. 2. 5° Impromptu sur des thèmes
du Siège de Corinthe, op. ô. 4° Souvenirs de
Vienne, douze caprices en forme de valses,
op. 4. 5° Concerto pour piano et orchestre,
op. 5 (en mi bémol). 6° Fantaisie sur les motifs
de Robert le Diable, op. 6. 7° Grand divertis-
sement (en fa mineur), op. 7. 8° Fantaisie sur
la Slraniera, op. 9. 9° Grande fantaisie et va-
riations sur 1 Montecchi ed iCapuleti,o\\. 10.
10° Grande fantaisie et variations sur les mo-
tifs de Norma, op. 12. 11° Grande fantaisie et
variations sur deux motifs de Don Juan,
op. 14. 12° Caprice (en mi bémol), op. 15.
13° Deux nocturnes, op. 16. 14" Deux airs
russes variés, op. 17. 15° Divertissement sur
les Soirées musicales de Rossini, op. 18.
16° Deuxième caprice, op. 19. 17° Fantaisie sur
les motifs de l'opéra les Huguenots, op. 20.
18° -Trois nocturnes, op. 21. 19° Grande fan-
taisie, op. 22. 20° Douze éludes, op. 26.
BlOCIi. IIMV. DES MUSICIENS. T. VIII.
20° (bis) Grande fantaisie sur God save the
Queen elRule Britannia, op. 27. 21°Noclurne
(en mi majeur), op. 28. 22° Scherzo, op. 31.
23° Andante (en ré bémol), op. 52. 24" Fan -
taisie sur des thèmes de Moïse, op. 5".
25° Divertissement sur les thèmes de laGipsy,
de Benedict, op. 34. 26° Grand nocturne (eu
fa dièse), op. 55. 27° La Cadence, impromptu
en forme d'étude, et autres morceaux, op. 56.
28" Fantaisie sur des motifs iVObéron, op. 57
29° Romance et étude, op. 38. 50° Souvenir de
Beethoven, op. 39. 51° Fantaisie sur la
Donna del Lago , op. 40. 52° Deux romances
sans paroles, op. A\ . 55° Grande fantaisie sur
la Sérénade et le Menuet de Don Juan, op. 42.
54° Deuxième grande fantaisie sur les Hugue-
nots, op. 45. 35° Andante final de Lucia di
Lammermoor varié, op. 44. 36° Thème original
et élude, op. 45. 57° Caprice sur la Sonnam-
bula, op. 46. 58° Grandes valses brillantes,
op. 47. 59° Grand caprice sur des motifs de
Charles VI, op. 48. 40° Fantaisie sur Béatrice
di Tenda, op. 49. 41" Fantaisie sur Lucrèce
Borgia,o\t. 50. 42° Fantaisie suvSemiramide,
op. 51. 43° Lieder sans paroles (au nombre de
neuf, sans numéros d'œuvres). 44° Grande
fantaisie sur la Tarentelle de la Muette de
Portici, op. 52. 45° Grande sonate en quatre
parties, op. 56. 46° Décaméron musical, dix
morceaux servant d'étude préparatoire etc.,
op. 57. 47° Apothéose, grande fanlaisie sur
là marche triomphale de Berlioz, op. 58.
48° Marche funèbre variée, op. 59. 49° Grande
fantaisie sur le Barbier de Séville, op. 65.
50° Souvenir de Pesth, air hongrois, op. 65.
La plupart de ces œuvres ont été publiés à
Paris, chez Brandus et Dufour, à Vienne et à
Leipsick.
THALÈS ou THALÉTAS, poète-musi-
cien, qu'on a confondu quelquefois mal à pro-
pos avec le philosophe Thaïes, de Milet, était
né dans l'île de Crète. Il fut contemporain de
Lycurgue et vécut conséquemment environ
trois cents ans après la guerre de Troie. C'est
à Thaïes qu'on attribue le second établisse-
ment de la musique à Sparte. La plupart de
ses chansons avaient pour objet la nécessité
d'obéir aux lois. Slrabon lui accorde l'inven-
tion de la lyre de Crèle ; Porphyre assure que
Pylhagore aimait à chanter les vieux Péans
de Thalétas, et le scoliaste de Pindare (in
Pyth. Od. 2, vers. 127, ed. Bœckhii, vol. II,
part. I, fol. 322), dit que ce musicien fui le
premier qui composa des airs appelés Hypor-
chèmes, pour les danses armées cl guerrières.
Les Grecs, qui aimaient le merveilleux, di-
14
210
ÏIÏALÈS — THEILE
saient que la musique de Thalétas avait la
vertu singulière de guérir les maladies, et que,
pour obéir à l'oracle de Delphes, il vint à
Sparte, affligée de la peste, et l'en délivra par
ses chants.
TIIALMAN (Mathieu), musicien au ser-
vice de la cathédrale d'Anvers, est inscrit sur
les rôles des comptes de cette chapelle à la
da(e du 11 octobre 1589. Il a publié de sa
composition: Missx IF sex vocum ; An-
vers, P. Phalèse, 1593, in-4° oblong.
THAMYRIS, Thrace de nation, fut re-
nommé pour la beauté de sa voix. Il était fils
de Philammon(t;oye3 ce nom), et de la nymphe
Arsie. Homère dit qu'il défia les Muses pour
le chant et l'art déjouer de la lyre (Iliad.,
lib. II, vers. 101, et Schol. anon. Homer.,
ibid., vers. 102), et qu'ayant été vaincu, les
déesses irritées lui firent perdre la vue, la
voix, l'esprit, et même le talent de jouer de la
lyre. Désespéré, il jeta la sienne dans un
fleuve de Messénie, qui de là prit le nom de
Balyre, formé des deux mots grecs pot^Xïjv
(jeter), et Xùpa (lyre). Thamyris avait appris
la musique et la poésie dans l'école de Linus;
Platon dit qu'il excella dans la composition
des hymnes {Des lois, liv. VIII); il le com-
pare à Orphée. On sait qu'il hit le troisième
poêle lyrique qui remporta les prix de musique
et de poésie aux jeux pythiques, en chantant un
hymne en l'honneur du dieu qui y présidait.
Clément d'Alexandrie lui attribue l'invention
de l'harmonie dorienne, c'est-à-dire du mode
dorien (Fid. Clem. Alex. Strom., lib. I,
p. 307, D. éd. Par.).
THÉBAULT (Hippolyte), maître de cha-
pelle à Bourges, est auteur d'une Méthode de
plain-chant ; Bourges, Mouceron, 1849, in-8°
de cent vingt-quatre pages.
THÉDORIC (Georges), Voyez DIE-
TRICII (Georges).
THEILE (Jean), né à Naumbourg, en
1608, fit ses études à l'université de Jéna,
puis fut magister dans les écoles de Franken-
hausen, d'Altenbourg, de Windesheim et
d'Arnstadt. En 1635, il obtint la place de co-
recteur dans sa ville nalale. Nommé recteur
du même collège, en 1639, il quitta cette po-
sition deux ans après pour celle de recteur à
Budissin, où il mourut le 16 août 1679, dans
Sa soixante et onzième année. On a de lui
Programma de musica; Budissin, 1661,
in-4°.
THEILE (Jean), compositeur allemand,
était fils d'un tailleur; il naquit à Naumbourg,
le 29 juillet 1646. Après avoir l'ait ses pre-
mières éludes à l'école de sa ville nalale, et
avoir appris la musique chez le cantor de la
ville, nommé Scheffler, il se rendit à l'univer-
sité de Halle; mais n'ayant pu se procurer des
moyens d'existence dans celle ville, il alla à
Leipsick, où il fut employé comme chanteur
et comme instrumentiste, pour la basse de
viole. La grande réputation de Schttlz, maître
de chapelle à Weissenfels, le décida à se
rendre auprès de lui pour étudier le contre-
point : ce maître l'accueillit comme son élève,
et lui fil faire des éludes complètes dans l'art
d'écrire. Devenu musicien instruit, Theilealla
s'établir à Stettin, et y vécut en donnant ries
leçons de musique. Au nombre de ses élèves,
on remarque les organistes célèbres Buxle-
hude et Zachau. En 1673, il oblint le titre de
maître de chapelle de la cour de Holstein ;
mais la guerre vint, au bout de quelques an-
nées, lui enlever celte heureuse position, et
l'obliger à se réfugier à Hambourg. Il y trouva
l'opéra florissant, et écrivit plusieurs ouvrages
pour le théâtre de cetle ville. Pendant le séjour
qu'il y fit, il s'y livra aussi à l'enseignement
avec succès. Après la mort de Rosemnllller,
maître de chapelle à Wolfenbuttel, Theilefut
choisi pour le remplacer, en 1685, puis il en-
tra au service du duc de Mersebourg. La mort
de ce prince l'ayant laissé sans emploi quel-
ques années après, il se relira chez son fils, à
Naumbourg et y mourut en 1724, à l'âge de
soixante-dix-neuf ans. Les compositions de
cet artiste furent estimées de son temps, par-
ticulièrement dans les cours de Vienne et de
Berlin. On ne connaît aujourd'hui sous son
nom que les ouvrages suivants : 1° Passion
allemande, avec et sans instruments; Lubeck,
1675, in-fol. 2" La Naissance de Jésus-
Christ, oratorio, exécuté à Hambourg, en
1681, mais non imprimé. 3° Noviter inven-
tum opus musicalis compositiotiis 4 et 5 vo-
cum. propleno choro, rarx nec auditx prhts
artis ac suavitatis primum, super canticis
ecclesix, scilicet Kyrie , Patrem, Sanctus,
Ilosanna, Benedictus, Agnus Dei,secnndum
harmoniam voci Prxnesliniani slyli majes-
taticam simulque régulas fundamenlales
artis musicx. Ce recueil contient vingt messes
à quatre et cinq voix. 4° Opus secundum,
novx sonatx rarissimx artis et suavitatis
musicx, partim 2 vocum, cum simplis et
duplo inversis fugis; partim 3 vocum, cum
simplis, duplo et triplo inversis fugis ; par-
tim 4 vocum, cum simplis, duplo et triplo et
quadruplo inversis fugis ; partim 5 vocum,
cum simplis, duplo, triplo, quadruplo aliis-
THEILE — THERACIIE
211
que varietalis invent ionibus et artiftciosis
syncopationibus, etc. Ce recueil contient des
sonates, préludes, courantes, airs et sara-
bandes à deux, trois, quatre et cinq parties
instrumentales. 5° Adam et Eve, opéra re-
présenté à Hambourg, en 1678. Theile est
aussi auteur de deux traités sur diverses es-
pèces de contrepoints doubles, écrits à Naum-
bourg, en 1691. Ces ouvrages se trouvaient,
en manuscrit, dans la Bibliothèque de
Forkel.
THEILE (Adam-Gottlieb ou Théophile),
naquit le 20 mars 1787, à Rleineichstadt, près
de Querfurt (Saxe). A l'âge de seize ans, il se
rendit dans cette ville et y fréquenta l'école de
chant. Fuhrmann, qui en était \ecantor, lui
donna des leçons de piano, et lui communiqua
les compositions de Haydn, de Mozart et de
Beethoven. En 1808, il trouva une première
position d'instituteur et de cantor au village
de Nausilz; mais il y resta peu de temps, ayant
pris la résolution de suivre les cours de l'uni-
versité de Leipsick. Après y avoir achevé ses
études, il obtint, à l'âge de vingt-cinq ans, la
place d'organiste et de professeur de musique
à l'institut des jeunes filles à Weissensée. Il est
mort dans cette ville, le 22 juillet 1822. Les
premières productions de Theile sont : Neuf
variations pour le piano; Meissen, Gœdsche;
douze variations faciles idem; Weimar, Voigt;
Der lustige Leiermann (Le joyeux joueur de
vielle), collection de morceaux pour le piano
en huit suites divisées en deux années; Meis-
sen, Gœdsche; des pièces d'orgue répandues
dans les huit années du journal publié par
Geissler, sous le titre de Nouveau musée
complet des organistes. Après son décès,
Kœrner a publié : Orgel-Compositions von
A. -G. Theile (Compositions pour l'orgue
d'Adam-Gottlieb Theile), trois parties, petit
in-4°oblong; Erfurt, Roerner.
TIIEORED ou THINRED (David),
moine bénédictin anglais, et chantre au cou-
vent de son ordre, à Douvres, a écrit, vers
1571, un Traité de musique qui se trouve à la
bibliothèque bodléienne (Catal. Bibl. Bodl.,
832, 1), et qui a pour litre : De legitimis or-
dinibus Pentachordorum et Tetrachor-
dorum, Pr. Quoniam musicorum de his
cantibus frequens est distinctio, etc. Cet ou-
vrage, divisé en trois livres, contient quarante-
six feuillets in-fol. Le premier livre traite De
proportionibus musicorum sonorum , de
comalis; le deuxième, De consonantiis mu-
sicorum sonorum, et le troisième contient
une foule de diagrammes et de gammes de
divers tons. Moreri, qui appelle ce moine
Thinred, a accumulé les bévues sur ce qui le
concerne.
TI1ÉORALDE. Foyez GATTI (Tuéo-
balde).
TIIÉOGER, évêque de Metz, fut d'abord
moine bénédictin du monastère de Hirschau,
vers 1090, puis abbé de celui de Saint-Georges
dans la Forêt-Noire. Il est auteur d'un petit
traité de musique que l'abbé Gerbert (voyez ce
nom) a publié dans ses Scriplores ecclesiastici
de musica (tome II, pages 182-196), d'après
trois manuscrits qui se trouvaient de son
temps dans les abbayes de Tegernsée, de
Saint-Biaise et de Saint-Pierre, dans la Forêt-
Noire. C'est un ouvrage de peu de valeur.
THEOÏV de Smyrne, philosophe platoni-
cien et célèbre mathématicien, vécut sous le
règne des empereurs Trajan et Adrien, et fut
conséquemment contemporain de Plularque.
Il a écrit un Abrégé des quatre sciences ma-
thématiques, à savoir : la géométrie, l'arithmé-
tique, la musique et l'astronomie. On le trouve
en manuscrit dans plusieurs bibliothèques.
Ismaël Bouillaud a publia l'Arithmétique et la
Musique d'après un manuscrit de la bibliothè-
que de De Thon, et y a joint une bonne tra-
duction latine et des notes. Cet ouvrage a
paru sous ce titre : Theonis Smyrnœi Plato-
nici eorum qux in mathematicis adPlalonis
lectionem iitilia sunt expositio, e bibliotheca
Thuana. Opus hune primum editum, latina
versione ac notis illustratum. Lutelix Pa-
risiorum, 1644, in-4°. Conrad Gesnerditque
Gogava ou Gogavin en avait fait précédem-
ment une autre version latine (Biblioth.,
page 786), d'après un manuscrit de la biblio-
thèque des chanoines de Saint-Sauveur de Bo-
logne; Fabricius assure que cette traduction
ne méritait pas d'être imprimée, et qu'elle ne
le fut pas. M. de Gelder a reproduit la pre-
mière partie du texte de Théon avec la traduc-
tion de Bouillaud, et des notes, sous ce litre :
Theonis Smyrnxi Plalonici expositio eorum
qux in arithmeticis ad Platonis lectionum
utilia sunt, gr. Bullialdi interpretationem
lat., lectionis diversitatem suamque anno-
tationem addidit etc.; Lugd. Batavorum,
Lulchmans, 1827, in-8°. Il ya dans ce livre
quelques passages relatifs à la musique.
THERACHE (Pierre DE), musicien
français de la chapelle de Louis XII, roi de
France, suivant les comptes de cette chapelle
(Manuscrit de la Bibliothèque impériale de
Paris, F, 540, c,du supplément), est connu par
les motets à quatre voix Senalus apostolo-
14.
212
THERACHE — THIARD
rum, et Verbum bonum et suave, qui se
trouvent dans les premier et second livres des
Motetti de la Corona, imprimés par Octavien
Petrucci, à Possombrone, en 1513 et 1519,
petit in-4° obi.
THESSEL1US (Jean), compositeur alle-
mand, vécut à Nuremberg, puis à Vienne, au
commencement du dix-septième siècle. On a
imprimé de sa composition : 1° Newe liebliche
Paduanen, Intraden und Galliarden, mit
5 Stimmen compontrt (Nouvelles pavanes,
entrées et gaillardes favorites à cinq voix);
Nuremberg, 1G09, in-4". 2° Tricinia sacra
(Collection de motels à trois voix); Vienne,
1615, in-4°.
TIIEUSS (Charles-Théodore), directeur
de la musique militaire du grand-duc de Saxe-
Weimar, est né en 1785, à Weimar, où son
père était négociant. Dirigé par un heureux
instinct pour la musique, il fit de lapides
progrès dans cet art, sous la direction de Des-
touches, maître de chapelle du grand-duc, et
de Keich, musicien de la chambre et homme
instruit dans l'harmonie. La mort de son père
l'obligea à s'occupeg du commerce, ne réser-
vantque quelques instants de loisir pour la lec-
ture de partitions. Des événements inconnus
l'ayant obligé d'entrer au service militaire, il
fit partie du contingent de Weimar qui accom-
pagna Napoléon dans son expédition en
Russie. Theuss fut fait prisonnier par les
Russes, près de Wilna, en 1812. Rentré chez
lui après la paix, en 1814, il ne s'y occupa plus
que de musique. Après avoir fait quelques
voyages à Prague, Vienne, Leipsick, Francfort
et Paris, il obtint, en 1818, la place de direc-
teur de la musique militaire de Weimar. Il
occupa depuis lors cette position et fut pen-
sionné en 1841. Parmi ses compositions, on
remarque : 1° Sérénade pour flûte, clarinette,
deux cors et basson, op. 21 ; Augsbourg, Gom-
bart. 2° Pot-pourri militaire sur des chansons
et danses russes, op. 41; Leipsick, Hofmeister.
3° Douze pièces pour corde signal, trois cors,
deux trompettes et trombone, op. 43; ibid.
4° Six marches caractéristiques à grand or-
cheslre; ibid. 5° Quelques petites pièces et
danses pour le piano. 6° Beaucoup de chan-
sons et ballade* à voix seule avec piano, ou à
plusieurs voix. Theuss a aussi publié plusieurs
recueils d'airs nationaux, et particulièrement
(\esJodlers duTyrol et de la Suisse. Son opéra
intitulé Die bluende Aloe a été représenté à
Weimar, en 1836.
THÉVENARD (Gabriel-Vincent), né à
Orléans, le 10 août 10G9, était fils d'un pâtis-
sier-traiteur, et fut d'abord employé dans la
maison de son père, en qualité de marmiton.
Des amateurs de musique, charmés de la
beaulé de sa voix, lui donnèrent le conseil
d'apprendre la musique et le chant. A l'âge de
vingt et un ans, il se rendit à Paris et eut de
la célébrité comme basse chantante au théâlre
de l'Opéra de cette ville. Il débuta à ce spec-
tacle, en 1690, et fut fort admiré de ses com-
patriotes dans le récitatif. C'était à cette partie
de la musique que les chanteurs de son temps
attachaient le plus d'importance, car la mise
de voix et la vocalisation légère étaient alors
inconnues en France. Thévenard, dont la voix
était belle, et qui avait de la noblesse à la
scène, joua pendant dix ans avec la fameuse
Rochois, et sut briller à côté d'elle. Il se re-
tira, en 1730, après quarante ans de service,
et obtint une pension de quinze cents livres,
dont il jouit pendant dix ans. Il mourut à
Paris, le 24 août 1741, à l'âge de soixante-
douze ans. Il était à la fois grand buveur et
homme à bonnes fortunes.
THÉVEINOT (N.), fils du limonadier de
la Comédie italienne, naquit à Paris, en 1695.
En 1717, il débuta avec succès comme chan-
teur dans les divertissements du Théâtre Ita-
lien, et le 28 décembre 1730, il fut reçu comme
acteur au même théâtre. Sa voix avait peu
d'étendue, mais le timbre en était agréable, et
l'on trouvait alors qu'il chantait avec beaucoup
d'expression. Il mourut à Fontainebleau, le
10 novembre 1732, d'un abcès au foie, pour
lequel il supporta l'opération de l'em-
pyème.
THIARD ou THYARD (Pontus DE),
ou, comme il écrivait son nom, DE ÏYARD,
d'une famille noble et ancienne, naquit vers
1521, au château de Bissy, diocèse de Màcon.
Forkel l'appelle (Allgem. Litter. der Musilc,
p. 80) PONCE DE THYARD. Il fit dans
sa jeunesse des études assez fortes pour son
temps, et apprit le latin, le grec et l'hébreu.
Après avoir achevé un cours de théologie, il
embrassa l'état ecclésiastique, devint archi-
diacre de l'église de Chalon-sur-Saône, et
enfin, évéque de celte ville, en 1578. Attaché
par principes au parti de la cour contre les hu-
guenots, il quitta son diocèse parce que les
habitants du pays ne partageaient pas ses opi-
nions, et se retira dans son château de Bissy,
où il passa le reste de ses jours. Il y mourut,
le 23 septembre 1605, à l'âge de quatre-vingt-
quatre ans. Pontus de Thiard s'était adonné
d'abord à la poésie, et avait été placé comme
bel esprit dans la pléiade poétique imaginée
THIARD — THIBAUT
213
sous le règne de Charles IX, et dont Ronsard
était le chef; mais plus tard, il se livra de
préférence à des travaux historiques et philo-
logiques. Ce n'est point ici le lieu de parler
des divers ouvrages sortis de sa plume; on se
hornera à considérer Pontus deThiard comme
écrivain sur la musique. On lui doit en effet
un livre intitulé : Solitaire second ou prose
de la musique, à Lion, par Jan de Tournes
(sic), 1555, un volume in-4° de cent soixante
feuillets et dix feuillets non chiffrés. Cet ou-
vrage, dont le litre singulier appartient au
temps où l'auteur a vécu, et n'a point de rap-
port à l'objet du livre, a paru sans nom d'au-
teur; mais plusieurs indications ne permettent
pas de douterqu'il nesoitde Pontus de Thiard.
Au verso du titre, on trouve son portrait gravé
sur hois avec ces mots autour du médaillon :
Solitudo mihi provincia est, et au-dessous
est cette inscription : P. D. T. (Pontus de
Thiard) en son an 31 (ce qui pourrait faire
penser que l'année précise de sa naissance fut
1524). A la page 161, avant la table des ma-
tières qui a pour titre : Indice d'aucuns no-
tables points, selon Vordre alphabétique,
on trouve dix vers latins de G. Desautelz à la
louange de Pontus de Thiard, avec cette in-
scription : G. Altarii Curolatis, ad Pon-
tum Tyardteum Endecasyllabi. Barbier n'a
pas connu ce livre anonyme, et le savant
Weiss n'en a point parlé dans sa notice
sur Pontus de Thiard, insérée dans la Bio-
graphie universelle. L'ouvrage est, en effet,
si rare, que son existence a été ignorée de la
plupart des biographes. Un exemplaire qui se
trouvait à la vente de la belle bibliothèque, de
M. Cailhava, à Paris, en 1846, fut porté au
prix de cent soixante-quinze francs. Au
reste, le Solitaire second est un livre de peu
de valeur : on n'y trouve qu'un long com-
mentaire sur la musique des Grecs, et surtout
sur les proportions numériques des inter-
valles. L'auteur ne connaissait néanmoins
cette musique que par ce qu'en ont dit les écri-
vains latins, et particulièrement Boèce. Les
ouvrages des auteurs grecs, tels que ceux
d'Aristoxène, Aristide Quintilien , Aly-
pius,elc, etc., n'avaient pas encore été pu-
bliés, et leurs manuscrits étaient cachés
sous la poussière des bibliothèques. François-
Louis-Claude Marin a publié une Notice sur
la vie et les ouvrages de Pontus de Thyard
de JBissy, suivie de la généalogie de cette
maison; Neufchâtel, 1784, in-8°.
THIBAULT (François), chanlre et orga-
niste de l'église cathédrale de Metz, vers le
milieu du dix-septième siècle, a publié une
messe à cinq voix sur le chant O BeataCxci-
lia; Paris, Robert Ballard, 1640, in-fol.
THIBAUT IV, comte de Champagne et
roi de Navarre, naquit à Troyes, au commen-
cement de 1201. Sa mère, fille et héritière de
Satie he le Fort, lui transmit la souveraineté
de la Navarre. Il n'avait que quelques mois
lorsqu'il perdit son père et hérita de tous ses
biens. Sa taille haute et bien proportionnée,
sa vaillance, son adresse dans l'exercice des
armes, sa magnificence et sa libéralité, son
goût pour les lettres et ses talents pour la
poésie et la musique, le rendaient un cheva-
lier accompli. Il passe pour avoir aimé la
reine Blanche, mère du saint Louis, et avoir
composé pour elle la plupart des chansons qui
nous restent de lui. Lévêque de la Ravailière,
qui a donné une édition de ces chansons, a
essayé de réfuter cette tradition; mais il faut
avouerqueses conjectures ne sont pas toujours
heureuses. La vie politique de ce prince n'étant
pas de notre compétence, nous renverrons à
VEssaide La Borde (t. II, p. 222-227). Les
Navarrois assurent qu'il mourut à Pampelune,
le 8 juillet 1253; mais les Français le font
mourir à Troyes, le 13 juillet 1254. Les ma-
nuscrits de la Bibliothèque impériale de Paris
contiennent soixante-trois chansons notées de
sa composition. Lévêque de la Ravailière en a
publié la collection sous ce litre : Poésies du
roi de Navarre, avec des notes et un glos-
saire français; Paris, 1742, deux volumes
petit in-8°. Il n'entendait rien à la musique,
et son travail concernant la mélodie de ces
chansons est sans valeur. Une nouvelle édi-
tion des poésies de Thibaut a été donnée par
M. Francisque Michel; mais un travail spé-
cial est encore à faire sur le chant de ces poé-
sies.
THIBAUT (Antoine-Chahles-Just), cé-
lèbre jurisconsulte, conseiller du grand-duc
de Bade, et premier professeur de droit à l'uni-
versitédelleidelberg, naquit le 4 janvier 1772,
à Hameln, dans le Hanovre, et fit ses études
aux universités de Gœllingue, de Kœnigsberg
etdeRiel. Admis au doctorat dans cette der-
nière, en 1796, il y fut adjoint à la faculté de
droit deux ans après, et nommé professeur or-
dinaire en 1799. L'université de Jéna le
compta au nombre de ses professeurs en 1802,
et en 1805, époque de la réorganisation de
l'universitédeHeidelberg, il y accepta la place
qu'il a conservée jusqu'à sa mort, arrivée le
28 mars 1840. Ce savant homme, aussi re-
marquable par les qualités du cœur que par
211
THIBAUT — TH1ÉMÉ
celles d'un esprit fin et délicat, a publié, sur la
science du droit, des livres qui jouissent d'une
renommée universelle. II n'est cité dans ce
dictionnaire biographique que pour un ouvrage
relatif à la musique dont il est auteur, et qui
a pour litre : Ueber Reinheit der Tonkunst
(Sur la pureté de la musique) ; Heidelberg,
Mohr, 1825, in-8° de cent vingt-cinq pages,
avec un portrait de Palestrina. Une deuxième
édition de cet opuscule, augmentée de trois
chapitres, a été publiée à Heidelberg, chez le
même, en 1826, in-8° de deux cent vingt et
«ne pages. Il en a paru une troisième, impri-
mée à Heidelberg, en 1853, un volume petit
in-8°. Thibaut n'a pas mis son nom à cet ou-
vrage, où l'on trouve les aperçus les plus fins
et les plus justes concernant un art qui a été
pour l'auteur, pendant toute sa vie, une
source des jouissances les plgs vives et les plus
douces. Il avait réuni autour de lui quelques
amateurs qui exécutaient, sous sa direction,
les plus beaux ouvrages des maîtres anciens
et modernes. Une précieuse collection de mu-
sique qu'il avait rassemblée et pour laquelle
il avait fait de grandes dépenses, lui fournis-
sait les éléments variés de ces intéressants
concerts privés. Elle a été achetée parle roi
de Bavière, pour la Bibliothèque royale de Mu-
nich. Le catalogue de cette collection a é(é
publié sous ce titre : Ferzcichniss der von
dem verstorbenen Gross-Badischen Prof,
der Redite und Geheimenrathe Dr. A. F. J.
Thibaut zu Heidelberg hinterlassenen Mu-
sikalien Sammlung , etc. ; Heidelberg ,
Karl Gross, 1842, in-8° de quarante-six pages.
ÏHIÉBAULT (le baron Patjl-Charles-
rBANçois-ADiuEX-HESRi-DiEi;no?iNÉ) , lieute-
nant général du corps d'état-major, docteur de
l'université de Salamanque, est né à Berlin,
le 14 décembre 1769, d'une famille française.
Entré au service militaire en 1792, comme
simple grenadier, il fit les campagnes «le Bel-
gique, de Hollande, d'Italie, d'Allemagne, de
Portugal et d'Espagne, et parvint de grade
en grade jusqu'à celui de lieutenant général.
Plus tard, il fut chargé du commandement mi-
litaire de plusieurs départements. Au nombre
des ouvrages qu'il a publiés, on remarque ce-
lui qui a pour litre : Bu chant, et particuliè-
rement de la romance; Paris, Arlhus-Ber-
trand, 1813, in-8° de cent trente pages. Ce
livre a de l'intérêt : on y trouve une hisloiredu
genre des petites pièces de chant appelées
romances , et des renseignements qu'on cher-
cherait vainementailleurs sur quelques poètes
el musiciens qui ont cultive ce genre agréable.
TÎIIELE (Charles-Louis), excellent orga-
niste et carillonneur de l'église paroissiale à
Berlin, naquit à Quedlinbourg, le 18 novembre
1816. Les premières leçons de musique lui
furent données par son père qui, plus tard,
fut cantor à Berlin. Devenu élève de W. Bach,
à l'Institut royal de musique d'église de Ber-
lin, Charles-Louis Thiele s'attacha particu-
lièrement à l'étude de l'orgue, sur lequel il
acquit un talent du premier ordre. II obtint
sa place d'organiste en 1839. Cet artiste re-
marquable mourut du choléra avant d'avoir
accompli sa trente-sdeuxième année , le
17 août 1848. Il a laissé de sa composition des
pièces de concert pour orgue (en ut mineur et
en mi bémol), ainsi que des variations (en ut
et en la bémol). Son concerto d'orgue (en ut
mineur) a été arrangé pour le piano par
C. Plalo, et publié à Leipsick, chez Peters.
THIELE (Edouard), né à Dessau, le
21 novembre 1812, est fils d'un hautboïste de
celle ville. A l'âge de sept ans, il reçut les pre-
mières leçons de piano d'un musicien nommé
Kopprasch. Lorsqu'il eut atteint sa quator-
zième année, il entra dans l'institution de Fré-
déric Schneider, et y étudia le violon, le piano,
l'orgue et la composition. A l'âge de dix-huit
ans, il fit un voyage en Allemagne aux irais du
duc Léopold de Dessau et visita Dresde et
Vienne. Après deux années employées à celle
excursion, il retourna à Dessau, où il fut em-
ployé comme second directeur de musique du
Ihéâtre; il en remplit les fonctions pendant
deux ans, puis il fut attachée la troupe d'opéra
de Jules Miller, et en dirigea l'orchestre à
Halle, Altenbourg et Magdebourg; il fut ensuite
engagé au service de la cour de Cœlhen, en
qualité de directeur de musique, organiste de
l'église principale et professeur de musique
du séminaire. En 1855, il fut rappelé à Dessau
comme successeur deFrédéricSchneider, et en
1860, il obtint le litre de maître de chapelle du
prince. Thiele s'est distingué comme compo-
siteur en différents genres. Une messe de sa
composition a été exécutée à Leipsick, en 1 840;
il a écrit et publié plusieurs sonates pour piano
seul, un duo pour piano et violon, trois re-
cueils de Lieder pour voix seule avec piano,
un recueil de chants à voix seule avec accom-
pagnement de piano et violoncelle, un recueil
de Lieder à deux voix avec piano, des chants
en chœur pour différentes voix, d'autres pour
des voix d'hommes, et d'autres encore pour
quatre voix de femmes.
TIIIEME (Frédéric), professeur de musi-
que, né en Allemagne, se fixa à Paris, vers
TH1ÉMÉ — TI11JM
215
1780, et y enseigna le chant, le violon et le
piano. Les événements de la révolution l'ayant
privé de la plupart de ses élèves, il se retira à
Rouen, en 1792, et y passa le reste de ses
jours. La société d'émulation de cette ville
l'avait admis au nombre de ses membres. Il
mourut au mois de juin 1802, à l'âge d'en-
viron cinquante ans. On connaît sous le nom
ds ce musicien les ouvrages suivants : 1° Elé-
ments de musique pratique, et solfèges nou-
veaux pour apprendre la musique et le goût
du chant; Paris, 1784, in-4°. Une deuxième
édition de ce livre a été publiée sous ce litre :
Eléments de musique pratique et solfèges
•nouveaux italiens, destinés particulière-
ment pour apprendre les principes détaillés
de cet art, mis à la portée des jeunes élèves,
avec une basse chiffrée suivant les principes
deVabbé Roussier; Paris (sans date), Nader-
man, grand in -8". 2° Principes abrégés de
musique, à l'usage de ceux qui veulent ap-
prendre à jouer du violon; Paris, Louis (sans
date). 3° Principes abrégés de musique pra-
tique pour le forte-piano, suivis de six pe-
tites sonates formées d'airs connus; ibid.
4° Nouvelle théorie sur les différents mouve-
ments des airs, fondée sur la pratique de la
musique moderne, avec le projet d'un nou-
veau chronomètre destiné à perpétuer à ja-
mais, pour tous les temps comme pour tous
les lieux, le mouvement et la mesure des airs
de toutes les compositions de musique;
Rouen, chez l'auteur, an ix (1801), in-4° de
VIII et soixante-dix pages, avec un tableau et
dix planches. 5° Duos pour deux violons, op. 2;
Paris, Louis. 6° Six idem, op. 11; ibid.
7" Trois sonates en duos dialogues pour deux
violons, d'une exécution facile, op. 12 ; Paris,
Naderman.
ÏHIEIIS (Jean-Baptiste), théologien, né à
Chartres, le 11 novembre 1G36, fut d'abord
curé de Champrond, au diocèse de Chartres,
puis de Vibraye, près du Mans, où il mourut,
le 28 février 1703. On a de cet ecclésiastique
beaucoup de savantes dissertations et d'écrits
singuliers, particulièrement sur des sujets de
liturgie, au nombre desquels on remarque le
Traité des cloches et de la sainteté de Vof-
frande du pain et du vin aux messes des
morts; Paris, J. de Neuiily, 1721, in-12. On
trouve quelques détails intéressants concer-
nant la musique du chœur des églises en
France, dans l'écrit de Thiers intitulé : Dis-
sertations ecclésiastiques sur les principaux
■autels, la clôture du chœur et les jubés des
églises; ibid., 1G88, in-12.
THIJM (Lambert Jean ALBERDOGK),
compositeur dechants religieux et écrivain sur
la musique, naquit à Amsterdam, de parents
catholiques, le 30 septembre 1823. Le nom de
sa famille paternelle était Alberdingk; mais
son père, Jean- François , négociant hollan-
dais, ayant épousé Catherine Thijm, fut au-
torisé, en 1835, par acte authentique, à
prendre, pour lui et ses descendants, le nom
de Thijm. Amateur zélé et instruit de musi-
que, élève de Berthelman, Jean-François
Thijm, membre de plusieurs sociétés philhar-
moniques, compositeur, et le plus ferme sou-
tien de la corporation pour l'exécution des
messes en musique à l'église Saint-Pierre et
Saint-Paul (1), dirigea lui-même l'éducation
musicale de son fils Lambert-Jean. Après que
ses études littéraires eurent été terminées, ce
jeune homme s'appliqua particulièrement à la
théorie comme à la pratique de l'art, à la com-
position, à l'esthétique et à lacritique sérieuse.
Ces études, réunies à celles de la langue et de
la littéraire française, remplirent ses années
de vingt à trente. La musique d'église et le
chant populaire étaient particulièrement les
objets de ses méditations et de ses travaux. Il
exposa ses idées sur ces objets dans plusieurs
journaux hollandais , particulièrement le
Spektator, V Album der Schoone Konster
(l'Album des beaux -arts), les Katholicke
Stemmen (Les voix catholiques), le Kalholick,
et le Konst en Letterbode (le Messager de l'art
et de la littérature). On a aussi de L.-J. Alber-
dingk Thijm, sur ces mêmes sujets, les ou-
vrages suivants : 1° De Musiek in de Kerk.
Gedachten over Kerkmuziek, naar aanlei-
ding der geschied. en oordeelkundige Be-
schouwingen over de wereldsche en ker-
kelijke Musijk, bijeengebragt en bearbeid
door N.-A. Janseen, Pr. (La musique à
l'église. Considérations sur la musique reli-
gieuse, comme introduction aux observations
historiques et critiques sur l'union de la mu-
sique mondaine et de la musique religieuse,
par N.-A. Janssen, prêtre, etc.); Amsterdam,
C.-L. Van Langenhuysen, 1850, in-8° de
trente-sept pages. 2° Nog eenige Gedachten
over Kerkmusijk (Encore quelques considéra-
tions sur la musique d'église); ibid., 1854,
in-8°de seize pages. Thijm avait essentielle-
ment le sentiment mélodique ; mais, pour la
réalisation de ses idées sur la possibilité de
(1) Il avait composé une messe à quatre voix et or-
chestre et une autre avec orgue et quelques bagatelles
pour le chant et le piano, publiées à Paris, chez Zetler
et O.
216
THIJM - THILO
réunir les qualités de la musique moderne à la
gravité du chant de l'église, il lui manqua
l'habileté pratique de l'art d'écrire en musi-
que, parce qu'il ne s'en occupa qu'à un âge où
cet art ne devient plus familier. Il aurait pu
s'appliquer ces paroles du philosophe Hem-
sterhuis : « Je pleure de ce que j'ai abandonné
» trop inconsidérément la musique dans ma
» jeunesse. Je sens que je l'ai dans l'âme et
» que j'étais fait pour elle. Je sens que j'en
» aurais tiré parti; enfin, je sens que plu-
» sieurs vérités sublimes de la psychologie ne
» sauraient être exprimées que par elle. »
Toutefois, Thijm, sérieusement occupé de la
composition, serait vraisemblablement par-
venu à la facilité de production que donne
l'habitude d'écrire, si la mort ne fût venue le
frapper à l'âge de trente et un ans, le 1" dé-
cembre 1834. Il avait arrangé divers ouvrages
en quintettes pour des instruments à cordes, un
thème des Huguenots pour piano à quatre
mains, avait écrit plusieurs quatuors pour des
voix d'hommes, un trio pour des voix de femmes
sur le texte de Goethe Friïhzeitiger Friïh-
ling,et enfin une messe à (rois voix en choeur
et des voix seules avec orgue. Mais son travail
le plus important est le volume qu'il a publié
avec son frère, M. Joseph-Albert Alberdingk
Thijm, littérateur et archéologue distingué,
sous ce titre : Oude en nieuwere Kerstliedern,
benevens Gezangen en Liederen van andere
Hoogtijden en Heiligedagen, als ook van
den Advent en de Vaslen, gerangschikt
naar de orde van het Kerhelijk jaar; etc.
(Cantiques anciens et nouveaux, avec d'autres
chants et cantiques pour les jours de fêtes et
sanctifiés, ainsi que pour le temps de l'Avent
jusqu'au carême, etc.); Amsterdam, C.-L. Van
Lanqenhuysen, 1852, un volume in-12 de
XXIV et trois cent dix-huit pages. Toutes les
mélodies de ce recueil sont accompagnées de
la basse chiffrée. Les n°s II, IV, XXV, LUI,
LXX, LXXXVII, LXXXIX, CXXVI et CXXXV
ont été composés par L.-J. Alberdingk Thijm;
il a retouché les numéros anciens III, IX, XI,
L, LU, LXXXI, LXXXIV, XCV, C, CVIII,
CXXXVI. Lié d'amitié avec le célèbre archéo-
logue Hoffmann de Fallersleben,et partageant
ses vues concernant les chants populaires et
religieux, il avait composé des mélodies pour
quelques-unes des poésies rhythmiques de ce
littérateur distingué ; M. Joseph-Albert Alber-
dingk Thijm, à qui l'on doit une intéressante
notice sur son frère, in-8° de trente pages (sans
nom de lieu et sans date), y a ajouté quatre de
ces mélodies.
THILO (Valentin), professeur de droit à
Kœnigsberg, naquit dans cette ville, le 19 avril
1607, y fit ses études, et y mourut le 27 juillet
1662. Au nombre de ses écrits, on remarque
un éloge funèbre de Jean Slobanis (voyez ce
nom), intitulé : Laudalio funebris in memor.
Joh. Stobxi, Graudentini-Borussi, sereniss.
Elect. Brandenb. in Borussia capellx ma-
gistri celeberrimi, musici excellentissimi ;
Regiomontani, 1646, in-4°.
THILO (Georges-Abraham), candidat pré-
dicateur à Grosbourg, près de Breslau, a écrit,
en 1750, un ouvrage qui est resté en manuscrit,
et qui a pour litre : Spécimen palhologix
musicx,das ist ein Fersuch,wie man durch
Klang Affecten erregen hcenne. Quelques an-
nées après, Marquet (voyez ce nom) a traité le
même sujet dans son livre intitulé : Méthode
pour apprendre, par les notes de la musique,
à connaître le pouls de l'homme, etc., vrai-
semblablement sans avoir eu connaissance du.
travail du savant allemand.
THILO ou THIELO (Charles-Auguste),,
musicien danois, né dans les premières années
du dix-huitième siècle, vécut à Copenhague,
et établit dans cette ville le premier théâtre
d'opéra, pour lequel il avait obtenu un privi-
lège du roi : mais il en fut privé, en 1748, et
mis à la pension, après que ce spectacle eut <>u
les suffrages de la ville et de la cour. Le roi en
confia la direction à quelquesgrands seigneurs,
plus occupés de galanteries avec les actrices
que des progrès de la musique. Dans sa re-
traite, Thilo ne cessa de consacrer son temps
à cet art et produisit plusieurs ouvrages, dont
on cite ceux-ci : 1° Odes avec mélodies; Co-
penhague, 1755.2° Air italien (d'un genio che
m'accende), pour soprano, avec violons et
basse; ibid. ô" Douze menuets de redoute.
4° Symphonie pour le clavecin. Mais la pro-
duction la plus importante de cet artiste est
celle qui a pour titre : Tanker og Régler fra
Grunden af om iVusiken, for dem som vil
laere Musiken, til Sindcls Fornoyelse saa og
for dem som vil giorc Fait ofClaveer, Gene-
ral-Bassen og Synge-Kunsten (Règles ou
principes par lesquels on peut parvenir faci-
lement soi-même à la connaissance des élé-
ments de la musique, de la basse continue et
de l'art du chant) ; Copenhague, 1746, in-fol.
de quatre-vingt-six pages. Thilo donna,
quelques années après, une traduction alle-
mande abrégée du même ouvrage, intitulée:
Grundregeln, wie man bei weniger Infor-
mation, sich selbst die Fundamenta der
Musik und der Claviers lerncn kann, etc.;
THILO — THOMAS
217
Copenhague, 1753, in-4° de qualre-vingt-une
pages.
THILO (Wilhelm), né dans la Thuringe,
vers 1810, élait, en 1841), directeur du sémi-
naire royal à Erfurt. On a de lui un écrit inti-
tulé : Dus geistliche Lied in der evangelis-
chen volkschule Deulschlands ( Le chant
spirituel dans les écoles populaires et évangé-
liques de l'Allemagne) ; Erfurt, 1842, petit
in-8° de soixante-seize pages.
THItONIUS (Jean), prédicateur à
l'église Saint-Nicolas de Leipsick, vécut dans
la seconde moitié du dix-septième siècle. Il a
prononcé dans son église et fait imprimer un
éloge de Werner Fahricius, directeur de mu-
sique à Leipsick, avec sa vie; cet ouvrage a
pour litre : Musica Davidica, oder David's
Musik : eine leichen-Rede uuf Wern. Fabri-
cio, chori musici Director. Lipsiensi nebst
dessen Lebenslauf; Leipsick, 1679, in-4°.
THOLLÉ (Thomas), né à Liège, vers
1760, apprit la musique à l'église de Saint-
Paul, et eut pour maître Moreau, qui avait été
celui de Grélry. Plus tard, il entra comme en-
fant de chœur à l'église Notre-Dame d'An-
vers. Ayant obtenu une pension, à l'âge de
quatorze ans, pour aller continuer ses études
en Italie, il se rendit à Naples, et suivit, en
qualité d'externe, les leçons deFenaroli et de
Sala au Conservatoire de la Pielà de' Tur-
chini (1). Sorti de cette école, il chanta dans
quelques villes de l'Italie, en qualité de ténor
d'opéra bouffe, puis se rendit en France, où
il obtint l'emploi de maître de chapelle de
l'église de Sainle-Radegonde, à Poitiers. La
clôture des églises pendant la révolution
l'amena à Paris; il s'y livra à l'enseigne-
ment du chant et de la composition, publia
cinq recueils de romances ainsi que beau-
coup de morceaux détachés du même genre,
et lit représenter au théâtre des Jeunes Ar-
tistes, en 1802, Jtala, opéra en deux actes.
Thollé est mort à Paris, en 1823.
THOMA (Rodolphe), né à Leschwilz ou
Leschnilz (Silésie), vers 1832, a complété son
éducation musicale à l'Institut royal de mu-
sique d'église de Berlin, pendant les années
1855 et 1856. Dans ces deux années, il a
écrit quelques compositions pour l'église, au
nombre desquelles sont les psaumes 34 et 95,
qui furent exécutés à l'Académie royale de
chant, et pour lesquels il obtint un prix. En
(1) Il est dit dans le Dictionnaire historique des musi-
ciens, de Choron et Fayollc, que Thollé prit des leçons
de ces maîtres au Conservatoire de Lorette ; mais Fcna-
roli n'y clait plus en 1771-, et Sala n'y a jamais été.
1858, il s'est établi à Hirschberg (Silésie),
comme professeur de musique. Il y dirige une
société de chant. On a publié de sa composi-
tion, à Berlin et à Breslau, de légères produc-
tions pour le piano, au nombre d'environ
quinze œuvres.
THOMAS D'AQUIN (Saint), ainsi
nommé parce qu'il naquit, en 1227, à Aquino,
dans le royaume de Naples, fut un illustre
théologien, et mérita, par son profond savoir
et la pureté de sa doctrine, d'être mis au
nombre des docteurs de l'Église par le pape
Pie V. Dès l'âge de cinq ans, il commença ses
études à l'abbaye de Mont-Cassin. Ses progrès
furent si rapides, que ses parents l'envoyèrent,
à treize ans, à l'université de Naples; puis il
alla étudier la théologie et la philosophie à
Cologne, auprès d'Albert le Grand. Précédem-
ment, il était entré (en 1243) dans l'ordre de
Saint-Dominique, au couvent de Naples. Les
événements de la vie de cet homme célèbre
sont trop mêlés aux discussions tbéologiques
de son temps pour être rapportés ici. Il mou-
rut dans une abbaye de l'ordre de Cileaux,
près de Terracine, sur les frontières du
royaume de Naples, le 7 mars 1274, et fut ca-
nonisé par le pape Jean XXII, le 18 juillet
1325. Les œuvres philosophiques, théologi-
ques et autres de saint Thomas ont été réu-
nies à Rome (1570), en dix-sept volumes
in-folio. On y trouve l'office du saint sacre-
ment qu'il composa, en 1263, à la demande
du pape Urbain IV, et qui fut célébré la pre-
mière fois le jeudi après l'octave de la Pente-
côte, en 1264. Les beaux chants de l'hymne
Pange lingua, et de la prose Lauda Sion,
qui font partie de cet office, sont aussi de la
composition de ce saint personnage. A ces
chants, l'auteur de la Notice sur saint Tho-
mas, qui se trouve dans la Biographie uni-
verselle des frètes iUichaud, ajoute celui de
l'hymne Adoro te ; mais c'est une erreur, car
celte hymne n'a été introduite dans les vêpres
du saint sacrement que longtemps après la
mort de saint Thomas. Je possède un manu-
scrit du quatorzième siècle qui contient cet of-
fice dans sa forme primitive, et V Adoro te ne
s'y trouve pas (1).
THOMAS DE CELANO. Voyez Cli-
LAIVO.
THOMAS A SANTA MARIA, domi-
nicain, né à Madrid, au commencement du
seizième siècle, mourut au couvent de Valla-
dolid, en 1570. Il a publié un livre intitulé :
(1) Ce manuscrit a passé de la bibliothèque de l'alibé
de Tcrsan dans celle de Terne, puis dans la mienne.
S18
THOMAS
Libro llamado Arte de Taner fantasia, assi
para Tecla como para vihuela, y todo in-
strumenta, en que se pudiere taner a très y
a quatro vozes, y a mas, par cl quai en brève
iiempo, y con poco trabaio, facilmenle se
podria taner fantasia (Livre appelé Art de
jouer de fantaisie, soit sur le clavecin, soit
sur la viole et (ou t autre instrument, par le-
quel on peut apprendre en peu de temps et
sans beaucoup d'étude à improviser à trois,
quatre et un plus grand nombre de parties) ;
Valladolid, 15G2, in-fol. min. Cet ouvrage est
divisé en deux parties : dans la première, l'au-
teur traite des signes de la musique, de la me-
sure, du clavier de l'orgue et du clavecin, du
manche de la viole à six cordes, du doigter,
des tons, des cadences (clausulas), des
finales, etc.; dans la seconde, il enseigue les
règles des fantaisies régulières, ou de la com-
position.
THOMAS DE SAINTE -AGATHE,
cordelier, procureur et vicaire général de son
ordre dans le duché d'Urbin, au commence-
ment du dix-septième siècle, remplit ensuite
les mêmes fonctions dans la curie romaine des
réformés du même ordre et vécut à Rome vers
1G30-1G40. Il a écrit dans sa jeunesse un traité
du plain-chant, publié sous ce titre : Regulx
brèves et faciles candis ecclesiaslici ; i'rbini,
apud Bartholonueum et Simonem Ragusios,
ICI", in-4°. On connaît aussi de la composi-
tion de ce religieux : Mottelli a 2, 5 e 4 voci,
con una Missa a ô voci, libro 1° ; Rome, Mu-
solti, 1CÔ6, in-4°.
THOMAS (Chrétien-Godefroid) , né le
2 février 1748, à Wehrsdorf/près de Bautzen,
fit ses éludes à l'université de Leipsick, puis
établit une maison de commerce de musique
dans celle ville. Celte entreprise n'ayant pas
réussi, il se relira des affaires, habita quelque
temps à Hambourg et y concourut avec Forkel,
Hiller et Schwencke, pour la place de direc-
teur de musique, devenue vacante par la
mort de Charles-Philippe- Emmanuel Bach.
Il fit exécuter dans les concerts de celle ville,
en 1789, plusieurs morceaux de sa composi-
tion. De retour à Leipsick, il y vécut sans em-
ploi,cultivant la musique en amateur. Il mourut
dans celle ville, le 12 septembre 180G, à i'àge
de cinquante-huit ans. Thomas s'est l'ail con-
naître comme compositeur et comme écrivain
sur la musique. On connaît sous son nom un
Gloria, à trois chœurs avec une ouverture, une
cantate à la louange de Joseph II, intitulée :
Le Bonheur de l'Empire, des quatuors et
quelques autres morceaux de musique instru-
mentale. Ses productions de littérature musi-
cale sont celles-ci: 1° Praktische Bcitr&gezur
Geschichte der Musik,musikalischen Litera-
tur und gemeinen Besten, elc. (Essai pra-
tique concernant l'histoire de la musique, la
littérature musicale, etc.); Leipsick, 1778,
in-4° de soixante-quatre pages, premier re-
cueil. Cet écrit est particulièrement relatif au
commerce de musique dans ses rapports avec
les compositeurs , éditeurs, copistes, etc.
2° Unparteiische Kritik der vorziichlichsten
Seit ô Jahren in Leipzig aufgefiihrten und
fornerhin auf zufùhrenden grosscnKirchen-
musiken, Concerte, und Opéra, elc. (Crilique
impartiale des grandes musiques d'église, des
concerts, des opéras exécutés dans les trois
années précédentes à Leipsick); Leipsick,
1798, in-4° de onze feuilles. Ce journal, inter-
rompu en 1799, fut continué en 1802, puis
cessa de paraître après un seul numéro. 5° Mu-
kulische kritische Zeitschrift (Écrit périodi-
que de crilique musicale) ; Leipsick, 1805, deux
volumes grand in-4°. L'indication de cet écrit
m'est fournie par Chr.-Goltl. Kayser, d„ns son
Bûcher- Lexikon (cinquième partie, p. 457).
Tous les auteurs de biographies et bibliogra-
phies musicales gardent le silence sur cet ou-
vrage.
THOMAS (Erkest-Dienegott), docteur en
philosophie, canlor et lecteur à l'église réfor-
mée de Leipsick, naquit, en 1792, à Pausa, en
Saxe, et mourut le 5 février 1824, à l'âge de
trente-deux ans. Il a publié environ vingt
oeuvres de sonates pour le piano, des pièces
pour la guitare, et des ouvrages élémentaires
pour ces deux instruments et pour le chant,
sous les litres de Musikalische Jugendfreund
(L'ami musical de la jeunesse); Leipsick, Pe-
ters (sans date); et de Musikalische Gessell-
schafter fiir Tœchter (Compagnon musical
pour les jeunes filles) ; ibid.
THOMAS ( Chaules- Louis -Aubroise ) ,
compositeur dramatique, professeur de com-
position au Conservatoire impérial de mu-
sique de Paris, et membre de l'Académie des
beaux-arts de l'Institut de France, est né à
Metz, le 5 août 1811. Son père, professeur de
musique dans celte ville, lui donna les pre-
mières leçons dès qu'il eut atteint l'âge de
quatre ans, et lui fit continuer l'étude du sol-
fège pendant sept ou huit années. A l'âge de
sept ans, il commença l'étude du violon et du
piano sous la direction de bons maîtres; et
déjà il était habile exécutant sur ce dernier
instrument, lorsqu'il fut admis, en 1828, au
Conservatoire de Paris. Élève de Zimmermaa
THOMAS — THON
219
pour le piano, de Dourlen pour l'harmonie
et l'accompagnement, et de Lestieur pour la
composition, il reçut aussi des conseils de
Ralkbrenner pour le piano, et de Barbereau
pour le contrepoint. En 1829, il obtint le
premier prix de piano au concours. Le pre-
mier prix d'harmonie lui fut décerné en 1830,
et deux ans après, l'Académie des beaux-arts
de l'Institut de France lui accorda le premier
grand prix de composition musicale. Devenu
pensionnaire du gouvernement à ce titre, il
résida pendant environ trois ans en Italie, et
passa la plus grande partie de ce temps à
Rome et à Naples, puis visita Florence, Bo-
logne, Venise, Triesle, et alla de cette dernière
ville à Vienne. De retour à Paris, au commen-
cement de 1836, il y a composé et fait repré-
senter les ouvrages dramatiques dont les titres
suivent: 1° La Double Echelle, opéra-comique
en un acte, le 27 août 1857.20 Le Perruquier
de la Régence, opéra -comique en trois actes,
le 30 mars 1838. 5° La Gipsy, ballet en deux
actes, à l'Académie royale de musique, 1839.
Cet ouvrage a été fait en collaboration avec
M. Benoist. 4° Le Panier fleuri, opéra-comi-
que en un acte, le 6 mai 1839. 5° Carline, en
trois actes, le 24 février 1840. 6° Le Comte
âe Carmagnola, grand opéra en deux actes,
le 19 avril 1841. 7° Le Guérillero, idem en
deux actes, le 24 juin 1842. 8° Angélique et
Médor, opéra-comique en un acte, le 10 mai
1843. Découragé rarle peu de succès de ces
derniers ouvrages , M. Ambroise Thomas
n'aborda plus la scène lyrique pendant cinq
ans ; mais son retour au théâtre se fit d'une
manière brillante par le Caïd, opéra-comique
en trois actes, représenté le 3 janvier 1849. Le
Songe d'une nuit d'été, en trois actes, joué le
20 avril 1850, ne fut pas moins heureux, et
acheva de placer M. Thomas à la tête des
jeunes compositeurs français. A cet ouvrage
succédèrent Raymond, en trois actes, joué au
même théâtre, le 5 juin 1851 ; la Tonelli, en
deux actes, le 30 mars 1853 ; la Cour de Cé-
limène, en deux actes, le II avril 1855;
Psyché, en trois actes, le 26 janvier 1857, et
le Carnaval de Venise, en trois actes, le 9 dé-
cembre de la même année. Depuis ce dernier
ouvrage jusqu'au moment où cette notice est
complétée (1864), c'est-à-dire, pendant près
de sept ans, aucun ouvrage nouveau de M. Tho-
mas n'a paru sur la scène. Talent fin, gra-
cieux, élégant, toujours distingué, ayant l'in-
stinct delà scène, souvent mélodiste, écrivant
en maître et instrumentant de même, cet artiste
n'a malheureusement pas la santé, nécessaire à
l'énergie de la pensée. Il a le charme délicat et
l'esprit, quelquefois il lui manque la force. Quoi
qu'il en soit, M. Ambroise Thomas n'en est pas
moins un des compositeurs les plus remar-
quables qu'ait produits la France. Homme d'es-
prit, ayant de l'instruction et de la littérature,,
il a plusieurs fois porté la parole à l'Institut,
comme directeur de l'Académie des beaux-arts,
ou comme rapporteur, et ses travaux en ce
genre se sont fait remarquer par un style pur,
élégant et facile. Cet artiste s'est fait connaître
aussi par la publication d'une messe de Re-
quiem, écrite à Rome (Paris, Richault), quel-
ques autres morceaux de musique religieuse à
plusieurs voix, et beaucoup de mélodies et de
romances. Ses œuvres de musique instrumen-
tale sont celles-ci : 1° Grand quintette pourdeux
violons, deux ailes et basse; Paris, Richault.
2° Quatuor pour deux violons, alto et basse,
op. 1jiLeipsick,Hol'meister. 5° Trio pour piano,
violon et violoncelle; Paris, Richault. 4° Fan-
taisie pour piano et orchestre, op. G. 5° Fan-
taisie sur un air écossais, pour piano seul,
op. 5; ibid. 6° Six caprices pour piano seul en
forme de valses caractéristiques, op. 4 ; Leip-
sick, Hofmeister. 7° Deux nocturnes; idem.
8° Rondeaux pour piano à quatre mains.
9° Chœurs pour voix d'hommes, d'un effet re-
marquable.
THOMAS (Georges-Sébastien), maître de
chapelle et chef des musiques militaires du
grand-duché de Hesse-Darmstadt, chevalier
de l'ordre de Mérite de Philippe leMagnanime,
est né à Darmsladt, d'une famille d'artistes
au service de la cour. Il est auteur d'une his-
toire de la musique de la cour du grand-
duché de Hesse-Darmstadt, intitulée : Die
Grossherzogliche Hofkapelle , deren perso-
nalbestand und TFirhen unler Ludwig I.
Grossherzog von Hessen und bei Rhein:
als ein Beitrag zu seiner Lebensgeschichte
und zur Geschichle der Kunslentwichelung
Darmstadls; Darmsladt, 1859, in-8° de cent
quarante pages, deuxième édition; j'ignore la
date de la première.
THOIV ( Chrétien -Frédéric-Théophile) ,
polygraphe allemand, né dans la Saxe, vers
1780, a publié des livres sur plusieurs arts et
métiers, parmi lesquels on remarque celui qui
a pour litre : Ueber Alavier Instrumente,
deren Ankauf, Behandlung und Stimmung
(Sur les instruments à clavier, leur acquisi-
tion, leur entretien et leur accord); Sonders-
hausen, 1817, in-8°. Il en a été fait une
deuxième édition à Ilmenau, chez Voigl, en
1826, in-8".
'220
THORETTE — THURNER
THORETTE (Pierre), bénéficier et mu-
sicien de la cathédrale de Liège, mort dans
.celte ville, en 1684, est auteur d'une sorte de
symphonie connue sous le titre de Chasse de
saint Hubert, et qu'on exécutait autrefois
chaque année à l'église Saint-Pierre. On la
joue encore à grand orchestre à l'église de
Sainte-Croix. Ce morceau, qui n'est pas sans
mérite pour le temps oit il fut écrit, a eu
beaucoup de célébrité dans le diocèse de
Liège.
THIMA. Voyez TUMA.
THURING (Joaciiim), en latin TH.U-
RIINGUS, candidat en théologie et poêle cou-
ronné, naquit à FUrstemberg, dans le Meck-
lenbourg, et vécut au commencement du dix-
septième siècle. On a île lui un très-bon livre
dont il publia le sommaire, sous ce litre : 7Vr«-
cleus musicus de modis seu tonis ex optimis
tiimveterum quant recentiorum musieorum
abstrusioribus scriptis enucleatus; Bero-
lini, typis Georgii Rungii, impensis John.
Kallii, 1622, in-8° de deux feuilles. L'ou-
vrage annoncé par ce programme parut en-
suite sous ce titre : Opusculum bipartilum
de primordiis musicis, quippe \° De tonis
sive modis ; 2° De componendi regulis.
Ulrumque ex optimis tam veterum quam
recentiorum musieorum ubstrusioribits scrip-
tis erutum, et facili jucunditate, jucunda-
que facilitate juventuti prxparatum ; Bero-
lini, typis Georgii Rungii. impensis et
s'imptibus Johannis Kallii, 1624, in -4°. La
première partie forme huit feuilles et demie;
la deuxième, dix-sept feuilles. Le livre est
précédé d'éloges en vers de l'auteur et de
l'ouvrage, par les canlors Burmeisler, Mylius,
Dedekind et autres. Ces éloges sont mérités,
car le livre de ThUring est un des meil-
leurs qu'on ait écrits sur l'ancienne tonalité.
Cet écrivain, qui était jeune lorsqu'il fit pa-
raître son ouvrage, y démontre fort bien,
contre l'opinion de Glaréan et de quelques
autres théoriciens, que les modes de celte to-
nalité ne sont pas au nombre de douze, mais
de quatorze. On trouve aussi de fort bonnes
choses dans la seconde partie, qui traite en
dix chapitres de l'harmonie, telle qu'on la
considérait alors, et du contrepoint. Les
exemples nombreux de contrepoints et de ca-
nons que renferme cette partie sont bien
écrits.
THURING (Jean), né à Trebin, dans le
Brandebourg, fut maître d'école à Willersladt,
dans la première partie du dix-septième
siècle. Il a publié de sa composition : 1° Can-
tiones sacrx; Erfurt, 1617. 2° Chrislliche
Gesxnge (Recueil de chants chrétiens) ; Jéna,
1620, in-4°. 5° XV geistliche Motetten, etc.
(Quinze molets spirituels, suivis de litanies et
du Te Deum, à quatre et huit voix); Erfurt,
1621, in-4°. 4° Sertum spirituale musicale,
ou Chansons spirituelles à trois voix; Erfurt,
1637, in-4°.
THUUIX (Charles), organiste et composi-
teur, né dans les premières années du dix-
neuvième siècle, fut élève de Rink pour l'orgue
et pour la composition. Il entra au service du
grand-duc de Hesse-Darmstadl, en 1829, avec
le titre de maître de musique, ou vice-maître
de chapelle. Il resta dans celte position jus-
qu'en 1859 ; alors, il accepta la place de pro-
fesseur et directeur du chant au séminaire de
Friedberg. Il occupait encore celle place en
1847. On a publié de sa composition : 1° Sept
pièces d'orgue pour l'usage du service divin;
Francfort, Hedler. 2° Recueil de pièces faciles
île conclusion pour l'orgue ; Friedberg, Bin-
dernagel. 3» Huit chants pour un chœur
d'hommes; Spire, Lang.4" Praldische Schule
fiir den Volksgesang (Méthode pratique pour
le chant du peuple), en deux suites; Fried-
berg, Bindernagel.
THURNER (Frédéric-Eugène), haut-
boïste distingué, naquit, le 9 décembre 1785,
à Mnenpelgard, dans le Wurtemberg. Ayant
été conduit fort jeune à Cassel, il y apprit la
musique et le piano, sous la direction de Her-
stell, organiste de la cour. Avant l'âge de huit
ans, il exécutait déjà sur cet instrument les
concertos de Mozart. Il apprit ensuite à jouer
de plusieurs instruments à vent, particulière-
ment de la tlûle et du hautbois. L'impératrice
de Russie, Marie Fœdorowna, fille du duc de
Wurtemberg, lui ayant accordé une pension
pour continuer ses éludes, il se rendit à Mu-
nich, en 1801, pour y perfectionnerson talent,
sous la direction du célèbre hautboïste Ramm.
Ce fut dans celle ville qu'il publia ses pre-
miers essais de composition. Ses éludes lermi-
nées, il vécut d'abord quelque temps à Offen-
bach, dans la maison d'un riche négociant,
grand amateur de musique, puis entra au
service du duc de Brunswick. En 1807, il aban-
donna cette position pour entrer dans la cha-
pelle du roi de Weslphalie, à Cassel ; et lors-
que les événements politiques eurent mis fin à
l'existence de ce royaume, en 1813, il voyagea
en Allemagne, vécut quelque temps à Vienne,
puis visita Prague, Leipsick el Francfort. Ar-
rivé dans celte dernière ville, il y trouva son
ancien ami Spohr, qui venait de prendre la
TOURNER — TICALDI
221
direction de la musique du théâtre de cette
ville, et qui engagea Thurner pour son or-
chestre; mais celui-ci ne resta pas longtemps
dans celle position. Il se rendit en Hollande,
se fixa à Amsterdam, vers la fin de 1818, et y
mourut le 21 mars 1827, dans l'hôpital des
aliénés. Thurner a écrit pour l'orchestre trois
symphonies, une ouverture, op. 51, gravée à
Leipsick, chez Hofmeister; quatre concertos
pourhaulhois (œuv.12,59,41 el44),Mayence,
Scholt; Leipsick, Hofmeister, et Amsterdam;
quatre quatuors, dont un brillant, pour haut-
bois, violon, alto et basse, Bonn, Simrock, et
Leipsick, Hofmeister; un trio pour hautbois
et deux cors, op. 56, Leipsick, Probst ; des
rondeaux brillants et divertissements pour
hautbois et quatuor, op. 52, 58, Leipsick, Hof-
meister; sonate pour piano et cor, op. 29,
Leipsick, Pelers; duos pour piano et hautbois,
op. 45, 46, ibid.; sonale brillante pour piano
seul , op. 55, Leipsick, Probst; quelques
pièces détachées pour piano, etc.
THUS (David), en latin THUSIUS, né
dans le pays de Mansfeld, en Saxe, au com-
mencement du dix-septième siècle, a fait
imprimer de sa composition : Epithalamium
Qvocum; Erfurt, 1609.
TIIYS (Alphonse), compositeur et profes-
seur de musique, né à Paris, le 8 mars 1807,
se livra dès son enfance à l'étude du piano, et
fut admis comme élève au conservatoire de
Paris, le 6 octobre 1825. M. Bienaimé lui en-
seigna l'harmonie pratique, et Berton fut son
professeur de composition. En 1855, il con-
courut à l'Institut pour le grand prix de com-
position musicale. Le sujet du concours était
la cantate intitulée le Contrebandier espa-
gnol : le premier prix lui fut décerné. Quoique
ce succès lui donnât le titre et les droits de pen-
sionnaire du gouvernement, M. Thys ne profita
pas de ces avantages, ne voyagea ni en Italie,
ni en Allemagne, et continua de cultiver l'art
à Paris. Les premières productions qui le firent
connaître furent des romances, des chanson-
nettes et des morceaux faciles pour le piano.
Au mois de juillet 1855, il débuta dans la car-
rière de compositeur dramatique par Aida,
opéra en un acte, représenté au théâtre de
l'Opéra-Comique, et qui, mal joué, mal chan-té,
et mal accompagné par l'orchestre, produisit
peu d'effet, et ne resta pas à la scène. Le roi
Margot, sorte de comédie à ariettes, joué au
théâtre de la Renaissance, au mois de janvier
1859, n'eut pas un meilleur sort; mais
M. Thys fut plus heureux avec Oreste et Py-
lade, en un acte, joué à l'Opéra-Comique, au
mois de février 1844, et surtout avec l'Ama-
zone, opéra-comique en un acte, représenté au
même théâtre, au mois de novembre 1845. Son
dernier ouvrage dramatique est la Sournoise,
opéra-comique en un acte, représenté au mois
de septembre 1848. M. Thys a écrit aussi des
chœurs pour des voix mêlées et pour des voix
d'hommes.
THYS (Auguste), amateur de musique, né
àGand, en 1821, a été attaché à la rédaction
d'un journal flamand après avoir terminé ses
études ; puis il est entré dans une administra-
tion publique de sa ville natale. Peu de Belges
ont fait autant que lui pour le développement
du goût du chant d'ensemble dans son pays. Il
n'était âgé que de dix -huit ans lorsque, en
1859, il prit part aux travaux des sociétés cho-
rales. Secrétaire de la Société d'Orphée depuis
1840 jusqu'en 1860, il déploya dans ses fonc-
tions une prodigieuse activité. En 1855, il a
été nommé secrétaire de la Société royale des
chœurs de Gand : il en exerce encore les fonc-
tions (1864). On doit à M. Thys un volume dont
la première édition a pour titre : Historique
des sociétés chorales de Belgique; Gand, de
Busscher frères, 1855, gr. in-8" de deux cent
seize pages à deux colonnes. On y trouve l'in-
dication de toutes les sociétés de chœurs qui
existent dans les provinces du royaume de Bel-
gique, leur organisation et leurs mutations :
l'histoire des cours ouverts dans le pays, en
France, en Allemagne, en Hollande et en
Suisse pour la meilleure exécution du chant
d'ensemble; les festivals internationaux; le ré-
pertoire des sociétés chorales, et des notices
sur les compositeurs belges, particulièrement
sur ceux qui ont écrit des chœurs pour des voix
d'hommes. Une deuxième édition très-amé-
liorée et augmentée de cet ouvrage a été pu-
bliée sous le titre : Les Sociétés chorales en
Belgique ; Gand, de Busscher frères, 1861, un
volume gr. in-8° à deux colonnes de deux cent
soixante-deux pages. Cette nouvelle édition
s'est écoulée si rapidement, que l'auteur en
prépare une troisième au moment où cette no-
lice est écrite.
ÏHYSSETIUS ( Benoit ) , compositeur
allemand, est auleur d'un recueil de chants
spirituels à quatre voix, intitulé : Christliche,
liebliche, anmuthige Gesxngen mit 4 Stim-
men; Witlenberg, 1614.
T1BALDI (Charles), lénor distingué, na-
quit à Bologne, en 1776. A peine âgé de vingt et
un ans, il débuta avec succès sur les théâtres
de sa patrie. Appelé à Vienne, en 1804, il y
fut accueilli avec faveur, puis il brilla sur le
222
TIBALDI — TICHATSCHECK
Ihéàlre de Dresde. Un congé lui ayant élé ac-
cordé par le roi de Saxe, il voyagea en Alle-
magne, en Italie, et chanta sur le théâtre du
Roi à Londres, en 1818. De retour à Dresde,
en 1820, il y reprit son service à la cour, et
fut pensionné en 1830, avec l'autorisation de
se retirer à Bologne. Il est mort dans cette
ville, au mois de novembre 1835.
TIBALDI (Jean-Baptiste), violoniste et
compositeur à Modène, vécut dans cette ville,
et fut au service de la cour dans les premières
années du dix-huitième siècle. On a imprimé
de sa composition deux livres de trios pour
deux violons et basse, op. 1 et 2, à Amsterdam,
chez Roger.
TIBALDI (Joseph-Loiis), né à Bologne,
en 1719, fut agrégé, comme compositeur, à
l'Académie des Philharmoniques de celte ville,
en 1747, et obtint la place de maître de cha-
pelle à San-Giovann' in Monte. Quelques
années après, il quitta celte position pour de-
venir chanteur dramatique. Son talent se fit
admirer sur les principales scènes de l'Italie,
en Espagne et à Vienne. Du retour à Bologne,
il y fut nommé prince de l'Académie des Phil-
harmoniques, en 1759. Cet artiste est vrai-
semblablement le ténor qui est indiqué dans
les livrets de quelques opéras sous le nom de
Giuseppe Tibaldi, et dont parle Mancini (I),
sans indiquer son prénom.
Ce Giuseppe Tibaldi chantait au carnaval
de 1760, au théâtre S. Benedetto, de Venise,
dans le Gianguir de Ciampi. A l'automne de
176G, il chantait au théâtre S. Cassiano de la
même ville, dans le Solimano de Sciroli. Enfin,
on le retrouve à Bologne, au carnaval de 1772,
où il chanlait dans It Didone de Piccinni. Il
était alors âgé de 53 ans; ce fut sans doute la
fin de sa carrière. Ce Giuseppe Tibaldi avait
épousé Rosa Taiiag]ini, cantatrice distinguée,
qui mourut le 17 novembre 1775. On ne con-
naît pas la date du décès de Tibaldi.
TIBALDI (Pietro), qui fut ténor contem-
porain de Giuseppe ou Joseph-Louis, et qui
était peut-être de la même famille bolonaise,
n'est connu que par deux indications précises,
dontla première se trouve dans le livreldel'o-
péra Adriano in Siria, de Monza, où l'on voit
qu'il chanla dans cet ouvrage au théâtre San-
Carlo de Naples, le 4 novembre 1769; l'autre
est fournie par Y Indice teatrale di Milano,
du carnaval de 1772, qui mentionne ce chan-
teur comme engagé à Livourne, pour la même
saison.
(1) Re/Jessioni sut canto figuralo, éd. de 1777, p. 42.
TIBALDI-BIAGI (Constance), fille du
précédent, est née à Dresde, en 1806. Formée
dans l'art du chant par Benelli, elle débuta
avec succès au théâtre de Dresde : on y admira
la puissance de sa voix de contralto. Plus tard,
elle fut appelée à Berlin pour remplacer ma-
demoiselle Sontag au Ihéàlre de Rœnigstadt,
et y reçut beaucoup d'applaudissements. Son
début au théâtre italien de Londres fut aussi
fort heureux, mais elle eut une chule complète
à Paris dans le rôle de Tancrède de l'opéra
de Rossini. Cet événement lui causa tant de
chagrin, qu'elle prit la résolution de se retirer
du théâtre, et de retourner à Bologne, près
de son père. Elle épousa dans cette ville un
riche négociant nommé Biagi, et depuis lors
elle a cultivé la musique comme amateur, se
faisant entendre avec succès dans les salons.
TIBURCE (le P. François), capucin du
couvent de Bruxelles, né dans celte ville, vers
1580, a fait imprimer de sa composition un
recueil de litanies sous ce titre : Litanix se-
rapkicx B. Maris Virginis, 5, 4, 5, 6 et 8
vocibus cum basso continuo ad organum;
Antverpias apud hxredes P. Phalesii (sans
dalel, in-4". On trouve à la fin du recueil un
Tantum ergoà huit voix.
TICHATSCHECK (Joseph-Aloys), cé-
lèbre ténor allemand, né à Weckelsdorf, en
Bohême, le 11 juillet 1807, fut envoyé au
gymnase de Braunau dès son enfance, et
chanla au chœur de l'église des bénédictins de
cette ville, jusqu'à l'âge de dix-sept ans. En
1827, il se rendit à Vienne, pour y étudier la
médecine, ce qui ne l'empêcha pas de chanter
quelquefois au chœur de l'église Saint-Michel,
dont le premier chantre, nommé Weinkopf,
était aussi directeur du chœur au théâtre de la
porte de Carinthie. Ayant remarqué la beauté
tout exceptionnelle de la voixdeTichatscheck,
il lui donna le conseil de suivre la carrière
dramatique et de renoncer à la médecine. Sé-
duit par l'appât des succès du théâtre, Ti-
chatscheck n'hésita pas à suivre l'avis qui lui
était donné, et prit des leçons de chant du
professeur italien Ciccimara. Entré comme
choriste à l'Opéra de la cour, il y joua d'abord
quelques petits rôles; puis il reçut un engage-
ment pour le théâtre de Grœlz, en qualité de
premier ténor, et y débuta en 1834 : la beauté
extraordinaire de sa voix décida son succès dès
la première soirée. Rappelé à Vienne dans
l'année suivante, il y produisit une proronde
impression et resta attaché au théâtre impérial
de l'Opéra pendant trois ans. En 1838, il
reçut un engagement pour le théâtre royal de
TICHATSCI1ECK — TIEIISEN
Dresde, et le roi le nomma chanteur de la
chambre. Un véritable enthousiasme éclatait
dans toute la salle chaque fois qu'il chantait.
En 1839, il fut appelé à Londres pour chanter
l'opéra allemand pendant la saison : il retourna
dans cette ville pendant trois années consécu-
tives et y excita toujours l'admiration générale.
Tour à tour Berlin, Leipsick, Hambourg, Mu-
nich et Vienne l'applaudirent avec transport ;
mais il resta toujours attaché au théâtre royal
de Dresde, où je l'entendis en 1850. Après
cette époque, je ne trouve plus de renseigne-
ments sur la suite de sa carrière.
TIDO (Henri), né en Lilhuanie, dans la
seconde moitié du dix-septième siècle, fit ses
éludes à Francforl-sur-1'Oder, et y fit im-
primer une thèse intitulée : Programma de
Studioso musicx, 1692, in-4°.
TIECR (Louis), docteur en philosophie et
poète romantique, né à Berlin, le 51 mai 1773,
a fait ses études aux universités de sa ville na-
tale et de Halle. Après avoir publié ses premiers
ouvrages à Berlin, il habita quelque temps à
Hambourg et s'y maria. Plus tard, il fit im-
primer à Jéna (en 1800) un journal poétique
qui fut interrompu après la publication du se-
cond numéro. Il fil aussi paraître une Feuille
dramaturgique, ou Considérations sur les
théâtres allemand et anglais pendant les an-
nées 1817ei 181 8, réimprimée à Breslau en 1825
et 1826, grand in-16. Enfin, il prit part à la
rédaction delà Gazette des Théâtres (Theater-
zeitung) publiée à Dresde. Fixé dans celte ville,
en 1821,Tieck y eut les litres de conseiller de
couretde membre de l'intendancedes théâtres.
Dans les dernières années, il est retourné à
Berlin, où la direction de la scène du théâlre
royal lui a été confiée par le roi. Parmi les
premières productions de celhomme distingué,
on remarque celle qu'il publia sous ce titre :
J/crzensergieszungen eines Kunslliebenden
Kloslerbruders (Épanchemenls du cœur d'un
jeune moine amateur de l'ail); Berlin, 1797,
in-8n. Ayant ensuite retouché cette première
ébauche, il en fit le livre intitulé : Phantasie
iiber die Kunst (Fantaisie sur l'art); Ham-
bourg, Perthès, 1799, in-8° de deux cent
quatre-vingt-trois pages. Tieck y traite de
l'esthétique, mais non d'une manière théorique
ou systématique. Une deuxième édition de
ce livre a paru à Berlin, en 1814, un volume
in-8°, et il a été réimprimé dans les œuvres de
l'auteur, en quinze volumes, à Berlin (1828-
1829). Tieck nous apprend dans l'avertissement
de l'édition de Hambourg qu'une partie de cet
ouvrage, c'est-à-dire celle qui concerne la mu-
sique, lui fut donnée par son ami mourant,
W.-II. Wackenrader, grand amateur de cet
art, pour former la suite des Épanchemenls
du cœur d'un jeune moine. Celle partie, qui
forme la deuxième de l'ouvrage, occupe les
pages 132 à 269, et dans l'édition de Berlin
(1814), les pages 160 à 244. L'écrit de Tieck
jouit en Allemagne d'une grande renommée :
Hegel seul a attaqué le livre et l'auteur avec
beaucoup de sévérité. Il range celui-ci (For-
lesungen iiber die Aeslhetik, t. I, p. 90)
dans la catégorie de ces braves gens qui en
usent très-familièrement avec les termes phi-
losophiques sans en comprendre le sens et la
portée (1). On a aussi de Tieck une nouvelle
dont la musique est l'objet ; elle est intitulée :
Musikalische Freuden und Leiden (Joies et
peines musicales), qui a paru dans le Rhein-
6/i<f/ie«7aImanach pour l'année 1824, publié à
Carlsruhe, chez G. Braun . On a donné un extrait
de ce morceau dans la Cxcilia, 1. 1, p. 17-36.
Tieck est mort à Berlin, le 28 avril 1853.
TIEDEMAIVI* (Dietrich), professeur de
philosophie et de littérature grecque à l'uni-
versité deMarbourg, naquit le 3 avril 1745, à
Bremer-Vœrde, près de Brème, et fit ses
études à l'université de Gœtlingue. Nommé
professeur au collège Carolin de Cassel, en
1776, et dix ans après à l'université de Mar-
bourg, il passa le reste de sa vie dans celle
dernière ville, et y mourut le 23 mai 1803.
Tiedemann s'est rendu célèbre par ses écrits
concernant la philosophie, particulièrement
sur l'histoire de celte science. Dans son livre
sur les philosophes de l'antiquité (Orphée,
Phérécide, Thaïes et Pylhagore); Leipsick,
1780, il a placé Quelques observations suc la
musique selon le système de Pythagore, que
Forkel avait déjà publiées l'année précédente
dans le troisième volume de sa Bibliothèque
musicale (p. 107-116).
ÏIEFFEIVBUUCKEIV (Léonard, Ma-
gnus et Wendeun), famille de fabricants de
luths, originaire d'Allemagne, vécut à Venise,
dans le cours du seizième siècle. Les instru-
ments sortis des ateliers de ces artistes eurent
alors de la célébrité.
TIEHSEN (Otto), professeur de musique
et compositeur, né à Danlzick, le 15 octobre
1817, fit ses études musicales à l'Académie
royale des beaux-arts de Berlin, où il obtint
plusieurs prix, puis s'établit dans cette ville,
où ses Lieder eurent un succès de vogue. La
(1) Tieck und anderevon diesen vornelimen Leullien
than min zwar ganz familixr mit sole lien Ausdruckcn,
ohnc jcdoch zu sagen was sic bedculcn.
224
TIEHSEN — Ï1L
rupture d'un anévrisme l'enleva à l'art et à
ses amis dans la fleur de l'âge, le 15 mai 1849.
L'Académie royale de chant lui fit des obsè-
ques solennelles. On a de cet artiste 1° Kyrie
el Gloria, à six voix seules et chœurs, ouvrage
couronné par l'Académie royale des beaux-
arts en 1839. 2° Cantate pour la fête de Noël,
pour voix de soprano et choeur à six voix, avec
accompagnement de piano, exécutée à Berlin,
en 1841, op. 8; Berlin, Trautwein (Bahn).
3° Crucifixus, à six voix, a capella,op. 11,
exécuté à Dantziek, en 1840; Berlin, Bote
et Bock. 4° Annelte, opéra-comique en un
acte, représenté au théâtre royal de Berlin,
le 2G décembre 1847. 5° Cinq chants à voix
seule avec piano, op. 1 ; Berlin, Liscke (Pœz).
G0 Cinq idem, op. 2; Berlin, Cranz (Leip-
sick, Klemm). 7° Six idem, op. 3; ibid., 1840.
8° Trois ballades à voix seule avec piano,
op. 4 ; ibid., 1840. 9° Das Meer hat seine
Perlen, poésie de Heim, à voix seule avec piano
et violoncelle ou cor, op. 5; Berlin, Bock.
10° Sept poèmes à voix seule avec piano, op. G;
Berlin, Trautwein (Bahn). 11° Six idem,
op. 9; Magdebourg, Ileinrichshofen. 12° Huit
idem, op. 10; Berlin, Bock, 1841. 13° Six
idem pour soprano ou ténor, op. 12; Berlin,
Trautwein (Bahn). 14" Quatre duos pour deux
sopranos avec piano, op. 16; Berlin, Bock.
15° Six poèmes à voix seule el piano, op. 18;
ibid., 1842. 16° Six idem, op. 22; ibid.,
1843. 17° Trois idem, op. 23; ibid. 18» Sept
idem, op. 24; ibid. 19° Cinq idem pour deux
voix et piano, op. 25; ibid., 1845. 20° Six
idem à voix seule et piano, op. 26 ; ibid.
21° Sept idem, op. 27; ibid. 22° Six idem,
op. 28; ibid. 23° Quatorze Lieder à voix seule
el piano, divisés en trois suites, op. 29; Ber-
lin, Trautwein (Bahn). 24° Quatre Lieder à
deux voix, op. 30; ibid, 25° Cinq Lieder à
voix seule el piano, op. 31 (posthume); ibid.
26° Six Lieder à quatre voix, op. 33, en parti-
lion (œuvre posthume) ; ibid. 27° Plusieurs
Lieder séparés.
TIELRE (Joachim), célèbre facteur d'in-
struments, vécut à Hambourg, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle el au commen-
cement du dix-huitième. Ses luths étaient re-
cherchés, el ses violons ont conservé de la va-
leur en Allemagne. André, d'Oflenhach,
possédait un violon de cet artiste qui portail
la date de 1670.
TIETZ ou TITZ (Aucuste-Ferdinand),
violoniste distingué et compositeur, né dans
la Basse-Autriche, en 1762, reçut sa première
éducation musicale dans un monastère, puis se
rendit à Vienne, où il fut attaché pendant
quelques années à l'orchestre de la chapelle
impériale. En 1789, il y publia six quatuors
pour deux violons, alto et basse, et deux so-J
nates pour le clavecin avecviolon obligé, op. 1 .
Le catalogue de Traeg, de Vienne, indique
aussi, sous le nom de cet artiste, et en manu-
scrit, un concerto pour le violon, quatre quin-
tettes pour deux violons, deux altos et violon-
celle ; trois duos deux pour violons, et cinq so-
nates pour violon et basse. En 1796, Tielz était à
Pétersbourg et y donnait des concerts avec
succès. Fixé à Dresde, vers 1799, il entra dans
la chapelle royale et fit applaudir son talent
dans les concerts jusqu'en 1816. En 1803, il
se fit entendre à Leipsick et à Berlin ; en 1809,
il fit un voyage à Prague et y fit admirer son
habileté. Les dernières compositions gravées
sous le nom de Tietz sont : 1° Trois quatuors
(en sol, en fa el en la mineur) pour deux vio-
lons, alto et violoncelle: Bonn, Simrock.
2° Rondeau brillant en quatuor; ibid. 5° So-
nates pour violon el basse; Leipsick, Breit-
kopf el Hserlel. Il a laissé en manuscrit deux
concertos pour violon et orchestre, le premier,
en si bémol, l'autre en ré majeur.
Deux artistes de la chapelle royale de
Dresde, nommés Tielz, l'un hautboïste, l'autre
conlrebassiste, vivaient dans cette ville de
1830 à 1840; si je suis bien informé, ils étaient
fils du violoniste.
TIGHIIM (Horace), chanoine d'Arezzo,
vécut dans la seconde moitié du seizième siècle,
et dédia à Zarlino un livre qui a pour titre :
Compendio délia musica, nel quale breve-
menle si traita dell' arte di contrapunlo.
Diviso in qualtro libri; in Fenezia, 1588,
apresso Ricciardo Amadino, in-4° de cent
trente-six pages. Le premier livre traite des
intervalles; le second, du contrepoint simple
à deux voix; le troisième, des tons et des ca-
dences; le dernier, des imitations et canons,
des contrepoints doubles à l'octave et à la
dixième, et des proportions dans la notation
ancienne. Cet ouvrage esl extrait des écrits de
quelques théoriciens, et particulièrement des
Institutions harmoniques de Zarlino. La ré-
daction en esl claire et d'une intelligence fa-
cile. Une deuxième édition de ce livre a été
faite à Venise, en 1602, in-4°. Tigrini est aussi
connu comme compositeur par l'ouvrage in-
titulé : Il primo libro de'Madrigali advoci;
Venezia, app. Jngelo Gardano, 1582, in-4°
oblong.
TIL (Salomon VAN), théologien hollan-
dais, naquit à Wesop, près d'Amsterdam, le
TIL - TIMOTHÉE
22Î
20 décembre 1G44, fit ses études à Ulrcchl cl à
Leyde, puis occupa diverses places de pasteur,
ri fut eu dernier lieu professeur de théologie à
l'université de Leyde. Il mourut dans celte
ville, le 31 octobre 1713, à l'âge de soixante-
neufans. Au nombre des ouvrages de ce sa-
vant, on en trouve un intitulé : Digt-,Sang en
Spcel-Konsl, sooderouden, als by sonder der
Ilcbrecn, etc. (l'Aride la poésie, du chant et
de la musique instrumentale des anciens, par-
ticulièrement des Hébreux, éclairci par des
recherches curieuses sur l'antiquité); Dor-
d reçut, 1092, in-4° de soixanle-douze feuilles.
Il exisle plusieurs éditions hollandaises de cet
ouvrage, qui a été traduit en allemand sous ce
litre : Dicht-,Sing-und Spiel-Kunst, sowohl
der Allen, als besonders der Ebrxer, etc. ;
Francfort et Leipsick, 1706, in-4° de quatre
cent soixante-dix-huit pages, avec des plan-
ches. Il y a une deuxième édition de cette tra-
duclion , imprimée à Francfort, en 1719,
in-4°. Jean-Albert Fabricitis a donné une
traduction latine du livre de VanTil dans son
Thésaurus auliquitalum hebraicarum ,
t. VI, n° 50; et Ugolini a inséré un extrait
de celle traduction dans son Thésaurus auli-
quitalum sacrarum, t. XXXII, pag. 231-
350.
T1LI, (JE.\n IIei\bian;*) fut d'abord orga-
niste à Poîsdam, vers 1719, puis à Spandau,
vers 1730. Il est auteur d'un petit ouvrage
dont le litre, long à l'excès, commence ainsi :
Jufiichlig und Fernunft-grundlieh beant-
worlele Frage : Of ein Musikus Practikus,
$o sich annechst der Composition und teut-
schen Poésie œuserl, etc. (Réponse sincère
et raisonnable à la question : Si un musicien
praticien doit s'attacher à la composition et à
la poésie allemande, etc.); Juierhock , 1719,
in -8" de quatre feuilles. Till a laissé en manu-
scrit un traité des éléments de la musique in-
lilulé : Catechismus musicus oder kurzer
sfuszug der heil. Schrifl von dem edlen Stu-
dio musieo in sich Italien 41 Flaupt-Fragen
util ihrer Bcaitlicorlung , etc. f>t ouvrage est
rilé par Ma'tlhcson dans son Musikalischer
Vatriat. p. 373.
TITXIÈIUÏ (Josr.rii-RoNWEMunE), habile
violoncelliste, élève de Bcrlaut, fut attaché à
la musique du prince de Conli, vers 1700. Cet
ai liste fut un des premiers auteurs de méthodes
publiées en France pour son instrument. La
sienne a pour titre : Méthode pour le violon-
celle, contenant tous les principes nécessaires
pour bien jouer de cet inslritment; Paris,
1704, in-4° oblong. D'autres éditions de cet
BIDGIl ll.MV. DES 51USICIIOS. T Mil.
ouvrage ont été publiées longtemps après dans
la même ville, chez Sieber, chez Imbault et
chez Frère. On connaît aussi, sous le nom
de Tillière, six sonates pour violoncelle et
basse; six duos pour deux violoncelles, Paris,
1 777 ; trois duos idem., op. 8 ; Paris, Sieber.
TIIIATE (Teralbo), pseudonyme sous le-
quel a été imprimé un livre intitulé : Gli élé-
ment i generali delta musica; Rome, 1792,
in-8°.
TIMOTHÉE, poète et musicien célèbre,
naquitàMilel, ville ionienne de Carie, l'an 182
de la chronique de Paros, qui correspond à
l'année 44G avant l'ère vulgaire : il fut consé-
quemmenl contemporain d'Euripide et dePhi-
lippe de Macédoine. Timolhée excellait dans
la poésie lyrique et dithyrambique, et passait
pour le plus habile joueur de cithare de son
temps. Il perfectionna cet instrument en ajou-
tant quatre cordes aux sept dont il était monté
précédemment. Les Lacédémonicns, craignant
que cette innovation ne corrompit les mœurs,
la condamnèrent par un décret que Koëce nous
a conservé (De JUusica, lib. I, c. I, p. 1372,
edit. Glar.). Ce décret contient en substance :
que Timothée de Milet, étant venu dans leur
ville, avait montré qu'il faisait peu de cas de
l'ancienne musique et de la lyre antique,
puisqu'il avait multiplié les sons de l'une et
les cordes de l'autre; qu'à l'ancienne manière
de chanter, il en avait substitué une plus com-
pliquée, où il avait introduit le genre chro-
matique, etc. ; que pour prévenir de pareilles
innovalions, qui ne pouvaient qu'être préju-
diciables aux bonnes mœurs, les rois et les
é|. bores avaient réprimandé publiquement Ti-
molhée, et avaient ordonné que sa lyre serait
réduite aux sept cordes anciennes, etc. L'au-
thenticité de ce décret a été mise en doute par
quelques savants. Athénée, qui rapporte aussi
celle anecdote,dit qu'au moment où l'exécuteur
se mettait en devoir de couper les cordes nou-
velles, conformément au décret, Timothée aper-
çut une slalued'Apollon, dont la lyre avait au-
tantdecordcs quela sienne, qu'il la montra aux
juges, et qu'il l'ut renvoyé absous. Les innova-
tions de ce musicien l'exposèrent non-seule-
ment à la censure des Lacédémonicns, mais
aussi aux railleries d'un poète comique athé-
nien, nommé Pltérécrate,({iù, dans sa comédie
def,7uron,dont Plularque a rapporté un frag-
ment (dans son Dialogue de musique), intro-
duit sur la scène la Musique, dont le corps est
déchiré de coups, et qui s'adresse .î la Justice
en ces mots : « Mais il fallait un Timothée,
n ma chère, pour me mettre au tombeau,
15
2fîG
T1M0THËE - TINCTOR
» après m1 'avoir honteusement dJchirée. La
» Justice. (?!«eZ esf donc ce Timothée? La
» Musique. C'est ce roux, ce Milésien, qui,
» par mille outrages nouveaux, et surtout
» par les ornements extravagants de son
» chant, a surpassé tous ceux dont je me
>> plains, etc. » Toutefois, Timothée jouis-
sait d'une si grande réputation, que les Éplié-
siens lui donnèrent mille pièces d'or pour
composer un poème en faveur de Diane, lors-
qu'ils firent la dédicace du temple de cette
déesse. Outre un nombre d'ouvrages fort con-
sidérable qu'on lui attribue, Etienne de By-
, zancedit qu'il avaiteomposé dix-huit livresdc
Nomes pour la cithare, et mille préludes poul-
ies Nomes de la flûte. Suidas dit que, Timo-
thée mourut à l'âge de quatre-vingt-dix-sept
ans; mais suivant la chronique de Paros, il
n'en avait que quatre-vingt-dix. Etienne de
Byzance dit que ce fut en Macédoine, la qua-
trième année de la cent cinquième olym-
piade, deux ans avant la naissance d'Alexandre
le Grand. C'est donc par une erreur manifeste
qu'on a confondu ce Timothée avec un fameux
joueur de flûte du même nom, qui était Thé-
bain, et qui, dit-on, avait l'art d'exciter le
héros macédonien à courir aux armes, ou
qui le calmait à volonté par les sons de sa
flùle.
TmCTOR (Jean), ou plutôt TIÏfCTO-
ItlS (1), musicien célèbre tli\ quinzième siècle,
naquit à Nivelles, d'après son contemporain
Trithème (2), et Swerlius (5) ainsi que Gni-
chardin (4), lesquels ont été copiés par
Foppens (5), J.-G. Walther (6), Gerber (7),
Kiesewelter (8) et d'autres. Le nom de Tinc-
toris a été traduit en celui de Teinturier
par plusieurs auteurs, notamment parPerne(fJ)
et La Page (10); toutefois il n'est pas certain
que cette forme ait été celle de son nom
(1) Ainsi qu'on le voit on plusieurs endroits de ce
dictionnaire, l'usage, dans les Pays-Bas, faisait mettre
au génitif les noms propres latinises, pour exprimer les
particules Van ou De.
(2) Hlusir. Yiror. Germon., fol. 181; édition de
Maycnce, 1497.
(3) Athenœ lîehjicœ, fol. 477.
(4) Descrittionedi tutti i Paesi Bassi, Anversa? Ib67,
page 128.
(;i) Bibliolhcca BeUjica, pars II, p. 741.
(6) Musical. I.exicon, p. GO!).
(7) Neucs hlslarisnh-biograpltisches Lexikondcr Ton-
kUnstler,i" Tli p. 3j9.
(8) Die Verdicnste der Xieittrtœnder umdic Tonkûlisl,
page II.
(9) Dans l'article Tinctnr Au Dictionnaire historique
des musiciens, de 'Choron et Fayolle, t. Il, p. 374, noti-.
(10) Revue et Gazette musicale de Paris, année 18 'M,
no 31.
français; car M.Léon de But-hure a trouvé un
acte, |»assé le 3 novembre 1454, dans lequel
Magister Johannes Le Tiniillier in arlibus
mag ister , Dlorinicnsis diocesis, parait comme
témoin; or Tintillier avait, aux quatorzième
et quinzième siècles, la même signification que
Tinctor. Au lieu de faire des conjectures à cet
égard, il est plus sage de s'en tenir an nom
sous lequel l'artiste s'est fait connaître, c'est-
à-dire Tinctoris. D'ailleurs, rien ne prouve
que le nom de sa famille n'ait pas été flamand.
Les biographes généraux, et Foppens lui-même,
fournissent peu de renseignements sur la per-
sonne de ce savant musicien; après avoir in-
diqué la ville où il vil le jour, ils se bornent à
dire qu'il était docteur en droit et qu'il a écrit
sur la musique. Trithème et les ouvrages de
Tinctoris nous fournissent quelques renseigne-
ments de plus. Suivant le premier, Tinctoris
vivait encore en 1495, au moment où il écrivait
sa chronique (1); il était alors âgé d'environ
soixante ans : d'où il suit qu'il était né vers
14-34 ou 1455; enfin, il était chanoine de la
collégiale de Nivelles. Remarquons, à l'occasion
de la date probable de sa naissance, que ce ne
peut être Tinctoris, musicien dont il s'agit
ici, qui ligure dans l'acte trouvé par M. de
Burbure; car, outre qu'il n'avait pas l'âge de
vingt-cinq ans, requis alors pour être témoin,
il est à peu près certain qu'il ne pouvait être
ni ecclésiastique ni maître es arts à celte épo-
que. Le passage rapporté par mon savant ami
s'appliquerait plutôt à Jean Tinctor, profes-
seur de théologie à l'Académie de Cologne, sous
le règne de l'empereur Frédéric III, chanoine
tie la cathédrale de Tournai, et qui fut fait
doyen de la faculté des arts, à Cologne, en
14ôô (2), puis vécut à Louvain et à Tournai.
A l'égard de la date de 1450, donnée par
Gerber, et copiée par les autres biographes al-
lemands, pour celle de la naissance de Tinctoris,
elle est évidemment erronée.
Tinctoris nous apprend, à la fin de son livre
De naturâ et proprietate tonorum, qu'il
écrivit cet ouvrage à Naples, et qu'il le termina
dans cette ville, le 6 novembre 147b* : « Ici
» finit, dit-il, le livre De la nature et de la
» propriété des tons, composé, comme il a
» été dit déjà, par maître Jean Tinctoris, Ie-
» quel traité a été commencé et achevé étant
(1) Loc. cit.
(2) Joannf.s Tinctor sacrx Tlicologix in Academia
Coloniensi professor sub l'riderico III Imperjtore, et
canonicus Tornacensis, cleclus Decanus facullalis ar~
tium Colonicnsis H33. (Vide flartzheimi Blbliolheca
Colonicnsis, fol. 20j.) Voyez aussi '•'oppens, Btbliol/i.
Btlijica, t. Il, p. 741.
TINCTOR
«27
» chapelain du roi à Naples, l'an 147G, le
» 6 novembre, même année où la divine Bea-
» Irix d'Aragon fut couronnée reine de Hon-
» grie, le 15 du même mois (1). » Tincloris
était alors âgé de quarante et un ou quarante-
deux ans, suivant l'indication deTrilhème citée
précédemment. Rien ne fait connaître les évé-
nements qui avaient rempli sa vie jusqu'à cette
époque, ni l'année où il avait quitté son pays
pour se rendre en Italie. Il prend dans ses ou-
vrages les titres, non de docteur, mais de li-
cencié en droit (in leyibus licentiatum) (2) et
de chapelain, c'est-à-dire, maître de chapelle,
du roi de Sicile et de Naples, qui était alors
Ferdinand d'Aragon. On voit par le prologue
de son traité de contrepoint, terminé en 1477,
qu'il jouissait d'une grande faveur près de ce
prince, car il lui dit : « Connaissant, ô grand
» roi, la source inépuisable de l'amitié et delà
» bienveillance dont vous daignez être animé
» pour moi, je me suis décidé à consacrer sous
» votre auguste nom cet opuscule, espérant
n qu'il sera commeun tison ardent, qui servira
» à alimenter la force de cette affection dont
» Votre sublime Majesté m'a donné tant de
» marques (3). »
Swerlius est le premier qui ait dit que Tinc-
toris revint dans sa patrie, qu'il y obtint le
doctorat et devint chanoine de la collégiale de
Nivelles (4),- mais il ne détermine pas les épo-
ques de ces changements de position du savant
musicien. Une découverte intéressante faite
à Naples, en 1850, par Adrien de La Fage,
lève les doutes à cet égard : cette découverte
est celle d'une lettre écrite par le célèbre Jean
Pontanus,au nom du roi de Naples, Ferdinand
d'Aragon, le 15 octobre 1487, à son maître de
chapelle Jean Tincloris; elle se trouve en la
possession de M. Scipion Volpicella, de Naples,
homme très-versé dans les antiquités et dans
l'histoire de son pays. La lettre, dit La Fage,
est écrite en italien demi-latin. Il en a publié
(1) Explicit liber de naturû et proprietate lonorum a
maijistro Joanne Tinctoris ut prœdictum est composites,
quem quoque capellanus régis esset, Neapolis incipit et
complevit anno 1476, die 6 novembris, etc.
(2) Suivait Hawkins (a General Hislory of the science
and praclice of Music, t. II, p. 300), Tinctoris étailsim-
plcment docteur en droit civil ; mais Swerlius, Foppens
ctWalther le qualifunt Doctor utriusque juris.
(3) Porro non ignarus, optime regum, quam uliero
fonte amicitiœ hoc est bencvolentice, me pro luo insigni
humanilate prosequeris lioc ipsum opusculum tuo no-
mini prjestantissimo dicare institui. Sperans id lignum
fore ardentissimum quo cliarilatis illius quam liactcnus
erga me tua sptendidissima majestas affecta est indefi-
ciens longe fbgrmlius ardebit, etc.
(4) Alhenœ Bcljicie, fol. 4/7.
la traduction dans la Revue et Gazette musi-
cale de Paris (1850, n° 51) ; malheureusement
il n'y a pas joint le texte original. Toutefois,
telle que nous la possédons, la pièce n'en est
pas moins pleine d'intérêt; je crois devoir la
reproduire ici :
« A Jean Tinctoris.
» Ayant besoin, pour le service divin dans
» notre chapelle, de quelques chanteurs, aux
» conditions que nous vous avons dites de vive
» voix, et ne les trouvant pas de ce côté, nous
» voulons que vous alliez au delà des monts,
« en France et en toute autre région, pays et
» lieu où vous croirez pouvoir en trouver.
» Portez avec vous les lettres de recommanda-
» lion que nous écrivons pour vous au sérénis-
» sime et illustrissime roi de France et au
« roi des Romains (l'empereur d'Allemagne);
» donnez-vous du mal, et travaillez à trouver
» quelques bons chanteurs qui remplissent les
» conditions et conventions dont nous vous
» avons parlé, et quand vous les aurez trouvés,
» traitez avec eux pour notre service et celui
» de notre dite chapelle. Tout ce que vous pro-
» mettrez auxdits chanteurs tant par voie de
» provision que par toute autre, nous le regar-
» derons comme approuvé et conclu et le fe-
» rons observer. Prenez bien garde, tout en
» faisant la dépense nécessaire, que nous ayons
» à rester contents et satisfaits, ce qui vous
» sera facile en raison de la connaissance que
» vous avez de l'art du chant et du désir que
» nous vous manifestons; ainsi agirez-vous
» selon notre espérance.
« Donné au château Neuf de notre ville
» de Naples, le quinzième jour d'octobre
» MCCCCLXXXVII.
» Le Roi : FERDINAND.
» JO. PONTANUS.
» A Jean Tinctoris. «
Celle lettre ne laisse pas de doute sur l'épo-
que où Tincloris s'éloigna de Naples : ce fut
dans les derniers mois de 1 487. On ne sait rien
jusqu'à ce jour sur les résultats de sa mission
en France, d'où, sans aucun doute, il se rendit
en Belgique, sa patrie. Il y dut arriver dans
les premiers mois de 1488 : c'est donc à
celle époque que se rapporte ce que disent
Trilhème et Swertius de la dernière période de
sa vie, où il fut chanoine de la collégiale de
Nivelles. J'ai fait en vain des recherches dans
les papiers et registres du chapitre de Nivelles,
qui sont au archives du royaume de Belgique, à
Bruxelles, pour trouver quelques renseigne-
ments relatifs à celle dernière époque de la
22$
TINCTOR
carrière du plus savant musicien belge du quin-
zième siècle; on n'y trouve aucune liste chro-
nologique des chanoines, et les comptes, que
j'ai parcourus jusqu'en 1507, ne m'ont fourni
aucun éclaircissement. L'année du décès de
Tincloris est également inconnue ; l'auteur de
la notice qui le concerne, dans le Lexique uni-
verset de musique de Schilling, fixe celle date
à 1520; mais les assertions de cette espèce sont
sans valeur, n'étant appuyées par aucun do-
cument authentique.
Tincloris fut le fondateur, on du moins un
des premiers professeurs de l'école publique de
musique de Naples; tout porte à croire que
cette école fut la première régulièrement con-
signée qu'il y ait eu en Italie, quoique le
moine allemand Godendacli, ou plulol Gnllen-
lag, en latin Bonadies , eût formé précédem-
ment quelques savants élèves, parmi lesquels
s'est distingué Gafori (voyez ce nom). Tincloris
parait a voir eu pour amis et pour collègues dans
celte école Guillaume Garnier ou Guamerius,
et Bernard Ycart ou II y cari, musiciens belges
qui eurent de la célébrité à cette époque. Des
écrivains modernes ont cru que celte école fut
instituée plus lard par Gafori et Guarnerius, et
disent que les auteurs qui ont parlé des discus-
sions publiques de musique de Gafori et de Tinc-
lor, gardent le silence sur l'école de musique où
ce dernier enseignait ; mais j'ai déjà démontré
que ces prétendues discussions de Tinctor et de
Gafori sont une erreur; celui-ci, comme le prouve
l'auteur anonyme de sa vie (1), n'a eu de con-
troverse de ce genre, à Naples, qu'avec Philippe
Bononio, connu sous le nom de Philippe de
Caserte (voyez ce nom).
Tincloris, dont les ouvrages étaient à peu
près inconnus dans les seizième et dix septième
siècles, a acquis beaucoup de célébrité dans ces
derniers temps, comme écrivain sur la musique,
d'après le témoignage de quelques musiciens
érudils. On peut voir à l'article Gafori (Bio-
graphie universelle des musiciens, loin. III,
p. 575) combien il l'emporte sur celui-ci par sa
méthode d'exposilion de la pratique de l'ail.
L'avantage qu'a eu Gafori sur Tincloris est
«l'avoir fait imprimer Ions ses ouvrages, tandis
que la plupart de ceux du dernier de ces ar-
tistes sonl restés en manuscrit. Un seul a vu
le jour; mais lus exemplaires en sont si rares,
qu'il éiailà peu près inconnu lorsque Burncy
en signala l'existence. Cet opuscule est le plus
ancien dictionnaire de musique connu; il a
pour litre : Terminorum musical Diffinito-
(I) Mss. de la liililiolliicjuc impériale de Paris.
riuln, in-4° de quinze feuillcls, sans date et
sans nom de lieu. Au recto du deuxième feuillet
on lit : Jonnnis Tinctorisad illustriss. Vir-
giriem et Dominant D. Deatricem de Jrago-
nia Diffînitorium music'ae féliciter incipit,
puis vient l'épîlredédicaloire. La bibliothèque
impériale de Paris possède un exemplaire de
celle rareté bibliographique. M. Brunet as-
sure (Nouvelles recherches bibliographiques,
t. III, page 344) que l'ouvrage a été imprimé
avec les caractères romains de Gérard de
Flandre, à Trévisc. Panzer présume (annales
Typographici, t. IV,page 425) qu'il a paru en
1479; Burncy, qui avait (rouvé un exemplaire
du Terminorum musicsvDiffinitoriumdans la
bibliothèque du roi d'Angleterre, se borne à
dire (A gênerai Hislory of music, tome II,
page 458, note h) que Tincloris l'écrivît vers
1474 (about the year 1474), et non qu'il fut
imprimé dans celte année, à Naples, comme l'a
dit Forkel (Allgemeine Lillerutur der illusik,
page 204), et, d'après lui, Peine, dans une
noie fournie aux auteurs du Dictionnaire
historique des musiciens (tome II, page 573).
Il n'est pas impossible que l'ouvrage ait été
publié en 1474, puisque Gérard de Flandre
commença à imprimer à Trévise en 1471 : il
se peut aussi que ses caractères aient servi
pour les premiers essais de typographie fails à
Naples; car on sait que l'imprimerie ne fut
introduite dans cette ville, par le roi Ferdi-
nand IlT, qu'à la fin de 1473. Au surplus, je
crois que l'opuscule dont il s'agit a dû paraître
au plus tard dans l'année 1470, car on voit que
Tinclor n'y donne à la fille de Ferdinand que
le nom de Béatrix d'Aragon, en la qualifiant
de vierge; or elle épousa, le 15 novembre de
la même année, Matthias Corvin, roi de Hon-
grie, et fui couronnée en celle qualité le même
jour. Il est donc certain que si celle princesse
eût été déjà sur le trône, Tincloris lui aurait
donné son litre dans le Terminorum musicx
Diffînitorium, comme il l'a fait à la fin deson
Traité de la nature cl de la propriété des
tons, cl ne l'aurait pas appelée vierge.
Quoi qu'il en soil, la date de l'impression
de ce dictionnaire de musique cslde peu' d'im-
porlance; mais l'ouvrage en lui-même esl digne
d'attention par les définitions claires et pré-
cises de tous les mois dont était composé le
vocabulaire de la musique au quinzième
siècle. Ces définitions sonl d'un grand secours
pour l'intelligence des anciens ailleurs. Le sa-
vant Forkel, qui a trouvé un exemplaire de
l'ouvrage de Tincloris dans la bibliothèque de
Golha, a eu l'heureuse idée de le faire réim-
TINCTOR
229
primer dans sa Littérature générale de la
musique (1), où cel opuscule remplit les pages
204 à 216. Lichlcnlhal a reproduit l'ouvrage
d'après Forkcl, dans le troisième volume de
son Dizionario e Bibliografin délia musica
(pages 208-313). Enfin le Terminorum mu-
s/ea*Z?^m7or''u?j-, accompagné d'une traduc-
lion allemande et de notes, par M.Bellermann,
est insérédans \cJahrbuchcrdermusihalischc
Wissenschaft, publié par M. Frédéric Chry-
sandcr, 1fr volume (Leipsick, Breilkopf et
Hserlel, 1863), pp. 55-114. Un exemplaire de
ce rarissime opuscule a passé inaperçu dans
une des ventes de la riche bibliothèque de Ri-
chard Hcber, faile à Londres, en 1834, et a été
adjugé pou r un shilling (I franc 25 centimes).
Les titres île gloire de Tincloris ne se bor-
nent pas à la composition de ce livre. Toutes
les parties de la musique ont été soumises à
ses investigations, ctsurtoulcs il a écrit des
traités spéciaux qui sont au nombre des mo-
numents les plus précieux d'une époque où la
(héorie et l'art de la musique ont reçu des amé-
liorations considérables. Ainsi qu'on l'a vu
précédemment, ils sont restés en manuscrit
jusqu'à ce jour. Les copies anciennes en sont
fort rares. Il en existait une à la bibliothèque
San-Salvador de Bologne, qui s'est égarée*
j'en possède une du quinzième siècle qui ren-
ferme tous les ouvrages de l'auteur, au nombre
de dix, et qui est la seule complète connue jus-
qu'à ce jour. Ce manuscrit, achelé en Italie
par Selvaggi {voyez ce nom), et apporté par
lui en France, était devenu la propriété de
Fayolle {voyez ce nom), puis avait passé dans
la bibliothèque de Perne. Après la mort de ce
savant, j'ai acquis ses livres ainsi que le
manuscrit de Tincloris. La bibliothèque de
l'université de Gand renferme un beau ma-
nuscrit sur vélin qui contient sept ouvrages de
Tincloris, savoir : le Traité des elTels de la
musique, ceux de la nature et de là propriété
des tons, des notes cl des pauses, de l'imper-
fection des notes, des points musicaux, des al-
térations, et le proportionale. Les Traités de
la main musicale, de la valeur régulière des
notes, du contrepoint, et le Diffinitorium y
manquent, .le possède aussi une copie faile au
seizième siècle de ce dernier ouvrage el (\\\
proportionale. Enfin, Peine a fait, d'après le
manuscrit qui est aujourd'hui en ma posses-
sion, une copie des Traités de Tincloris qui,
(I) AUgemeine Lilleratitr (1er Musik o:lcr Anleilung
zur Kenntnlssmusikalischcr Oiicher,elc Leipsick, 171)2,
un vol. grand in-8°.
après avoir appartenu à Choron, est passée
dans la bibliothèque du Conservatoire de
Paris. Celte copie est malheureusement remplie
de barbarismes latins et de non-sens, à cause
de la difficulté que Perne a éprouvée à lire le
manuscrit ancien. Choron a corrigé quelques-
unes de ces failles, mais il en reste encore.
J'ai donné, dans mon Mémoire sur le mé-
rite des musiciens belges (1), l'indication de
la nature de ions les traités de musique com-
posés par Tincloris; je crois devoir la rap-
porter ici, à cause de la rareté de ce volume.
Le premier de ces ouvrages, qui est un traité
du solfège, selon la mélhode de Guido d'Arezzo,
a pour litre : Exposilio manus secundum
magistrum Johannem Tincloris, el contient
neuf chapitres. On y trouve un grand nombre
d'exemples notés, et un Kyrie à trois voix de
la composition de Tincloris. Le livre de la na-
lure et de la propriété des Ions {Liber de na-
lurd et proprielate tonorum), qui suit celui
de l'exposition de la main, esl dédié à Jean
Okeghem et à Busnois, chantres du roi de
France et de Charles le Téméraire, duc do
Bourgogne. Les cinquante et un chapitres qui
composent ce livre renferment environ cent
exemplaires nolés fort curieux. C'est à la fin
de l'ouvrage qu'on trouve la date précise où il
l'acheva (6 novembre 1476). LeTrailé des noies
el des pauses {De notis ac pausis), divisé en
deux livres, est dédié à un excellent musicien
nommé Martin Hanard, chanoine de Cam-
brai; celui de la valeur régulière des noies {De
regulari valore notarum) , qui contient trente-
trois chapitres; celui de l'imperfection des
noies {Liber imper feclionum notarum), dédié
à Jean Fronlin, cl divisé en deux livres; le
Traité des altérations {Tractatus alleratio-
nnm), dédié à Guillaume Guinand, maîlre de
chapelle de Louis Sforce, duc de Milan, et di-
visé en trois chapitres; celui des points musi-
caux {Super punclis musicalibus), divisé en
vingt chapitres; ouvrage instructif sur une
matière obscure; le Traité du conlrepoint
{Liber de arle contrapuncti), dédié au roi de
Naples et de Sicile Ferdinand Itr.Cet ouvrage,
le plus important de tous ceux de Tincloris, est
divisé en trois livres. 1,'auleur nous apprend
qu'il l'acheva à Naples, au mois d'octobre
1477. On y trouve environ quarante exemples
de contrepoints à Irois, quatre et cinq parties,
(l) Dans le volume publie par la 417" classe de l'Insti-
tut des Pays-lias, intitulé : Vcrhandelhigen ovev de
V rang : Welke verdienslcn liebben zicli de Nedcrlundcrs
vooral in de li>', IS« en IGC eeuw in hel ittk der Toon-
kuntfe verironen ? Amsterdam, J. Muller, 1829, in-4",
230
T1NCTOR — T1NNAZOLI
la plupart extraits de molcts on <lc chansons
des compositeurs contemporains ou de l'époque
antérieure. Les derniers ouvrages de Tinctoris
qui se trouvent dans mon manuscrit sont le
proportional (Proport tonale musices), divisé
en trois livres, et qui traite des proportions
des notes dans la notation de son temps; le
Difjinilorium musices , qui contient quelques
articles d'un haut intérêt, non imprimés dans
l'édition de Naples, ni dans les copies publiées
parForkel elLichtenthal ; enfin \eComplexus
effectuum musices, ou Traité des effets de la
musique, divisé en vingt et un chapitres. Les
treize derniers manquaient dans le manuscrit;
j'y ai suppléé par une copie de ces chapitres
d'après le manuscrit de Gand.
Contemporain de Jean Okeghem, de Régis,
de Bnsnois, deFirmin Caron et «le Guillaume
Fatigues, Tinctoris n'est inférieur à aucun d'eux
dans l'art d'écrire l'harmonie avec pureté et
une certaine élégance relative, comme on peut
voir par douze motets à trois voix répandus
dans son Traité du contrepoint, et surtout par
un Deo grattas à cinq voix sur le plain-chant
qui se trouve au vingt et unième chapitre du
second livre de cet ouvrage, et qui, pour le
temps où il a été écrit, est un chef-d'œuvre.
Comme professeur et savant dans la solmisa-
tion, dans la tonalité ainsi que dans les im-
menses difficultés de la notation proportion-
nelle, il me parait être l'esprit le plus lucide
du quinzième siècle et le plus grand musicien
de celte époque.
Convaincu comme je le suis de la valeur des
ouvrages de Tinctoris, sous le rapport histo-
rique, j'ai pris soin d'enétablir le texte aussi
correctement que je l'ai pu au moyen des di-
verses copies citées précédemment; je les ai
traduits en français, et j'en ai conféré les pas-
sages et les points de doctrine qui offraient de
l'obscurité avec les auteurs anciens les plus
estimés, éclaircissant le tout par des notes.
Enfin j'ai traduit en notation moderne tous les
exemples. J'ai soumis mon manuscrit à l'exa-
men de la classe des beaux-arts de l'Académie
royale de Belgique, qui l'a approuvé dans sa
séance du 9 décembre 1860, sur le rapport de
mon honorable confrère M. André Van Hasselt.
Ce rapport a été inséré dans les Bulletins de
l'académie ,1. 10 (2csérie), p. 074, et reproduit
dans la Revue et Gazette musicale de Paris,
ann. 1861. Le texte et la traduction des œuvres
de Tinctoris seront publiés après le huitième et
dernier volume de la Biographie universelle
des musiciens.
Outre les morceaux cités ci-dessus, Tinctoris
a laissé en manuscrit quelques compositions
pour l'église qui se trouvent dans les archives
de la chapelle pontificale; entre autres une
messe de l'Homme armé, a cinq voix (vo-
lume 55), dont l'abbé Bai ni a fait connaître
quelques singularités dans ses Mémoires sur
la vie et les ouvrages de J.-P. de Palestrina
(tome Ier, page 96). M. l'abbé Stephen Morelot
a signalé l'existence de la chanson française de
Tinctoris, Voslre regard si très fort m'a
ferri, dans sa Notice sur un manuscrit de
la Bibliothèque de Dijon (Paris, 1856, in-4°),
et M. Catelani,savantbibliothécairedeModène,
fournit l'indication de la chanson à trois voix
du même musicien (Hélas) dans son intéres-
sant opuscule intitulé : Di due stampeignote
diOttaviano Petrucci da Fossombrone. Celte
chanson est imprimée dans le premier livre
du recueil publié par Petrucci (en 1501) sous
le litre Harmonice musices Odhecaton. Enfin,
on trouve une Lamentation à quatre voix de
Tinctoris dans le Lamentât ionum Jeremie
prophète (sic) liber primus, imprimé à Venise,
par Petrucci, en 1506, in-4° obi.
TIINGRY ( Jean-Nicolas-Célestin), vio-
loniste, né à Verviers (Belgique), le 7 sep-
tembre 1819, fut admis comme élève au Con-
servatoire de Paris, le 6 novembre 1832, et y
reçut des leçons de Baillot. Ses études musi-
cales étant terminées, il sortit de cette insti-
tution au mois de décembre 1837. Pendant plu-
sieurs années, il se fit entendre dans les con-
certs de Paris et y brilla parle caractère large,
brillant et vigoureux de son talent. En 1844,
il voyagea dans le midi de la France et y obtint
du succèsdansses concerts. Arrivé à Bruxelles,
au mois de février 1845, après avoir parcouru
l'Allemagne, il y donna un concert où il excita
l'enthousiasme du public dans un concerto de
sa composition, le Trémolo de Bériot et Une
Scène de départ, par Singer. De retour à Pa-
ris, vers le fin de la même année, il y donna des
matinées musicales, dans lesquelles il fit enten-
dre des quatuorsetdesquinleltes de sa compo-
sition, dont le mérile fui signalé dans les jour-
naux de musique. Après une longue absence,
M. Tingry a reparu à Paris, en 1857, dans
les concerts et y a fait applaudir des trios de
piano, violon et violoncelle de sa composi-
tion. Il est fixé à Cambrai, comme professeur.
TIIMVAZOLI (Acostixo), organiste à Fer-
rare, vers la fin du dix-septième siècle, a fait
graver de sa composition : Sonate e Capricci
per Vorgano; Borne, 1690, in-fol. oblong. On
connaît aussi en manuscrit, de cet artiste :
Kyrie, sanclus, Jgnus e l'assoluzionc délia
TINNAZOLI — TISSOT
231
Messa de'.Vorti a quallro, et Canlala a canLo
c Basso per l'organo.
TIINTI (Salvator), violoniste distingué,
né à Florence, vers 1740, mourut à Venise, en
1800. On a gravé, à Florence, six quatuors
pour deux violons, allô et basse, de sa compo-
sition. Le catalogue de Traeg indique aussi
sous son nom six quintettes pour deux violons.
deux altos et violoncelle.
TIKABOSCIII (Jérôme), jésuite et savant
littérateur italien, naquit à Bergame, le 28 dé-
cembre 1751. Après avoir été quelque temps
conservateur de la bibliothèque de Brera, à
Milan, il fut appelé à Modène, et eut la direc-
tion de la bibliothèque ducale. II mourut dans
cette ville, le 5 juin 1794, avec les titres de
chevalier et de conseiller du duc de Modène.
Son histoire de la littérature italienne (Slo-
ria deila îelleratura italianà; Modène, 1772-
1782, treize volumes in-4°, et Florence, 1 803-
1812, vingt volumes in-8°)est un livre estimé.
Il y traite succinctement de l'histoire de la
musique en Italie. Le sixième volume de sa
Diblioleca Modenese est intitulé : Notizie
de' pittori, scultori, incisori ed arckitelli
modencsi, con un appendice de' prufessori
di musica : Modène, 1780, in-4".
TIRAQUEAU (André), né vers 1480, à
Fontenay-le-Comte, y occupa longtemps la
charge de sénéchal, puis l'ut conseiller au par-
lement de Paris. Il mourut dans cette ville
en 1558. On assure qu'il eut trente enfants,
et qu'il publia un nombre égal de volumes.
Ses ouvrages ont été réunis par son fils en
cinq volumes in-fol.; Paris, 1574. On trouve
dans celte collection celui qui a pour litre :
De nobilitate et jure primogenitorum ; il
y examine dans le trente-quatrième chapitre
si la musique est un art utile et si la profession
de musicien est honorable.
TISCHEll (Jean-Nicolas), maître de con-
cert du prince de Saxe-Cobourg et organiste
à Scbmalkalde, naquit en 1707, àBcehIen, dans
la principauté de Schwartzbourg. A l'âge de
douze ans, il commença l'étude de la musique
chez l'organiste du lieu de sa naissance; après
trois années passées chez ce maître, il alla
étudier à Halberstadt, chez l'organiste Graf,
puis à Arnsladt, où il apprit les éléments de
la composition, du violon et de la viole
d'amour, et en dernier lieu à Rudolsladt, oii
il retrouva Graf dans la position de maître de
concert. De retour à Arnstadt, il s'y livra à
l'enseignement du clavecin; mais n'ayant pu
obtenir la place d'organiste à Erfurt, il s'en-
gagea comme hautboïste dans un régiment à
BrUnswick, en 1728. Ayant pris son congé en
1751, il accepta les places d'organiste de la
cour et de la ville à Scbmalkalde. Quelques
années après, Tischer obtint du prince deSaxe-
Cobourg le litre de maître de concert. On
ignore l'époque de sa mort, mais on sait qu'il
vivait encore en 17(5G. Il a publié de sa com-
position : 1° Six galanteries pour leclavecin, à
l'usage des dames, premier, deuxième et troi-
sième recueils ; Nuremberg, 1748. 2° Diver-
tissement musical consistant en dois suites
pour le clavecin; ibid. 5° Six petites suites
pour le clavecin, à l'usage des commençants,
premier et deuxième recueils; ibid. 4" Treize
concertos pour le clavecin, en sept recueils;
ibid. 5° Six pièces (Parlhien) faciles et agréa-
bles pour le clavecin, à l'usage des commen-
çants; Munich, 17GG. Tischer a laissé en ma-
nuscrit : 1° Cinquante morceaux d'église
achevés en 1752. 2° Six concertos pour haut-
bois et viole. 3° Six symphonies pour deux
flûtes, deux violons, viole et basse. 4° Six
tdemavec deux cors. 5° Six concertos pour le
violon. 0° Ouvertures pour les instruments à
cordes. 7° Deux œuvres de sonates pour le vio-
lon. 8" Six fugues pour le clavecin. 9° Les
quatre Saisons, divertissements pour le cla-
vecin. 10° Six concertos pour leclavecin.
TISCIILIftGEU (Burkard), musicien et
facteur d'orgues au service de l'empereur Maxi-
milien Ier, a construit, en 1507, l'orgue de
l'église Saint-Élienne, à Vienne, près de la
grande sacristie.
TISSOT (Simon-André), médecin célèbre,
né à Groney, dans le pays de Vaud, le 20 mars
1728, fit ses études à Genève et à Montpellier,
puis se fixa à Lausanne, en 1749. Une inflam-
mation de poitrine le mit au tombeau le
15 juin 1797, à l'âge de soixante-neuf ans. Au
nombre de ses ouvrages, on remarque celui
qui a pour titre : L'inoculation justifiée, ou
Dissertation pratique et apologétique sur
cette méthode, avec un Essai sur la mue de
la voix; Lausanne, 1754, in-12; Paris, Didol,
1774, in-12. Cet écrit se trouve aussi dans
les œuvres complètes de l'auteur; Paris, A Util,
1809-1815, onze volumes in-8°.
TISSOT (Pierre-François), lilléraleur
distingué, professeur de poésie latine au col-
lège royal de Fiance, membre de l'Académie
française, né à Versailles, le 10 mai 1708, est
mort à Paris, le 7 avril 1854. Ce fécond écri-
vain, dont le travaux littéraires n'ont pas de
rapport avec l'objet de la Biographie univer-
selle des musiciens, a fourni à 1' 'Encyclopédie
moderne, publiée par M. Çourlin (Paris, 1823
232
TISSOT - TITON DU TILLET
et années suivantes), un très-bon travail sur le
Chœur, dans ses diverses acceptions.
TISSOT (Amkdkk), poêle et littérateur
médiocre, né vers 1794, est mort dans une
maison de santé, près de Paris, en 1859. Au
nombre de ses productions, on trouve une bro-
chure intitulée : Deux mots sur les théâtres
de Paris; Paris, Pihan-Dclaforest, 1827,
in 8° de quarante-quatre paires. Cette bro-
chure est particulièrement relative a l'Opéra.
Il en a été fait une critique dans la Revue mu-
sicale (t. If, |>. 148-153).
T1TELOÏJZE (Jean), prêtre du diocèse
de Saint -Orner, chanoine et organiste de
l'église cathédrale de Rouen, obtint cette po-
sition an concours en 1588, et l'occupa pen-
dant quarante-cinq ans. Il mourut en 1033
(voyez le Discours (Je réception de M. l'abbé
Tanglois, à l'Académie royale de Rouen,
contenant la Revue des maîtres de chapelle
et musiciens de la métropole de Rouen (1),
p. 10), et non en 1CÔ0, suivant la préface du
premier livre d'orgue de Giganlt {voyez ce
nom). Tileloiize a fait imprimer de sa compo-
sition : 1° Missa quatuor vocum ad imita-
tionem moduli fn ecclesia ; F'arisiis. Rai-
lard, 1020, in-fol. 2" Hymnes de l'église,
avec des fugues et recherches sur le plain-
chant; Paris (sans date), un volume in-4° ohl.
3° Magnificat de tous les tons avec les versets
pour l'orgue: ibid., un volume in-4° ohl. Il
y a beaucoup de mérite dans ces pièces d'or-
gue, et leur style a de l'analogie avec celui de
Froherger. Titelouze a été le maître des
organistes André Raison {voyez ce nom) et
Giganlt.
TITL (ANTOiNE-Émnr.), compositeur à qui
les critiques allemands accordent beaucoup de
talent, est né en 1809 à Pernstein, en Mora-
vie. Après avoir suivi, à Rrunn, un cours nor-
mal de musique et étudié la composition, sous
la direction de Rieger. il s'est établi à Prague.
Ses premiers essais ont été les ouvertures à
grand orchestre pour les drames Torqnato
7'asso et der Lichenrauber (le Voleur de
morts) : leur effet surpassa ce qu'on pouvait
attendre d'un jeune homme. M. Titl a écrit en-
suite l'opéra Die Rurg-Frau (la Dame du
château), que le public de Prague a vivement
applaudi. En 1832, il a composé une messe so-
lennelle avec chœur à huit voix, pour l'instal-
lation du prince archevêque d'Olmtltz. Celte
production a été trouvéesi belle, que les Con-
servatoires de Vienne et de Prague en ont dé-
fi) Oanj les Mémoires deceiLe Académie, ami. 1851.
mandé des copies pour la faire exécuter. On a
publié dans celte dernière ville, chez Endcrs,
trois suites dédiants allemands composés par
Titl. Fixé en dernier lieu à Vienne, il y a été
nommé chef d'orchestre du Bungthcaler, en
1850, et y a fait représenter les drames fée-
riques Der Todtentanz (la Danse des morts),
Der Antheil des Teufels (la Part du Diable),
et Der Zaubcrschleier (le Voile enchanté).
M. Titl habitait encore à Vienne en 18G0.
TITON DU TILLET (Éviunn), né à
Paris, le 10 janvier 1G77, avait achevé ses
études avec succès, lorsqu'il obtint, à l'âge de
quinze ans, le grade de capitaine d'infanterie,
qu'il échangea plus lard contre celui de capi-
taine de dragons. Après la paix de Ryswyck,
il rentra dans la vie civile, et acheta la charge
de maître d'hôtel de la duchesse de Bourgogne.
La mort de celle princesse l'ayant laissé sans
emploi en 1712, il se livra en liberté à son
goiit pour les arts, visita l'Italie, puis revint a
Paris, où il s'occupa presque sans relâche
d'un monument à la gloire de* Louis XIV et
des grands poètes, littérateurs, savants et ar-
tistes de son règne. Il en fit faire le modèle en
petit, représentant le Parnasse, avec tous les
hommes célèbres de la France. Apollon y est
représenté sous les traits de Louis XIV. Ce
monument, d'assez mauvais goût, connu sous
le nom de Parnasse français, a été placé-
dans une des galeries de la Bibliothèque royale
de Paris. Titon du Tillet en a donné la des-
cription en un volume in-folio orné de beau-
coup de gravures. Ce volume a pour titre:
Description du Parnasse français exécuté
en bronze, suivie d'une liste alphabétique
des poètes et des musiciens rassemblés sur ce
monument; Paris, Coignard , 1732, in-
folio, avec beaucoup de portraits de litté-
rateurs et de musiciens. Trois supplé-
ments de cet ouvrage ont paru en 1743,
1755 et 17G0 : ils forment un deuxième vo-
lume in-folio. Les pièces de ce recueil rela-
tives à la musique sont : 1° Remarques sur la
poésie et sur la musique, et sur l'excellence de
ces deux arts, avec des observations particu-
lières sur la poésie et la musique françaises,
et sur nos spectacles. 2° Beaucoup de notices
biographiques de musiciens français, avec
leurs portraits. 3° Remarques sur la musique
et notices nécrologiques sur les musiciens
français (dans le premier supplément). 4" Re-
marques sur la musique et notices nécrologi-
ques (dans le dernier supplément). Titon du
Tillel est mort à Paris, le 20 novem! rc 1702,
âgé de près de quatre-vingt-six ans.
TOBANELLO - TODI
233
TOliANELLO (Félicien), mallre de
chapelle à Pavie, dans la première moitié du
dix-septième siècle, est connu par un œuvre
intitulé •• Salmi spezzati a quatlro voci; Ve-
nezia, app. Burlol. Magni, 1G19, in-4".
TOBI (Florent-Joseph), musicien alle-
mand, vécut à Paris, vers 1780, puis se fixa a
Amsterdam, où il donnait des leçons de gui-
tare. On a gravé de sa composition : 1° Trois
trios pour clarinette, violon et basse, op. 1 ;
Paris, 1780. 2" Méthode de guilare; Amster-
dam.
TOCKLER(Coniud), appelé NORICUS,
parce qu'il était né à Nuremberg, fit ses études
à I.eipsick, en 1495, y obtint le doctorat en
médecine en 1511, et y eut la place de pro-
fesseur en 1512. Il mourut en 1530. En 1503,
il avait enseigné dans un cours public la Jflu-
sica speculaliva, de Jean de Mûris. La copie
de cet ouvrage corrigée par Tockler, a servi a
l'abbé Gerbert pour la publication qu'il en a
faite, dans le troisième volume de ses Scrip-
lores ecclesiastici de vuisica.
TGDERIM (Jean-Baptiste), littérateur,
né à Venise, en 1728, enlra chez les jésuites
qui avaient dirigé ses éludes, et enseigna la
philosophie à Vérone et à Foi li. Après la sup-
pression de son ordre, il suivit, en 1781, Gar-
zoni dans son ambassade à Conslanlinople;
et quoiqu'il n'eût que des notions très impar-
faites de la langue des Turcs, il entreprit un
livre concernant leur littérature, qu'il publia
à Venise, en 1787, sous le titre : La Leltcra-
(ura turchese, trois volumes in-8°. Bien que
de peu de valeur en ce qui concerne les di-
verses sciences et la littérature des Turcs pro-
prement dite, cet ouvrage renferme quelques
bons renseignements relatifs à la musique de
ce peuple, à l'époque du séjour de l'auteur à
Conslanlinople. Ce que Toderini rapporte
concernant cet art remplit le seizième cha-
pitre du premier volume (p. 222-252). La
J.elteralura turchese a élé traduite en fran-
çais par Cournand (Paris, 1789, trois volumes
in-8") , et en allemand, par Hauslentncr
(Rœnigsberg, 1790, deux volumes in-8°).
TODI (SIabie-Fhahçoise), suivant Gerber,
mais dans un livret d'opéra joué à Berlin, elle
a le prénom de Louise (Luigia). Célèbre canta-
trice de la seconde moitié du dix-huitième
siècle, elle naquit en Portugal, vers 1748, et
apprit l'art du chant sous la direction de Da-
vid Percz. Sa voix était un mezzo soprano
d'un timbre un peu couvert, mais douée de
l'accent expressif. Les succès qu'elle avait eus
dès son début au tbéàlrc de Lisbonne la firent
appeler à Londres, en 1777, pour y chanler
dans l'opéra bouffe. Elle s'y fit entendre dans
le DueContesse, de Paisiello, et n'y réussit
pas. Le caractère de sa voix et le genre de son
talent n'élaient pas de nature à briller dans le
style comique. Elle le sentit, et depuis lors,
elle ne chanta plus que l'opéra sérieux. Dans
l'été de la même année, elle se rendit à Ma-
drid et s'y fit admirer dans VOlimpiade, de
Paisiello, et dans quelques autres ouvrages.
Arrivée à Paris, dans le mois d'octobre 1778,
elle excila la plus vive sensation au Concert
spirituel et dans les concerts de la reine à
Versailles. Rappelée à Lisbonne dans l'été de
1780, elle y chanta pendant une année, et ne
revint à Paris qu'au mois d'octobre 1781, pour
y remplir un engagement qu'elle avait con-
tracié avec les directeurs du Concert spirituel.
Là, de nouveaux succès l'attendaient. En 1782,
madame '1 odi se rendit à Berlin, où elle fut
engagée pour plusieurs années aux faibles ap-
pointements de deux mille llialcrs (sept mille
cinq cents francs) (1), mais elle n'y resta
qu'un an. Au printemps de l'année 1785,
elle chaula au Concert spirituel, ainsi que la
célèbre cantatrice madame Mara. Une ardente
rivalité s'établit aussitôt entre elles. Les ama-
teurs se partagèrent en deux partis qu'on ap-
pela les Natalistes et les Todistes (voyez
Mara). Toutes deux brillaient par des qualités
différentes ; la palme du chant expressif resta
à madame Todi, et madame Mara l'emporta
sur elle dans les airs de bravoure. Au mois de
novembre 1783, madame Todi retourna à
Berlin et chanta, dans le mois suivant, le rôle
de Cleofi.de, de Lucio Papirio (2) ; mais elle
n'accepta pas les offres du roi de Prusse pour
l'année 1784, parce qu'elle avait souscrit un
engagement pour le théâtre impérial de Pé-
lershourg. Arrivée à la cour de Catherine, elle
y obtint un succès d'enthousiasme, cl y pro-
duisit une si vive impression dans VArmide
de Sarli, que l'impératrice lui fit présent d'un
collier de diamants d'une valeur considérable.
Une intimité singulière s'établit alors entre la
souveraine et la cantatrice : celle-ci, hautaine
et vindicative, abusa quelquefois de son crédit
pour nuire à ceux dont elle croyait avoir à se
plaindre (voyez Sahti). Malgré les avantages
dont elle jouissait à Pélersbourg, la fâcheuse
influence du climat de la Russie sur sa voix la
détermina à accepter les offres que lui faisait
le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II, pour
(I) Voyez le Tonkùnsilcr-Lexikcn BerLn's, île, M. de
Ledcbur, page b'J9,
00 Ibld.
23*
TODI — TODINI
l'atlacherdenouveau au théâtre royal de Berlin.
Un traitement de trois mille thalers lui était
assuré, outre un logement au palais, une voi-
ture de la cour, la table servie aux frais du
roi, et quatre mille thalers de gratification
qu'elle reçut en trois ans (1). Ses plus grands
triomphes sur celle scène furent VAndro-
mcda, de Reichardt, et la Medca, de Nau-
mann. Son début eut lieu le lô décembre
1786, puis elle retourna à Pélersbourg, où
elle chanta pendant six mois, pour y achever
son engagement. De retour a Berlin, au mois
de septembre 1787, elle y chanta jusqu'au
mois de mars 1789. Les auteurs du Diction-
naire historique des musiciens, copiés par
celui de la notice sur madame Todi, insérée
dans la Biographie portative des contempo-
rains (Supplément, p. 82ô), disent que celte
cantatrice partit de Berlin au mois de mars
1780, pour se rendre à Paris, et qu'en passant
à Mayence elle chanta devant l'électeur; mais
que les troubles qui éclatèrent en France
l'empêchèrent de s'y rendre. Ces assertions
sont inexactes ;car suivantdes renseignements
certains qui m'ont été fournis par M.Farrenc,
madame Todi chanta aux concerts spirituels
à Paris, les 25 et 29 mars, tout le mois d'avril
et le 21 mai 1789, pour la dernière fois. Elle
était aussi engagée au Concert de la Loge olym-
pique et y chanta plusieurs airs de Paisiello,
de Cimarosa, de Sarli, et une grande scène
(Sarete al fin content i) composée pour elle par
Cherubini. En quittant Paris, à la fin de mai
1789, elle se rendit à Hanovre, où elle était
engagée et y chanta jusqu'au mois d'octobre
1790. Elle partit alors pour l'Jtalie, et brilla à
Parme pendant le carnaval suivant. Dans l'été
de 1792, elle retourna à Lisbonne et y mourut
au mois de juin de l'année suivante, laissant
à huit enfants qu'elle avait eus de deux maris,
environ quatre cent mille francs, et de plus
une quantité considérable de pierreries et de
bijoux d'une grande valeur. L'auteur de la
notice de la Biographie portative des Con-
temporains a été mal informé en disant que
madame Todi mourut en Italie dans l'année
1810(2).
TODINI (Michel), né à Saluzzo, dans le
Piémont, vers 1625, était, suivant La Borde
(Essai sur la musique, tome III, page 5-58),
un très-habile joueur de musette qui, après
avoir vécu longtemps à Rome, s'était fixé en
(1) Voyez le Tonkiinsiler-Lexikon Berlin s, p. 500.
(•2) Suivant L. Schneider (Gesc/ticltie (1er Oper., p. 108),
Mme joili serait morle en Italie, en 1812 : autre
erreur.
France et y est mort. J'ignore sur quels do-
cuments il s'est appuyé pour ces dernières
circonstances qui ne sont mentionnées par
aucun autre auteur. Quoiqu'il en soit, ce To-
dini employa dix-huit années, pendant son
séjour à Borne, à construire divers instru-
ments et machines contenues dans plusieurs
chambres de sa maison, et dont le P. Ri relier
a donné la description dans sa Phonurgia
nova (pages 167 et suivantes), dès 1675. Plus
tard, Todini donna lui-même une description
plus détaillée de ses inventions dans un petit
livre qui a pour titre : Dichiaratione délia gal-
leria armonica eretta in Roma da Michèle
Todini, Piemontese di Saluzzo nella sua
habitatione (sic) posta air arcu délia Ciam-
bella; in Roma , per Francesco Tizzoni,
1670, quatre-vingt-douze pages in-12. For-
kel, Lichlenlhal et Ferd. Becker n'ont cité cet
ouvrage que sous le litre abrégé la Galleria
armonica. Ils n'en ont pas connu le véritable
contenu, car ils disent qu'il est relatif à un
oigne ingénieux qui avait coûté dix-huit an-
nées de travail à Todini; mais ce n'est pas
seulement à cet orgue que se borne la descrip-
tion, car la galerie harmonique formée par cet
habile artiste contenait plusieurs instruments
et machines qui étaient renfermés dans trois
chambres de sa maison, et tous ces objets
sont détaillés dans le petit ouvrage dont il
s'agit.
Dans la première chambre se trouvaient
deux horloges fort curieuses et très-compli-
quées qui n'avaient point de rapport direct
avec la musique. Dans la deuxième était une
machine immense appelée par Todini Poly-
phème et Galatce. On y voyait beaucoup de
mouvements différents exécutés par des tri-
tons et des dieux marins qui portaient un
clavecin mécanique. Polyphème jouait d'une
petite épinelle appelée sordellina o muselta,
dont les sons étaient produits au moyen d'un
clavier placé au-dessous de celui du clavecin.
Les inventions musicales les plus remarqua-
bles de Todini se trouvaient dans la troisième
chambre. Elles excitent l'élonnement lors-
qu'on songe au temps où elles ont été faites.
En voici la description abrégée. Todini avait
construit deux violons singuliers dont l'un
portait sous ses cordes celles d'un autre vio-
linetlo ou pochette, qui sonnaient à l'octave de
celles du violon. Au moyen d'un ressort placé
près du sillet, on pouvait jouer à volonté le
violon ou la pochette isolément, ou les deux
instruments ensemble à l'octave. L'autre vio-
lon, au moyen d'une machine ingénieuse, pou-
TODINI — TOEPFER
23;;
vail élrc monté (oui à coup d'un intervalle de
seconde, de tierce, ou môme de quinte : ces
deux instruments sont décrits dans le chapitre
vingt-deuxième du livre. Dans le vingt- troi-
sième chapitre, on trouve la description d'une
viole tétr aphone dont le mécanisme permettait
d'y jouer à volonté, et sans démancher, les
quatre espèces de violes, c'est-à-dire, le so-
prano on par-dessus de viole, le contralto ou
viola bastarda, le ténor et la basse de viole.
Todini avait donné à la partie grave de cet
instrument une étendue beaucoup plus grande,
mais il y renonça par la suite, parce qu'il in-
venta la contrebasse à quatre cordes qu'il joua
lui-même dans les oratorios, dans les concerts
et dans les sérénades. Jusqu'en 1670, la partie
de contrebasse était jouée par Varchiviole ,
montée de sept cordes à l'octave grave de la
basse de viole, avec des cases pour poser les
doigts, ou parla grande viole appelée lyra ou
accordo. Les contrebasses de Gaspard de Salo
et autres anciens maîtres qu'on possède sont
ces mêmes instruments dont on a changé le
manche et le système de monture.
Todini avait inventé deux clavecins qu'il
avait construits lui-même. L'un d'eux, conçu
de la manière la plus ingénieuse, offrait les
moyens de jouer dans les trois genres diato-
nique, chromatique et enharmonique, sans
avoir recours à des divisions multipliées et in-
commodes du clavier. Cet instrument est dé-
crit dans le vingt-cinquième chapitre de la
Dichiaratione. Enfin , dans la troisième
chambre se trouvait aussi un grand orgue qui
renfermait beaucoup de combinaisons et d'ef-
fets reproduits plus tard comme des inven-
tions nouvelles. Cet orgue, dont la construc-
tion avait exigé plusieurs années de travail,
faisait entendre ensemble ou séparément sept
instruments d'espèce d.ifférente, dont un était
le grand orgue, composé de beaucoup de jeux
qui pouvaient se réunir ou se séparer à volonté,
sans que l'organiste fût obligé de lever les
mains du clavier; invention qui a été repro-
duite de nos jours. Quatre instruments da
penna, c'est-à-dire, appartenant à l'espèce du
luth, du clavecin ou des cordes pincées,
étaient renfermés dans cet orgue. Le premier
était un clavecin ordinaire; le second, une
épinelte à l'octave aiguë; le troisième, un
tiorbino ou petit téorbe, et le quatrième, un
luth. Les deux autres instruments d'arco, ou
à archet, étaient un violon et l'espèce de
grande viole appelée lyra ou accordo. Todini
avait trouvé un mécanisme qui imitait parfai-
tement le jeu de l'archet sur ces instruments.
On sait les recherches et essais nombreux qui
ont été faits depuis la fin du dix-huitième
siècle pour reproduire le même effet. Mais ce
qui rend les inventions de Todini vraiment
merveilleuses, c'est que le même clavier ser-
vait pour l'orgue avec tous les jeux, pour les
clavecins, épineltes, luth et téorbe, ainsi que
pour les instruments à archet, qui pouvaient
être joués seuls ou réunis à l'orgue et aux in-
struments da penna, sans qu'il fût nécessaire
de lever les mains du clavier.
On ignore l'époque où cette galerie harmo-
nique a été acquise par la famille Verospi et
placée dans son palais. Tous les objets n'y ont
pas été transportés, mais seulement le grand
orgue avec les clavecins et autres instruments
qui en dépendent : on les a disposés dans un
autre ordre, et ornés de belles peintures et de
sculptures dorées. Bonanni en a donné la
figure dans la planche XXXIII de son Gabi-
nelto armonico, publié à Rome, en 1722. De
la Lande, qui vit ces instruments aii palais
Verospi, en 1765, prétend (1) que les peintures
de l'orgue et du clavier sont du Poussin. Si le
fait est exact, il faut que l'instrument de To-
dini ait été fini avant 1664, qui est l'année de
la mort de ce grand peintre; mais cela est
peu vraisemblable. De la Lande n'a point en-
tendu l'instrument, mais ce qu'il dit de son
extérieur correspond à la description de Todini,
et à la figure qu'en a donnée Bonanni. Bur-
ney, qui visita aussi le palais Verospi cinq ans
après l'astronome De la Lande, et qui vit la
galerie où l'orgue est placé, ne fut pas plus
heureux et ne put l'entendre. Il essaya le cla-
vier du clavecin qui communique avec l'or-
gue; mais pas une note ne résonna, sans
doute parce qu'il y a un secret qui lui était
inconnu. Au reste, sa description est conforme
aux autres (2).
TOEPFER (Jean-Chrétien-Chaiues), né à
Apolda, dans le grand-duché de Saxe-Weimar,
vers 1740, fut professeur au gymnase d'Eisc-
nacli. On a de lui un livre qui a pour titre :
Jnfangsyriinde zur Erlemuny der Musik,
und insonderheit des Claviers, etc. (Principes
pour apprendre la musique, et principalement
le clavecin, etc.); Breslau, 1775, in-4° de huit
feuilles.
TOEPFER (Charles), né à Berlin, le
26 décembre 1791, peut-être fils du précédent,
fit ses éludes à l'université de celte ville, et
obtint le doctorat en philosophie; mais en-
(I) Voyage en Italie, (. I V, page 499. 2f cdilion.
(ï) The présent state of untsic in France and Italy,
pages 392 el suivantes.
TOEPFER
I rainé par son goût pour là musique et pour le
théâtre, il se fil acteur cl chanta à l'opéra île
Breslau, en 1810, puis à Vienne. En 1S22, il
chantait à Hambourg*. On a publié de sa com-
position : 1° Fiïnf Lieder von verschiedenen
Dichtern, etc. (Cinq chansons de différents
poêles, avec accompagnement de guitare);
Brcslau, Fœrsler, 1814. 2" Trois T.ieder idem,
op. 3; ibicl. Charles Tœpfer s'est aussi faiteon-
nallre comme guitariste et a publié quelques
pièces pour son instrument.
TOEPFER (Jean-Gottlob), professeur «le
musique au séminaire et organiste à l'église de
Weimar, est né le 4 décembre 1791, à Nie-
derrossla, près de celle ville. Son père, homme
pou fortuné, lui fit enseigner dès son enfance
le piano et l'orgue par le canlor rlu lien. Une
dame, dont la maison de campagne était dans
le lien de naissance de Tœpfer , ayant remarqué
ses heureuses dispositions pour la musique, se
chargea des frais de son éducation, et l'envoya
à Weimar pour continuer ses études de piano
auprès de Deslonches, et de violon sous le di-
recteur de musique Riemann. Partageant son
temps entre les leçons de ces artistes et les
cours du gymnase et du séminaire, il fit de
rapides progrès dans les diverses parties de la
musique et dans les sciences. Lorsque Eher-
bardt Millier [voyez ce nom) fut appelé à Wei-
mar, en qualité de maître de chapelle, la
grande -duchesse ( Marie-Paulowna) ronfia
Tœpfer à la direction de cet artiste dislingué,
qui fil de son élève un organiste habile el un
musicien instruit. Ses éludes terminées, il se
livra à l'enseignement du piano, et ohtint, en
1817, la place de professeur de musique au sé-
minaire.
Vers cette époque, la construction d'un
nouvel orgue à l'église principale de Weimar
fixa 1'altenlion de M. Tœpfer sur les bases na-
turelles et positives des proportions de cet in-
strument. Employant toutes ses heures île
loisir à fréquenter l'atelier du facteur qu'on
avait choisi pour le nouvel orgue, il en étudia
les détails avec attention, lut les meilleurs
livres qu'on possède sur cet objet, et plus lard
perfectionna ses connaissances par des voyages
en Saxe, en Bavière, en Autriche et en Bohême.
Choqué de ne trouver chez la plupart des fac-
teurs que des habitudes pratiques dans les pro-
portions qu'ils donnent aux diverses parties
des orgues, il se livra a la recherche d'une
lliéorie pins rationnelle et plus positive de la
construction de ces instruments, cl publia le
résultat de ses méditations dans nn livre qui a
pour titre : Die Orgelbau-Kunst nach einer
neuen Théorie dargeslellt und aufmathema-
tische und plnjsikulische Grundsxtze ge-
sliitzt ,«tc. (L'aride la construction de l'orgue,
exposé dans une théorie nouvelle, el fondé sur
des bases mathématiques et physiques pour la
mesuredes tuyaux, la distribution de l'air, etc.);
Weimar, W. Hol'mann, 183", in 8° de quatre
cent huit pages, avec une préface el des plan-
ches lilhographiées. Celle première partie du
travail de M. Tœpfer n'étant relative qu'aux
sommiers, à la soufflerie et aux tuyaux à
bouche, il compléta son travail dans un sup-
plément intitulé : Ersler Nachlrag zur Or-
gelbau-Kunst, welcher die Fervollslxndi-
gung der ïïlensurcn zii de.n Labialstimmen
und die Théorie der Zungenstimmen, etc.
(Premier supplément à l'art de la construction
de l'orgue, contenant le complément des me-
sures pour les jeux à bouche, el la théorie des
jeux d'anches, avec des tableaux, etc.); Wei-
mar, W. Ilofntann, 1834, in 8° de quatre-
vingt-seize pages, avec une planche lithogra-
phiéc. Je crois qu'il a paru postérieurement
un second supplément, mais je ne le connais
pas. Une deuxième édition de ce livre a paru
sous ce titre : Die Orgel, Zweck und Beschaf-
fenheit ihrer Theile, etc. (L'orgue, le but et
la nature de se-; parties, etc.); Erfurt, Kœrncr,
1843, Ln-8". Dans la préface de son excellent
livre, M. Tœpfer expose les motifs qui lui ont
fail chercher dans le calcul une base certaine
pour une bonne construction des orgues de
grande et de petite dimension; j'ai traduit les
passages les plus importants de celte préface
pour l'analyse que j'ai faite de l'ouvrage, dans
la Gazette musicale de Paris (ami. 1831),
p. 18;'), 194 et 278) : on peut consulter ce tra-
vail pour connaître en quoi consiste le nou-
veau système de l'organiste distingué de Wei-
mar. Avant la publication de son livre,
M. Tœpfer avait déjà fait insérer dans la Ga-
zette musicale de Leipsick un article concer-
nant l'amélioration du plein jeu de l'orgue
appelé fourniture (mixture), t. XXXIII,
p. 8!'i7. On a aussi de M. Tœpfer une explica-
tion du système d'accord de Scheiblcr pour les
instruments à clavier, sous ce titre : Die
Scheiblerische Stimmen Méthode Leicht-
fasslich , etc. (La mélhode d'accord de
Scheibler rendue facile, etc.); Erfurt, Kœrncr,
1842, in-8"; et un traité de l'art de jouer de
l'orgue, intitulé .• Tlicorctisch-praktische Or^
ganistcn-Schule, cnthallend die vollslandige
Harmoniclehre nebst ihren Anvoendung auf
die Composition der gebrauchlichsten Or-
gclstiicke (École de l'organiste, théorique et
TOEPFER — TOGNETTI
ïm
pratique, contenant la science complète de
l'harmonie, suivie de son application à la
composition des pièces d'orgue usuelles, etc.);
Erfurl et Langensalza, 1845, in -4". M. Tœpfer
a publié un livre choral à l'usage des orga-
nistes, lequel a pour litre : Allgemeines und
vollstxndigcs Choralbuch, Zunxchal zum
Dresdner , IFcimar' schen und Erfurler
Gesaugbuche. Die Melodieen nach J.-A. ffil-
ler, Rcmpt und M. G. Fischer gesetze und
mit vierslimmigcr Harmonie, nebst knrzen
doppellen Zwischenspielen vnn, etc. (Livre
choral général et complet, suivant les livres de
chant de Dresde, de Weimar et d'Erfurt, et
d'après les mélodies de J.-A. Hillcr, llempt et
J.-F. Fischer, en harmonie <à quatre parties,
avec de courtes conclusions doubles, par etc.);
Erfurl, Kœrner, in-4° de deux cent seize
pages.
Comme compositeur et organiste, M. Tœpfer
mérite aussi des éloges. Les ouvrages qu'il a
publiés en ce genre sont : 1° Orgelslucke
(Pièces d'orgue, op. 1); Leipsick, Peters.
2° Sonate concertante pour piano et flûle,
ibid. 5° Sonate pour piano seul, op. 5, ibid.
4° Variations pour piano et flûte sur le thème
Là ci daremla ma.no, ibid. 5° Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 6, Leipsick, Brcilkopf
et llatrlel . G0 Trente-cinq cadences et petits pré-
ludes dans tous les tons majeurs pour l'orgue;
Erfurl, Krerner. 7° Trenle-six cadences et
petits préludes dans tous les tons mineurs pour
l'orgue; ibid. 8° Fantaisie en ut mineur pour
l'orgue; ibid. 9" Divers préludes détachés pour
des chorals ; ibid.
TOESCIII (Chaiiles-Joseph), violoniste et
compositeur italien, dont le nom véritable
était TOESCA DELLA CASTELLA-
MOINTE, naquit en 1724, dans une petite
ville de la Romagne. En 1750, il entra au ser-
vice de l'électeur Palatin, à Manhein, en qua-
lité de premier violon de sa chapelle; douze
ans après, il eut le titre de maître de concert.
En 1778, il suivit la cour à Munich et y con-
tinua son service jusqu'à sa mort, qui arriva
le 12 avril 1788. Il fui compositeur fécond,
mais négligé dans son style. Parmi ses pro-
ductions, on cite les ballets Don Quichotte,
ou les noces de Garrwche, le Chapelier an-
glais, Arlequin protégé par la magie; trois
sextuors pour flûte, hautbois, violon, alto,
basson et basse; Paris, Hugard, 1705. Trois
quintettes pour flûte, violon, deux altos et
basse, op. 5; Paris, Vcnier. Six symphonies
pour deux violons, deux hautbois, deux cors,
alto cl basse; Paris, lluberli. Vingt et un qua-
tuors pour flûte, violon, allô et basse; Paris,
La Chevnrdière, Baillcux et Venier. Plusieurs
concertos pour flûte.
TOESCHI (Jeas-Baptiste), fils du précé-
dent, naquit à Manhcim, suivant le Diction-
naire des musiciens de la Bavière par Li-
powsky; mais il est plus vraisemblable qu'il
était né en Italie, et qu'il était âgé d'environ
onze ans lorsque son père entra au service de
l'électeur palatin. Après avoir étudié le vioton
sous la direction de Jean Charles Stamilz, il
reçut des leçons de composition de Cannabich.
Admis dans la musique de l'électeur palatin,
vers 1700, il se distingua comme violoniste
solo après la mort de Stamilz. Quelquefois
aus-i, il remplaçait Cannabich dans les fonc-
tions de cher d'orchestre, et le talent dont il y
fi( preuve lui fit obtenir la survivance de son
père. En 1778, il suivit la cour à Munich, et
la place de directeur de musique lui fui donnée
après la mort de son père. Il mourut a Munich
le 1er mai 1800. Toeschi fut un compositeur
distingué dans la musique instrumentale, par-
ticulièrement dans la symphonie. Ses mélodies
sont gracieuses, et ses modulations ne sont pas
communes. Ses symphonies avaient beaucoup
de succès à Paris avant qu'on y connût les
beaux ouvrages de Haydn. On a gravé de sa
composition : 1° Six quatuors dialogues pour
deux violons, alto et basse, Ier livre; Paris,
La Chevardière. 2° Quatre quatuors idem et
deux trios, livre II, op. 5; ibid. 5° Six trios
pour deux violons et basse, op. 4; Paris, Ve-
nier. 4° Trois symphonies pour deux violons,
deux hautbois, deux cors, alto et basse, op. G ;
Paris, lluberli. 5° Trois idem, avec deux bas-
sons, op. 7; ibid. 6° Trois grandes sympho-
nies, op. 8; Paris, Baillcux. 7° Trois idem,
op. 10 ; Paris, Venier. 8° Six symphonies avec
deux hautbois, deux cors et deux bassons,
op. 12; Paris, Bailleux, 1779.
TOESCHI (CiiAlUES-THÉODonE), fils et
élève de Jean-Baptiste, a repris le nom primitif
de sa famille, et s'est fait connaître sous celui
de TOESCA DELLA CASTELLA-
MONTE. Il est né à Manheim, en 1770. Ha-
bile violoniste, il a été placé dans l'orchestre
du théâtre royal à Munich. Il a composé pour
ce théâtre la musique du ballet les Amazones,
et a publié des duos de violon, et quelques ca-
hiers de danses pour cet instrument.
TOGNETTI (François), né à Bologne, en
1705, fut professeur de littérature au lycée
philharmonique de celte ville. En 1818, à l'oc-
casion de la distribution des prix de celle in-
stitution, il prononça un discours qui a été
23S
TOGNETTI — TOLLIUS
publié sous ce titre : Discorso su'i progressa
délia musica in Bologna; Bologne, 1818, de
J'imprimeried'Annesio Nobili, in-4°. Une cri-
tique anonyme de cet écrit, dont l'auteur était
un membre de la famille Antonio degli An-
tonii, parut dans le Diario di Bologna
(juillet 1818, p. 75 et suiv.). On y reprochait à
Tognelti d'avoir fait plutôt l'histoire delà dé-
cadence de la musique à Bologne, que celle de
ses progrès, car il s'étend particulièrement sur
le mérite des œuvres de Ramos, Espagnol, qui
fonda une école de musique à Bologne, dans
le quinzième siècle, sur son élève Spataro, sur
le musicien-littérateur Hercule Botlrigari, sur
Artusi, enfin, sur les anciens théoriciens qui
s'étaient plus occupés de l'art en savants qu'en
artistes. Tognelti répondit à cette critique par
une brochure intitulée : Lettere di Francesco
Tognetti bolognese che servoho di appendice
al suo discorso su iprogressi délia musica in
Bologna; Bologne, 1819, in-4° de seize pages.
Ce digne professeur n'entendait guère les
choses dont il parle dans ces écrits. II vivait
encore à Bologne, plus qu'octogénaire, en
1846.
TOLBECQUE (Jean-Baptiste Josepji), né
à Hanzinne (Belgique), le 17 avril 1797, fut
admis au conservatoire de Paris le 12 avril
1816, et y devint élève de Rodolphe Kreutzer
pour le violon. Reicha lui enseigna la science
du contrepoint et de la fugue. En 1820, il entra
à l'orchestre de l'Opéra italien; mais bientôt
après, s'élant livré à la composition et à l'ar-
rangement de la musique de danse, il s'y dis-
tingua, et y ajouta le mérite de bien diriger
les orchestres où l'on exécutait ce genre de
musique. En 1825, il quitta le théâtre où il était
attaché, et fut chargé de la direction de la danse
à Tivoli et dans quelques antres jardins publics.
Jusqu'au moment où Musard acquit la vogue en
ce genre, Tolbecque fut le chef d'orchestre et
le compositeur le plus recherché à Paris pour
la musique de danse. Il fut aussi chargé de
la direction des bals de la cour. Le nombre de
cahiers de quadrilles de contredanses et de
valses à grand orchestre de Tolbecque, arran-
gées en quatuor, pour le piano, ou pour divers
instruments, est très-considérable; la plupart
des éditeurs de Paris en ont publié. Ayant fait
partie de l'orchestre de la société des concerts
du conservatoire, comme alto, dès sa création,
en 1828, il y était encore, dans la même posi-
tion, en 1859.
TOLBLCQUE (Auguste- Joseph), frère
puîné du précédent, né à Hanzinne (Belgique), le
28 février 1801 , entra aussi au conservatoire de
Paris, en 1816, et fulélève de Kreutzer, comme
son frère. Il obtint le second prix de violon au
concours de 1818, et le premier lui fut décerné
en 1821. Artiste distingué, Auguste Tolbecque
se fit entendre avec succès dans les concerts.
En 1824, il entra à l'orchestre de l'Opéra
comme un des premiers violons, et il occupa
la même position dans l'orchestre de la Société
des concerts du conservatoire, dès sa création,
en 1828. Il y a joué des concertos avec un
brillant succès.
TOLBECQUE (Charles-Josepii), second
frère de Jean-Baptisle-Josepb, naquit à Paris,
le 27 mai 1806. Entré au conservatoire, le
28 avril 1818, il fut, comme ses frères, élève
de Rodolphe Kreutzer pour le violon, obtint le
second prix de cet instrument, en 1822, et le
premier, en 1824. Il fut aussi un des membres
de l'orchestre primitif de la Société des con-
certs du conservatoire. Devenu chef d'orchestre
du Théâtre des Variétés, en 1850, il écrivit
pour quelques pièces représentées à ce théâtre
de charmantes mélodies qui ont eu des succès
de vogue. Charles-Joseph Tolbecque n'était âgé
que de vingt-neuf ans lorsqu'il mourut dans
cette position, le 29 décembre 1835.
TOLBECQUE (Auguste), violoncelliste,
fils d'Auguste-Joseph, né à Paris, le 30 mars
1830, fut admis au conservatoire comme élève
de M. Vaslin, le 8 octobre 1840, et reçut des
leçons d'harmonie de M. Reber. Il obtint au
concours le deuxième prix de violoncelle, en
1848, et le premier lui fut décerné, en 1849.
En 1858, il s'est fixé à Niort (département des
Deux-Sèvres).
TOLLIUS (Jean), né à Amersfoorl, en
Hollande, vers 1560, a publié de sa composi-
tion : 1° Jfladrigali a 6 voci ; Heidelberg,
1594 , in-4°. 2» Moduli trium vocum e
sacris biblis assumpti; Heidelberg, 1597,
in-4°.
TOLLIUS (Jacques), philologue hollan-
dais, né à Utrecht, vers 1630, fit ses études à
Devenler et dans sa ville natale, puis fut tour
à tour commis dans une maison de librairie,
secrétaire du savant Heinsius, recteur du
gymnase de Gouda et professeur au collège de
Duisbourg. Il voyagea en Italie, en Allemagne,
et mourut dans la misère à Utrecht, le 22 juin
1696. Chauffepié a induit en erreur Forkel (1)
et le savant M. Weiss (2), en disant (3) que
(t) Allg. Lilter. der Musik, page 86.
(2) ft>ografieu>iiverselle,ancienneelmodcrne, t. XLIV,
p;ige 112.
(3) Nouveau dictionnaire historique et critique, l. IV,
page 405, note L.
TOLLIUS — TOMASCHECK
239
Tollius a donné une version latine de l'ou-
vrage deBacchini De Sistris, etc. J'ai fait
voir, à l'article qui concerne Bacchini (voyez
ce nom), que cet ouvrage a été publié en latin
par l'auteur; Tollius en donna seulement une
deuxième édition intitulée : De Sistris eorum-
que figuris ac différentiel (Trajecti ad Rlie-
num, 1096, in-4° de trente-six pages avec une
planche), et y ajouta une petite dissertation de
sept pages sur le même sujet, sous le litre :
De sistrorum varia figura. Ces deux mor-
ceaux ont été insérés par Graevius dans son
Thésaurus antiquitatum romanarum, t. VI,
p. 407 et suivantes-, et par Ugolini dans le
Thésaurus antiquitatum sacrarum,\.XXXU,
Tollius nous apprend, dans sonépître dédica-
loire, qu'il n'a été que l'éditeur de l'ouvrage
de Bacchini, et qu'il l'a fait réimprimer à
cause de sa rareté excessive, et parce qu'elle
était inconnue dans son pays : Bacchini dis-
sertatio est de sistris : quam in Ttalia mihi
dono datam, et his in locis nunquam visam,
ibidem etiam perraram, typis hic iterum
me mandaturum suscepi.
TOLOMAS (le P. Charles-Pierre-Xa-
vier), jésuite, naquit à Avignon en 1705, et
mourut à Lyon, en 17G5. Il s'était consacré
fort jeune à la carrière de l'enseignement, et
avait été envoyé à la maison de Lyon pour
professer les belles-lettres au collège de la Tri-
nité. Admis à l'Académie des sciences et arts
de celle ville, il en fut un des membres les
plus actifs; mais une discussion qu'il eut, en
1755, avec les amis de d'Alembertel les ency-
clopédistes l'obligea à donner sa démission.
Le P. Tolomas a fait imprimer des ouvrages
sur divers sujets, et a laissé en manuscrit plu-
sieurs dissertations composées pour les Mé-
moires de l'Académie dont il était membre :
au nombre de celles-ci on remarque deux mé-
moires sur la Mélographie ou déclamation
notée des anciens. Ces mémoires se trouvent
parmi les manuscrits de la Bibliothèque de
Lyon sous le n° 965, in-fol. De Landine a in-
diqué le contenu de ces dissertations dans son
Catalogue raisonné des manuscrits de celle
bibliothèque.
TOMASCHECK (Jean-Wenceslas), com-
positeur et organiste distingué, est né à
Skalsch, en Bohême, le 17 avril 1774. Dès son
enfance, il étudia les principes de musique et
le violon à Chrudim,sous la direction deWolf,
directeur du chœur de l'église de celte ville,
puis il se livra à l'élude de l'orgue et de la
basse continue. En 1787, il fut admis dans un
couvent de dominicains à Iglau, en qualité de
contralto, et pendant trois ans, il y suivit des
cours d'humanités et y reçut des leçons de cla-
vecin. Trois ans après, il se rendit à Prague,
pour y suivre les cours de l'université et per-
fectionner ses connaissances musicales. La
lecture des ouvrages théoriques de Marpurg,
Kirnberger, Maltheson, Tilrk, Vogler et au-
tres savants musiciens de l'Allemagne, com-
pléta son instruction; mais les voyages de Mo-
zart dans la capitale de la Bohême et les
chefs-d'œuvre qu'il y écrivit décidèrent plus
encore de la vocation de Tomascheck pour la
composition. Cependant, il se destinait à la
profession d'avocat, et ne se proposait de cul-
tiver la musique que comme amateur; cepen-
dant après avoir entendu sa Leonora, cantate
de Bilrger, qui obtint un très-grand succès, le
comte <le Bucquoy, noble protecteur des arts à
Prague, l'engagea à renoncer au barreau, et
lui créa une position indépendante en lui con-
fiant la direction de sa musique. Dès lois, To-
mascheck se livra avec ardeur aux travaux de
la composition, et produisit un grand nombre
d'ouvrages qui jouissent en Allemagne et par-
ticulièrement en Bohême d'une grande répu-
tation, mais qui sont peu connus en France.
Les critiques allemands s'accordent dans les
éloges qu'ils donnent aux productions de cet
, artiste : « Elles ont (dit l'auteur de la mono-
» graphie de Tomascheck) un caractère parli-
» culier dans les idées et dans la facture; elles
» sont riches d'harmonie, savantes sans pé-
» danlisme, originales, pleines de feu, d'éner-
» gie et de mélodie ; enfin, elles portent le ca-
» chet de la grâce et de la fantaisie (1). » Il
serait difficile de faire un éloge plus complet.
Nœgeli donne aussi la qualification (V inven-
teur au compositeur bohème, dans un dis-
cours prononcé à la Société musicale de Zu-
rich, en 1812 (2). Tomascheck ne fut pas
seulement un compositeur de grand mérite,
car il ne se distingua pas moins comme profes-
seur de son art. Au nombre des bons élèves
qu'il a formés, on remarque Wurfel, Drey-
schock, Schulhoff, Kuhe, Tedesco et Boklet. Il
est mort à Prague, le 5 avril 1850, à l'âge de
soixante-seize ans.
Les principales compositions de Tomascheck
sont celles-ci : 1° Missa cum graduait et of-
(1) Sicsind ingesanicnt cigenlliiimlicli in den Iileen,
«rie in der Ausarljeiiunj, reich an Harmonie, gelelirt
oline trockencnPedantismus, ungesuclit originel l.slreng
conséquent neu an Thematen, energisch, fuurig, kraflig
und rein melodiscli, voll Phanlasie, Anmulli und Gra-
zic, etc.
(2) Vaye: la Gazelle musicale de Lcipsick, Xiv>ann.,
pige 730.
240
TUMASCHECK - TOMEÛNI
fertorio,à quatre voix el orchestre, op. 40;
Prague, Entiers. Il y a eu deux éditions de cet
ouvrage. 2° Hymni in sacro pro defunctis
canlari solili , etc., à quatre voix et or-
chestre, op. 70 j Prague, Bcrra ; Mayence,
Schott. 3° Séraphine, opéra représenté au
théâtre national de Prague, en 18.1.1. 4° Léo-
nore, ballade de Btlrger, arrangée pour piano,
op. 12; Prague, 1808. 5° Cantate pour le troi-
sième mariage de l'empereur François 1er,
avec orchestre. 0° Hector el slndromaque
(poème de Schiller). 7° Poèmes lyriques de
Schiller à voix seule avec piano, op. 29 ; Leip-
sick, Hofmeisler. 8° Poésies de GdHhe, à voix
seule avec piano, neuf recueils; Prague, En-
ders. 9" Poésies d'Éherl idem, op. G9 ; Prague,
Kron berger. 10° V Adieu de Marie Stuart à
la France, en bohème, allemand, fiançais et
anglais, à voix seule cl piano, op. 49; Prague,
Enders. 11* Béatrice, cantate à grand or-
chestre. 12" La Fondation de l'abbaye de
Hohenfurlh, ballade à voix seule et piano;
Prague, Enders. 13" Six chants de l'épopée
nationale de Hlasla; ibid. 14° Plusieurs re-
cueils de chants en langues bohème el alle-
mande, op. 2, G, 53, 34, 48, KO, 07; Prague et
Leipsick. 15° Symphonie «à grand orchestre,
op. 19 ; Leipsick, Brcilkopr el Haerlcl. 1G° Con-
certo pour piano cl orchestre, op. 18; Vienne,
Haslingcr. 17° Quatuor pour piano, violon,
alto el basse, op. 22; Leipsick, Brcilkopr et
llacrlel. 18° Grand trio pour piano, violon et
alto, op. 7; ibid. 19° Grande sonate (en ut)
pour piano, op. 14; Zurich, Hug. 20° Idem,
op. 15 (en sol); Leipsick, Petcrs. 21° Jdejn,
op. 21 (en fa), Vienne, Haslingcr. 22" Idem,
op. 40 (en la); Leipsick, Hofmeisler. 23° Idem
(en si hémol) ; Zurich, Hug. 24° Rondeaux et
pièces diverses pour piano, op. 11,35,39, 40,
41, 47, 51, 62, G3, G5, GG; Prague, Vienne,
Leipsick. Tomascheck avait en manuscrit plu-
sieurs concertos de violon avec orchestre, un
graud/feguiem (en ut mineur) avec orchestre,
un autre llequiem à voix seule avec orgue,
violoncelle cl contrebasse3 un Te Deum (eu
ré majeur) avec orchestre, un f'eni sancle
spiritus (en sol), le Pater noster de Zimmer-
mann, et les poésies de Heine, Scliotl, etc.,
avec mélodies et accompagnement de piano;
la plupart de ces ouvrages ont été publiés
comme oeuvres posthumes.
TOMASI (Buise), organiste à Comacchio,
dans le duché de Ferrare, au commencement
du dix-seplième siècle, s'esl fait connaître par
les ouvrages suivants : 1° Madrigali a cinque
voci, op. 1 ; Venise, 1G11. 2J // secondo libro
de Jfladriguli a cinque et a sei voci, con il
basso continua; de quali parte si potrdean-
lare con l'istrumento e senza ; et parte nc-
cesseriamenle lo ricerca, havendo posto nel
fine la tavola che insegnera il modo per con-
certarli; in Fenelia,app. Bartolomeo Ma-
gni, 1G13, in-4°. Cet ouvrage esl un «les pre-
miers recueils de madrigaux écrits avec basse
continue. On voit, par Pépitre dédteatoire à
l'évoque de Comacchio, que le premier recueil
de madrigaux de Tomasi est dédié à la com-
munauté dont il était organiste. 3° Moletli a
2, 5 e 4 voci, con litanie a 4 voci ; ibid., 1G15.
4" XL conccrli a 1-8 voci; ibid.
TO.MASIIM (Louis), violoniste et compo-
siteur, né en Italie, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle, fut directeur d'orchestre de la
chapelle du prince Esterhasy, lorsque Haydn
en était le compositeur. Il était encore au ser-
vice de ce prince en 1790: mais on ignore ce
qu'il est devenu après celle époque. On a gravé
sous son nom : 1" Trois duos pour deux vio-
lons ; Vienne, Mollo. 2" Douze variations pour
violon seul. Cet artiste a laissé en manuscrit
deux concertos pour violon el orchestre, douze
quatuors pour deux violons, alto el basse, et
des sonates pour violon seul.
Un violoniste, nommé Tomasini, élail, en
1834, maître de concert à Neustrelilz; il joua
à La Haye, en 1840, et à Dusseldorf, en 1845;
il n'est nullement vraisemblable qu'il y ail
identité entre lui el le chef d'orchestre de la
chapelle du prince Eslerhazy.
TOML\OI\I (Floiudo), né à Lucques, en
1757, fil ses éludes au Conservatoire de Na-
ples, puis alla se fixer a Paris, en 1783, et s'y
livra «à l'enseignement du chant el de l'accom -
pagnement. Il y établit un magasin de mu-
sique, qu'il céda ensuite à madame Duhan,
dont le fonds de commerce a passé entre
les mains de Dufaul et Dubois, el en der-
nier lieu dans celles de Schonenberger. To-
meoni est mort à Paris, au mois d'août 1820,
laissant une fille (Erminie Tomeoni), élève du
Conservatoire, qui après avoir été professeur
de piano, a chanté l'opéra-comique à Bruxelles
et dans plusieurs autres villes, puis s'esl ren-
due en Italie et a chanté au théâtre de la Per-
gola de Florence, en 1844. Dans l'année sui-
vante, elle reçut un engagement pour le théâtre
«le Mexico, s'embarqua à Gênes pour celte
distillation sur un navire qui fit naufrage, et
recueillie dans la chaloupe avec quelques-uns
de ses compagnons d'infortune, ne parvint à
un des poils de l'Amérique qu'après avoir
souffert pendant dix-sept jours les horreurs
TOMEONI — TOMMASI
241
<le la faim et delà soif. Après celle époque, on
ne retrouve plus ses traces. Tomeoni s'est fait
connaître par les ouvrages suivants : 1° Mé-
thode qui apprend la connaissance de l'har-
monie et la pratique de l'accompagnement,
selon les principes de V école de Naples; Pa-
ris, 1798, in-4°. 2° Théorie de la musique vo-
cale, ou des dix règles qu'il faut connaître
et observer pour bien chanter ou pour ap-
prendre à juger soi-même du degré de per-
fection de ceux que l'on entend ; Paris, Pou-
gens, an VII (1799), in-8° de cent (renie-huit
pages. Il y a de bonnes choses dans cet ou-
vrage, dont Pougens a corrigé le style. 5" So-
nale pour le piano; Paris, chez l'auteur.
4° Le Rossignol et la Fauvette, cantate avec
orchestre ou piano; ibid., 1798. 5° Rondo pour
soprano et orchestre ou piano; ibid. G" Paul
au tombeau de Virginie, pour voix seule,
avec clavecin ou orchestre; ibid. 7° Romance
et trois petits airs avec accompagnement de
piano ; ibid.
TOMEONI (Pellegiuno), frère du précé-
dent, né à Lucques, en 1759, fit ses éludes mu-
sicales à Florence, sous la direction de Louis
Braecini, élève du P. Martini, et se fixa dans
celle ville, où il se livra à l'enseignement du
chant et de l'accompagnement. Il y vivait dans
les premières années du dix-neuvième siècle.
On a de lui un ouvrage élémentaire intitulé :
Regole pratiche per accompagnare il basso
conlinuo.esposte in dialoghi per facilitante
il possesso alla principiante gioventù ;
Florence, 1795, in-4°. L'abbé Sanlini {voyez
ce nom) possède en partition Le Salmi del
vespro a 4 voci, sous le nom de cet artiste.
TOMTSCII (Ftoscitus), né à Eippel, en
Bohème, en 1750, fit ses humanités au gym-
nase académique de Prague, et entra dans
l'ordre des frères de la charité. Quelques an-
nées après son entrée dans le couvent de Pra-
gue, il fut envoyé à celui de Vienne, et obtint
dans celle ville le doctorat en chirurgie et
pharmacie. De retour à Prague, il y vivait en-
core en 179G, et s'y faisait remarquer par ses
talents sur le piano, le violon, le violoncelle
'■I la viole d'amour. On a publié de ce religieux
a Vienne, Offenbach et Londres : 1° Trois so-
nates pour piano cl violon, op. 1 . 2° Trois so-
nates pour piano, violon et violoncelle, op. 2.
5° Trois trios conccrlanls pour piano, violon
ri violoncelle, o- ô. 4" Trois idem, op. 4.
H0 Ouverture pour piano, violon cl violoncelle.
f° Trois sonates pour piano et violon, op. 13;
Paris-, Pleyel. Les autres ouvrages de ce com-
positeur me sont inconnus.
mou;, imv. or.s musiciens, t. vin.
TOMKINS (Thomas), fils d'un chantre de
l'église cathédrale de Glocesler, naquit en
celle ville dans la seconde moitié du seizième
siècle. Après avoir fait ses éludes musicales
sous la direction dellyid {voyez ce nom), il en-
tra comme chanteur dans la chapelle royale,
où il se trouvait déjà en 1580; puis il en fut
nommé organiste. Il occupait encore celte
position en 1030. En 1G07, il obtint le grade
de bachelier en musique de l'université d'Ox-
ford ; quelques années après, il eut la place
d'organiste de la cathédrale de Worcesler. On
ignore la date de sa mort, mais on sait qu'il
vivait encore au temps du protectorat de
Cromwell. M. Farrenc possède un manuscrit
original de pièces de clavecin et d'orgue de
Thomas Tomkins, dont la dernière porle la
date de 1054. On a, sous le nom de ce musi-
cien : 1° Cathedralmusic, or Music dedica-
ted to the honour and service of God, and
to the use of calhedrals and churches of
England, especially the chapel royal of king
Charles the first. Celle collection est à cinq
voix; Londres, 1023, in-4°. Une deuxième
édition a été publiée à Londres, en 1008, in-40.
2° XXII' Songsof 3, 4, 5 and 0 parts ; Lon-
dres (sans date), in-4". Quelques-uns des ma-
drigaux de Tomkins ont été insérés dans la
collection intitulée :T/ie Triumphs ofOriana.
Les pièces d'orgue et de clavecin contenues
dans le manuscrit de M. Farrenc sont exacte-
ment une imilalion du style de la Tabulatura
nova de Samuel Scheidt, publiée en 1024
{voyez Scheidt).
TOMMASI (le P. Joseph-Marie), en latin
THOMASIUS, prêtre de la congrégation
des clercs réguliers, était fils aîné du prince
de Parme, et naquit au château d'Alicate, en
Sicile, le 14 septembre 1049. A l'âge de dix-
sept ans, il entra dans l'ordre des Théatins.
Les langues grecque, hébraïque et chaldaïque,
la philosophie et. les sciences furent les objets
de ses constantes études, et son érudition dans
les matières ecclésiastiques fut immense. Le
pape Clément XI voulut récompenser ses
grands travaux en le faisant cardinal, en
1712. Il jouit peu de cet honneur, car il
mourut à Rome, le 1er janvier 1713. Il a été
béatifié par le pape Pie VII. L'ouvrage le plus
important du P. Tommasi a pour litre : Co-
dices sacramenlorum nongentis annis ve-
tustiores, nimirùm Libri IIL sacramenlo-
rum ecclesix. Missale Gothicum, sive galli-
canum velus. Missale Francorum. Missale
Gallicanum Velus; Rome, 1080, in-4°. Ce
livre, comme ceux du même auteur dont les
16
242
TOMMASI — TORELLI
litres suivent, doivent être consultés parles
historiens de la musique, pour les rapports du
chant de l'église avec les anciennes liturgies.
Les autres ouvrages du P. Tommasi sont :
1" Psalterium juxta editionem Romanam
et Gallicam, cum canticis, hymnarioet ora-
tionali; Rome, 1G83, in-4°. 2° Responsoria-
lia et Anliphonaria Romans ecrtesix a
S. Gregorio mdgrio, disposita cum appen-
dice monumentorxtm veterum et scholiis;
Rome, 1G8C, in-4°. 3° Antiqui libri Missa-
rum Romans ecclesix,idest Anliphonarium
S. Gregorii; Rome, 1694, in-4°. 4° Oflïcium
Dominica: Passionis ferix II Parasceve,
Majoris Hebdomadx , secundum ritum
Grxcorum; Rome, 1093, in-4°. S0 Psalte-
rium cum canticis et versibus primo more
distinctum, ar griment i s et oralionibus ve-
tuslis, etc.; Rome, 1097, in-4". Tous ces ou-
vrages ont été réunis, avec divers opuscules
du P. Tommasi, dans l'édition complète de
ses flPiivres donnée par le P. Vezzozi, Théa-
tin , a Rome, 1748-1754, sept volumes
in -4°.
TOiniASI (Jean-Baptiste), compositeur,
né à Manloue, vers le milieu du dix-septième
siècle, n'est connu que par le litre d'un
opéra sérieux qui fut représenté à Venise, en
1078. Cet ouvrage était intitulé Sesto Tar-
quinio.
TONASSI (Pietro), contrebassiste et pro-
fesseur d'harmonie et de contrepoint, né à
Venise dans les premières années du dix-
neuvième siècle, a fait ses éludes théoriques de
la musique sous la direction du P. Marsand
(voyez ce nom). En 1839, il a écrit, en colla-
boration avec un nuire Vénitien, nommé Col-
laro, un opéra intitulé II Castellodi TT'ood-
stock. L'ouvrage fut représenté dans la même
année au théâtre San Benedetlo, et ne réussit
pas. Tonassi s'esl aussi fait connaître par une
traduction abrégée du traité d'harmonie de
Reicha, qui a été publiée sous ce litre : Trat-
tato d'Armonia di Antonio Reicha, com-
pendiato s recato dall' idioma francese nell'
italiano, da Pietro Tonassi, con qualclie
Nota del Tradnttore. Diviso in due libri •
Milano, Ricordi,\844, in fol. Le même musi-
cien a publié une Irès-nombreuse collection de
pots-pourris pour violon et pourguilare sur des
motifs des opéras de Donizetli et de Verdi,
ainsi que des fantaisies pour les mûmes instru-
ments: Milan, Ricordi.
TOIMIMI (Bernard), compositeur de mu-
sique instrumentale, né à Vérone, vers 16G8,a
fait imprimer les ouvrages suivants : 1° So-
nate a violini c B. C, op. la ; Venise, 1G93.
2° Sonate da chiesa a tre, due violini, et or-
gano con violoncello ad libitum; Venise,
1G95, in-4", op. 2. La deuxième édition a paru
à Amsterdam, chez Roger, sans dale. 5° Bal-
letti da caméra a violino, spinetta o violone,
op. 3, parlitura in-4° obi. ; Venise, 1G97,
deuxième édition, Amsterdam. 4° Sonate a
2 violini, violoncello et continuo, op. 4a.
ÏOAT]\AI>TI(AtEXANDRn), musicien romain,
fut chantre de Sainte-Marie-Majeure, dans la
première moitié du dix-septième siècle. J'ai
vu dans la collection de l'abbé Sanlini, à Rome,
des compositions manuscrites de Tonnani qui
étaient dalées de 1620; parmi ces ouvrages se
trouvaient : 1° Le qualtro Antifone dell'
anno délia Madona a tre. 2" Messa a Ire voci
pari (à trois voix égales). 3" Litanie délia
beata Virgine a tre. 4° Ave Regina pour so-
prano et basse continue pour l'orgue. 5° Plu-
sieurs motels à trois voix.
TONOLINI (Jean-Baptiste), organiste à
Salo, près de Brescia, naquit dans cet endroit
et vécut au commencement du dix-septième
siècle. On a imprimé de sa composition : Salmi
a otto voci ; Venise, 1G1G, in-4°.
TOIVSOIl (Michel), organiste à Diinkels-
btihl, près d'Ingolstadt (Bavière), naquit dans
celte ville, ainsi qu'il le déclare au litre d'un
de ses ouvrages. Son nom allemand était
Bartscherer, qui signifie Barbier, et qu'on a
latinisé en celui de Tonsor. Il vécut dans la
seconde moitié du seizième siècle et au com-
mencement du dix-septième. Tl est connu par
les compositions suivantes : 1° Selecta quxdam
cantiones sacra;, modismusicis quinque vo-
cum recens composilx ; Noribergx, in offi-
cina Theod. Gerlacchii, 1570, in-4° obi.
2° Sacrx cantiones planx novx, quatuor,
quinque et plurium vocum ita compositx, ut
ad omnis gêner is instrumenta accomodari
possint; ibid., 1573, in-4°obl. 5° Cantiones
ecclesiasticx, quatuor et quinque vocum, ex
sacris litteris desumptx, quibus additi sunt
Psalmi Davidis, qui in Fesperis catholico-
rum decantari soient ; Monachii, excudebat
Adamus Berg, 1590, in-4" obi. Cet œuvre
contient quatorze motels à quatre voix et qua-
torze molels à cinq voix. 4° Fasciculus can-
tionum ecclesiàsticarum quinis et senis vo-
cibus, adomnia gênera instrumentorum ac-
comodatus ; Pillingen, 1G05, in-4°.
TORELLI (Joseph), fameux violoniste,
né à Vérone, fut d'abord attaché à l'église de
Saint-Pétrone à Bologne, en 1685, et devint
académicien philharmonique de celte ville.
TORELLI - TÛR.RIAN
243
Dans la suite (en 1705), il fut nommé maître
des concerts du margrave de Brandebourg-
Anspach. Il est mort en 1708. Ce virtuose est
l'inventeur du concerto, porté dans le siècle
suivant au plus liant point de perfection par
Viotti; il est au moins certain que les Concerti
grossi de Corelli ne parurent que trois ans
après ceux de Torelli, et quatre ans après la
mort de ce dernier. Ses ouvrages imprimés
sont : Balletti da caméra a tre, 3 violini e
B. C, op. la. 2° Concerto da caméra a due
violini e basso,o\). 2a; Bologne, 1G86, in-fol.
3° Sinfonie a 2, 3, 4 istromenti; ibid., 1G87,
in. 4°. 40 Concertino per caméra aviolino et
violoncello, op. 4a. 5° Sei sinfonie a tre c sei
concerti a quattro, op. 5a ; Bologne, 1C92,
in-fol. 6° Concerti mnsicali a quattro, op. 6;
Amsterdam. 7° Capricci musicali per caméra
a violino e viola, ovvero arciliulo, op. 7;
Amsterdam, in-fol. 8" Concerti grossi con
una pastorale per ilSanlissimo natale, op. 8;
Bologne, 1709, in-fol. Cet œuvre, le plus beau
titre de gloire de Torelli, a été publié par son
frèreaprès sa mort : il contient douze concertos
à deux violons concertants, deux violons d'ac-
compagnement, vioie, et clavecin pour la basse
continue.
TORELLI (Gaspard), compositeur de
l'école romaine, dans la seconde moitié du
dix-septième siècle, fut maître de chapelle
à Imola, où il fit exécuter, en 1685, l'oratorio
Betsabea.
TORELLI (Louis). Sous ce nom d'un mu-
sicien inconnu, on a représenté à Tienne, en
1793, un petit opéra intitulé : Die musika-
lische Jkademie (l'Académie de musique).
TORI ou TORRI (Pierre), compositeur
italien, vécut en Allemagne, à la fin du dix-
septième siècle et au commencement du dix-
huitième. En 1G90, il était maître de chapelle
du margrave de Bayreulh ; mais dans l'année
suivante, il entra au service de l'électeur de
Bavière, en qualité d'inspecteur de la musique
de sa chambre. II fit représenter à Munich, en
1091, l'Ambizione fulminata, opéra bouffe,
puis, I Pregi délia primavcra. Vers 1702, il
devint maître de chapelle de SS. Michel et Gu-
dule, à Bruxelles. Hawkins rapporte que ce
maître avait étéélève del'abbéSteffani,etqu'iI
imita le style de ce musicien célèbre, dans des
duos de chant qui étaient ses meilleures com-
positions, et parmi lesquels on remarquait
particulièrement celui qui avait pour litre He-
raclite et Dcmocrite. Il ajoute que pendant la
guerre de la succession, sa maison ayant été
menacée de quelque dommage, le duc de Mari-
borough donna l'ordre de le protéger, et que,
parreconnaissance, il offrit à ce célèbre géné-
ral un manuscrit qui contenait un choix de
ses ouvrages. Plus tard, il obtint le litre de
maîlre de chapelle du prince électeur de Co-
logne. Il mourut dans cette ville, vers 1722.
TORLEZ (....), maître de musique aux
académies de Grenoble et de Moulins, vécut
vers le milieu du dix-huitième siècle. En 1707,
il a publié à Paris cinq motets à voix seule
avec symphonie. ,
Un autre musicien, nommé Torlez, violo-
niste de la Comédie Italienne, a publié, en
1783, six duos pour flûte et violon, op. 1.
TORNABOCCA (Pascal), moine céleslin,
né vers 1500, à Aquila, ville de l'Abruzze, au
royaume de Naples, cultiva la musique avec
•succès et fit imprimer de sa composition
Misse a cinque voci ; in Fenetia, appresso
Giacomo Vincenli, 1590, in-4°. Cet ouvrage
est dédié au cardinal d'Aragona.
TORIMOLI (Marc-Antoine), musicien de
la cathédrale de Sienne, né dans cette ville,
vers 1580, est auteur de plusieurs ouvrages de
musique d'église, dont je ne connais que ce-
lui qui a pour titre : Sacrarum cantionum,
2, 3 et A vocunif liber secundus; Venetiis,
apud Jac. Vincentium, 1017, in-4°.
TORRÈRE ou TORRHEBE, musicien
grec, était fils d'Alys, et donna son nom aune
ville de Lydie. On lui a attribué l'invention
du mode lydien, que d'autres ont donnée à
Mélanippide, et quelques-uns à Anlhippe
(voyez ces noms).
TORRES (Melciiior DE), musicien espa-
gnol, né à Alcala de Henarès, dans la Nou-
velle-CastilIe, au commencement du seizième
siècle, est auteur d'un traité sur la musique
intitulé : Arle de la musica; Alcala, 1554,
in-fol.
TORRES MARTII\EZ BRAVO (don
Joseph DE), premier organiste de la chapelle
royale de Madrid, né dans celle ville, en 1005,
est auteur d'un traité d'accompagnement in-
titulé : Reglas générales de accompanar en
organo, clavicordo y harpa; en Madrid, en
la imprenta di musica, 1702, in-4° de cent
soixante-trois pages.
TORRIAN (Jehan), facteur d'orgues, né
à Venise, se fixa à Montpellier, vers la fin du
quinzième siècle. Il construisit, en 1504, l'or-
gue de Notre-Dame-des-Tables , dans cette
ville, ainsi que cela résulte d'un devis curieux
rapporté textuellement par Hamel (Nouveau
Manuel complet du facteur d'orgues, t. III,
p. 490 et suivantes). L'orgue dont il s'agit
16.
244
TORRIAN - TOSI
était un positif de huit pieds, composé de huit
registres.
TORRIAINT (Jean-Antoine), composi-
teur, né à Crémone, vers le milieu du dix-
septième siècle, a fait exécuter à Fabriano,
on 1087, un oratorio de sa composition in-
titulé : La Conversione di San Llomualdo.
TORRTGIANT (Pieube), compositeur
dramatique, naquit à Parme, d'une Camille
honorable, vers 1812. Après avoir fait de
bonnes éludes littéraires et scientifiques, il
s'est livré par goût à la composition qu'il cul-
tivait en amateur. Son premier opéra, intitulé
Ulrico d'Oxford, a été représenté au théâtre
du Fonda, à Naples, le 11 août 1841. Une ex-
pression dramatique juste et bien sentie se fai-
sait remarquer dans cet ouvrage, qui parais-
sait donner des espérances pour l'avenir;
mais elles ne se sont pas réalisées. La Sibilla,
jouée à Bologne, en 184-5, et la Sirena di
Normandia, représentée à Naples, en 1846,
étaient de faibles productions qui n'ont pu se
soutenir à la scène. En 1844, M. Torrigiani a
épousé la cantatrice française ffallez, qui, à
celte époque, avait de brillants succès à Na-
ples.
TORTI ou TORTO (Loris), compositeur,
né à Pavie, en 1547, fut maître de chapelle de
l'église des Théatins, à Turin. Il a publié de
sa composition : 1° Il primo libro délie Can-
zoni a tre voci ; in Venetia, 1581, in-4".
2° Ll primo libro di Madrigalia cinque voci;
ibid., 1585, in-4". S" Jl secondo libro délie
Canzoni a tre voci; ibid., 158", in-4". 4° //
primo libro di Motetli a quatlro voci ; in
Lenetia, app. Giacomo Vincent! , 1589,in-4°.
5° Messa e L'cspri a tre voci, op. G; ibid..
1G07, in-4".
TOSCAN (G.-L. GEoncus), né à Grenoble,
en 1750, fut bibliothécaire du Muséum d'his-
toire naturelle, à Paris, et membre de la so-
ciété des sciences et de l'Académie de sa ville
nalale. Au nombre des ouvrages qu'il a pu-
bliés, on trouve une brochure intitulée : De ta
musique et de Nephlé (opéra de Lemoyne),
aux mânes de l'abbé Arnaud, Paris, de l'im-
primerie de Monsieur, 1790, in-8" de vingt-
huit pages. Cet opuscule a été réimprimé dans
VEsprit des Journaux (mai 1790. p. 230 et
suivantes). On en a donné une traduction alle-
mande dans la Correspondance musicale de
Spire (ann. 1792, p. 250, 257 et 205).
TOSCAÏNO (Nicolas), dominicain, né à
Monte di Trapani, en Sicile, vers le milieu du
seizième siècle, fit ses vœux au monastère
d'Eryx. Il visita l'Italie pendant quelques an-
nées, puis se relira dans son couvent, où il
mourut en 1G05. Il a laissé en manuscrit quel-
ques traités de musique qui sont dans la Biblio-
thèque de Palerme.
TOSI (Joseph-Félix), compositeur, né à
Bologne, vers 1030, Tut d'abord organiste de
San Pelronio, puis mailre de chapelle de
l'église .San Giovan' in Monte des chanoines
réguliers de Lalran. Il l'ut agrégé de l'Acadé-
mie des Philharmoniques de sa ville nalale
dans l'année même de la fondation de celle so-
ciété, c'esl-à-dire, en 1G6G;ce qui prouve que,
dans la première édition de cette Biographie,
j'ai indiqué une époque trop tardive pour la
naissance de Tosi, en la plaçant vers 1650.
Suivant le catalogue manuscrit de la Biblio-
tbèque du Lycée communal de musique de Bo-
logne, Tosi élait mailre de chapelle de la
cathédrale de Ferrare, en 1083. Ce musicien
est connu principalement comme compositeur
dramatique; les opéras écrits par lui et dont on
a les litres sont : 1° Alidc, dont il composa
le premier acte, et qui fut représenté, en 1G79,
au théâtre Formagliari de Bologne. 2° Eris-
inonda, en 1081, au même théâtre. 5° Tra-
jano, en 1084, au théâtre Saint-Jean el Saint-
Paul, de Venise. 4°Giunio 2?rufo, en 1686, au
théâtre Formagliari, de Bologne. 5° Orazio,
en 1G88, au théâtre Sainl-Jean-Chrysostome,
de Venise. G° Amulio e Numitore, en 1089,
au même théâtre. 7° Pirro e Demelrio, en
1090, au même théâtre. 8" La Jncoronazione
di Serse, en 1091, au même théâtre. 9° Al~
boino in Italia, en 1091, au théâtre Saint-
Jean et Saint-Paul, de Venise. 10° Età del
oro (l'Age d'or), ballet, à l'occasion du mariage
du duc de Parme avec la princesse Dorolhée-
Sophie de Neuhourg, en 1090, au petit théâtre
du palais ducal de Parme. Tosi a publié de sa
composition : 1° Salmi concertait a tre e
quatlro voci con violini e ripieni, op. 1 ; Bo-
logne, Jacques Monli, 1083, in-41. 2° Cantate
da Caméra a voce sola, co'l basso continuo,
op. 2; ibid., 108G, in-4".
TOSI (PiEKiiE-FnA\çois) , sopranisle et
compositeur, était fils du précédent. Il naquit
à Bologne, vers 1650, s'il est vrai, comme le
prétend Galliard, traducteur anglais de son
livre sur fart du chant, qu'il mourut peu de
temps après l'avènement du roi Georges II au
trône d'Angleterre, à l'âge de quatre-vingts
ans. Ce grand âge prouve que Gerber a été in-
duit en erreur lorsqu'il a dit, dans son premier
Lexique des musiciens, que Tosi chantait au
théâtre de Dresde, en 1719, car il aurait eu
alors soixante-neuf ans. Quanz dit aussi qu'il
TOSI — TOUCHEMOUL1N
94.
4i>
le connut à Londres, en 1724, dans un âge
très-avancé. Tosi avait chanté dans les princi-
pales villes de l'Europe, lorsqu'il se rendit en
Angleterre, en 1692. Hawkins rapporte (1) des
extraits de la Gazelle de Londres, du 3 avril
et du 26 octobre 1693, qui l'enferment des an-
nonces de concerts donnés à ces époques par
Tosi. Depuis lors, U séjourna presque toujours
dans celle ville, à l'exception d'un voyage
qu'il fit à Bologne, en 1723, pour y faire im-
primer son livre sur l'art du chant. Au com-
mencement de l'année suivante, il était déjà
de retour à Londres. La noblesse anglaise
avait pour lui beaucoup de considération.
Lorsque lord Peterborough revint de son am-
bassade d'Espagne, il donna un logement à
Tosi dans sa maison, et celui-ci y finit ses
jours. Galliard nous apprend que cet habile
maître de chant se livra à la composition après
la perte de sa voix, et qu'il écrivit des cantates
excellentes, dont les copies se trouvent en An-
gleterre. L'ouvrage par lequel Tosi a établi sa
réputation sur une base solide a pour litre :
Opinioni de' cantori antichi e moderni o
sieno osservazioni sopra il canto fignrato;
in Bologna per Lelio délia Volpe, 1723, in-8°
de cent dix-huit pages. Je possède un exem-
plaire de cet ouvrage qui a appartenu à Hors-
ley {voyez ce nom), et pour lequel on a im-
primé un nouveau titre, suivi d'une épitredé-
dicatoire à lord Pelerborongh. Le tilre porte :
Opinioni de' Canlori antichi e moderni o
sieno osservazioni sopra il canto figurato
Di Pierfrancesco Tosi, academico Filarmo-
nico, Dedicate a sua ecccllenza Mylord Pe-
terborough générale di sbarco dell'armi
Reali délia yran Brctlayna, sans nom de
lieu ni date; niais à la fin se trouvent l'appro-
bation et Vimprimatur qui sont au commen-
cement du volume dans les autres exemplaires,
et au bas de la page, on lit : in Bologna per
Lelio délia Volpe, 1723. Il est vraisemblable
que l'exemplaire a été ainsi arrangé pour être
présenté à lord Peterborough. Les principes de
l'ancienne et belle école du chant ilalien sont
exposés dans cet ouvrage avec clarté, et sont
accompagnés d'observations qui démontrent
que Tosi fut un grand maître dans cet art.
Jean-Ernest Galliard a donné une traduction
anglaise de ce livre accompagnée de noies, à
laquelle Burney accorde des éloges, et que
Hawkins critique amèrement. Celle traduction
a pour tilre: Observations on the florid son y
or sentiments of the ancient and modem
(I) llistory of the science and practiic of Music, t. V,
page î>.
sinyers ; Londres, 1742, in-8°. Agrieola en a
aussi publié une traduction allemande intitu-
lée : Ânleilung zur Sinykunst /Berlin, 1757,
in-4°.
TOSOUIE (Maratto), compositeur*génois,
vécut dans la seconde moitié du seizième siè-
cle. Il est connu par les ouvrages intitules :
1° Il primo libro di Madrigali a quattro
voci ; Genova, app. Girolamo Bartoli, 1590,
in-4°. 2° Il primo libro de Mottelli a cinque
voci; ibid., 1593, in-4°.
TOSSARELLI(Piemie), chanoine d'Aqui,
né à Bénévenl, fut amaleur distingué dans le
seizième siècle. Il a publié de sa composition :
Madrigali aseivoci, Milan. 1570, in-4°.
TOST (Jean), négociant à Vienne, violo-
niste et amaleur de musique distingué, a fait
représenter à Presbourg, en 1795, les petits
opéras suivants de sa composition : Mann und
Frau (Homme et femme), Wiltmer und willwe
(Veuf et veuve), der Sonderliny (l'Homme bi-
zarre), der Lugner (le Menteur), Figaro.
M. Tost a dirigé, dans les premières grandes
exécutions musicales de la Société des Amis de
la musique des Étals autrichiens, la Fête
d'Alexandre, de Hœndel, et la Jérusalem
délivrée, de Sladler.
TOECHARO-LAl OSSE (G.), historien
et romancier, né à La Châtre (Sarlhc), le
8 août 1780, a publié un grand nombre d'ou-
vrages qui n'ont pas de rapport avec l'objet de
celle Biographie ; il n'est cité ici que pour le
livre intitulé Chroniques secrètes et galantes
de l'Opéra, depuis 1667 jusqu'en 1844; Paris
et Blois, 1844, deux volumes in-8°, ou quatre
volumes in-12. On trouve, dans cet ouvrage,
quelques bons renseignements historiques
concernant l'administration de l'Opéra et les
ouvrages représentés à ce théâtre depuis le
commencement du dix-neuvième siècle.
TOUCHEMOULIN (Joseph), né à Châ-
lons, en 1727, se livra de bonne heure à l'étude
du violon, et se fit entendre avec succès au
concert spirituel de Paris, en 1754. Ayant été
admis ensuite dans la chapelle du prince élec-
teur de Cologne, il obtint de ce prince la per-
mission de faire un voyage en Italie, pour per-
fectionner son talent par les leçons de Tarlini.
De retour à Bonn, il obtint le titre de maître
de chapelle, et en remplit les fonctions jusqu'à
la mort du prince; puis il entra au service du
prince de la Tour et Taxis, à Batisbonne, en la
même qualité. Il est mort dans cette ville, en
1801. Cet artiste a laissé en manuscrit des
messes, vêpres, litanies, psaumes, motets,
opéras, symphonies et concertos.
24(5
TOULMON - TOURTE
TOUL1ION (Auguste BOTTÉE DE).
Voyez BOTTÉE DE TOULMOIY.
TOULOUSE (Pierre), professeur de mu-
sique e(,guitarisle français, vivait à Jéna, en
1800, et y publia un journal de chant avec ac-
compagnement de guitare. On connaît sous
son nom une Étude pour guitare, ou trois
grandes sonates et variations pour cet in-
strument, avec accompagnement d'alto;
Brunswick, Speer.
TOUR (Jeuan, ou Jehannet, ou Jeiiannot
DE LA) était maître des enfants de chœur de
la chapelle de Philippe le Bon, duc de Bour-
gogne, dès 1427; il était conséquemmenl mu-
sicien distingué, car il devait faire l'éducation
musicale de ces enfants et les rendre capables
de chanter d'après la notation si hérissée de
difficultés, en usage à cette époque (1). Jehan
de La Tour se retrouve en quatrième, comme
chapelain ou chantre de musique dans l'état
du même prince dressé en 14a2 (2). Enfin, il
figure encore dans un état de la chapelle fait
en 14G5 (ô); mais il disparait de la chapelle de
Charles ie Téméraire en 1467(4): il était mort
alors ou mis à la retraite à cause de son grand
3ge. Jehan de La Tour a sans doute écrit des
motets et des chansons à trois voix, comme le
faisaient de son temps les chantres assez ha-
biles pour obtenir des fonctions de maîtres;
mais on n'en a rien retrouvé jusqu'à ce jour.
TOUR (Jean LA). Voyez LATOUR.
TOUR et TAXIS (le prince Alexandre-
Ferdinand DE LA), en allemand THURN
end TAXIS, issu de la noble famille de ce
nom, dont un des ancêtres s'est immortalisé,
dans le quinzième siècle, par l'invention des
postes, naquit à Ratishonnc, vers 1735. Après
avoir fait, sous la direction de Riepel, des
éludes d'harmonie et de composition, il alla
passer quelques années à Venise et à Padoue,
devintl'élève et l'amide Tarlini, qui lui laissa,
en mourant, les manuscrits de ses corn positions,
et composa lui-même beaucoup de symphonies,
de messes, de cantates, et d'autre musique
d'église et de chambre dont Bunicy entendit
quelques morceaux à Venise, en 1770, et qu'il
(1) « Jeiiannot de la Tour, maistre des quatre enfants
» de la chapelle de Monseigneur, les auleuns desquels
« ont continuellement csléau service et es lacompagnie
» de Mondit seigneur, et les autres Os la ville de Lille
» pourapprendreauxeseoles.» (Voyez le livre du comte
Léon De Laborde , Les Ducs de Bourgogne, t. Il,
preuves, p. 383.)
(2) Registre n" 1021 fol. vij-wij de la chnmnrr dcs
comptes, aux Archives du royaume de Belgique.
13) Registre no l'J22, fol. cxxx recto, idem,
(b) Registre n° 10-23, idem.
cite avec éloge. Le prince de la Tour et Taxis
était habile violoniste, jouait bien du clavecin
et de l'orgue, et chantait avec goût. Mécontent
de l'analyse faite par J.-J. Rousseau du sys-
tème deTartini, il en fit une critique qui parut
sous ce titre : Risposta di un anonimo al
célèbre Signor Rousseau circa al suo senti-
mento in proposito d'alcune proposizionî
delSig. G. Tarlini; in Venezia, 1769, in-8°.
TOURNATORIS ( ), et non pas
TOURNATOIRE, comme écrivent Lich-
tenthal et Ferd. Becker, était facteur d'instru-
ments et accordeur de pianos à Paris ; il mou-
rut au mois d'avril 1815. C'était un original,
plus près de la folie que du bon sens, enthou-
siaste de son métier, et qui en parlait avec
emphase. Il a fait imprimer sur ce sujet un
écrit intitulé : L'Art musical relatif à l'ac-
cord de piano, suivi de deux sonnets.detrois
stances, et de l'art de faire la conquête des
belles; Paris, l'auteur, sans date (1810), in-8°
de seize pages.
TOURTE (François), célèbre fabricant
d'archets, naquit à Paris, en 1747, et mourut
dans cette ville, au mois d'avril 1835, dans sa
quatre-vingt-huitième année. Son père, qui
exerçait la même profession, fut le premier
qui supprima la petite crémaillère des archets,
laquelle servait à tendre les crins en reculant
la hausse d'un ou de plusieurs crans, et qui la
remplaça par la vis et l'écrou, moyen simple et
facile pour augmenter insensiblement la ten-
sion ou la diminuer. Le frère aîné de François
Tourte succéda à son père dans la fabrication
des archets; quant à lui, il se livra à l'étude
de Phorlogerie, à laquelle il dut l'habileté et la
délicatesse de main qui, plus tard, lui furent
très-utiles dans la confection des archets. Dé-
goûté de sa profession, après huit années
passées dans les ateliers des horlogers de
Paris, parce qu'il n'y trouvait pas un revenu
suffisant pour ses besoins, il résolut d'em-
brasser l'état de son père et de son frère. Ses
premiers essais dans la fabrication des archets
furent faits avec des douves de tonneaux, parce
que les bois précieux des îles l'auraient obligé
à faire des dépenses trop considérables. Dès
qu'il eut acquis de l'habileté dans son art, il
substitua aux bois alors eu usage le fernam-
botic, qui réunit la légèreté et la flexibilité à la
fermeté. Vers cette époque, Viotli arriva à
Paris. Bientôt convaincu de la supériorité de
Tourte sur les autres fabricants d'archets, il
lui demanda de chercher le moyen d'empêcher
le crin de se rouler en le maintenant égale-
ment ôlendu sur la hausse, Tourte résolut le
TOURTE - TRABAGCI
247
problème par le moyen de la virole qui ter-
mine la partie supérieure de la hausse et
maintient le crin en mèche plate. Il les fit
d'abord en étain, puis en argent. Enfin, il
compléta son perfectionnement par la lame de
nacre dont il couvrit la partie du crin qui re-
pose sur la hausse, et qu'il maintint par la
virole. Les archets ainsi construits furent ap-
pelés archets à recouvrement. Ces innovations
ont été imitées depuis lors par tous les fabri-
cants d'archets ; mais il est une partie impor-
tante de l'art dans laquelle Tourte n'a point été
égalé, à savoir la coupe de la baguette qui, par
une heureuse courbe, maintient la fermeté des
fibres du bois et les empêche de dévier. Telle
était l'habileté de Tourte dans le tracé de cette
courbe, en raison du bois dont il faisait usage,
que ses archets sont aujourd'hui recherchés
comme le sont les instruments de Stradivari
et de Guarneri. Il les vendait soixante-douze
francs, lorsqu'ils étaient à recouvrement : au-
jourd'hui leur prix s'élève jusqu'à cent cin-
quante ou deux cents francs. Les archets de
violoncelle, plus rares que ceux de violon, se
vendent même quelquefois trois cents francs.
Tourte ne cessa ses travaux qu'à l'âgede quatre-
vingt-cinq ans : l'affaiblissement de sa vue
l'obligea alors à prendre du repos. Il ne con-
nut que deux passions, qui furent son art et le
plaisir de la pêche. Pour se livrer à cet inno-
cent délassement, il avait un petit bateau sur
la Seine. Dans la belle saison, il cessait son
travail à quatre heures de l'après-midi, se
rendait à son bateau, et y restait jusqu'à la
nuit. De retour chez lui, il soupait souvent du
fruit de sa pêche, se couchait de bonne heure
et se levait de grand malin. Celte existence
régulière et monotone fut la seule qu'il con-
nut : néanmoins le mal sérieux de l'ennui lui
fut toujours étranger. Dans un art modeste,
dont l'existence est à peine connue des gens
du monde, Tourte s'est fait une grande re-
nommée, sans la désirer et sans avoir con-
science des droits qu'il y avait. Par son habi-
leté, par la justesse de son coup-d'œil, il a eu
une grande part à la formation de l'école mo-
derne du violon, car c'est lui qui a créé l'in-
strument indispensable aux délicatesses du jeu
des virtuoses.
TOUZÉ (l'abbé), chanoine honoraire de
Reims, vicaire de Saint-Gervais, à Paris, et
membre de la commission instituée par les
archevêques de Reims et de Cambrai pour la
révision du Graduel et de l'Anliphonaire, a
publié une Méthode élémentaire de plain-
chant appliquée à l'édition de la commission
de Reims et de Cambrai, deuxième édition;
Paris, Jacques Lecoffre et Ce, 1854, in-12.
TOURTERELLE. Voy. HERDLISKA.
TOVAR (François), musicien espagnol,
né dans la seconde moitié du quinzième
siècle, a fait imprimer un livre intitulé : Libro
de musica practica, dont il a été fait trois
éditions à Barcelone, la première en 1510, la
seconde en 1519, et la dernière en 1550, toules
in-4", et de la plus grande rareté.
TOWSEIXD (Jean), flûtiste anglais, né
dans le comté d'York, n'était âgé que d'un an
lorsque sa famille alla s'établir à Liverpool.
A l'âge de dix ans, il apprit à jouer de la flûle
et reçut des leçons de Georges Ware pour cet
instrument. Parvenu à l'âge de quinze ans, il
joua des solos dans les concerts, et se fit
admirer par sa hardiesse dans les traits diffi-
ciles. En 1824, il brillait encore à Liverpool.
On a gravé de sa composition une méthode
complète de flûte {New and complète flûte
preceptor). sept airs variés pour cet instru-
ment, plusieurs œuvres de duos pour deux
flûtes, des chansons anglaises, et des rondos
brillants pour le piano.
TOZZI (Antoine), compositeur, né à Bo-
logne, en 17-56, fut élève du P. Martini. Après
avoir achevé ses éludes, il composa beaucoup
de musique d'église, de chambre et de théâtre,
qui lui fit en peu de temps une brillante répu-
tation. En 1765, il entra au service du duc de
Brunswick, en qualité de maître de chapelle.
Parmi les ouvrages qu'il y écrivit, on cite YAn-
dromacca, en 1765, et le Rinaldo, en 1775.11
avait donné précédemment en Italie le Ti-
grane, en 1762, et Vlnnocenza vendicata,
l'année suivante. Après la mort du duc de
Brunswick, il alla écrire, à Munich, la Serva
astuta,en\785, puis il se rendit en Espagne, et
donna au théâtre de Barcelone la Cacciad'En-
rico IV, en 1788; Orfeo, en 1789; l'oratorio
Sauta Elena al Calvario, en 1790, à Madrid,
où il avait accepté la place d'accompagnateur
au clavecin, et, en dernier lieu, Zemire et
Azor, à Barcelone, en 1792. II retourna en-
suite à Bologne, où il vivait encore en 1812.
Tozzi avait été élu membre de l'Académie des
Philharmoniques de Bologne, en 1761 ; il fut
prince de cette société, en 1769.
TRABACCI(Jean-Maiwi:), organiste de la
chapelle royale de Naples, né dans la dernière
moitié du seizième siècle, a fait imprimer de
sa composition : 1° Ricercari per l'organo,
libro primo; Naples, 1603, in-fol. 2° Jllibro
primo Je' madrigali a cinque voci; Venise,
Gardane, 1608, ô11 Ilsecondo libro de' madri-
£43
TRABACCI - TRAEÏTA
gali a cinque voci; ibid. 4° Ricercari per
l'organo; Naples, 101G, in-fol.
TRABATTONE (Égide), organiste de
l'église Saint- Victor, à Yarèse, dans le Mila-
nais,au commencement du dix-septième siècle,
a fait imprimer de sa composition : 1° Messe,
moletli, magnificat, fahi bordoni et litanie
délia B.V.a qtiallro e seivoci, Milan, Georges
Roi la ,1625. 2° Messa, Salmi con Litanie délia
Beata Virgine a 5 voci, op. 6; ibid., 1G38.
Les autres ouvrages de cet artiste me sont in-
connus.
Un autre musicien, nommé Barlholomê
Trabattone , vraisemblablement de la même
famille, a publié deux oeuvres de sa composi-
tion dont je n'ai pas trouvé les litres dans les
catalogues des grandes collections. Ce musicien
ne m'est connu que par un ouvrage posthume
intitulé : Teatro musicale, opéra postuma
data in luec da Carlo Jmbrogio Rotondi .
musico delta Metropola di Milano, op. 3,
dove sono Mottetti, Messe, Salmi, Litanie
délia Beata Virginie a quatlro voci ; Milano,
per Francesco Figone, 1083, in-4".
TRADIÏT (Paul), compositeur de l'école
romaine, maître de chapelle de l'église Saint-
.Tacques et Saint-Alphonse des Espagnols, à
Rome, au commencement du dix-septième
siècle, est connu par l'ouvrage intitulé :
Salmi, Magnificat, con le quatlro antifone
per i vespri a otto voci; Rome, 1020,
in-fol.
TRAEG (André), compositeur à Vienne,
dans les dernières années du dix-huitième
siècle, a publié six fantaisies pdur flûte,
op. 1 ; Vienne, 1798, et a laissé en manuscrit
six symphonies à grand orchestre, îles chan-
sons allemandes et des danses.
TRAEG (Jean), parent du précédent et
marchand de musique à Vienne, a publié, en
1799, un bon catalogue de son assorlissement,
en trois cents pages in-8°, où l'on trouve l'in-
dication de beaucoup d'oeuvres de musique
d'église et autres en manuscrit.
TRAEG (Antoine), violoncelliste, fils
d'André, né à Vienne, en 1818, commença
l'étude de la musique dès l'âge de six ans, et
suivit pendant plusieurs années les cours du
Conservatoire de celle ville, où il reçut des
leçons du professeur Merk (voyez ce nom). Le
28 février 1845, il fut nommé professeur de
violoncelle au Conservatoire de Prague; mais,
par des motifs inconnus, il quitta celle posi-
tion à la fin du mois d'avril 1852, pour re-
tourner à Vienne, où il est mort, le 17 juillet
1800, à l'âge de quarante-deux ans. Cet artiste
a publié, à Vienne et à Prague, quelques com-
positions pour son instrument.
TRAEGER (....), professeur de dessin do
l'école de Bernebourg, en 1792, a inventé lia
instrument à clavier et à frottement auquel il
donnait le nom de Stahlclavier (clavecin
d'acier), dont on trouve la description dans le
journal de musique de Berlin intitulé (Berliner
musihalische Monatschrift (p. 24). Cet in-
strument était composé de tiges métalliques
mises en vibration par le frottement d'un
ruban enduit de colophane, mil par une pédale
à manivelle, au moyen de la pression opérée
par les louches d'un clavier.
TRAETTA (Thomas) célèbre compositeur
de l'école napolitaine, naquit le 19 mai 1727,
à Bilonlo, dans le royaume de Naples (I).
Admis au Conservatoire de Lorelo, à l'âge de
onze ans, il y devint élève de Durante (2).
Après dix années d'étude, l'instruction de
Traella, dans toutes les parties de la musique,
se trouva complète : il sortit du Conservatoire,
en 1748, se livra à l'enseignement du chant, et
composa pour les églises et les couvents de
Naples des messes, vêpres, motels el litanies,
qu'on y trouve encore en manuscrit. En 1750,
son opéra sérieux Ll Farnace fut représenté
au théâtre Saint-Charles, et obtint un succès
si brillant, qu'on lui demanda pour la même
scène six opéras qui se succédèrent sans in-
terruption. Appelé à Rome, en 1754, il y
donna au théâtre Aliberti l'Ezio, considéré à
juste titre comme un de ses plus beaux ou-
vrages. Dès lors sa réputation s'étendit dans
toute l'Italie; Florence, Venise, Milan, Turin
se le disputèrent el applaudirent à ses succès;
mats des propositions avantageuses qui lui fu-
rent faites par le duc de Parme en arrêtèrent
fl) Corber ayant dit, dans son premier Lexique dos
musiciens, que Tractla naquit à Naples vers 1738 («m
■las Jalir 1738), Choron et Ta vol le, en le copiant dans
leur Dictionnaire historique des musiciens, ont fixé la
ilalc de la naissance de ce enmposileur à la même année,
et ont été suivis par tous les biographes. I.e lieu et la
date que j'indique se trouvent au lias d'un portrait
gravé à Lon Ires par Ghinocchi, en 1770, pendant le
séjour de Traelta en celle ville.
(2) Dans la première édition de celle biographie, j'ai
suivi les renseignements recueillis à Naples, par Rur-
ney, sur les conservatoires el sur les mailres qui y ont
enseigné, ainsi que sur les plus célèbres artistes qui s'y
sont formés. Dumey tenait ces renseignements de Har-
bella, cléic de Léo (Voyez The présent slate nf Music in
France and liait/, p. 366) i mais le marquis de Villarosa
parait avoir puisé à des sources plus authentiques, pour
l'histoire de ces écoles et des maitres qui les dirigeaient :
je lai pris pour guide dans celle nouvelle édition, tou-
tefois avec la réserve nécessaire.
TRAETTÂ
249
le coins, car il accepta le litre de maître de
chapelle de ce prince, et fut chargé d'enseigner
l'art du chant aux princesses de la famille du-
cale. Lahorde (\\i(Essai sur la musique, t. III,
page 239, que Traelta changea dès lors son
slj le, et <|n'il imita, dans ses opéras, le goût
français, qui était celui de la cour de Parme.
Je n'ai pu vérifier l'exactitude de ce fait sur
les opéras composés dans celte ville; mais
je n'ai trouvé aucune trace de ce style dans
VArmida, ni dans l'Jfigénia, qu'il écrivit à
Vienne à la même époque (1760), et dont j'ai
examiné avec attention les partitions à la
bibliothèque du Conservatoire de Naples.
Le premier ouvrage composé à Parme par
Traelta fut fppolito ed Aricia, représenté en
1759, et repris en 1765, pour le mariage de
l'infante de Parme avec le prince des Asluries.
Son succès fut si brillant, que le roi d'Espagne
accorda une pension au compositeur, en té-
moignage de sa satisfaction. Dans la même
année (1759), Traelta fut appelé à Vienne pour
y écrire VJfiyenia, un de ses plus beaux ou-
vrages. De retour à Parme, il y donna la Sofo-
nisba. Une anecdote relative à cet ouvrage
parait être l'origine de ce que rapporte La-
borde concernant la transformation du style
«le ce compositeur pendant son séjour à
Parme. Dans une situation dramatique où
l'accenld'un personnage devait être déchirant,
Traelta crut ne pouvoir mieux Faire que
d'écrire au-dessus de la noie ces mots : un
urlo francesc (x\n cri français). Après la So-
fonisba, il retourna à Vienne pour y com-
poser VArmida, qui est aussi considérée
comme une de ses plus belles partitions. Cet
opéra et VJfiyenia furent joués ensuite dans
presque toute l'Italie, e't accueillis avec enthou-
siasme. Après la mort de l'infant don Philippe,
duc de Parme, au mois de décembre 1765,
Traelta fut appelé à Venise, pour y prendre la
direction du Conservatoire appelé VOspeda-
letlo; mais il ne garda celle place que deux
ans, ayant consenti ;ï succéder à Galuppi
comme compositeur à la cour de Catherine,
impératrice de Russie. Il partit au commence-
ment de 1768 pour Pélersbourg, et Sacchini
{voyez ce nom) lui succéda à l'Ospedalelto.
La plupart des biographes disent que le len-
demain de la première représentation de la
Didone abbandonata, l'impératrice de Russie
envoya à Traelta une tabatière en or ornée de
son portrait, avec nri billet de sa main où elle
disait que Didon lui faisait ce cadeau : on a
confondu dans cette anecdote Traelta et Ga-
luppi qui avait écrit, quelques années aupara- |
vant, un opéra sur le même sujet à Pélers-
bourg, et çui reçut en effet ce message de
l'impératrice. La Didone de Traelta avait été
composée à Parme, en 1764.
Après sept années de séjour à la cour de
Catherine II, cet artiste célèbre, sentant sa
santé affaiblie par la rigueur du climat, de-
manda son congé, qu'il n'obtint qu'avec peine,
et s'éloigna de la Russie, vers la fin de 1775,
pour allerà Londres, où l'avait précédé le bruit
de ses succès. Mais soit que le sujet de l'opéra
qu'on lui avait confié dans cette ville ne l'eut
pas inspiré, soit que le mauvais étal de sa
santé n'eût pas laissé à son talent toute sa vi-
gueur, son drame de Germondo, représenté
au théâtre du roi, au printemps de 1780, ne
parut pas digne de sa haute réputation. Le
froid accueil fait à cet ouvrage et à un recueil
de duos italiens qu'il fit graver à Londres vers
le même temps, le décida à quitter celte ville,
dans la même année, el à retourner en Italie,
où il espérait retrouver des forces. Mais dès ce
moment, sa santé fut languissante. Il écrivit
encore quelques opéras à Naples et à Venise,
mais on n'y trouvait plus le même l'eu que
dans ses anciennes productions. Le 6 avril
1779, il mourut à Venise (I), avant d'avoir
atteint l'âge de cinquante-deux ans.
Doué au plus haut degré du génie drama-
tique; plein de vigueur dans l'expression des
sentiments passionnés; hardi dans les modu-
lations, et plus enclin que les musiciens ita-
liens de son lempsà faire usage de l'harmonie
chromatique de l'école allemande, Traetla pa-
rait avoir conçu la musique de théâtre au point
de vue où Gluck s'est placé quelques années
plus tard, sauf la différence des tendances
mélodiques, qui sont plus marquées dans les
œuvres du compositeur italien que dans les
productions de l'auteur allemand. Dans le
pathétique, Traelta atteint quelquefois le su-
blime, comme on peut le voir dans l'air de
Semiramidc qui a été inséré dans la Méthode
de chant du conservatoire de Paris (p. 274
et suiv.). Quelquefois il oubliait que le goùl de
ses compatriotes répugnait alors à ces accents
énergiques, et qu'ils préféraient la mélodie
pure au partage de leur attention entre la mé-
lodie et l'harmonie; mais lorsqu'il apercevait
dans son auditoire la fatigue de celte atten-
tion, pendant les premières représentations de
ses ouvrages, où il était assis au clavecin, con-
vaincu qu'il était du mérite et de l'importance
de certains morceaux, il avait l'habitude de
(I) Voyez Moscluni, Délia telteratura veneziana dcl
secolo XVIII, p:irl. lit, p. 208.
250
TRAETTA - TRASUNTINO
s'adresser aux spectateurs en leur disant: 57-
gnori,badate a questo pezzo (Messieurs, failes
attention à ce morceau), et le public applau-
dissait presque toujours à celte expression
naïve du juste orgueil d'un grand artiste.
Les litres de tous les opéras de Traetla ne
sont pas connus : voici ceux que j'ai pu re-
trouver : 1° Farnace, à Naples, en 1750.
2° / Pastori felici, ibid., 1753. 3° Ezio, à
Rome, 1754. ô° (bis) Le Nozze contraslale,
en 1754. 4° Ll Buovo d'Anlona, à Florence,
1756. 5° Ippolitoed Aricia, à Parme, 1759.
C° Ifigenia in Aulide, à Vienne, 1759.
7° Stordilano , principe di Granata, à Parme,
1760. 8° Armida, Vienne, 1760. 9° Sofo-
nisba, à Parme, 1761. 10° La Francese à
Jflalag fiera, à Parme, 1762. 11° Didone ab-
bandonala, ibid., 1764. \19 Semiramide ri-
conosciuta, 1765. 13° La Serva rivale, Ve-
nise, 1767. 14° Amore in trappola, ibid.,
1768. 15° L'Isola disabitata, à Pélersbourg,
1769. 16° L'Olimpiade, ibid., 1770. 17°^»-
tigone, ibid., 1772. 1S°Germondo,î\ Londres,
1776. 19° Il Cavalier errante, à Naples,
1777. 20" La Disfalta di Dario, ibid., 1778.
21" Ar tentée, à Venise, 1778. On trouve du
même compositeur , au Conservatoire de
Naples, un Stabat mater à quatre voix et or-
chestre, ainsi que des leçons pour les matines
de Noël, et une partie de la Passion, d'après
saint Jean. Je possède le manuscrit original
d'un oratorio de Salomon, en langue latine,
écrit à Venise, en 1766, par Traella, pour les
élèves du conservatoire de VOspedaletto. On
sait qu'il n'y avait que des jeunes filles dans
ce conservatoire : l'oratorio est en deux
parties, à cinq voix de soprano et de contralto,
et l'on trouve écrits de la main de Traetla les
noms des élèves qui chantèrent l'ouvrage.
Quelques-uns de ces noms sont devenus cé-
lèbres; ce sont -.Salomon, la signora Vertra-
min ; Abialar, la sig. Mcssana; Jadoeh, la.
sig. Pasquate; Adon, Francesca Gabrieli; la
reine de Saba, Laura Conti.
TRAMEZZATU (Uiomiuo), né à Milan,
vers 1776, avait reçu de la nature une bonne
voix de ténor, que l'étude et les leçons de Mar-
chesi perfectionnerent.il débuta sur la scène,
en 1800, et après avoir chanté avec succès sur
plusieurs théâtres d'Italie, particulièrement à
celui de la Scala, à Milan, au printemps et à
l'automne de 1806, il partit, au mois de mars
de l'année suivante, pour le Portugal, et brilla
à Lisbonne pendant deux ans. Appelé à Lon-
dres, en 1809, il y fut attaché au théâtre du
Roi jusqu'en 1814, puis retourna en Italie, et
se fil entendre à Turin, puis à Milan, en 1815,
1816 et 1817. J'fgnore quelle a été la suite de
la carrière de cet artiste.
TRAMPELI (Jean-Paul, Chuétien-Guil-
lau-tie et Jeas-Gottlob), célèbres constructeurs
d'orgues, étaient frères, et vécurent vers la fin
du dix-huitième siècle, à Adorff, petite ville
de la Saxe électorale. En 1794, il avaient ter-
miné leur cinquantième orgue. Leurs ou-
vrages principaux sont : 1° L'orgue de Markt-
Selb, en 1763; 2° Celui de l'église de Saint-
Nicolas, de Leipsick, 1790-1793; 3° Celui de
la nouvelle église de Zutzschen, 1794.
TRATVCOAIHT (Camille), professeur de
piano à Paris, n'a pas fait ses études musi-
cales au Conservatoire de celte ville. Je ne le
connais que par un petit écrit intitulé : De
l'Enseignement de la musique en général, et
du piano en particulier; Paris, Chabal,
1846, in-8" de seize pages.
TRAIXSCUEL (Christophe), compositeur
et claveciniste, naquit à Brunsdorf, près de
Rosbach, en 1721. Après avoir fait ses éludes
au collège deMersebourg, oùil reçut des leçons
de musique de Fœrster, maître de concerts, il
alla suivre les cours de philosophie et de théo-
logie à l'université de Leipsick. Pendant son
séjour dans celte ville, il fut reçu dans l'inti-
mité de J.-S. Bach, qui le guida par ses con-
seils. Il ne s'éloigna de Leipsick qu'en 1755,
pour aller se fixer à Dresde, où il se livra à
l'enseignement du clavecin d'après les prin-
cipes de l'école de Bach. Il écrivit aussi des
sonates et des polonaises pour le clavecin, qui
n'ont point été gravées, mais dont les copies
ont été répandues en Allemagne. Cet artiste
estimable est mort en 1800, à l'âge de
soixante-dix-neuf ans. Il avait rassemblé
une belle collection de livres relatifs à la
musique, d'oeuvres classiques et de portraits
de musiciens qui ont été dispersés après sa
mort.
TRASCTÎTEYO (Vido ou Guido), ou
TRASU^TEX, suivant l'orthographe véni-
tienne, facteur d'instruments à Venise, né
vers le milieu du seizième siècle, a construit
en 1606, pour Camille Gonzague, comte de
Novellara, un clavecin très-ingénieux, qui
s'est conservé jusqu'à ce jour, et qui a passé
dans le cabinet de l'abbé Baini, maitre de la
chapelle pontificale. Cet instrument, dont
l'étendue est de quatre octaves, est destiné à
jouer dans les trois genres diatonique, chro-
matique et enharmonique. Chaque octave est
divisée en 31 touches, et la totalité du clavier
en renferme 125. Son mécanisme est exécuté
TRASUNTINO - TRAVENOL
251
avec beaucoup de soin, et l'on y trouve cette
inscription :
SOLVS
CAMILIVS GONZAGA H0YEUAB1AE COMES
CIAVEMYSICVM OMNITONVtl
J10DVUS DIATONIUS, CIIBOM ATICIS , ET EKBARMONICIS
A DOCTO MANV TACTVM
INSIGNE
WTO DE TBASCNTINIS VEHETO AVCTORE
JIDCVI.
te comte Giordano Riccati cite un clavecin
qui porte le nom de Trasuntini, et qui est
daté de 1559 (Délie corde ovvero fibre élas-
ticité, préface, p. xm) : il est vraisemblable
que cet instrument a été construit par un autre
facteur du même nom, plus ancien, et peut-être
père de Vito; car Thomas Garzoni parle (dans
sa Piazza universelle di tulte le professioni
del mondo, Discorso 156) d'un 3fesser Giulio
Trasuntino, qui fut d'une rare habileté dans
la construction des harpicordes, manocordes,
clavecins, etc. (Degli instrumenti da penna
c'hanno le corde di ferro, d'acciaro, et d'ot-
tone corne sono arpicordi, manocordi , cla-
vicembali et cithare nella compositions de
quali è stato eccellente Messer Giulio Tra-
suntino.)
Fioravanli ne donne pas moins d'éloges à
Guido Trasuntino; il est même plus explicite
dans son Miroir de science universelle :
« Dans l'art de la fabrication des harpicordes,
» dit-il, des clavecins, orgues et régales, Guido
» Trasunlin est homme de tant de connais-
» sances et d'expérience, que le monde s'émer-
» veille à l'audition de ses instruments, parce
» que leur mélodie et harmonie dépassent
« celles de tous les autres, et il rend divins et
» rares ceux qui, faits par d'autres, sont dé-
« pourvus de ces qualités, ainsi que cela se
» voit en plusieurs lieux dans Venise (1). »
TRAUTMANN (Hemu), cantorh Lindau,
au commencement du dix-septième siècle, na-
quit à Ulm. Il s'est fait connaître par un traité
élémentaire de musique intitulé ïCàimpendium
musicx latino-germanicum in usum schoLv
lindaviensis maxime accomodalum, Remp-
loi), 1618, in-4°.
TRAUTMAIXN (Edouard), né le 2 octobre
1799, à Parchwitz, dans la Silésie, apprit de
son père, cantor à OEls, les premiers éléments
(1) Guido Trasunlin nell' arlc d'arpicordi, claviccm-
bali , iorgani, et rrgaii, é huomo di tanta et dutlrina
esperientia, clic il mondo si maraviglia in udire de
suoi instrumenti : percioche di melodia et armonia
passano tutti gli altri : et quelli clic da altri sono
fatli senza armonia egli si acconcia, et gli falti divini et
rai i, corne benc in Vcnetia si vede in divers! luoghi
[Spccckio di Scienlia universale, fol. 273).
de la musique, du piano et de la littérature.
En 1817, il fut admis au séminaire des insti-
tuteurs catholiques à Breslau. Il devint élève
de Schnabel et de Lukas, et acquit, sous leur
direction, une instruction solide dans l'har-
monie et dans l'art de jouer de l'orgue. Lors-
que ses études furent terminées, plusieurs
places d'organiste et d'instituteur lui furent
offertes à Warlha, à Eruhl et dans d'autres
lieux; mais il les refusa, et se fixa à Culm, en
Prusse, où il se livra à l'enseignement du
chant. Il y occupa aussi la place d'organiste
de l'école militaire, et y dirigea une société de
chant. Il a écrit beaucoup de messes, offer-
toires, graduels et antiennes ou hymnes à qua-
tre voix, des thèmes variés pour violon, avec
piano ou quatuor, quelques solos pour le même
instrument avec orchestre ou quatuor, des
mélodies chorales à quatre voix, quelques pe-
tites compositions pour le piano, et plusieurs
recueils de chansons allemandes à voix seule.
TRAUTNER (Jean-Albert), organiste à
Hofmarktvorra (village de la Bavière où se
trouvait une abbaye de bénédictins), à la fin
du dix-huitième siècle, a publié de sa compo-
sition : 1° Trio pour clavecin, violon et violon-
celle, Nuremberg, 1796. 2° Recueil de pièces
diverses pour le piano, ibid. 5° Recueil d'airs
et chorals.
TRAUTSCH (le P. Léonard), compositeur
de musique d'église, naquit en Bavière, dans
l'année 1693, fit ses vœux ait couvent de béné-
dictins de Tegernsée, et y mourut en 1762. Il
a laissé en manuscrit beaucoup de messes,
graduels, offertoires, etc., et a publié : Ves-
perse de Dominica ac B. V. Maria, cum
residuis psalmis per annam passim occar-
rentibus, Augsbourg, 1737, in-fol. Toutes ces
productions sont médiocres.
TRAVENOL (Louis), violon de l'Opéra
de Paris, né dans cette ville vers 1698, entra à
l'orchestre de ce théâtre au mois d'avril 1739,
avec des appointements de quatre cent cin-
quante livres , fut augmenté de cinquante
francs en 1750, et eut une gratification an-
nuelle de cent francs qui fut convertie plus
lard en appointements, et qui porta son trai-
tement à six cents francs dans les dernières
années. Retiré en 1759 avec la pension, il
mourut à Paris, en 1783, âgé de quatre-vingt-
cinq ans. II a fait graver à Paris un oeuvre de
douze sonates pour le violon, où l'on remarque
du mérite.
Esprit bizarre et tracassier, Travenol n'était
point aimé des autres artistes de l'Opéra; il
fut mêlé dans quelques mauvaises affaires.
2o2
TRAVENOL — TRAXDORFF
Lorsque Voltaire fut admis à l'Académie fran-
çaise, beaucoup de libelles fuient publiés
contre lui : Travenol, accusé de les avoir col-
portés, fut arrêté, et par une injustice fla-
grante, son père, âgé de quatre-vingts ans, fut
aussi conduit au For-1'Évêque; mais on fut
obligé de le relâcher après cinq jours de dé-
tention. Ce vieillard ayant demandé en justice
réparation du mal qui lui avait été fait, la
cause fut portée au parlement de Paris, et
Voltaire fut condamné à payer cinq cents
francs de dommages et intérêts. Celle circon-
stance, favorable à Travenol lui-même, le fit
mettre en liberté (I). Cette leçon ne le rendit
pas plus sage, car il eut des querelles très-
vives avec ses camarades, et publia contre eux
un pamphlet intitulé : Les Entrepreneurs en-
trepris, ou Complainte d'un musicien op-
primé par ses camarades, en vers et en prose,
suivie d'un mémoire pour le sieur Trave-
nol, etc., Paris, 1758, in-4°. Une satire qu'il
avait publiée sous le voile de l'anonyme, fut
l'origine de ces discussions; elle avait pour
litre : Requête en vers d'un acteur de l'Opéra
au prévôt des marchands (sans nom de lieu),
17:58, in- 12. C'est à la suite de ces discussions
que Travenol fut mis a la pension. Deux ans
après sa sortie de l'Opéra, il fit paraître une
autre brochure, sous ce titre : Observations
du sieur Travenol, pensionnaire de l'aca-
démie royale de musique, sur les frivoles mo-
tifs du refus que fuit le sieur Joliveau, cais-
sier de ladite académie, de lui payer sa
pension, adressées à M. le comte de Saint-
Florentin, ministre et secrétaire d'Etat.
Sans nom de lieu («le l'imprimerie de Didot, à
Paris, 1701, in-8"). Ses créanciers avaient
saisi sa pension de quatre- vingt-sept livres
dix sous par trimestre; il invoque en sa faveur,
dans ce mémoire, un arrêt du conseil, du
G août 1745, qui déclarait insaisissables les
pensions des acteurs, musiciens et employés
de l'Opéra. Il dit aussi qu'il était alors âgé de
soixante-trois ans, et que sa pension était la
seule ressource qu'il eût pour son entretien cl
celui de sa sœur, plus âyée que lui.
Travenol se montra un des plus ardents
défenseurs de la musique française lorsqu'elle
fui attaquée par la célèbre lettre de J.-J. Rous-
seau (voyez ce nom). Il publia sur ce sujet deux
pamphlets dont le premier a pour titre : Arrêt
duconscil d'Etal d'Apollon, rendu en faveur
de l'orchestre de l'Opéra, contre le nommé
J.-J. Rousseau, copiste de musique, etc.,
(I) Voyez Paillet de Warcy. flianUe Je !a i ic cl Jet
cuiragn de Voltaire, I. I, p. 78-73.
Paris, 1754, in-12. L'autre est intitulé : La
Galerie de l'Académie royale de musique,
contenant les portraits en vers des princi-
paux sujets qui la composent en la présente
année 1754,, dédiée à J.-J. Rousseau, Paris,
1754, in 8°. La plupart des petits écrils cités
précédemment ont été réunis par Travenol
dans le recueil qui a paru sous ce litre : Œu-
vres mêlées du sieur ***, ouvrage en vers et
en prose, etc., Amsterdam (Paris), 1775, in 8".
Ce musicien fut chargé par le président Durey
de Noinville (voyez ce nom) de faire la compi-
lation des matériaux de son Histoire du théâtre
de l'Opéra; il les lira en grande partie d'une
L/istoire de l'Académie royale de musique,
et de Mémoires pour servir à l'histoire de
cette Académie, ouvrages d'un employé de
l'Opéra, qui sont restés en manuscrit, el se
trouvent dans ma bibliothèque. Enfin Travenol
est auteur de plusieurs écrits relatifs à la franc-
maçonnerie et de pamphlets contre Voltaire,
dont on trouve les titres dans la France litté-
raire de M. Quérard (tome IX, page 554).
TRAVERS (Jean), musicien anglais, fit
ses premières éludes musicales dans la chapelle
de Saint Georges, à Windsor, et acheva de s'in-
struire sous la direction de Greene. Vers 1725
il obtint la place d'organiste à l'église de Saint-
Paul, puis il remplit les mêmes fondions à
Fulham, pendant quelques années. En 17Ô7,
il fut nommé organiste de la chapelle royale.
Il mourut en 1758, et eut lloyce pour succes-
seur. Les livres de la chapelle royale d'Angle-
terre contiennent plusieurs antiennes com-
posées par Travers. Il a mis en musique tons
les psaumes, el les a publiés sous ce lilre : The
ichole bool; of Psalms for 1, 2, 5,- 4 and
5 voices, ivilh a thorouylt-bass for the harp-
sichord. Londres, 174G, 2 parties, in-4".
TRAVERSA (Joaciii.u), violoniste pié-
monlais, fut élève de Pugnani, et obtint le
litre de premier violon du prince de Carignan,
Il brilla au concert spirituel de Paris, en
1770. On admirait la belle qualité de son qu'il
(irait de l'instrument, l'expression de son jeu,
cl sa facilité dans les traits. On a gravé de sa
composition : 1° Six quatuors pour deux vio-
lons, allô et basse, op. 1, Paris, Huel, 1770.
2° Six sonales pour violon seul el basse, op. 2,
ibid. 3° Six quatuors d'airs connus variés pour
violon, op. 4, ibid. 4° Concerto pour violon et
orchestre, op. 5, Paris, Bailleux.
TRAXDORFF (Humii), un des plus an-
ciens fadeurs d'orgues connus , vivait à
Mayence, vers le milieu du quinzième siècle.
En 1443, il construisit à Nuremberg trois
TRAXDOÎIFF - TRENTO
2SÎ
instruments dont on n'a pas conservé l'indica-
tion. En 14C9, il fit l'ancien orgue de l'église
de Sainl-Sebald, de la même ville, dont le cla-
vier manuel n'était composé que de deux oc-
taves et trois demi-tons, mais qui avait un
clavier de pédale d'une octave. Vers le même
temps, il fit aussi dans celle ville l'orgue de
l'église de Notre-Dame, dont le clavier manuel
avait la même étendue, mais qui n'avait pas
de pédale. On cite du même artiste l'ancien
orgue de l'église Sainte-Marie, à Lubeck, con-
struit en 1492; mais il est plus douteux qu'il
en ait élé l'auteur.
TllERLIN (Daniel-Frédéric), conseiller
dédouane à Ralihor, en Silésie, et amateur de
musique, naquit en 1751, et mourut le 12 dé-
cembre 1805. On a gravé de sa composition :
1° Divertissements de danse pour piano, Rali-
bor, chez l'auteur, 1799. 2° Chansons écos-
saises avec accompagnement de piano, ibid.,
1800. 5" Danses pour le carnaval de 1804, pour
piano et flûte, ibid., 1804.
TRETBER (Jean-Frédéric), lecteur de
l'école d'Arnsladt, né en 164 1, mourut en
1719. Il a publié, pour l'usage de l'école qu'il
dirigeait, un recueil d'hymnes avec mélodies et
basse continue, sons ce litre : Pièces et hymni
hjcei Schwartsburgi Arnsladiensis , cum
melodiis et numeris musicis, elc. Typis Arn-
stadiee, Nic.Rachmann, 1 004, in-8" de soixante-
dix-huit pages. On a aussi de Treiber un
programme intitulé : De Musica Davi-
dica, itemque discursibus per urbem mu-
sica noclurnis, Arnsladt, 1701, huit pages
in-4°.
THEIBEK (Jean-Philippe), fils du précé-
dent, né à Arnsladt, le 2 lévrier 1675,. fut sa-
vant jurisconsulte, avocat et bourgmestre à
Erfurl. Il avait étudié la composition à Arn-
sladt, chez le maître de chapelle Adam Dresen.
Il mourut à Erfurt, le 9 août 1727, à l'âge de
cinquante deux ans. Les ouvrages de ce savant
relatifs à la musique sonl les suivants : 1° Son-
derbare Invention, eine einzige Arie ans
allen Tonen und Accordai, etc. (Invention
remarquable pour composer un air dans lous
les tons et avec les accords, dans toutes les
mesures, elc); Jéna, 1702, in fol. Celle in-
vention est vraisemblablement de même es-
pèce que celles qui ont été reproduites plus
lard par Kirnherger, Calegari el autres. 2"/?er
accurate Organist in Generalbass, dus ist,
eine neue, deulliche und vollstxndige An-
weistmg zum Gencralbass, etc. (L'organiste
exact dans la basse continue, contenant une
introduction nouvelle, claire el complète à la
science de l'harmonie, etc.); Arnsladt, 1704,
in-fol. de sept feuilles.
TREMBLE Y (Jean), né a Genève, en 1749,
fut avocat dans sa ville natale. Élève de
Ch. Ronnet, il cultiva les sciences avec succès
et fu t correspondant de l'Académie des sciences
de Berlin, à laquelle il a fourni un grand
nombre de mémoires sur divers sujets de phi-
losophie et de mathématiques, entre autres
celui-ci : Observations sur la théorie du son,
et sur les principes du mouvement des
fluides (Mémoires de l'Académie de Merlin,
1801, p. 33).
TRENTXN (l'abbé Grégoire), né à Venise,
a inventé, en 1820, un piano à sons soutenus,
auquel il donnait les noms de violicembalo oa
de pianoforte organistico, et qu'il mit à l'ex-
position des produits de l'industrie à Milan, en
1821. Une médaille lui fut décernée pour celle
invention qui n'était pas nouvelle, et qui,
d'ailleurs, ne donnait pas de résultais satisfai-
sants; car, ainsi que le grand piano double
mis à l'exposition de Paris, en 180G, par
Tobie Schmid (voyez ce nom), ainsi que le
Polyplectron de Dielz.le Pianoviole de Licli-
lenlhal, et d'autres, l'instrument de l'abbé
Trenlin n'avait pas d'analogie avec le son des
instruments à cordes, mais avec la vielle dans
les octaves supérieures, et avec les sons d'un
violoncelle avec sourdine dans la basse. Les
essais qui furent fails à Milan de l'instrument
dont il s'agit n'eurent aucun succès.
TRENTO (Vittorio), compositeur drama-
tique, né à Venise, en 1701, lit ses premières
éludes musicales dans une église de celle ville,
puis devint élève de Rerloni. D'abord attaché
au théâtre Saint -Samuel en qualité d'accom-
pagnateur, il passa ensuite à celui de la Fe-
nice, pour y remplir les mêmes fonctions.
A l'âge de dix-neuf ans, il commença à écrire
quelques ballets, tant à Venise que dans les
autres villes de l'État vénitien et de la Lom-
bardie. Son premier ouvrage en ce genre fut
Mastino délia Scala, représenté à Venise, en
1783.11 en composa ensuite beaucoup d'autres
au nombre desquels on cite : La f'irlù rico-
nosciula, à Vérone, en 1785 ; Enrichetla e La
Valeur j à Venise, en 1788; Il Seraglio ossia
d'equivoco in equivoco, ibid., 1788 ; La
Fofza delV amore, ibid., 1789, qui fut joué à
Londres, en 1797, sous le titre 77ic triumph of
love; Demofoonte, à Padoue, 1791 ; Il Fiam-
mingo, ibid., 1791 ; La Scoperla délia Flo-
rida, à Venise, 1792. Teresa vedova fut le
premier opéra de Trento représenté à Venise
avec succès ; cel ouvrage fut suivi de le CognatQ
254
TRENTO — TREU
in conlesa, joué à Padoue, à l'automne de 1 70 1 .
Trenlo alla ensuite écrire à Rome Andro-
meda, en deux actes, qui fut suivi de l'Asino
di Trento, opéra bouffe. Florence, Parme,
Turin, Naples furent ensuite visitées par
Trento qui écrivit, pourlesthéâtresdecesvilles
et pour celui de Venise, les ouvrages suivants :
Le Astuzie di Fichetto ; I Vecchi delusi; Il
cucù scopre tutto; la Fedellà nelle selve; Ro-
bînsone secondo ; Lucrezia romana ; Ifigenia
in Aulide, jouée au théâtre Saint-Charles, le
4 novembre 1804, et attribué par Gerber à un
Pietro Trento qu'on ne connaît pas; Andro-
meda, opéra sérieux joué au théâtre Saint-
Charles, de Naples, le 50 mai 1803; la Foresta
di IVicolor,en un acte. Un Opéra italien ayant
été établi à Amsterdam, en 180G, Trento en
fut nommé directeur de musique, et y écrivit
la Donna giudice, opéra bouffe, et le Déluge,
oratorio qui fut exécuté avec pompe, en 1808.
Après quelques années de séjour en celte ville,
il partit pour Lisbonne, où il prit aussi la di-
rection de la musique à l'Opéra. Il y donna,
en 1815, Tutto per inganno, opéra bouffe qui
eut du succès. De retour en Italie, il écrivit à
Rome, pendant le carnaval de 1818, l'Equi-
voco di due anelli, et / Fratelli Maccabei,
joué à Rome au printemps de la même année.
Au carnaval de 1819, il donna à la Fenice de
Venise l'opéra bouffe Quanti casi in un sol
giorno, ossia gli Assasini, considéré à juste
titre comme la meilleure production de cet
artiste, et suivi, dans la même année, au même
théâtre, d'/i principe délia nuova China.
Après Le nuove Amazone, opéra joué à Rome,
au mois de février 1821, Trento fut rappelé
à Lisbonne, où il resta pendant trois ans,
chargé de la direction de la musique de l'O-
péra. De retour en Italie, dans l'été de 1824,
ri écrivit à Bologne, dans la même année,
Giulio Sabino in Langres. Après cette épo-
que, il disparait du monde musical : il était
alors âgé de fiô ans.
TI\ESTI (Flaminio), compositeur de musi-
que sacrée, né à Lodi, en 1565, a publié :
Concentus vespertini G vocum; Milan, 1590,
in-4". 2° Motectx 4 vocum; Francfort, 1610,
in-4°. Le catalogue de la Bibliothèque musicale
du roi de Portugal,. Jean IV, indique aussi sous
son nom Missx 8 vocum, lih. I, mais sans
date ni nom de ville.
TREU (Abadias), professeur de mathéma-
tiques à Allorf, naquit à Anspach, le 22 juillet
1597. Après avoir fini ses études, il remplit
les fondions de prédicateur en plu Si en rs lieux,
et en 1C25, il obtint la place de recteur de
l'école d'Anspacb; mais n'ayant pu rien
loucher de son traitement pendant trois ans, à
cause des malheurs de la guerre, il alla
prendre possession de la place de professeur
au collège d'Altorf, en 1636, et occupa cette
position jusqu'en 1G69, époque de sa mort. Ce
savant a laissé parmi ses ouvrages quelques
dissertations relatives à la musique, dont voici
les litres : 1° Janitor Lycei musici, inti-
matio et epilome; Rotenbourg, 1635. Il y a
une deuxième édition de cet écrit en latin et
en allemand, intitulée : Lycei musici inti-
malio et epitome, oder Kurzes musikalisches
Buchlein. 2° Disputatio de natura musicx,
1645. 3° Disputatio de causis consonantiw }
1643. 4° Disputatio de natura sont et au~
dilus, 1645. Ces ouvrages sont vraisemblable-
ment imprimés à Altorf. 5° Dissertatio de
divisione monochordi deducendisque in so-
norum concinnorum speciebus et a/fectibus
et tandem tota praxi compositionis mu-
siez, etc.; Altorfi, 1662, in-4°. 6° Directo-
rium mathematicum , ad cujus duclum et
informationem tota Malhesis et omnes
ejusdem partes, nominatif» arithmelica,
geometria, astronomia, geographia, optica,
harmonica, mechanicu methodice doceri et
facile disci possunt ; Allorf, 1657, in-4". Le
troisième livre contient un Compendium
Harmonica; sive canonica?.
TREU (Danikl-Théopiule), compositeur
distingué, naquit en 1695, à Stuttgart, où son
père était imprimeur de la chancellerie. Un
ouvrier de l'imprimerie lui donna les pre-
mières leçons de musique; plus tard il étudia
l'harmonie et le contrepoint sous la direction
de Cousser, musicien irlandais qui avait le
litre de mailre de chapelle du duc de Wurtem-
berg. Dès l'âge de douze ans, Treu se mit à
composer une immense quantité de musique
instrumentale et plusieurs opéras. Cependant
il atteignit l'âge de vingt et un ans sans avoir
pu donner une direction déterminée à son ta-
lent; mais la fête du prince lui ayant fourni
l'occasion de se faire entendre à la cour dans
un solo de violon, et d'y faire exécuter un
morceau de sa composition, le duc de Wur-
temberg lui fit don d'une somme d'argent
assez considérable pour qu'il pût se rendre à
Venise et y prendre des leçons de Vivaldi. Il y
étudia aussi la langue italienne, et, protégé
par le comte de la Tour et Taxis, il écrivit,
dit-on, pour les théâtres de Venise douze opéras
dont on n'a pas retenu les titres, et qui ne
figurent pas dans le tableau que nous possé-
dons des ouvrages représentés dans celte ville.
TREU - TRIAL
Q?iK
Matlheson assure aussi que la place de direc-
teur du lliéâlre de Sant' Angelo lui fut offerte
à Venise, mais qu'il préféra suivre, avec le même
titre, une société de chanteurs italiens qui
allait s'établir à Breslau, et, pendant les années
1725, 1726 et 1727, il fit représenter sur le
théâtre de cette ville quatre opéras de sa com-
position, savoir : Astarte, Coriolano, Ulisse
e Telemacco, et Don Chisciotte. En 1740, on
considérait encore ces ouvrages comme les
meilleurs qu'on eût entendus au théâtre de
Breslau. Appelé à Prague, en 1727, Treu y
dirigea les chapelles de plusieurs grands sei-
gneurs. En 1740, il était au service du comte
de Schaffgolsch, à Hirschberg. Ce renseigne-
ment est le dernier qu'on a sur la vie de cet
artiste et sur ses travaux. Outre les ouvrages
cités précédemment, Treu a laissé en manu-
scrit deux traités de musique en languelatine.
Le premier est une sorte de traité mystique de
la musique intitulé : Palatium harmonicum,
constans tribus portis vel divisionibus, etc.
Ce palais harmonique renferme trois cham-
bres, qui sont autant dedivisions de l'ouvrage.
L'autre livre est un Traité de musique spécu-
lative intitulé : Tractatus in musica univer-
sali. Il est divisé en deux parties, et chacune
de celles-ci en deux tomes. Matlheson, qui
cite ces ouvrages (musik. Ehrenpf., pp. 579
et 580), n'indique pas où ils se trouvaient de
son temps.
TREUBLUTH (Jean-Frédéric), facteur
d'orgues et de pianos de la cour de Saxe, na-
quit le 29 mai 1739, à Weiksdorf, dans la Lu-
sace supérieure. Fils d'un notaire de cette
ville, il montra peu de goût pour les études
littéraires, et fit voir de si heureuses disposi-
tions pour la mécanique et la facture des in-
struments, que son père le plaça, en 1754, chez
Tamitius, habile facteur d'orgues à Zittau. Les
progrès de Treubluth furent si rapides, que
lorsque Ilildebrand fut appelé à Hambourg, en
1760, pour y construire l'orgue de Saint-Michel,
considéré comme son chef-d'œuvre, il se fit
aider par lui. Ce fut aussi Treubluth qui ter-
mina les travaux de ce grand facteur à Dresde
et qui lui succéda après sa mort. Treubluth se
distingua par la construction des harmonicas à
clavier, et par une invention mécanique pour
le maintien de l'accord du piano.
TRIAL (Jean-Claude), compositeur, né à
Avignon, le 13 décembre 1732, apprit les élé-
ments de la musique dans la maîtrise de la
cathédrale de cette ville, et prit ensuite des
leçons de violon. Admis à l'orchestre du concert
d'Avignon, il quitta ensuite cette position
pour aller à Montpellier, où il devint élève de
Garnier pour son instrument. Il écrivit alors
des motets et des morceaux de violon où l'on
apercevait d'heureuses dispositions. Le désir
de connaître Rameau l'ayant amené à Paris, il
y trouva des moyens d'existence dans la place
de premier violon de l'Opéra-Comique et s'y fit
connaître par quelques ouvertures qui eurent
du succès. Dans le même temps, il entra chez
le prince deConti, en qualité de second vio-
lon ; mais bientôt ce prince lui confia la place
de chef de son orchestre. La protection dont
ce prince, ami des arts et des artistes, hono-
rait Trial, valut à celui-ci sa nomination de
directeur de l'Opéra , conjointement avec
Berlon, en 1767. Il mourut subitement, le
23 juin 1771, à l'âge de trente-neuf ans. Les
premières productions de Trial furent des ou-
vertures pour l'Opéra-Comique, des morceaux
de musique instrumentale, et des cantates
pour les concerts du prince deConti. Il a donné
à l'Opéra : 1° Sylvie, en trois actes (1765); la
musique du troisième acte est de Berlon.
2° Théonis, avec Berlon et Garnier, en 1767.
5° La Fête de Flore, en 1771. A la Comédie
italienne, il a faitreprésenler.EsopeàCi/fAère,
en 1766.
TRIAL (Antoine), frère du précédent et
acteur du théâtre d'opéra-comique appelé la
Comédie italienne, naquit à Avignon, en
1736, et fut d'abord enfant de chœur à l'église
cathédrale de sa ville natale. Après avoir
chanté sur plusieurs théâtres de province, il
se rendit à Paris, en 1764, etdébuta au lliéâlre
italien, le 4 juillet de la même année, par le
rôle de Bastien, dans le Sorcier, de Philidor.
Bon musicien, acteur intelligent et plein de
finesse, il sut faire oublier les défauts de sa
voix grêle et nasillarde, et créa en France, aux
applaudissements du public, l'emploi de
chanteurs sans voix auquel il a donné son nom,
dans l'opéra-comique. Cet emploi, qui appar-
tient au ténor, a été conservé dans presque
toutes les pièces de ce genre de spectacle, pen-
dant plus de soixante ans. Dans sa carrière
dramatique, dont la durée fut de trente ans,
Trial joua avec succès le Grand-Cousin, dans
le Déserteur; Ali, dans Zémire et Azor;
Crispin, dans la Mélomanie; André, dans
l'Épreuve villageoise; Thomas, dans Alexis
et Justine, etc. On prétend que le désir de
conserver la faveur populaire le jeta dans les
opinions exagérées des révolutionnaires, en
1793, et l'entraîna à partager les excès de
celte déplorable époque. A la réaction qui sui-
vit le 9 thermidor, on l'obligea à se mettre à
256
TRIAL - TRIEBENSÉE
genoux sur la scène cl à chanter le Réveil du
peuple, au bruit des sifflets et des insultes du
parterre. Le lendemain de celte scène scanda-
leuse, Trial, qui avait le litre d'officier muni-
cipal, chargé des actes de l'état civil de son
arrondissement, se présenta pour remplir ses
fonctions; mais repoussé comme indigne de
prononcer l'union conjugale, il rentra chez lui
désespéré, n'en sortit plus, et finit par prendre
«lu poison qui lui donna la mort, le 5 février
1795, à l'âge de cinquante-neuf ans.
TRIAL (Marie-Jeanne MILOIV, femme
«I'Antoine), naquit à Paris, le 1er août 1740,
et déhula au théâtre italien, le 15 janvier 17C0,
sous le nom «le mademoiselle Mandeville, par
les rôles ùc.Perrette, dans les Deux Chasseurs,
et de Lauretle , dans le Peintre amoureux.
Douée d'une voix légère, étendue, et d'une vo-
calisation naturelle et facile, elle inspira aux
compositeurs de son temps ridée des grands a trs
appelés à roulades, et brilla par ce talent dans
les rôles de la Rosière de Salenci, de la Belle
Arsène, de Lucetle dans la Fausse magie, et
de Léonore dans l'amant jaloux. Sa mauvaise
santé l'obligea à prendre sa retraite en 1786;
cependant elle ne cessa de vivre que trente-
deux ans après, le 13 février 1818.
TIUAL (Armand-Emmanuel), fils des pré-
cédents, naquit à Paris, le 1lT mars 1771.
Doué d'heureusesdisposilions pour la musique,
il se livra fort jeune à la composition, et fit
représentera l'âge de dix-sept ans, au théâtre
Favart, l'opéra-comiquc intitulé : Julien et
Colette, ou la Milice, en 1788. En 1791, il
donna Adélaïde et Mirval, et en 1792, les
Deux petits aveugles. En 1793, il fit jouer au
même théâtre Cécile et Julien, ou te Siège de
Lille, et l'année suivante, les Causes et les
Effets, pièce de circonstance qui ne réussit pas.
Il avait obtenu en 1797 la place d'accompa-
gnateur et de répétiteur au piano du théâtre
Lyrique. Sage et rangé dans sa jeunesse, Trial
changea de conduite en avançant en âge, et
finit par se livrer à des débauches qui causèrent
sa mort, le 9 septembre 180-3. Il avait épousé
Jeanne Rigoney Méon, actrice du théâtre Fa-
vart qui, fatiguée des mauvais traitements de
son mari, s'engagea dans une troupe de comé-
diens pour les colonies, et mourut à la Guade-
loupe.
THÏCARTCO (Josr.ru), compositeur ita-
lien, né à Manlouc, dans la première moitié du
dix-septième siècle, a fait représenter, en
1002, la Generosità d'Alessandro, à Vienne,
et en 1005, à Ferrare, l'Endimione.
TRICKLIR (Juan), violoncelliste distin-
gué, naquit à Dijon, en 1750. Destiné à l'étal
ecclésiastique, il entra fort jeune au séminaire
de cette ville; mais ayant acquis de l'habileté
sur le violoncelle, il prit un goût passionné
pour la musique, et dès l'âge de quinze ans,
il renonça à cet état et se voua uniquement à
l'élude de l'art. Le désir de perfectionner son
talent l'ayant conduit à Manheim, où vivaient
alors quelques artistes de mérite, il y passa
dois années, occupé d'études sérieuses, puis
voyagea en Italie. De retour en Allemagne, au
mois de mars 1783, il entra au service de
l'électeur de Saxe, et vécut à Dresde. Il y mou-
rut le 29 novembre 1813. Tricklir a eu, vers la
lin du dix-huitième siècle, la réputation d'un
des premiers violoncellistes de son temps. Il a
l'ait graver de sa composition : 1° Concertos
pour violoncellect orchestre, n°s 1,2,3, 4,5,0,
7, Paris, Sieber. 2° Six sonates pour violoncelle
et basse, ibid. On attribue à cet artiste l'in-
vention d'un Itlicrocosme musical, destiné à
conserver l'accord des instruments à cordes
pendant, les changements de température ;
mais ce procédé, qui n'atteignait pas vrai-
semblablement son but, n'a poinl eu de
succès.
TR1EBEL (J.-N.), professeur de musique
à Schnepfenthal, vers la fin du dix huitième
siècle, a laissé île sa composition, en manus-
crit : 1° Une année entière de musique d'église
pour les dimanches et fêtes. 2° En drame de la
Passion. 3" Vingt-quatre chœurs pour les
leçons de la Passion. 4° Soixante et onze mor-
ceaux «l'église pour les principales fêtes de
l'année. 5° Concerto pour la viole avec or-
chestre.
TRIEBE:\SÉE (Joseph), virtuose sur le
hautbois, naquit à Vienne vers 1700. Fils d'un
hautboïste du théâtre national, il recul de son
père «les leçons pour son instrument, el apprit
d'Albrechtsberger les principes de l'harmonie
et du contrepoint. En 1790, le prince de
Licbtenstein lui confia la direction «lésa mu-
sique, el s'en fit accompagner dans ses voyages.
Triebensée vécut longtemps chez ce prince, à
Felsberg. On ignore quelle a été la fin de sa
carrière. Les compositions de cet artiste sont :
1° Der rothe Geist in Donnergebirge (l'Es-
prit ronge dans la montagne du Tonnerre),
opéra représenté en 1799, au théâtre Schika-
neder , composé en société avec Seyfried.
2° Concerto pour hautbois, exécuté par l'au-
teur dans un concert an théâtre national de
Vienne, en 1795. 3° Trois quatuors pour haut-
bois, violon, alto et basse. 4° Grand quintette
pour piano, clarinette, cor anglais, cor de bas-
TRIEBKNSÉE — TRIPPENBACH
$57
selle et basson, Vienne, Haslinger. 5° Deux
qnintetti pour piano, hautbois, violon, alto et
basse. G°Six variations sur un air tyrolien pour
piano, hautbois et guitare; Vienne, Diabelli.
7° Grande sonate pour piano et hautbois ou
violon, Vienne, Haslinger. 8° Douze variations
pour piano, ibid. J'ignore si le chef d'orchestre
Triebensée, qui remplissait encore ses fonc-
tions au théâtre de Prague en 1830, et qui
avait fait représenter, en 1832, un opéra inti-
tulé Die Wilde Jagd (la Chasse), est le même
artiste : il aurait été âgé de soixante-douze à
soixante-seize ans; mais il est plus vraisem-
blable qu'il était fils de Joseph, car sa femme
était, dans le même temps, cantatrice au
théâtre de Prague.
TR.IERERT (Chaiu.es -Louis), hautboïste
et fadeur d'instruments à Vent, né â Paris le
51 octobre 1810, fut admis au Conservatoire de
celte ville, le 6 novembre 182G, et y fut élève
de Vogl pour le hautbois. Le premier prix de
cet instrument lui fut décerné au concours de
1829. Il quitta celte école au mois d'août de
l'année suivante. Cultivant d'abord son instru-
ment comme artiste, M. Triebertse fil entendre
dans les concerts, et publia une Fantaisie avec
variations pour hautbois et piano sur un
thème de Norma, Paris, Richaull; mais, fils
d'un facteur d'instruments à vent, et ayant
travaillé lui-même dans l'atelier de son père,
il s'occupa spécialement du perfectionnement
du hautbois, et finit par abandonner l'exercice
de son talent pour se livrer sans réserve à la
fabrication et à l'amélioration de tous les in-
struments qui composent la famille du haut-
bois, tels que le cor anglais, le baryton et le
basson, en y appliquant le système de propor-
tions et de mécanisme de doigté et de clefs
imaginé par liœhm. Son intelligence et ses
soins minutieux dans la fabrication de ces in-
strument sont arrivés aux plus heureux résul-
tats, ainsi que je l'ai démontré dans mon
Rapport sur les instruments de musique mis
à l'exposition universelle de Paris, en 1855(1).
Entre ses mains, la construction des hauibois
de différentes espèces, du cor anglais, du ba-
ryton et du basson, a été complètement modi-
fiée et ramenée à une théorie normale. Ses
instruments sont recherchés à l'étranger
comme en France. Une médaille d'honneur a
été décernée à M. Triebert par le jury de l'ex-
position universelle de 1855.
(I) Voyez mon rapport sur les instruments de M. Trie-
bert, t. Il ,p. COO-003, de l'édition officielle des rapports
sur l'Exposition universelle de 18'Jj, et pages 0-9du tiré
à part.
BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
TRIE.WER (Jean-Sebalde), violoncelliste
et compositeur, naquit à Weimar, dans les
premières années du dix-huitième siècle.
Eylenstein, valet de chambre et musicien du
due de Weimar, fut son maître de musique et
«le violoncelle, et le vieux Erbach lui donna
quelques leçons décomposition. Parvenu à un
certain degré d'habileté, il voyagea en Alle-
magne, s'arrêta quelque temps à Hambourg,
où il eut une place à l'orchestre du théâtre, en
1725. Deux ans après, il se rendit à Paris pour
y étudier la composition sous Boismortier. Ses
éludes terminées, il quitta la France en 1729,
parcourut la Hollande et s'établit à Alkmaar;
mais quelques années après il abandonna celle
ville pour aller se fixer à Amslerdam. Il y mou-
rut en 17G2. On a gravé de sa composition six
sonates pour violoncelle avec basse continue,
à Amsterdam, en 1741.
TRIER (Jean), organiste excellent, né à
Themar, dans le duché de Saxe-Golha, vécut
à Ziltau vers 17G0. Il mourut dans celte ville
en 1789, laissant en manuscrit deux années
entières de musique d'église, des cantates, des
polonaises pou rie clavecin et des pièces d'orgue.
TllIEST ( ), prédicateur à Stettin, dans
les premières années du dix-neuvième siècle,
a publié, dans la Gazette musicale de Leip-
sick, quelques articles où l'on remarque du
mérite. Ces morceaux ont pour titres : 1° Idées
d'une explication métaphysique de la mesure
musicale (t. III, p. 5). 2° Remarques sur la
culture de musique en Allemagne pendant le
dix-huitième siècle (t. III, p. 225, 241, 257,
273, 297, 321, 569, 389, 405, 421 et 437)'.
3° Sur les virtuoses voyageurs (4e année,
p. 73G, 753 et 769).
TRILLE-LABARRE. V . LABARRE.
TRILLO (Camille), pseudonyme. Voyez
SUIRE (Robert-Martin LE).
TRINCIAVELLI (Jacopo), compositeur,
né vers la fin du seizième siècle à Buggiano
di Valdimievola, en Toscane, se rendit jeune
à Rome, où il fit ses études musicales. Il fut
chantre de Saint-Jean-de-Lalran vers 1620.
On a publié de sa composition : Musiche spi-
rituali a 5 voci\ in Roma, per Luca Antonio
Soldi, 1620, in-4°.
TRIPPENBACH (Martin), récollet du
couvent de Coblence et organiste, vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle, a fait imprimer à
Nuremberg, en 1740, un recueil de pièces desa
composition pour le clavecin, sous ce titre :
Musikalisches Vergnûgen nach dem Gesch-
mack jetziger Zeiten, bestehend in III hla-
vier-Parthien.
17
258
TRIT0N1US — TRITTO
TRITOIMUS (Piemie), musicien, dont le
nom allemand était peut-être Olivenbaum,
vécut à Augsbourg dans les premières années
du seizième siècle. Il n'est connu que par un
ouvrage sorti des presses d'Erhard Oglin
(voyez Oglin) et dont les exemplaires sont
aujourd'hui d'une rareté excessive. Ce vo-
lume a pour titre : flfelopoiâ? sen har maniai
fetracenticcB super XXII gênera carminum
heroicor. elegiacor. lyricor. et ecclesiaslicor.
hymnor. per Pet. Tritanium et altos doctos
sodalilatis literarLr nostrae Musicos secun-
ilum naturas et tempora syllabarum et pe-
fhim compositi et regulati, ductu Chunradi
Celtis fœficiter impressa. Impressum Au-
giista findelicorum, ingcnio et industriel
Erhardi Oglin, 1;î07, in-lol. Bien que le titre
indique que Trilonius eut des collaborateurs
musiciens pour cet ouvrage, rien ne fait voir,
dans le volume, quelle a été leur part de tra-
vail. La musique de chacune des vingt-deux
pièces de vers est à quatre voix imprimées
ni regard-. Une partie île ces vers, donnés
comme exemples, sont tirés des poésies d'Ho-
race. Trilonius n'emploie dans cette musique
•que deux valeurs de notes, répondant aux
longues et aux brèves de la quantité lyrique,
cl toutes ses mesuras, sauf un senl exemple,
■sontà temps binaires. Use conforme aux règles
de la prosodie, et, par une conséquence inévi-
table, il sacrifie le rhythme musical.
TRITTO (Jacques) ou TRITTA, com-
positeur distingué, naquit en 1732, à Alta-
mura, dans la province de Bari, au royaume
de Naples. A l'âge de onze ans, il fut conduit à
Naples par son parent. Tean Tritto, prêtre, qui
le fit entrer au Conservatoire de la Pietà de'
Turcliini. Un goûl prononcé pour le violon-
celle lui fit commencer sa carrière musicale
par l'étude de cet instrument; puis il reçut des
leçons d'harmonie et de contrepoint de Cafaro,
alors professeur au Conservatoire. Bientôt
■élevé au poste de répétiteur ou de primo
maèstrino, il remplaça son maître Cafaro
comme instituteur au Conservatoire et comme
directeur de musique au théâtre royal de
Saint -Charles. Après la mort de Cafaro,
Tritto semblait destiné à remplir ces emplois
en litre, mais Paisiello. récemment revenu de
Russie, les obtint. Tritto se livra alors à la
composition pour les églises de Naples et pour
les principaux théâtres de l'Italie. En 1779, i! :
reçut sa nomination de maître d'harmonie et
d'accompagnement au Conservatoire de la
Pietà, et l'emploi de professeur de contrepoint
et de composition lui fut donné après la mort-
de Sala (voy. ce nom). Parmi ses élèves, on re-
marque son fils, Farinelli, Paganini (compo-
siteur dramatique), Sponlini, Raimondi, Or-
landi, Manfroce , Conti et quelques autres
artistes connus. Le roi Ferdinand nomma
Tritto maître de la musique de sa chambre et
de la chapelle royale, et le vieux maître con-
serva cet emploi jusqu'à la fin de sa vie. Il
mourut à Naples, le 17 septembre 1824, à l'âge
de quatre-vingt-douze ans. Ses meilleures com-
positions sont :
Opkius : 1° Il Principe riconosciulo, farce,
au théâtre Nuovoàe Naples, 178C. 2" La Ma-
rinella, idem, 1780. 5° La Belinda, idem,
1781. A" La f'iaggiatrice di spirilo, opéra,
idem, 1781. 5" Don Procopio, idem, 1782.
C>"'LaScuoladegli amanli, idem, 1782.7?//
Cortesiano fanatico, idem, 1783. 8° Li due
Gemelli, au théâtre desFiorentini, 1783. 9° Il
Convitato di pietra, idem, 1783. 1 0° La Scuf-
fiara. idem, 1784. 11° La Sposa stramba,
au théâtre du Fondo, 1784. 12" La Sposa bi-
zarra, au théâtre / 'aile, à Rome, 1784. 13"Zo
Scaltro Avvenluriere, au théâtre des Fioren-
tinif à Xaples, 178o. 14° Arlenice, opéra sé-
rieux, au théâtre Saint-Charles, 1785. 15" Le
Astuzie in amore, au théâtre iVuoi'O. 17815.
10° L' Imposture smascheralo, idem, 178G.
17" Arminio, au théâtre Argcntina, à Rome,
1780. 18° La Scaltra Avventuriera, au théâtre
i\es Fiorenlini, à Naples, 1786. 19° Le Gelosie,
au théâtre l'aile, à Rome, 1786. 20° / liaggiri
scoperli, idem, 1786. 21° La Prova reci-
proea, aux Fiorentini, à Naples, 1787. 22" Le
Trame spiritose, au théâtre Nuovo, 1787.
23° Il Barone in anguslie , idem, 1788.
24" Il Giocalore forlunato, idem, 1788.
25° La Bella Selvaggia, au théâtre Faite, à
Rome, 1788. 26° Li Finti Padroni , idem,
1789. 27° La Molinarella , au théâtre du
Fondo, à Naples, 1789. 28° La l'irgine del
Sole, idem, 1790. 29° Le Nuzze in Garbuglia,
au théâtre IVuovo, 1790. 30° La Canterina,
au théâtre l'aile, à Rome, 1790. "1° Gli
Amanti in puntiglio, au théâtre Nuovo, à
Naples, 1791. 52° L'Inganno forlunato,
idem, 1791. 33" L'Fquivoco, au Fondo, 1792.
34" La Donna sensibile, idem, 1792. 35° 77
Dising/inno, canlalc à deux voix et chœurs,
1792. 36° // Tempio deW Eternità, cantate
avec chœurs, 1793. 37° La Fidellà tra le selve,
à Venise, en 1795. 38° Apelle e Campaspe, à
Milan, 1796. 39° Nicaboro, au théâtre Saint-
Charles, à Naples, 1798. 40° Ginevra di Sco-
zia, idem, 1800. 41° Li Malrimonii contras-
tait, au théâtre L'aile, à Rome, 1800. 42"//
TRITTO - TROJANO
259
Trionfo délia Gloria, canlate dramatique, au
théâtre Saint-Charles, 13 août 1801. 43" Gli
Americani . idem, 4 novembre 1802. 44" I/O-
maggio pastorale, idem. 1805. 45° Albino in
Siria, idem, 1810.
Musique d'église : 1° Messe à huit voix
réelles, avec deux orchestres. 2° Trois messes
solennelles à quatre voix et orchestre. 5° Trois
messes brèves, idem. 4° Messe pastorale, idem.
5° Messe de Requiem à quatre voix et orchestre.
6° Dixitl\ cinq voix sur le plain-chant. 7° Cinq
autres Dixit, grands et petits. 8" Credo solen-
nel à cinq voix. 9° Deux autres Credo brefs à
quatre voix. 10° Douze motels à quatre et cinq
voix. 11° Deux Magnificat à quatre voix.
12° Confilebor à cinq voix. 13° Beatus vir à
quatre voix et orchestre. 14. Beatus vir à cinq
voix. 15° Laudale à cinq voix. 16° Te Deum
solennel à cinq voix et orchestre. 17° Te Deum
bref à quatre voix. 18° Cinq Salve Regina à
trois, quatre et cinq voix. 19° Zauda Sion à
quatre voix. 20° Passion, d'après saint Mat-
thieu, avec orchestre. 21°Passion, d'après saint
Jean, idem. 22° Deux graduels avec chœurs.
23° Pange lingua à deux et à quatre voix, avec
plusieurs Tantum ergo pour solo et chœur.
24" Miserere à quatre voix et orchestre.
25° Benediclus , idem. Une partie de cette
musique se trouve dans la bibliothèque du
Conservatoire, à Naples.
Tritto a écrit pour l'enseignement au Con-
servatoire de Naples un recueil de basses chif-
frées qui a été publié sous ce titre : Parlimenli
e regole gênerait per conoscere quai numerica
dar si deve ai vari movimenti del basso ,
Milano, per Ferdinahdo Arlaria, 1821, in-fol.
de soixante-quatre pages. On a aussi de lui
des principes de contrepoint intitulés : Scuola
di contrappunto , ossia Teoria musicale,
ibid., 1823, in-fol. de cinquante-deux pages.
TRITTO (Dominique), fils du précédent,
naquit àNaples,en 1781, et fit ses études musi-
cales sous la direction de son père II s'est fait
connaître comme compositeur dramatique par
les ouvrages suivants : 1° Zelinda e Rodrigo,
op. semi-seria, en deux actes. 2° La Parola
d'onore, en un acte, au théâtre du Fondo, le
27 septembre 1815. 3° Il Trionfo di Tra-
jano, op. séria, en trois actes, au théâtre
Saint-Charles, le 30 mai 1818. Je n'ai pu re-
cueillir d'autres renseignements surcet artiste.
TRlMiA (1) (Wenceslas-Jean), composi-
teur, né en Bohême, fut secrétaire du comte de
Hayos, à Vienne, vers 1825. Il a publié pour
(1) Ce nom se prononce Trenka, en langue bohème,
tuais en faisant sentir \'e aussi peu que possible.
le piano : 1° Marche funèbre d'Alexandre Ier, à
quatre mains; Vienne, Weigl. 2° Marche
triomphale à l'occasion du rétablissement de
la santé de l'empereur François Ier d'Autriche
(182G) idem, op. 14; ibid. 3° Trois grandes
marches idem, op. 16; Vienne, Leidesdorf.
4° Grande marche de parade du régiment de
Giulay idem, op. 21; ibid. 5" Deux grandes
polonaises pour le piano; ibid. G0 Plusieurs
cahiers de danses et de valses.
TROESSLER (Bernard), musicien alle-
mand, fixé à Paris, vers 1806, est mort dans
celte ville, en 1828. Professeur d'harmonie et
de composition, il a publié pour renseigne-
ment les ouvrages suivants : 1° Traité général
et raisonné de musique, dédié à la mémoire
de Gluck, Haydn et Dussek; Paris, chez
l'auteur, 1825, in-4° de cent trente pages.
2° Traité d'harmonie et de modulation selon
les six mouvements de la basse; Paris, Pleyel
(sans date), in-fol. gravé.
TROFEO (Roger), mailre de chapelle de
l'église de la Scala, à Milan, vers la fin du
seizième siècle, a publié de sa composition :
1°Canzonette a sei voci, lib. I; in Venelia,
1589, in-8°. 2° Canzonelte a Irecon alcune
di Giovan Domenico Rognone; in Milano,
1600.
TROJANO (Massimo), musicien napoli-
tain, élail au service de l'électeur de Bavière,
dans la chapelle dirigée parOrland de Lassus,
en 1568, lorsqu'il publia chez Adam Berg, à
Munich, in-4", un recueil intitulé : Discorsi
di triomfi, giostre, apparaît, e délie cose più
notabile faite nelle Nozze dell' illustr. et
eccellent. Signor Duca Guglielmo , etc. Il
promet dans la préface de cet ouvrage, pour
l'année suivante, le quatrième livre de ses vil-
lanelles à la napolitaine, ainsi que des madri-
gaux à cinq voix réunis à quelques-uns de
Roland de Lassus et d'autres musiciens. Tro-
jano ne figure plus dans le tableau des musi-
ciens de la chapelle de Munich, en 1593, publié
par Delmolte dans sa Notice biographique sur
Roland Delaltre (p. 29). Je ne connais de
Massino Trojano que 11 terzo libro délie sue
Rime e Canzoni alla Napolitana a tre voci
colla Battaglia délia Gatta, e la Cornachia,
et una Amascherata alla Turchesca a cinque
voci, et una Moresca novamente fatla; Vi-
negia, Girolamo Scotto, 1568, petit in-4°
obi.
TROJANO (Jean), maître de chapelle de
Sainle-Marie-Majeure, à Rome, naquit à Todi,
dans les Étals de l'Église. Il succéda à Annibal
Slahile, en 1596, dans la direction du chœur
17.
260
TROJANO - TROML1TZ
«le la basilique Libérienne (Sainte-Marie-
Majeurc), cl conserva celle place jusqu'en 1 600,
où il eul pour successeur François Soriano, qui
y rentrait pour la troisième fois. On ignore si
ce fut par son décès ou par un changement
de position que Trojano cessa d'occuper celle
place. Les catalogues des grandes bibliothèques
n'indiquent aucun ouvrage de ce maître, et
son nom ne se trouve dans aucun des grands
recueils de motels ou de madrigaux de divers
ailleurs; ce qui est d'autant moins explicable,
que deux fragments de ses molels conservés
par Kircher dans le premier volume de sa
■Musurgia universalis (p. 601 et613), comme
des modèles d'expression douloureuse et
plaintive, sont très-remarquables pour le
temps où cet artiste a vécu : ils sonl tous deux
à six voix.
TROJANO (Antoine), en latin TRO-
JATVUS, n'est mentionné par aucun historien
de la musique ou biographe; il n'est connu
que par le molet Jubilate Deo omnis terra, à
quatre voix, qui se trouve dans le troisième
livre de la collection publiée par Tylman
Susalo, à Anvers, en 1547, sous le litre : Sa-
crarum cantionum quatuor vocum, vulgo
Moteta vacant, ex optimis quibusque hujus
œtatis musicis selectarum Liber etc.
TROïWRETA (Antoine). Le catalogue de
la bibliothèque barberine indique sous ce nom
(p. 479) un ouvrage intitulé : Rerum musica-
lium opusculum ; Strasbourg, 1555, in-fol.;
mais c'est une erreur de celui qui a rédigé ce
catalogue, car le livre intitulé Rerum musi-
carum opusculum, qui a été imprimé à Stras-
bourg, en 1535, in-fol., est de JeanFroscb. Il
est vraisemblable que ce livre s'est trouvé relié
à la suite de quelque autre de Tromhela, au-
teur de plusieurs traités de philosophie, et cela
aura induit en erreur le bibliothécaire. Aucun
bibliographe, que je sache, n'a remarqué cette
bévue littéraire.
TROMBETTI (Ascagne), compositeur, né
à Bologne, vécut à Naples, dans la seconde
moitiédu seizième siècle. Il a fait imprimer trois
livres deÇanzuni alla napoletana a Ire voci,
Venise, 1572, 1577 et 1581. On connaît aussi
sous son nom : Musica a più voci; Bologne,
Rossi, 1585, in-4°.
TROMBETTI (Augustin), célèbre guita-
riste bolonais, né au commencement du dix-
septième siècle, a fait imprimer : Intavola-
tura di sonate novamenle inventate sopru la
chilarra spagnuola, libri due; Bologne,
1059, in-4".
TROMBONCINO (Uautiioloué), compo-
siteur de Frottole (sorte de chants vénitiens
autrefois en usage), naquit à Vérone, vers le
milieu du quinzième siècle, ou un peu plus
lard. Conrad Gesner cite, dans ses Pandcctes
(fol. 84), un œuvre sous ce titre : Frottole di
1)1 isscr Barlholomeo Tromboncino con lenori
et bassi tabulait', et con soprani in canto
figurato , per cantar et sonar col canto;
f'eneliis impresse per il Petrucci. Il est
vraisemblable que Gesner a commis quelque
erreur dans ce litre et qu'il a confondu cet
ouvrage supposé avec un recueil de Frottole
en tablature de luth, publié par le luthiste
Francesco, surnommé Bossinensis , parce
qu'il était né probablement dans la partie de
la Bosnie (ou Bossinie. comme on disait au-
trefois), qui avoisine l'Adriatique. Ce recueil
est intitulé : Tenori et contrabussi (1) inta-
bulati col sopran in canto figurato per
çantare et sonare col lauto, libro primo.
Francisci Bossinensis Opus ; impressutn
f'eneliis : per Octavianum Pelrulium Foro-
semproniensem. Die 27 Marti j 1509. On y
trouve vingt-neuf frottole de Tromboncino,
avec d'autres de Philippe deLuprano,de Marco
Cara de Vérone, d'Antoine Gaspnro deBrescia,
et d'autres artistes inconnus. Les neuf livres
de Frottole publiés par Petrucci (voyez ce
nom), depuis 1504 jusqu'en 1508, con-
tiennent toutes des pièces de ce genre com-
posées par Tromboncino, ainsi que le qua-
trième livre, dont le titre particulier est :
Slrambotti, Ode, Frottole, Sonctli, et modo
de cantar versi latini e capituli. Libro
quarto. Le second livre des Lamentations de
Jérémie (Lamenlationum liber secondus),
publié par le même Octavien Petrucci, en
1506, contient neuf Lamentations à trois jvoix
et un Benedictus de Barlh. Tromboncino,
quatre de Gaspard (van Verbeeke), aussi à Irois
voix, el une lamentation avec un Benedictus
d'Erasme Lapicida.
TROMLITZ (Jean-Georces), flûtiste,
compositeur pour son instrument, et fabricant
de flûtes, naquit à Géra, en 1720. Il vécut à
Leipsick, s'y livrant particulièrement à l'en-
seignement de la flûte pour les élèves de l'uni-
versité, ainsi qu'à la fabrication de cet instru-
ment. Parvenu à l'âge de cinquante ans, il
(I) Le mot coiilraljasso, par lequel on désignait une
des voix, aux quinzième et seizième siècle, n'a pas de
rapport avec l'instrument appelé contrebasse dans I*
musique moderne: il indiquait alors un ténor grave,
dont la portée avoisinait la basse, ou qui était contre la
basse. Voyez a ce sujet l'exemple a six voix du XI.V cha-
pitre du Rerum musicarum opusculum, de Jean I'roscli
ou l'roscliius.
TROMLITZ — TROST
261
cessa de se faire entendre en public, à cause
de la faiblesse de sa santé. Tromlitz mourut à
Leipsick, au mois de février 1805, à l'âge de
soixante-dix-neuf ans. Ciamer cite, dans son
Magasin de musique, les ouvrages suivants
composés par cet artiste : 1° Six pièces pour la
flûte. 2° Trois concertos pour flûte, deux vio-
lons, alto et basse. 3° Deux œuvres de sonates
pour clavecin et flûte. Il a publié une collec-
tion de chansons allemandes avec accompa-
gnement de clavecin; Leipsick, in-8°. Tromlitz
a écrit aussi sur son instrument : Kurze ab-
handlung von Flœtenspielen (Courte disser-
tation sur la manière de jouer de la flûte);
Leipsick, Breitkopf, 1780, in-4° de trente
pages. Celle dissertation prit ensuite de grands
développements entre ses mains, et devint
l'origine de l'ouvrage qui a pour titre: Ans-
fiihrlicher nnd griindlicher Unterrichl die
Flœte zn spielcn (Instruction fondamentale et
détaillée pour apprendre à jouer de la flûte);
Leipsick, Bœhme, 1791 , in-4° de trois cent
soixante-seize pages et xxu pages de préface.
2° Ueber die Flœlen mit mehrern Klappen,
deren Anicendung und Nul zen (Sur les flûtes
à plusieurs clefs, leur usage et leur supériorité;
publié comme deuxième partie de ('instruction
fondamentale, etc ); Leipsick, Iiœbme, 1800,
jn-4°de cent quarante pages. Tromlitz a publié
aussi des articles concernant la meilleure qua-
lité du son de la flûte dans la deuxième année
de la Gazette musicale de Leipsick (p. 501 et
510).
TROMPEO (BrNOrr), docteur en méde-
cine, né en Sardaigne, et vivant à Turin, a
publié \\n mémoire sur la voix humaine, inti-
tulé : Memoria sidla voce considerata nel
triplice rapporta psiologico-pratico ; Turin,
Tomba, 1822, in-8° de quarante-deux pages.
TROÏNCI (Philippe et Antoine), célèbres
constructeurs d'orgues à Pisloie, dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle, ont en
pour successeurs Louis et Benoit, fils de Phi-
lippe. Benoit vivait et travaillait encore en
1812. On cite avec éloge l'orgue qu'il a fait
pour l'église du Sacrement, à Pisloie, et dans
lequel il a introduit de nouvelles inventions,
notamment, dit-on, les effets du piano et du
forte. J'ignore si le procédé dont il s'agit a
quelque rapport avec celui de G renié (voyez
ce nom). Les fils de Benoit, Pielro, Agali et
Giosué, ont embrassé la même profession, et
sont maintenant au nombre des meilleurs fac-
teurs d'orgues de l'Italie.
TROPEA (GiACOMo), musicien napolitain,
né dans la seconde moitié du seizième siècle, a
publié de sa composition : 1° Madrigali a
quattro voci, cou due madrigali a cinqus
voci nel fine; libro primo; in Napoli, per
Constantino Vitali, 1592, in-4°. 2° Madri-
gali acinque voci; ibid., 1621, in-4°. 5° Ma-
drigali a quattro voci, libro secondo; ibid.,
1622, in-4".
TROST (Gaspard), organiste à Jéna, au
commencement du dix-septième siècle, a fait
imprimer de sa composition : 1° Chant funèbre
sur le texte Ich tveiss dass me in fferr Jesus-
CliristiiSjà quatre voix; Jéna, 1621. 2° Motet
de noces à huit voix ; ibid., 1623.
TROST (Jean-Gaspard), surnommé L'AN-
CIEN, fut avocat de la régence et organiste à
Halberstadt, vers 1660. Il a laissé en manu-
scrit les ouvrages suivants : 1° Adversaria
musica, ad theoriam et praxim, in duas
partes divisa. 2° Prxcepla musical llicore-
ticx et praclicœ, tabulis sgnopticis inclusse.
5° Organographia rediviva Micfuielis Prx-
toriae. 4° Examen organi pneumatici contra
sycophantas. 5° Monochordum. 6° Une des-
cription de quelques orgues de l'Allemagne et
de la Hollande. 7° Tractatus de modis mu-
sicis vindicatus (1). 8° Treize préfaces des
ouvrages de Frescobaldi, de Donali, de Bo-
vella, de Malgarini et antres, traduites en al-
lemand. Trost a laissé aussi en manuscrit des
traductions du traité du contrepoint d'Arlusi,
du Transilvano de Diruta, des Institutions
harmoniques de Zarlino, de la Regola facile e
brève de Galeaz Sahbalini, de l'Introduction à
la musique pratique de Morley, et de l'Institu-
tion harmonique de Salomon de Caus.
TROST (Jean-Gaspard) , le jeune , fils
du précédent, organiste de la cour de Weis-
senfels, a publié la description de l'orgue
construit de son temps dans cette ville, avec
des considérations générales sur la facture des
instruments de cette espèce, leur accord, la
qualité des jeux, et les devoirs de l'organiste
dans leur réception. Cet ouvrage a pour litre;
Ausfuhrliche Beschreibung des neuen Or-
gelwerks auf der Augustenburg zu Weissen-
fels, etc.; Nuremberg, Wolfgang Maurice
Endter, 1677, in-12 dVsoixanle-douze pages.
Trost dit dans cet opuscule (p. 5), qu'il avait
écrit précédemment un autre ouvrage inti-
tulé : Tractatus de juribus et privilegiis mu-
sicorum; mais il ne parait pas qu'il l'ail fait
imprimer.
(I) Ce litre indique sans doute une défense du Traité
des modes musicaux de Matlhœi, publié à la même
époque, et qui a peul-èlrc été l'objet de quelque critique
maintenant inconnue.
26 SJ
TROST — TRUHN
TUOST (GoDErRoiD-llEM\i), hon facteur
d'orgues à Allenbourg, dans la première
moitié du dix-huitième siècle, était fils de
Tobie-Godefroid Trost, qui exerçait la même
profession, et avait construit l'orgue de Lan-
gensalza, composé de trente-sept jeux. Les
principaux ouvrages de Godefroid-Henri sont:
1" L'orgue de Dollenstadt, dans le duché de
Gotha, composé de vingt .jeux, en 1709. 2° Ce-
lui de Watershausen, près de Golha, de cin-
quante-huit jeux, en 1750.5° Celui de l'église
du chàleau à Allenbourg, de quarante jeux,
commencé en 175l3 et fini en 1759. Trost a eu
pour élèves Friderici, de Géra, Gasparini, de
Kœnigsberg, Graich et Nï lier, de Bayreulh.
TROUPENAS (Eugène), né à Paris, en
1799, fit ses études dans un pensionnat de
celle ville, et s'y livra particulièrement à la
science des mathématiques, sous la direclion
de Hoéné Wronski, qui y était professeur. Les
parents de Tronpenas désiraient qu'il entrât à
l'école polytechnique; mais Wronski parvint
à le faire renoncer à ce projet en lui disant que
les professeurs de cette institution étaient des
ignorants incapables d'apprécier la réforme
«les mathématiques entreprise par lui, Wronski.
Troupenas avait aussi entrepris l'étude de la
musique, pour laquelle il eut loujours un goût
passionné. Il s'était persuadé que la théorie de
cet art ne peut trouver de base que dans la
science du calcul; il avait, à mainles reprises,
invité Wronski à s'en occuper, et lui-même y
pensait sans cesse. Devenu possesseur d'une
fortune modeste, après la mort de ses parents,
il se fit éditeur de musique, devint l'ami
d'Auhcr, de Rossini, de Bériot, et publia leurs
ouvrages, dont la vente produisit des bénéfices
considérables. Sa constitution n'élait pas ro-
buste,et, pendant près de dix ans, il fut atteint
d'une affection de poitrine qui l'obligeait
d'aller passer tous les hivers à Ilyères.Le mal
finit par faire des progrès, et Troupenas
s'éteignit à Paris, le 11 avril 1850. Toujours
préoccupé d'une théorie mathématique de la
musique, il m'en parlait souvent et nous eûmes
de longues discussions à ce sujet; je finis par
ébranler ses convictions et lui démonlrerqu'un
art éminemment idéal ne peut avoir qu'une
origine psychologique, et que cet art ne peut
naître que de l'action réciproque du sentiment
sur l'intelligence et de celle-ci sur le senti-
ment. A la suite de ces discussions, il m'écri-
vit ileux lettres qui furent publiées dans la
Revue musicale (année 1852), sous ces titres :
ï" Essai sur la théorie de la musique, déduite
du principe métaphysique sur lequel se fonde
la réalité de cette science. Première lettre à
M. le rédacteurde la Revue musicale; publiée
ensuite à part, sans lieu d'impression et sans
date (1852), in-12 de huit pages. 2° Seconde
lettre à M. le rédacteur de Va Revue musicale;
tirée à part, sans nom de lieuetsansdate(1852),
in-1 2 de douze pages. Entré dans ce nouvel ordre
d'idées, sans renoncer toutefois à une synthèse
de deux principes psychologique et mathéma-
tique, Troupenas s'occupa jusqu'à ses derniers
jours de la formation d'un corps de doctrine
de la science de l'art basée sur cette synthèse ;
mais il ne paraît pas qu'il ait achevé le livre
auquel il travaillait d'après ce plan.
TROUSSEAU (Abmand), professeur de
matière médicale et de thérapeutique à la fa-
culté de médecine de Paris, membre de l'Aca-
démie de médecine, né à Tours, en 1801, a
publié beaucoup d'ouvrages relatifs à sa pro-
fession, parmi lesquels on remarque celui-ci,
qui a des rapports avec l'art du chant : Traité
pratique de laphthisie laryngée, de la laryn-
gite chronique, et des maladies de la voix;
Paris, Baillère, 1857, un volume in-8°.
TRUHIV (FnÉDÉiuc-JÉnÔME), directeur de
musique à Berlin, né le 17 octobre 1811, à El-
bing, se fit remarquer dès son enfance, dans
l'école où il était placé, par la justesse de sa
voix et son organisation musicale. A l'âge de
dix ans, il commença l'étudede la flûte :ses pro-
grès furent si rapides, qu'après deux années
d'exercices sur cet instrument, il put être
admis dans l'orchestre des concerts d'abonne-
ment et y exécuter des solos. Après avoir at-
teint l'âge de douze ans, il ajouta l'étude du
violon à celle de la flûte et parvint en peu de
temps à jouer sur cet instrument, d'une ma-
nière satisfaisante, des compositions de Rode
et de Mayseder. Ces premiers succès éclairè-
rent sa famille sur sa destination naturelle, et
il lui fut permis, dans l'été de 1851, de se
rendre à Berlin pour y faire des études sé-
rieuses de musique. Arrivé dans celle ville, il
y reçut des leçons de Bernard Klein, puis il de-
vint élève de Dehn, et Mendelssohn lui ensei-
gna pendant quelques mois le mécanisme delà
composition. Ses premières productions furent
des Lieder et des chants à plusieurs voix exé-
cutés pour les sociétés chorales. En 1855,
Truhn fit son premier essai de composition
dramatique dans le petit opéra Den vier-
jxhrige Poslen (Le Poste de quatre années),
qui fut représenté au théâtre royal ; mais peu
satisfait de son ouvrage, il le relira et le
remplaça par l'opéra -comique Trilby, qui fut
joué avec succès, le 22 mai 1855. S'étant marié
TRl'IiN - TRUTSCHEl
203
dans l'automne de la même année, il alla
s'établir à Danlzick, où il se livra à l'enseigne-
ment du chant et de l'harmonie. Il y fut aussi
chargé de la direction de l'orchestre du
théâtre; mais la faillite du directeur le ra-
mena à Berlin, en 1837. Ce fut vers cette épo-
que qu'il se lia d'amitié avec Schumann à
Leipsick, et qu'il devint un des rédacteurs de
la Nouvelle gazette musicale fondée par ce
compositeur. Après que Schumann se fut re-
tiré de la direction de cette feuille, Truhn
cessa d'y travailler et fournit quelques articles
à la Gazette générale de musique de Leipsick ;
mais celle-ci ayant cessé de paraître à la fin
de 1848, il fut chargé de la rédaction du feuil-
leton de la Nouvelle gazette musicale de
Berlin, publiée par Bock, et n'a pas cessé jus-
qu'à ce.jour (180.4) d'y donner sa collaboration,
ainsi qu'à la chronique berlinoise dans le
Correspondant de Hambourg . A l'époque de
la prestation du serment de Frédéric-Guil-
laume IV, Truhn se rendit à Kœnigsberg et y
organisa une fête musicale, dans laquelle il
fit exécuter une cantate dont il avait écrit les
paroles et la -musique; puis il voyagea en
Russie et en Pologne pour y donner des con-
certs. Ses compositions furent applaudies à
Varsovie et à Cracovie. En 1843, il parcourut
le Danemark et la Suède avec le pianiste
Th. Dœhler. Sa grande composition pour voix
seule, chœur à huit voix et orchestre, intitulée
tVnliadah. obtint de brillants succès, en 1840,
à Berlin, Breslau, Dresde, Kœnigsberg et El-
bing. A l'automne de 1848, Truhn retourna
dans sa ville natale et y vécut quelque temps
en donnant des leçons de chant dans l'école
supérieure des filles et dirigeant une société
chorale d'hommes. Dans l'année suivante, ses
travaux et son zèle furent récompensés par le
diplôme de directeur royal de musique. En
1850, il dirigea, à Kœnigsberg, la seconde fête
des chanteurs prussiens, et y fit exécuter avec
succès sa composition intitulée Adieu, poésie
de Uhland, pour des voix seules, chœurs
d'hommes et orchestre. De retour à Berlin, en
1852, il y a fondé la nouvelle Liederlafel
berlinoise, placée sous sa direction. Au mois
«le janvier 1853, il donna au théâtre royal son
monodrame de Clcopâtre, composé pour la
cantatrice Jeanne Wagner. Dans l'hiver de
1854, il fit, avec le pianiste distingué Dans de
Bnlow, une tournée dans laquelle il visitèrent
Breslau,Posen, Danlzick etBiga. Arrivé dans
cette dernière ville, Truhn s'y arrêta pendant
quatre ans et vécut en donnant des leçons de
chant et d'harmonie. En 1858, il est retourné
de nouveau à Berlin, d'où il ne s'est plus
éloigné depuis lors. Outre les opéras et les
grandes compositions dont il a été parlé pré-
cédemment, cet artiste a écrit et publié une
quantité dcLieder et quelques bagatelles poul-
ie piano.
TUL'SKA. (Smox- Joseph), virtuose sur le
violon et la basse de viole, compositeur et fac-
teur d'instruments, naquit à Raudnitz, en
Bohème, le 5 avril 1734. Fils d'un ébéniste, il
apprit d'abord la profession de son père, et
travailla à Prague jusqu'en 1757. Le siège de
cette ville par l'armée prussienne l'obligea à
s'en éloigner pour aller à Vienne ; mais il re-
tourna, vers la fin de la même année, dans la
capitale de la Bohême, et entra, le 8 décembre
1758, au couvent de Slrahow, en qualité de
frère lai. Il fit sa profession, le 1er janvier
1761. Dès son entrée an monastère, il se livra
à la culture de la musique, qu'il avait apprise
dans sa jeunesse, devint habile sur le violon,
la basse de viole et le violoncelle, et composa
beaucoup de quintettes, quatuors, trios et so-
nates pour basse de viole, violon, allô et vio-
loncelle, qui ont eu de la réputation un
Bohême, ainsi que des danses qui ont été exé-
cutées dans les bals et redoutes de Prague, avec
beaucoup de succès, pendant les années 1774,
1775 et 1770. La restauration de l'orgue de
Slrahow fournit à Truska l'occasion d'étudier
les principes de la construction de cet instru-
ment : il en profila pour fabriquer d'abord un
petit-orgue portatif, puis un grand positif avec
pédale qui fut admiré comme un ouvrage par-
fait. Encouragé par ce succès, il se livra avec
ardeur à la facture des pianos, violons, altos,
violes d'amour et basses de viole. Ces instru-
ments ont été recherchés à l'étranger aussi
bien qu'en Bohême. Parvenu à l'âge de
soixante-quinze ans, ce moine laborieux
mourut dans son couvent, le 14 janvier 1809.
TIUJTSCHEL (A.-L.-E.), organiste de
l'église Saint-Jacques, à Roslock, n'est connu
que par ses ouvrages, dont les premiers ont
été publiés en 1834. Son œuvre quatorzième
a paru en 1848. Cet artiste s'est jeté dans
une direction très-différente du style de Bach
et de son école. Son modèle paraît être Fischer;
mais il se hasarde dans des associations har-
moniques inconnues à cet excellent organiste,
et ses idées n'ont pas le charme qu'on remar-
que dans les œuvres de celui-ci. On voit que
Trutschel s'efforce de donner à la musique
d'orgue un caractère dramatique, lâcheuse
tendance qui a conduit à la décadence actuelle
de la musique instrumentale et religieuse. Ça
264
TRUTSCHEL - TSCHIRCH
et là M. Trnlscliel essaie des entrées de fugues;
mais il y montre peu d'habileté. Ses ouvrages
principaux sont ceux dont voici les titres :
1° f'orspiele zum Gebrauch beim a>ffent-
lichen Gottesdienste (Préludes pour l'usage
des fêtes solennelles), œuvres 9e et 10e;
Gtistrow, Fr. Opitz. 2° Forspiele iiber die ye-
brauchlichslen Melodieen der evanyelischen
Kirche fiir die Orge!, etc. (Préludes pour
l'orgue sur les mélodies usitées dans l'église
évangélique), op. 14; cinquième recueil de
pièces d'orgue; Rostock,C.Heumann et C. Topp.
3° Fantaisies pour des introductions et des
finales, op. 17; ibid. Kœrner a extrait de ce
dernier ouvrage une grande fantaisie qu'il a
insérée dans la troisième partie de son Post-
ludien-Buch; Erfurt, (s. d.), in-4°obl.
THYDELL (Jean), musicien irlandais,
professeur à Dublin vers le milieu du dix-hui-
tième siècle, a publié un traité élémentaire de
musique : Two Essays on the theory and
pructice of Music, Dublin, 1760, in-8°. Le
premier de ces essais contient les éléments de
la musique; le second est un traité abrégé
d'harmonie et de composition.
TSAI-YU, prince de la famille impériale
des Miny, en Chine, vécut dans la seconde
moitié du seizième siècle de l'ère chrétienne.
Aidé de quelques lettrés, il se livra, ainsi que
Ly-h'oany-ly (voyez ce nom), à des recherches
sur la théorie de la musique chinoise, dans les
anciens traités de cet art ; mais il borna l'ob-
jet de ses travaux aux principes de la forma-
tion de l'échelle musicale, et aux proportions
des douze demi-tons chromatiques, appelés lu
en chinois. Le livre qu'il écrivit sur ce sujet a
pour titre : Lu-lu-Tsinyy (Explication claire
delà théorie des /u); il le termina en 15%,
le présenta à l'empereur Onan-Ty, et le fit
imprimer dans la même année.
TSCHIRCHE (Wiliielm), maître de cha-
pelle à Géra, est né à Lichtenau, près de Lau-
ban, le 8 juin 1818. Son père, qui y était can-
tnr, lui lit commencer, en même temps que
ses frères, l'étude du cbanl, de l'orgue et de la
composition. A l'âge de seize ans, il entra au
séminaire des instituteurs à Btinzlau, el y reçut
des leçons de Karow pour l'orgue et la théorie
de la musique ; puis il alla continuer ses éludes
à l'institution de la musique d'église à Berlin,
où A. -W.Bach acheva de développer son talent
d'organiste, tandis que Grell achevait de l'in-
struire dans la théorie. Rungenhâgefl lui donna
aussi des leçons de composition à l'Académie
des beaux-arts, et, enfin, il compléta son in-
struction en suivant le cours du docteur Marx,
à l'université. En 1843, Wilhelm Tschirche
obtint la place de cantor de l'église Saint-
Pierre et Saint-Paul à Liegnilz, à laquelle il
iéui?it bientôt celle de directeur de musique
de la société de chant. Doué d'une belle orga-
nisation musicale, il imprima un mouvement
d'activité el de progrès dans l'art au sein de
la ville et de la province où il avait fixé son
séjour. Ce fut lui qui organisa et dirigea les
fêles musicales à Liegnilz, au Graeditzberg et à
Kaulh, dans les années 1845, 1846 et 1847. La
place de maître de chapelle étant devenue va-
cante à Géra, en 1854, Tschirche fut appelé
dans cette ville pour la remplir. En 1847, il
avait fait un voyage à Lcipsick et à Berlin, et
y avait donné des concerts d'orgue où il fit en-
tendre une grande fantaisie avec fugue, publiée
ensuite par Kœrner, à Erfurt. Parmi les ouvra-
ges de cet artiste, on remarque: 1° Motet pour
quatre voix d'hommes, Gross sind die JVerhe
des fferrn (Les œuvres du Seigneur sont
grandes). 2° Ben Herr ist Gott (Le Seigneur
est Dieu), cantate pour des voix mêlées avec
orchestre, op. 17; Schweidnilz, Weigmann.
3° Von allen Himmeln font Dir Herr (Les
cieux vous glorifient, Seigneur), molct en
chœur avec orchestre, op. 17; ibid. 4° Gelobt
sri Gott (Dieu soit loué), chœur avec des in-
struments à vent ou orgue, op. 20 ; ibid. 5° Le
psaume 24 pour un chœur d'hommes avec
solo, op. 27; Magdebourg, lleinrichshofen.
G" Die Harmonie (L'Harmonie), hymne pour
quatre voix d'homme avec instruments à vent,
exécuté à l'Académie de chant, à Berlin ; Bres-
lau, Leuckart. 7° Plusieurs chants détachés,
idem. 8° Der f'olksxnger (Le Chanteur popu-
laire), recueil de chants faciles pour quatre
voix d'homme; Schweidnilz, Weigmann.
!)" Beaucoup de Lieder en recueils ou déta-
chés, pour voix seule avec piano, ou pour des
chœurs. 10° Six préludes pour orgue à trois
claviers; Breslau, Schumann. 11" Cinq pièces
d'orgue, dont trois préludes et deux fugues,
op. 1; Berlin, Challtcr. 12° Sonatine pour
piano (en fa), ibid.
TSCHIHCII (Ernest), frère du précédent
el professenr de musique à Berlin, est né à
Lichtenau le 3 juillet 1811). Après avoir com-
mencé l'élude de la musique avec son père, il
alla fréquenter le gymnase à Lauban, puis il
se rendit à Berlin et y continua ses études mu-
sicales à l'institution pour la musique d'église
et à IVcole de l'Académie des beaux-arts. En
1845, il a fait un voyage à Hambourg et à Pa-
ris. De retour à Berlin, il s'y livra à renseigne-
ment jusqu'en 1852, où il fut appelé à Steltin
TSCHIRCH - TUCH
265
Tour y remplir les fondions de directeur du
chœur et de chef d'orchestre du théâtre. Il est
mort dans celte ville, le 20 décembre 1851, à
peine âgé de 35 ans. Il avait, dit-on, du talent
comme compositeur : Ses ouvrages consistent
en deux opéras, le Hollandais volant et Frit-
jof, plusieurs cantates, des ouvertures pour
l'orchestre et des Lieder.
TSCHIRCII (Rodolphe), compositeur à
Berlin, et frère des précédents, est né à Lich-
tenau, vers 1821. Il fut chef du chœur au
théâtre Kroll de Berlin jusqu'en 1854. En
1855, la grande médaille d'argent lui a été dé-
cernée pour sa composition intitulée Die Hu-
bertus Jagd (La Chasse de Saint-Hubert). On
connaît aussi de cet artiste la musique d'une
pièce de circonstance intitulée Eine Braut-
sclian (La Recherche d'une femme), en trois
actes, qui fut représentée au théâtre Kœnigs-
sladt de Berlin , le 7 février 1858, ainsi qu'une
cantate composée pour un chapitre de l'ordre
de l'Aigle-Noir, laquelle fut exécutée au palais
de Sans-Souci, en 1855; enfin, un grand nom-
bre de compositions de chasse. M. Rodolphe
Tschirch a publié : 1° Hymne et marche de
jubilé pour piano, op. 5; Berlin, Traulwein.
2° La Chasse de Saint-Hubert, pour des in-
struments de cuivre, op. 0; Berlin, Bock.
3° Narcisse, fantaisie caractéristique pour
piano, Breslau, 1856. 4° Galops-études, idem;
ihid. 5° Différentes pièces du même genre,
op. 23 et 24; Breslau, Leuckart. 6° Chants à
voix seule avec piano; Berlin, Bock. Traul-
wein et Challier.
TSCHOIITSCH (Jevn-Geokges), prêtre
bénéficier et compositeur, à Schwelz, dans le
Tyrol, vécut dans la première moitié du dix -
huitième siècle. Il a fait imprimer de sa com-
position : \" Sacerdos mnsicus concertons seu
conc. Litanias 10 Laurelano-iyarianus, elc.t
Auguslœ Vindelicoruni, 1725, in fol. 2° In-
censum myslicum ad arum magnx cœlorum
Reginx adolendum XI f Ojferloria a 4 voc,
2 viol, alto viola, 2 liluis et G. B., Au^s-
hourg, 1730, in-fol. 3° f'II jVissen, nebst
eincn Requiem fur 4 Stimmen, 2 v.f va. und
Ceueralbass (Sept messes suivies d'un requiem
à 4 voix, 2 violons, violoncelle et basse con-
tinue), ibid., 1731, in-fol.
TLIRAL (A.), musicien belge, vécut au mi-
lieu du seizième siècle. Il ne peut y avoir de
doute sur le pays qui l'a vu nailre, car ses
compositions se trouvent dans deux grandes
collections imprimées à Anvers et à Louvain,
lesquelles ne contiennent que des ouvrages des
plus célèbres maîtres nés en Belgique cl formés
dans les écoles de ce pays. La première de ces
collections est intitulée : Sacrarum Cantio-
num (vulgo hodie Moteta vocant) quinque et
sex vocam ad veram harmoniam concertum-
que ab oplimis quibusque IHusicis in philo-
musorum graliam compositarum Libri très.
Anliverpix per Joannem Latium et Attber-
lum (sic) TFalrandum, 1554-1555, in-4°obl.
Au commencemenldu troisième livre se trouve
une épllre dédicaloire à Marc Wesler, noble
habitant d'Augsbourg (ad Marcum JFeslerum
AugustxFindelicorum Patricium Epistola),
dans laquelle Waelranl dit qu'il n'est pas seu-
lement le typographe, mais l'éditeur de ce re-
cueil d'œuvres de ses compatriotes. Quatre
motets à cinq voix de Tuhal sont dans celle
collection, à savoir livre Ier, page 15, livre II,
pages 14 et 19, et livre III, p. 18 de la partie
du ténor. Les autres compositeurs dont on y
trouve des motets à cinq et à six voix sont
Créquillon, Nicolas Gozin, Gombert, llollan-
der, De Latre (Petit Jean), De Lalre (Olivier),
Maillait, Clément (non papa) et Zachseus. Un
exemplaire de ce recueil est à la Bibliothèque
royale de Munich, sous le n° 126. L'autre col-
lection a pour titre : Cantionum Sacrarum
(vulgo Moteta vocant) quinque et sex vocum
ex oplimis quibusque Musicis selectarum.
Lovanii, apud Pelrum Phalesium, 1555-1558,
in-4°obl. Elle est composée de huit livres, dont
le cinquième ne contient que des motels de
Manchicourt. Au troisième livre se trouve le
motet de Tubal à cinq voix, Spirilus sanclus,
sous le n° 16. Un exemplaire des huit livres
de celte collection est dans ma bibliothèque.
Les huit livres ne contiennent que des compo-
sitions de musiciens belges.
TUBEL (Ciirétiex-Tiilophile), musicien
allemand, vécut quelque temps à Amsterdam,
vers le milieu du dix-huitième siècle, et s'y
livra à l'enseignement du piano et de la com-
position, puis il relourna en Allemagne. Il a
publié une instruction élémentaire pour l.i
musique, le clavecin et la composition, en
hollandais et en allemand, sous ce litre : Korte
Onderrigtingeder Musijk, met de daar by-
gevoegde 77 Handsluchjes voor het Clavier,
benevens cen korte behandeling van het con-
trapunct, etc., Amsterdam, 1707. On connaît
aussi sous le nom de cet artiste : Ino, cantate
de Ramier, publiée à Brunswick, en 1768."
TUCil (IIemu-Agatiion-Gottlob), compo-
siteur, éditeur de musique et libraire à Dcssau,
naquit en 1708, à Géra, en Saxe. Après avoir
commencé l'étude de la musique au gymnase
de cette ville, il suivit ses parents à Sangcr-
266
TUCH - TUCZER
hausen, et y devint élève de Rolle; puis il alla
à l'université de Leipsick, et étudia l'harmonie
et la composition sous la direction de Doles.
Doué d'une belle voix de basse, il se livra aussi
à l'élude du chant, et bientôt il abandonna la
théologie pour le théâtre. Engagé dans des
troupes ambulantes d'opéra, il chanta sur les
théâtres de plusieurs villes, et en dernier lieu
à Dessau, depuis 1790 jusqu'en 1800. Alors il
abandonna celte carrière pour établir une li-
brairie et un magasin de musique à Dessau.
Compositeur agréable, il a écrit la musique du
petit opéra intitulé : Der Gluckliche Tag
(L'Heureux jour), des chœurs pour le drame de
Lanassa, des ballets, des airs de danse et plu-
sieurs autres morceaux pour le théâtre et pour
les concerts. Il a fait imprimer les ouvrages
suivants de sa composition : 1° Des menuets,
polonaises et valses tyroliennes pour l'or-
chestre. Leipsick, Kollmann. 2° Pièces d'har-
monie de différents genres, œuvres 22, 55,
42, etc., ibid. 5° Petites pièces pour divers
instruments, tels que la flûte, le cor, la gui-
tare, etc. 4° Symphonie pastorale pour piano,
flûte, violon et violoncelle, op. 25, ibid. 5° So-
nates pour piano à quatre mains, op. 50, ibid.
0° Sonates pour piano seul, op. 5, 10, 51, ibid.
7" Ouvrages pour l'enseignement du piano,
op. 20 et 47, ibid. 8° Des petites pièces et des
danses pour le piano. 9" Plusieurs recueils de
chansons allemandes, etc.
TUCHEB (Le baron G. DE), conseiller au
tribunal militaire de Schweinfurt (Bavière),
né à Nuremberg vers le commencement du
dix-neuvième siècle, fut, dès sa jeunesse, ama-
teur passionné de musique, particulièrement
de musique religieuse.il a recueilli une grande
quantité d'œuvres de ce genre, produits par
les anciens mailres italiens, et a formé à Nu-
remberg une société de chant pour l'exécution
de celte musique éminemment classique. On
doit à cet amateur distingué un recueil inté-
ressant de mélodies chorales, dont la première
édition fut publiée sous ce litre : Schatz des
evangelischen Kirchengesanges, der Mélodie
und harmonie, nach aus den Ouellen des
XVI xind XVJI Jahrhunderls ungerichtet
(Trésor du chant de l'église évangélique, mé-
lodie et harmonie, tiré des sources des seizième
et dix-septième siècles); Stuttgart, 1840,
un volume in-4°. La deuxième édition de ce
recueil est intitulée -.Schatz des evangelischen
Kirchengesanges im ersten Jahrhundert des
Reformation (Trésor de chant de l'église évan-
gélique dans les premiers siècles de la ré for-
mation); Leipsick, Tîrcilkopf cl literie), 1848,
deux parties in-4° de plus de neuf cents pages,
non compris les préfaces. L'exécution typo-
graphique de celte deuxième édition est d'une
grande beauté.
TUCKER (Gcillaume), prêtre et chanoine
de Saint-Pierre, dans Westminster, à Londres,
fut attaché à la chapelle du roi Charles II, et
mourut le 28 février 1678. Il est auteur de
quelques antiennes qui se trouvent dans YHar-
monia sacra de Page.
TUCZEK (Fjiançois), directeur du chœur
de l'église paroissiale de Saint Pierre, à Prague,
en 1771, fut pendant quelques années aupara-
vant chef de musique de la garde civique de la
nouvelle ville. II mourut à Prague, vers 1780,
laissant en manuscrit des sonates de clavecin
et de petites symphonies appelées Parthien.
Tuczek avait écrit aussi dans sa jeunesse de
petits opéras de carnaval, en langue bohème.
TUCZEK (François) (1), compositeur dra-
matique, fils du précédent, naquit à Prague,
vers 1755. Élève de son père pour le chant et
pour la composition, il entra d'abord en qua-
lité de ténor au théâtre du comte de Schwerls,
à Prague; puis il y remplit l'emploi d'accompa-
gnateur au clavecin, jusqu'en 1797, époque où
il entra au service du duc de Courlande, en
qualité de maître de concerts, et alla demeurer
à Sagan. Il y resta jusqu'en 1800, puis alla di-
riger la musique du théâtre de Breslau. Vers
la t\.i de 1801, il abandonna cette position pour
aller à Vienne comme chef d'orchestre du théâ-
tre de Leopoldstadt. En dernier lieu il se fixa
à Peslh et y mourut en 1820. Cet artiste a écrit
pour les théâtres de Prague, de Breslau, de
Vienne et de Peslh quelques opéras dont voici
les titres : 1° Hans Klachel , à Prague, en
1797. 2°Rubesahl, à Breslau, en 1801. 5° Les
Deux Dachels. 4° Dxmona la fripière, opéra
féerique, en trois actes, à Vienne. 5° Moïse en
Egypte. 6° Samson. 7° Le Sultan Conradin.
fi" Le Chaperon enchanté, pantomime. 9° Idas
et Marpissa, opéra avec des changements de
costumes et de décorations à vue, à Prague, en
1808. 10° Lanassa, grand opéra, considéré
comme le meilleur ouvrage de l'auteur, parti-
culièrement à cause de la beauté des chœurs.
Tuczek a écrit aussi quelques oratorios, parmi
lesquels on cite le Jugement dernier, et des
cantates, dont une pour célébrer la convales-
cence du roi de Prusse, exécutée à Sagan. Ce
compositeur excellait dans la musique de
danse.
(I) Gerber a été mal informé en donnant a cet artiste
le prénom de Vincent'} il a éle copié par les autres bio-
graphes musiciens.
TUDWAY - TULOU
267
TUDWAY (Thomas), musicien anglais,
élève de BIow, dans la maîtrise de la chapelle
royale, fut condisciple de Turner et de Pur-
cell. Au mois d'avril 1664, il tut admis comme
ténor dans la cliapelle de Windsor. Sept ans
après, la place d'organiste du collège du Roi à
Cambridge lui fut offerte, et il l'accepta. En
1681, l'université l'admit au grade de bache-
lier en musique; plus tard il succéda au doc-
teur Staggins dans la place de professeur de
musique de celte université. Tudway passa les
dernières années de sa vie à Londres, occupé
par le comte d'Oxford à rassembler une col-
lection de musique d'église des plus célèbres
compositeurs anglais. Cette collection, mise
en partition par Tudway, et écrite de sa main,
forme six gros volumes in-4°; elle est déposée
au Muséum Britannique. Tudway a composé
plusieurs grandes antiennes qui ont été exé-
cutées pour des occasions solennelles, telles
que le voyage de la reine Anne à Cambridge.
TUEI\LilSCKS(COR?iEII.LE-jE*N-JOSEPn),
fils d'un luthier estimé, naquit à Malines (Bel-
gique), le 31 mai 1783. Son instruction dans
la musique lui fut donnée par le chanoine
C.-E. André, organiste de la métropole de
Malines. Heureusement organisé pour l'art,
Tuerlincks apprit avec facilité à jouer de la
plupart des instruments, particulièrement du
basson, du hautbois et de la flûte. Comme or-
ganiste, il remplaça souvent son ancien maître
de composition aux églises de Saint-Rombaut
et de Notre-Dame au delà de la Dyle, à Ma-
lines. Il a écrit beaucoup de morceaux tels que
marches, ouvertures, airs variés, fantaisies et
pas redoublés pour des instruments à vent,
dont quelques-uns ont paru dans un journal
d'harmonie militaire qu'il publia pendant
quelque temps, mais pour lequel il trouva peu
d'encouragement dans son pays. Au nombre
de ses ouvrages se trouve aussi une Messe de
Requiem. Numismate et botaniste distingué,
Tuerlincks a publié, en collaboration avec
M. le professeur Van Beneden, membre de
l'Académie royale de Belgique, une liste des
mollusques des environs de Malines. Il est
mort dans cette ville, le 29 décembre 1850.
En 1828, une médaille d'or lui avait été dé-
cernée au concours de composition ouvert par
la société d'harmonie d'Anvers. Ses ouvrages
manuscrits ont été déposés aux archives de la
( ville de Malines.
TULOU (Jean-Pierue), fils d'un choriste
de l'Opéra, issu d'une famille attachée à ce
spectacle depuis le commencement du dix-
huitième siècle, naquit à Paris, en 1740, et fut
élève de Cugnier pour le basson. Entré à
l'Opéra pour y jouer cet instrument, en 1786,
il fut ensuite professeur au Conservatoire, à
l'époque de sa création, et mourut à Paris, au
mois de décembre 1709. Cet artiste a publié
six duos pour deux bassons, à Paris, chez
Sieber, et douze airs variés pour deux bassons,
ibid.
TULOU (Jean-Louis), fils du précédent,
est né à Paris, le 12 septembre 1786. Admis
au Conservatoire comme élève, le 8 novembre
1796, il fut placé l'année suivante sous la di-
rection de Wunderlich pour la flûte, instru-
ment pour lequel la nature l'avait doué des
dispositions les plus heureuses. Au concours
de 1799,1e second prix lui fut décerné, et dans
celui de l'année suivante il mérita le premier;
mais il était si jeune, que le jury, voulant
l'obliger à travailler encore sous son maître,
ne le lui accorda pas, et, contre l'usage établi,
lui en décerna un second d'honneur, pour ré-
compenser les progrès qu'il avait faits depuis
l'année précédente. Enfin la supériorité de
Tulou sur ses rivaux se manifesta avec tant
d'éclat dans le concours de 1801, qu'il fallut
bien lui décerner le premier prix, quoiqu'il ne
fût pas encore âgé de quinze ans. Dès lors, il
était déjà incontestablement le plus habile'
flûtiste de France, et vraisemblablement de
toute l'Europe. L'imperfection des flûtes de
celle époque n'empêchait pas qu'il jouât avec
une justesse parfaite, et avec un beau son qu'il
modifiait dans tous les degrés d'intensité. Son
exécution se faisait remarquer par un brillant
et par une verve auparavant inconnus; nul ne
chantait avec plus d'expression, de grâce et
de délicatesse; en un mot, son talent offrait,
dans la réunion de ses qualités, le modèle de la
perfection. En 1804, il était entré à l'orchestre
de l'Opéra italien, en qualité de première
flûte; il y resta jusqu'en 1813, et remplaça
alors son maître Wunderlich comme première
flûte à l'orchestre de l'Opéra. Dans l'intervalle
des douze années écoulées depuis qu'il avait
obtenu le premier prix du Conservatoire, il
n'avait pas cultivé son talent avec le soin qui
semblait nécessaire pour le conserver. Homme
de plaisir, il avait été compagnon assidu de
quelques oisifs qui le recherchaient à cause
de sa gaieté intarissable. D'ailleurs, son goût
passionné pour la chasse, et la bizarre fan-
taisie qui lui fit négliger sa vocation de
musicien pour la peinture, dans laquelle il ne
réussit jamais, semblaient devoir lui faire
perdre en peu de temps sa supériorité sur ses
émules. S'il devait se faire entendre en public,
268
TULOU - TUMA
il était quelquefois obligé d'emprunter une
flûte, la sienne étant égarée. Cependant telle
était son heureuse organisation, qu'on le vit, à
un concert de madame Calalani, se préparer à
jouer un morceau difficile sur un instrument
dont une des pièces était fendue dans toute sa
longueur. Il ne s'en aperçut qu'au moment de
commencer, et rajusta sa flûte comme il put
avec quelques bouts île fil et de la cire, devant
le nombreux auditoire qui encombrait la
vaste salle de l'Opéra. Tous ses amis frémis-
saient d'inquiétude; mais lui, plein d'assu-
rance, comme si tout eût été dans le meilleur
ordre, joua avec tant de verve, de grâce et
de perfection, que des transports d'enthou-
siasme éclatèrent de toute part. Seul entre
tous les artistes qui s'étaient fait entendre
rlans les concerts de la prodigieuse canta-
trice, il balança ses succès.
Cependant un talent nouveau, bien remar-
quable aussi dans son genre, se produisit en
1814. Ce talent était celui de Drouet qui, plus
jeune, ayant pour lui le mérite de la nou-
veauté, et possédant une grande puissance
d'exécution dans la difficulté vaincue, avait
beaucoup de chances de succès. Les deux ar-
tistes eurent bientôt chacun leurs admirateurs
. enthousiastes et leurs détracteurs. Depuis près
de deux ans, la victoire demeurait incertaine,
quand Lebrun composa son opéra intitulé le
Rossignol, oit le chant du roi des oiseaux était
confié à la flûte de Tulou. Celte lutte devait être
décisive : l'artiste le comprit et sut élever son
talent à la hauteur de la difficulté. Dans toute
la durée de l'opéra il fit entendre des accents
si nouveaux, si purs, si tendres et si brillants
à la fois, qu'une admiration frénétique se ma-
nifesta dans toute l'assemblée. Les nombreuses
représentations qui se succédèrent sans re-
lâche ajoutèrent chaque fois au triomphe île
Tulou : dès lors il n'y eut plus de lutte pos-
sible : Drouet s'éloigna de Paris et se rendit en
Angleterre.
Dès les premiers jouis de la restauration,
Tulou s'était rangé parmi l'ardente jeunesse
dont les sarcasmes poursuivaient le retour de
l'ancienne dynastie et de ses partisans. Cette
faute le fil tomber en disgrâce. Il ne fut pas
compris au nombre des altistes appelés à com-
poser la nouvelle chapelle du roi ; et, quelques
années plus tard, lorsque son vieux maître
Wumlerlicli laissa vacante la place de profes-
seur au Conservatoire, ce ne fut pas Tulou, mais
un artiste d'un talent très-inférieur au sien,
qu'on choisit pour le remplir. Irrité de ce
qu'il considérait à bon droit comme une in-
justice, il donna, dans un moment d'humeur,
sa démission de première flûte de l'Opéra
(1822), et ce fut encore le même flûtiste qu'il
vit appeler à lui succéder. Cinq années se pas-
sèrent, pendant lesquelles Tulou ne se rappela
au souvenir des artistes et du public que par ses
compositions. Enfin une administration mieux
inspirée le rappela à l'Opéra, en lui donnant
le titre de première flûte solo (en 1826), et peu
detempsaprès,la placede professeur an Conser-
vatoire lui fut accordée. Depuis lors jusqu'à sa
retraite, en 1856, Tulou a rempli ces emplois
conjointement avec celui de première flûte de
la Société des concerts. Une fabrique de flûtes
qu'il avait établie et dirigée a eu longtemps la
vogue et a produit de bons instruments de
l'ancien système. Jusqu'à la fin île sa carrière
d'artiste et de professeur, Tulou a voulu con-
server l'ancienne flûte et s'est opposé à l'intro-
duction de la flûte de Bœhm dans l'enseigne-
ment du Conservatoire de Paris. En 1857, il
s'est fixé à Nantes, où il vit encore (1864).
Les compositions de Tulou sont en grand
nombre; dans leur classement on remarque :
1° Symphonie concertante pour flûte, hautbois
et basson; Taris, II. Lcmoine. 2° Idem pour
flûte, hautbois, cor et basson, n° 2; Paris,
Pleyel. 3° Concertos pour flûte et orchestre;
n° 1 (en la); Paris, II. Lcmoine; n° 2 (en mi
mineur); Paris, Henlz ; n° 3 (en ré) ; Paris,
Schœnenbergcr; n° 4 (en wt" mineur); Paris,
Pleyel; n° 5 (en ré), rp. 37; Paris, Pleyel.
4° Grands solos pour flûte et orchestre; n,,s 1
et 2; Paris, chez l'auteiit. 5° Fantaisies pour
llûte et oicheslre, op. 16; Paris, Pacini;
op. 54 (sur un motif de la Muette de Portici)\
Paris, Troupenas; op. 66 (le Bouquet de bal);
ibid. 6° Airs variés pour flûte et orchestre,
op. 22; Paris, Pleyel; op. 35, ibid.; op. 39;
ibid.; op. 56; op. 62. 7° Airs variés avec qua-
tuor, op. 17; Paris, Pacini; op. 28, 30, 56, 55,
60; Paris, Bonn, Maycnce et Berlin. 8° Plu-
sieurs airs variés avec deux violons et basse.
9° Grand trio pour trois flûtes, op. 24; Paris,
Pleyel. 10° Polonaise de Tancredi pour deux
flûtes et piano, op. 32; Paris, Schlesinger.
11° Plusieurs fantaisies et airs variés avec
piano. 12° Plusieurs morceaux de concours
pour le Conservatoire. 13° Duos pour deux
flûtes, livres 1, 2, 5; Paris, II. Lemoine;
op. 8; Paris, Schœncnberger; op. 14, 15;
Paris, Pacini; op. 18, 19; Paris, Gambaro,
op. 31, 33, 34; Paris, Pleyel. 14" Beaucoup
d'airs variés et de fantaisies pour deux flûtes.
TUMA (Fiu>cois), compositeur, né à Kos-
tclccz, en Bohême, le 2 octobre 1704, (il ses
TUMA - TURBRY
269
éludes à Prague, cl fut ensuite employé comme
ténor à l'église Saint-Jacques de cette ville,
ilans le même temps où Segerl y était altiste.
Tous deux étaient élèves du P. Bohuslasz Czer-
nohorsky (voyez ce nom), qui était alors maide
de chapelle de celle église. Après avoir achevé
son cours de philosophie, Tuma se rendit à
Vienne, où le prince de Kinsky devint son pro-
tecteur, et le confia à Fux pour le diriger dans
ses études de contrepoint. Devenu maître île
chapelle de l'impératrice Elisabeth, en 1741,
il en remplit les fonctions jusqu'à la mort de
celle princesse, puis se retira dans un cloîlre,
où il mourut en 1774. Ses principales compo-
sions consistent en molels, messes et quel-
ques morceaux de musique instrumentale,
parmi lesquels on cile particulièrement un
Miserere et des Matines des morts, des par-
thien pour divers instruments. Tous les ou-
vrages de cet artiste sont restés en manuscrit.
TUNSTEDE (Simon) ou TUINSTED,
moine franciscain anglais et docteur en théo-
logie, naquit à Norwich, au commencement du
quatorzième siècle. Son savoir et sa piété le
firent élever à la dignité de provincial de l'or-
dre en Anglelerre. Il mourut à Bruzard, dans
le comté de Stifïblk, en 1369. Un manuscrit de
la bibliothèque Bodléienne, à Oxford, coté
il" 515, renferme deux traités de musique dont
il est auteur : le premier a pour litre : De Mu-
sica continua cl discreta cum diagramma-
tibus, per Simonem Tunstede ann. Dom
\ 351. Le second traité est intitulé : De quatuor
principalibus in quibus lotius musicx radi-
ées consistant.
TURRHY (François Lurent-Héreut), né
à Paris, le 27 seplembre 1795 (1), fut admis
en 1812 au Conservatoire de celle ville, comme
élève de violon, dans la classe de Grasset. Après
y êlre resté environ deux ans, il disparut, sans
qu'on en connùl la cause. On voit dans l'aima,-
nachdes théâtres, intitulé : annuaire drama-
tique pour 1817, qu'il était entré quelques
mois auparavant dans l'orcheslre du Théâtre-
Ilalien, comme un des seconds violons. Il ren-
tra au Conservatoire le 7 décembre de celle
même année 1817, pour y étudier l'harmonie,
sons la direction de I)ourlen,dont il devint cn-
suilo le répétiteur; mais il disparut encore
tout à coup de celle école et de l'orcheslre où
(I) Dans la première édition de celte biographie il est
dit que Turbry naquit à Toulouse; cette erreur est ici
rectifiée d'après les registres (|u Conservatoire de Paris.
Au reste il est trés-difficilc de déterminer le lieu et la
date de la naissance de cet arlislc, car le registre des
grands concours de l'Institut porte : Turbry (François-
Lnttien-'.'èbcvl), né « Met:, le 13 mars 1797.
il élail attaché; personne ne savait ce qu'il
élait devenu, lorsqu'on apprit qu'il était à
Toulouse, où il publia un Abrégé du diction-
naire de musique de J . J . Rousseau, Tou-
louse, imprimerie de Bellegarde, 1821, in-12
de cent quarante pages. De retour à Paris en
1822, il enlra à l'orchestre du théâtre du Gym-
nase dramatique et n'y resta qu'une année.
En 1830, il obtint d'entrer à l'Opéra, comme
allô ; mais ses absences fréquentes de l'orches-
lre lui firent donner son congé dans l'année
suivante. Depuis lors il n'a plus été attaché
aux orchestres, et n'a élé connu que comme
professeur de violon et d'harmonie. Esprit
bizarre, inconstant, sans ordre dans les idées
comme dans sa conduite, il ne sut pas mettre
à profit son heureuse organisation d'artiste, et
finit par tomber dans la misère et dans la dé-
gradation qui en esl souvent la compagne. Il
avait écrit un Cours d'harmonie transcen-
dante (!), qui fut approuvé par la classe des
beaux-arts de l'Institut de France; mais il ne
le publia pas. Il avait composé une .Sj/mp/tonfe
fantastique qui fut exéculée aux concerts de
Valenlino; puis il écrivit, dans le Courrier
des théâtres, un long article contre les compo-
siteurs qui ne savent pas trouver d'idées dans
les conditions des œuvres classiques. Pour
faire connaître la nature de cet esprit ma-
lade, je crois devoir copier ici une annonce
que Turbry avait fait lilhographier, et qu'il
distribuait lui-même sur les boulevards :
« F. L. II. Turbiiy, etc., donne des leçons de
» solfège, de violon, d'harmonie usuelle et
« d'harmonie transcendante, de mélodie, de
» prélude, d'improvisation et de composition
» dramatique; des leçons de déclamation mu-
n sicale particulièrement appliquées à l'inler-
» prétalion des sonates de Beethoven pour le
» piano, dont il fait travailler le mécanisme
» dans le système de Liszt. — Se charge de
» corriger, rectifier, écrire, instrumenter et
>' orchestrer toute espèce de musique. — Prix
» des leçons : 5 francs; 27, rue des Martyrs,
» à Paris. » Cet arlislc infortuné est mort
dans celle ville, le 25 décembre 1859. On a
publié de sa composilion : 1° Ouverture pour
les concerts, Paris, Frey. 2° Grand quatuor
pour deux violons, allô et basse, op. 7, Paris,
Pacini. 3° Grand trio pourviolon, alto et basse,
op. 14, ibid. 4° Air tyrolien varié pour violon,
avec quatuor, ibid. 5° Duos pour deux violons,
livres Ier cl 2e, ibid. 6° Grand duo pour piano
et violon; Paris, Pacini. Il avait composé un
grand opéra intitulé Jérusalem délivrée, qui
n'a pas élé représenté.
.270
TURCAS - TURINI
TURCAS(JosrPH-FRANCOis-CiinYsosTOJiE),
né à Marseille, le 27 novembre 1788, morl à
Paris le 20 décembre 1841. Entré fort jeune au
service militaire, il suivit le mouvement des
armées en Allemagne. Son intelligence et son
aptitude aux affaires le firenlbienlôt remarquer
de ses supérieurs. En 1800, à peine âgé de dix-
huit ans, il remplissait déjà les fonctions dese-
cré taire du commandantde la place, àMinden.
Après l'organisation du royaume deWeslplialie,
il eut successivement les emplois de chef des
-bureaux «le la cavalerie et des pensions mili-
taires au ministère de la guerre dece royaume.
De retour en France en 1810, il servit pendant
deux ans dans le 52e régiment d'infanterie de
ligne, puis fut attaché, comme secrétaire, au
général Hullin, commandant de la ville de
Paris. En 1815 il obtint le grade de commis-
saire des guerres adjoint ; plus tard il eut celui
de sous-intendant militaire de première classe
et fut décoré de la croix d'officier de la Légion
d'honneur. Il occupait celte position au mo-
ment de son décès. Un goût passionné pour la
musique, qu'il avait toujours cultivée, le lia
avec quelques compositeurs célèbres, particu-
lièrement avec Cherubini, dont il devint le
gendre. Bien que ses éludes musicales eussent
élé incomplètes, il écrivait avec facilité des
œuvres instrumentales. On a de lui quelques
quatuors et quintettes pour instruments à
cordes qui ont été exécutés par llaillot et par
Habeneck ; deux symphonies à grand orchestre,
dont l'une a été entendue dans les concerts de
Valenlino, et dont la troisième partie a été
exécutée par l'orchestre de la Société des con-
certs du Conservatoire de Paris, le 22 avril
18Ô8; enfin, quelques airs de ballets, parmi
lesquels on remarque un pas de trois dans le
ballet de la Sylphide, qui fut dansé par ma-
demoiselle Taglioni, Perrol, etc. Peu de jours
avant sa mort, Turcas travaillait encore à la
musique du ballet La Jolie fille de Gand, que
M. de Saint-Georges lui avait confié en colla-
boration avec Adolphe Adam.
TURCO (Giovasm DEL), gentilhomme
florentin, chevalier de Saint-Etienne, naquit
dans la seconde moitié du seizième siècle. Il
cultiva la musique avec succès et fit imprimer
deux livres de madrigaux à cinq voix de sa
composition. Le deuxième livre a pour litre :
77 secondo libro de' Madrigali a cinque voci
di Giov. del Turco, cavalière di S.Stefano.
InFirenze, per Zanohi Pitjnoni e Compa-
gnie 1014, in-4°.
TURIM (Grégoire), habile chanteur et
virtuose sur le cornet, naquit à Brescia, vers
1500. Ses talents le firent rechercher par plu-
sieurs princes d'Italie, au service desquels il
passa successivement. Sa réputation s'élant
étendue jusqu'en Allemagne, l'empereur Ro-
dolphe II l'appela à Prague, où était alors sa
cour : il s'y rendit et excita l'admiration géné-
rale, comme chanteur et comme instrumen-
tiste. Le monarque l'attacha à sa musique par-
ticulière et le récompensa magnifiquement;
mais il ne jouit pas longtemps de sa faveur,
car il mourut à Prague, jeune encore, vers
1000. On a de sa composition : 1° Canliones
admodum devotx cum aîiquot Psaîmis Da-
vidicis, in Ecclesia Dei decantandis , ad
quatuor xquales voces . f enetiis , apud \A nge-
lumGardanum, 1589, in-4° obi. 2° Il primo
libro dicanzonette ai voci, Nuremberg, 1597,
in-40.ô° Teutsche Lieder nach Art der wel-
schen Villanellen mit 4 Stimmen (Chansons
allemandes, dans le style des villanelles fla-
mandes et françaises, à quatre voix).
TURINI (François), fils du précédent, né
à Brescia, en 1590 (1), fut élève de son père.
Il jouait fort bien de plusieurs instruments,
particulièrement de l'orgue. La bienveillance
de l'empereur Rodolphe II s'étendit sur lui
comme sur son père. Turini était encore en-
fant lorsque ce prince le nomma organiste de
sa chapelle. Plus lard, il obtint la permission
d'aller à Venise et à Rome perfectionner ses
talents de chanteur, d'organiste et de compo-
siteur. De retour à Prague, il y reprit son ser-
vice et jouit en paix du fruit de ses travaux.
Cependant, ayant élé appelé à plusieurs reprises
par les chanoines de la cathédrale de Brescia
pour remplir les fonctions d'organiste de cette
église, il finit par se rendre à leurs vœux, et
retourna dans sa ville natale. Il mourut à
Brescia, en 1G5G, à l'âge de soixanle-six ans,
et fut inhumé dans l'église de Saint-Clément,
où l'on voit encore son tombeau avec une épi-
laphe honorable. Les ouvrages connus de sa
composition sont les suivants : 1° Misse a
quattro e cinque voci, Venise, Gardane, in-4".
C'est le premier œuvre de l'artiste : il le dédia
aux chanoines de Brescia. 2° Motetti a voce
sola, da potersi cantare in soprano, in con-
tralto, in tenore et in basso, Brescia, per Gio.
Battista Buzzola, réimprimés à Venise par
Alexandre Vincenli, en 1029. 5° Madrigali a
cinque, cioe ô voci, 2 violini e chilarone, li-
bro terzo. Fenezia, Aless. Vincenli, 1029,
in-4". 4° Madrigali a una. due, tre voci, con
(I) Tiraliosclii s'est trompe en le faisant naître à Mo-
dene (Biblioth. Modcnese, t. VI, p. GOi).
TURINI — TURK
971
alcune sonate a 2 e 5, Libro primo c libro
seconda, Venise, Barlolomeo Magni, 1G24.
5° Misse a capella a 4 voci, Venise, 1043.
6°Motetticomodi in ogni parte, Venise, Bart.
iMagni. On trouve quelques motels de Turini
dans le Bergam. Parnassus musicus. Le
P. Paolucci a donné en partition un canon in-
génieux à quatre voix, tiré du premier livre de
messes de ce compositeur, dans le deuxième
volume de son Avle pratica di contrappunto
(liages 119 et suiv.), avec ùcs observations cri-
tiques.
TURINI (Feudinaind), organiste et compo-
siteur, naquit en 1749, à Salo, au. territoire de
Brescia. II reçut dès son enfance des leçons de
musique de plusieurs maîtres à Brescia, Padoue
et Venise. Neveu de Ferdinand Berloni {voyez
ce nom), il fit, sous sa direction, des études
d'harmonie et d'orgues Son oncle lui ayant fait
obtenir la place d'accompagnateur dans un
des théâtres de Venise, il y écrivit plusieurs
opéras bouffes, et composa aussi des morceaux
de musique religieuse pour des couvents. En
1772, Turini eut le malheur de perdre la vue,
à l'âge de vingt-trois ans. Ce funeste événe-
ment le mit dans la nécessité de renoncer à la
composition dramatique, et d'accepter une
place d'organiste à l'église deSanta-Giustina,
î\ Padoue. Pendant plus de vingt-cinq ans il
occupa cette place avec honneur. Les événe-
ments de la guerre l'obligèrent à l'abandonner
en 1800, et à se réfugiera Brescia, où il vivait
encore en 1812 du faible produit de quelques
' leçons. Tl fil exécuter en 1808 un Miserere de
sa composition dont on a fait l'éloge.
TU1»K (Daniel-Théophile), savant musi-
cien, naquit le 10 août 1750, à Claussnilz, près
de Chemnilz, en Saxe. Son père, musicien au
service du comte de Schoenbourg, lui enseigna
les principes de la musique et du violon lors-
qu'il était encore enfanl, et d'autres maîtres
lui apprirent à jouer de plusieurs instruments
il vent. Doué d'heureuses dispositions, il fit de
rapides progrès et fixa l'attention d'Homilius
lorsqu'il fut admis comme élève à l'école de la
Croix, de Dresde. Ce maître distingué lui fit
faire de bonnes études d'harmonie et de con-
trepoint. En 1772, Turk fréquenta l'université
de Leipsick, el y trouva, sur la recommanda-
tion d'Homilius, un zélé protecteur dans
Hiller, qui le fit entrer comme violoniste à
l'orchestre des concerts et de l'Opéra, et qui
l'aida de ses lumières dans ses travaux. Les
•premières compositions de Tiirk datent de
cette époque : il fit exécuter dans les concerts
de Leipsick deux symphonies et une cantate '
qui obtinrent un brillant succès. La protection
de Hiller lui fit avoir, en 177G, les places de
cantor à l'église Saint-Ulrich de Halle et d'in-
stituteur au gymnase luthérien de celle ville.
Il écrivit encore à celle époque quatre sym-
phonies, un grand chœur, quatre cantates, et
des sonates de piano qui furent considérées
comme excellentes. Le mérite de ces ouvrages
le fil nommer directeur de musique à l'univer-
sité de Halle, en 1779. La place d'organiste de
l'église Notre-Dame étant devenue vacante en
1787, Tiirk l'obtint et donna sa démission de
l'emploi d'instituteur du gymnase luthérien,
afin de se livrer avec plus de liberté à ses tra-
vaux sur la musique. Considéré comme un sa-
vant musicien, il publia depuis lors plusieurs
ouvrages qui étendirent sa réputation dans
toute l'Allemagne. En 1808, l'université de
Halle lui accorda le grade de docteur en phi-
losophie, elle nomma professeur de Ihéoriede
la musique et d'acoustique en celle faculté.
Vers la fin de sa laborieuse carrière, Turk
éprouva de vifs chagrins qui abrégèrent sa vie
et triomphèrent de sa robuste constitution.
Les malheurs de l'Allemagpe, depuis 180G,
l'affligèrent d'autant plus que l'université de
Halle était devenue presque déserte. La mort
de sa femme, en 1808, acheva d'abattre son
courage. Sa santé s'altéra par degrés, el, le
26 août 1813, il mourut à l'âge de cinquante-
sept ans.
Les compositions de Turk qui ont été pu-
bliées sont celles dontles litres suivent : 1° Die
Hirten bei der Krippe in Bethléem (Les Ber-
gers à la crèche de Bethléem), oratorio,
deuxième édition ; Halle , Hemmerde et
Schwelschke, in-fol. 2° Six sonates pour le
piano, premier recueil dont la troisième et
dernière édition a paru en 1798; ibid. 3° Six
idem, deuxième el dernière édition; ibid.,
1789. 4° Six idem, troisième recueil; ibid.,
1789. 5° Six sonates faciles pour le piano,
premier et deuxième recueils, ibid., 1783,
deuxième édition, 179G. G0 Six petites so-
nates pour le piano, premier recueil, troi-
sième édition; ibid., 1793. 7° Six idem,
deuxième recueil, deuxième édition; ibid.t
1793. 8° Six idem, troisième recueil, ibid.,
1793. 9° Soixante morceaux de piano pour les
commençants, premier recueil, troisième édi-
tion; ibid., 180G; deuxième recueil, deuxième
édition, 1798. 10n Trente morceaux de piano
à quatre mains, première el deuxième parties;
ibid., 1807; troisième et quatrième recueils;
ibid., 1808. 11° Chansons de Sicgwart, mises
en musique avec accompagnement de piano;
272
TURK - ÎURLEY
i6i7/.,1780Tiirka laissé aussi en manuscrit six
motels avec orchestre, vingt cantates, quel-
ques morceaux d'église, sept symphonies, un
livre de chorals, des chœurs et des sonates
d'orgue et île piano. Mais c'est surtout comme
écrivain didactique que ce savant musicien est
aujourd'hui connu, bien qu'il y ait un mérite
incontestable dans ses compositions. Le pre-
mier ouvrage qui le fit connaître comme litté-
rateur musicien a pour titre : Von den wich-
tigslcn Pflichlen eines Organislen.Ein Bei-
trag zur Verbesserung der musikalischen
Liturgie (Des principaux devoirs «l'un orga-
niste. Essai pour l'amélioration de la liturgie
musicale); Leipsick et Halle, 1787, in-8" de
t\c\\\ cent quarante pages. Tuïk traite dans ce
livre du choral et de son accompagnement, de
la forme des préludes d'orgue, de la tonalité
et de la connaissance de la construction de
l'orgue. Il ne laisse rien à désirer sur ces»
objets. Après cet ouvrage, il publia sa grande
école de piano, avec des réflexions critiques
pour les maîtres et pour les élèves, sous ce
titre : Clavier schule, oder Aniveisung zum
Clavierspielen fiir Lehrer und Lernende,
mil kritischen Anmerkungen; Halle et Leip-
sick, 1780, in-4" de quatre cent huit pages.
Une deuxième édition augmentée a paru, non
en 1800, comme le disent la plupart des bio-
graphes, mais en 1802, à Leipsick et à Halle,
un volume in-4° de quatre cent soixante
pages. Tllrk a donné un abrégé de cet ouvrage,
intitulé : Kleines Lehrbuch fiir Anfangerim
Clavierspielen; Halle, 1792, in-8". H en a
publié une deuxième édition , à Leipsick et
Halle, en 1805, in 8". Après la méthode de
piano, Tllrk publia son introduction abrégée
à l'accompagnement de la basse continue
(K'.irze Aniveisung zum Generalbass spielen);
Halle et Leipsick, 1791, un volume in-8° de
(rois cent sept pages. Aucun autre ouvrage sur
le même sujet n'a eu autant de succès, car les
éditions en ont été multipliées. La deuxième
parut, avec de grandes augmentations, à Halle
et à Leipsick, en 1800, un volume in-8n de
trois cent quatre-vingt-dix pages. Après la
mort de l'auteur, Naue, son élève et succes-
seur, en publia une troisième (Halle, 1816,
in-8°) qui est la reproduction exacte de la se-
conde, et en donna une quatrième dans la
même ville, en 1824. Il en a paru une cin-
quième à Vienne, chez Haslinger (sans date,
un volume in-8° de trois cent trente -cinq
pages), et récemment MM. Breilkopf et
Iloei tel, de Leipsick, en ont mis une sixième
au jour. Le livre de TUrk ne se fait remarquer
par aucune vue originale concernant le sys-
tème de l'harmonie; Kirn berger est presque
constamment le guide de l'auteur. Mais les
applications pratiques qu'on y trouve en grand
nombre, et qui rendent l'élude facile pour la
pratique, ont assuré la vogue de l'ouvrage.
Tllrk a publié lui-même sur son livre une
petite brochure de deux feuilles, sans date ni
nom de lieu, intitulée : Beleuchtung einerRe-
cension des Bûches : Kurze Jnweisung zum
Generalbass-spielen (Éclaircissement pour
une analyse du livre intitulé : Introduction
abrégée à l'accompagnement de la basse
continue). Le dernier ouvrage de TUrk est son
Instruction pour les calculs du tempérament
(Anleitung zu Temperalur berechnungen,
furdiejenigen. welclie in dem arithmetischen
Theile der Musik keinen mundlichen Vnter-
richt haben kœnnen, etc.); Halle, 1808, un
volume in-8° de cinq cent soixante-douze
pages, non compris une table de logarithmes
et un index des matières. Quelquesexemplaires
parurent en 1806; mais la guerre de Prusse
ayant empêché que l'ouvrage se répandit,
TUrk le reproduisit deux ans après, avec un
nouveau frontispice. Il s'était proposé d'épuiser
la matière dans ce gros volume; mais il l'a
rempli d'inutilités, et n'a pas atteint le but de
la science, qui doit être la simplicité et la gé-
néralisation des principes. Il s'y prononce
contre le tempérament égal, le seul cependant
«lui puisse satisfaire à toutes les conditions, et
adopte celui de Kirnberger, dont le général
TempelholT (voyez ce nom) avait précédent-'
ment démontré les imperfections.
TURIIXOIWARUS (Jean). Gesner indique
sous ce nom (Bibl. in Epitom. red., p. 505)
un livre intitulé : Rudimenta musicx, mais
sans aucun détail, sans indication de ville, et
sans date.
TURLEY (Jean-Tobik), excellent facteur
d'orgues, naquit le 4 août 1773, à TYeuen-
hrilzen, prèsdePolsdam. Fils «l'un paysan, il
fut obligé d'entrer en apprentissage chez un
boulanger et d'embrasser plus tard cet état,
quoique ses dispositions naturelles le portas-
sent vers la musique et vers la mécanique.
Dans ses heures de loisir, il fabriquait des fla-
geolets et des horloges à carillon. Ayant fait
l'acquisition d'un ancien orgue hors de ser-
vice, il en étudia le système et toutes les
pièces séparément, puis il construisit un in-
strument composé de huit jeux qui se trouve
encore dans l'église de Brackwilz, près de
Treucnbritzcn. Encouragé par le succès de
cet ouvrage, il entreprit la réparation de plu-
TURLEY — TURNIIOUT
273
sieurs orgues, et quitta, en 1814, sa profes-
sion pour se livrer à la culture d'un art qu'il
avait appris sans autre maître que son in-
stinct. La régence de Potsdam le chargea, en
181 G, de la construction d'un nouvel orgue a
Holienhruch, et cet ouvrage obtint l'approba-
tion complète du directeur de musique, Wilke,
de Neu-Ruppin, chargé de le recevoir. Vingt
autres instruments furent confiés ensuite à
Tiirlcy et furent tous réussis par ses soins et
son intelligence. L'un de ses orgues les plus
remarquables se trouve à Joachimsthal. Deux
antres instruments de ce genre lui avaient été
demandés pour les églises de Perlcberg et de
Pritzwalk; mais il ne put les achever, la mort
l'ayant Happé subitement, leOavril 1829.
TURNBULL (Jean), musicien écossais,
directeur du chœur à l'église Saint-Georges de
Glascow, de 1825 à 1842, est auteur d'un re-
cueil de chants d'église à quatre parties, à
l'usage des congrégations presbytériennes de
toute l'Angleterre, publié sous ce titre : A Sé-
lection of original sacred Music in four
parts, adapted to the varions mètres used in
Presbyterian Chnrches and Chapels etc.,
throughout the A'ingdom; Glascow, 1833,
in-8°obl. gravé. C'est une deuxième édition.
L'auteur destinait son ouvrage à former le
sixième volume de la collection de musique
sacrée publiée par R.-J.-S. Sleven, ou Sle-
vens, laquelle est aussi destinée au culte de la
secte presbytérienne. Ce qui distingue parti-
culièrement le chant en usage dans les églises
du rit presbytérien pour les psaumes chantés
en chœur, c'est que le ténor, ou quelque autre
voix, chante alternativement certaines phrases
seul, puis en chœur avec les autres voix.
TURÏNER (Guillaume), musicien anglais,
élève du docteur Blow, naquit à Londres, en
1651. Sa belle voix de ténor lui fit obtenir, en
1669, une place dans la chapelle royale. Plus
tard, il fut vicaire de Saint-Paul et de l'abbaye
de Westminster. En 1696, il obtint le grade
de docteur en musique à l'université de Cam-
bridge. Il mourut à Londres, le 13 janvier
1740, à l'âge de quatre-vingt-huit ans. En
1716, il fit représenter au théâtre anglais un
intermède de sa composition intitulé : Pre-
somptuous love (L'amour présomptueux). Ce
musicien n'est aujourd'hui connu que parmi
livre qui a pour litre : Sound anatomized in
a philosophical essay on Music; wherein is
cxplained the nature of sound, both in ils
essence and régulation, etc. (Le son analysé-
dans un essai philosophique sur la musi-
que, etc.) ; London, printed by TFilliam
BI0C1Ï. UNIV. DES MUSICIENS. T. Mil.
Pearson, 1724, in -4° de soixante-dix-huit
pages, avec une planche gravée. On trouve à
la fin de l'ouvrage une satire en prose de sept
pages chiffrées séparément, On the abuse of
Music (Sur les abus de la musique). Une pre-
mière édition de ce livre a paru sans nom
d'auteur, sous le titre suivant : A philoso-
phical Essay ofMusick, directed to a friend
(Essai philosophique sur la musique, adressé à
un ami); Londres, 1G77, in-4°. L'éditeurde
musique J. Walsh a publié une troisième édi-
tion, sans date, sous le même litre, dans
l'année delà mort de Turner. Nonobstant son
litre pompeux, le livre de Turner n'offre rien
de nouveau ni de remarquable, si ce n'est un
aperçu du rapport des douze constellations du
zodiaque avec les douze demi-tons de l'oc-
tave, et de la semaine planétaire avec les sept
degrés de la gamme (page 13); idée dont l'abbé
Roussier {voyez ce nom) s'est emparé plus tard.
Gerber cite (Neues hist. biog. Lexikon der
Tonkiinstler, t. IV, p. 407) une deuxième
édition du livre de Turner, sans date.
TURNHOUT (Gérard DE), célèbre com-
positeur du seizième siècle, ainsi nommé de la
ville où il vit le jour, naquit au plus lard en
1520 ou 1521, car, suivant les recherches de
M. de Burbure dans les archives de l'église
Notre-Dame d'Anvers, Gérard, déjà prélre,
devint maître de musique à la confrérie de la
Vierge, dans celle cathédrale, en 15G2. On
verra d'ailleurs plus loin que des ouvrages de
sa composition étaient déjà imprimés en
1544. Dans l'année suivante, il obtint une cha-
pellenie devenue vacante et prit place dans le
groupe de chanteurs du côté droit du grand
chœur Enfin, ce fut dans cette année 1563,
que Gérard de Turnhoul fui appelé, à cause de
son mérite éminent, à la position de maître
de musique (maître de chapelle) de la cathé-
drale, dans laquelle il succéda à Antoine Barbé
(voyez ce nom). Les soins qu'il donnait à
l'exercice de ses fonctions furent troublés, en
15G6, par les dévastations des iconoclastes; les
grandes orgues de l'église furent détruites, et
toute la collection de musique pour le service
du chœur et des chapelles fut livrée au pillage
ou brûlée. On voit, par les registres de la ca-
thédrale, que Gérard de Turnhoul employa les
années 1567 et 1568 à réparer ces désastres;
qu'il fit transcrire un grand nombre de messes,
de motels, de Magnificat et d'autres morceaux;
enfin, qu'il présida la commission de l'essai
qui fut fait des nouvelles orgues avec pédales
construites par mallre Gilles Brebor, facteur
de Malines , lesquelles furent jouées par
48
274
TURNHOUT
mailre Louis Broomans, organiste aveugle de
Bruxelles, par l'organiste du roi d'Espagne,
par Servais Vandermeulen, organiste de la
cathédrale, et par Gérard de Turnhout lui-
même. Engagé au service du roi d'Espagne
Philippe II, en 1572, pour succéder à Jean
Bonmarché comme maître de chapelle, il cessa
ses fonctions à la cathédrale d'Anvers le
15 mars de la même année, et le 20 juin sui-
vant, il résigna sa chapellenie de l'Autel de la
Vierge. Dans l'acte de renonciation à ce béné-
fice, Gérard est qualifié de lionorabilis vir
Dominus et magister Gerardus Turnhout,
et non de Turnhout. On voit par les comptes
delà chapelle royaledeMadridquece musicien
célèbre est qualifié de maître de cette chapelle
au mois de novembre de la même année 1572.
On voit aussi, par des pièces authentiques des
archives du royaume de Belgique , qu'il eut
ensuite le titre de maître des enfants de chœur.
Il en remplit les fondions jusqu'à son décès,
qui eut lieu le 15 septembre 1580 (1). Gérard
de Turnhout jouissait, au moment de sa mort,
de deux prébendes, à Bélhune et à Tournai.
Les ouvrages connus de ce mailre sont :
1° Liber primus Sacrarum cantionum qua-
tuor et quinque vocum rtunC primum in lu-
ccmxdit. Lovanii, apud Petrum Phalesium
typogr. juratum, 15G8, in-4°. 2° Sacrarum
et aliarum cantionum trium vocum, tam
viva voce quam instrumenta cantatu com-
modissimarum atque jam primum in lucem
xditarum Liber unus. Authore M . Gerardo
a Turnhout Jnsifjnis Ecclesix Bealx Maria1
Anlverpiensis Phonasco : Lovanii excude-
bat Petrus Phalesius Typographus juratus.
Anno1569, in-4°obl. 5" Prxstantissimarum
divinx musices auctorum missx decem, qua-
tuor,quinque et sex vocum, anle hac nun-
quam excusas. Lovanii, excudebant P. Pha-
lesius et Joh. Latius; anno 1570, in-fol. La
sixième messe de ce recueil (Maria Fernans
rosa), à cinq voix, est de Gérard de Turnhout.
On trouve des compositions de ce mailre dans
les recueils intitulés : 4» Recueil des fleurs
produictes de la divine musicque à trois par-
ties, par Clément non Papa, Thomas Cric-
quillon et aultres excellents musiciens.
A Lovain (sic), de l'imprimerie de Pierre
Phalèse, libraire juré. Le tiers livre. L'an
15G8, in-4° obi. 5° Le quatriesme livre des
chansons à quatre parties, auquel sont con-
tenus AXA If-' chansons nouvelles. Imprimé
(1) Celle date certaine m'est fournie par M. Pinchart,
d'aptes les registres des comptes de la maison du roi
Philippe II.
en Anvers, par Tylman Susato. 1544, in-4".
Les auteurs dont il y a des pièces dans ce livre
sont Nicolas Gombert. Pierre Lescornet, Cor-
neille Canis, Philippe de Vuildre, Goddarl,
Joannes Gallus (Lecocq), Antoine Barbé,
Pierre Certon, Jean Bassiron, Tylman Susato,
Adrien Willart (sic), Petrus de Manchicourt,
Gérard, Th. Cricquillon, Claudin etBenedictus
(Benoît d'Appenzel). 6° Le XIIe livre conte-
nant XXX chansons amoureuses à cinq par-
ties par divers autheurs. Ibid., 1558, in-4".
Gérard de Turnhout est au nombre des douze
auteurs dont il y a des chansons dans ce re-
cueil. 7° Een duytsch Musijchboeck, daerinne
begrepen sijn vêle schoone Liedekens met 4,
met 5 ende G partijen (Livre de musique
flamande oit sont contenues beaucoup de belles
chansons à quatre, cinq et six parties). Tôt
Loven by Peeter Phalesius ende by Jan Bel-
lerus V Antwerpen, 1573, in-4° obi. On
trouve dans ce recueil quatre chansons fla-
mandes à quatre et cinq voix de Gérard de Turn-
hout, pages 4, 18, 20 et 218 in-8°. Le recueil
intitulé La Fleur des chansons à trois par-
ties, contenant un recueil produit de la di-
vine musique de Jean Castro, Severin Cor-
net , Noé Faignent et autres excellents
aucteurs, mis en ordre convenable suivant
leurs tons. A Louvain, chez Pierre Phalèse,
en Anvers, chez Jean Bellere, 1574, in-4°
obi. On trouve dans ce recueil neuf chansons
à trois voix de Gérard de Turnhout. 9° Livre
de musique contenant plusieurs excellentes
chansons et motets à deux parties. Louvain,
par Pierre Phalèse, et à Anvers, chez Jean
Bellere, 1571, in-4° obi. Sept motets à deux
voix de Gérard sont dans ce recueil.
TURIVHOUT (Jean), ou plutôt DE
TURNHOUT, ainsi nommé parce qu'il était
né dans celle ville de la province d'Anvers,
vers 1525. On ignore s'il était de la même fa-
mille que le précédent. Valère André (Biblio-
theca Belgica), copié par Foppens (1), qui m'a
induit en erreur dans la première édition de
celle biographie, a confondu ce musicien avec
Jean Fienus ou Fyen, médecin du seizième
siècle, appelé Turnhaulanus , parce qu'il
était né aussi à Turnhout : il a cru que le mé-
decin et l'artiste dont il s'agit n'étaient qu'une
seule et même personne. Un passage de VAlhe-
nx Belgicas de François Sweert, ou Swertius,
que je n'avais pas sous la main, rectifie celte
erreur (2), et fait voir qu'il n'y a pas d'identité
(1) Bibliotheca Belgica, t. Il, p. C38.
(2) M. le chevalier Léon de Burbure, à qui j'en dois
la connaissance, m'aceri(,Ic23oclobre 1802, unesavante
TURNHOUT - TWINING
27Î
entre le médecin et le musicien de Turnhotit.
Il suffît, en effet, pour le démontrer, de remar-
quer que Jean Fienus fut enterré à Dordrecht
le 2 août 1585, ainsi que le prouve son épi—
taphe rapportée par Swertius, et que Jean de
Turnhout publiait à Anvers des ouvrages de sa
composition en 1588 et 1589; enfin, que des
pièces authentiques prouvent qu'il vivait en
1595(1). Quoique aucun document connu jus-
qu'à ce jour ne prouve que Jean de Turnhout
a fait ses éludes musicales à Anvers, la proxi-
mité des deux villes, et la grande renommée
dont jouissaient les artistes formés sous les
savants mailres attachés au chœur de l'église
Notre-Dame, ne laissent pas de doute à cet
égard. Devenu maître de chapelle d'Alexandre
Farnèse, duc de Parme et gouverneur des
Pays-Bas, il vécut à Bruxelles, où était la cour.
En 1594, il accompagna l'archiduc Ernest,
nouveau gouverneur général des Pays-Bas, à
sa joyeuse entrée à Anvers, et sous le titre de
Maître de chapelle de Son Altesse, il dédia
au magistrat de celle ville une messe com-
posée par lui en souvenir de celle circon-
stance solennelle. La ville l'en récompeusa par
le don de cinquante livres, monnaie d'Artois.
Des litres authentiques lui donnent, à la date
de 1595, le double litre de maître de chapelle
de la cour et de maître des chantres de cette
chapelle (2), ce qui semble indiquer deux em-
plois distincts. On ignore la dale de la mort
de cet artiste; mais on sait qu'il vivait encore
en 1600, où il fit imprimer un de ses ouvrages.
Gerber indique un œuvre de Madrigaux (Ma-
drigali a cinque voci), imprimée à Douai
en 1559; c'esl une faute d'impression, où les
chiffres 5 et 9 ont été transposés; il faut lire
1595. A l'égard des Madrigali a sei voci,
qu'il dit avoir été imprimés à Anvers en 1580,
et qu'on trouve, dit-il, à la Bibliothèque royale
de Munich, c'est une erreur matérielle; l'ou-
vrage qui est à celle bibliothèque a pour litre :
Primo libro de Madrigali a sei voci di
Giovan Turnhout, maestro de capella del
sereniss. Duca di Parma et di Piacenza,
Anversa, oppressa Pietro Phalesio et Gio-
vanni Bellero, 1589, in-4°. Cet ouvrage fut
suivi des Madrigali a cinque voci; Douai,
et longue lettre dans laquelle il discute cette question
avec une logique pressante qui démontre l'erreur de
Vàlére André.
(1) Dans les Registres de la Cour des comptes F 278 et
F 279, aux archives de Lille (département du Nord),
sous la date de 1595, Jean Turhliout est qualifié de
maître «le chapelle de la Cour, et de maure des chantres
(le ladite chapelle.
(2) Voyez ci-dessus, note 2.
1595, et de la collection des motets du même
auteur, intitulé : Sacrarum cantionum quin'
que, sex et octo vocum Johannis Turnhout
regii in Belgia phonasci liber primus. Vuaci
ex officina Joannis Bogardi, Typ.jurati,
1600-. J'ai vu aussi cet ouvrage cité sous la
date de 1594.
TURRSCHMTDT (Ciiaiiies), virtuose sur
le cor, naquit àWallerslein, le 24 février 1753.
Lié d'amitié avec Palsa (voyez ce nom), autre
corniste distingué, il devint son second, et
tous deux voyagèrent dans leur dix-huitième
année pour se faire entendre dans les pays
étrangers. On peut voir à la notice de Palsa
quels furent les principaux événements de la
vie de ces deux artistes. Ttlrrschmidt, entré en
1785, dans la chapelle du roi de Prusse, sur-
vécut environ cinq ans à son ami, car il ne
mourut, à Berlin, que le 1er novembre 1797.
Jusqu'à ces derniers jours il resla au service
du roi de Prusse, et fut le second cor de Le-
brun, qui avait succédé à Palsa. Ttlrrschmidt
a publié avec Palsa, à Paris, chezSieber, deux
recueils de duos pour deux cors. On a aussi sous
son nom seul : Cinquante duos pour deux cors,
op. 5, à Berlin, en 1795. Cet artiste eut un fils,
né à Paris le 20 octobre 1776, qui fut élève de
son père, et qui, après la mort de celui-ci,
reçut des leçons du virtuose Lebrun (voyez ce
nom). Ce fils de Charles Turrschmidt, nommé
Charles-Nicolas, fut professeur de musique à
Berlin, mais ne paraît pas avoir été attaché à
la cour de Prusse. Il avait épousé Augusta
Braun, fille d'un musicien de la chambre, née
le 20 novembre 1800, et qui fut une cantatrice
remarquable de l'Académie de chant de Berlin.
De ce mariage est issu Albrecht Turrschmidt,
né à Berlin le 16 mai 1821, élève de son père
et de Neugebauer, et qui s'est fait connaître
comme compositeur par plusieurs recueils de
Lieder.
TWINIIVG (Thomas), écrivain anglais, né
en 1754, étudia à l'Université de Cambridge,
où il dirigeait les concerts des séances acadé-
miques. Il était également versé dans la théo-
rie et dans la pratique de la musique, et joi-
gnait la connaissance des langues modernes à
celle du latin et du grec. Sa première position
fut celle du recteur à White-Notley, dans le
comlé d'Essex; puis il obtint en 1770 le pas-
lorat de Sainlc-Marie à Colchester, où il mou-
rut le 6 août 1304. On a de ce savant une tra-
duction anglaise de la poétique d'Aristole,
accompagnée de notes et de deux dissertations,
la première sur l'imitation poétique, l'autre
sur l'imitation musicale. Celte traduction,
1S.
£70
TW1NING - TYLMAN
estimée on Angleterre, a pour litre : Arislo-
teles poelics, with noies on the translations
and on tlie original, and two dissertations
on poelical and musical imitations. Oxford,
1787, in-4\
TYE (Christophe), né à Westminster au
commencement du seizième siècle, fut d'abord
enfant du chœur dans la chapelle royale, puis
eut le titre de maître de musique du prince
Edouard el des autres enfants d'Henri VIII.
En 1545 il obtint le grade de docteur en mu-
sique à l'Université de Cambridge, el trois ans
après il fut nommé professeur à celle d'Oxford.
La veine Elisabeth lui avait accordé le titre
d'organiste de sa chapelle : il le conserva jus-
qu'à sa mort, qui parait être arrivée vers 1570.
D'après une anecdote rapportée par Wood,
Tye parait avoir été dans sa vieillesse d'un
caractère bourru el de mauvaise humeur qui ne
respectait guère les convenances; car Elisa-
beth, assistant un jour à l'office divin dans sa
chapelle, pendant qu'il jouait de l'orgue, lui
fit dire qu'il ne jouait pas dans le ton des
chanlres : Dites à Sa Majesté, répondit-il,
que ce sont ses oreilles qui ne sont pas dans
le ton. Tye est considéré en Angleterre comme
un grand musicien, et comme le maître de
tous les compositeurs anglais qui se distin-
guèrent après lui. L'antienne From the depth
called on thee, o Lord, qu'on trouve dans
V Harmonica sacra de Page, et celle qui com-
mence par ces mots I ïïill exall thee, que
Boyce a insérée da,ns sa Cathedralmusic, jus-
tifient celle opinion. Le plus grand ouvrage de
Tye est la collection des Actes des apôtres qu'il
commença à mettre en musique, mais dont il
n'a publié que les quatorze premiers cha-
pitres, sous ce litre, en vieux anglais : The
actes of the apostles, translaled inlo Lnglgshe
mètre, and dedicated lo the Kyngc's most
excellannte Maieshje, wytk notes to eche
chapter, lo synge, and also to plage upon
the Iule, etc., London, 1553, in-4".
TYLMAN SUSATO , et quelquefois
TIKLMAIV, imprimeur de musique, instru-
mentiste et compositeur, naquit dans les der-
nières années tin quinzième siècle. Son nom
de famille n'était pas Susato, car un acte dé-
couvert par M. de Burbure, l'appelle Tylman
Susalo, fils de Tylman. Dès l'année 1529, il
élail établi à Anvers, car il figure alors dans
les comptes de la chapelle de la Vierge à la
cathédrale de celte ville. Calligraphe et copiste
habile, il avait écrit pour cette chapelle un
grand recueil de musique.; il en écrivit un
autre dans l'année suivante. Cependant il
n'était pas né à Anvers, car il est appelé
Thielman de Cologne (Tielman vans,Cœlen)
dans les comptes de la ville. Celte désignation
prouve seulement qu'il avait demeuré dans
l'ancienne ville rhénane avant de s'établir à
Anvers, mais elle ne fournit pas d'explication
du nom de Susato. Dans une longue lettre que
m'écrivait Dehn, de Berlin, le 1er septembre
1854, il disait : « Mes recherches sur ce cé-
» lèhre musicien et imprimeur ne m'ont pas
» donné de résultat satisfaisant; je crois ce-
» pendant qu'il était né à Soest, petite ville
» de la WeslpMie, dont le nom latin est Su-
» satum, d'où il s'était donné le nom de
» Susato ou Susatus. » Cette conjecture
est d'autant plus vraisemblable, que Soest,
ou Sost, est peu éloigné de Cologne, où Tyl-
man a pu faire son éducation musicale. Quoi
qu'il en soit, les recherches de !>1. Léon de
Burbure ont élé plus fructueuses que celles de
Dehn, comme on peut le voir par ce qui suit.
En 1561, Tylman paraît comme instrumen-
tiste dans les comptes de la chapelle de la
Vierge dont il a élé parlé précédemment: il
est payé pour avoir joué dix-neuf fois de la
trompette aux messes et aux saints solennels
de l'année. A la même date, il est mentionné,
dans les comptes de la ville, au nombre des
cinq musiciens instrumentistes entretenus par
le magistrat d'Anvers. Un catalogue des instru-
ments à vent qui appartiennent à la ville, en
1532, porte que Tylman avait, devers lui, neuf
flûtes renfermées dans un étui, deux trom-
pettes, une trompette de campagne (Vell
trompet), et un ténor de flûte (Teneurpipe).
En 1541, on voit, dans les comptes de la ville,
que Tylman recevait, outre ses gages, un sub-
side annuel pour avoir fixé sa demeure à An-
vers, à l'effet d'y exercer sa profession de
musicien. Dans la même année, il vend au
magistrat une trompette ténor et une trom-
pette basse destinées à accompagner les voix à
l'église et dans les processions. En 1543, il
établit une imprimerie de musique, et le pre-
mier ouvrage qui sort de ses presses a pour
titre : Chansons à quatre parties , aux-
quelles sont contenues XXXI nouvelles chan-
sons, convenables tant à la voix comme aux
instruments. Livre I. Imprimées en Anvers,
par Tylman Susato, correcteur de musique;
1543, in-4". En 1547, il acheta un terrain sur
lequel il bâtit une maison dans laquelle il
transporta son imprimerie : il donna à celte
maison l'enseigne du Cromorne (1). En 1549,
(I) Instrument à vent du moyen ;ige, en bois, d"un
seul morceau, courbé à sa partie inférieure, qui s'eva-
TYLMAN
277
quatre jours après l'entrée solennelle dePhi-
lippe II à Anvers, Tylman Susalo fut démis-
sionné de ses fonctions de musicien du magis-
trat, ainsi que ses compagnons, à l'exception
d'un seul. Le motif de cet acte de sévérité n'est
pas expliqué; on voit seulement que ces mu-
siciens rentrèrent plus tard en grâce, mais
Tylman cessa définitivement d'être aux gages
delà ville.
Tylman Susalo continua d'imprimer de la
musique jusqu'en 1560, car il publia dans
cette même année Le XJFC livre à quatre
parties, contenant Xï'lII chansons ita-
liennes, fil chansons françaises et VI mo-
tetz par Orlando de Lassus. En Anvers, par
Thieleman (sic) Susato. C'est le dernier pro-
duit connu de ses presses. On n'a pas la date
de sa mort; mais il est vraisemblable qu'elle a
précédé l'année 1564, car le premier livre des
ebansons d'Orlando de Lassus fut publié dans
celle même année, par Jacques Susato, qui
parait avoir été fils de Tylman, et qui mourut
lui-même le 19 ou 20 novembre 1564. Le pre-
mier livre de ebansons à quatre voix, dont il
est parlé ci-dessus, ne paraît pas avoir été le
premier essai sorti de l'imprimerie de Tylman,
car il existe à la Bibliothèque de l'université
d'Upsal (Suède) un recueil, sans date, dont
voici le litre : Vingt et six chansons musi-
cale (sic) et nouvelles à cincq parties, con-
venable{sic) tant à la voix comme aussi pro-
pice à jouer de divers instrument:, nouvel-
lement imprimées en envers par Tielman
Susato, correcteur et imprimeur de musique,
petit in-4°obl. Dans une épilre dédicatoire en
vers adressée à Marie, reine de Hongrie et
gouvcrnanle des Pays-Bas, Tylman semble
dire qu'il s'est mis à la recherche de procédés
nouveaux pour l'impression de la musique ;
en voici le commencement :
A LA THÉS-ILLUSTRE DAME MARIE, ROTNE ET
DOLAIGIÈRE D'ilONCKIE :
« Longtems y a, très-illustre Princesse,
» Que mon vouloir à jamais n'a prins cesse
» De s'employer a trouver la practique
» Et le moyen d'imprimer la musique.
» Or c'est ainsi, qu'après grant diligence,
» Non sans travail, non sans cost (coût) etdcspence,
» Parvenu suis aucliicf de mon entente,
» Dont touleffois encor ne me contente. »
La prétention exprimée ici par Tylman,
d'avoir failquelquechosede nouveau pour la ly-
sail un peu en pavillon. Il formait une famille composée
du superius, de l'allo, du ténorctdc la basse; chacun
d'eux était perce de six trous, sans clef, et se jouait avec
une anclic. Le son de cet instrument était rauque.
pographie musicale, n'est pas fondée, car, ainsi
que l'a fort bien remarqué Antoine Schmid (1),
il s'es-t servi des caractères gravés et fondus
par Pierre Hautin ou Haultinfvoj/ez ce nom).
On reconnaît en effet qu'ils sont exactement
semblables à ceux dont s'était servi avant lui
l'imprimeur François-Pierre Allaingnant. Le
dernier morceau du recueil dont il vient d'être
parlé est un canon énigmalique à cinq voix,
dont l'explication, en mauvais vers français,
est elle-même une énigme. La résolution de
ce canon n'a pu être trouvée jusqu'à ce jour,
parce que la cinquième voix (quinta pars)
manque à l'exemplaire d'Upsal, le seul connu
aujourd'hui. Indépendamment de ce recueil,
et des quatorze livres de chansons françaises
publiés depuis 1543 jusqu'en 1500, on connaît,
comme produits des presses de Tylman Susalo,
les collections suivantes : Liber primus Sa-
crarum cantionum, quinque vocum, vulgo
Jl/otelavocunt, ex optimis quibusque hujus
xlatis musicis seleclarum. Antverpix apud
Tilemannum Susato, anno 1546, gr. in-4°.
Z/6cr secondus Sacrarum cantionum quin-
que vocum, etc.; ibid., 1546. Liber ter-
tius, clc; ibid., 1547. Liber quartus, elc.j
ibid., 1547. Je possède un magnifique exem-
plaire complet des quatre livres de cette col-
lection qui renferme soixante-douze motets de
Castelati, Crequillon, Pierre de Manchicourt,
Clément non papa, Jean Lecocq ou Gallus^
Cadeac, Benoît d'Appenzel, Jean Lupi , Lupus
Hellinck, Corneille Canis, Nicolas Payen, Mo-
rales, Tylman Susato, Antoine Trojani, Bou-
courl, Adrien Willaerl, Petit Jan (l)elatlre),
Hesdin, Jean Courtois, Jean Mouton, Consi-
lium, Jean Larchier et Nicolas Gel'zin. Une
autre collection de motets à quatre, cinq et six
voix a été imprimée en quinze livres par Tyl-
man Susalo sous ce titre : Ecclesiasticx can-
tioncs quatuor et quinque vocum, vulgo mo-
tela vacant, tant ex veteri, quam ex novo
Testamento, ab optimis quibusque hujus
xlatis musicis composite. Antea iiunquam
excusx. Antverpix, etc., 1555-1557, petit
in-4" obi. Les sept premiers livres seulement
de celle collection sont à la Bibliothèque
royale de Munich; les bibliothèques de Vienne
et de Berlin n'en ont rien. Il n'en existe vrai-
semblablement pas d'exemplaire complet. Le
quinzième livre seul contient des motets à six
voix. On a aussi un recueil intitulé Madrigali
e canzoni francesi à 5 voci, imprimés par
Tylman Susato, en 1558, petit in-4°obl.
(I) Oltaviano dei Pctntcci da Fossombrone, p. 273.
278
TYLMAN - TZWEJOEL
Comme compositeur, ce typographe musi-
cien n'était pas sans mérile; il écrivait d'une
manière correcte dans le slyle de son époque.
On trouve des chansons françaises à quatre
voix, de sa composition, dans les premiers,
deuxième, quatrième, sixième, onzième et
treizième livres de sa collection publiée depuis
1543 jusqu'en 1560. Ses Sacras cantiones
quinque vocum etc. (1540-1547) contiennent
trois de ses motets, et il a publié un livre en-
tier de ses ouvrages, sous ce titre : Le premier
livre des chansons à deux et à trois parties
contenant trente et une nouvelles chansons,
convenables tant à la voix comme aux in-
struments, composées en envers par Thil-
man (sic) Susalo, correcteur de musique de-
mourant en ladicte ville auprès de la nouvelle
bource en la rue des Douze mois; 1544, in-4°
obi. Dans la préface de cet ouvrage (Aux
amateurs de la noble science de musicq),
Tylman dit qu'il a composé ces chansons pour
qu'on put les chanter de deux manières, à sa-
voir à deux parties, qui sont le superius et le
ténor, en laissant le bassus, ou à trois, avec
cette dernière voix. A toutes les pages du su-
perius et du ténor, on lit en deux vers :
Chantez à deux si bon vous semble,
Puis chanterez tous trois ensemble.
A chaque page du bassus, on lit ceux-ci :
Veulx-tu chanter par bon advis ?
Attends que tu en soys requis.
Divers recueils de motets et de chansons pu-
bliés en France et en Allemagne renferment
des morceaux de Tylman Susato.
TYTLER (William), et non TYLTEN,
comme écrivent Lichlenthal (1) et C.-F. Bec-
ker (2), est un littérateur anglais, qui naquit
à Edimbourg, en 1711. Fils d'un procureur, il
fut obligé d'embrasser la profession de son
père, après avoir achevé ses éludes, ce qui
ne l'empêcha pas de cultiver la philosophie, la
poésie, la musique et la peinture. La société
des antiquaires d'Ecosse l'admit au nombre
de ses membres, et le nomma son président.
Il mourut à Edimbourg, le 12 septembre 1792.
Tyller a fait insérer dans le premier volume
des Mémoires de cette société (p. 469 et suiv.)
une dissertation sur la musique écossaise, qui
a été ensuite réimprimée dans l'histoire
(1) Dizzionario e Bibliografîa délia Musiea, t. III,
p. 162.
(2) Systemaliseh cltronologische Darstellung der musi-
kal. Litcratm; p. 82.
d'Edimbourg par Arnot (Edimbourg, 1788,
in-4°). Dans le même volume des Transactions
de la société des antiquaires d'Ecosse
(p. 499), il a donné une autre dissertation sur
les amusements et les plaisirs à la mode à
Edimbourg pendant le dix-septième siècle,
avec le plan d'un grand concert de musique le
jour de Sainte-Cécile, en 1695. Enfin Tytlera
examiné la part que Jacques Ier, roi d'Ecosse,
a eue à la musique des anciennes chansons
écossaises, dans une dissertation qui fait
partie de son curieux recueil intitulé : Poe-
tical remains of James the First, King of
Scotland; Edimbourg, 1783, in-8°.
TZAMEN (Thomas), musicien de la pre-
mière moitié du seizième siècle, naquit à Aix-
la-Chapelle. Il n'est connu que par un motet
à trois (Domine Jesu-Christe) , rapporté
parGlaréan dans son Dodecachordon (p. 298).
TZWEJOEL (Théodoiuc), moine alle-
mand, dilDEÏHONTEGAUDIO (probable-
ment Vergniigenberg , dans le Tyrol) vécut
dans un monastère de l'Aulricheou de la Ba-
vière, vers la fin du quinzième siècle et au com-
mencement du seizième. Deux opuscules d'une
rareté excessive et à peu près inconnus des bi-
bliographes ont été publiés parce religieux : le
premier a pour titre : Arithmeticx Opuscula
duo Theodorici Tzivejoel numerorum praxi
(Quod algorithmi dicuntur) unum de integris
per figuramm (more allemano) delectionem;
Alterum de proportionibus cujus usus fre-
quens in musicam harmonicam Severini
Boelij. Monasterii (sans date), une feuille petit
in-4°. On voit que ce petit ouvrage a été imprimé
dans le couvent où vivait son auteur; cepen-
dant il en existe un exemplaire à la bibliothè-
que impériale de Vienne, à la fin duquel on
lit : Quint elliterato disseminari procuravil.
Anno MDVII, une feuille petit in-4°. Henri
Ouintel était un imprimeur de Cologne, dont
les presses ont mis au jour, en 1501, L'Opus
aureum musice castigatissimnm de Wollick.
Le second opuscule de Tzwejoel est intitulé :
Introductorium musicx practicx ex pro-
batis scriploribus per Theodoricum Tzivejoel
de Montegaudio excerptum, colleclum in or-
dinemque redactum. Prima hujus opusculi
edilio. Impressa Colonio in Officina lite-
raria ingcnuorumlibrorum Quintell. Anno
Domini 1513. Une feuille petit in-4". Un
exemplaire de ce petit ouvrage, le seul connu
jusqu'à ce jour, est à la Bibliothèque royale
de Berlin, dans l'ancien fonds.
u
URALDI(CirAitLEs), né à Milan, vers 1780,
a élé professeur rie solfège au Conservatoire de
musique de celle ville. Élève de ses compa-
triotes Poliani et de Baillou, il a écrit l'opéra
Siroe re di Persia, qui a élé joué à Turin
avec succès, cl les cantates Ero c Leandro et
Eloisa ed Abelardo, que Gervasoni dit être
fort belles. Ubaldi a écrit aussi de la musique
instrumentale estimée, entre autres deux pas-
torales pour l'orgue, publiées à Milan, chez
Ricordi.
UBEIt (Ciirétien-Benjamin), avocat et com-
missaire de justice à Breslau, naquit dans
celte ville le 20 septembre 1746. Après avoir
fait ses études littéraires au collège d'Elisa-
beth, il alla suivre les cours de droit à l'Uni-
versité de Halle, en 1769. De retour à Breslau,
il y fut nommé référendaire en 1772, et avocat
deux ans après. Amateur de musique distin-
gué, il se délassait de ses travaux du barreau
par les jouissances que lui procurait cet art.
Chaque semaine il y avait chez lui deux con-
certs ; dans le premier, on exécutait des sym-
phonies ; le second était consacré aux quatuors
et quintettes. Uber mourut à Breslau en 1812.
On connaît de sa composition : 1° Clarisse,
ou la Servante inconnue, opéra-comique,
gravé en partition pour le piano, à Breslau,
en 1772. 2° Quintettes pour cinq instruments
à cordes, ibid., 1772. 3° Sérénade pour piano,
ibid., 1773.4° Trois sonates pour piano avec
violon et violoncelle obligés et deux cors ad
libitum, Leipsick, Wienbrack. 5° Neuf diver-
tissements pour piano, flûte, violon, deux cors,
alto et basse, ibid., 1777. 6° Sonates pour
piano, violon et violoncelle, Breslau, 1776.
7° Six sonates faciles pour piano seul, Leip-
sick, Wienbrack. 8° Deucalion et Pyrrha,
cantate. 9° Onze concertinos pour piano, flûte,
alto, deux cors et basse. Breslau, 17ôo. Tous
les instruments sont concertants dans ces
morceaux.
UBEU (Frf.déric-Ciirktien-Hermainn), fils
du précédent, naquità Breslau, le 22 avril 1781.
Les occasions fréquentes qu'il eut d'entendre
de la musique dans la maison de son père
développèrent en lui, dès son enfance, un
goût passionné pour cet art. Cependant, pour
obéir à son père, il alla suivre des courside
droit à l'Université de Halle; mais les conseils
de Ttlrk (voyez ce nom) achevèrent le déve-
loppement de ses facultés pour la composition,
et décidèrent de son avenir. Tllrk lui avait
abandonné la direction des concerts d'hiver, à
Halle; il y fit exécuter ses premiers ouvrages,
qui consistaient en un concerto pour le violon
et une cantate. L'accueil favorable qui fut fait
à ces productions décida Uber à entreprendre
la composition d'un opéra intitulé: Les Ruines
de Portici; mais il ne l'acheva pas. L'ouver-
ture et quelques airs de cet opéra furent seuls
connus vers 1803. De retour à Breslau dans la
môme année, il devait s'y préparer à la car-
rière d'avocat; mais ses instances auprès de
son père et le succès d'une seconde cantate {le
Triomphe de Vamour) décidèrent celui-ci à
lui laisser suivre son penchant. A la fin de
l'année 1804, il accompagna le prince Radzi-
will à Berlin, et entra en qualité de violoniste
solo au service du prince Louis-Frédéric de
Prusse, sur la recommandation de Bernard
Romberg ; mais les événements de 1806 le pri-
vèrent de cette position. Il avait donné, au
commencement de celte année, un grand con-
cert à Berlin, et y avait fait admirer son talent
sur le violon. La chapelle de Brunswick lui
offrit en 1807 l'équivalent de ce qu'il avait
perdu à Berlin ; mais il quitta celte position au
mois de décembre 1808, pour enlrer au ser-
vice du roi de Westphalie comme premier vio-
lon et directeur de l'Opéra allemand. Il écrivit
à Cassel plusieurs concertos, l'intermède alle-
mand Der falsche TFerber (Le faux enrôleur),
la musique de Moïse, drame de Klingemann;
le Plongeur, de Schiller, ainsi que plusieurs
opéras-comiques français, dont on ne connaît
aujourd'hui que les Marins. La dissolution du
royaume de Westphalie ayant laissé Uber sans
emploi, en 1814, il accepta dans le cours de
l'année suivante la place de directeur de mu-
sique du théâtre de Mayence,et fit représenter
dans cette ville le petit opéra Der frohe Tag (le
Jour heureux). Devenu directeur de musique
delà troupe de Seconda, à Dresde, en 1816, il
y écrivit la musique de Saxonia, pièce allégo-
rique. On ignore ce qui lui fit quiller celle
280
UBER - UDALSCHALK
position pour aller à Leipsick vivre pendant
quelque temps du produit de leçons particu-
lières; mais il n'y resta pas longtemps, la
place de cantor et de directeur de musique de
l'église de li Croix lui ayant été offerte à
Dresde en 1817. Ses principales compositions
écrites dans celte ville furent une cantate pour
le jubilé du roi de Saxe, en 1818, une autre
inlulée: La fête de la Résurrection, la mu-
sique du drame Der ewige Jude (le Juif errant),
et l'oratorio Die letzten TForle des Frlœsers
(les dernières paroles du Sauveur). L'altération
de sa santé, dont les progrès se faisaient re-
marquer chaque année, le conduisit au tom-
beau, le 2 mars 1822, au moment même où
l'on exécutait pour la première fois son oratorio
à l'église de la Croix. Uber était un violoniste
distingué ; il fit preuve de talent dans ses com-
positions. On n'a gravé qu'un petit nombre de
ses ouvrages, savoir : 1° Ouverture du Juif
errant h grand orchestre, Leipsick, Breilkopf
et Hœrlel. 2° idem des Marins, Offenbach,
André. 5° Premier concerto pour violon (en
mi mineur) op. 3, Leipsick, Breilkopf et Hœr-
lel. 4° Romances et Chansons françaises, Leip-
sick, Pelers.
UBEI\ (Alexandre), deuxième fils de Chré-
tien-Benjamin, né à Breslau, en 1783, fit ses
études au collège d'Elisabeth, puis fut élève de
Janitzck pour le violon, de Schnabcl pour la
composition, et enfin de Jaeger pour le violon-
celle, qui devint son instrument de prédilec-
tion. Ses relations avec Charles-Marie de
Weber, Berner et Klingohr contribuèrent à
développer son talent. Sa première composition
fut une ouverture que Berner fit exécuter dans
un concert. En 1804, il entreprit un grand
voyage eu Allemagne, et se fil entendre avec
succès dans plusieurs villes. Après avoir rem-
pli les fonctions de directeur de musique dans
plusieurs chapelles, il s'élablil à Baie et s'y
maria en 1820; mais dans l'année suivante il
retourna à Breslau. En 1823, il devint maître
de chapelle du comte de Schœnaich et du
prince de Karolath. Une moi l prématurée l'en-
leva à l'art et à ses amis, en 1824. On a publié
de la composition de cet artiste : 1° Premier
concerto pour violoncelle, op. 12, Offenbach,
André. 2° Variations pour le même instru-
ment avec quatuor ou orchestre, op. 14, ibid.
3" Six caprices pour violoncelle, op. 10,
Mayence, Scholl. 4" Seizes variations sur un
air allemand, Berlin, Schlesinger. 5° Septuor
pour clarinette, cor, violon, deux altos et deux
violoncelles, op. 17, André, Offenbach. 6° Des
thèmes variés pour différents instruments à
vent. 7° Plusieurs recueils de chants à plu-
sieurs voix avec piano, Offenbach, André;
IMayence, Scholl. 8° Chants à voix seule avec
piano, liv. 1, 2, Augsbourg, Gombart, op. 18,
Mayence, Schott.
UBEUTI (Giuzioso), professeur de droit à
Césènedans le dix-septième siècle, est cité par
Allacci comme auteur d'un livre intitulé :
Contrasto musico in sette parti divise- , Borna,
Louis Grignano, 1630, in-8°.
UCCELLI (Madame Caroline), née PAZ-
ZH>I, d'une famille honorable de Florence,
dans les premières années du dix-neuvième
siècle, cultiva d'abord la musique comme ama-
teur, et en fit sa profession après la mort de son
mari,professeurde littérature àPisc.Le21 juin
1830, elle fit représenter au théâtre de la Per-
gola, à Florence, un opéra intitulé Saiil, qui
fut favorablement accueilli par le public : elle
en avait aussi composé le libretto. En 1831,
elle écrivit Eufemio di Messina, qui ne fut
pas représenté, et Emma di Resburgo, sur le
poème mis précédemment en musique par
Meyerbeer : l'ouvrage de madame Uccelli fut
joué à Naples, avec quelque succès, en 1832.
L'ouverture tV Eufemio di Messina futexécu-
tée dans un concert à Milan, en 1833. En 1843,
madame Uccelli se rendit à Paris avec sa fille,
jeune cantatrice qui reçut des leçons de Bor-
ilogni, puis elles voyagèrent toutes deux pour
donner des concerts, et visitèrent la Belgique,
la Hollande, les villes rhénanes et la Suisse.
On n'a pas de renseignements sur la suite de
la carrière de ces artistes.
LCCELLINI (Dom Marc), maître de cha-
pelle à Parme, vers le milieu du dix-huitième
siècle, y a fait représenter les opéras : 1" Le
Nave d'Enea, 1073. 2n Eventi di Filandro
ed Edesta. 1G75. 3" Giove di Elide fulmi-
nato, 1077. Il a aussi publié plusieurs œuvres
de musique instrumentale sous les titres sui-
vants : 1° Sonate, sinfonie e correnti a 2, 3
e 4 slromenli, lib. 1 et 2. 2° Sonate a 2'e
3 violini, o altri stromenti, lib. 3. 3° Sonate,
correnti ed arie « 1, 2 e 3 stromenti, lib. 4.
Tous ces ouvrages ont paru depuis 1G50 jus-
qu'en 1000 environ.
UDALSCIIALK-DE MAISSAC, abbé
de Saint-Ulrich, à Augsbourg, fut élevé à celle
dignité en 1120. Il mourut en 1151. Les
hymnes en l'honneur de saint Ulrich et de
saint Afre, dont il a composé les paroles et la
musique, se chantent encore dans les églises
de cette ville. On cite aussi sous le nom de cet
abbé un traité De musica; qu'il a laissé eu
manuscrit.
UDL - UHLMANN
281
UDL (Jean-Antoine), pianiste et composi-
teur, né vers 1812, à Warasdiu, en Hongrie,
fut |iroressenr de son instrument dans celle
ville : il y vivait en 1840. Il s'est fait con-
naître par les ouvrages suivants : 1° Varia-
tions pour piano sur un thème hongrois (en
ré); Warasdin, Werner. 2° Variations idem
(en ré), op. 2; ibid. 3" Variations idem (en
sol mineur), op. 5; ibid. 4" Variations idem
(en ré), op. 4; ibid.
UGIIERI (Poupée), virtuose sur la harpe
douhle (à deux rangs de cordes), et maître de
danse à Milan, vécut au commencement du
dix-septième siècle. Il a publié un ouvrage de
sa composition intitulé : Balletti, gagliarde e
correnti a 5, cioè 2 canti, e il basso con par-
titura; Milano, 1627.
UGOLIIXI (Vincent), compositeur de
l'école romaine, naquit à Pérouse, dans la se-
conde moitié du seizième siècle. Conduit à
Rome dans sa jeunesse, il y devint élève de
Bernardin Nanini,et fut une des gloires de son
école. Le premier emploi qu'il remplit fut celui
de maître de chapelle de Sainte-Marie-Majeure,
à Rome; il y fut appelé en 1603; mais une
longue maladie, dont il fut atteint en 1604,
lui fil interrompre son service, et le laissa va-
létudinaire pour le reste de ses jours. Toute-
fois, son rare mérite lui fit conserver sa
position jusqu'en 1609, où des propositions
avantageuses lui furent faites pour la place de
maître de chapelle de la cathédrale de Béné-
venl; il les accepta et se rendit dans celle
ville, où il demeura jusqu'en 1615. De retour
à Rome, il y fut élu maître de Sainl-Louis-des-
Français, puis appelé, en 1620, à la place de
mailre de chapelle de Saint- Pierre du Va-
tican. Le mauvais élat de sa santé l'obligea à
donner sa démission de cet emploi, au mois
«le février 1626 ; il mourut dans la même
année. Ugolini fut incontestablement un des
plus savants musiciens de la grande école ro-
maine. Parmi ses meilleurs élèves, on remar-
que le célèbre Horace Benevoli. On a publié de
sa composilion : 1° Deux livres de motels à
huit voix; Rome, Zannelli, 1614. 2° Deux
livres de madrigaux à cinq voix; Venise, Vin-
centi, 1615, in-40. 3° Quatre livres de motels
pour une, deux, trois et quatre voix avec
basse continue pour l'orgue; ibid., 1616,
1617, 1618 et 1619, in-4". 4° Deux livres de
psaumes à huit voix; ibid., 1620. 5" Deux
livres de messes et de motets à huit voix
et à douze; Rome, Soldi, 1622. 6° Salmi
elmolclti a \1voci; Venise, Vincenti, 1624,
UGOLINI ou UGOLINO, surnommé
D'ORVIETO, parce qu'il était né dans cette
ville, vécut dans le quatorzième siècle, et
écrivit un traité De Musica mensurata, qui
se trouvait en manuscrit dans la bibliothèque
de l'abbé Baini, maître de la chapelle pontifi-
cale à Rome, et qui est aujourd'hui dans la
bibliothèque Casanatense de la même ville.
UGOLIINI(Blaise), prêtre vénitien, vécut
au milieu du dix-huitième siècle. On lui doit
la plus ample collection d'écrits relatifs aux
antiquités hébraïques qui ait été publiée; elle
a pour litre : Thésaurus antiquitatum sa-
crarum, complectens seleclissima clarissi-
morum opuscula , in quibus veterum I/e-
brxorum mores, leges, instituta, rilus sacri
et civiles illustrantur; Fenetiis, 1744-1769,
trente-quatre volumes in- fol. Le trente-
deuxième volume est entièrement relatif à la
musique des Hébreux, et l'on y trouve qua-
rante dissertations ou extraits sur celle ma-
tière. Ces morceaux sont précédés de dix cha-
pitres du Schilte Haggiborim, concernant
toutes les parties de la musique «les Hébreux,
traduits de l'hébreu en latin par Ugolini. J'ai
fait connaître dans celle Biographie univer-
selle des musiciens tous les auteurs dont les
dissertations sont renfermées dans la collection
d'Ugolini.
UHDE (Jean-Otiion), conseiller du tri-
bunal criminel et juge à la cour de Berlin, na-
quit le 12 mai 1725, à Insterhonrg, dans la
Lilhuanie. Dès son enfance il se voua à la cul-
ture des sciences et des arts, particulièrement
de la musique. Le violon était l'instrument
qu'il avait choisi. Ayant suivi son père à
Berlin, à l'âge de quatorze ans, il reçut des
leçons du violoniste Simonelli, et apprit le
clavecin cl la composition sous la direction de
Schafralh. Pendant son séjour à l'université de
Francfort sur-l'Oder, il occupa ses loisirs par
la continuation de ses éludes musicales. De
retour à Berlin, en 1746, il écrivit des con-
certos pour le violon, des symphonies, des
cantates, et l'opéra Thémislocle, dont la par-
tition autographe est à la Bibliothèque royale
de Berlin, et dont quelques airs ont été pu-
bliés. Cet amateur distingué mourut subite-
ment, le 20 décembre 1766.
UIILMAÏN1N (Jean-Adam), directeur de
musique de la cour, à Bamberg, naquit en
1732, à Kronach, en Bavière. Pendant un assez
long séjour qu'il fit à Munich, il écrivit ses
premières compositions, dont le succès lui
procura son emploi à la cour de Bamberg. Il
n'a rien publié de ses ouvrages. Cet artiste mo-
282
UHLMANN - ULRICH
desle mourut à Bamberg, le 21 octobre 1802.
ULBRICH (Maximilien), amateur de mu-
sique, naquit à Vienne, en 1752. Son père,
tromboniste de la chapelle impériale, et chan-
teur au service de l'impératrice Marie-Thé-
rèse, Je fit élever au séminaire des Jésuites.
Wagenseil lui donna des leçons de clavecin et
de basse continue, et Reuter acheva son édu-
cation pour la composition. Placé à la cour,
Ulbrich fut admis aux concerts particuliers de
l'empereur Joseph II, dans lesquels le mo-
narque lui-même jouait souvent la partie de
violoncelle. Il écrivit des messes, motets, Te
Deum, litanies, etc.; des symphonies, con-
certos, sonates; un oratorio intitulé : Les Israé-
lites dans le désert, et les opéras suivants,
qui furent représentés au théâtre de la cour :
1° Friihling und Liebe (Le printemps et
l'amour). 2° Der blaue Schmetterling (Le
papillon bleu). 3° Die Schnitterfreude (Les
plaisirs de la moisson). Le catalogue de Traeg
indique six symphonies à grand orchestre com-
posées par cet amateur, qui mourut à Vienne le
14 septembre 1814.
ULICH (Jean), cantor, directeur de mu-
sique, organiste et compositeur à Wittenberg,
vers la fin du dix-septième siècle, naquit à
Leipsick. On connaît sous son nom un petit
traité du chant rédigé en tableaux, sous ce
titre : Kurze Anleitung zur Singekunst, in
einer Tabelle abgefasst, Wittenberg, 1G78,
trois feuilles in-fol. La deuxième édition de
cet ouvrage a paru dans la même ville, en
1682, in-4°. Dans la préface de cet opuscule,
Ulich dit qu'il a composé : 1° Des concerts
pour un petit nombre de voix et d'instruments.
2° Des concerts pour des voix et des instru-
ments en plus grand nombre. 5° Un recueil de
Sanclus. 4° Quelques motets. 5° Quelques
solos.
ULKE (A.), organiste et premier profes-
seur de l'école évangélique de Gross-Strelitz
(Silésie) actuellement vivant (1864), s'est fait
connaître par une méthode élémentaire de
piano intitulée : Lehrgang im Klavier-Vn-
terricht oder Jnordnung und Vertheilung
der Unlerrichssto/fes fiirden Klavier-Unler-
richt; Wolfenbttttel, 1857, in-8fc.
ULLIIXGER (Augustin), musicien de la
Bavière, dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle, vécut quelque temps à Munich,
et étudia le contrepoint sous la direction du
maître de chapelle Camerloher. Après la mort
de ce maître, il lui succéda dans la place de
maître «le chapelle à Freysing. Il mourut dans
cette ville en 1780. Ullinger a composé à Mu-
nich des Méditations pour l'église, auxquelles
on reprochait un style trop dramatique. Il
écrivit aussi à Freysing un opéra intitulé :
Thémistocle, qui fut représenté en 1777.
ULLOA (Pierre), jésuite espagnol, vécut
aucommencementdudix-huitième siècle, à Ma-
drid. Il a publié un traité de musique intitulé :
Musica universal, o principios universales
de lamusica; Madrid, 1717, in-fol.
ULRICH (Jean-Rodolphe), hautboïstedis-
lingué, fut attaché au duc de Wurtemberg,
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
puis alla se fixer en Suisse, vers 1780. Il laissa
en manuscrit quelques concertos pour le haut-
bois, et mourut à Zurich, le 8 février 1795.
ULRICH (Edouard), né à Weimar, en
1795, a reçu, dans sa jeunesse, des leçons du
violoncelliste Haase. Plus tard, il se rendit à
Berlin et y fit quelques études de contrepoint.
De retour à Weimar, il entra, en 1811, dans la
chapelle de la cour en qualité de violoncel-
liste, a l'âge de seize ans. Il s'y trouvait encore
en 1843, Parmi les productions de cet artiste,
on remarque l'opéra qui a pour titre : Der
treue Echard (Le fidèle Eckard), et YErmite,
représenté à Weimar, en 1841 . On a gravé de
sa composition : 1° Premier et deuxième con-
cerlinos pour cor et orchestre; Leipsick, Breit-
kopf et Hœrlel. 2° Quelques solos pour le vio-
loncelle et le basson.
ULRICH (Charles -Ernest-Hermann), pas-
teur à Sprotlau en Silésie, né le 21 février
1795, à Boltenhain (Basse-Silésie), reçut sa
première instruction musicale de Kadelbach,
cantor de ce lieu. Ce maître lui enseigna Je
piano, l'orgue et le violon, et le musicien de
ville Hoffmann lui apprit à jouer de plusieurs
instruments à vent. Pendant qu'Ulrich fré-
quentait le gymnase de Hirschberg, il reçut
aussi des leçons de l'organiste Kahl. Se desti-
nant au ministère évangélique, il alla suivre
les cours de théologie et de philosophie à l'Uni-
versité de Breslau, et, pendant quatre ans, il
fut élève de Berner et de Schnabel {voyez ces
noms) pour le piano, l'orgue et la composition.
Comme tous les étudiants des universités d'Al-
lemagne, il fit contre la France les campagnes
de 1813 et 1814. De retour dans la Silésie, il
reprit ses paisibles études. En 1820, il fut
nommé pasteur à Sprottau. Il est auteur de
quelques dissertations relatives au chant re-
ligieux et populaire, qu'il a fait insérer dans
YEutonia, écrit périodique publié à Breslau.
Ces morceaux ont pour titres : 1° Einige
IVorle iiber die nothwendige Verbesserung
des Begrxbniss-Gesanges (Quelques molscon-
ULRICH - UMBREIT
283
cernant l'amélioration nécessaire du cliant
funéraire), année 1829, t. II, p. 62-76. 2° Ue-
ber Gesangund Musik bei Trauungen (Sur le
chant et la musique de noce), t. V, p. 140151.
5» Ueber Gesang und Orgel-Spiel, by der
Communion und Confirmation (Sur le chant
et le jeu de l'orgue dans la communion et la
confirmation), t. VI, p. 12-22. On connaît
aussi sous le même nom : 1° Kleine Lieder-
sammlung zur angenehmenund gesellschaft-
lichen Unterhaltung (Petit recueil de Lie-
der, etc.), Breslau, Gruss. 2° Fersuche einiger
Klavier und Gesangstiicke (Essai de quelques
pièces pour le piano et le chanl), trois suites;
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. 5° TFand Lie-
dertafelen, collection de Lieder à deux, trois
et quatre voix, et de chants chorals à trois
voix, à l'usage des écoles ; Cassel, Leuckhart.
UlTich vivait encore à Sprottau en 1847.
ULRICH (Hcgo), compositeur, né le 26 no-
vembre 1827, à Oppeln (Silésie), où son père
était professeur du gymnase, apprit les élé-
ments delà musique dans sa ville natale. Après
la mort de ses parents, il alla continuer ses
études au gymnase de Breslau. Brosig, orga-
niste de la cathédrale, lui donna des leçons
d'orgue, et lui enseigna les principes de l'har-
monie. En 1846, il alla achever ses études lit-
téraires au gymnase de Glogau, puis il se
rendit à Berlin pour suivre les cours de l'uni-
versité. Sur la recommandation de Meyerbeer,
Dehn l'accepta pour son élève et lui enseigna
le contrepoint. Après deux années d'études
sous la direction de ce maître, Ulrich se livra
à la composition. L'Académie royale de Bel-
gique ayant ouvert un concours pour la com-
position d'une symphonie triomphale en 1853,
à l'occasion de la majorité du duc de Brahant,
l'ouvrage envoyé par Ulrich fut couronné, et
sa symphonie exécutée par l'orchestre du Con-
servatoire de Bruxelles, dans la séance pu-
blique de l'Académie, le 27 septembre de la
même année, et le même honneur lui fut fait
par l'orchestre de ia chapelle royale de Berlin,
en 1854. Au mois de septembre 1855, Ulrich
entreprit un voyage en Italie et visita Venise,
Turin, Gênes, Borne et Milan où il fit un long-
séjour. De retour à Berlin, il s'est livré à l'en-
seignement ainsi qu'à la composition. Pendant
son séjour en Italie, il écrivit un opéra en trois
actes, intitulé : Bertrand de Born, qui n'a
pas été représenté jusqu'à ce jour (1864); une
deuxième et une troisième symphonie. On a pu-
blié de sa composition des Lieder; un trio pour
piano, violon et violoncelle (en ut), op. 1 ;
Berlin, Traulwein; chansonnette pour piano,
op. 2; Leipsick, Hofmeister; Scherzo pour
piano, op. 5; Berlin, Trautwein; sérénade
pour piano, op. 4; ibid.: sonate pour piano
et violoncelle, op. 5; ibid.; symphonie pour
l'orchestre (en si mineur), op. 6; Berlin, Bock;
quatuor pour deux violons, alto et violoncelle
(en mi bémol), op. 7; Berlin, Trautwein;
symphonie triomphale (en ut), couronnée,
op. 9; Mayence, Schott; prière et nocturne
pour piano, op. 13; Breslau, Leuckhart; trois
pièces pour piano, op. 14; ibid.; ouverture de
fête pour orchestre, op. 15; ibid.; Scherzo
pour piano, op. 16; ibid.; trois pièces pour
piano, op. 17; ibid.; Trauerhlànges, ouver-
ture de concert, op. 18; ibid.
UMBREIT (CnARLES-THÉorniLE), orga-
niste distingué, naquit le 9 juin 1763, à
Kehstedt, près de Gotha. Après avoir appris
les éléments de la musique dans l'école de ce
village, il se rendit à Erfurt, y reçut des leçons
du célèbre organiste Kittel, et fit sous sa direc-
tion de rapides progrès. En 1785, la place
d'organiste dans le riche village deSonneborn,
près de Gotha, lui fut offerte : il l'accepta et
se livra dès ce moment à de profondes études
sur toutes les parties de son art. Il forma aussi
plusieurs bons élèves parmi lesquels on re-
marque quelques organistes distingués. Après
trente-cinq années de séjour paisible à Sonne-
born, et d'une existence tout entière consacrée
à l'art, une discussion avec le cantor de ce
lieu obligea Umbreit à donner sa démission de
sa place d'organiste, et à se retirer dans le lieu
de sa naissance, où il mourut le 27 avril 1829,
à l'âge de soixante-six ans. Umbreit avait déjà
mérité l'estime des artistes par la publica-
tion de quelques recueils de pièces d'orgue,
lorsqu'il fit paraître un livre de mélodies cho-
rales à l'usage des églises protestantes de la
Saxe, contenant trois cent trente-deux mélo-
dies à quatre voix, sous ce titre : Allgemeines
Choral-Buch fiir die protestantische Kirche,
vierstimmige ausgesetzt mit einer Einlei-
tung iiber den Kirchengesang und dessen
Begleitung durch die Orgel; Gotha, B. Z. Bec-
ker, 1811, in-4° de cent quatre-vingt-six
pages. Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III
récompensa le mérite de cet ouvrage par l'en-
voi d'une médaille d'orcommémoralive à l'au-
teur. Choron a publié une deuxième édition du
recueil d'Umbreil, sous ce litre : Chants cho-
rals à quatre parties avec basse continue ad
libitum, en usage dans les églises d' Alle-
magne, misdans unnouvel ordre; Paris (sans
date), in -4°. On a aussi d'Umbreit un autre
recueil de mélodies chorales simples, avec une
284
UMBREIT - UNGER
bonne préface concernant le perfectionnement
■lu chant, intitulé : Die evangel. Kirchcn-Me-
lodien zur Ferbesserung des kirchl. und
liarusl. Gesanyes ; mit eine Vorworte iiber die
zuverbessem den Mxngel des J'ortrxgs reli-
giaser Gesange von Brelseheider ; Gotha ,
Decker, 1817, gr. in-8°. Les pièces d'orgue
que cet artiste a publiées sont les suivantes :
1° Préludes faciles pour des chorals, première,
deuxième et troisième suites; Gotha, Bccker.
2° Cinquante mélodies chorales à quatre par-
ties arrangées pour l'orgue, ibid., 1808. 3° Six
recueils de douze pièces d'orgue de diffé-
rentes formes ; ibid., 1798 à 1806. 4° Vingt-
quatre pièces d'orgue; Bonn, Si m rock. S0 Douze
mélodies chorales pour l'orgue avecdifféi entes
liasses; Gotha, Becker, 1817. G0 Deuxième
suite idem, ibid.; 1818. 7° Quatre mélodies
chorales avec variations; ibid., 1821.
UMLAUFF (Ignace), compositeur à
Vienne, naquit dans celle ville, en 1732.
A l'âge de vingt ans, il fut admis comme se-
cond violon à l'orchestre de la cour. Plus tard
(1778), l'empereur Joseph II le nomma di-
recteur de musique île l'Opéra allemand qu'il
venait d'instituer, et dans les occasions où Sa-
lieri ne pouvait remplir ses fonctions de
maitrede chapelle de la cour, ce fut Umlauff
qui le remplaça. Enfin, il eut le litre de maître
de piano des jeunes archiducs d'Autriche. Il
mourut à Vienne, dans un âge peu avancé,
vers 1799. Compositeur élégant et gracieux, il
a écrit plusieurs opéras dont quelques-uns
ont obtenu des succès par leurs mélodies fa-
ciles et naturelles. Parmi ces ouvrages, on
dislingue ceux-ci : 1° Die Dergknappen (Les
mineurs). 2° Die Apolheke (La pharmacie).
5° Dos /rr/i'c/if (Le feu follel). 4n Die gliick-
lichen Jxger (Les heureux chasseurs), en
1786. 5° Der Ring der Liebe (La bagne de
l'amour), suite de Zémire et Jzor, 1795.
6" Die piicefurbenen Schuhe odrr die scheene
Scliusterin (Les souliers mordorés, ou la belle
cordonnière), 1795. Umlauff est aussi l'auteur
de la romance charmante qui eut un succès
populaire en Allemagne : Zu Steffen sprech
im Traume (A Steffen parle en rêve). Il a
laissé en manuscrit plusieurs concertos de
piano et des quintettes pour les instruments à
archet.
UMLAUFF (Michel), fils du précédent,
est né à Vienne, le 9 août 1781. Après avoir
rempli pendant quelques années une place de
violon à l'orchestre de l'Opéra allemand, il fut
choisi par Weigl comme son adjoint pour la
direction de l'Opéra. Après la retraite de ce
maître, il lui succéda, et donna des preuves de
son rare mérile dans cette nouvelle position.
Lorsque l'Opéra allemand cessa d'être soutenu
par la cour et devint une entreprise parti-
culière, Umlauff se retira avec la pension ac-
quise par ses services. Il est mort à Vienne, le
20 juin 1842. On connaît de sa composition :
1° Der Grenadier (Le grenadier), petit opéra.
2° Ènée à Carlhage, ballet. 3° Les Tributs
des ennemis, idem. 4° Lodoïska, idem. 5° Le
Tonnelier, idem. 6" La Vendange, idem.
7" Paul et Rosette, idem. 8- L'Hôtellerie de
Grenade, pelit opéra, dont la partition pour
piano a été publiée à Vienne, chez Uaslinger.
9° La l'engeance de V Amour, ballet, arrangé
pour le piano; Vienne, Weigl. 10° Le Char-
latan, idem ; ibid. 11° La Paysanne capri-
cieuse, idem; ibid. Umlauff a écrit aussi plu-
sieurs morceaux de musique d'église et a fait
graver : 1° Grande sonate pour piano et vio-
lon, op. 4; Vienne, Weigl. 2° Grande sonate
(en ut mineur), pour piano à quatre mains;
ibid. 5° Quelques petites pièces pour le même
instrument; des graduels et des offertoires.
UMSTADT (Joseph), maître de chapelle
du comte de Brlllil, à Dresde, vers le milieu du
dix-huitième siècle, a publié dans celle ville
six petites symphonies (Parthien) pour le
clavecin. Il a laissé en manuscrit six sonates
pour le même instrument, et des symphonies
pour deux violons, alto, basse, deux hautbois
cl deux cors.
UIXGEK (jEAN-FnÉDÉnic), né à Brunswick,
en 1716, fut d'abord bourgmestre à Einbeck,
dans le Hanovre, puis secrétaire intime du duc
deBruns\vick,e( conseiller de justice. Il mourut
à Brunswick, le 9 février 1781. L'Académie des
sciences de Berlin l'avait nommé un de ses mem-
bres. Pendant son séjour à Einbeck, il inventa,
en 1749, une machine destinée à être appliquée
au clavecin pour noter les improvisations des
compositeurs. En 1732, Ilolilfeld, habile mé-
canicien de Berlin , exécuta, à la demande
d'Enter, une machine semblable, dont quelques
parties lurent approuvées par l'Académie de
Berlin, bien qu'elle ne résolût pas complète-
ment le problème, et dont les journaux du
temps rendirent compte (voyez Hohlfeld).
Sur l'indication de ces journaux, Unger ré-
clama la priorité d'inven lion dans une corres-
pondance avecEuIer, alors directeur de l'Aca-
démie de Berlin, affirmant que la première
idée de celle invention lui était venue en 1745,
et démontrant qu'il en avait été fait mention
dans les journaux de Harlem, de Hambourg,
d'AKoua et de Francfort. Longtemps après, il
UNGER — UNZER
2S5
publia la description de l'instrument qu'il
avait inventé, sous ce litre : Entwurf einer
jllaschine wodurch ailes was auf dem Cla-
vier gespielet ivird, sich von selben in Noten
setzt (Projet d'une machine au moyen de la-
quelle tout ce qui est joué sur le clavecin est
noté par lui-même); Brunswick, 1774, in-4''
de cinquante-deux pages, avec huit planches,
dont les trois premières représentent les dispo-
sitions de la, machine, et les autres les signes
produits par elle dans l'exécution de certaines
phrases de musique de clavecin, avec la tra-
duction en notation ordinaire. La description
du système de la machine remplit les vingt et
une premières pages; viennent ensuite la cor-
respondance avec Euler, les extraits de jour-
naux et autres pièces justificatives. Le méca-
nisme inventé par Unger consiste en tringles
attachées aux touches du clavier, et obliquant
vers le centre de l'instrument; à leur extré-
mité sont fixées des liges droites qui portent
chacune un crayon destiné à tracer des points
où des lignes plus ou moins allongées sur un
panier préparé qui se déroule d'un cylindre
sur un autre. Ce papier est divisé en lignes qui
correspondent aux louches ut, mi, sol, si, ré,
fa, la, elc. Les points ou les trails allongés
«lue les crayons marquent sur ces lignes ou
dans les intervalles correspondent à toutes les
notes de l'échelle chromatique, et la longueur
des traits est proportionnelle à la durée des
sons. Mais le plus léger déplacement du pa-
pier sur les cylindres, et la difficulté de régler
la rotation de ceux-ci, peuvent causer beau-
coup de désordre dans le placement des signes
cl dans leurs dimensions, ce qui rend à peu
près illusoires les résultats de l'opération.
UINGER (CAnoLiNE), appelée UNGHEU
en Italie, est née à Vienne, en 1800, et y com-
mença ses éludes de chant; mais son talent se
développa surtout dans l'école de Dominique
Ronconi, à Milan. Le début de sa carrière
théâtrale se fil à Vienne, en 1819, par le rôle
de Chérubin dans les Nozze di Figaro, de
Mozart. Barbaja, entrepreneur des théâtres de
Naples, de Milan et de Turin, l'ayant en-
tendue, en 1825, fut satisfait de ses disposi-
tions, et l'emmena en Italie. Elle se fit en-
tendre avec succès à Naples, puis à Milan, à
Turin, et enfin à Rome. Grande et belle, douée
d'un sentiment dramatique vrai, d'accents
pathétiques et de beaucoup d'intelligence, il
ne lui manqua que de l'égalité dans la voix,
pour être comptée parmi les grandes canta-
trices de l'Opéra italien. Le médium et le
grave d.c son organe avaient de l'ampleur cl
de la puissance; mais il y avait quelque chose
de strident dans les sons aigus, qui faisaient
éprouver une impression pénible, particuliè-
rement dans les traits qui exigent de l'énergie.
Ce défaut a borné la carrière théâtrale de
mademoiselle Ungher à un petit nombre
d'années. Au mois d'octobre 1833, elle parut
pour la première fois au Théâtre Italien de
Paris et y fut applaudie; toutefois elle n'y fit
pas, d'une manière décidée, la conquête du pu-
blic, et l'administration ne jugea point à
propos de renouveler son engagement pour la
saison suivante. De Paris, elle alla chanter à
Florence, où elle eut un triomphe complet;
puis à Venise, Rome, Triesle, Vienne, Dresde
(en 1839), et enfin de nouveau à Triesle et à
Florence. En 1840, celle cantatrice distinguée
s'est retirée du théâtre, après un mariage
avantageux avec M. Sabalier, et a fixé son sé-
jour à Florence. On a publié sur cette canta-
Iriceun petit écrit intitulé; Trionfi melodram-
malici di C. Ungher in Fienna; Vienne,
1839, in-8».
UNGIUS (Pierre-Jean), auteur inconnu
d'un éloge de la musique {Encomiummusicx)'
imprimé à Upsal, en 1G37, in-4*.
Ur\ZELMATSTV ( Frédérique - Auguste -
Conradine), cantatrice distinguée du théâtre
allemand, naquit à Gotha, en 1769. Le nom de
sa famille élait Flittner, mais elle prit celui
de son père adoptif Grossmann, directeur de
théâtre, lorsqu'elle se voua à la carrière dra-
matique. En 1788, elle parut pour la première
fois au théâtre National de Berlin; elle y eut
un brillant succès et devint bientôt l'idole du
public. Ce fut dans celle ville qu'elle épousa
le comédien Unzelmann. Elle chaulait avec
une égale habileté l'opéra-comiqué et l'opéra
sérieux, portant dans le premier autant de
finesse que de noble simplicité dans l'autre.
En 1800, elle chanta au théâtre de Vienne et y
fut vivement applaudie. Séparée de son mari
par un divorce, en 1803, elle se remaria avec
l'auleur Belhmona, et dès lors cessa de chanter
dans l'opéra pour jouer dans la comédie, ou
elle brilla près d'Iffland. Elle mourut à Berlin,
en 1817, considérée comme la meilleure ac-
trice qu'il y ail eu au théâtre allemand.
UNZEll (Jean-Auguste), docteur en méde-
cine àAllona, naquilà Halle, le 29 avril 1727,
et mourut à Altona, le 2 avril 1799. Dans le
sixième volume du journal hebdomadaire
qu'il publia sous le litre : Ver Arlz (Le mé-
decin), il a inséré une dissertation sur la mu-
sique, considérée dans ses rapports avec la
médecine. II 1 1 1er l'a donnée en extraits dans
286
UNZER — URENA
ses Notices hebdomadaires sur la musique
(année 1770, pages 307-311, 315-319, et 525-
525).
UPMARK(N.), savant suédois, professeur
à l'université d'Upsal, au commencement du
dix-huitième siècle, a publié une dissertation
académique intitulée : Musica priscarum
gentium; Upsal, 1708, in-4.".
URBAN (Chrétien) a été d'abord conseiller
et musicien de ville à Elbing, où il naquit, le
16 octobre 1778, puis a été appelé à Berlin,
en 1824, etenfin à Dantzick, comme directeur
de musique. Il est auteur d'un bon livre inti-
tulé : Théorie der Musik nach rein nalurge-
mxssen Grundsxtzen (Théorie de la musique
puisée dans des principes purs conformes aux
lois de la nature); Kœnigsberg, Hartung,
1824, un volume in-8° de xxiv et deux cent
soixante-quatorze pages. Cet ouvrage a été
reproduit avec un nouveau frontispice, à Dant-
zick, chez Ewert, en 182G. Précédemment
Urban avait publié une introduction à ce
livre, sous ce titre : Ueber die Musik, deren
Théorie und den Musik-Unterricht, etc.
(Sur la musique, sa théorie et son enseigne-
ment, etc.) ; Elbing, 1823, in-8° de cent.douze
pages. On trouve l'analyse de ces deux ou-
vrages dans le premier volume de l'écrit pé-
riodique intitulé : Eutonia. On connaît aussi
sous le nom d'Urban un opéra intitulé : Der
Goldene Widder (La toison d'or), et la mu-
sique qu'il a écrite pour la Fiancée de Mes-
sine, de Schiller. Le système développé par
Urban, dans sa Théorie de la musique, se re-
commande par l'ordre logique. Après avoir
établi que toutes les parties de cet art sont
intimement liées aux lois delà tonalité, il s'at-
tache à démontrer celle thèse dans l'harmonie,
dans la mélodie, qui se caractérise aussi par
le rhythme. Il passe à la composition qui n'est,
à l'égard de_ l'art d'écrire, que la mise
en œuvre et la combinaison de ces diverses
parties, toujours dominées par le sentiment
tonal. Puis il traite des impressions produites
par l'art, à l'aide du coloris des nuances, et
termine par des considérations sur les effets
de la diversité des timbres, et sur l'instrumen-
tation en général. Celle méthode est essen-
tiellement philosophique. Blessé de l'indiffé-
rence que les professeurs et les artistes avaient
montrée pour sa doctrine, Urban voulut essayer
d'éclairer l'opinion publique sur sa valeur et,
dans ce dessein, il publia un résumé de ses
ouvrages, sous ce titre : Ankundigung
meines allgemeinen Musik Unterrichts-
System, und der von mir beabsichtigen nor-
malen Musikschule (Avertissement sur mon
système d'enseignement général de la mu-
sique, et sur le point de vue normal de ma
méthode musicale); Berlin, Krause, 1825,
seize pages in-8°.
URBA^I (••••)) compositeur italien, alla
s'établir à Edimbourg, en 1776, et y publia
plusieurs recueils de mélodies écossaises, avec
accompagnement de piano, entre autres celui
qui a pour litre-' Focal a/i</io£o</y*Édimbourg,
1782, et \es Scotch songsand duels, premier,
deuxième et troisième volumes; Londres,
Clementi. Il en imitait lui-même le style avec
beaucoup d'adresse, ainsi que le prouve la bal-
lade qui a pour titre : The red Rose. En 1784,
Urbani se fixa à Dublin, et y écrivit les opéras
sérieux italiens Jl Farnace, et II trionfo di
Clelia. Il mourut dans celle ville, en 1816.
URBAIMO, frère minorité et facteur d'or-
gues, connu sous le nom d'URBANO DA
VENETIA, travailla dans les dernières
années du quatorzième siècle et au commen-
cement du quinzième. L'orgue de la cathédrale
de Trévise, qui fut considéré longtemps
comme un ouvrage parfait, fut construit par
ce moine, en 1420 (voyez Biccati, délie corde
ovvero fibre élasticité, dans la préface,
p. xiv). Urbano construisit aussi, au quin-
zième siècle, un orgue dans la cathédrale de
Saint-Marc, à Venise, lequel existailencore en
1G04,etsur lequel on lisait alors celte inscrip-
tion rapportée par l'annaliste Stringa : Opcs
hoc lunissmiui Uhdanus Venetus. Cet instru-
ment fut remplacé, en 1671, par un autre qui
avait été fait par Jacques et Charles De Béni,
facteurs d'orgues de Vérone, et malheureuse-
menton n'a rien conservé de l'ancien. L'orgue
d'Urbano avait étéornéde peintures par Fran-
çois Tachoni, de Vérone, et portait la dale du
24 mai 1490; mais cette date élait celle du
travail du peintre, et non celle de la facture
de l'inslrumenl, beaucoup plus ancienne (1).
URENA (Pierre D'), moine espagnol, né
dans la seconde moitié du seizième siècle,
élait aveugle de naissance, et fit ses vœux dans
un couvent d'Espina. Il composa un traité de
musique, en 1620, qui parait être resté en
manuscrit, et dans lequel il proposa d'aban-
donner le système de solmisalion par les
muances, attribué à Guido d'Arezzo, en ajou-
tant aux noms des six premières notes de la
gamme, la septième syllabe ni. Nous ne con-
naissons l'ouvrage de Pierre d'Urcna que par
(I) Voyez F. Caffi, Storia delta Musica sacra nella
già Cappella ducale di S. Marco in Vcneiia, t. H, p. 121.
URENA - URSILLO
287
l'abrégé qu'en a publié Caramuel de Lobko-
witz (voyez ce nom). Tous les auteurs de bio-
graphies de musiciens ont confondu Pierre
d'Urena avec ce dernier, en disant qu'il fut
évéquc de Vigevano, en Lombardie.
URFEY (Thomas D'), célèbre chanteur de
table sous le règne de Charles II, roi d'Angle-
terre, passa la plus grande partie de sa vie
dans les tavernes de Londres, où il chantait
ses propres compositions avec beaucoup d'ani-
mation et de gaieté. Il mourut dans cette
ville, le 20 février 1725, à un âge fort avancé.
Il a publié le recueil de ses chansons et de
plusieurs autres sous le litre singulier : JFit
and Mirth, or Pills to purge melancholy ,
being a collection ofthe best merry Ballads
and songs, old and new, fitted lo ail hu-
mours, having each their proper tune for
either voice or instrument (Esprit et gaieté,
ou pilules pour guérir la mélancolie, consis-
tant en une collection des meilleures ballades
et chansons joyeuses , anciennes et mo-
dernes, etc.); Londres, 1719. Le portrait de
l'auteur est en tète de ce recueil.
URHAIV (Chrétien), né à Montjoie, près
d'Aix-la-Chapelle, le 16 février 1790, montra
dès ses premières années d'heureuses disposi-
tions pour la musique. Son père lui donna des
leçons de violon; mais il apprit seul à jouer
du piano et de plusieurs autres instruments.
Sans autre guide que son instinct, il composa
des variations de violon, des valses et d'autres
petites pièces avant d'avoir atteint sa dou-
zième année. Dans un voyage que lit à Aix-la-
Chapelle l'impératrice Joséphine, en 1805, on
lui présenta le jeune Urhan qu'elle entendit
avec beaucoup de plaisir : elle le prit sous sa
protection, le fit conduire à Paris, et le confia
aux soins de Lesueur, qui dirigea ses études
de composition. Perfectionnant lui-même son
talent de violoniste par les occasions fré-
quentes qu'il eut d'entendre les artistes les
plus habiles, Urhan se fit bientôt remarquer
dans les concerts, par sa manière élégante et
gracieuse d'exécuter les compositions de May-
seder, qu'il mit en vogue à Paris. Il entreprit
aussi de tirer de l'oubli la viole d'amour qui,
après avoir été de mode depuis la fin du dix-
seplième siècle jusque vers 1780, avait été
abandonnée. C'est pour lui que Meyerbeer a
écrit le solo de cet instrument dans le premier
acte des Huguenots. Urhan a exécuté aussi
des parties de viole d'amour dans plusieurs
morceaux des Concerts historiques donnés
par l'auteur de cette notice. A l'imitation de
Woldemar (voyez ce nom), il fit entendre
aussi dans les concerts du Conservatoire de
Paris des solos de violon-alto, monté de cinq
cordes (ut, sol, ré, la, mi), dont il tirait des
effets charmants. Musicien parfait, grand lec-
teur et homme de goût, il a été longtemps
reconnu comme l'artiste le plus habile pour
jouer la partie d'alto dans les quatuors et
quintettes; Baillot ne manquait jamais de le
choisir pour son accompagnateur dans ses
délicieuses séances musicales. Urhan, entré
comme alto à l'orchestre de l'Opéra, en 1816;
devint, en 1823, un des premiers violons,
puis enfin violon solo du même orchestre.
Longtemps aussi il remplit, à l'église Saint-
Vincent-de-Paul, les fonctions d'organiste.
Comme compositeur, il s'est fait remarquer
par des idées originales, et même par les
formes excentriques de ses ouvrages. On a
gravé de sa composition : 1° Premier et
deuxième quintettes romantiques pour deux
violons, deux altos et violoncelle; Paris, Ri-
chault. 2° Quintettes pour trois altos, violon-
celle, contrebasse et timbales ad libitum;
ibid. 5° Elle et moi, duo romantique à quatre
mains pour le piano, op. 1 ; ibid. 4° Deuxième
duo romantique à quatre mains; ibid. 5° La
salutation angélique, idem; ibid. 6° Les Re-
grets, pièce pour piano seul; ibid. 7° Les
Lettres, idem ; ibid. 8° Plusieurs romances à
voix seule ou à deux voix. Urhan est mort à
Belleville, près de Paris, le 2 novembre 1845.
URIO (François-Antoine), maître de cha-
pelle de l'église des Frères de la doctrine chré-
tienne, à Venise, vers la fin du dix-septième
siècle, a fait imprimer de sa composition :
Salmi concertait a 5 voci con violini, op. 2;
Bologne, 1697, in-4°.
URSEIVRECK-E-MASSIMI (Le comte
D'), chambellan et inspecteur de la chapelle du
grand-duc de Darmstadt, vers le milieu du
dix-huitième siècle, a fait graver de sa compo-
sition, à Liège, en 1768 : 1° Six trios pour
deux violons et basse, op. 1, et 2° six sonates
pour violon et violoncelle.
URSILLO (Fabio), célèbre joueur d'archi-
lulh, naquit à Rome, au commencement du
dix-huitième siècle. Ses talents ne se bornaient
pas à jouer avec un rare habileté de l'instru-
ment difficile appelé archiluth; il était aussi
bon violoniste, jouait de la flûte, de la guitare
et composait de bonne musique pour ces in-
struments. On a gravé à Amsterdam, en 1748,
trois œuvres de trios pour deux violons et vio-
loncelle, de sa composition, et deux œuvres de
sonates pour la flûte. Il a écrit aussi trois con-
certa grossi pour l'archiluth, des fantaisies
288
URSILLO - UTTINI
pour cet instrument, et un concerto pour la
guitare. Ces ouvrages sont restés en manuscrit.
Ursillo était plus connu de son temps sous son
prénom de Fabio que sous son nom de famille.
URSOI (Joacihm), compositeur italien,
né à Pontrcmoli, dans la Toscane, vécut vers
le milieu du seizième siècle. On connaît sous
son nom deux livres de madrigaux à quatre
voix, imprimés à Venise, en 1550.
USPEïl (François), prêtre vénitien et or-
ganiste distingué, vécut dans la première
moitié du dix-septième siècle. Pendant la ma-
ladie de Jean-Baptiste Grillo, organiste du
premier orgue de la chapelle ducale de Saint-
Marc, à Venise, Usper le remplaça, en 1621 ;
mais, après la mort de Grillo, il ne fut pas ap-
pelé à occuper sa place : ce fut Charles Fillago
qui obtint cet emploi, le 1er mai 1625. On ne cite
de la composition d'Usper qu'un graduel et un
7Yac<MSchantésdansla solennité funéraire qui
eut lieu dans l'église Saint-Jean et Saint-Paul,
de Venise, le 25 mai 1G2I, à l'occasion de la mort
du grand-duc de Toscane, Cosmell deMédicis.
UTTEUDAL, ou UTTENDALER, ou
enfin UTTEINTIIAL (Alexandre), musicien
allemand, était chanteur dans la chapelle im-
périale de Ferdinand Ier, antérieurement à
1566, et continua d'être attaché à celle cha-
pelle sous le règne de Maximilien II. II vivait
encore dans celte position, en 1585. Les trois
orthographes de son nom, qu'on vient de voir,
se trouvent sur les diverses éditions de ses ou-
vrages. Ses ouvrages imprimés sont ceux dont
les titres suivent : 1° Seplem Psalmi pœniten-
tiales ex prophetarum scriptis orationibus
rjusdem argument!, quinque ad dodeca-
chordi modos duodecim , tam vivx voci,
quam dicersis musicorum instrumentorum
generibus hartnonia accomodali ; Nori-
bergx in officina Theod. Gcrlalzcni. 1570,
in-4° obi. 2" Sacrarum cantionum, quas
vulgo Motetas vocant, antea in luccm un-
quam editarum sed nunc recens admodum
taminstrumentis musicis, quam vivx me-
lodix quinque, sex et plurium vocum attem-
peratarum liber primus; idem, lib. 2 et 3 ;
ibid., 1571-1577, in-4» obi. 5° Très Missx
quinque et sex vocum. Item Magnificat per
octo tonos, quatuor vocibus; ibid., 1573, in-4°
obi. 4" Frœliche neue teutsche und franzœ-
sische Lieder, lieblich zu singen und auf
allerley Instrumenten zu gebrauchen, nach
sonderer Art der Musik componiert, mit 4, 5
und mehr Stimmen (Nouvelles chansons
joyeuses allemandes et françaises, agréables à
chanter ou jouer sur toute espèce d'instru-
ments, etc., à quatre, cinq et un plus grand
nombre de parties) ; Nuremberg, Dietricht
Gerlach, 1574, in-4° obi. Une deuxième édi-
tion de ce recueil a élé publiée dans cette ville,
par Catherine Gerlach, en 1585, in-4" obi. Il
y en a une autre publiée à Francfort, chez
Stein (sans date), in-4". On trouve huit molels
à quatre, cinq, six et huit voix d'Ullendal dans
le Novus Thésaurus musicus de Pierre Joan-
nelli, Venise, Antoine Gardane, 1568, in-4°.
Jacques Paix a traité pour l'orgue quelques
morceaux de ce maître dans son Orgel Tabu-
latur-Duch.
UTTIIM (François), compositeur italien,
né à Bologne, vers 1720, fut élève de Sandoni
et de Perti. En 1743, l'Académie des Philhar-
moniques de Bologne l'admit au nombre de ses
membres; il en fut prince en 1751. Il vécut
quelque temps à Londres, et y publia, en 1770,
six trios pour deux violons et basse, y\n
œuvre de sonates pour le violoncelle, et deux
œuvres de sonates pour le clavecin. Arrivé à
Stockholm, en 1774, il entra au service du roi
de Suède, et obtint, après avoir rempli pen-
dant vingt ans les fonctions de maître de cha-
pelle, une pension de cinq cents écus, en 1795.
Il composa, pendant son séjour à Stockholm,
les opéras suédois suivants : 1° Aline, reine
de Golconde, en 1755. 2° Enée à Carthage.
3° Thétis et Pelée, en 1790. 4° Chœurs pour
la tragédie d'Athalie, traduite en suédois.
Dans sa jeunesse, Uttini avait écrit en Italie
quelques opéras italiens, entre autres // Re
pastore. L'époque de sa mort est ignorée.
ïh»=
V
VACCA(Jeaî) François), musicien italien,
vécut dans les dernières années du seizième
siècle. Il est cité par Gaizoni (l),qui en parle
en ces termes : Avant peu de mois, on pourra
voiries œuvres musicales de Jean- François
f'acca, musicien universel dans la théorie
et dans la pratique, lesquelles ne seront
désagréables ni aux savants, ni aux ar-
tistes (2). J'ignore si ces ouvrages ont été pu-
bliés en effet, aucun des nombreux catalogues
que j'ai consultés ne m'en ayant fourni l'indi-
cation.
YACCAJ (Nicolas), compositeur drama-
tique, est né en 1791, à Tolenlino, dans les
Etals romains. A l'âge de trois ou quatre ans,
il suivit à Pesaro son père, qui venait d'y être
appelé pour remplir un emploi public. Le
jeune Vaccaj y commença ses études. A l'âge
de douze ans, il lui fut permis d'apprendre à
jouer du clavecin, pour se délasser de ses tra-
vaux. Quelques années après, il alla à Rome
pour suivre un cours de droit; mais le dégoût
que lui inspirait celte science, et son penchant
irrésistible pour la musique lui firent aban-
donner la première pour se dévouer entière-
ment à cet ait. Il prit des leçons de chant, et
devint élève de Janacconi pour le contrepoint.
Vers la fin de 1811, il se rendit à Naples et y
recul des leçons de Paisiello pour la composi-
tion, dans le style dramatique. Il écrivit sous
les yeux de ce maître sa première cantate in-
titulée : L'Omaggio délia graliludine, An~
dromeda, autre cantate, et quelques composi-
tions pour l'église. En 1814, il fit représenter
au théâtre Nuovo I Solilari di Scozia, opéra
semi-seria ; puis il se rendit à Venise pour y
écrire Malvina,o\)é\-a en un acte qui fut joué
au théâtre San-I5cncdelto, en 1815. Cet ou-
vrage fut suivi du ballet de Gamma, regina
di Gallizia, représenté au théâtre de la Fe-
nicc, en 1817, de l'opéra II Lupo d'Ostendu,
au théâtre San-Ilencdello, en 1818, de 77-
(1) La Piazza universale di tutti le profezzione del
mondo, Veneiia, liiSri, Discorso 42.
(2) Fra poclii mesé potranno vcdcrli l'opre (sic) mu-
sicali di Gio. Francesco Vacca, musico universale theo-
rico cl prallico, le quali spero non dovere essere ingrate
al consortio de dollori et vi rluosi.
BIOCH. UKIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
murkan, ballet, pour la Fenice, en 1819, et
des deux ballets Alessandro in Babilonia et
Ifigenia in Aulide, au même théâtre, en
1820. Dégoûté de la carrière de compositeur
dramatique, par le peu de succès de quelques-
uns de ces ouvrages, Vaccaj résolut de se livrer
à l'enseignement du chant, d'abord à Venise,
puis à Triesle, en J 821, el à Vienne, en 1823.
Arrivé à Milan, en 1824, il y reçut un engage-
ment pour écrire à Parme l'opéra bouffe
Pietro il Grande , ossia il Geloso alla tor-
tura. Dans la même année, il lit représentera
Turin la Paslorclla feudataria. Appelé à
Naples, en 1825, il composa, pour le théâtre
Saint-Charles, Zadig ed Astartea; puis il re-
tourna à Milan et y fit représenter Giulietta e
Romeo, son meilleur ouvrage, puis le Fuccine
di Norvegia. Ce dernier ouvrage fut suivi de
Giovanna d'Arco, à Venise, de Bianca di
Messina, à Turin, de Saladino, à Florence,
et de Saulle, à Milan. Le désir de connaître
Paris le conduisit dans celle ville, en 1829. Il
s'y livra à l'enseignemenl de l'art du chant,
et fut considéré comme un des maîtres italiens
les plus habiles dans cette partie de Part.
Après deux années de séjour dans cette
ville, il alla à Londres, où il forma aussi
quelques élèves pour le chant. De retour en
Italie, après que l'agitation produite par la
révolution de 1830 eut été calmée, Vaccaj re-
prit ses travaux pour le théâtre, et composa
les opéras 77 Marco Fisconti, la Giovanna
Gray, pour la célèbre cantatrice Malibran, la
Sposa di Messina, et en dernier lieu Vir-
ginia. Après le départ de lîasilj pour Rome,
Vaccaj lui a succédé, en 1838, dans la place
de censeur du Conservatoire de Milan, el de
premier maître de composition dans celle
école : il occupa celte position jusqu'à sa
mort, arrivée en 1849. 11 avait renoncé à
écrire pour le théâtre, et ne composait plus
que pour l'église. On connaît aussi quelques
recueils de canzoneltes italiennes de Vaccaj,
publiés à Milan, chez Ricordi.
\ACCA1\I (François), violoniste dis-
tingué, csl né à Wodènc, en 1773. Dès l'âge de
cinq ans, il apprit à jouer du violon, et ses
progrès furent si rapides, que deux ans après
19
290
VACCARÎ — VACHON
il exécutait déjà toute es|ièce de musique à
première vue. Pugnani, qui l'entendit dans
son enfance, fut frappé de sa hardiesse d'exé-
cution. Vers sa dixième année, il alla à Flo-
rence pour prendre des leçons de Nardini.
A treize ans, il se rendit à Manloue pour y
donner des concerts; le violoniste Pichl, qui
l'y rencontra, lui présenta un concerto qu'il
exécuta devant le public à première vue.
Parme, Plaisance, Vérone, Padouc, Venise,
furent ensuite visitées par Vaccari : partout il
se fil entendre avec succès. Après avoir vécu
plusieurs années à Milan, il fut appelé en Es-
pagne, cl y entra au service du roi, en 1804.
Celte position était aussi agréable qu'avanta-
geuse; mais les événements qui troublèrent
la Péninsule, en 1808, la firent perdre à Vac-
cari. Obligé de voyager pour donner des con-
certs, il arriva à Paris, en 1809, mais n'y
resta que peu de temps, et parcourut ensuite
l'Allemagne. En 1815, il se rendit a Lisbonne,
puis retourna à Madrid, où il entra au service
du roi Ferdinand. Les événements de 1823 lui
firent encore perdre celte place, et le ramenè-
rent à Paris; puis il retourna en Portugal. On
a gravé de sa composition : 1° Duos pour deux
violons, op 1 et 2; Paris, Louis. 2" God suve
Ihe King, varié pour violon avec piano; Paris,
Janel et Cotelle 3° Pot-pourri varié sur le
Fandango et Robin Adair, avec accompa-
gnement de piano; Paris, Leduc. 4" L'Ecos-
saise, nocturne dialogue pour piano et violon
(avec Karr); Paris, Schœnenberger.
VACCIIETTI (le P. Jeah-Baptiste), mi-
neur conventuel et organiste de son couvent,
né à Ruinera, dans le duché de Modène, vivait
à Modène, vers le milieu du dix-septième
siècle. Il était membre de l'Académie de la
Morte, sous le nom <Vil Naufragante. On
a publié de sa composition : 1° Moltelti a due,
tre e quallro voci con organo; in Fenelia,
Bart. Magni, 1G46, in-4°. 2» Mottctti a voce
sola lib. 1, op. 2; in Fenelia, Franc. Magni,
1604, in-4°. 3° Molletli concertait a una,
due, tre e quattro con violini e senza, lib. 2,
op. 5; Bologna, 1GG7, in-4°.
VACHER (Pilrre-Jean), ou LEVA-
CHEîl, violoniste, né à Paris, le 2 août 1772,
eut pour premier maître André Monin, et reçut
ensuite quelques leçons de Viotli. A l'âge de
dix-neuf ans, il s'éloigna de Paris pendant les
orages de la révolution pour aller à Bordeaux,
où il fut admis à l'orchestre, en qualité de pre-
mier violon; mais il n'y resta que peu de
temps, et revint à Paris vers le milieu de 1794.
Il entra alors à l'orchestre du théâtre du Van- |
deville, et commença à se faire connaître par
la composition de petits airs et de romances
intercalés dans les pièces de ce théâtre. Quel-
ques-uns de ces morceaux devinrent popu-
laires. Vacher entra ensuite à l'orchestre du
théâtre Feydeau, puis à celui de l'Opéra. II
mourut à Paris, en 1819. On a gravé de sa
composition : 1° Trios pour deux violons et
basse, op. 3; Paris, Naderman. 2° Airs variés
pour violon et violoncelle; ibid. 3° Duos pour
deux violons, liv. 1 et 2 ; Paris, Gaveaux.
4" Beaucoup d'airs variés pour violon seul ;
Paris, Janet, Frey, Omont. 5° Quelques pois-
pourris idem; ibid. G" Plusieurs romances fort
jolies, qui ont eu beaucoup de succès.
VACHOIV (Pierhe), né à Arles, en 1731,
apprit la musique et le violon dans celte ville,
puis se rendit à Paris, à l'âge de vingt ans, et
y devint élève deChabran pourcet instrument.
En 1758, il se fit entendre au concert spiri-
tuel dans un concerto de sa composition, et y
obtint un brillant succès don! le Mercure de
France de celte époque a rendu compte. La
Borde dit (Essai sur la musique, tome II [,
p. 488) que le talent île Vachon était particu-
lièrement remarquable dans les trios el qua-
tuors de violon. En 1761, il entra au service
du prince de Conli, en qualité de premier vio-
lon de sa musique. Peu de temps après, il fit
paraître ses premières compositions instru-
mentales el commença à écrire pour le théâtre.
En 1784, il fit un voyage en Allemagne et
s'arrêta à Berlin, où il eut l'honneur déjouer
devant le roi qui, charmé de son jeu, le nomma
maître de concerts de sa cour. Vachon, devenu
vieux, fut mis à la pension, en 1798. Il mourut
à Berlin, eu 1802, à l'âge de soixante et onze
ans. Il avait fait représenter dans sa jeunesse
les opéras suivants de sa composition :
A l'Opéra. 1° Hippomène et étalante, en un
acte, 17G9. A l'Opéra-Comique. 2° Renaud
d'Ast, en un acte, 1765. 3° Le Meunier,
1705. 4° Esope à Cylhère (en société avec
Trial) 17G6. 5° Les Femmes et le Secret,
1767. 6° Sara, 1783. Les compositions instru-
mentales de cet artiste sont: 1° Trois concertos
pour violon et orchestre, op. 1 ; Paris, Venier.
2° Six Irios pour deux violons et basse, op. 2;
ibid. 5° Six sonates pour violon el basse, op. 3;
ibid. 4° Deux concertos pour violon et or-
chestre, op. 4; Paris, La Chevardière. 5° Six
sonates pour violon el basse; Londres, 1770.
6° Six quatuors pour deux violons, allô et
basse, op. 7 ; Paris, La Chevardière. 7° Six
quatuors pour deux violons, alto cl basse, op. 9;
Berlin, 1797.
VAELRANT — VA ET
291
VAELRATST (Hubert). Voyez WAEL-
RANT.
VAET (Jacques), musicien l)elge, vécut
dans la première moitié du seizième siècle, et
fut chanteur de la chapelle impériale a Vienne,
sous les règnes de Charles-Quinl, Ferdinand I'r
et Maximilien II. Il était ecclésiastique. Cet
artiste a été souvent confondu avec Giacche
ou Jacques de Wert, son compatriote et con-
temporain (voyez Wert) : moi même. j'ai par-
tagé cette erreur dans la première édition de
cette Biographie des musiciens, et le savant
Antoine Schmïd n'a pas mis en doute l'iden-
tité, dans son livre sur Petrucci de Fossom-
brone, quoique sa position à la Bildiothèque
impériale de Vienne eut pu lui fournir le
moyen d'éclaircii- le fait dans les archives
«le la chapelle. Les renseignements authenti-
ques ont manqué sur ces artistes jusqu'au mo-
ment où celte notice est écrite (18(14), et l'on
n'a trouvé aucun document concernant les
lieux et dates de leur naissance, les chapelles
où ils ont fait leurs études musicales, et les
positions qu'ils ont d'abord occupées. Le No-
ms thésaurus musicus de Pierre Joànnelli de
Gandino, publié à Venise, chez Antoine Gar-
dnne,en 1508, est la seule source où j'ai puisé
les renseignements qui permettent «l'établir
quelques faits certains. On sait que cette col- i
Inction est formée de compositions qui toutes
appartiennent à des chanteurs de la chapelle
impériale au seizième siècle; or, on y trouve
(p. 425) un motel à six voix à la louange de
l'archiduc Ferdinand d'Autriche (In laudem
Sereniss. Principes Ferdinandi Orchid.
Auslrie), qui devint roi de Bohême et de Hon-
grie, en 1527, et ne fut empereur, sous le nom
de Ferdinand Ier, qu'au mois de septembre
1556. après la renonciation de Charles Quint,
•ou lïère. Antérieurement à 1527, Vaet était
donc chanteur et compositeur à la chapelle
impériale, sous le règne de Charles Quint,
couronné empereur le 23 octobre 1520, puis-
que Ferdinand n'était encore qii'archidnc.
On trouve, dans la même collertion (pp. 413,
415 et 417), trois motets de Vaei, le premier à
quatre voix et les deux autres à six voix, à la
louange de Maximilien II (Tu laudem Invic-
tiss. Rom. Imp. Max. II), qui ne succéda à
l'empire qu'au mois de juillet 1504, après la
mort de Ferdinand. Un autre motet à six voix
de Vaet, à la louange des archiducs Bo-
dolphe et Ernest, fils «le Maximilicn, se trouve
à la page 435. Il estdonc évident que Vaet était
encore attaché à la chapelle impériale après
le mois de juillet 1504, et vraisemblablement
plus tard; mais il ne vivait plus en 1568, lors-
que Joànnelli publia son Novus Thésaurus
musicus, car on y trouve (p. 455) un motet à
sept voix, composé par Jacques Begnart, pour
ses obsèques (In Obitum Jacobi Vaet). Or,
Jacques de Wert n'a pas vécu en Autriche et a
été au service des Cours de Ferrare et de Man-
toue. Il ne peut donc y avoir confusion entre
ces deux artistes. On a publié de Vaet :
Modulationes quinque vocum (vulyo mo-
tecta)nuncupatx ; Venetiis, apudJnlonium
Gardanum, 1562, in-4°. Un exemplaire
complet de cet ouvrage est à la Bibliothèque
royale de Berlin. Le Novus Thésaurus mu-
sicus, cité précédemment, contient six mo-
tels «le Vaet à quatre voix, sept motels à
cinq, huit motets à six, un motet à sept, et
trois molets à huit, en tout vingt-cinq com-
positions, entre lesquelles on remarque sept
Salve lîegina à quatre, cinq, six et huit voix,
et un Te Deuma huit. La collection intitulée :
Ecclesiasticx Canliones quatuor et quinque
vocum, vulgo moteta vocant, tam ex veteri
quam ex novo Testamenlo, ab optimis qui-
busque hujus xtalis musicis composite, etc.
(Anlwerpix per Telemannum Snsato, 1553,
lih. 1-7), renferme cinq motels à quatre voix
de Vaot (Mb. II, p. 17, lib. III, p. 11, 17, 19,
et lib. IV, p. 18). La rare et précieuse collec-
tion qui a pour titre : Evangelia Domini-
corum et feslorum Dierum , musicis numeris
pulcherrime comprehensa et correcta qua-
tuor, quinque, sex et plurium vocum. Tomi
sex, etc. (NoribergX) in ofpcina Joannis
Montant et Ulrici Neuberi, 1554-1556, in 4°
obi.), contient des Sententix pias à quatre
voix, tome II, n« 18, 19; III, 22; IV, 15,
V, 14. Une chanson française à quatre voix,
«lu même musicien (Amour léal etc.), se trouve
dans le Jardin musical, contenant plusieurs
belles fleurs de chansons à quatre parties
(lib. I, p. 24); Anvers, chez Hubert Waelranl
et Jean Lad (sans date), in-4u obi. La grande
collection intitulée Thésaurus musicus (1),
continents seleclissimas octn, seplem. sex,
quinque et quatuor vocum I/armouias tam
a vêler ibus quant recentiorihus symphonistis
compositas, et ad omnis yencris instrumenta
musiev accotrodalas. Tomi V {Noribery.v,
per Joanaem Montanum et Ulricum Neu-
berum, 1564, in-4" obi.), contient des motels
«le Jacques Vaet à quatre, cinq, six et huit
voix «jui se trouvent tome I, nos 6, 7, 8, 9;
lome III, n°s 16,17, 18, 11), 20; tome IV,
(t) Il ne faut pris confondre celle collection avec le
Nocus Thésaurus musicus de Joànnelli.
19.
292
VAET - VALENTE
nns9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17 18; et
(orne V, n03 2G, 27, 28, 29. Vaet fut, sans au-
cun doute, un des musiciens les plus distingués
de son temps; quelques piècesde sa composition,
que j'ai mises en partition, m'ont démontré
qu'il écrivait bien, que sa musique est em-
preinte d'un caractère religieux, enfin, que sa
notation est simple, et qu'il n'y met pas,
comme la plupart de ses contemporains, une
affectation pédanlesqne de recherches inutiles.
VAGUE ( ), professeur de musique, né
à Marseille, dans les dernières années du dix-
septième siècle, se fixa à Paris, et y publia
une méthode élémentaire de musique qui a
pour titre : L'Art d'apprendre la musique,
exposé d'une manière nouvelle et intelligible,
par une suite de leçons qui se servent suc-
cessivement de préparation; Paris, 1733,
in-fol. de trente-deux pages gravées, non com-
pris la préface. Une deuxième édilition de
cette méthode a paru en 1750, à Paris.
VAILLANT (Pierre-Marie -Gabriel), né
à Paris, le 19 juin 1778, apprit dans son
enfance à jouer de plusieurs instruments. Le
violon fut celui auquel il s'attacha de préfé-
rence. Après avoir été employé comme cho-
riste au Théâtre Italien, il entra à l'Opéra,
en 1817, et fut également admis à la chapelle
du roi, comme ténor. La révolution de 1830
lui fit perdre cette place, et il se retira de
l'Opéra, avec la pension, en 1837. Cet ar-
tiste a arrangé beaucoup de musique pour
divers instruments, particulièrement pour har-
monie, pour violon, flûte, clarinette, flageo-
let, et a publié des méthodes pour ces instru-
ments, à Paris, chez P. Petit, et chez Janet.
Toutes ces productions sont de peu de valeur.
Vaillant avait en manuscrit un traité d'har-
monie, et un recueil de solfèges.
VAISSELIUS (Matthieu). Voyez
WAISSELIUS.
VALA1ÎRÈGUE (Ferdinand-André), fils
d'un interprète pour la langue hébraïque de la
Bibliothèque royale, est né à Paris, en 1777.
Entré au service militaire fort jeune, il fit
quelques campagnes en Italie, et parvint au
grade de capitaine de hussards. Devenu aide de
camp du général Junot, il le suivit à l'ambas-
sade de Lisbonne. Ce fut dans celte ville qu'il
connut madame Catalani et devint son époux.
En 1807, il donna sa démission et se rendit
en Angleterre avec la célèbre cantatrice, dont
il dirigea depuis lors les affaires et les succès
(voyez Catalani). Après l'anéantissement du
Théâtre Italien dont elle avait eu le privilège
avec de grands avantages, de vives réclama-
tions s'élevèrent contre elle, et Valabrègue
publia pour sa défense un opuscule intitulé :
Etat du Théâtre royal Italien sous la direc-
tion de madame Catalani, Paris, 1818, in-8°
de seize pages. Il est mort dans une maison de
campagne près de Florence, en 1835.
VALDEURAVANO ( D. Enrique, ou
Henri), musicien espagnol, naquit à Pena-
cerrada,dansle royaume de Léon, au commen-
cement du seizième siècle. Il a fait imprimer
un traité de la viole avec une collection de
pièces pour cet instrument, sous le titre de
Musis dicatum. Libro llamado Silua de Si-
renas. Compueslo por el excellente musico
Anriquez de Ualderauano. Dirigido al illus-
trissimo sennor don Francisco de Cunniga
coude de Miranda, etc. A la fin du volume,
on lit: Fueimprcsso en la muy insigne y noble
villa de J alladolid Pincia in olro tiempo lla-
mada. Por Francisco Fernandez de Cordova
impresor, 1 547, in-fol. Co volume contient
une collection de motels, vilhancicos , ro-
mances, chansons, fantaisies et sonates, mis
en tablature pour la viole, et précédés d'une
instruction sur la signification des signes de la
tablature et sur la manière de les rendre dans
l'exécution. On a aussi du même auteur un
traité général de musique qui concerne la ta-
blature de l'épinelte ((cela), de la harpe, de
la viole, le plain-chant, le chant figuré et le
contrepoint. Cet ouvrage a pour titre : Tra~
tado de cifra nueva para tecla, arpa y
vihuela, canto-llano, de organo y contra-
punlo; Alcala de Ilenares, 1557, in-fol.
VALEINTE (Antoine), surnommé Cieco,
parce qu'il était aveugle, fut un organiste na-
politain, dans la seconde moitié du seizième
siècle. Il a publié une collection de pièces
d'orgue intitulée : Fersi spirituali sopra
tulle le note, con diversi capricci per suonar
negli organi, Napoli, 1580.
VALENTE (Saverio), compositeur napo-
litain, vécut dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. Il fit ses éludes musicales au
Conservatoire de la Pielà, et fut maître de
chapelle de l'église S. Francesco Saverio, de
cette ville, et professeur au même Conserva-
toire, puis au collège musical de San Pielroa
Majella. La bibliothèque du Conservatoire de
Naples possède en manuscrit de ce maître :
1° Jmpropcri a 4 voci pel venerdi sanlo.
2° Jflessa a 4 voci epiù stromcnli. 3" JJessa
a 5 voci e più stromenti. 4° Tratti délie Ire
profezie del sabato santo. 5° Vespere del sa-
batosantoaivocicolbassoconlinuo.G" Credo
a 4 voci con organo. 7° Oratorio per il S. Na-
VA LENTE - VALENTINI
29Î
taie a più voci e più stromenti. 8° Exercices
de solfège à rj un tic voix. On connaît aussi de
cet artiste un recueil de Partimcnli et une
méthode de contrepoint.
VALETTE (Giovanni), compositeur napo-
litain, né vers 1825, fit ses éludes au collège
royal de musique de San Piclro a Majella, et
reçut des leçons de composition de Merca-
dante. Dans l'été de 1 84 î, il fil représenterai!
théâtre Nuovo un opéra intitulé Vlnvitalo
ad una [esta di maschera; quelques mor-
ceaux de cet ouvrage furent applaudis. Le
12 juillet 1840, il donna au même théâtre //
Sarlo (Ja donna, qui n'eut que cette seule re-
présentation. Depuis lors, le nom de M. Va-
lente a disparu du inonde musical.
VALE3ITIIM (Jean), musicien romain,
né dans la seconde moitié du seizième siècle,
entra au service de la cour impériale, à Vienne,
en qualité d'organiste, vers 1 G 15. On a im-
primé de sa composition : 1° Moletli a sei
voci, Venise, 1611, in-4°. 2° Musiche concer-
taie a G, 7, 8, 9 e 10 voci ossia istromenli,
Venise, 1619, in-fol. 3° Musiche a 2 voci col
basso per organo, Venise 1022. 4° Sacricon-
cerli a 2, 3, 4 e 5 voci, Venise, 1025, in -4°.
5" Musiche da caméra a 2, 5, 4, 5 et 6 voci,
parle concertala con voci sali et parle con
voci ed istromenli, nelle quale si contenrjono
Madrigali ed allri varie composizioni. Li-
bro quarto. Fenelia, app. Jkss. f incenti,
1621, in-4". 0" Libro quinto. Le Musiche da
caméra a una e due voci co'l basso continua;
ihid., 1622, in-4°. Valenlini a laissé aussi en
manuscrit «les messes, magnificat et psaumes
à vingt-quatre voix en six chœurs. L'ahhé
Sanlini possède de ce maître un Slabat mater
à quatre1 voix, et un Magnificat à vingt-quatre
voix, daté <le 1020. Ses compositions se trou-
vent au château de Prague, dans la biblio-
thèque des manuscrits. Suivant Gerher, les
messes et Magnificat ont été imprimés à Ve-
nise, eu 1021. On trouve aussi quelques mor-
ceaux de ce musicien dans le Parnassus mu-
sicus Ferdinandxus de lkrgameno (Venise,
1015).
VALETVriM (PiEnnE-FnANÇois), né à
Rome dans la seconde moitié du seizième siè-
cle, descendait «l'une noble famille de celte
ville. Il fit ses études musicales dans l'école de
Jean-Marie Nanini, et devint un des plus sa-
vants musiciens de l'excellente école romaine.
Il mourût à Home, en 1054. Les productions
de cet homme distingué sont toutes dignes
«l'intérêt; en voici la liste: 1" Canone di Pier
Franccsco Falentini Roinauo sopra le pa-
role del Salve Regina : illos tuos miséricordes
oculos ad nos convcrle, con le sue risolutioni
a 2, 3, 4 e 5 voci, etc., Roma, Masolli, 1629.
Ce canon est susceptible de plus de deux mille
résolutions. On en trouve le thème dans la
Musurgia du P. Rircher (t. I. p. 402), avec
les quatre résolutions principales, par mouve-
ments contraire, rétrograde, et rétrograde
contraire. 2° Canone nel nodo di Salomone
a 96 roc/, Roma, 1631, in-fol. Kircher a
indiqué les principales résolutions «les qua-
tre-vingt-seize voix (Musurgia, t. I, p. 404 et
suiv.), et l'a étendue par des entrées à temps
divers et par différents mouvements, préten-
dant qu'il lient être chanté par cent quarante-
quatre mille voix différentes, par analogie aux
cent quarante-quatre mille chantres de l'Apo-
calypse. 3" Canone a 6, 10, 20 voci, Roma,
1645. 4" La Mitra. Favala greca versificata
con due intermedii, il primo rappresentanle
la Uccisione diOrfeo; e ilsecondo Pittagora,
clic ritrova la musica. Poesia di Pier Fran-
ccsco Falentini Romano, musica deU'istesso,
Roma, Mascai'di, 1654. 5° La Trasforma-
zione di Dafne. Favala morale con due
intermedii, ilprimo contiene il Ralto diPro-
serpina, ed il secondo la Callività di Fenere
c di Marte nelle rele di P'ulcano, Roma,
Mascardi, 1654. Par son testament, Valenlini
imposa à ses héritiers l'obligation de faire im-
primer les ouvrages de sa composition qu'il
laissait en manuscrit; ils parurent sous les
litres suivants : 6° Madrigali a 5 voci, mu-
sica e poesia del Falentini. Deux livres,
Home, Mascardi, 1654. 7° Motetti ad una
voce con istromenti. Deux livres, ibid. 8° Mo-
tetti a 2, 3, 4 voci. Deux livres, ibid., 1655.
9" Canzonette spirituali a voce sola. Deux
livres, Rome, 1655. 10° Canoni musicali, in
Roma, appresso Mauritio Belmonti, 1655, in-
fol. de 155 pages. 1 1° Canzonette spirituali a 2
e ôtaci. Deux livres, ibid., 1656. 12" Canzo-
nette spirituali a 2, 3, 4 voci. Deux livres,
ibid., 1656. 13° Musiche spirituali per la
nativité di N. S. Gesù-Crislo «1,2 voci.
Deux livres, Rome, Belmonli, 1657. 14° Can-
zoni, sonetti ed arie a voce sola. Deux livres,
ibid., 1657. 15° Canzonette ed arie a 1,
2 voci. Quatre livres, ibid., 1657. 16° Lita-
nie, et molclti a 2, 3, 4 voci. Deux livres,
ibid., 1657.
Valeritini a été non-seulement compositeur
habile, mais encore écrivain sur la théoriedela
musique. Par une disposition de son testament,
il a laissé en manuscrit trois traités didactiques
suc ÇÇ* att à la bibliothèque de l'illustre l'a-
294
VALENTINI - VALESI
mille Barberini, où ils se trouvent encore,
sons les numéros 5587 et 3288. En voici les
titres : Duplitonio Musica. Dimostrazionedi
Pier Franccsco Falentini Romano, per la
quale appare 11 toni. e modi musieali ascen-
dere al numéro di ventiqnatlro, dove dodici
soli comunemente sono stimati. Ed anco
alcune figure dimoslrative di alcxtni generi
musieali anlichi ed altre teoriche curiosité.
2° Tratlato del tempo, del modo, c délia pro-
lazione di Pier France&co Falentini Ro-
mano, nel quale ampiamenle si dimostra
cosa sia tempo, modo, prolazione, c copio-
samente si discorre délie figure e propor-
zioni musieali. de' segni délie perfezioni,
délie allerazioni, délie division!, délie im-
perfezioni, dei ptinti, délie leqature, e di
ciascun altro accidente, a eut dette fiqure
sono sottoposte. 3" Tratlato délia baltuta
musicale. In queslo si vedono descritli gli
esempi per i quali s'insegna il modo o la
maniera di giustamente proferire e canture
le note, ed aapettare le pause tanto sotto il
tempo dcll' eguale, quanto dell' inegualebal-
tuta.
VALENTINT (Joseph), violoniste et com-
positeur, naquit à Florence, vers 1090. On
voit par le lilre de ses concertos qu'il était
attaché au service du grand duc de Toscane,
en 1735. Les productions connues de cet ar-
tiste sont : 1° XII Sinfoniea 2 violini evio-
loncella,op. 1, Amsterdam, Roger. 2° ni Riz-
zarrie per caméra a 2 viol, e violone, op. 3,
ibid. 3" XII Fantasie a 2 viol, et violone,
op. ô. 4° FUI Idée da caméra a violino solo
e violoncello, o|> 4, ibid. 5° XII sonate a
2 viol, et violone, op. 5. 0° Concerti a 4viol.
alto viola, violone. e basso conlinno, op. 7,
lib. 1 e 27 ibid. 7° Sonate a violino solo e
basso continua1, op. 8, ibid. 8° X concerti,
op. 9, ibid. On ignore l'époque de la mort de
cet artiste.
VALENTINT (Juan), compositeur napo-
litain, vécut dans la seconde partie du dix hui-
tième siècle. On connaît de lui les ouvrages
suivants : 1° Le Nozzein contrasta, opéra
bouffe, à Milan, en 1780. 3° 1 Castellani bur-
lati, opéra bouffe, à Parme, en 1780. 5° La
Statua matematica, à Pesaro, en 1786.
4° L'Imprésario in ravina, à Crémone, en
1788.
"VALENTINI (CnARtBs), compositeur dra-
matique, né à Lucques, vers 1790, a donné
sur divers théâtres d'Italie : 1° 77 Capriccio
drammatico. 3" Amina, opéra semi-seria, en
deux actes. 5° Il Figlio del signor padre,
opéra bouffe, en deux actes. 4° Lo Spettro
parlante, opéra semi-seria, en deux actes.
5°L'Orfanella di Ginevra, le 2 octobre 1825,
au théâtre Nuovo, à Naples. En 1827, Valen-
tini fut engagé comme directeur de musique
au théâtre de Messine : il occupait encore
celle posilion en 1835. En 1858, il a fait
représenter à Naples Amina, en trois actes,
qui ne réussit pas. Il fut plus heureux à Rome,
où il lit représenter avec succès, à la fin delà
même année, Gli Aragonesi in Napoli. En
1831, il donna au théâtre Nuovo de Naples II
Figlio del signor padre, opéra bouffe qui fut
bien accueilli, et Lo Spettro parlante. De re- •
tour à Lucques, où il s'est fixé vers la fin de sa
carrière, Valcnlini a donné dans cette ville II
Sonnanbulo, en 1834, et Gli Avventurieri,
en 1837. On ne connaît qu'un seul ouvrage,
lldegnnda, joué pendant son séjour en Sicile,
au théâtre de Palerme, en 1829.
VALERNODO'ahbéMAïuE-ELÉAunDE),
chanoine du chapitre noble de Saint-Martin
d'Ainay, né à Lyon, en 1704, fut membre de
l'Académie de celle ville et mourut en 1778.
Il lut à l'Académie une Nouvelle méthode
pour noter le plain-chant, sans barres et
sans clefs. Cet ouvrage se douve parmi les
manuscrits de la Bibliothèque de Lyon, sous
le n° 905, in- fol.
VALESI (Jean-Évancéliste), chanteur ha-
bile dont le nom allemand était WALLES-
IIALSEH, naquit le 28 avril 1735, à Unter-
haltenhofcn, en Bavière. Fils d'un paysan, il
fut adopté par le pasleur de Ginzelhofen, qui
lui fit faire ses éludes au collège de Munich.
Les dégoûts que lui fit éprouver un profes-
seur l'engagèrent à s'enfuir de ce collège,
cl à se faire garçon de ferme chez un cultiva-
teur qui demeurait près deLandsberg; mais
reconnu parsonfrère, pendant qu'il travaillait
aux champs, il fut reconduit chez son protec-
teur. Décidé à ne plus retourner au collège, il
demanda la permission de se livrer à l'élude
de la musique, et fut confié aux soins du
mailre de chapelle Camerloher(uoj/e2 ce nom),
à Freysing. Ses heureuses dispositions pour cet
art, particulièrement pour le chant, furent
cultivées avec mélhode par ce savant musi-
cien, et les progrès de l'élève furent si rapides,
qu'il fut, à l'âge de dix-neuf ans, nommé chan-
teur de la cour du prince-cardinal et archevêque
de Freysing. Appelé à Amsterdam, en 1755,
pour y chanter dans des concerts, il y com-
mença sa réputation, puis se rendit à Liège,
dont son prince était évêque. De là il alla se
faire entendre à Nancy, à Francfort, où il re-
VALESI - VALLADE
29;
trouva son maître Camerloher, puis retourna
à Freysing. En 1756, il quitta celte cour pour
entrer au service de l'électeur de Bavière, et
dans l'année suivante, il débuta sur le théâtre
de la cour, dans Bellërophon. Le désir de
perfectionner son talent lui fit ensuite de-
mander l'aulorisalion d'aller en Italie : elle
lui fut accordée. Après avoir entendu quelques
bons chanteurs, il chanta à Padoue avec succès
dans plusieurs opéras, puis retourna à Munich.
En 1770, le nouveau duc de Bavière lui ac-
corda le titre de chanteur de sa musique par-
ticulière. Appelé peu de temps après à Flo-
rence, Valesi y brilla, puis fit admirer son
talent à Sienne, Milan, Parme, Gènes, Turin,
Rome et Venise. De retour à Munich après
plusieurs années d'absence, en 1778, il chanta
avec succès dans les opéras de la cour. Il y
forma aussi plusieurs bons élèves, dont le plus
célèbre fut Adamberger («oyez ce nom). Après
quarante deux années de service, Valesi obtint
sa retraite avec la pension, en 1798. Il mourut
a Munich, en 1811.
VALGULIO (Charles), savant helléniste,
d'une ancienne famille de Brcscia, naquit dans
cette ville, vers 1440. Il fut secrétaire du car-
dinal César Borgia, et mourut à Brescia, en
1498, de la frayeur que lui causa une vision.
Sa version latine du Traité de musique de Plu-
tarque est écrite avec élégance : elle a été im-
primée pour la première fois longtemps après
sa mort, dans la collection des opuscules de
Plutarque, intitulée : Plutarchi Chxronei
philosophi historicique clarissimi opuscitla
{qitcT quidem extanl) omnia, undequaque
collecta, et diligenlissime jam pridem reco-
gnita. Yenetiis per Jo. Ant. et Fratres de
Sabio, sumptuet réquisitions D. Melchioris
Sessa. Anno Domini MDXXXTI , in-8°.
Jean Cornariusa reproduit cette version dans
son édition. des oeuvres morales de Plutarque
(Baie, 1553, in-fol. p. 19-25 v). La version
latine plus moderne de Xilander (voyez ce
nom), bien qu'elle ait été reproduite plusieurs
fois, est inférieure à celle de Valgulio.
VALIIADOLID (François DE), maître
de chapelle du séminaire archiépiscopal de
Lisbonne, naquit à Funchal, dans l'île de Ma-
dère, vers 1640, et mourut à Lisbonne, le
16 juillet 1700. Son premier maître de musi-
que avait été Manuel Fernande* ; il apprit en-
suite le contrepoint à Lisbonne, sous la direc-
tion de Jean Alvares Frovo. Ses compositions,
restées en manuscrit, consistent en messes,
psaumes, lamentations, répons, motets, Mi-
serere, etc.
"VALLA (Georges), médecin, né à Plai-
sance, vers le milieu du quinzième siècle, fit
ses études à Pavie; il fut appelé, vers la fin de
sa vie, à Venise pour y professer les humanités,
et mourut dans la même ville quelques mois
avant l'an 1500. On a de lui une collection de
traités sur toutes les sciences, intitulée : De
expetendis et fui/tendis rébus ; Venise, 1497-
1501, deux volumes in-fol. max. Cet ouvrage
dont l'exécution typographique est fort belle,
contient un traité De Musica, lib. F. S'ed
primo de invenlione et comnwditule ejus.
Outre cet ouvrage, Georges Valla a publié aussi
une version latine de V Introduction harmo-
nique d'Euclide, sous le nom de Cleonides :
elle a pour litre : Cleonidx harmonicum in-
troductorium interprète Georgio Fallu Pla-
centino. Ce petit ouvrage est réuni au traité
de l'architecture de Vitruve, à celui des aque-
ducs de Fronlin et à deux opuscules d'Ange
Politien, dans un volume qui a pour titre : Hoc
in volumine hase opéra continentur : Cleo-
nidx harmonicum inlroductorium interprète
Georgio Falla Placentino. — L. Filruvii Pol-
lionis de Architeclura libri decem. — Sexti
Julii Frontini de aquxductibus liber unus.
— Angeli Policiani opusculum quod Pan-
epistemon inscribitur — Angeli Policiani in
priora analytica prxleclio, cui titulus est
Lamia. Le lieu, la date de l'impression et le
nom de l'imprimeur ne sont pas à la fin du
volume, mais on les trouve à la dernière page
de l'Architecture de Vitruve, de cette ma-
nière : Jmpressum Fenetiis per Simonem
Papiensem dictum Biniloquam. Anno ab
incarnatione MCCCC. LXXXX. FIL Die
tertio Augusli, in-fol. Une deuxième édition
de la version de l'opuscule d'Euclide fut publiée
Tannée suivante, à Venise, avec quelques
opuscules de Valla sur divers sujets. La biblio-
thèque impériale, à Paris, en possède un
exemplaire in-fol. qui porte la date de Venise,
1504.
VALLADE (Jean-Baptiste-Antoine), mu-
sicien dont l'origine est vraisemblablement
française, fut organiste à Mendorf, vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle. Il a publié de sa
composition les ouvrages dont les titres sui-
vent : 1° Drey fâches musikalisches Exerci-
tiura auf der Orgel, oder FI Prxambula
und Fugen, etc. (Trois suites d'exercices mu-
sicaux pour l'orgue, contenant six préludes et
fugues), Augsbourg, 1751, in-fol. 2° Musika-
lische Gemiiths-Ergœtzung in 6 Klavier
Partien. lrr Theil (Divertissement musical
consistant en G partien (symphonies) pour le
19.
296
VALLADE - VALLE
clavecin. Première partie); Nuremberg, in-fol.
5° Deuxième partie du même ouvrage renfer-
mant seize fugues pour l'orgue; ibid. 4° Prœ-
ludirender Organist, oder neue Prwludien
und Cadenzen, etc. (L'organiste préludant,
ou nouveaux préludes et cadences pour l'or-
gue, etc.); Augsbourg, 1757, in fol. 5° Li-
turgie abbrcvialx Urbi et Orbi accommo-
datœ, id est G missx a 4 voc. et instrum.,
op. 2; ibid.
VALLAPEUTA (Joseph), compositeur
de musique d'église, naquit à Mclzo, près de
Milan, le 18 mars 17515. Ses heureuses disposi-
tions pour la musique lui firent faire de ra-
pides progrès dans cet. ait, quoiqu'il n'ait été
instruit que par des maîtres médiocres. D'abord
maître de clavecin à Venise, il y publia trois
sonates pour cet instrument. En 1789, il alla
s'établir à Dresde et y fit paraître, chez Hils--
cher, un concerto pour le clavecin avec or-
chestre; mais il ne resta pas longtemps en
Allemagne, ayant été appelé à Parme, en
1790, pour écrire une cantate, à l'occasion
d'une ascension aérostatique faite par un cer-
tain capitaine Leonardi. En 1795, Vallaperla
fut nommé maître de chapelle d'une église
d'Aquila, dans les Abruzzcs. Il y composa
beaucoup de musique d'église et trois orato-
rios, savoir : Ezechia; II Trionfo di Da-
vide,elll volo di Jefte, ([ni lurent considérés
comme de bons ouvrages. De retour à Milan,
en 1803, Vallaperta composa pour les églises
de celte ville des morceaux de musique reli-
gieuse qui jouissaient de beaucoup d'estime;
entre autres, trois messes de Requiem, des
leçons des morts, et six Miserere. Cet artiste
est mort à Milan, à l'âge de soixante-quatorze
ans, en 1829.
VALLARA(LeP. Fiusçois-Marie), carme
du couvent de Mantoue, naquit à Parme, vers
1070. Il vivait encore dans son monastère en
1724. Ce moine est auteur de bons livres con-
cernant le plain-chant, intitulés : lu Scuola
corale nella quale s'insegnano i fondamenli
più necessarii alla vera cognizione del
canto gregoriano. In Modena,per Jnt. Cap-
poni, 1707; in-4° de cent quatre-vingt-dix-
huit pages. 2° Primizie di canto fermo, in
Modena, Capponi, 1713, in-4". La deuxième
édition de ce livre a pour litre : Primizie di
canto fermo, ristampale, correcte, e ridolte
in miglior forma con altre addizioni di né-
cessita à chi professa, e desidera la vera
cognizione di tutti i principii e fondamenli
di questo angelico canlo , in Parma, per
Giuseppe Rosali, 1724, in-4" de cent six pages.
5° Tratlato teorico-pratico del canto grego-
riano, in Parma, per Giuseppe Rosali, 1721,
in-4"de cent trente-trois pages. Le premier de
ces ouvrages seulement a élé connu des biblio-
graphes et historiens de la musique.
VALLE (Pierre DELL A), chevalier, issu
d'une noble famille, naquit à Rome, le 2 avril
1580, et cultiva avec succès les lettres elles
arts. Son premier maître de clavecin, de téorbe,
d'accompagnement et de contrepoint fui Onin-
tio Sol in i, organiste de laMadona del popolo ;
puis il devint élève de Paul Qualiali (voyez ce
nom). Entré au service militaire, il combattit
abord d'un vaisseau espagnol, en 1G11, dans
une expédition contre les puissances barba -
resques. De retour en Italie, il prit bientôt
après la résolution de visiter en pèlerin Jéru-
salem et l'Orient; s'embarqua à Venise, en
1014, et après avoir vu Constantinople, l'Egypte
et la Syrie, gagna la Perse, et servit dans la
guerre des Persans contre les Turcs. Après
mille aventures périlleuses, il revit Rome, le
28 mars 162G, et présenta au pape Urbain VIII
une notice sur ses voyages et sur la .situation
des populations chrétiennes dans l'Orient. En
1640, Délia Valle écrivit une dissertation in-
titulée : Délia musica dell' età noslra, clie
non ù punlo inferiore, anzi è migliore di
qucUu dell' età passata, al Signor Lelio Gui-
diccioni. Les éditeurs des œuvres de Jean-
Baptiste Doni ont inséré cette dissertation dans
le deuxième volume de leur collection (p. 249
elsuiv.). Cet opuscule, où l'auteur se montre
homme de goût et d'instruction, renferme des
détails intéressants concernant l'histoire de la
musique dans les seizième et dix-septième siè-
cles. On connaît aussi de Délia Valle un Tan-
lum ergo à douze voix, qui se trouvait en
manuscrit dans le magasin de musique de
Rellstab. Il mourut à Rome, le 20 avril 1652.
VALLE (Le P. GdillabmeDELLA) grand
cordelier, et secrétaire général de son ordre,
naquit à Sienne, vers 1740. Il fit ses vœux au
couvent de cette ville, puis fut envoyé à celui
de Bologne, où il devint l'ami du P. Martini.
Après la mort de ce savant musicien, il pro-
nonça son éloge qui fut imprimé sous ce litre :
Elogio del Padre Giambattista Martini,
minore conventuale. Letto il 24 novembre
1784, Bologna, 1784, in-4". Cet éloge a été
réimprimé dans VJntologia romana (t. XL,
p. 190, 201,209, 217, 225, 2Ô3, 241), et dans
le Giornale de' letterali di Pisa (1783,
t. LVII, p. 279-505). Il a élé traduit en alle-
mand dans la correspondance musicale de
Spire (1791, p. 217 elsuiv.). Envoyé à Naples,
VALLi: — VALLOTTI
297
en J7S3, pour y visiter le couvent de son ordre,
le P. Délia Valle publia dans celte ville <les
niénioircs historiques sur le même P. Martini,
sous ce titre : Memoric storiche ciel P. M.
Giambatlista Martini, minor comentuale
di Bolngna, célèbre maestro cli capetla. IVa-
poli, 1785, nella stamperia Simoniana, in-8°
de cent cinquante-deux pages. Le P. Délia
Valle est avantageusement connu par les Let-
tere Sanesi sopra le belle arti (Venise et Rome,
1 782-1780, trois volumes in-4"), et par une
édition de la vie des peintres de Vasari, pu-
bliée à Sienne en 1791 .
VAÎXEMUS (Georges). Voyez WAL-
LEMUS.
VALLESI (Le P. Folgence), moine de
l'ordre de Cileaux, vécut au commencement du
dix-septième siècle et eut la réputation d'un
très-habile maitre dans l'art du contrepoint.
Le P. Banchieri cite (Carlella musicale, troi-
sième édition, p. 234) un livre de contrepoints
en canons sur le plain-cbanl, comme une pro-
duction du plus grand mérite, dont le P. Val-
lcsi était auteur.
VALLET (Nicolas), luthiste français, vé-
cut à Paris au commencement du dix-septième
siècle. Il s'est fait connaître par un livre qui
a pour lilre : Le secret des muses, auquel est
naïvement montrée la vraie manière de bien
et facilement apprendre à jouer du luth,
Amsterdam, 1018, 1019, deux parties in-4°,
avec le portrait de l'auteur. Une édition anté-
rieure avait élé publiée à Paris.
'VALLIÈÏ'.E (Louis-César La Baume Lr.
Blanc, duc de LA) T 'oyez LAVALLIÈUE.
VALLÏSISIERI (Antoine), célèbre natu-
raliste et médecin, né le 5 mai 1GGI, au cliâ-
(cau de Tresilico, dans le duché de Modène,
lit ses éludes à Bologne cl à Reggio, et l'ut
appelé à professer la médecine pratique à
l'Université de Padoue au mois d'août 1700. Il
mourut dans celle ville, le 18 janvier 1730. On
trouve, dans ses Opère fîsico-mediclie (Venise,
17ôô, trois volumes in-fol.), des lettres qui
avaient déjà paru en latin quelques années
avant la publication de celle collection, et qui
ont été traduites en français dans la Biblio-
thèque italique, de Genève, en 1730, sous le
litre de : Lettres sur la voix des eunuques.
Ces lettres sont adressées à Jacques Vernet, de
Genève, qui lui avait posé celte question :
Quelles sont les raisons que les castrats con-
servent la voix claire; qu'ils restent faibles
de nerfs et de muscles, et qu'ils sont plus
portes que les autres hommes à la cruauté et
a la mélancolie? Les réponses de Vallisnicri
sont peu satisfaisantes, car elles ne concluent
que par le fait et non par la cause.
VALLO (Dominioue), Napolitain, étudia
d'abord la jurisprudence pour embrasser la
carrière du barreau, mais fut ensuite obligé
de s'expatrier, et d'enseigner pour vivre la
musique qu'il n'avait apprise que comme art
d'agrément. De retour à Naples, vers 1803, il
y publia un traité élémentaire intitulé : Com-
pendio elementare di musica speculativo-
pratica; Naples, 1804, un volume in-8°.
Vallo dit, dans la préface de ce livre, que son
dessein n'est pas de s'occuper de rapports
chimériques entre la musique et les autres
sciences, de rechercher le principe physique
de la résonnancedes corps sonores, ni l'origine
métaphysique du sentiment de l'harmonie,
mais bien de fournir aux commençants une
connaissance suffisante de la théorie de l'art
pour les guider dans la pratique. Cet abrégé,
écrit avec clarté, est un des meilleurs ouvrages
de ce genre.
VALLOTTI (François-Antoine), savant
musicien, naquit à Verceil, dans le Piémont,
le 1 1 juin 1097. Trop pauvres pour fournir aux
frais de son éducation, ses parents durent à la
bienfaisance de quelques-uns de leurs compa-
triotes l'avantage de le faire entrer au sémi-
naire, où il se distingua particulièrement dans
la musique, sous la direction d'un maître
nommé Brissone. Après la sortie du sémi-
naire, Vallolti se rendit à Chambéry et entra
au couvent des Cordeliers pour y embrasser la
règle de saint François. De retour à Verceil,
après trois ans d'absence, il fut envoyé au
couventde Cuneo, et y continua ses éludes ;
puis il alla à Milan pour achever son cours de
théologie. Sa vocation pour la musique se ma-
nifestant de plus en plus, ses supérieurs l'en-
voyèrent à Padoue, et le confièrent aux soins
de P. Calegari (voyez ce nom), maître de cha-
pelle de la cathédrale de celle ville. Vallolti
avait alors atteint l'âge de vingt-cinq ans. Il
étudia la nouvelle théorie d'harmonie de son
maître et en adopta les principes. Un voyage
qu'il fit à Rome, en 1728, ne changea pas ses
opinions à l'égard de celle théorie, et ne le ra-
mena point à la doctrine de l'ancienne école
romaine. De retour à Padoue, il fut nommé
organiste de l'église de Saint-Antoine, et y lit
preuve d'un rare talent d'exécution et de corn •
position. Tartini le considérait comme le plus
grand organiste italien de son temps. Après la
retraite de Calegari, Vallotli lui succéda dans
la place de maître de chapelle, et en remplit
les fondions jusqu'à sa mort, arrivée le JOjan-
298
VALLOTTI — VALLS
vier 1780, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
Burney, qui le connut à Padoue, en 1770, dit
qu'il était d'une bonté si parfaite, qu'il était
impossible de le connaître sans l'aimer. Sa fé-
condité, dans la composition de la musique
religieuse, tint du prodige, quoiqu'il mit beau-
coup de soin à écrire ses ouvrages, et qu'ils
fussent remplis de fugues et d'artifices de
contrepoint. Il était considéré, dès 1750,
comme un des plus habiles compositeurs de
l'Italie en ce genre de musique. Il fit voir à
Burney deux grandes armoires remplies de ses
messes, psaumes, motels et vêpres. Presque
toule celte musique est restée en manuscrit :
on la conserve, dit-on, dans les archives de
la cathédrale, à Padoue. L'abbé Sanlini, à
Rome, possède, de ce maître, plusieurs messes
à qualre voix et orchestre, un Salve Regina à
deux chœurs, une messe également à deux
chœurs et orchestre, un Dies irx'a quatre, un
Domine, ad adjuvandum à qualre, le psaume
Beatvs vir à quatre,' fugué, et un De pro-
fanais à quatre. On a gravé de la composition
de Vallotti : 1° Rcsponsoria in Parasceve
4 vocibus cantanda comitante clavicem-
balo; Mayence , Schott. 2° Responsoria in
sabbato sancto idem ; ibicl. o" Respon-
soria in Cœna Domini 4 vocibus, avec
deuxanlhnnes à quatre voix, d'Orlando Lasso;
ibid.
Une grande partie de la vie de Vallotti fut
remplie par des recherches et des travaux con-
cernant la théorie de l'harmonie et du contre-
point. Embrassant la science dans son en-
semble, suivant la doctrine qu'il avait puisée
dans les leçons de Calegari et qu'il avait com-
plétée, il en avait formé qualre divisions dont
chacune était l'objet d'un traité particulier. Mal-
heureusement son âge était trop avancé quand
il entreprit la publication de ces ouvrages :
il mourut peu de mois après que l'impression
du premier volume eut été achevée. Ce livre a
pour titre : Delta scienza teorica e pratica
délia moderna inusica, libro primo ; in Pa-
dova, apprcsso Giovanni Manfré, 1779, un
volume in- 4° de cent soixante-sept pages avec
sept planches. Un fragment d'une lettre écrite
par le P. Martini, le 15 avril 178ô, rapporté
par le P. Délia Valle (Memorie storiche del
P. Giamb. Martini, p. 113), nous apprend
quel était le contenu des manuscrits des autres
ouvrages. Le premier qui devait suivre le vo-
lume imprimé était un traité des tons ou modes,
auquel Martini accorde beaucoup d'éloges. Le
second, dit-il, est un traité rempli de doctrine
et d'érudition, mais sur lequel il se proposait
de conférer avec un ami de l'auteur (1).
Nul doute qu'il ne soit question d'un traité
de l'harmonie où Vallotti développait la doc-
trine singulière qui lui faisait nier que les dis-
sonances de seconde et de septième fussent le
renversement l'une de l'autre, parce que l'une
ajoutée à l'autre n'est que le complément de
l'octave; tandis que, suivant sa théorie, il n'y
a de renversement que d'une octave dans une
autre, en sorte que la dissonance de la sep-
tième est le renversement de la neuvième, et
que celle-ci peut devenir la note grave des ac-
cords dont elle est un des intervalles, lorsque
ces accords sont renversés. Doctrine mons-
trueuse, repoussée par le sentiment musical,
et que le puriste Martini ne pouvait pas plus
admettre que les autres maîtres; doctrine enfin
qui a soulevé contre elle tous les musiciens de
l'Italie, lorsque le P. Sahbalini, élève de Val-
lotti, et son successeur dans l'emploi de
maître de chapelle de Saint-Antoine, à Padoue,
en fit un exposé pratique dans son livre inti-
tulé : La vera idea dette musicali numeriche
segnature (voyez Sabdatim). Des autres pa-
piers de Vallotti, dont parle Martini dans sa
lettre, Sahbalini a tiré un grand nombre
d'exemples pour le traité des fugues construites
suivant la doctrine de ce maître, et les a pu-
bliés dans le Trattato sopra le fnghe musicali
di Fia Luigi Ant. Sahbalini M. C. Corre-
dalo di copiosi saggi del suo antecessore
Padre Francesco Antonio Fallolli (voyez
Sabsatini). J'ai analysé le système du P. Val-
lotti dans mop Esquisscde l'histoire de l'har-
Mion*'e(2), et surtout dans mon Traité complet
de l'harmonie (ô); je ne crois pas devoir ré-
péter ici cette analyse qu'on peut lire dans
ces ouvrages, et qui est beaucoup plus étendue
qu'elle ne pourrait l'être ici. On a deux opus-
cules du P. Fanzago, lesquels ont pour litres :
Orazione ne' funerali diR. P. Franc. Ant.
Vallotti; Padoue, 1780, in-4°, et Elogi di
Tarlini, Fallotti e Gozzi; Padoue, 1 780, in-4°.
VALLS (François), prêtre et maître de
chapelle de la cathédrale de Barcelone, au
(1) Fresenlementc ho radunatii scritti elle l'aulore
ha compost i con grande macsiria, esingolarc cruel izione
sopra i luoni, o modi musicali. Libro che merila di esser
pubblicato, c che farà grand' onore ail' autore. Vi è un
altro trattato pieno di domina c di erudiiione, ma so-
pra di queslo ne parlero col P. Maestro J'rento. Rivedro
t>li al tri scrilti, e tutti quelli che saranno compicti,e in
isinto di pubblicarsi colla stampa, ne projmrro il mio
debole sentimento.
(2) Paris, 1810, in-8» (pag. 138-142), et Gazeltemusi-
calecle Paris (l. VII. p. 631-663}.
(3) Paris, Brandus, ISi-t , 1 volume grand in-8°
J4mc partie)
VALLS — VAN BUGGENIIOUT
299
commencement du dix-huitième siècle, na-
quit vers 1665. Il s'est fait connaître par un
écrit polémique intitulé : Respuesta a la cen-
sura de D. Joachim Martinez , organista de
Palencia (Réponse à la critique de D. Joachim
Martinez, etc.); Barcelone, 1717. Le P. Mar-
tini, qui possédait un exemplaire de cet
écrit, et qui l'a cité dans la tahle des auteurs
du premier volume de son histoire de la mu-
sique, ne fait pas connaître l'objet de la polé-
mique. M. Eslava (voyez ce nom) dit qu'au
nombre des écrits de ce musicien se trouve la
Defensa del Misererenobis de la Misa escuela
aretina (Défense du Miserere de la messe ut,
ré, mi, fa, sol, la) ; mais M. Eslava ne donne
ni le titre entier de l'ouvrage, ni la date de
l'impression (1); toutefois, il n'est pas dou-
teux que cet écrit soit le même dont Martini
n'a donné aussi que le titre tronqué. La messe
dont il s'agit avaitétésansdoute composée par
Valls. M. Eslava cite aussi un ouvrage de
Valls intitulé: Mapa armonica (Carte harmo-
nique), «œuvre didactique, dit-il, qui a couru
» de main en main parmi les compositeurs
» studieux (2). » On peut conclure de ces pa-
roles, que l'ouvrage n'a pas été imprimé. Le
même auteur ajoute que Valls a écrit un
grand nombre de compositions religieuses de
toute espèce, lesquelles sont répandues dans
les églises de l'Espagne. Valls mourut à Bar-
celone, en 1743, dans un âge avancé.
VALSALVA (Antoine-Marie), médecin
célèbre, né le 17 janvier 1666, fut le disciple
de Malpighi. Professeur d'anatomie à l'Uni-
versité de Bologne et chirurgien de l'hôpital
des Incurables de cette ville, il remplit avec
zèle et habileté ses fonctions pendant vingt-
cinq ans, et mourut d'apoplexie, le 2 février
1723. L'anatomie de l'organe de l'ouïe a fait
entre ses mains de grands progrès, et le livre
qu'il a laissé sur cette matière est devenu
classique; il a pour titre : De aure humana
tractatus, inquo intégra ejusdem auris fa-
brica, mnltis novis inventis et iconibus suis
ilhistrata, describitur omniumque ejus par-
tium usus indagatur, etc.; Bologne, 1704,
in-4". Il y a plusieurs autres éditions de ce
livre ; mais la meilleure est celle qui a été don-
née par Morgagni, élève de Valsalva, sous ce
litre : Firi celeberrimi Antonii Marix Fat-
salvœ opéra, hoc est tractatus de aure hu-
(1) Voyez les Apuntes biograpeos, au commencement
du tome des compositeurs du dix-huitième siècle (2c sé-
rie), de La Lira sacro-hispana.
(2) ldem,he- eu.
mana; Venetiis, 1740, deux volumes in-4«
avec beaucoup de figures.
VAN BOOM (J ean-E. -G.), virtuose flûtiste, ♦
né à Ulrecht, le 17 avril 1783, fit ses éludes
musicales dans cette ville et à Amsterdam. La
distinction de son talent le fit nommer, à l'âge
de vingt-deux ans, flûte solo de la musique du
roi de Hollande, Louis Napoléon. M. Van Doom
fut ensuite un des membres de la société Félix
meritis, d'Amsterdam. Il a publié beaucoup
de musique pour son instrument. Au nombre
de ses œuvres, on remarque : 1° Sonate pour
fhïle et piano, op. 1 ; Amsterdam, Stcup.
2" Andante varié pour flûte et piano, op. 3.
5° Polonaise pour flûte et orchestre, op. 4.
4° Thème original varié pour la flûte avec qua-
tuor, op. 5. 5° Plusieurs airs variés pour flûte
et piano. 6° Environs dix œuvres de duos con-
certants pour deux flûtes. 7° Trois trios pour
deux flûtes et guitare. M. Van Boom a formé
plusieurs bons élèves pour son instrument.
VAIV BOOM (Jean), de la même famille
que le précédent, est né à Utrecht le 13 octobre
1807. Pianiste et compositeur distingué, il
jouissait dans sa patrie d'une réputation hono-
rable lorsqu'il fit un voyage d'artiste en Suède,
à la suite duquel il s'est fixé à Stockholm vers
1840. En 1844, il fit représenter dans celle
ville un opéra en trois actes intitulé: Necken
op hetelven speel, écrit d'abord en hollandais,
puis traduit en suédois. La célèbre canlalrice
Jenny Lind y chanta le premier rôle. Après la
représentation de cet ouvrage, M. Van Boom
fut nommé membre de l'Académie royale de
Suède. Depuis 1859, il est professeur de l'Aca-
démie royale de musique deSlockholm. Nommé
chevalier de Tordre de Wasa par le roi de
Suède en 1850, il a été décoré de l'ordre de
Danebrog par le roi de Dannemark, le 29 oc-
tobre 1853, et le roi des Pays-Bas l'a fait offi-
cier de la Couronne de Chêne, le 1er août 1860.
Parmi les compositions publiées de cet artiste
on remarque : Grand concerto pour piano et
orchestre, op. 24; grand quatuor pour piano,
violon, alto el violoncelle, op. 6; trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 14; Introduc-
tion et variations sur un thème original, op. 7;
Beautés musicales de la Scandinavie, neuf
fantaisies sur des airs suédois ; le Salon, étude
pour le piano, op. 45.
VAIV BREE; voyez BBEE (Jean-Ber.
nard VAN).
VAN BUGGENHOUT (Emile), clarinet-
tiste el compositeur, né à Bruxelles en 1825,
a fait ses éludes musicales au Conseivaloire de
celte ville, cl y a obtenu le premier prix de
300
VAN BUGGENIIOUT - VAN DEN GHEYN
clarinette an concours de 1841 ; puis il devint
élève de l'aulenr de celle biographie, pour la
composition. Après avoir été pendant plu-
sieurs années première clarinelle solo de la
musique de la maison militaire du roi, M. Van
Buggenhont est devenu directeur de musique
de la Société philharmonique à Arlon (province
de Luxembourg), et inspecteur des sociétés
musicales de celle province. Parmi ses produc-
tions, on remarque : 1° Marguerite, opéra en
trois actes. 2° Cantate intitulée : Levingt-cin-
quième anniversaire, exécutée en 185G, et pour
laquelle le roi lui a accordé la grande médaille
d'or. S" Environ cent morceaux «le concert à
grand orchestre et pour instruments à vent,
entre autres ceux qui ont pour litres Inker-
tnann el le Rmvard, qui ont été joués dans
toule la Belgique. 4° Des chœurs pour des voix
d'hommes. Depuis 1852, M. Van Buggenhout
publie un journal de musique d'harmonie cl de
fanfares, intitulé le Métronome.
VAN DEN ACKER (Jbah), violoniste à
Anvers, né dans celle ville vers 1838, y a t'ait
représenter au Natiunacl Tonneel, en 1850,
l'opéra flamand intitulé Een avonluer van.
Keiser Karel (Une aventure de l'empereur
Charles-Quint), sur le livret «le H. N. Destan-
herg.En 18">7, il a donné sur la même scène
cl avec le même collaborateur : De zinnelooze
Van Ostade (Van Ostadc l'insensé), el dans
la même année : Jacob Bellamy. Ces ouvrages
oui reçu un accueil favorable des concitoyens
de M. Vanden Acker.
VANDENBItOECK (Otiton- Joseph) ,
d'origine hollandaise, naquit en 1759, à Ypres,
en Flandre. Dès son enfance, il apprit la mu-
sique el monlra d'heureuses dispositions poul-
ie cor. F. Banneux, premier cor de la musique
du prince Charles de Lorraine, fut son pre-
mier maille pour cet instrument; puis il alla
perfectionner son talent à La Haye, sous la di-
rection de Spandeau, premier cor de la mu-
sique du prince d'Orange, et très-habile
artiste. Fttclis, directeur de la musique de ce
prince, lui enseigna les éléments de l'harmo-
nie : plus lard il reçut quelques leçons de con-
trepoint de Schmidt, musicien allemand, à
Amsterdam. Arrivé à Paris, en 1788, il se fit
entendre avec succès aux concerts de la loge
Olympique, alors florissants, el fil représen-
ter au théâtre de Beaujolais les petits opéras
intitulés: La Ressemblance supposée, Colinet
Colette, et le Codicille. En 1789, il entra à
l'orchestre du théâtre de l'Opéra bouffe italien
appelé Théâtre de Monsieur; il y resta jus-
qu'en 170'.'), puis entra à celui de l'Opéra, où
il resta jusqu'en 1810. Relire dans celle année
avec la pension, il esl mort à Passy, en 18ô2.
Appelé comme professeur au Conservatoire, à
l'époque de la formation de celle école, il fut
compris dans la réforme, lorsqu'on eut pris la
résolution d'en réduire le corps enseignant. En
1770, il donna, au théâtre Louvois, la Fille
ermite, petit opéra en un acte; en 1797, au
théâtre de la Cité, les Tncas utiles Espagnols
dans la Floride, mélodrame; et l'année sui-
vante, le Génie Asouf, au même théâtre.
Il a écrit aussi pour l'Ambigu -Comique la
musique des mélodrames le Diable, ou la Bo-
hémienne, et la Fontaine merveilleuse. Les
œuvres instrumentales de Vandenbroeck sont
les suivantes : 1° Symphonie concertante pour
deux cors, Paris, Naderman.2°Deuxième idem,
poiirclarinclte, cor el basson, ibid. ô°Premier
concerto pour clarinelle, ibid. 4" Concertos
pour cor, noS 1 et 2, ibid. 5° Trois duos con-
cerlanls pour clarinelle el cor; Paris, Henlz.
0° Trois quatuors pour cor, violon, allô et
basse; Paris, Leduc. 7° Duos pour deux cors,
op. 1 et 2; Paris, Naderman. 8° Six quatuors
pour fli'ile, violon, allô et basse; Paris, Ga-
veaux. 9" Méthode de cor avec laquelle on
peut apprendre et connaître parfaitement
retendue de cet instrument: Paris, Naderman.
10° Traité général de tous les instruments à
vent, à l'usage des compositeurs, ibid.
VANDeSdIUESSCIIE (A. -F.), insti-
tuteur el secrétaire communal à Jelle-Gansho-
i eu (lîrabant), s'est l'ail connaître par un écrit
intitulé : V Instruction musicale dans les
campagnes considérée au point de vue moral
et religieux: Bruxelles, 1841, in-8°.
VAN DEN GHEYN (Matthias), orga-
niste, carillonneur et compositeur distingué,
né le 7 avril 1721, à Tirlemont (Ilrabanl méri-
dional), était fils d'André Van den Gheyn, fon-
deur de cloches, né à Saint-Trond (1). Ses
parents ayant transporté leur industrie à Lou-
vain, en 172a, ce fut dans celte ville que Xan
den Gheyn fil son éducation musicale. On
ignore quels furent les maîtres qui le dirigè-
rent dans ses éludes; son biographe, M. Xavier
Van Elcwyck (vogez ce nom), présume que
l'abbé Raick, alors organiste à l'église Saint-
Pierre de Louvain (vogez Raick), et Penne-
(1) On Irouio ilrs renseignements sur les ancêtres de
cet arilslc dans la très-exacte notice publiée par M. Xa-
vicr Vin Elcwyck, sous ce titre: Matthias Van den
tiheyn, le ]>lus grand organiste el carillonneur belije du
xviiic siècle, et les célèbres fondeurs de cloches de ce nom
depuis \'i'M jusqu'à nos jours. (Louvain, Cil. Pectcrs,
ISl'J, in-S0 de 7'.) pages ) J'ai extrait de cet ouvrage les
laits de la présente notice.
VAN DEN GHEYN - VANDER BIST
80 i
man, mailre de chapelle de la même église,
durent être ses guides, tant pour l'orgue que
pour la composition : il n'est pas invraisem-
blable, en effet, que Raick, artiste de talent,
ait eu quelque part dans l'instruction de l'or-
ganiste qui fut son successeur; à l'égard de
Penneman, homme obscur, dont on ne connaît
rien, .je ne sais ce qu'il a pu lui enseigner.
Quoi qu'il en soit, l'abbé Raick, ayant aban-
donné, en 1741, sa place d'organiste de Saint-
Pierre pour une position semblable à la cathé-
drale <le Gand, Van den Glieyn, alors âgé de
vingt ans, fut appelé à lui succéder dans la
même année. Bientôt après, le bruit de son ha-
bileté se répandit dans le pays. Le 24 février
1745, il épousa Marie-Catherine Lints, qui le
rendit père de dix-sept enfants. Dans l'année
de son mariage, au mois de juin, la place de
carillonnent- de la ville devint vacante par la
mort de Charles Peelers, et Van den Glieyn la
demanda ; mais le magistrat de Louvain décida
qu'elle serait mise au concours (2). La victoire
de l'organiste de Saint-Pierre sur ses compé-
titeurs ne fut pas un instant douteuse, car le
rapport du jury du concours constate sa supé-
riorité en termes précis {Dut hy verre exce-
leerde boven d'andere). Il parait en effet que
le talent de Vanden Gheyn sur le carillon ne
fut pas moins remarquable que son habileté
sur l'orgue, car il existe à Louvain des copies
de préludes de sa composition pour le carillon,
lesquels contiennent des difficultés considé-
rables et sont d'un très-bon style. Tous les di-
manches, il improvisait pendant une demi-
heure sur son carillon, et le charme de son jeu
était tel sur ses concitoyens, qu'une heure
avant qu'il commençât, la place Saint-Pierre
et les rues adjacentes étaient encombrées par
la population. Pendant quarante ans il rem-
plit ses fonctions d'organiste et de carillon-
neur : il mourut à Louvain, le 22 juin 1785.
M. Van Elewyck s'est livré avec ardeur à la
recherche des œuvres de cet artiste distingué et
en a réuni un grand nombre, parmi lesquelles
il y a des choses d'un grand mérite ; mais tout
n'est pas égal. Quelques-unes de ces compo-
sitions ont été publiées pendant la vie de leur
auteur; mais le plus grand nombre est resté
en manuscrit. Les ouvrages gravés ont pour
litres 1° Fondements de la basse continue,
avec les explications en français et en fla-
mand, detx leçons et douze petites sonates,
fort utiles aux disciples pour «prendre (sic)
à accompagner la basse continue, composes
(I) I.n police île M. V.in ElrwycL fournit d'amples
renseignements d'intciét local sur ce concours.
par Matthias Vanden Gheyn, organiste de
l'église collégiale deSainl-Pierre,à Louvain.
Gravé à Louvain par M. Wyberechls. TIL. Van
Elewyck remarque que le graveur Michel
Wyberechls étant mort le 9 juillet 1704, la
publication est antérieure à celte date. Le litre
particulier des sonates est celui-ci : XII pe-
tites sonates pour l'orgue ou le clavecin et
violon, fort utile pour en suitle des préditte
règles venire à la pratique ou usance de l'ac-
compaignement de la basse continue par etc.
Les fautes d'orthographe de ce titre sont celles
de l'original. 2° Six divertissements pour cla-
vecin , composés par Matthias Vanden
Gheyn, organiste de l'église collégiale de
Saint-Pierre, à Louvain; Londres, Welcker,
Gerrard Street St. Anus (Soho). 5" Il existe
vraisemblablement des pièces gravées pour
carillon, composées par Vanden Gheyn, car
l'annonce du décès de cet artiste dans le jour-
nal publié par Slaes, sous le litre Lovensch
Niewes (Nouvelles de Louvain), est fait en ces
termes : « M. Matthias Vanden Gheyn, caril-
» lonneur très-renommé de celle ville et orga-
» nisie de l'église et du chapitre de Sainl-
» Pierre, très-connu par ses publications
« pour orgue et pour carillon, est décédé à
» Louvain, mercredi dernier, 22 de ce mois(l).»
Un recueil de préludes, fugues, rondos, etc.,
composés par cet artiste et restés inédits, a été
donné par M. Van Elewyck à la Bibliothèque
du Conservatoire de Bruxelles et y existe ac-
tuellement. Vanden Gheyn a laissé en manus-
crit un Traité d'harmonie et de composition,
écrit en flamand cl daté de 178ô ; il est beau-
coup plus développé que l'abrégé gravé par
Michel Wyberechls.
VArS'DKïl BIST (Martin), né à Anvers
dans la seconde moitié du seizième siècle, se
fixa à la Rochelle, où il exerçait la profession
de marchand, en 1022. Il paraît s'être réfugié
dans celle ville, à cause de la religion protes-
tante qu'il professait. Il avait fait sans doute
de bonnes éludes musicales dans sa ville na-
tale, car il est auteur d'un très-bon ouvrage
resté en manuscrit, et qui a pour litre : Traiclé
de musique divisé en trois parties, la pre-
mière contenant les principes, fondements et
reigles de la practique musicale; la seconde
contient l'art du contrepoinct, principal fon-
dement en la théorique musicale; la troi-
(I) nlincr Mal lliias Van tien Glieyn, seer licacliten
lieyaerder (léser slailt en orgelisl van St-l'ecters-Kerk
en Kapillel alliicr, seer bekcut om syne uylgegeve mu-
sieck weiken, soo toor orgel als beyaerd, is overlcden
op wocnsd.ig *li tlcscr (Juin 178j).
302
VANDER BIST - VANDERHAGEN
sièsme contient les formations, bornes et
limites des modes ou tons musicaux. Où
sont adioutez douze psaumes composez par
divers aulheurs, en tablature de l'espinette,
sur les douze modes musicaux. Faict par
Martin Fander Bist d'Anvers, marchand,
demeurant à la Rochelle. Anno M.DC.XXII.
Manuscrit in-4" de cent dix pages, apparte-
nant à M. De Glimes (voyez ce nom).
VANDERB01\GHT(Natalis-Chrétien),
organiste et carillonneurde l'abhayedeSainle-
Gerlrude, à Louvain, naquit dans celle ville, le
15 septembre 1729, et y mourut le 14 novem-
bre 1785. On a gravé de sa composition :
1° Six suites pour le clavecin, op. 1 ; Lou-
vain, Wyberechts. 2° Six suites, idem, op. 2;
Louvain, J.-F. Maswiens. Le mérile de ces
ouvrages démontre que Yanderborght fut un
artiste de talent.
VANDER DOES (Charles), pianiste et
compositeur, né à Amsterdam le G mars 1821,
commença l'étude de la musique et du piano
dans sa ville natale; puis il alla les continuer
à Bieberich , sous la direction de Rummel,
maître de chapelle du duc de Nassau. De retour
en Hollande, M. Valider Does a été nommé
pianiste du roi des Pays-Bas et de la reine
mère. Cet artiste s'est particulièrement attaché
à la composition dramatique eta fait représen-
ter au théâtre de La Haye : \°V Esclavage du
Camoëns, opéra-comique en un acte. 2° Lam-
bert Simnel, opéra-comique en trois actes.
5° Le Trompette de monsieur le Prince, idem,
en .un acte. 4° La L'endetta, en deux actes.
5" Le roi de Bohême, opéra-comique en trois
actes. 6° Le vieux Château, idem en un acte.
7° L'Amant et le Frère, idem en un acte, re-
présenté le îer mais 1855. M. Vander Does est
chevalier des ordres du Lion Néerlandais, de
laCouronne de chêne et île Léopold.
VANDERDOODT (Jean-Baptiste), orga-
niste et professeur d'harmonie, né en 1830, à
Anderlechl, près de Bruxelles, étudia l'har-
monie sous la direction de M. Bosselut, au
Conservatoire de celle ville, el devint élève de
l'auteur de celle biographie pour le contre-
point. En 1850, le premier prix d'harmonie
lui fut décerné au concours, el il obtint le pre-
mier prix de composition en 1851 . On a de lui
unlrailé d'harmonie à l'usage des organistes,
en langue flamande, sous ce litre : Harmonie-
leer, ten gebruihe der organisten, en die zich
op de compositie toeleggen zamengesleld;
Brussel, 1852, un volume grand in-8°, litho-
graphie, chez l'auteur.
VAISDLUIIAGLïH (AaiAND-JtAN-rr.AM-
çois-Josepu), clarinettiste el compositeur, na-
quil à Anvers, en 1753. Dès l'âge de dix ans,
il fut placé comme enfant de chœur à la ca-
thédrale de celle ville, puis il devint élève de
son oncle, A. Vanderhagen, premier hautbois
de la musique du prince Charles de Lorraine,
à Bruxelles, et reçut des leçons de composition
de Pierre Van Malder (voyez ce nom). Arrivé
à Paris, en 1785, il entra comme première
clarinette dans la musique des gardes fran-
çaises, et se fit connaître avantageusement
par quelques marches qu'il composa pour ce
corps. Trois ans après, la protection du prince
de Guémené lui fit obtenir le grade de chef de
celle musique. Les premiers événements de la
révolution lui ayant fait perdre cet emploi, il
fut un des quarante-cinq musiciens que Sar-
rète réunit pour en former le corps de la garde
nationale de Paris, puis l'école destinée à
fournir le grand nombre de musiciens néces-
saire pour les quatorze armées de la républi-
que; école qui fut l'origine du Conserva-
toire de Paris. Entré dans la musique de la
garde du Directoire, en 1798, Vanderhagen
passa ensuile dans celle des Consuls, et devint
enfin sous-chef de musique des grenadiers de
la garde impériale. Après la campagne de
Prusse de 180Gel 1807, Napoléon lui accorda
la décoration de la Légion d'honneur. La
chute de l'empire, en 1815, le laissa sans em-
ploi. Il entra alors à l'orchestre du Théâtre-
Français, el y resta jusqu'au mois de juillet
1822, époque de sa mort. Habile, pour son
temps, dans l'arrangement de toute espèce de
musique en harmonie militaire, il en a publié
plusieurs recueils parmi lesquels on remar-
que : 1° Suites d'harmonie militaire à dix
parties, op. 14, 17, 20 et 21; Paris, Frère.
2° Deux suites de pas redoublés idem; Paris,
Leduc, 5" Pot-pourri à huit parties; Paris,
Janet. 4° Grande symphonie militaire; ibid.
5° Autre idem (la Naissance du roi de Rome);
ibid. G0 Trois suites d'airs d'opéras italiens
pour deux clarinettes, deux cors et deux bas-
sons ; ibid. 7° Quarante fanfares pour quatre
trompettes el timbales; Paris, Pleyel. On con-
naît aussi de Vanderhagen : 8° Pot-pourri à
grand orchestre; Paris, Pleyel. 9° Concertos
pour flûte, n"s 1,2; Paris, Leduc. 10° Vingt-
huit œuvres de duos pour deux flûtes ; Paris,
Sieber, Pleyel, P. Petit. 11° Une multitude
d'airs variés pour le môme instrument.
1 1° (bis) Concertos pour la clarinette, n"9 1, 2,
3; ibid. 12° Dix-sept œuvres de duos pour
deux clarinettes, à Paris, chez tous les édi-
teurs. 13" Beaucoup d'airs variés et de pots-
VANDERIIAGEN — VANDERMONDE
305
pourris pour le même instrument, ibid.
14° Méthode claire et facile pour apprendre à
jouer en très-peu de temps de la flûte; Paris,
Pleyel. Vanderhagen refondit cet ouvrage et
l'augmenta beaucoup dans une deuxième édi-
tion qui a pour titre : Nouvelle méthode de
flûte divisée en deux parties , contenant
tous les principes concernant cet instrument;
Paris, Pleyel. Enfin il en fit un ouvrage nou-
veau dans une autre édition intitulée : Grande
et dernière méthode de flûte; Paris, Jancl.
15° Méthode nouvelle et raisonnée pour le
hautbois, divisée en deux parties; Paris,
Naderman. 16° Nouvelle méthode de clari-
nette, contenant les premiers éléments de la
musique et les principes pour bien jouer de
cet instrument ; Paris, Pleyel. 17° Nouvelle
méthode pour la clarinette moderne à douze
clefs, avec leur application aux notes essen-
tielles, etc.; Paris, Pleyel et Naderman.
TARDER MEULEN (Servais), musicien
flamand, vécut dans la seconde moitié du sei-
zième siècle. Il n'est connu que par un seul
recueil de chansons flamandes à quatre, cinq
et six voix, publié sous ce titre : Een duytsch
Musijkboek daer inné begrepen sijn vêle
schoone Liedekens met LUI, met V ende
mel\VI partyen. Nuniewelyk met groote
neersticheyt ghecolligaert ende vergaert.
Gecomponaert by diversche excellente mees-
lers. Zeer luslich ont singhen ende spelen op
aile instrumenten. Tôt Loven, by Peeter
Phalesius, ende Tantwerpen, by Jean (sic)
Bellerus, 1572, in-4° obi. Outre les chansons
de Vander Meulen, on en trouve dans ce re-
cueil de Jean Wintelroy, de Clément non
papa , de Jean De Latre,de Gérard Turnhout,
iVJdrien Stockaert, de Louis Lévèque (Epi-
scopius), de Jean Belle, de Lupus Hellinck,
de Noé Faignicnt, et de Théodore Evertz.
YANDERMONDE (....), savant géo-
mètre, fils d'un médecin de Landrecies, naquit
à Paris, en 1755. Élève de Fontaine et de
Dionis-du-Séjour, il se fil connaître par des
mémoires concernant la résolution des équa-
tions, qui lui ouvrirent les portes de l'Acadé-
mie royale des sciences de Paris. En 17915, il
entra à l'école normale en qualité de profes-
seur d'économie politique, et, dans la même
année, il fui appelé comme membre de la
classe des sciences physiques et mathémati-
ques, dans la formation de l'Institut de
France. Il mourut le 1er janvier 1790, à l'âge
de soixante et un ans. Au mois de novembre
1778, il avait lu à l'Académie royale des
sciences un mémoire sur un nouveau Système
d'harmonie applicable à l'état actuel de la
musique. L'abbé Roussier fil une critique assez
rude de ce nouveau système dans le troisième
volume «le VEssai sur la musique de La
Borde (t. III, pp. G90 et suiv.). Il lui repro-
chait, entre autres choses, de ne pas laisser
apercevoir le principe de son système. Celte
critique fut l'occasion d'un second mémoire
lu à l'Académie des sciences, le 15 novembre
1780. Vandermonde y annonçait un ouvrage
complet sur le même sujet, qui n'a point paru.
Quoi qu'en aient dit Roussier et plus tard
Choron, dans le Dictionnaire historique des
musiciens, le système de Vandermonde n'a
pas l'obscurité qu'ils lui prêtent. Ce savant
refuse aux phénomènes acoustiques les consé-
quences que Rameau et Tartini prétendaient
en tirer pour en faire le principe de l'har-
monie, et dil avec beaucoup de raison que la
justesse absolue des intervalles mesurés sur le
monocorde ne fournil à la musique que des
intervalles faux selon le sentiment del'oreille;
il pense que la base de l'harmonie est dans la
tonalité, que les cordes essentielles de celte
tonalité sont la Ionique et la dominante, et que
toute succession harmonique tend à faire repos
par l'accord parfait sur ces notes. Il est vrai
qu'il ne donne pas de démonstration didac-
tique de ces propositions; mais telles qu'elles
sont présentées par lui, elles prouvent qu'il
avait entrevu le vrai principe de l'harmonie.
Son erreur consiste à avoir dit qu'il y a dans
la musique un mode majeur et quatre modes
mineurs. Ceux-ci, dit-il, sont le mode mineur
proprement dit, le mineur en montant, le mi-
neur en descendant, et enfin, celui où l'on
altère la quarte. D'abord, on ne sait ce que
peut être le mode mineur proprement dit, sé-
paré de ses gammes ascendante et descen-
dante; ensuite, si l'on prend pour un mode
particulier l'altération ascendante du qua-
trième degré du mode mineur (origine de l'ac-
cord de tierce diminuée et quinte, et de celui
de sixte augmentée), il y aura autant de modes
majeurs et mineurs qu'il y a d'altérations ac-
cidentelles de notes. Celle erreur fondamentale
n'empêche pas qu'il y ait dans les mémoires de
Vandermonde non un système d'harmonie,
mais des aperçus vrais concernant la base de
celle science. Les exemples de successions
harmoniques qu'il a joints à son second mé-
moire prouvent qu'il était bon musicien et
qu'il connaissait la pratique de l'art. Son pre-
mier mémoire, imprimé sans date ni nom de
lieu, forme huit pages in-4°à deux colonnes;
le second a dix-huit pages, et quatre pages
304
VANDERMONDE - VANDERSTRAET
d'exemples de successions harmoniques. Sui-
vant M. Quérard (la France littéraire, t. X,
p. 42), ce second mémoire aurait été im-
primé à Paris, en 1784, in-4°; mais ce savant
bibliographe a été induit en erreur, car ce
mémoire ne fut lu à l'Académie royale des
sciences qu'au mois de novembre 1780. Ces
pièces sont fort rares, l'auteur n'en ayant fait
tirer que quelques exemplaires pour ses amis.
VAWDEïl PEOCKE?, (Ciiaiu.es), vio-
loniste et clarinettiste distingué , né à
Bruxelles, le 22 octobre 1772, fut élève d'Eu-
gène Godechaiïe (voyez ce nom), et acquit un
talenl remarquable sur le violon. Après l'avoir
entendu, Viotti lui adressa des félicitations
chaleureuses. Chaque fois que ce grand artiste
passa a Bruxelles, il s'y arrêta pour faire de
la musique avec Vandcr Plancken. En 1797,
celui-ci fut nommé premier violon solo du
grand tbéàire de Bruxelles : il occupa cette
position pendant vingt ans environ. Le roi
Guillaume d'Orange le choisit pour remplir la
place de premier violon de sa chapelle. Dans
la direction des orchestres de la Société du
grand concert cl de plusieurs autres, il (il
preuve d'autant d'intelligence que de fermeté.
Aussi bon professeur que violoniste habile, il
a eu pour élèves Meerls, Robberechls, Snel
(voyez ces noms), et plusieurs autres. Yander
Plancken avait écrit plusieurs concertos de
violon et un concerto de clarinette avec or-
chestre, lesquels sont restés en manuscrit.
Quelques années avant sa mort, il lit une
chute cl se cassa la jambe : il fallut faire
l'amputation, mais sa vigoureuse constitution
et son énergie morale le firent triompher des
dangers de celte opération. Il est mort à
Bruxelles, au mois de janvier 1849.
VANDE11STKAET (Edmond), né à Au-
denarde (Flandre orientale), en 1820, a l'ait
ses premières éludes musicales et ses huma-
nités au collège des jésuites de celte ville; puis
il entra dans leur société et porta la soutane ;
mais n'ayant pas paru à ses supérieurs réunir
tontes les qualités nécessaires, il fut renvoyé a
sa famille. Livré à lui-même, et sans guide
suffisant, il fil quelques essais de composition,
particulièrement dans la musique d'église.
Son goùl pour cet art le poussa à l'aire des re-
cherches dans les archives de sa ville natale,
dans l'espoird'y découvrirdes curiosités sur la
culture de la musique dans les temps anciens.
Les comptes de la ville lui fournirent un cer-
tain nombre de fails concernant des artistes
peu connus ou des usages de localité. Ses pre-
mières découvertes biographiques cl histori-
ques furent l'objet des notes insérées dans les
Annales de la Société royale des beaux-arts
et de littérature de Gand. Parmi ces mor-
ceaux, on remarque une Notice sur les ca-
rillons d'Audenarde (18oô), el une autre sur
Charles-Félix Dehollandre, compositeur de
musique sacrée (1854). M. Vanderstraet fit en-
suite paraître, dans les Annales de l'Aca-
demie d'Archéologie de Belgique, un mémoire
intitulé : Recherches sur la musique à Au-
denarde avant le XIXe siècle, dont il y a
des tirés-à-part (Anvers, imprimerie de
Buschmann, 18jG, in-8° de vingt cinq pages).
L'auteur de ces opuscules ne possédait pas
alors les connaissances techniques et histori-
ques nécessaires pour le travail qu'il avait en-
trepris ; ainsi, trouvant, dans une note fla-
mande relative à une indemnité accordée aux
musiciens de la ville, en 1i5ô2, pour l'achat de
leurs instruments, les phrases : Eenenduylsche
cokere (luylen, c'est-à-dire i\n élui de finies fla-
mandes, ou flûtes à bec(l),cl Eenen basconlre
van huer en cromhoorene, ce qui signifie une
basse de cromorne (2) pour accompagner,
M. Vanderslraeldit (p. 7, noie 3) : Nous igno-
rons quelle espèce d'instruments le scribe
des comptes de la ville aura voulu désigner
par ces lignes.
Arrivée Bruxelles, en 18a7, M. Vanderstraet
soumit ses compositions à mon examen, et me
pria de l'aider à trouver un emploi dans celle
ville, afin qu'il pût y lesleccl continuer près
de moi ses études musicales. N'ayant pas alors
d'occasion pour le placer, je lui proposai de
l'attacher à mon cabinet en qualité de secré-
taire, ce qu'il accepta avec empressement. Il
y resta pendant deux ans et demi environ.
Dans cet intervalle, il reçut, au Conservatoire,
des leçons d'harmonie de M. Bosselel, je lui en-
seignai les éléments du contrepoint, etil suivit
pendant quelque temps le cours de paléographie
musicale que j'avais ouvert pour quelques-uns
de mes élèves de composition. Il désirait êlrc
(1) Au moyen âge, el jusqu'au commencement du dix-
huitième siècle, les instruments à vent, tels que flûtes,
hautbois, chalumeaux, cornets et cromornes, formèrent
des harmonies complètes composées du soprino ou su-
perius, de l'alto, du ténor et de la basse. Le doigté étant
uniforme pour les quatre voix de chaque espèce, le même
musicien était apte à les jouer tous, suivant les circon-
slanees.DclJ l'usage qui s'était établi démettre les pièces
démontées des quatre instruments dans un sac ou étui.
On peut voir, dans la notice de Tjlman Susato, qu'il
avait neuf flûtes dans un étui.
(2) Le cromorne était une espèce de gros chalumeau
courbe qui se divisait en superius, allas, ténor Cl basse.
Il était percé de six, sept ou huit Irous et se jouait avec
une anche. C'est l'origine du cor de bassetle. La basse de
cromorne servait souvent dans la musique de hautbois.
VANDERSTRAET — VAN ELEWYCK
305
attaché à quelque grand journal, pour y faire
les feuilletons de musique : à ma demande, il
fut admis dans la rédaction du journal le
Nord. Vers la fin de 1859, je lui fis obtenir un
emploi à la Bibliothèque royale, parmi les ré-
dacteurs du catalogue. Depuis lors, je n'ai plus
revu M. Vanderstraet. Il est aujourd'hui
(18G4) employé aux archives du royaume, et
rédige le feuilleton musical de l'Echo du
parlement.
On a de M. Vanderstraet plusieurs notices de
musiciens, particulièrement sur le composi-
teur/anssens d'Anvers (voyez Janssens), et
sur Jacques de Goiiy, l'un des auteurs qui ont
mis en musique les psaumes de Godeau. De-
puis son entrée aux archives du royaume de
Belgique, il a fait çà et là de petites décou-
vertes relatives à la musique, dont il fait grand
bruit dans les notes élogieuses de ses travaux
qu'il fournilà divers journaux; il n'imite guère
en cela son collègue, M. Pinchart, beaucoup
plus riche en trouvailles de ce genre, el qui,
modeste peut-être à l'excès, ne s'en sert que
pour être utile, sans en parler lui-même.
VAN ELEWYCK (le chevalier Xavier),
compositeur amateur et écrivain sur la musi-
que, docteur en sciences politiques et admi-
lïisti" li ves, à Louvain, membre de l'Académie
de Sainte-Cécile à Rome el de plusieurs autres
institutions musicales, est né à Ixelles, près
de Trnxelles, en 1825. Dès ses premières an-
nées commença son éducation musicale : Lau-
rent Boutmy (voyez ce nom) lui enseigna le
piano, sur lequel il fit des progrès si rapides,
qu'il put se faire entendre à l'âge de sept ans
dans un concert de la Société d'harmonie
d'Ixelles. Kim, violoniste du théâtre de
Bruxelles, fut son maître de violon. Son pro-
fesseur d'harmonie fut M. Bosselet (voyez ce
nom), et un jésuite, nommé le père Gimeno,
lui enseigna la composition. Après avoir achevé
ses humanités, M. Van Elewyck fut envoyé à
Louvain pour y faire ses études universitaires,
qui furent brillantes, car il passa tous s.es
examens avec la plus grande distinction : ce
fut à la même époque qu'il dirigea la première
section chorale de l'Académie de musique de
Louvain. A l'âge de dix-neuf ans, il publia ses
premières compositions pour le piano, au nom-
bre desquelles on remarque de grandes valses
brillantes intitulées Roses d'hiver, l'Album
musical et le Tournoi, grande fantaisie, gra-
vée à Gand, chez Gevaert. M. Van Elewyck
fit exécuter à Oslende, au profit des chrétiens
d'Orient, un Ave verum, antienne à grand
orchestre, laquelle fui suivie d'un Ave maris
BIOGR. l'HIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
Stella, dont les strophes s'exécutent alternati-
vement dans le style ancien, avec orgue seul,
et dans le style moderne, avec toutes les res-
sources de l'instrumentation. Plusieurs autres
compositions religieuses, entre lesquelles on
distingue un salut complet, ont succédé aux
ouvrages dont il vient d'être parlé. Le Tant um
ergo, extrait de ce salut, a élé publié à Gand,
chez Gevaert. Plein de zèle et d'enthousiasme
pour l'art, M. Van Elewyck a pris une large
part aux progrès du goût de la musique à Lou-
vain. Ancien secrétaire, puis président de
l'Académie de musique de celte ville, il est de-
puis plusieurs années président de la nouvelle
société de Sainte-Cécile, qui lui doit sa fonda-
lion. Souvent il est appelé à faire partie du
jury dans les concours de chant d'ensemble de
la Belgique; il est aussi un des membres du
jury pour les concours d'orgue du Conserva-
toire royal de musique de Bruxelles.
M. Van Elewyck n'a pas borné ses travaux
à la composition et à l'exécution; depuis long-
temps il se livre à l'élude de l'histoire et de
l'esthétique de la musique, particulièrement
en ce qui concerne son application religieuse.
Son premier travail sur ce sujet est une His-
toire de l'orgue, publiée en une suite d'articles
insérés dans les Petites affiches de Louvain.
Beaucoup d'autres morceaux détachés, dus à
la plume de cet amateur distingué, ont paru
dans divers journaux de la Belgique. En 1860,
il représenta les six diocèses de ce pays au
congrès de musique religieuse tenu à Paris, et
y prononça un discours dans lequel il retra-
çait la situation de la musique religieuse dans
sa patrie. Applaudi par la nombreuse assem-
blée devant laquelle il fut prononcé, ce
discours a paru dans les procès-verbaux du
congrès, et a élé réimprimé sous ce titre :
Discours sur la musique religieuse en Bel-
gique; Louvain, 1861, brochure in-8°. Dans
ce même congrès , où près de deux cents
savants fiançais, allemands et anglais étaient
réunis, une proposition avait été formulée
pour proscrire du culte catholique l'emploi des
instruments d'orchestre : M. Van Elewyck
la combattit avec force et la fit rejeter
lors du vote sur l'ensemble des questions. Au
retour de sa mission, M. Van Elewyck reçut
les remercîments des évêques belges, de la fa-
mille royale et du gouvernement. Un grand
travail l'occupe depuis plusieurs années :
c'est l'Histoire de la musique religieuse
au dix-neuvième siècle. Son esprit de re-
cherche, les soins minutieux qu'il porte danâ
ses investigations, son activité et ses connais-
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VAN ELEWYCK - VAN MALDERE
sances spéciales du sujet, ne permettent pas
de doute sur la valeur de ce livre, lorsqu'il
sera terminé.
Un des travaux les plus récents de M. Van
Elewyck est la notice intitulée : Matthias Fan
den Gheyn, le plus grand organiste et ca-
rillonneur belge du dix-huitième siècle, et
les célèbres fondeurs de. cloches de ce nom
depuis 1450 jusqu'à nos jours; Paris,
Bruxelles et Loùvaïn, 1862, gr. in-8° de
soixanle-dix-neuf pages. Ce petit ouvrage ren-
ferme une multitude de renseignements cu-
rieux, non-seulement sur le sujet principal,
mais sur beaucoup de choses d'intérêt local,
qu'on chercherait vainement ailleurs (voyez
\an den Giif.ïn).
VAN GEERAERDSBERGHE (Jean),
un des plus anciens facteurs d'orgues de la
Belgique, vécut au milieu du quinzième siècle.
Il est mentionné, dans les comptes delà ville
d'Audenarde, comme ayant renouvelé en-
tièrement les orgues de l'hôpital Notre-
Dame, dans celle ville, en 1458. La construc-
tion del'inslrumenlque ce facteur renouvelait
entièrement, en 1458, devait remonter aux
premières années du quinzième siècle.
VAN 'GHIZEGIIEM (IIwne, ou Heyne).
T'oyez GHIZEGHEM.
' VAMIALL(Jean-). royez WANIIALL.
VAN IIECKE ou VANECK ( ),
maître de guitare et de chant, à Paris, vers
1780, inventa un instrument à cordes pincées
appelé bissex, à cause du nombre de ses cordes
(douze, pu deux fois six). La table ressemblait
à celle de la guitare, et le dos de l'instrument
était voûlé comme celui du luth. Le manche,
divisé en vingt cases, portait cinq cordes ac-
cordées comme celles de la guitare ; les autres
cordes, à gauche, se pinçaient à vide en dehors
du manche. L'étendue totale, depuis la corde
la plus grave jusqu'à la note la plus aiguë de
la chanterelle, était de cinq octaves. Le bissex,
construit par Naderman (voyez ce nom), n'eut
point de succès et fut bientôt oublié, quoique
Van Hecke en donnât des leçons et qu'il eût
publié une méthode dans laquelle il en expli-
quait le mécanisme. On a aussi de cet artiste
une Méthode de violon, gravée à Paris, chez
Frère.
VAN HULST (Félix-Alexandre), avocat
à la cour royale de Liège, né à Fleurus (Hai-
naut), le 19 février 1799, a publié, à l'occa-
sion de l'inauguration de la statue de Grélry
(voyez ce nom) sur la place de l'université de
Liège, en 1842, une monographie intitulée
simplement Grétryj Liège, 1842, gr, in-8"
de quatre-vingt-dix-neuf pages, ornée du
portrait de l'artiste célèbre.
VAN MALDEGHEM (Robert-Julien),
né en 1810, à Denlerghem, village de là
Flandre occidentale, fut admis au Conserva-
toire royal de musique de Bruxelles, en
1835, et apprit l'harmonie et le contrepoint
sous la direction de l'auteur de celte Bio-
graphie. D'une intelligence médiocre en gé-
néral, il ne comprenait que la musique. En
1837, il obtint au concours le second prix de
composition en partage avec Joseph Batta;
en 1838, le premier prix lui fut décerné.
Beaucoup plus habile que lui dans les choses
de la vie, son frère, professeur de langues à
Bruxelles, se chargea alors de le diriger. De-
venu organiste à l'église Saint-Jacques-sur-
Caudenberg, Robert Van Maldeghem montra
peu de capacité dans cette position et s'en re-
tira bientôt après. Il s'est livré plus tarda des
recherches sur l'ancienne musique et a recueilli
des documents intéressants pour l'histoire de
cet art en Italie.
VAN MALDEUE (Pierre) (1), composi-
teur et violoniste, naquit à Bruxelles, le 13 mai
1724. Ayant été admis parmi les enfants de
choeur de la chapelle royale, il y prit les leçons
de violon et de composition du maître de cha-
pelle Crocs , puis il reçut sa nominalion de
second violon de la musique du prince Charles
de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas. Ce
prince, qui aimait le talent de Van Maldere,
le nomma premier violon de sa chapelle, le
13 août 1755, et celui-ci reçut dans le même
temps un engagement de premier violon à
l'orchestre du théâtre royal, considéré alors
comme un des meilleurs de l'Europe. Il obtint,
au mois de novembre 1758, le titre de valet de
chambre du prince Charles, donna sa démis-
sion de la place de premier violon de la cha-
pelle et fut remplacé dans cet emploi par son
frère aîné Guillaume Van 3Ialdere.En 1761, il
eutun congédu prince etfit un voyage à Paris,
où il publia des symphonies et fit représenter,
le 18 février 1762, au théâtre de la Comédie ita-
lienne, /aZ?a#arre;opéra-comique qui ne réus-
sit pas, quoique la musique eût été applaudie.
De retour à Bruxelles dans la même année, il y
reprit ses emplois et les conserva jusqu'à sa
mort, arrivée le 3 novembre 1768. Le prince
Charles de Lorraine lui fit faire des obsèques
magnifiques, le 16 du même mois, à Saint-
(I) Gerbcr et tous ses copistes donnent à tort le pré-
nom de Paul à Van Maldere. Tous les laits de ma notice
sont puises dans les registres de l'état civil de Bruxelles
et aux archives du royaume.
VAN MALDERE - VANN1NI
307
Jacques-surCaudenberg.VanMaldere a publié
à Bruxelles, en 1757, six qualuors pour deux
violons, allô et basse, dont le troisième (en fa)
et le cinquième (en ré) sont remarquables,
pour leur temps, par l'élégance de la mélodie.
En 1759, il fit paraître dans la même ville six
symphonies pour deux violons, alto, basse,
deux hautbois et deux cors. Pendant son séjour
à Paris, il fit paraître : Six symphonies, dé-
diées au duc d'Antin;Paris,delaChevardière;
Six symphonies (sans dédicace), op. IV; Paris,
Venier; Six symphonies, dédiées au prince
Charles de Lorraine; Paris, Venier; Sei so-
nate a tre, due violini e basso, dédiées à
Mgr le duc de Montmorency; Paris, de la Che-
vardière, œuvre d'un grand mérite signé
Pietro fan Maldere. Ces symphonies, dont
la publication a précédé celle des ouvrages de
Haydn, ont eu beaucoup de réputation non-
seulement à Bruxelles et à Paris, mais en Al-
lemagne. La première du second œuvre (en
sol mineur) est remplie de traits heureux qu'on
entendrait encore avec plaisir.
Après la mort de ce musicien distingué, son
frère lui succéda en qualité de premier violon
du théâtre royal.
VAPÎNACCI (Piehue), né à Livourne, en
1777, reçut dès l'âge de sept ans des leçons de
Cherubini, à Florence, pour le chant et poul-
ie piano; Giuliani fut son maître de violon. De
retour à Livourne, il étudia les règles de l'ac-
compagnement et du contrepoint sous le
maître de chapelle Checchi. Il vivait encore à
Livourne, en 1819, comme professeur de
chant et de piano, et s'était fait connaître
avantageusement par des sonates pour piano
et violon, et pour piano seul, ainsi que par des
morceaux de musique d'église, des cantates,
et l'opéra Angelica e Medoro.
VANIVAttETTI (le P. François), moine
de Mont-Cassin, naquit à Naples, et vécut à
Rome, vers le milieu du dix-septième siècle,
en qualité de maître de chapelle du cardinal
Rappaccioli. Il s'est fait connaître par plusieurs
œuvres de musique d'église, au nombre des-
quelles on remarque : 1° Messe e Salmi con-
certait a tre voci, op. 5; Naples, J. Ricci,
1653. 2° Litanie délia Beata Virgine conle
antifone a 5, 4, 5, G, 7 e 8 voci; Roma,
AmadeoBelmonte, 1668, in-4°.
"VAIMVEO (Etienne), moine de l'ordre de
Saint-Augustin, au couvent d'Ascoli, naquit à
Recanati, dans la Marche d'Ancône, en 1493,
car il a terminé son traité de musique par ces
mots : Contrapuncti liber tertius fœliciter
explicit, Jsculi, die 26 mensis Augustif
anno salutis 1531, aslatis autem niez anno
trigesimo octavo, ad Dei gloriam, amen.
Ses grandes connaissances dans la musique le
firent nommer maître de chapelle (Chori mo-
derator) de son couvent. Vanneo écrivit en
langue italienne un traité de musique en trois
livres qui fut achevé, comme on vient de le
voir, en 1551, et que Vincent Rossetli de Vé-
rone traduisit en latin. Celle traduction seule
a été imprimée sous ce litre singulier : Reca-
nelum de Musica aurea a Magistro Ste-
phano Vanneo Recinensi cremita augusti-
niano in Asculana ecclesia chori moderator
nuper editum (1), et solerti studio cnuclea-
tum, Vincentio Rosseto Veronensi inter-
prète; Romx apud Valerium Doricum
Brixiensem, anno Virginei partus 1533,
in-fol. de quatre-vingt-douze feuillets chiffrés.
Cet ouvrage, un des plus rares de son espèce,
est aussi un des meilleurs traités de musique
de l'époque où il parut. Vanneo y traite de cet
art sous le rapport de la pratique, et s'y livre
beaucoup moins que ses contemporains à des
spéculations de théorie. Le premier livre est
relatif au plain-chant, à la solmisation, et à la
tonalité; le second, où l'on trouve un traité
complet de l'ancien système de musique me-
surée, renferme des tables bien faites des pro-
portions, prolations et modes. Le troisième
est, pour le temps où l'ouvrage fut écrit, un
bon traité de conliepoint. Les chapitres 56 et
37 de ce troisième livre sont très-curieux; ils
fournissent la preuve de l'erreur de quelques
musiciens qui se persuadent que l'emploi du
dièse dans le plain-chant ne s'est introduit
que par corruption dans les temps modernes.
VANNIINI (Le P. Bernardino), moine de
l'ordre des Camaldules, vécut au milieu du dix-
septième siècle, et fut maître de chapelle de la
cathédrale de Viterbe, dans l'État romain. On
connaît de sa composition : Mottelli a otto
voci ed anche Litanie per li processioni ;
Roma, Amadeo Belmonte, 1666, in-4°. ,
VATVNirVI (Élie), né d'une famille juive,
fit abjuration dans sa jeunesse, et entra dans
l'ordre des carmes au couvent de Bologne,
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
Au nombre de ses compositions, on remarque :
1 ° Litanie delta Beata Virgine a 4, 5 e 6 voci,
op. 2; Bologne, Pierre Monli, 1692, in-4°.
2° Salmi di Compietà a 2, 3 e 4 voci con-
(I) Les mots nuper editum semblent indiquer une
publication récente du livre original; mais cet ouvrage
est inconnu, et je pense qu'il n'en existe pas d'édition
imprimée. Ces mots s'appliquent sans doute au travail
manuscrit de Vanneo,
20.
208
VANNINI - VARGAS
cerlati convioîini, op. 5; Bologne, Marino
Silvani, 1099, in-4°.
VAN OS (Albert), facteur d'orgues hollan-
dais, vécut et travailla à Flessingue (Zélande)
vers la fin du dix-septième siècle. En relevant
le vieil orgue de l'église Saint-Nicolas d'Ulrecht,
il trouva sur le grand sommier la date de 1 120.
Cet orgue avait un clavier de pédales; ce qui
prouve que l'invention attribuée à Bernard
Mured est beaucoup plus ancienne (voyez Hess,
Korte schets van de allereeste uitvinding en
verdere voorlgang der orgelen, p. 24. Voyez
aussi la notice Lootens).
VAN PETEGHEM (1), famille flamande
de facteurs d'orgues dont les ouvrages ont été
estimés dans le dix-huitième siècle et au com-
mencement du dix-neuvième.
Van Peteghem (Pierre), chef de cette famille,
naquit à Wetleren (Flandre orientale), vers
1690. En 1702, Forceville, le meilleur fac-
teur belge de celte époque, étant allé con-
struire un nouvel instrument dans ce bourj',
Pierre Van Peteghem , encore enfant, suivit
ses travaux avec attention et s'attacha à lui.
Conduit à Bruxelles, il travailla pendant plu-
sieurs années dans les ateliers de ce facteur,
et apprit de lui ce qu'on appelait alors les se-
crets du métier. Après la mort de Forceville,
Van Peteghem continua de travailler pour le
compte de sa veuve, puis il alla établir des ate-
liers à Gand. Il habita celle ville depuis 1733
jusqu'en 1787, où il mourut à l'âge d'environ
quatre-vingt-dix-sept ans. Le nombre des
instruments qu'il construisit dans sa longue
carrière est considérable.
Égide François Van Peteghem, fils aîné du
précédent, naquit à Gand postérieurement à
1733, el y mourut en 179G. Il prit une grande
part aux travaux de son père, ainsi que Lam-
bert-Benoît Fan Peteghem, deuxième fils de
Pierre, qui mourut à Gand en 1807.
Pierre-François Van Peteghem, MskV Egide-
François, né à Gand le 1er août 17G4, s'at-
tacha d'abord à la facture des orgues et s'y
distingua jusqu'en 1797; mais s'élant marié
alors, il se livra aux affaires d'un autre genre
de commerce.
Pierre-Charles Van Peteghem, fils aîné de
Lambert- Benoît, naquit à Gand et y mourut
célibataire, sans laisser de traces de ses tra-
vaux. Il en fut de même de Lambert-Cor-
neille, deuxième fils de Lambert- Benoît, né
à Gand en 1779.
(I) Je suis redevable à l'obligeance de M. le chevalier
Xavier Van Elewyck des renseignements d'après lesquels
celle notice a iilc rédigée.
Pierre Van Peteghem, troisième fils du
même, né à Gand le 15 janvier 1792, exerça
la profession de facteur d'orgues jusqu'en
1857; puis il céda la continuation de ses af-
faires à son fils Maximilien.
Maximilien Van Peteghem, né à Gand le
1 1 décembre 18 11, commença son apprentissage
de la facture îles orgues en 1830, sous la direc-
tion de son père, el travailla d'après l'ancien
système qui avait été celui de tous les instru-
ments construits parles membres de sa famille.
En 1849, il établit à Lille une succursale de sa
maison, qu'il transporta à Sainl-Omer (Pas-
de-Calais) en 1857. Depuis celle dernière
époque, M. Van Peteghem a modifié ses pro-
cédésde facture par l'imitation de quelques-uns
des perfectionnements modernes. Il s'occupe
spécialement de la réparation des anciens in-
struments.
VAN SWIETEN (Godefroid, baron), fils
de Gérard Van Swielen, commentateur de
Boerhave, naquit à Leyde, en 1734, et fit ses
éludes à l'Université de cette ville. Ayant suivi
son père à Vienne, il y obtint les tilres de con-
seiller et de conservateur de la Bibliothèque
impériale. Il mourut à Vienne, le 29 mars
1803. Lorsqu'il prit le grade de docteur à
l'Université de Leyde, il publia une thèse inli-
lulée : Dissertalio sislens musiae in medici-
nam influxum et utilitatem, Lugduni Bala-
vorum, 1773, in-4°. Amaieur de musique
distingué, il a laissé en manuscrit différentes
compositions connues en Allemagne.
VARENIUS (Alain), écrivain né à Mon-
lauban, dans la seconde moitié du quinzième
siècle, s'est fait connaître par un livre devenu
fort rare, qui a pour titre : Dialogus de Har-
monia ejusque démentis, Parisiis, apud Bo-
bertum Slephanum, 1503, in-8°.
VARESE (Fabio), directeur du chœur de
l'église de la Passion, à Milan, vécut vers la
fin du seizième siècle. Il a fait imprimer de
sa composition : Canzonette a 3 voci, Milan,
1592.
VARGAS (D.-Urban DE) fut maître de
chapelle de l'église métropolitaine de Valence.
Le 20 juin 1G5I, il reçut sa nomination pour
occuper le même emploi à la cathédrale de
Burgos, avec le canonicat qui y était attaché.
On ne trouve pas, dans les actes capilulaires
de celle église, la date de la mort de on maître,
mais il est vraisemblable qu'il décéda en 1654,
car, dans celle même année, D. François Sa-
maniego fut son successeur. Vargas a écrit
beaucoup de musique d'église qui se trouve en
manuscrit dans les églises de Valence et de
VARGAS - VAUCANSON
309
Bnrgos. M. Eslava en a lire fo psaume Voce,
mea ad Dominum, à Iiuil voix, qu'il a publié
dans la Lira sacra hispana (tome Ier de la
première série des compositeurs du dix-sep-
tième siècle). Ce savanlédileur et compositeur
dit qu'on trouve dans les archives de la Sen de
Saragosse le psaume Quicunque , de la com-
position de Vargas, accompagné d'une lettre
imprimée, extrêmement curieuse, dans laquelle
sont expliqués le plan et la structure de cet
ouvrage. M. Eslava ajoute que la musique de
Vargas révèle le génie et la facilité d'écrire.
VARNEY (PlEnRK-JOSEPII-ALPHONSE), né
à Paris le 1er décembre 1811, étudia, dès son
enfance, la musique et le violon. Le 1er fé-
vrier 1832, il fut admis au Conservatoire de
cette ville et fil, pendant trois ans, des éludes
décomposition, sous la direction de Reicba. Il
sortit de cette école le 22 mai 1855 pourse ren-
dre à Gand, où il était appelé comme chef
d'orchestre du théâtre. Après avoir rempli ces
fonctions pendant deux ans, il fut attaché à di-
vers théâtres des départements. De retour à
Paris, il fut nommé chef d'orchestre du Théâ-
tre historique, à l'époque de sa création, et
resta plusieurs années dans cette situation. En
1851 il passa au Théâtre-Lyrique. Le chan-
gement de direction de ce théâtre, en 1852,
fut cause que M. Varney en sortit pour retour-
ner à Gand, où il dirigea l'orchestre pendant
l'année théâtrale de 1853. En 1855, il était à
♦ La Haye, où il remplissait les mêmes fonc-
tions. De là, il passa au théâtre des Arts, à
Rouen, en 1850, et dans l'année suivante,
Offenbach lui confia la direction de l'orchestre
du théâtre des Bouffes -Parisiens, à Paris. En-
fin, M. Varney est devenu lui-même directeur
de ce théâtre au mois de février 1862. Les
compositions dramatiques de cet artiste sont
celles-ci : 1° Alala, sorte d'oratorio-cantate
avec chœurs, exécuté au Théâtre historique,
au mois d'août 1848. 2° Le Moulin joli, opéra
comique en un acte, au Théâtre de la Gaieté,
en septembre 1849. 3° La Quittance de mi-
nuit, opéra comique en un acte, an Théâtre
des Variétés, janvier 1852. 4° La Ferme de
Kilmoor, opéra comique en deux actes, au
Théâtre-Lyrique, octobre 1852. 5" \SOpéra
au camp, en un acte, au théâtre de VOpéra-
Comique, 13 août 1854. G0 La Polka des sa-
bots, opérette en un acte, au Théâtre des
Bouffes, 28 octobre 1859. 7° Une fin de bail,
opérette en un acte, au même théâtre, 28 fé-
vrier 1862.
VAROTI (Michel), compositeur, né à No-
vare, dans la première moitié du seizième
siècle, a écrit particulièrement pour l'église.
Ses productions connues sont celles-ci ln Misse
a 6 voci, Venise, 1565, in -4°. 2° Misse de Tri-
nitate a 8 voci, ibid., 1565, in-4°. 3° Cantio-
nes sacra; in omnes anni festivitates, ibid.,
1568. 4° Himni a 5 voci, ibid., 1568. 5° Misse
a G et 8 voci, libro primo; ibid., 1563, in-4°.
6° Misse a 2, 5 e 6 voci, Milano, 1588, in-4°.
VATER (J.-C), cantor à Crœlpa, près de
Saalfeld, actuellement vivant(1864)el d'un âge
avancé, s'est fait connaître par les ouvrages
suivants : 1° Methodisch-praktische Jnleilung
zum Notensingen fur Lehrerund Schiller in
Burgcr-und Landschulensowohlalsauch fur
den Privutunterricht (Introduction métho-
dique et pratique au chant noté, etc.), Erfurt,
Keyzer, 1821, in -8° de soixante-cinq pages; ou-
vrage mal digéré quinejuslifiepassonépithète
de méthodique. 2° Pfaktische Elementarschule
des Claviers und Fortepiano's, etc. (École
élémentaire et pratique du clavecin et du
piano, etc.), ibid., 1827, in-4°. 3° Sonatine
pour piano seul, Erfurt, Snppus. 4° Six varia-
lions pour piano, ibid. 5° Six chanls faciles
avec accompagnement de piano, ibid.
VATRI (René) naquit à Reims, le 21 oc-
tobre 1697. Après avoir commencé ses études
au collège de sa ville natale, et les avoir ache-
vées dans un séminaire de Paris, il obtint un
canonicat à Saint-Etienne-des-Grès, puis fut
principal du collège de Reims à Paris, rédac-
teur du Journal des savants, et membre de
l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
Frappé d'apoplexie, en 1754, il perdit ses fa-
cultés intellectuelles, languit pendant seize
années, et mourut le 16 décembre 1769, à
l'âge de soixante-treize ans. Au nombre des
ouvrages de ce savant, on remarque deux mé-
moires Sur les avantages que la tragédie an-
cienne retirait de ses chœurs, et sur la réci-
tation des tragédies anciennes, insérés dans
la collection de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres (t. VIII, p. 199-224).
VASQUEZ. voyez VAZQUEZ.
VAUCANSON (Jacques DE), célèbre
mécanicien, naquit à Grenoble, le 24 février
1709. Arrivé jeune à Paris, il s'y livra à l'élude
des sciences, puis fixa sur lui l'allenlion pu-
blique par des pièces de mécanique où le génie
d'invenlion brillait au plus haut degré, telles
qu'un automate qui jouait de la flûte, des ca-
nards qui mangeaient et digéraient, des ma-
chines à tisser la soie, la chaîne sans fin con-
nue sous son nom, elc. Le cardinal de Fleury
le nomma inspecteur des manufactures de
Lyon, et l'Académie royale des sciences de
310
VAUCANSON - VECCHI
Paris l'admit au nombre de ses membres. Tl
mourut le 21 novembre 1782, à l'âge d'environ
soixante -quatorze ans. L'automate flûleur de
Vaucanson faisait résonner l'instrument par
le soufjle qui s'échappait de ses lèvres. Il a
publié la description du mécanisme de celte
ingénieuse machine acoustique, sous ce titre :
Le mécanisme du flûteur automate, avec la
description d'un canard artificiel, et aussi
celle d'une figure jouant du tambourin et de
la flûte; Paris, Guérin, 1738, in-4° de vingt-
quatre pages. Cette description a été repro-
duite dans l'Encyclopédie de d'Alembert et de
Diderot, à l'article Androgyne. Elle a été tra-
duite en anglais par Desaguliers, chapelain du
prince de Galles, avec ce titre : An account of
the mecanism of an Automaton, or image
playing on the german-flute ; Londres ,
T. Parker, in-4° de vingt-quatre pages. On en
trouve aussi une traduction allemande dans le
Magasin de Hambourg (t. II, p. 1-24).
VAUPULLAIRE, musicien français ou
belge, fut vraisemblablement chantre de quel-
que église au commencement du seizième siè-
cle. Son nom ne se trouve dans aucun des re-
cueils imprimés par Tylman Susalo, par les
autres imprimeurs de musique d'Anvers, par
Atlaingnant et par Jacques Moderne. Il n'est
connu que par une messe à quatre voix, inti-
tulée Cliristus resurgens, qui existe dans un
manuscrit (n° 5, in-fol. m0) de la Bibliothèque
de Cambrai, et dont M. de Coussemaker a pu-
blié le Sanctus en partition (Notice sur les
collections inusicales de la bibliothèque de
Cambrai, n» 1).
VAUQUET (Nicolas), né vers le milieu
du seizième siècle, fut maître des enfants de
chœur de l'église collégiale de Saint-Benoît, à
Paris. En 1588, il obtint au concours du Puy
de musique d'Évreux, en Normandie, le pre-
mier prix de l'orgue d'argent, pour la compo-
sition du motet Dum aurora, qu'il traita du
deuxième ton par bécare. Il eut pour concur-
rent Daniel Guichart (voyez ce nom), qui, sur
le même chant, écrivit son motet du deuxième
ton par bémol.
VAUSSEN VILLE. Voyez ROSER-
GER DE VAUSSEUVILLE (LE).
VAVASSEUR (Nicolas LE), maître des
enfants de chœur de l'église cathédrale de Li-
sieux, et ensuite organiste de l'église Saint-
Pierre de Caen, vers le milieu du dix- septième
siècle, a fait imprimer des Canons à deux,
trois, quatre, cinq et six voix; Paris, liai-
lard, 1048, in-4".
VAYER (LA MOTTE LE), voyez
MOTHE LE VAYER (François DE LA).
VAZQUEZ (D. Juan), maître de chapelle
de la cathédrale de Btirgos, dans les premières
années du seizième siècle, alaisséen manuscrit
beaucoup de messes, de motets, et une grande
quantité de Vilhancicos ou chants de Noël.
On en trouve quelques-uns dans la Silva de
Sirenas, de Henri de Valderavano, imprimée
à Btirgos, par Didier-Fernandez de Cordoue,
1542, in-fol.
VECCHI (Horace) (1). Suivant la chro-
nique de Spaccini, Vecchi était âgé de cin-
quante-quatre ans lorsqu'il mourut en 1G05,
d'où il suit qu'il était né en 1551. On n'a
aucun renseignement authentique sur les pre-
mières années de la vie de cet artiste : on sait
seulement qu'il était ecclésiastique et consé-
quemment qu'il avait étudié dans un sémi-
naire. On sait aussi que son maître de musique
fut un moine servite de Modène, nommé Sal-
valtor Essenga, dont il existe un livre de Ma-
drigali à quatre voix, imprimé à Venise par
Antoine Gardane, en 1566. Dans ce même livre
se trouve (p. 7) un madrigal de Vecchi, qui est
vraisemblablement sa première composition.
Tiraboschi a tiré des actes du chapitre de
Correggio la preuve que Vecchi obtint un
canonicat le 15 octobre 1586 dans la cathé-
drale de cette ville, et qu'il fut élevé à la di-
gnité d'archidiacre le 29 juillet 1591. Il jouis-
sait déjà alors d'une grande estime pour ses
connaissance dans le plain-chant, car Angelo
Gardano, éditeur du Graduel romain publié à
Venise, en 1591, dit, dans la préface, que le
chant de cette édition a été revu et corrigé par
une commission instituée par l'autorité ecclé-
siastique et composée de Gabrieli (Jean), orga-
niste de Saint-Marc de Venise, de maître Louis
Balbi, directeur du chœur de l'église Saint-
Antoine, à Padoue, et d'Horace Vecchi de
3Iodène, chanoine de Correggio (2). Le désir
(1) M. Angelo Calelani (voyez ce nom) a donné, dans
la Ga::ella musicale di Milano, une excellente monogra-
phie d"Horace Vecchi, dont il y a des tirés à part intitu-
lés Delta Vita e délia Opère di Orazio Vecchi, Milano,
Tito, di Gio-Ricordi (s d.); in-8° de 56 pages, avec 3
pages in-4" de musique. Pour la notice de cette édition
de la Biographie universelle des musiciens, j'ai puisé aux
mêmes sources que M. Catelani ; mais le cadre de cette
notice ne m'a pas permis d'entrer dans les discassions et
dans les développements auxquels il s'est livré. J'ai em-
prunté à M. Catelani les liires exacts des œuvres de
Vecchi, que je n'avais trouvés qu'en abrégé dans les
catalogues.
(2) Quod quidem Graduale Romanum a mullis prœ-
stantibus et primariis I ta lise viris miisica prœdilis, in
canlibus ipsis planis eruditissimis, revisum fuit, et in
primis a II. b.Gabriele in ecclesia D. Marei Veneliarum
orgnnico, a l\. D. Magistro I.odovico Balbo in Ecclesia
VECCHI
SU
de mettre son talent en évidence dans un mi-
lieu plus vaste et plus animé que la petite ville
de Correggio décida Vecchi à s'éloigner de
celle-ci, après qu'il eut été élevé à la dignité
d'archidiacreelà se fixer à Modène. Dès le com-
mencement de 1595, il était déjà établi dans
cette capitale du duché, car Spaccini rapporte
que le 5 février de la même année, il fut frappé
d'un coup de stylet par un inconnu ; mais, ga-
ranti par ses vêtements, il ne fut pas blessé (1).
La cause de cet événement n'a pas été sue. Il
parait au surplus que Vecchi était d'humeur
querelleuse; caria même chronique nous ap-
prend qu'il eut dans la même année une vive
contestation avec certain personnage qui cour-
tisait la femme de son frère, Girolamo Vecchi,
et dans la chaleur de la dispute, il reçut deux
coups de couteau à la tête, dont il guérit heu-
reusement. Plus bizarre et plaisante fut la con-
testation qu'il eut le 21 mai 151)6 avec l'orga-
niste de l'église Saint-Augustin, à Modène,
pendant qu'on célébrait la messe solennelle-
ment. Vecchi chantait accompagné par l'or-
gue : dans un certain endroit, il prétendit
chanter seul et que l'orgue fit silence; l'orga-
niste, au contraire, voulait que ce fut le chan-
teur qui se tût et le laissa jouer. Alors com-
mença une lutte ridicule entre eux; car
Vecchi éleva de plus en plus la voix pour faire
dominer son chant, tandis que l'organiste
ajoutait à chaque instant de nouveaux jeux
pour étouffer la sonorité de l'organe du chan-
teur. Cette lutte devint à la fin si grotesque,
que les fidèles éclatèrent de rire, ce qui causa
un grand scandale.
La longue absence de Vecchi fut cause que
le vice-roi de Reg^io lui ôla son canonicat,
suivant un acte authentique du 27 avril 1595,
cité par Tiraboschi ; mais il en trouva bientôt
la compensation dans la place de maître de
chapelle de la cathédrale, qu'il obtint le 20 oc-
tobre 1596, après la mort de Guido Ferarri.
Dans l'année suivante, il fit un voyage à Ve-
nise avec le comte Montecuculli, pour y publier
quelques-unes de ses compositions, notam-
ment l'Jmfiparnasso, dont il sera parlé plus
loin. En 1598, il ajouta aux avantages dont il
jouissait la place de maître de chapelle de la
cour et de professeur de musique des jeunes
D. Anlonii Fatavini musiecs moderalorc, et a R. D. Ho-
ralio de Vccchiis Mulincnsis canonico Corrigiensi, a
quibus omnibus conjunetim et separatim summo studio
ac diligentià eorreclum fuit et cmendatum.
(1) A hore 22. lu data una stilelada a Horalio Vecchio,
musieo cccellente dj qucsli tempi, non s'è saputo da clii,
et non cbbe maie.
princes, avec un traitement annuel de quatre-
vingts écus. On voit dans la chronique de
Spaccini que, le 11 février et le 9 du même
mois 1602, il y eut de grandes mascarades
imaginées par lui et pour lesquelles il avait
composé de la musique. En 1603, l'ambassa-
deur de l'empereur, qui était alors à Modène,
obtint pour Vecchi du conseil de la commune
une pension de cent livres par an, sous la con-
dition qu'il continuerait de résider dans la ville
et d'y exercer ses talents. Il est vraisemblable
que ce fut au même ambassadeur qu'il fut re-
devable de l'honneur qu'il eut d'être appelé à
la cour de l'empereur Rodolphe, ainsi qu'on le
voit par son épitaphe, dans laquelle on voit
aussi que le prince Octave Farnèse, duc de
Parme, et l'archiduc Ferdinand lui donnèrent
des témoignages de haute considération. Sur
la demande du roi de Pologne, Vecchi écrivit
quelques pièces de musique qu'il lui envoya,
et reçut en récompense une belle médaille du
poids de vingt-deux écus qu'il légua par son
testament à un ami nommé Jean-Antoine Za-
notti. Au mois d'octobre 1604, il eut le désa-
grément de se voir enlever la place de maître
de chapelle de !a cathédrale paries intrigues et
l'ingratitude de son élève GeminianoCapilupi,
à qui elle fut donnée (voyez Capilupi). Le
chagrin que Vecchi en eut paraît avoir été la
cause principale de sa mort. Il décéda le
19 septembre 1604, à l'âge de cinquante ans,
laissant ce qu'il possédait à ses frères Jérôme
et Louis Vecchi, à l'exception de ses livres,
tableaux précieux et d'une collection de por-
traits de musiciens célèbres de son temps qu'il
avait fait peindre par d'habiles artistes et qu'il
laissa à son neveu Pierre-Jean Ingona, sous
la condition qu'il donnerait à ses enfants le nom
iV Horace et leur ferait étudier la musique,
L'évèque de Modène envoya complimenter la
famille de Vecchi à l'occasion de sa mort, en
annonçant son intention de faire au défunt
des obsèques magnifiques à ses dépens; mais
elles n'eurent pas lieu, parce que Vecchi avait
ordonné par son testament qu'on l'inhumât
sans pompe. Deux ans après, on lui éleva un
beau monument qui avait été fait à Reggio par
le sculpteur Pacchioni, et l'on y mit cette:
épitaphe :
D. O. M.
Horatius Vecchius, qui novis tum
musicis, tum poeticis rébus inveniendis
ita floruit. ut omnia
omnium tempor. ingénia faci-
le superarit, hoc tumulo
312
VECCH1
Quiescens excitatricem ex-
pectat tubam.
Vie Octavio Farnesio, arcliiduci Q.
Ferdinando Austrice carissimus,
cum armoniam primus comicœ fa-
cultati conjunxisset, totum ter-
rarum orbem in sui admirationem
traxit : tandem, pluribus in ec-
clesiis sacris clioris prœfectus, et
a Radulfo imp. accersitus, irigra-
vescente jam œlati recusato
minière, ser'"' duci cœsari esten-
si, propria in patria inserviens,
angelicis concentibus prœfi-
ciendus decessit.
Anno M. DC V. die XIX. men.
februari.
Comme tous les maîtres de son temps,
Vecchi écrivit des messes, des motets, des ma-
drigaux à cinq et six voix, des canzonetles et
dialogues à l'imitation de Croce et de Gas-
toldi; mais l'ouvrage qui a rendu sa réputa-
tion populaire est une sorte de comédie en
musique intitulée : L'Jmfiparnasso, comme-
(lia harmonica, qui fut représentée à Mo-
dène, en 1594, et publiée à Venise trois ans
après. Suivant Muralori (1), les premiers es-
sais de Vecchi auraient précédé à Venise ceux
qui furent faits à Florence vers le même
temps pour la création de l'opéra sérieux
(voyez Péri et Caccini), et celte invention im-
mortaliserait à jamais son nom. L'opinion de
ce savant n'a pour base qu'un passage de
l'épitaphe rapportée ci -dessus, On y lit : Qui
harmoniam primus comicx facullati con-
junxit, et totum terrarum orbem in sui ad-
mirationem traxit. Vecchi dit aussi dans la
préface de son ouvrage : « Celle réunion de
« comédie et de musique n'ayant pas été faite
» par d'autres, que je sache, ni peut-être ja-
« mais imaginée, il sera facile d'y ajouter
» beaucoup de choses pour lui donner la per-
« fection; si je ne suis pas loué de l'inven-
» lion, au moins n'en pourrai-je être
» blâmé (2). La plupart des auteurs, trompés
par ces assertions, ont agité la priorité d'in-
vention du style dramatique entre Vecchi et
les musiciens de Florence et de Rome. Il y a
(11 Délia TpcrfeUa ■poe.sia , L. 111, C. 4, 1.34.
(2) Non ossendo questo accopiamcnlo di comedia e di
musica pin stato fatto, ch' io mi s.nppia, da allri,e forse
nonimmaginalo, sarû facile aggiungcrc molle cose per
dargli perfezione; ed iodovrô esserc se non lodato, al-
meno non biasimato dcll1 invenzionc.
ici deux choses à examiner, savoir, le fait en
lui-même, et la nature de l'ouvrage du maître
de chapelle de Modène. En ce qui touche l'ap-
plication de la musique à la comédie, sans
parler du Sacrifizio de Beccari, mis en mu-
sique par Alphonse Délia Viola, et représenté
en 1555, dont le genre n'est pas bien déter-
miné , on voit dans la Dramaturgia d'AI-
lacci que la comédie pastorale en musique
I Ptizzi amanti fut représentée dans le palais
du prince Grimani, à Venise, le 25 avril
1500 (1). Vecchi s'est donc trompé lorsqu'il a
cru avoir élé le premier qui fit l'application
de la musique à la comédie. A l'égard du
style, il n'y aucun rapport entre la musiqu'
de l'Jmfiparnasso et celle des drames de
Péri, de Caccini, ni même d'Emilio del Cava-
lière. Ceux-ci paraissent véritablement les in-
venteurs du style récitatif, tandis que Vecchi
n'a fait qu'une application du genre madri-
galesque à l'action comique. On peut com-
prendre quelle est la conception de cet
ouvrage par l'analyse d'une scène où le vieux
Pantalon querelle son valet Pirolin (petit
Pierre), en patois bergamasque. Ce valet
gourmand, au lieu de se rendre à l'appel de
son maître, lui répond de loin avec la bouche
pleine des larcins qu'il a faits à la cuisine.
Pantalon a beau crier : « Holà, Pirolin ! où
» es-tu? Pirolin! Pirolin! Pirolin! ah! vo-
» leur! que fais-tu à la cuisine? » — Pirolin
répond : « Je m'emplis l'estomac avec des
» oiseaux qui chantaient naguère : Piripipi,
» cucurucu! » Eh bien , au lieu de deux inter-
locuteurs pour chanter cette scène bouffonne,
Vecchi se sert, comme dans tout le reste de la
pièce, d'un chœur composé de voix de so-
prano, de contralto, de ténor et de basse, qui
dit alternativement les paroles des deux per-
sonnages. Lors même qu'un seul personnage
est en scène, ce n'est ni un air, ni un récitatif
qu'il chante, c'est un morceau à cinq voix qui
se fait entendre sur les paroles que le poète a
mises dans sa bouche. Il y a loin de cette
absurde conception, née de l'habitude du
chant d'ensemble usité depuis plusieurs
siècles, à la véritable création du chant dra-
matique, dont l'origine se trouve dans VEu-
ridice et dans la Dafne. L'Amfiparnasso
n'est pas une véritable comédie; cette vérité
me parait hors de contestation ; mais on ne
peut méconnaître le caractère comique de plu-
sieurs situations ; caractère qui disparait par
léchant collectif de Vecchi. Doué de hardiesse
dans quelques-unes de ses conceptions, ce mu-
(1) Édition de Venise, 1755, p. CIO.
VECCHI
313
sicien distingué en a manque ici, cl n'a com-
pris le personnage comique que comme le
chœur de la tragédie dis anciens. M. Catelani
a employé dix-sept pages de son intéressante
notice à la discussion de la nature de l'Amfi-
parnasso : je regrette de ne pouvoir repro-
duire ici son érudile élude.
Les premières éditions des compositions
d'Horace Vecchi n'ont point élé connues jus-
qu'à ce jour; les plus anciennes indiquent des
réimpressions. En voici la liste : 1° Can-
zonette di Oratio Vecchi da Modena. Libro
primo, a quattro voci. Novamento ristam-
pate; in Venetia, appresso A ngelo Gardano,
1580, in-4°. Ce recueil contient vingt-deux
pièces. Celle édition est la deuxième : la dédi-
cace au comte Mario Bevilacqua n'est pas
datée. Il y a des exemplaires qui portent la
date de Venise, 1581, et dont la même dédi-
cace est datée du 50 septembre : je ne crois
pas à la réalité d'une édition nouvelle dans
ces exemplaires; suivant mon opinion, il n'y
a eu qu'un changement de frontispice; sorte
d'artifice très-commun alors. L'édition sortie
des presses du même éditeur en 1585, consi-
dérée par M. Catelani comme la quatrième, me
parait êlre la troisième. 2° Canzonette di etc.
Libro seconda, a quattro voci. Novamente
poste in luce; ibid., 1580, in-4°. Ce recueil
contient vingt et une pièces. La seconde édi-
tion, publiée par le même, est datéede 1582:
j'en connais une autre de 1580. 5° Canzonette
di etc. Libro terzo, a quattro voci. Nova-
menle poste in luce ; ibid., 1585, in-4°. C'est
la première édition. La deuxième a paru à
Milan, chez Simon Zini, en 158G, el Gardane
en a donné une troisième à Venise, en 1593.
4° Canzonette di etc. Libro quarto a 4 voci;
Novamente posto in luce; ibid.. 1590, in-4°.
Il y en a une autre édition de Nuremberg,
chez Gerlach, en 1594, et une troisième de
Venise, 1608, in-4°. Les quatre livres de ces
canzonetles ont élé réunis et publiés à Nurem-
berg, chez Catherine Gerlach, en 1601. Pierre
l'halèse, d'Anvers, en a donné aussi une édi-
tion sous ce titre : Canzonette a 4 t'OCî di
Orazio Vecchi, con aggiunla di altri a 5, 4
eovocidel medesimo, ntwvamente ristam-
pate ed in un corpo ridolte, 1611, in-4° obi.
Il y a quatre-vingt-sepl pièces dans ce recueil;
elles sont suivies d'une aggiunla qui contient
onze pièces, el d'une fantaisie à quatre instru-
ments par le même auleur. Valcnlin Haus-
mann a donné une collection choisie des
chansons à quatre voix de Vecchi, avec des
paroles allemandes; ce recueil est intitule :
Drcy Classes der vierstimmigen Canzo-
netlcn, mit Unterlegung teulschcr Text in
Truck geben; Nuremberg, 1601, in-4".
Pierre Negander, cantor à Géra, a donné aussi
une traduction allemande des dernières eban-
sons de Vecchi, sous ce titre : XXIV aus-
serlesene vierstimmige Canzonelten mit
schœnen teutschen Sprxchen und Texlen;
Géra, 1614, in-4\ 5° Canzonette a sei voci
d'IIoratio Vecchi novumente slampale. Libro
primo; inVenelia appresso Angelo Gardano,
1587, in-4°. Il y a vingt el une pièces dans ce
recueil : l'épîlre dédicaloire à Marc-Antoine
Gonzaga, primieier de Manloue, est datée de
Correggio, le 15octobrede celle année. G°Ma-
drigali a sei voci d'IIoratio Vecchi nova-
mente stampati. Libro primo; ibid., 1585,
in-4°. Une seconde édition de ce recueil, qui
contient dix-sept madrigaux, a élé publiée à
Milan, chez Tint, en 1588, et Gardane en a
donné une troisième à Venise, en 1591.
7° Madrigali a cinque voci di etc. novamente
stampati. Libro primo; ibid., 1589, in 4°.
8" Madrigali a sei voci di etc. Libro secondo,
con alcuni a sette, olto, nono et dieci nova-
mente stampati; ibid., 1591, in-4°. 9° Selva
di varie ricrealione di etc. nella quale si
conlingono varij soggelti, a 5, a 4, a 5, a fi,
a 7, a 8 , a 9, et a 10 voci, cioè Madrigali,
Capricci, Balli, Arie, Jusliniane, Canzo-
nette, Fantasie, Serenate , Dialoghi , un
Lotto-amoroso, con nna Battaglia a diece
(sic) nel fine, et accomodatovi la intavola-
tura di liuto aile Arie, ai Balli, et aile
canzonette; Novamente composte, et date
in luce; ibid., 1590. 10° Canzonette a tre
voci di Horatio Vecchi et di Geminiana
Capi-Lupi da Modona. Novamente poste in
luce; ibid., 1597. Ces canzonetles ont été ré-
imprimées dans la même année, à Nuremberg,
in-4", chez Gerlach. Valenlin Hausmann en a
donné une traduction allemande, dans la
même ville, en 1608, in--4°. 11° Canzonette a
5 voci, lib. 2; Venise, Angelo Gardano, 1599,
in-4". Il y a une édition de ce livre publiée à
Milan, en 1611. 12° Boralii Vecchii Muti-
nensis , Canonici Corigiensis, Lamenta-
tiones, cum quuttuor (sic) paribus vocibus;
Venetiis apud Angelum Gardanum, 1587.
15° Motecta Horalii Vecchii Mutinensis,
Canonici Corigiensis , quaternis , quinis,
senis et oclonis vocibus, nunc primum in
lucem édita. Serenissimo Principi Gu-
glielmoPalatino Rlieni comiti, et ulriusque
Bavarix Duci etc. dicata; ibid., 1590.
Pierre Phalèse a donné une édition de ces
314
VECCHI
moletsà Anvers, en 1608, in-4° oI>). 14° Sa-
crarum Cantionum 5, 6, 7 et 8 vocum, lil>. 2;
Venetiis, apud Angelum Gardanum, 1597,
iiï-4°. 13° Cantiones sacrx 6 vocibus conci-
nendx; Duaci, 1604, in-4°. On ne peut douter
que ce recueil ne soit une réimpression.
16° Convito Musicale di etc. a tre, quattru,
cinque, sei, sette, et otto voci. Novamente
composte-, et data in luce. Al Sereniss. Fer-
dinando Arcidxica d'Austria, etc. ; in Ve-
netia appresso Angelo Gardano, 1597.
17° Hymni qui per totum annum in Eccle-
siaRomana concinuntur . Partim brevi stilo
super piano cantu, partim proprium arte,
ab Horatio Vecchio Mutinensi , Musices
moderatore , apud Cxsarem Estensem Mu-
tina; Ducem, nuper elaborati. Cum quatuor
vocibus. Nunc primum in lucem editi; Ve-
netiis, apud Angelum Gardanum , 1604.
18° Le Feglie de Siena ovverolvarij humori
délia musica moderna a o, 4, 5 e 6 voci; in
t'enelia, app. Ang. Gardano, 1604, in-4°.
Une autre édition de ces pièces a été publiée à
Nuremberg, en 1605, in-4°, sous le titre de
NoctesludicrxA^" L'Amfiparnasso fcomedia
Harmonica d'Oratio Vecchi di Modena; in
Venetia, appresso Angelo Gardano, 1597.
Une seconde édition de cet ouvrage a été pu-
bliée à Venise, appresso Angelo Gardano et
fratelli, 1610. L'Amfiparnasso est divisé en
trois actes, précédés d'un prologue, et chaque
acte en plusieurs scènes. Les personnages
sont : 1° Pantalone; 2° Pedrolin, son valet;
5° Hortensia, courtisane; 4" Lelio, amoureux
deNisa; 5° Nisa; 6° Le docteur Gratiano;
7° Lucio, amoureux d'Isahella ; 8° Lsabella;
9° Le capitaine Cardon, espagnol; 10°Za«e
(Jean), Bergamasque; 11° Frulla , valet de
Lucio; 12° Francatrippa, valet de Pantaldne;
15° Chœur de juifs, dans une maison voisine.
J'ai mis en partition tout l'Amfiparnasso,
d'après l'exemplaire de 1597, qui appartient à
la Bibliothèque royale de Berlin. M. Catelani
a joint à sa notice la partition de la première
scène du deuxième acte, et Riesewelter a pu-
blié le chœur des juifs travailleurs Tik, Tak,
Tok, dans son livre de la Destinée et nature
de lamusique mondaine, etc. (Schicksale und
Beschaffenheit der weltlichen Gessenges, etc.),
n° 31. 20° Horatii Vecchii Mutincnsis Mu-
sical professoris celeberrimi Missarum senis
et octonis vocibus. Liber primus. Per Pau-
lum Brausium Mutinenscm ejus discipulum
amatitissimum. Nunc primum in lucem
editus; Venetiis, apud Angelum Gardanum
et frutres, 1007. Pierre Phalèse a réimprimé
quelques-unes de ces messes dans le recueil
intitulé : Missx senis et octonis vocibus
ex celeberrimis auctoribus Horatio Vecchio
aliisque collecta;; Antverpix , 1612, in-4°
obi. Les messes de Vecchi qui se trouvent dans
cette collection sont : Osculetur me, et Tu es
Petrus, à six, In Resurrectione Domini, à
huit, et Pro defunctis, à huit. Cet ouvrage,
ainsi que le suivant, ont été publiés, après la
mort de Vecchi, d'après sa volonté exprimée
dans son testament : Bravusi, son élève, fut
chargé de ce soin. Il dédia ces ouvrages au
conseil de la commune de Modène. Il dit, dans
sa préface, qu'il est à regretter que la mort de
Vecchi l'ait empêché de terminer un livre
considérable qu'il avait entrepris et auquel il
donnait le litre de Poetica musicalis. Il y ex-
pliquait avec clarté, dit Bravusi, tous les pro-
cédés de l'art de la composition, les formes
nouvelles par lui-même inventées, l'usage ré-
gulierdes consonnancesetdes dissonances, les
licences, etc. Bravusi dit aussi que Vecchi a
laissé en manuscrit des messes, des psaumes,
des chants sacrés et profanes; mais, de tout
cela, l'édiloai'ri'a publié que le premier livre
des messes, et l'ouvrage suivant. 21° Dialoghi
a sette et otto voci. Del signor Horatio Vecchi
da Modona. Da cantarsi, et concertarsi con
ogni sorte di stromenti. Con la partitura
delli Bassi continuati. Novamente stam-
pali, et dati in luce; in Venetia, appresso
Angelo Gardano et fratelli. 1508.
La plupart des collections puisées dans les
œuvres des musiciens les plus célèbres, et pu-
bliées à la fin du seizième siècle ou au com-
mencement du dix-septième, contiennent des
chansons ou des madrigaux de Vecchi ; j'en ai
trouvé particulièrement dans les recueils sui-
vants : 1° Sinfonia angelica, di diversi
eccellentissimi musici a 4, 5 c6uon, nuova-
mente raccolta per Huberto TVaelrant c data
in luce; Anvers, P. Phalèse, 1594, in-4<.
2° Melodia Olimpica di diversi eccellentis-
simi musici, etc.; ibid. 1594, in-4° obi. 5° Ll
Lauro verde, madrigali a G voci, composti
da diversi eccellentissimi musici, etc.; ibid.,
1591, in-4° obi. 4° Ll Trionfo di Dori, des-
critlo da diversi et posto in musica da al-
treltanti autori a 6 voci; Venise, Gardane,
1596, in-4°; Anvers, P. Phalèse, 1601, in-4°
obi.; ibid., 1614, in-4° obi. 5° Madrigali
pastorali a 6 voci descritli da diversi, «
posli in musica da altreltranti musici; An-
vers, Phalèse, 1604, in- 4° obi. 6° De Ftoridi
virtuosi d'Ltalia ilterzo librodi madrigali
a 5 voci nuovamente composti et dati in
VECCHI - VEICHTNER
31!
luce; Venise, G. Vincenti, 158G, in -4°. 7° Le
Muse da diversi autori a 5 voci; dans le cin-
quième livre; Venise, Gardane, 1375. 8° Il
Trionfo di Musica a 6 voci. Lin. 1 ; Venise,
Scotlo, 1579. 9° Gli Jmorosi ardori a 5 voci;
Venise, Gardane, 1583. 10° Spoglia amorosa
a 5 voci; ibid., 1592.
YECCHI (Orff.o), prêtre, et mailre de
chapelle de l'église Sainte-Marie délia Scala, à
Milan, naquit dans cette ville, vers 1540, et
mourut en 1613. Il a publié vingt-quatre œu-
vres de messes, motels, psaumes et chansons
depuis quatre jusqu'à huit voix. On a de sa
composition, imprimé à Anvers : 1° Cantio-
nes sacrm sex vocum, lib. 3, 1003, in-4°.
2° Cantiones sacrx quinque vocum, lib. 1,
1010, in 4°. 3° Salmi intieri a cinque voci,
che si cantano allivespri nelle solennité de
lutto l'anno, con doui (sic) Magnificat, Falsi
Bordoniet le quattro Jntifone par la Com-
pléta. Nuovamente ristampati. In Milano
appresso Filippo Lomazzo, 1614, in-4°.
4° Motectorum quas in communi Sanclorum
quatuorvocum concin. Liber primus. Medio-
lani, par Ang. Trabatino, 1603. Les archi-
ves de musique de la cathédrale de Milan con-
tiennent les ouvrages d'Orfeo Vecchi dont
voici la liste : 1° Motets pour le commun des
Saints, à quatre voix avec partition; 2» cinq
livres de motels à cinq voix avec partition;
3° choix de madrigaux arrangés en motets à
cinq voix; 4° trois livres de motels à six voix,
dont le troisième avec partition; 5° sept
psaumes à six voix avec basse continue ; 6° un
livre de messes à quatre voix; 7° un idem à
cinq voix; 8° deux idem à cinq voix avec basse
continue; 9° messes, motets, psaumes, magni-
ficat et faux bourdons à huit; 10° vêpres en-
tières à cinq voix avec basse continue;
11° Magnificat des huit tons et à versets avec
basse continue; 12° faux-bourdons a quatre, cinq
et huit voix avec Magnificat à quatre et cinq,
et Te Deum avec basse continue ; 13° Hymnes
suivant l'usage romain avec les complies, les
antiennes et les litanies à quatre avec basse;
14° Hymnes suivant le rit ambrosien avec
basse.
VECCHI (Loreszo), prêtre attaché à
l'église métropolitaine de Bologne, et maî-
tre de chapelle, naquit dans cette ville, en
1566. Il a publié plusieurs œuvres de motels el^
de messes, qui ont été imprimés à Venise,
chez Gardane, en 1605 et 1607, in-4°. Je ne
connais que l'œuvre qui a pour litre : Misse a
otto voci libro 1°. Venise, Angelo Gardane,
1C05, in-4°.
VECOLI (Pierre), compositeur, né à Luc-
qucs,versle milieu du seizième siècle, fut atta-
ché à la chapelle des ducs de Savoie. On a
imprimé de sa composition : Madrigali a
cinque voci, Turin, 1581, in-4°.
VECOLI(Regolo), compositeur napolitain,
né dans la première moitié du seizième siècle,
parait avoir vécu quelque temps à Lyon. Il
a publié : 1° Canzonette alla napoletana a 5,
4, 5 et G voci, Venise, 1569, in -4°. 2° Madri-
gali a 5 voci} Lyon, Clément Baudin, 1577,
in-4° obi.
VEESENMEYER (Georges), théologien
allemand et savant littérateur, est mort à Ulm,
le 6 avril 1835. Au nombre de ses écrits, on
remarque une dissertation intitulée : Versuch
einer Geschichte des deulschen Kirchenge-
satiges in der Ulmischen Kirche (Essai d'une
histoire du chant évangélique allemand dans
l'église d'Ulm), Ulm, 1798, in-4° de douze
pages.
VEGGIO (Claude), contrepoinlisle italien,
vers le milieu du seizième siècle, a publié 11
primo libro di madrigali a 4 voci, con la
gionta de sei altri di Archadelt délia misura
a brève; Venise, Jérôme Scotto, 1540, réim-
primé dans la même ville en 1545, in-4° obi.
VEICIITIXEII (François-Adam), violo-
niste allemand et compositeur, naquit vraisem-
blablement en Prusse, vers 1745, et fut élève
de François Benda, à Potsdam. Ayant été
nommé maître de chapelle du duc de Cour-
lande, il obtint ensuite un congé pour voyager
en Italie, et brilla dans les concerts de Milan.
De retour à Millau, il y vécut jusqu'à l'époque
de la dissolution de la chapelle du duc, puis se
rendit à Pélersbourg, où il mourut. On a im-
primé de sa composition : 1° Quatre sympho-
nies pour deux violons, allô, basse, deux haut-
bois, deux bassons et deux cors, op. 1, Leip-
sick, Sommer (1770). 2° Symphonies russes à
huit parties, Leipsick, Harlknoch. 3° Concerto
pour violon principal, violons, alto, basse con-
tinue et basse de ripieno, ib. (1771). 4° Trois
quatuors pour deux violons, viole et basse,
op. 3, Pélersbourg (1802). 5° Vingt-quatre
fantaisies pour violon el basse, op. 7, lib. 1
et 2, Leipsick, Breilkopf et Haertel. 6° Vingt-
quatre sonates pour violon et basse, op. 8,
liv. 1, 2, 3, 4, ibid. 7° Air russe varié, suivi
d'un caprice, op. 9, ibid. Veichtnera laissé en
manuscrit : 1° La Transfiguration de Jésus-
Christ, oratorio à quatre voix et orchestre.
2° Hymne à Dieu, idem. 3° Céphale et Pro-
cris, cantate. 4° Deux divertissements pour
orchestre complet.
316
VEIT - YEN INI
VE1T (VVE>ZEi.-lFi;Mii), compositeur de
l'époque actuelle, est né le 19 janvier 180G, à
Kzepnilz, village de la Bohême. A six ans il
reçut les premières leçons de piano du maître
d'école du village; peu de temps après il fré-
quenta les cours du gymnase de Leilmeritz, et
continua en même temps avec zèle l'élude de
la musique. En 1821, son père l'envoya à
l'université de Prague; mais ayant perdu ses
parents, le jeune Veit se vit dans la nécessité
d'abandonner ses études et de donner des
leçons de musique pour vivre. Plus lard cepen-
dant il reprit ses coins de droit, et après avoir
subi les examens, il entra dans la magistra-
ture, en 1831. En 1841, il s'est fixé à Aix-la-
Chapelle cl y est devenu directeur de musique
d'une société de chœur. On a gravé de sa com-
position, à Prague : 1» Quintettes pour deux
violons, alto et deux violoncelles, op. 1 et 2.
2° Quatuors pour deux violons et deux violon-
celles, op. 3, A, 5, 7, 15. 3" Nocturne pour le
piano, op. G. 4" Polonaise idem, op. il,
5° Ave maris Stella, à (rois voix et orchestre,
op. 9. G0 Six quatuors pour quatre voix d'hom-
mes, op. 12. 7° Plusieurs cahiers de chants
avec accompagnement. Une ouverture de con-
cert de sa composition a été exécutée à Prague
en diverses circonstances, à Lcinsick, en 184l;
et à Cologne en 1844.
VELASCO (D. Francisco), musicien es-
pagnol du seizième siècle, fut nommé maî-
tre «le chapelle de la cathédrale de Santiago,
en 1578. Mais il ne jouit pas longtemps des
avantages de cette position, car il mourut au
commencement de 1579. Ce maître a laissé en
manuscrit «les messes, des motets et des vil-
hancicos on chants de Noël.
VELASCO (Nicoias-Diaz), musicien au
service du roi d'Espagne Philippe IV, vers le
milieu du dix-septième siècle, a publié un
syslème de tablature pour la guitare, sous ce
titre : Nuevo modo de cifra para taner la
guitarra con variedad y perfection, etc ,
Naples, Égide Longo, 1G40, in 4".
VELLA (P. DA), violoniste et composi-
teur, né à Malte, vécut à Paris vers le milieu
du dix-huitième siècle, et y publia : 1° Six
trios pour deux violons et basse, op. 1 (1768).
2" Six quatuors pour trois violons et basse.
VELLUTI (Jean-Baptiste), le dernier so-
pranisle célèbre de l'Italie, naquit à Monte-
rone, dans la Marche d'Ancône, en 1781. Il
était âgé de quatorze ans lorsque l'abbé Calpi,
maître de chant à Ravenne, se chargea de son
éducation musicale et le prit dans sa maison
pour surveiller ses études. Après six années
d'exercices de solfège et de vocalisation, Vel-
Inti commença sa carrière théâtrale, dans
l'automne de 1800, à Forli, et la continua
pendant deux ou trois ans sur les petits
théâtres de la Romagne. Arrivé à Rome, au
carnaval de 1805, il y fit admirer la beauté de
sa voix et l'expression de son chant dans la
Selvaggia, deNicolini. Deux ans après, il re-
tourna dans la même ville et se fit la réputa-
tion de premier chanteur de son époque
dans le Trajano, du même compositeur. A
l'automne de 1807, il fut appelé au théâtre
Saint-Charles de Naples, et y fit une vive sen-
sation. Pendant le carnaval et le carême de
1809, il brilla à la Scala de Milan, dans le
Coriolano , de Nicolini, et dans VJfigenia in
Aulide, de Federici.Delà il alla à Turin, puis
retourna à Milan, en 1810, et fut engagé poul-
ie théâtre de Vienne, en 1812. De retour en
Italie, il chanta à Venise avec un succès pro-
digieux, puis reparutà Milan, en 1814, dans le
Quinto Fabio de Nicolini, avec la Correa et
David. Dans les années 1825 et 182G, il chanta
au théâtre du Roi, à Londres, et eut, pour
chaque saison de cinq mois, un traitement de
2,300 livres sterling (environ 57 mille francs).
En 1829, il fit un second voyage en Angle-
terre; mais sa voix ayant perdu son éclat, il
n'y trouva pas d'engagement; depuis lors il
s'est retiré dans sa patrie, où il est mort dans
les premiers jours de février 1861, à l'âge de
quatre-vingts ans.
VEIVE(JAS (Louis), né à Hinestrosa, dans
la Castille, a écrit un traité de tablature et de
composition, intitulé : Traltado de Cifra
nueva para tecla, harpa y viguela, canto
liant), de organo, y contrapunto ; Alcala de
llenarez, 1557, in-fol.
VEINEUI (Grégoire), compositeur, né à
Rome, vers le milieu du seizième siècle, fit ses
études musicales dans celte ville. Il s'est fait
connaître par un œuvre qui a pour titre : Ar-
monia di f'enere. Madrigali a 5 voci, ed in
fine due, con un Eco a 8 voci; Bracciano,
per Andréa Fei (sans date).
VEINI^I (l'abbé François), né en 1738,
sur les bords du lac de Como, près de celts
ville, entra d'abord dans la congrégation des
frères de la doctrine chrétienne, et enseigna
les mathématiques à Parme dans leur institut;
mais il en sortit ensuite, et se rendit à Aix,
qù il fut attaché à l'évéché, en qualité d'abbé
séculier. Les événements de la révolution
ayant obligé Venini à retourner en Italie, il se
fixa à Milan, et y fut nommé membre de
l'Académie des sciences de l'Institut du
VENIN1 — VENTÔ
3n
royaume d'Italie. Il mourut dans celle ville,
«?n 1820, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. On
a de ce savant un écrit intitulé : Dissertazione
sui principii dell' armonia musicale e
poetica, e sulta loro applicazione alla leoria
e alla pralica délia versi/icazione ilaliana;
Parigi, Molini, 1784, gr. in-8" de cent
soixante-cinq pages. Le même libraire a pu-
blié une deuxième édition de cet écrit, en
1798, sans nom de lieu et sans date, gr. in 8°.
Ce bon ouvrage est divisé en cinq chapitres;
les deux premiers ont été réimprimés dans les
Opuscoli scelti di Milano (l. IX, p. 132-159),
sous le titre : Dell' armonia musicale.
VENOUSE (le prince de). Foyez GE-
SUALDO (Charles).
\E]\SKY (Georges), docteur en théologie
et recteur à Bunzlau, naquit à Gommern
(Saxe), au commencement du dix-huitième
siècle. Amateur de musique distingué, il fut
membre de la société de Mizler {voyez ce
nom), et fournit à l'écrit périodique de celui-
ci, intitulé Bibliothèque musicale (Musika-
lisch Biidiolhek), deux dissertations concer-
nant la musique et la notation des Hébreux
t. III, p. fiOO-084).
VENTO (Ivo DE), musicien espagnol, fut
attaché au service du duc Guillaume de Ba-
vière, et vécut à Munich, dans la seconde
moilié du seizième siècle. Massimo Trojano
dit (1 ) que cet artiste était troisième organiste
de la cour de Bavière, en 1508, et qu'il alter-
nait par semaine, pour son service, avec ses
collègues Ciuseppe, de Lucques, et Jean-
Baptiste Marsolino. Il ne vivait plus en 1593,
ou il avait obtenu sa retraite, car il ne ligure
plus dans l'étal des artistes de la chapelle du-
cale deMunich dressé dans cette même année.
Sa dernière publication est de 1591. Les œuvres
connues d'Ivo de Vento sont : 1° Canliones
sacra; seu Moltectx quatuor vocum; Munich,
Adam Berg, 15C9, in-4° obi. 2° Latinx Can-
tiones, quas vulgo Molecla vocant, quinque
vocum, suavissima melodia, etiam insi.ru-
mentis musicis atlemperalx ; nunc primum
in lucem editx; Monachii, per Jdamum
Berg, 1570, in-4" obi. 5° Nevoe teulsche
Lieder mit 4, 5 und fi Stimmen; Munich,
Adam Berg, 1570, in-4° obi. 3° (bis) Teulsche
Lieder von 4 Stimmen, nebst zwey Dialogis,
einem vonS und den andem vonl Stimmen
(Chansons allemandes à quatre voix, avec
deux dialogues dont un à huit voix et l'autre à
(I) Discorsi délit irionfî, giostre, apparaît, etc., p. 66,
Voyei Tbojaivo,
sept); ibid., 1571, in 4° obi. 4° Neue teulsche
Lieder mit drey Stimmen, lieblich zu
singen, und auf allerley Instrumenten zu
gebrauchen (Nouvelles chansons allemandes à
trois voix, agréables à chanter et à jouer sur
toute espèce d'instruments); ibid., 1572,
in-4° obi. 0° Neue teulsche Lieder mit drey
Stimmen ivelche lieblich zu singen und auf
allerley instrumenten zu gebrauchen (Nou-
velles chansons allemandes à trois voix, les-
quelles sont agréables à chauler et à jouer sur
toutes sortes d'instruments); ibid., 1573, in-4?
obi. 7" Muleta? aliquot sucra? quatuor vocum,
qux cum vivx voci, tum omnis generis in-
str timent is musicis commodâsime applicari
possunt; ibid., 1574, in-4" obi. 8" Teulsche
Liedlein mit drey Stimmen zu singen und
zu gebrauche auf allerley instrumenten
(Petites chansons allemandes à trois voix etc.):
ibid., 1570, in-4" obi. 9° Cinq motets, deux
madrigaux, deux chansons françaises et quatre
chansons allemandes, à cinq et à huit voix;
*'6à/.;157G, in-4°obl. \Qa Neue teulsche geist-
liche und weltliche Lieder mit fiinf Stim-
men, zu singen, etc. (Nouvelles chansons
allemandes, spirituelles et mondaines, pour
chanter à cinq voix, etc.); ibid., 1582, in-4»
obi. 11° Neive teulsche Lieder mit drey
Stimmen (Nouvelles chansons allemandes à
trois voix); ibid., 1591, in-4" obi.
VENTO (Matthias), compositeur, né à
Naples, en 1739, lit ses éludes musicales au
conservatoire de Lorelo, et commença sa ré-
putation par les opéras suivants : 1° Il Bacio.
2° La Conquista del Messico.ô'> Demofoonte.
4" Sofonisba, et 5" La Vestale. Appelé à
Londres, en 1703, il y publia de la musique de
clavecin el des canzoneltes italiennes qui eu-
rent du succès. En 1771, il écrivit Arlaserse,
pour la société harmonique (Harmonie mee-
ting), établie en opposition à l'Opéra et di-
rigée par Giardini : cet ouvrage ne réussit
pas. Vento gagnait beaucoup d'argent et vivait
avec beaucoup de parcimonie, ce qui fil croire
qu'il était riche; cependant lorsqu'il mourut,
en 1777, on ne put rien trouver de ce qu'il
avait amassé, et sa femme ainsi que sa mère
n'eurent d'autre ressource, pour vivre, que le
travail de leurs mains. On a gravé de la com-
position de Vento à Paris et à Londres : 1° Six
trios pour deux violons el basse, op. 1 . 2° Six
trios pour clavecin, op, 2. 3" Six sonales pour
clavecin, op. 4. 4° Six trios pour clavecin,
violon cl violoncelle, op. 5. 5" Six idem, op. 0.
G° Six idem, op. 7. 7° Six idem, op. 8. 8° Six
idem, op. 9. 9" Six idem, op. 12. 10" Six can-
818
VEiNTO - VERAC1NI
zoneltes italiennes pour une et deux voix,
op. 3. 11° Six idem. op. 10.
VENTUUELLI (Joseph), compositeur et
organiste, naquit à Rubiera dans le duché de
Modène, en 1711, et mourut à Modène, le
ôl mai 1775, à l'âge de soixante-quatre ans.
Riccardo Broschi (voyez ce nom) avait été son
maître de contrepoint. Devenu habile dans
l'art d'écrire, Venlurelli composa, à l'âge de
vingt-deux ans, une messe àqualre voix avec
instruments, qui fut exécutée en 1733 dans la
cathédrale de Modène et commença sa réputa-
tion. Toutefois, plussavanlmusicienqu'homme
de génie, il échoua bientôt après dans l'entre-
prise d'un Slqfrat Mater à trois voix avec
instruments, qu'il croyait destiné à balancer
la renommée de celui de Pergolèse et qui ne
réussit pas; ce qui n'empêcha pas que le duc
Rinaldo le chargea de mettre en musique
La Passione di Gesu Cristo, de Métastase, -à
quatre voix et instruments. Cet ouvrage fut
exécuté à la cour en 1755. En 1741, Venlu-
relli fit représenter au théâtre de Jlodène
l'opéra bouffe intitulé : II Matrimonio dis-
graziato. Il y donna aussi, en 1755, La Mo-
glie alla moda, intermède à deux personnages
dans la forme alors en vogue. Cet artiste a
laissé en manuscrit un grand nombre d'airs
écrits pour être introduits dans divers opéras,
beaucoupde psaumes, Hymnes, Tantum ergo,
motels, messes, cantates, symphonies et con-
certos pour divers instruments. En 1774, un
an avant sa mort, il voulut tenler un nouvel
essai de lutte avec le génie de Pergolèse, et.
écrivit un second Stabal Mater à trois voix et
instruments, qui fut plus malheureux encore
que le premier.
VEIMJA(Frf.déric-Marc-Antoine), violo-
niste et compositeur, né à Paris en 1788, d'une
famille italienne, commença l'étude de la mu-
sique dès ses premières années. En 1800, il
fut admis au Conservatoire de cette ville
comme élève de Baillot, pour le violon. Le dé-
part de cet artiste célèbre pour la Russie ayant
laissé son élève abandonné à lui-même, les
parents de M. Venua profilèrent des relations
rétablies entre la France et l'Angleterre par la
courte paix d'Amiens, et allèrent se fixer à
Londres en 1803. Leur fils y reçut des leçons
de composition de son compatriote Lanza
(voyez ce nom), et eut quelques conseils de
Wintcr. Devenu chef d'orchestre pour les bal-
lets au théâtre du Roi, à Londres, M. Venua
lut chargé de la composition de la musique des
pièces de ce genre et resta en possession de
cet emploi pendant une longue suite d'années.
Au nombre de ses ouvrages, on remarque le
ballet de Flore et Zéphire (de Didelot), qui fut
joué à l'Opéra de Paris en 181G, et obtint un
succès de vogue pendant plusieurs années.
M. Venua n'a cessé d'habiter Londres pendant
environ soixante ans et y a joui de beaucoup
d'estime.
VÉN Y (Auguste), né le 30 septembre 1801
à Méru (département de l'Oise), fut admis au
Conservatoire de Paris, le 12 avril 1816,
comme élève de M. Vogt pour le hautbois, et
fit, sous la direction de M. Barbereau, des
études de contrepoint et de fugue. En 1818, il
obtint au concours le second prix de haut-
bois; le premier ne lui fut pas décerné, quoi-
qu'il soit resté dans la classe de son pro-
fesseur jusqu'en 1823. En 1819, il entra à
l'orchestre de l'Opéra italien en qualité de
second hautbois, et en 1822 il passa à celui de
l'Opéra dans la même position : il y resta jus-
qu'en 1842, où il prit sa retraite. Cet artiste
s'est particulièrement distingué par la manière
déjouer le cor anglais, dont il avait fait une
étude spéciale. On a de lui deux livres de mé-
langes pour hautbois et piano concertants,
sous le titre de Souvenirs des Bouffes; Paris,
Henri Lemoine. Il a publié aussi une Fantai-
sie pour hautbois et piano sur des thèmes de
Richard, ibid.; Fantaisie sur le Roid'Yvetot;
Paris, Meissonnier; et Fantaisie pour haut-
bois ou cor anglais et piano sur les thèmes
de Régine ; Paris, Brandus.
VER ACINI (Antoine), violoniste, né à Flo-
rence, vers le milieu du dix-septième siècle, a
publié de sa composition : 1° Sonate a tre, due
violini e violone, o arciliuto col basso conti-
nuo per l'organo; op. 1, Florence, 1062; cet
ouvrage a été réimprimé à Amsterdam chez
Roger, in-4° obi. 2° Sonate da Chiesa a vio-
lino e violoncello o basso continuo, op. 2j
Amsterdam, Roger. 3° Sonate da caméra a
due violini e violone, o arciliuto col basso
continuo per cembalo, op. 3, ibid.
VERACINI (François-Marie), neveu du
précédent et son élève, fut considéré en Italie
comme le plus habile violoniste de son temps,
après la mort de Corelli. Il naquit à Florence
vers l'année 1685. A l'âge de vingt-neuf ans,
il se rendit à Venise et s'y fit entendre avec un
si brillant succès, que Tarlini, désespérant de
lutter contre lui avec quelque avantage, se
relira à Ancône, pour s'y livrer à de nouvelles
éludes (voyez Tartini). Dans la même année
(1714), Veracini fit un premier voyage à Lon-
dres et yjouadans les enlr'acies de l'Opéra. Il
y fit la plus vive sensation, et y vécut pendant
VERACIM - VERDELOT
319
deux ans considéré comme un prodige d'habi-
lelé. Arrivé à Dresde en 1720, il obtint les
titres de compositeur et de virtuose de la mu-
sique particulière du roi de Pologne. Malheu-
reusement son orgueil, égal à son talent,
blessa dans plusieurs occasions l'amour-propre
des artistes de celte musique, particulièrement
dePisendel, maître de concerts du roi. Celui-
ci résolut de se venger, et fit étudier avec soin
un de ses concertos par un des plus médiocres
violonistes de l'orchestre, jusqu'à ce qu'il le
jouât parfaitement; puis, suivant l'usage de
celle époque, il porta, devant le roi, le défi à
Veracini de jouer ce concerto à première vue.
Le virtuose se lira honorablement de cette
épreuve, mais le ripiéniste le joua après lui
avec la sûreté et le fini qu'on ne peut avoir
dans un solo qu'après l'avoir étudié. L'humi-
liation que Veracini en éprouva fut si vive, qu'il
tomba sérieusement malade. Dans un accès de
• de fièvre chaude, il se jeta parla fenêtre de sa
chambre, le 15 août 1722, et fut assez heureux
pour ne se casser que la jambe. Après sa gué-
rison, il s'éloigna de Dresde, et se rendit à
Prague, où il entra au service du comte de
Kinsky. Après un long séjour en Bohème, il
alla de nouveau en Angleterre, et donna des
concerts à Londres, en 1750; mais il n'y eut
plus le même succès. On lui trouva le style
vieux, et la comparaison de son talent avec
celui de Geminiani ne lui fut pas favorable.
De retour en Italie, en 1747, il se retira près
de Pise, dans une modeste demeure, et y mou-
rut vers 1750. On a gravé à Dresde et à Ams-
terdam deux recueils de douze sonates pour
violon et basse de sa composition. Il a laissé
aussi en manuscrit quelques coucerlos, et des
symphonies pour deux violons, viole, violon-
celle et basse continue pour le clavecin.
VERBONNET, musicien vraisemblement
belge, de la fin du quinzième siècle et du com-
mencement du seizième, fut élève de Jean
Okeghem, ainsi que nous l'apprennent ces
vers de Guillaume Crétin (voyez Okeghem),
dont Guillaume Crespel a fait une déploration
m musique :
Agricola, Verbonnet, Prioris,
Josquin Desprez, Gaspar, Brumel, Compère,
Ne parlez plus de joyeux cliantz ne ris,
Mais composez ung Ne recorderis,
Tour lamenter nostre maistre et bon père.
Le nom de Verbonnet ne serait connu que par
ces vers, et l'on ne saurait rien de son mérite,
si un morceau de sa composition, à quatre
voix, n'avait été conservé dans le rarissime
recueil qui a pour titre : Sekctissim& nec j
non familiarissimaB Cantiones tdtra cen-
turn, etc.. à sex usque ad duas voees; Au-
guste Findelicorum, Melchior Kriesstein
excudebat, 1540, petit in-8» obi.
"VEKDELOT (Philippe), compositeur
belge, né vers la fin du quinzième siècle, avait
déjà de la célébrité en Italie, dès 1526, puis-
que, dans celle même année, parut à Rome,
chez Jacques Junte, un recueil dont il sera
pat lé plus loin, lequel contient un motet à
quatre voix de cet artiste. En France, il était
également renommé avant 1530, car Pierre
Altaingnant mit à celte époque quelques-unes
des compositions de Verdelot dans ses recueils
de motels et de chansons des plus célèbres mu-
siciens qui vécurent sous le règne de Fran-
çois Ier. On n'a que des renseignements
insuffisants sur les emplois de ce musicien,
jusqu'au moment où cette notice est écrite.
M. Caffi (Storia délia musica sacra nella
già Cappella ducale di San Marco, etc., t. II,
p. 31) dit qu'il a trouvé son nom dans la liste
des simples chanteurs de la cathédrale de
Venise. Suivant Vasari (Vie des peintres),
Verdelot aurait été maître de chapelle de la
seigneurie de Venise; mais il ne le fut jamais.
Guicciardini le place, dans sa Description des
Pays-Bas, au nombre des artistes belges qui
avaient cessé de vivre en 15G7. Verdelot a vécu
à Florence, au moins pendant un certain
temps, car Cosme Barloli dit de lui, dans ses
Eagionamenti academici sopra alcuni luoghi
difficili di Dante (lib. III, fol. 50) : « ... Et
» déjà vous savez qu'à Florence Verdelot élait
» mon grand ami. Je désirerais dire de lui, si
» je n'étais retenu par l'amitié qui nous unis-
» sait, qu'il y eut, comme véritablement il
» y a, une infinité de ses compositions de mu-
» siqlie qui, aujourd'hui encore, font nailre
» l'admiration des compositeurs les plus expé-
» rimenlés (1). » Mais si le séjour de Verde-
lot à Florence, vers 1550-1540, n'esl pas dou-
teux, il n'en est pas de même à l'égard de la
position qu'il y occupa. On ne trouve aucune
menlion de lui dans les livres de Poccianti
ctdeNegri sur les écrivains florentins. Zar-
lino, Pierre Ponzio et Vincent Galileo ne
parlent de Verdelol qu'avec la plus grande
estime; ce dernier lui donne la qualification
d'excellent, dans son Fronimo, et y reproduit
deux morceaux tirés de ses oeuvres et ar-
(I) Et già sapete che in Firenze Verdelotlo era
mio amicissimo del quale io arclirci di dire , se io non
avessi rispetto alla amicitia, che liavevano insieme, elle
ci fussino, corne in vero ci sono, infiniti composizioni di
musica, clie ancor Iioggi fanno miravigliare i piu giudi-
ziosi conijiosilori clic si sierio.
320
VERDELOT
rangés en tablature «le luth; mais aucun
•le ces auteurs ne fournit de renseignements
sur la situation dans laquelle vécut en Italie
le célèbre musicien belge.
Les recueils de compositions de cet artiste
sont devenus fort rares, cl ce qu'on en trouve
est presque toujours incomplet de quelque
voix, quoiqu'il en ait été fait de nombreuses
éditions qui prouvent la vogue dont ces ouvra-
ges ont joui, et l'usage universel qu'on en a
l'ail. Il existe, sans aucun doute, des éditions
des madrigaux à quatre ou cinq voix deYer-
ilelot antérieures à 1530, mais on n'en trouve
de (race dans aucun catalogue venu à ma con-
naissance. L'exislence de ces éditions est dé-
montrée par un livre de tablature de lutb qui
se trouve à la Bibliothèque impériale de Vienne
et qui a pour litre : Intuvolalura de li Madri-
fjalidi Verdelollo da cantare et sonare nel
litilo } inlavolati per Messer Adriano, nova-
menlestampalo; sans nom de ville, mais avec
la date de 153G et les initiales 0. S. M. (Octa-
vienScotto de Monza, imprimeur de musique
à Venise, Voyez Scotto). Il est évident que
cette tablature n'a élé faite qu'après la publi-
cation des madrigaux de Verdelot, pour les
voix. Les plus anciennes éditions connues au-
jourd'hui sont celles-ci : 1° Verdelotlo, Ma-
drigali à 4 voci. In Venelia,par Oltaviano
Scotto, 1537, in-4" obi. (on en trouve un
exemplaire à la bibliothèque du Conservatoire
de Bologne). 2° Il secondo libro de Madriguli
di Verdelotlo insicme con aîcuni altri bellis-
simi Madrigali di Adriano (Willacrl) et di
Conslanlio Fcsta. Sans nom de lieu, 1537. Ce
recueil contient vingt-cinq madrigaux. Il esta
la Bibliothèque royale de Munich. 5° II terzo
libro di Madrigali di Verdelollo. Sans nom
de lieu, 1537 (à la même bibliothèque). 4" Dci
Madrigali di Verdelollo et d'altri autori
a cinque voci libro secondo. Sans nom de
lieu, 1538 (vingt-deux madrigaux. A la même
bibliothèque). Bien queces recueils soient sans
nom de ville, les caractères de musique sont
évidemment ceux dont s'est servi à Venise
Oltaviano Scollo, et l'on ne peut douter qu'ils
ne soient sortis de ses presses. 5° Verdelot.
La pin divina et piu bella musica , cite
se udisse giamai delli presenti Madrigali a
sei voci. Composli per lo ecccllenlissimo
Verdelot, et altri musici, non più stampali,
et con ogni diligenlia correlti. Novamente
posti in luce. 154 1 . Venetiis, apud Ant. Gar-
dane, petit in-4" obi. (trente et un madri-
gaux).G" Le dotte et eccellenlissime composi-
tion) dei Madrigali di Verdelot, a cinque
voci, et da diversipcrfeltissimi musici fatle,
Novamente ristampate, et con ogni diligen-
lia carrelle. Excudebat Venctiis, apud Ant.
Gardane, 1541, petit in-4" obi. (quarante-
trois madrigaux). 7° Di Verdelot tutti li
Madrigali ciel primo et secondo libro, a quat-
tro voci. Novamente ristampali , et da
molli errori emendati. Con la giunta dei
Madrigali a cinque voci dei medesimo au-
lore. Aggiunlovi ancora altri Madrigali
novamente composa da Messer Adriano
(Willaerl); et de altri eccellentissimi mu-*
sici. Venetiis , apud Antonium Gardane,
1541. Petit in-4° obi. (soixante-huit madri-
gaux). Une autre édition des deux pre-
miers livres de madrigaux à quatre voix de
Verdelot avec les madrigaux à cinq voix avait
élé publiée en 1540 chez Jérôme Scotto, à Ve-
nise, sous un litre exactement semblable.
8° Verdelot. A qualtro voci. Venetiis, apud
Ant. Gardane, 1541. Petit in-4" obi. (trente-
six madrigaux; c'est un choix de pièces des
deux premiers livres à quatre voix). 9° Ma-
drigali di diversi autori. Venclia appresso
Antonio Gardane, 154G, petit in-4" obi. Ce
recueil n'est qu'une nouvelle édition du n° 5,
quoique l'imprimeur n'ait pas mis au fronti-
spice nuovamenle ristampati. Le même édi-
teuren a donné une troisième édition en J 5G I j,
in-4° obi. Antoine Gardane a donné aussi de
nouvelles éditions des deux premiers livres de
madrigaux à quatre voix de Verdelot, en 155Get
15G0. Il y a enfin une édition des mêmes livres
réunis sous ce litre : Tiilti li Madrigali dei
Verdelot a 4 voci, correlti da Claudio da
Corrcgio. Venetia, presso Claudio daCor-
reggio, 15GG, in-4". 10" Philippi ïerdeloli
Electiones diversorumMottetlorum distincts
quatuor vocibus, nunc primum in lucem
missx. Et quorundam musicantium alio-
rum Medilationes musices dulcissimœ.
Venetiis, apud Antonium Gardunum, 1549,
in-4" obi. Ce recueil de motels de Verdelot est
le seul que je connaisse, quoiqu'il en ait écrit
un grand nombre répandus dans les recueils
publiés en Fiance, en Belgique, en Italie et
en Allemagne. Parmi ces recueils, on remarque
ceux-ci : 1° Motettidel Fiore. Primus Liber
cum quatuor vocibus. Impressum Lugduni
per Jacobum Modernum de Pinguenlo, 1532,
in-4°. — 2° Idem. Liber secundus quatuor
vocibus. Sans nom de lieu et sans date (Lyon,
Jacques Moderne, 1535). — 5° Liber primus,
quinque et viginli musicales quatuor vocum
Motetos complectitur. Purisiis, apud Petrum
Altaingnantj 1534. — 4° Liber secundus:
VERDELOT - VERDÎ
sa
quatuor et viginti musicales quatuor vocum
Moletos habet; ibid., 1554. — 5° Liber tertius
viginti musicales quinque, sexvel octovocum
motetos habet; ibid., 1534. — G0 Liber quar-
tus: XXIX musicales quatuor vel quinque
parium vocummodulos habet; ibid., 1554. —
7° Liber decimus : Passiones Dominice in
Ramis palmarum, veneris sancte; nec non
lectiones feriarum quinte, sexte ac sabbati
hebdomade sancte ; ibid., 1554. — 8° Liber
undecimus. XXVI musicales habet modulos
quatuor et quinque vocibus edilos; ibid.,
1554. — 9° IVovum et insigne opus musicum
sex, quinque et quatuor vocum, etc. ; Nori-
bergx, arte Hieronymi Graphei, 1537. —
1Q°Selectissimarum Motetarum partimquin-
que, partim quatuor vocum. Tomusprimus.
D. Georgio Forstero selectore Imprimebat
Peireius Norimbergx, 1540. — 11° Evan-
gelia Dominicorum festorum dierummusicis
numeris pulcherrime cotnpreliensaetornata.
Tomi sex. Noribergœ in ofjicina Johannis
Montant et Ulrici Neuberi, 1554, iu-4°obl.
— 12° Psahnorum selectorum a prœstan-
tissimis hujus noslri temporis in arte musica
artificibus in harmonia quatuor, quinque
et sex vocum redactorum; ibid., 1555, Tomi
quatuor. — 13° Le neufvième livre auquel
sont contenues trente et huyt chansons musi-
cales à quatre parties nouvellement impri-
mées, à Paris, par Pierre Attaignant , 1529,
in-8° obi. La collection de musique d'anciens
auteurs en partition qui se trouve à la biblio-
thèque du Conservatoire de Paris, sous le nom
de Collection Eler , renferme un motet à cinq
voix du même auteur (Si bona suscepimus),
et le canon à huit voix : Qui dira la peine.
On trouve des messes de Verdelol dans le
volume 38e des archives de la chapelle pontifi-
cale de Rome, en manuscrit. Un motet à quatre
voixdece musicien (Tanlo tempore vobiscum)
est contenu dans un beau manuscrit de la
bibliothèque de Cambrai, coté 124. On trouve
aussi le nom de Verdelot avec son prénom dans
une collection qui a pour titre : Le dixiesme
livre des chansons à quatre parties contenant
la bataille de Clément Jannequin, avecq la
cinquiesme partie de Philippe Verdelot si
placet, et deux chasses de lièvre à quatre
parties et le chant des oiseaux à trois. Impri-
mées à Anvers par Tilman Susalo, imprimeur
et correcteur de musique, demeurant auprès
de la Nouvelle Bourse, l'an 1545, in-4°. Une
messe de Verdelot à quatre voix, intitulée
Philomena, se trouve dans un recueil qui a
pour litre: Missarum quinque liber primus,
BlOCn. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
cum quatuor vocibus ex diversis authoribus
excellentissimis noviterin unum conge»tus.
Venetiis, apud Hieronymum Scotum, 1544.
VERDI(Joseph), compositeur dramatique,
est né le 9 octobre 1814, à Busseto, bourg du
duché de Parme, à six lieues environ de cette
ville, et autant de Plaisance. Un organiste de
cette localité, nommé Provesi, lui donna les
premières leçons de musique et l'initia aux
éléments de l'harmonie. Après quelques
années employées en essais de composition, où
son instinct avait plus de part que l'insuffisant
enseignement de son professeur, Verdi com-
prit la nécessité d'une instruction plus solide,
dont il n'espérait trouver la source que dans
une grande ville; mais né d'une famille peu
aisée, il ne pouvait obtenir d'elle les ressources
nécessaires pour y vivre pendant le temps de
ses études. Cependant il touchait à sa dix-neu-
vième année, et il n'y avait pas de temps à
perdre pour atteindre son but. Ce fut alors
qu'un de ses concitoyens, M. Antonio Barezzi,
persuadé qu'il y avait dans ce jeune homme
une célébrité future, lui offrit de pourvoir à
son entretien jusqu'au moment où lui-même
se créerait des moyens d'existence par son ta-
lent. Touché de cette offre généreuse, Verdi
accepta avec reconnaissance et se rendit à
Milan, où il arriva dans l'été de 1833.11 s'était
proposé d'entrer au Conservatoire de cette
ville ; mais il n'y fut pas admis. On a pris plus
tard occasion de cette circonstance pour faire
unedeces sorties si fréquentes contre les con-
servatoires et les écoles; car cette niaiserie est
un des lieux communs de la critique vul-
gaire. Ceux qui ont intenté ce procès au Con-
servatoire de Milan ignorent que son chef était
alors Francesco Basili, un des derniers
maîtres produits par la grande école du dix-
huitième siècle, et artiste de grande valeur
(voyez Basili). Il est à peu près certain que
Basili chercha dans l'aspect de Verdi quelque
indication de ses facultés d'artiste; car c'est
par là qu'un chef d'école peut, dans la plupart
des cas, apprécier les chances d'avenir d'un
élève aspirant : or pour quiconque a vu l'au-
teur de Rigoletto etd'î7 Trovalore, ou seule-
ment son portrait, il est évident que jamais
physionomie de compositeur ne fut moins ré-
vélatrice du talent. Cet extérieur glacé, cette
impassibilité des traits et de l'attitude, ces
lèvres minces, cet ensemble d'acier, peuvent
bien indiquer l'intelligence; un diplomate
pourrait être caché là-dessous; mais personne
n'y pourrait découvrir ces mouvements pas-
sionnés de l'âme qui, seuls, président à la
21
322
VERDI
création des belles œuvres du plus émouvant
des arts. N'ayant pas été reçu dans les classes
d'harmonie et de composition du Conserva-
toire, Verdi choisit pour maître Lavigna
(voyez ce nom), alors maestro al cembalo du
théâtre de la Scala. Comme la plupart des
maîtres -de cette époque, Lavigna avait une
méthode d'enseignement toute pratique: il fai-
sait écrire par son élève des morceaux sur divers
sujets, et il se bornait à en corriger les fautes.
Après trois années d'études de ce genre, Verdi
écrivit de la musique de piano, des marches et
pas redoublés pour musique militaire, des ou-
vertures (sinfonie), des sérénades, des cantates,
des morceaux de chant, un Stabat Mater et
quelques autres morceaux de musique reli-
gieuse : tout cela est resté inédit.
Le début de sa carrière de compositeur dra-
matique se fit le 17 novembre 1839, au théâtre
de la Scala de Milan, par Oberto conte di San
Boni fazio, opéra rempli de réminiscences des
ouvrages de Bellini, particulièrement de la
Norma, et en général mal écrit, mais où il y
avait quelques bonnes choses empreintes de
caractère dramatique, entre autres un
quatuor au second acte, qui décida le succès de
l'ouvrage. Dans ce morceau même, il y a bien
des maladresses d'écolier, par exemple des
successions d'accords parfaits majeurs mon-
tant d'un degré, où se trouvent réunies toutes
les fautes de tonalité qu'on puisse accumuler;
mais le sentiment est énergique et l'effet scé-
nique entraînant : il n'en faut pas davantage
pour le public qui n'entend rien aux finesses
de l'art. Un Giorno di regno, traduit du vau-
deville français Le faux Stanislas, fut le
second opéra écrit par Verdi. Représenté
au théâtre de la Scala, au mois de dé-
cembre 1840, il tomba et ne fut donné qu'une
fois. Le correspondant de la Gazette géné-
rale de musique de Leipsick, rendant un
compte sommaire de cet ouvrage, le définit un
bazar de réminiscences. Après le naufrage
de cette partition, Verdi éprouva un moment
de découragement; cependant il accepta du
poêle Solera le livret de Nabucodonosor , qui
venait d'être refusé par Nicolaï, de Berlin,
dont le Templario avait obtenu récemment de
brillants succès à Turin, à Gênes et à Milan.
Représenté au mois de mars 1842, Nabucodo-
nosor répara brillamment l'échec d'î/n
Giorno di regno : il fut le premier fondement
de la renommée de l'artiste. Un certain carac-
tère grandiose se fait remarquer dans cet ou -
vrage. Quand je l'entendis à Paris, où Ron-
coni se montrait excellent dans le rôle
principal, je crus à l'avenir du jeune compo-
siteur, en dépit des réminiscences de formes et
d'idées prises çà et là, surtout dans Rossini et
Donizetli, et de certaines vulgarités dans les
cabaleltes. Les choses originales, véritable-
ment trouvées, n'y sont pas abondantes; mais
j'y trouvais assez d'heureux effets d'opposi-
tion de rhylhmes et de coloris, pour espérer
d'un compositeur de vingt-huit ans des con-
ceptions plus complètes, lorsque l'expérience
aurait développé, fortifié ses qualités person-
nelles. Après le Nabucodonosor vint l'opéra
/ Lombardi alla prima Crociata, représenté
à Milan au mois de février 1843. Le succès eut
encore plus d'éclat que celui de l'ouvrage pré-
cédent. Les mêmes qualités, les mêmes défauts
s'y trouvent à peu près dans les mêmes
proportions; cependant il y a dans les Lom-
bardi quelques morceaux d'une touche plus
ferme que dans l'autre, particulièrement le
trio final Quai voluttà trascorrere, qui a
toujours fait naître l'enthousiasme des specta-
teurs italiens. L'Ernani, qui succéda aux
Lombardi, fut représenté à Venise, dans le
mois de mars 1844. C'est un des ouvrages du
maître travaillés avec les soins les plus minu-
tieux etdans lesquels son intelligencede l'effet
scénique s'est manifestée de la manière la plus
évidente. Le charme y est absent, comme dans
ses productions précédentes, mais la force
dramatique n'y fait pas défaut; elle y tombe
même dans l'exagération qui est inhérente à
sa manière, et l'on y sent une certaine ten-
dance violente et révolutionnaire qui répond à
la disposition des esprits en Italie à l'époque
où l'ouvrage fut produit. De là le succès géné-
ral A%Ernani sur les scènes delà Péninsule;
succès que celte partition ne trouva pas alors
dans le reste de l'Europe.
Inférieur à YEmani, le drame musical
/ due Foscari, représenté au théâtre Argen-
tina de Rome au mois de novembre 1844, fut
froidement accueilli. Il se releva plus tard et
fut joué sur la plupart des scènes italiennes,
mais sans faire naître jamais de bien vives
sympathies. Cet opéra fut, pour Verdi, le com-
mencement d'une phase peu fortunée dans sa
carrière dramatique, car il fut suivi de Gio-
vanna d'Arco, joué à Milan, au mois de fé-
vrier 1845, et qui tomba; de YAlzira, joué
sans succès au théâtre San Carlo de Naples,
dans la même année ; de V Attila, faible
production donnée à Venise, au mois de mars
1846, et qui n'eut qu'une courte existence à la
scène; de Macbeth, mauvais ouvrage écrit
pour Florence, représenté au mois de mars
VERDI
323
1847, et presque aussitôt oublié; enfin,
d'IMasnadieri, partition écrite pourLondres,
où elle fut mise en scène sans succès, au mois
de juillet 1847. Après celte dernière cliute,
Verdi se rendit à Paris, où il était engagé pour
arranger sa partition des Lombardi en opéra
français; travail malheureux qui a donné pour
résultat Jérusalem, joué à l'Opéra au mois de
novembre de la même année, et dans lequel,
dénaturant une de ses meilleures productions,
transportant les morceaux de la situation- pour
laquelle ils avaient été faits dans d'autres où
ils perdent leur signification, le compositeur
a intercalé des choses prises dans d'autres
partitions, ou des morceaux nouveaux. Au
nombre de ces choses nouvelles est la scène
monstrueuse et révoltante de la dégradation
de Gaston par la main du bourreau, où se
trouve un air mal fait, dépourvu d'art, dans
lequel une longue phrase de peu de valeur est
répétée trois fois de la même manière, en
montant chaque fois d'un ton. Cette pauvreté
de conception, condamnée dans les anciennes
écoles d'Italie, était désignée autrefois par le
nom de rosalie. Le professeur A. Basevi, qui
connaît l'art et dont on ne peut méconnaître
la bienveillance pour Verdi, a dit de cet ou-
vrage (Sludio suite opère di Giuseppe f'erdi,
p. 131) : « Sous la forme de Jérusalem, les
» Lombardi sont à peine reconnaissables,
» ayant perdu leur fraîcheur et leur beauté.
» Il en devait être ainsi quand on réfléchit
» que, par la transformation opérée, les
» pensées et les meilleures scènes sont
« changées et altérées; que l'action est trans-
» portée d'un climat sous un autre ; que
» beaucoup de bons morceaux ont disparu ou
» sont mutilés ; que quelques-uns ont été
« privés de la vie et de l'énergie qui se trouve
» dans d'autres ; de telle sorte qu'il en résulte
» un travail bouffi, décousu, et privé du co-
» loris, qui est un des plus grands mérites des
« I^ombardi (1). » En dépit de ces défauts,
auxquels j'en pourrais ajouter plusieurs
autres, l'administration de l'Opéra fit un
succès momentané à la triste conception de
(I) Sotto il semblante delta Jérusalem, I Lombardi
sonoappena riconoscibili per la perduta loro freschezza
ed avvenanza. E cosi doveva succedere quando si rifletta
che, per la operata trasformazione,si mutnrono ed alte-
raron» i pensieri c le scène migliori; venne trasportale
l'azione, sotto un allro cielo; molti lnioni pezzi dispar-
vero o rimasero mutilati; ed alcuni furono privati di
quella vita ed energia che trovasi negli altri ; di modo
flic resultô un lavoro gonfio, sconnesso, e senza quel
rolovito, clic l'orma il pregio maggiore de1 Lombardi.
Jérusalem, et Verdi retourna en Italie. Il
n'avait pas fini avec sa mauvaise veine théâ-
trale; car II Corsaro, joué à Trieste au mois
d'octobre 1848, fit un fiasco; la Baltaglia de
Legnano, représentée à Rome, au mois de
janvier 1849, n'eut qu'un moment d'existence
et tomba dans les autres villes; enfin Sti/felio,
joué à Trieste au mois de novembre 1850, ne
réussit pas. Avant ce dernier ouvrage, Verdi
avait donné à N.iples, au mois de décembre
1849, Luisa Miller, production supérieure à
toutes celles qu'il avait mises en scène depuis
1844. On y trouve un quintette, à la fin du
premier acte, qui est une des meilleures
choses écrites par le compositeur. La partition
de luisa Miller est restée au nombre de ses
succès en Italie.
L'année 1851 marqua une transformation
dans la manièrede Verdi eteommença l'époque
de sa popularité hors de sa patrie. Ce fui au mois
de mars de celte année qu'il donna son Rigolelto
à Venise. Il y a dans cet ouvrage des traits de
mélodie mieux sentis que dans ses productions
précédentes : je dis des traits parce que le
sentiment de la mélodie pure n'estsouventque
fugitif dans ses partitions; jamais il n'en fait
la hase d'un morceau entier. Sa phrase, en gé-
néral, est courle ; elle se complète par des pro-
cédés de facture ou par des lieux communs.
Dans Rigolelto se rencontrent ça et là des
phrases d'un bon sentiment. L'air de Rigo-
lelto au second acte et le duo qui le suit ont le
caractère dramatique, ainsi que le qualuor du
troisième acle. Après Rigoletto vint UTrova-
tore, représenté à Rome, dans le mois dejanvier
1855. La scène du Miserere a fait la fortune ■
de cet opéra; non que le Miserere en lui-
même ait beaucoup de nouveauté, mais le ca-
ractère de la cantilène est louchant, et l'an-
goisse deLéonore est bien exprimée. Dans son
ensemble, cette partition est fort inégale et
l'on y sent des réminiscences de Bellini et de
Donizelti. La Traviata, jouée à Venise, au
mois de mars 185ô, tomba le premier soir, se
releva ensuite et finit par devenir en Italie un
des ouvrages les plus populaires de Verdi.
A l'étranger, il a moins réussi. Les Fèpres si-
ciliennes, écrites pour l'Opéra de Paris, et re-
présentées le 15 juin 1855, furent assez froi-
dement accueillies. La partition est mieux
écrite que la plupart des ouvrages du même
auteur; l'instrumentation est brillante, mais
l'inspiration manque presque partout. Du
reste, en écrivant pour Paris, Verdi ne
changea pas sa manière : Les Vêpres sici-
•2t.
324
VERDI
Hennés ne sont qu'un médiocre opéra italien
porté sur la scène française.
De retour en Italie après la représentation
des Vêpres siciliennes, Verdi écrivit pour Ve-
nise Simone Boccanegra, dans lequel il lenla
un essai de musique de l'avenir, à la manière
allemande de Vépoque actuelle, autant qu'en
peut faire un Italien : celle fantaisie ne lui
réussit pas, car l'ouvrage tomba au théâtre de
laFenice,Ie 12 mais 1856; il ne fut pas mieux
accueilli ailleurs, à l'exception de Naples, où
il eut quelques représentations. Verdi refil
ensuite son Sliffelio pour la foire de Rimini,
sous le titre iVJroldo. Du prêtre {Stiffelio),
son poêle fit un guerrier (Aroldo), et la mu-
sique l'aile pour le premier s'adapta tout aussi
bien à l'autre. Quelques morceaux de la pre-
mière forme disparurent; d'autres furent mo-
difiés, et le quatrième acte fut refait en entier.
L'ouvrage ainsi façonné fut joué au mois
d'août 1857. La présence du compositeur à la
première représentation procura des applau-
dissements à celle deuxième édition de son
œuvre : mais Aroldo ne parut dans aucune
autre ville de l'Italie. Un Ballo in maschera,
écrit pour Naples, en 1858, ne put y être re-
présenté, par les empêchements de la censure.
Cet ouvrage ne fut joué qu'en 1859, à Rome,
au théâtre Apollo.Lzt manière du compositeur
s'y rapproche de la Traviata. En somme, la
musique de cet opéra est inférieure à celle de
Rigolello et du Trovatore. Le dernier ou-
vrage de Verdi, jusqu'au moment où celle no-
tice est écrite (1864), est la Forza deldestino,
composé pour Pélersbourg, et représenté sans
• succès en 1865. La cour de Russie se montra
bienveillante et gracieuse pour le composi-
teur; mais il n'en fut pas de même du public
et surtout des artistes, irrités par les brus-
queries et le ton dédaigneux qui sont dans les
habitudes du maîlre.
Quelle que soit l'opinion qu'on ait du talent
de Verdi et de la valeur de ses productions, on
ne peut méconnaître la popularité dont il
jouit. Les circonstances lui ont été favorables,
car, dans l'espace de vingt-cinq ans, il n'a
pas rencontré dans sa patrie un artiste de mé-
rite avec qui il eut quelque lutte à soutenir.
M. Basevi a fait, dans son livre sur l'œuvre de
Verdi, le compte des opéras écrits et repré-
sentés en Italie depuis 184-2 jusqu'en 1857,
c'est-à-dire, dans l'espace de quinze ans : il
s'élève à six cent quarante et un! dont au-
cun n'a pu vivre et dont on ne sait plus même
les titres. Verdi a triomphé sans combattre,
si ce n'est contre l'opinion des connaisseurs,
qui ne lui était pas favorable. Homme d'intel-
ligence, il ne se mit pas en peine de l'oppo-
sition qu'il trouva de ce côté, et se dit que les
gens de goût sont toujours en si pelil nombre,
qu'ils ne peuvent ni faire, ni empêcher le
succès. Il avait jugé son époque et son pays
(car c'est un penseur), et il comprit que le
temps des conditions du beau dans l'art
était passé. Celui des émolions nerveuses était
venu : ce fut à elles qu'il s'adressa. L'examen
alteiilif de ses partitions ne permet pas de
doute à cet égard. Tout y est combiné pour
l'effet, et presque toujours pour l'effet exagéré,
violent, exubérant; l'unission des voix, le
staccato de l'orchestre; la fréquence des mu-
talions de mouvements, les rhythmes pressés
et persistants, les voix vibrantes et jelées dans
leurs régions les plus élevées, les contrastes
de coloris incessants, (oui, dans cette musi-
que, s'adresse aux sens. Rarement on y trouve
quelque aliment pour l'élévation de la pensée;
plus rarement encore pour le sentiment et la
véritable expression. Verdi n'a été inventeur
ni par l'idée, ni parla forme : son originalité
consiste dans l'excès des moyens, lequel arrive
au but qu'il se propose et souvent enlève l'au-
ditoire.
Basevi, critique consciencieux, bienveillant,
et dont les expressions laudalives pour l'auteur
des Lombardi cl du Trovatore sont souvent
trop accentuées, distingue quatre manières dans
l'œuvre du compositeur, et, à propos île la
quatrième, il arrive à celte singulière conclu-
sion : «Quant à ce qui est de l'art, je crois
« que si Verdi, avec son quatrième style, s'ef-
« forçait de ne pas sacrifier la mélodie, mais,
» l'associant mieux à l'harmonie, l'adaptant
» avec plus de circonspection à la voix lui -
» maine, et faisant un meilleur emploi des di-
» vers instruments de l'orchestre, la rendait
» plus agréable et expressive; si, outre cela, il
» s'attachait à élargir les formes musicales,
» sans négliger, mais cultivant avec amour le
» récitatif, il couronnerait dignement son
» œuvre (1). «S'il manque tout cela pour couron-
ner celle œuvre, on voit ce qui reste, c'est ce
(1) Quanlo è all'arte, io Icngo chc se il Verdi, con
questo suo quarto stile, si sforzasse a non sacrificare
punto la melodia, ma associandola meglio ail' nrmoniu.
adallandoln conpiù circospezione alla vorc umana, fa-
cendo nieglio spiccare i varj slrumenli dcll" orclicstr:*,
la rendesse più gradita cd espressiva ; c clie ollrea cio
ponessc ogni suosludio ad ingrandire iquadri musivali,
senza trascurarc,anzi coltivando con amore il recitativo,
egli avrebbe coronalo degnamenle l'opcra sua. (Studio
sulle opère di Giuseppe Verdi, Firenze, 18o9, 1 vol. in-12,
p. 283.)
EKDI — VERHEYEN
325
que j'ai dit : des effets d'excitation nerveuse.
De notre temps, la popularité ne va guère
sans la fortune : Verdi est un des exemples de
cette association ■ il possède aujourd'hui de
grands revenus et une propriété que son édi-
teur elami,I\l. Léon Escudier, estime avoir une
étendue de deux lieues (1). Outre cela, Verdi a
enrichi les entrepreneurs de théâtres et ses
éditeurs. Ne soyons donc pas étonnés si ceux-
ci se sont crus obligés de me maudire et de
m'insulter quand je n'ai pas partagé leur en-
thousiasme : leur reconnaissance ne pouvait
moins faire. Verdi est membre de la chambre
des députés du royaume d'Italie : il est décoré
de plusieurs ordres. L'Académie des beaux-
arts de l'Institut de France l'a nommé l'un de
ses membres associés, en remplacement de
jJIeycrhccr, décédé.
VERDIGUIER (Jear), né à Paris, le
11 avril 1778, entra au Conservatoire de celte
ville à l'époque de sa création, et y devint
élève de Gaviniès pour le violon. Le premier
prix de cet instrument lui fut décerné au con-
cours de l'an vu (1799). Admis à l'orchestre de
l'Opéra en 1804, il s'est retiré en 1830, après
vingt-cinq ans de service. On a gravé sous son
nom : 1° Trois duos concertants pour deux
violons, op. 1 ; Paris, Gambaro. 2J Trois so-
nates pour le violon avec basse, op. 2; Paris,
Siebei*.
VERDGNCK (Cornélius), compositeur
belge, né à Turnhout, dans la Campine, en
1564, cul pour maître de contrepoint Severin
Cornet, de Valencicnnes.Doué d'un génie heu-
reux pour la musique, sa réputation égala
bientôt celle des plus habiles compositeurs de
son temps. Il passa la plus grande partie de
sa vie à Anvers, d'abord au service de Corneille
dePrun, magistrat et trésorier de la ville, puis
à celui de Jean-Charles de Cordes, gouverneur
de Wichclen et de Cerscamp. A sa mort, ar-
rivée le 4 juillet 1G25, il fut enterré au cou-
vent des Carmélites, et son dernier protecteur
lui érigea un tombeau avec une épitaphe hono-
rable. Les compositions qu'on connaît de lui
sont : 1° Magnificat 5 vocum; Anvers, 1585.
2° Poésies françaises de divers auteurs,
mises en musique à cinq parties avec tme>
chanson à dix ; ibid , 1599, in-4°. 5" Madri-
gaiiaGvoci; ibid., 1603, in-4°. 4° Madri-
gali a G voci, iib. 2; ibid., 1604, in 4°, réim-
primés dans la même année à Cologne, in-4°.
5° Madrigali a 9 voci; Anvers, 1604, in-4".
VERDYEIV (Chrétien-Emile), actuelle-
ment (1864) capitaine au llmc régiment d'in-
(1) Mes Souvenirs. Paris, 1863, p. 8b.
fanterie belge, né a Louvain, le 5 mai 1827,
a commencé ses éludes musicales au Conser-
vatoire de Liège et les a terminées au Conser-
vatoire de Bruxelles. Cet amateur a écrit la
musique des opéras intitulés : Royal régi-
ment; Maître Pancrace, joué à Ypres, le
17 janvier 1861 ; le Fou du roi, représenté au
théâtre de Liège, le 22 mars 1858 ; Baudouin
Bras-de fer, en trois actes et cinq tableaux.
On connaît aussi du capitaine Verdyen une
messe solennelle à six voix, chœur et orchestre
et des cantates de circonstance. II a beaucoup
contribué à la culture du chant en chœur dans
son régiment.
VERCJ1LE (Polydore), historien, né en
1470, à Urbino, embrassa l'état ecclésiastique,
et enseigna les belles-lettres à Bologne. Chargé
d'une mission en Angleterre par le pape
Alexandre VI, il s'y rendit, et fut en grande
faveur près des rois Henri VII et Henri VIII.
qui lui accordèrent des bénéfices. L'affaiblis-
sement de sa santé, après cinquante ans de
séjour en Angleterre, lui fit désirer de re-
tourner en Italie; il en obtint la permission,
en 1550, et se fixa dans sa ville natale, où il
mourut le 18 avril 1555. Dans son traité De
inventoribus rerum, dont les trois premiers
livres parurent à Venise, en 1499, in-4°, et
dont la première édition complète, en huit
livres, fut publiée à Bâle, en 1521, in-folio,
Polydore Vergile traite (chapitres xiv et xv du
premier livre) de l'invention de la musique et
de quelques instruments, entre autres de l'or-
gue; mais ce qu'il en dit est de peu d'utilité
pour l'histoire de l'art.
VERHEYEN (Pierre) (1), compositeur,
né à Gand, en 1750, était fils d'un chantre de
l'église Saint-Bavon. Léonard Boulmy (voues
ce nom), alors à Gand, lui donna les premières
leçons de musique. Placé ensuite par son père
dans une école à Maestricht pour y faire ses
études, son penchant décidé pour l'art les lui
(it négliger. De retour à Gand, il y reprit ses
études musicales, puis il fut employé comme
premier ténor à la cathédrale de Bruges, où il
fit ses premiers essais dans la composition de
plusieurs psaumes et d'une messe. Doué d'une
bonne voix de ténor, il prit la résolution
d'abandonner sa position peu avantageuse de
la cathédrale de Bruges, pour suivre la car-
rière du théâtre comme chanteur et comme
compositeur. Après avoir parcouru la Flandre,
le Nord de la France et la Hollande, il fut at-
(I) Je suis redevable à l'obligeance de M. Xavier Van
lUcwyck îles renseignements qui ont servi à la rédaction,
de cette noiiçc.
326
VERHEYEN — VERHULST
lâché par Wilzlhumb an théâtre de Bruxelles.
Ce l'ut sous la direction de ce maître qu'il fit
des éludes régulières d'harmonie et de com-
position, qu'il termina plus tard près de
F. Krafft (voyez ce nom), maître de chapelle
de la cathédrale deGand, lorsque cet artiste
célèbre l'eut l'ail engager comme ténor solo de
cette église. Verheyen occupait celle position,
en 1780, et avait aussi le titre de compositeur
ordinaire de la musique du prince de Lobko-
wilz, évoque de Gand, ainsi qu'on le voit par
le litre d'une espèce de cantate dont il avait
composé la musique, pour la profession d'une
religieuse du couvent de l'hôpital d'Aude-
narde. Vers le môme temps, il se maria et
accepta la place de chef d'orchestre à Maes-
tricht. Revenu à Gand vers 1790, il y obtint la
place de maître de chapelle de l'église
Sainle-Pharaïlde. 11 ne jouit pas longtemps
des avantages de celte position, car les
églises furent fermées après l'invasion de la
Belgique par les armées françaises. Il embrassa
alors avec ardeur les opinions révolutionnaires
et se (il nommer, en 179Ô, organiste du temple
de la Retison. Ce fut en cette qualité qu'il
composa et dirigea l'exécution d'un Hymne à
l'Être suprême. Cependant il connut bientôt
les horreurs de la misère et fut obligé de solli-
citer un modeste emploi à la direction générale
du déparlement de l'Escaut : ce fui à celle
époque qu'il écrivit la musique de l'Opéra fla-
mand De Jaght party van ffendrick IF {Là
partie de chasse de Henri IV), l'opéra-comique
français le Jardin d'amour, des pantomimes
en plusieurs acles, qui furent représentées au
théâtre de Gand, cinq quatuors pour des in-
struments à cordes, et environ cinquante ro-
mances, dont six ont été publiées en un cahier.
Après que les églises eurent été rendues au
culle catholique, Verheyen se remit à la com-
position de la musique sacrée et y déploya une
prodigieuse activité. Un de ses plus beaux ou-
vrages en ce genre est la messe de Requiem
qu'il écrivit à la demande de la Société des
beaux-arts de Gand, pour le service funèbre
que celte Société fil célébrer, en 1810, à la
mémoire de Joseph Haydn. En 181G, la même
Société ayant mis au concours la composition
d'une cantate sur la bataille de Waterloo, le
premier prix fut décerné ex zequo à Surcmonl
d'Anvers et à Verheyen. Malheureusement les
grands travaux de musique d'église de cel ar-
lisle ne lui rapportaient aucune indemnité ; il
languissait dans le besoin et les secours qu'il
recevait de la Société des beaux-arts étaient à
peu près sa seule ressource. Le chagrin qu'il
eut d'une position si précaire, cl l'inquiétude
que lui inspirait l'avenir de ses enfants, fini-
rent par porter atteinte à sa santé, et le condui-
sirent au tombeau, le 11 janvier 1819. Ce lit
encore la Société des beaux-arts qui lui rendit
un dernier hommage, en faisant célébrer so-
lennellement ses obsèques à l'église Saint-Jac-
ques. Au nombre des œuvres de Verheyen, on
compte sa messe de Requiem, quinze messes à
grand orchestre, douze messes avec orgue et
petit orchestre, six Laudate pueri, quatre
Dixit, trois Confitebor, deux Beatus vir,
trois Te Deum (toutes ces œuvres sont à grand
orchestre), ainsi que quatre Auditecœli, trente
élévations, neuf Lamentations de Jérémie, un
Sanctx Critcis, un Vexilla régis, quatre
Salve Regina, cinq Aima, trois Avd Regina,
dois Regina cœli, l'oratorio de la Mort du
Christ, Slabat Maier, O crux ave spes
unica, plusieurs messes en faux-bourdon, etc.
Telle est l'œuvre immense d'un artiste de mé-
rite dont l'existence fut si peu fortunée.
VERHULST (JBAH-J.-H.),le plus remar-
quable compositeur hollandais de l'époque
actuelle, est né à' La Haye, le 19 mars 1816.
Dès ses premières années, son penchant pour
la musique se manifesta et son désir de se
livrer à l'étude de cet art persista malgré l'op-
posilionde sa famille. Vaincus enfin par sa per-
sévérance, ses parents consentirent à le lais-
ser entrer au Conservatoire de sa ville natale
en 182G, dans l'année même de la fondation
de cette institution. Il était alors âgé de dix
ans. A treize ans, il était grand lecteur de
musique et il passa dans la classe d'harmonie,
dont le professeur était F. Volcke (voyez ce
nom), qui croyait avoir simplifié l'étude de
celle science en la réduisant à la connaissance
de quarante -deux accords! Cette singulière
simplicité lit, pendant quelque temps, le déses-
poir de Verhulst. Le découragement commen-
çait à s'emparer de son esprit, quand les
Traités d'harmonie et de haute composition
de Reicha tombèrent dans ses mains. Il les lut
rapidement, el la méthode toute pratique déve-
loppée dans ces ouvrages dissipa ses incerti-
tudes : il ne fut plus question des quarante-
deux accords de Volcke. Un peu plus tard,
lorsque son talent de violoniste fut assez
avancé pour qu'il allât prendre place dans l'or-
chestre, il trouva dans Charles-Louis Hans-
sens, qui en était le chef, un guide qui rectifia
quelques-unes de ses idées de théorie. Une
intime liaison s'établit entre les deux artistes.
Verhulst était né de parenls catholiques, qui
l'avaient élevé dans la pratique et dans la foi
VERHULST
3-27
de celte religion : ses premières aspirations
eurent pour objet la musique religieuse; il
écrivit deux messes, un Te Deum et un Feni
Creator. La musique instrumentale fixa aussi
son attention, et il composa un quatuor pour
instruments à cordes, dont il exécuta la partie
de premier violon dans un des concerts de la
société de Too7ilcunst, et i\m obtint un brillant
succès. Un peu plus tard, cette société cou-
ronna et publia un O salutaris hostia de sa
composition, pour des voix d'hommes, un
Tantum ergo, pour chœur et orchestre, et sa
première Ouverture (en si bémol). Un peu
plus tard encore, celte même société mit au
concours une autre ouverture avec des entr'ac-
tes et des chœurs, pour une tragédie: ce fut
encore l'ouvrage de Verhulst qui fut couronné
et publié. Lorsque Mendelssohn alla prendre
les bains de mer de Scheveningen, en 1836,
Lubeck, directeur du Conservatoire de La Haye,
mit sous ses yeux quelques-unes des composi-
tions du jeune artiste, et ce maître, frappé des
qualités qu'il y découvrit, autorisa Lubeckàlui
envoyer à Leipsick l'élève de son école.
Au mois de mai 1837, Verhulst, alors âgé
de 21 ans, se mil en route pour l'Allemagne,
le cœur ému à l'idée de ses rapports futurs
avec Mendelssohn; mais, arrivé à Cologne, il
apprit avec un profond chagrin que ce maître
venait de s'éloigner de Leipsick pour aller
se marier à Francfort, et que son absence se
prolongerait jusqu'à l'hiver. Incertain du
parti qu'il avait à prendre en cette cir-
constance, Verhulst hésitait, lorsque Jules
Bêcher (voyez ce nom) lui donna le conseil de
rester à Cologne et d'y attendre le retour de
Mendelssohn à Leipsick. Il lui fit faire la con-
naissance de Joseph Klein (voyez ce nom),
qui lui proposa de lui faire recommencer ses
études de contrepoint d'après la méthode de
son frère, Bernard Klein. Verhulst se laissa
persuader d'abord ; mais cette méthode lente,
qui commence par les premiers éléments,
marche à pas de tortue, et ne laisse apercevoir
le but qu'après plusieurs années de patience et
de travail, cette méthode, dis-je, n'était pas
de son goût; il n'était pas d'ailleurs dans les
conditions où les études de ce genre peuvent
être utiles. Il avait déjà produit, ses travaux
avaient été couronnés, et le désir de produire
de nouveau et d'élargir sa sphère d'action le
préoccupait seul. Après quelques mois d'ennui
de ce genre de travail, il s'enfuit à La Haye.
Il y reçut bjenlôt après une lettre de son ami,
M. Hanssens, qui l'engageait à se rendre à
Paris et lui offrait une place dans l'orchestre
du Casino-Paganini, dont il était le chef.
Désireux de se retrouver près de lui, Verhulst
partit aussitôt et prit sa route par Bruxelles.
Arrivé dans celte ville, il y apprit que le
Casino-Paganini avait cessé d'exister. Une
nouvelle lettre de Hanssens vint l'engagera
l'attendre à Bruxelles; mais, dans ce moment
même, la guerre semblait près d'éclater entre
la Belgique et la Hollande. Verhulst était à
peine depuis une semaine dans la capitale de
la Belgique, lorsque le directeur de la police
lui signifia que, s'il n'avait pas quitté cette
ville avant la fin du jour, il le ferait conduire
à la frontière par lesgendarmes. Il l'informait
en même temps qu'il trouverait son passeport
à Quiévrain. Verhulst se mit immédiatement
en route pour Paris, où il resta quelques mois,
étudiant la situation de la musique française
dans les théâtres et dans les concerts. Une
lettre de sa famille vint lui donner le conseil
de se rendre sans délai à Leipsick, où il con-
tinuerait de recevoir le subside qui lui était
alloué. Il partit aussitôt pour cette ville, où il
arriva le 12 janvier 1838.
Là, tout changea d'aspect pour lui. Mendels-
sohn, chez qui il se rendit dès le jour même de
son arrivée, lui fit le meilleur accueil. Après
avoir pris connaissance des compositions du
jeune artiste, il lui demanda d'écrire un Kyrie
à quatre voix, puis un autre chœur sur le texte
Inclina, Domine, qui, plus lard, est devenu
l'offertoire de sa messe, œuvre 20. Frappé de
la facilité avec laquelle ces morceaux furent
composés ainsi que de leur mérite, Mendels-
sohn lui dit ces paroles remarquables : « Vous
» n'avez plus rien à apprendre. Si vous voulez
» rester ici et si vous avez tant deconfiance en
» moi, je verrai vos ouvrages et je vous en
» dirai mon opinion. Vous me direz également
» la vôtre sur mes compositions. » Traité
ainsi en véritable artiste par un homme de
si grande valeur, Verhulst prit confiance et
se mit au travail avec ardeur. C'est' à celle
époque qu'appartiennent les deux remar-
quables quatuors qu'il dédia à Mendelssohn,
sa troisième ouverture el son intermezzo
d'orchestre intitulé Grass aus der Ferne. Un
nouveau témoignage de haute estime lui fut
aussi donné par la société d'Euterpe, de Leip-
sick. D'après son règlement, celle société élit
chaque année son chef d'orchestre, pour un an
seulement; mais, lorsque son choix se fixa sur
Verhulst pour ces fonctions, il fut décidé qu'il
les remplirait pendant tout le temps de son
séjour à Leipsick.
Depuis près de six ans? Verhulst était éloigné
S28
VERH11LST
de sa famille; elle le pressait de rentrer dans
son pays; lui-même en éprouvait un vif désir;
vers la fin de 1842, il donna, à Leipsick, un
concert d'adieu, et, au mois de novembre de
la même année, il rentra à La Haye. Appelé
bientôt après à la cour par le roi, Guillaume II,
il y fit exécuter quelques-unes de ses composi-
tions, et le monarque, en témoignage de sa
satisfaction, le décora de l'ordre du Lion néer-
landais et le nomma directeur de sa musique.
Depuis cette époque, Verhulst a «'té l'âme
active de la musique sérieuse en Hollande.
Chef d'orchestre d'un rare mérite, il dirige
depuis longtemps les concerts de la société
pour l'encouragement de la musique à Rotter-
dam, et ceux de la société Diligentia, à La
Haye; de plus, la nouvelle association des con-
certs populaires d'Amsterdam, établie en 18G5,
a compris que le meilleur moyen de succès
pour cette entreprise était d'en confier la di-
rection à cet excellent artiste. Tous les grands
festivals de musique classique donnés en Hol-
lande, depuis 1850 environ, ont été organisés
par Verhulst, qui y a déployé autant de talent
que d'activité. La liste de ses compositions pu-
bliées se compose d'environ cinquante œuvres;
mais il en a beaucoup d'autres en manuscrit.
Peu soigneux de sa renommée, il n'a rien fait
pour répandre dans les pays étrangers ses
ouvrages, qui ne sont connus qu'en Hollande
et en Allemagne. La Belgique n'avait rien
entendu des productions de cet artiste remar-
quable, avant que l'auteur de celte notice eût
fait exécuter, par l'orchestre du Conservatoire
de Bruxelles, en 1861, sa symphonie en mi
mineur (oeuvre 46), couronnée par la société
de Toohkunst. Le mérite de cette oeuvre a été
hautement apprécié par les connaisseurs. Les
compositions publiées de Verhulst sont :
1° Ouverture à grand orchestre, n° 1 (en si
bémol); Rotterdam, Paling et C. 2° Ouverture
idem. n° 2 (en ut mineur) ; ibid. 5° Ouverture
idem, u°5,op. 8 (en ré mineur); Leipsick, Ureit-
kopf et H sériel. 4° Gross aus der Ferne (Grand
dans l'éloignement), intermède pour l'orches-
tre (en la), op. 7 ; ibid. 5° Deux quatuors pour
deux violons, alto et violoncelle, dédié à Men-
delssohn,op. 6 (n° 1 ,en ré mineur; n°2, en la
bémol); Leipsick, Hofmeisler. 6° Troisième
quatuor idem, op. 21 (en mi bémol); ibid.
7° Symphonie à grand orchestre (en mi mi-
neur), op. 46; Mayence, Scholt. 8° Tantum
ergo, pour choeur et orchestre (ouvrage cou-
ronné); La Haye, Weygand. 9° Clemens est
Dominus, hymne à deux chœurs et orchestre,
op. 12; Mayence, Scholt. 10» Messe pour qua-
tre voix seules, chœur et orchestre, op. 20;
ibid. 11° Feni Creator, hymne pour un chœur
d'hommes avec orgue, op. 47 ; ibid. 12° Messe
pour des voix d'hommes avec orgue, op. 50 ;
Amsterdam, Theune. 15° Requiem, Missa pro
defunclis, pour des voix d'hommes avec accom-
pagnement d'orgue, deux trompettes, deux
cors, trois trombones, tuba et timbales, op. 51;
ibid. 14° 8 Lieder à voix seule avec piano,
op. 9; ibid. 15° Quatre chants pour soprano
et ténor, op. 14;i6id. \G°Koning en Fader-
land (Roi et Patrie), hymne pour un chœur a
quatre voix d'hommes avec piano, en partition,
op. 11 ; La Haye, Weygand. 17° Six Lieder
à voix seule avec piano, op. 16; ibid. 18° Six
Lieder à quatre voix (soprano, alto, ténor et
basse), op. -17; ibid. 19° Sérénade. — Le Vent
d'Ouest ; deux chants pour un chœur d'hom-
mes à quatre voix, op. 18;ioid!.200 Sept chants
spirituels à voix seule avec piano, op. 22; ibid.
21° Floris de vijfde (Florent V), etc., poëme,
pour ténoret chœur, en partition pour le piano,
op. 25; Amsterdam, Roolhaan. 22° Air de
concert pour soprano et orchestre, en partition
pour le piano, op. 24; La Haye, Weygand.
25" Douze Lieder à voix seule avec piano,
op. 26; ibid. 24° Liederkrans, poëme, à voix
seule pour piano; op. 27; ibid. 25°. Chants et
psaume pour une voix de contralto avec piano,
op. 28 ; ibid. 26° Six Lieder à voix seule avec
piano, op. 29; Rotterdam, de Vlelter. 27° Kin-
derlcven (La vie des enfants), quarante chants
à une et plusieurs voix, avec ou sans accom-
pagnement de piano, op. 50; Amsterdam,
Theune. 28° Vingt-cinq chœurs pour les
grandes et les petites sociétés de chant;
chants, Lieder, psaumes et chorals pour
soprano, contralto, ténor et basse, op. 52;
Rotterdam, de Vlelter. 29° Fergankelijkheid
(Instabilité), duo pour soprano et ténor avec
piano, op. 55; ibid. ô0°Bij het Graf (Près de
la tombe), deux chœurs pour des voix d'hom-
mes avec instruments de cuivre, op. 54; La
Haye, Weygand. 51° Vlaggelied (Chanson de
marins), idem, op. 55; ibid. 52" Hymne à
quatre voix (soprano, contralto, lenor et basse),
avec accompagnement d'harmonium, op. 56;
Rotterdam, de Vlelter. 55° Chant pour des voix
d'hommes, solo et chœurs, op. 57 ; Amsterdam,
Roolhaan. 54° Douze chants spirituels à quatre
voix, op. 58; Rotterdam, deVIetter. 35° Kin-
dertoonen , douze Lieder d'enfants à voix
seule avec piano, op. 59; ibid. 56° Six chants
pour des voix d'hommes, solo et chœur, op. 40;
Amsterdam, Roolhaan. 57° Deuxième suite de
six chants pour des voix d'hommes, solo et
VERHULST — VERN1ER
829
cliœur, op. 41 ; ibid. 58° Trois ballades pour
soprano, contralto, ténor cl basse, op. 43;
Rotterdam, de Yleller. 59" Vieilles petites
chansons avec une ninsiiiuc nouvelle, à l'usage
des sociétés de chant de la Hollande, op. 44;
La Haye, Wcygand, 40° Chant de la l'été de
Rembrandt, pour un chœur d'hommes cl or-
chestre, op. 48; ibid.
VEIUTOPUILI ; pseudonyme. Voyez
RAUPACH.
VEU1UIGEÏ (Pieiwe), surnommé Pierre
Martyr, naquit à Florence, d'une famille dis-
tinguée, le 8 septembre 1500. Ayant embrassé
la règle «le Saint-Augustin, au couvent de
Fiesole, il fui envoyé à Padoue pour y conli-
i uer ses études. Plus lard, son mérite le fit
parvenir aux charges importantes de son
ordre; mais ayant été séduit par les opinions
des réformés, qui commençaient à se répandre
en Italie, il se retira à Zurich, puis à Bâle et
enfin à Strasbourg, où il se maria cl enseigna
la théologie protestante. Appelé en Angleterre
en 1547, il y eut un emploi de professeur à
l'université d'Oxford ; mais après que la reine
Marie eut rétabli l'exercice delà religion catho-
lique dans ses Étals, Vermigli retourna à
Strasbourg, y obtint de nouveau la chaire de
théologie, puis se retira à Zurich, où il mourut
le 12 novembre 1502. Au nombre des ouvrages
de ce savant, se trouve celui qui a pour litre :
I.ocorum communium theologicorum lomi
1res, publié après sa mort à Râle (1580-158-3,
ô vol. in-fol.); il y traite De musica et earmi-
nibus (t. I, p. 075).
VEItMOINT (Pierre}, ou YEIOIOUD,
csl un des musiciens célèbres de France cités
par Rabelais dans le nouveau prologue du se-
cond livre île Pantagruel. Par \m compte de
la chapelle de François Ier dressé par Bénigne
Sivré, receveur général des finances en la gé-
néralité du Languedoc, pour l'année 1532,
qui existe en manuscrit à la bibliothèque
impér. de Paris (I), on voit que Vermont était
alors lénor dans celle chapelle. J'ai publié un
autre compte des dépenses faites pour les
obsèques de François Ier (2), où l'on voit que
Vermont élail, en 1547, chapelain des haules
messes, c'est-à-dire chantre au lutrin dans les
messes solennelles. Je n'ai pu trouver d'autres
renseignements sur la vie de ce musicien. Le
(I) Ce compte a île public par Castil-Blaze dans
son livre intitulé : Chapelle-musique des rois de France.
Paris, Paulin, 1S33, in-12.
(*2) Iiecherches sur la musique des rois de France et
de quelques princes, depuis Philippe le Del {i'i'ij) jesqu'à
la /in du rèyne de Louis XIV, clans ma Revit* musicale,
t. XII, p. 243 et suiv.
premier livre de motels imprimé parP. Attain-
gnanl sous le litre : Liber primus quinque et
viginli musicales quatuor vocum moletos
complectitur (Paris, 1534), contient deux mo-
tels de Vermont. On en trouve un dans le qua-
trième livre de la même collection, sous le nom
de Vermont primus. Dans le septième (3),
dans le neuvième el dans le onzième livre de
la même collection (4), on trouve trois mo-
tels de Vermont, le premier, f'irgo flagella-
lur) à quatre voix, Ave /l/alnr, à quatre voix,
et Rccordarc Domini, à cinq. Ces composi-
tions ne sont pas dépourvues démérite.
YEiniOOTErS (Guillaume), né à Harlem
(Pays-Bas) dans la première moitié *\\\ dix-
huitième siècle, fui chanlrc de l'église princi-
pale de celle ville. Il vivait encore en 1771 . Il
a composé le chant des poésies religieuses
de Mater, qui a été publié sous ce litre : Go-
vert van Mater's Kruisgezangen o» het
Lijden van onzen Heiland Jésus Chrislus,
met zanghunst verryckt door etc. (Chants de
tlouleur sur la Passion de notre rédempteurJé-
stis-Clitist, avec la musique composée par etc.);
Harlem, Hulkenroy, 1759, in-4". Celle édi-
tion est la troisième. On a aussi du même
artiste, en collaboration avec Charles Kauwcn-
berg, autre musicien hollandais, né aussi à
Harlem, la musique des cantiques île Noël, de
Jean Van Elsland, imprimé sous ce litre :
Danlîbaare naagedaclitcn en Gcboorle Ge-
zangen; op de blgde en Heilrgke verschy •
ninge von 't licht der Genaade , Jezus
Christus; of de Geboorte van onzen Heiland
en Zaligmaker lot Bethléem, etc.; Harlem,
Hulkenroy (s, d.), in-4". Celte édition esl la
quatrième. Enfin Vermooten a publié, pour
soprano ou ténor avec basse continue, des
chansons amoureuses et allégoriques sur les
poésies de Guillaume Hess, sous ce titre :
Zinspeelende Liefdens Gezangen, etc.; Har-
lem, Isaak Van Hulkenroy (s. d.), in-4".
YEUIMEU (Jean-Ame), né à Paris, le
10 août 1709. apprit la musique et le violon
dès l'âge de quatre ans : à sept, il commença
l'élude de la harpe. Il n'était âgé que de onze
ans lorsqu'il joua au concert spirituel, avec
succès, un concerto de violon. En 1787, il exé-
cuta au même concert une sonate de harpe de
(3) Liber septimus XXIV trium, quatuor, quinque et
sex vocum modulas Dominici Adcentus, Nativitatisque
ejus, ac sanctorum eo tempvre occurrentium habet. Pari-
siis in vico Ctjlharœ apud Pelrum Altainijnant. 1S33,
in-4", obi. gothique.
(4) Liber undecimus XXVI musicales habet modulas,
quatuor el quinque vocibus editos. Parisiis, in œdibus
Pétri AUaingnant, etc., 1534, in-4" obi.
230
VERNIER — VERRI
sa composition. Nommé harpiste du théâtre
Feydeau, en 1795, il' occupa celle position jus-
qu'en 1815, époque de son entrée à l'orchestre
de l'Opéra, comme successeur de Dalvimare.
Keliré en 1858, après vingt-cinq ans de ser-
vice à ce théâtre, Vernier a passé ses dernières
années dans le repos acquis par de longs tra-
vaux. Il a publié de sa composition : 1° So-
nates pour harpe et violon, op. 5 ; Paris, Cou-
sineau; op. 10, Paris, Gaveaux; op. 13, 16,
Paris, Naderman. 2° Sonates pour harpe
seule; op. 1 ; Paris, Naderman ; op. 4, Paris,
Gaveaux; op. 18, 28, 32, 34, 42, Paris, Na-
derman; op. 51, Paris, Janet, 5° Quatuor pour
harpe, piano, hautbois et cor, op. 35; ibid.
4° Deux trios pour harpe, flûte et violoncelle,
op. 20; ibid. 5° Duos pour harpe et piano,
op. 19, 25, 48, 55; ibid. G° Duos pour deux
harpes, op. 21, 30; ibid. 7° Airs variés pour
la harpe, op 2; Paris, Naderman; op. G,
Paris, S. Gaveaux; op. 11, Paris, Naderman ;
op. 14, Paris, Gaveaux ; op. 40, 49, Paris, Na-
derman. 8° Pots-pourris pour harpe seule,
nos 1 , 2; Paris, Gaveaux; n° 3, Paris, Naderman;
n°4,Paiis,Pleyel; nos 5, G, Paris, Sieber;jiu7,
Paris, Pleyel. 9° Fantaisies, op. 39, Paris, Nader-
man ; idem sur les aLrs de Cendrillon, Paris,
Troupenas; idem sur la romance iVJriodant,
Paris, Janet. 10° Préludes, rondeaux, et pièces
diverses, op. 3, 27, 41 ; ibid. 11° Quelques ro-
mances. Vernier a donné au théâtre du cirque
du Palais-Royal, en 1798, un opéra en deux
actes, intitulé La jolie Gouvernante .
VERÎMZZI (Octavieh), organiste de
l'église Saint-Pétrone, à Bologne, au commen-
cement du dix-septième siècle, naquit dans
cette ville vers 1580. On connaît de lui les ou-
vrages intitulés : 1° Armonia ecclesiastica
ossia Motletti a due, tre et quattro voci,
op. 2; in Fenetia, appresso Aless. f'incenti,
1604, in-4°. 2° Angelici concentus seu Mo-
tecti 2, 3 et 4 vocum, op. 3; ibid., 1611,
in-4°. Il y a une autre édition de cet œuvre pu-
blié en 1651, in-4°. 3U Cœlestis applausus seu
Motlccti plur. vocum, op. 4; ibid. 4° Motelti
a due, Ire et quattro voci, op. 6; ibid., 1648,
in-4°. C'est une réimpression. Vernizzi a écrit
en 1625 la musique d'un des premiers inter-
mèdes représentés dans cette ville, sous ce
titre : Lnlermezzi délia coronazione di
Jpolloper Dafne converlila in lauro.
VEROCAJ (Jean), violoniste italien et
compositeur, se rendit à Breslau, en 1727,
avec une compagnie de chanteurs pour y jouer
l'opéra; puis il alla à Dresde, où il entra au
service de l'électeur Auguste II, roi de Po-
logne. Ce prince le céda ensuite avec quelques
artistes a l'impératrice Anne de Russie, pour
sa chapelle. Verocaj arriva à Moscou, en 1729.
Dans l'année suivante, la cour impériale quitta
Moscou pour s'établir à Saint-Pétersbourg. Ve-
rocaj y épousa la fille du célèbre compositeur
Reiser (voyez ce nom), cantatrice. Après quel-
ques années passées en Russie, il retourna en
Allemagne et se fixa à Hambourg en 1754.
Après la mort de Keiser, il obtint du duc de
Brunswick la place de maître de concerts. Il
fit représenter à la cour de ce prince, en 1745,
ses opéras de Demofoonte cldeCalo inUtica.
On a gravé de la composition de cet artiste un
trio pour deux violons et basse, intitulé Laby-
rinthe musical, Vienne, Sleiner.
YÉIIOIY (Pierre-André), luthier de Paris,
qui vivait vers la fin du règne de Louis XIII ,
s'est distingué par la facture de ses violons,
qui étaient encore recherchés par quelques
curieux au commencement du dix-neuvième
siècle. Véron était contemporain et rival de
Bocquay et de Pierrel.
VE11GN (....), harpiste à Paris, vers la (in
du dix-huitième siècle, a publié de sa compo-
sition, en 1788, un oeuvre de quatre sonates
pour harpe et violon, op. 1, à Paris. On n'a
pas d'autre renseignement sur cet artiste.
VEIU) VIO (Michel-Ange), Romain, connu
sous le nom de IHICIIELANGELO BEL
VIOLOO, vécut dans les premières années
du dix -septième siècle et fut renommé
comme un des plus habiles violonistes de son
temps. Pietro délia Valle en parie avec éloge
dans son Discorso délia musica dell' ctà
noslra, inséré dans le deuxième volume des
œuvres de Jean-Baptiste Doni(p.254). Arteaga
{Le lîivoluzione del Teatro musicale ita-
liano, t. I, p. 545) met Verovio au nombre
des artistes qui introduisirent dans la musique
instrumentale les nouveaux agréments du
trille, des mordents, du trémolo et de beau-
coup d'autres choses que cet écrivain consi-
dère comme une des causes de la corruption de
l'art : il ne sait pas que ces prétendus nou-
veaux agréments ont existé dans la musique
de l'Orient des milliers d'années avant ceux à
qui il les attribue.
VEIIRI (le comte Pierre), savant littéra-
teur, naquit à Milan, le 12 décembre 1728, fit
ses études aux collèges de Monza, de Parme et
de Rome, et occupa plusieurs charges impor-
tantes dans sa patrie. Il fut frappé d'apoplexie
et mourut à l'hôtel de ville de Milan, le 28 juin
1797. Le comte Vcrri a publié un discours sur
la nature et l'usage de la musique, sous le titra
VERRI — VERROUST
331
simple de la Musica, dans une sorte de jour-
nal qu'il rédigeait avec quelques-uns de ses
amis et qui avait pour litre : Brevi e vari
discorsi dislributi in fogli periodici dal
giugno 17G5 per un anno seguente. Brescia,
17GG, a" 8. Ce recueil a été réimprimé à Mi-
lan, en 1804, in-4°, et le discours du comte
Verri s'y trouve pages 59-64.
'VERttIMST (Victor-Frédéric), contre-
bassiste et compositeur, est né à Paris, le
29 novembre 1825, d'un père belge, natif de
Lokeren (Flandre orientale). Admis comme
élève au Conservatoire, cet artiste y a fait
toutes ses études musicales. Élève deChaft pour
la contrebasse, de M. Elwart pour l'harmonie
et de M. Leborne pour le contrepoint, il a ob-
tenu les premiers prix aux concours de cha-
cune de ces parties de l'art. Après avoir été
attaché, pendant plusieurs années, à l'orchestre
de l'Opéra-Comique, il est entré à celui de
l'Opéra et fait également partie de celui de la
société des concerts du Conservatoire et de la
musique particulière de l'empereur Napo-
léon III. M. Verrimst a été maître de chapelle
de l'église Saint-Thomas d'Aquin et occupe
aujourd'hui la même position à l'église Saint-
Bernard. Il a publié de sa composition:
1° Promenade, rêverie pour piano, op. 1 ;
Paris, II. Lemoine. 2° Une Nuit au Cap,
fantaisie pour piano, op. 2; Paris, Richault.
3° Grande fantaisie pour trombone et or-
chestre, op. 5; ibid. 4° Inviolata, à quatre
voix, op. 4; ibid. 5° Ave Ferum, à quatre
voix, op. 5; ibid. 6° O Salutaris, pour ténor
seul, op. G; ibid. 7" Ave Maria, 2"1C O Salu-
taris, Regina Cœli, à quatre voix, Salve
Regina, 5mc O Salutaris, Tota pulchra est
(op. 7 à 14); ibid. 8" Messe brève à trois voix
égales, op. 15; Paris, Lebeau. 9° Messe solen-
nelle à trois voix, op. 1G; ibid. 10" Messe de
Requiem, op. 17; Paris, Richault. 11° Mélo-
dies à voix seule avec accompagnement de
piano (op. 18 à 24); ibid.
VERROUST (Louis - Stanislas - Xavier),
hautboïste et compositeur, naquit à Haze-
brouck(Nord), le 10 mai 1814. Fils d'un musi-
cien de profession domicilié dans cette petite
ville, mais né à Saint-Omer, il apprit de son
père les principes élémentaires de la musique,
et se fit admirer comme enfant de chœur par la
justesse de ses intonations et le sentiment qu'il
mettait dans les solos de chant qui lui étaient
confiés. Né pour l'art, il portail, dans l'élude
qu'il en faisait, une facilité merveilleuse. C'est
ainsi (pie, sans travail, il parvint à jouer du
\iolon, de ldilùlc, du hautbois, du cor anglais
et de la musette. Arrivé a Paris vers la fin
de 1851, il fut admis comme élève au Conser-
vatoire de celte ville, le 2 novembre de la même
année. Sa rare organisation musicale lui fit
faire de rapides progrès sur le hautbois, sous
la direction de son maître, M. Vogt. Le second
prix de cet instrument lui fut décerné au con-
cours de 1853, et il enleva brillamment le pre-
mier en 1854. M. Elwart lui enseigna l'harmo-
nie dans la même école, et il suivit le cours de
contrepoint de M. Leborne. Pendant le cours
de ses éludes au Conservatoire, il était entré
comme second violon au théâtre du Palais-
Royal ; plus tard, il fut tour à tour hautboïste
de l'orchestre du théâtre de la Porle-Saint-
Marlin , de celui de la Renaissance et de
l'Opéra italien. Devenu professeur du Gymnase
de musique militaire, il y forma debons élèves,
dont plusieurs sont devenus de véritables vir-
tuoses. Après la mort de Brod [voyez ce nom),
Verroust lui succéda comme premier hautbois
à l'orchestre de l'Opéra, et, après la retraite
de son professeur, M. Vogt, il fut nommé pro-
fesseur de hautbois au Conservatoire, le 1er dé-
cembre 1853. Un talent fin, délicat, expressif,
un beau son et une grande sûreté dans l'exécu-
tion des choses les plus difficiles, lui faisaient
obtenir de beaux succès chaque fois qu'il se
faisait entendre, et lui avaient fait conquérir
les emplois honorables dont il vient d'être
parlé et auxquels il ajouta, en 1848, la place
de chef de musique d'une des légions de la
garde nationale de Paris. Malheureusement
un penchant invincible pour le vin finit par
entraîner Verroust dans des excès d'intempé-
rance qui portèrent atteinte à sa considération,
lui firent perdre, l'une après l'autre, toutes
ses positions, et ruinèrent sa santé. Pardegrés,
ses facultés s'altérèrent jusqu'à le faire tomber
dans une atonie absolue. On voulut lui faire
essayer de l'air natal, et il partit de Paris pour
Hazebrouck, le 5 avril 18G3; mais à peine en
eut-il touché le sol, qu'il s'éteignit le 9 du
même mois. Ses obsèques eurent lieu deux
jours après.
Aussi remarquable par le goût, la grâce et
l'élégance dans ses compositions pour son
instrument qu'il l'était parson talent d'exécu-
tion, Verroust a publié un grand nombre de
morceaux qui sont devenus le répertoire habi-
tuel des hautboïstes de talent. Quoique le plus
grand nombre de ses ouvrages consiste en va-
riations et fantaisies sur des thèmes d'opéras,
le choix de ces thèmes est fait avec tant de
goût, et la manière dont ils sont traités est si
gracieuse, si élégante, qu'on peut considérer
332
VERROUST — VERVOITTE
cette musique comme supérieure à ce qui avait
été composé précédemment pour le hautbois.
Le nomlire <le ses œuvres de ce genre est d'en-
viron soixante, lesquels ont été publiés à
Paris, chez Richaiilt, Brandus, Mayaud et
Schonenberg.
VERRYTII (Jiun-Baptistf.), organiste à
Rotterdam, vers le milieu du dix-septième
siècle, est connu par quelques œuvres de mu-
sique sacrée, parmi lesquels on remarque :
Flammx divins, binis, ternisque vocibus
concinendx cum basso générait ad organum.
Anvers, 1G49, in-4°. Le catalogue de la biblio-
thèque musicale du roi de Portugal, Jean IV,
indique deux ouvrages de ce! auteur : 1° Can-
zoni amorosi a 5, lib. 1 . 2» Canzoni amorosi
a 4, lib, 2.
VERSO (Antoinr il), compositeur, naquit
à Tlaza, en Sicile, vers 1500, et fut élève de
Pierre Vinci. Ses ouvrages connus sont ceux-
ci : 1° Jl primo libro de' madrigali a S roci.
Pnlerme, 1590. 2° Secondo libro di motet tidi
Pietro Vinci, con alcuni ricercati di Ant.
Verso, suo discepolo. In Venelia, 1591. 3° Il
primo libro di madrigali a G voci. Venise,
1595, in-4n. 4° Settimo libro de' madrigali a
Yivoci, intilolato : I soavissimi ardori. Ibid.,
1603, in -4". 5° A'ono libro de' madrigali a
fi voci, con alcuni romanzi alla Spagnuola.
Palerme, 1008. G0 Dccimoterzo libro de' ma-
drigali a 5 voci. Palerme, 1G12, in-4". 7" De-
cimoquarlo libro de' madrigali a 5 voci.
Palerme, 1612, in-4".
VERSOCQ (Élie), maître de chapelle à
l'église Sainle-Walhurge d'Audenarde, depuis
1590 jusqu'en 1G57, époque de sa mort, est
mentionné dans les comptes de celle ville,
en 1G10ct années suivantes, pour avoir fait don
à l'église paroissiale des œuvres de sa composi-
tion. Ces ouvrages figuraient encore au réper-
toire de l'église Sainle-Walburge en 1734.
VERVOITTE (Ciiaiu.es -Josr.rn), d'ori-
gine belge, né en 1822, à Aire, sur la Lys,
m on Ira, dès ses premières années, d'heureuses
dispositions pour la musique. Cependant, ses
parents se montraient peu disposés à lui faire
étudier cet art, et la petite ville où il avait vu
le jour lui offrait peu de ressources pour son
éducation musicale,. Nonobstant ces obstacles,
le jeune Vervoillc lit de rapides progrès dans
ses éludes, grâce aux leçons d'un très-bon
musicien, maître de chapelle à Saint-Omer, et
de l'organiste île la même église. A peine sorti
•Je l'enfance, il prit part à un concours ouvert
à Roulogne-sur-Mer pour une place de maître
de chapelle, et obtint cette position, malgré
son extrême jeunesse. Entré en fonctions, il
fut bientôt après nommé directeur de musique
de l'importante institution fondée et dirigée par
M. Halfreingue, et obtint vers cette époque la
place de directeur de l'École Municipale de chant,
qui venait d'être mise au enneours. H n'élait âgé
que de vingt ans lorsque M. D-mjou le signala
comme un rénovateur des meilleures tradi-
tions, dans l'écrit qu'il publia en 1842,
sous le litre de l'Avenir du chant ecclésias-
tique en France. Le même écrivain donne
aussi des éloges flatteurs an zèle, au dévoue-
ment et au talent de M. Vervoitte, dans le pre-
mier volume de sa Revue de la musique reli-
gieuse (Paris, 1845). Pendant qu'il travaillait
ainsi à étendre l'instruction musicale autour
de lui, M. Vervoitte ne s'occupait pas avec
moins d'ardeur à accroître ses connaissances
dans son art : il étudiait la composition avec
Théodore Labarrc, élève de l'auteur de cette
notice, et recevait des conseils de Jean -Bap-
tiste Cramer. La place de maître de chapelle
de l'église Saint-Vincent de Paul lui fut offerte
lorsqu'il eut atteint l'âge de vingt-cinq ans;
mais, à la même époque, l'archevêque de
Rouen (Mgr Blanquarl de Baillent) lui ayant
proposé d'établir une maîtrise ((ans la cathé-
drale et de fonder des cours de chant au petit
et au grand séminaire, M. Vervoitte préféra
celte position et entra en fonctions de maître
de chapelle de la cathédrale de Rouen, le
20 mars 1847. Peu de temps après, il organisa,
dans le palais de l'archevêché et sous la prési-
dence de l'archevêque, des concerts historiques
de musique religieuse qui eurent beaucoup de
retentissement. L'Académie de Rouen décerna
à M. Vervoitte, en 1849, une médaille de grand
module, pour ses travaux à la cathédrale, ses
composition s et l'harmonisa lion de ton (le chant
liturgique du diocèse de Rouen. Dans l'année
suivante, il fut nommé, à l'unanimité, membre
de la même Académie.
Au concours fondé à Paris, par la Société
de Sainte-Cécile, pour les jeunes compositeurs,
M. Vervoillc fut un des sept lauréats, avec
MM. Gounod, Gevaerl, Wckcrlin, etc. Sa can-
tate les Moissonneurs fut exécutée au concert
du mois de janvier 1851, et la critique musi-
cale de celle époque en constata le mérite. Ce
succès lui procura la demanded'une messe pour
la fêle patronale de saint Roch; elle fut exé-
cutée au mois d'août 1852, à l'église Sainl-
Roch, de Paris. Appelé par le Conseil général
de la Seine-Inférieure à diriger la musique
pendant le séjour de l'empereur Louis-Napo-
léon à Dieppe, au mois d'août 1853, il dirigea
VEUVOITTE - VESPEftMANN
333
lès messes et les concerts pendant toute la
durée de ce séjour, et fit entendre plusieurs
morceaux de sa composition. Avant de quitter
Dieppe, l'empereur le fit appeler, le félicita sur
ses ouvrages, le questionna sur les maiirises,
leur hii t, leur utilité, et lui remit une médaille
d'or de première classe. La Société d'Émulation
de la Seine-Inférieure lui en décerna une
autre, en 1854, pour ses compositions. Vers le
même temps, la question de la substitution du
chant romain aux chants particuliers des
divers diocèses de France ayant été agitée,
M. Vcrvoilte défendit avec ardeur l'ancien
chant de l'église de Rouen et rédigea, à ce
sujet, un écrit qui fut publié dans les Mémoires
de l'Académie de celle ville, et dont il y a des
tirés à part. Les conclusions rie cet écrit ayant
été adoplées par une commission spéciale nom-
mée par l'archevêque, M. Vervoille fut chargé
par lui de revoir tout le chant du diocèse et
de le rétablir dans son intégrité, d'après les
anciens manuscrits. Ce long travail était à peu
près terminé, lorsque le mauvais élat de la
santé de Mgr Blanquart de Bailleul lui fil
prendre la résolution de se retirer. Son succes-
seur, ne partageant pas ses opinions à l'égard
de la conservation du chant local, se montra
favorable à l'adoption d'un autre chant ; cette
Circonstance détermina M.Vervoitle à accep-
ter, au mois de mai 1 859, la place de maître
de chapelle de l'église Saint-Roch, de Paris,
qui lui était offerte : il en prit immédiatement
possession. Nommé, en 1862, président-direc-
teur «l'une sociélé de chant d'ensemble qui
venait de se former à Paris, sous le titre de
Sociélé académique de musique religieuse et
classique, M. Vervoille a fait prospérer celte
institution par sa grande activité, son zèle
dévoué et ses connaissances spéciales. Celle
société donne, chaque année, des concerts où
l'on entend les œuvres des grands mailles
choisies dans la riche bibliothèque de M. Ver-
voille. Les œuvres publiés de cet artiste, chez
Régnier-Canaux, à Paris, consistent en motels,
psaumes avec cl sans orchestre, messe solen-
nelle pour voix seules, chœur et orchestre,
exéculéeà l'église Saint-Roch, le 22 août 1852,
offertoires avec orchestre, antiennes de la
Vierge, plusieurs Tantum ergo à voix seule ou
à plusieurs voix, plusieurs O Salut aris, vingt
saluts solennels pour voix seules et chœur,
avec accompagnement d'orgue, chantés à l'é-
glise Saint-Roch de Paris. Ces morceaux ,
d'un beau caractère , sont purement écrits ;
environ trente morceaux, avec paroles fran-
çaises, à l'usage des concerts et des maisons
d'éducation ; deux volumes de faux -bourdons,
en usage dansle diocèse de Rouen depuis 1847;
messe à trois voix et plusieurs motets, sous
presse (1865). M. Vervoille a publié aussi un
recueil de messes et molels des maîtres les
plus célèbres, depuis le treizième siècle jus-
qu'à l'époque actuelle, sous le titre tV Archives
des cathédrales; dix-huit volumes ont paru, à
Paris, chezGirod; une collection d'airs, duos,
trios et chœurs d'anciens maîtres, intitulée
Musée classique; Paris, Gérard; Nouveau
répertoire de musique sacrée; Paris, Repos.
VESI (Simon), né à Foi li, dans les Élats
Romains, au commencement du dix-septième
siècle, fut mailie de chapelle à Padoue,
vers 1650. On connaît sous son nom les ou-
vrages suivants : 1° Salmi a 4 e 5 voci. Ve-
nise, 1656, in-4".2" Messa e salmi concertati
a 6 voci con violini, Ibid. 5° Moletli e salmi
a voce sola concertati con islromentie lita-
nie a 4 voci. Ibid.
VESPA (Jérôme), compositeur napolitain,
fut moine de l'ordre des grands cordeliers ou
mineurs conventuels, et vécut dans la seconde
moitié du seizième siècle. Il a fait imprimer:
1° Madrigali a 5 voci, libro primo. In Ve-
netia, app. li figliuoli d'Anl, Gardaho. 1570,
in-4°. 2° Madrigali a 4 voci, lib. 2. In Vene-
tia, 1575, in-4°. 3° Salmi per i Vespri in
ogni tempo dcW anno a 4 e 5 voci, co'l Te
Deum. Venetia,app. RicciardoAmadino, 1589,
in-4°.
VESPERMANN (Claire), dont le nom de
famille était METZGER, naquit à Munich,
en 1800. Élève de Winler, elle devint une can-
tatrice distinguée, et chanta avec succès sur le
théâtre de Munich pendant plusieurs années;
mais la mort l'enleva à la Heur de l'âge, le
6 mars 1827. Elle avait épousé l'acteur de la
cour Vespermann et fut sa première femme.
VESPERMANN (Catherine SIGL), se-
conde femmedel'acleurde la cour Vespermann,
est née à Munich, en 1802. A l'âge de seizeans,
elle fit un voyage à Berlin et y parut avec éclat,
comme cantatrice, dans quelques concerts.
Élève de Winler. elle avait une bonne vocali-
sation et l'intonation forl jusle. En 1820, elle
fut engagée au théâtre de la cour de Munich,
et depuis lors elle y est restée attachée, n'ayant
fait que de petits voyages en Allemagne et en
France. Arrivée à Paris en 1851, elle joua avec
quelque succès au théâtre Italien dans Tan-
erediel surtout dans Don Juan, où elle chanta
le rôle de Dona Anna. De retour à Munich,
elle y fut atteinte du choléra, et sa voix en
souffrit un notable dommage qui l'obligea à
33 -i
VESPERMANN — VIÀDANA
renoncerai! théâtre. Ce ne fut qu'en 1837qu'elle
se fit entendre encore dans des concerts; mais
elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.
YESQUE DE PUTTLINGEN(J. ). Voyez
IIOVEN.
VETTEU (Nicolas), né à Koenigsée, le
50 octobre 1GCG, étudia le clavecin sous la
direction de Georges Gaspard Wecker, à Nu-
remberg, en 1G81, et devint élève du célèbre
organiste Pacbelbel, à Erfurt, en 1G88. Deux
ans après, lorsque ce maître fut appelé à Slult-f
gard, Veller lui succéda dans la place d'orga-
niste de l'église des Prédicateurs; mais il ne
garda pas longtemps cette position, car il ac-
cepta la place d'organiste de la cour à Rudol-
stadt, en 1G91 . Plus lard, il eut le titre d'avocat
delà régence de celle résidence. Il vivait encore
en 1730. Je possède en manuscrit de bonnes
pièces d'orgue de ce musicien distingué.
VETTEU (Daniel), organiste de Saint-Ni-
colas, à Leipsick, né dans la seconde moitié du
dix-septième siècle, est auteur d'un recueil de
cent trois mélodies chorales, dont la première
partie est en harmonie plaquée à quatre par-
ties, et la seconde en harmonie figurée pour le
clavecin. Cet ouvrage a pour titre : Musika-
iischc Kirch- und ffauss Ergœtzlichkeit.
Leipsick, 1716, in-4° obi. Veller mourut à
Leipsick vers 1730.
VETTEU (Jean-Paul), harpiste, né à
Anspach, vers la fin du dix-seplième siècle,
demeurait à Nuremberg, vers 1730, et y in-
venta, dit-on, la harpe à pédales; mais cette
invention parait lui avoir été contestée avec
raison, car Tfocbbrucker, luthier deDonawcrth,
avait déjà fait en 1720 des instruments de
cette espère.
VETTEU (Jean-Martin), pasteur à Hanf-
fen-am-Bach, près de Rolhcnbourg, dans le
Hanovre, vécut vers la fin du dix-huitième
siècle. Il est auteur d'un écrit intitulé : Von
dvin Gébrauch und Nulzen der Gesxngeund
Orgclwerke beim Gollcsdienste. Eine Rede
(Discours concernant l'usage et l'utilité du
chant et des orgues dans le service divin).
Anspach, 1783, in 8° de quarante pages.
VETTEU (Henri-Louis), maître de con-
certs du prince d'Anbalt, vers 1790, fut
d'abord hautboïste dans un régiment. En
1800, il vivait, àlfanau, sans emploi. Il a écrit
quatre symphonies a grand orchestre, dont les
numéros 3 et 4 ont été gravés à Offenbach,
chez André, en 1794. On a aussi publié de sa
composition trois quintettes pour deux flûtes,
deux violons et violoncelle, à Spire, chez
Uossler.
VEZZANA(LrcRÈcEOUSINA),religieuse
au couvent de Santa-Cristina , à Bologne,
vécut au commencement du dix -septième
siècle. On a imprimé de sa composition un ou-
vrage intitulé : Componimenti musicali di
Mottetli concertati a una et piu voci. Ve-
nise, Gardano, 1G23, in-4°.
VIADANA (Louis), moine de l'étroite
observance, naquit à Lodi, vers 1565(1). Dans
la préface d'un de ses ouvrages, il nous ap-
prend qu'il se trouvait à Rome en 1597. Plus
lard, il occupa la place de maîtrede chapellede
la cathédrale de Fano, petite ville du duché
d'Urbin , d'où il passa à celle de la Con-
cordia, dans l'État de Venise, et en dernier
lieu à Manloue, où il vivait encore en 1644,
dans un âge Irès-avancé, suivant l'avertisse-
ment de la troisième édition de ses Psaumes à
huit voix, imprimée à Venise dans la même
année (2). Le nom de Viadana est devenu cé-
lèbre par l'invention de la basse continue
pour l'accompagnement des voix par l'orgue,
qu'on lui a longtemps attribuée et que des
écrivains de nos jours lui disputent avec lant
d'apparence de raison, qu'il est devenu né-
cessaire d'examiner à fond cette question his-
torique. J'ai satisfait à' cette nécessité dans
mon Esquisse de l'histoire de Vharmonic (3).
Je crois devoir ajouter ici quelques nouveaux
renseignements à ce que j'ai dit sur ce sujet.
On sait que le nom de basse continue dé-
signe une basse d'accompagnement différente
de la basse vocale des anciennes compositions,
en ce que celle-ci était souvent interrompue,
(1) Suivant l'opinion de Baini {Memori,) Storiro-rri-
tiche, etc., t. I., n. 23S), Viadana serait Espagnol et non
Italien {Ed asserisro in fine, cheil Viadana fu Spunnuolo,
e non Ilaliano) ; mais il n'appuie cette assertion d'aucune
preuve. Les contemporains de Viadana, qui ont parlé de
lui et de ses travaux, notamment Bancliieri, dans son
Organo suonarino (Venise, Ricc. Amadino, IGO'i) et dans
sa Carlella musicale nel canto /Tgurato (p. 214), ne disent
rien qui confirme le fait avancé parBaini. Il est vrai que
Thomas de Yriarte, parlant d'un certain Viana, musicien
espagnol, dans ses notes sur le troisième chant de son
poème sur la musique, dit : Matias Juan Viana que
jtasa por inventor rlel baxo conlinuo (Mathieu-Jean Viana,
qui passe pour inventeur de la basse-continue); mais
Viadana ne s'appelle pas Mathieu ou Matliias-Jcan : son
prénom est Louis (Lodovico) aux titres de tous ses ou-
\ rages.
(2) L'abbé Baini dit, dans ses Mémoires sur la vie et
les ouvrages de J. P. de Palcstrina, que Viadana fut
d'abord maître de chapelle à Mantouc, puis à Concordia
et en dernier lieu à Fano (n. 23^) ; mais s'il n'y a point
d'erreur dans ces fjits, ce maître a dû retourner à Man-
toue vers la fin de sa vie, d'après l'avertissement cité
ci-dessus.
(3) Taris, 1840, in-8° de 17S pages, tire a 30 exem-
plaires, et Revue et Gaietio musicale de l'aris (mit. t8W)>
VIA DANA
335
tandis que l'autre ne s'arrête pas. La liasse de
cette dernière espèce a dû naître dès qu'il y a
en des chants à voix seule, soutenue par l'ac-
compagnement d'un instrument. Suivant Doni
(Tratlalo délia musica scenica, in op., t. II,
p. 23), le premier essai de la musique de ce
genre fut l'épisode du comte Ugolin, composé
par Vincent Galilée, pour voix seule, avec ac-
compagnement de violes, vers 1580. Quoique
ce morceau ne soit pas parvenu jusqu'à nous,
nous pouvons prendre une idée de sa struc-
ture dans le récitatif de VEuridice de Cac-
cini, dans le même ouvrage mis en musique
par Jacques Péri, et dans les drames d'Emilio
del Cavalière (voyez ces noms). Le premier
ouvrage de ce genre composé par celui-ci fut
exécuté en 1588, aux noces de la grand'-
duclicssc de Toscane; mais il était écrit dans
l'ancien style madrigalesque, ainsi que la plu-
part des compositions de celle époque. Il n'en
est pas de même de l'espèce d'opéra allégorique
intitulé Rappresentazione di anima e di
cnrpo, publié par Guidotti, en 1G00. Là se
trouvent plusieurs traits de véritable chant
rhytbméà voix seule, accompagnés d'une basse
continue dont l'harmonie d'accompagnement
est indiquée par des chiffres, avec plus de soin
et île détail que ce qu'on voit dans des compo-
sitions postérieures. Tels sont le chant de
Vanima :
Vorrei riposo c pacc,
Vorrci ililello e gioja,
E Irovo affanno e noja;
celui-ci :
Non vi ered' io, nô, no :
Si, voslr1 ingann' io so.
Etc.
cl plusieurs autres.
VEuridice de Jules Caccini parut dans la
même année (1); on y trouve aussi le chanta
voix seule accompagné d'une basse continue
dont l'harmonie d'accompagnement est indi-
quée par quelques chiffres; mais ce chant est
plus vague que celui d'Emilio del Cavalière, et
lient plus du récitatif: la basse en est plus
lourde et moins rhylhmée. Ces productions
sont les plus anciennes où l'on peut constater
d'une manière authentique l'existence de mé-
lodies à voix seule accompagnées de la basse
continue pour les instruments. Cependant la
priorité d'invention de la musique à voix
seule, ou à deux ou trois voix, expressément
composée pour être accompagnée par l'orgue,
paraît appartenir sans contestation à Viadana,
(I) VEuridice composta in musica, in slilo rapjiresen-
tativo da Giulio Caccini iletto Ilomano, in Firenze, Gior-
gio Marcscolli, MDC, in-l'olio.
au moins pour les messes et molets, d'après
ce qu'il en rapporte lui-même dans la préface
d'une collection de motels intitulée : Cento
concerli ccclesiaslici a una, a due, a tre e
quatlra voci, con il basso continua per
sonar nell' or gano. Novainvenzione comoda
per or/ni sorte di cantori e per gli organisli.
In Venezia , appresso Giacomo Vincenti ,
1G05, cinq petits volumes in-4° (1). Le cin-
quième volume contient la partie de basse
continue intitulée : Basso per sonar neW or-
gano. Viadana dit, dans son avertissement au
lecleur, qu'il a été conduit à imaginer un nou-
veau genre de motels à une, denx ou trois
voix, avec accompagnement de l'orgue, en
voyant certains chantres obligés d'exécuter à
trois voix, à deux ou à une seule, avec cet in-
strument, des motels à cinq, six, ou même huit
parties, nonobstant les longs repos des voix,
occasionnés par les imitations ou fugues, les
défauts de cadences, de mélodie, etc., et que
c'est ce nouveau genre de musique concertant
qu'il offre au public par le conseil de ses
amis (2). Il ajoute que celte invention a reçu
beaucoup d'applaudissements lorsqu'il la lit
connaître, à Rome, environ six ans auparavant
(vers 159Goul597), et qu'il a trouvé beaucoup
d'imitateurs. Parmi ces imitateurs, il compte
peut-être Emilio del Cavalière, Péri et Caccini,
bien que le style de leurs mélodies soit diffé-
rent du sien et que ces artistes se soient pro-
posé un autre but. Peut-être aussi avait-il en
vue un œuvre de motels à cinq voix avec basse
continue que Richard Deering, compositeur
anglais, avait publié à Anvers, en 1597, à son
retour de Rome. Le style mélodique de Via-
(1) Il y a d>s exemplaires de cette collection qui por-
tent la date de IG02, bien que de la même édition.
(i) Moite sono statc lecagioni (cortesi lcltori) elic mi
lianno indotto a comporre questa sorte di concerti : fra
le quali questa c stata una délie principali, il vederc
cioé, che volendo aile volte qualclie cantore cantare in
un organo o con tre voci, o con due, o con una sola,
cranoasirelti per mancamento di composition! a pro-
posito loro d'appigliarsi ad una, o due, o tre parti, di
mottclti a cinque, a sei, a sette, ed anche ad otto, le
quali per l'unionc che devono havere con l'allrc parti
corne obbligate aile fughe, aile cadenze, ai contrapunti,
et altri modi di tutto il canto, sono piene di pause
lunglie, c replicale, prive di cadenze, senz1 arie, c final-
mente con pochissima et insipida seguenza : oltre gl' in-
tcrrompimenli délie parole tall' ora in parte taciule, et
aile volte ancora con disconvenevoli interpositioni dis-
poste, le quali rendevano la maniera del canto, o imper-
fetta, o noiosa, od infetta, et poco grata a qnelli, che
slavano ad udire : senza che vi era anco incomodo gran-
dissimo de' cantori in cantarle. Là dove bavendo poi
voila non poca consideralione sopra tnli difficoltà, mi
sono alTaticato assai per investigare il modo di supplire
in qualchc parte a cosi notabile mancamento, et credo
la Dio merec d'baverlo ail' ultimo ritrovato, etc.
336
VIADANA
dana a une supériorité incontestable sur celui
de ses contemporains de l'école romaine, dans
la musique d'église concertée.
La partie de basse continue des motels de
Viadana n'a point de cliiflïes d'accords; il ne
dit rien sur ce snjeldans l'instruction que con-
tient l'avertissement. 11 n'y est pas non plus
question de classification d'accords en conson-
nanls et dissonants. L'instruction a pour
objet la manière d'exécuter les différentes
pièces contenues dans l'œuvre, tant de la part
des chanteurs que de celle de l'organiste. Via-
dana conseille à celui-ci : 1° déjouer simple-
ment la partition; 2° de ne point couvrir le
chant dans l'ornement des cadences; ô« de
donner un coup d'oeil à l'ensemble du morceau,
avant de l'exécuter; 4° de ne point accompa-
gner trop haut les voix aiguës, ni trop bas les
voix graves ; 5° de jouer a tasto solo, c'esl-à-
di le sans accords, les entrées de style l'ugué, etc.
Crugcr, contemporain de Viadana, parait
être un des plus anciens auteurs qui ont dit
positivement que ce musicien fut l'inventeur
de la basse continue (1). Voici ses paroles :
Itassus generalis seu continuus, so von fur
trcfflichen italianischen JUusico Ludovico
Viadana ersllich erfunden (La basse géné-
rale ou continue fut premièrement inventée
par l'excellent musicien italien Louis Viadana).
Il existe en faveur de Viadana un témoignage
encore plus rapproché du temps de l'invention,
dans la préface que Gaspard Vincenz, orga-
niste à Spire, a mise en tête du Promptuarium
musicum d'Abraham Schad, publié en 1011.
Parlant de Viadana et de la basse continue,
dont il le considère comme inventeur, il dit :
Perilissimus hujus scientia; arlifex, pri-
musquehujustabulalurœaulor.kprèsCniger,
Prinlz s'est exprimé sur ce sujet d'une manière
non moins positive, dans son Histoire de la
musique (2). Brossard parait avoir puisé ses
renseignements à cet égard dans le livre de ce
dernier; mais je ne sais sur quelle autorité il
a dit, à l'article fiasco continua de son Dic-
tionnaire de musique, que Viadana a publié un
traité de la basse continue. J.-J. Rousseau a
copié Brossard, et a cité sans examen ce pré-
tendu traité. On a vu précédemment «pie la
basse des motels de Viadana n'a point de chif-
fres d'accords, et qu'il n'a rien dit sur ce sujet
dans l'avertissement au lecteur de la première
(1) Dans i'Appendix de /îussn généralisai conlhiuo, à
In suite de son livre intitule : Synopsis m us ira, Berlin,
10-24, in-1-2.
(2) Ilistoriseh Bescltreibung det edelen Sing- mal
Klinjkiinsl, chap. XII, S 11.
édition de ces motels. Cependant Guidotli
(voyez ce nom), éditeur de la Rappresenta-
zione di anima e di corpo d'Emilio del Cava-
lière, publiée en 1600, avait donné, dans les
Avvcrtimenti particolari per clii canlerâ
recitando c per chi suoncrà, quelques in-
structions concernant l'usage de ces chiffres
ainsi (pie des signes accessoires, et les avait
marqués sur la partie de basse ; Jules Caccini
avait aussi employé les mêmes signes dans son
Euridice, publiée la même année. Il est vrai-
semblable que des observations furent faites, à
ce sujet, à Viadana par ses amis, cardans l'in-
struction pour la seconde édition de ses Cenlo
concerli ecclesiastici, qui parut en 1609, il
parle de l'usage des chiffres sur la basse en
termes à peu près semblables à ceux de Gui-
dolli : c'est sans doute celle circonstance qui a
fait considérer Viadana par quelques auteurs
comme l'inventeur delà basse chiffrée. Suivant
l'abbé Baini (1), on faisait, vers le milieu du
seizième siècle, un contrepoint improvisé avec
les instruments sur la basse des compositions
vocales, et pour éviter les discordances qui
pouvaient résulter du mélange du contrepoint
instrumental improvisé avec les parties vocales
écrites, on marquait sur la basse des chiffres
et des signes qui indiquaient la nature des in-
tervalles. Les autorités citées par le savant
Baini ne me semblent pas prouver ces asser-
tions ; j'ai même la certitude, par la multitude
de compositions publiées dans la seconde moi-
tié du seizième siècle, avec ces mots : Da can-
tare c da suotiare, que les instruments exé-
cutaient les mêmes parties que les voix. Quant
aux chiffres placés au-dessus de la basse, on
n'en aperçoit point de traces antérieurement à
l'année 1000. J'ai traité historiquement et
avec beaucoup de détail ce qui concerne la
basse chiffrée, dans le dernier chapitre du se-
cond livre de mon Traité complet de l'har-
monie (Paris, Schlesinger, 1844, gr. in-8°,
dont la huitième édition vient de paraître chez
Brandus et Dufour (1864), à Paris.
En résumant ce qui précède, on voit: 1" Que
l'idée d'une basse d'accompagnement continu
est née avec les premiers essais de chant à voix
seule soutenue par un instrument, vers 1580;
2" (pie celle basse, devenue plus animée et plus
\ ii iée dans ses formes, fut appliquée à l'orgue
par Viadana, pour l'accompagnement du chant
religieux-mélodique et concerté, et reçut de lui
If nom de basse continue, vers 1596; 5° que,
vers le même temps, l'usage des chiffres ei
(I) Dans ses Mémoires sur la vie et sur les ouvrages
île J. P. de Palcstrina, t. I, p. 149 et 150, note 238.
VIADANA
337
lignes accessoires au-dessus de la basse fut
imaginé par Emilie- del Cavalière, ou par Gui-
ilotti, ou enfin par quelque musicien inconnu
jusqu'à ce jour. L'abbé Vogler csl donc tombé
dans une erreur évidente, dans son Manuel de
la science de l'harmonie et de la basse conti-
nue, lorsqu'il a refusé à Viadana l'invention
de la basse figurée sans interruption, la consi-
dérant comme plus ancienne que lui, et ajou-
tant : « Louis Viadana, maître de chapelle de
» la cathédrale de Mantoue, proposa finale-
» ment, dans les premières années du dix-
» septième siècle, de chiffrer la basse pour
» désigner les accords qui doivent accompa-
» gner la note fondamentale (1). » C'est
exactement le contraire de ces assenions qui
est le vrai.
Les ouvrages connus de Viadana sont ceux
dont les litres suivent: 1° Madrigali a quat-
trovoci,lib.1. In Venezia, 1591,in-4°.2" Ma-
drigali a G voci, op. 5. Ihid., 1593, in-4".
5" Canzonette a tre voci da Lodovico Via-
dana , maestro di cappella nel Duotno di
Mantova, libro primo. In Venelia, appresso
Ricciardo Amadino, 1594. Ce litre prouve
l'assertion de Baini que Viadana avait été maî-
tre de chapelle à Mantoue avant de l'être à
Fano et à Concordia. 4° II primo libro de'
salmi a 5 voci. Ihid., 1797, in-4". 5° Messe
a quallro voci, libro primo. Ihid., 1590, in-4".
6° Fespert. omnium solemnitatum Psalmo-
dia quinque vocibus. In Venelia, per Vin-
centi, 1597. C'est la quatrième édition; la
septième a paru dans la même ville, en 101 1,
7° Salmi e Magnificat a quallro voci. Ibid,
1598, in-4°. Il y a une autre édition de ce re-
cueil publiée à Francfort, en 1G12, in-4°. 8° 77
secondo libro de' Salmi a 5 i;oc«. Ibid., 1G01,
in-4°. 9° Psalmivespertini 8 vocibus concin.
Venetiisapud Vincenlium, 1602, in-4". J'ignore
en quelle année la deuxième édition de ce re-
cueil a paru; la troisième a été publiée à Venise,
en 1G44, in-4". 10° Cenlo concerti ecclesias-
tici a una, a due, tre e qualtro voci con il
basso continuo per sonar nell' organo. Nova
invenzione comodaper ogni sorte di cantori
eper gliorganisti. In Venezia, appresso Gia-
como Vincenti, 1602 et 1005, in-4°. La troi-
sième édition de ce recueil a été publiée par le
même imprimeur en 1009. Une quatrième édi-
tion a paru à Venise, chez Vincenli, en 1611,
(!) l/atidliuch :ur Ilarmonielehre und fiir Gtneral-
ttass, elc. Prague, 1802, in-8° (p. {•}')) : « l.uilwig Viadana,
» schlug endlicli vorclen Basszu LezilTern, und dadurch
» die Akkordc die zum Grundton und tait ganzen llar-
» monie gcgriiïen werden solicn, anzuincrken.
BIOGR. IIMV. DES MUSICIENS. T. VIII.
in-4°. Un exemplaire de cette édition se trouve
a la bibliothèque du Lycée musical de Bologne.
Il y a aussi une édition intitulée : Opus musi-
cum sacrorum concentuum, qui ex unica
voce, nec non duabus , tribus et quatuor voci-
bus variatis concinentur, una cum basso
continuo ad organum applicato. Francfort,
1G12, in-4°. Enfin uneédilion complète de tous
les motels et concerts ecclésiastiques de Via-
dana, au nombre de cent quarante-six, a été
publiée avec l'instruction pour les chantres et
organistes, en italien, latin et allemand, avec
le litre suivant : Opéra omnia sacrorum con-
cenluum 1, 2, S et 4 vocum, cum basso conti-
nuo et generali organo applicalo, novaque
inventione pro omnigenereet sorte cantorum
et organislarum accommodato. Adjuncta in-
super in basso generali hujus novte inven-
tionis instructione, latine, italice et germa-
nice. Francfort, 1G20, in-4". L'édilionde 1613,
citée par Gerher, est supposée : c'est celle
de 1612 qu'on a confondue avec la dernière,
d'après le catalogue de Draud4us. 1 1° t)fificium
ac Missxdefunctorumquinquevocum,o^. 15.
in Venelia, app. Vincenli, 1604. 12° Respon-
sori et lamenlazioni per la settimana santa
a 4 voci, op. 23. Ihid, 1609, in-4°. 15° Il
terzo libro de concerti ecclesiaslici a due, a
tre et a qualtro voci con il basso per sonare
nel organo da Lodovico Viadana, maestro di
capella nella catedrale di Concordia ; nuova-
mente ristampati et corretti, op. SM. Ibiu.,
1011, in-4". 14° Messe concertate per una, o
due, ossia tre voci con il basso continuo per
l'organo. In Venezia, appresso Giacomo Vin-
cenli, 1605, in-4". La messe dominicale pouf
ténor seul et orgue, dont le thème est pris dans
le plain-chanl de celte messe, a été extraite de
ce recueil et puhliéedans la Corolla mitsica
de Donfrid, à Strasbourg, en 1028. 15° Con-
certi sacri a 2 voci col basso continuo per
l'organo. Ibid., 1608, in-4°. Les morceauxqui
se Irouveni dans celle colleclion ont été réim-
primés dans l'édition publiée à Francfort,
en 1G20. 16° Falsi bordoni a qualtro e otto
voci, premesse le regole per il basso per l'or-
gano. Rome, 1612. 17° Completorium roma-
num S vocibus decanlandum, lib. 2, op. 1G.
Venise, Vincenli, 1608, in-4". 18° Vesperi et
Magnificat a quattro e cinque voci. Ihid.,
1009. Je crois que les recueils précédents oui
fourni les éléments de la colleclion publiée
ensuite sous ce litre : Vesperlina omnium
solemnitatum psalmodia, cum duobus Ma-
gnificat et falsis bordonis, cum 5 vocibus.
Francfort-sur-le-Mein,1610, in 4". Une paille
338
V1ADANA — VICENT1N0
de cette collection a été ensuite reproduite avec
les motets à deux, trois et quatre voix dans un
autre recueil intitulé : Concentuum ccclesias-
ticorum 2, 5 et 4 vocibus, opus completum,
cum solemnilati omnium vespertinarum.
Ibid., 1615, in-4°. 19° Salmi a quattro cori,
op. 27; in Venelia, app. Vincenli, 1512.
20° Litanie che si canlano nclla Santa casa
a 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 12 voci; 3" impressione;
ibid., 1C13, in-4°. 21° Ofpcium defunclorum
quatuor vocibus concin., Venise, Vincenti,
4614, in-4°.22u Sinfoniemusicali a ottovoci,
op. 18, ibid., 1617, in-4°. C'est une réimpres-
sion.
VIADANA (Jacques-Mohus). Il existe à la
Bibliothèque royale de Berlin un recueil de
motets intitulé : Jacobi Mori Viadanas con-
certi ecclesiastici 1, 2, 3, 4 vocum cum basso
continuo ad organum, nunc primum in
lucem editi. Antverpix excudebat Petrus
Phalesius, 1613, in-4°. Je n'ai pas trouvé
ailleurs de renseignements sur l'auteur de cet
ouvrage, si toutefois il a existé, et s'il n'y a
point ici une fraude commerciale.
VIAL (...), neveu du violoniste Leclair, né
à Paris, vers 1750, a fait graver un Arbre
généalogique de l'harmonie, d'après le sys-
tème de Rameau ; Paris, 1767, 3 feuiles in-
plano. La première feuille contient l'arbre
généalogique des accords, et les deux autres
les .explications.
VÏALAHDO (Baltrasaii), organiste de
l'église San Giovanni alla conca, à Milan, au
commencement du dix-septième siècle, s'est
fait connaître par un ouvrage intitulé : Missx
dux quinque et sex vocibus cum psalmi ves-
pertini, litaniis Beatx Marias l'irginis
quinque vocum, op. 1 ; Mediolani, per Geor-
gïum Rolla, 1624. A la fin de ce recueil, on
trouve un Magnificat à cinq voix d'Horace
Vecchi.
YIANA (Matthias-Jean), ou VEANA,
compositeur de musique d'église, né en Es-
pagne, vers le milieu du seizième siècle, fut
maître de chapelle de l'église de Vlncarna-
ciotif à Madrid. Il est peu connu hors de sa pa-
trie. Le catalogue de la bibliothèque musicale
du roi de Portugal Jean IV indique de sa
composition deux livres de motets à quatre et
cinq voix, et trois livres de Filhancicos à cinq
et six voix, mais sans date et sans nom d'im-
primeur. Yriarte (voyez ce nom) est tombé
dans une erreur singulière à l'égard de ce mu-
sicien, en le confondant avec Viadana (voyez
ce nom), dans les notes relatives au troisième
livre de son poème sur la musique, où il dit :
Matias Juan Viana que pasa por inventor
del baxo continuo, etc. (page xv, édit. de
Madrid, 1789, in-8°). M. Eslava a publié en
partition un Vilhancico à six voix, de Viana,
dans la deuxième série de la Lira Sacro-
Hispana.
TICE3JTE Y CE1WERA (D. François)
était organiste delà cathédrale de Huesca, au
commencement du dix-huitième siècle. Le
3 novembre 1712, il fut nommé organiste de
l'église du collège royal du Corpus Christi
de Valence, et, plus tard, maître de la même
chapelle. Il a composé beaucoup de psaumes
et de messes à huit et à douze voix, selon
l'usage de celte église, et dans le style de
l'école de Valence, qui était, à l'égard de l'Es-
pagne, ce qu'était l'école vénitienne pour
l'Italie, à la fin du seizième siècle et au com-
mencement du dix-septième. Vicenle y Cervera
a joui de la réputation d'un des meilleurs
compositeurs espagnols, pour la musique reli-
gieuse.
VICENTINO (Nicolas), prêtre, né à Vi-
cence, en 1511 (1), fit ses études musicales
sous la direction d'Adrien Willaert, suivant le
titre énigmatique d'un de ses ouvrages, lequel
a faitcroire,au contraire, à M. Caffi,que Vicen-
lino avait été maître du compositeur flamand.
Il fut maître dechapelleà la courdeFerrare, et
enseigna aux princes et princesses de la famille
d'Esté à jouer des instruments à clavier, sur
lesquels il parait avoir eu beaucoup d'habileté
pour son temps. Protégé par eux et particu-
lièrement par le cardinal Hippolyle d'Esté, il
suivit celui-ci à Rome, et vécut dans son pa-
lais vers le milieu du seizième siècle. Préoc-
cupé de la pensée de faire renaître les genres
chromatique et enharmonique des Grecs, en
leur appliquant l'harmonie consonnante de
son temps, il écrivit des madrigaux à cinq
voix dans ce système, et les publia sous ce
titre bizarre, qualifié avec raison d'amphibo-
logique par l'abbé Baini : Dell' unico Adriano
Villaert discepolo D. Nicola Vicenlino
Madrigali a 5 voci per teorica e per pratica
da lui composti al nuovo modo del celeber-
rimo suo maestro ritrovati, lib. I ; Venezia,
1546, in-4° oblong. Cet ouvrage, qu'il croyait
destiné à produire une vive sensation sur l'es-
(GChoron ctFayolleont très-bien remarqué {Diclionn.
histor. des musiciens) que Gerber s:est trompé en taisant
naître Vieentino à Rome; mais eux-mêmes sont tombés
dans une autre erreur en fixant l'époque de sa naissance
à 1513, car au-dessous de son portrait placé en tête de
son livre, on trouve ces mots : Nicolas Vicentinus anno
«tatis suœ 44; or le livre a été publié en 15aS; il est évi-
dent que l'auteur a du naitre au plus tard en 1511.
VICENTINO
prit des musiciens, fui cependant peu remar-
qué à Rome. Il essaya de donner une démon-
stration de la réalité de son système par l'in-
vention d'un clavecin, auquel il donna le nom
d'arcicetnbalo et qui avait plusieurs claviers
divisés de telle sorte qu'on pouvait, selon Vi-
cenlino, appliquer par leur moyen les genres
diatonique, chromatique et enharmonique des
anciens à l'harmonie de la musique moderne,
avouant que la difficulté des intonations pou-
vait être un obstacle pour cette application
dans la musique vocale. Toutefois il ne croyait
pas cet obstacle invincible, car il ouvrit un
cours pour enseigner à chanter à six élèves
choisis, sous le sceau du secret, les intervalles
des trois genres. On commença alors à se pré-
occuper de celte école mystérieuse; mais Vi-
cenlino répondait à ceux qui cherchaient à
pénétrer son secret, qu'il ne publierait ses dé-
couvertes qu'après qu'il aurait obtenu une po-
sition convenable pour ses talents; par
exemple, celle de chantre, ou même de maître
de la chapelle pontificale. Les choses étaient
en cet état, lorsque, vers la fin de mai 1551,
Vicenlino et Vincent Lusilano (uoyes ce nom),
sortant d'une maison où ils avaient entendu
exécuter un morceau de musique à plusieurs
voix composé sur le plain-chanl du Regina
Cœli, se mirent à discuter sur celle composi-
tion. Lusilano ayant dit qu'elle était dans le
genre diatonique, Vicenlino soutint que ni
lui ni aucun musicien ne savaient précisé-
ment en quel genre était un morceau de mu-
sique. La dispute devint fort vive à ce propos,
et les antagonistes parièrent deux écus d'or,
choisissant pour juges de leur différend Bar-
tholomé Escobedo et Ghiselin Dankers ,
chantres de la chapelle pontificale. On peut
voir, à l'article de Lusilano, quel fut le résultat
de cette contestation, et comment Vicenlino
fut condamné à payer les deux écus d'or à son
adversaire. Le cardinal de Ferrare considéra
le jugement comme une insulte personnelle
qui lui était faite; nul doute qu'il n'en eût
poursuivi la réparation, s'il n'était parti pour
Ferrare quelques jours après, et si son absence
de Rome n'avait été de près de quatre années.
Vicenlino l'avait suivi, et plein de ressenti-
ment contre ses juges, il s'était immédiate-
ment occupé de la rédaction d'un grand ou-
vrage concernant les trois genres diatonique,
chromatique et enharmonique, ainsi que leur
application à la musique moderne. Il y rend
compte de la dispute et de ses résultais; mais,
faisant prendre le change sur l'état de l.i
question, il substitue une discussion de théorie
à l'objet spécial qui donna lieu au jugement.
Son livre a donc induit en erreur tous ceux qui
ont écrit sur ce sujet. De retour à Rome, Vi-
cenlino y.fit imprimer son livre aux dépens du
cardinal de Ferrare, sous ce litre : L' Antica
musica ridotta alla moderna pratica, con la
dichiaratione e con gli esempj dei tre
generi con le loro spelie, e con l'invenlione
di uno nuovo slromenlo, ncl quale si con-
tiene tulta la perfella musica con molti se-
greti musicali. In Roma, appresso Anl. Barré,
1555, in-fol. de cent quarante-six feuillets,
avec une table des matières et des planches (1).
Cet ouvrage est divisé en six livres : le premier
traite de la théorie de la musique; les cinq
autres de la pratique, conformément aux vues
de l'auteur.
Indépendamment de la querelle personnelle
qu'il y eut entre Vicenlino et V. Lusilano, on
voit dans leurs ouvrages que leurdoctrine était
différente, en ce que le premier soutenait que
la musique de son temps était un mélange des
genres diatonique, chromatique et enharmo-
nique (voyez V Antica Musica rid. alla mo-
derna prat., lib. 4, cap. 45, fol. 95), tandis
queV. Lusilano la croyait du genre diatonique
pur. Hawkins, Gerber et les auteurs du Dic-
tionnaire historique des musiciens, disent
que V. Lusilano parut, quelque temps après,
abandonner son opinion et adopter celle de
son adversaire, dans le livre intitulé : Intro-
dultione facilissima et novissima di canto
fermo, figurato, conlrapunto semplice et in
concerto, etc. (Rome, 1555, Venise, 1558, et
Venise, 1561, in-4u). Je trouve, au contraire,
la conclusion suivante, à la fin du chapitre
Dei tre generi de cet ouvrage (fol. 25 verso,
édit; de 1501) : Onde si mostra i slromenti
fatti a fine di sonar il génère armonico esser
falti in vano. Chacun des deux systèmes a eu
ses partisans parmi les anciens théoriciens de
la musique; mais ceux mêmes qui ont cru à la
(I) Forkel place en 1537 la date de la publication du
livre de Vicenlino {Allgemeinc Lileratur der Musik,
p. 3G9) ; mais c'est évidemment une erreur qu'il a copiée
dans la Bibliothèque italienne de Fonlauini, avec les
corrections d'Aposlolo Zeno, t. Il, p. 416. Celte erreur
est d'autant plussinguliére, qu'il possédait un exemplaire
de cet ouvrage indiqué avec la date de Kijj dans le cata-
logue de sa bibliothèque (p. 4j. Il a été copié par Lich-
tenthal (Dizionario e Biblioyrapa délia musica, t. IV,
p. 276). M. Ferd. Cecker , se conGant à l'exactitude
habituelle de Forkel, n'a pas mis en doute l'existence
de la date citée par lui ; mais ayant vu vraisemblable-
ment un exemplaire du livre de Vicenlino avec celle
de lbà'S, il a supposé deux édilions (System. Chronol.
Darslellung der musilial. Liteialur, p. 426), bien que
cille de 1 jjj soit la seule réelle.
22.
340
VICENTINO - VICQ-D'AZYR
possibilité des genres cliroraatique et enhar-
monique appliqués à l'harmonie consonnante,
ont reproché avec raison à Vicenlino d'avoir
confondu ce qu'il appelle de ces noms avec les
genres chromatique et enharmonique des
Grecs. Zarlino (1) et Doni (2) disent même
qu'il n'avait pas lu les théoriciens grecs, et que
non-seulement il ne savait ce qu'étaient les
véritables genres chromatique el enharmoni-
nique de ceux-ci, mais qu'il n'avait pas même
une idée bien nette du genre diatonique, Bot-
irigari partagea les idées de Vicentino con-
cernant la possibilité de l'emploi des genres
chromatique et enharmonique, mais dans le
système mixte et tempéré appelé par les Ita-
liens partecipato (voyez II Melone, p. 10 el
suiv.). C'est aussi dans ce système que Doni a
traité de la régénération de ces genres dans la
musique moderne (Aggiunta al compendio
delTratlalode' generiede' modidella musica
(p. 120 et suiv.). Artusi a réfuté les erreurs de
Vicentino dans son livre Belle imperfezioni
délia moderna musica (pag. 28 et suiv.). Au
surplus, celui-ci n'eut pas même le mérite de
l'originalité dans la vaine entreprise de faire
revivre les genres chromatique et enharmoni-
que des Grecs, en les appliquant à l'harmonie
consonnante; car Aaron nous apprend {De
Institut, harmon. interprète Jo. Anl. /7a-
minio, lib. 2, cap. 9) que Spataro avait fait la
même tentative dans l'école de Bologne, au
commencement du seizième siècle. J'ai ana-
lysé, dans mon Traité complet de l'harmonie
(liv.ô),un desexemples d'harmonie prétendue
chromatique et enharmonique donnés par Vi-
cenlino dans le troisième livre de son ouvrage,
et j'ai fait voir que les successions auxquelles
il donne ces noms sont complètement illu-
soires. J'ai démontré, en outre, que le chroma-
tique et l'enharmonique dans l'harmonie con-
sonnante sont un non-sens, et que ces genres
ne prennent de réalité que par les attractions
des dissonances naturelles el par les relations
multiple des altérations d'intervalles.
Le P. Martini (ô) etForkel (4) indiquent un
livre de Vicenlino intitulé : Descrizione dell'
arciorgano, nel quale si possono eseguire i
tre generi délia musica dialonica, croma-
tica ed enarmonica. Venise, 1501. La des-
cription de Varciorgano est une feuille
volante imprimée d'un seul coté dans la forme
(1) Istiiuz. armonic, part. 4, c. 3.
(2) Cumpendio del Traltato de' ijeneri, e de' modi,
c. I, p. 4.
(2) Sloria dclla Musica, t. I, p. 407.
(3) Ailgcmtine Lf.cratur der .Vusik, p. 22G.
d'une affiche ou placard. L'auteur y est appelé
Don Niccolo Ficenlino de' Ficentini. On y
voit que Varciorgano était destiné à exécuter
dans la perfection les trois genres de musique
diatonique, chromatique et enharmonique.
Vicenlino dit que Blesser Vincenzo Colombo,
cxcellentissime facteur d'orgues, à Venise, a
exécuté cel instrument d'après ses instruc-
tions. Au bas de la feuille, on trouve celte
inscription .- in Venetia, appresso Niccolo
BeuH'acqua,]^G\,adi23 0ttobrio. M.Gaspari
(voyez ce nom), de Bologne, qui possède celte
pièce rarissime, a bien voulu m'en envoyer
une copie (1). La description de Varcicembalo
est dans VAntica musica ridotla alla mo-
derna pralica, et l'on trouve à la fin du vo-
lume trois planches qui représentent les dis-
positions el l'étendue de ses claviers.
Malgré les ennemis nombreux qu'il s'était
faits par son orgueil, Vicentino fut considéré
comme un savant musicien. Deux médailles
ont été frappées en son honneur. La première,
en bronze de grand module, représente, d'un
côté, son effigie avec ces mots : Nicolaus Fi-
centinus ; au revers, on voit un orgue avec
cette légende : Perfeclx musicx divisionisq.
inventor. L'autre esl semblable, mais plus
petite : le P. Cologera la cite dans son cata-
logue des médailles du comte Mazzuchelli
(Catalogus numismatum viris doctrind
prxstanlibus prxcipue Italis cusorum, qux
servantur Brixix apud N. N.). On ne
trouve pas d'indication de compositions de Vi-
centino dans les anciens catalogues.
VICQ-D'AZYR (Félix), docteur-régenlde
la Faculté de médecine de Paris, professeur
d'anatomie, membre des Académies française
et des sciences, secrétaire de la Société royale
de médecine etdechirurgie,naquil à Valogues,
le 2ô avril 1748, el mourut à Paris, le 20 juin
1794. Au nombre des ouvrages de ce savant,
on trouve un Mémoire sur la voix; de la struc-
ture des organes qui servent à la formation
de la voix, considérée dans l'homme et dans
les différentes classes d'animaux (Voyez les
(1) Voici l'introduction tic la description f.i ite par
Vicenlino : « Essendo cosa manifesta ad ogn'uno che il
» tencre ascose quelle cose clie possono giovare al
n mondo, lorna di grandissimo biasmo, il reverendo
» don Niccolo Vicentino de' Vicentini, non volindo
» incorrere in questo errore, fa per lo présente mani-
• fisto, per beneficio universale delta musica, coine egli
■ con lungliissima fatica c conlinuo studio lia ritrouato
n c posto nouamente in pratica uno arciorgano di mi-
» rabilissimo arlificio etarmonia, il quai si vede mani-
» festamente liauer suplito a molli imperfettioni clie si
« ritrovano ne gli organi ordinarij, et liaucr fatlo l'or-
« i;ano perfetto. »
VICQ-DAZYP, - V1CT0RINUS
mi
Mémoires de l'Académie royale des sciences
de Paris, ann. 1779, p. 178).
VICTORIA (Thomas-Louis DE), appelé
en Italie VITTORIA, composileur, né a
Avila, en Espagne, vers 11540, se rendit en
Italie, dans sa jeunesse, et y devint élève
d'Escobedo et de Morales, ses compatriotes,
chantres de la chapelle pontificale. Plus tard,
il étudia avec soin les ouvrages de Paleslrina,
et l'imita souvent avec bonheur; en somme, il
fut un des compositeurs de musique d'église
les plus distingués et un de ceux qili firent le
plus d'honneur à l'Espagne. En 1573, Victoria
obtint la place de maître de chapelle du Col-
lège germanique à Rome, et, deux ans après,
il fut nommé maître de l'église Saint-Apolli-
naire. De retour en Espagne, il eut le litre de
chapelain du roi. Il vivait encore à Madrid
en 1G05, car il fit imprimer, dans cette année,
un office des morts à six voix, composé pour la
mort de l'Impératrice. On croit qu'il est mort
en 1008. Les oeuvres connuesdece compositeur
sont celles dont les litres suivent: 1° Liber
primus, qui missas,psalmos, Magnificat, ad
virginem Dei Matrem Salutationes, aliaque
complectitur 4, !5, 6, 8 voc. Veneliis apud
Angelum Gardannm, 157G. Cet ouvrage est
dédié au duc Ernest de Bavière. 2° Cantica
B. Firginis vulgo Magnificat 4 voc. una
cum quatuor antiphonis B. Firginis, per
annum 5 et 8 voc. Romse, ex typ. Do m. Basse
apud Franc. Zannettum, 1581, in-fol. 3° //t/mm
lolius anni secundum S. R. E. consuetudi-
nem, 4 voc. una cum quatuor psalmis pro
prxcipuis festivitatibus 8 voc. Ibid., 1581,
in-fol. Il y en a une autre édition avec le titre
italien : Inni per tutto l'anno a quattro voci.
Venelia, appresso Giac. Vincenti, 1G00, in-4".
Cet ouvrage est dédié au pape Grégoire XIII.
Victoria l'ut le premier composileur qui mit en
musique les hymnes de toute l'année. Son style
fut critiqué par les maîtres italienselflamands
de son temps; mais il n'en est pas moins vrai
que ce style a plus d'originalité que celui de
beaucoup de compositeurs du même temps.
4° Missarum liber primus 4, 5, G voc. ad
l'hilippum secundum f/ispaniarum regem
calholicum. Ihid., 1583, in-fol. Le second
livre des messes de Victoria parut à Rome,
dans la même année, et les deux livres furent
réunis immédiatement après, sous ce litre:
Thomx Ludovici a Fictoria Abulensis Mis-
sarum libri duo qux parlimquaternis , par
tim quinis, purtim senis concinuntur voci-
bus. Romae, ex typographia Dominici Basse,
aiDLXXXIII, in-fol. m0. A la fin du dernier
feuillet, on lit: Romae , apud Alexandrum Gar-
danutn, 1583. Je possède un bel exemplaire
de ce rare volume, qui contient neuf messes,
dont cinq à quatre voix, deux à cinq et deux à
six. Il est composé de 294 pages. 5° Officium
hebdomadx sanctx. Rompe, ap. Angelum Gar-
danum, 1585. G0 Molecta festorum totius
anni cum communi sanctorum 5, 6, 8 voc.
Ihid., 1585. Une deuxième édition de ce recueil
a paru sous ce litre : Cantiones sacrx 4, 5, 6,
8 vocum. Dillingen, 1588, in-4°. Ce recueil
fut réimprimé, avec l'addition de quelques
motels à douze voix du même auteur, sous ce
titre: Motecta 5, 6, 8, 12t;oc. quae nunc me-
lius excussa, aliis quam plurimis adjunctis,
noviter sunt impressa. Mediolani, ap. Franc,
et hœred. Simonis Tini, 1589. Une autre édi-
tion a paru aussi à Dillingen, en 1590, sous le
litre de Cantiones sacras 5,6,8,12 voc, iù-A".
Une troisième a été publiée à Francforl-sur-le-
Mein, en 1G02, in-4°. 7° Missarum liber
secundus 4, 5, G, S voc., una cum antiphonis
Asperges, et J'idi aquam , totius anni.
Romse, ex typ. Ascanii Donangeli, ap. Franc.
Coaltinum, 1592. 8° Officium defunclorum
sex vocum. Malriti, Joachin Velasquez, 1G05,
in-fol. M. Eslava a publié de Victoria la messe
Ave Maris Stella, la messe de Requiem sur
le plain-chant et cinq motels en partition, dans
le premier volume de la Lira sacro-hispana
{\rv série).
VICTOKINUS (Georges), né à Huld-
schœn, en Bavière, vers le milieu du seizième
siècle, fut maître de chapelle de l'église des
Jésuites, à Munich, et mourut dans celte ville,
en 1G24. Il écrivit la musique du drame inti-
tulé : Le Combat de l'archange saint Michel
avec Lucifer, qui fut représenté en plein air,
le 30 septembre 1597, par les étudiants, avec
un chœur de neuf cents chanteurs. On connaît
aussi de Viclorinus : 1° Thésaurus LXX lita-
niarum 4-10 vocum. Munich, Adam Berg,
159G, in-4°. 2" Philomela cœlestis sive can-
tiones sacrw cum falsis bordonibus, Magni-
ficat, etc., 2, 3 et 4 vocum. Monachii, apud
Niçhol. Ilenricum, 1G24, in-4°. Une partie
seulement de cette collection de motels appar-
tient à Viclorinus : ils sont au nombre de cent.
Outre Viclorinus, les auteurs de ces motels
sont : Rodolphe et Ferdinand de Lassus, Jean
Schutz (en latin Sagitlarius), Cornazzoni,
Jean Priuli, André Imperiali, Jacques Perla
(luthiste), Guillaume Rrumper, Christophe
Perckhauer, Gaspard Topiarius, Jean Sladl-
mayr, Jean Haslcr, Jean Feldtmayr, Jean
Kurzinger, Adam WeiJmann, Jean Aich-
342
VICTORINUS - VIERDANCK
muller,Barlho1omé Hartmann, El ien ne Weich,
Jean Stupporiis, Grégoire Aichinger et Chré-
tien Erbach. Plusieurs de ces noms ne sont
connus que par ce recueil.
VIDAL (B.), professeur de guitare à Paris,
commença à se faire : connaître vers 1778. Il
mourut à Paris, au mois de février 1800. On a
gravé de sa composition environ quarante oeu-
vres, parmi lesquels on remarque: 1° Concerto
pour la guitare, avec deux violons et basse (en
ré). Paris, Imbault. 2° Sonates pour guitare et
violoncelle, op. 6. Paris, Bailleux. 5° Sonates
pour guitare et violon, op. 7, 8, 12 et 25. Ibid.
4° Six œuvres de sonates pour guitare seule.
Paris, Leduc et Gaveaux. 5° Des pots-pourris
et airs variés. 6" Des recueils d'airs d'opéras.
7° Nouvelle méthode de guitare, dédiée aux
amateurs. Paris, S. Gaveaux.
. VIDAL (Jean-Joseph) , violoniste distin-
gué, né à Sorèze, en 1789, entra au Conserva-
toire de Paris en 180a, comme élève de Rodol-
phe Kreulzer, pour le violon, et de Gossec,
pour la composition. En 1808, le second grand
prix de composition lui fut décerné au con-
cours de l'Institut. Dès l'année suivante, il
obtint, au concours du Conservatoire, le pre-
mier prix de violon. Il brilla dans les concerts
donnés à Paris en 1810 et 1811. Plus tard, il
devint le second violon de Baillot, dans les
séances de musique de chambre de cet artiste
célèbre. Pendant près de vingt ans il conserva
cette position. Vidal fut l'un des professeurs
les plus estimés pour son instrument. Il n'a pas
publié de compositions pour le violon.
"VIDAL (Étienne-T.-T.), sténographe, est
auteur d'un petit écrit intitulé : Système de
musique slénographique. Toulon, de l'im-
primerie de Bcaume, 1835, in-8° de 32 pages,
avec un tableau.
VIDAL (P.-J.). On a sous ce nom un écrit
intitulé : Physiologie de l'organe de l'ouïe
chez l'homme. Paris, de l'imprimerie de Moes-
sai'd, 1836, in-8° de 88 pages.
VIEIRA (Antoine), compositeur, naquit à
Villaviciosa, en Portugal, vers la fin du sei-
zième siècle, et étudia la musique et le contre-
point sous la direction de Manuel Robello,
puis se rendit en Italie et obtint la placo.de
maître de chapelle à Lorette. Après quelques
années desé.jour en celte ville, il retourna dans
sa patrie et fut nommé maître de chapelle à
Eralo. Il y mourut en 1650, laissant en manu-
scrit les ouvrages suivants, que le roi de Portu-
gal, Jean IV, fil placer dans sa bibliothèque:
1° Messe du premier ton à douze voix. 2° Mi-
serere à huit voix, du huitième ton. 3° Dixit
Dominus, à huit voix, du premier ton, avec
instruments. 4° Beatus Vir, à douze voix, du
premier ton. 5° Lauda Hierusalem, à huit
voix, du huitième ton. 6° Plusieurs motets.
VIEIRA (Antoine), moine portugais, né à
Lisbonne, entra dans son couvent en 1644, et
devint par la suite un des organistes les plus
distingués de son pays. Il mourut le 27 janvier
1707, laissant en manuscrit tin recueil de
pièces d'orgue désigné par Machado sous ce
titre : Diversas obrasde orgao parues tan-
gedores deste instrumenta (OEuvres diverses
d'orgue à l'usage de ceux qui jouent de cet
instrument).
VIDAME DE CHARTRES. Voyez
FRETEVAL (Matthieu DE).
VIELARS (Jean), poète et musicien fran-
çais, né à Corbie, petite ville delà Picardie,
vivait vers 1260. On trouve deux chansons
notées de sa composition dans'un manuscrit
de la Bibliothèque impériale, coté 65 (fonds de
Cangé).
VIERDANCK (Jean), compositeur alle-
mand, fut organiste à l'église Sainte-Marie de
Slralsund, vers le milieu du dix-septième
siècle. Il publia des concerts spirituels à plu-
sieurs voix, sous ce titre : Geistliche Concerte
mit 2, 5 und 4 Stimmen, 7\ebst Basso conti-
nuo. Ersler Theil. Greifswald, 1642, in-4".
La deuxième partie de cet œuvre parut à Ros-
tock en 1643, in-fol.; elle contient vingt
messes, motets, Magnificat et dialogues à
huit voix avec accompagnement d'orgue.
Mattheson accorde des éloges à cet ouvrage
(Grundlagc einer Ehren-Pforle, page 381).
La Bibliothèque royale de Berlin possède un
exemplaire des deux parties auquel manque la
partie de basse continue. Le» autres produc-
tions de Vierdanck sont : l9 Erster Theil;
newer Pavanen, Gagliarden, Balletten und
Correnten, mit zwey Violincn, und einem
Violon, nebenst dem Basso continuo. Von
Johann Vierdanck, der Zeit bestetten Orga-
nisten zu St-Marien in Straalsund (Pre-
mière partie de nouvelles pavanes, galiardes,
ballets et courantes pour deux violons, basse
de viole et basse continue, par Jean Vier-
danck, un des meilleurs organistes de ce
temps, à Sainte-Marie de Slralsund) ; Rostock,
1641, in-4°. La deuxième partie de cet ou-
vrage, imprimée dans la même année, con-
tient des caprices, chansons et sonates pour
deux, trois, quatre et cinq instruments, avec
ou sans basse continue. 2° Erster Theil,
geistlicher Concerten, mit 2, 3 und vier
Stimmen nebenst dem Basso continuo, etc.
VIERDANCK - VIERLING
343
Roslock, 1G5G, in-4°. J'ignore si c'est nne se-
conde édition du premier ouvrage cité ci-
dessus ou un autre œuvre.
VIERLlING (Jean-Godefroid), organiste
à l'église évangélique de Schmalkalde, en
Thuringe, naquit le 25 janvier 1750, à Mel-
zels, près de Meinttngen. Devenu élève de
l'organiste Fischer, dans celte ville, à l'âge de
quatorze ans, il fit des progrès si rapides sous
la direction de cet arlisle, qu'il fut nommé,
quatre ans après, adjoint de son maître. Ce-
pendant le désir d'augmenter ses connais-
sances lui fit demander un congé pour aller à
Hambourg continuer ses études près de
Charles-Philippe-Emmanuel Bach; puis il se
rendit à Berlin, où il reçut de Kirnberger des
leçons de contrepoint. De retour à Schmal-
kalde, il succéda à Fischer dans la place d'or-
ganiste de l'église principale, et conserva cet
emploi modeste jusqu'au 22 novembre 1815,
époque de sa mort. Les pièces d'orgue de
Vierling sont d'un bon style, quoique moins
sévères dans leurs formes que celles des orga-
nistes allemands de l'époque précédente. On a
imprimé de sa composition : 1° Deux trios
pour clavecin, violon et basse, op. 1 , Mayence,
1781. 2° Six sonates pour clavecin, op. 2.
Leipsick, 1782. 5° Vingt-deux pièces d'orgue
faciles pour un ou deux claviers et pédale, dont
il a été fait deux éditions à Leipsick, chez
Breitkopf. 4° Recueil de pièces d'orgue faciles,
avec une Instruction concernant les préludes
de chorals. Ouvrage divisé en quatre parties,
ibid. 5° Quarante-huit préludes de chorals, en
trois suites formant cent quarante-quatre
pièces, ibid., 1794. 6° Quarante-huit pièces
d'orgue courtes et faciles, ibid., 1795.
7° Trente pièces d'orgue faciles à trois parties,
Leipsick, Peters. 8" Cent petits versets pour
l'orgue; Offenbach, André. 9° Quatuor pour
clavecin, violon, alto et basse, op. 4; ibid.,
1786. 10° Vingt-quatre pièces d'orgue faciles.
Ouvrage posthume publié par Heckel; Bonn,
Simrock. Vierling a laissé en manuscrit deux
années complètes de morceaux de musique
d'église et dix-huit motets à quatre voix. On
a aussi de cet artiste : 1° Fersuch einer An-
leitung zum Prxludiren fur Ungerubtere,
mit Beyspielen erlxuters (Essai d'une intro-
duction à l'art de préluder avec des exemples);
Leipsick, Breitkopf et Hsertel, grand in-8° de
trente pages. 12° Allgemein fasslicher Un-
lerricht im Generalbass, etc. (Instruction
complète pour la basse continue, éclaircie
par des exemples); Leipsick, E. Richter,
1805, in-4° de cent huit pages. 13° Choral-
buch auf vier Stimmen zum Gebrauch bei
dem œffentlichen und Privat-Gottesdienst
(Livre choral à quatre voix pour l'usage du
service divin public et privé); Cassel, 1789,
in-4°. On trouve en tête de ce recueil un petit
traité de la basse continue.
VIERLirVG (Georges), fondateur et di-
recteur de musique de la Société de Bach, à
Berlin, est né le 5 septembre 1820, à Fran-
kenlhal, dans le Palatinat, où son père était
instituteur et organiste. Vierling reçut de lui
les premières leçons de piano, d'orgue et
d'harmonie. Destiné dès l'enfance à la carrière
de l'enseignement, il fit ses premières études
latines dans l'école de Frankenthal, puis il
entra en seconde au Gymnase de Francfort-
sur-Ie-Mein. Les fréquentes occasions qu'il eut,
dans cette ville, d'entendre de la musique, lui
firent prendre la résolution d'abandonner
toute autre étude pour se livrer à celle de cet
art. Des motets à huit voix de Jean-Sébastien
Bach firent sur lui une impression si profonde,
que son penchant pour les œuvres de ce grand
artiste est devenu chez lui une passion exclu-
sive. Les ressources pécuniaires de sa famille
étaient trop limitées pour qu'il put payer
les leçons d'un maître de composition; et
d'abord il n'eut d'autre guide que lui-même,
jusqu'à ce que le célèbre organiste Rinck, ami
de son père, eût offert de le prendre près de
lui et de compléter son instruction. Cette pro-
position fut acceptée avec empressement, et
Vierling alla passer dix-huit mois dans la
maison de ce maître, qui lui donna des leçons
d'orgue et corrigea ses compositions, mais
sans lui enseigner l'art d'écrire d'une ma-
nière méthodique; car Rinck, dont l'édu-
cation musicale avait été toute pratique, ne
connaissait pas d'autre mode d'enseignement.
Celle méthode empirique ne satisfaisait pas
Vierling : il comprenait qu'il devait y avoir
d'arfUres éludes à faire ; mais désespérant de
trouver, dans le cercle de ses relations, quel-
qu'un qui pût le diriger; il retourna dans la so-
litude de sa petite ville natale. Enfin, des cir-
constances plus favorables lui permirent, au
mois de septembre 18^2. d'aller s'établir à
Berlin, où il fit un couri omplet de composi-
tion, sous la direction du professeur Marx. Au
mois de janvier 1847, il fut appelé, en qualité
d'organiste, à Francfort-sur -l'Oder, où il eut
nussi la direction de l'Académie de chant. Au
mois de novembre 1852, il obtint une place de
directeur de musique à Mayence, mais il ne
conserva celle position quependantune année,
parce que le goût 11a peu frivole de musique
344
VIERL1NG - VIEUXTEMPS
qui régnait dans celle ville lui était antipathi-
que. Il entreprit alors un voyage en Italie,
mais il fut contraint de l'interrompre, par
une grave maladie qui l'atteignit à Vienne. De
retour à Berlin, après sa guérison, il se livra
à l'enseignement, à la composition, et dirigea,
pendant plusieurs années, la société de chant
de Potsdam, appelée Société d'Opéra. Son
goût passionné pour la musique de Bach fut
enfin satisfait, au mois de janvier 1857, par
la société de chant qui prit le nom de ce
grand homme, et il pût, chaque année, en-
tendre hien exécuter ses oeuvres. De quinze en
quinze jours, il va aussi diriger une bonne et
nombreuse société de chant à Francfort-sur-
l'Oder. En 1859, Vierling a été nommé di-
recteur de musique royale (?). Parmi les
ouvrages de cet artiste, on remarque : 1° Le
Psaume 127, pour voix solo, chœur et or-
chestre, op. 22; Breslau, Leuckhardt, 1859.
2° Motet à deux chœurs, en partition pour
piano ou orgue, op. 25; ibid., 1800. 3° Un
grand nombre de Lieder, en recueils et dé-
tachés, pour voix seule et piano, et de chants
pour plusieurs voix. 4° Ouverture pour la Tem-
pête de Shakespeare, op. G; Berlin, Tra ut -
wein. 5° Ouverture pour la tragédie de
Marie-Stuart, exéculée à Berlin, en 1854;
Berlin, Schlesinger. G° Im Fruhlinq (Au
Printemps), ouverture pour l'orcheslre ,
op. 24; Breslau, Leuckhardt. 7° Quelques
pièces pour piano.
VIEUXTEMPS (Henri), violoniste célè-
bre, est né à Verviers, le 20 février 1820. Fils
«l'un ancien militaire qui, relire du service,
s'était livré à la profession de luthier et d'ac-
cordeur d'instruments, il fit pressentir sa des-
tination naturelle dès ses premières années,
par le plaisir qu'il manifestait à l'audition du
violon de son père. A deux ans, il passait des
heures entières à frotter les crins d'un archet
sur les cordes d'un petit instrument. A quatre
ans et demi, il commençait à déchiffrer la
musique. Charmé de ses heureuses disposi-
tions, un amateur zélé voulut faire les frais de
son éducation musicale, et le confia aux soins
de Lecloux, bon professeur de violon, qui pré-
para par ses leçons les talents du jeune violo-
niste, devenu depuis lors un des artistes les
plus remarquables de son époque. Ses progrès
furent si rapides, qu'il put entreprendre avec
son maître un premier voyage à l'âge de huit
ans, pour donner des concerts dans les princi-
pales villes de la Belgique. Arrivé à Bruxelles,
il y rencontra le célèbre violoniste M. de Bé-
riot, qui, frappé de sa précoce habileté, lui
donna gratuitement îles leçons pendant quel-
ques mois. Au printemps de 1830, il vint avec
son nouveau maître à Paris, et y joua dans un
concert donné à la salle de la rue de Cléry.
L'auteur de celte notice, qui l'entendit alors,
prédit, dans sa /?eu«e7nu.«ca/e, l'avenir de l'ar-
tiste enfant. De retour à Verviers peu de temps
après, Vieuxlempsy repritseséliidcs. En 183",
il entreprit avec son père un voyage en Alle-
magne, pendant lequel il acquit, par l'habi-
tude de se faire entendre en public, l'assurance
nécessaire à la libre manifestation du talent.
Ce fut à Vienne qu'il obtint ses premiers suc-
cès de quelque importance. Il y prit aussi
quelques leçons d'harmonie de Simon Sechter,
organiste de la cour, puis revint à Bruxelles,
où il ne resta que quelques mois. Au mois de
décembre 1834, il partit pour Paris, ne put
parvenir à s'y faire entendre, et se rendit à
Londres, où son talent n'excila pas l'intérêt
qu'il avait espéré. De retour à Paris dans l'été
de 1835, il prit la résolution de compléter ses
connaissances en faisant, sous la direction de
Reicha, des éludes de composition. La méthode
superficielle, mais expéditive de ce professeur,
élait celle qui convenait le mieux à un instru-
mentiste peu soucieux d'acquérir un profond
savoir des formes du contrepoint, qu'il ne
considérait pas comme étant à son usage. Peu
de temps après, il commença à écrire ses pre-
mières compositions, et les fit entendre dans
son voyage en Hollande, entrepris en 1836;
puis il retourna à Vienne et y publia ses
ouvrages. En 1838, il joua avec succès au
théâtre de Bruxelles, ainsi que dans un con-
cert qui fut donné à l'église des Augustins par
la Société philanthropique, et y fit entendre
des fantaisies et des fragments de concertos où
l'on remarquait quelques idées heureuses mê-
lées à des incohérences. Immédiatement après,
il partit pour la Russie, donnant des concerts
à Prague, Dresde, Leipsick et Berlin. Parti de
celle dernière ville pour Pétersbourg, il fut
arrêté par une grave maladie dans une petite
ville de la Russie, et y fut relenn pendant plus
de dc\\\ mois. Arrivé à Pétersbourg, il y eut
de brillants succès qui ne se démentirent point
à Moscou. Ce fut dans ce pays qu'il écrivit un
nouveau concertode violon et une grande fan-
taisie avec orchestre dont la supériorité, à
l'égard de ses productions précédentes, est si
marquée, que la malveillance s'est emparée de
ce fait, à Paris comme à Bruxelles, pour lui en
contester la propriété, quoiqu'on ne pût nom-
mer l'artiste distingué qui aurait prêté sa
plume à Vicuxlemps. Depuis lors, le grand
YtEUXTEMPS
345
mérite de ses autres compositions a démontré
qu'il était l)ien le véritable auteur de celles-là-
Après un séjour de plus d'une année en Russie,
Vieuxlemps revint à Bruxelles, au mois de juin
1840, et, le 7 juillet suivant, il joua son nou-
veau concerto (en mi) et sa fantaisie (en la)
dans un grand concert donné au bénéfice des
musciciens de l'orchestre du théâtre, sous la
direction de l'auteur de celle notice. Ces mor-
ceaux, où l'artiste déploya le plus beau talent
d'exécution, excitèrent des transports d'enthou-
siasme. Vieuxlemps les lit entendre de nouveau
aux concerts donnés à Anvers, au moisd'aoul
suivant, à l'occasion de l'inauguration de la sta-
tue de Ruhens, et l'admiration fut telle, qu'un
minisire lui accorda immédiatement la déco-
ration de l'ordre de Léopold.
Il ne manquait plus à Vieuxlemps que la
sanction de l'intelligente population de Paris :
baptême sans lequel un artiste n'ose croire h
sa gloire. Il l'obtint dans l'hiver suivant, et
n'excita pas moins- d'intérêt par le mérite de
ses dernières productions que par son talent
d'instrumentiste. Depuis lors, il a fait un se-
cond voyage en Hollande, puis a visité de nou-
veau l'Allemagne, et a revu Vienne pour la
troisième fois : enfin, il a parcouru la Pologne
et n'est revenu à Bruxelles qu'au mois de juin
1 845 ; puis il a fait un premier voyage en Amé-
rique, pendant les années 1844 et 1845.
De retour en Europe, dans l'été de 1845,
Vieuxlemps parcourut les provinces rhénanes,
joua à Coblence, chez le roi de Prusse, Fré-
déric-Guillaume IV, à l'époque des fêles pour
l'inauguration de la 'statue de Beethoven à
Bonn. A l'automne de la même année, il se
maria à Francfort-sur le-Mcin ; puis il se
rendit de nouveau à Pclersbourg, où l'empe-
reur Nicolas le nomma violon solo «le sa mu-
sique, avec un engagement de dix ans, dont
une des clauses imposait à l'artiste l'obligation
de former quelques élèves. Cet engagement
commençait en 1846. Vieuxlemps passa, en
effet, plusieurs années en Russie; mais, soit
que le climat ne fût pas favorable à sa santé ;
soit qu'il éprouvai le besoin de produire son
talent chez des populations plus sympathiques
à son sentiment artiste et plus avancées dans
la culture de l'art, il n'acheva pas jusqu'au
terme l'engagement qu'il avait pris, et préféra
renoncer à la pension stipulée dans son con-
trat. En 1852, il reparut en Allemagne, en
Angleterre, en France, en Belgique, y don-
nant une multitude innombrable de concerts,
jusqu'en 1857, où il entreprit un second voyage
en Amérique, dont le produit a été considé-
rable. Dans l'hiver de 1858, le célèbre artiste
donna, à Paris, une sériede séances de musique
de chambre, dans lesquelles il obtint des succès
d'enthousiasme. Il serait impossible de le sui-
vre depuis ce moment dans ses incessantes pé-
régrinalionsd'u n bon là l'autre de l'Europe, plus
impossible encore d'énumérer les concerts elles
solennités musicales dans lesquelles s'est pro-
duit son talenl. Au moment où celte notice est
complétée (juillet 1864), Vieuxlemps jouit d'un
moment de repos dans la propriété qu'il pos-
sède à Dreichenhain , près de Francfort;
mais il ne lardera pas sans doute à reprendre
son vol vers les contrées où son archet frappe
monnaie.
Vieuxlemps n'est pas seulement un violo-
niste de premier ordre, car ses compositions
pourson instrument tiennent un rang éminent
dans la musique moderne de violon. Ses prin-
cipales productions publiées sont : 1° Grand
concerto (en Bit), pour violon et orchestre,
op. 10; Paris, Brandus. 2° Deuxième concerto,
î'dem, op. 8; Ibid. Celle composition a précédé
l'œuvre 10, et n'a pas été considérée comme
le véritable deuxième concerto de l'auteur.
5° Deuxième concerto (en fa dièse mineur),
op. 19; Hambourg, Schnberlh. 4° Grand con-
certo (en /o), op. 25; Paris, Brandus, et Leip-
sick, Kistner. 5° Quatrième grand concerto
(en ré mineur), ibid. Il y a d'autres concertos
de Vieuxlemps sur lesquels je manque de ren-
seignements. 6" Grande fantaisie (en la) pour
violon et orchestre; Paris, Brandus. 7° Air
varié sur les molil's du Pirate, op. 6; ibid.
8° Romances sans paroles avec accompagne-
ment de piano, op. 7, en deux suites; ibid.
9" Hommage à Paganini , caprice avec or-
chestre ou piano, op. 9: ibid. 10° Fantaisie
caprice pour violon et orchestre ou piano,
op. 1 1 ; ibid. 1 1° Grande sonate en quatre par-
lies (en ré) pour piano et violon, op. 12;
Mayence, Scholt. 12° Les Arpèges, caprice avec
accompagnement de violoncelle obligé et de
piano ou orchestre, op. 15; Paris, Brandus.
lô" Six éludes de concert avec accompagne-
ment de piano, op. 16, en deux suites; ibid.
14° Souvenir d' Amérique, air varié sur l'air
américain Yankee doodle, avec quatuor ou
piano, op. 17; ibid. 15° La Norma, fantaisie
sur la quatrième corde du violon, avec or-
chestre ou piano, op. 18; ibid. 16° Duo con-
certant sur Don Juan, pour violon et piano,
avec Edouard WolfT, op. 20; Berlin, Schle-
singer. 17° Souvenir de Russie, fantaisie pour
violon et orchestre ou piano, op. 21; Paris,
Brandus. 18° Six morceaux brillants de salon
3^6
VIEUXTEMPS- VIGNOLA
pour violon et piano, op. 22; ibid. 19° Grand
duo brillant sur Le Camp de Silésie,Ae Meyer
béer, pour violon et piano, avec Théodore Ku
lak, op. 24; Berlin, Schlesinger. 20° Grande
fantaisie sur des thèmes slaves pour violon et
orchestre ou piano, op. 27; Paris, Brandus.
21° Introduction et rondo pour violon et or- j
chestreou piano, op. 29; ibid. Il existe beau-
coup d'autres compositions de Vieuxtemps,
dont une grande polonaise avec orchestre, une
élégie (en fa mineur), pour violon et instru-
ments à vent, des Contes pour violon, avec
quatuor ou piano, beaucoup de petites pièces
de différents genres, trois cadences pour le
concerto de Beethoven, op.^ 61, des duos et
fantaisies pour violon et piano, avec Edouard
Wolff, op. 76 et 89, des transcriptions, etc.
Vieuxtemps est membre de l'Académie
royale de Belgique depuis 1846. Il est officier
de l'ordre de Léopold et décoré de plusieurs
autres ordres.
Madame Vieuxtemps, née Joséphine Eder , à
Vienne, estime pianiste de talent. Elle accom-
pagne son mari, dans ses morceaux de salon,
avec autant de précision que de délicatesse.
Mademoiselle Eder se fit entendre pour la pre-
mière fois dans un concert donné à Vienne, le
7 septembre 1829. En 1835, elle entreprit un
voyage pour donner des concerts, et visita
Prague, Dresde, Berlin, Leipsick et Francfort.
Dans l'année suivante, elle était à Slultganl.
Suivant VJUgemeine musikalische Zeilung
de Leipsick, celle dame est la même que
mademoiselle Eder, qui entra au théâtre de
Leopoldsladt à Vienne, comme cantatrice, et
joua le rôle du page Chérubin dans le Mariage
de Figaro, de Mozart, en 1836. Dans l'année
suivante, elle passa an théâtre de Josephsladt,
de la même ville. Elle y était encore en 1838 et
y chanta le rôle A'Jdalgisa dans la Norma.
En 1842, mademoiselle Eder était au théâtre
de Manheim, où elle joua le rôle du page dans
les Huguenots. Dans les années 1843, 1844 et
1845, elle resta attachée au théàlre deCassel,
et y chanta avec succès à la scène et dans les
concerts.
Y1GANONI (Joseph), célèbre ténor, né à
Bergame, en 1754, fit ses premières éludes de
musique dans cette ville, puis reçut des leçons
de chant de Ferdinand Bertoni, à Venise.
En 1777, il débuta à Brescia en qualité de
second ténor, et y eut assez de succès pour être
engagé en qualité de premier ténor au théâtre
de Padoue, pendant le carême de 1778. Après
avoir chanté à Modène, à Parme, à Bologne et
à Rome, il fut engagé au théâtre italien de
Londres, en 1782, et n'y réussit que médiocre-
ment. En 178G, il était à Vienne, où Pai-
siello écrivit pour lui le rôle de Sandrino,
dans II Re Teodoro. Engagé au théâtre Saint-
Charles de Naples, au printemps de 1787, il y
brilla au premier rang, particulièrement dans
la JUodista raggiratrice, du même composi-
teur. La grande réputation de Viganoni date
de celte époque; elle reçut la plus honorable
sanction à Paris, lorsqu'il partagea avecMan-
dini l'emploi de premier ténor, pendant les
années 1789 à 1792. La catastrophe de 1793
ayant dispersé les excellents chanteurs du
théâtre italien, Viganoni retourna en Italie et
chanla à Milan, pendant le carême de cette
année, puis se fit entendre sur les principaux
Ihéâlresdesa patrie. AppeléàLondres, en 1795,
il y fut accueilli celle fois par de vifs applau-
dissements et y demeura près de six ans. Au
mois de juillet 1801, il fit un voyage à Paris,
où il retrouva son ancien ami Paisiello; puis
il résolut de vivre dans le repos à Bergame et
d'y jouir de l'aisance qu'il avait acquise par
ses travaux. Il y accepta la place de premier
ténor de la basilique de Sainle-Marie-Majeure
et se fil entendre chaque année à celle église,
dans les grandes solennités. Il mourut dans
celte ville, au 'mois d'avril 1823, à l'âge de
soixante-neuf ans.
VIGIVALI (Gabriel) , compositeur véni-
tien, vécut dans la seconde moitié du dix-sep-
tième siècle. Il a fait imprimer un recueil de
motels intitulé: Sacri Rimbombi di pace e di
guerra, a 2, 5, 4 voci, ed uno a otto col basso
per organo. Venise, 1665, in-4°.Unedeuxième
édition de cet ouvrage a été publiée à Ueber-
lingen, en Allemagne, sous ce titre: Sacri con-
cenlus a 2,5, 4 et unoab8vocibus,adecclcsiœ
militantis statum stylo selectiore applicati;
1671, in-4u. L'abbé Santini, de Rome, pos-
sède du même auteur, en manuscrit : Kyrie,
Gloria e Credo, a 4 con stromenli. On lit
dans la série chronologique des membres de
l'Académie de Sainte-Cécile que cet artiste fut
élève de J.-M.Carelti : c'est évidemment une
erreur, car Vignali naquit environ quarante
ans avant ce maître.
YIGIVATT (Joseph), compositeur, né à
Bologne, vécut dans la première moitié du
dix-huitième siècle. Il a écrit la musique de
l'opéra intitulé : / Rivali generosi, qui fut
représenté au théâtre San Samuele de Venise,
en 1726.
VIGIVOLA (Joseph), compositeur, né en
Sicile, dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, a écrit, en 1701, la musique de l'ora-
VIGNOLA - VILHALTA
347
torio Debora, professe guerriera, poésie du
docteur Andréa Perrucci, de Palerme.
VIGUERIE (Bernard), professeur et mar-
chand de musique, naquit, en 1761, à Carcas-
sonne, dans le Languedoc. Après avoir élé
enfant de chœurà la cathédrale, il devint élève
de Laguna, organiste de cette église, à l'âge de
dix-huit ans; quatre ans après, il se rendit à
Paris avec une lettre de recommandation pour
Charpentier, organiste de Saint-Paul, qui lui
fit achever ses éludes musicales. En 1795,
Viguerie, devenu professeur de piano à Paris,
ouvrit une maison de commerce pour la musi-
que. Il mourut dans celte ville, au mois de
mars 1819, à l'âge de cinquante-huit ans. Il
avait fait graver de sa composition : 1° Trois
sonates pour clavecin et violon, op. 1. 2° Trois
idem précédées de préludes ou exercices, op. 2.
5° Trois idem, op. 4. 4° Premier concerto pour
piano et orchestre, op. 5. 5° Deuxième idem,
op. 7. 6° Bataiïlede Marengo, pièce militaire
et historique pour le piano, avec violon et
basse, op. 8. 6° (bis) Deux sonates pour piano
et violoncelle, op. 9. 7° Six nouvelles sonatines
progressives pour le piano, op. 10. 8° Six duos
pour deux violons, liv. 1, 2, 3. 9° Trois duos
pour deux clarinettes, d'une difficulté progres-
sive, liv. 1. 10° Airs et romances avec accom-
pagnement de piano, 1er et 2e recueils.
11° L'art de toucher le piano-forte, on
méthode facile pour cet instrument, divisée
en quatre suites. Paris, chez l'auteur, 1798,
in-fol. Il est peu d'ouvrages plus médiocres et
d'une utilité plus contestable que cette préten-
due méthode; il en est peu cependant qui aient
obtenu plus de succès et dont on ait fait un plus
grand nombre d'éditions. Les professeurs inha-
biles qui se trouvaient autrefois dans la plu-
part des villes de France, ont seuls fait ce
succès honteux qui s'est arrêté depuis les der-
niers progrès de l'art déjouer du piano.
YIIKI, célèbre cantatrice de l'Hindoustan,
vivait à Dehli, vers 1820. Reginald Heber,
évêque de Calcutta, en parle avec enthousiasme
dans la relation de son voyage dans les provinces
de l'Inde méridionale (1). Il l'entendit dans
une fêle qui lui fut donnée à Dehli : elle y
chanta des mélodies hindoustanes, accompa-
gnées, dit-il, par un misérable orchestre
d'instruments de l'Inde, dont les gammes
sont essentiellement fausses. En dépit de cet
accompagnement, la voix de Viiki le charma
par sa suavité, sa flexibilité dans les ornements
duchantetson étendue extraordinaire. Comme
(l) Journey tltrough the Upper Provinces of Initia.
Londres, 1828,3 vol. in-8.
la plupart des bayadères, après avoir ému les
assistants par son chant, elle les ravit par la
grâce de sa danse.
"VILBACK (Alphonse -Zoé-Charles RE-
NAUD DE), organiste et compositeur, né à
Montpellier (Hérault), le 3 juin 1829, est fils
d'un capitaine au corps royal d'état-major. Il
montra , dès ses premières années, de rares
dispositions pour la musique et fit de rapides
progrès dans l'étude de cet art. Arrivé à Paris,
à l'âgede douzeans, il fut présenté, parHalévy,
au comité des études du Conservatoire, et de-
mandé par ce professeur comme élève de son
cours de composition. Cette demande fut accueil-
lie, etlejeune Renaudde Vilback futadmisdans
cetteéco!ele14juin1842. DevenuélèvedeM.Be-
noist pour l'orgue, le 14 février 1843, il obtint
le second prix de cet instrument dans la même
année, et le premier lui fut décerné en 1844.
Il venait alors de prendre part au concours de
composition de l'Institut de France et y avait
remporté le second premier grand prix. Devenu
pensionnaire du gouvernement français à ce
titre, il partit pour Rome au mois de décembre
suivant, et, après y avoir séjourné environ
deux ans, il visita une partie de l'Italie, puis
se rendit à Vienne et parcourut une partie de
l'Allemagne. Au mois d'octobre 1847, une
ouverture de sa composition a été exécutée à la
séance publique de l'Académie des beaux-arts
de l'Institut, à Paris. De retour à Paris, M. Re-
naud de Vilback se livra à l'enseignement et à
la composition pour le piano. En 1856, il fut
nommé organiste de la paroisse de Saint-
Eugène, et prit une place honorable parmi les
meilleurs organistes français. Il se distingue
particulièrement par le mérite de ses improvi-
sations et par l'art de varier les effets de l'or-
gue moderne. Le 4 septembre 1857, il a fait
représenter, au théâtre des Bouffes-Parisiens,
le petit opéra Au clair de la lune, dont la dis-
tinction de la musique a été signalée pardivers
journaux. Cet ouvrage fut suivi iVJlmanzor,
opéra-comique en un acte, joué au Théâtre
Lyrique, le 16 avril 1858, et qui n'eut qu'un
succès médiocre. Parmi les compositions de
M. Benaud de Vilback, on remarque: 1° Deux
rondos pour piano seul, op. 4. Paris, II. Le-
moine. 2° Impressions d' Italie, deux caprices
idem, op. 5. Ibid. 3° Fantaisie brillante sur la
Sonnanbula, op. 6. Ibid. 4° Rondo espagnol,
op. 7. Ibid. 5° Deux morceaux caractéris-
tiques, op. 8. Ibid. 6° Nocturne, op. 9. Ibid.
7° Grande valse brillante, op. 10. Ibid.
VILIIALVA (Antoine-Rodrigue), en der-
nier lieu maître de chapelle de l'église cathé-
3i8
VH.HALVA — VILLIERS
dràlo d'Evora, naquit à Villialva (d'où il prit
vraisemblablement le nom sons lequel il est
connu), près de la ville de Fonlcira, dans la
province d'Alentéjo, en Portugal. Il eut une
belle voix dans sa jeunesse, et étudia la mu-
sique, vers 1025, sous la direction de Manuel
Rebelle Devenu maître de chapelle «le l'hôpi-
tal général de Lisbonne, il passa ensuite en la
même qualité à la cathédrale de cette ville. Ce
compositeur a laissé en manuscrit beaucoup
de psaumes, messes, hymnes et motets qui se
trouvaient autrefois dans la bibliothèque du
roi de Portugal. Son chef-d'œuvre est une
messe à huit voix, très-développée et divisée
en quatre parties.
VILHETXA (Diego -Dus DE), maître de
chapelle à Evora, en Portugal, né vers le mi-
lieu du seizième siècle, fil ses éludes musicales
sous la direction du célèbre maître Antoine
Pinheiro. Vilhena fui un des plus habiles con-
Irepointistes de sa nation. Il mourut en 1617,
cl laissa en manuscrit, outre beaucoup de
compositions pour l'église, qui se trouvent
dans la bibliothèque royale de Lisbonne, un
ouvrage intitulé : Arte de canto châo para
principiantes (Art du plain-chant pour les
commençants).
VILL.VAI (Gaspard), né à Plaisance, fut
organiste de l'église de celle ville, dans les
premières années du dix-septième siècle. Il a
publié de sa composition : 1° Missa, Psalmi
ad T'espéras 16 vocibus concinuntur, lib. 2.
Veneliis, apudAng. etF.F. Gardanum, 1611,
in-4°. 2° Iflissa ave Maria graciosa 20 vo-
cum, liber 4; ibid., 1611. 3" Misse c l es-
père a 4, 5 e Gvoci. Venise, 1611, in-4".
•5" Salmi a 5, C e 8 voci con basso continua
perV organo. Venise, 1617, in-4°. 5° Psalmi
omnes ad Vesperas 5 rocum, op. 7. Venelia,
app. Bail Magni, in-4". 6° Salmi per tutti i
f'espri dell' anno a 12 voci, lib. 3. Venetia,
app. Ang. Garda no, 1610.
VILLEBLAÏNCHE (Armand DE), né à
Paris, en 1786, d'une famille noble, suivit ses
parents dans l'émigration à Londres, cl,
après avoir reçu les premières leçons de mu-
sique et de piano de madame LavalLécnyer,
devint élève de J. B. Cramer. M. de Marin
(voyez ce nom), son parent, célèbre harpiste
et violoniste, lui donna quelques leçons d'har-
monie. De retour a Paris, il continua l'étude
de celle science sous la direction de l'abbé
Koze, puis devint élève du célèbre pianiste et
compositeur Wœlfl. Ayant été nommé audi-
teur au conseil d'État, il fut chargé de porter
des dépêches à l'empereur Napoléon pendant
l'occupation de Moscou, et périt dans la re-
traite de cette désastreuse campagne, an mois
île décembre 1812. Cet amateur distingué fit
représenter au Ihéàlre Feydeau, en 1809, le
Nègre par amour, opéra comique en un acte,
qui ne réussit pas. Il avait écrit aussi La Co-
lère d'Achille, grand opéra en trois actes,
qui n'a point été joué. On a gravé de sa com-
position : 1° Quatre sonates pour piano seul,
op. 1 ; Paris, Porro. 2° Trois sonates pour
piano et violon, op. 2; Paris, P. Leduc.
3° Deux trios pour piano, hautbois et violon-
celle, op. 3, nos 1,2; Paris, Erard. 4° Trois
grandes sonates pour piano seul, op. 4 ; ibid.
VILLEMAREST (Chaules Maxime DE),
né à Paris, le 22 'avril 1785, a fait ses éludes
au collège de Vendôme et au Prytante fran-
çais. Successivement employé au cabinet du
ministre de l'intérieur, secrétaire général des
départements au delà des Alpes, puis écrivain
politique, il a publié des mémoires et des
pamphlets. C'est à lui qu'est due la rédaction
des Mémoires du compositeur Blangini, pu-
bliés sous le titre de Souvenirs de Blangini
(1797 à 1834); Paris, Alardin, 1835, in-4°.
M. de Villemarest n'a pas mis son nom à ce
livre. Il est mort à Belleville, près de Paris,
au mois d'août 1852.
VILLENEUVE (André-Jacques), maître
de musique de l'église cathédrale d'Arles, au
commencement du dix-huitième siècle, a fait
imprimer de sa composition : 1° Concert fran-
çais, traduit du psaume Dominus regnavit ;
Paris, Ballard, 1711, in-fol. 2» Neuf leçons
des Ténèbres, avec basse continue; Paris,
Boyvin. in-4° oblong. 3° Six motets et un Mi-
serere, idem ; ibid.
VILLENT (JosErn). Voyez WILLEUT.
VILLERS (Clémence DL), demoiselle
attachée à la duchesse d'Orléans, vers 1770,
est auteur d'un écrit de peu de valeur, inti-
tulé : Dialogues sur la musique, adressés à
son amie, et dédiés à S. A . S. Monseigneur
le duc de Chartres. Paris, 1774, in 8" de
soixante-quatre page?.
VILLIERS (Pierre DE) ou VEIL-
LÏERS, musicien français du seizième siècle,
n'est connu que par quelques morceaux de sa
composition, répandus dans les recueils de
son temps, et parmi lesquels on remarque :
1° XIV livre, contenant XXIX chansons
nouvelles à quatre parties . Paris, Altaingnanl,
1543, petit in-4°. 2° Moletti delFiore. Tertius
liber cum quatuor vocibus. Impressum Lug-
duni per Jacohum Modernum de Pingucnlo.
Anno Domini 1539, in-4° obi. 3" Quintus
VILLIERS — VILLOTEAU
349
liber Molelorum quinque et sex vocum.
Opéra et solercia Jacobi Modem i (alias dicli
Grand Jaques) in umim coaclorum, et Liig-
duni ah eodem impressorum 1543, in-4°.
4° Liber decem Missarum, a prœclaris et
maximi nominis musicis contextus, etc.
Jacohtis Modernus à Pinguento excndebat
Lugduni. Anno publicse salulis, 1540, petit
in-fol. On y trouve la messe à quatre voix de
P. de Villiers, intitulée De Beata fïrginc.
5° Concenlus octo, sex, quinque et quatuor
vocum omnium jucundissimi , nuspiam
antea sicœditi. Augustse Vindelicorum, Phi-
lippus Uhlhardus excndebat, 1545, irt-4" obi.
Sigismond Salblinger, d'Augsbourg, est l'édi-
teur de celte collection, qui contient trente-
six motets, dont deux de P. de Villiers.
6° Quart livre de chansons composées à
quatre parties par bons et excellents musi-
ciens. Imprimé en quatre volumes. Paris,
Adrian Le lloy et Robert Ballard, 155ô, petit
in-4° obi. 7° Cinquiesme livre de chansons
nouvellement composées en musique à quatre
parties, par plusieurs aulheurs. Imprimé en
quatre volumes. Ibid., 1550. On y trouve trois
chansons à quatre voix par de Villiers. 8" Se-
cond livre du Recueil des recueils composé à
quatre parties, de plusieurs aulheurs. Ibid.,
1504, in-4°. On y trouve trois chansons de
P. de Villiers. 9° Premier livre de chansons
à deux parties composées par plusieurs au-
teurs. Ibid., 1578, petit in-4° obi. Ce recueil
renferme douze chansons de P. de Villiers.
VILLOTEAU (Guillaume-André), fils
d'un instituteur; naquit le 6 septembre 1759,
à Belléme (département de l'Orne). Ayant
perdu son père à l'âge de trois ans et demi, il
fut admis, quelque temps après, en qualité
d'enfant de chœur, à la collégiale du Mans, et
fit ses premières éludes littéraires et musicales
dans cetle maîtrise. A l'âge de onze ans, il fut
tonsuré et pourvu d'un bénéfice ecclésiastique
simple, qui lui fournit les moyens d'entrer an
collège du Mans, dirigé par les Pères de l'Ora-
toire. A peine eut-il achevé ses humanités
que, persécuté par les obsessions de ses pa-
rents pour qu'il entrât au séminaire et se fil
prêtre, il prit la résolution de s'enfuir et de
voyager comme musicien d'église ambulant,
ce qui s'appelait alors vicarier; mais, bientôt
fatigué de ce genre de vie, il s'engagea dans
un régiment de dragons. Cependant personne
n'était moins fait que Villoleau pour la vie de
soldai ; d'ailleurs, il avait appris que sa mère
était profondément affligée de son absence et
que des démarches étaient faites par diverses
personnes pour lui enlever son bénéfice; il né-
gocia son congé avec son colonel, et devenu
libre, il retourna à ses éludes. Il reprit alors
sa place au chœur de la collégiale du Mans;
mais il y resta peu de temps, ayant accepté
une place île ténor qui lui fui offerte au cho-ur
de la cathédrale de la Rochelle. Le désir d'ac-
quérir de l'instruction le conduisit ensuite au
collège de Monlaigu, pour y suivre, pendant
deux ans, un cours de philosophie; puis à
Paris, où il fréquenta, pendant trois autres
années, les leçons des docteurs de La Ilogue et
Asseline, à la Sorbonne. Après avoir reçu les
ordres, il fut attaché au chœur de la cathédrale
de Paris, à la recommandation de Lesneur, et
une riche prébende allait lui être donnée,
quand les orages de la révolution éclatèrent (1).
Le peu de goût qu'il avait toujours eu pour
l'état ecclésiastique le lui fit alors abandonner
pour entrer, en 1792, dans les chœurs «le
l'Opéra, où il fut ensuite coryphée. C'est un
fait digne cfe remarque que les deux musiciens
érudits qui font le plus d'honneur à la littéra-
ture musicale de la France, à savoir Peine et
Villoleau, furent Ions deux choristes à l'Opéra
dans le même temps. Tous deux se consolaient,
par l'élude, des ennuis d'un emploi peu d'ac-
cord avec leurs penchants. Villoleau quitta
cette position, en l'an VI de la république,
pour faire partie du corps de savants emmené
en Égyple par le général Bonaparte.
Une nouvelle carrière venait de s'ouvrir
pour lui, carrière honorable dont il se montra
digne par ses patientes investigations et par
son noble caractère. Sa destination était de
recueillir des faits et des matériaux concernant
la musique des divers peuples orientaux qui
sonl mêlés sur le sol de l'Egypte, particulière-
ment les Arabes, les Copies, les moines grecs
el les Arméniens. Muni d'une abondante ré-
colte de notes, de traités de musique et d'in-
struments, il revint à Paris dans l'an VIII, et
se mil à travailler avec ardeur à la part qu'il
devail fournir au grand ouvragede la Descrip-
tion de l'Egypte. Pendant plusieurs années, il
s'occupa à rechercher, dans lesgrandes biblio-
thèques de Paris, les documents propres à
combler les lacunes de ses recherches en
(I) Dans une noie de Villoleau publiée par Mi Lecomie
{Gazette musiale de Paris, ann. 183'J, p. 206), il est dit
que pour échapper ù ta liactic révolutionnaire, en 1791,
il fut obligé île quitter furtivement le cl oilre Notre-Dame,
et d'aller prendre un appartement dans le faubourg
Montmartre, en qualité île professeur de musique et de
littérature, etc. il y a sans doute une erreur de date dans
celte noie, car il n'y avait point de liaclie revolutior,-
naireen 170 1 .
350
VILLOTEAU
Egypte, et à obtenir de l'amitié des orienta-
listes Sylvestre de Sacy, Herbin et Sedillot des
traductions des traités originaux de la musique
orientale. Je le connus, pendant les années
1804 à 1807, occupé de ces recherches dont les
résullals parurent successivement dans les
volumes de la Description de l'Egypte. Les
diverses parties du travail de Villoteau sont :
1° Dissertation sur la musique des anciens
Egyptiens. 2° Dissertation sur les diverses
espèces d'instruments de musique que l'on
remarque parmi les sculptures qui décorent
les antiques monuments de l'Egypte, et sur
les noms que leur donnèrent, en leur langue
propre, les premiers peuples de ce pays. Ces
deux disserlalionssontcontenues dans les volu-
mes qui concernent l'état ancien de l'Egypte.
Michaelis a traduit la première en allemand,
sous ce titre : Abhandlung ilber die 3/usik
deralten jEgyptens. Leipsick, 1821, inS^de
190 pages. 3° De Vétat actuel de l'art musi-
cal en Egypte, ou relation historique et des
criptive des recherches et observations faites
sur la musique en ce pays. Celte partie, qui
forme 240 pages (petit in-folio) d'impression,
fait partie du quatrième volume de l'état mo-
derne, dans l'édition originale. 4° Description
historique, technique et littéraire des instru-
ments de musique des Orientaux. Celle qua-
trième et dernière partie du travail de Villoteau
se trouve dans le septième volume de l'état
moderne et forme 170 pages. Quoique le plus
grand soin ait présidé aux recherches de ce
savant sur la musique des anciens peuples de
l'Eg'y'ple, quoiqu'on y remarque une érudition
rare, quoique, enfin, il y ait porté la conscience
littéraire d'un honnête homme, l'absence de
données positives l'a obligé à se réfugier sou-
vent sur le terrain des conjectures et à pren-
dre pour guides Jablonsky, Kjrchéret d'aulres
savants qui, dans le coins des siècles derniers,
ont essayé d'éclaircir l'histoire des mœurs, des
arts et de la littérature d'un peuple chez qui
tout était mystérieux. Les conjectures de Villo-
teau paraissent souvent heureuses et sont
accompagnées des textes antiques qui étaient
à la disposition de l'auteur, et qui pouvaient
lui servir de preuves; mais, enfin, ce sonl fies
conjectures, et ce ne pouvait être autre chose
en l'état des connaissances qu'on avait sur
l'Egypte à l'époque où l'auteur rédigea son
travail. Les diverses collections d'anliquilés,
recueillies depuis lors dans les tombeaux de ce
pays et apportées en Europe, ont mis à notre
disposition des instruments dont on n'avait
autrefois que des représentations plus ou moins I
grossières, plus ou moins infidèles et qui jet-
tent un grand jour sur cette matière. Les
autres parties du travail de Villoteau, ayant
pour objet l'exposé de l'état actuel de la musi-
que des différents peuples qui habitent l'Egypte,
ont l'avantage de reposer sur des faits patents;
et, comme l'auteur unissaità des connaissances
très-étendues dans l'art une érudition profonde
et variée, comme il était, d'ailleurs, animé
dans ses recherches d'un zèle infatigable qui
ne reculait devant aucune difficulté, il nous a
donné sur la musique des Orientaux des ren-
seignements précieux qui rectifient les notions
incomplètes ou fausses que nous avions reçues
de Kircher, de Laborde, de Pockoke,deNorden
et des autres écrivains et voyageurs. Son tra-
vail concernant le chant de l'Église grecqueest
particulièrement digne d'éloges. J'ai donné,
dans la Revue musicale, une analyse des tra-
vaux de Villoteau (t. I, p. 370-581,589-402, et
t. II, p. 1-9). Ce savant avait préparé un autre
mémoire sur la nature et le caractère des divers
genres de chant et de poésie en usage dans
l'ancienne Egypte; mais il ne put en obtenir
l'insertion dans la Description de ce pays,
parce qu'il fut considéré comme trop conjec-
tural par la commission chargée de la publica-
tion decegrand ouvrage. Pour compléterenfin
la lâche qu'il avait entreprise à l'égard de la
musique des Orientaux, il s'était préparé à la
rédaction d'un dictionnaire de tout cequi con-
cerne la théorieel la praliquedecetle musique,
avec la traduction et l'explication des termes
techniques de la musique arabe, turque, per-
sane, éthiopienne, arménienne et grecque mo-
derne; cependant il n'a laissé que le recueil
des matériaux de cet ouvrage.
Villoteau avait lu, à la Société libredes scien-
ces et arts de Paris, un Mémoire sur la possi-
bilité et l'utilité d'une théorie exacte des
principes naturels de la musique; ce petit
ouvrage, qui n'était (pie le prélude d'un tra-
vail beaucoup plus considérable et dont il sera
parlé tout à l'heure, parut à Paris (de l'impri-
merie impériale), en 1807, grand in -8° de
88 pages (1). Le livreront iln'étaitque l'intro-
duction, fut ensuite publié sous ce titre:
Recherches sur l'analogie de la musique avec
les arts qui ont pour objet l'imitation du
langage, pour servir d'introduction à
l'élude des principes naturels de cet art.
(I) Ce mémoire donna lieu ùl'écritde L. M. Raymond ,
{voy. ce nom) intitulé : Lettre à M. Villoteau, louchant
ses vues sur la possibilité d'une théorie exacte des prin-
cipes naturels delà musique, etc., Paris, Courcicr, 1811,
in -8»
VILLOÏ'EAU
351
Paris (de l'imprimerie impériale), 1807,2 vol.,
grand in-8°, le 1er de 556 pages, avec une
préface de xevi p., le 2me de 598 pages, avec
quatre grands tableaux. Il y avait si peu de
lecteurs en France pour les livres sur la mu-
sique, à l'époque où celui-ci parut, qu'il ne se
vendit pas. Renouard rapporte à ce sujet une
anecdote singulière, dans le Catalogue de la
bibliothèque d'un amaleur (Paris, 1819, 4 vol.
in-8°). Le .gouvernement français accordait
alors des licences à des négociants pour aller
chercher, dans les ports de l'Angleterre, des
chargements de marchandises coloniales, sous
la condition qu'ils exporteraient des produits
de l'industrie française pour une valeur pro-
portionnelle à l'importation. Or, les négociants
choisissaient ordinairement des marchandises
tombées dans le discrédit et qu'ils pouvaient
se procurer au rabais, parce qu'ils élaienlobli-
gés de les jeter à la mer avant d'aborder les
côtes d'Angleterre. La plus grande partie de
l'édition du livre de Villoleau fut choisie pour
compléter un chargement de navire, et fut
ainsi détruite. Il ne faut pas, toutefois, attri-
buer le mauvais succès de cet ouvrage à la
seule indifférence qui régnait parmi nous pour
la littérature musicale, à l'époque où il parut;
car on n'a pas vu qu'il ait été recherchédepuis
que le goût de cette littérature s'est développé
chez les Français. Le sujet du livre et sa forme
ont été les causes premières de l'oubli dans
lequel il est tombé. Le titre indique claire-
ment que Villoleau s'est proposé de ressusciter
les vieilles erreurs de Batleux et de Cbabanon,
mais en leur donnant un développement scien-
tifique pour lequel il avait des connaissances
techniques qui avaient manqué à ses devan-
ciers. Singularité remarquable! Villoleau, pas
plus que ceux qui l'avaient précédé dans celle
doctrine, ne s'est aperçu que réduire la musi-
que au principe de l'imitation, c'esl lui enlever
le sublime de l'idéal pour la réduire à l'empi-
risme; c'est la rabaisser en voulant l'élever;
c'est en rétrécir le domaine qu'on se propose
d'agrandir. Le chant déclamé esl sans doule
une partie de cet art, et la vérité d'accenl esl
un des éléments de son esthétique; mais ce
n'est qu'un point dans son immensité. Villo-
leau cite souvent Plalon dans les détails, mais
il n'a pas saisi le sens de la doctrine de ce
grand homme dans ce qu'elle a déplus élevé à
l'égard de la musique. Platon donne à la mu-
sique un principe lout idéal el n'a jamais songé
à en faire un art d'imitation. Villoleau n'y a
point réfléchi, d'ailleurs : les rapports de la
musique avec le langage eussent-ils la réalité
qu'il leur suppose, pourraient bien indiquer sa
destination, mais ne seraient pas son principe.
Il y a un abîme entre la vague théorie de ce
prétendu principe d'imitation développé dans
la première partie de son livre, et la formation
de la technique de l'art, qui fait l'objet de la
seconde : tous les efforts de l'auteur pour le
combler ont été infructueux. Une de ses idées
favorites est de réformer la musique pour en
faire la gardienne des mœurs : cette idée est
empruntée à l'antiquité ; mais, là encore, il se
trompe, car la musique ne règle pas les
mœurs ; ses divers caractères en sont, au con-
traire, le produit, et ses transformations suc-
cessives sont en relation nécessaire avec les
transformations de la société. Ajoutons que
la marche du livre de Villoleau est lenle,
embarrassée, peu logique, que l'objet princi-
pal est souvent perdu de vue par des digres-
sions inutiles et que le style manque de nerf et
de précision.
Villoleau avait été nommé membre de
l'Institut d'Egypte et de la commission pour
la formation du grand ouvrage concernant
celte conti'ée, décrétée par le gouvernement.
Dans ses rapports avec ses collègues, il se trouva
bientôt mal à l'aise. La plupart de ces savants
étaient des hommes du monde, habiles aux
affaires et adroits à profiter de leur position.
L'habitude de la solitude el l'ignorance com-
plète du monde rendaient Villoleau peu propre
à sympathiser avec eux. L'absence de toute
faveur du gouvernement à son égard, tandis
que ses collègues en étaient comblés, finit par
lui donner de l'humeur. «Ici (dit M. Lecomte,
» auteur d'une notice sur Villoteau insérée
» dans la Gazette musicale de Paris) com-
» mence la plus triste période de sa vie ; il
» devient soupçonneux, injuste envers plu-
» sieurs de ses collègues plus heureux el plus
» habiles; il les accuse de son malheur, et
» celle idée le poursuit jusqu'au tombeau. »
L'ennui croissant qu'il épouvait du délaisse-
ment où on l'avait laissé lui fil prendre la réso-
lution de se retirer à la campagne. Du produit
de son patrimoine et de ses économies, il
acheta une propriété à Savonnières, commune
de la Touraine, où il se livra à l'agriculture, y
exerçant les fonctions de maire, et oubliant
l'art, la science et les travaux de sa vie passée.
Mais de nouveaux malheurs lui étaient ré-
servés. Le notaire de Paris, dépositaire de
l'argent nécessaire pour payer le prix de son
acquisition, l'engloutit dans une banqueroute,
et Villoleau dépouillé, exproprié, se vit con-
traint de se retirer dans une maison qui lui
352
V1LL0TEAU
restait à Tours, et d'y vivre d'une modique
pension, soutenu par la considération publi-
que (dit le biographe cité précédemment),
exerçant diverses fonctions gratuites, et con-
courant avec zèle au succès de l'enseignement
populaire. Là recommencèrent ses travaux
sur la musique. Les mêmes idées qui l'avaient
dirigé dans la conception de ses Recherches
sur l'analogie de la musique avec les arts
qui ont pour objet l'imitation du langage,
le guidèrent dans la rédaction d'un nouveau
livre, auquel il a donné le litre de Traité de
phonélhésie. Voici ce qu'il m'en disait, dans
une lettre écrite de Tours, le 9 décembre
1825 : « Je m'occupe en ce moment d'un ira-
» vail qui est le fruit des recherches et des
» méditations les plus suivies pendant la plus
» grande partie de ma vie, et le résultat d'une
» expérience de plus de cinquante ans. C'est
» un traité où je démontre la propriété ex-
» pressive des sons et des inflexions de la
» voix humaine, d'après des faits que l'expé-
» rience journalière permet à chacun de
» vérifier et de constater sans peine et à cha-
» que instant; ce qui me donne lieu d'établir
n une théorie de la propriété expressive des
» sons et des divers intervalles dont se com-
» pose l'étendue de la voix, et des diverses
» qualités que son timbre reçoit dans les dif-
» férentes affections de joie ou de douleur. »
C'est toujours, comme on voit, l'idée de l'imi-
tation du langage par la musique; ce sont
toujours les mêmes erreurs, toujours la même
impossibilité de formuler des applications
utiles à l'art réel. Cet ouvrage fut un des der-
niers chagrins de Villoteau; car l'ayant
soumis à l'examen de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres de l'Institut de France,
celle-ci renvoya le manuscrit à la section de
musique, disant que l'objet du livre la concer-
nait; une discussion s'établit à ce sujet, et le
résultat fut que l'auteur n'obtint pas le rap-
port qu'il attendait pour livrer l'ouvrage à
l'impression. Le chagrin qu'il en éprouva
hâta peut-être sa fin. Il mourut le 23 avril
1839, à l'âge de quatre-vingts ans. Il s'était
marié, dans un âge avancé, à une femme dont
il eut un fils, et qui lui donna des témoignages
de tendre affection jusqu'à la fin de ses jours.
A la demande du ministre de l'intérieur, il
traduisit en français, dans ses dernières années,
les sept auteurs grecs sur la musique publiés
par Wcibom, et y ajouta des commentaires :
il eut le temps d'achever cet immense travail.
Les manuscrits des textes grecs, de la version
latine et de la traduction française avec les
notes ont été acquis par la bibliothèque du
Conservatoire de Paris. Une copie de ce tra-
vail est déposée à la bibliothèque de Tours. Il
ne faut pas croire toutefois que Villoteau ait
fait sa traduction d'après le texte grec : si on
voulait la publier, il faudrait la revoir d'après
ce texte, car il n'a pu suivre que la version
latine. Voici, à ce sujet, les renseignements
certains que je puis fournir. Étonné de lire,
dans la France littéraire de M. Quérard
(tome I, page 7), que M. Achaintre, savant hel-
léniste et philologue, avait traduit du grec le
traité du chant ecclésiastique attribué à saint
Jean Damascène, et qui se trouve intercalé
dans le travail de Villoteau sur la musique des
Orientaux, j'écrivis au traducteur de Dictys de
Crète, pour m'informer du fait, et j'en reçus
celte réponse :
« Évreux, le 12 avril 1834.
» Monsieur,
» Je n'ai reçu qu'hier, 11 de ce mois, 1.1
» lettre que vous m'avez adressée sous la
» date du l<r; en conséquence, je n'ai pu vous
» répondre plus tôt.
» Il est bien vrai que j'ai fait la traduction
» de l'ouvrage inédit de saint Jean Damas-
» cène sur la musique grecque en usage de
» son temps, et qui a été inséré par extraits
» dans l'article de la musique des peuples qui
» habitaient l'Egypte dans les premiers siècles
» de l'Église; article publié par M. Villoteau
» dans la Description de l'Egypte, (pie, par
» erreur, M. Quérard appelle Collection des
» monuments de l'Egypte. M. Villoteau, mu-
» sicien et compositeur estimé alors, avait fait
» les brillantes campagnes de l'Egypte, et,
» comme membre de l'Institut établi par
» Bonaparte, il avait rapporté de ce pays tous
» les monuments relatifs à son art, entre
» autres le petit ms. en question. Rentré en
« France et faisant partie de la commission
» d'Egypte, il fut spécialement chargé de ce
» qui concernait la musique. M. Villoteau,
» sur le refus de plusieurs savants, même de
» l'Institut, me fut adressé, et j'acceptai ce
a qu'il me proposait. Le ms. était assez
» lisible, mais sans accents et sans points, ce
» qui en rendait la traduction assez difficile,
» surtout pour le premier essai et pour moi,
» qui ne connaissais pas plus la musique
» que M. Villoteau ne connaissait le grec.
» Il fut convenu que je traduirais mot pour
» mol, interlinéairemeni, et que, tous les
» huit jouis, nous nous réunirions pourre-
» mettre en bon français, suivant les règles
« de l'art musical, cet ouvrage qui devait
VILLOTEAU - VINCENT
363
» être inséré en entier, mais qui ne le fui que
» partiellement, faute d'espace. Voilà la vé-
» rite. J'ignore pourquoi M. Villoleau n'a
» pas fait mention de moi dans son travail;
» mais le Tait de ma coopération était assez
» connu alors, pour que M. Quérard me l'ait
« attribué avec quelque raison. Comme je
» n'attachais pas une grande importance à ce
» travail, que je n'avais l'ail que parcomplai-
» sance, je n'y ai guère pensé depuis.
» Voilà, monsieur, tout ce que je puis vous
n dire à cet égard. Je désire que ces rensei-
» gncmenls puissent vous être utiles, et je me
» félicite que celte circonstance m'ait procuré
» l'honnettr d'avoir Une correspondance avec
» vous. Je suis, monsieur, avec la plus par-
» faite estime,
« Votre très-humble et
» obéissant serviteur,
» Aciiaintiie père,
» flomme de lettres, à lifreux (Eure). »
Cette lettre prouve jusqu'à l'évidence qui
Villoleau n'a pu faire la traduction française
des auteurs «le la collection de Meibom d'a-
près le texte grec, et qu'il a dû se servir de
la version latine. Si le gouvernement français
voulait faire publier celle traduction, il serait
donc nécessaire qu'elle fût revue et colla-
tion née avec soin.
VILSECREU (Fkasçois-Jea^), professeur
de plain-cbant au séminaire de Passait (Ba-
vière), s'est fait connaître par un livre inti-
tulé: Lehre vom romischen Choralgesange,
zum Gebrauche fur Seminarien, geislliche
Schullehrer und Choralisten (Science du
plain-chanl romain, à l'usage des séminaires,
des professeurs d'écoles religieuses et des
chantres). Passait, 1841, in-8n.
VIJUER.CATI (Pietho), virtuose sur la
mandoline, né en 1779, eut une brillante répu-
tation, en Italie, pour son remarquable talent
SJir cet instrument. Ses compatriotes l'appe-
laient le Paganini de la mandoline. Il était
âgé d'environ vingt-huit ans lorsqu'il Ht admi-
rer son habileté extraordinaire à Florence, au
mois de décembre 1808. Bientôt sa renommée
s'étendit dans loule l'Italie. Partout il donna
des concerts. Cinq ou six fois il retourna à
Milan et joua au théâtre Re, dans les enlr'actes.
Il voyagea aussi en Allemagne else fit entendre
à Vienne, en 1829 et 1840, à Berlin et à Wei-
mar, en 1830. De retour en Italie, il mourut à
Gênes, le 27 juillet 1850, à l'âge de 71 ans,
peu de jours après y avoir donné un concert.
La femme de cet artiste, née Bianchi, fui
DIOGIt. 051V. DES MUSICIENS. T. VIII.
cantatrice et chanta au théâtre de Mantoue,
en 1834, à Berlin et à Weimar, en 1856.
VINACESI (Benoît), chevalier, né à
Brescia, vers 1670, fui maître de chapelle du
prince François Gonzague de Casliglione.
Le 7 septembre 1704, il obtint, au concours,
la place d'organiste du second orgue de l'église
Saint-Marc, île Venise, aux appointements de
200 ducats, qui furent portés à 500, en 1714.
Vinacesi fut aussi maître du chœur des orphe-
lines du Conservatoire appelé l'Ospedalello.
Il mourut à la fin de 1719. Il a beaucoup écrit
pour l'église el pour le théâtre. Parmi ses
opéras, on remarque: 1° Gli Sfoghi di giu-
bilo, sérénade à quatre voix, composée pour
l'ambassadeur de France à Venise, à l'occasion
de la naissance du duc de Bretagne. 2° Su-
sanna, oratorio écrit à Brescia, en 1694.
3° Il Cuor nello scrigno, oratorio, à Crémone,
1696. 4° Vlnnocenza giustificata, repré-
senté au théâtre S. Salvalore, à Venise, 1699.
5° Gli Amantigenerosi, au théâtre S. Angelo,
de Venise, en 1703. On connaît de lui: Sfere
armoniche ovvero sonate da chiesa a due
violini con violoncello e parte per l'organo.
Venise, 1696, in-4°. On a aussi imprimé de sa
composition : Mottettia ôvoci. Venezia, app.
Gins. Sala, 1714.
VINCENT DE BEAUVAIS, en la-
tin VOCENITUS BELLOVACENSIS,
moine de l'ordre de Saint-Dominique, naquit
dans les dernières années du douzième siècle
ou au commencement du suivant. Quelques
auteurs ont dit qu'il fut évoque de Beauvais;
mais le contraire paraît aujourd'hui prouvé.
Quoi qu'il en soit, il fut certainement en haute
faveur près du roi de France Louis IX, qui lui
confia l'éducation de ses enfants. Vincent de
Beauvais mourut, suivant quelques auteurs,
en 1256, et, selon d'autres, en 1264; Casimir
Oudin retarde même l'époque de son décès
jusqu'en 1280. On a de ce moine une sorlc
d'encyclopédie par ordre de matières, intitu-
lée : Spéculum quadruplex, nalurale, doc-
trinale, morale et historiale ;donl la première
édition a été imprimée à Strasbourg, chez
Mentellin,en 1473, 10 vol. in-fol. Le Spéculum
doctrinale, dont le dix-septième livre contient
un traité de musique divisé en vingt-six cha-
pitres, a été réimprimé à Bâle, en 1470, à Nu-
remberg, en 1486, el à Venise, en 1489, 1494
et 1591. Toutes ces éditions sont in-folio.
VINCENT (William), savant auteur du
Voyage de Néarque, des bouches de V Indus
jusqu'à l'Euphrale, naquit à Londres, en
1739, filscs éludes à l'Université de Cambridge
23
S54
VINCENT
et devint chapelain iln roi d'Angleterre, puis
doyen de Westminster. Il mourut le 31 décem-
bre 1815, âgé de plus de soixante-seize ans.
Au nombre des écrits de ce savant, on re-
marque celui qui a pour litre : Considérations
on parochial Music (Considérations sur la
musique de paroisse). Londres, 1787, in-8°.
TII\'CEi>"T(ALEXAADRE-j0SEI>II-II«DUI.rilE),
ancien professeur de mathématiques au Collège
Saint-Louis, à Paris, membre de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres de l'Institut
deFrance,membredelaSociété des antiquaires
de France, conservateur de la bibliothèque des
sociétés savantes au ministère de l'instruction
publique, est né à Hesdin (Pas-de-Calais),
le 20 novembre 1797. On a de ce savant des
livres et des mémoires de mathématiques
étrangers à l'objet de ce dictionnaire biogra-
phique : il n'est cité ici que pour ses travaux
concernant la théorie et l'histoire de la musique.
Son premier écrit relatif à ces matières est une
Note sur une formule générale de modulation,
qui fut publiée dans les Mémoires de la Société
royale des sciences, de l'agriculture et des
arts de Lille, et dont il a été tiré des exem-
plaires à part; Lille, imprimerie deL. Danel,
18-52, in-8° de huit pages, avec deux tableaux.
Depuis l'époque où parut ce morceau, M. Vin-
cent a rempli les journaux littéraires de ses
opuscules sur toutes sortes de sujets, nolam-
menlsurla musique ancienne etsurlc rhythme
de la poésie grecque et latine. Je ne connais
pas tous ces petits écrits, mais je puis indiquer
ceux-ci : 1° Dissertation sur le rhythme chez
les anciens (1845, in-8°). 2° De la musique
dans la tragédie grecque, à l'occasion delà
tragédie d' Antigone (dans le Journal de l'in-
struction publique). S* De la notation
musicale de l'école d'Alexandrie {Revue
archéologique, 3e année). 4° Analyse du
traité de métrique et de rhylhmique de saint
Augustin, intitulé De Musica. Nouvelles con-
jectures sur la poésie lyrique, 1849, in-8p.
5° Mémoire sur le système de Scheibler (pour
l'accord des instruments), inséré dans les
Annales de chimie et de physique (5e série,
t. XXVI, 1849). G0 Quelques mots sur la
musique et la poésie ancienne, à propos de
l'ouvrage de M. B. Jullien, intitulé : De quel-
ques points des sciences dans l'antiquité
(Extraits du Correspondant, 25 septembre et
25 octobre 1854). Paris, Ch. Douniol, 1854,
grand in-8°dequaranle-huit pages. 7° Emploi
des quarts de ton dans le chant grégorien con-
staté sur l'antiphonaire de Montpellier (Ex-
trait de la Revue archéologique, douzième
année). Paris, A. Leleux, 1854, in-8°. 8" De
la notation musicale attribuée à Boècc, et de
quelques chants anciens qui se trouvent dans
le manuscrit latin n° 989 de la Bibliothèque
impériale. Nouvelles considérations sur la mu-
sique et sur la versification du moyen âge
(Extrait du Correspondant, du 25 juin 1855),
tiré à part. 9° De la musique des anciensGrecs.
Discours prononcé au Congrès scientifique de
France (20e session tenue à Aéras), dans la
séance générale du 30 août 1853. Arras, 1854,
in-12 de vingt-quatre pages, avec quatre
planches. 10° Sur la tonalité ecclésiastique de
la musique du quinzième siècle (Extrait de la
Revue archéologique, quatorzième année).
Paris, A. Leleux, 1858, in-8° de vingt-trois
pages, avec douze pages de musique. 11° Rap-
port sur un manuscrit musical du quinzième
siècle. Imprimerie impériale, juillet 1858,
in-8° de dix pages, avec huit pages de musique.
12° Histoire de l'harmonie au moyen âge, par
E. De Coussemakcr (analyse d'une partie de
cet ouvrage). De la valeur et de la lecture des
neumes dans la musique du moyen âge (Extrait
du Correspondant, du 25 juin et du 25 juillet
18f>2), tiré à part, in-8°de trente-quatre pages.
15" Sur la théorie de la gamme et- des accords
(Extrait des Comptes rendus des séances de
l'Académie des sciences, tome XLI), tiré à
part de vingt-quatre pages in-4p.
La musique de l'antiquité grecque et latine a
particulièrement fixé l'attention de M. Vincent
et a été l'objet principal de ses travaux. L'emploi
du quart de ton, dans le genre enharmonique
des Grecs, est devenu pour lui l'objet d'une
véritable passion. Persuadé qu'il y aurait une
régénération de la musique moderne, si l'on
y introduisait l'usage de cet intervalle, en le
faisant intervenir dans l'harmonie, il s'est
attaché à celte idée, a fait construire un har~
monium dont le clavier est divisé d'après ce
système enharmonique, et, charmé de cette
musique barbare, en a fait des expériences qui
ont fait boucher les oreilles aux assistants.
Partageant l'erreur de quelques érudits, il
s'est persuadé que les Grecs et les Romains
ont connu l'harmonie simultanée des sons (les
accords)et en ontfait usage dans leurmusique.
C'est sous l'empire <Ie cette idée et de plusieurs
préjugés, en ce qui concerne la musique des
anciens, qu'il a rédigé un ouvrage intitulé :
Notice sur trois manuscrits grecs relatifs à
la musique, avec une traduction française
et des commentaires. Ce volumineux travail,
dont l'impression ne forme pas moins de six
cents pages in-4°, a été inséré dans le seizième
V1NXENT
353
volume des Notices et extraits des manu-
scrits de fa Bibliothèque du Roi, etc. (Paris,
imprimerie royale, 1847), et en esl la seconde
partie. M. Vincenty touche à toutes les ques-
tions depuis longtemps controversées sur la
musique dans l'antiquité. Quelques années
plus tard, parut le livre de M. Marcel-Ber-
nard Jullien, De quelques points des sciences
dans l'antiquité (physique, métrique, mu-
sique). Les opinions émises dans cet ouvrage,
sur quelques-uns des points les plus importants
de la métrique et de la musique des anciens,
élant opposées à celles de M. Vincent (et fon-
dées en fait comme en raison), cet académi-
cien attaqua avec violence le livre de M. Jul-
lien, dans ses articles du Correspondant
intitulés : Quelques mots sur la musique et la
poésie ancienne. J'ai dit ailleurs (voyez Jul-
lien) ce qui advint de la polémique soulevée
entre ces deux savants et comment M. Vin-
cent en est sorti tout meurtri. Dans une occa-
sion semblable, j'ai également excité sa colère:
je veux parler de mon Mémoire sur l'harmonie
simultanée des sons chez les Grecs et les
Romains, etc. (Extrait du tome XXXI des
Mémoires de l'Académie royale de Belgique).
Bruxelles, 1858, in-4°. Ma thèse élant en con-
tradiction absolue avec les opinions de M. Vin-
cent, je crus devoir lui envoyer un exemplaire
de mon mémoire, et je reçus de lui une lettre
datée du 10 mars 1859, laquelle commençait
par ces mots : « J'ai reçu hier le beau mémoire
» dont vous avez bien voulu me gratifier, et,
» après en avoir pris une connaissance som-
» maire, je m'empresse de vous en remercier,
» en attendant que je puisse y faire une ré-
» ponse convenable. » Quelques mois après
parut la brochure intitulée : Réponse à
M. Fétis et réfutation de son mémoire sur
cette question : Les Grecs et les Romains out-
ils connu l'harmonie simultanée des sons?
en ont-ils fait usage dans leur musique ?
(Extrait des Mémoires de la Société impériale
des sciences, etc. de Lille). Lille, imprimerie
de L. Danel, 1859, in-8° de quatre-vingts
pages, avec cinq planches. Les expressions les
plus blessantes se trouvent à chaque page dans
cet écrit : c'est ce que M. Vincent appelle une
réponse convenable. Du reste, ici comme dans
ses discussions avec M. Jullien, ses objections
ne vont point aux choses dont ils'agit;le sens
■ des phrases qu'il critique est détourné, les faits
sont dénaturés, présentés sous un faux aspect,
les textes sont interprétés avec peu d'exactitude
elles assenions contestables pour la plupart.
En général; ditM. Jullien, M. rincent suppose
trop facilcmentlesens qu'illui faut actuelle-
ment pour sa thèse (1). Je pourrais ciler vingt
exemples à l'appui de ces paroles; mais un
seul suffira pour le cadre de celle nolice. J'ai
dénié aux Grecs et aux Romains la connaissance
et l'usage de l'harmonie : M. Vincent oppose à
mon opinion, dans sa lettre citée ci-dessus, un
passage du traité de musique de Plular-
que (XIX), dans lequel il voit que les Grecs
s'abstenaient de l'usage de certaines notes
danslechant, mais qu'ils les employaienldans
l'accompagnement. Or, le mot xpoûsi; du
texte de Plutarque n'a jamais eu la significa-
tion d'accompagnement : son sens propre est
l'action de jouer d'un instrument. C'est
celui de la version latine du traité de musique
de Plutarque (Pulsatio chordurum) ; c'est
celui de la traduction française de Buretle (2) ;
c'est également celui de l'excellent commen-
taire de M. Volkmann, dans son édition du
même traité de Plutarque (3) ; c'est le sens des
lexiques ; enfin, Méziriac, Wyltenbach, Clavier
et M. Dltbner ont entendu ce passage de la
même manière. L'objeclion de M. Vincent,
puisée dans une fausse interprétation du texte,
est donc sans valeur. A l'égard des mots de
consonnances et de dissonances, dont Plu-
tarque se sert dans le même passage et qui
paraissent, à M. Vincent, avoir une significa-
tion si positive d'harmonie, je crois avoir
démontré suffisamment, dans mon mémoire,
que les Grecs entendaient, par ces mots, les
relations de sons successifs et non simultanés.
Stallbaum a exprimé la même opinion, dans
sa dissertation sur le célèbre passage relatif à
la musique du septième livre des Lois, de
Platon (4). M. Volkmann, qui partage les
mêmes convictions, les appuie de ce passage
(C. XIX, p. 105), et M. Trinkler, dans ses an-
notations contre Bœckh (inHarm.,c. XXXI II),
n'est ni moins fort, ni moins explicite à ce
sujet.
(1) Polémique sur quelques points de métrique ancienne,
pag.3.
(2) « Or, une preuve évidente que ce n'est point par
» ignorance que les anciens se sont abstenus de la frit»
» »n chantant le mode spondiaque, c'est qu'ils ont veu
» celte corde dans le jeu des itistruments...» Il faut lire
les notes 129 à 133 de Rurcttc sur ce passage du trait*
de musique de Plutarque.
(3) Plutarchi de Musica, Lipsisc, 18SG, in-8° (p. 10b).
(4) « Nam quam nostri vocare soient harmonium, hoc
» est vocum et sonarum complui'ium concenlum uno
» eodemque temporc auribus accidentem, cum Graeci
» dixerunt potius symphoniam, harmonium, quippe in-
» tclligentes aptam concinnamque variorum conseculio-
» nem secundum tonorum gênera ex artis legibusl'actum,
» qualis inmclodia ccrnilur(.Vusic«e.r. Platonesecunduin
«loçum £e^/.,VH. p. 712; LipSite, 184C, in-4", p.2i)-»
23.
386
VINCENT — VINCI
Si j'avais pris la peine de répondre au pam-
phlet de M. Vincent, j'a.urais ainsi réduit à
leur juste valeur toutes ses objections, toutes
ses prétendues démonstrations, toutes ses at-
taques : si je ne l'ai pas fait, c'est que j'éprouve
un dégoût invincible pour son système de dis-
cussion ; système tracassier qui manque de
droiture et dans lequel interviennent toujours
des personnalités. Je pourrais, sans doute,
répéter à M. Vincent ce que lui dit M. Jullien
(Thèses supplémentaires de métrique et de
musique ancienne, etc., p. 150): « Soyez
» modeste, M. Vincent, et poli, si vous le pou-
» vez. Redoutez les gens qui examinent les
» choses de près : C'est là qu'est le péril pour
>• votre gloire. » Mais à quoi bon? je ne le
convertirais pas. Et puis, qu'importe sa critique?
Quand M. Vincent et moi discourons de la mu-
sique, de sa nature, de sa théorie, de son his-
toire, je parle de ce que je sais, lui, de ce qu'il
ignore, et même de ce qu'il ne peut com-
prendre, car il n'a pas le sens musical ; ce qui
n'empêche pas qu'il ne puisse avoir beaucoup
de mérite dans les choses qui ne sont pas de
ma compétence.
VINCENT (IlE>ni-JosEPn), amateur de
musique à Vienne, né à Hermannstadt, en
Transylvanie, a fait ses études musicales sous
la direction de François Zenker, organiste
d'une des églises de celle ville, et élève de To-
mascheck. M. Vincent s'est fait connaître par
un traité d'harmonie intitulé : Neues mnsi-
kalisches System. Die Einheit in der Ton-
tvelt. Ein Kurzgefasstes Lehrbuch fur Mu-
siker und Dillettanlen zum Selbststudium
(Nouveau système musical. L'unité dans le
monde des sons. Livre concis de science pour
l'instruction personnelle des musiciens et des
amateurs). Leipsick, Henri Mallhes, 18G2,
in-4°decent quarante-quatre pages. Le nou-
veau système développé dans cet ouvrage con-
siste à expliquer les rapports harmoniques des
sons par l'analogie avec certaines figures de
géométrie : c'est une des mille idées creuses
par lesquelles on a prétendu faire de l'har-
monie un corps de doctrine. Il existe quelques
compositions gravées de M. Vincent.
VINCENTICS (Gaspard), ou VIN-
CENZ, organiste à l'église Saint-André de
Wôrms, dans les premières années du dix-
septième siècle, devint ensuite organiste à
Spire'. Il a publié de sa composition des motets
à huit voix, intitulés : Cantiones sacrœ oclo
vocibus, dont le lieu et la date d'impression ne
sont [ins indiqués par Wallher. Ce fut ce mu-
sicien qui fut chargé par Abraham Schad du
soin de revoir et de publier ta basse continue
pour l'orgue de la collection intitulée : Promp-
tuarii musici sacros harmonicos, elc, à la-
quelle il ajouta une instruction sur la basse
continue, en langue latine.
VINCHIONI (Cistio), maître de chapelle
de la cathédrale de Viterbe, dans les premières
années du dix-huitième siècle, a écrit la mu-
sique du drame sacré II Martirio de' Santi
Fanciulli Giusto c Pastore, qui fut chanté,
en 1708, dans l'oratoire de San Girulamo
délia Cari ta, à Rome.
VINCI (Pierre), compositeur, né à Ni-
cozia, en Sicile, vers 1540, l'ut maître de cha-
pelle à Sainte-Marie-Majeure de Bergame. Il
mourut à Palerme, en 1584, dans un âge peu
avancé. Il a publié : 1° Il secondo libro de'
Moltetti a cinque voci ; Venetia, apud Hiero-
nymum Scotlum, 1572, petit in-4" oblong.
J'ignore quelle est la date du premier livre.
2° Il primo libro de' madrigali a sei voci;
Venise, 1574, in-4°. 5° 77 secondo libro de'
madrigali a G voci con un dialogo a dodici,
Venise, 1579, in-4°. 4° Madrigali a 3 voci ;
Venise, 1583. 5° Moteclorum, qu,v quatuor
vocibus decantanda sunt, liber primas. Nunc
primum in lucem editus; Veneliis, apud
hœredes Hieronymi Scoti , 1578 , in-4".
G0 Primo, secondo, terzo, quarto, quinlo,
sesto et settimo libri de' madrigali a cinque
voci. Venise, 1583-1580, in-4°. La première
édition du premier livre de ces Madrigali a
paru à Venise, chez AnloineGardnne, en 1564.
Une des premières éditions du second livre a
été publiée sous ce titre : Il secondo libro de'
Madrigali a 5 voci. Venetia, app. Fr Ram-
pazelti, 1507, 111-4". 7° Missarum quinque,
sex et oclo vocum liber primus. Veneliis,
apud Hieronymum Scotum, 1575, \n-4°. S" Se-
condo libro de' motetti di Pielro Vinci, con
alcune ricercate di Antonio il Verso suo dis-
cepolo. Palerme, 1582, in-4n, et Venise, 1591,
in-4°. 9° Il terzo libro de' motetti a 4 et
0 voci, con alcuni altri di Anl. il Verso.
Palerme, 1588, in-4°. 10» Quatlordici so-
nelti spirituali. Venise, 1580, in -4°.
VINCI (Léonard), compositeur dramati-
que, naquit à Slrongoli, ville de la Calabre,
dans le royaume de Naples, en 1690. Admis
au Conservatoire Dei Poveri di Gesii Cristo,
il y fit ses études, sous la direction de Gaelauo
Grcco, et fut condisciple de Pergolèse. Les
premiers ouvrages de Vinci se succédèrent dans
cet ordre : Lo Creuto fauzo, opéra bouffe, en
dialecte napolitain, au théâtre des Fioren-
lini, en 1719. Le Doje leltcre, idem, 1719. La
VINCI - VINELA
357
Sirat^nica, avec des intermèdes bouffes, pour
le même lhéà(re,en 1720. LoScassonc, en dia-
lecte napoli lai n, au même théâtre, 1720. LiZite
in f/alera , idem, en 1721. Dans la même
année, Le Feste napolitane, en trois acles.
Silla ditlatore, représenté an Palais-Royal,
pour le jour de naissance de l'empereur
Charles VI, puis gâté avec des scènes bouffes.
La grande réputation dont il a joui en Italie
commença par le hrillant succès de la Semi-
ramide riconosciuta, qu'il fit jouer à Rome,
en 1723. Cet ouvrage fut suivi de la Iîosmira
fedelc, composée dans la même année. En
1724, il donna Farnace à Venise, suivi
tVEraclea, au théâtre San Barlolomeo de la
même ville, 1724, de Don Ciccio, au théâtre
des Fiorentini, 1724, et de Turno Àricino,
au théâtre San Barlolomeo, 1724. An com-
mencement de 1725, il écrivit pour le théâtre
San Bartolomeo VJstianatle, un de ses plus
beaux ouvrages, et dans la même année, il fit
représenter, à Venise, Vlfiqenia in Tauride,
considéré comme son chef-d'œuvre : son
succès fut universel. De retour à Naples, il y
donna VAsteria, en 1720, Siroe, à Venise,
1720, puis alla écrire à Florence Ernelinda,
opéra en trois actes, représenté en 1720, et
dans la même année à Naples. En 1727, il fut
appelé à Turin pour écrire 77 Siqismondo, re
di Polonia. Dans la même année, il donna à
Rome, Calone in Utica, au théâtre délie
Dame, puis à Naples, et la Caduta de' De-
cemviri, avec des scènes bouffes, au théâtre
San Bartolomeo , 17217 '. Flavio Anicio Oli-
brio, avec des intermèdes, fui joué au même
théâtre, en 1728. Scmiramide fut joué au
théâtre délie Dame, à Rome, en 1729; puis
Vinci écrivit, dans la même ville, la cantate de
Métastase La Contesa de' IVnmi pour le car-
dinal de Polignac, ministre de France, à l'oc-
casion de la naissance du Dauphin. Au com-
mencement de 1730, il donna, au théâtre délie
Dame, à Rome, \%AlessandroncW Tndie; puis,
àl'antomnede la même année, Didone abban-
donata, pour le célèbre chanteur Gizziello, qui
joua aussi le rôle principal dans VArlaserse,
di\ même compositeur. L' Imprésario di lealro
fut joué au théâtre Nnovo de Naples, en 1731;
puis il y a une lacune dans les productions de
ce compositeur jusqu'en 1734, où il donna son
Si face, à Naples, suivi de VArtàserse, écrit
pour le théâtre San Bartolomeo ; mais la
mort inopinée de Vinci ne lui permit pas de
voir la mise en scène de cet ouvrage. On rap-
porte qu'ayant eu des relations intimes avec
une dame romaine de la plus haute naissance,
il eut l'imprudence de divulguer ce secret, et
qu'un des parents de cette dame, se trouvant
à Naples, la vengea de celte indiscrétion en
faisant empoisonner l'artiste avec une tasse
de chocolat. Je n'ai pas trouvé dans les parti-
lions de Vinci qu'il eût rien ajouté aux formes
inventées par Alexandre Scarlatti; mais plu-
sieurs de ses airs m'ont paru remarquables
par l'expression tendre et pathétique de leurs
mélodies.
Vinci fut un des maîtres de la chapelle
royale. Il était pieux et attaché à la congré-
gation du Rosaire, dont le siège était au cou-
vent de Sainte-Catherine a Formello, dépen-
dant des PP. Dominicains Lombards. Il écrivit
pour celte congrégation une grande quantité
de musique d'église, dont on connaît LaPro-
tezione del Rosario, oratorio, daté de 1729,
La f'erqine addolorata, autre oratorio, en
1731, Kyrie à cinq voix, avec orchestre, deux
messes complètes, à cinq voix et orchestre, et
des motels. Toutefois, suivant les mœurs du
temps, la dévotion de Vinci ne l'empêchait
pas d'aimer beaucoup les femmes.
YIISDELLA (François), luthiste italien,
vécut vers le milieu du seizième siècle. II s'est
fait connaître par un recueil de pièces inti-
tulé : Intavolatura di liuto. Venise, 1550,
in-4". On voit par le frontispice de cet ouvrage
que Vindella était né à Modène.
VINDEHS (Jérôme), compositeur belge,
vécut dans la première moitié du seizième
siècle. Il est connu par une lamentation à
sepl voix sur la mort de Josquin Deprez, qui se
trouve dans le recueil intitulé : Le septième
livre, contenant vingt-quatre chansons à 5
et 0 parties, par feu de bonne mémoire et
très -excellent en musique Josquin des Prez,
avec trois épilaphes dudict Josquin, com-
posées par divers auteurs. Anvers, Tylman
Susato, 1545, in-4° obi. On trouve aussi, dans
un manuscrit de la Bihliolhôque de Cambrai
(n° 124), le motet Domine et terra, à quatre
voix, sous le nom de Vinders.Ce musicien est
le même dont le nom est écrit Jorius Fender,
dans le recueil intitulé : Selectissimœ nec non
familiarissimx Canliones ultra cenîum
vario idiomate vocum, etc. (Augustae Vinde-
licorum, Melchior Kriesstein, 1540), ainsi que
dans le recueil de motels publié par Sigismond
Salhlinger, sous le titre : Cantiones septem,
sex et quinque vocum, etc. (Auguslae Vinde-
licorum, Melchior Kriesstein excudebat, 1545).
YINELA (Ludolf). On a publié sous ce
nom un ahrégé de la vie de Paganini par
Schoilliyfjjoye: ce nom), intitulé : Paganini's
p
338
VINELA - VIOLA
Leben und Charakter, nach Scholtky dar-
gestelt. Hambourg, Campe, in-8°, avec le
porlrait de Paganini.
VINET (Eue), né vers 1519, dans un viW
lage près de Barbezieux, fit ses premières
éludes dans cetle ville, puis alla les continuer
à Poiliers. Après avoir été, pendant plusieurs
années, régent du collège de Bordeaux, il en
fut nommé le principal. Il mourut dans cetle
ville, le 14 mai 1587. Parmi les travaux litté-
raires de ce savant, on remarque une traduc-
tion latine des traités d'arithmétique, de mu-
sique et de géométrie de Psellus (voyez ce
nom), publiée à Paris, en 1557, in-8°, et un
traité singulier qui a pour titre : Discours
non plus mélancolique que divers , de
choses mesmement qui appartiennent à
nostre France, et à la fin la manière de
bien et justement entoucher les lues et gui-
ternes (luths et guitareS); Poitiers, Enguilbert
de MarneT, 1557, in-4°, rare.
v VIVIERS (Guillaume LE), poëte et musi-
cien français du treizième siècle, a laissé un
grand nombre de chansons notées. Le manu-
scrit de la Bibliothèque impériale de Paris,
coté 7222, en contient trente.
VIOCCA (Pierre), musicien italien, fut
attaché au théâtre de Hambourg, vers 1720.
Il y fit représenter, eu 1722, une sorte d'opéra
ou intermède intitulé : Die Krœnung Lud-
tvigs XV , Konigs in Frunkreich (Le couron-
nement de Louis XV, roi de France). Le mailre
de chapelle Reichardt possédait les partitions
de l'oratorio Le tre Marie a pic délia Croce,
et de La Partenza amorosa, opéra de cet
artiste.
VIOLA (Alexandre DELLA). Voyez
ROMANO (Alexandre).
VIOLA (Alphonse),'ou DELLA VIOLA,
compositeur, né à Ferrare, vraisemblable-
ment au commencement du seizième siècle,
entra au service du duc Hercule d'Esté II, en
qualité de mailre de chapelle. J'ai dit, dans la
première édition, qu'il est vraisemblable
qu'Alphonse Viola mourut en 1555 ou 1557,
ayant eu pour successeur Cyprien Rore dans
cetle dernière année; mais l'Arelhusa de
Lollio, pour laquelle il écrivit des chœurs, et
lo Sfortunato, d'Agoslino Argenti, pour la-
quelle il composa aussi de la musique, prou-
vent qu'il vivait encore en 1567. Alphonse de
la Viola est un des plus anciens musiciens qui
ont ajouté de la musique régulière à une ac-
tion dramatique. Son premier ouvrage en ce
genre fui la musique qu'il écrivit pour la tra-
gédie de Jean-Baptiste Giraldi Cinlhio, de
Ferrare, l'Orbcche, qui fut représentée dans
la maison de l'auteur, en 1541 . Dans l'avertis-
sement de cetle pièce, rapporté par Allacci
(Dramaturgia, p. 577), on lit que cette pièce
fut jouée en présence du duc de Ferrare Her-
cule II et du cardinal de Ravenne Salviali.
L'avertissement ajoute : Fece la musica
Messer Alfonso délia Viuola : fu l'archi-
tetto, et il dipintore délia scena Messer Gi-
rolamo Carpi di Ferrara. La deuxième pièce
pour laquelle Alphonse delà Viola filde la mu-
sique, a pour titre : II Sacrifizio. Bans l'aver-
tissement de la première édition (publiée à
Ferrare, parFr. Rossi, en 1555, in-8°), il est
dit que cetle pièce fut jouée dans le palais du
duc François d'Esté, le 11 février 1554, et la
seconde fois, le 4 mars suivant. Il y est dit aussi
que Messer Al fono délia Viuola fece la mu-
sica, et que Messer Andréa suo fratello rap-
presentà il sacerdote colla lira. Alphonse
Viola ou délia Viola écrivit aussi la musique de
plusieurs chœurs pour l'Arethusa, pastorale
de Lollio, jouée en 1563, devant le duc de
Ferrare Alphonse II et le cardinal Louis, son
frère. Cette représentation fut donnée aux
frais des étudiants en droit de l'université (1).
Le titre de la pièce imprimée est celui-ci :
L'Aretusa, commedia pastorale rappresen-
tata nel Palazzo di Schivanoja, l'anno
1563, etc. La rappresentd M. Lodov. Belli,
fue la musica M. Alfonso Viuola; fue l'ar-
chitetto e dipintor délia scena M. Rinaldo
Costabili, etc. In Ferrara, per Valenli Pa-
nizza Mansonno, 1564, in 8°. Ce fut de même
à leurs frais, et avec la musique du même
maître, que fut représentée, en 1557, la pasto-
rale A^Agostino Argenti, gentilhomme de
Ferrare, intitulée lo Sfortunato (2). Ginguené
remarque qu'on ne voit pas quelle musique
Alphonse de la Viola y put faire, car la pièce
est tout entière en vers endécasyllabes non
rimes, et il n'y a point de chœurs entre les
scènes (3). La musique de ces deux ouvrages
n'est pas connue aujourd'hui, mais on ne
peut douter qu'elle n'ait été écrite dans le style
madrigalesque d'Alphonse de la Viola : Madri-
gali a cinque voci. Ferrara nella slampa di
Giovanni de Bulghat, Henrico de Campris et
Antonio Hucher compagni, 1539, nel mesc di
luglio, in-4° obi. Un exemplaire de cet ou-
vrage est à la bibliothèque de Saint-Marc, à
Venise.
(1) Giuguenc, Histoire littéraire d'Italie, t. VI, p. 333.
(2) Voyez Parlicle d'Argcnti dans les Scritlori d'/talia,
de Mnzzuclielli.
(3) Loc. cit., p. 334.
VIOLA - VrOTTA
m
VIOLA (François), ou DELLA VIOLA,
vraisemblablement de la même famille que le
précédent, et peut-être son fils ou son neveu,
a été confondu avec lui parGerber, dans son
nouveau Lexique des musiciens. Il naquit à
Ferrare, dans la première moitié du seizième
siècle. Lui-même nous apprend, dans la dédi-
cace de la collection de motets et de madri-
gaux d'Adrien Willaert intitulée : Musica
nova;<ionl il l'ut l'éditeur, et laquelle est datée
de Ferrare, le 15 septembre 1558, qu'il a été
élève de ce maître. On voit dans les Dimo-
strazioni armoniche , <\e Zaïlino (page 1), que
François Viola était maître de chapelle du duc
de Ferrare Alphonse d'Esté, et qu'il accom-
pagna son maître à Venise, au mois d'avril
15G2 (1). Cette circonstance explique le motif
de la retraite de Cyprien Rore de la cour de
Ferrare après la mort d'Hercule II, car on voit,
par la dédicace citée plus haut, que le duc
Alphonse était zélé protecteur de François
Viola. On a imprimé de la composition de cet
artiste : 1° Madrigali a qualtro voci, Mb. 1 ;
Venise, 15G7, in-4\ 2° It/adrigali a 4 e 5 voci;
ibid., 1G7Ô, in-4°. Cet ouvrage a été réim-
primé à Ferrare, en 1599, in-4°.
VIOLE (Rodolphe), un des enthousiastes
impuissants de l'école nébuleusede la musique
allemande du dix- neuvième siècle, est né le
10 mai 1825, à Schochwilz, près de Halle
(Saxe). Destiné à la carrièrede l'enseignement,
il fréquenta le séminaire de Weissenfels, et y
reçut de Henlschel, directeur de musique, des
leçons de piano, d'orgue et d'harmonie. Il fit
ensuite des éludes de composition sans autre
guide que lui-même, et son penchant pour la
musique devenant plus prononcé chaque jour,
il renonça à sa destination du professorat.
Ayant fait la connaissance de Liszt, qui lui ac-
corda sa protection, Viole se rendit à Weimar,
afin de s'y pénétrer des maximes musicales
alors en vogue dans cette ville. Depuis 1855,
il vit à Berlin, donnant des leçons de piano,
composant et faisant la correspondance de la
nouvelle Gazette de musique de Leipsick.
M. Bernsdorf, à qui j'emprunte ces renseigne-
ments (IVeues Universal-Lexikon der Ton-
kunst), dit que M. Viole est un des partisans
les plus dévoués de l'école de Weimar, qui re-
connaît pour chefs Liszt, Wagner, etc., et suit
en conséquence la tendance extravagante de
cette école dans ses compositions. Ce qu'il a
publié jusqu'à ce jour consiste en quelques
(t) FrançoisViolaost un tiestnlcrloculcurs desDimo-
slrazioni armonkho, de Zarlino.
sonates et autres morceaux pour le piano, au
nombre d'environ vingt œuvres.
VION (***), prêtre, chantre ordinaire de
l'église métropolitaine de Paris, vécut vers le
milieu du dix-huitième siècle. Il est auteur
d'un livre qui a pour titre : La musique pra-
tique et théorique réduite à ses principes na-
turels, ou nouvelle méthode pour apprendre
facilement et en peu de temps l'art, de la
musique; divisée en deux parties : la pre-
mière , traitant de la musique pratique , la
seconde traitant de la musique théorique.
Nouvelle édition, augmentée d'un nouveau
chapitre ou manière de connaître les modes
et les tons, ainsi que leurs mutations. Paris,
Jean-Baptiste-Christophe Ballard, 1744, in-4°
de soixante et onze pages. J'ignore quelle est
la date de la lrc édition.
VIO.N (Charles-Antoine) , claveciniste de
l'Opéra de Paris, dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle, se fit entendre avec succès
au Concert spirituel, en 1786, et fit graver,
dans la même année, un concerto de piano (en
si bémol), de sa composition; Paris, Imbault.
On connaît aussi sous son nom un Pot-pourri
d'airs connus pour le piano, et des valses
pour le même instrument, Paris, Naderman.
VIOTTA (Jean-Joseph), médecin distin-
gué, d'origine italienne, naquit à Amsterdam,
le 14 janvier 1814. Doué d'une heureuse orga-
nisation pour la musique, il montra, dans son
enfance, le désir de se livrer exclusivement à la
culture de cet art; mais sa famille exigea qu'il
choisit une autre profession, et après qu'il
eut achevé ses humanités, il alla étudier la
médecine à l'université de Leyde. Toutefois il
ne cessa de s'occuper avec ardeur du chant,
du piano, de l'orgue et de la composition : dans
toutes ces parties de l'art, il acquit une remar-
quable habileté. Pendant qu'il suivait les cours
de l'universitédeLeyde, il fonda dans cette ville
une société de chant dont il fut le membre le
plus actif. Plus tard, il fut nommé président
de la Société hollandaise pour l'encourage-
ment de la musique. Aimé, estimé pour ses
rares connaissances comme pour son carac-
tère, il fut membre de l'ancien Institut des
sciences et des arts du royaume des Pays-Bas
et membre honoraire de la plupart des sociétés
musicales de la Hollande. Pianiste, organiste
et compositeur, il employait à la culture de la
musique tout le temps que lui laissait l'exer-
cice de sa profession de médecin. Plein de zèle
pour le développement des progrès de cet art
dans sa patrie, il prit parla la rédaction de
plusieurs journaux, pour la critique musicale.
360
V10TTA - VIOTTI
Parmi ses compositions, on compte un très-
grand nombre de romances et de chœurs pour
les sociétés de chant : tous ces morceaux ont
été publiés à Amsterdam , Roilerdam et la
Haye. Dans l'art sérieux, la musique reli-
gieuse avait surtout pour lui un alliait irrésis-
tible : il cultivait ce genre avec amour. On a
gravé de sa composition une messe à quatre
voix et orchestre, un recueil de motels avec
orgue, un Salve Regina, et un Requiem à
trois voix. Il venait de terminer un nouveau
Requiem à quatre voix, lorsqu'il mourut a
Amsterdam, après une courte maladie, le G fé-
vrier 1859, à l'âge de quaranle-cinq ans. Son
dernier Requiem a été exécuté à ses obsèques.
VIOTTI (Jeak-Baptistk), illustre chef de
l'école des violonistes modernes, naquit le
23 mai 1753, à Fontanelto, an canton de Cres-
centino, dans le Piémont. Son père, maréchal
ferrant, jouaitdu cor ; il fit apprendre au jeune
Violti les éléments de la musique. Celui-ci
montrait déjà sa vocation dès l'âge de huit ans,
par le plaisir qu'il prenait à jouer d'un petit
violon qu'on lui avait achelé à la foire de Cres-
centino. Vers 1764, un aventurier, nommé
Ciovannini, qui jouait bien du luth et était
bon musicien, s'établit à Fonlanclto, et se char-
gea de l'éducation musicale de Violti : mais
après lui avoir donné des leçons pendant un
an, il fut nommé professeur de musique à Ivrée,
et son élève se trouva encore livré à ses propres
efforts, n'ayant d'autre ressource pour s'in-
struire que la lecture «les livres élémentaires.
Un événement heureux vint enfin le tirer d'une
situation si peu favorable an développement
de ses talents naturels. En 17G6, lin certain
joueur de flûte, appelé Jean Pavia, fut invité
à se rendre à Strambino, petite ville de la pro-
vince d'Ivrée, avec le père de Violti, pour une
fête patronale. Par ses instances, il obtint que
celui-ci emmenât son fils. Après la messe,
qui fut dite en musique , l'orchcslre , dont le
jeune Violti faisait partie, se rendit chez l'évo-
que pour jouer une symphonie à sa table. Ce
prélat (1), grand amateur des arts, remarquant
la grâce avec laquelle l'enfant faisait sa partie,
fui charmé du feu qui brillait dans ses regards
et de son air inspiré. Il lui dit qu'il voulait
faire sa fortune, et lui demanda s'il voulait
aller à Turin pour y perfectionner son talent.
Violti et son père y ayant consenti, l'évéque
leur donna une lettre de recommandation pour
la marquise deVoghera,qui cherchait un com-
pagnon d'études pour son fil», Alphonse del
(I) François Rora, çui depuis fut archevêque de
Turin,
Pozzo, prince de la Cisterna, alors âgé de «lix-
lmit ans. C'est à ce prince, mort vers 1830,
qu'on est redevable des renseignements con-
signés dans celle notice sur la jeunesse «le
Violti. Peu satisfaite de voir que l'évéque
de Strambino ne lui avait envoyé qu'un en-
fant, la marquise de Voghera se disposait
à le renvoyer chez ses parents avec un pré-
sent, quand Celognelti, musicien distingué de
la chapelle royale, entra dans l'apparte-
ment, et insista pour entendre celui qu'on dé-
daignait si injustement. Il lui présenta une
sonate de Besozzi qui fut exécutée sur-le-champ
avec une franchise, une fermelé qui auraient
fait honneur à un professeur expérimenté. Aux
compliments qu'on lui adressa, Violti répon-
dit, dans son dialecte vercellois : Ben par susi
a le niente (cela est peu de chose). Pour mor-
tifier son petit orgueil, dit le prince, on lui
donna une sonale difficile de Ferrari qu'il joua
si bien que Celognelti, transporté de plaisir,
s'opposa formellementà son départ. « Connais-
» sez-vous le théâtre? dit-il au jeune virtuose.
» — Non, monsieur. — Quoi ! vous n'en avez
» aucune idée? — Aucune. — Venez, je veux
» vous y mener. « Il le conduisit en effet dans
l'orchestre, où chacun fut émerveillé de lui en-
tendre jouer tout l'opéra à première vue, avec
autant d'exactitude et d'entenle des effets que
s'il l'eût étudié avec soin. Celle journéeélaildé-
cisivepour lui. De retour au palais, on le ques-
tionna surce<|ti'il avait trouvé de remarquable :
saisissant aussitôt son violon, il joua toute
l'ouverture et les motifs principaux de l'ou-
vrage avec une verve, un feu, un enthousiasme
qui faisaient voir loulcequ'on pouvait attendre
de lui. Celait une explosion du talent. « Ce fut
» alors, continue le prince, que, charmé par
» un génie si naturel, je me décidai à faire
» tout ce qu'il faudrait pour que de si belles
» dispositions ne fussent pas infructueuses. Je
» lui assignai un logement dans mon palais,
» et lui donnai pour mailre le célèbre Pu-
» gnani. L'éducation de Violti m'a coûté plus
» de vingt mille francs ; mais à Dieu ne plaise
» que je regrette mon argent! L'existence
» d'un artiste semblable ne saurait être trop
» payée. »
Ce n'est pas une circonstance médiocrement
heureuse que pour un élève tel que Violti il se
soit trouvé un mailre sembable à Pugnani
(voyez ce nom). On sait quelle largeur, <|uel
grandiose caractérisaient le talent de ce vio-
lonisle. Ces qualités précieuses, bases «l'un
talent réel, il les communiqua à son élève qui,
y ajoutant ce qui était en lui, c'est-à-dire le
V10TTI
861
brillant, l'élégance et l'inspiration, en com-
posa le talent le plus parfait qu'on eût entendu
jusqu'alors. Pendant le cours de ses études,
Violti avait été nommé violoniste de la cha-
pelle royale : il quitta cet emploi pour voyager
avec son maître. Parti de Turin au mois d'a-
vril 1780, il parcourut l'Allemagne, s'arrêta
quelque temps à Berlin, puis visita la Pologne
et la Russie. Partout son talent excita l'enthou-
siasme. L'impératrice Catherine le comhla de
dons magnifiques et voulut, mais en vain , le
retenir à son service, Ln autre voyage à Lon-
dres, entrepris avecPugnani, ne fut pas moins
profitable à sa renommée qu'à sa fortune.
Jamais instrumentiste n'avait produit un pa-
reil effet. La réputation de Geminiâni même
fut effacée par celle que Viotti se fit en Angle-
terre. Quelques lords, grands amateurs de
musique, desiraient l'y fixer; mais il voulait
voyager encore avant de prendre un engage-
ment, et il partit pour Paris. Arrivé dans celle
ville, il se sépara de son maître, qui fut tou-
jours pour lui l'objet de la plus tendre recon-
naissance.
Le début de Viotti au Concert spirituel, en
1782, produisit un effet qu'il serait difficile de
décrire. Jamais on n'avait rien entendu qui
approchât de celte perfection ; jamais artiste
n'avait possédé un son plus beau, une élégance
aussi soutenue, une verve, une variété sem-
blables. L'imagination qui brillait dans ses
concertos ajoutait encore au plaisir qu'il pro-
curait à son auditoire; car ses compositions
pour son instrument étaient aussi supérieures
à ce qu'on connaissait auparavant, que son
exécution était au-dessus de celle de ses rivaux.
Dès qu'on connut celte belle musique, la vogue
des concertos de Jarnowick disparut, et l'école
française du violon s'engagea dans une voie plus
large. Le Concert spirituel élait alors le seul en-
droit où l'on put se faire entendre en public, à
Paris; cependant Violti n'y joua que durant
(\cnx années. Avec une éducation musicale peu
avancée, comme l'était alors celle des ama-
teurs qui fréquentaient ces concerts, le public
montre quelquefois du caprice dans ses goûts :
il en rut un qui fut cause de la retraite du
grand artiste, en 1783. Un jour de la semaine
sainte de celte année, il y avait peu de monde
dans la salle, et comme cela arrive toujours
en pareille circonstance, une certaine froideur
se répandit sur toute la séance. Bien que Violti
n'y eût pas déployé moins de talent que pré-
cédemment, il y produisit peu d'effet. Le len-
demain il y eut foule au concert. Un violo-
niste, dont l'habileté ne pouvait cire mise en
parallèle avec la sienne, y joua un concerto
dont le rondo excita des transports de plaisir,
par un thème vulgaire analogue aux airs de
vaudeville. Ce morceau redemandé fut l'objet
de toutes les conversations pendant huit jours.
Violli ne se plaignit pas; mais profondément
blessé dans son juste orgueil, il prit dès ce
moment la résolution de ne plus jouer à Paris
dans les concerts, et depuis lors, en effet, on
ne l'y a plus entendu que dans des réunions
particulières, quoiqu'il ne se soit éloigné de
cette ville que neuf ans après et qu'il y soit
revenu plusieurs fois. La reine, qui aimait
passionnément la musique, s'élait déclarée la
protectrice de Viotli ; elle lui donna le titre de
son accompagnateur et lui fit obtenir une
pension de six mille francs sur la cassette du
roi. Dans l'été de 1785, il visita sa patrie et
revit Fonlanello pour la dernière fois. Le soin
d'assurer le sort de sa famille était le motif
principal de son retour dans ce lieu. Il acheta
une propriété à Salussolia, et y établit son
père, qui ne jouit pas longtemps de cet état
d'aisance, car il mourut l'année suivante. De
retouràParis, en 1784, Violli y fut entouré de la
considération attachée aux artistes de premier
ordre. La publication de ses premiers con-
certos étendit bientôt sa réputation, non-
seulement dans les provinces de France, mais
dans toute l'Europe, où l'on en multiplia les
éditions.
A cette époque, quelques grands seigneurs,
lels (pie les princes de Conti, de Soubise et de
Guémené, avaient un orchestre à leur solde el y
attachaient les artistes les plus distingués. La
place de chef d'orchestre du concert de l'hôtel
de Soubise devint vacante peu de temps après
le retour de Violli. Uerlhaume (voyez ce nom),
violoniste de talent, connu par son habileté
dans la direction de la musique d'orchestre, se
mit au nombre des candidats qui se présentè-
rent pour l'obtenir; nul doute qu'il l'eût em-
porté sur ses rivaux, s'il n'eût eu Violti pour
concurrent; vaincu par lui, il ne put préten-
dre qu'à le seconder comme premier violon.
Plus tard, l'illustre violoniste piémonlais éta-
blit chez lui des matinées de quatuors où il
exerçait ses élèves. C'est là qu'il essayait la
plupart de ses concertos avec un petit orches-
tre. Chose remarquable, depuis le sixième
jusqu'au quatorzième, il n'en exécuta aucun
dans des concerts publics ; il ne les fit entendre
que dans ces séances ou dans d'autres réunions
particulières. Il en fut de même de ses deux
belles symphonies concertantes pour deux vio-
lons qu'il joua chez la reine avec Imbault,
362
VIOTTI
violoniste français peu digne de se mesurer
avec lui, et qui les fit entendre ensuite avec
Gervais au Concert spirituel. Lié d'amitié avec
ce qu'il y avait de plus distingué dans les
liantes classes de sa société et parmi les litté-
rateurs et artistes en tout genre, Viotti s'était
composé un auditoire de lionne compagnie
dont il eut toujours besoin depuis lors pour se
livrer à son enthousiasme. Ce qu'on appelle
exactement le public, la masse, lui inspira
toujours une sorte d'éloignemenl, on pourrait
presque dire d'effroi. Cette disposition d'es-
prit, qui passerait aujourd'hui pour ridicule,
avait sa source dans la puissance du monde
élégant qui, à cette époque, faisait les succès
et les réputations. Plus tard, Viotti ne comprit
pas le changement qui s'était opéré dans la
société française et même européenne; il ne
vit pas que la renommée des artistes n'avait
plus d'autre source, d'autre appui que ces
masses qu'il dédaignait; enfin lorsque la mau-
vaise fortune le frappa, il ignora qu'avec
un talent tel que le sien il y avait dans le
public de bien plus grandes ressources pour
réparer ses désastres que dans des spéculations
hasardeuses. Jamais il ne voyagea pour don-
nerdes concerts; jamais il ne rechercha l'éclat
de la vogue; ce ne fut même qu'avec peine
qu'il se décida à jouer pour quelques artistes
au Conservatoire, lorsqu'il revint à Paris
en 1802, dans toute la puissance de son
talent.
En 1788, Léonard, coiffeur de la reine, ob-
tint, par la protection de cette princesse, le
privilège d'un théâtre d'opéra italien. Il eut
assez de jugement pour comprendre qu'il n'en
pouvait tirer d'utilité qu'en associant à ses
intérêts ceux d'un homme doué de connais-
sances spéciales: il jeta les yeux sur Viotti
qui, malheureusement pour sa carrière d'ar-
tiste, accepta ses propositions. Ce grand vio-
loniste était certainement tourmenté du désir
de diriger un théâtre, car j'ai vu quelque part
(peut-être dans la collection de Beffara) une
demande signée de lui pour obtenir l'entreprise
de l'Opéra français, et si je ne me trompe, celle
demande était datée de 1787. Son premier soin,
après qu'il eut accepté la direction du théâtre
italien, fut de rassembler des chanteurs de
grand mérite. Jamais celte tâche ne fut mieux
remplie, car c'est à lui qu'on dut la réunion
incomparable qui se composait de Mandini, de
Viganoni, de Mengozzi, de Raffanelli, de la
fameuse Banti et de madame Morichelli. Celte
compagnie débuta en 1789 aux Tuileries, et
charma les amateurs d'élite jusqu'à la fin de
1792. Viotti, qui la dirigeait, s'était adjoint
Cherubini, récemment arrivé à Paris et devenu
son ami. L'illustre maître s'était chargé de la
disposition des ouvrages et de la composition
des morceaux qu'il fallait y ajouter. Viotti
composa son orchestre d'artistes excellents, et
le fit diriger par Mestrino (voyez ce nom). En
1790, lorsque la cour revint de Versailles ha-
biter le château des Tuileries, l'excellente
troupe italienne fut obligée de se réfugier dans
un bouge appelé théâtre de la foire Saint-
Germain. Mais l'impossibilité d'y rester long-
temps engagea Viotti à s'associer avec Fey-
deau-de Brou, intendantde plusieurs provinces
de France, pour la construction d'un théâtre
auquel celui-ci donna son nom, et qui n'a été
détruit qu'en 1852. Des actionnaires furent
trouvés dans la haute société pour la con-
struction de ce théâtre, et pour l'entreprise
de son exploitation, dans laquelle on réunit
l'opéra italien et le drame musical français.
L'ouverture s'en fit au commencement de 1791,
et d'abord l'opération parut réussir; mais
bientôt les événements de la révolution de-
vinrent plus fréquents et plus graves ; l'émi-
gration entraîna hors de France une partie
des actionnaires du nouveau théâtre; resté
presque seul , Viotti y vil engloutir toutes
ses économies. Après la prise des Tuileries,
au mois d'août 1792, les artistes italiens se
dispersèrent, el Viotti, ruiné, fut obligé de
passer en Angleterre. Lorsqu'il y arriva, les
concerlsde Ifannover-Square, dirigés parSalo-
mon, étaient dans toute leur vogue. Viotti,
ayant pris la résolution de chercher de nou-
velles ressources dans son talent, s'y fit en-
tendre dans de nouveaux concertos composés
exprès. Ces concerts, réservés à l'élite de la
société, ne lui inspiraient pas la même répu-
gnance que les autres réunions publiques.
Cependant de nouveaux chagrins l'atten-
daient à Londres; car un bruit circula parmi
les émigrés qui s'y trouvaient en foule, que le
parti révolutionnaire l'avait employé comme
agent secret en plusieurs circonstances. Rien
n'était moins conforme aux goûts de l'artiste
que les orgies populaires dont la France l'ut le
théâtre à celle époque; mais il est vraisembla-
ble que la faveur accordée à Viotti par le duc
d'Orléans fut l'origine de celle calomnie. Quoi
qu'il en soit, une réprobation si dédaigneuse,
si insultante, fut la conséquence de ces bruits
calomnieux, que, forcé de céder à l'orage,
Viotti se réfugia dans une maison de campa-
gne près de Hambourg, où il vécut jusqu'au
mois de juillet 179j. Il y composa quelques-
VIOTTI
363
- uns de ses plus beaux «Inos de violon, genre de
musique où son génie ne s'est pas manifesté
avec moins d'éclats que dans le concerto.
Chose bizarre ! pendant qu'il s'abandonnait au
chagrin de l'isolement dans sa retraite, il ne lui
vint pas même à la pensée de rentrer sans ré-
serve dans sa carrière d'artiste, et de ne plus
rien attendre que d'un talent qui n'avait point
d'égal en Europe. La crainte de l'agitation, le
besoin d'une vie calme et de la douce intimité
de quelques amis, le faisaient soupirer après
le moment où, son innocence étant reconnue,
il pourrait retourner en Angleterre. Une fa-
mille honorable, qui l'avait accueilli à son
arrivée à Londres, était en quelque sorte deve-
nue pour lui le monde entier. Il put enfin se
réunir à elle, et ne la quitta plus pendant près
de vingt-cinq ans. Se condamnant lui-même à
l'oubli du public plus encore qu'il ne l'avait
fait à Paris, il ne se fit plus entendre qu'à ses
amis, et n'écrivit que pour lui-même et pour
eux la dernière série de ses concertos désignée
par des lettres : admirables compositions qui
assurent son immortalité et qu'on n'a point
égalées. Intéressé dans un commerce de vins,
il y puisa les ressources nécessaires à son
existence et s'en fit une affaire quotidienne,
ne s'occupant de la musique que comme d'un
délassement, quoiqu'il ne perdit rien de son
génie ni de son enthousiasme d'artiste,
La trop courte paix d'Amiens ayant rompu
la barrière placée entre la Fiance et l'Angle-
terre, Viotti put satisfaire le vif désir qu'il
éprouvait depuis longtemps de revoir Paris et
les amis qu'il y avait laissés. Il y arriva, en
1802, avec la ferme résolution de ne pas s'y faire
entendre; mais il ne put résister aux prières
de Chernbini, de Garât, de Rode, ses anciens
amis ou élèves, ainsi que des autres profes-
seurs du Conservatoire. Ce fut dans la petite
salle de celte école que résonnèrent sous ses
doigts les belles inspirations de son génie.
Près de vingt années s'étaient écoulées depuis
qu'il avait cessé de jouer en public, et depuis
plus de dix ans, il avait quitté le sol de la
France. De nouvelles écoles avaient été fondées
depuis son départ; de nouvelles réputations
s'étaient faites. On le croyait vieux, affaibli;
pour la plupart des jeunes gens, le nom de
Viotti était devenu historique et ne semblait
plus appartenir à un être vivant : il se fit en-
tendre, et les plus belles réalités apparurent.
C'était encore le même feu, le même brillant,
le même goût, le même grandiose qu'on avait
admirés autrefois ; le style de ses compositions
s'était agrandi et perfectionné, Ce fut dans ce
voyage qu'il fit connaître, à Paris, ses délicieux
concertos désignés par les lettres A, B, C, etc.,
ses trios et plusieurs autres ouvrages. Après
quelques mois passés dans celle ville, il re-
tourna en Angleterre, d'où il ne revint qu'en
1814. Ce retourne fut même qu'un voyage;
mais il se fixa à Paris quatre ans après.
Nommé directeur de l'Opéra, en 1819, il ne
recula point devant les difficultés de cette po-
sition; mais il usa le reste do ses forces dans
un combat inutile contre la décadence alors
flagrante de ce théâtre, décadence qui devait
avoir son cours et qui était la conséquence de
la nature des choses. Le mal qu'il ne put em-
pêcher, on le lui imputa, et l'on finit par lui
ôter sa place (en 1822), en lui accordant une
pension de six mille francs. Le chagrin qu'il
en conçut, joint aux regrets que lui causait la
perle d'un frère, finit par altérer sa sanlé. Il
essaya de voyager pour se distraire, mais il
mourut à Londres, le 10 mars 1824, à l'âge de
soixante et onze ans. Il n'avait fait qu'un seul
voyage en Italie, en 1788, à l'âge de trente-
cinq ans, lorsqu'il alla y choisir les artistes
qui composèrent la fameuse troupe des Bouf-
fons de 1789.
On a de cet homme célèbre les productions
dont voici la liste : I. Concertos : 1er, en ut
majeur; 2me, en mi majeur; 3me, en la majeur;
4mc, en ré majeur; 5me, en ut; Cmc, en mi mi-
neur; 7mc, en mi majeur; 8me, en ré; 9rae, en
la; 10me, en si bémol (ces dix concerlos ont
été gravés chez Sieber, à Paris); lln,c, en la,
chez Imhaull; 12mc, en si bémol, ibid.;
1ôme, en la, chez Sieber; 14me, en la mineur;
15me, en si bémol
17
16me, en mi mineur;
en ré mineur; 18mc,
en mi mineur
19mc, en sol mineur (tous ces derniers con-
cerlos ont été publiés à Londres) ; 20mc, en ré
majeur, à Offenbach, chez André; 21me, lettre
A, en mi mineur, à Paris, chez Frey ; 22mc,
lettre B, en la mineur, ibid. ; 23I,1C, lettre C,
en sol, ibid.; ce concerto, connu sous le nom
de John Bull, fui d'abord écrit pour le piano,
puis arrangé pour le violon; 24mc, lettre D, en
si mineur, ibid.; 25mc, lettre E, en la mineur,
ibid.; 26™°, lettre F, en si liémol, ibid.; 27"™,
lettre G, en ut, Janet; 28mc, lettre II, en la
mineur, ibid.; 29mc, lettre I, en mi mineur,
ibid. II. Concertantes pour deux violons :
1rc (en fa), Paris, Imbault; 2me(en si bémol),
Paris, Naderman. III. Quatuors pour deux
violons, alto et basse : Trois quatuors,
liv. 1er, Paris, Leduc; trois idem, liv, 2, ibid.,
trois idem, op. 22, Leipsick, Brcilkopf ; six
idem, composés d'airs connus variés, liv. 1er
264
VIOTTI - VIRDUNG
et 2e, Paris, Imbault; (rois idem, lellre A,
Paris, Frey; (rois idem, en fa, si bémol
el sol, Paris, Janet. IV. Trios pour deux
violons cl violoncelle : six trios, liv. 1
et 2, Paris, Naderman; (rois idem, op. 4,
ibid.; trois idem, op. 1G, Paris, Éranl; trois
idem, op. 17, Paris, Frey; trois idem, op. 18,
ibid.; trois idem, op. 19, ibid. V. Duos pour
deux violons : six duos, op. 1, Paris, Boycr;
six idem, op. 2, ibid.; six idem, op. 3, liv. 1
et 2, Paris, Porro; trois idem, op. 4, Paris.
Pleyel; six idem, op. S, Paris, Leduc; trois
idem, op. G, Pleyel ; trois idem, op. 7, «6à/. ;
six sérénades, op. 13, ibid.; trois duos, op. 18;
Paris, Érard; trois idem, op. 19, Paris, Frey;
trois idem, op. 20, ibid.; trois ù/e»i. op. 21,
ibid. VI. Solos : Six sonates pour violon et
basse, liv. 1, Paris, Boyer ; six idem, liv. 2,
Paris, Imbanlt; trois idem, lettre A, Paris,
Frey; trois idem, lettre B, ibid. On connaît
aussi de Viotti trois divertissements ou noc-
turnes pour piano et violon; Paris, Pleyel,
elune sonate pour piano seul, ibid,, composée
pour son amie, madame de Monlgeroult. Les
autres sonates pour piano et violon, gravées
sous son nom, sont des quatuors arrangés.
Cherubini a aussi arrangé (rois trios de Viotti
en sonates pour piano et violon, Paris, Pleyel.
Tontes ces œuvres brillent par des idées abon-
dantes, par une exquise sensibilité cl par le
mérite de la forme qui en a fait des types pour
la musique <|c tous les violonistes venus après
ce grand artiste. Violli était harmoniste d'in-
stinct; il n'avait point étudié Part d'écrire, et
l'on doit avouer que ses premières productions
laissent apercevoir son ignorance à cet égard;
mais avec une organisation comme la sienne,
l'éducation pratique devait se faire rapide-
ment: l'expérience l'eut bientôt assez éclairé
pour qu'il pill écrire suffisamment l'instru-
mentation de ses concertos.
Il n'a formé qu'un petit nombre d'élèves, au
premier rang desquels brilla Rode (i-oye; ce
nom). Après lui viennent Libon et M. Rob-
berechts ; ce dernier, reslé le seul repré-
sentant direct de l'école du maître, en a
transmis les principes à M. de Bériot. On
compte aussi parmi les anciens élèves de Violli,
Labarre, Alday et Cartier: Ce dernier a fait
frapper une médaille à l'honneur de son
maître : elle représente, d'un côlé, l'effigie de
l'artiste, et de l'autre, un violon avec un soleil
dont les rayons sont entremêlés des titres des
œuvres de Violli, el la devise nec plus ultra.
On a plusieurs portraits de cet homme cé-
lèbre ; le plus ressemblant est celui qui a été
peint à Londres par Tossarelli et gravé par
Meyer : il a servi de type au grand portrait
lithographie par Mau ri n pour la Galerie des
musiciens célèbres, collection qui n'a point été
continuée. On a placé, en tête de l'œuvre cin-
quième de duos, un autre portrait dessiné par
Guérin el gravé par Lambert. Madame Le-
brun a peint le portrait de Viotti, en 1780, et
le sculpteur Flattées a fait son buste. Les no-
tices principales publiées sue le même aetistc
sont : 1° Celle que Fayolle a donnée dans ses
Notices surCorelli, Tartini, Gaviniès, Pa-
ganini et Viotti; Paris, Denln, 1810, in-8n.
2° Anecdotes sur Viotti, précédées de quel-
ques réflexions sur l'expression en musique,
par A. -M. Eymae, Milan (sans date), 1801,
in 8" de quarante-six pages. ô° Notice sur
J.-B. Viotti, par Baillot, Paris, imprimerie
île Hocquet, 1825, in-8° de treize pages.
4" Notice historique sur J.-B. Viotti, par
Miel, exteaile de la Biographie universelle
(t. XLIX), et tirée à pari, Paris, imprimerie
d'Éveral, 1 827, i n-8° de quatorze pagesà deux
colonnes.
VIRDUNG (Sébastie>), prêtre et orga-
niste, né à Bambcrg (Bavière), dans la seconde
moitié du quinzième siècle, vécut à Bàle au
commencement dit seizième. On a de lui un
livre de la plus grande rarelé, intitulé : /tlusica
gelulsclit und ausgezogen durch Sebas-
tianum Virdung, Priester von Arnbcrg,
und ailes Gesang nus dem Notai in die Tabu-
laturen dieser benennten dreyer Jnstru-
menten, der Orgelen, der Lauten und der
Floeten, transferiren zu lernen. Kiirzlich
gemachl zu ehren derhochwurdiglen hochge-
borneti Fiirsten und I/erren : herr JVilhal-
men (sic) Bischouc(<\c)zu Strasbourg segnem
gnedigen fferren. (Musique écrite et extraite
par Sébastien Virdung, prêtre d'Arnberg, pour
apprendre à meltre toute espèce de chant noté
en tablature pour les trois instruments, sa-
voir: l'orgue, le lulh et la flûte, etc.); Bâle ,
151 1, petit in-4° obi. de 14 feuilles non pagi-
nées, mais avec des signatures. L'ouvrage est
dédié à Guillaume, évèque de Strasbourg. Dans
l'éplrre dédicatoire, Virdung parle de lui-
même à la troisième personne. On y voit que
l'évêquc de Strasbourg avait demandé, en 1510,
que Virdung lui envoyât le poème sur la mu-
sique allemande (Gedicht der deutschen Mu-
sica) dont il était auteur, et l'avait prié de
l'informer quand il finirait cl publierait sou
traité de musique. Pour éviter de grandes
dépenses, dit Virdung, j'ai résolu de ne pas
publiera présent mon grand livre, el de n'en
VIRDUNG ~ VISÉE
RfiS
donner que cet extrait, fait pour satisfaire
mon ami André Silvanus; je prie donc
Mgr. l'évéque de s'en contenter, jusqu'au
moment oit paraîtra le grand traité. Lcgrand
ouvrage dont parle ici Virdung n'a pas paru.
L'extrait, dont on a vu le litre ci-dessus, est un
dialogue entre rauteur et André Silvanus. Le
livre commence par la description des instru-
ments à clavier, tels que le clavicorde, la virgi-
nale, le clavecin et le clavicitherium, ainsi
que de tous les autres instruments en usage à
la fin du quinzième siècle et dans les premières
années du seizième, avec les figures de ces
instruments gravées sur bois. Cette description
est suivie de celle des instruments dont il est
parlé dans la lettre supposée de saint Jérôme
à Dardanus. Après celle partie de l'ouvrage,
vient la description du clavier de l'orgue et du
clavicorde, son étendue, et l'application des
gammes à la disposition de ses louches par la
méthode des hexacordes, suivie de l'explica-
tion de la valeur des noies dans les ligatures
et dans la tablature du luth et de la fli'ile. Vir-
dung ne traite avec les développements néces -
saires que de l'art de jouer de ces deux instru-
ments et du clavicorde. Arnold Schlick {voyez
ce nom) fait beaucoup de reproches à Vir-
dung, concernant ses règles pour jouer du
luth, dans la préface en vers île son livre inti-
tulé Tabulât ur ellicher Lobgesang (Mayence,
1512). Virdung nous apprend, dans le cours de
son livre (feuille C. II.), qu'il eut pour maître de
musique Jean de Suzato(<le Soest,en Souabe),
docteur en médecine et savant musicien. J'ai
trouvé deux exemplaires du rarissime ouvrage
de Virdung, le premier, à la bibliothèque
impérialede Vienne, l'autre, à la bibliothèque
royale de Berlin. Les deux premiers livres de
la Musurgia de Nacblgal (voyez Luscinius) ne
sont qu'une traduction latine d'une grande
partie de l'ouvrage de Virdung. Dans une col-
lection très-rare, imprimée à Mayence par
Pierre Schneffer, et dont il existe un exem-
plaire à la Bibliothèque royale de Munich, on
Irouve quatre chansons allemandes à quatre
voix(nM 48,49, 52 el 54), corn posées par Sébas-
tien Virdung. Celle collection a pour titre :
Teutsche Liedcr mit AStimmen. von verschie-
denen Julhoren. Mentz durcit Peler Schaefer
(sic), 1513, in-8° obi. Les antres musiciens
dont il y a des pièces dans ce recueil sont
Georges Biack, K. Eilelvvein, J. Fuchswild,
André Graw, Malchier, Malchinger, Georges
Sclupiifelder, Jo. Sies et M. Wolf.
VIlllJÉS Y SPIINOLA(D. Josepii-Joa-
ciii.m), adjudant général espagnol, comman-
deur des ordres militai les de Calalra va, de Saint -
Hermenégilde , de Saint-Jean de Jérusalem,
grand'eroix de l'ordre d'Isabelle la Catholique,
et de beaucoup d'autres ordres nationaux et
étrangers, président de l'Académie royale des
sciences de Madrid et membre d'un grand
nombre de sociétés savantes, académicien phil-
harmonique de Bologne, mort à Madrid le 13 mai
1840, s'occupa de la théorie de la musique
d'une manière plus sérieuse que ne semblaient
le permettre les devoirs de sa position. Le pre-
mier ouvrage qui le fit connaître sous ce rap-
port a pour litre : Cartella harmonica, o el
conlrapunlo explicado en seis lecciones; Ma-
drid, 1824, in-fol. de 24 pages. Cet opuscule
a été traduit en fiançais par E. Nunez de Ta-
boada, sous ce titre : Eléments d'harmonie
et de contrepoint expliqués en six leçons;
Paris, imprimerie de Fournicr, 1825, in-4°
avec quatre planches. Plus tard, les idées du
général Virués furent ramenées sur la musi-
que considérée comme science, el dans la per-
suasion qu'il avait découvert le secret de la
nature concernant l'origine de la mélodie et
de l'harmonie, ainsi que de lous les genres de
contrepoints et de compositions, il employa plus
de dix ans à combiner les diverses parties de
son système dans un livre qui fut publié sous
le titre de Geneufonia, etc.; Madrid, 1830,
in-fol. N'ayant pas vu cet ouvrage, je ne puis
en parler.
VISCARGUI (GoxsALvn-MAivmF.z DE),
prêtre et musicien espagnol, vécut au com-
mencement du seizième siècle. On a de lui
deux ouvrages dont voici les titres : 1° Ento-
naciones corregidas segun el uso de losmo-
dernos (Intonations [du plain-chant] corrigées
suivant l'usage des modernes); Burgos, 1511,
in-4°. 2° Arle de canlo llano, contrapunto y
de organo{\rl du plain-chant ,de contrepoint
et de la musique mesurée); Sara gosse, 1512,
in-8°. Ce Irailéa élé l'objet d'une critique très-
sévère par Jean de Espinosa (voyez ce nom).
VISCOISTI (Gaspard), violoniste, né à
Crémone, vécut à Londres au commencement
du dix-huitième siècle, et y publia, en 1703,
six sonates pour violon avec basse continue
pour le clavecin, op. 1. Il en a été fait une
autre édition à Amsterdam, chez Roger.
VISÉE (RoBEnT DE), ou DE VISÉ, gui-
tariste français, fut élève de Francisque Corbet
el eut de la réputation à Paris, vers 1G80, sui-
vant ce que nous apprend Le Gallois (Lettre d
Mademoiselle Hegnault de Solier touchant la
musique, p. G3).I1 a fait imprimer de sa com-
posilion : 1° Premier livre de pièces pour la
366
VISEE - VITAL!
guitare, en tablature; Paris, 1682, în-4° ol>l.
2° Deuxième idem; ibid., 1686, in-4° oblong.
5° Troisième idem, ibid., 1689, in-4° oblong.
VITAL (C. -Antoine), littérateur el ama-
teur de musique, à Vandœnvre, près de Nancy
Qlenrlhe), a publié un écrit intitulé : Restau-
ration de la musique religieuse, ou considé-
rations philosophiques et théologiques sur la
nature de la musique religieuse et sur les
idées ou les sentiments religieux qu'elle doit
exprimer. Nancy, 1852, in-8°. Une partie de
ce travail a paru dans la France musicale, en
1851 et 1852. Ce premier écrit de M. Vital fut
suivi de celui qui a pour titre : Révolution
harmonique. Précis d'une théorie harmo-
nique entièrement neuve, vraie, facile et ap-
profondie; Nancy, 1854, in-12 de trente-
quatre pages. La théorie dont cet opuscule
n'est qu'un aperçu a été établie et développée
par M. Vital, ainsi qu'il nous l'apprend dans
un ouvrage terminé et prêt à paraître sous le
titre de La science harmonique fondée sur
la tonalité moderne, ramenée à deux prin-
cipes vrais et faciles, etc. Dix ans se sont
écoulés depuis la publication du précis qui
vient d'être cité (1864); cependant je n'ai
pas appris que le grand ouvrage de M. Vital
ait paru dans cet intervalle. Les lecteurs qui
voudraient connaître quelle peut être la tbéo-
rie entièrement neuve, vraie, de M. Vital,
en auront le secret dans le précis qui porte en
tête Révolution harmonique, particulière-
ment dans ces trois passages :
« (Page 7) : M. Félis enseigne qu'il faut en
» appuyer la tbéorie (de l'harmonie) sur l'ana-
» lyse de la tonalité moderne. Celle idée est
« la révélation d'un monde nouveau. Pendant
» dix ans, je l'ai méditée, approfondie, déve-
» loppée dans toute son étendue, et, grâce
» encore aux travaux de M. Félis, transformée
» enfin, j'ose le croire, en théorie propre-
» ment dite et complète. »
Plus loin, page 28, M. Vital cite ce passage
de l'avertissement de la quatrième édition de
mon Traité de l'harmonie: « Parmi la mul-
» lilude de combinaisons dont se compose
» l'harmonie de notre musique, il en est deux
» que notre instinct musical accepte comme
» existant par elles-mêmes (l'accord parfait
« ou de repos et l'accord de dominante ou de
» mouvement). Or, j'ai vu que toute l'harmo-
« nie réside dans ces nécessités alternatives:
» repos, tendance ou attraction, et résolution
« de ces tendances, dans un repos nouveau,
a J'ai vu aussi que les accords dont je viens de
» parler fournissent tous les éléments néces-
» saires pour l'accomplissementdcs exigences
» de ces deux lois de toute musique. J'en ai
» conclu que toutes les autres harmonies ne
» sont que des modifications de celle-là. »
Après celte citation, M. Vital ajoute (p. 32) :
» .... L'accord de repos et raccord de mou*
» vement sont deux nécessités alternalives de
« la tonalité moderne, comme ledit M. Fétis
» avec un parfait bonheur de pensée et d'ex-
>■> pression. Donc, il n'y a que deux accords
» dans un ton donné: l'accord parfait sur la
» tonique et l'accord de dominante, car l'u-
» nion impérieusement exigée par la tonalité
« moderne et par M. Félis, n'est possible
» qu'entre eux. »
Celle conclusion est erronée ; car, suivant
les principes que j'ai posés, l'accord de mou-
vement doit résoudre son attraction par l'ac-
cord de repos ; or, l'accord sol, si, ré, fa
(seplième dominante) accomplit parfaitement
sa destination sur l'accord parfait du sixième
degré de la gamme la, ut, mi. J'ai établi, con-
formément à toute musique de la tonalité mo-
derne, que l'accord parfait se fait sur la toni-
que {ut, mi, sol), sur le quatrième degré de la
gamme (fa, la, ut), sur le cinquième (sol, si,
ré) et sur le sixième (la, ut, mi). 31. Vital,
lui, ne veut d'accord parfait que sur la toni-
que, et, pour lui, l'accord fa. la, ut est le ton
de fa, l'accord sol, si, ré, le Ion de sol, et
l'accord la, ut, mi, le ton de la. Si cela était,
il serait impossible d'harmoniser la gamme
d'un Ion, ou plutôt il n'y aurait plus de gamme,
ni de tonalité : voilà où conduit l'esprit de
syslème.
VITAL! (PnaippE), prêtre, né à Florence,
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut
d'abord maître de chapelle de la cathédrale de
Florence (voyez Negri, Gli Scritt. fiorent.,
p. 178), puis il entra dans le collège des chape-
lains-chantres de la chapelle pontificale, à
Rome, en qualité de ténor, le 10 juin 1631.
Le cardinal Antoine Barberini l'aima beau-
coup et l'attacha à sa personne, en qualité de
prélat familier. Vitali vivait encore en 1649.
On a imprimé de sa composition: 1° Il primo
libro de' madrigali a cinque voci, Venezia,
1616, in-4°. 2" Libro primo di musiche a
due, tre o sei voci. Florence, Stamperia di
Zanob. Pagani, 1617, in-fol. L'épilre dédi-
catoire, datée de Florence, le 15 octobre de la
même année, est adressée à Jean Corsi (fils de
Jacques Corsi et neveu de Jean Bardi). On y
voit que cet ouvrage est le premier essai de
composition de Vitali, bien qu'il ait été pu-
blié après les Madrigali de 1616. L'harmonie
viTALi - vitruve
m
en est incorrecte, et sous ce rapport comme
sous celui du caractère des morceaux, Vitali
est évidemment imitateur de Monleverde.
3° Libro 1 e 2 di musiche ad 1 e 2 voci con il
basso per l'organo, Rome, Roblelli, 1 G 18.
L'épîlre dédicaloire, datée de Rome, le 15 sep-
tembre de la même année, est adressée au
cardinal Farnèse. Les pièces à voix seule de
ce recueil sont ou dans le style récitatif, ou
dans la forme des canzonette. Dans les duos,
en style d'imitation, on trouve l'indication
d'un genre qui fut ensuite traité et développé
avec un talent supérieur par lui et parSteffani.
4° Jntcrmedi di Filippo Vitali fqlti per la
Comedia degl' Jcademici Jncoustanti, reci-
tala ml Paluzzo del Casino dell' illust. e
Itev. Cardinale di Medici l'anno 1623, in
Firenza, per Pietro Cicconelli, 1023, in-l'ol.
titre gravé. L'épîlre dédicaloire, à Robert Cap-
noni, est datée de Florence, le 29 mai 1G23.
On y voit que la comédie et les intermèdes
furent exécutés pendant le carnaval de lG22,à
Florence, devant le cardinal de Médicis et en
présence de plusieurs princes et liants person-
nages. Le style de Vilali, dans cet ouvrage,
est inférieur à celui de ses autres compositions.
5° Molelti a 2, 3, 4, 5 voci. ibid., 1631.
G0 Arie a due voci, Rome, JVfasoiii, 1035.
7° Hymnos Urbani FUI, Pont. Max.jussu
editos, inmusicos modos adtemplorumnsum
digestos, Romœ, Masolli, 1630, in-fol. 8°Jrie
a tre voci, co'l basso continua ; Roma,
presso Bianchi, 1039, in-4°. 9°Salmi a cinque
voci, Roma, Bianchi, 1641, in-4°. 10» Libri
cinque di arie a tre voci, Florence, Lando
Landi, 1647. Vitali a composé aussi la musi-
que de VArelusa, favola in musica, clianlée
à Rome, dans le palais du cardinal Barberini,
en 1640.
VITALI (Angelo), compositeur, né à Mo-
dène, vers le milieu du dix-septième siècle, a
écrit la musique de Tomiri, drame musical
représenté au théâtre de S. Cassiano, à Ve-
nise, en 1680.
VITALI (Jean-Baptiste), vice-maitre de
chapelle du duc de Modène, naquit à Crémone,
vers 1644. Il entra au service du duc de Mo-
dène le 1er décembre 1674, et mourut le 12
octobre 1692. Il fut membre de l'Académie des
Filiaschi. Ce maître s'est distingué principa-
lement dansle style instrumental. Sesouvrages
les plus connus sont les suivants : 1° Balletli}
correnti, gighe, allemande, elc; Bologne,
Monti, 1668, in-4°. 2° Sonate a due violini
conbasso continuoperVorgano,o[). 2, Venise,
1685, in-4°. C'est une réimpression. La pre-
mière édition l'ut publiée à Bologne chezMoi:tî,
en 1070. 5U Balletli, correnti alla francese,
gagliarde e brando per ballare. Ihid. An Bal-
letli, correnti e sinfonic da caméra aquat-
tro slromenli, op. 3, Venise, 1685, in-4°.
C'est aussi une réimpression. La première
édition parut à Bologne , cbez Monti , en
1077, in-4°. 5° Balletli, correnti, gighe,
allemande e sarabande a violino c violone,
o spinelta, con il secondo violino a benepla-
cito, op. 4, Bologne, 1078, in -4°. 0° Sonate a
due, a tre, quattro e cinque stromenti, op. 5,
Venise, 1681, in-4°. 7° Salmi concertati a 2,
3, 4 e 5 voci, con stromenti, op. 6, Bologne,
1677, in 4". 8" Sonate a 2 violini e basso
continuo, op. 9, Amsterdam. 9° lnni sacri
per tutlo l'anno a voce sola con cinque stro-
menti, op. 10, Modcna, 1681, in-4°. 10° Farie
sonate alla francese ed ail' italiana a sei
stromenti, op. 11, Venise, 1698, in-4°.
11° Balli in slile francese a cinque stromenti,
op. 12, ibid., 1090, in-4°. 12"Artificimusicali
a diversi stromenti, op. 13 ; Modène,Cassioni,
1089. 13° Sonate da caméra a quattro stro-
menti, op. 14; ibid., 1092. Beaucoup d'autres
ouvrages de ce compositeur se trouvent en ma-
nuscrit dans la Bibliothèque ducale de Modène.
VITALI (Tomaso), violoniste remarqua-
ble pour son temps, naquit à Bologne vers le
milieu du dix-septième siècle. En 1706, il fut
élu membre de l'Académie des Philharmo-
niques de sa ville natale. Pendant plusieurs
années, il fut employé à la cour de Modène en
qualité de chefd'orchestre. Vitali a formé beau-
coup de bons élèves pour son instrument. On a
imprimé de sa composition, à Bolo'gne et à
Amsterdam, quatre œuvres de sonates pour
deux et trois instruments. Son œuvre cin-
quième a été publié à Modène, en 16,93, sous
le titre: Sonate a due violini coH basso per
Vorgano.
VITET (Louis, ou Ludovic), littérateur et
archéologue, inspecteur des monuments histo-
riques, ancien député, membre de l'Académie
des inscriptions et de l'Académie française, né
à Paris, le 18 octobre 1802, est honorablement
connu par des travaux littéraires et historiques
dont les objets n'appartiennent pas à celle
Biographie. Attaché pendant plusieurs années
à la rédaction du Journal des Savants, il y a
rendu compte de divers ouvrages relatifs à la
musique et à son histoire.
VITRIACO (PiiiLiprus). Foyez PHI-
LIPPE DE VITRY.
VITRUVE (MarcusVITRUVIUS POL-
LIO), écrivain de l'ancienne Romc,aulcur d'un
M8
VITRUVE - VIVALDI
traité sur l'architecture, n'est connu que par
Cet ouvrage. On sait seulement qu'il vécut
sntérieurement à Pline l'Ancien, par qui il est
cité. D'ailleurs, on voit, par la dédicace de son
livre, qu'il le présenta a l'empereur Auguste,
environ vingt-sept ans avant l'ère chrétienne,
fiant déjà dans un âge avancé. Il y a beaucoup
d'éditions du traité de Vitruve intitulé De
architeclura libri X. Les éditions modernes
les plus estimées sont: 1° Celle que M. Schnei-
der a publiée à Leipsick, en 1808,3 vol. in-8°.
2° La grande édition donnée par le comte
Stralico(/"/. VilruviiPollionis archileclura,
Uxtu et recensione codicum emendato), à
{Jdine, chez les frères Malleuzzi, 1825-18-30,
i vol. in-4" en huit parties. Vitruve traite, au
chapitre 4mc du 5me livre, de l'harmonie sui-
vant la doctrine d'Arisloxène, et au chapitre
5nie, «les vases sonores des théâtres, pour la
répercussion de la voix. Le chapitre 13me du
10mclivre contient une description fort obscure
ùe l'orgue hydrauliquedes anciens. Ce chapitre
a mis à la torture tous les traducteurs et
commentateurs. Les hypothèses hasardées sui-
te chapitre par Perrault, dans sa traduction
française de cet ouvrage (Les dix livres d'ar-
chitecture de Fitruve, corrigés et traduits
en français. Paris, Coignard, 1084, gr. in-fol.),
sont fort ridicules et tout à fait inintelligibles.
Daniel Barbaro parait avoir entendu beaucoup
mieux ce sujet, dans sa traduction italienne:
/ dieci libri deW architellura di f'itru-
t'JO;elc.Vinegia, Marcolini, 1550, in-fol. Il faut
voir sur celle partie de l'ouvrage de Vitruve le
curieux travail de M. Wïli. Wilkins, dans
l'édition* anglaise qu'il a donnée à Londres,
1813 et années suivantes, in-4°, ainsi que la
traduction el l'explication du 13nic chapitre du
10mc livre dans l' Architecture de f'ilruve,
traduite en français, avec des remarques, pur
De Bioul ; Bruxelles, Adolphe Slaplcaux, 1810,
1 vol. in-fol.
VITTORI (Loiieto), compositeur, poète,
et chanteur excellent, né à Spolello, vers 11588,
fut élève pour le chant de François Solo, cha-
pelain-chantre de la chapelle pontificale. Il lit
ensuite ses éludes de contrepoint sous la direc-
tion de Jean-Marie et de Bernardin Nanini, et
enfin de François Soriano. Après avoir été
quelque temps au service du grand-duc de
Toscane, Cosmell de Médicis, il retourna à
Rome, sur la demande du cardinal Lodovisi,
neveu du pape Grégoire XV, et entra dans le
collège des chapelains chantres de la chapelle
pontificale, le 23 janvier 1022. Le pape Urbain
( VIII, charmé par le mérite de Vittori, le créa
chevalier de la milice dorée. Ce musicien dis-
tingué mourut à Rome, le 25 avril lG70,elfut
inhumé dans l'église Sainte-Marie fit Minerva,
où l'on voit encore son épitaphe. On connaît
de Vittori: 1 ° A rie a voce sofa, Roma,Bianchi ,
1739. 2° La Galatea, dramma in musica,'
ibid., 1059. 3° La Pellegrina costante,
dramma sacro, Roma, Manelli, 1047, in-fol.
4° Irène, cantate a voce sola, ibid., 1048.
5° Saint Ignacede Loyola, oratorio. G°IlPen-
timento délia Maddalena, cantate. On a aussi
imprimé plusieurs recueils de poésies de Vit-
tori. ViclorRossi(enlatiniVjcias.Eri/{/ir<j?us)J
qui avait entendu Vittori plusieurs fois à
Rome, en parle avec admiration dans son re-
cueil biographique intitulé Pinacotheca ima-
ginant illustrium virorum (Part. II, p. lxvh).
« Vittori, dil-il, était considéré comme un
» prodige de la nature el de l'art. La beauté
» de sa voix, la perfection de son chant et le
» profond sentiment qui l'animait, faisaient
» rechercher avec empressement les occasions
» de l'entendre. » Rossi s'efforce de décrire
l'étonnement et l'enthousiasme qu'il faisait
naître chez ses auditeurs. « C'était, ajoule-l-il,
» un véritable Prolée : sa voix prenait le ton
» de toutes les passions avec une flexibilité et
» une vérité surprenantes. Tel était son empire
» sur ceux qui l'écoutaient, qu'on voyait ses
n sentiments empreints sur leurs visages et
» dans leurs regards. Poète et compositeur, il
» écrivait lui-même la plupart des cantates:
» on cite parmi ses plus beaux ouvrages en ce
» gence l'Irène, la Galathée, et surtout le
» Repentir de laMadeleine. Pendant plusieurs
« soirées consécutives, il chanta celle-ci dans
» une église de Rome, dont une foule immense
» assiégeait les portes. »
VIVALDI (Antoine), violoniste célèbre et
compositeur , surnommé LE PRÊTRE
ROUX, fils de Jean-Baptiste Vivaldi, violo-
niste de la chapelle ducale de Saint-Marc, na-
quit à Venise dans la seconde moitié du dix-
seplième siècle. Après avoir été quelque temps
au service de l'électeur Philippe de Hesse-
Darmsladt, il retourna à Venise en 1713 et y
obtint la place de directeur du Conservatoire
de la Pietà, qu'il conserva jusqu'à sa mort,
arrivée en 1745. On rapporte sur Vivaldi celle
anccdole singulière : Disant un jour sa messe
quotidienne, il lui vint une idée musicale dont
il fut charmé; dans l'émotion qu'elle lui don-
nait, il quitta sur-le-champ l'autel et se rendit
à la sacristie pour écrire son thème, puis il
revint achever sa messe. Déféré à l'inquisi-
tion, il fut heureusement considéré comme un
VIVALDI — VIVIEN
SC9
homme dont la léle n'était pas saine, et l'arrêt
prononcé contre lui se borna à lui interdire la
célébration de la messe. Les œuvres gravés de
cet artiste sont : 1° Douze trios pour deux vio-
lons et violoncelle, op. 1 ; Paris, veuve Boy vin,
1737, in-fol. 2° Douze sonates pour violon seul
avec basse continue, op. 2; ibid. Amsterdam,
Roger. 3° Eslro Armonico, ossia XII con-
certi a quatlro violini, 2 viole, violoncello e
basso continua per V organo, op. 3; ibid.
Jean-Sébastien Bacb a arrangé deux concertos
de cet œuvre pour clavecin, deux violons, alto
et basse; j'en ai acquis les manuscrits à la
vente de MM. Breitkopf et Hsertel, en 1836.
4° XII Concerti a violino solo, 2 violini di
ripieno, viola e basso per l' organo, op. 4 ;
Amsterdam, Roger. 5° Sonate per violino e
basso continuo, op. 5; ibid. 6° VI concerti a
violino principale, 2 violini di ripieno, viola
e basso per V organo, op. G; ibid. 7° FI idem,
op. 7; ibid. 8" Le qualtro Staggioni, ovvero
il cimento dell' armonia e dell' invenzione
in XII Concerti a quatlro e cinque, op. 8,
divisé en deux livres; Amsterdam, in-fol. 9° Za
Celra, ossia VI concerti a violino solo,
2 violini di concerto, viola e basso continuo
per Vprgano, op. 9; ibid. 10° Six concertos
pour flûte, violon, viole, violoncelle et orgue,
op. 10; ibid. 11° VI Concerti a violino solo,
2 violini di concerto, viola, violoncello e
basso continuo per V organo, op. 11 ; ibid.
12° 6 idem, op. 12; ibid.
Vivaldi fut aussi un laborieux compositeur
de musique dramatique. La Dramaturgia
d'Allaci (édit. de 1755) indique les titres sui-
vants d'opéras dont il écrivit la musique :
1° Otlonein Villa, à Venise, en 1713; repris
en 1729.2° L' Orlando finto pazzo ,au théâtre
San Angiolo de Venise, 1714. 3° Arsilda,
même théâtre, 171G. 4" La Coslanza trion-
fante, 1716, au théâtre San Mosé de Venise.
5° Tieteberga, même théâtre, 1717. 6° Ar-
mida alcampod'Egitto, même théâtre, 1718.
7° Artabano re de' Parti, même théâtre, 1718.
8° Gli Jnganni per vendetta, au théâtre
délie Grazie, à Venise, 1720. 9° La Verilà in
cimento, à Venise, 1720. 9° (bis) Filippo re
di Macedonia, au théâtre San Angiolo, 1721.
10° L' Inganno trion faute in amore, au
théâtre San Angiolo, 1725. 11° Cunegonda.
au même théâtre, 1726.1 2° Dorilla inTempe,
idem, 172G. 13" Farnace , idem, 1726.
14° Lafedetradila, idem, 1726. 15" L'Or-
htndo furioso, idem, 1727. 16° La Rosilena,
idem, 1728. 17° Semiramide , à Manlone,
1732. 18" la Fida ninfe, à Vérone, 1732.
BlOCfi. UNIV. DES MUSICIENS. T. Mil.
19° Montezuma, au théâtre San Angiolo de
Venise, 1733. 20° Olimpia vendicata, idem,
1734. 21° Tamerlano, à Vérone, 1735.
22" Griselda, à Venise, 1735. 23° Ginevra
principessa di Scozia, à Florence, 1736.
24" Calone in Utica, à Venise et à Vérone,
1737. 25° L'Oracolo in Messenia, au théâtre
San Angiolo, 1738. 26° Siroe, à Ancône, 1735.
27" Faraspe, à Venise, 1738. 28° II Mopso,
à Venise (sans date).
VIVANCO (D. Sébastien), maître de cha-
pelle de la cathédrale de Salamanque, fut un
des compositeurs de musique d'église les plus
renommés en Espagne, au commencement du
dix-septième siècle. M. Eslava dit (1) qu'en
1610, Artus Tabernelius Antverpianus pu-
blia un livre de messes et un autre de motets
de la composition de Vivanco ; mais il n'expli-
que pas si cet éditeur était imprimeur de mu-
sique et en quelle ville était sa typographie,
on si ce Tabernelius d'Anvel»s était simplement
un musicien dechapelle qui avait recueilli ces
œuvres. En 1612, Vivanco était aussi directeur
de musique à l'université de Salamanque. Les
œuvres de ce musicien sont éparses dans les
églises de Salamanque, d'Alcala de Ilenarès
et de Tolède. M. Eslava a publié un Magni-
ficat à huit voix de c? maîlre, dans la Lira
sacro -hispano (tome terde la première série
des compositeurs du dix-septième siècle).
VIVIAM (Jean-Bonaventuiuï), né à Vé-
rone, vers !e milieu du dix-septième siècle,
fut attaché au service de l'empereur d'Au-
triche, en qualité de maître de chapelle, et
vécut quelque temps à Inspruck, où il se trou-
vait vers 1680. On a gravé de sa composition
différents ouvrages pour l'église, dont on ne
ronnait aujourd'hui que l'œuvre troisième, in-
titulé : Intreccio armonico di fiori ecclesias-
tici (Collection de motets à plusieurs voix).
Augsbourg, 1676, in-fol. Viviani a écrit aussi
la musique de l'opéra d'Astiage, représenté
au théâtre Saint-Jean et Saint-Paul, à Venise,
en 1677, et Scipione Africano, en collabora-
tion avec Cavalli, en 1678.
VIVIEN (A.-F.-A.), né à Paris, le 5 juillet
1799, fut d'abord avocat, puis procureur gé-
néral à la cour d'Amiens, en 1850, et succes-
sivement préfet de police, conseiller d'État,
député, garde des sceaux, ministre de la jus-
tice, en 1840, vice-président du conseil d'Élat
(1844) et membre de l'Académie des sciences
morales et politiques. Il mourut le 9 juin 1854.
Au nombre de ses ouvrages, on remarque ce-
ci) Lira sacro-hispana. I. 1,1" série, Apunles bio-
(jt'ayhieos.
2i
370
VIVIEN - V1ZANI
lui qui a pour titre : Traité de la législation
des théâtres, ou exposé complet et méthodi-
que des lois et de la jurisprudence relative-
mentaux théâtres et spectacles publics, etc.
Paris, Brissol-Thivars, 1830, un volume in-8».
Vivien a eu pour collaborateur de ce livre
Edmond Blanc , avocat aux conseils du
roi.
VIVIER (A. -Joseph), né à Iluy (Belgique),
en 1818, commença, dans cette ville, des
éludes de musique qu'il continua au Conser-
vatoire de Bruxelles, où il fut admis au mois
d'octobre 1842. Après y avoir suivi le cours
d'harmonie de M. Bosselet pendant deux ans,
il devint élève de l'auteur de celte notice pour
la composition. Ses études terminées dans
cette école, il s'est livré à ses propres ré-
flexions concernant la théorie de l'harmonie,
et après avoir employé plusieurs années à
coordonner son système, dont la partie origi-
nale consiste à considérer comme appogia-
tures les sons étrangers à l'harmonie naturelle
et tonale, il a publié le résultat de ses vues
sur cette matière dans un livre qui a pour
titre : Traité complet d'harmonie théorique
et pratique, contenant les principes fonda-
mentaux au moyen desquels on découvre
l'origine de tous les accords et les lois de
succession qui les régissent; Bruxelles,
J.-B. Ratio, 1862, un volume gr. in-8° gravé.
M. Vivier s'est aussi occupé d'un système
tonal dont l'échelle est divisée par quarts de
ton, et a fait construire un instrumenta cla-
vier accordé par ce système, dont la théorie
sera exposée dans une dissertation spéciale
qui n'est pas encore publiée au moment où
celle notice est écrite. Comme compositeur,
M. Vivier s'est fait connaître par des ro-
mances avec accompagnement de piano, et
par un opéra-comique en un acte, intitulé
Padillo le Tavernier, représenté au théâtre
royal de Bruxelles en mai 1857.
YIVIER (Eugène), virtuose corniste et
compositeur, né dans l'ile de Corse, en 1821,
d'une famille originaire de Normandie, com-
mença, au collège de Brion (Haute-Loire), des
études qu'il n'acheva pas. Son père, qui fut
successivement receveur des contributions
dans plusieurs départements, exigea qu'il en-
trât dans l'administration des finances. Il en-
treprit aussi l'étude du droit à Poitiers, puis à
Lyon ; mais bientôt il s'en dégoûta. Une seule
chose lui plaisait, c'était la musique, et dans
la musique, le cor, que le hasard avait mis
entre ses mains et qu'il étudia avecune persé-
vérance qu'on n'attendait pas de lui. Les noms
des mailres qui lui enseignèrent à jouer de
cet instrument ne sont pas connus; il parait,
cependant, qu'il reçut à Paris quelques leçons
de Gallay. Vivier était arrivé dans celle ville
vers la fin de 1841, ou au commencement de
1842. Il y fut d'abord attaché à l'orchestre
du théâtre, puis à celui de l'Opéra; mais il
y resta peu de temps. En 1843, Vivier fixa
tout à coup l'attention publique sur lui par
la découverte qu'il fil d'un phénomène acous-
tique dont il n'a point été donné jusqu'à ce
jour (1865) une explication satisfaisante: ce
phénomène consiste dans la production de
plusieurs sons simultanés par le tube du cor,
lesquels font harmonie consonnanle. On pour-
rait croire que ce phénomène est analogue
à celui de la corde vibrante, qui, outre
le son principal, fait entendre ses harmo-
niques de tierce majeure, quinte, octave, et
même septième mineure et neuvième; mais
ces harmoniques ont une faible résonnance,
tandis que les trois sons produits par le cor
de Vivier ont une intensité égale et beaucoup
d'éclat. D'ailleurs, dans une chasse pour trois
cors qu'il joue seul, il ne fait pas entendre
seulement des accords de tierce et quinte,
mais aussi des accords de tierce et sixle et de
quarte et sixte. Quelques personnes ont cru
expliquer l'effet prôduiUen supposant que l'ar-
tiste chante dans le tube des sons pendant qu'il
en forme d'autres par l'impulsion des livres
sur la colonne d'air; mais, de ce moyen ne
résulteraient que deux sons, et il en fait en-
tendre trois et quelquefois qualre. Vivier
révélera sans doute quelque jour son se-
cret, dont il a tiré bon parti pour sa répu-
tation et pour le succès de ses concerts. Les
journaux l'ont puissamment secondé, car per-
sonne n'a autant usé que lui de la réclame.
Indépendamment des effets d'harmonie qu'il
lire du cor, il a une belle qualité de son et
chante bien, mais dans un espace resserré qui
ne dépasse guère l'octave. Du reste, il n'exé-
cute pas de difficultés sur son instrument. Il
a composé des romances dont les mélodies
sont en général distinguées. A côté de sa ré-
putation de virtuose corniste, Vivier s'en est
fait une autre de mystificateur et de plaisant
qui lui a aussi procuré des succès dans le
monde et près de quelques grands personna-
ges. Sa faculté d'imitation est fort remar-
quable: il s'en sert d'une manière très amu-
sante.
VIZANI (Lucrèce ORSEXA), dame bo-
lonaise, née en 1593, a fait imprimer à Ve-
nise, chez Gaicianc, en 1623, une collection
VIZANI — VOETUS
371
de madrigaux à plusieurs voix, intitulée Con-
certi musicali.
VOCKERODT (Godefuoid), recteur du
gymnase de Gotha, naquit à Miilliausen en
Tliuringe, le 24 septembre 1665. Après avoir
fait ses études à Jéna, et y avoir obtenu le
doctorat en théologie, il y donna des cours
publics, puis obtint, en 1695, une place de
professeur à Gotha, et parvint plus lard à
celle de recteur. Il mourut dans cette ville le
10 octobre 1727. Vockerodt eut une antipathie
pour la musique, fort rare chez les hommes
de sa nation; elle lui inspira quelques écrits
passionnés contre cet art, où il montre assez
peu de jugement. En voici les litres : 1° Con-
sultatio IX de cavendo falsa mentium iri-
temperatarum medicina ; sive abusu musi-
coru?nexercitiorum,si(b exemplo principum
romanorum. Gotha, 1696, in-4°. Dans ce pro-
gramme académique, Vockerodt établit que
l'usage fréquent de la musique porte préjudice
aux facultés intellectuelles, et que l'extrava-
gance et la cruauté de Néron el de Caligula
n'ont eu d'autre cause que leur goût immo-
déré pour cet art et la préférence qu'ils lui
accordaient sur les sciences utiles. Celle thèse
souleva contre son auteur l'indignation de plu-
sieurs professeurs ou musiciens, et fut l'ori-
gine de la publication de beaucoup de
pamphlets [voyez Béer (Jean), Lorber et
Wenzel (Jean-Christophe)]. Aux critiques de
ses adversaires, Vockerodt répondit par l'ou-
vrage suivant : 2° Missbrauch der freyen
Kiinste insonderheit der Musik , nebenst
abaenœthiyler Erœrterung der Fraye: Was
nach D. Lulhers und anderer evanyelischen
Theoloyorum und Politicorum Meinuny von
Opern und Comœdien zu halten sey? geyen
ffn. D. TVenzels, Hn. Joh. Chr. Lorbers,
und eines Weissenfelsischen Hof-Musican-
tens Schmœh-Schrifften griindlich und deut-
lich voryeslellet , etc. (Abus des beaux-arts, el
notamment de la musique, avec une discus-
sion nécessaire de la question : Quelle a élé
l'opinion du docleuiLulher et des autres théo-
logiens et politiques de l'Église évangélique
concernant les opéras et comédies, en opposi-
tion raisonnée et lucide aux écrits injurieux
du D. Wenzel, de M. J.-Chr. Lorber et d'un
musicien de la cour de Weissenfels , etc.).
Francfort, David Zunner, 1697, in-4° de cent
soixante-seize pages. Le dernier écrit de Béer
fut l'occasion d'une nouvelle réponse de
Vockerodt intitulée : 5" Wiederholeles Zeuy-
nis der IFarheit geyen die verderbte If/usic
und Schuuspiele, Opern, Comœdien und
deryJciclitcn .£ï<e//cei7en(Nonveau témoignage
de la vérité contre les corruptions de la musi-
que, les spectacles, opéras, comédies et contre
leurs vanités, etc.). Francfort et Leipsick,
1698, in-4" de cent quarante-huit pages, suivi
d'un cahier de pièces justificatives de cin-
quante-neuf pages.
VOELCKELN (Samuel), compositeur al-
lemand, vécut au commencement du dix-
septième siècle. Il s'est fait connaître par un
recueil de chansonnettes el de danses à quatre
ou cinq parties intitulé : Newe teutsche welt-
liche Gesxnylein mit 4 und 5 Slimmen auff
Galliarden Art, beneben Galliarden, elc.
Nuremberg, 1615, in-4".
VOEECKER (Jean-Guillaume), organiste
de l'église neuve d'Arnstadt, dans la princi-
pauté de Schwarzbourg, vers le milieu du dix-
huitième siècle, était à la fois architecte et
musicien habile. En 1750, il envoya à Mallhe-
son douze chants variés pour l'orgue, que ce
critique trouva dignes d'éloges. En 1758, Vœl-
cker inventa une mécanique propre à faire
mouvoir les claviers des clavecins, pour trans-
poser de quatre demi-tons, ou plus bas ou plus
haut. Celle invention a été renouvelée par
M. Roller, facteur de pianos à Paris, en 1827.
VOELDERNDORF-ET-WARADEIN
(le baron Fiiédéhic-Guillaume), chambellan
el conseiller de la cour de Bayreulh, né àWun-
siedel, vers 1755, a fait imprimer de sa com-
position : Gedicht mit Musik (Poésie avec
musique), à Lubeck,en 1786, in-8°.
VOELEER (Jean-Henri), facleurd'inslru-
menls à Casscl, dans la Hesse, né à Angerbach,
village près de Darmstadt, inventa, en 1800,
une sorte de piano organisé à deux claviers,
auquel il donna le nom d'Apollonioti. A ce
piano était adapté un automate, de la grandeur
d'un garçon de huit ans, qui jouait des con-
certos de flûte. Le clavier de l'orgue répondait
à des jeux de flûte de 8, de 4 et de 2 pieds.
Vœller est mort à Casscl, vers la fin de 1822.
Une notice sur la vie et les ouvrages de ce fac-
leurd'instrumenls a été publiéeparM. Gaspard
Nording, sous ce titre : Lebensbeschreibung
J. H. F'œller's, Hof-Instrumenlenmacher
und Mechanicus au Cassel. Marburg, 1825,
in -8».
VOETUS, ou VOET (Michel), musicien
allemand, né à Slockheim (pays de Bade), dans
la première moitié du seizième siècle, fut cantor
et instituteur àTorgau {Aryelia)} en Saxe. Une
faute d'impression delà Bibliotheca Classica
de Draudius a induit en erreur J.-G. Walther
sur le nom de ce maître, qu'il change en celui
24.
37:2
VOETUS — VOGEL
de Foetus (Musical Lexicon, p. 040). Puisant
à la même source, E.L. Gerl>er a fait, du même
nom, Fociitusou Foetus (Newehist.biograjyh.
Lexikon, t. IV, p. 404). Voet, ou Voeius, n'a
élé connu longtemps que par l'indication im-
parfaite de deux de ses ouvrages donnée par
Draudius, qui les dit imprimés ci Fenise, au
lieu de Wiltenberg , où ils le furent véritable-
ment. Du reste, Draudius, Waltlier et Gerlier
n'ont connu Voet que comme compositeur,
quoiqu'il soit aussi auteur de traités élémen-
taires de musique. Voici les titres exacts de
ses ouvrages: 1° Prxstantissimorum arlifi-
cium lectissimx Missx cum quinque tum sex
vocum, binis singulx supremis vocibus for-
matas, e nobiliss. quibusque atque optimis
musarum belleris.clc.;et ingratium collegii
musici apud Jrgeliensesedilx per Mich.Foe-
tum cantorem. JFitebergx Joli. Schwertelius
imprimebat, 1568, in-4°obl. WallherelGerber
disent que ces messes sont à quatre voix ; mais
on voit qu'elles sont à cinq et à six voix et que
deux de ces messes sont écrites pour des voix
aiguës d'enfants ou de femmes (binis singulx
supremis vocibus formatx).\\ est, au surplus,
évident, par le litre de cette collection, que
Voetus n'est pas l'auteur des ouvrages qui y
sont contenus, et qu'il les a simplement re-
cueillis et choisis dans les œuvres îles meil-
leurs compositeurs de son temps. 2° Hymno-
rum liber quinque vocum, ibid., 1508, in-4°
obi. ô°Michuelis Foeti 2TOIXEIÛI1S har-
monica in gratiam juventutis apud Arge-
lienscsscripta. IFitebergx excudebut Johan-
nes Crato, anno 1575, in-8». 4° SISTBMA
seu scala harmonica, in qua totum artificium
viusicum in seplem partes distribulum ante
oculos sludiosx juventutis ponitur. IFite-
bergx , excudebat Zaccharias Lehmunn,
anno 1585. Il se peut que ce dernier ouvrage
ne soit qu'une seconde édition du précédent.
VOGEL (\VoLFG.v>iG),fncleurd'inslrumenls
à Nuremberg, dans la première moitié du dix-
septième siècle, mourut dans cette ville, le
17 février 1050. Les produits de sa fabrique
étaient estimés.
VOGEL (le P. Benoit), né à Salzbourg, en
1718, étudia les sciences et la musique à Mu-
nich et à Salzbourg. En 174o, il entra dans
l'ordre de Saint-Benoit, au couvent d'Ollo-
beuern, où il fut ordonné prêtre. Il mourut en
1790. Habile contrepoinliste, il a écrit beau-
coup de musique d'église ; mais il n'a rien fait
imprimer de ses compositions, auxquelles on
reprochait de la sécheresse.
VOGEL (Cajetan) naquit, en 1750, à Ko-
noged, en Bohème. Admis comme cnfjnlde
chœur au collège des jésuites, il yoccupa plus
tard la place d'organiste. Arrivé à Prague, il y
acheva son cours de théologie, puis il étudia la
composition sous la direction de llabeimann.
Plus lard, il fit ses vœux dans le couvent des ser-
viteurs de Marie (servîtes), et dirigea, pendant
environ douze ans, le chœur de l'église Saint-
Michel. Pendant cette période de sa vie, il
écrivit vingt-six messes avec orchestre, des
concertos pour divers instruments, des suites
d'harmonie pour des instruments à vent, des
quatuors et un petit opéra. Ses meilleures pro-
ductions sont une messe solennelle et un Te
Deum qu'il composa, en 1781, à l'occasion du
jubilé de l'archevêque de Prague, comte de
Przicliowsky. Après la sécularisation de son
ordre, il fut attaché en qualité de prêtre à l'é-
glise de la Trinité. Il mourut à Prague, le
27 août 1794.
VOGEL (Jean-Christophe) naquit à Nu-
remberg, en 1750, et fil ses études de composi-
tion à Ralisbonne, sous la direction de Riepel,
qui lui fil connaître le mérite des œuvres de
liasse et de Gratin. Il jouait bien de plusieurs
instruments, particulièrement du cor. Arrivé
à Paris en 1770, il demeura, pendant les
premières années dans la maison du duc de
Montmorency, puis fut allaché à la musique
du duc de Valenlinois. Celle époque élait
celle de la nouveauté de la musique de Gluck
en France : on sait quels transports d'admira-
tion elle fit naître. Pour la première fois,
Vogel entendit, à Paris, les ouvrages de ce
grand artiste; il se passionna pour le génie
qui les avait inspirés. Devenu imitateur du
style de l'auteur (Vlphigénie, il ne comprit
pas d'abord que l'imitation des plus belles œu-
vres ne peut exciter d'intérêt dans les arts :
ce fut dans celle fausse direction de son talent
qu'il écrivit la musique de la Toison d'or,
grand opéra en 3 actes, destiné à l'Académie
royale de musique ; mais dont il ne put obtenir
la représentation que dix ans après son arrivée
à Paris. Enfin sa persévérance triompha des
obstacles, et le 5 septembre 1786, son ouvrage
fut représenté au théâtre de l'Opéra. Bien
qu'il n'ait élé joué que neuf fois, et malgré les
réminiscences qu'on y signala, ce coup d'essai
fut considéré comme de bon augure pour l'a-
venir du compositeur. Vogel dédia la par-
tition de son opéra à Gluck, qui donna des
éloges à son imitateur, cl vanta avec raison
le sentiment dramatique dont il était doué.
Malheureusement les excès auxquels Vogel
se livrait étaient aussi nuisibles à sa repu-
VOGEL
(alion qu'à sa santé. Ne travaillant que par
caprice, il était lenl à produire , quoiqu'il
fùl dans l'âge le plus favorable aux heureuses
inspirations. Démophon, nouvel opéra, l'oc-
cupait déjà longtemps avant la première re-
présentation de /a Toison d'or; cependant il
y travaillait encore près de deux ans après que
cet ouvrage eut été joué. Une fièvre maligne,
qui l'enleva le 26 juin 1788, à l'âge de trente-
deux ans, ne lui permit pas de voir la repré-
sentation de cet opéra. An mois de février
1789, l'ouverture fut exécutée deux fois au
concert de la loge Olympique, et y produisit
la plus vive sensation. Tout le monde connaît
ce beau morceau, qui mériterait d'être placé
parmi les chefs-d'œuvre du genre, si la se-
conde partie était digne de la conception île la
première. Quoi qu'il en soit; cette ouverture
fit naître les préventions les plus favorables
pour l'opéra dont on disait la partition entière
terminée. On remit au théâtre fa Toison d'or,
avec des changements, sous le litre de Mcdée
àCokhos; mais, malgré l'intérêt attaché à la
perle récente de son auteur, cet opéra ne put
être joué que trois fois. Enfin Démophon fut
entendu par le public le 22 septembre 1789,
et obtint vingt-quatre représentations, puis il
fut repris en 179-3. Bien qu'on le jugeât supé-
rieur au premier ouvrage de l'auteur, il ne ré-
pondit pas aux espérances données par l'ou-
verture. Malgré la bonne volonté de l'admi-
nistration de l'Opéra, Démoplion se traîna
péniblement jusqu'à ce qu'il disparût de la
scène. L'ouverture de cet opéra fut placée plus
lard, par Gardel, dans le beau ballet de Psyché,
et y produisit toujours beaucoup d'effet. De-
venue célèbre, elle a été souvent entendue
dans les concerts, et a même servi dans plu-
sieurs cérémonies publiques, entre autres au
Champ-de-Mars, en 1791, pour la pompe fu-
nèbre des officiers tués à Nancy ; elle y fut
exécutée par douze cents instruments à venl.
On connaît aussi de Vogel : 1° Symphonies
concertantes pour deux cors, nos 1 et 2, Paris,
Sieber. 2° Symphonie concertante pour haut-
bois et basson, Paris, Naderman. ô" Six qua-
tuors pour cor, violon, alto et basse, Paris,
Leduc. 4° Six quatuors pour deux violons, alto
cl basse, Paris, Louis. 5° Pot-pourri en qua-
tuor pour deux violons, allô et basse, Paris,
Leduc. G0 Six duos pour deux clarinettes,
ibid. 7° Trois symphonies à grand orchestre,
composées [tour les concerts du prince de Gué-
mené, ibid. 8" Concertos pour clarinette, nos 1 ,
2, ô, ibid. 9° Concerto pour le basson, ibid.
10" Trois quatuors pour basson, violon, alto
et basse, op. 5, ibid. 11° Six trios pour deux
violons et basse, op. 9, ibid. 12° Six duos pour
deux bassons, ibid.
VOGEL (Louis), flûtiste allemand, vécut à
Paris, dans les dernières années du dix-hui-
tième siècle, et fut attaché comme première
flûte à l'ancien théâtre des Variétés, au Palais-
Royal, depuis 1792 jusqu'en 1798. Il a publié
de sa composition : 1° Concertos pour la flûte.
n,s 1,2,5, Paris, Sieber. 2° Quatuor pour
flûte, violon, alto et basse, op. 36, Paris,
Pleyel. ô° Duos pour deux flûtes, op. 2, 8, 19,
23, oô, ibid. 4° Airs variés en duos pour flûte
et violon ou alto, op. 42, ibid. 5° Sonates pour
flûle et basse, op. 1, Paris, Leduc. G0 Trois
solos pour la flûte, Paris. Naderman. 7° Plu-
sieurs airs variés pour flûte seule. 8° Des pois-
pourris, idem. 9° Études et Préludes, op. 43.
VOGEL (Adolphe), violoniste el compo-
siteur, né à Lille (Nord), le 17 mai 1805, fit
ses premières études musicales dans le lieu de
sa naissance, puis entra au Conservatoire de
Paris, le 14 avril 1824, comme élève d'Au-
guste Kreutzer pour le violon. Après y avoir
passé quatre années sans obtenir de distinc-
tion dans les concours, il sortit de cette école
au mois de décembre 1 828, et se livra à l'élude
de la composition, sous la direction de Rei-
cha. Fixé ensuite à Paris, il se livra à l'ensei-
gnement et à la composition. Des romances, à
la tête desquelles il faut placer V Juge déchu,
dont le succès a eu un retentissement euro-
péen, et qui a été traduite en allemand, mar-
quèrent ses premiers pas dans la carrière de
compositeur. Parmi ses autres mélodies, on
remarque aussi le Kabyle, Ma Frégate, le
Martyr, le Pauvre, Tobie, Manfred, Morte,
et la scène de C'aïn. On connaît aussi de lui
quelques morceaux de piano, un quintette
(en sol) pour deux violons, deux altos el vio-
loncelle, œuvre 10, Paris, Richault : l'œuvre
la plus importante de Vogel est l'opéra en
quatre actes et sept tableaux , intitulé le
Siège de Leyde, qui fui représenté au théâtre
de La Haye, le 4 mars 1847, avec un succès
d'enthousiasme, et pour lequel les auteurs du
livret elde la musique furent décorés parle
roi des Pays-Bas le soir même île la première
représentation. Après avoir occupé la scène
pendant plusieurs mois, cel ouvrage fut re-
pris au théâtre de La Haye, en 1834, avec le
même succès.
VOGEL (Fhédéiwc Guillaume-Ferdinand),
organiste distingué, esl né le 9 septembre
1807, àllavelberg en Prusse, où son père était
sous-recteur à l'école de la ville, el organiste
374
YOGEL — VOGLER
de la paroisse. Après avoir appris le violon
jusqu'à l'âge de neuf ans, il commença seul
l'étude de l'orgue, puis reçut des leçons de
l'organiste de l'église principale de Havelberg.
A dix ans il commença à remplacer son père
dans son service à sa paroisse, et continua
ainsi jusqu'à sa quatorzième année, où il entra
au gymnase de Stendal. Lorsqu'il eut atteint
sa dix-septième année, il se rendit à Berlin et
y fut admis au gymnase de Joachimslhal, pour
étudier la théologie. Il reçut alors pendant cinq
ans desleçonsdel'organisleBirnbach. Parvenu
à sa dix-neuvième année, il sortit du gymnase
et se livra exclusivement à la musique. Ce fut
alors qu'il commença à composer et à se faire
entendre comme virtuose sur l'orgue. Depuis
l'âge de 24 ans, il a fait beaucoup de voyages
en Allemagne, en Hollande et en Suisse, don-
nant partout des concerts d'orgue, et retour-
nant chaque hiver à Berlin.En18o7.il s'arrêta
à Hambourg et y demeura plusieurs années,
occupé de la direction des sociétés chorales et
de la composition de ses ouvrages. Le 1er mai
1841, Vogel reprit le cours de ses voyages.
Plus tard, il s'établit à Copenhague, où il diri-
geaitdes sociétés de chant et donnait des leçons.
En 1845, il accepta la place d'organiste de la
Congrégation des Réformés allemands et fran-
çais dans la même ville, sous la condition de
jouir d'un congé de cinq mois pour voyager.
Dans un de ses séjours en Norwége, en 1852,
la régence de Bergen fonda une école d'orgue,
d'après son conseil, et lui en confia la direc-
tion avec la place d'organiste de l'église prin-
cipale. Il n'a fait imprimer jusqu'à ce jour que
six chansons allemandes avec accompagne-
ment de piano, quelques danses et des marches
pour cet instrument; des chants pour un
chœur d'hommes, op. 8, Berlin, Chaîner, 1850;
5 chants pour un chœur de voix mêlées, ibid,;
ô pasiedoublés pour piano, ibid.; et un con-
certino d'orgue avec trombone ; Erfurt; Kœr-
n er ; mais il a en manuscrit des symphonies
et ouvertures pour l'orchestre, des pièces pour
l'orgue, des fugues, préludes et canons poul-
ie même instrument seul, un quatuor pour
2violons, alto et basse, les Séductions (opéra-
comique en 2 actes), des mélodies chorales et
des chants pour des voix d'hommes.
YOGELER (André), étudiant en théolo-
gie, né à Crupstadt, en Saxe, vers la fin du
seizième siècle, a fait imprimer un éloge de
la musique en 442 vers latins, intitulé Enco-
mium musices, Regiomonli, in officina lypo-
graphica Georg. Neyckovy, anno 1G04, in-4°
de 10 feuillets.
VOGELSANG (Jean), né à Lindau, en
Bavière, vécut vers le milieudu seizièmesiècle.
On a de lui un ouvrage élémentaire qui a pour
litre : Musicae rudimenta per JoannemJ ogel-
sangum Lindanionsem tam fideliter quam
compendiose congesta, Augustx Vindelico-
rumper Fuient. Ottrtiar, 1542. in-8". C'est
ce même ouvrage qui est cité par Gessner
(Bibl. univ.) sous le nom de Fogelsanh et
avec le titre de Quxstiones musicx.
VOGHT (L'abbé P. -F. De), ancien profes-
seur de poésie au Petit Séminaire de Malines,
est né le 30 juillet 1810 à Aertselaer (province
d'Anvers). Ses études littéraires ont été faites
à l'Athénée d'Anvers; c'est aussi dans celle
ville qu'il a reçu son instruction musicale.
Doué d'une belle organisation intellectuelle et
d'un caractère digne de la plus haute estime,
travailleur consciencieux, il a fatigué sa sanlé
dans les éludes et les recherches sur les an-
ciennes traditions du plain-chant. Il eut une
grande part à la confeclion du Graduel et du
VesperaldudiocesedeMalines.il est le princi-
pal auleurde l'écrit intitulé: Réponse aux ob-
servations du Journal historique de Liège sur
le Graduel et le Vespéral, édition de Malines.
1848; signé Edmond Duval et P . F. De Voght;
Malines, Hanicq, 1849, in-12° de 70 pages.
L'abbé De Voght fut un des directeurs du
Répertoire de musique religieuse, publié par
les frères Scholt, à Bruxelles, 1846-1847. Il
est auteur des paroles de tous les morceaux
qu'il a composés pour ce recueil. On a aussi de
lui des Noëls flamands.
YOGLER (Jean-Gaspard), né au mois de
mai 1698, à Haussen, en Thuringe, fut élève
de Jean-Sébastien Bach, qui le considérait
comme l'organiste le plus habile qu'il eut formé,
En 1715, l'orgue de Sladtilm, en Souabe, lui fut
confié, et six ans après, il fut appelé àWeimar,
en qualité d'organiste de la cour. La place
d'organiste de l'église lui fut offerte à Hano-
vre, en 1735, avec des avantages plus consi-
dérables. Il se disposait à en prendre posses-
sion, mais le duc île Saxe-Weimar refusa sa
démission, et le nomma bourgmestre, afin de
l'attacher pour toujours à sa résidence. Vogler
conserva celle dignité jusqu'à sa mort, arrivée
en 1765. Il connaissait si peu les usages et
l'étiquette de la cour, que lorsque le grand-
duc de Weimar le fit appeler, après l'avoir
entendu la première fois sur l'orgue, pour le
féliciter et l'assurer de sa protection, le pauvre
organiste ne sachant quel titre donner au
prince, dans sa réponse, l'appela mon cher, et
continua sur ce ton pendant loule la conver-
VOGLER
SU
sation. Vogler a peu produit, car on ne connaît
de lui que deux fantaisies sur des mélodies
chorales publiées sous ce titre: Fermischle
musikalischen Choral-Gedanken (Idées mu-
sicales mêlées de chorals), Weimar, 1737. Cet
ouvrage devait avoir plusieurs suites qui n'ont
pas paru. Il a laissé aussi une musique pour
la Passion, en manuscrit.
VOGLER (l'abbé Georges-Joseph), compo-
siteur et théoricien, naquit à WUrzbourg, le
15 juin 1749. Son père, qui était luthier, re-
marquant ses dispositions naturelles pour la
musique, lui donna un maître declavecin dont
les leçons lui firent fairede si rapides progrès,
qu'il surpassa bientôt son maître en habileté.
Dans le même temps, il apprit seul et sans
guide à jouer de plusieurs instruments. Il se
fit aussi un système de doigter qu'il enseigna à
ses élèves. Pendant ce temps, il faisait ses
études littéraires au collège des jésuites à
Wttrzbourg; puis il alla les continuer chez les
PP. de cette société, à Bamberg. On croit que
c'est à celte époque de sa vie qu'il fut affilié à
leur ordre; il est certain du moins qu'il goûta
leur doctrine et qu'il trouva en eux de zélés
protecteurs en plusieurs circonstances impor-
tantes de sa vie. En 1771, Vogler se rendit à
Manheim et obtint la permission de compo-
ser un ballet pour le théâtre de la cour. Ses
protecteurs lui firent alors accorder une pen-
sion de l'électeur palatin, Charles-Théodore,
pour aller à Bologne faire des études de con-
trepoint sous la direction du P.Martini. Arrivé
à Venise, il y fit connaissance d'un élève de
Valotti, qui lui communiqua le système de
classification des accords adopté parce maître
et devenu plus tard la base de sa théorie. Ayant
continué sa roule jusqu'à Bologne, il se rendit
auprès du P. Martini, qui l'accueillit avec bien-
veillance et qui lui fit commencer l'étude du
contrepoint ; mais la méthode progressive et
lenle du professeur eut bientôt découragé
l'élève: car l'abbé Vogler ne comprit jamais
bien la nécessité d'acquérir par de longs exer-
cices la facilité et la correction dans l'art
d'écrire. Sa prétention, dans les diverses écoles
qu'il fonda à Manheim, Stockholm, Copen-
hague et Prague, fut toujours de former des
élèves compositeurs par une méthode plusex-
péditive que l'ancienne. J'ai trouvé à Bologne,
dans la correspondance manuscrite du P. Mar-
tini, une lettre où ce maître se plaint du peu
de persévérance et d'aptitude de Vogler, qui
avait abandonné son cours de composition
après six semaines d'essais. De Bologne, celui-
ci, décidé à entrer dans les ordres, alla à Pa-
doue pour y suivre un cours de théologie et
pour apprendre la composition près du P.
Valotti. Pendant environ cinq mois, il reçut
des leçons du vieux maître ; mais l'obscurité
répandue sur quelques points de sa théorie
ayant arraché des plaintes à Vogler, Valotti
s'écria : Eh quoi! j'ai employé cinquante ans
à lier entre eux les principes de ma doctrine,
et vous voulez les comprendre en un moment ?
Dès lors, les relations du maître avec l'élève
cessèrent, et Vogler partit pour Rome, où il
fut ordonné prêtre. Il s'y lia d'amitié avec
Misliweseck, et apprit de lui quelques procédés
pratiques de composition. Habile à profiler des
bonnes dispositions de ses prolecteurs, il sut
se faire nommer protonotaire apostolique et
camérier du pape, malgré sa jeunesse; déplus,
chevalier de l'Éperon d'or et membre de l'Aca-
démie des Arcades de Rome, quoiqu'il n'eût
encore rien produit. De retour à Manheim en
1775, il y établit une école de musique d'après
une théorie qui sera analysée plus loin. Il y fut
nommé chapelain de la cour. Mais il ambi-
tionnait un autre titre, savoir, celui de second
maître de chapelle, dans l'espoir de succéder
au vieux Holzbauer, qui était alors premier
maître en titre. Dans ce dessein, il écrivit un
Miserere avec orchestre qu'il fit exécuter dans
la chapelle électorale; mais l'effet ne répondit
pas à son attente. Mozart, qui dit beaucoup de
mal de ce morceau dans une de ses lettres (1),
ajoute que Vogler, voyant le peu de succès de
son ouvrage, alla trouver le prince, et se plai-
gnit que l'orchestre jouait faux à dessein pour
lui nuire. Suivant cet homme illustre, Vogler
n'aurait obtenu la place de second maître de
chapelle, dont il était en possession, en 1777,
lorsque Mozart visita Manheim, que par les
intrigues de quelques femmes de la cour. C'est
an fou, dit-il, qui s'imagine qu'il n'y a per-
sonne au-dessus de lui: il est détesté de l'or-
chestre et a causé beaucoup de désagréments
à Holzbauer. Peut-être faut-il attribuer la
sévérité de Mozart envers Vogler à quelques
mauvais procédés de celui-ci, pendant son
séjour à Manheim. Quoi qu'il en soit, le fon-
dateur de l'école de cetle ville s'agita beaucoup
pendant plusieurs années pour lui donner du
relief et pour établir avec elle sa réputation.
Ainsi dans un espace de temps assez court, on
vit paraître l'exposé de la doctrine qu'il y en-
seignait (TonwissenschaftundTonsetzkunst),
puis l'aperçu de l'enseignement pratique
(Kuhrpfœlzische Tonschule), et enfin, un
(1) Voyez Biographie W. A. Mozart' s, par C. N. de
Nisscn, p, 328, et la Revue musicale, t. XI, p. 229.
376
VOGLER
journal concernant les progrès des élèves et
l'analyse de leurs productions, qui eut près de
trois années de durée {Betrachtungen der
Mannheimer Tonschule). Loin de répondre à
ses espérances, ces écrits soulevèrent contre
lui d'amères critiques. On lui reprocha d'user
de charlatanisme pour relever une école qui
par elle-même ne produisait pas les merveilles
qu'il avait annoncées, et Weishecke, profes-
seur de droit à Erlangen, attaqua sa doctrine,
à laquelle il adressa le reproche d'être ohscurc
et incohérente dans ses principes.
En 1779, la cour de Manheim partit pour
Munich, quand l'électeur Palatin fut appelé à
la succession de l'électoral de Bavière. Vogler
y suivit ce prince et fit représenter, en 1781,
sur le théâtre de la cour, son opéra M1 Al-
bert III, qui ne réussit pas. On n'a jamais su
les molifs qui lui firent abandonner, quelque
temps après, ses places de chapelain de la cour
et de vice-maitre de la chapelle; mais il est
certain qu'il cessa d'en porter les titres et
qu'il lit, en 1783, un voyage à Paris où il fit
jouer, au théâtre de la Comédie italienne, la
Karmesse, opéra-comique qui tomba à plat
et qu'on ne put achever (1). Yogler voyagea
ensuite en Espagne, en Grèce et dans l'Orient
pour faire des recherches relatives à la musi-
que. De retour en Europe dans ITannée 178G,
il entra au service du roi de Suède, en qualité
«le maître de chapelle. Occupé depuis long-
temps de recherches relatives à la construction
de l'orgue et d'un système de simplification de
cet instrument, il fournit à un facteur le plan
d'un orgue portatif, sans tuyaux apparents,
avec quatre claviers de plus de cinq octaves et
une pédale de trente-neuf louches, sous la
forme extérieure d'un cube de neuf pieds. Les
sons les plus graves étaient ceux d'un bourdon
de seize pieds. Yogler donna à cet instrument
le nom (Vorchestrion. Il y avait placé le cres-
cendo et le decrescendo , au moyen de jalousies
mobiles qui ouvraient ou fermaient le passage
au son pour se propager à l'extérieur. Il joua
lui-même Vorchestrion dans une exhibition
publique à Amsterdam, au mois de novembre
1781). Plusieurs journaux donnèrent beaucoup
d'éloges à cet instrument, et le représentèrent
comme réunissant les perfectionnements les
plus importants qu'on eut apportés à l'orgue
depuis longtemps, et comme le dernier terme
d'une facture parfaite. Mais bientôt d'autres
journaux publièrent des critiques où l'on as-
(I) f^Origny dit, dans ses Annales du théâtre italien,
t. III, p. 114, iju'qii attribua la chute de la pièce a la
musiijus.
sura que, loin d'être supérieur aux bonnes or-
gues de la Hollande, Vorchestrion ne méritait
pas son nom, et ne pouvait soutenir la compa-
raison avec ces instruments. Enfin, on accusa
l'abbé Vogler d'être lui-même auteur des ana-
lyses élogieuses de son travail publiées par la
voie delà presse. Celle affaire désagréable le
fit s'éloigner brusquement de la Hollande avec
Vorchestrion; car, dès le mois île janvier
1790, on le trouve à Londres, où il fit entendre
son instrument et fut chargé de la reconstruc-
tion de l'orgue du Panthéon, d'après son sys-
tème de simplification. Ce système consistait à
supprimer tous les jeux de mutation, tels que
les fournitures, cymbales, cornets, nasards,
tierces, etc., et à disposer les tuyaux par séries
suivies dans l'ordre des cordes du piano ou de
la harpe, afin de pouvoir supprimer les abrégés
et d'établir un tirage direct parlant des touches
du clavier; système dont les avantages sont
évidents, mais qui a l'inconvénient de nuire à
la nellelé du son, en développant le phéno-
mène des perturbations de l'air en vibration,
qui fait dire aux fadeurs d'orgues que le son
se jette d'un tuyau dans un autre. C'est ce
même système, objet de vives critiques et
d'éloges pompeux, qui fut appliqué plus lard
par Yogler au grand orgue de Copenhague, à
celui de Neu-Ruppin et à quelques autres.
Ce fut pendant le séjour de Vogler à
Londres que son talent d'organiste commença
à se faire connaître avantageusement. Il gagna
dans celle ville plus de douze cents livres ster-
ling (environ trente mille francs), dans les con-
certs où il se fit entendre sur son orchestrion.
De retour en Allemagne au mois d'août 1790,
il eut aussi de brillants succès à Coblence, à
Francfort et dans quelques villes de la Souabe.
Ce fut à celle époque qu'il commença aussi à
fixer sur lui l'attention par ses compositions.
En 1781, il avait donné sans succès, à Munich,
Albert der Drilte von Bayera (Albert III,
duc de Bavière); mais, en 1791, il fit jouer, à
Manheim, son Castor et Pollux, où se trou-
vent de bonnes choses et qui fut applaudi. Peu
de temps après, il publia, à Spire, unecollection
de morceaux pour piano avec deux violons, alto
et basse, sous le titre de Polymelos, ou carac-
tères de la musique de différents peuples. Ar-
rivé à Hambourg, au mois de septembre 1791,
il y brilla sur les orgues de plusieurs églises,
puis il retourna à Stockholm, avec le litre de
mailre de chapelle du roi de Suède. Au mois
de mars 1792, il fit représenter Gustave-
Adolphe, grand opéra qui ne précéda que de
quelques jours l'assassinat du roi Gustave III.
VOGLER
377
D.ns la même année, il commença un coûta
«le lectures sur son Introduction au système
de l'harmonie, cl le continua pendant deux
ans. Au commencement de 1794, il fit un
voyage à Paris, dans le luit d'entendre le nou-
veau système de musique révolutionnaire des
fêtes publiques, composé de chœurs accom-
pagnés par des instruments à vent. Pendant
son séjour en cette ville, il donna dans l'église
de S.iint-Sulpice un concert d'orgue, auquel
beaucoup d'artistes assistèrent, et qui le fit
considérer comme un des musiciens les plus
distingués de l'Allemagne. Ses fonctions de
inailre de chapelle à Stockholm l'occupèrent si
peu pendant la minorité de Gustave IV, et lui
fournirent si rarement l'occasion de se faire
remarquer, qu'à la fin de son engagement de
dix années, il demanda sa retraite, en 179G.
Cependant les succès qu'il obtenait dans l'école
de musique qu'il avait fondée furent cause que
le duc de Sudermanie, régent du royaume, le
pria de prolonger son séjour à Stockholm.
Voglerne s'éloigna de celte ville qu'en 1799,
après que la cour lui eut assuré une pension
annuelle de cinq cents écus de Suède. Il visita
alors le Danemark et fit représenter, à Copen-
hague, ttermann de Vnna, opéra considéré
comme une de ses meilleures productions. Puis
il demeura quelque temps à Altona, pour sur-
veiller la publication de quelques œuvres de
musique religieuse de sa composition. Dans
l'année 1800, il visita Berlin, où il donna
trois concerts d'orgue, et à la fin de la même
année, il alla s'établir à Prague et y ouvrit un
cours <le théorie delà musique, à l'université. Il
écrivit et publia, pour ce cours, un Manuel de la
science de l'harmonie (f/andbitch zxir Har-
monielehre), où l'on remarque plus de simpli-
cité et de clarté que dans ses écrits précédents.
Dans la préface de cet ouvrage, Vogler se
plaint avec amertume des attaques dont ses
travaux et sa personne ont été l'ohjel et des
accusations de charlatanisme qu'on lui a jetées
à la face. Quelque opinion qu'on ait de sa doc-
trine et de ses écrits, on est péniblement
affecté devoir un homme, qui a eu la gloire
de former, dans sa dernière école, les deux
musiciens allemands les plus éminents de
l'époque actuelle (Charles-Marie de Webef et
Meyerheer), obligé de discuter la légitimité de
ses litres à l'estime îles artistes.
En 1805, Vogler s'éloigna de Prague pour
aller à Vienne, où il était appelé pour écrire
Samori, grand opéra représenté sur le théâ-
tre An der JFien. Après un séjour de près de
deux années dans celte ville, la guerre de
1805 l'obligea à s'éloigner de l'Autriche pour
aller à Munich, où il fit représenter son opéra
de Castor et Pollux, à l'occasion du mariage
de la princesse de Bavière avec le prince Eu-
gène de Beauharnais. Il y publia aussi divers
écrits relatifs à la musique et plusieurs com-
positions vocales et instrumentales; puis il
visita de nouveau Francfort, Offenhach et plu-
sieurs autres villes de l'Allemagne rhénane.
Il se disposait à s'en éloigner, en 1807, lors-
qu'il reçut l'invitation de se fixer à Darmsladt,
avec le litre de maître de chapelle du grand-
duc, aux appointements de trois mille florins,
auxquels le prince ajoutait la table et le loge-
ment. Ayant acceplé celle honorable position,
il eut aussi la dignité de conseiller privé pour
les affaires ecclésiastiques, et la décoration de
l'ordre du Mérite de première classe. C'est
dans celle ville qu'il ouvrit sa dernière école,
où il compta parmisesélèvesCh.-M.deWeher,
qui déjà avait été sous sa direction à Vienne
pendant deux ans, Meyerheer et le maître de
chapelle Gansbacher (1). De sa première école
étaient sortis Winter, l'organiste Knecht et
Ritter. A la fin de 1812, il demanda un congé,
ferma son école et partit avec ses élèves pour
visiter une partie de l'Allemagne, quoiqu'il fut
alors âgé de plus de soixante-trois ans. De re-
tour à Darmstadt, vers le milieu de l'année
suivante, il sentit bientôt après ses forces dé-
cliner : il mourut le fl mai 1814, au moment
où l'Allemagne venait de s'affranchir de la do-
mination étrangère. Ainsi finit en paix cet
homme dont la carrière avait élé pleine d'agi-
tations, qui fut jugé de manières fort diffé-
rentes par ses compatrioles , et dont il ne
reste déjà plus qu'un vague souvenir.
Considéré comme compositeur, Vogler ne
montre pas d'originalité dans les idées, quoi-
qu'il laisse apercevoir des velléités d'innova-
tion dans les formes. Au théâtre, il n'a point
eu de véritable succès. On ne peut, au reste, le
juger à cet égard que par les résultats ; car on
n'a publié de ses ouvrages dramatiques que
Samori, faible production, qui n'appartient
point à sa jeunesse, et le drame Hermann de
Unna, où la musique n'avait qu'une impor-
tance secondaire. Voici la liste de ses ouvrages
pour la scène : 1° Der Kaufmann von
Smima (Le marchand de Smyrne), petit opéra
composé pour le théâtre de Mayence, vers
1780. 2" Ouverture el entr'acles pour Hamlet,
tragédie, gravés pour le piano, à Spire, chez
(I) Voyez, à l'article Meyerbter, quelques détails sur
les relations de Vogler avec ses élevés, et sur son en-
seignement.
378
VOGLER
Bossler. 5° Ino, ballet. 4" Lamprcdo, mélo-
drame. 5° Albert der Drille, von Bayera
(Albert III, duc de Bavière), drame, repré-
senté à Munich, en 1781. C° Églé, opéra fran-
çais, représenté à Stockholm, en 1787. 7° La
Karmesse ou la Fête de village, au théâtre
de la Comédie italienne, à Paris, le 15 novem-
bre 1785. 8° Le Patriotisme, grand opéra,
écrit en 1788 pour l'Académie royale de musi-
que de Paris, et non représenté. 9° Castor et
Pollux, grand opéra, à Manheim, en 1791.
L'ouverture et quelques airs de cet ouvrage ont
été publiés dans la môme ville. 10° Chœurs
iVJthalie, en français, à Stockholm, 1791.
11° Gustave- Adolphe, opéra suédois, à Stock-
holm, 1791. 12° Hermann de Unna, drame
avec ouverture, chœurs, romances et airs de
danse, composé d'abord en suédois, puis tra-
duit en danois, représenté à Copenhague en
1800, et publié en partition pour le piano,
dans celte ville, chez Sœnnischen; enfin tra-
duit en allemand, et représenté à Berlin, en
1801, puis publié en partition pour le piano,
à Leipsick, chez Breitkopf. 13° Samori, grand
opéra, représenté à Vienne, en 1 804, gravé
en partition pour le piano, à Tienne, chez
Aria ria.
Vogler a publié pour l'église, dans la col-
lection de musique du journal de l'école de
Manheim, à Spire : 1° Paradigma modorum
ecclesiasticorum. 2° Eccepanis angelorum,
chœur. 5° Messe allemande à 4 voix, avec
orgue. 4° Suscepit Israël, motel composé pour
le Concert spirituel de Paris. 5° Fugues à 4 voix
sur des thèmes du Stabat mater de Pergolèse.
G0 Psalmus Miserere decantandus a quatuor
vocibus cum organo et basis, S. D. Pio VL
pontifici compositus. C'est ce Miserere que
Mozart a-jugé avec sévérité dans sa correspon-
dance. Les autres compositions de musique
religieuse publiées par Vogler sont : 7° Ves-
perx chorales 4 vocum cum organo, Spire,
Bossler. &°Ave maris Stella, suivi de Crudelis
Herodes, pour 2 chœurs avec orgue, Offenbach,
André. 9° Davids Busspsalmen nach Mea-
delssohns Uebersetzung (Les psaumes de la
pénitence, traduits par Mendelssohn,à 4 voix),
Munich, Faller. 10° Missa solemnis , à
4 voix, orchestre et orgue, Offenbach, André.
\\° Missa pastoritia, à 4 voix avec orchestre et
orgue, ibid. 12° Missa de Ouadragesima , à
4 voix et orgue, ibid. 1 3° Missa pro defunctis,
à 4 voix et orchestre, ibid. 14° Feni sancte
Spiritus , pour 4 voix et orchestre , ibid.
15° Hymnes latines à 4 voix, ibid. 1G° Hymni
sex 4 vocibus cantandi, comitant si placet
organo sive clavicembalo, Leipsick, Hofmeis-
ler. 17° Douze hymnes à 4 voix sans accompa-
gnement, 1™ suite, Munich, Sidler. 18° 2m%
3nie, 4mc et 5me suites de six hymnes chacune,
ibid. 19° Messe allemande à 4 voix et orches-
tre, ibid. 20° Miserere (en mi bémol) à 4 voix,
orchestre et orgue, Offenbach, André. 21° Te
Deum à 4 voix et orchestre, ibid. 22° Motet-
tum pro adventu, Rorate Cœli , à 4 voix sans
accompagnement, Mayence, Schott. 23° Motet :
Postquam impleti sunt, à 4 voix et orchestre,
Offenbach, André. 24° Salve Regina, à 4 voix
et orgue, ibid. 25° Salve Regina, Ave Regina,
et Aima Redemptoris, à 4 voix et orgue, ibid.
26° Laudale , pour voix de soprano, avec
orgue et orchestre, ibid. 27° Le Lxxine psaume
(Quant bonus), pour4 voix d'hommes sans ac-
compagnement, Munich, Falter. La musique
d'église de l'abbé Vogler est estimée en Alle-
magne. Parmi ses œuvres de musique instru-
mentale, on remarque : 1° Grande symphonie
pour l'orchestre (en ut), Offenbach, André.
2° Ouverture caractéristique des Croisés, avec
musique turque, ibid. 3° Concerto pour le
piano, Paris, Boyer. 4° Nocturne pour piano,
deux violons, alto et basse, Leipsick, Breitkopf
et Haertel. 5° Quatuor concertant pour piano,
violon, alto et basse, Amsterdam, Schmidt.
(5° Polymelos , ou caractères de musique de
différentes nations pour clavecin, deux vio-
lons, alto et basse, Spire, Bossler. 7" Polgme-
los, concert d'orgue caractéristique, avec
violon et violoncelle, Munich, Faller. 8° Six
sonates pour deux clavecins, Darmsladl, 1794.
9° Six trios pour clavecin, violon et basse,
op.l, Spire, Bossler. 10" Six son a tes faciles pour
piano, op. 2, ibid.W0 Six sonates faciles pour
clavecin et violon, op. 3, ibid. 12° Six sonates
en duos, trios et quatuors pour clavecin, vio-
lon, alto et basse, op. 4, ibid. 13° Six trios
pour clavecin, violon et basse, op. 6, Paris,
Boyer. 1 A" Six idem, op. 7, ibid. 15°Sixdiver-
tissements pour piano seul, op. 8, ibid. 16° Plu-
sieurs cahiers de variations pour le piano,
particulièrement sur des thèmes de l'opéra de
Samori, Vienne, Artaria. 17° Trente -deux
préludes pour l'orgue, dans tous les tons, Mu-
nich, Falter. 18° Cent douze petits préludes
pour l'orgue ou le piano, ibid. 19° Douze cho-
rals de J. -S. Bach, variés pour l'orgue.
La réputation de Vogler en Allemagne a eu
particulièrement pour base son enseignement
et ses travaux dans la théorie de l'harmonie.
Comme on l'a vu plus haut, les éléments de
cette théorie furent empruntés par lui au sys-
tème de Valolli (voyez ce nom), mais avec des
VOGLER
379
modifications considérables. Vogler est le pre-
mier qui introduisit en Allemagne la doctrine
par laquelle l'accord consonnant de tierce et
quinteainsi quel'accorddissonantde septième,
et même toutes les altérations de ces accords
sont présentés comme existant pareux-mémes
et appartenant à tons les degrés de l'échelle.
Détruisant ainsi d'un seul coup tout ce que
Sorge, Schrœter et Kirnberger (voyez ces noms)
avaient fait pour la constitution d'une théorie
rationnelle de l'harmonie, il anéantit le senti-
ment de la tonalité, et entraîna dans ce funeste
système empirique la plupart des harmonistes
allemands modernes, tous plus ou moins éga-
rés dans cette fausse voie, quoique le système
en lui-même n'ait point eu de succès, à cause
de l'obscurité des principes. Il serait trop long
de démontrer ici, par l'analyse, les vices de la
théorie de Vogler; onlalrouvera détaillée dans
mon Esquisse del'histoire de V harmonie (1),
et plus approfondie encore dans mon Traité
complet de l'harmonie (2). Voici la liste des
ouvrages où l'abbé Vogler a exposé sa théorie
et ses applications : 1° Tonwissenschaft und
Tonsetzkunst (Science de la musique et de la
composition), Manheim, 1776, in-8° de 20G
pages, y compris une table d'analyse des exem-
ples, et un cahier in-folio de 50 planches.
1°Stimmbildungskunst(kvl de former la voix).
Manheim, 1776, in-8° de huit pages avec
quatre pages d'exemples. Ce petit traité est
réimprimé, avec des augmentations considé-
rables, dans l'ouvrage suivant (p. 30-65).
3° Churpfxlzische Tonschule (École de mu-
sique du Palalinal), ibid., 1778, in-8° de 96
pages. Cet ouvrage est une exposition pratique
du système de l'auteur dans l'harmonie et dans
l'art du chant. Les trois ouvrages précédents
ont été réunis avec les exemples et publiés sous
le titre de Mannheimer Tonschule, à Offen-
bacli chez André. 4° Betrachtungen der
Mannheimer Tonschule (Examen de l'école
de Manheim), recueil mensuel, in-8°, avec
beaucoup d'exemples et de compositions pour
l'église, formant un volume in-fol., Spire,
Bossler. 5° Inledning til Harmoniens kœn-
nedom (Introduction à la théorie de l'harmo-
nie), en langue suédoise; ouvrage extrait par
Vogler de ses publications précédentes sur le
même sujet, Stockholm, 1795, in-8°, avec des
planches. 6° École du clavecin et de la basse
continue (en langue suédoise). Stockholm,
(1) Taris, 1849, in-8<>(p. 133-136), ou dans la Gazelle
musicale île Paris, t. VII, p. 61G.
(2) Paris, Srlilcsingor, 1 8 i 4 , I vol. gr. in-8°, 4e par-
lie, cliap. 4.
1797, in-4°. 7° École des organistes (en langue
suédoise), avec 90 chorals suédois, ibid., 1797.
8° Choral-System (Système de tonalité du
chant choral), Copenhague, 1800, in-8° de
105 pages, avec 23 pages d'exemples, in-4°
oblong. Les planches ont été gravées à Stock-
holm. On trouve des exemplaires de cet opus-
cule avec un litre gravé et l'adresse d'André à
Offenbach; ils sont de l'édition de Copenhague.
Dans cet ouvrage, Vogler essaye de démontrer
que toute la tonalité des chants des églises pro-
testantes se rapporte aux six modes principaux
de la musique des Grecs. 9" Data zur Akustik
(Données pour l'acoustique), dissertation lue à
la société des Scrutateurs de la nature, à
Berlin, le 15 décembre 1800, et publiée dans la
Gazelle musicale de Leipsick (t. III, p. 517,
533, 549 et 561), puis réimprimée à Offen-
bach, chez André, in-8°, de 38 pages. Les
fails exposés dans cette dissertation sont ceux
qui avaient servi de base à Vogler pour son
système de simplification de la construction
de l'orgue. 10° Handbuch zur Harmonielehre
und fur den Generalbass nach den Grund-
ssetzen der Mannheimer Tonschule (Manuel
pour la science de l'harmonie et pour la basse
continue, d'après les principes de l'école de
musique de Manheim), Prague, Barlh, 1802,
in-8» de 142 pages et un volume in-folio
d'exemples. Cet ouvrage, résumé des précé-
dents, et traduit littéralement de celui que
Vogler avait publié en langue suédoise, à
Stockholm, lui fournit la matière des lectures
qu'il fit à l'université de Prague, en 1801 et
1802. 11° Ueber die harmonische Akustik
(Sur l'acoustique harmonique, ou théorie de la
musique, etc.), Munich, Leutner, etOffenbach,
André, 1807, in-4° de 28 pages. Cet opuscule
renferme sa théorie de la progression harmo-
nique d'où il a tiré l'échelle chromatique qui
sert de base à son système. 12° Grundliche
Anleitung zum Clavierstimmen fiir die
welcke eine gutes Gehœr haben (Instruction
normale pour l'accord du clavecin, à l'usage
de ceux qui ont l'oreille juste). Stullgard,
Burglen, 1807, in-8°, et Vienne, chez Sleiner.
13° Deutsche Kirchenmusik, etc. (La musique
d'église allemande, à quatre voix et orgue, telle
qu'elle était trente ans auparavant, comparée
avec la moderne, accompagnée d'instruments).
Munich, 1807, in-8°. 14° System fiir den Fu-
genbau, als Einleitung zur harmonischen
Gesang-FerbindungsLehre{Syslèmede cons-
truction de la fugue, etc.), Offenbach, André,
in-8°, de soixante-quinze pages avec 35 plan-
ches d'exemples; publié après la mort del'au-
3S0
VOGLER - VOGÏ
leur. (Voyez, sur cet ouvrage, la Biographie
universelle des musiciens, t. VI, p. 119);
15" Forfcel cite (I), d'après le Mercure «le
France (avril 1784), un écrit attribue' àVogler,
et qui est intitulé : Essai de diriger le goxit des
amateurs de musique et de les mettre en état
d'analyser, de juger un morceau de mu-
sique, Paris, Jombert, 1782. Le français lu-
itesque «le ce tilrc peut autoriser à croire
qu'un Allemand est, en effet, l'auteur de
l'opuscule dont il s'agit; mais, n'ayant point
à ma portée le numéro cité du Mercure, .je ne
puis vérifier le fait. 1(5" l'eber choral und
Kirchengesxnge. Ein Beilrag zurGeschichte
der Tonkunst in 19 Jahrhunderl (Sur le cho-
ral et sur les chants «l'église ; essai pour l'his-
toire de la musique dans le dix -neuvième
siècle), Munich, 1814, in-8°. On a aussi de
Vogler, concernant son système de simplifica-
tion de l'orgue: 17° Abhandlung iiber I/m.
Knechls Harmonik (Dissertation sur l'Harmo-
nique de M. Knecht), insérée dans la deuxième
année «le la Gazette musicale «le Leipsick
(p. G89-C9C). Il examine «lanscctécril la théorie
«les harmoniques «l'un son principal, particu-
lièrement en ce qui concerne la construction
«les jeux de mutations des orgues, et expose les
motifs «lu système de simplification <|u'il a
adopté à ce sujet. 18" Erklxrung der Buch-
staben, die im Grundriss der nach dem
Voglerischen Simplifications-System neu zu
crbauenden S. l'elers Orgel in Mùnchen
vorkommen (Explication des différentes par-
ties du plan proposé pour le nouvel orgue à
construire dans l'église de Saint-Pierre, à Mu-
nich, d'après le système «le simplification «le
Vogler). Munich, 180G. Vogler a fait aussi
insérer divers écrits de sa composition dans
les journaux de musique, particulièrement
dans les notices «lu concert de Welzlar (Jf'etz-
larischen Concertanzeigen), depuis 1779jus-
qn'en 1780; dans le numéro 2 «le la Corres-
pondance musicale de Spire (14 juillet 1790),
où il donna une réponse théorique à <|uelques
questions concernant son système; enfin, dans
le Journal de l'Allemagne (Journal von und
fur Deulschland, 1792, n° 2, p. 103-190),
concernant un chœur «le musique qu'il avait
entendu en Norwégc.On trouve des renseigne-
ments intéressants sur l'abbé Vogler dans deux
articles de Schtibai t et «le Christmann insérés
dans la correspondance musicale «le Spire
(ann.1790, nos 15 et 10).
VOGT (Maurice- J bas), moine «le l'ordre
de Cilcaux, naquit le 30 juin 10G9, à Knenigs-
(I) Allgem. Littéral, der Musil;, p. 437.
bol', en Bohème, et, après avoir fait ses pre-
mières études à Plass, alla suivre un cours de
philosophie à Prague, où il entra dans son
ordre, en 1092. La géographie, l'histoire et la
musique l'occupèrent pendant près de quarante
ans : il y acquit «les connaissances étendues.
Sa carte de la Bohême, gravée à Nuremberg, a
été longtemps estimée. Il mourut au couvent
«le Plass, le 17 août 1730. On a de ce moine
un livre dont les exemplaires sont fort rares,
cl qui a pour litre : Conclave thesauri magnat
artis musical, in quo tractatur prxcipue de
compositione, pura musicx theoria, ana-
tomia sonori, musica enharmonica, chro-
malica, diatonica, mixta, nova et anliqua ;
terminontm musicorum nomenclatura , mu-
sica authenta, plagali, chorali, figurait,
musicx historia, antiquitate , novitale,
laude et vi'uperio; Symphonia, cacophonia,
psychnphonia, proprietata, tropo, stylo,
modo, affectu et defectu, etc. Velcro-Pragae,
1719, in-fol. de deux cent vingt-trois pages.
Le P. Vogt a laissé en manuscrit un bon recueil
«le rugues pour l'orgue, intitulé : f'erlumnus
vanita^tis musice in XXXI fugis delusus.
VOGT (Jea>), cantor à Staden, dans la
première moitié du dix-huitième siècle, naquît
dans celle ville. Il s'est fait connaître par un
opuscule intitulé : Hislorische l'ntcrsu-
chungen doch der alten und bekannten Kir-
chen-Lieder : Allein Golt in der /Iœh sey
Ehr ingentlicher Autor i'e»/ (Recherches his-
toriques sur l'auteur inconnu «le l'ancien
chant d'église Allein Golt etc.); Staden, 1725,
in-4° de seize pages.
VOGT (Gustave), hautboïste distingué,
né à Strasbourg, le 18mars 1781, suivit fort
jeune ses parents à Paris, entra au Con-
servatoire de celle ville, le 19 messidor an VI
(1798), et y devint élève de Salentin pour le
hautbois. Doué des plus heureuses disposi-
tions, il fil de si rapides progrès, (|iie le pre-
mier prix de cet instrument lui fut décerné à
la fin de l'année suivante. Plus lard, il suivit,
dans la même école, le cours d'harmonie de
Rey,où il fut le condisciple de l'auteur de celle
notice. Entré à l'orchestre du théâtre Hlon-
lansicr, comme second hautbois, en 1798,
il en sortit pour aller à celui de l'Ambigu-
Comique, d'où il passa, le 51 mai 1801, à
l'Opéra italien du théâtre des Victoires na-
tionales, en qualitéde premier hautbois; puis
il suivit l'empereur Napoléon comme haut-
boïste «le la musique de la garde impériale,
dans la campagne de 1805, se trouva à la
bataille d'Auslcrlitz, et connut, à Vienne,
VOGT - VOIGT
38!
Haydn et Beethoven. De retour à Tniis, il
eut la place de premier hautbois dix théâtre
Feydeau et la conserva jusqu'en 1814. Entré
alors à l'Opéra, comme successeur de son
maître Salentin, il y resta jusqu'en 1834,
époque de sa retraite. Devenu membre de la
Société de concerts du Conservatoire, à l'épo-
que de son institution (1828), il y fut attaché
comme premier hautbois jusqu'en 1844. En
1825, il fut appelé à Londres, pour la saison,
comme premier hautbois de la Société phil-
harmonique. En 1828, Vogl fit un second
voyage à Londres et y passa la saison, recher-
ché, pour son talent, dans toutes les sociétés
musicales. De relourà Paris, il reprit sa position
de premier hautbois de la société des concerts
du Conservatoire, où il se faisait autant re-
marquer par la beauté du son qu'il tirait de l'in-
strument que par le fini de son exécution. Dès
1808, il avait été nommé professeur adjoint de
hautbois an Conservatoire: la place de profes-
seur en titre de cette école lui fut donnée à la
nouvelle organisation de 1810. C'est là qu'il a
formé tous les hautboïstes français qui se sont
fait un nom dans ces derniers temps, particu-
lièrement Brod, Vinit, Verrous!, Barré, La-
vigne, de La Barre et plusieurs autres. Nommé
premier hautbois de lachapelledu roi, en 1815,
il a conservé celte position jusqu'à la révolu-
tion de juillet 1830. En 1829, il avait recula
décoration île l'ordre de la Légion d'honneur.
Aussi distingué par son (aient qu'estimé par
son noble caractère, ce digne artiste a pris sa
retraite de la place de professeur du Con-
servatoire et de membre de la société des con-
certs, en 1844 : depuis lors, il a vécu dans le
repos. On a gravé de la composition deM. Vogt :
1° Airs du ballet de Nina et de l'Epreuve vil-
lageoise, arrangés en sérénade pour des in-
struments à vent, Paris, Frey. 2° La Borde-
laise, grande marche militaire en harmonie,
Paris, A. Petit. 3U Première sérénade sur i\n
choix d'airs d'opéras, ibid. 4"Trois nocturnes
ou pots-pourris d'airs connus pour flûte, haut-
bois, cor et basson, Paris, Pleyel. 5°Concertos
pour hautbois et orchestre, n° 1 (en fa); n° 2
(en ré mineur), Paris, Pleyel. G" Bomance de
Joseph variée pour le hautbois, avec orchestre,
Paris, Sieber.7° Trois airs variés idem, Paris,
.lanet. 8° Solo du Carnaval de Venise varié
idem, ibid. 9° Troisième concerto pour haut-
bois et orchestre ; Paris, Janel. 10° Lettre A.
Solo pour cor anglais et orchestre; Paris, Bi-
chault. 11° Air varié pour hautbois avec or-
chestre ou piano, lettre B; ibid. 12° Concerto
pour hautbois et orchestre ou piano, lettre C;
ibid. 13° Duo pour deux hautbois et orchestre
ou piano; ibid. 14" Mélodie anglaise pour le
hautbois et l'orchestre; ibid.
VOIGT (Jean-Charles), organiste à Wal-
denbourg, dans la première moitié du dix-
huitième siècle, s'est fait connaître par un livre
intitulé : Gesprxch von der Mnsik, zwischen
einem Organislen ttnd Adjuvanten, etc.
(Dialogue sur la musique, entre un organiste
et son adjoint, etc.). Erfurt. J.-Dav. Jung-
nikel, 1742, in-4"de cent quarante pages, avec
une préface de six pages par Laurent Mizler.
VOIGT (.Ir.*s-GEonGES-Hr.riM,t>pO, orga-
niste de l'église Saint-Thomas de Leipsick,
naquit à Oslerwick, en Saxe, le 14 mai 17G9.
Son père, musicien de celle ville, lui enseigna
les éléments de la musique, puis l'envoya à
Quedlinhourg, pour y terminer ses études sous
la direction de Bose, son grand-père. Ayant
appris à jouer du clavecin, de l'orgue, du
violon, du violoncelle et de plusieurs instru-
ments à vent, il se rendit à Leipsick en 1788,
el y fut engagé comme violoniste et comme
hautboïste pour le grand concert. Deux ans
après, il fut appelé à Zeilz en qualité d'orga-
niste du château. En 1801, il retourna à Leip-
sick et y eut la place d'organiste de Saint-
Pierre; mais, dès l'année suivante, on lui
confia l'orgue de Saint-Thomas, qu'il conserva
jusqu'à sa mort, arrivée le 24 février 181 1. On
a gravé de sa composition : 1° Douze menuets
[tour l'orchestre; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel.
2° Trois quatuors pour deux violons, alto et
basse, op. 1; Offenbach, André, 3" Trois idem,
op. 20, liv. 1 et 2; Leipsick, Hofmeisler. 4" Un
quatuor, op. 21; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel.
Ces compositions sont dans le style de Pleyel.
5" Grand trio pour violon, alto et violoncelle,
op. 18; Leipsick, Peters.C Concerto pour allô
el orchestre, op. 1 1; Offenbach, André. 7° Pe-
lonaise pour violoncelle et orchestre, op. 14;
ibid. 8' Six scherzi pour piano à quatre mains,
op. 22; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. 9" Trois
sonates pour piano seul. 10° Petites pièces pour
piano seul, op. 15 et 10; Leipsick, Peters.
VOIGT (Charles-Louis}, fils du précédent,
est né à Zeitz, en 1791, et a succédé à son
père dans les places de violoncelliste du théâ-
tre, du concert el des églises à Leipsick, dans
l'été de 1811. Plus lard, il a reçu des leçons
de Dotzauer pour le violoncelle, el a joué des
solos avec succès dans quelques concerts. On
a gravé de sa composition: 1° Pot-pourri pour
violoncelle avec accompagnement de violon,
alto, violoncelle et contrebasse, op. 5, Leip-
sick, Breitkopf et Hœrlel. 2° Caprice idem,
382
VOIGT - VOLCKLAND
op. 6, ibid. 3° Polonaise idem, op. 9, ibid.
4° Fantaisie idem, op. 11, ibid. 5° Scène avec
deux violons, alto, violoncelle et contrebasse,
op. 13, lionn, Simrock. 6° Plusieurs thèmes
variés idem. 7° Duos pour deux violoncelles,
op. 15, 16, 17, Leipsick,Breitkopf,Hofmeister.
8° Sonates pour deux violoncelles, op. 22, 40,
ibid. 9° Chansons allemandes avec guitare,
ibid.
VOIGT (Frédéiuc-Guillacme) , chef du
corps de musique du 1er régiment d'infanterie
de la garde du roi de Prusse à Potsdam, fils
du chef de musique Christophe Voigl, du o0f
régiment d'infanterie, est né le 22 mars 1833,
à Coblence. Il reçut les premières leçons de
musique de son père, puis il alla continuer
ses éludes musicales à l'école dirigée par Fer-
dinand Hiller, à Cologne, où ses premières
compositions pour chœur et orchestre furent
bien accueillies. Le roi Frédéric-Guillaume IV
lui accorda un subside pendant trois ans, pour
aller à Berlin perfectionner ses connaissances
dans son art; il y entra comme élève à l'Aca-
démie royale des Beaux-Arts, où il reçut des
leçons de A.-W. Bach et de Grell. En 1857, il
fut nommé chef de musique du régiment où il
remplit encore ses fonctions (18G4). Il y dirige
une société de chant et y a fondé des concerts
de symphonie. Il a publié des Licder à voix
seule avec piano, en recueils et détachées; un
chant pour voix de soprano et de contralto,
avec un chœur de voix d'hommes, op. 19.
Berlin, Trautwein, des pièces détachées pour
piano et plusieurs polkas pour cet instrument.
YOIGT ASAIX-GERMANO (Adauctus),
prêtre, né le 14mai 1733,àOberla3utendorf(Bo-
hème), fit ses éludes à Prague, puis fut pro-
fesseur d'histoire à Vienne, et en dernier lieu
à Prague, où il mourut le 18 octobre 1787. Au
nombre de ses ouvrages, on remarque une dis-
sertation intitulée: Von dem AUerlhume und
Gebrauche des Kirchengesanges in Bœhmen,
(De l'antiquité et de l'usage du chant de l'église
en Bohême). Prague, 1775, in-8°. On a aussi
de lui un livre qui a pour litre; Effigies viro-
rum eruditorum atque artificum Bohemiœ
et Moravia;, una cum brevi vilse operumque
ipsorum enarratione. Pragœ , 1773-1782,
quatre volumes in-8°. On y trouve quelques
renseignements sur l'histoire de la musique
en Bohême et des notices concernant les com-
positeurs Tuma, Gasmann, Legipont, Diwisch
et Missliwezeck.
VOISENON (l'abbé Claude Heniu FU-
SEE DE), littérateur, né au château de Voi-
senon, près de Melun, le 8 juillet 1708, fut
doyen du chapitre et vicaire général du dio-
cèse de Boulogne, abbé commendalaire de
l'abbaye royale de Notre-Dame de la Chapelle-
aux-Planches, et pourvu de plusieurs autres
bénéfices, ministre plénipotentiaire du prince-
évêque de Spire à la cour de France, et membre
de l'Académie française. Il mourut à son châ-
teau de Voisenon, le 22 novembre 1775. Abbé
de boudoir et decoulisses, Voisenon passa pour
avoir été l'amant de madame Favart, et pour
avoir eu la plus grande part aux meilleures
pièces de théâtre de son mari. Voisenon n'est
cité dans celte biographie des musiciens que
pour un pamplet publié dans la querelle des
Bouffons et de l'Opéra fiançais, intitulé : Ré-
ponse du coin du roi au coin de lu reine ;
Paris, 1753, in-12. Cet opuscule a eu deux
éditions dans la même année.
VOLCKE (F.), professeur d'harmonie au
Conservatoire de La Haye, fut d'abord chef de
musique du 9me régiment de ligne du royaume
des Pays-Bas. Il est auteur d'un livre en langue
hollandaise intitulé: Leerboek der Harmonie
(Manuel d'harmonie). S' Gravenhage (La Haye),
Hartmann frères, 1829, in-4° obi. de quatre-
vingt-deux pages. Suivant les principes de
Vogler et de quelques autres harmonistes alle-
mands, il suppose que les accords parfait, de
septième, de neuvième, de onzième et de trei-
zième se placent sur toutes les notes de la
gamme. Parce moyen, dit-il, il fait disparaître
toutes les considérations de retards d'inter-
valles, d'anticipations, ou d'autres modifica-
tions des accords, etobtient une grande simpli-
cité, représentée par quarante-deux accords,
diversement constitués en raison du degré de
la gamme qu'ils occupent. Quelle simplicité !
Du reste, qu'il n'y ait ni sentiment de tonalité,
ni succession régulière possibles dans un pareil
système, c'est de quoi Volcke ne s'occupe
guère. Cet artiste est mort à La Haye vers
1850.
VOLCKLAND (François), fadeur d'or-
gues, vécut à Erfurt, vers le milieu du dix-
huilième siècle. Ses principaux ouvrages, cités
par Adlung (Iflusica tnechan. organ.), sont
ceux-ci : 1° L'orgue de Mullberg, près d'Er-
furt, composé de vingt-cinq jeux, achevé en
1729. 2° Celui d'Eystadt, près de la même ville,
de dix-neuf jeux. 3° Celui de l'église Saint-
Thomas, à Erfurt, composé de dix-huit jeux,
deux claviers et pédale. 4° Celui d'Ollendorff,
à deux claviers, près de cette ville. 5° Celui de
Zimmern, de vingt-trois jeux, deux claviers
et pédale. G° Celui d'Exleben, de vingt-huit
jeux, deux claviers et pédale, terminé en
VOLCKLAND — VOLDER
333
1750. 7° Et enfin celui de Lsengwilz, près de
Rudolstadf, de vingt-cinq jeux et à deux cla-
viers, en 1751.
VOLCRMAR (Jean), cantor à Francfort-
sur-l'Oder, vécut dans les premières années du
seizième siècle. Il est auteur d'un livre raris-
sime intitulé : Collectanea quedam musice
discipline ulilia que necessaria in unum re-
dacta diligenterque castigata. Au verso de la
page du titre, on trouve une épître dédicatoire
dont voici l'inscription : Joannes Folckmar
omnibus Dominis scholasticis S. P. D. Cette
épître est datée de Francfort-sur-l'Oder, le 18
des calendes de janvier 1510. La souscription
de la fin de l'ouvrage est ainsi formulée : Est
vobis, lectores amandi, opusculum musices
perpulchrum sane quoddam; quamvis cal-
cographns notulas minus adjunxerit, non
erratui suo adscribetis velim sedraritudini.
Impressus Francophordio ad Oderam. 4 kal.
Januarias, anno 1510. Un volume in-4" de
vingt-quatre feuillets non chiffrés, en carac-
tères gothiques. Les quatre premières feuilles
ont les signatures a, b, c, d. L'ouvrage est di-
visé en deux parties, dont la première traite
du plain-chant; la seconde, de la musique
mesurée. La première partie a neuf cha-
pitres; la seconde, quatorze. Les caractères de
plain-chant, en notation allemande, sont im-
primés; les exemples de musique mesurée de
la seconde partie ont été laissés en blanc et
sont écrits à la main dans l'exemplaire de la
Bibliothèque royale de Berlin que j'ai vu et
d'après lequel je donne cette description : il
est vraisemblable qu'ils ont été remplis de la
même manière dans tous ceux qui ont été
tirés. Ce même volume a été inconnu à tous
les bibliographes musiciens ; cependant Orni-
•toparchus (voyez ce nom) a cité l'ouvrage avec
éloges. Peut-être le livre, cité par Gesner
(Bibliot. univ.) sous le nom de Wolcmer
(voyez ce nom), n'esl-il qu'une édition posté-
rieure de l'ouvrage de Volckmar, sous un
autre litre.
VOLCRMAR (Adam-Valentin), né le
6 mars 1770, à Smalkalde, fit son éducation
musicale sous Lr direction de l'organiste dis-
tingué Jean-Godefroid Vierling. Après avoir
terminé ses éludes, il obtint une place de pro-
fesseur de musique à Rothenburg. En 1805, il
fut appelé à Herzfeld-sur-la-Fulde comme or-
ganiste de la ville, et, en 1817, il devint orga-
niste de l'église principale de Rinleln et pro-
fesseur de chant au gymnase. Il vivait encore
dans cette position en 1847. Quelques sonates
de sa composition pour piano et violon et pour
piano et violoncelle, des Lieder et des pièces
d'orgue ont été publiées en Allemagne.
VOLCRMAR (A.-B.-Wilhelm), fils du
précédent, né à Herzfeld,Ie 26 décembre 1812,
commença, à l'âge de huit ans, l'élude du
piano et de l'orgue, sous la direction de son
père, puis il alla, à Buckebourg, apprendre à
jouer du violon chez le ma S Ire de concert Lilpse
et acquit aussi la connaissance du violoncelle
et de plusieurs autres instruments. Après avoir
achevé ses éludes au gymnase de Rinleln, il
fui, pendant une année, organiste de l'église
des réformés à Soest (Souabe) et y fréquenta,
pendant le même temps, le séminaire des in-
stituteurs. Pendant les années 1834 et 1835, il
vécut, comme professeur de musique, dans une
famille de Brunswick. A la fin de celle der-
nière année, il obtint la place de professeur de
musique au séminaire de Homherg, dans la
Hesse électorale. II occupait encore cette po-
sition en 1860. On a publié de M. Volckmar :
1° Pièces d'orgue, en trois suites; Casse],
Fischer. 2° Hiilfsbuch fur Organisten (Com-
pagnon des organistes), contenant des préludes
et des conclusions pour l'orgue; recueil divisé
en quatre suites de préludes et de conclusions;
Cassel, Luckardt. 3° École d'orgue; ibid.
4° Méthode élémentaire de violon; ibid.
5° Prélude à quatre mains, pour l'orgue; Er-
furt, Kœrner. 6° Choralbuch mit Vorspielen ,
Zwischenspielen und geschichtlichen An-
merkungen (Livre choral avec des préludes
pour l'orgue, des versets et des remarques his-
toriques, etc.); ibid.
VOLDER (Pierre-Jean DE), compositeur
et facteur d'orgues, né à Anvers, le 27 juillet
1767, a eu pour maître de violon et de compo-
sition Redin, alors premier violon de la cathé-
drale de celte ville. A l'âge de seize ans, De
Volder fut nommé premier violon de l'église
de Saint-Jacques. En 1794, il alla s'établira
Anvers, où il devint rival de Van Pelegbem
dans la facture des orgues. Dans la même année,
il inventa un mécanisme de crescendo et de
decrescendo pour cet instrument et le soumit,
en 1796, à l'examen des professeurs du Con-
servatoire de Paris, qui l'approuvèrent. Ce
mécanisme fut l'objet d'une distinction parti-
culière à la première exposition des produits
de l'industrie du royaume des Pays-Bas, en
1820. Dès son arrivée à Gand, De Volder fut
nommé premier violon, chef d'orchestre du
concert de cette ville et premier violon solo du
théâtre. Plus tard, il donna sa démission de
ces emplois pour se livrer en liberté à la fac-
ture des orgues. Le nombre des inslrumenls
384
VOLDER - VOLLBED1NG
de cette espèce qu'il a construits s'élève à
soixanle-dix-huil, et il en a réparé ou refait
entièrement cinquante-six. Parmi ses ouvrages,
l'orgue de Saint-Michel, de Gaud, et celui qu'il
a refait à l'église Sainte-YVandru, de Mons, oc-
cupent la première place. Fixé à Bruxelles, en
1831, il a continué d'y travailler jusqu'à sa
mort, arrivée le 27 juin 1841. Dans la liste de
ses compositions, on remarque : 1° Cinq
messes à quatre voix et orchestre. 2» Trois
symphonies à grand orchestre. 5" Deux con-
certos pour violon, dont le premier a été gravé
à Bruxelles, chez Weissenbruch. 4° Un con-
certo pour cor. 5° Deux symphonies concer-
tantes. 0° Neuf quatuors pour deux violons,
alto et basse, dont trois ont été gravés à Berlin,
chez Hiimmel. 7" La bataille de Jéna, sym-
phonie à grand orchestre. 8° La bataille de
Waterloo, idem. 9° La Jeunesse de Henri V,
opéra en trois actes. 10° Plusieurs hymnes,
motels et litanies. 11° Fantaisie pour deux or-
chestres. 12" Nocturnes et divertissements
pour plusieurs instruments. De Volder était
membre de l'Institut des Pays-Bas. de
l'Académie des beanx-arls d'Amsterdam et
de plusieurs sociétés musicales de la Bel-
gique.
VOLRERT (Fiusçois), organiste de
l'église collégiale des Bénédictins, à Vienne,
brilla, depuis 1810 jusqu'en 1850, comme
compositeur d'opéras-comiques, mélodrames,
parodies, etc., qu'il a fait représenter au
théâtre National de Léopoldstadt, dont il était
chef d'orchestre. Le nombre de ses ouvrages
en ce genre s'élève à plus de cent; ceux qui
ont obtenu le plus de succès sont les suivants :
1° Le Visionnaire (1810). 2° Les Enchante-
ments d'Arlequin (181 1). 3" Le Chapeau ma-
gique (1812). 4° Herrmann, libérateur de la
Germanie (1813). 5" Les trois Enigmes mi-
raculeuses (1813). 6° Aventures au château
des Serpents (1814). 7° L'Amour vainqueur
(1814). 8" Gaspard le Tyrolien (1815). 9" Le
Naufrage (1815). 10° Ernest, comte de Glei-
chen (1815). 11" Junon protectrice (1810).
12" La Cavalcade à pied (1816). 13" La
Vnlléedesgnomes{\d>\G)A4»LePhare(\8\7).
15" Les Émigrés (1817). 16° La Chute d'Icare
(1817). 17" La Pucelle d'Orléans (1817).
18° Le Carnaval à Vienne (1820). 19u Le
Combat des Amazones (1820). 20° Le Lutin
auPrater (1821). 21° Le Vieux Esprit dans
le monde nouveau (1821). 22° La Coquille de
perles (1822). 23" Le Géant raillé (1823).
24° Les Ciseaux magiques (1823). 25" La
Conversation dans la cuisine (1825). 20° Fé-
lix et Gertrude (182C).27° Pggmalion (1827).
28" Le Cheval sans tête (1828). Volkert a
écrit aussi quelques morceaux de musique in-
strumentale, parmi lesquels on remarque :
1" Trio pour piano, violon et violoncelle,
op. 8; Vienne, Ilaslingcr. 2° Variations pour
le piano sur un thème allemand; ibid.
3" Vingt-quatre cadences pour l'orgue; ibid.
4° Trois préludes faciles pour l'orgue, op. 20;
Vienne, Diabclli. 5°Trois préludes faciles poul-
ies organistes commençants. Volkert est mort
à Vienne, le 22 mars 1845.
VOLIOIAK (Tobirï, né à Beichenstein.
en Silésie, le 18 mars 1078, apprit la musique
chez llennemann Reysing, et le clavecin sous la
direction d'un nommé Purmann. Plus lard, il
devint élève de Jean Krieger, directeur de
musique à Zillau, qui lui enseigna l'harmonie
et le contrepoint. Après avoir achevé ses études
littéraires à l'université de Kœnigsberg, il fut
appelé à Hiischberg, en 170G, pour y remplir
les fonctions de directeur de musique et de
cantor. Il y vivait encore en 1740. Volkmar a
publié à Hiischberg, en 1723, une collection
de motets a voix seule avec instruments, sous
ce litre : Golt gefxllige Musik-Freude, in XV
geisllichen Sing-Sliicken a voce sola, 2 vio-
Uni, viola und einernblasenden Instrumente,
nebst dem L'assoper organo. Il a laissé aussi
en manuscrit : 1° Une an née entière de motels à
deux voix, deux violons, viole et basse continue.
2" Une année entière de motels à quatre voix.
3" Une autre année à quatre voix et instru-
ments, terminée en 1740. 4° L'histoire de la
naissance de Jésus-Christ, de la Passion, de la
Résurrection et de l'Ascension, l'histoire de
la Pentecôte, avec des airs et des cantiques.
5" Des morceaux de musique pour les mariages,
les funérailles, etc., à 2 chœurs.
VOLLBEDIÏVG (Jean-Chbistopiie), né à
Scbœnebeck, près de Magdebourg, en 1757, fut
professeur de belles-lettres du corps des cadets
nobles à Berlin, dans les années 1791 et 1792,
et fut appelé, en 1793, à Luckenwalde, dans la
Moyen ne- Ma relie, en qualité de magisler et de
prédicateur. Il a traduit, en allemand l'intro-
duction de la quatrième partie du Facteur
d'orgues de D. Bedos, sous ce titre: Kurzge-
fasste Geschichte der Orgel, aus den Fran-
zœsischen des Dom Bedos de Celles. Nebst
Hérons Beschreibung der JVasserorgel, aus
dem Griechischen iibersetzt, Berlin, Ernest
Felisch, 1793, in-4" de trente-quatre pages,
avec une planche. Vollheding avait déjà publié
précédemment sa traduction de la description
de l'orgue hydrauliqucde Héron, dans les Ar-
chives des inventions relatives aux arts et aux
V0LLBED1NG — VOSS
383
sciences (Leipsick, 1792, in-8°, p. 340346, el
p. 507-511).
VOLLWEILER (G.-J.), né en 1770, vé-
cut à Francfort-sur-le-Mein, comme professeur
de musique et de composition ; puis il s'établit
à Heidelhcrg, où il mourut le 17 novembre
1847. Il passaiten Allemagne pour un savant
théoricien. Aloys Schmill fut un de ses pre-
miers élèves. On connaît de Vollweiler une
méthode élémentaire pour le piano, intitulée:
Anleitung zum Elementarunterricht im Kla-
vierspiel, etc., Mayence, Schotl; et Elemen-
tar-Gesang Unterrichl fur Schulen (Ensei-
gnement élémentaire du chant pour les écoles);
ibid.
VOLLWEILER (Chaiiles), fils du précé-
dent, naquit à Offenbach, en 1815, et fut élève
de son père. Dans sa jeunesse, il vécut quelque
temps à llanau ; puis il se rendit à Pélersbourg
et s'y livra à l'enseignement. De retour en
Allemagne, il alla se fixer à Heidelberg, près
de son père, et y mourut le 27 janvier 1848, à
l'âge de 34 ans. Il a écrit des symphonies, des
quatuors elde quintettes pour des instruments
à cordes. Parmi les compositions publiées, on
remarque: 1" Premier trio pour piano, violon
et violoncelle (en fa), op. 20; Leipsick, Breil-
kopf el H œrlel. 2° Grande sonate pour piano
seul, op. 5; Hambourg, Schuberlh. 5° Six
éludes mélodiques, en 2 suites; op. 4, ibid.
4° Sur le lac, nocturne idem, op. 6; ibid.
5° Trois éludes lyriques idem, op. 9; Mayence,
Schotl. 6" Deux études lyriques et une taren-
lelle idem, op. 10; Hambourg, Schuberlh.
7° Élégie en forme de marche funèbre idem,
op. 11 ; ibid. 8° Deuxième tarentelle, op. 12;
ibid. 9° Grand ca\n-\cesuv Rossaus et Ludmilla
idem, op. 15; ibid. 10° Trio concertant sui-
des thèmes italiens pour piano, violon el vio-
loncelle, op. 15; ibid. 11° Diverses petites
pièces pour le piano. 12" Variations concer-
tantes sur l'Hymne russe pour deux violons,
allô et violoncelle, op. 14; Berlin, Schlesinger.
Une des symphonies de Charles Vollweiler a
été exécutée avec succès dans un concert à
Pélersbourg, en 184G.
VOLPE (Jla* Baptiste) ; voyez ROVET-
TIWO.
VOLLiUIER (Jean-Baptiste), musicien
belge, fut maître de concerts el inspecteur des
ballets à Berlin. Il entra dans la chapelleélecto-
rale de Brandebourg le 22 novembre 1092, el y
resta jusqu'au commencement du dix-huitième
siècle, puis il fui engagé à la cour de l'électeur
de S.ixe, en 1700, pour les mêmes fonctions.
Il mourut à Dresde, le 7 octobre 1728. Mal-
DIUUI. UMV. IIES MUSICIENS. T. Mil.
theson, dit dans son Ehrenpforte que Volu-
mier composa, à Berlin, la musique de plusieurs
ballets, particulièrement lc> airs de danse et
les entrées pour l'opéra intitulé Le Triomphe
de la beauté, composé et représenté au ma-
riage de Frédéric-Guillaume Ier, en 1707. Il
a écrit aussi les di verlissements pour les opéras
représentés à la cour de Saxe.
VOLUPIUS DECORUS. Voyez
SCHOI>SLEDER (Wolfgang).
VOPELIUS (Godefroid), né à Herwigs-
dorf, près de Zittau, le 28 janvier 1G43, fui
canlor de l'école Saint-Nicolas, à Leipsick,
el mourut dans cette ville, le o février 1715.
Il a publié le livre de chant des églises de
Leipsick à 4, 5 el G voix, sous ce titre : Neu-
Leipziger Gesangbuch von den schœnsten
uttd beslen Liedern. verfasset mit 4 und
6 Slimmen, elc, Leipsick, Klinger, 1682,
in-8° de 1,104 pages. Il a été fait une
deuxième édition de ce recueil en 1690, avec
une préface de Georges Moebius, qui contient
des notices sur les compositeurs des mélodies
chorales.
VOSS (Charles), virtuose sur le piano, né
à Slrélitz, en 1810, y commença ses éludes
musicales, qu'il continua à Berlin. Arrivé a
Paris, au mois de juillet 1846, il s'y fit bientôt
connaître dans les concerts et déploya une
grande activité dans la production d'une mul-
ti tiide de fantaisies, d'arrangements, d'éludés
décorées de litres à la mode, et enfin de mu-
sique de salon, qui a joui de la vogue pen-
dant douze à quinze ans. Jusqu'en 1860,
M. Charles Voss fut un des professeurs de
piano les plus recherchés à Paris. En 1858,
il fit un voyage en Italie, puis il passa environ
Irois mois à Bade. Le nombre de ses morceaux
de piano est trop considérable pour que la
liste en soit donnée ici, car on y compte en-
viron deux cents œuvres, et peut-^lre plus.
La plupart des opéras donnés à Paris, pendant
les quinze annéesdeson séjour dans cette ville,
lui en ont fourni les thèmes; la musique de
Richard WagiiEr même a passé par la plume
de M. Voss. Il a fait de lout, des Cascades de
fleurs, des Méditations, des Galops mili-
taires, des Mélancolies et des Larmes, des
Polkas et des Quadrilles de bravoure. J'ignore
où se trouve en ce moment (1864) M. Charles
Voss.
VOSS (Jules DE), officier de l'armée prus-
sienne, mort le 1er novembre 1832, s'esl fait
connaître comme écrivain distingué sur l'art
militaire, sur la politique et la philosophie.
Parmi les nombreux ouvrages qu'il a mis air
386
VOSS — Vl)Z
jour, on remarque celui qui a pour litre :
Beleugtung der vertrauten Briefe iiber
Frankreich des Jferm J. F. Reichardt
(Examen des lettres confidentielles de M. J.-F.
Reichardt), Berlin, 1804, 1 vol. in-8" de
239 pages. Danscelivre, où règnenlun esprit
de dénigrement et un sentiment haineux
contre la France, on trouve des considérations
développées sur le grand opéra de Paris,
l'opéra italien et l'opéra allemand.
YOSSIUS (Gérard- Jean), littérateur, dont
le nom était Foss, naquit en 1577, près de
Heidelberg, de parents originaires de Ter-
monde. Devenu orphelin à l'âge de sept ans,
il fit ses éludes à Dordrecht et les acheva à
l'université de Leyde. Ayant été nommé direc-
teur du collège de Dordrecht à l'âge de vingt-
deux ans, il se maria et eut neuf enfants, tous
distingués par leur mérite, et qu'il eul la dou-
leur de perdre. Un seul fils, Isaac, objet de la
notice suivante, lui survécut. En 1G18, Vos-
sius accepta la place de professeur d'éloquence
et de chronologie à l'université de Leyde. Des
querelles religieuses où il fut mêlé, à l'occasion
de son histoire du pélagianisme, troublèrent
sa tranquillité en Hollande , tandis que le
même ouvrage lui faisait obtenir la faveur du
roi d'Angleterre, qui récompensa son travail
par un canonicatde Cantorbéry, sans l'obliger
à résidence. En 1655, Vossius abandonna l'uni-
versité de Leyde pour une chaire d'histoire à
la nouvelle académie d'Amsterdam. Il mourut
dans cette ville, le 19 mars 1649. Les œuvres
de Vossius ont été recueillies en six volumes
in-folio, à Amsterdam, chez Blaen, en 1701.
On y trou vêle traité De Artiumet Scientiarum
natura, dont les trois premiers livres parurent
en 1650, les deux derniers en 1658, Amster-
dam, in-4", et qui fut réimprimé en 1GG0 sous
ce titre : De quatuor Artibus popularibus, de
Philologia et Scientiis mathematicis, Am-
sterdam, Blaeu, in-4°. Les quatre arts appelés
populaires par Vossius sont la grammaire, la
gymnastique, la musique et la peinture : ils sont
l'objet du premier livre de son ouvrage. Le
quatrième chapitre (p. 56-60) est consacré à la
musique : il peut être lu encore avec fruit, sons
le rapport historique. Les chapitres 19, 20, 21
et 2? du traité des sciences mathématiques,
intitulé De Universs Matheseos natura et
constilutione, traitent (p. 79-97) de la musique
contemplative, de l'antiquité de la musique, de
son utilité et des parties de cet art. Le traité
des institutions poétiques du même auteur
{Poeliearum institutionum libri III, Am-
stelodami, Lud. Elzevirium, 1647, in-4n) ren-
ferme une multitude de passages utiles pour
l'histoire de la musique des anciens. Enfin,
Vossius a traité de la musique en plusieurs
endroits de son livre intitulé : De ArtisPoetics:
natura ac constitutione , Amsterdam, L. El-
zevier, 1647, in-4°.
VOSSIUS (Isaac), fils du précédent, na-
quit à Leyde, en 1618. Élève de son père, il lit
de bonnes études, et devint un des philologues
les plus distingués de son temps. Après avoir
passé plusieurs années au service de la reine
Christine de Suède, il retourna en Hollande,
en 1652. Dix-huit ans après, il (tassa en Angle-
lerre, où le roi Charles II le fit chanoine de
Windsor. Il mourut dans ce lieu, le 21 février
1689. Au nombre des ouvrages de ce savant,
on remarque une dissertation intitulée : De
Pocmatum cantu etviribus rhythmi, impri-
mée à Oxford, en 1675, in-8° de 136 pages.
Beaucoup d'éloges ont été donnés à celle pro-
duction, qui avait le mérite de l'originalité à
l'époque où elle parut, mais où la matière
n'est point approfondie comme elle l'a été
par Boeckh, dans son excellente édition de
Pindare. Toutefois, il est juste de dire que le
livre de Vossius contient des observations in-
génieuses concernant l'union des vers et de la
musique dans les chants des Grecs et des Ro-
mains, Il y traile avec quelque étendue de la
musique, des instruments, et particulièrement
de l'orgue hydraulique (pages 99-106), d'après
les descriptions de Héron et de Vitruve.
VOZ (Laurent DE), ou DE VOS, né à
Anvers, en 1535, était frère de Martin de Vos,
peintre célèbre. Après avoir été attaché comme
musicien à la cathédrale de sa ville natale, il
fut appelé à Cambrai par l'archevêque Louis
de Berlaymonl, en qualité de directeur de
musique et de maître des enfants de chœur de
la cathédrale. Son attachement pour ce prélat
le fit se compromettre pendant les troubles,
parla composition d'un motet qui fut la cause
de sa mort. Cette aventure est rapportée en
ces termes dans la Revue cambrésienne (an-
née 1858, page 81) : « Laurent Voz composa
» un motel à grands chœurs, de plusieurs ver-
? sets de différents psaumes qui étaient si ar-
» tistement arrangés, que toute l'histoire des
» troubles de ce temps y était écrite: l'usurpa-
» tion tyrannique d'Inchy, la perfidie du
» prévôt et de sa cabale, l'ingratitude, la ré-
« volte et la mort funeste de plusieurs bour-
» geois, l'éloignement et les malheurs de l'ar-
» chevêque, la vaine espérance des secours du
» duc d'Alençon et le peu de durée de la
» gloire des méchants. Ce motet fut chanté
VOZ - VROYE
Î5S7
» après les vêpres, un jour de fête solennelle.
» D'Inchy l'entendit ; il entra dans une si ter-
» rible fureur, qu'il ordonna que l'on saisit
» incontinent le maître de musique. On le
« conduisit en prison et, sans autre forme de
» procès, d'Inchy, de son autorité privée, or-
n donna qu'on le pendit. On lui représenta
» vainement que l'usage demandait que l'on
« appelât le juge de l'Église; qu'il fallait la
» cérémonie de la dégradation; rien ne put
» arrêter ni suspendre l'exécution d'une sen-
» tence contraire à toutes les règles. » Jean
Doudelet, dit, dans ses Chroniques inédiles, que
cet événement arriva à la fin de janvier
1580 (1). Lacroix du Maine cite (Bibliothèque
française) Laurent de Voz comme auteur de
chansons et de motets imprimés, mais il n'in-
dique ni les dates ni les noms d'imprimeurs.
Je ne connais de ce musicien qu'un motel à
cinq voix (Cum inducerent) publié par Pierre
Phalèse dans la collection intitulée Cuncen-
tuum sucrorum qux motecta vocant, qua-
tuor, quinque et sex vocibus plur. celeb.
auctorum, Anvers, 1591, in-4°obl.
VRAINCKE;NZOI\E (Gautier) occupait,
dans les dernières années du règne de Phi-
lippe le Bon, duc de Bourgogne, la place de
maître de chant (zangmeesler) de la chapelle
de la cour et de l'hôtel du duc, à La Haye. En
1465 ou 1466, il lui fut payé 15 florins du
Rhin (XFrynsgulden) à compte du salaire
qui lui élaitdù pour avoir écrit, noté et relié
certain livre de déchant à l'usage de la cha-
pelle. Charles le Téméraire lui donna, en 1469,
des marques particulières d'estime et de géné-
rosité.
VREDEMAÏY (Jacques), professeur de
musique à Leuwarden, en Hollande, enseignait
déjà dans cette ville en 1600, et y vivait en-
core quarante ans après. On connaît sous son
nom : 1° Musica miscella o mescolanza di
madrigali, canzoni e villanelle a 4 et 5 voci,
avec un texte en patois de la Frise, Leuwar-
den, 1603, in-4°. 2° Isagoge Musicx, dut is
corte , perfecle ende grondighe Instructie
vandt principale* Musijcke soo die in allen
Collégien der selver Const ghebruykt werden,
ende in de verlreffelijcke groote Schoole der
Stadl Leuwarden (Instruction courte, par-
faite et fondamentale concernant les principes
(1) il. E. de Coussemaker a public dans ses Notices
sur les collections musicales de la bil/liolltéque de Cam-
brai (Paris, Tecliner, -184-3, in-8", p. 158 et suiv.), le
passage de ces chroniques relatif à la mort de De Voz,
ainsi que l'épilaphc de celui-ci, et le fragment d'une
complainte, qui lui avaient été communiqués par
M. Arthur Dinaux.
de la musique, etc.), Leuwarden, Abraham
Van den Rode, 1618, in-4° de 64 pages. Il y
aune deuxième édition de cet ouvrage, im-
primée en 1643, à Leuwarden.
VREDEMATV (Michel), professeur de
musique à Arnheim, en Hollande, au com-
mencement du dix-septième siècle, a publié
une collection de pièces en tablature à quatre
parties pour deux violes et deux guitares à
cinq cordes, sousce titre : Der Violen Cyther
mit vyfsnauren, en niewe sorte mélodieuse
inventie, twe naluren hebbende, vier par-
thyen spelende , lichl te leeren, half violen,
half cyther, etc. Arnheim, J. Janssen, 1612,
in-4°.
VROYE (Théodore-Joseph DE), chanoine
titulaire de la cathédrale de Liège et directeur
général de la musique religieuse dans ce dio-
cèse, est né le 19 août 1804, à Villers-la-Ville,
dans le Brabant (Belgique). Il a fait ses études
au collège de Nivelles, où la musique lui a été
enseignée par un bon maître nommé Lebrun.
Entré au séminaire de Malines en 1823, il en
sortit à la suite de difficultés relatives au col-
lège philosophique de Louvain, et passa au sé-
minaire de Liège, où il fut ordonné prêtre, en
1828. Après deux ans de vicariat, il devint
curé de Saint-Christophe, à Liège, fut élu
chanoine en 1835, grand chantre de la cathé-
drale dans la même année, puis examinateur
synodal et président de plusieurs sociétés
savantes. M. le chanoine De Vroye est aussi
membre correspondant de la commission
royale des monuments de Belgique. La musi-
que religieuse, sous tontes ses formes, a été
l'objet principal des études et des travaux de
ce savant ecclésiastique : le plain-chanl, en
particulier, a fixé son attention. Son système
d'amélioration de ce chant a de l'analogie avec
celui de l'auteur de celte Biographie, et, seul
en Belgique, M. le chanoine De Vroye est par-
venu à obtenir l'unité du chant dans son dio-
cèse. Auteur de nombreuses recherches sur
les types mélodiques du chant romain, il a
constaté l'existence de ces types primordiaux.
Au moment où celle notice est écrite, il pré-
pare la publication d'un livre sur ce sujet im-
portant. M. De Vroye a publié de nombreux
morceaux de critique aussi remarquables par
la solidité de l'érudition, que par le mérite de
la forme et l'exquise politesse de l'écrivain.
Parmi ses publications, on remarque: 1° LeFes-
peral, dont la première édition a paru à Liège,
Kersten, 1829. 2° Le Graduel, qui fut publié
pour la première fois, dans la même ville, en
1831. Postérieurement, dix éditions de clia-
25.
388
VROYE — VUONNEGGER
cun de ces livres ont été épuisées. 5° Traité
du plain-chant à l'usage des séminaires ;
Liège, Kersten, 1859. 4° Manuale Canlorum;
ibid., 1849. 5° Processionale ; ibid., 1849.
Quatre éditions de ce livre ont été publiées.
Q° Rituale romanum; ibid, 1862.
Non moins zélé pour la musique d'église
que pour le plain-chant, M. le chanoine De
Vroye s'est attaché à la propager et à en per-
fectionner l'exécution. La maîtrise de la ca-
thédrale de Liège, qui seule existe encore en
Belgique, est placée sous sa direction et lui
fournit une partie des voix nécessaires pour
faire entendre dans son église les plus belles
œuvres des diverses écoles. Le chœur, dans les
occasions solennelles, est composé de cinquante
voix, et le nombre total des exécutants est de
plus de cent (1).
"VROLIK. (Guillaume), étudiant en méde-
cine à l'Université d'Utrecht, a soutenu, pour
obtenir le doctorat, le 2G mars 1821, une
thèse qui a été publiée sons ce tilre : Com-
mentatio de auditus organo cum hominis,
tum animalium ; Trajecli ad Rlienum. Pad-
denberg, 1822, in-8° de 90 pages, avec une
planche.
VULPIAIV (Alphonse), avocat et auteur
dramatique, est mort à Paris, à l'âge de trenle-
quaire ans, le 14 octobre 1829. Au nombre de
ses ouvrages, on remarque : Code des théâtres,
ou Manuel d Vusage des directeurs, entre-
preneurs et. actionnaires des spectacles, des
auteurs et artistes dramatiques, etc. Paris,
Warée aine, 1829, in-8°.
VULPIUS (Melchior) , compositeur de
musique d'église, naquit à Wasungen, dans
le canton d'IIenneberg, vers 15G0. En 1G00,
il devint cantor à Weimar, et occupa ce poste
jusqu'à l'époque de sa mort, arrivée en 1G16.
Les compositions connues de Vulpius sont :
1° Canlionum sacrarum cum G, 7, 8 voci-
bus,clc. Jéna,1G02, in-4°. 2° Cantionessacrx
5, G et 8 vocum, part. I, Jéna, 1605, in-4".
5° Idem, part. II, ibid., 1004, in-4°. Les
deux parties ont été réunies dans une édition
publiée en 1611, à Jéna. 4° Kirchengesxnge
und geislliche Lieder D. Lutheri tmd ande-
rer mit vier und fiinff Stimmen (Chorals et
cantiques spirituels de Lulher et autres à 4 et
5 voix); Leipsick, 1604, in-4°. 5" Canticum
beatissimas Virginis Marias 4, 5, 6 et plu-
ribusvoc; Jéna, 1605, in-4°. 6° Lateinische
Hochzeit Stiiche (Épilhalames latins à plu-
sieurs voix); 1608, in-fol. 7° Opusculum
(I) Je suis redevable à M. Van Elcwyck des éléments
de celle notice.
novum selectissimarum canlionum sacra-
rum 4, 5, 6 et 8 voc. Erfurl, 1610, in-4".
8° Erster Theil der sonntxglichen Evange-
lischen Spriiche von 4 Stimmen (Première
partie de passages des Évangiles des dimanches
à 4 voix). Erfurt, 1619, avec une préfacedalée
de 1612. La deuxième partie a paru en 1620,
et la troisième en 1621, dans la même ville.
Ces dernières parties ne furent mises au jour
qu'après la mort de l'auteur. Vulpius est aussi
connu comme éditeur de la traduction alle-
mande du Compendiolum musicx d'Henri
Faner, par Jean Gothard, à laquelle il a ajouté
un petit traité des modes et qu'il a publiée
sons ce tilre : Musicx compendium latino-
germanicum M. Henrici Fabri : pro tyro-
nibus hujus arlis ad majorum discentium
commoditatem aliquantulum varialum ne
disposition, cum facili brevique de modis
tractatu. Septimx huic editioni correctiori
accessit doctrina : 1° de intervallis, 2° de
terminis italicis apitd musicos recentiores
ttsitatissimis , ex Synlagmale Musico Mi-
chaelis Prxlorii excerplis. Jéna, 1610. Les
éditions de Leipsick, 1614, in-8°; de Halle,
1020, in-8»; de Leipsick, 1624, in-8» ; de
Jéna, 1656, in-8», et d'Ei'furl, 1665, in-8°, ne
sont que des copies de celle-là.
VUOUrVEGGER (Jean-Litavic), habitant
de Fribourg en Brisgau, fut ami de Glaréan,
dont il a abrégé le Dodecachordon dans un
petit ouvrage intitulé : Musicx Epitome ex
Glareani dodechacordo, una cum quinque
vocum melodiis super ejusdem Glareani pa-
negyrico de helveticarum XI 11 urbium lau-
dibus, per Manfredum Parbarinum core-
giensem. Bàle, 1559, in-8° min. L'ouvrage est
divisé en deux parties : la première traite des
tons de plain-chant, en 105 pages; la deuxième,
intitulée Minsuralis musices ex Glareani do-
decachordo compendium, commence à la page
105 et finit à la page 150. L'avertissement,
daté de Fribourg en Brisgau, février 1559, dit
que le véritable auteur de cet abrégé est Vuon-
negger : il est très-bien fait. On trouve, dans
la bibliothèque de Strasbourg, un exemplaire
du même ouvrage, différent pour les dates de
l'édition ci-dessus, quoique semblable pour
tout le reste : l'avertissement est daté : Anno
D. 1550, et l'année de l'impression : Basilex,
per Henricum Pétri, mense martio anno
1557. Il est vraisemblable que les exemplaires
qui ont la date de 1559, sont de l'édition de
1557, avec un autre frontispice. Brossard
dit, dans ses notes manuscrites, déposées
à la Bibliothèque impériale de Paris, que
VUONNEGGER — VYRE
389
dans celle même année 1557, on imprima une
traduction allemande de cel abrégé. Celte tra-
duction, si elle existe, n'a été connue d'aucun
bibliographe.
VUYLAERT, VUILAERT on VI-
LAERT. Voyez WILLAERT (Adrien).
VYHE (JBas), organiste et facteur d'or-
gues à Bruges, au quatorzième siècle, est cité
dans le registre n° 13G75 delà Chambre des
comptes, aux Archives du royaume de Bel-
gique, comme Maistre des orgues. Il lui est
fait »n payement en 1387, pour porter unes
r-gves par forche (force) de gens, tant par
leauwe (l'eau) comme par l»,rre, de Bruges
à Arras, par ordre de Philippe le Hardi, duc
de Bourgogne.
w
WACH ^ClIARLES-GoDKFnOlD-GuiLlAUME),
contrebassiste distingué, né à Lœban,dansla
Lusace supérieure, le 16 septembre 1756, fit
ses premières études musicales et littéraires
dans l'école de ce lieu, et apprit à jouer du
piano, du violon et de la fhïle ; puis il alla suivre
un cours de droit à l'université de Leipsick, en
1777. Lorsque ce cours fut acbevé , Wach
résolut de s'adonner exclusivement à la mu-
sique,'et se livra particulièrement à l'étude du
violoncelle et de la contrebasse. Il acquit une
habileté remarquable sur ce dernier instru-
ment et fut employé, pour le jouer, dans les
églises, au théâtre et au grand concert de
Leipsick En 1804, il voyagea en Hollande, où
on lui offrit une place de première contrebasse
de la société Félix Meritis, qu'il n'accepta
pas. En 1805, il brilla dans quelques concerts
à Berlin, puis retourna à Leipsick, où il est
mort le 28 janvier 1833. Wach a arrangé en
quintettes, sextuors, etc., plusieurs opéras,
entre autres Le Prisonnier, de Délia Maria, et
La Famille suisse, de Weigl; Les Sept Paroles
de Jésus-Christ, de Haydn, etc.
WACHSMAN3\(Jeah- Jacques), directeur
de musique de l'église principale, du sémi-
naire et de la société de chant de Magdebourg,
né en 1791, s'est fait connaître avantageuse-
ment par les ouvrages dont voici les litres :
\° Choralmelodie zum Magdeburg. Gesang -
buch (Mélodies chorales pour le livre de chant
de Magdebourg). Magdebourg 1821-1822, Hein
richshofen, in-4°. 2° Praktiscke Singschule
oder Anweisung fur Lehrer und Schiller,
welche sich selbst in Gesang nnterrichten
ivollen (École pratique de chant, on instruction
pour les professeurs et pour les élèves qui veu-
lent s'instruire eux-mêmes). 1™, 2mc et 3me
livraisons. Magdebourg, Ueinrichshofeu, in-4".
3° Gesangfibel furelementar Klassen (A B C
du chant, pour les classes élémentaires), Mag-
debourg, Heinrichshofcn, 1822, grand in-8".
4° Gesang fibel in Z ijfern (Premiers exercices
de chant en chiffres); ibid., 1827, in-8".
5° Allargesxnge (Chant de l'autel); ibid.,
1828, in-8°. 6° Elementarschule fiir Piano
forte (Méthode élémentaire pour le piano) ;
ibid., 18-58. Une deuxième édition de cet
ouvrage a été publiée en 1841. 7° Quatre
Lleder à voix seule avec accompagnement de
piano; ibid., 1836. 8° Fier stimmige Schul-
gesange (Méihode de chant à 4 voix); ibid.,
1840.
WACHTER (Jeats-Miciiel), voyez
W^CHTER.
WACHTER (Ulrich-Benjamin), profes-
seur de musique à Saint-Gall (Suisse), aujour-
d'hui vivant (1865), est auteur d'un livre qui a
pour titre Ausfuhrliche theoretische Einlei-
tung in die Gesang und Jnstrumentalmusik
(Introduction théorique et analytique à la mu-
sique vocale et instrumentale) ; Saint-Gall,
chez l'auteur, 1831 .
WACRENRODER (Guiliaume-Henri) ,
amateur des arts et jeune homme distingué
par les qualités de l'esprit, né à Berlin en
1772, mourut, à Hambourg, à la fleur de l'âge,
le 13 février 1798. Il était référendaire de la
chambre de justice à Berlin. Il avait fourni
au poète Tieck (voyez ce nom) la deuxième
partie du livre de celui-ci, intitulé Phantxsie
iiber die Kunst (Fantaisie sur l'art), qui con-
cerne spécialement la musique.
WACKENTHALER (Joseph), organiste
et maître de chapelle de la cathédrale de
Strasbourg, est né à Schlestadt, le 20 novem-
bre 1795. Son père, organiste de l'église prin-
cipale de cette ville, cultiva les heureuses dis-
positions pour la musique de son fils aîné,
sans lui faire négliger toutefois les études lit-
téraires. Joseph Wackenlhaler partagea tous
les premiers prix du collège de sa ville natale
avec les élèves les plus distingués. A l'époque
où il termina ses éludes, il eut d'abord le des-
sein d'enlrerdans lesordres; mais sa vocation,
plus décidée pour la culture de la musique
religieuse, le fil renoncer à ce projet. Son ta-
lent de pianiste et le succès de ses premières
compositions le firent appeler à Strasbourg, en
1819, pour succéder à Spindler, qui avait été
un de ses maîtres de composition. Dans ce
poste important, Wackenlhaler écrivit plu-
sieurs messes à grand orchestre et tous les
motels qui furent exécutés dans celle cathé-
drale. En 1833, la place d'organiste de celte
église ayant été réunie à celle de maître de
WACKEISTHALER - WAELRANT
391
clinpelle, l'artiste, objet de cette notice, y
donna de nouvelles preuves de retendue de ses
connaissances et de son habileté, en jouant
le noble instrument dans la manière de J.-S.
Bach et des autres grands organistes alle-
mands. M. Wackenlhaler a composé un grand
nombre de pièces d'orgue d'un style sévère
qui se sont répandues dans toute l'Alsace. On
lui doit aussi un traité du plain-chant et un
traité d'accompagnement de ce chant qui ont
reçu l'approbation des autorités compétentes.
Enfin, il a revu avec soin les nouvelles éditions
du Vespéral et du Graduel de son diocèse, et
les a purgées des fautes nombreuses qui se
faisaient remarquer dans les anciennes édi-
tions.
Un fils de cet artiste, Xavier Wackentha-
ler, fut organiste à Paris et professeur d'orgue
à l'école de musique religieuse dirigée par
Niedermeyer (voyez ce nom). Il est mort à
Strasbourg, le 11 octobre 185G, à l'âge de
33 ans.
WADE (Richard), amateur de musique et
claveciniste, vivait à Londres vers 1730. Il est
auteur d'un ouvrage publié sous le voile de
l'anonyme, et qui a pour titre : The Harpsi-
chord illustrated and improv'd wherein in
sltewn the ilalian manner of fingering,
with suites of tessons for beginners, and
lltose who hâve alreadg proficients on thaï
instrument and the organ. With rules for
atlaining to play à Thorough-Bass , also
ivith rules for tuning the Harpsichord or
spinnet (Le clavecin expliqué et perfectionné,
où est exposée la manière italienne dedoigter,
avec des suites de leçons pour les commençants
et pour ceux qui ont déjà acquis de l'habileté
sur cet instrument et sur l'orgue. Suivi de rè-
gles pour apprendre à accompagner la basse
continue, et de règles pour accorder le clave-
cin ou l'épine(te). Londres (sans date), in-4°.
Le professeur Jousse (voyez ce nom) possé-
dait un exemplaire de cet ouvrage, avec un
envoi signé du nom de Richard JVade.
WyECHTEU (Jean-Michel), chanteur de
la cour de Saxe, à Dresde, est né, le 2 mars
1796, à Nappersdorf en Autriche. Après avoir
l'ait ses éludes musicales à Vienne, il y com-
mença sa carrière théâtrale, comme baryton,
en 1816, et ses débuts furent heureux. Deux
ans après, il entreprit des voyages en Allema-
gne, et chanta avec succès sur les principaux
théâtres. En 1824, il fut engagé de nouveau
pour l'Opéra de la cour impériale; il y resta
jusqu'en 1827, époque où il accepta la place
qu'il occupa ensuite à la cour du roi de Saxe.
Il s'y trouvait encore au commencement de
1840. Il est mort à Dresde, le 26 mai 1853. La
femmede cet artiste, née Thérèse TVitlmann,
vit le jour à Vienne, le -31 août 1802. Elle ac-
compagna son mari à Dresde et fut attachée à
l'Opéra de cette ville, en qualité de canta-
trice.
W^ELDEU (G.), organiste à Augsbourg,
en 1844, s'est fait connaître par un ouvrage
qui a pour litre : Generalbasslehre in Ver-
bindung der Grundcnfœnge des Prasludi-
rens und Modulirens (Science de l'harmonie
dans ses rapports avec l'art de préluder et de
moduler) ; Augsbourg, Bœhm.
WAELRANT (Hubert), né à Anvers,
en 1517, fut un des musiciens distingués du
seizième siècle. L'incertitude sur le lieu de sa
naissance dans laquelle j'étais, lorsque j'ai pu-
blié la première édition de la Biographie des
musiciens, provenait de ce que le neuvième
livre de motets à cinq et six voix, publié par
P.Phalèse, porte au frontispice ces mois : Liber
nonus cantionum sacrarum vulgo motetta
vocant, quinque et sex vocum a D. Huberto
JFaelrant At., elc. Ces lettres At.,me parais-
sent signifier ou Athumensis (d'Ath) ou Atre-
batensis (d'Arras); mais vraisemblablement il
«levait y avoir unirait sur l'a, en abrégé Ant.f
c'est-à-dire Antverpiensis, car M. de Burbure
a acquis la preuve, par des pièces authentiques,
queWaelrantétaitd'Anvers. Quoi qu'il en soit,
il parait certain que ce musicien alla, dans sa
jeunesse, à Venise, étudier sous la direction de
son compatriote Adrien Willaert, et qu'il pu-
blia ses premières compositions dans celte
ville. Il était vraisemblablement de retour en
Belgique avant 1547 ; car il existe une tradi-
tion d'après laquelle il aurait établi une école
de musique à Anvers, vers celle année, et y
aurait enseigné la solmisalion par la gamme
de sept notes, au moyen des sept syllabes bo,
ce, di, ga, lo, ma, ni, abandonnant ainsi la
méthode des muances, alors généralement en
usage (voyez Anselme de Flandre, De Pulle
(Henri), Calwitz, Urena (Pierre de), Caramuel
de Lobkowilz, Hilzler (Daniel), Lemaire, Gibel
(Olhon), Bultstedt et Maltheson). La méthode
attribuée à Waelrant fut appelée bocédisa-
tion. Waelrant établit aussi, à Anvers, un com-
merce de musique en société avec Jean Laet.
Le plus ancien ouvrage produit parcelle asso-
ciation est un recueil composé par Waelrant
et qui a pour litre : Le premier livre de chan-
sons françoises et italiennes à cinque voix,
nouvellement composées par, etc. En An-
vers, par Hubert Waelrant et Jean Laet,
392
WAELRANT - \VAGENSEIL
1558. in-4° obi. Ce musicien distingué a été
l'éditeur de plusieurs recueils de chansons et
«le motels, parmi lesquels on remarque ce-
lui-ci : Jardin musiqualj contenant plusieurs
belles fleurs de chansons choysies d'entre les
œuvres de plusieurs auteurs excellens en
l'art de musique, ensemble le blason du beau
et laid tetin, propices tant à la voix comme
aux instrumens. Le premier livre. En An-
vers , par Hubert Waelrant el Jean Laet
(sans date), in-4° obi. Ce recueil renferme
quelques morceaux composés par réditeur.
Waelrant mourut à Anvers, le 19 novembre
1595, à l'âge de soixante-dix-huit ans, et fut
inhumé dans l'église cathédrale. On ne con-
naît de la composition de cet artiste que les
ouvrages suivants: 1° Liber nonus canlionum
sacrarum vulgo motetta vacant, quinque et
sexvocum,a D. Huberto Waelrant Jt. Lova-
niiapudPetrnmPhalesium,1557, in-4°. 2°.Va-
driqali et Canzoni francesia5voci. Anvers,
TiImnnSusato, 1558,in-4°ohl. ôa Canzoni alla
napoletana ao etAvoci. Venise, 1565, in-4°.
Cette édition est la deuxième ; j'ignore la date
de la première. On trouve aussi des pièces de
sa composition dans les recueils suivants :
4° Symphonia angelica di diversi eccelten-
lissimi musici a 4, 5 et G voci, nuovamenle
raccoltaper Uberto Waelrant et data in luce.
Anvers, Waelrant elJean Laet, 1565, in-4°
oblong. Des exemplaires de celte édition ont
un frontispice qui porte l'indication de Venise
et la même date. Une autre édition a été don-
née à Anvers par Pierre Phalèse, en 1585, et
une troisième, en 1594. 5° Canzoni scelti di
diversi eccellentissimi musici a 4 voci. An-
vers, P. Phalèse, 1587, in-4° obi. On trouve
«les compositions de Waelrant dans les recueils
intitulés : 1° Madrigali et Canzoni francesi
a 5 voci. Anversa , per Tilmano Susalo ,
1558,in-4° obi. 2° Canzoni alla Napoletana
aoelA voci. Veneliis (sic), 1565 (sans nom
d'imprimeur), in-4°.
WAET (Jacques); Voyez VAET (Jac-
<,>UES).
WAGENSEIL (Jean-Christophe), «loc-
10111' en droit, naquit à Nuremberg, le 26 no-
vembre 1633, parcourut pendant six années
l'Europe el une partie de l'Afrique, prit ses
degrés à Orléans, en 1665, puis fui nommé
professeur d'histoire et de droit à l'université
d'AlldoiT, et, en dernier lieu, bibliothécaire de
celte Académie. Il mourut le 9 octobre 1708,
à l'âge de soixante-quinze ans. On a de ce
savant un livre intilnlé : De sacri Rom.
Jmperii libéra civilale Noribergensi com-
menlalio. Jccedit de Germanix phouas'
corum (maîtres chanteurs) origine, prx-
stantia , utilitate et institutis, sermone
vernaculo liber. Allorfii Noricorum, Typis
impensisque Jodoci Wilhelmi Kohlesii , 1697,
in-4° «le 576 pages. La partie du livre relative
aux mailles chanteurs allemands comprend
pages 455 à 576. On y trouve, dans un appen-
dice de 8 pages, des mélodies «le chants des
célèbres poètes - musiciens du moyen âge,
Henri Muhlings, Frauenlob, Louis Marner et
Reyenbogen.
WAGENSEIL (Georges- Christophe) ,
claveciniste et compositeur, naquit à Vienne,
en 1688. Fux fut son maître de contrepoint :
on ignore le nom de l'artiste qui lui apprit à
jouer «lu clavecin. Il fut le maître «le musique
de l'impératrice Marie-Thérèse, qui lui accorda
une pension de quinze cents florins dans sa
vieillesse. Attaqué d'un rhumatisme goutteux
qui avait presque paralysé l'usage de ses
doigts, et déjà parvenu à l'âge de quatre-
vingt-quatre ans, il joua du clavecin devant
l'historien de la musique Burney. Celui-ci
assure, dans la relation de ses voyages, qu'on
pouvait encore juger de son habileté d'autre-
fois. Wagenseil avail été, dans sa jeunesse, le
compositeur à la mode pour le clavecin, et
longtemps après , sa musique était encore
recherchée. On se rappelle que Mozart, jouant,
à Vienne, devant l'Empereur, en 1762, ditàcel
artiste : Monsieur, je vais jouer un de vos
concertos : veuillez me tourner les pages.
Wagenseil mourut à l'âge de quatre-vingt-
douze ans, vers la fin de 1779. Il s'était essayé
au théâtre; car j'ai vu «le lui un opéra intitulé
Siroe, à Milan. On connaît aussi de sa compo-
sition Gioas re di Giuda. Un Confitebor à
4 voix, un Salve regina el un Magnificat,
sont lout ce qu'on connaît de sa musique
d'église. Ses œuvres de musique instrumentale
imprimés sont : 1° Suavis artificiose elabo-
ratus concenhis 7nusicus conlinens 6 par-
tftias selectas ad clavicembalumeompositas.
Itamberg, 1740. 2° Sei divertimenli di ceni-
balo, op. 1. Vienne. 3° Six idem, op. 2, ibid.
4" Six idem, op. 3, ibid. 5° Quatre sympho-
nies pour le clavecin, avec 2 violons et basse,
op. 4, ibid. 6" Deux divertissements pour cla-
vecin, violon et basse, et un troisième pour
2 clavecins, op. 5, ibid. 7° Six sonales pour
clavecin et violon, op. G, à Paris. 8" Quatre
symphonies pour le clavecin avec 2 violons et
basse, op. 7, ibid. 9° Deux symphonies idem,
op. 8; à Vienne. Wagenseil a laissé en manu-
scrit. 10° Trente symphonies pour la chambre
WAGENSEIL- - WAGNER
393
et l'orchestre. 11° Trente-six trios pour
2 violons et basse. 12° Vingt-sept concertos
pour le clavecin. 13" Cinq suites de petites
pièces pour le clavecin. Tous ces ouvrages se
trouvaient chez Breilkopf, à Leipsick, au com-
mencement du dix-neuvième siècle.
W A GENSEIL ( Chrétie-i- Jacques ) ,
licencié à Kaufhauern, en Souahe, né dans ce
lieu le 2" novembre 1756, a été l'éditeur d'un
recueil périodique intitulé : Magazin von und
fur Schivaben , etc. (Magasin de la Souafhe et
pour la Souahe, etc.). Memmingen, 1788. On
y trouve quelques articles concernant la situa-
tion de la musique dans celte partie de l'Alle-
magne.
WAGNER (Christophe), né à Weyden-
herg, près de Bayreulh, le 9 novembre 1015,
composa les mélodies de quelques chants de
l'église protestante, entre autres du cantique
So gebst du tiun, mein Jesu, etc., cité par
Wetzel, dans son Histoire de cantiques, t. III,
p. 551.
WAGNEH (Gothard), bénédictin bava-
rois, naquit en 1679, à Erding, près d'Augs-
hourg, fit ses vœux à l'abbaye de Tegernsée,
en 1700, et y mourut en 1739. Sa musique
d'église a été estimée en Allemagne , particu-
lièrement en Bavière. On a imprimé de sa
composition : 1" Der Marianische Schwan,
vor seinem Tode, das Lob Maria f'erkiindi-
gend, von eltliche und 80 Arien (Le cygne de
Marie chantant les louanges de la mère de Dieu
avant sa mort, en quatre-vingt et quelques
airs). Augshourg, 1710, in-4°. Ce recueil l'ail
beaucoup d'honneur à son auteur. 2" Mu-
sikah'scher Hof-Garten , der iibergebene ■
dcyten Himmels Kœnigin allzeit Jung-
frduen und Mut ter Cottes Maria;, von 100
a canto oder Alto nebst H. C. geselzen Arien
(Jardin musical de cour, consistant en 100
airs pour soprano ou alto avec basse continue).
Augshourg, 1717, in-4». 3° Der Marianische
Spring-Brunn in dem Musikalischen Hof-
Garten der Jungfrauen und Mutler Gotles
Maria in 31 Arien, a canto oder Alto solo
(La source d'eau vive dans le jardin musical de
Marie, vierge et mère de Dieu, consistant en
31 airs pour soprano ou alto). Augshourg,
1720, in-4°. 4° Das Marianische Immelein,
in sich haltend 52 Arien oder teulsche Mo-
tetlen a Canto, Alto, Tenore e Basso solo,
nebst Zugehœrigen Instrumentai (La petite
abeille de Marie, recueil de 52 airs ou motets
allemands pour soprano, alto, ténor et basse
solo, avec accompagnement d'instruments).
Augshourg, 1730, in-4°.
WAGNER (Georges-Godefroid), né à
Muhlberg, le 5 avril 1698, se livra dès sa jeu-
nesse à l'élude du clavecin, du violon et de plu-
sieurs autres instruments. Le séjour qu'il ht
ensuite à Leipsick, pour y suivre les cours de
l'université, lui fournit l'occasion d'entendre
les bons violonistes qui s'y trouvaient, et sur-
tout de former son goût, en assistant, pendant
trois ans, à l'exécution des compositions de
J.S.Bach. En 1726, Wagner fut appelé, à
Plauen, en qualité de cantor ; il occupait en-
core celle place en 1740. Il est mort à Plauen
en 1759. Ce musicien distingué a laissé en
manuscrit beaucoup de morceaux de musique
d'église, des oratorios, desouverlures pour l'or-
chestre, des concert os, trios et solos pour violon.
WAGNER (Jean-Joaciiim), très-bon fac-
teur d'orgues, vécut à Berlin au commence-
ment du dix-huitième siècle. Ses principaux
ouvrages ont été : 1° L'orgue de l'église Sainte-
Marie, à Berlin, composé de quarante jeux,
trois claviers etsix soulïlets, construit en 1722.
Longtemps après , Vogler a appliqué à cet
instrument son système de simplification.
2" L'orgue de l'église de la garnison, composé
de cinquante el un jeux, terminé en 1725.
3° L'orgue à deux claviers et pédale, composé
de irenle jeux, dans l'église paroissiale de
Berlin, construit en 1730. 4" Celui du temple
de Jérusalem, dans la même ville, de vingt-
six jeux, deux claviers el pédale, achevé en
1732. 5" L'orgue de l'église Saint-Georges, de
Berlin, à deux claviers. 6" L'orgue de l'église
Sainte-Marie, de quarante jeux, Irois claviers,
pédale, etc. 7° Plusieurs petits instruments de
huit pieds, à un ou deux claviers.
WAGNER (Jean-Michel), et son frère
Jean, facteurs d'orgues et de clavecins re-
nommés, vécurent à Schmiedtfeld, près de
Henneherg, vers le milieu du dix-huitième
siècle. En 1770, ils construisirent dans la
grande église d'Arnheim, en Hollande, un
orgue composé de quarante-sept jeux, trois
claviers, pédale et huit soufflets de dix pieds de
longueur sur six de largeur. Cet instrument
leur fut payé cent mille florins (?). Les clave-
cins des frères Wagner ont eu de la réputation.
WAGNER (Ciiiiétie;«-Sai.omom), né à Me-
dingen, en 1754, et son frère aîné, Jean Golt-
lob, furent facteurs d'instruments à Dresde,
et travaillèrent ensemble jusqu'à la mort de
Jean-Gotllob , en 1789. Chrélien-Salomon
continua seul alors la fabrication des instru-
ments. Il vivait, encore à Dresde en 1806. Les
frères Wagner construisirent, en 1786, un in-
strument à trois claviers auquel ils donnèrent
394
WAGNER
le nom de clavecin royal. Le nombre de pia-
nos et de clavecins sortis de leurs ateliers s'é-
lève à plus de huit cents.
WAGNER ( ); on a sous ce nom un
écrit intitulé : Etwas von und ilber Musik
( Quelque chose concernant la musique ).
Francfort-sur-le-Main, 1778, in-8° de douze
feuilles.
WAGNER (Jean-Georges), professeur de
philosophie à Wilizbourg, né à Ulm, le 21
janvier 1775, et auteur de nombreux ouvrages
remarquables par l'originalité des idées, con-
cernant les diverses parties de la philosophie,
a écrit aussi plusieurs bonnes dissertations sur
l'esthétique musicale, sur le chant et sur les
instruments, sur la modulation et sur la com-
position, dans les volumes 25e et 26e de la Ga-
zelle musicale de Leipsick.
WAGI>ER ( Jacques-Charles ) , né à
Darmstadt, le 22 février 1772, fut d'abord
élève de Porlmann, puis reçut des leçons de
l'abbé Vogler, vers 1791. Admis en 1790 à la
chapelle du grand-duc de llcsse-Darmsladt,
il y brilla comme virtuose sur le vioion, depuis
celte époque jusqu'en 1805. En 1808, il fit un
voyage à Paris et s'y lit connaître comme mu-
sicien distingué. De retour à Darmstadt, n ob-
tint la place de maître de concerlde la cour, et
quelques années après, le prince lui accorda
le titre de maître de chapelle. Il mourut dans
cette ville, le 25 novembre 1822, à l'âge de
cinquante ans. Wagner a écrit pour le théâtre
de Darmstadt : 1° Pigmalion, grand opéra en
ileux actes. 2° Der Zahnartz (Le Dentiste),
opéra comique en un acte, représenté en 1810.
3° Herodes von Bethléem , en deux actes,
dans la même année. 4° Adonis, monodrame.
5' IVitétis. grand opéra en trois actes, repré-
senté en 1811. G0 Chimène, grand opéra en
trois actes, représenté en 1821. 7° Plusieurs
cantates dramatiques, en diverses circon-
stances, pour le service de la cour de Darm-
stadt. Wagner a publié de sa composition :
1° Première symphonie à grand orchestre;
Darmstadt, chez l'auteur. 2° Deuxième idem;
Leipsick, Breitkopfet Hœrtei. 3° Ouverture à
grand orchestre, n° 1 (en ut); n° 2 (en re),
Leipsick, Breitkopf et Heertel. 4° Ouverture
pour la Pucelle d'Orléans, ibid. 5° idem pour
le drame Goetz de Berlichingen, ibid. G" Trois
trios pour flûte, violon et violoncelle, op. 1;
Heilbronn, 1795. 7° Trois sonates pour piano
et violon, op. 4:Bruns\vick. 8° Quarante duos
pour deux cors, op. 5; Darmstadt, 179G.
9° Plusieurs thèmes variés pour piano .
10° Quelques petites compositions pour flûte
et pour violon. Dans ses dernières années,
Wagners'occupa particulièrement de la théo-
rie et delà critique de la musique. On a de lui
un livre intitulé : Handbuch zum Unterricht
fur die Tonkunst (Manuel pour l'enseigne-
ment de la musique); Darmstadt, 1802. Il a
fourni aussi quelques articles de critique à la
Gazette musicale de Leipsick.
WAGNER (Ernest-David), directeur de
musique et organiste à l'église de la Trinité à
Berlin, est né le 18 février 1806, à Drambourg
(Poméranie). Une première instruction incom-
plète lui fut donnée par son père, pour le
piano, et par son frère aîné pour le violon ;
puis il se livra seul à l'élude de plusieurs au-
tres instruments. Dès l'âge de douze ans, il
remplissait les fonctions d'organiste et de
canlor dans les églises de quelques villages
voisins. Destiné à l'état ecclésiastique, il dut
interrompre ses éludes, à cause de la mort de
ses parents et fut obligé d'accepter une place
de précepteur, à l'âge de dix-huit ans. Quelque
temps après, il entra au séminaire de Coslin.
En 1827, on lui confia les places d'organiste
el île professeur de la première école des filles
à Neu-Stetlin. Ce fut alors qu'il pril la résolu-
lion de suivre la carrière de musicien. Dans le
but de perfectionner ses connaissances dans
l'art, il écrivit au ministre des cultes pour sol-
liciter son admission à l'Institut de musique
religieuse de Berlin, et, comme preuve de sa
capacité, il accompagna sa demande d'un
morceau de sa composition pour piano et or-
chestre. Sa requête ayant été favorablement
accueillie, il partit pour Berlin, en 1830, ayant
déjà atteint l'âge de vingt-quatre ans. Son
professeur d'orgue à l'Institut fut A. -W. Bach,
el Killitschgy lui donna des leçons de piano.
Plus lard, il fut aussi élève de l'Académie
royale des beaux-arts et y reçut de Rungen-
hagen des leçons de théorie de la musique.
Plusieurs de ses compositions furent exécutées
aux séances publiques de l'Académie, depuis
1835 jusqu'en 1838, et des prix lui furent dé-
cernés. Ses études musicales étant terminées,
Wagner obtint les places de directeur de mu-
sique et de cantor à l'église Saint-Matlhieu de
Berlin, et, le 1er avril 1848, il fnt nommé or-
ganiste de l'église de la Trinité, en remplace-
mcntdeRuhnau.En 1858, cet artisleeslimablc
a obtenu le titre honorifique dedirecteur royal
de musique. Dès 1837, il était membre de
l'Académie de chant, pour laquelle il a écrit
divers morceaux de musique religieuse. Au
nombre de ses compositions, on remarque :
1° Le Psaume Gott ist meine Zuversicht,
WAGNER
395
pour des voix d'hommes, op. 1 ; Berlin, Bech-
lold et Hartje. 2° Deux molcls idem, op. 6;
Leipsick, Rlemm. 3° Des Lieder à voix seule
et pour des voix d'homme. 4° Des pièces de
différents genres, en général faciles, pour le
piano. 5° Préludes d'orgue pour quarante-huit
mélodies chorales, op. 16; Berlin, Trautwein
(Bahn). 6° Choralbuch (Livre choral) contenant
les mélodies connues, arrangées pour piano;
ibid.
WAGI\ER (Guillaume-Richard), musi-
cien et poète novateur, est né à Leipsick, le
22 mai 1813. Il n'était âgé que de dix mois
lorsqu'il perdit son père, qui était greffier du
tribunal. Sa mère ayant contracté un nouveau
mariage avec l'acteur et peintre, Louis Geyer,
qui bientôt après fut engagé au théâtre de
Dresde, toule la famille alla se fixer dans cette
ville. D'après le désir de son beau-père,
Wagner était destiné à cultiver la peinture.
Ce projet ne reçut pas son exécution, parce que
Geyer mourut avant que l'enfant eût accompli
sa septième année. A l'âge de neuf ans, il fut
envoyé par sa mère à l'école de La Croix. Plus
tard, il reçut quelques leçons de piano d'un
précepteurqui I ni expliquait Cornélius Nepos ;
mais l'indépendance de son caractère ne s'ac-
commodant pas de l'éducation régulière qui lui
était donnée, il rompit avec son mailre et
n'eut plus d'autre guide que lui-même. Pas-
sionné pour la poésie, il la cultiva avec zèle et
se rendit à Leipsick, où il entra dans l'école
de Nicolaï. Il s'y occupait d'une tragédie dont
il avaitconçu le plan, lorsque l'audition d'une
symphonie de Beethoven fit sur lui une im-
pression si profonde, qu'il prit dès lors la ré-
solution d'elle musicien. Entré à l'Université,
il y suivit les cours de philosophie et d'esthé-
tique, et dans le même temps il se livra à
l'élude de l'harmonie et de la composition sous
la direction de Weinlig , cantor de l'école
Saint-Thomas. Le premier fruit de celte élude
fut une ouverture qu'il écrivit et qui fut exécu-
tée aux concerts du Geivandhaus. Elle fut
suivie, après plusieurs autres travaux, d'une
symphonie, qui fut également entendue avec
quelque succès dans la même salle de concert,
le 10 janvier 1833.
Les éléments de la suite de celle notice vont
être tirés de la longue préface placée par
Wagner en tête du recueil des poèmes de trois
de ses opéras (1), et à laquelle il a donné le
titre de Communications à mes amis (Mit-
il) Drei Opcrnclichtungen ncbsl Miuhcilungen an
seine Frcundcols Vorwort ; Leipsick, liieilkopf et Hœr-
tel, 1S5'2, 1 vol. pel. in-8».
theilungen an meine Freunde). Rien de plus
curieux que ce morceau, dont l'étendue est de
près de deux cents pages; car il ne nous fait
pas seulement connaître les vues de l'artiste
et l'histoire de ses œuvres, il nous révèle
l'homme loutenlier. Or, comme le dit Wagner
lui-même, l'homme est inséparable de l'ar-
tiste. Il s'explique à ce sujet d'une manière
catégorique dès la première page de ses révé-
lalions : « J'adresse, dit-il, ces communica-
» tions à mes amis; car je ne puis être com-
» pris que par ceux qui éprouvent le besoin et
» le désir de me comprendre, et ceux-là ne
» peuvent être que mes amis. Mais je ne puis
» considérer comme tels ceux qui disent m'ai-
» mer comme artiste, el qui croient devoir
» me refuser leur sympathie comme homme,
» parce qu'ils confondent le nom d'homme
>■> avec celui de sujet. Si la séparation de l'ar-
» liste de l'homme est aussi dépourvue de bon
» sens que la séparation de l'âme d'avec le
» corps (!), il est certain que jamais artiste n'a
» pu êlre aimé, jamais son art n'a pu être
» compris, sans qu'il fût aimé (du moins
» involontairement) comme homme, et sans
» qu'on comprit à la fois ses œuvres et sa
» vie. »
Wagner avait atteint sa vingtième année,
lorsqu'on exécuta sa symphonie à Leipsick : il
n'entendit pas son œuvre, parce que le mauvais
élat de sa santé l'avait obligé de s'éloigner de
cette ville pour aller chercher un climat plus
doux à Wlirzbourg, près de son frère, profes-
seur de chant et père delà cantatrice Johanna
Wagner. Se trouvant dans une situation de
santé meilleure, après une année de calme et
de repos, Richard Wagner s'occupa de la
recherche d'une position; il la trouva dans la
place de directeur de musique au théâtre de
Magdebourg, où il fui installé dans les derniers
jours de 1834. Ainsi qu'il le dit lui-même, il
ne connaissait jusqu'à celte époque que l'imi-
tation du style des compositeurs renommés.
VObéron, de Weber, et le Fampire, de
Marschner, qu'on représentait alors à Leipsick,
lui donnèrent l'idée d'un texte d'opéra inti-
tulé Les Fées, qu'il tira d'une nouvelle de
Gozzi : il le mit immédiatement en musique (1).
Celle musique était l'écho des impressions
qu'avaient produitessur lui les œuvres de Beet-
hoven et de Weber. Bientôt désabusé sur son
ouvrage, et placé sous l'empire de passionsd'un
autre genre, que sesrelalionsde théâtre avaient
attisées, il sentit ses idées se modifier et prendre
(I) I.oIjc donne un autre titre à cet ouvrage : il l'ap-
pelle La jemme eomme serpent.
396
WAGNER
«les tendances plus individuelles. Ce fut alors
qu'il conçut le plan d'un opéra intitulé La
Novice de Palerme, qui fut représenté sur le
théâtre de Magdebourg, le 29 mars 1836, et ne
réussit pas. Le méconlenlemenlqu'eut Wagner
de l<n chute d'un ouvrage auquel il attachait
alors do l'importance, lui fit abandonner sa
place dans la même année (1 ). Au commence-
ment de 1837, on le retrouve à Kœnigsherg,
dans la position de chef d'orchestre du théâtre;
mais, par des motifs qui ne sont pas connus,
il n'y resta que quelques mois. Lui-môme
garde le silence sur celle époque de sa vie,
dans ses Communications à ses amis. J'ai
tiré ce renseignement des journaux allemands
de musique qui paraissaient alors. Autant
qu'on peut comprendre son récit (page 45),
c'est à la même époque que dut avoir lieu le
mariage qu'il contraclafrop légèrement, dit-il.
Voici la traduction de ses paroles : « J'étais
k amoureux; je me mariai par obstination, et
» je rendis malheureux moi-même et autrui,
» tourmenté par les ennuis de la vie domes-
<> tique pour laquelle je ne possédais pas le
» nécessaire. C'est ainsi que je tombai dans
» la misère, dont les effets tuent tant de
» milliers d'individus. »
Engagé comme directeur de musique du
théâtre de Riga, Wagner se rendit dans celte
ville. Il y eut d'abord le projet de composer
un opéra-comique dont il lira le sujet des
Mille et une Nuits: il en écrivit les deux pre-
mières scènes; mais bientôt, dit Lobe, il vit
avec effroi qu'il s'engageait dans une mauvaise
voie, en imitant le style de la musiqued'Aubcr,
et il abandonna celle entreprise. Résolu de
sortir de la malheureuse situation où il se
trouvait et de se rendre à Paris, pour y écrire
un grand opéra, il conçut le plan d'un ouvrage
de ce genre, et en lira le sujet d'un roman
de Bulwer. C'était Rienzi , le dernier des
tribuns. Travaillant avec ardeur, il acheva
dans l'été «le 1839, le lexte «le cet ouvrage,
ainsi que la musique des deux premiers
actes. Ce fut alors que, poussé par le déses-
poir, il rompit, dit-il, les rapports qui
avaient existé jusqu'à ce moment , et se
mit en roule directement de Riga pour Paris,
sans posséder les ressources nécessaires pour
iin si long voyage. Le vaisseau sur lequel il
s'élait embarqué fut battu par la tempête el
jeté sur les côles de la Norwége. Ces rudes
épreuves et la vue des contrées du Nord furent
(I) Lobe mentionne aussi un opéra \nlUu\c la Défense
d'amour, «pic Wagner envoya alors a Uerlin, et donl il
lie put obtenir la représentation.
pour lui l'occasion d'une nouvelle inspira-
tion : il en rapporta l'ébauche du Vaisseau
fantôme. Arrivé à Boulogne, il y resta quatre
semaines et y fit la connaissance de Meyerbeer,
qui se montra pour lui plein de bienveillance
et de générosité, et qui, après son arrivée à
Paris, le présenta à M. Léon Pillet, directeur
«le l'Opéra. En entrant dans la capitale de la
France, Wagner ne possédait que l'ébauche
d'un opéra el l'espoir «l'un temps meilleur.
« Je me liais en la musique, «lit-il; la musique,
» langue universelle, el je la croyais propre à
» remplir, entre la vie parisienne et ma per-
» sonne, une lacune sur l'existence «le la«|uelle
« mon sentiment intérieur ne pouvait me
» tromper » (Page 52 des Communications
à ses amis.)
Le premier soin «le Wagner fut «le chercher
«les compatriotes qui pussent l'aider h sortir
de sa position actuelle. M. Maurice Schlesinger,
alors éditeur de musique et propriétaire delà Ga-
zette musicale, Uilcelmqui lui rendit les services
les pi us utiles ,en le chargea ni de travaux dont le
salaire suffisait aux besoins les plus pressants.
Puis il le mit en relation avec les artistes et
les littérateurs qui pouvaient l'aider à se faire
connaître et à réaliser ses espérances en lui-
même. Souvent aussi, M. Schlesinger essayait
de le diriger par ses conseils. Tantôt il lui
faisait composer des romances sur des paroles
françaises, alin «pie son nom pénétrât dans les
salons; mais les formes insolites de ces mélo-
dies el\es difficultés dont elles étaient rem-
plies, à cause de l'ignorance absolue «lu com-
positeur dans l'art du chant, rebutèrent les
chanteurs : pas un d'eux ne voulut se hasarder
parmi les écueils «le celte musique aussi étran-
gère aux habitudes de leur oreille «ju'à celles
«le leur larynx. Plus tard, Schlesinger obtint
de la société des concerts du Conservatoire la
promesse qu'on essayerait une ouverture de
son protégé, si l'effet répondait à ce <|u'il
annonçait. Sur cette assurance, Wagner semit
au travail, traça le plan d'une ouverture pour
le Faust de Goethe, qui ne «levait être «pie le
premier morceau d'une grande symphonie sur
le même sujet, el acheva rapidement cette
œuvre. On en fit une répétition, qui parut une
longue énigme aux exécutants. Après cette
épreuve, il ne fut plus question du placement
de l'ouverture dans le programme d'un concert.
Schlesinger et les autres' amis «le Wagner
avaient conçu le projet de lui faire écrire un
opéra de genre mixte pour le ihéàlre «le la
Renaissance. A celle occasion, il se souvint
«le son ancien livret de la De fensede l'amour;
WAGNER
397
on en commença une traduction française, elon
en confia l'arrangement à un liltéraleur connu
par ses succès au théâtre ; mais celui-ci déclara
bientôt que cette pièce n'avait aucune chance
de réussite sur la scène française, et il n'en fut
plus question.
Par une disposition d'esprit qui peut pa-
raître fort bizarre au premier aspect, mais qui
n'est qu'une conséquence naturelle de l'orga-
nisation de Wagner, il éprouvait peu de re-
grets de ces contre-temps. Il s'en rehaussait
même à ses propres yeux: car il considérait
comme indigne de lui de descendre des hau-
teurs auxquelles il aspirait pour les œuvres
frivoles qu'on l'engageait à faire. S'il se prê-
tait en apparence aux conseils de ses amis,
c'était dans le but de ne pas décourager leur
bonne volonté. Pour lui, il ne voulait arriver
qu'à l'Opéra, avec toute la puissance de son
effet musical et les magnificences de son
spectacle La persuasion que là était sa place
l'avait seule conduit à Paris. Ce qu'il avait vu
à ce théâtre avait de beaucoup surpassé ce
qu'il avait imaginé, et son désir de se pro-
duire sur celle vaste scène par un ouvrage sé-
rieux en était devenu plus énergique. Il ne se
dissimulait pas les difficultés qu'il devait ren-
contrer pour la réalisation de ses vœux : «Je
» manquais absolument, dit-il, des qualités
» personnelles qu'il eût fallu posséder.
» A peine avais-je appris assez de français
» pour me faire comprendre : celte langue
» m'inspirait des dégoûts invincibles. Je ne
» me sentais aucune inclinaison pour les ma-
» nières françaises, mais je me flattais d'im-
» poser les miennes. » Dans les premiers
temps de son séjour à Paris, lorsqu'il assistait
à une représentation de l'Opéra, ce qui, du
reste, était assez rare, il éprouvait une sorle
de vertige par l'effel des voix et de l'orchestre;
mais, plus tard, il eul l'espoir, la certitude
même, dit-il, qu'il emporterait la palme sur
ses rivaux, lorsqu'un de ses ouvrages serait
représenté sur cette scène magique.
Il y avait loin de là à l'arrangement de la
musique d'un vaudeville pour un théâtre îles
boulevards : la misère obligea cependant l'au-
teur dé Tannhxuser et de Lohengrin à subir
celle humiliation. Il n'en recueillit pas même
le bénéfice; car il se trouva, je ne sais com-
ment, que celle musique ne put servir. Alors
il ne resta plus à Wagner qu'une ressource of-
ferte par Schlesinger, à savoir, d'arranger,
pour le violon et pour le cornet à pistons, la
musique des opéras nouveaux. Il dul grin-
cer les dents en faisant ce travail. Le dégoût
qu'il en éprouvait détermina le bienveillant
propriétaire de la Gazette musicale à lui propo-
ser d'écrire de; morceaux de fantaisie pour ce
journal : morceaux quclradiiisait de l'allemand
en français une plume exercée. Wagner réus-
sit mieux dans celle entreprise que dans ce
qu'il avait fait précédemment à Paris. Deux
nouvelles composées par lui se font remarquer
par l'intérêt du sujet et par l'originalité de la
forme. La première est le pèlerinage d'un
jeune compositeur àVienne, pour y voir Beet-
hoven; l'autre, un musicien étranger qui veut
se faire connaître à Paris et qui meurt à la
peine. Dans le premier de ces morceaux, Wa-
gner avait pris pour sujet ses sentiments ; dans
le second, sa personne même. Ces fantaisies
fuient lues avec intérêt.
Après deux années de séjour à Paris, pas-
sées en tenlalives infructueuses, Wagner ar-
riva enfin à la conviction que ses idées et les
tendances de son goût n'y pouvaient réussir.
Dès lors, une seule pensée le préoccupa : re-
tourner en Allemagne et y faire représenter
sur un grand théâtre, sur un théâtre aulique,
suivant son expression, son Rienzi, qu'il avait
achevé, cl qui lui semblait alors la réalisation
complète de l'idée qu'il poursuivait depuis sa
première jeunesse. Il avait achevé aussi son
poème du Hollandais volant et s'était mis
en relation avec son pays pour l'admission de
ces ouvrages dans quelque grande capitale.
La mauvaise fortune qui le poursuivait depuis
longtemps vint à cesser tout à coup. Il reçut, à
peu d'intervalle, des lettres de Dresde et de
Berlin qui l'informaient de l'admission de
Rienzi au théâtre de la première de ces villes
et du Hollandais volant dans l'autre. Cepen-
dant une difficulté considérable l'arrêtait en-
core; car pour s'éloigner de Paris et faire un
long voyage, alors que les chemins de fer
n'existaient pas, il fallait beaucoup d'argent,
et Wagner n'en avait pas. Ce fut encore Schle-
singer qui vint à son secours, en lui confiant
l'arraugemcnt de la Reine de Chypre, d'IIa-
lévy, pour le piano. Quelle que fût la répu-
gnance du musicien-poëte pour des travaux de
celle espèce, il accepta avec joie les proposi-
tions de l'éditeur, dans la vue d'une prompte
délivrance de l'esclavage où Paris le retenait.
Partir, arriver, entendre enfin ces productions
qui avaient été le rêve de sa vie, telle était
alors sa seule pensée : le reste n'était que le
moyen. Une autre ressource plus immédiate
qu'un long et fastidieux travail lui fut offerte
dans le même temps par M. Léon Pillet, di-
recteur de l'Opéra. Cet administrateur avait
sas
WAGNER
besoin d'un sujet de drame pour le confier à
M. Dielsch, son protégé. On lui avait parlé du
Hollandais volant de Wagner : une négocia-
tion fut engagée pour qu'il le cédât en échange
de quelques centaines de francs, sous la con-
dition qu'il conserverait la propriété de son
œuvre en Allemagne et que le titre serait
changé à Paris. C'est ce même sujet qui,
traité par M. Paul Fouché sous le litre du
Faisseau fantôme, a été joué à l'Opéra avec
la musique de M. Dielsch. Wagner était donc
libre : une ère nouvelle s'offrail à lui ; le temps
des humiliations élail passé ; celui du triomphe
étail venu. C'est dans celte pensée consolante
qu'il s'éloigna de Paris, au commencement de
1842, après trois années de séjour qui n'a-
vaient été pour lui qu'une longue torture.
Au moment où Wagner s'éloignait de Paris,
son esprit étail préoccupé d'un nouvel ouvrage
dans lequel, ses tendances continuant à se ca-
ractériser, il se proposait de rompre d'une ma-
nière absolue avec les formes du drame mu-
sical de l'époque actuelle, et de placer l'art
dans des conditions différentes. Le sujet de cet
ouvrage lui avait été donné par la légende
populaire et par la chanson de Tannhœuscr.
Ce Tannhœuser, d'une famille noble de Fran-
conie, était un de ces trouvères allemands qui
brillèrent dans les douzième et treizième
siècles sous le nom de Minnesingers, qu'on tra-
duit par ceux de troubadours et de trouvères,
mais qui, littéralement, signifie chanteurs
amoureux, parce que le sujet de leurs poésies
chantées était souvent l'amour. Tannhœuser
était bon chevalier, suivant la vieille chanson
allemande :
« Der Tannhaeuser wasein Ritter gut »
Il cultivait avec un égal succès la poésie, la
musique et fut un digne rival des Wolfram
d'Eschenbach, deWalther de Vogelweide, de
Rodolphe de Rothenbourg, d'Ulrich de Lich-
lenstein,en un mot des plus célèbres, si nous en
jugeons par les seize chansons et ballades qui
nous sont parvenues sous son nom. En 1207,
Tannhaeuser, ou Tannhauser, ou, enfin, Tan-
hilser, reçut, comme tous les poëtes-chanteurs
de l'Allemagne, une invitation du landgrave de
Thu Dirige pour prendre part au mémorable
tournoi poétique ouvert par ce prince à son
château de Warlbourg, près d'Eisenach. Point
ne manqua au rendez-vous le Minnesinger.
C'est ici que commence le sujet de l'opéra de
Wagner. Il paraît que le chevalier avait trouvé
en son chemin un des rares manuscrits des mé-
tamorphoses d'Ovide, et qu'il s'était épris d'une
véritable passion pour les allégories du paga-
nisme, particulièrement pour les galanteries
de Vénus. Il chanta avec enthousiasme les dé-
lices que l'on goûte dans un lieu mystérieux
nommé le T'enusberg. Un cri d'indignation
s'échappa de toutes les bouches, lorsqu'on en-
lendit faire l'éloge de l'amour sensuel, au lieu
de cet amouisi pur, si platonique, dont étaient
épris la plupart des minnesingers, pour des
beautés qui n'existaient que dans leur imagi-
nation. Déclaré indigne du prix, Tannhaeuser
s'éloigna le cœur ulcéré. Cependant, le re-
mords finit par y pénétrer, et le poète se rendit
à Rome pour y confesser ses failles, dont il es-
pérait l'absolution ; mais elle lui fut refusée,
Désespéré, furieux, et n'espérant de joie que
dans ce qui avait causé sa perte, Tannhaeuser
voua de nouveau son culle à la fausse divinité
qui l'avait égaré. Il mourut dans l'impénitence
finale et tomba au pouvoir du démon. Telleest
la légende dont Richard Wagner s'empara
comme sujcl d'un drame musical dans lequel
il se proposait de réaliser ses vues finales con-
cernant l'opéra. Celle légende et la chanson
populaire lui étaient tombées sous la main à
Paris. Se dirigeant vers Dresde, où l'attendait
la mise en scène de son Rienzi, il suivit la
vallée de la Thuringe et passa près du château
de Warlbourg, dont l'aspect donna plus de
force au projet qu'il avait conçu. Dès ce mo-
ment, il élabora le sujet de Tannhaeuser, et
caressa son imagination de l'espoir d'un beau
succès. Son retour en Allemagne élail alors
l'espoir de son avenir, comme l'avait été, trois
ans auparavant, son arrivée à Paris. « Je fou-
» lais de nouveau, dit-il, le sol de ma palrio-
)> tique et chaleureuse Allemagne. »
Arrivé dans la capitale de la Saxe, Wagner
eut à s'occuper des répéiïUons de Rienzi; il y
trouva une satisfaction qu'il n'avait pas en-
core goûtée. L'intérêt que les chanteurs accor-
daient à son ouvrage, le zèle dont ils fai-
saient preuve dans l'élude de leurs rôles, et
les éloges qu'ils lui décernaient, le remplis-
saient de joie. Enfin arriva le jour de la repré-
sentation, qui fut aussi celui du triomphe de
l'artiste : le succès de l'opéra fut complet.
Le public comprit - il ce qu'il applaudis-
sait? Cela est au moins douteux, quoique les
formes de le musique de Rienzi soient moins
étrangères aux habitudes acquises que celles
des autres ouvrages de Wagner. Beaucoup de
personnes m'onl avoué, à Dresde, qu'il y avait
eu pour elles un mouvement d'enlrainemcnt
causé par Pélrangelé des déterminations de la
pensée, qui leur avait paru annoncer un génie
WAGNER
309
créateur destiné à diriger l'art dans des voies
nouvelles. Quoi qu'il en soit, cet heureux ré-
sultat eut, peu de jours après, des conséquen-
ces que l'artiste n'avait pas prévues et qui
achevèrent la transformation de son existence,
car le roi «le Saxe le nomma son maître de
chapelle et lui accorda un traitement considé-
rable. « Eh quoi, dit-il, moi, naguère isolé,
» abandonné, sans feu ni lieu, je me trouvais
» tout à coup aimé, admiré, contemplé même
» avec élonnement ! De plus, par l'effet de ce
>i succès, je trouvais une base solide et dura-
» ble de bien-élre de mon existence dans ma
» nomination, aussi inattendue que surpre-
» nante, demailredela chapelle royale de
» Saxe! N'était-il pas naturel que je m'aban-
» donnasse à de douces illusions, destinées
» pourtant à être dissipées par un douloureux
» réveil ? »
Tout le monde comprendra le sentiment ex-
primé dans ces phrases ; mais il est difficile
d'accorder une raison bien saine à celui qui,
après celte explosion conforme à la nature
humaine, nous apprend qu'il eut une grande
répugnance à accepter la position que la bonté
du roi venait de lui accorder. Il y a sur cela
deux pages d'incroyables divagations dans les
Communications de M. Wagner à ses amis
(pages 71) et 76). Quel que soit l'immense or-
gueil dans lequel se résume toute la personna-
lité de cet artiste, et dont les Communications
à ses amis sont un monument si curieux, on
a peine à se persuader la réalité de ses hésita-
tions. Pour moi, je considère ces pages
comme une préparation à des explications
difficiles qui doivent venir plus loin sur cer-
taines circonstances dans lesquelles l'auteur
s'est trouvé. Quoi qu'il en soit, les amis aux-
quels il confia ses scrupules, dit-il, ne les com-
prirent pas. Plus sensés que lui, ils écartèrent
ses objections et le décidèrent à accepter l'hu-
miliation d'être heureux.
Le succès de Rienzi avait décidé la direction
du théâtre de la cour de Dresde à mettre en
scène le Vaisseau fantastique, appelé pat-
Wagner le Hollandais volant (Der fligende
Hollander). L'ouvrage fut mis immédiatement
à l'étude, bien que la composition du per-
sonnel chantant ne fût pas pour cet ouvrage ce
que l'auleur aurait désiré. Le ténor chargé du
rôle principal était, suivant lui, absolument
insuffisant. Soit pour cette cause, ou pour
toute autre, cette œuvre, à laquelle Wagner
accordait ses prédilections, eut une chule
complète. le 2 janvier 1843. Je n'ai pas besoin
de dire que l'auteur ne vit dans celte chule
qu'un défaut d'intelligence du public. .Cepen-
dant ses amis les plus intimes n'essayèrent
même pas de défendre son ouvrage; ils crurent
lui rendre un service plus utile en effaçant le
souvenir de celle défaite par une reprise bril-
lante de Rienzi. On se rappelle que des arran-
gements avaient été fails par le compositeur
avec le théâtre royal de Berlin pour la repré-
sentation de ce même Hollandais volant;
mais, après la chule de cet ouvrage au théâtre
de Dresde, Wagner avait peu d'espoir qu'on
voulût encore le mettre en scène dans lacapi-'
taie de la Prusse; toutefois il y fut représenté
deux fois au commencement de 1844. L'exé-
cution en fut satisfaisante, mais l'ouvrage ne
put se soutenir au répertoire, bien que plu-
sieurs morceaux eussent été applaudis, car la
salle fut presque déserte à la seconde représen-
tation. La critique ne parla guère que de l'ex-
centricité des formes de la musique, et le peu
de sy m palhie qu'elle mon Ira pour celle musique
eut sans doute une fâcheuse influence sur le
public. An milieu des chagrins que lui causait
l'insuccès de son opéra, une consolation vint
pourtant trouver le poète-musicien : ce fut une
lettre de Spohr, par laquelle ce vieux mailre
informait Wagner qu'il avait donné des soins
à l'exécution de son Hollandais volant, au
théâtre de Cassel, et l'encourageait à persé-
vérer dans la voie qu'il s'était tracée.
Wagner attachait tant d'importance à la
conception de son ouvrage et croyait si ferme-
ment à son succès, que la chute le jeta, pen-
dant quelque temps, dans le découragement.
Ses projets de gloire par la transformation du
drame musical se trouvaient (ont à coup ren-
versés. Diverses circonstances vinrent ajouter
à sa disposition d'esprit actuelle. A Hambourg,
Rienzi n'avait pas réussi; des copies auto-
graphes de ses deux opéras avaient été en-
voyées par Wagner aux directeurs de ihéâlres
de quelques grandes villes : la plupart lui fu-
rent retournées, sans qu'on eût même, dit-il,
ouvert les paquets. Enfin, l'artiste se trouvait
dans unede ces phases, trop fréquentes dans la
carrière des arts, où la route à parcourir pré-
sente plus d'écueils que de sentiers fleuris. Le
ciseau du statuaire, les pinceaux du peintre,
la plume du poète et du musicien sont souvent
foulés aux jiieds comme d'indignes instru-
ments de supplice. Cependant il y a au cœur
de celui qui a foi en sa mission un besoin de
produire qui, bientôt, guérit les blessures de
Pamour-propre et ramène l'artiste à l'art qui,
tour à tour, est l'objet de son culte et de ses
malédictions. Le véritable artiste, disait Mé-
400
WAGNER
Iiul, n'est jamais entièrement satisfait, si
ce n'est de l'ouvrage qu'il va faire. Mais si
l'homme d'élite s'avoue les imperfections de
son œuvre et se consume en efforts pour les
éviter à Pavenir, il ne veut pas que d'autres
les aperçoivent, encore moins qu'elles devien-
nent l'objet de manifestations humiliantes.
Celte disposition d'esprit n'était pas celle de
Wagner, car il était satisfait de ce qu'il pro-
duisait. S'il éprouvait du découragement, la
cause n'en était pas dans un aveu tacite des
défauts de son ouvrage, mais bien dans la
conviction, ou que l'exécution n'en avait pas
mis les beautés en relief, ou que le public
était inhabile à le comprendre. Ses communi-
cations à ses amis ne laissent aucun doute à
cet égard. Ça et là il rencontrait quelque en-
thousiaste qui, par penchant pour la nouveauté
des formes, quelle qu'elle fût, l'encourageait
à persévérer dans sa voie : celui-là seul lui
paraissait digne de l'entendre. « A Berlin, dit-
» il, où j'étais absolument inconnu, je reçus
» de ilcwx personnes qui m'étaient étrangères
» et que l'impression produite par le Hollan-
n dais volant avait amenées vers moi, la
» première satisfaction complète qu'il m'eût
» été donné de goûter, avec l'invitation de
» continuer dans la direction particulière que
» je m'étais tracée. Dès ce moment, je perdis
» de plus en plus de vue le véritable public.
» L'opinion de quelques hommes intelligents
» prit chez moi la place de l'opinion de la
« masse, qu'on ne peut jamais saisir, bien
» qu'elle eût été l'objet de mes préoccupations
« dans mes premiers essais, alors que mes
>i yeux n'étaient pas ouverts à la lumière.
n L'intelligence de mon but me devint
» de plus en plus lucide, et pour m'assurer
» qu'elle serait partagée, je ne m'adressai
» plus à celte masse qui n'avait aucun rap-
» port avec moi, mais bien aux individualités
» dont les dispositions el les sentiments
» étaient analogues aux miens. Celle position
» plus certaine, relativement à ceux qui de-
» vaient recevoir mes communications, exerça
» désormais une influence très-importante sur
» mon caractère d'artiste. »
Sorti enfin de l'accablement occasionné par
la chute du Hollandais volant. Wagner
voulut poursuivre sa mission de réformateur
de l'opéra et revint à son sujet de Tann-
/li'uscr, dans la disposition d'esprit qu'il vient
d'expliquer lui-même. La composition de cet
ouvrage fut laborieuse et pénible; la santé de
l'artiste en fut même altérée. Les médecins
avaient jugé nécessaire qu'il allât aux bains de
la Bohème et qu'il suspendit ses travaux : il
s'y rendit en effet, mais il n'y suivit qu'à
demi les prescriptions de la médecine ; car il
y ébaucha le plan de son opéra le Lohengrin.
De retour à Dresde, il fit commencer les ré-
pétitions de Tannhxuser. La direction du
théâtre royal espérait beaucoup de cet opéra,
cl avait fait de grandes dépenses pour sa mise
en scène. Les acteurs, le chœur et l'orchestre
rivalisèrent de zèle, pour que l'exécution ré-
pondît à la pensée du poëte-musicien ; mais le
résultat ne répondit pas aux espérances de
succès qu'on avait conçues. Ici se trouve une
des nombreuses contradictions qui remplissent
la longue préface des œuvres dramatiques de
Wagner. Il a dit tout à l'heure qu'il avait pris
la résolution, en écrivant Tannhxuser, de ne
plus s'occuper de l'elTel à produire sur le pu-
blic en masse et de ne chercher à satisfaire
que quelques individualités dont les opinions
sympathisaient avec les siennes : maintenant
il avoue qu'il avait cru répondre, dans son ou-
vrage, aux tendances du goût de la population
de Dresde; mais le public fut complètement
trompé dans son attente : il sortit de la repré-
sentation en témoignant son mécontentement,
et l'ouvrage ne put être joué que deux fois.
« Je fus, dit Wagner, accablé de ce revers et
» ne pus me dissimuler l'isolement dans le-
» quel je me trouvais. Le petit nombre d'amis
« qui sympathisaient de cœur avec moi se sen-
» laient eux-mêmes découragés par un vif
» sentiment de ma pénible situation. Une se-
» maine s'écoula avant que la deuxième re-
» présentation pût être donnée, parce que des
» changements et des coupures avaient paru
» nécessaires pour rendre plus facile l'inlelli-
» gence de l'ouvrage. Cette semaine eut pour
» moi le poids d'une vie tout entière. Ce ne
» fut pas la vanité blessée qui me frappa au
» cœur, mais l'anéantissement absolu de
» toutes mes illusions. Il devint évident pour
» moi, qu'avec le Tannhxuser, je ne m'étais
» révélé qu'au petit nombre de mes amis in-
» times, et non au public à qui je m'adres-
» sais involontairement par la représenta-
» lion de l'ouvrage. Il ne me parut pas pos-
* sible de concilier cette contradiction. •■ Les
coupures, les changements qui avaient été-
faits dans l'intervalle de la première représen-
tation à la deuxième, n'avaient produit au-
cune amélioration dans l'impression que fai-
sait l'opéra sur le public : il fallut renoncer à
le faire entendre une troisième fois. C'est alors
seulement que Wagner fit les réflexions qu'on
vient de lire. Je suppose que mes lecteurs con-
WAGNER
401
naissent déjà assez celui qui esl l'objet de celle
notice, pour être persuadés qu'il ne lui vint
pas à l'esprit que, dans celle lutte prolongée
avec le .public, l'erreur pouvait être de son
côté. Non : ce qu'il aurait fallu, c'eût été de
lever le voile qui couvrait l'intelligence de la
niasse; mais comment l'espérer, placé comme
il était en face de noire opéra actuel, sous l'em-
pire de ses jouissances auditives et toutes sen-
suelles? Voilà, suivant l'auteur de Tann-
hxuser, où se trouvait toute la difficulté : pour
lui, il était dans la bonne voie et créait le vrai,
qui est le beau dramatique.
Nouvelle contradiction. Après avoir acquis
la conviction de l'incapacité du public à com-
prendre et à goûter sa musique, il semble que
Wagner va se renfermer dans ses fondions de
maître de chapelle et se borner à écrire poul-
ie petit nombre de ses amis intimes et satis-
faire aux lois de son organisation ; mais non,
un autre soin le préoccupe, à savoir, défaire
représenter le Tdnnkseuser sur les théâtres
des grandes villes de l'Allemagne. « Je fis,
» dit-il, des démarches pour la propagation de
a mon opéra et jetai particulièrement les re-
» gards sur le théâtre de Berlin; mais je reçus
» un refus formel de l'intendant des théâtres
» royaux de Prusse. L'intendant général de la
» musique de la cour paraissait mieux dis-
» posé : par son intermédiaire, je fis solliciter
» le roi pour qu'il voulût bien s'intéresser à
» l'exécution de mon ouvrage et demandai la
» permission de lui dédier la partition de
« Tannhxuser.Vàv la réponse, on me dit que
» le roi n'acceptait jamais de dédicace d'un
» ouvrage sans le connaître; mais qu'attendu
>' les obstacles qui s'opposaient à l'exécution
» de mon opéra sur le théâtre de Berlin, on
» pourrait le faire entendre au roi, si j'arran-
» geais quelques morceaux pour la musique
» militaire, lesquels seraient joués à la pa-
» rade. Je ne pouvais élre plus profondément
» humilié, ni reconnaître avec plus de certi-
» tude quelle était ma véritable position. Dé-
» sonnais toute publicité d'art avait cessé
« pour moi. »
Aiuès ces aveux, c'est une chose curieuse de
voir l'auteur si peu favorisé du Hollandais
volant et de Tannhxuser expliquer com-
ment, au moment où ses sentiments recevaient
de si rudes atteintes, il se remit immédiate-
ment à la composition du Lohengrin. Sa sé-
paration d'avec le public et le sentiment de
son isolement furent, dit-il, la cause de l'ex-
citation qu'il éprouva à se manifester à sou
entourage dans tout le développement de ses
BIOCIl, IMV. DES MUSICIENS. T. VIII.
idées. Je passe la description qu'il fait du sujet
de son nouvel opéra avec le langage amphi-
gourique qui lui est familier. Près de trois an-
nées s'élaient écoulées entre la représentation
du Hollandais volant et celle de Tannhxuser,
car ce dernier opéra n'avait été joué pour la
première fois que le 20 octobre 1845 : le Lo-
hengrin ne fut terminé que dans les derniers
jours de l'année 1847. L'ouvrage fut mis à
l'élude au commencement de 1848; mais les
événements qui survinrent bientôt après en
empêchèrent la représentation.
La politique étant étrangère à ce livre, je
crois devoir garder le silence sur la part que
prit Wagner aux mouvements révolution-
naires dont Dresde fut le théâtre. Je me bor-
nerai à dire qu'au moment de la réaction, cet
artiste s'éloigna de la capitale de la Saxe et se
réfugia à Zurich. Pendant les années 1849 et
1850, son nom ne retentit en Allemagne que
par les essais tentés par Liszt sur le théâtre de
Weimar, pour ramener l'atlention publique
sur les œuvres du musicien-poele et pour eu
exaller la valeur. Une sorle d'agitation ,
causée par les représentations de Tannhëuser
et de Lohengrin à Weimar, ayant succédé à
l'oubli dans lequel leur auteur était tombé de-
puis les événements de 1848, Wagner jugea
le moment favorable pour la publication de
divers écrits relatifs à son système de drame
musical, et, dans le courant de l'année 1852,
il fil paraître, à Leipsick, ses trois poèmes
d'opéra {Le Hollandais volant, Tannhxuser
et Lohengrin), précédés de la préface de près
de deux cents pages, à laquelle il a donné le
litre de Communications à ses amis (Mil-
iheilungen anseineFreunde), et le livre où sont
exposées ses doctrines sur l'art, sous le titre
d'Opéra et drame (1). J'ai donné une analyse
de ces ouvrages dans la Revue et Gazette mu-
sicale de Paris (1852, nos 25, 24, 25, 2G, 28,
30, 32) et ne crois pas devoir la répéter ici, à
cause de son étendue. De l'époque delà publi-
cation de ces écrits date la curiosité qui se
manifesta en Allemagne pour les drames en
musique de Wagner. Tout un parti s'était or-
ganisé en faveur de ces œuvres monstrueuses :
il se composait d'une certaine jeunesse ardente
en paroles, qui déjà figure parmi les vieillards
impuissants , de journalistes circonvenus et
endoctrinés et de révolutionnaires amateurs.
Tout ceux-là firent tant de bruit autour des
productions dramatiques de leur idole, que l'at-
tention publique s'éveilla. Les directeurs de
(1) Oper und Drama, Leipsick, J. i. Wcber, 1812,
3 pelils volumes in-16.
26
402
WAGNER
théâtre virent que le moment était favorable
pour faire des receltes avec ces choses autre-
fois dédaignées, et le Hollandais volant^
Tannh&user et Lohengrin furent joués par-
tout, particulièrement d'abord dans les villes
de second ordre, où ces ouvrages eurent de
nombreuses représentations. Quelques spec-
( a leurs admiraient de bonne foi celle musique
qu'ils ne comprenaient pas; d'autres en éprou-
vaient beaucoup d'ennui ; mais les Allemands
sont admirables par leur patience à s'ennuyer
dans leurs spectacles, sans quitter la place. On
parlait beaucoup de Tannhxuser et de Lo-
hengrin, cela suffisait pour que tout le monde
voulut les connaître. Aujourd'hui la curiosité
est satisfaite et l'indifférence est venue. Celle
musique, qui devait être celle de V avenir est
déjà celle du passé.
Pendant le séjour de Wagner à Zurich, il
avait conçu le plan d'une sorte d'opéra
monstre, dont la représentation durerait plu-
sieurs journées. Le sujet est pris dans les Nie-
helungcn.W en a formé trois drames complets,
c'est-à-dire une trilogie dont les trois parties
ont reçu de lui les noms de liheingold. la
Jeunesse de Siegfried el la Mort de Siegfried.
Itheingold a élé publié en partition pour le
piano (1). Il parait que rentier achèvement
de l'oeuvre fut suspendu pendant quelque
temps, car, dans l'intervalle, Wagner écrivit
un drame de Tristan et Jseult qu'il a voulu
faire mellre en scène dans plusieurs villes,
notamment à Vienne et à Dresde; mais les
chanteurs ont déclaré, dans ces deux capitales,
que la musique de cet ouvrage est inexécutable.
Je ne connais pas celte musique, mais j'ai lu
le livret, où il n'y a ni conception véritable-
ment dramatique, ni art de la scène, ni bon
sens, et le pis, c'est que rien n'est plus en-
nuyeux. Une analyse de /« Jeunesse de
Siegfried, publiée dans la Revue et Gazette
musicale de Paris, par M. Paul Smith, a fait
voir qu'il en est de même à l'égard de celle
autre conception wagnerienne.
Le retentissement qu'avaient en Allemagne
Tannhsuser et Lohengrin persuada à Wa-
gner que le moment était venu pour lui de se
faire connaître à Paris. Il y arriva, dans l'élé
de 18G0, y trouva de zélés prolecteurs dans
l'aristocratie, et débula avec adresse par des
concerts, où il (il entendre quelques morceaux
de ses drames que l'expérience lui avait si-
gnalés comme ceux qui avaient eu le meilleur
accueil. Suivant l'usage à Paris, pour toute
(I) A Majencc, effet les frères Scliott.
nouveauté dont on parle, ces concerts produi-
sirent une certaine sensation, el il fut de mode
parmi les femmes de se montrer favorable à
une musique dont elles ne comprenaient pas
une phrase. Grâce à celle espèce de succès et à
une haute protection, l'administration de
l'Opéra reçut l'ordre de mettre en scène le
Tannhxuser, donl la première représentation
fui donnée au mois de février 1801. Malheu-
reusement pour Wagner, donl la raie intelli-
gence et l'adresse ne peuvent être révoquées
en doute, il en manqua cette fois; car il fit
précéder la représentation de son ouvrage par
la publication d'une lettre dans laquelle son
orgueil colossal se montrait à découvert, et qui
contenait toutes les impertinences contre les
compositeurs les plus illustres dont il avait
déjà rempli ses Communications à ses amis.
Celte lettre révolta les artistes et les amateurs
français; elle prépara les orages qui éclatèrent
aux représentations de Tannhxuser. Rien de
plus regrettable que ces scènes de scandale où
les éclats de rire, les huées et les sifflets ne
permirent pas d'entendre l'ouvrage; car le
résultat en fut que Wagner a le droit de dire
que sa musique a été condamnée sans être
connue. Si le parti qui s'éleva contre elle avait
élé mieux avisé, il aurait laissé aller tranquil-
lement quelques représentations, tout aurait
élé bientôt fini, carie profond ennui allaché à
toutes les conceptions de Wagner en aurait
bientôt amené l'oubli. Toutefois, le ridicule
dont les Parisiens ont couvert son œuvre n'a
pas été sans influence sur l'opinion générale,
car on a remarqué, depuis 1801, un abaisse-
ment sensible dans le mouvement wagnerien
en Allemagne.
Parti de Paris, il se rendit en Russie et
donna, à Pétersbqurg ainsi qu'à Moscou, des
concerts qui eurent une sorte de succès popu-
laire lequel, toutefois, ne fut pas de longue du-
rée. Madame la grande-duchesse Hélène, pro-
tectrice généreusedes artistes, eldonllegoùlen
musique est porté vers les tentatives d'innova-
tions, accueillit avec sa bienveillance accou-
tumée l'auteur de Tannhxuser, et le combla
de ses bienfaits ; mais l'empereur et la cour
se liment sur la réserve à son égard. De re-
tour en Allemagne, Wagner a vécu quelque
temps à Vienne , où il donna des con-
certs et obtint la mise à l'étude de son opéra
Tristan et Iseutt ; mais après plusieurs mois
d'efforts infructueux pour une bonne exécu-
tion, les chanteurs du théâtre de la Porte de
Carinlhie déclarèrent l'ouvrage inexécutable
et refusèrent de le chanter. Wagner dut retirer
WAGNER
403
sa partition. Le bruit s'est répandu récemment
que le jeune roi deBavière, plein d'admiration
courses œuvres, l'a nommé son premier maî-
tre de chapelle, l'a logé dans un palais, lui a
assuré des avantages dont aucun compositeur
n'a joui jusqu'à ce jour, et, enfin, lui fait éle-
ver une statue dans Ludwig Strasse, à Mu-
nich. Tout cela est plus facile que défaire ar-
river à la postérité la musique de Lohengrin,
de Tunnhxuser et du Rheingold.
Il est nécessaire de connaître le système de
Wagner pour apprécier la valeur de ses œu-
vres : ce système ne peut être compris que par
la lecture de ses écrits, dans leur ordre chro-
nologique. Le premier a paru à Leipsick, en
1849, sous le titre Art et révolution (en alle-
mand). Il s'y efforce d'établir, par des para-
doxes insoutenables, ses opinions contre l'uti-
lité de l'élude pour le développement des fa-
cultés de l'artiste. Dans l'année suivante, il
publia, également à Leipsick. ]' Œuvre d'art
de l'Avenir. Il s'est défendu avec chaleur, à
Paris, d'avoir eu la moindre part à l'expression
la musique de l'avenir, dont ses partisans onjt
fait grand bruit et qui est devenue populaire :
il n'avait cependant pu oublier cet écrit dans
lequel il fut le premier à faire usage de cette
désignation pour son œuvre propre. C'est dans
ce même écrit qu'il pose les premières bases
de ses théories, établies ensuite avec plus de
développement dans son livre VOpéra et le
Drame, et enfin dans les Communications
à ses amis, qui forment la préface de ses
poèmes dramatiques. Quelle que soit son
adresse à détourner le vrai sens des choses et
des mots pour formuler sa doctrine de l'art, si
toutefois cela peut s'appeler une doctrine, il
n'a pas même eu l'approbation des partisans
les plus dévoués de ses drames musicaux, et
tous l'ont considérée comme dérivant d'un
poinlde vue faux. On lui a fait aussi le repro-
che, avec beaucoup de raison, d'avoir faussé,
dans ses écrits, la vérité de l'histoire de la
musique, pour donner à son système une ap-
parence de base historique. Pour ne pas don-
ner trop de développement à celte notice, déjà
bien longue, je me bornerai à la citation de
quelques-uns de ses principes.
« L'ouvrage d'art absolu, c'est-à-dire l'ou-
» vrage qui n'est lié ni au lieu, ni au temps,
» et qui n'est pas destiné à certains hommes,
» dans de certaines circonstances, pour être
» compris, seulement par eux, cet ouvrage
» est un non-sens, une chimère qui ne peut
» exister que dans des rêves esthétiques.
» {Communications àsesamis} page 10.) »
Une première et inévitable conséquence de
celle maxime, c'est que les œuvres considérées
comme des modèles de beauté, de perfection,
ne doivent avoir qu'une existence momenta-
née, transitionnelle. Elles n'ont de valeur
qu'au moment de leur création, et seulement
comme manifestation delà puissance d'inven-
tion de leur auteur. Plus tard, elles sont moins
que rien, et leur valeur n'est tout au plus
que celle du papier (keinen Pfifferling werth
ist, und hœchtens als das Papier: ibid,\t. 15).
Celle conséquence du principe, c'est Wagner
lui-même qui la lire, la développe en quinze
liages dans un style boursouflé : il choisit le
Don Juan de Mozart comme un exemple à
l'appui de sa thèse. La conclusion est que le
respect, l'admiration des artistes et des con-
naisseurs pour certaines œuvres du génie sont
des liens qui garrottent notre intelligence et
l'empêchent de comprendre les créations har-
dies de notre temps. L'existence même du
génie qui a produit ces œuvres est combattue
par Wagner : c'est pourquoi il lui substitue
L'esprit mécontent de ce qui existe. Son
tempérament se révolte contre la réalité de
celte faculté exceptionnelle, dont certains indi-
vidus seraient doués par l'arbitraire de Diei
ou de la nature (sie nicht durch die WillkUr
Goltes oder der Nalur in das LebengewUrfen
werden)! La faculté de conception et d'inven-
tion, dit- il, n'est que le développement de la
force vitale accordée à tous, et qu'il appelle
faculté communiste. Si celle force vitale n'ar-
rive à son développemeut que par exception,
c'est qu'elle se détériore et s'étiole sous l'in-
fluence de la discipline ou de l'éducation.
Celui qui a le bonheur d'échapper à cette délé-
tère influence conserve l'intégrité de sa force
vitale, d'où résulte sa faculté de conception :
celui-là seul est capable des plus grandes cho-
ses. Tel est M. Wagner.
On voit, par ce qui précède, que, pour se
mettre au point de vue favorable à la concep-
tion du drame musical de Wagner, il faut
rompre avec les notions du beau absolu, du
génie qui le réalise, de ses monuments et de
la théorie esthétique qu'on en aurait déduite.
Supposons pour un instant que ces résultais
sont obtenus, et voyons si l'auteur de Tannr
hxuser et de Lohengrin atteint enfin sans ob-
stacle le but vers lequel il se dirige. Hélas!
non ; car s'il ne trouve pas en son chemin l'art
du passé, il y rencontre celui du présent: l'art
de lamode, comme il l'appelle ! Peut-élrepen-
srra-l-on que si cet art a des délerminaisons
différentes de celles du passé, c'est qu'il s'est
26.
404
WAGNER
trouvé îles esprits mécontents qui ont fait de
leur côté ce que Wagner fait du sien, et con-
séquemment qu'il doit y avoir sympathie entre
eux? Mais, non : une différence radicale les
sépare, ainsi qu'on va le voir. Les poêles dra-
maliques et les compositeurs de l'époque ac-
tuelle, suivant l'opinion de Wagner, ont pour
but unique l'art sensuel, c'est-à-dire qui vise à
produire des sensations agréables, à plaire, à
caresser les penchants de la multitude igno-
rante, tandis que lui songe à réformer cet art,
sans se préoccuper du plaisir qu'y pourront
prendre les gens de cour et la bourgeoisie.
Celte différence de détermination provient de
ceque la force vitale, qui se développe en fa-
culté de conception, est composée de deux
principes, dont un est masculin et l'autre fé-
minin. Si le principe mâle domine dans le dé-
veloppement de la faculté de conception, on
arrive à l'énergique, au grand, et l'on voit se
produire Rheingold, Lohengrin et Tann-
hxuser. Mais par cela même que la conception
est forte, elle reste obscure pour le vulgaire, et
le temps seul peut initier celui-ci à l'intelli-
gence de ses beautés vigoureuses. Si, au con-
traire, le principe féminin de la force vitale
prend le dessus dans le développement de la
faculté de conception, celle-ci n'arrive qu'au
sensuel, aux émotions qui tiennent plus de la
sensibilité (il veut dire du sentiment) que de
l'intelligence, et l'on voit naître des composi-
tions telles que Guillaume Tell, Robert le
Diable et les Huguenots, la Muette fie Porlici
et/a Juive. Ces productions, faisant une large
part à la sensibilité, aux affections de la mul-
titude, sont dans le domaine de la mode, et
diffèrent essentiellement des créations wagne-
riennes.
Ainsi qu'on le voit , Wagner n'admet
comme principe producteur des ceuvresde l'art
que l'intelligence, en d'autres termes, la fa-
culté de conception, parce qu'il en est lui-
même abondamment pourvu ; quant à l'imagi-
nation, qui lui fait défaut, il n'en tient compte,
bien qu'en son absence, Vidée, proprement
dite, ne puisse se produire. Or, l'existence de
l'art purement idéal de la musique, sans l'in-
spiration de l'idée, est une absurdité dont l'é-
vidence est saisissante. Par l'intelligence, on
parvient à la conception du plan de l'œuvre et
on lui donne une forme déterminée, mais on
ne peut créer l'idée qui se développe sous celle
forme : celle-ci ne peut naître que de l'action
simultanée du sentiment et de l'imagination.
Si elle est véritablement belle, quel qu'en soit
le caractère, elle sera saisie et senlic dans tous
les temps, quoi qu'en dise l'auteur de Tann-
hxuser. Remarquons, d'ailleurs, qu'il y a une
contradiction manifeste entre son affirmation
que l'œuvre d'art n'est bonne que pour le
temps oit elle est faite, et sa prétention de tra-
vailler pour l'avenir. Ce qui ressort avec évi-
dence de l'examen des théories de Wagner et
de celui de ses partitions, c'est qu'il a eu con-
science de sa force intellectuelle et de sa débi-
lité sentimentale et Imaginative. Toute son
habileté, tous ses paradoxes n'ont eu pour
objet que de dissimuler celle-ci.
WAGWEU (Ciiarlks), pianiste et compo-
siteur pour son instrument, né à Paris, le
1 1 octobre 1816, commença l'étude de la mu-
sique à l'âge de cinq ans. Admis au Conserva-
toire, le 21 août 182G, il y devint élève de
Zimmerman, dont il avait reçu précédemment
des leçons, et le premier prix de piano lui fut
décerné au concours de 1827, à l'âge de douze
ans. Toutefois il nequilta pas celte école, car il
étudia l'harmonie sous la direction deDourlcn,
et obtint le second prix en 18-50. Après huit
années d'études au Conservatoire, il en sortit
au mois de novembre 1834. Après s'être fait
entendre avec succès dans les concerts, cet ar-
tiste s'est livré à l'enseignement et a publié
environ vingt-cinq œuvres d'airs variés, de
fantaisies et de mélanges pour le piano. En
1843, il s'est fixé à Mexico.
WAGNER (Jobahwa), aujourd'hui (1805)
madame .ÏACIIMAIMX, cantatrice du théâtre
royal de Berlin, est née le 13 octobre 1828,
près de Hanovre, pendant un voyage de son
père, Albert Wagner, autrefois professeur do
chant à \Y il rz bourg, et plus lard régisseur du
théâtre royal de Berlin. Dès l'âge de cinq ans,
elle joua nu rôle d'enfant, dans les Joueurs ,
d'Ifland, au théâtre de Wllrzbourg. A dix ans,
elle jouait des rôles de i;énie, au théâtre de
féeries, alors en vogue. En 18,41, mademoiselle
Wagner eut son premier engagement au
théâtre de la cour ducale de Bernhourg. Son
premier rôle de quelque importance fut celui
du page dans les Huguenots. Sa voix acqué-
rant chaque jour plus d'ampleur, elle chaula
ensuite la Reine de Chypre et le rôle d'El-
vire dans Don Juan. Lorsque son oncle,
Richard Wagner, eut été nommé maître de
chapelle à Dresde, il la fil venir dans celle
ville et obtint pour elle un engagement de
trois ans, en 1844. De remarquables progrès
se manifestèrent alors dans son talent dra-
matique, parce qu'elle prit madame Schrœder-
Deviient pour modèle. Au commencement de
184G, elle fut envoyée à Paris par l'inten-
WAGNER - WALCH
405
dance dii théâtre royal , pour y prendre des
leçons de chant de Manuel Garcia. Les conseils
de ce maître et les occasions fréquentes qu'eut
Jolianna Wagner d'entendre les chanteurs du
Théâtre Italien, mesdames Grisi, Persiani,
l'excellent baryton Ronconi et Lahlache, lui
firent faire de rapides progrès. De retour à
Dresde, dans l'aulomnedela mémeannée,elley
fut accueillie avec heaucoup de faveur par le
public. Au mois de mai 1849, elle alla donner
des représentations à Hambourg.el y obtint de
brillants succès. Ce fut alors qu'éclata, à
Dresde, la révolution à laquelle son oncle prit
part. Ne pouvant retourner dans cette capitale,
où le théâtre était fermé, Johanna accepta i\n
engagement à celui de Hambourg. Au prin-
temps de 1850, elle alla donner des représen-
tations au Théâtre royal de Berlin, où son
succès eut tant d'éclat, qu'elle y fut immédia-
tement engagée à des conditions très-avanta-
geuses. Elle y débuta, le 6 juin 1851 , dans le
rôle de Fidès, du Prophète. En 18;5ô, elle
obtint le litre de cantatrice de la cour, et dès
ce moment elle fut considérée comme le plus
beau talent dramatique de l'Allemagne. Le
2 mai 1850, elle a épousé le conseiller Jach-
mann, de Berlin; mais ce changement de posi-
tion sociale ne lui a pas fait quitter la scène.
WAGNI2W. Plusieurs artistes de ce nom
se sont fait connaître dans le domaine de la
musique; mais les biographes allemands gar-
dent le silence sur eux. Parmi ces musiciens,
on remarque : 1" Charles-Wilhelm- Louis
Wagner, eantorà KirchrUsselbaeh (Bavière),
auteur d'un livre choral (Choral- Buch) pour
quatre voix d'homme, à l'usage des temples
protestants de la Bavière, des séminaires d'in-
stituteurs, des gymnases, des sociétés de
chant, etc., publié avec la collaboration de
J.-F. Buck , cantor de la ville de Bayreuth;
Bayrculh, 1830, in -4". 2° François Wagner,
directeur de musique à Schleilz, auteur d'un
recueil de huit chants à quatre voix (Acht
vierstimmige Gesxnge), à l'usage des sociétés
de chant, des écoles et des séminaires;
Schleilz, Richel, 1836, in-4°. 3° Jacques
Wagner, professeur de musique à l'école des
Ursulincs d'Aix-la-Chapelle, auteur d'un
recueil de chants chorals avec accompagne-
ment d'orgue, intitulé Der Jugend Morgen-
tœne; Aix-la-Chapelle, A. Mayer, 183-3, in 4°.
4° P.-J.-P. Wagner, hautboïste distingué à
Leipsick, vers 1825, auteur de plusieurs com-
positions pour son instrument, et particuliè-
rement d'un Andanle et variations pour
hautbois et orchestre; Leipsick, Breitkopf et
Ilœrtel. 5° Wilhelm Wagner, virtuose clari-
nellisteà Munich, vers 1830, voyagea en Italie,
puis se rendit en Russie, dans l'année 1837, et
se fixa à Pélcrsbourcr, où il se trouvait encore
en 1851. lia publié des thèmes variés pour cla-
rinette et orchestre, et deux œuvres de duos pour
deux clarinettes. 6° Auguste Wagner, profes-
seur de chant cl compositeur de Lieder à Riel,
en 1840. On a publié sous son nom des Lieder à
voix seule avec piano, op. 1 , 5, 4 et 5 ; Rîel et
Berlin. 7° Jean Wagner, joueur de Zitherh
Munich, a publié divers ouvrages de sa com-
position pour cet instrument; à Munich, chez
Faller, 1842.
WAJSSELICJS (Matthieu), luthiste du
seizième siècle, rié à Barlstein, en Prusse, a
publié <le sa composition pour le luth : 1° Ta-
bulalura conlinens insignes et selectissimas
quoque cantiones, quatuor, quinque et sex
vocum, tesludini aplatas, ut sunt : Prxam-
bula , phantasix , cantiones germanicx ,
italics , gallicx et latins, Passamesix
Gagliardx etChorex. Francofordix ad ï'ia-
drum in ofïicina Joannis Eichhorn, 1573,
in-fol. 2" Tabulalura,oder Laulenbuch aller-
ley R'iintslicher Prwanibula ausserlesener
leulscher und polnisclier Txntze, Passame-
zen, etc., auff der Lauten zu schlagen (Tabla-
ture ou livre de Luth contenant des préludes,
danses allemandes et polonaises, passa-
mèscs,elc). Francforl-sur-1'Oder, 1502, in-fol.
WALREUT (Jeah), né à Nuremberg, le
10 décembre 1661, étudia à Alldorf et à Jéna,
cl obtint, en 1602, les places de canlor et de
professeur à Alldorf, puis fut appelé dans sa
ville nalale, en 1703, pour y occuper les
mêmes emplois à l'école de Saint -Sébald. Il y
mourut le 12 juin 1727. On a de lui une collec-
lion decanliques pourlacommunion intitulée :
Gott geheiligter Chrislen Tafelmusik, ein
Communion-Liederbuch. Nuremberg, 1718.
La préface de cet ouvrage a été écrite par le
prédicateur Jean Wtllfers.
WALCH (Albert-Georges), professeur et
recteur du gymnase de Schleusingen, mort le
5 janvier 1822, est auteur d'une dissertation
intitulée : Ueber den religiœsen Gesang der
Chrislen (Sur le chant religieux du chrétien),
Schleusingen, 1800, in-4° de 8 pages.
WALCH(Jean-Hemii), d'abord musicien de
chambre au service de la cour de Saxe-Gotha,
l'ut ensuite directeur du chœur de celle cha-
pelle. Le 1er mars 1846, il obtint sa pension de '
retraite avec le litre de maître de chapelle.
Cet artiste de mérite est mort à Gotha le
2 octobre 1855, à l'âge Je 80 ans. Il a arrangé
40G
WALCH - WALDMULLEH
en musique d'harmonie beaucoup de morceaux
d'opéras modernes, et a publié plusieurs re-
cueils de danses pour l'orchestre et pour divers
instruments.
WALCKJE11S (Eugène), flûtiste et com-
positeur, né à Avesne (Nord), en 1789, com-
mença ses éludes musicales sous la direction
d'un maître nommé Marchand, puis se rendit
à Paris, où Tulon lui donna des leçons de
son instrument: Reicha lui enseigna plus
tard l'harmonie et la composition pratique.
M. Walckiers a publié plus de cent œuvres
pour son instrument avec accompagnement
de piano et de quatuor, dont la plupart sur
des fantaisies de thèmes d'opéras, de variations
et des rondos; Paris, Brândus ; Mayence,
Scliott. On connaît aussi de lui des concerti-
nos et des quatuors pour flûte, violon, alto et
violoncelle; ibid., ainsi que plusieurs œuvres
de duos pour deux flûtes, et des duos pour flûte
et piano, en collaboration avecKalkbrenner.
WALD (Samuel-Théophile), professeur de
philosophie et docteur en théologie, naquit à
Breslau, le 17 octobre 1760. Après avoir achevé
ses études à Halle, il fut nommé professeur
de littérature grecque à Kœnigsberg en 1786,
inspecteur du séminaire de la même ville en
1791, et enfin, en 1796, conseiller et membre
du consistoire à Thorn, où il mourut en 1828.
Au nombre des ouvrages de ce savant, on re-
marque une dissertation académique intitulée :
Historié arlis musicse Spécimen primum;
Halle, 1781, in-4° de 24 pages. Je crois qu'il
y a eu une deuxième édition de cet écrit en
1783. L'auteur y traite spécialement de la mu-
sique des Grecs.
WALDECK (François- Adam), néenl74ô
à Fritzlar, près de Cassel, remplit pendant
plusieurs années les foncîionsdecanfor et d'or-
ganiste delà cathédrale de Munster, et mourut
en 1776, à l'âge de trente-trois ans. Il écrivit
pour cette église des messes, des Te Deum et
•les motets, ainsi que des airs et des duos poul-
ies drames et comédies représentés par les élèves
du Gymnase. Il fit jouer dans celle ville deux
opéras allemands de sa composition intitulés:
\° Le Jour de noces; 2° La Barque verte.
On connaît sous son nom une symphonie pour
l'orchestre, des quatuors pour violon, et
plusieurs autres ouvrages qui n'ont point été
imprimés.
WALDENFELD (Heniu de), musicien à
Brunswick, vers 1840, a fait imprimer dans
celte ville une petite méthode de flûte, chez
Spehr, éditeur de cette ville.
WAEDEIl (Jean-Jacques), né en 1750, à
Unterwetzikau, dans le canton de Zurich en
Suisse, fit ses éludes musicales sons la direc-
tion d'Egli et de Sehmidlin, à l'école île Zurich.
Fixé dans celte ville, il y fit exécuter, en 1779,
la cantate de sa composition intitulée Der
letzle Menschen (Le Dernier Homme), qui fut
reçue avec applaudissements. En 1788, il pu-
blia une instruction concernant l'art du chant,
sous le titre : Anleitttng zur Singkunst. La
cinquième édition de cet ouvrage a paru à
Zurich, chez Gessner, en 1820, grand in-8°.
"Walder a mis en musique à ô ou 4 voix, avec
accompagnement de piano, les cantiques du
poète suisse Zullikofer, qui ont eu un bril-
lant succès. Ce recueil a pour titre : Samm-
lung christlicher Gesxnge zum Gebrauche
bey der Hauslichen , etc. Zurich, 1791, grand
in-8°. Précédemment Walder avait aussi pu-
blié sa cantate du Dernier Homme, en parti-
tion pour le piano. Zurich, 1779, in-4°; et des
chansons avec accompagnementde piano, ibid.,
1780, grand in-4\ Cet artiste mourut en 1827,
laissant en manuscrit plusieurs compositions.
WALDIIQER. (Mathias), professeur de
musique au gymnase de Kempten (Bavière),
mort au mois de juillet 1 856, s'est fait con-
naître avantageusement par les ouvrages sui-
vants : 1° Theorelisch-Praktische Klavier- ,
Partîtur-, Prxludier- und Orgcl-Schule,
sowohl fur Anfxnger, ah auch fiir schœn
yrublerc Clavier- und Orgelspieler (Méthode
théorique et pratique de piano, d'accompagne-
ment, d'art de préluder et d'orgue, etc.).
Kempten, Kœsel, 1826-1828, trois parties in-
l'ol. 2° Nette f'olksgesang-Schule oder grund-
liclte Anleitung den Gesung, sowohl in den
tr/l'ent lichen Schulen, als auch beimPrivat-
Uttterrichte, etc. (Nouvelle École de chant po-
pulaire, ou Introduction au chant, tant pour
les écoles publiques que pour l'enseignement
privé, etc.). Kempten, Kœsel, in-4° de quatre-
vingt-dix pages. On connaît aussi sous le nom
de Waldhœr des variations faciles pour le piano
sur l'air allemand : Du, du liegst mir am
Herzen, ibid.
YVALDMANN (Joseph), professeur de
musique an Collège des jésuites à Fribourg,
vers 1840, est auteur d'un livre intitulé : Har-
monikoder volstxndige heuristischeDarstel-
lung der Hctrmonielehre und des Général-
basses (Harmonique, ou tableau complet de la
science de l'harmonie et de la basse continue).
F ri bourg, Herder, in-8°.
WAEDMÏLLER (Ferdinand), pianiste,
né en Autriche, a fait ses études musicales au
Conservatoire de cette ville et a reçu des leçons
WALDMULLER - WALKER
407
de Charles Czerny. En 1340, il émit professeur
de piano à Brème; il (il ensuile nn voyage à
Paris, où il se trouvait, en 1840, sans y élre
remarqué. Il retourna ensuile à Vienne. On a,
sous le nom de ecl artiste, un grand nombre
de fantaisies sur des thèmes d'opéras, de
nocturnes, de tarentelles, d'études de salon et
de rondeaux, qui ont paru à Vienne, chez
Moehelti, Naslinger, Wilzcndorf et autres
éditeurs.
WALDNER (P.), savant suédois, vécut
vers le milieu du dix-huilième siècleet publia,
à Upsal, en 1704, une, dissertation De Seplcm
Arlibns liberalibus. Il y Irailede la musique
dans le huitième paragraphe.
WALK (Ghi:i:rki:m ou Géiuiïd Du), musicien
licite sur qui l'on n'a pas de renseignements
jusqu'à ce jour, mais qui, d'après le style d'un
morceau qui se trouve dans le manuscrit de la
bibliothèque de Cambrai, n° 124, dut vivre
vers le milieu du seizième siècle. Ce morceau
esl le molet à quatre voix Dum penderet Pe-
ints in Crùce. M. de Coussemaker, qui a
donné la description du manuscrit (1), a mis
en partition la première partie de ce motel et
l'a publiée (2), mais avec des failles de tonalité
(pages 27 et 30) et d'harmonie (p. 32).
WALKER (Jean). Sous ce nom, Forkcl,
copié par Gerber, Liclitcnth.il , Ch.-Ferd.
Becker et autres, a cité des mémoires concer-
nant diverses expériences sur le son qui ap-
partiennent au mathématicien Jean Wallis.
{Voyez ce nom).
WALK EU (Jbaw)j auteur d'un diclion-
naire de la prononciation de la langue anglaise
devenu célèbre et de plusieurs autres ouvrages
estimés, naquit en 1752, dans un hameau de
la paroisse de Fricrn-Barnet, fut quelque
temps acteur, puis maître d'école, et mourut au
mois de juillet 1807. Au nombre des livres
qu'il a publiés, on trouve celui qui a pour
litre : The Melody of spètthing dclincaled (La
mélodie du langage rendue sensible). Londres,
Rohinson, 1787, in-4", dont là sixième édition
parut en 1810, in-S". Il en avait donné l'es-
quisse, dans une dissertation insérée, an mois
de septembre 1787, dans le jVonthly Revieio.
Walker se propose dans cet ouvrage d'en-
seigner la déclamation par des signes visibles,
comme ceux de la musique, et y donne des
préceptes pour les modulations de la voix et
l'expression des passions. (Voyez sur le même
(1) Notice sur les collections musicales de la Biblio-
thèque de Cunibrai, pages Gti-91.
(2) Ibid., N° 11 des morceaux en porlilion.
sujet les notices de Josué Steele el de James
Rush.)
WALKER (Joseph-Coopkh), littérateur,
né à Dublin, au mois de novembre 1700, fit
ses études à l'Université de celte ville, et oc-
cupa un emploi à la Trésorerie d'Irlande. Dès
sa jeunesse il publia quelques essais littéraires
qui le tirent admettre, en 1785, au nombre des
membres de l'Académie irlandaise. Ayanlfait
plus tard un voyage en Italie, il y obtint le
litre d'académicien des Arcades de Rome. Le
mauvais étal de sa santé le conduisit en
Fiance dans l'espoir de s'y rétablir; mais il
mourut peu de temps après, à Saint-Valéry, le
12 avril 1810, à l'âge de quarante-neuf ans.
Au nombre des ouvrages de ce savant, il en
est un rempli d'intérêt, non-seulemeut pour
l'histoire de la musique des Irlandais, mais
pour celle des anciens peuples du Nord, en
général ; ce livre a pour titre : Hisloricul Me-
moirs of Ihe Irish Bards, interspersed wilh
anecdotes and occasional observations on
the Music of Ireland. Also, an hislorical
and descriptive account of the musical in-
struments of the ancient Irish, and an ap-
pendice, cotitaining several biographicaland
other papers, tvith sélect irish Mélodies
(Mémoires historiques des bardes irlandais,
entremêlés d'anecdotes et d'observations con-
cernant la musique de l'Irlande, et suivis
d'une notice historique et descriptive des in-
struments de musique des anciens Irlandais,
d'un appendice contenant des mémoires bio-
graphiques ou autres, et de mélodies irlan-
daises choisies). Dublin, de l'imprimerie de
Luke W'hite, cl Londres, Payne, 1780, un vo-
lume in-4° de cent soixante-six pages, avec
un appendice de cent vingt-quatre pages etdes
planches. L'appendice renferme : 1° Recher-
ches concernant l'ancienne harpe irlandaise,
par Edouard Ledwich, membre de la Société
des antiquaires de Londres. 2° Lettre à
Joseph-C. Walker sur le style de l'ancienne
musique irlandaise, par le même, ô" Essai sur
les accenls poétiques el musicaux des Irlan-
dais, par William Beauford, membre de la So-
ciété des antiquaires d'Irlande. 4° Disserla-
zione del signor canonico Orazio Maccari
(diCorlona), sopraun' antica statuetta di
marmo rappresentante un suonator di cor-
namusa, etc. Celle dissertation est extraite du
septième volume des Saggi di dissertazionc
accademiche,pubblicamenle letlenella nubile
Accademia etrusca deW antichissima citlâ
di Cortona. 5" Mémoires du barde Cormac-
Comman, avec son portrait à l'âge de quatre-
408
WALKER - WALLBR1DGE
vingt-trois ans, par Ralph Ouseley, de Lime-
i-ick. 6° Mémoires du barde Turlough O'Caro-
lan, par J.-C. Walker, déjà publiés en '1784.
7° Notice sur trois trompettes de bronze
trouvées près de Cork. 8" Essai sur la con-
struction et l'étendue de la harpe irlandaise,
depuis son origine jusqu'aux temps modernes,
par William Beauford. 9° Choix de mélodies
irlandaises, contenant quinze morceaux.
"WALKER (EBEniiAitDT-FnÉDKiuc), facteur
d'orgues à Kanstadt, dans le Wurtemberg,
naquit dans cette petite ville vers le milieu du
dix-huitième siècle, et apprit son art chez
Fries, à Heilbronn. Ses principaux ouvrages
sont : 1° L'orgue de l'église de la Garnison à
Louisbourg, terminé en 1700. 2° L'orgue de
l'église de Kanstadt, achevé en 1793.
WALKER (EBERiiAnDT-FiîÉDr.iuc), fils du
précédent, né à Kanstadt, est un des meilleurs
facteurs d'orgues de l'Allemagne. Élève de son
père, il travailla dans sa ville natale jusqu'en
1820, époque où il s'est fixé à Louisbourg.
Incessamment occupé du soin de perfec-
tionner les diverses parties de l'orgue, il en a
amélioré le mécanisme en le simplifiant, et
par de nouvelles formes données aux tuyaux
de plusieurs jeux, en a singulièrement aug-
menté le timbre et l'intensité. C'est ainsi qu'il
a donné, dans ses instruments, une excellente
qualité à la flûte traversière, à la clarinette et
au hautbois. Ses flûtes ouvertes de 32 pieds ont
une égale puissance dans toute leur étendue,
et jusque dans les notes les plus graves. Le pre-
mier grand instrument. qui a rendu la réputa-
tion de M. Walker européenne est l'orgue de
Saint-Paul, à Francforl-sur-le-Meln, composé
de 74jéux, dont deux 52 pieds ouvert et bouché,
3 claviers à la main, et pédale double. Depuis
qu'il l'a terminé, M. Walker en a construit'
trente autres, parmi lesquelles on remarque :
1° L'orgue de 1G pieds et 2 claviers, de Tu-
bingue. 2° Celui de Reutlingcn, idem. 3" Celui
de l'église Saint-Michel à Halle, en Saxe.
4° L'orgue de l'église de la cour à Stntlgard,
composé de 24 jeux. 5° Le grand orgue de
Saint-Pierre, à Pélersbourg, composé de
05 jeux. 0° Celui de Saint-Olaus, à Reval, en
Russie, commposéde 08 jeux, dont un 32 pieds
ouvert, ?, claviers et pédale double.
WALKIERS (Eugène). Voyez WALC-
RIERS.
WALLACE (William-Vincent), compo-
siteur, né en 1815, à Walerford, en Irlande,
est (ils d'un chef de musique militaire qui
était en garnison dans celte ville. La première
instruction musicale fut donnée au jeune '
Wallace par son père. A l'âge de 15 ans il se
rendit à Dublin, où il continua ses études de
piano, de violon et de clarinette. D'abord em-
ployé comme violonisteà l'orchestre du théâtre
de cette ville, il fut ensuite chargé de la direc-
tion de celui de la Société philharmonique. A la
suite d'une maladie grave dont il fut atteint
à l'âge de 18ans, les médecins lui conseillèrent
de faire un long voyage maritime. Il se ren-
dit en Australie, et y donna des concerts dont
les produits furent considérables. Après un
séjour d'environ six mois dans cette contrée, il
visita la terre de Van Diemen, la Nouvelle-
Zélande, les Indes orientales et occidentales,
Valparaiso, Mexico et les Étals-Unis d'Amé-
rique, donnant partout des concerts, cl vivant
même chez les sauvages. Dans les années 1841
et 1842, il fui directeur de musique du théâtre
italien de Mexico. Depuis 1843 jusqu'en 1853,
il vécut à New-York; mais dans l'intervalle, il
fit, en 1840,un voyage en Angleterre, à Vienne
et en Belgique. Ce fut dans celle même année
1840 que Wallace écrivit, pour le théâtre de
Covenl-Gardcn, à Londres, Marilana, opéra
romantique dans lequel il y a quelques bons
morceaux et quia réussi sur celle scène comme
à Vienne. En 1847, il a donné, dans les mêmes
villes, et avec succès, JValliilde de Hongrie.
Les partitions de ces ouvrages, réduites pour
le piano, ont été publiées à Londres, chez
Cramer. Beale et Ce. Un long intervalle s'est
écoulé avant que Wallace écrivit de nouveau
pour l'opéra, car ce ne fut qu'en 1800 qu'il fil
représenter, au théâtre royal anglais un opéra
en trois acles intitulé Luzinne, qui oblint un
brillant succès. Au mois demars 1801, il donna,
au théâtre de la reine, Amberlï'itch, qui fut
chaleureusement applaudi, et, au mois de
novembre 1802, il fil jouer Love'sTriumpk (Le
triomphe de l'amour), qui réussit également.
Wallace a publié pour le piano un grand nom-
bre de nocturnes, de valses, d'études et d'au-
tres pièces légères. On connaît aussi de lui pour
le chant des trios, des duos, des mélodies à
voix seule et des ballades avec accompagne-
ment de piano.
WALLRRIDGE (A.), amateur de mu-
sique à Londres, s'est l'ail connaître par un
nouveau système de nolalion de la musique
dont il est inventeur et dont il a donné une
description qui a pour tilrc: The Sequenlial
System of Musical notation, au entircly new
Melhod ofwriting If/usic in strict conf or mily
ivilh nature and essentiatly free from ail
ubsurdity and inlricacy; ivilk èxplanalory
plates. (Le Système méthodique de la nolalion
WALBRIDGK - WALLIS
409
musicale; méthode entièrement nouvelle pour
écrire la musique, en rapport exact avec la
nature, et essentiellement débarrassé de lotîtes
les absurdités et difficultés, avec des planches
explicatives). Londres, 1844, in-4°. Ce sys-
tème, comme tous ceux du même genre, n'a
excité aucun intérêt et a été oublié aussitôt
que publié.
WALLEU ( ), musicien allemand, né
à Manheim, vers le milieu du dix-huitième
siècle, a l'ail représenter, en 1793, l'opéra de
sa composition intitulé : Die Spiegelvilter
(Le Chevalier du Miroir). On n'a pas d'autres
renseignements sur cet artiste, qui n'est pas
mentionné par les biographes allemands.
WALLE1UUS (H.), savant suédois, vécut
à la lin du dix-septième siècle. Il est auteur de
deux dissertations relatives à la musique, in-
titulées: 1° De Sono disscrlatio. Upsal, 1074.
VDeModis musicis dissertatio. Ibid, 1686.
WALLE II IUS (Georges), né dans le comté
de Necke, en Sudermanie, vers 1080, (il ses_
études à Upsal, et y publia une dissertation <|iii
a pour litre : De antiqua et mcdiixvi Dlusica.
Upsal, 1700, in-12 de 100 pages. Une autre
dissertation intitulée: De Instrumentas mu-
sicis a été lue par lui à l'Académie d'Upsal, et
imprimée dans celle ville en 1717, in-12.
WALLEKSTEIN CAntoise), virtuose
violoniste, pianiste el compositeur, esl né à
Dresde en 1812. Dès l'âge de dix-huit ans, il fut
musicien de la chapelle royale de Saxe. En
1832, il entra dans la chapelle royale à Hanovre
cl y fui attaché pendant plus de vingt ans. En
1 858, il était retiré à Dresde cl y vivait sans
emploi. On a gravé de sa composition : Varia-
lions pour violon el orchestre, op. 2; Leipsick.
llofmeister; Variations brillantes sur un thème
original pour piano, op. 3; ibid.; Six valses
brillantes pour le piano, op. 4. Dresde,
C.-F. Moeser. Wallerslcin s'est l'ail particuliè-
rement connaître comme compositeur de
valses el de polkas pour l'orchestre cl pour le
piano : il en a publié environ 30 recueils. On
a aussi de lui quelques Licder à voix seule
avec piano.
WALLIjX (Georges), ecclésiastique sué-
dois, naquit en 1080, à Celle (Gevatia), sur le
golfe de Bothnie (1). Après avoir achevé ses
éludes «à Upsal, il parcourut une partie de l'Eu-
rope pour augmenter ses connaissances, s'ar-
rêta quelques temps à AVillenberg, fut profes-
seur à l'Université d'Upsal, puis surintendant
(I) Forkel, Gcrber et leurs copistes ont confondu ce
savant avec Georges Wallin, son père, né à Ilerneesaml,
en IGH, et mort en 17"2:î, ëvC-quc île celte ville.
ecclésiastique de la Golhie, et enfin évéque de
Gothenbourg, où il mourut en 17G0. Parmi
les écrits de ce savant, on remarque : De Prit-
denlia in canlionibus ecclesiusticis adhi-
benda. Willenberg, 1723, in-4°.
WALLIS (Jeaiv), illustre mathématicien
anglais, naquit, le 23 novembre 1016, à Ashford.
Fils d'un ecclésiastique anglican, il demeura
orphelin à l'âge de six ans, et fut placé dans
une école d'Ashford poury faire ses premières
études, puis il suivit les cours du Collège de
Felslad, dans le comté d'Essex, el, enfin, il entra
à l'Université de Cambridge, où il acquit une
connaissance profonde des langues hébraïque,
grecque et latine, de la théologie, el des diver-
ses branches de la philosophie. Admis dans les
ordres, il occupa différentes positions ecclé-
siastiques, et fui chargé d'enseigner la géo-
métrie à l'Université d'Oxford . Ce savant
mourut à Londres, le 28 octobre 1703, dans
sa quatre - vingl-huilième année. L'histoire
de ses travaux importants dans les sciences
mathématiques n'appartient point à celte no-
tice : il n'y est mentionné que pour ses ou-
vrages relatifs à la musique, dont voici la liste :
Traclatus eleneluicus advenus Marci Mei-
bomii dialoguai de proportionibus. Oxford,
1057, in-4°. Cette réfutation du traité des
proportions de Meibom est dédiée à lord
lîroiincker, et précédée d'une savante pré-
face concernant les équations cubiques. Wallis
fil réimprimer cel ouvrage en 1 G0o, in-4', puis
dans le premier volume de ses oeuvres mathé-
matiques; p. 257-2'JO. {Voyez sur cet ouvrage
la notice de Meibom.) 2° Claudii Ptolemxi
luirmonicoium libri très, ex cod. mss. unde-
cim, nunc primum grxce edilus. Oxonii, e
Ihealro Sheldoniano, 1082, 1 vol. in-4". Ainsi
qu'on levait par le litre, le texte grec du trailé
des harmoniques de Ptolémée n'avait jamais
élé imprimé avant que Wallis en donnai celle
édition, qui est correcte cl accompagnée de
noies instructives et d'une version latine
beaucoup meilleure «pie celle de Gogavin (voy.
ce nom). Le volume est terminé par une sa-
vante dissertation : De Veterum Harmonica
ad hodiernam comparata (pages 281-328).
Wallis s'y prononce contre l'opinion de ceux
qui pensent que les anciens ont fait usage de
l'harmonie simultanée des sons. Il ne s'est
trompé d'une manière grave que dans la tra-
duction qu'il donne des modes grecs au second
livre de Ploléméc, n'ayant pas vu que les sept
modes de cet auteur ne sont qu'une seule
échelle prise à ses différents degrés. Le traité
de Ptolémée, avec la version, les noies et l'ap-
410
WALLIS — WALSINGHÀM
prndire contenant la dissertation, a été réim-
primé dans le troisième volume de la collec-
tion des œuvres mathématiques de Wallis
publiée sous ce litre : Johannis JFallis S.T.D.
(jeomelria? professons Savtlioni in celeber-
rima Academia Oxonicnsi, opéra mallte-
viatica. Oxoniœ,c theatio Sheldoniano, 1693
1099, 5 vol. in-fol., avec un(|ualrième volume
conlcnant les œuvres mêlées. 5° Porphirii in
harmonica Ptolemxi commentarius. Nunc
pin mu in ex cod. mss. (grxcc et latine) cdiiits.
Ce commentaire de Porphyre sur les harmoni-
ques de Ptolémée, dont Wallis adonné la seule
version laline connue, est dans le troisième
volume de ses œuvres mathématiques (p. 187-
7>M't). 4° M anuelis Bryennii harmonica, ex
cod. mss. nunc primum édita. Celle édition
des Harmoniques de Manuel Bryennc, en trois
livres, est aussi la seule qui existe ; Wallis y
a joint une version laline et quelques noies.
On la U ouve dans le troisième volume des œu-
vres mathématiques (p. 357-508). Les autres
ouvrages de Wallis relatifs à la musique ou à
l'acoustique sont des mémoires ou dissertations
insérés dans les Transactions philosophi-
ques. En voici la liste : 1° On the Trembling
of consonunt strings (ann. 1077, p. 580).
2" Observations coneerning the Siciftness of
Sound (année 1072). Il y a aussi des exem-
plaires tirés à pari de cette dissertation porlant
la dale de Londres, 1072, in-4". ZaSomeExpe-
■riments and Observations coneerning the
soumis (ann. 1697, |*.' 435) ■. \n On the Division
of the Monochord, or section of the musical
canon (ann. 1098, p. 287). 5° On the Imper-
fn-tion ofanorgan (ann. 1098, p. 249). G" On
the strange Effects of Music in former times
(uni. 1098, p. 505). On a aussi des remarques
< ' tendues de Wallis sur le mémoire de Sa I mon
intitulé: A Proposai lo perform Music in
perfecl and inalhemulicalproporlions. Lon-
dies, 108S, in-4".
WALLISKK (Ciiristophe-Thomas), pro-
fesseur du Collège de Strasbourg et directeur
de musique de la cathédrale et de l'université,
depuis 11)99, élail nédans celle ville, et y mou-
mile 2f> avril 1048. On a de lui un traité de
musique intitulé : DIusicx Figurulis Prxcepla
brevia, facile ac perspicua melhodo con-
scripto, et ad captuin tyronum accommo-
ilula : qnibus prxter exempla, prxcepto-
rum usum demonstrantia, accessit cenluria
e.icmplorum fttgarumque, ut vacant, 2, 5, 4,
5, i'tetplurium voenm, in très classes dis-
tributa: ac in graliam et usum classicxju-
ventutis scholx Argentoralensis elaborala.
Argenlorali, 1611, in-4'J de 18 feuilles. T.a
première partie de cet ouvrage traite des élé-
ments de la musique; la deuxième renferme
les exemples, qui sont tous fugues, c'est-ti-dire
en canons, dont une partie sans paroles pour
des exercices de solfège, et les autres avec
lexle. Wallisers'estfaitconnaîire aussi comme
compositeur par les ouvrages suivants : ]n Cho-
rus Nubium ex Aristophanis comeedia ad
xquales compositus; et Chori mus ici novi
Elix dramati sacro-tragico accommodait.
Slrashonrg, 1G13. 2" Chori M us ici novi har-
monicis 4. l'y et G vocum numeris exornat, et
in Charicleis tragico-comœdia, in Argen-
toralensis Academix thealro exhibita, inter-
posili. Slrashonrg, 1041. Ces chœurs ont élé
composés pour les pièces représentées par les
étudiants de l'Université de Slrashonrg. 5° Ca-
techeticx Canliones Odxque spirituales ;
llgmni etCantica prxcipuorum lotius un ni,
feslorum et jl/adrig'alia. Slrashonrg, 1011.
4" Sacrx Modulationes in feslum Nativi-
tntisChrisli.quinis vocibus elaboralx. Ibiil.,
1615. 5" Kirchengesxnge oder Psalmen Da-
vids, nicht allein una voce, sondera auc'i
mit Instrumentai von 4, 5 bis und G Stitu-
men (Chant d'église ou Psaumes de David,
non-seulement à voix seule, mais aussi avec
des instruments à 4, !'> et G parties). Slrashonrg,
1014. G" Ecclesiodix uovx.das ist Kirclien-
gesxnge. etc.. 4, ?>, G nnd 7 Stimmen (Motels
.à 4, 5, 6 cl 7 voix). Slrashonrg. 162;'). 7" Iferrn
Ji'ilhems Salusten von Bartas Triumph des
Claubens, etc. (Le Triomphe de la foi, par
Guillaume Salluslc du Bartas, traduit en alle-
mand, et mis en musique, clc). Slrashonrg,
1027, in-4°dc 10 feuilles.
WALSlAGUAM(Tno.MAsDIÏ),hisIorien
a ngla is et continua leur de Mathieu Pari s, naquit
dans le comlé de Norfolk et fut bénédictin au
monastère de Sainl-Albans, vers l'an 1440,
sous le lègue de Henri VI. Outre ses histoires
d'Angleterre et de Normandie, il a laissé un
traité de musique intitulé ; Regulx Dlagislri
Tiiomx TFalsinghum de Figuris composais
et non compositis, et decanlu perfecto et im-
perfeclo. A l'époque oii Hawkins écrivait son
histoire île la musique, cet ouvrage existait en
manuscrit dans la hihliolhèque du comte de
Shelhnrn; il se trouve eneore vraisemblable-
ment dans sa famille. Une copie île ce traité se
trouve au Muséum britannique, n° 105 du ca-
talogue de musique, dans un volume connu, en
Angleterre, sous le nom de Manuscrit de
TT'altham Hohj Cross Abbey,el qui contient
beaucoup d'extraits d'autres traités de musi-
WALSINGHAM - WALTHER
41 i
que faits par un moine nommé John TFylde.
WALTEU (Ignace), né en 1758, à ftado-
wifz, en Bohême, fui conduil à Vienne dans
sa jeunesse, y étudia la musique, el devint
élève de Starzer, mailre de chapelle. Après
avoir appris, sous la direction de ce mailre,
l'art du chant et le contrepoint, il reçut un
engagement pour le théâtre de la cour, en
1779, el s'y fil remarquer par la beauté de sa
voix de ténor el pat l'expression de son chant
dramatique. En 1785, il était au théâtre de
Prague, puis il chanta, à Riga, el entra, en
1789, au service de l'électeur de Mayence. Les
troubles de la guerre ayant obligé l'électeur à
s'éloigner de celle ville, en 1795, Waller entra
dans la troupe d'Opéra dirigée parGrossmann,
et chanta à Halle et à Brème. Après la mort
de ce directeur, il se chargea lui-même de
l'en I reprise du théâtre de Francfort avec la
même troupe, puis il se rendit à Ralisbonne, en
1 80-5, el y donna des représentations pendant
plus de dix années. Il mourut dans cette
ville à l'âge d'environ soixante-dix ans.
Waller a été considéré comme un des meil-
leurs chanteurs du théâtre allemand. Il était
aussi compositeur, et les ouvrages qu'il a écrits
pour le lliéàlre y ont eu du succès. Au nombre
de ses opéras, on remarque : 1° Le Marchand
de Smyrne. 2° Le Moulin du Diable. 5° Fiinf
und zwanziy tausend Gulden (Vingt-cinq
mille florins). 4" Le Comte de TFaltron.5° Le
Breuvage de l'immortalité. C° Le Chevalier
du Miroir. 7° Les Bergers des Alpes. 8" La
Méchante Femme, en 1795. 9" Le Docteur
Faust, en 1797. 10° La Fenaison, en 1799.
11° Le Château de plaisance du Diable.
12" Le Droit du plus fort. Walther a écrit
aussi une cantate pour le couronnement de
l'empereur Léopold, en 1791, une cantate
pour la paix el d'autres morceaux de circon-
stance, six messes, six motels, une cantate de
Noël et plusieurs œuvres de musique de
harpe, entre autres, un quatuor pour harpe,
flûte, violon et violoncelle, op. 9, publié à
Brunswick, chez Spehr.
WALTEU (Geoiiges-Antoine), violoniste
allemand, se fixa à Paris, vers 1785, et y de-
vint élève de Kreutzer. En 1792, il fut engagé,
comme premier chef d'orchestre, au théâtrede
Rouen; il en remplissait encore les fonctions
en 1801 ; mais j'ignore ce qu'il est devenu de-
puis celte époque. On a gravé de sa composi-
tion : 1° Quatuors pour deux violons, alto et
basse, op. 1 et 2, Paris, Naderman; op. 5, 7,
Paris, Pleyel. 2" Trois trios pour deux violons,
livres I, II, III, Paris. Sicfoer; livre IV, Paris,
Schlesinger; livres V,VI, Paris, Nadcrman;
livres VII, VIII, Paris, Sieber; op. 14, Paris,
Pleyel. 4° Six sonates pour violon el basse,
op. 24, Paris, Porro.
WALTEU ( Albert) j clarinettiste el com-
positeur, né à Coblence, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, se rendit jeune
à Paris, et entra à l'orchestre du théâtre Mon—
tansier, en qualité de seconde clarinette, puis
devint première clarinette du même théâtre,
en 1798. A l'époque de la formation de la
garde des consuls, il y obtint un emploi rie
première clarinette ; en 1805, il fut nommé
sous-chef de musique des chasseurs de la garde
impériale. Après la restauration, il vécut à
Paris sans emploi, travaillant à des arrange-
ments de musique pour divers instruments, à
la solde des éditeurs. Je le crois mort depuis
plusieurs années. On a gravé de sa composi-
tion : 1° Symphonie concertante pour deux
clarinettes et orchestre. Paris, Pleyel. 2° Six
quatuors pour clarinette, violon, alto el basse,
op. 27. Jbid. 5° Pots-pourris pour deux clari-
nettes, nos 1, 2, 5. Ibid. 4° Airs variés pour
deux clarinettes. Jbid. 5° Valses pour clari-
nette seule, livres I, II. Ibid. G0 Duos pour
deux flûtes, op. 22, Paris, Porro. 7° Six duos
faciles pour fiûte et violon. Paris, Pleyel.
8° Airs variés pour flûte, Paris, Sieber.
WALTEU (A.), professeur de piano à
Bamberg, est auteur d'une méthode de piano
en dialogue, intitulée : Elemcntarwerk fur
piano fortespieler, etc., Bamberg, 1825.
WALTEU ODINGTOIV. Foy.ODmG-
TO]X(WALTF.It).
WALTEU (Auguste), compositeur, né à
Stuttgard, en 1821, fil ses éludes musicales
pour le violon et pour l'harmonie sous la di-
rection de Molique; puis il se rendit à Vienne
et reçut des leçons de contrepoint de Simon
Sechter. En 1846, il a été appelé à Bâle, en
qualité de directeur de musique. Il occupe
encore celte position (1804) et s'y est fait es-
timer par son mérite comme professeur. Les
compositions connues de cet artiste sont :
1° Une symphonie à grand orchestre; 2° un
oltetto pour des instruments à cordes et à vent;
5" trois quatuors pour deux violons, allô et
violoncelle; 4° des Lieder (tour une el plusieurs
voix.
WALTIIEU (Hfss-OD Jkar), un des plus
anciens compositeurs de chant choral pour le
culte réformé, était maître de chapelle à Tor-
gau, lorsque Luther, qui connaissait son mé-
rite, le lit venir à Witlenberg, en 1524, pour
appliquer aux prières et cantiques de la nou-
412
WALTHER
velle dglise quelques-uns des cliants dti culte
catholique, et pour composer de nouvelles mé-
lodies sur d'autres parties de l'office, afin d'en
former la messe allemande. Aprèsavoir achevé
son travail, Walthcr retourna à Torgau, et
présenta au prince Maurice «le Saxe, en passant
à Dresde, une copie de cette messe, par ordre
de Luther. Peu de temps après, ce prince
nomma Wallhcr son maître de chapelle, et
prit à sa solde tout le chœur qu'il dirigeait. Ce
chœur était composé de dix-huit chanteurs et
de douze jeunes garçons. Walther occupait
encore celle position en 1553. L'année de sa
mort n'est pas connue ; mais on croit généra-
lement qu'il décéda en 1555. Il n'avait pas seu-
lement réglé le chant de la messe allemande,
mais il avait composé beaucoup de mélodies
pour les cantiques nouveaux; il l'ut aussi le
premier qui mit tout le chant de l'Église ré-
formée à 4, 5 et G parties. Voici les litres des
ouvrages et recueils qui ont été publiés sons
son nom, ou auxquels il a pris part : 1n Deut-
sche Messe und ordnung Goltis Diensl, in-4"
de vingt-quatre feuilles notées en grosses
notes chorales allemandes. Au bas du dernier
feuillet, on lit : Gedruckt zu TFittcnberg
M. I>. XXVF. Il y a une autre édition delà
messe allemande, imprimée en caractères de
musique plus petits, en vingt feuillets in-4",
avec la date M. 1). XXVI, mais sans nom de
lieu. Il parait qu'il y a aussi une édition de
celle messe publiée à Wiltenherg, en 1524 ;
mais je ne la connais pas. 2" Geyslliche Ge-
sangbuchlcin, crsUich zu JFiltenberg und
volgend durch Peler Schœffem gelruckt in
Ja r (sic) M . D.XXC. Celte première édition des
chants de l'Église réformée, à quatre et cinq
voix, contient quarante-trois chants. La pré-
face est de Luther. Les voix sont le discunt,
Valto, le ténor, la basse et le vagans, qui n'esl
poinlemployé dans lotîtes les pièces. A la der-
nière page de la partie dVifto, on lit ces mois :
enclore Joanne TFallhero. ôu TFillenber-
gisch teutsch gcisllich Gcsungbitchlein mit 4
undVi Slimmen, durch Johann JFallhern,
Churfiirstlichen von Sachsen Sangermeis-
lern, auss neue mit Fleiss corrigirt, und
mil vielen scheenen Licdern gebessert und
gemehret (Petit livre de chant spirituel alle-
mand de Wiltenherg à quatre et cinq voix,etc).
Willenherg, chez Georges Rhaw, 1544, in- 4°
ohlong. Ce recueil contient en tout soi-
xante-trois mélodies de cantiques allemands,
dont trente-deux à quatre voix, vingt à cinq
voix, onze à six, et trente-sept hymnes en
langue latine, à quatre et cinq voix, dont
quelques-uns en canons à la quinte et à la
quarte, suivis de trois hymnes à six voix.
5° JFittenbergischc deutsche geislliches Ge-
sangbuch, mil A Stimmen, durch Joh. IFal-
llicrn auss ncu corrigirt und vermehrt. Wil-
tenherg, 1551, in-4". Ce recueil contient tout
le chant de l'Église réformée à quatre voix,
écrit d'une manière plus simple, pour l'har-
monie, que le recueil précédent. Quelques-uns
des cantiques de ce recueil ont été arrangés
pour l'orgue par Jacques Paix, cl publiés dans
sonOrgeltabulaturbuch {voyez Paix). 4° Ein
news Christlichs Lied, dadurch Pculsch-
land zur Busse vermanet, Fierstimmig ge-
macht durch Johann JFaltcr (sic). Willen-
herg, durch Georgen Rhaweu erheu, 1561,
in-4° obi. 5° Das Chrisllich Kinderlied P.
J/artini Lutheri : Erbalt uns, Ilerr, bey dei-
nem Worl, auffs new in sechs Stimmcn gc-
selzl und mit etlichen schwnen christlichen
Texten, lateinischen und leutschen Gesxn-
gen gemehrt durch Johann JFalthem den
Ellern, etc. (Le Cantique chrétien du docteur
Martin Luther pour les enfants : Soutiens-
nous par ta parole, Seigneur, mis nouvelle-
ment à six voix, etc., par Jean IFalther l'an-
cien, etc.), Wiltenherg, Jean Schwertel, 1500,
in-4". La désignation tVancien jointe au nom
de Walther, semble indiquer qu'il y avait, vers
1500, un autre maître de chapelle ou composi-
teur du même nom. 0" Canlio 7 vocum in Uni-
dem Dei omnipotentis et Evangelii ejus,
quod sub Joanne Eriderico Duci Saxonix
Eleclori per doctorum Marlinum Lulherum
et Philippum Mclanchtonum è tenebris in
lucem ereclum ac propagutnm est. ÏFilloi-
bcrgxapud Georgium Rhaw, in-4" (sans dale);
c'csl le chant du Te Dcum mis en harmonie
à sept voix. 7" Lob und Preiss der Iceblichen
Kunst Musica (Éloge et glorification du lona-
blearldc la musique), Wiltenherg, 1538, in-4".
Celle pièce, écrite en vers allemands, n'est
citée que parGerber; Godefroid Walther, For-
kel, Lichlenlhal et Ferd. Bcckcr n'en disent
lien; cependant les indications deGcrhcr sont
si précises, qu'on ne peut révoquer en doute
l'existence de l'ouvrage.
WALTIIKIt (Michel), docteur et profes-
seur de théologie a Wiltenherg, naquit, le
3 mars 1038, à Aurich, dans l'Ost-Frise(l), et
mourut à Wiltenherg, le 21 janvier 1092. Il
était (ils de Michel Wallhcr, savant théolo-
gien, né à Nuremberg, en 1593. On a de Michel
(I) W'ciss dit, dans la Diogra/iliie universelle des
frères Micliaud, que Wallhcr naquit a Kmbdcn ; c'est
une erreur.
WALTHER
41:
Walllicr fils une dissertation intitulée: De
Ilarmunia musica, Wilcbergœ, 1G79, in-4°.
WALTHEI» (Jean-Jacques), inventeur
remarquable dans l'art de jouer du violon, né
en IGoO, à Witlérda, village près d'EiTurl, fut
(Panon! domestique d'un seigneur polonais. On
ignore qui fut son maître de musique et île vio-
lon, et si son éducation musicale fut faite dans
la maison de son maître. Plus lard, il entra
an service de l'électeur de Saxe, en qualité de
violoniste de la chambre, et en dernier lieu, il
eut le litre singulier de secrétaire italien de
la cour électorale de Mayence. Il occupait
encore celle position en 1G88. On a imprimé
sons le nom de cel artiste ; 1° Schersi di
violino solo con il basso conlinuo per l'or-
gano o cembalo; accompagnabile anche con
una viola o liulo, di Giov. Giac. Walther,
primo violonista di caméra di S. A. E. di
Sassonia. Ann. 1G7G, in -fol. (sans nom de
lieu). 2" Florlulus Chelicus,uni violino dua-
bus, tribus et quatuor subinde chordis simul
sonanlibus harmonice modulant i} sludiosa
varictate consitus a J.J. TFalthero, E.E.
Elec. Mogunt. Secrelario-ilalico, etc., Mo-
gunlise, sumptihus Ludov. Bourgeal, Acade-
miae bibliopolaè 1G88, in-fol. obi. de 120 pages
gravées sur cuivre. Cet œuvre, où brille l'es-
prit d'invention, renferme 28 pièces; le litre
de la dernière pourra faire comprendre les
nouveautés que Walther introduisit dans l'ail
«le jouer du violon ; le voici: Serenata a un
euro di violini, organo tremolante, chitar-
rino, pioa (cornemuse), due trombe e tim-
pani, lira ledesca, e arpa smorzata, per un
violino solo. Les effets divers de ce morceau
à exécuter sur le violon font voir que Walther
fui le Paganini de son siècle.
WALTHEIV (Jean-Godefroid), musicien
de la cour el organiste de Saint-Pierre et de
Saint Paul à Weimar, naquit à Erl'urt, le
18 novembre 1G84. Jacques Adlung fut son
premier maître de musique, et Jean-Bernard
Bach lui enseigna à jouer du clavecin. Après le
départ de celui-ci pour Eisenach, il continua
l'élude de cel instrument sous la direction de
Kretschmar, successeur de Bach. En 1 097, il
commença à fréquenter le gymnase de la ville;
mais il n'y resta que jusqu'en 1702, à cause
de sa nomination d'organiste àSainl-Thomas.
L'élude de la composition, qu'il commença
dans le même temps, ne lui permit pas, d'ail-
leurs, de continuera su ivre les cours du collège,
ni de fréquenter l'université. Dès lors, il se
consacra exclusivement à la musique et ne né-
gligea aucun moyen d'augmenter ses connais-
sances dans cet art. Préoccupé de cet objet,
devenu le but unique de sa carrière, il visita
Francfort, Darmsladt, Halberstadl, Magde-
bourgel Nuremberg, dans le dessein de voir
el d'entendre Weikmeisler, Jean Graf, Guil-
laume-Jérôme Pachelbel el d'autres orga-
nistes et théoriciens distingués. En 1707, on
lui offrit la place d'organiste de Saint-Biaise à
Mulhouse, mais il la refusa et préféra la posi-
tion d'organiste et de musicien de la cour, à
Weimar. Il y fut chargé de l'éducation musi-
cale des princes de la famille ducale. Les
devoirs de ses places, la composition, el les
recherches concernant l'histoire de la musique
remplirent toute sa Carrière. Il mourut le
23 mars 1748, à l'âge de soixanle-lrois ans et
quelques mois, après avoir joui de la réputa-
tion méritée de savant musicien el d'habile
organiste. Mallheson et Mizler, peu prodigues
de louanges, ne parlent de Walther que comme
d'un artiste accompli. Les compositions qu'il
a publiées sonl celles-ci : 1° Les deux chorals
Jesu meine Freude, et Meinen Jesuin lass
Ich nicht, variés pour l'orgue, gravés en 1713.
2° Le choral Allein Goll in der Hoe sey Ehr,
avec huit variations pour l'orgue, gravé en
1738. 3" Concerto pour le clavecin avec
accompagnement, Augsbourg, 1741. 4° Pré-
lude et fugue pour l'orgue, Augsbourg, 1741.
Walther a laissé en manuscrit cent dix-neuf
choralsvariés pour l'orgue, formant une année
entière pour le service d'un organiste:
Ce musicien est connu particulièrement
aujourd'hui par le dictionnaire technique et
historique de la musique, dont il publia le
premier essai sous ce titre : Aile und Ncue
Musicalische Bibliothec, oder Dlusikalisches
Lexikon, cic. (Bibliothèque musicale ancienne
et moderne, ou Lexique de musique, etc.),
Erfurt, 1728, in-4° de 64 pages, avec une pré-
face. Cel essai ne contient que les termes de
l'ail et les noms de musiciens qui commencent
par la lettre. A. Quatre ans après, Walther
publia l'ouvrage complet el l'intitula : Musi-
kalisches Lexikon oder Jlfusikalisckes Bi-
bliothec, darinnen nicht allein die If/usici,
welche so tvol in alten als newen Zeilen,
ingleichen bey verschiedenen Nalionen,
durcit Théorie und Praxin sich hervor
gethan, etc. (Lexique ou Bibliothèque de mu-
sique, où l'on trouve non-seulement les mu-
siciens anciens el modernes qui se sonl distin-
gués chez différentes nations, tant dans la
théorie que dans la pratique, ce qu'on sait de
chacun d'eux, et les ouvrages qu'ils ont lais-
sés, mais aussi l'explication des termes tech-
414
WALTHER
niques de la musique, olc, Lcipsick, 1752,
un vol. in-8° de G5Ï) pages. Ce livre est la réa-
lisation <Iu plan que Brossard (voyez ce nom)
avait indiqué à la fin de son Dictionnaire his-
torique de la musique. Bien qu'incomplet et
défectueux sous lieaucoup de rapports, il a
été d'un grand secours aux bibliographes mu-
siciens qui ont écrit postérieurement. Walther
n'avait pas à sa disposition les immenses res-
sources nécessaires pour un tel ouvrage et
qu'on ne peut trouver que dans les grandes
villes; mais il avait du savoir, de la patience,
et avait rcccueilli îles notices qu'on n'aurait pu
se procurer plus tard sur les musiciens alle-
mands, ses contemporains de la fin du dix-sep-
tième siècle et de la première partie du dix-
buitième. Le lexique de Walther et VEhren-
pforle de Mallheson ont été les bases des
ouvrages de Forkel, de Lichtenlhal et Ferd.
Becker, concernant la littérature de la mu-
sique, ainsi que des dictionnaires biogra-
phiques de musique de Gerber et de tous les
livres du même genre. J'y ai puisé bien des
corrections pour les fautes non-seulement du
premier lexique de Gerber, mais même pour
celles du second.
WALTHER (Augustin Fhédéiwc), fils de
Micbel, cité précédemment, naquit à Witlen-
horg, en 1G88. Orphelin dès l'âge de quatre
ans, il trouva dans quelques amis de son père
des protecteurs qui lui firent faire de bonnes
études. Il suività l'Université dé Jéna descours
de médecine et devint un des plus savants ana-
lomistcs de l'Allemagne. Fixé d'abord àLeip-
sick et professeur à l'Université, il fut ensuite
médecin de la reine de Pologne, électrice de
Saxe, et ne reprit ses leçons d'anatomie qu'a-
près la mort de celle princesse. Une courle
maladie l'enleva à l'âge de cinquante-huit ans,
le 51 octobre 174G. Au nombre des disserta-
lions qu'il a publiées, on trouve celle qui a pour
titre : De Ilominis luringe et voce, Leipsick,
1740, in-4°. Elle a été réimprimée dans les
œuvres de l'auteur publiées par Haller sous le
li ire : Disputât, anatomicar. sélect, volumin.
seplvm, Gœllingue, 1751.
WALTHER (Jean-Ludolt), archiviste à
Gœllingue, moi l le 21 mars 1752, est auteur
d'un ouvrage rare cl recherché intitulé : Lexi-
cou diplomuticum cum pr&falione Joann.
Duvidis Koeleri, Goltingae, 1745; première
partie composée de cent dix planches gravées,
in-fol.; deuxième partie, ibid., 1746, cent
cinq planches ; troisième, ibid., 1747, vingt-
ci nq planches, avec une préface de J.- H. Jung.
Il y a des exemplaires avec la date d'Ulm,
1757, qui ne diffèrent de la première édition
que par le frontispice. On trouve dans ce livre
les signes des notations musicales du moyen
âge, particulièrement des notations saxonnes
et lombardes, avec une traduction souvent
fausse ou arbitraire, reproduite par Bur-
ney et Forkel, dans leurs Histoires de la
musique.
WALTHER (Jean Christophe), second
fils de Jcan-Godefroid, né à Weimar, en 1715,
fit ses éludes sous la direction de son père.
Après avoir occupé pendant dix-neuf ans les
places d'organiste et de directeur de musique
à la cathédrale d'Ulm, il retourna dans sa ville
natale, en 1770, et y mourut le 25 août 1771.
On a gravé de sa composition trois sonates
pour clavecin, à Nuremberg, en 17GG, et quel-
ques petites pièces pour le même instrument,'
dans les recueils publiés par Bossler, à Spire.
Pendant plusieurs années, Walther avait
suivi la profession d'avocat avant de se fixer
à Ulm.
WALTHER (Frédéric), pianiste et com-
positeur, né à Anspach, vers 1770, a vécu dans
celte ville en qualité de professeur de piano et
de flûte : i ! s'y trouvait encore en 1810. On a pu-
blié de sa composition : 1° Souale pour piano
avec violon obligé, op. 1, Offenbach, André.
2" Grande souale pour piano, violon et violon-
celle, op. 2, Augsbourg, Gombarl, 1802.
5" Trois sonales progressives pour piano et
violon, op. 5, ibid. 4° Trois sonales, idem,
op. 4, ibid. 5° Sonate idem, op. 5, ibid.
G" Variations pour piano seul sur l'air alle-
mand : O du lieber Augustin, ibid. 7° Douze
écossaises pour piano seul, op. G, ibid.
WALTHER (Jean-Frédéric). Sous ce
nom d'un écrivain inconnu, on a publié une
description de l'orgue de l'égliscdc la Garnison
de Berlin, avec ce litre : ton der Berliner-
Garnison Orgel, in 4" de trois feuilles et de-
mie, sans date ni nom de lieu.
WALTHER (J.-A.), docteur en philoso-
phie et médecin à Bayreulh, vers 1820, esl
auteur de deux écrits intéressants sur la mu-
sique qui ont pour titres : 1" Die Elément e
der Tonhunsl, tris ÎFissenschtift (Les Élé-
ments de la musique comme science) , Hof,
1826, un vol. in-8". La théorie de l'harmonie
développée dans cet ouvrage se distingue du
système allemand, qui a détruit les bases de la
tonalité en plaçant l'accord parfait et celui de
septième sur tous les degrés de la gamme. L'au-
teur, ayant bien compris les fondions lonales
de ces harmonies, n'admet l'accord parfait que
sur la tonique, le quatrième degré cl la domi-
)
WALTHER - WANHAL
415
nanle. A l'égard <lc l'accord de septième, il a
très-bien vu qu'il n'a son caractère tonal que
sur la dominante; mais il s'est trompé en
croyant qu'on peut y substituer quelquefois la
tierce mineure à la tierce majeure, car l'ac-
cord de septième avec la tierce mineure est
incompatible avec la dominante, suivant la loi
de la tonalité : c'est au second degré de la
gamme qu'il appartient. Il est remarquable
que tous les systèmes d'harmonie s'écroulent
dans l'origine et les fonctions de cet accord,
car on ne peut lui trouver de place cl île
fonctions que par la substitution réunie à la
prolongation dont j'ai donné la théorie dans
mon Traité de V harmonie. 2° Erlxulerungen
einiger der verwickellesler Jusiveichungen
nach dem Dominante- Gesetze, wie es in sei-
nen Elementender Tonkunst, ele (Éclaircis-
sements de quelques passages obscurs concer-
nant les lois dominantes qui se trouvent dans
les éléments de la musique, etc.), Hof, 1820,
in-8°. Des critiques de ces ouvrages se trouvent
dans la Gazette générale de musique, de Leip-
sick (t. 28 et 29); mais elles sont remplies
d'erreurs, en ce qui concerne la théorie véri-
table de la tonalité et de l'harmonie.
WAETHOFEIt (Salomon), organiste de
la cathédrale de Padoue, au commencement
du dix-septième siècle, s'est fait connaître par
<\e\\\ messes à six voix de sa composition, pu-
bliées à Venise, en 1G02, ln-4^ la première
sur le chant : Cur trislis et afflicta, la
deuxième sur l'antienne Diligitejustiliam.
WAUCZURA voyez WA1XZUUA.
WANDEUSLEB (Adolphe) était direc-
teur de la Liedertafel de Goiha,en 1844 ; trois
ans après, il fut nommé cantor et direcleurde
musique de la cour dans la même ville. En
1845, il dirigea le festival de chant des chœurs
de la Thuringe. Cet artiste s'est fait connaître
par la composition de plusieurs opéras parmi
lesquels on remarque : 1° Die Bergenkappen
(Les Mineurs), représenté, à Gotha, en 184G.
2° Graf Ernsl von Gteichen (Le Comte
Ernest de Gleichen), idem, en 1847. 5" Lœu-
vel; idem, ibid.
WAINUAL (Jean Baptiste), compositeur
agréable, naquit le 12 mai 173'J, au village de
Neu-Néchanitz, en Bohême. Fils d'un pauvre
paysan, il n'eut d'autre éducation que celle de
l'école de cet endroit et de celle de Warscher-
dorf, où il apprit les éléments de la langue
allemande. Le maître d'école de Nechanitz,
bon musicien, lui apprit à chanter et à jouer
de l'orgue. A l'âge de dix-huit ans, le jeune
Wanhal fut nommé organiste à Opoczna3 et
bientôt après il obtint la place de directeur du
chœur à l'église de la petite ville de Niemec-
zowes. Il était déjà habile sur le violon et
sur la viole d'amour, et composait tous les
morceaux qu'il exécutait sur l'orgue et sur
ces instruments. Le doyen de Niemeczowes,
Malhias Nowak, possédait un talent remar-
quable sur le violon ; ses conseils furent utiles
à Wanhal. Les rapides progrès du jeune ar-
tiste fixèrent sur lui l'attention de plusieurs
personnes de la noblesse du pays, particulière-
menld'une comtesse deSchaffgolsch,ipii le prit
sous sa protection et le lit venir à Vienne, où son
goût se forma par l'audition des œuvres des
bons compositeurs italiens et allemands. Admis
dans les maisons de la plus haute noblesse, en
qualité demailre de piano, de violon et de
chant, il y fit entendre ses compositions, où
brillaient des mélodies faciles et naturelles
soutenues par une harmonie qui ne manquait
pas d'élégance : elles' devinrent bieirôt à la
mode. A celte époque, tout paysan bohème de-
vait payer un droit de servage au seigneur sur
les terres duquel il était né, quelle que l'ut la
position où il parvenait par son talent ou son
industrie, à moins qu'il n'achetât sa libellé an
moyen d'une somme déterminée par les con-
stitutions du pays. Wanhal était déjà célèbre
comme arliste, à Vienne, lorsqu'il était encore
tenu d'acquitter chaque année ce droit humi-
liant ; mais le produit de ses leçons cl de ses
ouvrages devint si considérable, qu'il put enfin
réunir la somme nécessaire pour s'en affran-
chir. Depuis longtemps, il éprouvait le désir
de visiter l'Italie, pour connaître les composi-
teurs célèbres de ce pays, el perfectionner son
savoir et son talent : son protecteur, le baron
Reisch, lui en fournit les moyens, en lui accor-
dant une pension pendant lé terme de deux
aunées.Dans cet intervalle, Wanhal vit Venise,
où il reçut d'utiles conseils de Gluck, Bologne,
Florence, Rome et Naples, et y étudia l'art
d'écrire sous la direction des meilleurs maîtres.
Ayant rencontré, à Rome, le compositeur
Gassmann, son compatriote, il écrivit quelques
morceaux pour les opéras de celui-ci. Le suc-
cès qu'ils obtinrent lui fit avoir un engage-
ment pour écrire lui-même, dans celle ville, II
Trionfo di Clelia et Demofoonte. Dans l'es-
pace de cinq mois, ces deux ouvrages furent
achevés et représentés, aux applaudissements
de la population romaine. De retour à Vienne
après deux ans d'absence, Wanhal y retrouva
ses protecteurs, particulièrement le comte
Erdœdy, dans les dispositions les plus bien-
veillantes pour lui. Tout semblait lui pro-
416
WANHAL - WANNING1US
mettre une brillante carrière, lorsqu'une ma-
ladie mentale, qui le jeta dans une dévotion
exagérée, lui fit brûler toute sa musique dra-
matique, et le mil dans l'impossiblilé de tra-
vailler. Dans les intervalles lucides que lui
laissait cette maladie, il composait de petites
pièces où l'on remarquait des idées charman-
tes; mais bientôt après, il retombait dans les
accès de sa folie, dont la durée fut de plusieurs
années. Il guérit enfin. Lorsque Burney le vil à
Vienne en 1772, il paraissait ne plus ressentir
aucune atteinte de son mal; mais son talent
parut amoindri à l'historien de la musique.
Vers le même temps, Wanhal suivit le comte
Erdœdy dans ses propriétés de la Hongrie et
de la Croatie, et composa pour son service un
oratorio «le la Passion, plusieurs messes, mo-
tels cl litanies dont on ne connaît aujourd'hui
qu'une partie, le reste étant demeuré en la
la possession rie ce seigneur. De retour à
Vienne, vkiîs 1780, Wanhal s'y maria et vécut
dans une situation aisée. Son caractère doux
et facile lui avait fait beaucoup d'amis qu'il
conserva jusqu'à ses derniers jours. Dlabacz,
<|iii le vit en 1795,1e loue beaucoup pour l'affa-
bilité de ses manières. Les grandes composi-
tions de Haydn et de Mozart avaient fait vieillir
son style, el ses symphonies, après avoir eu «le
la vogue dans sa jeunesse, étaient insensible-
ment tombées dans l'oubli 5 mais il n'en cul
pas d'humeur, et ne montra jamais le ressen-
timent si ordinaire aux artistes que la faveur
publique abandonne. Il mourut à Vienne le
2G août 1813, à l'âge de soixante- quatorze
ans.
Parmi les nombreuses compositions de
Wanhal qui ont été publiées, on remarque :
1" Messes à quatre voix, deux violons, allô,
deux hautbois, deux trompettes, timbale et
orgue, n05 1 el 2, Vienne, Haslingcr. 2° Offer-
toires pour soprano ou ténor et petit orchestre,
nnS 1 et 2, ibid. 3" Six hymnes faciles à quatre
voix et petit orchestre, Vienne, LeidersdoiT.
4° Six symphonies pour deux violons, alto,
basse, deux hautbois et deux cors, op. 4, Am-
sterdam, 1787, Paris, Leduc. 5" Trois idem,
op. 10, Paris, Sieber. 0" Trois idem, op. 10,
ibid. 7" Quintette pour flùle, deux violons,
allô cl basse, Vienne 1787. 8" Six quai s
pour deux violons, allô et basse, op. 20,
Paris, Sieber. 9° Six idem, op. ôô, Vienne,
Arlaria. 10" Six trios pour deux violons el vio-
loncelle, op. 11, Paris, Sieber. 11° Six idem,
op. 19, ibid. 12° Duos pour deux violons,
liv. I, II, III, Vienne, Cappi, op. 22, Paris,
Porto ; op. 04, Paris, Momigny. 1-3° Concertos
pour clavecin, lieux violons* et violoncelle,
nns let2, Vienne, Cappi. 14° Quatuors pour
clavecin, flùle, violon el violoncelle, nos 1, 2,
3,4, Paris, Sieber. 15" Quatuors pour clavecin,
violon, allô et basse, op. 40, nos 1,2, ô, Leip-
sick, Pelers. 10" Divertissement pour piano à
quatre mains, avec flùle, violon et violoncelle,
Offenbach, André. 17° Sonates de piano, avec
violon el violoncelle, op. 1, 2, 5, 8, 9, Offen-
bach, André. 18° Sonates pour piano el violon,
op. 3, 0, 7, 17, 43, 44, Hambourg, Bœhme;
Offenbach, André ; Maycnce, Scholl, Bonn,
Simrock. 19" Sonales pour piano à quatre
mains, op. 32, 40, 04, 05, 00, Hambourg,
Bœhme; Vienne, Arlaria; Mayence, Scholl.
20° Sonales pour piano seul, op. 18. 42, 99,
100, Offenbach, André. 21° Une multitude de
peliles pièces, préludes, fantaisies, caden-
ces, etc., chez Ions les éditeurs. 22" Beaucoup
de thèmes variés, ibid. 2ôu Une multitude de
suites «le danses allemandes, écosaiscs, valses,
pour divers instruments, ibid. 24° Huit re-
cueils de fugues et de préludes pour l'orgue,
Vienne, Cappi, Arlaria, Haslingcr. Leidersriorf.
Wanhal a laissé en manuscrit quatre-vingts
huitsymplionies pour l'orchestre, quatre-vingt-
quatorze quatuors, vingt-trois grandes el peliles
messes, deux Requiem, trente Salve Regina,
trente-six offertoires, un Stabat mater, consi-
déré comme un «le ses plus beaux ouvrages,
el un très-grand nombre «le concertos et de
symphonies concertantes pour divers instru-
ments.
WAA.M1K (Cimim.es), pianiste cl compo-
siteur, fut nommé professeur de son instrument
au Conservatoire de Munich, en 1848. Il est
connu par un grand nombre de compositions
pour le piano, parmi lesquelles on remarque :
1° Nocturne pour piano, op. 1 ; Munich, Aibl.,
1841. 2° Rêveries d'opéras modernes au Sa-
lon; six mélodies en forme de caprices, op. 4 ;
ibid. ô° Le Carnaval de Venise, fantaisie va-
riée sur la canzonclle Mamma mia, ibid.
4° Souvenir des sœurs Milanollo; Fantaisie
d'après des motifs, passages, etc., exécutés par
ces jeunes artistes dans leurs concerts, pour
piano ; ibid. 5° Premier grand duo pour
piano el violon sur. la fille du régiment ;
ibid.
WANNIHïGIUS (Jean) ou WA.N-
INIjXG, maître de chapelle de l'église Sainte-
Marie, à Danlzick, vers la fin du seizième siè-
cle, élail né à Kemplen. On a imprimé de sa
composition : 1° Cuuliones sacra? 5-8 vocum,
Nuremberg, 1580, Catherine Gerlacb, in-4"
obi. 2° Cinquante-deux motels sur les textes
WANN1NGIUS — WAÏ1RËN
4l?
des évangiles îles dimanches, à cinq, six
el sept voix, Dresde, Malli. Slœckel, 1584,
in 4°.
WANSON (François- Antoine Alphonse),
né à Liège, le 1 1 octobre 1809, fil ses éludes
musicales au Conservatoire de Liège, cl fui
élève de M. Daussoigne pour la composition.
Après avoir terminé ses éludes, il fut nommé
professeur de solfège dans la même école. Col
artiste est mort à Liège le 1er mars 1856. Une
messe de sa composition a été exécutée à la
cathédrale. Il a fait représenter au théâtre de
celle ville les opéras intitulés : 1" V Amant
pour rire, en un acle, 1835. 2" La Seraphina,
en un acte, 1837. 5° Le Garde de nuit, en
trois actes, 1838. 4" V Astrologue, en deux
actes, 1841. On connaît aussi de Wanson
quelques molels el des choeurs pour des voix
d'hommes. Il fut directeur de la sociélé
d'harmonie el de chanl, instituée en 1828.
WA1XZURA (Ceslaus), et non WAIV-
JURA, récollet, né en Bohème, dirigea, pen-
dant plusieurs années, la musique de l'église
Saint-Jacques, à Prague. Il mourut dans celle
ville, le 7 janvier 173G. On a publié de sa com-
position : t'1 I Lrevissimx et solemnes Lila-
nix L.aurelanx a canto , ténor e, basso,trom-
bonis parlim 2, parlim 4, tympanis et or-
fjano, Pragae, Ad. Wilh. Wesscly, 1731,
op. 1, in-fol. Le P. Wanzuraa laissé en ma-
nuscrit beaucoup de musique d'église.
WAINZURA (Eknest), né à Waneherg,
en Bohème, vers le milieu du dix -huitième
siècle, fui d'abord lieutenant d'infanterie au
service d'Autriche, et amateur de musique
distingué; puis il se fixa à Vienne, els'y filcon-
nailre comme violoniste et compositeur. Plus
lard, il se rendit à Pélersbourg et y eut la
charge d'intendant de la musique de l'impéra-
trice Catherine II. En 1787, il était, dans celle
ville, premier violon de l'Opéra el directeur de
la musique de la cour. Il y mourut au mois
île janvier 1802, laissant en manuscrit des
symphonies, des quatuors pour clavecin, flùle,
\ iolon el basse, el des trios de violon.
WAIMZURA ou WAINCZURA (Jo-
seph), professeur de piano à Vienne et com-
positeur de musique facile pour cet instru-
ment, naquit en Bohème et se fixa dans la ca-
pitale de P Autriche vers 1840. On a de lui en-
viron cinquante oeuvres de petits rondos, de
valses et de polkas, publiés chez Diabelli, à
Vienne.
WARD (Jean), professeur de musique an-
glais, vécut à Londres au commencement du
dix-septième siècle. liarnard a inséré une
BIOGR. l'.MV. DES MUSICIENS. T. VIII.
messe et une antienne de la composition de ce
musicien dans sa collection de musique d'église
ancienne. Ward a publié lui-même les deux
ouvrages suivants : 1" Madrigals to 3, 4, 5
andQ voices. 2° ASong lamenting the death
of Prince Henry, Londres, 1G13.
WARI1NG (William), professeur de mu-
sique à Londres, vécut dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. Il est auteur de la ira -
duclion du dictionnaire de musique de J.-J.
Rousseau, publiée sous ce titre : A Complète
Diclionary ofMusic, consisting ofacopious
exploitation of ail the words necessary lo a
true knowledge and understanding of music,
Londres, 1770, in-8". Cette première éditiou
n'est pas achevée et ne porte ni le nom de l'au-
teur, ni celui du traducteur j mais il en parut
une deuxième, contenant la traduction de tout
l'ouvrage original, laquelle est intitulée : The
complète Diclionary of Music, consisting of
a copious explanation of ail the lèords ne-
cessary toa true knowledge and understand-
ing of illusic. Translated from the original
French of Mons. J.-J. Rousseau, by Wil-
liam TFaring. Londres (sans date), 1 vol. gr.
in-8°.
WARNECKE (Georges- Henri), né à
Goslar, le 7 avril 1747, obtint, en 1780, la
place d'organiste de l'église Sainte-Marie à
Gœllingue. En 1780 et 1783, il publia deux re-
cueils de chansons allemandes avec accompa-
gnement de clavecin.
WARREN (Ambroise), amateur de mu-
sique, vécut à Londres au commencement du
dix-huitième siècle, et y publia un système de
division de l'échelle musicale en trente-deux
parties ou intervalles par chaque octave, sous
ce litre : The Tonometer : explaining and
demonslrating by an easy method , in
nutnbers and proportions, atl the 32 distinct
and différent notes, ad juncts or suppléments
conlained in eachof four octaves inclusive of
the gammut , or common seule of Musick, etc.,
London, 1725, in-40 de sept feuilles. Ce sys-
(ème, essentiellement faux et arbitraire, a été
analysé par Scheibe, dans son livre Ueber die
musikalische Composition (p. 491-509).
WARREN (Joseph), filsd'un gentilhomme
de haute naissance, est né à Londres le 20 mars
1804. Dès ses premières années il monirad'heu-
reuses dispositions pour la musique et com-
mença seul l'élude du violon. Plus tard, il reçut
des leçons de Joseph Stone pour le piano, l'orgue
et la basse continue. A l'exception d'un petit
nombre de ces leçons, 31. Warren ne doit qu'à
lui-même et à ses éludes persévérantes l'in-
27
418
WARREN - WASSERMANN
slruction étendue qu'il possède dans l'art et
dans son histoire. Pendant les années 1820 et
1821, il lut chef d'orchestre d'une société d'a-
mateurs, pour laquelle il écrivit deux sympho-
nies et des chants à voix seule, desduos, trios,
quatuors et septuors. Tous ces ouvrages sont
restés en manuscrit. D'autres pièces vocales
ont été aussi composées par lui et n'ont pas été
publiées. En 18ôô, il fut nommé organiste et
directeur du chœur de la chapelle de Sainte-
Marie, à Chelsea et composa, pour l'usage de
cette chapelle, trois messes à quatre voix, deux
messes à deux voix avec accompagnement
d'orgue, des offertoires, des hymnes et d'au-
tres pièces de musique religieuse. Quelques
morceaux pour le piano écrits par M. Warren
ont été publiés à Londres, de 1828 à 1855. On
a aussi de cet artiste environ trois cents mor-
ceaux pour la Concertina, et une méthode
pour ce petit instrument qui a eu beaucoup de
vogue en Angleterre. En 1840, M. Warren a
été engagé par les éditeurs Robert Cocks et Cc,
pour donner des soins à la publication de plu-
sieurs ouvrages de littérature musicale parmi
lesquels on remarque Hints to young Com-
poser (Conseils au jeune compositeur), Hints
to young Organist (Conseils au jeune orga-
niste), Instruction- Book for the organ (Ma-
nuel pour l'art de jouer de l'orgue), Le Guide
des chanteurs, et diverses collections de pièces
d'orgue. En 1842, Warren est devenu membre de
la société des antiquaires musicienset a publié,
en celte qualité, Les Falas de Hilton, d'après
l'édition de 1627. La publication la plus im-
portante de M. Warren et qui lui fait le plus
grand honneur est la dernière édition de la
Catheral Music de Boyce, éditée chez Robert
Cocks et Ce, en trois volumes in-folio. La re-
marquable correction de celte édition, la Vie
de Boyce et les notices des compositeurs don t
on trouve des morceaux dans cet ouvrage,
assurent à M. Warren l'estime de tous les mu-
siciens érudils. Cet artiste laborieux a réuni
une collection peu nombreuse mais intéressante
d'anciens ouvrage de littérature musicale.
WARTEL (Pierre-François), professeur
dechantàParis, né à Versailles, le 3 avril 180G,
fut admis comme élève au Conservatoire, le
15 octobre 1823, et entra dans la classe de sol-
fège dont Halévy était alors professeur; mais
deux mois après, il sortit de celte école pour
entrer dans l'institution de musique religieuse
dirigée par Choron. En 1828, il rentra au Con-
servatoire comme élève pensionnaire et y con-
tinua ses éludes de chant sous la direction de
Bauderali. Le premier prix de chant lui fut dé*
cerné au concours de 1829. Adolphe Nourrit
devint ensuite son professeur de déclamation
lyrique. Ses études étant achevées en 1831,
il sortit du Conservatoire et entra à l'Opéra
comme lénor : il resta attaché à ce théâtre
pendant environ quinze ans. Lorsqu'il se re-
tira, il voyagea en Allemagne, chanta à Ber-
lin, à Prague, à Vienne, puis revint à Paris,
où il s'est livré à l'enseignement du chant. Au
nombre des élèves qu'il a formés, on remarque
particulièrement la cantatrice distinguée
MlleTrebelli.
WARTEL (TnÉnÈse), femme du précé-
dent, a fait ses études au conservatoire de Paris
où elle est née, et s'est fait connaître comme
virtuose pianisle.
WASSERMANN (Henri-Joseph) , né le
3 avril 1791, à Schwarzbach, près de Fulde,
dans la liesse électorale, élait fils d'un musi-
cien de village. Dès son enfance, il montra
pour la musique d'heureuses dispositions qui
se développèrent avec rapidité par les leçons
de l'instituteur du lieu de sa naissance. Celui-ci
lui enseigna les éléments du chant et du vio-
lon, puis Wassermann reçut des |,eçons de
Hankel, cantor à Fulde, pour cet instrument
et pour la composition. Spohr, qui était alors
à Gotha, devint bientôt après son maître, per-
fectionna son talent, et lui fit oblenirune place
à la cour du duc de Saxe-Hechingen. En 1817,
Wassermann fut nommé directeur de musique à
Zurich. Il espérait y rétablir sa santé, toujours
chancelante depuis son enfance; mais, en 1820,
il accepta une place dans la chapelle du prince
de Furstemberg, à Donaueschingen, sur l'in-
vitation de Conradin Kreutzer. Après y avoir
passé plusieurs années, il se rendit à Stuttgart,
puis à Munich, d'où il partit pour faire un
voyage à Paris. En 1828, il accepta la place de
chef d'orchestre à Genève, puis se rendit à
Bàle pour y remplir les mêmes fonctions. Une
maladie nerveuse l'obligea à donner sa dé-
mission et à se retirer au village de Richen,
près de cette ville, où il mourut au mois
d'août 1838. Wassermann a été considéré en
Allemagne comme un des bons élèves de Spohr.
Il a publié de sa composition : 1° Thème ori-
ginal varié pour violon avec quatuor, op. 4,
Leipsick, Hofmeisler. 2° Premier quatuor bril-
lant pour deux violons, alto et basse, op. 14,
Leipsick, Pelers. 3° Duos faciles pour deux
violons, ibid. 4° Fantaisie en forme de valse,
à grand orchestre, op. 19, ibid. 3" Qualuor
pour flûte, violon, alto et basse, Munich, Fal-
ter. 6° Danses à grand orchestre, op. 1 1 , Bonn,
Simrock. 7° Quelques pièces pour la guitare.
WATIER - WEBB
419
WATIER (François), né le 6 avril 1806,
à Pas (Pas-de-Calais), n'était âgé que de cinc|
ans lorsque son père, percepteur des contri-
butions directes, fut appelé à Lille. Livré à la
fois à l'élude de la peinture et de la musique,
Watier choisit ce dernier art définitivement, et
apprit, sous la direction d'un bon professeur,
nommé Baumann, l'harmonie et le contre-
point. Plus lard, il se rendit à Paris pour
perfectionner ses connaissances. Il y étudia la
méthode d'enseignement de Wilhelm, et. de
retour à Lille, il en fil l'application dans des
coins gratuits de chant populaire. C'est de
celte école que sont sortis les membres des
diverses sociétés orphéoniques de Lille. La
société des sciences de celte ville a décerné à
M. Watier une médaille d'or, en récompense
de son dévouement désintéressé et des résul-
tais qu'il avait obtenus. Un concours ayant
été ouvert en 1848, par leministre de la guerre,
pour une composition de musique militaire,
l'Académie des beaux-arts de l'Institut, char-
gée de juger ce concours, accorda un prix
d'honneur à M. Watier pour une ouverture
solennelle. Cet ouvrage, publié à Paris chez
Gamba ro, a fait partie, depuis lors, du réper-
toire des corps de musique de l'armée française.
M. Watier a fait paraître, chez le même édi-
teur, environ quarante morceaux pour la
musique d'harmonie. En 1853, cet artiste a
soumis à l'examen de l'Académie des beaux-
arts de l'Institut et du Comité d'enseignement
du Conservatoire de Paris une Méthode de
dictée et d'écriture musicale 'qui a été approu-
vée par ces deux corps savants, et a été publiée à
Paris, chez l'éditeur Régnier-Canaux. Les
autres compositions de M. Walier sont :
1° Trois cantates inédites avec orchestre.
2" Messe pour des voix d'hommes avec accom-
pagnement d'harmonie militaire, dédiée à
II!. Auber; Paris, Gambaro. 3° Deuxième messe
pour des voix d'hommes accompagnées par des
altos et violoncelles, exécutée plusieurs fois à
la cathédrale de Cambrai. 4° Troisième messe
pour quatre voix d'hommes et harmonie mili-
taire, exécutée par deux cents musiciens, à l'é-
gliseS;iinl-Maurice,de Lille, lejour de Pâques.
5° Te Deum pour quatre voix d'hommes, voix
seules et harmonie militaire ou orgue, exécuté
le 15 août 1856, pour la fêle de l'empereur
Napoléon III. 6° Une collection de chœurs
pour quatre voix d'hommes, publiée à Paris,
chez Ricuaull et Schonenberger, et dont plu-
sieurs ont obtenu de brillants succès dans les
concours.
WATSON (William), botaniste et physi-
cien anglais, né en 1715, exerça d'abord la
profession de pharmacien, mais il l'abandonna
pour la médecine, en 1759, et fut nommé mé-
decin de l'hôpital des enfants trouvés, à Lon-
dres, en 1762. 11 mourut dans celle ville, le
10 mai 1787. Watson a rendu de signalés ser-
vices à la science par ses recherches sur l'élec-
tricité. Au nombre de ses mémoires insérés
dans les Transactions philosophiques, on en
remarque un qui a pour titre : Enquiry con-
cerning the respective velocilies of electricity
and sound (t. XLV, p. 59).
WAWRA (Wenceslas), organiste distin-
gué à Kremsmltnster, en Autriche, naquit en
1767, à Niemeycz, en Bohême, où son père
était insliluteur. Après avoir fait son éduca-
tion musicale au monastère de Kremsmlinster,
comme enfant de chœur, il y fut attaché, en
1791, en qualité de ténor et d'organisle. Il y
vivait encore en 1816. On a imprimé de sa
composition : 1° Six menuets avec six trios
pour le clavecin, Prague, Widlman, 1808.
2° Messe allemande à trois voix et orgue pour
les églises de la campagne, ibid., Vienne,
Haslinger. 3° Requiem allemand pour soprano,
ténor, basse et orgue, ibid.
WEBB (Daniel), écrivain anglais, naquit
en 1735, à Taunton, dans le comlé de So-
merset. Il se distingua d'abord comme prédi-
cateur et publia des sermons qui le firent con-
naître avantageusement ; mais, plus lard, il
abandonna la carrière ecclésiastique, accepta
un emploi civil, et défendit le ministère du duc
de Leeds dans plusieurs écrits. Retiré, vers la
fin du dix-huitième siècle, dans sa province
natale, il y mourut le 2 août 1815. Au nombre
des Ouvragés de Webb, on remarque celui qui
a pour titre : Observations on the correspon-
dence between poetry andmusic (Observations
sur les rapports de la poésie et de la musique),
Londres, 1769, in-8°. Cet ouvrage a été réuni
avec les autres écrits de l'auteur par un de ses
amis (W. Winslanlley), dans un volume inti-
tulé : Miscellanies, Oxford, 1803, in-4°. Ce
volume est devenu rare parce que la plupart
des exemplaires ont péri dans un incend'n.
Eschenburga donné une traduction alleman te
du livre de Webb sous ce tilre : Betrachtun-
yen iiber die Ferwandschaft der Poésie und
Musik, Leipsick, 1771, Schwickert, in-8°de
cent soixante-neuf pages.
WEBB (Francis), écrivain anglais, n'est
connu que par un ouvrage qui a pour tilre :
Panharmonium, designed as an illustra-
tion ofan enyraved plate, towich is altemp-
led lo beproved thaï the Principles of Bar-
27.
420
WEBB - WEBER
l
mony prevail troughout the whole System
of Nature, but more especially in the Human
Frame. Londres, 1815, in-4°.
WEBBE (Samuel), musicien anglais, naquit
en 1740, à Minorque, où son père était em-
ployé du gouvernemenl. Devenuorphelindans
son enfance, et laissé dans une situation peu
aisée, il fut réduite se faire copiste de musique
pour vivre. Son goût pour l'élude lui fit ap-
prendre sans maître le latin, le français, l'alle-
mand et même l'hébreu. Devenu élève de Bar-
handi, organiste de la chapelle de Bavière, à
Londres, il fit de rapides progrès dans la mu-
sique sous sa direction, et devint bientôt à la
mode par la composition de chansons anglaises
dont il a publié trois volumes et qui ont ob-
tenu un succès de vogue. En 1770, il succéda
à son maitre Barbandt dans la place d'orga-
niste de la chapelle portugaise. Le nombre des
glees, catches, et autres pièces de chant pour
une ou plusieurs voix, connues sous le nom de
Webbe, s'élève à plus de cent. On connaît
aussi de lui : 1° Huit antiennes à deux chœurs.
2° Trois livres de musique d'église pour l'u-
sage du service catholique. 3" L'ode de sainte
Cécile, à six voix. 4° Concerto pour le clavecin,
Londres, 1788. 5° Divertissements militaires,
consistant en marches et pas redoublés pour
deux clarinettes, deux cors, deux bassons,
petite flûte, trompeltes, bugle et serpent,
ibid. Webbe est mort à Londres en 1824, à
l'âge de quatre-vingt-quatre ans.
WEBBE (Samuel), fils du précédent, est
né à Londres, vers 1770. En 1798, il s'établit
à Liverpool, en qualité de professeur de mu-
sique; mais il retourna à Londres quelques
années après, et y obtint la place d'organisle
de l'ambassade d'Espagne. Kalkbrenner et
Logier l'employèrent aussi pour l'enseigne-
ment dans l'école de musique et de piano
qu'ils avaient établie, d'après le système de
ce dernier. Comme son père, Webbe s'est
fait connaître par la composition d'un grand
nombre de chansons anglaises. Il a écrit aussi
un Pater noster et plusieurs motels pour le
culte catholique, qui ont été publiés dans la
co.'.eclion de Novello. Webbe est aussi connu
,ar un petit traité d'harmonie intitulé: Har-
mony Epitomized or éléments of the tho-
roughbass, Londres, in-4° (sans date); ainsi
que par un recueil de solfèges, qui a pour
titre : fAmico del principianle, being
twenly-eight short Sol fat ng Exercices fora
single voice, wilh a bass, accompaniment.
Londres, sans date, in-4". II y a une deuxième
édition de cet ouvrage, avec accompagnement
de piano, publiée par J.-B. Sale. Londres,
sans date, in-4°
WEBEU (JÉnÉMiE), né à Leipsick, le 20
septembre 1G00, fit ses études dans cette ville
et «à Willenberg. Après avoir fini son cours de
théologie, il fut attaché à quelques églises
comme prédicateur, puis il obtint la place de
professeur de théologie à l'université de Leip-
sick. Il mourut dans celle position le 19 mars
1643. On a imprimé de lui deux sermonssurle
chant des hymnes, sons ce litre : Hymnologia
sacra, oder geistliche Singe-Kunst in zwey
Predigten, Leipsick, 1037, in-8°.
WEBEU (Paul), prédicateur à Sainl-Se-
bald de Nuremberg, naquit à Lauf, le 18 sep-
tembre 1025, el mourut à Nuremberg, le 3
juillet 1G9G. Musicien habile, il a composé
plusieurs chants chorals qui se trouvent dans
les livres de chant de Nuremberg, et a publié
dans celle ville, en 1GG7, un éloge de la mu-
sique intitulé : De Encomio musiecs, in-8°.
WEBEU (Jean-Adam), savant allemand,
vécut à Vienne, puis à Salzbourg, depuis 1007
jusqu'en 1G91. On a de lui un livre intitulé :
Discursus curiosi ad précipitas lotius litté-
rature humanœ scientias illustrandas ac-
commodait, Salzbourg, 1673, in-8°.Le vingl-
cinquième discours de cet ouvrage traite
De Musurgia , seu de natura musicx
(p. 372-379).
WEBER (CoNSTANi-JosEPn), musicien de
la chambre et organiste de la chapelle de l'é-
lecteur de Saxe, roi de Pologne, vécut à Dresde
vers le milieu du dix-huitième siècle. Il fit
graver à Nuremberg, en 1702, six sonates
pour le clavecin, op. 1. On croit que cet ar-
tiste mourut vers 1704.
WEBEU (EnÉuÉiuc-AuGusTE), docteur en
médecine, et amateur de musique, naquit à
Ileilbronn, le 24 janvier 1753. Dans son en-
fance, il apprit à jouer du violon et reçut des
leçons de Schoberl pour ce dernier instrument.
En 1771, il l'ut envoyé à l'Université de Jéna,
elil acheva son cours de médecine à Goet lingue,
trois ans après. Ayant reçu le doctorat en
1774, il s'établit à Berne, et y demeura trois
ans: puis il se fixa dans sa ville natale et y
exerça la médecine, se livrant en même temps
à la culture de la musique dans ses heures de
loisir, et se distinguant par ses écrits sur cet
art et par ses compositions. Il mourut à Ileil-
bronn, le 2 1 janvier 1800, à l'hâge de cinquante-
trois ans. La plupait des compositions de cet
amateur sont restées en manuscrit ; on remar-
que dans leur liste : 1° Le Diable est là, opé-
ra-comique. 2° Le Cordonnier alcrle, idem.
WECEPi
421
Ces deux ouvrages ont été joués avec
succès sur (tes théâtres d'amateurs. 3° I Pelle-
grinial sepolcro, oratorio à (rois voix, chœurs
el orchestre. 4" Oratorio de Noël, à troix voix
et orchestre. 5° Deux cantates à quatre voix el
orchestre et plusieurs autres morceaux de
chant avec instruments. G" Dix œuvres pour
la viole d'amour, savoir, un concerto, des
quatuors, quintettes et trios. 7° Un concerto
pourflûle. 8° Un idem pour cor. 9° Un trio pour
deux pianos et violon. 10° Plusieurs sympho-
nies, dont une intitulée : La Cappella gra-
ziala, parodie de la Cappella disgraziata
de Haydn. 11° Des sonates de clavecin à quatre
mains. Comme écrivain sur la musique, Wcher
a publié : 1° Caractéristique des voix dans le
chant el de quelques instruments d'un usage
habilite! (dans la Gazette musicale de Spire,
année 1788). 2" Ohservalions sur le violon et
sur le jeu de cet instrument (ibid., p. 14, 17,
30, 37, 105 et 114). 3° Dissertation sur la viole
d'amour et sur les améliorations qu'on y peut
faire (ibid., année 1789). 4" Dissertation con-
cernant l'amélioration de la tablature italienne,
à l'usage des clavecinistes, avec une suite de
pièces pour le clavecin (ibid.). 5° Recherches
sur la doctrine du contrepoint (ibid.). 6° De
l'usage de la musique dans la médecine (dans
la Gazette musicale de Leipsick, ann IV,
p. 561, 577, 593 et 609); bonne dissertation
qui renferme des observations curieuses sur ce
sujet. 7° De l'influence du chant sur la santé
(ibid., t. VI, p. 813). 8° Dissertation concer-
nant l'amélioration et le perfectionnement de
l'ouïe dans la musique (ibid., t. III, p. 4G9,
483, 501). 9° Des voix chantantes, de leurs
maladies et du traitement de celles-ci (ibid.,
t. II, p. 705, 721, 757, 774.785 et 801), suite
d'articles où l'on trouve de bonnes choses sur
un sujet qui a beaucoup exercé les médecins
dans ces derniers temps.
WEBER (Cihiktiex-Godefroid), né à Stutt-
gart, le 24 juillet 1758, fut attaché à la cha-
pelle du duc de Wurtemberg, en qualité de
violoniste. 11 composa pour le théâtre de celle
cour les opéras suivants : 1° L'Elysée, de
Jacobi, en 1781. ^«Claudine de P'illa-fiella,
en 1785.3° /^'Éclipse totalede lutte, en 178G.
4° L'Enthousiaste, en 1787. On connaît aussi
de lui des airs, cantates, quelques chansons
allemandes avec accompagnement de piano,
des concertos, quatuors et Irios pour la
harpe.
YVEBER (Behkabd-Ansei.he), maître de
chapelle du roi de Prusse, chevalier de laCroix
de fer, naquit à Manheim, le 18 avril 17GG,
Bien que ses parents le destinassent à l'état
ecclésiastique, ils lui firent commencer fort
jeune l'élude de la musique, sous la direction
de l'abbé Vogler : il apprit, dans l'école de ce
maître, les éléments du piano. Quand Vogler
partit pour l'Italie, il reçut des leçons dechant
de Ilolzbauer, cl Einberger lui enseigna les
éléments de l'harmonie. Plus tard, il fut envoyé
à Heidelberg pour y suivre le cours de théolo-
gie; mais l'aversion qu'il avait pour celte
science el pour l'état qu'on voulait lui faire
embrasser amena entre sa famille et lui de
vives discussions, qui se terminèrent par une
rupture ouverte. Arrivé à Hanovre, en 1787, il
y accepta la place de directeur de musique du
théâtre dirigé parGrossmann.il remplit ces
fonctions pendant trois ans. A cette époque,
les partitions des plus beaux ouvrages de Haen-
del lui tombèrent entre les mains, et cette mu-
sique, aussi remarquable parla richesse d'in-
venlion que par les qualités du style, lui fit
comprendre ce qui manquait à son éducation.
Dans une lettre qu'il écrivit alors à son ancien
maître, il exprimait son découragement avec
tant de chagrin, que Vogler l'engagea à se
rendre près de lui pour achever de s'instruire
dans l'art d'écrire. Weber n'hésita pas à don-
ner sa démission et à partir pour Stockholm.
L'étude du contrepoint et du style dramatique
y devint son unique occupation. Ce fut là qu'il
entendit pour la première fois les opéras de
Gluck. Son admiration pour les ouvrages de ce
grand homme fut si vive, que dès ce moment,
il les prit pour modèles; mais,'parla nature de
son esprit étroit, celle admiration fut si exclu-
sive, qu'elle lui fit méconnaître le talent de
quelques autres grands artistes, particulière-
ment de Mozart, dont il dénigra toujours les
sublimes productions dramatiques.
La mortde Gustave III ayant décidé l'abbé
Vogler à s'éloigner de la Suède, il se rendit en
Danemark avec Weber, puis à Hambourg, où
les deux amis se séparèrent en 1792. Alors
Weber partit pour Berlin, où l'on organisait la
troupe de l'Opéra allemand, au théâtre de
Kœnigstadt. Il y obtint la place de second
directeur de musique, et fut chargé de par-
courir l'Allemagne pour engager les meilleurs
chanteurs. Arrivé à Vienne, il s'y lia d'amitié
avec Salieri. De retour à Berlin, après avoir
rempli sa mission, il écrivit de la musique
pour plusieurs grands ouvrages de Schiller et
deGœlhe, tels que Guillaume Tell, Jeanne
d'Jrc, la Mort de TF'alknstein el la Fiancée
de Messine, ainsi que pour plusieurs ouvrages
de Holzeluie. On lui offrit, en 1796, la place de.
-Î22
WEBER
maître de chapelle à Rheinsberg ; mais il
n'accepta pas celle position. A celle occasion,
son traitement de chef d'orchestre du théâtre
Kœnigstadt fut porté à 1,000 thalers. Au mois
d'octobre 1803, il fit avec Kolzebue un voyage
à Paris. Méhul, qui le vit alors chez Millin
(voyez ce nom), m'a ditquelques années après
qu'il lui parut d'humeur assez bourrue, etdo-
miné, comme son compagnon de voyage, par
un senliment d'envie et par l'esprit de déni-
grement. De retour à Berlin au commence-
ment de 1804 , Weber oblint la place de
mailre de chapelle du roi de Prusse, avec l'au-
torisation de conserver la direction de la mu-
sique du théâtre de Kœnigstadt. II mourut à
Berlin, le 25 mars 1821, à l'âge de cinquante-
cinq ans.
Le talent principal de Weber consistait dans
la direction des orchestres. Comme composi-
teur dramatique, il n'a été que l'imitateur ser-
vilede Gluck, et n'a montré de génie dans
aucun de ses ouvrages. Gerber a donné la
liste suivante des opéras et drames dont il a
composé la musique : 1° Menceceus, première
partie d'un opéra composé à Hanovre. 2° Mu-
sique pour les drames les Bannières de
Souabe, et Inès de Castro, avec beaucoup
d'airs, des prologues el épilogues, à Hanovre.
ô° Quelques morceaux et prologues pour des
opéraset drames, à Berlin, en 1795. 4° Hyala
et Evandre, opéra en un acle, en 1790.
5° Hymne, ouverture et marche pour Jolan-
tha, drame représenté en 1797. 0° Mudarra,
opéra de Herclols, en 1799. 7° Hero, mono-
drame, représenté au théâtre royal de Berlin,
en 1800. 8° Le Jubilé de cent ans, en 1800.
9° Sitsmalla, duodrame, en 1802, au même
théâtre. 10° La Bénédiction delà force, en
1800, gravé pour le piano. 11° Musique pour
Guillaume Tell, de Schiller. 12° Deodata,
opéra de Kolzebue, en 1810. 13° La Gageure,
opéra-comique en un acte, gravé pour le
piano, à Berlin, en 1807. 14° Musiquepour la
Fiancée de 3Iessine. 15o Idem, pour Jeanne
d'Arc. 16° Idem, pour Le Réveil d'Epimé-
nide, de Gœthe, en 1814. 17° Le Cosaque,
opéra-comique, gravé pour piano, à Berlin,
chez Schlesinger. 18° Hermann et Thusnelda,
grand opéra de Kolzebue, en 1819. On con-
naît aussi quelques morceaux détachés com-
posés pour des opéras, par Weber, des ro-
mances et des chansons allemandes. Parmi ses
compositions instrumentales, on remarque :
19° Andante pour piano ou harpe et flûte;
Berlin, Dunker. 20° Sonates pour piano seul,
gravées à Hanovre. Quelques-unes de ses ou-
vertures ont été gravées pour l'orchestre et ,
pour le piano.
WEBER (Georges), organiste, pianiste et
compositeur, naquit à Wurzbourg le 1" jan-
vier 1771. Destinéà la magistrature, il se livra
dès sa jeunesse à l'étude du droit ; mais les le-
çons de piano que lui donna l'organiste de la
cathédrale de Wurzbourg développèrent ses
dispositions pour la musique, et lui donnèrent
un goût passionné pour cet art qui lui fil né-
gliger la jurisprudence. Schmidt, directeur de
musique de celle ville, acheva son éducation
musicale et le décida à suivre exclusivement
la carrière del'art. Dans les premières années
du dix-neuvième siècle, il obtint la place d'or-
ganisle de la cour, à Wurzbourg, et fut chargé
d'enseigner la musique aux enfants du grand-
duc. On le considère en Allemagne comme un
des meilleurs organistes de son temps. On con-
naît sous son nom : 1° Plusieurs concertos
pour violon. 2° Un concerto pour piano.
5° Des chansons allemandes. 4° Cantate sur la
mort d'une jeune fille, gravée à Vienne.
5° Quelques pièces d'harmonie pour des in-
struments à vent.
WEBER. (Frédékic-Diotïis ou Denis), di-
recteur du Conservatoire de musique de Pra-
gue, naquit en 1771 à Welchau, en Bohême.
François Bayer, maître d'école de ce lieu,
commença à lui enseigner, dans sa septième
année, la musique, le piano et la plupart des
instruments à cordes et à vent. A l'âge de
douze ans, Weber entra chez les Piarisles de
Treppan pour y faire ses éludes littéraires.
Plus tard, il fut admis au séminaire Clemen-
tint, à cause de sa belle voix et de son habi-
leté dans la musique ; puis il suivit avec éclat,
à l'Université de Prague, les cours de philoso-
phie, de théologie et de droit. Cependant, le
zèle qu'il y portait ne lui fit pas négliger la
\ musique, et son goût pour cet art finit par de-
venir une passion véritable. Ses études univer-
sitaires étant achevées en 1792, il commença
à se livrer spécialement à la culture de cet art.
Quelques compositions légères où l'on remar-
quait un goût heureux de mélodie, et son ha-
bileté sur le piano, le mirent en vogue ; bien-
tôt il fut le maître de musique le plus occupé
chez la noblesse de Prague. Il passait aussi
pour le théoricien le plus instruit parmi ses
compatriotes. La première grande composi-
tion qui plaça Weber au rang des artistes les
plus distingués fut une cantate divisée en deux
parties et intitulée : La Délivrance de la Bo-
hême. Elle lut exécutée au théâtre de Prague,
en 1797, pour l'anniversaire de la naissance
WEBER
423
de l'Empereur, par un orchestre et un chœur
de 350 musiciens. Le 1er juin 1800, il fit re-
présenter le Roi des génies, opéra qui eut du
succès. On cite aussi de lui le Marché aux
filles, petit opéra avec accompagnement de
quatuor et de piano, composé pour un théâtre
d'amateurs, et la Perle trouvée, ouvrage écrit
pour le théâtre allemand de Prague, mais qui
ne put être représenté à cause des circonstan-
ces fâcheuses où se trouvait ce théâtre avant
que Charles-Marie de Weber le réorganisât.
Frédéric-Dionis Weber ne crut pasdérogerde
sa qualité de théoricien en écrivant un grand
nombre de danses qui obtinrent un brillant
succès. Prédécesseur de Lanner et de Strauss,
ce fut lui qui commença à rajeunir les formes
de ce genre de musique. Plusieurs recueils de
ses quadrilles, allemandes et écossaises, ont
été gravés à Prague et à Vienne.
En 1810, quelques magnats de la Bohême
prirent la résolution de se constituer en société
pour les progrès de la musique dans leur pa-
trie, et d'établir Un Conservatoire à Prague.
Ce projet reçut son exécution, et Weber fut
appelée diriger la nouvelle école. Ce fut vers
celte époque que la rivalité qui existait entre
lui et Tomasclieck dégénéra en une vive inimi-
tié perpétuée par d'imprudents amis de ces
deux artistes. Weber fit preuve de talent et de
zèle dans la direction de l'école confiée à ses
soins. Pendant son administration, le Conser-
vatoire de Prague a vu se former, dans son en-
ceinte, plus de trois cents bons musiciens, à la
tête desquels se placent le célèbre compositeur
et pianiste Moscheles, Kalliwoda et Joseph
Dessauer. En prenant possession de ses fonc-
tions de directeur du Conservatoire, Weber
avait conçu le projet de rédiger pour cette
école des principes de musique, d'harmonie
et décomposition; il publia les premiers dans
un livre qui a pour litre : Allgemeine theo-
risch-praklische Forschule der Musik (Mé-
thode élémentaire et générale de musique
théorique el pratique) ; Prague, 1828, M. Berra,
un vol. in-8", avec beaucoup d'exemples notés
elle portrait de l'auteur. Cet ouvrage fut suivi
d'un autre plus important, concernant
l'harmonie et la composition, intitulé :
Theoretisch -pralctisches Lehrbuch der Har-
monie und des Generalbasses , fiir den
Unterricht atn Prager Conservalorium der
Musik bearbeitet (Traité théorique et pratique
de l'harmonie et de la basse continue, rédigé
pour l'enseignement dans le Conservatoire de
Prague); Prague, 1830-1834, M. Berra, quatre
parties in-8°. Weber ne s'est pas proposé d'ex-
poser, dans ce livre, un système nouveau et
original de construction et de classification des
accords : il en a fait simplement un manuel
d'enseignement pratique d'une intelligence fa-
cile, et l'on doit lui rendre cette justice qu'il
y a réussi ; mais les harmonistes instruits par
une semblable méthode ne peuvent l'être que
d'une manière empirique, et sont incapables
de concevoir l'ensemble d'une théorie ration-
nelle.
Au nombre des compositions de Weber on
comple plusieurs messes, dix-huit cantates et
beaucoup de musique instrumentale ; on en a
gravé: 1° Six marches en harmonieà onze par-
ties, Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. 2° Petites
pièces faciles pour le piano, à quatre mains,
op. 3 ; Prague. 3° Six variations avec violon et
violoncelle; Prague,1806. 4° Adagioetpolonaise
pour le piano, ibid. 5° Six variations pour le
piano sur un air du ballet de Castor et Pollux, r
ibid. G0 Environ dix recueils de Lsendler,
quadrilles, écossaises et menuets pour le piano;
Prague, Poil et Berra. 7° Collection de chan-
sons allemandes sur les poésies de Burger,
Hœllyet Blumaner; Prague, 1793. 8° Deuxième
collection idem, ibid. 9° Divertissement
pour le chant et le piano, Prague, 1802,
Dans. 9° Sextuor pour six cors à pistons.
10° Sextuor pour six trombones. 11° Trois
quatuors pour quatre cors à pistons. 12° Va-
riations de bravoure pour le piano. Dionis
Weber est mort à Prague le 25 décem-
bre 1842.
WEBER (Jean-Jacques-Frédéric), profes-
seur de piano à Glogau, dans la Silésie. Il pu-
blia, vers 1800 : 1° Airs variés pour piano et
harpe, chez Gllnther. 2° Récréation pour piano
seul et pour piano à quatre mains; ibid.,
1802. MM. Kossmaly et Carlo ne fournissent
pas de renseignements sur cet artiste, dans
leur Lexique des musiciens de la Silésie.
WEBER (Gottfried ou Gouefuoid), com-
positeur et écrivain sur la musique, naquit le
1er mars 1779, àFreinsheim, dans la Bavière
rhénane. Fils unique du bourgmestre de celte
ville, qui fut, plus tard, conseiller de justice à
Manheim, il reçut une éducation sérieuse, et
fit ses premières éludes sous la direction du
pasteur de la petite ville où il avait vu le jour;
puis il alla les continuer au gymnase de Man-
heim. En 1796, il fréquenta l'Université de
Heidelberg. Dans l'année suivante, il fit un
voyage à Vienne, en visitant Munich, Augs-
bourg et Ralisbonne. De retour à Heidelberg,
il y reprit ses éludes de droit, et alla faire une
année de stage en 1799, chez un avocat de
4U
WEBER
Manheim. Le désir de compléter la somme de
ses connaissances le conduisit en 1800, à l'U-
niversité de Gœttingue, dont il suivit les cours
pendant dix-huit mois. Tant de persévérance
et les fondions qu'il exerça, en 1801, à la cham-
bre impériale de Wetzlar, préparèrent à Gode-
froid Weber une honorable carrière dans la
magistrature. Ayant reçu, en 1802, les grades
académiques, il s'élaldil à Manheim et y débuta
commeavocatau tribunal depremière instance.
Ses succès au barreau lui procurèrent, en 1804,
sa nomination de procureur fiscal de la ville.
Après dix ans d'exercice de ces fonctions, dont
les loisirs lui laissèrent assez de temps pour
s'occuper de la musique avec ardeur, il fut
appelé, en 1814, à Mayence, en qualité de juge,
et quatre ans après, le grand-duc de liesse le
nomma conseiller de justice à Darmsladt.
Appelé, au mois de juin 1825, à la commis-
sion de rédaction d'un nouveau code civil et
criminel pour le Grand-Duché, il fut récom-
pensé de son zèle et de ses travaux, au mois de
juillet 1852, par sa nomination de procureur
général à la cour suprême d'appel et de cassa-
tion. Le 12septembre 18-59, il mourntaux bains
de Kreuznach, à l'âge de soixante ans.
Dans ce qui précède, Weber n'est considéré
que comme jurisconsulte et comme magistral;
mais c'est surtout comme musicien et comme
écrivain sur la musique qu'il a donné du re-
tentissement à son nom, quoiqueson éducation
musicale n'eut été que celle d'un amateur. Il
ne parut même pas d'abord avoir reçu de la
nature une heureuse organisation pour cet
art. Le premier instrument qu'il apprit fut le
piano : il y fit peu de progrès dans les premiers
temps. Plus tard, il prit des leçons d'Appold
pour la flûte, étudia le violoncelle, et acquit de
l'habileté sur ces deux instruments. Son goût
pour l'art se développant en raison de ses pro-
grès, il s'y livra avec ardeur pendant les douze
années de son séjour à Manheim, après son
retour de l'Université de Gœttingue. Il y fonda
une école de musique et des concerts spiri-
tuels qui y ont subsisté longtemps dans un
étal de splendeur. Ce fut aussi dans les pre-
miers temps du séjour de Godefroid Weber à
Manheim qu'il s'essaya dans la composition,
sans posséder aucune notion d'harmonie ni de
contrepoint: c'est ainsi qu'il écrivit ses pre-
mières messes; mais bien que le public accueil-
lît ses ouvrages avec faveur, il comprit qu'il
ne pourrait rien produire de durable s'il n'ac-
quérait des connaissances didactiques et posi-
tives dans l'art d'écrire. Dès lors il prit la réso-
lution d'étudier la théorie de cet art, et, dans
l'impossibilité de trouver près de lui un maître
qui put la lui enseigner, il lut tous les traités
d'harmonie et de composition qui lui tombè-
rent sous la main. Ici se trouve la cause
de la fausse direction que Weber donna
à ses idées concernant la doctrine musicale.
Blessé des contradictions qu'il apercevait dans
les systèmes différents de Kirnbergcr, de
Vogler, de Marpurg et de quelques autres;
manquant d'ailleurs de l'éducation pratique,
qu'on ne peut acquérir que par les leçons d'un
maître, il en vint à se persuader que les prin-
cipes générateurs des accords, de leur enchaî-
nement, dont on avait fait tant de bruit, n'é-
taient que de pures illusions; et, poussant le
scepticisme jusqu'à ses dernières limites, il alla
même jusqu'à déclarer qu'il ne pouvait rien
exister de semblable, et que l'analyse des faits
de pratiqueélait lescul moyen d'enseignement
profitable qu'on pût employer. La lecture îles
partitions des grands maîtres ayant été la
source de son instruction, dans l'isolement où
il se trouvait, il considéra l'analyse des cas
particuliers de la composition comme la clef
véritable de la science. Le point de départ des .
théoriciens ayant été différent, il n'était pas
étonnant qu'ils fussent en contradiction. Les
uns, prenant pour hase la division du mono-
corde et la progression harmonique: d'autres,
deux progressions inverses et l'échelle chroma-
tique ; d'autres, des phénomènes acoustiques;
d'autres enfin, un choix arbitraire d'accords,
il est certain qu'ils devaient se trouver en oppo-
sition dans les conséquences, puisqu'ils l'étaient
dans le principe. Or, que devait Paire celui qui,
comme Weber, aspirait à se poser comme théo-
ricien nouveau, si ce n'est de discuter la va-
leur de chaque principe, en démontrer les
avantages on les inconvénients, et redresser
les fausses déductions que leurs auteurs avaient
pu en tirer, ou poser comme des vérités dé-
montrées les faits isolés applicables aux di-
verses théories et nées successivement dans
l'espace de plus d'un siècle? Ces vérités, telles
que la loi du renversement, formulée par Ha-
meau, l'existence primitive d'un accord disso-
nant naturel, établie théoriquement par Sorgc,
la formation des dissonances artificielles par
les prolongations et altérations d'intervalles
découverte par Schroeler et Kirnbcrger, enfin
la substitution de certains accords à certains
autres, analysés parCatel (i-ot/.lous ces noms),
sont des faits acquis à la science; il ne s'agis-
sait plus que de les ramener à un principe qui,
dégagé de toute considération physique ou
mathématique, fût puisé dans l'art lui-même
WEBER
425
et qui fui ia loi générale de sa constitution.. An
lien d'accepter celle mission, qu'a fait Weher?
Il déclare, dans la préface de son Essai d'une
théorie systématique delà composition, qu'il
Be croit pas à l'existence d'un système qui
s'accorderait avec Ions les fails d'expérience
harmonique : «Mon livre (dit-il) n'est point
» un système dans le sens scicnlifico-philoso-
» pliique du mot, ni un ensemble de vérités
» déduites, dans une succession logique, d'un
» principe suprême. J'ai, au contraire, établi,
» comme un trait caractéristique de ma ma-
» nière de voir, que noire art ne s'approprie
» nullement, du moins jusqu'à ce moment
» (1817), à une semblable hase systématique.
» Le peu de vrai que nous savons, en ce qui
» concerne la composition, consiste encore, à
» l'heure qu'il est, en un certain nombre d'ex-
» périences et d'observations sur ce qui sonne
» bien on mal dans tel ou Ici assemblage de
» notes. Déduire ces expériences logiquement
» d'un principe fondamental et les transformer
» en science philosophique, en système, voilà
» ce qu'on n'a pu faire jusqu'à présent, comme
» j'aurai souvent occasion de le faire remar-
» querdansle cours de l'ouvrage. » On voit
par ces paroles que c'est la théorie du scepti-
cisme en musique que Godcfroid Weher entre-
prit d'exposer dans l'ouvrage qu'il publia sous
ce litre : Fersuch einer geordneten Théorie
der Tonselzliunst zum selbsliinterricht, mil
Ânmerkungen fiir Gelehrlere [Essai d'une
théorie systématique (ordonnée) de la musi-
que, pour s'instruire soi-même, avec des re-
marques pour les savants], Mayence, B.
Scholt, 1817-1821, trois vol. in-8°. L'origina-
lité d'un livre qui avait pour but la négation
des principes fondamentaux de l'art fut sans
doute la cause du succès que celui de Weher
obtint à son apparition; succès si brillant,
qu'une deuxième édition suivit de près la pre-
mière (Mayence, 1824, B. Scholt, 4 vol. in-8")
et qu'il en fut publié une troisième peu d'an-
nées après (Mayence, 1 830-1 852, 4 vol. in-8°).
Cependant, les Allemands eux-mêmes, épris
d'abord de la nouveauté de la forme de l'ou-
vrage, ont fini par apercevoir le vide d'une
théorie négative qui l'amenait la science à ce
qu'elle élait au temps de Heinichen et de Mat-
theson, et l'engouement a fait place chez eux
à l'indifférence. Toutefois le livre de Weher
est recommandable par l'esprit d'analyse qui
s'y fait remarquer dans l'examen d'une mul-
titude de cas particuliers de l'art et de la
science; si on ne peut le considérer comme
l'exposé d'une théorie véritable, on doit avouer
que c'est un recueil inléressant d'observations
où l'on peut puiser des renseignements utiles.
Une traduction anglaise de cet ouvrage a été
publiée sous ce titre : The Theory of Musical
composition treated with a Wiew to a natu-
rally consécutive arrangements of topics.
Cette traduction a été faite sur la troisième édi-
tion allemande, avec des notes, par M. James-
F. Warner, professeur de musique à Boston
(Étals-Unis d'Amérique), en deux volumes
gr. in-8°. Une seconde édition de cette traduc-
tion a élé donnée à Londres, en 1851 (deux
vol. gr. in -8°), par M. Bishop, de Chellenham
(voyez ce nom), qui a rétabli plusieurs passages
de l'original, supprimés par M. Warren, no-
tamment l'analyse de l'introduction du qua-
tuor de Mozart (en ut), qui a donné lieu à la
controverse de l'auteur de la présente bio-
graphie avec Perne et Kiesewetter (sous le
pseudonyme de Le Duc).
2° Allgemeine Musiklehre fiir Lehrer und
Lernende (Science générale de la musique, à
l'usage des professeurs et des élèves), Dann-
sladt, C. M. Leske, 1822, in-8°, «le cent qua-
rante-neuf pages et quinze planches d'exem-
ples. Cet ouvrage, extrait cl ti précédent, est
relatif aux éléments de la musique considérés
dans la gamme, les intervalles, la mesure et le
rbylhme. Il en a été fait une deuxième édition
en 1825, à Mayence, chez Scholt, in-8", et nue
troisième, en 1831, à Mayence, chez le même,
i n-8° de cent-quatre-vingt-quatorze pages. We-
her a ajouté à celle-ci une table des matières
fort étendue, qui forme une sorte de dic-
tionnaire abrégé de musique. 3° Die Geue-
ralhasslehre zum Selbstunterrichtc (Doctrine
de la basse continue pour s'instruire soi-
même), Mayence, Scholt, 1833, in-8" de xu
et cinquante-quatre pages avec des planches
d'exemples. Ce petit manuel d'harmonie est
extrait de la troisième édition AeVEssai d'une
théorie systématique de la composition.
L'auteur y a ajouté quelques éclaircissements
nouveaux. Weher a aussi traité de l'accompa-
gnement de la basse chiffrée dans la Gazette
musicale deLeipsick (t. XV, ann. 1813, pages
105 et suiv.) et dans l'écrit périodique inli-
lulé Cxcilia (t. XIII, p. 145-107), d'après
YEssai d'une théorie de la composition.
4° Ueber Chronometrische Tempobczcieh-
nung, nebst f'ergleichungslafel der Grade
des Maelzelschcn Métronome, elc. (Sur la dé-
termination chronomélriqucdu temps en mu-
sique, suivi d'une table de comparaison des
degrés du métronome de Maclzcl avec les oscil-
lations simples du pendule), Mayence, Schotl,
426
WEBER
1817, in-8° de six feuilles ; Bonn, Simrock. Ce
pelitouvrage est exlraitdel'.Essa!:' d'unethéo-
rie, elc. Weber avait déjà traité ce sujet dans
la Gazette musicale de Leipsick (t. XV, p. 441,
et t. XVI, p. 447 et 465), et dans la Gazette
musicale de Vienne), t. T, ann. 1817, p. 204-
209 et p. 313). 5" Beschreibung und Ton-
leiter der G. JFeber'schen Doppelposaunen
(Description et gamme du trombone double de
G. Weber), Mayence, Scholt (sans date), gr.
in-8° de huit pages. Weber inventa cet instru-
ment à Mayence, en 1817. G0 Fersuch einer
praktischen Akustik der Elasinstrumente
(Essai d'une acoustique pratique des instru-
ments à vent). Ce traité, une des meilleures
productions de G. Weber, a été écrit pour le
dixième volume de l'Encyclopédie allemande
de Ersch et de Gruber. Weber l'a publié aussi
dans la Gazette musicale Ac Leipsick (t. XVIII,
p. 33, 49, 65, 87, et t. XIX, p. 809 et 825).
7° Ueber Saileninstrumenlc mit Biinden,
und die Eigenthumlichkeit dieser Einrich-
tung (Sur les instruments à cordes cl à archet
et sur leurs propriétés). Ce morceau a été in-
séré dans la Gazette musicale «le Berlin (ann.
1825, n°12).8° Ueber ivichtige ferbcsserung
des Horns (Sur un perfectionnement impor-
tant du cor), dans la Gazette musicale de Leip-
sick (t. XIV, p. 759). 9° Forschlag zu Ferein-
fachung und Bereicherung der Pauken (Sur
la simplification et l'amélioration des timba-
les), dans le même journal (t. XVI, p. 558).
10° Ergebnisse der bisherigcn Forschungen
iiber die Echtheit des JHozart'schen Requiem
(Résultats des recherches faites jusqu'à pré-
sent sur l'authenticité du Requiemde Mozart),
Mayence, Scholt, 1826, in-8n de xxtv et quatre-
vingt-seize pages). \\°JFeitere Ergebnisse der
weiteren Forschungen iiber bie Echtheit des
JHozart'schen Requiem (Plus amples résultats
des recherches continuées sur l'authenticité
du/?e<7in'emdeMozarl), Mayence, Scholt, 1827,
in-8" de cinquante-six pages. F oyez sur ces
écrits, extraits de la Cxcilia (t. III, p. 205-
209, t. IV, p. 257-352, et t. VI, p. 193-230),
la Biographie universelle des musiciens
(l. VI, p. 259 et 240). Godefroid Weber en-
treprit, en 1824, la publication d'un écrit
périodique concernant l'histoire et la lillé-
ralure de la musique , intitulé : Cxcilia,
eine Zeitschrift fur die musikalische TFelt
(Cécile, écrit périodique pour le monde mu-
sical), Mayence, Scholt, 1824 et années sui-
vantes. Il fut le rédacteur en chef des quatre-
vingts premiers cahiers de cel excellent écrit,
formant vingt volumes in-8°. Interrompu en-
suite, cet ouvrage a été continué depuis la
mort de Weber par Dehn, de Berlin (voyez
ce nom). Indépendamment d'un grand nom-
bre d'analyses de publications nouvelles, We-
ber y a inséré les morceaux dont voici les
litres : 12° Die menschliche Stimme. Eine
physiologisch-akusliche Hypothèse (La voix
humaine. Hypothèse physiologico-acouslique.
I. I, p. 81-103). 13° Ueber Tonmalerei (Sur
l'expression pittoresque des sons. Extrait
d'une esthétique inédile de la musique, t. III,
p. 125-172). 14° Die Aura, akustich und
harmonisch betrachtet (L'air [vibrant], con-
sidération acoustique et harmonique, t. IV,
p. 49-62). 15° Teutschland im ersten Fiertel
des neues Jahrhunderts . Betrachlungeneines
Musikfreunden (L'Allemagne dans le premier
quart du nouveau siècle. Réflexions d'un ami
de la musique, t. IV, p. 89-111). 16" Ueber
compensation der Labialpfeifen (Sur la com-
pensation des tuyaux à anches, etc., t. XI,
p. 203-214). 17° Ueber compensirte Labial-
pfeifen (Sur les tuyaux à compensation, t. XVI,
p. 65). 18° Ferbesserle Orgelpfeifen, Erfin-
dung des Orgelbauers Turlexj (Les tuyaux
d'orgue perfectionnés; invention du facteur
d'orgues Turley, ibid., p. 68). 19° Skizzen
zur Lehrevomdoppelten Contrapuncle (Es-
quisse de la théorie du contrepoint double,
t. XIII, p. 1-29etp. 209-232). 20° Ueber eine
besonders merkwiirdige Stelle in einem Mo-
zarl'schen Fiolinquarlett ausC (Sur un pas-
sage particulièrement remarquable d'un qua-
luor de violon en ut par Mozart, t. XIV,
p. 1-49 et 122-129 (1). Weber a écrit aussi la
(I) Ce morreau fut publié par Weber à l'occasion
d'une discussion relative à un article que l'auteur de
celte Biographie avait donné dans la Revue musicale,
t. V, n° 2G, ann. 1829). Perne avait répondu à cet arti-
cle dans le même écrit, et avait prétendu excuser la
mauvaise harmonie du passage de Mozart pardescon-
sidéraiions de tonalité qui, précisément, en sont la con-
damnation. Il avait été facile au rédacteur de la Revue
musicale de réfuter cette faible apologie dans une note
placée a sa suite. L'affaire causa quelque émotion au
Conservatoire de Paris, et pendant une séance du jury
des concours qui arriva dans le même temps, et où se
trouvaient Cherubini, Boicldicu, Paer, Lesueur, Kei-
cha, lierlon et l'auteur de l'article, diverses opinions
furent agitées ace sujet. Lesueur gardait le silence;
mais Boieldicu, Paer et Berton condamnaient les suc-
cessions harmoniques du passage. Reieha entreprit leur
défense, mais Cherubini trancha la question en s'ë-
criant : Ta ne sais ce que tu dis : Fètis a raison. Sa
rèijle est celle de la bonne école: elle condamne ce pas-
sage.
Cependant le conseiller Kicsewetter, caché sous le
pseudonyme de M. C. E'. Leduc, fit, dans la Gazette,
musicale, une critique de l'article de la Revue musicale,
de Leipsick (t. XXXII, p. 117-132), où il montre une
grande ignorance de l'art d'écrire en musique. Une ré-
WEBER
427
préface du tableau des principaux faits de
l'histoire de la musique par Stœpel (voyez ce
nom) et quelques morceaux dans la Gazette
musicale de Vienne, entre autres ceux-ci :
21° Ueber musikalische Instrumente œlterer
und neuerer Zeit (Sur les instruments de mu-
sique anciens et modernes, t. I, p. 257-263).
22° Abhandlung iïber die Fortbewegung der
Septimc und Terz der Hauptseptimer Har-
monie (Dissertation sur la progression de sep-
tième et tierce dans l'harmonie de septième
fondamentale, t. IV, p. 1-7, 9-13, 25-29,
33-36,41-43, 65-70).
GodefroidWeber avait espéré de se faire une
réputation de compositeur distingué; il eut
môme celte ambition avec plus d'énergie que
celle d'écrivain surla musique, car, vers lafin
de sa vie, il exprima plusieurs fois le regret
que sa renommée de théoricien eût absorbé
celle qu'il avait désirée pour ses compositions,
et ce fut, suivant ce qu'on m'a dit en Allema-
gne, ce qui lui fit prendre la musique en dé-
goût dans ses dernières années. Quoi qu'il en
soit, il commença ses publications dans sa
jeunesse et lorsque son éducation musicale
n'était encore qu'ébauchée. L'arrivée de l'abbé
Vogler à Darmstadt el l'école qu'il y ouvrit
ayant fourni à Weher l'occasion de se lier
d'amitié avec Meyerbeer et Ch. Marie de
Weher, leur ardent amour de l'art échauffa sa
verve, et ce fut alors qu'il produisit ses meil-
leures compositions. Il a dressé lui-même la
liste suivante de ses ouvrages en ce genre :
I. Musique d'éclisk. 1° Te Deum (en mi" bé-
mol) à quatre voix et orchestre, op. 18, Offen-
bach, André. 2° Requiem en (fa mineur) pour
des voix d'hommes, violes, basse, cors, tim-
bales et orgue obligé, op. 24, Mayence, Scholt.
3° Messe n" 1 (en fa), à quatre voix, 2 violons,
alto, basse et orgue obligé ou instruments à
vent, op. 27, ibid. 4» Messe n° 2 (en sol) à qua-
tre voix, 2 violons, viole, basse, hautbois,
bassons, trompettes et timbales, op. 28, Bonn,
Simrock. 5° Messe n° 3 (en mi mineur) à qua-
tre voix, violons, alto, basse, flûte, hautbois,
bassons, cors et orgue, op. 35, Leipsick,
ponsc parut dûns la Revue (t. VIII, ann. 1830), et le
même Leduc répliqua dans la même Gazette ( (orne
XXXIII, p. 8I-8S et 101-105). Ses raisonnements et les
exemples notés dont il les appuyaient étaient remplis
de tant d'absurdités contre les plus simples notions
d'harmonie et de contrepoint, que l'auteur de cette bi»-
grapliie dut cesser une polémique dans laquelle il n'é-
tait pas même compris de son adversaire. Suivant son
habitude, Wcbcr se borne à analyser le passage de Mo-
zart dans son article, sans arriver à une conclusion po-
sitive.
Probst. 6" Hymne à Dieu, pour deux chœurs,
op. 42, Mayence, Scholt. II. Chants à plusieurs
voix on à voix seule. 7° Douze chants à quatre
voix, avec accompagnement ad libit., op. 16,
Atigsbourg, Gombart. 8° Douze chants à voix
seule et piano, op. 17, Bonn, Simrock. 9°id.,
op. 21, ibid. 10° Chants spirituels pour des
enfants, avec accompagnementd'orgue, op. 22.
11° Chants pour des voix graves, avec piano,
op. 23, Leipzick, Hofmeister. 12° Chants sui-
des poésies de Gœthe et de Schiller, à voix
seule et piano, op. 25, Atigsbourg, Gombart.
13° Couronne de chansons pour une et plu-
sieurs voix, avec piano, op. 31, Mayence,
Scholt. 14° Chants à voix seule et guitare ou
piano, op. 32 et 34, Leipsick, Pelers. 15° Chanls
à quatre voix d'hommessans accompagnement
op. 35, Berlin, Schlesinger. 16° Liche, Lusl
und Leiden, chants à voix seule et piano,
op. 36, Mayence, Scholt. 17° Chant de fêle pour
quatre voix d'hommes, chœur et accompagne-
ment d'instruments à vent, op. 40, ibid.
18° Chants à plusieurs voix, op. 41, ibid.
19° Chansons de table pour deux ou trois voix
d'hommes, avec chœur et accompagnement de
guitare ou piano, op. 42, ibid. III. Musique
instrumentale. 20° Thème avec variations pour
guitare et violoncelle, op. 1, Leipsick, Breit-
kopf et Ilserlel. 21° Sonale pour piano, op. 15,
Bonn, Simrock. 22° Trio pour violon, alto et
violoncelle, op. 26, Augsbourg, Gomhart.
23° Thème du Freyschiitz pour flûte et gui-
lare, op. 37, Bonn, Simrock. 24" Barcarollc
vénitienne variée pour flûte et piano, op. 58,
ibid. 25° Élude pour flûte en variations sur un
thème norwégien, avec guitare, op. 59, ibid.
GodefroidWeber était membre de la plupart
des Académies de musique de l'Europe. Celle
de Stockholm lui avait envoyé le diplôme d'aca-
démicien honoraire, en 1827. L'Académie des
arts et des sciences de Berlin, la société poul-
ies progrès de la musique de Rotterdam, la
société musicale de Suisse, celle de la Thuringe
se l'étaient associé. Le grand-duc de Hesse-
Darmstadt lui accorda la croix de Mérite de
première classe, en 1827.
WEBER (Edmond DE), frère aîné du précé-
dent, naquit à Eulin du même père, maisd'une
autre mère, en 1782, et fit ses éludes musicales
à Salzbourg, où il fut placé ensuite dans la
chapelle, en qualité de premier violon et de
chef d'orchestre de l'Opéra; puis il fut direc-
teur de musique à Kœnigsberg, à Dantzick, et
en dernier lieu à Cologne, où il se trouvait
encore en 1850; mais, en 1852, il jouait l'alto
au ihéàtre de Hambourg. Après celle époque,
428
WEBER
on ne trouve plus de renseignements sur cet
artiste. On a gravé «le sa composition: Trois
quatuors pourdeux violons, alto et basse, on. 8;
Aiigshourg, Gomharl. On connaît sous son
nom les opéras intitulés Der Transport im
Ko/fer (Le transport dans la malle), et Die
Zwillinge (Les jumeaux).
WEBEIt ( Charles Mabie FRKDÏ:r.ic-Au-
gustk baron DE), compositeur allemand du dix
neuvième siècleqtti, après Iteelhoven, a joui île
la réputation la plus brillance, naquit le 18dé-
cembre 1780, à Eulin, petite ville du duché de
Ilolslein. Il y a toutefois des observations à
faire sur celle date. Une laide de marbre, érigée
à Lutin, à l'occasion d'une fétc commémora-
tive donnée en 18r>ô, porte ceci: (,'harles-Varie
de Weber, baptisé à Eut in h 20 novem-
bre 178G, inorl à Londres le Y) juin 1820. Ce-
pendant IM. Max-Marie de Wcher, lits de l'au-
teur du Freyschiitz et directeur de l'adminis-
tration royale des chemins de fer de la Saxe,
à Dresde, a retrouvé, dans un recueil d'actes
de famille écrits de la main de son grand-père,
François-Antoine de Weber, une note dont
voici la traduction: » Eulin, dans le Ilolslein,
» 1780. I.e 18 décembre, à dix heures et demie
» du soir, est né Charles-Marie Frédéric-Ernest
x cl il a élé baptisé le 20 décembre dans la
» chapelle de la cour, à Eulin (Ilolslein). »
Cette découverte a été annoncée parnl. Jahns,
dans le n" du 25 niai 1854 de la Nouvelle
Cazetle musicale de Berlin {IVewe Lerliner
Jf/usik-Zeituug) (1).
Dans le premier volume «lu laldeau de la
\'\c de son illustre père (Cari Maria von
JFeber ein Lebensbild. Lcipsick, Ernest Reil,
1834, p. 19), M. Max-Marie de Weber, après
avoir rapporté le lexlc de la noie de François-
Antoine, parait néanmoins rester dans le doute.
Il admet la possibilité que le livre de l'église
d'Eulin renferme une erreur de nom de mois;
mais il ajoule, après avoir rapporté la note de
son grand-père: Il se peut que cet écrit soit
aussi inexact que bien d'autres assertions
de ce singulier homme (Die indess wedermehr
Gjaiihhaftigkeit vendent als andre Niedcr-
schiiflcn des oft schafluchligen mannes) (2).
(I) Voyez 1.1 note publiée par M. Théodore Parmen-
lirr, dans la Gazelle musicale de Paris, n" \il de Pan-
ne.- I8j4.
I-) François-Antoine de Weber a justifié dans toute
M iic l'épi Ihéte dont se sert son pelil-lils. Doué de tnlcnl
naturel pourla mi'siipie, mais n'ayant l'ait aucune élude
sérieuse, il se dérida | our l'état militaire et obtint de
l'électeur Cliarles-Tlicodore une sous-licutenanec dans
la cavalerie, en I73G, fut blesse grièvement a la bataille
«!.• Ko-b rcli, puis se dégoûta du métier des armes et
ému connue surnuméraire dans l'administration des
Il ajoute que Charles-Marie de Weber avait
choisi le 19 novembre pour la daledesa nais-
sance, parce qu'elle coïncidait avec le jour de
la naissance de sa femme.
La retraite où vivait sa famille, les visites
qu'on y recevait de quelques hommes de mé-
rite, et l'isolement oit le jeune Weber élait
retenu par ses parents à l'égard des enfants
du voisinage, secondèrent leurs vues pour le
succès de l'éducation qu'ils voulaient lui don-
ner. Son esprit devint méditatif, à l'âge où l'on
ne sait pas d'ordinaire ce que c'est que la mé-
ditation; son imagination s'exalta, et dans
l'ignorance où on le laissa du monde, il s'en
fit un tout fantastique dont il était le centre.
Le temps se partageait pour lui entre la pein-
ture et la musique; il dessinait, peignait à
l'Iitiile, à l'aquarelle, et acquérait quelque
habileté dans la gravure à l'eau-forlé. Tonte-
fois, il ne porta jamais beaucoup d'ardeur dans
ces occupations; sans y prendre garde, il finit
par les abandonner pour ne s'occuper que de
la musique, qui bientôt remplit (ouleson âme,
comme il disait lui-même. Il ne put cependant
y faire d'abord autant de progrès qu'il le dési-
rait, parce que des circonstances imprévues,
ou même le caprice, déterminaient son père à
changer souvent le lieu de sa résidence. Celle
instabilité, ayant pour conséquence d'obliger
Weber à changer souvent de maîtres de musi-
que et de piano, jetait beaucoup d'incerti-
tude dans ses éludes. Enfin, il rencontra dans
lli'iiscbcl,de llildbiirgliauseu, un bon institu-
teur dont il reçut les leçons pendant les années
1790 et 1797, et dont le zèle et les soins inlel-
ligenls le préparèrent à l'exéculion puissante
et caractéristique qu'il acquit sur le piano. On
put dès lors acquérir la conviction «pie la na-
l ii ie l'avait destiné à la culture de la musique,
et ses parents résolurent de n'épargner aucun
effort pour développer ses heureuses disposi-
tions. Dans ce dessein, ils allèrent s'établira
Salzhourg, cl le placèrent sous la direction de
impôts à llitdesbcim, en I7."i7. t'n an après, il fut fiancé
à la tille de son chef, J.-F. Hé Pamctti, qui lui apporta
de la fortune. Son beau-père étant mort un an après, il
lui succéda dans son emploi. Kn 17b'.', il épousa sa fian-
cée. Apiés quelques années d une existence tranquille, il
s'ennuya de sa position, se remit à cultiver la musique
et dérangea ses n flaires. En 1708, il perdit sa place, à
cause de sa négligence, et vécut fort retiré à Ilildeshcim
jusqu'en 1773. Sa famille se composait de huit enfants,
dont cinij garçons et trois filles. Kn 17.53, il quitta U il—
desbeim et entra dans un orchestre de théâtre; puis il
se fil lui-même directeur de spectacle, dissipa tout ce
qu'il possédait dans celle entreprise, et fut tour à tour
maître de chapelle de l'évéquc de Lubcck, musicien de
ville, puis errant de Mlle en ville, sans prendre de po-
sition nulle part.
WEBER
4-29
Michel Haydn, mailrc habile sans doute, mais
«lonl l'aspect sérieux et l'enseignement sévère
frappèrent d'une sorte de stupeur cet enfant,
d'un âge trop différent de celui du vieillard.
Weber ne lira que peu de fruit des leçons de
ce savant musicien: il continua à se diriger
par son instinct, et le premier résultat de ses
efforts fut la publication de six petites fugues
pour le clavecin, qui parurent à Salzbourg en
1798. Vers la fin de cette année, il se rendit à
Munich, où il reçut des leçons de chant de Va-
lesi (voy. ce nom), et devint élève de Ralcher,
organiste de la chapelle royale, pour la com-
position. Environ vingt ans après, Weber écri-
vait : « Aux excellentes et lumineuses inslruc-
» lions de ce maître, je suis redevable de la
» connaissance des procédés de l'art, et de la
» facilité à les employer, particulièrement en
* ce qui concerne la manière de traiter un
» sujet à quatre parties, dont les lois doivent
» être aussi familières au musicien, que celles
» de l'orthographe et du rhylhme au poêle. »
Ce fut sous les yeux de Kalcber que Weber
écrivit son premier essai de musique drama-
tique,dans un opéra qui avait pour titre: Die
lUacht der Liebe und des IVeins (La force de
l'amour et du vin). Il composa aussi, dans le
même temps, une messe solennelle, plusieurs
sonates et variations pour le piano, des trios
de violon et des chansons allemandes; mais
plus tard, lorsque son talent eut acquis plus de
maturité et que son goût fut formé, il jela au
feu les premières productions de sa jeunesse.
Vers la fin de 1799, Sennefclder ayant pu-
blié les premiers essais de la lithographie,
Weber se passionna pour celle nouveauté.
« L'impatiente aclivilé d'une jeune lêlequi
» recherche avec avidité lout ce qui esl
» nouveau (dit-il dans le mémoire qu'il a
» laissé sur sa vie) détourna dès lors mon
» attention de son objet légitime, et me mil
» dans l'esprit de devenir le rival de l'ingé-
» nieux auteur de cette singulière découverte.
» Je me procurai une collection d'outils né-
» ccssaircs,et me mis à travailler avec ardeur,
» de telle sorte que je finis par me persuader
» que j'étais moi-même l'inventeur du pro-
« cédé. Ii est du moins certain que j'imaginai
» un système plus parfait, et que je parvins à
» construire une meilleure machine propre à
» imprimer. Rempli de mes idées à ce sujet,
» et désirant appliquer mon procédé à «les
» travaux plus importants, je demandai à mon
» père de nous transportera Freyberg, où je
» pouvais me procurer avec plus de facilité
» les matériaux qui m'étaient nécessaires.
» Totilcfois celle fantaisie ne dura pas long-
» temps. La nature mécanique de ma nouvelle
» occupation, la fatigue et le dommage qu'elle
» me causait, enfin, sa tendance à amortir
» mes facultés, me la firent bientôt abandon-*
» ncr, et ce fut avec un redoublement de zèle
» que je retournai à la musique. »
La composition de l'opéra Dus IVatdmasd-
chen (La fille des bois) marqua le retour de
Weber à l'art pour lequel il était né. Cet ou-
vrage fut représenté à Munich pour la première
fois, au mois de novembre 1800; le succès sur-
passa les espérances du jeune artiste, alors
âgé de quatorze ans seulement; car non-seu-
lement il réussit à Munich, maison le repré-
senta quatorze fois à Vienne; il fut traduit en
langue bohème pour le théâtre National de
Prague, el l'administration du théâtre de Pé-
lershourg le mil en scène. Cependant Weber,
choqué des imperfections de son travail, lors-
que son éducation musicale fui plus avancée,
le refit entièrement quelques années après.
Des affaires ayant appelé sa famille à Salz-
bourg, en 1801, il y écrivit, d'après un nou-
veau système dont il avait puisé l'idée dans un
article de la Gazelle musicale de Leipsick, un
opéra-comique intilulé : Peler Schmoll und
sei ne Nacltbarn (Pierre Schmoll el ses voisins).
Par une singularité tout allemande, le vieux
maître Michel Haydn recommanda l'ouvrage
au public, par une noie qui fut publiée dans
les journaux. Toutefois cet opéra, joué à
Augsbourg dans la même année, ne réussit
pas. L'ouverture seule, retouchée plus tard par
Weber, esl connue aujourd'hui ; elle a élé gra-
vée à Augsbourg, chez Gombart. M. Max. -Ma rie
de Weber, qui possède la partition originale de
col ouvrage, se propose de faire appliquer à la
musique un meilleur livret et de faire connaître
à Paris et à Londres celle production de la
jeunesse de son illustré père. Dans l'an-
née 1802, le père du jeune artiste lui fit faire
un voyage par Leipsick à Hambourg el dans
le Holslein. Il y acheta quelques livres de théo-
rie de musique et y étudia les diverses doctrines
de la science de l'harmonie. « Malheureuse-
» ment (dit-il), au moment où je croyais avoir
» résolu la plupart des difficultés de l'art, un
» docteur en médecine renversa tout mon
» beau système avec son éternelle question :
» Pourquoi cela est-il ainsi? et me plongea
» dans une série de doutes dont un nouveau
» plan, basé sur des principes philosophiques
)> et naturels, put seul me délivrer. J'examinai
» le mérite des anciens maîtres, cl je remon-
» lai aux causes fondamentales, pour en for»
430
WEBER
» mer un ensemble de doclrine approprié à
» mes besoins. » C'est quelque chose d'assez
plaisant, il faut l'avouer, que ce garçon de
seize ans qui trouve un plan de théorie dans
des principes philosophiques et naturels, et
qui remonte aux causes fondamentales pour
en former un ensemble de doclrine !
Au commencement de 1803, Weber se ren-
dit à Vienne et y rencontra l'abbé Vogler, dont
il devint l'élève favori. Pendant près de deux
années, il fit, sous la direction de ce maître,
des éludes plus sérieuses et plus méthodiques
que celles qu'il avait faites précédemment.
Pendant les deux années ou environ que le
mailre et l'élève passèrent ensemble dans la
capitale de l'Aulriche, Weber nechercha point
a fixer Pallenlion sur lui, car il n'y publia que
des variations pour le piano, et la parlilion de
Sanwri, opéra de Vogler, réduite pour cet
instrument. A la fin de 1804, on lui offrit la
direction de la musique du théâtre de Breslau;
quoiqu'il ne fût âgé (pie de dix-huit ans et
qu'il manquât d'expérience dans l'aride di-
riger un orchestre, il accepta celle place et en
prit possession avec la même assurance que
s'il avait eu la certitude de la bien remplir. Il
y montra en effet de l'intelligence et plus d'a-
plomb qu'on ne pouvait en attendre de son
âge: mais son caractère anguleux lui fit peu
d'amis parmi les artistes de celle ville, qui ne
voyaient pas sans déplaisir à leur tète un
homme si jeune et d'un nom jusque-là à peu
près inconnu. Weber s'y montra particulière-
ment dur et hautain à l'égard de Schnabel
(voyez ce nom), musicien de mérite et homme
respectable. C'est à Breslau que le jeune ar-
tiste retoucha plusieurs de ses anciens ouvra-
ges et qu'il écrivit la plus grande partie de
Piiibezahl, opéra qui, par des motifs mainte-
nant inconnus, ne fut pas d'abord représenté
sous son nom. S'il n'y cul point de succès par
ses ouvrages, il y acquit du moins des connais-
sances pratiques dans l'art de diriger les or-
chestres et les chœurs, qui lui préparèrent plus
lard une position digne deson (aient. Au com-
mencement de 1806, le prince Eugène de Wur-
temberg, amateur passionné de musique, in-
\ila Weber à se fixer dans sa pelile cour, en
Silésie. Là, le compositeur écrivit deux sym-
phonies, plusieurs cantates et d'autres mor-
ceaux de musique; mais les événements de la
guerre qui furent la suite de la bataille de Jéna
ayant anéanti le joli théâtre et l'élégante cha-
pelle de ce prince, Weber essaya de voyager
pour donner des concerts; les événements qui,
à celle époque, affligeaient l'Allemagne l'obli-
gèrent encore à renoncer à ce projet. Il dut
alorsacceplerl'asile que lui offrait, à Sluttgard,
le prince Louis de Wurtemberg. C'est dans
celle retraite qu'il arrangea, avec l'ancienne
musique de son opéra Das TValdma>dchen}
celui qui est connu sous le nom deSylvana. Il
y écrivit aussi l'espèce de drame intitulé : Der
erste Ton (Le premier son), ainsi que plusieurs
ouvertures, chœurs et morceaux pour le piano.
Vers le milieu de 1809, il se rendit à l'invita-
tion de Vogler, son ancien mailre, et alla se
fixer près de lui à Darmsladt. Ce fut dans celle
agréable ville que se forma l'inlimilé de We-
ber avec Meyerbeer, Gansbacher et Godefroid
Weber ; intimité que la mort seule a rompue,
et qui, dans l'éloignement même, s'est rani-
mée en plusieurs circonstances. C'est à Darm-
sladt que Weber écrivit, en 1810, Abou-Has-
san pour le théâtre du grand-duc. Au prin-
temps de l'année suivante, il alla à Francfort
pour y faire représenter cet ouvrage et donner
des concerts, puis il revit Munich, s'y fit en-
tendre aussi dans plusieurs concerts, visita
Berlin et retourna enfin à Vienne, où il arriva
en 1812. Appelé quelques mois après à Prague
pour prendre la direction de la musique de
l'Opéra allemand, il accepta cette position, et
y fit preuve d'une grande capacité dans la réor-
ganisation de l'orchestre et des chœurs. Dans
les trois années où il remplit ces fonctions (de-
puis 1813 jusqu'en 1816), il n'écrivit que la
grande cantate Kampf und Sieg (Combat et
victoire), quelques morceaux de musique in-
strumentale etdeschanls guerriers à plusieurs
voix, qui furent les premiers fondements de sa
renommée populaire. On ignore les motifs qui
lui firent donner brusquement sa démission
de sa place, en 1816, et lui firent préférer,
pendant deux ans, une vie nomadeet uneexis-
tence précaire à une position honorable. « De-
» puis ma retraite de Prague (dil-il dans le
» mémoire sur sa vie écrit en 1818), j'ai vécu
» sans occupations fixes; j'ai visité divers
» lieux, attendant avec calme d'êlre appelé à
» une nouvelle sphère d'activité. J'ai reçu de
» très-belles offres de plusieurs endroits, mais
» l'invitation qui m'a été faile d'aller fonder
« un Opéra allemand à Dresde a été la seule
» qui ait pu me tenter. J'y suis maintenant, et
» j'espère remplir avec soin et intelligence les
» devoirs qui me sont imposés. »
Ainsi fi n i 1 1 a notice où Webera fait connaître
quelques circonstances de sa vie, et a révélé
quelques-uns des mystères de son âme d'ar-
tiste. Toutefois, il n'y parle pas de ses chagrins,
qui jusqu'alors avaient été cuisants ; chagrins
WEBER
431
d'un homme né pour remplir une haute mis-
sion, qui a la conviction de sa force elqui n'a
pu la l'aire passer dans l'esprit du public. D'a-
bord renommé comme virtuose sur le piano
et comme un de ces petits prodiges qu'on voit
apparaître de temps en temps, il avait vu
s'anéantir insensiblement la laveur qui avait
accueilli ses premiers essais. Lui-même avoue
qu'il y eut quelques variations dans ses idées
sur le style qu'il devait adopter ; ces irrésolu-
tions, qui se faisaient apercevoir dans ses ou-
vrages, avaient nui à ses succès. La plupart de
ses opéras ou drames avaient été reçus avec
froideur; sa musique instrumentale nese ven-
dait pas, quoiqu'on y trouvât de très-belles
choses. Un petit nombre d'artistes apercevaient
bien dans celle musique quelques lueurs du
génie qui devait produire plus tard le Frey-
schiitz, EuryanUie et Obéron, mais ils n'en
saisissaient pas la portée. Les éditeurs de
musique ne se décidaient qu'avec peine à pu-
blier des productions qui n'avaient pas de vo-
gue; on voit même, par quelques lettres de We-
ber à son homonyme Godefroid Weber, que ces
éditeurs osaient lui adresser des observations
et des critiques sur les manuscrits qu'il leur
confiait. Le nom de Weber n'avait pas même
pénétré en France avant 181C, malgré nos
relations fréquentes avec l'Allemagne au temps
de l'empire. Enfin, on peut affirmer que l'ar-
tiste destiné à, jouir d'une des plus grandes re-
nommées des temps modernes était alors mé-
connu : celle vérité ne pouvait échapper à la
juste susceptibilité de son orgueil, et son âme
en était ulcérée.
Une circonstance inattendue, qui changea
tout à coup la situation de l'Europe, vint pré-
luder à la grande réputation de Weber: je veux
parler du soulèvementgénéralde l'Allemagne,
en 1813, contre la domination delà France.
En Prusse, toute la jeunesse se leva spontané-
ment; elle s'organisa et marcha contre les
armées françaises, entonnant en chœur des
chants patriotiques composés par Charles-
Marie de Weber. Ces chants, qui peuvent êlre
comptés parmi les plus belles productions de
son génie, excitèrent dans toute l'Allemagne
un enthousiasme qu'on ne saurait décrire. Ce
fut la première manifestation de la gloire d'un
homme presque dédaigné jusqu'alors; elle
prépara l'explosion du talent qui depuis lors
s'est signalé dans trois ouvrages destinés à
marquer une époque significative de l'histoire
de la musique, nonobstant les imperfections
qui les déparent. Le premier de ces ouvrages
fut le Freysckiitz (Le Franc Archer), écrit à
Dresde, en 1819 et 1820, sur le texte de Rind.
Il fut représenté le 18 juin 1821, au théâtre de
Kœnigsladt, à Berlin, et obtint le succès le
plus brillant, le plus populaire, le plus uni-
versel qu'ait jamais eu un opéra allemand.
Peut-être, comme on l'a dit, la nature du sujet
a-t-elle eu beaucoup de part dans ce succès si
complet; mais l'originalité de la musique en
fut certainement la cause principale. Cet ou-
vrage fut suivi de Preciosa, drame pour lequel
Weber écrivit une ouverture, une scène mélo-
dramatique et un chœur. Devenu tout à coup
le premier des compositeurs dramatiques de
l'Allemagne, Weber, jusqu'alors presque ou-
blié, fut recherché parles administrations de
théâtres ; celle de l'Opéra allemand de Vienne
lui demanda la partition d'Euryanlhe, qui lui
coûta près de dix-huit mois de travail. Malheu-
reusement le livret de Madame de Chezy, sur
lequel il écrivit sa musique, est dénué «l'inté-
rêt et vide d'action : tous les efforts du compo-
siteur ne purent réchauffer cette œuvre froide
et décolorée. Lui-même fut moins heureux
dans ses inspirations que dans le Freyschiitz,
et le travail pénible se fit remarquer dans plu-
sieurs parties de son ouvrage. La pièce, jouée
à Vienne, le 25 octobre 1823, ne réussit pas.
Une ouverture très-belle, deux chœurs de
grand effet, un beau finale, et un joli duo pour
deux femmes ne purent préserver l'ouvrage
d'une chute. Depuis lors, Euryanthe s'est re-
levée dans l'opinion publique en Allemagne.
Dans l'année suivante, Weber reçut la de-
mande d'un opéra pour le théâtre de Covent-
Garden, de Londres. Après avoir hésité long-
temps sur le choix du sujet, il s'arrêta à celui
d'Obéron. Une discussion s'établit alors par
correspondance entre le directeur du théâtre
et le compositeur sur l'époque où celui-ci de-
vrait livrer sa partition. Une lettre de Weber
relative à ce sujet fait connaître combien son
travail était lent et laborieux. On lui avait
offert trois mois pour écrire sa musique : Trois
mois! s'écrie-l-il : ils me suffiront à peine
pour lire la pièce et en dessiner le plan dans
ma tête! Et ce qu'il disait était vrai, car il
employa près de dix-huit mois à achever sa
tâche.
Depuis longtemps il était en proie à une
mélancolie profonde que le succès de Frey-
sckiitz, l'amour de sa femme et son affection
pour ses enfants ne parvenaient point à dissi-
per. La cause de cette disposition d'esprit
se trouvait dans une affection grave dont
sa poitrine était attaquée. Obligé de se ren-
dre à Londres pour y mettre en scène son
432
WEBER
opéra, conformément à son engagement, ce ne
fut pas sans un vif sentiment de douleur qu'il
se sépara de sa famille, quoiqu'il fût loin de
prévoir qu'il ne la revenait plus. Il quitta
Dresde, le 10 février 182G, accompagné de son
ami Furslcnau (voy. ce nom), se dirigeant par
Leipsick, Weimar cl Francfort vers Paris, où
il arriva le 25 du même mois. Il y fut accueilli
avec l'enthousiasme inspiré par la musique du
Freyschiitz, et tous les artistes lui témoignè-
rent la plus grande considération. Il écrivait
alors à sa femme: « Je n'essayerai pas de te
» décrire comment on me traite ici; si je le
" rapportais tout ce que me disent les plus
» grands maîtres, le papier lui-même serait
n forcé d'en rougir: si mon amour-propre ré-
« sisieà ce grand choc, j'aurai du bonheur (1).»
Il partit de Paris le 2 mars et arriva le 0 à
Londres, où il logea dans la maison de M. Geor-
ges Smart. Des transports d'enthousiasme écla-
tèrent à Covent Gardcn et à Drury-Lane lors-
qu'il s'y montra, cl siirlout quand il partit
dans l'orchestre du premier de ces théâtres
pour diriger, conformément à son engagement,
les représentations du Freyschiitz. Malheureu-
sement ces triomphes ne venaient caresser
l'amour -propre de l'artiste qu'au moment où
la vie l'abandonnait. Le 12 avril fut le jour de
la première représentation A'Obéron. Le suc-
cès ne répondit pas à son attente; mais, plus
tard, les beautés originales de cet ouvrage fu-
rent goûtées, et si Obéron n'eut pas la vogue
populaire du Freyschiitz, il est du moins con-
sidéré par les artistes comme une des meilleu-
res productions de son auteur.
La rapidité des progrès du mal qui consu-
mait la vie de Weber était effrayante: le cli-
mat fatal sous lequel il vivait depuis quelques
mois l'activait encore. Lui-même le sentait et
s'en plaignait dans une lettre du 17 avril,
lîienlôl sa faiblesse devint extrême; le 00 mai,
il écrivait à sa femme: « Tu ne recevras plus
» de moi un grand nombre de lettres; réponds
» à celle-ci non à Londres, mais à Francfort,
(I) Le l« mars, Weber visila le Conservatoire, nu mo-
ment où je faisais mon cours décomposition. Lorsqu'il
eu ira dans nia classe, j'expliquais à mes élèves ce qui con-
stitue là différence entre la tonalité ancienne du plain-
cli.inl et la tonalité moderne. Je l'avais vu deux jours
auparavant chez Clierubini. En le voyant entrer, je vou-
lus cesser la leçon, mais il me pria de continuer, s'assit
et reoula avec beaucoup d'attention. La leçon finie, il
me dit que le sujet que j'avais traite l'intéressait beau-
coup, et il m'adressa quelques paroles obligeantes Nous
sorlimes ensemble et nous promenàmessur le boulevard
pendant qu'il m'expliquait ses idées sur ce même sujet;
J y trouvai la même obscurité et le même vague qu'on
remarque dans Us Ocrils de l'abbé V oc 1er,
» poste restante. Je vois ton élonnemenl. Je
» n'irai point à Paris. Qu'y ferais -je? Je ne
» puis ni marcher, ni parler. Que puis-je faire
» de mieux que de me diriger tout droit vers
» mes pénates? » Il s'efforçait de se faire illu-
sion sur son état lorsqu'il parlait de son re-
tour. Il voulait diriger lui-même, le G juin,
une représentation du Freyschiitz, qui devait
être donnée à son bénéfice, et quitter Londres
le lendemain. Le 2 juin, il écrivit sa dernière
lettre d'une main tremblante et la termina
par ces mots : « Que Dieu vous bénisse tons et
» vous conserve en bonne santé! Que ne suis-
» je au milieu de vous ! » Trois jours après il
expira.
L'éducation qu'avait reçue Weber exerça
une fâcheuse influence sur sa destinée, et ne
fui pas moins funeste à sa conservation qu'à
son talent. Le penchant à la mélancolie, qui
était une conséquence de son organisation,
aurait pu être combattu par la société déjeunes
gens de son âge; mais l'isolement où il fut
tenu constamment pendant sa jeunesse déve-
loppa ce penchant, lui donna le sentiment
d'orgueil qui s'accroît d'ordinaire dans la so-
litude, et lui rendit plus pénibles les déceptions
de la plus grande partie de sa carrière. Des
causes morales ont donc vraisemblablement
préparé dès longtemps le germe de la maladie
qui l'enleva à sa famille et à l'art dans la force de
l'âge. Considérée sous le rapport de son instruc-
tion et du développement de ses facultés, l'é-
ducation qu'on lui donna ne lui fut pas moins
funeste. Ainsi qu'il le dit lui-même, le fré-
quent changement du maître chargé de diriger
celte instruction ne l'obligea pas seulement
à recommencer souvent ses études sur de nou-
velles bases, mais le mit en doute sur la réalité
de principes qui lui élaient mal enseignés. Il
y avait si peu de satisfaction pour son esprit
dans ce qu'on lui faissait connaître de la
science de l'harmonie et de l'art d'écrire, qu'il
en revenait toujours à les considérer en lui-
même el qu'il se prenait pour son propre
modèle. Il commença trop tôt à écrire ses
idées, cl sa famille donna trop d'attention à
ses premières productions, si informes qu'elles
fussent, pour qu'il s'occupât sérieusement
d'attiré chose que de lui. Dans une longue
conversation avec Weber, peu de mois avant
sa mort, l'auteur de celle notice a pu se con-
vaincre que cet artiste célèbre n'avait que des
notions très-confuses de ce qu'avaient été les
anciennes écoles italiennes. Il ne comprenait
l'art que dans sa manière de le sentir, el n'avait
que des vues étroites à l'égard de la multitude
WEBER
433
de formes sous lesquelles il peut se manifester.
Harmoniste d'instinct, il écrivait mal, et met-
tait souvent de l'embarras dans le mouvement
des parlies, parce que des études bien faites
n'avaient pas réglé l'usage de ses facultés. Il
avait reçu des leçonsde chant d'un bon maître,
mais à un âge où l'on ne peut comprendre en
quoi consiste cet art : de là vient que tout ce
qu'il a écrit pour les voix est hérissé de diffi-
cultés et leur semble antipathique.
Placé dans des circonstances si désavanta-
geuses, Weber ne put en combattre les funestes
influences que par la puissance de son talent
naturel. Dieu lui avait donné l'originalité de
la pensée, quoique ses idées ne fussent pas
abondantes et que la production fût toujours
pour lui pénible et laborieuse. C'est cette ori-
ginalité qui l'a sauvé : c'est elle qui, après un
long travail d'élaboration, l'a conduit à la
composition de trois ouvrages de grande va-
leur, malgré leurs défauts, et lui a fait exercer
une influence très-active sur l'art de son
temps; car on ne peut nier qu'il y ait de l'in-
• spiration de Weber dans toute la musique alle-
mande publiée après lui. Dans le Freyschiitz,
le sentiment de la situation dramatiqueest bien
saisi et heureusement exprimé par le compo-
siteur, surtout lorsque celte situation est em-
preinte de mélancolie ou exige une expression
énergique : la nouveauté «les formes, des suc-
cessions mélodiques et des combinaisons de
l'instrumentation y est saisissante. Ce caractère
de nouveauté, réuni à la nature du sujet de
l'ouvrage et au coloris sentimental qui y do-
mine, a été la cause du succès universel de
l'opéra ; succès qui se soutient encore. Dans
l'expression de la gaieté, Weber est moins
heureux; ses mélodies, en s'efforçanl d'être
naturelles, deviennent triviales, et lorsqu'il
essaye d'être léger, il ne l'est pas de
bonne grâce. Une belle ouverture, un joli duo,
deux chœurs d'un bel effet et un finale sont
tout ce qu'on peut'citer dans la partition d'.£w-
ryanthe comme des produits de la verve ori-
ginale de Weber; mais dans Obéron, son gé-
nie a su trouver des teintes vaporeuses rem-
plies de charme et de nouveauté, bien que les
défauts signalés précédemment s'y reprodui-
sent encore. Au résumé, quelle que soit la
part de la critique dans l'examen de ces pro-
ductions, on ne peut nier que le talent du com-
positeur ne s'y révèle par des formes originales
et par un caractère d'individualité; or, c'est
par ces qualités que vivent à jamais les pro-
duits de l'art et qu'ils occupent une place dans
son histoire. Les grandes partitions de ces
BIOGI». UjViV. DES MUSICIENS. T. VIH ,
opéras n'ont point été gravées, mais seule-
ment celle de la traduction française du Frey-
schiitz, intitulée Robin des Bois, à Paris. On
a publié les partitions pour piano d'Abou-
Hassan, & Bonn, chez Simrock; Euryantlie,
à Vienne, chez Haslinger ; Der Freyschiitz,
à Berlin, chez Schlesinger; Obéron, ibid.;
Sylvana, ibid.; Preciosa, ibid. Les autres
productions de Weber pour le chant sont
celles-ci : 1° Scène et air d'Athalie {Misera
me), avec orchestre, op. 50; Berlin, Schlesin-
ger. 2° Scène et air d' Inès de Castro (IVonpa-
ventar), pour soprano, avec orchestre, op. 51 ;
ibid. 3° Scène et air détaché (Deh consola
il suo affanno), pour soprano, avec orchestre,
op. 52 ; ibid. 4° Scène et air avec chœur d'Inès
de Castro (Signor, se padre sei), pour ténor et
orchestre, op53; ibid. 5° Scène et air pour
soprano, avec orchestre, op. 56; ibid. G0 Kampf
und Sieg (Combat et Victoire), cantate com-
posée à l'occasion de la bataille de Waterloo
et exécutée au théâtre de Prague , Berlin,
Schlesinger. 1° Der Erste Ton (Le premier Son)
drame de Rochlitz, avec chœurs, Bonn, Sim-
rock. 8° Leier und Schwert (Lyre et Glaive),
poésies de Théodore Kœrner, chants pour
quatre voix d'hommes, en deux recueils de
six chants chacun, op. 42; Berlin, Schlesinger.
Ce sont ces chants de guerre qui ont commencé
la réputation populaire de Weber. 9° Six
chants pour quatre voix d'hommes, op. 63 ;
ibid. 10" Chant de fête, idem, op. 53 ; ibid.
11° Natur und Liebe (La Nature et l'Amour),
cantate pour deux sopranos, deux ténors et
deux basses, avec accompagnement de piano,
op. 61 ; ibid. 12° Trois duos pour deux voix
de soprano, op. 31, ibid. 13° Hymne à quatre
voix (In seiner Ordnung scha/f der Herr),
op. 30, ibid. 14° Messes à quatre voix et orches-
tre, n°» 1 et 2 ; Paris, Castil-Blaze. 15° Douze
chants à quatre voix avec piano, op. 16, liv. I,
II, III; Augsbourg, Gombart. 16° Chansons
pour les enfants avec piano ou orgue, op. 22 ;
Leipsick, llofmeister. 17° Chants et chansons
à voix seule avec piano, op. 23, 25, 29, 30,
46, 47, 54, 64, 66, 71, 80; ibid.
Dans la musique instrumentale, Webers'est
particulièrement distingué par quelques ou-
vertures et par plusieurs morceaux pour le
piano. Il n'a été publié qu'une symphonie (en
ut) de sa composition (à Offenbach, chez
André); elle ne donne qu'une idée assez fai-
ble de ses facultés pour ce genre de musique.
Outre ses ouvertures de Freyschiitz , d'Eu-
ryanthe,d'1 Obéron et de Preciosa, qui sont
très-connues, il a publié : 1° Ouvertur de Po-
28
AU
WEBER
péra intitulé Der Beherrscher der Geisler
(Le Roi des Génies), op. 27, Leipsick, Pelers.
2° Oiiverlure et marclie de Turandot (pièce
de Schiller), op. 37 ; Berlin, Schlesinger.
3" Ouverture composée pour le jubilé de cin-
quante ans de règne du roi de Saxe, op. 59 ;
ibid. 4° Grand quintette pour clarinette, deux
violons, alto et basse, op. 34 ; ibid. 5° Concer-
* tino pour clarinette, et orchestre, op. 26;
Leipsick, Peters. 0° Concertos pour cla-
rinette, op. 73 et 74, Berlin; Schlesinger.
7° Jndanle et rondeau pour hasson et or-
chestre, op. 35; ibid. 8° Concerto pour has-
son, op. 75, ibid. 9° Concei tino pour cor, op. 45.
Leipsick, Peters. 10° Concerto pour piano et
orchestre, op. 11 (en nt); OHenhach, André.
11° Grand concerto (en mi bémol), op. 32 ;
Berlin, Schlesinger. 12° Concert- Si iick (Pièce
de concert) pour piano et orchestre, op. 79,
Leipsick, Peters. Ce morceau, devenu célèbre,
n'est pas également beau dans toutes les parties.
L'introduction en est vague et languissante,
mais la marche est charmante et le rondeau a
«lu brillant. 13° Grand quatuor (en si bémol)
pour piano, violon, alto et violoncelle ; Bonn,
Si m rock. 14° Trio pour piano, violon et violon-
celle, op. G3 ; Berlin, Schlesinger, une des
meilleures compositions instrumentales de
Wcher. 15° Six sonates progressives pour piano
et violon, op. 10, en deux livres, Bonn, Sim-
rock. 1G° Grand duo concertant pour piano
et clarinette, op. 48; Berlin, Schlesinger.
17° Grande sonate pour piano à quatre mains
(en la bémol), Leipsick, Probsl. 18° Grandes
sonates pour piano seul, op. 24, 49, 70;
ibid. Ces dernières compositions sont de
l'ordre le plus élevé et d'une incontestable
originalité. 19° Beaucoup de polonaises, ron-
deaux et variations pour le même instru-
ment.
Des compositions inédites cl des fragments
d'écrits se trouvèrent parmi les papiers de
Wcher après sa mort ; ceux-ci furent recueillis
par M. Wendt, conseiller à Dresde, ami du
compositeur célèbre, et publiés par M. Théo-
dore Hell, sous le litre : Hinterlassene
ScUriflm von Cari. Maria von IVeber
(Ecrits posthumes de Chai -les-Maric de Weber);
Dresde, 1828, trois vol. petit in -8°. La publi-
cation de cette collection ne répondit pas à
Patiente dû public ni aux promesses des édi-
teurs ; car, à l'exception de quelques mor-
ceaux de critique qui avaient déjà paru dans
plusieurs journaux, on n'y trouva rien de
complet. La partie principale devait être une
sorte de roman intitulé La fie d'artiste, où
l'on croyait que Webcr avait voulu se prendre
comme sujet du livre; mais on n'en trouva
que des fragments sans liaisons. Ces frag-
ments, une esquisse de la vie de Weber,
quelques parties de sa correspondance jusqu'en
182G, les lettres à sa femme écrites de Paris
et de Londres, des pensées détachées sur la
musique, des analyses d'oeuvres musicales et
des notices déjà publiées dans les journaux ou
inédites, enfin un catalogue chronologique des
œuvres du compositeur, depuis 1798 jusqu'en
1823, remplissent ces trois volumes, dont la
partie la plus intéressante est la notice citée
plusieurs fois dans celle biographie, el la cor-
respondance.
Une notice biographique sur Weber, ornée
de son portrait, sans nom d'auteur, a été pu-
bliée sous ce litre : JVachrirhlen aus dèïH Le-
ben ttnd ueber die Musih-U'crhe Cari Maria
von Weber; Berlin , T. Traulwein , 182G,
grand in-4° de huit pages. La Vie de l'artiste,
écrite par son fils et dont le dernier volume
vient de paraître (18G4), offre une lecture
intéressante aux amis de l'art.
WEBER (Jean-Baptiste), né à Bieslau, en
1792, fit ses études an gymnase de cette ville,
puis suivit des cours de droit à l'université, et
obtint une place d'assesseur à Treibnitz, où il
mourut le 3 mars 1823. Élève de Fœrster
pour le violon et de Schnabel pour la composi-
tion, il a publié à Breslau, chez Forster et
Hoffmann, quatre recueils de chansons alle-
mandes avec accompagnement de piano, et
a laissé en manuscrit un psaume et un Salve
Regina, à quatre voix.
WEBER. (Ernest-Henm), professeur d'a-
nalomie à Leipsick, est né le 24 juin 1795 à
"Witlenbcrg, où son père était alors professeur
de théologie. Après avoir commencé ses études
à l'école des Princes à Meissen, en Saxe, il alla
suivre les cours de médecine aux universités
de Wiltenberg et de Leipsick. En 1818, il ob-
tint le litre de professeurordinaiie d'analomie
dans celte dernière ville: il occupe encore
celte place. Au nombre de ses ouvrages, on
remarque ceux-ci, qui sont relatifs à la musi-
que, ou plutôt à l'acoustique: 1° De Jure et de
audilu hominis et animalium. Pars prima;
Lipsiœ, G. Fleischer, 1820, in-4° avec dix
planches. Cet ouvrage conlienldes choses neu-
ves el curieuses sur l'organe de l'ouïe. 2°7fe/-
lenlelire auf Experimenis gegriindet, oder
iiber die Wellèn tropfbarer FHissigheiten,
mit Jnwendung auf die Scluill-und Luft-
wellen. (Théorie des vibrations déduite des
expériences, etc.); Leipsick, chez Gérard
WEBER WECIŒR
435
Fleischer, 1825, in-8° de 574 pages, avec une
préface de 28 pages el 18 planches. Cet im-
portant ouvrage, qui renferme une multitude
de faits nouveaux concernant la théorie de la
formation des sons harmoniques, el dont on
trouve une analyse dans le quatrième volume
de l'écrit périodique intitulé Cxcilia (p. 189-
212), a été fait par le docteur Ernest-Henri
Weher en collaboration avec son frère
Guillaume Weher. (Foyez l'article suivant.)
M, E. H. Weher a donné aussi, dans la Gazette
musicale de Leipsick (tome XXVIII, nM 12, 13
el 14), une explication du procédé par lequel
on peut disposer des cordes et des tuyaux pour
produire les harmoniques des sons fondamen-
taux.
WEBER (le docteur Guillaume), frère du
précédent, est né à Witlenberg, le 24 octobre
1804, et y a fait ses éludes. Après avoir été,
pendant quelques années, professeurde physi-
que à l'université de Halle, il a été appelé, en
1831, à l'université de Gœttinguepour y rem-
plir les mêmes fonctions ; mais il fut un des
professeurs de celle université qui donnèrent
leur démission et se rendirent en pays étran-
ger par suite des affaires suscitées à l'univer-
sité par le roi de Hanovre. M. Weher se rendit
alors à Paris. Ce savant esl considéré aujour-
d'hui à juste titre comme un des premiers
acousliciens de l'Europe. Outre l'ouvrage au-
quel il a coopéré avec son frère Ernest-Henri
(voy. ce nom), concernant la théorie des sons
harmoniques, on lui doit: 1° Leges oscillatio-
nis oriundx, si duo corpora diversa celeri-
tate oscillantia ila conjungantur, utoscillare
nonpossint, nisi simul et synchronice, exem-
plo illustrât^ tuborum linguatorum; Halae,
1827, in-4° de 40 pages, avec une planche;
excellente dissertation dont on trouveune ana-
lyse par Chladni, dans la Gazette musicale de
Leipsick (t. XXIX, p. 281-284), et dans la Cas-
cilia{t. VIII, p. 91-108). 2° Sur la compen-
sation des tuyaux d'orgue; dissertation sur
un sujet neuf publiée dans la Cxcilia (t. XI,
pp. 181-202) et traduite en français, avec plan-
ches, dans la Revue musicale (t. XI). 3" Sur
la production des sons harmoniques dans les
tuyaux à anches, et particulièrement dans la
clarinette, dissertation insérée dans la Cxci-
Zia(lome XII, pp. 1 -20), avec une introduction
parGodefroid Weher, el une planche. 4° Sur la
polarisation du son, dans une autre accep-
tion que celle de TFheatstone. 5° Sur l'inter-
ruption des rayons sonores dans Vair oscil-
lant transversalement. fi° Observations sur
l'interférence des ondulations du son dans
les membranes vibrantes. 7° Observations
concernant les vibrations longitudinales et
transversales des cordes tendues. S" Sur la
disposition la plus convenable d'un mono-
corde et sur soti usage au profit de la physi-
que et de la musique. 9° Du troisième son de
Tartini. 10° Comparaison de la théorie des
instruments à cordes et à vent. Ces différents"
morceaux ont été insères dans les Annales de
chimie de Schweiger, et en partie dans les An-
nales de physique de Pappendorf. M. Guil-
laume Weber a fourni aussi quelques articles
d'acoustique très-intéressants au Lexique uni-
versel de musique de Schilling.
WEBER (Franz ou François), organiste,
chanleuret compositeur, né à Cologneen 1805,
a fait ses études musicales sous la direction de
Bernard Klein. Après avoir été quelque lemps
organiste dans une église de Berlin, il esl re-
tourné dans sa ville natale et a été nommé, en
1838, organiste de la cathédrale. Il était aussi
violoniste. En 1845, il chanta comme lénor aux
fêtes musicales pour l'inauguration de la statue
de Beethoven. Ayant été nommé directeur de
musique de la société de chant de Cologne, il
se rendit avec elle à la fête de chant d'ensemble
donnée à Gand, en 1847, et fut choisi comme
directeur de celteféte. En 1848, il occupait en-
core la place d'organiste de la cathédrale de
Cologne. Parmi ses compositions, on remar-
que : le psaume 57 à quatre voix, avec accom-
pagnement, op. 4. — Le chant de guerre de la
Prusse rhénane pour un chœur d'hommes,
avec accompagnement d'orchestre, op. 5. —
Quatre poèmes pour voix seule avec piano,
op. 7. — Pot-pourri sur Hans Heiling pour
piano.
WEBERLEVG (Jean-Frédéric), violo-
niste et compositeur, né à Slullgard, en 1758,
entra à l'École militaire à l'âge de douze ans,
puis abandonna la carrière des armes pour la
musique. Il fit de grands progrès sur le vio-
lon, et obtint la place de premier, violon de la
chapelle ducale de Wurtemberg, où il resta
pendant toute sa vie. Retiré avec une pension,
en 1 81 G, il mourut à Slullgard en 1825. (J<;t
artiste a publié (rois concertos pour le violon,
des solos pour le même instrument, (rois con-
certos pour le cor, des duos et des variations
pour la flûte.
WECRER (Georges Gaspard), né le 2 avril
10>ô2, à Nuremberg, fil ses éludes musicales
sous la direction de son père elde Jean-Érasme
Rinderman. A l'âge de dix neuf ans, il fut
nommé organiste de l'église de Sainl-Séhald,
dans sa ville natale, el il en remplit les lonc-
28.
436
WECKER -WECKMANN
tions jusqu'à sa mort, arrivée le 20 avril 1695.
On lui doit quelques améliorations pour l'im-
pression de la musique par les caractères mo-
biles. Le premier essai de ses procédés fut fait
dans son ouvrage intitulé : XVIII geistliche
Concerte mit 2 bis 4 vocal Stimmen und
5 Instrumenlen ad libitum (Dix-huit concerts
spirituels à deux et quatre voix avec cinq in-
struments ad libitum, pour les jours de fête
de toute l'année) ; Nuremberg, Endler, 1695,
in-4\
WECKERLIN (Jean-Baptiste-Tiiko-
doiie), né le 9 novembre 1821 à Guebwiller
(Haut-Rhin), est fils d'un teinturier et fabri-
cant d'étoffes de colon, qui le destinait à la
carrière industrielle. Après quatre années pas-
sées au collège de La Chapelle, le jeune Wec-
kerlin fut envoyé à Strasbourg, pour y fré-
quenter le cours de sciences de l'Académie. Il
y suivit aussi le cours de mécanique professé
par l'habile mécanicien Schwilge, constructeur
de l'horloge astronomique de celte ville, puis
il retourna chez ses parents, pour se vouer à
l'état de son père; mais bientôt il en éprouva
du dégoût. Incessamment préoccupé de musi-
que et décidé à se livrer à la culture de cet art,
il s'enfuit de la maison paternelle et arriva à
Paris, le 25 juin 1843. Admis au Conservatoire,
le 8 janvier 1844, il fit un cours d'harmonie
dans la classe deM. Elwart, puis il devint élève
d'Halévy pour le contrepoint. Sorti de cette
école en 1849, il se livra à l'enseignement et à
la composition. Ses premiers ouvrages furent
des romances, mélodies et duos, publiés la plu-
part en recueils de six: M. Weckerlinen porte
le nombre à cent cinquante. Parmi ses autres
productions, il faut citer: 1° L'Organiste,
opéra-comiqueen un acte, représenté au Théâ-
tre Lyrique, le 17 mai 1853, et publié au ma-
gasin de musique du Ménestrel. 3° Les Reve-
nants bretons, opéra de salon en un acte et à
quatre personnages; Paris, Flaxland. 4° Tout
est bien qui finit bien, idem., à deux person-
nages, représenté au château des Tuileries
le 28 février 1856 ; Paris, au Ménestrel. 5° Six
quatuors de salon pour soprano, mezzo so-
prano, ténor et basse avec piano, Paris, Flax-
land, 1855. 6° Echos du temps passé, recueil
dechansons, noëls, madrigaux, brunelles,etc,
du douzième au dix-huitième siècle, suivis de
chansons populaires, etc., avec des notes bio-
graphiques et bibliographiques; Paris, Flax-
land, 1853-1855; deux volumes gr, in-8».
7° Chansons populaires des provinces de
France, avec accompagnement de piano; Pa-
ris, à la librairie nouvelle. 8° Les Poèmes de
la mer, ode-symphonie exécutée pour la pre-
mière fois dans la salle du Théâtre Italien, le
19 décembre 1860; Paris, Flaxland.9° Recueil
de six morceaux de piano; ibid. 10° Messe à
deux voix égales ; ibid. 11° Chœurs à deux,
trois et quatre voix pour des pensionnats de
jeunes filles; ibid. 12° Chœurs à quatre ou à
huilvoix d'hommes ; Paris, Gambogi. 13° Sou-
venirs du temps passé, troisième volume
des Echos, etc. ; Paris, 0. Legonia, 1864.
14° Chants des Alpes, vingt tyroliennes avec
accompagnement de piano; Paris, au Ménes-
trel. 1 5» Die Dreyfach Hochzitt im Bœscothal
(Les trois noces dans la vallée des Balais),
opéra-comique en trois actes et en dialecte de
Colmar, représenté au théâtre de Colmar, le
17 septembre 1863; Colmar, Kern; Paris,
Flaxland. 16° Six cantiques et motels ; Paris
Flaxland. Quoique M. Weckerlin n'ait fait
représenter qu'un seul opéra sur un grand
théâtre de Paris, il en a, dit on, com-
posé vingt-deux, dont on cite Le Marché
des Fées, en trois actes , Le Ménétrier
de Meudon, en troisactes, La Première barbe
de Figaro, en un acte, elc. Cet artiste prépare
un grand ouvrage sur la chanson populaire :
il a réuni de nombreux matériaux et formé
une bibliothèque spéciale pour ce travail. Il a
fondé une société musicale dite Cxcilia, qui
donne, chaque année, une série de concerts
historiques à Paris.
YVECKMANN (Mathias), né en 1621, à
Oppershausen, en Thuringe, fut confié dans
son enfance au célèbre compositeur et maître de
chapelle, Henri Schtllz, qui l'envoya à Venise
pour étudier l'art du chant; mais ce ne fut
pas Jean Gahrieli qui le lui enseigna, comme
le prétend Mallheson (Grundlage einer Ehren-
pforte, etc., p. 374), car ce maître avait cessé
de vivre en 1612. De retour à Dresde, Weck-
mann entra dans la chapelle de l'électeur, en
qualité de sopraniste, et devint élève de Schtllz
pour la composition. Plus tard, il fut envoyé à
Hambourg pour y apprendre à jouerde l'orgue
sous la direction de Jacques Schultz ou Prrclo-
rius : après trois années d'éludé, il retourna à
Dresde et fut nommé organiste de la cour.
Entré ensuite au service du prince royal de
Danemark, il n'y resta que peu de temps, car
la mort prématurée de ce prince, en 1647, (il
renlrer Weckmann dans son emploi d'orga-
niste de la cour de Dresde. Bientôt son talent
le plaça au rang des habiles clavecinistes et
organistes de son temps; il se mesura même
avec le célèbre Frobcrger, et ne put être
vaincu par lui. En 1657, il reçut sa nomina-
WECKMANN — WEGELER
437
lion d'organiste à l'église Saint-Jacques, de
Hambourg. Il mourut dans cette ville en 1074,
à l'âge de cinquante-trois. On a imprimé de sa
composition, à Freyberg, en 1651, des can-
zones pour deux violons, basse de viole et
basse continue pour le clavecin.
WEDEMANN (Wilhelm ou Guillaume),
canlor, organiste et professeur du séminaire
à Weimar, fut le prédécesseur de Tœpfer,
comme organiste de cette résidence. Il naquit
1« 24 juillet 1805, à Udested, près d'EiTurl, où
son père était organisle et instituteur. Les
premières leçonsde musique lui furent données
par le maître d'écoleStolz. Al'âgedetreizeans,
il fréquenta le gymnase d'Erfurt, et lorsqu'il
eut atteint sa dix-septième année, il entra au
séminaire des instituteurs, où l'excellent orga-
niste M. G. Fischer fut son professeur île piano
et d'orgue. Ayant été nommé organisle et
instituteur primaire à Butlstedt, en 1827, il
occupa cette position jusqu'en 1832, où il fut
appelé à Weimar, pour y remplir les emplois
dont il est parlé ci-dessus. Wedemann est
mort dans cet le vil le au mois de septembre 1849,
et non en 1843, comme le dit M. Bernsdorf
(Nettes Universal Lexikon der Tonknnst,
I. III, p. 858). On a de cet artiste : 1°Une
collection d'exercices et de petits préludes
pour l'orgue, publiée sous le litre de : Der
Lehr mets ter in Orgehpiel (l'Instituteur dans
l'art de jouer de l'orgue); Erfurl, G.-W. Kœr-
ner. Il a été fait six éditions de cet ouvrage.
2° 100 Auserlesene deutschc Volkslieder (Cent
chants populaires allemands choisis); ibid.
5" Cent chants à l'usage des écoles. 4° Polyhym-
nia pour un chœur d'hommes. 5° Praktisch-
Orgelmagazin(yiagas\n pratique pour l'orgue).
WEELK.ES (Thomas), musicien anglais
dont on ne connaît jusqu'à ce jour ni le lieu ni
la date de naissance. On peut présumer toute
fois qu'il naquit vers 1575, car il dit dans la
dédicace de sa suite des Ballets, imprimée en
1 598, qu'il n'est point encore arrivé à l'âge de la
maturité. On voit par le titre de ses Madri-
gals of five and sixparts, imprimés en 1000,
que Weelkes était dès lors organiste au Col-
lège de Winchester. Il garda vraisemblable-
ment celle place jusqu'en 1608, où l'on voit,
par le titre de son ouvrage intitulé : Ayres,
or Phantastick Spirils, for three voices,
qu'il était Gentleman de la chapelle du roi,
bachelier en musique et organisle de la cathé-
drale de Chichesler {Gentleman ofhis Majes-
lies chapell, Batchelor of Musicke, and
Orgunist of the Cathedral Church of Chi-
chesler). La dernière date à laquelle on, trouve
des traces de l'exislencede Weelkesestl'année
1614, où il prit part à la composition d'un
recueil intitulé: Teures or Lamentations of
aSorrawfullSoule, etc. et publié par William
Leigbton, membre de la Chapelle royale. On
connaît sous son nom : 1° Madrigals /or 3, 4,
5 and 6 voices, Londres, 1597. Cet ouvrage,
mis en partition par M. Edouard J. Hopkins
(voyez ce nom), fait partie de la collection pu-
bliée par la société des antiquaires de Londres.
2° Ballets and Madrigals to five voices,
with one to 6 voices, ibid., 1598. 3° A set of
Madrigals in sixparts, ibid., 1 600. On trouve
un Madrigal de sa composition dans la col-
lection intitulée : Triumph of Oriana, et
une antienne dans le recueil de Barnard.
Weelkes est aussi auteur d'un recueil de chan-
sons à trois voix qui a pour litre: Ayres or
Phantastick Spirits for three voices; Lon-
dres, 1008. On ignore l'époque de sa mort.
Weelkes s'est aussi distingué comme compo-
siteur de musique d'église. Un ancien livre
d'orgue copié par Adrien Baten, aujourd'hui
possédé par M. Joseph Warren (voyez ce
nom), contient les ouvrages suivants de ce
musicien : 1° Te Deum, Jubilate, offertoire,
Kyrie, Credo, Magnificat et Nunc di-
mittis (en sol). 2° Les mêmes chants (en la
mineur). 3° Te Teum, Jubilute, Magnificat
et Nnnc dimittis, en cinq parties (en sol);
4" Te Deum, Magnificat, et Nnnc dimittis
(en la mineur). 7° Magnificat et Nnnc di-
mittis pour l'orgue (en ut). 6° Magnificat
et Nunc dimittis (en sol mineur). Dans la
collection de Clifford, intitulée : Divine Ser-
vices and Anthems (1664), on trouve sept
antiennes du même compositeur. Enfin,
M. Edouard Kimbault (voyez ce nom) a
recueilli du même Weelkes dix-neuf antiennes
dans diverses cathédrales de l'Angleterre.
WEGELER (FiuNçois-GÉiunD), docteur
en médecine, né à Bonn, le 22 août 1705, fit avec
succèsses études classiques dans les écoles et au
gymnasedesa ville natale, puiscommençaàélu-
dier la médecine à l'Académie fondée par l'é-
lecleurde Cologne. Envoyé ensuiteà Vienne par
l'électeur pour compléter son instruction mé-
dicale, il suivit particulièrement les cours de
l'Académie Joséphine. De retour à Bonn, après
avoir été reçu docteur en médecine à Vienne,
en 1789, il se livra à l'exercice de sa profes-
sion. Devenu doyen de laFaculté de médecine
en 1792, et nommé recteur de l'Université
l'année suivante, Wegeler fut dénoncé comme
ennemi de la révolution, lorsque les Français
entrèrent à Bonn, et n'out d'autre ressource-
438
VYKGELER ~ WEIGANG
que (remisier. Il se rendit à Vienne pour la
seconde fois el y retrouva Beethoven, son in-
time ami de jeunesse. En 179f>, il retourna
dans sa ville natale, y épousa mademoiselle
Eléonore de Breuning,en 1802, fixa sa rési-
dence à Coblence en 1807, et s'y distingua par
ses travaux dans son art. Il est mort dans cette
ville le 7 mai 1848, à l'âge de quatre-vingt-
trois ans (1). Resté fidèle à son amitié pour
Beethoven jusqu'à ses derniers jours, le doc-
teur Wegeler a fait appel à ses souvenirs et à
ceux de Ferdinand Ries, pour la composition
de notices intéressantes sur la vie de ce grand
artiste et les a publiées sous ce titre : Biogra-
phische Notizen iiber Ludwig Von Beetho-
ven ; Coblence, Bœdeker, 1838, u\t vol. de
cent soixante quatre pages, avec des fac simile
d.e récriture de Beethoven et »ne planche de
musique. Un supplément de ces notices a paru
sous ce titre : Nachtrag in den biograph ischen
Notizen iiber Ludwig Fan Beethoven. Bei
Gelegenheit der Evrichtung seines Denkmaïs
in seiner Vaterstadt Bonn ; Coblence, 1845,
in-8° de trente pages, suivies d'une mélodie
de Beethoven avec accompagnement de piano.
M. A. -F. Legentil a publié une bonne traduc-
tion de ces ouvrages, avec notes ; elle est inti-
tulée : Notices biographiques sur L. Van
Beethoven, par le docteur F. -G. Wegeler et
Ferdinand Ries, suivies d'un supplément
publié à l'occasion de l'inauguration de la
statue de L. V. Beethoven à Bonn, sa ville
natale. Paris, E. Denlu, 1862, un vol. in-12
de deux cent cinquante pages.
. WEIINER (Jean), musicien à Franclbrt-
sur l'Oder, au commencement du dix-septième
siècle, est connu par les ouvrages suivants:
1° Fasciculus primus decemet quatuor har-
moniarum sacro novarum de G voc. ad mo-
dosmusicosusitaliores.Trancfovl-sur-VOiler,
1610.2° Neive liebliche Kirchengcsxnge. (Nou-
veaux chants d'église favoris), ibid., 1021.
WEHINEU (Arnold), professeur de piano
à Gœtlinguo, el directeur de musique de l'uni-
versité, s'est fait connaître par un Ave verum
qui fut exécuté dans cette ville en 1844. Les
biographes allemands gardent le silence sur
cet artiste.
"WEICIILF.irV (Romain), moine bénédic-
tin, à Lamhach, en Autriche, vers le commen-
cement du dix-huitième siècle, a publié de sa
composition : 1° XII Sonates à 5 et un plus
(I) Les faits rapidement résumes de celle notice sont
extraits de celle que M. A. -F. Legentil a placéeen tète
de sa traduction de l'ouvrage de Wegeler et de Kics,
concernant la vie de lieellioven.,.
grand nombre d'instruments, Atigsbourg.
2° Pamassus ecclesiastico musicus, cum qui-
busdam suis selectioribus mus. seu septem
missis musicalibus a A et "ô voc. concert, et
S instrum. concert. Ulm, 1702.
WEICHLEIIV (François), organiste de
l'église paroissiale de Graelz, au commence-
ment du dix-huitième siècle, est connu par un
œuvre de musique instrumentale intitulé: Mu-
sico-instrumentalisches Divertissement , ans
5 Concertirenden Instrumente beslehend ,
Augsbourg, 1705, in-fol.
WEICHMAIVN (Jean), compositeur et
cantor à Kœnigsberg, naquit à Wolgast, en
Poméranie, au commencement du dix-septième
siècle. Il a publié de sa composition: 1° Musica
oder Singhunst (La musique ou l'art du chant)
Kœnigsberg, 1647,in-8°. 'H'Sorgen-Lxgerinn,
das ist etliche Theile geistlicher und weltli-
cher zur Andacht und Ehrenlust dienendc
Liedcr (collection de chants spirituels et mon-
dains, divisée en trois parties). Kœnigsberg,
1048, in-fol. 3° Collection de ballets, couran-
tes, allemandes et sarabandes pour deux violes
el basse continue, ibid., 1649.
WEICHSELL (Charles), frère de la célè-
bre cantatrice Madame Billington (voy. ce
nom), naquit à Londres en 1764, et fut élève
de Guillaume Cramer pour le violon. Dès l'âge
de neuf ans, il commença à se faire entendre
en publicavecsnccèsdansles concerts. Il voya-
gea avec sa sœur, puis fut attaché aux orches-
tres du théâtre du roi et des concerts de Han-
nover-Square et de la société Philharmonique.
Il vivait encore à Londres en 1830. On a
gravé de sa composition: 6 sonates pour vio-
lon seul et basse, op. 1; Londres, 1795.
WEIDTVER (...), mécanicien à Fraustadt,
inventa, en 1810, un instrument à frottement
auquel il donna lenomde Triphone. Cet instru-
ment, dont on trouve une ample description
dans le 12e volume de la Gazette musicale de
Leipsick (n° 30), avait la forme d'un piano
droit, mais les touches étaient remplacées par
de petites lames de bois, entre lesquelles les
cordes étaient tendues. Pour jouer du tri-
phone, on se servait de gants enduits de colo-
phane dont le double frottement sur les cordes
et les lames de bois produisait des sons assez
semblables à ceux de la flûte.
Un flûtiste, nommé Weidner (C.-F.), a vécu
à Amsterdam, au commencement de ce siècle,
et y a publié des variations pour la flûte avec
accompagnement de divers instruments.
WEIGANG (Antoine), curé à Regsnsdorf,
dans le comté de Glalz, en Silésic, naquit à
WEIGANG - WEIGL
439
Melling, le 28 février 1751. Après avoir achevé
ses éludes à l'universilé de Breslau, il se livra
à la composition, et écrivit un grand nombre
de messes, d'offertoires et de motets qui sont
restés en manuscrit et qui ont eu de la répu-
tation en Allemagne.
WEIGANG (J EAN-Clt ARLES -TlIÊOPIIir.E-
Gum.aume), précepteur à Glogau, néàSchweid
nilz (Silésie), a publié, à Breslau, en 1796, six
sonates pour piano, avec accompagnement de
violon.
WEIGEL (Ebiiard) , né à Weyda , le
10 décembre 1625, fut d'abord professeur à
l'université de Jéna, puis conseiller de l'em-
pereur d'Autriche et du comte Palatin, àSulz-
bach. Il mourut le 21 mars 1675. On a de lui
un livre intitulé: Jdea matheseos uniyersai
cum speciminibus invenlionum mathemati-
carum; Jenae, 1669, in-4°. Le treizième cha-
pitre de cet ouvrage traite des rapports de
la musique avec les mathématiques. Mizler a
donné une traduction allemande de ce mor-
ceau, dans sa Bibliothèque musicale (tome I,
part. IV, pp. 1-4).
WEIGL (Fiuivçois-Josepii), compositeur
et violoncelliste, naquit dans un village de la
Bavière, le 19 mars 1740. Jeune encore, il en-
tra au service du prince Estcrhazy et vécut à
Eiscnsladt, en Hongrie, lorsque Haydn y était
maître de chapelle du prince. Cegrand homme,
ami de Weigl, fut le parrain de son fils aine,
qui s'est fait connaître comme un compositeur
distingué. Conduit à Vienne par le prince,
Weigl s'y fixa, entra au théâtre de l'Opéra, en
qualité de violoncelliste, puis fut attaché à la
chapelle impériale, en 1708. Il mourut à
Vienne, le 25 janvier 1820, à l'âge de près de
quatre-vingts ans. Deux ans avant son décès,
il reçut de l'Empereur la grande médaille d'or
à l'occasion de son jubilé de cinquante ans
de service dans la chapelle impériale. On a pu-
blié de cet artiste une petite méthode de cza-
kan, ou flûte douce de Hongrie, et quelques
petites pièces pour cet instrument et pour la
guitare.
WEIGL (Joseph), fils aîné du précédent,
est né le 28 mars 1706, à Eisenstadt, en Hon-
grie, où son père était violoncelliste et sa
mère cantatrice, au service du prince Esterhazy.
Witzig, de Kronenbourg, près de Vienne, lui
enseigna, à l'âge de neuf ans, les éléments de
la musique, du piano et de la basse continue.
A son retour à Vienne, oii ses parents s'étaient
établis, il suivit les cours d'un collège, et ap-
prit le contrepoint, sous la direction d'Al-
brechlsbergcr. Quoiqu'il ne se destinât pas à
la profession de musicien et qu'il voulût être
avocat, il écrivit, à l'âge de seize ans, l'opéra
intitulé La Précaution inutile, qui fut repré-
senté, après avoir été revu par Albrechlsber-
ger. Salieri fut si satisfait des heureuses dis-
positions qui brillaient dans cet ouvrage, qu'il
décida le jeune Weigl à cultiver exclusive-
ment son talent, et lui donna des leçons de
slyle dramatique et de chant. Il le désigna
aussi pour le remplacer dans la direction de
l'orchestre de la cour lorsqu'il ne pouvait lui-
même remplir ses fonctions. Weigl écrivit sous
la direction de ce maître distingué, des compo-
sitions de toute espèce, entre autres l'opéra
bouffe II Pazzo per forza, qui eut un brillant
succès, et procura à son auteur une augmen-
tation de traitement en qualité d'adjoint de
Salieri, et une gratification de cent ducats. Le
succès des opéras italiens que Weigl fil ensuite
représenter à Vienne lui procura désengage-
ments pour le théâtre de la Scala, à Milan, en
1807et 1815. Après la mort de Salieri, il ob-
tint (en 1825) la place de second maître de la
chapelle impériale. Depuis celle époque il a
cessé d'écrire pour le théâtre, et n'a plus
composé que de la musique d'église, où l'on
remarque, dil-on, de belles choses et un bon
slyle. Weigl est mort à Vienne, le 3 fé-
vrier 1846.
Les productions de cet artiste sont en grand
nombre, particulièrement pour le théâtre. En
voici l'indication: I. Opéras : 1° La Précau-
tion inutile. 2" La Spasa collerica. 5" Il
Pazzo per forza. 4" La Caffeliera. 5° La
Principessa d'Amalfi. 6° Giulietla e Pi-
crotto. 7° L' Amor marinaro (un de ses meil-
leurs ouvrages). 8° L/Academia del Maestro
Cisolfaut. 9° L Solitari. 10" L'Uni forma
(exécuté en concert à Schœnbrunn, par ordre
de l'Impératrice, qui y chanta la première par-
tie de soprano, puis traduit en allemand, et
bien accueilli partout). 11° Le Prince invi-
sible. 12° Cleopatra. 15° // Rivale di se stesso.
14° L'Imboscala. Ces trois derniers opéras
ont été composés pour le théâtre de Milan.
15° L'Orfana d'Inghilterra, traduit en alle-
mand sous le titre de Marguerite d'Anjou.
16° Le Petit Homme Pierre, opéra allemand
écrit pour le théâtre de Léopoldstadl. 17° L»
Village dans les montagnes, idem. 18° La
Maison des orphelins, idem. 19° La Famille
suisse, opéra qui a obtenu un grand succès
dans toute l'Allemagne. 20 Françoise de Foix.
21° Le Feu de Festa, écrit pour le théâtre
Sur-la -Vienne. 22° La Chute delà montagne.
idem. 23° L'Empereur Adrien, considéré
440
WEIGL - WEIMAR
comme une des meilleures productions de l'au-
teur. 24° La Jeunesse de Pierre le Grand.
25" La Chute de Baal. 26° La Porte de fer.
27° Ostade, joli opéra-comique. 28° L'Er-
mite . 29° Le Rossignol et le Corbeau.
30° Waldemar. 31° Edouard et Caroline.
II. Ballets. 52° L' Emblème de lavie humaïne.
33° Les Meuniers. 34° Pygmalion. 35° Ri-
chard Cœur de Lion. 30* L'Enlèvement
d' Hélène. Z7° L'Incendie de Troie. ô8° Alonzo
et Cora. 39° La Mort de Rolla. 40° Pleine.
41" Alceslc 42° La Danseuse d'Athènes.
43° Les Jeux de l'Jslrie. 44° La Fête des
Bacchantes. 45° Les Espagnols à l'île Chris-
tine. III. Oiutoiuos et cantates. 4G° La Pas-
sion de Jésus-Christ. 47° La Resurrezione.
48° Hamlet, mélodrame. 49° Flore et Minerve,
cantate. 50 FenereedAdone, idem. 51° Diana
ed Endimione, idem. 52° Il Miglior dono,
idem, pour l'anniversaire de la naissance de
l'Empereur. 53° L'Amor figliuolo. 54" Il
Giorno dinascita. 55° Il Sagrifizio. 50° Il
Riposo dell' Europa, cantate pour la paix.
57" LaFcsta diCarolina ncgli Elisi. 58° Vé-
nère e Marte. 59° Il Ritorno d'Astrea, can-
tate publiée à Milan, par Ricordi. 00° La
bonne volonté. 01° Les Sentiments de recon-
naissance. 02° Les Muses. 03" Irène. IV. Mu-
sique d'église, parmi laquelle on remarque
dix messes solennelles, des graduels et offer-
toires. V. Ouveiituhes et entr'actes pour des
comédies et drames, tels que la Grandeur des
princes, les Pèlerins, l'Honneur des femmes,
Hermann, la Prêtresse du Soleil, etc., etc.
VI. Airs, romances, choeurs et finales pour
lesopéras intitulés: Titus, Giuliella eRomeo,
Ginevra di Scozzia, Cora et Alonzo, Gulis-
tan, Kalaf, La bonne nouvelle, etc., etc. A
ces grandes compositions, il faut ajouter des
chansons allemandes et italiennes, des danses,
des cliansons militaires, trois trios pour haut-
bois, violon et violoncelle, etc. Beaucoup de
ces productions ont été publiées.
WEIGL (Thaddée), frère du précédent,
né à Vienne, en 1774, également compositeur,
a occupé une place de chef d'orchestre à un des
théâtres de celle ville. Il fut bibliothécaire de la
musique de la cour, et établit une maison de
commerce de musique à Vienne; mais celle
entreprise, n'ayant point été heureuse, fut
abandonnée par lui quelques années après.
Parmi ses ouvrages, ceux qui ont été le mieux
accueillis sont : 1° Idoli, petit opéra. 2° Le
Théâtre de marionnettes, idem. 3" Bacchus
st Ariane, ballet. 4° Le Syndic de village.
idem, 5° Le Mariage à la cave; idem. 6° Les
Jeux isthmiques , idem. 7° Zulema et Azem,
idem.
WEIGL (Jean-Baptiste), compositeur, est
né le 26 mars 1783, dans la petite ville de
Hahnbach, en Bavière. L'organiste de cet en-
droit fut son premier maître de chant et d'or-
gue, puis il alla faire ses éludes littéraires au
gymnase d'Amberg, et y reçutaussi des leçons
de musique. Sorti du gymnase, il entra au
couventde Prisening, prèsdeRalisbonne, pour
achever son éducation. De retour à Amberg, il
fut admis au séminaire, où il demeura deux
ans; puis il obtint une place d'organiste dans
cette ville. En 1805, il fut appelé au séminaire
clérical de Ralisbonne, en qualité de professeur
catéchiste, et fut en même temps attaché
comme prêtre à l'église Saint-Ulrich de celle
ville. Plus lard, il obtint une place de profes-
seur au gymnase d'Amberg. Compositeur fé-
cond de musique d'église, il a écrit de belles
messes, des Te Deum, hymnes, offertoires et
cantates. Il a publié à Sulzbach, chez Seidel,
des Mélodies pour le livre de prières etdechant
à l'usage îles écoles catholiques, en cinq suites,
grand in-4°.
WEIKERT (Henri), auteur inconnu d'un
petit écrit quia pour litre: Erhlxrung derge-
brxuchlichsten musikalischen Kunslwœrter-
buch (Éclaircissement concernant les lexiques
de musique en usage) ; Hanau, Edler, 1827,
in-8° de quarante cinq pages. Une deuxième
édition de ce petit ouvrage a paru l'année sui-
vante, et une troisième en 1732, chez le mémo
libraire.
WEIMAR (Georges-Pierre), né le 16 dé-
cembre 1754, à Slollerheim, prèsd'Erftirt, ap-
prit les premiers principes de la musique et du
clavecin chez le maître d'école de ce lieu ; puis
il entra en 1752, au gymnase d'Eifurt, où il
reçut des leçons d'Adlung. Ayant élé nommé,
en 1758 musicien de la chambre et cantonlc
la cour à Zerbst, il y continua ses éludes de
composition sous la direction de Fasch, alors
mailre de chapelle de cette cour, et reçut des
leçons de violon du maître de concert Hœck.
En 1763, il fut appelé à Eifuit pour y remplir
les fonctions decantor, et plus lard celles de
directeur de musique et de professeur au gym-
nase catholique. Il mourut en celle ville, le
19 décembre 1800, avec la réputation de mu-
sicien habile et intelligent. Il a publié de sa
composition : 1° Chansons avec accompagne-
ment de clavecin , Reval, 1780. 2" Fersuch
von kleinen Moltettcn und Arien fiir Schul-
und Singchœre (Essai de petits molcls et airs
pour les écoles et les chœurs) ; Leipsick,
I
WEIMAR - WEISHÀN
441
W.Vogel, 1783. 3» Die Schadenfreude (La Joie
maligne), petit opéra pour des enfants, avec
accompagnement de piano ; I.eipsick, Vogel.
Après sa morl, le célèbre organiste Kitlel
(voyez ce nom) a recueilli ses mélodies poul-
ie livre de chant d'EiTurl, y a fait un accom-
pagnement pour l'orgue, et les a publiées
sous ce litre : Follstxndiges, unvcrfxlschles
Choral Melodienbuch der vorzuglichsten
proleslanlischen (lesangbucher, etc. (Livre
complet de mélodies chorales pures des meil-
leurs livres de chant prolestant, etc.); Erfuil,
1812, in-4°. "Weimar a laissé aussi en manus-
crit un oratorio «le la Passion, des cantates
d'église et quelques autres morceaux pour le
chant.
WEINLICII ou WEIÏNLIG (Çhrétien-
Eiihegott), né à Dresde, en 1743, montra dès
son enfance d'heureuses dispositions pour la
musique. Admis comme élève à l'école de la
Croix, il y reçut des leçons d'harmonie d'IIo-
milius, et écrivit plusieurs cantates sous sa
direction. En 1765, il alla suivre les cours de
l'Université de Leipsick. Après que la construc-
tion du nouvel orgue de l'église réformée de
cette ville eut été achevée, il en fut nommé or-
ganiste, en 1767. En 1773, il fut appelé pour
remplir les mêmes fonctions à Thorn, dans la
Pologne prussienne, et y écrivit des sonates
pour le clavecin, des cantates, des Magnificat,
et un oratorio de la Passion. De retour à
Dresde, en 1780, il y obtint les places d'orga-
niste de l'église Sainte-Marie et d'accompa-
gnateur du théâtre italien. Quelques années
après, il fut nommé professeur de musique à
l'école de la Croix, et il conserva cet emploi
jusqu'à la fin de sa vie. Suivant le Lexique
universel de musique publié par Schilling,
Weinlicli mourut à Dresde, vers 1816. On a
publié de la composition Je cet artiste :
1,: Petites pièces pour le clavecin ; Leipsick,
llilscher. 2" Sonates pour piano et flûte, op. 1,
ibid. 5° Deux sonales, idem, op. 2, ibid. Il
a laissé en manuscrit : 1° Oratorio de la Pas-
sion, composé à Thorn, en 1775. 2° Autre ora-
torio sur le même sujet, composé à Dresde, en
1787. 3° L'Aniversaire de la mort de Jésus,
oratorio, à Dresde, en 1789. 4° Pressentiments
du jour de la mort de Jésus, oratorio, à Dresde,
en 1791. 5° Grande cantate pour la consécra-
tion de l'église de la Croix, le 22 novem-
bre 1792. 6° Le Christ sur la croix, oratorio,
à Dresde, 1793. 7° Le Maître chanteur de
Habsbourg, petit opéra, représenté à Prague,
pour le couronnement de l'empereur Léopold,
en 1792. 8" Erinna, prologue dramatique,
1792. 9° Jugusta, cantate, à Dresde, 1789,
10° Le Sauveur, oratorio, 1801.
WEINLIG (Christux-Tiiéodore), neveu
du précédent, né à Dresde, le 25 juillet 1780,
a fait ses éludes musicales sous la direction de
son oncle. Plus tard, il se rendit à Bologne, y
reçut des leçons de Mattei, et fut nommé mem-
bre de l'Académie des philharmoniques. De
retour en Allemagne, il succéda à Schicht, le
10 juillet 1823, dans la place de canlor a l'é-
cole Saint-Thomas de Leipsick. Après avoir
occupé cette place pendant dix-huit ans, il est
morl à Leipsick le 7 mars 1842. On a gravé de
sa composition : 1° Trenle-six exercices de
chant pour soprano, avec accompagnement de
piano ; Leipsick, Hofmeister. 2° Trente exer-
cices de chant pour voix de contralto ; ibid.
3° Dix-huit exercices de chant pour deux so-
pranos et piano; ibid. 4" Vingt-cinq exercices
de chant pour voix de basse; ibid. 5" Deut-
schen Magnificat (Magnificat allemand pour
chœur et voix solos, avec orchestre, en parti-
tion; Leipsick, chez l'auteur. On a exécuté
dans celle ville, en différentes circonstances,
des cantates, un Magnificat, des molels, un
Te Deum et l'oratorio La fête delà rédemp-
tion, composés par Weinlig.
WEHYMULLEU (Charles), chanteur de
la chambre de l'Empereur et de l'opéra de la
cour, à Vienne, naquit, en 1765, dans les en-
virons d'Augsbourg. Son début au théâtre se
fit dans une troupe de comédiens ambulants.
En 1795, il obtint un engagement à un des
ttiéàlres de Vienne, et y parut pour la pre-
mière fois dans La Laitière, petit opéra de
Wœlfll. Le succès qu'il obtint ensuite dans le
rôle de Lux, du Barbier de village, le plaça
dès lors au premier rang des acteurs aimés du
public. Doué d'une belle voix de basse, dont
l'étendue était extraordinaire, il s'en servait
avec habileté. Ses principaux rôles furent
Thoas,dans Lphigénie en Tauride, Leporello,
Saraslro, Figaro, Zamoski, dans Faniska de
Cherubini, elc. Weinmtlller était remarquable
dans la musique d'église, et personne n'a
mieux exécuté la partie principale de basse
dans le Requiem de Mozart et dans la Créa-
tion de Haydn. Retiré de la scène en 1825, il
mourut le 16 mars 1828, à Dœhling, près de
Vienne.
WEISHAN (Adolphe), luthiste allemand
qui vivait au commencement du dix-septième
siècle, a publié une collection de pièces delulh,
sous ce titre : Silvx Musicalis libri VII, con-
tinentes praludia, fantasias , balletos , pa-
vanas et galtiardas, pussamesas , couranlas,
442
WEISHAN - WEISS
voltas, etc. 4<IjitHClus est singulis bulletin,
pavants et galliardis textus harmonieux;
Cologne, 1603, in-fol., gravé sur cuivre.
WEISKE (D.-G.), cantor à Mcisscn ,
mort en 1806, est auteur d'un recueil inli-
lulé: 12 Geistliche prosaische Gesxnge ,nebst
Beschreibung eines Tuktmessers, etc. (Douze
chants spirituels en prose, suivis de la descrip-
tion d'un chronomètre propre à marquer la
mesure, etc.); Leipsick, Breilkopf, 1790, in-4°,
avec une planche représentant l'instrument
donlWeiske était inventeur. Après la mort de
ce musicien, on a aussi publié de sa composi-
tion douze sonatines faciles pour le piano, 'avec
une courte notice biographique de l'auteur;
Meissen, 1810, grand in-4°. Weiske a laissé
en manuscrit quelques Kyrie et Gloria, envi-
ron vingt-quatre cantantes d'église, etles psau-
mes 11, 23,93, 100, 105, 111, 145 et 150 pour
chœur et orcheslre.
WEISKE (C.-A.), auteur inconnu d'un
livre intitulé: Alfonso. Eine Novelle fur
Frennde der Tonkunst (Alphonse, Nouvelle
pour les amis de la musique); Zwickau, Schu-
mann, 1832, in-8° de 104 pages. On trouve
dans cet ouvrage des réflexions intéressantes
concernant la musique, particulièrement sur
l'esthétique de cet art.
WEISKOPF (Louis), pianiste allemand,
vécut à Paris vers la fin du dix-huitième siècle
et au commencement du dix-neuvième. On
ignore l'époque de sa mort. Il a fait graver de
sa composition: 1° Trois quintettes pour piano,
deux violons, alto et basse, op. 5; Paris, Sieber.
2° Quatuor pour piano, violon, allô et basse,
op. 10, Paris, Pleyel. 3° Trois sonates pour
piano, violon et violoncelle, op. 4.; ibid.
4" Trois idem, op. C, Paris, Sieber. 5° Trois
sonates pour piano et violon, op. 14, Paris,
Porro. 6° Pots-pourris pour piano seul, nuS 1,
2, 3, 4, 5, Paris, Pleyel. 7° Six airs variés
pour piano et violon, ibid. 8° Six airs variés
pour piano seul, Paris, Sieber.
WEISS (SiLvit'S-LKoroLD), célèbre luthiste
au commencement du dix-huitième siècle, na-
quit à Breslau, vers 1680. En 1708, il suivit
en Italie le prince polonais Sobieski, et vécut
quelque temps à Rome. Après la mort de ce
prince, il retourna à Breslau. Sa réputation
s'étendit bientôt dans toute l'Allemagne, et
l'électeur de Saxe, roi de Pologne, le nomma
luthiste de sa chambre. La plupart des princes
allemands l'honoraient de leur bienveillance.
En 1722, il se maria à Munich, et l'électeur de
Bavière lui fil présent, à cette occasion, d'une
tabatière d'or enrichie de diamants, accompa-
gnée de cent ducats. Weiss mourut vers 1748.
Baron (voy. ce nom), bon juge de tout ce qui
concernait le luth, dit, dans son livre sur cet
instrument, que cet artiste fut un des pre-
miers improvisateurs de son temps, et qu'il y
eut peu d'organistes qui pussent jouer sur
l'orgue une fugue aussi bien que lui sur le
luth. Ses ouvrages, composés de onze recueils
de solos pour cet instrument, de dix trios et
desix concertos, sont restés en manuscrit. J'ai
acquis, en 1836, les manuscrits originaux de la
plupart de ces pièces.
Weiss eut un fils (Jean-Adolphe Fauslin),
né à Dresde et musicien de la cour de Saxe,
qui fut aussi très-habile luthiste. Son frère
(Sigismond), né comme lui à Breslau, eut éga-
lement la réputation d'un virtuose sur le luth.
WEISS ( le P. Raphaël), excellent orga-
niste et compositeur, naquit en 1713, àWan-
gen, en Bavière. Après avoir fait ses éludes au
couvent d'Otlobeuern, il y fit ses vœux en
1739, et y fut ordonné prêtre. Il y mourut en
1779. On connaît sous son nom, en Allemagne,
des messes, vêpres et litanies, ainsi que quel-
ques drames en musique, composés pour les
écoles.
WEISS (Chaules), flûtiste et compositeur,
naquit à Mulhausén vers 1738. En 1760, il ac-
compagna à Rome un grand seigneur anglais,
en qualité de maître de musique. Par l'entre-
mise de cet élève, il entra dans la musique
particulière du roi Georges III, comme pre-
mière flûte, et se fixa a Londres, où il mou-
rut en 1795. Dans un voyage qu'il fit à Paris,
en 1784, il fit graver son quatrième œuvre,
composé de quatre quatuors pour flûte, violon,
alto et basse. Il a publié aussi six symphonies
pour l'orchestre; des solos pour la flûte, op. 3;
Londres, Longman ; des trios pour trois flûtes,
ibid.; trois quatuors pour Utile, violon, alto
et basse, op. 5, ibid. ; trois idem, op. 6, ibid.
WEISS (Chaiiles-R.), fils du précédent,
naquit à Mulhausén, en 1777, et suivit son père
en Angleterre à l'âge de sept ans. Devenu son
élève, il fit de si rapides progrès, qu'il put se
faire entendre en public à l'âge de neuf ans,
dans un concerto de flûte. Toutefois, il n'était
pas desliné à la profession de musicien, et on
le mit dans un comptoir de négociant. Les
dégoûts que lui inspirait celle carrière la lui
firent négliger! On l'envoya plus tarda Paris,
puis en Italie, où il prit des leçons de compo-
sition de Mayer, maître dechapellea Bergame.
Fixé plus lard à Naples, comme professeur de
flûte, il y vécut quelques années, puis se rendit
à Rome, où il donna son premier concert. Le
WEISS
443
succès qu'il y obtint l'engagea à voyager en
Italie. Arrivé à Gênes au moment où les trou-
pes anglaises prenaient possession de cette
ville, les circonstances l'obligèrent à accepter
un emploi dans les bureaux du général Dal-
rymple : mais deux ans après , il reprit ses voya-
ges, arriva à Genève et fut présenté à Madame
de Staël, puis se fixa en Angleterre. Il a publié
environ soixante-dix œuvres de sa composition
pour la flûte, entre autres, un concerto, œuvre
premier, à Paris; beaucoup d'études pour cet
instrument, à Londres chez Clementi; des
fantaisies, œuvres 12, 13, 14, 24, 44 et 45 ; et
des trios pour trois flûtes, œuvres 20 et 59,
ibid.; des duos, etc. On a aussi sous son nom
une grande méthode de flûte en deux parties,
op. 50 ; elle a pour litre : New methodicul
Instruction- L'ook for the Flûte; Londres
(sans date), in-fol.
WEÏSS (Frédéric-Guillaume), médecin
du landgrave de Hesse-Rolhenbourg, naquit à
Gœltingue, le 3 mai 1744. Depuis 1775 jus-
qu'en 1770, il publia trois recueils deebansons
avec accompagnement pour le clavecin, et
deux suites de danses anglaises. On a de ce
médecin quelques traités de botanique, dont
le dernier a paru à Gœltingue, en 1782.
WEISS (François), violoniste au service
du prince Razumowsky, à Vienne, naquit en
Silésie, le 18 janvier 1778. Cet artiste jouait
de l'alto dans les célèbres séances de quatuors,
où les compositions de Beethoven furent exé-
cutées pour la première fois par Schuppanzich,
le prince lui-même au second violon, et Linke
au violoncelle. Weiss est mort à Vienne, le
25 janvier 1830. Il était compositeur de quel-
que mérite et a écrit la musique de plusieurs
ballels; des symphonies et ouvertures; des
variations brillantes pour violon et orchestre,
op. 13; Vienne, Artaria; trois quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 1,2, idem,
op. 8; Vienne, Haslinger; trois idem, op. 0,
10, 12; Offenbach, André; quintette pour deux
violons, deux altos et violoncelle, op. 5; Vienne,
Artaria; duos pour deux flûtes; duos pour
deux violons ; grandes sonates pour piano,
op. 4 et 6, etc. Weiss a écrit aussi des sym-
phonies concertantes pour flûte, basson et
trombone avec orchestre, exécutées à Vienne
avec un brillant succès par les frères
Kbayll.
WEISS (Jules), fils d'un marchand de
musique de Berlin, né le 10 juillet 1814, fil ses
premières études de musique sous la direction
du violoniste Henning, cl compléta son instruc-
tion musicale par les leçons de Grell et de Run-
genhagen. Ses études terminées, il sn livra à
l'enseignement de son art jusqu'en 1853. Il
succéda alors à son père dans son commerce
de musique. Parmi ses compositions, on remar-
que un quatuor pour deux violons, alto et
basse, des psaumes à quatre voix, beaucoup de
Liederel quelques pièces de piano. On a aussi
de lui une grande méthode de piano el une
méthode de violon. M. Weiss a rédigé les arti-
cles de musique dans la Gazette des Etats
prussiens (Preussischen Staatszeitung), de-
puis 184G jusqu'en 1850.
WEISS (Gustave-Godeeroid), professeur
de chant et compositeur à Berlin, né le 13 dé-
cembre 1820, à Conradswaldau, prèsde Lands-
hut (Silésie), où son père était cantor et insti-
tuteur, reçut de lui les premières leçons de
piano, d'orgue et de violon. Ses heureuses dis-
positions pour la musique se manifestèrent dès
sa première jeunesse; mais destiné par son
père à la carrière du professorat, il dut suivre
les coursde l'École polytechnique de Landshut
et du séminaire normal de Breslau. Après
trois années d'études faites avec une grande
distinction, il fut envoyé parla régence royale
de Breslau à Berlin, afin d'y continuer ses étu-
des musicales. Arrivé dans cette ville au prin-
temps de 1841, il entra aussitôt à l'Institut
royal de musique religieuse et fut également
élève de la classe de musique de l'Académie des
Beaux- Arts. Depuis le mois d'août 1841 jus-
qu'au même mois de l'année 1844, il fit un
cours complet de composition sous la direction
de M. Marx. En même temps, il reçut d'Hubert
Ries des leçons de violon, instrument qu'il avait
précédemment cultivé avec succès. En 1845,
la rédaction de la Gazette d'Etat lui confia en
partie le feuilleton musical, et dans le même
temps il devint rédacteur delà Gazette illustrée
de Leipsick, et correspondant de la nouvelle
Gazette musicale decette ville. La lecture de la
Nouvelle méthode de chant, de Nehrlich (voyez
ce nom) lui inspira le goût de cet art; il se lia
d'amitié avec l'auteur de celle mélhodeet l'ac-
compagna dans ses voyages à Hambourg, à
Brème et à Vienne, en 1847. Il termina dans
celte ville un opéra en quatre actes, intitulé
Heinrich Mœnch von Landskron. Les événe-
ments de 1848 l'ayant obligé à retourner à Ber-
lin, il y présenta son opéra à l'intendance
générale des théâtres; mais il fut rejeté
à cause du libéralisme trop prononcé du
livret. En 1840, Weissdébuta comme chanteur
au théâtre de Polsdam ; il n'y eut pas de suc-
cès, parce que sa voix fut considérée comme
insuffisante pour le chant dramatique. En 1850,
44 i
YVEISS — WEISSFLOC
il fit un voyagea Paris cl «i Londres. De retour
en Allemagne, il fit de nouveaux essais sur les
théâtres de Cologne et de Gœtlingue: mais ils
ne furent pas plus heureux qu'à Potsdam.
Ayant perdu Ah lors l'espoir de réussir à la
scène, il selixa à Hambourg, en 1853, y ouvrit
des cours de chant; puis il retourna à Berlin
en 1856. Deux ans après, il fut nommé profes-
seur de chant au collège de Joachimstahl. On
a de cet artiste plusieurs recueils de Lieder
puhliésà Berlin, à Hambourg, à Breslau, et des
variations caractéristiques pour le piano, in-
titulées Modulation de l'âme; Vienne, Has-
linger.
WEISSBECK (Nicolas), canlor à l'é-
glise de Sainte-Marie, à Mulhausen en Thu-
ringe, au commencement du dix-septième
siècle, s'est fait connaître comme compositeur
et comme écrivain didactique, par les ouvrages
suivants : 1" Hochzeit Colloquium, Reim-
und Gesangs-JVeise mit 4 Stimmen gerichlet
(Dialogues de noces, etc., à quatre voix); Er-
furt, 1014. 2° Brevis et perspicua introductio
in arlem musicam pro pueris et puellis
aliisque musices amatoribus, ut brevi tem~
pore cantum discere possint, cum brevibus
exemplii pro solmisandi exercitio, 2, 5 et 4
voc, item etiam et tractatu deprotonotatione
psalmorum majorum et minorumper omnes
tonos; Hildesheim, 1639, in-8°.
WEISSBECK (Jear-Miciiei), né le
10 mat 175G, à Unlerlaimbach, en Souabe,
fut d'abord avocat à Erlangen, puis canlor et
organiste à l'église Sainte-Marie, à Nurem-
berg. Il mourut dans cette ville, le 1er mai 1808,
à l'âge de cinquante-deux ans. Weissbeck, le
premier, attaqua la fausse théorie enseignée
par l'abbé Vogler dans l'école de Manheim.
L'écrit qu'il publia sur ce sujet a pour titre :
Protestationsschrift , oder exemplarische
ÏViderlegung einiger Slellcn und Perioden
der Kapellmeister Voglerschen Tonwissen-
schaft und Tonsetzkunst (Protestation, ou
réfutation exemplaire «le quelques passages
du traité de la science et de l'art de la mu-
sique,du maitrede chapelle Vogler); Erlangen,
Kunstmann, 1783, in-4" de dix-sept pages
avec un supplément de quatre pages publié au
mois de février 1784. Knecht prit la défense
du système de son maître Vogler, dans un re-
cueil publié à Ulm, en 1785. (Voyez Knecht;
voyez aussi mon Esquisse de l'histoire de
l'harmonie, page 133, et mon Traité com-
plet de la théorie et de la pratique de l'har-
monie, p. 227.) On a aussi de Weissbeck
quelques petits écrits sur divers sujets inti-
tulés : 1° Ueber Hem Abl Voglers Orgel-
orchestrion zu Slockholm[Snr l'orgue orches-
trion de l'abbé Vogler), 1797, avec le litre
seul imprimé, et le texte en copie manuscrite,
S'Etwas iiber ffrn. Dan. Gotll Turks wich-
tige Organistenpflichten (Quelque chose sur
les principaux devoirs d'un organiste par
M. Dan. Théophile TUrk) ; Nuremberg, 1798,
in-8°, p. 3° Einige merkwurdige Geschichten
von der drei Beruhmten Orgelspielern,
Hzsler, Rœssler und Vogler (Quelques anec-
dotes remarquables des trois célèbres orga-
nistes Haessler, Rœssler et Vogler), Nurem-
berg, 1800, in-8°de quatre pages. 4° Seltsame
Geschichtederbisherigen Lebensalterstnmme
der Orgelvirtuosen Hxssler, Rœssler und
Vogler (Histoire singulière de la vie des vir-
tuoses organistes Hœssler, Rœssler et Vogler
jusqu'à ce jour) ; Nuremberg, 1800, in-8° de
huit pages. 5° Antwort auf Herrn Musik-
director Knechts Vertheidigung der Vo-
gler'schen Tonschule (Réponse à la défense
de l'école de musique de Vogler, par M. le
directeur de musique Knecht) ; Nurem-
berg, 1802.
WLIfSE (Cihiéties-Heiiman»), professeur
de philosophie à l'Université de Lcipsick, né
dans cette ville, est auleur d'un livre intitulé:
System der Aeslhetik als ÎVissenschaft von
der Idée der Schœnheil (Système d'esthétique,
comme science de l'idée de la beauté), Leip-
sick, Hartmann, 1830, deux parties in-8».
Dans la seconde partie, il traite du beau dans
la musique, depuis la page 19 jusqu'à la
page 103.
WEISSENSEE (Fhédémc), compositeur
de musiqued'église, naquit vers 1560 àSchwer-
sledt, dans la Thuringe. Après avoir occupé,
vers 1590, une place de maître d'école àGebe-
sée, il vécut comme musicien à Magdebourg,
puis obtint, en 1611, sa nomination de pasteur
à Altenwendigen, en Souabe. 11 a publié de sa
composition : Evangelische Spneche auf die
vornehmster Fest-Tage von 5 Stimmen
(Paroles évangéliques pour les principaux
jours de fête, à cinq voix); imprimé en 1595.
2° Opus melicum, methodicum et plane no~
vum, continens harmonias selectiores 4, 5,
6-12, vocum, singulis diebus Dominicis et
festis accommodatas; Magdebourg, 1602, in-
fol. 3° Geistlich Braut-und Hochzeilgesang ,
mit G Stimmen componirt (Chants spirituels
de fiançaillesel de noces, composés à six voix);
Magdebourg, 1611, in-4°.
WEISSFLOG (CiinÉTiEs-GoTTiiiLF), né
à Lauter, en Silésie, le 11 avril 1732, entra au
WE1SSFL0G — WE1TZMANN
443
lycée de Sagan à Page de douze ans, et alla
achever ses études à l'université de Leipsick,
en 1756. Après y avoir suivi les cours de théo-
logie, il fut nommé précepteur à Belslaedt en
1760, puis à Hirschberg,d'où il alla à Bautzen en
1767, et fut appelé à Sagan deux ans après, en
qualité de cantor de l'église de la Grâce, et de
professeur au lycée. Il mourut en 1804.
Weissflog a composé beaucoup de morceaux
estimés pour l'église, et les petits opéras dont
voici les litres: Le Déjeuner de chasse; La
Fête delà récolte; L'Héritage ; le Trésor;
L'Heureux malheur; L'Ermite, tous en alle-
mand.
WEISSFLOG (Charles), fils du précé-
dent, naquit à Sagan, le 27 décembre 1780.
Destiné par son père à la profession d'avocat,
il commença ses éludes au gymnase de Hirsch-
berg, les acheva à l'université de Kœnigsberg,
et obtint ensuite un emploi à Sagan. Dans sa
jeunesse, il se livra avec ardeur à la musique,
et composa un Salve Regina, une messe solen-
nelle et un Dies irx, dont les manuscrits sont
encore à l'église principale de Sagan. En
1819, Weissflog alla aux bains de Warmbrunn
et y fil la connaissance du célèbre écrivain
romantique Hoffmann. Passionné pour le gé-
nie de cet homme singulier, il écrivit, à sou
exemple, beaucoup de nouvelles dans lesquelles
il fait entrer la musique comme élément de
l'intérêt. Ses principaux ouvrages sont: 1° Der
Pudelmiitze sechs \tnd zwanzigsles Geburls-
fest (Le vingt-sixième anniversaire de nais-
sance du bonnet fourré). Il y l'ail preuve de
connaissances étendues dans la facture de l'or-
gue. 2° Der wiithende Holofernes (l'Holo-
pherne enragé), plaisanterie, à l'occasion des
grandes fêles musicales. 5" Histoire du chan-
teur de la cour Hilarius. 4° Différents in-
stants de ma vie. 5° Comment l'étudiant Ca-
rolus voululvendre sonviolon pour un ducat.
6° Dus Credo der Todten (Le Credo des
morts), interprétation «lit Dies irx basée sur
une de ses compositions. 7° Die siebente IIo-
belspan (Le septième copeau), satire contre
les éditeurs et les arrangements qu'ils font
faire des œuvres des compositeurs. 8° Carac-
téristique des sept paroles du Sauveur sur la
croix, de Haydn. 9" Caractéristique de la troi-
sième partie de la Création, du même compo-
siteur. 10° Kunst-und Beltelfahrt von brat-
schisten Fidelius (Voyage d'art et de mendi-
cité du violiste Fidelius) ; le meilleur roman
de l'auteur, contenant des observations pi-
quantes sur le goul actuel en musique. 1 1» Das
grosse Loos (le gros loi), contenant beaucoup
d'observations sur le génie de Gluck. Toutes
ces pièces se trouvent dans la collection des
œuvres de Weissflog, publiée à Dresde, chez
Arnold, 1824-1827, 7 vol. in-8\ Cet écrivain
mourut à Warmbrunn, le 17 juillet 1828.
WKISSMAIMV (Jbah-IIekih), magister à
Rudolsladt, puis professeur à Cobourg, mort
en 1815, a publié plusieurs ouvrages de philo-
sophie et de littérature, parmi lesquels on re-
marque: Abhandlung itberdie Cantate (Dis-
sertation sur la cantate); Rudolstadt, 1782,
in-8".
WEITZLER (Georges Christophe), direc-
teur de l'école de la nouvelle ville, à Thorn,
naquit en 1734, à Finkenslein, en Prusse, et
mourut le 13 octobre 1775. On a de lui des
éléments de l'art déjouer du clavecin intitu-
lés: Kurzer Enlwurf der ersten Anfangs-
grunde auf dem Claviere nach Nolen zu
spielen; Kœnigsberg, Fr. Driest, 1775, in-4°.
L'année suivante, il publia la suite de cet ou-
vrage, sous ce titre: Kurzer Enlwurf der
ersten Anfangsgrunde den Generalbass auf
den Klavier nach Zahlen zu spielen (Courte
esquisse des premiers principes de l'art de
jouer la basse continue sur le clavecin, d'après
les chiffres); Kœnigsberg, 1756, in -4°. Ces
deux petits ouvrages, qui ne sont pas dépour-
vus de mérile, ont été reproduits, avec des
remarques de Marpurg, dans les Essais histo-
riques et critiques de ce dernier. (Hist. krit.
Beylrsge sur Aufnahme der Musik, t. III,
pp. 200-267). On trouvedans le même recueil un
supplément au premier ouvrage île Weilzler,
avec les remarques de Marpurg (pp. 97-123).
Weitzler a donné aussi des idées sur les
sons, en lant que déterminés (Gedanken von
der Tœnen), dans le quatrième volume des
Essais historiques et critiques de Marpurg
(pp. 379-592).
WEITZMAINN (Chaules-Frédéric), pro-
fesseur d'harmonie et de contrepoint au Con-
servatoire du musique de Berlin, est né dans
celte ville, le 10 août 1808. Ses éludes musica-
les commencèrent par les leçons de violon qu'il
reçut de Charles-Guillaume Henning. Il devint
ensuite élève de Bernard Klein pour la théorie
et, enfin, il alla, en 1827, compléter son in-
duction à Casscl avec Spohr et Hauplmann
(voyez ces noms). En 1832, il obtint une place
de violoniste et de chef des chœurs au théâtre
de Riga. Il fonda dans celle ville une société
de chant avec Dorn (voyez ce nom). Appelé à
Reval en 1834, comme directeur de musique
de l'Opéra allemand, il y lit représenter plu-
sieurs ouvrages dramatiques de sa composition.
446
WE1TZMANN - WELDEN
Deux ans après, il se rendit à Pétersbourg, où
il fut premier violon du théâtre impérial, et
directeur de musique à l'église allemande de
Sainte-Anne, pour laquelle il a composé des
chants liturgiques. Après dix années de ser-
vice à l'Opéra impérial, M. Weilzmann obtint
une pension de la cour de Russie; puis il
entreprit, avec le hautboïste G. Brod , un
voyage en Finlande. En 1846, il se rendit à
Paris avec le même artiste et entra à l'orches-
tre du Théâtre Italien, comme violoniste; puis
il alla à Londres, où il remplit le même emploi
au théâtre de la Reine. Dans ces deux capitales,
il mita profil les trésors des grandes biblio-
thèques publiques pour des études de théorie
et d'histoire de la musique. Les airs populaires
des diverses nations furent particulièrement
les objets de ses recherches: il en possède la
collection la plus nombreuse qui existe peut
être aujourd'hui. De retour à Berlin en 1848,
il s'y est marié et a été nommé professeur
d'harmonie et de contrepoint au Conserva-
toire.En 1858, il a fait des lectures sur diver-
ses parties de la musique. Parmi ses ouvrages,
on remarque trois opéras représentés à Reval,
à savoir: Rxuberliebe (Le voleur amoureux),
IFalpurgisnachl (La nuit de Walpurgis), et
Lorbeer und Bettelslab (Laurier et bâton de
mendiant); quelques cahiers de Lieder avec
accompagnement ue piano ; des pièces de
piano à quatre mains. M. Weilzmann s'esl
fait connaître surtout comme écrivain sur la
théorie el l'histoire de la musique: ses ou-
vrages de ce genre ont pour titres : 1° Der
Uebermxssige Dreiklang (Les nombreux ac-
cords de trois sons); Berlin, Gultcntag, 1853,
petit in-4" de 52 pages. Comme la plupart des
harmonistes allemands, M. Weilzmann fait
abstraction de la loi de tonalité, et présente les
successions harmoniques d'agrégations alté-
rées d'une manière empirique. 2" Der vermin-
derle Septimen- Accord (L'accord de septième
diminuée); Berlin, llermann Peters, 1854,
gr. in-4° de 45 pages. L'auteur de cet écrit
considère l'accord de septième diminuée
comme fondamental, et les autres accords de
septième comme en dérivant par divers genres
de modifications. C'est l'idée la plus bizarre
qui ail jamais passé par la tête d'un harmoniste.
Z"Geschichtedes septimen- Akkordes (Histoire
des accords de septième); Berlin, Gtillentag,
1854, in-4" de vingt-trois pages. 4° Geschichte
der Griechischen Muzik (Histoire de la mu-
sique grecque); Berlin, llermann Peters, 1855,
grand in-4° de 55 pages de texte, avec dix
planches de musique ■ 5° Gesch ichte der Harmo-
nie und ihrer Lehre (Histoire de l'harmonie
et de sa théorie), dans la nouvelle Gazette mu-
sicale de Leipsick, tome 51 . Six morceaux in-
téressants sur les airs populaires de diverses
nations, dans le même écrit périodique, tomes
32, 34 el 40. 7° Une critique de la Réforme de
/a»nim'<jrued'ErnestdeHeeringen,dansl'JE'e/io,
gazette musicale de Berlin, première année,
n° 17. Cette réforme prétendue est un système
nouveau de notation de la musique, absurde,
comme la plupart deceuxquiont été proposés.
8° Sur les formes des anciennes compositions
pour le clavecin; dans ta nouvelle Gazelle mu-
sicale de Leipsick, tome 52. Plusieurs autres
opuscules de M. Weitzmann ont paru dans di-
vers journaux de musique de l'Allemagne.
WEIXELBAUUI (Georges), ténor alle-
mand quia eu de la réputation, eslnéle8avril
1780, à Wallerslein, en Bavière. Fils d'un con-
seiller du prince d'OEltingen, il était destiné à
l'état ecclésiastique; mais son penchant pour
la musique l'emporta sur la volonté de son père.
Après avoir achevé ses études littéraires chez
les piarisles, il se livra à son goût pour cel ail,
el reçut des leçons de musique el de chant de
Becke, intendant des concerts du prince. Il
apprit aussi àjouerdu violon, sous la direction
de Hammer, el exécuta, en 1802, un concerto
de Viotti dans un concert public. Ayant perdu
son père peu de lemps après, il pril la résolu-
tion de suivre la carrière delà musique, el par-
ticulièrement de l'art du chant, parce que sa
voix était devenue un beau ténor. Il recula
Stultgard des leçons de Krebs, lénor du théâtre
de celle ville, et débuta avec succès à Munich,
en 1805, dans les principaux rôles de son em-
ploi. Nommé chanteur de la cour de Bavière, il
occupa celle position et celle de premier ténor
du théâtre. En 1815, il s'éloigna de Munich et
accepta un engagement pour le reste de ses
jours à Manheim. Weixelbaum a publié des
recueils de chansons allemandes avec accom-
pagnement île piano, à Mayence, chez Schott,
et à Hambourg, chez Cranz. Il a écrit aussi la
musique d'un opéra, Bertholdder Zxringer,
qui fut représenté à Carlsruhe.
WELDEN (LtïwiG VON). Sous ce pseu-
donyme se cache un modeste sacristain de l'é-
glise paroissiale de Weldcn,prèsd'Audenarde.
Son nom véritable est Louis de Hovre : il est
né à Nederbrakel (Flandre orientale), où son
père était organiste. Il occupe en ce moment
(1864) la place de clerc à Weldcn. Son profes-
seur de composition fut un musicien obscur
nommé P. Audisler. Louis de Hovre ou Weldcn
a publié àGand,chezGevaerl, trois messes avec
WELDKN - WELSH
447
accompagnement d'orgue, quatre anlicnnes à la
Vierge, quado bénédictions elsixmotetsà plu-
sieurs voix. Il a écrit aussi beaucoup de mar-
ches, d'adagios et d'andanle pour l'orgue (1).
WELDOIX(Jean), compositeuret organiste
anglais, né à Cliicbesler, étudia la musique
sous la direction de Jean Walter, organiste
d'Eton, puis devint élève de Purcell. Son pre-
mier emploi fut celui d'organiste du nouveau
collège, à Oxford. En 1701, il reçut sa nomina-
tion de musicien de la chapelle royale, et sept
ans après, il succéda à Blow comme organiste
de celte chapelle. Une seconde place de com-
positeur y fut établie pour lui en 1715. Wel-
don mérita cette faveur en composant pour le
service de la chapelle beaucoup d'antiennes et
de services complets. Il était en même temps
organiste de plusieurs paroisses de Londres, et
il conserva tous ses emplois jusqu'à sa mort,
arrivée en 1736. Six antiennes de sa composi-
tion, à voix seule avec basse continue, ont été
publiées à Londres, en 1730. On trouve
aussi quelques-unes de ses chansons dans la
collection intitulée Mercurius musicus, Lon-
dres, 1734.
WELLER (Auguste-Henri), secrétaire de
la marquise de Schœnbourg, au château de
Harlenstein, au commencement du dix-neu-
vième siècle, s'est fait connaître par Une mé-
thode tempérée pour accorder les orgues et
pianos, sans avoir recours à la circulation des
quintes; cet ouvrage a pour titre: Fersuch
tiner Anleitung Claviere und Orgeln auf
eine leichtere und zweekmassigere Art, als
auf die geivœhnliche des Quintenzirkels,
gleichwebend zu temperiren (Essai d'une in-
struction pour tempérer également les clave-
cins et orgues par une méthode plus facile et
plus régulière que par la circulation ordinaire
des quintes). Leipsick, Kuhnel, 1805, in-4°de
huit feuilles. On a aussi de cet amateur :
1° Trois sonates pour piano, violon et violon-
celle, op. 1, Leipsick, 1790. 2° Sonate pour
piano à quatre mains. Leipsick, Hofmeisler.
5° Danses allemandes pour piano, Leipsick,
Heinrichs. Il ne paraît pas qu'on ail imprimé
un concerto pour clavecin, deux violons, alto,
basse, deux hautbois et deux cors, qu'il avait
terminé en 1794.
WELLEtt (Frédéric), hautboïste, cher de
musique du deuxième régimement d'infanterie
(I) M. Xavier Van Elcwyck, ù qui je suis redevable
des renseignements de cette notice, dit que les compo-
sitions de Louis de Ilovrc sont aussi remarquables par
l'originalité des mélodies que parla correction de la
forme.
de la gaule prussienne, à Berlin, est né vers
1790, à WtKililz, près de Dessau. Il apprit
chez le musicien de la ville à jouer de plusieurs
instruments, particulièrement de la clarinette.
En 1809, il entra dans le régiment prussien
de Leib (infanterie), comme clarinettiste ; il
le quitta en 1814 pour entrer, on qualité de
hautboïste, dans le deuxième régiment de la
garde, avec lequel il (il la campagne deFrance.
De retour à Berlin, il fut chargé delà direction
de la musique de ce régiment. Il se distingua
dans cet emploi par la bonne exécution dans
les concerts donnés au Jardin des fleurs de
Mewes. En 1838, Weller fut décoré de l'Ordre
militaire, et la pension de retraite lui fut ac-
cordée en 1844. Il retourna alors à Wœrlitz ;
mais M. De Ledebur croit qu'il a habité plus
lard à Zerbst (1). Cet artiste a arrangé beau-
coup de musique pour les instruments à vent
et a composé un grand nombre de marches,
de valses, de polkas, de mazourkes et de qua-
drilles pour la musique militaire.
WELSCH (Chrétien -Louis), docteur et
professeur de médecine à Leipsick, naquit dans
cette ville, le 23 février 1G69, et y mourut le
1er janvier 1719. Il fit imprimer, pour obtenir
le doctorat, une dissertation intitulée : De
Sono, divina benedicenle clementia etamplis-
simophilosophorum ordine consentiente dis-
putabunt publiée, etc., Lipsiœ, 1G90, in 4° de
vingt-huit pages.
WELSH (Thomas), musicien anglais, né
vers 1770, à Wells, dans le comté de Somer-
set, fit ses éludes musicales dans le chœur de
l'église principale de ce lieu. La beaulé de sa
voix de soprano lui fit bientôt dans le pays
une réputation qui engagea Sheridan à le faire
venir à Londres pour chanter les solos dans les
oratorios. Les leçons de Horn l'aîné, de Cra-
mer et de Baumgarten rendirent son éducation
complète et achevée. Par les conseils de Kem-
ble, il devint aussi très-bon acteur et brilla sut-
la scène de Haymarket, dans l'opéra anglais.
Comme compositeur, il a donné, au théâtre du
Lycée, les farces intitulées : The Greeneyed
Monster, et Tiventy Years ago, et à celui de
Covent-Garden the Kamtchatka, opéra en deux
actes. On connaît aussi sous son nom des </iees,
des chansons et deux sonates pour le piano,
gravées à Londres, chez Clemenli. Welsch a
publié une méthode de chant intitulée : Fo-
cal Instructor, or the Art of Singing exem-
plified in fifteen Lessons. leuding to forty
progressive Exercises. Londres, Clementi,
s. d. in-fol.
1*2) Tonkiiniller Lexikon Berlin s, p. Glii.
448
WENCKEL - WENDL1NG
WEINCKEL (Jean-Fiu:déiuc -Guillaume),
organiste à Uelzen, dans le duché de Lune-
bourg, naquit le 21 novembre 1754 à Nieder-
gebra, dans le comté de Hohcnslein. Son père,
qui lui avait inspiré le goût de la musique dès
son enfance, l'envoya au gymnase de Nord-
hausen, où il reçut des leçons de clavecin et
d'harmonie de Schrœter. {t'oyez ce nom.)
Sous ce maître distingué, il fit de rapides pro-
grès. En 175G, il se rendit à Berlin et s'y lia
d'amitié avec Marpurg, Ch.-Phil.-Em. Bach et
Kirnberger ; les conseils qu'il en reçut perfec-
tionnèrent son éducation musicale. Des dis-
cussions qui s'élevèrent alors entre Marpurg
et Quanz, directeur de la musique du roi, don-
nèrent à Wcnckel l'occasion de prendre la dé-
fense de son ami dans une lettre aux musi-
ciens (Schreiben an die Herrn Tonkiinsller
in Berlin iiber die dem Verberichte die ersten
grauischen Odensammlung voneinem Unge-
nannten; Berlin, 1761, in-4" dedouze feuillets.
La signalure de l'auteur est à la fin. Quelques
petites pièces de sa composition parurent aussi
dans les recueils et Mélanges de Marpurg et de
Kirnberger. Après un séjour de sept années à
Berlin, Wenckel fut appelé àSlendal, pour y
remplir les fonctions de directeur de musique
des quatre églises principales. Il y écrivit plu-
sieurs compositions pour divers instruments,
En 1708, on lui offrit une place d'organiste à
Uelzen. L'excellence de l'instrument qu'il était
appelé à jouer le décida à accepter cette pro-
position. Wenckel vivait encore dans cette mo-
deste position en 1791. L'époque de sa mort
n'est pas connue. Outre les morceaux cités
précédemment, il a publié de sa composition :
1° Sonate pour le clavecin, dans le recueil de
llafner, en 1700. 2° Mélanges pour le même
instrument; Slendal, 1704. ô° Cantate avec
accompagnement de clavecin, à Berlin,
4° Morceaux de clavecin, à l'usage des dames ;
première partie, 1708; deuxième partie, 1771.
5° Six duos pour deux flûtes, 1772. 0° Solo
pour le violon. 7° Six sonates faciles pour le
clavecin, 1775.
WEND(Jean), hautboïste, naquit à Winar-
ziez en Bohême, le 28 juin 1745. Après avoir
été quelques an nées au service du comte Pachla,
à Prague, il se rendit à Vienne, où il entra
dans la chapelle de la cour. Il y était encore en
1795. On a gravé de sa composition, à Offen-
bach, en 1790, trois quatuors pour hautbois,
violon, alto et basse. Wend a laissé en manus-
crit des concertos et solos pour son instrument.
WENDELSTEIIN (Jka>). t'oyez COCSI-
LÊE.
WEÏMDICS (Jean), pasteur à Tolprich-
hausen dans la principauté de Hesse-Cassel,
au commencement du dix- septième siècle, a
fait imprimer : Elliche Hochzeitlieder mit 4
und 8 Slimmen (Quelques chansons de noces
à quatre et à huit voix) ; Cassel, 1008, in-4".
Il est vraisemblable que cet auteur est le même
que le musicien appelé Wendin, dans le pre-
mier lexique de Gerber, et que c'est à lui qu'il
faut attribuer les Chants spirituels à trois
voix et plusieurs instruments , dont le
premier volume a paru à Hambourg, en 1597.
WEINDLIIVOw (Jean-Baptiste), né en Al-
sace, dans la première moitié du dix-huitième
siècle, entra, en 1754, au service de l'électeur
Palatin, à Manheim, en qualité de flûtiste de
sa chapelle. Deux ans après, il épousa la célè-
bre cantatrice Dorothée Spurni,al tachée comme
lui au théâtre du prince, et lit avec elle plu-
sieurs voyages dans les grandes villes d'Alle-
magne, où il se fit remarquer par son talent.
En 1778, il suivit la cour et toute la chapelle
à Munich, puis, en 1780, il se rendit à Paris et
brilla au concert spirituel. De retour à Mu-
nich, vers la fin de la même année, il n'a plus
quitté celle ville après celle époque, et y est
mort en 1800. On a gravé de sa composition :
1° Premier concerto pour flûte et orchestre,
Paris, Boyer. 2n Six trios pour flûte, violon
et basse, Londres, Longman et Broderip.
3° Plusieurs œuvres de duos gravés à Paris et
à Amsterdam, chez Hnmmel. 4° Son dixième
œuvre consiste en six quatuors pour flûte,
violon, alto et basse ; Berlin, Hummel.
WENDLING (Dorothée), fille de Spurni,
musicien au service du duc de Wurtemberg,
naquit à Slutlgard, en 1757, et reçut de son père
des leçons de musique. En 1752, elle se rendit
à Manheim et y entra dans la musique de la cour
où elle brilla comme cantatrice à la scène et da ns
les concerts. En 1756, elle épousa le flûliste
Jean -Baptiste Wend ling(t'Oj/e; l'article précé-
dent), avec qui elle vécut dans une heureuse
union. Ayant suivi la courà Munich, en 1778,
elle continua d'y chanterai! théâtre jusque vers
1790. Retirée alors, et placée dans une situa-
lion aisée, elle donna des leçons de chant et
forma quelques bonnes élèves. Cette canta-
trice distinguée mourut à Munich, en 1809.
WENDLIIXG ( Auguste-Elisabeth ), femme
de Charles Wendling, violoniste au service du
prince Palatin, fut une cantatrice distinguée.
L'urne}', qui l'entendit à Manheim en 1772, lui
accorde des éloges. Plus tard, elle suivit la cour
;ï Munich cl y brilla particulièrement dans
VJrmide de Sarti. Elle mourut dans celle
WENDLING — WENZEL
449
ville en 1794, non à l'âge de trente-quatre
ans, comme le disent Gerber et ses copistes,
mais dans sa trente-neuvième année.
WENDT (Jean-Amédée), professeur de
philosophie à l'Université de Leipsick, naquit
dans celte ville en 1783. Connu par plusieurs
dissertations latines et par divers écrits philo-
sophiques, il s'est aussi distingué comme ama-
teur de musique par les morceaux concernant
cet art qu'il a fait insérer dans plusieurs jour-
naux, notamment dans la Gazette musicale
de Leipsick. La viedeRossini qu'il publia en
1824, d'après l'ouvrage de Stendhal, lui valut
sa nomination déconseiller de cour du grand-
duc de Hesse-Darmsladl. En 1829, il obtint les
litres de conseiller du roi de Hanovre et de
professeur à l'Université de Gœltingue, où il
fit des cours d'esthétique. Il mourut danscetle
position, le 15 octobre 1836. Les écrits de
Wendt relatifs à la musique sont ceux-ci :
1° Fondem Einflussder Musik aufdenC'ha-
racter (De l'influence de la musique sur le
moral de l'homme), dans la Gazette musicale
de Leipsick, 1808, numéros G et 7. 2° Ue-
ber den Zustand der Musik in Deutschland
in den letzlen Jahren (Sur la situation de la
musique en Allemagne pendant les dernières
années, 1817-1822) dans la Gazette musicale
de Vienne, 1822, numéros 95, 94,95, 96 et 97).
3" Sur le séjour de mademoiselle Schechner à
Leipsick, dans la Gazette du monde élégant,
1827, numéros 199, 200, 201 et 202. 4- Leben
und Treiben Rossini's (Vie et oeuvres de
Rossini), Leipsick, 1824, in-8". 5° Belrach-
lung iiber Musik und insbesondere iiber den
Gesang,e[c, (Considérations sur la musique et
en particulier sur le chant), dans la Gazette
musicale de Leipsick, douzième ann., p. 281,
297, 313 cl 555. C° Ueber die ffauptperioden
der schœncn Kunst, etc. (Sur les périodes
principales des beaux-arts, etc.), Leipsick,
Barlh, 1831, un vol. in 8° de vingt-quatre
feuilles. Cet ouvrage, qui renferme des choses
intéressantes relativesàla musique, a été ana-
lysé dansle trente-quatrième volume de la Ga-
zette musicale de Leipsick, p. 109-177. Wendt
a publié la musique de plusieurs chansons et
romances.
WENDT (Ernest-Adolphe), né à Schwic-
bus, village de la Prusse, le G janvier 1804,
commença fort jeune l'élude de la musique,
dans laquelle il fit beaucoup de progrès. Des-
tiné à l'enseignement, il entra au séminaire de
Neuzcll, en 1822, et y apprit la théorie de la
musique sous la direction du professeur Zschies-
chc. rendant le temps qu'il y passa, il étudia
_ BIOGR. UNIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
la composition dans le Traité de la fugue de
Marpurg et commença à écrire. Plus lard, il
continua ses éludes à Berlin, sous la direction
de Zeller, de Bernard Klein et de Guillaume
Bach. En 1826, il fut nommé professeur de
musique au séminaire de Neuwied ; depuis lors,
il conserva cette place et contribua puis-
samment à répandre le goût de cet art dans la
partie de l'Allemagne rhénane où son activité
s'est développée. Bon organiste, pianiste habile,
chef intelligent de l'orchestre du prince de
Neuwied, et compositeur estimable, il a publié
quelques ouvrages parmi lesquels on remar-
que : 1° Vingt-quatre préludes faciles pour
l'orgue, op. 1 ; Bonn, Simrock. 2" Variations
pour piano et orchestre. 3° Grand trio pour
piano, violon et violoncelle. 4° Grande sonate
pour piano à quatre mains. Il avait aussi en
manuscrit des symphonies, trois ouvertures à
grand orchestre, des canlales avec orchestre,
des quatuors pour violon, des rondeaux et des
solos de concert pour le hautbois, la flûte et la
clarinette. Cet artiste estimable est mort à
Neuwied, le 5 février 1850.
WENICK (Georges), maître de chapelle
de Saint-Denis, à Liège, mort en 1700, fut bon
organiste et compositeur de mérite. Il a laissé
en manuscrit des messes, des motets et des
psaumes qui étaient chantés autrefois dans les
églises de la Belgique.
WEIMK ou WENCK (Auguste-Henri),
né à Biuheim, dans le duché de Gotha, apprit
à jouer du violon chez Halascb, à Gotha, et
reçut de Georges Benda des leçons de clavecin
et de composition. Ayant accompagné ce maî-
tre à Paris, vers 1786, il y passa plusieurs
années et y publia six sonates pour clavecin et
un pot-pourri pour clavecin et violon. De re-
tour à Gotha, il y obtint la place de secrétaire
du prince régnant. Dans celte position il con-
tinua de se livrer à la culture de la musique,
de la composition, et s'occupa du soin de per-
fectionner la construction du piano et de l'har-
monica. Il devint aussi virtuose sur ce dernier
instrument. En 1798, il inventa un nouveau
chronomètre musical, dont il a donné la des-
cription sous ce litre : Beschreibung eines
Chronnmetcrs oder musikalischen Taktmes-
sers, elc, Magdebourg, Georges-Christ. Keil,
1798, in-8" de trente pages avec une planche.
En 1806, Wenk fit un voyage en Hollande et
se fixa à Amsterdam, où il vivait encore en
1810. On n'a plus de renseignements sur sa
personne après celle époque.
WENZEL (Jean-Christophe), né le 8 fé-
vrier 1659, à Unlcrcllcn, près d'Eisenacb, fut
29
430
WEiN'ZEL - WERCKMEISTER
d'abord directeur de l'école d'Allen bon rg, puis
du gymnase de Zillau. Il mourut dans cette
ville, le 2 mais 1723. Au nombre de ses écrits on
remarque celui qui a pour titre: Programma
in forma lapidait nebst zwei deulschen Oden;
Allenbourg, 7 octobre 1C9G, in-4° de 2 feuil-
les. Ce pamphlet est dirigé contre Vockerodt.
{Foy. ce nom.)
WEIXZEL (Nicolas-François -Xavier),
compositeur, né en Bohême vers le milieu du
dix-septième siècle, fut d'abord maître de cha-
pelle de l'église de Lorclle à Ilradscbcn. Il
occupait encore cette position en 1684. Bienlôi
après, il fut appelé à Prague pour diriger la
musique de l'église des frères de la Croix; et
enfin il eut le titre de maître de chapelle de la
cathédrale de Prague, qu'il conserva jusqu'à sa
mort, arrivée en 170a. Il a publié un recueil
de cinq messes, suivies d'un Requiem et d'un
Salve Regina, pour quatre voix, deux violons,
orgue et trois trombones, sous le litre de
Flores vernas, à Prague, en 161)9, in-fol.
WEINZEL (Jeas), pianiste habile el orga-
niste de l'église métropolitaine de Prague, na-
quit le 18 mai 1759, à Rappau, en Bohême.
Après avoir achevé ses études «le philosophie à
l'université de Prague, il voulut embrasser la
carrière ecclésiastique; mais, plus tard, il se
dégoûta de cet état et se livra à l'enseigne-
ment du piano. La place d'organiste de la ca-
thédrale lui fut donnée en 1792. Il vivait
encore à Prague, en 1810. Wenzcl est le pre-
mier qui a arrangé quelques symphonies de
Mozart pour le piano; il les a publiées à Pra-
gue el a Leipsick. On a gravé aussi de sa com-
position six sonates pour le piano.
Un fils de Wenzel, nommé Jean, comme lui,
s'est fixé à Vienne en qualité de professeur de
harpe, ely a publié, chez Cappi, une méthode
complète de harpe à pédales et à crochets.
WEINZEL (Edouard), chef de musique
d'un régiment de la garde du roi de Hanovre
cl pianiste, vivait, à Hanovre, vers 1840. Il a
écrit un grand nombre de marches et de dan-
ses pour les instruments à vent, pour l'orches-
tre el pour le piano. Parmi ses dernières com-
positions, on remarque: 1° Marche funèbre à
quatre mains pour piano, op. 22; Hanovre,
Bachmann; 2° Rinzen-Marsck pour piano,
op. 24 ; Hanovre, Nagel ; ô° Quatre Lieder à
voix seule et piano, op. 25; Leipsick, Breitkopf
et Haertel ; 4° Polonaise pour piano; Hanovre,
Bachmann.
YVEPPEIV (Frédéric), amateur de musi-
que, est né en 179ô, dans une maison de cam-
pagi.c près de Nordhcim, dans le duché de
Saxe-Meiningen. Jeune il apprit à jouer de
presque tous les instruments, mais il se dis-
tingua surtout sur le piano. On a publié de sa
composition: 1° Grand quatuor pour deux vio-
lons, alto et basse. 2° Des variations pour
piano avec accompagnement de divers instru-
ments. 5° Une polonaise pour piano seul.
4° Des chansons de Goethe et de Meister.
WERCIOIEISTEU (André), savant mu-
sicien et organiste habile, naquit le 50 no-
vembre 1645, à Benneckenslein , bourg du
comté de Hohenstein, en Thuringe, où son
Itère était laboureur et brasseur. Il reçut les
premières instructions sur la musique de son
oncle, Henri-Chrétien "Werckmeislcr, orga-
niste à Benningen, petit bourg de la Thuringe
situé sur la rivière de Helm. En 1GG0, il entra
à l'école de Nordbausen, où il resla deux an-
nées sous la direction du célèbre recteur Hil-
debrand; puis il alla continuer ses éludes au
collège de Quedlinbourg, où Henri -Victor
Werckmeister, autre frère de son père, était
canlor. En 1664, il obtint la place d'organiste
à Hasselfede, ville du duché de Brunswick, et
pendant qu'il l'occupa, il étudia la théologie.
En 1670, il quitta celte position pour aller à Ell-
rich, ville de la Prusse, d'où sa réputation d'ex-
cellent organiste el de claveciniste commença
à s'étendre en Allemagne. Quatre ans après, il
fut appelé à Elbingerode, dans le Hanovre, puis
il accepta la place d'organiste du château de
Quedlinbourg. Enfin la position d'organiste
de l'église Saint-Martin, à Halbersladt, deve-
nue vacante en 1696, lui fut offerte, el il en prit
possession, la même année. Il mourut dans
celle ville, le 26 octobre 1706. On ne con-
naît point aujourd'hui de compositions de
Werckmeister pour l'église ou pour l'orgue, et
la seule production par laquelle son mérite
s'est fait connaître dans la pratique de l'art
est un recueil de pièces pour un violon avec
basse continue intitulé : jVusikalische-Privat-
Lust, Francfort, 1689, in-4"; mais il s'est
placé comme théoricien au premier rang des
musiciens de son temps. Ses ouvrages, dont les
exemplaires sont aujourd'hui d'une grande
rareté, sont ceux dont voici les titres : 1° Or-
gelprobe oder kurze Beschreibung , voie und
icelcher Gestalt mun die Orgelwerhe von den
Orgelmachern, annehmen , probiren, unter-
suchen und den Kirchen liefern kœnne und
solle, elc. (Épreuve de l'orgue, ou courte des-
cription des moyens cl règles pour examiner,
éprouver el recevoir les ouvrages des facteurs
d'orgues, elc), Francfort et Leipsick, Théod.-
Phil. Calvisius, 1681, in-12dc cinquante-deux
WERCKMEISTER
451
pages, avec vingt-huit pages d'avant-propos.
Ce petit ouvrage, considéré longtemps comme
le meilleur qu'il y eût en Allemagne sur celle
matière, a été réimprimé plusieurs fois avec
de notables augmentations et des corrections
considérables, sous ce litre : Ervoeilerle und
verbesserte Orgelprobe (Épreuve de l'orgue,
augmentée et corrigée, etc.): Quedlinbourg,
Th.-Phil. Calvisius, 1698, in-4° de quatre-
vingl-liuit pages elseize pages d'avant-propos,
avec une planche. La troisième édilion, entiè-
rement semblable à la seconde, a paru à Qued-
linbourg, en 1716, in -4° dé quatre- vingt-une
pages avec la préface de la première édilion et
une nouvelle. La quatrième a élé publiée à Leip-
sick, chez Jean-Michel Teubner, en 1754,
in-8° de cent dix pages. 2° Musical mathe-
maticx Ilodegus curiosus } oder richtiger
musihaliscker JFegweiser, etc. (Le guide
instructif de la musique mathématique, etc.);
Francfort et Leipsick, 1687, in-4° de vingt-
deux feuilles. Ce livre, divisé en quarante-six
chapitres, outre un appendice allégorique et
moral de dix chapitres, renferme un traité des
proportions des intervalles, d'après les divi-
sions du monocorde. ô°Deredlen Musih-Kunst
JFurde, Gebrauch und Missbrauch, etc.),
(Dignité, usage et abus du noble aride la musi-
que , clc.) ; Francfort et Leipsick, 1691,
in-4°de einquanle-cinq pages, avec la préface.
Cet ouvrage est composé en grande partie de
citations de l'Écriture sainte et de passages
d'auteurs célèbres relatifs au chant religieux
et à la musique d'église. 4° Musikalische Tem-
peralur oder deutlicher und wahrer mathe-
matischer Unterricht, wie man durch An-
weisung des Monochordi , ein Clavier, son-
derlich die Orgelwcrke, Positive, Régale,
Spinelte und dergleichen ivohl temperirt
stimmen Iiœnne, etc. (Tempérament musical
ou instruction claire et véritablement mathé-
matique pour apprendre, parle moyen du mo-
nocorde, à accorder d'une manière bien tem-
pérée, un clavecin et tout ouvrage d'orgue,
positif, régale, épinelle, etc.) ; Francfort et
Leipsick, 1691, in-4° de quatre-vingt-seize
pages. "Werckmeisler a traité le même sujet,
dans ses Anmerkung en zu dem Generalbass.
(foj/ezplus loin.) 5" Hypomnemala musica,
oder musikalisch Mémorial, etc. (Mémorial
de musique, etc.); Quedlinbourg, 1697, in-4°
de quarante-quatre pages. Dans cet ouvrage,
Werckmeisler traite, en douze chapitres, de la
matière des intervalles, des consonnances,des.
dissonances, de leurs progressions, de la
gamme, de la transposition; etc. 6" Cribrum
musicum, oder musikalisches Sieb, etc.
(Crible musical, etc.); Quedlinbourg, 1700,
in-4" de soixante pages. Ouvrage original pour
le temps où il a été écrit, dans lequel Werck-
meisler expose des considérations concernant
les successions mélodiques et harmoniques,
sous le rapport de la tonalité. 7° f/armonolo-
gia musica, oder kurze Anleilung zur musi-
kalischen Composition, etc. (Harmonologie
musicale, ou brève introduction à la composi-
tion de la musique, etc.), Francfort cl Leip-
sick, Théod.-Phil. Calvisius, 1700, in-4° de
cent quarante-deux pages, non compris la dé-
dicace, la préface et quelques autres pièces
liminaires. Cet ouvrage est un petit traité du
contrepoint simple et double. 8° Die nothiven-
digsten Anmerkungen und Regeln, wie der
Bassus continuus oder Generalbass wolil
hœnne traclirt iverden, etc. (Les règles et
remarques nécessaires concernant la basse
continue ou basse générale, etc.) ; Aschersle-
ben, G.-E. Slruntz, 1698, in-4°. Deux autres
éditions ont paru dans le même lieu, savoir,
la seconde en 1715, in-4° de soixante-quinze
pages; la troisième, sans date, in-4° de
soixante-douze pages. 9° Organum Grunin-
gense redivivum, oder Beschreibung des in
der Gruningischen Schlosskirche beruhmten
OrgehverliS, etc. (L'orgue de Groningue res-
tauré, ou description de l'orgue célèbre de l'é-
glise du château de Groningue, etc.); Quedlin-
bourg, 1705, in-4°de quatre feuilles sans pa-
gination. On trouve dans cet opscule la dis-
position de ce grand orgue, composé de
soixante et un registres, quatre claviers à la
main cl pédale double, ainsi que la liste des
cinquante-trois organistes et maîtres de cha-
pelle appelés pour sa réception. 10° Musika-
lische ParadoxalDiscourse,oder ungemeine
Forstellungen, wie die Musica einen hohen
und gœtllichen Ursprung habe , und wie
hingegen dieselbe so sehr gemissbraucht
wird, etc. (Discours paradoxaux et musicaux,
où l'on examine comment la musique, ayant
une origine divine, est néanmoins si dégé-
nérée, etc.) ; Quedlinbourg, Th.-Ph. Calvi-
sius, 1707, in-4° de 120 pages. Cet écrit
est particulièrement relatif aux abus de
la musique d'église. Werckmeisker a aussi
traduit en allemand l'écrit de Stefani intitulé:
Quanta certezza habbia da' suoi principii
la musica. (Foyez Stefani.) En 1704, J.-W.
Wallher vit chez lui un traité de musique en
langue latine, intitulé : JVucleus musicus. Cet
ouvrage n'a point été imprimé, et le manu-
scrit a disparu après la mort de l'auteur.
452
WERDEN — WERNER
WERDEPi (Jules et Adolphe), frères,
amateurs de musique, à Penig (Saxe), au com-
mencement du dix-neuvième siècle, fuient
liés d'amitié avec Wilhelm Schneider {voyez ce
nom), qui fut leur collaborateur pour les deux
ouvragesdont voici les litres : 1° Musikalisches
Taschenbuch attf das Jahr 1803, herans-
gegeben von, etc. (Almanach musical pour
l'année 1803, publié par, etc.); Penig, F. Die-
nemann, petit in -12, avec musique. 2° Appol-
lon,eine Zeitsclirift herausgegeben von etc.
(Apollon, écrit périodique de musique, pu-
blié par, etc.) ; Penig, Dienamann, 1803, in-8°.
Cet écrit, qui devait être mensuel, n'a pas été
continué : le premier numéro seulement a paru.
WERLIN (Jean), né à OEltingen, fut di-
recteur de musique à Lindau, vers le milieu du
dix-septième siècle. Il a fait imprimer de sa
composition: ]°Zicei-, drei-undvierstimmige
Melismuta sacra (Chants sacrés à deux, trois
et quaire voix); Nuremberg, 1644, in •4°.
2° Jrenoidx , oder Friedengesxnge fur 2,
3 and 4 Stimmen ( Chanls île paix à
deux, trois et quaire voix), Ulm, 1644; 5" Psa/-
modia nova, oder geislliche Gesxnge und
Psalmen David's fur 3 Slimmen (Nouvelle
Psalmodie, ou chanls à (rois voix et deux vio-
lons); Ulm, 1648, première partie.
WERNERERG (Jean -Frédéric- Chré-
tien), amateur de musique, professeur de ma-
thématiques et de philosophie, né vraisembla-
blement à Eisenach, fut, vers les dernières
années du dix-huitième siècle, collaborateur
du lycée eldu séminaire de Hesse-Cassel, puis
Vécut quelque temps à Golba, et s'établit en
dernier lieu à Weimar, où il était encore en
1819. Ce savant s'est fail connaître comme
compositeur par un recueil de sonales pour le
piano, avec un Ihènie varié, qui a paru à Cas-
sel, en 1796. Au nombre de ses ouvrages con-
cernant les sciences philosophiques el mathé-
matiques, on remarque celui qui a pour litre:
Jllgemeine neue, viel einfachere Musik-
Schttle fur jeden Dileltanten und Musiker,
mit einen Forrede von J. J. Rousseau (Nou-
velle école générale et facile de la musique
pour les amaleurs el les musiciens, avec mfe
préface de J.-J. Rousseau); Gotha, Slendel,
1812, in 4° de 115 pages. Cel ouvrage est
basé sur un plan philosophique. On y trouve
un nouveau système de clavier et de doigter
pour le piano, qui a quelque analogie avec
celui de Robleder.
WE51NER (Chrétien), cantor à Danlzick,
vers le milieu du dix-septième siècle, fut le
successeur de Gaspard Fœrstcr. On a imprimé
de sa composition : Molelti seu concerli; Kœ-
nigsberg, 1646.
WERNER (Jean-Frédéric), né à Schmal-
kalde le G mars 1663, fit ses éludes à l'univer-
sité de Leipsick, depuis 1685 jusqu'en 1692, et
fut nommé cantor au lycée de Meiningen, en
1703. Il s'est fait connaître comme poète et
comme compositeur de mélodies chorales.
WERINER (Grégoire JosEpn), maître de
chapelle du prince Esterhazy, vers 1736, fut le
prédécesseur de Joseph Haydn dans cette posi-
tion. Il s'est failconnailiecommecompositeur
par les ouvrages dont voici les litres : 1° Sex
symphonie senxque sonatx, priores pro ca-
méra, posteriores pro cappellis usurpandx,
a 2 viol, et clavichord. Ce sont des Irios pour
deux violons et basse continue avec clavicorde.
2° Nettes ttttd sehr curios musikalischer in-
strumenlal-Kalender Parthien weiss mil 2
Fiolinen und Bass in die 12 Jahrmonale
eingellieilet, etc. (Nouveau et très-curieux
calendrier de musique instrumentale, composé
de Parthien à deux violons et basse, divisé
dans les douze mois de l'année, etc.); Augs-
bourg, 1748. 3° Le marché des fripiers de
Vienne, canlate pour quatre voix, deux violons
et basse. 4° L'élection d'un juge de village,
pour cinq voix, t\tux violons el basse.
WERNER (Jean), facteur d'instruments
de cuivre, à Neusladt, près de Dresde, a eu
beaucoup de réputation vers le milieu du dix-
huilième siècle. Il passe pour avoir eu la pre-
mière idée de l'emploi de la main dans le pa-
villon du cor, pour la formation de la gamme
chromatique, et pour l'avoir communiquée à
Ilampel. {Foy. ce nom.)
WERINER (...), célébré violoncelliste , né
à Kommotau en Bohême, fut d'abord attaché
à la musique du comte de Thun et à l'église
Sainl-Nicolas des jésuites, à Prague, puis en-
tra au service du comte de Moizin et joua le
premier violoncelle pendant plusieurs années,
chez les frères de la Croix. Il mourut à Prague
en 1768, laissant en manuscrit plusieurs con-
certos et solos de sa composition pour violon-
celle.
WERNER (Jean-Gottlob), organiste
distingué, naquit en 1777, à Hayn, dans la
Saxe, où son père était aubergiste. Le malde
d'école de l'endroit lui enseigna les éléments
de la musique. Plus lard. Hoffmann, organiste
à Borna, dirigea ses éludes et lui fil faire de
rapides progrès. En 1798, Werner obtint une
place d'organiste à Freyburg, petite ville de la
Saxe, où son talent acquit de la maturité. Son
premier livre de pièces d'orgues, qui parut en
YVEUNER - WERNICH
453
1804, commença sa réputation, qui bientôt
s'étendit dans le nord de l'Allemagne. Appelé,
en 1808, à Hohenstein, pour y remplir les
fondions de canlor adjoint, il y pesta jusqu'en
1819, époque de sa nomination à la place d'or-
ganiste et de directeur de musique, à AI erse-
bourg. Une maladie de langueur le conduisit
au tombeau, le 19 juillet 1 822, à l'âge de qua-
rante-cinq ans. Les productions de cet artiste
de mérite jouissent de beaucoup d'estime. On
a imprimé de sa composition : 1° Choralvor-
spiele fur die Orgel (Préludes de chorals pour
l'orgue), Leipsick, Pelers. 2° Quarante pièces
d'orgue pour les organistes commençants, avec
des remarques surles registres, en deux suites,
ibid. ô" Deux cent quarante-sept préludes de
chorals, pour le livre île chant de la Saxe.
Leipsick, Hofmeister. 4" Douze pièces d'orgue,
Leipsick, Peters. 5° Deux pièces finales cl qua-
tre variations pour l'orgue. G0 Orgelschule,
oder Anleilung zum Orgelspielen und zur
richligen Kenntniss und Behandtung des
Orgelwerks (Ecole d'orgue, ou introduction à
l'art déjouer de cet instrument et à la vraie
connaissance de son mécanisme), Penig, Diene-
mann, 1805, deux parties in-4". Unedeuxième
édition de cet ouvrage a été publiée «à Meissen,
en 1807, deux parties in- 4°. Une troisième a
paru à Mayence, chez Schott, en 1824. Une
traduction française rédigée par Choron a paru
sous ce titre : Ecole d'orgue ou méthode élé-
mentaire servant d"1 introduction à l'école de
tlinck, Paris, Richault, La deuxième partie
de l'ouvrage de Werner publiée séparément ;
est intitulée : Lelirbuch, das Orgehverlc kcen-
tien , erhalten, beurtheilen und verbessern
zu lernen (Manuel pour apprendre à connaître
l'orgue, l'entretenir, juger de sa qualité et l'a-
méliorer), Mersehourg, 1825, in-4o. 7" Kurze
Anweisungfur angehende OrgelspielerCho-
rxîe zu begleiten mit der Orgel (Comte in-
struction pour accompagner les chorals avec
l'orgue, a l'usage des organistes commençants),
Penig, Diencmann, 1804, in-4°. Deuxième édi-
tion, gravée, Mayence, Schott, sans date.
8» Choralbuch zu dem Itolland. Psalm-und
Gesangbuchei stimmige mil Vor-und Zwis-
chenspielen (Livre choral pour le livre de
psaumes et de chants hollandais à quatre par-
tics avec des préludes et des conclusions pour
l'orgue), Leipsick, 1814, in-4". Ce recueil avait
été demandé à Werner par l'organiste de la
cathédrale de Harlem. 9° Choralbuch zu den
neuen sâ'chsischen Gesangbuchern, 4 stim-
mige nebst J'or-wid Zwischenspielen (Livre
choral pour le nouveau livre de chant de la
Saxe, à quatre parties avec des préludes et des
conclusions, Leipsick, Uofmeister, gr. in-4".
10° Cent chorals pour l'orgue ou le piano,
ibid. Il a été fait deux éditions de ce recueil.
11" Cent des meilleures mélodies chorales à
quatre voix, avec des préludes et des conclu-
sions, ibid , deux parties in-4'. 12» Musika-
lisches A-B-C Buch, oder Leitfaden beim
ersten Unterricht im Clavierspielen nebst
Anmerkungen fur den Lehre (A-B-C musical,
ou guide dans le premier enseignement de l'art
déjouer du clavecin, etc.), Penig, Dienemann,
1800, in-4', deuxième édition, Mayence,
Schott. Une troisième édition a paru sous ce
litre : Clavier-schide oder Lelirbuch fur den
ersten Unterricht in Clavierspielen. I'1 'Cur-
sus (École du clavecin on Manuel pour le pre-
mier enseignement de l'art de jouer de cet
instrument. Premier cours), Leipsick, Hof-
meister, in-4°. Trois antres éditions ont paru
postérieurement sous le même titre. 15° Fer-
such einer kurzen und deutlichen Darstel-
lung der flarmonielehre, etc. (Essai d'un ex-
posé court et inlclligiblede la science de l'har-
monie, etc.), Leipsick, Hofmeister, 1818-1819,
deux parties in-4", la première de quatre-vingt-
dix pages cl la seconde de cent dix-neuf.
14° Eludes pour le piano, en deux suites,
ibid.
WERNER (F. -A.). Sous ce nom d'un au-
teur inconnu, on a publié un écrit intitulé :
Uebcr die wechsclseitigen Anforderungen
zwischen Ellern, Lehrer und Schuler. Behuss
des Musik Unlerrichts (Sur les rapports mu-
tuels entre les parents, le professeur et l'é-
lève, en ce qui concerne l'enseignement de
la musique), Berlin, Alex. Dunker, 1857,
in-8".
WERIVHAMMER (...), maître de cha-
pelle du piincede Hohenzollern-Sigmaringen,
vers le milieu du dix-huitième siècle, a publié,
en 1770, les cantiques de Gellert pour une et
deux voix, avec accompagnement dedeux vio-
lons et basse, qui curent beaucoup de succès
dans leur nouveauté.
Un autre musicien de ce nom, qui était au
service du prince de Furstemberg, dans les
dernières années du dix-huitième siècle, a com-
posé la musique du petit opéra intitulé : Le
Barbier de village.
WERMIER (Henri), prêtre bavarois, s'est
fait connaître comme composileur par un
œuvre intitulé : Sex Missx solemniores juxta
modernum slylum concinnatx } Augsbourg,
1757, in-fol.
WERNICH (Jeas -ÇiuntES- Gustave),
434
YVERNICH - WERY
amateur de musique d'une bonne famille de
Berlin, mort dans cette ville , au mois de
mars 1796, est auteur d'une méthode pour
apprendre à jouer de la harpe, intitulée : Fer-
such einer ric.htigén Lehrart die Harve zu
spielen ; Berlin, Relslab, 1772, in-4°. Une
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
en 1790. Wernich publia aussi, dans la même
année^ine sorte de journal intitulé, TFochent-
liche Beschaftigungen fur Liebhaber des
schœnen JFissenschaften (Occupations heb-
domadaires pour les amateurs des beaux-
arts).
WERNITZHEUSER (Bernard), com-
positeur allemand, vécut au commencement du
dix-septième siècle. Il a fait imprimer : \°Ju-
bilus S. Bernardi de Nomine Jesu ad 3 vo-
ces musice compositus ; Augshourg , 1 G 1 4 .
2° D. Henr. Sassonis Exercitium Passionis
4 roc. compos.; Strasbourg, 1624, in-4°.
WERIVSDORF (Gotti.ob), docteur en
théologie et surintendant général à Willen-
berg, mourut dans celte ville, le 22 jan-
vier 1774. Gerberlui attribue, dans son ancien
Lexique des musiciens, une dissertation : De
prudenlia in cantionibus ecclesiasticis ad-
hibenda; mais celle dissertation, imprimée à
Wiltenberg, en 1723, est de Georges Wallin.
{Fogez ce nom.)
WERN8DORF (Ernest-Frédéric), doc-
leur et professeur de théologie à Willenberg,
naquit dans celle ville en 1718, et y mourut
le 7 mai 1782. Au nombre des dissertations
qu'il a publiées, on en trouve une qui a pour
titre : Exercilalio lilurgica de formula vete-
ris ecclesix psalmodia : ffallelujah; Wit-
lemberg, 17G2, in-4° de seize liages.
WERT (Jacques ou Jaquet ou Giacche
DE), célèbre musicien belge, vécut dans la pre-
mière moitié du seizième siècle. Le lieu de sa
naissance n'est pas connu. Ce maître a été
confondu par la plupart des biographes et
bibliographes avec Jacques Vaet (voyez ce
nom), compositeur de la même époque, et j'ai
suivi celle fausse tradition dans la première
édition de celle Biographie. Antoine Schmid
est tombé dans la même erreur, ainsi qu'on le
voit dans le troisième registre de son excellent
livre concernant Oclaviano Pelrucci de Fos-
sombrone. Jacques Vact fut musicien de la
chapelle des empereurs Ferdinand Ier et
Maximilien II, et Jacques de Werl nous
apprend dans Pépïlre dédicaloire du huitième
livre de ses Madrigali a cinque voici (Venise,
Angelo Gardano, 1586), qu'il fut d'abord au
service du duc de Ferrare, etl'épîlre à Mar-
guerite Farnôse-Gonzague, duchesse de Man-
loue, placée en tête du septième livre de ses
Madrigali a cinque voci, et datée deMantoue,
le 10 avril 11581, nous informe qu'il fut ensuite
attaché à la cour de celle princesse. Il parvint,
sans aucun doute, a un âge avancé, car le
premier livre de ses Madrigaux fut imprimé à
Venise, chez Anloine Gardane, en 1558, et le
dixième parut en 1591 .L'épilre dédicaloire de
celui-ci est datée de Venise, le 10 septembre
de la même année. Jacques de Werl se dis-
tingua particulièrement dans la musique vo-
cale de chambre : il a écrit aussi des motets à
cinq et six voix. Les dix livres de Madrigaux
de ce compositeur ont été publiés et plusieurs
fois réimprimés chez Anloine et Ange Gar-
dane, depuis 1558 jusqu'en 1591. Jérôme
Scolo et ses héritiers en ont donné aussi plu-
sieurs éditions depuis 1561 jusqu'en 1584. Le
cinquième livre est à cinq, six et sept voix ; le
neuvième livre csl à cinq et six voix: Celui-ci a
paru pour la première fois à Venise, chez Ange
Gardane, en 1 588. On a aussi de ce compositeur:
Il primo libro délie Canzonelte Fillanesclie
a cinque voci ; in Fenetia oppressa Angelo
Gardano,\'ô89, petit in-4° oblong. Cetouvragc
est dédié à Léonorc Médicis-Gonzague, duchesse
de Manloue. Les motels à cinq etsix voixde Jac-
ques ou Giacche de Werl ont pour litres : 1 "Mu-
sices vel(ut dicunt) Motectorumquinque vo-
cumLiberprimus; nunc primum in lucem
edilus. Feneliis}apud Claudium Corregiatum
(Mcrulum) et Fauslum Bethanium socios,
1566, in-4° oblong. 2° Modulationum cum sex
vocibus liber primus. Fenetiis apud hxre-
dem Hieronymi Scoli, 1581,in-4°. 3" Modu-
lationum seu Motectorum cum sex vocibus li-
ber II ; ibid. 1582, in 4". 4° Modulationum
sacrarum quinque et sex vocum libri très,
in unum volumen redacti. Noribergx per
Catharinam Gerlachin et hxredes Joannis
Montant, 1583, in-4° oblong.
WÉRY (Nicolas-Lambert), violoniste et
compositeur, est né à Huy (dans la province
de Liège), en 1789. A l'âge de onze ans, il com-
mença l'élude du violon sous la direction d'un
musicien de celle ville, nommé Dclhaise, et
un amaleur lui donna des leçons de solfège
pendant plusieurs années. Lorsqu'il eut atteint
l'âge de seize ans, il se rendit à Liège, où il
devint élève de Gaillard, bon violoniste et
musicien instruit; mais la conscription mili-
taire interrompit ses éludes deux ans après et
l'obligea à entrer dans un régiment dont le
dépôt était à 3Ielz. M. Wéry se rendit dans
celle ville et travailla pendant un an dans les
WERY - WESLEY
4»- «
bureaux du quartier-maître de son régiment.
Au boni de ce temps il obtint l'autorisation de
se faire remplacer an service militaire et de
rentrer dans sa famille. Après y avoir passé
environ deux mois, il prit la résolution de se
fixer à Metz, où son talent lui avait procuré un
accueil bienveillant ; il partit pour s'y rendre,
donnant des concerts dans toutes les villes qui
se trouvaient sur son passage ; mais arrivé à
Sedan, il y reçut des propositions avantageuses
qui le décidèrent à s'y établir. Pendant le
long séjour qu'il fit danscelteville, il fil chaque
année un voyage à Paris pour y prendre des
leçons deBaillot et perfectionnner son talent.
En 1822, il abandonna définitivement Sedan
avec le dessein de se fixer dans la capitale de
la France. Arrivé dans celte ville, il y fut
nommé directeur du concert des amateurs au
Wauxballety fit entendre avec succès son pre-
mier concerto; mais ayant appris en 1823 que
la place de premier violon du roi des Pays-Ilas
était devenue vacante par la mort de Gensse,
il partit pour Bruxelles, y donna un brillant
concert, el obtint, parla protection du prince
de Chimay et de M. deFalck, ministre de l'in-
struction publique, la place qu'il sollicitait et
celle de professeur à l'école royale de musique.
Après les événements politiques qui changè-
rent le gouvernement de la Belgique, le Con-
servatoire royal de musique de Bruxelles fut
institué, et M. Wéry y fut appelé comme pro-
fesseur de violon. Il a formé de bons élèves,
au premier rang desquels on remarque M.Sin-
gelée, premier violon solo du théâtre royal de
Bruxelles, M. Dubois, qui s'est fait applaudir
dans plusieurs concerts à Paris. Le plus re-
marquable des jeunes artistes formés parce
professeur est M. Collyns, aujourd'hui (18G4)
professeur de violon au Conservatoire royal de
Bruxelles. M. Wéry a publié à Paris et à
Bruxelles (rois concertos pour violon et orches-
tre, une polonaise brillante, quatre rondeaux,
quatorze airs variés, six romances et un noc-
turne à deux voix, cinquante variations sur
la gamme pour violon seul, vingt exercices el
douze éludes. Ces derniers ouvrages ont été
adoptés pour l'enseignement aux Conserva-
toires de Paris et de Bruxelles. M. Wéry a en
manuscrit trois concertos pour le violon, six
airs variés, deux polonaises, une ouverture à
grand orchestre, et un grand nombre d'études
progressives pour le violon. Il a le litre «le
premier violon de la musique du roi des
Belges. Cet artiste estimable a obtenu sa
retraite de professeur au conservatoire en
1860.
WESLEY (Charles), neveu du célèbre
John Wesley, chef des méthodistes, naquit à
Bristol, le 11 décembre 1737. Dès l'âge le plus
tendre, il montra de si heureuses dispositions
pour la musique, qu'à trois ans, il jouait avec
beaucoup de justesse un air sur le clavecin, en
y ajoutant une bonne basse par instinct. A six
ans, il commença l'étude décelait; plus lard,
il alla à Londres et y devint élève de Boyce.
Le premier ouvrage qu'il y publia, sous la
direction de ce maître, fut un recueil de six
concertos pour l'orgue. Bientôt après, il se fit
connaître comme un des meilleurs organistes
de l'Angleterre. Il publia, en 1784, un recueil
de huit chansons anglaises qui furent bien re-
çues du public, et plus tard un concerto pour
piano et orchestre, qui fut gravé chez Preslon.
Une antienne de sa composition se trouve dans
V Harmonie, sacra de Page. Charles Wesley
vivait encore à Londres en 1829, lorsque j'ai
visité cette ville.
WESLEY (Samuel), frère du précédent et
célèbre organiste anglais, naquit à Bristol, le
24 février 170G. A l'âge de six ans, il jouait
déjà des sonates de piano avec tant d'intelli-
gence et d'adresse qu'il excitait l'étonnement
de tous les musiciens. Sans autre guide que
son instincl et les ouvrages de quelquesgrands
artistes, il s'instruisit dans la composition et
écrivit fort jeune des pièces d'orgue et des an-
tiennes. En 1778, il acheva l'oratorio deRuth,
quoiqu'il ne fût âgé que de douze ans, et quel-
fines années après, il composa une messequ'il
dédia au pape Pie VI. Il en reçut une lettre de
remerciments où l'on remarquait ce passage :
Gratum animum, quem ub acceplum munus
in ipsnm gerimus, paierais verbis nomine
nostro explicabis, ac (siquando occasio tule^
rit) te comprobavimus. A l'âge de dix-huit
ans, Wesley fut nommé organiste de la cha-
pelle royale, et il occupa celte place jusqu'à
ses derniers jours. Habile improvisateur, il
montrait un talent solide dans les fugues, qu'il
traitait à la manière de Hœndel. Il était âgé
d'environ quarante ans lorsqu'il sortit pour la
première fois de son pays, et voyagea en
Fiance, en Allemagne et en Italie. De retour
à Londres, il y eut le tilre d'inspecteur de la
musique «te plusieurs églises. Cet artiste dis-
tingué esl mort à Londres, le 1 1 octobre 1837,
à l'âge de soixante et onze ans. Ses productions
principales consistent en quelques antiennes,
deux œuvres de sonates pour piano, des duos
à quatre mains pour le même instrument, douze
pièces d'orgue publiées à Londres, chez Clc-
uicnli, et réimprimées à Leipsick, chez Uof-
4!>6
WESLEY — WESTBLAD
meister, et enfin trois pièces d'orgue faciles,
chez les mômes éditeurs.
WESSELIUS (Frédéric), cantorà l'école
latinede l'ancienne ville impériale de Schwein-
furt, a publié, sous le voile de l'anonyme, un
petit traité des éléments de la musique. Cet
ouvrage a pour titre: Principia mnsica, oder
grundlicher Vnterrieht zur masicalischen
Wissenschafft, fiir die lateinischen Schul-
Jugend, in der kayserlichen Fretjen-Reichs-
Stadt Schvceinfurt (Principes de musique,
ou instruction élémentaire pour la science
musicale, etc.); Nuremberg, M. Endlers, 1726,
in-4° oblong.
WESSELY (Jean), violoniste et composi-
teur, naquit en Bohême dans l'année 1762.
Son oncle, bénédictin d'un couvent de Prague
et virtuose sur le violon, fut son maître pour
cet instrument. Devenu habile exécutant, et
compositeur agréable dans le style de Pleyel,
il fut attaché, en 1797, à l'orchestre du théâtre
d'Altona, puis occupa la place de premier vio-
lon à celui du théâtre de Cassel. En 1800, il
entra au service du duc de Bernbourg, à
Ballensladt, en qualité île maître <le concerts.
On ignore l'époque «le la mort de cet artiste,
dontona gravé lesouvrages suivants : 1°Thème
varié pour cor et violon avec orchestre, op. 15;
Brunswick, Spehr. 2° Deux quatuors pour deux
violons, alto et base, op. 2, Vienne, Artaria,
1788. 5°Trois idem, op. 4, Leipsick, Hofmeis-
ter. 4° Trois idem, op. 8, Oflcnbacli, André;
5° Trois idem, op. 9, ibid. G" Trois idem, op.
10, ibid. 1798. 7° Trois trios pour violon,
alto et basse, op. 17, Brunswick, Spehr, 1804.
8° Trois quatuors pour clarinette, violon, alto
et basse, op. 19, Offenbach, André. 9" Varia-
tions pour cor et orchestre sur l'air de Mozart
La vie est un voyage, op. 14, Brunswick,
Spehr. 10° Huit variations pour clarinette et
orchestre sur un air allemand, à Cassel.
1 1° Poème apologétique du docteur Lenhard île
Quedlinhourg, mis en musique, Leipsick,
Breilkopf, 1804. Wessely a mis aussi en musi-
que les opéras 1° La Demande et la Réponse.
2" Le Chasseur tyrolien; ces ouvrages sont
lestés en manuscrit.
WESSELY (Bernard), naquit, de parents
juifs, à Berlin, le 1er septembre 1708 et non
en 1767, comme il a été dit dans la première
édition de cette Biographie, d'après Gerber;
Il y étudia la musique sous la direction de
Kirn berger, de Fasch et de Schulz. Sur la re-
commandation de Ramier et de Engel, il ob-
tint, en 1788,1a direction de la musique du
théâtre national de Berlin. Huit ans après, le
prince Henri de Prusse l'établit à Beinsberg,
en qualité de son maître de chapelle. Après la
mort de ce prince, en 1802, Wessely entra
comme secrétaire des dépêches à la chambre
de l'électoral de la marche de Brandebourg, à
Berlin. En 1809, il fut envoyé à Potsdam,dans
une position analogue. Il y établit, en 1814,
une société musicale, dont il conserva la direc-
tion jusqu'à sa mort, arrivée le 11 juillet 1826.
En 1789, il avait donné, au théâtre national de
celte ville, Psyché, grand opéra qui avait eu
peu de succès ; depuis lors, il écrivit pour le
théâtre de Rheinsberg Louis IX en Egypte,
opéra français de Guillard, et un deuxième
ouvrage intitulé IJOgre, représenté à Rheins-
berg, en!798. On a gravé de sa composition :
1° Mozarts Urne (l'Urne de Mozart), cantate
avec piano, Berlin, 1791. 2° Douze poèmes de
Matthison mis en musique, ibid., 1793. 5° God
save the King, varié pour le piano; ibid.,
1796. 4° Air de danse (VArmide varié pour le
piano. Hambourg, 1799. Wessely a écrit aussi
des ouvertures et des enlr'actes pour des dra-
mes joués an théâtre National de Berlin, en
1794 et 1796, trois quatuors pour deux violons,
alto et violoncelle, publiés à Berlin, en 1790 ;
une cantate funèbre pour la mort du prince
Henri de Prusse, exécutée dans l'église de la
garnison, en 1802, enfin, la musique du ballet
Die TVahldes Helden, représenté au théâtre
national de Berlin, le 3 août 1788. Comme
écrivain, il s'est l'ait connaître par une com-
paraison des styles de Gluck et de Mozart,
insérée dans les Archives du temps (Archiv.
der Zeil; Berlin, 1795, pp. 435-440), et par
des observations critiques sur diverses parties
de la musique, dans la Gazelle musicale de
Leipsick (tome II, pages 194, 209, 225, 241,
et 542.)
WEST (Benjamin), ecclésiastique anglais,
né à Northampton, au commencement du dix-
huitième siècle, était amateur de musique et
s'esl fait connaître par une œuvre intitulée :
Sacro concerto, or the voice of melody, con-
taining an introduction to the ground of
Music ; also forty-one psalm-lunes, and ten
anlhems, etc. (Concert sacré, ou la voix de la
mélodie, contenant une introduction aux prin-
cipes de la musique, ainsi que quarante et une
mélodies de psaumes et dix antiennes), Lon-
dres, 1759, in-8".
WESTBLAD (Tobie), savant suédois, né
dans les premières années du dix-huitième
siècle, d'une famille israélite, esl auteur d'une
dissertation intitulée: Da triade harmonica;
Upsal, 1727, in-12° de cinquante-sept pages.
WESTBLAD — WESTMORELAND
457
Westblâd était étudiant à l'université d'Upsal
lorsqu'il publia cet écrit.
WESTENHOLZ (Charles- Auguste-Fré-
déric), né à Lunebourg, en 1730, reçut des
leçons de cliant et de composition «le kunzen
(voyez ce nom), et fut élève de Vorziska, pour
le violoncelle. Le duc de Mecklembourg-
Schwerin l'ayant choisi pour son maître de
chapelle, il alla s'établir à Ludwigsiust et y
passa le reste de ses jours. Il mourut le 24 jan-
vier 1789, à râgedecinquante-lroisans. Wes-
tenholz fut un musicien de mérite qui écrivait
bien dans le style sérieux. Il a beaucoup com-
posé pour l'église. Parmi ses productions, on
cile les oratorios : 1" DieJuferstehungt'hrisli
(La Résurrection du Christ, en 1777). 2° Die
Forsehung (La solennisation), 1777. 3" Die
Fcrlrauen auf Gott (La confiance en Dieu),
1787. Il a composé aussi beaucoup de psaumes,
de Passions et de musique pour les fêles de
Pâques. On a gravé sa cantate des Bergers à
la crèche de Bethléem, à quatre voix et or-
chestre en partition, à Leipsick, chez Hart-
knock,et une fugue pour l'orgue.
WESTENliOLZ (ÉlÉONORE-SOPHIE-Ma-
rie), femme du précédent, dont le nom de fa-
mille était Fritscher, entra au service de la
cour de Mecklemhourg-Schwerin, en 1782, et
mourut dans les premières années de ce siè-
cle. Elle était non-seulement cantatrice, mais
virtuose sur le clavecin, dans la manière de
Bach, et habile sur l'harmonica. On a gravé
de sa composition un Rondo alla polacca,
pour le piano, à Berlin, chez Schlesinger.
WESTEMIOLZ (Frédéric), fils des pré-
cédents, né à Ludwigsiust vers 1782, apprit la
musique dès son enfance, sous la direction de
sa mère. Il apprit aussi à jouer de plusieurs
instruments à vent, particulièrement du haut-
bois, et fut attaché à la musique du roi de
Prusse. A diverses époques, il voyagea en Al-
lemagne pour donner des concerts, et se fit
entendre avec succès à Munich et à Vienne.
On a gravé de sa composition : 1° Symphonie
concertante pour tlùte et hautbois, op. G, Ber-
lin, Schlesinger. 2° Symphonie concertante
pour hautbois et basson, op. 7, ibid. 5". Quel-
ques thèmes variés pour le piano. 4° Des polo-
naises et danses pour le même instrument.
5" Des chansons allemandes. GDeuxduospour
violon et alto, ibid. 7° Des divertissements
pour flûte et guitare, numéros un à quatre.
YVeslenholz mourut à Berlin, le 12 mars 1840.
Il eut un frère (Wilhelm-Franz) qui fut has-
sonisle de la chapelle royale à Berlin, depuis
1813 jusqu'en 1824, et qui mourut en 1830.
WESTEMIOFF (C.-YV.), maître de con-
cert et violoniste attaché à la chapelle de
Buckehourg, vécut vers la fin du dix-huitième
siècle. Au nombre des ouvrages de sa compo-
sition, on remarque : 1° Trios pour deux vio-
lons et basse, op. 1, liv. I et II, Amsterdam,
Schmitt, 1793. 2° Concerto pour clarinette
etorcheslre, op. 5. Brunswick, 1798. 3° Con-
certo pour flûte et orchestre, op. G, ibid.,
1799. 4" Concerto pour clarinette et orchestre,
op. 7, ibid. 5° Duos pour violon et alto,
op. 8, liv. I et II, Leipsick, Joachim. Wes-
terhoff a laissé en manuscrit une musique
funèbre pour la mort du princede Buckehourg,
composée en 1799. Il est mort à Buckehourg,
en 1807.
WESTMORELAND (John -Jane, comlc
DE), né à Londres, le 3 février 1784, fut connu
d'abord sous le nom de lord Burghersh, et ne
prit celui de comte de JFestmoreland qu'a-
près la mort de son père, auquel il succéda
comme pair d'Angleterre. Pendant qu'il faisait
ses éludes au collège de la Trinité, à l'uni-
versité de Cambridge, il reçut des leçons de
musique du docteur Hague, professeur de celle
université. Après qu'il eut terminé ses études,
Lord Burghersh visita l'Allemagne et prit des
leçons de violon de Ziedler, à Berlin, et de May-
seder, à Vienne. Entré au service militaire, il
fut envoyéen Sicile, et pendant un séjourd'une
année à Messine, il étudia la composition sous
la direction dePlaloni, bon maître de contre-
point. Employé ensuite dans l'armée anglaise
qui fit lescampagnesde Portugal et d'Espagne;
pendant les années 1809 à 1812, il continua
ses études de composition à Lisbonne, chez
Marc Portogallo, et de retour à Londres, il
reçut encore des leçons de Kollman et de Bian-
chi. En 1813 et 1814, il servit comme volon-
taire dans l'armée prussienne pendant les
campagnes d'Allemagne et de France. Envoyé
en Italie, en 1815, il y prit part, comme lieu-
tenant général, aux événements militaires de
la conquête de Naples, puis il fut envoyé à
Florence comme ministre résident près de la
cour de Toscane. Il occupa ce poste jusqu'en
1830. Après son retour en Angleterre, lord
Burghersh reprit la haute administration de
l'Académie royale de musique dont il avait été
un des fondateurs. Devenu comte de Weslmorc-
land, il fut envoyé à Berlin en qualité de mi-
nistre plénipotentiaire. Ayant obtenu sa re-
traite en 1855, il passa ses dernières années
dans son château de Aplhorpehouse et y mou-
rut le 1G octobre 1859. Amateur passionné de
musique, il a beaucoup écrit pour le théâtre,
4oS
WESTMORELAND - WETTENGEL
l'église, l'orclicslre el la chambre. La liste de
ses compositions publiées el inédites renferme
les ouvrages suivants : 1° Bajazet, opéra en
deux actes, représenté àFlorcnce en 1821. Un
choix de morceaux de cet opéra fut exécuté au
théâtre de Drunj-Lane, de Londres, en 1822.
2° VEroe Ai Lancastre , opéra sérieux en
deux actes, représenté par les élèves de l'Aca-
démie royale de musique au théâtre de Hay-
market, en 182G. 5° Lo Scompiglio leatrale,
opéra bouffe en deux actes, représenté à Flo-
rence, en 18Ô0, partition réduite pour le piano;
Berlin, Schlesinger, 1846. 4" Catarina, ossia
L'Jssedio di Belgrade, opéra en deux actes,
représenté au théâtre de Haymarkel, par les
élèves de l'Académie royale de musique, en
1830, partition réduite pour le piano ; Lon-
dres, Cramer et Beale. 5° Fedra, opéra sérieux
en deux actes, représenté à Florence, en 1828,
partition réduite pour le piano; Berlin, Schle-
singer, 1848. G" II Torneo, idem, représenté
à Florence, en 1829, et au théâtre St. James, de
Londres, en 1858, partition réduite pour le
piano; Londres, Cramer et Beale, 1839. 7° Il
Ratio di Proserpina, opérette en deux actes;
partition réduite pour le piano ; Berlin, Schle-
singer, 184a. 8" Six cantates de Métastase, à
voix seule cl accompagnement de piano ; Lon-
dres, Power, 1851.9° Cantate tirée de la Tem-
pête, dft Shakespeare ; ibid. 10° Messe solen-
nelle pour voix seules, chœurs et orchestre,
en partition pour le piano; Berlin, Schlesinger,
1840. M" Cathedral service, à quatre voix
et orgue; Londres, Lonsdale, 1841. 12" An-
tienne, idem; ibid. 13" Antienne, idem, tirée
du trente-cinquième psaume; inédite. 14" Ma-
gnificat pour voix seules, chœur et orchestre,
dédié à Cherubini ; Paris, Zetter. 15" Hymnes
à quatre voix, dédiées à Meyerbeer; Berlin, Er-
nest Kirzar. 16° Requiem à quatre voix el or-
gue, à la mémoire de Samuel Wehbe (voyez ce
nom); Londres. Welsli et Hawes. 17° Quatre
madrigaux à quatre voix ; Londres, Novello.
18° Quatre autres madrigaux, inédits. 19° Sept
canzonels à voix seule el piano; Londres, Po-
wer. 20° Trois Canzonclle italiennes, idem ;
Londres, Lonsdale. 21°Canzonclles détachées,
idem, Londres, Power ; Berlin, Schlesinger.
22° Ouartetto, scènes, airs et duos italiens avec
piano; Milan, Ricordi. 23° Symphonies à grand
orchestre, numéros 1, 2, 3, réduites pour
le piano par Litolff; Berlin, Schlesinger.
24" Beaucoup de quatuors, trios, duos, airs,
scènes et cantates sur des paroles italiennes et
anglaises, en manuscrit.
WESTPHAL (Jean-Christophe) , édi-
teur de musique à Hambourg, mort dans celle
ville, le 29 mars 1790, à l'âge d'environ
soixante et douze ans, avait rassemblé un
assortiment considérable de musique imprimée
el manuscrite, dont il a publié un catalogue
en 1782, 1 vol. in-8° de 287 pages, qui fut
suivi de suppléments jusqu'en 1790.
WESTPHAL (Jean-Christophe), fils du
précédent, né a Hambourg, le 1er avril 1773,
a fait son éducation musicale sous la direction
île "Willhauer, Baumbach , Stegmann et
Schwenke. En 1794, il alla étudier l'art de
jouer de l'orgue près de Eittel, àErfurt. Deux
ans après, il retourna à Hambourg et s'y livra
à l'enseignement de la musique. Il y fut atta-
ché à l'orchestre du concert et à celui du
théâtre en qualité de violoncelliste et de trom-
pettiste. La place d'organiste de l'église de
Saint-Nicolas lui a été donnée en 1803, et de-
puis il en a rempli les fonctions. Ses compo-
sitions les plus importantes sont : ^Sympho-
nie à grand orchestre; 2° Deux quintettes
pour deux violons, deux allos et violoncelle;
5° Un quatuor pourpiano. violon, alto et basse
et quelques préludes pour l'orgue.
WESTPHAL ( ), frère du précédent,
né à Hambourg en 1774, fut organiste delà
cour deMecklembourg, à Ludwigslust, et mou-
rut dans celte ville en 1835. Admirateur pas-
sionné du génie de M. Ch.-Emm. Bach, il
employa une partie de sa vie à recueillir ses
œuvres, publiées et manuscrites, dont il a lait
un catalogue thématique. J'en possède le ma-
nuscrit original. Weslphal avait réuni une
belle bibliothèque de littérature musicale et
d'œuvresdes grands maîtres, que j'ai acquise
après sa mort.
WESTPHAL (Guillaume), organiste à l'é-
glise du Saint-Esprit, à Hanovre, actuellement
(18lw) vivant, n'est pas de la même famille que
les précédents. Il a publié de sa composition :
1° Deux symphonies pourpiano seul; Hanovre,
Hahn ; 2° Variations instructives pour le même
instrument, ibid. ; 3° Thème avec douze varia-
lions ; Leipsick, Breilkopf et Haertel ; 4° Chan-
sons allemandes avec accompagnement de piano
Hanovre, Hahn. L'ouvrage le plus important
de Weslphal est un traité des éléments théo-
riques et pratiques d'harmonie et d'accompa-
gnement, intitulé : Theorelisch-Praklischcr
Leilfaden zur Erlernung des Generalbas-
ses; Hanovre, Hahn, 1812, in-4°.
WETTEIVGEL (Gustave-Adolphe), fac-
teur d'instruments à archet à Neukirchen,
près d'Adorf, dans le royaume de Saxe, est
auteur du meilleur livre qui ait paru jusqu'à
WETTENGEL — WEYSE
4îi9
ce joui' concernant la construction et la répa-
ration des instruments à archet. Ce livre a
pour titre : Follstxndig theoretisch-prak-
tisch Lehrbuch der Ausfertigungund Iïepa-
ratur aller noch jetzt gebr&ucht GaUtmgen
von italienischen und deutschen Geigen
(Traité complet, théorique et pratique de la
fabrication et de la réparation de toutes les
espèces de violons italiens et allemands
qui sont maintenant en usage) ; Ilmenati,
Voigt, 1828, 1vol. in-8° de 654 pages avec
16 planches.
WETTIG (Chaules), compositeur et pia-
niste, né à Goslar en 1826, commença ses
études musicales sous la direction de son père,
puis les acheva à Leipsick, où il reçut des
leçons d'harmonie et de composition chez
Hauptmann et chez Mendelssohn. En 1855, il
fut nommé maître de chapelle à Brunn. Il a
fait imprimer des pièces pour le piano et des
Lieder d'un bon style.
YVETZEL (Jean-Gaspard), diacre et pré-
dicateur à Rœmhild, dans le duché de Saxe-
Meiningen, naquit à Mciningen, le 22 fé-
vrier 1691, et mourut à Rœmhild, le
6 août 1755, avec les litres de recteur et de
prédicateur de la duchesse douairière de Saxe-
Cobourg. Au nombre de ses ouvrages, on remar-
que celui quia pour titre: ffymnopœoyrapliia
odjr historische Lebensbeschreibuny derbe-
riihmtesten Liederdichter (Notices histori-
ques des poètes les plus célèbres qui ont écrit
des cantiques); Herrnstadt, 1721-1728, 4 vol.
in-8°. On y trouve beaucoup de notices sur
les compositeurs de mélodies chorales.
YVETZI2L (Ferdinand-Guillaume), insti-
tuteur saxon et maître d'école à Weidmar,
village de la régence de Mersebourg, actuelle-
ment vivant, s'est fait connaître par plusieurs
ouvrages relatifs à l'enseignement primaire,
particulièrement par un traité de la basse
chiffrée pour l'accompagnement des mélodies
chorales, intitulé : Vollstxndiye Signaln-
renlehre; Halle, Hendel, 1814, in-4".
YVETZKE (Jean-Philippe), canlor et
directeur de musique à l'église paroissiale de
Wittenberg, naquit en 1705, à Gottleube,
près de Pirna. Fils d'un tailleur, il fut d'abord
destiné à suivre la profession de son père;
mais plus tard, il alla commencer ses études
à l'école de Pirna, puis à l'école de la Croix,
à Dresde. Ce fut dans celle ville qu'il cultiva avec
succès ses dispositions pour la musique, et qu'il
forma son goût en écoutant les opéras des com-
positeurs dramatiques italiens. Après avoir
suivi les cours de théologie de l'université
de Wittenberg, il obtint, en 1735, les places
de cantor et de directeur de musique à l'église
paroissiale de cette ville, oùil mourut en 1767.
Il a laissé en manuscrit plusieurs années com-
plètes de musique d'église, des Passions et des
canlates spirituelles.
WEYIUCH (F.-C.-A.), membre de la
société des progrès de la civilisation en Silésie,
résidant à Breslau, est auteur de deux opus-
cules relatifs à une langue musicale , dont
l'idée parait avoir été empruntée aux travaux
de Sudre (voyez ce nom). Ces ouvrages ont
pour litres: 1° Die Inslrumenlallon-Sprecht
kunst oder Anleituny durch Instrumental-
tœne aile Nachrichten in die Ferne zu
geben, soioohl im Frieden als im Kriege,
beim Civile und Militxr , auf dem Lande
und Meere (L'art de parler par les sons des
instruments, ou instruction pour donner de
loin toute espèce d'avis par des notes instru-
mentales, etc.); Leipsick, A. Wienbrock, 1830,
in-8° de 50 pages ; 2° Die Privât- Télégraphie
oder die Kunst sich ohne Boten-und L'rief-
Absendung und oline persœnlicltc Zusam-
menkunst mit Allen iiber Ailes in einer Ent-
fernung von 1,000 bis 50,000 Schritten zu
verstxndigen (La télégraphie particulière, ou
l'art de correspondre sans messager, sans ex-
pédition de lettres et sans entrevue person-
nelle, elc.) ; ibid., 1830, in-8°.
WEYSE (Christophe -Ernest-Frédéric),
professeur de musique à Copenhague, est né
à Allona, le 5 mars 1774. Son grand-père,
alors cantor et recteur au lycée de celte ville,
lui donna les premières leçons de musique ;
son goût pour cet art fut contrarié par l'obli-
gation de se livrer au commerce pendant plu-
sieurs années. Devenu libre enfin de suivre
son penchant, il alla s'établir à Copenhague,
oii Schlillz lui fit un bon accueil et se chargea
de terminer son éducation musicale. Le pre-
mier opéra de Weyse, intitulé : Ludlams
Hœhle (La grotte de Ludlam) , commença
brillamment sa réputation de compositeur, et
celui qu'il fit représenter en 1809, sous le titre
de Schlaftrunck (La potion narcotique),
lui fil obtenir une place dans la chapelle
de la cour. Plus tard, il s'est particu-
lièrement exercé avec succès dans la musique
religieuse. Weyse est estimé en Allemagne
comme musicien instruit et comme bon har-
moniste. Parmi ses productions imprimées,
on remarque : 1° Symphonie à grand orches-
tre (en ut mineur), op. 1 ; Copenhague, Lose;
2° Ouverture de Faruk, idem; Leipsick, Lrcit-
kopf et HiCrtcl; 5° Ouverture de Ludlams
4G0
WEYSE — WICHEL
IJœle, ibid. ; 4° Sonates pour piano seul,
n°9 1,2, 3, 4; Copenhague, Lose; 5° Allégro
de bravoure pour le piano, dans les cahiers
sept et seize du Répertoire des clavecinistes ;
Zurich, Ilug. Ou ire les opéras cités précédem-
ment, Weyse a fait représenter, à Copenhague
Ftoribella, en trois actes, Une aventure au
Jardin du roi, opéra-comique, et a composé
une ouverture pour la tragédie de Macbeth.
Il a publié un recueil qui a pour titre : f/alv-
tredsinslyve garnie Kampweise Itlelodier
(Cinquante anciens chants de bardes à voix
seule avec accompagnement de piano) ; Copen-
hague, Losc. Il est mort à Copenhague le
4 octobre 1842, à l'âge de soixante-huit ans
et quelques mois.
WHICHEL (Abel), organiste de l'église
Saint-Edmond, à Londres, mort en 1745j a
publié des exercices de clavecin composés
d'allemandes, de courantes, de sarabandes,
d'airs et de menuets.
WHISTLLAG (C.-F.), éditeur à Leip-
sick, né dans cette ville vers 1800, est le rédac-
teur d'un catalogue général cl systématique de
toute la musique publiée en Allemagne et
dans le Nord de l'Europe, depuis environ 1780.
Ce volume est intitulé : Handbuch der nuisi-
kalischen lileralur oder allgemcines systc-
malisch geordnetes f'erzeichniss gedruck-
ter Musicalien, auch musilmlischen Schrif-
Icn und s/bbildungen 7nit Anzeige des Ver-
leger und Prcisse. (Manuel de la littérature
musicale, ou catalogue général et systématique
de la musique imprimée, des écrits sur cet art
et de portraits de musiciens avec les noms des
éditeurs et les prix), deuxième édition ; Leip-
sick, 1828, très-grand in-S". Un supplément,
formant un second volume, a paru en 1842.
Une troisième édition refondue a été publiée
postérieurement : j'en ignore la date.
WII1TE (Robert), compositeur anglais du
seizième siècle, fut le prédécesseur de Bird et
deTallis. On ignore quelle fut sa position dans
sa patrie, et le seul renseignement qu'on ait
sur sa personne, c'eslqu'il mourut en 1581 . La
bibliothèque «lu collège du Christ, à Oxford,
renferme beaucoup de compositions de cet au-
teur, en manuscrit. Burney en a tiré une an-
tienne à cinq voix qu'il a publiée dans le troi-
sième volume de son Histoire de la musique
(p. G7); c'est un morceau bien écrit et d'une
bonne harmonie, dans l'ancienne tonalité. Cet
écrivain possédait aussi une collection de fu-
gues et intonations dans les huit tons de
l'église, pour l'orgue : Ce recueil avait pour
litre: Mr. Robert TFhilc, his bitls of three
parts songs , in score, with ditties, 2;
wilhout ditties, 16.
WHYTHORNE (Thomas), musicien an-
glais, né en 1531, s'est fait connaître par des
chansons an^laisesà trois, quatre et cinq voix,
intitulées: Songes of titrée, fower,and fives
voyces, cowposed and mode by Thomas
Whylhorne, genll. London, printed byJohn
Dayc, 1571. On trouve au frontispice le por-
trait de l'aulcur gravé sur bois, avec celte in-
scription: Thom. Jfltylhorne, Mu$.,œtalis40.
WICHEL (Georges), né le 2 février 1805,
à Tiosbcrg (Bavière), commença, à l'âge de
sept ans, l'étude de la musique et du violon,
puis apprit à jouer de tous les instruments
chez le musicien de ville. Dans sa dix hui-
tième année, il se rendit à Munich pour y
perfectionner son talent sur le violon. Il
y fut employé comme violoniste dans l'or-
chestre d'un théâtre de second ordre. A l'âge
de 20 ans, il se livra à l'élude de la composi-
tion et commença à se faire connaître parles
danses et les marches qu'il publia. En 1826,
il entra comme premier violon dans la cha-
pelle du prince de Hohenzollern-llechingen.
Après quelques années, il fut nommé directeur
de musique à Hecbingen, puis il y établit une
école pour l'enseignement du chant et y diri-
gea une société chorale. En 1852, Wichel fut
appelé à Lœwenberg (Silésie), en qualité de
directeur de musique d'église: en 1858, il eut
le titre de directeur royal de musique de
Puisse. Il a fait plusieurs voyages en Alle-
magne et s'y est fait connaître avantageu-
sement comme violoniste et comme composi-
teur. Ses ouvrages publiés consistent en
solos de concert pour le violon, un quatuor
pour des instruments à cordes, des fantaisies
pour violon el piano, une grande quantité de
morceaux d'étude pour le violon, publiés à
Offenbach, chez André, des trios faciles poul-
ies instruments à cordes, des duos pour deux
violons et pour violon et violoncelle, des Lieder
à voix seule avec piano, des chants pour qua-
tre voix d'hommes, des exercices de chant poul-
ies écoles, des clauses et des marches. Wichel
a en manuscrit des oratorios et des cantates,
Aladin, grand opéra, des messes, des psau-
mes, des symphonies, des ouvertures et des
concertos pour plusieurs instruments.
WICHEL (Rodolphe), (ils du précédent,
né à Hechingen, le 7 novembre 1832, se livra
dès ses premières années à l'élude du violon,
sous la direction de son père, et fut en étal de
remplir, par intérim, une place d'organiste à
Seiss, près de Reutlingcn, à l'âge de seize ans.
W1CHEL - WIDERKEHR
461
En 1852, il succéda à son père dans les places
de directeur delà société chorale et de la mu-
sique d'église, à Hechingen. Ayant été appelé,
en qualité de violoniste, à Lœwenberg, quel-
que temps après, il y fut enlevé, à vingt-cinq
ans, par une maladieaiguC, le 10 janvier 1858.
Quelques-unes de ses compositions ont été pu-
bliées à Brcslau.
WICHMANN fllEBMAim), né à Berlin, le
24 octobre 1824, est fils du célèbre sculpteur
Louis Wiclimann. Il fit ses bumanitésau gym-
nase Frédéric -Guillaume et y commença
l'étude de la musique. Plus lard, il entra à
l'Académie royale des beaux-arts, où il suivit
les cours de Rugenli3genet deWilhelm Bach.
Un morceau de piano de sa composition fut
couronnédans celle institution, en 1842. Après
sa sortie de l'Académie, il acheva de s'in-
struire dans la composition par les leçons de
Taubert, de Mendelssohn et de Spolir. Le mau-
vais état de sa santé l'obligea d'aller ensuite
en Italie, où il fit un séjour de huit années, pen-
dant lequel il composa des psaumes, des sym-
phonies, des quatuors pour deux violons, alto
et basse, des trios pour piano, violon et violon-
celle, des sonates de piano et des Lieder qui
ont été chantés par Jenny Lind. De retour en
Allemagne, il fut nommé directeur de la so-
ciété musicale de Bichfeld ; mais il y resta peu
de temps et retourna à Berlin, où il a publié
quelques-uns de ses ouvrages, particulière-
ment un grand nombre de Lieder. Parmi sa
musique instrumentale mise au jour, on remar-
que: 1° Sonate pour piano, op. 1, Berlin,
Traulwein (Bahu). 2n Nocturne, élude el ma-
zurka, idem, op. 2; ibid. 5" Quatuor pour
deux violons, alto el violoncelle (en la mineur),
op. G; ibid., 1845. Trio pour piano, violon et
violoncelle (en mi bémol), op. 10 ; ibid. 5° Qua-
tre mazurkas pour piano, op. 8; ibid. 184G.
G" Quatuor pour deux violons, alto et violon-
celle (en mi mineur), op. 12, Leipsick, Breit-
kopf et Hœrlel. 7° Sonate pour piano el violon,
op. 16; Berlin, Traulwein (Babn). 8" Quatuor
pour deux violons, alto el violoncelle, op. 17 ;
Berlin, Bote el Bock, 1852. 9° idem, op. 19;
Leipsick, Kistner.
WÏDDEli (Frédémc-Adam), professeur de
philosophie à Groningue, naquit à Oppenheim,
le 15 janvier 1721, el mourut à Groningue le
26 février 1787. Au nombre de ses disserta-
tions académiques, on trouve celle qui a pour
tilre: Dissertatio de affectibus ope musices
excilandis,augeudiset moderandis, Gronin-
gue, 1751, in -4°.
WIDEMAPPI (Samuel), né à Augsbourg,
le 9 octobre 1691, fil ses éludes de théologie à
Ilelmsladt, puis retourna dans sa ville natale,
où il fut nommé pasteur de l'église Sainl-
Ulric, el mourut en 1757. Il a fait imprimer
une thèse, De musarum et musices harmonia;
Augsbourg, 1712, in-4°.
WIDEiUANN (Cari), virtuose sur le bas-
son et compositeur, est né en 1790 à Herzberg,
dans le Hanovre. Son père, musicien delà ville,
lui donna les premières leçons de musique et
de basson : ses progrès sur cet instrument
furent rapides. En 1810, il obtint un emploi
dans le corps de musiciens mineurs de Claus-
thal. Deux ans après, il fil en Allemagne un
voyage qui le fit connaître comme un des
plus habiles bassonistes de son temps. Ar-
rivé à Stockholm, où il donna un concert, il
obtint immédiatement après une place dans la
chapelle royale. Widemann est considéré
comme le premier bassoniste de la Suède, et
un des plus habiles de l'Allemagne. Il a pu-
blié, à Stockholm, plusieurs morceaux de sa
composition pour le basson.
WIDEIIKEIIR (Jacques- Chrétien Mi-
chel), né à Strasbourg, le 18 avril 1739, ap-
prità jouer, dans sa jeunesse, de plusieurs in-
struments, particulièrement du violoncelle et
du basson. Plus lard, Ricbter fut son maître île
composition. Arrivé à Paris, en 1783, il y Tut
admis comme violoncelliste au Concert spiri-
tuel et aux célèbres concerts de la Loge Olym-
pique. En 1790, il accepta la place de second bas-
son au nouveau Théâtre comique et lyrique du
boulevard Saint-Martin. Au commencement de
l'an VI (1797), il entra à l'orchestre de l'O-
péra, en qualité de tromboniste ; mais il se re-
tira bientôt de celte position. Nommé profes-
seur de solfège au Conservatoire, à l'époque
de la formation de celle école, il fut compris
dans la réforme de 1802, el depuis lors il vécut
dans la retraite, se livrant à l'enseignement
el jouissant de l'aisance qu'il avait acquise
par ses travaux. Cet artiste estimable est mort
à Paris, au mois d'avril 1823, à l'âge de
soixante-quatre ans. Compositeur de mérite
pour la musique instrumentale, il a obtenu de
brillants succès par ses symphonies concer-
tantes pour plusieurs instruments à vent; ses
ouvrages et ceux de Devienne furent longtemps
ce qu'on connut de mieux en Fiance pour ce
genre de pièces. Voici la liste des productions
«de Widerkehr : 1° Deux symphonies à grand
orchestré, qui furent exécutées aux concerts du
Théâtre Feydeau et à ceux de la rue dcCléry;
elles n'ont point été gravées. 2" Symphonies
concertantes pour clarinette et basson, nu-
402
WIDERKEHR - WIEDEBURG
méros 1 el 2, Paris, Plcyel. 5" Idem, pour
cor et basson, numéro 3, ibid. 4° Idem, pour
llûle, hautbois, clarinette, cor, deux bassons
et violoncelle, numéro 4, Paris, Janet et
ColelIe.5°/(/er»;pourcor et basson, numéro o,
Paris, Sieber. G0 Idem, |)our hautbois et bas-
son, numéro 0, ibid. 7" Idem, pour clari-
nette, flùle et basson, numéro 7, Paris, Erard.
8° Idem, pour piano et clarinette, numéro 8,
ibid. 9° Idem, pour deux cors, numéro 9,
Paris, Schlesinger. 10° Idem, pour corel lias-
son, numéro 10, ibid. 1 \° Idem, pour hautbois
et basson, numéro il, ibid. 12° Idem, pour
clarinette ou hautbois el basson, numéro 12,
ibid. 1ô° Quintettes pour deux violons, deux
allos cl violoncelle, numéros 1 cl 2, Paris,
Janet. 14° Trois quatuors pour deux violons,
alto et violoncelle, op. 0, Paris, Sieber.
15° Trois idem, livre II, Paris, Pleyel.
16° Quatre idem, livre III, Paris, A. Petit.
17° Trois trios pour flùle, clarinette et basson ,
op. 12, Paris, Gaveaux. 18° Six quintettes pour
piano, flùle, clarinette, cor et basson, Paris,
Janet. 19° Six sonates pour piano, violon et
violoncelle, livres I et II, Paris, Leduc.
20° Trois sonates pour pianoet violon, livre I,
Paris, Janet. 21° Trois idem, livre II, Paris,
Érard. 22° Deux pois-pourris pour piano. Pa-
ris, madame Duhan. 23° Deux recueils de ro-
mances avec accompagnement de piano, Paris,
Naderman.
WIDMAWN (Érasme), né à Halle, en Saxe,
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut
d'abord caiitor et organiste à Rolhenbourg-
sur-Ia-Tauber, puis il obtint la place de maître
de chapelle du comte de Hohenlohe, à Wec-
kerheim. On a sous son nom un Irailé élé-
mentaire de musique intitulé : Musicx prx-
cepla latino-germanica. Noribergse, 1G15,
in-8" de six feuilles. Widmann a publié aussi
de sa composition un recueil de pièces instru-
mentales à cinq parties, sous ce titre : Musi-
kalische Kurtsweil, in Canzonen, Intraden,
Ballelen und Couranten fur 4 und 5 Instru-
mentai (Amusements musicaux composés de
chansons, entrées, ballets el courantes à quatre
et cinq instruments), première partie, Nu-
remberg, 1G18, in-4°; deuxième partie, ibid.,
1G2Ô, in-4\
W I E C K (Joséphine - Clara); voyez
SCHUMAÏNN (madame).
WIEDALLEll (le P. Candide), domini-
cain bavarois au couvent de Landshut, mou-
riil dans cette ville, le 11 décembre 1800, à
Page de soixante el onze ans. Organiste de son
couvent, il fut aussi compositeur et laissa, à sa
mort, plusieurs messes connues et estimées en
Bavière. Il possédait des connaissances éten-
dues dans la facture des orgues, et c'est sous
sa direction que fut construit l'orgue de son
église.
YVIEDEBEE\(TnÉoPHiLE),maîlre de cha-
pelle à Brunswick, est né à Eilenstadt, près de
Halbersladi, en 1779. Dès son enfance, il se
livra à l'élude de la musique sous la direction
d'un maître obscur, à Magdebourg, puis il de-
vint élève de Schwaneberg, maître de chapelle
à Brunswick. Devenu habile pianisle et orga-
niste instruit, il se fixa dans cette ville en qua-
lité de professeur de piano, et se fit connaître
par de petites compositions pour cet instru-
ment. Ayant été nommé organiste de l'église
des Frères-Mineurs, en 1809, celle améliora -
lion dans sa position lui permit d'écrire des
ouvrages plus importants, tels que molets,
chœurs*, mélodies, chorals variés pour l'orgue,
canlales, elc. En 1820, il partit pour l'Italie, y
fit un séjour de deux années, puis retourna à
Brunswick, où il fit entendre son oratorio in-
titulé : la Délivrance. Le mérite de cet ou-
vrage le fit choisir, en 1822, pour remplir la
place de maître de chapelle de l'église princi-
pale. Depuis celte époque, Wiedebein a con-
tinué de travailler activement dans celle
situation paisible et modeste. On a gravé de
sa composition : 1° L'Hommage, ouverture à
grand orchestre pour l'avènement du duc
Charles de Brunswick,- Brunswick, Herrig.
2" Rondeau sur un thème del' Arbore di Diana
pour piano, op. 7; Leipsick, Peters. 3'> Thème
varié pour piano, op. 4 ; Brunswick, Spehr.
4° Air allemand varié, op. 5; Leipsick, Breit-
kopf et Haerlel. 5° Chansons allemandes
avec accompagnement de piano; Brunswick,
Herrig.
WIEDEBURG (Michel -Jean-Frédéric),
organiste à l'église luthérienne de Norden, en
Ostfrise, naquit à Halle, en Saxe, vers 1755,
et mourut à Norden, dans les dernières années
du dix-huilième siècle. On a de lui un grand
Irailé de l'art déjouer du clavecin ou de l'orgue,
dont la première partie est intitulée : Der sich
selbsl ' informirende Clavierspieler ,oder deut-
licher und leichter Unterricht zur Selbst-
1 n formation im Clavier spielen, elc. (Lecla-
veciniste instruit par lui-même, ou instruction
claire et facile pour apprendre soi-même à
jouer du piano, etc.), Halle et Leipsick, 1705,
un vol. in-4u de deux cent vingt-six pages. La
deuxième partie, contenant un traité d'har-
monie et d'accompagnement pratique appliqué
aux mélodies chorales, a paru à Halle, en 1707,
WIEDEBURG- W1EGERS
463
en un vol. in-4° de cinq cent trente-deux pa-
ges. Dans la troisième partie (Halle, 177o,un
vol. in-4° de neuf cent douze pages), Wiede-
bii rg donne la suite du traité d'harmonie, et
entre dans de grands développements sur l'u-
sage des dissonances, de la basse chiffrée, sur
la tonalité, la mélodie, les cadences, l'art de
varier les chorals et de faire les préludes et
fantaisies. En 1778, il publia, comme sup-
plément à ce grand ouvrage, un recueil de qua-
rante-huit préludes pour l'orgue ou le clave-
cin, sous ce litre : Fermchrtcr praktischer
Beytrœg zumsich selbsl informirendenCla-
vierspieler, oder Prœludia fiir Orgel und
Clavier, etc., Halle, un vol. in-4° oblong de
cent quarante-neuf pages. Wiedeburga aussi
publié un jeu de cartes musicales pour la com-
position de petites pièces de musique par les
combinaisons de phrases toutes faites, sous ce
titre : Musikal. Kavlenspiel, wobei man aile ■••
zeit ein Musikal. Sliick geivinnt, Aurich,
Winter, 1788, in-8".
WIEDEMANIV (Jean-Ernest), directeur
de musique et professeur de chanta l'école des
cadets, à Polsdam, né le 28 mars 1797 à
Hohengiersdorf, près de Grolkau (Silésie);
reçut les premières leçons de latin et de musi-
que du maître d'école de l'endroit. A dix-sept
ans, il entra au séminaire normal et catho-
lique de Breslau. Schnabel (voyez ce nom),
maître de chapelle de la cathédrale, y fut son
professeur de composition. Ses progrès, sous
la direction de ce maître et de l'excellent or-
ganiste Berner (voyez ce nom), furent rapides.
Le 10 avril 1818, il obtint les places d'orga-
niste à l'église catholique de Polsdam et de
professeur à l'école de celle ville. Depuis lors,
il a écrit beaucoup «le musique solennelle poul-
ies jours de fête. Il fonda, à Polsdam, en 1832,
une société de chant dont il fut directeur. Dans
la même année, il fut nommé professeur de chant
àl'écoledescadets: il occupailencorecetteplace
en 18G0. En 18ô0, Wiedemann avait établi
une école d'enseignement mutuel de la musi-
que, suivant le système appelé alors à la Lan-
castre. Cette institution subsista jusqu'en 1845
et produisit de bons élèves, parmi lesquels on
compte Ferdinand Wcndel, à Polsdam, Charles
Slrekertde Weimar, et Théodore Rode de Ber-
lin. Pendant les années 1832, 1835 et 183G, il
donna de grands concerts avec la sociélé de
chant qu'il dirigeait. Wiedemann donna sa
démission des places d'organiste et de profes-
seur de l'éeole de Polsdam le lir août 1852;
mais i! conserva celle de professeur de l'école
des cadets, Il a en manuscrit : 1° Messe solen-
nelle (en la bémol) pour des voix, solos, chœur
et orchestre. 2° Messe (en mi bémol) pour
quatre voix seules, chœur et orchestre, ô" Te
Deum pour quatre voix seules, chœur et
orchestre. 4° Messe (en sol) pour des voix
solos, chœur, violons, alto, basse, deux cors et
orgue. 5° Deux messes pour chœur à quatre
voix et orgue. G0 Hymne (en nu bémol) pour
voix solos; chœur cl grand orchestre. 7" Des
chants à plusieurs voix. 8° Des pièces de piano.
On a publié de cet artiste. Hymne (en si bémol)
pour quatre voix solos, chœur et orchestre ou
piano, et des Licder à voix seule ; Polsdam,
Tripeloury.
WIEDIN'ER (Jean-Charles), directeur de
musique et organiste de la nouvelle église de
Leipsick, né vers 1724, mourut dans cette
ville en 1774. Il a composé beaucoup décan-
tâtes d'église, de symphonies, et de concertos
pour divers instruments, qui sont restés en
manuscrit.
"WIEGAIVD (Jean), professeur de chant au
gymnasedeCassel,dans la liesse, est né enl789,
à Frommershausen, village situé près de celte
ville. En 1820, il a formé une société de chant
qui est composée décent cinquante membres
et qui exécute souvent, au profit des pauvres,
les ouvrages de Hsendel et de Jean-Sébastien
Bach. M. Wienand a publié, à Mayence, chez
Scholt, à Brunswick, chez Spehr, et à Bonn,
chez Simrock, les ouvrages suivants : 1° Quatre
chants pour soprano et ténor, avec accompa-
gnement de piano. 2° Trois duos pour soprano
et ténor, idem. 5° Six chants pour quatre voix
d'hommes, première suite. 4° Six idem. 5" Six
duos pour soprano et ténor. G° Collection de
chants pour plusieurs voix. 7° La Résurrection
de Jésus, cantate. Il a en manuscrit beaucoup
d'autres compositions, ainsi qu'un nouveau
livre choral pour la liesse électorale. On con-
naît aussi sous le nom de cet artiste trois écrits
relatifs àjla musique, publiés dans les derniè-
res années sous ces titres : 1° Ueber die Ver-
besserung des Kirchengesanges (Sur les amé-
liorations du chant d'église), brochure publiée
par ordre du gouvernement de la liesse.
2° Ueber die Erfordernisse zu einem ansere
Zeit enlsprechenden Choralbuche (Sur la né-
cessité d'un livre de chant choral conforme à
noire époque). 3° Enlwurf zu cler Gesangs-
lehre, fiir Cliurfiirsll. Gymnasium (Projet
d'une méthode de chant pour le gymnase élec-
toral).
WIEGERS (Jean), directeur de musique
i et organiste à l'église principale de Kœnigs-
berg, est né le 27 septembre 1807 à Zosscn,
AU
WIEGEliS - WIENIAWSKY
près de Berlin. Admis à l'Institut royal de
musique de celle ville, il y a fait ses éludes de
piano, d'orgue et de composition, sous la direc-
tion de Bernard Klein et de Guillaume Bach.
Il n'était âgé que de dix-sept ans lorsqu'il a
reçu sa nominalion d'organiste à Kœnigsberg.
Ses efforts pour les progrès de la musique
d'église ont été récompensés, par la place
de direclcur de musique. W'iegers est
fondateur et chef d'une académie de chant,
et en même temps professeur aux écoles de la
ville. On a gravé de sa composition : 1° Pré-
ludes d'orgue pour des chorals. 2° Kleine
Singschule fiir Anfxnger im Singen nach
Notai (Petite méthode de chant pour les com-
mençants, etc.); Berlin, Schrseder. 3° Quelques
compositions pour le chant.
WIEGLEIÎ (Jean-Christophe), bon fac-
teur d'orgues de la Franconie, vers le milieu
du dix- huitième siècle, a construit, en 17-35,
l'orgue de l'église collégiale d'Anspach, com-
posé de quarante-huit jeux, trois claviers et
pédale, et celui de la ville impériale de Winds-
heim, de trente jeux.
WIELAND (Christophe-Martin), un des
plus illustres littérateurs allemands du dix-hui-
tième siècle, naquit, le 5 septembre 1733, à
Ilolzhcim, près de Biherach en Souabe, et mou-
rut à Weimar, le 20 janvier 1813. La vie de
cet homme célèbre et l'analyse de ses ouvrages
n'appartiennent pas à ce livre spécial ; l'ex-
cellente notice de la Biographie universelle
des frères Michaud ne laisse, d'ailleurs, rien à
désirera cet égard; Wieland n'est ici men-
tionné que pour le livre intéressant qu'il a écrit
dans sa vieillesse sur la vie du flûtiste aveugle
Dulon (Dulon's des blinden Flœlenspielers
Leben und Meinungen, etc.; Zurich, Henri
Gessner, 1807-1808,2 vol. in-8"). Ce livre a
été écrit sur les mémoires manuscrilsde Dulon
lui-même, et Wieland ne s'est nommé que
comme éditeur au frontispice; c'est vraisem-
blablement ce qui a fait exclure La vie et les
opinions de Dulon des éditions de ses œuvres
publiées après sa mort. Wieland a donné beau-
coup d'anecdotes musicales et de notices sui-
des musiciens célèbres dans son Mercure al-
lemand, publié depuis 1773 jusqu'en 1810.
WIELE (Adolphe), maître de concerts à
Hesse-Cassel et violoniste distingué, est né à
Oldenbourg, le 18 juin 1794. Son père lui
donna les première leçons de musique et de
violon, et ses progrès sur cet instrument furent
si rapides, qu'il put se faire entendre en pu-
blic dans sa huitième année. Il alla ensuite
prendre des leçons de Maucourl, à Brunswick,
puis, après la réunion de la chapelle de celle
ville à celle du royaume de Weslphalie, il se
rendit à Cassel, en 1807. Le roi Jérôme Napo.
léon l'envoya à Paris pour y suivre les cours
du Conservatoire. Baillot devint son maître
de violon, et, sous la direction de cet artiste
célèbre, il obtint, en 1812, le second prix au
concours, et le premier l'année suivante. En
1815, AViele entra dans la chapelle royale de
Slullgard, en qualité de violon solo. Depuis
1819 jusqu'en 1821, il voyagea pour donner
des concerts à Munich, Vienne, Leipsick ,
Berlin, Weimar et Cassel. Arrivé dans celte
dernière ville, il y recul un engagement pour
la chapelle du prince électoral Guillaume II,
qui le nomma plus lard maître de con-
certs. Cet habile violoniste a écrit de belles
compositions pour son instrument, mais il n'a
publié (pie celles-ci : 1° Polonaise pour violon
et orchestre; Offenbach, André. 2° Thème
varié, idem; Hanovre, Bachmann. 3° Varia-
lions pour violon et piano sur l'air allemand
An Alexis, Leipsick, Peters. Wiele est mort
à Cassel vers 1855.
YVIELEN (J. VANDER), maître de cha-
pelle de l'église Saint-Jacques à Gand, vécut
vers le milieu du dix-septième siècle. Il s'est
fait connaître comme compositeur par des
motels pour la fêle de Noël, intilulés:(7ant/o«es
natalilix quatuor et quinque tam vocibus
quam instruments decantandx, auclore
J. Fander Wielen, ecclcsix parochiulis
S. Jacobi Gandavimusicoprxfeto, etc; Ant-
werpiae, apud hœredes Pétri Phalesii, etc.,
1CG5, in-4\
WIELUORSKY (Michel, comte), com-
positeur et noble prolecteur des artistes qui
ont visité la Russie, élail grand échanson de la
cour impériale. Il est mort à Moscou, le 9 sep-
tembre 1850. Je n'ai pas de renseignements
sur les ouvrages du comle Wielhorsky.
WIEMAWSKI (Henri), virtuose violo-
nistc, né le lOjuillet 1835, à Lublin (Pologne),
est fils d'un médecin de celle ville. Il n'était
âgé que de huit ans lorsque sa mère, sœur du
pianiste compositeur Edouard Wolff (voyez
ce nom), le conduisit à Paris. Frappé de ses
dispositions extraordinaires pour le violon,
M. Massait, professeur de cet instrument au
Conservatoire de musique, le présenta au
comilé d'enseignement de celte institution,
qui l'admit comme élève le 28 novembre 1843,
après un concours d'examen. En sa qualité
d'étranger, son admission fut soumise au mi-
nislre de l'intérieur, qui l'approuva par arrêté
•lu t2 décembre de la même année. Iinmé-
WIENIAWSKY — WIEPRECHT
4G3
diatement placé dans la classe de M. Gave!,
professeur adjoint de Tiolon. il lil de si rapides
progrès sous sa dircclion, qu'il n'y reslaqu'une
année et devint élève de M. Massart, le 4 dé-
cembre 1844. Continuant de développer ses
prodigieuses facultés avec une rapidité inouïe,
Henri Wieniawski obtint le premier prix de
violon au concours de 184G, au moment où il
^venait d'accomplir sa onzième année. On se
souvient encore au Conservatoire que cet en-
fant extraordinaire montra beaucoup de cha-
grin d'avoir obtenu sitôt celte distinction.
Parti pour la Russie avec sa mère au commen-
cement de 1848, il donna ses premiers concerts
à Pétersbourg et à Moscou dans cette môme
année. De retour à Paris au commencement de
1849, il rentra au Conservatoire, le 11 avril
suivant, pour y étudier l'harmonie dans la
classe de Colet (voyez ce nom). Un accessit lui
fut décerné pour celte partie de l'art au con-
cours de 1850. Peu de temps après, il entre-
prit de nouveaux voyages en Pologne , en
Russie, et quitta définitivement le Conserva-
toire. Sa réputation de virtuose commença dès
lors. En 1853, je le rencontrai à Spa, où il don-
nait des concerts avec son frère (voyez la no-
lice suivante). Il n'était alors âgé que de dix-
huit ans, mais déjà sa merveilleuse dextérité
faisait prévoir le haut degré de talent où il est
parvenu dans les années suivantes. Après
avoir parcouru plusieurs fois, à différentes
époques, la Belgique, la Hollande, l'Allemagne,
le nord de l'Europe et visité l'Angleterre,
Henri Wieniawski, devenu le plus habile vir-
tuose-violoniste de l'époque actuelle (18G4), a
élé nommé premier violon solo de l'empereur
rie Russie. Chaque fois qu'il se l'ait entendre à
Pélersbourg, il porte jusqu'à l'ivresse l'en-
thousiasme du public. Il a écrit pour son in-
strument diverses compositions qui ont élé
publiées; maisje n'en ai pas la liste.
WIENIAWSKI (Joseph), pianiste et
compositeur, frère puîné du précédent, né à
Lublin, le 23 mai 1857, fut conduit à Paris par
sa mère à l'âge de 9 ans, et fui admis au Con-
servatoire le 1er mars 1847, sur la demande de
son oncle , Edouard Wolff (voyez ce nom).
Elève de Napoléon Alkan pour le solfège el rie
Zimmerman , puis rie M. Marmontel, pour le
piano, il obtint le second prix de cet instru-
ment au concours de 1848. Les premiers prix
de solfège el de piano lui furent décernés en
1849, à l'âge rie 12 ans. Devenu alors élève rie
M. Le Couppey pour l'harmonie, il remporta le
premier second prix de celle science en 1850.
Parti alors pour la Russie avec son frère, il
BIOfiR. IMV. DES MUSICIKXS. T. VIII.
cessa de fréquenter celle institution. Pendant
plusieurs années, les deux frères Wieniawski
voyagèrent en Pologne, en Allemagne, en Bel-
gique et en Hollande pour y donner des con-
certs; puis ils se séparèrent, et Joseph, après
avoir suivi, pendant quelque temps, la carrière
de virluose-concerlisle, retourna à Paris et s'y
livra à l'enseignement ainsi qu'à la composi-
tion. Au nombre «le ses ouvrages, on remarque
un concerto de piano et orchestre qu'il a exé-
cuté avec succès dans un concert du Conserva-
toire de Bruxelles, en 1863. Au moment où
celle notice est écrite, Joseph Wieniawski se
trouve à Moscou.
WIEPRECHT (Guillaume- Fkédéiuc),
directeur de musique des corps réunis de la
garde royale de Prusse, musicien delà cham-
bre et violoniste de la chapelle, est né le 10
août 1802, à Aschersleben. Son père, musicien
de ville, lui enseigna à jouer de presque tous
les instruments: mais le violon fut celui dont
Wieprecht fit l'élude la plus persévérante.
A l'âge de 17 ans, il quitta sa ville natale, qui
lui offrait peu de ressources, et se rendit à
Dresde, où le violoniste L. Haase lui donna
des leçons de son instrument. Ce fut aussi à
Dresde que Wieprecht commença l'étude de la
composition. En 1820, il se rendit à Leipsick
et entra comme violoniste à l'orcheslre du
théâtre el à celui des concerts du Gewandhaus.
Il continua dans celle ville ses études de com-
position el écrivit quelques morceaux d'har-
monie pour les instruments à vent el un con-
certo de violon. La clarinette et la trompette
avaient été aussi les objets rie ses éluries. En
1824, il entra comme violoniste dans la cha-
pelle royale, à Berlin, et, le 2 décembre de la
même année, un ordre du cabinet le nomma
musicien de la chambre. Le mérile d'ensem-
ble ries corps rie musique militaire delà garde
royale fixa dès lors son altenlion ; il écrivitdes
marches et d'autres compositions pour ce genre
d'orchestre. Sponlini, ayant entendu quelques-
uns de ces morceaux, en parut satisfait et de-
vint le protecteur de Wieprecht, qui s'occupa,
vers la même époque, de l'amélioration des
instruments de cuivre. Aidé par le facteur
d'instruments, J.-G. Moritz, il mil au jour,
en 1835, la Bass-Tuba, et fit en 1840,
avec un autre fadeur, nommé Skorra , le
Balyphon, espèce de clarinette basse, et le
Piunyeiulo , en 1842. « Après 1845 , dit
» M. Wieprecht, dans son autobiographie pu-
» bliée par M. De Ledebur (1), je visitai, avec
(1) TonkiïnsitrT-Lexkon-Berlin's, p. 643.
30
w
466
WlEPttECHT - W1ESE
» une mission du roi, les Étals méridionaux
y> de l'Allemagne, pour étudier les musiques
» militaires, et j'écrivis, dans la Gazelle mu-
» sicale de Berlin, mes lettres de voyage sur
n la musique populaire et militaire dans ces
» pays. C'estdelà que date ma polémique avec
»' le fabricant Adolphe Sax de Paris, dont je
» démasquai les fraudes ! » Je m'étonne que
M. Wieprechtait tu l'audace d'écrire ces lignes
en 1 801 , alors «pie la plupart des personnes
présentes à la lutte qui eut lieu à Coblence
entre lui et M. Sax, dans les premiers jours
d'octobre 1845, vivaient encore. Informé des
accusations de plagiat que répandait contre lui
M. Wieprecht, M. Sax lui porta un défi, qu'il
fut obligé d'accepter. L'épreuve se fit dans
l'appartement de Liszt, qui se trouvait alors
dans cette ville, en présence de Fiorentino et
de MM. Jules Janin et Arban. J'étais alors à
Coblence, mais une excursion quejelis ce jour
là àEmsne me permit pas d'assister à la séance,
dont j'appris les résultats dans la soirée.
M. "Wieprecht avait prétendu que la clarinette
basse de M. Sax n'était qu'une imitation du
hatyphon, mauvais instrument dont on n'a pu
rien faire; mais il n'avait jamais vu cette cla-
rinette, dont M. Sax avait pris le brevet en
1838, cl lorsqu'on la lui présenta, il ne sut
comment s'y prendre pour en jouer. Alors
M. Sax la lui (il entendre, en lira les plus
beaux sons et fil éclater les applaudissements
de l'auditoire. Comprenant combien il était
compromis par cette comparaison, M. Wie-
precht crut sauver sa dignité en joignant
ses éloges à ceux des témoins de celle scène. Il
espérait se tirer plus honorablement de l'é-
preuve des instruments de cuivre ; mais il ne
connaissait pas davantage ceux de M. Sax,
dont il avait parlé avec mépris. Arban déclara
détestables ceux que M. Wieprecht présentait
aux arbitres, et la supériorité de conception et
de fabrication de ceux de M. Sax était si
évidente, que son adversaire fut obligé de
s'avouer vaincu.
A la demande de M. Wieprecht, il y eut le
lendemain une réunion des musiques militaires
«les régiments en garnison à Coblence, devant
lesquelles MM. Sax et Arban jouèrent les in-
struments du célèbre facteur île Paris. En ap-
parence plein d'enthousiasme, M. Wieprecht
disait aux chefs de ces musiques: Voilà, mes-
sieurs, comme on doit jouer pour la perfec-
tion ! à quoi ces artistes répondirent : Donnez-
nous des instruments semblables, et nous en
jouerons bien.
Après ces épreuves décisives, M. Sax de-
manda que M. Wieprecht s'engageât à déclarer,
dans les journaux de musique de l'Allemagne,
la vérité sur ce qui venait de se passer ; mais
Liszt fil l'observation que l'honneur de M. Wie-
precht était tellement engagé dans celle cir-
constance, qu'on ne pouvait pas élever de douté
sur la satisfaction qu'il donnerait à M. Sax.
Cependant, de retour à Berlin, M. Wieprecht
publia dans la Gazette musicale de celle ville
une séried'arlicles calomnieux cl mensongers
conlre celui par qui il avait élé vaincu sous
tous les rapports. Telle est la vérité sur cette
affaire. Les rapports des jurys français,
particulièrement de celui dont faisaient par-
lie Ilalévy, Berlioz et Kaslner, ont démon-
tré, dans l'examen des instruments de Berlin,
présentés parles adversaires de M. Sax, qu'ils
n'ont de commun que les pistons avec ceux
pour lesquels ce célèbre facteur a été breveté.
Ce qui est faux, ce qui n'a plus besoin d'êlre
discuté aujourd'hui, ce sont les assertions de
M. Wieprecht, qui n'a pas même compris le
but (les inventions de Sax. Dix arrêts des cours
d'appel et de la cour de cassation de Fiance
ont constaté la réalité et la propriété de ces
inventions. Meyerbeer, qui estimait au plus
haut la valeur des instruments de Sax, avait
pris, peu de temps avant sa mort, la résolution
de réinstrumenler en partie VJfricaine, pour
y employer la famille des saxophones et les
nouvelles inventions de ce facteur.
WIESE (Chrétien-Louis-Gustave), baron
DE), né à Anspach, en 1732, fit ses éludes à
l'Université d'Ulrecht, puis voyagea en France,
en Angleterre, et enfin retourna à Anspach,
où il entra dans la maison militaire de la cour,
en 1750. Sept ans après, il se rendit à Dresde,
où il eut les titres de genlilhommede la cham-
bre, de chambellan et de surintendant de la
cour. Il mourut dans cette position le 8 août
1800, à l'âge de soixante-huit ans. La théorie
mathématique de la musique occupa spéciale-
ment les dernières années de sa vie; il y a
introduit des idées originales qui n'ont peut-
être pas élé assez remarquées, parce que le
s.'yle «le ses ouvrages est obscur et même assez
souvent ridicule. Voici les litres île ses produc-
tions : 1° Anweisung nack einer mechanis-
elten Beliandlung das Klavier zu slimmen
(Instruction concernant un procédé mécanique
pour accorder le clavecin), Dresde, Ililscher,
1790, in-4°. 2° fersuch eines formularisch
tind tabellariscli vorgebildelen Leilfadens in
Bezug auf die Quelle des harmonischen Tœ-
nungsausflusses, etc. (Essai d'un guide pré-
senté dans des formules et tables pour con-
W1KSE - WILCKE
401
naître la source dos rapports harmoniques «le
Ions les sons, elc.), Dresde, llilscher, 1702,
in-4° de trente-trois pages, sans nomd'auleur.
ô" Formulan'sches Handbuch fiir den aus-
ubenden Slimmen der Tasten instrumente
(Manuel de formules pour l'accordeur de pro-
fession des instruments à clavier), Dresde,
llilscher, 1792, in-4". ¥ Der populxren Ge-
mcinnïïlzigheit gewidmeterneu umqeformler
Fersuckiïber dielogisch-mathematische Klan-
genlkeilungs, Slimmungs-und Temperatur-
Lehre, elc. (L'utilité générale et populaire,
nouvel essai d'une théorie de la classification
des sons, de leur accord et de leur tempéra-
ment, etc.), Dresde, veuve Gerlacli, 1795.
in-4" de vingt-trois pages. 5" Discours ana-
lytique sur la cohérence imperturbable de
l'unité du principe des trois premières par-
ties intégrantes de la théorie musicale, etc.,
Dresde, Walllier, 1795, in-4" de Irenle-Iinit
pages, avec cinq grands tableaux. Leslyle bar-
bare de cet écrille rend illisible. 6° Ptolemxus
und Zarlino, oder wahrer Gesichtskreis der
haltbaren Unwersalilxten der Elementar-
Tonlehre in den sowohl œltern ah neuern
Zeiten (Plolemée et Zarlino, ou véritable point
de vue des principes universels de la science
élémentaire du son, elc), Dresde, Hilscber
(sans date), in-4" de seize pages avec deux
planches. Cet ouvrage, le meilleur de l'anleur,
est intéressant par son sujet. 7° Théorie de la
division harmonique des cordes vibrantes.
Ce mémoire, dédié à l'électeur de Saxe, est
resté en manuscrit.
WIESIVER (Norbert), pianiste et compo-
sileur allemand, vécut à Vienne, vers la fin du
dix-huitième siècle. On a gravé de sa composi-
tion : 1° Peli tes son a tes pau rie clavecin, œuvres
1, 2, 5, 4, 5, Vienne, Eder. 2° Trois œuvres
de variations sur des airs allemands, ibid.
WIETFELD (Hermann), Licteur d'instru-
ments à Burgdorf, était célèbre, au commence-
ment du dix-huitième siècle, par les hautbois et
bassons qui sortaient de ses ateliers.
W1LBACR (Alphonse-Zoé- Charles-
llENAUDde), organiste del'égliseSainl-Eugène,
à Paris, et compositeur, est né le 5 juin 1829,
à Montpellier (Hérault). Après avoir commencé
l'étude de la musique dans sa ville natale, il
se rendit à Paris et fut admis au Conservatoire
de celle ville, le 14 juin 1842, comme élève de
M. Benoisl pour l'orgue, et d'IIalévy pour la
composition. En 1844, il obtint le premier
prix d'orgue au concours, et, dans la même
année, un des premiers grands prix de com-
position lui fut décerné par l'Académie des
Beaux-Arts de l'Institut. Devenu pensionnaire
du gouvernement à ce litre, il se rendit à
Rome au mois d'octobre suivant. Après avoir
séjourné en Italie et parcouru l'Allemagne,
conformément au règlement qui concerne les
compositeurs lauréats, M. de Wilback retourna
à Paris et s'y fit connaître par quelques pro-
ductions pour le piano, Le 4 septembre 1857,
il a fait représenter au théâtre des Bouffes-
Parisiens une opérette en un acte intitulé :
Au clair de la lune, joli ouvrage qui oblint
du succès. Le 10 avril J858, il a donné au
théâtre Lyrique Almanzor, opéra-comique en
un acle. En 1855, il obtint la place d'organiste
à l'église Saint-Eugène. Il occupe encore celte
position (1804). M. de Wilback est un des meil-
leurs organistes de Paris. Parmi les ouvrages de
musique instrumentale de cet artiste, on re-
marque : 1° Caprices-éludes pour le piano, op. 5;
Paris, II. l.emoine. 2° Deux rondos idem, op. 4;
ibid. S" Impressions d'Italie, deux caprices
idem, op. 5, ibid. 4° Fantaisie brillante idem
sur la Sonnambula, op. G; ibid. 5° Rondo
espagnol idem, op. 7; ibid. 0° Capri ; deux
morceaux caractéristiques sous ce litre, op. 8;
ibid. 7° Nocturne idem, op. 9; ibid. S" Grande
Valse brillante idem, op. 10; ibid.
WILBYE (Jean), musicien anglais, et
maître de chant à Londres, a eu de la réputa-
tion à la fin du seizième siècle et au commen-
cement du suivant. Il a publié de sa composi-
tion : 1° Madrigals to three, four, five and
six voices. Premier livre; Londres, 1598.
2° Idem, deuxième livre, ibid., 1G00. Haw-
kins a extrait, du premier livre de ces madri-
gaux, le dixième (I.adie when I behold), à
quatre voix, pour l'insérer dans le troisième
volume de son Histoire de la musique (p. 388-
595) : c'est un morceau remarquable pour le
temps où il a été fait, à cause de son caractère
mélodique et rhylhmiquc.
WILCK.E (Jean -Gaspard), bon ténor
allemand, naquit à Weimar, le 7 février 1707.
Pfeiffer, directeur de musique danscelte ville,
ayant remarqué sa belle voix, lui enseigna
les éléments de la musique et du chant. Con-
trarié par son père dans son goùl pour cet art,
il prit la fuile, se rendit à Oslerode et de là
au gymnase de Gœllingue, ou il continua ses
éludes. La réputation du théâtre de Hambourg
lui fit naître le désir de visilercclle ville; mais
n'y ayant pas trouvé «l'emploi, il partit pour
Moscou a vecqna Ire au 1res chanteurs allemands.
L'empereur de Russie les prit à son service, et
Wilcke passa six années dans ce pays, sous les
30.
règnes de Catherine Irc, de Pierre II et de
468
WILCKE - W1LISCII
l'impératrice Anne. De retour en Allemagne,
il entra au service du prince de Schwarz-
hourg, à Sondershausen, et y mourut le
25 férrier 1758, avec la réputation d'un chan-
teur habile.
WILD (François), un des meilleurs té-
nors allemands de l'époque actuelle, est né le
ôl décembre 1792, à Niederhollabrunn, dans
la basse Autriche. Les premières leçons de la
musique lui furent données par le maître d'é-
cole de ce lieu. A l'âge de sept ans, il entra
comme enfant de chœur au monastère de Clos-
ter-Neuhonrg, près de Vienne; quatre ans
après, il Tut admis dans la chapelle impériale
pour y remplir les mêmes fonctions. Il y resta
jusqu'à l'âge île dix-sept ans, et lorsque sa
voix (Mil acquis le timbre d'un beau ténor, il
obtint une place de choriste au théâtre «le
Léopoldstadl ; mais il ne resta que quatre mois
dans cette position; car Hummel, l'ayant en-
tendu, fui si charmé de sa voix, qu'il lui
accorda un engagement de chanteur solo dans
la chapelle du prince Esterhazy, à Eisenstadl.
La renommée (pie lui (il la beauté de son or-
gane votai s'étendit bientôt, et, en 181 1, Wild
obtint un emploi lucratif de premier ténor au
théâtre sur-la-Vienne; mais deux ans après, il
l'abandonna pour entrer de nouviau à l'opéra
de la cour. La réunion du congrès européen à
Vienne, en 1814, lui fournil l'occasion de se
faire entendre devant les monarques qui s'y
trouvaient, et d'augmenter sa célébrité. En
1810, il visita Berlin et y chanta dans trente-
six représentations avec un succès dont il y
avait peu d'exemples. Sa voix commençait à
prendre dès lors le caractère du baryton. Les
rôles où il brilla particulièrement sont ceux
de Don Juan et d'Oreste, dans Jphigénie en
Tauride. Le grand-duc de Hesse-Darmsladl
le nomma, en 1817. chanteur de sa chambre
et lui accorda un traitement considérable.
Wild passa huit années dans celte situation,
puis il se rendit â Paris, où il débuta sans succès
au Théâtre Italien, parce que son ignorance
de l'art du chant, sous le rapport de la vocalisa-
lion, ne pouvait être compensée par la beauté
de sa voix près d'un public accoutumé à en-
tendre les plus habiles chanteurs de l'Ilalie.
De retour en Allemagne dans la même année,
il chanlaau théâlre deCassel pendant cinq ans,
puis il fut rappelé à Vienne en 1830. Depuis
lors il y a chanté avec succès les principaux
rôles des répertoires allemand el français.
Wild est mort à Vienne, le 2 janvier 18G0.
WILDE ItEU (Jean-Hugues), second
maître de chapelle et conseiller de la chambre
de l'électeur Palatin , au commencement du
dix-huitième siècle, a fait représenter, à Dus-
seldorf, en 1715, un grand opéra intitulé :
Amalasunta, et a publié vers le même temps,
à Amsterdam, un livre de motels à deux,
trois et quatre voix avec deux violons et
orgue.
WILDVOGEL (Chrétien) , savant alle-
mand, né vraisemblablement en Saxe, dans la
seconde moitié du dix-septième siècle, fit ses
éludes à Jéna, et y fit imprimer une thèse in-
titulée : De canlibus angelicis ad cant. LV.
consecr. dist.T. Programma inaugurale.
Jenœ, Literis JfJuUerianis, 1099, in-4'' de
10 pages. Devenu docteur en droit, il obtint
successivement les titres de conseiller privé de
la cour de Saxe, à Eisenach, de professeur à
l'université de Jéna, el d'assesseur «lu tribu-
nal de la même ville. En qualité de professeur,
il a présidé à la discussion de la thèse intéres-
sante soutenue par un étudiant de l'université
de Jéna, nommé Ganlzland (voyez ce nom),
el qui a été publiée sous le litre île Disserta-
tio inauguralis juridica de buccinaloribus
eorumquejure, Jéna 1711, in-4" de 52 pages.
11 a été fait une deuxième édition de cette dis-
sertation à Torgau, 1740, in -4° de 52 pages.
WILUELM, en latin WÏLHELMUS,
moine augustin, au couvent de Uirschati, en
Bavière, fut élevé à la dignité d'abbé de son
monastère, en 1008. Il a écrit un traité De
Music.a, que l'abbé Gerberl a inséré dans ses
S'criptores ecclestastici de Musiea sacra po-
lissimum (tome 11, pages 154-182). Wilhelm
traite savamment de la constitution des tons du
plain-chant dans cet ouvrage. Il est remarqua-
ble qu'il ne dit pas un mot de la méthode de
solmisalion parles mnances, faussement attri-
buée à Guido d'Arezzo, quoiqu'il fasse une
analyse des opinions de ce moine concernant
la tonalité ; d'où l'on peut conclure que cette
méthode n"était pas encore en usage de son
temps.
WILIIEM (Guillaume LouisBOCQUIL-
LOIN , dit) ; voyez IlOCQUILLOIM.
WILISCU (CiiRÉTiEN-FiiÉDÉuic), docteur
en théologie el recteur à Annaberg, naquit à
Liebsladl, près de Dresde, le 21 septembre
1684, et mourut à Freyberg, le 2 janvier 1759,
avec le titre de surintendant. Au nombre de
ses ouvrages, on remarque deux dissertations
relatives à l'histoire de la musique; elles ont
pour litres : 1° De celebrioribns musicorum
solidiori doclrina illuslrium exemplis, loco
alicxijus propemptici. Annabergx, 1710,
in-48. 2° Oratio de prima çurrendx et chori
WIUSCH - W1LKE
469
sijmphoniaci inslitutione, Freyberg, 1735,
in-8°.
WILISCII(CnnÉTiEN-GoTnALD), fils du pré-
cédent, naquit à Annaberg, et mourut en 1773
à Freyberg, où il était magister et prédicateur
de l'église Saint-Nicolas. On a de lui une dis-
sertation sur les trombones et sur les tambours
dont les Hébreux faisaient usage, tant dans le
service divin qu'à la guerre et dans la vie ci
vile. En voici le litre : l'on de Posaunen und
Trommelen und deren Gebrauch, sowohl
beidem œffenllichen Goltesdiensl ,als auch in
Kriegslœuften, und bei dem Paliceywesen
des Folks Israël, in einiges Licht sur Er-
kennlniss gesetzt, Leipsick, 1700, in-4° de 50
pages.
WILKE (CimÉTiE» Fiu;déric-Gottlif.b) ,
organiste, compositeur et écrivain sur la mu-
sique, est né à Spandau, le 13 mars 1709. Son
père, instituteur à l'école de celte ville, lui
donna les premières leçons «le piano et de mu-
sique, puis confia la direction de ses éludes
musicales à l'organiste Neumann. A l'âge de
treize ans, Wilke se rendit à Brandebourg, pour
y suivre les cours du gymnase, et apprendre
la basse continue chez Grosse. Pendant son
séjour dans celle ville, GrUneberg, facteur
d'orgues, lui permit de fréquenter ses ateliers,
et lui expliqua le mécanisme de ces instru-
ments. En 1785, Wilke alla étudier la théolo-
gie à Berlin, mais il montra peu de penchant
pour cette science, et ne fit voir d'aptitude que
pour la musique. Chrétien Ralkbrenner, alors
maître de chapelle de la reine, lui enseigna la
composition. Ses progrès dans les diverses
branches de l'art le décidèrent enfin à aban-
donner les éludes théologiques, pour se livrer
en liberté à la carrière de musicien. Le 27 juil-
let 1791, il fut nommé organiste de sa ville
natale. Dès qu'il eut pris possession de celle
place, il s'occupa de la fondation d'une société
de concerts d'amateurs. Ces concerls hebdo-
madaires subsistèrent pendant son séjour à
Spandau: il y fit .exécuter ses compositions.
Le 1er décembre 1809, un concours fut ouvert
pour les places de professeur de musique et
d'organiste à Ncu-Ruppin ; vingt-cinq concur-
rents se présentèrent, mais le mérite de Wilke
lui fit donner la préférence. En 1820, il fut
nommé directeur de musique, et en 1821, com-
missaire royal pour la construction des orgues.
Dans celle position, il a rendu des services
émincnls à son pays, ayant fait construire
sons sa direction plus de soixante orgues nou-
velles, et en ayant fait réparer soixante-quinze.
Depuis 1804 jusqu'en 1813, il s'est occupé de
la rédaction d'un dictionnaire des instruments
de musique, pour lequel il a exéculé lui-même
environ 200 dessins ; mais cet ouvrage n'est
pas encore publié. En 1829, il a composé une
cantate avec chœurs et instruments à vent,
pour l'inauguration delà statue du roi Guil-
laume-FrédéricdePrusse:à cette occasion une
médaille d'orlui fut décernée. Après son jubilé
de 50 ans de service, cet artiste estimable a
été pensionné, le 27 juillet 1840, et s'est relire
chez sa fille, à Trenenbritzen, où il est mort
le 31 juillet 1848. Wilke a été un des rédac-
teurs les plus actifs de la Gazelle musicale
de Leipsick. Il y a fait insérer les morceaux
suivants : 1° Sur la décadence actuelle du
chant d'église, et sur sa restauration (I. XVIII,
p. 97 et 1 13). 2" Sur les combinaisons de re-
gistres par les organistes (t. XVI 1 1, p. 801-
823). 3° Sur l'accord de l'orgue (t. XXIV,
p. 727 et 751). 4" Pourquoi il existe une si
grande quantité de mauvaises orgues (l. XXIII,
p 625 et 641). 5" Sur le perfectionnement des
jeux d'anches par les languettes libres (t. XXV,
p. 149; t. XXVII, p. 203). fi» Sur les résultats
du système de facture d'orgue de l'abbé VogJer
(t. XXVI, p. 673 et 689). 7° Sur l'accord des
octaves (t. XXX, p. 65). 8° Sur les plain-jeux
(IHixtureu) de l'orgue (t. XXXIII, p. 653).
Wilke a aussi publié dans la Cxcilia les mor-
ceaux suivants: 9" Sur les plain-jeux de l'or-
gue, avec une préface de God. Weber (t. IX,
p. 156-170). 10° Sur l'utilité de ces jeux
(t. XII, p. 100-206). 11° Sur les jeux d'an-
ches à compensation (t. XVI, p. 64). On a aussi
sous le nom de cet artiste: 18° Beschreibung
einer in der Kirche zu Perleberg im Jahre
1831 aufgestellen neuen Orgel (Description
d'un nouvel orgue placé en 1831 dans l'église
de Perleberg), Neu-Ruppin, 1852, in-8°de 43
pages. 13° Leitfaden zum praktischen Ge-
sangsunterricht, besonders auf dem Lande,
nebst einer Abbildung des Octochords (Guide
pour l'enseignement pratique du chant, parti-
culièrement pour la campagne, etc.), Berlin,
Manier, 1812, in-4" de 68 pages. 14° Be-
schreibung dcrSt-CatUerincn-Kirchen Orgel
in Neusladt zu Salzwedel (Description de
l'orgue de l'église Sainte-Catherine à Neu-
sladt près de Salzwedel) : Berlin, 1839, in -8°.
15° Bcilrxge zur Geschichte des neueres
Orgelbaukunsl (Essai concernant l'histoire
de l'art actuel de la facture des orgues); Ber-
lin, 1846, in-8°. 16° Ueber Wichligkeil und
Uncnbehrliclikcit der Orgelmixluren und
ilire Einlheilung , Berlin, 1839, in-8".
WILKE ( Jean-Geoiîges Lebkkçiit DE),
470
WILKE - WILLAERT
docteur en philosophie et en droit, conseiller
de cour et de justice à Weimar et à Eisenach,
né à Mersebonrg, le 25 mars 1730, mort
le 7 septembre 1810, passe, dans l'opinion
de quelques bibliographes allemands, pour
élre railleur d'un livre publié sousle voile de
l'anonyme, et qui a pour litre : Musikalis-
ches Handivœrterbuch, oder Kurzgefasste
Anleilung , sxmmlliclie im Musikwesen
vorkommende , vornehmlich aushvndiscbe
Kunslwœrler riclilig zit schreiben, auszu-
sprechen iind zu verslehen (Dictionnaire mu-
sical portatif, ou introduction abrégée à tout
ce qui est de l'essence de la musique, etc.),
Weimar, veuve Uoffmann, 178G, in-8°dedeux
cent seize pages.
V»'ILL(Geoiigks-Aï(diié\ né à Nuremberg,
le ô0 août 1727, fut nommé professeur de phi-
losophie à l'Université d'Alldorf, en 1755, ob-
linl, en 17G0, la chaire d'histoire, et mourut
danscelle ville, le 18 septembre 1798. Son dic-
tionnaire des savants de Nuremberg (Niirn-
bergisch-Gelehrten Lexikon, elc, Nuremberg,
1755-1758, quatre vol. in-8°), contient des
renseignements sur l'histoire de la musique
dans celle ville. Nopitzch a donné un supplé-
ment de cel ouvrage en quatre vojumes in-8°,
à Alldorf, en 1802-1808.
W1LLAEIVT (Adrien), appelé quelque-
fois par ses contemporains /^Mtgrj*ï«r£,?^rt7aerf.
JFigliart, TFigliard, JFillaerlh, JFigliar,
ou simplement Adrien, fut un des plus cé-
lèbres compositeurs belges du seizième siècle,
et fonda l'école musicale de Venise : il naquit
à Bruges, en Flandre. Le baron deReiffenberg
d\l(Leltre à M. Félis, etc., sur quelques par-
ticularilés de l'histoire musicale de la Belgi-
que) que le lieu de naissance de Willaert esl
Itousselaere, nom flamand de Roulers ; mais
Zarlino, élève de ce grand musicien, te-
nait de lui-même qu'il était né à Bruges.
D'ailleurs, plusieurs documents authentiques,
au nombre desquels sont les testaments du
maître, prouvent invinciblement qu'il avait
vu le jour dans cette ville. Suivantles rensei-
gnements fournis par le même Zarlino, l'épo-
que de la naissance de Willaert devrait élre
environ 1490 ; mais M. Caffi recule celle date
jusqu'en 1480 (1); ce qui parait, en effet, coïn-
cider avec certaines circonstances dont il sera
parlé plus loin (2). Son père se nommait Denis
Willaert. Après avoir achevé ses humanités
dans sa patrie, Willaert se rendità Paris, pour
y suivre les cours de droit et de jurisprudence
de l'université; cependant son penchant pour
la musique lui fit abandonner cette élude.
Quelques auteurs ont donné Okeghem et Jos-
quin Deprès, dont M. Caffi écrit les noms
Ocheughen et Jusquin du Pris ou du Pre,
pour maîtres à Willaert ; Gerbera été mieux
informé en le faisant, d'après Zarlino, élève
de Jean Mouton. Je ne sais où M. Caffi a
pris que Willaert appartient à l'école véni-
tienne, ayant été quelque temps élève de
Nicolas Ficentino (3)? C'est précisément le
contraire qui est vrai, car Vicentino, qui
était de Venise, fut l'élève de Willaert et non
son maître. Le même auteur se contredit lors-
qu'il démontre, plus loin, qu'il n'y eut de vé-
ritable école musicale à Venise qu'après que
Willaert l'eut fondée, et que dès lors, seule-
ment, on vit se produire la succession d'illus-
tres maîtres &. organistes delà chapelle ducale
de Saint-Marc, Zarlino, BallhazarDonati, Jean
Croce, Annibal de Padoue , Claude Merulo,
André et Jean Gabrieli, Vincent Bell' Aver,
Joseph Guami, Claude Monleverde, Alexandre
Grandi et beaucoup d'autres. Rien n'indiqueque
Willaert ait été à Venise dans sa jeunesse ; il
parait, au contraire, qu'après avoir passé plu-
sieurs années à Paris, il retourna à Bruges et y
vécut quelque temps. Celle première époque
de la vie de l'illustre musicien sera peut-élre
un jour éclaircie par des révélations des ar-
(1) Sloria delta musica sacra nella rjià capella ducale di San-Marco di Venezia, t. 1, p. 82.
(2) M. le chevalier de Burbure a découvert, dans un acte authentique de 1533, la généalogie d'une famille
Willaert, de Bruges, laquelle est établie de la manière suivante :
Adrien Willaert, demeurant à Bruges,
mort ai.ifil le mois de mai 1533.
Adrien Willaert,
piètre.
Jean Willaert
épousa Kl rote,
vivante
le 12 mai 1533.
Il
Hendrik Willaert
épousi
GcneviéveAgncle,
vivante en 1533.
Clans Willaert
épousa
fieiiev. Zozyne.
vivante en 1533.
Jozine Willaert,
femme de
Jean de Clercq
de Jonche.
Pierkin et
Joacliim
Willaert,
mineurs.
Adrien Willaert, prêtre, n'est pas le compositeur, qui fut marié; mais les prénoms identiques indiquent que ce
maitre fut parent de ceux dont on voit ici la généalogie.
(3) Loc. cil., p. 83.
WILLAERT
471
chives de la cathédrale île Bruges, lorsqu'elles
amont été explorées avec soin. Zarlino nous
apprend, (tans ses Institutions harmoniques
(lib. IV, c. 55), que Willaert arriva à Rome
en I51G, sons le pontificat de Léon X, et qu'il
entendit le 15 août, jour de la fête de la Vierge,
exécuter, sons le nom de Josquin Deprès, le
motet de sa composilion, f'erbum bonum et
suave. Le maître se plaignailde la malveillance
des chanteurs de la chapelle pontificale, qui,
après avoir été informés du nom de l'auteur
de ce motet, ne voulurent plus te chanter. Tou-
tefois, la réclamation de Willaert ne fut pas
contestée, car PetruccideFossomhrone publia
le motet sous son nom, trois ans après, dans le
quatrième livredes motets dits de la Couronne.
On ignore les circonslancesqui empêchèrent
le savant élève de Mouton de trouver de l'em-
ploi à Rome; mais il est certain qu'il quitta
bientôt cette ville et qu'il vécut quelque temps
àFerrare, ainsi qu'on le voit dans la dédicace
du livre de François Patrizzi, Délia Poetica
(voyez Patrizzi). On ignore en quelle année il
s'éloigna de celte ville; mais il estcerlain qu'il
entra au service de Louis II, roi de Hongrie et
de Bohême, en qualité de chantre ou de maître
de chapelle. Le fait est attesté par Meyer, dans
ses Décades des choses des Flandres (1), et par
Prinlz dans son Histoire delà musique (ffislor.
Beschreibung der Edelen Sing-und Kling-
Kunst,c. xi, p. 1 18). Il est remarquable d'ail-
leurs que Louis II succéda à son père Ladislas,
comme roi de Hongrie et de Bohême, précisé-
ment dans l'année 1510, où Willaert visita
Rome sans s'y fixer, et que ce prince fut tué à
la bataille de Mohacz, le 29 août 1520. Or,
c'est alors seulement que Willaert se rendit à
Venise, où la place de maître de la chapelle
ducale de Saint-Marc lui fut accordée le 12 dé-
cembre 1527. On peut donc considérer comme
un fait historique parfaitement établi que ce mu-
sicien célèbre a passé dix années (1516-1520),
d'abord àFerrare, puis à la cour de Louis II, et
que les malheurs qui accablèrent la Hongrie et
la Bohême, après la mort de ce monarque,
ayant fait réformer la chapelle royale, le con-
duisirent à Venise, où il passa le reste de ses
jours.
(t) Flandricarum rerum Decas, de origine, bnliqui-
tate, nobitilate, ac geneatorjia Comitum Flandriœ,
p. XL11I. Bruges, 1531, in-4°. Meyer s'est trompe lors-
qu'il a cru que Willaert était encore au service du roi
Louis de Hongrie en 1531, car ce prince n'existait plus,
et le catalogue original des maîtres de chapelle de
Saint-Marc, qui est aux archives de cette église, four-
nit la date précise de la nomination de Willaert comme
maître de celte chcipclle.
Les traitements des artistes attachés alors
à la chapelle ducale de Saint-Marc étaient ex-
cessivement minimes ; celui d'Adrien Wil-
laert ne fut d'abord que de 70 ducats 'de Venise
(environ 280 francs), comme l'avait été celui
de son prédécesseur De Fossis. Plus tard, le
salaire du maître fut porté progressivement
jusqu'à 200 ducats (800 francs), mais il ne
dépassa pas cette somme. Willaert suppléait à
l'insuffisance de ce traitement par le produit
des leçons qu'il donnait. Quant à ses compo-
sitions, il n'en lirait aucun revenu, car les
œuvres des artistes musiciens n'étaient point
alors considérées comme leur propriété. Cha-
cun pouvait s'en emparer et les publier sans
obstacle.
Après que Willaert eut pris possession de la
place de maître de chapelle de Saint-Marc, il
y introduisit, en peu de temps, de notables
améliorations dans le personnel des chan-
teurs et renouvela la musique qu'on y exé-
cutait. « La chapelle musicale de Venise,
» dit M. Caffi, acquit bientôt par là une
» si grande renommée, qu'elle fut enviée par
» les chapelles principales de l'Italie (2).. >■■
L'école de chant fondée par Willaert à Ve-
nise fut célèbre : les personnes les plus distin-
guées de celte ville se faisaient honneur d'y
avoir reçu leur éducation vocale. Parmi les
ouvrages de ce maître, on remarque plusieurs
formes nouvelles dont il fut inventeur. C'est
ainsi qu'il mit en musique l'histoire entièrede
Susanne, divisée en trois parties, toutes trois
écrites à cinq voix. Celte composition est con-
sidérée comme le premier type des oratorios.
Zarlino nous apprend que son maître fut aussi
le premier qui écrivit des psaumes spezzati,
c'est-à-dire, divisés en plusieurs chœurs à
quatre ou cinq voix , qui tantôt chantaient
séparément, et tantôt se réunissaient en un
grand chœur à douze ou quinze voix. Il cite
parmi les ouvrages de ce genre composés par
Willaert les psaumes : 1" Confilebor tibi.
2" Laudate pueri. 5" Lauda Jérusalem.
4° De profanais. 5- Mémento, Domine, Da-
vid. 6° Dixit Dominus. 7° Laudate Do-
minum, omnes génies. 8° Lauda, anima
mea. 9° Laudate Dominum.
Willaert acquit une grande réputation par
les élèves distingués qu'il forma. Au nombre de
ceux ci, on remarque en première ligne Cy-
prien deRore,son compatriote; le P. C. Porta,
François Viola, ou Délia Viola, et Zarlino,
(2) La cappella musicale di Venezia pcrciii cllevassi
tosto a la! lama da essere in\idiala di lutte le allie
principali cappelle italianc (Loc, cit., p. 80).
Ali
W1LLÀERT
le plus savant et le plus célèbre théoricien de
l'Italie. Ce dernier a introduit Willaert parmi
les interlocuteurs «le ses Ragionamenti musi-
ealt\ et rapporte que le duc de Ferrare, Al-
phonse d'Esté, étant venu à Venise en 1569,
accompagné de son maître de chapelle Fran-
çois Viola, ancien condisciple «le Zarlino,
ceux-ci se promenaient sur la place Saint-
Marc, lorsqu'ils furent rejoints parle célèbre
organiste Claude Merulo, qui sortait de vêpres,
et que tous trois se rendirent chez le vieux
maître. C'est dans l'entretien qu'i s y eurent
que Willaert raconta les événements de sa vie
rapportés par Zarlino. Le vieil artiste ne sur-
vivent pas longtemps à celle circonstance mé-
morable, car il mourut le 7 décembre 1562, et
eut pour successeur, le 18 octobre suivant, son
élève Cyprien de Rorc. Willaert conserva pen-
dant toute sa vie un vif amour de sa pairie et
fil deux fois le long et pénible voyage de Ve-
nise à Bruges pour revoir les membres «le sa
famille et ses anciens amis. On voit, dans les
archives de la chapelle de Saint-Marc, qu'il
obtint son premier congé par décret du 31
mars 1542, et le second, par un autre décret
du 8 mai 1550. Cette fois, son absence fut de
onze mois, et pendant ce temps il fut remplacé
à la chapelle par son élève Marc- Antoine De
Alvise. Dans ses dernières années, il avait
formé le projet de retourner à Bruges, et d'y
terminer sa glorieuse carrière. Un de ses amis
lui adressa à ce sujet un pnëme dans lequel il
le pressait de renoncer à cette folie (pazzia),
et lui rappelait tous les motifs qui devaient le
déterminer à laisser ses cendres à Venise,
Ibéàlrcdesa gloire. Dans les cinq dernières
années de sa vie, il souffrit presque constam-
ment de la goutte et ne put plus vaquer à ses
fonctions «le maître de chapelle de Saint-Marc.
Dans les dix années qui précédèrent sa mort, il
fil sept testaments par lesquels il divisait sa
succession de diverses manières. Par le der-
nier, il laissait une partie de ses biens à sa
femme, Susanne, lui conseillant de réaliser
son avoir en argent, et d'aller vivre tranquil-
lement à Bruges, comme lui-même avait dé-
siré le faire. Il laissait des legs à son neveu
Louis Jlaront, fils de sa sœur Jeannette, qui
avait vécu avec lui pendant plusieurs années ;
à son frère toorgres, qui alors se trouvait à Rome;
enfin, il laissait aux fils de plusieurs de ses
sœurs les biens qu'il possédait en Flandre. Son
(lier élève Zaïlino et plusieurs chanteurs de la
chapelle ducale, entre autres Marc-Antoine
Cawszon, Pierre Gaétan, et Jean le Fla-
mand, tous élèves de sa fameuse école de
chant, n'étaient pas oubliés dansce testament.
Willaert était de pelite taille et «le peu d'appa-
rence. Son portrait a été gravé sur bois entête
du recueil «le ses compositions intitulé Mu-
sica nova.
Adrien Willaert fut, comme la plupart des
maiires son temps, plus habile dans l'art
d'écrire qu'homme de génie et inventeur de
mélodies ; cependant on trouve quelque? ma-
drigaux dans sa Musica nova qui ne sont
dépourvus ni de douceur ni d'élégance. On ne
peut nier que Willaert ait été digne de la ré-
putation de savant mailre que lui a faite son
élève Zarlino; mais je ne puis le mettre sur
la même ligne que ses compatriotes et cou -
lemporains Nicolas Gombert et Clémenl non
papa, lesquels furent, pour leur temps, des
artistes de génie. Son style a de la sécheresse
dans la plus grande partie de ses ouvrages. Il
écrit avec pureté et a des recherches habiles
dans l'agencement des parties ; mais on y ap-
perçoit toujours l'effort du travail. Mes re-
cherches à Venise pour retrouver quelques
fragments de ces compositions ont été infruc-
tueuses ; ce que les archives de Saint-Marc
renfermaient d'intéressant en monuments de
ce genre, a disparu sans retour.
Les œu\res de Willaert parvenues à ma
connaissarice sont : 1° Famosissimi Adriani
Willaert, chori divi Marti illustrissime
reipubl. f'enetiorum Magistri, Musica qua-
tuor vocum (qux vulgo motecix nuncupalur)
liber primas ; noviter omni studio «c dili-
gentia in lucem édita. Vcnetiis, per Brandi-
nu m et Oclavianum Scotum, 1539, in -fol.
Une deuxième édition a été publiée chez Gar-
dane, à Venise, en 1545, tn-4°oIrf". 2° Ilprimo
Libro de motetti a sei di Messer Adriano
JVillaert con alcuni di diversi, in Vene-
zia, appresso Ant. Gardane, 1542, in-4°.
S" Adriani Willaert Musica quatuor vocum
{molecta vulgo appellant) nunc denuo summa
diligenlia recognita ac in lucem excussa,
lib. II. Veneliis apnd Ant. Gardane, 1545,
in-4". Il y a une édition antérieure de ce re-
cueil. On trouve à la Bibliothèque royale de
Munich une édition des deux premiers livres
de Motets à quatre voix de Willaert, sans d.ite
et sans nom de lieu. 4° Canzone villanesche
alla napolitana di Messer Adriano IV ig-
liaret (sic) a qualtro voci, con la canzone di
Ruzanle, et con la giunla di alcune canzoni
villanesche a la napolitana di Francesco
Silveslrino dello Cliequin, et di Francesco
Corteccia. Libro primo a A voci. In Venezia,
appresso Ant. Gardane, 1545, in-4". Il a paru
WILLAERT
473
une deuxième édition de ce recueil, à Venise,
chez Jérôme Scotlo, en 1548, in-4°. 4° (bis).
Libro primo de Madrigali a cinque voci di
Adriano Willaerth (sic). Fenetiis , apud
Geronimnm Scotum, 1548, in-4° obi. 5° Fan-
tasie o Ricercari d'ail* eccellentiss. Adr.
Fuigliart e Cipr. Rare, suo discepolo a 4
e 5 voci. Venezia, ap. Ant. Gardane, 1 549,
in-4°. Une antre édition du même ouvrage a
clé publiée par le même éditeur en 1559. On
trouve dans ce recueil quelques pièces de
Cyprien de Rore, d'Antoine Barges, et de
Jeronimo de Bologne. (5° Psalmi Fesperlini
omnium dierum festorum per annum qua-
tuor nsque octo vocum, auct. Adr. IFillaert
etJachello. Venetiis, apnd Ant. Gardane. 1550,
in-l'ol. Ladeuxièmeédilion a paru chezle même
en 1557, in-4". Une troisième édition a é(é
publiée dans la même ville, en 1563, in-4".
7° Madrigali di Verdelot a sei, insieme altri
Madrigali di Adr. IFillaert et di diversi
aulori navamenle con nova giunta ristam-
pali, in, Venezia appresso di Antonio Gar-
dane, 15G1, in-4". On voit par ce titre qu'il y
a eu une édition antérieure de ce recueil.
7° (l)is). Adriani IFillaert Motecta quatuor,
quinque, sex et septem vocum nunc primum
'inlucem édita. Lib. I et II. Lovanii, apud
Pelrum Phalesium, 15G1, in-4°obl. 8" DelV
unico Adr. Figliart hymni a quattro voci,
Venise, Gardane, 1550, in-4°. 9° /Vusica nova
di Adriano IFillaert ail' illustrissimo et
eccellentissimo signor ilsignor Donna Al-
fonso d'Esté, principe di Ferrara. In Ve-
nelia, appresso di Antonio Gardane, 1559,
in-4°. Ce recueil, dont François Viola a été
l'éditeur, contient trenle-trois motels elvingl-
cinq madrigaux à quatre, cinq, six et sept
voix. 10° Di Adriano IFillaert sacri et sanli
Salmi cite si canlano a vespro et compictà,
con li suoi hymni, responsori et Benedica-
mus,a un chorn et a quattro voci; con lagionta
di doi (sic) Magnificat. Fenetia, appresso li
figliuoli d'Antonio Gardano , 1571, in-4°
obi. 11° Musica a Ire voci di Adriano Fi-
gliar (sic), Cipriano Rore, Archadelt, Jlian
Gero et ulleri (sic) , c*'oc Costantio Festa,
Francisco Perlinaro. Fincenzo Ferro, Gia-
chet Bcrchem, Baldassaro Ferro, Fincenzo
Ruffo, Giovan Nusco, Olivier, Lupackino ;
Libro primo. Fenetia, appresso Girolamo
Scotlo, 15GG, in-4n. Le motet Ferbumbonum
et suave, à cinq voix, de "Willacrt, a été pu-
blié dans le quatrième livre de la collection de
molcts dits de la Corona, imprimé par Oc-
tave Pclrucci, à Fossombrone, en 1519, in-4°.
On le trouve aussi dans le huitième livre de la
collection de motets à quatre, cinq et six voix,
imprimée à Paris, par Pierre Altaignant,
1534, in-4° oblong, gothique. Le septième li-
vre de cette collection (Paris, 1533, in-4°) con-
tient aussi le motet à cinq voix de Willaert
Fcce veniet ; le huitième, les motets Beala
viscera et fixe ctara, du même auteur;
enfin, le onzième, le motet Fidens Dominas.
Quelques molels de Willaert ont été insérés
dans la collection publiée par Salblinger à
Augsbourg, en 1545, et son Pater noster, à
quatre voix, se trouve dans le recueil intitulé
Fiarde Molelli, lib. I, Venise, 1539, in 4".
On trouve aussi des compositions de Willaert
dans les recueils inlilulés : 1° Finck (llenrici)
Scliœne auserlcsene I.ieder, sammt andern
neuen Liedern von der fiirnehmsten diescr
Runstgeselzt, von 4 Stimmen. Nurnberg,
Hier. Formschneider, 1536, in -8° obi. 2° No-
vum et iiisigueopus musicum.sex. quinque et
quatuor vocum; Noribergae, arte Iliero-
ngmi Graphxi, 1537, in-4" obi. 5" Modula-
Hones aliquot quatuor vocum seleclissimx,
quasvulgo Modetas (sic) vocant aprxslan'is-
simis musicis compositx , jam primum ig-
pis excusx. Norimbergx apud Joli. Petreium
1558, petit in-4". 4° Psalmorum selectoruma
prxslantissimis musicis in harmonia qua-
tuor et quinque vocum redaclorum.]h'n\.,]5ô8,
in-4". 5U Canliones quinque vocum seleclis-
sinicva primariis Germanixinferioris, Gal-
lix et Italix musici magistris edilx. Argen-
torati , per Petrum Schœffer, 1539, in-4"
obi. G" Molettide la Simia. Collection impri-
mée à Ferrare en 1559, par Jean de Bulgal,
Henri de Campis et Antoine Hiicher. On y
trouve de beaux motels de Willaert eld'aulres
musiciens belges. 7° Selectissimx neenon fami-
liarissimx cantiones ultra centum etc., asex
usqueadduas voces, Augustx Findelicorum,
MelchiorKriesstein,1540.On y trouve des motets
et des chansons de Willaert. 8° Ferdelot tutti
li Madrigali del primo e secondo libro a 4
voci,conlagionta di altri madrigali del me-
desimo aulore . Aggiunlovi ancora altri Ma-
drigali compostida Messer Adriano etc. Fe-
netia, app. Ant. Gardane, 1541. 9° Motecta
tri umvocum a pluribus authoribus compas ila ,
quorum nomina sunt Jachetus, Morales his-
punus, Constantius Fesla, Adrianus IFil-
gliardus. Fenetiis, apud Ant. Gardanum,
1543, petit in-4° obi. 10° Le troisième livre de
motets à quatre voix, et les deuxième et troi-
sième livres à cinq voix, publiés à Lyon par
Jacques Moderne, depuis 1552 jusqu'en 1539,
474
WILLAKRT - WILLICH
renferment des eomjiositions de Willaerl.
11° On Ironvc des chansons françaises de cet
artiste, à quatre, cinq et six parties, dans les
quatrième, cinquième etsixième livres de chan-
sons de celle espèce publiés à Anvers, par
Tylman Susato, depuis 1154-3 jusqu'en 1550.
12" Il y a aussi des chansons «le Willaerl dans
le Recueil des fleurs produites de la divine
musique à trois parties par Clément non
papa, Thomas Crequillon et autres excellents
musiciens. Lovain, de l'imprimerie de Pierre
Phalèse, l'an 1509. Un volume manuscrit
(du seizième siècle, n° 5), de la bibliothèque
de Cambrai, contient la messe à quatre voix
Ouxramus cum pastoribus, de Willaerl, et
le beau manuscrit n° 124 de la même biblio-
thèque renferme deux autres messes (Gaude
barbara et Chrislus resurrjens), le motet
Da pacem Domine, et deux chansons fran-
çaises sur le thème Mon petit cuer n'est pas
à moi, tous à quatre voix, de la composition
de Willaerl. La collection d'ancienne musique
en partition, connue sous le nom iVEler, qui
se trouve à la bibliothèque du Conservatoire
de Paris, contient deux motels à quatre voix,
et vingt et une chansons françaises à cinq et à
six voix, du même auteur.
WILLARD (N. -Auguste), capitaine dans
l'armée anglaise de l'Inde, à vécu longtemps
dans celle contrée asiatique. Il est auteur d'un
livre intitulé A Trcatiseon tlie jllusic of Ilin-
dustan, comprising a détail of the ancient
theory and modem praclice (Traité sur la
musique de l'Indouslan, renfermant des re-
marques sur l'ancienne théorie et la pratique
moderne). Calcutta, 18-54, in-8° de 117 pages,
avec une planche double pour les signes du
rhylhme. Cet ouvrage est superficiel.
W1LLEINT (Jean-Baptiste-Josicpii), vir-
tuose sur le basson et compositeur, est né à
Douai, le 8 décembre 1809. A l'âge de onze ans
il entra comme élève à l'académie de musique
de celle ville, y apprit le solfège et se livra à
l'étude du basson, sousladireciionde Lecomle,
professeur et directeur de celle académie. Ses
progrès furent rapides, et les premiers prix des
concours lui furent décernés pendant les cinq
années qu'il passa dans celle école, ainsi
que la médaille d'honneur qui lui fut ac-
cordée en 1825, comme prix d'excellence. Ar-
rivé à Paris dans la même année, il entra au
Conservatoire le 12 octobre, y devint élève
de son compatriote Delcambre, et montra une
si grande supériorité dans le concours de 1820,
que le premier prix de basson lui fut décerné
dans la même année. D'abord admis au cours
d'harmonie etde composition de MM. Seuiïotet
Jelensperger, répétiteurs de Reicha, puis de-
venu élève de l'auteur de la Biographie uni-
verselle des nuisisiens, pour le contrepoint et
la fugue, il acquit ainsi des connaissances so-
lides dans l'art d'écrire. En 1830, Cherubini
l'admit dans la classe de composition de Ber-
(on, el le 1er mai 18-53, ses éludes furent ter-
minées. Appelé à Londres à l'âge de dix-huit
ans pour lenir l'emploi de premier basson au
théâtre du Roi, il entra ensuite à l'orchestre
de l'O i vira italien de Paris, en la même qua-
lité, et y resta pendant trois années, déve-
loppant chaque jour, par l'élude et par ses
relations avec le -clarinettiste et bassoniste
llerr, son talent qui était déjà au premier
rang à celle époque. Appelé à New- York en
1834, il y épousa la fille du célèbre professeur
dechant Bordogni. attachée au théâtre de celte
ville en qualité de cantatrice. Pendant sept
ans, ions deux ont parcouru l'Angleterre, la
Fiance, l'Amérique septentrionale, la plus
grande partie de l'Italie, la Hollande et la
Belgique. Partout ces deux artistes se sonl fait
entendre avec succès. Le plus beau son, une
justesse parfaite d'intonation, un style élégant,
une manière de chauler large et pure, en lin
une grande précision dans l'exécution des
traits lapides, telles sont les qualités qui con-
stituaient le talent parfait de Willent. Après la
mort de Borini, professeur de basson au Con-
servatoire de Bruxelles, et premier basson du
théâtre decelle ville, Willent fut appelé pour le
remplacer dans ces deux emplois. En 1848, il
donna sa démission de professeur au Conser-
vatoire de Bruxelles et entra comme profes-
seur de basson au Conservatoire de Paris, où
il succédait à Barizel, par arrêté du 5 décembre
de la même année. Il mourut dans celte posi-
tion le 1 1 mai 1852, à l'âge de quarante ans
et quelques mois. Comme compositeur, Wil-
lent s'est fait remarquer par des mélodies gra-
cieuses, du goût, une harmonie pure et Pin-
slinct des effets de l'instrumentation.. On a
gravé de sa composition, à Paris : 1° Quatre
fantaisies pour basson et orchestre ou piano.
2° Symphonie concertante pour clarinette et
basson. 3° Duo pour hautbois et basson.
4° Méthode complète pour basson, Paris, Trou-
penas. Il a l'ail représenter au théâtre royal
de Bruxelles, le 13 avril 1844, le Moine, opéra-
comique en un acte.
YVILLiCIi (Judocus). Lipenius cite, sous
ce nom (in Bibliolh. Philos., p. 978) un traité
élémentaire de musique intitule : Introduc-
tio in artem musicam, Wescl, 1013, in-8°.
WILLING - WILSING
•475
WILLING (Jean-Louis), organiste à
Nordhausen, né à Kuhndorf, le 2 mai 1755,
apprit les éléments de la musique dans l'école
de Meiningen, puis devint élève de l'excellent
organiste Reml>l, et ac«|uit, sous sa direction, un
talent très-estimable. Il mourut à Nordhausen
dans les derniers jours de septembre 1805.
On a gravé de sa composition : 1" Airs et chan-
sons pour le clavecin, 1786. 2° Trois sonates
pour clavecin et violon, 1787. 5" Trois idem,
1788. 4° Trois sonates faciles pour clavecin,
Dresde, 1789. 5" Trois idem, 1790. G" Pre-
mier et deuxième recueils de pièces pour le
clavecin et le chant, Rilleln, 1791-1794.
7° Concerto pour violoncelle et orchestre,
op. 8, Brunswick, 1797. 8° Concerto pour vio-
lon et orchestre, op. 11, ibid. 9° Sonates pour
violoncelle et basse, op. 9. 10" Six duos faciles
pour 2 violons, op. 15, Dessau, Tuch, 1801.
1 1° Variations pour le piano sur l'air alle-
mand : Mein lieber Augustin, op. 20.
WILLIMAN (Samuel-David), organiste de
la cathédrale de Berlin, fut nommé d'abord
organiste de l'église neuve de cette ville, en
1780, et obtint, dix ans après, l'orgue de la
cathédrale. Il est mort à Berlin le 23 février
1813. Il a publié de sa composition : 1" Trois
quatuors pour piano, flûte, violon et basse,
Berlin, 1789. 2° Trois solos pour flûte avec ac-
compagnement de basse, ibid., 1790. 5° Six
duos pour 2 flûtes, ibid , 1797. 4" 6 duos pour
deux violons; Oranienbourg, Werkmeisler,
1804. Willmann a laissé en manuscrit un
oratorio à plusieurs voix et orchestre, qui fut
exécuté à Berlin le 20 octobre 1803.
WILLMERS (IIeniu-Rodolphe), pianiste
et compositeur, est né le 31 octobre 1821, à
Bei lin, suivant la notice de M. De Ledehur (1),
on à Copenhague, d'après le Lexique universel
de musique de M.Edouard Bcrnsdorf (2). Dirigé
dans ses études de piano par Hummcl, il lit
sous sa direction de rapides progrès à Wei-
mar. En 1836, il alla étudier la composition
chez Frédéric Schneider, maitre de chapelle
à Dessau, et passa deux années près de ce mai -
Ire; puis il visita le nord de l'Allemagne, la
Suède, la Nor\vége,et enfin retourna en Dane-
mark. Dans un nouveau voyage qu'il a fait en
Allemagne pendant l'année 1840, il s'est fait
applaudir comme virtuose. Artiste laborieux,
il a beaucoup écrit pour son instrument. Parmi
ses compositions, qui sont au nombre d'envi-
ron 120 œuvres, on remarque une grande so-
nate pour piano et violon, op. 11, Hambourg,
(1) Tunkunstler I.exieon Berlin s, ]i. G48.
(2) Univers. Lexicunder Tonkttnsl, t. III, p. S80.
Schubeith; G éludes pour piano seul, op. 1,
Leipsick, Hofineister; plusieurs grandes fan-
taisies sur des thèmes d'opéras; des variations
idem; des caprices; des polkas et des tarentel-
les; des pièces de genre, etc.
WÏLMS (J.-W.), directeur de musique à
Amsterdam, né en 1771, se filremarquerdans
sa jeunesse comme virtuose sur le piano et sur
la flûte, et publia beaucoup de compositions
instrumentales et vocales, parmi lesquelles on
remarque : 1° Grande sonate pour piano, Am-
sterdam, 1795. 2° Concertos pour piano et or-
chestre, op. 3, Berlin, 1799; op. 11, Leipsick,
Kuhnel. 3" Concerto pour flûte et orchestre,
op. 24, ibid. 4° Symphonie à grand orchestre,
op. 9, ibid. 5° Quatuors pour deux violons,
alto et basse, op. 25, ibid. G" Sonates pour
piano, violon et violoncelle, op. 4 et G, ibid.
7° Sonate pour piano et violon, op. 11.
WILPHLINGSEDER (Ambiioise), con-
dor à l'église Saint-Sebald de Nuremberg, né
à Braunau, en Bavière, dans la première moi-
tié du seizième siècle, est vraisemblablement
le même que Wallher appelle IFilfjlings, dans
son Lexique de musique. Il mourut à Nurem-
berg, le 31 décembre 1563. On a de lui un
traité des éléments de la musique, intitulé :
Erolemala Dlusices praclic.v continentia
prxcipuas ejus arlis prxcepliones, Norim-
bergse, 1563, in-8". Une deuxième édition de
ce bon ouvrage a été publiée à Nuremberg, en
1583, in-12. Dans la même année, parut une
traduction allemande de ce livre, sous ce
titre : Teutsche Musica, der Jugend zn gut
gestellt (Musique allemande, à l'usage de la
jeunesse), Nuremberg, in 8° de sept feuilles.
D'autres éditions de cette traduction ont été
publiées en 1572, en 1574, en 1585 et en 1589,
in-8", toutes à Nuremberg.
WILSING (Daniee-Frédéhic-Édouard),
professeur de musique et compositeur, à Ber-
lin, né le 21 octobre 1809, à Hœrde, prés de
Dortmund (Weslphalie), reçut de son père,
prédicateur en ce lieu, sa première éducation
littéraire. Plus tard, il fréquenta le gymnase de
Dortmund, puis il entra au séminaire de Soest,
où il continua l'élude de la musique, pour la-
quelle il avait montré d'heureuses dispositions
dès son enfance. Sorti du séminaire en 1829,
il obtint la place d'organiste à l'église évangé-
lique de Wesel. En 1834, il abandonna celle
position et alla se fixer a Berlin. On a de cet
artiste un De profundis kse'ize voix en quatre
chœurs avec orchestre, dédié au roi de Prusse
Frédéric-Guillame IV, publié en grande par-
tition chez Schlesinger, à Berlin, en 1851; ou-
470
WILSING - WINKEL
vrage remarquable, qui l'ait le plus grand hon-
iieiir à son auteur. Le roi lui a accordé la
grande médaille d'or en récompensede ce beau
travail. M. Wilsinga publié aussi trois grandes
sonates pour le piano, op. 1, Berlin, Bock ;
Caprice pour le même instrument, op. 7, ibid.;
Fantaisie à quatre mains, en fa dièse mineur,
op. 10, ibid., et plusieurs cahiers de Lie-
der.
WILSOIX (Jean), né à Feversham, dans le
comté de Kenl, en 1597, fut un des meilleurs
joueurs «le luth de son temps. Attaché d'abord
à la chapelle du roi d'Angleterre, il fut admis
ensuite dans sa musique particulière En 1044,
il obtint le grade de docteur en musique à l'U-
niversité d'Oxford, et la chairede professeur de
musique lui fut confiée au collège de Baliol, en
1050. Après la restauration, Charles II lui
rendit ses emplois dans la chapelle et dans sa
musique de chambre. Wilson mourut à Londres
en 1073, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. On
a publié de sa composition: \"PsalleriumCa-
rolinum, inverses,elc.,set to Musik for titrée
voices and an organ or theorbo (Psautier de
Charles Ier, ou dévolions de Sa Majesté sacrée
dans sa prison et dans ses souffrances, mises
en vers et en musique à trois voix et orgue ou
théorbe), Londres, 1057. 2° Airs et ballades à
voix seule ou à trois voix, Oxford, 1GG0.
5° Airs à voix seule avec accompagnement de
théorbe ou basse de viole, imprimés dans une
collection intitulée: Select airs and dialogues,
Londres, 1055. 4° Divine services and an-
thems (Services divins et antiennes), Oxford,
1003. Toutes ces productions sont assez mal
écrites et île peu de valeur.
WILSON (Marmaduke-Ciiaiiles), né à
Londres en 1796, a eu pour premier maître de
musique Guillaume Beale. A l'âge de neuf ans,
il se fit entendre au concert de Hannover-
Square, elobtint des applaudissements unani-
mes. Samuel Wesley, présent à cette séance,
fut si satisfait de l'exécution du jeune virtuose,
qu'il offrit d'achever son éducation musicale,
proposition qui fui acceptée avec reconnais-
sance. Pendant que Wilson fut placé sous la
direction de ce maitre, il joua plusieurs fois en
public, et toujours avec succès. Depuis 1815 il
s'est livré à la composition et à l'enseignement.
Parmi ses productions, qui ont été publiées
chez Clemenli, on remarque : 1° Rondeau
pour piano seul. 2° Duo pour harpe et piano,
op. 2. 5° Sonate pour piano seul, op. 6.
4° Beaucoup de ballades et «le chansons an-
glaises.
IVINCIiLER (Théophile-Frédéric), an-
cien employé au cabinet des antiquités de la
Bibliothèque royale deParis, néà Strasbourg,
en 1771, mourut subitement, le 26 février
1807. Il fui un des rédacteurs du Magasin
encyclopédique, et y fit insérer une Notice
biographique stir Jean-Chrysostome-U'olf-
gang-Théophile Mozart, dont il a été tiré
îles exemplaires séparés, Paris, 1801, in-8°.
YVHMîEL(DlEDERICIlOllTHIERR\ NlCOI.AS),
mécaniciende génie, né en Hollande vers 1780,
et fixé à Amsterdam, se livra d'abord à la
construction de machines pour le tissage des
étoiles. Plus tard il appliqua ses talents à la
construction des orgues mécaniques cl d'au-
tres instruments. Un autre facteur d'instru-
ments, nommé Leib, avait entrepris de per-
fectionner ces orgues; maissa mort prématurée
ne lui avait pas permis de réaliser toutes ses
vues : Winkel atteignit le but qu'il s'était pro-
posé, et parvint à donner à ces instruments un
effet très satisfaisant pour les oreilles les plus
délicates. De là vient que lorsque Maelzel ar-
riva à Amsterdam en 1815 avec son Panhar-
monicon, celle ingénieuse machine, bien que
très-remarquable par l'imitation de certains
instruments et par son harmonie générale, ne
produisit pas autant d'effet qu'à Paris et dans
d'autres grandes villes. Winkel communiqua
alors à Maelzel Pin venlion qu'il venailde faire
du métronome, que celui-ci s'est attribué et
qui est connu sous son nom. Le n° 25 de la
Gazette musicale de Leipsick (année 1817)
ayanldonné une analyse du métronomecomme
d'une découverte de Maelzel, Winkel réclama
la priorité d'invention dans les journaux, et
accusa de plagiat le mécanicien de Vienne.
L'affaire avait trop d'éclat pour que Maelzel
pût garder le silence : il se rendit à Amster-
dam, et il fut convenu entre les adversaires
qu'ils s'en rapporteraient à la conclusion d'ar-
bitres. Les juges furent choisis parmi les
membres de la classe des sciences et de celle
des beaux-arts de l'Institut du royaume des
Pays-Bas. M. Devoss Willems, qui fut au nom-
bre des arbitres, m'a écrit à ce sujet en 1853
une longue lettre , dans laquelle il expose
toute l'affaire. Le résultat de l'interrogatoire
des parties, des témoins, et de la production
des pièces authentiques, fut qu'à Winkel ap-
partenait l'invention de tout le mécanisme,
particulièrement le trait de génie du déplace-
ment du centre de gravité sur un court balan-
cier, par lequel le longpendule libre est avan-
tageusement remplacé, ainsi que l'échappe-
ment qui donne le sentiment de chaque
vibration, quelque soit le mouvement. La part
WINKEL - WÏNKËLMEYER
417
de Maelzel consistait dans la délerminalion
des degrés de l'échelle des mouvements appli-
qués aux divers degrés de vitesse de la ma-
chine. Toutefois la décision des arbitres n'em-
pêcha pas Maelzel de recueillir tous les béné-
fices de l'invention, et de vendre des milliers
de métronomes dans toute l'Europe, ainsi qu'en
Amérique, tandis que le pauvre Winkel n'ob-
tint aucun dédommagement pour son travail.
Mais déjà il était préoccupé d'une invention
beaucoup plus extraordinaire, dont il espérait
d'heureux résultais, et qui n'en eut pas d'au-
tre que l'illustration de son nom. Il avait
trouvé autrefois un moyen de produire dans
les étoffes des dessins variés à l'infini dans les
détails, sans s'écarter d'une certaine régularité
dans l'ensemble. L'idée lui vint un jour d'ap-
pliquer ce procédé à un instrument de musi-
que, et dans l'année 1S21 il réalisa cette pen-
sée audacieuse dans l'orgue auquel il donna
le nom de Componium. Cet instrument mer-
veilleux a été entendu à Paris dans le pavillon
de la rue de l'Echiquier. L'orgue en lui-même
était excellent, et Winkel y avait réuni tous les
efTels ne ses anciens instruments à cylindres
du uenre du Panharmonicon de Maelzel
(V. Maelzel); mais ce qui en faisait un objet
digne d'admiration pour les connaisseurs, c'est
que le Componium était doué de la faculté
d'improviser des variations toujours nouvelles,
d'un effet souvent très-heureux et toujours
correct, sur un thème donné. Il suffisait de
noter sur des cylindres divisés par tranches,
le thème et quelques variations convenable-
ment disposées d'après un système analogue à
ceux que Kirnberger, Mozart, Fiedler, Cale-
gari et d'autres ont imaginés pour composerde
la musique par des jeux de dez, de cartes, de
domino, etc. On mettait en mouvement un
mécanisme d'une conception complètement
nouvelle qui faisait agir les cylindres et les
registres d'une manière si imprévue et avec
des combinaisons si multipliées, que Biot
et Catel, membres de l'Institut de France,
admis à examiner l'instrument sous le sceau
du secret, firent un rapport dans lequel il est
dit que des milliers d'années pourraient se
passer sans que la même variation se produi-
sit exactement. Un des morceaux sur lesquels
le Componium s'exerçait chaque jour était
la Marche d'Alexandre avec les variations de
Moschelès; mais de ces variations il ne restait
que quelques traits brillants qui se combinaient
avec une si prodigieuse variété non-seulement
dans la musique en elle-même, mais dans les
alliances imprévues de sonorité, qu'il sem-
blait toujours qu'on entendait des choses nou-
velles.
Quelque mervcilleuxque fut cet instrument,
dit M. Hamel (1), il n'excita l'admiration que
d'un petit nombre de mécaniciens, qui ne pu-
rent en découvrir le mystère. La rétribution
qu'on payait pour l'entendre fut loin d'égaler
la dépense qui avait été faite pour sa construc-
tion. Les personnes qui avaient aidé Winkel
de leurs deniers dans l'espoir d'en tirer profit,
voulurent être remboursées de leurs avances,
et firent saisir le Componium pour le mettre
en vente; maison ne trouva pas d'acheteur
qui voulût accepter les conditions des avides
créanciers. L'instrument fut démonté et jeté,
dans un pavillon près de la barrière du Trûne,
où il resta pendant plusieurs années exposée
la poussière et à l'humidité. Les cylindres
disjoints et pourris par le bout qui louchait le
sol, les tuyaux décollés, l'admirable méca-
nisme d'horlogerie entièrement oxydé, ne
présentaient plus qu'un amas de débris, lors-
qu'un amateur (M. Mathieu) acheta l'instru-
ment en cet étal de destruction pour la
somme de 2,000 francs, et fil des dépenses con-
sidérables pour le rétablir et même pour l'aug-
menter. On assure que le Componium est
maintenant rendu à sa beauté primitive. Mal-
heureusement, le chagrin qu'avait éprouvé
l'inventeur, tléçude loutesses espérances, abré-
gea ses jours. Winkel mourut a Amsterdam
le 28 septembre 1826, oublié comme s'il n'eût
été qu'un homme ordinaire.
WIINIiEL (Thérèse - Emilie -Hemuette
DE), virtuose sur la harpe, et professeur de
cet instrument, à Dresde, est née à Weissen-
fels le 20 décembre 1784. Elle a fait insérer
dans le 30e volume de la Gazette musicale de
Leipsick (p. 05-71) des observations sur la
harpe à double mouvement. Madame de Win-
kel est auteur de trois sonates pour harpe et
violon; Dresde, Arnold. Elle vivait encore à
Dresde en 1850, lorsque j'ai visité cette ville
pour la seconde fois.
WINRELMEYER (C), professeur de
musique à Manheim, est auteur d'un manuel
des principes de musique, d'après les métho-
des de Nalorp et de Nsegeli, intitulé : Ntuer
Kalecltismus ùber den Unterriclit im Ge-
sxnge, etc., Manheim, Lœlïler, 1821, in-8°
de 51 pages. On a aussi de cet artiste : Séré-
nadepour deux cors , deux trompettes et trom- ■
bone, Mayence, Scholt; Rondo pour piano et
violon, op. 4, Offenbach, André, et des danses
pour le piano.
(I) Manuel du Facttur d'orgues, t. III.
478
WINKHLER - WINTER
WOKHLER (Charles-Ange DE), vir-
tuose sur le piano, professeur de cet instrument
et compositeur, naquit en Hongrie, dans les
premières années du dix-neuvième siècle, et
vécut à Peslh, on il est mort le 15 décembre
1845. Le nombre de ses productions est consi-
dérable, et la plupart se distinguent par un
sentiment élevé de l'art. Les plus importantes
de ces productions sont celles-ci: 1° Sextuor
pour piano, deux violons, alto, violoncelle et
contrebasse, op. 44, Vienne, Haslinger.2'' Va-
riations brillantes pour piano et orchestre,
op. 19, Vienne, Leidesdorf; op. 23, Vienne,
Meclietli ; op. 30, Vienne, Leidesdorf; op. 43,
Vienne, Diabelli. 3° Grand rondeau polonais
pour piano et orchestre, op. 4L, Peslh, Grimm.
4° Quelques morceaux pour piano à quatre
mains. 5° Trios pour piano, violon et violoncelle,
op. 3, Vienne, Haslinger. G° Grand trio pour
piano, flûte et alto, op. 15. Vienne, Mechetli.
7° Rondeaux brillants pour piano avec accom-
pagnement de quatuor, op. 12, ibid. ; op. 17,
Peslh, Harlleben. 8? Variations idem, sur la
marche (VOtello, Vienne, Mechetli. 9° Grande
sonate pour piano et violoncelle, ibid. 10" So-
nate pour pianoà quatre mains, op. 22, Pesth,
Lichll. 11° Beaucoup de rondeaux et de varia-
tions pour piano seul.
WEXKLER (Jean-Henri), professeur de
philosophie et de physique à Leipsick, mourut
dans celte ville le 18 mai 1770. Il est auteur
d'une dissertation intitulée : Tcnlamen circa
sont celeritalpm per aerem almosphericum,
Leipsick, 1703, in-4". On a aussi de ce
savant une dissertation intitulée : De ra-
tions audiendi per dentés. Lipsia?, 1758,
in-4°.
WINNERERGER (Paui.-Antoine), com-
posilenr et violoncelliste du théâtre français
de Hambourg, naquit àMorgenlheim, en 1758,
et mourut le 8 février 1821 . Il a publié de sa
composition : 1° Trois quatuors pour deux vio-
lons, alto et basse, op. 1, Offenbach, André,
1800. 2° Concertos pour violoncelle et orches-
tre, numéros 1 et 2, Mayencc, Scholt. 3° Trois
sonates pour piano, flûte et violoncelle, op. 7,
Hambourg, Hœhmc. 4° Sonates faciles pour
piano à quatre mains, en quatre suiles, Ham-
bourg, Cranz. 5° Exercices el pièces faciles
pour le piano, ibid. G" Variations pour le
même instrument, ibid.
WINMGSTETEN (Élie), facteur d'or-
gues du seizième siècle, a construit à Halber-
sladt un instrument de vingt-sept registres,
dont on trouve la disposition dans le livre de
Prselorius intitulé : Syntagma musicum
(t. II, p. 18.1),
WINSLOW (Jacques-Chrétien), analo-
misle, né le 2 avril 10G9 à Odensée dans Pile
de Fionie, en Danemark, fit ses études dans sa
patrie, puis voyagea en Allemagne, en Hol-
lande, et vécut longtemps à Paris, où il fit ab-
juration de la religion protestante entre les
mains de Bossuel, le 8 octobre 1G99. Il y pu-
blia, en 1732, son grand traité d'analomic,
sous le litre d' Exposition anatomiqiie du
corps humain. Vers 1740 il se relira à Copen-
hague, et y mourut en 17G0, â l'âge de quatre-
vingt onze ans. Parmi ses nombreuses disser-
tations, on remarque celle qui a pour litre :
Dissertat.io quid musica in affectus valeat,
Haffniae, 1742, in-4°.
WITSTER (Jean- Adam), directeur du
chœur au couvent de Saint -Jean-liaplisle à
Volshaven, en Bavière, vécut au commence-
ment du dix-huitième siècle. Il a publié plu-
sieurs œuvres de musique d'église, dont un
seul est connu des biographes; il a pour litre :
Ulusikalisches Blumtn-Cranzlein , 1 2 gcislli-
che deulsche Arien von einer Sinrjslimme
nebst verschiedenen lnslrumenlen (Pelile
couronne de fleurs musicales, ou douze motels
allemands à voix seule et divers instruments,
op. 3), Augshourg, 1710.
WINTER (JoACiiiM-CimKTiF.N),néà Helm-
slaedt, le 3 mars 1718, fut cantor et directeur
île musique à Hanovre, après avoir rempli les
mêmes fonctions à Celle. Auteur de plusieurs
cantates spirituelles qui sont demeurées en
manuscrit, il s'est fait' connaître aussi comme
écrivain par les ouvrages suivants : 1° Disser-
talio epistolicade musices perilia theologo
neque dedecora neque inutili, Celle, 1749.
2" Dissertatio epistolica de eo quod sibi in-
vicem debent musica, poetica et rhetorica,
arlesjucundissimx, ttànnovèrse, 17G4, in-4''
de douze pages. 3° De curaprincipum et ma-
rjistratuum piorum instuendo et conservando
canlu ecclesiastico, codemque lam piano
quam artificioso, Hannoverœ, 1772, in-4° de
trois feuilles et demie. 4" Dissertation sur
sainte Cécile (Dans le Magasin de Hanovre, du
30 .juin 178G, numéro 52).
WOTER (Pierre DE), compositeur re-
coud, maître de chapelle du roi de Bavière,
naquit à Manheim, en 1754. Après avoir fait
quelques éludes au gymnase de celle ville, il
fut saisi d'un goût si vif pour la musique, qu'il
abandonna tout pour se livrer en liberté à la
culture de cet art. Dès l'âge de onze ans il était
WINTEU
•479
déjà assez habile violoniste pour que le prince
Palatin l'admit dans sa chapelle. Quelques
années après, il devint élève de V'ogjer, et ap-
prit sous sa direction l'harmonie et le contre-
point. Ses premières productions furent des
ballets, des concertos pour le violon, et d'au-
tres morceaux de musique instrumentale, où
l'on remarquait du talent; mais il fut moins
heureux dans ses premiers essais pour l'Opéra.
En 1770, il avait été nommé directeur de l'or-
chestre du théâtre de la cour. La cour électo-
rale du Palatinat ayant été transférée à Mu-
nich, en 1778, Winter y suivit le prince avec
toute la chapelle. Ce fut là qu'il écrivit ses
premiers opéras italiens Armidu, Cora e
Alonzo, Leonardo e Blandine, et qu'il fit
représenter, en 1780, son premier opéra alle-
mand Hélène et Paris, où se trouvait un air
accompagné de plusieurs instruments obligés,
qui eut un brillant succès. Moins heureux, son
Bellérophon n'eut que deux représentations.
Tous ces ouvrages étaient faihles de mélodie,
et l'on n'y remarquait pas le génie dramatique.
En 1783, Winter fit un voyage à Vienne pour
y faire exécuter quelques-uns de ses grands
ouvrages, tels que les cantates de Henri IF,
la Mort d'Hector et Inès de Castro; il y fut
présenté à Salieri,qui consentit à examiner les
partitions de ces ouvrages, et qui lui en fil
remarquer les défauts sous les rapports du
style vocal, «le l'expression dramatique, cl de
l'ahsence de simplicité dans l'instrumenta-?
lion. Les conseils de cet homme habile ne fu-
rent pas perdus pour Winter, car dès lors il
étudia l'art du chant, et adopta une manière
plus large et plus convenable pour l'effet de la
scène. De retour à Munich, il y écrivit un beau
psaume latin à plusieurs voix avec orchestre,
qui lui fil obtenir sa nomination de maître de
la chapelle électorale en 1788, après le dépari
de l'abbé Vogler. Il fut chargé, à la même
époque, de la composition de Circé, grand
opéra qui ne fut cependant pas représenté, par
des motifs qui ne sont pas connus.
Après avoir mis en musique, pour le théâtre
particulier du comte de Seefeld, l'intermède
de Gœllie Jery et Batcly, ainsi que Timoteo,
grande cantate italienne, Winter partit pour
l'Italie, en 1791. A Naples, il écrivit VAnli-
gone ; à Venise, I Fralelli rivali, el 77 Sacri-
fizio di Creta. De retour à Munich, il y com-
posa \aPsxjché,eUa Tempête, (\e Shakespeare.
Dès ce moment la réputation de Winler s'éleri-
dit dans toute l'Europe, et les administrations
de plusieurs grands théâtres voulurent avoir
de ses ouvrages. Appelé de nouveau à Vienne,
en 1794, il y composa le labyrinthe, qui eut
un succès de vogue, et Das nnlerbrochenc
Opferfest (Le Sacrifice interrompu), devenu
célèbre en Allemagne. De Vienne, Winler
alla à Prague composer Ogus, ou le Triomphe
du beau sexe. Après plusieurs années d'ah-
sence, il retourna à Munich, el y fit représen-
ter, en 1798, Marie de Montalban, considérée
à juste litre comme une de ses plus belles pro-
ductions. Arrivé à Paris au commencement de
1802, il obtint, non sans peine, de l'adminis-
tration de l'Opéra le poème de Tamerlan,
grand ouvrage en Irois actes, dont il composa
la musique, et qui fut représenté sans succès
dans la même année. En 1803, il se rendit à
Londres : son séjour dans celle ville se pro-
longea jusqu'en 1805, el pendant ce temps il
composa et fit représenter au théâtre du Roi
Calypso, Proserpina, Zaira, et les grands
ballets de V Éducation d'Achille, de Fologèse
etd' Orphée, dont la musique a été l'objet de
beaucoup d'éloges.
En s'éloignant de Londres, en 18015, Winter
retourna à Munich, et y ouvrit une école de
chant dans laquelle il forma quelques élèves
distingués, entre autres Mlle Sigl, connue plus
lard sous le nom de Mme Vespermann. Appelé
à Paris en 1806, pour y faire représenter
l'opéra dcCaslor, qu'on lui avait demandé pré-
cédemment, et qui n'était que la traduction
d'un opéra italien représenté à Londres, il ne
fut pas plus heureux dans cet ouvrage que
dans le Tamerlan, et l'on considéra sa musi-
que comme inférieure non-seulement à celle
de Rameau, mais même à celle que Candeille
avait écrite sur le même poëme. La chute de
cet ouvrage parut avoir découragé Winter, car
il n'écrivit plus que pour la chapelle du roi de
Bavière pendant plusieurs années. A l'occa-
sion de la l'été de la Victoire, il fit exécuter à
Munich, en 1814, une grande symphonie mili-
taire, intitulée le Combat. C'est dans la même
année qu'il célébra le cinquantième anniver-
saire de son entrée au service de la cour: le
roi de Bavière lui accorda à celle occasion la
décoration de l'ordre du Mérite.
Dix années s'étaienl écoulées depuis que
Winler avait cessé d'écrire pour le théâtre, lors-
qu'il entreprit, en 1816, un voyage en Italie
avec son élève Madame Sigl-Vespermann. Ar-
rivé à Milan, il y écrivit II Maometo, opéra
sérieux qui fut bien accueilli du public. En
1817, et dans l'année suivante, il donna dans
la même ville I due Faldomiri, qui fut moins
heureux. Cette pièce fut suivie tVEtelinda,
représentée aussi au théâtre de laScala; puis
480
W1NTER
Winler alla à Gênes pour y faire jouer Le
Bouffe et le Tailleur, qui fut aussi joué à Mu-
nich, après son retour, en 1820. Cet ouvrage
fut le dernier effort de son talent. Quelque
temps après, Winter, atteint d'une maladie de
langueur, dépérit insensiblement : elle le con-
duisit au tombeau le 17 octobre 1825.
Winler ne fut point un compositeur de gé-
nie; les formes de sa musique étaient dépour-
vues de nouveauté : elles ont même plus vieilli
que celles «les autres compositeurs de son
temps; mais il avait le sentiment de la scène,
et l'on remarque dans ses ouvrages un certain
caractère de grandeur et de simplicité qui ré-
vèlent un talent distingué. Il travaillait avec
beaucoup de rapidité et a produit un grand
nombre d'ouvrages, parmi lesquels on a dis-
tingué particulièrement , le Labyrinthe , le
Sacrifice interrompu et Marie de iïlontalban,
qui ont été longtemps au répertoire de tous les
théâtres de l'Allemagne. Voici la liste de ses
productions : I. Musique d'église. 1° Vingt-
deux messes solennelles à 4 voix et orchestre,
et une à 2 chœurs. 2° Deux messes pastorales,
idem, 5" Messe en contrepoint à quatre voix.
4" Deux Requiem à quatre voix et orchestre ou
orgue. 5° Vingt Gloria, idem. G0 Dix-sept
Credo, idem. 7» Dix-sept Sanctus et Agnus
Dei, idem. 8° Vingt-deux offertoires, idem.
9" Vingt quatre graduels. 10<> Neuf psaumes
pour vêpres. 1 1o Un Magnificat. 12° Quinze
hymnes pour toute l'année. 13» Deux Salve
Rpgina. 14° Un Ave Maria. 15° Un Aima
Redemptoris. 16° Deux f'eni SancteSpirilus.
17° Sept Tantum ergo. 18° Trois Te Deum,
19° Trois Stabat mater. 20° Une litanie.
21" Trois Responsoria pour la semaine sainte.
Toute celle musique est en manuscrit dans la
bibliothèque de la chapelle «In roi de Bavière;
on n'en a publié qu'on des Requiem, à Leip-
sick, chez Rreilkopf et Haeilel. Winter a écrit
aussi pour le service de l'église réformée :
22° Sepi cantates spirituelles, 23° Stabat ma-
ter allemand à quatre voix et orchestre, gravé
en partition, à Leipsick, chezBreilkopf et Haer-
tel. 24° Jésus mourant, oratorio. 25° Vingt-
quatre chorals à quatre voix. II. Opéras.
2G° Armida.27" Cora e Alonzo. 28° Leonardo
e Blandine. 29° Hélène et Paris, opéra alle-
mand en trois actes, 1780. 50° Bellérophon,
idem, 1782. 51° Der Bettelstudent (Le pauvre
étudiant), opérette. 32° Dus Hirtenmxdchen
(La jeune bergère), idem. 53° Scherz, List
und Rache (Badinage, finesse et vengeance),
idem. M"Circc, grand opéra, à Munich, 1788.
ô$"Jeryet Balely, intermède, 1790. 56» Ca-
loue in Utica, à Venise, en 1791. 57° Anti-
gone, à Naples, pour la fête du roi, 1791.
38° Jl Sacrifizio di Creta, à Venise, en 1792.
39° / Fratelli rivali, \bid., 1792. La partition
pour piano de cet opéra a été gravée à Bonn,
chez Simrock. 40" Psyché, grand opéra, à Mu-
nich, 1793. 41° Der Stur m (La Tempête), ibid.
Cet ouvrage a été gravé en extrait pour le piano
à Augsbourg, chez Gombart. 42° Le deuxième
acle des Ruines de Babylone, suite de la Flûte
enchantée, à Vienne, 1797. Le premier acte
de cet ouvrage avait été composé parGalliis.
43° Le Labyrinthe, opéra en un acte, ibid.,
1794. Ce joli opéra a été gravé en partition
pour le piano, à Bonn, chez Simrock, cl à Of-
fenbach, chez André. 44° Bas unterbrochene
Opferfest (Le Sacrifice interrompu), ibid.,
1795, chef-d'œuvre de Winter, dont on a gravé
l'ouverture et les scènes principales à grand
orchestre, et dont la partition pour piano a
élé publiée à Leipsick, à Brunswick, à Offen-
bach,àBonn, à Heilbronnct à Berlin. 45° Ogus
ou le Triomphe du beau sexe, à Prague, en
1795, gravé en partition pour le piano, àLeip-
sick, chez Breitkopf et Hœrtel. 40° Die Som-
merbelustigunyen (Les Amusements de l'été),
ballet, à Berlin, 1795. 47° Die Thomasnacht
(La nuit de Saint-Thomas), opéra en deux ac-
tes, àBayreuih, 1795. 48° Ldue Fedovi, opéra
bouffe, à Vicnne,1796. 48° (bis) Ariana, grand
opéra. 49° Elisa, à Vienne, 1797. 50° Marie
de Montalbun, à Munich, 1798, gravé en
partition pour le piano. 51» Tamerlan grand
opéra, àParis, 1802, gravé en grande partition
chezNaderman. 52» Calypso, à Londres, 1803,
en partition pour le piano, à Leipsick, chez
Breitkopf et Haerlel. 53° Castor et Polux, en
italien, à Londres, 1803; en français, à Paris.
54° Proserpina, grand opéra, à Londres,
1804. m-Zaira, ibid,, 1805. 56" L'Éducation
d'Achille, grand ballet, ibid., 57° Fologese,
idem., ibid. 58" Orphée, grand ballet avec des
chœurs, ibid. 59° Frauenbunt (Le Lien des
femmes), à Munich, 1805. 59° (bis) Colman,
grand opéra, à Munich, 1809. 59" (1er) Die
Blinden (Les Aveugles), ibid., 1810, joli ou-
vrage. G0» Ll Maometto, grand opéra, repré-
senté à Milan, 1817. 61° / due Faldomiri,
ibid., 1817. 62° Ftelinda, 1818. 63" Le Bouffi-
et le Tailleur, à Gênes, 1819, à Munich, en
1820. III. Cantates et chants. 64° Pimma-
glione, cantate. 65° Piramo e Tisbe, idem.
66° Didon abandonnée (en allemand), idem.,
67» Hector (en allemand), idem. 68» Lnès de
Castro, idem. 69° Henri LF(en allemand),
idem. 79° Bayerische Luslbarkeit (Réjouis-
W1NTER - WINTERFELD
481
sance de la Bavière), idem. 71° Der franz.
Lustgarten (Le Jardin de plaisance français),
idem. 72° Les Noces de Figaro (en allemand)
idem, 75° Andromaqne, idem. 74° P rogné et
Philomèk, idem., 75° Timothée ou la puis-
sance de la musique, grande canlale d'après
le poème de Dryden, gravée en partition à
Leipsick, chez Breiikppf et llaertel. Toutes ces
cantates sont avec orchestre. 76° Ehjsium
(L'Elysée), de Schiller, à quatre voix avec
piano, ibid. 77° Ode à l'amitié, de Schiller, à
quatre voix et piano, ibid., 78° Le Triomphe
de l'Jmour, de Schiller, idem., ibid. 79° La
Musique, à quatre voix et piano, ibid. 80° Le
Cor, idem, ibid. 81° Chants à quatre voix pour
les troupes bavaroises, Munich, Faller. 82° Neuf
recueils de chants, chansons, petites cantates
et romances à voix seule avec piano, Munich,
Augshoiirg, Leipsick et Bonn. IV. Musique
instrumentale. 85" Le Combat, grande sym-
phonie avec chœur, Leipsick, Breitkopf et Ilser-
tel. 84° Trois symphonies à grand orchestre
op. 1 , Offenhach, André. 85" Trois idem, op. 2,
ibid. 86° Trois idem, op. 5, ibid. 87° Ou-
vertures à grand orchestre du Bouffe et le Tail-
leur, Mayence, Schott ; de Calypso, de Castor
et Pollux, de Colman, de Mahomet, de Pro-
serpine, dn Jugement de Salomon. de Zaïre,
et ouverture séparée, op. 24, à Leipsick, chez
Breilkopr et llaertel ; de I Fratelli rivali,
d'Hélène et Paris, du Labyrinthe, de Marie
de l\Ionlalban, du Sacrifice interrompu cl de
Tamerlan,k OfTenbach, chez André. 88°Sym-
phonie concertante pour violon, clarinette,
basson et cor avec orchestre, op. 1 1 , Leipsick,
Breitkopf et literie). 89° Concertante pour vio-
lon, alto, hautbois, clarinette, basson et vio-
loncelle avec orchestre, op. 20, ibid. 90° Sym-
phonie concertante pour deux violons (en mi
mineur), OfTenbach, André. 91° Ottetlo pour
violon, allô, violoncelle, clarinette, basson et
deux cors, Leipsick, Breitkopf et Haerlel.
92uSestetlo pour deux violons, deux cors, alto
cl basse, op. 9, ibid. 93° Sellelto pour deux
violons, deux cors, clarinette, alto et basse,
op. 10, ibid. 94" Sellelto pourdeux violons, allô,
basse, hautbois et deux cors, Paris, Nader-
man. 95" Deux quintettes pour deux violons,
deux altos et violoncelle, ibid. 96" Trois qua-
tuors pourdeux violons, alto et basse, op. 2,
ibid. 97" Trois idem, op. 3, ibid. 98" Concerto
pour clarinette (en mi bémol), Paris, Sieber.
99" Concerlino pour basson, Leipsick, Breit-
kopf et Hœrtel. 100° Plusieurs concertos pour
violon, hautbois et autres instruments, en ma-
nuscrit.
BIOGIt. USIV. DES MUSICIENS. T. VIII.
Winler s'est fait connaître aussi comme
écrivain didactique par une bonne méthode de
chant devenue classique: cet ouvrage a pour
titre: Follstxndige Singschule (Méthode com-
plèle de chant), divisée en trois parties,
Mayence, Schott.
WINTERBURGER (Jean), le plus an-
cien imprimeur de Vienne, naquit vers le mi-
lieu du quinzième siècle, à Winterburg, dont
il prit le nom. Il établit dans la capitale d'Au-
triche une imprimerie dont il grava lui-même
les caractères. Les premiers ouvrages sortis
de ses presses sont de 1490 environ. C'est lui
qui a imprimé la première édition du petit
traité de musique de Simon de Quercu, inti-
tulé : Opusculum musices, etc. (voy. de
Quercu). On lui doit aussi un très-bel antipho-
naire intitulé : Jntiphonarius ad rectum
consuelumque cantandi ritum; Vienne, 1519,
in-fol. C'est le dernier ouvrage imprimé par lui.
WINTERFELD ( Charles-Georges Au-
guste YI VIGENS DE), descendant du lieu-
tenant général de ce nom qui s'illustra sous
le règne de Frédéric II, roi de Prusse, est né
à Berlin le 28 janvier 1784. Ses premières
éludes se firent à l'école de Hartung; il les
continua au Grœn Kloster (Cloître vert) de
Bei lin, et alla suivre les cours de droit à l'uni-
versité de Halle, en 1803. En 1806 il reçut sa
nomination de juge instructeur du tribunal
civil de Berlin, et en 1811, il fut nommé as-
sesseur du conseil d'État. Les premières le-
çons de musique lui furent données, dans sa
jeunesse, par un professeur de musique nommé
Schaaf. En 1809, il entra dans l'Académie de
chant dirigée par Zelter : il en fut membre
jusqu'en 1816, époque où il fut envoyé à
Breslau en qualité de conseiller du tribunal
supérieur (cour d'appel) de la Silésie. Après
en avoir rempli les fonctions pendant vingt
ans, il fut nommé conseiller honoraire le
2 juin 1836 et retourna à Berlin, où il eut une
place de conseiller de la cour supérieure. Pen-
sionné en 1847, il mourut d'apoplexie le
2 février 1852. Amateur passionné de musi-
que, de Winlerfeld était allé recueillir des
documents pour l'histoire de cet art en Italie,
dans l'année 1812, et y avait fait un long sé-
jour. A Breslau, il s'occupa beaucoup de litté-
rature musicale et de musique ancienne. Sa
réputation de grand connaisseur dans cet art
le fil nommer, en 1818, directeur des Instituts
musicaux réunisde laSilésic. Dans l'année sui-
vante, il fonda, avec Raumer, Van der Hagcn
et Mosewins, une société pour l'exécution de
la musique d'église.
'' i
482
WINTERFELD — WITT
M. de WintciTeld à écrit sur l'histoire do
cet art en homme instruit et avec beaucoup
«l'érudition; malheureusement il a rendu la
lecture de ses ouvrages fatigante par les dé-
tails prolixes dans lesquels il s'égare souvent.
On a de lui : 1° Johunnes Pierluigi von Pa-
lestrinai Seine JFerhe und deren Bedeutung
fur die Geschichle der TouUuust (Jean Pier-
luigi de Palestrina. Ses œuvres et leur impor-
tance pour l'histoire de la musique), Ilreslau,
1832, in-8° de 08 pages. Cet ouvrage renferme
des remarques sur le livre de Bairii (voy. ce
nom) concernant le même compositeur, et
offre des laits et des aperçus qui ne sont pas
sans intérêt. 2" Johannes Gabrieli und sein
Zeitalter, etc. (Jean Gabrieli et son épo-
que, etc.); Berlin, 1854, 2 volumes de texte
in-4", et ttii volume de planches de musique
in-fol. Cet ouvrage, rempli'de recherches cu-
rieuses, a pour objet l'hisloire de la musique
dans l'école de Venise, depuis les temps an-
ciens jusqu'à l'époque de Jean Gabrieli et de
ses disciples. On y trouve particulièrement de
bons renseignements sur Adrien Willaert et
ses élèves; mais la théorie de M. de Winler-
feld concernant l'ancienne tonalité et l'intro-
duction de la modulation dans la musique est
remplie d'erreurs; les excursions qu'il fait in-
cessamment hors de son sujet rendent la lec-
ture du livre pénible, et nuisent à ce qu'il
renferme d'utile. 3" Der evangelische Rir-
chengesang und sein Verhœllniss sur Kunsl
des Tonsxtzes (Le Chant de l'Église évangéli -
que et sa relation avec l'art de la composition);
Leipsick , Breitkopf et llœrlel , 1845-1847,
3 volumes in-4°; ouvrage capital concernant la
culture du chant choral et de la musique reli-
gieuse en Allemagne pendant les seizième et
dix-septième siècles, avec un grand nombre
de morceaux des plus célèbres musiciens alle-
mands de ces anciens temps, en partition.
4" Dr. Martin Luther 's deutscfie geistïiche
Lieder (Chants spirituels dn docteur Martin
Luther) ; ibid., 1840, gr. in-4". 5° Ueber
Carl-Clirist-Fricd. Fasch's geistïiche Ge-
sungtverke (Sur les OEuvrcs de musique reli-
gieuse de Charles-Chrélien-Frédéric Fasch)
comme préface des œuvres de ce compositeur ;
Berlin, Trautwcin, 1839, in-4". f>° Zur Ge-
schichtederhciligen Tonkunst (Pour l'histoire
de la musique religieuse); Leipsick, Breil-
kopf et Hœrlel, 1850. M. de Winlerfeld, qui
avait réuni une collection précieuse d'ancienne
musique et de livres rares de littérature mu-
sicale, a laissé, en mourant, à la Bibliothèque
royale de Berlin 103 volumes de musique du
seizième siècle en partition. Le reste de sa bi-
bliothèque, dont le catalogue forme 785 nu-
méros, a élé vendu à l'encan le 15 juin 1857
et jours suivants.
WITIIEIISPOOÎV (Jean), théologien
écossais, né à Tester près d'Edimbourg, fit ses
études à l'université de cette ville, et fut mêlé
aux querelles religieuses de son pays, dans
lesquelles il se distingua par ses talents. Il
mourut à Prince-Town, dans l'Amérique du
Nord, le 15 novembre 1794. On a de lui un
livre Sur la nature et les effets du thédlre,
qui se trouve dans ses œuvres complètes pu-
bliées à Londres, en 1802, par les soins du
docteur Bodgers, en 4 vol. in-8°, et dont il a
été donné une traduction hollandaise à
Ulrecht, en 1772.
W1THOF (Jean Philippe-Laurent), né à
Duisbourg le lrr. juin 1725, étudia la médecine
en Hollande, puis retourna dans sa patrie, en
1750, et y enseigna l'anatomie et la patholo-
gie. Il mourut à Duisbourg, le 3 juillet 1789.
Quoique médecin, il cultiva la poésie avec
succès. On a de lui une savante dissertation
intitulée : DeCastratis commentationes qua-
tuor: Duisbourg, 1750, in 8°.
WITT (Chrétien-Frédéric), mailre de cha-
pelle du duc de Saxe-Gotha, naquit à Alten-
bourg, où son père était organiste. Après avoir
t'ait ses éludes musicales à Vienne et à Salz-
hourg, il obtint en 1713 la place de maître de
chapelle à Golha, vacante par la mort de HI y -
lins; mais il ne jouit pas longtemps des avan-
tages de cette position, car il mourut au com-
mencement de 171G. Il a publié un très-bon
livre choral avec basse continue, intitulé :
Psalmodia sacra; Golha, 1715, in-4°. Une
deuxième édition de ce recueil, où l'on trouve
une bonne préface, a paru sous ce titre :
Neues Cantional mit dem Generalbass ;
Golha, 1720, in-4°. "YVilt a laissé en manu-
scrit : 1° Chaconne (en sol), avec 15 variations
pour clavecin. 2° Chaconne (en ta mineur),
avec 100 variations, idem. 3° Passacaille (en
ré mineur), avec 21 variations. 4< Trois fu-
gues pour l'orgue. 5° Des chorals variés, idem.
WITT (Frédéric', compositeur distingué,
naquit en 1771 à Haltenbergstetten dans la
Franconie. Dès son enfance, il se livra avec
ardeur à l'étude de la musique, particulière-
ment du violon, sur lequel il fit de si rapides
progrès, qu'à l'âge de dix-neuf ans il obtint la
place de premier violon de l'excellente cha-
pelle du prince d'OEtlingen-WalIerstein. Bo-
setti, qui dirigeait alors celle chapelle, lui
enseigna le contrepoint. Ses premières com-
WITT ~ WÏTTENBERG
433
positions, et snrloul un oratorio qu'il écrivit
pour le roi de Prusse Frédéric-Guillaume II,
et qui fut exécuté à Berlin, le firent connaître
avantageusement. Plus tard, il quitta là cha-
pelle dn prince pour voyager. En 1802, un ora-
torio qu'il composa pour la cour de Wtirz-
bonrg lui fil obtenir la place de maître de cha-
pelle du prince-évéque de cette ville, et le roi
de Bavière le confirma dans cet emploi, dont
Witt remplit les fonctions pendant trente-cinq
ans. Il est mort à Wurzhourg au commence-
ment de 1837. On a gravé de la composition
de cet artiste: 1° Neuf symphonies à grand
orchestre; Offenbach, André. 2°Pièces d'har-
monie pour instruments à vent; Mayence,
Scholt. 3° Concerto pour flûte et orchestre,
op. 8. Leipsick, Breitkopf et Hœrtcl. 4° Grand
quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor
et basson, op. 6; ibid. 5° Sestetlo pour 2 vio-
lons, alto, basse, clarinette, cor et basson;
Mayence, Scholt. G0 Salut allemand aux alle-
mands, à 4 voix, avec accompagnement de
piano, ibid. Witt a laissé en manuscrit . 7° La
Résurrection de Jésus, oratorio composé pour
la cour de Prusse. 8° Le Sauveur souffrant,
oratorio composé à Wurzhourg en 1802.
9° Plusieurs messes, cantates et autres mor-
ceaux de musique d'église. 10° Palma, opéra
historique représenté à Francfort. 11" La
Femme du pêcheur, opéra-comique représenté
à Wttrzbourg, en 1806. 12° Les quatre ânes
de l'homme, grande cantate. 15° Une sym-
phonie pour 15 instruments. 14" Plusieurs
concertos pour violoncelle, basson, flûte, haut-
bois, clarinette et cor.
WITT (Théodore), néàWesel, le9novem-
bre 1825, montra d'heureuses dispositions
pour la musique dès ses premières années. Il
recul des leçons de pianodu directeur du Gym-
nase, M. Bischoff, et son père, organiste de
l'église principale, lui enseigna à jouer de
l'orgue. Liszt, se trouvant à Wesel en 1839,
s'intéressa au jeune Witt, donna un concert à
son bénéfice, et lui fournil ainsi les ressources
nécessaires pour se rendre à Berlin, où il ar-
riva en 1841 . Il y reçut des leçons d'harmonie
et de contrepoint du professeur Dehn, qui fut
aussi son guide dans ses premières composi-
tions. Une grave indisposition dont Witt fui
atteint, en 1846, lui fit conseiller par les méde-
cins un voyage en Italie : la bonté du roi Fré-
déric-Guillaume IV vint à son secours dans
cette circonstance et lui fournit l'argent né-
cessaire, en lui donnantla mission de faire des
recherches dans les bibliothèques de l'Italie
pour l'histoire de la musique. Son séjour se
prolongea dans les grandes villes de la Pénin-
sule pendant près de neuf ans. Après avoir pu-
blié, à Borne, les hymnes de Palestrina, en par-
tition, il y mourut le 1er décembre 1855, à l'âge
de 52 ans. On a publié, de la composition de
cet artiste : 1° Six psaumes à trois voix, en
partition, op. 1, première partie, Berlin, Schle-
singer. 2" Six psaumes à trois voix, deuxième
partie; ibid. 5° 4 g nus Delà quatre voix, a
Càpella,o\i.7\ ibid. 4° Cantate de Noël {Beth-
lehem Ephruta), pour Un chœur de voix mê-
lées et voix seules, exécutée à l'Académie de
chant de Berlin, le 23 février 1856. 5° Tantum
er//o, pour trois voix de femmes. 6° Sonate pour
piano (en mi bémol), op. 6, Manheim, Heckel.
7" Deux recueils de Lieder pour voix seule et
piano, op. 3 et 4, Berlin, Schlesinger.
WITTASEK (Jean -NÉPomciNE- Au-
guste), pianiste et compositeur, est né le 20 fé-
vrier 1771, à Horzin, près de Melnick, dans
les propriétés du prince de Lobkowilz, en Bo-
hême. Son père, maître d'écoledecetle localité,
lui donna les premières leçons de musique ;
puis la princesse de Lobkowitz, ayant remar-
qué ses heureuses dispositions pour cet art, le
confia aux soins de François Dussek, qui en fit
un pianiste habile. Jean Rozeluch, maître de
chapelle de la cathédraledePrague, lui ensei-
gna le contrepoint. Après la mort de ce maître,
Wittaseklui succéda. Longtemps après, la place
de maître de chapelle de la cour impériale de
Vienne, devenue vacante par ledécès de Salieri,
lui fut offerte; mais le mauvais état de sa santé
et son âge avancé ne lui permirent pas de
l'accepter. Il est mort à Prague le 7 décembre
1839. Les premières compositions decet artiste
consistèrent en airs de danse qui eurent un
succès populaire; plus tard, il a publié de pe-
tites pièces pour le piano, à Prague et à Leip-
sick, et des chansons avec accompagnement de
piano. Il a laissé en manuscrit : 1° Trois mes-
ses solennelles. 2° Deux Requiem, dont un
grand. 3° Plusieurs symphonies à grand or-
chestre. 4° Le mélodrame David, représenté au
grand théâtre de Prague. 5° Un concerto pour
piano et orchestre; deux concertos pour la
harpe; un idem pour violon; un idem pour
clarinette; un idem pour basson. 6° Six so-
nates pour piano et violon. 7" Six quatuors
pour deux violons, allô et basse. 8° Des canta-
tes, des airs et des chœurs.
WITTEINREItG(F.-J.), premier violon
de la musique du slalhouder de Hollande, dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle, a
l'ail graver de sa composition : 1° Six duos pour
deux violons, op. 1, l:i Haye, 1780. 2U Six trios ■
31.
484
WITTENBERG — WOELFFL
pour deux violons et basse, op. 2,toùZ.ô° Trois
concerlos pour violon principal el orchestre,
op. 3, ibid.
W1TTGENSTEIN (le prince Georges
DE), amateur de musique distingué, né en
1786, au château de Berleburg, en Weslpha-
lie, mourut à Clèves en 1819. On a gravé de
sa composition : 1° Grand quatuor pour deux
violons, alto et violoncelle, op. 1, Mayence,
Schott. 2° A peine au sortir de l'enfance, ro-
mancede Joseph, variée pour violoncelle, avec
deux violons, altoel basse. OfTenbach, André.
3° Thème varié pour clarinette et orchestre,
op. 2, Bonn. Simrock. 4" Thème varié pour
basson el orchestre, op. 3: ibid.
WITTHA.UER (Jran-Geokges), né à Neu-
stadt, le 19 août 1750, apprit la musique et le
clavecin à Erfurt, sous la direction d'Adlung,
puis il alla s'établir à Hambourg, en qualitéde
professeur de musique. En 1791, il quitta celte
ville pouraller à Berlin, puis il accepta la place
d'organiste de l'église de Saint-Jacques, àLn-
heck, où il mourut le 7 mars 1802. Ses œuvres
gravées sont celles dont voici les litres : 1° Six
sonates pour le clavecin, Hambourg, 1783.
2° Mélange de pièces pour le chant et le cla-
vecin, ibid.. 1780. 3° Six sonates pour le cla-
vecin, op. 2, ibid., 1788. 4° Six sonates poul-
ies amateurs, premier recueil, Berlin, 1792.
5° Six idem, deuxième recueil, ibid., 1793.
Willhauer a donné une cinquième édition de
la Méthode de piano de Lœhlein, à Zullichau,
en 1791, in-4°.
WITTSTOCK (Jea>)) né à Dorpat, dans
la Vol hy nie, était, en 1681, étudiant à l'Univer-
sité de Wiltenberg lorsqu'il y publia une Ihèse
intitulée : Dispulatio physica de sono ejus-
que orta, progressu et inlerilu, Witehergœ,
typis Johannis Willici, 1681, in-4° de vingt-
huit pages.
WITZTHUMB (Ignace), né le 20 juillet
1723, à Baden, pies de Vienne, fit ses premiè-
res éludes chez les oraloriens écossais, dans la
capitale de l'An triche, puis fut envoyé à Bruxel-
les, comme enfant de choeur à la chapelle de
l'archiduchesse Marie-Elisabeth, sœur de l'em-
pereur Charles VI, et gouvernante des Pays-
Bas. Il acheva ses humanités au Collège des
jésuites de celle ville. Pendant la guerre de
sept ans, il servit dans un régiment de hus-
sards commandé par le comle de Hadik. De
retour à Bruxelles, après la paix de 1748, avec
l'archiduc Charles de Lorraine, il entra dans
la chapelle de la cour, puis devint chef d'or-
chestre du théâtre et montra beaucoup de ta-
lent dans l'exercice de ces fondions. Après la
mort de Croés, maîlre de la chapelle dea prin-
ces, Witzlhumb obtint sa place, en 1786. La
révolution française le priva de ses emplois et
de la pension qui lui avait été accordée par la
cour d'Autriche. Sa position ne fut point heu-
reuse dans les dernières années de sa vie. Il
mourut à Bruxelles, le 23 mars 1816, à l'âge
de quatre-vingt-treize, ans, laissant en manu-
scrit des symphonies, des messes et des motets
qu'il avait composés pour le servicede la cour.
Un fils de Witzlhumb a été timbalier à l'or-
cheslre de Bruxelles.
WLICEK (Charles), professeur de violon
à Prague et premier violon du Théâtre-Natio-
nal, né dans celle ville en 1794, est auteur
d'une méthode de violon, dont le litre, en lan-
gue bohème, est U'yzkaumanda JFygaedrene
Tagnosli haust (Guide pour le violoniste et
et pour l'amateur) ; Prague, 1833, gr. in-40
oblong. Il ya une édition allemande decel ou-
vrage publiée dans la même année.
WOCZITKA (François-Xavier), violon-
celliste distingué*, naquit à Vienne vers 1730,
el entra au service du duc de Mecklenbourg-
Schvverin, en 1756, puis passa dans la chapelle
de l'électeur de Bavière. Il mourut à Munich,
en 1797. On connaît de lui, en manuscrit, des
concerlos et des sonates pour le violoncelle,
qui étaient fort estimés de son temps.
WODICZKA(WENCESLAs),mailrede cha-
pelle à Vienne, ou plutôt violoniste et maître
de concerts. Sous ce nom, Luslig (uoy.ee nom),
musicien distingué à Amsterdam, a donné la
traduction hollandaise d'une méthode pour la
viole, qui, suivant le traducteur, aurait été
écrite en allemand; mais la traduction seule
est connue aujourd'hui. Elle a pour titre :
Korte Instructie voor de vioole, in 't Itoog-
duitscli opgesteld en uit dut origineel in't
Fransch en Nederduitsch vertaald, Amster-
dam, Olofsen, 1757. Des solos de violon par
Wodiczka sont indiqués dans le catalogue de
Preslon, de Londres. On connaît aussi de lui
Nuit sonates pour le violon et la basse, dont
il y a quatre pour la flûte traversière, œu-
vre second; à Paris, citez madame Boy vin et
chez le sieur Le Clerc; in-4° obi. (sans date.)
WOELFFL (Joseph), pianiste célèbre et
compositeur, naquit à Salzbourg, en 1772.
Élève de Léopold Mozart et de Michel Haydn, il
acquit, sons la direction de ces mailles, une
connaissance étendue de l'art, et parvint, par
un travail assidu, à la possession d'un bril-
lant mécanisme sur le piano. En 1792, il se
rendit à Varsovie, où sa prodigieuse habileté
dans 1'exéculion lui procura de brillants suc-
WOEÏ.FFL
485
ces et lui ouvrit les plus grandes maisons;
mais les troubles qui éclatèrent dans celte
ville, en 1794, l'obligèrent à s'en éloigner.
Arrivé à Vienne, il y produisit une vive sen-
sation par son beau talent, donna des con-
certs, et fit représenter sur les théâtres de celle
ville, depuis 1795 jusqu'en 1798, les opéras:
suivants : 1° La Montagne d'Enfer, gravée
en partition pour le piano chez Arlaria, à
Vienne, puis à Brunswick. 2° La belle Lai-
tière. 5" La tête sans homme, opéra-comique,
représenté à Vienne en 1798, puis à Prague.
4° Le Cheval de Troie, opéra-comique. Une
des circonstances les plus glorieuses de la vie
deWœlffl est de s'être posé à Vienne, à celle
époque, comme le digne rival de Beethoven,
et de l'avoir même emporté sur lui dans l'im-
provisalion de la fantaisie libre. Depuis Mo-
zart, personne n'avail porté ce talent aussi loin
que Wœlffl.
En 1798, Wœlffl épousa mademoiselle Thé-
rèse Klemm, actrice du Théâtre-National; peu
de temps après, il partit avec elle de Vienne,
et entreprit un grand voyage, visitant Brunn,
Prague, Dresde, Hanovre, Leipsick, Bruns-
wick, Berlin et Hambourg, donnant partout
des concerls, et partout excitant l'admiration.
De Hambourg, il alla à Londres, où il frappa
île stupeur tous les pianistes par la puissance
de son exécution. Il arriva à Paris en 1801.
Ses succès y furent moins brillants qu'en Alle-
magne et en Angleterre; mais tout ce qui s'y
trouvait d'artistes et d'amateurs distingués
rendit hommage non-seulement à son talent
de pianiste, mais à l'élévation du style de ses
compositions. Il y publia plusieurs recueils de
sonates, des concertos, et d'autres pièces pour
le piano. En 1804, il fit représenterai! théâ-
tre Feydeau L'amour romanesque, opéra-
comique, qui n'eut qu'un succès douteux.
A la même époque, Wœlffl contracta avec le
chanteur allemand Elmenreich (voy. ce nom)
une liaison qui lui devint funeste. Cet homme,
dont la moralité était plus que suspecte, était
de ceux qui, nés avec la passion du jeu, en-
treprennent de corriger les écarts de la fortune.
Sous prétexte de voyager pour donner des con-
cerls, il s'était associé à Wœlffl qui, je pense,
était de bonne foi; mais il en était autrement
de son compagnon de voyage. Tous deux arri-
vèrent à Bruxelles et y donnèrent un concert
qui n'attira que peu de monde ; cependant
leur séjour se prolongeait dans cette ville. Ils
s'étaient fait présenter dans quelques-unes île
ces sociétés paisibles, si communes dans la
Belgique, où des hommes honorables se réu-
nissent pour égayer les soirées. Bientôt des
bruits fâcheux circulèrent; Wœlffl et son com-
pagnon y étaient compromis d'une manière si
grave, que, sans l'intervention généreuse de
M. de Jouy, alors secrétaire général du dé-
partement de la Dyle, ils n'auraient pu s'éloi-
gner en libellé. Tous deux se rendirent alors à
Londres, où ils arrivèrent au commencemeut
de 1805. Wœlffl y écrivit la musique de La
Surprise de Diane, grand ballet qui fut repré-
senté au théâtre de Haymarket, et y publia
beaucoup d'oeuvres pour le piano; mais un
mystérieux silence est gardé en Angleterre sta-
ses relations, et sur les motifs qui séparèrent
insensiblement de la société un artiste si re-
marquable par ses talenls, et si bien accueilli
à son premier voyage à Londres. Tel fut l'iso-
lement où il se vit réduit, que l'année même
de sa mort n'est pas exactement connue, et que
des biographes anglais la placent en 1811, tan-
dis que d'autres assurent qu'il ne cessa de vivre
qu'en 1814, dans un village près de Londres, et
dans une misère profonde. Ainsi finit un des
musiciens les plus éminenlsdu commencement
du dix-neuvième siècle.
Les œuvres gravées de ce pianiste célèbre
sont : 1° Concertos pour piano et orchestre,
numéro 1 (en sol), op. 20, Paris, Naderman ;
numéro 2, op. 26, Paris, Imbault; numéro 5,
op. 52 (en fa), Paris, Naderman; numéro 4,
grand concerto militaire (enut), Londres, dé-
menti; OfTenbach, André ; numéro 5, le Cou-
cou (en ré), op. 49, Londres, démenti; Leip-
sick, Breilkopf et Haerlel; numéro 6, leCalme
(en sol), ibid.; numéro 7 Concerto di caméra
(en mi bémol), Offenbach, André.2°.S't/mp/io-
nies, à grand orchestre, numéro 1 (en sol mi-
neur), op. 40, Leipsick, Breilkopf et Haerlel ;
numéro 2 (en ut), op. 41, ibid. 5° Qualuors
pour deux violons, allô et basse, op. 4, OfTen-
bach, André; trois idem, op. 10, Paris, Na-
derman ; trois idem, op. 50, Paris, Érard.
5° Deux trios pour deux clarinettes et basson,
Vienne, Sleiner. 4° Trios pour piano, violon
et violoncelle, op. 6, Augsbourg', Gombart ;
trois idem, op. 16, OfTenbach, André; trois
idem, o\>. 55, Leipsick, Breilkopf et Haerlel ;
trois idem, op. 25, Paris, Janet; trois idem,
op. 66, ibid. 5° Sonates pour piano et violon,
op. 7, Augsbourg, Gombart; trois idem, op. 9,
Leipsick, Breilkopf et Haerlel ; une idem, avec
flûte, op. 15, Vienne, Diabelli ; deux idem,
avec violon, op. 18, Paris, Sieber ; trois idem,
progressives, op. 24, Leipsick, Breilkopf et
Haerlel; trois idem, op. 27, Paris, Frcy ; une
\dem, pour piano cl violoncelle, op. Sl^Patis^
486
WOELFFL - WOLDEMAR
Érard; trois idem, pour piano et violon,
op. 54, Leipsick, Breilkopf et Hsertel ; trois
idem, op. 35, ibid. ; une grande idem, op. 07,
Offenbach, André; une grande idem, op. C8,
ibid. 0° Duo pour deux pianos, op. 57, Paris,
Érard. 7° Sonates pour piano seul, op. 1, 0,
J5, 19, 22, 36, 38, 41 (Non plus ultra), 45,
47, 50 (Le diable à quatre), 54, 55, 58, 02,
au nombre de trente-six, à Paris, Leipsick,
Offenbach et Londres. 8° Pièces détachées
pour piano, telles que fantaisies, fugues, ron-
deaux, préludes, etc., ibid. 9° Thèmes variés
pour piano, au nombre de quinze œuvres, ibid.
10" Des valses, idem, ibid.
WOELTJE (le docteur C.-L.-H.), procu-
reur général de la cour d'appel à Celle, dans
le Hanovre, eslauleur d'un livre rempli d'inté-
rêt, intitulé : Fersucheiner rationellen Con-
struction des modernen Tonsystems (Essai
d'une construction rationnelle du système tonal
moderne), Celle, Scbulze, 1832, in-8" de 210
pages. L'objet de cet ouvrage est à la fois le
plus important de la théorie de la musique et,
celui qui offre le plus de difficultés. M. Woellje
en a compris toute la portée et l'a trailé d'une
manièrephilosopbique ; maisson syslèmed'ex-
plicalion de la position des deux demi-tons
dans la gamme est plus ingénieux que solide.
Ayant bien vu que les trois notes essentielles
de celte gamme sont la dominante, la tonique
et le quatrième degré, il a, comme M. De Mo-
migny, dans sa Seule vraie théorie de la inu-
sique, construit la gamme de celle manière :
sol, la, si, vt, ré, mi, va, la divisant en deux
lélracordes conjoints 50/ — ut, et ut — fa; en
sorle que les deux demi-Ions s'y trouvent dans
l'intervalle d'une septième, et qu'ils occupent
la même place dans chaque tétracorde. Celte
disposition semble à M. WoiHje satisfaire à
toutes les conditions mélodiques et harmoni-
ques; mais il se trompe en cela, car la collec-
tion des successions de l'harmonie naturelle
ne peut être complète que dans les limites de
l'octave.
WOETS (Josrni-BF.itNAHD), né àlhinkcr-
que, le 17 février 1783, est fils d'un organiste
de celte ville, qui lui donna les premières le-
çons de musique et de piano. Ayant été admis
comme élève au Conservatoire de Paris, en
1800, il y reçut des leçons de piano* de Hoicl-
dieu , et Bcrton lui enseigna l'harmonie.
Pendant plusieurs années. M. Wocts vécut à
Garni et s'y livra à renseignement du piano.
De retour à Parjs en 1819, il s'y fit cnlcndre
dans plusieurs voncerls, et y donna des leçons.
Plus lard, il s'est retiré à Tours. On a gravé
de la composition de cet artiste : 1° Trois so-
nates pour piano seul, op. 2, Paris, Leduc.
2° Grande sonate, op. 8, Paris, 3 anel.Z" Idem,
op. 11, ibid. 4° Trois sonates, op. 12, Paris,
Érard. 5° Trois idem, op. 17, Paris, Sieber.
0° Grande sonate (en ut mineur), op. 30, Leip-
sick, Breilkopf et Hœrlel. 7° Toccale, op. G,
Paris, Janel. 8° Beaucoupde rondeaux, fantai-
sies, divertissements et airs variés, Paris, chez
ions les éditeurs. 9° Trois recueils de roman-
ces avec accompagnement de piano, Paris,
Leduc.
WOETZEL (le docteur J.-C), professeur
de littérature à Vienne, au commencement du
dix-neuvième siècle, est connu par divers ou-
vrages, au nombre desquels est celui quia pour
titre : Gntndriss einer pragmatischen Ge-
schichte der Déclamation und der Musih
nach Schœher's Ideen (Base d'une histoire
pragmatique de la déclamation et de la musi-
que, d'après les idées de Schœher), Vienne,
Félix Stœckolzer dellirschfeld, 1815, gr. in-8°
de VI et 170 pages.
YVOLCKEJ>STEE\ (David), né à Bres-
lau en 1534, fut nommé professeur de mathé-
matiques à Strasbourg, et mourut dans celte
ville en 1592. On a sous son nom : 1° Harmo-
nia Psalmorum Davidis quatuor vocum.
Jrgentorali, apud Nicolaus Wyriolh, 158",
in-4". 2° Primum volumen musicum schola-
rum Argentoratensmm. Argent, ly pis Ant.
Berlrami, 1579, in-8°. Cette édilionest la qua-
trième d'un traité élémentaire de la musique,
à l'usage des élèves de l'écolede Strasbourg; il
y en a eu une cinquième, en 1585, in-12.
3° Psaumes pour les églises et pour les écoles
à quatre voix, en allemand, Strasbourg, 1583.
4° Henrici Fabri compendium musicée, cum
compendiolum récognition, cui in usum
Academix argentoralensis, cum vulgaribus
tonorum psalmodiis, cantica ecclesiastica
quatuor vocibus, a M. D. TFolckenstein
composita adjecta sunt, Argcnlorali, 1596,
in-8".
WOLDEMAR (Michel), violoniste et
compositeur, naquit à Orléans, le 17 septem-
bre 1750, d'une famille aisée et recommanda-
blc de négociants. Son nom de famille était
Michel; mais ayant eu pour parrain le maré-
chal de Lowcndahl, celui-ci désira qu'il prit le
nom de JFoldemar, sous lequel il est généra-
lement connu. Ses parents lui firent donner
une brillante éducation, et la musique occupa
surtout sa jeunesse. Élève de Lolli pour le vio-
lon, il eut beaucoup d'analogieavecson maitre
par les bizarreries de l'esprit et par la vanilé.
WOLDEMAR - WOLF
487
Des revers de fortune l'ayant obligé à cher-
cher des moyens d'existence dans ses talents,
jl se mit à la suite d'une troupe de comédiens
ambulants, en qualité de maître de musique,
puis se fixa à ClermontFerrand, où il mourut
au mois de janvier 1810. Voici la liste des
ouvrages qu'il a publiés : 1° Concertos pour
violon et orchestre, numéros 1, 2, 3, Paris,
Frey. 2" Concerto pour violon-alto avec orches-
tre, Paris, Cochet. Woldemar avait imaginé
d'ajouter une cinquième corde (ut grave) au
violon; c'est pour l'instrument ainsi monté
qu'il a écrit ce concerto. Urhan (voy. ce nom)
a rajeuni cette invention. 5° Quatuor (en ré
mineur) pour deux violons, altoet basse, Paris,
Leduc. 4° Duos faciles pour deux violons, li-
vres I et II, Paris, Pleyel. 5° Six duos, idem,
op. 6, Paris, Henlz. G0 Trois idem, à la pre-
mière position, Paris, Leduc. 7° Trois idem,
pour violon et alto, Paris, Hentz. 7° Douze
grands solos, livres I à IV, Paris, Chanel.
8° Sonates fantomagiques , contenant: L'Om-
bre de Lolli ; l'Ombre de Mestrino; V Ombre
de Pugnani; l'Ombre de Tarlini, Paris,
Naderman. 9° Six rêves ou caprices, Paris,
Frey. 10° Caprices ou études, livres I et II,
Paris, Leduc. 11° Le Nouveau Labyrinthe
harmonique pour violon, suivi d'éludés pour
la double corde, op. 10, Paris, Cochet. 12° Le
Nouvel Art de l'archet, ibid. 15° Élude élé-
mentaire de l'archet moderne, Paris, Sieber.
14°Six thèmes fugues, Paris, Leduc. 15° Deux
thèmes de Haydn variés pour violon, ibid.
10" Romance de Gaviniès variée pour violon,
Paris, Henlz. 17° Menuet de Fischer varié,
Paris, Louis. 18° Les Folies d'Espagne, idem,
ibid. 19° Grande méthode de violon, Paris,
Cochet. 20° Méthode d'alto, Paris, Sieber.
21° Méthode de clarinette. Paris, Érard. Wol-
demar avait inventé vers 1798 une sorte de
sténographie musicale, et une notographie
ou correspondance en musique soumise à
l'examen du Lycée des arts, qui les ap-
prouva. Woldemar fit graver un grand
tableau de sa sténographie sous le titre de :
Tableau mélotachigraphique , et un autre
un peu plus petit pour la notographie. Tous
deux parurent à Paris, chez Cousineau.
J'en ai donné une analyse détaillée dans
ma Revue musicale, tome IV, pages 270 et
suiv.
Woldemar avait fait un poëme bizarre inti-
tulé: Les Commandements du violon, h. l'imi-
tation du décalogue du catéchisme. Le manu-
scrit de cet ouvrage s'est égaré; maison en a
retenu ce passage ;
Le son jamais ne baisseras,
» N'i hausserasaucunement.
» Mesure tu n'altéreras,
» Mais conduiras loyalement-
» Symphonies île sabrerai,
» Attaquant vigoureusement ;
« En quatuor ne forceras
» Que pour la chambre seulement.
» Doucement accompagneras,
» La femme principalement.
» Vadaqio tu chanteras
» Tendrement, Amoureusement.
» Le rondeau tu caresseras
» Vivement et légèrement. »
Les derniers vers de celte œuvre singulière
étaient ceux-ci :
« En public tu ne trembleras,
» Ni devant les rois mesmement. »
WOLDERMAINN (Chrétien) , cantor à
l'église et à l'école de Kœnigsberg, dans la
Nouvelle-Marche de Brandebourg, vécut dans
la première moitié du dix-huitième siècle. Il
est auteur d'un écrit-intitulé : Succincla mu-
sicx sacra? Veleris et Novi Testamenlihisto-
ria, oder Kurze historische Nachricht von
der vocal und Lnslrumental-Musik, etc.
Slellin, 1736.
WOLF (CimÉTiEN-MiciiEi,) , directeur de
musique et organiste de Sainle-Marie, à Stet-
tin, né en 1709, mourut le 3 janvier 1789. On
a gravé sous son nom : 1° Six duos pour deux flû-
tes, op. 1, à Berlin. 2° Six sonates pour le cla-
vecin, Stellin, 1776. 5° Chansons allemandes
avec accompagnementde clavecin ou de harpe,
ibid., 1779. 4° Cinquante exercices pour
l'orgue, comme préludes de chorals, ibid.
1783. Wolf a laissé en manuscrit un psaume à
quatre voix et orgue.
WOLF (Je,\!n-Baptiste-Ig:vace), né le
16 avril 1716, à Chotusick, en Bohème, où son
père était maître d'école, fréquenta à l'âge de
dix ans le gymnase deRultenberg, et y apprit
le chant et la basse continue. Ses humanités
terminées, il se rendit à Prague, y obtint la
place d'organiste de l'église des Jésuites et
fréquenta les cours de philosophie de l'univer-
sité. Son penchant pour la musique lui ayant
fait bientôt après abandonner toutes ses au-
tres études, il accepta une place d'organiste à
Horzicz, la garda quatre ans et demi, puis
alla remplir des fonctions semblables à Collin,
où il se maria. Cependant ces places étaient si
mal rétribuées, qu'il prit en 1744 la résolution
de se rendre à Prague où il obtint, dans la
même année, la place d'organiste du couvent
de Strahow. Son mérite le fit choisir quatre
ans après pour jouer l'orgue de la cathédrale.
Il conserva celle position jusqu'à sa mort, ar-
rivée le 5 septembre 1791. Il a écrit des pré-
•488
WOLF
Indes et fugues pour l'orgue, et des vêpres à
9 voix, que les moines Raphaël Zuber et Simon
Sixla, ses meilleurs élèves, ont fait imprimer
à Prague.
WOLF (Adolphe-Frédéric), commissaire
général à Wolfenbutlel, mort dans celle rési-
dence, en 1778, avait éludiéle violon et la com-
position sous la direction de François Benda.
Amateur de musique plein de zèle, il fonda
une société de musique à Berlin, et composa,
en 1767, une grande cantate pour la fêle du
prince de Schwarzbourg. On lui doit aussi la
traduction allemande du discours de Gressel
sur l'harmonie; elle a paru sous ce litre : Die
Harmonie, eine Rede, Berlin, 1752, in-4°.
Enfin Wolf a fait insérer dans le premier vo-
lume des Essais historiques et critiques de
Marpnrg (p. 585-415) une dissertation intitulée:
Entwiirf einer ausfiikrlichen Nachriehl
von Musih-ilbenden Gesellschaft zu Berlin
inJ. 1754 (Esquisse d'une notice détaillée des
exercices de musique de la société de Berlin
pendant l'année 1754).
WOLF (Ernest-Guillaume), né en 1755, a
Grossen-Behringen, près de Golha, fut un
compositeur distingué de la seconde moitié du
dix- huitième siècle. Après avoir fréquenté
pendant sa jeunesse les gymnases d'Eisenach
et de Golha, il se rendit, en 1755, à l'univer-
sité de Jéna; mais déjà la musique avait si bien
absorbé loule son attention, qu'il négligea ses
autres éludes. Ayant obtenu la direction de la
musique au collège de Munich, celle circon-
stance lui procura de fréquentes occasions d'en-
tendre ses propres compositions, et lui lit faire
«le rapides progrès dans l'art d'écrire. Il alla
ensuite demeurer à Leipsick pendant quelque
temps, puis se rendit à Weimar, et y obtint,
en 17G1, la place de maître de concerts ou de
premier violon dans la chapelle du duc. Plus
tard, la jeune duchesse choisit Wolf pour lui
donner des leçons «le clavecin, et la protection
de celle princesse lui fit donner la place de
maître «le chapelle. Il mourut à Weimar, le
7 décembre 17G2. Wolf s'est fait connaître
avantageusement comme écrivain sur la musi-
ijtie, et comme compositeur pour l'église, le
théâtre et la musique instrumentale. Dans la
liste de ses ouvrages principaux, on remarque:
1. Musique d'église. 1° Die Letzle Slimme der
sterbenden Liebc am Krenz, ein Passions-
Drama (La Dernière Voix «le l'amour mourant
sur la croix, drame «le la Passion), eu manu-
scrit. 2" Der Sieg des Erlœsers (I.e Triomphe
«lu Sauveur), cantate de llerder, en manuscrit.
5" Der Liedende Erlojser (Le Sauveur souf-
frant), drame «le la Passion, idem. 41 Die
Letzte Stunde des sterbende Erlœser (La Der-
nière Heure «lu Sauveur expirant), idem.
5° Petit oratorio de la Passion, idem. G" Can-
tate de la Passion, idem. 7° Le centième
psaume, idem. 8° Plusieurs cantates «le fêles,
idem. 9° Oster Cantate (Cantate de Pà«iues),
à quatre voix et orchestre, Berlin, 1782, in fol.
Nouvelle édition, Leipsick, Wienbrack. IL
Opéras. 10° La Fête des roses, en 1771, gravé
en extrait pour le clavecin, à Leipsick. 1]° Les
Députés de village, 1775, idem, à Weimar,
chez Ifofmann. 12° Les Charbonniers fidèles,
1775, idem, ibid. 15° La Jardinière. 1774,
idem, ibid. 14° La Soirée au bois, 1775,
idem, ibid. 15° Polixène, monodrame lyri-
<|ue, en partition, 177G, ibid. 1G" Le Gros Lot,
opéra, en extrait pour le clavecin, ibid.
17° Lphigénic, cantate en partition, ibid.,
1779. 18° Probité et Amour, petit opéra, en
extrait pour leclavecin, 1782, ibid. 19" Séra-
phine, cantate en partition, 1785, ibid.
20° L'Ermite dans l'île de Formentera,o\)é\n
en manuscrit, 178G. 21° LeVoile, 178G, idem.
22" Les Erreurs de la magie, petit opéra,
178G, idem. 25' Cérès, prologue, idem. 24°
Jlcesle, opéra de Wieland, idem. 25° Su-
perba, opéra de Sichendorf, idem. 2G° Erwin
et Elmire, idem. 27° L'Oiseau, idem. 28" Le
Perroquet, idem. 29° Le Monde dans la lune,
idem. III. Musique instrumentale. 50° Quinze
symphonies pour l'orchestre, en manuscrit.
51" Dix-sept parlite, à 8-12 instruments, id.
52° Trois quatuors pour deux violons, alto et
bas.se, gravés à Spire. 55° Trois idem, gravés
à Berlin. 54" Onze autres quatuors', en manu-
scrit. 55" Concertos pour clavecin; n° 1, Riga,
1777; n°2, ibid.; n" 5, Breslau, 1782; n° 4,
ibid ; n° 5, Breslau, 1785; n° G, Leipsick, 1788;
treize idem, en manuscrit. 50" Deux «|ualuors
pour flûte, violon, basson et violoncelle, en
manuscrit. 57° Deux «|uinlelles pour clavecin,
Mule, violon, alto et basse, Dresde, 178G.
58' Deux idem, Dresde, 1791. 59" Sonate pour
clavecin seul, Leipsick, 1774, in-fol. 40" Six
idem, Leipsick, 1775. 4Ir Six idem, ibid.,
1779. 42° Six petites sonates idem, ibid.
45" Six sonates pour piano, violon et violon-
celle, Lyon, 1779. 44" Six sonates pour clave-
cin seul, Dessau, 1785. 45" Sonates pour piano
à quatre mains, Leipsick, 1781. 40" Une sona-
tine et quatre sonates pour clavecin, Leipsick,
1785. 47" Six sonates faciles, en deux parties,
Weimar, 1780 et 1787. 48" Six sonates pour
clavicorde, première et deuxième parties, œu-
vre posthume, Berlin, 1795.
WOLF
489
Les écrits <le Wolf sur la musique sont
ceux-ci : 1" Rleine rhusikalische Reise in den
Monalen Juni, Juli und August 1782, elc.
(Petit Voyage niusic.il fait dans les mois «le
juin, juillet et août 1782, etc.), Weimar,
1784, in-8° de 64 pages. Dans ce voyage, l'ar-
tiste visita quelques-unes des principales villes
de la Saxe, de la Prusse, du Hanovre, Lu-
lieck et Hambourg. 2° Musikalischer Unter-
richt, etc. (Instruction musicale, concernant
les intervalles, la tonalité, les consonnances
et les dissonances, les accords, etc.), Dresde,
Hilscher, 1788, in-fol. de 76 pages avec
54 planches de musique. On trouve aussi une
lionne préface de Wolf en léle de son œuvre
contenant une sonatine et quatre sonates de
clavecin.
WOLF(Georges-Frédéric), né à Haynrade,
dans la principauté de Schwarzbourg, en
1762, fit sesétudes à l'université de Gœllingue,
puis obtint, en 1785, une place de maître de
chapelle chez le comte de Stolberg, au château
de ce nom, dans le Harz. En 1802, il quitta
celte position pour aller prendre la place de
maître de chapelle à Wernigerode, où il mou-
rut au mois de janvier 1814. On ne connaît de
ce musicien que les compositions suivantes:
1e Chansons allemandes avecaccompagnement
de clavecin, Nordhausen, 1781. 2° Motets fu-
nèbres avec chœurs, ibid., 1788. 5° Pièces
mêlées pour le clavecin et le chant, 1792.
4° Sonates à quatre mains pour le piano,
h"5 1 et 2, Leipsick, 1794 et 1796. 5- Chan-
sons pour les enfants, ibid., 1795. C'est sur-
tout comme écrivain didactique que Wolf s'est
fait connaître avantageusement. Voici les ti-
tres de ses ouvrages: 1° R'urzer Unlerricht
iin Klavierspielen (Courte Instruction pour
apprendre à jouer du clavecin), Gœllingue,
1783, in-8° de 50 pages. La deuxième édition,
beaucoup plus étendue, de la première partie
de cetouvrage est intitulée simplement Unler-
rich ira Clnvierspielcn, Halle, Hendel, 1784,
in 8° de 96 pages. La troisième a été publiée
chez le même, en 1789, in-8" de 96 pages. Il
yen aune quatrième et unecinquième éditions,
publiées chez le même; la cinquième a paru
en 1807, in-8°. La deuxième partie de celte
méthode contient un petit traité de la basse
continue ; la première édition a paru à Halle,
chez. Hendel, en 1789, in 8° de 94 pages. La
deuxième est datée de 1799, in-8°, et la troi-
sième de 1807. 2° Unlerricht in der Singe-
kuttst, ein Leitfaden zu Singanweisungen
auf Schulen (Introduction dans l'art du chant,
ou Guide pour l'enseignement du chant dans
les écoles), Halle, 1784, grand in-8°. La
deuxième édition a paru à Halle, chez Hendel,
en 1789, et la troisième, en 1804, chez le
même éditeur. 5° Kurzgefasstes musikalische
Lexikon (Dictionnaire abrégé de musique),
Halle, 1787, in-8" de 15 feuilles. La deuxième
édition a été publiée dans la même ville en
1792, in -8° de 224 pages ; la troisième a paru
en 1806.
WOLF (François-Xavier), musicien du
régiment prussien de Hohenlohe, vécut dans la
secondemoitié du dix-huitième siècle. Il jouait
bien de plusieurs instruments à vent, particu-
lièrement de la clarinette, et a publié de sa
composition: 1° Deux sérénades pour deux
clarinettes, deux cors et deux bassons, op. 1,
OfTenbach, 1795. 2° Deux quintettes pour deux
clarinettes, deux corset basson, Breslau, Uu-
lœufer.
WOLF (Louis), violoniste du théâtre de
Francfort-sur-le-Mein, vers la fin du dix-hui-
tième siècle, et compositeur pour son instru-
ment, est auteur des ouvrages dont voici les
litres: 1° Air varié pour violon principal et
quatuor, Mayence, Scholt. 2" Trois trios pour
violon, alto et basse, op. 2, OfTenbach, André.
5" Trois duos pour t\e\\\ violons, op. 1 ,
liv. I et II, ibid. 4° Trois idem, op. 5, Augs-
bourg, Gombart. 5° Trois idem pour violon
et allô, op. 4, Bonn, Simrock. 6° Pot-pourri
pour deux violons concertants, op. 5, Mayence,
Scholt. 7° Grand trio pour piano, violon et
violoncelle, op. 6, Vienne, Arlaria. Wolf est
mort à OfTenbach en 1817.
WOLF (Jean), professeur à Gœllingue et
laborieux écrivain, est mort dans cette ville, le
23 avril 1826. Parmi les ouvrages qu'il a pu-
bliés, on remarque celui -ci : Kurze Geschichte
des deutschenKirchengesanges in Eichsfelde
(Histoire abrégée du chant d'église allemand à
Eichsfelde), Gœttingue, Baier, 1815, in -8° de
6 feuilles.
WOLF (Joseph -François), professeur de
musique à Breslau, est né le 2 juin 1802, à
Tschirmkau, près de Leobschulz, en Silésie.
Son père, organiste en cet endroit, le desti-
nait à l'étal d'instituteur etl'envoya, en 1820,
au séminaire catholique de Breslau, où Schna-
bel, ayant remarqué ses heureuses disposi-
tions, s'occupa avec intérêt de son éducation
musicale. Déjà Wolf jouait de la plupart des
instruments ; le piano el l'orgue devinrent par-
ticulièrement les objets de ses éludes, et il
y acquit une grande habileté. En 1823, il
quitta le séminaire et s'établit comme profes-
seur de musique à Breslau, où il était encore
490
WOLF — WOLFRAM
en 1844. Il a écrit plusieurs offertoires et
graduels, des psaumes, des vêpres avec orches-
tre, des chants à quatre voix, des chansons al-
lemandes avec accompagnement de piano, et
une ouverture à grand orchestre. On a publié
de sa composition, à Breslau, un grand Irio
pour piano, violon et violoncelle, et des varia-
tions pour piano seul.
WOLF (IIenriï, violoniste habile, né le
1er janvier 1815, àFrancfort-snr-le-Mein, fut
conduit à Londres par ses parents, à l'âge de
deux ans. Binger, violoniste hollandais, lui
donna les premières leçons de violon, à l'âge
de cinq ans; puis il continua ses éludes pour
cet instrument sous la direction de Spagno-
letli, premier violon de l'Opéra italien. A l'âge
de neuf ans, Wolf joua pour la première fois
en public à la fête de Bath. En 1824, il re-
tourna avec ses parents à Francfort, et prit
alors des leçons de Fémy, élève de Baillot, puis
du maître de concert Hoffmann, et M. Schny-
der de Wartensée lui enseigna l'harmonie.
Enfin il se rendit à Vienne en 1828 et y reçut
des conseils de Mayseder et du chevalier de
Seyfried. Depuis lors il a voyagé en Allemagne,
en Suède, en Danemark, en Hollande, en Bel-
gique, en France, en Angleterre et en Russie,
pour y donner des concerts. On a imprimé de
sa composition Huit études pour le violon,
op. 5, à Francfort, chez Fischer, et six
chants à voix seule avec accompagnement de
piano.
WOLF DE WOLFENAU (Ahtoikb),
auteur inconnu d'un ouvrage intitulé . Musi-
kalischc Scnlen oder Perstellung der zivolf
Dur-und zwolf Molltonarten (Échelles musi-
cales, ou tableau des douze tons majeurs et
des douze Ions mineurs), Leipsick. J802,
in-4°.
WOLFF (Georges) était étudiant à l'Uni-
versité de Halle (Saxe), lorsqu'il publia la dis-
sertation académique intitulée: Pars gene-
ralis musicx publicx disquisitioni subjecta ;
Hallis Saxonum, 1G34, in-4" de vingt pa-
ges.
WOLFF (LÉopor.n), organiste du couvent
de Franciscains, à Cologne, vers le milieu du
dix-huitième siècle, a publié un livre de chant
à l'usage de cet ordre religieux, précédé d'un
petit traité du plain-chant. Ce livre a pour ti-
tre : Musica chorulis Franciscana}tripiiciter
divisa in Medulkun cantus Gregoriani, sive
ejusdem principia generalia, in cantorale
tonorum communhtm, et in processionale
romanum ordinis. Colonise, 1750, in-12.
WOLFF (Edouard), pianiste et composi-
teur, est né le 15 septembre 1816, à Varsovie,
où son père était médecin. Un vieux maître de
musique de cette ville, nommé Zaïcadzhi ,U\i
a donné les premières leçons de piano. En 1828,
M. Wolff est parti pour Vienne, où il est de-
venu élève de Wltrfel (voy. ce nom) pour le
piano. Après quatre années de séjour et d'étu-
des dans celte ville, où il donna des concerts,
il retourna à Varsovie, en 1852. Là il reçut des
leçons d'harmonie et de composition d'EIsner
(voy. ce nom) pendant trois ans. Chaque année
il donnait deux concerts, où ses progrès comme
virtuose et comme compositeur se faisaient re-
marquer. Le désir de perfectionner son talent
par de fréquentes occasions d'entendre de
grands artistes, et l'espoir d'étendre sa répu-
tation lui firent prendre la résolution de se
rendre à Paris, où il arriva dans le mois de sep-
tembre 1855. Depuis lors, M. Wolff s'y est fait
entendre avec succès dans plusieurs concerts :
il y a publié un très-grand nombre de compo-
sitions. Ses ouvrages gravés, au nombre de
plus de deux cents, se font remarquer par l'élé-
gance du style, qui a quelqueanalogieavec celui
de son compatriote Chopin. Parmi ces produc-
tions, on remarque particulièrement des étu-
des de piano, op. 20, 50, Paris, Schlesinger,
op. 90 et 100, Paris, Troupenas ; un grand
concerto pour piano et orchestre, op. 39; plu-
sieurs duos originaux ou sur des thèmes d'opé-
ras, pour piano et violon avec MM. De Bériol
et Vieuxlemps, à Paris, chez Troupenas, Schle-
singer et Meissonnier, trois duos pour piano et
violoncelle, avec Balta, chez Schlesinger. Des
nocturnes, fantaisies. vaNes et mazurkas pour
piano seul, etc. M. Wolff a en manuscrit qua-
tre grands concertos pour piano et orchestre,
deux grands trios pour piano, violon et violon-
celle, et diverses antres compositions. lia fait
avec succès plusieurs voyages d'artiste, en
France et en Allemagne.
WOLFRAM (Jean- Chrétien), organiste
à Goldbach, près de Gotha, mort le 17 novem-
bre 18"5, est auteur d'un livre qui a pour ti-
tre : Jnleitung zur Kennîniss , Beurtheilung
ttnd Erhallung der Orgeln fur Orgelspieler
und aile diejenigen welche bey Erhaunung ,
Reparatur. Priifung und Erhallung dieser
Instrumente interressirt sind (Introduction
à la connaissance, l'appréciation et l'entretien
de l'orgue, à l'usage des organistes et de tous
ceux qui sont intéressés à la construction, à la
réparation, à l'examen et à la conservation de
cet instrument), Gotha, Stendel, in-8° de ôG-3
pages, avec deux planches. Cet ouvrage ne se
dislingue de celui de Schlimbach et des autres
WOLFRAM - WOLLANCK
.49 1
du même genre que par quelques recherches
intéressantes sur les divers systèmes detirages
du clavier de l'orgue.
WOLFRAM (Joseph-Marie), Bourgmes-
tre à Tœplilz, amateur distingué, est né le
21 juillet 1789, à Dobrzan, en Bohême. Ayant
été envoyé à l'Université de Prague pour y
suivre les cours de droit, il profita de son séjour
en cette ville pour développer les connaissan-
ces qu'il avait acquises dans la musique dès
son enfance. Plus lard, il alla à Vienne, y reçut
des leçons de Dreschler pour le piano et pour
l'harmonie, puis il retourna à Prague, où Jean
Kozeluch lui enseigna le contrepoint. Des re-
vers de fortune l'ayant obligé en 1811 à cher-
cher des ressources dans son talent de musi-
cien, il retourna à Vienne, où les recomman-
dations de son ami Moschelès lui procurèrent
des élèves pour le chant et pour le piano. Il y
publia ses premières productions pour cet in-
strument, et écrivit le petit opéra Ben Ali,
qui ne fut pas représenté. En 1813, il quitta
Vienne et retourna de nouveau en Bohême sur
la promesse qui lui avait été faite d'un emploi
au service de l'État. Il obtint en effet la place
de syndic à Theusing, puis remplit des charges
de magistrature à Graupen et à Tœplitz. En
1824, il l'ut nommé bourgmestre de cette der-
nière ville, et depuis lors il en a constamment
rempli les fonctions. Dans toutes les positions
il a conservé la même activité pour la culture
de la musique et pour la composition. Joseph-
Marie Wolfram est mort à Tœplitz, le 30 sep-
tembre 1839. En 1815, il avait écrit un Re-
quiem à l'occasion de la mort d'un desesamis;
l'année suivante, il composa une messe solen-
nelle et plusieurs quatuors de violon. Depuis
lors il a écrit : 1° Le Diamant, petit opéra.
2" Hercules, idem. 3" Alfred, grand opéra de
Rolzebue , représenté à Dresde, en 182G.
A l'occasion du succès de cet ouvrage, on pro-
posa à Wolfram la place de maître de chapelle
demeurée vacante parla mortde Weber; mais
il la refusa, et elle fut donnée à Reissiger. Les
autres opéras de Wolfram sont : Le Normand
en Sicile (de Gœthe); Le Prince Lisette (du
même) ; Le Moine de la montagne; Le Châ-
teau de Coudra: Maja et Alpino, ou La Rose
enchantée, gravée en partition pour le piano,
à Dresde, chez Arnold, et l'opéra héroïque
JT'itikind. On cite aussi une Messe nuptiale,
composée en 1832 , comme un de ses plus
beaux ouvrages. On a Imprimé de sa composi-
tion des sonates pour piano, à Vienne, chez
Diabelli et Mechelti; des rondos pour le même
instrument, à Vienne et à Dresde ; des varia-
tions, idem; quatre chants à voix seule et
piano, Dresde, Paul ; six chants de Tieck,
idem, ibid., et les chants populaires de la
Servie, Leipsick, Ilofmeister.
WOLFRAM (JosEim), flûtiste au service
du grand-duc de Bade, est né le 1 1 janvier
1798 à Mœrich-Neustadt, en Moravie. Son père,
amateur de musique, lui donna les premières
leçons de flûte, et fit avec lui un voyage en
Russie, quand il eut atteint l'âge de onze ans.
Là, Wolfram reçut des leçons de Bayr, et se fit
entendre dans les villes principales de l'em-
pire russe, où il fit un séjour de six ans. A son
retour, il s'arrêta à Berlin, puis visita la
Suisse, la Bavièreet l'Autriche, en 1817. Après
un assez long séjour à Vienne, il parcourut la
Hongrie et l'Italie, donnant partout des con-
certs avec succès. De retour en Allemagne par
le Tyrol, il visita Prague, Leipsick, Augs-
bourg, Stultgard, puis se rendit à Paris, par
Strasbourg et Nancy. Lorsqu'il voulut retour-
ner en Allemegne, il prit sa route par la Belgi-
que et la Hollande, puis arriva à Carlsruhe en
1829, après dix-sept années de voyages, et y
entra dans la chapelle du grand-duc. Chaque
année, il obtient un congé et voyage avec sa
femme, pianiste de talent, pour donner des
concerts. Cet artiste n'a rien fait graver de sa
composition.
WOLKMER (Jean), écrivain cité par
Gessner (Bibl. univers.) comme auteur d'un
traitéde musique intitulé: Epitome utriusque
musiae activas, 1538. Il est vraisemblable que
le nom a été mal écrit p^ar Gessner, et que cet
auteur n'est autre que/ean Folckmar (voyez
ce nom.)
WOLLANCK (Frédéric), conseiller de
justice à Berlin et amateur distingué, naquit
dans celte ville, le 3 novembre 1782. Gœrlich
et Fasch lui enseignèrent la musique et le
chant. Après avoir achevé l'élude du droit à
l'université de Francforl-sur-1'Oder, il fui
nommé, en 1805, référendaire au tribunal de
Berlin, fut fait assesseur en 1808, et conseiller
en 1813. Encouragé par Charles-Marie de
Weber, il composa, en 1811, son premier
opéra (Les Bergers des Alpes), qui fut repré-
senté dans la même année. Plusieurs autres
compositions succédèrent à cet ouvrage. En
182G, il fit un voyage à Paris, afin d'y faire la
connaissance de Rossini et de Boicldieu. Le
choléra, qui régnait à Berlin, l'enleva à ses
amis et à l'art dans la nuit du 5 au G septembre
1831. On a gravé de la composition de Wol-
lanck: 1° Quatuor pour deux violons, alto et
basse, Mayence, Schott. 2" Grand trio pour
492
WOLLANCK - WOLLICK
piano, violon et violoncelle, Berlin, Schlesin-
ger, 3° Salve Regina à voix seule, deux vio-
lons, allô et basse, Berlin, Grœbenschtttz.
4° Monologue de Là Fiancée de Messine (de
Schiller) à voix seule, avec accompagnement
«le piano, ibid. 5" Scène de Marie Stuart (de
Schiller), idem, Berlin, Concha. 6° Hedicige de
Rugenhagen, cantate, idem, Berlin, Schlesin-
ger. 7° Huit recueils de chants à voix seule,
avecaccompagnementde piano, Berlin et Leip-
sick. Wollanck a laissé en manuscrit deux
messes et <|uel<|ties autres pièces de musique
religieuse composées pour l'église Saint-Louis
de Berlin; deux offertoires ; un graduel; Re-
gina Cœli ; un Requiem; un Sanctus; deux
ouvertures à grand orchestre ; plusieurs sex-
tuors, quintettes et quatuors d'instruments;
des concertos pour clarinette et autres instru-
ments; des sonates de piano, etc.
WOLLANECK (Ahtôikb), violoniste ha-
bile et organiste, naquit à Prague, le 1or no-
vembre 1761. Après avoir dirigé la musique
des théâtres bohémien et allemand de Prague,
pendant plusieurs années, il alla remplir les
mêmes fonctions à Leipsick, en 1797 et 1798.
De retour à Prague, il a été, pendant onze ans,
organiste à la collégiale de Welschschrad, puis
a été nommé en 1812 directeur du chœur de
l'église Saint-Pierre, pour lequel il a écrit plu-
sieurs morceaux de musique. Il est mort à
l'âge de 88 ans, à Prague, en 1849. On connaît
aussi de lui des symphonies, des sonates poul-
ie violon et des recueils de danses pour le
piano, qui ont été gravés à Prague en 1807,
1808 et 1809.
WOLLICK (Nicolas), né dans la seconde
moitié du quinzième siècle, au village d'An-
cerville, près île Bar-le-Duc (dont le nom latin
est Serovilla ou Sororisvilla), est désignésous
le nom de Nicolas Jf'ollick de Serouilla, dans
la première édition d'un traité de musique dont
il est auteur, et par celui de Nicolaus Wolli-
cusBarroducensis dans les autres. Les anciens
bibliographes et biographes ont latinisé son
nom en ceux de Bollicius et f'ollicius. Il pa-
rait qu'il avait fait un voyage à Cologne, ou
qu'il y avait peut-être achevé ses études, car la
première et la deuxième éditions de son livre
ont été publiées dans cette ville, et l'on y trouve
à la fin une épi Ire dedicaloire au recteur du
gymnase Cornélius, ainsi appelé en mémoire
de Cornélius Agrippa, qui était né à Cologne.
Celle épilrc est signée Nicolaus Gallus, ce
qui semble indiquer qu'il était appelé par ses
condisciples Nicolas le Gaulois. Plus tard,
Wullick se rendit à Paris, car c'est dans celte
ville qu'il refondit son ouvrage, ainsi qu'on le
voit par ces mots qui terminent la préface du
troisième livre: Ex cubiculo nostro parrhU
siensi, tertio Idus Martios M. D. 9. ; mais
il était alors maître es arts (artiummagister)
et professeur au collège de Metz, car celle pré-
face est adressée à ses élèves (ad suos scolas-
ticos Metenses). J'ai puisé ces renseignements
dans les différentes éditions du livre de Wol-
lick.
La première édition de ce livre a pour titre:
Opus Aureum Musices castigalissimum, de
gregoriana et figurativa atque contrapuncto
simplici percommode tractans omnibus
cantu oblectantibus utile et necessarium è
diversis excerptum , in-4° gothique de 58
feuillets non paginés. Au recto du dernier, on
lit: Explicit opusculum musices omnibus
volcntibus cantum utrumque scire necessa-
rium, fauslo fine impressum Colonial per
honestum virum Henricum Quentel civem
famatum ejusdem. Anno missionis in car-
nem divini f'erbi 1501 . Il y a des exemplai-
res de celte édition dont le frontispice a été
renouvelé et qui portent la date de Cologne,
1504. Cet ouvrage est divisé en quatre parties
qui traitent du plain-chant, de la solmisalion,
des tons, de la musique mesurée et du contre-
point. La deuxième édition est la reproduction
à peu près exacte de la première. On lit à la fin
ces mots: Hic liber fuit compositus per Ni'
colaum Wollick de Serovilla, artium magis-
trum, ut palet ex Epislola quant dirigit
D. Adam. Popardiensi sacra? script iirce li-
centiulo ac in gymnasio Corneliano regenti,
et impressus fuit Colonix apud Hxredes D.
Quentel, anno Domini 1505, in-4", gothique.
Ainsi qu'on l'a vu ci-dessus, "Wollick refondit
en entier son ouvrage dans la troisième édi-
tion, elle divisa en six livres. Les deux pre-
miers seuls sonl à peu près semblables au con-
tenu des deux premières éditions; mais le
reste est absolument changé, beaucoup plus
développé, et plus important, sous le rapport
de l'histoire, de la science et de l'art. Cette
édition, qui a élé complètement inconnue à
tous les bibliographes, est intitulée: Enchiri-
dion musices Nicolai JVollici Barroducensis
de gregoriana et figurativa atque contra-
puncto simplici percommode tractans, om-
nibus cantu oblectantibus perulile et neces-
sarium, in-4° de 0>8 feuillets non paginés,
avec la vignette, la marque et le nom de Jehan
Pet il, au frontispice, suivis de ces mois -.Pénale
habelur Parisiis in vico divi Jacobi sub si-
gno (loris lilii, et in eodem vico sub signo
WOLLICK - WORGAN
493
imaginis Sancti Georgii ibi et impressum,
1509. La quatrième édition, absolument sem-
blable à la troisième, a été imprimée à Paris,
chez Michel Tholoze, en 1512, petit in-4*<lc
06 feuillets. Enfin la cinquième, semblable
aux deux dernières pour le texte, a ces mots à
la dernière page : Impressum Parisiis tm-
pensa honestorumvirorum Joh. Parvi (Petit)
ad inlersignum lilii aurei, et Francisci Re-
gnault ad intersignum divi Claudii comme-
moranliicm. Anno Virginei partus 1521,
10 maji, in-4", gothique. Le livre de Wollick
est écrit avec méthode; il est beaucoup plus
substantiel que la plupart des traités de musi-
que de la même époque.
WOLTZ (Jean), organiste à Heilbronn,
au commencement du dix-seplième siècle, a
publié une collection de pièces d'orgue des plus
célèbres maîtres de son temps, en tablature,
sous ce titre : Nova Musices organicx tabu-
lalura, Basilese, 1G17, in -fol. de 90 feuilles.
WONÏNEGGER(Jean), né vraisemblable-
ment en Litlhuanie, dans la première moitié
du seizième siècle, car il ajoute à son nom la
qualification de Lilavicus, s'est fait connaître
par un bon abrégé du Dodecachordon de Gla-
réan. Ce petit livre, devenu fort rare, a pour
titre : Musics epitome ex Glareani Dodeca-
chordo. Basilese per Henricum Pétri, 1557,
petit in-8°. Une deuxième édition, ou plutôt
une reproduction de la première, a paru deux
ans plus tard, chez le même libraire, avec
l'addition de la musique de Manfred Barbarini
sur l'Éloge des villes fédérées de la Suisse,
poëmede Glaréan (voyez ce nom).
WOOD(Antoine), antiquaire et biographe,
naquit à Oxford, le 17 décembre 1632, et mou-
rut dans la même ville, le 29 novembre 1G95.
Dans son histoire de l'université d'Oxford, in-
titulé : Alhense Oxonienses, an exact history
of ail writers and bishops of Oxford, etc.
(Londres, 1691-92, in-fol., deuxième édition,
1721; in-fol., troisième idem, Londres,
1815-19, 4 volume in-4°), Wood traite en dé-
tail de la vie des musiciens anglais qui ont
été gradués ou attachés à l'université. Les
matériaux de celte partie de son ouvrage, inti-
tulés : Sotne materials towards a hislonj of
the lives and compositions of ail English
musicians, et formant 210 pages, sont au
musée Ashmoléen de l'Université, n°85C8, 106.
C'est à cette source que Hawkins et Burney
ont puisé pour l'histoire des musiciens anglais
contenue dans leurs histoires générales de la
musique.
WOOD (madame), connue d'abord sous le
nom de Miss Paton, est née en 1802 à Edim-
bourg, où son père était maître de musique
du collège appelé High-School. Elle n'eut
point d'autre maître que lui pour la musique
et le chant. Ses progrès furent si rapides dans
cet art, qu'à l'âge de cinq ans elle composait
déjà de jolies chansons. A huit ans, elle se fai-
sait entendre dans les concerts publics, et elle
était à peine parvenue à sa quinzième année
lorsqu'elle brilla au concert noble de Londres,
sur le piano, la harpe et dans le chant. Cepen-
dant son père, ne voulant pas la fatiguer,
cessa de la faire entendre, et mit tous ses soins
à achever son éducation. Après six années
consacrées à l'élude, elle reparut dans les con-
certs en 1821, et débuta l'année suivante au
ihéàtre de Haymarket, dans le rôle de Suzanne
du Mariage de Figaro, puis dans celui de
Rosine du Barbier de Séville. Elle passa en-
suite au théâtre de Covent-Garden, puis à
celui de Drury-Lane, où elle créa le rôle de
Rezia, dans VOberon de Weber. On voit dans
la correspondance de ce compositeur les expres-
sions non douteuses de la satisfaction qu'il
éprouvait à lui entendre chanter ce rôle. J'ai
entendu Miss Palon dans plusieurs concerts à
Londres, en 1829, et je n'ai jamais pu l'écou-
ter sans émolion dans les chansons écossaises,
qu'elle rendait avec un charme inexprimable.
Elle avait contracté à celte époque une liaison
intime avec lord Lennox, et passait même pour
sa femme; depuis lors elle a épousé M. Wood,
acteur du théâtre de Covent-Garden. Plus tard
elle voyagea en Italie avec Bochsa, et chanta
sur les théâtres de Milan, de Venise et de Na-
ples. Après son retour en Anglelerre, elle s'est
retirée à la campagne près de Bail), où elle est
morte en 1864.
WORALECK. (Joséphine), femme du
compositeur Cannabich fils, naquit à Brunn le
17 août 1781. Fille du directeur de musique
Woraleck, elle reçut de son père des leçons
de musique et de chant, puis elle alla achever
son éducation à Francfort-sur -le- Mein. Son
début au théâtre fut heureux, à cause de l'ex-
pression dramatique qu'elle mettait dans son
jeu et dans son chant. En 1798 elle épousa
Cannabich et le suivit à la cour de Munich, où
elle brilla jusqu'en 1807; mais une affection
de poitrine l'obligea alors à cesser déchanter
dans l'Opéra.
WORGAN (Jean), musicien anglais, né à
Londres vers 1715, fut d'abord élève de son
frère aîné, puis de Roscingrave, et enfin de
Geminiani. Heendel et Paleslrina furent les
maîtres qu'il étudia avec persévérance. Par
'494
YYORGÀN — WRÀGG
l'analyse des ouvrages du premier de ces au-
teurs, il devint un savant fuguisle sur l'orgue.
Son talent lui lit obtenir les places d'organiste
deSaint-Botolph et de Saint-André, et l'uni-
versité d'Oxford lui conféra le grade de docteur
en musique. Il mourut en 1790 dans fin âge
avancé. Ses principaux ouvrages sont l'oratorio
intitulé Hannah, exécuté au théâtre de Hay-
niarket en 1764, et JUanassah, que Worgan
fit entendre à l'hôpital de Lock,deux ans après.
Quelques recueils de pièces pour l'orgue ont
été imprimés à Londres, ainsi qu'un très-
grand nombre de chansons à une ou plusieurs
voix, qu'il avait composées pour les concerts
du Wauxhall.
WORM (Olaus) , savant danois, né le
13 mai 1588 à Aarhus dans le Jullaml, fit ses
études à Lunebourg, Giessen, Strasbourg, Bâlc
et Padoue, puis se fixa dans sa patrie en 10 15,
etenseigna la littérature grecque et les sciences
dans l'université de Copenhague. Il mourut
dans cette ville, le 7 septembre 1654. Au nom-
bre de ses écrits on remarque une dissertation
savante sur le cor d'or antique trouvé en Da-
nemark, intitulée : De aureo Serenissimi
Domini Christiuni V Danix Ekcti Princi-
pes cornu. Hal'niœ, tj pis Melch. Marlzan,
104:1, in-fol.de 72 pages.
WQRZISCHECK.(Jea>--Hugi)es), né le
11 mai 1791 à Wamberg en Bohême, était fils
d'un maître d'école Après avoir reçu de son
père les premiers principes des lettres et de la
musique, il alla à Prague pour y faire ses
études, et pour se perfectionner dans la mu-
sique. Son maître de composition fut Tomas-
cbeck. Ayant achevé sa philosophie, il se ren-
du à Vienne, où il obtint un emploi au conseil
d'État, dans le département de la marine;
mais il quitta ce poste pour celui d'organiste
de la cour, auquel il fut promu le 10 jan-
\ icr 1823. Il ne jouit pas longtemps de ce der-
nier emploi, car il mourut le 19 novembre 1825,
à Page de trente-quatre ans. Il a fait graver à
Vienne les ouvrages suivants de sa composi-
tion : 1° Rhapsodies pour le piano forte.
2° Rondeau pour piano et violoncelle. 5° Le
Désir, andante pour le piano. A' Le Plaisir,
allegro pour le piano forte. 5° Sonate pour
piano et violon. G" Là Sentinelle, divertisse-
ment pour deux pianos. 7° Impromptu pour
le piano. 8° Rondeau pour piano et violon.
9° f'uriations pour piano et violoncelle.
10° Symphonie à grand orchestre. 11° Ron-
deau brillant pour le violon, avec accompa-
gnement d'un second violon, alto et busse.
12° Fantaisie pour le forte piano. 15° Golt
in Fruehling, chœur à quatre voix. 14° Ron-
deau pour le piano, avec orchestre. 15° Ron-
deau espagnol, avec accompagnement.
WOTAWA (Baktiiolomé), excellent or-
ganiste à Willingau, en Bohême, fut élève du
célèbre Segert. Il mourut jeune encore à Wil-
lingau, en 1787. Il a beaucolip écrit pour l'é-
glise et pour l'orgue. Je possède de lui des fu-
gues et des préludes pour cet instrument (fui
sont du plus beau style.
WOVTISSEIÎ (Astoi>e - Fabien-Aloys-
Jean), compositeur et professeur de chant et
de piano, est né le 20 janvier 1771, à Ralay,
près de Kaurzim, en Bohême. A l'âge de huit
ans, il entra au couvent de Suzawa, en qualité
d'enfanl de chœur, y lit de bonnes études lati-
nes, et apprit le clavecin et la basse continue
sons la direction de Joseph Jawtireck et de Mau-
rice Meyslrick. Plus lard, il continua ses éludes
à l'école normale de Prague, dans l'intention
de devenir instituteur. Ayanl obtenu son di-
plôme en 1789, il fut en effet sous-maitre à
l'école de Saar, en Moravie, puis à celle de Na-
dezeradecz, en Bohême. Son mérite le fit en-
suite choisir comme instituteur à Wassowicz
et à Hoslinarz. Son penchant pour la musique
lui fil quitter celte dernière position pour aller
à Prague, où il devint répétiteur du chant et
souffleur à l'Opéra italien. Lui-même parut
plusieurs fois sur la scène avec succès comme
chanteur; mais son savoirlui procura enfin une
situation plusconvenable,en 1802, lorsqu'il re-
çut sa nomination de sous-bibliothécaire de
l'université. En 1810, il accepta une place de
basse chantante à la cathédrale; il l'occupait
encore en 18 HMVoylissek a écrit pour le théâtre
national de Prague les opéras suivants, eu
langue bohème : 1° Les Meuniers de Prague,
en un acle. 2" Le Cousin de Podskal, idem.
5° La Garde de nuit de Liebescliau , idem. 4° La
Licitation des femmes, idem. Il a composé
aussi, pour le comle Ferdinand de Kinsky, un
grand opéra héroïque intitulé Sieg der Treue
(Victoire de la fidélité). Une messe solennelle
de sa composition a élé exécutée au couvent
de Strahow, en 1813, et considérée comme un
bel ouvrage. On connaît aussi sous son nom le
Déserteur, ballet, un concerlo pour clavicorde,
des cantates, environ cinquante chansons
allemandes et bohémiennes avec accompa-
gnement de piano, et des danses pour la Bo-
hême.
WRAGG (Georges), professeur de flûte à
Londres, vers le milieu du dix-huitième siècle,
est auteur d'une méthode pour cet instrument,
intitulée : Lmproved Flule preceptor, Lon-
WflAGG — YYUANICZKY
49S
dres, in-fol. Il a été fait seize éditions de cet
ouvrage.
WRAWICZHÏ (Paul), ou WRA-
IVITZKY, compositeur distingué, naquiten
1756, à Neureisch, en Moravie. Sa première
éducation fut faite chez les Prémonlrés de cet
endroit; il y apprit aussi les éléments de la
musique et de l'art de jouer de l'orgue, puis il
alla continuer ses études à Igtflti et à Olmillz,
et s'y appliqua particulièrement au violon, sur
lequel il acquit tant d'habileté, que lorsqu'il se
rendit à Vienne, en 177G, pour y suivre le
cours de théologie au séminaire impérial, il
fut immédiatement choisi pour remplir les
fonctions de directeur de musique dans cet
établissement. Le compositeur suédois Joseph
Kraus, qui se trouvait alors dans l'a capitale de
l'Autriche, lui enseigna l'harmonie et le con-
trepoint. Son ardeur dans ses études et son
heureux instinct lui firent faire de si rapides
progrès dans l'art, que l'attention publique fut
bientôt fixéesur lui par des compositions rem-
plies de feu et de goût. Doué d'une prodigieuse
fécondité, il multipliait ses productions avec
beaucoup de rapidité. En 1785, il fut nommé
directeur de musique «le l'Opéra allemand de
Vienne et «In théâtre de la cour ; il en rem-
plissait encore les fonctions lorsqu'il mou-
rut le 28 septembre 1808, universellement re-
gretté.
La musique de Wraniczky a eu beaucoup de
vogue dans sa nouveauté, à cause de ses mélo-
dies naturelles et de son style brillant. Il trai-
tait bien l'orchestre, particulièrement dans
les symphonies. Je me souviens que, dans ma
jeunesse, les siennes se soutenaient très-bien
auprès de celles de Haydn. Leur abandon pré-
maturé a toujours été pour moi un sujet d'é-
lonnement. Les ouvrages de cet artiste sont
presque innombrables; car, indépendamment
de tous ceux qui ont été publiés, il en a laissé
beaucoup en manuscrit qui ont été composés
pour le service de l'impératrice et pour celui
du prince Esterhazy. Wraniczky s'est aussi
fait connaître avantageusement comme com-
positeur dramatique par plusieurs opéras, bal-
lets et mélodrames. Son Obéron, joué à Franc-
fort, en 1790, pour le couronnement de l'em-
pereur Léopold II, a eu un des plus brillants
succès qu'un opéra allemand.eùt obtenus jus-
qu'alors, car on le joua vingt-quatre fois dans
l'espace de six semaines, et les directeurs de
spectacles le firent représenter dans toute l'Al-
lemagne pendant le cours de cette même an-
née. Voici la liste des ouvrages de théâtre et
des productions imprimées de ce compositeur.
I. Musique dbam vnoi .:■:. I" Oberon, roi des
Elfes, représenté à Fiaiicl'oil-sur-le-Mein,
en 1790 et à Vienne, en 1791 , gravé en parti-
lion pour le piano, àManbeim et àOffenbach.
2° L"1 Amant de trois jeunes filles, pelitopéra,
Vienne, 1791. 5° La Station de poste, idem,
1793. A" Mercure, idem, au théâtre Marinelli,
de Vienne, 1793. 5° Le Royaume de Maroc,
idem. G" La Bonne Mère, idem, 1794. 7° Les
l endanges, ballet, 1794. 8° Musique pour le
drame de Rolla, 1785. 9° La Fête des Lazza-
roni, opéra, 1795, gravé en partition pour le
piano à Offenbach et à Brunswick. 10° Zé-
phire et Flore, ballet, gravé à Vienne, chez
Arlaria, en 179(1. 1 1° La Fête du prince, can-
tate en deux actes, ouvrage considéré comme
une des meilleures productions de Wraniczky ;
il fut exécuté à Eisleben, en 1798. 12° Le Me-
nuisier, opéra, en 1799. 13" Zémire et Azor,
ballet. 14° La Fille des bois, ballet. 15- Musi-
que pour le drame Rodolphe de Felsek, ou la
Tempête. 16" Idem, pour le drame Siri-
Brahé. 17° Idem, pour le drame Jeanne de
Montfauvon. Plusieurs morceeux de ces ou-
vrages ont été gravés avec orchestre à Vienne
et à Offenbach. II. Musique instrumentale.
18° Symphonies à grand orchestre, op. 2, pour
le couronnement du roi de Hongrie, Offen-
bach, André; trois idem, op. 11, ibid.; trois
idem, op. 16, ibid.; une idem, pour le cou-
ronnement de l'empereur François Iir,op. 19,
ibid.; une idem (La Chasse), op. 25, ibid., ei
Sieber, à Paris; une idem (Symphonie caracté-
ristique pour la paix de 1798), op. 31, Augs-
bourg, Gombart ; trois idem, op. 33, Offen-
bach, André; trois idem, op. 35, ibid. ; idem,
op. 36, ibid.; idem, op. 37, ibid.; idem,
op. 50, 51 et 52, ibid. 19" Trois quintettes
pour deux violons, deux altos et violoncelle,
op. 18, liv. I; trois idem, liv. II, Offenbach,
André ; trois idem, op. .29, ibid.; trois idem,
op. 38, ibid. 20" Six quatuors pour deux vio-
lons, alto et basse, op. 10, Offenbach, André;
Paris, Janel; six idem, op. 15, Offenbach,
André; Paris, Sieber; six idem, op. 16,
Vienne, Mollo; Paris, Janet, Sieber ; six idem,
op. 23, Offenbach, André ; Paris, Janel, Sie-
ber; six idem, op. 26, Offenbach, André; six
idem, op. 30, ibid. ; six idem, op. 32, ibid. ;
trois idem, op. 40, Vienne, Weigi. 21° Six
trios pour violon, alto et violoncelle, op. 1,
liv. I et II, ibid. ; Paris, Janel et Sieber; trois
idem, liv. III, Paris, Janel, Sieber. 22° Con-
certo pour violoncelle, op. 27, Offenbach,
André. 23° Concerto pour flûte, op. 24, Offen-
bach, André. 24° Trois trios pour deux Utiles
et violoncelle, op. 53, Offenbach, André.
496
WRANICZKY - WUNDERLICII
25° Divertissements en quatuors pour piano,
violon, alto et basse, op. 54, ibid. 26° Sonates
pour piano, violon et violoncelle, op. %\,ibid.
27° Trois sonates pour piano seul, op. 22,
ibid. Wraniczky a laissé environ 50 œuvres
inédites.
WRANICZKY (Antoine), frère puîné du
précédent, né à Neureisch, en 17G1, se livra à
l'étude du violon dès son enfance, et acquit
beaucoup d'habileté sur son instrument. Après
avoir fait ses premières études chez les Pré-
nionlrés de Neureisch, il alla suivre des cours
de philosophie et de droit à Brtlnn, puis se
rendit à Vienne, près de son frère. Mozart et
Haydn lui donnèrent des conseils pour la
composition, et Albrechlsberger lui enseigna
le contrepoint. Fixé à Vienne en qualité de
cher d'orchestre chez le prince de Lobkowitz,
et de professeur de violon, il forma un grand
nombre d'élèves distingués, et se fit connaître
aussi avantageusement comme compositeur.
On cite avec éloge deux messes solennelles
écrites par lui, dont l'une fui exécutée à Pra-
gue, en 1796, et l'autre, dans l'église des Au-
guslins à Vienne, en 1797. Cet artiste de mé-
rite mourut à Vienne, en 1819, à l'âge de
cinquante-huit ans. On a gravé de sa compo-
sition : 1" Concerto pour violon et orchestre,
op. 11, Offenbach, André. 2° Trois quintettes
pour deux violons, deux altos et violoncelle,
op. 8, ibid. 3° Trois idem, op. 14, liv. II, Pa-
ris, Sieber. 4° Trois quatuors pour deux vio-
lons, alto et violoncelle, op. 1, Vienne, Has-
linger. 5° Trois idem, op. 2, Vienne, Kozeluch.
G0 Trois idem, op. 3, ibid. 7° Trois idem,
op. 4, Offenbach, André. 8° Trois idem,
op. 5, ibid. 9° Trois duos pour deux violons,
op. 20, ibid. 10° Vingt variations pour deux
violons, Vienne, Artaria. 11° Sonates pour
violon et basse, op. 6, Offenbach, André.
12° Vingt variations 'pour violon et basse,
op. 7, ibid. 13" Méthode de violon, Vienne,
Cappi.
WRAINICZKY ( madame Catherine
KRAUS-), fille du précédent, née à Vienne
en 1800, a eu en Allemagne la réputation d'une
cantatrice distinguée. Elle débuta au théâtre de
la Porte de Carinlhie à Vienne, puis fut enga-
gée, en 1821, comme première cantatrice au
concerldeLeipsick. Après avoir parcouru l'Alle-
magne, elle a chanté avec succès au théâtre de
Hambourg pendant les années 1829 et 1830,
puis elle est retournée à Vienne, où elle a été
engagée au théâtre Josephsladt.
WUIET (Caroline), fille d'un organiste
de Rambouillet, connue aussi sous le nom de
madame Auffdiener, naquit en 1766, et fut
citée comme un enfant célèbre. A l'âge de
cinq ans, elle excitait déjà l'admiration par
son talent sur le piano. La reine Marie-Antoi-
nette lui accorda une pension pour son éduca-
tion : Beaumarchais et Demouslier furent ses
maîtres pour la littérature, Grétry lui donna
des leçons de musique, et Greuze dirigea ses
éludes dans la peinture. Ses relations avec la
famille royale, pendant les troubles de la ré-
volution, la firent arrêter et condamner à la
déportation; mais elle parvint à s'enfuir en
Angleterre, puis vécut quelque temps en Hol-
lande du produit des leçons de piano qu'elle y
donnait. De retour à Paris sous le gouverne-
ment du directoire, elle se lia d'une intime
amitié avec madame Tallien, devint femme à
la mode, et fui citée avec éloge comme écrivain
et comme musicienne. En 1807, elle épousa
M. Auffdiener, colonel du génie au service du
Portugal, et suivit son mari à Lisbonne, où
elle prit le nom de Dona EUdora. Les revers
des armées françaises en Portugal et en Espa-
gne la firent rentrer dans sa patrie. Séparée
de son mari, elle vécut en donnant des leçons
de musique, publiant des romances et chan-
sonnettes, et composant des romans. Retirée
plus lard à Saint-Cloud, près de Paris, elle y
passa ses dernières années dans un état d'alié-
nation mentale, et y mourut en 1 835. En 1 786,
Mademoiselle Wuiet fit représenter au théâ-
tre des Beaujolais L'Heureuse Erreur, petit
opéra dont elle avait composé les paroles et la
musique. Elle a publié «le sa composition :
1° Trois sonates pour clavecin avec violon et
basse, op. 1, Paris, 1785. 2° Pot-pourri pour
clavecin, Paris, Boyer. 3° Six romances avec
accompagnement de piano, Paris, 1798.
4" Comme elle était jolie, romance, ibid.
5° Moi, j'aime la danse, chansonnette, ibid.
Ces dernières productions ont obtenu un suc-
cès de vogue.
WUNDERLICII (Jean-Georges), fils d'un
hautboïste au service du margrave d'Anspach,
naquit à Bayreuth, en 1755, et apprit à jouer
de la flûte sons la direction de son père. A l'âge
de vingt et un ans, il se rendit à Paris et y de-
vint élève de Rault, alors l'artiste le plus ha-
bilesur cet instrument. Admis dans l'orchestre
du Concert spirituel, en 1779, Wnnderlich
entra, en 1782, dans la musique du roi, et à
l'orchestre de l'Opéra pour y jouer la deuxième
flûte, en 1787, puis la première. A l'époque
de l'organisation du Conservatoire de Paris, il
y fut appelé comme professeur, el y forma de
bons élèves à la tête desquels se place Tulou.
WUNDERLICH - WURST
497
Relire de l'Opéra en J8I5, après trente ans
île service, il eut pour successeur ce même
élève devenu dès lors le premier des flûtistes
de l'Europe. Wunderiich conserva sa place de
professeur au Conservatoire jusqu'à sa mort,
arrivée en 1819. On a gravé de sa composition :
1° Six duos pour t\ct)x Ailles, liv. 1, Paris, Ri-
chaul 1.2° Sonates pour flûte et l>asse,op.1, Paris,
Janct. 5° Six solos pour la flûte à cinq clefs.
op. 5 et 6, Paris, Frère. 4° Six divertissements
pour flûie solo, Paris, Janct. 5° Éludes pour la
flùleà cinq clefs, composées de soixante quatre
exercices dans Ions les Ions, ibid. fi" Études et
caprices pour la flûle, Paris, A Petit. 7° Trois
grand solos, idem. Paris, Janet. 8" Six grands
solos, idem. Paris, A. Petit. 9° Trois grandes
sonates avec basson ou violoncelle, ibid.
10° Mélliode pour la flûle, Paris, A. Petit.
WUNSCII (CiiiuniKN-EnNEST), docteur en
médecine à Francfort sur-l'Oder, puis à Leip-
sick, né à Holienslein, en 1744, mort dans les
premières années du dix-neuvième siècle, est
auteur d'une dissertation" intitulée : Initia
nova; doctrina? soni, etc., Lipsiœ, 1770, in-4°
de 40 |iages, avec 2 planches.
YVUI5DA (Joseph), ténor renommé en Al-
lemagne, est né à Raab, en Hongrie, le 1 1 juin
1807. Fils de parenls sans fortune, il étudia la
musique à l'école de ce lieu et en chantant dans
les églises. La beauté de sa voix le décida à se
tendre à Vienne, où il prit des leçons de chant
d'un maître italien nommé Cicinnara. En
1830, il accepta un engagement au théâtre de
la cour de Slrélitz, et pendant les cinq années
de son séjour dans celte résidence, il travailla
sans relâche à perfectionner son talent. Ayant
débuté, en 1859, au théâtre de Hambourg, dans
le Pirate, de Bellini, il y oblint un succès si
Initiant, (pie la direction l'engager, immédia-
tement à des conditions avantageuses. Les opé-
ras de Bellini fuient pendant quelques années
ceux où il brilla ; mais le rôle d'Éléazar, dans
la Juive d'Halévy, est celui où il a montré le
talent le plus complet. En 1847, il a été nommé
directeur du théâtre de celle ville. Il occupait
encore celle position en 1861.
WÏIRFEL (Guillaume), pianiste et com-
positeur, naquiten 1791 àPlanian, en Bohême.
Sa mère, bonne musicienne, lui donna les pre-
mières leçons, et les progrès de l'élève furent si
rapides, qu'à l'âge de douze ans il pu! déjà se
faire entendre en public avec succès. Quelques
livres de théorie, et les partitions des maîtres
furent' les seuls secours qu'il eût pour s'in-
struire dans la composition. A peine âgé de
quinze ans, il écrivit une messe solennelle que
lilOCR. t.MV. DES MUSICIENS. T. VIII.
les artistes instruits approuvèrent et qui mon-
trait évidemment ses heureuses dispositions.
Depuis lors, des concertos et des rondeaux
pour orchestre le firent connaître avantageu-
sement comme compositeur, et ses œuvres lé-
gères lui ont procuré un nom populaire. Son
talent sur le piano était particulièrement re-
marquable par l'expression et l'élégance. En
1814, Wurfel a fait un voyage d'artiste en
Bohême, en Hongrie et en Pologne. La place
de professeur de piano au Conservatoire de
Varsovie lui fut offerîe, en 1815, et il en rem-
plit les fondions pendant plusieurs années;
puis il se remit en voyage, s'arrêta quelque
lemps à Prague, et retourna enfin à Vienne, où
il fut nommédirecteur demusiqueautliéâlredc
de la PortedeCarinlhie, en 1826. Il est mort à
Vienne le 22 avril 1852. Wurfel a écrit, pour le
théâtre dont il dirigeait la musique, les opéras
Rubezahlelle Manteau rouge; le premier a eu
du succès. On a gravé de la composition de cet
artiste les ouvrages suivants : 1° Concerto
pour piano et orchestre, op. 28 (en mi bémol),
Leipsick, Peters. 2° La victoire de Wellington,
fantaisie pour piano à quatre mains, op. 15,
Vienne, Haas. 5° Fantaisie, idem, op. 14,
Vienne. Haslinger. 4° Rondeaux brillants pour
piano, op. 20, 24, 25, 50, Leipsick, Breilkopf
et Haprlel, Peters; Vienne, Haslinger. 5°Grandc
polonaise, idem, op. 40; Varsovie, Brzezina.
6° Airs variés, idem, op. 15, 16, 17, 19, 29,
Vienne, Haslinger; Leipsick, Hofmeisler.
7° Polonaise, idem, op. 21, 27, Leipsick, Brelt-
kof el Hœrtel.
WURST (Richard), directeur royal demu-
sique à Berlin, est né dans celle ville, le 22
février 1824. Pendant qu'il faisait ses éludes
littéraires au Gymnase, il reçut des leçons de
violon de Hubert Ries, puis il fut admis comme
élève à l'école de musique de l'Académie des
Beaux-Arts. Sorti de celle institution en 1841,
il se livra à l'enseignement de son instrument
et reçut dans le même temps des leçons de
Mendelssohn pour la composition. Un con-
cours ayant été ouvert à Cologne, en 1851, pour
la composition d'une symphonie, Wllrst oblint
le prix, puis il visita Paris, où il se livra à
l'étude du chant. De retour à Berlin, il fut dé-
signé comme professeur de violon, au Conser-
vatoire fondé par Kullak, et enseigna le chant
et la composition dans des cours particuliers.
On a publié de cet artiste un concerto pour
violon el orchestre, trois quatuors pour deux
violons, alto et basse, un trio pour piano,
violon cl violoncelle, une sonate pour piano et
violon et des Lieder. Il a en manuscrit une
498
WUKST - WYNGAEKT
symphonie, une cantate et des psaumes à trois
voix.
WYEAKT ou YVYKAïlT (Philippe) ,
dominicain dit couvent de Garni, naquit en
Flandre, et mourut dans son monastère, le 22
février 1094. Les auteurs de la Bibliothèque
tics prédicateurs disent qu'il était savant dans
la musique, lion organiste et qu'il connaissait
liien la facture des orgues et des carillons.
Il a laissé en manuscrit, dans son couvent,
j'i Garni, deux traités intitulés : 1° Traclatus
de cûfupanis et cainpdnibus. 2° De direc-
tions horologii publici; ijusque tintinnabu-
loruni.
WY3i(;\i:UT(AsT0i«EVA]\DEN), mu-
sicien et compositeur (en latin DE VIIMEA),
naqui' à Anvers, dans la première moitié du
quinzième siècle. Il fui chapelain-chantre rie
la cathédrale de celte ville et mourut en 149'J.
On ne connaît rie lui que deux morceaux rap-
portés par Glaréan, dans son Dodecachordon;
mais d'après ce (m'en dit cet auteur, Wyngaert
fui un des contrcpoiiilistes les plus habiles de
son siècle.
X
XENOCRITE, musicien de l'antiquité,
était de Locres en Italie, et naquit aveugle.
Plularque dit qu'il fut contemporain de Tha-
lélas, de Xénodame, de Polymnesles et de Sa-
cadas. Il ajoute qu'il fut l'un des auteurs du
second établissement de la musique à Lacédé-
mone. On lui attribue aussi la composition de
péans.
XÉ1NODAME, musicien grec, nédans Pile
de Cylhère, composa des péans et des airs de
danse appelés hyporchèmes.
XIMEISÈS de CISNEROS (François),
archevêque de Tolède, cardinal et régent d'Es-
pagne pendant la minorité et l'absence «le
Charles-Quint, naquit dans une petite ville de
la Caslille, en 1437, et mourut le 8 novembre
1517. La vie dece prélat politique n'appartient
point à cette Biographie ; il n'y est mentionné
que pour le soin qu'il prit de rétablirdans l'é-
glise de Tolède le chant eugénien ou gothique
connu sous le nom de mozarabique, qui avait
souffert d'assez grandes altérations par le
temps, et dont la tradition se perdait parmi les
chantres de celte église.
XUTUS, joueur de flûte grec, vécut à
Rome, et fut en grande faveur auprès d'An-
toine, qui l'emmena en Egypte.
XYLANDER (Guillaume IIOLTZ-
MANN, connu sous le nom de), savant hel-
léniste et critique allemand du seizième siècle,
naquit à Augsbonrg, le 26 décembre 1552, fit
ses études aux universités de Tubingue et de
Bâle, puis fut professeurde littérature grecque
à l'Université de Heidelberg, et mourut épuisé
par le travail et l'intempérance, le 10 février
157G, à l'âgé de quarante-trois ans. Ce savant
a traduit en latin les Vies des hommes illustres
et les OEuvres morales de Plularque (Baie,
1561-1570, deux vol. in-fol.), où se trouve le
traité de musique de cet auteur, avec des notes
et des remarques. On lui doit aussi une ver-
sion latine avec des notes du traité île Psellus
sur les quatre sciences mathématiques, pu-
bliée sous ce titre : De quatuor discipti-
nis mathemalicis Opusculum, Bâle, 1536,
in-8°. L'édition de Leyde , 1647, est inti-
tulée : Compendium mathemat. quadri-
vium, id est arilhmetica, musica, geome-
triaet astronomie Michael. Pselli interpr.
Xylandro.
32.
YAKilEWICZ (Feux), violoniste polo-
nais, néàWilna, vers 1750, vécut quelque
temps à la cour <lu roi Stanislas, à Nancy, dans
sa jeunesse; puis il alla à Paris, vers 1770, et
y publia ses premiers concertos; ensuite il
voyagea en Italie et donna un concerta Milan,
en 1780. Dans la même année, il se rendit à
Londres et fui choisi comme chef d'orchestre
de l'Opéra italien. Il y passa le resle de ses
jours. Yaniewicz s'était marié avec une dame
anglaise, et en avait eu un fils et deux filles,
dont l'ainée se fil remarquer par un très-beau
talent sur le piano On ignore l'époque de sa
mort. Les compositions connues sous son nom
sont : 1° Concerto pour violon et orchestre,
numéro 1, Paris, Imbaull (.lanel); numéro 2,
ibid.; numéro 3 (en la), ibid.; numéro 4 (en
la), ibid. ; numéro 5 (en nu mineur), Paris,
Six trios pour deux violons et basse; Paris.
Imbault.
YCA11T ou HYCART (Bernard), musi-
cien belge du quinzième siècle, vécut à Naples
en qualité de diantre de la chapelle royale
vers 1480, et (ut renommé comme savant théo-
ricien, lient quelques discussions sur des points
de doctrine musicale avec Gafori (voyez ce
nom). On ne connaît jusqu'à ce jour de ce sa-
vant musicien que deux lamentations de Jéré-
mie à quatre voix, publiées par Oclavien Pe-
trucci (voyez ce nom), dans le recueil intitulé:
Lamentationnm Jeremie prophète liber pri-
mus; f'enetiis, Pelrucci, 1506, petit in -4°
'obi.
YCKEIMîERG (Suexo), né dans l'Oslro-
golhie vers 1772, était étudiant en philosophie
à l'université d'Upsal lorsqu'il publia une dis
serlalion intitulée De Fatis musicis in Sux-
cia; Upsal, 1797, in-4°.
YOST (Michel), clarinettiste célèbre, fils
d'un trompette de la grande écurie du roi de
France, Suisse d'origine, naquit à Paris en
1754. Le premier instrument dont il apprit à
jouer fut le hautbois ; mais plus tard, lorsque
l'excellent clarinettiste Béer (voyez ce nom)
se fut fixé à Paris, en qualité de chef de la
musique des gardes du corps, Yost, plusconnu
sous son prénom de Michel, se livra à l'étude
de la clarinette sous la direction de cet habile
maître. Ses progrès furent rapides, et bientôt
d'élève, il devint le rival de Béer lui-même.
En 1777 il se fit entendre pour la première
fois au concert spirituel et y excita l'admira-
tion par la beauté du son qu'il lirait de l'in-
strument et par la neltelé de son exécution.
Chaque année il joua ensuite à ce concert, et
toujours avec un brillant succès. Une maladie
cruelle, qui pendant près d'une année le tint
aux portes du tombeau, lui avait laissé une
grande faiblesse qu'il voulut surmonter en
jouant dans deux concerts : celle imprudence
lui causa une rechute qui l'enleva le 5 juillet
1780, à l'âge de trente-deux ans. I.e meilleur
élève de Yost a été Xavier Lefebvre. Michel
Yost n'avait pas fait d'études de composition,
mais il avait de la facilité à trouver des mélo-
dies agréables et des traits brillants; il mettait
tout cela sur le papier d'une manière assez in-
forme, et son ami Vogel (voy. ce nom) se ser-
vait de ses idées pour rédiger ses concertos et
les instrumenter. On a gravé sous le nom de
Michel les ouvrages suivants: 1° Concerlos
pour clarinette et orchestre, nos 1 à 14, Paris,
Sieber. Les trois derniers sont posthumes.
2° Quatuors pour clarinette, violon, alto et basse,
œuvres 1 à 5, chacun de six quatuors, Paris,
Sieber. S" Duos pour deux clarinettes, œuvres
1 à 8, Paris, Sieber. 4° Airs variés pour cla-
rinette, avec alto el basse, liv. I, Paris, Sieber.
YOUiMG (Wattiiew), savant ecclésiastique
irlandais, néen 1750 danslecomlé de Roscom-
mon, acheva ses éludes à l'université deDuhlin,
puis y remplit les fondions de professeur. Ses
profondes connaissances en théologie, en phi-
losophie, dans les langues anciennes et mo-
dernes, et dans les sciences physiques el ma-
thématiques, lui firent conférer l'évéché de
Clonl'ort et Kilmacdnach (pays de Galles). Il
mourut, après quinze moisdesouffrances, d'un
cancer à la bouche, le 28 novembre 1800. Au
nombre des ouvrages de ce savant homme, on
remarque celui qui a pour litre: An Inquiry
inlo the principal phenomena of sounds and
musical striugs (Recherche concernant les
principaux phénomènes des sons et des cordes
musicales), Dublin, Jos. Ilill, 1784, grand
iu-8« de 203 pages, avec une planche. Cet ou-
YOUNG - YSSANDON
SOI
vrage est un des meilleurs et des plus complets
qu'on ailécrilssurcetle matière. La cinquième
section de la deuxième partie traite des sons
produits par les harpes éoliennes: railleur
availdéjà traité celle matière dans le Journal
philosophique de Nicholson.
YOLIMG (William), compositeur anglais
du dix-septième siècle, n'est connu que par
un ouvrage intitulé: Sonate a tre, quallro et
cinque stromenti, Inspruclc, 1G5ô, in fol.
YOUSSOUPOFF (Le prince Nicolas) ,
amateur violoniste, compositeur et écrivain
sur la musique, né en Russie vers 1820, a
voyagé pendant plusieurs années en Italie, en
Allemagne, en France et en Belgique, avec un
secrétaire allemand, hon musicien, qui écrivait
ses ouvrages et les niellait en ordre. Il vit ha-
bituellement à Pélershourg dans son palais,
où il entretient un orchestre de musiciens
russes et étrangers. Le prince YoussoiipofT a
publié à Paris, chez G. Brandus et S. Dul'our
un concerto symphonique de violon avec or-
chestre, auquel la société néerlandaise pour
l'encouragement de la musique a accordé une
mention honorable. Postérieurement il a
composé une sorte de symphonie historique
pour violon cl orchestre, à laquelle il a donné
le nom de Gonzalve de Cordoue, et dont il a
fait imprimera Paris un programme très-dé-
laillé et fort emphatique. Le prince Youssou-
poir s'est aussi fait connaître comme écrivain
sur la musique par deux ouvrages qui ont pour
titres : 1° Luthomonographie historique et
raisonnée. Essai sur l'histoire du violon et
sur les ourragesdes anciens luthiers célèbres
du temps de la renaissance, parun amateur,
Franclorl-sur-le-Mein, Ch. Jugel. Imprimé à
Munich, 1856, un vol. in-8°, avec planches.
2° Histoire de la musique en Russie. Pre-
mière partie. Musique sacrée suivie d'un
choix de morceaux de chants d'église an-
ciens et modernes. Paris. Saint-Jorrc, 18G2,
un volume in -4".
YIHARTE (Don Thomas DE), poêle espa-
gnol, né dans Pile de TénériiTe, vers 1750, fit
ses éludes à Madrid ; puis il fut placé dans les
bureaux du gouvernement, et parvint à l'emploi
de chef des archives de la secrélaireric d'État.
Ses succès dans la littérature lui ayant fait des
ennemis puissants, il fut accusé de professer
la philosophie anlichrétienne, et poursuivi,
en 178G, par l'inquisition de Madrid, qui lui
donna la ville pour prison. La procédure fut
instruite en secret, et ses juges le déclarèrent
légèrement suspect. Trop heureux «l'en être
quille à ce prix, il se relira au port de Sainte-
Marie, où il mourut en 1791, des suites d'atta-
ques violentes et réitérées d'épilepsie. A la tôle
de ses productions littéraires se place lin poème
sur la musique dont le succès a été brillant et
que les Espagnols ont classé parmi les chels-
d'œuvre de leur poésie. Ce poème est divisé eu
Cinq chants; dans le premier, l'auteur traite
des éléments de la musique ; dans le second,
de l'expression ; le troisième a pour objet la
dignité de la musique et son emploi dans les
cérémonies religieuses; le quatrième renferme
îles préceptes sur l'usage de cet art dans les
fêtes el au théâtre; dans le cinquième, Yriarle
l'ait un tableau des ressources offertes par l'art
dans la solitude. Le mérite principal de ce
poëme consiste dans l'harmonie des vers.
Voici l'indication des éditions principales de
l'ouvrage d'Yriarle, et de ses traductions :
\° La Mnsica ,poema. Madrid Jmprentn delà
Gazeta, 1779, grand in-8°. Celte première édi-
tion, dont l'exécution typographique est belle,
a été tirée à un petit nombre d'exemplaires.
2" Idem, deuxième édition, Madrid, Imprenla
real, 1784, grand in -8°. La troisième édition
a élé publiée à Madrid, en 1789, petit in-4°. Il
a élé fait plusieurs autres éditions de ce poème,
entre autres une à Burgos, chez Pedro Beanme,
in-16, el une à Lyon, chez Cormon et Blanc,
1822, in-18. L'abbé Antoine Garzia, jésuite
espagnol, relire à Venise, a donné une traduc-
tion italienne du poème d'Yriarle, intitulée:
La Musica, poema di D. Tommaso Iriarte,
tradotto dal castigliano, in Venezia, 1789,
petit in-4". Grainville (voy. ce nom) en a fait
une traduction fort médiocre qui a pour litre:
La Musique, poème traduit de l'espagnol, de
D. Thomas de Yriarle-, et accompagné de
notes par le citoyen Langlé, Paris, 1800,
1 vol. in-12 de 202 pages. Enfin John Bell'our
en a publié une traduction anglaise, à Lon-
dres, en 1811, 1 vol. in-8°, sousec litre : Mu-
sic, a didaclic poem in five canlos, by don
Tomas de Yriarle, translated into cnglish
verse. Charles Pignatelli a fait imprimer :
Elogio historico de don Tomas de Yriartt;
Madrid, 1791, in-8".
YSSANDON (Jean), né vers le milieu du
seizième siècle à Lésait, dans l'ancien comté
de Foix (aujourd'hui déparlement de l'Ariégc),
vécut à Avignon dans le palais du cardinal
d'Armagnac, son protecteur. On a de lui un
livre qui a pour litre : Traité de la musique
pratique, divisé en deux parties, contenant
en bref les règles et pratique d'icelle, ensem-
ble les tables musicales, avec divers exemples
pour plus facile intelligence de l'art. £e
502
YSSANDON - YZO
tout extrait de plusieurs auteurs latins et
mis en langue française, à Paris, par Adrien
le Roy, et Roliert Ballard, 1582, in-fol. de
22 feuillets. Quoi<|iie fort concis, cet ouvrage
est bon à lire pour la connaissance de l'ancien
système de notation. Les exemplaires sont
d'une rareté excessive.
YZO ( ..), auteur inconnu d'un écrit inti-
tulé : Lettre sur celle de M. J . J . Rousseau,
citoyen de Genève, sur la musique, Paris,
1754, in-8° de 24 pages. Le rédacleurdu Jour-
naldes savants, qui a rendu compte de cet écrit
(ann. 1754, p. 451), l'apprécie en ces mots :
Brochure gui est faible de style et de choses.
z
ZAïlKL (GoDKrnoiB-GLiLi.AtMii), Ijod fac-
teur d'orgues, élève «lu Ilildebrand, vivait en
J792 à Tangermtlnde, près de Stciidal. Il a
construit en 1803 l'orgue de l'église principale
de celle ville, composé de douze registres au
positif et de neuf jeux à la pédale,
ZAîîI21\I\T(J,vcQur,s), écrivain inconnu d'un
livre fort rare, intitulé : Art bene cantandi
ehoralem canlum. ïïlognntiœ, 1500, in-12.
Une deuxième édition a été publiée dans la
môme ville, en 1509, in-12, sous ce litre ;
Ars bene cantandi ehoralem canlum in
multitudine personarum tandem Dci reso-
nantium (voyez les 7Vo/j'ccs des livres anciens
et rares (Xachrichlen von allen und raren flu-
cliern), publiées sous le pseudonyme de Theo-
philus (SYnceru»(Georges-JaequeB Schwfndel),
sixième partie, p. 337.
ZACCAIUIS (Crsau DE), ou plutôt ZAC-
CA!II, né à Crémone vers le milieu du sei-
zième siècle, fut engagé au service de l'élec-
teur de Bavière en qualité de chanteur ; mais
il quitta la chapelle de ce prince en 1588, à
cause de quelque mécontentement, et entra
dans celle du comte de Furstemberg, à Scheer,
sur le Danube, d'où il a daté la dédicace de
son dernier ouvrage, le 20 mars 1594. Ce
Compositeur avait été certainement élevé à
bonne école, car sa musique est fort bien
écrite, les parties chantent bien, et son har-
monie est naturelle. Ses ouvrages imprimés
sont : 1° Canliones sacras quatuor vocum,
Munich, Adam Uerg, 1590, in-4°; réimprimé
en 1594. 2? Jntonationes vespertinarumpre-
cuimina cum singulorum tonorum psalmo-
diis (quœ vulgo falsi bordoni dicunlur) qua-
tuor vocum, i l)i(1. , 1590, in-fol.; réimprimé
avec le numéro suivant en 1591 et .1594, chez
le même éditeur. 5° Hymni quinque vocum
de Tempore per tolum annum, etc., ibid.,
1590, in-fol. ; réimprimé avec le précédent en
1591 et 1594, gr. m -fol. Ce volume fait partie
de la collection qui a pour litre général : Pa-
trocinium musices. 4'1 Canzonette a quattro
roci, ibid., 1595, in-4u.
ZACCHAUIAS (Je.vn), musicien alle-
mand , vécut dans la première moitié du sei-
zième siècle. Il n'est connu (pie par des motets
à quatre voix qui se trouvent dans un recueil
intitulé: Officia Paschalia. De Hesurrcctione
et Ascensionc Domini. Fitebergx , apud
Georgium Rhau, 1539. Des exemplaires de
cette collection se trouvent à la Hibliolhèque
royale de Munich et à celle de l'université do
Jéna.
ZACCIIIM (Jumïs), organiste a Saint-
Georges-lc-Majenr, n Venise, dans la seconde
moitié du seizième siècle, a fait imprimer do
sa composition des Molctti a quatlro voci;
InVenelia, 1572, ln-4°.
ZACCOIM (ï.otis), moine de l'ordre de
Saint-Augustin, naquit aPesaro, vers le milieu
du seizième siècle, et fut directeur dli chœur
du couvent de son ordre, à Venise. En 1593, il
entra dans la chapelle de l'archiduc Charles
d'Autriche, à Vienne, et deux ans après, il passa
dans celle de l'électeur de Bavière. Il parait
qu'il retourna à Venise vers 1619, vraisembla-
blement à cause des événements de la guerre
de trente-ans. Il y publia, en 1622, la seconde
partie de l'ouvrage important qui nous reste de
lui. Ce livre a pour litre : Pratica di Mn-
sica, utile e necessaria, si al compositore,
per comporre i canti suoi regolar meule, si
cinco al cantore, per assicurarsi in tutle le
cose canlabili. Divisa in quattro libri, nei
quali si trutta délie cantilene ordinarie, de'
tempi, de' prolalioni, de' proportioni, de'
luoni, e délia convenienza di tutti gli islru-
menli musicali. Si insegna a cunlar lutte le
composilioni antiche, si dichiara tulla la
Itlessa delPalestrina, co'l titulo : l'Orne armé,
con allie cose d'imporlanza e dilettevoli.
Parle I, Venezia, 1592, in-fol. Une deuxième
édition de cette première partie a été publiée à
Venise, en 1590, in-fol. La deuxième partie est
iniiiulée : Pratica di Musica, seconda parte.
Divisa e distinta in quattro libri, ne' quali
primieramentesi traita degli elementi musi-
cali, cioè de' primi principii corne necessarii
alla lessitura o formatione délie composilioni
armoniali ; de' contrappunti semplici ed ar-
lificiosi da farsi in cartella ed alla mente
sopra canti fermi; e poi moslrandosi corne
si facciano i contrappunti doppii d'obbligo,
e conconsequenli.Simostra finalmente corne
50i
ZACCONI — ZÀCHE
si conlessino piùfughe opra i predetticanti
fermi ed ordischino cantilene a due, tre,
quattro e più voci, Venezia, 1622, in-fol.
Cel ouvrage esl un des meilleurs qui oui
vu le jour en Italie, et c'est celui qui l'ail
le mieux connaître la situation de Part au
commencement du dix-septième siècle. C'est
aussi dans ce livre qu'on peut prendre la
connaissance la plus exacte des instruments
en usage à cette époque. La deuxième partie est
plus rare que la première, dont il y a deux
éditions.
ZACH (Jean), né à Czelakowicz, en Bohême,
vers 1705, a été un des meilleurs organistes
de son temps, et s'est aussi distingué comme
violoniste et comme compositeur Le maître
auquel il dut son instruction dans l'art d'écrire
et son talent d'organiste, fut le P. Czernchorsky,
de l'ordre de Saint-François, qui était maître
de chapelle de l'église Saint-Jacques, à Prague,
lorsqucZacli entra danslechœnr decetteéglise.
Dans sa jeunesse, il fui attaché comme orga-
niste aux églises Sainl-Gall et Saint-Martin de
Prague. Plus tard, ayant concouru poui ohle-
nir l'orgue de la cathédralede cette ville, et un
artiste d'un mérite inférieur au sien l'ayant em-
porté sur lui, il s'éloigna et serenditàMayence,
où l'électeur le choisit pour son maître de cha-
pelle. Il en remplit longtemps les fonctions
avec honneur, etse distingua aussi par les hons
élèves qu'il forma dans la science du contre-
point et de la composition. Il mourut eu 1775
à Bruchsal, dans le duché de Bade, ou il s'était
retiré dans ses dernières années. On n'a gravé
de sa composition qu'un seul concerto pour le
clavecin en 17GG, à Spire; mais il a laissé en
manuscrit des symphonies et six sonates pour
clavecin et violon.
ZAC1IARDI (Florido), compositeur ita-
lien, vécut a la fin du seizième siècle. Il s'est
fait connaître par une œuvre intitulée : Can-
tiones sacra; quinque, sex et septem vocum.
Veneliis, 1591, in-4».
ZACHAllIvE (Juste-Frédéric Guil-
laume), professeur de belles-lettres au gym-
nase de Brunswick, naquit le 1er mai 1720,
à Frankenhausen, dans la principauté de
Schwarzbourg, et mourut à Brunswick le
50 janvier 1777. Poêle estimé, il cultiva aussi
la musique avec succès. On connaît de lui, en
manuscrit, l'oratorio les Pèlerins de Golgollia ,
dont il composa les vers et la musique en 1756,
et deux suites de pièces de chant et de clavecin
publiées en 1700, cl dont il fut l'ait une
deuxième édition en 1768. Il a fait insérer,
dans les Essais historiques et critiques de Mai-
purg (tome III, p. 71-76), une lettre sur les
plagiais en musique.
ZACIIARI/E (J.-F.-L.), directeur de
musique à Magdebourg, succéda dans celte
place au compositeur Rolle (voyez ce nom), en
1785. Il a laissé en manuscrit plusieurs com-
positions pour l'église, qui se trouvent à Mag-
debourg, et parmi lesquelles on remarque un
recueil qui a pour titre : Kirchemusik, ivelclie
bey der St-Katharinenkirche am 2 sept. 1795
zu Iflagdeburg vor-und Nachmillags auss-
gefiihrt vorden ist. On a imprimé de lui :
Skolieaoder Gesxtige bey freundschaftlichen
Zusnmmenlkunslen. Sondersleben, Lorenz,
1796.
ZACIIAU (Pierre), musicien et joueur de
cornet du sénat de Lubeck, vécut dans la se-
conde moiliédu dix-septième siècle. Il s'est fait
connaître par les ouvrages dont voici les ti-
tres : Sieben Branlen mil duzn Gigcn, Ga-
volten, etc., und mit drey Couranten (Six
branles avec leurs gigues, gavottes, etc., et
avec trois courantes) Lubeck, 1683, in-4°.
2° Erster Theil viestimmiger Violdi gamb
Lustspielen solo, beslehend in Prxltulien.
Alemanden, Couranten, Balklten und Clii-
quen (Divertissements à quatre parties pour la
basse de viole, consistant en préludes, alle-
mandes, courantes, ballels etgigues. Première
partie). Lubeck, 1693, in fol. de quarante-huit
planches gravées sur cuivre (voyez Moller,
Cimbria lilerata, l. I. p. 748).
ZACIIAU (Frédéric-Guillaume), fils d'un
musicien de Leipsick, naquit dans celle ville,
le 19 novembre 1663. Dans sa première en-
fance il suivit son père àEilenhourg,enPrusse,
et y apprit, dans l'école publique, la musique,
l'art de jouer de l'orgue et les éléments de la
langue latine. Thiel, de Stellin, perfectionna
ensuite son talent sur l'orgue. En 1684, il fut
nommé organiste de l'église Sainte-Marie à
Halle, en Saxe. Il conserva celle place jusqu'à
sa mort, arrivée le 14 août 1721. Zachan a
laissé en manuscrit des pièces d'orgue excel-
lentes, dont quelques-unes ont été .insérées
dans des recueils, entre autres dans celui qui
a pour litre : Saminlung von Prxludien,
Fugen, ausgefiilirtcn Cfwrxlen, etc., von
beriihinten Meistern, Leipsick, Brcilkopf et
Haertel. Cet artiste a la gloire d'avoir été le mai-
Ire de llaendel.
ZACIIL (...), en latin Z VCIIEUS, mu-
sicien belge du seizième siècle, n'est connu
jusqu'à ce jour que par quelques morceaux de
sa composition qui se trouvent dans les recueils
intitules : 1° Jardin musical contenant plu-
ZACHE - ZANCHI
505
sieurs belles fleurs de chansons à trois par-
ties, choysies d'entre les oeuvres de plusieurs
(tut heurs excellent s en l'art de musique ensem-
blele blasondubeau et laid telin propres tant
à la voix comme aux instruments. Le pre-
mier livre. En Anvers. Par Hubert f'uael-
ranl (sic) et Jean Laet (sans date), in-4° obi.
2° Recueil des fleurs produites de la divine
musique à trois parties par Clément non
Pape, Thomas Cricquillon; et autres excel
lents musiciens. A Lovain, de l'imprimerie
de Pierre Phalese, libraire juré, l'an 1509,
pelil in-4" obi.
ZAEÏSKL (D.), moine de l'ordre de Saint-
François, né en 1719 à Unlerwinckling, en
Bavière, reçut en 1740 l'habit de son ordre,
et mourut à Munich en 1783. Grand musicien
et compositeur, il écrivit pour son couvent
plus de cent messes, offertoires et litanies qui
sont restées en manuscrit.
ZAGAGIVONI (Le P. François), mineur
conventuel, naquit le 5 février 1707 à Ai-
genla, dans la province de Ferrare. Les pre-
miers éléments de la musique lui furent ensei-
gnés par le maître Pettarini, de Massa-Lom-
harcli ; il alla plus lard continuer ses études à
Bologne, sous la direction du P. Martini, puis
avec le P. Maltei. Son mérite le fit rechercher,
et il fut agrégé à plusieurs sociétés musicales
et littéraires. Il fut d'abord maître de cha-
pelle de l'église des Ursulines de Ferrare; plus
lard il se relira dans le monastère des PP. Con-
ventuels des SS Apôtres, à Rome, où il remplit
aussi les fonctions de maître de chapelle. Il y
est mort le 7 avril 1844. Une partie de ses
compositions pour l'église se trouve chez les
Ursulines de Sainte-Marie des Servîtes, à
Ferrare ; l'entre est dans les archives des
PP. Conventuels des SS. Apôtres, à Rome.
Parmi ses ouvrages les plus remarquables, on
dislingue un Miserere à quatre voix; un autre
Miserere à trois voix et orgue, une messe so-
lennelle à quatre voix et orchestre, une messe
de requiem également avec orchestre, et des
motets à huit voix en deux chœurs. On connaît
de ce religieux des éludes de contrepoint.
ZVKOWSKY (Joseph), amateur de mu-
sique, est né à Iglau en Moravie, vers 1810.
Également habile sur le piano et sur la gui-
tare, il jouait quelquefois des duos sur les deux
instruments, savoir, le piano avec la main
droite et la guitare avec la gauche. On a gravé
«le sa composition : lu Tantum ergo, pour
quatre voix, orchestre et orgue, Vienne, Bèr-
mann. 2° Te Deum laudamus à (rois voix,
deux clarinettes, deux cors, deux trompettes,
timbales, basse et orgue , ibid. 3° Instruc-
tion pour le piano, ibid. Il a aussi publié
des recueils de danses allemandes et hongroi-
ses.
ZAMBOIXI (Louis), un des meilleurs bouf-
fes de l'Italie, au commencement du dix-neu-
vième siècle, naquit à Bologne, en 1707, et y
reçut son éducation musicale. En 1791, il dé-
buta à Ravenne dans l'opéra de Cimarosa //
Fanalico in Berlina, puis chanta à Modène,
à Parme, à Florence, et enfin à Rome, où il
obtint un brillant succès. En 1807, il brilla à
Venise, chanta au théâtre de la Scala de Milan,
en 1810 et 1811, et fut un des acteurs pour qui
Rossini écrivit le Barbier de Séville, à Rome,
en 1810. Deux ans après, il chanta de nouveau
à Milan, mais déjà sa voix était fort affaiblie.
Retiré à Florence en 1825, il y eslmort le 28 fé-
vrier 1837, à l'âge de soixante el dix ans.
ZAIUMINEK (FitÉDÉiuc), professeur de
physique à l'Université de Giessen, né à Darm-
sladl, mon le 10 août 1850, dans un âge peu
avancé, est auteur d'un bon livre intitulé : Die
Musiît und die musihalischen Instrumente
in ihrer Beziehung zu den Gesetzen der
Akuslik(La Musique et les instruments musi-
caux dans leurs rapports avec les lois de l'a-
coutique). Giessen, 1855, J. Reiker, un vol.
gr. in-8° de 4Ô7 pages, avec un grand nombre
de figures d'instruments insérées dans le
texte.
ZAWATA (Dominique), compositeur véni-
tien qui vivait vers la fin du dix-septième siè-
cle, est connu par les ouvrages suivants :
1 • Sonate da chiesa a 3 stromenli, due violini
e violoncellojcolbasso continue- perl'orguno,
op. 1°, Bologne, 1089, in-4". 2» lutrecci ar-
monici diversi, espressi in cantate a voce
soin di soprano o contr' alto, op. 4, Venise,
1097, in-4° obi., en partition. 3° Cantate in
soprano, a voce sola, e ariette con violini
unissoni, op. 0, Venise, 1098, in-4" obi. La
première édition de ces cantales a paru à Ve-
nise, chez Sala, en 1095. Gerber indique aussi
les ouvrages suivants de cet auteur, qui exis-
tent en manuscrit : 1° Salmo 109 Dixit Do-
minus, etc., a 2corj'per8 voci realiacapella
in canone, con 2 violini in canone, ed una
viola. 2" Lx talus, a 8 voci, a 2 cori a capella
in canone, con 2 violini in canone ed una
viola 3" Magnificat, a dclti.
ZAIMCIIl (Libérale), musicien et organiste
de l'empereur Rodolphe II, né à Trévise, vers
1570, a publié : 1" Canlioncs von A und 8
Stimmen zuallerley Instrumentai (Chansons
à quatre et huit parties pour toute sorte d'in-
;;og
ZANCI-II - ZAM
strumeuts), Prague, ItiOô. 2o Quinque psal-
moram in vesperis concinendorum adonis
et duodenis vocibus, Prague, 1603, in-4?.
ZAÏVETTI (Le P. Zacharie), moine fran-
ciscain, né à Bologne, vécut dans la pre-
mière moitié du dix-septième siècle. Il a pu-
blié: Sacrze et divins canlioncsbinisac terni s
vocibus adorganum der.antand.v , cxpluribus
mitsicis exceUcntissimiscumnunrjiiuin bnsso
ad organum commodum noviter édita.'. Vc-
neliis apud Alex. Vinccnllum, 1G19, in-4".
La plupart des compositeurs dont on trouve
des motets dans ce recueil sont des RR. PP.
franciscains peu connus. Plusieurs de ces mor-
ceaux appartiennent au P. Zanelti.
ZA^iETTI (Astoinr), appelé aussi ZA-
NETTIWI, musicien de l'école vénitienne,
fut d'abord admis à la chapelle de Saint-Marc,
comme sopraniste, en 1076, puis devint maî-
tre de la chapelle ducale de Modène, en 1080,
et retourna ensuite à Venise, où il écrivit pour
le théâtre. Il y vivait encore en 1705. Il avait
eu pour maître de composition le célèbre com-
positeur Legrenzi. Zanelli a fait représenter, à
Venise, les opéras suivants: \aMedea in Alêne,
joué en 167]) et repris en 1678.2° Aurora in
Atene, au théâtre SS. Giovanni e Paolo, en
1678. 3» Irène e Costantino, 1681. 4° Ternis-
tocle in bando, 1685. 5° Virgilio console,
1704. Ç>" Arlaserse, 1705, an ihéâlrede S. -An-
giolo, puis à Bologne en 1711.
ZANETTI (François), maître de chapelle
à Permise (Perugia), naquit à Vollerra vers
1740. Ayant fait représenter un opéra dans
lequel il chanta lui-même, à la place du pre-
mier ténor qui venait de s'enfuir, celle incon-
venance lui fit perdre sa place de maître de
chapelle. Quelque temps après, il épousa une
cantatrice fort belle avec laquelle il voyagea
en Italie. En 1790, il était à Londres et y avait
publié quelques œuvres de musique instru-
mentale. Les opéras connus sous son nom sont
ceux-ci : 1° ~VAntigono,à Livourne, en 1765.
2° Didone abbandonala, ibid, 1766. ôu Le
Cognate in contesa, opéra bouffe, à Alexan-
drie de la Paille, en 1783. On a gravé de sa
composition : l°Six trios pour deux violons et
violoncelle, op. 1 et 2, Londres. 2° Six idem,
op. 4, ibid. ô° Six quintettes pour trois vio-
lons et deux violoncelles, op. 3, ibid. 4° Six
trios pour deux flûtes et basse.
ZAI\G (Jean-Henri), cantor, compositeur,
écrivain, chimiste, fadeur d'instruments,
mécanicien, dessinateur, calligraphe, etc.,
naqùitj le 1ô avril 17ôô, à Zella-Saint-Blaise,
dans le duché île Gotha. Son père, lieutenant
hongrois, s'était retiré dans ce lien. Zang était
destiné à cultiver les lettres grecques et lalincs,
mais la musique avait tant d'attraits pour lui,
qu'il négligea les autres éludes pour se livrer
uniquement à celle de cet art. Ayant été en-
voyé à Leipsick, il y reçut, pendant deux ans,
des leçons de clavecin et d'orgue. En 1749, il ac-
cepta un emploi civil àCohourg, puis il occupa
quelque lemps celui d'organiste à Hohenstein,
près de cette ville. En 1751, il fut appelé,
comme cantor, à Wallsdorf près de Bamberg,
et, dans l'année suivante, il alla occuper une
position semblable à Stockbeim sur le Mein,en
Bavière, où il eut une longue carrière, Il y mou-
rut le 18aortl 1811, à l'âge de soixantc-dlx-
huit ans. Gerber cite de lui les compositions
suivantes : La Muse chantante du Mein,
gravée par lui-même sur des planches do cui-
vre. 28 Deux années complètes de cantate»
d'église pour tous les dimanches et fêles, en
manuscrit, ô" Douze trios pour l'orgue à deux
claviers et pédale, idem. 4" Six sonates pour le
clavecin, avecd'aulres pièces, idem. Zang avait
travaillé pendant presque toule sa vie à une
collection de manuels des ans et métiers, sous
le titre : Des Kunst und Handwerks- Buchs ,
etc.; il en publia la première partie contenant
l'artdu tonnelier, à Nuremberg, chez Schneider
eiWeigels,en 1798, un volume petit in-8°, avec
des planchesdessinéeset gravées par lui-même.
La seconde partie est intitulée : Der Voll-
hommene Orgelmacher oder Lehre von der
Orgel und Tp'indprobe (Le Parfait Facteur
d'orgue, ou science de l'examen de l'orgue et
de la soufflerie), Nuremberg, chez les mêmes,
1804, petit in-8° de 175 pages, avec une pré-
face et deux planches. Une deuxième édition
de cette seconde partie a paru chez les mêmes,
en 1810, et une troisième, en 1829, toutes
in-8°. Ce livre est un bon ouvrage, où l'on re-
marque des principes de construction plus cer-
tains que les tâtonnements et la rouline des
facteurs ordinaires.
ZA1\GER (Jean), né à Inspruck, dans la
première moitié du seizième siècle, a été vrai-
semblablement cantor à Brunswick ; car l'é-
pilre dédicatoire de son livre est datée de celte
ville, le 10 des calendes de juin 1552. Il a pu-
blié un traité élémentaire de musique intitulé :
Pruclica; musicx prxcepla, pueritiœ insti-.
luendx gratia, ad ccrlum methodum revo-
cala, Lipsiae, apud Georg. Hanlsch, 1554,
in-4" de dix-neuf feuilles. L'ouvrage est en
dialogues.
ZATM (Anuré), violoniste distinguéelcom-
posilcur. naquit à Casate-Maggiore, en Lom-
ZANI — ZAPPASORGO
r;07
bardié, dans les premières années <1 n dix-hui-
(ième siècle. On a gravé de sa composition :
1° Sei concerti grossi a 2 violini principal^
2 violini di ripieno, violelta, violone edor-
gano, Amsterdam, Roger. 2« Sei sinfonie a
due violini, viola di gamba et organo, ibid.
5° Dodici concerti aviolino solo, 2 violinidi
ripieno, violelta ed or gano , ibid.
ZANI DE FERRAIS XI. Voyez FER- .
RAHTI.
ZANOTTI (Cumule), en latin JEAN-
HOTTES, vice-maître de chapelle de l'em-
pereur Rodolphe II, naquit à Césène, dans la
Romagne, vers 15415. Il est auteur d'un recueil
de quatre messes, intitulé ; Missarum cum
quinquevocibus liber primus, nuper aiditus.
Venetiis, apud Angelum Gardanum, 1588,
in-4° obi. Les antres ouvrages de Zanofli sont ;
Il primo libro delli Madrigali a sei voci.
Nuovamente posti in luce. In Venelia, an-
pressoAngelo Gardano, 1589, in-4°.Une par-
tie des vingt et un madrigaux que contient ce
recueil a été réimprimée avec d'autres, à cinq
et à douze voix, dont quelques-uns avec un
texte allemand. Cette collection a pour titre :
Madrigali a5,6et 12 voci. Nuremberg, 1590,
in- 4° obi. Sacra; Symphonise octo vocum,
Nuremberg, veuve Gerlach, 1592, in-4° obi.
Cet œuvre renferme des motels à deux
chœurs.
ZAHOTTI(Fra*çois-Maiue), célèbre pro-
fesseur de philosophie, géomètre et bibliothé-
caire de l'Institut des sciences de Bologne, na-
quit dans celle ville, le 6 janvier 1692, et y
mourut le 24 décembre 1777. La vie et l'exa-
men des ouvrages de ce savant n'appartien-
nent pas à ce dictionnaire biographique ; il
n'y est cité que pour des lettres qu'il écrivit
au pèreGiovenale Sacchi, concernant son traité
Délia divisione del tempo nella musica, etc.,
et qui ont été recueillies avec celles de Martini
et de Sacchi sur un autre ouvrage de celui-ci,
sous ce litre : Leltere del Sig. Franc. Mar.
Zanotli, del P. Giamb. Martini, e del P.
Giovenale Sacchi, Jccademici deW Istilulo
di Bologna, nelle quali si propongono e ri-'
solvono alcuni dubbi appartenenti al tral-
tato : Délia divisione del tempo nellamusica,
nel ballo e nellapoesia, pubblicato in Milano
l'anno 1770, e aW altro : Délie quinte suc-
cessive nel contrappunto, e délie regole degli
accompagnamenti , pubblicato l'anno 1780,
Milano, 1782, in-4".
ZAHOTTI (Jeaîh-Calixtk), abbé et neveu
du précédent, naquit à Bologne, en 1754, et
lit ses études musicales sous la direction du
père Martini. Il fut académicien philharmo-
nique de celle ville et maître de chapelle de
l'église Sainl-Pélronc. Il a beaucoup écrit
pour l'église, mais sa musique est restée en
manuscrit. L'almanach des théâtres-, publié à
Milan, en 1791, le met aussi au nombre des
compositeurs dramatiques. Burney entendit à
Bologne, en 1770, un Dixit composé par
l'abbé Zanolti, dont il vante les beautés. Ce
musicien est mort dans l'été de 1817, {Voyez le
Diario di Bologna, juillet 1818.)
ZAPATA (I)om Maurice), moine de Mont*
Cassin, né à Parme en 1G40, mourut au mo-
nastère de Monl-Cassin en 1709. On a de lui
un petit traité du plain-chant, inltilé ; Ris-
tretto e brève discorso sopra h regole del
canto fermo. In Parma, per Giuseppe deW
Oglioe Jppolito Rosati, 1082, in -4".
ZAPF (Jean-Népomucène), professeur de
musique et de piano à Grœiz, vivait au com-
mencement du dix-neuvième siècle. On a pu-
blié de sa composition : 1° Trois sonates pour
piano, violon et violoncelle, Vienne, 1801.
2° Deux sonates pour piano seul, ibid., 1802.
5" Grande sonate pathétique, ibid. 4" Esquisse
pour le piano, avec violon et violoncelle, ibid.,
1802. 5° Sept variations pour piano sur le
thème allemand: Begliickt durchdich, etc.,
?'6ttL,1801. 0° La Galopade avec 10 variations
pour le piano. 7° Quelques variations pour
violon et pour flûte. On connaissait aussi à la
même époque, en manuscrit, l'opéra intitulé:
Die Hiddigung (L'hommage), composé par
Zapf.
ZAPPA (le père Siméon), grand cordelier
au couvent de Venise, ,naqnit à Aquilée, dans
l'Illyrie. Il paraît avoir vécu plus lot que je ne
l'ai dit dans la première édition de celle Bio-
graphie, car il existe une édition du pet i t ou-
vrage qui l'a l'ait connaître, laquelle a pour
litre : Regolelte de canto fermo et de canto
figurato latino et volgare italiano con ogni
brevila nouamenle composte et compilate.
A la fin de cel opuscule, composé de vingt
feuillets in-4°, on lit: Jdlaudem Dei et Beatx
Virginia cxplicit facile principium 7iiusi-
cale ediluma fratre Aquilano Lirycienseor-
dinis minor. Conventualium. Venetiis per
Auguslinum de Bendonis, 1037. Il y a eu
probablement d'autres éditions de ce petit
écrit avant celle qui porte le nom de Padre
Simeone Zappa et le titre : Regolettedel canto
fermo e figurato, Venezia, 1700, in-4".
ZAPPASORGO (Jean), compositeur du
seizième siècle, né à Trévise, a fait imprimer
ifc sa composition : 1° Napolitain' a Ire voci,
oÛ8
ZAPPASORGO — ZARLINO
Jib. I, Venezia, 1571, in-8n. 2" Idem, lih. II,
ibid.y 1573, in-8". Il y a une autre édition <le
ces deux livres de napolitaines, datée de Ve-
nise, 1582, et une troisième, avec la date de
1588. Les titres de ces oeuvres nous font con-
naître la ville où ce musicien vit le jour.
ZARLINO (Joseph), savant musicien et
écrivain célèbre sur la théorie de la musique,
naquit à Chioggia, «lansl'Élal vénitien, vers les
premiers mois de 1510; car il nous apprend
lui-môme {Delhi Originedei R. F. ('apucini,
in Op. tome IV, page 9G) qu'il était âgé d'en-
viron deux ansau mois de juillet 1521 (1). Bur-
ney, qui a fixé l'époque de sa naissance en
1540 (a General Nistory of It/usic, tome III,
page 1G2), a pu ne pas connaHrc ce passage,
qui n'est mentionné par aucun des historiens
delà musique; mais il aurait dû lire un pas-
sage du livre de Zarlino intitulé: Sopplimenli
tnusicali, où il rapporte (lih. VIII, c. 13) une
discussion qui s'éleva, dit-il, le 5 décemhrc
1541, première année de son séjour à ï'enise,
dans l'église Sa int-Jean-P Aumônier, au Rialto,
entre l'organiste Parahosco et un autre musi-
cien. Celte date de 1541, rapprochée du pas-
sage de l'Origine des capucins, cité précédem-
ment, démontre que plusieurs auteurs, et moi-
même dans un autre endroit, avons été induits
en erreur lorsque nous avons dit que Zarlino
avait été admis comme enfant de chœur à
l'église de Saint-Marc et qu'il y avait fait ses
éludes de musique; car il est évident que, né
en 1519, il élailâgéde vingt-deux ans lorsqu'il
arriva à Venise. Willaert, qui fut en effet son
maître, comme il le déclare lui-même en plu-
sieurs endroits de ses ouvrages, ne lui ensei-
gna donc pas les éléments de la musique, mais
le contrepoint et la théorie des proportions
musicales.
Zarlino succéda à son condisciple Cyprien
de Rore, dans la place de maître de chapelle
de la célèbre église de Saint-Marc, le 5 juillet
(I) Je dois dire pourtant que celte date n'est pas celle
que l'abbé Jérôme Havagnan a fixée dans son éloge (Je
Zarlino, imprime à Venise en 18 lit. Suivant cet écrivain,
le célèbre musicien n'a pu naître poslerieurement au
~li mars 1517, et les preuves qu'il en rapporte parais-
sent convaincantes. En ellei, on trou > e dans le deuxième
volume des actes manuscrits de l'évcctic de Cliioggia
(p. 224 cl 225) que Joseph Zarlino. fils de Jean, alors
vivant, avait reçu les ordres mineurs le 3 avril 1537, et
qu'il avait été promu au diaconat, à l'àijc de vingt-trois
ans, le 22 mars 1539. Suivant celle date, il aurait du
nailrc en 1516; à ce compie, il n'aurait pas connu lui-
même exactement son âge. ( Vo>f. Havagnan, Eloijio di
(1. Zarlino, etc., p. 48 et suiv., noie 2.) Suivant SI. Caffl
[Storia delta musiea sacra nellu già Cappella ducale di
San Marco in Venezia, t. I, p. 130), la date de la nais-
sance de Zarlino serait, au plus lard, le 22 mars 1517.
1505, suivant les registres de celte chapelle.
Il en remplit les fonctions pendant près de
vingt-cinq ans, et eut pour successeur Ballha-
sar Donali, le 9 mars 1590. L'historien de
Thou, conlemporain de Zarlino, a fixé au
14 février 1599 l'époque de sa mort (h'istor.
lih. 72, in fine), et dit qu'il était alors âgé île
cinquante-neuf ans (1); mais un extrait d'un
registre de l'église paroissiale de Saint-Za-
charie, de Venise, rapporté par l'abbé Rava-
gnan, prouve que de Thou a été induit en er-
reur, non sur le jour, mais sur l'année. Voici
la rédaction de l'acte de ce registre : Addi 14
febrajo 1590, è morto il Rdo. M. P. Jsepo
Zarlin, maestro de capela de S. Marco, ca-
pelan de S. Severo de età de anni 69. Ama-
lato de mal de gotte et cataro da mesi tre.
C'est donc le 14 février 1590 que Zarlino a
cessé de vivre ; et cette date coïncide aveccelle
de la nomination de son successeur comme
maître de chapelle de l'église de Saint-Marc.
Ravagnan fait remarquer l'erreur de cet acte
concernant l'àgede ce musicien, célèbre au mo-
ment de son décès. En effet, suivant l'opinion
de Zarlino lui-même, il aurait dû être âgé alors
«le soixante-dix ans ; mais d'après l'acte «le sa
promotion au diaconat, il était dans sa
soixante-treizième année. L'acte de décès nous
apprend que Zarlino était chapelain de l'église
de Saint-Sévère, à Venise; d'autres documents
cités par l'abbé Ravagnan font connaître aussi
qu'il fut élu chanoine parlechapitre de Chiog-
gia, au mois de septembre 1582, mais que l'é-
vêque de celle ville, qui prétendait avoir le
droit de nommer à celte dignité ecclésiastique,
avait refusé l'investiture canonique an maître
de chapelle île Saint-Marc, et que l'a (fa ire ayant
été portée à la décision du patriarche «le Venise,
celui-ci avait confirmé l'élection faite par le
chapitre, et ordonné, par un décret du 14 mai
1584, queZarlino succéderait au chanoine Ange
Menelto, à la date du 28 septembre 1582. Toute-
fois, le canonicat exigeant résidence, et l'âge
avancé de Zarlino ne lui ayant pas permis de
changer de séjour, il résigna son bénéfice le 12
novembre 1588. Un autre témoignage bien flat-
teur de confiance et de sympathie fut donné à
Zarlino par le chapitre de Chioggia et par ses
concitoyens, «lans la demande qui fut adressée
au doge de Venise, le 30 août 1583, pour qu'il le
nommât leur évoque. On ne lira pas sans in-
térêt une partie de celte pièce curieuse, où
(1) J'ai suivi cette date dans la notice sur Zarlino ^w.
j'ai fournie en 1828 à la Biographie universelle de
SIM. Miclutid ; mais le document cité par Havagnan m'a
éclairé depuis lors.
ZARLINO
500
ilestdil « que le chapitre «les chanoines et
» toute la ville, considérant que depuis la mort
» duR. Pisani, son pasteur vénéré, Chioggia
» n'a point eu d'évêque qui ait passé un mois
» de suite dans la ville, en sorte que l'église a
> été comme délaissée, et le peuple privé des
» secours spirituels qui sont les résultats de la
» présence d'un évéque ami de son troupeau,
» ils le supplienlde salisfaireau désir honnête
» qu'ils ont d'avoir pour évéque le R. M. Jo-
» seph Zarlino, leur compatriote, parce qu'il»
» ont la certitude qu'un homme si vertueux,
» hon et affectueux envers sa patrie sera
» une grande joie spirituelle pour tout le
» peuple, etc. (P.» Les mêmes motifs qui enga-
gèrent plus tard Zarlino à résigner son canoni-
cal l'empêchèrent sans doute d'accepter l'hon-
neur que le chapitre de Chioggia voulait lui
faire.
Le choix qui avait été fait de Zarlino pour
succéder à Cyprieit de Rore dans la place de
maître dechapellede Saint-Marc, indique assez
qu'il devait avoir quelque réputation comme
compositeur et qu'il la méritait . Mambrino
Roseo (fslor. del Mondo, ann. 1571, p. 44)
dit qu'il composa des chants à plusieurs voix
pour les réjouissances de la victoire dcLépanle,
qui furent applaudis, à Venise, avec enthou-
siasme. François Sansovino, qui déclare Zar-
lino un homme sans pareil dans la théorie et
dans la composition {M. Zarlino, maestro
di capella,... il quale nella theoria e nella
composizioneè senza pari (2)), dit qu'il com-
posa d'admirable musique pour les fêles qui
furent données au roi de France Henri III,
pendant son séjour à Venise. Bctlinelli, qui
porte un peu loin l'exagération en disant que
Zarlino fut un Titien et un Arioste (fupure un
Tiziano lo Zarlino, fuunAriosto...{.ô) ) as-
sure que ce fut à celle occasion que futexéculé
(1) Perô essendo elle dopo la morte del quondam Rmo
Pisani, suo benemerito pastore, quellu cilla non lia mai
avulo vcsi'ovo rhesia slalo un mese coniinuo nella cilla,
talché la cliiesa i slala senipre corne drrelilta et il po-
polo privo di quei cibi spiritual! r lie si lianno dalla
presenza di un buon vescovo, et amorevule drl suo
greg(;c, supplica riverontemente Voslra Scrcnilà il ca-
pilolo de' canonici, et tulta la citià insieme suoi dc-
volissimi servidori, elle si degni di favorir un suo lio-
ii'Sio desiderio, cioé di far opéra appresso Sua Iîeati-
tudine, clie si liabbi per vescovo il llmo M. Padre
OiosefTo Zarlino, suo conipalriota, perche si tien per
certo, cbe baiendo un tal huomo virluoso et pieno
di bonlà, et aflVituosissimo alla sua palria, sara
di grandUsimo giovamenlo spiriluate a tutto il popolo,
etc.
(2) Venezia titià nobilissima, etc., edilion de 1CG3,
page 419.
(3) llisor'gimento d'italia, page ï!f>0.
pour la première fois un opéra tVOrfco, dont le
maître de chapelle de Saint-Marc aurait corn -
posé la musique. Les historiens français par-
lent aussi de cet Orfeo, et disent que le cardi-
nal Mazarin, ayant fait venir à Paris une
troupe de chanteurs italiens, le lit exécuter
devant la cour. Les uns fixent la date de celte
représentation en 1644, d'autres en 1645, 1647
et 1650. La vérité est que la compagnie de
chanteurs italiens, appelée à Paris par le car-
dinal Mazarin, donna une représentation de
YOrfeo ed Euridice, devant la cour, Ie5mars
1647. Il est nécessaire de remarquer, à ce sujet,
que si Zarlino composa en effet delà musique
pour un drame sur le sujet d'Orphée, à l'épo-
que indiquée par Bctlinelli, c'est-à-dire en
1574, celle musique ne put être que dans le
style madrigalesque à plusieurs voix, et non
dans le style dramatique, dont l'origine ne se
trouve que dans des ouvrages postérieurs à
celle époque. A l'égard de la représentation du
même ouvrage environ soixante-quinze ans
plus tard, elle est plus que douteuse, car alors
l'opéra véritable existait en Italie, surtout à
Venise, et VOrfeo dont on parle n'a pu être
que celui de Monteverde, alors célèbre, car
le genre madrigalesque avait cessé d'être en
usage.
Aux éloges donnés à Zarlino, et qui ont été
rapportés précédemment, on doit ajouter celui
de Marc Foscarini, bon juge, qui avait mis à
contribution toutes les bibliothèques de Venise
et qui en possédait lui-même une immense ;
en parlant du maître de chapelle de Saint-
Marc, il s'exprime ainsi : Il tiostro Gioseffo
Zarlino, famoso reslauratore délia musica
in tulta Italia(\). Cependant, il faut l'avouer,
le peu qu'on connaît aujourd'hui des oeuvres
d'art pratique dus à la plume de ce composi-
teur ne parait pas justifier ces louanges sous
le rapport de l'invention ; mais à l'égard du
mérite delà facture, ses productions sont très-
supérieures à l'idée que certains critiques
modernes en ont voulu donner. Un seul ou-
vrage complet est parvenu jusqu'à nous; il a
pour litre : Jflodulationes sex vocumper Phi-
lip. Usberlum édita; ; Venetiœ, apud Fr.Ram-
pazzellum, 1566, in-4°. Ce recueil renferme
vingt et un morceaux à six voix.
L'éditeur, Philippe Usberli, était élève de
Zarlino, et montre, dans sa dédicace aux pro-
curateurs de Saint-Marc, une grande admira-
tion pour son maître. M. de Winlcrfeld, as-
(1) Foscirini, Délia Lttltratura Vtntiiana, lib. I V,
page 355.
bio
ZARLINO
sure(l) <|iie les pièces de ce recueil sont infé-
rieures à celles des anciens mailres néerlan-
dais et même aux œuvres des temps les plus
reculés : ce jugement manque absolument de
justesse et d'exactitude; tout le monde peut
s'en assureren examinant avec attention l'an-
tienne à six voix que Paolucci en a tirée, et
qu'il a donnée en partition dans le deuxième
volume de son Arlc pratica di conlrappunto
(pages 250-264). Le morceau est établi sur le
chant de l'antiennedu Magnificat des premiè-
res vêpres de l'Assomption de la Vierge ( Firgo
prudentissima). Sur ce chant, Zarlino fait un
canon à trois parties, résolu alternativement
par mouvement contraire et par mouvement
direct, et les trois autres parties font un con-
trepoint d'imitation élégant, bien lié, et dans
lequel on n'aperçoit en rien la gêne qui devait
résulter de la triple obligation du canon. Or,
cette facilité, et la plénitude d'harmonie qu'on
trouve dans tout le cours du morceau, sont des
qualités bien supérieures à ce qu'on remarque
dans les œuvres des anciens maîtres flamands
dont parle M. de Winlerfeld. Six morceaux de
Zarlino se trouvent aussi dans une collection
d'évangiles mise en musique à plusieurs voix
par Willaert et quelques-uns de ses élèves, et
publiée à Nuremberg dans les années 1554-
1550. Plusieurs morceaux placés dans la col-
lection de Philippe Usberti avaient été insérés
dans d'autres recueils puhliésàVeniseen 1549
et 150Ô. Enfin une messe à quatre voix en par-
tition, de Zarlino, se (rouveen manuscrit dans
la bibliothèque de l'Institut musical de Bolo-
gne.
Pour bien apprécier le mérite de Zarlino
comme artiste, il faudrait connaître les ouvra-
ges qu'il a écrits pour le service de la cha-
pellede Saint-Marc ; mais tous ont disparu des
archives de cette chapelle, avec les œuvres de
tous les autres grands musiciens qui y furent
attachés, depuis le quatorzième siècle jusqu'à
la fin du dix-huitième. Comment et par qui
s'est opérée cette spoliation déplorable? C'est
ce qu'il est impossible de dire; mais le fait
n'est que trop réel, et l'abbé Ravagnan l'a
constaté dans une note dont le texte est rap-
porté ci-dessous (2).
(1) Joh. Gabrieli und sein Zei(alter; première partie,
page 1 19.
(2) Ho inlerrognto quoi di S. Marco, se negli arniadi
délia nmsica di chiesa conservasscro qualclie cosa dello
Zarlino, c se sapessero «love fossero le tanli scrilti mu-
sieali anliqunli, e cerlamenle migliori délia musica mo-
derna. Mi si rispose anche dai piu vcechi, che dello
Zarlino non avevano mai vedulo, ne cantato alcuna
composizionc : che gli scritli de maestri aniiehi, i quali
Quel que soit le regrel que puisse inspirer la
perte des principales compositions de Zarlino,
ce que nous possédons de ses travaux dans la
théorie de la musique suffit pour le placer au
rangdes plus grands musiciens de l'Italie. Les
ouvrages que nous avons de lui sur celte ma-
tière sont ceux-ci : 1° Jstituzioni harmoni-
che, divise in quallro parti, nelle quali, oltre
le materie apparlehenti alla musica, si tro-
vano dichiarali molli luoghi de' poeli, his-
torici et filosofi. Venise, 1558, in-fol. de 448
pages. Une deuxième édition a été publiée
dans la même ville, en 1502, et une troisième
en 1573, aussi dans le format in-fol. Ce livre,
monument du profond savoir et du haut mérite
de Zarlino, est le répertoire où tous les théori-
ciens ont puisé pendant près de deux siècles.
Les deux premières parties sont relatives aux
divisions de la musique, à la nature des inter-
valles, à leurs proportions numériques et aux
genres. La troisième renferme un bon traité
du contrepoint, où, pour la première fois, on
trouve les règles du contrepoint double véri-
table. La quatrième partie est un traité des
modes ou tons du plain-chant. 2° Dimoslra-
tioni harmoniche nelle quali realmenle si
trattano le cose délia musica , et si risolvono
molli dnbbii d'importanza; in Venetia, per
Francesco dei Franceschi, sanese, 1571, in-
fol. deôl2 pages. Une deuxième édition a paru
dans la même ville, en 1573, sous ce titre : Le
Dimoslrationi harmoniche, divise in cinque
ragionamenli, etc., in-fol. de 287 pages.
Dans cet ouvrage, Zarlino rapporte qu'il ren-
contra, sur la place de Saint-Marc, au mois
d'avril 1562, François Viola, maître de cha-
pelle du duc de Ferrare, avec Claude Merulo,
célèbre organiste, et qu'ils allèrent ensemble
faire une visite au vieux maître de chapelle
Adrien Willaert, près de qui ils trouvèrent un
de ses amis, nommé Desiderio, et «pie la con-
versation eut la musique pour objet. Zatlino
suppose que son livre est le résumé de cet en-
trelien et de plusieurs autres qui le suivirent.
si conservavano in chiesa, sono da motlo tempo spariti,
e che i molli più scrilti musical! anliquali che si con-
servarano ncll' archivio délia Procuratia de supra sono
slati manomessi, c parte, per quanto si pote traspirarc,
passarono oltramare, e parte oltramonlc. È dunque
superfluo il pin ccrcare dove ilcll' origine dell' arte si
dovevano esserc i più hei parti dell1 ingegno umano in
queslo proposito. Avidi i foreslieri di tanlo tesoro, li> ci
derubarono, evolesse il cielo che alcuni dei nostri non
avesscro loro tenuto mano o per ispirilo di partito, o per
viltà di poco dannro, senza riflcltere che privavano la
nazione di quanlo anche conquista polcva esserlc di
decoro e di onore.
ZARLINO
511
Le (on pédanlesque de ce livre et les calculs
dont il est hérissé, sans utilité pour la science,
le rendent très-inférieur à celui des Institu-
tions harmoniques. Un des objets principaux
<|ue railleur s'y est proposés est de démontrer
la proposition, déjà émise par lui dans son pre-
mier ouvrage, que la musique de son temps
avait pour base le genre diatonique synlon de
Plolémée. Or, suivant la doctrine de ce théo-
ricien de l'antiquité, les demi-Ions de la
gamme sont considérés comme majeurs, en
sorte que si et mi, par exemple, sont abaissés:
d'où résultent des tons majeurs, dans la pro-
portion de 8: 9, entre ut ré, et fa sol, et des
tons mineurs, dans la proportion de 9: 10, en-
trèrent», etsol {a. Environ trente ans avant la
publication des Institutions harmoniques de
ZaiIino,Fogliani avait donné les mêmes propor-
tions, comme bases de la musique, dans sa Mu-
sica theorica (2e section, fol wii-xxxi verso).
Vincent Galilée {voy. ce nom) attaqua cette doc-
trine, dans son Dialogo délia musica antica
et délia moderna (pp. 0 et suiv.), et soutint
que le genre diatonique moderne n'est ni le
diatonique synlon de Plolémée, ni celui de Di-
dyme, mais l'ancien diatonique de Pythagore;
enfin que les demi-tons, pour être justes, ne
doivent pas être dans la proportion de 15: 16,
mais dans celle du limma desGrecs243: 256;
enfin, que tous les tons ut, ré; ré, mi; fa, sol;
sol, la, sonl égaux. Zarlino répondit à ces
critiques par l'ouvrage suivant: 5° Soppli-
menti musicali, net quali si dichiarono
moite cose contenute net due primi volumi
délie Istitutioni et dimoslrationi ; per
essere slate i7iaV intese da molti, et si ris-
pondeinsieme aile loro calunnie. In Fenetia
appresso Francesco de' Franceschi , sanese,
1588, in-fol. de 330 liages. Tout démontre
dans cet écrit le profond chagrin que Zarlino
avait éprouvé de la critique de Galilée (juste au
fond, comme on le verra dans maPhilosophic
de la musique), qui, ayant été son élève, lui
parut avoir fait preuve d'ingratitude et d'envie;
mais, en homme supérieur, il sut se modérer et
répondre avec mesure à son adversaire (qu'il ne
nomme pas) dans ce livre, remarquable, d'ail-
leurs, par la disposition des objets et par la
clarté de la discussion. L'ouvrage est divisé en
huit livres. Dans le premier, l'auteur considère
la musique sous les rapports historiques et phi-
losophique». Dans le deuxième, il examine les
divers systèmes des anciens concernant la clas-
silication des sons et la formation de leurs
échelles tonales. Le troisième livre est consa-
cré à l'examen des proportions des intervalles,
et particulièrement à la défense de celles du
diatonique synlon de Plolémée, considérées
comme bases de la tonalité. Le quatrième
traite des genres, et particulièrement du dia-
tonique; le cinquième est relatif à la constitu-
tion tonale des intervalles; le sixième traite
des tons et de leur nombre ; le septième, de la
mutation des tons et de ses espèces; le hui-
tième de la mélopée et du chant. Dans sa ré-
plique (Discorso inlorno aile opère di messer
Giosejfo Zarlino diChioggia, Florence, 1589,
in-8°), Galilée ne garda aucune mesure, et ne
se souvint pas de ce qu'il devait de respect au
vieillard illustre qui avait été son maître. On
ne trouve dans son écrit qu'ironie, injures et
divagations. Malgré la bonté de sa cause au
fond, l'opinion publique ne fut pas pour lui (1) :
tout l'avantage de la discussion resta à Zarlino,
et, chose singulière, le système de proportions
numériques adopté par celui-ci d'après Fo-
gliani, est devenu la base de la théorie mathé-
matique de la. musique jusqu'à l'époque ac-
tuelle. Zarlino fut aussi attaqué par Arlusi
(voyez ce nom), à l'égard de sa doctrine, dans
l'écrit intitulé: Impresa del R. P.Gio. Zar-
lino di Chioggia. Bologne, 1604, in-4°. Une
ancienne 'traduction française manuscrite des
Institutions harmoniques de Zarlino par
Maistré Jehan Lefort, musicien, se trouve à
la Bibliothèque impériale de Paris; elle était au-
IrefoisdanslaBibliolhèqiicdeCoisiin; plus tard
elle passa à celle de Saint-Germain-des-Prés,
et en dernier lieu-là où elle est aujourd'hui.
Quoique le style en soit un peu vieux, elle est
fort bonne. Le même ouvrage a été traduit en
hollandais par J.-P. Swelinck, et en allemand
par J.-G. Trost.
Indépendamment des traités de musique
mentionnés précédemment, Zarlino a publié
linéiques autres écrits dont voici les litres :
4° Trallalo délia pazienzu. Venise, Francesco
de' Franceschi, sanese, 1561, in-4°; Trévise,
Giulio Trenlo, 1579, petit in-4°. 5° Informa-
zione inlorno l'origine délia congregazione
dei reverendi frati Cappucini. Venise, Domi-
nique Nicolini, 1579, pelil in-4° de 65 pages.
6» Discorso inturno al vero anno e il vero
giorno, nel quale fu crocefisso N. S. Gesù
Crislo. Venise, Nicolini,4579, petit in-4". 7° De
rcra Anni forma sive de recta ejus emenda-
tione; ihid., 1580, in-4». %" Risoluzione di al-
cunidubbisopralacorrezionedell'annofatta
(1) Pare (dit Ooni, InOji. I. I,p. 3Ti)cIiesipossaconelu-
itere a f'avore del Zarlino, chc iti oggiverameule siadoperi
il synlono, e non altro diatonieo e consequentemente
cite gli argomenti del Galilei siailo cavillosi e sopslictii'.
81»
ZARLINO - ZEBELL
dal papa Gregorio Xlll\ ibid., 1583, in-8".
Tous ces écrits ont élé recueillis en une col-
lection intitulée: Di tulle l'Opère del R. M.
Gioseffo Zarlino da Chioggia, maestro di
capella délia Sereniss. Signoria di Venetia,
ch' ei scrisse in bxiona lingna italiana, già
separatamente poste in luce, hora di nuovo
correlte, accresciute e migliorale, insieme
ristampale. Venise, Francesco de' Frances-
chi, Smese, 1589, 4 vol. in-fol., ordinaire-
ment reliés on deux tomes. Le premier volume
renferme les Institutions harmoniques; le se-
cond, les Démonstrations ; le troisième, les
Suppléments musicaux, et le dernier, les pe-
tits écrits sur diverses matières.
Zarlino avait annoncé, dans l'avis au lecteur
de l'édition des Institutions harmoniques pu-
hliéeen 1573, qu'il était occupé de la rédaction
d'un traité général de toutes les parties de la
musique, et qu'il se proposait de le donner au
public sous le titre de Melopeo, o Itlusicoper-
fetto. A la fin du huitième livre des Sopple-
menli musicali, il dit aussi que les vingt-cinq
livres De Re musica qu'il avait promis, et qu'il
avait écrits en langue latine, étaient prêts à
paraître avec celui qu'il appelait Melopeo o
Musica perfetto. Enfin, dans l'avertissement
de son petit traité De vera anni forma, pu-
blié en 1580, il s'exprime ainsi : Quin etiam
libros viginli quinque, De V traque Musica
inscriplos, non sinemullo sudore composue-
rim, quos brevi, uteonfido, libi in apertum
relalos leges, etc. Cependant ces importants
ouvrages n'ont point paru, et les manuscrits
n'en ont point élé retrouvés. On peut voir à ce
sujet ce que j'en ai «lit à l'article Cerone. Le
père Martini possédait un traité manuscrit de
Zarlino, qui est passé dans la bibliothèque de
l'Institut musical de Bologne, et qui est inti-
tulé : Traltato chelaquarta et laquintasono
mezzane Ira le consonanze perfetteed imper-
felte.
On ne connaît pas de portrait gravé authen-
tique de Zarlino, mais il existe une médaille
indiquée dans l'Histoire métallique du comte
André Giovanelli qui se trouve en manuscrit à
la bibliothèque Saint-Marc de Venise. Celle
médaille a été dessinée, et le dessin esl avec
ceux de la colleclion formée par l'abbé Bollari
au séminaire de l'évêché de Venise. Une des
faces représente le buste de Zarlino avec l'in-
scription Joseph Zarlinus; à l'autre on voit
un ori^ue avec ces mots au contour : Laudalc
cum in chordis.
Indépendamment de la monographie de
l'abbé Ravagnan surZarlino, on a de M. Calïi
(voyez ce nom) une notice intitulée : Narra-
zione délia vila e délie opère del prèle Gios.
Zarlino, maestro celeberrimo nella cappella
ducale di Venezia. Venise, 1836, in-8».
Celle notice a élé reproduite par l'auteur
dans son livre intitulé : Sloria délia musica
sacra nella già cappella di San Marco in
Venezia (Venise, 1854, deux vol. in-8°), t. I,
pages 129-154.
ZAKLIIX) (Lotario). Sous ce nom d'un
auteur inconnu, a élé publié \\x\ poëme italien
dont le contrepoint est le sujet et qui a pour
litre : L'^/rie dell' conlrappunlo, passatempo
armonico-poelico in oltava rima, composlo
e dedicalo alla nobil donna la Signora con-
fessa Fanny Pieri nata Spannacchi da, etc.
Sienne, 1828.
ZARNACH (Auguste-Ciiiustun), direc-
teur de l'école des pupilles à Polsdam, né le
21 septembre 1777 à Mchmke, dans la Vieille
Marche, où son fi èreélail pasteur. Après avoir
étudié la théologie à l'Université de Halle; il
fut pendant quelques années instituteur à
Francfort-sur-l'Oder. En 1805, il obtint sa no-
mination de second pasteur à Heeskow. En
1818 il échangea celte position contre celle de
directeur de l'école dePotsdam, où il exerça une
puissante influence surlechanlen chœur. Une
grave accusation, dont il se justifia complète-
ment, ayanlélé portée contre lui en 1824, sa
santé s'en altéra, et il mourut le 13 mars 1827.
Au nombre de ses ouvrages, on remarque celui
qui a pour titre : Die Deutschen Folkslieder
mit f'olliweisen fiir T'olkschulen, nebst einer
Jbha)idl:ing iiber das folkslied (Les Chants
populaires allemands à l'usage des écoles du
peuple, avec une dissertation sur le chant po-
pulaire), Berlin, 1 819-1820, deux parties in-8".
ZAVAGAIYfl (Simon), compositeur, né à
Vérone, fui maître de chapelle dans la cathé-
drale de celle ville, el vécut vers le milieu du
dix-seplième siècle. Il a publié de sa compo-
sition : fllesse e sacre Iode co'l basso e slro-
menti, e 'parte senza co'l organo , op. 1.
Venise, Vincenti, 1041.
ZKftl'.LI, (...), violoniste allemand, futat-
laché à l'orchestre du théâtre du Vaudeville à
Paris, vers 1805, et mourut dans celle ville en
1819. On a gravé de sa composition : 1" Trois
sonates pour violon, avec basse, op. 1, Paris,
Naderman. 2" Variations ou éludes sur les airs
Que nesuis-je la fougère et les Folies d'Es-
pagne, Paris, P. Petit. 3" Trois duos faciles
pouilleux violons, op. 2, Paris, Sieber. 4" Trois
duos progressifs, op. 3, ibid. 5" Trois duos
concertants, op. 4, ibid.
ZEIDLER - ZELLEU
SlS
ZEIDLER (Jean Georges), né à Chemnitz,
en Misnie, vers 1590, fit ses études à Jéna et
y publia une thèse intitulée : Ternarius mu-
sicut. Disputatio pro loco. Jéna, 1615, in-4°
tle 4 pages. Les trois questions posées dans
celle thèse sont : 1° Si l'on peut faire usage,
par mouvement semblable, de deux conson-
nartces parfaites entre les mêmes parties.
2° Si l'on peut employer de la même manière
deux dissonances. 3° Si le musicien doit être
philosophe.
ZEIDLER (HUxiaiMEK), maître de chapelle
à Nuremberg, naquit danscelte ville, le 22 mai
1680. Ayant perdu son pèreà l'âge de dix ans,
il entra à l'école de Saint Sébald, y fit ses étu-
des et y apprit la musique sous la direction de
Schwemmer. En 1697, il devint élève du cé-
lèbre organiste Pachelbel pour la composition,
et apprit aussi à jouer de tous les instruments
à vent, du violon et du clavecin, pour être ce
qu'on appelle en Allemagne musicien de ville.
Une occasion favorable s'étant présentée pour
voyager avec un riche négociant de Nurem-
berg, il visita les villes principales de l'Autri-
che, et profita à Vienne des conseilsde Fux ou
Fuchs, maître de chapelle de l'empereur. De
retour à Nuremberg, il s'y livra avec succès à
la composition, écrivit des cantates d'église,
des oratorios de la Passion et des sérénades.
Son mérite le fit choisir en 1705 pour remplir
la place d'organiste de l'église Sainte-Marie
dans sa ville natale. Plus tard il alla à Franc-
fort et à Mayence en qualité de musicien de
ville, et en 1712, il reçut sa nomination de
maître de chapelle à la même église de Nurem-
berg. Après en avoir rempli les fonctions pen-
dant trente-trois ans, il mourut le 19 septem-
bre 1745.
ZEIDLER (Charles-Sébastien), fils du
précédent, naquit à Nuremberg le 24 septem-
bre 1719, et y mourut le 15 mars 1786, à l'âge
de soixante-sept ans. Au nombre de ses ou-
vrages littéraires, on trouve une dissertation
intitulée : Dissertatio epistolica de velerum
philosophorum studio musico, Norimbergse,
1745, in-4°de 12 pages.
ZE1LER (le père Gallus), bénédictin ba-
varois, vécut dans la première partie du dix-
huitième siècle. On a imprimé de sa composi-
tion : 1° Cithara Mariana, sedecim antipho-
uit laudes concinne resonantibus animata .
Augsbourg, 1734. 2° Trente motels allemands,
ibid., 1736. 5° Duodecim Magnificat quorum
pars prima 6 solemniora; secunda 6 minus
solemnia exhibet, ibid., 1737.4° Viginli Be-
nedictiones pro solemni octava Corporis
BIOUR. I^IV. DES MUSICIENS. T. Mil.
Christi, etc., quatuor vocibus ord.Sviolinis
et organo necess. violonc. 2 clarinisvel lituis
adhibendis, etc., op. 7, ibid., 1739. 5* XV I
Antiphonse , ibid., 1740.
ZEILMANN VAN SALM (Gérard), pré-
dicateur hollandais, vécut à Amsterdam dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle. Il a
fait imprimer un sermon intitulé : Het welen
Gode behagend zingen, voorgesteld en aan-
geprezen in ene Kerhelijke redevoering, etc.
(Le beau chant, agréableàDieu, présentée! re-
commandé dans un sermon, etc.), Amsterdam,
1774, in-4».
ZEITZEXG (Pierre), facteur d'orgues re-
nommé en Silésie, naquit à Jauer en 1731, et
mourut à Frankenslein, le 13 mars 1797. Il a
construit plus de quarante grands instruments
considérés comme excellents.
ZELENKA (Jean -Dismas), né à Lanno-
wiez, en Bohême, étudia en 17171e contrepoint
sous la direction de Fux, à Vienne, et fut un
des plus savants musiciensde son temps. Dans
sa jeunesse, il entra au service de l'électeur de
Saxe, en qualité de violoniste, puis il eut le titre
de maître de chapelle de ce prince. En 1723,
il assista au couronnement de l'empereur Char-
les VI à Prague, et écrivit pour celte circon-
stance l'opéra latin Sub oleapacis. et palma
virtulis, conspicua orbis régis Bohemiœ co-
rona, qui fut exéculé par les élèves de l'uni-
versilé. Ce compositeur mourut à Dresde, le
22 décembre 1745. Il a écrit plusieurs messes
solennelles, des vêpres, Magnificat, Requiem,
el d'autres compositions pour l'église. On voit
figurer sous son nom, dans l'ancienne collec-
tion de Breilkopf, un Kyrie à quatre voix,
deux violons, deux violes, orgue, deux haut-
bois, cornet et trois trombones, en manu-
scrit.
ZELLREL (Ferdinand), directeur de mu-
sique et organiste à l'église Saint-Nicolas de
Stockholm, naquit en 1689, et obtint sa place
d'organiste en 1717. Il a publié un traité du
tempérament musical intitulé : Tempera-
tura tonorum, Stockholm, 1740, in 8°. Ce
musicien a laissé aussi en manuscrit un
traité de la basse continue, en langue sué-
doise.
ZELLER (G.-B.-L.), directeur de la cha-
pelle du duc de Mecklenbourg-Slrélitz, né en
1728, étudia la musique à Berlin. Entré au
service du duc de Mecklenbourg, il fut particu-
lièrement chargé de la direction du théâtre, et
composa pour son service : 1° Polixène, mono-
drame représenté en 1781. 2° Le Brigand
honnête homme, opéra, 1789. On connaît aussi
33
114
ZELLER
sous son nom un concerto de violon, écrit en
17f>l. Il mourut à Neu-Slrélilz, le 18 avril
1803, à l'âge de soixante-quinze ans.
ZMLLER (ChaRLES-AuGUSTE-FrÉDÉRIc),
conseiller <le l'enseignement supérieur du
royaume de Prusse, né dans le Wurtemberg,
le 15 août 1774, a été d'abord prédicateur à
Brunir, puis a dirigé en 1804 une écolede pau-
vres à Tubingue, d'après le système de Pesta -
lozzi. Un an après, il était pasteur et profes-
seur au gymnasedeSaint-Gall ; au mois d'avril
1809 il a obtenu la place de conseiller des étu-
des dans le royaume de Prusse. Il vivait en-
core à Kœnigsberg en 1832. Ce savant a publié
un livre intitulé : Beilrxge zur Befœrderung
der Preuss. National-Erziehung (Essai pour
l'avancement de l'éducation nationale en
Prusse). Kœnigsberg, Degen, 181 0-1 817, in-8°.
La quatrième partie de cet ouvrage contient
des éléments de musique et de chant pour les
écoles populaires, d'après les principes dcPes-
talozzi.Celtequatrièmepartieapourtitre : Fie-
tnente der Musik, Kœnigsberg, 1810, un vo-
lume in-8° divisé en deux parties, la première
de cent cinquante et une pages, la deuxième
de cent quatre-vingt-douze.
ZELTEU (Charles-Frédéric), né à Berlin
le 11 décembre 1758 (1), était fils d'un maître
maçon et fut d'abord obligé d'exercer l'état de
son père. Toutefois, il avait reçu une bonne
éducation, parlaitetécrivaitplusieurs langues,
et avait fait une étude approfondie de la mu-
sique. Dans sa jeunesse, il avait appris à jouer
«lu piano, de l'orgue et du violon. Ce dernier
instrument fut particulièrement l'objet de ses
éludes; il y acquit une certaine habileté et
joua souvent la partie de premier violon dans
les orchestres. Son pèreavait exigé qu'ilétudiât
l'architecture pourenfaire sa profession. Tous
les travaux de sa jeunesse furent interrompus
par la cécité dont il fut frappé à l'âge de 17 ans,
«à la suite d'une longue et dangereuse maladie.
Dans celle triste situation, il revint à l'élude
du clavier du piano qui fut sa seule ressource
contre l'ennui. Ayant enfin recouvré la vue, il
put reprendre le cours de ses études et se li-
vrer à son penchant invincible pour la mu-
sique. Devenu l'élève de Fasch dans cet art, il
enfulanssi l'ami dévoué. Une intime amitié le
lia âGœlhe jusqu'à la fin de ses jours. Bien
qu'il ne cultivât la musique que dans les mo-
ments de loisir qu'il pouvait dérober à sa pro-
(I) Suivant la Gazelle musiWede Herlin, 18l>5, n" 36,
Zelter serait né à Pitzon, prés de Potsdam ; nuis lui-
nu' me «lit que l'.erlin fut le lieu de sa naissance, dans
son autobiographie, datée du 2 septembre 1808.
fession, il fil de bonne heure ses premiers es-
sais de composition dans des recueils de chants
qui eurent du succès. Les biographes allemands
disent qu'il surpasse, dans ce genre de pièces,
ses contemporains Beichardt et Schullze, et
qu'il y a dans sa manière plus d'originalité,
dans son expression plus de force que dans la
leur. Après la mort de Fasch, Zelter se chargea
de la direction de l'Académie royale de chant
fondée par cet homme vénérable, elle roi de
Prusse le nomma professeur de musique à
l'Académie des beaux-arls de Berlin, en 1809,
sur la proposition de Guillaume de Humbold.
Il fonda aussi une société lyrique (Liedertafel)
qu'il dirigea longtemps aveczèleel qui prit son
nom après sa mort. Il avait composé pourcetle
société environ quatre-vingt-quinze chœurs
pour des voix d'hommes. Depuis 1790 jusqu'en
1835, il entretint avec Gœthe une active cor-
respondance qui a été recueillie après leur
mort par M. Riemer, conseiller et bibliothé-
caire du grand -duc de Saxe-Weimar (Brief-
wechsel zteischen Gœthe uriâ Zelter, Berlin,
1833-1836, six volumes in-8"), et dans laquelle
on trouve des passages et de; anecdotes rem-
plis d'intérêt concernant beaucoup d'artistes.
Nul doute que les rapports fréquents de Zelter
avec le grand poêle n'aient exercé de l'in-
fluence sur le goût et sur les opinions du pre-
mier relativement à l'art. La mort inopinée de
Goethe fut si douloureuse pour son vieil ami,
que deux mois s'étaient à peine écoulés depuis
cet événement, lorsque lui-même descendit
au tombeau, le 15 mai 1832. Zelter avait été
marié deux fois. De son premier hymen, il
avait eu deux fils, dont l'aîné mourut en 1812
et le plus jeune en 1816. Son influence sur les
progrès de la musique en Prusse fut considé-
rable. Il forma plusieurs élèves distingués, à
la tête desquels se place Mendelssohn. On a
gravé de la composition de Zelter: l°Ténèbres
à quatre voix sans accompagnement, Leipsick,
Hofmeister. 2° Plusieurs chants séparés à trois
et quatre voix sur des poésies de Schiller, de
Gœthe etde quelques autres, Berlin, Lischke,
Trautwein. 3° Quatre recueils dédiants, ro-
mances et ballades à voix seule, avec accom-
pagnement de piano, Berlin, Schlesinger.
4U Six chansons allemandes pour une voix de
conlrallo, Berlin, Trautwein. 5° Six idem,
pour voix de basse, ibid. Zelter a publié la bio-
graphie de Fasch avec son portrait, sous ce ti-
tre : Biographie vonC. F. C. Fasch, Berlin,
Schlesinger, 1801, grand in-4°. Il a laissé
en manuscrit un grand nombre de cantates
pour voix seule et chœur, de chorals et
ZELLEll — ZIANI
«le morceaux île musique «l'église, ainsi <|ue
quelques essais de musique dramatique, des
sonales el d'autres pièces pour le piano. On a
aussi de lui plusieurs morceaux relatifs à la
musique publiés dans des journaux, entre au-
tres : 1" Sur la représentation de VAlceste de
Gluck au théâtre de l'Opéra de Berlin, dans le
cinquième numéro du joui uni intitulé V Alle-
magne {Deutschland), 1796, pages 267-293.
2" Exposé d'une scène de l'opéra de Benda,
Romeo et Juliette, dans le premier volume du
Lycée des beaux arts (Lyccum «1er scliopnen
Kunsfe), Berlin, 1797.
ZEfcTNÈU(GusTAV'E-GÈôncÈs), professeur
au gymnase d'Allorf, puis à celui de Nurem-
berg, naquit à Hilpolslein, près de celte der-
nière ville, cl mouriu à Nuremnerg, le 24 juil-
let 1738. Parmi les nombreux écrits de ce
savant, on remarque celui qui a pour litre :
De Choreis veterum Hebrxorum. Altorf, 172G,
in-4".
ZENARO (Jules), compositeur né à Salo,
vers le milieu du seizième siècle, est connu par
un recueil de Madrigali spiriluali a 5 voci,
lib. 1, in Ycnetia, 1590, in-4°.
ZEIVF1 (Jérôme), facteur de clavecins ita-
lien, vers la fin du dix-septième siècle, avait
inventé des instruments de ce genre, en forme
de triangle dont les côtés étaient inégaux, avec
deux claviers et trois registres placés sur le
côté le plus petit du triangle, et qui avaient
autant de son que les clavecins de la plus
grande dimension, suivant ce que rapporte
Bonlempi [Hisloria musica, p. 47.)
ZEULEDEU (Nicolas), canlor à Burg,
vers le milieu du dix-septième siècle, est cité
par Maltheson (Ehrenpforle, p. 401) comme
auteur d'iih tràiiëde musique intitulé : Musica
fifjufalïsi <|iii n'a point été imprimé.
ZfclJ^Eil (Maxime), compositeur allemand,
vécut au commencement du dix-septième siè-
cle. On connaît sous son nom un recueil inti-
tulé: Teutsche wdlliche SluchleinmitA Stim-
men (Petites pièces mondaines allemandes à
quatre voix). Nuremberg, 1017, in-4°.
ZLLiNEIl (Charles -Traugott), pianiste el
compositeur, né à Dresde, le 28 avril 1775, y
commença fort jeune l'étude de la musique el
«lu piano, puis il alla prendre des leçons de
Ttlrlc {voyez ce nom), à Halle. De retour à
Dresde, il y vécut quelque lemps ; puis il fit
un voyage à Paris en 1803, résida à Vienne
<ie\\x ans après, et enfin se rendit à Péters-
bourg, où il rencontra Clemcnti. Charmé par
le talent de ce maître, il devint son élève et
i> ",\ rnia son mécanisme. Après un long séjour
dans la capitale de la Russie, où il composa la
musique de plusieurs ballets, entre autres «le
celui qui avait pour litre Le Mois de mai, il
retourna à Dresde. Ayant fait un voyage à
Paris en 1840, il y mourut le 24 janvier 1841,
laissant à sa ville natale, par son testament»,
une somme d'environ quarante mille francs.
Sa musique, particulièrement ses concertos
pour le piano, a joui de beaucoup d'estime.
Les principaux ouvrages de sa composition
sont': 1° Quatuor pour deux violons, alto et
basse, op. 11; Leipsick, Breilkopf et Hœrtel.
2" Concertos pour piano et orchestre, n" 1 (en
fa), op. 12, ibid. ; n° 2 (en ml bémol), op. 13,
ibid. 3° Air russe varié pour piano, violon et
violoncelle, op. 6, ibid. A" Polonaise pour
piano à trois mains, Vienne, Mollo. 5° Polo-
naise à quatre mains, op. 10, Leipsick, Breil-
kopf el llœrlel. 6° Fantaisies pour piano seul,
op. 5, 7, 9, 14, ibid. 7° Variations sur un
thème de Paisiello, op. 3, Vienne, Mollo.
ZEUSCHNEU (Tobie), notaire public et
organiste de l'église Sainte-Marie-Madeleine à
Breslau, naquit, dans la première moitié du
dix-seplième siècle, à Neurode, dans le comté
de Glatz. Le 4 mai 1649, il fut nommé orga-
niste de Saint-Bernard à OEIs, el le 24 février
1654, il obtint le titre de notaire public à Bres-
lau. Enfin, la place d'organiste de l'église
Sainle-Marie-Madeleine lui fut confiée le 18 oc-
tobre 1655 ; il en remplit les fonctions jusqu'à
sa mort, arrivée le 15 septembre 1675.Zeusch-
ner a publié de sa composition : 1° Airs pour
la nouvelle année 1600, Breslau, Godefroid
Grùnder, 1660, in-4". 2° Musikalische Kirch-
und Haus Freude von 4, 5 und 6 Sinystim-
men und 2 l'iolinen, 5 Trombonen. etc.
(Morceaux pour l'église et la chambre à quatre,
cinq et six voix avec deux violons, trois trom-
bones, etc.), Leipsick, 1661, in-4".
ZL4.1XI (Pierre-André, compositeur véni-
tien d'un mérite distingué, vécut dans la se-
conde moitié du dix-seplième siècle. Il ne fut
pas maître de chapelle de Saint-Marc, dans sa
ville natale, comme le disent Laborde, Wal-
Iher el attires, mais organiste du second or-
gue de celte église. Il succéda à Cavalli en
celte qualité, le 20 janvier 1668, et conserva
sa place jusqu'au mois de janvier 1677. Alors
il entra au service de I* impératrice Éléonore,
femme de Léopold I'r, el mourut à Vienne, en
1711. Cependant, suivant M. Caffi (1), il s'éloi-
gna de Venise el se rendit à Naples, où il en-
tra au service de la chapelle royale, parce que,
(1) Sloria delta musica sacra nelta già Cappella ducale
di San Marco in Venczia, t. I, p. 304.
Îil6
ZIANI - ZIEGLER
s'élant présenté au concours, au mois d'avril
1076, pour la place de mallre, devenue vacante
parla mort de Cavalli, il se vit préférer son
compétiteur Natale Monferralo. Suivant le
même écrivain, ce fut à Naples qu'il mourut.
Il avait l'ait représenter à Venise le« opéras
«lont les litres suivent, avant de quitter celte
ville : 1° La Guerriera Sparlana en 1634.
2°Eupatra,en 1655.5° LaFortunadiRodope
e di Dalmira, 1657. 4° L'Incostanza trion-
fanle, 1658. 5° Antigonu delusa da Alceste,
1660. 0° Annibale in Capua. 1661. 7° Gli
Scherzidifortuna, 1661. 8° Le Fatiched'Er-
cole, 1662. 9° L'Amor guerriero , 1663.
10" Alcibiade, 1667. 1 1° Semiramide, 1670.
12° Eraclio, 1671. 13° Attila, 1672. 14" La
Schiai a fortunata, en société avec Cesti, 1674.
15° Leonida in Tegea, en collaboration avec
Draghi, 1676. On connaît aussi de ce compo-
siteur: 16° Le Lagrime délia Fergine ,ora\.o-
lïo composé en 1662. 17° Sacrx Laudes corn-
plectensterliam missam psalmosque domini-
cales 5 vocibus et 2 instrumenlis parlim
necessariis etpartim ad libitum decantandie ,
op. 6, Veneliis, 1659. 18° Sonates à trois,
quatre, cinq et six instruments, op. 7, Frey-
berg, 1691, in-fol. Les litres de ses autres ou-
vrages sont inconnus.
ZIANI (Marc-Antoine), neveu du précé-
dent, né à Venise vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, écrivit pendant plus de vingt ans
pour les théâtres de celle ville, et fut appelé à
Vienne en 1703, en qualité de second maître
dechapelle. On n'a pas de renseignements po-
sitifs sur la date de sa mon, mais on croit qu'il
décéda à Vienne vers 1720. Voici la liste de
ses ouvrages: 1° Candaule, à Venise, en
1679. 2° Alessandro Magno in Sidone, ibid.
1679. 5" La Ninfa bizzarra, ibid., 1860.
4° Alcibiade, ibid., 1680. 5° La Firlùsubli-
mata dal grande, ibid., 1683. 6° Tullio Osti-
lio, ibid., 1685.7nZ'//)f/aHno régnante, ibid.,
1688. 8° Il gran Tamerlano, ibid., 1689.
9° Creonle, ibid., 1690. 10° Falsirena, ibid.,
1690. 11° L'Amante Eroe , ibid., 1690.
12° Marie deluso, ibid., 1691. 15° La Virlù
trionfante dell' amore e dell' odio, ibid.,
1691. 14° Rosalinda, ibid., 1693. 15» Amor
figlio delmerto, ibid., 1693. 16° La Moglie
nemica, ibid., 1694. 17° La Finla Pazzia
d'Ulisse ibid., 1694. 18o Domicio, ibid.,
1695. 19° Coslanzain trionfo, ibid., 1696.
20°£,«me/ie,ihid., 1696. 21° Odoardo, ibid.,
1697. 22° Il Giudizio di Salomone, ibid.,
1697. 23° Egislo, re di Cipro, ibid., 1698.
"M" Gli A montra gli Odi, ibid. ,1G99.25o7Vo-
dosio, ibid., 1699. 260 11 Duello d'amore e di
vendetta, ibid., 1700. 27° Giordano Pio,
ibid., 1700. 28° Meleagro , ibid., 1700.
29° Temistocle, ibid., 1701. 30 Romolo, ibid.,
1702. 31° Esopo, ibid., 1703. 52° Alboino, à
Vienne, en 1707. 35° Chleonida, ibid., 1709.
54° Le premier acte tfAlenaide, en 1714.
55° Gesù flagellato, oratorio, ibid . On connaît
aussi, sous le nom de cet artisle, six trios pour
deux violons et basse, gravés à Amsterdam,
chez Roger.
ZIBULKA. t oyez CIBULKA.
ZH.lt (Werner), organiste et compositeur,
fut membre de l'ordre des Frères de la charité
et directeur du chœur de leur couvent à Pra-
gue, où il mourut le 1er octobre 1755. Il avait
appris la composition à Vienne sous la direc-
tion de Reuller, de Schmitt et de Tuma. Zicli
a laissé en manuscrit beaucoup de composi-
tions pour l'église.
ZIEGLER (Jean-Christophe), directeur
de musique et organiste à Wittenberg, vers
1700, y a publié de sa composition : Lntavola-
tura per viola di gamba, consistant en en-
trées, allemandes, courantes, sarabandes et
caprices, in-8° oblong.
/Ill.l.l 11 (Chrétien-Théophile), né le
15 mars 1702 à Pulsznitz, dans la Lusace su-
périeure, où son père était organiste et profes-
seur du collège, commença ses études musi-
cales et littéraires dans la maison paternelle,
puis il alla les continuer à Halle, dans la mai-
son desOrphelins, en 1715. Vers 1723 il alla à
Dresde prendre des leçons de basse continue,
de contrepoint, et d'orgue chez Heinichen,
Weiss, Pezold et Pisendel. De retour à Halle,
il y passa quatre années à étudier le droit et à
composer divers morceaux de musique. En
1727 il fut appelé à Quedlinbourg en qualité
d'organiste de la cour, et en 1750 il eut le litre
d'organiste de l'église principale de celle ville.
Ziegler a laissé en manuscrit un traité d'har-
monie divisé en deux parties et intitulé: Der
JFohlinformirle General- Bassist (Le parfait
accompagnateur de la basse continue.)
ZIEGLER (Jean-Gotthilf), né à Dresde,
en 1688, étudia l'orgue et la composition sous
la direction de Pézold, de Zachau, de Bach et
deTheile, puis il voyagea quelque temps pour
perfectionner son goût. De retour à Dresde, il
y fui nommé organiste et directeur de musique
de l'église Sainl-Ulric. Il vivaitencoreen 1751.
Ce musicien a laissé en manuscrit deux années
complètes de musique d'église, et deux traités
de musique intitulés 1° Neu erfundene musi-
kalische Anfungs-Griinde, die sogenannleu
Z1EGLKR - ZIMMERMAN
117
GaJanterien belreflend (Nouveaux éléments
de musique concernant les ornements appelés
galanteries. 2° Nouvelle instruction concer-
nant la basse continue.
ZIEGLER (François), moine de l'abbaye
ri'Eheibach, dans le Rhingaii, a fait graver à
Nuremberg, en 1740, un recueil de pièces d'or-
gue intitulé : LXXXIV Tnterludia sive bre-
vioresversiculi ad musicam choralemubique
necessarii. Quelque temps après, il a fait pa-
raître un deuxième recueil de pièces pour le
même instrument, contenant quatre vingt-
quatre petites fugues.
ZIEGLER (Antoine), poète dramatique,
qui vivait à Vienne, en Autriche, vers 1820, a
publié une sorte d'almanacb musical intitulé :
Adressenbuch von Tonkiinstlern, Dilettan-
ten, Hof-, Kammer-, Thealer ,und Kirchen-
JUusilcern, etc. (Livre d'adresses des musi-
ciens, amateurs et professeurs de musique at-
tachés à la cour, à la chambre, aux théâtres et
aux églises, etc.), Vienne, Strauss, 1823.
ZOIKEISEN (Eucharius), cantor à l'é-
glise Saint-Pau! de Francfort-sur-le-Mein,
vers la fin du seizième siècle, a publié un re-
cueil de mélodies pour des cantiques, sous ce
litre : Kirchengesang mit Noten. Francfort,
1584, in-fol. (livre rare).
ZOIIUER (Robert), né à Berlin, le 17 jan-
vier 1828, apprit les éléments, de la musique
dès ses premières années. Depuis 1848 jusqu'en
1850, il suivit les cours de philosophie de l'u-
niversité, elle professeur Dehn lui enseignala
théorie de l'harmonie et du contrepoint; puis
il se rendit en Italie pour y compléter ses con-
naissances musicales par l'étude des monu-
ments historiques de l'art. De retour à Berlin,
il s'y livra à l'enseignement de la musique.
En 185G, il fut nommé professeur à l'Académie
des Beaux-Arts et y donna, dans les premiers
mois de 1857, des conférences sur l'Histoire rie
la musique rie clavecin et de piano, qui eurent
un grand succès. Malheureusement ces inté-
ressantes séances furent interrompues par la
maladie inflammatoire qui le conduisit au tom-
beau, le 8 décembre 1857, avant d'avoir ac-
compli sa trentième année. On a de lui un écrit
qui a pour litre : Gedanhen beim Erscheinen
des ôlen Bandes der Bachgesellschaft in
Leipsich (Pensées sur la publication du troi-
sième volume rie la Société de Bach à Leip-
sich), Berlin, M. Hertz, 1854, in-8". C'est une
critique sévère, mais juste, du volume de piè-
ces rie clavecin dont Ch. Fei-d. Becker a été
éditeur.
ZIMMEBMAN (Pierre-Josepii-Guil-
lacme), né à Paris, le 19 mars 1785, est fils
d'un fadeur de pianos rie cette ville. Entré au
Conservatoire rie musique comme élève, en
l'an VII (1798), il y fut placé sous la direction
rie Boieldieu pour le piano, et suivit d'abord le
coins ri'harmonie de Bey, puis celui de Calel.
Au concours de l'an VIII (1800), il obtint le
premier prix de piano, et eut pour concurrent
Ralkbrenner, à qui le second prix fut décerné.
Deux ans après, Zimmerman eut aussi au con-
cours le premier prix ri'harmonie. Devenu plus
tard élève de Cherubini, il a fait sous la direc-
tion de ce maître illustre un cours complet rie
composition, et a acquis ries connaissances
Irès-élenrines dans l'art d'écrire en musique.
En 1816, il a été nommé professeur de piano au
Conservatoire qui, depuis la restauration avait
pris le litre d'Ecole royale de chant et de décla-
mation. La manière dont il a rempli les fonc-
tions rie celte place lui a fait acquérir une juste
célébrité, car il a formé une multitude de bons
élèves dont soixante-deux ont obtenu un pre-
mier prix dans les concours du Conservatoire ;
enfin parmi ceux qui ont été formés par Zim-
merman comme virtuoses ou comme composi-
leurs, on remarque le prince rie la Moskowa,
Alkan,Dejazel,Fessy, Prudent, Ambroise Tho-
mas, Marmonlel, Ravina, DePouck, Goria, Le-
febure, Lacombe et plusieurs autres devenus cé-
lèbres. En 1821, la place rie professeur rie con-
trepoint etrie fugue auConservatoire,ayanlété
mise au concours après la mort ri'E le r, Zimmer-
man eut la victoire sur ses concurrents, et la
placelui fut décernée; mais obligé d'opler entre
cette place et celle rie professeur rie piano, il
donna la préférence à cette dernière. La pro-
digieuse activilériéployéeparcet arlislecomme
professeur, activité dont il n'y a peut-être ja-
mais eu d'exemple, l'a obligé à renoncer de
bonne heure à se produire en public comme
virtuose et à négliger son talent d'exécution
pour consacrer le peu de (emps dont il pouvait
disposer aux travaux de la composition.
Ceux-ci même ont été souvent entravés par le
nombre immense d'élèves à qui Zimmerman
donnait des soins. Toutefois, il a fait repré-
senter à l'Opéra-Comique, au mois d'octobre
1830, l'opéra en trois actes rie sa composition
intitulé V Enlèvement. Malgré les défauts con-
sidérables du poëme, qui exerce en France une
grande influence sur le succès ries ouvrages
lyriques, le public remarqua dans la partition
de cet opéra une facture savante, une mélodie
franche, naturelle et d'un beau caractère, enfin
ries effets neufs ri'harmonie et d'instrumenta-
tion- Zimmerman a écrit aussi Nausica. opéra
us
ZIMMERMAN — ZINGARELLI
sérieux pour l'Académie royale de musique,
qui n'a pas été représenté. Parmi ses compo-
sitions instrumentales, on remarque les ou-
vrages suivants : 1° Premier concerto pour
piano et orchestre dédié à Clierubini, Paris,
Janet et Colelle. 2° Deuxième idem, Paris,
A. Petit. 2° (bis). Sonate pour piano seul, op. 5,
Paris, Leduc; Leipsick, Breilkopf et Hœrtel.
3° Fantaisie pour piano sur l'ail" : Salut, etc.,
op. 5, Paris, Leduc; Leipsick, Breilkopf et,
Hœrtel . 4" Rondeau tyrolien sur la valse
d'Emma, Paris-, A. Petit. 5' Badinage sur
l'air ; Au clair de la lune, op, 8, Paris, Janet
el Cotelle ; Leipsick, Breilkopf el Hœrtel.
6° Rondeau brillant (en la), Pari», Leduc ;
Vienne, Mechetli. 7° Variations sur la ro-
mance : S'il est vrai que d'être deux, op. 2,
Paris, Leduc; Leipsick, Breilkopf el Hœrtel.
8" Idem, sur le thème : Guardami un poco,
op. 6, Paris, Janel ; Leipsick, Breilkopf et
Hœrtel. 9° Romance de Blangini : Il est trop
tard, avec dix variations brillantes, précédées
d'un prélude, op. 7, Paris, Leduc. 10° LeBou-
quel de romarin, varié, op. 12, ibid. 11° La
Gasconne, bluelle avec variations, Paris,
A. Petit. 12" Variations el finale sur l'air
d'Emma, ibid. 13° Rondeau sur un motifdu
Serment, d'Aubcr, op. 27, Paris, Troupenas.
14" Vingt-quatre études pour le piano, divi-
sées en deux livres, op. 21, Paris, Leduc ;
Bonn, Simrock. 15° Les Délices de Paris, con-
tredanses variées, ibid, 10" Six recueils de ro-
mances avec accompagncmenlde piano, Paris.
Leduc, Janet, etc. Zimmerman a publié un
excellent cours d'études pour foi-mer l'éduca-
lion d'un pianiste, et comme exécutant et
comme compositeur. Cet ouvrage, intitulé :
Encyclopédie du pianiste, renferme une mé-
thode complète de l'art de jouer du piano,
dans les deux premières parties, el un traité
d'harmonieel de contrepoint dansla troisième.
Les services rendus à l'art par ce professeur
ont été récompensés par la décoration de la
Légion d'honneur. Il est mort à Paris, en no-
vembre 1853.
ZLiniERMANN (Matihas), né le 21 sep*
lembre 1G25 à Eperies, en Hongrie, fit ses étu-
des à Tliorn, à Strasbourg et à Leipsick, puis
fut recteurdu collège de Leulsch, dansla haute
Hongrie, ministre à Eperies, elen dernier lieu
minisire et surintendant à Meissen. Il mourut
à Leipsick, le 29 novembre 1G89. Au nombre
des ouvrages de ce savant, on remarque celui
qui a pour titre: Analectamiscella menstrua
eruditionis sacra; et profana;, theologica',
lilurrjicx, etc., Meissen, 1G74, in-4°. Il y
traite de l'usage des trompettes à la guerre
(p. 518).
ZIMMERMAÏMJX (Jeak-Guaibert), moine
bénédictin d'un couvent de la haute Silésie,
vécut vers le milieu du dix-huitième siècle. On
a imprimé de sa composition : Amusement
musical pour le clavecin, en six parties, Bres-
lau, 1743.
ZniMERMAïNTV (Apitoihk), maître de
chapelle du prince Batbyani el organiste de
l'église cathédrale de Presbourg, né en 1741,
mourut le 8 octobre 1781. On a gravé de sa
composition: 1" Trois sonates pour piano el
violon, op. 1, Vienne. 2"Six idem, op,2,i'bid\
5" Concerto pour piano et orchestre, op, 3,
Vienne, 1783. 4" Andromède et Versée, mo-
nodrame, en extrait pour le piano, ibid. Cet
artiste a laissé en manuscrit: 5° XIV sympho-
nies pour l'orchestre. 6" Six sextuors pour
deux violons, deux altos, violoncelle et contre-
basse. 7" Concerto pour le hautbois. 8° Sym-
phonie concertante pour deux bassons. 9" Con-
certo pour la harpe, 10' XII quintettes pour
trois violons, alto et basse. 11° XII quintettes
pour flûte, deux violons, allô el violoncelle.
12" Pierre et Narcisse, opéra.
ZMMElUIArW (S. -A.), pianiste et com-
positeur, professeur de musique à Manheim,
a publié dans cette ville et àDarmstadt environ
vingt œuvres de fantaisies, rondeaux et thèmes
variés pour le piano, vers 1840.
ZUNDEL (Philippe), compositeur allemand
du commencement du dix-septième siècle, n'est
connu que par les ouvrages suivants : 1° Pri-
milix Odarum sacrarum quatuor vocum,
Dillingeii, 1G09. 2° Complainte à trois voix,
tirée des sept paroles prononcées par Jésus-
Christ sur la croix, Augsbourg, 1G12.
ZINGARELLI (NicoLAS-AsTont), com-
positeur, né à Naples, le 4 avril 1752, perdit, à
l'àgede sept ans son père, professeur de chant,
et fut mis au Conservatoire de Lorelo, où M
apprit d'abord à jouer du violon. Fenaroli lui
enseigna l'accompagnement et le contrepoint.
On rapporte que, pendant le temps des vacan-
ces d'automne, le maître se retirait dans une
petite maison de campagne qu'il possédait à
Ottojano, et que Zingarelli, encore enfant, fai-
sait souvent à pied les onze milles qui séparent
Naples de ce lieu, pour portera son maître des
fugues et des contrepoints à corriger. Sorti du
Conservatoire, il reçut aussi des leçons de l'abbé
Speranza, un des meilleurs élèves de Durante.
Son premier ouvrage de musique dramatique
fui un intermède intitulé / Quattro Pazzi. Les
élèves du Conservatoire l'exécutèrent aux ap-
ZINGARELLI
plaudissemenls des professeurs. Cependant sa
pauvreté ne lui permit pas d'attendre patiem-
ment à Naples une heureuse occasion pour en-
trer dans la carrière de compositeur dramati-
que, et l'obligea à passer plusieurs années à
Torre dell* Annunziata, dans la maison de
MM. Gargano, en qualité de professeur de vio-
lon. Sa bonne fortune lui fit rencontrer plus
tard une protectrice puissante dans la duchesse
de Caslelpagano. Cette dame, qui aimait pas-
sionnément la musique, prit chez elle Zinga-
relli comme son malde d'accompagnement, el
contribua beaucoup à sa fortune et à sa re-
nommée. Il écrivit chez elle, en 1779, une
grande cantate (Pimmulione) qui n'a jamais
été exécutée. Enfin, parvenu à l'âge de vingt-
neuf ans, il donna le Monlezuma, son pre-
mier opéra, au théâtre de Saint-Charles, le
13 aotU 1781. L'ouvrage n'eut pas de succès.
Cet échec toutefois n'ébranla pas la confiance
de la protectrice de Zingarelli. Recommandé
par elle a la comtesso Castiglione, à la mar-
quise Cusani et à l'archiduchesse Béatrice, il
alla écrire, à Milan, VAIsinda, qui fut repré-
senté pendant le carnaval de 1785 et qui réus-
sit. Dans le carême de la même année, il écri-
vit le Telemacco pour le même théâtre, et le
nouveau succès que cet ouvrage lui procura
lui donna une prédilection marquée pour Mi-
lan, où il composa Jfigenia in Aulide, en
1787; La Morte diCesare, en 1791 ; Pirro,
et 11 Mercato di Monfregoso l'année sui-
vante; La Secchia rapita,en 1793; Arla-
serse , en 1794; Giulietta e Romeo pour
Mn,eGrassini, Ciescenlini et Bianchi,en 1790 ;
Meleagro, en 1798; // Ritratto, en 1799;
Clitennestru, en 1801 ; II Bevitore forlu-
uulo, et Lnès de Castro, en 1805; enfin il
écrivit, aussi pour Milan, les cantates Oreste,
Alceste, et l'oratorio de la Passion, qui l'ut
exécuté dans l'église de Saint-Celse.En 1789,
Zingarelli avait été appelé à Paris pour écrire
^/ia77one,grand opéra et froide composil ion qui
ne réussit pas à l'Académie royale de musique.
Après avoir visité la Suisse, il retourna à Mi-
lan. Il y obtint, en 1792, la place de maître de
chapelle de la cathédrale; mais une position
semblable lui ayant été offerte à la Santa Casa
de Lorelte, en 1794, i! lui donna la préférence.
Dans la même année il écrivit, à Venise, Appelle
e Campaspe pour Ciescenlini, et, en 1795, //
Conte di Saldagna. Pendant les dix années
de séjour de Zingarelli à Loretle, il composa
une immense collection de musique d'église
pour tout le service de l'année. Celte collec-
tion est connue en Italie sous le nom de VAn~
nuale di Zingarelli. On y remarque particu-
lièrement une multitude de messes brèves.
En 1804, la mort de Guglielmi laissa va-
cante la place de maître de chapelle de Saint-
Pierre du Vatican, à Rome; Zingarelli fut ap-
pelé à la remplir, et l'occupa jusqu'en 1811,
écrivant dans cet intervalle plusieurs ouvrages
pour les théâtres de Rome et de Naples, ainsi
que divers oratorios et cantates. La naissance
du roi de Romevinttoul à coup troubler l'exis-
tence paisible dont il jouissait dans la capitale
du monde chrétien : car Napoléon ayant or-
donné qu'on célébrât à celle occasion des fêles
dans toutes les villes de l'empire, et qu'on y
chaulât des Te Deum eu actions de grâces,
toutes les autorités de Rome se rendirent dans
ce but à Saint-Pierre, où les musiciens de la
chapelle el leur directeur avaient été convo-
qués. Mais en vain allendit-ou Zingarelli; à
toutes les sommalions qui lui furent faites, il
répondit qu'il ne connaissait pas à Rome d'au-
tre souverain que le pape Pie VII, qu'on en
avait arraché. Irrité de celle audace, le pré-
fet le fit arrêter el conduire à Civila-Vecchia,
où l'ordre arriva bientôt de l'envoyer à Paris.
Toutefois, Napoléon, qui n'avait pas oublié le
plaisir que la musique de Roméo et Juliette
lui avait fait à Milan, à Vienne et à Paris,
avail voulu qu'il fût traité avec les égards con-
venables, et quatre mille francs en or lui
avaient été remis pour les frais de son voyage.
En arrivant à Paris, il reçut quatre autres
mille francs par l'intermédiaire du cardinal
Fesch, el quelque lemps après, l'empereur, lui
ayant demandé une messe solennelle pour le
service de sa chapelle, fut si satisfait de son
ouvrage, qu'il lui fil remettre une somme de
six mille francs, et lui accorda la liberté de re-
tourner dans sa patrie. Pendant son ab-
sence, la place de maître de chapelle de Saint-
Pierre avait été donnée à Fioravanti ; Zingarelli
n'eut donc plus d'autre parti à prendre que de
retourner à Naples. Arrivé dans celte ville,
vers la fin dé 1812, il y fui, bientôt après,
nommé directeur du Collège royal de musique
de Saint-Sébastien, la seule école de musique
qui restât debout pour succéder aux anciens
conservatoires, et il prit possession de sa place
pendant le mois de février 1813. Trois ans
après, il succéda à Paisiello dans la place de
maître de chapelle de la cathédrale.
Ce fut un événement funeste pour l'école rc-
naissantede Naples, que le choix de Zingarelli
pour la diriger. Esprit étroit, rempli de pré-
ventions et de préjugés, livré aux exercices
d'une dévotion bigote, il n'avait ni l'activité, rtif
£20
ZINGARELLI
l'énergie, ni la bienveillance naturelle envers
la jeunesse, ni enfin le sentiment éclairé de l'art
qui, seuls, peuvent imprimer un mouvementde
progrès à un établissemenlde ce genre. On peut
affirmer que, loin d'avoir fait quelque chose
pour la prospérité du Conservatoire île Naples,
il n'y a pas été un des moindres obstacles à la
restauration de l'enseignement. Rien ne prouve
mieux ce fail que l'heureux changement qui
s'est opéré dans celle école après sa mort,
lorsque la direction en a été confiée à Mer-
cadante, artiste d'une bien plus grande portée.
Zingarelli n'avait pas plus les qualités néces-
saires pour enseigner les procédés de l'art
d'écrire à de jeunes compositeurs, que pour
diriger une école. Absolument ignorant des
productions des grands musiciens qui s'étaient
illustrés dans les pays étrangers pendant la se-
conde moitié du dix-huitième siècle et au com-
mencement du dix-neuvième, n'ayant ni mé-
thode ni plan d'enseignement, mais seulement
des traditions qu'il avait puisées dans les le-
çons de Fenaroli et de l'abbé Speranza, on l'a
vu chasser du Collège de Saint-Séhaslien son
élève Mercadanle, pour l'avoir surpris à met-
tre en partition des compositions instrumen-
tales de Mozart. On lui a l'ait honneurde l'édu-
cation musicale de ce même Mercadante, de
llellini, de Manfroce (qui se fût Tait un beau
nom s'il eût vécu), de Charles Conti, et des
deux Ricci; mais ces artistes sont plus redeva-
bles à leur nature d'élite et à leurs propres ef-
forts qu'aux leçons de leur vieux maître. A
l'exception de Mercadanle, musicien véritable-
ment instruit, il y a plus d'instinct que de sa-
voirdans les productions des autres. On compte
aussi parmi les élèves de Zingarelli Pollini de
Milan, Sgatelli, à Rome, M. Florimo, biblio-
thécaire du Conservatoire de Naples, et M. Lillo.
Dans les vingt dernières années de sa vie,
Zingarelli écrivit une très-grande quantité de
musique d'église, quoiqu'il ne travaillât que
deux ou trois heures chaque jour. Après ses
prières de chaque malin, c'était sa première
occupation; puis il examinait pendant une
heure les travaux de ses élèves, allait à la
messe, se promenait, dinait à midi, dormait
deux heures après son repas ; se promenait
dans sa chambre après la sieste, ou lisait la
Vie des Saints, la Bible et des ouvrages de
théologie; enfin, il se couchait à neuf heures.
Tel fut l'emploi de son temps pendant les vingt-
cinq dernières années de sa vie. Il mourut le
5 mai 1837, à l'âge de qualre-vingl-cinq ans
et quelques jours. L'Académie des beaux-arts
de l'Institut de Fiance l'avait nommé un de
ses membres associés en 1804; le 28 mai
1807, il reçut le diplôme de membrede l'Aca-
démie italienne des sciences, lettres et arts ; et
l'Académie royale des beaux-arts de Berlin le
choisit pour son associé au moment où il venait
d'expirer. Il était aussi membre de plusieurs
sociétés musicales d'Italie et chevalier de l'or-
dre royal de François Ier, de Naples.
La renommée de Zingarelli comme compo-
siteur a été plus grande que son mérite. Il
n'était pas dépourvu d'un certain sentiment
délicat dans la mélodie ; mais il avait peu
d'idées, peu de force dramatique, et jamais il
n'a su s'élever à de grands développements
dans lessituationsoii il aurait pu en faire usage.
Son opéra religieux de La Dislruzzione di
Gerusalemme, est le seul de ses ouvrages on
l'on remarque quelque énergie de sentiment.
J'ai examiné avec soin plusieurs partitions de
ses opéras, el j'y ai trouvé plus de choses mé-
diocres que de bonnes. Un seul de ses ouvrages
dramatiques (Roméo et Juliette) a échappé à
l'oubli : cette partition même est de peu de
valeur, car on n'y Irouvo réellement de remar-
quable que la mélodie Ombra adorala, as-
petta, qui est de Crescenlini. Le grand avan-
tage dont a joui Zingarelli, et ce qui a fait sa
réputation, c'esld'avoir eu pour interprètes des
chanteurs tels que Crescenlini, Marchesi, Ba-
bini, Rubinelli, Yiganoni, la Morichelli, mes-
dames Grassini cl Calalani, dans toute la
beauté de leur talent. Comme la plupart des
anciens maîtres de l'école napolitaine, il a
traité la musique d'église dans le style con-
certé. Les qualités qu'on y remarque sont une
manière facile d'écrire pour les voix, et un
certain caractère d'expression tendre dans ses
meilleurs ouvrages; mais elles sont ternies par
une grande monotonie dans les formes et par
beaucoup de négligences dans l'harmonie. Par
reconnaissance pour le dévouement de Bene-
dello Vita, son domestique, qui lui avait con-
sacré une partie de sa vie, il voulut laisser à
ce fidèle serviteur, à défaut d'argent qu'il
n'avait pas, ses livres et surtout une immense
quantité de musique d'église qu'il se mit à
composer pour lui, afin que Benedetto pût en
vendre les originaux un certain prix après sa
mort. Dès lors, bien plus occupé du soin d'aug-
menter le nombre de ses ouvrages que d'en
perfectionner les idées et la forme, il se mit à
écrireavec une si grande rapidité, qu'ilyaurait
lieu de s'étonner qu'il fut résulté autre chose,
d'un travail si hâtif, que des compositions mé-
diocres ou mauvaises. Le catalogue de tout ce
qu'il a laissé en cegenre a été imprimé. Parmi
ZINGARELLI - ZINK
521
la multitude de productions qu'il indique, on
compte trente-huit messes pour voix d'horu-
mes avec orchestre; soixante-six messes pour
différents genres île voix avec orgue; environ
vingt-cinq messes pour deux et trois voix avec
instruments; plus de vingt messes solennelles
à quatre voix et orchestre; sept messes à deux
chœurs ; quatre messes de Requiem, dont une
en ré mineur, deux en mi hémol et une brève
à deux voix el orgue; seize Credo à trois et
quatre voix, avec orchestre; 5 idem, avec or-
gue; 85 Dixit à trois, quatre et huit voix,
avec orchestre ou orgue ; une multitude de
psaumes, entre autres 36 Bealus vir, avec or-
chestre ou orgue, el 49 Confitebor; 73 Magni-
ficat à trois et quatre voix, avec orchestre ou
orgue; 21 Heures d'agonie, à une, deux,
trois et quatre voix, avec instruments el avec
introduction pour violes, violoncelles el con-
trebasses; 29 Te Deum de tout genre; 28
Stabat Mater, idem ; des vêpres complètes
avec complies, des litanies, une immensequan-
lité d'hymnes, d'antiennes et de motets, des
répons et des leçons pour la semaine sainte,
des graduels et offertoires, enfin neuf psaumes
italiens à quatre voix et orchestre. Parmi tanl
de choses, dont un grand nombre est peu digne
d'estime, un des meilleurs morceaux est le Mi-
serere à quatre voix, sans accompagnement,
que Zingarelli a composé pour les élèves du
Conservatoire de Naples: là il y a véritable-
ment.un sentiment sublime par sa simplicité.
Le caractère de la musique est si bien appro-
prié aux paroles, l'harmonie est si pure, les
voix sont si bien placées el se meuvent avec
tant de facilité, que ce morceau, bien que fort
court, doit être considéré comme une des
meilleures productions de son auteur.
La liste la plus complète des opéras et can-
tates de Zingarelli que j'ai pu réunir est celle-
ci : 1° Pimmulione, cantate à trois voix et
orchestre, 1779. 2° Monlezuma, à Naples, en
1781. 3" L'Alsinda, à Milan, 1785. 4° Il Te-
lemacco, dans la même ville, 1785. 5° Reci-
mero, à Venise, 1785. 6° Armida, à Rome,
178G. 7° Ifigenia in Aulide, à Milan, 1787.
8° Annibale, à Turin, 1787. 9" II Trionfodi
David, oratorio, 1788, remis en scène à Na-
ples, en 1805. 10" Antigone, grand opéra, à
Paris, 1789. Cet opéra, traduit en italien avec
des changements, a élé joué à Livourne, en
1790. 11" La Morte di Cesare,à Milan, 1791.
11° (bit). L'Oracolo Savnilo, Turin 1792.
12" Pirro, dans la même ville, en 1792.
13° HMercato di Monfregoso, dans la même
ville, 1793. 14* La Secchia rapita, dans la
même ville, 1793. 15" Artaserse, dans la
même ville, 1794. 10° Gli Orazzi e Curiaci,
à Turin, 1794. 17° Apelle e Campaspe, à Ve-
nise, 1794. 18° // Conte di Saldagna, dans la
même ville, 1795. 19" Stances du vingtième
chant de la Jérusalem délivrée, à plusieurs
voix avec orchestre, gravées en partition à
Paris, en 1795. 20" Romeo e Giulielta, à Mi-
lan, en 1790. 21» Mitridate, à Venise, en
1797. 22» Mdeagro, à Milan, 1798. 23» Caro-
lina e Menzicoff, chanié par Marchesi et Ma-
dame Catalani, à Venise, 1798. 24" Edipo a
Colona, dans la même ville, en 1799. 25° Il
Rilratto, à Milan, 1799. 20° // Ratto délie
Sabine, à Venise, en 1800. Vl'Clitennestra, à
Milan, en 1801. 28° // Bevitore forlunato,
dans la même ville, 1830. 29° Inès de Castro,
dans la même ville, 1803. 30° Francesca da
Rimini, cantate à Rome, 1804. 31° // conte
Ugolino, idem, ibid. 32" Tancredi al sepol-
cro di Clorinda, à Naples, 1805. 33" Baldo-
vino, opéra, à Rome, 1810. 34" La Dislruz-
zione di Gerusalemme, oratorio scénique,
à Rome, 1810. 55" Bérénice, au théâtre
Falle, à Rome, 1811. 36° La Reedificaziona
di Gerusalemme, à Rome, pour Florence.
37° Saulle,ovalorïo. 38" LaPassione, oratorio.
59» Oreste, cantate. 40" La Morte d'Alceste,
idem. 41° Nice d'Elpino, idem. 42» Saffo,
idem.
La vie et les ouvrages de Zingarelli ont élé
l'objet i\es opuscules dont les titres suivent :
1° Necrologiadi Nicoto Zingarelli, da Raf-
faele Liber atore. Naples, 1837, in-8", tiré à pe-
tit nombre et orné du portrait de l'artiste.
2° Cenni storicidi Nicolo Zingarelli, daRai-
mondo Guarini ; Naples, 1837, in-8". 3° Elo-
gio di Nicolo Zingarelli, par le marquis de
Villarosa. Naples, 1837, in-8°. 4° Notizie
biografichedi Nicolo Zingarelli (sans nom
d'auteur); Naples, 1837, in-8». 5" Discorso
per le solenne esequie del cavalière Nicolo
Zingarelli, da Antonio Minghelti; Padouc,
1841, in-8". Ce discours a été prononcé dans
un service anniversaire pour la mémoire de
Zingarelli, dans la cathédrale de Padoue.
ZirSK (BenoIt Frédkiiic), né le 25 mai 1 743,
à Husum.dans le Holstein, était complètement
sourd dans son enfance; mais, à la suite d'un
excès de boisson qui faillit lui couler la vie, il
recouvra l'ouïe et devint, sous la direction de
son père, musicien de ville, habile sur le vio-
lon, leclavccinel l'orgue. Ayant fait un voyage
en Norwégc, il vécut quelque temps à Christia-
nia, puis fut organiste à Schkswick, cl en der-
nier lieu cuira au service du duc de Mcck-
ZINK - ZOELLNER
lcnbourg-Schwérin , en 1767. Il mourut à
Liidwigslusl, le 23 juin 1801, laissant en raa-
nuscritdes symphonies cldcs sonalesde |)iano.
Zl.Mv (Hartnacii-Othon-Conrad), frère du
précédent, reçut aussi des leçons de musique
de son père et apprit à jouer de plusieurs hl-
strumenis; puis il se rendit à Hambourg, où son
goût se forma par les occasions fréquentes qu'il
eut d'entendre des artistes distingués pendant
Uti séjour de dix ans. Vers 1780, il entra dans
la chapelle du duc de Mccklenuourg-Schwérin,
en qualité de première flûle de l'orchestre, Six
nus après, il fil un voyage à Copenhague et y
eut de si brillants succès, qu'il s'y fixa et fut
admis au séminaire de celle ville en qualitéde
professeur de chant. Après en avoir rempli les
fonctions pendant environ vingt-cinq ans, il
est mort h Copenhague en 1812, On a publia
les ouvrages suivants de cet artiste ; 1° Six
duos pour deux flûtes, op. 1, Berlin, 1782,
2° Six sonates pour piano, Leipsick, 1783,
3" Symphonie pour divers instruments, Berlin,
Ilummcl, 171)1. 4° Trois sonates pour piano et
flûte, ibid., 171)2. o° Andanle avec vingt-
quatre variations pour le piano, ibid. 6°Com-
posilions pour le chant avec piano, 1", 2e tt
5e suites, Copenhague, 1792-171)3. 7° Die
Nœrdliche Harfe, ein J ersuch in Fragmen-
tent ttnd Skizzen iiber .Vusik und ihre Jn-
wendungin Norden (La Harpe du Nord, essai
en fragments et esquisses sur la musique etson
emploi dans le Nord), Copenhague, Brummer,
1802.
ZENKEISEN (Conrad- Louis Thierri), né
à Hanovre, le 3 juin 1771), reçut les premières
leçons de musique de son père, puis alla ache-
ver ses éludes dans cet art à Wolfenbuttel.
Après avoir été quelque temps hautboïste dans
un régiment d'infanterie à Lunebourg, il alla
àGoetlingue, en 1803, en qualitéde professeur
de musique et de premier violon de l'orches-
tre. Ce fut dans celle ville qu'il étudia la théo-
rie de la composition, sous la direction de For-
kel. En 1819, il entra dans la musique du duc
de Brunswick. Parmi ses productions, dont la
plupart sont inédiles, on remarque quatre ou-
vertures à grand orchestre, six concertos de
violon, une symphonie concertante pour violon
et alto, plusieurs thèmes variés pour violon,
avec un second violon, alto et violoncelle, trois
quatuors pour deux violons, alto et basse, des
duos pour violon et alto, un concerto pour cla-
rinetlc, un idem pour hautbois, un idem pour
basson, des thèmes variés pour ces instru-
ments., et des chants à quatre voix.
ZIPOLI (Dominique), organiste de l'église
des Jésuites, à Rome, an commencement du
dix-huitième siècle, fut un des artistes les plus
distingués de son temps. Il a publié de sa com-
position : Sonate d' intavolatura per or-
r/ano o cembalo, parle prima. Toccata, versi,
canzone9offertoiïo} elevazioni,post-commu~
nio e pastorale, Roma, 1710, In -4" oblong
gra\é. La seconde partie de cet œuvre con-
tient des préIndes, allemandes, courante», sa-
rabandes, gigues, gavottes et parlite. Cet ou-
vrage est d'un très-bon style,
ZOCCA (Gaktaho), violoniste distingué,
naquit a Ferrare, en 1784. Les premières le-
çons de son instrument lui fuient données par
le professeur Jean Ballo, et son talent fut
formé h Milan, par Alexandre Rolla {voyez ce
nom). En 1810, il fut nommé chef d'orchestre
du théâtre et de la cathédrale, ainsi que de la
société Philharmonique de sa ville natale. Son
mérite, reconnu dans toute l'Italie, lui fit dé-
cerner le titre de membre honoraire des Aca-
démies philharmoniques de Bologne, de Mo-
dène, de Ferrare et de Rome. Il avait fondé
une école pour la réforme de l'art de l'archet
parmi les violonistes italiens; plusieurs artis-
tes distingués s'y sont formés et ont opéré une
amélioration sensible dans les orchestres delà
Péninsule. Zocca mourut à Ferrare, le 14 sep-
tembre 1834.
ZOEGA (Chrétien), savant orientaliste, né
à Hadersleben, enseigna les langues orientales
à l'iiniversiléde Leipsick, depuis 1G86 jusqu'en
1695, puis remplit les mêmes fonctions à Kiel,
et fut en dernier lieu pnsleur dans une com-
mune du pays d'Oldenbourg. Au nombre de
ses ouvrages, on remarque une dissertation in-
lilulée : De sententiis Talmudico-rabbinicis
circa buccinam sacrant Hebrxorum, Lipsiœ,
1692, in -4°.
ZOELLIN'ER (Charles-Henri), composi-
teur, organisle et pianiste, naquit le 5 mai
1792, à OEIs, en Silésie. Ses premières études
furent faites au gymnase île sa ville natale j
puis il alla au Collège rie la Madeleine, à Bres-
lau, et y entra au séminaire évangélique en
1812; mais il en sortit un an après pour se
vouer sans obstacle à la musique. Doué de ra-
res talents, il aurait pu se faire un beau nom
comme artiste; mais, dominé par de mauvais
penchants, il ne sut jamais se maintenir dans
une situation honorable et s'abandonna aton-
ies sortes d'excès. En 1814, il alla enseigner
la musique à Oppcln, et y passa près de deux
années, puis il visita Kalisch et s'établit à Poscn.
Après y avoir demeuré trois ans, il séjourna à
Varsovie, où il rédigea un journal de musique;
ZOELLNER - ZONARO
02.
puis il fut nommé canlor de l'église Saint-
Pierre et Saint-Paul de Dresde; mais il refusa
cette place pour voyager, donna des concerts
à Londres, en Hollande et dans les villes de
l'Allemagne rhénane. En 1823, il vécut à Leip-
sick, s'y livra à l'enseignement et publia quel-
ques-uns de ses ouvrages. Pendant les années
1830 a 1832, on le retrouve àSlulIgard, d'où il
s'éloigna pour aller à Hambourg, puis à Lu-
beck et à Copenhague. De retour à Hambourg,
en 1833, il y excita l'admiralion parson talent
sur l'orgue. Rien ne lui eût été plus facile que
de se faire une situation brillante dans cette
ville, mais sa mauvaise conduite eut bientôt
achevé de ruiner sa santé. Le 22 septembre
1855, il se Ht entendre pour la dernière fois
sur l'orgue de Saint-Michel, et il expira le
2 juillet IS3G. On connaît de lui un opéra in-
titulé : Kunz de Kaufungen, et le mélodrame
Une heure. Dans la musique d'église, il s'est
distingué par \\n style élevé, particulièrement
dans le Pater noster de Jacobi, et dans quel-
ques messes et psaumes. On a aussi de lui des
pièces d'orgue do grand mérite. Parmi ses
compositions gravées on remarque : 1° Sonate
pour piano et violon, op. 7, Leipsick, Hof-
meister. 2° Grande sonate pour piano à quatre
mains, op. 10, Leipsick, Probst. 3° Sonate
pour piano seul, op. 13, Hanovre, Bachmann.
4" Plusieurs rondeaux et variations pour le
même instrument. 15" Des chants pour quatre
voix d'hommes, Hanovre, Bachmann ; Leipsick,
Brcilkopf et Hsertel. G" Méthode de piano,
Hambourg, Cranz.
ZOELL^EIl (Charles), professeur de mu-
sique et directeur de la Société de chant à
Leipsick, est né le 17 mars 1800, à lUillelhau-
sen (Saxe). Il jouissait de la réputation de bon
artiste et de musicien instruit, lorsqu'il mou-
rut à Leipsick, le 25 septembre 1860. On a de
sa composition : 1° Un recueil de Lieder à
voix seule avec piano, sous le titre de Liedes-
fruhling ; Leipsick, Kistner, 1841. 2° Plu-
sieurs recueils de chants pour quatre voix
d'hommes ; ibid. Une de ses compositions les
plus remarquables en ce genre a pour litre :
Die Zigeuner (Les Bohémiens).
ZOGBAUDI (Gustave), professeur de mu-
sique à Berlin, est né dans cette ville, en 1814
(suivant le Noliz - Kalender fur Musiher ,
do Chwalal). Il a beaucoup écrit pour le piano
et pourléchant. Ses principaux ouvrages sont :
lo Une collection de cent morceaux pour le
piano, en 25 livraisons formant quatre volu-
mes in-folio, sous le litre de Jmmergriin,
op. 9; Berlin, P«>z. 2" Des rondos et rondi-
nos, op. 15, 18, 31, et 57, ibid. 3" Des m:i-
zourkes, op. 14; ibid. 4° Des chansons d'en-
fants sans paroles, en deux suites; Berlin,
Bock. 5" Des fantaisieset des variations sur des
thèmes d'opéras. G0 Des polonaises, np. 48;
Berlin, Challier. 7° Des morceaux élégiaques
intitulés : Perles de Salon, op. 51 ; Berlin,
Pœz. 8" Une méthode de doigter pour le piano,
sous lu litre de Die Kunst der Fingerlœsung,
op. 43; ibid. 9° Une méthode pratique pour
le même inclrumenl avec quatre-vingts pièces
d'exercices, op. 44, ibid. 10° Une méthode
abrégée pour les enfants, intitulée : Der Junge
Plantât, op. 52; ibid. 11° Plusieurs recueils
de Lieder à voix seule, avec piano,
ZOILO (AntUlAt), compositeur, né à Rome
dans la première moitié du seizième siècle,
fut mailre de chapelledeSainl-.leandcLalran,
depuis le mois de mars 1561 jusqu'au mois do
juin 1570. Le 5 juillet suivant, il fut admis au
collège des chapelains. chantres de la chapelle
pontificale. L'époque de sa mort est inconnue.
Plusieurs messes de sa composition se trouvent
dans les volumes manuscrits des archives de
la chapelle pontificale, à Rome. On trouve aussi,
dans un volume de la même chapelle, seize
répons pour les matines des ténèbres de la
semaine sainte, de sa composition. Plusieurs
morceaux de ce compositeur ont été insérés
dans les collectionsdonl voici les litres: 1° Do-
dici affetti, madrigali a 5 voci di diversi
eccellenti 7nusici di Borna, in Venezia, l'E-
rede di Girol. Scotlo, 1585, in-4°. 2" De' Flo-
ridi virtnosi d'Jtalia il terzo libro de' ma-
drigali a cinque voci, etc. in Venezia, Giac.
Vincenzi, 1506, in-4°. 3° DJelodia olgmpica
di diversi eccellenlissimi musici a 4, 5, G et
S voci, Anvers, P. Phalèse, 1594, in-4° obi.
4° Paradiso musicale di madrigali et can-
zoni a cinque voci di diversi eccellenlissimi
autori, ibib., 1596, in-4° obi. 5° Selectx can-
tiones excellentissimorum auctorum octonis
vocibus concinends a Fabio Costantino ro-
mano itrbevetanx cathedralis musicx prx-
fecto in lucetn édita?, Romae, ex typograpbia
Bail. Zanelli, 1614. On trouve dans ce recueil
un Salve Hegina de Zoilo, à douze voix.
ZOILO (César), compositeur vénitien, vécut
dans la première moitié du dix-septième siè-
cle. Il a l'ait imprimerde sa composition : Ma-
drigali a cinque voci, il primo libro, aggiun-
lovi il suo basso continua a bencplacilo. In
Venelia, appresso Barlholomeo Magni, 1G20,
in-4°.
ZOIVAllO (Jules), compositeur italien, né
à Salo (Lonibardie), vécut vers la lin du sei-
524
ZONARO - ZORM
zième siècle. On connaît <le lui : II Primo
Libro de Madrigali a Ire voci ; in J'cnetiu,
app. Giacomo Vincenti, 1589, in-4°.
ZONCA ou ZONKA (Joseph), né à Bres-
cia, en 1715, y fit ses études et apprit, ilans sa
jeunesse, l'art du chant et la composilion.
Après avoir été ordonné prêtre, il entra dans
la chapelle de l'électeur «le Bavière, en qualité
de hasse chantante, en 1750. Il mourut à Mu-
nich en 1775. On cite île sa composilion l'ora-
torio la Mort d'Abel, qui fut exécuté avec
succès à Munich, en 1754, et l'opéra IIRe Pas-
tore, représenté à la cour en 1700.
Un antre musicien du même nom (Jean-
Baptiste) cl de la même famille, naquit aussi à
Brcscia, en 1728, entra dans la chapelle de
l'électeur Palatin, à Manheim, en 1701, puis
suivit la cour de ce prince à Munich, et brilla
au théâtre dans les opéras italiens. Bctiré dans
sa patrie en 1788, avec une pension rie la cour,
il est mort ;i Brcscia en 1809, à l'âge de qua-
tre-vingl-un ans. Il était aussi compositeur et
a fait graver, à Munich, les morceaux suivants,
qu'il avait écrits pour son usage : 1° Aria a
basso solo (Sulle spondedel torbido), con 2 vio-
Uni, viola, basso, 2 oboe e 2 corni. 2° Mo-
tetto a basso solo (El hos inlcr augures) con
2 viol., viola, organo, basso, 2 flanti e
2 corn t. 3° Idem( Ah! mihigeminasse)a2rio£.,
viola, org., 2 trombe e timpani.
ZOPFF (IIeiimanfi), docteur en philosophie
et compositeur à Berlin, né à Gross-Glogau,
le 1" juin 1820, fut destiné par son père au
commerce, cl ses premières éludes musicales
furcnl entravées par son apprentissage du né-
goce. D'ailleurs, les maîtres dont il recevait
les leçons pour le piano et la théorie de la mu-
sique étaient dépourvus de talent et de mé-
thode. Ohligé «le se vouer à une profession
étrangère aux arts, il choisit l'agriculture et
s'établit dans un village voisin du lieu de sa
naissance. Cependant, il ne fut pas tellement
absorbé par les travaux de sa nouvelle position,
qu'il ne leur déroba souvent des heures oii il
faisait de nombreux essais «le composition,
sans posséfler les connaissances nécessaires
dans l'art d'écrire. Au nombre «le ces essais
était une ouverture à laquelle il donna le nom
(te Jugend Sytnphonia,el qu'il dédia à la So-
ciété îles concerts «le Glogau. Ayant enfin oh-
lenu «le sa famille l'autorisation de se livrer à
l'élude sérieuse de la musique, il se rendit à
Berlin en 1850. Il étail bien lard pour com-
mencer «les études régulières, car il avait alors
24 ans, et il avait à réformer les défauts d'une
mauvaise éducation première de Part. Toute-
fois il ne se découragea pas. Protégé par le
professeur Marx, il entra au Conservatoire
fondé par Kullack clSlern et s'y livra à l'étude
du piano. Dans le même temps, il suivit les
cours «le philosophie «le l'Université, et le doc-
toral dans celle science universelle lui fut con-
féré en 1850. I.e goût particulier de Zopff le
portail vers la musique dramatique, pour la-
«pielle il fonda une société qui devint, en 1854,
une Académie spéciale pour cegenre<le musi-
que. ZopfT a publié plusieurs cahiers de Lieder,
quatre suites de «lanses et de marches pour le
piano, d'autres pièces pour cet instrument. Il
a arrangé diverses compositions de J.-S. Bach
et «le Beethoven. On connaît aussi de lui un
écrit contenantdesobservations et des conseils
pour les chefs d'orchestre au début de leur
carrière : l'ouvrage a pour litre \Erfuhrungen
und Rathscht&ge fiir angehende Dirigenten.
I.eipsick, Kahnt.
ZOPPI (François), compositeur vénitien,
entra au service de l'empereur de Russie, en
1750, avec une troupe de chanteurs italiens, et
composaà Pélersbourg plusieurs opéras et ora-
torios «lonl on ne connaît que Fologeso, et II
Sacrifizio d'Abramo.
ZORN (PiEnnE), professeur d'histoire ait
Gymnase deSletlin,né à Hambourg en 1082,
mourut à Thorn, le 2ô janvier 1740. On a de
ce savant les ouvrages suivants relatifs à l'his-
toire de la musi«|iie : 1° Dissertatio de h y m-
norum latinœ ecclesix colleclionibus, qua si-
mul in hymno : Veni Redemptor gentium,
vitiosa lectio mine primtim emendatur ex
mss. Frid. Lindenbrogii , Kiloni, 1709, in -4°
«le 19 pages. 2" Commentutio de usu xreo-
rum tripodum etcymbalorum insacris Grx-
corum, Kiel, 1715, in-4° de quatre feuilles et
demie.
ZORZI (Jean), compositeur vénitien, d'une
famille patricienne peu fortunée, fut élève de
Benedelto Marcello, dont il était le parent, et
vécut dans la première moitié du dix-huitième
siècle. Sa pauvreté le décida à se faire prêtre,
ne pouvant vivre selon son rang dans le monde.
Il fut, pendant quelque temps, attaché comme
vicaire à l'église S. Marziale, de cette ville.
Il était jeune encore lorsqu'il fut appelé à Flo-
rence en qualité de maître de chapelle «l'une
des églises de cette grande et noble cité. Plus
lard, il obtint la même position à l'église Saint*
Jcan-de-Latran. L'époque de sa mort n'est pas
connue. Zorzi a laissé en manuscrit «les messes
à quatre et à huit voix, des psaumes, des Ma-
gn ificat cl des motets, dont l'abbé Sanlini,de
Rome, possède «les copies.
2UANË - ZULEHNÈR
s*s
ZUANE, connu sous le nom de MISTRO
ou MAESTRO ZUANE (Maître-Jean),
avait sans doute un nom de famille qui est in-
connu. Il naquit à Chioggïa et succéda à Jac-
ques Filippo de' Servi en qualité d'organiste
du premier orgue de la chapelle de Saint-Marc,
à Venise, le 7 décembre 1406. II mourut vrai-
semblablement au commencement de 1419,
car il eut pour successeur Mastro Bernardino,
le 5 avril de cette année. Il existait autrefois
quelques morceaux de musique d'église de ce
maître dans les archives de la chapelle Saint-
Marc, mais ces précieuses reliques ont disparu
depuis longtemps.
ZUAISMARIA, le plus ancien et le plus
célèbre joueur de cornet de Venise, vécut dans
la première moitié du seizième siècle et fut at-
taché à la chapelle ducale de Saint-Marc, dans
celte ville. Cet artiste, remarquable pour son
temps, a été loué par André Calmo, son con-
temporain, dans ses poésies latines.
ZUREIt (Grégoire), musicien de ville et
violoniste à Lubeck, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, a publié de sa composition :
1° Paduanen, Gaillarden, Ballelen, Cou-
ranten, Sarabanden, etc., von 5 Stimmen
(Pavanes, gaillardes, ballets, courantes, sara-
bandes, etc., à cinq parties), Lubeck, 1649,
in-4°, première partie. La deuxième partie de
cet œuvre, conlenantdes pièces instrumentales
à deux et à quatre parties, avec basse con-
tinue, a été publiée à Francfort-sur le-Mein
en 1659, in-4°.
ZUCCALMAGLIO - WALDRRUHL
(A. Wm.helm DE), né en 1805, à WaldbrUhl,
fil de bonnes études dans sa jeunesse et cultiva
les sciences avec succès. Plus lard, il fit de
longs voyages, et sa vie fut aventureuse. En
1835, il fui un des fondateurs de la Nouvelle
Gazette musicale de Leipsick, et, sous le pseu-
donyme de Goltschalk JFadel, il y fil insérer
des articles pleins d'amertume contre Meyer-
beer, Berlioz et Bellini. Il a recueilli cl publié
plusieurs recueils de chants nationaux et de
chansons populaires. Depuis 1848 jusques vers
1860, M. de Zuccalmaglio a vécu alternative-
ment à Berlin et sur les bords du Rhin.
ZUCCARI (Je*»), compositeur dramati-
que, né à Manloue vers la fin du dix-septième
siècle, a écrit la musique de Seleuco, drame
d'ApostoloZcno, représenté, en 1725, au théâ-
tre Sauf Angio'o, de Venise.
ZUCCARI (Charles), violoniste et compo-
siteur, fut attaché au théâtre de l'Opéra italien
de Londres, vers le milieu du dix-huitième
siècle. Il a publié dans cette ville : l" Art of
Adagio playing (Art de jouer Vadagio, col-
lection de solos pour le violon, avec basse
continue). 2° Trois trios pour deux violons et
basse. On connaît aussi sous son nom, en manu-
scrit, des sonates pour violon avec basse et des
duos pour violon et violoncelle.
ZUCCARINI (Jean-Baptiste), maître de
chapelle de la cathédrale de Brescia, né dans
celte ville vers 1550, s'est fait connaître par
un œuvre intitulé Dodici Sonetli a cinque
voci; in Fenetia,presso Angelo Gardano,
1586, in-40 obi.
ZUCCHELLI (Charles), bon chanteur, né
à Londres en 1792, de parents italiens, a dé-
buté à Novare, en 1814, puis a chanté à Mo-
dène, à Livourne, à Milan, en 1818, à Rome,
à Londres, en 1822, et enfin à Paris, où il fut
attaché au Théâtre Italien depuis l'automne de
la même année jusqu'en 1850. Il possédait une
belle voix de basse, pure et bien timbrée; ses
intonations étaient justes, et il vocalisait avec
facilité; mais son chant était dépourvu d'ex-
pression et de chaleur.
ZUCCHIINO (D. Georges), moine de Mont-
Cassin, né à Brescia, dans la seconde moitié
du seizième siècle, fit sa profession au couvent
de Saint-Grégoire-le-Grand, à Venise. On a
publié de sa composition : 1° Harmonia sa-
cra in qua motetta 7, 8, 9, 10, 12, 16 et 20
vocum, missss autem 8, 12 eM6 vocibus con-
texte, Venetiœ, 1603, in-4\ 2° Motteli e
Messe a 4 e 5 voci co'l organo, libro primo,
in t'enetia, appresso Vincenti, in-4\
ZUCHETTO, connu sous le nom de MIS-
TRO (Maestro) ZUCHETTO, fut le plus
ancien organiste du premier orgue de la cha-
pelle de Saint-Marc. Il fut appelé à cette place
en 1318, et eut pour successeur Francesco do
Pesaro, en 1337. Zuchetto fut aussi facteur
d'orgues, suivant les renseignements fournis
par M. F. Caffil, dans sonhisloirede la musique
de la chapelle de Saint-Marc.
ZUFFI (Jean -Ambroise), organiste à Milan,
au commencement du dix-septième siècle, est
auteur des ouvrages dont voici les titres :
1° Concerti ecclesiaslici a 1 , 2, 3 e 4 voci; con
basso continu», la « 2a parte, Milan 1621.
2o Concerti e Magnificat aivoci, ibid., 1624.
ZULATTI (Jean-Francois), médecin de
Venise, né à Céphalonie, a fait imprimer un
Discorso délia forza délia musica nelle pas-
sioni, nei costumi et nelle malattie, e dell'
uso medicodel ballo, Venezia, presso Lorenzo
Basscgio, 1788, in-8° de 69 pages.
ZULEUNER (Charles), membre de la So-
ciété des sciences et ails de Mayerice. est né
ZULEHNEÏl - ZUMSTEEG
danseelle ville, en 1770. Ses maîtres <le piano
et de composition, à Paris et à Mayence, ont
été Eckart, Pliilidor et Slerkel. Fixé dans sa
ville natale, il y a rempli les fonctions de clicf
d'orchestre, el s'y est livré à l'enseignement cl
à la composition. Ziilelnier vivait encore à
Mayence en 1830. Les productions connues de
cet artiste sont celles-ci : 1° Concerto facile
pour piano el orchestre, op. 5, Bonn, Simrock.
2° Premier quatuor pour piano, violon, alto el
basse; op. 12, Mayence, Scholl. 5° Deuxième
idem, op. 1ô, lionn, Simrock. 4° Trio pour
piano, violon el violoncelle, op. G, Jlayence,
Schott. S° Deux sonates pour piano et violon,
op. 3, ibid. G" Grande sonate pour piano seul,
op. \,ibid. 7° Fantaisie idem. op. 8, ibid.
8° Deux airs variés idem, ibid. 9" Cantate de
francs-maçons, avec instruments à vent, en
partition, ibid. 10° L'Epiphanie, ou les Trois
rois, de Gœthe, Irio comique pour ténor et
deux basses avec piano ibid. Zulehner a ar-
rangé environ cent opéras, oratorios et autres
grandes compositions pour le piano.
ZUMRACII DE KOESFELD (Lo-
TiiAim:), né à Trêves, le 27 aoilt 16G1, fil ses
études chez les jésuites de sa ville natale et de
Cologne, puis entra au service de l'électeur
Maximilien Henri, à Bonn, en qualité de mu-
sicien de la Chambre. Il mourut le 29 juillet
1727, laissant en manuscrit un ouvrage inli-
lulé : Aniveisnnq, ibie man vermillelst tcei-
niger Rëgetn die musikalisclie Kompnsilion
ganz richtig trakliren mtege (Introduction à
la composition régulière par un petit nombre
de règles combinées). Il est vraisemblable que
c'est la traduction hollandaise de cet ouvrage
que Conrad Zumbacb de Kœsfeld, médecin à
Leyde, et peut être (ils de Lolhaire, a publiée
sous ce litre : Instiluliones Musicœ, of Aorte
onderwyzingen rakende de Praclijek van de
flitiSijfc ; eii inzonderheid van den Generalen-
bàss, of Bassus 'continuas, etc., Leyde, 1743
in-8° de 74 pages avec 8 planches.
ZUMSTEEG (Je.vm-Rodoi.piie), violoncel-
liste el compositeur, né le 10 janvier 1760 à
Sachsenflur, dans le canton d'Odcnwald, était
fils d'un valet de chambre du duc de Wurtem-
berg qui le (il élever à l'école militaire, mais
qui, ne lui trouvant pas de dispositions pour la
carrière des armes, voulut en faire un sculp-
teur. Toutefois le penchant de Zumsleeg pour
la musique triompha des résolutions dû 'père,
et enfin il lui fût permis de se livrer à la cul-
lure de cet art. Poli, Boi'ani et Mazzanli, mu-
siciens attachés à la chapelle ducale, dirigè-
rent ses éludes, tanl pour l'instrument qu'il
avait choisi que pour la composition. Dirigé
par son instinct, et instruit par la lecture de
quelques livres de théorie, de Mallhcson et
Marpurg, il s'essaya dans la composition, et
écrivit des cantates pour le service de la cour.
On en a publié quelques-unes après sa mort :
presque tontes révèlent une heureuse orga-
nisation à laquelle il ne manqua, pour se dé-
velopper, que des occasions plus favorables,
un cercle moins étroit que celui où il vécut
el des communications plus fréquentes avec de
grands artistes. Admis dans la chapelle du
duc, Zumsleeg n'y fut d'abord remarqué que
comme violoncellisle; mais bientôt il se révéla
comme compositeur par des travaux de tout
genre, et surtout par le style dramatique, pour
lequel la nature l'avait évidemment formé.
Malheureusement le calme d'une petite cour
el d'une ville si peu animée que Slullgard
(dans laquelle s'écoula toute sa vie) n'était pas
ce qu'il fallait pour satisfaire la passion qu'il
éprouvait pour l'art. Son activité de produc-
tion était grande; mais après un ou deux es-
sais, ses ouvrages rentraient dans son por-
tefeuille, aucun n'était publié1 par la voie de
l'impression, et le monde ignorait que, dans
une ville du Wurtemberg, languissait l'âme
d'un grand musicien. Après la retraite de
Poli, la place de chef d'orchestre de la musique
du duc lui fui donnée ; ce fut le seul encoura-
gement qu'il recul. Le reste de sa vie s'écoula
dans celle obscure situation, et le 27 janvier
1802, une attaque d'apoplexie foudroyante mit
fin à la carrière d'un artiste dont la destinée
ne s'était point accomplie.
Zumsleeg avait écrit, pour le théâtre ducal
de Slullgard, les opéras donl voici les litres :
1° La Loi tartare. 2° Renaud et Jrmide.
3° Tamira, duodrame. 4°Schuss von Gœnse-
ivitz. 5n El Bondohani. G° L'Ile des esprits,
composition originale, et le plus beau de ses
ouvrages. 7° Zalaor. 8° Dus Pfauen fest (f.a
fête du Paon); tous étaient restés en manu-
scrit, mais, après la mort de l'auteur, lesquatre
derniers ont été gravés en partition pour le
piano, à Leipsick, chez Breitkopf et Hœrlel,
ainsi que dix-huit cantates dramatiques \VA-
dieu et la Fête du printemps, de Klopstock, en
partition, ibid, On a mis aussi au jour, après
la morl de l'artiste, environ vingt cantates ou
ballades à voix seule et avec piano, de sa com-
position, parmi lesquelles on remarque en
première ligne Colma de Gœlhc, Lenore de
liurger, et le monologue de Marie Stuart, pat-
Schiller; enfin sept suites de petites ballades.
Parmi les plus belles compositions de Zum-
ZlîMSTEEG - ZYKA
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sleeg, on cile aussi les chœurs pour les Sri-.
gands, de Schiller. Les seuls morceaux de
musique instrumentale connus sous le nom de
cet artiste sont un concerto de violoncelle,
gravé à Angsbourg, chez Gombart, et îles duos
pour cet instrument, à Leipsick, chez Breit-
kopf et Ilaerlel.
ZUMSTEEG (Gustave-Adolphe), fils du
précédent, né àStutlgardle 22 novembre 1794,
fit son éducation musicale dans celle ville, et
se fit éditeur de musique. Fondateur et l'un des
membres les plus actifs de la société chorale
Liederhranz de Stultgard, il s'y faisait remar-
quer dans sa jeunesse par sa belle voix de té-
nor. Il est mort dans sa ville natale le 24 dé-
cembre 1859.
ZUMSTEEG (Émiue), fille de Jean-Ro-
dolphe. naquit à Sluttyard le 9 décembre 1796.
Virtuose sur le piano et cantatrice distinguée,
elle brilla dans les concerts et se livra à l'en-
seignement du chant et du piano. On connaît
d'elle quelques compositions pour le piano, et
des Lieder qui ont été publiés à Stutlgard,
Leipsick et Vienne. Elle est mortedans sa ville
natale le 1er août 1857.
ZYKA (Joseph), violoncelliste distingué,
né en Bohême vers 1730, vécut quelques an-
nées à Prague, puis se rendit à Dresde, où il
entra dans la chapelle de l'électeur, en 1756.
Huit ans après, il fut appelé à Berlin pour la
musique particulière du roi, et il s'y rendit
avec son fils (Frédéric), qui déjà se faisait re-
marquer par son talent sur le violoncelle. Jo-
seph Zyka mourut à Berlin, en 1791, laissant
en manuscrit plusieurs concertos pour son in-
strument.
FIN DU TOME IIUITILME ET DEI1NIER.
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